Infertilité et cerveau ?: Des clés pour concevoir ! 9782759822737

De plus en plus de couples peinent à concevoir : 1 sur 6 consulte aujourd’hui en France pour infertilité ! Et leur cas e

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French Pages 186 [178] Year 2019

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Infertilité et cerveau ?: Des clés pour concevoir !
 9782759822737

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Infertilité et cerveau ?

Infertilité et cerveau ? Des clés pour concevoir !

SANDRINE ALEJANDRO ET Dr ANNE-SOPHIE GODEFROY

Préface de Nathalie BASTE

17, avenue du Hoggar – P.A. de Courtabœuf BP 112, 91944 Les Ulis Cedex A

Collection « Mes cerveaux et moi » dirigée par Fabien Dworczak Cette collection présente la multiplicité des travaux autour des Neurosciences : les applications pratiques, pédagogiques, médicales, sociales, politiques... qui en découlent. « Mes cerveaux et moi » décrit les nombreuses recherches actuelles dans différents domaines autour de la description de notre cerveau, de mes cerveaux et l’« individu » avec le rôle fondamental de l’« inné » dans les comportements les plus complexes. Formé en neurosciences et en science politique, Fabien Dworczak poursuit ses recherches dans l’interaction entre ces deux « disciplines », en particulier dans le domaine des politiques publiques liées à la santé et à l’éducation en se focalisant sur les apports neuroscientifiques.

Composition et mise en pages : Patrick Leleux PAO Illustrations : Mélissa Glissant (www.dencreetdesel.fr) Couverture : Conception graphique de B. Defretin, Lisieux Imprimé en France ISBN (papier) : 978-2-7598-2272-0 ISBN (ebook) : 978-2-7598-2273-7

Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction par tous procédés, réservés pour tous pays. La loi du 11 mars 1957 n’autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l’article 41, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinés à une utilisation collective », et d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute repré­ sentation intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (alinéa 1er de l’article 40). Cette représentation ou ­reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon ­sanctionnée par les articles 425 et suivants du code pénal. © EDP Sciences, 2019

SOMMAIRE

Préface......................................................................................... 7 Glossaire des principaux sigles.......................................................... 9 Préambule..................................................................................... 11 La fertilité humaine en déclin ?.................................................. 11 PMA, éthique et cadre légal........................................................ 14 Le cadre légal français : vers une évolution ? Un sujet brûlant........ 14 Comment augmenter ses chances de concevoir ? .......................... 18

Partie 1 Le cerveau – Chef d’orchestre de la fertilité 1.  Du gamète à l’embryon : voyage en terre de fertilité.................. 21 Par quel mécanisme se transmet la vie ? ..................................... 21 Les spermatozoïdes : des sportifs de haut niveau.......................... 22 L’ovule : le trésor à conquérir..................................................... 22 Ovule et spermatozoïde : ils sont faits l’un pour l’autre.................. 23 Après l’union, la nidation........................................................... 24 2.  Le cerveau aux commandes des appareils génitaux : un contrôle pyramidal.............................................................. 25 La tour de contrôle : l’hypothalamus et son acolyte, l’hypophyse..... 25 La GnRH (Gonadotropin Releasing Hormone).................................. 26 Le cerveau actionne et régule le fonctionnement des ovaires........... 27 L’hormone FSH (Follicule Stimulating Hormone).............................. 27 Quel sera le candidat à la fécondation ? Le rôle des œstrogènes...... 27 L’hormone LH (Luteinizing Hormone)............................................ 28 L’œstradiol............................................................................... 29 Le cerveau actionne et régule le fonctionnement des testicules....... 29 Quand les contrôleurs sont eux-mêmes contrôlés…........................ 30 Quand le cerveau brouille les pistes…......................................... 33 Quand l’épigénétique s’en mêle : la fertilité est inscrite dans nos gènes, mais n’est pas figée à la naissance !..................... 34

Partie 2 Quand le cerveau se dérègle, la fertilité aussi ! 3.  Les dérèglements de l’axe reproducteur..................................... 41 Chez la femme : les désordres ovulatoires..................................... 41 Quels sont les troubles de l’axe reproducteur chez l’homme ?........... 44 5

SOMMAIRE

4.  Les facteurs environnementaux qui agissent sur le cerveau et la fertilité........................................................................... 47 Alimentation inadaptée : carburant de l’infertilité.......................... 48 Obésité et infertilité.................................................................. 49 Anorexie et infertilité................................................................ 49 Les substances reprotoxiques...................................................... 50 Les perturbateurs endocriniens.................................................... 51 Les médicaments....................................................................... 55 La cigarette nuit gravement à la fertilité...................................... 57 Alcool et drogues...................................................................... 58 L’excès de sport nuit à la fertilité................................................ 60 Les spermatozoïdes craignent la chaleur....................................... 60 Ondes électromagnétiques : un danger pour le cerveau et la fertilité ?... 60 Quand la lumière manque au cerveau, la fertilité pâlit.................... 62 Le stress, perturbateur endocrinien.............................................. 63 Stress, cerveau et (in)fertilité..................................................... 63 5.  Le cerveau, c’est aussi le psychisme ! Et si le psychisme était aussi acteur de la fertilité ?............................................. 75 Relançons l’éternel débat de la dualité corps-esprit !..................... 75 Infertilité biologique versus infertilité inexpliquée ou psychogène : un débat dépassé ?................................................................... 79 L’influence du psychisme sur la fertilité........................................ 82 Le cerveau, c’est aussi l’inconscient ! Quels peuvent être les freins inconscients à la fertilité ?......................................................... 83

Partie 3 Comment optimiser sa fertilité ? Et augmenter ses chances de concevoir ! 6.  Optimiser son cerveau et sa fertilité......................................... 101 Reconnaître les signes de la fertilité............................................ 102 Fréquence des rapports sexuels................................................... 107 Une alimentation saine pour son cerveau et sa fertilité.................. 109 Limiter l’exposition à la pollution de l’air..................................... 120 Gérer son stress........................................................................ 126 Ne pas trop attendre pour concevoir !.......................................... 144 7.  L’accompagnement médicalisé : du bilan de fertilité à la procréation médicalement assistée..................................... 149 La première étape : le bilan........................................................ 149 L’assistance médicale à la procréation.......................................... 151 Comment améliorer l’efficacité de la PMA ?................................... 158

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Remerciements...............................................................................

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Bibliographie (principales sources)....................................................

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INFERTILITÉ ET CERVEAU ?

PRÉFACE

Attendre un enfant ! Avoir un enfant ! Quelle histoire ! Quelle aventure ! Nous n’en avons peut-être pas tout à fait conscience, mais désirer un enfant, le concevoir, l’attendre, le mettre au monde, l’accueillir dans son couple, dans sa famille et le présenter à la société tout entière, relèvent en effet de toute une histoire. De l’histoire de l’humanité à l’histoire de deux personnes, de deux futurs parents, il y a toute une série de paramètres et de processus en jeu qui permettent d’accueillir un nouvel enfant. Certains sont tout à fait conscients, d’autres beaucoup moins. Il y a les processus biologiques avec leurs complexes systèmes de biofeedback, les processus physiologiques qui mettent le corps sur le devant de la scène. Nous voyons ainsi apparaître le corps et le cerveau, le cerveau et la psyché. Avoir un enfant signifie qu’une personne se confronte à une autre, rencontre l’autre, confronte son propre désir à celui de l’autre. Deux corps, deux sexes, deux appareils psychiques différents, avec leur conscient et leur inconscient, se rencontrent dans un désir qui en partie leur échappe et qui également les unit. Or, parfois, la grossesse tant attendue n’arrive pas ou bien les fausses couches se succèdent et le couple se trouve en souffrance

Préface

dans son désir d’enfant et sa parentalité. Il se tourne alors vers les médecins spécialistes de ce que l’on appelle la « procréation médicalement assistée », ils entrent dans le « parcours PMA ». Difficile, douloureux et complexe… Le livre de Sandrine Alejandro et d’Anne-Sophie Godefroy apporte un regard original sur la question de la fertilité. Elles partent du cerveau, qualifié de « chef d’orchestre de la fertilité », elles viennent questionner le versant neurophysiologique et biologique. Elles se penchent sur la dimension psychique qui guide le désir, lui permet de s’exprimer et parfois vient l’entraver. Pour traiter ce sujet si complexe, le style est clair et limpide, positif et gai, à l’image des auteurs, et le contenu plein de bienveillance et d’optimisme. Ce livre passionnant va répondre à un grand nombre de questions actuelles sur la fécondité, le désir d’enfant, la parentalité ainsi que leur place dans le couple, la famille et la société. Nathalie Baste Docteur en psychopathologie et psychologie clinique Responsable d’Ipnosia Saint-Étienne, centre de formation et d’étude en hypnose Enseignante universitaire

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INFERTILITÉ ET CERVEAU ?

GLOSSAIRE DES PRINCIPAUX SIGLES

AMP : Assistance médicale à la procréation CECOS : Centre d’étude et de conservation des œufs et du sperme humains CNRS : Centre national de la recherche scientifique CRNL : Centre de recherche en neurosciences de Lyon DPI : Diagnostic pré-implantatoire FIV : Fécondation in vitro GPA : Gestation pour autrui IA : Insémination artificielle IAC : Insémination artificielle avec spermatozoïdes du conjoint IAD : Insémination artificielle avec spermatozoïdes de donneur ICSI  : Injection intracytoplasmique de spermatozoïdes (traduction de l’anglais : Intracytoplasmic Sperm Injection) INRS : Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles INSERM : Institut national de la santé et de la recherche médicale LH : Hormone LH (traduction de l’anglais : Luteinizing Hormone) OBSEFF : Observatoire épidémiologique de la fertilité en France OMS : Organisation mondiale de la santé PMA : Procréation médicalement assistée TEC : Transfert d’embryon congelé

PRÉAMBULE

La question de la fertilité humaine n’a jamais été autant d’actualité. De plus en plus de couples sont confrontés à la difficulté de concevoir un enfant. L’infertilité toucherait 80 millions de couples dans le monde. L’infertilité est définie, selon l’OMS, comme l’absence de grossesse après plus de 12 mois de rapports sexuels réguliers sans contraception. En France, selon l’Observatoire épidémiologique de la fertilité en France (OBSEFF), près d’un quart des couples ne parvient pas à concevoir un enfant après 1 an de rapports sexuels non protégés. Après 2 ans, 8 à 10 % des couples sont toujours en attente de grossesse. En France, 1 couple sur 6 consulte pour infertilité.

LA FERTILITÉ HUMAINE EN DÉCLIN ? Selon une étude canadienne (publiée en mars 2012 dans la revue Human Reproduction), l’infertilité chez les couples est passée de 5,4 % en 1984, à 15,7 % en 2009-2010 ! D’autres études ont révélé une baisse de la fertilité masculine. Selon une étude de Santé publique France portant sur 26 600 hommes entre 1989 et 2005, le nombre de spermatozoïdes a diminué du tiers en 11

Préambule

17 ans. Et 33,4 % de ces spermatozoïdes présentent aujourd’hui des anomalies. En plus de cette baisse des spermatozoïdes, tant en quantité qu’en qualité, les cancers des testicules et certaines malformations congénitales augmentent. De nouveaux travaux (publiés le 25 juillet 2017 dans Human Reproduction) confirment qu’entre 1973 et 2011, la qualité du sperme dans les pays occidentaux n’a cessé de baisser. En presque 40 ans, elle a diminué de 52,4 %. La quantité de sperme a elle aussi chuté : − 59,3 %. Pour arriver à cette conclusion, des équipes de chercheurs internationaux (israéliens, américains, brésiliens, danois et espagnols) se sont basées sur 7 518 études, dont ils ont extrait 185 travaux, portant sur 42 935 hommes. En 50 ans, chez un homme de 35 ans, le nombre de spermatozoïdes est passé de 113 millions/ml à 49,9 millions/ml en moyenne… Ces chiffres restent cependant dans la norme fertile de l’OMS, qui estime qu’il faut un taux supérieur à 15 millions de spermatozoïdes par millilitre pour concevoir un enfant. L’INSERM, quant à lui, reconnaît que ce problème de santé publique est « non négligeable ».

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INFERTILITÉ ET CERVEAU ?

Préambule

L’infertilité n’est pas un problème réservé aux riches pays occidentaux. Un article du Monde du 18 mars 2016 révèle au grand public qu’en Afrique, les taux d’infertilité sont les plus élevés au monde : entre 15 % et 30 % des couples seraient touchés. Dans le même temps, les techniques de procréation médicalement assistée (PMA) n’ont cessé de progresser. Combien de bébés naissent chaque année grâce à la PMA ? Le premier bébé conçu en dehors du ventre de sa mère a vu le jour en 1978 au Royaume-Uni (Louise Brown). En France, la première naissance par fécondation in vitro (FIV) a lieu en 1982, avec Amandine (la 20e dans le monde). Selon l’Agence de biomédecine, la PMA a permis 25 208 naissances en France en 2014, représentant 1 enfant sur 32. Dans le monde, 350 000 enfants naissent chaque année grâce à la PMA, et ce nombre ne cesse d’augmenter. Le Comité international de surveillance de l’AMP (ICMART) estimait en 2013 que depuis 1978, 5 millions d’enfants avaient été conçus par FIV dans le monde au total ! Plusieurs solutions sont proposées : insémination artificielle, fécondation in vitro (FIV), FIV avec injection du sperme directement dans l’ovocyte (intracytoplasmic sperm injection, ou ICSI), don d’ovocyte, don de sperme, congélation d’embryon, accueil d’embryon. D’autres techniques sont en cours d’expérimentation, telles que la greffe de l’utérus. Techniquement, il est possible de choisir son enfant sur catalogue… par la sélection des gamètes en fonction de leurs caractéristiques spécifiques, telles que le sexe (garçon ou fille), la couleur des yeux, etc. La question de l’eugénisme se pose. Si les techniques évoluent, le droit évolue… ou pas ! Ces évolutions médicales se heurtent à l’éthique, dont le droit se porte garant. Comment concilier évolutions médicales et éthique ? La notion d’éthique varie en fonction des évolutions sociétales, de sorte que le cadre légal est variable. 13

Préambule

PMA, ÉTHIQUE ET CADRE LÉGAL Le cadre varie en fonction des pays, qui conçoivent différemment la manière d’articuler biologique, médical et sociétal. Au Danemark, en Espagne, en Grande-Bretagne, et en Belgique, la PMA est ouverte aux femmes célibataires et aux couples de femmes. Les États-Unis vont encore plus loin, puisqu’il est possible de choisir le sexe de l’enfant et la couleur des yeux dans certaines cliniques privées spécialisées. En Inde, la gestation pour autrui est autorisée ; de même en Belgique, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni et dans certains États des États-Unis pour les couples d’hommes ou les femmes sans utérus.

LE CADRE LÉGAL FRANÇAIS : VERS UNE ÉVOLUTION ? UN SUJET BRÛLANT Le Code de la santé publique autorise le recours à la PMA uniquement à des fins thérapeutiques, pour remédier à l’infertilité des couples hétérosexuels en âge de procréer, ou pour éviter la transmission à l’enfant d’une maladie d’une particulière gravité. Est autorisée à cet effet la conception in vitro avec des gamètes provenant d’au moins un des membres du couple. Le don de gamète est anonyme. Aucun lien de filiation ne peut être établi entre le donneur et l’enfant. La pratique de l’autoconservation de gamètes n’est autorisée en France qu’en cas de pathologies ou de traitements affectant la fertilité (traitement anticancéreux stérilisant, maladie génétique auto-immune) et au profit des donneurs en cas de recours ultérieur à une PMA. En dehors de ce cadre-là, la PMA est interdite. En France, le 26 juin 2017, le Comité consultatif national d’éthique a rendu un avis en faveur de l’ouverture de la PMA aux couples de femmes et aux femmes célibataires, ouvrant la voie à une éventuelle modification de la loi de bioéthique en 2019/2020. D’autres sujets relatifs à la procréation seront débattus. 14

INFERTILITÉ ET CERVEAU ?

Préambule

Le rapport des États généraux de la bioéthique, publié le 5 juin 2018, restitue les différents points de vue exprimés à l’occasion de débats houleux au sein de la population, qui a pu s’exprimer en vue de la réforme de la loi de bioéthique. Pour l’ouverture de la PMA à toutes les femmes, célibataires ou homosexuelles en couple, le principe d’égalité est prôné – égalité de situation entre les couples mariés, et suppression de l’inégalité financière entre celles qui peuvent aller à l’étranger pour être accompagnées ; contre, c’est le droit des enfants à avoir un père qui est mis en avant, ainsi que le glissement de la médecine de soin vers une médecine de convenance. Sur la question de l’anonymat des donneurs : le droit d’accès des enfants issus de la PMA à leurs origines fera-t-il lever l’anonymat, au risque de faire baisser le nombre de donneurs ? Le rapport expose aussi les craintes exprimées quant à l’éventuelle évolution vers la gestation pour autrui. Légiférer sur un sujet aussi intime et crucial que la conception d’un enfant est complexe. Le cadre légal français va-t-il évoluer ? L’avenir nous le dira. En attendant, de nombreux couples se tournent vers l’étranger : l’Espagne, le Royaume-Uni, la Grèce, la République tchèque, la Belgique ou le Danemark par exemple. Et les recherches scientifiques continuent pour apporter toujours plus de solutions aux couples touchés par l’infertilité ! Si la PMA apporte des solutions très précieuses pour remédier à l’infertilité, quelle qu’en soit la cause, la recherche s’attache également à mettre en lumière les causes de l’infertilité pour traiter les problèmes en amont. Pour remédier aux troubles de la fertilité, encore faut-il connaître les mécanismes du système de reproduction chez l’Homme. Les recherches, qui ont débuté sur les organes reproducteurs, ont mené progressivement… au cerveau ! En effet, dans les années 1940, les chercheurs découvrent que la fertilité dépend de l’hypothalamus, une glande qui se trouve dans le cerveau et qui influence les gonades par un mécanisme qui sera 15

Préambule

détaillé par la suite. Le cerveau serait-il le chef d’orchestre de la fertilité ? Les chercheurs ne soupçonnaient pas, alors, à quel point il l’était. Les neurosciences ont permis de mettre en évidence progressivement, et plus particulièrement au cours de ces 5 dernières années, un mécanisme cérébral inédit ayant un rôle essentiel dans la régulation de la fertilité. Ces découvertes sont prometteuses pour traiter les troubles de la fertilité d’origine centrale (aménorrhée d’origine hypothalamique, retard pubertaire et puberté précoce, etc.). Par ailleurs, grâce aux recherches en génétique, et notamment en épigénétique, qui est une des grandes découvertes scientifiques de ces dernières années, on sait désormais que si la fertilité est inscrite dans nos gènes, elle n’est pas figée à la naissance et dépend de facteurs environnementaux. C’est ainsi que les facteurs environnementaux, et notamment les perturbateurs endocriniens, attirent particulièrement l’attention des scientifiques : polluants, ondes électromagnétiques, obésité, tabagisme et stress sont pointés du doigt. Le stress, ce « mal du siècle », est en effet un perturbateur endocrinien, et son impact sur la fertilité, bien que longtemps sous-estimé, a été récemment confirmé. Le stress est à la frontière entre le facteur environnemental et le psychosomatique. En effet, le stress est souvent associé au facteur extérieur qui déclenche un stress intérieur : « Mon travail est trop stressant. » Si le stress est une réaction biologique à un événement extérieur, cette réaction diffère d’une personne à l’autre. Elle dépend de sa structure neuropsychologique innée ou acquise au fil de son histoire personnelle : en clair, elle dépend du psychisme ! Le stress ouvre alors une brèche sur une autre voie d’exploration que le cerveau biologique : le psychisme peut-il avoir un impact sur la fertilité ? En effet, le cerveau, c’est aussi le cerveau affectif/émotionnel, cognitif, mais aussi l’inconscient ! 16

INFERTILITÉ ET CERVEAU ?

Préambule

Aujourd’hui, les recherches en psychologie nous éclairent sur l’influence du psychisme sur la fertilité. Ainsi, la fertilité humaine, cette capacité que nous avons à donner la vie, est un phénomène complexe orchestré par notre cerveau. L’intense activité de recherche menée sur les 10 dernières années dans tous les domaines précités (neurosciences, médical, psychologie, épigénétique, etc.) nous permet aujourd’hui de mieux comprendre le lien puissant entre cerveau et fertilité. Qu’est-ce qui altère la fertilité ? Qu’est-ce qui la favorise ? Il y a, d’un côté, les couples en quête de réponses, de l’autre, une science qui apporte des réponses, mais méconnues du grand public. Nous avons souhaité faire un pont entre les deux ! Par ailleurs, il n’y a pas une science, mais des sciences : neurosciences, médicales, épigénétique, psychologie, etc., habituellement compartimentées, bien que très complémentaires ! Il nous tenait à cœur de vous divulguer en un seul ouvrage les connaissances actuelles en matière de fertilité dans différents domaines de la recherche. En effet, toutes les deux, co-auteures, venons d’univers très différents qui pourraient même paraître diamétralement opposés : l’une, médecin-gynécologue, l’autre, sophrologue et hypnothérapeute (et ancienne avocate). Pourtant, nous travaillons sur la même spécialité : la périconception. Ce sont surtout les retours de nos patientes communes qui nous ont convaincues de l’intérêt d’une approche polyvalente, qui tient compte de l’humain dans sa multidimensionnalité, physique, psychique, émotionnelle. En ouvrant le champ d’exploration sur les causes de l’infertilité et ses remèdes révélés par les sciences, les couples pourront trouver davantage de clés pour concevoir !

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Préambule

COMMENT AUGMENTER SES CHANCES DE CONCEVOIR ? Voici ce qui nous motive : permettre aux couples concernés par l’infertilité de devenir acteurs de leur fertilité, et d’être accompagnés, si besoin et s’ils le souhaitent, par une approche pluridisciplinaire. Les couples animés d’un désir d’enfant pourront trouver des réponses aux questions qu’ils peuvent se poser dans ce parcours, parfois très difficile, vers la parentalité : à quel moment du cycle suis-je la plus fertile ? Comment mieux connaître mon cycle ? Quelle doit être la fréquence des rapports sexuels ? Quand dois-je consulter ? Mon mode de vie peut-il influer sur ma fertilité ? Comment gérer mon stress ? Comment être accompagné ? Etc. Bien connaître le mécanisme de la fertilité vous permettra d’agir en conscience pour favoriser votre fertilité.

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INFERTILITÉ ET CERVEAU ?

1 Du gamète à l’embryon : voyage en terre de fertilité

L’aventure commence : nous partirons des généralités, pour aller vers de plus en plus de nouveauté !

PAR QUEL MÉCANISME SE TRANSMET LA VIE ? La découverte de ce mécanisme a débuté par les recherches sur les organes génitaux et les gamètes qu’ils produisent. La fonction de reproduction est la seule fonction du corps humain qui n’est pas autonome. Une rencontre est nécessaire. Sur le plan biologique, cela se traduit par la rencontre de deux gamètes, mâle et femelle : un spermatozoïde et un ovule.

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Partie 1. Le cerveau – Chef d’orchestre de la fertilité

LES SPERMATOZOÏDES : DES SPORTIFS DE HAUT NIVEAU Lors d’une relation sexuelle, les spermatozoïdes propulsés dans le vagin entament un long voyage parsemé d’embûches ! S’ils sont 200 à 300 millions à se lancer au départ de la course dans le vagin, seulement 1 % réussiront à franchir le col de l’utérus. Lors de la traversée de l’utérus, de nombreux spermatozoïdes sont détruits par les globules blancs chargés de protéger la cavité utérine. Environ 200 prétendants seulement parviendront jusqu’à l’extrémité des trompes de Fallope pour rencontrer l’ovule… s’il s’y trouve. Pour que les spermatozoïdes parviennent jusqu’à l’ovule, ils doivent être nombreux et mobiles. Un homme fabrique en moyenne 100 millions de spermatozoïdes chaque jour de sa vie à compter de sa puberté. Une éjaculation contient environ 255 millions de spermatozoïdes. Un spermatozoïde, du haut de ses 55 millièmes de millimètre, va devoir franchir les 15 centimètres qui séparent le vagin de la trompe de Fallope, soit 3 000 fois sa longueur. À l’échelle humaine, cela reviendrait à nager pendant 5 kilomètres, à la vitesse de 10 mètres par seconde ! Ce qui permet au spermatozoïde d’aller vite et loin, c’est d’une part sa petite taille – c’est en effet la plus petite cellule du corps humain –, mais c’est surtout parce qu’il se déplace grâce à un flagelle. C’est la seule cellule à en posséder un. Les spermatozoïdes peuvent vivre de 3 à 5 jours.

L’OVULE : LE TRÉSOR À CONQUÉRIR L’ovule est la plus grosse cellule du corps féminin. Un seul ovule est libéré par cycle. Il ne peut se déplacer librement. Une fois l’ovule libéré, il vit 24 heures maximum. À la naissance, chaque femme dispose d’un trésor : un stock d’ovocytes prédéterminé qui va s’épuiser au cours de la vie au fur 22

INFERTILITÉ ET CERVEAU ?

Du gamète à l’embryon : voyage en terre de fertilité

et à mesure des cycles, répétés entre 450 et 500 fois en fonction des femmes, de la puberté à la ménopause. À chaque cycle menstruel, les ovaires libèrent en principe un seul ovule qui va être capté par le pavillon, portion évasée pourvue de franges qui se trouve à l’extrémité des trompes. C’est là qu’un seul spermatozoïde parviendra à pénétrer l’ovocyte : c’est la fécondation.

OVULE ET SPERMATOZOÏDE : ILS SONT FAITS L’UN POUR L’AUTRE Lors de la fécondation, les 23 chromosomes de l’ovule issus du patrimoine génétique de la mère et les 23 chromosomes contenus 23

Partie 1. Le cerveau – Chef d’orchestre de la fertilité

dans le spermatozoïde du père fusionnent pour créer un petit être en devenir tout à fait unique ! Chacune de ses cellules contiendra dans son noyau 46 chromosomes, 23 issus du père et 23 de la mère. Son sexe sera déterminé par le 23e chromosome du spermatozoïde, X pour une fille, ou Y pour un garçon.

APRÈS L’UNION, LA NIDATION L’ovule fécondé, aussi appelé « zygote », fait le chemin inverse. Quelques heures après la fécondation, il se divise en deux cellules identiques : il devient un embryon. Il lui faudra 5 à 6 jours pour parvenir à l’utérus, organe creux destiné à accueillir l’embryon. La cavité utérine est tapissée par une muqueuse richement vascularisée appelée l’endomètre. L’utérus va bercer l’embryon pendant 3 à 5 jours jusqu’à ce qu’il s’implante dans l’endomètre. C’est la nidation. Les recherches sur les appareils reproducteurs de l’homme et de la femme ne permettaient pas de résoudre l’énigme de la fonction de reproduction. Étonnamment, c’est dans le cerveau que les chercheurs ont trouvé des réponses !

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INFERTILITÉ ET CERVEAU ?

2 Le cerveau aux commandes des appareils génitaux : un contrôle pyramidal

Qu’est-ce qui est à l’œuvre dans le système de reproduction ? Les recherches sur les testicules et les ovaires ont mené droit… au cerveau ! C’est lui le chef d’orchestre de la reproduction. Cette quête de l’acteur majeur est digne d’une enquête policière. À chaque fois que l’on découvre un acteur, un autre apparaît en amont. Ainsi se révèle un système pyramidal où différents acteurs se succèdent et communiquent entre eux.

LA TOUR DE CONTRÔLE : L’HYPOTHALAMUS ET SON ACOLYTE, L’HYPOPHYSE Dans le cerveau se trouve une glande appelée hypothalamus. Elle est reliée par une tige (la tige pituitaire) à une autre glande qui se trouve juste en dessous : l’hypophyse. C’est ce qu’on appelle l’axe hypothalamo-hypophysaire. 25

Partie 1. Le cerveau – Chef d’orchestre de la fertilité

Il est intéressant de noter que ces zones qui commandent la reproduction et assurent la survie de l’espèce sont bien protégées, nichées à la base du cerveau !

Figure 1 | Hypothalamus et hypophyse nichés à la base du cerveau. © DR.

L’hypothalamus agit comme une tour de contrôle. Aussi petit soitil, son importance est capitale. Il régit et coordonne de nombreuses fonctions essentielles à l’être humain, à savoir la faim, la soif, la température corporelle, les cycles du sommeil, les émotions, le comportement sexuel et la fonction de reproduction. L’hypothalamus communique avec l’hypophyse grâce à des messagers chimiques : la GnRH.

LA GNRH (GONADOTROPIN RELEASING HORMONE) C’est en 1977 que deux chercheurs, Roger Guillemin et Andrew V. Schally, découvrent la GnRH, neurohormone produite par des neurones spécialisés présents dans l’hypothalamus. (Une neurohormone est un messager chimique produit par un neurone.) 26

INFERTILITÉ ET CERVEAU ?

Le cerveau aux commandes des appareils génitaux …

Cette découverte leur a valu le prix Nobel. C’est grâce à cette neurohormone que l’hypothalamus envoie ses ordres à l’hypophyse pour activer les fonctions de reproduction. Ces messagers chimiques sont produits par l’hypothalamus de la femme, mais aussi de l’homme, de sorte que le cerveau actionne et régule le fonctionnement des ovaires et des testicules.

LE CERVEAU ACTIONNE ET RÉGULE LE FONCTIONNEMENT DES OVAIRES Chaque mois, de la puberté à la ménopause, les ovaires libèrent un ovule de la réserve ovarienne. En parallèle, la muqueuse utérine s’adapte pour permettre la nidation et le développement de l’embryon. C’est l’hypothalamus qui permet le fonctionnement cyclique et les modifications de l’appareil génital féminin. Il envoie ses ordres à l’hypophyse via la GnRH. En réponse, l’hypophyse va les relayer aux ovaires. Elle communique avec eux via d’autres messagers : deux hormones appelées FSH (Follicule Stimulating Hormone) et LH (Luteinizing Hormone).

L’HORMONE FSH (FOLLICULE STIMULATING HORMONE) Cette hormone a pour fonction de « réveiller » les follicules qui se trouvent dans la réserve ovarienne et de les stimuler pour qu’ils deviennent suffisamment matures pour être fécondables. Plusieurs follicules vont entreprendre leur maturation sous l’effet de la FSH. En moyenne, 5 à 10 follicules vont entrer dans la course.

QUEL SERA LE CANDIDAT À LA FÉCONDATION ? LE RÔLE DES ŒSTROGÈNES Les follicules ont une règle du jeu pour se départager. Une fois les ovaires suffisamment stimulés, les cellules folliculaires produisent des 27

Partie 1. Le cerveau – Chef d’orchestre de la fertilité

œstrogènes. Ces hormones envoient un message à l’hypothalamus qui, en réponse, freine la production de GnRH ; le message est reçu par l’hypophyse qui, à son tour, freine la production de FSH. La diminution de FSH empêche les petits follicules de progresser : un seul ovule sera suffisamment mature pour être fécondé. On qualifie ce mécanisme visant à « freiner la machine » de mécanisme de rétrocontrôle négatif. Les œstrogènes ont également d’autres actions simultanées ! • Elles soutiennent la maturation des follicules dominants. • Elles préparent le terrain de la nidation : la muqueuse utérine se régénère et rend les parois vaginales et le mucus cervical (glaire cervicale) plus réceptifs à la fécondation. La glaire cervicale est une sécrétion qui se trouve dans le col de l’utérus. Au moment de l’ovulation, elle forme un couloir de nage qui permet aux spermatozoïdes de passer le col utérin pour se diriger dans l’utérus, puis vers les trompes. La glaire permet également de filtrer le sperme : seuls les spermatozoïdes les plus performants passent le cap. La glaire qui se trouve dans la moitié supérieure du col leur permet d’avancer plus vite jusqu’aux trompes, tandis que les spermatozoïdes mal formés ou insuffisamment mobiles sont piégés dans la glaire.

L’HORMONE LH (LUTEINIZING HORMONE) Lorsque le follicule est presque arrivé à maturité, l’hypophyse produit un pic de LH. Trente-six heures plus tard, l’ovaire libère le follicule mature qui est alors capté par le pavillon de la trompe de Fallope. L’hormone LH permet aussi de lancer la production d’une autre hormone : la progestérone. La progestérone transforme l’environnement de l’utérus en épaississant la muqueuse de l’endomètre qui tapisse la paroi de l’utérus. 28

INFERTILITÉ ET CERVEAU ?

Le cerveau aux commandes des appareils génitaux …

C’est sur ce tapis cellulaire bien vascularisé que l’ovule fécondé pourra s’implanter. Le niveau de progestérone culmine une semaine environ après l’ovulation.

L’ŒSTRADIOL Le follicule arrivé à maturité produit de l’œstradiol, une forme d’œstrogène qui joue un rôle dans le fonctionnement général de l’ovaire et la qualité des ovules.

LE CERVEAU ACTIONNE ET RÉGULE LE FONCTIONNEMENT DES TESTICULES Le cerveau est aussi à l’origine de la production des spermatozoïdes. L’hypothalamus envoie ses ordres à l’hypophyse via l’hormone GnRH. L’hypophyse relaye cet ordre, via l’hormone LH, aux testicules qui contiennent des cellules dites « de Leydig ». Leur fonction est de produire une hormone, la testostérone, en réponse à la LH sécrétée par l’hypophyse. La testostérone joue un rôle très important dans la maturation des spermatozoïdes. Le processus de maturation des spermatozoïdes est aussi contrôlé par un système de rétrocontrôle négatif : lorsque le taux de testostérone augmente, cela est perçu par l’hypothalamus qui va freiner la production de GnRH. L’hypophyse, en réponse, va freiner le taux de LH et de FSH pour réguler les taux d’hormones sexuelles. Ainsi, l’hypophyse et l’hypothalamus contrôlent le système de reproduction via la production de l’hormone gonadotrophine (GnRH). C’est elle qui stimule la synthèse et la libération des hormones LH et FSH qui, à leur tour, permettent le développement des organes sexuels secondaires au moment de la puberté et assurent le fonctionnement de la fonction reproductive tout au long de la vie. Mais que se passe-t-il dans le cerveau en amont ? L’enquête se poursuit… 29

Partie 1. Le cerveau – Chef d’orchestre de la fertilité

QUAND LES CONTRÔLEURS SONT EUX-MÊMES CONTRÔLÉS… Les neurones à GnRH : des chefs détrônés Pendant de nombreuses années, les supérieurs hiérarchiques du système de reproduction identifiés étaient les « neurones à GnRH », situés dans l’hypothalamus, dont dépend la sécrétion de GnRH. Une intense activité de recherche depuis 10 ans a permis de démontrer que les neurones à GnRH n’étaient pas des décideurs, mais de simples exécutants. Qui sont les nouveaux décideurs identifiés ? De nouveaux décideurs identifiés ■■

Le starter des neurones à GnRH : la PGE2

Des chercheurs français de l’INSERM de Lille (Prévot et al.) démontrent en 2011 que l’activité des neurones à GnRH dépend d’autres acteurs présents dans leur environnement : les cellules gliales. Pour les plus férus de science, nous précisons que les cellules gliales sont 10 fois plus nombreuses que les neurones. Elles comblent les espaces situés entre eux. Elles sont au contact des vaisseaux sanguins et forment la gaine de myéline de certains neurones. Elles jouent un rôle clé dans la genèse, la propagation et le traitement de l’information nerveuse. Revenons à leur rôle sur le système de reproduction. Les chercheurs précités ont démontré que les cellules gliales libèrent une hormone, qui est indispensable à l’activité des neurones à GnRH : la prostaglandine E2, dite PGE2. Cette hormone libérée par les cellules gliales est indispensable pour stimuler l’activité électrique des neurones à GnRH et donc pour l’activation des fonctions de reproduction ! En d’autres termes, sans cette hormone, pas de fertilité ! La prise de cette hormone permettrait de remédier à un retard pubertaire et à une infertilité due à un déficit de cette hormone. L’énigme en matière de fertilité n’est pas complètement résolue. Par exemple, qu’est-ce qui est à l’origine de la pulsatilité des 30

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Le cerveau aux commandes des appareils génitaux …

neurones à GnRH ? D’ailleurs… qu’est-ce que c’est que la pulsatilité des neurones ? ■■

L’énigme de la pulsatilité des neurones

Les neurones à GnRH libèrent ces hormones (GnRH) par pulsations régulières : on dit que la sécrétion (ou libération) de ces hormones est « pulsatile ». Pour être plus précis, chez la femme, la sécrétion de GnRH peut être soit pulsatile, c’est-à-dire régulière et en petite quantité, soit massive, juste avant l’ovulation, appelée surge ou « pic préovulatoire ». Chez l’homme, la sécrétion de GnRH est uniquement pulsatile. La libération des hormones GnRH, lorsqu’elle est pulsatile, intervient toutes les 90 minutes. Le challenge des chercheurs a été de découvrir ce qui était à l’origine de ces pulsations. Longtemps, les recherches étaient centrées sur la GnRH, jusqu’à ce qu’ils découvrent un autre acteur de la fertilité… C’est en Nouvelle-Zélande que des chercheurs découvrent un nouvel acteur : la kisspeptine. ■■ Kisspeptine : un élément déclencheur de la pulsatilité des neurones à GnRH

Le professeur Allan Herbison et son équipe du Centre de neuroendocrinologie d’Otago (Nouvelle-Zélande) ont découvert récemment que dans l’hypothalamus, des neurones, autres que les neurones à GnRH, libèrent un neuropeptide appelé la kisspeptine (Kp), qui déclenche et régule l’activité des neurones à GnRH. La Kp contrôle la pulsatilité des neurones à GnRH. Par son action stimulatrice très forte sur la sécrétion de GnRH, elle est également impliquée dans le déclenchement de la puberté. Les neurones à Kp, qui sont environ 2 000, synchronisent leur activité pour projeter la Kp sur les neurones à GnRH qui vont alors sécréter la GnRH. La GnRH libérée dans le sang déclenche la sécrétion 31

Partie 1. Le cerveau – Chef d’orchestre de la fertilité

des gonadotrophines (LH et FSH). À leur tour, ces hormones LH et FSH activent les ovaires qui à leur tour produisent et sécrètent les hormones stéroïdiennes, dont l’œstradiol. À partir de l’ovaire, l’œstradiol exerce un rétrocontrôle sur l’activité des neurones à Kp situés dans le cerveau. Ce système permet de réguler finement la libération de la GnRH. Si la pulsatilité est trop forte ou trop faible, le fonctionnement des ovaires est contrarié. Par exemple, on constate chez les femmes souffrant du syndrome des ovaires polykystiques une pulsatilité trop forte. Au contraire, une pulsatilité trop faible peut entraîner une aménorrhée ou une insuffisante maturation des follicules dans les ovaires. Le lien entre Kp et ovaires est d’autant plus étroit qu’il existerait au niveau des ovaires un système local à Kp capable d’un contrôle direct de l’activité de l’ovaire. L’administration de Kp est en cours d’évaluation clinique. ■■

L’AMH, ou hormone anti-müllérienne

Une autre découverte corrobore la communication entre les ovaires et le cerveau, mais cette fois-ci, non pas dans le sens cerveauovaires, mais dans le sens inverse : ovaires-cerveau ! Le Centre de recherche Jean-Pierre Aubert (unité 1172 de l’INSERM de Lille) et les chercheurs néo-zélandais précités découvrent qu’un autre acteur modifie l’activité des neurones à GnRH logés dans le cerveau : l’AMH (aussi appelée hormone anti-müllérienne), hormone caractéristique du syndrome des ovaires polykystiques. Cette hormone n’est pas produite par le cerveau, mais par les ovaires ! En l’espèce, il a été démontré que la surproduction par les ovaires de cette hormone modifie l’activité de neurones logés dans le cerveau. Elle augmente la pulsatilité des neurones à GnRH. L’hypophyse s’emballe, déréglant le fonctionnement normal de la fonction reproductive. 32

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Le cerveau aux commandes des appareils génitaux …

Une piste thérapeutique consiste à développer des molécules capables d’empêcher la liaison entre l’AMH et ses réceptions sur les neurones à GnRH. Toutes ces découvertes ouvrent de nouvelles pistes thérapeutiques précieuses pour le traitement des troubles de la fertilité d’origine centrale.

QUAND LE CERVEAU BROUILLE LES PISTES… Les neurones à GnRH un peu partout dans le cerveau Les chercheurs du Centre de recherche Jean-Pierre Aubert de Lille, INSERM, se sont intéressés à la migration des neurones à GnRH pendant le développent embryonnaire pour chercher une réponse aux interrogations suivantes : où naissent les cellules à GnRH ? Comment migrent-elles dans le cerveau ? Quelle est leur distribution dans le cerveau ? Quel est leur nombre ? De façon inattendue, ils découvrent que la majeure partie de ces neurones se logent ailleurs que dans l’hypothalamus, un peu partout dans le cerveau ! Seulement 20 % seraient présents dans l’hypothalamus, soit 2 000 environ. Huit mille neurones à GnRH se nicheraient dans d’autres zones du cerveau, telles que le cortex cérébral, l’hippocampe, le bulbe olfactif ainsi que certaines régions du système limbique. Bien que le devenir à long terme des neurones à GnRH extra-hypothalamiques reste inconnu, leur présence dans ces régions suggère qu’ils pourraient être impliqués dans des processus physiologiques autres que celui du contrôle de la reproduction, comme la cognition, les comportements ou encore le contrôle des émotions. L’enquête se poursuit...

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Partie 1. Le cerveau – Chef d’orchestre de la fertilité

Les neurones à GnRH situés dans le cerveau ne proviennent pas du cerveau… mais du nez ! Les neurones à GnRH sont les seuls neurones neuroendocrines à ne pas avoir leur origine dans le cerveau… mais dans le nez, et plus précisément dans la placode olfactive médiane du nez. Au cours de la vie fœtale, plusieurs milliers de neurones à GnRH migrent jusqu’au cerveau. Voici leur parcours : ces neurones migrent le long des axones du nerf terminal et du nerf voméronasal qui forment un pont entre le nez et le cerveau. Ils atteignent leur destination, et notamment l’hypothalamus, à la 16e semaine de gestation. Dans l’hypothalamus, ces neurones communiquent pour produire ensuite, de manière synchronisée, la GnRH. La migration des neurones à GnRH a pu être étudiée grâce à un nouveau procédé baptisé « 3DISCO » (3-dimensional imaging of solvent cleared organs), qui est une technique d’imagerie en 3D à haute définition.

QUAND L’ÉPIGÉNÉTIQUE S’EN MÊLE : LA FERTILITÉ EST INSCRITE DANS NOS GÈNES, MAIS N’EST PAS FIGÉE À LA NAISSANCE ! Qu’est-ce que l’épigénétique ? L’épigénétique est l’une des grandes découvertes de ces dernières années. Elle est même qualifiée (par Joël de Rosnay) de « révolution scientifique la plus importante de ces 50 dernières années » ! L’épigénétique, c’est l’étude de la modification de l’expression de nos gènes en fonction de notre environnement direct. Il a été découvert que nos gènes constituent 2 % seulement de notre ADN codant, qui définit la part innée d’un individu. Les autres gènes sont non codants, mais ont un rôle dans l’expression de nos gènes codants. Il est aujourd’hui démontré que l’activité de ces gènes non codants est directement influencée par notre environnement, à 34

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savoir l’alimentation, le sommeil, l’activité physique, l’exposition à la lumière, le stress, le secteur d’activité professionnelle, etc. Pour bien comprendre comment l’environnement peut influer l’expression des gènes, prenons l’exemple des abeilles. Chez les abeilles, les larves naissent avec le même patrimoine génétique. Si l’on donne à l’une d’elles de la gelée royale, elle va devenir une reine, et les autres des ouvrières : ainsi, l’alimentation à elle seule suffit à activer certains gènes codants nécessaires pour devenir la reine des abeilles !

Figure 2 | Épigénétique de l’abeille.

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Partie 1. Le cerveau – Chef d’orchestre de la fertilité

En matière de reproduction humaine, que se passe-t-il dans nos gènes ? ■■ Les micro-ARN : première activation de l’axe reproducteur par le cerveau

Dans la séquence ADN se trouve le gène de la GnRH. Mais pour que les gènes de la GnRH soient activés, ils ont besoin de micro-ARN, qui sont des ARN non codants qui font partie de l’épigénome. Ces micro-ARN vont permettre l’expression du gène à GnRH pour permettre la puberté et la fertilité adulte. Vincent Prévot, directeur de recherche de l’INSERM Lille (Centre Jean-Pierre Aubert), et son équipe ont découvert très récemment, en 2016, que l’absence de micro-ARN empêche l’expression du gène à GnRH. Le cerveau cesse de produire l’hormone GnRH, ce qui empêche la maturation sexuelle. L’activation des neurones à GnRH de l’hypothalamus (afin qu’ils libèrent l’hormone GnRH) se fait à la puberté, mais aussi dès la naissance ! Lors de la puberté, différents acteurs, dont la kisspeptine et la prostaglandine décrites précédemment, déclenchent l’activité des neurones à GnRH qui vont produire cette hormone. La GnRH stimule l’hypophyse, qui produit en réponse deux hormones, la FSH et la LH qui permettent la croissance des gonades, ovaires et testicules, puis assurent la fonction de reproduction. Bien avant la puberté, il existe une « mini-puberté » qui survient entre le premier et le troisième mois de vie chez le nourrisson. C’est là que les micro-ARN soutiennent l’expression du gène à GnRH. S’ils font défaut, le gène à GnRH ne pourra pas s’exprimer. C’est la première activation de l’axe reproducteur par le cerveau, connue en l’état actuel de la science. Pour offrir une réponse thérapeutique à l’absence de micro-ARN, les recherches portent sur l’administration de petites molécules analogues. 36

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Le cerveau aux commandes des appareils génitaux …

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Micro-ARN et facteurs environnementaux

Comme chez l’abeille, nos gènes non codants sont directement influencés par notre environnement ! Les chercheurs se tournent à l’heure actuelle sur les facteurs environnementaux qui peuvent favoriser ou altérer la fertilité : alimentation, sommeil, activité physique, exposition à la lumière, stress, etc. Le cerveau, une société pyramidale bien hiérarchisée, qui n’est pas toute puissante Au fil des découvertes, on découvre un mécanisme de la fertilité orchestré par le cerveau et organisé de manière pyramidale, très hiérarchisée : de nombreux acteurs interviennent dans le cerveau, tous étant subordonnés à un autre. Les recherches ne cessent de s’efforcer à remonter la chaîne des décideurs. Aujourd’hui, la première activation de l’axe reproducteur par le cerveau identifiée est faite par les micro-ARN, gènes non codants. L’avenir nous dira s’il y a d’autres intervenants. Ce qui rend le mécanisme aussi intéressant, c’est que tous communiquent et interagissent, et pas seulement entre eux ! Le système de reproduction : un dialogue complexe Les acteurs du système de reproduction relèvent d’un dialogue complexe. Au sein du système central lui-même, plusieurs acteurs dialoguent entre eux, créant une voix qui va dialoguer avec les gonades, ovaires et testicules. Et l’ensemble ne fonctionne pas en circuit fermé, puisqu’il dépend aussi de l’environnement !

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3 Les dérèglements de l’axe reproducteur

CHEZ LA FEMME : LES DÉSORDRES OVULATOIRES Les dérèglements de l’axe hypothalamo-hypophysaire entraînent des désordres ovulatoires. Chez la femme, ces désordres ovulatoires peuvent s’observer par un dérèglement du cycle menstruel. Les cycles peuvent être irréguliers, espacés de plus de 6 à 8 semaines. C’est ce qu’on appelle la spanioménorrhée. En l’absence de règles, c’est l’aménorrhée. Pour que les règles surviennent, il faut bien sûr une intégrité anatomique et fonctionnelle des voies génitales, mais aussi une intégrité du système central qui est aux commandes de la fonction de reproduction. Par ailleurs, un déséquilibre hormonal peut s’observer même en présence de règles. Un bilan hormonal permet de déterminer s’il y un dérèglement au niveau de l’axe hypothalamo-hypophysaire pour mieux le traiter. 41

Partie 2. Quand le cerveau se dérègle, la fertilité aussi !

Les causes des dysfonctions ovulatoires ? L’OMS classifie les causes des dysfonctions ovulatoires en trois classes : l’insuffisance hypothalamo-hypophysaire (classe 1), la dysfonction hypothalamique et le syndrome des ovaires polykystiques (classe 2), ainsi que l’insuffisance ovarienne (classe 3). À ces catégories, l’OMS a ajouté l’anovulation hyperprolactinémique. L’insuffisance hypothalamo-hypophysaire Le signe clinique est l’aménorrhée. Ces désordres relèvent le plus souvent d’un défaut de communication entre l’hypothalamus et l’hypophyse. Ce faux départ dérègle la fonction de reproduction à tous les niveaux : –– la libération et la sécrétion pulsée des gonadotrophines FSH et LH sont sévèrement altérées ; –– les follicules ovariens ne peuvent pas maturer correctement ; –– il ne peut y avoir d’ovulation, donc de fécondation ; –– la muqueuse utérine ne se développe pas. 10 % des cas d’anovulation sont causés par une telle insuffisance hypothalamo-hypophysaire. Les causes de l’insuffisance hypothalamo-hypophysaire peuvent être diverses. • Elle peut être causée par des tumeurs cérébrales ou des lésions du cerveau. Ces lésions cérébrales peuvent être occasionnées au cours d’un traitement par radiothérapie, mais aussi suite à une hémorragie ou à une maladie auto-immune. Dans le syndrome de Sheehan, une hémorragie du post-partum peut créer une nécrose de l’hypophyse à l’origine d’une insuffisance de l’hypophyse. Citons également l’hypophysite, qui, caractérisée par une inflammation de l’hypophyse, serait une maladie auto-immune. • L’insuffisance hypothalamo-hypophysaire peut aussi être d’origine génétique. 42

INFERTILITÉ ET CERVEAU ?

Les dérèglements de l’axe reproducteur

Dans le syndrome de Kallmann, une maladie génétique rare qui touche 1 personne sur 10 000, les neurones à GnRH sont absents de l’hypothalamus, où ils sont normalement activés pour produire de la GnRH. Du fait d’anomalies dans le développement du bulbe olfactif, ces neurones n’ont pu migrer jusque dans le cerveau au cours de la vie fœtale, et sont restés emprisonnés dans le nez. Ils ne peuvent s’activer pour produire de la GnRH. Or, sans GnRH, la puberté ne peut intervenir, ce qui entraîne une infertilité. • L’anorexie peut également expliquer une telle insuffisance. • Certains cas sont toutefois inexpliqués par la médecine actuelle. Dysfonction hypothalamique et syndrome des ovaires polykystiques Dans ces dysfonctions, l’hypophyse produit bien des gonadotrophines, mais c’est leur pulsatilité qui est altérée. Les œstrogènes sont présents dans le sang, mais en quantité insuffisante. Les cycles mensuels sont soit trop longs (supérieurs à 35 jours), soit absents. Le mode de vie est souvent à l’origine de cette dysfonction hypothalamique : une activité athlétique trop intense, un gain ou une perte de poids très importants (obésité ou anorexie) ou un stress soutenu figurent parmi les causes identifiées. Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) Il concerne 4 à 11 % des femmes en âge de procréer. Ce désordre hormonal entraîne des règles irrégulières, peu fréquentes, avec des cycles supérieurs à 35 jours, voire une aménorrhée. On observe à l’échographie un nombre important de microfollicules (au moins 25). Le corps peut également sécréter une quantité élevée d’hormones mâles, les androgènes, qui se traduit par une pilosité et/ou de l’acné en excès. Cette fabrication excessive d’androgènes par les ovaires résulte d’une sécrétion accrue de LH par l’hypophyse par rapport à la FSH. 43

Partie 2. Quand le cerveau se dérègle, la fertilité aussi !

L’insuffisance ovarienne Elle concerne 5 % des désordres ovulatoires. Ce désordre se caractérise par la perte de capacité des ovaires à synthétiser les œstrogènes et à produire des ovules matures. Le niveau très bas d’œstrogènes, associé à une baisse de la réserve ovarienne, provoque dans un premier temps un raccourcissement des cycles jusqu’à l’aménorrhée. C’est la raison pour laquelle on appelle ce désordre la « ménopause précoce ». L’hypophyse tente de compenser les faibles niveaux d’œstrogènes en produisant un excès d’hormones gonadotrophines FSH et LH qui stimulent sa synthèse. L’hypophyse est sur-sollicitée, en vain. L’hyperprolactinémie Elle consiste en une surproduction de prolactine, l’hormone qui sert en principe à stimuler la production de lait par les glandes mammaires. Elle bloque l’ovulation. Elle agit comme contraceptif pendant la période d’allaitement de l’enfant. En dehors de l’allaitement, l’hyperprolactinémie peut être causée par certaines tumeurs de la région hypothalamohypophysaire (par exemple l’adénome à prolactine, qui est une tumeur de l’hypophyse) ou par la prise de médicaments tels que des neuroleptiques. Heureusement, ces tumeurs sont bénignes la plupart du temps et sont contrôlées par des traitements médicamenteux.

QUELS SONT LES TROUBLES DE L’AXE REPRODUCTEUR CHEZ L’HOMME ? OATS : les anomalies de la spermatogenèse Il existe plusieurs types d’anomalies de la spermatogenèse, dits « OATS » : O : L’oligospermie est caractérisée par une diminution du nombre de spermatozoïdes. A : L’asthénospermie par une diminution de la mobilité des spermatozoïdes. 44

INFERTILITÉ ET CERVEAU ?

Les dérèglements de l’axe reproducteur

TS : La tératospermie par une diminution du nombre de spermatozoïdes à forme typique. L’azoospermie est l’absence de spermatozoïde. Les causes d’origine centrale Si ces anomalies du sperme peuvent être causées au niveau des testicules ou en périphérie de ceux-ci, elles peuvent être également d’origine centrale. Les examens hormonaux permettent de le déterminer. Les dosages de la FSH, de la LH, de la testostérone et de la prolactine dans le sang sont examinés. Si le taux de FSH est trop faible, c’est que le système central aux commandes de la fertilité est déréglé. Un faible taux de FSH et de LH freine la production de testostérone et donc celle des spermatozoïdes. Un taux de prolactine élevé révèlera une tumeur hypophysaire, bénigne dans la plupart des cas. Comme chez les femmes, le syndrome de Kallmann peut être à l’origine d’une absence d’hormones LH et FSH, mais il s’agit d’un cas rare (1 sur 10 000). Dans 40 % des cas, les causes de ces anomalies sont inconnues. Aujourd’hui, une des voies de recherches consiste à déterminer comment les anomalies de l’ovulation et des spermatozoïdes, notamment celles d’origine centrale, peuvent être induites ou aggravées par le mode de vie. Ce qui impacte le cerveau et ses composantes peut impacter la fertilité.

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4 Les facteurs environnementaux qui agissent sur le cerveau et la fertilité

L’épigénétique a permis de démontrer que les facteurs environnementaux ont une incidence sur l’expression de nos gènes codants, dont ceux de la GnRH, situés dans le cerveau. Selon un article de Khochbin Saadi, directeur de recherche au CNRS, « les modifications de l’environnement peuvent impacter l’expression des gènes via le métabolisme. Ainsi, régime alimentaire, effort physique ou sédentarité, maladies, vieillissement… : tout ce qui influence le métabolisme peut modifier l’expression de nos gènes. (…) Un régime alimentaire ou simplement l’expérience d’un stress ou d’un conditionnement particulier peuvent influencer la descendance ». Les facteurs environnementaux qui fragilisent le cerveau peuvent donc avoir un impact sur la fonction reproductive. Ces facteurs environnementaux sont multiples : alimentation, obésité, anorexie, substances reprotoxiques/perturbateurs endocriniens, le sport, la chaleur, les ondes électromagnétiques, l’exposition à la lumière, le stress, etc. 47

Partie 2. Quand le cerveau se dérègle, la fertilité aussi !

ALIMENTATION INADAPTÉE : CARBURANT DE L’INFERTILITÉ Les acides gras polyinsaturés Ce sont les « mauvais gras ». Les graisses issues des aliments industriels l’affectent. Les hommes dont l’alimentation comporte davantage d’aliments industriels riches en mauvais gras présentent un sperme de moins bonne qualité avec des spermatozoïdes moins nombreux et moins mobiles. Chez les femmes, on constate une moins bonne qualité ovocytaire. Une étude menée auprès de 147 femmes en parcours PMA (FIV) confirme qu’une consommation plus élevée d’acides gras polyinsaturés se traduit par moins d’ovocytes matures et un taux plus élevé d’embryons de mauvaise qualité (Chavarro, 2012). Selon une autre étude récente, s’alimenter dans des fast-foods plusieurs fois par semaine nuit à la fertilité (Grieger, 2018). Le sucre Si le sucre est bon pour le cerveau, attention aux sucres rapides (tels que le sucre raffiné, le pain blanc, les boissons sucrées), car ils provoquent des pics d’insuline. S’ils sont trop fréquents au cours de la journée, ils peuvent créer une production d’insuline trop importante qui va créer un climat inflammatoire de nature à entraver le bon développement des cellules reproductrices et en particulier des ovules. Le café Les femmes qui boivent au moins 5 tasses de café par jour réduisent de moitié leurs chances d’être enceintes, selon une étude danoise présentée au Congrès de la Société européenne de reproduction humaine et d’embryologie (ESHRE) le 3 juillet 2012, et réalisée sur 3 959 femmes bénéficiaires d’une FIV (ou ICSI).

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INFERTILITÉ ET CERVEAU ?

Les facteurs environnementaux qui agissent sur le cerveau …

OBÉSITÉ ET INFERTILITÉ Avec le développement des aliments industriels et de leur consommation, on observe une hausse de l’obésité. L’obésité est caractérisée lorsque l’IMC (indice de masse corporelle) est supérieur à 30. Chez les femmes, un IMC supérieur à 30 diminue par 4 les chances de grossesse par rapport à une femme dont l’IMC est normal. L’obésité peut s’accompagner de dérèglements hormonaux : les cellules adipeuses produisent un excès d’œstrogène de nature à perturber la fonction ovarienne et entraîner des troubles de l’ovulation (cycles irréguliers voire aménorrhée). De plus, elle augmente les risques de fausse couche. Enfin, elle réduit les chances de tomber enceinte suite à un protocole de procréation médicalement assistée. Chez les hommes, l’obésité est également facteur d’infertilité. Les cellules adipeuses des hommes obèses produisent plus d’aromatase, qui est une enzyme qui transforme la testostérone en œstrogène. La hausse excessive d’œstrogène provoque une inhibition de l’axe hypothalamo-hypophysaire, de sorte que la synthèse de la testostérone va diminuer, ainsi que la production de spermatozoïdes. L’impact de l’obésité sur la fertilité de l’homme est encore plus important en cas de diabète où peuvent s’ajouter des dysfonctions de l’érection et de l’éjaculation.

ANOREXIE ET INFERTILITÉ Une sous-alimentation peut également être source d’infertilité. On considère qu’un IMC inférieur à 20 impacte la fertilité. L’anorexie est plus fréquente chez les femmes : elle provoque alors des dérèglements hormonaux jusqu’à l’aménorrhée. L’alimentation joue donc un rôle déterminant pour la fertilité. Vous trouverez en 3e partie quel type d’alimentation favorise la fertilité. 49

Partie 2. Quand le cerveau se dérègle, la fertilité aussi !

Même dans le cadre d’une alimentation équilibrée, il convient de prendre quelques précautions dans la mesure où les aliments peuvent être contaminés par des substances reprotoxiques.

LES SUBSTANCES REPROTOXIQUES, QU’EST-CE QUE C’EST ? Selon la directive européenne 67/548/CEE, sont reprotoxiques toutes « substances et préparations qui, par inhalation, ingestion ou pénétration cutanée, peuvent produire ou augmenter la fréquence d’effets nocifs non héréditaires dans la progéniture ou porter atteinte aux fonctions ou capacités reproductives mâles ou femelles ». En France, l’INRS, Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles, en reprenant les textes européens, propose de structurer les effets reprotoxiques de la manière suivante (INRS, 2002). Il distingue : –– les atteintes portées au développement de l’enfant au cours de la gestation et après la naissance. Cela comprend notamment les avortements spontanés, la mortinatalité, les petits poids à la naissance, les malformations congénitales et les altérations du développement mental et physique, jusqu’à et y compris le développement pubertaire normal ; –– les atteintes de la fertilité. Elles comprennent les effets sur la libido, la spermatogenèse, l’ovogenèse, la fécondation elle-même, jusqu’à, et y compris, l’implantation. Dans cette grande famille des substances reprotoxiques figurent au premier rang les perturbateurs endocriniens.

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INFERTILITÉ ET CERVEAU ?

Les facteurs environnementaux qui agissent sur le cerveau …

LES PERTURBATEURS ENDOCRINIENS Qu’est-ce que c’est ? L’OMS a donné la définition suivante : « Un perturbateur endocrinien potentiel est une substance ou un mélange exogène, possédant des propriétés susceptibles d’induire une perturbation endocrinienne dans un organisme intact, chez ses descendants ou au sein de (sous)-populations. » Comment les perturbateurs endocriniens agissent-ils ? Les perturbateurs endocriniens peuvent : mimer l’action d’une hormone naturelle et entraîner la réponse due à cette hormone ; empêcher une hormone de se fixer à son récepteur et ainsi empêcher la transmission du signal hormonal ; perturber la production ou la régulation des hormones ou de leurs récepteurs. La concentration des hormones naturelles est modifiée. À quelle dose les perturbateurs endocriniens sont-ils néfastes ? Les perturbateurs endocriniens peuvent être néfastes même à faible dose. Leur toxicité provient surtout de l’addition des perturbateurs endocriniens dans notre quotidien. L’impact des perturbateurs endocriniens diffère également au cours de la vie. L’effet « cocktail » La toxicité dépend de l’interaction de plusieurs molécules : c’est ce qu’on appelle l’effet cocktail. C’est parfois l’interaction de deux composés qui va produire l’effet toxique, alors qu’ils sont très peu actifs pris séparément. Par exemple, des chercheurs ont démontré que c’est le mélange de deux composés, en l’espèce un compostant actif de la pilule contraceptive (un œstrogène) et un pesticide organochloré persistant, qui induit l’effet toxique (Delfosse, 2015). 51

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À quelle période de la vie faut-il être plus vigilant ? Il existe des périodes où l’organisme est particulièrement vulnérable et sensible aux perturbateurs endocriniens : il s’agit de la vie in utero, de la petite enfance et de l’adolescence. C’est au cours de la vie intra-utérine, entre la 7e semaine et la e 13  semaine, que les organes génitaux se forment. Ainsi, une exposition du fœtus aux perturbateurs endocriniens pourra avoir des conséquences sur la fertilité de l’individu à l’âge adulte, tant sur le plan des organes génitaux, que sur le système central, chef d’orchestre de la fertilité. Les perturbateurs endocriniens qui agissent in utero peuvent bloquer le développement normal des organes sexuels ou des glandes les contrôlant. Ces substances sont dites « embryotoxiques ou fœtotoxiques ». Chez l’homme, une telle exposition in-utéro pourrait être à l’origine d’anomalies du développement des organes génitaux telles que : –– la cryptorchidie, qui est la non-descente des testicules dans les bourses ; –– l’hypospadias, caractérisée par une position anormale de l’ouverture de l’urètre. Chez la femme, elle pourrait expliquer la tendance à une puberté précoce. Comme déjà évoqué, l’épigénétique a permis de démontrer que les facteurs environnementaux ont une incidence sur l’expression de nos gènes codants, dont celui de la GnRH, situés dans le cerveau. Les perturbateurs endocriniens peuvent non seulement avoir des effets sur l’individu exposé, mais aussi sur sa descendance ! Par quelles voies les perturbateurs endocriniens peuvent-ils s’introduire dans l’organisme ? Les perturbateurs endocriniens s’introduisent dans l’organisme par trois voies possibles : la voie orale, les voies respiratoires, la voie cutanée. 52

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Quels sont les perturbateurs endocriniens ? Il existe des milliers de produits chimiques présents dans notre environnement. Tous n’ont pas encore fait l’objet d’étude démontrant l’impact sur notre organisme. L’INSERM, dans son rapport « Reproduction et Environnement » de 2011, livre les résultats des recherches réalisées sur certaines substances susceptibles d’altérer la fertilité humaine : le bisphénol A, les phtalates, les polybromés, les composés perfluorés, les parabènes. Le bisphénol A (ou BPA) Il est utilisé notamment dans la fabrication industrielle des plastiques de type polycarbonates et des résines époxy. Ils peuvent être présents dans de nombreux objets courants tels que les CD, les lunettes, le revêtement intérieur des boîtes de conserve, les amalgames dentaires, les revêtements de sol PVC, les papiers délivrés par les caisses enregistreuses, les emballages alimentaires. La voie principale d’exposition est la voie orale, car les substances chimiques contenues dans les plastiques sont susceptibles de migrer dans les aliments. Selon le rapport de l’INSERM, de nombreuses études démontrent que le BPA a un effet toxique sur la fonction de reproduction chez l’animal. Chez l’humain, le BPA freinerait la production de testostérone, surtout lorsqu’il est associé à un autre perturbateur endocrinien par l’effet cocktail. La période d’exposition la plus critique reste celle du développement in utero ainsi que celle du nourrisson. En France, le bisphénol A a été interdit dans la fabrication des biberons en 2010. Cette interdiction a été élargie à tous les contenants alimentaires en 2015. Le BPA a été officiellement reconnu comme étant un perturbateur endocrinien par l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) en juin 2017. 53

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Au niveau européen, un règlement du 14 février 2018 applicable depuis le 6 septembre 2018 étend les restrictions applicables au bisphénol A (BPA) aux matériaux en contact avec les aliments. Il abaisse la limite de migration spécifique (LMS), qui est la quantité de matière plastique autorisée à migrer dans les aliments, de 0,6 à 0,05 milligramme de BPA par kilogramme de denrées alimentaires. Le règlement étend également cette restriction aux matériaux utilisés dans les vernis et revêtements utilisés pour tapisser les boîtes de conserve alimentaires. Les phtalates On peut trouver les phtalates dans les plastifiants pour les matières plastiques, tels que les films plastiques, les emballages alimentaires, les revêtements de sol en vinyle. Ils peuvent également entrer dans la composition des produits comme agents fixateurs. Les peintures, les détergents, les solvants, les produits cosmétiques tels que les parfums, les déodorants, les lotions après-rasage, les shampoings, les aérosols pour cheveux, les vernis à ongles peuvent en contenir. Ils migrent dans l’organisme via l’alimentation par voie cutanée et même par l’air. Le 17 février 2017, l’Union européenne a reconnu quatre phtalates comme perturbateurs endocriniens chez l’humain (le DEHP, le DIBP, le DBP et le BBP : nous vous épargnerons le détail… sauf à préciser que le « P » qui les compose désigne le phtalate). Les polybromés Ils entrent dans la composition des retardateurs de flamme sur les matières plastiques et les textiles, les composants électroniques, les matériels électroniques, mais aussi dans les jouets. Les composés perfluorés (PFOS, PFOA) On les retrouve dans les antiadhésifs des matériaux de cuisson et dans les produits anti-tâches pour textiles par exemple. 54

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Les parabènes Ils sont utilisés comme conservateurs dans les cosmétiques, les aliments, et même les médicaments… La liste des perturbateurs endocriniens est longue et parfois surprenante.

LES MÉDICAMENTS Certains médicaments peuvent être des perturbateurs endocriniens. On se souvient du Distilbène prescrit comme œstrogène de synthèse à des femmes enceintes pour éviter les fausses couches. Des malformations des appareils reproducteurs ainsi que des cancers développés chez les enfants exposés à ce médicament in utero ont conduit à son interdiction. Toutefois, d’autres médicaments ont un impact sur la fertilité. Les neuroleptiques peuvent être à l’origine d’une hyperprolactinémie. D’autres, plus anodins, tels que l’aspirine ou le paracétamol, altèrent la production de différentes hormones comme la testostérone. C’est aussi le cas de l’ibuprofène. Chez les garçons exposés in utero, l’ibuprofène altère la production de testostérone et de l’hormone anti-müllérienne nécessaires à la masculinisation de l’individu. Il résulte de travaux de recherche franco-danois coordonnés par Bernard Jégou, chercheur à l’INSERM Rennes, que « consommés par 70 % des femmes enceintes de l’étude, ces antalgiques multipliaient le risque de cryptorchidie par un facteur allant de 2 pour le paracétamol à près de 5 pour l’ibuprofène. Associés, les antalgiques multipliaient le risque par plus de 16 en raison de l’effet cocktail ». Ces travaux ont été prolongés, et une nouvelle publication récente révèle que la prise d’ibuprofène de manière prolongée à l’âge adulte altère aussi la fertilité de l’homme. L’ibuprofène agit comme perturbateur endocrinien en inhibant plusieurs gènes clés des cellules endocrines du testicule. Il abaisse la production de testostérone (Kristensen, 2018). 55

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Cette étude ne veut pas dire qu’il ne faut plus consommer d’ibuprofène, mais invite à prendre ce médicament avec précaution, en évitant de prendre des doses trop importantes sur une durée prolongée. Les personnes particulièrement exposées sont les sportifs de haut niveau et les personnes souffrant de maladies rhumatismales. Pour les femmes enceintes, ces médicaments sont contre-indiqués. Ces informations sont importantes pour les usagers dans la mesure où le paracétamol, l’aspirine et l’ibuprofène sont les médicaments les plus utilisés dans le monde, et délivrés sans ordonnance.

LA CIGARETTE NUIT GRAVEMENT À LA FERTILITÉ Un des perturbateurs endocriniens les plus nocifs pour la fertilité est le tabac. Une cigarette allumée contient un cocktail chimique impressionnant… Environ 4 000 molécules chimiques la composent ! Les composés du tabac passent dans le sang et dégradent les membranes des cellules, c’est ce qu’on appelle le « stress oxydant », ou « stress oxydatif ». Chez l’homme, ce stress oxydant affecte la qualité du sperme. Il augmente les anomalies chromosomiques dans les spermatozoïdes, qui peuvent être à l’origine de fausses couches. On observe aussi une concentration spermatique moindre à l’âge adulte chez les hommes nés de mères fumeuses. Chez la femme, ce stress oxydant peut impacter la réserve ovarienne, ainsi que les cycles menstruels, qui peuvent être plus irréguliers. Le tabagisme a globalement un impact négatif sur toutes les étapes de la reproduction féminine : maturation des ovocytes, implantation de l’embryon, développement du fœtus. Les femmes fumeuses augmentent leur délai de conception de 6 mois. Les chances de réussite d’un parcours FIV sont diminuées de 40 % chez les couples fumeurs, par rapport aux couples non fumeurs. Les 56

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différentes données montrent que l’arrêt du tabac est un élément majeur dans la réussite d’un parcours PMA (Klonoff-Cohen, 2001 ; Waylen, 2009). Particules fines des fumées et retardateurs de flamme bromés En dehors de la pollution de l’air due à la cigarette, on a tendance à associer la pollution de l’air à la pollution atmosphérique extérieure, aux particules fines. Il est vrai que les particules fines, contenues dans les fumées rejetées par les usines ou les pots d’échappement des voitures (diesel notamment) nuisent au système endocrinien. Les grandes villes y sont particulièrement exposées. 57

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Mais c’est souvent à l’intérieur de nos habitats que l’air est le plus pollué ! Les retardateurs de flamme bromés font partie des perturbateurs endocriniens. Ils sont ajoutés dans la fabrication des produits pour leur conférer une résistance au feu. Ils se trouvent dans les vêtements, le mobilier, les canapés, les appareils électriques, etc.

ALCOOL ET DROGUES Une étude danoise publiée le 28 juillet 2016 réalisée sur 6 120 femmes révèle que si une consommation excessive d’alcool est néfaste pour la fertilité, boire avec modération (jusqu’à 7 verres par semaine) ne diminuerait pas les chances de tomber enceinte (Mikkelsen, 2016). La consommation d’alcool même modérée est surtout nocive pendant la grossesse. Selon l’INPES (l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé), « la consommation de boissons alcoolisées pendant la grossesse, même en faible quantité, peut avoir des conséquences graves sur la santé de l’enfant ». Chez l’homme, une consommation importante d’alcool entraîne une baisse de la quantité et de la qualité du sperme. Selon une étude danoise portant sur 1 221 danois âgés de 18 à 28 ans, et publiée le 2 octobre 2014 dans le British Medical Journal (BMJ), l’alcool nuirait à la fertilité dès 5 verres par semaine. L’impact de l’alcool sur la qualité du sperme est réversible en 3 mois, temps nécessaire pour que les nouveaux spermatozoïdes arrivent à maturité. La consommation de cannabis nuit à la mobilité des spermatozoïdes. Leur quantité et leur qualité diminuent également. La consommation de cocaïne, d’héroïne, d’ecstasy, d’amphétamines provoque des troubles sexuels chez l’homme. Plus grave, elle peut aussi altérer l’ADN des ovules et des spermatozoïdes.

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Les PCB (polychlorobiphényles) Ils s’accumulent dans les tissus adipeux et se trouvent de plus en plus concentrés dans la chaîne alimentaire : c’est l’effet de « bio-accumulation ». Les aliments les plus concernés sont ceux d’origine animale (viandes, poissons, lait et œufs). Les pesticides Les pesticides peuvent être présents dans les aliments, mais aussi dans les boissons telles que les jus de fruits, le vin ou autres boissons alcoolisées, et même dans l’eau. La toxicité de certains pesticides a déjà été mise en évidence. C’est le cas du dibromochloropropane (DBCP), pesticide utilisé pour lutter contre un ver s’attaquant aux racines des bananiers, qui a rendu stériles des dizaines de milliers de travailleurs agricoles d’Amérique centrale. De même, la toxicité du chlordécone (insecticide utilisé aux Antilles) a été démontrée, de sorte qu’il a été interdit en 1993. En France, les trois pesticides les plus couramment utilisés sont l’hydroxybenzoate de méthyle, le nonylphénol et l’acide borique. Dans un rapport publié le 4 septembre 2018, l’ONG Générations Futures affirme que plus de 6 résidus de pesticides sur 10 trouvés dans l’alimentation européenne sont potentiellement des perturbateurs endocriniens susceptibles d’affecter la fonction sexuelle et reproductive. Les additifs alimentaires antioxydants Les conservateurs (antioxydants synthétiques), tels que le l’hydroxytoluène butylé (BHT) et le BHA utilisés pour éviter aux matières grasses de rancir sont des perturbateurs endocriniens. Ces composants sont identifiables sur l’étiquette des produits alimentaires par le marquage E… par exemple E321 pour le BHT et E320 pour le BHA.

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L’EXCÈS DE SPORT NUIT À LA FERTILITÉ Chez les femmes, une activité sportive trop soutenue peut affecter l’équilibre hormonal entre le cerveau et les ovaires et entraîner des troubles de l’ovulation. Une étude menée sur 3 628 femmes révèle que les femmes qui pratiquent plus de 5 heures d’activité physique soutenue par semaine ont 32 % de chances en moins de tomber enceintes (sauf chez les femmes en surpoids ou obèse) (Wise, 2012). Chez l’homme, selon une étude espagnole de 2010, les triathloniens et les joueurs de water-polo de haut niveau ne présentaient pas des profils séminaux et hormonaux aussi bons que ceux qui pratiquaient une activité physique de façon bien plus modérée. L’excès de sport nuirait à la fertilité. En revanche, il est établi que le sport modéré est excellent pour la fertilité ! (cf. partie 3)

LES SPERMATOZOÏDES CRAIGNENT LA CHALEUR La chaleur diminue la production de spermatozoïdes. Les hommes produisent moins de gamètes en été qu’en hiver. Les hommes qui travaillent dans un milieu particulièrement chaud, tels que les boulangers ou les sidérurgistes, présentent une qualité spermatique moindre.

ONDES ÉLECTROMAGNÉTIQUES : UN DANGER POUR LE CERVEAU ET LA FERTILITÉ ? Les rayons ionisants, émis lors des radiothérapies, endommagent les cellules et peuvent altérer le cycle ovarien et la spermatogenèse. Qu’en est-il des ondes électromagnétiques émises au quotidien par les téléphones portables, les ordinateurs avec le wifi, le Bluetooth, les antennes-relais, etc. ? Aujourd’hui, il n’existe pas de consensus au sein de la communauté scientifique au sujet de leur toxicité. 60

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Les effets mis en évidence concernent plus la chaleur générée par les appareils que la composante électromagnétique. Il est en effet acquis que l’excès de chaleur altère la quantité et la qualité des spermatozoïdes. Toutefois, il n’est pas exclu que les ondes électromagnétiques soient inoffensives. Selon plusieurs études, les ondes électromagnétiques seraient dangereuses pour le cerveau et la fertilité. Une étude rendue publique par l’université du Queens au Canada et menée par le Dr Shamloul conclut que les ondes émises par nos téléphones cellulaires perturberaient la sécrétion d’hormones : elles augmenteraient le taux de testostérone mais réduiraient celui de l’hormone lutéinisante (la LH). Le Dr Fiona Mathews et son équipe, de l’université d’Exeter, au Royaume-Uni, ont analysé 10 études sur la qualité du sperme, basées sur 1 500 échantillons. Les ondes électromagnétiques appauvriraient le sperme à deux niveaux : elles réduiraient de 8 % la mobilité des spermatozoïdes et affecteraient leur viabilité (durée de vie) de 9 %. Une étude de grande envergure portant sur plus de 280 000 personnes dans 6 pays européens a été lancée en avril 2010, il s’agit de l’étude COSMOS. Cette étude est chargée d’étudier les risques sanitaires des téléphones mobiles et d’autres technologies sans fil. Les risques sanitaires étudiés sont : –– les maladies chroniques : cancers, maladies cardiovasculaires et neurologiques ; –– les symptômes : acouphènes, maux de tête, troubles du sommeil ; –– les effets sur la reproduction. Cette étude portant sur une durée de 20 à 30 ans, il faudra patienter pour savoir plus précisément quels sont les effets des ondes électromagnétiques sur la fertilité.

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QUAND LA LUMIÈRE MANQUE AU CERVEAU, LA FERTILITÉ PÂLIT Notre corps fonctionne selon un rythme biologique de 24 heures environ. C’est ce que l’on appelle l’horloge circadienne (circa : « proche de », dien : « un jour »). Presque toutes les fonctions du corps sont rythmées par celle-ci : la température corporelle, la fréquence cardiaque, la pression artérielle, la production d’hormones… La connaissance des mécanismes hormonaux de notre horloge biologique a valu le prix Nobel de physiologie et médecine 2017 à trois chercheurs américains : Jeffrey C. Hall et Michael Rosbash, de l’université Brandeis à Boston, et Michael W. Young de l’université Rockefeller à New York. Ce rythme est contrôlé par l’hypothalamus, qui, nous l’avons vu, est aussi un acteur majeur de la fertilité ! L’hypothalamus est composé de deux noyaux suprachiasmatiques contenant chacun environ 10 000 neurones qui présentent une activité électrique oscillant sur 23 heures 30 à 24 heures 30 en moyenne. Cette activité électrique est contrôlée par l’expression cyclique d’une quinzaine de gènes « horloges ». Le régulateur le plus puissant de l’horloge interne est la lumière. Une mauvaise exposition à la lumière est la principale cause de dérèglement du rythme circadien. L’activité physique et la température extérieure jouent aussi un rôle, mais leurs effets sont secondaires. La lumière est captée au niveau de la rétine par un groupe de cellules photoréceptrices, qui envoient un signal à l’hypothalamus via le système nerveux. L’hypothalamus remet le cycle à l’heure pour le synchroniser sur 24 heures. Ainsi, la lumière influence le bon fonctionnement du cerveau, et donc de la fertilité. Selon un rapport de la Société française de médecine du travail, publié en mai 2012 sous l’égide de la Haute Autorité de santé, le travail posté et/ou de nuit peut être associé à une augmentation modérée du risque de fausse couche. Il recommande aux travailleuses enceintes d’informer le médecin du travail de leur grossesse dès que possible. 62

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Il recommande également d’éviter le travail posté et/ou de nuit chez la femme enceinte à partir de 12 semaines d’aménorrhée.

LE STRESS, PERTURBATEUR ENDOCRINIEN Le stress est reconnu par l’OMS comme l’une des causes des dysfonctions gonadiques d’origine centrale, tant chez l’homme que chez la femme. Il peut être un perturbateur endocrinien. Mais quel stress nuit à la fertilité ?

STRESS, CERVEAU ET (IN)FERTILITÉ Qu’est-ce que le stress ? En 1936, Hans Selye, biologiste canadien, définit pour la première fois le stress comme un syndrome général d’adaptation. En d’autres termes, le stress est une réaction normale de défense de l’organisme. Lorsque l’organisme fait face à une agression, il réagit en trois phases : –– la réaction d’alarme : le corps met tout en œuvre pour se préparer à l’attaque ou la fuite, pour assurer sa survie ; –– le stade de résistance : le corps s’adapte à l’agression, et tempère les mécanismes mis en jeu lors de la phase d’alarme ; –– le stade de l’épuisement : si le stress persiste, le corps s’épuise et se dérègle. La réaction biologique au stress : une réaction primitive La manière dont notre corps réagit au stress est primitive : notre cerveau mobilise toute son énergie pour préparer notre corps à attaquer ou fuir. C’est cette réponse primitive au danger qui a permis à l’homme d’assurer sa survie !

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Le stress et la fertilité sont gérés par les mêmes zones du cerveau, l’axe hypothalamo-hypophysaire Lors d’un stress, en état d’alerte, le cerveau se mobilise, et déclenche un flux puissant d’hormones. L’hypothalamus va produire une hormone : la CRF (Corticotropin-Releasing Factor). Cette hormone va stimuler l’hypophyse, qui, en réponse, va produire une autre hormone : l’ACTH, diminutif de l’adrénocorticotrophine. En réponse, les surrénales, des glandes qui se trouvent juste au-dessus des reins, vont produire dans un premier temps deux hormones, l’adrénaline et la noradrénaline, qui permettent de mobiliser les forces physiques et mentales : le rythme cardiaque augmente, ainsi que le flux sanguin, ce qui permet d’irriguer et alimenter davantage le cerveau et les muscles. Elles élargissent également les voies respiratoires et dilatent les pupilles. Le corps et le cerveau disposent ainsi de toute l’énergie nécessaire pour prendre les bonnes décisions et réagir vite ! Dans un deuxième temps, l’hypothalamus donne l’ordre aux surrénales, via l’hypophyse, de fabriquer le cortisol, couramment appelé « l’hormone du stress ». Cette hormone a plusieurs fonctions. D’une part, elle conforte la première action immédiate du corps afin qu’il continue à réagir au stress : elle favorise la libération de glucose dans le sang, véritable carburant pour le cerveau et les muscles. D’autre part, elle permet de préparer le retour à l’état normal. Lorsque son taux dans le sang atteint un certain palier, l’hypothalamus et l’hypophyse le détectent et envoient aux surrénales l’ordre d’arrêter d’en produire. Fertilité et stress obéissent à deux systèmes alternatifs Les mêmes zones du cerveau gèrent deux systèmes différents : le système sympathique et le système parasympathique. La réaction au stress est soutenue par le système sympathique alors que la fertilité est soutenue par le système parasympathique. 64

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Le système parasympathique favorise également le sommeil, la digestion, l’immunité, ralentit le rythme cardiaque et la respiration. Or, si ces deux systèmes sont complémentaires, ils fonctionnent alternativement : quand l’un est actif, l’autre est en sourdine. En cas de danger ou de stress, le cerveau se mobilise pour faire face à un stress : l’hypothalamus va réagir en priorité au stress. La libido ainsi que la fonction de reproduction sont inhibées. Si vous stressez, rassurez-vous, car fort heureusement, dans la plupart des cas, le système nerveux parasympathique prend rapidement le relais pour ralentir le rythme cardiaque et la respiration. Il peut alors réinvestir d’autres fonctions du corps et notamment la fonction de reproduction. Le retour à l’équilibre est favorisé par la communication du cerveau avec le système immunitaire.

Figure 3 | Systèmes sympathique et parasympathique.

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Cerveau et système immunitaire communiquent Face au stress, ces chaînes de signaux qui partent du cerveau envoient aussi des messages à notre système immunitaire. Le système immunitaire est un mécanisme de défense de l’organisme contre les corps perçus comme étrangers à soi (virus, bactéries, parasites, certains poisons, greffe…). Assurer la survie de l’individu : voilà ce qui explique à nouveau ce mécanisme. Lors d’une confrontation entre animaux, il est possible que soient occasionnées des blessures par lesquelles des agents pathogènes pourraient s’introduire. Les cellules immunitaires activées par ce mécanisme sont en mesure d’intervenir immédiatement en cas de blessure. Lorsque le risque d’infection est écarté, soit parce que les cellules immunitaires sont intervenues, soit parce qu’il n’y a pas eu d’atteinte au corps, le cortisol joue un rôle inhibiteur. Il permet de calmer le système immunitaire. Les vertus anti-inflammatoires du cortisol sont bien connues du grand public grâce au « cortisone » de synthèse, médicament prescrit pour les inflammations persistantes (eczéma ou rhumatisme). Ainsi, tous ces systèmes de réactions en chaîne qui partent du cerveau sont très efficaces pour nous permettre de réagir vite face à une situation de stress. Par exemple, si une voiture arrive à vive allure, nous aurons le réflexe de nous écarter du danger grâce à ce mécanisme, et cela, sans que notre mental ait à intervenir ! Dans le domaine professionnel, le stress nous permet de mobiliser nos ressources pour finir à temps un dossier. Lorsqu’ils fonctionnent normalement, les systèmes sont parfaitement synchronisés. Pour éviter l’emballement, il y a toujours un mécanisme inhibiteur prévu pour ramener l’équilibre. Lorsque le stress est passager, il est positif, il est mobilisateur. C’est lorsque le stress est particulièrement aigu ou chronique qu’il devient autodestructeur, altérant de nombreuses fonctions du corps humain, dont la fonction de reproduction. 66

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Le stress chronique Biologiquement, l’homme reste un animal, programmé pour attaquer ou fuir face à une agression pour survivre. Si notre réponse biologique au stress était tout à fait adaptée à nos ancêtres lors de la préhistoire, aujourd’hui, elle l’est moins. Notre vie quotidienne est saturée d’informations, de mails, de bruits, etc. ; autant de situations qui déclenchent la même réponse de notre organisme qui se prépare à attaquer ou fuir, alors même que nous ne risquons pas notre vie.

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Face aux situations stressantes quotidiennes, il est rare, voire interdit, que nous puissions attaquer ou fuir… Or, les recherches réalisées par le professeur Henri Laborit sur les rats ont permis de démontrer qu’un animal soumis à une situation stressante, qui ne peut ni attaquer ni fuir, se trouve inhibé dans son action et développe des perturbations pathologiques telles qu’une perte de poids, une hypertension artérielle et de multiples lésions ulcéreuses sur l’estomac. Il en est de même pour l’humain. Lorsqu’il se trouve inhibé dans son action, dans l’impossibilité d’attaquer ou de fuir, toute l’énergie mobilisée pour réagir en situation de stress ne va pas pouvoir être évacuée et va provoquer un certain nombre de désordres internes. Le stress au travail peut conduire au burn-out, voire à la mort. Au Japon, le karoshi, qui désigne la mort subie par arrêt cardiaque suite à une surcharge de travail créant un stress trop important, est reconnu comme une maladie professionnelle depuis les années 1970. Lorsque le stress s’installe sur la durée, sur plusieurs semaines voire sur plusieurs mois, le cerveau maintient continuellement le corps en état d’alerte. Le cerveau et en réponse les surrénales s’auto-stimulent continuellement. L’organisme s’épuise. Paradoxalement, en cas de stress chronique, le cortisol ne joue plus un rôle anti-inflammatoire, mais au contraire, produit des réactions inflammatoires. Le système immunitaire s’affaiblit. Le corps devient vulnérable. L’état d’épuisement dû au stress chronique crée un terrain propice au développement de maladies. Il est avéré, et largement médiatisé, que le stress chronique peut être à l’origine de nombreuses maladies physiques et psychiques telles que les migraines, les insomnies, les angoisses, les dépressions, l’anxiété, les maladies cardiovasculaires, le diabète, les ulcères, l’hypertension, les tumeurs, etc. On parle peu de l’effet du stress aigu ou chronique sur la fertilité. Qu’en est-il ? 68

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Stress aigu ou chronique et fertilité Le cerveau, inondé d’hormones du stress (alpha-amylase et cortisol), n’est plus en pleine capacité de réguler la fonction reproductrice. L’Organisation mondiale de la santé, dans sa classification des désordres ovulatoires et des facteurs impliqués dans le développement d’anomalies des spermatozoïdes, reconnaît le stress comme l’une des causes de ces désordres. Chez la femme, en cas de stress aigu ou chronique, le stress gêne la communication entre le cerveau et les ovaires, et réduit donc les chances d’ovuler. Il peut en résulter des désordres ovulatoires, à savoir une perturbation des cycles, voire une aménorrhée. Les recherches sur le sujet sont très récentes. Une équipe de chercheurs de l’université d’Oxford (Buck Louis et al., 2011) étudie pour la première fois le lien entre stress et fertilité. Pour cela, ils analysent sur 274 femmes les biomarqueurs du stress dans la salive (cortisol et alpha-amylase) et leurs effets sur l’ovulation, sur 6 cycles (ou moins, si une grossesse est intervenue). L’étude, publiée en juin 2011 dans la revue Fertility & Sterility, conclut qu’un taux élevé d’alpha-amylase réduit la probabilité de conception. Les auteurs encouragent le recours aux techniques de relaxation en période de préconception. Une étude publiée le 1er mai 2014 dans la revue Human Reproduction (Lynche et al.) confirme l’étude anglaise précitée. Cette fois-ci, l’étude, réalisée dans le Michigan et au Texas, aux États-Unis, a analysé les mêmes biomarqueurs du stress dans la salive, mais sur 373 femmes et sur 12 mois. Elle conclut que les femmes les plus stressées ont 29 % de chances en moins de tomber enceintes que celles qui sont les moins stressées. Il est intéressant de noter qu’habituellement, c’est le cortisol qui est désigné comme le grand coupable des maladies causées par le stress. Or, selon les deux études précisées, le taux de cortisol n’aurait pas d’impact sur la fertilité. C’est le taux élevé d’alpha-amylase qui est corrélé à une baisse de la fertilité et non le taux de cortisol. 69

Partie 2. Quand le cerveau se dérègle, la fertilité aussi !

Ainsi, il n’est pas avéré que le stress chronique ait un impact sur la fertilité. Si cela était confirmé, ce serait rassurant pour les femmes qui accumulent du stress pendant de nombreux mois, du fait de leur travail, ou du fait de la difficulté rencontrée à concevoir par exemple. Il suffirait donc de se concentrer sur la gestion des pics de stress pour retrouver l’équilibre et toutes ses chances de concevoir ! (Toutefois, il n’existe pas de consensus au sein de la communauté scientifique à ce sujet, car dans d’autres études, l’hypothèse du cortisol comme facteur impactant la fertilité n’est pas exclue.) Une étude publiée le 21 août 2016 dans Annals of Epidemiology réalisée par des chercheurs de l’université de Louisville (États-Unis) sur 400 femmes révèle que les chances de tomber enceinte seraient réduites de plus de 40 % chez les femmes ressentant un niveau important de stress au moment de l’ovulation (Akhter et al., 2016). Cette étude est particulièrement intéressante, car elle a évalué, pour la première fois, les niveaux de stress à différents moments du cycle. Il résulte de cette étude que seul un stress important vécu au cours de la première moitié du cycle, et particulièrement au moment de l’ovulation, aurait un impact sur la fertilité. Le stress subi après la période d’ovulation n’aurait aucun effet sur l’implantation. Ils ont même découvert que chez les femmes qui sont tombées enceintes, leur niveau de stress sur les cycles précédents était élevé en fin de cycle ! Les auteurs de cette étude soulignent la nécessité d’encourager les techniques de gestion du stress pour les femmes qui désirent un enfant. Le professeur Kira Taylor, épidémiologiste et responsable de ces travaux, « espère [que ceux-ci] pourront provoquer la prise de conscience à la fois des médecins et du grand public que la santé psychologique et le bien-être sont aussi importants que les autres facteurs impactant la fertilité comme le tabagisme, la consommation d’alcool ou l’obésité quand il s’agit de concevoir un enfant » (Healthday News, 20 septembre 2016). 70

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Les facteurs environnementaux qui agissent sur le cerveau …

Stress en parcours PMA Si le stress aigu (ou chronique) a un impact sur la fertilité puisqu’il freine la fonction ovarienne, on peut se demander s’il a un impact dans le cadre d’un parcours PMA, puisque la fonction ovarienne est stimulée artificiellement par les traitements. En d’autres termes, le stress a-t-il un impact sur les gamètes ? Diminue-t-il les chances d’implantation ? Nombreuses sont les personnes en parcours PMA qui se demandent si le stress joue en matière de fertilité. Les études sont peu nombreuses et leurs conclusions sont parfois contradictoires. Une étude réalisée en Turquie (Gürhan et al., juin 2009), réalisée sur 80 couples en parcours FIV, s’est penchée sur la corrélation entre anxiété, dépression, et fertilité. Selon cette étude, chez la femme, la dépression est corrélée à un nombre d’ovocytes matures moins élevé au jour de la ponction, et une anxiété élevée le jour de la ponction diminue les chances de grossesse. Chez l’homme, l’anxiété et la dépression ne diminuent pas le nombre de spermatozoïdes. En revanche, en cas de dépression, la mobilité du sperme semble être affectée. Une étude de novembre 2013 (Quant et al., « Reproductive implications of psychological distress for couples undergoing IVF », Journal of Assisted Reproduction and Genetics) a été réalisée sur 89 femmes et 77 hommes. Cette étude s’est intéressée à l’incidence du stress psychologique du couple en parcours FIV sur leurs chances de concevoir. Les participants à l’étude ont rempli deux questionnaires, l’un visant à mesurer l’humeur subdivisée en 6 sous-catégories (tensionanxiété ; dépression-abattement ; colère-hostilité ; vigueur-activité ; fatigue-inertie et confusion), tandis que l’autre questionnaire mesurait l’optimisme/le pessimisme. Cette étude suggère que le stress psychologique du couple en parcours FIV pourrait avoir un impact négatif sur le résultat. A contrario, la bonne humeur et l’optimisme seraient corrélés à un meilleur taux de réussite ! Et cette étude a le mérite de s’intéresser aussi au futur papa ! 71

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Une autre équipe de chercheurs du Royaume-Uni (Boivin et al.) arrive en février 2011 à la conclusion, après analyse de 14 études réalisées dans 10 pays incluant plus de 3 583 patientes, que le stress ou anxiété au démarrage du protocole (traitement de stimulation ovarienne) ne diminue pas les chances de tomber enceinte. Les chances d’implantation de l’embryon restent aux alentours de 20 %. Selon les auteurs, si l’anxiété réduit les chances de grossesse après PMA, c’est lorsque les couples abandonnent la procédure avant d’avoir bénéficié du maximum de tentatives autorisées : en effet, le poids psychologique d’un parcours PMA conduit 30 % des couples à abandonner en cours de route, d’où la nécessité pour les couples en parcours PMA de bénéficier d’un accompagnement psychique ! Par contre, il est intéressant de noter que lorsque la patiente en parcours PMA bénéficie d’un accompagnement par l’hypnose, les chances d’implantation seraient augmentées. Une équipe israélienne de l’hôpital de Beer Sheva (Levitas et al.) a publié une étude le 5 mai 2006 selon laquelle l’hypnose pendant les transferts d’embryons dans le cadre d’un protocole FIV double le taux d’implantation. De plus, le vécu des patients est plus positif. Le Dr Shobha Gupta a introduit l’hypnose dans son centre de PMA en Inde (Delhi). Sur 206 femmes, 65 % sont tombées enceintes ! Alors… bon ou mauvais stress ? Il nous semble essentiel de garder à l’idée qu’il est impossible de ne pas stresser, surtout en parcours PMA ! Si vous stressez, deux règles d’or : 1. Inutile de culpabiliser ! C’est une réaction biologique normale ! Le stress est nécessaire. Il est mobilisateur. La plupart du temps, le stress est tout à fait passager et le retour à l’équilibre se fait rapidement : donc pas de quoi perturber votre fertilité. Rappelezvous que des milliards de femmes stressées mettent au monde des bébés, et que des milliers de bébés naissent chaque année grâce à 72

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Les facteurs environnementaux qui agissent sur le cerveau …

la PMA, parcours au cours duquel il est quasiment impossible de ne pas stresser. Aussi, le stress peut être positif pour l’enfant à naître ! Des recherches ont porté sur la capacité de résilience suite à un stress. Elles ont mis en lumière un phénomène appelé « inoculation du stress » où le stress agirait comme un vaccin : une exposition au stress à un jeune âge où à l’adolescence contribuerait à construire nos mécanismes antistress, en activant certains gènes de la résilience (comme le font certains antidépresseurs) et renforcerait ainsi la capacité de résilience à l’âge adulte. La neurobiologie de la résilience permettra d’affiner quels niveaux de stress sont favorables et à quel âge. C’est ce que révèle Wendy Suzuky, neuroscientifique, dans son livre Bouge ton cerveau !, au paragraphe dont nous apprécions l’intitulé, criant de vérité : « Je stresse, tu stresses, nous stressons tous. » 2. Si l’on ne peut éviter de réagir à un stress, on peut agir pour le réguler. Évidemment, il ne suffit pas de se dire « j’arrête de stresser » ! Gérer ses émotions n’est pas inné. C’est la raison pour laquelle nous exposons plusieurs méthodes de gestion du stress en 3e partie. Si le stress peut être un perturbateur endocrinien, il n’est pas un perturbateur endocrinien comme les autres facteurs environnementaux extérieurs : il comporte une composante psychique. Le stress à l’intersection du facteur environnemental et du psychosomatique Le stress est souvent associé aux facteurs extérieurs qui déclenchent un stress intérieur : « Mon travail est trop stressant. » Les facteurs extérieurs, le mode de vie, tels qu’une surcharge de travail, des préoccupations financières ou familiales, sont autant de sources de stress. Mais on considère que le stress est constitué à partir du moment où 73

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il y a une réaction biologique. Le stress est une réaction biologique à un événement extérieur, reliée au cerveau primitif comme exposé précédemment. Si le stress est une réaction biologique, on constate qu’en situation de stress, les réactions, émotions ou pensées face à une situation identique diffèrent d’une personne à l’autre. Cela ressort dans les études précitées qui ont évalué le stress psychologique en parcours PMA. (Guhran, 2009 ; Quant, 2013). La réaction de chacun dépend de sa structure neuropsychologique innée ou acquise au fil de son histoire personnelle. Aujourd’hui, le stress est défini comme un phénomène psychobiologique complexe ; en clair, il dépend aussi du psychisme. Le stress ouvre ainsi une brèche sur une autre voie d’exploration que le cerveau biologique, primitif. Et si le psychisme était acteur de la fertilité ? Le professeur Laborit a contribué à élargir la notion du stress biologique au cerveau affectif/limbique. Effectivement, les émotions s’expriment dans le corps. Mais les émotions ne sont-elles pas liées aux pensées, à l’inconscient ?

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5 Le cerveau, c’est aussi le psychisme ! Et si le psychisme était aussi acteur de la fertilité ?

Le cerveau ne se limite pas à un système nerveux, des neurones, des réactions chimiques ! C’est aussi le siège des émotions, de la pensée, et de l’inconscient ! Et si le psychisme était aussi acteur de la fertilité ?

RELANÇONS L’ÉTERNEL DÉBAT DE LA DUALITÉ CORPS-ESPRIT ! La question de savoir si l’esprit peut influencer le corps relance le débat philosophique de la corrélation entre le corps et l’esprit, à savoir : le corps est-il un état de l’esprit ou l’esprit un état du corps ? Les partisans de l’une ou de l’autre thèse n’ont pas manqué au fil des siècles. Et souvent, cette dualité impliquait une hiérarchie entre les deux, corps et esprit, l’un prédominant sur l’autre. Pour Platon, le corps est le tombeau de l’âme. Selon Saint-Augustin, le corps est corrupteur de l’âme et c’est sous ce prisme qu’il interprète la Bible 75

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en créant la notion de péché originel. Descartes scinde le corps et l’esprit, le point de contact entre eux se situerait dans le cerveau au niveau de la grande pinéale. Selon Spinoza, le corps et l’esprit ne sont pas dans un rapport hiérarchique. Corps et esprit sont liés par la conscience : c’est la conscience du corps qui permet de comprendre l’unité du corps et de l’esprit. Au xixe siècle, c’est le corps qui est mis à l’honneur. Pour Sartre, l’existence précède l’essence. Glorifiant la pensée rationnelle, la médecine occidentale n’accepte alors de relier la maladie qu’à un dysfonctionnement du corps biologique, organique.

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La dualité corps-esprit dans le contexte actuel de la science et des neurosciences Les recherches médicales permettent de dépasser la dichotomie corps-esprit. Aujourd’hui, on sait que le corps peut influencer l’humeur, et même être à l’origine de maladies psychiques. Par exemple, un déséquilibre au niveau de certaines substances chimiques de l’organisme (hormones ou neurotransmetteurs) peut être à l’origine d’une dépression. S’il est assez bien accueilli que le corps peut avoir une incidence sur le psychisme, l’inverse l’est moins ! Est-ce que les émotions, les pensées, conscientes ou inconscientes, peuvent avoir une influence sur le corps ? Grâce aux découvertes en neurobiologie, on sait que le cerveau est le siège de la pensée qui repose sur l’influx nerveux et l’activité des neurones. C’est « l’homme neuronal », selon Jean-Pierre Changeux, neurobiologiste. S’il existe une physiologie de la pensée, les scientifiques s’accordent sur le fait que l’on ne peut réduire la conscience au cerveau biologique. C’est la raison pour laquelle certains neuroscientifiques, tels que Idriss Aberkane ou Stanislas Dehaene, préfèrent parler de « corrélats neuronaux de la conscience ». Selon Stanislas Dehaene, la prise de conscience va s’accompagner d’un « embrasement » de parties spécifiques du cerveau. Une information consciente, c’est une information qui est disponible à l’ensemble du cerveau, espace neuronal global dans lequel l’information circule grâce à la flexibilité du cerveau. Selon le phénoménologue et philosophe Paul Ricœur, le langage et la pensée « mobilisent » ou « mettent à contribution » des zones particulières du cerveau. Ainsi, si la conscience, et les pensées associées, ont une action sur le cerveau, et que le cerveau commande la fertilité, alors peut-on en déduire que les pensées, le psychisme, peuvent avoir une action sur la fertilité ? 77

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Le stress a une composante psychologique, et il est aujourd’hui acquis que lorsque le corps est soumis à un stress particulièrement aigu, ou prolongé, le système immunitaire s’affaiblit, les risques de maladies cardiovasculaires augmentent, ainsi que le risque de diabète, l’équilibre du cerveau est menacé, etc., comme déjà évoqué. Candace Beebe Pert, pharmacologiste américaine, a démontré que le dialogue corps-esprit se fait jusque dans nos cellules, via les neuropeptides, messagers chimiques des sentiments et des pensées à travers le corps humain, qualifiés de molécules de l’émotion (Pert, 1999). Nos émotions peuvent même avoir un impact sur nos gènes. L’épigénétique révèle que l’expérience d’un stress traumatique peut influencer sa descendance (Khochbin, 2018). Ainsi, bonne nouvelle : s’il existe une interaction entre le corps et l’esprit, alors elle peut aussi être positive ; c’est aussi ce que révèlent les études sur la méditation, la sophrologie ou l’hypnose, bénéfiques sur des troubles aussi divers que la douleur, le stress, l’épilepsie, la dépression, etc. Nous y reviendrons au chapitre 3. Ces découvertes récentes viennent valider les grands principes de la « science de la conscience positive » posés par Alfonso Caycedo, fondateur de la sophrologie, inspirée notamment de pratiques et philosophies ancestrales. Elles rejoignent également la sagesse populaire qui a inscrit dans le langage courant la corrélation entre le corps et l’esprit à travers de nombreuses expressions, telles que « se faire de la bile », « se ronger les sangs », « avoir les reins solides », « en avoir plein le dos », « parler avec ses tripes », « se mettre la rate au courtbouillon », « se faire un sang d’encre », etc. Cette tendance s’accompagne d’un engouement populaire pour les médecines dites alternatives, qui viennent compléter la médecine occidentale. L’approche du corps est doublée par une prise en charge psychique, émotionnelle. Plusieurs ouvrages insistent sur la notion de corps métaphorique, selon laquelle la maladie doit être entendue comme : « Le mal a dit. » Certains sont même des best-sellers (cf. par exemple l’ouvrage de Christian Flèche, Mon corps pour me guérir. 78

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Décodage biologique des maladies, 2005). Si l’esprit et le corps sont corrélés, il convient d’être prudent, et de ne pas tomber dans l’écueil de sur-interpréter les symptômes, comme le font certains auteurs qui vont jusqu’à donner systématiquement un sens à un symptôme physique. La dualité corps/esprit, qui instaurait une dichotomie, voire une hiérarchie entre le corps et l’esprit, doit être dépassée. Scientifiques et philosophes se rejoignent, comme en témoigne l’ouvrage commun de Ricœur et Changeux : « L’expérience multiple, ample et concrète, est ainsi faite que les deux discours ne cessent d’être corrélés en de multiples points d’intersection (…) c’est le même homme qui est “mental” et “corporel”. De cette idée ontologique relèverait un discours tiers qui excèderait et la philosophie phénoménologique et la science. » Aujourd’hui, la tendance s’inscrit, en la modernisant, dans la conception de Spinoza, qui a introduit la possibilité d’une interaction entre le corps et l’esprit, sans établir de hiérarchie entre l’un et l’autre. Corps et esprit fonctionnent de concert. L’impact du psychisme sur le corps tend à être davantage reconnu par le corps médical : certaines maladies psychosomatiques telles que la fibromyalgie ou le burn-out sont catégorisées comme maladies. On voit également émerger de nouveaux termes médicaux qui inscrivent cette alliance corps-esprit, tels que « la main psychogène », la « contracture psychogène ». En matière d’infertilité, les revues médicales ont tendance à distinguer l’infertilité biologique de l’infertilité dite « inexpliquée », tandis que les psychologues parlent davantage d’infertilité psychogène par opposition à l’infertilité biologique.

INFERTILITÉ BIOLOGIQUE VERSUS INFERTILITÉ INEXPLIQUÉE OU PSYCHOGÈNE : UN DÉBAT DÉPASSÉ ? Si l’impact du psychisme est désormais admis pour certaines pathologies, on observe encore aujourd’hui une certaine réticence 79

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à admettre une incidence du psychisme en matière d’infertilité ou d’hypofertilité. Du côté des médecins, lorsque les bilans de fertilité n’ont pas permis de mettre en évidence une cause biologique à l’infertilité, les auteurs parlent plus volontiers d’infertilité inexpliquée, sous-entendue « médicalement inexpliquée ». Les psychologues, eux, envisagent l’infertilité psychogène, c’est-àdire dont l’origine provient du psychisme. La distinction entre infertilité biologique et infertilité psychogène opérée à ce jour s’explique par le fait que l’on n’explore la piste des facteurs psychogènes que lorsque les médecins ne peuvent expliquer biologiquement l’infertilité. Certains se refusent encore à faire un lien entre infertilité et facteurs psychiques, ou minimisent celui-ci, au motif que cela est culpabilisant pour la personne concernée. C’est ce discours qui est culpabilisant ! Il sous-entend que le trouble trouvant pour partie son origine dans la psyché serait plus honteux qu’un trouble purement biologique. Il rétablit une hiérarchie du corps sur l’esprit qui relève d’une conception dépassée du dualisme corps-esprit relaté précédemment. Le médecin biologiste Philippe Granet a tenté un rapprochement entre infertilité inexpliquée et infertilité psychogène. Selon lui, les infertilités psychogènes regroupent celles où existent des altérations physiologiques encore non accessibles à un diagnostic étiologique, mais aussi celles où la participation psychique semble être prédominante. Selon Monique Bydlowski, « l’infertilité paraît répondre à une causalité complexe, un peu médicale, très sociologique, et pourtant psychique de façon déterminante » (Les Enfants du désir, 2008). Elle précise que l’infertilité, en l’absence d’une étiologie biologique avérée, doit être considérée comme un processus défensif contre la fécondité, inhibant certains mécanismes physiologiques de la reproduction. « Ce système défensif est là pour protéger contre la menace 80

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d’effondrement psychique que provoquerait une grossesse consciemment désirée, mais, en fait, très redoutée. » Ainsi, l’infertilité devrait être envisagée non plus uniquement comme une source de souffrance, mais aussi comme une stratégie de survie. Elle écrit aussi que certaines affections médicales mettant en péril l’appareil féminin sont « la traduction psychosomatique d’une conflictualité qui, ne pouvant pas s’exprimer en termes de souffrance psychique, se joue dans le corps ». Heureusement, les frontières entre infertilité organique et infertilité psychogène continuent à s’estomper. Aujourd’hui, certains auteurs, tels que Marianne Dollander, maître de conférences, et Sophie Lallié, toutes deux chercheurs au laboratoire de psychologie de l’université de Lorraine (InterPsy), défendent la nécessité de dépasser ce clivage entre infertilité biologique, organique, et infertilité psychogène : « Les facteurs psychogènes peuvent être sous-jacents à une infertilité organique, dont les explications médicales ne sont pas à remettre en cause (…). » La nécessité de dépasser ce clivage est d’ailleurs soutenue depuis longtemps par des auteurs comme Bydlowski, Dayan-Lintzer, Cahen et al. : « (…) la prise en charge des hommes infertiles devrait toujours s’allier à une écoute de leur histoire personnelle, et à une compréhension de leur environnement familial et conjugal. » Ce qui est valable pour la prise en charge des hommes infertiles l’est aussi pour la prise en charge des femmes rencontrant des difficultés à concevoir. Selon Philippe Granet, biologiste de la reproduction, les phénomènes psychologiques accompagnant la stérilité doivent être pris en compte « avec rigueur ». Et selon H. Atlan, cité dans le dernier livre de Monique Bydlowski, n’offrir qu’une réponse technique à une souffrance psychique qui peut être dans certains cas cause et non conséquence de l’infertilité, risque de favoriser un clivage aberrant entre l’âme et le corps, 81

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« un morcellement du sujet qui n’est plus saisi, dès lors, dans son intégralité ». Aujourd’hui, les scientifiques invitent les patients à bénéficier d’un accompagnement psychique en plus de l’accompagnement médicalisé, concernant les femmes en parcours PMA par exemple, comme déjà évoqué au chapitre 1. De plus en plus de médecins, généralistes ou spécialistes, tels que les gynécologues, conseillent à leurs patients un tel accompagnement. Bien sûr, il ne s’agit pas de dire que si l’on n’a pas trouvé de cause biologique à l’infertilité, cela relève nécessairement du psychisme, mais reconnaître que la psyché peut avoir un impact sur la fertilité, c’est permettre à la personne de travailler sur ses freins psychiques au désir d’enfant pour se libérer d’un conflit intérieur. Pour la prise en charge de ces patients, c’est aussi offrir un nouvel accompagnement, plus global, et pas seulement médical, prenant en compte toutes les dimensions de leur être, physique, émotionnelle, psychique.

L’INFLUENCE DU PSYCHISME SUR LA FERTILITÉ L’influence des émotions sur les fonctions reproductrices existe chez d’autres espèces : on peut citer le cas des poules qui perdent leurs œufs lorsqu’elles sont apeurées, ou des animaux stériles dans les zoos qui deviennent fertiles dans la jungle. Certaines études réalisées au cours de l’histoire illustrent le résultat de ces recherches médicales. Par exemple, une étude réalisée sur 450 femmes détenues à Hong-Kong en 1949 révèle que la moitié avait cessé d’être réglée pendant plus de 3 mois. Comme déjà exposé, chez l’humain, le système de reproduction dépend des mêmes zones cérébrales qui traitent les émotions. Or, on sait que le stress aigu ou prolongé peut fragiliser le cerveau, et dérégler tout le système de reproduction : les cycles menstruels peuvent être 82

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modifiés, comme la spermatogenèse, selon un mécanisme déjà décrit précédemment. L’anxiété et la dépression pourraient également impacter la fertilité, y compris en parcours PMA (Gürhan et al., juin 2009 ; Quant et al., 2013). Les recherches continuent à s’intéresser de près à l’impact du stress psychologique sur la fertilité. D’autres cliniciens ont mis en évidence des cas de grossesses naturelles après adoption d’un enfant (Rock et al., 1965 ; Weir et Weir, 1966 ; Mai, 1971). Selon eux, l’adoption a diminué l’état de tension qui existait auparavant, dû, notamment, à l’ambivalence à l’égard de la maternité. Ainsi, l’hypothèse de freins psychiques, inconscients, sous-jacents à une infertilité, doit être développée.

LE CERVEAU, C’EST AUSSI L’INCONSCIENT ! QUELS PEUVENT ÊTRE LES FREINS INCONSCIENTS À LA FERTILITÉ ? L’ambivalence du désir d’enfant Les freins inconscients reposent sur l’ambivalence du désir d’enfant, qui peut créer un état de tension intérieure de nature à avoir un impact sur la fertilité. Définir le désir d’enfant permet de mieux comprendre son ambivalence. Qu’est-ce que le désir d’enfant ? Désir d’enfant et désir de grossesse Le désir d’enfant doit être distingué du désir de grossesse. Ceux-ci peuvent cohabiter, mais pas toujours. Le désir de grossesse peut naître d’une peur, celle de ne pas pouvoir procréer ; ainsi, le désir de grossesse aura pour sens profond de rassurer la femme sur sa capacité à procréer. Le désir de grossesse peut également répondre au désir inconscient de combler un vide intérieur en étant pleine, habitée, désir répondant à toutes les pertes ou lacunes narcissiques. 83

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Le désir de grossesse peut être aussi un désir du corps de retrouver une sensation de plénitude ressentie au cours d’une grossesse précédente, amplifiée sous l’effet des hormones, permettant ainsi de retrouver l’état de grâce de sa propre vie intra-utérine. Qu’il s’agisse du désir de grossesse ou du désir d’enfant, comme tout désir chez l’Homme, il comporte à la fois des composantes biologique, neuroendocrinienne, et psychoaffective, intimement intriquées. 84

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Le désir d’enfant : un désir instinctif Plusieurs auteurs ont décrit le désir d’enfant comme un besoin primaire, inné, reposant sur la biologie et les instincts, les pulsions productives (Benedek, 1959 ; Kestenberg, 1956). Le désir d’enfant naît d’un désir sexuel, comme chez tous les mammifères. Dans une acception biologique, le désir sexuel correspond à une impulsion instinctive vers l’accomplissement d’un rapport sexuel dont le but est d’assurer la perpétuation de l’espèce. Biologiquement, le corps produit des hormones neuroendocriniennes au niveau de l’hypothalamus et de l’hypophyse, qui impulsent ce désir instinctif de reproduction visant à assurer la survie de l’espèce. Il convient de préciser que même en parcours PMA où la transmission de la vie peut se dispenser d’un acte sexuel, la composante du désir sexuel est généralement bien présente sur le plan de l’inconscient. La dimension psycho-affective du désir d’enfant La dimension biologique est doublée d’une dimension psychoaffective. Au désir de reproduction biologique s’ajoute le désir de reproduction conscient ou inconscient d’un modèle identitaire. Selon Monique Bydlowski, médecin psychiatre et chercheur, « très tôt, chaque sujet souhaite ressembler à ses parents en devenant parent lui-même, fonder une famille analogue ou contraire à la sienne » (Je rêve un enfant, 2010). Le désir d’enfant naît du corps mais aussi de la psyché, qui comprend la pensée, le conscient, mais aussi l’inconscient. Sur le plan conscient, avant les années 1960, la question du désir d’enfant ne se posait pas vraiment. En l’absence de moyen de contraception, la seule action possible pour la femme était celle de tenter un avortement, parfois au péril de sa vie, par empoisonnement ou au moyen d’aiguilles à tricoter par exemple. Avec la contraception chimique et la loi qui autorise l’interruption volontaire de grossesse 85

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à partir de 1975, la conception est devenue choisie, elle résulte d’une démarche consciente. On rappellera le slogan brandi par le Mouvement français pour le planning familial à la fin des années 1970 : « Un enfant si je veux, quand je veux. » Sauf qu’en matière de procréation, il ne suffit pas de vouloir un enfant. Le corps et/ou l’inconscient peuvent venir freiner, voire verrouiller le désir d’enfant pourtant si fortement exprimé. Qu’est-ce qui sous-tend le désir d’enfant sur le plan inconscient ? Le désir d’enfant chez la femme naît, selon Freud, d’un rêve de petite fille, qui, aux alentours de 18 mois, commence à s’identifier à sa mère et l’imite en s’occupant de sa poupée. Puis, il découlerait du complexe d’Œdipe : la petite-fille se détournerait de sa mère pour souhaiter un enfant de son père. C’est à l’âge adulte que l’amour sexuel pour son compagnon lui permettra de faire la synthèse de ces désirs d’enfant pour désirer un enfant. L’analyse du désir œdipien a été reprise par de nombreux auteurs, mais beaucoup sont ceux qui critiquent cette vision freudienne. En effet, le désir œdipien n’est peut-être pas, à notre avis, le facteur inconscient le plus déterminant. Le désir d’enfant inconscient naît bien avant les 18 mois de l’enfant, dans les tout premiers mois de la vie de l’enfant : c’est dans le lien mère-enfant du premier âge que va se transmettre la fonction de mère. Chez l’homme, le désir est plus tardif. Il naît surtout d’une maturation à assumer à son tour la fonction de père, et en particulier la fonction sociale de père. C’est la raison pour laquelle sa confiance en sa capacité à accueillir l’enfant sur le plan matériel est souvent un élément déterminant dans son désir d’enfant sur le plan inconscient. Transmission et désir d’enfant Concevoir un enfant, c’est transmettre : transmettre la vie, mais aussi sa mémoire comportant celle de ses parents, eux-mêmes 86

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porteurs de mémoire de leurs ancêtres, mais aussi d’une culture. Désirer un enfant, c’est accepter de transmettre ce que l’on a reçu, et en particulier de sa mère, qui est le dernier maillon de la chaîne de la transmission familiale. Cette mémoire transmise comporte la mémoire inconsciente. En effet, de nombreux travaux (M. Bydlowski notamment) éclairent le fait que l’inconscient parental prend corps dans l’espace psychocorporel de l’enfant. Par exemple, une psychanalyse peut révéler des secrets familiaux oubliés, « cryptés » dans le psychisme de la génération suivante (Abraham, 1978). C’est le cas d’une patiente enceinte de 8 mois, Madame X, qui m’a été adressée par sa sage-femme pour l’aider à surmonter sa peur de mourir lors de son accouchement. Celle-ci rêvait régulièrement qu’elle mourait en accouchant dans un bain de sang, d’où un niveau d’anxiété important en fin de grossesse. Lors d’une séance de sophrologie/hypnose, je propose à la patiente de se visualiser quelques semaines après l’accouchement dans un moment de partage avec l’enfant en parfaite santé. Cette visualisation induit sur le plan de l’inconscient, d’une part, que l’accouchement s’est bien passé, et ouvre l’inconscient à un nouveau scénario non envisagé par l’inconscient jusqu’à présent : la vie (la sienne et celle de son enfant) après l’accouchement. En parallèle, je lui demande d’enquêter auprès de sa famille sur les circonstances de naissance de ses ascendants. Elle apprend avec stupéfaction que sa grand-mère est morte en couches suite à une hémorragie. Nous avons continué à travailler sur la gestion du stress, sur ses capacités à renforcer les bases de son nouveau rôle de mère, puis sur le « passage » (l’accouchement). Ses cauchemars ont cessé et son accouchement s’est très bien passé. Comment se transmet l’inconscient parental à l’inconscient de l’enfant ? En sciences, l’épigénétique avance sur la question. Certaines expériences ne sont pas seulement cryptées dans le psychisme. Elles créent des marqueurs au niveau neuronal et sont encodées jusque dans 87

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l’ADN. Une équipe de chercheurs de l’université Mc Gill à Montréal a découvert que l’abus sexuel subi pendant l’enfance entraîne un marquage chimique du gène NR3C1 dans l’hippocampe, une zone du cerveau. Ce marquage est appelé méthylation. On savait que l’environnement pouvait affecter nos gènes, mais cette étude montre que les traumatismes peuvent également perturber notre identité génétique, en modifiant directement l’ADN. Les travaux des professeurs Szyf et Meaney de l’université Mc Gill à Montréal ou de Khochbin (2018), démontrent que le changement épigénétique s’opère non seulement sur la victime, mais peut aussi être transmis à la génération suivante ! Dans l’exemple de la patiente précitée, il est possible que Madame X ait hérité d’un tel marqueur. Or, l’inconscient semblait détenir cette information, révélée à la conscience à travers ses rêves. L’hypothèse que l’inconscient permettrait de décoder ce marqueur génétique, de raconter son histoire, nous semble vraisemblable, et tout à fait passionnante ! En psychologie, de nombreux travaux de recherche proposent des modèles de compréhension sur la transmission du contenu psychique inconscient de la mère à l’enfant déjà né. Selon leurs conclusions, c’est dans l’interaction entre la mère et l’enfant au travers des premiers soins dans les gestes quotidiens, répétés (tels que soigner, changer, nourrir, répondre par le regard ou la voix, ses intonations, etc.) que vont se transmettre des parts de l’inconscient maternel (Cramer, 1985 ; Stern, 1983). L’interaction avec la mère ne commence pas le jour de la naissance de l’enfant. Au cours de la vie intra-utérine, c’est en baignant dans l’univers physique et psychique de la mère, et dans son interaction avec elle que va se façonner le psychisme du bébé. Déjà, la mère peut répondre aux mouvements de son bébé et inversement : lorsque la mère place la main sur son ventre, immédiatement, l’enfant va se positionner contre sa main. Longtemps sous-estimée, de nombreux auteurs ont écrit sur la vie intra-utérine (Verny, 1982 ; Bydlowski, 88

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1989). La transparence psychique de la mère au cours de sa grossesse favorise les échanges psychiques entre la mère et l’enfant. La « transparence psychique » est un terme qui a été donné par Monique Bydlowski pour décrire cet état de conscience qui, au cours de la grossesse, est modifié. D’autres auteurs ont écrit sur cet état particulier (Racamier, Winnicott, Erickson). Ce lien mère/enfant in utero est aujourd’hui admis. Il est davantage pris en compte dans les préparations à l’accouchement et les disciplines proposées lors de la grossesse. L’haptonomie, la sophrologie, l’hypno-natal, le yoga prénatal rencontrent un vif succès auprès des femmes enceintes, davantage conscientes du lien mère-enfant in-utéro, et plus à l’écoute de leur corps, de leurs émotions, et de leur inconscient.

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L’échange intrapsychique entre la mère et l’enfant va être le terreau dans lequel va s’inscrire la possibilité pour l’enfant de s’approprier un jour la fonction maternelle par identification. Pour permettre cette identification à la mère, celle-ci doit être « suffisamment bonne », en référence à Winnicott (pédopsychiatre britannique) suffisamment tendre et valorisante, afin qu’un jour, l’enfant devenue adulte se sente capable d’assumer à son tour la fonction maternelle. Comme dans une course de relais, pour passer le relais encore faut-il avoir reçu le témoin. Ainsi, désirer un enfant, c’est avoir pu, à un moment donné, recevoir la fonction de mère, en avoir été suffisamment nourrie dans le lien mère-enfant pour ensuite souhaiter la transmettre. C’est recevoir suffisamment dans la relation fille-mère pour ensuite s’autoriser à créer une autre relation mère-enfant. Le processus de détachement ne doit pas être entendu comme un détachement vis-à-vis de la mère, mais comme un détachement du lien de dépendance de l’enfant du premier âge vis-à-vis de sa mère, pour devenir ensuite à son tour l’objet de l’attachement de son enfant. Or, le détachement de ce lien de dépendance suppose que l’enfant ait été suffisamment nourri affectivement dans ce lien, grâce à l’attention, aux soins, à la protection apportée par la mère à l’enfant dépendant. On pourrait également parler de « mère suffisamment nourricière » au sens premier comme au sens affectif. Ainsi, l’attachement premier est une condition essentielle au détachement. On peut faire ici un lien avec la théorie de l’attachement de John Bowlby, psychiatre anglais. Selon John Bowlby, l’attachement se réfère au lien qui se crée dans l’interaction entre le caregiver (donneur de soin) et le bébé dans sa première année de vie. La figure d’attachement est une base de sécurité, un socle sur lequel l’enfant va pouvoir s’appuyer pour explorer le monde en confiance. L’épigénétique nous apporte un complément d’information intéressant sur la question : en 2004, les professeurs Szyf et Meaney ont démontré que les rats qui avaient été convenablement léchés par 90

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leur mère lorsqu’ils étaient petits étaient plus calmes et plus adaptés socialement que ceux dont la mère n’avait pas été aussi attentionnée. Les résultats ont clairement démontré que les soins prodigués par la mère provoquaient un changement chimique dans le mécanisme du cerveau qui régule les hormones du stress, et que ce changement persistait à l’âge adulte.

Ces notions de sécurité et de confiance sont des ressources qui pourront être activées par la femme dans toutes ses expériences, et notamment les expériences « maturatives », telles que l’adolescence ou la maternité. En cas de troubles dans la relation de l’attachement, ces ressources peuvent manquer pour franchir les passages « clés » de la vie. Transmettre, c’est donc recevoir, puis donner. C’est aussi accepter de passer les différentes phases de son existence, illustrées merveilleusement bien dans le célèbre tableau de Klimt, Les Trois Âges de la femme. C’est accepter sa propre 91

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finitude, c’est accepter de vieillir, de se voir vieillir à travers son corps aussi. Pour Monique Bydlowski, transmettre, c’est aussi rendre. C’est ce qu’elle appelle la dette de vie. « La vie porte en elle-même l’exigence de transmettre, de rembourser ce qui a été reçu, de reconnaître que le don de vie, promesse à la fois d’immortalité et de mort, implique aussi la reconnaissance d’une dette qui circule de mère en fille. » Selon elle, la dette de vie doit être remboursée à sa mère, le premier enfant serait donné à sa mère pour la récompenser. La dette, l’obligation de transmission dans une lignée familiale peut être illustrée par le cas d’une de mes patientes issue d’une fratrie dont elle est la seule à ne pas porter le gène de la maladie de Charcot. Ses frère et sœur ont renoncé au projet d’enfant pour cette raison. Son projet d’enfant repose sur son devoir, selon elle, d’assurer la transmission familiale : « Je suis la seule à pouvoir assurer la poursuite de la famille, je dois avoir un enfant. » Ainsi, désirer un enfant, désirer être mère à son tour, est un long processus de maturation, dans son corps et dans sa psyché. Le chemin vers la maternité qui démarre avec le désir d’enfant constitue, selon les termes de Yves Gonthier, philosophe québécois, « une période charnière de la vie d’une femme… une expérience existentielle unique pour la femme : devenir mère, dans son corps et sa psyché, à ses yeux et aux yeux des autres, sous le regard de sa mère et de son propre enfant ». L’ambivalence du désir d’enfant : des discours intérieurs antagonistes On observe parfois chez la femme en parcours PMA une ambivalence du désir d’enfant. Il y a une partie d’elle qui veut un enfant, une autre qui n’est pas prête, voire qui ne le veut pas du tout. Les freins au désir d’enfant peuvent être conscients et/ou inconscients. Sur le plan conscient, lorsque la patiente fait état de cette ambivalence, le discours peut être le suivant : « j’ai envie d’avoir un enfant, 92

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mais j’ai peur », « peur de perdre ma liberté », « peur de perdre ma jeunesse », « peur de perdre mon corps », « peur d’être comme ma mère », « peur de perdre la complicité que j’ai avec mon mari », « avoir un enfant me semble incompatible avec mon travail », etc. Cette ambivalence crée un véritable conflit intérieur, source de stress qui l’amène à consulter. Parfois, le désir d’enfant consciemment si fort est freiné par une partie plus inconsciente. Les freins psychiques inconscients au désir d’enfant découlent de la défaillance d’une des composantes inconscientes de ce désir d’enfant. Voici les freins inconscients identifiés à ce jour… Les failles identificatoires, perturbations de la relation d’attachement Chez la femme, lorsque la relation d’attachement a été perturbée, notamment lorsque la figure maternelle n’a pas fourni de repères identificatoires suffisamment stables pour permettre à la femme d’assumer une future maternité, les dimensions de transmission et de filiation peuvent être mises à mal. Les troubles de la relation d’attachement peuvent résulter de violences, mais aussi d’un manque de portage ou de soins attentifs, d’une séparation, d’une hospitalisation, etc. Pour reprendre l’expression de François Perrier, ces femmes sont « amatrides », privées d’une terre maternelle de référence. La difficulté à s’identifier à la mère empêche de se projeter dans un rôle maternel. Cette impossible identification à sa propre mère peut s’accompagner d’une haine. Georges Groddeck, l’un des premiers psychosomaticiens, écrivait qu’il existe un lien entre les femmes qui détestent leur mère et leur infertilité. Un autre auteur, Didier David, a écrit en ce sens dans son ouvrage Les Paradoxes du désir d’enfant : « des sentiments trop forts de haine, de vengeance à l’égard de ses parents viennent barrer la transmission et entraîner des refus conscients ou inconscients de procréer ». 93

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Il n’est pas rare de rencontrer ce cas de figure chez les femmes en parcours PMA. « Avant ma relation avec mon conjoint actuel, je n’ai jamais voulu être mère, car je ne veux surtout pas être comme ma mère », me dit une patiente après une grossesse extra-utérine. Elle s’est orientée vers un don d’ovocyte. Si, médicalement, le don d’ovocyte peut se justifier, il n’en reste pas moins qu’il représente une cassure dans la filiation maternelle. Parfois, la femme amatride se répare grâce à une expérience refondatrice, c’est-à-dire une expérience qui lui permet de vivre une relation analogue à celle de l’attachement tendre à la mère des débuts, et restaurer ce qui a fait défaut. « Cette expérience peut se faire dans le cadre d’un transfert en milieu médical – surtout si le gynécologue est fortement mobilisé de façon positive et empathique », précise Monique Bydlowski. Les propos d’une de mes patientes, tombée enceinte après des années d’infertilité, permettent de l’illustrer : « Dès que j’ai été suivie par ma nouvelle gynécologue, je n’ai plus eu peur. J’étais en totale confiance. Je me sentais portée : c’était agréable… car ma mère, elle n’était pas du tout maternelle. Peu de temps après, je suis tombée enceinte. » Une étude portant sur des hommes suivis pour infertilité au service d’Assistance médicale à la procréation de Poissy (Jaoul, 2007) confirme que leur projet de devenir père peut être entravé par leur difficulté à se situer dans leur généalogie et dans l’identification à leur propre père. Cette étude, confirmée depuis par d’autres études, révèle que chez l’homme également, l’ambivalence du désir d’enfant née de la difficulté à s’identifier à son père et à se projeter dans une fonction et un rôle paternels peut être une cause inconsciente directement corrélée à une infertilité. L’angoisse de mort, le refus de vieillir Accepter de devenir parent, c’est accepter la temporalité de la vie et de la mort. Cette confrontation à sa propre finitude peut faire surgir ou ressurgir une angoisse de mort, ou la peur de vieillir. 94

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Une angoisse de mort non élaborée peut être un frein inconscient au désir d’enfant. Plusieurs études confirment que ce frein psychique au désir d’enfant peut être présent tant chez l’homme que chez la femme. Certains refusent de vieillir, et s’accrochent au mythe de l’éternelle jeunesse que seule une absence de descendance peut entretenir. C’est le cas d’une patiente qui, à l’issue d’un parcours FIV, est prise d’une crise d’angoisse le jour du transfert. Le gynécologue l’interroge : « Vous ne voulez pas être enceinte ? » « Pas aujourd’hui… » A posteriori, en séance, elle pose des mots sur son angoisse le jour du transfert : « J’ai eu peur qu’à la place d’une fleur, ça soit une mauvaise herbe qui pousse à l’intérieur de moi, une mauvaise herbe qui allait me voler ma jeunesse. » Elle dit se sentir aujourd’hui soulagée. Elle est heureuse de profiter de sa mère qu’elle a appelée afin qu’elles passent ensemble quelques jours de vacances… Peut-être retrouve-t-elle le lien fusionnel avec sa mère qu’elle a du mal à quitter et qui l’empêche d’envisager une nouvelle relation mère-fille ? C’est possible. Refuser d’être parent, ça peut être aussi se raccrocher à l’enfant en soi, l’enfant de sa mère, comme si cela avait le pouvoir d’arrêter le temps. Mais il faut rester prudent quant aux interprétations ! Nous ne pouvons formuler que des hypothèses. Aspirations profondes, valeurs – croyances limitantes Les freins psychiques ne résultent pas forcément de problématiques de l’enfance non résolues. Ils dépendent aussi du sens que chaque personne veut donner à sa vie. Le désir d’enfant n’est pas intrinsèque à toute femme, ni à tout homme. Parfois, la partie consciente qui formule un désir d’enfant est dominée par une autre partie de soi, plus puissante, qui ne veut pas d’enfant compte tenu de ses aspirations profondes. En effet, le désir d’enfant conscient se calque parfois sur des représentations et des croyances selon lesquelles il faut avoir un enfant pour être une vraie femme. 95

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C’est le cas d’une patiente qui vient me consulter, car elle hésite à entamer un parcours PMA. Lorsque je lui propose de laisser parler toutes les parties d’elles-mêmes, sans chercher à les juger, celle qui veut un enfant et celle qui ne veut pas, elle répond : « Avec mon mari, on se dit que ça serait chouette d’avoir un enfant. Mais depuis, je suis suivie par un psychiatre pour dépression. Jusqu’à présent, j’ai vécu une vie très riche à l’étranger, et les voyages, la liberté, c’est ce que j’ai toujours voulu vivre, ça fait partie de moi. Si j’ai un enfant, ça va me clouer ! Je ne sais pas si c’est la société qui m’impose d’avoir un enfant parce que j’ai 39 ans – parce que ça n’est pas la norme sociale de ne 96

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pas avoir d’enfant à 39 ans, et ça, c’est lourd à porter – ou si c’est mon choix profond. » Dans le même sens, une patiente l’exprime en ces termes : « Avoir un enfant, ça fait partie du pack Ikea Family. C’est beaucoup plus facile à vivre, car sans enfant, on sort de la norme, il n’y a plus de repère. » Donner la vie, c’est aussi donner vie à soi-même : se rencontrer, reconnaître et assumer sa singularité, en donnant vie à d’autres projets que celui d’avoir un enfant. Crise maturative et conflit intérieur Le désir d’enfant, dans son ambivalence, crée un conflit intérieur, une crise que l’on peut qualifier de « maturative », caractéristique de toutes les périodes charnières de la vie, telles que l’adolescence, la grossesse, la fin de vie. Cette crise maturative offre la possibilité d’atteindre une nouvelle position d’adaptation à la fois face à son monde intérieur et face au monde extérieur. Être accompagné dans cette phase de préconception permet de retravailler son enfance, la relation à ses parents, à son conjoint, à son propre corps ; c’est se rencontrer soi.

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6 Optimiser son cerveau et sa fertilité

Vous pouvez être acteur/actrice de votre fertilité  ! Comment l’optimiser ?

RECONNAÎTRE LES SIGNES DE LA FERTILITÉ De nombreux couples rencontrent des difficultés à concevoir simplement parce que les rapports sexuels ont lieu à un moment du cycle où il ne peut pas y avoir de fécondation, parce qu’ils ont lieu loin de la période d’ovulation. La période d’ovulation est la fenêtre au cours du cycle où la femme est fertile. C’est pendant cette fenêtre de fertilité que le spermatozoïde doit rencontrer l’ovule pour qu’il y ait fécondation. Comment reconnaître cette période d’ovulation ? Tests d’ovulation Les tests d’ovulation vendus en pharmacie permettent la détection dans les urines du taux de LH. La femme réalise ce test elle-même 101

PARTIE 3. COMMENT OPTIMISER SA FERTILITÉ ?

dans les urines du matin à partir du 9e et 10e jour en fonction de son cycle. Si la bandelette change de couleur, c’est que l’ovulation va avoir lieu dans les 24 à 36 heures. Ces bandelettes sont onéreuses et permettent d’identifier une partie seulement de la fenêtre de fertilité. L’examen des signes de la fertilité : la symptothermie Cette méthode d’observation des signes de la fertilité permet de détecter l’ovulation et donc les périodes de fertilité féminine. Elle peut être utilisée pour favoriser la conception, mais aussi comme méthode contraceptive. Ces signes sont les suivants : La courbe de température Au cours du cycle, la température varie de plusieurs dixièmes de degrés. Au cours de la première partie du cycle, la température oscille généralement entre 36,1 °C et 36,7 °C. Après l’ovulation, elle dépasse les 37 °C. La période d’ovulation correspond au moment où la température baisse, juste avant qu’elle ne remonte sous l’effet de la progestérone. 102

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Optimiser son cerveau et sa fertilité

Figure 4 | Courbes de température au cours d’un cycle avec et sans fécondation.

Un ovule vit 24 heures. Ainsi, un rapport sexuel ayant eu lieu après la hausse de la température, soit 24 heures après l’ovulation, ne peut en aucun cas engendrer une grossesse. Les spermatozoïdes rejoignent l’ovule en quelques heures, mais dans la majorité des fécondations, l’ovule est fécondé par un spermatozoïde provenant d’un rapport sexuel qui a eu lieu un à deux jours avant l’ovulation. À moins d’avoir un rapport sexuel le jour J où l’on constate une baisse de température, cette méthode est surtout efficace pour mieux connaître ses cycles après une auto-observation de plusieurs mois. 103

PARTIE 3. COMMENT OPTIMISER SA FERTILITÉ ?

Elle permet, en cas de régularité des cycles, d’anticiper la fenêtre de fertilité sur les cycles suivants. Une anomalie au niveau de la courbe peut également indiquer un trouble de l’ovulation et doit conduire à pratiquer un bilan hormonal. C’est toutefois une méthode assez contraignante qui demande beaucoup de rigueur : –– il faut un thermomètre fiable qui permette de prendre la température au dixième de degré près (thermomètre au gallium ou électronique) ; –– la température doit être prise tous les jours le matin avant de se lever pendant 5 minutes si c’est par voie buccale, sinon 3 minutes par voie rectale ou vaginale ;

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–– la température doit être prise tous les jours à la même heure +/− 1 heure ; –– la température lue doit être notée immédiatement ; –– une auto-observation sur plusieurs cycles est requise : entre 3 et 6 cycles idéalement. Un cycle démarre le premier jour des règles jusqu’à la veille du retour des règles. Certaines applications sur smartphone dédiées à la symptothermie permettent de faciliter l’enregistrement des données. L’observation du col Juste après les règles, le col a une consistance comparable à un bout de nez : il est bas, ferme, sec et fermé. En phase pré-ovulatoire, le col est mou, s’ouvre et se redresse dans l’axe du vagin. En phase post-ovulatoire, il redevient bas, sec, ferme et postérieur. L’auto-observation du col consiste à introduire l’index et le majeur dans le vagin pour permettre d’observer l’état du col. Cette auto­ palpation nécessite de bien se laver les mains et les observations ne sont pas évidentes à interpréter. Nous indiquons l’auto-observation du col uniquement pour information, car elle fait partie de la symptothermie, mais à notre avis, elle est fortement déconseillée. La glaire cervicale Le symptôme de fertilité le plus facile à identifier et le plus fiable est celui de la glaire cervicale. La glaire cervicale est une sécrétion qui se trouve au niveau du col de l’utérus. Pendant la période infertile du cycle féminin, elle est épaisse et compacte. Elle forme un bouchon, appelé « bouchon muqueux », qui rend étanche la cavité utérine. Les spermatozoïdes ne peuvent pas y entrer. 105

PARTIE 3. COMMENT OPTIMISER SA FERTILITÉ ?

Elle protège les organes reproducteurs de la femme contre les infections. Comme déjà précisé, pendant la fenêtre de fertilité, au moment de l’ovulation, le col s’entrouvre et la glaire devient filante et de plus en plus fluide, ce qui va former un couloir de nage permettant aux spermatozoïdes de passer le col utérin pour se diriger dans l’utérus puis vers les trompes. La glaire permet également de filtrer le sperme : seuls les spermatozoïdes les plus performants passent le cap. La glaire qui se trouve dans la moitié supérieure du col va leur permettre d’avancer plus vite jusqu’aux trompes, tandis que les spermatozoïdes mal formés ou insuffisamment mobiles sont piégés dans la glaire. Après l’ovulation, sous l’effet de la progestérone, la glaire s’épaissit jusqu’à constituer le bouchon muqueux, empêchant toute pénétration des spermatozoïdes. L’observation des pertes vaginales permet de déterminer la période d’ovulation. Pendant la période fertile, la glaire devient liquide, filante, un peu comme du blanc d’œuf. Elle s’accompagne d’une sensation de mouillé qui peut prévenir de sa présence. La fin de la période fertile est marquée par une glaire plus compacte et collante, jusqu’à la disparition de la glaire. Il est important de noter que la période fertile peut intervenir juste après les règles chez les femmes qui présentent des cycles courts, alors qu’il existe toujours une phase d’infertilité après l’ovulation jusqu’aux règles. L’avantage de l’examen de la glaire cervicale est qu’il peut indiquer la fenêtre de fertilité même sur des cycles irréguliers. Selon plusieurs études, dont l’une réalisée par l’OMS, l’observation de la glaire cervicale est l’outil le plus efficace pour établir soi-même le pic de fertilité qui constitue le moment optimal pour s’unir (Stanford et al., 2002 ; Scarpa et al., 2005 ; Bigelow et al., 2004 ; OMS, 1981). 106

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Plusieurs études (Scarpa et al., 2006, 2007 ; Gnoth, 2002) confirment que simplement en repérant les périodes de glaire filante, et en ayant des rapports durant cette période, les couples raccourcissent significativement leur attente de conception et augmentent leur chance de concevoir un enfant de 30 % ! Toutefois, il arrive que certaines femmes ne perçoivent pas de modification de la glaire, mais pour autant ovulent. La symptothermie : un intérêt également pour la prise en charge médicale Il est aujourd’hui établi que l’auto-observation des signes de la fertilité augmente les chances de concevoir, et dans des délais plus courts. Elle permet aussi d’établir un diagnostic d’hypofertilité plus précoce, qui permet au corps médical d’adapter sa prise en charge. Par exemple, la courbe thermique communiquée au médecin peut mettre en évidence des anomalies du cycle : une absence d’élévation thermique pourra révéler un cycle anovulatoire. Un bilan hormonal sera alors prescrit. À l’ère du numérique, plusieurs applications permettent d’enregistrer et de compiler les données qui peuvent être envoyées directement par mail au gynécologue. Certaines structures telles que Billings France ou le CLER permettent aux femmes d’apprendre l’auto-observation de leur fertilité.

FRÉQUENCE DES RAPPORTS SEXUELS Nombreux sont les couples qui attendent la période d’ovulation supposée pour s’unir. Or, le sperme, après une période d’abstinence, est de moins bonne qualité. À l’inverse, des rapports quotidiens peuvent abaisser la qualité du sperme au fil du temps.

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PARTIE 3. COMMENT OPTIMISER SA FERTILITÉ ?

La Société américaine de médecine de la reproduction recommande, pour l’optimisation de la fertilité, des rapports fréquents tous les 2 à 3 jours dès la fin des règles. De plus, elle conseille de tenir compte particulièrement de la fenêtre de fertilité par l’observation de la sécrétion de la glaire cervicale. Nous ajouterons que la femme ne doit pas se priver d’écouter ses envies sexuelles qui peuvent coïncider avec la période de fertilité. Toutefois, chez la femme, l’appétit sexuel relève davantage d’un désir que d’une pulsion, de sorte qu’envisager l’acte sexuel sous l’angle purement utilitaire risque d’annihiler le désir. La sexualité subie peut alors devenir source de discorde dans le couple, malvenue dans le contexte de projet d’enfant. Une union sexuelle devrait rester un moment privilégié pour maintenir l’harmonie du couple. Le plaisir a ses conditions : un climat particulier qui fait le désir, une confiance, un respect, et l’absence de stress. En effet, le stress

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Optimiser son cerveau et sa fertilité

de la vie quotidienne augmenté par la peur de ne pas réussir à avoir d’enfant affecte la libido. À chaque couple de cultiver l’alchimie du désir pour que les rapports fréquents, nécessaires pour concevoir, soient vécus positivement et non comme une contrainte ! N’hésitez pas à vous faire accompagner : sexothérapeute, psychothérapeute, sophrologue ou hypnothérapeute peuvent vous aider.

UNE ALIMENTATION SAINE POUR SON CERVEAU ET SA FERTILITÉ Les bienfaits de l’alimentation méditerranéenne Selon une étude publiée le 1er mars 2018 menée par des chercheurs grecs (Karayiannis et son équipe) sur 244 femmes en parcours PMA âgées de 22 à 41 ans, celles qui consomment plus d’aliments « méditerranéens » ont 65 à 68 % de chances supplémentaires de tomber enceintes et de donner naissance à un bébé, comparativement aux femmes qui consomment peu ce type de produits.

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PARTIE 3. COMMENT OPTIMISER SA FERTILITÉ ?

Une alimentation méditerranéenne, c’est une alimentation riche en légumes frais, fruits, céréales complètes, légumineuses, poissons et huile d’olive, et par ailleurs pauvre en viande rouge. Pour accroître les chances de succès d’une fécondation in vitro (FIV), ces chercheurs conseillent donc aux femmes en parcours PMA de suivre un régime méditerranéen, qui a déjà fait ses preuves sur la santé cardiovasculaire et le cancer. Pour concevoir un bébé, l’alimentation et le mode de vie sont aussi importants pour les hommes que pour les femmes, rappelle l’étude, qui conseille aussi aux futurs pères de suivre ce régime alimentaire. Les acides gras monoinsaturés Ils sont nécessaires au bon fonctionnement du cerveau et de la fertilité. Les oméga-3 sont essentiels au cerveau : ils représentent 13,5 % du cortex cérébral ! Un apport quotidien en oméga-3 favorise l’équilibre nerveux et a une action anti-inflammatoire. Ils sont également essentiels pour les fonctions reproductrices : les oméga-3 améliorent la qualité des ovules et de la réserve ovarienne dans le temps. Ils améliorent la qualité des spermatozoïdes, leur morphologie et leur mobilité, donc leur viabilité. Ils réduisent les anomalies chromosomiques et sont même nécessaires à la membrane des spermatozoïdes. Les oméga-3 représentent 13,7 % du sperme. Selon une étude déjà citée, et menée sur 147 femmes en parcours PMA (FIV), une consommation plus élevée d’acides gras polyinsaturés se traduit par moins d’ovocytes matures et un taux plus élevé d’embryons de mauvaise qualité. À l’inverse, un apport élevé en acides gras mono-insaturés (de type oméga-3 notamment) a 3,45 fois plus de chances de naissance vivante après un transfert d’embryon ! Pour optimiser votre fertilité, adoptez une alimentation saine, et notamment riche en oméga-3 ! En plus d’une alimentation équilibrée classiquement recommandée, les aliments particulièrement conseillés sont les suivants. 110

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Optimiser son cerveau et sa fertilité

La noix, l’aliment du cerveau La noix est riche en oméga-3. Avec ou sans sa coque, n’avez-vous jamais remarqué que la noix ressemble aux deux hémisphères du cerveau ? Un bon moyen mnémotechnique pour se souvenir que c’est l’aliment du cerveau par excellence !

Figue 5 | La noix : aliment du cerveau.

Les composés polyphénoliques qu’elle contient favorisent la neurogenèse, c’est-à-dire la création de nouveaux neurones. Elle permet aussi d’améliorer les liens entre les neurones. La noix améliore les capacités cognitives, la mémoire, et protège les neurones du stress par son effet antioxydant et anti-inflammatoire sur les cellules du cerveau. Si vous ne raffolez pas des noix, sachez que tous les fruits à coques (amandes, noisettes, noix de cajou, noix de pécan...) contiennent également des oméga-3. L’avocat L’avocat est particulièrement bien pourvu en vitamines : riche en vitamine K et vitamine B9, il est aussi source de provitamines A, de vitamines C, B1, B2, B3, B5, B6, E. La vitamine K intervient dans la coagulation, la minéralisation osseuse et la croissance cellulaire. Les nourrissons en sont souvent carencés. La vitamine B9 ou acide folique, ou folate, est une vitamine indispensable au fonctionnement de l’organisme. Elle intervient dans la division cellulaire ; elle contribue à la croissance du fœtus. La vitamine E est antioxydante, de même que la lutéine et la zéaxanthine, deux caroténoïdes aussi présents dans l’avocat. 111

PARTIE 3. COMMENT OPTIMISER SA FERTILITÉ ?

Sa chair contient de nombreux minéraux et oligo-éléments : le potassium, le cuivre, le fer, le phosphore, le magnésium et le zinc. Enfin, il contient des fibres. Sa forme en ampoule, rappelant celui de l’utérus, permettra de se souvenir qu’il est un allié pour la fertilité ! Avec ses 160 calories aux 100 grammes, il est à consommer avec modération. Les huiles Les huiles végétales (olive, colza, noix, lin, cameline, chanvre) sont riches en oméga 3. Elles sont à choisir dans l’idéal biologiques et de 1re pression à froid. Elles seront de préférence consommées crues, en assaisonnement. Pour la cuisson, l’huile d’olive est à privilégier. Pour les amateurs de sensations fortes, on peut citer aussi l’huile de foie de morue… Les poissons gras Sardines, maquereaux, harengs, anchois, saumons sauvages contiennent des oméga-3. 112

INFERTILITÉ ET CERVEAU ?

Optimiser son cerveau et sa fertilité

Il faut cependant être vigilant quant à la consommation de poissons qui sont au bout de la chaîne alimentaire, car ils accumulent dans leur graisse des PCB, mais aussi des métaux lourds comme le mercure, qui sont nocifs pour l’organisme (cf. 2e partie). Selon l’ANSE, Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, les femmes enceintes doivent éviter la consommation des poissons les plus contaminés, à savoir espadon, marlin, siki, requin et lamproie, et limiter leur consommation de poissons prédateurs sauvages, à savoir lotte (baudroie), loup (bar), bonite, anguille, empereur, grenadier, flétan, brochet, dorade, raie, sabre, thon, saumon. En période de préconception, comme au cours de la grossesse, il est recommandé de limiter la consommation de ces poissons à 1 fois par semaine. Variez les sources de protéine Les femmes qui ne consomment que de la viande rouge ont un risque plus fort de désordres ovulatoires. Il convient donc d’éviter les viandes très grasses et la charcuterie, riches en graisses saturées. On ne doit pas en conclure qu’il faut se priver de consommer de la viande rouge, mais de varier les sources de protéine : –– protéines végétales : légumineuses, noix, graines telles que les graines de lin, également riches en oméga-3 ; –– tofu, lentilles, haricots. Ces aliments sont également riches en fer et sont associés à une réduction des désordres ovulatoires ; –– poissons, de surcroît riches en oméga-3 ; –– volailles ; –– viandes rouges maigres. L’iode Un apport élevé en iode est bénéfique pour la fertilité : algues, fruits de mer, poissons en contiennent. 113

PARTIE 3. COMMENT OPTIMISER SA FERTILITÉ ?

La spiruline : super-aliment La spiruline est une algue d’eau douce riche en vitamines A, E et en vitamines du groupe B, en minéraux comme le fer, en oligo-éléments, en acides gras essentiels et riche en chlorophylle. La prise des comprimés avec un verre d’eau citronnée riche en vitamine C permet une meilleure absorption du fer. La spiruline bio est un aliment de choix pour votre fertilité. Les plantes La maca ou «  ginseng péruvien » est une plante du système nerveux et endocrinien. Elle est bénéfique en cas de stress, elle revitalise, stimule la libido chez la femme, et favorise la fertilité chez l’homme. Acide folique L’acide folique (ou vitamine B9) est nécessaire pour l’homme comme pour la femme. Cette vitamine participe au bon déroulement du cycle menstruel et réduit le risque de fausse couche. Enfin, selon une étude norvégienne de grande ampleur (Pal Suren, 2013), une complémentation en acide folique ou vitamine B9 – durant 4 semaines avant la conception et 8 semaines après – réduirait les risques d’autisme de 40 %. Les principales sources alimentaires d’acide folique sont : le foie, les lentilles, les œufs et les légumes verts tels que les épinards, le cresson, la mâche, mais aussi le melon, l’avoine, le quinoa. Depuis l’an 2000, la Direction générale de la santé recommande aux femmes de prendre chaque jour 0,4 mg de vitamine B9, 1 mois avant la conception et pendant les 2 premiers mois de grossesse. Elle est prescrite habituellement 4 mois avant la conception et en début de grossesse jusqu’à la dixième ou douzième semaine après la conception. Elle diminue les risques d’anomalies de fermeture du tube neural. 114

INFERTILITÉ ET CERVEAU ?

Optimiser son cerveau et sa fertilité

Cette supplémentation ne doit pas faire oublier les aliments naturels décrits précédemment qui permettent un apport en acide folique et en iode. Acide folique + zinc Selon une étude réalisée aux Pays-Bas (Wong Wy, 2002), la combinaison zinc et acide folique augmenterait le nombre de spermatozoïdes. Les principales sources alimentaires de zinc sont les viandes, les huîtres, le lait, le yaourt, les céréales de son et le germe de blé, les légumes verts ainsi que les noix et noisettes. Acide folique + iode Une supplémentation en iode et en acide folique (vitamine B9), nécessaires au bon développement du cerveau, permettrait également de limiter l’impact des perturbateurs endocriniens. Les fruits et légumes Les légumes et fruits riches en antioxydants sont également à intégrer : betteraves rouges, figues de barbarie, câpres, piments forts, oignons rouges crus, brocolis, cassis, pommes, cerises, artichauts, persil, fraises, litchis, raisins, abricots, dattes, aubergines, mangues, poires, etc. Les antioxydants sont en effet nécessaires pour lutter contre le stress oxydatif susceptible d’affecter les gamètes. Pour limiter l’exposition aux pesticides dans les fruits et légumes, il est conseillé de consommer des fruits et légumes sans pesticides, bio, ou de bien les rincer (au vinaigre ou au bicarbonate), et de les éplucher. Par ailleurs, une étude publiée le 22 octobre 2018 confirme que le fait de passer à une « alimentation bio » permet de réduire l’exposition aux pesticides. Cette étude portant sur 68 946 Français révèle que le risque de cancer serait réduit de 25 % pour ceux qui consomment des aliments biologiques (Hemler, 2018).

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PARTIE 3. COMMENT OPTIMISER SA FERTILITÉ ?

Les fruits et légumes seront de préférence consommés crus ou cuits, à faible température de préférence, pour préserver au maximum leurs vitamines. Les aliments en conserve sont à éviter. Selon une nouvelle étude internationale (Grieger, 2018), les femmes qui mangent 3 fruits par jour ont un risque d’infertilité réduit et un temps de conception raccourci. L’eau Boire beaucoup d’eau, 1 à 2 litres par jour, est important pour l’organisme, et notamment pour la glaire cervicale. Le sucre : bon ou mauvais pour le cerveau et la fertilité ? Le sucre est bon pour le cerveau, mais attention à ne pas en abuser, car il provoque des pics d’insuline. S’ils sont trop fréquents au cours de la journée, ils peuvent créer un climat inflammatoire qui interfère avec la maturation des cellules reproductrices. Pour réguler la sécrétion d’insuline, évitez le grignotage, les sucres rapides, les farines raffinées, le pain blanc, les produits industriels, et notamment les jus de fruits industriels ou les boissons gazeuses. Privilégiez les sucres lents et les fibres qui vont permettre une absorption progressive, plus lente : céréales, farines complètes, riz ou pâtes complètes ou semi-complètes, son d’avoine, graines de lin, etc. Café et alcool Sont également à éviter le café (2 par jour maximum), ainsi que la consommation d’alcool excessive (cf. 2e partie). Faites-vous plaisir ! Mangez varié ! Une fois que l’on sait ce qui est à privilégier et ce qui est à éviter pour favoriser sa fertilité, gardez à l’idée que la clé d’une bonne alimentation est de manger varié, et avec plaisir ! 116

INFERTILITÉ ET CERVEAU ?

Optimiser son cerveau et sa fertilité

De nombreuses recettes créatives et colorées vous permettront de revisiter votre alimentation avec plaisir. Des conseils personnalisés pourront vous être apportés par un nutritionniste, diététicien, ou naturopathe. Les plastiques alimentaires En 1988, la Society of Plastics Industry a créé le Resin Identification Code : il s’agit de pictogrammes apposés sur les emballages en plastique, qui permettent d’identifier la nature de la matière constituant le produit. La norme ISO 1043-1:2011 indique des directives pour l’utilisation de ces symboles. La limite de ce marquage d’identification est qu’il n’est pas obligatoire, et donc pas toujours présent sur les emballages. De plus, lorsqu’il est présent, il figure sous les emballages et de manière très peu visible, donc difficilement identifiable lorsque l’on fait ses courses… Si vous restez motivé malgré tout, retenez que les plastiques marqués 2, 4 et 5 sont à privilégier. Les plastiques marqués 1, 3, 6, et 7 sont à éviter, pouvant contenir des perturbateurs endocriniens susceptibles de migrer dans les aliments. Pour limiter l’exposition aux perturbateurs endocriniens provenant des matières plastiques, quelques précautions sont à prendre, telles que : –– ne jamais réchauffer les barquettes plastiques au micro-ondes ; –– ne pas consommer de boissons chaudes dans des gobelets en plastique ; –– déballer les aliments conditionnés sous plastique (fruits et légumes emballés sous film alimentaire). Quant aux contenants alimentaires, il convient également d’éviter les canettes et de ne pas racler l’intérieur des boîtes de conserve. Ces contenants alimentaires devraient toutefois être plus sûrs grâce au règlement européen du 14 février 2018 applicable depuis le 117

PARtIE 3. cOMMEnt OPtIMISER SA fERtIlIté ?

SIGLE

PET

NOM

Polyéthylène Terephthalathe (PET)

UTILISATIONS Bouteilles d’eau, de boissons gazeuses, de jus de fruits, d’huile de cuisine… (transparent). Emballages jetables de toutes sortes. Sac de cuisson, barquette alimentaire, emballages de cosmétique

SÛR ? Pas sûr Plusieurs études montrent le relargage de perturbateurs endocriniens dont le trioxyde d’antimoine Sûr

PEHD

Polyéthylène haute densité ou High Density Polyethylene (HDPE)

Souvent utilisé pour les bouteilles de détergents, de jus de fruits, de lait (opaque), bouchons vissés, flacons pour cosmétiques, gels douches

Polychlorure de vinyle (PVC)

Peu utilisé dans les emballages alimentaires si ce n’est pour emballer le fromage et la viande. Surtout utilisé dans la fabrication de jouets, de tuyaux en plastique, de rideaux de douche

D’après l’institut national d’information en santé environnementale (Canada) et le Réseau environnement santé (France) Pas sûr

PVC

Le PVC relargue des phtalates lorsqu’il est chauffé ou stocké en contact de corps gras. Les phtalates sont des perturbateurs endocriniens Sûr

PEBD

Polyéthylène basse densité ou Low Density Polyethylene (LDPE)

Sacs congélation, sacs poubelles, poches zipées alimentaire, films alimentaires, barquettes

Polypropylène (PP)

Certaines tasses pour enfant, certaines gourdes souples réutilisables pour sportifs, récipients alimentaires réutilisables. Pots de yaourt, de margarine, de beurre, planches à découper en plastique

Polystyrène (PS)

Barquettes alimentaires à emporter, barquettes de viandes et poisson, gobelets, couverts et verres en plastique jetables, pots de yaourts. Sous forme expansée, sert à l’emballage et à l’isolation

Autres

Cette catégorie comprend tous les types de plastique qui ne sont pas inclus dans les autres. Notamment le polycarbonate (PC) compose les biberons, les résines internes des boîtes de conserve, les bombonnes d’eau, les récipients pour micro-ondes mais aussi le petit électroménager

D’après l’institut national d’information en santé environnementale (Canada) et le Réseau environnement Santé (France) Sûr

PP

PS

Autre

Tableau 1 | Classification des plastiques.

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INFERTILITÉ ET CERVEAU ?

D’après l’institut national d’information en santé environnementale (Canada) et le Réseau environnement Santé (France) Pas sûr Le polystyrène relargue du tyrène, suspecté d’être cancérigène Pas sûr Le PC contient du bisphénol A qui est un perturbateur endocrinien

Optimiser son cerveau et sa fertilité

6 septembre 2018, qui étend les restrictions applicables au bisphénol A (BPA) aux matériaux en contact avec les aliments, abaissant la quantité de matière plastique autorisée à migrer dans les aliments, de 0,6 à 0,05 milligramme de BPA par kilogramme de denrées alimentaires et étendant cette restriction aux matériaux utilisés dans les vernis et revêtements utilisés pour tapisser les boîtes de conserve alimentaires. Cosmétiques Les cosmétiques (shampoings, crèmes, mousses à raser, dentifrices, etc.) sans parabène et bio sont à privilégier. Les colorations capillaires à base de produits non naturels sont à éviter. Les emballages étant parfois trompeurs, mieux vaut limiter leur utilisation. Jouets pour enfants Les jouets en plastique et les peluches peuvent contenir des phtalates, des retardateurs de flamme bromés et du bisphénol. Il est également à noter que les poupées miniatures sont considérées comme des objets de décoration et sont donc moins réglementées. Quelques précautions s’imposent : –– laver ou aérer les jouets avant utilisation ; –– éviter les jouets parfumés ; –– privilégier les jouets en bois brut (éviter en revanche les bois contreplaqués qui peuvent contenir des formaldéhydes, substance cancérigène). Les médicaments Les médicaments, notamment ceux qui peuvent être délivrés sans ordonnance tels que l’ibuprofène, l’aspirine et le paracétamol, doivent être pris avec précaution (cf. 2e partie).

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PARTIE 3. COMMENT OPTIMISER SA FERTILITÉ ?

LIMITER L’EXPOSITION À LA POLLUTION DE L’AIR Arrêter de fumer Les effets de la cigarette sur le cerveau et la fertilité sont absolument délétères (cf. 2e partie). L’arrêt du tabac avant tout projet parental, notamment en parcours PMA, devrait être envisagé. Pour autant, il est très difficile d’arrêter de fumer. La cigarette peut jouer de nombreux rôles : elle peut être un anti-stress, ou être un remède contre l’ennui, la solitude, la timidité, etc. Quoi qu’il en soit, associée au plaisir, elle active toujours la zone du cerveau de la récompense. Souvent, la cigarette, qui accompagne le fumeur dans son quotidien, contribue à maintenir son équilibre psychique. Sauf si votre motivation à arrêter de fumer est supérieure ou égale à 9 sur une échelle de 10, évitez les hypnothérapeutes qui vous proposent d’arrêter de fumer en une séance ! En effet, le risque étant de créer un déséquilibre psychique qui peut amener la personne à reprendre la cigarette pour soulager ce mal-être, ou déplacer le symptôme sur un autre symptôme éventuellement plus grave. Ainsi, mieux vaut se faire accompagner pour arrêter de fumer par votre médecin, un psychologue, un sophrologue ou un hypnothérapeute qui vous aide à déterminer au préalable la fonction que remplit la cigarette pour vous au juste, avant de travailler sur sa vie d’après, à savoir sur l’équilibre retrouvé au quotidien sans la cigarette, pour enfin déterminer les stratégies à mettre en place pour arrêter de fumer. Toute addiction, que ce soit à la cigarette, à l’alcool ou à d’autres drogues, met en jeu des mécanismes complexes, et doit faire l’objet d’un accompagnement personnalisé pour la personne qui souhaite s’en libérer. En préconception, diminuer progressivement votre consommation peut être une étape intermédiaire jusqu’à l’arrêt total. La pollution dans nos habitations ou bureaux Pour limiter l’exposition à la pollution intérieure, il est recommandé de bien aérer la pièce quotidiennement, au moins 10 minutes. 120

INFERTILITÉ ET CERVEAU ?

Optimiser son cerveau et sa fertilité

En cas d’acquisition de meubles neufs, par exemple pour meubler la chambre du futur bébé, il est important d’aérer davantage. Les bombes insecticides, les bougies parfumées et parfums d’intérieur sont à éviter. Pour les peintures d’intérieur, privilégiez les peintures classées A + (à faible émission de polluants). Pour les produits d’entretien, choisissez plutôt ceux ayant un Écolabel (label de qualité prenant en compte l’impact sur l’environnement), à savoir, soit la marque NF Environnement, soit le Label européen, soit le label Ecocert par exemple. Encore mieux, le vinaigre blanc, le bicarbonate ou le savon noir sont aussi efficaces, tout en préservant la santé, donc la fertilité. Classification et étiquetage des produits contenant des substances reprotoxiques Pour des raisons de santé publique et/ou de protection de l’environnement, la mise sur le marché et l’emploi de certains produits reprotoxiques peuvent être réglementés (limités ou interdits). Les règlementations dans le monde tendent à regrouper les substances cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques (ou « CMR »). En France, l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) évalue l’ensemble des risques auxquels un individu peut être exposé, volontairement ou non, à tous les âges, qu’il s’agisse d’expositions au travail, pendant ses transports, ses loisirs, ou via son alimentation. Afin d’encadrer les substances CMR, il existe plusieurs classifications de ces substances dans le monde, en fonction de leur toxicité. Le Règlement européen CE no 1272/2008 (Classification, Labeling and Packaging) et la classification qu’il retient s’applique à l’ensemble de l’Union européenne dont la France, qui a codifié cette règlementation dans le Code du travail. Ainsi, les produits toxiques pour la reproduction sont classés en deux catégories : 121

PARTIE 3. COMMENT OPTIMISER SA FERTILITÉ ?

• La catégorie 1 qui comprend deux sous-catégories : –– 1A : les substances dont la toxicité pour la reproduction humaine est avérée ; –– 1B : les substances présumées toxiques pour la reproduction humaine. • La catégorie 2 comprend les substances suspectées d’être toxiques pour la reproduction humaine. En fonction de la catégorie à laquelle appartient le produit toxique, une mention spécifique doit figurer sur son étiquetage. Étiquetage des produits : pictogramme et mentions spécifiques Le pictogramme SGH08 « Danger pour la santé » s’applique pour toutes les catégories de substances cancérigènes, mutagènes et toxiques pour la reproduction.

Figure 6 | Pictogramme « Danger pour la santé ».

Les produits spécifiquement toxiques pour la reproduction présentent des mentions complémentaires : La mention H360 : « Peut nuire à la fertilité ou au fœtus » s’applique pour les catégories 1A et 1B. La mention H361 : « Susceptible de nuire à la fertilité ou au fœtus » s’applique pour la catégorie 2. 122

INFERTILITÉ ET CERVEAU ?

Optimiser son cerveau et sa fertilité

Il n’existe pas de pictogramme de danger pour les effets toxiques sur l’allaitement ou via l’allaitement… Seule la mention H362 : « Peut être nocif pour les bébés nourris au lait maternel » permet d’informer le consommateur. Quelles sont les professions les plus exposées aux substances reprotoxiques ? Certaines professions comprennent plus de risques d’exposition aux substances toxiques pour la reproduction. Le tableau ci-dessous permet de lister les secteurs d’activité davantage exposés aux substances mutagènes (dites également génotoxiques, c’est-à-dire susceptibles d’altérer les chromosomes qui portent l’ADN) ou reprotoxiques. Agent ou procédé (*)

Secteurs d’activité concernés

Isocyanurate de triglycidyle (TGIC)

Agent mutagène

• F abrication et utilisation de peintures en poudre à base de polyester • Industrie du PVC, des encres, pigments ou adhésifs • Fabrication de circuits imprimés

Phtalate de dihexyle

Agent toxique pour la reproduction

• Industrie du PVC et des autres matières plastiques

Composés du plomb

Agents toxiques pour la reproduction

• Bâtiment • F abrication et réparation des accumulateurs au plomb •R  écupération des batteries et des vieux métaux •D  écoupage au chalumeau des tôles et charpentes • Poterie et faïencerie • Soudage à « l’étain » • Traitement de surface • Verrerie au plomb…

(*) Rencontré en milieu professionnel : utilisé sur le lieu de travail ou susceptible d’être émis lors de certains procédés ou opérations. Source : http://www.inrs.fr/risques/ cmr-agents-chimiques

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PARTIE 3. COMMENT OPTIMISER SA FERTILITÉ ?

Spermatozoïdes et chaleur ne font pas bon ménage Comme déjà exposé, une chaleur importante nuit à la qualité spermatique. Pour les messieurs, il convient d’éviter les saunas ou hammams trop fréquents, les douches et bains très chauds, et de bien choisir ses sous-vêtements ! En effet, selon une étude publiée dans la revue Human Reproduction (Minguez-Alcaron, 2018) portant sur 656 hommes ayant consulté pour infertilité à l’hôpital du Massachusetts, les hommes qui portent des caleçons plus amples ont une concentration de spermatozoïdes plus élevée de 25 %, ainsi que 33 % de spermatozoïdes mobiles en plus, par rapport aux hommes portant des sous-vêtements serrés de type boxers. Le sport Un sport modéré favorise la santé du cerveau et de la fertilité. Il permet notamment de lutter contre le stress. Des chercheurs de l’université de Boston aux États-Unis ont mené une étude sur 3 628 femmes publiée en 2012, permettant d’affirmer l’effet positif du sport modéré sur la fertilité : une activité physique modérée, telle que la marche, le vélo ou le jardinage, augmente la fertilité. Comparativement aux femmes qui ont moins de 1 heure d’activité physique par semaine, celles qui pratiquent un sport entre 1 heure et 5 heures par semaine ont plus de 18 % de chances de tomber enceintes. Chez les hommes, plusieurs études confirment les bienfaits du sport modéré sur la fertilité (Vaamonde, 2012). Des chercheurs de l’université Urmia en Iran ont testé l’impact de trois programmes d’exercice physique sur la qualité du sperme chez 280 hommes. Les hommes qui font de l’exercice physique ont une meilleure qualité spermatique : l’entraînement réduit les marqueurs de l’inflammation et de stress oxydatif dans le sperme. Les bénéfices tendent à diminuer quand l’entraînement s’arrête. Les meilleures améliorations se 124

INFERTILITÉ ET CERVEAU ?

Optimiser son cerveau et sa fertilité

trouvent chez ceux qui ont suivi l’entraînement continu d’intensité modérée, c’est-à-dire en courant 30 min 3 ou 4 fois par semaine : leur volume de sperme gagne en moyenne 21,8 % de spermatozoïdes, qui gagnent par ailleurs en mobilité et en qualité (leur morphologie est améliorée) (Hajizadeh Maleki, 2017). Le récent ouvrage Bouge ton cerveau ! de la neuroscientifique Wendy Suzuki démontre les bienfaits du sport sur le cerveau et le corps. Pour ceux et celles qui rechignent à faire du sport, adoptez la marche ! Selon une étude réalisée par l’université du Massachusetts (Russo, 2018) parue dans la revue Human Reproduction, la marche aiderait à tomber enceinte. Par exemple chez les femmes obèses, marcher 10 minutes d’affilée par jour suffirait déjà à favoriser une grossesse. L’exposition aux ondes électromagnétiques Par principe de précaution, il convient de limiter le temps d’exposition aux ondes électromagnétiques. Il est également préconisé de ne pas garder un téléphone portable au contact du corps, à savoir ne pas le coller contre l’oreille et ne pas le garder non plus dans la poche. Il est conseillé d’utiliser un kit mains libres et d’opter pour un smartphone avec un DAS (débit d’absorption spécifique) faible. Ce principe de précaution doit également s’appliquer une fois enceinte. En effet, les os du crâne, qui protègent a minima des ondes électromagnétiques, ne sont pas complètement soudés avant l’âge de 16 à 18 ans… L’exposition à la lumière Des règles élémentaires d’hygiène de sommeil sont nécessaires pour favoriser la resynchronisation : il est préconisé d’éviter le sport et les écrans avant de dormir, de se coucher à une heure correcte, dans le noir complet et au calme, ou encore de se relever en cas d’impossibilité de s’endormir dans les 20 minutes. 125

PARTIE 3. COMMENT OPTIMISER SA FERTILITÉ ?

Pour réguler l’horloge biologique, Claude Gronfier, neurobiologiste à l’Institut cellule souche et cerveau de l’unité INSERM à Lyon préconise de coupler la phytothérapie à une bonne hygiène de sommeil et de lumière. Pour les travailleurs postés, le fait d’augmenter l’intensité lumineuse pendant le travail de nuit, puis de diminuer l’exposition au retour à domicile et de dormir dans des conditions d’obscurité totale favorise la synchronisation de l’horloge biologique ; pendant les heures de travail, la vigilance est améliorée et au retour à la maison, le sommeil est de meilleure qualité.

GÉRER SON STRESS Les scientifiques encouragent aujourd’hui le recours aux techniques de gestion du stress pour les couples qui désirent un enfant (cf. 2e partie). Quand on stresse de stresser Les femmes qui nous consultent expriment leurs craintes à ce sujet : « j’ai peur que mon stress m’empêche d’avoir un bébé » ou « j’ai peur que mon stress nuise à mon bébé ». Cette peur peut être, à elle seule, source de stress ! Les recherches scientifiques démontrent aujourd’hui que le stress peut avoir un impact sur la fertilité… Mais pas n’importe quel stress ! Ainsi, mieux informées, les personnes concernées pourront agir sur l’un des facteurs déterminants de leur fertilité ! Les deux règles d’or si vous stressez ! Rappelons les deux règles d’or exposées en 2e partie : 1. Inutile de culpabiliser ! C’est une réaction biologique normale ! Le stress est nécessaire. Il est mobilisateur et nous aide à nous adapter. La plupart du temps, le stress est tout à fait passager et le retour à l’équilibre se fait rapidement : donc pas de quoi perturber 126

INFERTILITÉ ET CERVEAU ?

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votre fertilité. Rappelez-vous que des milliards de femmes stressées mettent au monde des bébés notamment suite à un parcours PMA ! Aussi, le stress peut être positif pour l’enfant à naître ! Des recherches ont porté sur la capacité de résilience suite à un stress. Elles ont mis en lumière un phénomène appelé « inoculation du stress » où le stress agirait comme un vaccin : une exposition au stress à un jeune âge où à l’adolescence contribuerait à construire nos mécanismes antistress, en activant certains gènes de la résilience (comme le font certains antidépresseurs) et renforcerait ainsi la capacité de résilience à l’âge adulte. La neurobiologie de la résilience permettra d’affiner quels niveaux de stress sont favorables et à quel âge. C’est ce que révèle Wendy Suzuky neuroscientifique, dans son livre « Bouge ton cerveau », au paragraphe dont nous apprécions l’intitulé, criant de vérité : « je stresse, tu stresses, nous stressons tous. »… 2. Si l’on ne peut éviter de réagir à un stress, on peut agir pour le réguler. L’essentiel consiste à prévenir le stress, et lorsqu’il survient, à apprendre à écouter les signaux du stress, observer comment ils se manifestent dans le corps, dans quelles situations, pour mieux revenir au calme et éviter ainsi le stress chronique ou le stress particulièrement aigu pendant la période de l’ovulation. Il ne suffit pas de se dire « J’arrête de stresser ! ». Savoir réguler son stress est un apprentissage. Comment gérer son stress ? Il existe différentes méthodes pour agir contre le stress. La grande force de l’Homme est sa capacité d’adaptation. Quelles sont les stratégies d’adaptation qu’il peut mettre en place face au stress ? Lazarus propose en 1980 la théorie du coping, qui permet de regrouper les stratégies utilisées pour faire face au stress en deux catégories : les stratégies externes et les stratégies internes. 127

PARTIE 3. COMMENT OPTIMISER SA FERTILITÉ ?

Les stratégies externes Les stratégies d’adaptation externes consistent à éviter de focaliser sur une situation source de stress en se tournant vers l’extérieur. Les stratégies individuelles externes sont diverses. Face à une situation de stress identifiée, l’on peut choisir de s’en extraire ou de la modifier. Dans le domaine professionnel par exemple, cela peut consister à postuler à un autre emploi, ou simplement à solliciter une réorganisation, de nouveaux projets, ou éclaircir une situation. On peut aussi choisir de s’en extraire temporairement, afin d’éviter que le stress chronique ne s’installe. Pratiquer une activité sportive ou artistique, lire, bricoler, aller au cinéma ou à une exposition, visiter une ville ou aller en forêt. Marcher en forêt, ou simplement rester assis à contempler un espace vert, suffit à réduire la concentration de cortisol et à réguler la fréquence cardiaque (Qing Li, 2018). Les stratégies collectives consistent à gérer le stress par le biais d’actes sociaux. Aller boire un café avec des amis, se promener en famille par exemple, sont autant de moyens simples et efficaces pour lutter contre le stress. À l’ère du virtuel, il est essentiel de se recentrer sur les relations humaines. Il existe mille et une façons de faire barrage au stress chronique. À vous de trouver celles qui vous conviennent. Quel que soit votre emploi du temps, voyez comment vous pouvez faire des pauses, même courtes, pour vous reposer ou pratiquer une activité qui vous plaise. Pour modifier une situation stressante, encore faut-il l’avoir identifiée, définir ses besoins, pour enfin agir dans une perspective de changement. Des professionnels (psychologue, coach, sophrologue, hypnothérapeute) peuvent vous accompagner en ce sens. Les stratégies internes Sans modifier la situation de stress, les stratégies internes permettent d’en changer la perception. 128

INFERTILITÉ ET CERVEAU ?

Optimiser son cerveau et sa fertilité

La cohérence cardiaque : respirez ! Le concept de cohérence cardiaque est issu des recherches en neurosciences. L’institut HeartMath étudie depuis 25 ans la communication entre le cœur et le cerveau. Selon les découvertes de l’Institut, le cœur comporterait 40 000 neurones et un réseau complexe et dense de neurotransmetteurs, de protéines et de cellules d’appui, de sorte qu’on pourrait le nommer le cerveau du cœur. Le cœur envoie des messages au cerveau qui influent sur le comportement et les émotions. En état d’alerte, de stress, mais également lorsque le cerveau est sous l’emprise d’émotions négatives telles que la colère et la peur, le rythme cardiaque s’accélère et devient chaotique. À l’inverse, lorsque le rythme cardiaque diminue, un message est envoyé au cerveau afin qu’il freine l’activation du système sympathique, pour un retour au calme. La cohérence cardiaque consiste à mettre en cohérence le cœur avec le cerveau, à rééquilibrer les relations cœur-cerveau. Il est démontré qu’elle permet de réduire le stress et l’anxiété pour tendre à un équilibre, un bien-être.

Figure 7 | Rythme cardiaque et état émotionnel. Source : https://commons.wikimedia. org/wiki/File:Coherence-cardiaque.png

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PARTIE 3. COMMENT OPTIMISER SA FERTILITÉ ?

Plusieurs moyens permettent de rétablir une cohérence cardiaque. Le premier vecteur de cohérence cardiaque est la respiration. La respiration a une action sur le taux de variabilité cardiaque (TVC). Les chercheurs de la Northshore University Hospital de Long Insland (Herrero et al., 2018) se sont penchés sur les bienfaits de la respiration contrôlée à l’aide d’électrodes permettant d’observer directement ses effets sur le cerveau. Cette étude récente, publiée dans la revue Journal of Neurophysiology, confirme que la respiration consciente et contrôlée apporte un apaisement, permet une meilleure maîtrise de soi et améliore les capacités de concentration. Ces recherches permettent de valider les bienfaits de la respiration consciente et contrôlée. Une méthode simple de respiration a été popularisée. Elle consiste à respirer pendant 5 minutes sur 6 cycles respiratoires par minute, 3 fois par jour. Il existe de nombreuses applications numériques qui permettent d’intégrer ces exercices facilement dans son quotidien. La respiration consciente et contrôlée fait partie intégrante de certaines disciplines telles que le yoga (dont le pranayama, « yoga du souffle ») et la sophrologie. On peut également citer le qi gong, dont la première harmonisation recherchée est celle du cœur. En effet, selon la philosophie médicale chinoise, « le cœur domine l’âme et l’esprit ». Ses mouvements très lents, en conscience, associés au souffle, favorisent la cohérence cardiaque. Par ailleurs, des émotions positives, telles que l’amour, la joie, la gratitude ont également une action sur la variabilité cardiaque. Ainsi, tourner ses pensées vers des sentiments ou émotions positifs, dans le présent ou à l’aide de souvenirs, permettent de rééquilibrer les relations cœur-cerveau. Certaines méditations guidées ou visualisations proposées lors de séances de méditation, 130

INFERTILITÉ ET CERVEAU ?

Optimiser son cerveau et sa fertilité

d’hypnose ou de sophrologie permettent de retrouver une cohérence cardiaque. Les états de conscience modifiée Depuis toujours, l’Homme expérimente les états de conscience modifiée pour obtenir une guérison, éveiller la conscience, accéder à une certaine sagesse voire au bonheur. La transe chamanique, depuis la préhistoire en France comme sur tous les continents, le yoga nidra (yoga du sommeil), les chants grégoriens, le discours (terpnos logos de Platon), la méditation, la sophrologie et l’hypnose sont autant de moyens d’accéder à un état amplifié de conscience, ce « grand mystère ». Pourquoi ? États de conscience modifiée et neurosciences Les neurosciences permettent aujourd’hui de prouver les bienfaits des états modifiés de conscience, grâce aux études réalisées sur la méditation et l’hypnose. La méditation Aux origines de la méditation, on peut citer le yoga, le bouddhisme, le zen, et certaines pratiques religieuses, telles que proposées par le soufisme ou les exercices de Saint Ignace de Loyola par exemple. Ainsi, la méditation peut être pratiquée de manière très diverse : elle peut consister à contempler de manière vigilante un objet d’observation qui peut être soit extérieur (un objet réel ou un symbole), soit intérieur (l’esprit, les sensations corporelles, ou un concept, une valeur, telle que la joie, la gratitude, la compassion, etc.). Elle peut se pratiquer en position assise, allongée, et même en marchant. La forme de méditation la plus médiatisée est celle de la pleine conscience (mindfulness en anglais). Elle consiste à examiner en conscience ses pensées et ses ressentis corporels, « ici, et maintenant », sans chercher à les juger ni à les analyser. 131

PARTIE 3. COMMENT OPTIMISER SA FERTILITÉ ?

À partir de cette pratique méditative ancestrale, un programme dit « MBSR » (Mindfulness-Based Stress Reduction) ou « réduction du stress basée sur la pleine conscience » de 8 semaines, initié par le scientifique Jon Kabat-Zinn depuis 1979 aux États-Unis, s’est largement répandu à travers le monde. Mathieu Ricard et Christophe André ont également contribué à développer la connaissance et la pratique de la méditation de pleine conscience en France. À Lyon, Antoine Lutz, directeur de recherche au Centre de recherche de neurosciences de Lyon (INSERM), s’attache à étudier scientifiquement les effets de la méditation à visée thérapeutique (projet ERC : European Research Council). Il est également à l’initiative de la création de l’Institut de méditation, destiné à être un espace de recherche, de pratique et d’enseignement en méditation. Les techniques de pleine conscience ont aussi fortement influencé la sophrologie, surnommée par son fondateur, Alfonso Caycedo, « la science de la conscience positive ». La pleine conscience procure, sur le plan biologique, un ralentissement du pouls, une diminution de la tension artérielle, un allongement des temps respiratoires. Les recherches en neurosciences prouvent que la pratique régulière d’exercices de méditation modifie l’activité des régions de l’encéphale, renforce le thalamus et affaiblit l’amygdale. De nombreuses études démontrent que la méditation pratiquée régulièrement permet d’atténuer les affections physiques liées au stress. Sur un plan plus subtil, en élargissant le champ de conscience, elle favorise la transformation intérieure dans sa relation à soi et au monde, par les prises de conscience, l’expérience de paix intérieure, de détachement, de prise de recul, voire d’autres expériences d’ordre mystique (état d’éveil, extase, etc.). Chaque expérience de méditation est unique. Quelle qu’elle soit, la méditation est un excellent moyen de lutter contre le stress particulièrement aigu ou chronique. 132

INFERTILITÉ ET CERVEAU ?

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L’hypnose et sa vocation thérapeutique L’hypnose thérapeutique ne doit pas être confondue avec l’hypnose de spectacle. L’hypnose de spectacle est une hypnose par le choc, qui endort, alors que l’hypnose thérapeutique est une médecine douce, qui éveille ! Cela n’a rien à voir ! Les techniques utilisées sont différentes, la déontologie et le but sont aux antipodes. L’hypnose est vouée à être un outil de guérison : sa propre dénomination comporte la dimension à guérir le corps et l’esprit. En effet, étymologiquement, l’hypnose vient de « Hypnos », le Dieu grec qui panse les plaies du corps et de l’esprit durant le sommeil. Sans revenir en détail sur son historique, rappelons que l’hypnose médicale émerge en France grâce à Jean-Martin Charcot (1825-1893), considéré comme le père de l’École française de neurologie, à l’hôpital de la Salpêtrière. Lors de ses leçons du 133

PARTIE 3. COMMENT OPTIMISER SA FERTILITÉ ?

mardi, il montre à ses élèves, mais aussi au Tout-Paris, comment il traite ses patientes hystériques par l’hypnose. Le Dr Bernheim s’intéresse à cette nouvelle science et il s’associe au Dr Liébeault pour créer l’École d’hypnotisme de Nancy, selon laquelle le phénomène de suggestion explique les succès thérapeutiques. Cette école acquiert une renommée mondiale. Sigmund Freud, Ivan Pavlov, Vladimir Bekhterev, Auguste Forel, Morton Prince viennent d’Autriche, de Suisse, de Russie, des États-Unis pour s’informer et se former auprès du Dr Liébeault. Un pharmacien de Troyes vient aussi étudier cette technique de suggestion pour accentuer l’action curative des médicaments ; c’est le médecin Émile Coué, apôtre de l’effet placebo, qui va développer sa célèbre méthode de persuasion. En 1933, aux États-Unis, le médecin Clark Leonard Hull publie un ouvrage, où il décrit une application clinique de l’hypnose : le traitement de la douleur. Il en montre aussi l’efficacité en anesthésie. Il souligne que son travail est dans la continuité des recherches de Bernheim. Un de ses élèves, Milton Erickson, se sert de sa propre expérience du handicap pour façonner l’hypnose de manière plus douce et respectueuse du patient. Il introduit le concept de suggestion non directive et prône l’utilisation des métaphores pour résoudre les problèmes de manière moins confrontante. Erickson montre, entre autres, l’importance de la pratique de l’auto-hypnose, ayant pour objectif de rendre le patient autonome. Aujourd’hui, l’efficacité de l’hypnose pratiquée médicalement et cliniquement, « dite ericksonienne », est reconnue et indiquée pour divers troubles psychiques et pathologies tels que les phobies, la claustrophobie, le stress, l’anxiété, les douleurs, les migraines, les addictions, le syndrome de Gilles de La Tourette, les épilepsies, l’obstétrique, la dermatologie, les cancers, les soins palliatifs. L’hypnose est vivante. Son champ d’application médicale et thérapeutique ne cesse de progresser. Les neurosciences nous éclairent sur la manière dont l’hypnose agit sur le cerveau, et donc sur le corps. Pourquoi est-elle si efficace ? 134

INFERTILITÉ ET CERVEAU ?

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L’état hypnotique : une signature neuronale particulière ■■

Hypnose et fluidité mentale

En état d’éveil sans stress, le rythme électro-encéphalographique se situe entre 15 et 18 cycles par seconde. En situation de stress, il monte entre 40 et 50 cycles par seconde ! En état hypnotique, le rythme descend en général entre 8 et 12 cycles par seconde. On comprend ainsi mieux l’intérêt de la pratique de l’hypnose pour lutter contre le stress et l’anxiété. Selon Bruno Suarez, médecin radiologue et directeur d’un centre de scanner et d’IRM à Thiais, l’hypnose a une signature neuronale particulière : « Le sujet sous hypnose a l’air de dormir, de rêver ou de méditer. Mais les enregistrements de l’activité cérébrale associée à ces trois états montrent que l’hypnose ne correspond à aucun d’eux. Il existerait différents schémas d’activation cérébrale au cours de l’hypnose, mais plusieurs aires semblent systématiquement impliquées (…) une sorte de fluidité mentale semble s’installer » (Suarez, 2013). En effet, plusieurs études ont confirmé que sous hypnose, plusieurs aires cérébrales s’activent : le cortex préfrontal, le thalamus, les cortex primaire et secondaire, le cortex cingulaire et le thalamus. On observe une modification de l’activité cérébrale au niveau des réseaux interne (conscience de soi) et externe (conscience de l’environnement). Du fait que plusieurs circuits neuronaux s’activent en même temps (celui de l’attention, de l’absorption et de la détente), une fluidité mentale s’opère (Vandhaudenhuyse, 2014 ; Wood et Bioy, 2010 ; Rainville, 2004). Cette fluidité ouvre la voie à une expérience vécue dans la détente, et pourtant avec une acuité tout à fait particulière. Le champ de conscience s’élargit. La conscience s’enrichit de nouvelles perceptions, de nouvelles idées, de nouveaux angles de vue, de nouvelles perspectives, etc. 135

PARTIE 3. COMMENT OPTIMISER SA FERTILITÉ ?

Différentes études ont mis en évidence une modification de l’activité cérébrale au niveau des réseaux interne (conscience de soi) et externe (conscience de l’environnement). Ainsi, ces découvertes ont permis d’affiner la définition de l’hypnose. La plus actuelle est celle proposée par Nathalie Baste, psychologue, formatrice et auteure : « L’hypnose possède dans sa pratique la mise en œuvre d’une dimension relationnelle dynamique, un engagement des processus attentionnels, une activité intrapsychique intense et un état de conscience modifiée qui favorise une souplesse psychique ouverte à une possibilité de changement. »

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Alliance thérapeutique et neurones miroirs L’hypnose implique deux éléments fondamentaux, l’état amplifié de conscience décrit précédemment, mais également l’alliance thérapeutique. L’hypnose ericksonienne intègre les grands principes de la relation d’aide développés par Carl Rogers, à savoir écoute, empathie, authenticité, non-jugement, accueil de l’individualité, neutralité et bienveillance de la part du thérapeute. L’essentiel du rôle du thérapeute est d’amener le patient à activer ses propres ressources. Le patient est souverain, au centre de la relation entre le thérapeute et le patient. Chaque personne est unique, et chacun possède en lui les ressources dont il a besoin. Pour Antoine Bioy, le rapport hypnotique s’appuie sur un transfert positif de type empathique autrement appelé « transfert immédiat ou direct ». Effectivement, au cours d’une séance d’hypnose, le thérapeute est aussi en état de conscience modifiée : l’empathie et l’intuition sont amplifiées, et peuvent se traduire par une pensée ou même une sensation. Par exemple, il m’est arrivé de ressentir physiquement en séance, dans mon propre corps, ce que la personne relate avoir ressenti au cours de la séance. De même, certains mots ou images viennent faire écho à ce que la personne était justement en train de penser. Là encore, les neurosciences nous renseignent sur les mécanismes de l’empathie. Depuis la découverte des neurones miroirs, notamment grâce à la publication en 2008 du livre de Giacomo Rizzolatti, on sait qu’ils sont également en jeu dans les processus d’empathie, d’imitation et de suggestibilité, au centre du développement psychoaffectif et de l’hypnothérapie. Selon Jean Decety, directeur de recherche à l’INSERM et directeur d’un laboratoire de neurosciences à Seattle (États-Unis), l’empathie serait en lien avec les neurones miroirs, et modulée par notre attention et notre motivation. Il précise que « nous ne ressentons pas 137

PARTIE 3. COMMENT OPTIMISER SA FERTILITÉ ?

systématiquement d’empathie dans nos interactions avec les autres et la plupart du temps notre capacité de résonance affective est inhibée ». L’hypnose désinhibe la capacité de résonance affective du thérapeute, permettant une alliance thérapeutique plus forte, et un accompagnement plus en lien avec le patient. Cette résonance particulière qui s’installe entre le thérapeute et le patient en séance d’hypnose accélère et rend plus efficace la dynamique de changement opérée par le patient. La visualisation en état modifié de conscience : une ressource de l’esprit désormais scientifiquement reconnue Un des premiers médecins à populariser la suggestion à des fins thérapeutiques est le Dr Carl Simonton, cancérologue américain, dans les années 1970. Sa méthode consiste à combiner relaxation et visualisation, en invitant les patients à se visualiser en train de se voir guérir puis complètement guéris. Les techniques de suggestion sont au cœur des séances d’hypnose ou de sophrologie. Elles peuvent être appelées inductions en hypnose, ou visualisations, en sophrologie, mais nous préférons le terme de suggestions, moins direct que l’induction (le thérapeute propose, et le patient dispose), et moins restrictif que la visualisation (l’induction peut être visuelle, mais aussi kinesthésique, auditive…). Mais leur crédibilité souffrait de l’absence de preuves scientifiques quant au réel effet des suggestions sur le cerveau, le corps. Grâce à la neuro-imagerie, on peut désormais enregistrer l’activité cérébrale en état hypnotique. Dans les années 1990, les chercheurs découvrent avec étonnement que les zones cérébrales activées par l’imagerie mentale sont à peu près les mêmes que celles qui sont impliquées dans la perception visuelle lors d’une action vécue. Les recherches ont ensuite démontré que la visualisation (appelée dans la plupart des études imagerie mentale visuelle) mettait non seulement en jeu les aires visuelles, mais également d’autres aires du cerveau (langage, mémoire, par 138

INFERTILITÉ ET CERVEAU ?

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exemple), ainsi que les parties du corps impliquées dans le mouvement visualisé ! Par exemple, la visualisation d’une course par un sportif entraîne une activation des aires cérébrales de la vision notamment, du rythme cardiaque et respiratoire, et des muscles des jambes impliqués dans cette action, alors même qu’il est immobile les yeux fermés ! De même, lorsque le thérapeute induit chez le patient en état modifié de conscience un son imaginé, les zones de l’audition s’activent (Rainville, 2004). C’est la raison pour laquelle la visualisation améliore les performances des sportifs, des musiciens, et rend la rééducation motrice plus rapide. Esprit et corps se mobilisent lors d’une expérience visualisée. Chez l’adulte, la visualisation d’une expérience ne se rapproche de l’expérience vécue réellement que si la personne est en état modifié de conscience ! En effet, une étude de 2004 (Derbyshire et al., 2004, ci-dessous) démontre que lorsque le praticien induit une douleur par suggestions hypnotiques, la douleur suggérée active de la même manière le cortex qu’une douleur réelle et va être physiquement ressentie. L’expérience induite et imaginée sous hypnose se traduit dans le corps : elle devient réelle ! Une autre étude démontre que si, au contraire, le thérapeute suggère une diminution de la sensation douloureuse lors d’une séance d’hypnose, le cortex sensoriel primaire réagit (Rainville, 1997). S’il suggère simplement une diminution de la pénibilité due à la douleur, c’est le gyrus cingulaire antérieur qui répond. Ces études montrent la puissance des suggestions hypnotiques sur le cerveau, qui se traduisent dans le corps. « Nos suggestions en état modifié de conscience (état hypnotique ou sophro-liminal) ont un impact neuro-physio-psychologique (…) le travail en relaxation procède donc d’un imaginaire créateur qui se répercute sur le corps. L’imaginaire devient réel ; la sensation agréable vécue en état de conscience modifiée, devient réelle », souligne Nathalie Baste (Méthodes de relaxation en 37 notions, 2016). 139

PARTIE 3. COMMENT OPTIMISER SA FERTILITÉ ?

Figure 8 | Hypnose-analgésie : aspect IRM fonctionnelle. La douleur en condition réelle d’application (1) et la douleur perçue lors de suggestions hypnotiques (2) partagent le même schéma d’activation corticale admis à ce jour comme faisant partie du circuit neuronal impliqué dans la douleur. Reproduit avec la permission d’Elsevier de S.W.G. Derbyshire et al., « Cerebral activation during hypnotically induced and imagined pain », NeuroImage 23(1), 392-401 (2004).

Lorsque le patient visualise en état hypnotique, il utilise ses propres ressources intérieures. Le thérapeute suggère, mais ce qui émerge en la personne sous hypnose naît de ses expériences vécues, mais aussi de son imaginaire, de son inconscient et de son intuition. L’alchimie de l’ensemble de ces éléments crée une expérience qui devient réelle en ce qu’elle se traduit dans le cerveau, dans le corps. Ainsi, la visualisation participe au processus de guérison. 140

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Ces découvertes sont essentielles : elles permettent de réhabiliter les états modifiés de conscience, lieu de rencontre de nombreuses ressources intérieures telles que l’imagination, la visualisation, souvent considérée comme l’apanage de l’enfance, au rang des plus puissantes ressources de l’Homme. Les neurosciences nous ramènent à notre essence, à savoir notre capacité à imaginer, à créer, à envisager de nouvelles situations, à élaborer de nouvelles idées, à participer à son propre processus d’évolution, physique et psychique, à sa propre guérison. Chacun peut ainsi retrouver sa véritable souveraineté. La relation soignant-soigné est ainsi plus équilibrée. Les états modifiés de conscience révèlent et amplifient ces ressources. L’efficacité de l’hypnose est aujourd’hui scientifiquement démontrée, notamment en ce qui concerne la prise en charge de la douleur et du stress. L’hypnose est donc particulièrement indiquée pour lutter contre le stress et l’anxiété pendant la période de préconception. Lorsque le travail porte, en état modifié de conscience, sur un état de relaxation, cela soutient le système parasympathique, qui, rappelons-le, soutient la fonction de reproduction. En 2003, les équipes de John Gruzelier, en Grande-Bretagne, et d’Homa Zadeh, aux États-Unis, ont aussi démontré que l’hypnose renforce le système immunitaire. Or, système immunitaire et fonction de reproduction communiquent. Des études complémentaires visant à corroborer les bienfaits de l’hypnose en matière de fertilité seraient les bienvenues. Les rares études sur le sujet portent principalement sur les femmes en parcours PMA (cf. partie 3 : Hypnose et sophrologie en parcours PMA). En attendant, les chercheurs, à travers différentes études déjà citées, encouragent le recours aux techniques de relaxation en période de préconception (Buck Louis et al., 2011 ; Lynche et al., 2014 ; Akhter et al., 2016). Si l’hypnose aide à lutter contre le stress, qu’en est-il de la sophrologie ? En effet, la sophrologie est couramment associée en France, 141

PARTIE 3. COMMENT OPTIMISER SA FERTILITÉ ?

bien que cela soit réducteur, à LA technique de gestion du stress par excellence. Hypnose et sophrologie : mère et fille La sophrologie a été fondée par Alfonso Caycedo, neuropsychiatre, dans les années 1960. C’est une approche psychocorporelle qui s’appuie sur la respiration, la détente physique et la visualisation. Caycedo définit la sophrologie comme « une science, une école scientifique qui étudie la conscience, ses modifications, et les moyens physiques, chimiques, ou psychologiques pouvant la modifier dans un but thérapeutique, prophylactique ou pédagogique. C’est la science de la conscience positive ». On retrouve étrangement les fondamentaux de l’hypnose : un travail en état modifié de conscience dans un but thérapeutique, en lien avec un praticien. Qu’est-ce qui distingue l’hypnose de la sophrologie ? Il faut savoir que dans les années 1950-1960, l’hypnose avait mauvaise presse. Tant que l’on ne pouvait mesurer son effet sur le cerveau, nombreux étaient les sceptiques vis-à-vis de l’hypnose, perçue comme mystérieuse, voire ésotérique. L’orientation prise par Alfonso Caycedo naît d’une part de ce discrédit dont souffre l’hypnose à cette période. Le professeur Caycedo utilisait l’hypnose dans sa pratique. Formé à l’hypnose clinique, il se rend plusieurs fois à Nancy où il travaille avec le Dr André Cuvelier. Il crée d’ailleurs le premier département d’hypnose clinique à la faculté de médecine de Madrid… avant de le transformer en département de sophrologie dans les années 1960. L’orientation prise par le professeur Caycedo naît également de sa rencontre avec une femme, avec laquelle il se marie. Quand on dit que derrière chaque grand homme il y a une femme ! Cette jeune Française est passionnée par l’Orient, et pratique le yoga. Ensemble, ils partent pendant 2 ans en Inde, au Tibet et au Japon, où ils côtoient de grands mystiques et pratiquent le yoga royal, le bouddhisme, le zen, la 142

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méditation. À son retour, il expérimente cliniquement les méthodes qu’il met au point à partir de ces sources d’inspiration. Après avoir validé leur efficacité, il crée l’école de sophrologie caycédienne. Si la sophrologie a hérité de l’hypnose ses fondamentaux (visualisation en état modifié de conscience, alliance thérapeutique), la sophrologie intègre, en plus, d’autres techniques telles que la phénoménologie, le training autogène de Schulz, la relaxation de Jacobson, l’eutonie, la méthode d’Émile Coué, mais aussi des pratiques orientales millénaires, issues du yoga, du pranayama, de la méditation. Dans la mesure où l’hypnose n’était pas en vogue au milieu du xxe siècle, la sophrologie a eu plus de facilité à gagner du terrain dans le milieu médical. Par exemple, au centre hospitalier de Montpellier, le pôle douleur, psychosomatique et maladie fonctionnelle (aujourd’hui dirigé par le Dr Patrick Giniès) a intégré la sophrologie il y a 40 ans. Au départ, la sophrologie a été introduite dans ce centre pour des patients opérés de hernies discales, pour lesquels la médecine technique était insuffisante pour soulager leurs douleurs chroniques. Les résultats positifs constatés auprès des patients ont mené à former plus de praticiens hospitaliers à la sophrologie, et à étendre le champ d’intervention de la sophrologie à d’autres problématiques (zona, membres fantômes, etc.). Paradoxalement, la tendance s’inverse. Aujourd’hui, c’est l’hypnose qui gagne davantage de terrain dans les hôpitaux, tout simplement parce qu’il existe aujourd’hui des études qui démontrent l’effet de l’hypnose sur le cerveau grâce à la neuro-imagerie, qui n’ont pas été réalisées en sophrologie. Dans la mesure où la sophrologie est issue de l’hypnose, d’où elle a puisé ses principes fondamentaux, à savoir, un travail de visualisation en état modifié de conscience en lien avec un praticien, on peut en déduire que les processus neurophysiologiques en jeu lors des suggestions sont très proches, voire similaires. Les études devront le confirmer. D’autres études peuvent également être transposées à la sophrologie, comme celle réalisée sur la respiration contrôlée (telle que 143

PARTIE 3. COMMENT OPTIMISER SA FERTILITÉ ?

pratiquée en sophrologie), dont il est démontré qu’elle permet d’agir efficacement contre le stress (Herrero et al., 2018 : cf. partie 3, La cohérence cardiaque : respirez !). Quel est le champ d’application de la sophrologie ? Elle peut être indiquée dans de nombreux domaines : gestion du stress et des émotions, préparation à une opération, à des examens douloureux, à l’accouchement, en complément dans l’accompagnement de maladies fonctionnelles physiques (ulcères, maladies de peau, allergies, troubles cardiaques, sexuels, digestifs) ou psychiques (névroses, angoisses, dépressions, obsessions), psychogéniques (insomnies, migraines, etc.). En période de préconception, la sophrologie peut apporter une aide précieuse, notamment en parcours PMA (cf. partie 3 : Sophrologie et hypnose en parcours PMA). La sophrologie est surtout pratiquée en France et gagnerait à être connue plus largement, et notamment dans les pays anglo-saxons, ce qui permettrait vraisemblablement d’enrichir les études sur cette approche psychocorporelle très riche ! Lever les freins psychiques internes Un accompagnement psychique, avec un psychologue, sophrologue ou hypnothérapeute qualifié, permettra de faire la lumière sur l’éventuelle ambivalence du désir d’enfant et de libérer la tension intérieure qui en résulte.

NE PAS TROP ATTENDRE POUR CONCEVOIR ! L’horloge biologique chez la femme Dans les pays occidentaux, les femmes retardent couramment le moment de concevoir un enfant compte tenu de la durée des études, de leur carrière professionnelle, ou parce qu’elles souhaitent rencontrer le « bon partenaire ». 144

INFERTILITÉ ET CERVEAU ?

Optimiser son cerveau et sa fertilité

Parfois aussi, c’est simplement parce qu’elles ne se sentent pas prêtes à être mères. L’efficacité des modes de contraception leur permet de repousser la première grossesse. L’âge moyen de la première grossesse continue de croître en France : selon les chiffres de l’INSEE, il atteint 30,6 ans en 2017 contre 28,5 ans en 2015, et 24 ans en 1974. Or, la fertilité diminue avec l’âge. Chaque femme dispose d’un stock d’ovocytes prédéterminé à la naissance. Cette réserve ovocytaire s’épuise au fur et à mesure des cycles, jusqu’à la ménopause. De plus, l’ADN contenu dans les chromosomes peut s’altérer et expliquer 145

PARTIE 3. COMMENT OPTIMISER SA FERTILITÉ ?

l’augmentation des risques de fausses couches lors de grossesses tardives. Au fil du temps, le cycle menstruel peut devenir plus irrégulier, l’endomètre moins épais, les sécrétions cervicales peuvent devenir plus hostiles aux spermatozoïdes et empêcher leur passage dans le col de l’utérus. Aussi, certaines maladies déclarées au cours de la vie peuvent altérer les organes reproducteurs (l’endométriose, le syndrome des ovaires polykystiques et l’infection à chlamydia), notamment lorsqu’elles ne sont pas correctement traitées. La fertilité peut être altérée par les facteurs environnementaux tels que les polluants, les ondes électromagnétiques, l’obésité, le tabagisme et le stress. La difficulté des couples à concevoir est croissante dans les pays occidentaux, compte tenu de l’addition de ces facteurs, sociologiques, biologiques et environnementaux. Ainsi, la courbe de fertilité féminine diminue avec l’âge, tandis que la courbe d’infertilité, proportionnellement inversée, augmente.

Figure 9 | Les taux de grossesse par âge, sur 1 an. Les deux courbes du graphique concernent des femmes qui n’ont pas de problème spécifique de fertilité. Source : « Management of the Infertile Woman », de Helen A. Carcio et « The Fertility Sourcebook », de M. Sara Rosenthal.

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INFERTILITÉ ET CERVEAU ?

Le cerveau, c’est aussi le psychisme ! …

Chez l’homme : le sperme n’est pas épargné ! Même si les hommes produisent des spermatozoïdes tout au long de leur vie, leur fertilité diminue elle aussi avec l’âge. En effet, au-delà de 45 ans, le temps peut altérer l’ADN des chromosomes et augmenter le risque de fausse couche. Les spermatozoïdes peuvent également être altérés par les maladies, mais aussi les facteurs environnementaux, dont le stress. Fertilité du couple Le temps a-t-il une incidence sur la fertilité d’un couple dont la femme a 25 ans et l’homme 50 ans par exemple ? L’embryon est constitué de 23 chromosomes provenant du patrimoine génétique de la mère et de 23 chromosomes d’origine paternelle. Ainsi, l’altération du patrimoine génétique provenant de l’un ou de l’autre a une incidence sur l’embryon et risque de limiter ses chances d’implantation et de développement, à l’origine de fausses couches. Il convient, dans la mesure du possible, de ne pas trop attendre pour tenter de concevoir, et de ne pas hésiter à consulter un médecin spécialisé pour ne pas perdre un temps précieux !

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7 L’accompagnement médicalisé : du bilan de fertilité à la procréation médicalement assistée

LA PREMIÈRE ÉTAPE : LE BILAN Quand faire le bilan ? Si le couple n’a pas pu concevoir après 12 mois de rapports sexuels non protégés, il est conseillé de consulter un gynécologue spécialisé pour procéder à un bilan de fertilité. La fertilité diminuant avec l’âge, au-delà de 35 ans, il est conseillé de consulter au-delà de 6 mois de tentatives infructueuses. Le bilan pour Madame Chez la femme, les examens préliminaires sont les suivants : –– un bilan hormonal pour évaluer la réserve ovarienne (stock de follicules) ainsi que le fonctionnement des ovaires ; –– des sérologies (rubéoles, VIH, chlamydia, etc.) ; 149

PARTIE 3. COMMENT OPTIMISER SA FERTILITÉ ?

–– une échographie pelvienne pour visualiser l’appareil génital féminin (utérus, ovaires) ; –– une hystérosalpingographie. ■■

L’hystérosalpingographie

L’hystérosalpingographie est un examen radiologique de l’utérus et des trompes qui permet de procéder à la recherche d’anomalies pouvant toucher les organes gynécologiques. Le radiologue injecte au niveau du col utérin un produit de contraste iodé qui va venir remplir l’utérus, les trompes et la cavité pelvienne. Les clichés radiologiques permettent de vérifier l’intégrité de la cavité utérine ainsi que la perméabilité des trompes, et de mettre en évidence les zones déformées ou obturées, les polypes et les fibromes intracavitaires. ■■

La cœlioscopie

Cet examen est réalisé soit en première intention en cas de suspicion d’endométriose ou en cas d’infertilité médicalement inexpliquée, soit en seconde intention. Il est réalisé sous anesthésie générale. Il permet non seulement d’examiner les organes pelviens, de découvrir certaines anomalies, mais aussi de les traiter. L’endométriose, les kystes ovariens, certaines lésions tubaires peuvent être ainsi traités. Cet examen peut suffire à remédier à un problème d’infertilité. ■■

L’hystéroscopie

Elle est réalisée en seconde intention, et en ambulatoire, le plus souvent sous anesthésie générale. L’examen dure quelques minutes. L’opérateur introduit une fibre optique souple à travers le col utérin, la cavité utérine est dilatée par l’injection d’un sérum, ce qui va permettre d’examiner la cavité utérine et de procéder à l’exérèse de polypes, fibromes, cloisons utérines ou synéchies (cicatrices intrautérines qui accolent les parois). 150

INFERTILITÉ ET CERVEAU ?

L’accompagnement médicalisé : du bilan de fertilité à la procréation  …

Bilan pour Monsieur Les examens nécessaires à réaliser chez l’homme comprennent : –– des sérologies : syphilis, VIH, hépatite B, hépatite C, Chlamydiae ; –– une étude de sperme (spermogramme) à réaliser au laboratoire. ■■

Le spermogramme

L’analyse du sperme recueilli après masturbation permet de dénombrer les spermatozoïdes ainsi que leur qualité. On observe sa mobilité (exprimée en pourcentage), son pH, ainsi que le volume de l’éjaculat. En l’absence de spermatozoïdes, on parle d’azoospermie. Comme déjà évoqué, la qualité du sperme dépend de nombreux facteurs tels que le stress, la chaleur, la durée de l’abstinence, l’activité sportive, l’absorption d’alcool, de médicaments, de tabac, etc. ■■

Le spermocytogramme

Il permet d’observer au microscope les spermatozoïdes afin de détecter des formes anormales. Le résultat est exprimé en pourcentage. ■■

Les dosages hormonaux

Ils permettent de mettre en évidence un manque de testostérone. Ils sont pratiqués en deuxième intention en cas d’anomalies détectées lors du spermogramme. Une fois les causes de l’infertilité diagnostiquées, le gynécologue spécialisé en infertilité va pouvoir proposer des solutions.

L’ASSISTANCE MÉDICALE À LA PROCRÉATION Les traitements des dysfonctions ovulatoires Le traitement de ces dysfonctions passe par une normalisation de l’axe hypothalamo-hypophysaire et de son mécanisme de régulation interne. 151

PARTIE 3. COMMENT OPTIMISER SA FERTILITÉ ?

Pour aider la stimulation ovarienne, un médicament peut être prescrit : le citrate de clomiphène®. Le fonctionnement de ce traitement est basé sur le principe du rétrocontrôle ovarien. Rappelons le fonctionnement de ce rétrocontrôle : une fois suffisamment stimulé, l’ovaire envoie un signal à l’hypothalamus via des hormones, les œstrogènes, afin qu’il freine la production de GnRH et donc la production de LH et FSH par l’hypophyse. Le citrate de clomiphène® est un anti-œstrogène qui va empêcher le rétrocontrôle ovarien, de sorte que l’hypothalamus va continuer sa production de GnRH et l’hypophyse sa production de LH et FSH. Un autre traitement consiste à administrer des doses d’hormones FSH par injections sous-cutanées. Elles sont utilisées à petites doses dans le cadre des inductions de l’ovulation. Il existe aussi un autre type de traitement mis au point par des neuroendocrinologistes, qui consiste à installer sur le flanc une petite pompe portable. Celle-ci est programmable et libère du GnRH à intervalles réguliers, toutes les 90 minutes.

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INFERTILITÉ ET CERVEAU ?

L’accompagnement médicalisé : du bilan de fertilité à la procréation  …

Ce traitement est indiqué pour les femmes qui présentent une aménorrhée hypothalamique. L’insémination intra-utérine avec conjoint (IAC) L’insémination artificielle est proposée lorsque la glaire cervicale est trop épaisse ou trop acide pour laisser passer les spermatozoïdes dans la cavité utérine. Elle peut également être proposée comme première étape, lorsque les examens médicaux n’ont révélé aucune cause biologique à l’infertilité du couple, ou encore s’il existe des anomalies spermatiques modérées ou des difficultés sexuelles lors des rapports, par exemple, en cas de trouble de l’érection ou de l’éjaculation. Le sperme du conjoint est recueilli 1 à 2 heures avant l’insémination. Il est ensuite préparé afin que les spermatozoïdes mobiles soient sélectionnés. Cette étape mime le tri qui est opéré naturellement par la glaire cervicale au moment du passage des spermatozoïdes dans le col de l’utérus. La préparation de sperme est alors introduite dans la cavité utérine à l’aide d’un cathéter souple à usage unique. L’insémination doit être réalisée au moment de l’ovulation : c’est une des clés de sa réussite. L’insémination est très rarement réalisée en cycle spontané, c’est-à-dire au cours de la période d’ovulation du cycle naturel de la femme. Elle a lieu généralement après un traitement de stimulation ovarienne. Dans ce cas, lorsque le follicule arrive à maturation, un médicament, l’Ovitrelle®, est administré par injection. Il va provoquer le pic de LH nécessaire à la libération de l’ovule. L’insémination a lieu en principe 36 heures après le déclenchement. Insémination avec sperme de donneur (IAD) Cette possibilité permet de remédier à l’infertilité du conjoint lorsque ses spermatozoïdes sont absents ou défaillants. En France, le don de sperme est anonyme. Le sperme des donneurs est prélevé, préparé puis congelé. En général, après quatre tentatives d’insémination artificielle infructueuses (IAC ou IAD), la solution proposée est la fécondation in vitro. 153

PARTIE 3. COMMENT OPTIMISER SA FERTILITÉ ?

La fécondation in vitro (FIV) La fécondation in vitro offre une solution précieuse, car elle est la solution à la plupart des causes d’infertilité : obstruction des voies génitales (trompes absentes ou altérées), endométriose, trouble de l’ovulation chez la femme, ou déficience des spermatozoïdes chez l’homme. Elle est proposée également en cas d’échec des inséminations. Comme son nom l’indique, sa particularité réside dans le fait que la fécondation se fait en dehors du corps de la femme. ■■

Les étapes de la FIV

Ce protocole nécessite plusieurs étapes. Les quatre premières étapes impliquent davantage la femme : 1. Phase de blocage : la femme reçoit un traitement par injection pour mettre les ovaires au repos en fonction du protocole. 2. Phase de stimulation : un autre traitement est ensuite administré également par injection de FSH pour stimuler l’ovaire et permettre la maturation d’un maximum d’ovocytes. Des échographies régulières permettent de vérifier la maturation des follicules. 3. Déclenchement de l’ovulation par injection d’un médicament : l’Ovitrelle®. 4. Ponction : les ovocytes sont prélevés sous contrôle échographique. Elle peut se faire sous anesthésie générale très légère, ou bien sous anesthésie locale éventuellement accompagnée par l’hypnose. Ensuite, la femme bénéficie d’un traitement de progestérone pour préparer l’endomètre à accueillir l’embryon et favoriser son implantation. 5. Prélèvement des spermatozoïdes : le même jour que la ponction, le sperme est prélevé puis préparé pour sélectionner les spermatozoïdes les plus typiques et mobiles. 6. Mise en culture des ovocytes et des spermatozoïdes : les ovocytes recueillis sont mis en contact avec la préparation spermatique en 154

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laboratoire dans une boîte de culture à 37 °C. La fécondation se fait sans l’intervention du biologiste. 7. Le transfert des embryons dans l’utérus : les embryons peuvent être transférés frais, en général 3 ou 5 jours après la ponction, ou congelés lors d’un cycle ultérieur. Un à deux embryons sont transférés. Les autres embryons sont congelés s’ils sont de qualité suffisante pour un éventuel transfert ultérieur. Le geste du transfert est rapide, et s’effectue grâce à un cathéter. La présence du conjoint est obligatoire lors du transfert compte tenu de la législation actuelle.

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PARTIE 3. COMMENT OPTIMISER SA FERTILITÉ ?

Différentes études ont démontré que l’immobilité après le transfert n’améliore pas les chances de grossesse. L’injection intracytoplasmique du spermatozoïde : ICSI (intracytoplasmic sperm injection) ■■

Cette technique est une variante de la FIV classique. Elle a été initiée en 1992. Aujourd’hui, la fécondation in vitro avec ICSI représente plus de 60 % des FIV. La seule étape qui diffère est celle de la fécondation. Alors que dans la FIV classique le biologiste se contente de mettre en culture les ovocytes et les spermatozoïdes sans intervenir dans le processus de fécondation, lors d’une ICSI, il injecte à l’aide d’une micropipette le spermatozoïde directement dans l’ovocyte, sous contrôle d’un microscope. L’accueil d’embryon Un couple stérile ou porteur d’une maladie génétique transmissible peut demander à recevoir un embryon congelé issu d’un autre couple. Le don d’embryon est anonyme. Le couple donneur ne peut pas connaître non plus le couple receveur ni le devenir de l’embryon. Les techniques chirurgicales Chez la femme, elles consistent à restaurer les voies génitales (vulve, vagin, utérus et annexes, ovaires et trompes). Plusieurs chirurgies sont possibles : chirurgie de l’endométriose, chirurgie tubaire, polypectomie, cure de synéchie utérine, de cloison utérine, myomectomie (qui désigne l’exérèse de fibromes). Les chirurgies masculines sont la biopsie testiculaire et la cure de varicocèle.

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Les remboursements par la Sécurité sociale : La Sécurité sociale limite les remboursements des frais médicaux inhérents aux protocoles de procréation médicalement assistée jusqu’à : –– six tentatives d’inséminations intra-utérines ; –– quatre tentatives de fécondation in vitro par grossesse. Seules sont comptabilisées les FIV qui ont donné lieu à un transfert d’embryon au moins. Les transferts d’embryons congelés ne sont pas comptabilisés parmi les tentatives de FIV et sont pris en charge. Les remboursements cessent à la date d’anniversaire des 43 ans de la femme. Les femmes seules, homosexuelles, ou les couples dont la femme est âgée de plus de 43 ans se tournent vers d’autres pays, et en particulier l’Espagne, qui leur autorisent ce qui est interdit pour l’instant en France, étant rappelé que le cadre légal français pourrait évoluer avec la loi de bioéthique qui devrait être votée en 2019 ou 2020. L’efficacité de la PMA Aujourd’hui, le taux de succès des FIV en France est de 20 % pour une FIV classique, 22 % pour une FIV ICSI, 10 % pour l’insémination artificielle et 16 % pour le transfert d’embryons congelés. Ces chiffres ont été publiés en 2018 par l’Agence de biomédecine sur les activités d’AMP réalisées en France sur l’année N-2. Ces taux correspondent au pourcentage de tests de grossesse positifs environ 15 jours après l’insémination artificielle ou le transfert, et non au pourcentage de grossesses menées à terme. Malgré ces taux qui restent à améliorer, la procréation médicalement assistée a permis de rendre heureux des milliers de parents en les aidant à donner la vie. En France, selon les données de l’INSEE, plus de 24 000 enfants naissent chaque année suite à un protocole de 157

PARTIE 3. COMMENT OPTIMISER SA FERTILITÉ ?

PMA, ce qui représentait, déjà en 2015, plus de 3,1 % des enfants nés dans la population générale, et ce chiffre est croissant.

COMMENT AMÉLIORER L’EFFICACITÉ DE LA PMA ? Les avancées médicales et technologiques Afin d’améliorer l’efficacité de la PMA, les études continuent dans de nombreux domaines. Concernant les techniques médicales, les recherches visent à mieux sélectionner les gamètes à féconder, mieux sélectionner les embryons à implanter et mieux évaluer les cycles propices à l’implantation. Ces recherches sont médicales mais aussi technologiques. Le développement de la technologie offre de belles perspectives : les techniques de vitrification des embryons, les techniques d’imagerie et d’analyse d’images se développent dans le but de sélectionner les meilleurs spermatozoïdes prélevés et ovocytes ponctionnés. Pour permettre de mieux apprécier la qualité d’un embryon pour son implantation, une équipe de chercheurs de Montpellier a mis au point une technique innovante d’impression en 3D des embryons. Ces chercheurs ont également décelé dans le liquide folliculaire qui entoure l’ovocyte ou dans le liquide où baigne l’embryon un biomarqueur qui permet d’évaluer le stress ovarien et embryonnaire (causé entre autres par des réactions d’oxydation) qui dégrade voire détruit les cellules situées à proximité. En analysant sa concentration, il est possible d’identifier les gamètes et embryons les moins endommagés. Des travaux sont également en cours sur des cellules de l’endomètre pour identifier des marqueurs génétiques associés à une bonne implantation. D’autres techniques sont à l’étude, telles que la greffe de l’utérus, déjà réalisée plusieurs fois en Suède avec succès, et pour la 1re fois en France le 31 mars 2019 à l’hôpital Foch de Suresnes. 158

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L’accompagnement médicalisé : du bilan de fertilité à la procréation  …

Ces techniques permettront d’offrir au couple en parcours PMA plus de chances de concevoir. L’accompagnement pluridisciplinaire en parcours PMA L’accompagnement pluridisciplinaire en parcours PMA permet d’accompagner la personne dans sa multidimensionnalité : physique, psychique et émotionnelle. Le parcours médical de PMA, complété par les médecines douces ou thérapies alternatives, répond mieux aux attentes des personnes qui empruntent ce chemin vers la parentalité. Parmi les approches possibles, nous pouvons citer les suivantes : Sophrologie et hypnose en parcours PMA L’hypnose et la sophrologie permettent de travailler sur les aspects psychiques et émotionnels, corrélés au corps, de sorte que toutes les dimensions de l’être sont prises en compte. Elles aident à maintenir un certain équilibre de soi et du couple dans la traversée du parcours PMA et augmenteraient les chances de réussite du parcours. Elles permettent en particulier, de : ✓ Gérer son stress et ses émotions Un parcours PMA est en soi un parcours stressant : la multiplication des rendez-vous (échographies, prises de sang, injections tous les jours à la même heure) demande une organisation souvent difficile à concilier avec le travail. En plus de ces contraintes d’emploi du temps, chaque étape doit être réussie, avant de passer à la suivante : c’est une course d’obstacles, dont l’enjeu est considérable : un enfant, un projet de vie dont dépend le futur ! Chaque étape est jalonnée d’émotions fortes telles que la joie ou la peur, la colère, la révolte vis-à-vis de son propre corps (pourquoi mon corps me fait subir tout cela ?), de la vie (pourquoi moi ?), la tristesse, etc. 159

PARTIE 3. COMMENT OPTIMISER SA FERTILITÉ ?

Souvent, la joie d’avoir réussi une étape est vite remplacée par la peur que la suivante soit infructueuse. Si c’est le cas, la colère et la tristesse suivent. La culpabilité aussi peut être présente, surtout chez celui ou celle qui porte la cause de l’infertilité. C’est l’ascenseur émotionnel. Un parcours PMA implique nécessairement une charge émotionnelle très forte, amplifiée par les effets du traitement de stimulation hormonale. Et l’annonce d’une grossesse d’une collègue, ou pire, de sa petite sœur, ou même le simple fait de voir une femme enceinte, devient intolérable. En parcours PMA, les les patients, en séances de sophrologie et d’hypnose, apprennent à gérer leurs émotions et leur stress et sont rapidement autonomes. Ils relatent plus de facilité à gérer leur stress et leurs émotions à chaque étape du parcours. Ainsi, le parcours est vécu plus sereinement.

✓ Se réconcilier avec soi, son corps, son passé, dans son couple Un parcours PMA entraîne souvent une perte de confiance en son corps, et de manière plus générale, en soi, en son couple, en la vie. 160

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L’accompagnement médicalisé : du bilan de fertilité à la procréation  …

Comment ne pas finir par développer la croyance que l’on est stérile lorsqu’on lit sur l’ordonnance « 100 % stérilité » (mention actuellement requise pour permettre le remboursement par la Sécurité sociale) ? La sophrologie et l’hypnose permettent de se connecter à son corps, à sa fertilité naturelle telle qu’elle est, même si elle a besoin d’être accompagnée, avec bienveillance. Elles aident à rétablir une confiance en son corps. Cet accompagnement permet aussi de faire la paix avec son passé, de travailler sur les chaînages de la transmission familiale, à savoir notamment le rapport avec ses propres parents. Dans ce travail sur soi, pour mieux accueillir la vie, c’est parfois un autre enfant que celui tant espéré qui se manifeste en séance : l’enfant intérieur. Souvent blessé, triste ou en colère. Il devient acteur du parcours : soit saboteur, soit facilitateur… La rencontre avec l’enfant intérieur blessé, le laisser s’exprimer, permet de le libérer, de libérer une partie de soi en réalité, pour mieux accueillir la vie, celle d’un autre enfant, ou la sienne. Retrouver son enfant intérieur, c’est aussi retrouver la joie et l’émerveillement, c’est reconnaître et libérer son essence profonde, son énergie créatrice, de transformation. Cet accompagnement permet aussi de travailler sur le couple, la sexualité, les questionnements relatifs à la parentalité. Les séances en couple sont extrêmement riches. L’hypnose et la sophrologie en parcours PMA aident à faire la paix avec soi, son corps, son passé, dans son couple. ✓ Faire la lumière sur l’ambivalence éventuelle de son désir d’enfant Les freins psychiques au désir d’enfant – voire à la fertilité – les plus importants se situent au niveau de l’inconscient. L’hypnose et la sophrologie permettent d’accéder à l’inconscient, ce qui rend d’autant plus efficace le cheminement intérieur ; elles accélèrent la dynamique de changement. Elles sont une porte qui va permettre à la personne de rencontrer ses obstacles intérieurs pour mieux s’en affranchir, pour 161

PARTIE 3. COMMENT OPTIMISER SA FERTILITÉ ?

franchir ensuite ceux du parcours PMA. Toutes les parties en soi sont accueillies, de sorte que la tension intérieure s’apaise. ✓ Mieux vivre son parcours PMA Globalement, le parcours PMA est mieux vécu, ce que corroborent de nombreux témoignages en ce sens, comme celui de Mme K : « Le fait de ne pas avoir vécu ce protocole dans le stress, c’est déjà une immense victoire. On y a mis du sens, de la poésie, et ça change tout. Je me sens beaucoup moins fatiguée que lors de la première FIV, même au niveau des effets secondaires, ça n’a rien à voir. Je gère beaucoup mieux. » Le terme « je gère » démontre que le parcours est vécu activement et non subi. La préparation aux étapes du traitement, de la ponction et du transfert avec l’hypnose et la sophrologie, permettent d’améliorer le vécu, voire de réduire les effets secondaires des traitements et des actes invasifs. ✓ Adapter ses comportements nocifs pour la fertilité La sophrologie et l’hypnose peuvent aider à modifier ses comportements vis-à-vis de la cigarette, de l’alcool, de la nourriture si besoin (cf. 3e partie, « Arrêter de fumer »). ✓ Un accompagnement qui répond à la contrainte de temps spécifique à la fertilité Un parcours PMA est encadré dans le temps. Or le temps érode la fertilité. Grâce à l’hypnose et à la sophrologie, parce qu’elles ont une signature neuronale particulière, une fluidité mentale s’opère et l’accès à l’inconscient est facilité : la dynamique de changement est accélérée. C’est dans l’inconscient, cette partie de soi qui en sait plus que le mental, que la personne va pouvoir rencontrer ses obstacles intérieurs, mais aussi ses propres ressources, au profit de sa dynamique de changement. Ainsi, les thérapies brèves telles que la sophrologie ou l’hypnose répondent à cette contrainte de temps spécifique à la fertilité. 162

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L’accompagnement médicalisé : du bilan de fertilité à la procréation  …

✓ Est-ce que l’hypnose ou la sophrologie peut augmenter les chances de réussite du parcours ? Une équipe israélienne de l’hôpital de Beer Sheva a publié une étude le 5 mai 2006 (Levitas et al.) selon laquelle l’hypnose pendant les transferts d’embryons dans le cadre d’un protocole FIV double le taux d’implantation. De plus, le vécu des patients est plus positif. Le Dr Shobha Gupta a introduit l’hypnose dans son centre de PMA en Inde (Delhi). Sur 206 femmes, 65 % sont tombées enceintes. Rappelons que le taux de succès en cas de FIV en France est de 20 % environ. Selon une étude récente (Dolmar et al., 2000, 2011), les chercheurs ont constaté chez les femmes ayant eu recours à une FIV, un taux de grossesse plus important chez celles ayant bénéficié d’un accompagnement psychocorporel par rapport à celles ayant uniquement bénéficié d’un accompagnement médicalisé. Ces résultats, même s’ils méritent d’être confirmés, mettent en avant le bénéfice de l’hypnose et de la sophrologie en parcours PMA. C’est la raison pour laquelle de nombreuses cliniques spécialisées en PMA, les pionnières se situant aux États-Unis et au Canada, proposent systématiquement un accompagnement en gestion du stress en parallèle du parcours médicalisé depuis déjà presque 10 ans. En France, l’hypnose est souvent proposée uniquement au moment de l’anesthésie pour la ponction. Elle rattrape progressivement son retard : quelques cliniques privées spécialisées en infertilité proposent un accompagnement par l’hypnose dans cette approche de prise en charge globale, non seulement physique, mais également psychique et émotionnelle, tout au long du parcours. ✓ Un suivi rassurant au cours de la grossesse À l’issue du parcours PMA, lorsque le test de grossesse est positif, quelle joie ! Mais cette grossesse est si précieuse que l’on peut craindre qu’elle ne dure pas. La sophrologie et l’hypnose aident à mieux vivre la grossesse, puis à se préparer au rôle de parents. La sophrologie et 163

PARTIE 3. COMMENT OPTIMISER SA FERTILITÉ ?

l’hypnose périnatale sont des méthodes douces et efficaces de préparation psychique à la naissance et à la parentalité. Sexothérapie, psychothérapie : quelle aide peut apporter un psychologue pendant un parcours PMA ? Léa Berberova, psychologue, nous répond : « Le couple qui est en parcours PMA sera confronté à un environnement et à un vocabulaire pour le moins étrange. Les expressions comme “médecine de la reproduction”, “procréation médicalement assistée” ou le fameux “100 % stérilité” pour la prise en charge de la Sécurité sociale n’invitent pas à imaginer la douceur de la maternité ou la responsabilité du projet de fonder une famille. Et si le psychologue était justement là pour sortir la “tête du guidon”, de toutes les démarches, calendriers des cycles, horaires des prises d’hormones, etc. Pour se (re)mettre à raconter et à rêver son désir d’enfant. Parfois vient le besoin de trouver une cause à cette difficulté “pourquoi nous ?”, “pourquoi ça ne marche pas ?” L’écoute particulière du psychologue va soutenir alors cette recherche de sens, en évitant les raccourcis de lien de cause à effet. Bien sûr que des facteurs psychologiques sont en jeu, mais le psychologue restera dans cette humilité de considérer qu’un enfant se présente ou ne se présente pas pour des raisons qui nous dépasseront toujours. Quand tout se passe “normalement”, pour “faire un bébé” les futurs parents “font l’amour”. On entend dans cette dernière expression le mot “amour” qui se rapporte autant à l’aspect affectif qu’à la sexualité du couple. Quand le couple a besoin d’une aide médicale, le corps soigné va prendre le devant de la scène. Malgré cette chance de pouvoir recourir à la médecine, nombreux sont ceux et celles qui se sentent en souffrance d’avoir perdu de vue l’affectif et le sexuel en cours de route. C’est dans le cadre thérapeutique que le couple pourra se reconnecter à la sexualité au sens large du terme. J’entends par là l’investissement de son propre corps et de celui de son ou sa partenaire et toute la 164

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L’accompagnement médicalisé : du bilan de fertilité à la procréation  …

dimension relationnelle qui sous-tend le couple. Le psychologue peut également proposer un dispositif de groupe. Dans cet espace chaleureux et sécurisant, il est possible de partager tout le vécu émotionnel. Ce dialogue à cœur ouvert est si précieux aux couples, car souvent impossible avec l’entourage familial ou amical, aussi bienveillant soit-il. Ce groupe prend encore plus d’ampleur lors d’une coanimation pluridisciplinaire. En effet, il est d’autant plus riche lorsque le psychologue coanime avec un professionnel qui de par son métier et ses outils peut faire une proposition qui engage le corps, engage la personne envers son corps, le met en mouvement, le met en vie. » Convaincue de l’intérêt de cette approche pluridisciplinaire, Léa Berberova a créé un accompagnement thérapeutique interdisciplinaire appelé « Parents en attente », unique en France. Il s’agit d’un groupe thérapeutique composé de parents en attente, qui se réunit mensuellement, animé par une psychologue présente à toutes les séances qui coanime avec un autre membre du collectif, différent à chaque séance (sage-femme, sophrologue...). Les séances débutent par un temps de partage des vécus émotionnels, pour raconter son désir d’enfant, son parcours PMA, les difficultés du couple, et tout ce qui se vit et qui ressort de l’expérience humaine. Dans un second temps, des outils pratiques sont proposés, tels que l’autohypnose, la sophrologie, l’eutonie, etc. L’ostéopathie : quelle est la contribution de l’ostéopathie en parcours PMA ? Contribution de l’ostéopathie vue par Dalila Daclin, ostéopathe tissulaire à Lyon : « Le principe de l’ostéopathie est de redonner au corps toute sa liberté de mouvement, dans toute son amplitude et avec la plus grande fluidité. Cela s’applique aux articulations (notamment l’axe crânio-sacré, le bassin dans notre cas), mais aussi aux viscères 165

PARTIE 3. COMMENT OPTIMISER SA FERTILITÉ ?

(utérus, ovaires, prostate...) ou tout autre tissu de l’organisme (vasculaire, nerveux...). En leur redonnant leur liberté de mouvement, l’ostéopathie permet une fonction optimale de chaque tissu dans la limite de son état organique. Ce travail permettra entre autres une meilleure vascularisation du petit bassin de la femme ou de l’homme. L’ostéopathie tissulaire a été conceptualisée en France par Pierre Tricot (Approche tissulaire de l’ostéopathie, éditions Sully). Sa grande particularité est d’aider l’organisme à se libérer des mémoires traumatiques à l’origine de dysfonctionnement. Son mode opératoire permet d’être au croisement des systèmes mécaniques, métaboliques et émotionnels de l’organisme, le cœur de la PMA. Un rééquilibrage de l’organisme en amont des stimulations, 3 semaines avant l’implantation puis au cours du deuxième trimestre de grossesse et enfin au cours du deuxième mois de vie du bébé me semble être le plus propice à l’ensemble de la famille. L’ostéopathie permet de travailler sur les tensions physiques et la mobilité des organes. L’ostéopathe intervient manuellement sur le bassin, la colonne vertébrale, et la région crânienne, pour améliorer la vascularisation des organes et aider à relâcher les tensions. Hommes et femmes peuvent y avoir recours en parcours PMA. » Nutrition Naturopathes, diététiciens ou médecins nutritionnistes pourront vous apporter des conseils personnalisés pour favoriser votre fertilité et si besoin réduire votre anxiété par la nutrition (alimentation, plantes, compléments alimentaires, etc.). Les naturopathes proposent parfois en complément la réflexologie plantaire (enseignée dans leur cursus de formation). Acupuncture/médecine chinoise Cette pratique ancestrale vise à équilibrer les énergies du corps, à l’aide de fines aiguilles placées à la surface de la peau sur des points 166

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énergétiques précis, situés sur les méridiens (canaux d’énergie). En parcours PMA, une étude démontre qu’elle améliore significativement la mobilité des spermatozoïdes (Pei, 2005). Elle améliorerait aussi le taux de réussite d’une FIV, mais ces résultats sont contredits par d’autres études, de sorte qu’ils méritent d’être confirmés. Certains centres de PMA intègrent un acupuncteur dans leurs équipes. Réflexologie plantaire Cette médecine douce relève de la médecine traditionnelle dont l’origine remonterait à 12 000 ans av. J.-C, chez les Incas, qui auraient transmis ensuite leur savoir aux Indiens d’Amérique du Nord (qui l’utilisent toujours). Largement démocratisée dans notre monde moderne, cette technique de massage est utilisée sur les pieds ou les mains, qui comportent un nombre impressionnant de terminaisons nerveuses (7 200 juste sur le pied !). Outre son effet relaxant, elle permet d’activer la capacité du corps à se rééquilibrer en stimulant certains points réflexes, y compris ceux correspondant aux ovaires, à l’utérus, à l’hypothalamus et à l’hypophyse. Rompre l’isolement De nombreux forums, associations ou collectifs permettent aux couples confrontés à l’infertilité de rompre leur isolement, de se rencontrer pour pouvoir échanger et être informés. La plus connue est l’association Collectif BAMP (association de patients de l’AMP et de personnes infertiles). Estelle, bénévole et référente locale à Lyon, nous en dit plus sur celle-ci : « Nous accueillons toutes personnes (hommes, femmes, couples) confrontées à l’infertilité, en parcours d’AMP ou non, surtout pour les informer et les soutenir ! Nous les soutenons à la fois en portant leur parole auprès des pouvoirs publics, mais également localement, en organisant des rencontres en petit groupe. Ces rencontres permettent de partager ses expériences, de rire et pleurer, dans la convivialité, autour d’un verre et de gourmandises à partager. Ensemble, c’est moins lourd à porter ! » 167

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D’autres associations existent, avec chacune leur spécificité : FIV France permet d’informer les personnes concernées par un parcours FIV ; Endofrance et Endomind s’adressent plus spécifiquement aux personnes touchées par l’endométriose ; Célia Fertilité est particulièrement avertie au sujet du don d’ovocyte, de même que l’ADEED, l’association des enfants du don, les Cigognes de l’espoir, MAIA, etc. L’association Célia Fertilité nous précise sa raison d’être : « Après une infertilité de plus de 9 ans et une découverte d’une endométriose de stade IV, une petite Célia est née en 2007 à la suite d’un don d’ovocyte à l’étranger (les circuits de l’AMP en France n’étant plus disponibles). Célia Fertilité a été créée pour faire le lien entre les patients et le médical, tant en France qu’à l’étranger, grâce à ses services, dont ses praticiens en médecines douces et ses partenaires ». On peut également citer le premier collectif thérapeutique interdisciplinaire « Parents en attente » déjà évoqué. Chacun trouvera l’accompagnement qui lui conviendra le mieux dans son parcours vers la parentalité. Médecines douces et remboursement par la Sécurité sociale De plus en plus de mutuelles remboursent les séances de médecines douces, telles que l’ostéopathie, l’acupuncture, la psychologie, la sophrologie et même depuis peu l’hypnose. Les complémentaires santé proposent en général un forfait annuel ou un nombre de séances remboursées. Perspectives d’avenir sur l’origine des troubles de la fertilité pour leur traitement et leur prévention Le cerveau, en tant qu’acteur majeur de la fertilité, est loin d’avoir révélé tous ses secrets ! Les neurosciences avancent sur les causes d’origine centrale de l’infertilité, et les découvertes s’accélèrent ! 168

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Les chercheurs du monde entier travaillent sur le sujet, parfois en collaboration. Les recherches sont particulièrement actives aux ÉtatsUnis, en Australie, en Espagne, en Inde, en Suisse, au Canada, et aussi en France ! L’INSERM, et notamment les équipes de Lille, ainsi que le CNRS et le CRNL, font un travail remarquable. Les recherches continuent également sur les facteurs environnementaux qui peuvent déclencher ou aggraver les troubles de la fertilité. Concernant les techniques médicales, les recherches visent à mieux sélectionner les gamètes à féconder, mieux sélectionner les embryons à implanter et mieux évaluer les cycles propices à l’implantation. Rappelons-le, ces recherches sont médicales, mais aussi technologiques. Le développement de la technologie offre de belles perspectives : les techniques de congélation des embryons, d’imagerie et d’analyse d’images se développent. Le cerveau, chef d’orchestre de la fertilité, n’est pas que neuronal, dans la mesure où une infertilité biologiquement constatée peut comporter des causes psychiques sous-jacentes. Les travaux de recherche en psychologie continuent à donner un éclairage sur celles-ci. Le but de toutes ces recherches consiste bien sûr à offrir plus de solutions aux personnes souffrant de troubles de la fertilité. Le développement de l’accompagnement global La question de la fertilité est complexe et multifactorielle. Un accompagnement global permet d’accompagner la personne dans sa multidimensionnalité : physique, psychique et émotionnelle. Être acteur de sa fertilité Chaque individu peut être acteur de sa fertilité en agissant sur tous les facteurs positifs pour la fertilité : par son hygiène de vie, l’alimentation, la gestion du stress, etc. On peut aussi choisir de se faire accompagner. 169

PARTIE 3. COMMENT OPTIMISER SA FERTILITÉ ?

Le mystère de la vie Si les connaissances sur les causes et les remèdes à l’infertilité ne cessent d’avancer, le mystère de la vie reste entier. Si l’on sait ce qui peut favoriser ou entraver la fertilité, pourquoi la vie décide-t-elle de s’installer ou pas ? Comment expliquer que de la rencontre entre un ovule et un spermatozoïde naît la vie ? Et puis de la vie, comment et quand naît la conscience ? Ainsi, la question de la fertilité rejoint les questionnements existentiels de l’Homme à travers les âges. La physique quantique a permis de faire un pont entre ces questionnements philosophiques, voire spirituels et la science. S’il y a un ordre dans l’univers, dans l’infiniment grand comme dans l’infiniment petit, c’est qu’il y aurait un ordonnateur. « Un peu de sciences éloigne de Dieu, beaucoup y ramène », disait Louis Pasteur. Quelles que soient les convictions de chacun (d’ailleurs, chacune de nous, co-auteures, a des points de vue différents à ce sujet), le mystère de la vie est intact. Ce mystère, heureusement, nous rappelle nos limites. Il est un garde-fou de l’Homme dans son désir de toute puissance sur la nature. Fertilité et environnement : la fertilité humaine est-elle menacée ? S’il y a un point qui nous rassemble tous au sujet de la fertilité, c’est la nature. Le devenir de l’homme en dépend. Cela inquiète même. La fertilité animale est déjà menacée. Le Fonds mondial pour la nature (WWF), en octobre 2018, dresse un bilan alarmant : la Terre a vu sa population de vertébrés sauvages décliner de 60 % en 44 ans. Après des décennies de surexploitation des ressources terrestres sous toutes ses formes, l’Homme prend conscience, à l’épreuve notamment de son infertilité croissante, qu’il n’est pas tout puissant. Il dépend totalement de son environnement. Chaque être humain, depuis son premier souffle, dépend de l’air qu’il respire, de la nature qui filtre cet air, des nutriments qui proviennent de cette nature avec laquelle nous sommes intrinsèquement liés. Sa fertilité en dépend aussi. L’Homme survivra-t-il à un monde sans cesse dégradé, et pour comble de malheur, en partie de son propre fait ? L’Homme est-il 170

INFERTILITÉ ET CERVEAU ?

Préambule

en train de tisser la toile de son extinction ? Notre nature optimiste nous permet de rester confiantes – n’est-ce pas le propre de l’Homme que de s’adapter ? Confiantes en la capacité de l’Homme à adapter son comportement, son mode de vie dans le respect de la nature ; confiantes également en la capacité du corps humain à s’adapter, le corps étant éminemment intelligent ! La question est de savoir si l’Homme, corps-esprit, animé de pulsion de vie qui se manifeste à travers la fertilité, s’adaptera suffisamment vite. « Les autres combats n’ont aucun sens si celui-là est perdu », a déclaré récemment Aurélien Barrau, astrophysicien, lors d’un discours le 7 septembre 2018 au festival Climax. En attendant, nous accompagnons chaque jour des couples qui ne demandent qu’à donner, donner la vie, donner de l’amour. Voilà déjà de quoi donner un sens à leur vie et à la nôtre.

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REMERCIEMENTS

Nous tenons à remercier en premier lieu Fabien DWORCZAK pour sa confiance, son ouverture d’esprit et sa bienveillance. Son intérêt pour le lien corps-esprit donne une tonalité particulière à sa collection « Mes cerveaux et moi », résolument moderne ! Il n’y a pas UN cerveau mais DES cerveaux. Il n’y a pas UNE science, mais DES sciences, et ces différentes approches se complètent pour offrir toujours plus de réponses à ceux qui sont concernés par les thématiques de santé abordées. Nous sommes fières de compléter cette collection, initiée par EDP Sciences, que nous remercions aussi, et en particulier France CITRINI, Sophie HOSOTTE et Bertrand DEFRETIN ! Un grand Merci à Nathalie BASTE pour sa préface valorisante ! Merci à notre illustratrice de talent, Mélissa GLISSANT (« d’Encre et de sel »), pour ses magnifiques illustrations ! Nous tenons à remercier nos patient(e)s pour leur confiance ! Merci également à ceux, parmi nos familles et amis, qui nous ont toujours soutenues dans nos projets et qui se reconnaîtront. Un mot plus personnel à tous mes professeurs qui m’ont appris, surtout transmis, et même réparée ! Un immense MERCI en particulier à Sandra ARNAUD-GARDAIR et Pascal BLANCHARD, Nathalie 173

Remerciements

BASTE et Christian BARBIER, Lise BARTOLI, Jean-Luc et Thérèse GODARD, Daniel de ROSSI, et Daniel BOUILLER. Enfin, je remercie de tout cœur Julien pour son soutien inconditionnel. Sandrine ALEJANDRO et Anne-Sophie GODEFROY

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