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GUIDE POUR l:HISTOIRE DES ORDRES ET DES CONGRÉGATIONS RELIGIEUSES
BIBLIOTHÈQUE DE .CÉCOLE DES HAUTES ÉTUDES SCIENCES RELIGIEUSES
VOLUME
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BREPOLS
GUIDE POUR ~HISTOIRE DES ORDRES ET DES CONGRÉGATIONS RELIGIEUSES FRANCE XVIe-XXe SIÈCLES
Sous la direction de Daniel-Odon HUREL
Préface de Claude LANGLOIS
Ouvrage publié avec le concours du Groupe de Recherches «Histoire du Christianisme» du CNRS.
@j BREPOLS
La Bibliothèque de l'École des Hautes Études, Sciences Religieuses La collection Bibliothèque de l'École des Hautes Études, Sciences Religieuses, fondée en 1889 et riche de plus de cent volumes, reflète la diversité des enseignements et des recherches qui sont menés au sein de la Section des Sciences Religieuses de l'École Pratique des Hautes Études (Sorbonne, Paris). Dans l'esprit de la section qui met en œuvre une étude scientifique, laïque et pluraliste des faits religieux, on retrouve dans cette collection tant la diversité des religions et aires culturelles étudiées que la pluralité des disciplines pratiquées: philologie, archéologie, histoire, droit, philosophie, anthropologie, sociologie. Avec le haut niveau de spécialisation et d' érudition qui caractérisent les études menées à l'E.P.H.E., la collection Bibliothèque de l'École des Hautes Études, Sciences Religieuses aborde aussi bien les religions anciennes disparues que les religions contemporaines, s'intéresse aussi bien à l' originalité historique, philosophique et théologique des trois grands monothéismes -judaïsme, christianisme, islam - qu'à la diversité religieuse en Inde, au Tibet, en Chine, au Japon, en Afrique et en Amérique, dans la Mésopotamie et l'Égypte anciennes, dans la Grèce et la Rome antiques. Cette collection n'oublie pas non plus l'étude des marges religieuses et des formes de dissidences, l'analyse des modalités mêmes de sortie de la religion. Les ouvrages sont signés par les meilleurs spécialistes français et étrangers dans le domaine des sciences religieuses (chercheurs enseignant à l'E.P.H.E., anciens élèves de l'École, chercheurs invités, ... ).
© 2001 Brepols Publishers n.v., Turnhout, Belgium. Ali rights reserved. No part of this book may be reproduced, stored in a retrieval system, or transmitted, in any forrn or by any means, electronic, mechanical, photocopying, recording, or otherwise, without the prior permission of the publisher. D/2001/0095/46 ISBN 2-503-51193-7 Printed in the E.U. on acid-free paper
PRÉFACE
La réalisation de ce guide s'est effectuée dans le cadre d'une équipe du C.N.R.S., le G.D.R. 1095, Histoire du christianisme, qui pendant plus de vingt ans a produit d'importants instruments de travail concernant l'histoire religieuse moderne et contemporaine; il paraît dans la grande collection de la section des Sciences religieuses de l'E.P.H.E. où maintenant se trouvent et celui qui a réalisé ce guide et celui qui a dirigé, pour ses dernières années, ce G.D.R.. Il faut rendre aux institutions leur dus. Sans l'existence de cette équipe de recherches ce projet collectif n'aurait pu être conçu; il n'aurait pu aboutir sans la présence d'un jeune chargé de recherches du CNRS, dynamique, compétent, tenace, depuis le début associé au projet, qui l'a mené heureusement à son terme. Et puisqu'il est parlé d'institution, désignons aussi celle qui nous a servi d'indispensable relais, l'Association des archivistes de l'Église de France, et remercions son actuel président, le Père Machelart, qui ne nous a ménagé ni ses encouragements ni surtout son aide, fort précieuse. Disons plus largement combien est nécessaire et fructueuse la collaboration, dans le respect mutuel, entre les historiens universitaires et les diverses familles religieuses. Avec les institutions, les hommes. Rendons donc ce qui leur revient aux quatre spécialistes des ordres religieux et des congrégations qui lancèrent ce projet voilà sept ans, en 1994: Bernard Dompnier et Daniel-Odon Hure!, pour l'époque moderne, Bernard Delpal et moi-même, pour la contemporaine. Prendre ensemble les quatre derniers siècles d'une longue histoire était un choix voulu, judicieux, je crois, qui déplaçait une histoire un peu assagie des ordres religieux vers le moins ancien, voire le plus actuel. Ensemble nous avons fait le plan de l'ouvrage, nous avons sélectionné les notices; et les trois plus anciens, pris par leurs enseignements et leurs responsabilités diverses, ont passé la main au plus jeune, heureusement disponible. Et lui seul a porté le poids de 1' entreprise; il a sollicité et obtenu la participation de 190 collaborateurs qu'il faudrait pouvoir un à un remercier; il a dû revoir près de 250 notices, restreignant les trop gourmands, demandant aux trop timides davantage pour que l'ouvrage demeure équilibré; il a produit lui-même ce qui permet d'entrer dans un tel ouvrage, une introduction qui situe cette entreprise dans une longue histoire et un index exhaustif de plus de 700 noms qui restitue autant la pluralité des familles que les manières, savantes et populaires, de désigner, au cours des temps, les ordres et congrégations. Cette référence, comme rituelle, aux origines est la manière pour les historiens- en cela plus proches qu'ils ne le croient de ces réguliers auxquels ils s'intéressent - de rendre justice à chacun; elle est aussi l'occasion de montrer que le temps est toujours nécessaire pour faire aboutir les indispensables entreprises collectives; elle permet enfin de rappeler les intentions premières, et comme fondatrices, de s'interroger encore, à l'heure où le changement de siècle a conduit aux inévitables bilans historiographiques, sur le rôle joué, dans le renouvellement de l'histoire, par la mise à disposition de nouvelles sources. L'originalité de ce guide, à mon sens, est constitué par ce qui a été saisi ensemble, sur 1' espace français et sur les quatre derniers siècles, les familles religieuses pour prendre l'englobant le plus neutre, disons les ordres et les congrégations, non pour en faire l'histoire, comme Hélyot et ses successeurs, mais pour seulement permettre que 5
Guide pour l'histoire des Ordres et Congrégations religieuses l'histoire puisse, sur des bases assurées, être faite encore. L'ambition fut large; à ceux qui nous utiliserons de dire si elle ne fut point démesurée. On sait combien les familles religieuses jouèrent dans le christianisme occidental un rôle décisif; on sait aussi combien la simple énumération des entrées en scène, siècle après siècle, restitue cette ample histoire qui est tout à la fois celle d'utopies autorisées, de réformes effectuées, de conflictualités présumées: moines bénédictins et cisterciens; ordres mendiants, franciscains et dominicains au premier rang; congrégations régulières, et d'abord les jésuites, mais aussi les ursulines, les visitandines; prolifération au 19e siècle des congrégations nouvelles, actives surtout, de femmes principalement. Cette évocation ne se veut aucunement nostalgique, par le rappel sur plus d'un millénaire d'une histoire comme pendulaire, par l'évocation aussi de ce qui n'est plus, par le rappel d'une époque où les ordres étaient florissants, où la variété des étoffes et des coiffes indiquait la multitude des appartenances, où les riches abbayes et les monumentales maisons-mères étaient signes ici de l'emprise sur le terroir, là de la capacité de regrouper des femmes pour les former, les instruire et puis les disperser aux alentours ou au plus loin. Ces remuements et ces rassemblements féconds et périodiques d'hommes et de femmes menant une vie commune selon des règles approuvées par leur Église appartiennent à un passé qui en ses modalités les plus récentes est encore tout proche. Toute cette mémoire vivante, emmagasinée comme en autant de lieux consacrés, constitue l'arrière fond obligé de notre entreprise, et celle-ci consiste, d'une autre manière, à permettre de faire, encore, demain et après-demain, de tout cela qui est vie, rumination et remémoration, histoire. Il faut revenir à notre choix premier: prendre ensemble ce qui a existé en même temps, des histoires qui pour chaque famille religieuse représentent ici partie, là totalité de leur existence, mais qui ont eu lieu, pour cadrer autrement ces quatre siècles, entre Réforme catholique et Concile de Vatican Il. Retenir donc en même temps ceux qui, au terme de la période, auront vécu plus d'un millénaire et celles qui n'auront point un siècle d'existence. Le principe simple qui a prévalu s'apparente à celui de la géologie, prendre une à une, en allant du plus ancien au plus récent, toutes les couches visibles de cette histoire, mais aussi prendre en compte et les familles qui existent toujours et celles qui aujourd'hui ne sont plus. Faut-il justifier cette incontestable boulimie? Comme le premier mot du titre- suivez le Guide -pourrait le laisser croire à quelque lecteur pressé, notre perspective n'est point muséographique mais historiographique, et même plus modestement archivistique. Rappeler l'histoire déjà faite, indiquer l'histoire à faire à partir de la localisation des fonds et de leur sommaire présentation. Pour y parvenir il nous a fallu la confiance des institutions - la diligence des archivistes au premier chef- qui ne nous a pas fait défaut et la compétence des historiens, du dedans et du dehors. Parfois les archives dont il est parlé sont demeurées là où depuis des siècles, depuis des décennies pour les plus récentes, une famille religieuse a vécu; jamais toutefois, dans l'espace français, ces quatre siècles ne furent sans rupture. La nationalisation des biens du Clergé, dès le début de la Révolution, a été à l'origine du transfert massif des fonds des religieux aux archives publiques, nationales et départementales. Ultérieurement, mais de manière progressive, la centralisation romaine a conduit de nombreuses familles religieuses à déplacer leurs archives là où était transférée leur maison mère. Entre sécularisation et romanisation, les archives ne résistent pas, non plus que les hommes, aux tendances lourdes de l'histoire. Mais les micro-politiques patrimoniales, heureusement tenaces, ont contrarié plus d'une fois ces lourdes tendances et ont transformé aussi
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Préface
des congrégations en conservatoires vivant d'un patrimoine historique, comme des écosystèmes culturels vivaces. Ce guide, avec près de 250 notices, se veut égalitaire. Mêmes questionnements fait à chacun; mêmes informations rassemblées et proposées, de tous. Il part des grandes familles religieuses bénédictines, il suit leurs mouvances; il restitue les fragmentations successives, jusqu'à la pulvérulence du l9e siècle où il se crée en France plus de quatre cent nouvelles congrégations féminines à supérieure générale en quatre-vingt ans. Pour les ordres les plus connus, les mieux étudiés, la notice est un rassemblement commode d'indications indispensables, une adresse, des fonds, les principaux instruments de travail, la bibliographie essentielle; pour les familles religieuses moins connues, chaque notice devient, sauf pour les rares spécialistes, une découverte, une incitation à prendre en compte cette histoire encore qui souvent sommeille. Jusqu'où fallait-il aller? Certaines familles religieuses échappent à ce Guide. Les choix ont été effectués sans préjugés, en tenant compte non du présent, mais du passé, c'est-à-dire des périodes où ces familles religieuses ont compté. Sauf à paraître dans dix ans, ce Guide n'a donc pu rassembler la totalité des expériences, il ne peut rendre compte de tout parce qu'il est, dans l'ample famille régulière, des expériences moins visibles, plus brèves et de plus faible ampleur, parce qu'aussi, rarement, des interlocuteurs sollicités n'ont point transmis l'information demandée. Des choix ont été faits, injustes sans doute aux yeux de ceux et celles qui ne figurent pas. Ce guide n'est pas un annuaire, pas davantage un palmarès: il ne dit pas l'excellence, mais une certaine notoriété. Heureusement, là où les choix se révélaient les plus délicats, pour les familles religieuses fondées au 19e siècle, les regroupements obligés de congrégations qui se sont opérés dans les dernières décennies permettent, à partir d'une seule notice, d'avoir connaissance de plusieurs fonds réunis donc d'ouvrir à l'histoire de plusieurs congrégations, autonomes antérieurement. Il reste qu'un tel guide ne peut rendre compte des familles religieuses les plus récemment créées. Pour le 20e siècle, on enregistre davantage ici la manière dont ont vécu tant d'ordres anciens ou de récentes familles que les créations nouvelles qui sont survenues. Il peut être surprenant de n'avoir pas fait leur place à des nouveautés postérieures à 1940. Deux raisons expliquent ce choix. La première tient à la fragmentation nouvelle des statuts dont on trouve le reflet dans le dernier code de droit canonique. Aurait-il fallu par exemple parler des instituts séculiers de femmes dont on vient de nous rappeler opportunément l'existence? La seconde s'explique par le fait que cette histoire du temps présent est celle aussi d'un temps encore clos: pour les plus récentes communautés, le temps même de l'archivage est à peine commencé; celui de la communication, point encore advenu. Ce Guide vaut avant tout par la variété d'informations sûres et systématiques qu'il a rassemblées. A l'aube du troisième millénaire, il dit une richesse connue de certains, de beaucoup oubliée, voire ignorée. On sait combien l'inventaire des "visites pastorales" de l'époque moderne et contemporaine, effectué dans les fonds des archives des évêchés, a joué un rôle décisif pour permettre, par la multiplication des monographies diocésaines, une remarquable et décisive avancée de l'histoire religieuse. Il serait présomptueux de croire que ce Guide produira les mêmes effets; il ne l'est pas d' espérer en une réelle fécondité de l'entreprise. Le déplacement de l'attention des historiens par l'accessibilité de fonds nouveaux, inconnus ou mal connus, ne peut que produire des effets bénéfiques sur la recherche à venir. Les diverses familles religieuses devraient en être les premières bénéficiaires, cela va de soi. Mais l'histoire religieuse aussi, qui a ses préoccupations propres, ses inter7
Guide pour l'histoire des Ordres et Congrégations religieuses rogations renouvelées: ainsi la possibilité de faire une histoire de la spiritualité passe par la découverte des manuscrits et des correspondances qui reposent, notamment pour les deux derniers siècles, dans des fonds d'archives qui attendent leurs historiens. Il en va tout autant d'histoires plus fréquentées, mieux balisées: indispensables biographies, enquêtes à nouveaux frais sur les recrutements, les localisations, les "œuvres" ... Qu'on me permette de terminer cette préface sur deux ultimes remarques. Je voudrais d'abord dire combien ces archives donnent la possibilité d'aborder une indispensable perspective internationale. Pendant ces quatre derniers siècles les provinces françaises des grands ordres religieux ont été en rapport avec leurs instances généralices, avec les autres provinces, elles ont envoyé des religieux pour faire des fondations à l'extérieur, autant de manifestations fort concrètes d'une catholicité difficile, conflictuelle, indispensable. Des familles religieuses, françaises par leurs origines, comme les Filles de la charité, les Petites sœurs des pauvres, les Dames du Sacré-Cœur, ont vécu un développement largement international qui ne se limite pas aux missions, entendues au sens étroit, mais qui a d'abord été un paisible envahissement européen avant de se transformer en une rapide installation dans le nouveau monde. Et cette internationalisation réussie a sauvé la vie à nombre de congrégations qui, demeurées strictement régionales voire diocésaines, n'auraient pas survécu à la disette actuelle de sujets. Ces archives, qui souvent disent l'enracinement dans les terroirs, ouvrent aussi largement à l'indispensable catholicité. Mais aussi, et ce n'est paradoxal qu'en apparence, elles permettent de renouveler les différentes approches de l'histoire qui ne sont point prioritairement religieuses. Chacun d'entre nous a expérimenté la richesse de certains fonds pour l'histoire démographique, intellectuelle, pour l'histoire des enfermements, pour celle des femmes, de l'enseignement, de l'hospitalisation. L'historien n'en est plus certes à l'époque où il multipliait les "objets" comme autant de territoires à occuper ou à conquérir. Il est redevenu plus modeste. L'histoire devient microhistoire. Elle est surtout plurielle, elle est aussi celle de notre présent, de nos désirs, de nos intérêts, mais une telle histoire n'est "faisable" que dans cette mystérieuse alchimie entre un scénario judicieux et des acteurs qui, bien que morts, le réalisent, je veux dire entre le questionnement de l'historien et la disponibilité des fonds d'archives. Et nous sommes revenus au Guide, utile, précieux, indispensable. Claude LANGLOIS E.P.H.E. -Sciences religieuses
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INTRODUCTION GÉNÉRALE
INTRODUCTION GÉNÉRALE
Le Guide pour l'Histoire des Ordres et des Congrégations religieuses est le fruit d'une réflexion historiographique collective, née dans le cadre du GDR 1095 du CNRS, intitulé Histoire du Christianisme et dirigé par Claude Langlois. En effet, au :xxe siècle, les tentatives de dictionnaires des ordres religieux, en France, offrent une physionomie liée aux raisons mêmes qui ont suscité leur réalisation. En effet, en dehors d'ouvrages de vulgarisation mettant plus souvent en valeur les «grands ordres» anciens, le chercheur non spécialiste est confronté à des volumes difficiles à trouver: ce sont, en particulier, les annuaires successifs publiés par le service des vocations et par l'Union des Supérieures Majeures de France, dans les années 1950-1970. Comme les éditeurs l'indiquent, il s'agit avant tout de présenter aux jeunes différentes familles religieuses en activité à une période qui constitue, pour le xxe siècle, l'apogée de la vie des congrégations en France. À la fin de cette même période, commence à apparaître une perspective plus «scientifique», mais toujours à l'intérieur de l'Eglise de France, à travers la prise de conscience de l'importance de la gestion et du classement des archives des congrégations dans le contexte naissant de la baisse des vocations mais aussi dans celui d'une réflexion liée au concile Vatican II sur l'identité des instituts: il s'agit du Guide des sources de l'histoire des congrégations féminines françaises de vie active de Charles Molette, publié en 1974 1. Dans tous ces annuaires, surtout avant le travail de Mgr Molette, l'on constate trois éléments significatifs. Le premier est la non-exhaustivité: insistance sur un certain type de familles religieuses, souvent féminines et de vie active et, conséquence même de la finalité de ces ouvrages, mise en valeur exclusive des congrégations en activité. La deuxième caractéristique concerne la mise en perspective historique. Dans tous les cas, celle-ci se limite à 1' évocation de la fondation et des fondateurs, à la mention des buts premiers et d'une spiritualité souvent rattachée à un courant connu (Ignatien, Ecole Française, thérésien ... ). Les adaptations et évolutions ne sont que rarement évoquées sinon autour du rappel de la Révolution et des lois anti-congréganistes. À ce titre, le plan des notices du récent «dictionnaire» de dom Mesnard (1998) se situe dans cette droite ligne: «le fondateur ou la fondatrice, sa personne, son projet; le charisme en action dans le premier groupe de l'Institut; la spiritualité et les orientations apostoliques actuelles; les pays d'implantation; la bibliographie de première initiation à l'Institut» 2 . Enfin, troisième élément, ces différents textes jouent aussi le rôle avoué de «guide de vocation». Ainsi, en est-il, dans les années 1920-1955, d'au moins une des deux collections publiées chez Grasset et chez Letouzey et Ané et déclinées dans la bibliographie générale. En effet, selon le prospectus de la collection «Les Grands
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Charles Molette, Guide des sources de l'histoire des congrégations féminines françaises de vie active, Paris, 1974. 2 Guy Mesnard, La Vie consacrée en France. Ses multiples visages, Solesmes, 1998, 4e de couverture. L'auteur reprend des extraits de présentations plutôt proches de dépliants que de notices de dictionnaires et la bibliographie est souvent inutilisable car peu précise et extrêmement limitée. La destination de cet ouvrage n'est bien entendu pas scientifique.
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Guide pour l'histoire des Ordres et Congrégations religieuses Ordres Religieux» (chez Letouzey), chaque monographie se veut refléter «l'esprit» de la congrégation traitée. Pour ce faire, l'éditeur «en a toujours confié la rédaction à un ou plusieurs membres, particulièrement appréciés, de la congrégation.» Une histoire «officielle» et interne qui en fait autant de «guides de vocation, par les éclaircissements qu'ils apportent, par la sympathie et l'admiration qu'ils font naître, par les exemples qu'ils donnent.» Pour dom Mesnard, moine de Solesmes et ancien Père hôtelier, soixante-dix ans plus tard, le même lien est fait entre collaboration des congrégations elles-mêmes et volonté de réaliser «un outil précieux pour le ministère de tous ceux, prêtres, religieux ou laïcs, hommes ou femmes, seuls ou en communauté, qui accompagnent les jeunes dans la découverte de leur vocation.» La publication du Guide de Charles Molette constitue sans doute une étape décisive. Certes, il s'agit encore d'une histoire interne à l'Eglise de France et aux congrégations, exclusivement tournée vers les familles religieuses féminines de vie apostolique en activité et dont la diffusion resta limitée. Le lien entre renouveau conciliaire, aggiornamento et connaissance des archives est énoncé dès les premières lignes de l'avant-propos, tout comme celui entre le maintien des fonds d'archives et les regroupements ou fermetures. Le Guide suggère des modalités de classement visant à aider à la conservation des fonds et un point de départ pour les historiens. L'introduction fournit la perspective historique et le classement est ensuite alphabétique. Le travail réalisé par la suite par un certain nombre de congrégations, en particulier féminines, au sein de l'Association des Archivistes de l'Eglise de France, ou en dehors, même limité par le manque de personnel (déjà signalé en 1974), est important. À titre d'exemple, signalons le remarquable inventaire des archives de la Compagnie de Marie Notre-Dame, fruit d'un travail collectif interne mettant en relation sources manuscrites et notices sur chaque établissement sans oublier un ensemble de cartes et de tableaux statistiques 3 . Le Guide pour l'Histoire des Ordres et des Congrégations religieuses que nous proposons aujourd'hui prend en compte ces avancées mais suggère aussi des approches plus diversifiées du phénomène régulier et congréganiste, approches nées des transformations historiographiques qui ont marqué, depuis une trentaine d'années l'histoire religieuse de la France moderne et contemporaine4 : appréhender chaque Ordre ou congrégation non pour lui-même mais en tant que qu'objet d'investigations historiques et sociologiques, composant d'une société à une période donnée et étudié dans les rapports entretenus avec l'évolution de cette même société. C'est pourquoi le présent ouvrage s'adresse autant à des chercheurs en histoire religieuse qu'à des spécialistes d'histoire de l'assistance des pauvres, des prisons, de l'enseignement. .. Cette historiographie récente consacre la rupture du lien entre histoire d'une congrégation et «stratégie de vocation.» Dorénavant, il peut exister, en dehors de toute perspective scientifique, des «annuaires» nationaux ou régionaux de la vie consacrée qui constituent d'ailleurs une des sources, à côté
3 Pilar Foz y Foz, Archivas historicos Compania de Maria Nuerstra Senora, 1607-1921, Rome, 1989, 1444 p. avec un fascicule en français de 96 p. 4 On peut se référer au tome 86 (juillet-décembre 2000) de la Revue d'histoire de l'Eglise de France, actes du colloque de Rennes de septembre 1999, consacré à un siècle d'histoire religieuse en France.
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Introduction générale
des revues et bulletins internes, pour étudier la conception que ces instituts ont de leur propre histoire et de leur identité5 . Ce travail collectif est aussi une «rencontre virtuelle» entre archivistes religieux et chercheurs universitaires. Ce lien, vécu pour certains de façon privée et individuelle, ne peut être généralisable sans une prise de conscience, par les instituts religieux comme par les historiens, de l'importance des archives des congrégations religieuses, non seulement au regard de l'histoire interne de chacune d'elles mais comme composante de l'histoire de certains secteurs de la société française. Certes, cette prise de conscience n'est pas neuve. On la perçoit déjà dans le Guide de Charles Molette et elle est maintenant clairement manifestée dans les travaux de l'Association des Archivistes de l'Eglise de France que traduit aussi la collaboration active de plusieurs dizaines de ses membres à ce travail. La volonté de rendre compte de la permanence du phénomène régulier et congréganiste dans l'histoire de la France moderne et contemporaine aboutit nécessairement à évoquer l'ensemble des Ordres et Congrégations, au-delà de la traditionnelle rupture révolutionnaire. Ainsi, pour la première fois, un ouvrage est consacré aux deux périodes moderne et contemporaine. Il s'agit d'un axe nouveau, plus particulièrement dans le domaine des ordres anciens (bénédictins, cisterciens, mendiants ... ) dont l'histoire pendant l'Ancien Régime et l'époque récente est encore souvent méconnue au profit de la période médiévale, malgré la multiplication de travaux depuis une vingtaine d'années 6 . Ont donc été retenues toutes les grandes familles religieuses, masculines et féminines, héritées du Moyen Âge, nées sous l'Ancien Régime et au XIXe siècle, d'origine française ou ayant une présence en France (y compris l'espace colonial), ainsi que la plupart des familles de taille moyenne. Les créations les plus récentes prises en compte datent des années 1940-1960 (Frères Missionnaires des Campagnes). Il nous a semblé qu'il était encore difficile aux historiens de pouvoir présenter et analyser, en particulier dans le domaine des sources et de la bibliographie, les familles religieuses nées depuis le Concile Vatican IL D'autres choix s'imposaient. En matière de classement, nous avons privilégié la répartition des deux cent quarante familles religieuses en trois sections chronologiques. La première, «l'héritage médiéval», permet de pendre en compte la situation de la vie régulière en France en 1500, tout en le prolongeant jusqu'au xxe siècle7 . Commencer avant le Concile de Trente renvoie à une réalité historique, celle de la place de la fin du Moyen Âge comme point de départ de nombreuses réformes monastiques de la période moderne. Insérer dans cette partie les réformes et les restaurations monastiques des xvie-xviiie siècles permet d'envisager une réflexion sur la notion même de réforme monastique et sur les liens entre moines et moniales dans la diffusion de ces mouvements. Apparaissent ainsi à proximité, les différents mouvements de stricte ou d'étroite observance, tant dans le monachisme ancien que chez les religieux mendiants. La seconde section met en valeur la diversité et la dynamique créatrice post-tridentine. Clercs réguliers, sociétés de prêtres et de frères (d'où la présence en fin de partie des
5 À titre d'exemple: La Vie consacrée dans le diocèse de Rouen, Rouen, 2001, 52p. et 20 congrégations présentées. 6 Ainsi, il n'existe encore aucun travail d'ensemble sur Cluny aux XVII et XVIIIe siècles. 7 Cf. Bernard Del pal, Le silence des moines. Les trappistes au X/Xe siècle, France -Algérie -Syrie, Paris, 1998.
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Guide pour l'histoire des Ordres et Congrégations religieuses Frères des Ecoles chrétiennes) mais aussi congrégations féminines à dominante enseignante, charitable et hospitalière prennent toute leur place dans l'univers «régulier». La troisième section consacre bien entendu le «catholicisme au féminin» 8 déjà en plein essor au xvnre siècle, sans pour autant ignorer les congrégations masculines et à branche masculine et féminine. Ce sont donc un peu moins de deux cent cinquante familles religieuses qui sont ici présentées. Des choix ont été faits, en particulier pour la période contemporaine. Les responsables en sont Bernard Delpal et Daniel-Odon Hurel pour le monachisme ancien, Bernard Dompnier pour les ordres mendiants, les clercs réguliers et les sociétés de prêtres, Bernard Dompnier et Claude Langlois pour les congrégations féminines de l'époque moderne et Claude Langlois pour l'ensemble de la troisième section. Selon les sections, le classement est différent. Il est chronologique et typologique pour la première section et une partie de la seconde section. Il est par contre alphabétique pour l'ensemble des congrégations féminines nées aux périodes modernes et contemporaines, à cause de leur importance numérique. Un index des noms des instituts (parfois plusieurs noms différents, savants ou usuels et selon les périodes pour la même congrégation) permet ainsi une entrée alphabétique. De même, la liste des sigles offre une autre possibilité de repérage et d'identification. Chacun des cent quatre-vingt-dix collaborateurs a rédigé une notice selon un plan pré-établi (détaillé dans les pages qui suivent), notice reprise et uniformisée par nos soins avant d'être renvoyée (à quelques exceptions près) à l'auteur pour corrections et éventuels compléments qui, sauf de rares fois, nous sont parvenus. Enfin, nous avons été obligé de rédiger nous-mêmes une dizaine de notices en dehors de nos compétences directes, faute de rédacteurs. Le plan de la notice, peu original, exprime une volonté délibérée de privilégier la bibliographie et les sources, en excluant les articles des dictionnaires habituels et en retenant au contraire des références parfois difficiles d'accès ou à diffusion interne mais indispensables, comme des outils bibliographiques et des atlas. La même exigence a présidé à la typologie des sources manuscrites et imprimées. Pour ces dernières, nous avons cherché à suggérer aux chercheurs une variété de textes, en fonction du type de congrégations et des éléments fournis par les rédacteurs: des documents «classiques» comme les constitutions et autres écrits des fondateurs, mais aussi des revues ou bulletins spirituels à diffusion plus ou moins interne dont l' intérêt pour l'histoire d'une congrégation enseignante, missionnaire, caritative à l'époque contemporaine n'est pas à démontrer. Plus cruciale encore est la question des archives privées. Si comme leur nom l'indique, ces fonds ne sont pas, par principe, ouverts au public, il était indispensable, pour les lecteurs comme pour les congrégations ellesmêmes, de pouvoir indiquer la localisation des fonds principaux, localisation qui peut varier selon la structure des ordres et des congrégations mais aussi au rythme des fermetures et regroupements. La typologie des sources signalées n'est pas surprenante. Elle tourne essentiellement autour des écrits des fondateurs et fondatrices, des décrets des chapitres généraux, des annales historiques et des correspondances diverses. Bien entendu, le classement de certaines familles n'a pas été sans poser quelques problèmes. Ainsi en est-il de l'Ordre de Grandmont dont les fondateurs refusaient la règle de saint Benoît aussi explicitement que celle de saint Augustin. Etant donné que sa règle (1189) prescrivait l'aumône comme remède à une pauvreté institutionnelle et qu'il suivait au Moyen Âge, comme les mendiants, la liturgie canoniale, la solution
8 Cf. Claude Langlois, Le Catholicisme au féminin. Les congrégations françaises à supérieure générale au xrxe siècle, Paris, 1984.
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Introduction générale
de le classer panni les Religieux mendiants pouvait se justifier9 . L'autre exemple significatif concerne les hospitalières. L'héritage médiéval comprend bien entendu des religieuses hospitalières, le plus souvent non réunies en congrégations ou en ordres. On sait aussi l'importance des congrégations hospitalières dans la France moderne et contemporaine. Le parti pris a été, en définitive, de répartir la plupart des congrégations dans leur période respective (B. Joly, Saint-Paul de Chartres ... ) sauf si l' enracinement médiéval apparaissait clairement (Sainte-Marthe de Beaune par exemple). L'exhaustivité n'étant pas la finalité de cet ouvrage, la bibliographie générale permet néanmoins, par le rappel des instruments de travail généraux, d'élargir à d'autres congrégations, souvent diocésaines, la portée de l'ouvrage. De même, certaines petites familles non retenues sont plus ou moins dans la mouvance d'autres plus importantes (on pense par exemple à certaines congrégations «Saint-Joseph» ou «Sainte-Marthe») et généralement traitées dans les dictionnaires de référence, tels que le Dizionario degli Istituti di Peifezione. Cette même bibliographie générale situe l'ouvrage dans une approche historiographique du domaine des dictionnaires et des histoires des ordres religieux. De l'ensemble des notices reçues se dégagent quelques pistes de recherches suggérées, à notre demande, par les auteurs eux-mêmes. Autour de la première section, l'héritage médiéval, apparaît tout d'abord la nécessité de mieux comprendre les processus réformateurs: tout d'abord en menant des études comparées des étroites observances, bénédictines, cisterciennes, prémontrées mais aussi mendiantes, en dépassant le cadre de la seule histoire interne d'un ordre, même si reste nécessaire l'examen des rapports entre les observances à l'intérieur d'un même ordre, au-delà des seules étapes conflictuelles. Les processus de création de congrégations réformées (Saint-Vanne, SaintMaur, Sainte-Geneviève ... ) constituent un second cas de figure dans lequel la relation au pouvoir politique et social, local et national, mérite parfois encore une attention particulière, révélant aussi la concurrence entre diverses grandes abbayes ou couvents dans le cadre de la formation des congrégations centralisées. Si la sociologie du recrutement est régulièrement abordée dans les travaux les plus récents (Capucins ou Récollets en particulier), elle demeure un axe à privilégier pour une meilleure compréhension de l'évolution des observances et des rapports entretenus entre un mouvement religieux souvent centralisé et la société locale. Cette dimension sociologique conduit inévitablement à la question des rapports entre moines, religieux (et plus encore moniales ou religieuses) et leurs familles, au-delà des seuls réseaux familiaux à l'origine de bon nombre de fondations ou de transformations. Dans le domaine des champs d'action des ordres et congrégations, apparaît la nécessité (déjà présente dans bon nombre de travaux récents) de dépasser les clichés historiographiques que constituent l'omniprésence de l'érudition pour les uns, la seule redécouverte du chant grégorien pour d'autres, 1' image missionnaire pour d'autres encore. Se détachent alors des figures individuelles au charisme particulier, l'influence d'un contexte politique conjoncturel (participation des Mauristes à des missions intérieures), la direction spirituelle vis-àvis de laïcs ou d'autres religieux et religieuses: autant d'éléments souvent à l'origine de la diffusion de dévotions (Saint-Sacrement ou Sacré-Cœur par exemple) et signe de l'insertion des religieux dans une société locale. Dans le même ordre d'idées, s'impose 1' attention portée au repérage des signes d'une évolution vers un monachisme des Lumières: participation aux activités des sociétés savantes et à la Franc-maçon9 Je dois ces conseils à Dom Jean Becquet, bénédictin de Ligugé et ancien directeur de la Revue Mabillon.
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Guide pour l'histoire des Ordres et Congrégations religieuses nerie, développement des préoccupations éducatives et caritatives, intérêt pour les sciences et 1' essor économique et technique. De même, pour la période contemporaine, les auteurs suggèrent à plusieurs reprises la place prise par certaines familles religieuses plus ou moins anciennes dans le monde de l'édition et des médias (dominicains, jésuites, assomptionnistes ... ) et, plus généralement, leur participation aux débats intellectuels et religieux du xxe siècle. La question de la liturgie demeure un axe mis en avant tant pour la période moderne que pour les restaurations ou créations monastiques du xrxe siècle: on pense bien évidemment à la place de la liturgie dans l'histoire de Solesmes, dans celle des Prémontrés au xrxe siècle ou dans celle des bénédictines de Sainte-Bathile au début du xxe siècle. La question est tout aussi centrale pour la période moderne, dans les milieux monastiques réformés, masculins ou féminins, au contact des réformes liturgiques gallicanes et du jansénisme, et qui sont particulièrement sensibles à la cohérence et au bon ordre de l'office divin: manuscrits liturgiques notés ou offices propres, souvent difficiles à repérer, accompagnent l'ensemble des réformes monastiques. Plus encore, les relations entre moines et moniales et les spécificités du monachisme féminin constituent un «leitmotiv» dans la première section, en particulier autour de l'évolution des rapports entre cisterciens et cisterciennes, depuis le xvrre siècle jusqu'aux années 1990 (de la subordination à l'acquisition d'une certaine autonomie institutionnelle) mais aussi autour de l'identification précise des courants spirituels mis en relation dans chaque réforme ou fondation à travers des confesseurs et directeurs spirituels parfois méconnus ou difficilement identifiables, du rapport au livre et à la transmission manuscrite des textes fondateurs et enfin de la double dépendance, visà-vis d'un ordre ou d'une congrégation d'une part et de l'ordinaire d'autre part. Bien des remarques précédentes concernent aussi les deux autres sections. Cependant, les caractères structurels des ordres et congrégations de la Réforme catholique et de la période contemporaine suggèrent d'autres réflexions. L'évolution de la situation canonique et légale des congrégations offre plusieurs difficultés que l'on peut rapprocher de l'histoire des constitutions: dans de nombreux cas, le jeune institut vit pendant plusieurs années dans l'attente d'une reconnaissance pontificale définitive, se contentant du décret laudatif, ou passant d'une situation de droit diocésain à une approbation de droit pontifical. Plusieurs auteurs évoquent le manque de connaissance des rapports entretenus à telle ou telle période entre leur institut et les pouvoirs politiques. Ils mettent aussi en valeur le travail de révision des constitutions, en particulier dans la période qui suit Vatican II, et qui aboutit à des nouveaux textes approuvés très régulièrement dans les années 1980, suggérant par là même, la possibilité d'analyses comparées. Enfin, les dernières décennies sont aussi marquées par des regroupements de congrégations qui posent plusieurs questions aux chercheurs: quelles sont les raisons qui favorisent certaines fusions? Mêmes origines historiques, même spiritualité, rapprochements conjoncturels et géographiques? Comment ces fusions sont-elles réalisées? Les mots de fusion, d'union ou de fédération ne méritent-ils pas des définitions et des analyses précises? Y a-t-ille maintien d'une certaine autonomie? La congrégation absorbée peut-elle encore recruter? D'autres remarques concernent la difficulté de percevoir, parfois à travers les notices elles-mêmes, les liens structurels entre les branches d'un même institut et leurs évolutions. Il y a là, autour des congrégations à branches masculine et féminine une piste de recherche qui rejoint aussi l'activité multiforme de certains fondateurs, comme Gabriel Deshayes par exemple. À ce titre, l'index des noms de personnes conduit à des lectures croisées de plusieurs notices, sous-entendant l'existence de réseaux de fondations, plus ou moins connus 16
Introduction générale par ailleurs. Enfin, malgré l'existence des deux collections des années 1920-1950 (Grasset et Letouzey) et la publication de nombreux textes spirituels de fondateurs et de fondatrices, en particulier des correspondances, la demande de nouvelles monographies de congrégations mais aussi de simples établissements se fait sentir: analyses croisées mettant en valeur réseaux de fondations, analyses sociologiques du recrutement et justification sociale d'une mission particulière. Un second ensemble de directions proposées par les auteurs eux-mêmes concerne l'histoire des champs d'activités des congrégations. Il s'agit, tout d'abord, de l'analyse comparée des séminaires tenus par les Sulpiciens, les Oratoriens ou les Lazaristes et, plus largement, des liens entre sociétés de prêtres et histoire du clergé diocésain. Ensuite, le poids des congrégations enseignantes explique l'importance accordée à leur fonctionnement et à leur impact social, bien au-delà du «traumatisme» des lois anticongréganistes. On s'interroge volontiers sur la nécessité d'étudier avec précision les conceptions pédagogiques et éducatives et leur évolution à l'intérieur des instituts et ce qu'il en reste dans l'organisation actuelle de l'enseignement catholique. Les mêmes remarques touchent les activités hospitalières et caritatives, plus ou moins spécialisées (aliénés, sourds-muets, soins à domicile, gestion d'hôpitaux et de cliniques ... ) et dont les évolutions sont enracinées dans les transformations politiques, sociales mais aussi techniques et scientifiques de la France moderne et contemporaine. En conséquence, pour une majorité de congrégations souvent confrontée au vieillissement, les missions des origines, autant de caractères propres ayant marqué certaines populations et certaines régions, sont noyées dans un certain nombre de formules derrière lesquelles le chercheur doit retrouver des réalités précises et des spécificités: service paroissial, catéchèse, promotion féminine, accompagnement des malades ... Enfin, la diffusion internationale des congrégations est tout aussi révélatrice. Si l'implantation en Afrique, en Amérique latine ou en Inde de certaines familles fait partie intégrante de leur histoire, il y a des «conversions» missionnaires plus récentes qui mériteraient sans doute des analyses fondées en partie sur une connaissance des modalités de diffusion, des réseaux et des circonstances, même si plusieurs auteurs signalent des textes pontificaux comme l'encyclique Fidei donum de Pie XII en 1957. Au terme de cette introduction, il me faut remercier l'ensemble des protagonistes de cette entreprise collective. Le GDR Histoire du christianisme qui, de 1995 à 2000, a permis à cette entreprise d'être réalisée, Claude Langlois pour avoir suscité ce projet et pour l'avoir suivi jusqu'à son achèvement, Bernard Delpal et Bernard Dompnier, qui, avec Claude Langlois, ont constitué la liste des ordres et congrégations retenus et largement contribué à la recherche de collaborateurs et à la rédaction de plusieurs notices importantes, enfin les cent quatre-vingt-dix auteurs, jeunes chercheurs, universitaires et archivistes religieux qui ont accepté les contraintes matérielles d'une telle entreprise. Cet ouvrage doit aussi beaucoup à l'Association des Archivistes de l'Eglise de France et à son président, le Père Félicien Machelart, pour son aide dans la diffusion auprès de ses membres de ce projet. Mes remerciements vont enfin à Monsieur Jean-Paul Willaime, directeur de la collection Bibliothèque de l'Ecole des Hautes Etudes, Sciences Religieuses, pour l'accueil fait à ce projet et aux Editions Brépols pour sa réalisation matérielle. Daniel-Odon HuREL Le 06 février 2001
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BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE
Cette bibliographie réunit une sélection d'outils de travail généraux. Elle n'est donc pas une récapitulation de la liste des ouvrages mentionnés dans chacune des notices. S'y trouvent donc essentiellement quelques dictionnaires généraux, les principaux dictionnaires et histoires générales des ordres religieux du xvne au xxe siècles et quelques ouvrages plus statistiques concernant les congrégations religieuses aux XIXe et xxe siècles. Pour une bibliographie générale plus complète, nous renvoyons à deux articles importants du Dizionario degli /stituti di Peifezione: «Storia della Vita consacrata» et «Storiografia», 1997, vol. 9, respectivement, col. 307-325 et 325-405.
1. Dictionnaires généraux Beaunier (Dom), Recueil historique, chronologique et topographique des archevêchés, évêchés et abbayes de France, Paris, 1726, 2 vol. Continué par dom Besse, Abbayes et prieurés de France, Paris/Ligugé, 1906-1941 et, par dom Becquet, dans la Revue Mabillon, fascicules à couverture rouge du n°241 (1970/3 au n°259 (1975/1), du n°263 (197611) au n°283 (198111), n°299, 302-304 (1985-1986), n°315-318 (1989); puis, toujours par dom Becquet: t.15, Province ecclésiastique de Cambrai. Diocèses actuels de Cambrai et de Lille, Paris-Turnhout, Brépols, 1994.
Dictionnaire des connaissances religieuses, Paris, Letouzey et Ané, 1937. Catholicisme, Paris, Letouzey et Ané, 1948-, 75 fascicules (15 volumes) publiés en 1999. Cottineau (L.-H.), OSB, Répertoire topo-bibliographique des abbayes et prieurés, Mâcon, Protat, 3 vol., 1935-1938 et 1970 (rééd. Brépols, 1995,3 vol.). Importance du troisième volume qui constitue la bibliographie récapitulative des 2 premiers et qui donne une liste de tous les noms de lieux en latin avec la traduction française.
Dictionnaire d'histoire et de géographie ecclésiastiques, Paris, Letouzey et Ané, 1912-, 162 fascicules parus. Dictionnaire de biographie française, Paris, 1929-, 113 fascicules parus. Dictionnaire de droit canonique, Paris, 1935-1965, 7 vol. Dictionnaire de spiritualité, Paris, Beauchesne, 1937-1995, 16 volumes et 1 volume de tables. Dizionario degli /stituti di peifezione, Roma, Ed. Paoline, depuis 1974, 9 vol. Gallia Christiana in provincias ecclesiasticas distributa ... , Paris, 1715-1785, 1-13; Paris, 1856-1865, 14-16. Montrond, Dictionnaire des abbayes et monastères ou histoire des établissements religieux érigés en tout temps et en tous lieux, Paris, 1856 (Encyclopédie théologique de l'abbé Migne, tome 16).
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Guide pour l'histoire des Ordres et Congrégations religieuses
2. Histoire des Ordres religieux (XVI-XVIIIe) Bonanni ou Buonanni (Philippa), SJ, Catalogo degli Ordini Religiosi della Chiesa Militante, Rome, 1706-1711,4 vol., in-4°. Coronelli (Vincenzo), Catalogo degli Ordini Religiosi della Chie sa Militante, espresso con lmagini e spiegato con breve narrazione ... , Venise, 1707-1715, 3 vol, in-8° Delle (Claude), OP, Histoire ou antiquité de l'Estat Monastique & religieux, Paris, 1699, 4 vol., in-12°. Dictionnaire historico-portatif des ordres religieux et militaires, et des congrégations régulières & séculières qui ont existé jusqu'à nos jours; contenant leur origine, leur progrès, leur décadence, & les différentes réformes qu'ils ont éprouvées; avec les marques qui les distinguent les uns des autres, par Monsieur M.C.M.D.P.D.S.J.D.M.E.G., A Amsterdam, Chez Marie-Michel Rey, 1769, in-8°, 291 p. Classement alphabétique et contenu inspiré du dictionnaire du Père Hélyot, précédé d'une dissertation sur les privilèges et exemptions des réguliers, extraite du Dictionnaire de droit canonique de Durand de Maillane. Du Fresne, Brieve Histoire de l'Institution des Ordres religieux avec les figures de leurs habillemens gravez par Odoart Fialetti Bolonois, Paris, 1658, in-4°. Helyot (Pierre), Histoire des ordres monastiques, religieux et militaires et des congrégations séculières de l'un & de l'autre sexe, qui ont esté établies jusqu'à présent; contenant leur origine, leur fondation, leurs progrès, les évenemens les plus considerables qui y sont arrivés, la décadence des uns et leur suppression, l'aggrandissement des autres, par le moïen des differentes reformes qui y ont esté introduites. Les vies de leurs fondateurs & de leurs reformateurs; avec des figures qui representent tous les differens habillemens de ces Ordres & de ces Congregations, Paris, JeanBaptiste Coignard, 1714-1719, 8 vol. in-4° (réédition augmentée par M.L. Badiche, dans Encyclopédie théologique, publ. Par l'abbé Migne, t. 20-23, Paris, 1859-1863). Hermant, Histoire del' établissement des Ordres religieux, Rouen, 1697, in-12° (rééd. Rouen, 1710, 4 vol.). Le Pelletier (Laurent), OSB, Histoire des Ordres de religion & Congrégations Ecclésiastiques, Angers, 1626, in-8°. Morigia (Paolo), Historia delle origine di tutte le religioni, Venise, 1569; édition française: Histoire de l'origine de toutes les religions, Paris, 1578. Ordres monastiques, Histoire extraite de tous les Auteurs qui ont conservé à la postérité ce qu'il y a de plus curieux dans chaque Ordre. Enrichie d'un très grand nombre de passages des mêmes Auteurs; pour servir de démonstration que ce qu'on y avance est également véritable & curieux, Berlin, 1751,4 tomes, in-16 (une note manuscrite du XVIIIe siècle lue dans 1' exemplaire consulté est révélatrice du contenu de ce texte: «ramas de calomnies et continuel persifflage contre les ordres religieux.) Pasquelin (Guillaume), Ouranalogie ou Hierotheorie des Ordres religieux, Paris, 1615, in-12°. Schoonebeck (Adrien), Courte Description des Ordres des femmes et filles religieuses, Amsterdam, 1700. 20
Bibliographie générale Schoonebeck (Adrien), Histoire des Ordres Religieux avec les figures de leurs habits, Amsterdam, 1688, in-8° (rééd. augmentée, 1700).
3. Histoire des Ordres religieux (XIXe siècle): dictionnaires, présentations partielles ... Henrion (M.), Histoire des Ordres religieux, Paris, Société des bons livres, 1831, 3 vol. (rééd. 1835, 1838). Hervé-Bazin (F.-J.), Les Grands Ordres et congrégations de femmes, Paris, Lecoffre, 1889,460 p. Keller (Emile), Les congrégations religieuses en France, leurs œuvres et leurs services, Paris, Poussielgue, 1880, 736 p. Maillaguet (abbé), Le miroir des ordres et des instituts religieux de France suivi d'un appendice sur tous les ordres et instituts divers du monde chrétien, Avignon, 18651866, 2 vol. Marchand (Alfred), Moines et nonnes; histoire, constitution, règle, costume et statistique des ordres religieux, Paris, Fischbacher, 1881-1882, 305 et 434 p. Rochemonteix (Camille de), Les congrégations religieuses non reconnues en France, 1789-1881, Le Caire, 1901, 2 t., 470 et 523 p. Tyck (Charles), Notices historiques sur les congrégations et communautés religieuses et les instituts de missionnaires du X1Xe siècle, Louvain, Peeters, 1892.
4. Dictionnaires et présentations de différents Ordres et Congrégations cxxe siècle) Arens (B.), Manuel des missions catholiques, Louvain, 1925. Aznar (S.), Las grandes instituciones del catholicismo, Ôrdenes monâsticas, institutos misioneros, Madrid, 1912. Beyer (J.), Les instituts séculiers, Bruges, 1954. Canu (J.), Les Ordres religieux masculins, Paris, 1959. Cita-Malard (S.), Prisons du ciel, Paris, 1957. Cita-Malard (S.), Un million de religieuses, Paris, 1960. Cluny (R.), A l'abri de leur voile, Paris, Ed. du Témoignage chrétien, 1956, 283 p.
De 1nstitutis sœcularibus. Documenta pontificia necnon studia dogmatica iuridica, historica, practica, cura Commentarium pro religiosis et missionariis, Rome, 1951, 2 vol. Duchet-Suchaux (Gaston), Duchet-Suchaux (Monique), Les Ordres religieux, Guide historique, Paris, Flammarion, 1993, 319 p. Dictionnaire classique mêlant notices thématiques, biographiques et consacrées à des ordres religieux, et iconographie. Escobar (M.), éd., Ordini e Congregazioni religiose, Turin, 1951-1953, 2 vol. 21
Guide pour l'histoire des Ordres et Congrégations religieuses Garnier (A.), Au temps de l'Empire et de la Restauration, L'Eglise et l'éducation du peuple, Paris, Ed. de Gigord, 1933, 279 p. Gaussin (Pierre-Roger), Les cohortes du Christ. Les groupements religieux en Europe et hors d'Europe des origines à la fin du XVIIIe siècle, Rennes, Ouest-France, 1985. Gaussin (P.-R.), Le monde des religieux des origines au temps présent. Glorification de Dieu et service des hommes, Paris, 1988. Gerhards (Agnès), Dictionnaire historique des Ordres religieux, Paris, Fayard, 1998, 620p. Dictionnaire classique mêlant notices thématiques, biographiques, consacrées à des ordres religieux ou à des notions et concepts spirituels et culturels. Goyau (G.), La Femme dans les missions, Paris, Flammarion, 1933, 281 p. Heimbucher (Max), Die Orden und Kongregationen der katholischen Kirche, MunichPaderborn-Wienn, 1965,2 vol., 831 et 829 p. (Paderborn, 1896-1897, 2 vol.; Paderborn, 1907, 3 vol.; Paderborn, 1933-1934, 2 vol.) Kapsner (Oliver L.), OSB, Catholic Religious Orders. Listing Conventional and Full Names in English, Foreign Language, and latin also Abbreviations, Date and Country ofOrigin and Founders, Collegeville, Minn., St. John's Abbey press, 1957 (première éd. 1948). Langlois (Claude), Le catholicisme au féminin. Les congrégations à supérieure générale au X/Xe siècle, Paris, Cerf, 1984, 776 p. Le Bras (Gabriel), sous la dir., Les Ordres religieux. La vie et l'art, Paris, Flammarion, 1979, 2 vol. Lesegretain (Cl.), Les grands Ordres religieux. Hier et aujourd'hui, Paris, 1990. Maire (Elie), Histoire des instituts religieux et missionnaires, Paris, Lethielleux, 1930. Mesnard (Guy), La Vie consacrée en France. Ses multiples visages, Solesmes, 1998. Oury (Guy-Marie), Dictionnaire des ordres religieux et des familles spirituelles, Chambray-lès-Tours, 1988. Schwaiger (G.), éd., Monchtum, Orden, K!Oster. Von denAnfangen bis zur Gegenwart. Ein Lexikon, Munich, 1993 (éd. italienne, 1997). Wynants (P.), Religieuses, 1801-1975, t. 1: Belgique-Luxembourg-Maastricht/Vaals, Namur, 1981; t. 2: France, Namur, 1982.
5. Annuaires et statistiques Annuaire des instituts de religieuses en France, Paris, Centre national des vocations, éd. en 1959). 1961, 570 p. Recense environ 520 instituts en activité, classés par ordre alphabétique avec plusieurs index utiles: par situation canonique et par «fonction» dans l'Eglise (contemplatives, accueil, cliniques, soins, œuvres paroissiales ... ).
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Dictionnaire des instituts de religieux en France, Paris, Centre de documentation sacerdotale, 1957, 159p. 22
Bibliographie générale Recense environ 75 instituts encore en activité, des bénédictins aux instituts contemporains, sous la forme de notices alphabétiques comprenant un historique, les principales adresses et une bibliographie sommaire. Etat des congrégations, communautés et associations religieuses, autorisées ou non autorisées, dressé en exécution de l'article 12 de la loi du 28 décembre 1876, paris, Impr. Nationale, 1878, 405 p. Les Instituts religieux en France, Paris, Centre national des vocations, 1970, 426 p. Il s'agit de la présentation de 396 instituts de religieuses, en activité, classées par ordre alphabétique. Les notices insistent avant tout sur le but et l'esprit de chaque congrégation plutôt que sur son histoire. La bibliographie est limitée. Plusieurs index sont ajoutés: par ordre alphabétique avec mention de la forme de vie religieuse et d'apostolat de chacune d'elle, par implantation diocésaine, par implantation hors de France et selon les secteurs d'activités apostoliques. Les Religieuses en France, Paris, Union des Supérieures Majeures de France (USMF), 1970-1971, 5 fascicules, publication interne. Les Religieuses en France, Paris, Service national des vocations, 1980, 387 p. Luchini (A.), Les Religieuses en France en 1973, USMF, 1974, 2 tomes (complète l'enquête de 1970-1971 ). Molette (Charles), Guide des sources de l'histoire des congrégations féminines françaises de vie active, Paris, Editions de Paris, 1974, préface de Guy Duboscq, 477 p. Présentation de près de 400 instituts féminins, mentionnant fondation, situation canonique et légale, effectifs, archives et bibliographie. Le guide comporte une importante esquisse historique ainsi que plusieurs annexes concernant le classement et l' exploitation des archives. Raimbert (A.), Guide de vocation religieuse, t. Il, Congrégations de femmes, contemplatives, semi-contemplatives et missionnaires (seul tome paru), Paris, Letouzey et Ané, 1924, 606 p. (Recense 79 notices). Répertoire des instituts religieux masculins en France, Paris, Comité Permanent des Religieux, 1953, 214 p. Recense une soixantaine d'instituts monastiques et religieux, en activité et comporte des index par diocèses et par localités. Le classement est alphabétique. Statistica degli ordini e delle Congregazioni religiose maschili e femminili di diritto pontificio, seconda la relazione quiquennale presentata alla Sacra Congregazione dei Religiosi, Città del Vaticano, 1942. 6. Collections. Ces deux collections, bien qu'elles rassemblent des monographies de congrégations masculines et féminines, constituent une étape historiographique importante. En donner l'ensemble des titres est, à ce titre, nécessaire. «Les grands ordres religieux», Paris, Letouzey et Ané, 1922-1932: 1. La Congrégation de Saint-Joseph de Cluny, 1922. 2. La Société des Missions étrangères, 1922.
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Guide pour l'histoire des Ordres et Congrégations religieuses 3. La Congrégation du Très-Saint Rédempteur, 1922. 4. La Congrégation de Sainte-Chrétienne, 1922. 5. Les Frères de l'Instruction chrétienne de Ploërmel, 1923. 6. Institut des Frères du Sacré-Cœur, 1923. 7. La Congrégation des Sœurs Servantes du Sacré-Cœur de Jésus, 1923. 8. La Compagnie de Marie, 1923. 9. La Congrégation des sœurs de Saint-Joseph de l'Apparition, 1923. 10. La Congrégation des Filles de la Charité du Sacré-Cœur de Jésus, 1923. 11. Les religieuses de Notre-Dame de Sion, 1923. 12. La Congrégation des Sœurs Aveugles de Saint-Paul, 1923 13. Les Filles de la Charité de Saint- Vincent de Paul, 1923. 14. La Visitation Sainte-Marie, 1923. 15. La Société de Marie, Congrégation des Pères Maristes, 1923. 15bis. The Society of Mary. Congregation of Marist Fathers, 1923. 16. Les Religieuses Trinitaires de Valence, 1923. 17. Les Franciscaines de Calais, 1924. 18. Les Barnabites, Clercs Réguliers de Saint-Paul, I533, 1923. 19. Les Congrégations Dominicaines du Tiers Ordre régulier, 1924. 20. La Congrégation des Religieuses des Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie et de l'Adoration perpétuelle du Saint-Sacrement (Picpus), 1924. 21. Institut des Religieuses Augustines de l'Hôtel-Dieu de Paris, 1924. 22. La Congrégation des Petites Sœurs des pauvres, 1924. 23. Les Frères des Ecoles chrétiennes, 1924. 24. La Société des Missions Africaines (Pères Blancs), 1924. 25. Les Frères Prêcheurs, 1924. 26. L'Ordre de Cîteaux, «La Trappe», 1924. 27. Les Augustines de Cambrai, 1924. 28. La Congrégation du Sacré-Cœur de Marie de Béziers, 1924. 29. Les Clarisses, 1925. 30. La Congrégation des religieuses Oblates de Saint-François de Sales, 1925. 31. La Congrégation des Filles de la Sagesse, 1925. 32. La Congrégation de la Mère de Dieu, 1925. 33. La Congrégation des Sœurs de Sainte-Marie, 1925. 34. Religieuses de la Congrégation de Notre-Dame, 1926. 35. L'Ordre de Saint Camille de Lellis, 1926. 36. L'Institut des Frères de Saint-Gabriel, autrefois dits du Saint-Esprit, 1926. 37. La Congrégation du Saint-Esprit, 1926. 38. La Compagnie des Filles de Marie-Notre-Dame, 1926. 39. Les Sœurs de Sainte-Agnès, 1926. 40. Les Chanoines Réguliers de Latran, 1926. 41. La Congrégation des Sœurs du Très-Saint-Sauveur, dites de Niederbronn, 1926. 42. La Congrégation des Sœurs de la Miséricorde de Sées, 1926. 43. L'Ordre de Prémontré, 1927. 44. Les Franciscaines de Sainte-Marie des Anges, 1927. 45. Les Clercs de Saint-Viateur, 1927. 46. La Congrégation de Saint-Joseph de Lyon, 1928. 47. Congrégation des Sœurs du Très-Saint-Sacrement d'Autun, 1928. 48. La Congrégation des Pères des Sacrés-Cœurs, dite de «Picpus», 1928. 49. La Société de Marie (Marianistes), 1930. 24
Bibliographie générale 50. 51. 52. 53.
Les Missionnaires de la Salette, 1930. Sœurs de la Croix-de-Jésus, 1930. L'Institut des Ursulines de Jésus, 1931. Congrégation des Servantes du Saint-Sacrement, 1932.
«Les grands Ordres monastiques et instituts religieux», dirigée par Edouard Schneider, Paris, Bernard Grasset, 1925-1959: Schneider (E.), Les Heures bénédictines, 1925, 264 p. George (A.), L'Oratoire, 1926, 244 p. Zeller (R.), La vie dominicaine, 1927, 232 p. Baumann (E.), Les Chartreux, 1928, 286 p. Rigault (G.), L'Institut des Frères des écoles chrétiennes, 1928, 248 p. Ancelet-Hustache (J.), Les Clarisses, 1929, 242 p. Celier (L.), Les Filles de la Charité, 1929, 264 p. Vaussard (M.), Le Carmel, 1929, 272 p. Van den Bossche (L.), Les Carmes, 1930, 262 p. Masseron (A.), Les Franciscains, 1931, 268 p. Balde(J.), Les Dames de la Miséricorde, 1932, 260 p. Duhamelet (G.), Les Petites sœurs de l'Assomption, 1932, 234 p. Goyau (G.), Les Prêtres des Missions étrangères, 1932, 288 p. Grolleau (C.), Chastel (G.), L'Ordre de Cîteaux, 1932, 300 p. Ancelet-Hustache (J.), Les Sœurs des prisons, 1934, 342 p. Bernoville (G.), Les Jésuites, 1934, 336 p. Monval (J.), Les Sulpiciens, 1934, 288 p. Davy (M.-M.), Les Dominicaines, 1935, 272 p. Le Couturier (E.), La Visitation, 1935, 280 p. Lesourd (p.), Les Pères blancs du cardinal Lavigerie, 1935, 336 p. Aron (M.), Prêtres et religieuses de Notre-Dame de Sion, 1936, 276 p. Monval (1.), Les Frères hospitaliers de Saint Jean de Dieu, 1936, 254 p. Aron (M.), Les Ursulines, 1937, 254 p. Goyau (G.), Clergé colonial et spiritualité missionnaire. La Congrégation du SaintEsprit, 1937, 288 p. Bernoville (G.), La Société des auxiliatrices des âmes du Purgatoire, 1938, 248 p. Gobillot (R.), Les Sœurs de Saint-Paul de Chartres, 1938, 288 p. Goyau (G.), La Congrégation de la Mission des Lazaristes, 1938, 264 p. Monval (J.), Les Assomptionnistes, 1939, 256 p. Bernoville (G.), La Société du Sacré Cœur. Les Dames du Sacré-Cœur, 1940 et 1951, 280p. Ranty (H.), Les Orantes de l'Assomption, 1940, 224 p. Duhamelet (G.), Société de Marie Auxiliatrice, 1943, 312 p. Veuillot (Fr.), Les Oblats de Marie-Immaculée, 1946, 308 p. Bernoville (G.), Sainte Angèle de Mérici, les Ursulines de France et l'Union romaine, 1947, 268 p. Le Moingn-Klippfel (M.-Th.), Les Filles de la sagesse, 1947,266 p. Bernoville (G.), Les Religieuses de l'Assomption, 1948-1951, 2 vol., 276 et 260 p. Bernoville (G.), Emilie de Villeneuve,fondatrice des Sœurs Bleues de Castres et sœur de «l'Occitanienne», 1949, 288 p. 25
Guide pour l'histoire des Ordres et Congrégations religieuses
Duhamelet (G.), Les Dominicaines de sainte Catherine de Sienne, 1951, 288 p. Jeglot (C.), Les Sœurs de charité dominicaines de la Présentation de Tours, 1951, 272 p. Rouvray (R. p. de), A la gloire de Marie. Origines et histoire des Religieuses Maristes, 1951, 288 p. Bernoville (G.), Basile Moreau et la Congrégation de Sainte-Croix, 1952, 256 p. Peyriller (E.), Les Sœurs de Sainte-Marie de l'Assomption, servantes des aliénés, 1952, 256 p. Bernoville (G.), Dans le sillage de Monsieur Vincent. Les religieuses de Saint- Thomas de Villeneuve, 1661-1953, 1953, 288 p. Jaouen (J.), Les Missionnaires de Notre-Dame de la Salette, 1953, 208 p. Crisenoy (M. de), Les Oblates de l'Assomption, 1955, 260 p. Duhamelet (G.), De la Maison-Dieu médiévale à la clinique chirurgicale moderne. Les Augustines du saint Cœur de Marie, 1955, 290 p. La Villeon (0. de), La Congrégation des Petites sœurs des pauvres, 1956, 288 p. Piacentini (R.), Origines et évolution de l'hospitalisation. Les Chanoinesses augustines de la Miséricorde de Jésus, 1957, 420 p. Leflaive (A.), L'Hôtel-Dieu de Beaune et les hospitalières, 1959, 224 p.
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Liste des auteurs Antoine (Frère), Olivétain, bibliothécaire de l'abbaye du Bec-Hellouin. Ardura (Bernard), Prémontré, Archiviste de la Curie généralice de l'Ordre de Prémontré (Rome). Arundel de Condé (Gérard d'), Ordre de Malte. Banville (Ghislain de)t, Spiritain, archiviste. Baraduc (Joseph), Père Blanc. Barbe (Régine), Sœur de la Compagnie de Marie Notre-Dame. Bauvineau (Louis), Frère de Saint-Gabriel, Responsable de l'information. Bazin (Catherine), Franciscaine Missionnaire de Marie, Bureau d'Histoire de l'Institut, Rome. Beaurepaire (Odile de), Franciscaine missionnaire de Notre-Dame, Archiviste. Beaurepaire (Sr Marie-Gérard), Religieuse hospitalière de Notre-Dame de la Charité de Dijon, archiviste. Becquet (Jean), Bénédictin, Abbaye Saint-Martin de Ligugé. Bédouelle (Guy), Dominicain, professeur à l'Université de Fribourg (Suisse). Benoist (Jeanine), Oblate du Cœur de Jésus, Responsable de la Maison-Mère (Montluçon). Bergaentzele (Marie-Paule), Ursuline d'Anne de Xainctonge, Tours. Bernard (Frère), Cistercien, Abbaye de la Trappe. Bernos (Marcel), Maître de conférences honoraire à l'Université de Provence. Billerey (Marie-Philippe), Sœur de la Retraite Chrétienne, Conseillère et secrétaire générale. Blaevoet (Odette-Marie), Sœur de l'Enfant Jésus-Providence de Rouen, Archiviste. Bonnafous (Robert), Clerc de Saint-Viateur (Villefranche-de-Rouergue). Bonnaud (Claude, Frère Olivier), Provincial de l'Ordre hospitalier de Saint Jean de Dieu. Bonnet (Olivier), professeur agrégé d'histoire et géographie. Boos (Marie-Bernard), Sœur de Marie-Joseph et de la Miséricorde, Religieuse éducatrice à la retraite. Bouley (Joseph), Oratorien, Paris Boullanger (Sr Stéphane-Marie), Commission des archives de la Congrégation NotreDame Bouteloupt (Colette), Dominicaine des Campagnes. Bréchotte (Jacqueline), Sœur Marianiste de Sainte-Croix (Le Mans). Brian (Isabelle), Maître de Conférences, Université de Paris-! Briquet (Jean), Archiviste diocésain (Périgueux). Brissinger (André), Marianiste, Vice-provincial pour la Province de France. Burns (Marie-Patricia), Visitandine, archiviste de la Visitation d'Annecy. Cado (Félicité), Sœur de la Providence de Ruillé-sur-Loir, Archiviste de la Congrégation. Candida Neveu, Bénédictine et archiviste de l'abbaye Sainte-Marie de Maumont. Cassan (Marie-Marcel), Archiviste de la Congrégation des Sœurs du Christ. Chaix (Gérald), Professeur d'histoire moderne à l'Université de Tours, Doyen du Centre d'Etudes Supérieures de la Renaissance.
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Guide pour l'histoire des Ordres et Congrégations religieuses Chauvier (Bernadette), Sœur de la Charité et de l'Instruction chrétienne de Nevers, Service des archives. Chevalier (Clotilde Marie), Religieuse de Saint-Sacrement, Archiviste de la Congrégation. Cholvy (Gérard), Professeur d'histoire contemporaine, Université de Montpellier. Clavel (Pierre), Oratorien, Paris. Comte (Marie-Josiane), Sœur de la Présentation de Marie de Bourg-Saint-Andéol. Cooreman (Marie-Madeleine), Sœur de la Sainte-Union, Provinciale de France. Cosnard (Marie Laurence), Religieuse Marianiste. Couronne (Bernard), Congrégation des Sacrés-Cœurs de Jésus et Marie (Picpuciens). Debouté (Eugénie), Religieuse de l'Union Chrétienne, professeur d'histoire au Collège Stanislas de Paris. Decombe (Christiane-Marie), Sœur de la Charité de Besançon, Archiviste de la MaisonMère (Besançon). Dehondt (Andrée), Fille de l'Enfant-Jésus de Lille, Secrétaire. Delpal (Bernard), Professeur d'histoire contemporaine, Université de Lyon 3 (Institut d'Histoire du Christianisme). Desramaut (Francis), Salésien de Don Bosco (Toulon). Devieux (Marie lrmine), Sœur de la Providence de Portieux, archiviste. Dion (Jean-Louis), Frère du Sacré-Cœur (Paradis, Le Puy), archiviste général. Dompnier (Bernard), Professeur d'histoire moderne, Université Blaise-Pascal (Clermont-Ferrand). Donnat (Lin), bénédictin, abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire. Doppler (Denise), Fille de Notre-Dame du Sacré-Cœur. Du Bois de Cendrecourt (Louis), Paris. Duchalais (Marie-Solange), Sœur de la Charité de Strasbourg. Ducharme (Lisette), Sœur de la Congrégation des Saints Cœurs de Jésus et de Marie, Archiviste et secrétaire générale. Durand-Dol (Françoise), Agrégée de l'Université, Doctorante en Histoire médiévale. Durant (Jacques), Père Blanc. Durieux (Sr), Sœur de Sainte-Marie de l'Assomption, Archiviste. Dussossois (Jacques), Camillien, Maître des Novices et archiviste de la Province de France. Duval (André), Dominicain, archiviste de la Province dominicaine de France (Paris). Epailly (Marie-Pascale), Sœur de Saint-Joseph de l'Apparition, Secrétaire Générale. Ferrand (Elise-Marie), Sœur de Sainte-Marie-Madeleine Postel, Archiviste de la Communauté (St.-Sauveur-le-Vicomte). FitzGerald (Bridget M.), Sœur du Sacré-Cœur de Marie de Béziers, Archiviste. Flaujac (Jean de), Frère Missionnaire des Campagnes. Flourez (Marie-Thérèse), Sœur de l'Enfant Jésus-Nicolas Barré, Archiviste. Fort (Jeanne-Marie), Sœur de Marie-Auxiliatrice, Secrétaire générale et Archiviste. Fouret (Pierre), Chanoine régulier de l'Immaculée Conception. Fourré (Marie-Odile), Sœur de Saint-Thomas de Villeneuve, Assistante. Foz y Foz (Pilar), Sœur de la Compagnie de Marie Notre-Dame, Archiviste. Fradin (Jeanine), Sœur de Saint-Charles de Lyon, Secrétaire générale. Gabrielle (Sœur), Franciscaine de la Propagation de la Foi. Gadenne (Sœur Marie), Sœur Augustine-hospitalière de l'Immaculée Conception. Galland (Madeleine), Sœur de la Congrégation des Filles de Sainte-Marie de la Présentation de Broons. 28
Liste des auteurs Garon (Marie-Josèphe), Sœur de la Congrégation des Sœurs de Jeanne Delanoue, Archiviste. Gayet (Jean), Oblat de Saint-François de Sales. Girardot (Marie-Imelda), Ursuline d'Anne de Xainctonge, Archiviste de la Congrégation de Sainte-Ursule de Dole. Giraud (Anne Thérèse), Religieuse de Notre-Dame de Sion, Archiviste. Girolet (Paul), Sœur Missionnaire du Saint-Esprit, Archiviste. Griguer (Thérèse), Bibliothécaire, Tours. Gros (Marie Dominique), religieuse de Notre-Dame de Sion. Guérin (Emérance), Sœur de Sainte-Marie de Torfou, Archiviste. Guerrier (Alain), Conservateur des Archives municipales de Blois. Guillebault (Madeline), Fille de la Croix. Guitton (André), Religieux du Saint-Sacrement. Guyon (Alice-Marie), Sœur de la Sainte-Famille de Besançon. Guyon (Catherine), Maître de Conférences, Université de Nancy II. Guyonnet (Bernadette), Ursuline de Jésus, Archiviste de la Congrégation. Henneau (Marie-Elisabeth), Maître de Conférences en histoire moderne, Université de Liège. Horny (Jeanne-Marie), Religieuse de Jésus-Marie, Archiviste de la Province de France. Houeix (Simone), Fille du Saint-Esprit, Service des archives. Hours (Bernard), Maître de Conférences à l'Université Jean Moulin- Lyon 3. Hourticq (Christiane), Auxiliatrice des Ames du Purgatoire, Responsable des Archives. Hurel (Daniel-Odon), Chargé de recherches au CNRS (UMR 8584, Centre d'Etude des Religions du Livre). Jadot (Claire), Sœur du Saint-Sauveur de Niederbronn. Jallais (M.), Augustine du Saint-Cœur de Marie d'Angers. Jeanne (Sr), Religieuse augustine de Notre-Dame de Paris. Jeanne d'Arc (Sœur), Bénédictine du Saint-Sacrement et archiviste (Rouen) Jeannerot (Michelle), Sœur Missionnaire de Notre-Dame des Apôtres, Archiviste. Julia (Dominique), Directeur de recherche au CNRS (Centre d'anthropologie religieuse européenne, E.H.E.S.S.), Paris. Knecht (Thierry), Trinitaire. L' Ahelec (Jean), Société de Marie, Responsable des Archives maristes de Paris. Labaert (Renée), Fille de Notre-Dame d'Afrique, Supérieure générale, Professeur de Lettres (Lycée privé d'Orthez) et Institut Supérieur de Pastorale Catéchétique (Institut catholique, Paris). Lajarte (Nathalie de), Sœur de Sainte Clotilde. Lanfrey (André), Frère Mariste des Ecoles, Professeur. Langlois (Claude), Directeur d'Études, EPHE (Section Sciences religieuses), Paris. Largesse (Pierre), Président de la Société de l'Histoire d'Elbeuf. Lazare de Seilhac (Sœur), Bénédictine de Saint-Bathilde (Saint-Thierry). Le Brizaut (Marie-Françoise), Union de Notre Dame de Charité, Supérieure générale. Le Clerc (Pierre), Fils de la Charité, Archiviste et Historien. Le Roy (Gisèle), Sœur du Bon-Sauveur de Caen, Secrétaire de la Congrégation. Lécrivain (Philippe), Jésuite, Paris. Lemartinel (Ida), Religieuse de la Congrégation de la Mère de Dieu (Paris). Lepas (Jacqueline), Religieuse hospitalière de Sainte-Marthe de Beaune. Loho (Anne-Marie), Sœur du Sacré-Cœur de Jésus de Saint-Jacut. Loupès (Philippe), Professeur à l'Université Michel de Montaigne- Bordeaux III.
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Guide pour l'histoire des Ordres et Congrégations religieuses Loy (Bernard), Chanoine régulier de l'Immaculée Conception. Lusseau (Patricia), Professeur d'histoire au Lycée Chevrollier (Angers). Mac Auliffe (Victor), Religieux de Saint-Vincent de Paul, Erigné. Madeleine (Sr), Religieuse augustine de la Miséricorde de Jésus. Madeleine Saint-Jean, Sœur de la Présentation de la Sainte-Vierge de Tours, Archiviste. Marchand (Gisèle), Petite Sœur de l'Assomption, Archiviste de la Congrégation. Maria Teresa Romero M., Sœur de Saint-Joseph de Tarbes, Secrétaire Générale. Marie de la Charité, Sœur du Très Saint-Sacrement et de la Charité, Secrétaire Générale. Marie des Neiges (Fanny Marticorena), Servante de Marie d'Anglet. Marie-Bénédicte (Sr), bénédictine du Calvaire, Bouzy-la-Forêt (Loiret). Marie-Dominique (Sr), Congrégation de l'Adoration Réparatrice. Marie-Isabelle, Sœur du Sacré-Coeur d'Ernemont, Supérieure générale. Marie-Michaël (Sr), Bénédictine du Sacré-Cœur de Montmartre. Marie-Odile de Saint-Pierre Bienfait, Petite sœur des pauvres, Assistante générale. Marie-Pascale (Sœur), Bénédictine du Saint-Sacrement et archiviste (Rouen). Martin (Philippe), Maître de Conférences, Université de Nancy-II. Mède (Jacques), Coopérateur paroissial du Christ-Roi, Archiviste de la Congrégation. Meyer (Frédéric), Maître de Conférences à l'Université de Savoie (Chambéry). Mezzadri (Luigi), Congrégation de la Mission, Professeur d'Histoire de l'Eglise à la Pontificia Università Gregoriana (Roma). Michaux (Gérard), Maître de Conférences en Histoire moderne, Université de Metz. Montagnes (Bernard), Dominicain, archiviste de la province de Toulouse. Moracchini (Pierre), Società lnternazionale di Studi Francescani. Morgain (Stéphane-Marie), Carme déchaux, chargé d'enseignement à l'Institut Catholique de Paris. Moriceau (André), Société des Missions Africaines. Morlot (François), Société du Cœur de Jésus (Troyes). Motte (René), Oblat de Marie-Immaculée, responsable de la formation permanente des Oblats. Mourra (Jacky), Prêtre du Sacré-Cœur de Jésus de Bétharram, secrétaire général de la Congrégation. Moussay (Gérard), Prêtre des Missions Etrangères de Paris, archiviste. Multier (Marie-Gabriel), Sœur de Saint-Charles de Nancy. Muller (Claude), Formateur à l'Institut Universitaire de Formation des Maîtres d'Alsace. Nourrisson (Hilaire), Frère de l'Instruction Chrétienne de Ploërmel, Archiviste. Noye (Irénée), Sulpicien, archiviste de la Compagnie des Prêtres de Saint-Sulpice (Paris). Olivereau (Marie-Hélène), Sœur de la Charité de Notre-Dame d'Evron. Ollivier (Marie Bénédicte), Religieuse de Notre-Dame des Missions, Chargée de recherche et de la formation. Pellausy (Marie-Thérèse), Ursuline, Union Sainte-Angèle Merici, secrétaire. Périer-Muzet (Jean-Paul), Assomptionniste, Archiviste. Péron (Denise), Religieuse hospitalière de Saint-Joseph, archiviste. Pérouas (Louis), Maître de recherches honoraire au CNRS. Perraud (Marie-Claire), Sœur de l'Instruction Chrétienne de Saint-Gildas-des-Bois, Archiviste. Philippe (Lucie), Sœur de la Doctrine Chrétienne de Nancy, ancienne Supérieure générale, service des archives. Pia Elisabeth (Sr), Dominicaine de Béthanie, Prieure Générale. 30
Liste des auteurs Pierre (Benoist), Doctorant, Université de Paris-1. Pierre d' Alcantara, Sr (Claude Douillet), Sœur de la Miséricorde de Sées. Poutet (Yves), Frère des Ecoles Chrétiennes. Pozzebon (Maria Antonietta), Franciscaine Missionnaire du Sacré-Cœur, Responsable des archives historiques. Pradalier (Jeanne-Thérèse), Sœur du Saint-Sacrement, Supérieure générale. Prigent (Anne), Sœur de la Retraite, Archiviste de la Congrégation. Renard (Sr. Saint-Michel), Religieuse augustine de Notre-Dame de Paris. Renaud (Marie-Geneviève), Fidèle Compagne de Jésus, Archiviste provinciale. Reynier (Chantal), Société des Filles du Cœur de Marie. Rigaux (Thomas), Paris. Rivet (Auguste), Le Puy-en-Velay. Rivoire (Marie-Chantal), Sœur de Saint-Joseph de Lyon. Rogers (Rebecca), Maître de Conférences à l'Université Marc Bloch (Strasbourg). Rolet (Marie-Alice), Sœur de l'Enfant-Jésus du Puy, archiviste. Rouillard (Thérèse), Fille de Jésus-Kermaria, Archiviste (de 1991 à 1999). Roussey (Marie-Colette), Clarisse (Nice). Roux (Jacqueline), Aubenas. Sauvagnac (Roger), Religieux du Sacré-Cœur (Timon David), Postulateur (Béziers). Sbalchiero (Patrick), Professeur d'histoire moderne, Université catholique de l'Ouest. Scott (Geoffrey), Bénédictin, Abbé de Douai Abbey (GB). Ségalen (Jean-Marie), Rédemptoriste, Directeur de l'Apôtre du Foyer (Saint-Etienne). Segonzac (Marie-Cécile de), Sœur de Saint-Joseph de Cluny, Secrétaire Générale. Segretain (Thérèse), Sœur de la Sainte-Famille de Bordeaux, Collaboratrice de la Postulatrice de la cause de béatification de P. B. Noailles. Simone de Marie (Lepers), Fille de la Sagesse, professeur de philosophie, retraitée et archiviste à la Maison-Mère. Sineau (Jeanne-Hélène), Sœur de Saint-Paul de Chartres, Archiviste. Soltner (Louis), Bénédictin et archiviste de l'abbaye de Solesmes. Souillard (Danièle), Servante du Sacré Cœur de Jésus, Vice-postulatrice (pour la France) pour la cause de béatification du P. Braun. Stiegler (Françoise-Isabelle), Sœur Oblate de Saint-François de Sales (Troyes). Toujouse (Marie-Thérèse), Religieuse de l'Assomption, Archiviste de la Congrégation. Tournier (Simone), Notre-Dame du Bon Secours de Troyes, Conseillère générale, Secrétaire et Archiviste. Vacher (Marguerite Thérèse), Sœur de Saint-Joseph, Marseille. Vallin (Pierre), Jésuite, Professeur émérite, Faculté de théologie, Centre Sèvres (Paris). Venard (Jacques), Eudiste. Verschaeve (Jean-Michel), Sœur de la Sainte-Famille d'Amiens, Archiviste de la Congrégation. Vialet (Marie-Anne), Sœur de Notre-Dame du Bon-Pasteur, Secrétaire. Vieira (Gérard), Spiritain, archiviste. Viallet (Ludovic), PRAO., Université de Saint-Etienne et CERCOR. Vrignaud (Marguerite), Sœur des Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie, Archiviste. Ypma (E.), Augustin, historien et membre de l' Institutum Historicum OSA.
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Plan général PREMIÈRE SECTION: L'HÉRITAGE RELIGIEUX MÉDIÉVAL A. Ordre monastique 1. Moines noirs
la. Hommes lb. Femmes 2. Moines blancs 2a. Hommes/Femmes 2b. Femmes B. Ordre canonial (chanoines réguliers) 1. Hommes 2. Femmes C.Divers D. Hospitaliers E. Religieux mendiants
SECONDE SECTION: CRÉATIONS DE LA RÉFORME CATHOLIQUE A.Hommes 1. Clercs réguliers 2. Sociétés de prêtres B. Congrégations féminines (XVI-XVIIIe s.)
TROISIÈME SECTION: CRÉATIONS CONTEMPORAINES Hommes Branche masculine et féminine Femmes Index des mots clés Liste des sigles des ordres et congrégations Index des noms de personnes Index des noms des ordres et congrégations
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Guide pour l'histoire des Ordres et Congrégations religieuses PLAN DES NOTICES
Pour les congrégations et ordres anciens, hérités de la période médiévale (clunisiens, cisterciens, chartreux ... ), seules les périodes modernes et contemporaines sont prises en compte. On se borne à rappeler, pour la période médiévale, quelques éléments significatifs. Sont pris en compte les ordres et congrégations héritées du Moyen Âge et les créations jusqu'en 1960, c'est-à-dire jusqu'à la période du Concile Vatican II. Cependant, l'historique va jusqu'à la période la plus contemporaine. L'espace géographique retenu est la France et son empire colonial dans les périodes de référence, même pour les ordres internationaux. Pour ces derniers, on situe néanmoins la place de la France dans l'Ordre. Pour les congrégations françaises, le rayonnement international est bien entendu évoqué.
Historique 1. Nom officiel suivi des noms usuels et, éventuellement, des noms latins, des sigles et des abréviations. 2. Nom du fondateur (dates de naissance et de décès). 3. Historique: • Dates principales (fondation, reconnaissance officielle, royale ou/et pontificale, apogée, transformations, réformes, suppressions éventuelles et recréations ... ). • Organisation: congrégation centralisée, chapitres généraux, provinces, autonomie des maisons, transformations des constitutions. • Expansion géographique maximale (même internationale). Pour un ordre supra national, situation de la place de 1' espace français dans l'ensemble; prise en compte de l'espace colonial et du rayonnement international. • Nombre de maisons et de religieux (à quelques dates repères). • Secteurs d'activité au regard de l'histoire religieuse et générale dans lesquels l'ordre ou la congrégation semble avoir eu une place caractéristique: missions, enseignement, soin des malades, architecture, érudition, liturgie ... 4. Saints et bienheureux de l'ordre (français pour les ordres internationaux), ayant vécu dans la période concernée, avec les dates de béatification et de canonisation.
Bibliographie Ouvrages fondamentaux permettant un accès à d'autres ouvrages sans la mention des articles de dictionnaires spécialisés sauf si la bibliographie est particulièrement pauvre ou l'article fondamental.
1. Ouvrages fondamentaux sur l'histoire de l'ordre ou de la congrégation. 2. Revues dans lesquelles l'ordre ou la congrégation ont fait l'objet d'une attention particulière, toujours pour les périodes concernées par ce Guide. 3. Instruments de travail: dictionnaires bio-bibliographiques, atlas et répertoires topographiques. 4. Sources imprimées et multigraphiées; Revues publiées par l'ordre et la congrégation (concernant plus particulièrement la France), qu'il s'agisse de revues savantes ou spirituelles.
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Plan général
5. Sources manuscrites: Indication des guides d'archives et des inventaires partiels de certains fonds d'archives (parfois publiés dans des revues); signalement des principaux dépôts d'archives en insistant sur le type de sources mais surtout sur la localisation de ces dépôts, les conditions d'accès et le titre et l'adresse du responsable à contacter. Le second aspect de cette rubrique concerne plus particulièrement les congrégations et ordres encore en exercice, dans le cas d'archives privées; néanmoins, pour les ordres éteints, il a parfois été utile de signaler certains types de sources et certains fonds particulièrement riches. 6. Travaux universitaires (mémoires de maîtrise en particulier) qui concernent l'ordre ou la congrégation, surtout s'il s'agit des seuls travaux récents qui leur sont consacrés. 7. Suggestions de renvoi à d'autres notices. 8. Mots clés.
Liste des abréviations
Arch. arche v.: Archives de l'archevêché. Arch. corn.: Archives communales. Arch. dépt.: Archives départementales. Arch. Etat: Archives de l'Etat. Arch. év.: Archives de l'évêché. Arch. gén. Roy.: Archives générales du Royaume (Bruxelles). Arch. mun.: Archives municipales. Arch. nat.: Archives nationales (Paris). Bibl. Maz.: Bibliothèque mazarine (Paris). Bibl. mun. : Bibliothèque municipale. BnF: Bibliothèque nationale de France. Bibl. roy.: Bibliothèque royale. Bibl. Ste-Genev.: Bibliothèque Sainte-Geneviève (Paris). Bibl. uni v.: Bibliothèque universitaire.
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comnu:
dr
e.lUÙ?tté
aulre
,J'o-U
HÉLYOT, Histoire des ordres monastiques, religieux et militaires ... , Paris, J.-B. Coignard, t. 5, 1718, p. 184.
PREMIÈRE SECTION: L'HÉRITAGE MÉDIÉVAL
Guide pour l'histoire des Ordres et Congrégations religieuses
A
ÜRDRE MONASTIQUE
1. Moines noirs l.aHommes CLUNY (XVIe-xvme siècles)
Historique 1. Ordre de Cluny. 2. Guillaume III, comte d'Auvergne et duc d'Aquitaine et l'abbé Bernon (910). 3. Le xve siècle est pour Cluny une période importante. Jean de Bourbon est placé à sa tête en 1456-1457. Connaissant les efforts réformateurs qui se manifestent alors et excellent administrateur, il entreprend la rédaction de statuts et réunit un chapitre général en 1458: imposition à chaque supérieur de rédiger un rapport sur les finances de son monastère 4 fois par an destiné à l'abbé de Cluny et au chapitre général (lutte contre les aliénations et l'endettement, entretien des batiments, des ornements liturgiques ... ), restauration de la discipline interne (vie commune, pauvreté individuelle, habit. .. ) et volonté de rétablir la cohésion de l'Ordre à travers l'obligation pour les supérieurs d'assister au chapitre général dont les décisions doivent être respectées. J. de Bourbon se heurte à des monastères qui résistent à la reconcentration de l'autorité et au renouveau de la discipline. L'abbé ne parvient pas à ressaisir le nomination directe des prieurs. S'il obtient quelque succès en France, il échoue au dehors du royaume. En 1480, il se démet de sa charge et, à sa mort (1485), Jacques III d'Amboise (abbé depuis 1481) tente de poursuivre cette œuvre (réforme de St.-Martin-des-Champs à Paris en 1500). Le XVIe siècle est, pour l'abbatiat de Cluny, le temps des Lorraine-Guise (1528-1621). Dès les premières années du XVIe siècle, l'Ordre de Cluny est intégré plus fermement et définitivement à l'Eglise gallicane, ce qui n'est pas sans conséquence sur le caractère international de l'ordre, hérité du Moyen Âge. Ainsi, lors du concordat de Bologne (1516), la libre élection de l'abbé est remise en cause. S'impose alors la mainmise de l'autorité monarchique sur l'abbaye et sur l'avenir de l'Ordre. Jean de Lorraine fait approuver au Concile de Trente des statuts reprenant ceux de J. de Bourbon. La réforme protestante et les guerres de Religion constituent des facteurs de crise profonde: suppression du monachisme en Angleterre, fermeture d'un bon nombre de maisons en Allemagne et difficultés pour les monastères français (Cluny est saccagée en 1563). Le chapitre général n'est plus convoqué entre 1571 et 1600. Celui de 1600 dresse le bilan et réorganise les provinces (Lyon-Auvergne, Provence, Poitou, Comté de Bourgogne, Gascogne-Espagne, Lotharingie-Allemagne, Lombardie et Angleterre), selon une répartition qui ne correspond plus guère à la réalité: non prise en compte des monastères de la région parisienne, abbayes ayant quitté l'Ordre, perte de liens avec l'Espagne tandis que les établissements allemands et italiens deviennent relativement autonomes. La réforme de Cluny semble alors passer par les congrégations de Saint-Vanne et de Saint-Maur. Il faut néanmoins insister sur le rôle central de dom Laurent Bénard, supérieur du collège de Cluny à Paris dans la diffusion de la réforme bénédictine mais aussi sur celui de Jacques de Vény d' Arbouze, prieur claustral de Paris. En 1615, l'abbé Louis de Lorraine le fait grand prieur et le désigne pour être son vicaire général. Dès 1621, en lien avec les
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l'héritage médiéval mauristes, les clunisiens attachés à la réforme lancent un mouvement d'étroite observance. Ils rédigent sous l'autorité de J. d' Arbouze, un programme de réforme (pauvreté individuelle, office divin, habit, alimentation ... ). Seuls les établissements acceptant ce programme seraient habilités à recevoir des novices. Le projet visait à relancer Cluny sans provoquer de scission. Ces constitutions sont approuvées par l'abbé. En 1621, Dom d' Arbouze est élu abbé, soutenu par les cardinaux de Richelieu et de La Rochefoucauld. Ce dernier propose, en 1623-1624, la formation d'une nouvelle congrégation réunissant Cluny et les Mauristes. Cette première tentative est un échec. L'abbé, appuyé par son coadjuteur (Richelieu depuis 1627), se tourne vers Saint-Vanne. Suite à un nouvel échec, en avril 1629, l'abbé démissionne au profit de Richelieu. Jusqu'aux années 1660, ce sont Richelieu, Armand de Bourbon et Mazarin qui se succèdent. Richelieu veut réunir Cluny, SaintVanne et Saint-Maur. La fusion entre Saint-Vanne et l'Etroite observance est proclamée en 1631 et, en 1633, Richelieu réunit le chapitre général qui approuve les statuts réformateurs mais ne se prononce pas sur l'union, Richelieu reprenant aussi le projet de l'entrée de Saint-Maur dans la fusion. Devant les réticences à une union Mauristes-Vannistes, Richelieu reprend l'idée de son prédécesseur, l'union de Cluny et des seuls Mauristes. En 1634, il obtient le consentement du supérieur général mauriste. Le protocole est ratifié au chapitre général de 1636. L'étroite observance de Cluny met l'union en application malgré l'opposition des tenants de l'ancienne observance. A la mort de Richelieu, des difficultés apparaissent et la désunion est décidée en 1644-1645. Un chapitre général réuni à La Charité élit supérieur de l'étroite observance dom Rollet qui se voit chargé d'étendre le mouvement sans avoir la direction d'un monastère particulier. L'abbé de Cluny, Conti, refuse ces décisions. En 1647, il assemble à Cluny un chapitre général et fait décider d'une part, que tous les moines ayant choisi l'abstinence devront prononcer le vœu de stabilité sur la règle nouvelle et, d'autre part, que le supérieur nommé lors de la réunion de la Charité, prend le titre de vicaire général de l'Ordre, sous l'autorité de l'abbé et doit s'occuper de 1' étroite observance. Ainsi, vers 1650, la répartition des clunisiens entre les 2 observances est plus nette. S'il y a rivalités, il n'y a pas pour autant scission. Mazarin, en 1657, décide que, désormais, sous l'autorité de l'abbé, le chapitre général de l'étroite observance se réunira tous les 3 ans pour diriger la réforme mais accepte difficilement que le bref pontifical prévoit l'élection du vicaire général par cette même assemblée. Les liens de l'étroite observance avec SaintVanne sont maintenus et même renforcés après 1660, non sans provoquer des difficultés, en particulier entre 1672 et 1676, autour du choix du nouvel abbé. Le chapitre général de 1676 oblige les abstinents à rompre avec les Vannistes et empêche l'extension de l'étroite observance. Henri de Beuvron, favorable à la réforme, dont l'élection (1672) est cassée, n'est remplacé qu'en 1683, le roi proposant aux moines Emmanuel de La Tour d'Auvergne, cardinal de Bouillon. L'étroite observance réclame que l'on cesse d'empêcher son essor. En 1684, après l'annexion de la Franche-Comté par la France, il est décidé que tous les monastères ayant appartenu à l'Ordre de Cluny qui s'y trouvent, constitueront une nouvelle province de l'Ordre. Ainsi, certains d'entre eux, réformés par Saint-Vanne, sont obligés d'accepter une direction ayant une position divergente. La réaction de l'étroite observance est immédiate: en ne participant pas aux chapitres généraux, elle rend caduque leurs décisions. Pour apaiser la querelle, l'abbé établit en 1686 des vicaires provinciaux distincts pour chaque observance et essaie de reprendre en mains les abstinents. Le 30N/1705, le grand conseil décide que, dans le cadre d'une 39
Guide pour l'histoire des Ordres et Congrégations religieuses congrégation unique, l'Ordre de Cluny, les religieux de l'étroite observance sont habilités à réunir chaque année une diète particulière nommant définiteurs et visiteurs. Le dualisme est totalement reconnu. Le calme s'installe alors. En 1725, le chapitre général décide la suppression des établissements trop petits et le regroupement des religieux en quelques maisons plus importantes. L'ancienne observance comprend alors 32 prieurés et 320-350 religieux. L'étroite observance ne compte que 20 monastères dont Cluny, La Charité, St.-Martin-des-Champs, Souvigny et Sauxillanges et 300 religieux. La commission des réguliers (1768) propose la suppression de l'ancienne observance, suppression qui n'est officialisée que le 27 /III/1788 avec l'interdiction de recevoir des novices et la dispersion des religieux. L'étroite observance, à elle seule l'ordre de Cluny, réunit son premier et dernier chapitre général en août 1788. L'ordre de Cluny est supprimé à la Révolution.
Bibliographie (essentiellement pour la période moderne) 1. Valous (G. de), Jean de Bourbon ... (1413-1485), Abbaye de Saint-Wandrille, 1949. - Charvin (G.), «L'abbaye et 1' Ordre de Cluny sous 1' abbatiat de Mazarin, 1654-1661 », Revue Mabillon, 34-35, 1944-1945, p. 20-81.- Charvin (G.), «L'abbaye et l'Ordre de Cluny en France de la mort de Richelieu à l'élection de Mazarin (1642-1654)», Revue Mabillon, 34-35, 1944-1945, p. 85-124.- Charvin (G.), «Dom Henri-Bertrand de Beuvron, abbé de Cluny (1672-1682) et la vacance du siège abbatial», Revue Mabillon, 37, 1947, p. 69-97.- Charvin (G.), «La succession de Mazarin à l'abbaye de Cluny. Le cardinal Renaud d'Este (1661-1672)», Revue Mabillon, 37, 1947, p. 17-46. -Charvin (G.), «Emmanuel-Théodose de la Tour d'Auvergne, cardinal de Bouillon, abbé de Cluny (1683-1715) et le conflit de la juridiction abbatiale», Revue Mabillon, 38, 1948, p. 7-57.- Charvin (G.), «Henri-Oswald de La Tour d'Auvergne, abbé de Cluny (17151747)», Revue Mabillon, 38, 1948, p. 61-99.- Charvin (G.), «L'abbaye et l'Ordre de Cluny à la fin du XVIIIe siècle (1757-1790)», Revue Mabillon, 39, 1949, p. 44-58.Charvin (G.), «l'abbaye et l'Ordre de Cluny de la fin du XVe au début du XVIIe siècle», Revue Mabillon, 43, 1953, p. 85-117; 54, 1954, p. 6-29, 105-132.- Hurel (D.-0), «La représentation de Cluny chez les auteurs des XVIIe et XVIIIe siècles», Revue Mabillon, n.s., t. 11 (= t. 72), 2000, p. 115-128. 4. Charvin (G.), Statuts, chapitres généraux et visites de l'Ordre de Cluny, Paris, 1965-1976, 9 vol.- Bibliotheca cluniacensis, éd. M. Marrier et A. Duchesne, Paris, 1614. - Bullarium sacri ordinis Cluniacensis, éd. P. Symon, Lyon, 1580. - Statuts et Règlements pour l'Ordre de Cluny par Mgr le cardinal duc de Richelieu (1633), Paris, 1670. -Regula Ssmi P. Benedicti cum declarationibus et constitutionibus prout servantur in ord. Sacro-clunicaensi a Patribus strictioris observantiœ, Lyon, 1655. - Statuta sacri Ordinis Cluniacensis, 1676. - Statuta et Consuetudines sacri Ordinis Cluniacensis cum constitutionibus pro regulari seu stricta, v. 1715. Matricula monachorum professorum reformationis abbatiœ et tatius sacri Ordinis Cluniacensis, éd. P. Denis et Y. Chaussy, Turnhout, 1994. 5. Fonds publics: Paris, Arch. nat.: L 868-869 (Ordre de Cluny) et, par exemple: LL 1333-1350 pour la période moderne, LL 1351-1418 (St.-Martin des Champs) et BnF. -Arch. dépt. pour chacun des monastères concernés. 6. Racinet (P.), Les monastères clunisiens dans les diocèses de Soissons, de Senlis et de Beauvais. Evolution et permanence d'en ancien ordre bénédictin à la fin du Moyen Âge et au XVIe siècle (1200-1570), Thèse de doctorat d'histoire, Paris IV,
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l'héritage médiéval 1983. - Le Gall (J.-M.), La réforme des réguliers et l'idée de réforme dans le Bassin parisien, 1450-1560, thèse de doctorat d'histoire, Paris-1, 1996. 7. Congrégation de Saint-Vanne, Congrégation de Saint-Maur. 8. RÉFORME MONASTIQUE - STRICTE OBSERVANCE - ANTIQUE OBSERVANCE - CONFLITS D'OBSERVANCE- FRANCE.
Daniel-Odon HUREL
CHEZAL-BENOIT
Historique 1. Congrégation bénédictine de Chezal-Benoît. 2. Pierre Dumas, abbé de Chezal-Benoît (1479-1492). 3. L'abbaye de Chezal-Benoît, dans le Berry, devient en 1479 le centre d'un mouvement de réforme monastique qui se développe en France à partir de 1484 et surtout de 1493, avec la légation du cardinal d'Amboise, soutenu par Charles VIII et avec le concours de prélats réformateurs comme Philippe de Luxembourg, évêque du Mans, abbé commendataire de St.-Vincent du Mans et de Jumièges. L'initiative en revient à l'abbé de Chezal-Benoît, Pierre Dumas: il restaure la discipline, rétablit l'unité de la mense et soumet la durée de l'abbatiat régulier à 3 ans. En 1488, il promulgue des statuts, approuvés par Rome en 1490. Ces statuts imposaient la pauvreté individuelle, la mense commune comprenant à terme les offices claustraux et les bénéfices, la création d'un seniorat de 4 religieux (conseil du monastère, disposition que l'on retrouve chez les Mauristes), l'abstinence, les jeûnes réguliers et la vie commune. Ils prévoyaient aussi la nomination pour 3 ans des abbés (avec réélection possible pour un total de 3 triennats), par le chapitre général ou par le chapitre conventuel si l'abbé décédait en cours de mandat. L'influence de SainteJustine de Padoue est évidente. P. Dumas meurt avant que d'autres monastères adoptent sa réforme. Parallèlement, en 1494, les abbés de Chezal-Benoît, de Munster et de Marmoutier sont désignés par Alexandre VI pour procéder à la réforme des monastères bénédictins par la réunion de chapitres provinciaux. Un chapitre général, le 14/IV/1505, crée la congrégation elle-même, réunissant 4 maisons: St.-Sulpice de Bourges (1499), St.-Allyre de Clermont (1500), St.-Vincent du Mans (1502) et Chezal-Benoît. Avec le concordat de Bologne (1516), on décide de ne pas introduire la commende dans ces 5 abbayes (les 4 premières et St.-Martin de Séez). Les autres maisons (comme St.-Germain-des-Prés en 1517) ne purent bénéficier de ce privilège. Au total, la congrégation rassemble 14 monastères mais il reste difficile de différencier les abbayes ayant vraiment appartenu à la Congrégation et celles qui demandèrent aux supérieurs cazaliens des visiteurs ou des statuts sans pour autant intégrer l'ensemble: pas de véritable union pour Lagny, Brantôme (1559), SteColombe de Sens (statuts en 1541 mais union en 1582), Cormery vers 1571-1574, tentative à St.-Méen vers 1555-1557, Valmont et enfin tentative à Landévennec en 1615 avant adoption de la réforme de la Société de Bretagne en 1616. La présence des abbés commendataires et le manque d'autorité des supérieurs locaux et des visiteurs furent à l'origine de difficultés incessantes. En 1636, la congrégation est unie à celle de Saint-Maur et les 5 monastères conservèrent leurs abbés élus jusqu'en 1763. La congrégation de Chezal-Benoît comprit aussi 6 monastères de moniales
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Guide pour l'histoire des Ordres et Congrégations religieuses (St.-Menoux (1508), Yzeure (1508), St.-Laurent de Bourges (1509), St.-Pierre de Lyon (1516), Ste-Marie de Nevers (avant 1533) et Notre-Dame de Charenton (diocèse de Bourges), vers 1497-1503. La Congrégation joua un rôle important dans la vie spirituelle des débuts de l'époque moderne et dans le renouveau bénédictin et humaniste (Charles Fernand, Guy Jouveneaux, Jean Bondonnet, Jacques Du Breuil...). La Congrégation connut 114 chapitres annuels de 1517 à 1630. Les statuts furent révisés dans les années 1579-1584. Le bréviaire fut imprimé en 1586 mais la congrégation accepte ensuite le bréviaire et le missel de Pie V, en 1628. Enfin une confraternité fut instituée entre Chezal-Benoît et la congrégation du Mont-Cassin.
Bibliographie 1. Berlière (U.), «la Congrégation bénédictine de Chezal-Benoît», Revue Bénédictine, 17, 1900, p. 29-49, 113-127, 252-274, 337-361; 18, 1901, p. 1-20.- Berlière (U.), «La Congrégation bénédictine de Chezal-Benoît», Mélanges d'histoire bénédictine, 3, Maredsous, 1901, p. 97-198. - Laporte (J. ), «Aperçu des déclarations de la Congrégation de Chezal-Benoît sur la Règle», Revue Mabillon, 29, 1939, p. 143-157.- Oury (G.M.), «Les bénédictins réformés de Chezal-Benoît», Revue d'Histoire de l'Eglise de France, 65, 1979, p. 89-106. 4. Martène (E.), Histoire de la Congrégation de Saint-Maur, Ligugé, 1929, II, p. 9399.- Mémoire pour les abbés, prieurs et religieux ... , Paris, 1764. 5. Fonds publics: Paris: Arch. nat. (LL 1328-1332, réforme du XVIe siècle et statuts des chapitres généraux, 1519-1635); BnF, ms.lat. 13850, p. 237-351 (1517-1628). -Bourges, Bibl. mun., ms. 184, fol. 51-137 (1505-1627) et ms. 187, f. 41-133 (15061630).- U. Berlière, dans Revue Bénédictine (17, 1900, p. 30-34), donne une liste très précise des sources manuscrites: statuts, matricule, privilèges, livres liturgiques, histoire et chroniques ... 6. Le Gall (J.-M.), La réforme des réguliers et l'idée de réforme dans le Bassin parisien, 1450-1560, thèse de doctorat d'histoire, Paris-I, 1996. 7. Congrégation de Saint-Maur, Société de Bretagne. 8. RÉFORME MONASTIQUE -HUMANISME - CENTRE DE LA FRANCE. Daniel-Odon HUREL
CONGRÉGATION BÉNÉDICTINE DES EXEMPTS DE FLANDRE
Historique 1. Congregatio monasteriorum Exemptorum ordinis Sancti Benedicti in Belgio (congrégation bénédictine des exempts de Belgique). 3. Pour répondre aux exigences du concile de Trente, les bénédictins exempts de Flandre songent à se constituer en congrégation en octobre 1564, à l'initiative des abbés de St.-Vaast (Arras), de St.-Bertin (St.-Omer) et de St.-Pierre au Mont-Blandin (Gand). La congrégation est définitivement constituée le 20 octobre 1569 lors d'un synode réuni à St.-Vaast, auquel assiste également l'abbé de Lobbes. Grégoire XIII approuve les statuts le 18 octobre 1575. Un courant de réforme modifie la vie de ces monastères et, au début du XVIIe siècle, les abbayes de St.-Sauveur d'Eename (1620) et de St.-Amand (1627) rejoignent ce groupe. L'exemption de ces dernières est fréquemment contestée par les évêques, d'où de fréquents conflits entre moines
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l'héritage médiéval et ordinaires (en particulier entre St.-Amand et l'évêque de Tournai). Au début du XVIIe siècle, il est à plusieurs reprises question de réunir l'ensemble des monastères bénédictins belges en une seule congrégation pour favoriser l'introduction de la réforme; mais ce projet suscite une vive opposition de la part du pouvoir épiscopal, malgré le soutien de l'archiduc Albert. Le dernier chapitre de la congrégation se tient à Lobbes le 13 mai 1764. Les abbayes françaises voient se créer la Commission des réguliers: en 1774, elles sont considérées comme définitivement séparées de la congrégation. Dés 1781, les monastères belges sont confrontés à la politique de Joseph II qui décrète l'érection d'une congrégation bénédictine unique. La congrégation des exempts de Flandre est dès lors supprimée. Bibliographie 1. Berlière (U.), «Die Belgische Benediktiner-kongregation der Exempten», Studien wu1 Mitteillungen zur Geschichte des Benediktinerordens, 10, 1889, p. 542 et ss. -Id., «La congrégation bénédictine des exempts de Belgique», Revue bénédictine, 11, 1894, p. 415-424, 433-445, 541-547; 12, 1895, p. 25-32, 145-160; 13, 1896, p. 145-153, 215228. -Id., «La congrégation bénédictine des exempts de Belgique», Mélanges d'histoire bénédictine, Maredsous, 1897, p. 96-118.- Pasture (A.), La restauration religieuse aux Pays-Bas catholiques sous les archiducs Albert et Isabelle, Louvain, 1925. - Willock (F.), L'introduction des décrets du concile de Trente dans les Pays-Bas et dans la principauté de Liège, Louvain, 1929. 2. Revue bénédictine. 3. Monasticon belge, [Abbaye de Lobbes], I, 1897, vol. 2, p. 197-228; [Prévôté de St.Amand à Courtrai], III, 1960, vol. 1, p. 130-156; [Prévôté de St.-Bertin à Poperinge], idem, p. 157-181; [St.-Pierre de Gand], VII, 1988, vol. 1, p. 69-154; [St.-Sauveur à Eename], VII, 1977, vol. 2, p. 11-52.- Notices biographiques dans Biographie nationale et Nationaal Biografisch Woordenbroeck. 4. Hofmeister (Ph.), «Les statuts de la Congrégation bénédictine belge dite de Exempts», Revue bénédictine, LXI, 1951, p. 230-247. 5. Deux collections de registres des chapitres généraux et actes de synodes bénédictins: Statuta congregationis monasteriorum exemptorum ordinis S. Benedicti in Belgio (Mons, Arch. Etat) et Omnia acta synodorum omnium celebratorum in abbatis sedis apostolicis immediate subjectis in Belgio ord. Benedicti, 1569-1766 (Gand, Bibl. univ., ms. 1586).- Archives, fonds des abbayes citées: France: Lille (Arch. dépt. du Nord), Arras (Arch. dépt. Pas de Calais et Bibl. mun), St.-Omer (Bibl. mun.); Belgique: Bruxelles (Arch. gén. Roy.); Bruges, Gand, Mons, Renaix (Arch. Etat); Bruxelles (Bibl. roy.); Mons (Bibl. ville); Gand (Bibl. univ.); Malines (Arch. archev.); Bruges, Gand (Arch. év.); Abbaye de Maredsous; Espagne, archives de Simancas; Vatican, archives vaticanes.Inventaires: Le Glay (Dr.), Mémoire sur les archives del' abbaye de St. -Amand en Pévèle, Valenciennes, 1854.- Tison (G.), Inventaire sommaire des archives départementales du Pas-de-Calais, Série H, Abbaye de St.-Vaast, Arras, 3 vol., 1902-1911.- Brochet (M.), Répertoire numérique de la série H, 1, Lille, 1928. - D'Hoop (A.), Inventaire général des Archives ecclésiastiques de Brabant, V, Bruxelles, 1930, p. 45-64.- Het Rijjsarchief in de Provinciën, Overzicht van de Fondsen en Verzamelingen, I, De Vlamse Provinciën, Bruxelles, 1975. 7. Exempts de France- Congrégation de Saint-Vanne- Congrégation de Saint-Maur. 8. RÉFORME BÉNÉDICTINE - BELGIQUE.
Marie-Elisabeth HENNEAU 43
Guide pour l'histoire des Ordres et Congrégations religieuses EXEMPTS DE FRANCE
Historique 1. Congrégation des Exempts; Congrégation gallicane. 2. Dom René Lucas, grand-prieur de Marmoutier vers 1580. 3. Le Concile de Trente (session XXV, c. VIII) impose une congregatio ou chapitre provincial des monastères exempts. L'exemple d'une congrégation proprement dite, comme Sainte-Justine de Padoue, pousse certains bénédictins français à former une sorte de fédération, au-delà du cadre des provinces ecclésiastiques. Lors de la réunion des Etats de Blois (1579), le roi impose aux exempts de se regrouper en un corps de congrégation gallicane. Le prieur de Marmoutier (R. Lucas) réunit un chapitre en 1580 et, le 15/X/1581, les capitulants approuvent les constitutions. Dom François Rolle est élu supérieur général et les visiteurs sont désignés. Les statuts ne portent pas atteinte aux coutumes locales mais le supérieur général doit veiller à la célébration convenable de l'office divin, à la réalité de la vie commune, au respect des jeûnes ordinaires et à la formation des novices et des jeunes religieux, certains étant envoyés dans les universités. Le chapitre général est réuni tous les 3 ans dans un des monastères de la congrégation, à tour de rôle. Le supérieur du monastère où se réunit le chapitre en est alors de droit le président. Le Chapitre général est composé des abbés réguliers et de 2 députés par monastère. La structure même de l'ensemble la rendait ni cohérente ni solide. Ainsi, dès 1603, quelques moines de Marmoutier fondentla Société de Bretagne puis, en 1607, St.-Denis réunit autour d'elle la congrégation du même nom. Mais ce fut l'érection de la congrégation de Saint-Maur (1621) qui donna le coup de grâce à celle des Exempts, plusieurs monastères la rejoignant au cours du XVIIe siècle. Des 7 premiers monastères (Marmoutier, St.-Benoît-sur-Loire, la Trinité de Vendôme, Bourg-Dieu, St.-Sauveur de Redon, St.-Melaine de Rennes et Notre-Dame d'Evron), on passe à 55 divisés en 6 provinces (Tours, Sens, Bourges, Lyon-Vienne, Aquitaine et Toulouse-Narbonne). Les statuts de 1605 renforcent les pouvoirs du général au point de lui concéder le droit de déposer les supérieurs locaux. En 1758, la concurrence de la congrégation de Saint-Maur réduit les exempts à 16 puis Il monastères (Baigne, St.-Sauveur de Blaye, Charroux, Guîtres, La Réole-Béarn, Mas d'Azil, Moreaux, Nanteuil-en-Vallée, St.-Ferme, Tasque et Terrasson), répartis en 4 provinces (Poitou, Guyenne, Gascogne et Languedoc) et réunissant environ 70 religieux. La commission des Réguliers les supprime tous en 1770.
Bibliographie 1. Berlière (U.), «La congrégation bénédictine des Exempts de France», Revue Bénédictine, 14, 1897, p. 398-414; 16, 1899, p. 475-476. 4. Benedictinorum Exemptorum et a Sancto Sede apostolica et romana immediate dependentium sub capitulis generalibus, ex Concilii Tridentini et chritianissimi regis Henrici III in comitiis trium ordinum Blaesis... [1580-1581], Paris, 1582. - Statuta et Decreta Reformationis Congregationis benedictinorum provinciarum Senonensis, Turonensis, Bituricensis, Paris, 1583, 1605. - Statuts de la congrégation des bénédictins de France revus, augmentés et confirmés en l'abbaye royale de S. Ouen de Rouen, l'an 1643, Rouen, 1645.- Placitum magni Cons 06. -Jaunay (1.), Remonstrance au très chrestien roy de France et de Navarre Henri IV, sur la réformation nécessaire, et jà ordonnée par sa Majesté estre faite en 44
l'héritage médiéval l'Ordre sainct Benoist, Paris, 1605 (rééd. 1616 dans Laurent Bénard, De l'esprit des ordres religieux).- Avis à MM des Etats, pour établir l'ordre de Saint Benoist en France, Paris, 1614. 5. Fonds publics: Orléans, Bibl. mun., ms. 270bis (p. 565-571), statuts de 1581. Arch. dépt. des monastères concernés. 7. Société de Bretagne, Congrégation de Saint-Denis, Congrégation de Saint-Maur. 8. RÉFORME BÉNÉDICTINE - EXEMPTION - FRANCE. Daniel-Odon HUREL
CONGRÉGATION DE SAINT- V ANNE
Historique 1. Bénédictins de la congrégation de St.-Vanne et St.-Hydulphe (Vannistes). 2. Dom Didier de La Cour (1550-1623). 3. Tridentine dans sa genèse, son organisation et son esprit, la congrégation de St.Vanne et St.-Hydulphe fut instituée canoniquement le 7 avril 1604 par Clément VIII. Elle naquit de la volonté réformatrice d'un religieux de St.-Vanne de Verdun (Didier de La Cour) grâce à l'appui du cardinal Charles II de Lorraine, légat a latere dans les Trois-Evéchés et la Lorraine pour la réforme monastique et à celui d'Erric de Lorraine, évêque de Verdun et abbé commendataire des abbayes de St.-Vanne de Verdun et de St.-Hydulphe de Moyenmoutier. L'extension de la réforme est autorisée par Paul V (27 septembre 1605) qui délègue un visiteur apostolique en Lorraine, dom Laurent Lucalberti, membre de la congrégation de Ste-Justine de Padoue. L'essor est rapide: Franche-Comté espagnole, territoires évêchois sous protection française et la plus grande partie de la Champagne. Lorraine, Champagne et FrancheComté forment trois provinces institutionnelles. En 1623, la congrégation compte 21 monastères et 252 religieux. Dès les années 1610, le rayonnement de St.-Vanne s'étend: à l'origine de la congrégation de St.-Maur (1618), de celle de la Présentation Notre-Dame (1627) dans les Pays-Bas espagnols et de la réforme de monastères de Bavière et de Souabe. Après la Guerre de Trente Ans, retour de la prospérité, en particulier entre 1655 et 1685, période de sa plus forte extension (53 maisons). En 1684, elle restitue à Cluny 7 abbayes comtoises. En 1700, ses 47 monastères regroupent 600 religieux. Recrutement stable jusque dans les années 1780 (627 moines en 1789) et aucune suppression de maisons par la commission des Réguliers. Les premières constitutions, élaborées sur le modèle de celles de Ste-Justine de Padoue (Mont-Cassin), sont publiées en 1610. Le chapitre général annuel, composé du prieur de chaque monastère et d'un conventuel par maison élu par la communauté, détenait la réalité du pouvoir. Il élisait le président de la congrégation, nommait à toutes les supériorités et répartissait les religieux entre les monastères. Ceux-ci faisaient vœu de stabilité non pour un monastère particulier, mais pour l'ensemble de la congrégation. Abbés et prieurs commendataires étaient exclus de la direction des communautés. En 17 41, une réforme instaure la triennalité des chapitres généraux, conférant à la congrégation une plus grande stabilité. Entre les chapitres généraux, le gouvernement était confié au «régime», réunion des supérieurs majeurs rassemblant le président, les trois visiteurs, trois diétaires (un par province) et les deux procureurs généraux. À l'exception de ces derniers, les supérieurs
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Guide pour l'histoire des Ordres et Congrégations religieuses majeurs composaient la diète annuelle qui réglait les affaires courantes et prononçait les nominations et les transferts de religieux. Au XVIIe siècle, les vannistes se distinguèrent, sur le plan intellectuel, par le choix accordé à la recherche théologique et leur prédilection pour la théologie positive. Les académies monastiques, institution intellectuelle propre à St.-Vanne, constituèrent de 1670 à 1705 des foyers de théologie positive et d'études augustiniennes, avant de se transformer à partir de 1713 en «arsenaux» forgeant les armes de la polémique dans la lutte contre la constitution Unigenitus. Travaux d'exégèse et d'érudition biblique, études patristiques concoururent également à la renommée de quelques religieux (dom Augustin Calmet, dom Rémi Ceillier). Ils trouvèrent leur application au XVIIIe siècle dans la publication de livres liturgiques repris par d'autres. Ils portèrent également un intérêt particulier aux sciences (transfusion sanguine, cancer, champagnisation des vins). Au XVIIIe siècle, cet intérêt pour les sciences, mais aussi pour l'histoire des provinces et des monastères, augmenta au détriment des études religieuses. 4. Dom Claude Richard (1741-1794), béatifié le 1 octobre 1995. Bibliographie 1. Didier-Laurent (dom E.), «Dom Didier de La Cour de La Vallée et la réforme des bénédictins de Lorraine (1550-1623)», Mémoires de la Société d'archéologie lorraine, 53, 1903, p. 265-502.- Godefroy (J.), Les bénédictins de Saint-Vanne et la Révolution, Paris, 1918. - Taveneaux (R.), Le jansénisme en Lorraine, Paris, 1960. - Michaux (G.), «Les professions dans la congrégation de Saint-Vanne et SaintHydulphe aux XVIIe et XVIIIe siècles», Annales de l'Est, 1975/1, p. 63-78.- Id, «la vie intellectuelle de la congrégation de Saint-Vanne dans la seconde moitié du XVIIIe siècle», Sous la Règle de Saint-Benoît, Genève-Paris, 1982, p. 325-344.Taveneaux (R.), «La vie intellectuelle dans la congrégation bénédictine de SaintVanne au XVIIe siècle», Sous la Règle de Saint-Benoît, Genève-Paris, 1982, p. 307324.- Id., «Une fondation tridentine: la congrégation bénédictine de Saint-Vanne», Revue d'histoire de l'Eglise de France, 75, 1989, p. 137-148. 2. Plusieurs articles importants dans la Revue Mabillon (de J. Godefroy entre 1923 et 1945 puis de G. Cherest entre 1948 et 1963), dans la Revue bénédictine (de U. Berlière entre 1897 et 1902); cf. aussi les Annales de l'Est et les revues des sociétés savantes des régions concernées. 3. Godefroy (J.), Bibliothèque des bénédictins de la congrégation de Saint-Vanne et Saint-Hydulphe, Ligugé/Paris, 1925. - Cherest (G.), «Supplément à la Bibliothèque des Bénédictins de Saint-Vanne», Revue Mabillon, 48, 1958 (p. 192-193), 49, 1959 (p. 93-100, 137-144, 172-178), 50, 1960 (p. 30-56, 98-106). -Id., Matricula religiosorum professorum clericorum et sacerdotum congregationis Sanctorum Vitoni et Hydulphi (1604-1789), Paris, 1963. - Id., «Congrégation de Saint-Vanne. Catalogue des religieux en charge, province de Champagne», Mémoires de la Société d'agriculture, commerce, sciences et arts du département de la Marne, 81, 1966, p. 136-151; 82, 1967, p. 175-188.- Id., «Congrégation de Saint-Vanne. Catalogue des religieux en charge, province de Franche-Comté», Mémoires de la Société d'agriculture, lettres, sciences et arts de la Haute-Saône, 1968/1, p. 35-47.- Id., «Congrégation de Saint-Vanne. Catalogue des religieux en charge, province de Lorraine», Annales de l'Est, 1968/2, p. 159-184. 4. Les titres énumérés ci-dessus sont aussi des sources imprimées.
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l'héritage médiéval 5. Chevallier (P.), «Les sources de l'histoire de la congrégation de Saint-Vanne de 1766 à 1789», Annales de l'Est, 1963/1, p. 49-95. Quelques fonds d'archives: Paris (Arch. nat., papiers de la Commission des Réguliers, fonds Loménie de Brienne, série D; BnF., collections de Lorraine et Clouet-Buvignier). En province: série H des Arch. dépt., Bibl. mun. (Besançon, Metz, Nancy, Troyes, Sens, Verdun, Epinal, St.-Dié); Archives du Vatican (Secrétairerie d'Etat, nonciatures de France et de Lucerne, fonds des cardinaux Carpegna et Albani). 6. Michaux (G.), La congrégation bénédictine de Saint-Vanne et Saint-Hydulphe de la Commission des réguliers à la suppression des ordres religieux (1766-1790), thèse, Université de Nancy 2, 1980, 703 p. 7. Congrégation de Saint-Maur, Cluny. 8. RÉFORME BÉNÉDICTINE- THÉOLOGIE POSITIVE- LITURGIE- FRANC-MAÇONNERIEJANSÉNISME - ÉRUDITION ECCLÉSIASTIQUE - ÉTUDES BIBLIQUES - SCIENCES HISTORIOGRAPHIE - HISTOIRE - LORRAINE. Gérard MICHAUX
SOCIÉTÉ DE BRETAGNE
Historique 1. Bénédictins de la Société réformée de Bretagne (1603-1628). 2. Dom Isaïe Jaunay (mort en 1619) et dom Noël Mars (1576-1611). 3. Malgré son existence éphémère, la Société de Bretagne participa au mouvement réformateur qui toucha l'Ordre de St.-Benoît en France au début du XVIIe siècle. A la suite de la réforme entreprise par la congrégation des Exempts à l'abbaye de Marmoutier, six moines de cette maison, plus exigeants encore, remirent le 1 août 1603 une requête au général des Exempts, dom Jaunay. Celui-ci se rendit à Paris afin d'obtenir le soutien d'Henri IV. Il y rencontra dom Noël Mars, également profès de Marmoutier qui devint le principal responsable de ce mouvement. Vicaire général de la Société, il rédigea des statuts pour le prieuré St.-Magloire de Lehon (3 février 1605) devenu, avec l'autorisation du grand prieur de Marmoutier, le centre de cette nouvelle réforme. Le chapitre général des exempts approuva cette réforme (1606) tout comme le cardinal de Sourdis, chargé par Rome de la réforme monastique française. Dans les années suivantes, furent rattachés à la Société de Bretagne le Tronchet (août 1607, à la demande de l'évêque de Dol), Lantenac (1608, grâce à un prêtre séculier de Redon, Jean Guyon qui devint vicaire général de la congrégation), Landevennec (1615, grâce au Père Briant, archidiacre de Quimper, aux bénédictins de Lehon qui s'y installèrent et à dom François Stample), La Chaume (1618) et St.Sauveur de Redon (à la demande de son abbé commendataire, Mgr Artus d'Espinay). En 1615, elle échoua dans la réforme de St.-Malo et de Marmoutier. Les difficultés survinrent très vite car la Société de Bretagne ne possédait pas une autonomie pleinement reconnue sur le plan canonique. Première tentative d'union à la congrégation de St.-Maur en 1622 mais refus du chapitre général des Mauristes (1624); en 1625, le roi autorisa les monastères de la Société de vivre de façon indépendante sous le nom de «Congrégation de Bretagne» mais cette reconnaissance ne fut pas approuvée par le Saint-Siège. En juillet 1628, 5 des 6 abbayes s'agrégèrent à la congrégation de St.-Maur alors en plein essor. L'organisation de la
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Guide pour l'histoire des Ordres et Congrégations religieuses
Société de Bretagne rejoint celle des congrégations bénédictines modernes: chaque abbaye avait un prieur à sa tête; un vicaire général (Noël Mars, Jean Guyon) dirigeait l'ensemble, assisté d'un visiteur (François Stample ... ); un chapitre général réunissant des délégués des monastères. En 1618, il fut décidé d'envoyer les moines étudiants dans les universités et collèges de Rennes, Quimper, La Flèche et Paris. À cause de sa courte durée, la Société de Bretagne n'eut qu'un rayonnement limité; néanmoins, dom Noël Mars fut considéré comme un véritable saint par ses contemporains (Louis XIII chargea même son ambassadeur à Rome de préparer un éventuel procès de canonisation).
Bibliographie 1. La Nicollière-Teijeiro (S. de), L'abbaye deN. D. de la Chaume près Machecoul (1055-1792). Essai historique, Nantes, 1881.- Fouéré-Macé (M.), Le Prieuré royal de Saint-Magloire de Léhon, Rennes, 1892. - A. C., «La Société de Bretagne de l'Ordre de Saint-Benoît», Revue Bénédictine, 11, 1894, p. 97-107.- Rabory (D.), Histoire de Marmoutier et de ses prieurés, Paris, 1910, 2 vol. - Anger (P.), «la Société des Bénédictins réformés de Bretagne», Bulletin de la Société d'archéologie d'Ille-et-Villaine, 45, 1915.- Brébel (E.), Essai historique sur Pleudihen-Appendices, l'Abbaye du Tronchet, Rennes, 1916.- Chauchix (J. du), Une page de l'histoire monastique bretonne. L'abbaye de Lantenac aux XVIIe et XVIIIe siècles, St.-Brieuc, 1927. -Chaussy (Y.), Les Bénédictines et la réforme catholique en France au XVIr siècle, Paris, 1975, 2 vol. - Andrejewski (D.), sous la dir., Les abbayes bretonnes, Paris, 1983. - Collon (P.), «Note pour servir à l'histoire de l'abbaye de Marmoutier au XVIIe siècle», Bulletin de la Société archéologique du Poitou, 12, 1984, p. 244. 4. Jaunay (1.), Remonstrance au très Chrestien Roy Henri IV, Paris, 1605, in-8. Blémur (J. de), Eloges de plusieurs personnes illustres de l'Ordre de Saint Benoît, Paris, 1667-1673, t. 2, p. 219-246.- Badier (J. E.), La sainteté de l'état monastique où l'on fait l'histoire de l'abbaye de Marmoutier, Tours, 1720, in-12- Lobineau (G. A.), Vies des saints de Bretagne, Rennes, 1725, p. 346-356. - Martène (E.), «Histoire de l'abbaye de Marmoutier», Mémoires de la Société archéologique de Touraine, 25, 1875, (p. 414-464). 5. Fonds publics: Paris (BnF.): ms. lat. 5541-5544 (travaux de dom Mars sur Landévennec et Marmoutier), 11819 et 12700 (abbaye du Tronchet), 12651 (Recueil sur l'Ordre de Saint Benoît), 12671, 12679-12681, 12690, 12695, 13899, 13900 (dom Chantelou); ms. fr. 15721 et 18927 (Marmoutier), 17670 (Histoire de la réforme de l'Ordre de Sainct Benoist), ms. fr. 17693-17694, 18823-18825, 1962119622, 22358; ms. n. a. fr. 1423 (Bibliot. Générale et alphabétique des auteurs de tous les ordres et congrégations dans lesquels on pratique la Règle de S. Benoist, dom B. Thiébault). Paris (Bibl. Ste-Genev.): ms. 1699 (Histoire du Tronchet). 7. Exempts de France, Congrégation de Saint-Maur. 8. RÉFORME BÉNÉDICTINE - BRETAGNE. Patrick SBALCHIERO
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l'héritage médiéval CONGRÉGATION BÉNÉDICTINE ANGLAISE
Historique 1. The English Benedictine Congregation; the English Benedictines (Bénédictins anglais); Congregatio Anglo-Benedictinae Ordinis Sancti benedicti; E.B.C. 3. Entre 1536 et 1540, Henri VIII supprimait tous les monastères bénédictins en Angleterre et au Pays de Galles, leurs possessions passant à la Couronne. Sous le règne de Marie Ière (1553-1558), il y eut une brève restauration de l'abbaye de Westminster qui passa sous l'influence de la Congrégation du Mont-Cassin, mais elle fut de nouveau dissoute sous Elisabeth Ière. Pendant son règne, certains anglais reçurent 1' habit bénédictin dans des monastères espagnols et italiens et, en 16011602, ils obtinrent une permission spéciale pour travailler à la mission en Angleterre. Les moines anglais s'établirent en 1607 à Douai, en 1608 à Dieulouard (Lorraine), en 1611 à Saint-Malo (jusqu'en 1669), et en 1615 à Paris. Au XVIIe siècle, certains moines missionnaires furent martyrisés en Angleterre. En 1619, par le bref Ex incumbenti, le Saint-Siège reconnut la renaissance de la Congrégation bénédictine anglaise, résultant de l'union des moines anglais de la congrégation espagnole et de la congrégation du Mont-Cassin, récemment affiliés à l'abbaye de Westminster par dom Sigebert Buckley, dernier moine survivant de celle-ci. Revendiquée par les moines anglais, cette continuité avec les bénédictins anglais médiévaux fut reconnue par la Bulle Plantata (1633). Les constitutions, rédigées en 1661, servirent de base à la Congrégation jusqu'à la fin du XIXe siècle: chapitre général quadriennal élisant le Président Général et les autres supérieurs locaux. Quelques moines étudièrent la théologie à la Sorbonne et à Douai. Après la révolution de 1688, la chapelle parisienne des moines anglais devint un mausolée Stuart. Au XVIIIe siècle, les prieurés situés en France, abritant chacun 12 moines, furent «naturalisés»: ils gagnaient leur vie en tenant des écoles pour des garçons anglais grâce au revenu de bénéfices français. En France, les moines furent obligés d'accepter les directives de la Commission des Réguliers et rédigèrent de nouvelles constitutions en 1784. Leurs maisons françaises furent supprimées en 1793. Les deux communautés (Douai et Dieulouard) se reconstituèrent en Angleterre dès les années 1795 à Downside et à Ampleforth tandis que les survivants de la communauté parisienne s'établirent de nouveau à Douai jusqu'en 1903 (retour définitif en Angleterre). 4. Richard Whiting, Hugh Faringdon, John Beche, John Thome, Roger James, John Eynon, John Rugg (t 1539, béatifiés en 1895); John Roberts (t 1610), Ambrose Barlow (t 1641), Alban Roe (t 1642), canonisés en 1970; Mark Barkworth (t 1601), George Gervase (t 1608), Maurus Scott (t 1612), Thomas Tunstall (t 1616), Philip Powel (t 1646), Thomas Pickering (t 1679), béatifiés en 1929. Bibliographie 1. Dancoisne (L.), Histoire des établissements religieux britanniques fondés à Douai avant la Révolution française, Douai, 1880. -Butler (C.), Notes on the Origins and early Development of the restored English Benedictine Congregation, sl, 1887. Taunton (E.L.), The English Black Monks of St. Benedict, London, 1897, 2 vol. Daumet (G.), Notices sur les établissements religieux Anglais, Ecossais et Irlandais fondés à Paris avant la Révolution, Paris, 1912.- Guilday (P.), The English Catholic Refugees on the Continent, 1558-1795, London, 1914.- McCann (J.), Cary-Elwes (C.), Ampleforth and its Origins, London, 1952. - Chaussy (Y.), Les bénédictins
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Guide pour l'histoire des Ordres et Congrégations religieuses anglais réfugiés en France au XVIIe siècle (1611-1669), Paris, 1967.- Id., «New evidence on the English Benedictines», Downside Review, 88, 1970, p. 36-56. Spearritt (Pl.), «The Survival of Medieval Spirituality among Exiled English Black Monks», The American Benedictine Review, 25, 1974, p. 287-316.- Green (B.), The English Benedictine Congregation. A Short History, London, 1980. - Lunn (D.), The English Benedictines, London, 1980. - Aveling (J .C.H.), «The Eighteenth-Century English Benedictines», Duffy (E.), éd., Challoner and His Church, London, 1981, p. 152-173. - Sitwell (G.), «The Foundation and Recruitment of the English Benedictine Congregation», Downside Review, 101, 1984, p. 48-59. -Scott (G.), Gothie Rage Undone. English Monks in the Age of Enlightenment, Bath, 1992. 2. The Ampleforth Journal (1895-).- The Douai magazine (1894-). -The Downside Review (1882-). 3. Snow (T.B.), Necrology of the English Congregation of the Order of St. Benedict from 1600 to 1883, London, 1883. - Birth (H.N.), Obit Book of the English Benedictines from 1600 to 1912, Edinburgh, 1913 (reprint, Farnborough, 1970).Whelan (B.), A Series of Lists relating to the English Benedictine Congregation, Worcester, 1933. 4. Weldon (R.B.), Chronological Notes ... of the English Congregation of the Order of St. Benedict, Worcester, 1881. - Bullarium Monachorum Nigrorum Benedicti Congregationis Angliœ, Fort Augustus, 1912. - Connolly (H.), Some Dates and Documents for the Early History of our House, sl., 1930. - McCann (J.), Connolly (H.), éd., Memorials of Fr Augustine Baker and other Documents relating to the English Benedictines, London, 1933 (Catholic Record Society, 33). -Marron (V.), «Sorne sources for English Benedictine History», Downside Review, 81, 1963, p. 5060. - Jebb (P.), «The Archives of the English Benedictine Congregation kept at St. Gregory's Downside», The Downside Review, 93, 1975, p. 208-225. 5. Fonds publics: Nombreuses sources dispersées en France (Arch. nat., Bibl. mun. de Douai, Arch. dépt. du Nord à Lille, du Pas-de-Calais à Arras et de Meurthe-etMoselle à Nancy), en Angleterre (Public Record Office et Westminster Archdiocesan Archives à Londres) et au Vatican (archives vaticanes). - Fonds privés: dans certains monastères anglais: Douai Abbey (Reading): Weldon (B.), «Memorials to help the writing of the his tory of Benedictine Order renewed in England» ( 17071712, 6 vol., ms.). -Registres de vêtures et de professions, délibérations capitulaires - Ampleforth Abbey (York): Allanson (A.), «A History of the English Benedictine Congregation, 1585-1850» (1843-1848, 14 vol., ms., cf. microfiche avec introduction de P. Spearritt et B. Green, Oxford, 1978). - Downside Abbey (Bath): Papiers de Birt. - Registres de vêtures et de professions, délibérations capitulaires. 7. Bénédictines anglaises en France, Congrégation de Saint-Maur. 8. MONACHISME BÉNÉDICTIN - MONACHISME ET ENSEIGNEMENT - ANGLETERRE. Geoffrey ScoTT
CONGRÉGATION DE SAINT-DENIS
Historique 1. Fédération de monastères bénédictins à la tête de laquelle se trouvait l'abbaye royale de Saint-Denis (1607-1633). 50
l'héritage médiéval
2. Nicolas Hesse lin, grand prieur de St.-Denis et premier général de la fédération (+ 26/0111613). 3. La congrégation de St.-Denis s'inscrit dans l'application des décrets tridentins concernant les ordres monastiques (XXVe session en particulier). Dès le début du xvne siècle, devant la pression du pouvoir royal et les avances de la congrégation des exempts, l'abbaye de St.-Denis se doit de réagir et de mettre en application les injonctions tridentines. Mais les frères semblent divisés, certains réclamant la réforme, d'autres la considérant comme une menace pour l'autonomie du monastère. En février 1607, le grand prieur et le chapitre décident de former leur propre congrégation. La constitution de cette fédération est rapide et, dès le mois de mars 1607, elle regroupe 9 monastères: Corbie, St.-Magloire de Paris, St.-Père de Chartres, Bonneval, Coulombs, Josaphat, Neauphle-le-Vieil, St.-Lomer de Blois et Montierender. L'arrêt du Parlement de Paris (5/IX/1607) intègre aussi la Ste-Trinité de Fécamp, St.-Eloi de Noyon, St.-Médard de Soissons, St.-Pierre de Lagny, St.-Faron de Meaux, St.Pierre de Chaume, Choisy et St.-Germer-de-Fly. St.-Ouen de Rouen franchit le pas quelques années après puisqu'un chapitre général s'y tient en 1625. On le voit, l'essentiel des abbayes réformées se situe autour de Paris, en particulier dans le diocèse de Chartres. Les statuts de la Congrégation sont promulgués au prieuré St.-Lazare de Paris le 16/III/1607 et Henri IV accorde des lettres patentes à la fédération. Une bulle de Paul V approuve cette réforme en 1614. À la manière des congrégations de ChezalBenoît ou de Saint-Vanne, et plus tard de Saint-Maur, la congrégation présente un gouvernement centralisé à chapitre général dont 1' exécutif est placé entre les mains du général, qui s'avère toujours être le grand prieur de St.-Denis (Nicolas Hesselin, Denis de Rubentel et Firmin Pingré). Les chapitres généraux se tiennent tous les 4 ans. Bien que les statuts aient été légèrement modifiés en 1611, le général dispose de peu de moyens pour mener à bien sa mission. Dans les faits, cette fédération ne semble pas très centralisée et ses conventions de fonctionnement restent ambiguës. En effet, dès le début, on voit se dessiner un conflit entre les officiers et le grand prieur de St.-Denis. Les premiers refusent de ratifier les décisions prises à St.-Lazare s'ils mettent en cause leurs offices, et le second ne semble pas animé d'une volonté de coopération, les statuts n'étant pas communiqués aux moines de l'abbaye, au moins jusqu'en octobre 1607. Cette situation semble avoir pesé très lourd sur le devenir de la congrégation: toutes les décisions disciplinaires apparaissent nuancées par le respect des «coutumes et traditions anciennes des monastères». Cette congrégation, qui s'est formée en à peine un mois, va disparaître ensuite dans les faits très rapidement. La lecture des registres capitulaires de St.-Denis indique que la vie du monastère n'est aucunement modifiée par sa nouvelle fonction, les comptes-rendus des chapitres généraux demeurant de leur côté introuvables. Dès 1633, son existence éphémère s'achève et St.-Denis est intégrée à la congrégation de Saint-Maur, malgré les protestations des moines. Certains monastères présents en 1607 à St.-Lazare avaient par ailleurs déjà adhéré à la nouvelle réforme: Corbie (1619), St.-Corneille de Compiègne (1626) et Blois (1627). Les autres monastères s'associent alors avec St.Ouen de Rouen et prennent le nom de congrégation des exempts. Associés à d'autres abbayes normandes (Fécamp, la Croix-St.-Leuffroy), elles mettent sur pied des statuts en 1643 mais sont condamnées à être, une à une, reprises par les mauristes.
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Guide pour l'histoire des Ordres et Congrégations religieuses
Bibliographie 1. Doublet (F.), Histoire de l'abbaye de St.-Denis en France, Paris, 1625. - Fe1ibien (Dom M.), Histoire de l'abbaye de St.-Denis en France, Paris, 1706.- Aizac (F. d'), Histoire de l'abbaye de St.-Denis, Paris, 1860-1861.- Denis (P.), Le cardinal de Richelieu et la réforme des monastères bénédictins, Paris, 1913. 5. Fonds publics: Paris, Arch. nat., L 832 (statuts et pièces émises en 1607), LL 1218 (registres capitulaires de St.-Denis), LL 1219 et LL 1220. - Rouen, Arch. dépt. Seine-Maritime, série H (fonds de St.-Ouen). 6. Rigaux (Th.), La Congrégation de Saint-Denis, Mém. de maîtrise, Université Paris I, 2000. 7. Congrégation de Saint-Maur. 8. RÉFORME BÉNÉDICTINE - FRANCE - NORMANDIE.
Thomas RrGAUX
CONGRÉGATION BÉNÉDICTINE o' ALSACE
Historique 1. Congrégation bénédictine d'Alsace; congrégation bénédictine de Strasbourg. 3. La congrégation bénédictine d'Alsace constitue une des manifestations de la réforme monastique post-tridentine. En 1606-1607, les abbayes bénédictines d'Altorf, d'Ebersmunster et de Marmoutier consolidèrent leurs liens qui avaient été assez lâches jusqu'alors, avec la congrégation allemande de Bursfeld. En 1624, Léopold, archiduc d'Autriche et évêque de Strasbourg, unit non sans difficultés, les abbayes de son diocèse: Altorf, Ebersmunster et Marmoutier en Alsace, Ettenheimmunster, Gegenbach, Schuttern et Schwarzach sur la rive droite du Rhin, l'Ortenau. Ces 7 monastères formèrent la congrégation bénédictine de Strasbourg, qui fonctionna jusqu'en 1789 avec chapitres généraux et visites canoniques. Les religieux achevaient leur formation théologique soit chez les Jésuites de Molsheim, soit à Cologne, dans leur maison d'études. Cette congrégation n'engloba pas l'ensemble des abbayes bénédictines alsaciennes: Thierenbach fut d'obédience clunisienne et Munster dépendit de la Congrégation de St.-Vanne. Deux monastères féminins, Biblisheim et St.-Jean de Saverne, étaient visités par des abbés de cette congrégation. Les abbés étaient elus à vie par les religieux en présence d'un représentant du roi. La réforme et la paix contribuèrent à un accroissement des effectifs au XVIIIe siècle qui reste modéré et comparable aux autres monastères bénédictins français: une douzaine de moines à Altorf, une trentaine à Ebermunster, entre 20 et 30 à Marmoutier entre 1721 et 1790. Les fresques d'Ebersmunster, le chœur d'Altorf et les stalles de Marmoutier témoignent d'un réel renouveau architectural.
Bibliographie 1. Volk (P.), «Die Furstabtei Murbach und die Strassburger BenediktinerKongregation», Archiv für elsiissische Kirchengeschichte, 11, 1936, p. 175-192. Id., «der Aufbau der Strassburger Benediktiner-Kongregation», Archiv fur elsassische Kirchengeschichte, 12, 1937, p. 185-283. - Id., Das Werden der Strassburger Benediktiner-Kongregation, Strasbourg, 1937, 255 p.- Bornert (B.), «Bénédictins»,
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l'héritage médiéval Encyclopédie de l'Alsace, I, 1982, p. 548-549. - Muller (Cl.), Les bénédictins d'Alsace dans la tourmente révolutionnaire, Langres, 1991, 187 p. -Id. et alii, Eglises et religions. Les abbayes, Annuaire de la Société d'histoire du Ried Nord, Drusenheim, 1994.- Id., «Une grande mutation des ordres religieux alsaciens (17211861)», Religieux et religieuses pendant la Révolution, Lyon, 1995, I, p. 269-283. 4. Volk (P.), «Die Statuten der Strassburger Benediktiner-Kongregation vom Jahre 1624», Archiv für elsiissische Kirchengeschichte, 8, 1933, p. 317-370. - Id., «Die Generalkapitels-Rezesse der Strassburger Benediktiner Kongregation (1624-1766)», Archiv für elsiissische Kirchengeschichte, 9, 1934, p. 253-286. 5. Fonds publics: Colmar, Arch. dépt. du Haut-Rhin, série H, fonds de Murbach et de Munster; Strasbourg, Arch. dépt. du Bas-Rhin, série H, fonds d'Altorf, d'Ebersmunster et de Marmoutier. 7. Congrégation de Saint-Vanne, Cluny. 8. RÉFORME BÉNÉDICTINE - MONACHISME ET FRONTIÈRES POLITIQUES - ALSACE. Claude MuLLER
CONGRÉGATION DE SAINT-MAUR
Historique 1. Bénédictins de la Congrégation de St.-Maur. Mauristes (1618-1789). 2. Dom Laurent Bénard (mort en 1620). 3. Réforme bénédictine française et masculine, la Congrégation de St.-Maur est une des dernières manifestations de la réforme de l'ordre de st. Benoit en France, commencée à la fin du xve siècle et en plein essor au lendemain du concile de Trente. Elle naquit dans le sillage de la réforme lorraine de St.-Vanne (1604). Vers 1610, dom Laurent Bénard (prieur du collège de Cluny) se rendit à St.-Vanne, accompagné de dom Anselme Rolle et de dom Athanase de Mongin qui y firent profession en 1612. Ce premier noyau permit la réforme de St.-Augustin de Limoges (1613), de Nouaillé (1614), de St.-Faron de Meaux (1615) et de Jumièges (1616). La Lorraine n'étant pas française, le chapitre général de St.-Vanne de 1618 demanda à dom Bénard de solliciter la création d'une congrégation française pour assurer la l'avenir de la réforme. Cette même année, la réforme fut introduite aux BlancsManteaux et en novembre, s'y réunit le chapitre général fondateur qui choisit comme patron de la congrégation st. Maur, le disciple de st. Benoit que l'on considérait comme l'introducteur de la Règle bénédictine en France. Grégoire XV donna son approbation en 1621. Dès lors, l'essor des mauristes fut rapide: union de la Société de Bretagne en 1628, de la congrégation de St.-Denis en 1633 et de celle de ChezalBenoit en 1636. En 1634, fut conclue une union entre les mauristes et Cluny sous le nom de congrégation de St.-Benoit. Cette tentative échoua à la mort de Richelieu. Néanmoins, la congrégation compta une quarantaine de maisons en 1630, près de 110 en 1650, 180 en 1680 et 193 autour de 1713. La croissance des effectifs accompagna cet essor: 80 religieux en 1620, 1472 en 1660, 2222 en 1700 avec une croissance particulièrement forte entre 1620 et 1670. Au XVIIIe siècle, la population se stabilise autour de 2000 religieux pour atteindre 1645 religieux en 1790. À côté des religieux profès, les mauristes eurent aussi un nombre limité de convers et de commis stabilisés (laïcs sous contrat). L'établissement de la réforme concrétisait des
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Guide pour l'histoire des Ordres et Congrégations religieuses discussions entre les mauristes, l'abbé commendataire et les religieux du lieu. Ces derniers cédaient la place aux réformés, étaient appelés les «anciens» et recevaient une pension. Les années 1680-1710 marquent l'apogée des mauristes: extension géographique maximale et rayonnement érudit (Mabillon, travaux historiques et patristiques). La bulle Unigenitus (1713) marque un tournant décisif. La majorité des moines semble avoir été hostile à la bulle (900 appelants) et le pouvoir royal intervint contre les irréductibles vers 1725-1733. Après un certain retour au calme, l'année 1765-1766 puis les années 1781-1788 furent l'occasion de crises internes remettant en cause l'organisation même de l'institution. Congrégation centralisée à chapitre général, la réforme mauriste reprit les constitutions vannistes avant de publier les siennes en 1645 et 1648. Œuvre de dom Grégoire Tarrisse (supérieur général de 1630 à 1648), elles ne furent modifiées qu'en 1770. La Congrégation était divisée en six provinces (France, Normandie, Bretagne, Chezal-Benoit, Bourgogne et Gascogne ou Toulouse). À sa tête se trouvait le chapitre général, réuni tous les trois ans, nommant à toutes les supériorités y compris le généralat. S'y réunissaient le supérieur général (élu pour trois ans et rééligible) et ses deux assistants, les six visiteurs provinciaux (élus pour trois ans) et des représentants de l'ensemble des monastères (quatre par province élus lors des diètes provinciales). Entre les chapitres généraux se réunissait à St.-Germain-des-Prés une diète annuelle, rassemblant le «régime» de la congrégation (le supérieur général, les assistants, les visiteurs et le dépositaire). À la tête de chaque monastère et en dehors de l'abbé commendataire, se trouvait le prieur qui ne pouvait être maintenu plus de deux mandats consécutifs dans la même abbaye, assisté d'un seniorat (2 à 4 religieux). Chaque province avait un noviciat provincial et quelques maisons d'études et le novice faisait voeu de stabilité non pour un monastère particulier mais pour l'ensemble de la congrégation. Les Mauristes ont joué un rôle important dans l'histoire de l'érudition même si seulement quelques dizaines d'entre eux purent s'y consacrer totalement. L'histoire de l'ordre et les éditions patristiques firent l'objet de l'essentiel des travaux entrepris avant 1710. Au XVIIIe siècle, le champ de recherches s'étendit à l'histoire de France, des provinces et à l'histoire littéraire tandis qu'à partir de 1760, les mauristes offrirent leurs services au Cabinet des chartes (Moreau). Le rayonnement mauriste s'étendit à l'enseignement à travers la prise en charge de plusieurs collèges et écoles (Pontlevoy, Beaumont-en-Auge, Sorèze, Thiron ... ). Enfin, le renouveau mauriste eut pour conséquence la reconstruction de la plupart des bâtiments conventuels des 190 abbayes réformées. 4. Ambroise-Augustin Chevreux (1728-1792, Bx.), Louis Lebrun (décédé en 1794, béatifié en 1996). Bibliographie 1. Leclercq (H.), Mabillon, Paris, 1953-1957, 2 vol. - Lemoine (R.), «Histoire des constitutions de la Congrégation de Saint-Maur», Etudes d'histoire du droit canonique, Paris, 1965, 1, p. 215-248. - Julia (D.) et Donnat (L.), «Le recrutement d'une congrégation monastique à l'époque moderne: les Bénédictins de SaintMaur», Saint-Thierry, une abbaye du VI' au xxe siècle, Actes du colloque international d'histoire monastique, Reims/St.-Thierry, 11 au 14 octobre 1976, Saint-Thierry, 1979, p. 565-594.- Julia (D.), "Les Bénédictins et l'enseignement aux XVIIe et XVIIIe siècles", Sous la Règle de St.-Benoit, Genève/Paris, 1982,
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l'héritage médiéval p. 345-400. - Bugner (M.), Cadre architectural et vie monastique des Bénédictins de la Congrégation de St.-Maur, Nogent-Le-Roi, 1984. - Bergin (J.), Cardinal de La Rochefoucauld. Leadership and Reform in the French Church, Yale University Press, 1987. - Barret-Kriegel (B.), Les historiens et la monarchie, Paris, 1989, 4 vol. - Dinet (D.), Dinet-Lecomte (M.-Cl.), «Les appelants contre la Bulle Unigenitus d'après Gabriel-Nicolas Nivelle», Histoire Economie et Société, 3, 1990, p. 365-389 - Id. et id., «Les jansénistes du XVIIIe siècle d'après les recueils des actes d'appel de Gabriel-Nicolas Nivelle», Jansénisme et Révolution, Paris, Chroniques de Port-Royal, 1990, p. 47-63. - Troisième centenaire de l'édition Mauriste de Saint Augustin, Paris, 1990. - Chaussy (Y.), Les Bénédictins de St.Maur, Paris, 1989-1991, 2 vol. - Hurel (D.-0.), Les Mauristes à Orléans. BonneNouvelle et l'essor de la Bibliothèque publique au XVIIIe siècle, Orléans, 1995 Hurel (D.-0.) et Rogé (R.), textes réunis par, Dom Bernard de Montfaucon, St.Wandrille, 1998, 2 vol. - «Les Mauristes, consommateurs et producteurs de livres», Dompnier (B.), Froeschlé-Chopard (M.-H.), Les Religieux et leurs livres à l'époque Moderne, Clermont-Ferrand, 2000, p. 177-194. 2. Plusieurs revues ont fait l'objet d'études sur la Congrégation, entre 1890 et 1950: la Revue Mabillon, la Revue Bénédictine et la Revue d'histoire ecclésiastique. Citons aussi la Revue d'histoire de l'Eglise de France (1957). 3. Robert (U.), Supplément à l'Histoire littéraire de la Congrégation de St.-Maur, Paris, 1881. -Lama (Ch. de), Bibliothèque des écrivains de la Congrégation de St.-Maur, Paris, 1882. - Berliere (U.), Nouveau supplément à l'Histoire littéraire de la Congrégation de St. Maur, Paris/ Maredsous, 1908-1932, 3 vol. 4. Tassin (R.-P.), Histoire littéraire de la Congrégation de St.-Maur, Bruxelles, 1770.- Monasticon Gallicanum, éd. Peigne-Delacourt, Paris, 1871.- Martène (E.), Histoire de la Congrégation de St.-Maur, éd. par Gaston Charvin, Paris/Ligugé, 1928-1956, 10 vol.- Chaussy (Y.), Matricula monachorum professorum... congregationis Sancti Mauri, Paris, 1959. La correspondance a fait l'objet de nombreuses publications aussi bien dans des revues locales que sous la forme de recueils, au XIXe siècle. Dom Berlière, dans son Nouveau supplément, au 1er tome, donne une bibliographie très complète tout comme le 10e vol. de 1' Histoire de la congrégation de St.-Maur de dom Martène (bibliographie des travaux publiés par les Mauristes). 5. Fonds publics: l'essentiel des sources: Paris, BnF. (fonds de St.-Germain-desPrés, recueils de travaux mauristes et correspondance), Arsenal, Mazarine, Arch. nat. (les séries L 810-816 et LL 991-992 concernent les chapitres généraux et l'histoire de la congrégation). -En province: les bibliothèques municipales peuvent conserver de la correspondance et des travaux des mauristes tandis que la série H des arch. dépt. renferme des sources liées à l'histoire économique des monastères. - Fonds privés (peu connus): quelques abbayes ont pu acquérir au XIXe siècle des fonds mauristes comme Solesmes, Ligugé, Maredsous et Ste-Marie de Paris et rassemblent des travaux inédits sur l'histoire de la congrégation. 6. Beuzelin (M.), Le jansénisme dans la Province mauriste de Normandie de la Bulle Unigenitus à la Commission des Réguliers ( 1713-1766), Mém. Maîtrise, Université de Rouen, 1994, 216 p. - Jouniévy (C.), Les écrits non publiés et la spiritualité des bénédictins de Saint-Maur, Mém. Maîtrise, Rouen, 1999. 55
Guide pour l'histoire des Ordres et Congrégations religieuses 7. Congrégation de Saint-Vanne, Société de Bretagne, Congrégation de Saint-Denis, Cluny. 8. RÉFORME BÉNÉDICTINE- ÉRUDITION ECCLÉSIASTIQUE- JANSÉNISME- MONACHISME ET LUMIÈRES - FRANCE.
Daniel-Odon HUREL
ALLOBROGES
Historique
1. Congrégation bénédictine des Allobroges. 3. Créée en 1624 et supprimée en 1673, cette petite congrégation est née au prieuré de Talloires (Haute-Savoie), dans le diocèse d'Annecy. Une première tentative de réforme a lieu entre 1568 et 1575, grâce au prieur Claude de Granier. C'est un échec, en particulier à cause de la nomination à l'évêché de Genève du prieur réformateur (1578). Quelques années plus tard, saint François de Sales rencontre la résistance des moines mais, nommé visiteur apostolique, réussit à y introduire une réforme mitigée (1611). Il trouve comme allié son cousin, Benoît-Théophile de Chevron-Villette, doyen de Notre-Dame d'Annecy, moine de Talloires en 1621. C'est lui qui obtient avec le prieur, à la mort de François de Sales, la création d'une congrégation qui regroupe les prieurés de Savoie acceptant la réforme. Par le bref du 14/VII/1624, Urbain VIII soustrait Talloires de la juridiction de Savigny à la condition que les religieux retournent à une règle plus sévère. Une dizaine de prieurés acceptent l'union: Rumilly, Sillingy, Thiez, Chindieux, Bellevaux-enChablais, Viuz-la-Chiésaz ... Mais le bref ne peut être appliqué car l'abbé de Savigny fait un recours au Sénat de la Savoie, recours repoussé en 1634. Devant certaines difficultés, le prieur de Talloires, en 1642, propose son prieuré à Cluny, solution impossible, Talloires n'appartenant pas au royaume de France. La même requête échoue en 1671. Finalement, la congrégation est supprimée en 1673, par son union avec celle du Mont-Cassin. Le 18/VII/1674, Clément X transforme le prieuré de Talloires en abbaye. Bibliographie 1. Pérouse (G.), L'abbaye de Talloires, Chambéry, 1923.- Rodet (H.), Talloires et son prieuré, Lyon, 1927. 4. Brienne (D.), Consuetudinarium insignis prioratus Tallueriarum, 1568 (Paris, 1908). 5. Fonds publics: Paris, Bibl. Ste-Genev., ms. 711.- Chambéry, Arch. dépt. Savoie. -Italie, Turin, Arch. Camerale, 119. 7. Cluny. 8. RÉFORME BÉNÉDICTINE - SAVOIE.
Daniel-Odon HuREL
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l'héritage médiéval CONGRÉGATION DE SOLESMES
Historique 1. Bénédictins de la Congrégation de Solesmes (dite «Congrégation de France» de 1837 à 1969). 2. Dom Prosper Guéranger (1805-1875). 3. La Révolution ayant supprimé la vie monastique en France, l'abbé Guéranger, prêtre du Mans, entreprend, le 11 juillet 1833, de restaurer la vie bénédictine dans l'ancien prieuré mauriste de St.-Pierre de Solesmes (Sarthe). Sa communauté étant d'abord placée sous l'autorité de l'évêque du Mans, il obtient de Grégoire XVI, le 1er septembre 1837, le Bref Innumeras inter, qui érige Solesmes en abbaye et en fait la tête de la nouvelle Congrégation bénédictine de France, déclarée héritière des congrégations de Cluny, St.-Vanne et St.-Maur. Rome refuse le titre de «Congrégation de St.Maur», proposé par dom Guéranger dans l'intention de souligner la continuité avec l'ancien monachisme. La Congrégation s'est développée lentement, essentiellement par voie de filiation et non d'affiliation de monastères déjà existants. Après deux essais malheureux (Paris, 1842; Acey, 1853), dom Guéranger relève Ligugé (1853, abbaye en 1858) et fonde à Marseille (1865, abbaye en 1876). Suit une période d'expansion, stimulée en partie par la persécution administrative (expulsions de 1880, départ en exil de 1901), qui provoque l'implantation en pays étranger, les territoires coloniaux français étant aussi interdits que la métropole. En 1882, Ligugé prend pied à Silos (Espagne) d'où sortiront les fondations de Mexico ( 1902), Buenos Aires (1915), Madrid et Estibaliz (1926), Leyre en Navarre (1954), Santa Cruz del Valle de los Caidos près de Madrid (1958). Solesmes fonde en 1889, St.-Paul de Wisques (abbaye en 1910), qui s'exilera à Oosterhout (Pays-Bas), fondateur à son tour de monastères néerlandais: Egmond (1935), Slangenburg (1945); autres fondations par Solesmes à St.-Maur de Glanfeuil (dioc. d'Angers, 1890, abbaye en 1909, aujourd'hui Clervaux au Luxembourg), à Farnborough (près de Londres, 1895, abbaye en 1903), à Kergonan (dioc. de Vannes, 1897, abbaye en 1914). En 1901, Solesmes s'exile dans l'Ile de Wight, où sera construit le monastère de Quarr, qui demeure dans la congrégation après le retour en France de la majorité des Solesmiens en 1922. Ligugé a fondé Ste-Marie de Paris en 1893 (abbaye en 1925) et a relevé St.-Wandrille en 1894, qui, en 1912, aidera à la fondation canadienne de St.-Benoît-du-Lac (abbaye en 1952). Sur le désir de Pie Xl, Clervaux peuple en 1933 l'abbaye pontificale de St.-Jérôme à Rome, pour l'édition de la Vulgate. Des moines de Solesmes sont aussi à l'origine de fondations en Chine (dom Joliet en 1927) et au Chili (Las Condes) que la Congrégation n'assumera pas. Après 1945, Solesmes, surpeuplé, fonde Fontgombault (dioc. de Bourges) en 1948 (abbaye en 1953), qui essaime à Randol en 1971 (abbaye en 1981), à Gricigliano (près de Florence) en 1975 (fermé en 1988), à Triors en 1984 (abbaye en 1994) et à Gaussan (dioc. de Carcassonne) en 1994. Répondant à l'appel de Pie XII en faveur des jeunes Eglises, Solesmes fonde en 1963 Keur Moussa au Sénégal (abbaye en 1984). Paendriai, en Lituanie, est fondée en 1998. Cette expansion à l'étranger entraîne l'autonomie et la fédération de certains monastères, ou des rattachements à d'autres congrégations: Farnborough à la province anglaise de Subiaco (1946), Estibaliz à la province espagnole de la même congrégation (1963), Buenos Aires à la Congrégation de Cono-Sur ( 1970), Mexico à la Congrégation Américano-cassinienne. Les 3 abbayes hollandaises de Oosterhout, Egmond et Slangenburg forment la nouvelle Congrégation Néerlandaise (1969) tandis que Vaals, repeuplé de hollandais après 1945, reste néanmoins dans la 57
Guide pour l'histoire des Ordres et Congrégations religieuses Congrégation de Solesmes. En 1953, le prieuré N.-D. du Mont-des-Oliviers (Martinique), fondé en 1947, est confié à la vigilance du Président de la Congrégation. Les effectifs ont atteint 500 moines en 1920, 775 en 1935, 1066 en 1960, 817 en 1970 (après les séparations susdites), 760 en 1995. La Congrégation intègre près de 300 moniales réparties en 5 abbayes et 3 prieurés: Ste-Cécile de Solesmes (1866, abbaye en 1890) qui essaime à Wisques en 1889 (abbaye en 1894) et à Kergonan en 1898 (abbaye en 1905) puis à Keur Guilaye (Sénégal) en 1970 et à la Martinique en 1977. Wisques, s'étant exilé après 1901 à Oosterhout (abbaye en 1924), a rejoint la Congrégation Néerlandaise (1969). En 1936, deux moniales de Wisques fondent au Canada, Ste-Marie des Deux-Montagnes (abbaye en 1946), qui implante en 1981 le prieuré de Westfield aux U.S.A. (Vermont). Ste-Cécile a laissé son site d'exil de Ryde (1901-1922) en Angleterre à la communauté de la Paix Notre-Dame de Liège (abbaye en 1926), agrégée en 1950 à la Congrégation de Solesmes. Les Constitutions de Solesmes (1837) empruntent aux Déclarations de St.-Maur de 1646 et aux Constitutions de 1770 plusieurs éléments mais en les adaptant: le retour à l'esprit et même à la lettre de la Règle bénédictine s'accompagne de mitigations, demandées par les circonstances du temps et par les besoins de l'Eglise. Dom Guéranger assigne à son œuvre une spiritualité basée sur le mystère de l'Incarnation et sur ses conséquences: culte eucharistique, culte du Sacré-Cœur, dévotion mariale et obéissance au pontife romain. Sous l'abbatiat de dom Charles Couturier (1875-1890), des remaniements législatifs soulignèrent l'autonomie de la Congrégation de France vis-à-vis du MontCassin et celle des monastères de la Congrégation vis-à-vis de Solesmes. La perpétuité des abbés est alors obtenue pour chaque monastère. Sous dom Delatte (18901921 ), une clarification s'opère, concernant les relations des monastères avec le supérieur général (de droit l'abbé de Solesmes). L'autonomie des abbayes est mieux reconnue (1894). Au début du xxe siècle, la présentation thématique adoptée par les Constitutions de 1837 fait place à des Déclarations sur la Règle, celle-ci redevenant le texte législatif de base, auquel on ajoute précisions et modifications (forme déjà utilisée par dom Guéranger pour les moniales de Ste-Cécile en 1868). L'édition de 1907 fait suivre les Déclarations des Constitutions proprement dites, relatives au régime de la Congrégation. Un décret du 24 juin 1930 approuve le travail d'harmonisation avec le Code de Droit canonique de 1917. De nouvelles modifications précèdent et sui vent le Concile Vatican Il, avec expérimentation et approbation romaine (1 0 février 1980). Ce qui concerne directement la vie monastique n'est pas substantiellement modifié depuis dom Guéranger. L'évolution législative concerne le gouvernement de la Congrégation et les relations des monastères entre eux et avec Solesmes, dont les premières constitutions ne traitaient que succinctement. Les abbatiats successifs n'ont pas joué ici de rôle déterminant, car les modifications sont décidées par les Chapitres généraux qui se réunissent à Solesmes tous les 4 ans. La Congrégation de Solesmes maintient son orientation contemplative, limitant ses activités extérieures à l'accueil, au service des moniales et à la prise en charge de la paroisse du lieu. Les travaux intellectuels au service de l'Eglise sont encouragés (cf. la restauration et l'édition du chant grégorien). Bibliographie 1. Delatte (P.), Commentaire sur la Règle de Saint Benoît, Paris, 1913 (rééd. Solesmes, 1985). - Tissot (G.), La Congrégation de St.-Pierre de Solesmes, Solesmes, 1966. Lemoine (R.), «Dom Guéranger et la restauration bénédictine à Solesmes», Revue de
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l'héritage médiéval Droit canonique, XXX, 1980, p. 273-293. - Gazeau (R.), «Les constitutions de la Congrégation de France», Sous la Règle de Saint Benoît, Genève, 1982, p. 149-162.Oury (G.), «Introduction à l'histoire de la Congrégation de Solesmes», Lettre aux Amis de Solesmes (en cours de publication, 1995-1997). La congrégation n'étant pas centralisée, chaque monastère possède une bibliographie propre. Les titres suivants sont les plus attentifs aux relations entre les monastères: - Delatte (P.), Dom Guéranger, abbé de Solesmes, Paris, 1909 (rééd. Solesmes, 1984).- Quentin (H.), Notice historique sur l'abbaye de Solesmes, Tours, 1924.- Savaton (A), DomPaulDelatte, Paris, 1954 (rééd. Solesmes, 1973).- Oury (G.), L'abbaye Notre-Dame de Wisques, Chambray-lès-Tours, 1989.- Oury (G.-M.), Dom Guéranger, moine au cœur de l'Eglise, Solesmes, 2000. 2. Articles dans les Revue Mabillon et Studia monastica (A. Linage Conde), ou
Collectanea cisterciensia. 3. Cabrol (F.), Bibliographie des Bénédictins de la Congrégation de France, Solesmes, 1889.- Biron (R.), Bibliographie des Bénédictins de la Congrégation de France, Paris, 1906.- Catalogus monasteriorum O.S.B., Ed. XVII, Rome, 1990 (éd. tous les 5 ans). 4. Regula sancti Benedicti cum Declarationibus et Constitutionibus Congregationis solesmensis, Solesmes, 1988. La plupart des monastères publient un périodique offrant des articles historiques et spirituels: Lettre aux Amis de Solesmes, Lettre de Ligugé,
Bulletin d'Hautecombe ... 5. Chaque monastère entretient son fonds d'archives, celui de Solesmes étant naturellement le plus riche du fait de son ancienneté et de la fonction de président de la Congrégation exercée par son abbé. Le fonds de Farnborough (1895-1945) a été rapatrié à Solesmes (correspondance de F. Cabrol). Il convient de distinguer les pièces officielles de chaque monastère et les correspondances et travaux des moines (catégories inégalement représentées). Ayant trait aux personnes morales (les monastères), les archives monastiques ne peuvent être ouvertes au chercheur sans circonspection. 6. Tronchère (L.), L'érudition monastique au X!Xe siècle: Solesmes et la congrégation de France, Mémoire de DEA, Univ. de Toulouse (Droit), 1991.- Leroy (H.), Les étapes d'une renaissance monastique: l'abbaye Saint-Wandrille, 1893-1993, Mémoire de licence, Institut catholique de Paris, Fac. de Droit canonique, 1995. -Id., Les constitutions de la Congrégation de France, étude inédite, St.-Wandrille. 7. Congrégation de Subiaco, Congrégation de Saint-Maur. 8. CHANT GRÉGORIEN - MONACHISME CONTEMPORAIN - FRANCE. Louis SoLTNER
CONGRÉGATION DE SUBIACO
Historique 1. Congrégation de Subiaco; Congrégation Cassinaise de la Primitive Observance (1872). 2. Dom Pierre Casaretto (1810-1878). 3. La congrégation aujourd'hui dite de Subiaco est issue de la Congrégation Cassinaise, née de la réforme de Ste-Justine de Padoue (1409, Congrégation du Mont-Cassin en 1504). Au début du XIXe siècle, la Congrégation est en pleine décadence, lorsqu'y entre Pierre Casaretto (profès en 1828). Après avoir réformé les monastères de Gênes, puis de Subiaco, il est mis par Pie IX à la tête d'une province réformée (province de
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Guide pour l'histoire des Ordres et Congrégations religieuses Subiaco) de la Congrégation Cassinaise (1851), à laquelle s'adjoignent des monastères flamands (Termonde, 1858), français (La Pierre-qui-Vire, 1859) et espagnols (Montserrat, 1862). La province est érigée en congrégation en 1872 sous le nom de Cassinaise de la Primitive Observance et séparée de la Cassinaise, dont elle garde presque toute l'observance et l'organisation centralisée. En 1880, de nouvelles constitutions (révisées en 1925) accordent plus d'autonomie aux monastères, dans la ligne de la Règle de st. Benoît. Celles-ci ont été revues par les chapitres généraux après le concile Vatican II et approuvées en 1988. Animée par un fort esprit missionnaire, la jeune congrégation essaime rapidement, d'abord en Europe, puis outre-mer, en Australie (1852), en Amérique du Nord, en Amérique latine, au Vietnam et aux Philippines, enfin en Afrique. Aujourd'hui, la Congrégation de Subiaco compte 63 monastères ou maisons, se répartissant de l'Australie aux Etats-Unis et de l'Ecosse à Madagascar. Ces monastères sont groupés en neuf provinces dotées d'une large autonomie, sous l'autorité d'un Abbé-Président résidant à Rome. Ce sont les provinces italienne (12 maisons), anglaise (10), flamande (5), française (9), espagnole (12), germanique (2), africaine (5), des Philippines (2), du Vietnam (4), auxquelles il faut ajouter un monastère en Australie. Plusieurs monastères de moniales s'y rattachent enfin plus ou moins étroitement. La province française est issue du monastère de la Pierre-qui-Vire, fondée en 1850 par le P. Jean-Baptiste Muard (1809-1854), prêtre du diocèse de Sens. Directement ou indirectement, cette abbaye, affiliée en 1859 à la Congrégation Cassinaise de la Primitive Observance, a donné naissance à six monastères en France, un en Amérique du Nord, un en Angleterre, un en Argentine, cinq en Afrique et Madagascar et quatre au Vietnam. Bibliographie
1. Débuts de la Congrégation Cassinaise: Pesee (L.), Ludovico Barba, vescovo di Treviso (1437-1443), Padoue, 1969 (ltalia Sacra, studi e documenti, 9).- Riforma delle Chiesa, cu/tura e spiritualità ne/'400 veneto. Atti del convegno peril VI centenario della nascita di Ludovico Barba (1382-1443), Cesena, 1984.- Naissance de la Congrégation de Subiaco: Pietro Casaretto e gli inizi della Congregazione Sublacense (1810-1880), saggio storico nell o centenario della Congregazione ( 1872-1972 ), Abadia de Montserrat, 1972 (Subsidia monastica, 3).- I monasteri italiani della Congregazione Sublacense (1843-1972), saggi storici nel primo centenario della Congregazione, Parma, Tipolitografia benedettina, 1972. Tamburrino (G. ), Rinnovamento legislativo della Congregazione Sublacense, 1946-1988, Praglia, Ed. Scritti monastici, 1994. Monastères français: - Villetard (H.), Dom Bernard Moreau successeur du P. Muard, Auxerre, 1943. - Huerre (D.), Jean-Baptiste Muard,fondateur de la Pierre-qui-Vire, La Pierre-qui-Vire, 1978.- Id., Enquêtes sur la Pierre-qui-Vire, La Pierre-qui-Vire, 1989, 2 vol. (hors commerce). - «Centenaire de la fondation de Saint-Benoît d'EnCalcat et de Sainte Scholastique de Dourgne, Colloque historique, 7-8 septembre 1990», Revue du Tarn, 142, 1991.- Huerre (D.), Petite vie de Jean-Baptiste Muard,fondateur de la Pierre-qui-Vire, D.D.B., 1994. 4. Munier (M.-0.), Annuaire des fils du Père Muard, 1850-1905, En-Calcat, 1990, 119 p. 5. Fonds privés: les archives, en dehors des archives des différents monastères, sont conservées en deux lieux principaux: à Rome, les archives de la Curie Généralice (San Ambrogio, Via S. Ambrogio 3, 1-00186 Roma)- à la Pierre-qui-Vire, pour la province française (Abbaye de la Pierre-qui-Vire, F-89630 St.-Léger-Vauban). 60
l'héritage médiéval 6. Caudwell (F. ), La vie quotidienne des moines de la Pierre-qui-Vire de 1854 à 1871, DEA Histoire religieuse, Lyon 2, 1994 (abondante bibliographie et indications sur les archives). 7. Congrégation de Solesmes. 8. RÉFORME BÉNÉDICTINE- MONACHISME CONTEMPORAIN - MONACHISME ET MISSIONMONACHISME ET ENSEIGNEMENT - FRANCE. Lin DoNNAT
l.bFemmes BÉNÉDICTINES DE LA PAIX-NOTRE-DAME
Historique 1. Bénédictines de la Paix-Notre-Dame. 2. Florence de Werquignœul (t 29NIII/1638). 3. Entrée à l'abbaye cistercienne de Flines à la fin du XVIe siècle, Florence de Werquignœul souhaite poursuivre sa vie religieuse au sein d'une communauté réformée. Avec l'accord de l'évêque d'Arras, Mathieu Moullart, elle ouvre une maison à Douai le 17 septembre 1600 et adopte les constitutions des bénédictines anglaises nouvellement réformées et installées en Flandre. L'établissement prend le nom de PaixNotre-Dame à Namur (1613). Florence est élue première abbesse le 18 octobre 1604. Plusieurs maisons seront issues de cette réforme et s'adonneront principalement à l' éducation des jeunes filles: la Paix-de-Jésus à Arras (1612), la Paix-Notre-Dame à Namur (1613), Ste-Godelieve à Bruges (1622), la Paix-Notre-Seigneur-Jésus-Christ à Grammont (1624), la Paix-du-Saint-Esprit à Béthune (1624), la Paix-Notre-Dame à Liège (1627), Mons (1640) et St.-Amand (1652). Après la Révolution française, Liège fondera Tongres (1864-1910), Ventnor (en Angleterre, 1882), transféré à Ryde et Leuven (1919), transféré à Louvain-la-Neuve.
Bibliographie 1. Parenty (M.), Histoire de Florence de Werquignœul, Première abbesse de la PaixNotre-Dame à Douai, Lille, 1846. - Hautcœur (E.), Histoire de l'abbaye de Flines, Lille, 1909. -Berlière (U.), «Le renouveau bénédictin dans la première moitié du XVIIe s.», Revue liturgique et monastique, 12, 1927, p. 300-313.- Delmer (PL), La Paix-Notre-Dame à Liège, Liège, 1927.- De Meulemeester (M.), Le couvent des bénédictines de Huneghem à Grammont, Louvain, 1947.- De Brouwer (J.), «Bijdrage tot reguliere en sekuliere gemeenschappen in Het Land van Aalst gedurende de 17e et de 18e eeuw», Het Land van Aalst, 26, 1974, 3-4, p. 229-245. -Hoste (A.), De priori} Hunnegem te Geraardsbergen, Beernem, 1974. 3. Monasticon belge, [Namur], 1890,1, vol. 1, p. 58-6 [Mons], 1897, 1, vol. 2, p. 325327; [Liège], 1928, Il, p. 133-137; [Bruges], 1960, III, vol. 1, p. 239-269; [GrammontHunnegem], 1977, VII, vol. 2, p. 157-179. 4. [Trigault (M.)], «Abrégé de la vie de la vénérable Mère Mademoiselle Florence de Werquignœul, première abbesse et institutrice de la réforme de St.-Benoît à Douai», dans Martène (E.) et Durand (U.), Voyage littéraire de deux religieux bénédictins de 61
Guide pour l'histoire des Ordres et Congrégations religieuses la Congrégation de St.-Maur, 2e partie, Paris, 1717, p. 219-253.- La vie de la Noble Dame Florence de Werquignœul, très-distinguée par ses vertus et son rare mérite, première abbesse et institutrice de la réforme de st. Benoît à Douay, Douai, 1733. «Érection du monastère des bénédictines de la Paix-Notre-Dame à Douai», Annales pour servir à l'Histoire ecclésiastique de Belgique, 11, 1874, p. 257-279. 5. Fonds publics: France: Lille (Arch. dépt. Nord) et Arras (Arch. dépt. Pas-deCalais): fonds des abbayes citées ci-dessus.- Belgique: Bruxelles (Arch. gén. Roy.), Bruges, Gand, Liège, Namur et Renaix (Arch. Etat), Mons (Bibl. uni v.), Malines (Arch. archev.).- Fonds privés: prieuré de Grammont dit Hunnegem (100, Gasthuistraat, B9500 Geraardsbergen): Constitution des moniales réformées de la Paix de Nostre Seigneur Jésus Christ d'Arras et aussi de la Paix Nostre Dame en Douay, de la Paix de la bienheureuse Vierge Marie de Namur et de toutes autres religieuses de la mesme réforme qui sont au Pais-Bas, XVIIe s.- Ste-Godelieve à Bruges (45 Boeveriestraat, B-8000 Brugge), la Paix-Notre-Dame, à Liège (54, Bd d'Avroy, B-4000 Liège), Affligem (6, Abdijstraat, B-1790 Hekelgem). 6. Florani (K.), Les bénédictines de la Paix-Notre-Dame à Liège depuis la fin du XVIIIe s. jusqu'en /9/4, Mém. Licence en Histoire, Université de Liège, 1985. 7. Cisterciennes (avant 1790), Bénédictines anglaises en France, Congrégation de Solesmes. 8. MONACHISME FÉMININ - MONACHISME ET ENSEIGNEMENT - BELGIQUE. Marie-Elisabeth HENNEAU
BÉNÉDICTINES ANGLAISES EN FRANCE
Historique 1. Moniales ou Dames Bénédictines anglaises de la Congrégation bénédictine anglaise (à Cambrai) puis moniales bénédictines anglaises (à Paris); Moniales bénédictines anglaises de Dunkerque; moniales bénédictines anglaises de Pontoise. 2. À Cambrai: Helen Gertrude More (1606-1633); à Paris: Anne Clementia Cary (1615-1671). 3. Des communautés de bénédictines anglaises furent établies en France et aux PaysBas au XVIIe siècle à une époque où la vie monastique catholique était interdite en Angleterre. Chaque communauté vivait selon ses propres constitutions. Celle de Cambrai, appartenant à la Congrégation bénédictine anglaise, fut fondée en 1623 par H. G. More, venue d'Angleterre et devenue disciple de l'auteur mystique bénédictin anglais Augustin Baker qui s'installa à Cambrai. Les premières professes furent rejointes par 3 autres moniales du monastère de bénédictines anglaises de Bruxelles. Vers 1629, la communauté comptait 33 moniales qui suivirent des constitutions rédigées par une commission de moines. À Cambrai, elles tenaient aussi une petite école. En 1641, les moniales de Cambrai furent chargées de la réforme des bénédictines françaises de St.Lazare de la même ville. Jusqu'à la révolution française, les moniales furent chargées de l'édition d'importants traités mystiq__ues et spirituels dont certains étaient publiés et d'autres laissés en copies manuscrites. A la Révolution, les moniales survivantes s'installèrent à l'abbaye de Stanbrook, près de Worcester. La communauté de bénédictines anglaises de Paris, Notre-Dame de Bonne Espérance, fut fondée à partir de Cambrai en 1652 et s'installa Rue du Champ d'Alouette en 1664. En 1653, la communauté fut 62
l'héritage médiéval placée sous la juridiction de l'archevêque de Paris tout en gardant des bénédictins anglais comme aumôniers. Comme Cambrai, la maison parisienne copiait des traités sur la prière. Après leur emprisonnement lors de la Révolution, les moniales s'établirent à l'abbaye de Colwich (près de Stafford). Les bénédictines de Gand fondèrent une maison à Boulogne en 1652 (transférée à Pontoise en 1658) et en 1662 à Dunkerque (union des deux communautés en 1786). Ces deux monastères (Pontoise et Dunkerque) étaient autonomes; les survivantes rejoignirent l'Angleterre à la Révolution. Bibliographie 1. Butler (E.C.), «Dame Gertrude More», Downside Review, 31, 1911, p. 219-223.Eaton (R.), The Benedictines of Colwich, 1829-1929, London, 1929.- Anson (P.), The Religious Orders and Congregations of Great Britain and lreland, Worcester, 1949. -Benedictines of Stanbrook, In a Great Tradition, London, 1956. -Benedictines ofTeignmouth, History of the Benedictine Nuns ofDunkirk, London, 1958.- Norman (M.), «Dame Gertrude More and the English Mystical Tradition», Recusant history, 13, 1976, p. 196-211. - Sandeman (F.), «Dame Gertrude More», Farmer (D.H.), éd., Benedict's Disciples, Leominster, 1995, p. 283-301. 3. Edwards (E.), «The Archives of Stanbrook Abbey», Catholic Archives, 2, 1982, p. 3-12.- Sinclair (M.M.), «The Archives of St Scholastica's Abbey, Teignmouth», Catholic Archives, 4, 1984, p. 31-35.- Id., «Unfinished Business: Archives of the former Benedictine Monastery of St Scholastica, Teignmouth», Catholic Archives, 11, 1991, p. 11-16. 4. Neville (A.), «Annals ofFive Benedictine Communities», Catholic Record Society, 6, 1909, p. 72.- Bonvarlet (M.A.), L'Abbaye des Dames Nobles Benedictines Anglaises, Dunkerque, 1889.- Weld-B1undell (B.), éd., Dom Augustine Baker: the Inner Life and Writings of Dame Gertrude More, 1910-1911, 2 vol.- Hansom (J.S.), éd., «Notes and Obituaries of the Paris Nuns, 1652-1861», Catholic Record Society, 9, 1911, p. 334431.- Gillow (J.), éd., «Records of the Abbey of Our Lady of Consolation at Cambrai, 1620-1793», Catholic Record Society, 13, 1913, p. 1-85.- Archivistes des bénédictines de Teignmouth, «Registers of the English Benedictine Nuns of Pontoise, now at Teignmouth, Devonshire», Catholic Record Society, 17, 1915, p. 248-326.- Latz (D.L.), «Glow-Worm Light»: Writings ofSeventeenth-Century English Recusant Womenfrom Original Manuscripts, Salzburg, 1989.- Id., The Building of Divine love as translated by Dame Agnes More, Salzburg, 1992. -Weiler (B.), Ferguson (M.W.), éd., Elizabeth Cary, The Lady Falkland. The Tragedy of Mariam the Fair Queen of Jewry, with The Lady Falkland, Her Life, by one of her Daughters, Berkeley, 1994. 5. Fonds publics: Pour les moniales de Cambrai: Cambrai (Arch. mun.), Lille (Arch. dépt. du Nord, série 18 et 20 H), Stanbrook Abbey (près de Worcester, archives); Moniales de Paris: Paris (Arch. nat., Bibl. maz.), Lille (arch. dépt. Nord, 18H), Colwich Abbey (près de Stafford); Dunkerque et Pontoise: Londres (British Library, «Caryll Papers»), Dunkerque (arch. mun.), Versailles (arch. mun.), Buckfast Convent (Buckfastleigh, Devon). 7. Congrégation bénédictine anglaise. 8. MONACHISME FÉMININ- MONACHISME ET ENSEIGNEMENT- SPIRITUALITÉ MONASTIQUE FÉMININE- ANGLETERRE.
Geoffrey ScoTT
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Guide pour l'histoire des Ordres et Congrégations religieuses BÉNÉDICTINES DE NOTRE-DAME DU CALVAIRE
Historique 1. Bénédictines de Notre-Dame du Calvaire. 2. Madame d'Orléans, en religion Mère Antoinette de Ste-Scholastique (1572-1618) et François Le Clerc du Tremblay, en religion Père Joseph de Paris (capucin, 15771638). 3. En 1605, Mère Antoinette (veuve de Charles de Gondi, marquis de Belle Isle, t 1596), prieure du monastère des Feuillantines de Toulouse, est appelée par ordre formel du Pape à venir seconder sa parente, Eléonore de Bourbon, abbesse de Fontevraud, dans son entreprise de réforme. L'opposition de la majorité des religieuses amène madame d'Orléans, conseillée par le Père Joseph, à se retirer dans un prieuré dépendant de l'Abbaye royale, Lencloître. En quelques années, elle y accueille une centaine de novices. Par suite des difficultés apportées par la nouvelle abbesse, Madame de Lavedan, Mère Antoinette se voit obligée de rompre avec l'Ordre: le 25 octobre 1617, avec 24 Fontevristes, elle s'établit à Poitiers dans un monastère placé sous la juridiction des Feuillants; elle y instaure la vie monastique selon «l'exacte» Règle de st. Benoît. Elle meurt le 25 avril 1618. La diligente activité du Père Joseph permet à la petite communauté de survivre et de s'étendre: dès 1619, quatre sœurs partent pour Angers. En 1621, les Constitutions sont approuvées et la Congrégation prend le nom de «Bénédictines de Notre-Dame du Calvaire.» A la mort du Père Joseph (1638), la Congrégation compte 16 monastères, situés dans l'Ouest de la France. A son apogée, elle réunit 20 maisons. Mais la crise janséniste puis la Révolution l'éprouvent rudement. Sept communautés parviennent néanmoins à se relever. Au XIXe siècle, elles sont obligées, pour vivre, d'ouvrir des pensionnats. En 1896-1897, sous le généralat de Mère Saint-Jean de la Croix, un monastère est fondé à Jérusalem, au Mont des Oliviers, réalisant l'un des vœux les plus chers des fondateurs. En 1957, des regroupements s'avèrent nécessaires. Certains monastères quittent la ville pour s'établir à la campagne. En 1995, la Congrégation compte 80 moniales réparties dans 5 monastères, 4 en France et un en Israël. Chaque monastère de la Congrégation est autonome et gouverné par une prieure élue par la communauté pour un mandat de six ans renouvelable. La présidente de la Congrégation, élue pour six ans, est assistée d'un conseil composé des prieures et des assistantes élues par le chapitre général. Celui-ci se réunit tous les trois ans et comprend, outre les membres du conseil, une déléguée de chaque monastère. La Congrégation est placée sous le patronage de la Vierge Marie Mère de Dieu, dont elle honore principalement la Conception Immaculée et la Compassion, et de st. Benoît, menant à Subiaco une vie simple, pauvre et cachée. 4. Mère Rosalie Céleste du Verdier de la Sorinière (1745-1794), béatifiée en 1984.
Bibliographie 1. Les premières Mères de la Congrégation des Bénédictines de Notre-Dame du Calvaire [par une religieuse du même ordre], Poitiers, 1865.- Vie de la révérende Mère Saint Jean de la Croix [par des religieuses de son ordre], Paris/Poitiers, 1917.- Madame Antoinette d'Orléans-Longueville [par une moniale de la Congrégation], Poitiers, 1932. - Dedouvres (L.), Le Père Joseph de Paris, Paris, 1932, 2 vol. - Pastore (S.), «Le Resserré et l'Etendu», Etudes Franciscaines, supplément annuel, 19, 1969 et 21, 1971. -Tremblay (J.-P.), Comme en plein jour, Ste-Foy (Québec), 1995. (bibliographie complète et liste des écrits du Père Joseph). - «Bénédictines de Notre-Dame du Calvaire
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l'héritage médiéval au monastère de St.-Jean-de-Braye», numéro spécial de Renaissance de Fleury, 175, 1995. 4. Mallevaud (Siméon), récollet, Les Annales Calvairiennes, Poitiers, 1932 (1ère édition 1671). 5. Fonds privés: Archives dans les différents monastères de la Congrégation (contacter les bénédictines, en particulier au Prieuré Notre-Dame, 73, route de Mi-feuillage, 45460 Bouzy-la-Forêt) et dans les fonds publics (Arch. dépt. Maine-et-Loire (Angers) et Vienne (Poitiers), Arch. nat.). 7. Feuillants, Ordre de Fontevraud, Capucins. 8. MONACHISME FÉMININ ÉPOQUE MODERNE- JANSÉNISME- FRANCE- TERRE SAINTE. Sr. Marie-Bénédicte
BÉNÉDICTINES DU SAINT SACREMENT
Historique 1. Institut de l'Adoration perpétuelle du très Saint Sacrement de l'autel (OSBap.) 2. Catherine de Bar, en religion Mectilde du Saint-Sacrement (1614-1698). 3. D'abord religieuse annonciade puis moniale bénédictine de Rambervillers (1639), Catherine de Bar finit par s'installer à Paris en 1651-1652 et décide de fonder un institut bénédictin voué à l'adoration du Saint Sacrement. C'est chose faite en 1652-1653: approbation royale le 25N/1653 et pontificale le 29N/1668. Le 10/XII/1676, Innocent XI érige les monastères en congrégation tandis qu'Innocent XII, le 3NII/1694, place les monastères sous la juridiction épiscopale. Dès la fondation, les monastères sont autonomes, utilisant les constitutions rédigées avec l'aide du mauriste dom Philibert et du prémontré Epiphane Louis, éditées en 1675 mais revues par la fondatrice jusqu'à sa mort. Ces constitutions furent adaptées au XIX et xxes siècles et nouvellement approuvées par Rome le 29 octobre 1987. L'expansion géographique des deux derniers siècles aboutit à la création de fédérations dans chaque pays concerné (1956) à l'intérieur d'une confédération (1978). En effet, en 1698, la congrégation compte 10 maisons fondées ou rattachées: Paris (1652 et 1680), Toul (1664), Rambervillers (1666), Nancy (1668), Rouen (1677), Caen (1685), Varsovie (1687), Châtillon-sur-Loing (1688) et Dreux (1696). Quelques tentatives furent menées sans succès à Bar-le-Duc, Chalonssur-Marne, Commercy, Grenoble, Gondreville, Sorcy, Vervins et Metz. Au XVIIIe s., furent fondés Bayeux (1701), deux monastères polonais et la maison de Rome (une dizaine d'années d'existence). Au XIXe s., 5 monastères (Bayeux, Caen, Paris, Rouen et Toul) sont reconstitués avant 1815. A partir de ce noyau, 26 monastères sont fondés entre 1815 et 1916 en France, en Allemagne, au Bénélux, en Angleterre et en Italie. En 1995, la confédération compte 50 maisons. Durant ces différentes périodes, les effectifs varient: en moyenne, entre 15 et 35 religieuses dans les différentes maisons aux xvne et xvme s., autour de 40 et jusqu'à 80 dans les années 1880-1914. Essentiellement contemplatives et adonnées à l'Adoration du Saint Sacrement, ces bénédictines ont pu accueillir des élèves externes et pensionnaires.
Bibliographie 1. Hervin (1.), Vie de la très Révérende Mère Mectilde du Saint Sacrement, Paris, 1883.- Bénédictines de Rouen, Catherine de Bar, 1614-1698, Documents biogra-
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Guide pour l'histoire des Ordres et Congrégations religieuses phiques, Rouen, 1973.- Id., Fondation de Rouen, Rouen, 1977.- Id., En Pologne avec les bénédictines de France, Paris, 1984.- Andral (V.), Catherine de Bar, Itinéraire spirituel, Rouen, 1990.- Bénédictines de Rouen, Catherine de Bar ( I 6I 4- I 698), Paris, 1998.- Ne pas oublier les éventuelles monographies de maisons. 2. De nombreuses revues ont accueilli divers articles consacrés à cette congrégation, en particulier certaines revues lorraines (Annales de l'Est, le Pays lorrain, les Cahiers lorrains ... ) et des revues d'histoire religieuse (Revue bénédictine, Revue Eudiste, Revue d'histoire de l'Eglise de France, Revue ascétique et mystique, Collectanea cisterciensia ... ). 4. Sources imprimées: Cérémonial des Religieuses bénédictines de 1'Institut de l'Adoration perpétuelle du Très Saint Sacrement, Paris, 1668.- Le propre des fêtes et offices de la Congrégation des religieuses bénédictines ... , 1668.- Les Constitutions des religieuses bénédictines de l'Institut ... , Paris, 1675.- Occupation intérieure pour les Ames associées à l'Adoration perpétuelle ... , Paris, 1682.- Le véritable esprit des religieuses adoratrices perpétuelles du Très Saint Sacrement, Paris, 1683.- Exercice spirituel ou la pratique de la Règle de Saint Benoît à l'usage des religieuses bénédictines ... , Paris, 1686.- Duquesne (Abbé), Vie de la vénérable Mère Catherine de Bar, Nancy, 1775.- Offices solennels de la Réparation et du Précieux Sang ... des religieuses bénédictines ... , Paris, 1777. 5. Fonds publics: Paris (Arch. nat., Arsenal et BnF.) et province (fonds municipaux et départementaux là où la congrégation a eu des monastères).- Fonds privés: chaque monastère a des archives. Les fonds les plus importants se trouvent à Rouen, Bayeux, Tourcoing, Caen, Mas-Grenier, N.-D. d'Orient, Craon, Peppange (Luxembourg), Varsovie et Wroclaw (Pologne). Pour tout recherche éventuelle, s'adresser à la prieure du monastère. 6. Guerville (G.), Catherine de Bar,fondatrice des Bénédictines du Saint-Sacrement et la Bible, Trèves, oct. 1986.- Kirchner (P.), Les bénédictines en France de la révolution à la première guerre mondiale, Mém. DEA histoire religieuse, Uni v. Montpellier III, 1993.- Vaillant (J.M.), Baroque ou classique. Epiphane Louys, mystique et homme d'action, abbé prémontré d'Etival, I614-1682, diplôme EPHE (Ve section), Paris, 1996. 7. Congrégation de Saint-Vanne, Congrégation de Saint-Maur, Prémontrés, Eudistes, Bénédictines de Notre-Dame du Calvaire. 8. MONACHISME FÉMININ ÉPOQUE MODERNE- DÉVOTION AU SAINT-SACREMENT- FRANCE. Sr Marie-Pascale et Sr. Jeanne d'Arc
BÉNÉDICTINES DE SAINTE BATHILDE
Historique 1. Bénédictines de Ste-Bathilde de Vanves; Oblates régulières de St. Benoît (1922); Oblates missionnaires de St. Benoît (1926); Bénédictines missionnaires (1933), dénomination actuelle depuis 1968. 2. Mère Bénédicte Waddington-Delmas (1870-1952). 3. Veuve d'origine protestante, M. Delmas fit sien le désir de dom Besse, moine de Ligugé: créer à Paris une communauté bénédictine féminine, ouverte à l'accueil spirituel. À la mort de dom Besse (1920), soutenue par dom Gaugain (abbé de Ligugé)
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l'héritage médiéval et par dom Gabarra (abbé de Ste-Marie de Paris), elle fit profession avec sa première compagne, Gabrielle Richard, à Jouarre, en qualité d'oblate régulière (1921). Elles inaugurèrent leur vie régulière à Paris dès 1922, attirant fervents de liturgie, artistes et intellectuels. En 1926 (encyclique Rerum Ecclesiae), la fondatrice, appuyée par Mgr de Guébriant, Supérieur général des Missions étrangères, envisagea des fondations dans les pays de Mission, pour permettre la naissance et le développement de communautés autochtones. En 1926 (24 juin), l'Institut est approuvé par la Sacrée Congrégation des Religieux; puis en 1952, les Ordinaires approuvent les Constitutions de la Congrégation comme institut de droit diocésain centralisé; enfin, en 1987, approbation des nouvelles Constitutions et érection de l'ensemble en institut de droit pontifical. Accueil dans la prière et fondation de nouvelles communautés constituent les deux caractéristiques de cette congrégation. Ainsi, en France, les bénédictines s'installent à Vanves (1928), à Chernillé puis Martigné-Briand (dioc. d'Angers, 1956), enfin à St.-Thierry (dioc. de Reims, 1968). Hors de France, elles fondent à Madagascar (1934, prieuré d'Ambositra), au Vietnam (1954) et au Bénin (1965). En 1996, on compte 8 prieurés et 155 professes. Les prieurés sont autonomes, la Présidente de la Congrégation assure communion et solidarité entre eux. Son conseil est formé de toutes les prieures et un Chapitre général se réunit tous les 7 ans. La Congrégation a contribué à divers renouveaux dans l'Eglise. En France: les premières réalisations de la Semaine de Prière pour l'Unité des Chrétiens à Paris ont leur origine autour de la communauté de l'avenue de Ségur; l'influence du monastère de Vanves sur le renouveau liturgique par la vitalité des célébrations, par l'atelier d'art sacré et par l'aide à la naissance du Centre de Pastorale liturgique; enfin la naissance et le développement auprès de la communauté à partir de 1960 du secrétariat d'Aide Inter Monastères. Récemment (1978-1991 ), le monastère de Martigné-Briand participa à l'existence d'une fraternité œcuménique à Etoy (Suisse) tandis que le monastère de St.-Thierry participe à la création d'un répertoire musical pour la liturgie. Hors de France, les monastères s'intègrent dans les Eglises locales, en respectant leurs traditions culturelles en orientant leur travail en fonction des conditions du pays (artisanat, tissage, culture du riz ... ) et en soutenant la création liturgique.
Bibliographie 1. Pas encore de synthèse sur l'histoire de cet Institut. 2. L'artisan liturgique, supplément au n° 50, juiL-sept. 1938. -La Vie catholique illustrée, 84, 9 février 1947.- L'Art sacré, jan.-fév. 1955.- Lettre de Ligugé, suppl. au n°149, oct. 1971. 4. Revue de spiritualité œcuménique: L'Unité dans la lumière, 1926-1934.- Bulletin polycopié: Chercher Dieu, 1952-1961. 5. «C'est Dieu qui a tout fait», itinéraire d'une fondatrice, Mère Bénédicte Waddington-De/mas, ouvrage pro manuscripto, 1996. - Pour les archives de la Congrégation: Prieuré de Ste-Bathilde, 7 rue d'Issy, 92170 Vanves. 7. Congrégation de Solesmes. 8. MONACHISME FÉMININ CONTEMPORAIN- LITURGIE- ŒCUMÉNISME- MONACHISME ET MISSION. Sr. Lazare de SEILHAC
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Guide pour l'histoire des Ordres et Congrégations religieuses BÉNÉDICTINES DU SACRÉ-CŒUR DE MONTMARTRE
Historique 1. Bénédictines du Sacré-Cœur de Montmartre. 2. Adèle Garnier (1838-1924). 3. En 1872, A. Garnier, institutrice au château de l'Aulne (Mayenne), prend connaissance du projet de la Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre. En 1874, elle rend compte au cardinal Guibert, Archevêque de Paris, de l'intuition divine qui l'habite: l'adoration perpétuelle du Cœur de Jésus dans le Saint Sacrement exposé jour et nuit dans la future Basilique, grâce à une communauté religieuse (1875). Cette vie commune commence au 13bis rue du Mont-Cenis, le 18 janvier 1898. Le petit groupe est érigé canoniquement en congrégation par le cardinal Richard, archevêque de Paris, le 4 mars 1898. A. Garnier, supérieure générale, prend le nom de Mère Marie de Saint-Pierre. En 1901 (loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat), la communauté se réfugie en Angleterre où la fondatrice meurt en 1924. Les sœurs essaiment alors en Belgique puis dans le Nord-Ouest de la France. Elles mènent une vie monastique centrée sur l'Adoration eucharistique avec divers apostolats, notamment ceux qui favorisent la prière. En 1961, avec la bienveillance du cardinal Feltin, archevêque de Paris, le recteur de la Basilique de Montmartre (Mgr. Charles) fait revenir à Paris les filles de Mère Marie de Saint-Pierre, appelées les bénédictines du Sacré-Cœur de Montmartre. Avec Mère Madeleine-Marie, Prieure générale, la communauté monastique apporte ainsi au sanctuaire un climat de prière et un service d'accueil. Cette double mission est menée jusqu'en 1977. À partir de 1970 sont fondés les prieurés de Notre-Dame de Marienthal (Alsace), de Béthanie à Blaru (Yvelines), de Notre-Darne de Laghet (Alpes Maritimes), de Notre-Dame de Montligeon (Perche) et enfin de St.-Benoît à Montmartre. En 1987, le cardinal J.-M. Lustiger érige le prieuré Sainte-Scholastique (Paris) en maison-mère et noviciat. En 1992, une communauté se met au service de la Basilique Notre-Dame des Victoires (Paris) et en 1994 à Ars, au sanctuaire Saint-Jean-Marie-Vianney. Enfin, en 1995, les bénédictines retrouvent le lieu original de leur fondation, la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre. Implantation d'une communauté à La Sainte-Baume (Var) en 1998, autre lieu de pèlerinage. La vie monastique des bénédictines du Sacré-Cœur est fondée sur 1' émission des trois vœux de chasteté, de pauvreté et d'obéissance prononcés entre les mains de la Prieure générale et sur la prière (Eucharistie et Office divin). Elle se nourrit de la Lectio divina et d'une formation commune à toutes les sœurs. Lors de la restructuration des constitutions, suite au Concile Vatican Il, le théologien dominicain, le Père M. J. Le Guillon, eut un rôle important. De cette vie contemplative, naît un rayonnement apostolique important, en particulier dans les sanctuaires, en collaboration avec les prêtres et les laïcs: accueil, hôtellerie, sacristie, secrétariat, librairie et magasin.
Bibliographie 1. Plus (P.), Adèle Garnier, Mère Marie de St.-Pierre, fondatrice des adoratrices, 1838-1924, Paris, 1934. - Nuns of Tybum Con vent, Tyburn Hill of Glory, being the Stopry of the Benedictine Adorers of the Sacred Heart & their Foundress Mother Mary of St. Peter, Londres, 1953.- Tybum Nuns, They died at Tyburn, Londres, 1961. 5. Fonds privés: arch. Maison-Mère: 3-9 Cité du Sacré-Cœur (75018 Paris). 8. DÉVOTION AU SAINT-SACREMENT- CONTEMPLATION ET VIE ACTIVE- SANCTUAIRES MARIAUX- FRANCE - MONACHISME FÉMININ CONTEMPORAIN.
Sr Marie-Michaël 68
l'héritage médiéval FÉDÉRATION DES BÉNÉDICTINES DU CœuR IMMACULÉ DE MARIE
Historique
1. Fédération des bénédictines du Cœur Immaculé de Marie (depuis 1953); Fœderatio Monasteriorum Monialium Benedictinarum Immaculati Cordis Mariœ; Congrégation du Saint Cœur de Marie (1830-1953); I.C.M. 2. Thérèse de Bavoz (1768-1838). 3. Madame de Bavoz, moniale de St.-Pierre de Lyon avant la Révolution française, rétablit la vie monastique à Pradines en 1814. Après avoir reçu la bénédiction abbatiale en 1825, ses Constitutions sont approuvées par Pie VIII en 1830. Parallèlement, en 1816, Mère Gertrude Coullaud fonde le monastère de Saint-Jean d'Angely (reconnaissance royale en 1827), Notre-Dame de Jouarre (dioc. de Meaux) tente de se relever et en 1824, La Rochette (à Caluire) est fondé dans un faubourg de Lyon par Mère Suzanne du Peloux (moniale de St.-André-le-Haut de Vienne). Pradines, en plein essor aide La Rochette en 1831, Jouarre en 1837, St.-Jean-d' Angely en 1839 puis fonde Chantelle (Allier) en 1853. Jusqu'en 1950, ces monastères constituent la Congrégation du Saint-Cœur de Marie. Ce vocable «Congrégation» n'a aucune connotation juridique, mais recouvre des rapports de «confiance, de charité et de zèle» dans l'observance. Les constitutions sont généralement communes, les réunions d'abbesses se tiennent à intervalles réguliers, tous les dix ans environ, à Pradines. Ces cinq monastères vivent sous la Règle de saint Benoît sine addito, c'est-à-dire sans œuvre extérieure. Les pensionnats n'ont existé que temporairement. Lorsqu'en 1950, la Constitution apostolique Sponsa Christi conseilla vivement la création de fédérations de monastères «pour sauvegarder l'esprit de chaque ordre et pour faciliter l'entraide», Rome demanda à la Congrégation du Saint-Cœur de Marie d'entrer la première dans cette voie. La Sacrée Congrégation des Religieux érigea la Fédération du Cœur Immaculé de Marie par un décret daté du 1er juillet 1953. Cette fédération est gérée par les Statuts, approuvés en 1987 et les Déclarations (1988). L'aggiornamento a principalement consisté en un allégement des observances, l'unification des classes, l'emploi progressif de la langue vernaculaire dans la liturgie. Un effort très particulier dans le domaine de l'hospitalité marqua les dernières années. Depuis 1953, il y eut plusieurs changements importants: transfert de St.-Jean d'Angely à Maumont en Charente (1960), fondation par Pradines de Bouaké en Côte-d'Ivoire (1963), agrégation de la Fédération à la Confédération de l'Ordre de Saint-Benoît (1970), transfert de La Rochette à Belmont en Savoie (1970), association de l'abbaye de Faremoutiers en Seine-et-Marne (1980), lien d'association avec la Congrégation de Subiaco (1982), agrégation de l'abbaye Ste-Croix de Poitiers (1987) et premiers jalons d'une fondation de Maumont en Guinée (1995). Actuellement, la Fédération compte 310 professes perpétuelles et 14 professes triennales. Bibliographie
1. Gilquin (A.), Vie de la R.M. Thérèse de Bavoz, abbesse de Pradines, Fondatrice des Bénédictines du Saint Cœur de Marie, comprenant les origines de la Congrégation, Paris, 1869.- Madame Suzanne du Peloux. Fondatrice de l'Abbaye de la Rochette au diocèse de Lyon, Ligugé, 1927.- Chaussy (Y.), dir., Sainte Fare et Faremoutiers, 13 siècles de vie monastique, Paris, 1956.- Buenner (Dom), Madame de Bavoz, abbesse de Pradines, Lyon, 1961.- Chaussy (Y.), dir., L'Abbaye Royale Notre-Dame de Jouarre,
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Guide pour l'histoire des Ordres et Congrégations religieuses Paris, 1961,2 vol.- Lettre de Ligugé, 140, 1970 (Sainte-Marie de Maumont).- Histoire de Ste Croix de Poitiers, 14 siècles de vie monastique, Poitiers, 1986. 5. Fonds privés: Abbaye de Pradines (42630 Pradines).- Abbaye N.-D. de Jouarre (BP 30, 77262 La Ferté-sous-Jou arre). -Trois ouvrages manuscrits peuvent être cités: Déal (M.-A.), Histoire de la Fédération du Cœur Immaculé de Marie, Pradines, Arch. de la Fédération.- Fauchon (B.) et alii, L'Abbaye de Jouarre restaurée, Arch. Abbaye de Jouarre, ms. 14, 1937.- Jourdan (P.), Graphique 1750-1850, Lyon/Pradines. 6. Roche (C.), Etude d'une communauté religieuse au X!Xe siècle: l'Abbaye de Pradines, St.-Etienne, Mém. Maîtrise d'Histoire, 1981.- Kirchner (P.), Rénovation et adaptation à la vie monastique sous l' abbatiat de Mère Marie-Ambroise (1950-1978), Lyon, Mém. Maîtrise d'Histoire, 1991. 8. MONACHISME FÉMININ CONTEMPORAIN - FRANCE. Sr Candida NEVEU
1. Moines blancs 2.a Hommes/femmes CISTERCIENS (avant 1790)
Historique 1. Cisterciens de la Commune Observance et Cisterciens de l'Etroite Observance; Ordre de Cîteaux; Bernardins. 2. Robert de Molesme (+ 21/III/1110). 3. Au XVIe siècle, l'Ordre de Cîteaux, fondé en 1098, est très marqué par les guerres de religion. Cinq chapitres généraux ont lieu dans la seconde moitié du siècle pour tirer les conclusions du Concile de Trente. En 1577, le pouvoir royal accorde à Cîteaux et à ses quatre premières filles le privilège d'échapper à la commende. Celle-ci frappe toutefois les abbayes filles, sans cependant causer partout autant de ravages qu'il n'a été dit. Les abbés de Cîteaux Nicolas 1 (1571-1584) et Nicolas II (1605-1625) Boucherat contribuent à la diffusion de la réforme tridentine. De nouvelles initiatives au sein de l'Ordre provoquent des ruptures. Les Feuillants se séparent de la branche mère en 1586. L'Ordre n'est pas anéanti pour autant. Alors qu'à l'extérieur du Royaume, de nouvelles congrégations voient le jour, les monastères de France, des Pays-Bas, de Liège et d'Allemagne demeurent fidèles aux structures institutionnelles primitives. Le Chapitre général fonctionne encore, mais sans régularité ni grande participation des membres. L'abbé de Cîteaux prend le titre de supérieur général. Des plans de réforme sont mis au point aux Chapitres de 1601 et de 1605 pour rétablir les usages rigoureux chers aux fondateurs et conjurer les relâchements. Les abbés entreprennent des visites régulières pour veiller à leur application. Afin de systématiser la formation des jeunes, on établit un noviciat commun pour les futurs moines qui sont ensuite invités à poursuivre des études de théologie dans les universités. Au XVIIe siècle, la querelle des observances va miner l'Ordre de l'intérieur et contrecarrer l'avancement d'une réforme en profondeur. À l'origine, les abbés de Claivaux, La Charmoye et Châtillon souhaitent 70
l'héritage médiéval restaurer la simplicité des origines et rétablir l'abstinence perpétuelle de viande, le silence absolu et le travail manuel. L'abbé de Cîteaux Nicolas II approuve, sans contraindre personne, à les imiter. Le Chapitre général de 1618 s'oppose à la formation d'une nouvelle congrégation et propose à l'ensemble des maisons une réforme plus modérée. Cette solution ne satisfait pas les abstinents adeptes d'un régime plus austère. Un conflit ouvert éclate entre les deux parties. Le pouvoir royal saisit cette occasion pour s'immiscer dans les affaires de l'Ordre et prend nettement fait et cause pour les rigoristes, réunis sous l'appellation d'Etroite Observance. Richelieu, qui cherche par tous les moyens à s'emparer de la direction de l'Ordre, les soutient également. Il réussit à s'imposer comme abbé général des cisterciens entre 1635 et 1642, au grand dam des mitigés, qui réintègrent la maison-mère à la mort du cardinal. Malgré les négociations menées par le nouvel abbé de Cîteaux, Claude Vaussin (1643-1670), les membres de l'Etroite Observance se refusent à tout dialogue. L'intervention du pape Alexandre VII, en 1666, tente de rétablir la paix dans l'Ordre en proposant une réglementation de la vie cistercienne dans les deux observances, en laissant à chacun la possibilité de vivre selon ses aspirations. Par la même occasion, le pape s'efforce, sans y parvenir, de restituer au Chapitre général son rôle d'antan. Une paix relative s'instaure à l'issue du Chapitre de 1683. Au même moment, une autre expérience de réforme se met en place à l'abbaye de La Trappe sous la direction de l'abbé de Rancé. Au XVIIIe siècle, l'Ordre est profondément ébranlé. Les Commissaires royaux interviennent dans le gouvernement de l'Ordre dès le Chapitre de 1738. Un conflit grave oppose l'abbé de Cîteaux aux quatre premières filles de l'Ordre: Morimond, La Ferté, Clairvaux et Pontigny. Le pouvoir royal tente d'imposer un contrôle absolu. Certains établissements sont quasi abandonnés. Des menaces de suppression frappent certaines maisons désertées. Mais on détecte encore des foyers de ferveur. Des initiatives de réforme surgissent telle la reprise du Val des Choux, rebaptisé Val Saint-Lieu, par un groupe de moines venus de Sept-Fons pour y rétablir une vie calquée sur le modèle des premiers cisterciens. Les 228 communautés (34 régulières et 194 en commende) sont dissoutes en 1790. Le dernier abbé de Cîteaux, François Trouvé, délègue ses pouvoirs sur l'Ordre à l'abbé de Salem (Allemagne), vicaire général de l'Ordre.
Bibliographie 1. Zakar (P.), Histoire de la Stricte Observance de l'Ordre cistercien depuis ses débuts jusqu'au généralat du cardinal de Richelieu (1606-1635), Rome, 1966.- Lekai (L.J.), The Cistercians. Ideals an reality, Kent, 1977 (2e é. 1989).- Réformes et continuité dans l'Ordre de Cîteaux. De l'Etroite Observance à la Stricte Observance, Actes du colloque «Journées d'Histoire monastique>>, Saint-Mihiel, 1992, Cîteaux, Commentarii cistercienses, Textes et Documents, VI, Brecht, 1995. -Baud (P.), Guinvarc'h (A.), Henneau (M.-E.), Kinder (T.), La vie cistercienne hier et aujourd'hui. Une histoire, Une architecture, Un mode de vie, Paris, 1997.- Kinder (T.), L'Europe cistercienne, Paris, 1998.- Pour une histoire monumentale de l'abbaye de Cîteaux ( 1098-1998), sous la dir. M. Plouvier et A. Saint-Denis, Cîteaux, Commentarii cistercienses, Studia et Documenta, 8, 1998.- L'Ordre cistercien et le Berry, Cahiers d'Archéologie et d'Histoire du Berry, 136, 1998.- Les cisterciens dans l'Yonne, sous la dir. T. Kinder, Pontigny, 1999.- Unanimité et diversité cisterciennes, actes du colloque du CERCOR, Dijon, 1998, Saint-Etienne, 2000.
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Guide pour l'histoire des Ordres et Congrégations religieuses 2. Cîteaux, Commentarii cistercienses (depuis 1949) et Collectanea Ordinis cisterciensis (depuis 1934) constituent deux revues dont le dépouillement est nécessaire pour toute recherche. 3. Bulletin d'histoire cistercienne (bibliographie de sources et travaux, avec multiples index).- Dictionnaire des auteurs cisterciens, dir. E. Brouette, A. Dimier etE. Manning, La Documentation cistercienne, 16, Rochefort, 1975.- Dictionnaire des monastères cisterciens, 1, Cartes géographiques, la Documentation cistercienne, 18, Rochefort, 1976. 4. De Visch (Ch.), Auctorum ad Bibliothecam Scriptorum Sacri Ordinis Cisterciensis .. . , éd. J. Canivez, Cistercienser Chronik, 38, 1926 et 39, 1927.- Statuta capitulorumgeneralium Ordinis Cisterciensis ab anno 1116 ad annum 1786, éd. J. Canivez, Louvain, 1933-1941, 8 vol. 5. Fonds publics: arch. nat. (Paris) et séries H des arch. dépt. -Fonds privés: Abbaye de Cîteaux (21700 St.-Nico1as-lès-Cîteaux), Abbaye de La Trappe (61380 Soligny-laTrappe), Abbaye de Melleray (44520 La Meilleraye-de-Bretagne), Abbaye de SeptFonds (03290 Dompierre-sur-Besbre), Abbaye de Tamié (73200 Plancherine), Abbaye d' Acey (39350 Vitreux) ... -Italie: Curia generalis OCSO, Viale Africa, 33, 00144 Rome.- Vatican: archives vaticanes. 7. Feuillants, Réforme de l'Abbaye de La Trappe. 8. MONACHISME CISTERCIEN ÉPOQUE MODERNE- CONFLITS D'OBSERVANCE. Marie-Elisabeth HENNEAU
FEUILLANTS
Historique 1. Feuillants, Feuillantines; Congregatio Beatœ Mariœ Fuliensis ordinis Cisterciensis (1592). 2. Jean de La Barrière (1544-1600). 3. Issue d'une réforme des Cisterciens mise en place par J. de La Barrière en 1577 à l'abbaye Notre-Dame de Feuillans (près de Toulouse), cette nouvelle branche monastique tente de restaurer les usages primitifs de la Règle bénédictine, interprétée dans un sens littéral et austère (pratiques ascétiques très strictes chez les premiers feuillants). En dépit d'une vive opposition cistercienne, Sixte V accorde aux religieux réformés le bref Religios Viras (mai 1586) qui contraint les supérieurs cisterciens à accepter la réforme. Mais, à la faveur d'une crise interne intimement liée au contexte politico-religieux de la fin des années 1580, l'abbé de Cîteaux tente de ramener les moines sous son autorité. Cependant, le Saint Siège, dès 1592, favorise la fondation d'une Congrégation indépendante des cisterciens et au sein de laquelle les religieux italiens et français mêlent leur destin jusqu'en 1630. À partir de cette date et pour des raisons politiques et religieuses, la structure monastique se scinde en deux branches nationales (Congrégation Notre-Dame de Feuillant pour la France et Congrégation des réformés de Saint-Bernard pour l'Italie et le Piémont-Savoie). En 1595, les Feuillants se dotent de nouvelles constitutions légèrement modifiées par la suite (1631, 1634, 1637, 1770). L'organisation de la congrégation est centralisée et hiérarchisée: au sommet, le chapitre général, réuni tous les trois ans, a une autorité souveraine et nomme à toutes les supériorités. Le supérieur général veille à l'application de la Règle et des décisions du chapitre dans toutes les abbayes. À l'échelle régionale, les maisons, regroupées en pro-
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l'héritage médiéval vinees, sont dirigées par un provincial. Dans les monastères, le pouvoir incombe au supérieur triennal. Dès 1587, Sixte V autorise les Feuillants à étendre leur réseau monastique. Il prend lui-même l'initiative en leur confiant l'abbaye de Sainte-Prudentienne (Rome) tandis qu'à la demande d'Henri III, les moines réformés s'implantent à Paris. Quelques temps après et avant d'être accueilli à Bordeaux, J. de La Barrière fait naître la branche féminine des Feuillantines à Montesquieu-Volvestre (dioc. de Rieux). Il faut ensuite attendre la première moitié du xvne siècle pour assister à la fondation de nouvelles abbayes. L'expansion de la Congrégation française reste toutefois limitée: en 1650, au plus fort de son développement, elle ne compte que 28 maisons (contre une quarantaine en Italie) composées de 24 maisons d'hommes, deux de feuillantines et deux monastères français en Italie. L'ensemble, divisé en trois provinces (France, Guyenne et Bourgogne), regroupe 300 religieux et religieuses. Ce nombre décline dès le début du XVIIIe siècle (230 en 1730 puis moins de 170 vers 1768). Pourtant, ces faibles effectifs s'avèrent sans commune mesure avec leur influence dans le corps social. Après avoir joué un rôle actif dans les controverses politico-religieuses au temps de la Ligue, les moines décident de participer activement à la rénovation religieuse du royaume: bien adaptée aux attentes spirituelles des élites urbaines, l'action des Feuillants (prédications, confessions, direction de conscience), fondée désormais sur le rigorisme intellectuel plus que sur la mortification du corps, tend ainsi à privilégier l'univers clos et privé de la conscience plutôt qu'une forme de piété ostentatoire.
Bibliographie 1. Mabille (F.-H.), Les Feuillantines de Paris, 1622-1792, Paris, 1902.- CrucifixBultingaire (G.), Feuillants et Feuillantines, Paris, 1961,47 p. -Les Feuillants et Jean de la Barrière, Actes des secondes rencontres cisterciennes en Comminges, Toulouse, 1994,296 p. 4. Morozzo (C.-J.), Cistercii reflorescentis seu Congregationum cistercio-monasticarum B. Mariœ Fuliensis in Gallia et reformatorum S. Bernardi in 1talia chronologica historia, Turin, 1690. 5. Fonds publics: Multiples fonds publics répartis en France entre les bibliothèques parisiennes (BnF., Mazarine, Arsenal) et municipales (Bordeaux, Orléans, Angers ... ), les Arch. nat. (séries G, H, L, LL, M, S, T) et dépt. (Gironde, Somme, Vienne, HauteVienne). En Italie, les archives romaines regroupent des documents officiels (bulles, actes de la congrégation, matricule ... ). 6. Pierre (B.), Les Feuillants: réforme monastique et société (fin XV1-XVlle siècle), DEA, Paris 1, 1996, 135 p. 7. Cisterciens (avant 1790). 8. RÉFORME CISTERCIENNE- MONACHISME CISTERCIEN ÉPOQUE MODERNE- ASCÉTISME -LIGUE- PRÉDICATION.
Benoist PIERRE
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Guide pour l'histoire des Ordres et Congrégations religieuses RÉFORME DE L'ABBAYE DE LA TRAPPE
(1664-1791)
Historique 2. Armand-Jean Le Bouthillier de Rancé (1626-1700). 3. Rancé, filleul du cardinal de Richelieu, prêtre en 1651 et docteur en Sorbonne en 1654, poursuit une carrière ecclésiastique et mondaine jusqu'à sa conversion radicale de 1657, après le décès de son amie Madame de Montbazon. La fréquentation des Oratoriens, des Messieurs de Port-Royal et d'évêques réformateurs, ainsi que la lecture des «Pères des Déserts» (traduction d'Andilly) le conduisent à se retirer en 1662 à l'abbaye de la Trappe dont il est abbé commendataire. Il l'affilie à l'Etroite observance et la repeuple avec des moines de Perseigne. Il effectue un noviciat canonique à Perseigne ( 1663-1664) et, après avoir prononcé ses vœux, il est, avec l'autorisation royale, consacré abbé régulier de la Trappe le 14 juillet 1664. D'abord engagé dans la défense de l'Etroite observance à Rome et à Cîteaux, il décide, en 1675, de se consacrer uniquement à son abbaye. Jamais Rancé n'a voulu quitter l'ordre cistercien ou fonder une nouvelle observance. Cependant, son désir de faire revivre la vie cistercienne en sa pureté et sa radicalité originelles, selon sa propre interprétation de st. Bernard et st. Benoît relus à la lumière des Pères du Désert, le conduit à créer, de fait, une observance originale. Celle-ci, bien vécue par une communauté toute dévouée à son abbé, est diffusée par les ouvrages de celui-ci (Relations de la mort de quelques religieux de l'abbaye de la Trappe (1678), De la Sainteté et des Devoirs de la vie monastique (1683) et, en 1688, Commentaire sur la Règle de st. Benoît). Les idées de Rancé, jugées trop pénitentes et intransigeantes par certains, donnèrent lieu à de vives polémiques, notamment avec Mabillon et Innocent Le Masson. Mais pour beaucoup, Rancé, par son retour aux sources de l'ascèse monastique et son refus des mitigations, rendait sa crédibilité et son attrait à la vie cistercienne. D'où le grand rayonnement, par ses livres et ses lettres, de ce «Nouveau st. Bernard» (Bossuet) qui contribuera plus directement à la réforme de quelques abbayes: Eustache de Beaufort ( 1636-1709), abbé de Sept-Fons (1656), en 1666, Jean-Antoine de La Forest de Somont (1645-1701) abbé de Tamié (1665), en 1677, Charles de Bentzeradt (1635-1707) abbé d'Orval (1668) en 1672, visitent Rancé, lui demandent conseils et assistance pour la formation de leurs religieux et adoptent les observances rancéennes dans leur monastère. Quant aux moniales, Rancé est en rapport épistolaire suivi avec plusieurs abbesses dont Louise Hollandine de Bavière (1622-1709), abbesse de Maubuisson (1664). Françoise d'Etampes de Valençay(+ 1708), abbesse des Clairets (1687), obtint que Rancé fasse les visites canoniques de son monastère de 1690 à 1692, et, avec son aide, y introduit l'Etroite observance. D'autre part, après la mort de Rancé, La Trappe conserve fidèlement durant le XVIIIe siècle les observances et l'esprit de son réformateur. Signe de ce rayonnement, La Trappe compte 103 profès en 1790, alors que la moyenne, dans l'ordre, était de 8 religieux par abbaye. Lors de la Révolution, avec Sept-Fons et ValSt.-Lieu, c'est la moitié des 460 moines de l'Etroite observance qui suit tojours la réforme de Rancé. Enfin, c'est cette observance rancéenne qui attire à La Trappe, en 1780, Augustin de Lestrange.
Bibliographie 1. Rancé: Dubois (abbé), Histoire de l'abbé de Rancé et de sa réforme, Paris, 1869, 2 vol. -Aubry (L.), «L'Abbé de Rancé et la Règle de st. Benoît», Studia Anselmiana, 84, 1982, Rome, p. 13-31.- Id., «Rancé et st. Bernard», Collectanea Cisterciensia, 74
l'héritage médiéval 52, 1990, p. 140-162.- Id., «La spiritualité de Rancé», Cîteaux et la Normandie, Colloque de la Trappe, Bellefontaine, 1999, p. 87-95.- Krailsheimer (A.-J.), ArmandJean de Rancé, abbé de la Trappe, Paris, 2000.- Autres travaux: Vte de Souancé, Abbaye Royale de N.-D. des Clairets, Histoire et cartulaire, Nogent-le-Rotrou, 1894. -Garin (J.), Histoire de l'Abbaye de Tamié, Paris, 1927.- Lamy (F.), L'ancien SeptFons, Moulins, 1937.- Tillière (N.), Histoire de l'abbaye d'Orval, Orval, 1967. 3. Guide bibliographique et archivistique essentiel: Manning (E.), «Bibliographie générale de l'Ordre cistercien», La Documentation Cistercienne, Abbaye St.-Rémy, B 5430 Rochefort, 1977-1981, 22 vol. 4. Œuvres de Rancé: Constitutions de l'Ab. de la Trappe, Paris, 1671.- Relations de la mort de quelques religieux de l'Ab. de la Trappe, Paris, 1678.- De la Sainteté et des Devoirs de la Vie monastique, Paris, 1683, 2 vol.- La Règle de Saint Benoît nouvellement traduite et expliquée selon son Véritable Esprit, Paris, 1689, 2 vol. -Les Règlements de l'Ab. de N.-D. de la Trappe en forme de constitutions, Paris, 1690.Carte de Visite faite à l'ab. de N.-D. des Clairets, Paris, 1690. -Réponse au Traité des Études Monastiques, Paris, 1692.- Maximes chrétiennes et morales, Paris, 1697. - Correspondance, éd. A.-J. Krailsheimer, Paris, 1993, 4 vol. 5. Fonds publics: un examen des arch. dépt. de l'Orne et de certaines Bibl. mun. (Rouen par exemple) s'avère nécessaire.- Fonds privés: Abbaye de la Trappe (61380 Soligny-La Trappe), plusieurs recueils de correspondance de Rancé (1 millier de lettres) dont quelque autographes. 7. Trappistes ( 1791-1834)/ La Valsainte. 8. ETROITE OBSERVANCE - RÉFORME MONASTIQUE- MONACHISME CISTERCIEN ÉPOQUE MODERNE.
Frère Bernard TRAPPISTES
(1791-1834) f
LA
V ALSAINTE
Historique 1. En 1794, à la Valsainte: Abbatia Ordinis et Congregationis B.M. de la Trappa (1794), Congrégation de la Trappe, Ordre cistercien de la Congrégation de la B.M.V. de la Trappe.- en 1822, à Rome: Congregatio quondam Vallis Sanctœ Ordinis cisterciensis vulgo de Trappa. -En 1834: Congregatio monachorum cisterciensium B.M. de la Trappa (Congrégation de la Trappe). 2. Dom Augustin de Lestrange (1754-1827). 3. En juin 1791, l'ancien maître des novices de la Trappe rejoint, avec une vingtaine de moines, l'ancienne chartreuse de Valsainte, dans le canton suisse de Fribourg. Trois ans plus tard, la communauté des «trappistes» (terme peu canonique mais qui tend à remplacer celui de cisterciens) se dote d'un code monastique, les Règlemens de la Valsainte, clef de voûte d'une réforme qui tend à rendre une place centrale à la règle bénédictine et aux textes fondateurs cisterciens, à approfondir l'œuvre de Rancé, à retrouver le monachisme des origines en remontant aux premiers Pères. Le 8/XII/1794, la Valsainte est proclamée «abbaye» et l'élection abbatiale de dom Augustin est confirmée (Bref Officii humilitati). Les vocations affluent. En 1796, à Sembrancher, dans le Valais, des religieuses (la princesse de Condé) forment une communauté, adoptent les Règlemens et se placent sous l'autorité du supérieur de la Valsainte. Enfin, dom Augustin crée un tiers ordre pour accueillir et faire éduquer des enfants par les moines, initiative peu conforme à la tradition cistercienne mais approuvée par le pape. Dans 75
Guide pour l'histoire des Ordres et Congrégations religieuses le même temps, le monachisme disparaît en France et la fin de l'abbaye de Cîteaux en tant que communauté et chef de l'ordre cistercien prive celui-ci des institutions qui assuraient son fonctionnement canonique. C'est donc dans ce contexte d'affaiblissement une véritable congrégation (en fait, sinon en droit) qui se constitue à partir de la Valsainte (branche masculine) et de Sembrancher (branche féminine). Les colonies et les fondations se multiplient, les postulants affluent vers les noviciats en Espagne, Italie, au Brabant, en Westphalie, en Europe centrale et moyenne. Des groupes sont formés pour partir en Amérique du Nord. Pourtant la réforme doit faire face à des menaces et des difficultés. Les premières sont liées à l'histoire externe (extension des territoires contrôlés par la République française avant le Concordat puis retombées graves de la crise entre l'Empereur et Pie VII). Les secondes proviennent de la «congrégation» trappiste elle-même: plusieurs religieux contestent l'autorité de l'abbé de la Valsainte et certaines orientations de sa réforme. E. de La Prade, abbé de Darfeld les critique ouvertement en 1806 et obtient de Pie VII l'autorisation de se détourner de l'observance lestrangienne et de maintenir celle de Rancé. Cette divergence se prolonge tout au long du XIXe siècle. Si les trappistes sont divisés, ils sont actifs lorsqu'ils rentrent en France au début de la Restauration. À partir de 1815, relèvements, fondations et restaurations se multiplient. En 1827, les «lestrangiens» revendiquent une dizaine de communautés (594 personnes dont 227 moniales) et les rancéens comptent 8 établissements pour 395 personnes dont l 03 moniales. En raison de cette vitalité et pour resserrer les liens entre trappistes de France et l'ordre de Cîteaux (qui, à partir de 1816, recouvre certains de ses rouages), la papauté publie en X/1834 un décret canonique de la Congregatio monachorum cisterciensium B.M. de la Trappa (ou parfois congrégation de la Trappe «en France» à partir de 1836 quand la congrégation de Westmalle, en Belgique, est érigée à son tour). Cette décision place les trappistes sous l'autorité d'un vicaire général (l'abbé de la Trappe de Soligny), leurs établissements sous le contrôle des évêques, rétablit le chapitre général, les visites, confirme la suprématie (assez formelle au demeurant) du Prœses generalis de l'ordre de Cîteaux. Ce supérieur réside à Rome, est issu de la Commune Observance, et, de 1820 à 1869, élu de la seule Congrégation italienne de Saint-Bernard. La réforme de la Valsainte et les initiatives d'A. de Lestrange ont assuré une transition vivante entre l'année 1790 et la restauration du monachisme en France à travers le retour des «moines blancs». Les trappistes ont été, à cet égard, des pionniers et des exemples stimulants pour de nombreux fondateurs ou restaurateurs, du vivant même de dom Augustin. Le modèle austère des trappistes (durée des offices, veilles nocturnes, travail manuel, ascèse surérogatoire) a souvent servi de référence, aussi bien, auprès des séculiers que des clercs (le curé d'Ars conseillait la Trappe à ceux qui cherchaient une véritable conversio morum). 4. Eléonore Marguerite (1746-1794) et sa sœur Madeleine Françoise de Justamond (1754-1794), en religion, respectivement sœur Marie de Saint-Henri et sœur Marie du Cœur de Marie, du monastère de Ste-Catherine d'A vignon, exécutées en juillet 1794 à Orange (béatifiées le lON/1925 avec les autres martyres d'Orange).- Dom Gervais Brunei (prieur de la Trappe, 1744-1794), dom Paul Charles (prieur de Sept-Fons, 17431794), Augustin Joseph Desjardins (Frère Elie, 1750-1794, Sept-Fons). Ils font partie des 64 martyrs des pontons de Rochefort et ont été béatifiés le 1001988.
Bibliographie 1. Dubois (L.), Histoire civile, religieuse et littéraire de l'Abbaye de la Trappe, Paris, 1824.- Gaillardin (C.), Les Trappistes ou l'Ordre de Cîteaux au X!Xe siècle. Histoire
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l'héritage médiéval de la Trappe depuis safondationjusqu'à nos jours (1140-1844), Paris, 1844-1853, 2 vol.- Histoire abrégée de l'Ordre de Cîteaux, 1897, Timadeuc ([P. Etienne Ozenne]). -Le Bail (A.), L'Ordre de Cîteaux. «La Trappe», Paris, 1924. - Lekai (L.J.), Les Moines blancs. Histoire de l'Ordre cistercien, Paris, 1953.- Zakar (P.), «Regelungen zur Ausübung der Rechte des Abtes von Cîteaux nach der franzosischen Revolution (1790-1900)», Analecta Cisterciensia, 23, 1967, p. 226-294.- Bouton (J. de la Croix), Histoire de l'Ordre de Cîteaux (tirage à part des Fiches cisterciennes), Westmalle, 1968. - La restauration monastique dans l'Europe occidentale du X1Xe siècle, Actes du colloque de Maredsous, 12-14/X/1972, Revue Bénédictine, 83, 1973 (publication partielle à laquelle il faut ajouter «les débuts de la renaissance cistercienne du XIXe siècle», de J. du Halgouet, 15 p., disponible à Maredsous).- Krailsheimer (A.J.), A.1. de Rancé, ab bot of La Trappe. His influence in the cloister and in the world, Oxford, 1974.- Lekai (L.J.), The Cistercians. Ideals and Reality, Kent State University (Ohio), 1977.- Vanden Broucke (A.), «Démêlés autour du droit cistercien au début du XIXe siècle», Analecta Cisterciensia, 34, 1978, p. 250-260. -Bouton (J. de la Croix), Les moniales cisterciennes, Aiguebelle, t. 2, 1987.- Guérout (G.), «La communauté de la Trappe face à la Révolution, 13/11/1790-3/VI/1792», Cîteaux, 1989, p. 376-478. Kervingant (Marie de la Trinité), Des moniales face à la Révolution française. Aux origines des cisterciennes-trappistines, Paris, 1989.- Delpal (B.), Le silence des moines. Les trappistes au XIXe siècle. France-Algérie-Syrie, Paris, 1998. - Laffay (A.H. ), Dom Augustin de Lestrange et l'avenir du monachisme ( 1754-1827), Paris, 1998. 2. Cistercienser-Chronik (mars 1889-), Abbaye de Mehrerau, Bregenz (Commune Observance).- Collectanea Ordinis Cisterciensium Reformatorum (1934-) devenu les Collectanea Cisterciensia. Revue de spiritualité monastique, en 1965 (Stricte Observance). - Analecta Sacri Ordinis Cisterciensis (1945-), devenu Analecta Cisterciensia, depuis 1965 (Rome).- Cîteaux in de Nederlanden (1949-), devenu Cîteaux. Commentarii cistercienses en 1959, Achel; c'est dans cette revue, sous le titre général «Pierre d'attente», que le P.J. du Halgouët (Melleray) a donné de 1966 (t. 17) à 1977 (t. 18) une quizaine d'articles sur les débuts des fondations trappistes au début du XIXe siècle.- Cistercian Studies (1965-), Kalamazoo (Etats-Unis).- Voir aussi la Revue Bénédictine. 3. Gaillemin (S.), Status abbatiarum, prioratuum, monasteriorum in quibus per universum orbem Deo militant Fil ii aut Filiœ S. Be mardi anno jubilœo 1891, Briançon, 1891 (le meilleur recensement pour la fin du XIXe siècle). - Tournouer (H.), Bibliographie et iconographie de la Maison-Dieu Notre-Dame de la Trappe au Diocèse de Sées de dom Le Bouthillierde Rancé... , Mortagne, 1894 (partie icono.: Siguret (P.), «Iconographie de l'abbaye de la Trappe et de l'abbé de Rancé», Cahiers percherons, numero spécial, 39, 1973).- Cocheril (M.), «La Commission d'Histoire de l'Ordre de Cîteaux (1947-1959)», Studia monasteria, 2, 1960, p. 267-271.- Van Der Meer (F.), Atlas de l'Ordre cistercien, Paris/Bruxelles, 1965.- Hostie (R.), Vie et mort des ordres religieux. Approches psychosociologiques, Paris, 1972.- Bouton (J.), «Les Trappistes et l'Ordre des Cisterciens Réformés- Introduction», Helvetia Sacra, Abt. III, Band 3, 1982, Berne, 1206 p. (p. 1053-1059, abondante bibliographie concernant la partie «suisse» des trappistes).- Bouton (J.), «Les Trappistes et les trappistines en Suisse», in «Die Orden Mit Benediktinerregel», Helvetia Sacra, 1982, Abt. III, Band 3, p. 10591085.- «Bibliographie cistercienne», Cîteaux, suppl. au t. 38, 1987 et suppl. 2 et aux t. 39 (1988) et 40 (1989), 4 et 5 suppl. aux t. 41 (1990) et 42 (1991). 4. Conversations de Dom Augustin, abbé de N.-D. de la Trappe en Suisse, avec des petits enfans de son Monastère; suivies d'un Recueil de Maximes spirituelles, et d'Avis 77
Guide pour l'histoire des Ordres et Congrégations religieuses salutaires sur l'Oraison, Paris, 1798 (rééd. 1819, Lyon).- Dargnies (N.C.), Mémoires en forme de lettres pour servir à l'histoire de la réforme(. .. ) Mémorial de Fribourg, t. 3 et 4, Fribourg, 1856-1857 (exemplaire original de cet ouvrage à Tamié).- [Séjalon (H.)], Annales de l'Abbaye d'Aiguebelle de l'Ordre de Cîteaux (Congrégation de la Trappe) depuis safondationjusqu'à nos jours, 1045-1863), Valence, 1863, t. II.Bizzarri (A.), Collectanea in usum secretariœ S. Congregationis Episcoporum et Regularium, Rome, 1863 (essentiel pour le premier XIXe siècle).- Le Petit et le Grand Exorde de Cîteaux, contenant les origines de ce monastère avec de nombreuses légendes sur la vie admirable des anciens moines de Clairvaux, Soligny, 1884.- Odyssée monastique. Dom A. de Lestrange et les Trappistes pendant la Révolution, la Grande-Trappe, 1898. 5. Pour la période 1791-1834, aucun dépôt central (maison généralice). - Fonds publics: Paris, Arch. nat., séries C/14, D/XIX, AF, F/7, F/19; Paris, Bibl. Maz., ms. 3418 («instructions pour nos frères novices et jeunes profès de la Trappe, 1785»); Arch. dépt., séries L et V et municipales, en lien avec des maisons trappistes existant ou ayant existé.- Fonds privés: Vatican, Archivio Segreto Vaticano (A.S.V.), fonds de la Segreteria di Stato, Congregazione degli Vescovi e Regolari, nonciature de Lucerne et de Paris. -Archives des monastères et prieurés cisterciens-trappistes en France: chaque maison (masculine ou féminine) conserve sa documentation et ses archives, voire les fonds d'établissements disparus (en particulier des filles lointaines). Pour les consulter, il convient de s'adresser au religieux archiviste et prendre en compte les impératifs et contraintes liés à la clôture. Certains monastères possèdent un catalogue et un classement selon des cadres qui leur sont propres (la Trappe de Soligny, Aiguebelle). Sont utiles: les registres de communauté (ou de personnel), les registres de l'activité temporelle, les ménologes et nécrologes, les documents résultant des visites, des échanges entre la communauté et la congrégation, la maison généralice, la procure, l'Ordinaire du lieu, le Saint-Siège. Pour les maisons féminines, il faut aussi interroger l'archiviste de la maison masculine avec laquelle les trappistines ont été en relation habituelle. -La Trappe: Bellanger (T.), «Chronique de la Grande-Trappe», 1789-1852, Archives, VII (G.T. 830).- Guérout (G.), «Documentation en complément de l'Odyssée monastique», 5 vol., achevés vers 1990.- Aiguebelle: Muee (A. Espanet), Annales historiques et chronologiques ou Annales de l'abbaye N.-D. d'Aiguebelle de l'Ordre de Cîteaux, 4 vol. mss.- Archives des maisons généralices: Maison généralice (Curia generalis) des cisterciens de la Stricte Observance, OCSO (Vi ale Africa, 33, 00144 Rome): la maison généralice des «trappistes» apparaissant seulement avec l'érection canonique de 1892, les fonds antérieurs à cette période sont peu nombreux. Consultation avec autorisation de l'archiviste et celle des supérieurs des maisons concernées par la recherche. - Maison généralice des cisterciens de la Commune Observance, OC (Archivum Curiae Generalis Ordinis Cisterciensis, Casa Generalizia Cistercense, Piazza del Tempio di Diana, 14,00153 Rome): Miscellanea I, II et III (présentés par J. du Halgouët etH. Zakar dans leurs travaux). Les Miscellanea III ont été transcrits en grande partie par A. Vanden Broucke dans Sixtina 3, Rome, 1987, 199 p. dactyl.). 8. MONACHISME CISTERCIEN CONTEMPORAIN- MONACIDSME ET RÉVOLUTION FRANÇAISE - MONACHISME ET ENSEIGNEMENT - MONACHISME CISTERCIEN FÉMININ CONTEMPORAIN - ASCÉTISME - SUISSE.
Bernard DELPAL
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l'héritage médiéval CüNG RÉGATIONS TRAPPISTES DE FRANCE (Stricte Observance, 1835-1892) Historique 1. 1834: Congregatio monachorum cisterciensium B.M. de la Trappa (Congrégation de N.-D. de la Trappe).- 2 congrégations à partir de 1847: 1. Congregatio antiquioris reformationis de Trappa (suit les Règlements de Rancé), Congrégation de SeptFons ou Congrégation de l'Antique réforme ou Congrégation des rancéens. 2. Congregatio recentioris reformationis de Trappa (Règle bénédictine et constitutions primitives de Cîteaux), Congrégation de la Trappe puis Congrégation de la GrandeTrappe ou Congrégation de la Primitive Observance (plus rarement: Congrégation de la Nouvelle Réforme), Congrégation de Melleray quand l'abbé de cette maison est élu vicaire général.- 1892: Ordre des cisterciens réformés de N.D. de la Trappe. 3. Suite au décret de 1834, les maisons trappistes de France sont regroupées en une congrégation unique dont 1' abbé de la Trappe devient le vicaire général (la Trappe de Soligny devient la «Grande-Trappe»). Le chapitre général tient sa première session en 1835, les visites régulières reprennent et sont confiées au vicaire général ou aux abbés délégués. Cependant, l'unification des observances ne se fait pas véritablement: les «rancéens» conservent leurs horaires et us et chaque monastère suit son propre usage. À noter pourtant que les trappistes prennent officiellement leurs distances vis-à-vis des écrits de la Valsainte. En 1836, de nouveaux règlements sont approuvés pour les moniales et en 1837 sont publiés ceux des moines et convers, en deux volumes distincts. En effet, les trappistes se distinguent des cisterciens de la Commune Observance par leur forte proportion de convers et un faible taux de choristes ordonnés, deux données qui évoluent au cours du XIXe siècle. Les relations se détériorant entre les «rancéens» et les autres trappistes en France, Pie IX les sépare officiellement en deux congrégations par le décret Licet monachi (25/II/1847). Celle de l'Ancienne Réforme, conduite par Sept-Fons et rassemblant les maisons rancéennes (sauf les communautés belges formant depuis 1836 la Congrégation de Westmalle) et celle de la Nouvelle Réforme plus proche de l'esprit de V alsainte et conduite par la Grande-Trappe. Chacune des deux congrégations tient son propre chapitre général, est placée sous l'autorité d'un vicaire général et publie ses us et règlements. Ensemble, mais séparément, les deux congrégations constituent (avec celle de Westmalle) la Stricte Observance, reliée à la Commune Observance dans la mesure où tous les cisterciens se placent sous l'autorité du Prœses generalis. À la fin du XIXe siècle, cette situation évolue: les trappistes souhaitent obéir à un abbé général trappiste. À l'issue d'un chapitre général tenu à Rome en 1892 sous l'impulsion de Léon XIII, le pape proclame l'unité des trappistes (France et Belgique) en érigeant l'Ordre des cisterciens réformés de N.-D. de la Trappe. Dom Sébastien Wyart, abbé de Ste-Marie-au-Mont, devient le premier «abbé général» de cet Ordre (identifié à la Stricte Observance), sans lien juridique avec l'Ordre de Cîteaux (qui accueille les maisons, congrégations et fédérations de la Commune Observance). Ces aléas de la restauration monastique cistercienne en France n'entravent pas une forte croissance des trappistes: de 18 maisons en 1828 pour 655 moines et 330 moniales, on passe en 1891 à 1071 moines (dont 585 hors Europe) pour l'Ancienne Réforme (avec 18 maisons dont la moitié sur le sol français); et l'on dénombre 1456 moines pour la Nouvelle Réforme (avec 26 maisons dont 9 hors de France). Chez les hommes, les effectifs ont quadruplé en 63 ans. Chez les femmes, la progression est soutenue sans être aussi spectaculaire avec 278 religieuses rancéennes (4 maisons) et 585 religieuses de la Nouvelle Réforme (9 établissements), soit un 79
Guide pour l'histoire des Ordres et Congrégations religieuses doublement dans le même laps de temps. On ne compte qu'une dizaine de fondations hors d'Europe et l'élan missionnaire reste modeste (Asie et Afrique). Les filles lointaines sont en majorité des refuges aménagés au début de la Troisième République, dans la crainte d'expulsions. Pourtant les pouvoirs politiques depuis la Restauration se sont montrés plutôt accomodants avec les trappistes, sensibles à la sympathie que marque la population envers des religieux et religieuses qui s'imposent une austérité éprouvante et qui honorent le travail manuel (en particulier dans les champs). Le recensement de 1856 leur a donné la qualification de «contemplatifs-agriculteurs», dénomination qu'ils acceptèrent. Bibliographie 1. Cf. Histoire de l'Ordre et bibliographie de la notice «Trappistes (1791-1834)».Battista (G.), «Il Procuratore Generale dell'Ordine Cistercense ela separazione dei Cistercensi riformati (1890-1892)» Analecta Cisterciensia, 34, 1978, p. 330.- Zakar (P.), «> à Jésus Christ et Marie, qui n'ont pas de caractère obligatoire et dont l'objet, d'ordre purement spirituel, est sans conséquence canonique: l'état sacerdotal, «état de sainteté>>, ne résulte que de l'ordination qui est consécration à Dieu. Les tâches dévolues aux oratoriens sont donc des «fonctions propres et essentielles à l'état de prêtrise>>: missions rurales, «stations>> de carême et d'A vent dans les villes, cures (le nombre des paroisses spécifiques à l'Oratoire restera toujours limité, le supérieur insistant sur la nécessaire vie communautaire), séminaires, mais aussi collèges pour l'instruction de la jeunesse non prévus au départ mais qu'il est impossible de refuser dès lors que la nouvelle congrégation fait profession d'obéir aux évêques. Confirmé par une bulle de Paul V en date du ION/1613, l'Oratoire ne connaît jusqu'à la mort de son fondateur (1629) que des «usages>>. Pour Bérulle en effet, l'esprit ou l'expérience pour constituer une société passent avant les règles. C'est la première assemblée générale ( 1-21NIII/1631) réunie à Paris sous l'autorité du père Charles de Condren, qui établit les premières constitutions de la congrégation, régulièrement amendées par la suite. Les assemblées générales réunies tous les trois ans et composées tant de députés nés (le supérieur général et ses collaborateurs directs) que de députés élus (qui ont au moins 7 ans de réception et 5 de prêtrise) détiennent le pouvoir législatif et élisent régulièrement les officiers de la congrégation, le supérieur général étant élu à vie. En 1630, sur 73 maisons détenues par la congrégation, près de 50 sont de simples résidences ou des cures cependant que l'on compte déjà 17 collèges, 4 séminaires et 4 maisons d'études. Deux phénomènes essentiels modifient la carte des implantations au cours du xvne siècle: d'une part, nombre d'anciennes résidences sont abandonnées (25 entre 1631 et 1660); d'autre part, entre 1661 et 1690, les oratoriens acceptent, à la demande des évêques, de prendre en charge une quinzaine de séminaires diocésains, et 11 collèges nouveaux (y compris Bavay et Thuin en pays wallon) sont venus grossir le nombre de ceux déjà dirigés par la congrégation entre 1631 et 1700. On ne saurait oublier le rôle particulier joué par l'Oratoire des Flandres. Dès 1622 dans une perspective de réunification des Pays-Bas, Jansénius avait souhaité la venue d'oratoriens français pour établir sous l'autorité épiscopale un séminaire destiné à la reconquête de l'Eglise hollandaise. En 1626, les oratoriens français s'établissent à Louvain et sous l'impulsion du père Bourgoing, puis de son successeur le père Quarré, l'Oratoire belge se développe rapidement. En 1649, se produit une scission au sein de ce dernier: les maisons de la province de Malines s'érigent en un groupement distinct et élisent un prœpositus de l'Oratoire des Flandres, indépendant du supérieur général de France. À l'inverse, les maisons wallonnes demandent au père Bourgoing de dépendre de l'Oratoire de France et, rassemblées à Mons en juin 1650, se choisissent un supérieur qui est le vicaire du général de la congrégation de France; à partir de 1663 et jusqu'à l'assemblée de 1782 incluse, les maisons wallonnes figurent régulièrement sur la circulaire indiquant l'ordre des députations pour les assemblées générales. Au XVIIIe siècle, vivement affectée par les controverses théolo202
Créations de la réforme catholique giques du siècle (en 1717-1719,43% des oratoriens ont signé soit le premier appel des 4 évêques, soit le second appel du cardinal de Noailles, archevêque de Paris; en 1727-1728, l'adhésion à Jean Soanen regroupe encore un noyau de 22% contre «le brigandage d'Embrun»), la congrégation est devenue suspecte à la majorité des évêques et 8 séminaires lui sont retirés entre 1709 et 1743. En revanche, après l'expulsion des jésuites, elle reprend 7 de leurs collèges. En 1789, la congrégation détient 30 collèges, 8 séminaires (en incluant celui qui est associé au collège de la Trinité de Lyon et celui qui s'est formé autour de la cure de la Dalbade à Toulouse), 4 maisons d'institution (Paris, Lyon, Aix et Toulouse), 2 maisons d'études et 40 cures. L'unité de vues dans la congrégation est maintenue par la régulière tenue des assemblées générales (et entre les sessions par les ordres du conseil de la congrégation) mais aussi par les inspections systématiques des établissements auxquelles se livrent les visiteurs des 3 départements (le premier comprenant l'Artois, la Picardie, la Normandie et la rivière de Loire; le second la Champagne, la Franche-Comté, la Bourgogne, le Berry, l'Auvergne, le Lyonnais et le Dauphiné; le troisième la Provence, le Languedoc et la Guyenne, le père Général conservant la responsabilité directe des maisons d'Ile-deFrance). Le bouleversement le plus net intervenu dans la congrégation est lié à la crise qui suit la proclamation de la bulle Unigenitus (1713). Non seulement on observe une chute sévère des entrées entre 1715 et 1747 (une trentaine par an) mais on constate aussi une croissance du taux des confrères qui sortent de la congrégation sans avoir été ordonnés (jusqu'aux deux tiers des entrées pour la période 1730-1749). Les effectifs des prêtres comme leur part dans la congrégation ne cessent de diminuer- ils sont 650 qui sont électeurs à l'assemblée générale de 1714 contre 319 à celle de 1755. Alors qu'on dénombre deux tiers de prêtres pour un tiers de confrères en 1729 sur un total de 907 membres, en 1782-1783 les confrères représentent désormais 59% du total. D'une congrégation de prêtres, l'Oratoire est devenu majoritairement un corps enseignant laïc, et cette transformation, contraire au projet initial de Bérulle, est, au départ, issue du refus des évêques d'ordonner des clercs qui refusent de signer le formulaire d'Alexandre VII relatif aux cinq propositions. l'Oratoire de Jésus est supprimé, comme les autres congrégations séculières, par le décret de l'Assemblée législative en date du 18NIIU1792.
Bibliographie 1. Il n'existe pas d'histoire générale de l'Oratoire.- Perraud (A.), L'Oratoire de France aux XVIIe et X/Xe siècles, Paris, 1865.- Ingold (A.), L'Oratoire et le jansénisme, Paris, 1887.- Lallemand (P.), Histoire de l'éducation dans l'ancien Oratoire de France, Paris, 1888 (réimp., Genève, 1976).- Brémond (H.), Histoire littéraire du sentiment religieux en France, t. III, La conquête mystique. L'école française, Paris, 1921.- Bachelier (A), Essai sur l'Oratoire à Nantes, Paris, 1934.- Dagens (J.), Bérulle et les origines de la restauration catholique, Paris, 1952. - Judge (H.G.), «The Congregation of the Oratory in France in the late Seventeenth Century», Journal of Ecclesiastical History, 11, 1961, p. 46-55.- Neveu (B.), «Quelques sources relatives à l'histoire de l'Oratoire en 1678-1679», Oratoriana, 11, 1965, p. 86-121.- Dupuy (M.), Bérulle et le sacerdoce. Étude historique et doctrinale. Textes inédits, Paris, 1969. -Maillard (J.), L'Oratoire à Angers aux XVW et XVIIIe siècles, Paris, 1975.- Frijhoff (W.), Julia (D.), «Les oratoriens de France sous l'Ancien Régime. Premiers résultats d'une enquête», Revue d'histoire de l'Église de France, 65, 1979, p. 225-265.- Williams (Ch. E.), The French Oratorians and Absolutisme, I6IJ-1641, New-
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Guide pour l'histoire des Ordres et Congrégations religieuses York/Berne/Francfort/Paris, 1989. - Frijhoff (W.), Julia (D. ), «L'Oratoire et le jansénisme: l'Assemblée de 1746», Maire (C.L.), Jansénisme et Révolution, Chroniques de Port-Royal, 39, 1990, p. 25-45.- Ehrard (J.), dir., Le collège de Riom et l'enseignement oratorien en France au XVIIIe siècle, Paris/Oxford, 1993. -Ambrières (R. d'), L'esprit de l'Oratoire de France au tournant du XVIIIe siècle, Versailles (chez l'auteur), 1995. -Maire (C.), De la cause de Dieu à la cause de la Nation. Le jansénisme au XVIIIe siècle, Paris, 1998 (en particulier sur les théologiens de Saint-Magloire). 2. La revue Oratoriana, de parution irrégulière depuis 1930 (avec des changements de titre) a publié des études historiques sur la congrégation. 3. Ingold (A.), Essai de bibliographie oratorienne, Paris, 1880.- Supplément à l'essai de bibliographie oratorienne, Paris, 1882 (réimp. Genève, 1972). 4. Cloyseault (C.E.), Recueil des vies de quelques prêtres de l'Oratoire, éd. par Ingold (A.), Paris, 1882, 3 vol.- Batterel (L.), Mémoires domestiques pour servir à l'histoire de l'Oratoire. les Pères de l'Oratoire recommandables par la piété ou par les lettres, éd. Ingold (A.) et Bonnardet (E.), Paris, 1902-1911, 5 vol. (réimp. Genève, 1971).Dagens (J.), Correspondance du Cardinal Pierre de Bérulle, Paris/Louvain, 19371939, 3 vol.- Pierre de Bérulle, Œuvres complètes, Paris, 1995-, 14 vol. prévus. 5. Fonds publics: 1' essentiel des sources concernant la congrégation de 1' Oratoire se trouve aux Archives nationales (Paris): M 215 à 237, MM 562 à 647, S 6749 à 6837. On trouvera dans les grandes bibliothèques parisiennes (essentiellement BnF et Bibl. Mazarine) de nombreuses autres sources. En province, les archives départementales et les bibliothèques municipales conservent les documents relatifs aux différents établissements. S'agissant des collèges, on trouvera une brève description des différents types de sources dans MM. Compère, D. Julia, Les collèges français J6e-18e siècles. Répertoire, t. 1, France du Midi, t. Il, France du Nord et de l'Ouest, Paris, 1984-1988. -Fonds privés: la nouvelle congrégation de l'Oratoire a recueilli toute une série de sources manuscrites originales concernant l'ancien Oratoire (inventaire dactylographié, 2 tomes: 75 rue Vaugirard, 75006 Paris). Elle dispose également d'une bibliothèque riche en œuvres «oratoriennes». 6. Cochois (P.), Bérulle initiateur mystique; le vœux de servitude, Thèse Institut catholique de Paris, 1960.- Becdelièvre-Lambert (V.), Recherches sur la politique architecturale des Pères de l'Oratoire de France aux XVIIe et XVIII' siècles d'après l'Atlas des Archive nationales, Thèse de l'École des Chartes, Paris, 1977, 2 vol.- Blanc (B.), Les Constitutions et l'observance de l'Oratoire aux XVIIe et XVIII' siècles, Thèse de l'Ecole des Chartes, Paris, 1980. 7. Doctrinaires. 8. RÉFORME CATHOLIQUE- SACERDOCE- SÉMINAIRE- ENSEIGNEMENT- MISSIONS INTÉRIEURES- JANSÉNISME. Dominique JULIA
ORATORIENS (XIXe et XXe siècles)
Historique 3. Quand en 1808, lors de la redistribution des lieux de culte à Paris, Napoléon 1er eût donné l'église de l'Oratoire aux Protestants, il signifiait ainsi que l'Oratoire avait pratiquement disparu. Quelques oratoriens survivaient à Juilly; ils s'éteignirent pro-
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Créations de la réforme catholique gressivement et l'Oratoire avec eux. En 1852, le curé de St.-Roch (Paris), Pierre Pététot (1801-1888) et l'abbé Gratry (1805-1872), professeur de théologie à la Sorbonne, se concertèrent pour restaurer l'Oratoire. Gratry pensait lancer un atelier d'apologétique car, à ses yeux, il fallait lutter contre le positivisme d'Auguste Comte. Pour sa part, Pététot ne voyait dans ce projet qu'une nébuleuse sans avenir. Cependant, Gratry regroupa autour de lui des agrégés, anciens élèves de l'Ecole Normale Supérieure, dont il avait été l'aumônier. Une première dissension entre eux survint quand Pététot voulut prendre un petit séminaire comme source de recrutement. L'occasion de prendre celui de Quimper ayant été manquée, les oratoriens prirent celui de St.-Lô (Coutances). L'affaire se révéla payante puisqu'un nombre important de jeunes normands entrèrent au noviciat tout au long des années où l'Oratoire dirigea le collège, c'est-à-dire jusqu'en 1905, date de sa reprise par le diocèse. L'idée de Gratry subsista dans les faits. La plupart des oratoriens purent faire des études supérieures jusqu'à l'agrégation, du moins tant que celle-ci pût être obtenue par des ecclésiastiques. Egalement, des normaliens entrèrent à l'Oratoire tant que leur aumônier fut un oratorien. Ce «nouvel Oratoire» compta dès son lancement des hommes éminents: Adolphe Perraud (1828-1906, évêque d'Autun, académicien et cardinal), le cardinal Baudrillart (1859-1942), l'orientaliste Roussel (1849-1921), l'astronome Aloys Vershaffel (1850-1933) ... La crise de 1905 qui chassa les religieux de France, éloigna aussi les Oratoriens. Beaucoup se dispersèrent en retournant dans leurs diocèses d'origine. Un petit nombre se regroupa autour du Père Baudrillart à Fribourg (Suisse). La tourmente passée, ils rentrèrent en France en 1920 où le diocèse de Paris leur confia St.-Eustache, alors paroisse des Halles. Précédé par plusieurs essais, une maison de formation fut créée à Montsoult, à une trentaine de kilomètres au nord de Paris. Elle regroupait noviciat, scolasticat et se maintint jusqu'en 1970. La crise moderniste avait sévi à la même époque. On ne sait trop pourquoi le Père Laberthonnière (1860-1932), philosophe dont s'inspira beaucoup Emmanuel Mounier, fut condamné au silence à cette occasion. Il avait dirigé les Annales de Philosophie chrétienne et publié, entre autres, Réalisme chrétien et idéalisme grec (1904) et la Théorie de l'éducation (1901). Cependant un certain nombre de collèges furent repris par des oratoriens comme l'ancien collège de Juilly, ou furent fondés sous leur direction comme le collège Massillon à Paris, avec le Père Chauvin (1852-1923), ou St.-Martin de France à Pontoise, organisé à la manière des maisons anglaises d'éducation par le Père Maurice Duprey (1893-1963), plus tard supérieur général (19491959). Depuis quarante ans, l'Oratoire s'est allégé de quelques collèges (Rocroy-St.Léon, St.-Michel de Picpus, St.-Lô) et actuellement, les oratoriens sont peu nombreux dans les 5 collèges restant (Juilly, Massillon, Pontoise, St.-Erembert de St.-Germainen-Laye et Juan-les-Pins). Une série d'éducateurs s'inscrivent dans la lignée du P. Duprey: le P. Dabosville (1907-1976), le P. G. Caffin (né en 1932), représentant des écoles catholiques parmi les ONG accréditées auprès du Conseil de l'Europe. La tradition des études scripturaires à l'Oratoire, lancée dès le XVIIe siècle (R. Simon ou Jean Morin) se continue: G. Brillet (1876-1966), Paul Auvray (1904-1977), le P. Join-Lambert (né en 1919), R. Boureau (1920-1994) et M. Quesnel (né en 1942). Les prédicateurs furent nombreux dans l'ancien Oratoire et on en trouve aussi dans le second: les Pères Baudrillart, Sanson et Dieux. Il faut aussi citer le Père Bouyer, théologien et les érudits Andrieux, Costabel (historien des sciences), Chrétien (géologue), Ribailliers (éditeur de Richard de St.-Victor), Piédagnel (collaborateur aux «Sources chrétiennes»), Emile Martin (animateur des chœurs de St.-Eustache de Paris) ... Depuis les années 1980, il faut signaler, outre la refonte des constitutions, le lancement d'une communion oratorienne pour permettre aux laïcs qui le souhaitent de s'insérer dans la 205
Guide pour l'histoire des Ordres et Congrégations religieuses recherche intellectuelle et spirituelle de l'Oratoire. L'édition des œuvres complètes de Bérulle est en cours (Le Cerf, 8 vol. parus depuis 1995). Quelques oratoriens font partie de l'Association française des amis de Newman, fondée en 1980 par sœur Andrée Billioque, des sœurs de la Charité de Nevers: des traduction de Newman sont publiées, des colloques organisées et une revue annuelle, Etudes newmanniennes, en publie les travaux.
Bibliographie 1. Boureau (René), L'Oratoire en France, Paris, 1991, p. 63-97. -L'Oratoire de France, centenaire, 1952. 4. Revues: Annales de l'Oratoire, in-4° (1880-1882) puis in-8° (1885-1887).Oratoriana, 1re série (1931-1936), 2e série (1960-1972).- L'Oratoire en France, 19361939. -Dans l'amitié de l'Oratoire, 1955-1959. 5. Fonds privés: Archives de l'Oratoire, 75 rue de Vaugirard, 75006 Paris (tel. 01 45 48 96 73): Calamy (Michel), thèse polycopiée sur l'Oratoire au XIX et xxe siècles. 7. Oratoriens (avant la Révolution), Charité et Instruction chrétienne de Nevers. 8. ENSEIGNEMENT - SÉMINAIRE- PRÉDICATION -ERUDITION ECCLÉSIASTIQUE. Joseph BOULEY et Pierre CLAVEL
CONGRÉGATION DE LA MISSION
Historique 1. Congrégation de la Mission; Lazaristes (CM). 2. Saint Vincent de Paul (1581-1660). 3. Les lazaristes furent fondés par V. de Paul en 1625 avec un rôle important joué par Philippe-Emmanuel de Gondi et de sa femme Marguerite de Silly (prise de conscience des besoins spirituels des campagnes, dans leurs terres de Folleville en particulier, et organisation de missions). La communauté fut approuvée par l'archevêque de Paris le 24/IV/1626. La congrégation poursuit trois buts: 1' acquisition de la perfection, 1' évangélisation des pauvres et la formation du clergé. Le premier point se réalise à travers un mode de vie que la tradition a défini comme «chartreux à la maison, apôtre à la campagne», la seconde finalité se traduit par l'organisation des missions en milieu rural et dans des pays non chrétiens ou non catholiques; enfin, les lazaristes eurent un rôle important dans le développement des séminaires. Le cadre institutionnel fondamental fut fixé par la bulle Salvatoris Nostri (121I/1633). À la différence des autres communautés françaises, le fondateur maintint les vœux traditionnels auxquels il ajouta, le 22/IX/1655, un quatrième vœu garantissant la stabilité au service des pauvres. Les constitutions furent distribuées aux frères le 17N /1658 à St.-Lazare de Paris qui était le centre de la Compagnie. Elles furent approuvées par le Saint-Siège le 2NII/1670 (bulle Ex injuncto Nabis). La Congrégation a une physionomie originale: le fondateur n'a pas voulu que ses membres soient «religieux» mais qu'ils appartiennent au clergé séculier. Il n'y a pas de «noviciat» mais un «séminaire interne», il n'y a pas de vœux publics mais privés. Enfin, ils étaient appelés «Messieurs», comme les Sulpiciens et les prêtres diocésains. En dehors de la France, la Congrégation se répandit en Italie (1642) et en Pologne (1651). Des expéditions missionnaires furent organisées dans les Iles britanniques et en Irlande. Pour le soin pastoral des esclaves, des centres pas206
Créations de la réforme catholique toraux furent ouverts en Tunisie (1645) et en Algérie (1646) sous protection diplomatique. En 1648, furent envoyés à Madagascar les premiers missionnaires lazaristes. Après la mort du fondateur, la congrégation prospéra sous ses successeurs Alméras et JoUy malgré l'abandon de la mission de Madagascar. À la mort de Jolly (1697), Louis XIV s'opposa à l'élection comme supérieur général de M. Faure, originaire de Savoie, et imposa le choix d'un français. Commença alors un long conflit sur la reconnaissance du caractère français de la Congrégation. La bulle Unigenitus occasionna des difficultés internes et, à l'assemblée générale de 1724, un certain nombre de lazaristes furent exclus. Grâce au nouveau climat apporté par la béatification (1729) et la canonisation (1737) du fondateur, la Congrégation retrouva sa sérénité. À la fin du XVIIe siècle et au début du XVIIIe, arrivèrent en Chine les premiers missionnaires lazaristes (L. Appiani, J. Müllener et T. Pedrini) qui, dans la question des rites, s'opposèrent aux jésuites. D'Italie furent fondées des maisons en Espagne (1704), au Portugal (1713) et, en 1760, les lazaristes ouvrirent un séminaire à Vienne. Lors de la suppression des jésuites, les lazaristes les remplacèrent en Chine, en Inde, en Allemagne, au Levant et dans divers autres lieux. Les lazaristes préféraient les missions catéchistiques aux missions pénitentielles: ils n'étaient guère favorables aux concessions faites à la religion populaire (cantiques, prédication théatrale). Dans la formation des prêtres, ils s'attachaient surtout à la formation pastorale des futurs prêtres. À la veille de la Révolution, il y avait en France 52 grands séminaires et 8 petits séminaires lazaristes ainsi que plusieurs maisons pour les missions et les paroisses. S'établit assez vite un lien particulier avec la monarchie: en effet, de la Congrégation, dépendaient la chapelle du roi et les deux paroisses de Versailles, Fontainebleau, St.-Cloud, le Collège de St.-Cyr, le soin spirituel des Invalides, le séminaire pour la marine de Rochefort et la chapellenie des galères. Il est significatif à cet égard que le saccage de St.-Lazare, à Paris, précéda d'une journée celui de la Bastille (13NII/1789). Le supérieur général se réfugia à l'étranger. Cette période donna aussi lieu à des difficultés internes. Le Saint-Siège divisa le gouvernement de la congrégation entre deux vicaires généraux, une situation qui perdura jusqu'en 1827 quand Rome nomma un seul supérieur en la personne de Pierre Dewailly. Un tournant important eut lieu en 1843 avec l'élection de Jean-Baptiste Etienne (1843-1874) que l'on considère comme le «Second fondateur» de la Congrégation. Homme énergique, il restaura la discipline et l'observance des règles et consolida le gouvernement du supérieur général par une forte centralisation. De cette période date aussi la relance de l'activité missionnaire déjà initiée pas ses immédiats prédécesseurs: importante fut l'œuvre missionnaire en Chine, grâce au bienheureux François-Régis Clet (t 1820) et à st. Jean-Gabriel Perboyre (t 1840). En 1874, la Congrégation comptait 33 provinces, 133 maisons et 1600 membres. Les missionnaires s'installent aux Etats Unis (1818), au Brésil (1820), au Mexique (1844), à Cuba (1847), au Chili (1854), au Pérou (1858), en Argentine (1859), etc ... ; en Europe de nouvelles fondations se font en Irlande (1848), en Slovénie (1852) et en Autriche (1853). Des missionnaires arrivent aux Philippines en 1862 et en Australie en 1885. Durant le généralat d'A. Fiat ( 1878-1914), la congrégation fut expulsée des séminaires et bon nombre de confrères furent envoyés en mission, ce qui provoqua la fin de l'influence lazariste sur le clergé, influence qui constituait un des piliers de la tradition de la Congrégation. En 1947 eut lieu l'élection du premier supérieur général non français, William Slattery, ce qui traduit la fin de l'idée de congrégation «française», tout comme le transfert à Rome de la Curie générale, en 1963. Au xxe siècle, la Congrégation perdit différentes provinces comme la Chine, le Vietnam et les pays du bloc communiste, tout en continuant à progresser. Après le Concile Vatican II, on assiste à deux phénomènes: la dimi207
Guide pour l'histoire des Ordres et Congrégations religieuses nution du nombre des membres et «l'aggiornamento» des constitutions, approuvées en 1984. Actuellement (1995), la congrégation compte 4190 membres dont 1 patriarche et 29 évêques, 3224 prêtres, 673 séminaristes, 253 frères et novices et 11 diacres permanents. 4. Vincent de Paul (1581-1660, béat. 1729, can. 1737); Jean-Gabriel Perboyre (18021840, béat. 1889, can. 1996); François-Régis Clet (1748-1820, béat. 1900); LouisJoseph François (1751-1792) etJean-Henri Gruyer (1734-1792), béat. en 1926; PierreRené Rogue (1758-1796, béat. 1934).
Bibliographie 1. Herrera (J.), Historia de la Congregaciàn de la Misiàn, Madrid, 1949.- Poole (R.S.),A History ot the Congregation of the Mission (1625-1843), s.l., 1973.- Mezzadri (L.), Roman (J.M.), Histoire de la Congrégation de la Mission, 1: De la fondation jusqu'à la fin du XVlle siècle (1625-1697), Paris, 1994.- Mezzadri (L.), Onnis (F.), La Congregazione della Missione neZ Settecento (1697-1788).1. Francia e !tafia, Roma, 1999. 3. Catalogue des Publications (en langue française), s.d.- Microfilms des Archives, 1990. 4. Acta Apostolica, bullœ, brevia et rescripta in gratiam Congregationis Missionis, Paris, 1876. -Recueil des principales circulaires des supérieurs généraux de la Congrégation de la Mission, Paris, 1877, 1879, 1880. -Actes du gouvernement français concernant la Congrégation de la Mission, dite de Saint-Lazare, fondée par st. Vincent de Paul, Paris, 1902 (3e éd.). - St. Vincent de Paul, Correspondance. Entretiens. Documents, éd. Pierre Coste, Paris, 1920-1925, 14 tomes (tome 15 pub. Par André Dodin, dans Mission et charité, 19/20, Paris, 1970).- Coste (P.), Le grand saint du grand siècle. Monsieur Vincent, Paris, 1932, 3 vol. - Revues: Annales de la Congrégation de la Mission, trimestriel, 1834-1963, 127 t.- Vincentiana, 1957-.Mission et Charité, trimestriel, 1961-1969.- Bulletin des Lazaristes de France, 1965-. -Au temps de St. Vincent de Paul... et aujourd'hui, 1972-. -Anales, 1892-. -Annali della Missione, 1894-.- Vincentian Heritage, 1979-. 5. Fonds publics: Les archives du généralat ont été détruites ou dispersées à la Révolution. Ce qui a été sauvé se trouve à Paris (BnF, Arsenal, Bibl. Mazarine, Bibl. Ste-Genev. et Arch. nat.). -Les archives des établissements de province d'avant la Révolution sont aux arch. dépt.- Fonds privés: les seuls fonds privés accessibles sont ceux des provinces. 8. MISSIONS INTÉRIEURES -MISSIONS ÉTRANGÈRES -FORMATION DU CLERGÉ- PASTORALE DES PAUVRES.
Luigi MEZZADRI
SULPICIENS
Historique 1. Sulpiciens; Prêtres de Saint-Sulpice (PSS); Societas presbyterorum Sancti Sulpitii. 2. Jean-Jacques Olier (1608-1657). 3. Trois prêtres, dont Jean-Jacques Olier, fondent au village de Vaugirard, près de Paris, le 29/XII/1641, un séminaire qu'ils fixent l'année suivante auprès de l'église 208
Créations de la réforme catholique Saint-Sulpice, dont Olier devient curé. Plusieurs évêques font ensuite appel aux «messieurs du séminaire de Saint-Sulpice» pour fonder des séminaires en province (5 du vivant du fondateur). Alexandre de Bretonvilliers (1676) puis Louis Tronson (1700), supérieurs généraux, achevèrent les constitutions préparées par le fondateur pour la «petite Compagnie». Celle-ci, lors de l'approbation des constitutions en 1719, comptait une vingtaine de séminaires en France et des missions autour de Montréal au Canada (depuis 1657). La Révolution dispersa les sulpiciens, qui refusèrent tous d'entrer dans 1' organisation civile du clergé: 19 d'entre eux le payèrent de leur vie. Le supérieur général J.-A. Emery disposa de quelques confrères pour répondre à l'appel du premier évêque des Etats-Unis, John Carroll, et fonder le séminaire de Baltimore (1791). Avant même la signature du Concordat de 1802, Emery rouvrit le séminaire de SaintSulpice; mais la compagnie fut dissoute par décret impérial (1811) pour s'être montrée trop attachée au pape captif. Reconstituée en 1814, reconnue en 1816 comme «congrégation autorisée», elle s'accrut suffisamment pour diriger, à la fin du xrxe siècle, 31 séminaires en France, 6 aux Etats-Unis, 2 au Canada, et desservir quelques paroisses. L'interdiction d'enseigner faite en France aux congréganistes (1904) et la loi de Séparation (1906) contraignirent la Compagnie à s'effacer sans disparaître. La croissance reprit vers 1920, 1' effectif montant à plus de 600 confrères vers 1960. Cela permit d'assurer le service de séminaires en des pays lointains: Vietnam, Japon, Chine, dans les années 1930, puis Colombie, Bénin, Brésil, Burkina Faso, après 1950. Spécialisée dans la formation du clergé, la Compagnie est composée de prêtres diocésains qu'elle n'incardine pas. Elle a dû conformer ses anciennes constitutions au Code de droit canonique de 1917, puis aux dispositions du concile Vatican IL Une assemblée générale réunit tous les 6 ans des délégués qui élisent le supérieur général et ses 4 consulteurs; les 3 provinces (France, Canada, Etats-Unis) ont leur propre conseil et leur institution de formation («solitude»). 4. Huit bienheureux martyrs du 2 septembre 1792, Paris. Bibliographie 1. Icard (H.J.), Traditions de la Compagnie des Prêtres de Saint-Sulpice pour la direction des grands séminaires, Paris, 1886.- Levesque (E.), «Saint-Sulpice», Dictionnaire de Théologie catholique, 14, 1938, p. 801-832.- Lajeunesse (M.), Les Sulpiciens et la vie culturelle à Montréal au X/Xe siècle, Montréal, 1982. - Kauffman (Ch. J.), Tradition and Transformation in Catholic Culture. The Priests of St. Sulpice in the United States from 1791 to the Present, New York, 1988.- Noye (1.), «Saint-Sulpice», Dictionnaire de Spiritualité, 14, 1990, col. 170-181. - Noye (1. ), Les Prêtres de SaintSulpice au Canada. Grandes figures de leur histoire, Sainte-Foy (Québec), 1992. 3. Bertrand (L.), Bibliothèque sulpicienne ou histoire littéraire de la Compagnie de Saint-Sulpice, Paris, 1900, 3 vol. 4. Boisard (P.), La Compagnie de Saint-Sulpice. Trois siècles d'histoire, 1969, 2 vol. multigraphiés.- Revues: Bulletin trimestriel des anciens élèves de Saint-Sulpice (18961971). -Bulletin du Comité des études (1952-1970). -Bulletin de Saint-Sulpice (depuis 1975). 5. Fonds publics: Paris, arch. nat., AB XIX, 510-541.- Arch. dépt.: en particulier pour les fonds concernant les séminaires tenus par la Compagnie, sous l'Ancien régime puis au xrxe siècle.- Fonds privés: Archives de la Compagnie (6 rue du regard, 75006 Paris, sur rendez-vous pris avec l'archiviste): registres de la Compagnie depuis 1657, délibérations, visites et correspondances des supérieurs généraux; registres du sémi209
Guide pour l'histoire des Ordres et Congrégations religieuses naire Saint-Sulpice de Paris et d'Issy depuis 1642; fonds Fénelon, Dupanloup et cardinal Foulon. 6. Antin de Vaillac (H. d'), Les constitutions de la Compagnie de Saint-Sulpice, Thèse de droit canonique, Paris, 1965, 3 vol. multigraphiés.- Molac (Ph.), Les sulpiciens à Lyon au X!Xe siècle, Mém. de maîtrise, Lyon Il, 1995. 7. Oratoriens (avant la Révolution). 8. FORMATION DU CLERGÉ- SÉMINAIRE.
Irénée NOYE
PRÊTRES DU SAINT-SACREMENT
Historique 1. Congrégation du Très-Saint-Sacrement pour les missions et la direction des séminaires; Congrégation du Saint-Sacrement; congrégation des clercs de la mission (1635); Congrégation des missionnaires du clergé (1639); Compagnie des missionnaires de Provence. 2. Christophe Authier de Sisgaud (1609-1667). 3. Né à Marseille, Authier réunit dès 1632 un premier groupe de compagnons qui s'emploient aussitôt à la prédication de missions. Les premières maisons sont celles d'Aix (1634, remplacée en 1635 par celle de Brignoles), Marseille (1637). En 1639, Authier reçoit la direction du séminaire du diocèse de Valence. En 1665, l'évêque de Clermont lui confie la direction d'une maison de retraite pour les prêtres de son diocèse; près de Thiers, où elle est située, la congrégation ouvre bientôt, à usage interne, une «maison de solitude». En contact avec la congrégation de Propaganda Fide au cours de la décennie 1640, Authier est sollicité pour faire participer sa congrégation aux missions lointaines. Parmi les nombreux projets esquissés, les seuls à trouver une réalisation temporaire concernent la Suède et le Danemark. La congrégation s'emploie aussi aux missions de l'intérieur, ainsi qu'à la direction de séminaires. Elle prend aussi en charge des paroisses (Valence, Senlis), ainsi que des collèges (Valence et Thiers, puis Chabeuil, Valréas, Cavaillon et Brioude au XVIIIe siècle). Son champ d'activité ne déborde guère le quart sud-est de la France après 1' abandon de la maison de Senlis au début du XVIIIe siècle. La congrégation, approuvée par Rome en 1647 (bulle Altitudo), fait partie des compagnies de prêtres qui se multiplient en France au XVIIe siècle avec des succès divers. À divers moments de son histoire, des négociations ont lieu avec les Lazaristes, les Eudistes et les Oratoriens, en vue d'une fusion qui ne se réalisera pas. Dirigée par Authier avec la qualité de supérieur général après sa consécration épiscopale (évêque de Bethléem) en 1651, la congrégation est ensuite théoriquement placée sous l'autorité d'un conseil émanant des diverses directions régionales. En raison des dissensions internes qui se font jour dès la mort de son fondateur, comme des difficultés à faire reconnaître le statut particulier obtenu de Rome, l'histoire de sa direction reste très complexe; chaque maison prend une autonomie croissante. La congrégation disparaît avec la Révolution française.
Bibliographie 1. Nadal (J.C.), Vie de Mgr d'Authier de Sisgaud, Valence, 1879.- Broutin (P.), La réforme pastorale en France au XVIIe siècle, Paris, 1956, t. 2, p. 269-282. 210
Créations de la réforme catholique 4. Exordia et instituta congregationis Ssmi Sacramenti, Grenoble, 1658. - Borely (N.), La vie de messire Christophe d'Authier de Sisgau, Lyon, 1703., 5. Fonds publics: Marseille, Bibl. mun., mss. 458 (œuvres spirituelles de C. Authier) et 459 (Regula clericorum .. . , 1698); Arch. dépt. Bouches-du-Rhône, 47 H.- Fonds privés: Vatican, Archives de la Congrégation romaine pour l'Evangélisation des peuples, S.O.C.G. 199, f. 353-386 et S.C. Francia 1, f. 81-90 (relations de missions). -Abbaye de Hautecombe (Ganagobie): ms. 65B: «Annales de la congrégation du TrèsSaint-Sacrement», 792 p. 6. Dompnier (B.), L'activité missionnaire en Dauphiné au XVIIe siècle, Thèse dactylographiée, Paris I, 1981, p. 184-228. 7. Congrégation de la Mission, Eudistes, Oratoriens (avant la Révolution). 8. MISSIONS- COMPAGNIE DE PRÊTRES- COLLÈGES- SÉMINAIRE. Bernard DOMPNIER
EUDISTES
Historique 1. Congrégation de Jésus et Marie (C.J.M.); Eudistes (nom donné du vivant même du fondateur). 2. Saint Jean Eudes (1601-1680). 3. Jean Eudes, élève du collège jésuite de Caen, est reçu par Bérulle en 1623 à l'Oratoire. Prêtre en 1625, il prêche, toute sa vie, des missions surtout à la campagne mais aussi en ville et à la cour. En 1641, il fonde à Caen un institut féminin pour le relèvement des femmes en danger moral, Notre-Dame de Charité. Puis, en 1643, il quitte l'Oratoire pour fonder le séminaire de Caen et une société de prêtres consacrés aux missions et aux séminaires. Au milieu de nombreuses activités et publications, il établit le culte liturgique du Cœur de Marie en 1648 et celui du Cœur de Jésus en 1672. À sa mort, les Eudistes dirigent 6 séminaires en Normandie et en Bretagne. En 1790, la société compte 155 membres dont 93 prêtres (58 d'entre eux ont moins de 40 ans) qui sont à la tête de 16 séminaires, presque tous en Normandie et en Bretagne. Supprimée à la révolution, la Congrégation se reconstitue à partir de 1826 dans le diocèse de Rennes et se consacre surtout à l'éducation chrétienne. Un développement rapide après 1870 permet des fondations en Colombie à partir de 1883, au Canada à partir de 1890. Expulsée de France en 1903, la congrégation continue à se développer. Des provinces autonomes sont constituées en Colombie, au Canada et au Venezuela. Le nombre des Eudistes en France, en Afrique, Amérique du nord et Amérique du sud culmine à 616 en 1966. Aujourd'hui, le nombre des membres incorporés est d'environ 450 dont 120 en France. Les constitutions élaborées par saint Jean Eudes ont été souvent remaniées. Depuis 1983, elles définissent la société comme une «société de vie apostolique», dans laquelle les membres, prêtres ou laïcs, sont liés non par des vœux mais par une promesse d'incorporation. Le supérieur général, élu pour 6 ans, réside à Rome. 4. Saint Jean Eudes (canonisé en 1925); béat. en 1926: François Hébert, François Lefranc et Claude Pottier, martyrisés à Paris en septembre 1792; béat. en 1995: CharlesNicolas Ancel, mort à Rochefort, le 29NII/1794.
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Guide pour l'histoire des Ordres et Congrégations religieuses Bibliographie 1. Rovolt (J.B.), Le T.R.P. Ange Le Doré (1834-1919), Besançon, 1925.- Berthelot du Chesnay (Ch.), Les missions de saint Jean Eudes, Paris, 1967 (ouvrage capital avec une bibliographie importante).- Milcent (P.), Un artisan du renouveau chrétien au XV/le siècle: saint Jean Eudes, Paris, 1985. 2. La Revue des Saints Cœurs (1878-1940).- Notre Vie, revue bimestrielle d'histoire et de spiritualité (1947-1974). -les Cahiers Eudistes, annuels, depuis 1975. 4. Saint Jean Eudes, Oeuvres complètes, Vannes, 1905-1911, 12 vol. 5. Fonds publics: pour la période antérieure à 1789: Paris, Arch. nat. (M 228 B, M 237, MM 623), Arch. du ministère des Affaires étrangères, de l'hospice national de Quinze-vingts, BNF ... -Consulter aussi les arch. dépt. des diocèses concernés, surtout, Caen, Rennes, Paris, St.-Lô, Evreux, Rouen mais aussi le arch. mun. -Fonds privés: arch. des Eudistes (1, rue Jean Dolent, 75014 Paris): textes du st. Jean Eudes, nécrologe .... 7. Oratoriens avant la Révolution. 8. SOCIÉTÉ DE PRÊTRES - MISSIONS INTÉRIEURES - ENSEIGNEMENT - DÉVOTION AU SACRÉ-CŒUR- SÉMINAIRE- BRETAGNE- NORMANDIE.
Jacques VENARD
SOCIÉTÉ DES MISSIONS ÉTRANGÈRES DE PARIS
Historique 1. Société des Missions Étrangères de Paris; Societas Parisiensis missionum ad exteros (MEP). 2. Alexandre de Rhodes, SJ (1591-1660), François Pallu, Pierre Lambert de LaMotte et Ignace Cotolendi. 3. L'histoire des Missions Étrangères de Paris commence en 1649 par l'arrivée à Rome d'un missionnaire jésuite, A. de Rhodes. Après avoir fait plusieurs séjours au Tonkin et en Cochinchine (1624-1645), A. de Rhodes en a été expulsé comme bien d'autres missionnaires. Il comprit alors que les jeunes communautés chrétiennes, restées sans pasteurs, ne pourraient subsister sans prêtres autochtones. Il vint donc à Rome plaider pour l'envoi dans ces pays d'évêques qui auraient la responsabilité de promouvoir un clergé indigène en mesure d'assurer le soin des fidèles et seul capable de survivre en temps de persécution. À cette même époque (création de la Congrégation de Propaganda Fide en 1622), la papauté est animée d'un profond désir de favoriser l'action missionnaire. Le Saint-Siège entend aussi reprendre la direction des missions étrangères dont le monopole avait été accordé au Portugal et à l'Espagne par Alexandre VI (traité de Tordesillas, 1494). Aussi, accueille-t-elle avec intérêt les propositions d'Alexandre de Rhodes. En 1653, le jésuite va porter son message en France et remporte un franc succès auprès du clergé de Paris. Il trouve des volontaires parmi les jeunes ecclésiastiques de l' Aa (Association d'amis). Les membres de la Compagnie du Saint-Sacrement décident aussi de mettre leur influence et leurs ressources au service de ce projet. Quatre évêques sont nommés par Rome, avec le titre de vicaires apostoliques: François de Laval-Montmorency, François Pallu, Pierre Lambert de La Motte et Ignace Cotolendi. Le premier d'entre eux est envoyé comme vicaire apostolique au Canada et participe à la fondation du Séminaire des Missions Étrangères mais plus 212
Créations de la réforme catholique tard, cette Mission du Canada sera amenée à fonctionner de façon indépendante. Les trois autres vicaires apostoliques partent vers l'Asie: Mgr Pallu, comme vicaire apostolique au Tonkin et administrateur des provinces de Chine limitrophes du Tonkin, Mgr Lambert de la Motte, comme vicaire apostolique de la Cochinchine et administrateur des provinces méridionales de la Chine, Mgr Cotolendi, comme vicaire apostolique de Nankin et administrateur des provinces orientales de la Chine, de la Tartarie et de la Corée. Ces vicaires apostoliques sont considérés comme les véritables fondateurs de la Société des Missions Étrangères. Avant leur départ, les évêques reçoivent d'Alexandre VII des directives très précises (Instruction de 1659): créer un clergé autochtone, s'adapter aux mœurs et coutumes du pays en évitant de s'ingérer dans les affaires politiques, ne prendre aucune décision importante sans en référer à Rome. Mgr Lambert de La Motte quitte la France en juin 1660, Cotolendi en juillet 1661 et Pallu le 3/I/1662. Chaque évêque est accompagné de prêtres et de laïcs. Ils sont 17 missionnaires à quitter la France. Huit meurent en route (Cotolendi) et les survivants vont atteindre le Siam (Ayuthia) que plus de deux ans plus tard. Les vicaires apostoliques sont supposés exercer leur autorité sur tous les missionnaires résidant dans les territoires qui leur sont confiés. Mais les religieux, qui ont jusqu'alors exercé leur travail apostolique dans le cadre du patronage portugais, n'ont pas été informés de ce changement de statut. Cette situation sera source de conflits pendant de nombreuses années avec des conséquences désastreuses sur l'activité missionnaire. La Société des Missions Étrangères de Paris a fonctionné pendant plus de 40 ans sans document écrit régissant son organisation interne. Le premier règlement écrit organisant la Société des Missions Étrangères de Paris date de 1710: association de prêtres diocésains, incardinés dans leur diocèse d'origine et mis à la disposition de la Propagande, pour aller travailler en mission sous l'autorité des vicaires apostoliques. Ces derniers dirigent alors la Société de façon collégiale et chacun d'eux a un procureur à Paris chargé de pourvoir les vicariats en missionnaires et de trouver les fonds utiles à la bonne marche des missions. Un changement important intervient en 1840. Jusqu'alors, les candidats missionnaires étaient tous prêtres. Désormais on accepte les séminaristes (et non plus seulement les prêtres) qui seront incardinés dans la Société. Après l'entrée en vigueur du nouveau Droit Canon (1917), la Société des Missions Étrangères perd son caractère d'association de prêtres diocésains mis à la disposition de la Propagande et devient une sorte de congrégation de prêtres séculiers. En conséquence, les membres de la Société élisent maintenant un supérieur général et votent leurs constitutions. Depuis le XVIIe siècle, le champ d'action des Missions Étrangères s'est agrandi: en 1776, le SaintSiège fait appel à ces missionnaires pour remplacer les jésuites dans le sud de l'Inde; en 1831, Grégoire XVI leur confie la Corée et le Japon; puis la Mandchourie (1838), la Malaisie (1841) et en 1846 le Tibet et l'Assam; en 1849, Pie IX leur confie trois autres provinces de Chine et, en 1855, la Birmanie. Enfin, en 1952, les Missions Étrangères prennent en charge le diocèse de Hualien à Taiwan. Durand la période contemporaine, les missionnaires étrangers ont été expulsés de Chine, de Birmanie, du Vietnam, du Cambodge et du Laos. Certains missionnaires ont dû rester en France (raisons de santé et d'âge) et d'autres sont partis vers de nouveaux territoires: Madagascar, Ile Maurice, Indonésie et Nouvelle Calédonie. Depuis le XVIIe siècle, la Société des Missions Étrangères de Paris a envoyé en Asie près de 4500 prêtres. Elle n'en compte plus maintenant que 370. Le séminaire de la rue du Bac (Paris) est aussi devenu, récemment, un centre d'accueil pour les prêtres-étudiants asiatiques. 4. Prêtres canonisés: Laurent Imbert, Jacques Chas tan, Pierre Maubant, Simon Berneux, Antoine Daveluy, Pierre Aumaître, Martin Huin, Bernard Beaulieu, Pierre 213
Guide pour l'histoire des Ordres et Congrégations religieuses
Dorie, Just de Bretenières (martyrs en Corée, 6N/1984); François Gagelin, François Jaccard, Etienne Cuenot, Joseph Marchand, Pierre Dumoulin-Borie, Jean Charles Cornay, Augustin Schoeffler, Pierre Néron, Jean Louis Bonnard, Théophane Vénard (martyrs au Vietnam, 19NI/1988).- Prêtres béatifiés: Urbain Lefebvre (mort aux Carmes, 1792, 26/IX/1926), Gabriel Taurin Dufresse et Augustin Chapdelaine, martyrs en Chine (27N/1900), Jean-Pierre Néel, martyr en Chine (2N/1909), Jean-Martin Moyë, confesseur (21/XI/1954). Bibliographie 1. Martyrs et poètes. Souvenirs du séminaire des Missions Étrangères, Paris, 1884. -Nos missionnaires, Paris, 1886. -Le séminaire des Missions étrangères pendant la Révolution, Vannes, 1888. -Les Cinquante-deux serviteurs de Dieu, Paris, 1893. Mgr Retord et le Tonkin catholique, Lyon, 1893.- Launay (A.), Histoire générale de la Société des Missions Étrangères, Paris, 1894, 3 vol. - Les missionnaires français en Corée, Paris, 1895.- Mgr Verroles et la Mission de Mandchourie, Paris, 1895.Le Siam et les missionnaires français, Tours, 1896.- Histoire des Missions de l'Inde, Paris, 1898.- La Salle des martyrs du Séminaire des Missions Étrangères, Paris, 1900. -Les missionnaires français au Tonkin, Paris, 1900. -Les Trente-Cinq vénérables Serviteurs, Paris, 1907.- Mission de Kouang-Si, Paris, 1903.- Mission du Kouy-Tcheou, Vannes, 1907,3 vol. -Mémorial de la Société des Missions Étrangères, Vannes, 19121916,2 vol.- La Société des Missions Étrangères, Vannes, 1916. -Mission de KouangTong, Paris, 1917. -Histoire de Se-Tchouan, Paris, 1920,2 vol. -Histoire de la Mission de Siam, 1662-1811, Paris, 1920, 3 vol. -Histoire de la Mission de Cochinchine, Paris, 1923.- Martyrs français et coréens (1831-1846), Paris, 1925.- Histoire de la mission du Tonkin, Paris, 1927.- La Corée et les missionnaires français, Tours, s.d.- La Mission de Mandchourie, Tours, s.d. -Histoire de la Mission du Tibet, Paris, 2 vol.Martyrs français au Tonkin, Lille, s.d. - Goyau (G.), Les prêtres des Missions Étrangères, Paris, 1932.- Baudiment (L.), François Pallu, principal fondateur de la Société des Missions Étrangères (1626-1684), Paris, 1934.- Guennou (J.), Missions Étrangères de Paris, Paris, 1986.- Destombes (P.), Collège général de la Société des Missions Étrangères de Paris, 1665-1932, Hongkong, 1934.- Oury (G.), Mgr François Pallu ou les Missions Étrangères en Asie au XVIIe siècle, Paris, 1985.- Missions Étrangères et Langues orientales, contribution de la Société des Missions Étrangères à la connaissance de 60 langues d'Asie, Paris, 1997. 3. Atlas des Missions de la Société des Missions Étrangères, Lille, 1890. 4. Lettres de Mgr Pallu, Angoulême, 1904. -Documents historiques relatifs à la Société des Missions Étrangères, Vannes, s.d.- Publications périodiques: Lettres Communes, 1841-1869.- Société des Missions Étrangères. Comptes Rendus, 1871-. -Etat de la Société des Missions Étrangères, 1863-. -Séminaire des Missions Étrangères. Œuvre des Partants (1885-1897) puis Annales de la Soc. des Missions Étrang. et de l'œuvre des Partants (1898-1940).- Échos de la Rue du Bac (1, 19211967,779 n°s; Il, 1967-1992,274 n° 5) puis Missions Étrangères de Paris (Asie-Océan Indien), 1993-.- Bulletin de la Société des M.E.P. (Hongkong), le sér., 1922-1941; 2de sér. 1948-1961. -Echos Missionnaires d'Extrême-Orient (1941) puis Échos Missionnaires (1942-1947, n°l-34) puis Missionnaires d'Asie (1948-1960, n°35-112) puis Missions Étrangères de Paris (1961-1967, n°113-150).- Épiphanie, 1962-1971 (48 n°s).- Peuples du Monde, 1967-.- Problèmes d'Église- Échanges France Asie
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Créations de la réforme catholique (1970-1974) puis Échanges France-Asie (1974-1988).- Eglises d'Asie, 1983-.- SARMEP. Service d'animation et de réflexion missionnaire, 1993-. 5. Fonds publics: des documents, confisqués pendant la Révolution, sont conservés maintenant à Paris (Arch. nat., BnF et Bibl. Mazarine). Il existe un répertoire des documents confisqués établi par les archivistes des MEP et des copies certifiées conformes des documents les plus importants ont été faites. -Fonds privés: Archives des Missions Étrangères (128 rue du Bac, 75341 Paris Cedex 07, tél.: 0144391040): les archives des MEP sont rangées par ordre chronologique en 2 catégories: les archives anciennes et les archives récentes. Les arch. anciennes (1660-1920) ont fait l'objet d'un classement et sont reliées en volumes (1-1815). Les arch. récentes (1920-1995) sont en cours de classement (1600 boîtes par pays et par thèmes) et contiennent aussi des documents plus anciens. Ces archives contiennent des documents historiques relatifs à la Société au XVIIe siècle, des rapports des vicaires apostoliques, la correspondance des évêques avec le Saint-Siège et des lettres de missionnaires à leurs familles et aux supérieurs de Paris. Les MEP conservent aussi un fonds iconographique important (50.000 pièces): photographies, cartes postales, images imprimées, portraits de tous les missionnaires depuis 1850, photographies des paroisses et autres institutions. 6. Très nombreux travaux universitaires dont on peut avoir la liste aux archives des MEP. 7. Compagnie de Jésus (jusqu'en 1814). 8. MISSIONS- ASIE- EXTRÊME-ORIENT. Gérard MoussA Y
COMMUNAUTÉ DE SAINT-JOSEPH Historique 1. Communauté de Saint-Joseph; Congrégation des missionnaires de Saint-Joseph; Joséphistes; Crétenistes. 2. Jacques Crétenet (1603-1666). 3. Né à Champlitte (France-Comté), J. Crétenet, d'abord chirurgien (il est ordonné prêtre deux semaines avant son décès), s'établit à Lyon en 1628 pendant une épidémie de peste. Disciple de Madeleine de Saint-François, il devient à son tour un guide spirituel pour laïcs et ecclésiastiques. Les ecclésiastiques du cercle qu'il anime s'intéressent aux missions rurales à partir de 1647 environ et s'établissent en communauté, approuvée par l'archevêque de Lyon en 1661. La nouvelle congrégation existe jusqu'à la Révolution, mais ne fut pas reconstituée au XIXe siècle. Certains de ses anciens membres, refusant le concordat, compteront parmi les animateurs de la «Petite Église». Les membres de la congrégation s'emploient à la prédication et à la direction spirituelle. Mais leur activité principale demeure les missions, organisées en Franche-Comté, Bugey, Bresse, Dauphiné et Languedoc. Le séminaire de Lyon est largement ouvert aux candidats au sacerdoce jusqu'en 1685; après cette date, il ne reçoit que les futurs membres de la congrégation. À partir de 1664, les joséphistes prennent en charge des collèges, dont le nombre voisine la dizaine à la fin du XVIIIe siècle. Déjà suspectée de jansénisme au xvne siècle, la doctrine enseignée par les joséphistes dans leurs missions comme dans leur séminaire est au cœur de polémiques après la bulle Unigenitus. Les vicissitudes de leur séminaire de Lyon témoignent des renversements de situation
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Guide pour l'histoire des Ordres et Congrégations religieuses dans ces conflits: fermé en 1729 sur décision de 1' archevêque, il devient diocésain en 1771 après sa réouverture. Le directeur de la congrégation, placée sous la juridiction de l'archevêque de Lyon, est nommé à vie. Une assemblée générale triennale procède aux nominations aux diverses charges. Les établissements ouverts dans d'autres diocèses que celui de Lyon prennent rapidement une entière autonomie. Tel et le cas de la communauté des «missionnaires de Sainte-Colombe», créée dans le diocèse de Vienne par le propre fils de Crétenet en 1695, ou encore le groupe qui se développe à Besançon à partir de 1673.
Bibliographie 1. Broutin (P.), La réforme pastorale en France au XVIIe siècle, Paris, 1956, t. 2, p. 167-180. 4. La Vie de Vénérable Messire Jacques Crétenet, prestre et instituteur de la congrégation des Prestres missionnaires de Saint-Joseph, Lyon, 1680, 604 p. 5. Lyon, Arch. dépt. Rhône, 21 H.- Lyon, Bibl. mun., Fonds Coste, 270 et Ancien fonds, 2006. 6. Blanc (S.), La congrégation des missionnaires de Saint-Joseph de Lyon, DES dactylographié, Lyon, 1947, 148 p. 8. MISSIONS INTÉRIEURES - DIRECTION SPIRITUELLE- PRÉDICATION- JANSÉNISMESÉMINAIRE - COLLÈGES.
Bernard DoMPNIER
MONTFOR TAINS
Historique 1. Compagnie de Marie; au XVIIIe siècle, Missionnaires du Saint-Esprit ou de SaintLaurent; Societas Mariœ Montfortana (SMM). 2. Louis-Marie Grignon de Montfort (1673-1716). 3. A peine ordonné en 1700, Louis-Marie rêve d'une compagnie de prêtres missionnaires. En 1703 avec son ami Cl. Poullart des Places, puis en 1713 avec ses successeurs au séminaire du Saint-Esprit, il conclut un arrangement pour recevoir des prêtres; il leur rédige même une règle. Paradoxalement il n'a avec lui, au moment de mourir, que 4 frères liés par les vœux de pauvreté et d'obéissance. En juin 1722, la compagnie commence à prendre forme grâce à René Mulot qui a «missionné» avec lui. Cinq prêtres et 4 frères constituent, à Saint-Laurent-sur-Sèvre, la première communauté: émission de vœux, élection d'un supérieur. Durant tout le XVIIIe siècle, la congrégation se limite à cette seule maison sans dépasser 20 membres. En 1748, elle reçoit du pape une mission officielle mais devra attendre 1773 pour des Lettres royales, encore à condition de supprimer les vœux. Sans jouer le rôle qu'on lui prête dans le soulèvement vendéen, la communauté le soutient et en subit le contrecoup: perquisitions, arrestations, 6 morts; par la suite, baisse des effectifs. En 1821, il ne reste plus que 5 à 6 prêtres et 4 frères, tous âgés. Le salut vient d'un curé d'Auray, Gabriel Deshayes, élu directement supérieur. Il attire quelques prêtres, surtout beaucoup de frères, ce qui s'explique par la demande d'enseignants liés à la scolarisation. Peu avant 1830, une partie des frères quitte la maison du Saint-Esprit pour s'installer dans un immeuble appelé SaintGabriel d'où se constituera la congrégation des Frères du même nom. Deshayes déve216
Créations de la réforme catholique loppe aussi la branche-mère: il attire plus de frères que de prêtres, il obtient un bref laudatif du pape en introduisant le procès de béatification du fondateur, ce qui n'est pas sans lien avec la découverte d'un manuscrit qu'on dénommera Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge. Il se préoccupe non moins de rétablir la vie religieuse: en 1833, la plupart des missionnaires reprennent les vœux supprimés depuis 60 ans. Sous les 4 supérieurs suivants, entre 1842 et 1903, la congrégation sort enfin de Saint-Laurent. Entre 1853 et 1855, fondation à travers la France des trois premières maisons de missionnaires tandis qu'arrive la reconnaissance de droit pontifical. En 1871, premier départ pour le tiers-monde, en Haïti, en même temps que se fonde, près du Calvaire de Pontchâteau, une école apostolique qui sera décisive pour l'accroissement numérique: 123 en 1865,209 en 1885, 399 en 1905. On notera que c'est seulement en 1905 que le nombre des prêtres dépasse celui des frères: 210 contre 189. Cet accroissement ne peut être séparé de l'expansion hors de France, qu'il s'agisse de l'émigration liée aux lois sur les congrégations (Hollande et Canada en 1881-1883, etc ... ) ou bien des départs vers le tiers-monde (Malawi, Colombie en 1901, etc ... ). Dans ces dernières années, les Montfortains ajoutent à leur tâche missionnaire la diffusion de la dévotion mariale. Ces 60 années ont complètement changé le visage de la congrégation. Au xxe siècle, la diversification se poursuit avec l'implantation en quelques pays d'Europe, surtout au Mozambique, à Madagascar, au Zaire, en Papouasie, en Inde et en Indonésie. Les effectifs cumulent à 1889 membres en 1965 (1524 prêtres et 365 frères), non sans connaître ensuite une baisse qui ramène les effectifs à 1079 (dont 141 en France) en 1995. Depuis les années 1920 la congrégation se découpe en provinces autonomes par nationalités. Des 4 derniers supérieurs généraux, un seul est français. 4. L.-M. Grignon de Montfort, béatifié en 1898, canonisé en 1947.
Bibliographie 1. Crosnier (A.), L'homme de la Providence, G. Deshayes, Paris, 1917-1918,2 vol.La Compagnie de Marie, Paris, 1923.- Texier (J.M.), Histoire de la Compagnie de Marie, St.-Laurent-sur-Sèvre, 1914-1924, 2 vol.- Hacquet (P.F.), Mémoires des missions des Montfortains dans l'Ouest. Contribution à la sociologie religieuse historique, Fontenay-le-Comte, 1964.- Pérouas (L.), «En remontant vers Grignion de Montfort», Revue du Bas-Poitou et des Provinces de l'Ouest, 1970, p. 407-444. - Pérouas (L.), Grigion de Montfort et la Vendée, Paris, 1989.- Pérouas (L.), «Charles Besnard, hagiographe montfortain», Annales de Bretagne et des Pays de l'Ouest, 1991, p. 297-302.Pérouas (L.), «Une congrégation aux ambitions modestes. Les Montfortains aux XVIIIe et XIXe siècles», Annales de Bretagne et des Pays de l'Ouest, 105, 1998, p. 59-68.Pérouas (L.), «Des secrets de grâce à la communion aux mystères du Christ chez Grignion de Montfort», Église, Éducation, Lumières, Rennes, 2000, p. 69-71. 4. Laveau (F.), Vie de Gabriel Deshayes, Vannes, 1866.- Grignion de Montfort (L.M.), Œuvres complètes, Paris, 1966.- Id., Opere, Centra Mariano Montfortano, Rome, 1977.- [Gendrot (M.)], G. Deshayes. L'audace et la foi. Écrits et Paroles, St.-Laurentsur-Sèvre, 1995. 7. Spiritains, Instruction chrétienne du Saint-Esprit dit de Saint-Gabriel, Filles de la Sagesse. 8. DÉVOTION MARIALE- MISSIONS INTÉRIEURES - PRÊTRES MISSIONNAIRES. Louis PÉROUAS
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Guide pour l'histoire des Ordres et Congrégations religieuses SPIRITAINS
Historique 1. Congrégation du Saint Esprit sous la protection du Cœur immaculé de Marie; Spiritains (CSSP). 2. Claude-François Poullart des Places (1679-1709). 3. CL Poullart des Places, gentilhomme de Rennes, renonce au barreau pour la prêtrise et institue en 1703 «la communauté et séminaire du Saint-Esprit» à Paris, pour accueillir les étudiants pauvres qui se mettront ensuite à la disposition des paroisses abandonnées ou des missions extérieures. Cette communauté est reconnue par les Lettres patentes de 1726 puis à nouveau en 1816, après la Révolution. De 1703 à 1848, le nombre des «Messieurs du Saint-Esprit» ne dépassera pas 70 mais les prêtres qui sortiront de ce séminaire seront plus de 1300. En 1841, le père François-Marie-Paul Libermann (1802-1852), dernier fils du rabbin de Saverne, converti à Paris, fonde la Société du Saint-Cœur de Marie. Celle-ci fusionne en 1848 avec le «Saint-Esprit» dont il devient le 11 e Supérieur général. Congrégation de droit pontifical, le «Saint-Esprit», a transféré sa maison généralice à Rome en 1963. C'est alors la province autonome de France qui est légalement reconnue par le gouvernement français en 1970. La Congrégation se compose de pères, de frères, de laïcs agrégés aux communautés et, depuis peu, de laïcs associés vivant hors des communautés. Le Supérieur général, qui réside à Rome avec son Conseil, est élu par les membres du Chapitre général qui a lieu tous les 6 ans. Les spiritains de la Province de France élisent un Supérieur Provincial pour une durée de 3 ans renouvelables. La première Règle commune a été approuvée en 1734 et revue par le Père Libermann en 1849. Depuis 1987, les membres de la congrégation vivent selon une Règle de Vie adaptée aux réformes du concile Vatican II et aux réalités contemporaines. Essentiellement missionnaire, la congrégation s'est pendant longtemps orientée principalement vers les peuples noirs d'Afrique ou issus d'Afrique (Antilles, Brésil...). En 1853, le Vatican demande aux spiritains de créer un séminaire français à Rome, pour les diocèses de France. En 1923, l'archidiocèse de Paris leur confiait l'œuvre des Orphelins-Apprentis d'Auteuil, fondée par l'abbé Roussel. Cet apostolat, considérablement développé par le père Daniel Brottier, compte plus de 28 maisons qui éduquent plus de 4400 jeunes. La congrégation a répondu également à des appels venus d'Amérique latine, du Brésil, d'Océanie et, plus récemment, d'Asie (Pakistan, Philippines, Taiwan). En 1997, la congrégation comptait 3109 membres: soit 33 évêques, 2456 prêtres, 298 frères et 322 jeunes profès en formation, de quarante nationalités différentes et travaillant dans 55 pays. La Province de France comprend 669 membres, 261 en mission extérieure et une moyenne d'âge de 67 ans. 4. Père Liberrnann, vénérable en 1910; Jacques Désiré Laval et Daniel Brottier, béat. le 29/IV/1979 et le 25/XI/1984.
Bibliographie 1. Michel (J.), Claude-François Poullart des Places, fondateur de la Congrégation du St.-Esprit, 1679-1709, Paris, 1962.- Michel (J.), Le Père Jacques Laval, le «saint» de l'Ile Maurice, 1803-1864, Paris, 1976. - Koren (H.), Les spiritains. Trois siècles d'histoire religieuse et missionnaire, Paris, 1982. -Coulon (P.), Brasseur P.) et alii, Libermann 1802-1852, Une pensée et une mystique missionnaire, Paris, 1988.- Gilbert (A.), En confiance, Daniel Brottier. L'âme et la vie, Paris, 1990.
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Créations de la réforme catholique 4. Les règles et constitutions de la Congrégation et du séminaire du Saint-Esprit sous la protection de la Vierge Immaculée, approuvées en 1734. -Règle provisoire des Missionnaires du St. Cœur de Marie, 1840.- Règlements de la Congrégation du SaintEsprit sous !'invocation de l'Immaculé Cœur de Marie, 1849 (après la fusion). -Règle de vie spiritaine, 1987.- Revues: Bulletins généraux, 1857-.- Bulletin de la province de France, 1945-. -Annales apostoliques, 1884-.- Pentecôte sur le monde, magazine trimestriel (30 rue Lhomond, 75005 Paris), 1884- (avec des changements de nom).Écho de la Mission, bimensuel (8, avenue de la Forêt Noire, 67000 Strasbourg), 1921-. -Mémoire spiritaine, revue semestrielle (30 rue Lhomond, 75005 Paris), depuis 1995. 5. Fonds publics: les archives du «Saint-Esprit» jusqu'en 1789 se trouvent aux arch. nat. (Paris), cartons 6847-6848 (Séminaire du Saint-Esprit).- Fonds privés: Arch. de la congrégation (Séminaire des Missions, 12 rue du Père Mazurié, 94550 ChevillyLarue; responsable: P. Vieira, accueil sur RV, tél. 01 46 75 99 08): correspondances des évêques, prêtres et frères de la Congrégation, délibérations des conseils et des chapitres généraux, journaux de communautés des missions d'Afrique ou des maisons de France, rapports à Rome, dossiers personnels, biographies, registres divers et travaux scientifiques. Centre de documentation-bibliothèque: manuels en langues africaines, travaux divers, thèses ... 6. Le grain (M.), Une union de congrégations au XIXe siècle: le Saint-Esprit et le saint Cœur de Marie (cf. archives de la Congrégation). 8. MISSIONS ETRANGÈRES- SÉMINAIRE- DÉVOTION MARIALE- SERVICE DES JEUNESEDUCATION.
Ghislain de BANVILLE et Gérard VIEIRA
FRÈRES DES ÉCOLES CHRÉTIENNES
Historique 1. Frères des écoles chrétiennes (FEC); Lasalliens; Yon tains (lettres patentes de 1724 accordées à leur maison normande de Saint-Yon); Fratres Scholarum Christianarum (FSC). 2. Saint Jean-Baptiste de La Salle (1651-1719). 3. Institués à partir de 1680 par J.B. de La Salle qui refuse le titre de premier supérieur, ne voulant aucun prêtre dans sa congrégation, ces Frères ont pour finalité l'instruction et l'éducation chrétienne des enfants par le moyen d'établissements scolaires et de centres de formation des maîtres. Cette congrégation s'adresse en priorité aux «artisans et aux pauvres» et la gratuité pour tous est «essentielle à l'institut» afin d' éviter toute ségrégation par l'argent, bien que les internats payants aient été autorisés à titre d'exceptions. Un rescrit pontifical a permis la perception de quelque rétribution scolaire, annulée ou modulée en fonction des ressources des parents. La spiritualité lasallienne joint un «esprit de foi» (appréhender toutes choses comme Dieu lui-même) à un «esprit de zèle» que «l'esprit de communauté» rend efficaces. La piété renforce l'amour de Dieu et des autres. J.B. de La Salle fait partie des animateurs de l'école française de spiritualité tout en marquant son originalité par sa conception d'une union à Dieu de tous les instants, incarnée dans un apostolat scolaire diffusant aussi bien l'enseignement profane que religieux. Voulant faciliter la vie communautaire des maîtres, le fondateur n'a pas voulu qu'ils servent de sacristains ou de vicaires dans les
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Guide pour l'histoire des Ordres et Congrégations religieuses paroisses rurales. Il organisa ses communautés d'enseignants en fonction des exigences d'une pédagogie et d'une pastorale adaptées aux besoins des garçons du monde populaire des villes. L'ouverture d'une communauté n'est faite qu'à la demande des curés ou des évêques, garantissant l'ouverture dans l'avenir de 4 classes au minimum. Plus que d'écoles fondées par La Salle, ce qui est rare, il convient de parler de communautés prenant en charge des écoles déjà existantes: Reims, Laon, Paris, Chartres, Troyes, Avignon, Dijon, Rouen, Marseille, Grenoble, Calais, Boulogne ... Dès 1701, La Salle envoie deux frères à Rome pour manifester son union au pape et en 1725, ce dernier accordera à la fondation le statut de congrégation religieuse à vœux simples et non cléricale (bulle In apostolicœ dignitatis solio ). L'habit religieux comporte une robe noire avec rabat blanc, manteau et chapeau tricorne. Aucun prêtre ni prélat n'est leur supérieur religieux mais seulement le Supérieur général élu par eux et aidé par des assistants et des visiteurs. À l'origine, le supérieur général était élu à vie. Cette durée a été réduite à 10 ans par le Chapitre général de 1966 puis à 7 ans par celui de 1986. Les «directeurs» des communautés ont mandat de diriger spirituellement les Frères. À l'origine, cette fonction était liée à la direction pastorale et pédagogique des écoles. Depuis la cession de directions d'écoles à des civils, il y a séparation entre les communautés et les écoles. Actuellement, à Paris (78 A, rue de Sèvres) existe un Centre lasallien de formation qui assure un complément de formation pédagogique et spirituelle aux professeurs civils et aux futurs directeurs des établissements sous tutelle lasallienne. Les Règles communes ont été établies avant 1705 puis fixées en 1718. En 1726, on y a introduit des vœux publics de religion (pauvreté et chasteté) s'ajoutant à celui d'obéissance et d'association pour enseigner gratuitement. Les Règles et constitutions actuelles (1966-197 6-1986) constituent un ensemble de directives éducatives et religieuses qui prennent en compte les exigences de la subsidiarité nécessaire lorsque la congrégation exerce son apostolat dans 85 pays. En 1719, la France comptait 22 communautés et une à Rome. En 1789, 1000 Frères enseignaient 36000 élèves dépendant de 116 communautés. En 1860, la France comptait 6274 Frères, 752 communautés et 271286 élèves (en 1900, 200483 élèves, 1162 communautés et 10583 Frères). L'expansion géographique atteint l'Italie (1701), la Belgique (1791), l'Afrique (1817), le Canada (1837), l'Asie (1841), les Etats-Unis (1845), l'Europe centrale (1852), la Grande-Bretagne et l'Irlande (1855), l'Amérique latine (1864), la péninsule ibérique (1878) et l'Océanie en 1905. En France, les conséquences de la loi du 7/VII/1904 (retrait du statut de congrégation enseignante légalement reconnue) sont importantes et de nombreux Frères quittent la France pour créer de nouveaux établissements à l'étranger; d'autres se sécularisent, sans renoncer à leurs vœux, reprennent leur nom civil et changent généralement d'école. Le départ des hommes à la guerre (1914-1918) conduit les écoles à engager des femmes comme enseignantes; on ne retrouvera plus jamais la même densité de Frères dans le personnel enseignant des écoles sous tutelle de la congrégation. En France, après 1918, la Ligue des droits des religieux anciens combattants s'organise pour leur permettre de retrouver des postes dans les écoles privées, objectif partiellement atteint le 8/IV/l942 (modification de la loi du 1/VII/190 1 permettant aux congrégations religieuses d'exister comme associations de fait sans personnalité civile, soit comme associations reconnues après déclaration). Les FEC de France optent pour la première solution, la congrégation ne pouvant pas néanmoins posséder d'établissements scolaires. Pour y remédier, la Fondation de La Salle est organisée (siège à Lyon) et, pour la tutelle de la congrégation, les Frères visiteurs de secteurs collaborent avec une Association La Salle (siège à Paris), en lien étroit avec le Frère visiteur régional de France. En 1960, on comptait en France 3004 Frères 220
Créations de la réforme catholique répartis en 262 communautés sur 73 départements, sur un total mondial de 16337 Frères (1511 communautés). Fin 1995, les Frères de France étaient 1241 en 161 communautés (et 68 Frères missionnaires). 4. Canonisés: J.-B. de la Salle (1900), Bénilde Romançon (1805-1868, 1967), MutienMarie Wiaux (1841-1917, 1989).- Béatifiés: Salomon Leclercq (1745-1792, 1926), Arnould Rèche (1838-1890, 1987), Scubilion Rousseau (1797-1867, 1989), Léon Mopinot (1724-1794, 1995), Uldaric Guillaume (1755-1794, 1995), Roger Faverge (1745-1794, 1995).
Bibliographie 1. Rigault (G.), Histoire générale de l'Institut des Frères des écoles chrétiennes (16511904), Paris, 1937-1953, 9 vol. -Sauvage (M.), Catéchèse et laïcat, participation des laïcs au ministère de la parole, Paris, 1962. - Prévot (A.), L'enseignement technique chez les FEC auxXVIW et XIXe siècles, Paris, 1964.- Frère Alban, Histoire de l'Institut des Frères des écoles chrétiennes, expansion hors de France (1700-1966), Rome, 1968. - Poutet (Y.), Le XVIIe siècle et les origines lasalliennes, Rennes, 1970, 2 vol. -Les temps de la sécularisation, 1904-1914, Rome, t. I, 1991 (par G. Rigault), t. II, 1991 (Fr. Dewitte, H. Declerk et alii), t. III, 1992 (R. Tronchot). - Bédel (H.), Initiation à l'histoire de l'Institut des Frères des écoles chrétiennes, Origines 1651-1726, Rome, 1994 (d'autres fascicules à paraître sur les périodes suivantes).- Guidi (R. L.), 1.-B. de La Salle: un problema storiografico del Grand Siècle, Rome, 2000. 4. La Salle (J.B. de), Œuvres complètes, Rome, 1993. Revues: Bulletin des Frères des écoles chrétiennes (depuis 1907).- Circulaires instructives et administratives (depuis 1922).- Catéchistes (1950-1974).- Orientation (1962-1975).- Notices nécrologiques (de tous les Frères de 1822 à 1963) puis In memoriam, notices lasalliennes (depuis 1964).- Cahiers lasalliens, Textes, Etudes, Documents (coll. de plus de 57 vol. en 1995). -Autres sources imprimées: les livres scolaires édités par les FEC (d'abord sous les initiales des auteurs puis par la mention «par une réunion de professeurs»).- L'ensemble de ces collections peut être consulté à la Bibliothèque des FEC, 78 A rue de Sèvres, 75007 Paris, ainsi qu'un fonds d'archives. 5. La plupart des sources manuscrites sont signalées dans les ouvrages fondamentaux et les Cahiers lasalliens.- Fonds publics: Arch. mun., dépt. et nat. (papiers saisis à la Révolution puis lors des «inventaires» consécutifs aux lois de 1904 et 1905.). -Fonds privés: dépôts d'archives des divers districts ou secteurs et archives de la Maison généralice (Rome, 476 Via Aurelia): différents types de documents permettant l'étude des implantations des Frères, de leur recrutement et des méthodes pédagogiques utilisées à travers leur histoire; bulletins des écoles et des Amicales d'anciens élèves. 6. Tronchot (R.), L'enseignement mutuel en France de 1815 à 1833, les luttes politiques et religieuses autour de la question scolaire, Thèse d'Etat, Paris, 1972, 3 vol. (éd. Lille, atelier reprod.). 8. EDUCATION- ENSEIGNEMENT- PÉDAGOGIE.
Yves POUTET
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Guide pour l'histoire des Ordres et Congrégations religieuses
B
CONGRÉGATIONS FÉMININES
(XVIe-XVIIIe)
1. Les Ordres féminins ANNONCIADES CÉLESTES
Historique 1. Congrégation de l' Annonciade céleste; Annonciades célestes ou célestines. 2. Marie-Victoire Fornari Strata (1562-1617). 3. D'origine génoise, Marie-Victoire Fornari, veuve d'Angelo Strata, décide de fonder un couvent de religieuses vouées à la Vierge. Elle est encouragée en ce sens par son directeur spirituel, le jésuite Bernardino Zanoni (t 1620). La première maison s'ouvre à Gênes en 1604. On y observe la règle de saint Augustin. Trois établissements de cette congrégation y sont bientôt établis. Les fondations se multiplient en Italie: Turin (1629), San Remo (1639), Milan (1654), Rome en 1676. En France, le premier couvent ouvre ses portes à Pontarlier en 1612, à l'initiative d'Etienette Delizet ( t 1628), elle-même conseillée par le jésuite J.-Ph. de Bonivart. En 1613, deux autres maisons sont créées à Nozeroy et à Vesoul puis d'autres fondations se succèdent: Nancy (1616), Champlitte (1620), Saint-Amour et Joinville (1621), Langres (1623), Tournai (1624), Lyon, Dôle, Avignon, Lille, Liège, Tours, Besançon, Rambervillers ... Le couvent de Paris, fondé en 1622, accueille Marie-Agnès Dauvaine. La congrégation continue à essaimer de France vers les Pays-Bas, la principauté de Liège, l'Empire et le Danemark. À la fin du XVIIe siècle, elle compte 64 maisons. Ces religieuses se vouent essentiellement à la vie contemplative, avec, en plus de leur piété mariale, une dévotion particulière au Verbe Incarné. Au XIXe siècle, seuls subsisteront deux couvents à Gênes (réunis en 1960 à San Cipriano de Gênes), celui de San Remo et deux en France (Joinville et Langres). 4. Bienheureuse: Marie-Victoire Fornari (1828).
Bibliographie 1. Perrod (M.), «Le monastère de l' Annonciade de Saint-Amour», Mémoires de la société d'Émulation du Jura, 1936, p. 57-83. - Henneau (M.E.), «Quand les annonciades célestes de Liège recevaient Antoine Arnauld ou les préoccupations spirituelles de contemplatives à la fin du XVIIe siècle», Foi,fidélité, amitié en Europe à la période moderne, Mélanges R. Sauzet, Tours, 1995, p. 211-218. 4. Cérémonies pour recevoir les filles ou femmes à la religion dans les monastères
de l'Ordre de l'Annonciation nostre Dame sous la Reigle de sainct Augustin Docteur de l'Eglise ... , Lyon, 1629.- Cérémonial de divers offices divins pour l'usage des religieuses de l'Ordre de l'Annonciade ... , Nancy, 1630. -Adresses pour les religieuses de l'ordre de l'Annonciade ... conformes à la pratique de l'observance des constitutions, Liège, 1642.- Constitutions des révérendes mères du monastère de l'Annonciade de Gênes ... , Liège, 1642.- Abrégé des grandeurs et de l'excellence de l'ordre de l'Annonciade céleste, Lyon, 1652 (Besançon, 1705).- Disposition pour se préparer à la sainte communion ... pour servir au monastère de l'Annnonciade céleste de Dusseldorf, Liège, 1673. - De La Barre (J.B.), La vie de la ... Mère Marie-Agnès Dauvaine ... , Paris, 1675. - Salvaterra (J.), La fundazione dell' ordine della SS. Anuntiata
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Créations de la réforme catholique ditto delle Celesti ... , Gênes, 1681. -Méditations sur les constitutions des religieuses de l'ordre del 'Annonciade céleste ... , Lyon, 1688.- Leçons prises del' octavaire romain pour divers octaves de la Bienheureuse Vierge Marie en faveur des religieuses annonciades ... , Liège, 1707. - [Extraits traduits de l'autobiographie de Marie-Victoire Fomari parU. Bonzi da Genova], Revue d'ascétique et de mystique, XVIII, 1937, p. 394-403. - En préparation: édition, critique de chroniques issues de deux couvents de célestines liégeoises par M.E. Henneau, S. Boulvain et J.Y. Ricordeau. 5. Fonds publics: France: série H des Arch. dépt. -Belgique: Arch. Etat à Liège, Namur, Mons; Bibl. royale de Bruxelles; Bibl. Univ. Liège.- Pays-Bas: Arch. Royaume à Utrecht: fonds Port-Royal.- Fonds privés: Italie: Arch. du couvent des annonciades célestes de san Cipriano (près de Gênes).- France: Arch. du couvent de l' Annonciade de Langres.- Belgique: Arch. des bénédictines de la Paix-Notre-Dame à Liège. 6. L'ordre des annonciades célestes en Franche-Comté du XVIIe au XVIIIe siècle, Mémoire DEA, Besançon, 1994. 8. DÉVOTION MARIALE- VIE CONTEMPLATIVE- DÉVOTION AU VERBE INCARNÉ. Marie-Elisabeth HENNEAU
COMPAGNIE DE MARIE NOTRE-DAME
Historique 1. Ordre de la Compagnie de Marie Notre-Dame; Institut de l'Ordre de la Compagnie de Marie Notre-Dame; Ordinis Dominae Nostrae; ODN. «La Ensefianza» (en Espagne). 2. Sainte Jeanne de Lestonnac (1556-1640). 3. Nièce de Montaigne par sa mère, veuve après avoir mis au monde 7 enfants, elle entre chez les feuillantines de Toulouse après avoir éduquer seule les quatre derniers. Au bout de 6 mois, elle se sent appelée par Dieu à fonder un ordre consacré à l'éducation des filles, sous la protection de Notre-Dame. Quelques jésuites (en particulier Jean de Bordes et François Raymond), sensibles aux besoins des familles catholiques de Bordeaux (souhait d'offrir aux filles des écoles), l'aident à mettre en œuvre son projet. Le 7/III/1606, J. de Lestonnac remet à François de Sourdis l'Abrégé ou Forme de l'institut adapté du Sommaire des Constitutions et Règles communes de la Compagnie de Jésus. La fondation est autorisée le 25/III/1606 et, le 7/IV/1607, Paul V approuve le nouvel Institut de l'Ordre de la Compagnie de Marie Notre-Dame, premier institut religieux-enseignant d'inspiration jésuite approuvé par l'Eglise. La filiation avec la spiritualité ignatienne et l'harmonieuse conjugaison entre vie active et vie apostolique caractérisent la nouveauté de cet ordre. À cette fin apostolique sont subordonnés le chœur (exemption du chœur pour pouvoir commodément vacquer à l'instruction des filles), la clôture (adaptée aux fonctions de l'enseignement) et les pénitences (accomodées aux forces naturelles de chacune). L'Abrégé de 1606 subit par la suite d'importantes modifications (suppression de la référence à une «Mère Générale» ainsi que de la proposition d'ajouter aux 3 vœux solennels, un quatrième vœu, celui de l'enseignement). Enfin, Paul V (1607) ordonne l'agrégation de l'Institut à un Ordre ancien approuvé: le cardinal de Sourdis choisit celui de Saint-Benoît («caractère occidental et consécration à l'enseignement de la jeunesse»). J. de Lestonnac élabore ensuite son projet éducatif, résultat de sa riche expérience personnelle unie aux principes pédagogiques de Montaigne et à la méthode de la Ratio Studiorum des Jésuites. Ce projet
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Guide pour l'histoire des Ordres et Congrégations religieuses trouve son achèvement dans l'édition des Règles et Constitutions de l'Ordre, en 1638. La Formule des Classes ou Ecoles se réfère en plusieurs points aux programmes en vigueur à 1' époque: organisation interne des institutions scolaires, répartition par niveaux d'apprentissage, formation à la piété comme aux lettres ... Les élèves, internes et externes de l'école gratuite, recevront, selon l'Abrégé, une éducation entièrement gratuite. L'internat présente une nouveauté par rapport à ce qui existait jusque-là dans les monastères féminins: les internes ne vivent pas et ne sont pas éduquées dans les lieux de vie des religieuses; elles ne sont pas confiées à une religieuse déterminée pour qu'elle les éduque en particulier mais elles sont incorporées dans une classe, comme les externes. Ainsi, le couvent, le pensionnat et l'école doivent être disposés de telle manière que l'apostolat et le clôture ne soient pas incompatibles. Dans la Formule des Classes et bâtiments, la complémentarité et les assemblages sont tels que chacun des trois lieux ne se comprend que dans son rapport harmonieux aux deux autres. À la mort de la fondatrice ( 1640), 1' Ordre comprend 30 établissements établis en France. L' expansion internationale est rapide: en 1650, la maison de Béziers fonde Barcelone dont le couvent-école est appelé «la Ensefianza». Barcelone devient le cœur d'une expansion des couvents-écoles en Espagne puis en Amérique latine (Mexico en 1754, Mendoza en 1780 et Santafé de Bogota en 1783). Dès 1733, des religieuses françaises ouvrent une maison au Cap-Français (Haïti). En France, toutes les maisons disparaissent lors de la Révolution (1792). Cependant, en 1801, Marie-Thérèse Couret du Terrail (17591834) entreprend la restauration de 1' Institut. En 1827, elle introduit à Rome la cause de béatification de J. de Lestonnac et lance les bases de l'expansion de la Compagnie en Italie. À la fin du XIXe siècle, diverses maisons de France s'unissent pour fonder en Angleterre (1892). Les maisons d'Espagne sont secouées par l'affrontement entre l'Eglise et l'Etat. Les Amériques souffrent des conséquences économiques dues aux efforts des guerres d'indépendance et de la politique anticléricale des gouvernements dictatoriaux mis en place. L'Ordre continue néanmoins son expansion au Mexique, en Colombie et ouvre même une première maison à Santiago du Chili. Le xxe siècle s'ouvre par la béatification de J. de Les tonnac (1900). Les affrontements entre l'Église et l'État, en France puis au Mexique et en Espagne, obligent de nouveau à fermer des maisons, entraînent des exclaustrations forcées et la dispersion des communautés. C'est l'occasion d'aller fonder en Hollande (1903), Belgique (1904), aux Etats-Unis et à Cuba (1936) et au Brésil (1936). En 1921, le projet d'un gouvernement général (figurant déjà en 1606), est réalisé. Il institue, à l'intérieur de l'Ordre de Notre-Dame, une Congrégation de vœux simples avec une clôture qui reste à préciser par les Constitutions. Les années 1940-1950 sont riches en évènements pour la congrégation: ouverture de la première maison au Congo Kinshasa en 1948 et canonisation de J. de Lestonnac en 1949. Entre 1921 et 1956, l'Ordre et la Congrégation poursuivent par des chemins différents un même objectif: fidélité aux origines et modernisation de l'œuvre éducative. Le Congrès des Filles de sainte Jeanne de Lestonnac, tenu à Rome les 613/XI/1955, approuve les bases de l'Union Définitive, décrétée puis confirmée par Rome en 1956. L'Union Définitive poursuit son expansion internationale: Japon (1960), Pérou (1965), Burundi (1967), Paraguay (1976), Philippines (1982), Cameroun (1990), Nicaragua (1993), Albanie (1994) et Bolivie (1998). En 2001, la Compagnie de Marie est présente dans 22 pays; elle est découpée en 18 provinces (France-Belgique ... ), 2 délégations et 4 communautés inter provinciales. Elle comptait, au 31002000, 1708 religieuses, 88 juvénistes (religieuses en formation), 29 novices et 33 postulantes. Les œuvres ont principalement un caractère éducatif (écoles, collèges, lycées, résidences universitaires, centres de pastorale, éducation des adultes) mais il y a aussi des œuvres 224
Créations de la réforme catholique sociales (hôpital au Congo, maternités, écoles d'infinnières ... , collaboration aux écoles de l'association «Fe y Alegria» en Amérique latine). La Compagnie possède une maison de publication, les «Editions Lestonnac» à Saint-Sébastien (Espagne) et, depuis 1980, elle a une Fondation Internationale de Solidarité Compagnie de Marie (le FISC) qui travaille à éradiquer la pauvreté des peuples défavorisés. 4. Jeanne de Lestonnac, can. en 1900.
Bibliographie 1. Marie du Sacré-Cœur (A. Laroche), Les Religieuses enseignantes, Paris, 1899 (5e éd.). - Sorbet (M.-E.), La Révér. Mère Marie Thérèse Couret du Terrail, ClermontFerrand, 1914 (trad. espagnole, 1996).- Saury-Lavergne (Fr.), Le filet s'est rompu. Chemin spirituel vers la vraie liberté avec Ste J. de Lestonnac, Bar-le-Duc, 1973. Foz y Foz (P.), La revoluciôn pedagôgica en Nueva Espaiia ... (1754-1820), Marid, 1981, 2 vol. -Saury-Lavergne (Fr.), Chemin d'éducation sur les traces de J. de Lestonnac, 1556-1640, Chambray-lès-Tours, 1984.- Foz y Foz (P.), De Una Garrido (A.), Cartas Anuas de la Compaii{a de MariaN. S., 1859-1908, San Sebastian, 1994. - Aportaciones de la Compaii{a e MariaN. S. a la Historia de la Educaciôn, 16071921. Figuras de su Historia, Simposio Internacional e Historia de la Compaii{a, Barcelone (1995), San-Sabastian, 1996. - Foz y Foz (P.), Mujer y Educaciôn en Colombia. Siglos XVI-XIX. .. , Santafé de Bogota, 1997. - Erocia (G.),