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French Pages 832 [822] Year 2012
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
DICTIONNAIRE DES PE ILOSOPH S ANTIQUES publié sous la direction de RICHARD GOULET
de Paccius à Rutilius Rufus
2* partie — Vb de Plotina à Rutilius Rufus
CNRS EDITIONS 15, rue Malebranche, 75005 Paris
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES publie sous la direction de RICHARD GOULET
DÉJÀ PARUS : Volume I: d’Abammon à Axiothea, 1989.
Volume II : de Babelyca d’Argos à Dyscolius, 1994. Volume III : d’Eccelos à Juvénal, 2000. Volume IV : de Labeo à Ovidius, 2005.
Supplément, 2003.
En application du Code de la proprété intellectuelle, CNRS ÉDITIONS interdit toute reproduction intégrale ou partielle du présent ouvrage, sous réserve des exceptions légales. © CNRS Éditions, Paris, 2012 ISBN 978-2-271-07399-0
Avertissement
La transcription frangaise des noms propres grecs et latins est toujours chose délicate. La tendance traditionnelle est de donner une forme française quand c'est possible et que le personnage est connu de cette facon, ce qui peut entrainer des problémes d'ordre alphabétique. Fallait-il adopter Aischinés, Aeschines, Eschine ? Nous avons tenté de respecter dans pareil cas la forme la plus proche du grec, au moins dans l'intitulé de la notice, quitte à rappeler entre parenthéses la forme courante connue par le lecteur français et à utiliser cette dernière dans le corps de l'article. Nous avons également essayé de ne pas transcrire différemment les homonymes qui se succédent directement, mais il a semblé impossible d'appliquer des régles immuables. On rencontrera donc des Denys et des Dionysios. Les noms latins sont classés au cognomen, mais des renvois sont prévus pour les autres composantes importantes du nom. La liste finale des notices du présent tome devrait faciliter le repérage des différents noms. L'intitulé de chaque notice indique le numéro attribué par la Realencyclopaedie aux différents homonymes, accessoirement le numéro que le personnage concerné a reçu dans d'autres prosopographies (PLRE, PIR?, PA). On ne s'étonnera pas de trouver des indications comme RE : ou RESuppl. IV : (sans chiffre arabe), lorsque les articles de cette encyclopédie ne comportent pas de numéro. Quand l'article de la Realencyclopaedie n'offrait aucune information supplémentaire par rapport à ce que l'on peut lire dans notre notice, nous n'avons pas fourni une référence bibliographique compléte: le renvoi initial suffira à rappeller qu'il existe un article consacré à ce philosophe. Une lettre ou un nom n'est ajouté au numéro d'homonymie que si la forme retenue par cette encyclopédie allemande ne correspond par à la forme française du nom (RE K 2 pour “Callisthene”). L'intitulé de chaque notice comprend également une datation au moins approximative du personnage. Dans l'indication des siécles, un petit a en exposant signale une date antérieure à l'ére chrétienne (Iv* signifie « IV“ siècle avant JésusChrist »). La lettre p sert de méme, mais seulement si nécessaire, à indiquer une date de
notre
ére.
Dans
ces
indications
chronologiques,
les lettres
D, M
et F
signifient “début”, "milieu" et "fin". Pour simplifier le systéme de référence bibliographique à l'intérieur des notices, nous avons choisi de numéroter en chiffres gras les références successives et d'y renvoyer dans la suite de la notice. Par exemple, on trouvera 3 V. Brochard, Les sceptiques grecs, 2° éd., Paris 1923, p. 303 n. 2, puis, plus loin dans la notice une simple référence à Brochard 3, p. 300. Ce systéme n'a pas été employé pour les trés courtes notices où il n'y avait pas de renvoi interne.
VI
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
Les informations sont réparties sous un certain nombre de rubriques (mises en relief par l'emploi de caractères gras ou espacés) qui reviennent de notice en notice et facilitent la consultation de l'ouvrage. Par exemple: Chronologie, Bibliographies (oü sont signalées les bibliographies consacrées à ce philosophe et non pas les ouvrages comme tels; à ne pas confondre avec Cf.), (Euvres conservées, Datation, Éditions et traductions, etc. Certaines notices trés développées peuvent comporter toute une hiérarchie de titres intermédiaires, ainsi qu'un sommaire initial. De fagon générale, nous avons résisté à la tentation courante d'identifier les personnages homonymes. Même là où l'identification nous semblait probable, nous avons regroupé les informations en blocs distincts à l'intérieur de la notice. Le signe »* renvoie aux notices déjà parues dans les tomes antérieurs du Dictionnaire. ll signifie que le personnage a fait l'objet d'une notice, mais nous ne l'avons pas employé pour les noms les plus importants qui reviennent souvent. I] n'apparait d'ailleurs en général qu'à la premiére occurrence d'un nom dans la notice. Une référence plus précise (avec indication du nom de l'auteur de l'article) est faite lorsque le contenu méme de la notice est visé.
206
PLOTINA (POMPEIA -) PIR? P 679 RE 131 Impératrice
romaine, femme
selon 1 H. Temporini-Gräfin
I-H
de l'empereur Trajan. Née
vers 60-70
(62-72
Vitzthum, art. «Plotina», NP IX, 2000, col. 1146):
une date un peu avant 70 parait probable en raison des espoirs de descendance encore formulés en 100 (Pline le Jeune, Panégyrique de Trajan 94), mais aussi du
soutien de Plotine envers Hadrien, né en 76, qui fait figure de cadet, 2 J. Fündling, Kommentar
zur
"Historia Augusta",
Band
4: Vita Hadriani,
Bonn,
2006, 2 vol.,
t. I, p. 319-323. Elle était, d'aprés le nom de ses propres affranchis (CIL VI 1878; AnnEpigr
1958, 184), la fille d'un chevalier ou sénateur du nom de L. Pompeius, et
d'une Plotina (3 Y. Burnand, Primores Galliorum, t.Il: Prosopographie, Bruxelles 2006, 132 E ou S) ou d'une Plotia (Temporini 1). Plotine était déjà
mariée à Trajan depuis 74/76-84/86 d'apres 4 H. Traians, Berlin 1978, p. 19: une date vers 81-86, Trajan, parait préférable, au vu également des naissance développés supra. Vraisemblablement
Temporini, Die Frauen am Hofe après le long tribunat militaire de arguments concernant la date de apparentée à son mari en raison
de l'existence d'une Ulpia M(arci) f(ilia) Plotina dans deux tablettes d'Herculanum
(5 G. Pugliese Caratelli, « Tabulae Herculanenses », PP 1, 1946, p. 379-385, entre 60 et 79; AnnEpigr 1955, 198, juin 70), une parenté avec le futur empereur Hadrien est également probable d’après 6 F. Chausson, « Variétés généalogiques, IV. Cohésion, collusions, collisions : une autre dynastie antonine », dans G. Bonamente et H. Brandt (édit.), Historiae Augustae Colloquium Bambergense, Bari 2007, p. 123-163, ainsi qu'avec la famille d'Antonin d’après 7 F. Chausson, «Les Aurelii Fulvi de Nîmes», dans F. Chausson (dir.), Occidents romains. Sénateurs, chevaliers, militaires, notables dans les provinces d'Occident, Paris 2010, p. 175-190,
qui s’appuie sur des travaux de G. Di Vita-Evrard. On soupçonne une parenté avec d’autres membres de la dynastie des Antonins jusqu’à Marc Aurèle d’après Temporini 1 et 4. Belle-sœur de Marciane, tante de Matidie l’ Ancienne, grandetante de Matidie la Jeune et de Vibia Sabina, dont elle favorisa vers 100 le mariage avec Hadrien (Temporini 4). On ne saurait aussi exclure des liens familiaux avec
tout un clan familial de Taraconnaise et/ou de Narbonnaise et d’Italie selon Chausson 6 et 7. 8 Ch. Settipani, Continuité gentilice et continuité familiale dans les familles sénatoriales romaines à l'époque impériale. Mythe et réalité, Oxford 2000, p. 285-294, approuve et reconstruit lui-même des liens de parenté entre les Antonins adoptés, dont Plotine avec Trajan et Hadrien; cependant les relations de parenté de ce vaste réseau familial lui paraissent encore grevées de certaines incertitudes et certaines reconstitutions proposées conservent une forte part d’hypothèses. Plotine était sans doute originaire de Nîmes
par son père, 9 R. Hanslik, art.
«Pompeius» 131, RE XXI 2, 1952, col. 2293-2298; Burnand 3; 10 M.-Th. Raepset-Charlier, Femmes de l'ordre sénatorial, Louvain 1988, p. 511-512, n? 631 : Hadrien fit ériger à Nimes une basilique en son honneur (Histoire Auguste, Vie d'Hadrien 12,2; peut-être ILS 4844 ; discussion dans Fündling 2, t. II, p. 600602). Une tuile retrouvée à Nimes mentionne ses propriétés (ex prae(diis) Plo(ti-
1072
PLOTINA (POMPEIA -)
P 206
nae) Aug(ustae) = CIL XII 5678, 1 = XV 693, 17), mais elle provient certainement
d'Italie d'aprés Temporini 4, p. 12. Cependant la probabilité de l'origine nimoise est renforcée par l'existence sur place de plusieurs Pompeii honorables, surtout par une possible parenté avec Pompeia Marullina, fille de sénateur, attestée à Nimes, qui partage le surnom d'un aïeul d'Hadrien (CIL XII 3169 ; PIR? P 676 à comparer
à P 679), ainsi que par l'existence à Nimes de Plotii, gentilice possible de la mère de Plotine (C/L XII 3800; Burnand 3, t. I, p. 324-326, et renvois bibliographiques); contra 11 A.M. Canto, Las raíces béticas de Trajano. Los Traii de la Itálica turdetana, y otras novedades sobra su familia, Sevilla 2003, p. 36-38, qui
tient à une origine de Bétique, probablement Italica. Augusta depuis 102 (Temporini 4), en tout cas avant 105, mais le titre est attesté seulement à partir de 112 sur les monnaies (R/C II 297-299), elle est présente en Orient avec Trajan lors de la guerre parthique (SEG VII 845-846), et raméne les cendres de l'empereur décédé à Rome, accompagnée de P. Acilius Attianus et Matidie l'Ancienne
(Histoire Auguste,
Vie d'Hadrien
5, 9). Elle favo-
risa par ailleurs le mariage d'Hadrien avec Sabine, petite-niéce de Trajan, la nomination d'Hadrien comme
légat impérial en Syrie, puis sa désignation en 117 pour
un second consulat en 118, éprouvant peut-étre pour lui une amitié amoureuse (Histoire Auguste, Vie d'Hadrien 2, 10, favente Plotina; 4, 1; 4, 4; Fündling 2; 12 Y. Roman, Hadrien, Paris 2008, p. 102-107). Elle fut aussi à l'origine de sa
désignation en tant qu'empereur, en faisant connaitre ou en supposant son adoption par son époux (Dion Cassius LXIX
1,2;
10,3; Histoire Auguste,
Vie d'Hadrien 4.
10; Aurelius Victor 13, 11-13; Eutrope VIII 6, 1). Une émission monétaire sans doute de 117 par l'atelier de Rome était, d'aprés 13 Y. Roman, B. Rémy et L. Riccardi, « Les intrigues de Plotine et la succession de Trajan. À propos d'un aureus au nom
d'Hadrien
César », REA
111, 2009, p. 508-517, destinée à rendre
crédible l'adoption d'Hadrien par Trajan, selon la volonté de Plotine. Morte à l'automne 121 selon Hanslik 9 et Burnand 3; vraisemblablement en 123 seulement selon PIR? P 679, Temporini 1 et Chausson 6: d’après CIL XV 691692, l'Augusta serait encore en vie au début de 123. Elle fut divinisée, devint diva
mater d’Hadrien (Temporini 1 et 4) et fut honorée de son vivant et aprés son décés
par de nombreuses inscriptions et monnaies (liste dans PIR? P 679 et Temporini 4; aussi 14 M.-Th. Boatwright, «The Imperial Women of the Early Second Century a. C.», AJPh 112, 199], p. 513-540). Son urne a peut-étre été placée à cóté de celle de Trajan dans la base de la colonne et elle a eu droit à un culte parallélement à son
mari à Rome d’après CIL VI 966 et Temporini 4. Hadrien lui fit élever un temple, composa des chants en son honneur et prononga son éloge funébre (Dion Cassius LXIX 10, 3), sans doute sur le modéle de son discours en l'honneur de la défunte
Matidie l'Ancienne retrouvé à Tibur (CIL XIV
3579; Temporini 4 et 15 C.P.
Jones, « A Speech of the Emperor Hadrian», CQ 54, 2004, p. 266-273).
Plotine était propriétaire de domaines et demeures attestés par plusieurs documents épigraphiques (C/L XV 691-703; 921; LSO 589-593; 595-599; CIL XV 693, 16 = CIL Xll 5678; 16 M. Steinby, art. «Ziegelstempel», RESuppl. XV,
P 206
PLOTINA (POMPEIA -)
1073
1978, col. 1524), qui impliquaient l’existence de nombreux esclaves et affranchis (par ex. CIL VI 1878; AnnEpigr 1958, 184). On connait aussi un procurateur de Plotine (procurator Plot(inae) Aug(ustae) = CIL X 7587), préposé à la gestion de
l'impressionnant patrimoine foncier de l'impératrice. Louée pour sa modestie et sa réserve avec sa belle-sœur Marciane par Pline le Jeune, Panégyrique de Trajan 83-84, et par Dion Cassius LXVIII 5, 5, elle n'a pas été sans influence et aurait méme augmenté la renommée de Trajan (Abrégé des Césars 42, 21). Elle fut honorée en Italie et dans les provinces, mais en relation avec son époux dans la plupart des inscriptions (par ex. CIL IX 5894 et Boatwright 14). La cité de Plotinopolis en Thrace fut fondée en son honneur par Trajan ou Hadrien (Fündling 2, t. II, p. 922) et un dème nommé d’après elle à Antinooupolis, cité fondée en Moyenne-Égypte par Hadrien (par ex. BGU IV 1022; Fündling 2, t. I, p. 321). Si pour 17 W.C. McDermott, «Plotina Augusta and Nicomachus of Gerasa», Historia 26, 1977, p. 192-203, elle fut la personne dédicataire de l'ouvrage de Nicomaque (»*N 50), Temporini 4 réfute cette opinion pour manque de preuves. Elle a laissé une image ambivalente à cause du souvenir attaché à Hadrien: elle personnifie selon les auteurs la pudicité et la réserve qui conviennent à une épouse d'empereur rarement honorée exclusivement d'apres 18 P. A. Roche, «The Public Image of Trajan's Family », CPh 97, 2002, p. 41-60, ou est au contraire l'exemple méme d'une intrigante (discussion dans Temporini 1 et surtout 4). Un curieux récit retrouvé sur un papyrus d'Oxyrhynque montre Plotine intervenant auprés des sénateurs et de l'empereur en faveur des Juifs en ambassade à Rome, sans doute entre 107 et 113 (P.Oxy. 1242, Actes d'Hermaiscos = CPJud II 157; 19 J. MelezeModrzejewski, Les Juifs d'Égypte de Ramsès II à Hadrien, Paris 1991, p. 156161). Il est plausible que l'empereur ait été amené à prendre une décision judiciaire favorable aux Juifs lors d'un contentieux entre Alexandrins Grecs et Juifs avant la révolte de 115, et méme que Plotine ait pu l’influencer, d’après Temporini 4, p. 94100. En revanche les sources juives (Talmud de Jérusalem, Sukkah 5, 1), qui la décrivent au contraire hostile, tout en signalant qu'il lui est né un fils et qu'elle a perdu une fille, événements dont l'historicité parait controuvée, ne peuvent étre suivies (Temporini 4 et Mélèze-Modrzejewski 19). Ceci montre au moins le soupcon d'une forte influence exercée par Plotine sur la personne de l'empereur, que Boatwright 14 croit limitée à la seule sphére culturelle, alors que Temporini 4 estime probable une certaine influence politique, à cause d'une anecdote la montrant en train de convaincre son époux d'agir contre les abus des procurateurs. On ne sait rien de la formation philosophique de Plotine ni de ses éventuels maitres. Cependant l'intérét pour la philosophie et les sympathies épicuriennes de l'impératrice sont prouvées de manière irréfutable selon Temporini 4 et 20 C. J. Castner, Prosopography of Roman Epicureans from the Second Century B.C. to the Second Century A.D., Frankfurt am Main/Bern/New York/Paris 1989, p. 51-55. Un dossier épigraphique datant de 121 et 125 a en effet été conservé à Athénes (/G I? 1099 pour les lettres de Plotine à Hadrien et aux épicuriens avec la réponse
1074 favorable
PLOTINA (POMPEIA -) de
l'empereur;
SEG
3, 226
+ IG
II?
1097,
P 206 dossier
de
deux
lettres:
l'identité de l'auteur de la seconde reste disputée cf. infra). Dans le premier échan-
ge de correspondance entre la veuve de Trajan et l'empereur Hadrien à propos des épicuriens d’Athenes (21 J.H. Oliver, Greek Constitutions of Early Emperors, Philadelphia 1989, p. 174-180, n? 73), Hadrien accéde à la demande de Plotine, accordant au scholarque en titre le droit de tester en grec et de désigner un successeur de statut romain ou pérégrin. L'impératrice, qui a écrit une demande en latin en ce sens à Hadrien, utilise ensuite le grec pour annoncer la bonne nouvelle et le succès de son intervention aux épicuriens d'Athénes. Le vocabulaire présent dans ce dernier document (utilisation par exemple de mots se terminant par -μα, trait typiquement épicurien), l'épicurisme considéré comme
source d'inspiration com-
mune de l'impératrice et de ses correspondants (λόγοι ἡμέτεροι). la mention enfin d'Épicure comme
sauveur (σωτήρ), font incontestablement de Plotine une adhé-
rente du Jardin (Temporini 4 et Castner 20). Le dossier donne à penser qu'elle connaissait bien les épicuriens d' Athénes. Un second ensemble épistolaire, formé par la réunion de deux fragments d'une méme pierre, a donné lieu à des interprétations contradictoires et le débat historicophilosophique ne saurait étre considéré comme clos. La pierre a été republiée par 22 S. Follet, «Lettres d'Hadrien aux épicuriens d’Athenes (14.2-14.3.125): SEG, 3. 226 + IG I^, 1097», REG 107, 1994, p. 158-171; cf. BullEpigr 1995, 246), qui attribue les deux lettres de l'inscription au successeur de Trajan. Selon 23 R. van Bremen, « «Plotina to all her Friends»: The letter(s) of the Empress Plotina to the
Epicureans in Athens », Chiron 35, 2005, p. 499-532, les restaurations du texte par S. Follet seraient trop courtes, et Plotine pourrait étre l'auteur de la seconde lettre du dossier, son nom étant alors à restituer en lieu et place de celui d'Hadrien. Si le premier document est de 125, le second pourrait dater des derniers mois de vie de l'impératrice : il prouve de toute manière à propos des épicuriens une communauté de vues de l'impératrice avec Hadrien. Les corrections proposées par van Bremen 23 sont à leur tour rejetées par 24 S. Follet, BullÉpigr 2007, n? 231, dans REG 120, 2007, p. 648, qui maintient son point de vue: ce second ensemble fragmentaire, qui appartient à une pierre différente du premier dossier, à l'encontre d'une autre hypothèse de R. van Bremen, aurait donc comme auteur de la lettre Hadrien. Deux inscriptions existent par ailleurs en l'honneur du médecin, poéte et philosophe épicurien Héraclite de Rhodiapolis [**H 65] (TAM II 910): les épicuriens d'Athénes apparaissent comme co-dédicants dans la premiére, et la seconde inscription provient de Nimes (/G XIV 2496), cité d'origine probable de Plotine. On ne sait si le dossier est à mettre en relation avec les liens supposés de l'impératrice avec cette dernière ville, même si 25 J.H. Oliver, «The Empress Plotina and the Sacred Thymelic Synod», Historia 24, 1975, p. 125-128, a voulu faire de Plotine la patronne du synode thymélique mentionné dans l'inscription nimoise, tout en affirmant qu'elle protégea les épicuriens plus qu'elle n'adhéra à leur doctrine. Temporini 4, p. 162-165, réfute le patronage pour manque de preuves. mais confirme l'adhésion de l'impératrice à l'épicurisme. Enfin 26 T. Dorandi,
P 208
PLOUTIADES DE TARSE
1075
«Plotina, Adriano e gli Epicurei di Atene », dans M. Erler (édit.), Epikureismus in der spáten Republik und der Kaiserzeit, Stuttgart 2000, p. 137-148, parait croire lui
aussi en l'épicurisme de l'impératrice, et évoque les relations entre Plotine et Hadrien et l'influence de l'impératrice pour certaines questions intellectuelles et philosophiques. Plotine serait en revanche restée discréte sur son adhésion à l'épicurisme du vivant de son époux selon Castner 20. Elle témoigne avec Bruttius Praesens (Pline le Jeune, Lettres VII 3), les inscriptions de Diogène d'Oinoanda et d'Apamée, enfin certaines œuvres de Lucien de Samosate, du maintien de l'épicurisme sous l'Empire encore au II* siécle. La doctrine reste toujours bien vivante selon 27 J. Ferguson,
« Epicureanism
under the Roman
Empire», dans ANRW
II 36, 4, Berlin
1990, p. 2257-2327, et Dorandi 26. Il ne faudrait cependant pas en exagérer la vigueur, car l'épicurisme serait surtout cantonné désormais dans les écoles d'aprés 28 D. Timpe, «Der Epikureismus in der rómischen Gesellschaft der Kaiserzeit », dans M.
Erler (édit.), Epikureismus
in der spáten
Republik
und der Kaiserzeit,
Stuttgart 2000, p. 42-63. La documentation n'est donc pas univoque et explique les divergences quant à la vigueur de l'épicurisme d'époque impériale. FRANCOIS KIRBIHLER. PLOTINUS — EUDOXIUS (MACROBIUS PLOTINUS -) PLOTIUS — CRISPINUS (PLOTIUS -) PLOTIUS > TUCCA (PLOTIUS -)
207
PLOUS DE PAPHOS
1:
Sous le régne d'Auguste, un philosophe de Paphos, par ailleurs grand-prétre de l'empereur, avait mérité par ses évergésies une statue élevée par sa cité. La dédicace en est mentionnée par T. B. Mitford, Salamine de Chvpre, J. Pouilloux éd., Paris 1980, p. 281 (SEG 30, 1627). De la formule onomastique, seul le signum,
Plous, est conservé. L'hypothése prudemment avancée dans la restitution Mitford, selon laquelle le philosophe aurait été épicurien, est invérifiable.
de
BERNADETTE PUECH.
208
PLOUTIADES DE TARSE
1322
Philosophe, mentionné avec son compatriote, l'épicurien Diogene (**D 149), comme étant l'une des célébrités de Tarse par Strabon XIV 5, 15; 675 C. Strabon les rattache tous deux à τῶν περιπολιζόντων xal σχολὰς διατιθεμένων εὐφυῶς, «ceux qui voyagent de ville en ville et donnent des cours d'agréable façon ». RICHARD GOULET.
209
P 209
PLUTARQUE D'ATHÈNES
1076
PLUTARQUE D’ATHENES
RE3
PLRE1:5 et II:2
ca 350-432
Philosophe néoplatonicien, scholarque de l'école d'Athénes. Cf. 1 R. Beutler, art. «Plutarchos» 3, RE XXI lI, 1951, col. 962-975; 2 É. Évrard, «Le maître de Plutarque d’Athenes et les origines du néoplatonisme
athénien », AC nicienne,
par
29, H. D.
1960, p. 108-133 Saffrey
et 391-406;
et L. G. Westerink,
4 D.P. Taormina, Plutarco di Atene. L'Uno, duttivo,
Fonti,
Traduzione
recueil des témoignages
e
Commento,
et des fragments
3 Proclus,
CUF,
l'Anima,
coll.
Theologie plato-
6 vol., Paris
1968-1997;
le Forme, Saggio intro-
«Symbolon»
8,
Catania
1989:
(appelés, sans distinction, “sources” ;
nous les citons par “fr.” suivi du numéro et de l'initiale T.) divisés en six sections (Vie, école, œuvres: fr. 1-17 Phaedonem: fr. 59-61 [p. Incertae sedis : fr. 64-65 [p. Proclus ou sur le bonheur,
[p. 108-115] ; in De anima: fr. 18-58 [p. 115-137]; in 137-138]; in Parmenidem: fr. 62-63 [p. 138-140]; 140-141] ; Dubia : fr. 66-76 [p. 141-144]) ; 5 Marinus, par H. D. Saffrey et A.-Ph. Segonds, avec la collabo-
ration de C. Luna, CUF, Paris 2001 ; 6 M. Di Branco, La città dei filosoft, Firenze 2006, en part. p. 115-179 (chap. 4: «La città dei filosofi. Filosofia e politica ad Atene da Plutarco a Damascio »); 7 E. J. Watts, City and School in Late Antique Athens and Alexandria, Berkeley/Los Angeles/London 2006, en part. p. 79-110 (chap. 4: « Athens and Its Philosophical Schools in the Fifth Century ») ; voir aussi 7bis A. Longo, «Plutarch of Athens », dans CHPLA, vol. IT, p. 608-615, avec une bibliographie, p. 1121-1122. Biographie. Plutarque d'Athénes était athénien d'origine (cf. Damascius, V. Isid., fr. 218, p. 183, 8-10 Zintzen = fr. 89A, li. 11 Athanassiadi: Πλουτάρχῳ τε
tà ᾿Αθηναίῳ xai τῷ Σύρῳ Aouvívo ; voir aussi infra, texte [e]). Il était le fils de Nestorius (**N 28), comme
l'attestent les textes suivants:
(a) Marinus, Proclus 12, 1-3 (= fr. 2 T): Παραλαδὼν δὲ αὐτὸν ὁ Xupiavóc προσάγει τῷ μεγάλῳ Πλουτάρχῳ τῷ Νεστορίου («Syrianus prit avec lui Proclus et le présenta au grand Plutarque, fils de Nestorius », cf. Saffrey et Segonds 5, p. 14 n. 8-9 [p. 103-104] : contrairement à ce que l'on lit dans la n. 8, Plutarque d'Athénes et Plutarque sophiste sont un seul et unique personnage : cf. infra, p. 1081-1088). (b) Priscien de Lydie, Meraphrasis in Theophrastum, éd. I. Bywater, CAG Suppl. 12, p. 32. 33-35 (= fr. 36 T.): διακέχριται μὲν οὖν ταῦτα σαφέστερον παρὰ τοῖς γνησίοις τοῦ Apıoto-
τέλους ἐξηγηταῖς, τῷ τε Ἰαμδλίχῳ καὶ τῷ Νεστορίου Πλουτάρχῳ φημί («Ces choses sont plus clairement distinguées chez les authentiques Plutarque, fils de Nestorius »).
interprétes d’Aristote, je veux dire Jamblique et
(c) Ps.-Simplicius, in De anima, éd. M. Hayduck, CAG
XI, p. 259, 40 - 260. 1 (= fr. 46 T):
οὐχ ὡς toic ἐξηγηταῖς εἴρηται τῷ τε Ἀλεξάνδρῳ xai τῷ Neoropiou Πλουτάρχῳ («et non pas comme l'ont dit les commentateurs, Alexandre et Plutarque. fils de Nestorius »). (d) Souda. s.v. Νικόλαος, N 394, t. III. p. 469, 1-2 Adler (= fr. 13 T): Νικόλαος, ῥήτωρ,
γνώριμος
Πλουτάρχου
xai
Πρόκλου
(IlAourápyou
δὲ
λέγω
τοῦ
ἐπίκλην
Νεστορίου)
(« Nicolas (»N 47), rhéteur, familier de Plutarque et de Proclus (je veux dire Plutarque appelé “fils de Nestorius")»). Selon 8 P. Athanassiadi, Damascius, The Philosophical History, Athènes 1999, p. 173 n. 149, dans ce passage de la Souda (= fr. 64 Athanassiadi : ce passage ne figure pas dans l'éd. Zintzen), l'expression Πλουτάρχου δὲ λέγω τοῦ ἐπίκλην Νεστορίου signifierait « je veux dire Plutarque, celui qui était appelé "Nestorius" » («1 mean Plutarch the so-called Nesto-
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PLUTARQUE D’ATHENES
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rius »). Une telle interprétation ignore les textes (a). (b). (c), (e) et (f) dans lesquels Neotoptov est
simplement un génitif patronymique. En outre, en faisant de Nestorius un autre nom de Plutarque d'Athènes («If Plutarch of Athens had the alternative name Nestorius »), P. Athanassiadi ferait du
hiérophante Nestorius le père (et non pas le grand-père) de Plutarque d'Athènes, contre le témoignage formel de Proclus, in Remp. II. p. 64, 6-7 Kroll: Neotöptog ὁ θεῖος ὄντως. πάππος ὧν Πλουτάρχου (cf. ci-dessous). (e) ibid., s.v. Πλούταρχος.
II
1794, t. IV, p. 150. 31-32
Adler (= fr.
1 T):
Πλούταρχος,
Νεστορίου. ᾿Αθηναῖος. φιλόσοφος, διδάσκαλος Συριανοῦ. (N ibid.. s.v. Πρόκλος, TI 2473, t. IV. p. 210, 5-6 Adler (= fr. 10 T.): Πρόκλος, ὁ Λύκιος, μαθητὴς Συριανοῦ, ἀκουστὴς δὲ καὶ Πλουτάρχου τοῦ Νεστορίου φιλοσόφου.
Le grand-père de Plutarque d' Athénes s’appelait lui aussi Nestorius, comme en témoigne Proclus, in Remp. II, p. 64, 5-9 Kroll (= fr. 3 T.): Τὸν περὶ τοῦ ὀρθογωνίου τριγώνου λόγον ἀπόρρητον, ὃν Neotöptog ὁ θεῖος ὄντως, πάππος ὧν Πλουτάρχου τοῦ καθηγεμόνος ἡμῶν τε καὶ τῶν ἡμετέρων διδασκάλων, εἰς φῶς
ἐξήγαγεν παρ᾽ αὐτῶν διδαχθεὶς τῶν χρειττόνων («Je vais exposer, instruit ἃ ce sujet par les dieux eux-mémes, la doctrine secrete sur le triangle rectangle que le vraiment divin Nestorius, aieul de Plutarque qui fut mon maitre et celui de mon professeur (Syrianus), a produite au jour», trad. 9 A. J. Festugiere, Proclus, Commentaire sur la République, t. M. Paris 1970, p. 174-175).
Ce Nestorius (»ῈΝ 27), grand-père de Plutarque d’Athenes, était l'hiérophante homonyme dont Zosime, Hist. nouv. IV 18, 1-4, raconte qu'il sauva, par ses rites et ses prières, Athènes et l'Attique lors du tremblement de terre qui frappa la Grèce à la mort de Valentinien I*' (17 nov. 375) (cf. Saffrey et Westerink 3, t. I, p. XXVIIXXVIII). Le père et le grand-père de Plutarque s'appelant tous deux Nestorius, les témoignages, pendant longtemps considérés comme incompatibles (par ex. par Beutler 1, col. 962, 27-32), ne sont donc pas en contradiction, comme l'a définitivement montré Évrard 2, p. 120-121 (solution retenue par PLRE I, s.v. Nestorius 2
et Nestorius 3, p. 626, mais apparemment ignorée par Athanassiadi 8, p. 173 n. 149 [voir ci-dessus] et par Watts 7, p. 90 n. 55). Il est possible de reconstituer la généalogie de Plutarque d'Athénes en remontant plus haut que Nestorius l'hiérophante gráce à trois inscriptions: (1-2) /G IV? 1, 436 et 437 (Épidaure) ; (3) IG XII 6, 2, 584 (Heraion de Samos). Sur l'inscrip-
tion de Samos, cf. 10 L. Robert, « Épigrammes relatives à des gouverneurs », dans Id., Hellenica, t. IV : Épigrammes du Bas-Empire, Paris 1948, p. 35-114, en part. p. 55-59; sur les trois inscriptions, cf. Di Branco 6, p. 117-121 (texte de l'inscription de Samos: Robert 10, p. 56; Di Branco 6, p. 118).
Dans ces trois inscriptions, il est question de deux personnages appelés tous deux Πλούταρχος. dont le second (inscription de Samos) dit avoir un pere du méme nom; or, puisque, comme le remarque Robert 10, p. 102, «le nom de Ploutarchos n'est nullement, au IV* siécle, un nom trés répandu » (remarque confirmée par la consultation du LGPN I-IV : aux IV* et V* siécles, les seuls Plutarque dont on ait connaissance sont ceux de la famille de Plutarque d'Athénes, auxquels on ne peut ajouter que le Plutarque de l'épitaphe 7G II? 5, 13532 [= II? 3, 2, 12473], jeune athénien qui était allé à Rome pour y faire carriere, cf. LGPN II, s.v. Πλούταρχος. n?* 3-7 et 22, p. 369), les deux Plutarque mentionnés dans nos trois
inscriptions doivent être liés plus ou moins directement à Plutarque d’Athenes. Les
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deux premières inscriptions (/G IV? 1, 436 et 437) proviennent d'Épidaure et sont deux dédicaces datées de 308 ap. J.-C.: Plutarque (PLRE I, s.v. Plutarchus 1, p. 707), grand-prétre de l'Attique (κλεινῆς θεοδέγμονος
᾿Ατθίδος αἴης | ápyte-
ρεύς, n? 436, li. 3-4; ὁ ἀρχιερεὺς Πλούταρχος. n? 437, li. 1), c'est-à-dire grandprêtre d’Eleusis, prêtre de Dionysos (κεδνοῦ iponóAoc Βρομίου, n? 436, li. 4) et d'Asclépius (iepanoAnoag, n? 436, li. 5; ἱεραπολήσας τῷ σωτῆρι | ᾿Ασκληπιῷ, n? 437, li. 2-3), a élevé deux statues en l'honneur d'Asclépius. Le Plutarque de ces
deux inscriptions d'Épidaure est donc un personnage de trés haut niveau dans la hiérarchie sacerdotale. Cela a amené 11 K. Latte, c.r. de IG? Inscriptiones Epidauri, ed. Fr. Hiller de Gaertringen (1929), dans Gnomon 7, 1931, p. 113-135,
en part. p. 118 n. 1 [p. 119), à formuler l'hypothese selon laquelle le Plutarque d'Épidaure serait le pere de Nestorius l'hiérophante (grand-pére de Plutarque d’Athenes). Cette hypothèse (Plutarque ἀρχιερεύς — Nestorius hiérophante — Nestorius — Plutarque scholarque) a été reprise par Évrard 2, p. 131, Saffrey et Westerink 3, t. ], p. XXIX-XXX, et PLRE II, Stemma 35, p. 1329. En réalité, comme l'a montré Di Branco 6, p. 117-121, la généalogie ainsi reconstituée doit être corrigée en insérant un troisième Plutarque, fils de Plutarque ἀρχιερεύς et père de Nestorius l'hiérophante. Ce troisiéme Plutarque est, selon Di Branco 6, le dédicataire de notre inscription de l'Heraion de Samos /G XII 6, 2, 584 (PLRE I, s.v. Plutarchus 4, p. 708). En s'adressant à Hera (Ἥρη nau6alolAeta, At]óc μεγάλου πα[ρ]άχίοι]τι, | £&tAaOt κἀμὲ φύλαττε, σαόπτολι, σὸν λάτριν ἁγνόν, li. 5-6), il affirme avoir un pére du méme nom que lui (Πλούταρχος, ἔχων πατρὸς
οὔνομα xAetvóv, li. 10), s'être rendu en Crète où il a sacrifié à Zeus sur les grottes de l'Ida (ἄρτι γὰρ ἱρὰ Διεὶ ῥέξας Κρήτησιν ἐν ἄντροις | Ἴδης Ev oxonéAotot, li. 7-8), et avoir reçu de l'empereur le titre de gouverneur de la province des iles (A&yov γέρας ἐκ βασιλῆος | νήσων, li. 8-9). Le titre de praeses provinciae insularum
permet
de
fixer comme
terminus
post quem
de
l'inscription
le régne
de
Dioclétien (284-305). A cause de son contenu paien, Robert 10, p. 57 et n. 4, p. 59, date l'inscription du régne de Julien (360-363), et identifie (p. 101-102) le Plutar-
que père du dédicataire de l'inscription de Samos avec un Plutarque proconsul d'Achaie au milieu du IV* siècle (PLRE 1, s.v. Plutarchus 3, p. 707-708), identification retenue par 12 Kl. Hallof, éditeur de /G XII 6, 2 (p. 370). La datation de Robert 10 a amené 13 A. Chaniotis, « Plutarchos, praeses insularum (Prosopography of the Later Roman Empire I Plutarchus 4)», ZPE 68, 1987, p. 227-231, en part. p. 229-230, à identifier le dédicataire de l'inscription de Samos avec le Plutarque destinataire de la lettre 153 de l'Empereur Julien, personnage que J. Bidez avait identifié à tort avec le scholarque (cf. 14 L'Empereur Julien, Œuvres completes, t. I, 2° partie: Lettres et fragments, par J. Bidez, CUF, Paris 1924, p. 206 n. 1).
Comme l'a montré Chaniotis 13, p. 230, l'identification proposée par Bidez 14 doit étre rejetée pour des raisons chronologiques, car Plutarque le scholarque n'aurait eu, à l'époque de composition de la lettre 153 de Julien, qu'une dizaine d'années.
La datation de Robert 10, fondée exclusivement sur le contenu paien de l'inscription de Samos, a été mise en doute par Di Branco 6, p. 119-120, qui, en s'appuyant
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sur l'épisode analogue de Nicagoras (»*N 29), dadouque à Éleusis, autorisé par Constantin en 326 à visiter, accompagné d'autres philosophes platoniciens, les tombeaux de la Vallée des Rois en Égypte sur les traces de Platon, épisode qui témoigne de la tolérance religieuse de Constantin et de sa politique de soutien à l'égard de l'élite intellectuelle paienne d’Athenes (cf. Di Branco 6, p. 105-106), date l'inscription de Samos du régne de Constantin (306-337). Cette nouvelle datation permet à Di Branco 6, p. 120, de formuler une hypothése différente de celle de Robert 10: le Plutarque dédicataire de l'inscription de Samos (époque de
Constantin) est le fils du Plutarque ἀρχιερεύς (PLRE I, s.v. Plutarchus 1, p. 707) des deux inscriptions d'Épidaure (308 ap. J.-C.), et le père de Nestorius l'hiérophante. Une telle hypothèse a l'avantage de rendre compte de la profonde religiosite qui relie les trois personnages, et d'expliquer l'épithéte de κλεινός par laquelle le dédicataire de l'inscription de Samos désigne son propre p£re, épithéte parfaitement adaptée à l’äpyıepeüg. Elle permet ainsi de rectifier l'ascendance de Plutarque d’Athenes tracée par Saffrey et Westerink 3, t. I, p. XXXV (voir aussi PLRE II, Stemma 35, p. 1329), en aboutissant à un arbre généalogique plus exact (cf. Di Branco 6, p. 129): Plutarque ἀρχιερεύς de l’Attique (308 ap. J.-C.)
i Plutarque praeses insularum (époque de Constantin : 306-337)
| Nestorius hiérophante
ἡ Nestorius
i Plutarque scholarque (1432)
Si la reconstitution de l'ascendance de Plutarque d'Athénes pose, comme on vient de le voir, des problémes assez délicats, il est plus aisé d'en tracer la descen-
dance
(cf. Saffrey
«Hiérios
et Westerink
d'Athénes»,
H
3, t. I, p. XXX-XXXV ; 15 R. Goulet,
122, DPhA
III, Paris
2000,
p. 684-686
[voir
notice l'arbre
généalogique, p. 685, où il faut toutefois intervertir les noms d’Archiadas I et de Ploutarchè, puisque c'est l'époux et non l'épouse qui est un enfant de Hiérios] ; Di Branco
6, p.129).
Plutarque
d'Athènes
a eu
deux
enfants
au
moins:
un
fils,
Hiérios (»*H 122), qui a enseigné la philosophie sous la direction de Proclus, et une fille, Asclépigéneia (»*A 451), qui a transmis à Proclus les secrets de la théurgie, qui venaient de son arriere-grand-p£re, Nestorius l'hiérophante, et qu'elle avait appris de son pere (cf. Marinus, Proclus 28, 10-15 [= fr. 4 T.]). Hiérios eut, à son tour, deux fils: Archiadas I (»*A 314: contrairement à ce que l'on lit dans cette notice, Théagène est le gendre, et non pas le fils d’Archiadas I, dont il avait
épousé la fille, Asclépigéneia II), lié à Proclus par une trés grande amitié, et Plutarque (PLRE II, s.v. Plutarchus 4, p.894). Archiadas I eut une fille,
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Asclépigéneia II (PLRE II, s.v. Asclepigeneia 2, p. 159), qui fut guérie grâce aux prieres que Proclus adressa à Asclépius (cf. Marinus, Proclus 29, 5-28 ; voir la note
de Saffrey et Segonds 5, p. 34 n. 8 [p. 160]). Asclépigéneia II épousa Theagene, riche archonte athénien (cf. Saffrey et Westerink 3, t. I, p. XXXI-XXXIII : Saffrey et Segonds 5, p. XXIII-XXVI ; p. 34 n.11 [p. 160]): de ce mariage naquit Hégias (»H 22), qui fut l'éléve de Proclus et d'Isidore Eupeithios (**E 124) et Archiadas II (**A 315).
(**131)
et
eut
deux
fils:
Plutarque habitait une maison au sud de l'Acropole, proche de l' Asclépiéion et du temple de Dionysos, dans laquelle vécurent aussi Syrianus et Proclus, selon Marinus, Proclus 29, 32-39 (sur l'identification de cette maison, cf. Saffrey et Segonds 5, p. 35 n. 9 [p. 162-163]; 16 Ph. Hoffmann, notice « Damascius », D 3, DPhA II, Paris 1994, p.541-593, en part. p.548-555, et, en dernier lieu, 16bis L. E. Baumer, Mémoires de la religion grecque, coll. «Les conférences de
l'École Pratique des Hautes Études », Paris 2010, chap. I: «La villa tardo-antique dite “de Proclus" au sud de l'acropole d'Athénes », p. 13-46). Parmi les éléves de Plutarque, outre Syrianus et Proclus, il faut mentionner Hiéroclès d'Alexandrie (»H 126) et Odaenathus de Syrie (»*O 8). La date de mort de Plutarque peut étre fixée gráce au témoignage de Marinus: Proclus, à son arrivée à Athènes, avait presque 19 ans (Marinus, Proclus 12, 1-4); puisqu'il est né en 412, on était à la fin de 430 ou au début de 431, et Plutarque était déjà trés âgé (ibid. 12, 8-9) ; puisque Plutarque n'a survécu qu'environ deux ans à l'arrivée de Proclus à Athènes (ibid. 12, 28-29), il est mort en 432 (cf. Saffrey et Westerink 3, t. I, p. XII-XIV). A la mort de Plutarque, Syrianus lui succède comme diadoque de Platon et chef de l'école d'Athénes (ibid. 12, 29-36) (cf. 17 C.
Luna et A.-Ph. Segonds, notice « Proclus de Lycie », P 292, infra, p. 1546-1657, en part. p. 1549).
Plutarque d’Athenes est désigné par l'épithéte de μέγας par Marinus, Proclus 12, 2 et 26, 29-30 (cf. Saffrey et Segonds 5, p. 15 n. 2 [p. 105]), et par Damascius, V. Isid., fr. 351, p. 285, 9 Zintzen (2 fr. 145B, li. 4 Athanassiadi). Damascius, in
Parm. IV, p. 84, 8 Westerink-Combès, l'appelle ὁ ἱερὸς Πλούταρχος. «le pieux Plutarque » (cf. 18 Damascius, Commentaire du Parménide de Platon, t. IV, par
L. G. Westerink et J. Combès, avec la collaboration de A.-Ph. Segonds et C. Luna. CUF, Paris 2003, p. 84 n. 4 [p. 190]). On trouve aussi l'épithéte plus commune de ὁ φιλόσοφος: Marinus, Proclus 17, 24; Ps.-Simplicius, in De anima, éd. M. Hayduck, CAG XI, p.21, 35; p. 186, 25; p. 292, 32; Ps.-Philopon. in De anima, éd. M. Hayduck, CAG XV, p. 457, 34; p. 462, 7; ainsi que l'épithéte de θαυμάσιος : Ps.-Philopon, in De anima, p. 515, 20. Iconographie. On a cru pouvoir reconnaitre dans une trés belle téte de philosophe découverte à Athènes, non loin de l'Acropole, et datée du début du V* siécle, un portrait de Plutarque d'Athénes (cf. 19 A. Frantz, «Pagan Philosophers in Christian Athens», PAPAS 119, 1975, p. 29-38, en part. p. 31-32). Bien qu'il s'agisse sürement d'un philosophe athénien, on manque d'arguments solides pour l'attribuer à tel ou tel spécifiquement.
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La question des deux Plutarque. La documentation épigraphique permet d'enrichir la biographie de Plutarque d'Athénes de quelques renseignements supplémentaires qui s'ajoutent aux maigres données fournies par les sources littéraires. Trois inscriptions athéniennes datables du IV*-V* siécle font mention d'un Plutarque dont les savants se sont demandés s'il doit étre identifié avec
Plutarque d'Athènes : 16 II? 5, 13286 [= IG II? 3, 2, 127672] ; IG 11? 5, 13281 [= /G I 3, 1,3818]; 16 112 5, 13283 [= JG 11? 3. 1, 4224] (la nouvelle édition de ces trois inscriptions par 20 E. Sironen dans /G 112, Pars V : Inscriptiones Atticae aetatis quae est inter Herulorum incursionem et imp. Mauricii tempora, Berlin 2008, remplace la précédente édition par 21 J. Kirchner dans /G II? 3, 1-2, 1935 et 1940). La première inscription soulève des difficultés à cause de son état très fragmentaire. Les deuxiéme et troisiéme se rapportent sans aucun doute au méme personnage, un Plutarque sophiste (PLRE II, s.v. Plutarchus 2, p. 893-894), qui doit, à notre avis, étre identifié avec le scholarque. Nous allons donc examiner ces trois inscriptions dans l'ordre dans lequel nous les avons mentionnées, en citant pour chacune la bibliographie essentielle.
(1) IG I? 5, 13286 [= IG 11? 3, 2, 127672]. Cf. 22 W. Peek, «Zwei Gedichte auf den Neuplatoniker Plutarch», ZPE 13, 1974, p. 201-204; Taormina 4, p.252 (fr. 71); 23 E. Sironen, «Life and Administration
of Late Roman
Attica in the
Light of Public Inscriptions », dans 24 P. Castrén (édit.), Post-Herulian Athens. Aspects of Life and Culture in Athens A. D. 267-529, coll. «Papers and Monographs of the Finnish Institute at Athens» 1, Helsinki 1994, p. 15-62, en part. p. 48-50
(n? 30);
25 B. Puech,
d'époque impériale, coll. Branco 6, p. 123-124.
Orateurs
et sophistes
grecs dans
les inscriptions
« Textes et traditions» 4, Paris 2002, p. 394-395 ; Di
[- =» —-»- —.. - ἀριδε]ίκετον épvoc [ee πὺν - --- Ke]xpontnc [ce =. --2- --- δῆμο]ς ᾿Αθηνέων [---
πὺν
- ---JK
πειθόμενος
[2-49 πὺν -»» - -]Joc εὐρύοπα Ζεὺς [ee
τὸν
- - +» »]L ὑμνοπόλῳ vacat
Il [- -ΙΥ̓ΣΑΠΙ-
---
---
----]oua HAórovol[c]
[πλο)ῦτος [- -» » - πον - -]ugvoc [Π]λουταίρχ - »» πῖον -- Τελεϊσφόρε, λεύσσας [ἢ] ἱερεῖ γερία -- -- » μεῖνος τεμένει. vacat
A la dernière ligne, l'édition de Sironen 20. IG II? 5, 13286, porte: [a — — - - ue]. ce qui donne une syllabe brève de trop dans le 2° hémistiche du pentamétre; c'est pourquoi nous suppléons un trochée. et non pas un dactyle, devant μεῖνος.
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Cette inscription, que l'on peut dater, d’après l'écriture, du IV* ou du V* siècle (cf. Sironen 23, p. 50 et 62 ; cette datation corrige celle de Kirchner 21, /G II? 3, 2, 127672, qui datait l'inscription du II* siècle ap. J.-C.), était probablement gravée sur un autel ou sur la base d'une statue (le second fragment provient du quartier du Lycée à Athenes). Elle se compose de deux épigrammes en distiques élégiaques. Malgré son état trés fragmentaire, on peut affirmer qu'il s'agit d'une inscription, probablement honorifique, qui évoque un personnage du nom de Plutarque, athénien, lié, d'une part, à la philosophie platonicienne (cf. IIAávovo[c], li. 7) et, d'autre part, au culte d'Asclépius (cf. Τελε]σφόρε, li. 9). Ces éléments ont amené Peek 22, p. 204, à identifier le personnage ici évoqué avec Plutarque d'Athènes. ἢ} faut remarquer que les suppléments proposés par Peek 22, tout à fait arbitraires, ne sont
pas
acceptables
(cf.
26
J. et L. Robert,
Bull.
épigr.
1974,
n?
218).
En
particulier, à la li. 7, W. Peek (dans ses notes manuscrites conservées à l'Académie
de Berlin) avait conjecturé [κτί]σμα Πλάτωνος, allusion à la fondation de l'école
néoplatonicienne. Cette conjecture, accueillie par Kirchner 21 dans /G 11? 3, 2, 12767a, n'est plus mentionnée par Peek 22, qui propose [θε]σμὰ Πλάτωνος (p. 202); elle est, en revanche, signalée par Sironen 23, p. 49, et dans l'apparat critique de Sironen 20 (/G II? 5, 13286). Pas plus que les autres suppléments proposés par Peek 22, celui-ci n'a de fondement (cf. 27 M. N. Tod. «Sidelights on Greek Philosophers», JHS 77, 1957, p. 132-141, en part. p. 135 n.44, qui remarque que parmi les 700 mots se terminant en -oua, κτίσμα n'est certes pas le
seul qui pourrait s'adapter au contexte). L'identification proposée par Peek 22 a été rejetée par 28 A. Frantz, The Athenian Agora XXIV. Late Antiquity : A. D. 267-700. Princeton (N. J.) 1988, p. 64 n. 48, uniquement sur la base du fait que le nom de IIAovrapy à la li. 9 ne serait qu'une restitution de W. Peek (en réalité. les lettres AOYTA ou AOITA sont bien lisibles: cf. IG I? 5, 13286. app. crit. ad loc.), mais acceptée par Sironen 23, p. 48-50 (identification reprise par Sironen 20 dans /G II? 5), et par Di Branco 6, p. 123-124. Sironen 23, p. 49, souligne l'importance de la mention de Télesphore (li. 9), fils du dieu Asclépius, car, comme on vient de le voir, les liens entre la famille de Plutarque d’Athenes et le culte d'Asclépius sont attestés par l'inscription /G IV? 1, 437, dans laquelle 1 ἀρχιερεύς Plutarque, ancétre du scholarque, est défini prêtre d'Asclépius (cf. supra, p. 1078). Comme le fait remarquer Di Branco 6, p. 124, n. 57 et 58, le rapport privilégié de la famille de Plutarque d'Athénes avec le culte d'Asclépius est confirmé par l'onomastique de la famille de Plutarque (Asclépigéneia est le nom, trés rare, de sa fille et de son arrière-petite-fille. cf. supra. p. 1079), et la mention de Télesphore doit être rapprochée de la guérison miraculeuse de Proclus par Télesphore rapportée par Marinus, Proclus 7, 1-11 (cf. Saffrey et Segonds 5, p. 9 n. 2-10 [p. 81-83]). Selon Di Branco 6, p. 124, l'inscription témoigne des bons rapports existant entre. d'une part. Plutarque et sa famille, et, d'autre part, la classe qui détient le pouvoir à Athénes vers la fin du IV* et le début du V* siècle (ce climat de collaboration, qui favorisa la reprise de la tradition platonicienne, changea radicalement à l'époque de Proclus, qui dut subir l'hostilité des chrétiens et s'exiler: cf. Luna et Segonds 17, infra,
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p. 1549). Nous pensons donc que l'inscription se réfère à Plutarque d'Athénes, mais qu'il est impossible d'en établir le contenu exact. Les deux autres inscriptions, /G II? 5, 13281 et 13283 [= IG II23, 1, 3818 et 4224], se rapportent à un méme personnage. du nom de Plutarque, qui se définit lui-même comme « sophiste » : (2) IG II? 5, 13281 [= 16 II? 3, 1, 3818]. Cf. Robert 10, p. 95-96 ; 29 B. Nagy, « A Late Panathenaic Document », AncW 3, 1980, p. 107-111 ; Frantz 28, p. 63-64 et pl. 47e ; Taormina 4, p. 251-252 (fr. 69); 30 H. D. Saffrey, «Proclus, les Muses et l'amour des livres à Athénes au V* siécle», dans From Athens to Chartres. Medieval Neoplatonism and Medieval Thought. Studies in Honour of Ed. Jeauneau, Leiden 1992, p. 163-171, en part. p. 167 (repris dans H. D. Saffrey, Le néoplatonisme aprés Plotin, coll. « Histoire des doctrines de l' Antiquité classique » 24, Paris 2000, p. 169-177, en part. p. 174); Sironen 23, p. 46-48 (n? 29); Puech 25, p. 392-394 (n? 208) ; Di Branco 6, p. 125. δῆμος « Ἐ»ρεχθῆος βασιλῆ«α» λόγων ἀνέθηκεν
Πλούταρχον σταθερῆς ἕρμα σαοφροσύνης" ὃς καὶ τρὶς ποτὶ νηὸν ᾿Αθηναίης ἐπέλασσεν
ναῦν ἐλάσας ἱερήν. πλοῦτον ὅλον προχέας. «Le peuple d'Érechthée a consacré [cette statue] du roi de l'éloquence, Plutarque, pilier de ferme sagesse, lui qui, par trois fois, est monté au temple d'Athéna en conduisant le vaisseau sacré, répandant à flots sa fortune ».
Cette inscription, trouvée à Athénes en remploi dans le mur d'une église aujourd'hui détruite, est une épigramme (deux distiques élégiaques) par laquelle la ville d'Athénes honore Plutarque pour avoir financé par trois fois la procession des Panathénées. Comme le remarque Robert 10, p. 96, l'expression de βασιλεὺς λόγων «roi de l'éloquence » était «un titre que la flatterie employait, au IV* et au V* siècle comme au II*, pour les grands rhéteurs », et la fin du dernier pentamètre,
πλοῦτον ὅλον προχέας, contient un jeu de mots sur le nom de Πλούταρχος «qui a répandu à flots sa fortune ». (3) IG II? 5, 13283 [= IG II? 3, 1, 4224]. Cf. Robert 10, p. 73, 95-96 ; Frantz 28, p. 63-64 et pl. 47c ; Taormina 4, p. 251-252 (fr. 70) ; Sironen 23, p. 50-51 (n? 31); Saffrey 30, p. 167 [p. 173]; Puech 25, p. 390-391 (n? 207); Di Branco 6, p. 125. τὸν θεσμῶν ταμίην 'Ερχούλιον, ἀγνὸν ὕπαρχον, Πλούταρχος μύθων ταμίης ἔστησε σοφιστής. «Du
gardien du trésor des lois, Herculius, préfet sans reproche, le sophiste Ploutarchos,
gardien du trésor des discours, a dressé [la statue] » (trad. Puech 25, p. 390).
Cette inscription était gravée dans un bloc du mur ouest de la bibliothéque d'Hadrien (édifiée en 132, gravement endommagée lors de l'invasion des Hérules en 267 et par Alaric en 396, restaurée au début du V* siècle: cf. 31 A. Karivieri, « The So-Called Library of Hadrian and the Tetraconch Church in Athens », dans Castrén 24, p. 89-113), à gauche de l'entrée, au-dessus de la statue à laquelle elle se référait. C'est une épigramme (deux hexamétres) dans laquelle le sophiste
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Plutarque affirme élever une statue en l'honneur d’Herculius, préfet du prétoire de l'Illyricum dans les années 408-410 (PLRE
Il, s.v. Herculius 2, p. 545). A la diffé-
rence de l'expression βασιλεὺς λόγων de la précédente inscription, assez fréquente, l'expression μύθων ταμίης « gardien du trésor des discours » que l'on lit dans cette inscription, n'est attestée que chez Euripide, 7road. 231, oü elle se référe au
messager
qui revient du camp
grec
apporter des nouvelles:
xai
μὴν
Δαναῶν ὅδ᾽ ἀπὸ στρατιᾶς | κῆρυξ, νεοχμῶν μύθων ταμίας. | στείχει ταχύπουν ixvog ἐξανύτων
(l’affirmation de Sironen 23, p. 50: «The
words μύθων ταμίης
are a nice sophistic pun, which serves as the counterpart to θεσμῶν ταμίην » ne fait pas droit à cette source poétique). L'identification du Plutarque mentionné dans ces deux inscriptions avec le scholarque a fait l'objet d'un long débat (résumé par Di Branco 6, p. 125-127). qui a divisé les savants en partisans et adversaires de l'identification : - en faveur de l'identification: 32 U. von Wilamowitz, ap. G. Kaibel, Epigrammata Graeca ex lapidibus, Berolini 1878, n? 910 (p. 376); 33 E. Groag. Die Reichsbeamten von Achaia in spätrömischer Zeit, coll. « Dissertationes Panno-
nicae. Ser. I» 14, Budapest 1946, p. 60; 34 J. S. Creaghan et A. E. Raubitschek, «Early
Christian
Epitaphs
from
Athens»,
Hesperia
16,
1947, p. 1-54, en
part.
p. 27 ; 35 A. Frantz, «From Paganism to Christianity in the Temples of Athens», DOP 19, 1965, p. 185-205, en part. p. 192, 196; 36 Ead.. «Herculius in Athens: Pagan or Christian ? », dans Akten des VII. Internationalen Kongresses für christliche Archáologie, Trier 5-11 September 1965, coll. «Studi di Antichità Cristiana» 27, Città del Vaticano/Berlin 1969, t. I, p. 527-530, et t. II, pl. CCLVII, en part. p. 528; 37 H. J. Blumenthal, «529 and its Sequel: What Happened to the Academy 2», Byzantium 48, 1978, p. 369-385 (repris dans 38 /d., Soul and Intellect. Studies in Plotinus and Later Neoplatonism, Aldershot 1993, étude XVIII). en part. p. 373-375; 39 G. Fowden, « The Pagan Holy Man in Late Antique Society », JHS 102, 1982, p. 33-59, en part. p. 51; Frantz 28, p. 63-64; 40 G. Fowden, c.r. de Frantz 28, dans JRA 3, 1990, p. 494-501, en part. p. 499 et n. 30; Di Branco 6, p. 124-128 ; Watts 7, p. 93-95. — contre l'identification: Robert 10, p. 95-96 (bien que la question ne soit pas discutée explicitement, il est évident que Robert distingue les deux personnages, puisqu'il ne fait aucune mention du scholarque, parle de « Ploutarchos un célébre sophiste athénien du V* siécle, connu par deux inscriptions d'Athénes» [p. 95] et associe Apronianus [/G II? 5, 13284 = IG I? 3, 1, 4225 ; cf. Puech 25, p. 123-124 (n? 29)] et Plutarque comme deux sophistes qui ont tous deux honoré Herculius d'une statue [p. 73]). L'autorité écrasante de L. Robert s'étant imposée, la distinction des deux Plutarque a été soutenue par Saffrey et Westerink 3, t. I. p. XXX n. 2; 41 F. Millar, «P. Herennius Dexippus: The Greek World and the Third-Century Invasions », JRS 59, 1969, p. 12-29, en part. p. 17 et n. 64: 42 P. Castrén, « The Post-Herulian Revival of Athens», dans S. Walker et A. Cameron (édit.), The
Greek Renaissance in the Roman Empire. Papers from the Tenth British Museum Classical Colloquium, coll. « Bulletin Supplement » 55, London 1989, p. 45-49, en
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PLUTARQUE
D'ATHÈNES
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part. p. 47 ; Saffrey 30, p. 167-168 [p. 173-174] ; Saffrey et Segonds 5, p. 14 n.8 [p. 103-104] ; Puech 25, p. 394-395. L'unique argument contre l'identification consiste à affirmer que les attributs qui désignent Plutarque dans les deux inscriptions (βασιλεὺς λόγων, μύθων rauí£nc, σοφιστής), ne sauraient s'appliquer qu'à un rhéteur, et non pas à un philosophe, et puisque les deux professions de philosophe et de rhéteur ou sophiste sont nettement séparées, les deux personnages doivent étre distingués. En réalité, un tel argument, s'inspirant de la notion platonicienne et classique qui oppose les sophistes aux philosophes, ignore les nouveaux rapports qui se sont instaurés entre philosophie et rhétorique pendant l'antiquité tardive, si bien que, pour désigner cette nouvelle sophistique qui s'épanouit aux IV* et V* siécles, l'on a proposé de l'appeler «troisième sophistique » (cf. 43 P.-L. Malosse et B. Schouler, « Qu'est-ce que la troisiéme sophistique ? », Lalies. Langue et littérature 29, 2009, p. 161-224). A cause de cela, pendant l'antiquité tardive, les termes de "philosophe", “sophiste” et “rheteur”, loin d'étre incompatibles comme c'est le cas à l'époque classique, désignent souvent la méme personne (cf. Tod 27, p. 138 n. 93; 44 G. W. Bowersock, Greek Sophists in the Roman Empire, Oxford 1969, p. 1112; Fowden 39, p. 43-45 ; Frantz 28, p. 63-64 ; 45 P. A. Brunt, « The Bubble of the Second Sophistic », BICS 39, 1994, p. 25-52, en part. p. 49-50; Di Branco 6, p. 126). Tel est, par exemple, le cas de Lacharès (»*L 3), qui assiste à la première rencontre entre Syrianus et Proclus, et que Marinus, Proclus 11, 5-9, définit comme «un homme qui s'était entiérement imprégné des doctrines de la philosophie et avait été en ce domaine condisciple du philosophe lui-méme [sci/. Proclus], bien que son talent de sophiste lui eût valu autant d'admiration qu'à Homère son talent de poète » (cf. Saffrey et Segonds 5, p. 13 n. 13 [p. 99-100]). Ce méme Lacharès, que Marinus célèbre en tant que sophiste, tout en reconnaissant sa profonde culture philosophique, est défini par Damascius, V. Isid., fr. 140, p. 121, 7 Zintzen (= fr. 62A, li. 7 Athanassiadi), comme «digne d’être appelé plutôt philosophe que sophiste»: preuve que les deux termes, malgré leur différente connotation, peuvent dénoter le méme personnage dans un milieu oü philosophie et rhétorique ne sont que deux aspects d'un méme idéal culturel. La preuve la plus évidente de la proximité et de la complémentarité de philosophie et rhétorique au début du V* siécle est fournie par Syrianus, éléve et successeur de Plutarque à la tete de l'école d’Athenes. En effet, sa production comprend, à cóté de commentaires sur Aristote et Platon, deux commentaires sur Hermogène. Or, non seulement il est lui-même défini σοφιστής dans l'intitulé des
deux commentaires (cf. Frantz 28, p. 64 n. 45 ; Di Branco 6, p. 127), mais il associe inséparablement sophistes et philosophes dés le début de son exégèse (cf. 46 C. Luna, notice «Syrianus d'Alexandrie», à paraître dans DPhA VI, ὃν « Commentaires sur Hermogéne »): Syrianus, in Hermogenis Περὶ ἰδεῶν, t. I, p. 1, 1-3 et 7-9 Rabe: Συριανοῦ σοφιστοῦ εἰς τὸ περὶ ἰδεῶν Ἑρμογένους a’ ὑπόμνημα [...] τὸ περὶ τῶν στάσεων αὐτοῦ σύγγραμμα, 6 δὴ πολλοί γε καὶ ἄλλοι σοφιστῶν τε καὶ τῶν Πλατωνικῶν φιλοσόφων ὑπομνηματίζειν οὐκ
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ἀπηξίωσαν («De Syrianus le Sophiste, Commentaire sur le premier livre des Catégories de srvle d'Hermogene [...] son traité Sur les états de cause. que bon nombre de sophistes et de professeurs
de
philosophie
platonicienne
n'ont
pas
refusé
de
commenter»);
/d., in Hermogenis
Περὶ
στάσεων. t. II. p. I, 1-8 Rabe: XyóAia εἰς τὰ μέχρι στοχασμοῦ τῆς Ἑρμογένους τέχνης xai εἰς τὰς ιδ΄ στάσεις Συριανοῦ σοφιστοῦ. [inc.] Πολλῶν ἤδη φιλοσόφων TE καὶ σοφιστῶν πραγματείας («Scholies de états de cause. cré des travaux
οὐ σμιχρὰς εἰς ἐξήγησιν τῆς Ἑρμογένους καταδαλομένων τέχνης κτλ. Syrianus le Sophiste sur l'Art d'Hermogéne (jusqu'à la conjecture) et sur les 14 [inc.] Bon nombre de professeurs de philosophie et de sophistes ayant déjà consaconsidérables à l'exégèse de l'Art d'Hermogéne etc.»); voir aussi ibid.. p. 15, 3-
4: ὡς μηδένα τῶν μετ᾽ αὐτὸν φιλοσόφων À σοφιστῶν προσθεῖναί τι ἢ ἀφελεῖν τοῦ ὅρου («de sorte qu'aucun des professeurs de philosophie ou des sophistes venus aprés lui n'a ajouté ou retranché quoi que ce soit à cette définition »).
Dans le cas de Plutarque d' Athénes. son intérêt pour la rhétorique est attesté par son commentaire sur le Gorgias (cf. Blumenthal 37, p. 374), dans lequel il donnait une définition de cette discipline tout à fait conforme à la doctrine rhétorique tardive (cf. infra, p. 1092).
Il est évident que si l'on acceptait la distinction des deux Plutarque, il faudrait aussi distinguer deux Syrianus, l'un philosophe et l'autre sophiste. Or, l'hypothèse selon laquelle il aurait existé, dans le petit milieu paien et savant de l'Athénes du début du V* siécle, deux Plutarque et deux Syrianus, et que, dans les deux cas, l'un des deux homonymes serait philosophe, l'autre, sophiste, est tout à fait invraisemblable. Au contraire, le lien existant entre la famille de Plutarque d'Athénes et la procession des Panathénées apporte une précieuse confirmation à l'identification des deux Plutarque (cf. Fowden 39, p. 51 n. 147; Di Branco 6, p. 127-128). Comme on vient de le voir, l'inscription /G II? 5, 13281, rend hommage à Plutarque «roi de l'éloquence» pour avoir, par trois fois, financé la procession des Panathénées. Or, l'implication de la famille de Plutarque d' Athénes dans les Panathénées est attestée par Damascius, V. Isid., fr. 273, p. 217 Zintzen (= fr. 105A, p. 250 Athanassiadi], qui rapporte la réponse d’Archiadas, petit-fils de Plutarque d'Athènes, à son futur gendre Théagène, profondément attristé devant la ruine économique de la famille d'Archiadas :
Apyıdöag: οὗτος οἷος ἦν τὴν ψυχὴν ἀπεδείκνυτο: πλείστων γὰρ αὐτῷ χρημάτων διηρπασμένων. ἐπειδὴ ἤσθετο Θεαγένη ἔτι παιδίον ὄντα λυπούμενον ἐπὶ τοῖς ἀπολωλύσι xai πεπορθημένοις, ὦ Θεάγενες, ἔφη, θαρρεῖν ἤδη σε χρὴ καὶ τοῖς θεοῖς ὁμολογεῖν σωτηρίους
[p. 217, 5 σωτηρίους : an σωτηρίοις leg.?] χάριτας ὑπὲρ τῶν σωμάτων. ὑπὲρ δὲ τῶν χρημάτων οὐκ ἀθυμητέον. εἰ γὰρ Ἀθηνᾶ ἡ Πολιὰς ἐκέλευσεν αὐτὰ ἀναλῶσαι Παναθηναίοις. πόσου ἂν ἐπριάμεθα τὴν δαπάνην ταύτην ; ἀλλὰ τὸν παρόντα ἀγῶνα xai Παναθηναίων ἡγεῖσθαι δεῖ καὶ παντὸς ἑτέρου λαμπρότερόν τε καὶ EUOEGÉOTEpOV (« Archiadas. Celui-ci a bien montre sa vraie nature. En effet, alors que la plus grande partie de sa fortune lui avait été ravie, entendant Théagéne, qui était encore un enfant, se plaindre de la perte de ses biens, il lui dit: "N'aie pas peur, Théagène, et adresse des actions de grâce aux dieux sauveurs pour t'avoir sauvé la vie; quant à l'argent, ne perds pas courage. car si Athéna Poliade avait ordonné de le dépenser pour les Panathénées, combien nous aurait coüté cette dépense! Tu dois regarder la présente épreuve comme plus glorieuse et plus agréable aux dieux que les Panathénées ou toute autre cérémonie" »).
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On ajoutera que l'importance que les néoplatoniciens athéniens attachaient aux Panathénées est confirmée par l'explication détaillée que Proclus en donne en in Tim. 1, p. 84,21 - 85,26 Diehl, et in Parm. 1 618,23- 619,4 Luna-Segonds (cf. 47 Proclus, Commentaire sur le Parménide de Platon, par C. Luna et A.-Ph. Segonds, CUF, t. I, 2° partie, Paris 2007, p. 2 n.11 [p. 175], p.3 n.3 [p. 177], p. 35 n. 1 (p. 211-213]). Le dossier des deux Plutarque comprend encore un passage de Synésius, sur lequel il faut s'arréter, puisqu'il a été invoqué par les tenants des deux théses opposées: 48 Synésios de Cyrene, t. II-III: Correspondance, par A. Garzya et D. Roques, CUF, Paris 2000, Epist. CXXX VI, li. 17-22 (t. III, p. 275) (= fr. 72 T.). Dans cette lettre, écrite en 399, Synésius parle de la décadence d'Athénes où «le
couple des savants Plutarquiens (ἡ ξυνωρὶς τῶν σοφῶν IIAovrapyttov, li. 19-20) rassemble les jeunes gens dans les théátres non pas par la réputation de leurs discours, mais avec des pots de l'Hymette». Pour interpréter correctement
l'expression ἡ ξυνωρὶς τῶν σοφῶν Πλουταρχείων, il faut rappeler que l'emploi métaphorique du d'inséparables, est époque, comme le li. 24 (t. III, p. 215
terme £uvopíc (συνωρίς) “attelage” pour désigner un couple fréquent non seulement chez Synésius, mais, en général, à son remarquent Garzya et Roques 48 dans leur note à l' Epist. XCIV, n. 12 [p. 346]).
Aux textes cités dans cette note, on ajoutera Thémistius, Or. 5, t. I, p. 94, 17-18 Downey: τὴν ξυνωρίδα |...] πατρός τε ἅμα xai viéoc (l'empereur Jovien et son fils); Or. 6, t. I, p. 121, 18: ξυνωρὶς altoxpatöpwv; Or. 8, t. I, p. 175, 12: ἡ ξυνωρίς σοι τῶν στρατηγῶν; Or. 15, t. 1, p. 285, 9-10: ἐν ξυνωρίδι abroxparópov ; Or. 16, t. I, p. 290, 14: ξυνωρὶς δὲ τῶν στρατηγῶν ; Julien l'Empereur, Les Césars, 9, 312 A 5-6, p. 40 Lacombrade : τῆς τῶν ἀδελφῶν ξυνωρίδος,
Βήρου καὶ Aovxíou (Marc Aurèle et Lucius Verus); Himérius, Or. IX, li. 39 (p. 80) Colonna (Sévère
[élève
d'Himérius,
cf. RE
II A
II, s.v. Severus
24, col. 2004]
et son
épouse);
Jean
Chrysostome, in Matthaeum, PG 57, col. 424, 51-52: "O τε γὰρ Φίλιππος xai αἱ δύο ξυνωρίδες
Exeivar al τῶν κορυφαίων [scil. les apôtres Pierre et André, Jacques et Jean); /d., Contra ludos et theatra, PG 56, col. 265, 9-12: xal συνηγόρους ἐλαμδάνομεν τὸν ἅγιον Πέτρον καὶ τὸν μακάριον Ἀνδρέαν, τὴν ξυνωρίδα τῶν ἀποστόλων, etc.
Il est donc évident que par l'expression ἡ ξυνωρὶς τῶν σοφῶν Πλουταρχείων, Synésius veut désigner deux savants liés par un rapport trés étroit de collaboration intellectuelle et de communion spirituelle ; or, Marinus atteste qu'un tel rapport a existé entre Plutarque d’Athenes et Syrianus (cf. Proclus 12, 1-3 et 21-31 ; 29, 32-
35); l'identification la plus raisonnable est donc, selon nous, celle proposée par 49 F. Schemmel, « Die Hochschule von Athen im IV. und V. Jahrhundert p. Ch. n.», JKPh 22, 1908, p. 494-513, en part. p. 506, qui voit dans «les deux savants Plutarquiens »
Plutarque
d'Athénes
et
Syrianus
(pour
d’autres
identifications,
moins vraisemblables, voir la note ad loc. de Garzya et Roques 48, t. III, p. 275 n. 17 [p. 397-398)). L'interprétation de ce passage de Synésius donnée par Saffrey
30, p. 168 [p. 174], selon laquelle l'expression ἡ &uvopic τῶν σοφῶν Πλουταρχείων signifierait les deux Plutarque (le philosophe et le sophiste) et confirmerait ainsi la distinction des deux personnages, doit étre rejetée pour une raison linguistique : comme l'a remarqué Di Branco 6, p. 128 n. 82, s'il avait voulu parler des deux Plutarque, Synésius aurait dit ἡ ξυνωρὶς τῶν σοφῶν Πλουτάρχων, et non
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pas τῶν σοφῶν Πλουταρχείων, locution qui, elle, exclut qu'il puisse s'agir de deux personnes du méme nom. On ajoutera que le terme de ξυνωρίς au sens de "couple d'inséparables" commun que le nom.
ne saurait désigner deux
personnages
qui n'auraient en
Il est en outre important de remarquer, avec Fowden 40, p. 499 n. 30, qu'une partie importante de la tradition manuscrite porte ἡ ξυνωρὶς σοφιστῶν τῶν Πλου-
ταρχείων au lieu de ἡ ξυνωρὶς τῶν σοφῶν IIAovrapyetov. En effet, la leçon ἡ ξυνωρὶς τῶν σοφῶν TIAovrapyelwv, accueillie dans le texte par Garzya et Roques 48, est minoritaire, car elle n'est attestée que par trois mss. (AvMP, dont Av appartient à la famille x, alors que M et P restituent l'hyparchétype A, branche non
contaminée
de la famille y) et, avec
une
variante
(ἡ ξυνωρὶς
σοφῶν
τῶν
Πλουταρχείων), par le ms. U (famille x), alors que le reste de la tradition manuscrite (les six mss. ACILVVa, tous appartenant à la famille x) porte ἡ ξυνωρὶς
σοφιστῶν
τῶν
Πλουταρχείων.
Puisque
la
tradition
manuscrite
des
Lettres de Synésius est trés contaminée (parmi les mss. qui contiennent la lettre CXXXVI, L est contaminé par y), la constitution du texte peut difficilement suivre un critére mécanique (cf. Garzya et Roques 48, t. II, p. CXXXIII-CXLII). Nous pensons que le choix textuel de Garzya et Roques 48 (σοφῶν) est sujet à caution. 1} est, en effet, plus probable que σοφιστῶν se corrompe en σοφῶν que l'inverse; en outre, la leçon ἡ ξυνωρὶς σοφιστῶν τῶν Πλουταρχείων. plus élégante, s'explique difficilement comme une corruption à partir d'une leçon plus banale ; finalement, la correction de σοφιστῶν en σοφῶν à la li. 20 peut avoir été suggérée par l'expression ἑστία σοφῶν à la li. 18. S'il en est ainsi, le passage de Synésius, où il est explicitement question de l'état des études philosophiques à Athénes, apporterait une confirmation supplémentaire à l'identification de Plutarque σοφιστής avec le scholarque. Place de Plutarque d'Athénes dans le néoplatonisme. La perte de la totalité de l’œuvre de Plutarque d'Athènes, à l'exception d'un nombre réduit de fragments (cf. infra, p. 1090), rend délicate l'évaluation du róle qu'il a joué dans le développement du néoplatonisme post-jambliquéen. Beutler 1, col. 963, 10-29, a essayé de nier tout lien entre Jamblique (»+J 3) et Plutarque d'Athénes, en insistant sur la prétendue sobriété exégétique de ce dernier, la simplicité de sa métaphysique, et
son esprit critique tout à fait étranger à la théurgie, de telle sorte que Plutarque, au lieu d'étre un intermédiaire entre l'école de Jamblique et ses propres éléves Syria-
nus, Hiéroclès et Proclus, aurait plutôt brisé la continuité de la lignée JambliqueSyrianus-Proclus (cf. Beutler 1, col. 963, 24-29).
L'interprétation de Beutler a été reprise et accentuée par Évrard, qui a élaboré l’hypothese suivante: Plutarque dépendrait non pas de Jamblique, mais de Porphyre (»*P 263) (cf. Évrard 2, p. 391-397), dont il aurait connu les ouvrages grâce à la bibliothèque de Longin
cette
bibliothéque
Porphyre
que
concernant
Nestorius la théurgie,
haurienda ; la bibliothèque
(**L 63) à Athènes;
ce serait encore
l'hiérophante
aurait
connu
par
le De
philosophia
exemple
athénienne de Longin
grâce à
les ouvrages ex
de
oraculis
serait donc à l'origine et du
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PLUTARQUE D’ATHENES
néoplatonisme
non-jambliquéen
de
Plutarque
et
1089
de
la
théurgie
de
Nestorius
(cf. Évrard 2, p. 398-406). Une telle hypothése se heurte à d'insurmontables difficultés. (a) Il devient impossible de savoir par quelle voie les disciples directs de Plutarque, c'est-à-dire Hiéroclés, Syrianus et Proclus, ont connu
les doctrines de Jamblique
(comme
le
reconnaît Évrard 2, p. 406). (b) Hiéroclès (De providentia, livre VII, ap. Photius, Bibl., cod. 214,
173 a 32-40, t. III, p. 129-130
l'enseignement de son maitre (καθηγητής)
Henry)
se réclame explicitement de
considéré comme
l'aboutissement de
l'authentique tradition platonicienne, depuis Ammonius Saccas (»*A 140), en passant par Plotin (**P 205), Origene (»*O 41), Porphyre et Jamblique (cf. 50 H. S. Schibli, Hierocles of Alexandria, Oxford 2002, p. 6-7). (c) Proclus parle de Plutarque et de Syrianus comme ses maîtres ou pères, en les associant inséparablement (cf. in Remp. II, p. 64, 6-8 Kroll [= fr. 3 T.], texte cité supra, p. 1077; Theol. plat. IV 23, p. 70, 12-17 Saffrey et Westerink [= fr. 64 T.], cf. Saffrey et Westerink 3, t. IV, p. 70 n. 3 [p. 168]). (d) Marinus, Proclus
12, 1-31 ; 29, 32-35,
témoigne de la communion de vie et d'enseignement de Plutarque et de Syrianus. (e) Les affirmations d'Évrard 2 concernant le contenu et le sort de la bibliothèque de Longin à Athènes ne reposent sur aucun fondement. (f) Il est impossible d'expliquer les pratiques théurgiques de Nestorius, indubitablement proches de Jamblique, par la connaissance des ouvrages de Porphyre dont l'attitude à l'égard de la théurgie était fortement réservée. (g) Priscien de Lydie (**P 280) (texte [b] cité supra, p. 1076) rapproche étroitement, pour leur exégése aristotélicienne, Jamblique et Plutarque, qualifiés d'«authentiques interprètes d'Aristote», en témoignant ainsi du lien existant entre les deux philosophes. De telles difficultés imposent donc de rejeter définitivement l'hypothése d'Évrard (voir aussi 51 I. Hadot, Le probléme du néoplatonisme alexandrin, Paris 1978, p. 74, Taormina 4,
p. 38-40). Les hypothéses de Beutler I et d'Évrard 2 une fois écartées, il faut placer Plutarque d'Athénes dans le développement du néoplatonisme post-jambliquéen. Le milieu culturel dans lequel il a reçu sa formation philosophique, a été reconstitué par Saffrey et Westerink 3, t. I, p. XXXV-XLVIII, qui ont mis en évidence le rapport trés étroit qui relie l'école néoplatonicienne de Syrie, fondée par Jamblique, à l'école d’Athenes par l'intermédiaire des disciples de Jamblique, tels que Jamblique II d'Apamée (»*J 2), petit-fils de Sopatros d'Apamée, élève et successeur de Jamblique (voir aussi 52 D. J. O'Meara, Pythagoras Revived. Mathematics and Philosophy in Late Antiquity, Oxford 1989, p. 109-111). Cette nouvelle orientation de
l'enseignement
philosophique
à Athénes
qui, jusqu'au
milieu
du
IV*
siécle, était resté étranger à la philosophie néoplatonicienne, explique que Plutarque soit considéré comme le premier scholarque de l'école néoplatonicienne d' Athénes. L'importance du rôle joué par les élèves de Jamblique dans la diffusion du néoplatonisme jambliquéen à Athènes avait déjà été soulignée par 53 J. Daniélou, « Eunome l'arien et l’exégèse néo-platonicienne du Craryle », REG 69, 1956, p. 412-432, en part. p. 424-429, qui voit en Nestorius l'hiérophante
1090
PLUTARQUE D’ATHENES
P 209
plutôt qu'en Plutarque le fondateur de l'école néoplatonicienne d'Athènes (cf. p. 424 et 429). Bien que la théurgie constitue une composante essentielle de la pensée de Jamblique et des néoplatoniciens de l’école d'Athénes, il est difficile de considérer Nestorius, dont on ne connait aucun ouvrage philosophique, comme un véritable philosophe et donc comme le fondateur de l'école d'Athénes, à supposer
que l'on puisse parler de « fondation » dans le cas de l'école d'Athénes, communauté philosophique privée qui vivait du revenu de ses biens et n'était liée à l'Académie de Platon par aucune continuité, ni géographique, ni institutionnelle. ni économique (cf. Hoffmann 16, p. 547-548, 550). (Euvres. Aucun écrit de Plutarque d'Athénes n'a été conservé. On peut lui attribuer avec certitude des commentaires sur le De anima. sur le Phédon et sur le Parménide (= fr. 18-63 T.). Dans d'autres cas (= fr. 66-76 T.), l'attribution de
fragments ou témoignages à Plutarque d'Athénes a été considérée comme controversée à cause d'une possible confusion, soit avec Plutarque de Chéronée (**P 210) (= fr. 66-68, 73-76 T.), soit avec Plutarque
le sophiste (fr. 69-72 T.).
Puisque, comme on l'a montré, Plutarque le sophiste doit étre identifié avec Plutarque le scholarque, les fr. 69-72 T. (à savoir les trois inscriptions et le passage de la lettre CXXXVI
de Synésius)
recueil
4 à la section
de
Taormina
doivent
passer de la section
«Vie,
école,
actuellement les fr. 1-17 T.). En ce qui concerne
ouvrages»
des Dubia
(qui
du
comprend
les fr. 66-68 et 73-76 T., nous
allons montrer que les fr. 66-68 appartiennent sans aucune espéce de doute à Plutarque de Chéronée, alors que les fr. 73-76 doivent étre attribués sans hésiter à Plutarque d'Athénes. La section Dubia du recueil de Taormina 4 n'a donc plus raison d'étre. I.
Ouvrages
d'attribution
certaine
(1) In Aristotelis De anima. Comme le rapporte Marinus. Proclus 12, 9-11, Proclus lut le De anima d'Aristote et le Phédon de Platon sous la direction de Plutarque. Du commentaire sur le De anima de Plutarque, il reste 41 fragments (= fr. 18-58 T., comm. p. 169-238): 2] fragments sont transmis par le Ps.-Philopon (2+P 164) (éd. M. Hayduck, CAG
XV : le commentaire sur les livres I-II, p. 1-445,
est dà à Philopon, le commentaire sur le livre III, p. 446-607, n'est pas de Philopon et doit probablement être attribué à Étienne d'Alexandrie. cf. Saffrey et Segonds 5. p. XXX n. 2), 15 par le Ps.-Simplicius (éd. M. Hayduck, CAG XD), 3 par Priscien de Lydie, Metaphrasis in Theophrastum (éd. I. Bywater, CAG Suppl. I 2). et 2 par
Philopon
(éd. cit.). La plupart des fragments
commentaire
de
Plutarque
comportait
sans
(35) concernent
aucun
doute
une
le livre III. Le exégèse
littérale
(cf. fr. 26, 30, 32 T.). Plutarque utilisait le commentaire d' Alexandre d'Aphrodise (**A 112. cf. en part. p. 131 n? 14), qu'il critiquait parfois assez durement: dés la première ligne du texte aristotélicien, Plutarque rejetait l'exégese d'Alexandre en l'accusant de vouloir non pas interpréter Aristote, mais exposer ses propres théories en forgant le texte aristotélicien (cf. Philopon, in De anima, p.21, 20-27
[= fr. 18 T.]) : pour d'autres points de désaccord entre Plutarque et Alexandre, voir
P 209
PLUTARQUE D’ATHENES
1091
les fr. 29, 32, 35, 52, 54, 56, 58 T. L’affirmation de Beutler 1, col. 964, 47-50, selon laquelle Plutarque se serait borné à reprendre l'exégése de détail fournie par Alexandre, et n'aurait critiqué que la théorie de l'intellect exposée par Alexandre dans son commentaire sur De anima IIL 3, ne rend pas compte des données textuelles : cf. 54 H.J. Blumenthal, « Plutarch's Exposition of the De anima and the Psychology of Proclus », dans De Jamblique à Proclus, coll. « Entretiens sur
l'Antiquité
classique»
21, Vandœuvres-Genève
1975, p. 123-147
(repris dans
Blumenthal 38, étude XI); 55 /d.. « Alexander of Aphrodisias in the later Greek commentaries on Aristotle's De anima », dans J. Wiesner (édit.), Aristoteles. Werk
und Wirkung. Paul Moraux gewidmet, t. Il, Berlin/New York 1987, p. 90-106 (repris dans Blumenthal 38, étude XIV); Taormina 4, p. 28-31, 72-93; 56 Η.]. Blumenthal, Aristotle and Neoplatonism in Late Antiquity. Interpretations of the De anima, London 1996, p. 56-57, 107-109 et passim ; sur le fr. 42 T., concernant la nature de l'intellect agent, voir aussi Saffrey et Segonds 5, p. XXX-XXXIV. (2) In Platonis Phaedonem. Marinus, Proclus 12, 11-15, rapporte que Proclus lut le Phedon avec Plutarque qui l'engagea à faire une copie au net de ses explications. Il y a trace de l’exégèse de Plutarque (= fr. 59-61 T., comm. p. 238-240),
probablement par l'intermédiaire du commentaire de Proclus (cf. Luna et Segonds 17, n? 10, infra, p. 1569), dans le commentaire de Damascius, in Phaed. I, $ 100, 4-5 Westerink (= fr. 59 T.); I, ὃ 503, 4 (= Damascius, in Phaed. II, ὃ 114, 2, où
cependant le nom de Plutarque a disparu) (ces deux derniers passages, à savoir I, 8 503, 4 et II, ὃ 114, 2, constituent respectivement les fr. 60 et 61 T.: en réalité,
puisque le second du premier, il n'y 969, 33 - 970, 54; Commentaries on 17.
passage n'est qu'une version légérement différente et anonyme a pas lieu d'en faire deux fragments distincts). Cf. Beutler 1, col. Blumenthal 54, p. 130-131; 57 L.G. Westerink, The Greek Plato's Phaedo, vol. 1: Olympiodorus, Amsterdam 1976, p. 16-
(3) In Platonis Parmenidem.
11 ne reste que deux
fragments
(= fr. 62-63 T.,
comm. p. 241-249), dont l'un est transmis par Proclus, in Parm. VI 1058,21 1061,20 Cousin, l'autre par Damascius, in Parm. IV, p. 84, 5-9 WesterinkCombès. Le premier revêt une trés grande importance, parce qu'il concerne la division des hypothèses dans la deuxième partie du Parménide (cf. Saffrey et Westerink 3, t. l, p. LXXV-LXXXIX). Plutarque revient à la division en neuf hypothéses (aprés la division en dix hypothéses soutenue par le "philosophe de Rhodes"), établit la correspondance entre les hypothèses qui posent l'existence de l’Un (2° à 5°) et celles qui la nient (6° à 9°), et retrouve dans la République et dans le Timée les principes divins qui font l'objet des cinq premières hypothèses : dieu (1* hypothèse) est le Bien suressentiel (Resp. VI, 509 B 9); l'intellect et l'àme
(2° et 3° hypothéses) sont les intelligibles (Tim. 28 A 1-2); les formes et la matiére (4° et 5° hypothèses) sont les sensibles (Tim. 28 A 2-4). Sur le second fragment,
voir la note de Westerink et Combes 18, p. 84 n. 4 [p. 189-190], qui font remarquer qu il est peu probable que Damascius ait lu directement le commentaire de Plutarque sur le Parménide. Voir aussi Taormina 4, p. 55-72.
1092 II.
PLUTARQUE D’ATHENES Problèmes
P 209
d'attribution
Les fr. 66-68 T., tirés du Kitäb al-Fihrist d'Ibn-al-Nadim (écrit en 987), se rapportent sans aucun doute à Plutarque (ou Ps.-Plutarque) de Chéronée : - fr. 66 T. = Ibn-al-Nadim, Kirab al-Fihrist, éd. G. Flügel. 2 vol., Leipzig 1871-1872, VII 1, t. I. p. 246. 24-25 (2° liste des œuvres de Platon): « Timée, à propos duquel a parlé Plutarque, d'après le manuscrit de Yahya [=Yahya ibn-' Adr. élève d'al-Farábi et chef des aristotéliciens de Baghdad au milieu du X* siècle, source de Ibn-al-Nadim, qui l'a connu personnellement et a eu acces à ses notes manuscrites: cf. 58 D. Gutas, Greek Thought, Arabic Culture. The GraecoArabic Translation Movement in Baghdad and Early 'Abbasid Society (2nd-4th/Sth- 10 centuries). London/New York 1998, p. 100-104] ». Il s'agit du De animae procreatione in Timaeo de Plutarque de Chéronée (éd. H. Cherniss, dans Plutarch's Moralia. XIII 1, coll. LCL, Cambridge [Mass.]/London 1976, p. 131-365). Aucun commentaire sur le Timee n'est attesté pour Plutarque d'Athénes.
- fr. 67 T. = Ibn-al-Nadim. Kitdb al-Fihrist, VII 1, t. I. p. 254, 17-18 Flügel: «Un autre Plutarque. Parmi ses livres: Livre sur les fleuves, leurs caractéristiques, choses extraordinaires qui se trouvent en eux, montagnes, et d'autres choses encore». Il s'agit du Ps.-Piutarque, De fluviis (éd. G. N.
Bernardakis
dans
Plutarchi
Chaeronensis
Moralia,
coll. BT,
t. VII, Leipzig
1896, p. 282-328: Περὶ ποταμῶν xai ὀρῶν ἐπωνυμίας xai τῶν ἐν αὐτοῖς εὑρισκομένων). Le De fluviis du Ps.-Plutarque de Chéronée est antérieur à Plutarque d’Athenes. puisqu'il a été utilisé par Sopatros d'Apamée, élève de Jamblique, dans le livre IX de ses Extraits variés (perdus) lus
par Photius, Bibl.. cod. 161, 104 b 1-2, t. II, p. 127 Henry: ἐκ τῶν Πλουτάρχου [...] Ex TE τοῦ περὶ ποταμῶν. - fr. 68 T. = Ibn-al-Nadim, Kirab al-Fihrist, ΝΤῚ 3. (liste des œuvres d’al-RäzT), t. I. p. 301,5 Flügel: «Commentaire du livre de Plutarque qui commente le Timée ». Il s'agit, ici aussi. du De animae procreatione in Timaeo de Plutarque de Chéronée (cf. ci-dessus, fr. 66 T.).
Les fr. 69-72 T. se rapportent à Plutarque d'Athènes: — fr. 69-71 T. = inscriptions /G 112 5, 13286, 13281 et 13283 (cf. supra, p. 1081-1084). - fr. 72 T. = Synésius, Epist. CXXXVI,
p. 1087).
li. 17-22, t. III, p. 275 Garzya-Roques
(cf. supra.
Les fr. 73-75 T. sont tirés d'un commentaire de Plutarque sur le Gorgias. L'attribution de ce commentaire à Plutarque d'Athénes est considérée comme incertaine par Beutler 1 (col. 969, 23-32), Taormina 4, p. 253-254, et 59 F.H. Sandbach, Plutarch's Moralia, XV: Fragments, coll. LCL, Cambridge (Mass.)/ London 1969, fr. *197, *198, *199 (p. 364-365), qui pense que l'on ne dispose
d'aucun élément pour établir s'il s'agit de Plutarque de Chéronée ou de d’Athenes. Nous pensons, au contraire, que le contenu et le contexte mission du fr. 73 imposent de l'attribuer à Plutarque d'Athénes, et que, quent, les fr. 74 et 75, trés brefs, proviennent, eux aussi, du commentaire
Plutarque de transpar conséde Plutar-
que d'Athénes
les auteurs
sur le Gorgias.
Notons, d'une
maniére
générale, que
néoplatoniciens. d’où ces fragments sont tirés, font parfaitement la différence entre Plutarque d'Athénes, appelé toujours « Plutarque » sans précision, et Plutarque de Chéronée, toujours désigné par son ethnique (voir par ex. Damascius, in Phaed. | 8 275-292 Westerink, et la note ad loc., p. 166-167) ou bien accompagné de noms de philosophes médio-platoniciens qui servent à l'identifier sans ambiguité. - fr. 73 T. (= fr. *197 Sandbach). Il s’agit d'une définition de la rhétorique tirée de l'appendice aux Prolegomena in Hermogenis ΠΕΡῚ ETAZEQN, éd. H. Rabe, dans Prolegomenon Sylloge.
P 209
PLUTARQUE D’ATHENES
1093
coll. BT («Rhetores Graeci » 14), Leipzig 1931, réimpr. StuttgarV/Leipzig 1995, n? 13, p. 217, 3-9 (le fragment est mal délimité par Taormina 4, qui y rattache fautivement les lignes 10-13, qui contiennent une définition du discours intérieur et du discours proféré, sans aucun rapport avec la définition de la rhétorique qui précède) :
"Ex τῶν FAovrapyov eig τὸν Πλάτωνος Γοργίαν: Ὅρος ῥητορικῆς xarà Γοργίαν “ῥητορική ἐστι τέχνη περὶ λόγους τὸ κῦρος ἔχουσα. πειθοῦς δημιουργὸς Ev πολιτιχοῖς λόγοις περὶ
παντὸς
τοῦ
προτεθέντος
πιστευτικῆς
καὶ
οὐ
διδασκαλικῆς:
εἶναι
δὲ
αὐτῆς
τὴν
πραγματείαν ἰδίαν μάλιστα περὶ δίκαια καὶ ἄδικα, ἀγαθά τε xai xaxá, καλά τε καὶ αἰσχρά" (« Tiré du Commentaire de Plutarque sur le Gorgias de Platon. Définition de la rhétorique selon Gorgias : "La rhétorique est un art dont l'autorité s'exerce dans le domaine des discours [cf. Gorg. 449 E 1,450
B 8-C 2]. une ouvrière de persuasion [cf. Gorg. 453 A 2] sur n'importe quel sujet
proposé dans les discours politiques, une persuasion qui amène à croire et ne transmet aucun enseignement [cf. Gorg. 454 E 9-455 A 1]; son domaine particulier, [dit-il], concerne principalement le juste et l'injuste (cf. Gorg. 454 E 6-7, 455 A 1-2 et 4]. le bien et le mal. le beau et le laid [cf. Gorg. 459 D 1-2]" »). Cette définition reproduit les déclarations de Gorgias dans le dialogue homonyme. Il faut remarquer que la définition de Gorgias est souvent discutée dans les prolégomènes à la rhétorique. mais la citation n'est jamais aussi exacte que celle de Plutarque. Cependant, cette définition comporte, par rapport au texte de Platon, une addition significative, qui suppose que la définition provient d'un contexte purement rhétorique, certainement étranger à Plutarque de Chéronée, et typique de l'antiquité tardive: les discours sont dits « politiques ». Une telle addition (qui pourrait avoir été suggérée par Gorg. 452 E 1-4) dans la définition de la rhétorique est expliquée par l'auteur anonyme du Préambule à la rhétorique (V* s. ap. J.-C.). dans Corpus Rhetoricum, éd. M. Patillon, CUF, t. I, Paris 2008, $ 11, 1-21 (p. 31-32), par la nécessité de distinguer la rhétorique par rapport à la dialectique, qui fait le même office sur tout sujet quel qu'il soit ; voir aussi Troilus le Sophiste (IVe-ve s.), Prolegomena in Hermogenis Artem rhetoricam, dans Prolegomenon Sylloge, n° 5, p. 57, 8-21 Rabe; Jean Doxapatrés (xIe s.), Prolegornena in Aphihonii Progymnasmata, ibid., n° 9, p. 106, 15-17 Rabe. Cela montre que la définition attribuée à Plutarque est une réélaboration de la définition donnée dans le Gorgias, réélaboration qui suppose le monde de la rhétorique tardive (sur la définition de la rhétorique, élément essentiel des prolégoménes à la rhétonque tardifs ou byzantins, cf. Malosse et Schouler 43, p. 214-218). On remarquera aussi que cette définition de la rhétorique par Plutarque (p. 217, 3-9) est précédée (p. 216. 13 - 217, 2) par un extrait tiré de Syrianus, in Hermogenis Περὶ στάσεων. t. IT, p. 59.9-21 Rabe, et suivie (p. 217, 14-18) de la définition de la rhétorique par Sopatros (IV* s. ap. J.-C.): ainsi enchássé entre Syrianus et Sopatros, le fragment de Plutarque doit, lui aussi, provenir du monde de l'antiquité tardive. L'argument invoqué par Sandbach 59 dans sa note au fr. *197 (p. 365-366), à savoir que Plutarque de Chéronée a parlé de Gorgias dans les fr. 186 et 192, ne prouve nullement qu'il ait écrit un commentaire sur le Gorgias de Platon. - fr. 74 et 75 T. (= fr. *198 et *199 Sandbach). Ces deux brefs fragments font partie du corpus des scholies anciennes et concernent respectivement Gorg. 463 B 1-2 (τῆς ἐπιτηδεύσεως)
et 495 D 1 (ὦ σοφώτατε σύ): cf. 60 Scholia Platonica, ed. G. C. Greene, coll. « Philological Monographs » 8, Haverfordiae [Haverford, Pa.) 1938, réimpr. Chico (Calif.) 1981, p. 138 = 61 Scholia Graeca in Platonem, ed. D. Cufalo, t. 1: Scholia ad dialogos tetralogiarum I-VII continens,
coll.
«Pleiadi»
5.1,
Roma
2007,
Gorg.
137
(p.217)
et
318
(p.242).
Les
deux
fragments paraissent provenir d'un commentaire (qui comportait une exégese littérale) et, en ce cas, étre solidaires du sort du fr. 73 T. (2 fr. *197 Sandbach). 62 R. Beutler. «Die Gorgiasscholien und Olympiodor», Hermes 73, 1938, p. 380-390, en part. p. 388-390, a émis l'hypothèse — non démontrable — selon laquelle les analogies et les divergences entre le commentaire d'Olympiodore (**O 17) sur le Gorgias, d'une part, et les scholies anciennes, d'autre part, s'expliqueraient par l'utilisation d'une source commune qui serait le commentaire de Plutarque d'Athénes. On rappellera que le Gorgias a été aussi commenté par Hiérocles et par Proclus, tous
1094
PLUTARQUE D'ATHÈNES
P 209
deux élèves de Plutarque d'Athènes (pour Hiéroclés, cf. Damascius, V. /sid., $ 54, p. 80, 5-12 Zintzen = fr. 45A Athanassiadi ; pour Proclus, cf. Luna et Segonds 17. n? 9, infra, p. 1568).
Le fr. 76 T. (= fr. 196 Sandbach) est tiré du commentaire
de Proclus sur le
premier livre des Éléments d’Euclide (#+E 80). en particulier du commentaire de la huitième définition, in Eucl., p. 121,12 - 128, 22 Friedlein. Pour une analyse de ce passage de Proclus, cf. 63 T. L. Heath, The Thirteen Books of Euclid's Elements. Translated from the text of Heiberg, with Introduction and Commentary. 3 vol., 2" edition revised with additions, Cambridge 1926, réimpr. New York 1956. t. I, p. 176-178;
64
Euclide
d'Alexandrie,
Les
Éléments,
traduction
et commentaires
par B. Vitrac, coll. « Bibliothéque d'histoire des sciences », t. I, Paris 1990, p. 158-
160. Puisque la huitiéme définition du premier livre des Éléments concerne l'angle: « Un angle plan est l'inclinaison, l'une sur l'autre, dans un plan, de deux lignes qui se touchent l'une l'autre et ne sont pas placées en ligne droite » (trad. Vitrac 64, p. 158), Proclus rapporte trois opinions à propos de la nature de l'angle et de son classement dans le cadre des catégories aristotéliciennes : (1) l'angle est une relation (p. 121, 12-14), (2) l'angle est une qualité (p. 121, 14-17), (3) l'angle est une quantité (p. 121, 17-24). Ces trois opinions sont rejetées dans la mesure oü l'angle n'est ni simplement une quantité (p. 121,24 - 122, 7), ni simplement une qualité (p. 122, 7-21), ni simplement une relation (p. 122, 21 - 123,8); cependant, la difficulté demeure, car il est nécessaire que l'angle appartienne à l'une de ces trois catégories (p. 123, 8-13). La question étant ainsi posée, Proclus affirme suivre la solution de son maitre, c'est-à-dire Syrianus (p.123, 19 - 125, 3), laquelle consiste à harmoniser les trois opinions en affirmant que l'angle est à la fois une quantité, une qualité et une relation: Proclus, in Eucl., p. 123, 19-23 Friedlein: λεκτέον ἡμῖν ἑπομένοις τῷ ἡμετέρῳ καθηγε-
uóvt, τὴν γωνίαν μηδὲν μὲν εἶναι τῶν εἰρημένων αὐτὸ καθ᾽ αὑτό. διὰ δὲ τῆς πάντων τούτων συνδρομῆς ἔχειν τὴν ὑπόστασιν, καὶ διὰ τοῦτο τὴν ἀπορίαν ποιῆσαι τοῖς εἰς ἕν τι ῥέψασιν («En suivant notre maitre, il nous faut dire que l'angle n'est aucune des [catégories] susdites en elle-méme, mais qu'il tire son existence du concours de toutes les trois; c'est pourquoi il a fait difficulté à ceux qui ont cherché à le classer dans une seule »).
Aprés avoir ainsi exposé la solution de Syrianus, à laquelle il se rallie, Proclus présente la doxographie concernant les trois opinions (p. 125,6 - 126.6): (1) l'angle est une qualité: Eudéme de Rhodes (**E 93) (p. 125, 7-13); (2) l'angle est une relation: Euclide (p. 125, 13-14); (3) l'angle est une quantité: (3.1) Plutar-
que, qui cherche à attribuer la méme opinion à Apollonius de Pergé (p. 125, 1419); (3.2) Carpos d'Antioche (2-C 47), qui affirme que l'angle est une quantité en tant que distance entre les lignes ou les surfaces qui le contiennent, distance qui, bien qu'allant dans une unique direction, n'est toutefois pas une ligne (p. 125,25 126, 4). Chacune des deux opinions (Plutarque et Carpos) est suivie de la critique de Proclus, respectivement p. 125, 20-24 (contre Plutarque), et p. 126, 4-6 (contre Carpos). Voici donc le passage concernant Plutarque : Proclus. in Eucl., p. 125,
14-19
Friedlein
(= fr. 76 T. = fr.
196 Sandbach):
ποσότητα
δὲ
εἰρήκασιν αὐτήν. ὅσοι φασὶ τὸ πρῶτον διάστημα ὑπὸ τὸ σημεῖον εἶναι τὴν γωνίαν. ὧν xai ὁ Πλούταρχός ἐστιν, εἰς τὴν αὐτὴν δόξαν συνωθῶν καὶ τὸν Ἀπολλώνιον. Δεῖ γὰρ εἶναί τι, φησί. διάστημα πρῶτον ὑπὸ τὴν κλάσιν τῶν περιεχουσῶν γραμμῶν ἢ ἐπιφανειῶν (« Ont fait
P 209
PLUTARQUE D’ATHENES
1095
de l'angle une quantité, tous ceux qui disent que l'angle est la premiere distance sous le point: parmi ces auteurs, il y a Plutarque, qui cherche à attribuer la méme opinion à Apollonius [scil. de Pergé, dont Proclus vient de citer la définition de l'angle, p. 123, 14-19 et p. 124, 17-19 = Apollonii Pergaei quae graece extant cum commentarii antiquis, éd. J. L. Heiberg. coll. BT, t. 1l, Leipzig 1893, fr. 53, p. 133-134; cf. en part. Proclus, in Eucl., p. 123, 16-17: «l'angle est la contraction, en un point, d'une surface sous une ligne brisée ou d'un solide sous une surface [brisée] »]. Il faut bien qu'il y ait, dit-il, une premiere distance sous la brisure des lignes ou des surfaces qui embrassent [l'angle] »).
L'opinion de Plutarque est ainsi critiquée par Proclus, ibid., p. 125, 20-24: χαίτοι γε συνεχοῦς ὄντος τοῦ ὑπὸ τὸ σημεῖον διαστήματος ἀδύνατον τὸ πρῶτον Aabeiv' ἐπ᾽ ἄπειρον γὰρ πᾶν διάστημα διαιρετόν, πρὸς τῷ καὶ ἐὰν ὁπωσοῦν ἀφορίσωμεν τὸ πρῶτον καὶ δι᾿ ἐκείνου εὐθεῖαν ἀγάγωμεν, γίνεσθαι τρίγωνον. ἀλλ᾽ οὐ μίαν γωνίαν («Et pourtant, puisque [4 distance sous le point est continue, il est impossible de saisir une premiere [distance], car toute distance est divisible à l'infini, outre que, si nous nous avisons de déterminer, de quelque facon que ce soit, cette premiere [distance], et que nous tracions, passant par elle, une droite, ce qui nait ainsi, c'est un triangle, et non pas un unique angle »).
Il est donc évident, comme l'a bien vu Heath 63, t. I, p. 176, que la source de tout ce passage de Proclus est Syrianus. Le haut niveau de sophistication mathématique de la discussion (cf. Vitrac 64, p. 159: «On sait que la notion d'angle est l'une des plus complexes de la géométrie élémentaire ») rend tout à fait invraisemblable l'attribution de ce fragment à Plutarque de Chéronée, d'autant plus que ce dernier ne cite Apollonius (de Pergé ?) qu'une seule fois (Non posse suaviter
vivi secundum Epicurum, 1093 E-F: καὶ ᾿Απολλώνιον xai 'Ap(orapyov ἑτέρων τοιούτων εὑρετὰς γενομένους), et ce dans un contexte qui n'est aucunement technique (il s'agit simplement du plaisir produit par les découvertes mathématiques ou astronomiques), de telle sorte qu'il n'est méme
pas sür que la citation
vise Apollonius de Pergé. En revanche, de telles spéculations mathématico-philosophiques sont tout à fait dans l'esprit des néoplatoniciens de l'école d'Athénes (il suffit de penser à l'extréme complexité de la méthode du triangle rectangle élaborée par Nestorius, grand-père de Plutarque d' Athénes, pour connaître la planète qui préside à toute une année, rapportée par Proclus, in Remp. II, p. 64,5 - 66,21 Kroll). L'unique interprétation cohérente des données textuelles et historiques consiste donc à penser que la question de la nature de l'angle avait été discutée dans l'école d'Athénes, et que Syrianus citait l'opinion de son maitre Plutarque. Les traducteurs modernes de l'in Eucl. de Proclus ne s'y sont d'ailleurs pas trompés, car ils identifient tous le Plutarque cité par Proclus avec Plutarque d’Athenes: cf. 65 Proclus de Lycie, Les commentaires sur le premier livre des Éléments d'Euclide, traduits pour la première fois du grec en français avec une introduction et des notes par P. Ver Eecke, «Collection de Travaux de l'Académie Internationale
d'Histoire
des
Sciences»
1, Bruges
1948,
p. 114
n.1;
66
Proclus,
A
Commentary on the First Book of Euclid's Elements with Introduction and Notes by G. R. Morrow, Princeton 1970, p. 101 n. 84; 67 Proclo, Commento al 1 libro degli Elementi di Euclide. Introduzione, traduzione e note a cura di M. Timpanaro Cardini, coll. « Biblioteca degli Studi classici e orientali» 10, Pisa 1978, p. 117 n. 72.
1096
PLUTARQUE D’ATHENES
P 209
On rappellera, pour finir, que Beutler 1, col. 974,41 - 975, 51. a proposé d'attribuer à Plutarque d'Athénes le commentaire anonyme sur le Parménide conservé dans le palimpseste de Turin, Biblioteca Universitaria, F VI I, et aujourd'hui communément attribué ou bien à Porphyre ou bien à un auteur pré-porphy-
rien. L'attribution à Plutarque n'a été retenue par aucun savant, parce que les rapprochements
proposés
par Beutler ne sont pas spécifiques:
cf. 68 P. Hadot.
« Fragments d'un commentaire de Porphyre sur le Parménide», REG 74, 1961, p. 410-438, en part. p. 415-416 (repris dans /d., Plotin, Porphyre. Études néoplatoniciennes, coll.
« L'áne d'or», Paris
1999, p. 281-316, en part. p. 286-287) ; 69 Id..
Porphvre et Victorinus, 2 vol., Paris 1968, t. I, p. 105-107; Taormina 4, p. 35-37 ; 70 A. Linguiti, « Commentarium in Platonis Parmenidem », CPF, Parte Ill, 1995, p. 63-202, en part. p. 79-80. Pour un témoignage isolé attribuant aux « philosophes » Porphyre, Plutarque et
Proclus, des écrits sur la comédie dans la ligne d'Aristote, voir R. Goulet, notice « Porphyre de Tyr», P 263, section « Œuvres — Témoignages et fragments oubliés dans l'édition Smith », p. 1300. CONCETTA LUNA et ALAIN-PHILIPPE SEGONDS t.
210
PLUTARQUE DE CHÉRONÉE (L. Mestrius RE 2)
ca 45-ca 125
Philosophe grec. PLAN DE LA NOTICE A. BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE
Bibliographies Notices Présentations générales Plutarque et la philosophie Instruments de travail Congres, recueils d'articles et mélanges Éditions et traductions complétes B. DONNÉES
1097 1098 1098 1098 1100 1100 1102
BIOGRAPHIQUES ET PROSOPOGRAPHIQUES
Sources Repères chronologiques : Plutarque dans son temps Les attaches de Plutarque * la cité * La famille Formation et voyages La vie à Chéronée et l'activité philosophique La carrière publique Le moraliste et l'entreprise des Vies Paralleles Le prétre de Delphes : réflexion religieuse et dialogues platoniciens
1103 1104 1106 1106 1107 1109 1112 1115 1115 1119
P 210
PLUTARQUE DE CHERONEE
1097
C. LES CEUVRES
Le témoignage du Catalogue de Lamprias La tradition manuscrite et la formation du corpus Quelques études sur les Vies et la vision de l'Histoire Les Moralia
1124 1127 1128 1129
* Les œuvres conservées et les problèmes de classement
* Editions et études
D. LA PENSÉE ET LES GRANDS
THEMES
1129
1130
DE SON (EUVRE
La tradition platonicienne : médioplatonisme, scepticisme, pythagorisme Physique, Cosmologie, Métaphysique : Dieu et le monde
1144 1146
* La formation du monde * Providence et double causalité * La démonologie et les diverses sortes de daimones
1146 1149 1151
Philosophie et tradition religieuse : Dieu dans la vie humaine Structure de l'áme, vertu théorétique et vertu éthique La philosophie maitresse de vie
1152 1158 1161
* La vie pratique : morale et politique * L'empire des passions : leur retentissement social et personnel * Les liens affectifs et la vie privée
1161 1165 1166
E. LA POSTÉRITÉ DE PLUTARQUE
La postérité de Plutarque jusqu'à la chute de l'empire byzantin * * * * ὁ
Plutarque philologos et philosophos (II*-V* s.) Les néoplatoniciens et Plutarque Les chrétiens et Plutarque La survie orientale Plutarque dans la culture byzantine (IX*-XV* s.)
Plutarque et la culture européenne
1169 1170 1172 1173 1175 1175 1177
* Premières traductions et éditions (XV*-XVI* s.)
1177
* Le Plutarque d'Amyot et son rayonnement * Ombres et lumières : Plutarque de l'Age Classique au XIX* s. * Le Plutarque des universitaires
1178 1182 1183
A. BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE (1) Bibliographies
1 R. Flacelière, « État présent des études sur Plutarque » dans Actes 68, p. 483506, est poursuivi pour les Vies par 2 A.J. Podlecki et S. Duane, «A Survey of Work on Plutarch's Greek Lives 1951-1988 », dans ANRW II 33, 6, Berlin 1992, p. 4053-4127 ; 3 B. Scardigli, Die Römerbiographien Plutarchs. Ein Forschungs-
bericht. München 1979, 230 p.; 4 N. M. Tsagas, Mise à jour bibliographique des Vies Paralléles de Plutarque, Athénes 1990, 103 p.; 5 F. B. Titchener, «Critical Trends in Plutarch's Roman Lives, 1975-1990 », dans ANRW II 33, 6, Berlin 1992, p. 4128-4153 ; 6 B. Scardigli, « Scritti recenti sulle Vite di Plutarco » (1974-1986),
dans Brenk 71, p. 7-59 ; pour les Moralia, 7 J. Barthelmess, « Recent Works on the
1098
PLUTARQUE DE CHERONEE
Moralia », dans
Brenk
71, p. 61-81
Bibliographie», dans ANRW Harrison, « The Critical Trends in Plutarch's "Moralia" », dans réception 10 A. Pérez Jiménez,
P 210
; 8 L. Deitz, « Platonisme
antérieur à Plotin:
II 36, 1, Berlin 1987, p.158-160; 9 G. W.M. dans Scholarship on the Non-Philosophical Works ANRW II 33, 6, Berlin 1992. p. 4646-4681 : sur la Plutarchus Redivivus, Malaga 2002, p. 27-61.
On peut en outre trouver une recension de tous les ouvrages et articles publiés à partir de 2000 dans la nouvelle série de la revue Ploutarchos (1° numéro en 20032004). (2) Notices L'article fondamental reste 11 K. Ziegler, art. « Ploutarchos », RE XXI
1, 1951.
col. 636-962 (édition séparée et augmentée, Ploutarchos von Chaironeia, Stuttgart 1964,
334
col.,
et
traduction
italienne
par
M.R.
Zancan
Rinaldini,
Plutarco,
Brescia 1965) ; longue présentation aussi de 12 R. Flaceliere, « Plutarque dans ses “Œuvres
morales" », Œuvres
morales
I’, CUF,
Paris
1987, p. VII-CCXXVI ; plus
brefs, 13 J. Hershbell, « Plutarch », dans F. Ricken (édit.), Philosophen der Antike, t. II, Stuttgart 1996, p. 169-183 ; 14 F. Frazier, « Plutarque », dans J. Brunschwig et G. Lloyd (édit.), Le savoir grec, Paris une seconde
édition
1996, p. 768-774 (article révisé en 2010 pour
à paraitre) ; 15 I. Gallo, « Plutarco », dans Gallo
89, p. 7-38
(2 I. Lana et E. V. Maltese [édit.], Sroria della civiltà letteraria greca e latina, t. III, Torino 1998, p. 31-49) ; une série de thémes sont traités dans 16 P. Payen
(dir.), « Dictionnaire Plutarque ». dans Plutarque, Vies parallèles, coll. Paris 2001, p. 1943-2117.
« Quarto »,
(3) Présentations générales
On peut encore glaner des éléments dans 17 R. Volkmann, Leben, Schriften und Philosophie des Plutarch von Chaeronea, Berlin 1869, 2 parties, XVI-239 p. et
X-342 p.; 18 C.P. Jones, Plurarch and Rome, Oxford 1972, XIII-157 p., reste le meilleur travail historique à ce jour; 19 J. Sirinelli, Plutarque de Chéronée. Un philosophe dans le siécle, Paris 2000, s'inscrit dans la tradition de la biographie intellectuelle;
introductions
générales
plus
universitaires
avec
20
D. A. Russell,
Plutarch, London 1973, 183 p.. et 21 R. Lamberton, Plurarch. New Haven/London 2001, XX-218 p. Sont aussi actuellement en préparation M. Beck (édit.). A Companion to Plutarch, Wiley Blackwell, et F.T. Titchener (édit.), The Cambridge Companion to Plutarch.
et A. Zadorojnyi
(4) Plutarque et la philosophie * Autour du platonisme et de l'aristotélisme, 22 M. Jones, The Platonism of Plutarch,
Menasha,
Aristotle », /CS l'Academia»
Aristotele
e
Wisconsin
7,
1982,
dans
Brenk
l'unità
1916,
p. 207-232; 71,
della
153
24
p.97-110;
tradizione
p.;
P.L. 25
23
F.
Sandbach,
Donini, /d.,
platonica
«Lo
«Plutarch
« Plutarco, scetticismo
secondo
and
Ammonio
e
academico,
Plutarco»,
dans
G. Cambiano (édit.), Storiografia e dossografia nella filosofia antica, Torino 1986,
P210
PLUTARQUE DE CHÉRONÉE
1099
p. 203-226 ; 26 C. Froidefond, « Plutarque et le platonisme », dans ANRW II 36, 1, Berlin
1987, p. 184-233;
26bis J. Dillon, «Plutarch
and Platonist Orthodoxy »,
dans Mélanges 73, p. 357-364 ; 27 D. Babut, «Plutarco y la Academia », dans García López 76, p. 3-12; 28 P.L. Donini, «Plutarco e la rinascita del platonismo », dans G. Cambiano et alii (édit.), Lo spazio letterario della Grecia antica, t. [ 3, Roma 1994, p. 35-60 ; 29 F. Ferrari, « Plutarch : Platonismus und Tradition », dans
M. Erler et A. Graeser (édit.), Philosophen
des Altertums.
Von
Hellenismus
bis zur Spátantike, Darmstadt 2000, p. 109-127 ; 30 D. Babut, « Du scepticisme au dépassement de la raison: Philosophie et foi religieuse chez Plutarque », dans Babut 79, p. 549-581 ; 31 /d., « Plutarque, Aristote et l'aristotélisme », dans Van der Stockt 85, p. 1-28 (2 Babut 79, p. 505-529) ; 32 J. Opsomer, /n Search of the Truth.
Academic
Tendencies
in Middle
Platonism,
Leuven
1998,
p. 213-240;
33 P.L. Donini, «Platone e Aristotele nella tradizione pitagorica secondo Plutarco », dans Pérez Jiménez 91, p. 9-24 ; 34 Id., «L'eredità academica e i fondamenti del platonismo in Plutarco », dans M. Barbanti et aiii (édit.), ΕΝΩΣΙΣ ΚΑΙ DIAIA.
Unione e amicizia. Omaggio a Francesco Romano, Catania 2002, p. 247-
273; 35 Id., «Plutarco e Aristotele », dans Gallo 98, p. 255-273 ; 36 F. Ferrari, « Platone in Plutarco », dans Gallo 98, p. 225-235 ; 37 J. Opsomer, « The Place of Plutarch in the History of Platonism », dans Volpe 106, p. 281-310; 38 A. Bellanti, « La teoria plutarchea della virtü tra platonismo, pitagorismo e aristotelismo », dans Volpe 106, p. 221-264; 39 D. Babut, « L'unité de l'Académie selon Plutarque. Notes en marge d'un débat ancien et toujours actuel », dans M. Bonazzi, C. Lévy et C. Steel (édit.), A Plaronic Pythagoras. Platonism and Pythagorism in the Imperial Age, Turnhout 2007, p. 63-98 ; 40 G. Roskam, « Plutarch on Aristotle as the First
Peripatetic », Ploutarchos n.s. 6, 2008-2009, p. 25-44 ; voir aussi le congres 91. * Pour la confrontation avec les autres écoles, l'ouvrage fondamental est 41 D. Babut, Plutarque et le stoicisme, Paris 1969, 598 p. (traduit en italien Plutarco e lo stoicismo, a cura di A. Bellanti, Milano 2003, 672 p.) ; s'y ajoutent 42 J.P. Hershbell, « Plutarch and Stoicism », dans ANRW II 36, 5, Berlin 1992, p. 3336-3352 ; 43 Id., «Plutarch and Epicureanism », dans ANRW II 36, 5, Berlin 1992, p. 3353-3383 ; 44 J. Boulogne, Plutarque dans le miroir d'Épicure : analyse d'une critique systématique de l'épicurisme, Villeneuve d'Asq 2003, 252 p. ; voir aussi le congrès 72. * Sur la connaissance scientifique et métaphysique, 45 KR. Seide, Die mathematischen Stellen bei Plutarch, Diss. Regensburg 1981 ; 46 U. Bianchi, « Plutarch und der Dualismus », dans ANRW II 36, 1, Berlin 1987, p. 350-365 ; 47 K. Alt, Weltflucht und Weltbejahung : zur Frage des Dualismus bei Plutarch, Numenios, Plotin, Stuttgart 1993, 277 p.; 48 C. Schoppe, Plutarchs Interpretation der Ideenlehre Platons, Hamburg 1994, VIII-286 p.; 49 F. Ferrari, Dio, idee e materia. La struttura del cosmo in Plutarco di Cheronea, Napoli
1995, 318 p.; 50 M. Baltes,
« La dottrina dell'anima in Plutarco », Elenchos 21, 2000, p. 245-270 ; voir aussi le congres 77.
1100
PLUTARQUE DE CHERONEE
P210
* Sur la pensée religieuse, outre Babut 38, et avec une interprétation différente, 51
F.E.
Brenk,
In Mist Apparelled : Religious
Themes
in Plutarch's
"Moralia"
and "Lives", Leiden 1977, X11-306 p.; 52 Id., « An Imperial Heritage: The Religious Spirit of Plutarch of Chaironeia », dans ANRW II 36. 1, Berlin 1987, p. 248349. — Index dans ANRW II 36, 2, Berlin 1987, p. 1300-1322 ; 53 /d., Relighting the Souls. Studies in Plutarch, in Greek Literature, Religion, and Philosophv, and
in the New Testament Background, Stuttgart 1998, 420 p.; 54 D. Jaillard, «Plutarque et la divination: la piété d'un prétre philosophe», RHR 224, 2007, p. 149-169 ; voir aussi les congrès 82, 84, 94, 102, 113 et 116. * Sur la pensée morale et politique, 55 H.G. Ingenkamp. Plutarchs Schriften über die Heilung
der Seele,
Göttingen
1971,
148
p.; 56 G.J.D.
Aalders,
Plu-
tarch's Political Thought, Amsterdam/Oxford/New York 1982, 67 p.; 57 L. Van der Stockt. Twinkling and Twilight Plutarch's Reflections on Literature, Brussel 1992, 192 p.; 57bis, L. Van Hoof, Plutarch's Practical Ethics : the Social Dvnamics of Philosophy, Oxford 2010, ΧΙ- 328 p. ; voir aussi les congrès 82, 86. 87, 91. 92, 95, 108, 110, 111, 113, 114 et infra la bibliographie des Vies.
* Sur l'écriture de la philosophie, la langue et le style, 58 F. Fuhrmann, Les images de Plutarque, Paris 1964, 302 p.: 59 Y. Verniére. Svmboles et mythes dans la pensée de Plutarque, Paris 1977, 375 p.; 60 P.L. Donini, « Plutarco e 1 metodi dell'esegesi filosofica », dans Gallo 78, p. 79-96 ; 61 B. Weissenberger. La lingua di Plutarco e gli scritti pseudoplutarchei, Napoli 1994, 154 p.: 62 I. Gallo, « Forma letteraria nei "Moralia" di Plutarco: Aspetti e problemi », dans ANRW II 34, 4, Berlin 1998, p. 3511-3540 (repris dans Gallo 89, p. 39-86) ; 63 P.L. Donini, «Il trattato filosofico in Plutarco », dans Gallo 93. p. 133-145; 64 F. Ferrari, «La
letteratura filosofica di carattere esegetico in Plutarco ». Orpheus 22, 2001, p. 77108 (version un peu réduite dans Gallo 93, p. 147-175) ; 65 R. Hirsch-Luipold. Plutarchs Denken
in Bildern, Tübingen
2002, XII-324 p.; voir aussi les congrès
83, 93, 106, 107 et 115. (5) Instruments de travail 66
W.C.
Helmbold
XIV-76 p.; 67 E. N.
et E. N. O'Neil,
Plutarch’s
Quotations,
Baltimore
1959,
O' Nell, Plutarch, Moralia. Index (= Loeb XVI), Cambridge
(Mass.)/London 2004, 632 p.
(6) Congrés, recueils d'articles et mélanges
Le renouveau des études plutarquéennes dans les années 80 sous l'impulsion de l'International Plutarch Society a donné lieu à de nombreux congrès. J'indique le lieu et la date de la rencontre, méme s'ils ne figurent pas dans le titre de l'ouvrage. 68 Association G. Bude. Actes du VIII Congrès (Paris 5-10 mai 1968), Paris
1969, p. 483-594 ; 69 H. D. Betz (Edit.), Plutarch's Theological Writings and Early Christian
Ethical
Literature,
Writings
71 F. Brenk
and
Leiden
Early
1975,
XI-369
Christian
et I. Gallo (édit.), Miscellanea
p.;
70
H.D.
Literature. Plutarchea
Betz
Leiden (Roma
(édit.), Plutarch's
1978,
XI-584
p.;
1985), coll. QGFF
P 210
PLUTARQUE DE CHERONEE
1101
8. Ferrara 1986, 145 p.; 72 I. Gallo, Aspetti dello stoicismo e dell'epicureismo in Plutarco (Ferrara 1987), coll. QGFF 9, Ferrara 1988, 145 p.; 73 ICS XIII 2, 1988
= Plutarch, R. Flaceliére in memoriam Jiménez
et G.
Del
Cerro
Calderón
(Athens 1987), p. 219-529, 74 A. Pérez
(édit.), Estudios
Tradición (Fuengirola 1988), Malaga
sobre
Plutarco:
Obra
y
1990, 286 p.; 75 G. D'Ippolito et I. Gallo
(édit.), Strutture formali dei Moralia di Plutarco (Palermo
1989), Napoli
1991,
512 p.; 76 J. García López et E. Calderón Dorda (édit.), Estudios sobre Plutarco : Paisaje y naturaleza (Murcia 1990), Madrid 1991, 341 p.; 77 1. Gallo (édit.), Plutarco e le scienze (Genova-Bocca di Magra
1991), Genova
1992, 433 p.; 78 I.
Gallo et R. Laurenti (édit.), / Moralia di Plutarco tra Filologia e Filosofia (Napoli 1992), Napoli 1992, 109 p.; 79 D. Babut, PARERGA, Lyon 1994, p. 389-581 ; 80 A. Barigazzi, Studi su Plutarco, Firenze 1994, 330 p.; 81 M. García Valdés (édit.), Estudios sobre Plutarco : Ideas religiosas (Oviedo
1992), Madrid
1994,
XII-696 p. ; 82 I. Gallo et B. Scardigli (édit.), Teoria e prassi politica nelle opere di Plutarco (Certosa di Pontignano 1993), Napoli 1995, Delgado et F. Pordomingo Pardo (édit), Estudios formales (Salamanca 1994), Madrid 1996, 516 p. ; 84 religione (Ravello 1995), Napoli 1996, 491 p.; 85
504 p.; 83 J. A. Fernández sobre Plutarco: Aspectos 1. Gallo (édit.), Plutarco e la L. Van der Stockt (édit.),
Plutarchea Lovaniensia. A Miscellany of Essays on Plutarch, Leuven 328
p.; 86
C.
Schrader
et alii (édit.),
Plutarco
y la historia
1996, XIII-
(Zaragoza
1996),
Zaragoza 1997, 506 p.; 87 J. Mossman (édit.), Plutarch and his Intellectual World. Essavs on Plutarch (Dublin 1994), London 1997, XI1-249 p.; 88 I. Gallo (édit.), L'eredità culturale di Plutarco dall'antichità al Rinascimento (Milano-Gargnano
1997), Napoli 1998, 445 p.; 89 I. Gallo, Parerga plutarchea, Napoli 1999, 231 p.; 90 J.G.
Montes
Cala
er alii (édit.), Plutarco,
Madrid
1999, 540 p.; 91 A. Pérez Jiménez εἰ alii (édit.), Plutarco,
Aristóteles (Madrid-Cuenca
1999), Madrid
Dioniso y el vino (Cádiz
1999, 696 p.; 92 L. Van
(édit.), Rhetorical Theory and Praxis in Plutarch (Leuven
1998),
Platón y der Stockt
1996), Namur
2000,
400 p. ; 93 I. Gallo et C. Moreschini (édit.), / Generi Letterari in Plutarco (Pisa 1999), Napoli 2000, 376 p. ; 94 A. Pérez Jiménez et F. Casadesus (édit.), Estudios
sobre Plutarco : Misticismo y religiones mistéricas en la obra de Plutarco (Palma
de Mallorca, 2000), Madrid 2001, 577 p.; 95 P. A. Stadter et L. Van der Stockt (édit.), Sage and Emperor : Plutarch, Greek Intellectuals, and Roman Power in the Time
of Trajan
(98-117
A.D)
(Chapel
Hill 2000),
Leuven
2002,
V11-357
p.;
96 J. R. Ferreira et D. F. Leäo (édit.), Os fragmentos de Plutarco e a recepçäo da sua obra (Coimbra 2002), Coimbra 2003, 261 p. ; 97 L. de Blois et alii (Edit.), The Statesman in Plutarch's Works (Nijmegen/Castle Hernen 2002), Leiden 20042005, 2 vol. (V111-350 p., XX-395 p.); 98 I. Gallo (édit.), La biblioteca di Plutarco (Pavia 2002), Napoli 2004, 510 p.; 99 M. Jufresa et alii (édit.). Plutarc e la seva época: Paideia i Societat (Barcelona 2003), Barcelona 2005, 854 p.; 100 J.
Boulogne (édit.), Les Grecs de l'Antiquité et les animaux : le cas remarquable de Plutarque (Lille 2003), Villeneuve d'Ascq 2005, 205 p.; 101 A. Casanova (édit.), Plutarco e l'età ellenistica (Firenze 2004), Firenze 2005, 500 p.: 102 R. Hirsch-
1102
PLUTARQUE DE CHERONEE
P 210
Luipold (édit.), Gott und die Götter bei Plutarch : Götterbilder, Gottesbilder, Weltbilder (Göttingen 2005), Berlin/New York, 2005, X-287 p.; 103 A. Pérez Jiménez et F. Titchener (édit.), Historical and Biographical
Works.
Values of Plutarch's
Studies devoted to Professor Philip Stadter by the IPS, Malaga/Logan
2005, 526 p.; 104 A. Pérez Jiménez et F. Titchener (édit.), Valori letterari dell'Opere di Plutarco. Studi offerti al Professore Italo Gallo dall'IPS, Malaga/
Logan 2005, 476 p.; 105 ΚΕ. M* Aguilar et I. R. Alfageme (édit.), Ecos de Plutarco en Europa. De Fortuna Plutarchi Studia Selecta
(Madrid 2005), Madrid 2006, 268
p-; 106 P. Volpe Cacciatore et F. Ferrari (édit.), P/urarco e la cultura della sua età (Fisciano-Paestum
2005),
Napoli
2007,
350
p.;
107
A.
Nikolaidis
(édit.),
The
Unity of Plutarch's Work : Moralia Themes in the 'Lives', Features of the 'Lives' in the Moralia (Rhetymno 2005), Berlin/New York 2008, 851 p.; 108 J. M. Nieto Ibáüez et R. López
López
(édit.), El Amor
en Plutarco
(Leon
2007), León
2007,
893 p ; 109 A. Bernabé et I. Alfageme (édit.), DAov σκιά. Studia philologiae in honorem Rosae Aguilar, Madrid 2007, 263 p.; 110 J. Ribeiro Ferreira, L. Van der Stockt et M. Do Céu Fialho (édit.), Philosophy in Society. Virtues and Values in Plutarch (Leuven 2006), Coimbra/Leuven 2008, 242 p.; 111 J. Ribeiro Ferreira,
D. Leào, M. Tróster et P. Barata Dias (édit.), Symposion
and Philanthropia in
Plutarch (Coimbra 2008), Coimbra 2009, 573 p. (consultable en ligne: CoimbraClassica Digitalia); 112 A. Pérez Jiménez (édit.), Plutarco Renovado. Importancia
de las Traducciones Modernas de Vidas y Moralia (Málaga 2008), Málaga 2010, 206 p.; 113 F. Frazier et D. Leäo (édit.), Tychè er Pronoia. La marche du monde selon Plutarque (Nanterre 2009), Coimbra 2010, 268 p. (consultable en ligne: Coimbra-Classica Digitalia) ; 114 G. Roskam et L. Van der Stockt (édit.), Virtues
for the People. Aspects of Plutarchan Ethics (Delphes 2004), Leuven. à paraitre en 2011; 115 P. Stadter et L. Van der Stockt (édit.), Weaving Text and Thought. On Composition in Plutarch (Leuven 2001), à paraitre; 116 L. Van der Stockt, F. Titchener, H. G. Ingenkamp et A. Pérez Jiménez (Edit.), Gods. Daimones, Rituals, Myths and History of Religions in Plutarch's Works. Studies Devoted to Pr F. E. Brenk by the I.P.S, à paraître. (7) Éditions et traductions complétes — grec seul
Plutarchi Chaeronensis Moralia, éd. G.N. Bernardakis Leipzig 1888-1896 [édition défendue récemment par 117 H.G. Ingenkamp, « Malim, Asteriskus und Fragezeichen. Einige Worte zur Verteidigung und zum Lobe von Gregorios N. Bernardakis », Ploutarchos, n.s. 3, 2005-2006. p. 103-126]. Plutarchi Vitae parallelae, ed. C. Lindskog et K. Ziegler, Leipzig 1914-1939. Plutarchi Moralia, éd. C. Hubert et alii, vol. I- VII , Leipzig 1925-1967. — grec-frangais Plutarque,
Vies, éd. et trad. par R. Flaceliére et E. Chambry,
Paris 1964-1974.
CUF,
15 vol.,
P210
PLUTARQUE DE CHERONEE
1103
Plutarque, Œuvres morales, édition en cours, CUF, publiés).
Paris 1974- (21 volumes
- grec-anglais Plutarch's Lives, by B. Perrin, coll. LCL, 11 vol, London Plutarch's
Moralia, by F. C. Babbitt et alii, coll. LCL,
1914-1926. 15 vol., London
1927-
1967.
- grec-italien Plutarco Vite Parallele, édition en cours à la fondazione Valla, 1988 (avec un commentaire historique fourni).
Corpus Plutarchi Moralium, édition en cours, 1988- ; chaque traité (et chaque livre pour les Questiones convivales) est l'objet d'un volume séparé et l'édition repose sur une nouvelle collation des manuscrits ; 47 volumes sont publiés à ce jour - voir C (4) infra.
— traduction espagnole Plutarco.
Vidas Parallelas, col. « Gredos », Madrid, en cours, 3 volumes parus
depuis 1985. Plutarco. Obras morales y de costumbres (Moralia), coll. Madrid, 1984-2004.
« Gredos », 13 vol.,
B. DONNÉES BIOGRAPHIQUES ET PROSOPOGRAPHIQUES La collation des sources épigraphiques comme la présentation de la famille (sauf la note annexe sur le nombre d'enfants) et de la carrière de Plutarque sont dues à B. Puech. La présentation de la cité de Plutarque, la note sur l'Égypte et nombre de données historiques éparses ont été fournies par Chr. Chandezon. (1) SOURCES
Sources épigraphiques Toutes les inscriptions sur la famille de Plutarque citées sont aussi commo-
dément rassemblées dans Sy/1.?, 844-845. 1. CID IV 150: Delphes, statue de l'empereur Hadrien élevée par les Amphictions sous l'épiméléte Mestrius Ploutarchos. 2. CID IV 151: Delphes, hermès de Plutarque élevé à la fois par Delphes et Chéronée, en vertu d’un décret des Amphictions, probablement à l’occasion de la mort du philosophe. 3. /G VII 3422 : Chéronée, statue de Plutarque consacrée par son ami Philinos, en hommage à son bienfaiteur. 4. JG VII 3423: Chéronée, statue de L. Mestrius Autoboulos [»*A 511] (le fils aîné de Plutarque), philosophe platonicien, élevée par son petitfils, Flavius
Autoboulos.
5. /G
IX
1, 61:
Daulis,
118
ap. J.-C.
(24
octobre),
arbitrage pour lequel L. Mestrius Soclaros de Chéronée (autre fils de Plutarque) s'est porté témoin. 6. IG VII 3424 : Chéronée, fragment où l'on reconnaît le nom de Flavius Autoboulos, arriere-petit-fils de Plutarque. 7. /G VII 3425 : Chéronée, statue du philosophe Sextus Claudius Autoboulos (»*A 512), descendant de
P 210
PLUTARQUE DE CHERONEE
1104
Plutarque à la sixième génération. 8. /G II? 3814 : Eleusis, statue du heraut sacré et sophiste Nicagoras (**N 29), descendant des philosophes Plutarque et Sextus. Sources littéraires
C'est en fait dans l’œuvre méme que l'on peut glaner le plus de renseignements, mais si Plutarque donne assez d'éléments pour alimenter études historiques et prosopographiques (voir, outre 118 B. Puech, « Prosopographie des amis de Plutarque », dans ANRW
II 33, 6, Berlin
1992, p. 4831-4893, 119 Chr. Chandezon,
Plutarque en sa terre [thèse d'habilitation à paraitre]), il n'évoque sa personne et ses propres expériences que d'une facon discréte et allusive, qui rend plus délicate
la táche du biographe et donne davantage matiére à une biographie intellectuelle (comme l'a tentée Sirinelli 19) qu'à une reconstruction proprement « événementielle ». Les renseignements plus tardifs donnés dans les chroniques d'Eusébe de Césarée ou de Georges le Syncelle et dans l'encyclopédie de la Souda (qui seront mentionnés infra pour mémoire) sont moins fiables. Sources iconographiques
Le Musée
de Delphes
conserve
un buste
de Plutarque - reproduit
sur la
couverture de Sirinelli 19 —, mais qui ne peut en réalité être le sien (cf. Guide de
Delphes. Le Musée, Athenes 1991, p. 135-136). Par ailleurs, l'hermés que les Delphiens lui avaient consacré (inscription 2) a été retrouvé sans téte: nous ignorons donc tout des traits de Plutarque. (2) REPERES CHRONOLOGIQUES : PLUTARQUE DANS SON TEMPS
Les dates de naissance et de mort de Plutarque ne sont pas exactement connues. Mais il évoque dans l’Epsilon de Delphes une discussion philosophique dirigée par son maître Ammonios au temps du voyage de Néron en Grèce (385 B 2-3), c'est-àdire en 66 ou 67: il paraît être alors l'auditeur du philosophe, ce qui suppose qu'il a une vingtaine d'années. Sa naissance se situerait ainsi entre 45 et 47 apr. J.-C. Pour la date de sa mort, on dispose de quelques indices, mais aucun n'est pleinement concluant. Une
mention
dans
les Chroniques
d'Eusébe
à l'année 2135
Abr. = 119 ap. J.-C. (Πλούταρχος Χαιρωνεὺς φιλόσοφος ἐπιτροπεύειν
ab
Ἑ λλά-
δος κατεστάθη γηραιός), reprise plus tard par Georges le Syncelle, donnerait un
terminus post quem, mais la fiabilité du renseignement est discutée [voir (6) infra] ; la dédicace de la seconde statue offerte par les Delphiens à Hadrien en 125, où l'on trouve mentionné le prétre T. Flavius Aristotimos (C/D IV 153 = Syl? ‚853 B) et
non plus Plutarque, comme il l’était pour la premiere statue offerte entre 117 et 119 (inscription 1), pourrait constituer un terminus ante quem (120 C.P. Jones, « Towards a chronology of Plutarch's Works », JRS 56, 1966, p. 61-74, en part. p. 63-66), mais il faut pour cela admettre que le nom de Plutarque, s'il était vivant, devrait nécessairement figurer, ce qui est loin de faire l'unanimité;
dans
le méme
sens
l'absence de Plutarque
dans
irait encore
la liste des makrobioi
ayant
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PLUTARQUE DE CHERONEE
1105
dépassé les quatre-vingts ans établie par Lucien. Cette hypothese de Jones s'oppose à celle de 121 R. Flacelière, « Plutarque, De Pythiae Oraculis, 409 B-C », RPh 60, 1934, p. 56-66, qui utilisait pour sa part une lacune de la fin des Oracles de la Pythie, où, célébrant la renaissance de Delphes, Plutarque évoque le kathégémón de cette politique (φιλῶ δὲ τὸν καθηγεμόνα ταύτης τῆς πολιτείας Yevó-
μενον ἡμῖν καὶ τὰ πλεῖστα τούτων ἐχφροντίζοντα καὶ παρασκευάζοντα ***, 409 C). L'éditeur français proposait de rétablir le nom d’Hadrien («αὐτοχράτορ᾽ Ἁδριανὸν Καίσαρα»), faisant vivre Plutarque assez longtemps pour voir les fruits des travaux de restauration de l'empereur philhelléne et situant sa mort en 127. La fragilité de l'hypothése apparaît d'elle-même : non seulement les travaux historiques ont montré que, si Hadrien avait sans doute joué le róle le plus important dans la renaissance du sanctuaire, l'intérét des empereurs pour le sanctuaire n'avait cessé de croitre depuis Auguste et que Domitien déjà s'y était attaché en faisant restaurer le temple d' Apollon, mais surtout rien ne garantit que ce soit bien un nom qui ait disparu dans la lacune (voir la note ad loc. de l'édition Schröder du De Pythiae). On ne peut en réalité tirer parti que du début de la phrase, où Plutarque évoque la participation de L. Cassius Petraios d'Hypata (Καίτοι φιλῶ μὲν ἐμαυ-
τὸν ἐφ᾽ οἷς ἐγενόμην εἰς và πράγματα ταῦτα πρόθυμος xai χρήσιμος μετὰ Πολυκράτους 4868).
Les
καὶ
Πετραίου, 409 B; sur le personnage, Puech
inscriptions
(Syll.?, 825
A-C)
montent
en effet que
118, p. 4867Petraios
a été
épimélète de l'Amphictionie soit dans la période 103-107 (hypothèse la plus probable) soit de 107 à 111, en tout état de cause sous Trajan, ce qui n'apporte aucun élément nouveau pour dater la mort de Plutarque. On admet donc, sans plus de précision, qu'il a dû mourir dans les années 120, peut-être autour de 125 ap. J.-C. Cette lacune — une des vingt-deux que comporte le texte, trés endommagé, des Oracles de la Pythie — a suscité une littérature abondante: voir, outre les deux articles déjà cités, 122 R. Flaceliére, « Hadrien et Delphes », CRAI, 1971, p. 168-185 ; 123 S. Swain, «Plutarch. Hadrian and Delphi », Historia 40, 1991, p. 318-330 ; 124 B. Puech, « Prosopographie et chronologie delphique sous le Haut-Empire. L'apport de Plutarque et de l'histoire littéraire », Topoi 8, 1998, p. 261-266 ; 125 F. Frazier, « L'importance de la tradition manuscrite dans l'exploitation historique des textes littéraires. L'exemple de Plutarque, De Pythiae oraculis 409 B-C », Ploutarchos, n.s. 1, 2003-2004, p. 35-50 -- ces deux dernières études proposent une synthèse de la question, la seconde critique également l'exploitation abusive faite de cette même lacune par des spécialistes de l'Empire romain pour y trouver trace de la damnatio memoriae de Domitien en remplagant le nom d'Hadrien par celui de Domitien.
Les autres indices chronologiques épars dans l’œuvre ont été réunis par Jones 120 et permettent de proposer un ordre des œuvres possible, mais qui, sur bien des points, donne toujours matière à discussion. Ils sont en tout état de cause à manier avec prudence, singuliérement pour les dialogues philosophiques, oü Plutarque suit la tradition platonicienne : date dramatique et date de composition ne coincident pas et la rigueur chronologique n'est pas de régle au point que l'anachronisme a pu apparaitre comme un Kunstgriff (Wilamowitz) ou encore un « procédé calculé en vue de donner une impression de liberté et de fantaisie » (R. Flaceliere).
Si l'on veut prendre une première vue d'ensemble, la vie de Plutarque semble se partager entre une première période, où il se forme, voyage dans l'empire pour
1106
PLUTARQUE DE CHERONEE
P 210
faire des conférences et représenter les instances politiques grecques auxquelles il appartenait auprès des autorités romaines (voir (6) infra) et une seconde période, oü il prit la décision, dans les années 90 et probablement avant que Domitien expulsát les philosophes de Rome, de revenir à Chéronée, sa petite cité natale, «afin qu'elle ne devint pas plus petite » (Demosth. 2, 2). C'est de cette période que doit dater la majorité des ceuvres conservées. Cet ancrage volontaire dans sa Béotie
natale n'a rien cependant d'une retraite — citoyen de Chéronée, d’Athenes, de Delphes et citoyen romain, il continue de mener une vie sociale intense, entouré
d'un cercle d'amis nombreux (voir Sirinelli 19, p. 167-198 et Puech 118) et il se déplace volontiers. De nouveau, si cette décision est inspirée d'abord par l'attachement de Plutarque à sa terre et aux siens, elle est aussi en plein accord avec la reviviscence des cités grecques que favorisera Trajan et la politique d'intégration de la partie orientale de l'Empire dans le gouvernement général de l'oikoumené romaine. Sous cet angle, comme aussi pour les questions philosophiques qui dominent sa réflexion, le Sage de Chéronée est un homme de son temps. (3) LES ATTACHES DE PLUTARQUE * La cité
Chéronée est une petite cité de Béotie qui ne doit guère compter que quelques centaines de citoyens et quatre ou cinq familles de notables, l'une étant celle de Plutarque. À son époque, c'est un gros bourg surplombé par son acropole fortifiée au pied de laquelle se trouve le théâtre où Plutarque évoque la présence de sa femme Timoxéna (Cons. ad uxorem, 609 C-D). Les vestiges d'époque impériale que l'on y découvre régulièrement montrent que la patrie de Plutarque bénéficiait alors des bienfaits de la Pax romana et devenait de plus en plus prospére. Plutarque était profondément attaché à sa petite patrie dont il connaissait intimement le territoire, au point, par exemple, de mentionner un vieux chéne poussant sur les bords du Céphise et prés duquel avait été plantée la tente d' Alexandre (Alex. 9, 3). D'ouest en est, le territoire de Chéronée faisait moins d'une dizaine de kilométres. Il se composait de trois parties : au centre la vallée d'un fleuve pérenne, le Céphise, qui va se jeter un peu plus à l'est dans le lac marécageux du Copais. Cette plaine entrecoupée de haies de roseaux est la partie la plus fertile du territoire de la cité : on y cultivait alors des céréales, des arbres fruitiers, de la vigne et méme des fleurs pour la parfumerie dans son secteur le plus humide (Pausanias IX 41, 7). Là se trouvait sans doute le jardin des bords du Céphise oü l'un des Soclaros procédait à des greffes merveilleuses (Q.C.
II 6, 640 B-C). Au
nord et au sud de la vallée
s'étendent des zones de collines qui comportent des secteurs cultivables (céréales. oliviers, etc.), méme
si l'essentiel de ces terres était probablement dévolu à l'éle-
vage du petit bétail. L'évocation des notables en train de compter les toisons de leurs moutons après la tonte a toute la saveur d'une scène vue (An seni, 785 C). La
haute silhouette bleuätre du Parnasse est visible de presque partout : elle domine le paysage que Plutarque avait sous les yeux et lui rappelait certainement ses devoirs
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PLUTARQUE DE CHERONEE
1107
à Delphes, d'autant que Chéronée était sur le chemin alors normal entre Athènes et le grand sanctuaire d' Apollon. L'identité chéronéenne se nourrit de la géographie, de l'histoire de la cité et de ses cultes. Chéronée était une cité ouverte sur le monde, car elle était sur le grand itinéraire qui relie la Gréce centrale à celle du nord. Méme si les Chéronéens ressentaient profondément leur appartenance à la Béotie, ils n'en occupaient pas moins une partie marginale de cette région, juste aux limites de la Phocide. Les Chéronéens entretenaient avec les Phocidiens des rapports constants à travers la vallée du Céphise: Plutarque avait des amis à Tithorée par exemple (ainsi T. Flavius Soclaros). Mais les Phocidiens incarnaient l'altérité aux yeux des Chéronéens qui affirmaient ainsi leur appartenance à la Béotie (Quaest. Rom., 274 B). Aux autres Grecs, Chéronée rappelait d'abord la bataille de 338* remportée par Philippe II de Macédoine. Pour Plutarque, les mythes locaux (la refondation de la cité par Chairón [»*C 92] par exemple) et la bataille de 86", où Sylla avait défait les forces de Mithridate VI, avaient plus de poids (cf. Sylla 15-21 - la participation de quelques Chéronéens est maintenant confirmée par l'épigraphie). De méme, la gloire de Thébes au IV* s. fondait le sentiment d'avoir joué un róle actif dans la grande histoire, et l'impérialisme thébain, qui avait été le prix à payer pour la participation à cette aventure collective, était bien oublié. Plutarque évoque aussi les particularités rituelles de sa cité (par ex., Quaest. Rom., 274 B-C), mais il ne dit
rien du culte de Zeus dont le sceptre était conservé à Chéronée (Pausanias IX 1112). * La famille
Plutarque, dans ses (Euvres Morales, n'est pas avare de renseignements sur ses proches. Les prétentions généalogiques de sa famille, qui se voulait issue du béotien Opheltas et du phocidien Daiphantos, la situaient en bonne place dans la hiérarchie des élites de Gréce centrale, comme l'a souligné Sirinelli 19, p. 27-28 — qui préte toutefois à Plutarque des réticences à l'égard de ces revendications qui ne ressortent pas nécessairement du passage, fort obscur, du dialogue Sur les délais (558 B) oü il les attribue à son frére Timon ; l'on sait en tout cas à quel point il s'était lui-même intéressé au personnage de Daiphantos, auquel il avait consacré une Vie (Catalogue de Lamprias, n? 38, voir aussi Mul. virt., 244 B) et, là encore, cette revendication d'eugeneia s'inscrit parfaitement dans l'esprit des notables grecs de cette époque. La tradition familiale gardait aussi la mémoire de l'histoire récente, avec le témoignage de l'arriére-grand-pére de l'écrivain, Nicarque, qui avait personnellement
páti, en
31",
des
brutalités
de
l'armée
d'Antoine
(Ant.
68).
Toujours
à
propos de cet imperator, la génération suivante avait pu recueillir un témoignage précis et nuancé, grâce à l'amitié de jeunesse entre Lamprias, grand-père de Plutarque, et Philotas d'Amphissa, médecin d'Antoine et de son fils (Ant. 28, 3-12 ; sur Philotas, qui fut aussi médecin à Delphes, FD III 4, 1, 58). Lamprias exergait manifestement un fort ascendant sur l'ensemble de la famille: Plutarque le fait
1108
PLUTARQUE DE CHERONEE
P 210
intervenir dans deux banquets des Propos de Table (V 5-6 et 8) et invoque à plusieurs reprises son souvenir, quelquefois pour citer ses observations philologiques (15, 622 E; IV 4, 669 C ; IX 2, 738 B). De ces passages se dégage, outre l'affection que lui portait visiblement son petit-fils, une personnalité « haute en couleur, douée de cette culture à la fois diverse et personnelle qu'ont quelquefois ces gros propriétaires terriens, attachés à leur terroir et cependant habiles à profiter de toutes les expériences » (Sirinelli 19, p. 118). Son fils, le pére de Plutarque, Autoboulos, évoqué trois fois dans les Propos de Table (1 2; 119; Ill 7), parait pour sa part s'étre surtout consacré à ses terres, ainsi probablement qu'à une carrière politique locale, comme pourraient l'impliquer les conseils qu'il avait prodigués à Plutarque à ses débuts dans la vie publique (Prec. ger. reip., 816 D). Dans le banquet rapporté dans les Propos de Table IIl 7 comme dans l' Intelligence des animaux. on le voit toutefois s'intéresser aux éléves et aux conférences de son fils. Outre Plutarque, Autoboulos avait eu au moins deux autres fils parvenus à l’äge d'homme: Lamprias (»L 17), sans doute l'aîné (il porte le nom de son grand-père paternel,
suivant une tradition onomastique à laquelle la famille est peu susceptible d'avoir dérogé), n'avait probablement pas une grande différence d'âge avec Plutarque, car il suivit en méme temps que lui l'enseignement du philosophe platonicien Ammonios (»*A 138; Sur l'Epsilon, passim ; les inscriptions sur l'éphébie
athénienne
confirment que les familles hésitaient à séparer les fratries au moment des études et qu'il n'était pas rare que plusieurs fréres, d'áge différent, suivent les mémes enseignements). Le goüt de la raillerie sarcastique que souligne Plutarque dans les Propos de table (VIII 6) ne doit pas occulter ses compétences philosophiques, qui lui valent un róle de premier plan dans le dialogue Sur le visage. Comme Plutarque, Lamprias s'était mis au service d'un sanctuaire oraculaire, celui de Trophonios à Lébadée, la cité limitrophe à l'est de Chéronée (De def. orac., 431
D). Le
plus jeune des trois fréres, Timon, dont Plutarque était trés proche (De frat. am., 487 E), eut à cœur de soutenir la renommée familiale en philosophie. Vers la fin des années 70 probablement, Plutarque épousa Timoxéna, fille d’Alexion, dont on ignore la cité d'origine : rien n'empéche que ce soit Chéronée, mais la preuve prosopographique sur laquelle on s'est appuyé pour le soutenir ne tient pas (Puech 118, p. 4835) : rien n'empêche non plus que ce soit une autre cité, et Wilamowitz avait pensé à Tithorée et suggéré que Timoxéna pouvait appartenir à la famille de son ami Soclaros. En tout cas la brouille qui sépara un temps les familles des nouveaux
époux, évoquée dans le préambule
de l'Érotikos (749 B),
dut être momentanée, car Plutarque fait intervenir son beau-père dans une Question
des Propos de table (VII 1). En recoupant les indications de Plutarque lui-méme dans la Consolation à sa femme et les témoignages épigraphiques, on peut déduire que de l'union de Plutarque et de Timoxéna avaient dü naitre six enfants, dont trois garçons qui survécurent ; un premier-né dont le nom n'est pas connu, un jeune garçon, Chairon, et une petite fille qui portait le nom de sa mère étaient décédés en bas áge.
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PLUTARQUE DE CHÉRONÉE
1109
Le nombre des enfants de Plutarque a été trés discuté. Il indique en effet lui-même que la fille
que souhaitaient sa femme et lui était née « après quatre fils » (μετὰ τέσσαρας υἱούς, Cons. ad mul.. 608 C), ce qui donne cinq enfants, puis il rappelle un peu plus loin, dans la méme consolation. que Timoxéna avait déjà montré la méme fermeté d’äme lorsqu'elle avait « perdu l'ainé des enfants et encore lorsque notre joli Chairon nous avait quittés» (τὸ πρεσβύτατον τῶν τέχνων ἀποβαλοῦσα xal πάλιν Exelvov τοῦ καλοῦ Xaípovoc ἡμᾶς προλιπόντος. Cons. ad mul., 609 D). L'ainé ἃ dü mourir non seulement avant la petite Timoxéna, mais aussi avant Chairon. Pour conserver cinq enfants à Plutarque, il faut donc faire mourir un des trois fils connus : Autoboulos (#+A 511), le meilleur candidat pour être l'aîné en raison des usages. a manifestement survécu. Il faudrait alors supposer que l'ainé était Soclaros et que le Soclaros de l'inscription 5, qui porte le méme gentilice romain. n'appartient pas à la famille de Plutarque : c'est la solution avancée dans la CUF et encore défendue par 126 D. Babut, « Sur Soclaros de Chéronée et sur le nombre des enfants de Plutarque », RPh 73, 1999, p. 175-189. L'autre hypothese avancée jusqu'à présent fait mourir ce premier enfant au moment ou tres pres de sa naissance, ce qui expliquerait à la fois qu'il ne soit pas compté dans les quatre fils élevés par le couple, que Plutarque, pourtant père affectueux, dise que sa femme a perdu cet enfant sans s'impliquer lui-même et qu'il ne donne pas son nom - qu'il soit mort avant les dix jours où un enfant le recevait ou qu'il ait recu celui d'Autoboulos réutilisé ensuite. Je proposerais pour ma part une troisième hypothèse, que je n'ai trouvée nulle part et qui me semble plus vraisemblable et mieux à méme d'expliquer les points mis en avant supra pour supposer un enfant mort-né ou n'ayant survécu que quelques jours, celle d'une fausse couche de Timoxéna, à un stade plus ou moins avancé de sa grossesse — ce qu'on comprend encore à notre époque lorsqu'un homme dit que « sa femme a perdu son (leur) enfant ».
Des trois gargons, l'ainé, Autoboulos, mis en scéne dans plusieurs banquets des Propos de table (IV 3; VIII 2; VIII 10), suivit les traces de son père et c'est déjà
en tant que philosophe reconnu qu'il participe au banquet pour l'anniversaire de Platon (VIII 2) ou qu'il débat avec Favorinos (VIII
10); cette qualité joue sans
doute aussi dans le rôle de narrateur qui lui est dévolu par son père dans l'Érorikos. Son petit-fils tint à perpétuer son souvenir en lui élevant une statue à Chéronée (inscription 4). Plutarque le jeune et Soclaros apparaissent dans les Propos de table (VIII 6, τῶν υἱῶν μου τοὺς νεωτέρους - les noms ne sont pas précisés), comme des jeunes gens passionnés par les conférences du théátre, au point d'arriver en retard au symposion. Soclaros était toujours vivant en 118, date à laquelle il apparait comme témoin dans un arbitrage de Daulis (inscription 5). La tradition philosophique se maintiendra dans la famille bien au-delà de la génération d' Autoboulos — qui est aussi celle de Sextus de Chéronée, neveu de Plutarque : au III® s. encore, un philosophe, Sextus Claudius Autoboulos (**A 512), sera actif à Chéronée (inscription 7) et le sophiste Nicagoras (#*N 29) se targuera, comme
héros
des Métamorphoses
d'Apulée,
de descendre
de Plutarque
autrefois le
et de Sextus
(inscription 8). (4) FORMATION ET VOYAGES
Cette famille, avant de devenir une famille de philosophes, était une famille de pepaideumenoi, d'hommes cultivés, que l'on peut aussi qualifier de philologoi (Sirinelli 19, p. 390-391) : d'une certaine manière, la paideia est pour Plutarque un ancrage aussi fort que l'attachement à la cité et aux siens. Il ne fait ainsi aucun doute qu'il a dü suivre le cursus naturel dans son milieu social, commengant
par
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étudier aupres d'un grammatikos les lettres et, au travers de la littérature, l'histoire,
la géographie et les sciences. Il fit peut-être son éphébie à Athènes (c'est l'hypothése soutenue par 127 A.M. Scarcella, «L'efebia di Plutarco », dans I. Gallo [édit.], Seconda miscellanea filologica, coll. « Università degli studi di Salerno Quaderni
del Dipartimento
di Scienze
dell'Antichità»
17, Napoli
1995, p. 121-
130), mais ce n'est qu'une hypothèse, car l'éphébie continuait à fonctionner en Béotie à son époque. C'est probablement à Athénes qu'il étudia la rhétorique. En cette période, qui marquera rétrospectivement le début de la « Seconde Sophistique » aux yeux de Philostrate, la rhétorique fait partie d'une bonne éducation et est indispensable aux notables, qui tout à la fois sillonnent l'empire dont ils cimentent d'une certaine manière l'unité culturelle grâce à leurs conférences et, à l'occasion, sont chargés par leurs concitoyens de défendre leurs intéréts auprés des autorités romaines, táche qui demande une bonne maitrise de l'éloquence. Mais c'est aussi l'époque oü l'on connait de retentissantes « conversions » de la philosophie à la rhétorique ou de la rhétorique à la philosophie (Sirinelli 19, p. 38-39). Or Plutarque n'évoque jamais ses études de littérature, qu'atteste le nombre impressionnant de citations dont son œuvre
est émaillée (cf. Helmbold
66, et, en particulier, pour
Homère, « pilier » de l'hellénisme, 128 M. Díaz Lavado, Las citas de Homero en Plutarco, Zaragoza 2010, et 129 Chr. Bréchet, Homère dans l'œuvre de Plutarque. La référence homérique dans les Moralia, thése de doctorat soutenue à Montpellier III en 2003, à paraitre aux Belles Lettres), pas plus qu'il ne dit mot de cette formation rhétorique : sans doute, pour qui n'a pas choisi d'étre rhéteur, ne méritet-elle pas de mention particuliére et l'idée d'une conversion n'est-elle pas méme envisageable pour qui ne se voit qu'en philosophe et n'attache d'importance qu'à son maître de philosophie. De la place des rhéteurs dans la formation et de la distance aussi que prend Plutarque par rapport à eux témoigne en particulier le banquet du livre IX des Propos de Table, qui réunit tous les professeurs aprés « l'examen de fin d'année » des éphèbes au Diogeneion d’Athenes, le gymnase lié à l'éphébie sous l'Empire. Les liens de la rhétorique « professionnelle » et des problémes de droit y apparaissent nettement (Qs 13). Spécialité ou élément de la paideia, la rhétorique n'induit plus, comme dans le Gorgias, un bios contre lequel il faudrait lutter ; elle n'est qu'un instrument qu'il faut bien utiliser, servant au maniement des hommes dans la vie politique (Praec. ger. reip., chap. 5-9, 801 C-804 C) ou à l'élaboration d'un texte — pour une analyse plus détaillée, 130 F. Frazier, « Les visages de la rhétorique contemporaine sous le regard de Plutarque », dans Van der Stockt 92, p. 183-202. Il y a ainsi probablement une erreur de perspective dans les études modernes, lorsque, en dehors des conférences, on privilégie l'aspect rhétorique : introduire, explicitement ou implicitement, dans l'herméneutique une opposition tranchée de la rhétorique et de la philosophie expose au risque de s'arréter au style et à la forme et de minimiser le fond et sa portée. Sur ce point, voir aussi les remarques de 131 R. Hirsch-Luipold, « Plutarch ». dans Plutarch, Lebe im Verborgenen ?, coll. « Sapere » I, Darmstadt 2000, p. 24-25.
Le seul maitre que Plutarque se reconnaisse, c'est Ammonios
(»*A
138), dont
il suivit les cours de philosophie à Athénes, et il le met en scéne dans plusieurs de ses ceuvres, oü
brille son
autorité
intellectuelle
(Puech
118, p. 4835-36).
Nous
n'entrevoyons guére sa formation que dans l'Epsilon de Delphes, déjà cité, oü Plutarque évoque, avec la distance amusée qui le caractérise souvent, le jeune homme passionné de mathématiques qu'il fut ; la philosophie allait bientôt prendre
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le pas auprès d’un Ammonios qui considérait néanmoins aussi que «les mathématiques sont une part importante de la philosophie » (391 E). L'interprétation du groupe participial apposé dans lequel Plutarque évoque
son évolution
intellectuelle (τάχα δὴ μέλλων εἰς πάντα τιμήσειν τὸ μηδὲν ἄγαν ἐν Ἀκαδημείᾳ γενόμενος, 387 F 3-4) est un point qui a beaucoup agité les commentateurs. On trouvera un exposé détaillé dans Babut 27. Deux problèmes ont été soulevés. Le premier concerne l'Académie : il parait désormais établi qu'elle n'avait plus d'existence institutionnelle à cette époque, mais cela n'exclut pas pour autant qu' Ammonios et, après lui, Plutarque s'en soient réclamés, ni même, éventuellement, que l'école d'Ammonios ait été appelée Académie. Le second point, lié, concerne Plutarque lui-même et le sens de l'aoriste γενόμενος. La valeur aspectuelle n'impose pas de comprendre que cette « entrée à l'Académie » fut postérieure à la fréquentation d’Ammonios et qu'il aurait eu un autre maitre, dont, curieusement, il ne soufflerait jamais mot. Le syntagme met simplement en
rapport μέλλων et γενόμενος et ce rapport est autant causal que temporel: «j'allais bientôt honorer en tout le "rien de trop" par suite de mon entrée à l' Académie ». Cette entrée, non située dans le temps, l'aménera dans un proche avenir à reconnaitre l'importance de la modération : rien ne dit qu'elle n'ait pas déjà eu lieu — depuis qu'il suit les cours d'Ammonios — mais sans avoir encore porté tous ses fruits. L'influence d'Ammonios sera grande sur la personnalité de Plutarque : non seulement, c'est d'Ammonios qu'il a dà hériter un platonisme oü s'associent probabilisme et pythagorisme (le vers de Xénophane, « voici notre opinion, semblable à des vérités », ταῦτα δεδοξάσθω μὲν
&otxóra τοῖς ἐτύμοισι, était un de ses mots familiers, Q.C. IX 14, 746 B), mais il a trouvé en lui aussi un exemple de vie et, comme son maitre, a rempli consciencieusement ses devoirs de notable, choisissant pour lui-méme comme pour les héros de ses Vies la vie pratique. Apres la philosophie, il devait encore, selon les usages du temps, compléter sa formation en voyageant : pour s'en tenir aux voyages sürs (les historiens s'interrogent aussi sur son passage en Asie Mineure), son séjour à Athènes fut suivi d'un voyage à Alexandrie (les réceptions qui marquérent son retour sont évoquées dans Q.C. V 5. 678 C et son grand-pére y prend part). Peut-étre le goût pour la médecine dont témoignent ses œuvres s'est-il éveillé là, mais il ne faut pas négliger le fait que la médecine aussi tendait à faire partie du bagage du pepaideumenos et s'associait volontiers à la philosophie: Galien de Pergame (**G 3) en sera sans doute l'exemple le plus éclatant. Plutarque n'a jamais été médecin comme lui, mais il a développé une réflexion de moraliste intéressante, en particulier dans ses Préceptes de santé (postérieurs à la mort de Titus mentionnée en 123 D ; voir aussi Q.C. VIII 9, oü la réflexion prend un tour cosmologique) ; en tout état de cause, l'influence du corps ne laissait pas indifférent le moraliste (et) platonicien qu'il était - voir aussi l'anecdote de Demetr. 38 et, pour un exposé plus détaillé, 132 J. Boulogne, « Plutarque et la médecine », dans ANRW II 37, 3, Berlin 1996, p. 2762-2792.
Les débuts de sa vie d'adulte ressemblent, autant qu'on puisse le deviner, à ceux d'un notable et conférencier tel que le fut Dion de Pruse (»*D 166). Luiméme indique qu'on le fit participer trés tót à une ambassade auprés du pouvoir romain
(Praec. ger. reip., 816 C-D) et il séjourna au moins
deux
fois à Rome,
sinon trois, avec un certain intervalle entre deux de ces voyages (Q.C. VIII 7, 727
B: εἰς Ῥώμην ἀφικομένῳ μοι διὰ χρόνου). Ils doivent se situer vers la fin du règne de Vespasien et durant le règne de Domitien (cf. Publ. 15, 3-6). Ces déplacements lui permettaient à la fois de remplir des missions politiques et de donner des conférences (Demosth. 2, 2, oü il explique modestement (trop ?) qu'il n'a pas eu le
loisir de se perfectionner en latin ὑπὸ χρειῶν πολιτικῶν xai τῶν διὰ φιλοσοφίαν πλησιαζόντων). Il signale, non sans quelque fierté, qu'il y eut pour auditeur «le fameux Rusticus (»*R 16), que, par la suite, Domitien fit périr» (= Q. Junius
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Arulenus Rusticus, membre de l'ordre sénatorial influent sous les Flaviens, De curios., 522 D). C'est peut-étre là qu'il affermit ses liens avec deux de ses amis romains les plus éminents, L. Mestrius Florus (»*F 16), qui était son aîné, et Sosius
Sénécion, de quinze ans son cadet. Le premier, consul sous Vespasien, lui donna son gentilice de citoyen romain et peut-être était-il déjà lié auparavant à la famille de Plutarque. C'est lui en tout cas qui semble avoir guidé ses premiers pas en Italie et qui l'emmena visiter le champ de bataille de Bedriac, oü prit fin, en 69, le régne d'Othon (Otho 14, 2-3). Sénécion (Q. Sosius Senecio), que Plutarque avait déjà pu
rencontrer lorsqu'il fut questeur d'Achaie entre 85 et 90 (Puech 118, p. 4883), lui demandera plus tard de consigner « l'essentiel des discussions (τῶν φιλολογένθων τὰ ἐπιτήδεια) qui ont pu avoir lieu à maintes reprises tant chez (nous) autres à
Rome que chez (vous) en Grèce » (Q.C. præf. 612 E). Plutarque évoque en outre dans les mémes Propos de Table (VIII 7-8) un diner de bienvenue donné à Rome
en son honneur. On est tenté de situer dans cette période certaines conférences philosophiques (dont la plus importante est le Sur la superstition) et les discours qui évoquent la destinée historique de Rome, d'Alexandre ou d'Athénes (La fortune des Romains,
La fortune d'Alexandre
Let II. La gloire des Athéniens), où
l'on retrouve toujours étroitement unis une vision « consensuelle », une image des valeurs et des acteurs de l'Histoire qui peut convenir aux Grecs et aux Romains, et un fond d'idées chéres à Plutarque (cf. les notices du volume V 1 de la CUF). Le plus important réside peut-étre dans une premiére rencontre avec l'Histoire, car il est assez tentant de penser que c'est Mestrius, compagnon d'Othon puis de Vespasien (cf. Suétone, Vespasien 22), qui l'engagea dans sa premiére entreprise biogra-
phique, celle des Vies des Césars, d'Auguste à Othon, dont il ne nous reste plus que les deux dernières. Ce n'est cependant encore qu'un germe et sa grande œuvre des Vies Paralléles sera sensiblement différente, plus marquée par l'analyse du moraliste. (5) LA VIE À CHÉRONÉE ET L'ACTIVITÉ PHILOSOPHIQUE
Entre ses voyages à Rome, Plutarque sans doute rentré à Chéronée, avait dü se marier. Nous ne connaissons pas bien les détails (voir (3) supra) et il importe peutétre plus de saisir ce qui, dans sa vie sociale, pése sur sa pensée, l'influence, dans
sa forme comme dans son contenu. L'enseignement de la philosophie est certainement un des éléments importants: «l'activité d'auteur de Plutarque durant cette époque est tout entiére encadrée par une activité d'enseignement qui n'est jamais précisée, encore moins décrite, mais sous-entendue, comme
si ces deux activités se
supposaient naturellement l'une l'autre et se renvoyaient l’une à l'autre, par un mouvement qui n'a pas besoin de définition, tant il est ancré dans l'exercice méme
de la profession » (Sirinelli 19, p. 125). Les quelques éléments que l'on peut entrevoir montrent la place que tiennent la discussion, «l'essai », sur tel sujet ou tel commentaire, les promenades philosophiques qui prolongent les cours ; apparait, d'un mot, l'imbrication de la vie et de la philosophie. par-delà la seule transmission
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et défense d'une doctrine. Plutarque sans doute écrit des traités polémiques contre les épicuriens et les stoiciens, réfléchit au róle propédeutique de la poésie dans le Comment lire les poètes, alors que son fils Soclaros arrive à l’âge de s'y intéresser, rédige à la demande de ses fils Autoboulos et Ploutarchos un commentaire partiel
du Timée oü il synthétise ses cours (Ἐπεὶ τὰ πολλάκις εἰρημένα xai γεγραμμένα σποράδην Ev ἑτέροις ἕτερα τὴν Πλάτωνος ἐξηγουμένοις δόξαν ἣν εἶχεν ὑπὲρ ψυχῆς. ὡς ὑπενοοῦμεν ἡμεῖς οἴεσθε δεῖν εἰς ἕν συναχθῆναι, 1012 B) ou encore traite de Questions physiques ou platoniciennes, mais elles ne sont qu’une partie de
son activité et il semble distinguer les discussions « professionnelles » de doctrine et la philosophie dans la vie, au banquet bien sür, oü la cuistrerie qui exclut l'autre n'a pas sa place (cf. Q.C. I 1, qui oppose la philosophie comme art de vivre, partout à sa place, 613 B, et les sujets philosophiques, 613 C sqq.), mais aussi dans certaines œuvres morales (voir les « dérobades » ou les précautions prises dans l'Érotikos pour faire intervenir Platon, 758 D, 762 A, 766 B-C).
De rigide de ses deux
son «école » méme, on aurait tort, sans doute, de se faire une image trop et « universitaire ». Il semble probable qu'il ait accueilli chez lui des enfants amis en fin de formation (par ex., les Précepres de mariage sont dédiés à de ses anciens éléves, enfants de familles amies, Pollianos et Eurydice
[»*E 142]). La mise en scène du Sur l'intelligence des animaux
ou encore
une
scene des Propos de Table, oü il interroge deux éléves à la féte du vin nouveau (III 7), donnent une idée de l'atmosphére quasi familiale dans laquelle se faisait la transmission de la sagesse et du savoir. Peut-étre participait-elle aussi d'une certaine manière des devoirs du notable que Plutarque a mis un point d'honneur à remplir tout au long de sa vie. Il n'est pas un Épictète [»»Ὲ 33], qui, si modestes que soient ses besoins, tire sa subsistance de son enseignement. Mais ce qui le rapproche du maitre de Nicopolis, en l'opposant à lui, c'est qu'ils ont été tous deux les représentants les plus éminents de leur école, et, bien qu'ils ne parlent jamais directement l'un de l'autre, M. Cuvigny (133 «Plutarque et Épictéte », dans Congrés 68, p. 565-566) a suggéré de reconnaitre Épictéte dans le maitre grincheux que caricature Plutarque (Q.C. VI 7) et Plutarque dans le philosophe inconséquent que stigmatise Épictète (II 20). Épictéte attaque à la fois épicuriens et académiciens, prétant aux uns et aux autres une négation de la religion que Plutarque eüt rejetée avec horreur. A cela pres, le portrait de l'engagement dans la vie de la cité est assez fidéle : « Et puis ceux qui tiennent ces propos se marient ; ils ont des enfants ; ils ont des fonctions politiques ; ils s'instituent prétres et prophetes. Et de qui ? D'étres qui n'existent pas ? Ils consultent la Pythie pour apprendre d'elle des mensonges, et donnent aux autres l'interprétation des oracles. Quelle impudence ! Quelle charlatanerie ! » (Il 20,
27)
Si Épictéte, à l'instar de Socrate, son grand modèle, a dû trouver en Arrien (**A 425) son Xénophon, Plutarque au contraire a beaucoup écrit et là encore, l'auteur rejoint le personnage social. Car l'écriture et les sujets sont moins spontanés chez lui qu'ils ne répondent aux sollicitations de ses amis. Il prend ainsi peu à peu la figure du «directeur de conscience », à la maniére d'un Sénéque - avec lequel il partage d'ailleurs quelques sujets. L'Érotikos peut en donner une idée, où,
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au mépris de la date dramatique, il apparait comme celui dont on requiert l'arbitrage et que ses amis, Pemptidès (#*P 78), Soclaros, Zeuxippe, interrogent. Dans les ceuvres parénétiques qui naissent de ces demandes, raisonnements et exempla s'épaulent mutuellement pour guider le lecteur et l'auteur s'y exprime en homme d'expérience et de réflexion qui propose avec courtoisie des conseils de conduite et des analyses de notions. Orientée pour le moment dans un sens thérapeutique (cf. Ingenkamp 55), se développe ainsi une pénétration psychologique qui fera merveille dans les Vies Paralléles. Sirinelli 19 (p. 143) fait remarquer le grand nombre de Romains parmi ces « demandeurs » de conseils, ce qui place Plutarque dans une répartition des róles entre penseurs grecs et acteurs romains traditionnelle depuis Posidonios (»*P 267) et Panaitios (**P 26) et qui contribue peutêtre à dépouiller ses traités de toute scolastique — on trouvera la mention des dédicataires dans la liste des œuvres infra. Lorsqu'ils ne sont pas romains, ce sont néanmoins toujours de grands personnages, comme Philopappos, descendant des anciens rois de Commagéne et dédicataire du Comment distinguer l'ami du flatteur. un des traités les plus intéressants. par sa construction - qui
associe les analyses de la flatterie et de la parrhesia. synthétisant peut-être deux discours initialement distincts - comme par son thème, à la fois social et philosophique, nourri de l'expérience de la cité comme de la lecture du Gorgias. Comment se louer soi-même est dédié au Lacédémonien C. Julius Herculanus, un des personnages les plus considérables de sa cité et de toute la province d'Achaie ; de nouveau, on y trouve une réflexion morale qui s'empare d'un genre rhétorique, la περιαυτολογία, et touche, comme le Flarteur, à cette faille de bien des caractères, la dıAavria déjà dénoncée par Platon (Leg. V, 731d-732a). Une «demande » a particuliérement retenu l'attention, parce qu'elle jette quelque lumiére sur la maniére dont travaillait Plutarque, qui se plaint de l'absence de livres et de conférences dans sa petite cité (De E. 384 E). Au début du Sur la tranquillité de l'âme, Plutarque répond à la demande d'un certain Paccius (**P 1) qui l'a interrogé «sur la tranquillité de l'àme et sur certains passages du Timée qui réclament une exégèse approfondie » (464 E) ; faute de pouvoir peaufiner quelque chose, il «a rassemblé les notes qu '(il) avait prises pour (son) usage personnel sur la tranquillité de l'âme (ἀνελεξάμην περὶ
εὐθυμίας ἐκ τῶν ὑπομνημάτων ὧν ἐμαυτῷ πεποιημένος ἐτύγχανον) dans la pensée que tu ne cherchais pas non plus dans ce discours une lecture en chasse de beau style (θηρωμένης καλλιγραφίαν), mais un secours pratique » (464 F-465 A). Ces lignes ont suscité toute une réflexion sur les Aypomnemata qui formaient la base de départ de la réflexion de Plutarque. Leur étude détaillée a été entreprise à Leuven sous la direction de L. Van der Siockt, qui n'a publié encore que quelques résultats partiels, par ex. 134 L. Van der Stockt, « A Plutarchean Hypomnema on Self-Love », AJPh 120, 1999, p. 575-599 ; 135 Id., « Plutarch in Plutarch : the problem of the hypomnemata », dans Gallo 98, p. 331-340.
L'importance des cercles amicaux de Plutarque éclate dans les Propos de Table, souhaités par cet ami éminent qu'était Sosius. Ils permettent de voir ce que pouvait étre la vie culturelle de l'époque et l'importance de l'échange, de la confrontation, de la recherche en commun, qui trouvera sa meilleure expression dans le genre du dialogue platonicien. Comme Ammonios titillait autrefois ses éléves pour stimuler leur réflexion (Q.C. III 1, 646 A), les convives se saisissent de toutes les occasions, un bruit entendu au dehors ou un plat servi à table. pour discuter de la propagation du son (VIII 3), du rémora (II 7) ou du filtrage du vin
(VI 7). On a ainsi une sorte de répertoire de la curiosité antique autant qu'un tableau théorique et pratique de la convivialité, qui donne une certaine épaisseur à l'idéal de philanthrópia de cette société. On y saisit aussi la diversité, voire la dispersion des intéréts de Plutarque, mais on voit en méme temps comment un
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certain goüt de réfléchir se concrétise dans la vie de son cercle, comment se réalise une harmonie, une sorte de compénétration entre vie intellectuelle et vie tout court. (6) LA CARRIERE PUBLIQUE. Cette importance de la «vie pratique », dont Ammonios lui avait montré l'exemple, s'est traduite aussi dans son propre choix de vie. Plutarque évoque dans les Préceptes politiques (816 C) ses débuts dans la vie publique, avec l'ambassade qu'il dut mener, probablement au nom de sa patrie de Chéronée, auprès du proconsul d' Achaie. Il fut par la suite chargé d'une mission plus importante, car la Vie de Démosthéne (2, 2) attribue un motif politique au séjour qu'il fit à Rome et en Italie sous Vespasien. Plus tard, il exerça l'archontat éponyme à Chéronée (Q.C. II 10 et VI 8). En revanche, les termes trés généraux avec lesquels l'écrivain, à deux reprises (An seni, 785 C et Prac. ger. reip., 813 D), mentionne la charge de béotarque ne permettent pas de décider s'il l'avait lui-méme assumée et si la liste des magistratures qu'il donne dans le traité correspond, comme on a pu le penser, à celles qu'il a exercées. C'est en tout cas le service du sanctuaire de Delphes qui constitua pour lui la « liturgie » essentielle : il dut accéder à la prétrise des la fin du regne de Domitien puisqu'il l'exergait « depuis de nombreuses pythiades » (792 F) lorsqu'il rédigea le traité Si la politique est l'affaire des vieillards. ll y ajouta la fonction d'épiméléte des Amphictions, qui ne revenait qu'à de grands notables de Gréce, au moins pour la pythiade 115-119 [inscription 1] — sur sa possible action diplomatique, cf. Stadter 95, p. 19-31 («Plutarch : Diplomat for Delphi ? »). Il avait obtenu la citoyenneté romaine, par l'entremise de son ami L. Mestrius Florus, à une date qu'il n'est pas possible de préciser, puisque lui-méme ne le signale nulle part et que l'épigraphie, qui nous l'apprend, ne révèle rien sur ce point. Il a fort bien pu étre admis dans l'ordre équestre et recevoir finalement d'Hadrien le titre de procurateur, méme si l'indication n'apparait que dans une source tardive (Georges le Syncelle, p. 659 Dindorf). En revanche, la notice confuse de la Souda (Π 1793
Adler), selon laquelle Trajan lui aurait décerné les ornamenta consularia, ne peut étre considérée comme une source fiable: la mention du gouvernement de «l’Illyrie » renvoie à une date plus tardive et semble impliquer une confusion avec l'un des homonymes du IV* ou du V* siécles. (7) LE MORALISTE ET L'ENTREPRISE DES VIES PARALLELES
La vie pratique est aussi le sujet auquel il s'attache dans ce qui fera sa gloire à l'époque moderne, les Vies Paralleles. Cette entreprise fut suscitée par d'autres, comme il le dit lui-méme (Aem. 1, 1), et, si l'on ne fait que conjecturer le róle de L. Mestrius Florus dans la rédaction des Vies des Empereurs, les dédicaces réitérées à Q. Sosius Sénécion laissent penser qu'il ne fut sans doute pas étranger à la composition des Vies parallèles. Œuvre singulière par le parallélisme qu'elle instaure entre grands hommes grecs et grands hommes romains, elle s'inscrit néanmoins dans le cadre général d'un renouveau de l'historiographie, qui coincide avec une sorte de nouvel élan de l'Empire, avec un moment de l'histoire, oü, comme
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Tite-Live naguére, au temps d'Auguste, et Dion Cassius plus tard, au temps des Sévéres, les auteurs éprouvent le besoin de relire le passé à la lumiére du nouveau
présent qui se dessine. Mais pour Plutarque, qui ne choisit pas de héros romain d'époque impériale et ne fait pas une histoire de l'Empire, ni méme une histoire du tout (cf. la trop célébre préface d'Alex.), il ne s'agit pas de dégager
une
vision
historique de la formation de cet Empire — tout juste note-t-il à l'occasion la nécessité d'une unification du pouvoir, mais c'est d'abord pour expliquer l'échec d'une entreprise aussi noble que celle de Brutus (Brut. 47, 7 et Caes. 69. 2 sqq.):
les héros, par-delà les différences d'époque, appartiennent à une méme civilisation, ou plutót à la civilisation tout court, constituée de valeurs grecques, que les Romains ont admises (la «rudesse » belliqueuse originelle des Vieux Romains, dommageable,
est signalée à propos
de Coriolan
(1, 6) et Marius
(2, 2-4);
sur
«l'inverse du civilisé », cf. 136 T. Schmidt, P/utarque et les Barbares. La rhétorique d'une image, Leuven
1999, IX-374 p.).
Les relations avec les Romains ont fait couler beaucoup d'encre et le modéle latent et anachronique de l'héroisme du résistant face à l'occupant a conduit à bien des incompréhensions. Il s'adapte fort mal à un notable grec du Is. qui vit dans un espace géographique contrólé par Rome depuis plusieurs siécles, champ de bataille privilégié au temps des guerres civiles qui reprend souffle en cette période de reviviscence des cités (sur la « mémoire » de Plutarque et des siens, voir, outre (3) supra, 137 Chr. Chandezon, « Plutarque et Chéronée. Notes de lecture d'un historien », Ploutarchos, n.s. 4, 2006-2007. p. 83-92). Plutarque n'est ni un « collaborateur » ni un « résistant », il vit dans le cadre qui est le sien et s'efforce d'en tirer le meilleur parti pour sa cité. Recommandant aux responsables grecs dans les Préceptes politiques de se garder de la discorde qui entraine l'intervention des Romains, il n'éprouve pas le besoin. comme un Denys d'Halicarnasse à la génération précédente, de transformer les Romains en Grecs, mais il souligne la communauté de culture qu'ils partagent désormais, tout en faisant la part des usages particuliers des uns et des autres, ainsi que le montrent les Questions Romaines et les Questions Grecques, par exemple. Sur ce mélange de distance et de proximité avec les Romains, voir 138 C. Bréchet, « Grecs, Macédoniens et Romains au test d' Homére : référence homérique et hellénisme chez Plutarque » dans Nikolaidis 107 ; l'influence des nationalismes du XIX* s. sur les interprétations modernes donne lieu à une intéressante analyse de 139 T. Späth, « Blick auf Helden statt Blick auf Rom. Plutarchs Rezepte für ein globales Bankett der Moral», dans M.-L. Freyburger et D. Meyer (édit.), Visions grecques de Rome, Paris 2007. p. 143-170. Si la notion de « civilisation », entendue comme ensemble de valeurs, a tant de poids, c'est que l'entreprise de Plutarque, comme l'implique la notion méme de bios, est fondamentalement morale. En cela, il peut sembler a priori ne pas se distinguer de l'historien antique. Cependant, le caractère. l'érhos, conceptualisé par l'école péripatéticienne, n'est qu'un des éléments d'explication pour l'historien (cf. Polybe, X 21, 4-7, et 140 F. Frazier, « Bios et Historia. À propos de l'écriture biographique dans les Vies Parallèles de Plutarque ». dans M.-R. Guelfucci (édit.). Jeux et enjeux de la mise en forme. Aux marges de l'histoire ?, Besangon 2010, p. 155-172). Pour le biographe. c'est au contraire son objet propre, qu'il s'agit de « mettre en lumière » (Alex. 1, 1 ἔμφασιν ἤθους ; Pomp. 8. 5, τῶν μεγίστων καὶ μάλιστα δηλούντων τὸ ἦθος ἔργων xai παθημάτων τοῦ ἀνδρός. ou Nic. 1, 5. τὴν πρὸς κατανόησιν ἤθους καὶ τρόπου [ἱστορίαν }). Les événements historiques servant pour ainsi dire de toile de fond à l'action de grands hommes d'État, il importe avant tout, si l'on s'inspire des termes du Démon de Socrate, d'observer «en homme épris d'honneur et de beauté » les « combats de la vertu contre les conjonctures extérieures, les audaces réfléchies qu'inspire, face au danger, la raison aux prises avec les circonstan-
ces et la passion » (ἀγῶνας ἀρετῆς πρὸς rà συντυγχάνοντα xai τόλμας ἔμφρονας παρὰ τὰ δεινὰ ... καιρῷ καὶ πάθει μεμιγμένου λογισμοῦ. 575 B-C).
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Cette étude a dü occuper prés d'une vingtaine d'années de la vie de Plutarque : comme toujours la chronologie n'est qu'approximative, mais on considére en général qu'il a pu commencer au moment οὗ Sosius accéda au consulat, autour de 99, et qu'il a dû s'arréter avec la mort du dédicataire, autour de 117. Pour suivre l'ordre de composition des vingt-trois tomes (en comptant la paire perdue, et sans doute initiale, Épaminondas-Scipion), nous sommes à nouveau assez démunis : Plutarque indique que Démosthéne-Cicéron forment le cinquième tome, Périclès-Fabius le dixiéme et Dion-Brutus le douziéme. Il fait en outre un certain nombre de « références croisées » qui donnent à penser qu'il composait plusieurs tomes à la fois (cf., outre Jones 120, 141 J. Mewaldt, « Selbstcitate in den Biographien Plutarchs », Hermes 42, 1907, p. 564-578, et, pour un essai de synthèse, 142 F. Frazier, « Composition », dans Payen 16, p. 1986-1988). Il appert en tout cas nettement qu'aucun plan d'ensemble n'a présidé à l'élaboration de l’œuvre. Les préfaces au contraire nous livrent au coup par coup les réflexions de Plutarque provoquées par les particularités de ses personnages : ainsi la prolifération des Histoires d'Alexandre l'améne à réfléchir à la distinction de l'historiographie et de la biographie, tout comme, au début sans doute de son entreprise, le désir d'honorer Lucullus, bienfaiteur de Chéronée, l'avait amené à préciser les rapports de la biographie et de l'éloge et à affirmer sa volonté de brosser un portrait oü le pinceau respecte la vérité et, sans effacer les défauts, ne les souligne pas non plus (Cim. 2). Dans un esprit un peu autre, Agis, Cléomène et les Gracques posent le probléme des effets de la doxa sur de jeunes esprits épris d'honneur, Caton d'Utique et Phocion celui de l'adaptation du héros vertueux à une époque qui l'est moins. Ailleurs ce sont des confidences sur lui-méme que livre Plutarque, comme son choix de vivre à Chéronée ou son incapacité à établir un paralléle rhétorique entre les deux plus grands orateurs grec et romain, faute d'avoir assez étudié le latin (Demosth. 2, déjà cité, sur sa connaissance du latin, 143 A. Strobach, Plutarch und die Sprachen, Stuttgart 1997, en part. p. 32-46). Parmi ces préfaces, celle de Paul-Émile tient à n'en pas douter une place à part, qui nous laisse entrevoir les rapports établis peu à peu entre le biographe et ses héros. Si nous pouvons étre tentés de les rapprocher de ceux que le romancier entretient avec ses personnages, Plutarque pour sa part ne les pense pas en termes de création littéraire : les héros lui apparaissent comme des hôtes qu'il accueillerait chez lui, comme Achille, au dernier chant de l'/liade, recoit Priam, et qu'il contemplerait, « táchant en quelque facon en regardant dans l'histoire comme
dans
un miroir de régler et conformer
(sa) vie à l'image
des
vertus de ces grands hommes» (ὥσπερ Ev ἐσόπτρῳ τῇ ἱστορίᾳ πειρώμενον ἁμωσγέπως κοσμεῖν xal ἀφομοιοῦν πρὸς τὰς ἐκείνων ἀρετὰς τὸν βίον, 1, 1), établissant aussi avec eux une forme d'intimité (οὐδενὶ γὰρ ἀλλ᾽ fj συνδιαιτήσει xai συμβιώσει τὸ γινόμενον ἔοικεν, 1, 2), qui élargit, en quelque sorte, son cercle d'amis. L'entreprise biographique se transforme ainsi en une sorte d'«aventure spirituelle », selon une des formules heureuses de J. Sirinelli, et l'auteur, comme le lecteur, a à apprendre d'un spectacle qu'il ne faut pas confondre avec une peinture
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édifiante. Non seulement Plutarque, dans la préface de Pericles — presque à miparcours, puisque c'est le dixiéme tome -, évoquait la dynamique de l'admiration et l'impulsion active suscitée par la seule beauté de la vertu (τὸ γὰρ καλὸν Ed” AUTO πραχτικῶς κινεῖ xai πραχτιχὴν εὐθὺς ὁρμὴν ἐντίθησιν, 2, 4). mais il est
amené aussi, en bon platonicien, à s'intéresser à des anti-modéles. la connaissance du bien étant inséparable de celle du mal. 1l explicite cette idée dans la préface du couple Démétrios-Antoine, assurément tardif. Quoi qu'il n'en dise rien, il est probable que la composition de Pyrrhos-Marius ou encore d'Alcibiade-Coriolan obéisse à la même inspiration. Mais, pas plus que la vie des héros a priori exemplaires ne tourne à l'hagiographie, pas plus on ne trouve dans celle des antimodeles une peinture au vitriol. Chez les uns et les autres prévalent la méme réserve indulgente pour la faiblesse humaine, la méme admiration devant les gestes
sublimes dont elle est capable à l'occasion, la méme attention au bout du compte à la particularité des étres et des moments, qui contribue à donner aux personnages une épaisseur vivante.
Cette attention est en quelque sorte justifiée théoriquement par Plutarque. qui insiste dans la Vie de Phocion comme dans les Prouesses de femmes sur la nuance
propre que prend la méme vertu en chaque individu, selon qu'il s'agit de la grandeur de Sémiramis ou de Sésostris, de la noblesse de Porcia ou de Brutus (Virt.
mul., 243 C), de l'intelligence de Thémistocle ou d' Aristide, de la justice de Numa ou d'Agésilas (Phoc. 3, 7). L'écriture met en valeur des moments
parfois exem-
plaires, parfois seulement révélateurs d'un caractére, et dans sa matiére méme, Plutarque sélectionne d’après une certaine conception qu'il s'est faite du caractère du héros, dont, pour le penseur antique, la cohérence est à la fois une exigence morale et une vérité anthropologique (Frazier 166, p. 80 sgq.). Cela ne signifie pas pour autant qu'on puisse réduire chaque personnage à un trait dominant et en faire l'incarnation d'un «type ». L'attention au détail, au moment, à la nuance, estompe les contours nets qu'exige le dessin d'un type. Plus qu'à des types, «les hommes
de Plutarque » ressemblent aux «grandes natures» platoniciennes, portées aux grandes actions, cótoyant volontiers le sublime et parfois le tragique (cf. Demetr. 1,7 et 144 T. Duff, « Plutarch, Plato and "Great Natures" », dans Pérez Jiménez 91, p. 313-332). Peut-étre son compagnonnage avec eux permit-il à Plutarque d'affiner peu à peu sa vision de la vertu et de ses diverses réalisations ; à coup sûr, il lui fit rencontrer la littérature et la psychologie. Si le normatif ne s'efface jamais totalement, il passe à l'arriére-plan: au premier plan se déploie l'art du conteur, avec son sens du détail significatif, de la vie, maîtrisant cette qualité du style que les rhéteurs
appréciaient
dans
les narrations, l'enargeia,
instrument
adapté
à la
mise en lumiére d'un caractére, d'une personnalité morale agissante, qui reste toujours objet d'un regard extérieur. Les Vies ou quand l'art d'écrire se met au service du moraliste, de l'observateur des caractéres... L'auteur ne se borne pas toutefois à conter ou observer. Les préfaces déjà ont montré comment les Vies sont une sorte de jeu à trois, ou un échange s'établit entre
Plutarque, ses personnages et ses lecteurs (sur ces relations, 145 C. Pelling. « Plu-
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tarch », dans I. de Jong, R. Nünlist et A. Bowie (édit.), Narrators, Narratees, and
Narratives in ancient Greek literature. Studies in ancient Greek narrative, t. I. coll. « Mnemosyne. Suppl.» 257, Leiden 2004, p. 403-421). À l'intérieur méme du récit, l'auteur ne se prive pas d'interrompre le mouvement narratif, qui mime l'écoulement d'une vie, pour intervenir, commentant à l'occasion telle ou telle attitude ou soulignant un trait de caractére, comme le professeur s'arréte sur un vers pour en tirer l'enseignement correct. Il s'étend aussi complaisamment sur un personnage secondaire, comme Aspasie (**A 460), à laquelle il consacre un long passage (Per. 24), suivant en cela les suggestions de sa mémoire qu'il eüt été
« peut-étre inhumain » de laisser de cóté (ταῦτα μὲν ἐπελθόντα τῇ μνήμη κατὰ
τὴν γραφὴν ἀπώσασθαι καὶ παρελθεῖν ἴσως ἀπάνθρωπον Av, 24, 12). Enfin, il peut aussi développer des considérations, par exemple sur l'origine des sources (Æm.
14), les Nones caprotines (Cam. 33, 7-10), la connaissance des éclipses (Nic.
23). On voit en quelque sorte l'esprit des Propos de table s' introduire dans les Vies ou, plus exactement, c'est toujours la méme attitude intellectuelle qui impregne tous les écrits, et partout on retrouve la méme curiosité toujours en éveil, le goüt du partage des connaissances et des réflexions. Si la forme de la Vie permet ainsi à Plutarque d'atteindre une certaine perfection dans l'exploration du domaine moral, le dialogue platonicien lui donne, dans la derniére partie de sa vie aussi sans doute, la forme adaptée à la réflexion délicate et incertaine sur les problèmes essentiels de la condition humaine, sur «l'étre-dans-le-monde » et, singulièrement, sur les rapports avec le divin (146 H.G. Ingenkamp, « Plutarco e Luciano. Due incontri col divino », AFLS 6, 1985, p. 29-45). (8) LE PRÉTRE DE DELPHES : RÉFLEXION RELIGIEUSE ET DIALOGUES PLATONICIENS
Avant qu'il n'entame les Vies, au cours de la méme dernière décennie du I" siècle, Plutarque était devenu prêtre de Delphes, et il le restera jusqu'à sa mort. Si une telle fonction publique n'a pas nécessairement de retentissement sur la vie spirituelle de son titulaire, il semble pourtant qu'elle ait incliné Plutarque à approfondir sa réflexion religieuse. Pour cela il choisit aussi une forme littéraire qu'il n'avait pas abordée jusque là, le dialogue platonicien. Sur les sept dialogues que nous avons conservés, un seul pourrait être antérieur à la prétrise, et encore n'est-il pas sans lien avec Delphes. Il s'agit du Banquet des Sept Sages, dialogue historique dont le cadre narratif évoque le modéle des « mémorables » du Banquet. Mettant en scene les sept Sages liés à la sagesse delphique, il propose, sinon une synthése, du moins une revue des principaux domaines de réflexion au travers d'une suite de discussions sur la sagesse politique d'abord, puis sur le régime de vie, avant de déboucher sur le récit du salut d' Arion, superbe récriture du récit d'Hérodote, oü est soulignée la sollicitude de la divinité pour l'homme - le jeune Racine notera dans la marge de son texte: GRÂCE, et, au-dessous : « L'âme est conduite de Dieu partout oü il veut». Selon J. Defradas (CUF, t. II, p. 177), c'est «dans cette domi-
nation de l'esprit sur la matière, de l’âme sur le corps, héritage de la tradition, que
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nous trouvons l'unité du Banquet» et le texte lui parait à certains égards «se rattache(r) aux dialogues pythiques » (ibid., p. 191). L'œuvre se conclut en tout cas sur un thème religieux, sujet qui est, sous diverses formes, au cœur des six autres
dialogues. On n'a de nouveau aucun élément décisif de datation, en particulier pour la chronologie relative de ce que nous appelons les Dialogues Pythiques, qui n'ont été réunis sous ce nom que dans l'édition d'Estienne (cf. 147 F. Frazier, compte rendu
de
la
traduction
GF
des
Dialogues
Pythiques
par
F.
Ildefonse,
dans
Ploutarchos, n.s. 5, 2007-2008, p. 116-117). Le plus prudent est donc de s'en tenir à une présentation thématique en soulignant les points de contact entre les ceuvres. Les hypothéses de J. Sirinelli, qui propose de les replacer dans un itinéraire intellectuel de Plutarque, seront rappelées à titre indicatif. Le probiéme central de ces textes tourne autour de la relation entre le divin et l'humain, qui implique une interrogation sur la communication possible entre le premier et le second, liée à une réflexion sur les signes, la divination, la Providence. On trouve ainsi trois dialogues qui réfléchissent au róle des démons dans le monde, à leur fonction médiatrice, à leur place dans le destin de l'àme - on peut noter que ce théme est présent aussi dans la paire Dion-Brutus et que Sirinelli 19 les regroupe dans un méme chapitre (chap. V « Le prêtre de Delphes », p. 237-254) et les situe dans la dernière décennie du I" s. et au début du 115 s. Le Demon de Socrate est sans aucun doute le texte le plus complexe, dialogue historique qui entrelace le récit de la libération de Thèbes au IV* s. av. J.-C., une matière qui est aussi celle des Vies de Pélopidas et d'Épaminondas, avec une discussion plus ou moins menée par le disciple thébain de Socrate, Simmias, qui s'interroge sur le sens à donner au «démon» de Socrate, un théme d'école, comme le montre Apulée, inséré ici dans un dialogue platonicien doublement original. D'abord Plutarque y réalise une intrication de l'action et du dialogue, des praxeis et des logoi (cf. le prologue 575 B-F) qui va trés au-delà des mises en scéne signifiantes de Platon dans les grands dialogues de la maturité comme le Banquet, le Phédon ou le Phèdre. Il incarne, pour ainsi dire, littérairement le probléme des rapports de la pensée et de la vie, du pratique et du théorique - on retrouve la méme
forme
dans l'Érotikos et, à un moindre degré. dans la périégèse du Sur les oracles de la Pythie, une
forme
pour
laquelle
R. Hirzel
a proposé
l'expression
« novellistischer Dialog ». Seconde caractéristique, le Démon série d'explications, de la plus rationaliste (celle de Galaxidoros
heureuse
de
propose toute une [une notice sur ce
personnage paraitra dans les compléments du tome VI]) à la plus mystique (celle du pythagoricien Théanor), procédant ainsi à une confrontation des opinions bien dans l'esprit de la Nouvelle Académie et particuliérement adaptée à la réflexion religieuse et à la difficulté, voire à l'impossibilité, pour l'homme de définir parfaitement l'essence divine — dans cet effort pour la cerner, l'approcher («toucher » à la vérité est une des images chéres à Plutarque), l'on pourrait cette fois parler de «dialogue polyphonique ». Parmi les intervenants, Simmias donne une double explication : un exposé, puis un mythe, le mythe de Timarque, qui récrit le mythe
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d’Er pour expliquer la structure et la destinée de l'âme — étant personnage, on pourrait tout aussi bien évoquer le mythe de Phedon.
donné
le
Plutarque reprend encore la forme du mythe dans le Sur le visage qui est dans la lune. Le point de départ — autant qu'on en puisse juger puisque le début du dialogue est perdu — est une question physique : comment expliquer le visage qu'on
voit dans la lune, mais le dialogue en explicite toutes les implications cosmologiques et passe d'un probléme physique, celui de la nature de la lune, à un vaste tableau du destin de l’âme dans le monde, où le mythe de Sylla élargit l'enquéte astronomique en eschatologie lunaire. La lune y devient agent de la génération qui crée de nouvelles ämes, dans lesquelles le soleil séme le νοῦς, tandis que la terre
fournit le corps (945 C : cf. Vernière 59, p. 87-91 et D (3) infra). Cette dimension physique et cosmologique se retrouve dans l'un des Dialogues Pythiques, le Sur le déclin des oracles : comment expliquer ce déclin sans incriminer la divinité ni la priver de tout róle dans la divination ? De nouveau les théories se confrontent, sans nécessairement s’exclure : Cléombrote
(»*C
160) met en avant la médiation des
démons et Lamprias insiste sur le róle physique du pneuma. La conclusion, « ouverte », est tout à fait révélatrice de l'esprit de la discussion: « Voilà des problémes, dis-je, dont nous devons fréquemment, vous et moi, reprendre l'examen, parce qu'ils contiennent de nombreux points controversés et des conjectures opposées, qu'il n'est pas le moment de passer tous en revue » (Ταῦτ᾽, ἔφην ἐγώ, πολλάκις ἀνασχέπτεσθαι xai ὑμᾶς παρακαλῶ xai ἐμαυτόν, ὡς ἔχοντα πολλὰς ἀντιλήψεις καὶ ὑπονοίας πρὸς τοὐναντίον, ἃς ὁ καιρὸς οὐ παρέχει πάσας
ἐπεξελθεῖν,
438
D). Ce
méme
esprit explique
sans doute
que, dans ce
dialogue, la portée du probléme de la divination ne soit pas mise en lumière dans un mythe, mais par un long développement hypothétique sur la pluralité des mondes (421 F-430 F), « dédié en hommage à Platon pour complaire à Ammonios » : ce n'est pas seulement la question de la divinité, mais la conception méme du monde et les diverses cosmologies qui sont en jeu dans une telle réflexion. La tonalité semble ainsi un peu différente de celle des deux autres Dialogues Pythiques. Avant de les regarder de plus prés, il faut considérer un autre dialogue, en quelque sorte intermédiaire, le Sur les délais de la justice divine. Lui aussi est situé à Delphes bien qu'il n'ait pas été intégré par Estienne dans les Dialogues Pythiques. Comme dans la Disparition des oracles, la Providence divine est menacée par la dénonciation véhémente de ces délais à laquelle a procédé un épicurien avant le début du texte conservé, mais sa défense, au lieu de passer par une réflexion cosmologique, développe une théodicée. Comme dans le Démon de Socrate et le Visage qui est dans la Lune, Plutarque recourt à un mythe eschatologique, complément, comme dans le Demon, d'un logos. Deux différences cependant sont à relever, que J. Sirinelli a interprétées en termes chronologiques comme des nouveautés : dans la forme, c'est Plutarque lui-méme qui fait l'exposé avec toute l'autorité du prétre de Delphes ; sur le fond, la liaison établie entre Providence, justice et immortalité de l'âme, aboutit à la composition d'une sorte de somme, qui pourrait
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marquer «un tournant dans la réflexion de Plutarque sur la divinité » (Sirinelli 19, p. 406 sqq.). L'exposé prend en tout cas un tour un peu plus dogmatique, que l'on
retrouve, avec des nuances, dans les trois dialogues qui restent à examiner, les deux Dialogues Pythiques laissés de côté jusqu'à présent et l'Érotikos. Dans l'Epsilon de Delphes, le vieux Plutarque, interrogé à maintes reprises par ses éléves et par ses fils sur le sens de l'ex-voto en forme d'Epsilon qui « occupait une place d'honneur auprés du dieu » dans le temple d'Apollon (385 A), raconte une conversation tenue sur le sujet au temps οἱ il était l'auditeur d'Ammonios. On retrouve, avec les diverses solutions proposées par les uns et les autres, la poly-
phonie du dialogue et un vaste panorama de domaines variés, grammaire, histoire des Sages, mathématiques, mais Ammonios, qui intervient en dernier et interprete le «ei» de Delphes (c'est le nom grec de la lettre epsilon) comme la deuxieme personne du verbe être, associe de façon originale exposé théologique et profession de foi. Dire au dieu « Tu es», c'est reconnaitre que la plénitude de l'étre n'appartient qu'à la divinité : métaphysique platonicienne et religion semblent se rejoindre dans le cadre delphique. Ce cadre est plus présent encore dans le Sur les oracles de la Pythie, dialogue complexe égrené au fil d'une périégése delphique qui permet d'envisager tous les aspects de la relation entre les hommes et le Dieu, de réfléchir aux « bonnes offrandes » qu'il faut lui faire et à la conduite morale qui lui plait tout comme au symbolisme approprié à sa représentation (Frazier 209). Cette diversité, qui, à nos yeux modernes, confine au disparate, est révélatrice d'une pensée qui, méme lorsqu'elle s'attache à la divinité, ne perd pas de vue l'humaine condition. Les deux sont liées et il s'agit, dans le monde terrestre, de comprendre et de sentir la présence du divin (148 F. Frazier, « Góttlichkeit und Glaube », dans Hirsch-Luipold 102. p. 115-118). Dans cet ensemble, la question essentielle, objet de l'ultime exposé de Théon, qui mutatis mutandis fait pendant à l'intervention finale d'Ammonios dans l' Epsilon, concerne la divinité et n'est pas sans rapport non plus avec le théme de la Dispa-
rition des oracles : pourquoi la Pythie ne parle-t-elle plus en vers ? C'est ou plutót ce serait là une autre forme de déclin, qui derechef mettrait en cause le róle de la divinité dans la divination, si ce changement était avéré, mais en fait, l'on a tou-
jours eu historiquement les deux formes d'expression et là n'est pas l'essentiel. Comme dans la Disparition, Plutarque récuse l'idée d'une intervention directe du dieu et attribue à son instrument terrestre les changements
et altérations, mais il
s'attache ici plus à la Pythie, à la perspective humaine, qu'au pneuma, à l'explication physique. Et, au lieu de finir sur une invitation philosophique à reprendre une question délicate, il achéve son texte sur l'exaltation du dieu qui a permis la renaissance de Delphes, récemment restauré, abandonnant la perspective apologétique et défensive qui prévalait dans la Disparition
et les Délais pour un ton
beaucoup plus proche de l'exposé théologique d'Ammonios. Cette importance du religieux et son implication dans la vie se retrouve dans un dialogue dont le theme, trés important dans le platonisme. n'est pas a priori reli-
gieux, le Dialogue sur l'Amour ou Erotikos. qui se situe à Thespies et dans le Val
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des Muses, au moment de la féte des Erotideia. De nouveau, c'est Plutarque qui tient le rôle principal, malgré l'affabulation qui situe l'entretien au temps où il était jeune marié. Repensant l'amour platonicien à l'usage de ses contemporains, Plutarque insiste sur la durée nécessaire de cet attachement tout au long de la vie et, après avoir défendu l'amour conjugal, quitte, comme dans les Oracles, cette position défensive pour lui rendre un vibrant hommage. Lire pour autant le texte comme un simple éloge de l'amour conjugal est sans doute réducteur: derrière l'amour vécu, il y a Eros, le Dieu, le mystagogue, la force spirituelle qui arrache au sensible pour faire entrevoir les réalités intelligibles. Dans la figure que dessine Plutarque le dieu fêté à Thespies et l’éros platonicien se rejoignent (759 D): si la plénitude de l'étre et la vérité sont inaccessibles à l'homme ici-bas, l'amour est une des manières de les approcher. L'autre maniére, complémentaire et non exclusive, c'est la connaissance. Il appartient au Sur Isis et Osiris de le montrer. Ce n'est plus un dialogue, mais un exposé offert par Plutarque à (Flavia) Cléa (*»*C 134), probablement la fille de (Memmia) Eurydice (**E 142) et (L. Flavius) Pollianos (Aristion) auxquels il avait
dédié les Préceptes de mariage. La quéte de la vérité y est présentée d'emblée comme
une aspiration au divin (θειότητος ὄρεξις, 351 E, expression commentée
par Frazier 148, p. 118-121). Le Sage de Chéronée s'appuie, dans la meilleure tradition, sur l'étymologie, décomposant le nom du sanctuaire de la déesse en Iseion pour y reconnaître, grâce à l'identité de prononciation liée à l'iotacisme, le futur du verbe savoir (sans doute à la 2° p. du sg., εἴσει) et le participe neutre du
verbe étre (ὀνομάζεται yàp "Ioetov ὡς εἰσομένων τὸ ὄν, Gv μετὰ λόγου xai ὁσίως εἰς τὰ ἱερὰ τῆς θεοῦ παρέλθωμεν, 352 A). Dans ce contexte, d'autres guides qu’Eros doivent intervenir. Ici-bas, c'est d'abord le logos, la raison, qui évite de s'égarer dans la symbolique obscure des mythes et aide à « méditer pieusement chacun des récits et actes rituels », sans se perdre dans les fondrières de la superstition ni tomber dans le gouffre de l'athéisme (Διὸ δεῖ μάλιστα πρὸς ταῦτα
λόγος ἐκ φιλοσοφίας μυσταγωγὸν ἀναλαβόντας ὁσίως διανοεῖσθαι τῶν Aeyoμένων καὶ δρωμένων ἕκαστον, 378 A). Puis, dans l'au-delà, c'est Osiris qui prendra le relais, car « ici-bas les âmes humaines, prisonniéres du corps et de ses affections, n'ont pas de commerce avec dieu, sinon dans la mesure où, par la philosophie, l'intellection leur permet d'atteindre une sorte de réve flou ; mais une fois qu'elles ont été délivrées et ont émigré dans le séjour immatériel, invisible, inaffectible et saint, le dieu est leur guide et roi et elles sont comme suspendues à lui, dans la contemplation et le désir à jamais inassouvis de la beauté ineffable et inexprimable à l'homme» (382 F-383 A). On retrouve, jusque dans un texte qui exalte la connaissance, la méme conscience de la faiblesse humaine. Mais on constate aussi que l'objet de la méditation est constitué par les rites et mythes religieux — ce qui était déjà en germe dans l’Érotikos. Replacé dans cette perspective, le choix de la mythologie égyptienne dénote moins un intérét particulier de Plutarque pour l'Égypte que la confirmation de l'universalité du divin: selon ses
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termes, «les dieux ne différent pas d'un peuple à l'autre, ne sont ni barbares ni grecs, ni du Sud, ni du Nord » (377 E). L'égyptomanie, qui a touché les Anciens autant que nous, a amené les critiques modernes à accorder une grande importance aux références que fait Plutarque à la mythologie égyptienne et à insister à la fois sur son voyage à Alexandrie (qu'il n'évoque pourtant que de façon trés incidente dans les Propos de table) et sur l'influence d' Ammonios qui, aux dires d'Eunape, était d'origine égyptienne. Ces éléments ont pu jouer, mais on oublie trop généralement que les cultes égyptiens s'étaient introduits en Grèce dés la fin du IVe s. et qu'ils s'étaient répandus partout à l'époque hellénistique. La Béotie n'avait pas échappé à ce phénoméne et les sanctuaires des dieux égyptiens y étaient nombreux. A Chéronée il y avait un sanctuaire d’Isis, Sarapis et Anubis, comme l’attestent de nombreuses inscriptions du II? s av. J.-C. Dans une cité phocidienne toute proche de la patrie de Plutarque, à Tithorée, la patrie de son ami Soclaros, la panégyrie d'Isis était, sous le Haut-Empire, l'occasion de l'une des grandes foires de la région. La destinataire du Sur Isis, elle-même archéis des thyades de Delphes, avait été initiée aux mystères d'Isis dans le sanctuaire égyptien de Tithorée. Plutarque n'avait donc pas besoin d'aller chercher très loin des éléments précis d'informations sur la théologie égyptienne. De même. pour Ammonios, si, faute de plus de renseignements, les historiens s'en remettent à Eunape, son seul nom ne suffirait pas à prouver une origine égyptienne, car le nom Ammonios est fréquent dans tout le monde grec depuis l'époque hellénistique. Nombre de purs Athéniens l'ont porté depuis ce temps jusqu'à celui de Plutarque, comme d'autres se sont appelés Sarapion.
Les traditions religieuses deviennent en quelque sorte matiere à herméneutique (cf. 149 R. Hirsch-Luipold, « Aesthetics as Religious Hermeneutics in Plutarch », dans Pérez Jiménez 104, p. 207-213) et la philosophie platonicienne reste l'instrument
privilégié
de
cette
herméneutique:
philosophie,
pratique
religieuse,
vie
morale ne se séparent pas et c'est cette synthèse, réalisée sous l'égide de ce qu'on pourrait appeler une théologie
platonicienne, qui donne
peut-étre aux
derniéres
ceuvres de Plutarque une tonalité plus dogmatique, sans marquer pour autant un éloignement significatif de la circonspection de l'Académie, dont se réclame Plutarque dans les Délais. L'áge peut-étre contribue aussi à donner un caractére plus positif à l'enseignement, non point là encore parce que Plutarque oublierait l'esprit philosophique pour devenir une sorte de vieux dévot, mais parce qu'il veut transmettre à la nouvelle génération des vérités essentielles. Il est à cet égard significatif, comme
l’a relevé J. Sirinelli, que l' Epsilon et les Oracles. comme
tikos et l'Isis, fassent
la part
(»D 154), Cléa (»*C 134). héritage toujours vivant.
belle
L'héritier
à des jeunes de
l'Éro-
gens. ses fils. Diogénianos
l'hellénisme
transmet
à son
tour
un
C. LES ŒUVRES (1) LE TÉMOIGNAGE DU CATALOGUE DE LAMPRIAS
Trois
sources manuscrites
indépendantes
nous ont transmis
une
liste de 227
œuvres de Plutarque, qui a été identifiée au XVF s. par D. Hoeschel avec un catalogue mentionné dans la Souda à l'article « Lamprias ». L'encyclopédie byzantine présente à tort ce Lamprias comme un fils de Plutarque, alors que ce nom est celui de son grand-pére et de son frére ainé. Insérée par H. Estienne en téte de sa seconde édition, en 1599, la liste porta des lors le nom
de «Catalogue
de Lam-
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PLUTARQUE DE CHERONEE
1125
prias» dans la tradition de Plutarque. On s'accorde néanmoins aujourd'hui à penser, depuis les travaux décisifs de M. Treu à la fin du XIX* s., qu'il s'agit du catalogue d'une bibliothèque d'Italie du Sud du IV* s. — éléments repris par 150 J. Irigoin, «Le catalogue de Lamprias : tradition manuscrite et Éditions imprimées », REG 99, 1986, p. 318-331, et 151 /d., « Histoire du texte des “Œuvres morales" de Plutarque», dans Œuvres morales I', CUF, Paris 1987, «Le catalogue de Lamprias », p. CCCIII-CCCXVIII. Cette liste esquisse plus ou moins un classement par sujet, les Vies, paralléles ou non, occupant les 40 premiers numéros, tandis que les numéros 76-82 regroupent des traités, conservés ou non, de polémique philosophique, contre les épicuriens ou les stoiciens, 119-123, des commentaires littéraires. Dans cet ensemble de 227 œuvres, dont 187 ne sont pas biographiques, une dizaine ne sont probablement pas de Plutarque, 18 conservées par la tradition manuscrite n'apparaissent pas, non plus que 15 autres dont nous sont cités des fragments. À l'aide de ces données, on peut estimer que l’œuvre de Plutarque non biographique comprenait prés de 200 écrits, dont moins de la moitié (78 si l'on compte par œuvre et non par livre) nous sont parvenus. Dans la masse du catalogue (donné in extenso dans Irigoin 151, p. CCCXI-CCCXVIII) on ne relèvera ici que les œuvres qui semblent traiter de questions philosophiques. — Œuvres philosophiques perdues citées dans le catalogue Une partie de ces œuvres est présentée dans la notice de D. Babut aux Contradictions stoiciennes (CUF, XV 1, p. 3-20). Autour de Platon et de l' Académie
45
Περὶ τῆς εἰς ἑκάτερον ἐπιχειρήσεως βιβλία ε΄, Sur l'argumentation par l'antilogie, 5 livres
63
Περὶ τοῦ μίαν εἶναι τὴν ἀπὸ τοῦ Πλάτωνος Ἀκαδήμειαν, Sur le fait que l'Académie issue de Platon est une
64
Περὶ τῆς διαφορᾶς τῶν Πυρρωνείων xai Ἀκαδημαϊκῶν, De la différence entre Pyrrhoniens οἱ Academiciens
66
Περὶ τοῦ γεγονέναι κατὰ Πλάτωνα τὸν κόσμον, Que le monde est venu à l'existence selon Platon
67
Ποῦ εἰσιν al ἰδέαι, Où sont les idées
68
Πῶς ἡ ὕλη τῶν ἰδεῶν μετείληφεν, ὅτι rà πρῶτα σώματα ποιεῖ, Comment la matiere participe des idées, qu'elle constitue les corps premiers
70
Ὑπὲρ τοῦ Πλάτωνος Θεάγους, Défense du Théagès de Platon
7|
Περὶ μαντικῆς ὅτι σῴζεται xarà τοὺς Ἀκαδημαϊκούς (= 131: Περὶ
τοῦ μὴ μάχεσθαι τῇ μαντικῇ τὸν Ἀκαδημαϊκὸν
λόγον 2), Que la
divination est sauvegardée par les Académiciens (peut-étre identique au n? 131 Que la doctrine de l'Académie ne combat pas la divination)
PLUTARQUE DE CHÉRONÉE
1126
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134
Σχολαὶ Axadnpaixat, Conférences académiciennes
177
Περὶ τοῦ γνῶθι σεαυτὸν xai El ἀθάνατος
ἡ ψυχὴ £v ἄλλῳ (= 226:
Ὅτι ἄφθαρτος ἡ quy) ?), Sur le « Connais-toi toi-même » et Si l'âme est immortelle (peut-être identique au n? 226 Que l'âme est immortelle) 185 210
Περὶ ὕλης, Sur la matiére
El ἄπρακτος ὁ περὶ πάντων ἐπέχων, Si celui qui suspend en tout son jugement est dans l'incapacité d'agir
221
Tí κατὰ Πλάτωνα τέλος, Quel est le telos selon Platon ?
225
Πῶς κρινοῦμεν τὴν ἀλήθειαν,
Comment nous jugerons de la vérité
Polémique antistoicienne et antiépicurienne 59
Περὶ δικαιοσύνης πρὸς Χρύσιππον βιβλία γ΄. Sur la justice, contre Chrysippe, 3 livres
78
Περὶ
συνηθείας
πρὸς
τοὺς
Στωϊκούς,
Sur l'expérience
commune,
contre les stoiciens
80
Πρὸς τὴν τοῦ Ἐπικούρου ἀχρόασιν περὶ θεῶν, Contre la doctrine d’Epicure concernant les dieux
129
Περὶ
τῶν
Ἐπικουρείων
ἐναντιωμάτων,
Sur
les contradictions
des
épicuriens
133
Περὶ τοῦ ἐφ᾽ ἡμῖν πρὸς Ἐπίκουρον, Sur ce qui dépend de nous, contre Épicure
143
"Ott παραδοξότερα
οἱ Ἐπιχούρειοι τῶν ποιητῶν
λέγουσι,
Que les
épicuriens tiennent des propos plus paradoxaux que les poétes
148
Στωϊκῶν xai Ἐπικουρείων ἐκλογαὶ xai ἔλεγχοι, Floriléges et réfutations de stoiciens et d'épicuriens
149
Αἰτίαι
τῶν
περιφερομένων
Στωϊκῶν,
Raisons
qui font
errer
les
stoiciens
152
Περὶ τοῦ πρώτου ἑπομένου πρὸς Χρύσιππον, Sur le premier mode de conclusion, contre Chrysippe
Περὶ τοῦ ἐφ᾽ ἡμῖν πρὸς τοὺς Στωϊκούς, Sur ce qui dépend de nous, contre les stoiciens 159
Περὶ βίων πρὸς Ἐπίκουρον, Sur les genres de vie. Contre Épicure
Autres philosophes
37 43
Κράτητος βίος, Vie de Cratés Εἰς Ἐμπεδοκλέα βιβλία κ΄, Commentaire d’Empedocle, 9 livres
P210
PLUTARQUE DE CHÉRONÉE
1127
50
Ἐκλογὴ φιλοσόφων βιβλία D^, Extraits de philosophes, 2 livres
53
Περὶ Θεοφράστου «πολιτικῶν» πρὸς τοὺς καιρούς, Sur l'ouvrage de Theophraste, concernant les moments critiques en politique
[56
Τῶν Ἀριστοτέλους Tomxüv βιβλία η΄, 9 livres de Topiques d’Aristote)
141
Πρωταγόρου περὶ τῶν πρώτων, Sur les principes premiers de Prota-
goras 158
Περὶ τῶν Πύρρωνος δέκα τρόπων, Sur les dix tropes de Pyrrhon
184
Περὶ τῶν πρώτων φιλοσοφησάντων xai τῶν ἀπ᾿ αὐτῶν, Sur les premiers philosophes et leurs successeurs
188
Περὶ Kupnvaixöv, Sur les
Cyrénaiques
205
Περὶ τοῦ τί ἔδοξεν Ἡρακλείτῳ, Sur la doctrine d’Heraclite
223
Φιλοσόφων παρασκενῶν, Livre d'exercices préparatoires à la philosophie (2) LA TRADITION MANUSCRITE ET LA FORMATION DU CORPUS.
Si la bipartition de l’œuvre en Vies et Œuvres morales est intellectuellement trompeuse, masquant à la fois la nature morale de la biographie et la diversité des œuvres regroupées sous le terme générique de Moralia, elle correspond néanmoins à une certaine réalité historique, qui tient à la fois à la conception des œuvres et à leur transmission. D'un cóté en effet, les Vies Paralléles — les Vies des Empereurs, en grande partie perdues, sont un peu à part — ont une indiscutable unité, méme si l'entreprise a sans doute pris plus d'ampleur que ne l'envisageait d'abord Plutarque, tandis que, de l'autre cóté, ce qu'on appelle Moralia recouvre des ceuvres de genre et de sujet différents, publiés à des moments différents, à la demande de tel ou tel ami, et méme des textes incomplets, dont les spécialistes supposent qu'ils ont été retrouvés dans les papiers de Plutarque aprés sa mort: jamais en tout cas l'auteur n'a songé à une édition unifiée, comme a pu le faire plus tard Synésios pour sa correspondance. Parallèlement, s'il a existé deux éditions complètes successives des Vies, l'une en deux
tomes (dite «bipartite »), connue
de Photios au IX* s. (Bibl. cod. 245),
mais probablement peu répandue à son époque (le patriarche lui-méme ne dispose à l'évidence que du tome IL), l'autre, en trois tomes (dite « tripartite »), dont témoi-
gnent deux manuscrits du X* s., et qui a dû être faite dans le sillage de la grande Encyclopédie historique en 53 volumes établie sur les instructions de Constantin
VII Porphyrogénéte en ce méme X° s., on n'a rien de tel pour le reste de l’œuvre. Tout juste voit-on s'esquisser assez tót des regroupements de « micro-corpus » et, vers le X* s., peut-on supposer l'existence d'éditions partielles (Irigoin 151,
p. CCXXVII-CCCXXIV).
1128
PLUTARQUE DE CHERONEE
P 210
Les habitudes de mise en page, qui sont propres à tel ou tel scriprorium, ont permis à 152 J. Irigoin, « Les manuscrits de Plutarque à 32 lignes et à 22 lignes ». Actes du XIV* Congrès International des Etudes Bvzantines, Bucarest 6-12 sept. 1971, t. III. p. 83-87, de montrer que, pour la tradition tripartite des Vies. on avait des manuscrits des X«/XI* s. à 32 lignes. c'est-à-dire avec la mise en page connue pour être celle de la grande Encyclopédie historique. De méme, il a pu repérer pour les (Euvres morales une edition partielle à 22 lignes dont témoignent les manuscrits L., P et T.
Le corpus tel que nous le connaissons s'est constitué, en Orient, à l'initiative du moine érudit, Maxime Planude, qui entreprit, au tournant du XIII* et du XIV* s., de réunir tous les ouvrages existants de Plutarque (outre Irigoin 151, p. CCLXXICCLXXXIII, cf. 153 C. Wendel, « Planudea », ByzZ 40, 1940, p. 406-445 ; 154 A. Garzya, «La tradizione manoscritta dei Moralia : linee generali » et « Planude e
il
testo dei Moralia », dans I. Gallo (édit.) Sulla tradizione manoscritta dei Moralia
di Plutarco, Salerno 1988, p. 9-38 et 39-54 : 185 A. Rescigno, « Planude e il codice di Plutarco Parisinus gr. 1957 », dans I. Gallo (édit.), Ricerche plutarchee, Napoli 1992, p. 145-160). Après sa mort (vers 1305), ses disciples continuérent la collation des textes, qui aboutit aprés le milieu du XIV* s. à la confection du seul manuscrit complet des œuvres de Plutarque. propriété probable du frère de l'empereur, Théodore II Paléologue, le despote de Mistra (156 M. Manfredini « Giorgio Gemisto Pletone e la tradizione manoscritta di Plutarco », ASNP ser. Ill. 2, 1972, p. 569-581, et 157 Id., «La tradizione manoscritta dei "Moralia" 70-77 di Plutarco », ASNP ser. III, 6, 1976. p. 453-485). Ce manuscrit, acquis en 1687 à Constantinople par l'ambassadeur de France Girardin, est conservé à la BNF sous le sigle Parisinus gr. 1672 et n'a donc pu étre utilisé pour l'édition princeps des Moralia (1509), étudiée par Irigoin
151, p. CCLXXXVII-CCXCII ; c'est à partir du corpus
occidental ainsi constitué qu'H. Estienne élabora sa propre édition en 1572, ou il établit l'ordre des traités toujours en vigueur aujourd'hui (concordances de la numérotation de Planude et d'Estienne dans Irigoin 151, p. CCCCXIX-CCCXXII). (3) QUELQUES ÉTUDES SUR LES VIES ET LA VISION DE L'HISTOIRE
Études « sur le vif » de la « vertu aux prises avec les circonstances extérieures » (De genio), les Vies ont longtemps servi de terrain de chasse à la Quellenforschung, leur valeur historique et documentaire prenant ainsi le pas sur l'idéal moral et culturel qu'elles expriment et l'acuité de la peinture psychologique qu'elles développent. Si l'on veut trier dans l'énorme bibliographie à laquelle elles ont donné lieu (cf. Podlecki 2, Scardigli 3 et 6, Tsagas 4, Titchener 5 et les recensions de Ploutarchos), sans reprendre les études particulières de telle ou telle Vie, on peut distinguer deux problémes philosophiques majeurs : (a) considérées du point de vue de l'individu, elles sont sous-tendues par une certaine conception du caractére, de la vertu pratique et des formes qu'elle prend dans la vie sociale ; (b) envisageant de grands moments historiques, elles supposent un certain point de
vue sur la marche du monde et la part qu'y prennent vertu, hasard et Providence ; il est à noter que les études sur ce second sujet se limitent rarement aux Vies, méme si, par commodité, elles sont données dans cette rubrique.
P 210 (a)
PLUTARQUE DE CHERONEE 158
K.
Bergen,
Charakterbilder
bei
Tacitus
1129 und
Plutarch,
Köln
1962,
100 p.; 159 B. Bucher-Isler, Norm und Individualität in den Biographien Plutarchs, Bern/Stuttgart 1972, 95 p.; 160 C. Gill, « The Question of CharacterDevelopment:
Plutarch and Tacitus », CQ
«Aspects
Plutarch's
of
33, 1983, p. 469-489 ; 161 C. Pelling,
Characterisation»,
dans
Mélanges
73,
p.256-274;
162 C. Gill, « The Character-Personality Distinction », dans Characterization and Individuality in Greek Literature, Oxford 1989, p. 1-31 ; 163 C. Pelling, « Childhood and Personality in Greek Biography », ibid., p. 213-249 ; 164 A. Georgiadou, « Idealistic and Realistic Portraiture in the Lives of Plutarch », dans ANRW II 33, 6, Berlin 1992, p. 4616-4623 ; 165 H.G. Ingenkamp, « Plutarch und die konservative Verhaltensnorm », dans ANRW II 33, 6, Berlin 1992, p. 4624-4644 ; 166 F. Frazier, Histoire et morale dans les Vies Paralléles de Plutarque, Paris 1996, 333 p.; 167 T. Duff, Plutarch's Lives: Exploring Virtue and Vice, Oxford 1999, XX423 p. ; 168 C. Pelling, « Rhetoric, Paideia, and Psychology in Plutarch's Lives »,
dans
Van
der
Stockt
92, p. 331-339;
169
C.
Pelling, Plutarch
and
History.
Eighteen Studies, London 2002, XIV-493 p.
(b) Outre Babut 41, p. 477-481
et 508-522, 170 A. Barigazzi, « Plutarco e il
corso futuro della storia », Prometheus
10, 1984, p. 264-286
171 S. Swain, «Plutarch: Chance, Providence p. 272-302 ; voir aussi le congrès 113.
(= 85, p. 303-330) ;
and History », AJPh
110, 1989,
(4) LES MORALIA
Les œuvres conservées et les problèmes de classement On trouve un tableau synthétique de l'ensemble des éditions et/ou traductions disponibles en 2005 dans 172 Chr. Bréchet, « Éditions/traductions et commentaires des Moralia de Plutarque », Ploutarchos, n.s., 3, 2005-2006. p.203-219. Un classement raisonné des œuvres conservées est délicat et la plupart des présentations d'ensemble découlent de la classification de Ziegler 11, fondée essentiellement sur les sujets traités. Gallo 15 l'a critiquée (p. 15) et proposé un classement fondé sur la forme littéraire (p. 16-27) — repris dans Gallo 89. La classification de Ziegler a aussi été reprise et traduite librement par Flaceliére 12: (1) rhétorico-épidictique ; (2) psychologie animale ; (3) proprement philosophiques (=wissenschaftlich-philosophisch); (4) traités de morale (popularphilosophisch-ethisch) ; (5) pédagogiques; (6) politiques: (7) théologiques; (8) de physique et de cosmologie (physisch); (9) d'érudition
et d'histoire (antiguarisch) ; (10) exégèse
et histoire
littéraire ; (11) inclassables
(vermischt). Cette dernière catégorie marque déjà un certain malaise, mais on peut aussi s’interroger sur la séparation opérée entre physique et philosophique, entre moral, pédagogique et politique. Gallo 15 propose pour sa part de distinguer: (1) déclamations ; (2) traités ; (3) dialogues ; (4) consolations ; (5) collections
de
récits et légendes ; (6) collections
de
mots
et anecdotes ;
(7) Problemata-Literatur ; (8) biographies littéraires, mais un tel choix améne aussi à des rapprochements curieux, par exemple à l'intérieur des traités, entre des traités moraux comme la Tranquillité de l'áme, un commentaire littéraire comme le Sur la malignité d'Hérodote et un traité antistoicien comme
le Sur les contradictions stoiciennes ; ce dernier se trouve ainsi séparé
du Sur les notions communes, rangé parmi les dialogues, où il voisine avec des œuvres aussi différentes que l'aimable pochade du Gry/los, le dialogue trés formel du Contrôle de la colère, les
1130
PLUTARQUE DE CHERONEE
P210
Dialogues Pythiques, et, plus largement, tous les dialogues de forme platonicienne, sans oublier. pour faire bonne mesure, les Propos de table. La solution n'est certes pas simple. mais il semblerait indispensable, pour obtenir un résultat moins insatisfaisant, de « croiser » les paramètres, sujet ou domaine traité, forme, mais aussi destination — œuvres philosophiques srrícto sensu, polémiques ou exégétiques, œuvres parénétiques envoyées à tel ou tel ami. conférences publiques. À quoi pourraient s'ajouter des éléments plus extrinséques si l'on veut prendre en compte le corpus tel qu'il nous est parvenu : inachévement du texte, lacunes de la tradition. Le travail reste à faire. Éditions et études Dans la liste qui suit, l'astérisque signale que le texte est un fragment de conférence ; L renvoie au catalogue de Lamprias ; D indique le dédicataire éventuel. Les éditions complètes (LCL et BT) n'ont pas été reprises, sauf exception. Les traités considérés comme apocryphes (1), (42), (55), (58) et (76) ont été séparés des autres.
(2)
[14D-37B, L. 103; D: Marcus Sédatius] Πῶς dei ποιημάτων ἀκούειν, Comment lire les poetes (De audiendis poetis)
Éditions/traductions:
L.J.R.
A. Philippon, CUF 1 1, 1987.
Heirman,
Leiden
1972;
E.
Valgiglio,
Torino
1973:
Études: 173 D. M. Schenkeveld, «The Structure of Plutarch's De audiendis poetis », Mnemosyne 35, 1982, p. 60-71 ; 174 Chr. Bréchet, « Le De audiendis poetis de Plutarque et le proces platonicien de la poésie ». RPh 73, 1999, p. 209-244 ; 175 A. Zadorojnyi, « Safe Drugs for the Good Boys: Platonism and Pedagogy in Plutarch's De audiendis poetis », dans Stadter 95. p. 297-330 ; 176 S. Said, « Poésie et éducation chez Plutarque ou Comment convertir la poésie en introduction à la philosophie », dans Jufresa 99. p. 147-176.
(3)
[37C-48D, L. 102; D: Nicandre] Περὶ τοῦ ἀκούειν, Comment écouter (De recta ratione audiendi)
Éditions/traductions : B. P. Hillyard, New York 1981 ; A. Philippon CUF 1 2. 1989.
(4)
[48E-74E, L. 87; D: C. Julius Antiochus Philopappos] Πῶς ἂν τις διαχρίνειε τὸν κόλακα τοῦ φίλου, Comment distinguer l'ami du flatteur (De adulatore et amico)
Éditions/traductions : A. Lukinovitch et M. Rousset, Lausanne CPM, n° 1, 1988 : J. Sirinelli, CUF 1 2, 1989.
1987; I. Gallo e E. Pettine.
Étude : 177 B. Van Meirvenne, « Plutarch on the Healing Power of (a Tricky) Parrhésia. Observations in favour of a political reading of De adulatore er amico ? », dans Stadter 95.
p. 141-160. (5)
[75A-86A, L. 87, D: Sosius Sénécion]
Πῶς
àv τις αἴσθοιτο ἑαυτοῦ
προχόπτοντος Ent’ ἀρετῇ, Comment s'apercevoir des progrès dans la vertu (De profectibus in virtute) Éditions/traductions : A. Philippon, CUF 1 2, 1989 ; E. Valgiglio, CPM, n? 3, 1989. Études : Betz 70, 11-31 ; 178 G. Roskam, On the Path to Virtue : The Stoic Doctrine of Moral Progress and its Reception in (Middle-) Platonism, Leuven 2005 [c.r. D. Babut dans Ploutarchos, n.s. 4, 2006-2007. p. 110-123].
(6)
[86B-92E, L. 130; D: Cornelius Pulcher] Πῶς àv τις ar’ ἐχθρῶν ὠφέλοιτο, Comment tirer profit de ses ennemis (De capienda ex inimicis utilitate)
P 210
PLUTARQUE DE CHERONEE
1131
Édition/traduction : R. Klaerr, CUF I 2, 1989; J. C. Capriglione et A. Pérez Jiménez, CPM n° 46, 2008.
(7)
[93A-97B]
Περὶ
πολυφιλίας,
De la pluralité d'amis
(De amicorum
multitudine) Édition/traduction : R. Klaerr, CUF 1 2, 1989. *(8)
[97C-100A] Περὶ Τύχης, Sur la Fortune (De Fortuna)
Éditions/traductions : R. Klaerr, CUF I 2, 1989: F. Becchi, CPM n° 47, 2010.
Étude : 179 L. Torraca, « ] presupposti teoretici e i diversi volti della tyche plutarchea », dans Gallo 84, p. 140-145; 180 F. Becchi, «L'écrit de Plutarque Sur la Fortune: Histoire d'une interpretation », dans Frazier 113, p. 47-55.
*(9)
[100A-101D]
Περὶ ἀρετῆς xai κακίας, Du
vice et de la vertu (De
virtute et vitio)
Édition/traduction : R. Klaerr, CUF I 2, 1989. Étude : Barigazzi 80, p. 6-37.
(10)
[I0IE-121D; D: Apollonios] Παραμυθητικὸς πρὸς Consolation à Apollonius (Consolatio ad Apollonium) discutée
Ἀπολλώνιον, — authenticité
Éditions/traductions : J. Hani, Paris 1972 ; Id., CUF II, 1985.
(11)
[122B-137E, L. 94] Ὑγιεινὰ παραγγέλματα, tuenda sanitate praecepta)
Préceptes de santé (De
Éditions/traductions : R. Klaerr, CUF IL, 1985 ; L. Senzasono, CPM, n° 12, 1992. Étude : Betz 70, p. 32-50.
(12)
[138A-146A, L. 115; D: Pollianos et Eurydice] Γαμικὰ ματα, Préceptes de mariage (Conjugalia praecepta)
Éditions/traductions : R. Klaerr, CUF II, 1985 ; G. Martano et A. Tirelli, CPM, S. B. Pomeroy, New York 1999.
παραγγέλn? 6, 1990 ;
Études : 181 C. Patterson, « Plutarch's Advices on Marriage : Traditional Wisdom through a Philosophic Lense », dans ANRW II 33, 6, Berlin 1992, p. 4709-4723 ; 182 V. Wohl, « Scenes from a Marriage : Love and Logos in Plutarch's Conjugalia Praecepta », Helios 24, 1997, p. 170192.
(13)
[146B-164D, L. 110] Τῶν ἑπτὰ σόφων συμπόσιον, Banquet des Sept Sages (Septem Sapientium convivium)
Éditions/traductions : J. Defradas, Paris 1954 ; Id., CUF II, 1985 ; F. Lo Cascio, CPM, n? 26, 1997.
Études : Betz 70, p. 51-105 ; 183 J. Mossman, « Plutarch's Dinner of the Seven Wise Men and its Place in Symposion Literature », dans Mossman 87, p. 119-140 ; 184 A. Busine, Les Sept Sages de la Grèce Antique. Transmission et utilisation d'un patrimoine légendaire d'Hérodorte à Plutarque, Paris 2002 [c τ. L. Demarais dans Ploutarchos, n.s. 3, 2005-2006, p. 163-166].
(14)
[164E-171bE, superstitione)
L.
155]
Περὶ
δεισιδαιμονίας,
De
la superstition
(De
1132
PLUTARQUE DE CHERONEE
Éditions/traductions:
G.
Lozza,
Milano
1981
et
P 210
1989;
R.
Klaerr,
CUF
ll.
1985:
H. Górgemanns. trad. allemande, Düsseldorf/Zürich 2003 : R. Laurenti et C. Santaniello, CPM, n? 43, 2007.
Études : Betz 69, p. 1-35; 185 M" de los Angeles Durán López, «La influencia de Platón en el tratado Sobre la supersticiön», dans Bernabé 109. p. 155-163: 186 J. F. Martos Montiel, « Superstición y ateísmo en la critiqua antiepicürea di Plutarco ». dans Frazier 113. p. 57-66.
(15)
[172A-208A, L. 108, 125; D: Trajan ?] Βασιλέων
ἀποφθέγματα
xai
στρατηγῶν, Apophtegmes des Rois et des Généraux (Regum et Imperatorum apophthegmata) — authenticité discutée Éditions/traductions : F. Fuhrmann, CUF IIl. 1988 : E. Pettine. Salerno 1988.
Étude: 187 M. Beck, « Plutarch to Trajan: Collection », dans Stadter 95, p. 163-173.
(16)
(208A-242D), L. 169] Ἀποφθέγματα niens
Letter and the Apophtegmata
Aaxwvıxa,
Apophtegmes
laco-
(Apophthegmata laconica) — authenticité discutée
Éditions/traductions: F. Fuhrmann, L. Santaniello, CPM, n? 20, 1995.
(17)
the Dedicatory
[242E-263F;
D:
Cléa]
CUF
HI.
1988;
Γυναικῶν
C.
Lazzanti,
ἀρεταί.
Firenze
Prouesses
1994:
de femmes
(Mulierum virtutes)
Édition/traduction : J. Boulogne, CUF IV, 2002. Études : 188
P. A.
Stadter,
Plutarch's
Historical
Method:
an
Analysis
of the
Mulierum
Virtutes, Cambridge (Mass.) 1965 ; Betz 70, p. 106-134 ; 189 ΒΕ. R.J. Benefiel, « Teaching by example. Aetiology in Plutarch's De mulierum virtutibus », Ploutarchos, n.s. 1, 2003-2004, p. 1120; 190 F. Tanga. « Mulierum Virtutes : atti di virtü individuale e collettiva», Ploutarchos n.s. 7, 2009-2010, p. 83-96.
(18)
[263D-291C et 291D-304F. L. 138] Αἰτίαι "Ponaixal, Αἰτίαι Ἕλληνιxat, Questions Romaines,
Questions Grecques (Quaestiones Romanae,
Quaestiones Graecae) Éditions/traductions : H. J. Rose (Q.R.). Oxford 1924; W.R. Halliday (0.G.), New York 1975 (1'* éd. 1928) : M. A. Marcos Casquero, Torrejón de Ardoz 1992 : M. Noulhan, J.-M. Pailler et P. Payen, Paris 1999 ; J. Boulogne. CUF IV, 2002 ; A. Carrano, CPM. n° 44 (Q.G.), 2007. Études: 191 J. Boulogne. « Les Questions romaines de Plutarque », dans ANRW II 33, 6. Berlin 1992, p. 4682-4708 : 192 P. Payen (édit.), Plutarque. Grecs et Romains en "Questions", Saint-Bertrand-de Comminges 1998.
(19)
[305A-316B]
Συναγωγὴ
ἱστοριῶν
παραλλήλων
Ἑλληνικῶν
καὶ
Ῥωμαίων, Paralleles grecs οἱ romains (Parallela minora) -- authenticite discutée Éditions/traductions : A. De Lazzer, CPM. n? 33, 2000 : J. Boulogne. CUF IV, 2002. Études : 193 B. Scardigli. « Il concetto del tempo nei Parallela Minora di Plutarco », dans H. Heftner et K. Tomaschitz (édit.), Ad fonres ! Festschrift für Gerhard Dobesch. Wien 2004, p.193-200; 194 A. Ibañez Chacón. «Pseudo-Plutarco, Parallela Minora XX: Tradición, reinvención, erudición », Minerva 20, 2007, p. 65-74.
(20)
[316B-326C,
L.
175]
Περὶ
τῆς
Romains (De Fortuna Romanorum)
Ῥωμαίων
τύχης,
La
Fortune
des
P210
PLUTARQUE
DE CHERONEE
1133
Éditions/traductions : G. Forni, CPM n° 4, 1989 ; F. Frazier. CUF V-1, 1990.
Études:
195 J. Palm.
Kaiserzeit, Lund
(21)
Rom,
Rómertum
und Imperium
in der griechischen
Literatur der
1959 ; Torraca 179, p. 136-140.
[326D-345B] Περὶ τῆς Ἀλεξάνδρου τύχης ἢ ἀρετῆς, Sur la Fortune ou la Vertu d'Alexandre (De Alexandri Magni fortuna aut virtute 1-11)
Éditions/traductions : Chr. Froidefond, CUF V 1, 1990 ; A. d'Angelo, CPM, n° 29 (1), 1998 ; M. R. Cammarotta, CPM, n° 30 (ID), 1998.
Étude : Torraca 179, p. 143 et 147-149. (22)
[345D-351B, L. 197 (?)] Πότερον
Ἀθηναῖοι
xarà πόλεμον
ἢ κατὰ
σοφίαν ἐνδοξότεροι, La Gloire des Athéniens (De Gloria Atheniensium) Éditions/traductions : J.-C. Thiolier. M. Mocci, CPM, n° 11,1992.
Paris
1985 ; F. Frazier, CUF
V
1, 1990;
I. Gallo
et
Étude : 196 L. Van der Stockt, « La peinture, l'histoire et la poésie dans le De gloria Atheniensium (Mor. 346 F-347 C) », dans Pérez Jiménez 74, p. 173-177.
(23)
[351C-384C,
L.
118; D:
Cléa]
Περὶ Ἴσιδος
xai Ὀσίριδος,
Isis et
Osiris (De Iside et Osiride) Éditions/traductions: V. Cilento, Firenze 1962 ; T. Hopfner (t. D. Darmstadt 1967 ; 1.6. Griffiths, Cardiff 1970 ; Chr. Froidefond, CUF V 2, 1988 ; M. García Valdés, Pisa/Roma 1995 ;
H. Górgemanns, trad. allemande, Düsseldorf/Zürich 2003. Études : 197 T. Hopfner, Plutarch, Über Isis und Osiris, t. 11: Die Deutungen der Sage. Prague 1941, réimpr. Darmstadt 1967, 313 p. ; Betz 69. p. 36-84 ; 198 D. S. Richter, « Plutarch on Isis and Osiris : Text, Cult, and Cultural Appropriation », TAPhA 131, 2001, p. 191-216 ; HirschLuipold 65. p. 174-224 ; 199 N. Brout. « Au carrefour entre la philosophie grecque et les religions barbares : Typhon dans le De /side de Plutarque », RPhA 22, 2004, p. 71-94; 200 J. Opsomer, « Plutarch on the One and the Dyad », dans R. Sorabji et R. W. Sharples (édit.), Greek and Roman Philosophy 100 BC-200 AD, vol. Il. coll. « BICS Suppl.» 84, London 2007, p. 384-385.
(24)
[384D-394C, L. 118; D: Sarapion] Περὶ τοῦ Et τοῦ Ev Δέλφοις, Sur l'Epsilon de Delphes (De E apud Delphos)
Éditions/traductions : R. Flaceliere, Paris 1941 ; V. Cilento, Firenze 1962 : R. Flaceliere, CUF VI. 1974 ; W. Sieveking, coll. B7?, 1997 ; C. Moreschini, CPM, n? 27, 1998 ; F. Ildefonse, trad. francaise. coll. GF 1051, Paris 2006 (c.r. Frazier 147]. Études : 201 J. Whittaker, « Ammonius on the Delphic E ». CQ 19. 1969, p. 185-192 ; Betz 69, p. 85-102 ; 202 D. Babut, « La composition des Dialogues Pythiques et le probléme de leur unité », JS 2, 1992. p. 187-234 (= 79, p. 457-504. en part. p. 463-472) ; 203 Id., « Stoiciens et stoicisme dans les Dialogues Pythiques de Plutarque », ICS 18, 1993, p. 203-227 ; 204 R. Chiup, « Plutarch's
dualism
and
the Delphic
cult », Phronesis
45, 2000,
Introduction à la traduction GF 1051, 2006, p.7-76; 206 L. Couloubaritsis (édit.), Les platonismes des premiers siécles. Bruxelles, 2006.
(25)
p. 135-58 ; 205
F. Ildefonse,
J. Boulogne, M. Broze et Plutarque, "E de Delphes",
[394D-409D, L. 117] Περὶ τοῦ μὴ χρᾶν ἔμμετρα νῦν τὴν Πυθίαν, Pourquoi la Pythie ne rend plus ses oracles en vers ou Les oracles de la Pythie (De Pythiae oraculis)
Éditions/traductions: R. Flaceliére, Paris 1937 et 1962; V. Cilento. Firenze 1962; R. Flaceliere, CUF VI, 1974 ; S. Schröder, Stuttgart 1990; E. Valgiglio. CPM, n? 10, 1992; W. Sieveking. coll. BT?, 1997 ; F. Ildefonse, coll. GF 1051, Paris 2006 [c.r. Frazier 147].
1134
PLUTARQUE DE CHERONEE
P 210
Études : 207 J. Pouilloux, « L'air de Delphes et la patine du bronze ». REA 67. 1965, p. 5466 ; Betz 69, p. 103-130 ; Babut 202 et 203 ; 208 J. Holzhausen, « Die Inspirationslehre Plutarchs in De Pythiae oraculis », Philologus 137, 1993, p. 72-91 ; 209 F. Frazier, « Delphes dans tout son éclat. Le De Pythiae oraculis couronnement des Dialogues Pythiques ». dans Stadter 115; Ildefonse 205.
(26)
[409E-438E,
L. 88; D: Terentius Priscus]
Περὶ τῶν ἐκλελοιπότων
χρηστηρίων, Sur la disparition des oracles (De defectu oraculorum) Éditions/traductions : R. del Re. Napoli po 1934 ; R. Flaceliere, Paris 1947 : V. Cilento, Firenze 1962 ; R. Flaceliere, CUF VI. 1974 ; A. Rescigno, CPM, n? 19, 1995 : W. Sieveking, coll. BT}, 1997 : F. Ildefonse, coll. GF 1051, Paris 2006 [c.r. Frazier 147].
Études : 210 V. Goldschmidt, « Les themes du De defectu oraculorum de Plutarque », REG 61, 1948, p. 298-302 (= Questions platoniciennes, Paris 1970, p. 223-229) ; Betz 69. p. 131-180 ; 211 C. Moreschini, « Osservazioni sul De defectu oraculorum di Plutarco », dans AAVV, Scritti classici e cristiani offerti a F. Corsaro, Catania 1994, p. 501-507 ; 212 D. Babut, « Le róle de Cléombrote dans le De defectu oraculorum et le probléme de la "démonologie" de Plutarque », dans Babut 79, p. 531-548 ; Babut 202 et 203 ; Ildefonse 205.
*(27)
[439A-440C,
L. 180] Ei διδακτὸν ἡ ἀρετή, Si la vertu peut s'enseigner
(An virtus doceri possit) Éditions/traductions : J. Defradas et J. Dumortier, CUF n? 17, 1993.
VII
I, 1975 ; A. Barigazzi, CPM,
Études: Barigazzi 80. p. 6-37 ; 213 E. Melandri, «1 Cosidetti Virtus Docenda sit di Plutarco », dans Ferreira 96, p. 111-127.
(28)
[440C-452D,
L. 72]
Περὶ
ἠθικῆς
ἀρετῆς,
De
Frammenti
la vertu
dell'Opera An
éthique
(De
virtute morali) Éditions/traductions : D. Babut, Paris
1969 ; J. Defradas et J. Dumortier. CUF
VII
1, 1975 ;
F. Becchi, CPM, n? 5, 1990. Études : Betz 70, p. 135-169 ; 214 A. Bellanti « Aristotele pitagorico ? La concezione della medietà nel De virtute morali di Plutarco ». RFN 95, 2003, p. 3-36.
(29)
[452E-464D] Περὶ àopynotac, Sur le contrôle de la colère (De cohibenda ira)
Éditions/traductions : J. Defradas et J. Dumortier. CUF VII 1, 1975 : R. Laurenti et G. Indelli,
CPM, n? 2,1988. Études : Ingenkamp 55 ; Betz 70. p. 170-197 ; 215 L. Van der Stockt, « Odysseus in Rome. On Plutarch's Introduction to De cohibenda ira », Ploutarchos, n. s. 1, 2003-2004, p. 107-116 ; 216 J. Lundon « A new Fragment of Plutarch (De Cohibenda Ira 452 F) », ZPE 147, 2004, p. 4550; 217 L. Van Hoof. «Strategic differences: Seneca and Plutarch on controlling anger»,
Mnemosyne 60, 2007, p. 59-86.
(30)
[464E-477F, L. 95; D: Paccius] Περὶ εὐθυμίας, Sur la tranquillité de l'áme (De tranquillitate animi)
Éditions/traductions : 1. Defradas 1984 ; W. Ax, Zürich 2000.
Étude : Betz 70, p. 198-230.
et J. Dumortier,
CUF
VII
1, 1975;
E. Pettine, Salerno
P 210
PLUTARQUE DE CHERONEE (31)
[478A-492D,
L. 98;
D:
Avidius
1135
Nigrinus
et Avidius
Quietus]
Περὶ
φιλαδελφίας, Sur l'amour fraternel (De fraterno amore) Éditions/traductions : J. Defradas et n? 7,1991.
J. Dumortier,
CUF VII 1, 1975 ; A. Postiglione, CPM,
Étude : Betz 70, p. 231-263.
*(32)
[493A-497E] Περὶ τῆς eig và Éxyova φιλοστοργίας, Sur l'amour de la progéniture (De amore prolis)
Édition/traduction : J. Defradas et J. Dumortier, CUF VII 1, 1975. Études: Barigazzi 80, p. 141-181; 218 G. Roskam, amore prolis », dans Ferreira 110, p. 195-207.
*(33)
[498A-500A]
« Eristic Strategies in Plutarch's De
Ei αὐταρκὴς ἡ κακία πρὸς κακοδαιμονίαν, Si le vice
suffit à rendre malheureux (An vitiositas ad infelicitatem sufficiat) Édition/traduction : J. Defradas et J. Dumortier, CUF VII 1, 1975.
Étude : Barigazzi 80, p. 6-37. *(34)
[500B-501D] Περὶ τοῦ πότερον rà φυχῆς ἢ rà σώματος πάθη χείρονα, Si les affections de l'áme sont plus funestes que celles du corps (Animine an corporis affectiones sint pejores)
Edition/traduction : J. Defradas et J. Dumortier, CUF VII 1, 1975.
(35)
[502B-515A, L. 92] Περὶ ἀδολεσχίας, Sur le bavardage (De garrulitate)
Éditions/traductions : J. Defradas et J. Dumortier, CUF VII 1993.
1, 1975 ; E. Pettine, CPM,
n? 13,
Études : Ingenkamp 55 ; Betz 70, p. 264-288 ; 219 L. Van Hoof, « From Philautia to Philanthropia. Plutarch's philosophical advice On Talkativeness », dans Nieto Ibäñez 108, p. 209-217.
(36)
[515B-523B,
L. 97]
Περὶ
πολυπραγμοσύνης,
Sur
la curiosité (De
curiositate) Éditions/traductions : J. Defradas 1977 ; L. Inglese, CPM, n? 24, 1996.
et J. Dumortier,
CUF
VII
1, 1975 ; E. Pettine,
Salerno
Étude : Ingenkamp 55.
(37)
[523C-528B, L. 211] Περὶ φιλοπλουτίας, De l'amour des richesses (De cupiditate divitiarum)
Éditions/traductions:
R.
Klaerr,
CUF
VII
2,
1974;
E.
Pettine,
Salerno
1986;
J.C.
Capriglione et L. Torraca, CPM, n? 25, 1996. Études : Betz 70, p. 289-362 ; Barigazzi 80, p. 75-98.
(38)
[528C-536D, L. 96) Περὶ δυσωπίας, pudore)
De la fausse honte (De vitioso
Éditions/traductions : R. Klaerr, CUF VII 2, 1974 ; P. Volpe Cacciatore, CPM, n? 18, 1994. Études : Ingenkamp 55 ; Barigazzi 80, p. 75-98.
1136
PLUTARQUE DE CHERONEE
*(39)
P 210
[536D-538E] Περὶ φθόνου xai μίσους, De l'envie et de la haine (De invidia et odio)
Éditions/traductions : R. Klaerr, CUF VII 2, 1974 : S. Lanzi, CPM,
n? 39.2004.
Étude : Betz 70, p. 363-366. (40)
[539A-547F, L. 85 ; D: Herculanus] Περὶ τοῦ ἑαυτὸν ἐπαινεῖν ἀνεπιφθόνως, Comment se louer soi-méme sans exciter l'envie (De se ipsum
citra invidiam laudando aut De laude ipsius) Éditions/traductions : R. Klaerr. CUF VII 2, 1974 ; E. Pettine, Salerno 1983.
Études : Ingenkamp 55 ; Betz 70, p. 367-393. (41)
[548A-568A, L. 91 ; D: Avidius Quietus] Περὶ τῶν τοῦ θείου βραδέως
τιμωρουμένων,
Sur les délais de la justice divine (De sera numinis
vindicta) Editions/traductions: G. Méautis, Lausanne 1935; Y. Verniere, CUF VII 2. 1974; H. Górgemanns, trad. allemande, Düsseldorf/Zürich 2003; F. Frazier. coll. «Classiques en Poche» n? 103, Paris 2010. Études: Betz 70, p. 181-235; 220 L. Torraca, «Linguaggio del reale e linguaggio dell' imaginario nel De Sera» dans Gallo 75, p. 91-120; 221 M. Baldassari, «La difesa della Providenza nello scritto plutarcheo de sera numinis vindicta », AncW 25, 1994, p. 147-158 ; 222 F. Alesse, « La tripartizione dell'uomo nel mito di Tespesio: la sua origine "socratica" e alcuni suoi effetti sulla filosofia del II sec D.C.», dans Pérez Jiménez 94, p. 45-55; 223 M. Taufer, /! mito di Tespesio nel De sera numinis vindicta di Plutarco, Napoli, 2010 [c.r. F. Frazier. Ploutarchos n.s. 8, 2010-2011]; 224 F. Frazier. «Le De sera, dialogue pythique. Hasard et Providence, Philosophie et Religion dans la pensée de Plutarque », dans Frazier 113, p. 69-91 ; 225 Ead., « Quand Plutarque actualise le mythe d'Er. Delphes, la Justice et la Providence dans le mythe de Thespésios (De sera 22, 563 B-33, 568 A)», dans Van der Stockt 116, p. 145-162.
(43)
[575A-598F, L. 69] Περὶ τοῦ Σωκράτους δαιμονίου, Sur le Demon de Socrate (De Genio Socratis)
Éditions/traductions : A. Corlu, Paris 1970 ; J. Hani, CUF VIII, 1980: H.-G. Nesselrath, coll. « Sapere » 16, Tübingen 2010. Études : Betz 69, p. 236-285 ; 226 K. Döring, « Plutarch und das Daimonion des Sokrates », Mnemosvne 37, 1984, p. 376-392 (sur la compatibilité des discours de Simmias et Théanor) ; 227 D. Babut, «Le dialogue de Plutarque Sur le démon de Socrate. Essai d'interprétation », BAGB 1984, p. 51-76 (= Babut 79, p. 405-430) ; 228 /d., «La part du rationalisme dans la religion de Plutarque : l'exemple du De genio Socratis », dans Mélanges 73. p. 383-408 (= Babut 79,
p. 431-456); 229 P.L. Donini. «Tra Academia e Pitagorismo. ll platonismo nel De Genio Socratis di Plutarco», dans M. Bonazzi, C. Lévy et C. Steel (édit.), A Platonic Pythagoras. Platonism and Pythagorism in the Imperial Age. Turnhout 2007, p. 99-125; 230 G. Roskam, « Socrates! δαιμόνιον in Maximus of Tyre, Apuleius and Plutarch », dans Frazier 113. p. 93-108.
(44)
[599A-607F,
L.
101; D:
Ménémachos
de Sardes ?] Περὶ
φυγῆς,
Sur
l'exil (De exilio) Éditions/traductions : J. Hani. CUF
VIII,
1980 ; R. Caballero et G. Viansino,
CPM,
n? 21,
1995. Étude : 231 J. Opsomer, « Is a Planet happier than a Star ? Cosmopolitanism in Plutarch's On Exile », dans Stadter 95, p. 281-295.
P 210
PLUTARQUE DE CHERONEE (45)
1137
[608A-612B, L. 112; D: Timoxéna] Παραμυθητικὸς πρὸς τὴν Yvvatxà, Consolation à sa femme (Consolatio ad uxorem)
Éditions/traductions : J. Hani, CUF VIII, 1980 ; S. B. Pomeroy, New York 1999 ; P. Impara et M. Manfredini, CPM, n? 9, 2003. Étude : Betz 70, p. 394-441.
(46)
[612C-748D;
D:
Sosius
Sénécion]
Συμποσιακῶν
βιβλία
ἐννέα,
Propos de Table (Quaestiones convivales) Éditions/traductions : F. Fuhrmann, CUF IX 1 (I-HD, 1972 ; IX 2 (IV-VD). 1978 ; F. Frazier et 1. Sinnelli. CUF IX 3 (VII-IX), 1996 ; A. M. Scarcella, CPM, n? 28, 1998 (I); A. Caiazza, CPM, n? 36 (ID, 2001 ; I. Chirico, CPM, n? 35 (III), 2001 ; A. M. Scarcella, CPM, n? 34 (IV). 2001.
Études : 232 S.-T. Teodorsson, A commentary on Plutarch's Table Talks, Göteborg 19891996, 3 vol.; 233 J. König, « Fragmentation and coherence in Plutarch's Sympotic Questions », dans J. Kónig et T. Whitmarsh (édit.), Ordering knowledge in the Roman Empire, Cambridge 2007. p. 43-68.
(47)
[748E-771E,
L.
107]
Ἐρωτικός,
Dialogue
sur
l'Amour
ou
Érotikos
(Amatorius) Éditions/traductions : R. Flacelière, Lyon 1952 et CUF X, 1980 ; S. Gotteland et E. Oudot, Dialogue sur l'Amour, trad. française, coll. GF 1066, Paris 2005 [c.r. F. Frazier, Ploutarchos, n.s
4, 2006-2007, p. 124-129] : H. Görgemanns, coll. « Sapere » 10, Tübingen 2006 [c.r. F. Frazier, Ploutarchos, n.s. 5, 2007-2008, p. 121-128]; F. Frazier, coll. «Classiques en Poche » n° 85, Paris 2008. Études: 234 L. Goessler, Plutarchs Gedanken über die Ehe. Zürich 1962, p. 15-43; 235 H. Martin Jr, « Plutarch's Citation of Parmenides and Hesiod », AJPA 90. 1969, p. 183-200 ; 236 Id., « Plutarch's Citation of Empedocles at Amatorius 756 D », GRBS 10, 1969, p. 57-70 ; Betz 70, p. 442-537 ; 237 F. Frazier, « Platonisme et Patrios pistis dans le discours central de l'Érorikos (chs 13-20)», dans Pérez Jiménez 91, p.343-356; 238 J.M. Rist, « Plutarch's Amatorius: A commentary on Plato's Theories of Love ?», CQ 51, 2001, p. 557-575 ; 239 H. Górgemanns, « Eros als Gott in Plutarchs "Amatorius" », dans Hirsch-Luipold 102. p. 169-195 ; 240 F. Frazier, « La "prouesse de Camma" et la fonction des exempla dans le Dialogue Sur l'Amour », dans Pérez Jiménez 103, p. 197-212 ; 241 Ead., « L'Érotikos, un éloge du Dieu Eros 7
Une relecture du dialogue de Plutarque », Ploutarchos, n.s. 3, 2005-2006, p. 63-102 ; 242 Essais de B. Feichtinger, F. Graf, W. G. Jeanrond et J. Opsomer dans l'édition Górgemanns, Plurarch. Dialog über die Liebe, coll. « Sapere » 10, Tübingen 2006, p. 189-293 ; 243 R. Scannapieco, « "Voi che per li occhi mi passaste ᾽] core...": parola e immagine nell'Amatorius di Plutarco », dans Volpe 106, p. 123-170; 244 F. E. Brenk, «Sliding atoms or supernatural light. Plutarch's Erotikos and the "on eros" litterature», dans Nieto Ibänez 108, p. 19-25; 245 R. Caballero, « Afrodita y Ares en el alma (Amat. 759 DE): tras la huella intertextual de Platón en Plutarco », dans Nieto Ibäñez 108, p. 27-39; 246 R.J. Gallé Cerudo, « Transformaciones genéricas en el Erótico de Plutarco », dans Nieto Ibäñez 108, p. 41-49 ; 247 J. Opsomer, « Eros and knowledge in Plutarch's Amatorius », dans Nieto Ibánez 108, p. 149-168; 248 R. Scannapieco. « Afrodite e la luna in Plut. Amar. 764 b-d», dans Nieto Ibäfiez 108, p. 421-442 ; 249 F. Frazier, « Eros, Arès et Aphrodite dans l'Érotikos. Une reconsidération de la réponse à Pemptides (ch. 13-18) », dans
Ferreira 110, p. 117-136.
(48)
[771E-775E, L. 222 (?)] Ἐρωτικαὶ διηγήσεις, Histoires
d'amour (Ama-
toriae narrationes) — authenticité discutée Éditions/traductions : M. Cuvigny, CUF VIII, 1980 ; G. Giangrande, CPM, n° 8, 1991.
1138
PLUTARQUE DE CHERONEE
P210
Études : 250 G. Giangrande, « Linguaggio e struttura nelle Amatoriae narrationes », dans D'Ippolito 75, p. 273-294 ; 251 C. Ruiz-Montero, « Text and context in Plutarch's Amatoriae narrationes and Xenophon of Ephesus' Ephesiaca », InvLuc 25, 2003, p. 221-233; 282 J. C. Capriglione, « Narrazioni senz' amore ». dans Nieto Ibäñez 108. p. 255-264 ; 253 C. A. Martins de Jesus, «Eros e Thanatos nas Amatoriae Narrationes de Pseudo-Plutarco », dans Nieto Ibäñez 108, p. 369-396.
*(49)
[776A-779C] Περὶ τοῦ ὅτι μάλιστα τοῖς ἡγεμόσι δεῖ τὸν φιλόσοφον διαλέγεσθαι,
Le philosophe
doit surtout s'entretenir avec les grands
(Maxime cum principibus philosopho esse disserendum) Éditions/traductions : M. Cuvigny, CUF XI 1, 1984. Études: Barigazzi 80. p. 235-261: 254 G. Roskam. Plutarch's Maxime cum principibus philosopho esse disserendum. An Interpretation with Commentary, Leuven 2009, 252 p.
*(50)
[779D-782F]
Πρὸς ἡγέμονα ἀπαίδευτον, À un chef mal éduqué (Ad
principem ineruditum) Éditions/traductions : M. Cuvigny, CUF
X1 1.1984 ; A. Tirelli, CPM, n° 41, 2005.
Études: Barigazzi 80, p.263-286; 255 A. Tirelli, «Dal nomos empsychos al logos empsychos : potere e responsabilità nel pensiero politico di Plutarco», dans Volpe 106. p. 311336.
(51)
[783A-797F, L. 75; D: Flavius Euphanés] Ei πρεσβυτέρῳ πολιτευτέον, Si la politique est l'affaire des vieillards (An seni sit gerenda res publica)
Éditions/traductions : M. Cuvigny, CUF XI 1. 1984 ; A. de Lazzer, Palermo 1989. Études : 256 A. Senn, Beitráge zur Erlüuterung von Plutarchs Schrift "An seni sit gerenda res publica", Diss. Tübingen 1978 ; 257 P. Desideri, « La vita politica cittadina nell'Impero : lettura dei Praecepta gerendae reipublicae e del An seni respublica gerenda sit », Arhenaeum 64, 1986,p. 371-381.
(52)
[798A-825F, L. 104 : D: Ménémachos de Sardes] MoAırıxa napayyeiματα, Préceptes politiques (Praecepta gerendae reipublicae)
Éditions/traductions : E. Valgiglio, Milano 1976 ; J.-C. Carrière, CUF XI 2. 1984 : F. Gascó, Madrid
1991 ; A. Caiazza,
CPM, n? 14,1993.
Études: 258 T. Renoirte, Les Conseils politiques de Plutarque, Louvain 1951: 259 C. Panagopoulos, « Vocabulaire et mentalité dans les Moralia de Plutarque », DHA 3, 1977, p. 197235 ; 260 H. Pavis d'Escurac, « Périls et chances du régime civique selon Plutarque », Ktéma 6, 1981, p. 287-300 ; Desideri 257.
(53)
[826A-827C] Περὶ μοναρχίας xai ónuoxpartac xal ὀλιγαρχίας, Sur la monarchie, la démocratie et l'oligarchie (De unius in republica dominatione, populari statu et paucorum imperio) — authenticité contestée
Éditions/traductions : A. D’Errico. Napoli 1974 ; M. Cuvigny, CUF XI 2, 1984 ; A. Caiazza. CPM, n? 15,1993.
(54)
[827D-832A,L. 215] Περὶ τοῦ un δεῖν δανείζεσθαι, Qu'il ne faut pas s’endetter (De vitando aere alieno)
Éditions/traductions : M. Cuvigny. CUF XII 1, 1981 ; G. Marenghi, CPM. n° 23. 1996.
P210
PLUTARQUE DE CHÉRONÉE
Études : 261 D. A. Russell,
1139
« Remarks on Plutarch's De Vitando aere alieno », JHS 43, 1973,
p. 163-171 ; Barigazzi 80,p. 99-114.
(56)
[853A-854D]
Συγχρίσεως Ἀριστοφάνους καὶ Μενάνδρου
ἐπιτομή,
Comparaison d’Aristophane et de Ménandre (Comparationis Aristophanous et Menandri compendium) Édition/traduction : G. Lachenaud, CUF XII 1, 1981 ; M. di Florio, CPM n? 45, 2008. Étude : 262 M. di Florio, « L'estetica del comico e la Aristophanis et Menandri comparatio », Ploutarchos, n.s. 1, 2003-2004, p. 21-34.
(57)
[854E-874C]
Περὶ
τῆς
Ἡροδότου
κακοηθείας,
Sur
la
malignité
d'Hérodote (De Herodoti malignitate) Éditions/traductions : P. A. Hansen, Amsterdam 1979: G. Lachenaud, A. Bowen, Warminster 1992 ; M. Grimaldi, CPM, n? 40, 2004.
CUF
XII
1, 1981 ;
Étude : 263 C. Dognini, «Il De Herodoti Malignitate e la fortuna di Erodoto », dans Y. Perrin (édit.), Neronia VII. Rome, l'Italie et la Grèce. Hellénisme et Philhellénisme au I s. après J.-C., Paris 2007, p. 481-502.
(59)
[911C-919E, L. 218 ] Αἰτίαι φυσικαί, Questions naturelles (Quaestiones naturales)
Édition/traduction : L. Senzasono, CPM, n° 42, 2006.
(60)
[920A-945E, L. 73 ] Περὶ τοῦ ἐμφαινομένου προσώπου τῷ κύχλῳ τῆς σελήνης, Sur le visage qui est dans la lune (De facie [quae] in orbe lunae [apparet])
Éditions/traductions: P. Raingeard, Paris 1934; H. Górgemanns, Zürich 1968 ; L. Lehnus, Milano 1991.
H.
Chemiss,
LCL
XII.
1957;
Études: 264 W. Hamilton, « The Myth in Plutarch's De facie », CQ 28, 1934, p. 24-30; 265 H. Chemiss, « Notes on Plutarch's De facie in orbe lunae », CPh 46, 1951, p. 137-158 ; 266 H. Górgemanns, Untersuchungen zu Plutarchs Dialog de facie in orbe lunae, Heidelberg 1970, 167 p. ; Betz 69, p. 286-300 ; 267 H. Martin Jr, « Plutarch's De facie : the Recapitulations and the Lost Beginning », GRBS 15, 1974, p. 73-88 ; 268 P.L. Donini, « Science and metaphysics. Platonism, Aristotelianism. and Stoicism in Plutarch's /n the Face in the Moon », dans J. M. Dillon et A. A. Long (édit.), The Question of "eclecticism". Studies in Later Greek Philo-
sophy, Berkeley (Calif.)/Los Angeles/London 1988, p. 126-144 ; 269 L. Torraca, « L'astronomia lunare in Plutarco », dans Gallo 77, p. 231-261; 270 M. Baldassari, «Scienze e filosofia nell'opuscolo "Della faccia lunare" di Plutarco », Studi di filosofia antica 11, Como 1993, p. 7-42.
(61)
[945F-955F,
L. 90;
D:
Favorinos]
Περὶ
τοῦ πρώτου
ψυχροῦ,
Le
premier froid (De primo frigido) Études : Opsomer 32, p. 212-221 ; 271 P. Volpe, « Plutarchus in Plutarcho: de primo frigido e quaest. conv. V14, 5», Ploutarchos n.s. 4, 2006-2007, p. 97-102 ; Babut 39, p. 32-81.
(62)
[955D-958E] Πότερον ὕδωρ ἢ πῦρ χρησιμώτερον, De l'eau ou du feu, lequel est-il le plus utile ? (Aquane an ignis sit utilior) — authenticité discutée
Éditions/traductions : W. C. Helmbold, LCL, t. XII, 1957 ; C. Hubert, BT, VI, 1, 1959.
1140
PLUTARQUE DE CHERONEE
(63)
[959A-985B]
Πότερα
τῶν
ζῴων
P 210
φρονιμώτερα,
rà χερσαῖα
7) τὰ
ἔνυδρα, De l'intelligence des animaux (De sollertia animalium) Edition/traduction : M. Gondicas, trad. française, Arlea 1991. Étude : 272 1. Bouffartigue, « Science et poésie dans I’Intelligence des animaux de Plutarque», dans S. David et E. Gény (édit). Troika. Parcours antiques. Mélanges offerts à M. Woronoff, vol. I. Besangon 2007, p. 241-258.
(64)
[985D-992E,
L.
127]
Περὶ
τοῦ
τὰ ἄλογα
λόγῳ
χρῆσθαι,
Gryllos
(Bruta animalia ratione uti aut Gryllus) Éditions/traductions : M. Gondicas, trad. française. Arlea 1991: A. Zinato, Venezia G. Indelli, CPM, n? 22.1996. Études:
273 Chr.
Bréchet,
«La
philosophie de Gryllos », dans
Boulogne
1995;
100. p. 43-61 ;
274 W. Lapini. « Due note testuali su Plutarco (Bruta animalia ratione uti 986 C, 990 B)», RAM
149. 2006, p. 122-124.
*(65-66)
— [993A-999B] Περὶ capxoda tag
I-II, Sur l'usage de la viande (De
esu carnium i et ii) Éditions/traductions : L. Inglese et G. Santese, CPM. n° 31. 1999 ; D. Magini, Milano 2001 : reprise de la traduction Amyot, Manger la chair, Paris 2002. Études : Betz 69, p. 301-316 ; 275 D. Tsekourakis, « Pythagoreism or Platonism in Ancient Medicine ? The reasons for Vegetarianism 1987, p. 366-393.
(67)
in Plutarch's Moralia ». dans ANRW
II 36, 1, Berlin
[999C-1011F, L. 136] Πλατωνικὰ ζητήματα. Questions platoniciennes (Platonicae Quaestiones)
Édition/traduction : H. Cherniss, LCL XIII 1, 1976.
Études : 276 F. Ferrari, « Dio padre e artefice. La teologia di Plutarco in Plat. Quaest. 2», dans Gallo 84, p. 395-409 ; 277 J. Opsomer, « Ζητήματα : Structure et argumentation dans les Quaestiones Platonicae », dans Fernández Delgado 83, p. 71-83: 278 I/d., « Antiperistasis: A Platonic Theory », dans Pérez Jiménez 91. p. 413-429 (Qs VII), 279 A. Wouters, « Plutarch's Comments on Plato's "Grammatical" (?) Theories. A Few Remarks on Quaestio Platonica X », dans Van der Stockt 85, p. 309-328 ; 280 A. Giavatto, « Plut. Plat. Quaest. 1011 C-D», Eikasmos 17, 2006, p. 277-284 ; 281 F. Becchi, « Plut. Quaest. Plat. 1X 1009 A-B : due questioni testuali »,
Prometheus 33, 2007, p. 231-238 ; Opsomer 200. p. 389-394 (Qs 3).
(68)
[1012A-1030C, L. 65: D: ses fils, Autoboulos et Plutarque] Περὶ τῆς
ἐν Τιμαίῳ φυχογονίας,
De la création de l'âme dans le Timée
(De
animae procreatione in Timeo) Éditions/traductions : H. Cherniss, LCL 2004.
XIII
I. 1976 ; F. Ferrari et L. Baldi, CPM,
n? 37,
Études : 282 P. Thévenaz, L'âme du monde, le devenir et la matière chez Plutarque, Paris 1938 ; 283 M. Baltes, Die Weltentstehung des platonischen Timaios nach den antiken Interpreten, Leiden 1976. t.I, p. 38-45; 284 J.P. Hershbell. «Plutarch's "De animae procreatione in Timaeo" : An Analysis of Structure and Content », dans ANRW II 36, 1, Berlin 1987, p. 234-247 ; 285 F. Ferrari, « Platone, Tim. 35 A1-6 in Plutarco, An. procr. 1012 B-C : citazione ed esegesi », RAM
142, 1999, p. 326-339 ; 286 J. Opsomer,
« Plutarch's De animae procreatione
in Timeo :
Manipulation or Search for consistency ? », dans P. Adamson er alii (édit.), Philosophy, Science and Exegesis in Greek, Arabic and Latin Commentaries, coll. « BICS. Suppl.» 83, 1, London 2004, p. 137-162 ; Opsomer 200. p. 379-383.
P 210
PLUTARQUE DE CHERONEE
114]
(69) [1030D-1032F] Épitomé du précédent Éditions/traductions : H. Cherniss, LCL XIII 1, 1976.
(70)
[1033A-1057C, L. 76] Περὶ Στωϊκῶν
ἐναντιωμάτων,
Sur les contra-
dictions stoiciennes (De Stoicorum repugnantiis) Éditions/traductions : H. Cherniss, LCL XIII 2, 1976 ; D. Babut et M. Casevitz, CUF ΧΥ-, 2004.
Études : 287 D. Babut, « Polémique et Philosophie dans deux écrits antistoiciens de Plutarque», REA 100, 1998, p. 11-42; 288 /d., «Notes sur le texte de Plutarque, De steicorum repugnantiis», dans P. Brillet-Dubois et E. Parmenthier (édit.). Φιλολογία. Mélanges offerts à Michel Casevitz, MOM, Lyon, 2006, p. 243-252; 289 R. Caballero, «La doctrina de las ἐπελεύσεις y la liberdad de indifferencia de Aristón de Quíos a Arcesilao (Plut. Stoic. rep. 23, 1045 B-F) ». dans Frazier 113, p. 13-37.
*(71)
[1057C-1058D, L. 79] Ὅτι παραδοξότερα οἱ Στωϊκοὶ τῶν ποιητῶν λέγουσιν, Synopsis du traité Que les stoiciens tiennent des propos plus paradoxaux que les poétes (Stoicos absurdiora poetis dicere)
Éditions/traductions : H. Cherniss, LCL 2004.
(72)
XIII 2, 1976 ; D. Babut et M. Casevitz, CUF
XV-I.
[1058E-1086A, L. 77] Περὶ τῶν κοινῶν ἐννοιῶν πρὸς τοὺς Στωϊκούς, Sur les notions communes. Contre les stoiciens adversus Stoicos)
(De communibus notitiis
Éditions/traductions : H. Chemiss, LCL XIII 2, 1976 ; D. Babut et M. Casevitz, CUF 2002.
XV-2,
Étude : Babut 287.
(73)
[1086C-1107C] Ὅτι οὐδ᾽ ἡδέως ζῆν ἔστιν κατ᾽ Ἐπίκουρον, De l'impossibilité de vivre agréablement en suivant Epicure (Non posse suaviter vivi secundum Epicurum)
Éditions/traductions:
H.
Adam,
Amsterdam
1974;
F.
Albini,
Genova
1993;
traduction
frangaise de l' Abbé Ricard, reprise dans Plutarque, Du stoicisme et de l'épicurisme, Paris 1996. Étude : 290 K. D. Sacher, Kritik an der Lustlehre Epikurs : ein Kommentar zu "Non posse suaviter vivi secundum Epicurum", Kap. 1-8, Konigstein 1982.
(74)
[1107D-1127E, L. 81 ; D: Saturninus] Πρὸς KoAornv, Contre Colotès (Adversus Colotem)
Éditions/traductions : A. Barigazzi, Firenze 1978 ; traduction française de l'Abbé reprise dans Plutarque, Du stoicisme et de l'épicurisme, Paris 1996.
Ricard,
Études : 291 R. Westman, Plutarch gegen Kolotes : Seine Schrift "Adversus Colotem" als philosophiegeschichtliche Quelle, Helsinki 1955, 332 p. ; 292 A. M. loppolo, « Su alcune recenti interpretazioni dello scetticismo dell’ Accademia : Plutarco, Adversus Colotem 26 », Elenchos 21,
2000, p. 333-360,
293 1. Warren,
«Socratic
scepticism
in Plutarch's Adversus
Colotem »,
Elenchos 23, 2002, p. 333-356.
*(75)
(1128A-1130C, L. 178] El καλῶς εἴρηται τὸ λάθε βιώσας, Est-il juste de dire qu'il faut vivre caché ? (An recte dictum sit latenter esse vivendum)
1142
PLUTARQUE DE CHERONEE
Éditions/traductions:
traduction
stoicisme et de l'épicurisme,
Paris
frangaise
de
l'Abbé
1996 ; I. Gallo, CPM,
P210
Ricard,
reprise
dans
Plutarque. Du
n? 32, 2000 ; U. Berner et alii, coll.
« Sapere » 1, Darmstadt 2000. Études : Gallo 89, p. 175-184 ; Barigazzi 80, p. 115-140 ; 294 G. Roskam, "Live unnoticed“, Λάθε βιώσας. On the vicissitudes of an epicurean doctrine, Leiden/Boston 2007.
*(77)
Πότερον ψυχῆς ἢ σώματος ἐπιθυμία xai λύπη, Si le désir et la peine relévent de l'áme ou du corps (Utrum animae an corporis sit libido et
@gritudo) Éditions : Bernardakis, BT, VII, 1896, fr. 1 ; K. Ziegler et M. Pohlenz, BT, VI 3, 1966.
*(78)
Ei μέρος τὸ παθητικὸν τῆς ἀνθρώπου ψυχῆς ἢ δύναμις, Si ce qui est passible est une partie ou une faculté de l'âme (Quod in animo humano affectibus subjectum, parsne sit ejus an facultas)
Éditions : Bernardakis, BT, VII. 1896, fr. IL; K. Ziegler et M. Pohlenz, BT, VI 3, 1966.
Apocryphes
(1)
[1A-14C] Περὶ παίδων ἀγωγῆς. De l'éducation des enfants (De liberis educandi)
Édition/traduction : J. Sirinelli, CUF I 1, 1987.
(42)
[568A-574F,
L. 58;
D:
Pison
(»*P 192)]
Περὶ
εἱμαρμένης,
Sur
le
destin (De Fato) Éditions/traductions : E. Valgiglio, Roma CPM, n? 16, 1993,
1964 ; 1. Hani, CUF
VIII,
1980;
E. Valgiglio.
Étude : Torraca 179, p. 127-135.
(55)
[832B-852C] Bloı τῶν decem oratorum)
δέκα
ῥητόρων,
Vies des dix orateurs
(Vitae
Éditions/traductions : M. Cuvigny, CUF XII 1, 1981 ; J. Schamp. Fribourg 2000.
(58)
[874A-911C] Περὶ τῶν ἀρεσκόντων φιλοσόφοις φυσικῶν δογμάτων, Opinions des philosophes (De placitis philosophorum)
Édition/traduction : G. Lachenaud, CUF XII 1, 1993.
(76)
Περὶ μουσικῆς, Sur la musique (De musica)
Éditions/traductions : F. Lasserre, Lausanne
1954 ; R. Ballerio, Milano 2000.
Fragments conservés Éd. F.H. Sandbach, BT, VII,
1967 (base du vol. XV
Loeb, oü l'on trouve une
traduction anglaise ; édition critiquée par Garzya 322) - le titre latin est repris de l'édition Bernardakis (Moralia l'ordre dans cette édition.
VII, Teubner,
1896);
le chiffre
romain
indique
Les fragments 1-12 réunissent des lambeaux de Vies (= Bernardakis XXXIII) —
L 7, 28, 30, 34, 36, 37, 38, 39.
P210
PLUTARQUE DE CHÉRONÉE 13-20
Αἰτίαι τῶν Ἀράτου
Διοσημείων,
1143
Quaestiones de Arati signis
(XIII) - L 119
21-23
Ei ἡ τῶν μελλόντων
πρόγνωσις ὠφέλιμος, An utilis sit prae-
notio futurorum (XV) Étude : Betz 69, p. 317-318.
24
Εἰς Ἐμπεδοκλέα - L 43
25-112
Εἰς τὰ Ἡσιόδου ἔργα, Commentaria in Hesiodum (XI)
113-115
Εἰς τὰ Νικάνδρου Onptaxá, Commentaria in Nicandri Theriaca (XIV) - L 120
116-120.1
Κατὰ ἡδονῆς, Contra voluptatem (XX)
121
Κατὰ ἰσχύος, Contra vires corporis (XXIV)
122-127
‘Ounptxai μελέται, Homericae exercitationes (XII)
128-133
Ὅτι καὶ γυναῖκα παιδευτέον, Quod mulieres etiam erudiendae sint (XXII)
134-138
Περὶ ἔρωτος, De amore (XXV)
Études: 295 F. Frazier, «L'Érotikos et les fragments sur l'amour de Stobée », dans Ferreira 96, p. 63-87 ; 296 Ead., « Sed saevum atque ferum vipereumque malum... Poésie et parénése dans le Περὶ ἔρωτος (fragment 136 Sandbach)», dans Pérez Jiménez 104, p. 133-145; 297 A. Nikolaidis, « Plutarch's fragments on love », dans Nieto Ibáriez 108, p. 133-147.
139-141
Περὶ εὐγενείας, Pro nobilitate (Pseudoplutarchea) — L 203
142
Περὶ ἡμερῶν, De diebus (= Cam., 19, 7; XXX [+ 1040 DJ) — L 150
143
Περὶ ἡσυχίας, De tranquillitate (XIX)
144-146
Περὶ κάλλους, Pro pulchritudine (XXVI)
147
Περὶ μαντικῆς, De divinatione (XVI) — L 71?
148
Περὶ ὀργῆς, De ira (XXVII) — L 93
Études : 298 G. Roskam, « Being the Physician of one's own Soul. On a Plutarchan Fragment on Anger», dans Ferreira 96, p. 41-62 ; 299 F. Becchi, «La pensée morale de Plutarque et le Περὶ ὀργῆς », dans Ferreira 96, p. 89-109 — deux analyses opposées.
149-152
Περὶ (vel κατὰ) πλούτου, Contra divitias (XXI)
153-156
Περὶ τοῦ διαβάλλειν vel περὶ διαβολῆς, De calumnia (XXIII)
157-158
Περὶ τῶν £v Πλαταίαις Δαιδάλων, De Daedalis Plataeensibus (IX-X) - L 201
Études : Babut 41, p. 380 sqq. ; Betz 69, p. 318-319.
159-171
Περὶ φιλίας L 132
ἐπιστολή,
Epistola
de amicitia
172
Περὶ φύσεως xal πόνων
173-178
Περὶ ψυχῆς, De anima (III-VI) - L 209
(XVII-XVIIT)
-
1144
PLUTARQUE DE CHERONEE
Études : Betz 69, p.
P210
319-324 ; 300 J. Boulogne, « L'âme et le corps chez Plutarque à partir du
Περὶ ψυχῆς », dans Ferreira 96, p. 11-27. 179
Στρωμάτεις, Ex stromateorum opere (VIII) - L 62
180-217
Ex incertis libris (XXXIV), mais
215-217-
VII. Περὶ ψυχῆς Bernardakis
Étude : 301 R. M? Aguilar, «Los supuestos Fragmentos Plutarqueos del De Anima en Olimpiodoro », dans Ferreira 96, p. 29-40).
* Fragments figurant seulement dans l'édition Bernardakis (BT, VII, 1896) XXVIII.
Περὶ
τοῦ γεγονέναι
xarà
Πλάτωνα
τὸν
κόσμον,
Mundum
conditum esse statui a Platone (= 1013E) - L 66
XXIX.
Περὶ δικαιοσύνης πρὸς Χρύσιππον, De justitia adversus Chrysippum (2 1063 A) - L 59
XXXI.
Περὶ κυνηγετικῆς, De venatione (= De soll. 359) - L 216
XXXII.
Περὶ μύθων ἢ μυθικῶν διηγημάτων, De fabulis vel fabulosis
XXXV.
narrationibus — L 46 ? Institutio Trajani
Classés Pseudoplutarchea
- -γπὲρ εὐγενείας, Pro nobilitate (p. 194-281) - Περὶ ποτάμων xai ὀρῶν ἐπωνυμίας καὶ τῶν Ev αὐτοῖς εὑρισκομένων, De fluviorum et montium nominibus et de iis quae in illis inveniuntur (p. 282-328) Éditions/traductions : E. Calderón Dorda, A. De Lazzer et E. Pellizer, CPM, n? 38. 2003.
- Περὶ τοῦ βίου xai τῆς ποιήσεως
Ὁμήρου, De vita et poesi Homeri (I-II,
p. 329-462) Édition : J. F. Kindstrand. Teubner, 1990 Étude: 301bis I. Rodríguez Moreno, «EI simbolismo y el De fluviis de Pseudo-Plutarco », dans Nieto Ibáriez 108, p. 859-866.
D. LA PENSÉE ET LES GRANDS THEMES DE SON ŒUVRE (D LA TRADITION
PLATONICIENNE
:
MÉDIO-PLATONISME, SCEPTICISME. PYTHAGORISME
Plutarque lui-méme revendique hautement l'appartenance à la fois à la tradition platonicienne (De def., 435 E-F, Amat., 762 A et 763 F, Q.C. VIII 2, en part. 719
E-720 C) et à l'Académie (outre De E, 387 F, De sera, 569 E-F, De def., 430 F431 A). Il connait l'histoire du platonisme et évoque la scission d'Antiochos d'Ascalon
(Cic. 4, 2 et 302 W.J.
Tatum,
«Plutarch
on Antiochus
of Ascalon:
Cicero 4, 2», Hermes 129, 2001, p. 139-142), mais il adopte lui-méme une vision unitaire (cf. L 63 et 64 et Babut 39). Il s'était en particulier attaché à distinguer
académiciens et pyrrhoniens et la place du scepticisme dans sa pensée, sa conciliation avec un certain dogmatisme religieux, souvent mis en relation avec le pythagorisme, sont des questions fort débattues.
P210
PLUTARQUE DE CHÉRONÉE
1145
On signalera, pour mémoire, le probléme souvent agité, plutót parmi les littéraires, de la « fidélité à Platon », probléme secondaire et moderne, qui a pour inconvénient d'oblitérer les siecles écoulés entre Platon et Plutarque et de considérer les adeptes d'une doctrine comme des « gardiens du temple », ce que, à l'exception peut-étre des épicuriens vénérant Épicure el sa pensée, ils ne sont pas. Deux œuvres ont particulièrement déchainé les critiques, au point que toute étude semble devoir commencer par un procès en platonisme. Il s'agit du Comment écouter les poètes, qui s'attache à donner à la poésie une fonction propédeutique, et de l'Érotikos, qui montre dans le mariage le cadre qui permet le mieux à l'amour vrai de s'épanouir et de porter tous ses fruits, moraux et spirituels. Dans les deux cas, il s'agit de penser en platonicien la réalité de la vie contemporaine et de prendre en compte dans sa réflexion les apports ou objections des philosophies hellénistiques. Ce point est bien mis en valeur à propos de /’Erotikos par Rist 238 : Plutarque veut « mettre à jour » la théorie de l'amour en tenant compte des vues stoiciennes et épicuriennes et en l'adaptant à un auditoire plus large que les membres d'une école.
La situation du médioplatonisme à l'intérieur de l'histoire du platonisme et celle de Plutarque à l'intérieur du médioplatonisme sont les deux questions essentielles pour l'historien de la philosophie. Jusqu'aux années 80 prévalait l'idée que la tradition sceptique n'avait eu aucune place dans le médioplatonisme (cf. 302bis J. Dillon, The Middle Platonists, Ithaca, NY 1977, p. 43) et ne comptait pas davantage pour Plutarque. La reviviscence des études sur le scepticisme en général et, pour Plutarque, les travaux de Donini (en part. 24 et 34), de Babut 30 et d'Opsomer
32
(qui
a
précisé
son
analyse
dans
303
«Plutarch's
Platonism
Revisited », dans M. Bonazzi et V. Celluprica (édit.), L'eredità platonica. Studi sul Platonismo da Arcesilao a Proclo, Milano 2005, p. 161-200) ont mis en évidence
la part que le scepticisme a eue dans la pensée de Plutarque, soulevant par là une nouvelle question : comment ce scepticisme, qui trouve son expression la plus nette dans la conclusion du Premier froid, oü Plutarque présente l'époché comme «la solution plus philosophique dans les cas incertains » (955 C: Ταῦτ᾽, ὦ Φαβωρῖνε,
τοῖς εἰρημένοις ὑφ᾽ ἑτέρων παράβαλλε: κἂν μήτε λείπηται τῇ πιθανότητι μήθ᾽ ὑπερέχῃ πολύ, χαίρειν ἔα τὰς δόξας, τὸ ἐπέχειν ἐν τοῖς ἀδήλοις τοῦ συγ-
κατατίθεσθαι φιλοσοφώτερον ἡγούμενος) peut-il s’allier avec le dogmatisme qui apparait dans le domaine métaphysique, singuliérement dans le discours final d'Ammonios de l'Epsilon, sans mettre en cause la cohérence de la pensée de Plutarque ? Ce débat, dont les protagonistes ont été P. L. Donini et D. Babut, est encore en cours. Si le savant italien reconnait que la circonspection, l'eulabeia, est mentionnée aussi en matiére reli-
gieuse et en relation avec l'Académie (cf. De sera, 549 E : πρῶτον οὖν ὥσπερ ἀφ᾽ ἑστίας ἀρχόμενοι πατρῴας τῆς πρὸς τὸ θεῖον εὐλαβείας τῶν £v Ἀκαδημείᾳ φιλοσόφων τὸ μὲν ὡς εἰδότες τι περὶ τούτων λέγειν ἀφοσιωσόμεθα), il estime néanmoins que cette eulabeia ne se confond pas avec le scepticisme de la Nouvelle Académie, lequel s'exercerait surtout dans les « questions obscures » de la physique, selon les termes du Premier froid. 11 appuie son interprétation sur la corrélation opérée dans le Timée 29 c 2 - d 2 entre les deux ordres de réalités et les deux modes de connaissance qu'ils impliquent. D. Babut de son cóté estime cette distinction du physique et du métaphysique insatisfaisante et récuse la portée limitée ainsi conférée au scepti-
cisme (cf. Babut 30, p. 570 sqq., qui ajoute, à propos de l'Énoyn, Adv. Col., 1123 E 2-6 et De stoic. rep., 1035 F 7 sqq.). Aprés avoir souligné la conscience constante qu'a Plutarque des limites de la connaissance humaine, il suggère que aboutit la philosophie justifie, aux yeux de Plutarque, son dépassement, Nouvelle Académie auquel il donne son adhésion le conduit à séparer du
et toute platonicienne «l'impasse à laquelle et le scepticisme de la domaine de la connais-
1146
PLUTARQUE DE CHERONFE
P 210
sance rationnelle celui de la croyance religieuse et à en affirmer l'autonomie » (p. 578). Il soulève ainsi un autre probléme, celui de l'autonomie du religieux (voir (3) infra).
Quoi qu'il en soit de la réussite de la synthèse plutarquéenne, en particulier entre les deux grands courants d'interprétation du platonisme, sceptique et pytha-
gorisant, auxquels on peut ramener les éléments analysés ci-dessus (ajouter à Donini 25, 33 et 34, 304 /d.. « Socrate "pitagorico" e medioplatonico », Elenchos 24, 2003, p. 333-359. à confronter avec loppolo 292 et Warren 293), il n'est guère contesté que l'effort d'unification est essentiel à la démarche de Plutarque, jouant
aussi bien au niveau de l'histoire du platonisme (cf. L 63 et Ferrari 29) que de l'interprétation des textes platoniciens pris individuellement (Opsomer 286). De méme
l'enracinement de la pensée de Plutarque dans le platonisme ne fait plus de
doute et le Chéronéen n'apparait plus sous les traits, un peu brouillés, d'un Halbphilosoph éclectique. Reste à savoir ce qu'il mettait sous cette affiliation, du moment que, selon les termes de Babut 30, p. 580, «le "platonisme" de Plutarque ne peut plus ... être défini en termes d'"orthodoxie" ou d'éclectisme par rapport à une doctrine officielle, mais apparait bien plutót maintenant comme la réélaboration personnelle et cohérente d'un héritage loyalement assumé. » Pour cette élaboration, une critique récente, exprimée en particulier par Ferrari 29, p. 227229, a insisté sur le fait que « les écrits à contenu philosophique de Plutarque » — entendre par là non seulement le Sur la procréation de l'âme dans le Timée el les Questions platoniciennes, mais aussi les Dialogues Pythiques et le Sur Isis — constitueraient une sorte de « commentaire », direct ou indirect, du texte platonicien, et Rist 238 a proposé d'ajouter à la liste l'Érotikos. Lorsqu'il s'agit d'utiliser les textes platoniciens pour nourrir sa réflexion, le terme peut susciter des malentendus : choisi à l'évidence pour mettre en lumière une certaine continuité avec la pratique contemporaine de l'enseignement de la philosophie. il a peut-étre une résonance trop scolaire et risque de faire méconnaitre que commentaire et « essai » personnel sont deux aspects de sa pratique de la philosophie plus complémentaires qu'opposés.
(2) PHYSIQUE. COSMOLOGIE. MÉTAPHYSIQUE : DIEU ET LE MONDE * La formation du monde Parmi les sujets les plus spécifiques de la philosophie. la cosmologie tient une
place importante et le texte le plus commenté par Plutarque est le Timée, objet de deux traités, dont un seul est conservé (De an. procr. et L n? 66), et à l'origine de
la moitié des dix Questions Platoniciennes (N [Tim. 28 c], 1V [30 b]. V [53 a sqq.],
VII [79 e-80 c], VIII [42 d]). De cet intérét pour la cosmologie témoignent encore le développement sur la pluralité des mondes, lié au probléme de la mantique (De def. 22-37, 421 F-430 F : cf. Babut 202, p. 224-229, et Ildefonse 205, p. 18-22), ou sa « propre interprétation » du mythe d'1sis et d'Osiris (De Iside, 372 E 2-375 D). Considérer le cosmos
suppose
à la fois l'examen
de sa mise en ordre et de
l'ordre qui en résulte. Pour le lecteur et commentateur du Timée, se pose d'abord la question du démiurge, liée au probléme du divin dans le monde. (cf. outre Ferrari 276, 305 J. Opsomer, « Demiurges in Early Imperial Platonism », dans HirschLuipold 102, en part. p. 87-96). Plutarque assimile le démiurge au dieu supréme (Quaest.
Plat. II), qui est aussi le Bien de la République.
Désignant ce principe
P 210 suprême
PLUTARQUE DE CHERONEE indifféremment
ἀγαθόνινοητόν-ὄντως
par
les
termes
ὄν-ἰδέα-παράδειγμα,
1147
θεός-δημιουργός-πατήρ-νοῦςεν-
il ne
semble
pas
introduire
de
distinction entre Démiurge et paradigme (Tim., 29 e [auquel se refere peut-étre Q.C. VIII 2, 720 A] et 50 c-d, passages platoniciens commentés par Schoppe 48, p. 144, et Ferrari 49, p. 234-235). On ne trouve pas non plus trace chez lui de la doctrine des idées comme pensées de Dieu. La perte des traités consacrés aux idées (L 67 et 68) empéche d'étre catégorique sur ce point, mais l'absence du théme dans les textes conservés laisse au moins penser qu'il ne devait pas le considérer comme essentiel. Autrement importante est la «coalescence de l'Intellect supréme et de l'Étre intelligible » (306 F. Ferrari, « Πρόνοια platonica e νόησις νοήσεως aristotelica: Plutarco e l'impossibilità di una sintesi », dans Pérez Jiménez 91, p. 69 et De Iside, 352 A). S'y ajoute souvent l'idée que l'Étre est aussi le désirable : c'est ce que montre de plus claire l'interprétation du mythe d’Isis (voir aussi De facie, 944 E et Amar.. 765 D déesse est assimilée au principe femelle de la physis ou encore à la chóra (372 E), qui et aime d'un amour inne Osiris, identifié à l'Etre premier et principal, qui est aussi le
la façon la et F), où la fuit le Mal Bien (ἔχει
δὲ σύμφυτον ἔρωτα τοῦ πρώτου xai κυριωτάτου πάντων. 6 τἀγαθῷ ταὐτόν ἐστι, 372 E 7-8), Horus, leur fils, étant « le monde sensible enfanté par Isis à l'image de l'Intelligible » (378 A 12), poursuivi pour bátardise par Typhon parce qu'il est « dépourvu de la pureté absolue de son pére, le Logos en soi sans mélange et inaffectible, et abátardi par la matiére dans ce qu'il a de corporel » (378 B 2-4).
La description la plus simple du mélange qui constitue le monde se trouve dans la Qs VIII 2 des Propos de Table (En quel sens Platon a dit que Dieu ne cesse de faire de la géométrie), oà Plutarque lui-méme insiste sur la nécessité d'apporter ordre et limites à la matiére désordonnée (719 C-E): c'est ainsi que seuls le nom-
bre et la proportion peuvent permettre de former les éléments premiers qui sont à la base des quatre éléments, c'est-à-dire les figures géométriques de Tim., 53 c-56 c. Ces figures géométriques sont aussi au centre de la deuxième partie de l'exposé sur la pluralité des mondes, où Lamprias s'appuie sur les commentaires de Théodore de Soles aux raisonnements mathématiques de Platon (De def. 32-37, 427 A-430 E). alors que dans la première partie, il s'est fortement opposé à l'idée d'une illimitation qui enléverait aux choses leur intelligibilité (423 C et Babut 202, 225). Cette nécessité d'un ordre, et d'un ordre intelligent, qui anime le monde se retrouve dans le commentaire partiel du Timee, centré non plus sur la constitution des éléments premiers, mais, à un stade antérieur, sur l'âme du monde, qui est composée d'un premier mélange de divisible et d'indivisible, avant de s'associer au Méme et à l'Autre, principes actifs dans les activités cosmologiques et épistémologiques de l'âme, mais eux-mêmes dépendant de l’Un et de la Dyade (1024 D et Opsomer 200). La plus grande originalité de Plutarque réside dans ce premier mélange (qui a pour fondement exégétique un texte différent du texte de Tim., 35 a 6, transmis par la tradition: Opsomer 286, p. 140 544.). Il identifie le divisible à «l'âme elleméme », c'est-à-dire à l'âme précosmique et désordonnée, substrat psychique harmonisé dans un second temps par la participation au nombre. Cette préexistence est intimement liée à l'autre originalité qu'il ne partage qu'avec Atticus (»*A 507): l'interprétation littérale du Timée, qui lui fait situer la création du monde dans le
1148
PLUTARQUE DE CHERONEE
P 210
temps (cf. L 66). Cette création est harmonisation, introduction d'un ordre. qui induit un second état de l'âme. mais ne fait pas entièrement disparaître la tendance précédente au désordre. L'âme du monde participe. par sa rationalité, de l'essence
de l'Intellect démiurgique, mais elle ne procéde pas uniquement de lui (De an. procr., 1027 A: τὸ μὴ πᾶν ἔργον εἶναι θεοῦ τὴν ψυχήν) ; c'est elle qui ensuite transmet au monde
l'ordre qu'elle a recu du démiurge (Quaest. Plat. 1V et De an.
procr., 1030 C, διεκόσμησεν ; voir aussi De facie, 945 A). On rejoint la question, trés débattue,
de
l'existence
d'une
entité démiurgique
seconde:
Plutarque,
s'il
donne un róle à l'àme du monde dans la mise en ordre de celui-ci, ne congoit jamais d'autre Intellect que celui du Dieu supréme (cf. Opsomer 305, p. 92, et Ferrari 306, p.72-74; la question d'une âme de Dieu est posée par 307 J. Whittaker,
« Does God have a Soul ? », DSTFM
10, 1999, p. 1-23).
L'harmonisation d'une áme précosmique désordonnée permet aussi de donner une explication au probléme du mal, dont Plutarque refuse d'attribuer la cause à la
divinité, qui est bonne. Se pose ainsi le probléme du « dualisme » de Plutarque, qui trouve son expression la plus claire dans le De /side (369 A-371 B: HirschLuipold 65, p. 203-211 pour la portée du passage) et s'appuie, entre autres, sur les « deux âmes » de Lois X, 896 E. Adaptant, apparemment, les principes du Timée, le Même, l'Autre et la chöra, Plutarque glose ainsi le passage : «L'une est bienfaisante, l'autre lui est opposée et produit des effets opposés. Il (scil. Platon) admet entre les deux une sorte de troisiéme nature, qui n'est ni inanimée, ni irrationnelle,
ni dépourvue d'un mouvement propre, comme on le croit parfois, mais qui, tout en dépendant des deux autres, tend sans cesse vers la meilleure, la désire et la poursuit» (370 F). Alors que, dans le commentaire au Timée, il n'est pas question de deux âmes, mais de deux états de l'áme, que ni l'Autre ni la Dyade, semble-t-il, n'apparaissent comme cause directe du mal (cf. Opsomer 200 et 305, n. 207, p. 89), la question
reste ouverte
d'une
adoption
ultime
d'un
dualisme
plus ou
moins inspiré de Zoroastre. Brout 199 donne des arguments en faveur de cette interprétation. Elle reste cependant douteuse, car, au-delà de la formulation particuliere que peut impliquer l'exégese d'un mythe, Plutarque encadre son exposé de deux déclarations de principes qui résument ses positions et n'infirment nullement l'analyse du Sur la procréation de l'âme. 1] débouche en effet sur l'idée que «La genese et la constitution de notre monde est le résultat mixte de l'action de deux forces qui s'opposent sans être égales pour autant : la suprématie appartient à la force bénéfique, mais il est impossible que la force mauvaise disparaisse complètement, car elle est profondément implantée dans le corps et pareillement dans l'âme de l'Univers» (371 A). Rien là qui contredise le commentaire philosophique, plus précis, en particulier sur la nature et l'origine des éléments. À l'autre bout, l'introduction avait mis en lumiere un point essentiel dans la conception du monde platonicienne de Plutarque, sa double opposition au matérialisme mécaniste épicurien comme à l'immanentisme stoicien : « Il ne faut pas placer dans des corps inanimés les principes de l'univers, comme Démocrite et Épicure, pas plus qu'il ne faut postuler, avec les stoïciens. une Raison unique (Logos) ou une Providence unique, souveraine maitresse de toutes choses, qui serait seule à agir sur une matiére dépourvue de qualités. En effet, aucune forme de mal ne saurait apparaitre là où Dieu est responsable de tout, aucune forme de bien là où il n'est responsable de rien » (369 A). Donner au divin sa juste place est aussi au fondement de sa réflexion sur la causalité.
P210
PLUTARQUE DE CHÉRONÉE
1149
* Providence et double causalité
Si la divinité est transcendante, elle est aussi bienveillante et ne saurait pas plus se désintéresser de la marche du monde qu'y intervenir directement. Il en résulte une théorie de la double causalité, conçue pour ne pas mettre la divinité « hors jeu causal » sans la faire intervenir non plus à tort et à travers. Sur un plan général, Plutarque, sans méconnaître les quatre causes aristotéliciennes, les regroupe en deux sortes de causes, dont il impute la découverte à Platon, causes finales et causes physiques (De def., 435 E-436 E, et 308 P.L. Donini, «I Fondamenti della Fisica e la teoria delle cause in Plutarco », dans Gallo 77, p. 99-120). Il s'appuie en particulier sur les reproches faits à Anaxagore (2+A 158) dans le Phédon (97 b-99 d = De def., 435 E-F) et, pour souligner les avantages de la position de Platon, insiste toujours sur le « mélange » qui caractérise notre monde: « tout en rapportant à la divinité l'origine de tout ce qui procède de la raison (τῶν κατὰ λόγον £yóvτων), il ne prive pourtant pas la matiére de son action nécessaire sur le devenir, en comprenant que l'univers sensible, organisé comme nous le voyons, n'est pas pur et sans mélange, mais qu'il procéde de l'union de la matiére et de la raison (logos) » (435 F4- 436 A 4; voir aussi Nic. 23, 5). C'est Anaxagore qui, avec Lampon, lui fournit ailleurs l'exemple le plus simple de cette double causalité, avec l'anecdote du bélier unicorne né sur le domaine de Périclés (Per. 6): le philosophe a mis au jour les causes physiques, que Plutarque dit aussi « nécessaires », en pratiquant une dissection et en expliquant comment ne s'était formée qu'une seule corne, tandis que le devin a donné le sens de cet événement extraordinaire, la cause supérieure, liée à la divinité, qui entendait ici signifier la prééminence future de l'Olympien. Cette double causalité est ainsi étroitement liée à la Providence - le nom que Plutarque estimait avoir été donné par Platon lui-méme à la causalité
divine, d'aprés Proclus (xai del μεμνῆσθαι καὶ ὧν ὁ Χαιρωνεὺς εἶπε περὶ τοῦ τῆς προνοίας ὀνόματος, ὡς Πλάτωνος οὕτως τὴν θείαν αἰτίαν καλέσαντος, in Plat. Tim. l, p. 415, 18-20). Significativement, il appartient par deux fois à Ammonios de rappeler la prééminence de la cause divine. Dans la discussion sur la Disparition des oracles, en opposition à l'explication du cynique Didyme, surnommé Planétiade (»*D 103), pour qui la question serait plutót de savoir pourquoi le dieu ne s'est pas plus tót détourné de notre perversité, il pose en principe que «les œuvres accomplies par les dieux ont pour caractère d’être à la fois mesurées et complètes, d'exclure toute superfluité et de se suffire parfaitement à elles-mêmes » (413 E 12 - F 1) et estime que la dépopulation de la Gréce a amené le dieu à ne pas accuser cet état désertique en laissant en fonction tant d'oracles inutiles (414 A 3-4). De méme, sur le sujet
purement physique de la propagation du son, meilleure la nuit, il déclare d'emblée que, selon lui, «la Providence a bien fait les choses en ménageant à l'ouie une grande acuité au moment oü la vue ne nous sert plus à rien, ou à trés peu de choses » (Q.C.
VIII
3, 720
E 1-3), mais
il poursuit tout aussitót:
« Cependant,
puisqu'il faut aussi découvrir les causes qui se réalisent par la nécessité naturelle et qu'il revient au physikos d'examiner les principes matériels et organiques, qui de
1150
PLUTARQUE DE CHERONEE
P 210
vous peut commencer et proposer une theorie plausible ?» (720 E 5-9). Dans le méme esprit, Lamprias (»*L 17), dans le Visage qui est dans la lune, rappelle, contre le stoicien Pharnace (»*P
101), dans le Visage qui est dans la lune,, que les
lois naturelles ne suffisent pas à assurer la vie du cosmos, mais que, livrés à eux-
mémes, les éléments n'engendreraient que désordre et anarchie,
« comme tout ce
dont Dieu est absent, selon Platon » (Tim., 53 b = De facie, 926 F). Mais si l'on adopte l'hypothése contraire d'un ordre parfait, «(on) ne voit plus quelle est la täche de la Providence » (927 B). Les deux ordres de cause se completent et ne
s'excluent pas, chacune intervenant à son niveau, pour les phénoménes purement physiques — auxquels Plutarque a consacré plusieurs Propos de Table et méme un recueil particulier de Questions Physiques, oü la science aristotélicienne sert de base à ses réflexions — comme pour ceux qui mettent plus directement en jeu le divin, telle la question des oracles, déjà sensible pour l'Académie (que Plutarque défend
d'avoir
mis
à
mal
la divination:
L
71
et
131)
et
chère
au
cœur
du
philosophe prétre de Delphes. C'est ainsi que la Disparition des oracles montre nettement comment, une fois posée la cause supérieure, il reste encore à expliquer sa mise en ceuvre dans le monde matériel, ce qui réclame toute une série de causes intermédiaires, puisque la divinité
ne saurait
intervenir directement.
Cléombrote
(»*C
160) propose
l'inter-
vention de démons et Lamprias met en avant un élément physique, le pneuma, deux
à nouveau
ne s'excluant pas nécessairement
(cf. De def., 436
E-437
les
A, qui
synthétise les deux). À cette analyse de facteurs qu'on pourrait dire cosmologiques. Lamprias ajoute quelques considérations sur l'àme de la Pythie, matiére de la divination dont le pneuma
serait l'instrument (436 E), et sur les variations que son
état peut entrainer, selon que sa capacité imaginative (τὸ φανταστικόν), la faculté la plus dépendante des variations du corps, est apte ou non à recevoir le souffle prophétique (437 D-438 C). Il aborde ainsi rapidement le facteur humain et la théorie « instrumentale » qui est au cœur des Oracles de la Pythie, où Plutarque
réfléchit de plus prés à la « collaboration » du divin et de l'humain. Là encore, c'est un texte des Vies qui, dans sa simplicité, donne la meilleure idée des conceptions de Plutarque. L'heureuse inspiration de Valeria pour tenter de fléchir Coriolan rappelle les interventions des Immortels chez Homére, que Plutarque explique ainsi: « Ou bien il faut refuser aux dieux toute influence sur la cause et le principe de nos actions ou bien de quelle autre manière peuvent-ils aider les hommes et coopérer avec eux ? Ils ne faconnent certes pas notre corps et ne meuvent pas eux-
mémes comme
il convient nos bras et nos jambes, mais, par certaines principes,
images et inspirations (ἀρχαῖς τισι xai φαντασίαις xai ἐπινοίαις). ils éveillent la
partie active et volitive (τὸ πραχτικὸν xai προαιρετικόν) de notre âme, ou, au contraire,
la détournent
aussi De def., 416 F-417
et l'arrétent»
(Cor.
A). De la méme
32, 8 et Babut
41, p. 314-316;
voir
manière, dans les Oracles de la Pythie,
Plutarque insiste sur la collaboration (De Pyth., 397 C 4-6: οὐ γάρ ἐστι θεοῦ ἡ γῆρυς οὐδ᾽ ὁ φθόγγος οὐδ᾽ ἡ λέξις οὐδὲ τὸ μέτρον, ἀλλὰ τῆς γυναικός: ἐκεῖνος δε μόνας τὰς φαντασίας παρίστησι...) et sur la « déformation » qu'entraine
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le medium humain (404 B-405 D, où Homère est de nouveau invoqué). Ainsi sont
soulignées les limites de l'intervention divine, qui ne saurait contrevenir aux lois du monde (sur ce point et les conséquences que Plutarque en tire pour la critique des prodiges rapportés dans les Vies, Babut 41, p. 500-514); ainsi sont aussi conciliées l'intervention de la divinité et sa nécessaire transcendance. * La démonologie et les diverses sortes de daimones
C'est pour préserver cette transcendance que, dans la Disparition des oracles, Cléombrote propose de confier à des daimones l'intendance des oracles, à titre d'hvpothése vraisemblable. Il estime en effet que, de méme que l'hypothése de la chóra permet de résoudre un certain nombre de difficultés, « des difficultés encore plus nombreuses et plus graves... paraissent avoir été résolues par ceux qui ont imaginé la race des daimones intermédiaires entre les dieux et les hommes, pour servir en quelque sorte de point de jonction ou de lien dans nos relations avec la divinité»
(De
def,
415
A
et le commentaire
de Ildefonse
205,
p. 34-41).
Son
exposé déborde cependant de beaucoup ce qui est nécessaire à la simple explication des oracles et il semble que Plutarque donne ici une synthése sur un sujet qu'il aborde aussi dans le Démon de Socrate, le Visage qui est dans la lune, les Vies de Dion et Brutus et le Sur Isis. S'il est probable que cette dernière œuvre a été écrite dans les ultimes années de sa vie, les incertitudes chronologiques ne permettent pas de situer la doctrine de la Disparition ni de déterminer une évolution — le contraste du Démon de Socrate avec les autres textes peut s'expliquer par une simple différence d'orientation. Sirinelli 19 (p. 237-254) a suggéré de voir dans l'intérét pour la démonologie un moment de la réflexion religieuse de Plutarque et Babut 41 (p. 388-436) a essayé d'en montrer la cohérence
tout en marquant
nettement ses
différences avec la démonologie des stoiciens. On se contentera donc ici de remettre dans leur contexte les divers passages oü est employée une notion qui était de soi assez floue, puisque, non seulement il existait une démonologie populaire et une démonologie philosophique, mais que les mots δαίμων ou δαιμόνιον pouvaient aussi désigner le divin de maniére large, sans que l'auteur souhaitát en préciser la nature. Si l'on s'en tient à la nature et à la fonction de cette classe d'étres intermédiaires que l'on appelle daimones, deux points essentiels ressortent de l'exposé de Cléombrote. D'abord, après avoir discuté de la durée de vie des démons, il illustre leur nature intermédiaire en reprenant le paradigme géométrique dont avait usé Xénocrate, associant les trois classes d'étres, dieux, démons, hommes, aux trois formes de triangle, équilatéral, isocèle, squalène (416 D) et il y ajoute une comparaison avec le monde sensible. Cette fois les dieux sont associés au soleil et aux astres, les mortels aux météores, comètes et étoiles filantes et les démons à la lune (416 D-E) - cette comparaison est développée dans les mythes de la destinée de l'áme, en particulier celui du Visage qui est dans la lune. Autre point important, leurs fonctions de ministres des dieux aménent les démons à parcourir le monde, pour inspecter les sacrifices, participer aux mystéres ou punir les crimes (417 A) et
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l'on débouche sur l'idée qu'il y a «chez les démons aussi comme chez les hommes des différences de vertu », aussitót expliquées par le fait que «chez les uns, de la part passible et irrationnelle (τοῦ παθητικοῦ καὶ ἀλόγου). il ne demeure plus qu'un reste faible et indistinct, comme un résidu, alors que chez les autres, il est important et difficile à éteindre » (417 B). Les démons, définis comme des essences psychiques où l'élément divin est associé à la nature de l'âme et à la faculté sensitive du corps, c'est-à-dire à celle à laquelle sont liées les passions, se décom-
posent ainsi en bons et mauvais démons, et les seconds permettent à leur tour d'expliquer certaines formes de mal dans le monde, en particulier certains cultes étranges, les sacrifices humains d'autrefois (cf. Pel. 21, 5-6), les apparitions dont furent victimes les trés philosophes Dion et Brutus (Dion 2, 3). Plus qu'une intégration d'une certaine imagerie populaire, il y a là toujours la méme volonté de sauvegarder la divinité. On en trouve encore confirmation dans le Sur Isis, où la démonologie sert aussi de base à une interprétation des mythes et rites traditionnels. Plutarque y souligne aussi les différences d'ordre moral et s'appuie sur des autorités philosophiques, dont Xénocrate. Celui-ci, est-il dit, « pense que les jours néfastes et toutes les fétes qui comportent coups, lamentations, jeünes, blasphémes, indécences de langage n'appartiennent pas au culte des dieux ou des bons démons ; il y a, selon lui, dans l'espace qui entoure la terre, des êtres grands et forts, mais malveillants et farouches. qui se satisfont de tels hommages et, pourvu qu'ils les obtiennent, n'entreprennent rien de pire » (361 B). C'est sur cette base que peut étre proposée l'identification de Typhon à un démon mauvais, tandis qu'Isis et Osiris seraient de bons démons qui « durent à leur vertu de passer au rang des dieux » et qui « fort légitimement, regoivent un culte mixte, à la fois comme dieux et démons » (361 E). Là encore «le point important... est que Jes démons puissent sauvegarder le prestige et la majesté des dieux en subissant à leur place les "accidents" (παθήματα) que leur attribuent les récits mythologiques » (Babut 41, p. 401). Il faut toutefois souligner que cette interprétation n'est pas l'interprétation ultime du mythe d'Isis et que Plutarque achève sa réflexion sur l'interprétation ontologique « propre » examinée supra. Car si les démons peuvent. selon les termes mémes prétés à Cléombrote, résoudre certaines difficultés, s'ils s'inscrivent assez bien, selon l'analyse de D. Babut, à l'intérieur d'une vision dualiste, et si le Chéronéen semble, dans son interprétation personnelle finale du mythe d'Isis et d’Osiris. pencher pour ceux qui assimilent le principe du Bien à un dieu et le principe du mal à un démon (369 D), ces propositions exégétiques ne sont que des suggestions : ce qui est au cœur de sa pensée, c'est la divinité, sa transcendance, mais aussi sa bonté et sa Providence. (3) PHILOSOPHIE ET TRADITION
RELIGIEUSE : DIEU DANS LA VIE HUMAINE
Pour appréhender la conception que Plutarque se fait de l'Étre divin, le discours d'Ammonios dans le De Epsilon constitue sans doute le meilleur point de départ. S'il n'y est pas question de l'Intellect divin, l'interprétation de la lettre epsilon, “ei” en grec, comme 2° p. du singulier du verbe être, el (392 E-393 C, voir B (8) supra), marque nettement à la fois la coalescence du théologique et de l'ontologique déjà signalée (à Ferrari 306, ajouter 308bis J. P. Kenney. Mystical Monotheism. A Study in Ancient Platonic Theology, Menasha, Wisconsin
1991,
en part.
p. 43-54) et le gouffre ontologique qui sépare homme et dieu. Cet écart est tout à la fois accusé par la maxime que le dieu, en réponse, adresse à l'homme: connais-toi toi-même. c'est-à-dire aie conscience des limites et de l'insuffisance humaines, et,
en méme
temps, un peu compensée
par le simple fait que le dieu s'adresse à
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l'homme. Pour le dire de facon plus générale, la différence ontologique n'interdit pas une certaine communication entre homme et dieu. Cette image de la divinité doit encore étre complétée par une description explicitement référée à Platon et située au seuil de la « théodicée » plutarquéenne que constituent les Délais de la justice divine : « Pour Platon, Dieu s'est placé au centre de tout comme un paradigme de toute perfection et il accorde la vertu humaine, qui est en quelque sorte une assimilation à lui-méme (ἐξομοίωσιν οὖσαν ἁμωσγέπως πρὸς αὑτόν), aux étres capables de "suivre Dieu". En effet, l'Univers qui était par nature anarchique (ἡ πάντων φύσις ἄτακτος οὖσα), a trouvé le principe de sa
métamorphose en monde organisé (κόσμος) dans une ressemblance et une participation à l'idée et à la vertu qui appartiennent au divin (ὁμοιότητι xai μεθέξει τινὶ τῆς περὶ TO θεῖον ἰδέας xal ἀρετῆς). Ce méme philosophe affirme aussi que la nature nous a accordé la vue afin que notre äme, par la contemplation émerveillée des astres qui cheminent dans le ciel, s'accoutume à goüter et à chercher l'ordre et l'harmonie, à prendre en horreur le déséquilibre et les égarements des passions, à éviter le «au petit bonheur » et le «comme cela se trouve » (τὸ εἰχῆ xat ὡς ἔτυχεν). Il n'est pas de plus grand profit que l'homme regoive naturellement de Dieu que l'acquisition de la vertu par l'imitation et la poursuite des perfections qu'il posséde » (550 D-E). Dans ce texte consacré à la justice, l'accent est mis sur l'harmonie et la vertu ;
dans l' Epsilon ou le Sur Isis, c'est la connaissance qui est accentuée, avec la présentation d'Apollon comme un dieu qui n'est «pas moins philosophe que devin » (De E, 385 B - affirmation appuyée sur l’exégèse de ses épiclèses, qui dessinent une sorte d'itinéraire philosophique): le dieu suggére des « questions aux hommes tant soit peu doués de raison et de sens, appäts et incitations à réfléchir, à s’informer et à discuter à leur sujet» (385 D - on remarquera que l'accent est mis tout naturellement sur la philosophie comme recherche et non comme acquisition d'un savoir dogmatique). De méme le Sur Isis s'ouvre sur l'affirmation que « la quéte de la vérité, celle surtout qui concerne les dieux, est aspiration à la divinité » (ὄρεξις θεοῦ, 351 E, commenté par Frazier 148). L'Isiaque véritable est pour sa part défini comme «celui qui, ayant reçu selon la tradition ce que l'on montre et accomplit dans le culte de ces divinités, cherche dans tous les cas, en faisant appel à la raison et à la philosophie, la vérité dont ce rituel est porteur » (352 C). Ces textes montrent clairement que Plutarque, en bon platonicien, ne sépare pas vertu et vérité, mettant l'accent sur le gnoséologique ou sur l'éthique selon le sujet qu'il traite, et qu'il serait arbitraire d'établir une hiérarchie. La chose est naturelle si l'on songe que, en bon platonicien toujours autant qu'en homme de son temps, il ne privilégie pas la vie théorétique. L'homme vit dans le sensible, il a à agir dans le sensible, mais sans oublier jamais l'ordre supérieur qu'il rejoindra aprés la mort: de là l'importance chez lui de tout ce qui, dans le sensible, peut tourner notre pensée vers le divin ou, au contraire, l'en détourner. Caractéristique à cet égard est la manière dont il revient à plusieurs reprises sur l'assimilation stoicienne d'Apollon et du Soleil, à laquelle il s'oppose. Dans les Oracles de la Pythie, il la condamne
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catégoriquement. par la cause que presque tous esprit, par la perception αἰσθήσει τὴν διάνοιαν
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bouche de Philinos (®»P 119), au motif que «le soleil est les hommes méconnaissent Apollon. car i/ détourne leur sensible, de la réalité vers l'apparence » (ἀποστρέφων rfj ἀπὸ τοῦ ὄντος ἐπὶ τὸ φαινόμενον, 400 D; voir aussi
Amat., 764 D-E, De def., 435 A et De Pyrh., 409C-D et 309 G. Roskam, « Apollon
est-il vraiment le dieu du soleil ? La théorie plutarquéenne des symboles appliquée à un cas concret», dans Boulogne 206, p. 171-210). Ammonios est plus indulgent dans l' Epsilon, puisque, ainsi, «c’est l'objet qu'ils [sci/. les stoiciens] honorent le
plus parmi tout ce qu'ils connaissent et désirent, qu'il mettent en rapport avec l'idée du divin» (eig τοῦτο τιθέντας τὸν θεὸν τὴν ἐπίνοιαν, 393 D 3), mais il invite aussitót à les « éveiller comme des gens qui viennent de réver du dieu dans le plus beau des songes» et à les «exhorter à monter plus haut pour avoir de la divinité une vision "éveillée" et contempler son essence» (θεᾶσθαι τὸ ὕπαρ αὐτοῦ xai τὴν οὐσίαν, 393 D 5-6). Comme l'assimilation du soleil et d'Apollon le réve est une image récurrente. On la trouve dans l'Érotikos (764 F, commenté dans Frazier 237), dans le De l'impossibilité de vivre agréablement en suivant Épicure. qui évoque le « brouillard nuageux du corps » et l'impossibilité de jamais combler ici-bas le désir de l'Étre (1005 D) et. plus encore, dans l'/sis. où c'est la philosophie elle-méme, qui permet tout juste, « d'atteindre par l'intellection une sorte de réve flou » (382 F).
Dans le méme esprit, fidéle au prudent conservatisme religieux observé par la plupart des philosophes grecs, Platon en téte (cf. D. Babut, La religion des philosophes grecs, Paris 1974, et, pour les textes platoniciens, Ildefonse 205, p. 70), Plutarque craint dans toute remise en cause de la tradition un éloignement du dieu et dénonce le danger de « tomber dans le gouffre de l'athéisme » (Arnat., 757 C). Mais,
symétriquement,
la
superstition,
δεισιδαιμονία,
«crainte
du
divin»
à
laquelle il consacra une conférence dés sa jeunesse, n'est pas plus recommandable, qui méle dieu indiscrétement à tout et méconnait sa bonté fondamentale (sur les attributs divins, voir De Sroic. rep., 1051 F 1-2, et De comm. not., 1075 E 3-7, avec les notes ad loc. de D. Babut, Non posse, 1103 D, Arist. 6 et Ad princ. inerud., 781 A7-8). Aussi s'attache-t-il encore dans le Sur Isis à déterminer comment Cléa « pourra éviter un mal aussi grave que l'athéisme, la superstition » (355 D 1-2): il lui faut «recevoir le mythe de ceux qui en font une exégése pieuse et philosophique, accomplir et observer toujours les usages traditionnels, mais considérer
qu'aucun sacrifice, aucun acte ne sera plus agréable aux dieux qu’une opinion vraie sur eux » (355 C 7 - D 1). On reste, méme lorsqu'est évoquée une attitude qui
associe piété et réflexion philosophique, au niveau de la doxa: tant la conscience de l'abime ontologique reste toujours présente. 1] en résulte que. de méme que les images ou le soleil peuvent renvoyer au divin et à l'intelligible (cf. Hirsch-Luipold
65), on peut peut-étre accorder moriales, qui manifestent dans mettent méme, à travers rites et qui est au caur de la réflexion
une méme valeur médiatrice aux traditions imméle monde une certaine « présence divine » et peroracles, une communication entre humain et divin. de Plutarque - voir l'image de l'arc-en-ciel, appli-
quée aux mythes dans le Sur Isis, 358 F-359 A, et à Eros dans l' £rotikos, 765 E-F.
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L'hypothèse de cette valeur médiatrice de la tradition est une suggestion personnelle. C'est une maniére d'aborder le probléme de l'articulation entre foi et raison soulevé par Babut 30, qui comporte, je crois, deux aspects. Le savant, prenant pour point de départ Amar. 756 B. oü Plutarque proclame qu'il ne faut pas «ébranler l'inébranlable dans /a conception des dieux que nous avons » (τῆς περὶ θεῶν δόξης ἣν ἔχομεν). que «l'antique pistis de nos pères suffit et (qu')on ne saurait trouver ou dire de preuve plus éclatante qu'elle », y voit (premier point) l'émergence d'un « concept nouveau, celui de foi (πίστις). qui prend un sens entiérement différent de celui qu'il avait normalement jusque là » et (second point) l'affirmation de « l'autonomie et méme (de) la prééminence » de la πίστις sur la connaissance vraie, apanage de la raison.» Des réserves sur l'utilisation du mot « foi » ont été exprimées par Ildefonse 205, p. 73 et n. 270. Aux malentendus que peut susciter un terme aussi marqué par la tradition judéo-chrétienne, 310 F. Frazier, « À propos d'Éros doxastos (Amat. 13. 756 D). Le préambule de la réponse à Pemptidés (»*P 78) et le préambule du livre X des Lois », dans Bernabé 109, p. 85-95, ajoute la remarque que Plutarque ne se réfère jamais à la pistis seule, mais à la patrios pistis, la croyance ancestrale, utilisée concurremment avec des expressions comme doxa peri theón, opinion sur les dieux, ou nenomismena, usages. L'expression parait ainsi désigner une réalité objective précise, l'ensemble des doxai et usages transmis par la tradition. plutót qu'une attitude spirituelle proche de notre « foi ». L'étude de la notion de pistis est développée dans 311 Fad.. « Philosophie et religion dans la pensée de Plutarque. Quelques réflexions autour des emplois du mot πίστις », EPlaron 5, 2008, p. 41-61 : s'il fallait, en tout état de cause, évoquer une « foi » de Plutarque. il croit à l'évidence aux vérités du platonisme, qu'il s'attache à retrouver dans rous les usages religieux, grecs comme égyptiens. La seconde question qui se pose alors, et la plus délicate, est de déterminer si ces a priori ontologico-théologiques — inévitables en un sens, puisque la connaissance pleine du divin ne nous est pas accessible — entrainent une séparation entre religion et philosophie. qui aboutirait à faire de la seconde l’ancilla de la première (cf. De Pyth., 402 E 1-5), ou si l’on doit plutôt souligner la compénétration de la religion et de la philosophie, corrélative de la « coalescence de l'ontologique et du théologique » déjà évoquée. Celle-ci pose enfin un dernier probléme, qui est, avec l'emploi fréquent de θεός pour désigner l'Être suprême, celui de l'émergence d'un «dieu personnel ». Là aussi la voie est étroite et l'interprétation disputée. Si l'inflexion religieuse du platonisme de Plutarque n'est pas niable, si, probablement, la « bonté de dieu » est chez lui un peu autre chose que la seule satisfaction du travail bien fait qu'évoquait V. Goldschmidt à propos du dieu platoncien (cf. Non posse, 1103 B-C, ou Amar. 758 A), l'expression de « dieu personnel » n'est pas sans évoquer le Dieu judéo-chrétien et l'on peut s'interroger sur la pertinence de ce rapprochement (pour une tentative dans cette direction, cf. 312 R. Hirsch-Luipold, « Der eine Gott bei Philon von Alexandrien und Plutarch », dans Hirsch-Luipold 102. p. 141-167).
La séparation claire entre monde divin et monde humain n'entraine cependant pas chez Plutarque une dévalorisation totale de ce dernier: la « féte du monde » est incitation à s'élever vers le divin, comme l'est le spectacle des astres (De tranq. an., 477 C-F, et Hirsch-Luipold 65, p. 171-173). L'image de l'homme en exil sur
cette terre n'apparait qu'une fois, et encore «en situation », pour consoler le destinataire du Sur l'exil (De exilio, 600 E-601
B, et Opsomer 231). On n'a ainsi rien
qui évoque l'invitation à la fuite du Théététe (176 a) et l'assimilation à dieu à laquelle invite le méme passage ne semble pas tenir chez Plutarque la place qu'elle peut avoir chez d'autres platoniciens. On peut considérer qu'elle est latente dans les exhortations initiales du Sur /sis (351 E), mais
rien n'y rappelle la formule du Théérète et le mot ὁμοίωσις - préfixé en ἐξομοίωσις - ne se trouve que dans les Délais (texte cité supra). tation adopte. pour ainsi dire, le point de vue dans une définition « statique » au lieu d'étre le A un chef mal éduqué, 780 E-F, où c'est le
Dans ce texte méme, il est notable que la présende Dieu-paradigme et que « l'assimilation » figure évoquée comme un effort humain en progrés. Dans prince seul qui se modèle sur la divinité (αὑτὸν εἰς
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ὁμοιότητα θεῷ δι᾽ ἀρετῆς καθιστάς. F1). l'influence des théories hellénistiques du bon roi, équivalent de Dieu sur terre, joue autant, sinon plus. que le théme du Theetere. La maniere d'échapper au sensible pour Plutarque. c'est d'abord de se souvenir toujours que le lieu véritable est là-haut, de ne pas se laisser éblouir par le sensible pour pouvoir après la mort s'envoler vers les noeta (cf. Non posse, 1 105 D. Amar., 764 F-765 A). Sous réserve d'études plus approfondies, l'influence du Phédon et du Phèdre semble ainsi supérieure à celle du Theetere et Plutarque, luiméme initié aux Mystères de Dionysos (Cons. ad uxorem. 192 E, et note ad loc. dans la CUF), emploie avec prédilection l'image des Mystéres — ce qui n'a rien d'original dans le platonisme, mais prend chez lui ainsi une résonance personnelle (outre Arnar., 765 A, voir De Iside, 378 A, 382 D-F et 383 A, ainsi que De trang. an., 477 D-E).
Distance et comblement relatif de cette distance donnent donc une particuliére acuité au probléme de la communication entre divin et humain, abordé par les Dialogues Pythiques autour du probléme de la divination, mais aussi, sous un angle différent, dans le Démon de Socrate. Ce démon était un théme d'école, comme en témoignent les conférences d'Apulée (**A 294) et de Maxime de Tyr (»»Μ 69) - étudiées par Roskam 230 -, mais Plutarque lui donne une ampleur inhabituelle (pour une tentative d'interprétation globale du dialogue. Babut 227 et les nuances de Donini 229: aucune autre étude ne rend pour le moment raison de
l'ensemble du texte et. singulièrement, de l'intrication de l'action historique et des débats philosophiques). On y trouve toute une réflexion générale sur les « signes » et la maniére dont la divinité peut se manifester, éternuement, mot inattendu (581 A), parole muette qui parle d'àme à áme (588 C-D) ou. dans des cas exceptionnels, contact direct (593 D). La discussion est lancée par le rationaliste Galaxidoros,
auquel il revient de délimiter peu à peu le sujet et sa portée. Préoccupé avant tout d'éviter le τῦφος de la superstition (579 E-580 B), il est amené par les objections du devin Théocritos à préciser et nuancer sa position — un peu comme Lamprias se
justifie dans la Disparition des oracles aprés la mise en garde d'Ammonios.
Il
n'est pas question pour lui de mettre en doute les « choses véritablement divines », mais il en exclut les fantómes et fables introduits dans la philosophie par Empé-
docle et Pythagore (580 C), limite les signes à des manifestations naturelles dont l'insignifiance est sans lien direct avec l'importance du signifié; en dernière analyse, ils renvoient à un pouvoir supérieur, qu'il appartiendra à Simmias, le
« Socrate de Thébes », de préciser plus loin. Dans ce préambule, oü la raison fait entendre ses droits sans que la suite vienne jamais les lui dénier, Socrate devient en quelque sorte la pierre de touche de la discussion, et l'interrogation sur son démon, au singulier, déplace le centre de gravité vers une question individuelle (cf. Babut 41, p. 430-435). La réflexion, ainsi délimitée par Galaxidoros, se concentre sur la communication que peuvent entretenir avec la divinité certains privilégiés, que Théanor, le pythagoricien, qualifiera de «divins et aimés des dieux » (θείους xai θεοφιλεῖς, 593 A). Cette importance des signes pour les gens de l'Antiquité se marque en particulier dans les Vies, oü le lecteur moderne est souvent étonné par la profusion de présages - il faut noter que dans l'action du Démon
de Socrate. les conjurés de méme, qui ne sont pas des hommes
excep-
tionnels comme Socrate. sont confrontés à des signes et péripéties qui les laissent perplexes. Il s'agit là sans doute d'un élément qui fait partie de la vie pour un Ancien et que Plutarque, pas plus que ses héros, ne saurait négliger (Babut 41, p. 477-481. et les discussions de Cor. 38. Cam.
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6 et 19. Cleom. 39, 3-5, Nic. 23). La Vie de Camille, où le thème est très développé. n'en montre que mieux les limites : ainsi, en 18, 5-7, si le mépris des signes joue dans les revers des Romains, il n'est qu'un des effets de la désorganisation politique et sociale qui a ruiné toute autorité ; en 32, 2-3, les Romains sont cette fois attentifs et réconfortés par un omen favorable. mais c'est plus le retournement d'esprit en soi et l'exploitation qu'en fait Lucretius qui intéressent Plutarque. De méme, les héros mettent souvent en avant un prétendu lien privilégié avec la divinité pour impressionner le peuple (par ex., Numa 4, avec théorie du « machiavélisme » religieux en 4, 12 ou Sert. 20). Peu d'entre eux sont qualifiés de θεοφιλής, « aimé des dieux ». Pour Nicias (9, 8 et 26, 6) comme pour Cléomène (39, 3), il ne s'agit que de l'opinion de la foule ; seul le législateur mythique Lycurgue est proclamé tel par la Pythie (5, 4). Plutarque, par ailleurs, refuse d'admettre la divinisation comme
la nature divine des souverains (Rom. 28, 4-10, Alex. 22, 6 et surtout 27, 11-
28 : théorie générale en Q.C. VII 1 ; sur le culte des souverains, 313 K. Scott, « Plutarch and the Ruler Cult», TAPhA 60, 1929, p. 117-135). L'intervention d'un démon personnel est rare. Elle n'est présentée comme réelle, à vrai dire, que pour la paire Dion-Brutus, dont elle est un des points majeurs : la préface pose le probléme d'un mauvais démon (Dio 2, 3-7), mais. dans la Vie du Grec, Plutarque mentionne seulement une « apparition », φάσμα, évoquant une Érinys, sans employer le mot δαίμων (55, 1-4). Au contraire, dans la Vie de Brutus. la vision se proclame le « mauvais démon » de Brutus (Brut. 36, 7 ; méme chose en Caes. 69, 11). La personnalité exceptionnelle de César amène Plutarque à évoquer aussi son « grand démon », mais après sa mort (Caes. 69, 2), tandis que son assassinat au pied de la statue de Pompée marque, de facon plus vague, l'intervention d'un démon, non identifié (Caes. 66. 1 et Frazier 140). Il faudrait encore examiner les relations du démon et de la chance d'un personnage et pouvoir apprécier exactement la part de l'expression conventionnelle et de l'opinion religieuse lorsque Plutarque emploie ces expressions, ce qui n'est pas simple (par ex.. Mari., 46, | et Demosth. 21, 3 pour les deux termes ensemble ; comparer aussi, pour César, Cm 54, 10 - où l'on a δαίμων — et Caes. 38, 5 - où l'on a τύχη).
Simmias, pour sa part, ne présente pas Socrate comme un « aimé des dieux ». Il développe plutót l'aspect psychique suggéré par Galaxidoros, qui évoquait « la part d'instinct divinatoire commun à tout le monde que le philosophe avait fortifiée par l'expérience et qui lui permettait dans les situations incertaines sur lesquelles les conjectures raisonnables n'ont pas de prise de faire pencher la balance dans tel ou tel sens » (580 F). Socrate, explique Simmias, avait « l'esprit (νοῦς) pur et exempt de passions » (588 D), ce qui le rendait réceptif aux messages divins, c'est-à-dire à la pensée du démon qui entrait en contact avec la sienne sans le truchement du langage articulé, méme en état de veille, là oà la majorité des hommes, pris dans « le tumulte des passions et le tourbillon des affaires » ne le deviennent que dans le sommeil. Et il illustre cette longue théorie (588 B-F) par un mythe, qui met en relation anthropologie et démonologie, le mythe de Timarque, oü le paysage céleste n'est pas sans évoquer la géographie mythique du Phédon (590 C-F). La situation des ämes est ainsi fonction de leur immersion dans la matiere (591 D-592 D): «la partie immergée dans le corps, qui l'emporte, s'appelle psyché ; la partie inaccessible à la corruption est appelée νοῦς par la masse, qui le croit à l'intérieur d'eux, comme on croit dans les miroirs les objets qui s'y reflétent, mais les gens qui pensent juste, le considérant comme extérieur, lui donnent le nom de daimón » (591 E). Les étoiles qui semblent s'éteindre correspondent donc aux ámes tout entières plongées dans le corps, celles qui se rallument sont celles qui viennent de se dégager du corps et reprennent leur navigation, enfin «les étoiles qui se meuvent dans les régions supérieures sont les démons des hommes dont on dit qu'ils
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ont du νοῦς » (locution figée, qui signifie dans son sens courant « être raisonnable, intelligent »). (4) STRUCTURE DE L'ÁME, VERTU THÉORÉTIQUE ET VERTU ÉTHIQUE
La conception de l'áme ainsi exposée sous forme mythique correspond aux vues exprimées dans le commentaire au Timee, oü le voüg qui vient ordonner l’äme précosmique désordonnée lui reste extérieur et transcendant , supérieur à elle
comme
elle l'est elle-méme
au corps (cf. aussi De facie, 943 A-B:
νοῦς γὰρ
ψυχῆς ὅσῳ ψυχὴ σώματος ἄμεινόν ἐστι καὶ θειότερον, affirmation prolongée par la théorie de la double mort, selon laquelle deux séparations se succédent, celle de l'àme et du corps, sur terre, associée
a Demeter, puis celle de l’äme et du voüc
dans la lune, associée à Perséphone). Mais on trouve aussi dans le commentaire (De an. procr., chap. 25-27) plus de détails sur l'àme individuelle: à l'essence divisible de l’äme précosmique correspond la partie passible de l’äme, tandis que, au νοῦς divin, correspond l'intelligence humaine, qui a cependant beaucoup plus de difficultés à s'imposer sur la tendance au désordre, plus forte en l'homme (sur cette correspondance,
voir
1026
A, et la référence
à Phédre,
437
e, en
1026
D,
avec la distinction du « désir inné du plaisir » et de « l'opinion acquise qui aspire au meilleur », destinée à éclairer la bipartition entre la passibilité, que l'âme tire d'elle-méme, et la participation au νοῦς, qu'elle doit à un principe supérieur). Cette äme est à la fois contemplative et pratique ; contemplant l'universel d'une part, accomplissant des actions particuliéres d'autre part, elle a donc à la fois une intellection de l'intelligible et des sensations sources d'opinion par rapport au sensible (1025 D-E, à rapprocher, pour l'âme du monde, de τὸ γὰρ νοερὸν ἡ
φύσις ἔχουσα xai τὸ δοξαστιχὸν εἶχεν, 1024 A sqq., avec le commentaire de 314 J. Opsomer, « L'áme du monde et l’âme de l'homme chez Plutarque », dans García Valdés 81, p. 33-49 ; De virt. mor., 441 F-442 A précise les rapports avec le Méme et l'Autre).
Ce dualisme, fortement opposé au monisme stoicien, entraine l'existence de deux formes de vertus, correspondant à chacune de ces deux orientations de l’äme et aux objets différents que se donne la raison: « la raison... est dite scientifique et théorétique. quand elle s'occupe des choses qui existent absolument, délibérante et pratique quand il s'agit des choses relatives à nous-mémes. La vertu de celle-ci est la phronésis (prudence), celle de la premiere est la sophia (sagesse). Et la différence entre phronésis et sophia s'explique par un changement d'orientation et une sorte de fixation, du domaine théorétique vers ce qui touche à l'action et aux passions, qui définit le statut rationnel de la phronésis. C'est pourquoi la phronésis a besoin de la tyché (2 est soumise à la contingence), tandis que la sophia n'en a pas besoin pour atteindre sa fin propre, pas plus que de la délibération. puisqu'elle s'applique à ce qui est toujours identique à soi-méme et se comporte toujours de la méme facon » (De virt. mor., 444 E-F ; sur le plaisir supérieur lié au théorétique, Q.C. IX 14, 746 E).
Cette distinction s'appuie sur la différence des objets sur lesquels s'exerce la
raison, mais on peut aussi la dire autrement et souligner — ce que Plutarque fait dès la premiére phrase du Sur la vertu éthique — que, là oü la vertu théorétique est
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indépendante de l'irrationnel et constituée au niveau de l'esprit pur et impassible, la vertu éthique se distingue d'elle « par le fait d'avoir la passion pour matière et la raison pour forme» (De virt. mor., 440 D). Et c'est toujours dans ce traité qu'il souligne explicitement l'erreur des stoïciens qui « ne voient pas en quel sens on peut composite. Car ils n'ont pas apergu la beaucoup plus facilement discernable, de intérieur, a quelque chose de composite, étant mélé et apparié à la raison, par une
vraiment dire que seconde division, l'âme et du corps une nature double nécessité de nature
chacun de nous est un étre double et ils ne connaissent que l'association, », alors que « l'âme elle-même, en son et dissemblable, l'élément irrationnel » (441 E).
De cette composition, il résulte, non seulement qu'il est faux, sur le plan théorique, de définir la passion comme une raison pervertie, mais aussi qu'il est illusoire, sur le plan pratique, de se proposer un idéal d'apatheia inaccessible (cf. Babut 41, p. 319-333):
le progrés
moral
se limite à un reláchement,
un
adoucissement
des
passions (De prof. in virt., 83 E — ce traité, comme le Sur la vertu éthique, est antistoicien). Cette vertu elle-méme qui, contrairement à la vertu contemplative, « passe nécessairement par le corps et a besoin d'un support passionnel comme d'un instrument en vue de l'action, étant donné qu'elle ne détruit ni ne supprime la partie irrationnelle de l'âme, mais y met de l'ordre et l'organise, représente un extréme quant à la puissance et à la qualité, alors que, quantitativement, elle devient un juste milieu, qui supprime l'excés et le défaut» (449 D) et ce juste milieu doit être conçu en termes harmoniques. Ces définitions, aux résonances aristotéliciennes indéniables, ont suscité un débat qui dépasse les seules sources du Sur la vertu éthique et qui est résumé en introduction par Opsomer 314, p. 33-36. Babut 41, p. 47, s'est attaché à montrer que ces thémes s'intégraient parfaitement à la pensée platonicienne de Plutarque (voir aussi l'introduction de son édition du traité p. 75-78 et De virt. mor., 442 B). 315 P.L. Donini, «Il platonismo medio e l'interpretazione dell'etica aristotelica », dans Tre studi sull'aristotelismo nel II secolo d. C., Torino/Milano/Genova 1974, p. 63125. a suggéré que l'assimilation des concepts et schémas aristotéliciens n'est pas propre à Plutarque, mais a été réalisée dans la tradition philosophique du médioplatonisme, et, dans cette ligne, Opsomer 314 situe l'origine de cette doctrine éthique dans la théorie métaphysique de l’âme du médioplatonisme. La thèse contraire - adoption par Plutarque de l'éthique aristotélicienne — a été soutenue par 316 F. Becchi, « Platonisme medio ed etica plutarchea », Prometheus 7, 1981, p. 125-145 et p. 263-284. Sur l'acces de Plutarque aux textes d'Aristote, voir Babut 31 et Donini 35.
De cette double composition Plutarque a aussi considéré chacun des aspects. Ainsi dans les Préceptes de santé, il insiste sur le juste milieu à garder entre mollesse et rudesse (τὸν μέσον ἡδυπαθείας xai κακοπαθείας φυλάττοντας ὅρον, 136 A) et évoque une harmonie à établir entre l'áme et le corps, en se référant à nouveau explicitement à Platon (Tim., 88 b), qui « avec justesse, recommandait de ne pas mettre en branle le corps sans l'àme ni l’âme sans le corps, mais de veiller à leur égalité d'allure comme à celle d'un attelage, en accordant au corps, lorsqu'il ceuvre et peine au plus haut point avec l’äme, les attentions et les soins les plus grands » (137 E). L'image du Phédre qui se superpose permet aussi de souligner que corps et äme sont dans ce cas en plein accord, que le premier aide la seconde, et la phrase continue, qui sera la derniére du traité, pour reconnaitre la santé comme un bien dont le plus grand don est de faire « que rien ne vienne s'opposer à
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l'acquisition de la vertu et à sa pratique dans nos paroles comme dans nos actes » (137 E ; pour l'influence néfaste sur la vertu de la maladie ou des drogues. cf. Sol. 7, 2 et Per. 38, 2 ; sur la place à accorder à la fois aux biens du corps et de l'âme, fr. 144 Sandbach). On trouve dans ce texte ce que D. Babut a défini comme le « théme anti-rigoriste » auquel il oppose le « théme ascétique » développé. à propos de la nourriture, par Solon dans le Banquet des Sept Sages (159 B-160 C) et, à propos de la richesse, par Épaminondas dans le Démon de Socrate (584D-585 A). Du parallele. il tire deux conclusions (Babut 41 p. 342-355) : d'une part, Plutarque combat le rigorisme avec d'autant plus de vigueur qu'il est dans un contexte antistoicien ; d'autre part, cette coexistence des deux themes, déjà présente dans le platonisme, correspondrait aussi à deux tendances de la pensée morale de Plutarque, l'une révant de pureté et de perfection individuelles, l'autre orientée vers la vie sociale et tenant compte avec réalisme des besoins et limites de la nature humaine. On peut souligner que «l'idéal » est justement mis dans la bouche de grands modeles historiques quasi inaccessibles, le Sage Solon ou le héros béotien cher à Plutarque, Épaminondas.
Quant au dualisme de l’âme méme, il justifie, par exemple, l'importance que Plutarque accorde à la musique et ses effets: les Propos de Table développent ainsi une trés intéressante réflexion sur les ravages de la κακομουσία et mettent en garde contre des plaisirs «très puissants en tant que précisément ils n'aboutissent pas à la partie irrationnelle et physique de l'âme, à l'instar de ceux qui concernent le goût, le tact ou l'odorat, mais touchent à la partie qui juge et qui pense » (Vll 5, 706 A, à comparer à Resp. X, 605 b). À l'inverse. dans le passage méme de la Vertu éthique où il critique le monisme des stoiciens, ıl leur oppose le zèle de Pythagore
pour
la musique
«qu'il
a introduite
dans
l'àme
pour
/a charmer
et
l'encourager (= Euthyd., 290 a; voir aussi Phaedo, 77 e et 114 d), avec l'idée qu'elle
n'est pas tout entiére accessible
à l'enseignement
et aux
connaissances
intellectuelles, ni totalement amendable par la raison » (De virt. mor., 441 E). Davantage méme. il ne s'arréte pas à cette fonction d'adjuvant de l'activité rationnelle, nécessaire pour éviter que l’äme soit « totalement rebelle à la philosophie et indocile », mais il esquisse ailleurs, toujours en se référant à Pythagore, un intéressant parallele avec le parfum, qui « polit et nettoie la partie imaginative de l'àme, celle qui reçoit les rêves. tout comme le faisait le toucher de la lyre. auquel les pythagoriciens avaient recours avant de s’endormir, pour enchanter et charmer la partie émotionnelle et irrationnelle de leur âme » (De /side, 384 A). Le rôle de la partie imaginative, liée au 5otaotixóv dans le commentaire du Timée, influencée par la divinité lorsqu'elle veut inspirer une prophétie dans les Oracles ou une action dans l'analyse de Coriolan, mériterait d'étre approfondi. tout comme l'on manque d'une étude des diverses tendances de l'âme que distingue Plutarque, en particulier sous la forme de neutres substantivés, lorsqu'il considére la conduite morale (on trouve une esquisse, mais limitée à la seule passion amoureuse, dans l'essai d'Opsomer 242). Il attache toujours une grande importance à l'impulsion que peut donner tout ce qui relève du passionnel, à l'ardeur, à l'assurance, à l'espérance ou à l'admiration (à la préface de Per. 2. 4, déjà citée, sur l'élan donné par le spectacle des belles actions, on peut ajouter les réflexions sur la puissance de la doxa sur les esprits dans la préface d'Agis ; voir aussi 317 F. Frazier. « A propos de la philotimia dans les Vies de Plutarque », RPh 82. 1988, p. 109127).
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(5) LA PHILOSOPHIE MAITRESSE DE VIE
La conviction de Plutarque que l'action fait partie des devoirs de l'homme, jointe à la conception, prédominante à son époque, d'une « philosophie maitresse de vie » et aux sollicitations de ses amis qui en ont fait une sorte de « directeur de conscience », l'ont amené à aborder à peu prés tous les domaines de la vie pratique
(mise en perspective précieuse par Sirinelli 19, p. 146-156). Dans ses analyses, vie personnelle et vie sociale influent presque toujours l'une sur l'autre, si bien que les distinctions proposées ci-dessous ne cherchent qu'à donner une certaine clarté à l'exposé et ne se prétendent nullement indiscutables. La vie pratique : morale et politique
La distinction établie au niveau de l’äme entre les deux aptitudes pratique et théorétique (ou contemplative, De an. procr., 1025 E), traduite au niveau des vertus par la distinction entre φρόνησις et σοφία (De virt. mor., 443 E), se retrouve pour les genres de vie, ou plus exactement, l'expression βίος πραχτικός ne figurant qu'une fois dans toute l'œuvre (Non posse, 1098 A, dans un contexte antiépicurien), ce sont les représentants de chacun des deux genres, le philosophe et le politique, qui sont confrontés. Le texte essentiel se trouve dans la Vie de Pericles (16, 7), à propos d'Anaxagore et de Périclès, dont la gestion de leurs biens - que le premier néglige totalement — suscite ce commentaire : « C'est que, j'imagine, i/ y a une grande différence entre le genre de vie d'un philosophe contemplatif (dewpn-
τιχοῦ φιλοσόφου) et celle d'un homme d'État (πολιτικοῦ). L'un applique sa pensée au Beau sans se servir d'aucun instrument ni avoir besoin de matiére extérieure ; pour l'autre, dont les talents s'exercent au milieu des affaires humaines, il est des cas oü la richesse n'est pas seulement nécessaire, mais doit étre comptée parmi les belles choses, comme elle l'était par Périclés, qui venait en aide à beaucoup d’indigents.» Cette distinction se retrouve peut-étre dans la peinture des diverses figures du Demon de Socrate (Babut 227, p. 70-75 = 79, p. 424-429), oü Plutarque aurait abordé la question «qui a hanté la pensée des grands philosophes classiques, Platon et Aristote, de la relation à établir entre science théorétique et action pratique, entre philosophie et politique ». Il est d'autant plus regrettable que la Vie d'Épaminondas, personnage central du Demon, oü il se tient en retrait de l'action, mais qui, dans l'ensemble de sa vie, a allié action et philosophie, ait été perdue. On peut toutefois supposer que, sauf à proposer un modèle à la fois inaccessible à son biographe comme à ses lecteurs et plus idéalisé qu'il n'est d'usage dans les Vies, Plutarque devait modifier quelque peu l'éclairage dans le texte biographique. Plus pragmatique en effet, le moraliste insiste d'abord sur le devoir de servir sa cité, principe qui l'oppose aux épicuriens dans l'opuscule Est-il juste de dire qu'il faut vivre caché ?, et qui est affirmé avec force dans le Si les vieillards, où l'on retrouve le paralléle entre théorétique et pratique: avec l'áge et le manque d'exercice, méme les facultés théorétiques peuvent s'amoindrir ; quant aux « qualités qui composent l'Ahabitus des politiques, le bon conseil (εὐβουλία), la
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φρόνησις et la justice, sans compter ce sens des occasions et de l'à-propos (ἐμπειpia στοχαστικὴ καιρῶν καὶ λόγων), qui est artisan de persuasion, tout cela ne s'entretient que si constamment on parle, on agit, on raisonne, on rend des jugements [à rapprocher de Platon, Tim. 89 e] ». La suite est plus intéressante encore, qui permet de cerner de plus prés les vertus qui interviennent dans la vie politique : « Ce serait un crime de déserter ces activités et laisser tant de si grandes
vertus
s'échapper hors de l'àme. Car il semble bien que ce qui se flétrit alors, c'est l'amour de l'humanité, la sociabilité, la bienfaisance (τὸ φιλάνθρωπον ... xai τὸ κοινωνικὸν xai TO εὐχάριστον), choses qui ne doivent avoir ni terme ni fin.» (792 D). Dans les quelques cas où Plutarque évoque la « vertu politique » (ἀρετὴ πολιτική). il insiste en effet le plus souvent sur les qualités humaines qu'elle implique, et ce n'est sans doute pas un hasard si les passages les plus intéressants se trouvent dans des Vies romaines, c'est-à-dire à propos d'un peuple qui, à l'origine, confondait sous le méme mot virtus courage et vertu (Cor. 1, 6). Le méme Coriolan, dont la présentation suscite cette remarque, est aussi celui qui ignorait «ce mélange de pondération et de douceur — vertus qui constituent l'essentiel de la vertu politique — que donnent la raison et l'éducation » (τὸ δ᾽ ἐμβριθὲς καὶ τὸ
πρᾷον, οὗ τὸ πλεῖστον ἀρετῇ πολιτικῇ μέτεστιν. EYXEXPOHEVOV OÙX ἔχων ὑπὸ λόγου καὶ παιδείας, (ον.
15, 4). À l'inverse, Marcellus fut le premier à montrer
aux Grecs que les Romains ne connaissaient pas que la vertu guerriére et à leur donner des exemples « d'indulgence, d'humanité et, en général, de vertu politique » (εὐγνωμοσύνης ... xai φιλανθρωπίας xai ὅλως ἀρετῆς πολιτικῆς. Marc. 20, 1). Ainsi les qualités requises des hommes d'État et mises en lumiére dans les Vies sont d'abord des vertus humaines : diriger la cité, c'est diriger des hommes. savoir les rassurer, les guider, les traiter avec bienveillance (cf. 36bis J. de Romilly, La douceur dans la pensée grecque, Paris 1979, p. 275-307, et Frazier 166, p. 189-195
et 231-263). La bipartition théorique des vertus en phronésis pratique et sophia théorétique posée dans la Vertu éthique s'efface. On trouve, dans la Vie de Solon, des aperçus historiques sur une évolution de ce qui est considéré comme sophia : « ]l semble qu'il n'y ait eu que la sophia de Thalés qui ait dépassé par la réflexion théorétique (τῇ θεωρίᾳ) les simples besoins, tandis que les autres durent leur réputation de sophia à leur vertu politique » (Sol. 3, 8). Et dans le récit de l'action ou l'analyse des caractéres, pas plus sophia que phronesis ne tiennent une place importante. Plutarque signale plutót des qualités d’intelligence « moralement neutres », comme la synesis, voire ambigués, comme la deinotés (Frazier 166, p. 207216). L'intelligence apparait ainsi comme une sorte de réquisit fondamental implicite, que Plutarque montre en action sans éprouver le besoin de souligner autre chose que ses résultats, c'est-à-dire la confiance qu'elle suscite ou le salut qu'elle procure. Si la philanthrópia ne se discute guére, il est des cas oü le respect de la stricte justice pose plus de difficultés et Plutarque, pour qui le sacrifice de tous les intéréts et attachements privés au bien public va de soi (Frazier 166. p. 141-157), est amené
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à envisager des conflits de devoirs. Cicéron, de méme, avait jugé devoir compléter une lacune laissée par Panaitios en traitant au livre III du De officiis du conflit du Beau et de l'Utile, mais il résolvait la question en niant, contre les académiciens et
les péripatéticiens, que le conflit le probléme à une distinction Plutarque, au contraire, comme existence et tranche en faveur de
entre honestum et utile füt possible et en ramenant entre utilité réelle et utilité apparente (III 21). les académiciens et les péripatéticiens, admet son l'intérét public.
L'exemple d'Aristide le Juste est sans doute le plus éclairant. Cicéron et Plutarque évoquent tous deux l'arbitrage soumis au seul Aristide du projet concu par Thémistocle de détruire la flotte grecque afin d'assurer à Athenes l'hégémonie absolue. La réponse est évidemment la méme chez l'un et l'autre : il n'y a rien de plus avantageux ni de plus injuste, mais alors que les Athéniens chez Plutarque se contentent d'écouter Aristide parce qu'ils ont le sens de la justice (Arist. 22, 4). Cicéron leur attribue explicitement sa propre conviction que « ce qui n'est pas honorable n'est pas non plus utile » (IIl 49). Mais Plutarque ne s'en tient pas là, et, un peu plus tard, évoque le temps oü « les circonstances contraignaient les Athéniens à durcir leur hégémonie ». Alors Aristide « les invita à faire retomber sur lui le parjure et à agir selon leur intérét. » Et Plutarque commente : « D'une manière générale, selon Théophraste, cet homme si strictement juste dans le domaine privé et envers ses concitoyens, accommoda souvent sa conduite dans les affaires publiques à la politique de sa patrie, voyant qu'elle réclamait une constante injustice» (Arist. 25, 1-2) et il ne semble pas le désapprouver.
I n'est jusqu'au principe socratique et platonicien, selon lequel mieux vaut subir l'injustice que la commettre, qui ne paraisse pas toujours applicable à Plutarque : ainsi Phocion (»*P 171), qui l'utilise pour se justifier, est blàmé sans ambiguité par son biographe, qui intervient méme à la premiére personne. « Cette réponse, s'il ne se füt agi que de lui seul, paraitrait à l'examen généreuse et noble, mais, comme il mettait en danger le salut de sa patrie, je ne sais s'il ne transgressait pas un devoir plus grand et plus vénérable, celui qu'il avait envers ses concitoyens » (Phoc. 32,8 et Frazier 166, p. 158-168).
Le service de la cité, la primauté de l'intérét public, la douceur et la philanthrópia dessinent les grands traits d'un idéal intemporel, et, d'une maniére générale, il semble que Plutarque, dans les Vies, ne considère guère la diversité des époques que sous l'angle moral : le héros bénéficiait-il de circonstances favorables ou non ? (cf. 318 F. Frazier, « À propos de la composition des couples dans les Vies Paralléles de Plutarque », RPh 61, 1987, en part. p. 69-70). La diversité des circonstances implique alors une adaptation à la situation comme aux esprits, modifiés par le malheur ou le désordre, si l'on veut étre efficace (voir l'importante préface
de Phoc.
[1-3] et Babut
41, p. 360-362),
mais, comme
/'idéal reste
le
méme, les commentateurs peuvent étre sensibles soit à l'identité des valeurs morales et à l'absence apparente de sens historique de Plutarque, soit aux différences que l'on peut relever entre Vies et traités moraux. Tous ces éléments semblent pourtant étre conciliables et, comme dans les Vies, Plutarque dans ses traités tient compte de la situation politique contemporaine. Ainsi, dans les Préceptes politiques (814 C), il bláme les orateurs qui excitent le peuple par des références hors de saison aux grandes batailles du passé, alors qu'il les raconte lui-méme complaisamment dans les Vies: c'est qu'il ne s'adresse pas au méme public, ni
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avec l'intention de monter les notables contre les Romains. Il s'agit d'abord de montrer des hommes au service de leur cité, qui, alors, impliquait nécessairement l'action
militaire (cf. Demosth.
13, 6), sans que soit exclue une certaine
fierté du
passé grec (cf. De Fort. Rom., 326 A sqq., où une possible supériorité d' Alexandre sur les Romains est suggérée), mais sans qu'y soit non plus impliquée une quelconque agressivité. Dans ces traités moraux, Plutarque est ainsi amené à donner une définition plus
large de l'activité politique (πολιτεύεσθαι). Il ne s'agit pas seulement d'être magistrat, ambassadeur ou de participer à l'Assemblée: il y a une politique et une philosophie (πολιτεία καὶ φιλοσοφία, les deux mots formant une sorte d’hendiadyn ?) qui s'exercent quotidiennement et «le citoyen attaché à la communauté (xotvovixóc), humain (φιλάνθρωπος), soucieux de sa cité (φιλόπολις) comme du bien public (κηδεμονικός), bref, vraiment politikos, peut méme ne jamais endosser
la chlamyde, il agit constamment en politique (πολιτευόμενον dei) lorsqu'il excite les puissants à agir, guide ceux qui ont besoin d'aide, assiste ceux qui délibérent, dissuade ceux qui ont de mauvais desseins, encourage
les sages, montre qu'il ne
porte pas une attention distraite aux affaires et fait voir que, si en cas d'urgence ou sur un appel pressant, il se rend au théátre ou au Conseil, ce n'est pas pour y occuper la première place, ni non plus pour s'y divertir, une fois arrivé, comme à un spectacle ou à un récital. Au contraire, méme s'il n'y est pas présent en personne, il est présent par la pensée (γνώμη. qui est à la fois analyse et decision): il s'informe et tantöt approuve, tantót condamne la politique menée » (τὰ πραττόμενα, An seni, 796 E-F). Les Préceptes politiques, adressés à un jeune homme qui veut
s'engager, completent l'image du politique ici esquissée pour des vieillards. en en donnant une image plus «active » et en posant les problémes pratiques des relations avec amis et collégues, de l'évergésie et de la « vraie» popularité, du but supréme qu'est la concorde. Exaltée depuis le IV* s. (Aalders 56 et Frazier 166, p. 101-124, sur les passions inhérentes à la lutte, l'agón, politique), cette valeur prend une importance d'autant plus grande à l'époque de Plutarque que la discorde réduit encore un peu plus la liberté des cités en suscitant l'intervention romaine. Prudente réflexion et influence, liée à l'estime et à la confiance comme à l'éloquence, jouent donc un róle essentiel dans la cité. Enfin, au plus haut niveau, celui de l'Empereur, les Vies se plaisent à montrer les philosophes conseillers des puissants (Per. 4-6, Cleom. 2, Ant. 80, Brut. 2, entre autres) : là aussi, Plutarque a réfléchi à la maniére dont pouvait se poser la question à son époque et l'on en trouve trace dans deux opuscules inachevés, Le philosophe doit surtout s'entretenir avec les grands et À un chef mal éduqué. oü se fait sentir
l'influence de l'image du bon roi hellénistique (Stadter 89, section 3, « Plutarch and the Emperor », p. 161-241, en part. 319bis G. Roskam. «A παιδεία for the Ruler», p. 175-189, qui donne une riche bibliographie, et 319ter G. Zecchini, « Plutarch as Political Theorist and Trajan: Some Reflections », p. 191-200, et Roskam 254). Mais il s'est surtout intéressé à la conduite des notables.
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PLUTARQUE DE CHÉRONÉE
1165
L'empire des passions : leur retentissement social et personnel Une première série d'œuvres s'efforce de guérir des passions qui empoisonnent à la fois l'áme de ceux qui en souffrent et leurs relations avec leur entourage : la colère, le bavardage, la curiosité, la fausse honte, la cupidité, à quoi s'ajoute la pratique de l'éloge de soi. Si l'on cherche les traits communs de cet assemblage de travers sociaux, hétéroclite à nos yeux, on peut y retrouver des avatars de deux vices majeurs : l'intempérance d'abord, car le bavard comme le coléreux ou le curieux ne savent pas observer de limites, tout comme celui qui fait son propre éloge risque l'intempérance verbale ; l'amour de soi ensuite, la philautia, dont l'amour de la gloire est une des formes (cf. De coh. ira, 461 A, De garr., 504 E, 513 D sqq., De vit. pud., 532 D, et De laude ips., 540 A). Pour remédier à ses passions, il faut procéder en deux temps, le jugement et le traitement
(cf. De garr.,
510 C : τῶν γὰρ παθῶν κρίσει xai ἀσκήσει περιγιγνόμεθα et Ingenkamp 55, dont
s'inspire cet exposé). Le jugement « vient en premier » et s'appuie sur une analyse de la maladie menée pour convaincre le malade de la nécessité de se soigner. L'un des ressorts principaux est de susciter la honte, l'autre de souligner les inconvénients de la passion, qui contrevient alors à la fois à l'utile et à l'agréable, tandis que, dans le premier cas, elle fait fi du beau. Ainsi, à propos des bavards, Plutarque montre que « voulant étre aimés, ils se font hair; désireux de rendre service, ils sont importuns ; croyant étre admirés, ils sont tournés en dérision ; ils dépensent en pure perte, font du tort à leurs amis, aident leurs ennemis, se perdent eux-mêmes, de sorte que le premier reméde pour traiter la passion, c'est la réflexion sur la honte et la souffrance qui en résultent » (De garr., 510 D 2-10). Dommage intérieur et dommage extérieur ne se séparent guére et c'est donc d'abord à la réflexion, à la raison, d'intervenir, aidée peut-être par le thvmoeides, ainsi
excité
(cf. De
virt. mor.,
442
A). Aux
raisonnements
et réflexions
par
lesquels
on
met
l'action à distance (ἐπιλογισμοί : cf. De garr., 510 D et 514 E, De coh. ira, 463 F. De curios., 523 B, De virt. pud., 532 C) s'associent, sur un plan plus pratique, les bonnes habitudes à prendre (ἐθισμοί). qui peuvent aussi s'accompagner d'une réflexion et d'un acte mental : par exemple, le curieux doit s'habituer à passer devant la porte d'autrui sans regarder à l'intérieur, en se répétant une recommandation de Xénocrate, qui jugeait qu'il n'est pas plus beau, ni plus juste de jeter les yeux chez autrui que d'y mettre les pieds (De curios., 521 A, et aussi 520 D, De garr., 511 E, F, 512 Fet 514 E, De vir. pud., 532 B ; sur l'habitude en général, De prof. in virt., 83 B). À ces passions « égocentriques », qui donnent aussi une certaine image de la vie sociale de l'époque, il faut encore ajouter la tentation, toujours renouvelée, de se mirer dans l'œil complaisant des flatteurs au lieu d'écouter l'utile sincérité des amis (De adul.). Il faut aussi peut-étre faire
un sort particulier à l'amour des richesses et à l'amour des honneurs, qui jouent un róle de premier plan dans la vie de l'âme comme dans la vie sociale. L'amour des richesses (φιλοnAovría) est l'objet d'un traité propre dont n'a été conservée, ou écrite, que la première partie. Dans cette analyse pénétrante oü manque la partie thérapeutique. deux points caractéristiques se détachent : une stigmatisation parallèle de l'avarice qui condamne à un perpétuel sentiment de pauvreté et de la prodigalité qui enferme dans un pur jeu d'apparences d'une part, et. d'autre part, l'affirmation trés forte que la seule richesse, le seul éclat, sont dans l'âme, que les vrais trésors sont la sagesse (τὸ σωφρονεῖν). la philosophie. la connaissance juste des dieux, qui donnent à l'àme lumiere et joie (χαρὰν σύνοιχον. 527 F-528 A). Sur le plan social, la richesse mérite aussi réflexion, et, faisant en quelque sorte le lien entre l'analyse générale de la passion et ces conséquences sociales. Plutarque avait rédigé un opuscule sur le recours à l'usure (Qu'il ne faut pas s'endetter). Stobée cite encore un Contre la richesse, perdu (= fr. 149-52 Sandbach), dont on ne
sait s'il est identique au Protreptique à un jeune homme riche mentionné dans le catalogue de Lamprias (n? 207). Pour Plutarque, grand propriétaire qui était le premier concerné par ce choix. se pose aussi le probléme de la gestion des biens, du soin et du temps à leur consacrer (Frazier 166, p. 154-156 et, sur la pratique de l'oikonomia, Chandezon 119). Vient enfin son róle en politique et Plutarque flétrit l'amour des richesses qui cherche dans la politique les moyens de s'assouvir (Praec. ger. reip., 798
E et 819 D-E. et, pour les Vies, Frazier
166, p. 149-152) ou
encore la démagogie de l'évergétisme (Praec. ger. reip. 821 F sqq): qu'on soit riche ou pauvre, l'influence doit tenir aux vertus morales (823 A-E) et, même avec des intentions pures, l'enri-
1166
PLUTARQUE DE CHERONEE
P210
chissement de la cité risque d'avoir un effet délétère sur la morale publique (Frazier 166, p. 152153). D'ailleurs le platoncien si réticent à l'intervention de la masse en politique est en revanche trés attentif aux inégalités sociales flagrantes, qui déchirent le tissu social et alimentent les troubles civils et il dénonce alors la responsabilité des riches cupides (319 F. Frazier, « De l'organisation du pouvoir romain d'après les Vies Parulleles», Recherches et Travaux n? 54 = Mélanges Lancel (1998), p. 61-68).
L'ambition, la φιλοτιμία ou goüt des honneurs, dont Plutarque fait une tendance majeure de la partie active de notre áme (Non posse,
1107 D, qui distingue
τοῦ θεωρητικοῦ τὸ φιλομαθὲς καὶ τοῦ πραχτικοῦ τὸ φιλότιμον), est peut-étre plus pernicieuse encore si elle est mal employée (320 F. Frazier, « The Perils of Ambition », dans M. Beck [édit.]. The Blackwell Companion to Plutarch, à paraitre). Incitation nécessaire à toute belle action, mais aussi menace dans la vie poli-
tique quand elle domine l'homme d'État, prét à tout lui sacrifier (Praec. ger. reip., 819
E-820
F et
Frazier
166,
p. 200),
élément
de
trouble
inhérent
à la nature
humaine qui se retrouve jusqu'au gynécée (De trang. an., 465 D), elle joue un róle fondamental
non
seulement
dans
notre
rapport
à l'action
(sur
les ravages
de
l'inaction, De tranq. an., chap. 2), mais dans notre appréhension méme du temps et de la vie: lorsqu'elle nous détourne des valeurs les plus hautes pour alimenter une inquiétude existentielle, qui peut ressembler à une fuite en avant (cf. Caes. 58, 4-5 et Pyrr.
14), elle devient un obstable au bonheur et à la paix de l'áme.
Aux recommandations des épicuriens de ne pas s'exposer à l'angoisse infinie des désirs et des craintes et de « cueillir le jour » ou aux exercices stoiciens pour « délimiter le présent » et se convaincre que pas plus le passé que le futur ne dépendent de nous (cf. P. Hadot, « Le présent seul est notre bonheur », Diogene 138, 1986, p. 58-81) répond, chez notre auteur, la peinture saisissante de l'agonie de Marius. antithése du stoicien Antipater de Tarse |®»>A 205] (Mari. 46, 2),
mais aussi et d'abord de Platon qui, « sur le point de mourir, remerciait son daimön et sa fortune de l'avoir fait naitre homme d'abord. puis Grec ... et en outre d'avoir fait coincider sa naissance avec le temps de Socrate » (46, 1). Au contraire, l'ambition de Marius, qui donne toute sa mesure sur son lit de mort. tourmente son agonie du regret des combats et le fait « déplorer son sort come s’il mourait frustré avant d'avoir accompli ses désirs » (45, 12). Plutarque donne alors une description que ne désavoueraient certes pas les stoiciens (cf. Babut 41, p. 20), mais qui n'est pas sans rappeler non plus l'homme insatiable du Gorgias : « Les oublieux et les insensés laissent les événements s'écouler hors de leur esprit avec le temps. Ainsi, incapables de rien retenir, de rien conserver, toujours vides de biens et remplis seulement d'espérances, ils regardent vers l'avenir en laissant échapper le présent » (46, 3, à comparer à De tranq. an.. 473 B-D). Ce n'est pas que les espoirs disparaissent totalement de l'horizon humain. mais, lorsqu'ils apparaissent dans la Tranquillité de l'âme, traduction peu satisfaisante de ce « bel état de l'àme » que désigne le grec εὐθυμία, ou dans la polémique anti-épicurienne, il s'agit d'un espoir nourri par la «féte du monde » (De tranq. an.. 477 F). et sous-tendu par des convictions métaphysiques, comme le bel espoir du Phedon.
Les liens affectifs et la vie privée On a beaucoup souligné l'importance que prennent à cette époque les attachements privés. Ainsi, selon 320bis P. Veyne («Le mariage », dans P. Ariès et G. Duby (édit.), Histoire de la vie privée, t. 1, 2° éd.. Paris 1999, p. 46), alors que «au I*' s. avant notre ère, on doit se considérer comme un citoyen qui a rempli tous ses devoirs civiques, un siécle aprés, on doit se considérer comme un bon mari et
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PLUTARQUE DE CHÉRONÉE
1167
respecter officiellement sa femme.» C'est ce que P. Veyne appelle encore une « domestication » de l'idéal civique. De cette évolution, les philosophes semblent plutöt s'efforcer d'atténuer les effets, au moins psychologiques: ainsi Epictete (»E 33) s'emploie à remettre à leur juste place des relations qui concernent notre être social (cf. II 10, sur nos divers rôles) et à désamorcer les menaces qu'elles font
peser sur notre sérénité intérieure et notre liberté par rapport à ce qui ne dépend pas de nous (par ex., III 19, mais l'ensemble des Entretiens retentissent de doléances familiales). Plutarque, pour sa part, conserve le service de la cité au haut de la hiérarchie (par ex., Demosth. 22, 5 ou Brut. 15,9 et surtout Tim. 3-5, où le héros a tort de se repentir d'avoir laissé tuer son frére, qu'il n'avait pas réussi à détourner de la tyrannie), mais il accorde néanmoins aux liens familiaux et amicaux une place dans son œuvre sans doute comparable à celle qu'ils ont tenue dans sa vie. En dehors des mentions des membres de sa propre famille, déjà relevées, il souligne avec prédilection dans les Vies les attachements et dévouements familiaux, ou encore offre à ses amis des traités parénétiques sur ce thème : aux frères Avidii, Nigrinus et Quietus, comme « présent dont ils sont bien dignes » (478 B), un Sur l'amour fraternel, à ses éléves Pollianos et Eurydice, comme cadeau de noces
(138
B),
des
Préceptes
conjugaux,
l'ensemble
étant
couronné
par
une
réflexion Sur l'amour, qui repense l'amour platonicien en le situant dans le cadre conjugal, et où R. Flacelière se plaisait à voir un hommage implicite à Timoxéna, son épouse (synthése dans 321 F. Frazier, «Thinking Private life. Plutarch on Gender, Sexuality, Family» dans F. B. Titchener et A. Zadorojnyi (édit.), The Cambridge Companion to Plutarch, à paraitre). Dans les questions qu'il traite, certaines avaient été à l'époque hellénistique l'objet de polémique, et sur ce point, comme sur les points de doctrine qui font l'objet de ses traités antistoiciens ou anti-épicuriens, Plutarque s'inscrit dans une tradition. Ainsi l'amour de l'homme pour sa descendance, nié par les épicuriens, est examiné dans un opuscule inachevé, peut-étre simple projet inabouti, le Sur l'amour de la progéniture, où il ancre dans la nature la tendresse pour les siens, la philostorgia, valeur mise en avant d'abord dans l'idéologie royale hellénistique, puis récupérée par les notables, et que Plutarque comme Épictéte ont donc à considerer (Entr. 1 11 et 23, 3; sur les valeurs en honneur à l'époque de Plutarque, Panagopoulos 259). Présente chez tous les animaux, elle n'atteint sa plénitude, selon Plutarque, que chez l'étre social et rationnel qu'est l'homme (De am. prol., 494 B-C). Elle est encore au cœur de son analyse de l'amour fraternel : entamée sur l'amer constat d'un certain déclin de l'entente familiale, d'autant plus ressenti sans doute qu'on y attachait plus de prix dans l'idéal (478 C), cette étude, qui se veut protreptique, se signale, au contraire de l'Amour de la progéniture, par son originalité. C'est en effet le seul exposé systématique que nous ayons sur une question que les philosophes ne paraissent guére avoir problématisée (Stobée ne cite sur le sujet que Ménandre, Euripide, Sotion, Euclide, Hiéroclés, Musonius et Xénophon). Y sont abordées aussi bien l'origine de cette affection que sa concrétisation dans la plupart des cas de la vie courante. Et Plutarque ne se contente pas
1168
PLUTARQUE DE CHERONEE
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de rattacher les honneurs rendus à la parenté (τὸ συγγενές. 479 C) à notre besoin inne de philia, mais, adaptant à son propos «l'amitié premiere » du Lvsis, il fait de l'amitié familiale le prototype de toutes les amitiés et de la société fraternelle la seule à admettre l'égalité, ou, à tout le moins, à y tendre par une attention constante des freres à réduire tous les déséquilibres qui peuvent exister entre eux. Ainsi, loin
de penser les philiai familiales sur le modéle des constitutions politiques, comme Aristote (E.N. VIII 13, 61 a 10 sqq.), Plutarque s'attache à dégager une spécificité du suggenikon, avant d'envisager en moraliste les diverses situations qui, dans la
vie courante, mettent à l'épreuve le sentiment fraternel. On voit que, de méme qu'il ne propose pas comme idéal humain le pur philosophe, de méme son «amitié premiére » n'est pas l'amitié des sages, chére aux écoles philosophiques, mais celle qui unit les membres d'une méme famille, non seulement les fréres, mais aussi les parents et les enfants (/bid. chap. 4-7).
Avec le mariage, on retrouve une question philosophique bien attestée. À l'époque hellénistique, c'est surtout la question du mariage du Sage, autre pomme de discorde entre épicuriens et stoiciens, qui avait été développée: Plutarque l'aborde dans la Vie de Solon (7), tout comme
le fait dans sa diatribe XIV Muso-
nius Rufus, le maître d’Epictete (»*M n° 98). Mais, à la suite d'Antipater de Tarse (cf. 321bis D. Babut, « Les Stoiciens et l'amour », REG 76, 1963, p. 55-63), Musonius réfléchit aussi à l'idéal conjugal et, dans les diatribes XIII A et B, ajoute à la
nécessité sociale du mariage l'exaltation d'une «communauté » (xotvovía), qui incline
vers des considérations
morales
plus
« privées ». Cette communauté
est
sans doute permise par la valeur des femmes. Leur éducation est aussi un théme philosophique ancien, traité par Musonius (diatribes II] et IV) comme par Plutarque
(fr.
128-133
Sandbach),
dans
un
traité perdu.
Est conservé
en
revanche
son
recueil de Prouesses de femmes, qui s'ouvre sur un paralléle des vertus féminines
et masculines. Dans les Vies de méme, il se plait à montrer le noble comportement des épouses (par ex., Agis, 17-18, Rom. 19) et il exalte dans les Préceptes conjugaux une communauté qui trouve son couronnement dans la philosophie. Le plus bel exemple dans les Vies est celui de Porcia (Goessler 234). Plutarque va jusqu'à lui préter l'idéal de koinönia conjugale qui est le sien (Brur. 13, 3-11 en part. 7), sans méconnaitre toutefois les quelques faiblesses féminines que méme
la fille de Caton
ne peut surmonter (Brut.
15, 5-8, où elle s'évanouit, et 23, 5-7, qui oppose force morale et force physique). Dans les Préceptes conjugaux, il choisit de conclure sur la koinönia conjugale (140 D-E), conçue comme une sorte d'harmonie musicale, oü le ton est donné par l'époux (139 C-D et 142 D-E). Son épouse doit trouver en lui un exemple de pudeur (αἰδώς) par sa tempérance comme par le respect absolu
qu'il lui marque ; mais il doit aussi la guider dans la voie de la philosophie. Et leur communauté
s'inscrit alors dans le parallélisme méme de la conclusion, oü, au célébre vers d'Andromaque à Hector. enrichi de l'idée que l'époux sera aussi « un guide. un philosophe, un maitre des sujets les plus beaux et les plus divins » (145 B), répondent. pour la femme, les roses de Sapho et la part qu'elle prendra « aux fruits que produisent les Muses et dont elles gratifient ceux qui admirent culture et philosophie » (146 A).
Quels que soient les accents et les belles images que sait trouver Plutarque, cette
répartition
des
róles
reste
d'un
conformisme
qui
a été
trés
discuté,
voire
critiqué : la supériorité de l'époux sur l'épouse y est admise a priori. De méme,
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PLUTARQUE DE CHERONEE
1169
dans l' Érotikos, la redistribution des rôles que pourrait annoncer le point de départ insolite : la jeune veuve Isménodore doit-elle épouser l'éphébe Bacchon et, forte de la sagesse supérieure que lui donne son âge, « piloter » le mariage ? (Amat. 7-9, en part. 754 D) n'est pas suivie d'effet dans la troisiéme partie oü la peinture de l'amour conjugal et de l'abnégation féminine semble beaucoup plus conventionnelle (sur ce «retour » du conformisme, Feichtinger 242, p. 236-273). Il est incontestable que Plutarque n'a rien d'un révolutionnaire, pas plus par tempérament que par « fonction », mais les points qu'il souligne ne sont pourtant pas insignifiants pour son époque. Ainsi, pour le couple de ses éléves, aprés avoir envisagé des situations trés quotidiennes, il s'inscrit dans la tradition philosophique pour mettre en avant cette « maîtresse de vie» et en faire le lien suprême entre les époux — on est assez loin des casseroles de l'Économique de Xénophon. Dans la troisième partie de /'Érotikos, il insiste sur les liens des femmes avec éros, leur capacité à susciter et surtout à éprouver l'amour, ce que nie la morale sociale courante (cf. Amat. 752 C, 753 B et 766 E sqq.), mais qu'ignore aussi bien la tradition philosophique oü sont séparés les thémes de l'amour et du mariage. En outre, si, dans sa partie centrale, l'exposé s'éléve jusqu'à la valeur métaphysique et spirituelle de l'amour, cette troisiéme partie exalte les sacrifices de Camma ou d’Empona: la vision plus quotidienne des Préceptes n'est pas contredite, mais sublimée (voir Frazier 240). Tout comme
ceux-ci
insistaient sur l'importance du caractére dans
l'union des époux (Praec. conj., 138 F), l'amour dans l’Érotikos distingue un caractere pur (Amat., 765 C, 766 E), l'amour apporte la sagesse à ceux qu'il possede (description en 767 E et emploi de la famille de σώφρων en 765 B, 766 A, 767 E, 769 B et D), l'amour crée une étroite communauté (752 C, 757 D, 763 F2, 769 A,770 À, 770 C), l'amour enfin, comme souvent, dessine à la vie d’ici-bas, un
horizon spirituel. Inversement, cet horizon se concrétise quelque peu dans la Consolation à sa femme, où Plutarque et Timoxéna sont unis par leur commune initiation aux Mystéres et leur espoir dans l'immortalité de l’äme (611 D). De méme que le religieux et le métaphysique se fondent, le spirituel n'est jamais trés loin de l'éthique. E. LA POSTÉRITÉ DE PLUTARQUE Pour le détail de la tradition manuscrite et de la transmission des textes, voir C (2) supra. O. Guerrier a collaboré à l'ensemble de la partie (2) et rédigé entièrement la présentation du
Plutarque d'Amyor. (D LA POSTÉRITÉ DE PLUTARQUE JUSQU'À LA CHUTE DE L'EMPIRE BYZANTIN
Les contemporains de Plutarque ne font nulle mention explicite de lui, mais son ceuvre — ou une partie — semble avoir connu une rapide diffusion dans l'empire gréco-romain (voir Irigoin 151, p. CCXXVID, tandis que le « personnage social » aussi bien que la « figure culturelle » incarnation de la culture hellénique, restaient inscrits dans les mémoires. En témoigne l'image transmise, voire créée, du vieux dignitaire chargé d'honneurs par Trajan et Hadrien, dont Eusèbe est le premier, au
1170
PLUTARQUE DE CHERONEE
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III s., à se faire l'écho — on la retrouve, encore étoffée, à époque byzantine, dans la Souda (voir B (1) et (6) supra). Parallèlement, il devient une sorte de source « encyclopédique », détaillée dans d'innombrables floriléges ou exploitée dans les polémiques entre paiens et chrétiens, qui finissent par l'attirer plus ou moins de
leur cóté à mesure qu'ils s'approprient la culture traditionnelle. Enfin, s'il a toujours été présent à Byzance (322 A. Garzya, « Plutarco a Bisancio », dans Gallo 88, p. 15-27), la Renaissance de l'Université au tournant du X* et du XI s., puis l'époque
des
Paléologues,
vont
contribuer
à fagonner
le Plutarque
que
recueillera
l'Occident. * Plutarque philologos er philosophos (7F-V* s.)
La seule allusion contemporaine au Chéronéen se trouve peut-étre chez Épictéte dans l'attaque contre les académiciens déjà mentionnée (II 20, 27). C'est bien encore comme représentant majeur de l'Académie que son éléve Favorinos (»*F 10) l'introduit dans son œuvre : ainsi, dans son Contre Epictete (fr. 35 Amato
= 30 Barigazzi), il choisit d'opposer au philosophe stoicien un esclave de Plutarque, Onésime, et le traité qu'il consacre à l'Académisme porte le nom de Plutarque (Πλούταρχος
ἢ
περὶ
τῆς
Ἀκαδημαϊκῆς
διαθέσεως,
fr. 33-34
Amato
=
28
Barigazzi). C'est la figure du philosophe. peut-étre par une sympathie de platonicien, qu'exploite Apulée, au II* s., lorsque, pour donner du lustre à son héros, Lucius, il fait remonter l'origine de sa famille maternelle « au célébre Plutarque et
à son neveu, le philosophe Sextus » (Metam. I 5, repris en H 3; cf. 323 V. Hunink, « Plutarch and Apuleius », dans De Blois 97, t. I, p. 251-260). À la méme époque, Aulu-Gelle rapporte une anecdote qui présente notre philosophe en train de bavarder
paisiblement
pendant
qu'on
fouette
un esclave
coupable:
preuve
par
l'exemple qu'il ne céde pas à la colére en faisant administrer un chátiment mérité (qui indigne fort, à notre époque, 324 L. Van der Stockt, « Plutarch's Anger in Aulius Gellius, Noctes Atticae, 1, 26», dans Ferreira 96, p. 143-156, mais une anecdote du méme genre courait aussi sur Platon, qui aurait laissé à Speusippe le soin de chätier un esclave parce qu'il était trop en colère). Dans ses Deipnosophistes, au III s., Athénée fait intervenir, en une sorte d'hommage
indirect, un
« Plutarque d' Alexandrie ». Au siécle suivant, lorsque le maitre de l'éloquence du temps, Himérios (**H 136), présente son fils à l'Aréopage d'Athènes, il exprime la
méme revendication que le héros d'Apulée en déclarant : « C'est le descendant de Plutarque à travers qui vous faites l'éducation de tous les hommes » (Oratio 7, 4). Ailleurs, procédant
à une
série de comparaisons.
il prend comme
référence
de la
philosophie Musonius, tandis que Plutarque est celle de l'éloquence (Oratio 8, 21 :
ἤλπισα ... φθέγξασθαι Πλουτάρχου (δὲ) εὐγλωττότερον, Μουσωνίου δὲ φιλοσοφώτερον....), mais cet hommage à
son style n'exclut pas nécessairement
une
qualité de philosophe hautement célébrée à la méme époque par Eunape. dans ses Vies des sophistes. ll y évoque «le divin élève d'Ammonios » et voit en lui «la gráce et la lyre de toute la philosophie », si bien que le style doit aussi tenir quel-
que place (Πλούταργός τε αὐτός, ἡ φιλοσοφίας ἁπάσης ἀφροδίτη xai λύρα, 2, 1,3).
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PLUTARQUE DE CHÉRONÉE
1171
Mais plus encore que le style, c'est l'ampleur du savoir déployé dans son œuvre abondante qu'on est allé chercher chez lui et il a fourni tout à la fois matière et modèle au genre du banquet cultivé qu'il avait lui-même illustré dans ses Propos de table. Ainsi, du côté romain
(325 F. Stok, «Plutarco
imperiale », dans Gallo 88, p. 55-80), dès
le milieu
du
nella letteratura latina
II* s, Aulu-Gelle
dans
ses
Nuits attiques, tantót cite en grec, tantót traduit des passages variés, tirés des Propos de Table, des commentaires perdus d'Homére et d'Hésiode, des traités moraux Sur la curiosité ou Sur le contróle de la colére, ou de l'écrit perdu, sans doute plus philosophique, Sur l'âme. Au début du V* s. encore, dans les Saturnales de Macrobe, on trouve au livre VII de nombreux emprunts, sans toutefois que Plutarque soit nommé (326 Chr. Bréchet, « La lecture plutarquéenne d' Homére : de la Seconde Sophistique à Théodore Métochite », Pallas 67, 2005, p. 188-193). Entre les deux, du côté grec, bien qu'il ne soit pas explicite, le modèle n'est peutêtre pas absent des Deipnosophistes d'Athénée (327 A. Berra, «Le Plutarque d'Athénée ; masque, modele et tradition», Pallas 67, 2005, p. 139-152). Reserve où puisent les lettrés, Plutarque est aussi exploité par les rhéteurs des III* et IV* siecles, qui louent au premier chef ses Vies, dotées, à leurs yeux, de la plus grande utilité «à tout point de vue », servant à l'éloquence comme à la formation morale (cf. Ménandre le Rhéteur, p. 122 Russell-Wilson), en particulier par l'abondance d'histoires, d'apophtegmes et de chries. C'est un peu le méme goüt qu'on entrevoit dans les papyrus : le P. Oxy. 3685, de la premiere moitié du Ile s., c'est-à-dire presque contemporain de Plutarque, contenait le Banquet des Sept Sages, un dialogue qui peut se rapprocher, mutatis mutandis, des apophtegmes et anecdotes qui formaient le fond de la culture antique — il en résulte que, sauf lorsqu'il est nommément cité comme source, on ne peut pas toujours étre sür que le texte de Plutarque ait été lu. Dans un esprit encyclopédique voisin, les Papyrus d'Antinoopolis (85 et 213), du III* s., contiennent les Opinions de philosophes, un ouvrage doxographique. Enfin. confirmant les choix d'Aulu-Gelle, le PS/ inv. 565, quasi contemporain de Plutarque comme le P. Oxy. 3685, contient le début du Sur le contróle de la colére (cf. Lundon 216).
Dans les floriléges, qui ne vont cesser de se développer avec le goüt de l'encyclopédisme, Plutarque figure en bonne place. Dès la fin du II s., Damophile
de
Bithynie (»*D 17) avait constitué un recueil, loué par Julien (Misop. 29), qui en tire une anecdote des Vies (Misop. 29) - l'empereur ne parait connaitre par ailleurs que des narrations mythologiques, perdues pour nous (C. Heracl. 21 = Bernardakis XXXI) . Grâce au témoignage de Photios, on connait mieux le contenu des livres VIII et IX des Extraits variés réalisés au IV“ s. par un certain Sopatros dont l’identification n'est pas süre, livres qui étaient consacrés à Plutarque: le premier concentre une douzaine d'œuvres morales, tandis que le second est plus varié, mélant Vies, apophtegmes et traités (328 F. Frazier, «Le corpus des (Euvres Morales, de Byzance à Amyot. Essai de synthèse », Pallas 67, 2005, p. 81-82). Le recueil d'excerpta suivant est encore mieux connu : réalisé au V* s par Jean Stobée (»J 2), ce recueil didactique et propédeutique destiné à son fils Septimius réinterpréte la tradition gnomologico-doxographique antérieure pour l'adapter à un dessein culturel nouveau et présenter ainsi une sorte d'inventaire général du monde ordonné logiquement. Dans cet «inventaire », Plutarque figure en bon rang et
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PLUTARQUE DE CHERONEE
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Stobée ne nomme pas moins de vingt-sept œuvres (liste dans Frazier 328, p. 82-83, et étude par 329 R. M. Piccione, « Plutarco nell'Anthologion di Giovanni
Stobeo »,
dans Gallo 88, p. 161-201). * Les néoplatoniciens et Plutarque Rien ne prouve que Plotin ait jamais lu Plutarque. Porphyre (»**P 263). en revanche, l'a beaucoup utilisé. C'est qu'il partageait avec lut une méme conception du rôle de la philosophie et de la position du philosophe. L'un et l'autre ont ainsi déployé leur activité en dehors d'un cadre scolaire et par le biais d'une vaste production littéraire, oü philologie, sciences et histoire cótoient la philosophie stricto sensu (339 M. Zambon. Porphyre et le moven-platonisme, Paris 2002, chap. II, « Porphyre et Plutarque », p. 47-127). Ainsi ce n'est pas pour les éléments purement doctrinaux que Porphyre fait le plus appel à Plutarque. Il lui reprend des interprétations allégoriques, dans le Sur le Styx (Περὶ Στυγός) pour donner la signification du pcuplier noir et du saule (= fr. 208-209 Sandbach), et dans le Sur les images (Περὶ ἀγάλμάτων), à propos de l'interprétation symbolique d'Héphaistos (= fr. 174b). Il est possible que dans l'Anrre des Nymphes, l'interprétation de la barque du soleil s'inspire du Sur Isis (364 C-D). Mais le texte qui doit le plus à Plutarque est incontestablement le Sur l'abstinence, dont est inspirée une vaste section du livre III (ill 18, 3-20, 6 = fr. 193 : 20, 6-24, 5 = De sollert. anim., 959 E-963 F ; le méme traité [964 A-C] est cité sans référence au livre I, 4, 4-6, | ; voir la notice de l'édition Bouffartigue-Patillon, vol. II,
CUF, 1979, p. 144-148). D’apres Jamblique (apud Stob. I 49. 67). Plutarque et Porphyre partageaient encore une méme doctrine de la distribution hiérarchique des âmes : elle se trouve en particulier dans les mythes de Plutarque, que Porphyre avait peut-être lus. Mais ils n'interprétaient certainement pas le Timée de la méme manière, méme si nous n'avons une idée qu'indirecte, par Proclus, du commentaire de Porphyre, aujourd'hui perdu. Zambon 330 (p. 48-49) propose encore deux rapprochements possibles : celui de la Consolation à sa femme avec Vinterprétation du mariage comme relation philosophique dans la Lertre à Marcella ; celui du traité consacré au « connais-toi toi-méme » par Plutarque (L 177) avec l'ou-
vrage du méme nom de Porphyre. Il souligne enfin que, si les deux auteurs sont confrontés à certaines difficultés similaires pour déterminer le premier principe, en revanche, sur le commentaire du Timée, l'utilisation du Parménide a permis de dépasser définitivement l'interprétation de Plutarque (p. 127).
Les
critiques
faites à la doctrine
trouvent dans deux textes majeurs:
de
Plutarque
par les néoplatoniciens
un passage du commentaire
se
de Syrianos à la
Métaphysique d' Aristote (331 F. Ferrari, « Plutarco in Siriano, in Arist. Metaph. 105, 36ss: lo statuto ontologico e la collocazione metafisica delle idee», dans Gallo 88, p. 143-160) et le commentaire au Timée de son éléve Proclus (»*P 292 ;
cf. 332 J. Opsomer, « Neoplatonist criticisms of Plutarch », dans Pérez Jiménez 94, p. 187-199). Les points rejetés sont l'interprétation littérale du Timée (in Tim. I, p. 276, 30-277, 3), l'existence d'une äme et d'une matiere précosmiques (in Tim. ], p. 382, 12-383, 22) et leur caractère « non engendré », ἀγένητος (in Tim. 1, p. 384,
2-5), l'idée enfin que l'àme précosmique est mauvaise (in Tim. 1, p. 382, 2-6). Opsomer 332 insiste sur les imprécisions et inexactitudes des critiques, en particulier en ce qui concerne la génération de l'âme. οὗ, si la nature divisible est correctement identifiée à l'âme irrationnelle, la nature indivisible est de facon beaucoup plus contestable assimilée à l'dme divine, alors que Plutarque parle du νοῦς. A lire cet exposé, on croirait que Plutarque a posé l'existence de deux âmes, ce qui est faux d’après les textes que nous conservons et, étant donné le caractère explicitement récapitulatif du Sur la procréation de l'âme (1012 B, cité en B (5) supra), il est improbable qu'il ait soutenu ailleurs cette opinion. Mais, d’après Jamblique. c'était l'opinion d'Atticus (apud Stob. I, p. 379, 25-380, 5 Wachsmuth). qui peut trés bien avoir été attribuée aussi
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1173
à Plutarque, les deux auteurs étant la plupart du temps associés dans la critique. Une telle interprétation expliquerait aussi le texte de Syrianos, qui, à partir de l'assimilation de l'indivisible à l'âme divine, en fait tout naturellement le /ocus des idées, conçues dès lors comme les pensées de Dieu. conception que Plutarque n'exprime nulle part — Ferrari 331 propose une autre explication à cette erreur, dont la source serait une interprétation fautive du Sur /sis, 373 A.
Dans ses critiques, Proclus associe la plupart du temps Plutarque et Atticus (»*A 507), suivant probablement Porphyre (333 A. Rescigno, « Proclo lettore di
Plutarco ? », dans Gallo 88, p. 111-142). Il ne semble pas qu'il ait lu directement le commentaire de Plutarque, non plus que ses Questions platoniciennes (Opsomer 332, p. 189), mais il connait peut-étre les Délais de la justice divine, dont il parait s'inspirer dans la huitiéme et la neuviéme de ses Dix questions sur la Providence (réserves cependant sur ce point dans Irigoin 151, p. CCXXXII, n. 1, le texte de Proclus ne nous étant parvenu que dans la traduction latine de Guillaume de Moerbeke), le commentaire aux Travaux d'Hésiode, et la Disparition des Oracles (in Tim. 1, p. 454, 13; il y a aussi en I, p. 112, 26, une référence au Visage qui est dans la lune). Enfin, une autre @uvre, perdue pour nous, a eu une certaine postérité: le Sur l'âme. En dehors du peu que nous en ont conservé Aulu-Gelle, Origene,
œuvres Phédre sur le Plato's
Eusèbe
et Stobée
(fr.
173-178
Sandbach), on
trouve des Extraits des
du Chéronéen (£x τῶν Χαιρωνέως) dans un manuscrit du Commentaire au d'Olympiodore, fragments que L.G. Westerink a édités dans les Leçons Phédon de Damascius (cf. L. G. Westerink, The Greek Commentaries on Phaedo, Amsterdam/Oxford/New York 1976, vol. I, Olympiodoros, p. 10,
et vol. II, Damascius, notes à I $8 275-294 (1 275-287 = fr. 215, 288-292 = fr. 216
a-e, 293-294 = fr. 216 f-g Sandbach), p. 166-167 et II $ 28 = fr. 217 Sandbach). Leur appartenance au Sur l'âme a été discutée (voir Aguilar 301). L'œuvre en tout cas est de celles qu'a beaucoup utilisées l'apologétique chrétienne (334 M. Bonazzi, « Tra Atene e la Palestina: Il "De anima" di Plutarco e i cristiani», Koinonia 10, 2000, p. 5-46). * Les chrétiens et Plutarque La toute premiere mention de Plutarque se trouve dans la Réfutation de toutes les hérésies d'Hippolyte [»+H 154] (V 20, 6), qui se réfère à l'ouvrage consacré à Empédocle (»*L 43), mais sa véritable introduction dans l'apologétique semble se
faire avec le Contre Celse d'Origéne (»*O 42), méme si son nom n'est cité qu'une fois (C. Cels. V 57, 1: 335 S. Morlet, « Plutarque et l'apologétique chrétienne »,
Pallas 67, 2005, p. 115-138, dont on donne ici un résumé). Elle atteint son sommet chez Eusèbe de Césarée (*»*E 156), qui exploite en lui le « polymathe », pourvoyeur de renseignements sur les religions paiennes (nous lui devons les fragments des Daidala de Platees = fr. 157-158 Sandbach) et de doxographies (la source majeure est alors Les opinions des philosophes), mais il n'ignore pas le philosophe, dont il exploite en particulier la Disparition discours d'Ammonios) et le Sur l'áme.
des
Oracles,
l'Epsilon
(avec
le
Eusébe doit sans doute à Origene sa bonne connaissance de Plutarque, pour partie grâce à la bibliothèque que l' Alexandrin avait apportée à Césarée, pour partie peut-être par la lecture de ses Stromates, aujourd'hui perdues (sur ce probléme trés débattu d'une lecture directe ou indirecte,
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Morlet 335, p. 130-133). La Préparation Évangélique comprend une quarantaine de citations, répertoriées p. 136-137 du méme article. C'est à Eusébe que la « disparition du Grand Pan » (P.E. V 17, 1-2 Ξ De def. 418 E - 420 A) doit une célébrité qui excède sans nul doute sa fonction dans le dialogue (Ildefonse 205, p. 449-465). Il faut aussi accorder un intérêt particulier au livre XI, consacré à « mettre en lumiere l'accord des philosophes grecs sur certains, sinon sur tous les points de doctrine, avec les Écritures des Hébreux » et centré sur le « coryphée » des philosophes grecs, Platon (XI 1.3). Plutarque y est sollicité deux fois (XI 11 et 36) et dans le premier passage, l'Epsilon sert à l'exégése de Platon et de Numénius, mais est aussi mis en consonance avec une série de textes scripturaires (Mal. 3, 6, Ps. 101, 28 et Ex. 3, 14).
Eusébe légue ainsi à la postérité plusieurs représentations de Plutarque, qui apparait «comme un commentateur de Platon ou comme un exégète de la Bible, comme un paien plongé dans l'erreur ou comme un défenseur malgré lui du christianisme » (Morlet 335, p. 126). Pour nous, Eusébe est en effet le premier à
formuler l'idée que Plutarque ait pu étre influencé par la Bible. Théodoret de Cyr (V* s.), dans la Thérapeutique des maladies helléniques, ajoute l'hypothése d'une lecture du Nouveau Testament, mais, pour le reste, il se contente de reprendre et d'abréger Eusèbe, comme le fait aussi Cyrille d'Alexandrie, dans son Contre Julien. Si Origene est à l'origine de toute une exploitation apologétique de Plutarque, il semble que Clément d' Alexandrie, son maître. (#*C 154), lui ait déjà fait de nombreux emprunts, dans le Pédagogue comme dans les Stromates, méme s'il ne le cite pas nommément : il ouvre ainsi la voie à une « appropriation » chrétienne de l'héritage antique, qui n'est pas utilisation polémique, mais christianisation de thémes moraux et sociaux (336 M. La Matina, «Plutarco negli autori cristiani greci», dans Gallo 88, p. 81-110, qui parle [p. 107] de «risemantizzazione »). Cette utilisation est particuliérement nette chez Basile de Césarée. Dans sa Lettre aux jeunes
gens ou comment
tirer profit de la littérature paienne,
il adapte
la
démarche du Comment lire les poétes pour faire sa place aux lettres paiennes dans la culture chrétienne
(337
S. Said, « Permanence
et transformation
des "classi-
ques". Les conversions de la poésie de Plutarque à Basile le Grand », dans J.-M. Pailler
et P.
Payen
(édit.),
Que
reste-t-il
de
l'éducation
classique ?
"Relire
le
Marrou" , Toulouse 2004, p. 227-240, et Bréchet 326, p. 184-188). Il établit encore une sorte de «dialogue intertextuel » avec le Qu'il ne faut pas s'endetter pour écrire son homélie
Sur le Psaume
XIV ou contre les Usuriers
(La Matina 336,
p. 96, donne un répertoire des passages paralléles). De méme que Théodoret et Cyrille ont travaillé sur Eusèbe, les échos que l'on peut trouver ensuite sur ce théme chez Grégoire de Nysse, le frére de Basile, chez Jean Chrysostome ou chez Saint Ambroise semblent plutót s'appuyer sur l'homélie du grand Cappadocien. En revanche, c'est de Plutarque lui-même que Jean Chrysostome doit s'inspirer lorsqu'il exploite les thémes du mépris des richesses et de la recherche de l'honneur pour dénoncer la kenodoxia et guider la vie spirituelle de ses fidèles (338 A .-I. Bouton, « Présence des Moralia de Plutarque chez les auteurs chrétiens des IV* et V* siècles », dans Pallas 67, 2005, p. 98-101 ; toute la suite de l'article [p. 101-111] est consacrée aux Latins).
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Utilise dans les floriléges paiens, Plutarque apparait aussi dans les floriléges chrétiens. Vers 500. si l'on s'en remet à la datation de H. Erbse (Theosophorum Graecorum Fragmenta, coll. BT,
Stuttgart/Lepzig 1995, p. XIX), se constitue une série de floriléges chrétiens qui s'attachent, comme Eusébe au livre XI de la PE, à établir la symphónia des philosophes et de l'Écriture. Parachevant la « christianisation » ébauchée par Eusèbe et Théodoret, ils invoquent Plutarque, tantôt comme une autorité philosophique sur la Trinité (florilège o). tantôt comme un véritable prophéte du Christ (A. 1), sans étre toutefois d'une grande précision ; sa figure compte apparemment plus que les textes cités, que l'on peut retrouver ailleurs attribués à Solon ou Platon. Quelques siècles plus tard, entre le ville et le X* s., se développe encore un autre genre de florilèges, les floriléges sacro-profanes, composés de chapitres thématiques, oü les bréves maximes morales profanes sont empruntées avec prédilection à Démocrite, Isocrate, Ménandre et Plutarque (Frazier 328, p. 86-87). « La survie orientale
Plusieurs traités de Plutarque ont été traduits en syriaque, autour du VI* s. probablement (sur l'activité des traducteurs en Syrie, 339 P. Lemerle, Le premier Humanisme Byzantin. Notes et remarques sur enseignement et culture à Byzance des origines au X* siécle, Paris 1971, p. 24). Deux versions nous sont parvenues, l'une du Sur le contrôle de la colère, d'après un manuscrit du VIII*-IX* s., l'autre
du Comment tirer profit de ses ennemis, transmis par un manuscrit du VI* ou VII* s. S’y ajoute la traduction d'un traité Περὶ ἀσκήσεως, considéré comme apocryphe (340 R. Koebert, « Bemerkungen zum syrischen Περὶ ἀσκήσεως, angeblich von Plutarch », Orientalia 40, 1971, p. 438-447). Toujours en syriaque, les traductions des floriléges chrétiens « théosophiques » mentionnés plus haut ne relévent qu'indirectement de la tradition plutarquéenne (341 S. Brock, « Some Syriac Excerpts from Greek Collections of Pagan Prophecies », VChr 38, 1984, p. 86). Enfin, du cóté arabe, on a deux manuscrits d'une version des Opinions des philosophes, dont la traduction est sans doute
due à Qusta
ibn Lügä
(ca 826-912),
l'un, daté de
décembre 1165 et l'autre de 1278-79. Pour compléter l'inventaire, on peut signaler encore un manuscrit composite de Constantinople, daté de septembre 1348. * Plutarque dans la culture byzantine (IX*-XV* s.) « Byzance, dans sa longue histoire, connut deux "humanismes" : un humanisme d'avant les croisades, dont les débuts et le premier épanouissement, aux IX*-X* siècles, correspondent encore en Occident à des temps d'obscurité... et l'humanisme des Paléologues, XIIIe-XIV* siècles, annon-
cé et préparé déjà sous les Comméne, pour lequel se pose au contraire le probléme des contacts avec l'Occident, des influences exercées et subies de part et d'autre, et des origines de ce que nous nommons
la Renaissance » (Lemerle 339, p. 7). Ce cadre, commode,
permet de retracer à
grands traits non seulement la manière dont l’œuvre de Plutarque a survécu matériellement (voir C (2) supra), mais aussi sa place dans la culture (survol à partir du IVe s. par 342 P. Payen, « Byzance », dans Payen 16, p. 1972-1973) La figure qui domine intellectuellement tout le IX* s. est celle du patriarche Photios (»*P 175). Dans la Bibliorhéque écrite à l'intention de son frère par celui qui fut le plus grand lettré de son temps, Plutarque figure à la fois dans les extraits de Sopatros (codex 161) et au travers d'extraits des Vies constitués par Photios lui-méme (codex 245). Autre grande figure de cette renaissance des lettres, Aréthas, évêque de Césarée dans la première moitié du X* s., s'est occupé de maints auteurs, qu'il a fait copier et dont il a annoté de sa main les manuscrits : s'il s'est beaucoup intéressé aux philosophes, il a aussi rédigé des scholies aux Vies Paralléles. C'est
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sans doute au méme siécle que fut établie l'édition tripartite des Vies, dans le sillage des Extraits historiques voulus par Constantin VII Porphyrogénéte (906-959). Ayant aussi congu le grand dessein de raconter toute l'histoire de l'Empire romain d'Orient et les hauts faits de ses empereurs, archontes, stratéges et grands hommes, l'Empereur dut le réduire, faute de temps, de livres et de loisirs. mais il en demeura la Continuation de Theophane, dont le livre V, la Vie de Basile I, son grand-père, paraît influencée par la biographie morale de Plutarque. Il y eut peut-être aussi une édition partielle de traités (C (2) supra). Au XIÉ s., c'est au tour de l'Université de Constantinople de reprendre vigueur sous l'impulsion du poète et érudit. Jean Mavropous, dont on conserve une épigramme célèbre, où il implore l'indulgence du Seigneur pour le salut de Platon et Plutarque (reproduite dans Frazier 328, p. 87 n. 38). Dans le méme esprit, le responsable de la faculté de philosophie et érudit le plus distingué de son temps, Michel Psellos (*&*P 312), quelque réserve que pussent lui inspirer sur le fond les Opinions des philosophes, modela sur cette œuvre des mélanges physico-cosmologiques, le De omnifaria doctrina. lY mit Plutarque et «toutes ses œuvres » parmi ses modèles d'écriture, célébrant les charmes de son style : Plutarque n'est alors plus seulement une mine d'anecdotes et de chries, mais un maitre de style, un «classique » (343L. Tartaglia, «Hl saggio su Plutarco di Teodoro Metochita », dans U. Crisculo (édit.), TAAAPIXKOX. Studia Graeca A. Garzya sexagenario a discipulis oblata, Napoli 1987, p. 339362). Il reste aussi toujours un philologue et polymathe et, au siécle suivant, Eustathe l'utilise dans ses commentaires de l’Iliade et de l'Odyssée (Bréchet 326, p. 194-198).
Ce «classique » va prendre une dimension encore un peu supérieure sous les Paléologues grâce à l'entreprise de Planude, qui, au tournant du XIII* et du XIV* s., s'attacha à rassembler toutes les œuvres d'un auteur que, selon ses termes, « il aimait beaucoup » (lettre citée par Irigoin 151, p. CCLXXI n. 2). Le grand érudit et conseiller d'Andronicos II, Théodore Métochite, nous donne une idée des conséquences que la réunion de l'ensemble des œuvres a pu avoir pour l'image de Plutarque (Tartaglia 343). Non seulement, prenant à son tour Plutarque comme modèle, il conçut ses Miscellanea philosophica et historica comme une sorte de pendant moderne des Moralia du Sage de Chéronée, mais il y consacra son chapitre 7] à Plutarque (Περὶ ΠλουTápyov), rédigeant ainsi le premier essai de synthèse sur cet auteur (texte traduit dans Bréchet 326, p. 198). Sans méconnaitre ses insuffisances scientifiques, dues au progrés de la connaissance, en particulier en astronomie, ni chercher à peindre un Plutarque chrétien, il donne à travers lui sa conception de l'inteilectuel, qui doit transmettre la sophia aux générations futures. Ainsi, dans la ligne de ses propres préoccupations, il insiste sur la pédagogie, le primat de l'éthique et ce qui lui semble un éclectisme philosophique de bon aloi permettant de tirer le meilleur de chaque école - interprétation appelée à un grand avenir et dont on n'a fait raison que récemment. Avant de s'éteindre, l'humanisme Gémiste
Pléthon
byzantin
et de Bessarion » (Lemerle
fut enfin
«couronné
339, p. 7). C'est
par les grands noms
à Mistra, dans
de
la capitale de la
Morée byzantine, que le premier a pu disposer du seul manuscrit complet de Plutarque, propriété probable du frère de l'Empereur (cf. C (2) supra, Manfredini 156 et 344 A. Diller, « Pletho and Plutarch », Scriptorium 8, 1954, p. 123-127). Ainsi le Marcianus graecus 517 (coll. 886) porte, de
sa main (ff. 67-76), des extraits de Plutarque (ἐκ τῶν Πλουτάρχου συγγραμμάτων napaσημειώσεις) qui concernent Zoroastre ("Ort Ζωροάστρην Πλούταρχος ἱστορεῖ) et sont tirés du Sur Isis, du Contre Colotés. des Vies de Thésée, Solon et Camille, de la Malignité d'Hérodote et des Questions grecques. Ce manuscrit appartenait à son éléve, l'illustre Cardinal Bessarion (1403-1472), prélat, diplomate, humaniste et mécéne, possesseur de la bibliothéque la plus imposante qu'ait connue la Renaissance, léguée par lui en 1468 à ia Bibliothèque Saint-Marc de Venise. Parmi les manuscrits porteurs de textes de Plutarque qui y figuraient, deux méritent une mention spéciale. L'un, le Marcianus græcus 250 (coll. 580), le plus ancien, copié au X* s. et complété au XV* s. (= X, décrit par Irigoin 151, p. CCXLIV-CCXLV ; V. Y et Z ont aussi appartenu à Bessarion), a cet intérêt de présenter au folio 1. ajouté au XIV* s., aprés la table du contenu (il n'y avait alors que la partie du X* s.), une liste de dix traités manquants qui témoigne de la recherche des œuvres de Plutarque en cours à cette époque. Le second, le Marcianus graecus 248, de l'époque de Bessarion, a été copié en 1455 par Jean Rhosos, et montre l'effort des humanistes
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PLUTARQUE DE CHÉRONÉE
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pour mieux définir le contenu de ce recueil. Áu titre de Moralia. qui ne convient qu'aux vingt-etun premiers traités, il substitue Traités éthiques, politiques, physiques et variés (Ἤθικά, πολιτι-
χά, φυσικὰ xai παντοδαπὰ συγγράμματα), traduit et étoffé en latin au folio 11, Plutarchi Moralia Physica Polytica Svmposia et alia varia opera. Ce premier travail, encore minime, sur le corpus, est poursuivi
par les humanistes
occidentaux,
aprés
cet événement
capital
que
fut la
publication de l’œuvre imprimée. (2) PLUTARQUE
ET LA CULTURE
EUROPÉENNE
L'essentiel de l'exposé, en dépit de quelques élargissements, sera concentré sur la fortune francaise du Chéronéen, liée à la traduction d'Amyot. Pour le rayonnement de l’œuvre de Plutarque en Europe, on pourra se reporter à la bibliographie
de Pérez Jiménez 10 et au congrès 105 ; on peut signaler en outre, pour l'Espagne, 345 J. Bergua Cavero, Estudios sobre la tradición de Plutarco en España (siglos XIII-XVII), Zaragoza 1995, VIII-303 p., et 346 A. Morales Ortiz, Plutarco en Espana : traducciones de Moralia en el siglo XVI, Murcia 2000, 374 p.; pour
l'Italie, 347 G. Resta, Le Epitomi di Plutarco nel Quattrocento, Padova 1962, 348 P. Volpe Cacciatore, L'eredità di Plutarco, Napoli 2004 (qui évoque aussi quelques auteurs de l'Antiquité tardive), 349 M. Padé, The Reception of Plutarch's Lives in Fifteenth-Century Italy, 2 vol., Copenhague 2007, et, pour les représentations iconographiques, 350 R. Guerrini, «Iconografia d'ispirazione plutarchea nell'età dell’ Umanesimo » dans Gallo 88, p. 229-250, et 351 /d. (édit.), Biografia
dipinta. Plutarco e l'arte del Rinascimento (1400-1550), La Spezia 2002. * Premières traductions et éditions (XV*-XVI* s.) Des le XV* s. apparaissent en Italie de premiéres traductions latines, surtout des
Vies, avec une prédilection compréhensible pour les Vies romaines, la plupart encore sur manuscrits. Parmi leurs auteurs, on peut citer Pier Candido Decembrio (1392-1477), qui s'inspira du Chéronéen pour sa biographie du duc de Milan, Filippo Maria Visconti - comme le fit aussi Donato Acciaiuoli (1429-1478), dont les biographies d'Hannibal et de Scipion l' Africain suivent le modéle de Plutarque — Leonardo
Bruni (1370-1444) et Guarino Guarini (1370-1460, cf. 352 P. Volpe
Cacciatore,
« Guarino Guarini traduttore di Plutarco », dans Aguilar 105, p. 261-
268) — Guarino traduisit également des Œuvres morales, comme
L'éducation des
enfants ou Comment distinguer l'ami du flatteur (353 R. Aulotte, Amyot et Plutarque. La tradition des Moralia au XVI° s., Genève 1965, Appendice I, p. 325-337). Il y eut ainsi une demi-douzaine de traductions latines complétes des Vies (354 R. Sturel, Jacques
Amyot,
traducteur
des Vies
Parallèles
de Plutarque,
Paris
1908,
p. 169), dont la première date de 1470 et fut publiée à Rome par Campano (= BNF, Res. J 95-96), avant que paraisse chez Junte à Florence en 1517 l'édition complete du texte grec des Vies, fondée sur deux manuscrits de Florence. Deux ans plus tard, en 1519, Alde Manuce, à Venise, donna son édition des Vies, préparée par Frangois Asulinus, corrigée par l'utilisation d'autres manuscrits, avec un classement qui suivait l'ordre chronologique des Romains. 1] complétait ainsi l'édition de Plutarque, par lui entamée en 1509, avec la publication des Moralia, dont le maitre
1178
PLUTARQUE DE CHERONEE
P210
d'œuvre avait été Démétrios Doucas, aidé occasionnellement par Érasme et Jérôme Aléandre. Le méme Jéróme Aléandre donna en avril 1509, à Paris, oü il s'était installé en juin 1508, une édition partielle de trois traités, De la vertu et du vice, De la fortune et Comment lire les poétes, lequel est le seul dont le texte présente des différences avec l'Aldine et témoigne d'un recours à d'autres sources manuscrites. À Bäle parut en 1533 une édition des Vies chez Bebel, et c'est en 1542. chez Jéróme Froben et Nicolas Episcopius, que fut publiée l'édition báloise des Moralia qui constitua le texte de base d'Amyot (= BNF, Rés. J 103). À Bâle encore, Xylander donna en 1574 une édition grecque, dont une partie des corrections figurait déjà dans sa traduction
latine de
1570, conjectures que. selon sa préface, il
n'avait pas trouvées dans des manuscrits et dont il était l'auteur. Entre ces deux travaux était parue à Genève, en
1572, l'édition fondamentale
de l'ensemble
de
l'œuvre de Plutarque, Vies et Moralia, due à Henri Estienne, où l'ordre des traités est modifié et les corrections, pour une part tirées de manuscrits, pour une part dues à des érudits qui les avaient consignées dans les marges de leur exemplaire
personnel (voir Irigoin 151, p. CCXCVI). Ces éditions successives, dues au développement de l'imprimerie, encourageaient et favorisaient le travail d'appropriation d'un matériau fait depuis toujours de différentes piéces, et qui à l'origine, en particulier pour les Moralia, répondait lui-méme aux sollicitations diverses dont l'auteur était l'objet. D'une part, comme le fait observer Aulotte 353, chaque édition complete donnait une « actualité » nouvelle aux Moralia, qui se manifeste notamment par une vague de traductions latines de traités isolés ou d'ensemble de traités (Budé, Regius, Érasme puis, apres 1542, Turnebe, Ferron avec l'aide de La Boétie). Par ailleurs, ce travail d'édition s'accompagnait d'une activité un peu autre, mais non moins importante : la réalisation de sommes, qui répondait davantage au souhait d'une restitution « fidèle » d'un patrimoine — méme si certains, comme Amyot, concevaient sans doute qu'on püt lire l'ouvrage par prélévement. Ainsi la réception de Plutarque à la Renaissance témoigne de la solidarité et des oscillations entre logiques du tout et de la partie,
peut-étre encore un peu plus accusées qu'elles ne le sont dans des corpus plus « doctrinaux ». Au-delà méme d'une « s'accuse ainsi la figure d'un d'un Plutarque philosophe « point, voir 355 H. Cazes, «
actualité » des éditions, c'est la figure de l'auteur qui est affectée : Plutarque lui-même « actuel ». adaptable, voire modifiable, ainsi que de la vie quotidienne », ou. à tout le moins. de la vie courante. Sur ce Genèse et renaissance des Apophthegmes : aventures humanistes »,
dans 356 O. Guerrier (édit.), "Moralia" et “Œuvres morales" à la Renaissance (Toulouse 2005), Paris 2008).
* Le Plutarque d'Amyot et son rayonnement
Ménager dans la réception de Plutarque une place privilégiée à l'entreprise d'Amyot, ce n'est pas privilégier indüment la réception en France, mais reconnaître la valeur éminente, et qui a débordé nos frontières, de ce qui constitue la version la plus accomplie en langue vernaculaire de l’œuvre de Plutarque. Cette entreprise commence avec les Vies parallèles dés 1547. sur l'invitation de François
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PLUTARQUE DE CHERONEE
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I” qui a goûté les premières traductions manuscrites des Vies de Thésée et de Romulus ou de Philopoemen et de Flamininus. Le travail s'effectue notamment à partir de l'édition d'Alde de 1519, ainsi que des manuscrits de la bibliothéque de Venise et de la Vaticane, fréquentées entre 1548 et 1552 (Sturel 354, p. 269-280, et Aulotte 353, p. 159-162). L'adresse « Aux lecteurs» qui ouvre les Vies des hommes illustres grecs et romains comparées l'une avec l'autre par Plutarque de Chéronee translatées du grec au français publiées à Paris chez Vascosan en 1559 témoigne de cette intense activité d'amendement du texte par collation des variantes, ainsi que de l'effort d'adaptation du style de Plutarque à la langue francaise (Sturel, 354, p. 189-267 et 355-433). Ce travail de « sgavant translateur » s'accom-
pagne de toute une réflexion sur l'écriture de l'Histoire et, dans l'esprit de Plutarque, sur la distinction de l'Histoire et de la Vie. L'Histoire est conçue comme des « narrations ordonnées des choses notables. dictes, faites ou advenues », « peinture (...) nous representant les maurs des nations estrangeres, les loix et coutumes anciennes, les desseigns des hommes particuliers, leurs conseils et entreprises (...) et leurs deportemens, quand ils sont parvenus aux plus hauts, ou bien qu'ils ont esté dejettez aux plus bas degrez de la fortune », plus efficace que les livres de « Philosophie morale » et leurs « arguments et preuves de raison », plus vraie que les « inventions et compositions poëtiques », plus honnête et « douce » que les « loix et ordonnances civiles ». Sur ces bases sont distinguées « Histoire » et « Vie », la seconde étant « plus domestique », plus centrée sur «ce qui procede du dedans de l'homme ».
Le succès de l'ouvrage, qu'il revit en 1565, 1567 et sans doute pour l'édition posthume de 1619, poussa Amyot à aborder le corpus des Moralia, pratiquées elles aussi trés töt, sous la forme d'une traduction manuscrite du Sur le bavardage en 1542. De 1565 à 1572, il annote les marges de l'exemplaire de l'édition de Bäle de 1542, abordant ainsi un « continent philologique » d'une ampleur bien plus considérable, tant par la nature du corpus que par les recherches philologiques qu'il lui demandera (voir Aulotte 353). Les Œuvres morales et meslées, qui paraissent en
deux volumes in-folio en 1572, à nouveau chez Vascosan, posent d'abord bien davantage que les Vies la question de l'ordre de leurs piéces. Elles ne conservent en effet le souvenir des regroupements hérités des éditions précédentes que de manière erratique (les trois premiers traités pédagogiques, les traités 33 à 35 chez Amyot qui sont numérotés 15 à 17 dans l'Aldine et chez Estienne par ex.). et la cohérence de l'ensemble n'est que trés partiellement éclairée par la bipartition « morales »/« meslées », comme si le probléme était secondaire, et que la lecture n'avait pas nécessairement à étre suivie et linéaire. De fait. dans la Dédicace liminaire à Charles IX, Amyot reprend en revanche des aspects déjà abordés en ouverture entre lui et Plutarque, entre le Roi et Trajan), tout en faisant morale ». qui, s'ils visent comme les livres saints à rendre les la crainte de Dieu, mais par « divers moyens ».
ne dit rien de ce classement, mais il des Vies (par exemple le parallele l'éloge des livres de « la philosophie hommes vertueux, ne le font pas par
Ses interventions au sein du texte obéissent à un souci de philologue et de vulgarisateur : si les notes culturelles ou traductologiques sont en assez petite quantité, Amyot ajoute volontiers en début ou fin de traité des précisions sur les lacunes du texte qu'il a trouvé, explicite parfois la situation d'énonciation, met en évidence
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PLUTARQUE DE CHERONEE
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le genre («en forme de devis », « déclamation »). Avec lui la philosophie morale s'attache de maniére trés visible à un cadre formel. Sa traduction quant à elle, outre
qu'elle manifeste l'effort d'accommodement des realia antiques au goüt et à la vie modernes, exprime dans les choix, les omissions ou les ajouts les inflexions que peuvent prendre certaines notions d'un temps à un autre. Les études sur ce dernier point ne sont pas encore trés nombreuses. Un exemple en est donné par 357 J.-C. Margolin, «De la 'Dysopie' de Plutarque à la "Mauvaise honte" d'Amyot. Réflexions sur la migration linguistique et l'évolution sémantique d'un concept moral », dans 358 M. Balard (édit.), Fortunes de Jacques Amvot (Melun 1985), Paris 1986, p. 207-236. Pour un probléme plus métaphysique, les difficultés révélatrices que peut poser à un esprit du XVI* s. un systéme d'intelligibilité du monde plus ou moins dérivé du platonisme ont été abordées par 359 A. Tournon et O. Guerrier, « La fortune providentielle : lectures de Plutarque au XV siècle ». dans M.-L. Demonet (edit.), Hasard et Providence XVI*-XVII*. http://www.cesr.univ-tours.fr/Publications/HasardetProvidence/).
Comme
les Vies, les Œuvres
six volumes
in-octavo,
le format
morales
connaissent
de la popularité),
siècles
(Tours
2006).
des rééditions en
1575,
1581
et
CESR,
1574
(en
1618, l'authen-
ticité de cette dernière, établie par Claude Morel, n'étant pas pleinement garantie, d'autant qu'elle comporte huit folios de traités ajoutés par rapport à la précédente
(la traduction du Sur les fleuves, considéré aujourd'hui comme
apocryphe, des
extraits du Sur l'áme recueillis chez Olympiodore, et les fragments de Stobée sur
l'amour [= fr. 134-138 Sandbach]). Un autre phénomene, cependant, est à observer: tandis qu'Amyot modifie en 1581 le titre de l'ensemble (« Œuvres morales et philosophiques »), le pasteur calviniste Simon Goulart inaugure, avec une édition toujours intitulée Œuvres morales et meslées — suivie deux ans plus tard d'une édition des Vies — la série des « contrefaçons » qui vont être données du Plutarque d'Amyot jusqu'au milieu du XVII s. au moins (Sturel 354, p. 112-119, et Aulotte 353, p. 355-357). Le terme, en usage dans la critique autorisée, ne doit pas tromper : Goulart et ceux qui reprennent ensuite son travail n'altérent que fort peu le texte du traducteur, mais l'agrémentent en revanche de sommaires, manchettes et index, afin d'en améliorer volumes
en
«Comment
favorisant Goulart
les
la lisibilité. Ces derniers renforcent recoupements
indexe-t-il
le Plutarque
entre
unités
(360
d'Amyot 7», BHR
la cohérence Denise 65, 2003,
des
Carabin, p. 331-
345), tandis que les manchettes mettent en relief la facon dont Plutarque a «si bien
tissu ses discours », selon le propos qui ouvre les Œuvres morales et meslées de 1581, c'est-à-dire la structure du raisonnement et ses articulations, füt-ce au prix de coups de force logiques parfois contestables, ou d'oublis de certaines singularités et aspérités. Cette régulation du discours sert la lecture moralisante et providentielle que Goulart souhaite faire prévaloir pour éviter que son lecteur ne se laisse emmener « plus loin qu'il ne faut» dans les voies séduisantes mais sans issue du paganisme — c'est ce que montrent bien les sommaires qui ouvrent les récits des Vies
comme
les opuscules
moraux:
exemple
cité
dans
361
F. Frazier,
« Prolé-
goménes à une édition critique des (Euvres morales et meslées: les annotations d'Amyot au De Pythiae oraculis», ExClass 8, 2004, p. 192-193. Le point est important dans la mesure oü c'est par la lecture de Goulart, beaucoup plus radicale
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PLUTARQUE DE CHÉRONÉE
1181
dans la christianisation de l’œuvre que celle d'Amyot, que bien des esprits vont découvrir la somme du penseur antique. On ne saurait pour autant en conclure à une réception monolithique et la délicate logique « du tout et de la partie » se trouve là aussi à l’œuvre. Si on laisse de cóté la lecture directe, en grec, faite par des auteurs comme Érasme, Rabelais ou encore La Boétie, il faut tenir compte des lectures partielles qui se sont trés tót développées, privilégiant tels ou tels aspects ou parties de l’œuvre, substrat encyclopédique ou politique pour Bodin, dimension «civile » et éthique pour Guazzo par exemple (voir Guerrier 356, en part. P. Desideri, «Les Moralia dans la Méthode et les Six livres sur la République de Jean Bodin », et N. Panichi, « "Jouer à la paume”: La présence de Plutarque chez les théoriciens italiens de la civile conversazione »). Les Vies d'Amyot, pour leur part, diffusent leur modéle d'héroisme chez Brantóme, et influencent plus largement les auteurs de Vies d'hommes illustres (362 P. Eichel-Lojkine, Le siécle des grands hommes — Les recueils de Vies
d'hommes illustres avec portraits au XVF siècle, Louvain/Paris 2001, 448 p.)
ou encore ceux de tragédies comme Jodelle, Garnier ou A. Hardy (363 S. Lavoine, « L'influence du Plutarque d'Amyot sur la tragédies françaises du XVI* siècle », dans Balard 358, p. 273-283). Mais c'est surtout Montaigne qui apparait comme le grand lecteur du « translateur », qu'il connaissait personnellement, et dont il fait un éloge vibrant dans le chapitre quatre du Livre II des Essais (voir 364 O. Guerrier, article
« Amyot », dans 365 P. Desan (édit.), Dictionnaire de Michel de Montaigne,
Paris 2004, rééd. 2007, p. 40-42). Il sollicite à quelque cinq cents reprises le « Plutarque François », et utilise les Vies, les « comparaisons » et les «opuscules» en des directions variées (366 I. Konstantinovic, Montaigne et Plutarque, Genéve 1988; 367 M.-D. Couzinet, art. « Montaigne », dans Payen 16, p. 2046-2048 ; 368 O. Guerrier, art. « Plutarque », dans Desan 365, p. 922-925). En plus des investigations et des anecdotes ponctuelles qui se combinent en permanence dans les Essais, on mentionnera ainsi plus précisément la réflexion sur la « science morale » du chapitre II 10, l'importance des Vies et de leur lecture du quotidien dans l'invention de l'« essai » (voir I 50), la parenté que Montaigne reconnait entre certains trajets déconcertants ou le langage suggestif des Œuvres morales et ses propres écrits (voir Ill 9, 1 26, III 13). Penseur «enquerant plustost qu'instruisant », Plutarque l'aide à réhabiliter les animaux, figurer les limites de la connaissance humaine, étendre le champ du « possible » (voir II 32, contre Bodin), envisager une
saisie de la contingence du monde et du sujet qui s'y trouve immergé, ainsi que le montrent en particulier la fin du chapitre « De la vanité » (III 9) et celle de l'Apologie de Raimond Sebon (II 12), laquelle paraphrase des développements du Que signifie ce mot EI (voir 369 J.-Y. Pouilloux, « 'Connois-toi toi-méme' : un commandement paradoxe » dans Lire les Essais de Montaigne (Glasgow, 1997), Paris 2001, p. 91-106 ; 370 /d., « Autour du ‘Ei’ de Delphes », dans Guerrier 356).
Amyot aura des épigones hors de France: en 1598 parait à Venise une traduction compléte des Opuscula due à Antonio Gandino, en 1603 à Londres celle des Moralis de Philemon Holland. Mais, quelques années avant, en 1579, celle de North témoigne davantage encore de son rayonnement dans la mesure oü elle est directement réalisée sur la version française. Et c'est probablement chez elle que Shakespeare trouve les sujets et des scénes entiéres de Coriolan, Jules César,
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Antoine et Cléopátre, profitant d'un potentiel dramatique que North avait encore accusé par rapport à son prédécesseur (371 V. Worth, «Les fortunes de Jacques Amyot en Angleterre: une traduction de Sir Thomas North », dans Balard 358, p. 285-295). ὁ Ombres et lumières : Plutarque de l'Age classique au XIX* siècle
Tandis que la langue d'Amyot est l'objet de jugements contrastés au XVII* s. — Vaugelas, dans ses Remarques sur la langue française de 1647, puis Godeau, en
déplorent le caractère archaïque, mais elle est et La Bruyère - Plutarque, grâce en particulier cié de façon constante: le Grand Condé le militaires, Racine, dit-on, distrait Louis XIV
défendue par Sorel, Racine, Fénelon aux éditions Goulart, est lu et appréfait emporter dans ses campagnes alité avec les Vies, Corneille puise
dans ces dernières les sujets d’Agesilas et de Sertorius, le Chrysale des Femmes
savantes de Moliére célébre le «gros Plutarque à mettre [ses] rabats» comme manuel d'économie domestique, et Nicolas Faret, dans l' Honneste homme ou l'Art de plaire à la Cour (1630), en fait un des ouvrages essentiels pour la constitution du nouvel idéal mondain. Peu à peu, néanmoins, un désaveu
se fait jour, dont on trouve une des pre-
miéres traces chez Saint-Évremond, qui avoue ne rien comprendre à certains traités des Morales, et qui s'amplifie au siécle suivant quand Voltaire rejette Plutarque avec Marot, Rabelais et Ronsard dans les ténébres extérieures, et que l'Encyclopédie tranche: «Les sujets des Morales de Plutarque sont, en général, traités superficiellement ». Amyot lui-méme tombe en disgráce et sa langue parait définitivement pauvre au méme Voltaire. L'un de ses rares zélateurs demeure Rousseau, qui, nourri depuis son enfance de l'humaniste, médite encore à la fin de sa vie, dans les Réveries, sur le traité Comment tirer profit de ses ennemis (372 C. Grossel, « Plutarque et la Quarriéme Promenade de Rousseau », dans Aguilar 105, p. 125-145). Il y trouve par ailleurs de quoi nourrir son esprit civique et républicain (voir les Confessions, livre I), au méme titre que Madame Roland, qui lit quant à elle Piutarque dans la traduction de 1721 d'André Dacier: «il y a là une conjonction
inattendue
entre
un
texte, didactique
certes,
mais
mesuré,
et un
moment
historique où la passion politique embrase tout: vie sentimentale et leçons de l'Histoire » (Sirinelli 19, p. 464). Et tous deux font également de l'auteur grec une source importante de la sensibilité romanesque nouvelle, avec dans leur sillage des « disciples » comme Bernardin de Saint-Pierre ou Choderlos de Laclos, qui recommande la lecture de Plutarque dans son traité De l'éducation des femmes. À la méme époque, Fragonard représente pour le peintre Descamps le Songe de Plutarque (Musée des Beaux Arts de Rouen), où l'on aperçoit. assis dans un fauteuil, un grand livre ouvert sur son bureau, le vénérable Plutarque environné d'une vapeur lumineuse, à la maniére de Rembrandt. Une flamme s'éléve de son cerveau et le Sage de Chéronée se trouve ainsi saisi par l'enthousiasme. C'est sans doute le méme esprit qui, en plein Sturm und Drang. rapproche Schiller de Plutarque (373 H.G. Ingenkamp, « Schillers Projekt eines "Deutschen Plutarch". Dokumente
P 210
PLUTARQUE DE CHERONEE
1183
und Kommentar », dans Pérez Jiménez 103, p. 267-282) ou qui, en Italie, en fait une des lectures du poéte Alfieri (374 F. Michelazzo, «Plutarco e Vittorio Alfieri », dans Aguilar 105, p. 169-192). De la sorte. en deux sens de l'Europe bourgeoise et, hommes - le dernier « héros siécle, donne une traduction
différents, Plutarque à la fois sert de caution aux « bons sentiments » dans l'exaltation de la Révolution, favorise le culte des grands à la Plutarque » fut peut-être Napoléon. L'abbé Ricard, à la fin du nouvelle des (Euvres morales (parue entre 1783 et 1795), puis des
Vies (1798-1803). Mais la suite des temps va de nouveau étre moins favorable au Sage de Chéro-
née : « lui qui s'était trouvé en si parfaite harmonie avec la manière de sentir néoclassique, à tous égards, ne survécut pas à la tourmente romantique » (Sirinelli 19, p. 468). Quelques noms seulement se détachent au début du XIX* s. : Musset reconnaît en lui un de « ses vieux amis », il entre dans la formation du jeune Nodier. Surtout, Joseph de Maistre donne en 1816 une libre traduction des Délais, accompagnée d'un long commentaire qui sonne comme un acte d'accusation contre la France révolutionnaire et impériale (375 P. Asencio Sánchez, « Joseph de Maistre traductor y comentarista del De sera numinis vindicta », dans Aguilar 105, p. 19-30), et ce n'est peut-étre pas un hasard qu'il utilise pour cela une « œuvre morale », quand les Révolutionnaires privilégiaient les Vies. Ce sont elles aussi que Jules Michelet, au contraire, choisit en 1819 pour soutenir sa thèse littéraire en francais — une des deux thèses exigées alors pour le doctorat és lettres -, procédant à un « Examen des Vies des hommes illustres » (texte reproduit en téte de l'édition Bouquins des Vies Paralleles,t. I. Paris 2001, p. LXX-LXXXIV), où le futur historien exalte le génie qui a su faire revivre personnages et civilisations. Mais la civilisation industrielle du XIX* s. dans son ensemble n'a plus grand chose à demander à Plutarque. À la condamnation de l'Encyclopédie répond, à la fin du XIX* s., cet autre article, cité par Sirinelli 19 (p. 472): «De nos jours seulement, la valeur littéraire de Plutarque a été plus justement appréciée et l'auteur des Vies Paralléles, sans rien perdre de son prestige aimable, a été remis par une critique plus juste à son vrai rang, qui est le second.» Cette juste appréciation a peut-étre été servie par une nouvelle traduction, celle de V. Bétolaud en 1870. Pour une étude plus détaillée des fortunes de Plutarque après la Renaissance, voir 376 O. Guerrier (édit.), Plutarque de 1 "Âge classique au XIX* siècle.
Présences, interférences et dynamique (Toulouse, mai 2009), à paraitre.
* Le Plutarque des universitaires Si l'importance culturelle de Plutarque a été de pair avec une grande pauvreté du travail philologique (on ne trouve guére à citer au XVII* s. que les annotations de Bachet de Méziriac), au moment méme oü son influence entrait dans son déclin,
son texte a au contraire grandement profité des progres de la philologie. J.J. Reiske, qui publia une nouvelle édition à Leipzig en 12 volumes (1774-1782), restait encore trés proche de la manière des humanistes et son édition vaut surtout par les conjectures. Celui qui devait faire entrer Plutarque dans l'áge critique de l'Altertumwissenschaft fut D. Wyttenbach, qui donna à Oxford une édition des Moralia publiée entre 1795 et 1830 (Irigoin 151, p. CCXCVIII-CCC). Ses Animadversiones in Plutarchi opera moralia furent publiées dés 1800 et son Lexicon Plutarcheum, qui ajoute les Vies aux Moralia, parut pour la première fois sous le titre Index graecitatis in Plutarchi Opera en 1835. Suivirent les grandes collections, la collection Didot, oü F. Dübner donna en 1839 et 1841 les deux tomes des CEuvres morales, tandis que T. Doehner se chargeait des deux tomes de Vies, et la collection Teubner, où C. Sintenis édita les Vies Paralleles (1839-1846, 2° édition en 1852-1855), tandis que les Moralia prenaient du retard aprés la disparition prématurée de R. Hercher. C'est G. N. Bernardakis qui prit la succession et publia
1184
PLUTARQUE DE CHERONEE
sept volumes
de
1888
à 1896
(pour une
P 210
reconsidération
de son
travail, voir
Ingenkamp 117). Devenu
surtout matiére scolaire et universitaire,
«endormi
dans l'ombre des
colléges » (Sirinelli 19, p. 469), Plutarque tomba sous la critique de la philologie allemande : la Quellenforschung
lui dénia non seulement
une qualité d'historien
qu'il n'avait jamais revendiquée, mais jusqu'à la connaissance des auteurs qu'il cite. Le pepaideumenos se réduisait à un polygraphe compilateur qui ne se distinguait guère d'un Diogéne Laérce ou d'un Athénée. Quant à l'auteur des Œuvres morales, il rejoignit la cohorte des Halbphilosophen aux cótés d'un Maxime de Tyr ou d'un Apulée. Cette traversée du désert n'était pas encore totalement achevée au moment oü R. Flaceliére, en 1968, peignait au Congrés de Paris de
l'Association G. Budé « l'état actuel des études » (congres 68) en dépit immense accomplie outre Rhin par K. Ziegler, éditeur des Vies chez auteur de l'article fondamental de la Real Encyclopedie (= Ziegler 11). P. A. Stadter (Stadter 188) qui réexaminait la méthode historique de
de la táche Teubner et La these de Plutarque à
partir des Prouesses de Femmes venait juste d'étre publiée (1965), R. Flaceliere entamait, avec E. Chambry, l'édition et traduction des Vies aux Belles Lettres
(volume I en 1964) et D. Babut travaillait à sa thèse sur Plutarque et le stoicisme, publiée
en
1969
(Babut 41). Depuis
un quart de siécle environ, spécialistes de
Plutarque stricto sensu, spécialistes de l’histoire de la philosophie, qui s'intéressent de plus prés au médioplatonisme, historiens, qui scrutent la « romanisation » de la Gréce ou examinent
la mémoire
grecque de l'époque impériale — encore que ce
processus ne soit que timidement engagé, surtout si l'on met en parallèle le sort réservé à Pausanias, qui. aprés n'avoir été qu'une simple source de renseignements, est lu désormais comme le produit de son époque -, modernistes qui s'atta-
chent à l'influence de Plutarque sur les auteurs européens, et en particulier à son róle à la Renaissance, tous ont multiplié les études savantes, comme en témoigne la riche section bibliographique en téte de cet article. À cóté de ce Plutarque savant, qui reprend sa figure d'incarnation
de l'héritage antique, dont l'audience est de
facto limitée au petit cercle qui s'intéresse à cet héritage, le Plutarque des Vies, sans
doute
plus
accessible,
a connu
un
regain
d'intérét
éditorial
trés
net:
les
éditions courantes complétes (dans la collection de La Pléiade, qui reprend Amyot, en Bouquins, qui reprend la traduction de la CUF. en Quarto, qui propose une traduction nouvelle due à A.-M. Ozanam) ou partielles (en GF, avec la traduction, trés révisée, de Pierron) se sont multipliées. On peut se demander toutefois s'il
s'agit d'un réel intérét pour Plutarque et si cette « redécouverte » ne tient pas pour une large part à la redécouverte de la biographie par les historiens, aprés l'ostracisme dont l'avait frappée l'école des Annales (377 Chr. Chandezon, «La biographie en histoire ancienne », dans A. Coppolani et Fr. Rousseau [édit.], La
biographie en histoire. Jeux et enjeux d'écriture. Paris 2007, p. 30-47, qu'on peut compléter par les réflexions de F. Dosse, Le pari biographique, Paris 2005). Les
Œuvres morales n'ont en tout cas pas encore été mises à la disposition d'un plus large public — tout juste trouve-t-on, dans
l'édition GF. deux
volumes, avec
de
P212
POLÉMAIOS DE SYBARIS
1185
nouvelles traductions, l'un du Dialogue sur l'Amour, l'autre des Dialogues Pythiques. Le corpus entier devrait étre à nouveau publié au travers d'une édition criti-
que de la traduction d'Amyot en cours, dont les éditions Garnier ont prévu trois versions : une version électronique intégrant tout le travail philologique du translateur. une édition savante, mais plus centrée sur le français, dans la Bibliotheque des textes de la Renaissance, enfin une version modernisée et sélective en édition de poche (voir 378 O. Guerrier, « Chantier humaniste : les Œuvres morales de Plutarque », Anabases 4, 2006, p. 292-296). FRANCOISE FRAZIER.
211
POEMENIUS (POIMENIOS)
PLRE I:1
IIVIV
Dédicataire d'une lettre philosophique de Jamblique de Chalcis (**I 3) sur le destin dont un extrait est conservé par Stobée (Anthol. I 1, 35). C'était sans doute
un disciple du philosophe. La lettre est citée et traduite dans /amblichus of Chalcis : The letters. Edited with a translation and commentary by J. M. Dillon and W. Polleichtner, coll. «Society of Biblical Literature — Writings from the Greco-Roman World» 19, Atlanta 2009, n? 11, p. 32-33. Personnage absent de la RE. PIERRE
212
MARAVAL.
POLÉMAIOS DE SYBARIS Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le catalogue de Jamblique (V. pyth. 36, 267, p. 145, 1 sq. Deubner = 1 DK 58 A, t. I, p. 447, 1), qui semble remonter à Aristoxéne de Tarente. Il est répertorié dans le 2 LGPN, t. IIl A, p. 366. Le dernier éditeur du De vita pythagorica, 3 L. Deubner (Stuttgart ?1975 [!1937]). défend à juste titre la leçon Πολεμαῖος du codex Laurentianus (le principal ms ayant transmis la V. Pvrh.), là oü l'éditeur précédent 4 A. Nauck (Saint Pétersbourg
1884 [réimpr. Amsterdam
1965]) et Diels
1. adoptant une conjecture de 5 K. Keil (Analecta epigraphica et onomatologica, Leipzig 1862, p.230), lisaient Πτολεμαῖος. Πτολεμσῖος est la forme retenue aussi par 6 W. Pape et G. Benseler, Wörterbuch der griechischen Eigennamen, t. ll. p. 1273, col. b (n? 7f). Mais la forme Πολεμαῖος ne doit pas être conservée en tant que simple « Nebenform » de Πτολεμαῖος, comme pensait Deubner 3 (en renvoyant en note à 7 E. Mayser, Grammatik der griechischen Papvri aus der Ptolemäerzeit, 2. Auflage, Berlin 1970, t. I, p. 167): Olivier Masson souligne que Πολεμαῖος
et Πτολεμαῖος
dérivent
certes du méme
substantif πίτ)όλεμος,
"guerre",
mais ce
sont deux formes différentes, appartenant à des régions géographiques différentes : «Πτολεμαῖος est le type macédonien, d'abord rare, qui s'est répandu plus tard avec le succès des Ptolémées d'Égypte» ...; voir 8 O. Masson, «Sur quelques noms de philosophes grecs: à propos du Dictionnaire des philosophes antiques, vol. Il», RPh 68, 1994, p. 231-237, à la p. 236 |= /d., Onomastica graeca selecta, vol. 3, Genève 2000. p. 218-224, à la p. 223]; 9 Id., « Quand le nom Πτολεμαῖος était à la mode », ZPE 98, 1993. p. 157-167 [= Id., Onomastica Graeca selecta, vol. 3. p. 149-159]. En effet, à part Sybaris, Πολεμαῖος est attesté à Athénes (5 occurrences; voir LGPN 2. t. Il. p. 370), en Etolie, Acarnanie et Épire (9 occurrences; LGPN 2, t. Ill A, p. 366) et en Béotie (IToAgurjoc de Tanagra. recueilli par 10 Fr. Bechtel, Die historischen Personennamen, p.374: cf. LGPN 2.t. III B. p. 349). CONSTANTINOS
MACRIS.
1186
213
POLEMARQUE
POLÉMARQUE Riche
P213
RE 1
météque
ca 450-404?
athénien,
fils de Céphalos
(**C
79) et frère du
logographe
Lysias (®L 94). Les sources biographiques sont essentiellement celles de la vie de Lysias. Voir principalement:
(a) Lysias, Discours
XII
(Contre
Eratosthene),
d'Halicarnasse, Les Orateurs antiques ; (c) Pseudo-Plutarque,
8-19:
(b) Denys
Vitae decem
orato-
rum, III (Lysias), 835 C- 836 D (la chronologie précise de la vie de Lysias transmise par cette biographie a été corrigée par Fr. Blass. Die attische Beredsamkeit, t. I: Von Gorgias bis zur Lysias, 2° éd., Leipzig
1887 p. 339-353); (d) Souda, s.v.
Πολέμαρχος,
Adler,
TI
1879,
t. IV,
p.157,
11-12
se borne
à rappeler
que
Polémarque était le frére de Lysias. Céphalos | Lysanias l Céphalos RE2 |
cf. Platon, Rép. 330 b
(sa femme) x Polémarque
Lysias
Euthydéme.
une fille x Brachyllos
Lys. XII 20
RE 13
cf. RE 12. col. 1504, 29-31
Ps.-Dém.. Contre Neére 21 sq. A tort. le Ps.-Plut. 835 d fait de Brachyllos un frére de Polémarque. Lysias et Euthydéme.
La famille de Polémarque Céphalos, riche citoyen de Syracuse, s'était installé à Athenes à l'invitation de Périclés (Ps.-Plut. 835 c), donc pas avant que ce dernier ne vint aux affaires. vers 459*, Selon Lysias XII 4, il y vécut en homme respecté pendant trente ans. Comme son frere Lysias, Polémarque dut recevoir à Athenes la formation de l'élite athénienne (Ps.-Plut. 835 c). Aprés la mort de Céphalos, vers 429 (429 est l'année de la peste d'Athénes...), et non sous l'archontat de Praxitélès en 444/3 (Ps.-Plut. 835 d), les fils de Céphalos : Polémarque, Lysias et Euthydéme, émigrérent à Thourioi.
Lysias avait alors
15 ans. Lysias y aurait notamment étudié la rhétorique avec
Teisias et Nicias de Syracuse.
Apres l'expédition athénienne en Sicile en 413, les fils de Céphalos furent chassés de Thourioi, à cause de leur amitié pour Athénes, avec trois cents autres citoyens. Ils revinrent donc à Athènes, sous l'archontat de Callias. en la première année de la 92° Olympiade, soit en 412/1. Ils y reprirent leurs activités de riches
météques.
Polémarque
travaillaient
120 esclaves
et
Lysias (Lysias
possédaient
une
fabrique
XII 8 et 19). Ils s'honoraient
de
boucliers
oü
d'avoir. bien que
météques, «exercé toutes les chorégies, versé bien des contributions..., payé la rançon d'un grand nombre d’Atheniens prisonniers » durant la guerre du Péloponnese (ib. $ 20).
Sous
le régime
des Trente, en 404, à une époque
oü les finances
publiques
exigeaient un apport d'argent frais, Polémarque et Lysias furent inscrits sur une
P 213
POLEMARQUE
1187
liste de dix meteques (oü figuraient deux pauvres pour sauver les apparences, Lysias XII 7), jugés «hostiles à la constitution» (ib. ὃ 6). Si Lysias parvint à échapper à Pison venu l'arrêter et à se sauver à Mégare (ib. 88 8-17), Polémarque fut appréhendé en pleine rue par Eratosthene, conduit en prison et forcé à boire la cigué (ib. $8 16-17). Les biens des deux fréres furent confisqués. Ils étaient impressionnants. Lysias disposait chez lui au moment de son arrestation de trois talents d'argent, 400 cyzicénes, 100 dariques, 4 coupes d'argent (ib. 11). Les deux frères avaient trois maisons (ib. ὃ 18), en plus de leur fabrique de boucliers et de
son personnel de 120 esclaves. On saisit 700 boucliers, de l'argent et de l'or en quantité, du cuivre, des bijoux, des meubles et des vétements de femme (ib. $ 19).
Apres la chute des Trente, en 403°, Lysias poursuivit en justice Eratosthene et prononga contre lui un discours qui est conservé (XII). Plutarque, De esu carnium lI 4, 998 b (voir aussi De soll. an. 2, 959 d, où le nom de Polémarque n'est pas mentionné), rappelle comment les Trente avaient exécuté pour commencer les pires des sycophantes avant de s'attaquer aux hommes de bien comme Nicératos, le fils de Nicias (comp. Xénophon, Helléniques II 3, 39), le général Théramène (ib. II 3, 56, initialement du groupe des Trente) et « le philosophe Polémarque ». Helmbold (ed. Loeb, t. XII, p. 573, n. b) voit dans ce titre de philosophe une interpolation. Les penchants philosophiques de Polémarque sont cependant confirmés par Platon et Plutarque pouvait se satisfaire de ce témoignage. Dans le Phedre 257 b tout d'abord, on voit Socrate déclarer à Phédre à propos de Lysias: « Tourne-le vers la philosophie, comme s'est tourné vers elle son frére Polémarque ». Quant à la République, c'est dans la maison de Polémarque au Pirée qu'elle commence (République 328 b). En y arrivant, Socrate y trouve Céphalos, le pére de Polémarque, alors parvenu à un áge trés avancé, les deux frères plus jeunes de Polémarque, Lysias et Euthydéme, qui ne prendront pas la parole, ainsi que Nicératos, le fils de Nicias, qui sera également mis à mort par les Trente. Aprés un premier échange entre Socrate et Céphalos, c'est Polémarque, l'héritier, qui prend la relève de son père et doit affronter les interrogations de Socrate sur la nature de la justice, avant que Thrasymaque ne vienne défendre un troisième point de vue. La situation dramatique du dialogue a reçu des dates fort différentes (voir W.K.C. Guthrie, A History of Greek Philosophy, vol. IV, Cambridge
1975, p. 437-438), mais doit se situer logiquement
avant la mort de
Céphalos et avant l'émigration de ses fils à Thourioi, donc avant 429°. Si cette datation est juste et si Platon avait quelque raison de situer la rencontre chez Polémarque vers cette date, il faut en conclure que Polémarque est né au plus tard vers 450°, selon D. Nails, «probably in Syracuse » (p. 251) ou «almost certainly in Syracuse » (p. 84). Cf. L. Hoelscher, De vita et scriptis Lysiae oratoris, Berlin 1837, 228 p. notamment p. 10 et 24. Th. Lenschau, art. «Polemarchos» 1, RE XXI, 1951, col. 1255-1256.
Voir aussi L. Gernet et M. Bizos (édit.), Introduction
[due à L.
Gernet] à leur édition des Discours de Lysias, CUF, Paris 1924, t. I, p. 1-7, ainsi que la notice du Discours XII (Contre Eratosthene), p. 155-159 [due à M. Bizos];
1188 M. Bizos (Edit.), Lvsias,
POLEMARQUE Quatre discours
[dont le Contre
P 213 Ératosthéne], Édition,
introduction et commentaire de M.B., coll. « Erasme » 12. Paris 1967, p. 1-8. Cf. D. Nails, The People of Plato p. 84-85 (Cephalus II of Syracuse) ; 251 (Polemarchus of Thurii, son of Cephalus II). Voir également dans l'Appendix I les pages sur la datation du dialogue de la République (p. 324-326). RICHARD GOULET.
214
POLÉMARQUE DE CYZIQUE
RE2
IV?
Astronome, disciple (γνώριμος) d'Eudoxe de Cnide (»*E 98) et maître de Callippe de Cyzique (»C 33), connu par deux passages de Simplicius (Simplicius, in De caelo, t. VII, p. 493, 5-8 et p. 505, 21-23 Heiberg) qui remontent à l'Histoire de l'astronomie d'Eudéme de Rhodes (2*E 93), sans doute à travers l'intermédiaire de Sosigéne (II* s. apr. J.-C.). Pour cette tradition, voir, dans un passage à propos
d'Eudoxe: ὡς Εὔδημός TE ἐν τῷ δευτέρῳ τῆς AotpoAoyıxfc ἱστορίας ἀπεμνημόνευσε καὶ Σωσιγένης παρὰ Εὐδήμου τοῦτο λαβών (ibid., p. 488, 19-2] = F 121, p. 67, 5-6 Lasserre). La source immédiate de Simplicius pourrait toutefois étre le commentaire perdu d' Alexandre d’Aphrodise sur le De Caelo (cf. Alex. Aphrod., in Metaph., p. 293 Hayduck). Sur ce commentaire, voir A. Resigno, Alessandro di Afrodisia, Commentario al "De caelo" di Aristotele. Frammenti del primo libro, coll. « Supplementi di Lexis» 26, Amsterdam 2004, 751 p.
Pour les vues de ces savants sur les sphéres homocentriques. on se reportera aux notices d’A. Segonds, «Callippe de Cysique» C 33. DPhA Il, 1994, p. 179-
182. et de J.-P. Schneider, « Eudoxe de Cnide » E 98, DPhA III, 2000, p. 293-303. D'aprés Diogéne Laérce VIII 87, Eudoxe de Cnide enseigna quelque temps à Cyzique (peut-étre entre 380-370), avant de revenir à Athénes en entrainant à sa suite un grand nombre d'éléves. Peut-étre Polémarque était-il de ce nombre, à moins qu'il n'ait succédé à Eudoxe à Cyzique. où il aurait enseigné à Callippe.
Les deux témoignages chez Simplicius sont les suivants: Simplicius, in De caelo, t. VIT, p. 493, 5-8 Heiberg (F 124, p. 68, 6-8 Lasserre): Κάλλιππος δὲ ὁ Κυζικηνὸς Πολεμάρχῳ συσχολάσας τῷ Εὐδόξου γνωρίμῳ μετ᾽ ἐκεῖνον eic Ἀθήνας
ἐλθὼν τῷ Ἀριστοτέλει συγκατεβίω τὰ ὑπὸ τοῦ Εὐδόξου εὑρεθέντα σὺν τῷ Ἀριστοτέλει διορθούμενός τε καὶ προσαναπληρῶν. «Callippe de Cyzique aprés avoir étudié avec Polémarque, le disciple d'Eudoxe, vint ensuite à Athènes, où il vécut avec Aristote, corrigcant et complétant avec Aristote les découvertes faites par Eudoxe ».
Ibid., p. 505, 21-23 Heiberg : Πολέμαρχος γὰρ ὁ Κυζικηνὸς γνωρίζων μὲν αὐτὴν φαίνεται. ὀλιγωρῶν δὲ ὡς οὐκ αἰσθητῆς οὔσης διὰ τὸ ἀγαπᾶν μᾶλλον τὴν περὶ αὐτὸ τὸ μέσον ἐν τῷ παντὶ τῶν σφαιρῶν αὐτῶν θέσιν. «Car Polémarque de Cyzique a manifestement connu ce fait (les distances variables des planétes). mais en avoir fait peu de cas comme n'étant pas perceptihle, du fait qu'il préférait que la position des sphéres elles-mémes dans l'univers soit autour du centre méme (théorie des sphères homocentriques d' Aristote) ».
Cf. A. Rehm, art. « Polemarchos aus Kyzikos » 2, RE XXI 1, 1951, col. 12561258 ; F. Lasserre (édit.). Die Fragmente des Eudoxos von Knidos, herausgegeben, übersetz und kommentert von F.L., coll. « Texte und Kommentare» 4, Berlin
P 216
POLEMIUS
1966 ; Simplicius, On Aristotle's On the Heavens” Mueller, coll. ACA, Ithaca N.Y., 2005, X-189 p.
1189 2.10-14. Translated
by Ian
RICHARD GOULET.
215
POLÉMARCHOS DE TARENTE Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le catalogue de Jamblique (V. pyth. 36, 267, p. 144, 12 Deubner = 1 DK 58 A, t. I, p. 446, 24), qui semble remonter à Aristoxéne de Tarente. Il est répertorié dans 2 W. Pape et G. Benseler, Wörterbuch der griechischen Eigennamen, t.Il, p. 1218 (6), ainsi que dans le 3 LGPN, t. III A, p. 366, où Fraser-Matthews proposent (sans fondement) une datation trop haute, au VI siècle av. J.-Chr. Un Polémarchos figure aussi dans une liste comportant une quarantaine de noms, masculins et féminins, inscrits sur deux feuilles de plomb recueillies dans une tombe
tarentine et datant des IV*-III* siècles (4 /G XIV,
668, col. I, 1). Il
pourrait s'agir de la méme personne. Outre Polémarchos, plusieurs autres des noms inscrits sur les lamelles de plomb, et qui « doivent désigner les membres d'un cénacle mystique » (5 P. Wuilleumier, Tarente, des origines à la conquéte romaine, coll. BEFAR 148, Paris 1939 [réimpr. 1968], p. 548), se retrouvent dans le catalogue des pythagoriciens de Jamblique. Plus exactement, les deux listes se recoupent avec certitude pour les quatre noms suivants: Eurytos (&*E 150), Polémarchos, Xénocadès et Zópyros. Mais étant donné la fréquence avec laquelle on rencontre sur les documents épigraphiques des fautes d'orthographe ou de transcription, ainsi que des variantes onomastiques et/ou graphiques, l'Aristacos des lamelles de plomb (II 18) pourrait trés bien correspondre à Aristaios (#*A 341) ou Aristéas (»*A 346), Botyros (II 16) à Bouthèros (#+B 58). Bot[...] (II 2) à Bouthos (»*B 59), Damotélés (T 19) à Damotagès (»D 610), Histiaios (II 4 et 17) à Hestiaios (Ρ 112), Melf[...] (II 3) à Mélissos (**M 97), Tyricha (II 15) à Timycha. Et peut-être Callicratès (II 7) serait
identique au père de la pythagoricienne Phintys (»*P 170), "Zópyra [fille de ?] Machan" (1 13) la femme ou la sœur de Zópyros, et Histiaia (I 14) la fille, la sœur ou la femme de Histiaios/ Hestiaios, comme il arrive souvent pour les femmes pythagoriciennes du catalogue de Jamblique (qui sont quasi systématiquement filles, sceurs ou épouses de pythagoriciens). Notons que tous les noms des pythagoriciens ci-dessus à l'exception de deux proviennent des trois plus grands centres pythagoriciens de l' [talie du Sud (Tarente, Métaponte et Crotone), ce qui rend les rapprochements que nous suggérons encore plus plausibles, et la tombe de Tarente, probablement, le lieu d'ensevelissement des membres d'une communauté pythagoricienne. Sur la forme du nom de Polémarchos, cf. 6 Fr. Bechtel, Die historischen Personennamen, p. 374. CONSTANTINOS
216
POLÉMIUS RE 5 PLRE II:
MACRIS.
fl.MV
Philosophe, ami (« frater amantissime ») de Sidoine Apollinaire. Il épousa avant 460 Aranéola (RE: PLRE 11:), fille de Magnus de Narbonne (»»Μ 13), consul honoraire en 460, et sœur de Magnus Felix (RE M 21; PLRE II:)
et de Probus (»*P 285), ancien condisciple de Sidoine chez le philosophe Eusébius (»E 152), à Arles vers 450. L'Épithalame de ce mariage, prononcé par Sidoine, est conservé (Carm. XV), ainsi que sa praefatio et sa dédicace à Polémius (Carm. XIV). C'est une piece
1190
POLEMIUS
P214
remarquable de 201 vers «fescennins» (Carm. XIV 4), fourmillante d'allusions mythologiques, dont l'originalité, justifiée dans la lettre-dédicatoire, est d'introduire une longue doxographie philosophique (Carm. XV
termes techniques. et méme essentia (Carm. XV Cicéron (Carm.
Sages,
36-125) oü figurent des
102), « néologisme » emprunté à
XIV. ὃ 4). Sidoine énumére et caractérise successivement
Pythagore,
auquel
il prête
quelques
doctrines
les Sept
cosmologiques,
Thalès,
Anaximandre et Anaximène, Anaxagore. Arcésilas (promu atomiste présocratique, peut-être par confusion avec Archélaos [οὐ Augustin, C.D. VIII 2] (les manuscrits ont Archesilas ou Archesilaus), puis Socrate, Platon, à qui l’on attribue une hiérarchie (néoplatonicienne) des êtres en six degrés. Chrysippe et Zenon, enfin les
cyniques et les épicuriens. Sur cette doxographie et d’autres listes semblables dans l'œuvre
de
Sidoine,
voir
P.
Courcelle,
Les
lettres
grecques
en
Occident
de
Macrobe à Cassiodore, Nouvelle édition revue et augmentée, coll. BEFAR 159, Paris, 1948, p. 240-241, qui y voit un emprunt à une traduction latine de la
Συναγωγὴ δογμάτων πάσης αἱρεσέως φιλοσόφου (Souda) de Celsinus [»»Ὸ 65] (voir aussi Courcelle, op. cit., p. 179-181). C'est au platonisme que «le philosophe» (Carm. XIV. 8 1; Epist. IV 14, 2) Polémius semble accorder sa préférence (Carm. XV 118-119 et 191); Sidoine lui
associe par exemple des « Complatonici » (Carm. XIV, ὃ 1). Polémius (Epist.
IV
appartenait à la gens Cornelia qu'avait illustrée l'historien Tacite 14,
1). Comme
orateur
et comme
poete
Polémius
l'emportait,
selon
Sidoine, sur les plus illustres représentants de cette famille (Epist. IV 14, 2). Dans une lettre écrite, selon Loyen, à Clermont en 472, Sidoine se plaint de ce
que son ami Polémius ait négligé de lui écrire depuis sa nomination à la préfecture du prétoire des Gaules, charge qu'il exerga en 471-472. Cf. J. Sundwall, Westrómische Studien, Berlin 1915, p. 119 et 372; A. Loyen, Sidoine
Apollinaire
et l'esprit précieux aux derniers jours de l'Empire,
« Collec-
tion d'études latines - Série scientifique » 20, Paris 1943, p. 14, 63, 84-85 et 98 ; K.F.
Stroheker, Der senatorische Adel im spärantiken
Gallien,
Tübingen
1948,
réimpr. Darmstadt 1970, 140 p., Anhang: Prosopographie zum senatorischen Adel im spátantiken Gallien, p. 205, n? 309 (avec un arbre généalogique de la famille, p. [238] ; F.-M. Kaufmann, Studien zu Sidonius Apollinaris, coll. «Europäische Hochschulschriften. Reihe III, Geschichte und ihre Hilfswissenschaften» 681, Diss.
Leipzig,
Frankfurt
am
Main/Berlin
[1995],
398
p. («Prosopographie
der
Adressaten des Sidonius », p. 275-356) : p. 336-337, n? 86. RICHARD GOULET.
217
POLÉMON D'ATHENES
RE 8a
ca 350 - 270/69
Philosophe académicien, scholarque de l'Ancienne Académie depuis la mort de Xénocrate (314/3) jusqu'à sa propre mort en 270/69. Témoignages
et
fragments.
La
premiere
Edition
des
témoignages
et
des
fragments, si l'on ne tient pas compte de la these inédite de 1 H. Schumacher, Der
P217
POLÉMON D'ATHÈNES
1191
Akademiker Polemon. Kommentierte Sammlung der Testimonien zu Leben und Lehre, Tübingen 1966 (dont la version dactylographiée peut étre consultée au Séminaire de philologie classique de l'Université de Tübingen), a été publiée par 2 M. Gigante, «I frammenti di Polemone academico», RAAN 51, 1976, p. 91-144, également parue sous le titre Polemonis Academici fragmenta, Napoli 1977, 62 p. (la numérotation des fragments de [a présente notice renvoie à cette édition). Des compléments ont été apportés dans 2bis /d., « Polemonea», PP 33, 1978, p. 395 (ajoute Cicéron, Tusc. V 37, 109 après le fr. 75, et Jérôme, Comm. sur Osée 11.2 après le fr. 33). Gigante 2 contient deux Vies de Polémon (tirées de PHerc 1021 et
de Diogene Laërce IV 16-20) ainsi que 138 fragments ou témoignages, répartis en plusieurs sections thématiques couvrant la place de Polémon dans l'histoire de l'Ancienne Académie, sa biographie, sa conversion à la philosophie, son élection à la téte de l'école en remplacement de Xénocrate, son caractére et son mode de vie, ses élèves, ses œuvres et ses doctrines. Un choix de fragments accompagnés d'une traduction allemande et d'un commentaire a été publié par 3 H. Dórrie (édit.), Der Platonismus
in der Antike, t. 1: Die geschichtlichen
Wurzeln
des Platonismus,
Bausteine 1-35, Stuttgart/Bad Cannstatt 1987, p. 96-100. On trouvera une bibliographie détaillée dans l'introduction de Gigante 2. Voir également 4 K. von Fritz, art. «Polemon» 8a, RE XXI 2, 1952, Nachtráge, col. 2524-2529; 5 Ed. Zeller et R. Mondolfo, La filosofia dei Greci nel suo sviluppo
storico,
ed.
M.
Isnardi-Parente,
11/3,
Firenze
1974,
p. 1043-1045;
6 J. Dillon, The Middle Platonists, Cambridge 1975, p. 39-43; 7 H.J. Krämer, «Die Ältere Akademie », dans GGP Antike 3, p. 168-174 ; 8 K. Gaiser, Philodems Academica, Stuttgart/Bad Cannstatt
1988; 9 T. Dorandi
(édit.), Filodemo,
Storia
dei filosofi : Platone e l'Academia, Napoli 1991. Sources anciennes. Les deux sources conservées les plus importantes pour la biographie de Polémon sont l'Histoire de l'Académie de Philodéme (PHerc 1021 et 164) et la Vie de Polémon de Diogène Laérce (livre IV). On trouve également
des éléments biographiques dans la Souda (s.v. Πολέμων) et d'autres détails de sa vie sont signalés dans des sources littéraires, grecques ou latines (voir les fr. 15-33 sur la conversion de Polémon à la philosophie). Les informations biographiques transmises par les deux Vies conservées remontent à plusieurs sources aujourd'hui perdues: la plus grande partie provient des Biographies d'Antigone de Caryste (**A 193), de la Chronique d'Apollodore d'Athénes (»*A 244) et d'un livre attribué à Aristippe (»*A 356), Sur la sensualité des Anciens (Περὶ παλαιᾶς
τρυφῆς), mais qui n'était sans doute pas l’œuvre du philosophe cyrénaïque (sur cette question, voir 10 U. Wilamowitz-Moellendorf, Antigonos von Karystos, Berlin 1881, p. 48-53, et 11 T. Dorandi, «Il Περὶ παλαιᾶς τρυφῆς attribuito a Aristippo nella storia della biografia antica», dans M. Erler et St. Schorn [édit.], Die griechische Biographie in hellenistischer Zeit. Akten des internationalen Kongresses vom 26.-29. Juli 2006 in Würzburg, coll. « Beiträge zur Altertumskunde » 245, Berlin 2007, p. 157-172). Concernant l'utilisation de ces sources par
1192
POLEMON D’ATHENES
P217
Diogène et Philodéme, voir Wilamowitz-Moellendorf notamment p. 502-545, Dorandi 9, p. 92-93.
10. p.48-62,
Gaiser
8,
Quant aux doctrines de Polémon, on les trouve principalement dans le corpus
des œuvres philosophiques de Cicéron, notamment les Academica et le De finibus, que complétent d'importants passages de Plutarque, de Clément d' Alexandrie et de la tradition doxographique. Toutes ces sources remontent, directement ou indirectement, à la tradition académicienne, y compris aux ouvrages perdus de Polémon lui-méme. Chronologie. Polémon est né à Athènes dans le deme d'Oion, vers 350*, date déduite
à la fois de
la date de sa mort
en
270/69
(voir Dorandi
9, p. 53), de
l'époque oü il a succédé à Xénocrate comme scholarque aprés la mort de ce dernier (314/3), de façon moins précise de son âge lorsqu'il se convertit à la philosophie, soit environ trente ans (fr. 44), et enfin de la date de son accession au scholarcat
«dans la 116* Olympiade» Chronique d' Apollodore).
(D.L.
IV
16, date
probablement
empruntée
à la
Famille. Le pére de Polémon. Philostrate (selon Antigone de Caryste, apud D. L. IV 17), était un citoyen athénien de noble origine qui pendant quelque temps dressa des chevaux pour les courses de char. Dans sa jeunesse Polémon mena une vie dissolue ; il était tellement adonné aux plaisirs qu'il gardait toujours sur lui de l'argent au oü coutume
il en aurait besoin
pour
de dissimuler de l'argent dans
satisfaire
ses désirs;
des cachettes
dans
dans
ce but, il avait
la cité (D. L. IV
16).
Avant sa conversion, il fut poursuivi en justice par son épouse pour mauvais traitements (κάκωσις), à cause des rapports qu'il avait avec des jeunes gens des deux sexes (D. L. IV 17, Index Acad. XIII 3 -5; sur les aspects juridiques de ce procès, voir Dorandi 9, p. 53-54).
Polémon à l'Académie. La conversion de Polémon à la philosophie sous l'influence de Xénocrate est racontée par Antigone de Caryste (fr. 15), puis. avec des embellissements, par plusieurs sources tardives, d'Horace à Lucien et aux Pères de l'Église (voir les fr. 16-33). La rencontre avec Xénocrate avait été pour Polémon l'occasion d'une remise en cause profonde de son comportement. Il abandonna son ancien style de vie. cessa de boire et imita Xénocrate: la source biographique mentionne sa gravitas (βάρος) et son attitude en quelque sorte “dorienne” (fr. 102-105). Le Pseudo-Aristippe (apud D. L.1V que Polémon
19 = fr. 42) soutient
devint l'amant de Xénocrate (mais voir Wilamowitz-Moellendorf
10,
p. 48-53, sur le caractére diffamatoire de cet ouvrage, qui ne doit pas étre attribué à
aucun des deux philosophes cyrénaiques de ce nom). Polémon s'entraina à garder
un parfait contróle de son caractére et apparemment méme de son maintien, ne se laissant jamais perturber par aucune circonstance adverse et aucun événement (fr. 107-111). En tant que scholarque, on dit que Polémon resta en dehors de toute vie politi-
que et qu'il ne quittait que rarement le jardin de l'Académie, oü plusieurs de ses éléves assidus construisirent également des huttes pour rester proches de la salle de
P 217
POLEMON D’ATHENES
1193
cours et du temple des Muses (D. L. IV 19). 1] est dit toutefois que son proche disciple Cratés (»*C 205) servit comme ambassadeur d'Athènes et qu'il prononga des discours publics (D. L. IV 23). Disciples. Les sources antiques mentionnent plusieurs éléves de Polémon: ]. Cratés, disciple de prédilection et, selon certains témoignages. amant: il vivait dans la méme maison que Polémon, qu'habitait également Lysiclés, «un de leurs concitoyens » (voir fr. 59-61),
2. Crantor [»*C 195] (fr. 63-70), 3. Arcésilas [®+A 302] (fr. 71-84), 4. Zénon de Citium (fr. 85-91),
5. Télécles de Métaponte (fr. 92), 6. Ariston de Chios [»*A 397] (fr. 93).
D'après la tradition biographique, Polémon était un maître dévoué et charismatique, capable d'attirer de nombreux étudiants brillants.
D'un point de vue philosophique, l'influence exercée par Polémon sur ses éléves a fait l'objet de controverses et d'interprétations diverses. 12 M. Pohlenz, Die Stoa. Geschichte einer geistigen Bewegung, Góttingen
1948-1949, p. 250-251,
a prétendu que Polémon était un penseur sans originalité mis au premier plan par suite d'une construction historiographique d'Antiochus d'Ascalon (»*A 200), qui avait besoin d'une telle figure "dogmatique" à la fin de l'Ancienne Académie pour établir que dans leurs doctrines les stoiciens étaient restés fidéles aux principes originaux de l'école. 13 A. A. Long. «Diogenes Laertius, Life of Arcesilaus», Elenchos 7, 1986, p. 431-449, notamment p. 440-441, a soutenu que Polémon et son cercle « insistaient déjà sur le cóté socratique de Platon par rapport aux tendances systématiques et théoriques de Speusippe et de Xénocrate », préparant ainsi la nouvelle lecture de Platon proposée par Arcésilas. L'idée de Pohlenz 12. p. 171, selon laquelle Polémon aurait emprunté à Zénon un certain nombre des nouvelles idées stoiciennes plutót que d'exercer une influence sur les premiers stoiciens en tant que maitre n'est pas très satisfaisante (cf. von Fritz 4, col. 2529). 14 D. N. Sedley, « The Origins of Stoic God », dans D. Frede et A. Laks (édit.), Traditions in Theology, Leiden 2002, p. 41-83, propose de reconnaitre la doctrine cosmologique de Polémon dans le résumé du consensus ancien concernant les premiers principes qu'on lit chez Cicéron, Acad. I 24-29. La nature de l'influence exercée
par Polémon sur Ariston de Chios (fr. 93, cf Pohlenz 12, p. 122) est problématique. Ecrits. Les sources anciennes attribuent à Polémon un grand nombre d’ouvrages (D. L. IV 20, Souda, s.v. Πολέμων, Cicéron, Acad. II 131 = fr. 94-96 et 125),
suggérant par là des intéréts philosophiques étendus (cf. Krámer 7, p. 154-155), bien qu'on ne dispose d'aucune autre information détaillée quant au nombre de livres ou à leurs titres, si ce n'est une référence donnée par Clément d' Alexandrie, Stromates VII 6, 32, qui pourrait se rapporter à un ouvrage de Polémon en plusieurs livres Sur la vie selon la nature (Πολέμων ἐν τοῖς Περὶ τοῦ κατὰ φύσιν
βίου συντάγμασι, fr. 97).
P217
POLEMON D’ATHENES
1194
Doctrines philosophiques. On sait peu de sophiques de Polémon à l'Académie. Krämer tentation qu'il y aurait à conclure de l'insistance sur le caractère de Polémon qu'il aurait négligé
choses des enseignements philo7, p. 154, met en garde contre la mise par la tradition biographique le curriculum philosophique tradi-
tionnel au profit d'une simple morale pratique. Il soutient qu'il n'y a aucune raison
de supposer que Polémon avait abandonné la division de la philosophie qu avait proposée Xénocrate en logique. physique et éthique. et, avec von Fritz 4, col. 2526, il comprend que la déclaration de Polémon selon laquelle il faut s'exercer non pas
dans les spéculations dialectiques, mais dans les actes (fr. 100-101), ne concerne que les objectifs de l'éthique et non la méthode philosophique dans son ensemble. Il considère comme un signe de l'engagement personnel de Polémon dans la dialectique
le fait que
dans
un fragment
de Chrysippe
Polémon
est mentionné
parmi ceux qui ont enseigné (ἐσπούδασε) la dialectique (fr. 122). Le point de vue rapporté par Aétius 303 b 30 (fr. 121): « Polémon a dit que le monde est Dieu », si on le rapproche de la définition que Polémon proposait de l'amour «comme une aide divine prenant soin de la jeunesse et assurant la conservation» (fr. 113)
suggere
une riche théologie cosmique, plus riche que celle qui se dégage des
fragments conservés (voir aussi sur cette question Sedley 14).
Le plus grand nombre des textes conservés concernent la philosophie morale de Polémon. Le titre ou du moins la description de son ouvrage chez Clément montre que « vivre en accord avec la nature» était son concept éthique fondamental et constituait
probablement
sa définition
de
la fin
morale,
conformément
à ce que
Cicéron rapporte à propos de l'Ancienne Académie (honeste ... vivere fruentem rebus iis, quas primas homini natura conciliet, fr. 125; secundum
naturam
vivere,
id est virtute adhibita frui primis a natura datis, fr. 127, cf. 128-130), et, pace Pohlenz 12, p. 122, en accord avec la tradition académicienne originale établie par Speusippe et Xénocrate (voir déjà 15 E. Zeller, Philosophie der Griechen I 1, p. 1046, Krämer 7, p. 157). Selon Clément, Polémon définissait le bonheur (εὐδαι-
uovía) comme une « auto-suffisance face à tous les biens ou du moins la plupart et les plus grands » (fr. 123). La forme disjonctive de cette définition pourrait étre une anticipation de la doctrine des deux degrés du bonheur enseignée par Antiochus d'Ascalon. Polémon refusait la thèse stoïcienne selon laquelle la vertu suffit au bonheur, mais il devait envisager la possibilité d'un plus haut degré de bonheur lorsque la vertu est associée aux biens extérieurs et à ceux du corps. Notice traduite de l'anglais par Richard Goulet. INNA KUPREEVA.
218
POLÉMON (M. ANTONIUS - RE 10 PIR? A 862
ca 88 - ca 144
Sophiste et physiognomoniste originaire de Laodicée de Phrygie Études d'ensemble. 1 H. Jüttner, De Polemonis Rhetoris Vita, Operibus, Arte,
coll. «Breslauer philologische Abhandlungen» VIII 1, Vratislaviae 1898. 2 W.Stegemann, art. « Antonius Polemon », RE XXI 2. 1952, col. 1320-1357. Ces deux études sont les premiers travaux à envisager dans une perspective globale
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POLEMON
(M. ANTONIUS -)
1195
l'homme et l’œuvre. La dissertation de Jüttner proposait une reconstitution, désor-
mais caduque, de la vie de Polémon, ainsi qu'une analyse des déclamations conservées, qui offrait les bases d'une étude rhétorique, linguistique et stylistique (pour les déclamations, voir Favreau-Linder 4 cité plus bas). L'article de Stegemann reprend la biographie de Polémon, en exploitant la majorité des testimonia sur le sophiste, et demeure précieux notamment pour les références bibliographiques afférentes. Pour une reconstitution chronologique de la vie de Polémon, voir désormais les travaux de Quet 6, Favreau-Linder 4 et Puech 3, cités plus bas. À l'exception des travaux de Jüttner et Stegemann, Polémon demeura pendant longtemps une figure oubliée ; ce n'est que depuis les années 1990 et le renouveau des études sur la Seconde Sophistique, que le sophiste de Laodicée a suscité un regain d'intérét, car c'est une personnalité majeure des Vies des Sophistes de Philostrate. 3 B. Puech, Orateurs et sophistes grecs dans les inscriptions d'époque impériale, coll. « Textes et traditions » 4, Paris 2002, p. 396-406, recense et analyse les sources épigraphiques sur Polémon. Le corpus polémonien (testimonia et ceuvre, à l'exception de la physiognomonie) est réuni, traduit et commenté dans la these encore inédite de 4 A.-M. Favreau-Linder, Polémon de Laodicée. La vie, l'œuvre, la postérité. « Φρόνημα (...) kai vn Δία, σοφίαν » ou l'art détre sophiste au II“ siècle ap. J.-C., Université de Strasbourg, décembre 2003. 5 M.D. Campanile, «La costruzione del sofista. Note sul βίος di Polemone », dans B. Virgilio (édit.), Studi ellenistici, coll. « Studi ellenistici» 12, Pisa 1999, p. 269-
315, met en évidence les stratégies de Philostrate pour faconner un portrait type du sophiste dans les Vies des sophistes. Le róle socio-politique du sophiste est exposé par 6 M.-H. Quet, «Le sophiste M. Antonius Polémon de Laodicée, éminente personnalité politique de l'Asie romaine du II siècle», dans M. CebeillacGervasoni et L. Lamoine (édit.), Les élites et leurs facettes : les élites locales dans le monde hellénistique et romain, Rome 2003, p. 401-443. 7 M.W. Gleason, Making Men. Sophists and Self-presentation in Ancient Rome, Princeton 1995, propose une analyse de la Physiognomonie de Polémon dans la perspective sociohistorique des Gender Studies. 8 S. Swain, « Polemon's Physiognomy », dans S. Swain (édit.), Seeing the Face, Seeing the Soul. Polemon's Physiognomy from Classical Antiquity to Medieval Islam, Oxford 2007, p. 125-201, replace l’œuvre physiognomonique de Polémon tant dans le cadre de la carriére du sophiste que dans le climat moral qui caractérise la société de la Seconde Sophistique, puis donne une présentation détaillée du traité. Sources. Premier état des sources sur Polémon par Stegemann 2; réunion et traduction du corpus complet des testimonia dans Favreau-Linder 4. Sont ici cités les principaux documents. a) littéraires :
La source essentielle est la biographie que lui consacre (1) Philostrate, Vitae Sophistarum 1 25, 530-544. Autres informations dans Philostrate, V.S. 490 ; 519 et 521 ; 524-526 ; 529; 564; 588 ; 595 ; 597,609; 611 ; 6125; 616-617.
1196
POLEMON (M. ANTONIUS -)
P218
Quelques témoignages contemporains ou légérement postérieurs ont également été conservés:
(2)
Ammianos,
Anthologie
Palatine
X
11,
180-181;
Auréle, Ep. Il, 10, p. 29-30 Van den Hout ; (4) Phrynichos. Ecloga
p. 73, p. 84-85, p. 104 Fischer ; (5) Ménandre Russell-Wilson.
(3)
Marc
140, 236, 396,
le rhéteur (386, 29-32) II, 3, p. 110
Les témoignages pour l'Antiquité tardive et la période byzantine sont relativement nombreux ; les suivants apportent des informations relatives à la vie, l’œuvre
ou l'éloquence du sophiste: (6) Jerome, De viris illustribus 117, p. 53 Bernoult ; (7a)
Sopatros,
Rhetores
Proleg.
graeci,
Arist., p. 111
t. VIII, p. 3 Walz;
Lenz;
(7c)
(7b)
Sopatros, Diairesis
Sopatros,
RG,
t. VIII,
zétématón,
p. 142
Walz,
(8) Marcellinos, Schol. P. Staseón, RG, t. IV, p. 120 Walz ; (9) Procope de Gaza,
Ep. 91, p. 48 Garzya-Loenertz ; (10) Souda. s.v. Πολέμων, TI 1889, t. IV, p. 158159 Adler, et s.v. Ἀριστείδης, A 3902, t. I, p. 353 Adler. b) épigraphiques et numismatiques : (11) Inscription de Smyrne enregistrant les priviléges et les dons obtenus de l'empereur Hadrien par l'entremise de Polémon (/K XXIV 1,1987. n? 697, p. 191192 = Puech 3, n? 209, p. 396-398) ; (12) Inscription de Smyrne attestant les tria nomina de Polémon (/K XXIV 1, 1987, n? 676, p. 161 = Puech 3, n? 211, p. 401402); (13) Base de statue de Démosthéne trouvée dans le sanctuaire de l’Asclepieion de Pergame (/vP VIII 3, 1969, n° 33, p. 75 = Puech 3, n? 210, p. 399): (14) Lettre de l'empereur Hadrien aux Pergaméniens donnant son accord concer-
nant une mesure prise à l'égard de Polémon, inscription découverte dans le gymnase des néoi (J.H. Oliver, Greek Constitutions of Early Roman
Emperors from
Inscriptions and Papyri, Philadelphia 1989, n° 59. p. 150-154 = Puech 3, p.401): (15) Monnaies de Smyrne à l'effigie d’Hadrien frappées sous la responsabilité de
Polémon
stratége, et monnaies
de Smyrne
à l'effigie de Sabine et d'Antinoos
financées par Polémon (9. D.O.A. Klose, Die Münzprägung Römischen Kaiserzeit, Berlin 1987, p. 248-254, Tafel 34-37).
von Smyrna
in der
c) archéologiques : Un portrait de Polémon pourrait avoir été conservé. si l'on admet la proposition de 10 A. Hekler, « Philosophen und Gelehrtenbildnisse der mittleren Kaiserzeit», Antike Zeitschrift für Kunst und Kultur des klassischen Altertums 16, 1940, p. 115-
141, qui suggère de reconnaître le sophiste de Laodicée dans un buste d'intellectuel grec sans base inscrite, aujourd'hui conservé au musée national archéologique d'Athènes (n? 427). Daté de l'époque d'Hadrien, ce buste fut découvert dans
l'enceinte de l'Olympieion d'Athénes. L'identification, toutefois, ne peut étre établie avec certitude, comme le souligne 11 P. Zanker. Die Maske des Sokrates. Das Bild des Intellektuellen in der antiken Kunst, München
1995, p. 232-233 ; voir
également 12 C. Danguillier, Typologische Untersuchungen zur Dichter- und Denkerikonographie in rómischen Darstellungen von der mittleren Kaiserzeit bis
in die Spátantike, Oxford 2001, p. 126-128.
P218
POLEMON
Datation.
Les
dates
de
(M. ANTONIUS -)
Pol&mon
ne
sont
pas
1197
connues
avec
certitude.
Philostrate (V.S. 543) précise que Polémon est décédé à l'entour de sa cinquantesixième année. La lettre de Marc quem. Par ailleurs, Polémon
Aurèle datée de
142 fournit un terminus post-
aurait dû mener une ambassade devant Antonin, mais
il est mort avant de l'entreprendre (V.S. 539). La date de cette ambassade procure-
rait un terminus ante quem ; malheureusement elle ne peut être établie de manière süre. L'affaire que Polémon devait défendre devant le tribunal impérial portait sur une querelle que Smyrne avait engagée à l'endroit de ses temples. Philostrate
rapporte que le discours de Polémon, porté à la connaissance de l'empereur, suffit à gagner la victoire à Smyrne. Cette ambassade a été mise en relation avec une lettre d'Antonin à Éphese (/K XV 5, 1980, n? 1489), réglant un différend avec Smyrne, laquelle avait omis les titres d'Éphese dans sa correspondance avec cette derniére. La lettre impériale peut étre datée de la période 140-144 (troisiéme consulat d'Antonin). Toutefois, les avis sont partagés sur la chronologie des deux affaires et sur la nature de la faveur gagnée par le discours de Polémon. Les historiens débattent pour savoir si Antonin accorda à Smyrne le titre de « première » (hypothèse formulée notamment par 13 U. Kampmann, « Homonoia Politics in Asia Minor: The Example of Pergamon », dans H. Koester [édit.], Pergamon, Citadel of the Gods. Harrisburg 1998, p. 378) ou bien si l'empereur confirma le statut privilégié de ses temples (14 B. Burrell, Neokoroi. Greek Cities and Roman Emperors, Leiden/Boston 2004, p. 47 ; 15. A. Heller, "Les bétises des Grecs". Conflits et rivalités entre
cités d'Asie
et de
Bithynie
à l'époque
romaine
(129
a. C.-235
p. C.),
Bordeaux
2006,
p. 192-194 et p. 334-335).
Les années 143-145 sont une fourchette chronologique probable pour le décés de Polémon. La majorité des savants adopte la date de 144 (Stegemann 2, col. 1338 ; Puech 3, p. 396), ce qui implique une naissance en 88. Biographie. Originaire de Laodicée du Lycos (V.S. 530: Souda, s.v. TIoA&μων). Polémon appartenait à une famille prestigieuse qui avait noué des relations privilégiées avec les Romains depuis l'époque républicaine. L'ancétre commun, l'orateur Zénon de Laodicée, s'était distingué en incitant ses compatriotes à résister aux Parthes menés par Labienus en 40 av. J.-C. (Strabon XII 8, 16 et XIV 2, 24).
Marc Antoine l'avait récompensé en octroyant à la famille la citoyenneté romaine (16 J.-L. Ferrary, « Les Grecs des cités et l'obtention de la civitas Romana », dans
P. Fróhlich et C. Müller [édit.], Citoyenneté et participation à la basse époque hellénistique, Genève 2005, p. 60 note 32) et en plaçant son fils Polémon sur le tróne du royaume du Pont. Sur l'identité controversée des différents Polémon au [εἰ siècle de l'Empire, voir 17 A. Barrett, « Polemo II of Pontus and M. Antonius Polemo », Historia 27, 1978, p. 437-448. Pour un arbre généalogique de la famille du sophiste, cf. Puech 3, p. 527-530, et 18 C. Settipani, Continuilé gentilice et continuité familiale dans les familles sénatoriales romaines à l'époque impériale. Mythe et réalité, Oxford 2000, Addenda 1-11. 2002, p. 111-113.
Les tria nomina du sophiste sont donc hérités de ce glorieux passé familial: Marcus Antonius Polemo (Ammianos 181 ; /K XXIV 1, n? 676). Polémon, tout en conservant de nombreuses attaches à Laodicée, mena sa carriére de sophiste à Smyrne, oü il jouissait également de la citoyenneté. À l'instar de Dion de Pruse (»*D 166) dont il suivit les leçons en Bithynie (V.S. 539), Polémon fut un orateur
1198
POLÉMON (M. ANTONIUS -)
P218
engagé dans la vie civique de Smyrne. Il exerga la magistrature de stratége (Klose
9), joua un róle actif de conseiller de la vie politique et exhorta ses concitoyens à la concorde (V.S. 531). Attentif à préserver l'autonomie de Smyrne, il fut également juge des causes civiles (V.S. 532), fonction dans laquelle il n'aurait pas toujours fait preuve d'une intégrité parfaite, si l'on en croit les accusations de vénalité d'Ammianos,
cf. 19 G. Nisbet, Greek Epigram
in the Roman
Empire.
Martial's
Forgotten Rivals, Oxford 2003. p. 134-164. Évergéte de sa cité, Polémon participa au lustre de Smyrne en assurant l'agonothésie à vie des Hadrianeia Olympia et la prétrise de Dionysos (V.S. 530-531). Polémon fut également l'ambassadeur des intérêts de Smyrne auprès des empereurs Trajan, Hadrien et Antonin (V.S. 531). Il œuvra à promouvoir Smyrne dans la rivalité qui l'opposait aux deux autres grandes cités d'Asie, Éphése et Pergame ; sur ces rivalités, voir à présent Heller 15, p. 210-
236. Ainsi, il obtint d'Hadrien en 124, le droit d'élever un nouveau temple du culte impérial (une deuxième néocorie), la fondation du concours sacré des Hadrianeia Olympia (IK XXIV 1, n? 697), ainsi qu'une forte somme d'argent (V.S. 531 ; IK XXIV 1, n? 697) ; pour une discussion des témoignages, cf. Puech 3, p. 399 n. I, et Quet 6, p. 417-421. Polémon avait accompagné Hadrien au cours du voyage de
123-124 en Asie (Physiognomonie, version arabe Hoyland 34, p. 361-363). L’itineraire est discuté, car les restitutions des toponymes transmis en arabe demeurent conjecturales, voir 20 G. Bowersock, Greek Sophists in the Roman Empire, Oxford 1969, Appendix II, p. 120-123, et la révision proposée par Swain 8, p. 162-166. Le sophiste noua des relations privilégiées avec l'empereur qui jamais ne lui retira sa faveur, à l'inverse de son rival Favorinos d'Arles (V.S. 490 : Dion Cassius LXIX
3). Ce dernier fut en effet condamné à la relégation (**F 10, et voir également la mise au point de 21 E. Amato, Favorinos d'Arles. CEuvres, t. I, CUF, Paris 2005, p. 19-29). Hadrien confirma le privilège de la libera legatio que Polémon avait obtenue de Trajan et l'étendit à ses descendants ; il l'inscrivit en outre au Musée d'Alexandrie et l'enrichit (V.S. 532-533). Il le choisit également comme
orateur
pour le discours d'inauguration de l'Olvmpieion d'Athènes en 132 (V.S. 534). édifice symbolique de la refondation d'Athénes par Hadrien. L'événement avait aussi une portée religieuse, car il associait le culte impérial au culte de Zeus Olympios, et une dimension panhellénique, car il serait lié à la création contemporaine du Panhellenion. 22 1. Romeo, « The Panhellenion and Ethnic Identity in Hadrianic Greece », CPh 97, 2002, p. 21-40, voit en Polémon un des penseurs de l'idéologie ethnique du Panhellenion. Polémon témoigna de sa loyauté envers la famille impériale en finangant des émissions monétaires (Klose 9, p. 248-254) à l'effigie d'Hadrien, Sabine et Antinoos ἥρως (à dater de 134/135 pour ces dernieres, voir
23 G. Blum, « Numismatique d'Antinoos », ΑΝ 16, 1914, p. 68-69). L'arrogance du sophiste, que Philostrate se plait à souligner, l'aurait conduit à chasser de sa maison en pleine nuit le futur empereur Antonin lors du proconsulat de ce dernier en Asie en 135/136 (V.S. 534). Toutefois, en dépit de ce scandale où Polémon n'avait pas nécessairement tous les torts (cf. Campanile 5, p. 298-301), le sophiste demeura en gráce à la cour impériale. Le dernier témoignage à son sujet est l'avis
P218
POLÉMON (M. ANTONIUS -)
1199
mitigé exprimé par le jeune Marc Aurèle (Ep. II 10) qui l'entendit déclamer à Naples en 142. Polémon mourut probablement dans les quelques années qui suivirent, car Philostrate rapporte le succés post-mortem que rencontra son discours d'ambassade auprés d' Antonin (V.S. 539-540).
La tradition rhétorique familiale se poursuivit aprés Polémon, avec son fils Attalos (V.S. 609 et monnaies de Smyrne attestant son titre de sophiste, cf. Klose 9,
p. 328-331)
et
son
arrière-petit-fils
Hermocratés
de
Phocée
(V.S.
609-612),
cf. Puech 3, p. 297-307. Maîtres et élèves. Élève du sophiste Scopélien de Clazomènes Polémon a subi l'influence du style asianiste de son maitre, mais son propre style est à la fois plus vigoureux et plus maîtrisé, cf. 24 A.-M. Favreau-Linder, « Polémon de Laodicée : l'énigme d'un style » dans D. Abbamonte,
F. Conti Bizzarro et L. Spina (édit.),
L'ultima parola. L'analisi dei testi : teorie e pratiche nell'antichità greca e latina (Atti del terzo Colloquio italo-francese), Napoli 2004, p. 105-121. Le sophiste affichait avec fierté la supériorité de son éloquence comme en témoigne la statue qu'il consacra à Démosthéne, son inspirateur, dans l'Asclépieion de Pergame (Phrynichos 396 ; /vP VIII 3, n? 33). L'art oratoire et le talent d'improvisation de Polémon étaient célèbres dans l'Antiquité (V.S. 611 et 616-617 ; Marc Aurèle, Ep.
II 10; Phrynichos 396; Procope de Gaza, Ep. 91) et sa renommée perdura à l'époque byzantine, où il fut inclus dans un canon d’orateurs de la Seconde Sophistique, cf. 25 C. Jouanno, «Les Byzantins et la Seconde Sophistique : étude sur Michel Psellos », REG
122, 2009, p. 113-144. Polémon, à l'instar des lettrés de
son temps, pratiquait un atticisme linguistique tempéré (Phrynichos ; Procope de Gaza, Ep. 91).
Polémon enseignait la rhétorique
à Smyrne (V.S. 531). On a peu d'information
sur ses étudiants: Philostrate mentionne Évodianos de Smyrne (V.S. 597) et Hérode Atticus, déjà lui-même professeur (V.S. 539). /Elius Aristide (**A 349)
suivit également ses leçons (Sopatros, Proleg. Arist., p. 111 ; Souda, s.v. Apıoteiônç). Polémon exerga une influence stylistique sur les sophistes Hadrien de Tyr (V.S. 588), Ptolémée de Naucratis (V.S. 595), Hippodromos de Thessalie (V.S. 616) ainsi que sur l'orateur chrétien Grégoire de Nazianze (Jéróme, De viris illustribus
117) ; pour ce demier, cf. 26 C. Castelli, « L'esemplarità retorica di Gregorio di Nazianzo: spunti per una riflessione », dans E. Amato (édit.), Approches de la Troisième Sophistique (Hommages à Jacques Schamp), coll. «Latomus » 296, Bruxelles 2006, p. 63-79. (Euvre.
Œuvre rhétorique. Seules deux déclamations sont conservées de l’œuvre rhétorique de Polémon. Elles ont pour sujet la dispute entre les pères de deux guerriers morts à Marathon, Cynégire et Callimaque. Les pères revendiquent chacun l’honneur de prononcer l’oraison funèbre, privilège accordé au père du soldat mort de la manière la plus héroïque.
1200
POLÉMON (M. ANTONIUS -)
P218
Le titre d'ensemble Εἰς KaAA(uayov xai Kuvaiyeipov («En l'honneur de Callimaque et Cynégire») apparait en tête de la premiere déclamation (Pour Cynégire). Certains manuscrits le font précéder du terme ἐπιτάφιος (« oraison funébre »). Ce titre ne correspond pas au genre rhétorique des deux discours qui sont des déclamations judiciaires ; le caractère judiciaire réapparaît dans la mention Εἰς τὸ Évavriov (« Pour le parti adverse ») liminaire à la deuxième déclamation. 1]
est peu probable que ces titres aient été donnés par Polémon. Éditions.
27
H. Hinck
(édit.), Polemonis
Declamationes
quae
extant duae.
Accedunt excerpta e Callinici Hadriani Jamblichi Diodori libris, et Isaaci Porphyrogeneti scripta recensuit H. H., coll. BT, Leipzig 1873. Les déclamations ont été éditées sur nouveaux frais et traduites en anglais par 28 W. W. Reader (édit.), The Severed Hand and the Upright Corpse : The Declamations of Marcus Antonius Polemo, by W.W.R. in collaboration with A. 1. Chvala-Smith, coll. «Society of Biblical Literature : Texts and Translations 42, Graeco-Roman
1996.
L'édition
francaise du au II* siècle AAEEG 16, francais par
de Hinck
Pour Cynégire de notre ère et Paris 1882, p. Favreau-Linder
Autres déclamations.
demeure
néanmoins
toujours
Series
valable.
12 », Atlanta
Une
traduction
a été publiée par 29 E. J. Bourquin, « Sur les Sophistes sur les deux déclamations de Polémon de Laodicée », 160-190. Les deux discours sont également traduits en 4. Les déclamations
Pour
n'offrent qu'un échantillon de la large production mais perdue. Onze sujets de déclamation sont par par Philostrate et deux par Sopatros. Une majorité personnages fameux du passé grec, avec une
Cvnégire
et Pour
Callimaque
rhétorique de Polémon, désorailleurs connus, neuf transmis d'entre eux met en scène des prédilection pour le róle de
Démosthène. (1) Δημοσθένης ἐξομνύμενος ταλάντων πεντήχοντα δωροδοκίαν, ἣν ἦγεν ἐπ᾽ αὐτὸν Δημάδης. ὡς Ἀλεξάνδρου τοῦτο Ἀθηναίοις ἐκ τῶν Δαρείου λογισμῶν ἐπεσταλκότος. « Démosthène nie par serment avoir été corrompu par un don de cinquante talents, accusation que Démade a intentée contre lui, en prétendant qu'Alexandre avait envoyé aux Athéniens cette information tirée des comptes de Darius » (V.S. 538).
(2) ὁ μετὰ Χαιρώνειαν προσαγγέλων ἑαυτὸν, « Démosthène aprés Chéronée se dénonce lui-même » (V.S. 542).
(3) 6 δοκῶν θανάτου ἑαυτῷ τιμᾶσθαι ἐπὶ τοῖς Ἁρπαλείοις. condamner à mort à propos de l'affaire d'Harpale » (V.S. 542).
« Demosthene
feint de se
(4) ὁ ξυμβουλεύων ἐπὶ τῶν τριήρων φεύγειν ἐπιόντος μὲν Φιλίππου. νόμον δὲ Αἰσχίνου χεχυρωχότος ἀποθνήσκειν τὸν πολέμου μνημονεύσαντα, « Demosthene conseille de prendre la fuite sur les trieres quand Philippe attaque, tandis qu'Eschine a fait proclamer une loi prescrivant que périsse celui qui aura rappelé le souvenir de la guerre » (V.S. 542).
(5) ὁ Ξενοφῶν ὁ ἀξιῶν ἀποθνήσκειν ἐπὶ Σωκράτει. « Xénophon qui demande à périr aprés Socrate » (V.S. 542).
(6) ὁ Σόλων ὁ αἰτῶν ἀπαλείφειν τοὺς νόμους λαβόντος τὴν φρουρὰν τοῦ Πεισιστράτου. « Solon qui demande qu'on efface les lois, puisque Pisistrate a recu une garde » (V.S. 542).
(7) ἐν τῷ Ἀλκιβιάδῃ τῷ κρινομένῳ ἐπὶ τοῖς ἐκπώμασιν, « dans l' Alcibiade jugé à cause des coupes » (pour avoir fait représenter sur ses coupes le désastre de Sicile) (Sopatros VIII. p. 142).
(8) ὁ μὲν γὰρ Κέφαλος. « Céphalos » (Sopatros VIII, p. 3).
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POLÉMON (M. ANTONIUS -)
1201
(9) ἡ δὲ ἐφεξῆς τὰ τρόπαια κατέλυε τὰ Ἑλληνικὰ τοῦ TleAorrovvnoiov πολέμου διαλλαγὰς ἥκοντος, «Le sujet suivant renversait les trophées grecs puisque la guerre
ἐς du
Péloponnése s'est terminée sur un accord de paix » (V.S. 538).
(10) ἡ δὲ τρίτη τῶν ὑποθέσεων τοὺς ᾿Αθηναίους μετὰ Αἰγὸς ποταμοὺς ἐς τοὺς δήμους ἀνεσχκευάζεν, «Le troisième sujet conseillait aux Athéniens, aprés Aigos-Potamos, de rentrer dans les démes » (V.S. 538).
(11) $ τε μοιχὸς ὁ ἐγκεκαλυμμένος. « L'adultére voilé » (V.S. 542), theme stéréotypé qui oppose un fils à son père soupçonné d'adultére avec sa belle-fille. Il s'agit du seul sujet éthique.
Six sujets relèvent de la catégorie des causes figurées, où l'intention réelle de l'orateur est déguisée (n? 2, 3, 4, 5, 6, 11). Ces déclamations furent à l'occasion
précédées de prolalies (V.S. 529, 535, 537). Polémon composa peut-étre également un traité de rhétorique, car Marcellinos lui attribue des réflexions théoriques.
L'activité oratoire de Polémon se déployait également dans le champ civique : à l'assemblée
(discours
d'exhortation
à la concorde,
V.S. 531), au tribunal
(plai-
doyers pour des clients privés, V.S. 524), devant l'empereur (discours d'ambassades, V.S. 531), et lors des occasions officielles et festives: discours d'arrivée (Ménandre le rhéteur, p. 386, 29-32 Russell-Wilson), discours d'inauguration de l'Olympieion (V.S. 534).
Autres ouvrages. Histoires. Phrynichos (glose 236) atteste que Polémon avait composé un ouvrage intitulé Ἱστορίαι, dont le sujet demeure inconnu. Le terme peut en effet désigner une ceuvre à proprement parler historique ou encore un recueil d'anecdotes dans la veine des Histoires variées d'Élien. Pour cette hypothèse, voir 30 M. D. Campanile « Eliano e la sua Varia Historia », dans E. Amato (édit.), Approches de la Troisième Sophistique Bruxelles 2006, p. 423.
(Hommages
à
J.
Schamp),
coll.
«Latomus»
296,
Polémon entretenait une correspondance, dont au moins les lettres destinées à Hérode Atticus étaient encore accessibles à l'époque de Philostrate (V.S. 543). Physiognomonie. Enfin, le sophiste polygraphe est également l'auteur d'un traité de physiognomonie dont l'original grec est perdu, mais qui a été transmis sous différentes formes: un épitomè grec du IV* siècle rédigé par Adamantios (**A 17), une traduction en syriaque dont seuls quelques fragments sont conservés, une traduction en arabe. Cette version arabe est particuliérement précieuse pour la connaissance de la Physiognomonie de Polémon, car, plus compléte, elle a conservé les exemples donnés par le sophiste qui décrivent des contemporains anonymes. Enfin, le traité de Physiognomonie de l' Anonyme latin (IV* siécle) emprunte une partie de son matériel à Polémon. L'ensemble des textes transmettant la Physiognomonie de Polémon a d'abord été édité dans la collection des Scriptores Physiognomonici de R. Förster, le dossier a été réédité et traduit en anglais sous la direction de S. Swain en 2007. 31 R. Förster, Scriptores Physiognomonici graeci et latini recensuit R. F., t. 1, coll. BT, Leipzig 1893. 32 G. Hoffmann (édit.), Polemonis De Physiognomonia liber, arabice et latine edidit G. H., dans Förster 31, p. 93-293.
1202
POLÉMON (M. ANTONIUS -)
P 218
33 S. Swain, Seeing the Face, Seeing the Soul. Polemon's Physiognomy from Classical Antiquity to Medieval Islam, Oxford 2007. Le manuscrit (Leiden Or. 198, daté de 1356) offre la version la plus compléte de la traduction arabe du traité
de Polémon. Il a été réédité et traduit en anglais par 34 R. Hoyland (édit.), « A New Edition
and Translation
of the Leiden
Polemon », dans Swain
33, p. 329-463.
Un
autre manuscrit (Topkapi Sarayı Ahmet III 3245) est fondé sur la traduction arabe du traité de Polémon, mais aprés remaniement pour l'adapter au contexte culturel musulman, cf. 35 A. Ghersetti (édit.), «The Istanbul Polemon (TK Recension) :
Edition and Translation of the Introduction », dans Swain 33, p. 465-485. La paraphrase d'Adamantios est traduite en anglais par 36 1. Repath, «The Physiognomony of Adamantius the Sophist », dans Swain 33, p. 487-547. Le texte grec est repris à l'édition de Förster, sauf sur quelques points où Repath a préféré conserver la leçon des manuscrits plutôt que la correction de Förster.
37 M. Zonta, Fonti greche e orientali dell'Economia di Bar-Hebraeus nell'opera «la crema della Scienza ». Napoli 1992, propose une traduction italienne de quelques extraits de la Physiognomonie de Polémon repris dans l'ouvrage en syriaque de Bar-Hebraeus. Polémon et la philosophie. a) Formation
philosophique. Polémon, parallélement à sa formation rhéto-
rique, suivit quatre années durant l'enseignement du philosophe stoicien Timocrate d'Héraclée (V.S. 535). Timocrate, aprés des études de médecine, avait été le
disciple du stoïcien Euphratès (»*E 132), adversaire d'Apollonios de Tyane (»A 284). Polémon admirait particulièrement la verve fougueuse du philosophe, qu'il revendiquait comme « pére de sa propre éloquence », “πατὴρ τῆς ἑαυτοῦ γλώττης"
(V.S. 536). Ce sont d'ailleurs les qualités et le caractére de l'homme
plutót que son enseignement philosophique qui, selon le témoignage de Philostrate, marquerent Polémon. Le sophiste aurait emprunté à Timocrate non seulement sa puissance verbale. mais encore son arrogance et sa véhémence. Le caractére fier et ombrageux de Timocrate, tout comme l'action oratoire emportée et violente, ne sont guére conformes à la maitrise de soi et à la sobriété stylistique préconisées par le stoicisme. Polémon
revendiquait également pour maître Dion
de Pruse (**D
166) qu'il
avait fréquenté lors d'un voyage en Bithynie. Dion était à la fois un orateur réputé et un philosophe marqué par le cynisme et le stoicisme. Timocrate et Dion étaient renommés pour leur faconde et leur philosophie pratique plutót que pour leurs spéculations théoriques. De ces deux maîtres, Polémon tira bénéfice sans doute plus pour son art oratoire — aussi bien la pratique oratoire que la conception d'un
idéal d'orateur — que pour la réflexion philosophique. Il serait néanmoins hardi, au vu du peu de discours conservés, de parler d'une "rhétorique philosophante", comme Aristide a pu en défendre le concept, hérité d’Isocrate (**I 38), dans ses discours platoniciens (**A 349). L'intérét de Timocrate pour la médecine et la
physique ainsi que la familiarité de Dion avec les observations physiognomoniques (cf. 38 C. Bost-Pouderon, « Dion de Pruse et la Physiognomonie dans le discours
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POLÉMON (M. ANTONIUS -)
1203
XXXIII », REA 105, 2003, p. 157-174) ont pu également conforter Polémon dans l'étude et l'exercice de la physiognomonie. b) Querelles et idéal oratoire. L’influence de ses maitres philosophes se manifeste dans l'adhésion à un modéle d'orateur qui se définit non seulement par son éloquence mais aussi par ses bonnes mœurs et par sa dignité. Dans la querelle qui opposa, à Smyrne, Scopélien et Timocrate et qui était l'héritiére de celle qui avait mis aux prises Apollonios et Euphratés, Polémon se rangea du cóté de Timocrate. Le philosophe reprochait notamment à Scopélien d'user de pratiques dépilatoires (V.S. 536), accusation qui implique une mise en cause de la morale sexuelle du professeur de rhétorique, cf. Campanile 5, p. 290-293. Polémon rejetait tout ce qui pouvait compromettre la dignité de l'orateur, fondée avant tout sur un paradigme de virilité, aussi bien dans son mode de vie, dans son apparence extérieure que dans son éloquence. Scopélien dérogeait à cet idéal en se livrant à une pratique qui effémine le corps de l'orateur (cf. Gleason 7, p. 73) et en adoptant, par ailleurs, un style et une action oratoire asianistes qui corrompent l'éloquence. Polémon répugnait aux transports échevelés aussi bien qu'aux raffinements poétiques qui assimileraient l'orateur à une bacchante ou à un prétre de Cybéle. Pour autant, il n'allait pas jusqu'à promouvoir un orateur qui arborerait la mise négligée du philosophe (cf. Gleason 7, p. 67-75). Ainsi, Polémon s'est mépris sur l'identité du sophiste Marc de Byzance [»*M 40] (V.S. 529), qui affichait une apparence rustre (ἄγροικος), cf. 39 C. Castelli,
« Ritratti di sofisti. Fisiognomica ed ethos
nelle Vitae Sophistarum di Filostrato », dans E. Amato et J. Schamp (édit.), 'H8omotía. La représentation des caractères entre fiction scolaire et réalité vivante à l'époque impériale et tardive, Salerno 2005, p. 1-10. Le modèle de l'orateur polémonien reste conforme à l'idéal civique et classique: l'éloquence doit étre éclatante, véhémente et virile pour l'emporter non pas simplement au théátre, mais encore à l'assemblée, méme si le sophiste de l'Empire romain se signale désormais surtout par son urbanité (ἀστεισμός, V.S. 540). La querelle haineuse entre Polémon et Favorinos d'Arles s'inscrit également dans cette opposition entre deux modèles d'éloquence. La filiation avec l'antagonisme latent entre le réseau d'Apollonios de Tyane et celui d’Euphratès de Tyr est plus difficile à établir que dans le cas de Scopélien et Timocrate. Polémon et Favorinos avaient, d’après Philostrate (V.S. 490), été promus champions des deux cités rivales de Smyrne et Éphese, cf. 40 R. Pack, « Artemidorus and the Physiognomists », TAPhA 72, 194], p. 321-334. La recherche concurrente de la faveur d'Hadrien contribua à aggraver leur rivalité qui aurait peut-étre été l'une des causes de l'exil de Favorinos (voir Amato 21, p. 12-13 et 27-29). Un écho de leur
lutte est conservé dans le portrait au vitriol dressé par Polémon de son rival dans son traité de physiognomonie (version arabe Hoyland 34, p. 377). Favorinos y est désigné de manière indirecte par sa caractérisation en eunuque celte, parlant grec et jouissant de la réputation de sophiste, mais son nom est explicitement donné par l'auteur latin anonyme du traité de physiognomonie (40, p. 83 André). La particularité physique de Favorinos d'Arles était bien connue, tandis que son statut
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POLEMON (M. ANTONIUS -)
1204
intellectuel et professionnel était ambigu: Philostrate range Favorinos dans la catégorie des sophistes philosophes (V.S. 489). Timocrate, qui avait dénoncé les soins cosmétiques de Scopélien, prit le parti de Polémon contre Favorinos le philosophe imberbe, méme
s'il bläma les excès des paroles échangées (V.S. 536).
Favorinos avait aussi eu pour maitre Dion de Pruse, mais il s'en séparait tant par ses options philosophiques que par le style de son éloquence. Ses affinités philosophiques le rapprochaient des idées des sceptiques et surtout des positions de la
Nouvelle Académie (2+F 10). Favorinos incarnait aux yeux de Polémon le contremodèle de l’orateur (« Polemo’s antithesis » selon Gleason 7, p. 48) : aspect physique efféminé, une voix aigué d'eunuque, et pratiquait une asianiste non pas bachique, mais plus suave, rythmique et chantante 492). Le succés que rencontrait Favorinos tout comme sa réputation de
et de sophiste devaient aussi lui sembler usurpés. Philosophe à féminin,
sophiste
d'origine
barbare,
Favorinos
prétendait
étre
il avait un éloquence (V.S. 491philosophe
l'air raffiné et un
maitre
de
la
paideia grecque et bénéficier à ce titre de la méme reconnaissance sociale que celle à laquelle visait Polémon. Polémon et Favorinos fréquentaient d'ailleurs tous deux le milieu social et intellectuel entourant l'empereur, et qui devait attiser leur rivalité. c) Empreinte de la philosophie dans l’œuvre conservée de Polémon. En dépit de sa formation
par des philosophes
stoiciens. il n'y a pas de trace de la
doctrine stoicienne dans les écrits de Polémon, que ce soit dans les déclamations ou la Physiognomonie. En revanche, on y décéle un fond théorique emprunté à la philosophie péripatéticienne, hérité de la tradition scolaire. Philosophie et rhétorique sont étroitement liées dans l'œuvre d'Aristote et la rhétorique des sophistes, héritiére du Stagirite, a pu contribuer à diffuser aussi sa pensée philosophique. Certains termes employés dans les deux déclamations conservées relévent de la réflexion éthique, tandis qu'une partie de l'argumentation consiste en un raisonnement sur les causes de l'action dont l'abstraction rappelle la démarche philosophique et les concepts aristotéliciens. L'orateur du Pour Cynégire fait de son fils le paradigme du «magnanime » (μεγαλόψυχος, Cyn. 20), tandis que l'orateur adverse s'efforce au contraire de l'assimiler au type opposé, celui du « vantard » (ἀλαζών, Call. 33). Les topoi rhétoriques de l'intention et de l'antériorité,
employés dans l'argumentation pour démontrer la supériorité de l'acte héroique, sont développés par un raisonnement abstrait fondé sur les notions de «choix délibéré » προαίρεσις (Cyn. 24-25), de «principe premier» ἀρχή et de « puissance » δύναμις (Call. 29), concepts que l'on trouve réunis dans la Metaphysique d’Aristote (A 11, 1018 b 22). L’influence péripatéticienne se retrouve dans la Physiognomonie de Polémon, laquelle s'inspire assez largement des deux traités de physiognomonie réunis sous le nom de Pseudo-Aristote et attribués à des disciples du Stagirite. Les traités de
physiognomonie, selon l'étude de 41 G. Boys-Stones, « Physiognomy and Ancient Psychological Theory », dans Swain 33 p. 56-57, ne s'arrétent guére sur les fondements philosophiques que présuppose l'exercice de la physiognomonie et n'expo-
Ρ222 sent donc
POLLA pas de manière
1205
détaillée une théorie de l'àme
et de ses rapports de
dépendance avec le corps. ANNE-MARIE FAVREAU-LINDER.
219
POLIADES DE SICYONE RE Pythagoricien (V. pyth.
36, 267,
ancien
dont
le
nom
p. 146,
7 Deubner
=
figure
dans
1 DK
58
le catalogue
de
A, t. I, p. 448,
Jamblique
2), qui
semble
remonter à Aristoxéne de Tarente. Cf. 2 K. Ziegler, art. « Poliades», RE XXI 2, 1952, col. 1362. Il est répertorié dans 3 W. Pape et G. Benseler, Wórterbuch der griechischen
Eigennamen,
t. ll, p. 1219 (2), ainsi que dans
le 4 LGPN,
t. HI A,
p. 366. Sur la forme du nom de Poliadés, cf. 5 Fr. Bechtel, Die historischen Personennamen, p. 377.
Ce nom est attesté aussi dans les iles de la Mer Égée ; cf. LGPN 4. t. I, p. 375. CONSTANTINOS MACRIS. POLION — POLLION
220
POLITES DE PHOCÉE
um
Académicien inconnu (Πο]λίτης), disciple de Lacydès (»L 11) selon Philod., Acad. hist., col. M 13 (= Lacyd. T 2b 13 Mette). La reconstruction de son nom
remonte à Mekler. W. Crónert, Kolotes und Menedemos, p.75, avait, en un premier temps, suggéré de lire ®Jattng, mais il est ensuite revenu à la suggestion de Mekler (Kolotes und Menedemos, p. 193, s.v. Polites).
Cf. T. Dorandi (édit.), Filodemo : Platone e l'Academia, p. 68 n. 230. TIZIANO
221
DORANDI.
POLITUS (MARCUS -) DE TÉMÉNOTHYRES
1?
Le philosophe Marcus Politus était l'ami de tous: son monument l'affirme,
à Téménothyres
de Lydie
(/GR
IV
628;
SEGO
III
funéraire
16/08/07).
Cette
définition était apparemment précédée d'une sentence sur la vanité des présages, illustrée de l'autre cóté du monument par un relief figurant un aigle dans une guirlande ; elle tendait probablement à exprimer le caractère inéluctable du destin : peut-étre Politus avait-il eu une mort accidentelle ou prématurée. BERNADETTE PUECH.
222
POLLA
RE2
40 ?/96
Sa famille et ses origines ne sont pas connues. On a proposé de l'identifier à la veuve du poète Lucain, Polla Argentaria, dont Stace semble annoncer le remariage (Silu. Il 7, 131-135, cf. 1 R. G. M. Nisbet, «Felicitas at Surrentum (Statius, Siluae II, 2)», JRS 68, 1978, p. 1-11, et 2 A. Hardie, Statius and the Siluae. Poets,
Patrons and Epideixis in the Graeco-Roman World, Liverpool 1983, p. 59, contra 3 D. Vessey, «Sidonius, Polla, and Two Poets », CB 50, 1974, p. 37-39). Elle fut l'épouse de Pollius Felix (**P 230) et vécut avec lui en Campanie : ils eurent au moins une fille, mariée à Julius Menecrates et mére de trois enfants.
P 222
POLLA
1206
Polla paraît avoir partagé les convictions épicuriennes de son mari: un premier indice serait l'emploi de l'adjectif placidus (Silu. III 1, 179) pour la caractériser, qui pourrait être un hommage au goût bien épicurien de la tranquillité et en parti-
culier à l’ataraxie. Un autre passage développe plus longuement ce thème de la tranquillitas animi en soulignant la parfaite concorde qui règne entre les époux (Silu. 11 2, 147-154). YASMINA BENFERHAT.
223
POLLES D’AIGAI
RE2
« Philosophe » d'époque inconnue, originaire d’Aigai, prés de Magnésie et de Smyrne en Asie mineure, auteur de plusieurs ouvrages dont une liste incomplète
est donnée dans la Souda II 1898, t. IV, p. 17-23 Adler: Πόλλης, Αἰγιεύς. ἀπὸ Αἰγῶν τῆς Ἀσίας
κεῖται δὲ πλησίον
Μαγνησίας
καὶ Zubpvnc:
φιλόσοφος. ἔγραψε κατὰ στοιχεῖον Συμβολιχὰ ἐν βιβλίοις β΄ (Sur les formes symboliques, par ordre alphabétique, en deux livres) Olovooxontxà ἐν βιβλίοις η΄ (Sur l'art des augures, en huit livres), Ἀριθμητικὰ Ev βιβλίοις β΄ (Arithmétique. en deux livres), Ἰήματα ἐν βιβλίοις fà
(Remédes, en deux livres), Περὶ τῆς καθ᾽ Ὅμηρον oiwvorroAing (Sur l'art divinatoire chez Homère), Περὶ τῆς παρὰ Τυρρηνοῖς μαντικῆς (Sur la divination chez les Etrusques), Ἰατρο-
συμβολικά (Symbolique médicale). Περὶ 6pvoxoAánrov (Sur le pivert), Ἱερὸν λόγον (Discours sacré), Κατοικιδίων a’ (Des [oiseaux?] domestiques). Θηρευτικόν (De la chasse), Συμπαθειῶν
xai ἀντιπαθειῶν Y' (Sympathies et antipathies, en trois livres). Περὶ κεραυνῶν καὶ τῆς αὐτῶν παρατηρήσεως (Sur la foudre et la fagon de s'en prémunir, ou plutót sans doute: Sur les coups de la foudre et leur observation [ἃ des fins divinatoires]}" xai ἄλλα.
Cf. [K. Scherling], art. « Polles» 2, RE XX1
2, 1952, col. 1411. RICHARD
224
GOULET.
POLLIO (P. VEDIUS -) P/R! V 213 RE8
I?
Chevalier né entre 70*, date de naissance approximative de Mécène (»*M 10), et 63°, année de naissance d'Octavien, desquels il fut l'ami (Dion Cassius LIV 23 ; P. Vindob. G. 39919 = Sammelbuch
16, 13017, 24 av. J.-C. ; P. Coll. Youtie 1 19):
les liens avec Mécéne sont prouvés par deux papyrus (1 L. Capponi, « Maecenas and Pollio », ZPE 140. 2002, p. 181-184). Pollion est mort en 15 av. J.-C. (Dion Cassius LIV 23, 1). Il était peut-être originaire de Bénévent, où il possédait un domaine, a dédié un sanctuaire et laissé des affranchis (CIL IX 1455, III 79 ; 1556 = ILS Publius
109; (/G
1703). Descendant IL?
4125),
son
d'affranchis (Dion Cassius LIV
père
doit
probablement
être
23, 1), fils d'un
identifié
à l'affranchi
devenu tribun de légion, qui arpentait la Via Appia et qui est moqué par Horace (Horace, Epo. 4) ; ce parvenu avait fait fortune dans la possession de vignobles de Falerne et le commerce de vins (Horace, Epo. 4), peut-être aussi en tant que créan-
cier (Cicéron, Fam. IX 10, 1): le prêt d'argent est mentionné à propos d'un Vidius dans lequel on a proposé à juste titre de voir un V(e)idius (2 R. Syme, « Who was
Vedius Pollio?», JRS 51. 1961, p. 23-30 = Roman Papers, t. Il, p. 518-529). Le caractére non fictif du personnage visé par Horace a été relevé par 3 W. Eck, «Freigelassene
und
ihre
Nachkommen
im
römischen
Ritterstand»,
dans
P 224
POLLIO (P. VEDIUS -)
1207
S. Demougin, H. Devijver et M.-Th. Raepset-Charlier (édit.), L'ordre équestre. Histoire d'une aristocratie (IF siècle av. J.-C.-IIF siècle ap. J.-C.), Paris/Rome
1999, p. 5-29. Ce père affranchi s'appelait sans doute (P.) Vedius Rufus (Scholie à Horace, Epo. 4, apparat critique de l'édition Fr. Villeneuve de la CUF ; il faut écarter l'autre identification proposée par la scholie, cf. 4), et il pourrait bien étre le P. Vedius riche et ridicule, accompagné de tout un cortège, originellement de la clientéle de Pompée, que rencontre Cicéron en 50 av. J.-C. alors qu'il est gouverneur de Cilicie (Cicéron, Arr. XVI 1, 25, et 4 F. Kirbihler, « P. Vedius Rufus, père de P. Vedius Pollio », ZPE 160, 2007, p. 261-271). Il pourrait avoir ensuite rejoint le camp de César et devoir à ce dernier son rang de tribun: son fils Pollion a bien dédié entre 27 et 15 av. J.-C. un Caesareum à Auguste, qui devait comporter en Italie à cette date précoce un culte du divin Jules (C/L IX 1556 = ILS 109).
Méme si à l'époque sévérienne il est présenté comme n'ayant rien accompli de remarquable (Dion Cassius LIV 23, 1), P. Vedius Pollio a en réalité hérité d'une grande fortune et opéré une ascension politique et sociale impressionnante : il est cité parmi les chevaliers les plus puissants de Rome (Tacite, An. XII 60, 4, mentionne C. Oppius, Cornelius Balbus, ainsi que «les Matii et Vedii »). Il est actif durant les années 30 et au début des années 20, au moment oü les monnaies de Tralles, frappées sans doute en 30-29, plutót que 27-25, le représentent encore en homme
assez jeune
(RPC
I, n? 2634-2635).
Il est d'ailleurs
un
des
très rares
chevaliers à étre représenté sur des documents numismatiques d'époque impériale (5 D. Salzmann,
Bildnismünzen
von
rómischen
Senatoren,
Rittern
und
anderen
historischen Personen, travail inédit d'habilitation, Université de Bonn, p. 97-107 et les notes p. 301-305), ce qui prouve son importance.
1986,
Présenté comme proche et méme ami d'Auguste qui est invité à manger chez lui (Dion Cassius LIV 23, 2-4 ; Pline l'Ancien, H.N. IX 78, 167), il n'est pas exclu
qu'il ait joué un rôle auprès de Mécène (**M 10) durant les années où ce dernier a exercé des responsabilités en Italie en 36 et, mais c'est moins probable, en 31 (Dion Cassius XLIX 16, 2; LI 3, 5-6), ce qui expliquerait pour une part la remarque de Tacite. Il fait édifier un Caesareum consacré au culte impérial et le dédie précocement entre 27 et 15 av. J.-C. à l'imperator vivant Auguste et à la cité de Bénévent (CIL IX 1556 = ILS 109). Il est par ailleurs l'ami d'Hérode à qui il vend ou offre du vin et dont il accueille sans doute en 22 av. J.-C. à Rome les fils (Flavius Joséphe, A.J. XV 343; 6 D. Braund, « Four Notes on the Herods », CQ 33,
1983, p. 239-242; 7 G. Finkielsztejn, « P. Vedius Pollio propriétaire de vignobles à Chios et Cos et fournisseur d'Hérode le Grand », dans Grecs, Juifs et Polonais : à la recherche des racines de la civilisation européenne, Actes du Colloque inter-
national dédié à Joseph Meleze Modrzejewski (Paris, 14 novembre 2003), Varsovie 2006, p. 123-139). Il a aussi effectué une action publique mal connue en Asie Mineure, entre Actium et la fondation du Principat, probablement vers 31-29 (8 B.M. Kreiler, Statthalter zwischen Republik und Prinzipat, Francfort/Main, 2006. p. 199-202) : certaine est la mise sur pied d'une fondation pour un concours en l'honneur d'Auguste, des Sebasteia, décision assortie de mesures d'économies
P224
POLLIO (P. VEDIUS -)
1208
dans les dépenses de l'Artémision, et éventuellement une refondation de celui-ci selon le rite romain (/vEphesos la, 17-19; 9 K. M. T. Atkinson, « The Constitutio of
Vedius
Pollio
at
Ephesus
and
its
Analogies », RIDA
9,
1962,
p. 261-289;
10 P. Scherrer, « Augustus, die Mission des Vedius Pollio und die Artemis Ephesia », JCEAI 60, 1990, Hauprbl., p. 89-101). Il est probable qu'il se soit agi d'une véritable mission comportant des visées plus larges, car Pollion est honoré à Athènes, Troie et Milet/Didymes (/G II? 4125 ; IvIlion 101 ; IvDidyma 146) et on sait qu' Auguste a validé les dispositions prises à Éphèse ({vEphesos la, 17-19): il a peut-étre réorganisé
la province juste aprés
Actium
(11 S. Demougin,
Prosopo-
graphie des chevaliers romains julio-claudiens (43 av. J.-C.-70 ap. J.-C.), Rome/ Paris
1992, p. 83-84, n? 73), avec des pouvoirs proconsulaires selon 12 J. Keil. art.
« Vedius », RE VIII A 1, 1955, col. 568-570, n? 8; et 2, ou une compétence simplement financiére d'aprés 13 R. Szramkiewicz, Les Gouverneurs de Province à l'Époque Augustéenne, Paris 1976. 2 vol., et 14 W. Eck, art. « Vedius », NP XII 1, 2002, col. 1154, n? II, 4, qui n'excluent pas cependant des pouvoirs élargis. Pour Kreiler 8 il a été un préfet d'Octavien doté de pouvoirs équivalents à ceux d'un gouverneur et 15 D. Erkelenz, Optimo praesidi, Bonn, 2003, p. 255, le classe comme tel: les monnaies commentées par Salzmann 5 paraissent confirmer ce poste officiel. Il a donc
incontestablement
apporté sa contribution, à la suite de
Mécène, mais plus modestement qu'un M. Agrippa, à la mise en place de la transition politique entre République et Empire. Cette faveur de la part d'Auguste n'a sans doute pas duré jusqu'à la fin de l'existence de Pollion et Demougin 11 estime qu'il a connu une « semi-retraite » : l'anecdote de l'esclave et des murénes (cf. infra) pourrait dater des dernières années de Pollion, et coincider avec la période de disgráce de Mécéne, dont il a probablement partagé l'infortune, après la découverte de la conjuration de Murena (Dion Cassius LIV 3, 4-5). Par testament Pollion a laissé de nombreux legs et institué Auguste héritier de sa domus ainsi que de sa villa maritime: si l'empereur accepta de prendre la demeure du Pausilype située sur le Golfe de Naples, il fit détruire la domus, afin d'utiliser l'espace pour le portique de Livie et peut-étre un temple
de
la Concorde
(Dion
Cassius
LIV
23, 5-6;
Forma
Urbis
Marmorea.
Aggiornamento generale, Roma 1980, t. II, VII-VIII-IX, fragments des plaques 1011). Les liens avec Éphèse paraissent évidents. Outre son action publique et l'institution d'un concours en l'honneur de l'empereur (/vEphesos la, 17-19), il est cité
dans la loi douaniére comme unique bénéficiaire d'une exemption partielle de l'impót du quarantiéme (SEG 39 [1989], 1180, $ 40); il est en outre à l'origine d'une célèbre famille de la ville, les Vedii, qui sont trés probablement des descendants d'affranchis le représentant sur place pour ses affaires: on retrouve dans la
cité parmi les descendants probables de ses affranchis un P. Vedius Rufus et un P. Vedius Pollio (1. von Ephesos IV 1030 ; VI 2320-2322 ; 2324-2325, pour l'onomastique
ou
la
précocité
des
témoignages
d'époque
julio-claudienne,
et
P 224
POLLIO (P. VEDIUS -)
1209
16 F. Kirbihler, «P. Vedius Pollio à Ephese: action publique, activités &conomiques et postérité onomastique », à paraître aux CCG). Sa richesse était proverbiale et il était cité en exemple comme quelqu'un en proie à la passion du /uxus (Tacite, An. I 10): il possédait à Rome sur l'Oppius une merveilleuse domus
qu'Ovide
compare
à un palais (Ovide, F., VI 639-646):
le
plan de marbre antique de Rome montre que l'espace occupé par le portique de Livie succédant
à la domus
correspondrait
à 11 500
m? d'emprise
au sol (Dion
Cassius LIV 23; Forma Urbis Marmorea, VII-VIII-IX, plaques 10-11; 17 F. Kolb. Rom. Die Geschichte der Stadt in der Antike, München 1995, p. 430; 18 LTUR II. p. 211-212). Il séjournait également dans sa villa maritime, le PausiIypum (Sans Souci), une villa du Golfe de Naples entre Naples et Puteoli (Dion Cassius LIV 23, 5; Pline l'Ancien, H.N. IX 78, 167), qui devint par la suite villa impériale (19 R. T. Günther, Pausilvpon, The imperial Villa near Naples. Oxford 1913; 20 K. Scherling. art. « Pausilypum », RE XVIII 4, 1949, col. 2419-2421). Sont attestés enfin un domaine à Bénévent (C/L IX 1455, III 79, et 21 M. Torelli, Benevento romana, Roma 2002, p. 172-174 ; 436) et probablement un autre au lieu
Oppido Lucano, relevant peut-étre de la cité d'Aceruntia ou de Potentia (AE 2001, 890 f). Ses activités commerciales poursuivent celles de son p£re, et le fait qu'il soit le seul particulier nommé et à faire l'objet d'un réglement spécifique dans la loi douanière d'Asie grâce à la dispense du paiement du 40° pour les 10 000 premiers deniers des cargaisons entrant et sortant de la zone douaniére, prouve l'ampleur de ses affaires (SEG 39 [1989], 1180, $ 40) : des fragments de trois amphores vinaires
portant le nom de Pollion avaient auparavant été trouvées à Carthage (CIL VIII 22637, 107). Si elles ont été rattachées à P. Vedius Pollio par 22 A. Tchernia, « Une marque d'amphore au nom de P. Vedius Pollio », Mélanges F. Benoît III, RStudLig 35, 1969, p. 145-148, celui-ci croyait le vin en provenance d'Italie ; or il provient en réalité de Cos (23 J. Freed, « Early roman Amphoras in the collection of the
museum
outre d'identifier
of Carthage », EMC
40, n.s.
15,
1996, p. 119-155) ; on
vient en
à son nom des amphores de Chios ou de la cóte asiatique proche
retrouvées sur des sites de Palestine oü a séjourné le roi Hérode (Finkielsztejn 7; de nouveaux timbres amphoriques sont en passe d'étre publiés par le méme auteur).
Il eut de nombreux esclaves qu'il légua à Auguste: ils sont appelés Vediani dans les inscriptions et attestés
à Rome (par ex. /LS 1948) et à Césarée de Mauré-
tanie (CIL VIII 21098). Célébre pour sa cruauté supposée envers un ou plusieurs de ses esclaves, il aurait souhaité livrer un serviteur maladroit à ses murènes d'élevage, mais Auguste invité au repas serait intervenu et aurait sauvé le malheureux serviteur (Sénéque, De clementia
77, mentionnant
1, 18; De ira 3, 40 ; Pline l'Ancien, H.N. IX 39,
plusieurs victimes de sa cruauté; Dion Cassius LIV
23, 2-4;
Tertullien, De pallio, 5, qui traite Pollion d'anthropophage). L'histoire est cepen-
dant quelque peu suspecte, méme si elle a été utilisée et souvent citée par la suite
P224
POLLIO (P. VEDIUS -)
1210
(24 Th. W. Africa, « Adam Smith, the Wicked Knight. and the Use of Anecdotes ». G&R 43, 1995, p. 70-75). L'intérét pour la philosophie n'est pas prouvé formellement, mais ses liens avec Mécéne, avec qui il possède en 24 av. J.-C. un vignoble en copropriété dans le Fayoum (1), les séjours en Campanie dans sa villa maritime, le parallélisme de Tacite entre Pollio et C. Matius, le dévouement probable envers César, un positionnement politique sans doute assez favorable au pouvoir du Princeps, à l'instar du Mécène
discourant
de
Dion
Cassius
(LII
13-40),
l'alternance
entre
oftium
et
missions ponctuelles, qui le désignent également comme un homme de l'ombre, à l'instar de bien des chevaliers épicuriens, le fait qu'il se situe dans la génération entre Virgile et Horace, toutes ces données peuvent au moins laisser supposer un intérét pour l'épicurisme et la recherche de certains plaisirs. ce qui fut caricaturé par les écrivains sous la forme d'un goüt tapageur pour le luxe. On peut donc à titre
d’hypothese le présenter comme un sympathisant de l'épicurisme du troisiéme quart du I*' s. av. J.-C. Cf. 25 J.-M. André, Mecene. Essai de biographie spirituelle, Paris 1967 ; 26 K. A. Rockwell, « Vedius and Livia (Tac. Ann. 1. 10)», CPh 66, 1971, p. 110 ; 27 M. Pagano, «Gli impianti Marittimi della villa "Pausilypon" », Puteoli 4-5, 1980-1981. p. 245-255 ; 28 M. Hascher, « Die Crvpta Neapolitana. Ein rómischer Strassentunnel bei Neapel», OTerr 5, 1999, p. 127-156 ; 29 X. Lafon, Villa maritima.
Recherches
sur
les villas littorales
de
l'Italie
romaine
(11
siècle
av.
J.-C.-HF siècle ap. J.-C.. Paris/Rome 2001 : 30 J. H. d'Arms, Romans on the Bay of Naples and other Essays on Roman Campania, Bari 2003 ; 31 M. Torelli, «La basilica di Ercolano. Una proposta di lettura», Zidola 1, 2004, p. 117-149 (à propos du Caesareum). FRANCOIS KIRBIHLER.
225
POLLION D'ALEXANDRIE (VALERIUS -) RE Valerius 293
Il
Stoicien qui vécut sous Hadrien (Souda II 2166, t. IV, p. 185, 12-15 Adler). La Souda lui attribue un Recueil de mots attiques par ordre alphabétique (Συναγωγὴ Ἀττικῶν ὀνομάτων xarà στοιχεῖον) et d'autres traités philosophiques (ἄλλα τινὰ Qu ócoQa). Son fils Diodore (**D 126a) était, lui aussi, philosophe. Cf. R. Hanslik, art. « Valerius Pollio» 293, RE VIII A
1, 195, col. 175-176 ;
Pohlenz, Die Stoa, ll, p. 146. TIZIANO
226
POLLION (ANNIUS -) RE71 La Souda,
Πωλίων
PIR' A 678
ὁ Ἀσίνιος
DORANDI.
I
(II 2165), t. IV, p. 185. 8 Adler, attribue des
Ἀπομνημονεύματα Μουσωνίου τοῦ φιλοσόφου, dont rien n'a été conservé, à un Asinius Pollion de Tralles qui, d'aprés la Souda, vivait sous Pompée [106-48] (»*P 228) [cf. 1 E. Schwartz, art. « Asinius Pollio von Tralles» 23, RE II 2. col. 1589]. Cette attribution est erronée pour des raisons chronologiques, puisque ce contemporain de Pompée vivait bien avant Musonius. En conséquence, 2 E. Zeller.
P227 Die
POLLION (C. ASINIUS —) Philosophie
der Griechen’,
II
1, Leipzig
1923,
1211 p. 756,
n. 3 de
la p. 755,
et
3 O. Hense, dans l'introduction de ses Musonii Reliquiae, Leipzig 1905, p. XII, pensent que la Souda a confondu Asinius Pollion avec le stoicien Valérius Pollion d'Alexandrie (**P 225), lequel vécut à l'époque d'Hadrien, fut un maitre de Marc Aurele (SHA, Vita Marci 2, 3, du moins si l'on accepte la correction de H. Peter: « Polione » au lieu du « Polono » transmis par le ms P) et est présenté par la Souda
comme
philosophe
(s.v. Πωλίων
Ἀλεξανδρεύς,
TI 2166, t. IV, p. 185,
12-15
Adler). Mais 4 K. von Fritz, art. « Musonius » 1, RE XVI 1, 1933, col. 896, évoque une seconde hypothése, rendue plausible par la ressemblance des noms, à savoir celle
d'une
confusion
avec
Annius
Pollion.
4 Cora
E.
Lutz,
«Musonius
Rufus,
“The Roman Socrates" », YCIS 10, 1947, p. 3-147, notamment p. 10, reprend cette hypothèse
[à un endroit de notre notice sur Musonius
(**M
198), t. IV, p. 571,
Lutz est associée par erreur à la position de Zeller et Hense]. Annius Pollion était l'époux de Servilia, la fille de Barea Soranus (Tacite, Annales XVI 30). Impliqué dans la conjuration de Pison (en 65/66) et dénoncé par son ami Claudius Sénécion (XV 56), il fut envoyé en exil sur l'ordre de Néron, une
décision qui s'appuyait davantage sur des soupgons que sur des preuves (XV 71, 6). En méme temps que lui fut banni entre autres le stoicien Musonius [»M
198]
(XV 71,9). Le fait que Musonius s'était porté accusateur de P. Egnatius Celer (**C 64), qui avait fait une déposition mensongére en 66 au procés de Barea Soranus, donne de
la vraisemblance
à l'hypothèse
que
les Ἀπομνημονεύματα
Moucovíou
τοῦ
φιλοσόφου seraient dus à Annius Pollion. Si c'est le cas, celui-ci devait avoir de la sympathie pour Musonius lui-méme mais aussi pour le stoicisme qu'il incarnait. Toutefois 5 M. Pohlenz, Die Stoa. Geschichte einer geistigen Bewegung‘, t. II,
Göttingen
1972,
hypothéses, fondement.
celle
p. 146, déclare, de
Valerius
mais
Pollion
sans donner d'argument, et celle
d'Annius
Pollion,
que
les deux
manquent
de
MARIE-ODILE GOULET-CAZÉ.
227
POLLION
(C. ASINIUS -) RE Asinius 25
76?-5P
Homme politique, orateur, poéte, critique, déclamateur, historien et peut-étre philosophe romain, officier de César puis d'Antoine, consul en 40*. Pour sa carrière publique, voir 1 P. Groebe, art. «C. Asinius Cn. f. Pollio» 25, RE II 2, 1896,
col.
1589-1602;
l'ensemble
commenté dans J. R. Thorbecke, Accedit
C. J.
C. Reuvens
de
la documentation
est déjà
rassemblé
et
Commentatio de A. Asinii Pollionis vita et studiis.
Epimetrum
de quibusdam
monumentis
cum
Pollionis
historia conjunctis et tabula lithograpta, Lugduni Batavorum [Leiden] 1820, VIII144 p. + XXI p. ; 2 Elizabeth Denny Pierce, A Roman man of letters. Gaius Asinius Pollio. Diss. Columbia University, New
York
1922, 81 p.; 2 R. Syme, The Roman
revolution, Oxford 1939, p. 5-8 et 483-486; 3 M. Gelzer. «Die drei Briefe des C. Asinius Pollio», Chiron 2, 1972, p. 297-312. Sur l'opportunisme politique d'Asinius Pollion, homo novus, recherchant par tempérament la neutralité, qui se
P 227
POLLION (C. ASINIUS -)
1212
proclame républicain dans des lettres à Cicéron, mais fut successivement partisan de César et d’Antoine. voir 4 A. B. Bosworth, «Asinius Pollio and Augustus», Historia 21, 1972, p. 441-473. Il serait mort à l’äge de 80 ans en 5 apr. J.-C.
Il s'est principalement illustré comme orateur, historien, critique littéraire et poéte. 1] avait composé une Histoire romaine qui comprenait 17 livres (voir Souda, s.v. Ἀσίννιος Πωλίων, A 4148: ἱστορίας Ῥωμαϊκὰς συνέταξεν Ev βιβλίοις wu). Il aurait été le premier à écrire un tel ouvrage en grec ou plutôt à avoir écrit sur l'histoire grecque à la facon des Romains, ou encore le premier historien latin à avoir appliqué (en latin et sur l'histoire romaine) l'approche des historiens grecs (οὗτος πρῶτος Ἑλληνικὴν ἱστορίαν Ῥωμαϊκῶς συνεγράψατο). II s'agit peutétre de l'histoire de la guerre civile entre César et Pompée qui est attribuée par la Souda (II 2165: «Πωλίων.» ὁ Ἀσίνιος χρηματίσας. Τραλλιανός, σοφιστὴς xai φιλόσοφος) à Asinius Pollion de Tralles (»*P 228), lequel était peut-être un de ses affranchis: περὶ τοῦ ἐμφυλίου τῆς Ῥώμης πολέμου, 6v ἐπολέμησαν Καῖσάρ TE
καὶ Πομπήϊος.
Les fragments sont rassemblés dans 5 H. Peter, Historicorum
Romanorum Reliquiae, Il, Leipzig 1906. p. LXXXIII-LXXXXVII et 67-70. Cf. 6 E. Kronemann, « Die historische Schriftstellerei des C. Asinius Pollio», JKPh SupplBd. 22, 1896, p. 555-692 ; 7 C. C. Coulter, « Pollio's History of the civil war», CW 46,
1952,
p. 33-36;
8 L.
Havas,
«Asinius
Pollio
and
the
fall
of the
Roman
republic », ACD 16, 1980, p. 25-36; 9 R. Häussler, « Keine griechische Version der Historien Pollios », RAM Dall'attività
politica
109, 1966, p. 339-355 ; 10 G. Zecchini, « Asinio Pollione.
alla riflessione
storiografica », dans
ANRW
II 30, 2, Berlin
1982, p. 1265-1296 (bibliographie, p. 1293-1294). On a recherché des vestiges de cet ouvrage dans les œuvres de Suétone, Appien et Plutarque. Asinius Pollion fut l'inspirateur des Bucoliques de Virgile et le dédicataire de certaines d'entre elles, dont la huitiéme églogue. Cf. 11 H. Bennett, « Vergil and Pollio», AJPA 51, 1930,
p. 325-342. On a pensé qu'Asinius Pollion avait écrit son ouvrage en grec, à cause d'un passage de Plutarque, César 46. qui rapporte une phrase que César, arrivant dans le camp de Pompée, aurait
prononcée en latin et que l'historien déclarait avoir traduite en grec ( Popatori ... 'EAAnviorí). Mais les éditeurs et les commentateurs considérent qu'il faut intervertir les deux mots et qu'Asinius Pollion prétendait plutót avoir traduit en latin une phrase que César avait prononcée
en grec (Ἑλληνιστὶ ... ᾿Ρωμαϊστί).
ll est plus surprenant de voir Sénéque, Epist. 100, 9, tentant de défendre le style de Papirius Fabianus (**F 1), mettre ce dernier en quatrième position parmi les auteurs d'ouvrages (philosophiques), après Cicéron (»*C 123), Asinius Pollion et Tite-Live (»*L 59). Il n'est pas dit explicitement qu'Asinius Pollion manifestait cette éloquence dans des traités philosophiques. Mais le théme de la lettre est le style des écrits du philosophe Papirius Fabianus. Pour Cicéron Sénèque mentionne les libri ad philosophiam pertinentes. Pour Tite Live, il rappelle qu'il a composé «non seulement des dialogues qui se laissent rattacher à la philosophie, tout autant (qu')à l'histoire, mais des traités de philosophie pure (ex professo philosophiam continentis libros) » (trad. Noblot). Plus haut, il décrit le style particulier d'Asinius : « (La phrase) d'Asinius Pollion est embarrassée et bondissante, tournant court à l'improviste. (...) Les périodes tombent,
hormis quelques rares clausules enfermées dans un certain rythme, selon un type uniforme » ($ 7
P227
POLLION (C. ASINIUS -)
1213
trad. Noblot). S'il s'agit bien de traités philosophiques, comme pour les trois liste, on ne possède aucun vestige de cette production. Quintillien, /nst. Orat. style archaique, qui aurait pu laisser croire qu'il avait vécu un siécle plus saeculo prior). Groebe 1, col. 1599, suppose que le témoignage de Sénèque traités philosophiques d'Asinius Pollion : « Auch mit der Philosophie scheint bescháftigt zu haben ».
autres auteurs de la X 113, lui prête un tót (ut videri possit fait référence à des Asinius Pollion sich
Après son triomphe sur les Dalmates en 39°, Pollion, grâce au butin rapporté, ouvrit la première bibliothèque publique dans l' Atrium de la Liberté sur l'Aventin (Pline, N.H. XXXV 10: Asini Pollionis hoc Romae inventum, qui primus bibliothecam dicando
ingenia hominum
rem publicam fecir.). On
y trouvait des
fonds grec et latin, mais aussi des statues d'écrivains célébres. (Pline XXXVI 23: Romae Praxitelis opera sunt Flora, Triptolemus, Ceres in hortis Servilianis, Boni Eventus et Bonae Fortunae simulacra in Capitolio, item Maenades et quas Thviadas vocant et Caryatidas, et Sileni in Pollionis Asini monimentis et Apollo et Neptunus. XXXVI 24 : Romae eius opera sunt Latona in Palatii delubro, Venus in
Pollionis Asini monumentis et intra Octaviae porticus in Iunonis aede Aesculapius ac Diana). A titre d'exception, Varron y aurait été inclus bien qu'il füt encore vivant (Pline, N.H. VII 115: M. Varronis in bibliotheca, quae prima in orbe ab Asinio Pollione ex manubiis publicata Romae est, unius viventis posita imago est, haut minore, ut equidem reor, gloria, principe oratore et cive ex illa ingeniorum
quae tunc fuit multitudine uni hanc coronam dante quam cum eidem Magnus Pompeius piratico ex bello navalem dedit.). Cf. 12 G. Lugli, « Atrium Libertatis e Libertas nella Roma
del tardo impero», dans A. Guarino et L. Labruna
Synteleia Vincenzo Arangio-Ruiz, p. 807-815.
coll. «Bibl. di Labeo»
2, Napoli
(édit.),
1964, t. I,
Constituer une bibliothéque publique de livres grecs et latins était déjà le projet confié par César à Varron, lequel était chargé d'acquérir et de classer les livres (Suétone, César 44). Asinius réalisa apparemment ce projet.
Cf. 13 J. André, La vie et l'œuvre d'Asinius Pollion, coll. « Études et Commentaires » 8, Paris 1949, 140 p.; 14 V. d'Agostino, «Figure di Romani antichi. Caio Asinio Pollione », RSC 2, 1954, p. 100-108 ; 15 A. Dalzell, «C. Asinius Pollio and the early history of public recitation at Rome», Hermathena 86, 1955, p. 20-28; 16 G. Pianko, « De vita et moribus C. Asinii Pollionis », Meander 18, 1963, p. 151157. Pollion admit comme client Timagéne après qu'il eut été chassé de la maison d'Auguste à cause de ses critiques à l'égard de la famille impériale. Sur Timagène, voir 17 M. Sordi, « Timagene di Alessandria: une storico ellenocentrico et filobarbaro», dans ANRW
II 30, 2, Berlin 1982, p. 775-797. Voir Sénèque, De ira III
23, 4-8; Contr. IV praef. 5. FGrHist 88 T 2-3. Il avait de méme accueilli L. Ateius Philologus aprés la mort de Salluste et aurait appris aupres de lui l'art de composer en histoire (Suétone, De gramm.
10, 4).
Sur les enfants et les descendants d' Asinius Pollion, voir Groebe 1, col. 1602; 18 R. Syme, «Pollio, Saloninus and Salonae», CQ 31, 1937, p. 39-48; 19 J. H. Oliver, « The Descendants of Asinius Pollio », AJPA 68, 1947, p. 147-160 (stemma
P227
POLLION (C. ASINIUS -)
1214
de la famille, p. 149 et 154). Selon Oliver 19, p. 149, «distinguished for wealth. culture and in public affairs, the Asinii were now one of the great houses of Rome, revered throughout the empire ». RICHARD GOULET.
228
POLLION DE TRALLES (ASINIUS -) RE 23 Philosophe
de Tralles.
Selon
la Souda
r
(II 2165, t. IV, p. 185, 5-11
avait vécu à Rome à l'époque de Pompée le Grand et (RE 2) à la direction de son école (de rhétorique plutót écrit plusieurs livres, aujourd'hui perdus, d'histoire philosophie: des Ἀπομνημονεύματα (Mémorables) (»»Μ 198) et dix livres contre les traités d' Aristote sur TÉANV περὶ ζῴων Ev βιβλίοις ι΄.
Adler),
il
il avait succédé à Timagène que de philosophie). Il avait grecque et romaine, et de du philosophe Musonius les animaux, Πρὸς Apıoto-
On a depuis longtemps fait remarquer qu'un contemporain de Pompée ne pouvait avoir écrit des Ἀπομνημονεύματα de Musonius, qui fut le maître d’Epictete à la fin du I siècle apr. J.-C. M.-O. Goulet-Cazé, notice « Annius Pollio», P 226, rappelle les deux attributions qui ont été envisagées pour cet ouvrage: Asinius Pollion aurait été confondu avec Valérius Pollion d'Alexandrie (**P 225) qui vivait à l'époque d'Hadrien et que la Souda présente comme philosophe (TI 2166), ou bien avec « Annius Pollion, gendre de Barea Soranus et exilé en méme temps que Musonius, au moment de la conjuration de Pison ». Selon Pohlenz, Die Stoa, II p. 146, ces deux rapprochements sont cependant sans fondement. D'autres titres pourraient également, selon E. Schwartz, art. « Asinius Pollio von Tralles » 23, RE II 2, 1896, col. 1589, lui avoir été attribués par erreur. D'une part, l'Epitome de l'ouvrage de Philochore Sur l'Artique, qui pourrait revenir à Valérius Pollion, auteur d'un Recueil de mots attiques, d'autre part l'ouvrage sur la guerre civile à Rome entre César et Pompée (περὶ τοῦ ἐμφυλίου τῆς Ῥώμης πολέμου, ὃν ἐπολέμησαν Καῖσάρ τε xai Πομπήϊος), qui pourrait correspondre à l'œuvre historique de C. Asinius Pollio (**P 227), dont notre Asinius Pollion pourrait être l'affranchi (voir Souda, s.v. Aolvvioc Πωλίων). Pour les Ἀπομνημονεύματα de Musonius, voir J. Radicke, FGrHist Continued. IV 1: Biography, fasc. 7: Imperial and undated authors, Leiden 1999, n? 1068 = "Valerius Pollio (?)",
p. 180-183.
TIZIANO DORANDI.
229
POLLIS
Fi?
Dédicataire de deux ouvrages de Chrysippe de Soles (®»C 121) signalés dans la liste des ouvrages du philosophe conservée par Diogene Laérce: (a) Περὶ τῶν σοφισμάτων πρὸς Ἡρακλείδην xai Πόλλιν B', Sur les sophismes, à Héraclide et Pollis, en deux livres; (b) Περὶ ἀρετῶν πρὸς Πόλλιν PB’, Sur les vertus, à Pollis, en deux livres. La traduction des titres est empruntée à la liste des œuvres de Chrysippe commentée par P. Hadot (DPhA II, 1994, p. 336-356).
P231
POLLUX DE NAUCRATIS
1215
Comme son co-dédicataire Héraclide (»*H 53) qui est par ailleurs attesté dans l'Index Stoicorum
(col. XLVII
5-6, p. 98
Dorandi),
Pollis était probablement
un
disciple de Chrysippe ou bien son collégue dans l'école stoicienne. Absent de la RE. RICHARD
POLLIUS FELIX
GOULET.
RE2
35 ?/96
Homme politique romain protecteur du poéte Stace. Son prénom nous est inconnu. Originaire de Pouzzoles (Stace, Silu. II 2, 96), il faisait peut-être partie de l'aristocratie
locale, mais
cette interprétation est contestée
« Puteoli in the Second Century of the Roman
(cf. 1 J.
H. D'Arms,
Empire: a Social and Economic
Study », dans F. Zevi (édit.), Romans on the Bay of Naples and Other Essays on
Roman Campania, Bari 2003, p. 283-319, en particulier p. 296-297, qui voit en lui le fils probable d'un affranchi). On pense généralement qu'il fut magistrat à Pouzzoles et à Naples (Silu. II 2, 133 sq.), villes dont il fut le bienfaiteur (Si/u. III 1, 91-93). Il avait épousé Polla (**P 222), dont les origines familiales sont incertaines: ils eurent au moins une fille, mariée à Julius Menecrates (Silu. 4, epist. 2124 et 4, 8), et mère de trois enfants qui devaient faire carrière à Rome.
Pollius possédait des propriétés à Tibur, Pouzzoles (cf. D'Arms 1, p. 209-210) et Tarente, mais c'est sa villa de Sorrente que Stace a immortalisée (Si/u. II 2 et III
l. cf. 2 H. goût pour heures (cf. connus de particulier
Cancik, « Eine epikureische Villa », A/tsprUnt 11, 1968, p. 62-75). Son les belles lettres ressort nettement des Silves: Pollius était poète à ses 3 L. Duret, « Dans l'ombre des plus grands: II. Poètes et prosateurs mal la latinité d'argent», dans ANRW II 32, 5, Berlin 1986, p. 3152-3346, en p. 3234-3237). Peut-étre a-t-il méme participé dans sa jeunesse à des
concours de poésie (cf. 4 A. Hardie, Statius and the Siluae. Poets,
Patrons and
Epideixis in the Graeco-Roman World, Liverpool 1983, p. 67-68). En ce qui concerne la philosophie, Pollius était épicurien (Silu. II 2, 113, cf. 5 C. Castner, Prosopography of Roman Epicureans from the Second Century B.C.
to the Second
Century
A.D., Frankfurt
1988,
p. 47-49), tout comme
son
épouse. Son mode de vie, que ce soit le choix d'une paisible retraite (Si/u. III epist. 1 et 27) ou la disposition de sa villa de Sorrente, est d'ailleurs conforme à l'enseignement du Jardin. YASMINA
231
BENFERHAT.
POLLUX (Polydeukès) DE NAUCRATIS (IULIUS -) RE Iulius 398
MF II
Sophiste et lexicographe.
PIR? 1 474, P 6. Sources. Philostrate, V. Soph. II 12, t. II, p. 96-97 Kayser; Souda, s.v. I1oAv-
δεύκης. t. IV, p. 163 Adler; Lucien, Le maître de rhétorique, 11-26 ; inscription dite «de l'opisthodome », 1 B. D. Meritt, Hesperia 29, 1960, n° 37, p. 29-32 et
1216
POLLUX DE NAUCRATIS
pl. 8 (et N. C. Conomis,
p. 418), reprise dans SEG
P231 19, 172; 2 J. H. Oliver, « The
Athens of Hadrian », dans Les empereurs romains d'Espagne, Paris 1965, p. 125-
130; 3 B. Puech. Orateurs et sophistes grecs dans les inscriptions d'époque impériale, Paris 2002, p. 414-415; 4 S. G. Byrne, Roman citizens of Athens, coll. « Studia hellenistica » 40. Leuven/Dudley 2003, lulius 148, p. 329. Biographie. Originaire de Naucratis, fils d'un grammairien qui pratiquait la critique (xpıtixög), disciple à Athènes du sophiste Hadrianos de Tyr (Philostrate, V. Soph. M 10), il obtint de la faveur de Commode
la chaire de rhétorique d’Athe-
nes en 178 apr. J.-C. ll fut attaqué par Lucien dans Le maître de rhétorique, 11-26 (le chapitre 24 et les scholies p. 174, 12 et 180, 4 Rabe assurent que l'orateur visé est Pollux);
dans ce portrait-charge
Lucien
donne
beaucoup
de détails
sur son
origine, son aspect physique et sa pratique rhétorique, recoupant les indications de Philostrate. Pollux fut critiqué aussi par Phrynichos, atticiste plus rigoureux que lui, dans la ligne d'Aelius Aristide (**A 349). Le sophiste Athénodore d'Ainos (Philostrate, V. Soph. II 14, t. 11. p. 98 Kayser). qui enseignait à Athènes en méme
temps que Pollux, critiquait ses Entretiens, au style puéril et superficiel. Pollux dédia à Commode plusieurs livres de son Onomasticon, dont on peut suivre chronologiquement la composition gráce aux indications de ses préfaces. Pollux mourut vers le milieu du régne de Commode, ágé de cinquante-huit ans selon Philostrate, laissant un fils insignifiant. L'inscription de l'opisthodome, sans doute de peu postérieure à sa mort puisque sa succession n'est pas réglée, confirme qu'il possédait
une
certaine
fortune ; elle mentionne
(li. 11) «les
héritiers
de Julius
Pollux » (Ἰουλίου Πολυδεύχους οἱ xAnpoo[vó]uo0. Le surnom d''Apóovévvac, porté par Julius Pollux selon la Souda, est inexpliqué. (Euvres. Dans la Souda sont cités les titres suivants :
(1) 'Ovopaotixóv,
Vocabulaire, en dix livres, dont la publication
a commencé
avant 176 et s'est achevée dans les premiéres années du régne de Commode probablement. Les mots employés par les anciens sont classés thématiquement. La tradition manuscrite a été étudiée par 5 E. Bethe, « Die Überlieferung des Onomastikon des Julius Pollux », NAWG 1895, p. 322-348, qui en donne un apergu dans la préface de son édition: Pollucis Onomasticon, coll. BT, Leipzig 1900-1937 (réimpr. 1967), et dans Bethe 12, col. 776. Mais l'idée de ce savant que le texte conservé serait seulement une Epitome parait aujourd'hui peu probable (voir par exemple les réserves de Katzouros 8 cité infra). (2) Διαλέξεις ἤτοι λαλιαί, Entretiens ou Allocutions. (3) Μελέται,
Déclamations.
Philostrate
(V. Soph.
Il
12, 3) cite une
de
ses
Déclamations, supposée écrite par un eunuque prisonnier du Grand Roi.
(4) Εἰς Κόμμοδον Καίσαρα ἐπιθαλάμιον. Épithalume pour
Commode César.
(5) Ρωμαϊκὸς λόγος, Discours sur Rome.
(6) Σαλπιγκτὴς À ἀγὼν μουσικός, Le Trompette ou Concours musical. (7) Κατὰ Σωκράτους. Contre Socrate.
P 231
POLLUX DE NAUCRATIS
1217
(8) Κατὰ Σινωπέων, Contre les Sinopéens. (9) Πανελλήνιος, Discours panhellénique. (10) 'Apxaóuxóc, Discours sur l'Arcadie. La Chronique qui figure sous le nom de Julius Pollux dans certains manuscrits (Monacensis
181;
Barberinianus
gr. Y 56), alors qu'elle est anonyme
dans
les
manuscrits plus anciens, est pseudépigraphe: voir 6 Th. Preger, « Der Chronist Julios Polydeukes. Eine Titelfälschung des Andreas Darmarios », ByzZ 1, 1892, p. 50-54; 7 K. Krumbacher, « Noch einmal Julios Polydeukes », ByzZ 1, 1892, p. 342-343. Les sources et la liste de titres caractérisent surtout Julius Pollux comme un sophiste et un lexicographe ; seul le titre n? 7 parait traduire un intérét plus direct pour la philosophie. Mais le lexicographe intéresse aussi l'historien de la philosophie. Il nous a conservé dans son Onomasticon de nombreux fragments d'auteurs classiques perdus. D'autre part, il s'est intéressé à divers domaines spécialisés, par exemple philosophique (au livre III) ou juridique et politique (au livre VIII). 8 Ph. P. Katzouros, « Pollux et la δίκη συνθηκῶν παραβάσεως » [commentaire de Pollux VIII 31], Annuaire scientifique de la Faculté autonome des Sciences politiques
d'Athènes « Panteios», 1981, p. 199-215, a bien montré, à propos d'un exemple, que les expressions recueillies et commentées par Pollux peuvent renvoyer à des ceuvres classiques comme les Lois de Platon, la Constitution d'Athénes d' Aristote ou les Lois de Théophraste. Cf.
9
C.F.
Ranke,
Pollux
et
Lucianus,
Diss.
Quedlinburgi
1831;
10 M. Naechster, De Pollucis et Phrynichi controversiis, Diss. Leipzig 1908, p. 2146, avec les réserves de 11 E. Fischer, Die Ekloge des Phrynichos, coll. « Samm-
lung griechischer und lateinischer Grammatiker » 1, Berlin/New York 1974, p. 4344 ; 12 E. Bethe, art. «Iulius Pollux » 398, RE X 1, 1917, col. 773-779 ; 13 I. Avotins, « The holders of the chairs of rhetoric at Athens », HSPh 79, 1975, p. 313324 ; 14 Ch. Theodorides, prata
im
10.
Buch
des
« Die
Hermokopideninschriften
Pollux », ZPE
23,
1976,
p. 63-73;
als Quelle 15
der Demio-
I. Avotins,
«The
sophist Aristocles and the grammarian Phrynichos », PP 33, 1978, p. 181-191; 16J. Hall. Lucian's satire, coll. « Monographs in Classical Studies», New York 1981, p. 252-278 et p. 396-402 ; 17 C. P. Jones, Culture and society in Lucian, Cambridge, Mass./London 1986, p. 105-108; 18 R. Tosi, Studi sulla tradizione indiretta dei classici greci, coll. « Studi di filologia greca » 3, Bologna 1988, p. 87113 ; 19 /d., art. «Iulius Pollux », NP VI, 1999, col. 51-53; Puech 3, p. 414-415;
20 Cinzia Bearzot, Franca Landucci et Giuseppe Zecchini (édit.), L'Onomasticon di Giulio Polluce. Tra lessicografia e antiquaria, coll. « Vita e pensiero », Milano 2007. SIMONE FOLLET.
1218 232
PÖLOS D'AGRIGENTE
PÓLOS D'AGRIGENTE
P232
RE 3
F V?
Sophiste et rhéteur d'origine sicilienne, élève de Gorgias (»*G 28) et de Licymnios de Chios (Platon, Gorg. passim ; Phaedr. 267 b; Souda, TI 2170. t. HI, p. 185 Adler;
T 388, t. II. p. 535
Adler). Peu après son arrivée à Athènes
(Gorg.
461 e), soit vers 413-412 si l'on se fie aux estimations les plus répandues sur la date dramatique du dialogue, il fut, jeune encore (Gorg. 461 c) — quoique pas si jeune : il serait né dans les années 440. cf. 1 D. Nails, The People of Plato, Indiana-
polis/Cambridge 2002. p. 252 -, l'un des principaux interlocuteurs de Socrate dans le Gorgias de Platon. Méme si Platon est la source d'information quasiment unique sur ce sophiste mincur, méme si son nom («Poulain») préte à la plaisanterie comme celui de Corax (à cette différence pres qu'il est düment et souvent attesté, cf. W. Nestle. art. « Polos», RE XXI 2 1952. col. 1424-1426 ; 2 J. Traill. Persons of Ancient Athens, vol. 15, Toronto 2006. n? 797700). méme si son portrait dans le Gorgias reléve de la caricature, on reconnait généralement (ce qui n'est pas toujours le cas de Calliclés [*»*C 17]) Ja réalité de son existence.
Lucien (Herod. 3, t.IIT, p.347, 17 MacLeod), d'après Anaximéne de Lampsaque (FGrHist 72 T 10), indique qu'il se fit connaitre, comme d'autres sophistes, par ses fréquents discours à Olympie. Il aurait selon certains tenu une école (Denys d’Halicarnasse, De Lys. 3, 4. si l'on interprète la formule
Λικύμνιόν τε xai Πῶλον comme le fait W. Nestle, art.
oi περὶ
«Polos» 3, RE XXI
2
1952, col. 1424-1426), mais cela parait peu compatible avec le témoignage
de
Philostrate (V. Soph. 1 13) qui compte Pólos parmi les grands représentants de
la
premiére sophistique et précise que Gorgias lui fit payer cher ses legons. parce qu'il était des plus riches. Philostrate ajoute qu'on a tort de préter à Pólos l'invention des parisoses. antithèses et homéotéleutes (figures tardivement connues sous le nom de «gorgianismes », sur cette question voir 3 M.-P. Noel, «Gorgias et l'"invention"
des TOPTEIA
XXHMATA
», REG
112.
1999, p. 193-211). car Pólos
dans ce domaine n'est qu'un épigone: τῇ γὰρ τοιᾷδε ἀγλαίᾳ τοῦ λόγου Πῶλος
εὑρημένῃ κατεχρήσατο, ὅθεν ὁ Πλάτων (Gorg. 4670) διαπτύων αὐτὸν ἐπὶ τῇ φιλοτιμίᾳ ταύτῃ φησίν" ὦ λῷστε Πῶλε. ἵνα σε προσείπω κατὰ o£ («parce que les ornements du discours, Pólos en a usé inventés. C'est pourquoi Platon, méprisant poli Pólos, pour parler à ta façon” ». trad. rien de la premiere Sophistique ». dans L.
à l'excés alors qu'ils avaient été déjà l'affectation de Pölos. déclare : “6 trop modifiée de 4 Ead., « Philostrate histoCalboli Montefusco [édit.]. Papers on
Rhetoric,
[205]). Plusieurs témoignages
t. III, Bologna
2000, p. 191-212
(notam-
ment celui d'Hermias. in Phaedr., p. 239 Couvreur) font état en effet de cette attri-
bution,
historiquement
invraisemblable
(ces
figures
sont
antérieures
méme
à
Gorgias), et sans doute liée à l'analyse stylistique des tirades ridicules que Platon préte à Pólos dans le Gorgias. Toujours est-il que la courte discussion de Philo-
strate explique sans doute pourquoi H. Diels. qui généralement suit ce dernier dans sa sélection des sophistes. a considéré l'activité de Pólos comme strictement rhétorique, et ne l'a pas retenu dans les Vorsokratiker. Comme la collection de 5 L. Radermacher
(Artium
scriptores
[Reste
der
voraristotelischen
Rhetorik],
Wien
P 232
PÓLOS D'AGRIGENTE
1219
1951, B XIV 1-11. p. 112-114) adoptait une perspective particulière lui interdisant un relevé complet, il a fallu attendre la toute fin du siécle dernier pour que paraisse une édition exhaustive et moderne des dix-neuf témoignages conservés concernant Pólos (6 R. L. Fowler, «Polos of Akragas: Testimonia », Mnemosyne 50, 1997, p. 27-34). Pölos. donc, est l'une des cibles principales du Gorgias, oü il apparait comme le plus stupide des trois représentants de la rhétorique (voir l'analyse de 7 Monique Canto, Platon. Gorgias, présentation et traduction par M. C.-S., coll. GF 465, 3* éd., Paris 2007, p. 34-38): il est plus juvénile, plus péremptoire, plus vaniteux, plus vulgaire que Gorgias, mais moins audacieux et combatif que Callicles. Il affirme que la toute-puissance réside dans l'injustice (474 b), mais recule devant les conséquences dangereuses de cette théorie. Il incarne surtout une parole préfabriquée, arrogante, sans autre horizon que la beauté formelle, incapable de pertinence et de réactivité dialectiques — comme le lui déclare froidement Socrate (471 d). Il s'introduit dans le dialogue en plaquant un morceau de bravoure (448 c) sans
rapport avec la question de Chéréphon [**C 109] (quel art pratique Gorgias 7), et si Socrate accepte un long échange avec lui (la deuxiéme partie du Gorgias, 462 b481 b), c'est à condition qu'il renonce à ses longues tirades (461 b-462 b). Un tel
contrat dialectique met à nu la sottise et la veulerie du personnage : constantes et grossières dérobades, recours à l'opinion populaire quand il est embarrassé (471 cd). utilisation raide et maladroite de la dérision (473 b-e), incapacité à percevoir la différence entre justice et intérét de l'individu (474 c-476 a). Moralement, c'est un
faible et, de surcroit, sa loyauté à l'égard de Gorgias n'est pas sans faille (448 a). La médiocrité de Pólos joue ainsi un rôle important dans la dramaturgie et l'économie dialectiques du Gorgias. Son cynisme — avant la lettre — et son immo-
ralisme cadrent mal avec son respect des convenances et son attachement à la respectabilité. Ses concessions à Socrate (surtout en Gorg. 474 c) contribuent sans
nul doute à impatienter Calliclés (qui les lui reprochera, 482 d), et à libérer ce dernier de toute hypocrisie. Qu'y a-t-il de réel dans ce portrait? Platon n'est pas le seul à noter la convergence entre le personnage et son nom. Aristote, évoquant le «lieu tiré du nom», c'est-à-dire un argument tiré de la remotivation du signifiant des noms propres (Rhet. 11 23, 1400 b 20-21), cite Hérodicos (de Selymbria, selon Diels-Kranz [85 A
6]. ou un autre médecin, homonyme,
frére de Gorgias) jouant sur les noms de
Thrasymaque et de Pólos, et lançant à ce dernier : ἀεὶ σὺ πῶλος el («tu es toujours
un poulain, toi! »). Cela confirme l'impétuosité du personnage. Pour le reste, mieux vaut conclure, justement, que nous avons affaire à un personnage. Toujours d'aprés le Gorgias (462 b-c), Pólos avait écrit un traité (σύγγραμμα) portant sur la rhétorique (le théme de la discussion). 1] ressort clairement du texte de Platon que Pólos y voyait un empirisme (ἐμπειρία) visant à l'agrément de l'auditeur. Plus problématiques sont les liens exacts qu'il établissait entre parole et art (τέχνη), en raison de l'ambiguité de la formule utilisée par Socrate pour résumer la doctrine de Pólos. Ce dernier interroge: — Mais qu'est-ce selon toi que
P232
PÖLOS D'AGRIGENTE
1220
la rhétorique ? Socrate répond: — Πρᾶγμα ὃ qnc σὺ ποιῆσαι τέχνην ἐν τῷ συγγράμματι 6 ἐγὼ ἔναγχος ἀνέγνων. Pólos reprend: — De quoi parles-tu ? Socrate précise: — De l'expérience. voilà ce dont je parle ». Dans la phrase citée en grec, si ὃ est objet de ποιῆσαι. comme le pense 8 E. R. Dodds (édit.). P/ato, Gorgias, Oxford 1959, ad loc., Pólos se targuait d'avoir donné à la rhétorique Ie statut d'art, et il faut comprendre : « Une chose dont tu dis avoir fait un art dans le
traité que j'ai lu il y a peu». S'il est sujet (thèse de 9 R. F. Renehan, « Polus, Plato and Aristotle », CQ 45, 1995, p. 68-72), on peut traduire:
« Une chose qui selon
toi, dans le traité que j'ai lu récemment, fait l'art », la « chose » étant explicitée ensuite
comme
l'expérience.
Une
phrase
d'Aristote
(Metaph.
A
1, 981
a 3-5)
encourage à comprendre comme Renehan 9: ἀποβαίνει δ᾽ ἐπιστήμη xai τέχνη διὰ τῆς ἐμπειρίας τοῖς ἀνθρώποις, ἡ μὲν γὰρ ἐμπειρία τέχνην ἐποίησεν. ὥς φησι Πῶλος, ὀρθῶς λέγων, ἡ δ᾽ ἀπειρία τύχην. « Pour les humains, la science et
l'art résultent de l'expérience, car l'expérience a produit l'art, comme le dit Pólos à juste titre, l'inexpérience le hasard» (trad. modifiée de 10 M.-P. Duminil et A. Jaulin, Aristote, Métaphysique, présentation et traduction de M.-P. D. et A. J., coll. GF 1347, Paris 2008). On a pu dire (Radermacher 5 B XIV 5 p.113: 11 W. Jaeger [édit.], Aristotle, Metaphysics, Oxford 1957 ad loc., cf. Renehan 9, p. 68)
que cette phrase dérive du Gorgias (448 c) mais c'est peu vraisemblable, étant donnée — entre autres arguments développés par Renehan 9 — la connaissance qu'Aristote
avait
de
la rhétorique
de
son
temps
(cf. Canto
7, p. 36).
Si
l'inter-
prétation de Renehan 9 est juste, Pólos pourrait se rattacher ainsi aux toutes premières manifestations de l'école empiriste. II n'est pas indifférent que cette tradition, en médecine. remonte à Acron (**A
14), lui aussi du V?, originaire lui
aussi d'Agrigente (Renehan 9, p. 71).
Quoi qu'il en soit, la production de Pólos fait aussi l'objet d'un passage du Phédre (267 b-c), dans une revue ironique des acquis « techniques » de la rhétorique
contemporaine.
(Sanctuaire
des
ll
Muses
y
est
crédité
oratoires),
où
d'un
ouvrage
étaient
décrites
intitulé des
Movoeia
«beautés»
λόγων
comme
la
διπλασιολογία (redoublement d'expression, soit, sans doute, les lourds paronomases et polyptotes parodiés par Platon dans le Gorgias, 448 c), la γνωμολογία (expression
sentencieuse),
l’eixovoAoyla
(expression
imagée).
Platon
enchaîne
immédiatement sur un ouvrage de Licymnios « dont ce dernier fit don à Pólos pour
avoir composé sa Beauté de la langue» (à ἐκείνῳ ἐδωρήσατο πρὸς ποίησιν Evertetag). 1l est difficile de savoir si ce dernier ouvrage est distinct du précédent
et si l’un et/ou l'autre s'identifient au traité mentionné dans le Gorgias. Le Περὶ λέξεων que lui prête la Souda (p. 185 Adler) pose les mêmes problèmes : on ne sait s'il s'agit de l'un et/ou de l'autre des traités mentionnés par Platon ou de l'une de ses/leurs parties. Sur ces aspects stylistiques de l’œuvre de Pólos, on a toujours profit à consulter 12 E. Norden, Die antike Kunstprosa, t. I, Leipzig
Pólos
se serait aussi
l'incrédulité des historiens
intéressé
à la mythologie
modernes
attribue des recherches généalogiques
et
à Homére,
(cf. Fowler 6 p. 27):
sur les combattants
la Souda
1898. p. 73 sg.
ce qui suscite (loc. cit.) lui
de l'//iade. Ce serait,
P 234
PÖLOS DE LUCANIE
1221
avec le goüt des raffinements inutiles, un autre point commun avec son maitre Licymnios, qu’Aristote traite en poète au vocabulaire exact (Rher. III 2, 1404 b 68), mais qu'il épingle aussi pour ses distinctions vaines (Rher. III 13, 1414 b 1618). Pólos le mal-aimé a malgré tout trouvé des défenseurs : Renehan 9, p. 71, déjà cité, qui le juge digne d'une « note de bas de page » dans l'histoire de la pensée grecque au chapitre de l'empirisme, et 13 G. Vlastos (« Was Polus refuted?», AJPh 88, 1967, p. 454-460) qui montre, à l'aide d'une argumentation serrée, que la position de Pólos, face à celle de Socrate, est moins fragile qu'on ne le dit et que sa concession de 474 c (il est préférable de faire le mal plutót que le subir, mais c'est plus laid) ne ruine pas sa thése : en un mot, son tort a été de se laisser intimider par Socrate dans la suite du débat. Il reste aux stylisticiens, dont Pólos est l'un des pères, à mieux reconnaître leur dette. PIERRE CHIRON.
233
[PIO[LOS] D'AGRIGENTE
1
Académicien inconnu (Philod., Acad. hist., col. XXXIV 2 = Antioch. T 3, 6 Mette), disciple d’Antiochus d’Ascalon (»*A 200) ou de Philon de Larisse [**P 155] (E. Puglia, ZPE 130, 2000, p. 17-28). La reconstruction du nom demeure
incertaine:
Mekler
a été
suggeré
[II]G[Aoc]
tandis
que
Bücheler
proposait
[A ]G[poc]. TIZIANO
DORANDI.
[PÓLOS DE LUCANIE] RE4 La présente notice semble concerner un personnage qui n'a jamais existé. C'est Jean Stobée (ou l'un des plus anciens copistes de son Florilege) qui serait à l'origine de l'apparition de cet "auteur" pythagoricien dans les annales de la philosophie antique. En effet, un fragment en dorien tiré d'un traité Περὶ δικαιοσύνης, Sur la justice (IIl 9, 51, p. 362, 1 - 363, 11 Hense) est introduit dans les mss du
Florilège de la manière suivante : 'Ex Πώλου (variante Ἐχπώλου) Πυθαγορείου Λευκανοῦ... Cf. 1 K. Ziegler, art. « Polos » 4, RE XXI 2, 1952, col. 1425. D'un point de vue strictement onomastique, c'est uniquement la première version du nom, Πῶλος. qui pourrait étre acceptable (elle est répertoriée en effet dans 2 W. Pape et G. Benseler, Wörterbuch der griechischen Eigennamen, t. ll, p. 1294 [4]), étant donné que dans l'Antiquité Polos était un nom assez répandu à travers le monde grec, attesté entre autres à Acragas, en Sicile, prés des grands centres du pythagorisme (cf. 3 LGPN, t. Ill A, p. 384), et rendu célèbre par le disciple de Gorgias le sophiste (»*P 233) qui figure parmi les interlocuteurs du dialogue homonyme de Platon (voir encore Phédre, 267 B: [Platon], Théagès, 127 E - 128 B: cf. 4 D. Nails, The People of Plato, p. 252). Par opposition, le nom "ExrroAoc semble n'avoir jamais existé. Qui plus est, un parcours cursif du Florilége montre que la construction «'Ex + génitif de nom propre » (du type ‘Ex + [10A00) n'est pas la facon habituelle dont Stobée introduit les extraits inclus dans son ouvrage. En principe ceux-ci sont tout simplement précédés du nom de l'auteur au génitif, et dans les cas moins fréquents où £x est employé en début de lemme, il est systématiquement suivi d'une périphrase désignant non pas le nom de l'auteur de l'extrait, mais soit le titre global de son ouvrage soit un titre descriptif correspondant à une partie ou un chapitre de celui-ci.
Le ms
P 234
PÖLOS DE LUCANIE
1222 de Stobée
consulté
par le patriarche
Photius
portait apparemment
la
deuxième de ces deux graphies, et ainsi c'est le nom Ecpólos (»E 10) qui a été retenu par lui dans son répertoire alphabétique des auteurs cités dans le Florilege (Bibliothèque, cod. 167, 114 a 33 Bekker = t. Il, p. 155 Henry [CUF]) - Pape et Benseler 2, t. I, p. 340 enregistrent ce nom aussi, mais ils le mettent entre crochets droits, le considérant comme corrompu ou inexistant. Étant donné qu'on n'a pas d'autre attestation d'un pythagoricien lucanien du nom de Pólos ou Ecpólos, et que le catalogue de Jamblique mentionne par ailleurs un Eccélos de Lucanie (»E 1), 5 K. Praechter, « Ein verkanntes Fragment des angeblichen Pythagoreers Okellos », Philologus 61, 1902, p. 266-270, a proposé de lire 'ExxéAov à la place du Ἐκπώλου / Ἐκ Πώλου des mss, en attribuant ainsi à Eccélos la paternité du traité Sur la justice. Sa correction est généralement acceptée par les savants modernes; voir p. ex. 6 H. Thesleff, Introduction, p. 13:7 Id., The Pythagorean texts, oü le fr.
du Περὶ δικαιοσύνης est reproduit sous le nom d’Eccelos, p. 77. 14 - 78. 16. 8 Br. Centrone et R. Goulet, notice «Eccélos de Lucanie », DPhA 11], 2000. p. 51-52 acceptent également l'attribution du fr. en question à Eccélos et rappellent les datations qui en ont été proposées. Pour le texte, voir déjà 9 Fr. Mullach, FPhG, t. 11, p. 26-27. Pour une trad. en anglais, on consultera K. S. Guthrie, dans 10 D. Fideler (édit.), The Pythagorean sourcebook, p. 253, et dans (édit.), The Pythagorean writings, p. 162 (sous le nom de Pólos).
11 R. Navon
Praechter 5 est allé plus loin encore, en identifiant purement et simplement Eccélos avec Occélos (»O 4). Il a été suivi en cela sans réserves par 12 R. Harder, "Ocellus Lucanus", Berlin 1926 [réimpr. Dublin/Zürich 1966], p. 26 et 146, qui
publia et commenta le fr. transmis par Stobée sous le nom d’(Ec)Pölos dans sa collection de fragments d'Occélos ; voir les p. 26, 15 - 27, 14 de son éd., avec son riche comm., aux p. 146-148. L'identification d'Eccélos avec Occélos reste pourtant arbitraire, étant donné que les deux personnes sont clairement distinguées, et
méme désignées comme fréres, dans le catalogue de Jamblique ; voir les réticences exprimées déjà par Thesleff 6, p. 13, n. 1. ainsi que 13 les notices du DPhA IV, 2005, p. 743-750, consacrées à Occélos, Pseudo-Occélos et Occeló (»*O 4-6).
Du point de vue du contenu, l’idée développée dans le fragment attribué faussement à Pólos est que la justice est la plus grande vertu, comparable à l'harmonie de l'univers. CONSTANTINOS POLYAINUS — BASSUS
235
POLY AENUS
POLYARCHOS DE SYRACUSE
MACRIS.
(AVIANUS -)
DM IV*
Philosophe, disciple d'Archytas de Tarente [**A 322] (ou plutôt son familier, γνώριμος, car ses vues seront contredites par Archytas), connu par un long extrait de la Vie d’Archytas d' Aristoxéne de Tarente (fr. 50 Wehrli) conservé par Athénée. Deipnosophistes XII, 545 a — 546 c. Il aurait été envoyé en ambassade à Tarente par Denys le Jeune (367-357) [**D 84]. On lui donnait comme surnom «le voluptueux » (ἠδυπαθής). à cause de son attachement aux plaisirs corporels et des vues
P235
POLYARCHOS
DE SYRACUSE
1223
résolument hédonistes qu'il défendait. Il aurait participé aux
promenades
philo-
sophiques d' Archytas et de ses disciples dans l'enceinte du sanctuaire. Selon Polyarchos l'exaltation philosophique de la vertu s'éloigne totalement de la nature, car celle-ci. « lorsqu'elle parle de sa propre voix » ordonne à l'homme de bon sens «de suivre les plaisirs ». L'idéal d'une soumission des désirs témoignerait d'une méconnaissance de «la constitution humaine ». La preuve en est que tous les hommes qui obtiennent une grande puissance se portent vers les plaisirs corporels et considèrent que c'est là la fin de leur pouvoir, tout le reste étant considéré comme accessoire. Polyarchos donnait comme exemples, parmi ses contemporains, les Rois des Perses et les autres monarques, et pour une époque plus ancienne les rois de Lydie. de Médie, et antérieurement ceux d'(As)syrie. Tous cherchaient à multiplier et varier les plaisirs et recompensaient ceux qui pouvaient en offrir de nouveaux, car on est vite rassasié par des plaisirs trop prolongés. C'est pourquoi on a toujours cherché à inventer de nouveaux plats, de nouveaux encens, de nouveaux parfums, des vétements, des tapis, des coupes et autres ustenciles. Polyarchos présentait ensuite comme le plus heureux des hommes de ce temps le Roi des Perses, et à un degré bien inférieur son maitre Denys de Syracuse. C'est pour acquérir le plaisir que permet le pouvoir que les peuples se font la guerre: les Médes s'emparerent des richesses des (As)syriens, puis les Perses de celles des Mèdes. Sur cette représentation de la succession des empires, voir G. Zecchini, « Una nuova testimonianza sulla translatio imperii (Aristosseno, Vita di Archita, fr. 50 Wehrli)», Klio 70, 1988, p. 362-371. La fin de tous ces conflits reste la jouissance des plaisirs corporels. Mais les législateurs, afin de ramener tous les hommes au méme niveau (ὁμαλίζειν) et supprimer la luxure chez les citoyens, ont promu la vertu. Ils ont édicté des lois, jugées nécessaires à la communauté politique, afin d'imposer à tous des normes communes dans le vétement ou le régime de vie. Contre l'avidité ils promurent Ia justice, célébrée par les poètes (Euripide, Sophocle, Hésiode) et déifiée chez certains peuples. Ils lui associérent la modération (σωφροσύνη) et la tempérance (ἐγκράτεια) et condamnérent l'avidité (πλεονεξία). C'est ainsi que le respect des lois et des convenances sociales a imposé une limite aux plaisirs corporels. Le méme théme des plaisirs corporels est développé, mais sans référence à Polyarque et dans un sens diamétralement opposé, dans un discours d'Archytas de Tarente rapporté par Caton l’Ancien dans Cicéron, De senectute
12, 39-41
(dont la date dramatique est située en 150°). Il est
possible que Cicéron ait ici repris et modifié le discours qu'Archytas opposait à Polyarque chez Aristoxéne. Caton (»*C 58) prétend en avoir eu connaissance par l'entremise de Néarque de Tarente (»N 11), lors du siège de Tarente en 209* alors qu'il servait sous les ordres de Quintus Fabius Maximus. Selon Néarque, Archytas aurait prononcé ce discours dans le cadre d'un échange avec C. Pontius le Samnite (»P 261) et en présence de Platon (d'après Cicéron sous les consuls L. Camillus et Ap. Claudius en 349*, date qui ne correspond pas à celle qu’Aristoxene donnait pour l'ambassade de Polyarque, sous le régne de Denys le Jeune, 367-357). C'est sans doute à Cicéron que Plutarque (Cato maior 2. 3-4) a emprunté la version qu'il donne de cet épisode. Il fait de Néarque un pythagoricien, ce que Cicéron ne disait pas. Voir G. Garbarino, Roma e la filosofia greca, t. I, p. 73-75 (textes n° 55 et 56), avec le commentaire t. II, p. 325-329.
Cf. C. A. Huffman, « Archytas and the sophists», dans V. Caston et D. W. Graham (édit), Presocratic philosophy. Essays in honour of Alexander Mourelatos, Aldershot 2002, p. 251-270 ; {d., Archytas of Tarentum. Pythagorean,
Philosopher and Mathematician King, Cambridge 2005, 682 p. Les fragments tirés d'Athénée Archytas
et de Cicéron on
constituent
pleasure », p. 307-337.
le fragment Selon
A9
Huffman,
et A9a: malgré
des
«Polyarchus similitudes,
and les
vues de Polyarque ne reprendraient pas, comme on l'a parfois soutenu, celles de Calliclés (»*C 17) dans le Gorgias ni celles de Thrasymaque dans la République, mais des idées qui étaient largement répandues à la fin du V* siecle ou au début du
P 235
POLYARCHOS DE SYRACUSE
1224
IV* siecle (p. 315). « The figure of Polyarchus is thus Aristoxenus' own contribution to the series of powerful advocates of pleonexia which appear in fifth- and
fourth-century Greek literature ranging from Thucydides’ Athenians at Melos, to Aristophanes’ “Weaker Argument" to Plato’s Callicles and Thrasymachus.» (p. 317) Polyarque ne serait pas une invention d'Aristoxéne, mais bien une figure historique et son surnom serait également une donnée historique (p. 317). Apparemment absent de la RE. RICHARD GOULET.
236
POLYBE DE MÉGALOPOLIS ll peut paraitre surprenant
RE |
ca 208 - ca 120
de placer Polybe
dans
un dictionnaire
des
philo-
sophes antiques, puisqu'il est en général classé parmi les historiens, auteur qui plus est d'une Histoire Universelle qui fait de lui, puisqu'il la poursuit jusqu'à la chute de
Corinthe
et de
Carthage
en
146*,
le premier
des
historiens
de
Rome.
Il est
néanmoins tout aussi connu pour son analyse politique de l'État romain (livre VI) et pour ses considérations sur l'Histoire qui parsément toute son œuvre mais qui sont plus particulièrement développées dans ce qui deviendra son livre XII, où il s'en prend (entre autres) à l'historien sicilien Timée de Tauroménium,
bre et auteur d'une œuvre mieux exposer les siennes. dans un dictionnaire des étonné de s'y retrouver, lui
alors célè-
érudite, dont il critique violemment les méthodes pour Ce mélange des genres le place tout à fait légitimement philosophes antiques, méme s'il serait peut-étre trés qui se voulait avant tout homme d'État et militaire.
Cf. K. Ziegler, art. « Polybios» 1, RE XXI 2, 1952, col. 1440-1578. Vie. Il est né vers
ponnèse,
210/208
avant J.-C. en Gréce,
dans
l'Arcadie
du
Pélo-
à Mégalopolis, au cœur d'une région qui avait une grande importance
politique à son époque, puisqu'elle avait adhéré vers 235* à une Ligue, une Confédération militaire nommée la Ligue achéenne, qui devait l'aider à résister
aux conflits de plus en plus pressants de deux forces impérialistes, Rome d'un cóté et la Macédoine de l'autre. Le pére de Polybe, Lycortas, avait dans cette Ligue une position importante, puisqu'il était le principal conseiller de Philopoemen
(»*P 163), qui la dirigea jusqu'à sa mort en
183°. Lycortas lui succéda. Philo-
poemen était de ceux qui veillaient à conjuguer une salutaire prudence à l'égard de Rome et néanmoins le respect du désir d'autonomie des cités. Rome avait certes
sévérement occupé et pillé la Gréce aprés que le Romain Flamininus eut vaincu Philippe V de Macédoine en 196*. Les légions étaient reparties à Rome avec un trés lourd butin qui affaiblissait considérablement une Gréce déjà pauvre. Mais Flamininus avait aussi annoncé à Corinthe que les cités grecques étaient libres et
pouvaient se gouverner elles-mémes. À la téte de la Confédération achéenne, Philopoemen voulait à la fois ménager le vainqueur, rester loyal envers lui et sauvegarder localement une politique et une diplomatie spécifiques. Polybe avait grandi dans cette ambiance et avait vu son père Lycortas succéder à Philopoemen. Il appartenait donc à une famille de notables, de militaires trés en vue, citoyen d'une cité relativement nouvelle puisqu'elle n'avait été fondée qu'en 371*, après
P 236
POLYBE DE MEGALOPOLIS
1225
que le Péloponnèse eut secoué le joug des Spartiates et que les hilotes et périéques eurent retrouvé leur autonomie. Mégalopolis avait été fondée par leurs libérateurs thébains et déclarée dés sa fondation capitale de toute la région de l'Arcadie unifiée, rassemblant en ses nouveaux murs les populations de quarante bourgades et cités arcadiennes. Avec Messène et Mantinée, Mégalopolis devait assurer la sécurité du Péloponnèse et contraindre les Spartiates à rester désormais dans leur région, la Laconie. Méme s'il ne reste pas grand chose du site à l'heure actuelle, son nom et les restes de son théâtre, le plus grand de toute la Grèce (20 000 spectateurs), ceux du bátiment administratif devant abriter les séances de l' Assemblée
fédérale, le Thersilion, trahissent un projet urbanistique colossal et témoignent de l'importance symbolique que devait prendre cette cité lors de sa fondation. Malheureusement pour elle, les guerres et un certain isolement eurent raison de ses ambitions et elle ne devait étre à l'époque de Polybe qu'une grosse bourgade de propriétaires terriens jaloux de leur indépendance, toujours préts à défendre leur autonomie, essentiellement conservateurs et appartenant à la classe moyenne des « gens de biens ».
Polybe a donc grandi dans un milieu relativement aisé, commercialement et politiquement, dans une famille de notables provinciaux qui ont dà lui donner l'éducation qu'on donnait alors aux fils de bonnes familles : pratique de la chasse dans une Arcadie trés giboyeuse, sérieux entrainement à la guerre dans une région qui gardait en mémoire le joug douloureux des maitres de Lacédémone. Il fut sans doute initié au grec de sa région, le parler arcadien de Mégalopolis, ou le dorien couramment utilisé dans le Péloponnèse. La koiné, langue internationale et intellectuelle, intervint ensuite dans sa formation et c'est dans cette langue qu'il écrivit. Il est probable qu'il a appris aussi le latin, car les relations entre la classe grecque aisée et les Romains étaient étroites dés l'époque de son enfance. Et le bel accueil qu'il reçut dés son arrivée à Rome tend à impliquer des relations de longue date avec les Romains, peut-étre avec Paul-Émile quand celui-ci séjourna en Gréce, peut-étre aussi gráce aux campagnes militaires romaines auxquelles il avait l'áge de participer dés sa jeunesse, par exemple celle qui opposa les Romains et leur allié Eumène de Pergame au Séleucide Antiochos III en 192/190, ou celle de Manlius Vulso contre les Galates, en 189/188, quand Polybe avait une vingtaine d'années.
Il était donc assez cultivé, pouvait s'entretenir sans difficultés en latin et en grec avec ses interlocuteurs. Non qu'il ait été particuliérement érudit : Mégalopolis n'est pas un grand centre culturel et Polybe n'eut sans doute pas une formation intellectuelle trés poussée. Certains philosophes pouvaient sillonner le Péloponnèse et séjourner de temps en temps dans la cité, et l'on sait que Philopoemen profita des leçons des philosophes de l'Académie et de péripatéticiens, mais Mégalopolis restait excentrée et Polybe, comme tous les jeunes gens de sa génération, était avant tout un homme d'action, de chasse et de guerre. Son texte trahit peu de goüt pour la littérature et la rhétorique dont Timée, qu'il attaque si longuement et si violemment (livre XII), montre trop l'exemple stérile. Il ne semble pas connaitre Hérodote, ne mentionne aucun auteur juif en grec, aucun auteur punique. Et c'est
P 236
POLYBE DE MEGALOPOLIS
1226
surtout à titre de militaire, d'ancien hipparque de la Ligue achéenne (commandant de la cavalerie, en
170/169), ancien
ambassadeur
en Égypte,
notable
parmi
les
hommes d'État, qu'il aura l'occasion de rencontrer les «grands» de la classe dirigeante romaine, Paul-Émile le pére de Scipion qui deviendra son protecteur et ami, Caton le Censeur, Lépide le Grand Pontife. Tibérius l'aîné des Gracques. Il put certes rencontrer aussi
à Rome
l'homme
de théâtre Térence (même
s'il n'en
parle pas) et ses collégues, tous Romains eux-mémes cultivés qui maniaient le grec sans difficulté. Entre les Romains de la classe aisée et les Grecs en exil comme
lui,
ou de passage à Rome, c'est tout un groupe de l'intelligentsia que Polybe a dü cótoyer alors, à partir de 167, lorsque la bataille de Pydna sonna le glas de l'indépendance grecque et que Polybe, en homme d'État achéen, fut déporté à Rome.
Il
fut déporté pour la raison suivante : hipparque en 170/169, il dut adopter la position de sa Ligue au moment de la guerre que Persée, fils de Philippe V de Macédoine, déclencha contre Rome en 172*. En fait, sa Confédération resta prudemment neutre, ce qui était une facon de ne pas ouvertement soutenir Rome contre son agresseur. Aprés la défaite de Persée à Pydna en 169*, les notables qui avaient soutenu Persée ou étaient restés dans cette trop tiéde et prudente neutralité devinrent suspects aux yeux des inconditionnels de Rome. Parmi eux, l'Achéen Callicrates dressa une liste d'un millier de « patriotes » qui furent déportés à Rome, ce qui lui permit personnellement de prendre la téte de la Confédération et de la diriger d'une façon plus conforme aux vœux du Sénat. Polybe, pour sa part, était de ces «patriotes» suspects, il avait désormais une quarantaine d'années, fut déporté à Rome et dut y rester dix-sept ans, de 167 à 150. C'est à Rome qu'il fut intégré dans le cercle philhelléne des Scipions (le «cercle des Scipions ») et qu'il jouit d'un point d'observation privilégié sur l'atmosphére intellectuelle, sur les institutions romaines et la cohésion de l'État qu'il se prit à admirer. Par exemple il était certainement à Rome lorsqu'y vint l'ambassade athénienne en 155, avec le stoicien Diogène de Séleucie (»*D 146), le péripatéticien Critolaos (»*C 219) et Carnéade (»**C 42) de la Nouvelle Académie. Cratès de Mallos (»*C 203), Panétius
[»+P 26] (certes beaucoup plus jeune) sont des penseurs qu'il a pu rencontrer. Il dut aussi s'instruire énormément gráce à la bibliothéque du roi vaincu Persée que PaulÉmile (»*P 64) avait transportée à Rome pour les jeunes Fabius Maximus et Scipion Émilien (1 P. Pédech, « La culture de Polybe et la science de son temps », dans 2 Polybe, coll. «Entretiens de la Fondation Hardt». Vandœuvres-Genève 1974, p. 41-60). Il note dans son ceuvre (XXXI 23, 4) que son amitié avec Scipion
commenga précisément par des préts de livres et des discussions à leur sujet. C'est donc
peut-étre
à Rome
méme
qu'il approfondit
ses connaissances
et raffina
sa
culture, restées limitée dans sa modeste cité d'origine. À Rome, il jouit d'un traitement de faveur qui lui permit à la fois de demeurer dans la cité, sans devoir s'installer dans un des municipes d'Italie, et de voyager en
Italie. En
151?, Scipion qui avait alors 33 ans et s'était engagé comme
tribun
militaire l'emméne
avec lui en Ibérie oü les légions ont maille à partir avec
Celtiberes.
à 60
Polybe,
ans, découvre
ainsi
une
partie de
l’Ibérie,
le sud
de
les la
P 236
POLYBE DE MEGALOPOLIS
1227
Gaule, les Alpes et la plaine du Pö. Il découvre peut-être aussi l' Afrique du nord. Son amitié avec Scipion Émilien se confirme en méme temps que l'autorité grandissante du jeune notable romain. Peu de temps après, en 150, les trois-cents déportés grecs survivants furent autorisés à repartir chez eux en Grèce. Polybe retrouva donc le Péloponnése, oü Callicratés était désormais largement déconsidéré et oü un parti patriote renaissait de ses cendres. Polybe dut étre écartelé entre son patriotisme d' Achéen et sa lucidité devant la puissance romaine qui rendait inutile tout soulévement. Il avait été hostile à Persée et aux Grecs qui le soutenaient lors de sa guerre contre Rome (les Béotiens, « dans la précipitation et sans réfléchir », XXVII 2, 10; les Rhodiens avec Polyaratos, « prétentieux et hábleur », et Déinon, « aussi cupide qu'effronté », XXVII 7, 12). Il avait trouvé les Macédoniens fous dans leur volonté de s'opposer à Rome, avec un imposteur comme le pseudoPhilippe « tombé du ciel » (XXXVI 10, 2), de méme qu'Hasdrubal, qui « surpassait de loin en pompe tous les tyrans de tragédie » (XXXVIII 8, 7). Il ne pouvait donc que regretter ce sursaut futile et désespéré des Achéens devant la domination inévitable de la pragmatique puissance de Rome. En 149", on le retrouve à nouveau à Rome, expert aupres de l'état-major appelé à résoudre le conflit contre Carthage. Il montre bien dans son œuvre (XXXVI 9, 1-10), par l'importance qu'il accorde au débat entre partisans et adversaires des Romains, mais en donnant la meilleure place aux partisans dont les arguments encadrent joliment ceux des adversaires, qu'il penche du cóté de Rome et qu'il ne soutient aucunement l'intransigeance de ses ennemis. Polybe n'est pas Démosthéne, il est réaliste, réagit non pas avec des théories abstraites et des grands principes, mais il voit ce qui est possible dans une situation immédiate. Et la seule possibilité en l'occurrence est une digne adaptation à la situation et une co-existence la moins problématique possible. C'est en tout cas l'avis de 3 F. W. Walbank, « Polybius between Greece and Rome », dans Polybe 2, p- 3-38). P. Pédech est plus nuancé (Pédech 3, débat), soulignant que Polybe le conservateur ne pouvait que se méfier des révoltes stériles contre Rome, que sa sympathie grandissante avec les Scipions avait dü influencer son jugement, mais qu'il sait à l'occasion égratigner la politique romaine et soutenir les monarchies hellénistiques parfois mises à mal par Rome. Certes, il n'est pas un inconditionnel de Rome, voit lucidement ses faiblesses et ses excès, se sent définitivement solidaire des Grecs dans leur souci d'indépendance, mais il est «raisonnable» et refuse les entreprises dangereuses et inutiles. Il n'a pas choisi de venir à Rome en 167*, mais il dut admettre par la suite que la puissance romaine était inéluctable. En 146%, il est avec Scipion à Carthage et, comme la méme année voit aussi le sac de Corinthe, incendiée par les hommes de L. Mummius, il ne put sans doute que se résigner devant le fait accompli et admettre que la Confédération achéenne avait désormais vécu. Il s'était opportunément porté volontaire pour participer à une mission d'exploration de l'Atlantique quelques mois auparavant, ce qui lui évita sans doute d'assister à l'agonie de tous les réves d'autonomie de sa région natale. Il n'en participa pas moins comme médiateur en Achaie à la pacification et à la réorganisation administrative du monde grec occupé, et il se consacra sans doute
1228
POLYBE DE MEGALOPOLIS
P 236
désormais à son œuvre, tout en voyageant en Égypte, en Orient. Rejoignit-il Scipion en 133°, lorsqu'il fallut réduire Numance en Espagne? Nul ne le sait, méme s'il a pu se trouver aux cótés de Scipion comme il l'avait été à Carthage. Le
saccage de Numance fut en tout cas à la hauteur de la destruction de Carthage et de Corinthe, et Polybe écrivit une histoire de cette guerre. On dit qu'il mourut à plus de quatre-vingts ans, après son jeune ami Scipion. vers 120*, d'une chute de
cheval. Sur son attitude à l'égard de la domination romaine, voir 4 J.-L. Ferrary. «Le jugement de Polybe sur la domination romaine : état de la question», dans Polibio y la Peninsula Ibérica, Vitoria, Universidad del Pais Vasco, 2003, p. 1532. Œuvre. Auteur — sans doute tard dans sa vie, et surtout pendant ses vingt derniéres années — d'une Histoire, auteur aussi d'une Vie de Philopoimen, preuve de son admiration pour le dirigeant de la Ligue achéenne. d'un Traité de tactique et d'un ouvrage
sur la Guerre de Numance
(voir Cicéron, Ad Fam.
V
12, 2). Polybe
est surtout connu pour son Histoire dite universelle (40 rouleaux de papyrus), rédigée avec le recul et sans cesse retravaillée, limitée au passé proche et privilégiant l'approche politique et militaire, dans la continuité de Thucydide (il a participé, comme Thucydide, à bon nombre d'événements), Xénophon et Théopompe (5 E. Foulon, « Polybe et l'histoire universelle », dans Histoire et historiographie
dans l'Antiquité,
Paris 2001, p. 45-82).
Il dépasse
néanmoins
le projet de
ses
prédécesseurs, dans la mesure oü il s'efforce d'écrire une Histoire universelle, avec une
convergence
(symploké,
de
toutes
les
histoires
locales,
un
enchevétrement,
un
tissage
l'entrelacement de la chaine et de la trame) entre des événements
apparemment
distincts dans des espaces
divers, en
Italie, Afrique, Gréce
et Asie,
qui n'en tendent pas moins à un « aboutissement unique ». En 14,3, il regrette une
lacune dans l’œuvre des historiens qui l'ont précédé : « J'ai constaté qu'il ne manquait pas d'historiens pour nous offrir le récit de telle ou telle guerre considérée isolément et de certains faits concomitants, mais il ne s'est trouvé personne, à ma connaissance,
qui eüt seulement
tenté d'étudier
l'ensemble
des événements
pour
déterminer quand et comment la connexion s'est établie entre eux et quel a été le résultat de cet enchainement». En comblant cette lacune, i! contribue à unifier l'espace par l'interaction méme de tous ces événements apparemment isolés, traitant constamment et simultanément (olympiade par olympiade, puis année par
année) le régional en référence à la carte globale de l'oikouméne. C'est une vision de cartographe, comme le suggére 6 Ch. Jacob, art. « Polybe », dans J. Brunschwig et G. Lloyd (édit.), Le savoir grec, Paris
1996, p. 775-782. Traitant successivement
de l'Italie, de la Sicile, de l'Espagne. de l'Afrique. de la Gréce, de la Macédoine et de l'Égypte, il garde toujours pendant sa périégése intellectuelle un point de vue global, synoptique (la vue d'ensemble, à la fois du tout et « d'en haut »), afin d'en dégager une cohérence et une unité dignes des exigences aristotéliciennes de la Poetique, digne aussi ce que les stoiciens envisageaient quand ils voyaient le monde comme une unité organique objective. L'Histoire est alors comparée à un corps, un organisme (σωματοειδής) dont les éléments distincts ont une finalité
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POLYBE DE MEGALOPOLIS
1229
unique, une histoire devenue « organique », « action unique », « spectacle unique », qui impose également la totalité cohérente de son écriture méme. L'écriture de l'histoire doit donc changer, puisque l'histoire elle-méme a changé, lors de cette 140* olympiade qui vit « les affaires d'Italie et d'Afrique (...) désormais liées aux affaires de Gréce et d'Asie»
(I 3, 4). L'événement
étant unitaire, l'écriture doit
l'être aussi, et l'histoire universelle, en 40 livres d'une seule trame, doit désormais
remplacer les histoires particuliéres. « Voici quarante livres formant pour ainsi dire une texture continue et oü l'on peut suivre, dans un récit clair, le cours des événements d'Italie, de Sicile et d'Afrique depuis l'époque de Pyrrhos jusqu'à la prise de Carthage. (...) N'est-il pas infiniment plus commode d'acheter et de lire un tel ouvrage que les livres des auteurs qui traitent séparément des divers épisodes ? » (111 32, 2). Sur son usage de la synopsis, cette facon d'embrasser d'un seul coup la forme d'un ensemble de faits, voir 7 A. Zangara, Voir l'histoire. Le récit historique à l'époque hellénistique et romaine, Paris 2007, 1" Partie, chap. I et 3° Partie. Parallèlement, Polybe ne cesse d'accompagner sa narration d'une réflexion épistémologique sur sa pratique d'historien, moins soucieux de séduire son lecteur que de l'instruire, désireux de retenir les leçons de l'expérience passée pour ne pas répéter les erreurs (XII 11, 25b), donnant au profane une sorte d'expérience militaire, politique et éthique par procuration, gráce à toutes les situations passées en revue qui permettent de se donner une sagesse, à travers l'expérience concréte d'autrui.
Exilé au cœur méme de la nouvelle puissance depuis 167*, militaire réduit à l'inaction comme Thucydide le fut aprés son échec à Amphipolis, observateur bien placé des rouages politiques et administratifs et jouissant de conditions d'écriture idéales, capable de rassembler sur place quantité de matériaux et de documents indispensables, il ressentit le désir d'expliquer aux Grecs comment Rome avait pu devenir cette force capable de dominer le monde connu. En cela, Polybe peut étre qualifié de théoricien politique. Sa pensée politique, jointe à ce qu'on pourrait appeler déjà une philosophie de l'Histoire qui transparait à tout moment dans son texte, justifient sa présence dans un dictionnaire des philosophes antiques, méme si son objectif n'était pas de faire œuvre philosophique, même si ses exposés ne sont pas dans les termes d'un traité de ce genre. C'est une sorte de philosophie politique en action, un point de vue pragmatique et empirique qui cherche à mettre en lumière les faits et la réalité, une expérience vécue davantage qu'une pensée théorique et abstraite. Constat qui apparait particulièrement dans le livre VI, où il traite de la constitution romaine à l'époque de la Guerre d'Hannibal, trop « compliquée » à ses yeux pour qu'il puisse étre exhaustif, mais dont il essaie de dresser un tableau d'ensemble délibérément simplifié mais honnête. Dans sa volonté d'expliquer « comment et gráce à quelle sorte de constitution les Romains ont réussi, en moins de 53 ans, à soumettre à peu près tout le monde habité » (c'est-à-dire du début de la 2* guerre punique, 220, la 140* olympiade, jusqu'à Pydna en 168°, I 1, 5-6), Polybe essaie de tirer les lecons des puissances successives, afin de découvrir pourquoi Rome réussit là oü d'autres ont échoué. De
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récentes expériences lui donnaient matiere à réflexion: par exemple la chute de la
Perse sous les coups d'Alexandre le Grand, puis l'échec de ce méme royaume macédonien avec la défaite de Persée lors de la troisiéme guerre macédonienne. Alternances de succés et d'échecs, de grandeurs et de décadences, dont Polybe avait pu lire le récit dans un traité comme celui de Démétrios de Phalère (»*D 54),
Sur la Fortune (Περὶ Τύχης), oü le philosophe péripatéticien mettait sur le seul compte d'une Fortune capricieuse les revers de puissances naguère si triomphantes.
La Fortune (la Tyché) reste omniprésente chez Polybe. Reste à savoir s'il lui donne le méme contenu que lui donnait Démétrios. Plus qu'une force capricieuse et seule « divinité » dont parle cet homme apparemment sceptique et agnostique (en VI 56,
il considere la religion comme un mal nécessaire pour impressionner le peuple, mais inutile aux sages), elle semble étre chez lui une sorte de principe sous-jacent de l'Histoire en marche, une puissance qui fait converger tous les événements vers
une fin unique, qui prodigue des avertissements qu'il s'agit d'entendre à temps : or l'essor de Rome est un de ces signes de la Tychè (8 J.-M. Pailler, « Polybe, la Fortune et l'écriture de l'histoire:
le cas de la premiére
guerre punique », dans
Mélanges C. Deroux, t. III, Bruxelles 2003, p. 328-339). À l'époque de Polybe, les intellectuels, qu'ils soient Grecs ou Romains, avaient pleinement conscience que les empires se succédaient, qu'on avait déjà assisté à la domination des Assyriens, des Médes, des Perses et des Macédoniens. Est-ce à dire que Polybe envisageait. avec la méme logique, le futur déclin de Rome ? Les signes en sont discrets et ne sont pas au centre de l’œuvre. Il n'en est pas moins clair que la notion de déclin existe chez
Polybe et traverse toute son œuvre.
On
se souvient des craintes
de
Scipion pendant le sac de Carthage. quand le général vainqueur se retourne vers Polybe et lui confie son inquiétude: «...j'appréhende le moment à venir oü un autre pourrait nous adresser pareil avertissement au sujet de notre propre patrie ». L'historien, avec le recul, rend hommage à cet homme « capable, à l'heure du plus grand
triomphe,
(...) de réfléchir à sa propre
situation et à la possibilité
d'un
renversement du sort, de ne pas oublier, dans le succés, que la Fortune est changeante...»
(XXXVIII
21).
Rome
pourrait-elle,
malgré
son
régime
idéal,
étre
renversée à son tour ? Méme si ces inquiétudes sont celles de Scipion, il n'est pas interdit de penser que Polybe les partageait parfois (9 M. R. Guelfucci, « La peur
dans l’œuvre de Polybe », RPh 60, 1986, p. 227-237). L'originalité de Polybe Deux grands concepts traités avec originalité traversent toute l’œuvre de Polybe : celui de l'anacyclosis, cette séquence universelle qui voit les constitutions
se succéder inexorablement au fil du temps, devant céder l'une aprés l'autre aux coups externes et internes qui les corrompent inévitablement et les transforment cycliquement (10 K.-E. Petzold, « Kyklos und Telos im Geschichtsdenken des Polybios », Saeculum 28, 1977, p. 253-290: 11 J. M. Alonso Nunez. « The anacyclosis in Polybios », Eranos, 84, 1986, p. 17-22 ; 12 E. Vimercati, « Polibio come filosofo della storia », InvLuc 23, 2001, p. 239-262). Et celui du régime idéal, le fameux régime mixte susceptible de rompre la fatalité de cette séquence et que
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Rome a su magnifiquement installer. 13 F.W. Walbank, Polybius, Rome and the Hellenistic World. Essays and Reflections, Cambridge/New York 2002 (chap. 13: « The Idea of Decline in Polybius »), a montré que ces deux concepts existaient avant Polybe. L'anacyclosis, mise en récit dans le livre VI (9, 6), et que Polybe attribue lui-méme à «Platon et quelques autres philosophes » (VI 5, 1) trouvait donc déjà son théoricien chez Platon, dans le Protagoras (322 a-b), la République (V, 449 a, VIII, 544 c), le Politique (291
d-e) et les Lois (IV, 710 d). Aristote
(Politique V, 1316) regrette que Platon n'ait pas expliqué les causes des transformations successives. De son propre aveu, le concept existait donc avant Polybe. Mais
lui seul a mis en scéne un véritable cycle. Chez
Polybe
(VI 5, 4 - 9, 9),
l'humanité a vu au début des temps les hommes se réunir autour d'un chef plus fort que les autres, susceptible de les sauver de la sauvagerie dans laquelle ils vivent. Puis naissent les exigences d'éthique et de justice, et le chef se transforme petit à petit en roi comptant davantage sur sa force morale que sur sa force physique. Les générations se suivent et les rois deviennent inexorablement des tyrans. L'élite de leurs sujets les renverse donc et installe une aristocratie. Une aristocratie qui, à son tour, se corrompt, abuse de ses priviléges, devient une oligarchie, d’oü la révolte du peuple qui instaure la démocratie. Aprés une ou deux générations, cette démocratie perd de sa force, le goût du pouvoir envahit à nouveau les esprits, et s'ouvre une période de crise, en une ochlocratie oü les violences et les massacres inaugurent un nouveau cycle de sauvagerie auquel seul pourra mettre fin le leader monarque du début, qui initie un nouveau cycle de constitutions incontournables. Cette série de constitutions qui se succédent était connue par ailleurs, méme si Polybe semble bien étre celui qui boucle la boucle et finit la séquence comme elle a commencé. Le deuxiéme concept, le régime mixte, n'est pas non plus inventé par Polybe. Thucydide le met déjà en scéne à travers la constitution modérée de Théraméne (VIII 97, 2), Platon
dans
le Ménexéne
(238
c-d) et les Lois (IV, 712
d-e), les
pythagoriciens, les sophistes, les stoiciens, les péripatéticiens et méme Caton l'Ancien (à propos de Carthage) sont susceptibles d'avoir inspiré Polybe, si inspiration il doit y avoir. Une heureuse combinaison d'éléments monarchiques, aristocratiques et démocratiques était déjà dans l'air du temps, indépendamment de Polybe. On l'imaginait, ou bien on la projetait sur un régime existant, la Créte, Sparte ou Carthage en l'occurrence. L'originalité de Polybe est d'avoir posé ce régime mixte comme reméde à la lente dégénérescence des constitutions classiques, de l'avoir introduit dans son Histoire et d'expliquer par ce choix l'irrésistible succés de Rome. Rome connut (VII 3) un début de cycle « ordinaire ». Au début de son histoire,
elle connut sans doute Tarquin le Jeune) ; les cratie, les decemvirs d'introduire le fameux nouvelle constitution,
les chefs primitifs, puis les rois et les tyrans (de Romulus à premiers temps de la République voient intervenir l'aristointroduisent une oligarchie, puis Rome a alors le génie régime mixte pour casser l'inéluctable évolution. Dans cette Polybe examine les éléments monarchiques (les consuls),
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aristocratiques (le Sénat) et démocratiques, avec les pouvoirs de chacun qui travaillent
à s'équilibrer.
Il s'intéresse
aussi
à la Militia
Romana
(VI
6), le fonction-
nement de l'armée et son cortége de réglements, bien aussi importants sans doute à
ses yeux que la dimension purement politique du systéme. Méme si Polybe est conscient que le régime mixte a existé ou existe ailleurs qu'à Rome (Créte, Sparte, Carthage). c'est à Rome, pendant la deuxiéme guerre punique, qu'il connait son meilleur accomplissement, « son plus haut degré de perfection ». On a énormément écrit sur le livre VI oü Polybe analyse les institutions romaines, en choisissant probablement la période de la guerre d'Hannibal, qui connait la situation qu'il considére comme la plus achevée. Le texte du livre VI étant trés lacunaire, l'« archéologie », c'est-à-dire l'histoire de la constitution romaine ayant par exemple totalement disparu, il est difficile de se faire une idée du texte original et de porter un jugement sur le tableau d'ensemble que brosse Polybe. Il n'en reste pas moins que ce livre est toujours étudié par les chercheurs contemporains comme une source fiable permettant d'étudier les institutions romaines, méme
si les cher-
cheurs divergent sur son analyse. Si 14 Claude Nicolet, « Polybe et les institutions romaines », dans Polybe 2, p. 25-26, crédite Polybe d'une véritable analyse politique, simplifiée mais efficace de ce qu'il voit autour de lui, 15 Ph. Gautier, « Grandes et petites cités : hégémonie et autarcie », Opus 6-8, 1987-1989, p. 187197, ne lui accorde guére de crédit, voyant chez lui un inutile et impossible amalgame entre l'analyse politique grecque et les réalités romaines. 16 F. Walbank, « A
Greek looks at Rome », dans Walbank 13, est plus nuancé et souligne les belles qualités de l'analyse polybienne. C'est en tout cas ce livre VI, dont on s'attache aussi à retrouver les sources et les inspirations (17 D. E. Hahm, « From Platonism to Pragmatism », Apeiron 35, 2002. p. 103-123) qui lui vaut, à la Renaissance, le
titre de penseur politique. Machiavel s'en inspire largement (18 E. Garin, « Polibio e Machiavelli», QS 16, 1990, p. 5-22; 18bis M. R. Guelfucci, «Anciens et modernes : Machiavel et la lecture polybienne de l'histoire », DHA 34. 2008, p. 85104), Jean Bodin continue à lui porter grand respect, et Montesquieu reprend ses
idées-forces sur le régime mixte (Montesquieu, Considerations sur les causes de la grandeur des Romains et leur décadence, coll. « Bibliothéque de la Pléiade », Paris 1951, p. 115). Il est jusqu'aux
pères
fondateurs
américains
qui
y puisèrent
des
idées pour affiner les Constitutions des États américains, soucieux d'instaurer un équilibre des forces. Polybe n'avait certes formulé explicitement aucune théorie sur
l'équilibre des puissances (il fallait la naissance de véritables nations/États pour en faire un véritable principe de politique internationale, et aucun auteur de l'Antiquité n'a vraiment songé à une structure de ce genre vouée à garantir une paix durable), mais Polybe avait conscience, comme d'autres à son époque, qu'il fallait la pratiquer: les Grecs de la Ligue achéenne cherchaient ainsi à tenir la balance entre Rome et Persée (XXVIIT 6). Et à l'intérieur de leur Constitution, les Romains
avaient mis en place un équilibre de ce genre. John Adams (Defence of the Constitutions of Government of the United States of America, 1787) y trouva les prémices
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de sa théorie des checks and balances (19 E. Gabba, « L’eredita classica nel pen-
siero di John Adams », RSI 108, 1996, p. 878-880 et 889-890). Quant à sa fagon de considérer l'Histoire et la maniére de l'écrire, méme s'il n'a pas publié de traité à la manière de Lucien de Samosate (**L 66] (Comment on doit écrire l'histoire, 165 après J.-C.), il parséme son œuvre d'un si grand nombre
de remarques et digressions qu'on peut facilement comprendre quelle est sa vision d'un bon historien, à distinguer bien sür de tous les charlatans, parfois malheureusement célébres et respectés, comme Timée, qu'il égratigne longuement, ou Théopompe (livre XII). Il a fait le choix d'une histoire politique, utile et « pragmatique », comme il s'en explique au début du livre IX (1-2), la distinguant de l'histoire généalogique qui offre des «lectures distrayantes » et de l'histoire des migrations, des fondations de villes et «des liens de parenté entre peuples, (...) «qui» plaît aux esprits curieux et friands de faits singuliers ». Il s'adresse, lui, aux «esprits politiques », méme s'il admet que son texte «offre quelque chose de sévère », leur offrant par là-méme «une histoire dont la matière se renouvelle sans cesse et qui exige un traitement original, du fait qu'il n'a pas été donné à nos devanciers de nous révéler ce qui allait se passer aprés eux... », le genre d'histoire « qui a toujours été le plus utile et qui l'est plus que jamais de nos jours », une histoire vouée à «rendre service aux esprits réfléchis ». Rien de théorique donc, rien de livresque à la manière de Timée, enfermé dans les bibliothèques athéniennes sans jamais songer à vérifier ses lectures (XII 27, 3), ayant passé «sa vie sans bouger », ayant « renoncé, presque à dessein, dirait-on, à toute action politique ou militaire » (XII 28, 6), mais
une confiance
absolue dans
l'expérience
vécue,
expérience militaire et politique qui, à travers les voyages effectués, les observations directes, les témoignages entendus, « l'expérience personnelle acquise dans l'action et l'épreuve » (XII 28 a), donne toute sa légitimité au récit. Polybe a tiré de
sa propre expérience d'homme d'action la conviction que seul celui qui « fait l'histoire » a le droit de l'écrire, un peu comme Platon prétendait que les philosophes devaient étre rois. « Platon dit que les sociétés humaines ne seront saines que lorsque les philosophes seront rois ou les rois philosophes. Et moi je serais tenté de dire que l'histoire n'ira bien que lorsque les hommes d'État entreprendront de l'écrire, (...) ou lorsque les hommes qui se destinent à cette táche songeront que la formation acquise dans l'action politique est pour cela indispensable » (XII 28, 2-5). Seules cette formation et cette expérience permettent à l'historien de refaire
l'eeuvre de la Tyché, de recomposer la forme cohérente de l'histoire, cette histoire « organique » dont le grand corps unique, aux membres intégrés dans une seule et immense intrigue, est l’œuvre de cette Fortune qui «a réalisé cette œuvre, (...) la chose la plus extraordinaire (...), ranger toutes les parties connues du monde sous une domination unique, au sein d'un seul empire, tel qu'il n'en exista jamais dans le passé » (VIII 2, 3-4). Car «l'histoire n'est vraiment intéressante et instructive
que si elle permet d'observer l'ensemble des événements dans leur interdépendance, avec leurs similitudes et leurs différences » (I 4, 11). Si l'historien répond à
cette définition, s'il s'attache à cette histoire
« generale»
(καθόλου), que l'on
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nommera « universelle », il obtient une histoire « scientifique », contrairement à ce
que prétendait Aristote quand il affirmait que « la poésie est un genre plus philosophique et plus sérieux que l'histoire: la poésie dit plutót ce qui reléve du général, l'histoire ce qui relève du particulier» (Aristote, Poétique 9, 1451 b 5-
11). Polybe renverse la conviction d'Aristote en prouvant que l'histoire peut étre autre chose qu'une succession du particulier. Si, pour Aristote encore, « dans les époques qui s'enchainent, il arrive qu'un fait en suive un autre. sans qu'il s'ensuive
du tout une fin unique » (Poétique 23, 1459 a 22-29), Polybe rend compte de cette fin unique, et il permet, à ses yeux du moins, à l'histoire d'accéder au statut d'une véritable
science, une
véritable
ἐπιστήμη,
supérieure
à la poésie
et à la tragédie
d'Aristote, l'histoire étant devenue en quelque sorte une «tragédie vraie », mais une tragédie dont la metteure en scéne reste la Tyché et non le Poéte, et oü l'historien n'est que le « montreur » (μηνυτής), quelqu'un qui fait voir ce que la
Tyché a elle-méme tissé. Tout en ayant rempli son objectif de raconter l'histoire comme un tout organique, convergeant vers cette fin qu'est la domination romaine à Pydna, il n'en reste pas moins que Polybe décida finalement d'étendre son projet avec dix livres de plus, étirant son histoire sur vingt années supplémentaires, jusqu'en 146*. En III
4, l, il prétend dans une seconde préface vouloir faciliter le jugement sur Rome en montrant ce qu'elle fit quand elle fut maitresse du monde. « Comment se comportérent-ils à la suite de leurs victoires? Comment exercérent-ils l'empire universel ? » (III 4, 6) Si on raconte la suite, on saura si «les Romains méritent l’éloge et l'admiration ou au contraire le bläme» (III 4, 7). Vœu sincère sans doute mais
aussi, selon F. Walbank, désir d'utiliser l'énorme matériel accumulé pendant son séjour à Rome pour conforter sa thése de départ. Les dix livres supplémentaires ne trahissent pas selon lui de changement d'opinion à l'égard de Rome, les renseignements glanés pendant sa « détention » ne font que développer son idée préliminaire et l’histoire, qui continue, appelle encore à l'adaptation, à la co-existence et à la résolution des problémes entre les Romains et les autres. Selon 20 F. Hartog
(Préface à l'Histoire traduite par D. Roussel et publiée dans la collection « Quarto » chez Gallimard, Paris 2003), Polybe a au contraire changé radicalement son appareil conceptuel. «Il ne s'agit plus de sunopsis, ni de tout organique, ni de renversement, ni de ‘général’. » (p. 27),
ou classique ». Polybe serait désormais
«on est retombé dans l'histoire ordinaire
habité par ce qui sera l'inquiétude
de
Scipion devant Carthage, l'idée que «les cités, les nations et les empires sont tous, comme les hommes, voués au déclin par la divinité... (...) Paul Émile à Pydna,
Scipion à Carthage », « de Pydna à Carthage, du père au fils, avec le méme Polybe en témoin, soit dix livres d'une histoire oü l'auteur ne prétend plus embrasser le point de vue de la Fortune » (p. 28). Mais si Polybe admire Paul-Émile et Scipion,
partage-t-il pour autant leurs inquiétude ? Rien n'est sür... L'état du texte
Sur les quarante livres de son Histoire, il ne reste guére que le tiers. Les cinq premiers livres sont complets, mais la suite provient de fragments byzantins et de
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citations diverses. L'ceuvre avait pourtant été bien accueillie et, jusqu'au I" siècle de notre ére, nombreux furent les auteurs qui l'utilisérent. Parmi eux Poseidonios, Strabon, Cicéron, Tite-Live. Mais au début de l'Empire, on commenga à trouver sa lecture fastidieuse et ses dimensions peu pratiques. Denys d'Halicarnasse est de ceux qui exprimerent l'opinion générale en parlant de son style peu attrayant. Cette désaffection explique qu'il n'ait plus désormais été recopié et que seuls les cinq premiers livres nous soient parvenus, avec un manuscrit privilégié, le Codex Vaïicanus 124 du ΧΙ" siècle. On dispose aussi, pour les dix-huit premiers livres, des extraits byzantins nommés Epitome (ou Excerpta antiqua), dont il existe un manuscrit satisfaisant, Urbinas 102, encore du XI* siécle, ainsi que quelques autres plus récents. Pour les livres XIX-XXX qui commencent avec les événements de la 146* olympiade, en 196 avant J.-C, il faut se contenter des citations d'historiens et géographes anciens (Athénée, la Souda, Plutarque) et de recueils datant du X* siécle, publiés à la demande de Constantin VII Porphyrogénéte. Ces recueils comprennent les textes de nombreux auteurs, parmi lesquels Polybe ; ils portent des titres divers (Des ambassades, Des opinions, etc.) et on peut encore espérer, comme le fait D. Roussel, que des palimpsestes nous en délivrent un jour de nouveaux fragments. D'autre part, on sait que Tite-Live a souvent directement traduit le texte de Polybe pour la période allant jusqu'à Pydna. Son texte étant presque complet, il nous permet de combler quelques lacunes. Ces quelques consolations camouflent mal les immenses pertes dont l’œuvre de Polybe a été la victime. Éditions et traductions
Depuis l'édition commentée de Casaubon (Paris 1609) furent publiées les neuf volumes de l'édition commentée du philologue Schweighäuser, à Leipzig, entre 1789 et 1795. Plus récemment, les cinq volumes de Th. Büttner-Wobst (Leipzig 1889-1904, avec en 1905 la 2* édition du volume I) proposent un texte à peu prés définitif. Les traductions se sont succédé depuis celle, malheureusement assez inexacte, de dom Vincent Thuillier (Paris 1727). Deux autres traductions frangaises, celle de
F. Bouchot en 1847 et celle de P. Waltz en 1921, précédent la publication, dans la Collection des Universités de France, dite « Budé », du texte édité, commenté et traduit de plusieurs livres, d'abord le livre XII en 1961 par P. Pédech, puis les livres I à XVI (tomes I-X), par une équipe de chercheurs parmi lesquels P. Pédech, J. de Foucault, R. Weil, E. Foulon. Il reste plusieurs livres à publier dans cette méme collection. On peut également lire les Histoires de Polybe dans la traduction publiée en 1970 par D. Roussel dans la Bibliothéque de la Pléiade, reprise en 2003 dans la collection « Quarto » chez Gallimard. Le Polybios-Lexikon commencé
en 1949 à l'Akademie Verlag de Berlin est
toujours en chantier, en cours de numérisation (Berlin-Brandenburgischer Akademie der Wissenschaft).
1236
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Parmi les commentateurs, P. Pedech et F. W. Walbank sont sans doute les plus prolixes, F. W. Walbank continuant actuellement à publier le résultat de ses recher-
ches. Mentionnons 21 P. Pédech, La Méthode
historique de Polvbe, Paris
1964 ;
son équivalent anglophone pourrait étre l'ouvrage de 22 K. Sacks, Polybius and the Writing of History, Berkeley/Los Angeles/London 1981 ; l'ouvrage de 23 F. W. Walbank, A Historical Commentary
on Polvbius, 2 vol., Oxford
1957
et
1967,
constitue une somme d'érudition. Ce dernier a publié aussi une monographie en 1972, 24 Id., Polybius, Berkeley/Los Angeles 1972, et récemment, Walbank 13 (2002), avec en 1" partie un état des lieux sur toute l'historiograhie polybienne de ces derniéres années, « Polybian Studies, c. 1975-2000 ». Dans ce survol historiographique, Walbank passe en revue à la fois les études sur le texte de Polybe, sur sa méthodologie, ses rapports avec Rome, sa contribution à l'histoire et à la géographie, la transmission de son œuvre depuis l'Antiquité. Le mieux est de renvoyer le lecteur à cet ouvrage qui profite de l'extréme érudition de son auteur. D'autres monographies sont consacrées à Polybe, celle de 25 M. Dubuisson, Le Latin de Polybe, Paris 1985, ou de 26 A. M. Eckstein, Moral Vision in the Histo-
ries of Polybius, Berkeley/Los Angeles/London 1995. Les germanophones peuvent aussi consulter 27 K. Stiewe et N. Holzberg
(Edit.), Polvbios,
coll. «Wege
der
Forschung » 347, Darmstadt 1982. En italien, voir 28 D. Musti, Polibio e l'imperialismo romano, Napoli 1978. Les études sur la constitution mixte ne manquent pas. Indiquons celle, toujours pertinente, de 29 Kurt von Fritz, The Theory of the Mixed Constitution in Antiquity. A Critical Analvsis of Polvbius' Political Ideas,
New York 1954. Et pour conclure sur la contribution de Polybe à la philosophie, nous renvoyons à l'article de 30 Thomas Berns, « Absence de la philosophie à Rome
et présence de Rome à
la philosophie (Caton, Polybe et Cicéron) », RPhA
22, 2004, p. 107-120. JANICK AUBERGER.
237
POLYBE DE COS
RESuppl. XIV :8
fin V?-début IV?
Médecin et philosophe originaire de Cos et disciple d'Hippocrate. Cf. Schriften,
1
H. coll.
Grensemann, «Akad.
Der
Wiss.
Arzt Lit.
Polybos
Mainz,
Abh.
als
Verfasser geistes-u.
hippokratischer sozialwiss.
Kl.»,
Wiesbaden 1968, p. 53-95 ; 2 J. Jouanna, «Le médecin Polybe est-il l'auteur de plusieurs ouvrages de la Collection hippocratique ? », REG 82, 1969, p. 552-562 ; 3H. Grensemann, art.«Polybos» 8, RESuppl. XIV, 1974, col. 428-436; 4 J. Jouanna, Hippocrate, De la Nature de l'homme, coll. CMG 1 1,3, Berlin 1975,
p. 55-59 ; 5 H. von Staden,
«A New Testimonium about Polybus », Hermes
104,
1976, p. 494-496 ; 6 C. Oser-Grote, « Polybos », dans K.H. Leven (édit.), Antike Medizin, Ein Lexikon, München 2005, col. 723-724.
Le gendre ou le disciple d'Hippocrate Les critiques modernes sont presque unanimes à faire de Polybe de Cos le gendre d'Hippocrate (»*H 152). Or. Galien (»*G 3), présente presque exclusi-
P 237
POLYBE DE COS
1237
vement Polybe comme son disciple (Commentaire à la Nature de l'homme, prol., éd. I. Mewaldt, coll. CMG V 9, 1, Berlin 1914, p. 8, 24; 57, 8; 87, 25; De la formation des fœtus 1, t. IV, p. 653, 15-16 Kühn ; Que l'excellent médecin est aussi philosophe
3, éd. Boudon-Millot,
Epidémies
Il, éd. E. Wenkebach
CUF, Paris 2007, p. 289, 3; Commentaire
et F. Pfaff, coll. CMG
V
10,
p. 300, 11; Du fatus de sept mois, éd. Walzer, RSO 15, 1935, p. tion d'un unique passage (Sur la respiration difficile III 13, t. VII, il le mentionne comme son gendre. Un autre passage isolé, tiré Collection hippocratique, dans le Presbeutikos (t. IX, p. 420, 2-3
1, Berlin
aux
1934,
345), à l'excepp. 960 Kühn) où cette fois de la Littré), présente
également Polybe comme le gendre d'Hippocrate. Encore convient-il de souligner,
comme le remarque à juste titre Jouanna 4, p. 58-59, que cette précision est donnée à l'intérieur d'un passage où le Presbeutikos apparait en contradiction ouverte avec le témoignage de Galien sur l'activité de médecin de Polybe. Le Presbeutikos, en accord sur ce point avec la Vie de Bruxelles (biographie anonyme d'Hippocrate ainsi nommée parce que conservée dans un manuscrit latin de Bruxelles du XIV* siècle) présente en effet Polybe en médecin périodeute, qui allait de ville en ville pour soigner les malades, alors que Galien, dans son Commentaire à la Nature de l'homme, écrit explicitement que Polybe demeura toute sa vie à Cos, sa patrie, où il prit la téte de l'école aprés le départ d'Hippocrate (Commentaire à la Nature de l'homme, prol., p. 8, 24-25 Mewaldt ; Du fœtus de sept mois, p. 345 Walzer ; Que l'excellent médecin est aussi philosophe 3, p. 289, 3 Boudon-Millot). Grensemann 3, col. 429, résout toutefois cette contradiction en comprenant que Polybe ne serait définitivement resté à Cos qu’apres le départ d'Hippocrate dont il avait pris la succession. Quoi qu'il en soit du lien exact de parenté qui unissait Polybe à Hippocrate, il paraít assuré qu'il faisait partie du cercle le plus étroit. La Vie de Bruxelles précise en outre que notre Polybe était fils d'Apollonios (Polibios filius Apollonii), sans que l'on puisse identifier avec certitude cet Apollonios avec le médecin de Cos du méme nom cité par Galien (Commentaire à la Nature de l'homme, p. 145, 22 Mewaldt). L'auteur de "La Nature de
l'homme"
De l’œuvre littéraire de Polybe, il est difficile de citer un titre avec certitude, en dehors du traité hippocratique de la Nature de l'homme, dont l'attribution a toutefois beaucoup été discutée. Aristote, dans son Histoire des animaux (III 3, 512 b 513 a), cite en effet une description des vaisseaux sanguins qu'il attribue à un certain Polybe. Or, cette méme description, et méme un peu plus, se lit déjà dans le traité hippocratique de la Nature de l'homme (chap. 11). On peut donc aisément en conclure, comme le souligne Jouanna 4, p. 55, qu'« Aristote, fils de médecin et passionné lui-méme de médecine, a eu entre les mains l'ouvrage de Polybe ». Bien plus, selon Jouanna, il est légitime de penser que Polybe est l'auteur de l'ensemble du traité de la Nature de l'homme, seul traité de la Collection hippocratique que nous puissions ainsi rattacher avec certitude à un nom d'auteur. L'opinion contraire a cependant été soutenue par 7 C. Fredrich, Hippokratische Untersuchungen, coll. « Philologische Untersuchungen », Berlin 1899, p. 51-56, et bien
1238
POLYBE DE COS
P 237
avant lui par Galien qui considérait cette description comme
trop primitive pour
étre digne d'un disciple d'Hippocrate, mais ce jugement du médecin de Pergame repose en réalité sur des connaissances anatomiques que le médecin du V* siécle ne
pouvait avoir à sa disposition, comme l'a bien montré 8 K. Deichgräber, Die Epidemien und das Corpus Hippocraticum, Nachdruck mit Zusátzen, Berlin 1971, p. 112. L'attribution à Polybe du traité de la Nature de l'homme est par ailleurs confirmée par le témoignage de l'Anonyme de Londres (éd. H. Diels, Suppl. Arist.
III 1, Berlin 1893). une doxographie médicale attribuée à Aristote, mais qui serait en réalité l’œuvre
d'un de ses disciples, Ménon
(»*M
134), conservée
dans
le
papyrus 137 du British Museum daté des I*"/II* siècles. Le compilateur de cette doxographie dans le papyrus de Londres est vraisemblablement un médecin de l'époque impériale. Or, l’Anonyme de Londres (IV 26 - XXI 9) cite sous le nom de Polybe une théorie médicale qui correspond aux chapitres 3 et 4 de la Nature de l'homme (pour l'analyse des passages parallèles, voir Jouanna 4, p. 56). D'après ce
témoignage, on en conclut que Ménon attribuait à Polybe au moins les premiers chapitres de la Nature de l'homme. Toutefois, nous trouvons également dans ce méme Anonyme de Londres (VII 15-23) le résumé d'un autre passage de la Nature
de l'homme (chap. 9, p. 188, 10 sqq. Jouanna) qui est cette fois attribué à Hippocrate, ce qui a conduit certains spécialistes, tel 9 W.H. S. Jones, Hippokrates, t. IV, 5* éd., Cambridge/London 1959, p. XXVI. à mettre en cause l'unité du traité hippocratique. Jouanna 4, p. 57, a cependant défendu cette unité de facon convaincante en remarquant que le compilateur de l'Anonyme recourt en réalité à deux sources différentes dans les deux cas, d'abord à l'ouvrage attribué à Ménon pour le premier exposé, puis directement aux doctrines d'Hippocrate « telles qu'il a pu les lire dans les traités de la Collection attribués par les critiques de son temps à Hippocrate ». En conclusion, le témoignage de l'école péripatéticienne qui doit apparaitre comme bien plus fiable que celui plus récent de l'Anonyme, attribuait donc à Polybe au moins les chapitres 3, 4 et 11 du traité de la Nature de l'homme. Or, dans la mesure oü les développements en question s'insérent parfaitement dans
la trame logique de l'ensemble, il est légitime de voir en Polybe l'intégralité de la Nature de l'homme.
l'auteur de
D'autres traités ont également été attribués à Polybe, mais ces témoignages sont relativement tardifs et doivent étre pris avec grande précaution. Ainsi, Galien lui attribue, à tort, la Nature Kühn)
de l'enfant (De la formation
et les Affections (Commentaire
aux Aphorismes
des fatus,
t. IV, p. 653
I 1, t. XVIII A, p.
8 Kühn)
qui ne peuvent avoir été rédigés par le méme auteur que celui de la Nature de l'homme. Le traité hippocratique du Fœtus de huit mois est également attribué à Polybe par Galien (Commentaire aux Epidémies 11, p. 300, 11 Wenkebach et Pfaff; Du fœtus de sept mois, p. 345 Walzer), Clément d'Alexandrie (Stromates VI, p. 502 Stáhlin) et Aétius (Plac. V, 18 = Ps. Plutarque, Moralia 908 b, éd. H. Diels, Doxographi Graeci, Berlin 1879 [19657], p. 429). Parmi les modernes, Grensemann
notamment
a défendu dans son édition du traité (Feetus de huit mois,
P 237
POLYBE DE COS
1239
coll. CMG I 2, 1, Berlin 1968, p. 47-60) l'attribution à Polybe, mais elle reste trés discutée (voir en particulier Jouanna 2). Polybe médecin philosophe
En l'état de nos connaissances, la prudence recommande donc d'appréhender les idées philosophiques de Polybe à travers les théses défendues dans le seul traité de la Nature de l'homme. La Nature de l'homme est l’œuvre d'un médecin formé à la philosophie rationnelle, et désireux de bátir un systéme médical reposant sur des bases logiques et perceptibles aux sens. De ce point de vue, le traité est emblématique de cette union étroite de la médecine et de la philosophie cultivée par la pensée grecque à la fin du V* et au début du IV* siécle. De fait, bien que notre auteur, dés le prologue, manifeste son intention de traiter de la nature humaine en médecin et non en philosophe, sa position apparait beaucoup plus complexe et nuancée. Son argumentation est, en effet, essentiellement dirigée contre les philosophes monistes et en particulier contre les représentants du monisme ionien qui soutiennent que la nature humaine est constituée d'un élément unique (air, feu, air, terre). Parmi eux, comme l’a argumenté de façon convaincante Jouanna 4 dans le chapitre de son édition intitulé « La Nature de l'homme et la philosophie », p. 3944, Polybe semble principalement viser son contemporain Diogéne d’Apollonie (»*D
139), mais
aussi
Mélissos
de
Samos
(»M
97), cette
fois expressément
nommé et représentant du monisme éléate. Pour les combattre, l'auteur de la Nature de l'homme développe des arguments visiblement influencés par la pensée d'Empédocle d'Agrigente (2+E 19) dont la théorie des quatre éléments a inspiré sa propre théorie des quatre humeurs. Polybe passe, en effet, pour le fondateur de cette célébre théorie promise à une exceptionnelle longévité. Comme son nom l'indique, le fondement de ce systeme repose sur les quatre humeurs, phlegme, sang, bile jaune et bile noire. L'équilibre des humeurs dans le corps dépend à son tour des saisons : le printemps, humide et chaud, facilite ainsi la production de l'humeur qui lui est associée, à savoir le sang ; de méme le phlegme domine en hiver, la bile jaune en été et la bile noire en automne. La production de ces humeurs entraine à son tour un effet sensible sur les corps qui, selon les cas et selon l'humeur qui domine, seront dits chauds, froids, secs ou humides. Le corps humain est en bonne santé, quand les humeurs sont bien mélangées, et au contraire malade, quand l'une d'elles se sépare des autres. Ce systéme, en supposant une étiologie plus ou moins complexe, autorise la mise en œuvre d'un diagnostic et éventuellement d'un pronostic. Un tel système explicatif des maladies laissait également une large place au régime prescrit au malade, non seulement en fonction de son état présent, de la saison et du lieu oü il habitait, mais
aussi de son áge et de sa constitution. On insistera donc sur la postérité exceptionnelle de cette théorie qui devait durablement imprimer sa marque sur des générations de médecins pendant toute l'Antiquité et le Moyen Age. VÉRONIQUE BOUDON-MILLOT.
1240
POLYCLETE D’ARGOS
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POLYAINOS + BASSOS POLYAINOS (T. AVIANUS -) 238
POLYCLETE D'ARGOS (OU DE SICYONE) RE 10
v?
Sculpteur illustre, actif entre 460 et 420 av. J.-C., qui compte parmi les créateurs du premier style classique. Il est l'auteur du Canon (= La régle), traité dans lequel il codifiait ses théories et exposait les principes de son art et son idéal de la beauté, qui peut étre atteint gráce à un systéme de proportions fondé sur des rapports numériques. Il s'agit d'un traité particuliérement important pour l'histoire de la théorie de l'art, de l'esthétique et des mathématiques appliquées dans l'Antiquité. Études d'orientation. Lippold, art. « Polykleitos » dans R. Bianchi Bandinelli 1965, p. 266-275 ; 3 W. H. Borbein, « Polyklet», GGA
Articles d'encyclopédie, notices de dictionnaire, synthèses: 1 G. 10, RE XXI 2, 1952, col. 1707-1718 ; 2 L. Beschi, art. « Policleto », (dir.), Enciclopedia dell'arte antica classica e orientale. t. VI. Roma Groß, art. « Polykleitos» 5, KP IV, 1972, col. 1000-1003; 4 A.H. 234, 1982, p. 184-241 ; 5 /d., art. « Policleto», dans G. Pugliese
Carratelli (dir.), Enciclopedia dell'arte antica classica e orientale. Secondo supplemento, 19711994, t. IV, 1996, p. 398-400; 6 /d., «Polykleitos», dans O. Palagia et J.J. Pollitt (édit.),
Personal styles in Greek sculpture, coll. « Yale Classical Studies » 30, Cambridge 1996. p. 66-90 ; 7 R. Neudecker, art. « Polykleitos », NP 10, 2001, p. 63-64 = 8 Id., « Polyclitus » [1], Brill's New Pauly 11, 2007, col. 511-513. - Monographies : 9 C. Anti, Policleto. Roma 1931 ; 10 P. E. Arias, Policleto, Milano
1964 ; 11 Th. Lorenz, Polykler, Wiesbaden
1972. — Catalogues d'expositions et
actes de colloques: 12 H. Beck. P. C. Bol et M. Bückling (édit.). Polvklet. Der Bildhauer der griechischen Klassik. Ausstellung im Liebighaus, Museum alter Plastik, Frankfurt am Main/ Mainz am Rhein 1990; 13 W.G. Moon (édit.), Polvkleitos, the Doryphoros, and tradition, Madison
(Wisconcin)
1995.
—
Présentations
d'ensemble
avec
des
planches:
14
R.
Bianchi
Bandinelli, Poficleto, coll. "Quaderni per lo studio dell'archeologia" 1, Firenze 1938; 15 C. Vermeule, Polvkler, Boston (Mass.) 1969; 16 P. Moreno, La bellezza classica : guida al piacere dell'antico, Torino 2001, p. 95-100. - Chapitres d'histoire de l'art ou de la sculpture grecs (insistant plutôt sur le style polyclétéen) : 17 G. M. A. Richter, The sculpture and sculptors of the Greeks, New Haven/London *1970 |!1929]. p. 189-195; 18 Ch. Picard, Manuel d'archéologie
grecque. La sculpture, t. ll 1: Période classique — V* siècle, Paris 1939, p. 257-307 ; 19 J. Charbonneaux, La sculpture grecque classique, Paris 1943, t. I, p. 31-51 ; 20 R. Carpenter, Greek sculpture : a critical review, Chicago 1960, p. 100-102 et 105-108; 21 1.1. Pollitt, Art and experience
in classical
Greece,
Cambridge
21999
[11972].
p. 328-330;
22
M.
Robertson,
A
history of Greek art, t. 1, Cambridge 1975. p. 201-206, 328-330 ; 23 B. S. Ridgway, Fifth century styles in Greek sculpture, Princeton 1981, p. 201-206 (cf. aussi p. 115, 244-245 et passim): 24 C. C. Mattusch, Greek bronze statuary : from the beginnings through the fifth century B. C., Ithaca/London 1988, p. 159-166 ; 25 CI. Rolley, La sculpture grecque, t. 11: La période classique, Paris
1999,
p. 26-42
(Polycléte),
42-51
(école
et
influence)
et
51-53
(fortune
des
schémas
polyclétéens). Le Canon
1. Fragments et témoignages littéraires. Du Canon il ne reste plus que deux minces fragments, assortis d'une poignée de témoignages indirects et de quelques
reprises littéraires. Dernières éditions: + du fr. 2 (τὸ yàp εὖ παρὰ μιχρὸν διὰ πολλῶν ἀριθμῶν
ἔφη
γίγνεσθαι) : Philon de Byzance (dit le mécanicien, »*P 154), Μηχανικὴ σύνταξις IV 2, éd. Schöne = Belopoeica, p. 50, 5-9 éd. Thévenot (Muthematici veteres) = dans 26 E. W. Marsden.
Greek and Roman artillery : technical treatises, Oxford 1971, p. 105-106 (Stewart 50 [voir plus loin], p. 274. remarque : «since this statement about perfection and the numbers is so program-
P 238
POLYCLETE D’ARGOS
1241
matic, even aphoristic. and seems to have become quite well known, could it have been the first sentence of the entire Canon ? For in form it closely resembles the opening statements of several Presocratic treatises: Ion of Chios, Hippon, Philolaos [Bl + B 17 DK], all of whom were much interested in how things ‘come about’ [yiyvovtai]): * du témoignage de Galien: Sur les doctrines d'Hippocrate et de Platon V 3, 15-16, dans 27 Ph. De Lacy (édit.). On the doctrines of Hippocrates and Plato (= CMG V 4. 1.2), Berlin 1984, "second part”, p. 308-309. li. 17-25 + "third part", p. 652 = 28 SVF IIl, n? 472, p. 122 (cf. n?* 592, 279, 392). L'ensemble du dossier est réuni sous le n° 40 de 29 DK, t. I, p. 391-393 ; traduit en italien et annoté par 30 M. Timpanaro Cardini, / Pitagorici. Testimonianze e frammenti, t. 11, Firenze 1962, p. 18-27; voir encore 31 J.A. Overbeck, Die antiken Schriftquellen zur Geschichte der bildenden Künste bei den Griechen, Leipzig 1868 [réimpr. Hildesheim 1959]. p. 170-172. - 32 D. Schulz, «Zum Kanon Polyklets», Hermes 83, 1955, p. 200-220, a proposé d'ajouter aux témoignages précédents Plutarque. Comment écouter 13, 45 C-D, où est employé aussi le terme καιρός en rapport avec Polycléte. - Voir maintenant les collections plus complètes de Arias 10, p. 45-48 ; 33 J. I. Pollitt, The art of ancient Greece : sources and documents. Cambridge ^1990 ['1965]. p. 75-79 et 221223 (sources en trad. angl. uniquement); 34 A. F. Stewart, «The Canon of Polykleitos: a
question of evidence », JHS 98, 1978, p. 122-131, aux p. 124-126: 35 Id.. Greek sculpture : an exploration, New Haven/London 1990, t. I, p. 262-266 ; 36 Gr. V. Leftwich, Ancient conceptions of the bodv and the Canon of Polykleitos, Diss. Princeton, 1987. p. 80-96. — Pour des discussions plus détaillées et approfondies des fragments du Canon, voir 37 Ed. von d. Launitz, Untersuchung über Polyklet's Ausspruch, wie er in zwei Stellen des Plutarch vorkommt ..., Frankfurt 1864 ; 38 H. Oppel, «KANON: zur Bedeutungsgeschichte des Wortes und seinen lateinischen Entsprechungen (regula — norma)» (Diss. Berlin), Philologus Supplementband 30, 4, Leipzig 1937, p. 1-108, aux p. 14-17 et 48-50, 39 W. Gauer, « Zu einem Zitat aus dem Kanon des Polyklet », Hermes 106, 1978, p. 43-48 ; 40 R. Leimbach, « Zu einer neuen Deutung eines Fragmentes des Polyklet», Hermes 108, 1980, p. 120-121 ; Mattusch 24, p. 159-161 et 41 T. Visser-Choitz, « Zu Polyklets Kanon: das Hauptproblem beim Bronzeguss (frg. 1)». dans M. Schmidt (édit.), Kanon. Festschrift Ernst Berger..., coll. « AnıK », 15, Basel 1988, p. 127-133 (le fr. I relèverait de Ja technique de fabrication des statues en bronze) ; 42 Th. Schirren et N. J. Koch, « Fügung zur Einheit : zu Polyklet Frg. B 1 D.-K.», Hermes 127, 1999, p. 263-273 (« der über den streichende Fingernägel die möglichst nicht spurbare Zusammenfügung der Einzelteile prüfen sollte»; importance du contexte de la citation chez Plutarque, Moralia 86 A et 636 C) ; 43 C. Huffman, « Polycléte et les Présocratiques », dans A. Laks et Cl. Louguet (édit.), Qu'esr-ce que la philosophie présocratique ? / What is Presocratic philosophy ?, Villeneuve d'Ascq 2002, p. 303-327 (analyse minutieuse du fr. 2). — Dossier complet des sources littéraires antiques faisant référence à Polyclète (y compris au Canon): 44 N. Kaiser, « Schriftquellen zu Polyklet », dans Beck er alii 12. p. 48-78 ; cf. déjà Bianchi Bandinelli 14, p. 9-18 ; Arias 10, p. 39-69. Discussion des sources latines : 45 C. Neumeister, « Polyklet in der römischen Literatur», dans Beck et alii 12, p. 428449. - Sur le témoignage de Pline en particulier, 46 E. Berger. « Zum von Plinius (N. H. 34, 55) überlieferten *nudus talo incessens' des Polyklet», AK 21, 1978, p. 55-62. - Sur deux autres témoignages, 47 E. Ghisellini, « Note in margine a due fonti su Policleto », Xenia 20, 1990, p. 3340.
- 48 A.
Dihle,
«Eine
früher
Buchtitel»,
dans
St. Böhm
et Kl.-V.
von
Eickstedt
(édit.),
IOAKH. Festschrift für Jörg Schäfer zum 75. Geburtstag am 25. April 2001, Würzburg 2001, P. 171-174, souligne que le Canon semble être le plus ancien titre d'ouvrage qui soit attesté pour la littérature antique. — Réception et influence du Canon dans l'Antiquité, échos littéraires : 49 A. F. Stewart, «Notes on the reception of the Polykleitan style: Diomedes to Alexander », dans Moon 13, p. 246-261 ; 50 Id., « Nuggets: mining the texts again», AJA 102, 1998, p. 271282. aux p. 273-275 ("Il. Two more citations of Polykleitos' Canon” (en réalité il s'agit d'allusions et de reprises ; cf. Huffman 43, p. 318 sq.]) ; 51 H. Meyer, « Polyklet über Fingernägel und Lehm: zur Rezeptionsgeschichte eines Künstlerausspruchs zwischen Horaz, Morelli und Beazley », dans Chr. Franck
er alii (édit.), Thiasos.
Festschrift für Erwin
Pochmarski
zum 65.
Geburtstag, Wien 2008, p. 649-660 (article consacré aussi partiellement à l'étude pionniére de Launitz 37).
P 238
POLYCLETE D’ARGOS
1242
Sur le sens de l'expression παρὰ μικρόν employée dans le fr. 2. dont l'importance est cruciale pour notre compréhension de la théorie esthétique de Polycléte, voir Timpanaro Cardini 30; 52 Z. Ritoók, «ΠΑΡᾺ MIKPON», ACD 36, 2000. p. 25-30; Huffman 43, p.311-321:
cf. aussi. dans un tout autre contexte (Arist. Phys. 11.5), 53 O. Kern, «Oi παρὰ μικρὸν θεοί», WS 45. 1926. p. 116-117.
2. L'apport de l'archéologie : étude des copies romaines du Doryphore et des autres statues de Polycléte. L'idéal de beauté décrit et analysé dans l'ouvrage intitulé Canon était aussi "incarné" concrétement et exemplifié par une statue en bronze (non conservée) connue sous le méme
nom, qui, selon Pline (H.N. XXXIV
55-56), représentait un porteur de lance (δορυφόρος). En 1863 Carl Friedrichs a proposé d'identifier le Doryphore à une copie romaine en marbre exposée au Musée archéologique de Naples. Depuis, les archéologues ont effectué des prises de mesures
sur toutes
les copies
existantes
du
Doryphore,
ainsi que
sur celles
d'autres statues de Polycléte, afin de reconstituer la régle et les proportions idéales qu'elles incarnaient, mais — semble-t-il — sans grand succès. Sur l'ensemble du dossier. voir 54 C. Anti, « Monumenti policletei», MonAL 26, 1920, p.501-784; 55 P. Zanker, Klassizistische Statuen: Studien zur Veränderung des Kunstgeschmacks in der römischen Kaiserzeit, Mainz am Rhein 1974, p. 3-48: 56 D. Kreikenbom, Bildwerke nach Polyklet. Kapienkritische Untersuchungen zu den männlichen statuarischen Typen nach polykletischen Vorbildern. 'Diskophoros', Hermes, Doryphoros, Herakles, Diadumenos, Berlin 1990 ; de nombreuses études dans Beck et alii 12 et dans Moon 13; 57 E. Berger. B. Müller-Huber
et
L. Thommen
(édit.), Der
Entwurf des
Künstlers:
Bildhauerkanon
in der
Antike und Neuzeit, Basel 1992, p. 40-41, 68-72, 104-123, 148-182 ; cf. aussi p. 89-90 et 126127 ; 58 H. Beck et P. C. Bol (édit.). Polykletforschungen, Berlin 1993. — Sur le Doryphore en particulier, voir 59 H. von Steuben, Der Kanon des Polykiet. Dorvphoros und Amazone, Tübingen 1973, p. 7-10: 60 /d., «Der Doryphoros », dans Beck er alii 12. p. 185-198; 61 KR. Tobin, « The Canon of Polykleitos », AJA 79. 1975, p. 307-321 ; Stewart 34, p. 122-124; 62 J. Ruesch, Greek statuary of the fifth and fourth centuries B. C. : the methodologv of descriptive analyses through measurement, Diss. Columbia University, 1977, p. 9-37 ("The Canon of Polycleitos and the theory of proportion") : 63 H. Meyer, «A Roman masterpiece : the Minneapolis Doryphoros », dans Beck er alii 12, p. 65-115; 64 E. Berger, « Zum Kanon des Polyklet ». dans Beck er alii 12, p. 156-184 ; 65 G. Hafner, Polyklet, Dorvphoros : Revision eines Kunsturteils, Frankfurt am Main 1997: 66 B. Wesenberg, « Für eine situative Deutung des polykletischen Doryphoros », JDA/ 112, 1997, p. 59-75. - Récemment. les travaux de 67 V. Franciosi (« Nudus telo incessens. Una rilettura del 'Doriforo' di Policleto », dans Raccolta di scritti in memoria di Antonio Villani, Napoli 2002, p. 1161-1188; 68 /d., 1! "Doriforo" di Policleto, Napoli 2003 ; 69 /d., « 11 "Doriforo"di Policleto : un' indagine filologica a 140 anni dall'identificazione ». £idola 1, 2004, p. 61-89) ont davantage compliqué le probléme en mettant en question l'identification initiale du Doryphore décrit dans les sources littéraires antiques avec la copie romaine en marbre du Musée de Naples, qui. selon lui, représenterait un guerrier armé tenant bouclier et épée, comme les statues en bronze de Riace. L'auteur reconnaitrait volontiers le Doryphore, désigné par Pline (ΗΝ. XXXIV 55) comme "viriliter puer', dans la statue du British Museum dite 'éphébe Westmacott' (voir p. ex. 69. p. 73 sq.). — Sur les autres statues de Polyclete, voir 70 B. 5. Ridgway, « Paene ad exemplum : Polykleitos' other works », dans Moon 13, p. 177-199 [= dans 71 Ead., Second chance. Greek sculptural studies revisited, London 2004, p. 582-626 et 768-769 (additional
notes)]. - Sur l'Amazone
en particulier, voir en dernier lieu 72 R. Bol, Amazones
volneratae. Untersuchungen zu den Ephesischen Amazonenstatuen, Mainz 1998, p. 73-87 (étude du contrapposto). 87-93 (influence des principes de l'art de Polycléte sur les Amazones de Phidias et de Crésilas) ; cf. aussi p. 5-19 et passim.
P 238
POLYCLETE D'ARGOS
1243
3. Contextualisation culturelle et philosophique. - Etudes globales. Pour des interpretations tenant compte des interrelations du Canon de Polycléte avec les tendances générales de l'art et surtout de la culture, des sciences et de la pensée du V* siécle av. J.-C., voir 73 F. W.G. Foat, « Anthropometry of Greek statues. I. The doctrine of the Canon», JHS 35, 1915, p. 225-230; 74 K. Svoboda, « Polykleitov Kanon», LF 54, 1927, p. VIII-IX et 305316; 75 B. Schweitzer, Xenokrates von Athen. Beiträge zur Geschichte der antiken Kunstforschung und Kunstausschauung, coll. «Schriften der Königsberger Gelehrten Gesellschaft — Geisteswissenschaftliche Klasse», 9.1, Halle (Saale)
1932, p. 1-19 et 32-46 (passim): 76 S. Ferri, «Nuovi contributi esegetici al *canone' della scultura greca», R/A 7, 1940, p. 117-152 [= dans 77 Id., Opuscula. Scritti vari di metodologia storico-artistica, archeologia, antichità etrusche e italiche, filologia classica, coll. "Studi classici e orientali", 11, Firenze 1962, p. 122-158]; 78 E. Panofsky, « The history of the theory of human proportions as a reflection of the history of styles», dans /d., Meaning in the visual arts, Garden City (New York) 1955, p. 55-107, passim, notamment p. 56; 79 F. Hiller, «Zum Kanon Polyklets », Marburger Winckelmann-Program
1965 (1966), p. 1-15; 80 H.
Philipp, Tektonon daidala. Der bildende Künstler und sein Werk im vorplatonischen Schrifttum, Berlin 1968, p. 45-49; 81 Ead., «Zum Kanon des Polyklet », dans Wandlungen : Studien zur antiken und neueren Kunst. E. Homann-Wedeking gewidmet, Waldsassen-Bayern
1975, p. 132-140; 82 Ead., «Zu
Polyklets Schrift
Kanon», dans Beck er alii 12, p. 135-155; 83 S. Settis, «Policleto fra σοφία e μουσική», RFIC 101, 1973, p. 303-315; 84 J. J. Pollitt, The ancient view of Greek art: criticism, history, and terminology, New Haven/London 1974, p. 14-22; 85 W. Schindler, « Der Doryphoros des Polyklet: gesellschaftliche Funktion und Bedeutung », dans R. Müller (édit.), Der Mensch als Maß aller Dinge. Studien zum
griechischen Menschenbild in der Zeit der Blüte und Krise der Polis, Berlin 1976, p. 219-237; 86 Id., « Abbildtheoretische Aspekte der Werkanalyse nonverbaler Strukturen»,
WZRostock
27, 1978, p. 525-533; 87 F. Preißhofen,
« Zur Theorie-
bildung », dans Bauplanung und Bautheorie in der Antike, coll. « Diskussionen zur archáologischen Bauforschung » 4, Berlin 1984, p. 26-30 (étudie le développement conceptuel «von τά zu τό»); 88 A. H. Borbein, «Kanon und Ideal: kritische Aspekte der Hoch-klassik », MDAI 100, 1985, p. 253-270 = 89 Jd., «Canone e ideale: aspetti critici dell'età classica», dans E. La Rocca (édit.). L'esperimento della perfezione. Arte e società nell'Atene di Pericle, Milano
1988, p. 109-146,
notamment p.111-117, avec les n., reportées aux p.141-142; Leftwich 36, passim ; 90 Id., «The Canon of Polykleitos: tradition and content», dans T.H. Mäkelä
(édit.), Canon
[The Princeton Journal.
Thematic Studies in Architecture
3]. 1988, p. 37-78 ; Moon 13; Huffman 43; 91 J. Rykwert, The dancing column : on order in architecture, London 1996, p. 99-112, avec les n., reportées aux p. 426-434 ; 92 N. Spivey, Understanding Greek sculpture : ancient meanings, modern
readings, London
1996,
p. 40-43;
body in ancient Greece, Cambridge
93 A. F. Stewart, Art, desire,
and the
1997, p. 86-97 ; 94 Id., Classical Greece and
P 238
POLYCLETE D’ARGOS
1244 the birth
man");
of Western
95
art, Cambridge
I. Kagis
McEwen,
2008,
Vitruvius:
p. 144-148
writing
(“The
the
body
true
measure
of
of architecture,
Cambridge (Mass)/London 2003, p. 264-275 ; 96 J. Tanner, The invention of art history in ancient Greece: religion, society and artistic rationalisation, Cambridge
2006, p. 117-121, 161-169 et passim; 97 M. Stahl, Botschaften des Schönen: Kulturgeschichte der Antike, Stuttgart 2008, p. 273-278. — 'Canons' antérieurs et influence du sculpteur Pythagoras. 98 J. M. Hurwit, «The Doryphoros: looking backward », dans Moon 13, p. 3-18, aux p.11 et 12;
99 J.J. Pollitt, p. 19-24,
aux
«The Canon of Polykleitos and other canons». dans Moon p. 21-23, et 100
I. S. Mark,
«The
higher learning in ancient Greece», dans Moon
lure of philosophy:
13,
craft and
13. p. 25-37, à la p. 28, posent,
aprés bien d'autres spécialistes, la question de l'influence possible, sur l'art de Polycléte, des ‘canons’ antérieurs de la sculpture grecque antique et surtout du souci de symmetria de Pythagoras de Rhégion (ou de Samos). - Médecine — rapprochements avec le corpus hippocratique. La médecine hippocratique serait l'une des sources majeures d'inspiration de Polycléte pour sa
facon de concevoir le corps humain et de composer ses différentes parties en un tout
unifié
Hippokratic
et équilibré;
voir Leftwich
medicine », dans Moon
Doryphoros», dans Moon
36, passim;
101
/d., «Polykleitos
and
13, p. 38-51 ; 102 R. Tobin, « The pose of the
13, p. 52-64, surtout p. 56-58;
cf. déjà 103 G. P. R.
Métraux, Sculptors and physicians in fifth-century Greece: a preliminary study.
McGill-Queen's University 1995, p. XII, 64-67 (avec la n. 52, aux p. 119-120) et 7]. — Pensée présocratique. Héraclite: Leftwich 36 et 101; Anaxagore:
Métraux
103, p. 79-80. — Métrologie, mathématiques et géométrie. L'enthousiasme
pour les mesures,
les nombres et les proportions dont témoigne le Canon étaient des préoccupations, voire des obsessions. du V* siécle av. J.-C. Voir 104 N. Speich, Die Proportionslehre des menschlichen Kórpers: Antike, Mittelalter, Renaissance, Diss. Zürich
1957, p. 23-43; Lorenz
11, p. 57-63
(importance
accordée
nombre et au quadratum [tetpäywvog]); 105 F. Heinimann, Zahl», MH 32, 1975, p. 183-196; 106 H. Schneider. Das verständnis von den Epen Homers bis zu den Anfüngen Fachliteratur, Darmstadt 1989, p. 173-181 ; 107 W. Koenigs, tionen
in der griechischen
Baukunst»,
dans
Beck
à la συμμετρία,
au
«Maß -- Gewicht — griechische Techneder technologischen « Maße und Propor-
er alii 12, p. 121-134;
108
W.
Sonntagbauer, « Ein Spiel zwischen Fünf und Sieben: zum Kanon des Polyklet», JÓAI 61, 1991-1992, p. 69-124 ; 109 Id., Das Eigentliche ist inaussprechbar. Der Kanon des Polvklet als 'mathematische' Form, Bern/Frankfurt am Main 1995,
passim (N.B.: Sonntagbauer 108 = /d. 109. p. 29-68). Le système de proportions mathématiquement et géométriquement déterminées suivi par le Canon serait soit basé sur un module minimal
initial comme
la largeur du doigt (cf. Leftwich
101,
P 238
POLYCLETE D’ARGOS
1245
p. 51 n. 4) soit fractionnel (cf. 109bis A. Kalkmann, Die Proportionen des Gesichts in der griechischen Kunst, coll. « Programm zum Winckelmannsfeste der Archaeologischen Gesellschaft zu Berlin » 53, Berlin 1893, p. 36 sq.), et utiliserait dans ses
calculs ou bien la médiété arithmétique (cf. Stewart 34, p. 129 sq.) ou bien la médiété géométrique (cf. Tobin 61) ou bien la section d'or (cf. Gordon et Cunningham Jr. 117, cité plus loin). Pour un conspectus des opinions exprimées par les savants modernes à ce sujet, voir Lorenz 11, p. 9-10 et 11 sq.; von Steuben 59, p. 73 n. 20 ; Ruesch 62, p. 9-37 («The Canon of Polycleitos and the theory of proportion »). - Conceptions
musicales.
Influence
domaine de la science harmonique
possible
des
recherches
faites
dans
le
à l'aide du canon musical, à savoir le mono-
corde, sur la conception du Canon de Polycléte: voir Rykwert 91, p. 100-103; Périllié 123 (cité plus loin). Pour le contexte, voir déjà Oppel 38, p. 17-20; sur le monocorde en général, voir l'étude récente de 110 D. Creese, The monochord in ancient Greek harmonic science, Cambridge 2010.
- τετράγωνος. Sur le sens de ce terme, qui, selon Pline, est employé par Varron à propos du Canon et des œuvres de Polycléte, voir Ferri 76, p. 133 sq. (construction harmonique avec organisation tétradique des éléments); 111 J. Onians, Classical art and the cultures of Greece
and Rome,
New
Haven/London
1999, p. 38-41 (rapport avec le contexte guerrier) ; Franciosi 69, p. 78-79, avec la n. 72 pour la bibliographie antérieure ('squadrato'); 112 R.W. Johnston et D. Mulroy, « Simonides'
use of the term τετράγωνος », Arethusa 37, 2004, p. 1-
10. — Rapports avec la tradition pythagoricienne. La tradition antique ne désigne
jamais Polycléte comme pythagoricien, et son nom ne figure pas parmi les Argiens du catalogue des pythagoriciens Aristoxéne de Tarente.
de Jamblique
(V. pyth.
36, 267),
remontant
à
A moins que l'on ne veuille corriger le nom du pythagoricien Polyctör (2+P 240), inconnu par ailleurs, qui y figure (p. 145, 15 Deubner), en Polycleitos — correction paléographiquement arbitraire bien sür, et ne tenant pas compte du fait que Polyctór est un nom bien attesté à Argos des le vie siècle av. J.-C.; cf. la notice concernant ce dernier.
Pourtant, au moins depuis Diels, la recherche moderne a tendance à lier Polycléte au mouvement pythagoricien: (a) soit pour postuler une influence des recherches du sculpteur sur le pythagorisme: 113 J. E. Raven, «Polyclitus and Pythagoreanism », CQ 45, 1951, p. 147-152 ; (b) soit, le plus souvent, à l'inverse, pour reconnaitre des traits pythagoriciens ou pythagorisants dans l'importance accordée par le Canon aux nombres, à l'harmonie, à la συμμετρίαet au εὖ (ce dernier discuté par Aristote en rapport avec les pythagoriciens en Métaphysique N 6, 1092 b 26 [= 58 B 27 DK]; cf. Leftwich 36, p. 32-41): c'est le cas pour la grande majorité des savants modernes, et en premier lieu pour 114 H. Diels, « Über Polyklets Schrift Kavov», AA
1889, p. 10 (résumé de communication) ; 115 /d.,
Antike Technik. Sieben Vorträge, Leipzig / Berlin 21920 [1914]. p. 17-19; DK 29. De méme Oppel 38, p.13-17; 116 L. Stefanini, «Ispirazione pitagorica del
1246
POLYCLETE D'ARGOS
*Canone' di Gordon et F. animation », des Schönen
P 238
Policleto», GCFI 28 3, III, 1949, p. 84-94 ; Panofsky 78; 117 D. E. de L. Cunningham Jr., « Polykleitos' Diadumenos : measurement and The Art Quarterly 25, 1962, p. 128-142; 118 E. Grassi, Die Theorie in der Antike, Köln 1980 [1962], p. 61-66 et passim ; Hiller 79;
119 E. Tortorelli, « L'aritmogeometria pitagorica e il *'Canone' di Policleto », dans I cento anni del liceo « Duni » di Matera, Fasano
1965, p. 3-16 (non vidi); 120 G.
Bejor, «Sul 'canone' policleteo», Critica d'arte 16. fasc. 108, 1969, p. 3-6 (non vidi): Pollitt 84, p. 14-22, notamment
17-21, avec les notes, reportées aux p. 88-
92 ; Ruesch 62, n. I, aux p. 202-204 ; Stewart 34, p. 127 et 130-131 ; Stewart 35, t.1, p. 160-162, 237-239, 262-266 et 272-273; t. Il, pl. 378-385; Stewart 50, p. 274-275; 121 P. Kidson, «The figural arts», dans M.I. Finley (édit.), The legacy of Greece: a new appraisal, Oxford 1981, p. 401-428, aux p. 416-417:
Leftwich 36, passim, notamment p.32-41 et 313-335; Leftwich 90, passim, notamment p. 68-74 (insistant sur la présence des dualités pythagoriciennes dans la pose et la musculature du Doryphore) ; Philipp 80, 81 et 82; 122 D. Tarn Steiner, Images in mind : statues in archaic and classical Greek literature and thought, Princeton/Oxford 2001, p.39-44; 123 J.L. Périllié, Symmetria et rationalité harmonique : origine pythagoricienne de la notion grecque de symétrie, Paris 2005, p. 202-218 («Source pythagoricienne de la symmetria de Polycléte ») et
passim. Hurwit 98, Pollitt 99 et Mark 100, focalisent aussi l'attention sur les affinités pythagoriciennes du sculpteur Pythagoras de Rhégion (ou de Samos), qui à son tour aurait influencé Polycléte. Koenigs 107, pour sa part, soulignait à juste titre que pour le Canon de Polycléte le pythagorisme n'est qu'une seule composante d'un paysage riche et varié. Pour des approches encore plus sceptiques, voire négatives, à cet égard, voir 124 W. Burkert, Lore and science, p. 290 n. 64 ; Borbein 6, p. 85 («one should not immediately assume Pythagorean influence here »); 125 L. Zhmud, Wissenschaft. Philosophie und Religion im früher Pythagoreismus, Berlin 1997, p. 194 n. 52 = 126 Id., Pythagoras and early Pythagoreans, Oxford 2011 [à paraître], p. 92 avec
la n. 56 [pagination provisoire]. Quant à Huffman 43, il pense carrément (p. 325) que « personne n'a réussi à mettre en évidence une tendance pythagoricienne spéci-
fique dans la pensée de Polycléte » et que ce dernier «n'a aucun lien du tout avec les pythagoriciens ». CONSTANTINOS MACRIS.
239
POLYCRATE D’ATHENES C'est Apologie Isocrate, Polycrate devoir de
RE7
V-[V*
principalement du Busiris d'Isocrate (»*I 38), écrit en réplique à une de Busiris due à Polycrate, que dérivent nos informations sur ce dernier. aprés avoir fait allusion à un «changement» intervenu dans la vie de et au fait qu'il est contraint de s'occuper d'enseignement, dit se faire un prodiguer ses conseils à ceux qui, injustement victimes de la mauvaise
fortune, cherchent à tirer leurs ressources de la philosophie (Busiris,
1). L'infor-
P 239
POLYCRATE D’ATHENES
1247
mation donnée par le scholiaste auteur de l'hypothése, selon laquelle Polycrate serait venu au métier de sophiste par nécessité, n'a probablement pas d'autre source. Polycrate étant, au dire d'Isocrate (Busiris, 50), plus ágé que ce dernier, sa naissance se situe avant 436”, où l'on situe la naissance d'Isocrate. Pausanias (VI 17, 9), d'autre part, rapporte que le tyran Jason de Phéres aurait préféré Gorgias (2+G 28) à Polycrate, ce qui implique que l'un et l'autre étaient en vie après 380", date de l'accession au pouvoir de Jason, mais ne permet pas de fixer pour la date de leur mort un terminus ad quem.
Dans le méme passage, Pausanias parle de l'école athénienne de Polycrate (Πολυκράτους... διδασκαλείου τοῦ ᾿Αθήνησι), alors que, selon le scholiaste du Busiris d’Isocrate, Polycrate, quoique Athénien de naissance, exerçait à Chypre. Ces deux indications ne sont pas nécessairement contradictoires, Polycrate ayant pu exercer son activité successivement à Chypre et à Athénes, mais il est également possible que la fiction d'une rivalité des deux orateurs à Chypre ait été inspirée au scholiaste par les «discours chypriotes » d'Isocrate. Également critiquée par Isocrate dans le Busiris (4-6), l'Accusation de Socrate de Polycrate, par l'implication qu'elle dénote dans les affaires athéniennes, parait assurer qu'en tout état de cause Polycrate fut actif à Athènes, où d'après Élien (Hist. Var. XI 10), il eut pour éléve le rhéteur, historien et critique d'Homére Zoilos. La diversité des tournures par lesquelles est évoquée l'attaque de Polycrate contre Socrate peut susciter un doute quant à son intitulé exact, voire quant au fait qu'elle ait été pourvue d'un titre. Isocrate l'évoque parallèlement à l'Apologie de Busiris: ἐπί τε τῇ Βουσίριδος ἀπολογίᾳ
xai τῇ Σωχράτους κατηγορίᾳ (Bus. 4), à quoi fait écho l'auteur de l'hypothèse (£v τε τῷ ἐγκωμίῳ τοῦ Βουσίριδος xai ἐν τῇ κατηγορίᾳ τοῦ Xoxpátouc). Mais Élien (V. H. XI 10) fait référence au discours de Polycrate contre Socrate par les termes τὴν κατηγορίαν... τὴν xarà Σωχράτους, Diogene Laérce II 39 mentionne, d'après Favorinus
τὸν λόγον τὸν TloAuxpdrouc
κατὰ
Σωχράτους,
et la Souda
(fr. 41 Amato = 34 Barigazzi),
Π
1977 évoque τοὺς κατὰ
Σωκράτους λόγους β' que Polycrate aurait écrits, l'un pour Anytos, l'autre pour Mélétos.
Divers auteurs, dont les témoignages ont été rassemblés par 1 L. Radermacher, Artium Scriptores : Reste der voraristotelischen Rhetorik, coll. «Öster. Akad. der Wiss. Philos.-hist. Klasse, Sitzungsberichte » 227, Bd. 3, Wien 1951, p. 128-132, attribuent à Polycrate, outre l' Apologie de Busiris critiquée par Isocrate, un Éloge de Clytemnestre, des éloges de la marmite, du ψῆφος (probablement le caillou utilisé pour voter), et méme de la fièvre et du vomi. En Rhet. II 24, 1401 b 15, Aristote fait état d'un mot de Polycrate sur le secours apporté par des rats qui avaient rongé les cordes des arcs ennemis ; Radermacher 1, p. 131, fait suivre ce passage du ὃ 120 du De elocutione de Démétrius de Phalére (»*D 54) où, corri-
geant la leçon traditionnelle IIoAuxpáret μὲν... ἐγκωμιάζοντι ὡς ᾿Αγαμέμνονα en Il. μῦν... ἐγκωμιάζοντι ὡς ᾽Αγ., il trouve confirmation de l'attribution à Polycrate d'un éloge du rat. Polycrate semblant ainsi s'étre fait une spécialité de composer des éloges paradoxaux, un consensus s'est établi pour lui attribuer des compositions anonymes du méme type mentionnées par les auteurs: un éloge des bourdons
(Isocrate, Hel.
12), du sel (Isocrate,
ibid.; Platon, Symp.
177 b), des
P 239
POLYCRATE D’ATHENES
1248
mendiants et des exilés (Isocrate, Hel. 8, cf. Arist. Rhet. II 24,
1401 b 24 sqq.).
C'est à lui, enfin, qu'on attribue l'Alexandre (titre d'un éloge de Páris) mentionné par Aristote sans nom d'auteur (Rhet. II 23, 1398 a 22 ; 24, 1401 a 20) et d’où sont
peut-étre extraits les exemples de paralogismes donnés en 1397 b 27 et 1401 b 25. Qu'ils soient ou non légitimement attribués à Polycrate, tous ces éloges sont
évidemment à ranger dans la catégorie à laquelle Démétrius (loc. cit.) assigne l'éloge supposé du rat, à savoir celle de παίγνιον, de jeu οὐ l'auteur démontre sa virtuosité, ou, comme l'analysent Alexandre Numénius (Περὶ ῥητορικῶν ἀφορμῶν, III, p. 130 Radermacher) et Quintilien (II 17, 4). des exercices d'entraíne-
ment. Tentés de réduire à ce genre d'exercices toute la production de Polycrate, plusieurs commentateurs
(2 F. Blass, Die attische Beredsamkeit,
t. I1: Isokrates
und Isaios, Leipzig 18927, p. 368; 3 M. Schanz, Sammlung ausgewählter Dialoge Platos mit deutschem
Kommentar,
4 Th.
Gomperz,
ment
par 5 G. E. L. Owen,
notamment
Griechische
p. 19-21;
t. III. Apologia, Leipzig
Denker,
t. II, Leipzig
«Philosophical
6 N. Livingstone,
19037,
1893, p. 51, suivis par p. 271,
Invective », OSAPh
A Commentary
et plus 1, 1983,
on Isocrates!
récemp. 1-25,
‘Busiris”,
coll. « Mnemosyne Supplements » 223, Leiden 2001, p. 36-39) ont soutenu que l'Accusation de Socrate, mentionnée par Isocrate en méme temps que l'Apologie de Busiris, relevait elle aussi du méme art du paradoxe, les socratiques ayant imposé de leur maítre, quelques années aprés sa mort, une image telle qu'il était aussi difficile de l'attaquer que de réhabiliter un criminel tel que le légendaire Busiris. Il n'y a cependant pas de raison de réduire paradoxographie. Denys d'Halicarnasse (/sée, (»*A 209) et Thrasymaque, parmi les maîtres ῥητορική) et lui prête des discours « véritables blement des discours prononcés devant un
toute l’œuvre de Polycrate à de la 20) le mentionne, entre Antiphon d'éloquence judiciaire (ἐναγώνιος (ἀληθινοῦ) », ce qui signifie probatribunal ou à l'assemblée; selon
Quintilien (III 1, 11), il fut l'auteur d'une τέχνη. Par ailleurs, une scholie à la Rhétorique d' Aristote (II 24, 1401 a 34) lui attribue un éloge de Thrasybule ; ce
que semble dire Aristote, c'est que Polycrate aurait loué Thrasybule, le chef des démocrates qui chassérent les Trente en 403*, pour avoir renversé chacun des trente tyrans (et donc, selon Quintilien III 6, 26, mérité d'étre récompensé trente fois): éloge hyperbolique
sans doute, mais non pour autant paradoxal
au méme
sens qu'un éloge de Busiris. Il n'y a au contraire aucune raison de penser que, dans les années qui suivirent le rétablissement de la démocratie à Athénes, faire l'éloge de Thrasybule
relevait du paradoxe.
La plupart des commentateurs,
cependant,
depuis Blass 2, p. 369 n. 4, mettent en doute l'existence de cet éloge de Thrasybule et pensent qu'Aristote fait écho à un passage de l'Accusation de Socrate: dans ce cas, la méme raison qui empéche d'inclure un éventuel éloge de Thrasybule dans la production paradoxographique de Polycrate en écarte aussi l'Accusation de Socrate. Si d'ailleurs ce dernier écrit n'avait été qu'une démonstration de virtuo-
sité, on ne comprendrait pas la vivacité de la réaction des socratiques.
P 239
POLYCRATE D'ATHÈNES
1249
La croyance que cette Accusation de Socrate était le prononcé au procés de Socrate par Mélétos ou, selon (**A 227), est attestée à partir de l'époque hellénistique par hypothése du Busiris d'Isocrate, li. 7-8 Mathieu ; Hermippe
discours qui avait été d'autres, par Anytos de nombreux témoins : ap. Diogéne Laérce II
38 (= fr. 32 Wehrli) ; Quintilien II 17; Thémistius 23, 357 ; Socratis et Socraticorum Epistulae XIV 30-31 Köhler); Souda, s.v. Πολυκράτης TI 1977 Adler. Seul, à notre connaissance, Favorinus d' Arles (**F 10) s'avisa que, faisant allusion
à la reconstruction des Longs Murs par Conon, postérieure de six ans à la mort de Socrate, l'Accusation de Socrate de Polycrate ne pouvait étre la vraie (ἀληθής),
c'est-à-dire celle qui avait été prononcée au procés de Socrate (ap. Diogéne Laérce II 39 = fr. 3 Mensching = 34 Barigazzi = fr. 41 Amato, avec un commentaire, p. 219-224). 7 R. Bentley, A Dissertation upon the Epistles of Phalaris, Themistocles, Socrates, Euripides, and others, and the Fables of Aesop, London 1697,
p. 95-96, qui fut ensuite le premier à relever cette observation restée jusque-là sans écho, en conclut, non pas que le discours dont avait eu connaissance Favorinus n'était pas celui qu'avait écrit Polycrate pour Anytos, mais au contraire que Polycrate en était bien l'auteur mais l'avait rédigé post eventum. La preuve en est, fit-il remarquer (ibid. p. 97), le témoignage d'Isocrate : en écrivant que «s'il y avait une possibilité pour les défunts de se prononcer sur ce qu'on dit (scil. d'eux)», Socrate serait reconnaissant à Polycrate d'avoir compté parmi ses disciples Alcibiade (**A 86) qui, «de l'aveu de tous, l'emportait sur les Grecs » (Busiris, 5-
6), Isocrate indique clairement que cette accusation n'a pas été portée contre Socrate lors de son procés et que le discours de Polycrate a été composé a posteriori. Ce n'est cependant que depuis que 8 C. G. Cobet, Novae Lectiones quibus continentur Observationes criticae in Scriptores Graecos, Leiden 1858, p. 662 sqq., a repris à son compte l'ensemble de cette démonstration qu'elle fait autorité parmi l'ensemble des commentateurs. Encore en 1853, 9 G. Bernhardy, Suidae Lexicon graece et latine, ad fidem optimorum librorum exactum, post Thomam Gaisfordum rec. et adn. crit. instr. G. B., Halle 1853, invoquait l'autorité de Thémistius à l'appui de l'indication erronée de la Souda.
On ne trouve pas chez Platon d'allusion explicite aux accusations de Polycrate contre Socrate. Xénophon, en revanche, prend soin dans les Mémorables (12, 12) de disculper Socrate
des
méfaits
de Critias
(»*C
216)
et d'Alcibiade,
dont
un
«accusateur», qu'il ne nomme pas, veut au contraire le rendre responsable. Jusqu'à Bentley 7, voire Cobet 8, on a pu penser que Xénophon désignait comme « l'accusateur » soit l'un des trois auteurs de la plainte déposée contre Socrate, à savoir Anytos,
Mélétos
et Lycon,
soit les trois ensemble.
Étant établi, cependant,
gräce au témoignage d’Isocrate, qu'à son procés Socrate n'avait pas eu à répondre d'avoir été le maitre d'Alcibiade, alors que cette accusation figure dans l'Accusation de Polycrate, la plupart des commentateurs se sont rangés à l'hypothèse proposée par Cobet 8, p. 666-670, que «l'accusateur» auquel réplique Xénophon ne soit autre que Polycrate. Selon Cobet 8, le fait qu'Isocrate ne mentionne qu'Alcibiade alors que l'accusateur auquel s'en prend Xénophon mentionnait aussi Critias ne fait pas difficulté. Eschine. en effet, attribue, à
1250
POLYCRATE D'ATHÈNES
P 239
l'inverse d’Isocrate, la condamnation de Socrate à ses relations avec le seul Critias (Contre Timarque, 173): Cobet 8. p. 667, pense que l'un et l'autre avaient la méme source, à savoir l'Accusation de Polycrate. 10 J. Bumet, Plato^s Euthyphro, Apology of Socrates and Crito, Oxford 1924, n. ad Ap. 33a 4. pense qu'il s'agissait de «l'opinion courante », mais il est possible que Polycrate ait été le premier à l'exprimer publiquement.
Au IV* siècle, le rhéteur Libanius (#+L 52) a composé une Apologie de Socrate qui se présente comme une réponse au discours prononcé par Ánytos au procès de Socrate. La méprise des anciens sur le discours de Polycrate s'expliquant vraisem-
blablement par le fait que son auteur le plagait dans la bouche d'Anytos, il parait vraisemblable que l'Apologie de Libanius soit une réfutation de l'Accusation de Polycrate. Comme d'autre part les accusations auxquelles répond Libanius sont en grande partie les mêmes que celles de « l'accusateur » à qui réplique Xénophon, on
voit généralement dans cette convergence la confirmation « l'accusateur » de Xénophon soit bien Polycrate.
de l'hypothése
que
Livingstone 6. p. 33, a fait cependant observer qu'il n'est pas possible de savoir si la convergence en question s'explique par le fait que Libanius a comme source, comme Xénophon, le pamphlet de Polycrate, ou si sa source n'est autre que Xénophon lui-méme. D'autre part, plusieurs scholies sur Aristide mentionnent en termes identiques une réfutation par Lysias de l'Accusation de Polycrate: Auotag ἐν τῷ ὑπὲρ Xoxparouc πρὸς Πολυκράτην λόγω (Fragm. Lysiac. 272a, 272b Carey = 237 Floristán Imizcoz = 220 Sauppe), Λυσίας ἐν rà
πρὸς Πολυχράτην ὑπὲρ αὐτοῦ (scil. Σωχράτους) (273 Carey = 238 Flor. Im. = 221 Sauppe). On peut cependant se demander si Lysias a réellement répondu à Polycrate : selon une autre tradition (Cicéron. De orat. 1 54, 231 : Quintilien, /nstit. Orat. 1l 15, 31, X1 1. 11 ; Valère Maxime
VI 4.3:
Ps.-Plutarque, Vit. X orat., 836b; Diogene Laërce Il 40; Stobée, Anrhol. II] 7,56), Lysias aurait rédigé à l'intention de Socrate lui-même un plaidoyer à prononcer devant ses juges, dont ce dernier se serait refusé à faire usage. Cette anecdote est généralement tenue pour légendaire : [ἃ source en serait le plaidoyer fictif en faveur de Socrate par lequel Lysias aurait répondu à l'Accusation de Polycrate (cf. Blass 2, p. 351 ; 11 L. Gernet. Lvsias, Discours, t. I |XVI-XXV et Fragments]. CUF, Paris 1926, p. 232 n. 3; 12 K.J. Dover, Lvsias and the Corpus Lysiacum, Berkeley/Los Angeles, 1968, p. 192; 13 L. Rossetti, « Alla ricerca dei logoi sokrutikoi perduti. H». RSC 23, 1975, p. 87-99). On pourrait cependant concevoir que, Polycrate ayant été jusqu'à une date tardive tenu pour l'auteur du discours prononcé par Anytos au proces de Socrate, c'est au contraire le plaidoyer bel et bien rédigé par Lysias pour ce dernier qui est désigné dans les scholies d’Aristide comme son « discours pour Socrate contre Polycrate ». La mention Λυσίας £v Σωχράτους ἀπολογίᾳ que l'on rencontre dans des scholies ad Plat. Ap. 18b et dans les Anecdota de Bekker (fragm. 274-276 Carey = 239-24] Flor. Im. = 222-224 Sauppe) ne permet évidemment pas de trancher.
Outre l'anachronisme décelé par Favorinus, Cobet 8 voyait dans les premiers
mots des Mémorables (Πολλάκις ἐθαύμασα τίσι ποτὲ λόγοις ᾿Αθηναίους ἔπει-
σαν οἱ γραψάμενοι Zwxparnv...) la preuve que, absent d'Athènes lors du procès de Socrate, Xénophon n'avait pas connaissance des discours prononcés par les auteurs de la γραφή. alors que la façon détaillée dont il répond à «l'accusateur » (Mem. I 2, 9-61) prouve qu'il avait accès à un document plus récent. Reprise à son compte par Schanz 3, p. 24, cette déduction a été renforcée ultérieurement par l'observation due à 14 J. Burnet, Greek Philosophy: Thales to Plato, London 1914, 8 143, que les charges alléguées contre Socrate par « l'accusateur » n'avaient
pu l'être à son procès. Selon Xénophon, en effet, ces charges sont les suivantes:
P 239
POLYCRATE D’ATHENES
(i) l'incitation à mépriser
1251
les lois établies, en critiquant
le tirage au sort des
magistrats (Mem. I 2, 9-11) ; (ii) les torts causés à Athènes par deux de ses proches, Critias et Alcibiade (I 2, 12-48); (iii) le discrédit jeté sur l'autorité paternelle et celle d'autres parents (I 2, 49-55); (iv) l’utilisation de citations des poétes les plus
célébres à l'appui d'éloges de la tyrannie et d'encouragements à maltraiter le peuple (1 2, 56-61). Aucune de ces charges ne figure dans l'acte d’accusation tel que l'ont rapporté Xénophon lui-méme (Mem. I 1, 1), Platon (Ap. 24 b 8-c 1) et plus tard Diogéne Laérce (II 40) ; Burnet 14 en donne la raison: en vertu de la loi
d'amnistie adoptée en 403° pour assurer la paix civile aprés le renversement des Trente, nul ne pouvait étre incriminé pour des faits antérieurs ; Socrate ne pouvait donc, en 399", se voir reprocher d'avoir avant 404^ excité les esprits contre la démocratie, et si Xénophon le défend contre des accusations de cette sorte, c'est nécessairement qu'elles ont été formulées aprés que la loi d'amnistie eut cessé de produire ses effets, donc plusieurs années aprés la mort de Socrate. L'identification de «l'accusateur» de Xénophon
avec Polycrate conduit évi-
demment à fixer pour la rédaction de cette section des Memorables (I 2, 9-61), et
trés probablement, par conséquent, pour la publication du reste de l'ouvrage, le méme terminus post quem que pour l'Accusation de Polycrate, à savoir 393*, date de la reconstruction des Longs Murs par Conon. On a tenté d'appliquer le méme raisonnement au Gorgias de Platon: 15 A. Gercke, Platos ausgewählte Dialoge erklárt von H. Sauppe, 3. Gorgias hrsg. von A. G., Berlin 1897, a établi dans son introduction, p. XLIII-L, plusieurs rapprochements entre des passages de ce dialogue et les accusations portées contre Socrate par Polycrate, telles qu'on peut les inférer de Xénophon et de Libanius ; il en concluait que, comme les Mémorables pour Xénophon,
le Gorgias était la réponse de Platon au pamphlet de Polycrate.
Comme l'ont cependant montré notamment 16 P. Treves, art. « Polykrates 7», RE XXI 2, 1952, col. 1736-1752, cit. col. 1742-1745, et 17 E. R. Dodds, Plato : Gorgias, A Revised Text with Introduction and Commentary, Oxford 1959, p. 2829 et n. ad 484 b I-c 3, ces rapprochements sont conjecturaux et, méme s'ils étaient fermement établis, ne permettraient pas de savoir qui, de Platon ou de Polycrate, répond à l'autre. Plus récemment, 18 P. Funke, « Policrate di Atene: un teorico della democrazia o un retore sofistico ? », dans U. Bultrighini (édit.), Democrazia e antidemocrazia nel mondo greco. Atti del Convegno Internazionale di Studi, Chieti, 9-11 aprile 2003, Alessandria 2005, p. 251-262, notamment p. 260262. a montré, à partir d'un rappel des vicissitudes de la politique intérieure d'Athénes aprés la guerre du Péloponnése, qu'il n'avait pu y avoir de consensus autour de la mémoire de Conon (et de Thrasybule) avant la paix du Roi (386°), ce qui donne pour l'Accusation de Socrate une date beaucoup plus basse que celle qui est généralement admise pour le Gorgias. Le consensus général, à la fois sur l'identité de «l'accusateur» de Xénophon, sur la possibilité de reconstruire l'Accusation de Socrate de Polycrate à partir des Mémorables et de l'Apologie de Socrate de Libanius et enfin sur la chronologie relative des Memorables et de l'Accusation de Socrate a été récemment remis en cause, notamment par 19 M. H. Hansen. The Trial of Sokrates from the Athenian Point of View, coll. «Historisk-filosofiske Meddelelser» 71, Copenhague
1252
POLYCRATE D’ATHENES
P 239
1995, p. 9-15, et Livingstone 6, p. 32-38, mais, si ces auteurs ont raison de rappeler que. sur Polycrate et son Accusation de Socrate, nous sommes réduits à des conjectures, ils n'ont guère à leur opposer que des hypotheses elles-mémes hautement spéculatives. Rien ne s'oppose, pour Hansen 19, à ce que les propos de «l'accusateur» de Xénophon aient été réellement tenus au procès de Socrate (et donc à ce que cet accusateur soit réellement Anytos et non Polycrate): (i) l'amnistie de 403* ne couvrait évidemment que les faits antérieurs, alors que Socrate n'avait vraisemblablement pas mis un terme à ses critiques du régime démocratique aprés le rétablissement de celui-ci; (ii) même si l'acte d'accusation n'en faisait pas état, ces accusations peuvent avoir été formulées au cours du procés, les plaignants étant libres de formuler d'autres griefs que ceux contenus dans la γραφή. Pourquoi dés lors les Apologies de Socrate de Platon et de Xénophon restent-elles silencieuses sur ce point? Parce que, répond Hansen. Socrate, ne répondant qu'aux accusations d'impiété et de corruption de la jeunesse portées par Mélétos, aurait laissé à ses synegoroi, à savoir ses disciples. le soin de répondre aux accusations d'ordre politique d'Anytos: outre qu'elle repose tout entiére sur l'unique phrase οὐ Xénophon fait allusion aux synagoreuontes de Socrate (Ap. 22), l'hypothése de Hansen 19 se heurte au fait que précisément ni Platon ni Xénophon ne s'acquittent dans leurs Apologies de Socrate respectives de la táche qu'aurait confiée Socrate à ses synegoroi. D'autre part, l'une des raisons qui permettaient de traiter Socrate en ennemi de la démocratie, c'était son influence supposée sur Critias et Alcibiade: Hansen 16 ne tient pas compte du témoignage d’Isocrate (Busiris. 5-6) qui atteste que Socrate n'eut pas à faire face à cette accusation. Selon Livingstone 6. qui admet pourtant par provision qu'il n'en fut pas fait mention au proces (p. 37 n. 93), Isocrate ne nie pas qu' Alcibiade ait fréquenté Socrate, mais seulement que les mots μαθητής et παιδεύειν soient appropriés dans ce cas, puisque Socrate faisait profession de ne pas enseigner ni en conséquence avoir d'élèves (p. 37-38 ct n. 98). C'est négliger le fait qu'Isocrate dans ce passage ne se réclame pas, comme Platon dans son Apologie, du point de vue de Socrate, mais de l'opinion générale: nul. écnt-il, n'a eu le sentiment qu' Alcibiade était instruit par Socrate (... ᾿Αλκιβιάδην... 6v ὑπ᾽ ἐκείνου [scil. Σωκράτους] οὐδεὶς ἤσθετο παιδευόμενον, Bus. 5). En conclusion, méme si les déductions de Bentley 7 et de Cobet 8 demeurent, dans l'état de nos sources, des hypothéses, elles l'emportent jusqu'ici en vraisemblance sur les arguments qui leur sont opposés.
Fragments. Radermacher 1. Étude d'ensemble. Treves 13.
Sur
lAccusation
defensore,
Breslau
de
1910
Socrate. (réimpr.
20
H.
Markowski,
Hildesheim/New
York
De
Libanio
1970);
21
Socratis
J. Humbert,
Polycratés, l'' Accusation de Socrate’ et le 'Gorgias', Paris 1930 = «Le pamphlet de Polycratés et le Gorgias de Platon », RPh, 57, 1931, p. 20-77 ; 22 E. Gebhardt, Polykrates’ Anklage gegen Sokrates und Xenophons Erwiderung (Eine Quellenanalyse von Mem. I 2), Frankfurt am Main, 1957 (Diss.); 23 A.-H. Chroust, Socrates, Man and Myth : The Two Socratic Apologies of Xenophon, London 1957, chap. 4 ; Funke 15. MICHEL NARCY.
240
POLYCTÓR D'ARGOS Pythagoricien (V. pyth.
ancien
36, 267, p. 145,
RE 5 dont 15
le nom Deubner
figure = 1 DK
dans 58
le catalogue
de
Jamblique
A, t. I, p. 447, 9), qui
semble
remonter à Aristoxène de Tarente. Cf. 2 K. Scheling. art. « Polyktor» 5. RE XXI 2.
1952, col. 1761-1762. Il est répertorié dans 3 W. Pape et G. Benseler, Wörterbuch
P 242
POLYEN DE LAMPSAQUE
1253
der griechischen Eigennamen, t. II, p. 1227 (6), ainsi que dans le 4 LGPN, t. III A, p. 369. Il serait intéressant de noter que Polyctör est un nom relativement rare, mais attesté à Argos dès le vie siècle av. J.-Chr. (ca 575-550); voir
5 SEG XI 314, 7, avec 6 L. H. Jeffery, The local
scripts of archaic Greece, Oxford ?1990, p. 168, n° 8. On en retrouve une autre attestation à Kéos ; cf. LGPN 4, t. I, p. 379. CONSTANTINOS MACRIS.
POLYDEUKES — POLLUX POLYEN — BASSUS POLYAENUS (AVIANUS -) 241
POLYEN
I
Épicurien. Fils homonyme de Polyen de Lampsaque (»*P 242). Il est connu grâce à une lettre de Batis (»*B 23) adressée à un personnage anonyme et conservée dans le PHerc. 176, fr. 5, col. XII 5-15 Angeli (= Polyaen., fr. 5 Tepedino).
Épicure (»*E 36) souhaite dans son testament (D.L. X 19 = Polyaen. F 6 Tepedino) qu'Amynomaque (#A 151) et Timocratès s'occupent «d'Épicure (»+E 36), le fils de Métrodore (»*M 152), et du fils de Polyen ». Comme on sait par
la lettre de Batis (**B 23) que ce fils de Polyen portait le méme nom que son père, il n'est pas interdit de rétablir son nom dans le texte transmis par Diogene Laérce, comme l'ont fait Vogliano (A. Vogliano, « Autour du Jardin d'Épicure », Études de Papyrologie 4, 1938, p. 8-9) et Arrighetti (TIoAvalvov ), mais la suite du passage, qui stipule que les exécuteurs testamentaires doivent aussi prendre soin «de la fille de Métrodore », montre qu'il n'était pas nécessaire de préciser le nom de ces jeunes personnes bien connues dans le Jardin. Cf. A. Tepedino Guerra (édit.), Polieno. Frammenti, Napoli 137-139.
1991, p. 26-27 et
TIZIANO DORANDI.
242
POLYEN DE LAMPSAQUE (Polyene) RE 6
Im
Philosophe épicurien de la première génération, mort avant Épicure (2+E 36) Témoignages et fragments. 1 A. Tepedino Guerra (édit.), Polieno. Napoli 1991.
Frammenti,
Traduction française des témoignages et des fragments (d’après l'édition de Tepedino Guerra 1) par Ibis R. Muller, « Polyène », dans D. Delattre et J. Pigeaud, Les Épicuriens, Paris 2010, p. 197-213, avec une notice et des notes p. 1156-1159. Cf. 2 A. Tepedino Guerra, «La Scuola di Epicuro: Metrodoro, Polieno, Ermarco », CronErc 30, 2000, p. 39-40 ; 3 M. Erler, « Polyainos », GGP, Antike 4, 1, 1994, p. 223-226. Biographie. On conserve des restes d'une biographie anonyme de Polyen dans le PHerc. 176 (fr. 5 col. XXIV 4-XXVII 39 = F 15). Polyen est né à Lampsaque, à une date non précisée. Son père s’appelait Athénodore (D. L. X 24 = fr. 1). Il aurait
P 242
POLYEN DE LAMPSAQUE
1254
connu Epicure lors du séjour de ce dernier à Lampsaque (311/10-307/6) et serait devenu son disciple fidéle. De Lampsaque, Polyen passa à Athénes quelques années plus tard, aprés 301 et avant 292/1. Polyen eut pour compagne une courtisane du Jardin, probablement Hédéia (»*H 14). qui lui donna un fils, nommé Polyen (»*P 241). Il avait également été le tuteur du jeune Pythocles (#+P 333) à partir de l'année 307/6 (cf. 4 D. Sedley, « Epicurus and the Mathematicians of Cyzicus», CronErc 6, 1976, p. 43-48). Polyen mourut en 278/7 (sous l'archontat de Démoclès : F 10) peu avant la mort de Métrodore (»M 152), et sept ou huit ans
avant celle d'Épicure (cf. Tepedino Guerra 1, p. 25-26). Épicure consacra à la mémoire de son disciple un jour du mois de Métageitnion. (D. L. X 18 =F 13), et dans son testament recommanda peut-étre le fils de Polyen à ses exécuteurs testamentaires (D. L. X 19 = F 6). Polyen est souvent cité dans les sources anciennes
avec Épicure, Métrodore et Hermarque (»*H 75) comme l'un des quatre “guides” (καθηγεμόνες ou ἄνδρες) du Jardin. Titres
attestés.
Diogène
Laërce
ne transmet
pas
de
liste des
ouvrages
de
Polyen. D'autres auteurs signalent quelques titres (Tepedino Guerra 1, p. 33-67): (1) Περὶ ὅρων, Sur les définitions (F 27), (2) Περὶ φιλοσοφίας a’, Sur la philosophie, en un livre (F 29), (3) Πρὸς Ἀρίστωνα, Contre Ariston (F 30), sans doute le stoicien Ariston de Chios (»*A 397),
(4) Artoplau, Apories (F 31-38). Philonidès de Laodicée (»*P 159) avait préparé, pour les « jeunes paresseux », (5) un épitomé de la correspondance de Polyen, d'Épicure et d'Hermarque (F 46).
On doutait déjà dans l' Antiquité de l'existence des deux traités suivants : (6) Περὶ σελήνης, Sur la lune (F 28), et (7) Πρὸς
τοὺς
ῥήτορας,
Contre
les
rhéteurs
ou
Περὶ
ῥητορικῆς,
Sur
la
rhétorique (F 41-45).
Aucun de ces écrits ne nous est parvenu en entier. On peut avoir une idée fragmentaire du contenu des Ἀπορίαι à partir d'une analyse des restes des cinq livres du traité Πρὸς τὰς IIoAvatvou Ἀπορίας de Démétrios Lacon (»*D 60). Démétrius avait écrit cet ouvrage pour défendre, contre
le stoicien Dionysios de Cyréne (**D 180). les critiques soulevées par Polyen dans ses Apories contre les "Éléments" d'Euclide (»*E 80). Cf. 4 A. Angeli et T. Dorandi, «Il pensiero matematico di Demetrio Lacone », CronErc 17, 1987, p. 89-103, Tepedino Guerra 1, p. 55-62. et 5 T. Bénatouil, «Les critiques épicuriennes de la géométrie », dans P. E. Bour, M. Rebuschi et L. Rollet, Construction.
Festschrift for Gerhard Heinzmann, London 2010, p. 155-160). TIZIANO DORANDI.
P 244 243
POLYMNASTOS DE PHLIONTE
POLYMEDES
1255
RES
Ce nom est le titre d'un ouvrage perdu d’Epicure (**E 36) connu par Diogene
Laérce X 28. Comme plusieurs des titres de la liste concernent des philosophes, il est possible, mais nullement certain, qu'il s'agisse d'un philosophe. Voir la liste commentée
des
ceuvres
d'Épicure
dans
R. Goulet,
notice
« Épicure
de
Samos »,
E 36, DPhA III, 2000, p. 172-181. RICHARD GOULET.
POLYMNASTOS
DE PHLIONTE
RE
IV’
Avec Dioclès (»*D 116), Échécratès (»E 5) et Phantón (»+P 98), Polymnastos
est l’un des quatre pythagoriciens de Phlionte (1 DK 53) qu'Aristoxene de Tarente (»A
417)
présentait comme
ayant fait partie des derniers pythagoriciens, qu'il
aurait connus personnellement. Pour plus de détails, voir la notice sur Phantón, supra. Cf. 2 K. Ziegler, art. « Polymnastos», RE XXI 2, 1952, col. 1772. Le nom de ce personnage est düment répertorié dans 3 W. Pape et G. Benseler, Wórterbuch der griechischen Eigennamen, t. II, p. 1228 (4), ainsi que dans le 4 LGPN, t. III A,
p. 370. 5 W. Crónert, Kolotes und Menedemos, Leipzig 1906 [réimpr. Amsterdam 1965], p. 131-133 (notamment p. 132), a proposé de reconnaitre Polymnastos derrière un Πολυμί... mentionné dans un papyrus d'Herculanum (PHerc. 1508, col. IV 34, li. 29 = fr. 7 Cavalieri [voir infra]) qui lui semblait comporter une discussion sur des médecins dans le cadre d'une section ou d'un livre de la Σύνταξις τῶν φιλοσόφων de Philodéme (»»Ρ 142) dédié à l'école pythagoricienne (ou bien, selon 6 Fr. Wehrli, Aristoxenos, coll. «Die Schule des Aristoteles », II, Basel/Stuttgart *1967, p. 54. dans le cadre d'une Histoire de la médecine de ce méme Philodème [?]).
Crónert pensait que la mention de Polymnastos serait faite d'aprés Aristoxéne de Tarente, dont il était prét à reconnaitre le nom quelques lignes plus haut dans le papyrus. et qui lui semblait être aussi la source d’où proviendrait la mention du médecin pythagoricien Acrón (**A 14), que le philologue allemand lisait dans le méme contexte. Un Euryphön dont le nom se lit sans difficulté un peu plus bas serait peut-étre à identifier à un autre médecin encore, un Crotoniate qui, avec Europhilos, a fondé la célébre école médicale de Cnide, qui, par ailleurs, avait de nombreux rapports avec l'école sicilienne (cf. 7 M. Wellmann, art. « Euryphon », RE VI 1, 1907, col. 1342-1344). Cet ensemble d'indices convergents avait paru convaincant à Wehrli 6, qui a inclus le fr. du PHerc. 1508 dans sa collection des fragments d' Aristoxéne (fr. 22) en pensant que Polymnastos aurait appartenu à la branche scientifique du pythagorisme ancien, les mathematikoi, laquelle avait en effet particulièrement intéressé Aristox&ne, et peut-être qu'il était médecin lui aussi. Des études plus récentes de T. Dorandi, A. Angeli et M. Capasso (signalées par 8 M. C. Cavalieri, « La "rassegna dei filosofi" di Filodemo: scuola eleatica e abderita (PHerc. 327) e scuola pitagorica (PHerc. 1508) ? », PapLup 11, 2002, p. 17-53, aux p. 40-52 ; ajouter 9 T. Dorandi, « Filodemo storico del pensiero antico », dans ANRW II 36, 4, Berlin 1990, p. 24072423. aux p. 2417-2418) montrent toutefois que l'appartenance de ce fr. de papyrus à la Svntaxis de Philodéme reste problématique, voire douteuse. Qui plus est, 11 serait prudent de garder « una certa distanza dalle spesso improbabili ricostruzioni dell'editor princeps » (Cavalieri 7, p. 45): la présence du nom d'Acrón «non è per nulla sicura» (ἰδία, p. 50), tandis que «l'integrazione Ἀριστόξενος
non puó essere accettata » (p. 51)
sur la base des lettres conservées sur le papyrus (seulement ’‘Apı[... pour la premiere occurrence hypothétique du nom et [..] oce..[. pour la seconde).
1256
POLYMNASTOS
DE PHLIONTE
P 244
Pour ce qui nous intéresse ici. {a reconstitution du nom de Polymnastos dans le papyrus reste également invérifiable et hautement spéculative - méme si. curieusement, cela n'est pas suffisamment et fermement souligné dans les études modernes, méme pas par les savants les plus critiques à l'égard des reconstructions conjecturales de Crönert ; cf. p. ex. Dorandi 9 (« personaggi ... non sempre certi », mais sans préciser si Polymnastos en fait partie) ; Cavalieri 8 («tale integrazione mi sembra verosimile », et ce en dépit du fait qu'elle édite ]rtoAv.[.... sans le u décisif qui autoriserait peut-être davantage de conjecturer Polymnastos); 10 F. Longo Auricchio, « Gli studi sui testi biografici ercolanesi negli ultimi dieci anni», dans M. Erler et St. Schom (édit.). Die griechische Biographie in hellenistischer Zeit. Akten des internationalen Kongresses vom 26.-29. Juli 2006 in Würzburg. coll. « Beiträge zur Altertumskunde ». 245, Berlin 2007, p. 219-255. à la . 220 («€ confermata |!] l'occorrenza di alcuni nomi collegati con le Scuole [Eleatico- Abderita e
Pitagorica] ». dont celui de Polymnastos...). CONSTANTINOS
245
POLYMNESTOS
MACRIS.
FIII-
DIV
La réponse de l'empereur Dioclétien à la requéte de ce philosophe sollicitant l'immunité des « munera patrimonii » est conservée dans le Code Justinien (X 42, 6) dans la section De muneribus patrimoniorum ; «1mpp. Diocletianus et Maximia-
nus AA. Polymnesto. Professio et desiderium tuum inter se discrepant. Nam cum philosophum te esse proponas, vinceris avaritiae caecitate et onera quae patrimonio tuo iniunguntur solus recusare conaris. Quod frustra te facere ceterorum exemplo poteris edoceri». «Les empereurs Dioclétien et Maximin à Polymnestos. Ta profession et ta requéte sont en désaccord. Car bien que tu revendiques le statut de philosophe, tu est dominé par l'aveuglement de l'avarice et tu essaies, toi seul, de récuser les charges qui sont liées à ton patrimoine. Tu peux apprendre par l'exemple des autres que c'est en vain que tu agis ainsi. » Cet argument figure déjà dans un décret d' Antonin le Pieux commenté par Modestin (Digesta XXVII 1,6, 7): «Nous n'avons pas fixé le nombre des philosophes, car peu nombreux sont les gens qui philosophent. Mais je crois que ceux parmi eux qui débordent de richesses fourniront volontiers à leurs patries une assistance tirée de leurs fortunes, car s'ils chicanent sur leurs biens personnels, par ce fait méme ils se révéleront désormais comme n'étant pas des philosophes » (trad. Nicole Charbonnel, reprise par I. Hadot, Arts libéraux et philosophie dans la pensée antique. Contribution à l'histoire de l'éducation et de la culture dans l'Antiquité, coll. « Textes et
traditions » 11, Paris 20057, p. 227). Absent de la RE et de la PLRE. Cf. C.E. van Sickle, « Conservative and Philosophical Influence in the Reign of Diocletian », CPh 27, 1932, p. 51-58, notamment p. 54. RICHARD GOULET.
POLYMNIS DE THEBES
RE:
D IV?
D’apres le Sur le démon de Socrate de Plutarque, il serait le pere d’Epaminondas (»*E 26) et de Caphisias, libérateurs de Thèbes en 379%, I] admire Socrate (8 11), héberge le pythagoricien Lysis (#*L 104), réfugié à Thèbes (8 14), et assure
à ses fils la meilleure éducation philosophique (δ 16). Il rapporte au chap. 11 une explication du démon de Socrate que lui avait fournie un philosophe mégarique,
P 247
POLYSTRATE
1257
qui lui-méme la tenait de Terpsion. Il a connu également Spintharos de Tarente qui vécut à Thèbes (ὃ 23). Voir l'édition de 1. Hani, Plutarque, Œuvres morales, t. VIII: Traités 42-45: Du destin, Le Demon de Socrate, De l'exil, Consolation à sa femme, CUF, Paris 1980. C'est sans doute par erreur que Hani (p. 45) présente Polymnis comme le père d'Épaminondas et de Pelopidas. Il faut lire Caphisias. Pélopidas était le fils d'Hippoclos de Thébes (Plut., Vie de Pélopidas 3, 1).
Le nom de Polymnis est attesté également comme étant le nom du père d'Épaminondas chez Pausanias VIIE 52, 4 et IX 12. 6. ainsi que chez Élien, V. H. H 43, II 17 et ΧΙ 9. Voir également Cornelius Nepos, De viris illustribus, Epaminondas 1, 1 (Epaminondas, Polymnidis filius, Thebanus).
RICHARD GOULET.
247
POLYSTRATE
Philosophe (»E 36).
RE 7
Im
épicurien, deuxième
scholarque
du Jardin
à la suite d'Épicure
Cf. 1 G. Indelli, « Colote di Lampsaco, il bersaglio polemico di Plutarco, e Polistrato, il terzo capo del Giardino », CronErc 30, 2000, p. 48-52 ; 2 M. Erler, « Polystratos », GGP, Antike 4, 1, 1994, p. 247-250 ; 3 G. Indelli (édit.), Polistrato,
Sul disprezzo irrazionale delle opinioni popolari, Napoli 1978; 4 M. Capasso (édit.), « L'opera polistratea Sulla filosofia », CronErc 6, 1976, p. 81-84. Traduction frangaise des restes du traité (d’apres le texte établi par Indelli 3) par 4bis R. Muller, « Polystrate », dans D. Delattre et J. Pigeaud, Les Epicuriens, Paris 2010, p. 215-226, avec une notice et des notes p. 1159-1163.
Biographie. Polystrate succéda
à Hermarque (»*H 75) vers 250° (D. L. X 25).
ΠῚ était déjà mort en 220/19 quand Dionysios de Lamptres (»*D
181) devint scho-
larque du Jardin. On ne connait presque rien de sa biographie. On a supposé qu'il avait été éléve direct (ἀκροατής) d'Épicure (voir cependant 5 M. Capasso, « Polistrato uditore di Epicuro ? » CronErc 12, 1982, p. 5-12). Œuvre et pensée. Diogène Laérce ne transmet pas de liste des ouvrages de Polystrate, mais on conserve parmi les papyrus d'Herculanum les restes de deux traités:
(1) Περὶ φιλοσοφίας a’, Sur la philosophie, en un livre (PHerc. 1520), et
(2) Περὶ ἀλόγου καταφρονήσεως oi δ᾽ ἐπιγράφουσιν Πρὸς τοὺς ἀλόγως χκαταθρασυνομένους
τῶν ἐν τοῖς πολλοῖς
δοξαζομένων,
Sur le mépris irra-
tionnel des opinions populaires, que d’autres intitulent Contre ceux qui agissent
avec effronterie d'une maniere irrationnelle à l'envers des opinions populaires (PHerc. 336/1150).
Le livre Sur la philosophie était une exhortation (protreptique) à pratiquer la philosophie épicurienne. Le traité Sur le mépris irrationnel des opinions populaires était rédigé contre plusieurs écoles philosophiques contemporaines, en particulier contre les sceptiques et les cyniques. Polystrate y combat les philosophes qui
P 247
POLYSTRATE
1258
proposent d'éliminer entierement et de maniere irrationnelle (ἀλόγως)
les idées
communes. L'épicurien souligne que les opinions populaires sont souvent fausses, mais il ne faut pas les supprimer dans leur ensemble parce que l'acquisition d'une
vie heureuse nécessite de la φρόνησις, et se réalise à travers l'óp07) φυσιολογία et la doctrine du plaisir qui en découle. Philippson animalia
a indüment
supposé
ratione uti en réponse
que
Plutarque
avait écrit son
au livre Sur le mépris
traité Bruta
irrationnel des opinions
populaires de Polystrate (6 R. Philippson, « Polystratos' Schrift über die grundlose Verachtung der Volksmeinung », NJb 12, 1909, p. 506-509 = Studien zu Epikur und die Epikureern, Hildesheim
1983, p. 23-26. Voir 7 G. Indelli [édit.], Le bestie
sono esseri irrazionali, Napoli 1995, p. 31-33). TIZIANO DORANDI.
248
POLYSTRATE D’ATHENES
F IV- D III?
Philosophe péripatéticien, disciple de Théophraste. La seule mention conservée de ce philosophe figure chez Athénée, Deipnosophistes XIII, 607 f (cf. W. W. Fortenbaugh et al. (édit.), Theophrastus of Eresus. Sources for his Life, Writings, Thought and Influence, coll. « Philosophia Antiqua » 54, 1, Part One, Leiden 1992, p. 70, n? 17). On apprend que ce disciple de Théo-
phraste était surnomme l'Étrusque (ὁ Tuppnvög), « parce qu'il se vétait d'habits de joueuses de flüte ». Apparemment absent de la RE JEAN-PIERRE SCHNEIDER.
249
va
POLYXÈNE RE 8 Philosophe proche de l'Académie et qu'on peut rattacher aux mégariques.
Témoignages et fragments. 1 K. Döring, Die Megariker, p. 67-70: fr. 211-218 (données biographiques), fr. 219-220 (écrits et doctrine). Traduction francaise dans 2 R. Muller, Les Mégariques. 3 G. Giannantoni, SSR, fr. IF 32; IIS 4; IV A 17;
V B 149. Traduction italienne des fragments Catania 1984, p. 256-260. Datation.
Contemporain
d'Aristippe
(**A
par 4 L. Montoneri, / Megarici, 356)
et de
Diogene
[»*D
147]
(fr. 217-218), Polyxéne apparait aussi dans les Lettres platoniciennes et socratiques (fr. 211-214) comme ayant fréquenté la cour du second Denys [»*D 84] (malgré l'origine incertaine de ces écrits, on peut admettre avec Dóring 1. p. 166 n. 4, que
les auteurs des lettres platoniciennes, qui datent peut-étre du IV* siécle av. J.-C., à la différence des lettres socratiques beaucoup plus tardives, avaient sur les événe-
ments rapportés une information non dénuée de valeur) ; la présence de Polyxéne auprés de Denys est d'ailleurs confirmée par Plutarque (fr. 216). Le fait qu'on lui attribue
une
des formes
de l'argument
du Troisiéme
Homme
(fr. 220)
indique
d'autre part qu'il a participé, à l'Académie ou dans les milieux proches d'elle, au débat sur les Idées platoniciennes ; comme on estime généralement que ce débat a
P 249
POLYXENE
1259
commencé des avant le Parménide, soit dans les années 370° (cf. 5 A. Dies, Notice du Parm., CUF, Paris 1923, rééd. 1965, p. XVII-XVIII et 21-22 ; Döring 1, p. 170),
il faut, pour que Polyxène ait pu jouer le rôle important qu'on lui prête, qu'il soit né au plus tard au début du siècle. (Euvres. Deux fragments sont conservés: le premier, cité par Grégoire de Corinthe (fr. 219), est extrait d'un écrit en l'honneur du sanctuaire de Délos, 'Y πὲρ
τοῦ ἱεροῦ τοῦ £v Δήλῳ, du rhéteur Polyxéne, qui a des chances d'étre le méme homme que notre philosophe (Döring 1, p. 168-169) ; le second (qui n'est peut-être pas une citation textuelle, cf. 6 W. Stegemann, art. « Polyxenos» 8, RE XXI, 2, 1952, col. 1859) vient du Contre Diodore de Phanias (**P 93) par l'intermédiaire
du Commentaire de la Métaphysique d' Alexandre d' Aphrodise (fr. 220), mais sans indication sur l'ouvrage de Polyxéne dont il est issu. École d'appartenance, influence. Présenté parfois comme un éléve de Bryson d'Héraclée
[»*B 68] (7 E. Zeller, Die Philosophie der Griechen, II 1, Leipzig 5°
éd. 1922, p. 259 n. 1 ; Stegemann 6, col. 1859, li. 10; Döring 1. p. 62), Polyxène était plus vraisemblablement un de ses amis ou de ses proches (ils sont nés à peu prés à la méme époque, et le fr. 211 ne parle que de ἑταιρῶν ; le méme Stegemann dit d'ailleurs plus haut 6, col. 1858, li. 17 «einer der Genossen des Bryson »). 8 K. von Fritz, art. « Megariker », RESuppl. V, 1931, col. 722, voudrait méme en faire un auditeur direct d'Euclide de Mégare (**E 82), mais rien ne soutient cette
affirmation. Suivant le crédit qu'on accorde à la deuxiéme Lettre platonicienne (fr. 212), on admettra peut-être qu'il a aussi un moment été l'éléve de Platon; qu'il ait été en relation avec l' Académie est de toute maniere assuré (cf. ci-dessus « Data-
tion », et ci-après). Pour justifier ses liens avec les mégariques (en dehors de sa fréquentation de Bryson, qui prouve peu), on peut d'abord relever les deux épithétes qui accompagnent son nom: celle de « dialecticien » (fr. 216 et 218; à cette date, le mot désigne souvent les mégariques, cf. fr. 31, les stoiciens étant évidemment exclus). et celle de «sophiste » (fr. 217 et 220; le terme est lui aussi volontiers utilisé pour les mémes). Mais c'est ce que nous savons de sa doctrine (fr. 220) qui constitue sans doute l'argument le plus sérieux: qu'il soit ou non le premier à avoir proposé l'argument du Troisieme Homme
(Alexandre
qui est souvent
Fritz 8, col. 722. ou
avancé, cf. von
ne dit rien de tel, contrairement à ce
Stegemann
6, col.
1859;
Polyxène est seulement présenté comme ayant introduit une des formes de l'argument), le fait qu'il soit intervenu dans le débat sur les Idées ainsi que la nature
exacte de son objection (différente de la forme classique) sont tout à fait conformes à ce que nous connaissons par ailleurs des préoccupations et des théses mégariques. On se gardera certes de surestimer l'influence de Polyxéne dans ces discussions, mais on ne peut nier leur importance, tant pour le développement de la pensée platonicienne que pour la formation du jeune Aristote (von Fritz 8, col. 722723).
Études d'orientation, bibliographie. Étude assez complete et bibliographie de Stegemann
6, col. 1857-1859.
Commentaire
et bibliographie
dans
Dóring
1.
P 249
POLYXENE
1260
p. 166-170. Etude et commentaire des fr. dans Muller 2. On doit signaler aussi que von Fritz 8, col. 721-723, consacre une place relativement importante à Polyxene dans son étude d'ensemble sur les mégariques. Voir également 9 K. Dóring, « Über
den Megariker Polyxenos », Hermes 100, 1972, p. 24-42 ; D. Nails, The People of Plato, p. 253. ROBERT MULLER.
250
POLYZÉLOS RE6 Philosophe péripatéticien dont on ignore l'origine et la date. Cf. 1 K. Ziegler, art. « Polyzelos » 6, RE XXI 2, 1952, col. 1865.
Un unique témoignage nous apprend que Polyzélos était l'auteur d'un traité Sur le destin (Περὶ εἱμαρμένης); cf. Alexandre d’Aphrodise, De anima libri Mantissa, p. 186, 30-31 Bruns (il s'agit de la fin du chapitre intulé précisément Περὶ eipapμένης, traduit et commenté dans 2 R. W. Sharples, Alexander of Aphrodisias, On Fate, text, translation and commentary, London 1983, p. 106-115 [trad.]: p. 176
[comment.] ; cf. aussi
3 W. W. Fortenbaugh er al. (édit.), Theophrastus of Eresus.
Sources for his Life, Writings, Thought and Influence, col. « Philosophia Antiqua» 54 2, Part Two, Leiden 1992, p. 330, n? 504 (texte de Bruns corrigé). Pour renfor-
cer la these selon laquelle «ce qui est en accord avec le destin » (τὸ καθ᾽ εἷμαρμένην) est la méme chose que «ce qui est en accord avec la nature» (τὸ κατὰ φύσιν) — scil. la nature
individuelle —, Alexandre
renvoie à deux
autorités, Theo-
phraste dans son Callisthene et Polyzelos dans son traité Sur le destin. JEAN-PIERRE SCHNEIDER.
251
RES
POLYZÉLOS Polyzélos
est cité comme
cynique
par Photius, Bibl. cod.
167,
p. 114
b 25
Bekker (t. II, p. 156 Henry). quand celui-ci donne la liste des philosophes auxquels Stobée a emprunté des extraits, des apophtegmes ou des préceptes. De fait la liste des philosophes, qui succéde dans le codex
167 au sommaire
des sujets traités par
Stobée dans ses quatre livres, se clót, bizarrement d'ailleurs, par dix noms de cyniques,
présentés
comme
tels et donc
mis
à part
(καὶ
Κυνικῶν
δέ),
alors
que
l'appartenance des autres philosophes cités n'est pas indiquée. Cette liste est suivie d'autres listes: orateurs, historiens, rois et généraux, et d'une derniére liste sans intitulé dans laquelle prennent place un certain nombre
de médecins. Toutes ces
listes suivent un ordre alphabétique ; c'est ainsi que Polyzélos figure entre Monime (»»Μ
190) et un certain Xanthippos. Nous ne disposons pas par ailleurs d'autres
informations codice
concernant
Photiano,
ce Polyzélos.
diss. Bonn,
Depuis
1 A. Elter, De loannis
1880, p. 16 et 68, on pense que
Stobaei
le sommaire
des
chapitres de Stobée ainsi que ces listes n'ont pas Photius pour auteur, mais que celui-ci a pu les trouver en téte de l'ouvrage de Stobée, dans le manuscrit qu'il avait en mains (cf. 2 O. Hense, art. «loannes Stobaios» 18, RE IX, 1916, col. 2549-2586, notamment 2552-2564).
MARIE-ODILE GOULET-CAZÉ.
P 253
252
POMPEDIUS
POMERIUS
1261
RE PLREII:
VINI
Julien Pomère, originaire de Maurétanie, émigré dans le midi de la Gaule, a enseigné les lettres à Arles, où il fut ordonné prêtre par l’évêque Éone et dirigea une communauté de clercs. Il est l’auteur d’un ouvrage perdu, Sur la nature de l'âme, qui se présentait sous la forme d'un dialogue. Le continuateur de Gennade (De viris inlustribus 99, p. 96-97 Richardson), qui rapporte que son auteur était encore vivant au moment oü il écrivait son ouvrage (498), donne le sommaire de
ses huit livres: 1. ce qu'est l'àme et de quelle manière penser qu'elle a été créée à l'image de Dieu ; 2. doit-on penser que l'âme est corporelle ou incorporelle ; 3. comment a été faite l'àme du premier homme ; 4. l'àme mise dans le corps à la naissance est-elle nouvellement créée et sans péché, ou provenant de la substance de l’âme du premier homme comme un rameau de la racine, avec le péché originel ; 5. quelle est la capacité de l’äme, quelles sont ses possibilités, et tient-elle sa capacité de sa volonté propre ; 6. le conflit entre la chair et l'esprit selon l'Apótre ; 7. la différence entre la chair et l'áme en ce qui concerne la vie, la mort et la résurrection ; 8. réponse à des questions concernant ce qui a été prédit de la fin du monde. A en croire Isidore de Séville, Pomère aurait enseigné que l'âme est de nature corporelle.
Julien Pomère est également l’auteur d’un De vita contemplativa en trois livres qui nous est parvenu (PL 49,415-520). Dans le livre I, il répond à trois questions relatives à l'essence de la vie contemplative, à la difference entre celle-ci et la vie active, à la possibilité pour un évêque de s'adonner à celle-là. Le livre II traite entre autres de l'abstinence : Pomère y critique les philosophes, qui ont bien renoncé à ce qui flatte les sens, mais n'ont pas pratiqué l'abstinence, celle-ci supposant le renoncement à sa volonté propre. Le livre III traite des vices et des vertus ; la doctrine de Pomére sur les quatre vertus cardinales s'inspire de celle des philosophes grecs, mais elle la corrige dans le sens chrétien : Pomère considère que l'homme ne peut posséder ces vertus si Dieu ne les lui accorde ; d'autre part, il fonde la justice sur la foi. Touchant les passions de l'àme, il refuse d'y voir des vices, comme le faisaient certains philosophes anciens : c'est le mauvais usage qui en est fait qui engendre le péché. En se référant à S. Augustin, il réfute les stoiciens qui prétendent éliminer ces passions : elles sont nécessaires dans la vie terrestre et peuvent se conformer à la raison.
Le traité de Julien de Toléde De comprobatione sextae aetatis est mis sous le
nom de Julien Pomére par un manuscrit et une édition ancienne (CCL 115, p. 143 apparat).
Cf. G. Fritz, art. «Julien Pomère», DTC XII, col. 2537-2543 ; R. A. Kaster, Guardians
of Language.
The
Grammarian
and Society
in Late Antiquity,
coll.
« The transformation of the classical heritage » 11, Berkeley 1988, n? 124, p. 342343. PIERRE MARAVAL.
253
POMPEDIUS
RE 131
DMI
Philosophe épicurien. Flavius Joséphe, Antiquités Juives XIX 32-36, raconte qu'un sénateur du nom
de Pompedius (Πομπήδιος), qui avait déjà assumé pratiquement toutes les magistratures, fut dénoncé pour crime de lése-majesté auprés de Caligula par un certain Timidius qui lui était hostile (ἐχθρὸς ὦν). La maitresse de Pompedius, la belle
actrice
Quintilia,
soumise
en
tant que
témoin
à la torture
par (Cassius)
P 253
1262
POMPEDIUS
Chaereas (RE Cassius 37 ; PIR? C (qu'il finira par assassiner), refusa qu'elle savait fausse. Amenée dans reur qui la relaxa avec son amant et
488), exécuteur des basses œuvres de Caligula courageusement de confirmer cette accusation un triste état devant Caligula, elle émut l'empelui donna une compensation financiére pour les
tortures injustement subies. Selon Flavius Joséphe, ce Pompedius était épicurien et pour cette raison cherchait à mener une vie paisible (ἀπράγμονος ἐπιτηδευτὴς
βίου). RICHARD GOULET.
Le nom de Pompedius étant insolite (il y a d'ailleurs diverses variantes dans les manuscrits de Flavius Joséphe), deux identifications ont été proposées. A. P. Calvisius Sabinus Pomponius Secundus (RE 103). 1 P.
M. Swan, « A consular Epicurean under the Early Principate », Phoenix 30,
1976, p. 54-60, a soupçonné que Pompedius pouvait résulter d'une corruption du
nom originel et, gráce à un rapprochement avec Dion Cassius LIX 26, 4 oü la méme histoire est rapportée à propos d'un certain Pomponius, il a proposé d'identifier ce Pompedius à P. Pomponius Secundus (PIR! P 563), consul suffect en 44,
légat victorieux en Germanie en 50 (Tacite, Annales XII 27-28), qui fut par ailleurs un poéte tragique de renom selon Quintilien, /nsr. Orat. X 1, 98 (voir également Pline le Jeune, Epist. VII 17,11). Peut-on considérer ce Pomponius Secundus comme un épicurien? Swan 1, p. 57, cite les remarques de Tacite (Ann. V 8, 2) rapportant comment, sous le régne de Tibére, Pomponius Secundus supporta une accusation de lése-majesté sans perdre courage et sans se donner la mort, à la différence d'autres sénateurs. L'historien souligne alors son elegantia morum
et son sang-froid (dum aduersam fortu-
nam aequus tolerat): il garde sa sérénité face à la mort. L'emploi du seul adjectif aequus suffit à Swan pour qualifier Pomponius Secundus d'épicurien, et il se fonde sur une expression assez proche (aequam... seruare mentem) figurant chez Horace (Carm. II 3, 1; cf. III 29, 32). Cette interprétation est également admise par 2 J. Ferguson, « Epicureanism under the Roman Empire », dans ANRW II 36, 4, Berlin 1990, p. 2279). Elle est aussi reprise par 3 C.J. Castner, Prosopography of Roman Epicureans from the Second Century B.C. to the Second Century A. D., coll. «Studien zur klassischen Philologie» 34), Frankfurt 1991, p. 50), qui juge ces arguments « plausibles et convaincants ». Elle semble toutefois devoir étre acceptée avec prudence : P. M. Swan lui-même (1, p. 60), souligne la contradiction entre la carriere politique de P. Pomponius Secundus et l'épicurisme qui lui est attribué ; de plus, il semble avoir été proche de Paetus Thrasea (4 H. Kunnert, art. « P. Clodius Paetus Thrasea» 58. RE IV 1. 1900. col. 101, et 5 M. Griffin, Seneca. A Philosopher in Politics, 2° éd., Oxford 1992, p. 440, s'appuyant sur Charisius 125 K, voir aussi Priscien 538 K). Cette amitié avec un stoicien célébre semble difficile-
ment permettre de postuler un lien avec l'épicurisme. Pour la famille, la carrière et les vestiges de l'activité littéraire de P. Pomponius Secundus. voir 6 R. Hanslik, art. « P. [Calv?]isius Sabinus Pomponius Secundus » 103, RE XXI 2, 1953, col. 2356-2360.
P 253
POMPEDIUS
1263
La référence donnée par Castner 3 à un article « Pompedius » 131 dans la RE est erronée : eile vise la notice de R. Hanslik consacrée à « Pompeia Plotina » (**P 206), épouse de Trajan. [A. ou O.? Stein, art. « Timidius », RE tification de Pompedius avec le Pomponius Pennus (voir section B), supposant que Timidius, qui avait dénoncé Pompedius, est
VI A 1, 1936, col. 1256, a fait valoir de Dion Cassius (Stein parle en fait Pomponius est également Pompeius présenté par Flavius Joséphe comme
contre l'idende Pompeius Pennus) que un ennemi du
philosophe, alors que, selon Dion Cassius, Pomponius avait été trahi par un arni (ὑπὸ φίλου προεδόθη).
RG.
B. Pompeius Pennus
(RE 102).
Une autre identification avait été envisagée du Pompedius de Flavius Josèphe avec le sénateur Pompeius Pennus (Poenus, Paenus ou Penus, selon les manuscrits ;
Pennus est une correction de Juste Lipse), connu uniquement par Sénèque, De beneficiis II 12, 1. Voir 6bis E. Ritterling dans V. Gardthausen, Augustus und seine Zeit, Leipzig 1891-1904, t. II, p. 113 n. 29. Cf. 7 [M. Lambertz,] art. « Pompeius Pennus » 102, RE XXI 2, 1952, col. 22822283; voir aussi 8 R. Hanslik, art.
« Pomponius
Pennus»
62, RE XXI
2, 1952,
col. 2343 (qui présuppose que le sénateur dont parle Sénéque s'appelait Pomponius). Sénéque rapporte que Caligula laissa la vie sauve à cet ancien consul — sans doute alors qu'il était accusé de lése-majesté ; et, comme ce dernier le remerciait vivement, l'empereur lui tendit son pied gauche à baiser, conduite qui suscite l'indignation de Sénèque car elle est évidemment insultante pour ce consulaire et ce sénateur âgé. L'emploi de senex laisse penser que ce personnage a sans doute été consul suffect sous Tibére, à une date que nous ne connaissons pas (9 A. Tortoriello, / fasti consolari degli anni di Claudio,
coll.
« Accad.
Lincei,
Memorie » IX, XVII, 3, Roma 2004, p. 624). Selon 10 R. Syme, « More Narbonensian Senators », ZPE 65, 1986, p. 1-24 = Roman Papers VI, Oxford 1991, p. 224, je cognomen Pennus est indubitablement d'origine gauloise. Cette assimilation parait discutable pour de nombreuses raisons (Swan 1): il est difficile d'identifier Pompeius Pennus, un homme âgé, consulaire et sénateur, et Pompedius qui n'est pas encore parvenu au sommet du cursus honorum. En outre, la corruption des noms propres est fréquente dans l’œuvre de Flavius Jos&phe: il faut sans doute identifier Timidius, l'accusateur, avec un sénateur de cette période : C. Ummidius
Durmius
Quadratus
(5 A. Birley,
« Two
unidentified
senators
in
Josephus A. J. 19», CQ 50, 2000, p. 620-623). [L'humiliation de ce sénateur « qui avait rempli les charges les plus hautes », grácié par Caligula. mais contraint à baiser la sandale du pied gauche de l'empereur, rappelle moins l'affaire de Pompedius, qu'un passage de Dion Cassius (LIX 29, 5) où l'on voit le consul Q. Pomponius Secundus (consul suffect en 41), frére ainé de P. Pomponius Secundus (voir section À), invité de
Caligula qui l'avait fait libérer aprés sept années d'emprisonnement
(LIX 6, 2), se prosterner
devant l'empereur et lui embrasser les pieds (παρὰ τοῖς ποσὶν αὐτοῦ καθήμενος, xai ἐπικύπτῶν συνεχῶς αὐτοὺς κατεφίλει).
R.G.]
C. Selon Lambertz 7, col. 2282, et d’autres historiens, Pompeius Pompedius et Pomponius seraient un seul et méme personnage.
Pennus,
MICHELE DUCOS.
P 254
POMPEIUS MAGNUS (CNAEUS -)
1264
POMPEIA — PLOTINA (POMPEIA -) POMPEIUS — DIOCLES (POMPEIUS -) POMPEIUS — DIONYSIOS D’ATHENES (T. POMPEIUS -) POMPEIUS — PLEISTARCHOS
254
POMPEIUS MAGNUS
(POMPEIUS -)
(CNAEUS -) RE31
106/48
Homme politique romain de la fin de la République, trois fois consul, considéré comme un des plus grands généraux de son temps, vaincu par César à Pharsale. ἢ
représente une étape importante sur le chemin qui mena Rome au Principat. Testimonia. Plutarque a consacré une biographie à Pompée, mais on trouve dans les autres Vies (celles de Lucullus, de Caton. de Crassus et de César en parti-
culier) des renseignements complémentaires. Le récit de la guerre civile dans le Bellum Ciuile de César, les discours de Cicéron (surtout peut-étre le De imperio Cn. Pompei) et sa correspondance (livres I- Vl) sont riches d'informations. TiteLive abordait dans les livres LXXIII-LXXIX le récit de la Guerre Sociale, et la carrière de Pompée dans les livres LXXXII-CXII: il nous en reste les abrégés des Periochae. Velleius Paterculus, au livre II, présente une image assez positive de
Pompée et retrace sa vie. Il faut enfin mentionner les récits historiques d'Appien (Guerres civiles, l et II) et de Dion Cassius (livres XXXVI-XLID. La Pharsale de
Lucain est sans doute à mettre sur un autre plan, méme si cette ceuvre constitue un témoignage essentiel sur l'image de Pompée sous les Julio-Claudiens. Cf. 1 F. Miltner, « Pompeius » 31, RE XXI 2, 1952, col. 2062-2211 ; 2 J. Van Ooteghem, Pompée le Grand bátisseur d'empire, Bruxelles 1954; 3 M. Gelzer, Pompeius, München 1959; 4 J. Leach, Pompey the Great, London 1978; 5 R. Seager,
Pompey.
A
Political
Biography,
Oxford
1979;
6 P. Greenhalgh,
Pompey, The Roman Alexander, London 1980, et 7 /d., Pompey, the Republican Prince, Columbia 1982; 8 P. Southern, Pompey the Great, Stroud/Charleston, 2003; 9 K. Christ, Pompeius. Der Feldherr Roms. Eine Biographie, München 2004 ; 10 Ch. Heller, Sic transit gloria mundi. Das Bild von Pompeius Magnus im Bürgerkrieg, St. Katharinen 2006. Fils de Cn. Pompeius
Strabo, consul en 89* (Appien, B.C. I 6, 50: MRR
II,
p. 32), Pompée est issu d'une famille dont l'ascension était récente: le premier consul de la famille, Q. Pompeius, un lointain parent, exerça sa charge en 141* (MRR I, p. 477 ; Velleius Paterculus II 21, 5) avant d'étre élu censeur en 131 (MRR I, p. 500). La mére de Pompée, Lucilia (Velleius Paterculus II 29, 2), était une nièce du poète Lucilius (**L 67), de famille sénatoriale. Strabo fut général pendant
la Guerre Sociale en 90 (Velleius Paterculus II 15, 3) et élu consul avec Sylla gräce à ses succés militaires (Velleius Paterculus
II 17, 1): il profita d'ailleurs de sa
position pour se garantir des liens de clientéle en Espagne et en Italie, en particulier dans le Picenum. Mais il se fit remarquer aussi par son ambition et ses intrigues (voir 11 R. Syme, La révolution romaine, trad. francaise, Paris 1967, p. 39) : Sylla
P 254
POMPEIUS MAGNUS (CNAEUS -)
1265
lui trouva donc un successeur à la tête de son armée, Pompeius Rufus, consul en 88* (MRR 2, p. 39-40), mais ce dernier fut massacré à son arrivée par les soldats de Strabo (Velleius Paterculus II 20, 1) fidéles à leur chef qui reprit immédiatement son pouvoir. Strabo joua ensuite un róle trouble entre les Populares et les partisans de Sylla, en évitant de s'impliquer d'un cóté comme de l'autre (Velleius Paterculus II 21, 1-2). Sa carrière fut interrompue brutalement par une mort subite, de la foudre dit-on parfois, en réalité d'une épidémie de peste (Velleius Paterculus II 21,
4). Ses funérailles furent l'occasion d'émeutes et son cadavre fut outragé par la population romaine (Velleius Paterculus II 21, 4 et Plutarque, Pompee 1,2). Pompée commenga (12 B. Rawson,
sa carriére en faisant partie de l'état-major de son pére
The Politics of Friendship:
Pompey
and Cicero,
Sidney
1978,
p. 20-23) pendant la Guerre Sociale (Velleius Paterculus II 29, 5). Comme Strabo était au moment de sa mort un homme hai de tous, y compris de ses troupes (Plutarque, Pompée 3, 4), Pompée dut le défendre post mortem d'une accusation de
détournement de fonds publics. Le préteur Antistius, qui arbitrait ce proces, le prit en affection et lui donna sa fille Antistia en mariage (Plutarque, Pompée 4, 4-5). Aprés son acquittement, Pompée se retira dans les propriétés familiales du Picénum (Plutarque, Pompee 6, 1).
Il réapparait pendant la guerre civile entre Sylla et Marius, en levant une armée dans le Picénum à ses frais pour rallier Sylla (Appien, B.C. I 9, 80 et Velleius Paterculus II 29, 1): il avait alors vingt-trois ans. Il réussit à traverser l'Italie
malgré la présence de trois généraux ennemis — Carrinas, Coelius et Brutus - en défaisant le dernier. Le consul Scipion qui avait essayé de l'attaquer fut trahi par ses troupes qui ralliérent Pompée et s'enfuit (Plutarque, Pompée 7, 5). Sylla accorda à Pompée le titre d’imperator, alors qu'il n'avait aucun imperium, et sa faveur: le jeune homme fut alors envoyé en Gaule à la demande de Q. Caecilius Metellus Pius, allié politique le plus important de Sylla. À son retour en Italie, alors que Sylla récompensait ses partisans aprés sa victoire sur les Marianistes, il dut répudier Antistia à la demande du dictateur pour se marier avec /Emilia (Plutarque, Sylla 33, 4): c'était la fille de Metella, l'épouse de Sylla, fruit d'un premier mariage avec /Emilius Scaurus. Cette union fut d'autant plus critiquée que la mariée était enceinte de son précédent mari, tandis qu'Antistia venait de perdre son père assassiné par les Marianistes (Velleius Paterculus II 26, 2) et que sa mère se suicida à la suite de ce divorce (Plutarque, Pompée 9, 2-4). /Emilia mourut peu de temps aprés en couches. Pompée fut envoyé en Sicile avec six légions et huit cents vaisseaux contre les partisans de Marius, dont Perpenna, qui s'y étaient réfugiés: il reprit l'ile immédiatement et procéda à des exécutions (Plutarque, Pompee 10, 4-9). Mais il laissa un souvenir de clémence aux habitants de l'ile qui permet sans doute de comprendre comment son fils cadet, Sextus (**P 256), put faire de l’île sa base bien plus tard. Sylla lui donna ensuite l'ordre d'aller combattre Domitius Carbo en Afrique (Appien, B.C. I 11, 95): Pompée débarqua avec ses six légions et défit son adversaire (Valére-Maxime VI 2, 8 sur l'ingratitude de Pompée envers cet homme qui
1266
POMPEIUS MAGNUS (CNAEUS -)
P 254
l'avait protégé à la mort de son pére) avant de s'emparer des cités locales et d'envahir la Numidie (voir 13 C. Hugoniot, Rome en Afrique, Paris 2000, p. 29). On dit qu'il ne lui fallut que quarante jours pour mener toutes ces opérations à bien
(Plutarque. Pompée 12, 8). Mais loin de le récompenser, Sylla le brima plutót en lui imposant de licencier son armée et d'attendre avec une seule légion son successeur. Pompée refusa la proposition de ses troupes de le maintenir à leur téte avec
une mutinerie (Plutarque, Pompee 13, 1-4). Pour le remercier, Sylla lui accorda le titre de Magnus, mais voulut lui refuser le triomphe qui était normalement accordé aux consuls et aux préteurs seulement. Pompée se vengea en faisant élire Lepidus au consulat contre la volonté de Sylla qui ne lui laissa rien dans son testament (Plutarque, Pompée 15, 3 et Sylla 38, 2). Le mariage avec Mucia doit être placé dans ces années, soit peu après la mort d' Aemilia en 80° (Seager 5, p. 12, considère
que ce fut l’œuvre de Sylla, toujours désireux d'associer Pompée aux Metelli), soit vers 77°: c'est la seule union qui assura à Pompée une descendance, puisque Mucia lui donna trois enfants, deux gargons Cnaeus et Sextus, et une fille Pompeia.
La carriére de Pompée connut un nouvel essor mort de Sylla avec tout d'abord le soulèvement de un poste de légat (voir Seager 5. p. 15: on ne sait imperium prétorien sous le commandement de dernier) au jeune homme qui se rallia au parti des
dans les années qui suivirent la Lépide en 77*: le Sénat accorda précisément si Pompée avait un Lutatius ou indépendant de ce Optimates mené par Q. Lutatius
Catulus nommé général. Contrairement à ce que prétend Plutarque (Pompee
16, 5-
6), l'échec de la tentative de Lépide fut davantage le fruit des qualités de stratège de Catulus
que
des opérations
menées
par Pompée
en Gaule
Cisalpine
contre
M. Junius Brutus, le père du futur tyrannicide: ce dernier, qui tenait Modéne, s'était rendu
mais
fut assassiné sur ordre de Pompée
(Valére-Maxime
VI, II, 8 et
Plutarque, Pompée 16. 6-7). La guerre menée contre Sertorius en Espagne offrit immédiatement aprés un autre théátre aux ambitions de Pompée qui avait refusé de licencier ses troupes sur
ordre de Catulus aprés la défaite de Lépide: ayant réussi gráce à l'appui de L. Marcius Philippus (Cicéron, De imperio Cn. Pompei 62: voir Seager 5, p. 17) à obtenir un imperium proconsulaire, malgré l'opposition de certains Optimates de la faction de Catulus, et semble-t-il parce que plusieurs avaient refusé avant lui de se charger de ce commandement, il succéda à un Metellus Pius ágé et découragé par
plusieurs échecs (Plutarque, Pompee 17, 1-2 et Sertorius, 12. 5-7 et 13, 15). De fait, Sertorius fut un ennemi particuliérement coriace et le début de la campagne fut difficile pour Pompée (Plutarque, Pompée 18, 4 et Sertorius 18, 2-10; Appien, B.C. I 13, 108-110). Il remporta néanmoins un premier succés contre les lieutenants de Sertorius, Perpenna et Herennius, prés de Valentia. Alors qu'il s'était de ce fait précipité pour obtenir une victoire décisive avant la jonction avec les troupes de Metellus. Sertorius lui imposa une défaite au bord du Sucro (Plutarque, Sertorius 19). Avec Metellus, Pompée décida de se replier au nord de l'Espagne: il écrivit en 74* au Sénat une lettre pour obtenir des renforts et de l'argent (Plutarque. Pompee 20. 1 et Sertorius 21, 8), puisqu'il avait déjà dépensé une grande partie de
P 254
POMPEIUS MAGNUS
(CNAEUS -)
1267
sa propre fortune dans cette guerre (Salluste, Histoires II 78 M). Lucullus, alors consul, le lui envoya rapidement, mais le succés vint surtout d'une trahison: en 72* Sertorius fut assassiné (Plutarque, Sertorius 25-26) par Perpenna qui, piétre stratège, fut battu par Pompée (Appien, B.C. I, 13, 115). Ce dernier le fit exécuter (Plutarque, Pompee
20, 6-8) et brüla, sans les lire, des lettres qui auraient pu se
révéler compromettantes pour beaucoup. Pompée se fit une clientéle importante en Espagne et accorda par la loi Gellia Cornelia de 72? la citoyenneté romaine à plusieurs Espagnols, dont L. Cornelius Balbus (Cicéron, Pro Balbo 6) qui avait combattu aux côtés de Memmius, son beau-frère. À son retour en Italie en 71*, Pompée tomba sur les fuyards de l'armée de Spartacus, défait par Crassus (Plutarque, Crassus 11, 5-6): il les massacra tous, au nombre de cinq mille hommes. Il obtint ensuite un triomphe pour sa victoire sur Sertorius tandis que Crassus ne reçut que les honneurs d'une ouatio (Plutarque,
Crassus 11, 11) pour avoir combattu des esclaves. Les deux hommes furent élus consuls (Appien, B.C.
I, 14,
121):
Pompée
avait alors trente-six ans et n'avait
jamais exercé de magistrature du cursus honorum. Il s'allia — provisoirement — avec les Populares qui lui accordérent leur aide nécessaire pour obtenir une dérogation du Sénat malgré l'opposition de Catulus et de ses amis. Le premier consulat de Pompée (voir 14 M. Gelzer, Das erste Konsulat des Pompeius und die Übertragung der grossen Imperien, Berlin 1943) est devenu célèbre du fait de la lex Aurelia inspirée par les revendications des Populares : elle rendit aux tribuns de la plébe tous les pouvoirs que Sylla leur avait supprimés (Cicéron, De legibus III 22 et 26), et redonna aux chevaliers le contrôle des procès. Ainsi, toute l'entreprise de restauration politique menée par Sylla fut mise à bas dix ans aprés par deux de ses anciens protégés. Pompée et Crassus ne s'entendirent pas du tout pendant leur consulat commun (Plutarque, Crassus 12, 3): si l'un avait plus d'appuis au Sénat, l'autre se rendit encore plus populaire auprès de la foule en participant à la cérémonie de la probatio equitum, le recensement des chevaliers (Plutarque, Pompée 22, 4-9). Crassus était jaloux de la gloire militaire de Pompée et ne lui pardonnait guere de lui avoir dérobé de ses lauriers contre Spartacus. Les années suivantes ne furent pas les plus agréables pour Pompée : revenu à la vie civile, il commenga à perdre un peu de sa popularité en restant surtout chez lui et en n'ayant plus l'abord aussi facile qu'auparavant (Plutarque, Pompée 23, 3-4). I! n'était pas un grand orateur (Cicéron, Brutus 239), n'avait pas une formation d'avocat comme Crassus ou Cicéron [»C 123] (Cicéron, Pro Balbo 3): on ne le
vit donc pas entretenir ses réseaux en défendant des causes lors de procés. En 67° il fut chargé d'un commandement exceptionnel contre les pirates qui infestaient la Méditerranée et provoquaient des difficultés dans l'approvisionnement en blé de l'Italie (Velleius Paterculus II 31, 2 et Dion Cassius XXXVI
20-23): Gabinius, un
tribun de la plébe qui faisait partie de ses partisans, fit passer une loi en ce sens (Plutarque,
Pompée
25, 3-6 et Dion
Cassius
XXXVI
23-36).
Exceptionnel,
ce
commandement l'était à plus d'un titre: d'abord parce qu'il concernait une aire immense — toute la Méditerranée -, ensuite par les effectifs mis à sa disposition
1268
POMPEIUS MAGNUS (CNAEUS -)
P 254
avec une flotte de guerre impressionnante, enfin par le droit de nommer ses légats (Dion Cassius XXXVI 37). La propagande favorable à Pompée mit surtout en avant qu'il lui suffit d'un été (quarante jours seulement selon Plutarque, Pompee
26, 7), pour venir à bout des pirates: il partit de l'Italie en alignant ses navires comme les dents d'un ráteau, pour arriver jusqu'en Asie Mineure. De méme, sa clémence à l'encontre de ceux qui se rendirent à lui et qu'il installa en Cilicie pour les sédentariser
(Velleius
Paterculus
II 32, 5 et Dion
Cassius
XXXVI
37)
fut
exaltée, d'autant plus facilement que Metellus chargé de la Créte s'y montra trés dur (Plutarque, Pompée 29, 2). Néanmoins, il semblerait que ce fut une victoire aussi bâclée que la paix de Dardanos, conclue entre Sylla et Mithridate: le probléme de la piraterie ne fut pas résolu (voir 15 Ph. De Souza, Piracy in the Graeco-Roman
World, Cambridge
1998, p. 169-178).
Mais Pompée retira une gloire immense de cette campagne et immédiatement aprés il fut chargé d'un
nouveau
commandement
pour achever la guerre contre
Mithridate VI Eupator (Plutarque, Pompée 30. 1 et Velleius Paterculus II 33, 1). Une nouvelle fois. il bénéficia du soutien d'un tribun de la plébe, Manilius, qui fit passer un projet de loi en sa faveur en 66°, avec l'aide de Cicéron (cf. Cicéron, De Imperio
Cn.
Pompei
27-50)
alors
préteur, et de César
[»*C
8] (Dion
Cassius
XXXVI 43-44). Pompée était également soutenu par les publicains mécontents de la situation qui leur était faite en Asie (Syme 5, p. 40). La guerre était bien avancée grâce à Lucullus (#+L 74), en charge de l'armée romaine depuis 73* (Cicéron, De
imperio Cn. Pompei 20-21 et Plutarque, Lucullus 6-35), et la région passait pour la plus riche de la Méditerranée, ce qui promettait un butin somptueux. Comme pour l'expédition contre les pirates, l'action de Pompée contre Mithridate est objet de controverses : du point de vue des résultats, le général parvint à débarrasser définitivement Rome de Mithridate (Velleius Paterculus Il 40, 1) contraint de se suicider
en 62” aprés avoir fui devant son adversaire (Dion Cassius XXXVII 11-14). Pompée agrandit également l'Empire romain en envahissant la Syrie (Plutarque, Pompée 39, 3 et Dion Cassius XXXVII 15-19) et il fut le premier à visiter l'intérieur du Temple de Jérusalem (Flavius Joséphe, Guerre des Juifs 1 7, 6). Enfin, il
réorganisa complétement l' Asie Mineure en créant la province romaine de Syria (Velleius Paterculus II 37, 5) et en redistribuant les territoires laissés officiellement
indépendants entre des roitelets locaux qui devinrent ses clients (sur la réorganisation opérée par Pompée, voir Seager 5, p. 52-55, et 16 P. W. M. Freeman, « Pompey's Eastern Settlement. A Matter of Presentation?», dans C. Deroux [édit.]. Studies
in Latin
Literature
and
Roman
History,
t. VII, coll.
«Latomus»
227,
Bruxelles 1994, p. 179). Autre bénéfice personnel: Pompée était de plus en plus comparé
à Alexandre
(cf. 17 D. Michel, Alexander
Caesar und Marcus Antonius, Bruxelles
als
Vorbild für Pompeius,
1967, p. 35-66), pour avoir combattu à
toutes les extrémités du monde connu et avoir remporté des victoires sur des étres
prodigieux (il s'agit de la campagne au pied du Caucase, cf. Plutarque, Pompée 35, 5). Mais il faut souligner qu'une fois de plus les lauriers de Pompée devaient beaucoup à d'autres (reproche attribué à Lucullus, cf. Plutarque, Pompée 31, 12-
P 254
POMPEIUS MAGNUS (CNAEUS -)
1269
13): premièrement il obtint ce commandement grâce à une traîtrise, puisque Lucullus fut victime d’une mutinerie dans son armée (Plutarque, Lucullus 34-35 et Dion Cassius XXXVI 14-16) sciemment organisée par les partisans de Pompée. Ensuite, Mithridate était déjà aux abois (Plutarque, Lucullus 28, 9) quand Pompée arriva. Le voyage de retour en Méditerranée fut triomphal (Plutarque, Pompée 42) et offrit à Pompée l’occasion de soigner son image de nouvel Alexandre: il s'arrêta à Mitylène, cité qu’il émancipa en l'honneur de son proche conseiller Théophane, puis à Rhodes pour écouter les maîtres en rhétorique, puis à Athènes il fit de même avec les philosophes. L'arrivée à Rome, vers la fin de l’année 62°, fut un pénible retour aux réalités de la vie politique romaine, après les honneurs d’un troisième triomphe (sur un troisième continent après l'Afrique et l'Espagne, cf. Plutarque, Pompée 45, 6-7) dont la cérémonie fut étalée sur deux jours. Le général victorieux était certes immensément populaire pour avoir démobilisé ses troupes à son arrivée en Italie
contrairement à Sylla. Mais il fut en butte à l'hostilité des Optimates au Sénat du fait de la conjonction suivante : premièrement, Pompée, informé de l’infidélité de Mucia (d’après Suétone, César fut son amant, cf. César 50, 1), lui avait envoyé une
lettre de répudiation avant même d’arriver en Italie (cf. Cicéron, Art. I 12, 3 et Plutarque, Pompée 42, 13). Cela lui valut la haine de la famille des Metelli: en effet Mucia était la demi-sœur de Q. Caecilius Metellus Celer et de son frère
Metellus Nepos. À ces deux hommes s'ajoutaient Lucullus qui n'avait rien pardonné à Pompée (Plutarque, Lucullus 42, 5-6 et Pompée 46, 5-6) et désormais Caton le Jeune (Plutarque, Caton 29, 2-6 et 31, 2). Les milieux de l'aristocratie
sénatoriale étaient opposés à Pompée plus que jamais (Velleius Paterculus II 40, 5 et Dion Cassius XXXVII 49-50), d'autant que sa gloire militaire en rendait plus d'un jaloux. De ce fait, les traités de paix négociés par Pompée en Asie Mineure furent bloqués (Suétone, César 19, 4), tout comme la question du devenir de ses vétérans (Appien, B.C. II 2, 9). Pompée avait essayé en vain de se concilier les
Optimates par ses proposant à Caton 3-4). Mais Caton réussi à force de
discours d'une part (Cicéron, Arr. I 14, 2-3), d'autre part en d'épouser une de ses filles (ou une niéce ? Plutarque, Caton 30, refusa pareille alliance. Pompée se voyait isolé, bien qu'il ait brigue (Plutarque, Poripée 44, 4-5) à imposer au consulat
Afranius (MRR II, p. 183), un de ses partisans (Cicéron, Att. I 16, 12).
Au méme moment, César, propréteur en Espagne était sommé de choisir par les mémes Optimates entre son triomphe et une candidature au consulat ; Crassus, de son cóté, essayait de relayer les demandes des sociétés de publicains mécontents des conditions qui leur étaient fixées par les sénateurs emmenés par Caton. Ce fut le génie de César de comprendre l'opportunité exceptionnelle offerte involontairement par la politique bornée des Optimates : il réconcilia les deux grands ennemis Pompée et Crassus (Plutarque, César 13, 3-4), et les convainquit de s'allier à trois pour exercer de fait un contróle efficace sur les affaires publiques (Velleius Paterculus
II 44,
1-3
et
Dion
Cassius
XXXVII
56-58).
On
aura
reconnu
le
« premier triumvirat ». Dans les faits, cela se traduisit immédiatement par le soutien
POMPEIUS MAGNUS
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(CNAEUS -)
de Pompée et de Crassus à la candidature de César au consulat et par le mariage de Julie avec Pompée (Appien. B.C. II 2. 14 et Plutarque, César 14, 7). Des que César fut élu, Pompée obtint en 60? la ratification de ses traités de paix et une loi agraire (Cicéron, Art. I 19, 4) pour installer ses vétérans en Campanie.
Il obtint également
de faire élire au consulat Gabinius, un de ses officiers (Dion Cassius XXXVIII 9 et
Plutarque, Caton 33, 7) en 59*. Mais à long terme, Pompée fut le grand perdant du « premier triumvirat». De fait, les années cinquante, au cours desquelles il fut la plupart du temps à Rome, marquérent le début de son déclin politique et Pompée fit connaissance pour la première fois de sa vie avec l'impopularité (Catulle, carmen
29, 23-24). Cela se
traduisit par un isolement progressif: à l'hostilité des Optimates s'ajouta l'affaire Cicéron d'abord. Pompée avait été sans doute désappointé de le voir se sortir seul de la conjuration de Catilina et prétendre de ce fait à l'égalité (Cicéron, Fam. V 7),
sinon à une certaine forme de supériorité: Cicéron
se plaint de la jalousie de
Pompée en 61* (cf. Cicéron, Art. I 13, 4). Mais les attaques de Cicéron contre la
politique menée par les «triumvirs » obligeaient à rechercher une solution pour le neutraliser: puisque la méthode douce — avec la proposition d'un poste de légat — n'avait pas fonctionné, on recourut à un autre moyen en laissant Clodius devenir tribun puis éloigner les principaux opposants au triumvirat. Cicéron fut ainsi envoyé en exil en 58*: ce fut une trés mauvaise opération pour Pompée, accusé par tous d'avoir laissé choir un proche et de s'étre comporté en traitre (Plutarque, Pompée 49, 1 et Cicéron 31, 2-4). Les difficultés rencontrées pour le faire revenir, puisque Clodius imposait sa loi dans les rues et les assemblées de Rome, montrè-
rent en plus que Pompée était débordé. Certains prétendirent qu'il était trop occupé par sa jeune épouse Julie, avec laquelle il sembla former un couple trés uni (Plutarque, Pompée 48. 8 et 53, 1-2): en fait. il était peut-étre surtout dépassé désormais
par César.
Néanmoins,
en 57° il obtint
le retour de Cicéron
(Cicéron,
Sest. 67 et 107 ; Velleius Paterculus II 45, 3; Dion Cassius XXXVIII 30 et XXXIX 8-9 ; Plutarque, Cicéron
nouvelle
charge
33, 3-5). Ce
exceptionnelle
dernier l'aida immédiatement
(Cicéron, Art.
IV
1, 6-7):
la cura
à obtenir une
annonae,
la
mission d'assurer le ravitaillement en blé de Rome (Dion Cassius XXXVIII 9) avec un imperium maius qui le plaçait au-dessus des gouverneurs de province, la disposition de l'armée, de la flotte et du trésor. L'année suivante, le tribun de la plébe Caninius proposa une loi en faveur de Pompée (Plutarque, Pompée 49, 11) qui devait étre chargé de remettre sur son tróne le roi d'Égypte Ptolémée XIII Aulète en l'amenant à Alexandrie (Cicéron, Fam. I 1, | et ©. Fr. II 2, 3). Ptolémée,
chassé par son peuple au bénéfice de sa fille Bérénice, était venu à Rome plaider sa cause (Dion Cassius XXXIX 12-13). Néanmoins, les adversaires de Pompée au Sénat refusérent de lui accorder un nouveau commandement exceptionnel (Cicéron, ©. Fr. Il 4a, 3 et Dion Cassius XXXIX 16 qui précise que l'on se servit de la cura annonae comme prétexte). De fait, l'impopularité de Pompée était grande au Sénat (Cicéron, Q. Fr. II 3, 3) comme
(Cicéron, Q. Fr. II 3, 2 et Dion Cassius XXXIX
dans la rue du fait de Clodius
18). Pompée, qui avait hébergé le
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POMPEIUS MAGNUS
(CNAEUS -)
1271
souverain chez lui, l’aida cependant à regagner son trône par l'intermédiaire de son fidele lieutenant Gabinius (Dion Cassius XXXIX
55-58): ce dernier, proconsul en
Syrie alors, imposa Ptolémée à Alexandrie et laissa une partie de son armée sur place pour assurer la sécurité du souverain. En 56" toujours, le «premier triumvirat» fut renouvelé avec les accords de Lucques malgré une méfiance réciproque (Suétone, César 24, 1 et Dion Cassius XXXIX 26-28) : Pompée fut élu avec Crassus pour un deuxième consulat commun en 55* aprés un interrégne rendu nécessaire pour les triumvirs du fait de l'opposition des consuls de 56 (Appien, B.C. II 3, 17-18 et Velleius Paterculus II 46, 1; Dion Cassius XXXIX 27-31). Les conditions de cette élection furent particuliérement dramatiques puisque les partisans de Pompée et de Crassus organiserent un attentat contre Domitius, le seul compétiteur qui n'avait pas retiré sa candidature au consulat contre eux (Plutarque, Pompee 52, 2 et Crassus 15, 6-7). Une fois élus, les deux hommes empêchèrent Caton d'être élu préteur, faisant passer Vatinius devant lui en achetant les électeurs (Plutarque, Pompée 52, 3). Pompée profita de sa charge
pour inaugurer un vaste complexe
architectural de type hellénistique
avec une Curie pour les réunions du Sénat, un portique (Catulle, carmen 55, 6 Magni ambulatio), un temple de Vénus et un théátre prévu pour dix-sept mille personnes (voir 18 Frank Sear, Roman Theatres. An Architectural Study, Oxford 2006, chap. VI). Il s'agissait de la premiere construction d'un théátre en dur à Rome: devant l'opposition habituelle des milieux sénatoriaux, il fallut ruser en prétendant que les gradins en cours de construction étaient en réalité les marches qui conduisaient au temple... Les jeux donnés par Pompée pour l'inauguration furent somptueux (Cicéron, Fam. VII 1, 3 et Off. IL 57): cinq cents lions en cinq jours (Dion Cassius XXXIX 38), dix-huit éléphants opposés à des condamnés (Sénéque, De Breuitate uitae 13, 6). Pompée enchaina avec tout d'abord un proconsulat en Espagne (Dion Cassius XXXIX 33): le commandement concernait les deux provinces espagnoles ainsi que l' Afrique (Plutarque, César 28, 8), mais Pompée resta à Rome en déléguant son pouvoir à ses lieutenants Afranius et Petreius (Velleius Paterculus II 48, 1). Des quatre légions confiées avec son imperium, il en envoya deux à César pour l'aider en Gaule. En 54*, alors que César était en Gaule et Crassus en Syrie, la brigue électorale (Cicéron, Q. Fr. II 14, 4 et Art. IV 17, 2 sur un accord passé entre les consuls et deux candidats) fut telle que les élections au consulat faillirent ne pas avoir lieu (Cicéron, ©. Fr. III 2, 3 et Art. IV 18, 3): le tribun de la plébe Lucilius
proposa qu'on attribue la dictature à Pompée (Plutarque, Pompee 54, 3). Devant l'opposition de Caton, Pompée assura le maintien de l'ordre et deux consuls furent élus. Mais en 53° l'anarchie redoubla du fait de la candidature de Milon au consulat et de Clodius à la préture: les partisans des deux hommes s'affrontaient régulièrement au Forum oü le sang coulait presque tous les jours. Le terrain était libre pour les partisans de Pompée désireux de lui faire attribuer un nouveau commandement exceptionnel (Appien, B.C. II 3, 19-20). Cette année fut également importante du fait de deux disparitions lourdes de conséquences: Crassus fut
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vaincu et tué à la bataille de Carrhes par les Parthes. l'épouse de Pompée, Julie, mourut (Dion Cassius XXXIX 64) des suites de son accouchement. L'enfant, une
petite fille. mourut peu aprés (Plutarque, Vie de César 23,6). César et Pompée se retrouvérent donc face à face, sans aucun lien de famille: César proposa bien, peut-étre surtout pour la forme. un nouveau jeu d'alliances matrimoniales (Suétone, César 27, 1), mais Pompée décida d'épouser Cornelia. la fille de Q. Metellus Scipion, qui venait de perdre son mari le jeune Crassus à la
bataille de Carrhes. C'était à nouveau une jeune femme d'une grande beauté et d'une grande
culture (Plutarque, Pompée
55, 2), mais c'était aussi la fille d'un
ennemi acharné de César, partisan des Optimates: ce mariage, le cinquiéme et dernier de Pompée, était donc l'officialisation d'un changement d’alliance politique (cf. Cicéron, Fam. Il 8, 2). De fait. les Optimates, inquiets devant la puissance de César, consternés par la violence et choisirent de soutenir Pompée contre que, Caton 47, 1-2) qui aida Pompée B.C. 113, 23 et Velleius Paterculus Il consul
(Dion Cassius XL
la brigue à Rome (Plutarque, César 28. 4-5), lui: ce fut Caton le Jeune [**C 59] (Plutarà obtenir un consulat unique en 52 (Appien, 47, 3). De fait, cette année commenga sans
45-47). Se mit alors en marche
un processus désastreux
pour la suite: ses nouveaux amis étaient connus pour leur morgue, leur caractére borné et leur irascibilité (César, Bellum ciuile III 31-32). Pompée
beau-pére en procés en demandant
dut soutenir son
aux juges de venir chez lui promettre leur
soutien. Il prit d'ailleurs Metellus Scipion comme
collégue pour les cinq derniers
mois de sa charge (Appien, B.C. Il 4, 25 et Dion Cassius XL 51). Tout cela ruina le patient travail d'élaboration d'une image publique de Pompée conforme à la propagande des rois hellénistiques, celle d'un homme doux et modéré, affable et clément envers tous. Cette propagande était le fruit des efforts de son entourage, composé au demeurant de gens brillants (comme l'historien Lucceius qui faisait partie de ses proches conseillers, cf. Cicéron, Art. IX 1, 3), et en particulier peut-étre de Théophane de Mytiléne, poéte et historien, qui passait pour avoir beaucoup d'influence
sur lui (Cicéron, Art. V 11, 3). Pompée mit de l'ordre dans la vie publique
à Rome
remplie de ses soldats (Plutarque, Pornpée 55, 6), durant son consulat unique en
52* malgré les émeutes qui suivirent l'assassinat de Clodius par les hommes Milon.
de
En 51*, alors que tous désormais voyaient la guerre civile arriver, les Optimates se rendirent particuliérement insupportables à force de provocations contre César.
tandis que Pompée jouait un jeu ambigu (Dion Cassius XL 59 et Cicéron, Fam. VII
9,
5 et 8.
9 et 11, 3); sur les méandres
de Pompée, cf. Cicéron, Fam.
VIII
1,
3). Pompée feignit de vouloir lui accorder la possibilité de candidater au consulat loin de Rome, proposition ruinée par les Optimates, mais prit soin de l'affaiblir. Il demanda en particulier le retour des deux légions prétées sous un prétexte fallacieux (Plutarque, Pompée 56. 4). Il y était poussé par les Optimates (Cicéron. Fam. VIII 4, 4). Pompée tombé gravement malade (Cicéron, Fam. VIII 13, 2) put
apprécier la popularité immense dont il jouissait alors (Cicéron, Tusc. I 86; Velleius Paterculus II 48, 2 et Dion Cassius XLI 5): selon Plutarque, ce fut une des
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POMPEIUS
MAGNUS
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raisons qui le pousserent à la guerre, en sous-estimant son adversaire (Plutarque, Pompée 57, 5 et Appien, B.C. II 4, 30). Cicéron décrit un Pompée plein d'assurance dans la correspondance (Att. VII 8, 4).
César fut à nouveau obligé de choisir entre le triomphe et une nouvelle candidature au consulat pour laquelle Caton et ses alliés exigeaient qu'il renvoie ses troupes. Or, on savait que les mémes l'attendaient de pied ferme à Rome pour lui intenter un procés en tant que simple citoyen sans la protection de ses légions afin de lui demander des comptes de son action en Gaule. Un de ses partisans, le tribun Curion, demanda donc que Pompée soit aussi obligé de renvoyer ses troupes si César devait démobiliser les siennes ou que les deux hommes gardent leurs armées. La situation politique aboutit à un blocage, du fait surtout de l'intransigeance des Optimates (Velleius Paterculus II 49, 4): le consul Marcellus poussa le Sénat à décréter l'état d'urgence (César. Bellum
ciuile
| 5. 3) avec un senatusconsultum
ultimum (Cicéron, Fam. XVI 11, 2). Pompée était chargé de mener la guerre contre César qui devenait ennemi public (Plutarque, Pompée 59, 1).
La suite est connue: César passa le Rubicon et s'engagea dans une coursepoursuite de son adversaire surpris dans son impréparation (Cicéron. Art. VII 15,3 et Dion Cassius XLI 4) en descendant toute l'Italie. Pompée dont les troupes étaient numériquement supérieures mais bien moins entrainées et peu fiables (Cicéron, Arr. VII 13a, 2) proclama l'état de tumulte à Rome (Plutarque, Pompée 61.6) et prit la fuite avec la majorité des sénateurs pour rejoindre Brindes (Appien, B.C. II 6, 38), en laissant son lieutenant Domitius se faire enfermer à Corfinium (César, Bellum
ciuile I 16-23;
Cicéron, Art. VIII
12B
et 12C ; Dion
Cassius
XLI
10-11; Plutarque, César 34, 6-8). Cette stratégie fut vivement critiquée et peu comprise (Plutarque, Pompée 63, 1-2). comme on peut le voir dans la correspondance de Cicéron (Art. VII 11.3; Art. VII 12, 3; VIT 16,2: VIIL 1, 2; VIII 3, 3-4;
VIII 8, 1-2; VIII 11, 2). Pompée avait probablement fait dés le début le choix de quitter l'Italie pour choisir la Gréce comme terrain de bataille, afin de bénéficier de l'aide des nombreux contingents d'auxiliaires envoyés par ses clients roitelets d'Asie Mineure (César, Bellum ciuile IIl 3-4; Velleius Paterculus II 51. I; Dion Cassius XLI 13 et 55). I suivait ainsi l'exemple de Thémistocle abandonnant provisoirement Athenes face aux Perses (cf. Cicéron, Art. X 8, 4), comme celui de
Sylla qui revint sur Rome à partir de l'Asie Mineure (Cicéron, Art. IX 10, 2). Une fois la traversée accomplie entre Brindes et Dyrrachium (César, Bellum ciuile 127: ce fut le 17 mars 49° cf. Cicéron, Art. IX, 13a, 2), il installa son camp à Thessalonique (Dion Cassius XLI
18), en emmenant Cornelia et ses fils avec lui. De plus,
Pompée comptait sur son écrasante flotte de cinq cents navires de guerre (Dion Cassius XLI 52 et Plutarque, Pompée 64, 1) pour instaurer un blocus naval et affamer la population en Italie (Cicéron, Arr. IX 9, 2).
Lorsque César arriva à son tour en Gréce, péiennes stationnées en Espagne pour éviter ciuile I 37-86 et Plutarque, César 36), Pompée politiques (César, Bellum ciuile Il 82-83). Il
aprés avoir battu les légions pomd'étre pris à revers (César, Bellum fut victime à nouveau de ses alliés avait d'ores et déjà perdu la guerre
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psychologique contre César et sa clémence à cause d’eux : leur orgueil et leur cruauté étaient connus de tous (Cicéron, Arr. IX 11, 4). Tandis qu'il préférait adopter une stratégie patiente, attendant que les problèmes de ravitaillement diminuent sérieusement les forces césariennes (Plutarque, Pompée 66, 1 et César 40, 2), ses alliés le poussèrent à livrer bataille (Appien, B.C. II 66-67). En effet, après
un premier engagement en leur faveur 71; Plutarque, Pompée 65, 8; Appien, certains chefs pompéiens se disputaient la guerre terminée. Or, si les effectifs nombre que les troupes césariennes, il (Plutarque, Pompee
à Dyrrachium (César, Bellum ciuile ΠῚ 63B.C. 11 55-56; Dion Cassius XLI 49-50), déjà les biens de leurs ennemis en croyant de Pompée étaient bien plus importants en s'agissait d'auxiliaires et de jeunes recrues
69, 6; Appien, B.C. II 75 et Dion Cassius XLI
61) dont
la
valeur militaire était bien inférieure à celle des vétérans de la guerre des Gaules. La bataille de Pharsale fut donc un succès pour César (César, Bellum ciuile 111 85-99 ; Dion Cassius XLI 58-60) qui prit le camp pompéien dans la foulée (Appien, B.C. I 81). Pompée prit la fuite avec quelques compagnons, dont le roi Déjotarus (Cicéron. De diuinatione Ill 79) et embarqua pour rejoindre d'abord Lesbos (César, Bellum ciuile III 102, 4 et Plutarque, Pompée,
74, 1). où se trouvaient Cornelia et son fils
Sextus (Dion Cassius XLII 2): aprés les avoir fait monter à bord, il délibéra ensuite avec ses proches
pour décider du lieu le plus propice
pour continuer
la guerre
(Velleius Paterculus I1 53. 1 et Appien, B.C. 11 83). Certains ports avaient déjà fermé leurs portes, comme Rhodes ; le royaume parthe tenta Pompée (Plutarque, Pompée 76, 6) en raison des relations nouées lors de la guerre contre Mithridate mais le choix était désastreux en matière d'image ; l' Afrique était une autre possibilité, mais il choisit l'Égypte en raison de ses liens de clientèle avec le père du jeune roi Ptolémée. Or, ce dernier et ses conseillers ne voulaient absolument pas de Pompée chez eux, par crainte de voir la guerre entre Romains se prolonger sur leur territoire : décision fut prise d'assassiner le fugitif (César. Bellum ciuile IIl 104. 2)
qui tomba dans un piége lorsqu'une embarcation vint le chercher seul pour l'emmener sur le rivage. Il fut tué le 28 septembre 48* par Septimius, un de ses anciens officiers (Dion Cassius XLII 3), et d'autres complices, sous les yeux de ses proches
qui suivaient la scène depuis leur navire (César, Bellum ciuile lI 104, 3; Plutarque, Pompée 78 et Appien, B.C. 1185 ; Dion Cassius XLII 4-5). On coupa la tete de son cadavre pour l'apporter à César avec son sceau (Plutarque, Pompée 80, 7). La
dépouille de Pompée, d'abord laissée sur le rivage, fut finalement rendue à sa veuve Cornelia qui l'emporta pour l'inhumer dans une demeure familiale prés d'Albe (Plutarque, Pompée 80, 10). Une tombe fut néanmoins dressée sur la plage.
que l'empereur Hadrien fit restaurer plus tard (Appien, B.C. II 86). De fait. la popularité de Pompée revint aprés sa mort tragique, entretenue d'abord par Cicéron
et les Républicains. par son fils Sextus également. ensuite par les historiens de l'époque impériale à un moment oü Auguste recherchait une unité nationale. Les liens de Pompée
avec les philosophes de son époque sont attestés à plu-
sieurs reprises : selon Plutarque (Pompée 75, 4-5) Cratippos de Pergame (**C 208),
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1275
un péripatéticien de premier rang (cf. 19 M. Griffin, «Philosophy, Politics and Politicians at Rome», dans J. Barnes et M. Griffin [édit.], Philosophia Togata, Oxford 1989 p. 1-37, p. 7 en particulier) qui vivait à Mityléne, essaya de consoler
Pompée après Pharsale. Élien (Histoire variée VII 21) mentionne que Pompée prit des lecons auprés de ce philosophe, sans que l'on sache à quelle époque: des 62° lorsque Pompée visita tous les philosophes et rhéteurs en Méditerranée sur son chemin de retour vers Rome
ou après Pharsale ? Quoi qu'il en soit, c'est surtout
Posidonius d' Apamée (»*P 267) qui est connu pour ses liens avec lui: on suppose qu'il firent connaissance dans les années 80, lorsque le philosophe vint comme ambassadeur à Rome en 87-86 (voir 20 H. D. Jocelyn, « The Ruling Class of the Roman Republic and Greek Philosophers », BJRL 59, 1976/77, p. 323-366, p. 336). Pompée alla lui rendre visite
à Rhodes en 66* aprés son commandement contre les
pirates (cf. Strabon XI 1, 6) puis en 62* aprés sa victoire sur Mithridate (Plutarque, Pompée 42, 10). Selon Pline, (Histoire Naturelle VII 30, 3) le général avait défendu à ses licteurs de frapper à l'huis et inclina ses faisceaux devant Posidonius. Ce dernier était malade alors (Cicéron, Tusculanes 11 61), mais prononga devant lui un discours contre le rhéteur Hermagoras. ll promit peut-être de composer un récit de la geste pompéienne en Asie Mineure comme l’affirme Seager 5, p. 52, en s'appuyant sur le passage de Strabon déjà cité (cf. Strabon ΧΙ 1, 6 qui signale que Posidonius
fut
l'historien
de
Pompée
par
la
suite):
21
M.
Crawford,
«Greek
Intellectuals and the Roman Aristocracy in the First Century B. C.», dans P.D. A. Garnsey et C. R. Whittaker (édit.), /mperialism in the Ancient World, Cambridge 1978, p. 193-207, p. 204, pense que tel était en tout cas le but de Pompée. 22 H.
Strasburger, « Poseidonios on Problems of the Roman Empire », JRS 55, 1965, p. 40-53, p. 43-44, et plus récemment 23 P. Treves, « La cosmopoli di Posidonio e l'impero di Roma », dans La filosofia greca e il diritto romano, Atti Coll. Roma 1973, Roma 1976, p. 27-65, ont considéré que Posidonius était à l'origine de la présentation favorable du combat contre les pirates de Pompée dont la clémence était exaltée. 24 E. Rawson, /ntellectual Life in the Late Roman Republic, Baltimore 1985, p. 61, est trés réservée: elle conclut que peut-étre Posidonius écrivit sur Pompée.
Si les contacts sont avérés, il est plus difficile de philosophes aupres du général romain: fut-il vraiment ou n'était-ce qu'une affaire d'image? Il est certain devenir le nouvel Alexandre. Il lui fallait alors dans d'un Aristote: Posidonius comme Cratippos un peu sophes de trés haut rang. D'autre part, il avait sous les
préciser le róle exact de ces influence par la philosophie que Pompée a été tenté de son entourage l'équivalent plus tard étaient des philoyeux l'exemple de son rival
Lucullus (»*L 74) qui eut pour ami Antiochus d'Ascalon
[»*A 200] (voir 25 A.
Keaveney, Lucullus. A life, London 1992, p. 11-13). La difficulté tient à la nécessité d'éviter deux écueils: d'une part réduire Pompée à ses succés militaires en considérant qu'il n'était pas un grand intellectuel (ainsi selon Cicéron la visite de Pompée à Posidonius s'expliquerait surtout par la curiosité pour une célébrité, cf. Tusculanes 11] 61), d'autre part attribuer à la philosophie une place qui ne fut
1276
POMPEIUS MAGNUS (CNAEUS -)
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peut-étre jamais aussi essentielle que ce que voudraient croire des auteurs grecs comme Plutarque ou Élien. On peut noter que Pompée s'entoura de nombreux intellectuels (voir 26 W. Anderson, Pompev, His Friends and the Literature of the First Century BC, Berkeley 1963) et qu'en particulier deux de ses conseillers les
plus importants étaient des historiens: Lucceius et Théophane. On peut y ajouter un intérét certain pour la rhétorique, qui se traduit par le choix de Curtius Nicias et d'Aristodéme de Nysa pour l'éducation de ses fils: il avait lui-méme bénéficié de l'enseignement d'un autre Aristodéme de Nysa. parent par alliance de Posidonius (Rawson 24, p. 104). Il est probable dans ces conditions que Pompée ne fréquenta pas des philosophes uniquement pour des questions de prestige. YASMINA
255
POMPEIUS MAGNUS Homme
politique
BENFERHAT.
PIUS (SEXTUS -) RE 33 romain
(**P 254) et principal
76?/35
actif à la fin de la République,
opposant
au second
triumvirat
fils de Pompée
(1 F. Miltner, art.
« Pom-
peius » 33, RE XXI 2.1952, col. 2213-2250). Né de Pompée et de Mucia, sa troisiéme épouse (le mariage eut lieu en 82 ou 79), Sextus était le cadet de trois enfants (Suétone, César 50, 1, et Dion Cassius
XXXVII 49, 3): Gnaeus était l'ainé, et il y avait également une fille, Pompeia. On considére souvent qu'il est né en 75 (2 J. Rougé, « La date de naissance de Sextus Pompée », REL
(Guerres
46,
Civiles
1968,
5, 69:
p. 180-193),
Sextus
serait
sur
la base
mort
dans
d'une
affirmation
sa quarantiéme
d'Appien
année).
Mais
3 M. Hadas, Sextus Pompey, New York 1930, p. 3-9. s'appuie sur la chronologie des événements Beitráge
des années
zur Geschichte
77 et 76 pour proposer
des Sextus
Pompeius,
la date de 76. 4 B. Schor,
Stuttgart,
1977, p. 7, propose
une
datation nettement plus basse avec une naissance entre 68 et 66 av. J.-C., suivant
en cela Miltner 1, col. 2214, et 5 J. Van Ooteghem, Pompée le Grand bátisseur d'Empire, Namur 1954, p. 271 n. 3. On a peu de renseignements sur l'enfance de Sextus: son pére fut le plus souvent loin de Rome jusqu'en 61, du fait de ses différentes campagnes militaires (retour d'Espagne en 71 pour repartir à l'Est à partir de 67), date à laquelle il revint après avoir divorcé de Mucia dès 62 (Plutarque. Pompée 42, 13). Strabon (XIV, 48) mentionne
Aristodemus,
un grammaticus
célèbre
1.
originaire de Nysa, comme
précepteur des enfants de Pompée : il leur enseignait la grammaire. Suétone donne deux
autres
noms:
Lénaeus (ibidem Mithridate
sur
Curtius
Nicias,
qui
fut
renvoyé
(De
grammaticis
14,
1)
et
14, 1-3) qui était versé dans les sciences (1l traduisit le traité de les poisons,
cf. Pline,
H. N.
XXV
5 et Aulu-Gelle
XVII
16, 2).
Sextus ne fut donc sans doute pas le Béotien décrit par certains (Velleius II 73, 1 : adulescens erat studiis rudis, sermone barbarus). On peut au contraire estimer que l'intérét porté par son
pére et ses deux
derniéres
belles-méres, Julie et Cornelia,
aux belles-lettres a dü jouer un róle non négligeable. Sans parler de la présence de
l'historien et poéte Théophane de Mitylene dans l'entourage de Pompée à Rome...
P 255
POMPEIUS MAGNUS
PIUS (SEXTUS -)
1277
On connaît un peu moins mal sa vie au début des guerres civiles: il suivit son pere en Gréce et passa peut-étre un an avec lui et sa belle-mére Cornelia à Thessalonique, oü se trouvait le quartier général des Pompéiens (Dion Cassius XLI 18, 5 et 44, 1) avec leurs épouses et enfants. Ensuite, Sextus fut envoyé avec Cornelia à Mitylène dans l'ile de Lesbos au moment où la situation devint critique, sans qu'il soit possible de dire à quelle date précisément: avant Dyrrachium (Lucain, Pharsale V 722-725) ou après (Plutarque, Pompee 66, 3) ? Il faut cependant mentionner la distinction opérée par Velleius entre Sextus, emmené par son père du camp pompéien, et Cornelia, récupérée à Mityléne (Velleius II 53, 1-2). De méme, Lucain ne mentionne que le départ de Cornelia, et Sextus intervient plus tard dans l'épisode de la sorciére Erichto (Pharsale VI 420-830) qui a fait l'objet de mises au point récentes: 6 C. Tesorio, « Magno proles indigno parente: The Role of Sextus Pompeius in Lucan's Bellum Ciuile » (dans 7 A. Powell et K. Welsh fédit.],
Sextus Pompeius, London 2002, p. 229-247) et 8 D. Ogden, « Lucan's Sextus Pompeius Episode : Its Necromantic, Political and Literary Backgrounds » (dans Powell et Welsh 7, p. 249-271). Quoi qu'il en soit, Sextus suivit ou rejoignit son père dans sa fuite aprés Pharsale (Plutarque, Pompée 74, 1) pour le voir assassiné sur ordre du jeune roi d'Égypte le 28 septembre 48 (César, B. C. III 103, 3-5; Velleius II 53, 2; Lucain, Pharsale
VIII
536-636;
Appien
II 83-87;
Dion
Cassius
XLII
3-6;
Plutarque, Pompée 77,1 et 78-79 ; Florus II 13, 52). Cornelia regagna alors Chypre avec Sextus. On retrouve ensuite ce dernier avec sa belle-mère et sa sœur Pompeia (avec les
enfants que celle-ci avait eus de Faustus, le fils de Sylla) en Afrique à Utique, quartier général des Républicains qui ne tenaient guère à laisser les fils de Pompée jouer un róle important : Cnaeus fut envoyé en Espagne (Appien II 12, 87 et Dion Cassius XLII 56, 4) garantir un point de chute en cas de défaite, mais le silence régne sur les activités de Sextus. Apres la victoire de César, tandis que Cornelia revenait à Rome, Sextus fuit par la mer en Espagne (Dion Cassius XLIII 30, 4) avec les autres Républicains survivants, dont Labienus, et son sort devient indissociable de celui de son frére ainé jusqu'à Munda en mars 45. Sextus fut chargé par Cnaeus de veiller à Corduba sur le dépót central des armées républicaines (Bellum Hispaniense 3, | et Dion Cassius XLIII 32, 4-5): il avait donc un róle secondaire dans la conduite des opérations, le commandement supréme étant exercé par son frére (Appien II 103-104 ; Velleius LIV 2-4). Il l'appela méme au secours lorsque César entreprit d’assieger cette ville au début de la guerre d'Espagne (Bellum Hispaniense 4, 3). Sextus ne se trouvait pas à la bataille de Munda (Bellum Hispaniense 32, 4), à la suite de laquelle il devint le chef de ce qui restait des Républicains (Appien II 105). Apres s'étre enfui de Corduba (Dion Cassius XLIII 39, 1) en traversant l'Espagne (Appien II 106), Sextus commenga à vivre, dans l'anonymat, d'actes de brigandage et de piraterie sur la cóte espagnole prés de l'actuelle Barcelone, d'abord avec peu d'hommes (Appien IV 348 et Dion Cassius XLV 10, 1). En septembre 45, César quitta l'Espagne en ne laissant qu'une petite garnison dans le
1278
POMPEIUS MAGNUS PIUS (SEXTUS -)
P255
sud en Bétique (9 E. Gabba, « La lotta du Sesto Pompeo in Spagna », dans Esercito e società nella tarda repubblica romana, Firenze 1973, p. 473-520): Sextus en profita pour se faire reconnaitre et rassembler tous ceux qui avaient survécu à Munda (Dion Cassius XLV
10, 2). ll fut également aidé par un fils de Masinissa,
Arabion (Appien IV 234), mécontent de la réorganisation de l' Afrique au profit de Sittius. Choisissant la tactique de la guérilla, Sextus harcela les Césariens (Gabba 9, p. 515-517): César envoya contre lui d'abord C. Carrinas (Appien IV 351: MRR II 308),
puis en 44
Asinius
Pollion
[®P
227]
(MRR
Il 327), en vain
(contra
Velleius II 73, 2) puisque le fils de Pompée parvint à conquérir la cité de Carteia, puis Barea, en mars 44. Selon 10 B. J. Lowe, «Sextus Pompeius and Spain: 46-44 BC », dans Powell et Welsh 7, p. 65-102, Sextus devint maitre de toute la Bétique et du sud-est de l'Espagne Citérieure. La mort de César changea la situation de Sextus Pompée: il fut d'abord acclamé imperator en Espagne aprés la fuite d'Asinius Pollion (Dion Cassius XL'V 10, 4-5). Surtout il réintégra le jeu politique, en offrant une alternative à Brutus dans le camp républicain hostile aux césariens. Néanmoins il se montra un héritier moins pugnace qu Octave: il réclama bien qu'on lui rende les biens paternels — acquis à un prix dérisoire par Antoine (Cicéron, Philippiques 13, 11-12) - et qu'on démobilise toutes les armées en présence (Cicéron, Art. XVI 4, 2), mais sans aller
jusqu'à la guerre. Antoine négocia un accord avec Sextus Pompée par l'intermédiaire de Lépide (Dion Cassius XLV 10, 6 et Cicéron, Philippiques 13, 4, 7) qui était devenu gouverneur d'Espagne (11 A. Allély, Lépide le triumvir, Bordeaux 2004, p. 89-92. et 12 R. D. Weigel, Lepidus the Tarnished Triumvir, London 1992, p. 49-50). Le fils de Pompée obtint par un décret du Sénat, alors favorable à Antoine, une indemnisation (Cicéron parle de sept cents millions de sesterces : Philippiques 13, 12; contra Appien III 11 ne mentionne que cinquante millions de drachmes attiques, soit deux cents millions de sesterces; Dion Cassius XLIV 9, 4 ne donne pas de montant) et le titre de commandant de la flotte romaine (Appien III 4 et Velleius II 73, 2). I] quitta alors l'Espagne. Lorsque les hostilités commencerent entre Antoine et le Sénat, Sextus se plaga prés de Marseille (Appien IV 11, 353) avec sa flotte en position d'observateur, tandis que Cicéron tentait de le rallier en faisant voter des honneurs à l'héritier de Pompée (Philippiques 13, 13 et 50). À court terme, le but était de le faire intervenir contre Antoine qui assiégait Modene, mais Sextus Pompée refusa. À moyen terme, il représentait également un pion à faire avancer contre Octave: on lui accorda donc le commandement en chef de toute la flotte romaine et des cótes de l'Empire (Appien IV 353; Dion Cassius XLVI
40. 3; Velleius II 73, 1): Praefectus Classis et Orae Maritimae
(MRR
II
348). La mise en place du second Triumvirat fin 43 modifia la donne: Sextus Pompée était du mauvais cóté pour l'héritier de César (Dion Cassius XLVI 48, 4), quelles qu'aient pu étre ses intentions de rejoindre ou non la cause de Brutus et de
Cassius. Son nom figura donc sur la liste des proscrits (Orose VI 18, 19: 13 F. Hinard, Les proscriptions de la Rome républicaine, Rome 1985, p. 505-506).
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POMPEIUS MAGNUS
PIUS (SEXTUS -)
1279
Octave se retrouva chargé de l’Afrique, de la Sicile et de la Sardaigne (Appien IV 7 et Dion Cassius XLVI 55, 4), ce qui revenait à annuler le commandement de Sextus. Ce dernier se mit à exercer une activité de piraterie (14 P. de Souza, Piracy in the Graeco-Roman
World, Cambridge
1999, p. 187-195, et 15 E. Maroti, « Die
Seerüuber unter Sextus Pompeius », dans Sozialókonomische Verhältnisse im Alten Orient und im klassischen Altertum, Berlin 1961, p. 208-216; mais 16 E. Gabba, Appiani bellorum ciuilium liber quintus, Firenze 1970, p. 52, considère que le rôle des pirates parmi les soutiens de Sextus a été exagérée par la propagande augustéenne). Il s'empara de la Sicile à la fin de l'année 43 (Appien IV 354): son père ayant laissé un bon souvenir lors de son passage en 82, Sextus ne manquait pas d'appuis. En décembre 43 il prit le contróle de Mylae, prés de Messine, et de Tyndaris (Dion Cassius XLVIII 17, 4). Aprés un affrontement avec le propréteur A. Pompeius Bithynicus (MRR II 348) qui avait été nommé par César, Sextus parvint à un accord avec lui qui était un partage du pouvoir en Sicile, gráce à l'entremise
de deux
proscrits, Hirtius et Fannius.
Finalement,
il devint
maitre de
toute la Sicile en s'emparant de Syracuse et d'autres cités (Dion Cassius XLVIII 17, 6). Il s'assura ainsi des ressources matérielles et humaines importantes, renfor-
cées par les troupes envoyées d' Afrique par Cornificius (Dion Cassius XLVIII 17, 6): Sextus était devenu le seul opposant aux triumvirs à l'Ouest de la Méditerranée. Il put ainsi sauver bon nombre de proscrits (Velleius II 72, 4 et Dion Cassius XLVII 12, 2-3), d'une part en offrant une prime deux fois plus élevée que celle promise par les triumvirs à qui sauvait une de leurs victimes, d'autre part en envoyant des navires longer les côtes d'Italie pour permettre un embarquement rapide (Appien IV 150 et Dion Cassius XLVII 12, 3). Les débiteurs et les esclaves en fuite (Appien IV 180 et Dion Cassius XLVIII 19, 4) purent également y trouver accueil: les forces de Sextus Pompée s'accrurent de la sorte. Et il y gagna beaucoup de sympathisants. Octave tenta une premiere fois avant d'aller combattre Brutus et Salvidienus (MRR II 366: Gabba Rhegium, mais fut défait sur mer XLVIII 18, 1-3). Octave lui-méme Cassius
XLVII
36, 4 et 37,
de se débarrasser de Sextus Pompée en 42, Cassius: il envoya au sud de l'Italie Rufus 16, p.46) qui parvint à déloger Sextus de ensuite (Appien IV 358-361 et Dion Cassius ne parvint pas à mettre pied en Sicile (Dion
1) et dut contourner
l'ile en se rendant
en Grece
(Appien IV 362). Dans les faits, la politique de Sextus et celle de la flotte républicaine était la méme: couper la route du blé pour bloquer l'approvisionnement de l'Italie et provoquer ainsi la chute des Triumvirs (Appien IV 494). Néanmoins, Sextus ne se joignit pas aux Libérateurs ; il ne profita pas non plus de l'éloignement d'Octave pour reprendre des positions en Italie. La bataille de Philippes laissa Sextus seul face aux Triumvirs (sur les enjeux de la période qui commence alors, 17 K. Welch, «Sextus Pompeius and the Res Publica in 42-39 BC », dans Powell et Welsh 7, p. 31-63), tout en lui apportant de nouveaux soutiens avec les rescapés (Dion Cassius XLVII 49, 4), dont Staius Murcus chef de la flotte et responsable de la défense des cótes dans l'armée de Brutus (Velleius II 72, 4; Dion Cassius
1280
POMPEIUS MAGNUS PIUS (SEXTUS -)
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XLVIII 19,3 et Appien V 2 et 25). Néanmoins, Cn. Domitius Ahenobarbus refusa de le rejoindre (Appien V 3) et continua d'opérer isolément pendant deux ans (Velleius I 72, 3 et Appien V 26) avant de rejoindre le camp d'Antoine (Appien V
55 et Velleius II 76, 2-3). Les officiers de Sextus étaient des affranchis de son père (Velleius II 73, 3): Ménas/Ménodore (MRR
Il 389 et 394, le méme homme selon
Gabba 16, p. 96, qui considére que l'on a tantöt la forme complete de son nom, chez Appien, tantót une abréviation, chez tous les autres auteurs) et Ménécrate (MRR 11 384 et 394) étaient les deux amiraux les plus importants, Demochares (MRR
II 394)
et
Apollophanes
(MRR
II 394
et 405)
étaient
de
rang
inférieur.
Sextus choisit de s'appuyer sur sa base en Sicile pour continuer d'écumer la mer et la côte italienne (Florus II 18, 8). afin de continuer le blocage de l'approvision-
nement en blé (Appien V 18). Il était aidé en cela par les opérations menées par Domitius Ahenobarbus de son côté dans le golfe Ionien (Dion Cassius XLVIII 7, 4-5). Les hostilités entre Octave et les avec le siége de Pérouse, permirent forces, gráce à l'arrivée de partisans Pérouse, ou Tib. Claudius Nero avec
proches d'Antoine à Sextus Pompée d'Antoine: ainsi son épouse Livie
en Italie, en particulier d'augmenter encore ses la cavalerie rescapée de et le futur Tibére alors
enfant (Velleius II 75, 3). La mére d'Antoine, Julia, fut également
accueillie en
Sicile (Appien V 52 et Dion Cassius XLVIII 15, 2) et servit d'intermédiaire ensuite, une fois arrivée à Athénes, entre son fils et Sextus. Octave, qui ne voulait surtout pas d'une alliance entre ce dernier et Antoine à ses dépens, et qui devait composer avec ses propres faiblesses stratégiques puisqu'il n'avait pas de flotte à sa disposition, organisa son mariage avec Scribonia (Appien V 53 et Dion Cassius XLVIII 16, 3), la sœur de Scribonius Libo, beau-père de Sextus. Mais Antoine, furieux de trouver portes closes à Brindes lors de son arrivée de Gréce, laissa Sextus s'emparer de la Sardaigne gráce à son amiral Ménas/Ménodore (Dion XLVIII 30, 7-8) et ravager le territoire de Thurium et de Cosentia (Appien V 56).
Sextus bénéficiait ainsi des désaccords entre les triumvirs, mais également de l'afflux des victimes de la redistribution des terres au profit des vétérans dans le Sud de l'Italie (Appien V 25). Pendant l'été 40, Octave et Antoine se réconciliérent provisoirement, sous la pression des troupes de l'héritier de César: Antoine épousa la sœur d’Octave et demanda à Sextus de se retirer en Sicile (Appien V 63). Les triumvirs renouvelérent leur alliance par le traité de Brindes qui excluait Sextus Pompée du partage
de l'empire
(18 R. Syme,
La révolution
gaise, p. 210-215). Sextus fut méme
romaine,
Paris
1967, trad. fran-
provisoirement chassé de Sardaigne par un
affranchi d'Octave, Hélénus (MRR II 384), qui avait réussi un débarquement dans
l'ile, mais fut défait par Ménodore, un officier de Pompée. Ce dernier se vengea des triumvirs, en redoublant de zéle dans ses activités de piraterie à partir des iles qu'il contrólait : l'approvisionnement en blé était complètement bloqué (Appien V 67), à l'exception des maigres réserves provenant de Gréce. La famine, ajoutée aux mesures impopulaires prises par Octave en Italie, provoqua des émeutes. La popu-
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POMPEIUS MAGNUS PIUS (SEXTUS -)
1281
lation de Rome manifesta vivement son insatisfaction devant le traité de Brindes (Suétone, Auguste 16, 1; Dion XLVIII 31 et Appien V 67-68: voir Gabba 16, p. 112-113), ce qui amena Antoine à rechercher un accord avec le fils de Pompée par l'intermédiaire de Scribonius Libo (Appien V 69). Mucia fut envoyée en Sicile sous la menace de la population de Rome pour demander la paix à son fils. En Sicile, si les Romains
exilés dont Staius Murcus
(Velleius II 77, 3) soutenaient
l'idée d'un traité de paix, les affranchis amiraux comme Ménodore s'y opposaient (Appien V 70): Murcus fut assassiné, Sextus Pompée se rendit à Miséne. Un
accord
fut conclu
(Velleius
II 77,
1-2:
Appien
V
72
et Dion
Cassius
XLVIII 36, 1-6): la Paix de Pouzzoles, qui faisait de Sextus Pompée le quatrième dirigeant de l'Empire. Sextus devait retirer ses troupes d'Italie, ne plus accueillir d'esclaves fugitifs et ne plus attaquer les cótes italiennes. En échange de cela, il conservait toutes les iles qu'il contrólait déjà — la Sicile, la Sardaigne, la Corse en particulier -- et on lui accordait également le Péloponnèse (voir Gabba 16, p. 122123). De plus, il obtenait la promesse d'un consulat et le titre d'augure, avec une indemnisation de dix-sept millions et demie de sesterces à titre de dédommagement pour la perte de son patrimoine. Tous les exilés, proscrits ou non, réfugiés en Sicile
obtenaient le droit de rentrer à Rome, sauf ceux qui avaient été publiquement condamnés par les triumvirs comme meurtriers de César. Les biens confisqués étaient rendus avec des limites, en particulier pour les proscrits qui ne retrouvaient qu'un quart de leurs avoirs. Il n'est pas certain que Sextus se soit engagé à ne plus construire de bateau (Appien V 77 et Dion Cassius XLVIII 36, 5): quoi qu'il en soit, il ne devait plus bloquer l'acheminement du blé et méme pourvoir au transport du grain à partir des iles qu'il contrólait (Appien V 725; Dion XLVIII 36, 6 et Plutarque, Anroine 32). Enfin, la fille de Sextus fut fiancée à Marcellus, le neveu d'Octave. La joie générale fut de courte durée: le traité avait été signé sous la pression de la population romaine. Antoine n'entendait pas céder le Péloponnése, Octave divorga de Scribonia (Dion Cassius XLVHI
34, 3), Sextus ne renonga pas à ses
opérations de piraterie et l'approvisionnement en blé de Rome ne fut donc pas meilleur, Octave fit avouer sous la torture à des pirates prisonniers qu'ils agissaient pour le compte du fils de Pompée contre lequel il avait un juste motif de guerre (Appien V 77). Sextus Pompée fut affaibli au début par la trahison d'un de ses amiraux (voir Gabba 16, p. 133-134, selon qui ce fut la véritable cause de la guerre), Ménodore (Appien V 78: son récit des événements est incomparablement meilleur que celui de Dion Cassius, comme le montre 19 A. M. Gowing, The Triumviral Narratives of Appian and Cassius Dio, Ann Arbor 1992), ou Ménas (Dion Cassius XLVIII 46, 1) qui rallia Octave en lui apportant la Sardaigne et la Corse, trois légions et bon nombre de vaisseaux. En représailles, Sextus Pompée alla ravager la cóte campanienne (Dion XLVIII 46, 1). Octave essaya de se rallier
Antoine et Lépide contre le fils de Pompée, en vain: l'un s'était retrouvé à l'écart du traité de Misène et l'autre, Antoine, demanda le respect du traité de Misène en
1282
POMPEIUS MAGNUS PIUS (SEXTUS -)
menagant V 79).
de réclamer
Ménodore/Ménas
comme
P 255
son esclave
en fuite (Appien
Octave se retrouva donc seul face à Sextus: il renforga la défense des cótes du Sud de l'Italie et envoya une flotte dirigée par Calvisius Sabinus et Ménodore/ Ménas (Appien V 81). et alla à Tarente préparer un débarquement en Sicile. Sextus Pompée fit face en dépéchant une flotte dirigée par Ménécrate et Demochares contre Calvisius qui fut défait à Cumes (Appien V 80-83 et Dion Cassius XLVIII 46, 5-6). Octave lui-méme fut en danger et subit un sérieux revers face à Sextus Pompée (Appien V 83-87). Sa flotte fut gravement endommagée ensuite du fait d'une tempéte (Appien V 88-90). Ménodore/Ménas trahit à nouveau en rejoignant Sextus. Aprés les échecs de l'année 38, Octave confia la charge de la guerre de Sicile à Agrippa (Velleius II 79, 1). son meilleur général qui se révéla un amiral de génie
(20 J. M.
Roddaz,
Marcus
Agrippa.
Rome
1984,
p. 87-138),
en
37. Par
ailleurs, il obtint d'Antoine un accord à Brindes en 37 qui renouvelait le triumvirat contre Sextus Pompée à qui on ôtait le consulat et l'augurat (Dion XLVIII 54, 6 et Appien V 95). En 36 Octave put organiser une triple offensive sur trois fronts: au sud Lépide apporta des troupes d'Afrique, tandis que la flotte d'Octave arrivait de Portus Iulius en Campanie et Statilius Taurus venait de Tarente avec les renforts fournis par Antoine (Appien V 98). Le débarquement fut retardé du fait d'une tempéte de plus, ce qui permit à Sextus Pompée de célébrer un sacrifice à Neptune dont il affirma être le descendant : il échangea alors la pourpre traditionnelle pour un manteau bleu marine (Appien V 100). Sextus, à nouveau déserté par Ménodore/ Ménas (Appien V 102 et Dion Cassius XLIX 1, 5), fut defait une premiere fois à la bataille de Mylae par Agrippa (Appien V 106-108 et Dion Cassius XLIX 2-4). Mais gráce à une erreur tactique de ses adversaires, il infligea un sérieux revers à Octave à Tauromenion (Appien, V 110-111 et Dion Cassius XLIX 7). Sextus Pompée fut définitivement battu à la bataille de Nauloque par Agrippa (Suétone, Auguste XVI; Appien V 119-121 et Dion Cassius XLIX 9-10): il prit la fuite (Dion Cassius XLIX 17, 1-4) avec sa fille et dix-sept navires sur les trois cents que comptait sa flotte (cf. Roddaz 20, p. 131). Il profita de l'affrontement entre Octave et Lépide (cf. Allély 11, p. 186-192, et Weigel 12. p. 89-93) pour s'installer à Lesbos, dans la zone d'influence d'Antoine. Octave n'essaya pas de le poursuivre (Appien V 127) mais Titius, un lieutenant d'Antoine, fut chargé de le surveiller (Appien V 134). Sextus commenga à se renforcer en songeant à profiter des déboires d'Antoine dans sa campagne contre les Parthes pour prendre sa place (Dion Cassius XLIX 17, 6). Ses tractations secrétes avec les Parthes furent découvertes par Antoine (Appien V 136 et Dion Cassius XLIX 18, 1-2) qui donna ordre à ses lieutenants
Titius,
Furnius
et
Amyntas
d'intervenir.
Néanmoins,
échappé à une premiere tentative d'arrestation de Furnius (MRR était gouverneur d'Asie), Sextus s'empara de plusieurs villes Lampsaque (Appien V 137), Nicée et Nicomédie (Appien V finalement à Titius qui le mit à mort à Milet (Appien V 144:
aprés
II 402 d'Asie 139). Il Strabon
avoir
et 408: il Mineure: se rendit III 2. 2;
P256
POMPEIUS (SEXTUS -)
Velleius 11 79, 5 et Dion Cassius XLIX
1283
18, 4-6), sans que l'on sache clairement si
Antoine souhaitait cette issue (cf. Schor 4, p. 180-185).
La clémence de Sextus Pompée, exercée à l'égard des nombreux réfugiés en Sicile, proscrits, opposants, esclaves en fuite pose question: était-ce simplement un
calcul politique pour renforcer ses forces et s'attirer la sympathie ? Était-ce le choix de marcher dans les traces de son pére qui avait revendiqué la philanthropia à maintes reprises au long de sa carrière (en Sicile, en Espagne, contre les pirates) ?
Sextus Pompée a fait de la pietas un on retrouve des continuités entre le (Espagne, Sicile), méme maitrise des motivations d'un homme isolé et mal
argument majeur de sa propagande et de fait pere et le fils: mémes terrains d'opérations mers. I] est difficile d'évaluer justement les connu, aux actions déformées par des sources
historiques le plus souvent favorables à ses adversaires (cf. de Souza 14, p. 185187, et 21 F. Senatore, «Sesto Pompeo tra Antonio e Ottaviano nella tradizione
storiografica antica », Athenaeum 69, 1991, p. 103-139). Mais si Cn. Pompée, son ainé, a laissé une impression générale de cruauté et d'orgueil, la figure de Sextus Pompée parait nettement plus complexe en bénéficiant depuis longtemps, il est vrai, du contre-exemple d'un Octave faisant couler le sang à flots en Italie. Il est possible que le fils de Pompée ait été influencé par des courants philosophiques de l'époque: Posidonius d'Apamée (»*P 267) qui eut de bonnes relations avec Pompée à partir des années 80 pourrait lui avoir rendu visite à l'occasion à Rome, et Sextus pourrait avoir bénéficié de son enseignement, en tout cas l'avoir écouté. Cette hypothése vaut surtout si les fils de Mucia sont bien nés avant 75. Quoi qu'il en soit, Pompée appréciait trop les philosophes pour ne pas avoir songé à en placer
dans l'entourage de ses enfants: mais premièrement la guerre civile, ensuite la propagande des triumvirs puis d'Auguste qui voulait présenter ses adversaires comme
de jeunes
brutes, contribuent
sans
doute
à maintenir
dans
l'ombre
les
conditions de la formation intellectuelle de Sextus Pompée. Sur l'apport de la numismatique dans notre connaissance des événements, cf. 22 P. Wallmann, Triumuiri rei publicae constituendae. Untersuchungen zur politischen Propaganda im zweiten Triumvirat (43-30 v. Ch.). Frankfurt
1989.
YASMINA BENFERHAT. POMPEIUS —
256
DIONYSIOS D’ATHENES (T. POMPEIUS -)
POMPEIUS (SEXTUS -) RE 18
Dr
Frére de Cn. Pompeius Strabo, le consul de 89*, qui fut le pére de Pompée le Grand (»*P 254). En janvier de cette année, pendant la guerre sociale, il quitte Rome XII
pour assister à l'entrevue de son frere avec 11, 27;
voir
1 F. Miltner, art.
le chef des Marses
«Sex. Pompeius»
18, RE
XXI
(Cic., Phil. 2,
1952, col.
2059-2060). Mais c'est sa seule participation à l'activité politique ; il ne semble pas non plus avoir été un orateur habile ; car il est constamment présenté par Cicéron comme un homme de science et un savant philosophe. Plus précisément, «il avait appliqué sa trés brillante intelligence à la connaissance approfondie du droit civil, à la connaissance compléte de la géométrie et de la philosophie stoicienne» (Brut.
1284
POMPEIUS (SEXTUS -)
P 256
47, 175; cf. Dig. I 2. 2, 40, pour le droit, Off. 1 6, 19, pour la géométrie). Sex. Pompeius avait également acquis une grande science philosophique (De orat. I 15. 67): il est présenté comme un stoicien dans le Brutus (loc. cit.) et il figure comme tel à côté des deux Balbus (»*B 7 et 8) et de M. Vigellius dans le De oratore (NI
21, 78). En l'absence d'indications précises, il n'est pas possible de préciser sa formation: 2 G. Garbarino, Roma e la filosofia greca dalle origini alla fine del II secolo A. C., Torino 1973, p. 416) estime qu'il ne peut étre considéré comme un
disciple de Panétius (#°P 26), car la chronologie s'y oppose; 3 J.-L. Ferrary. Philhellénisme et impérialisme, Rome 1988, p. 606 et n. 67, souligne aussi que nous ne savons pratiquement rien à ce sujet. MICHELE DUCOS.
257
POMPEIUS PENNUS
RE 102 PIR* P 636
I
La notice 257 a été supprimée. Le contenu de la notice a été déplacé sous l'entrée « Pompedius », n? 253. 258
POMPEIUS
TROGUS
RE
142
I?-I
Historien.
Éditions. 1 O. Seel. Pompei Trogi fragmenta, coll. BT, Leipzig 1956 (De animalibus ; Historiae Philippicae) : 2. O. Seel, M. lustini Iuniani, Epitome historiarum Philippicarum Pompei Trogi, coll. BT, Stuttgart 2* éd. 1985; 3 E. Chambry et L. Thély-Chambry, Justin, Abrégé des Histoires Philippiques de Trogue Pom-
pée, prologues de Trogue Pompée. Texte et trad., Paris 1936, 2 vol. Études. 4 A. Klotz, art. « Pompeius Trogus », RE XXI 2, 1952, col. 2300-2313 ; 5 ©. Seel, Die Praefatio des Pompeius Trogus, Erlangen 1955; 6 /d., Eine römische Weltgeschichte. Studien zum Text der Epitome des lustinus und zur
Historik des Pompeius Trogus, Nürnberg 1972; 7 Id., « Pompeius Trogus und das Problem der Universalgeschichte », dans ANRW II 30, 2, Berlin 1982, p. 13631423; 8 R. Urban, «Gallisches Bewusstsein und Romkritik bei Pompeius Trogus », dans ANRW II 30, 2, Berlin 1982, p. 1424-1443; 9 J. C. Yardley. Justin and Pompeius Trogus: Toronto, 2003.
a study of the language
of Justin’
Epitome
of Trogus,
Trogue Pompée était issu d'une famille gauloise, originaire du pays des Voconces. Pompée avait accordé la citoyenneté romaine à son grand-pére, au moment de la guerre contre Sertorius (76-72?) ; son père avait servi sous les ordres de César et avait
été
son
secrétaire
(Justin
XLIII
5,
11).
Mais
nous
n'avons
pas
d'autres
indications à son sujet. Il écrivit sous le régne d'Auguste ou de Tibere une histoire universelle en quarante-quatre livres portant le titre d’Histoires Philippiques : elle commengait avec les empires les plus anciens (Assyriens, Médes), puis traitait des Grecs,
des
royaumes
hellénistiques
et continuait
par
l'histoire
de
Rome
pour
s’achever à la bataille d'Actium. De cet ensemble n'a subsisté qu'un abrégé écrit par Justin à une date imprécise (peut-étre le second siécle) et des «prologues ». sortes de sommaires indiquant la matière traitée livres par livres. Pour sa part,
P 259
POMPYLOS
1285
Justin a condensé l'ouvrage et n'a conservé que des extraits (Praef. 4) en privilégiant les anecdotes et les récits pathétiques. Il est donc difficile de se représenter avec précision ces Histoires Philippiques. Ce titre est emprunté à Théopompe et l'historien gaulois avait surtout utilisé des sources grecques (Praef. 2-3). Trogue Pompée semble avoir voulu montrer que l'Empire romain n'était ni le plus ancien, ni le plus important des empires. Un esprit peu favorable à l'Empire romain semble avoir été présent dans cette œuvre ; Justin a conservé un long discours prêté à Mithridate, (1. XXXVIID, qui est une violente attaque contre Rome. Trogue Pompée fut aussi l'auteur d'un traité de zoologie; Pline l'Ancien l'utilise et le cite à plusieurs reprises dans l'Histoire naturelle (VII 33; X 10; XI 229, 273, 274 ; XVIII 58, XXXI 131). Ces fragments (1, p. 3-18) appartenaient à un ouvrage intitulé De animalibus (titre mentionné par Charisius, GL I 137,9; I 102, 4) qui comprenait au moins dix livres; le traité contenait des indications sur les naissances de quadruplés, quintuplés et méme sur la naissance de sept jumeaux à la fois (1 frag. 3; Pline VII, 33). Pline cite aussi le nom de Trogue Pompée dans les livres de l'Histoire naturelle concernant les animaux (l. X et XD. L'auteur de ce traité se fondait essentiellement sur l'Histoire des animaux d' Aristote (voir les
paralleles établis par Klotz 4, col. 2302-2303 et les remarques de Seel 1), ce qui révèle à nouveau une connaissance précise des œuvres grecques. Trogue Pompée avait aussi extrait du traité d' Aristote, tout ce qui concernait la physiognomonie (Pline, H.N. XI 275-276), mais il ne semble pas avoir rédigé d'ouvrage sur la botanique (Klotz 4, col. 2302 ; Seel 1, p. 16). MICHELE DUCOS.
POMPILIUS > ANDRONICUS (M. POMPILIUS -) POMPILIUS + NUMA POMPILIUS POMPONIUS — ATTICUS (T. POMPONIUS -) POMPONIUS — DIONYSIUS THRAX (M. POMPONIUS -) 259
POMPYLOS
RE
fl. D II?
Diogène Laérce V 36, dans une insertion secondaire empruntée au premier livre
des Ὁμοῖα ἱστορικὰ κεφάλαια de Myrónianos d'Amastrée (#*M 207), rapporte que Théophraste avait un «esclave philosophe » du nom de Pompylos. Aulu-Gelle, Nuits attiques II 18, 8, mentionne également son nom comme exemple d'« esclaves
qui ensuite se révélérent philosophes de renom ». Pour d'autres témoignages, dans les fragments de Myrónianos, sur des philosophes ayant connu l'esclavage, voir R. Goulet, notice « Myrónianos d'Amastrée », M 207, DPhA IV, 2005, p. 576. Ce Pompylos nous est connu, de méme que Threpta qui devait étre son épouse (car ils héritent ensemble d'une somme de 2000 drachmes, de la servante Sómatalé et de divers autres biens), par le testament de Théophraste (mort en 286^) que cite
D.L. V 51-57. Théophraste manifeste une grande bienveillance à l'égard de ces
P 259
POMPYLOS
1286
affranchis fidéles (« libres depuis longtemps »), mais ne les traite pas moins comme
des serviteurs. Pompylos n'est pas associé aux collégues dans l'école et aucun détail du testament ne confirme son statut de philosophe. Il faisait tout au plus fonction de concierge dans l'école. Cf. G. Bruns, « Die Testamente der griechischen Philosophen », Zeitschrift der Savigny-Stiftung, Romanistische Abteilung, 1, 1880, p. 1-52, notamment p. 34. RICHARD GOULET.
260
PONTIANUS DE NICOMÉDIE
FII- D III ?
Un des interlocuteurs (fictifs ?) du banquet décrit dans les Deipnosophistes d'Athénée (»*A 482), lequel est censé avoir eu lieu dans la maison d'un riche et
illustre haut fonctionnaire romain, P. Livius Larensis, et auquel Athénée lui-méme (F II - D III) avait participé. Il est originaire de Nicomédie, la capitale de la province de Bithynie, en Asie Mineure. Il n'est pas impossible qu'il ait vraiment existé. En tout cas, on connait une inscription concernant un certain Pontianus de Nicomédie (/G II 3265). Cela
dit, l'hypothése du caractère purement fictif du Pontianus dont parle Athénée reste toujours ouverte. A. M. Desrousseaux (édit.), Arhénée de Naucratis. Les Deipnosophistes, Livres I et II, coll. CUF, t. I, Paris 1956, p. XVIII, imagine que le nom ne serait qu'une transposition de celui de Nicomède
II de Nicomédie (RE 4), tout comme
le nom de Philadelphe de Ptolémais (**P
110)
serait formé sur le modéle de Ptolémée Philadelphe.
Pontianus fait partie, en compagnie de son compatriote Démocrite (**D 70a) et de Philadelphius de Ptolémais (**P
110), des trois « philosophes » (non cyniques)
présents au banquet. D'après la présentation des convives que l'on trouve dans l'épitomé du livre I (I, 1 d), aussi bien Pontianus que Démocrite
« l'emportaient
sur tout le monde par l'étendue de leurs connaissances » (πολυμαθείᾳ πάντας ὑπερηκοντικότες). Comme
Démocrite, Pontianus apparait souvent dans la discussion. Ainsi, dans le livre III. il
prononce deux longs discours érudits sur les diverses sortes de pain (109 b-112 f) et sur l'emploi
de l'eau froide dans l'Antiquité (123 e-125 a); dans le livre VI, 231 b-234 c, il fournit des témoignages érudits sur les métaux, en particulier sur l'or et l'argent, dans l'Antiquité ; dans le livre X, il critique les effets de l'ivresse comme source de vices, de comportements déments et violents (443 c-445 b), et il reléve les différents termes qui décrivent un ivrogne (445 c ; cf. XIV, 640 c-e,
où il fait des remarques lexicologiques sur un dessert, XV, 701 b-f, sur l'expression ἰὴ παιών) ; dans le livre XIII, 561 c-562 a. il évoque la conception que Zénon de Cition avait d’Eros comme puissance divine qui maintient la santé et la cohésion dans les États; et il ajoute des renseignements à ce sujet sur les Athéniens, les Lacédémoniens, les Crétois ou les Rhodiens, entre autres peuples.
On découvre chez Pontianus un certain antiplatonisme à la lecture de sa longue intervention dans le livre XI, 504 b-509 e, οἱ il critique de nombreux passages de Platon. PEDRO PABLO FUENTES GONZÁLEZ.
P 261
261
PONTIUS LE SAMNITE
1287
PONTIUS LE SAMNITE (CAIUS -) Caton l'Ancien (**C 58), dans le De senectute
fl. 349° 12, 39-41
de Cicéron (dont la
date dramatique est située en 150°), rapporte que, lors du siège de Tarente en 209*, oü il avait servi sous les ordres de Q. Fabius Maximus, Néarque de Tarente (**N 11), un ami de Rome, lui avait rapporté les termes d'un discours prononcé
par Archytas de Tarente (»*A 322) dans lequel ce dernier déclarait qu'il n'y a rien d'aussi détestable que le plaisir du corps. Caton ajoute: «Qu’Archytas ait ainsi parlé dans un entretien avec le samnite C. Pontius, le pére de celui qui, au combat
de Caudium, triompha des consuls Sp. Postumius et T. Veturius, Néarque de Tarente, notre hôte, qui était resté fidèle à l'amitié romaine, me disait l'avoir appris de ses aînés ; et à cette conversation aurait assisté Platon d'Athènes (**P 195), qui, d'aprés mes recherches, se rendit à Tarente sous le consulat de L. Camillus et d'Ap. Claudius [en 349°, soit 150 ans auparavant] ». C. Pontius est donc présenté par Caton, comme étant le pére de C. Pontius, celui qui commandait l'armée samnite lors de la défaite des Fourches Caudines en 321* (De sen. 12, 41). Sur ce général samnite, dont Cicéron parle peut-étre
également en Off. II 21, 75, voir 1 (F. Münzer], art. «C. Pontius» 4, RE XXII 1, 1953, col. 31-33. Mais d'autres auteurs le nomment Herennius (Liu. IX 1,2; 3,4; Val. Max. VII 2 ext. 17).
Ce passage de Cicéron pose de nombreux problémes, déjà évoqués dans la notice concernant Néarque : c'est le seul à établir un lien entre Platon, Archytas de Tarente et C. Pontius, un samnite ; la date de 349* est manifestement erronée et ne peut convenir pour une rencontre entre Archytas et Platon ; l'épisode a sans aucun doute un caractère fictif (2 G. Garbarino, Roma e
la filosofia greca dalle origini
alla fine del II secolo A. C., Torino 1973, p. 325-329). La présence de C. Pontius peut paraître plus surprenante encore (3 A. Mele, « Archita e Gaio Ponzio sannita », dans M. Tortorelli Ghidini, A. Storchi Marino et A. Visconti (édit.), Tra Orfeo e Pitagora. Origini e incontri di culture nell'Antichità. Atti dei seminari napoletani 1966-1998, Napoli 2000, p. 433-444). Mais les relations de Tarente
avec les samnites qui sont attestées à l'époque de la seconde guerre samnite (4 P. Wuilleumier, Tarente, des origines à la conquéte romaine, coll. BEFAR 148, Paris 1939, p. 89) peuvent l'expliquer. De plus, les auteurs anciens ont insisté sur la prudentia de Pontius (Liu. IX 1, 2) ainsi que le refus de l'auaritia caractérisant le
père ou le fils (Off. II 21, 75; Mele 3, p. 438-439). Dans cette tradition, sa présence dans un entretien avec Archytas de Tarente pouvait se comprendre. Pour sa part, Cicéron cherche à montrer les liens pythagorisme (5 J. G. F. Powell, Cicero. Cato minor 1988, p. 187; cf. Tusc. IV 2-3). Cet épisode semble d'Archytas par Aristoxéne de Tarente [»*A 417] (fr.
anciens de l'Italie avec le De senectute, Cambridge une adaptation d'une Vie 50 Wehrli) dont un long
extrait est conservé par Athénée, Deipnosophistes XII, 545 a - 546 c (Garbarino 2,
p. 328; mais cette interprétation est discutée par Powell 5, p. 183-184). Dans ce passage, c'est Polyarque de Syracuse (**P 235), sumomme «le voluptueux »
1288
PONTIUS LE SAMNITE
P 261
(n6vnaOnc), qui exposait un point de vue hédoniste. Il aurait été envoyé en ambassade à Tarente par Denys le Jeune (367-357) [»+D 84]. Cicéron connaissait
bien la vie d'Archytas; il a transposé son discours dans un autre contexte et construit une tradition orale, qui parvient à Néarque et est transmise à Caton (6 C. A. Huffman, Archvtas of Tarentum. Pythagorean, Philosopher and Mathematician King, Cambridge 2005. p. 325-328). C'est sans doute à Cicéron que
Plutarque (Cato maior 2, 3-4) a emprunté la version qu'il donne de cet épisode. Il fait de Néarque un pythagoricien, ce que Cicéron ne disait pas. MICHELE DUCOS.
POPILIUS > SOPATROS (MARCUS PO---) POPILIUS ^ THEOTIMUS
(POPILLIUS -)
POPLICOLA (L. GELLIUS -)
> GELLIUS PUBLICOLA (L.-)
POPLIUS — VALERIUS (POPLIUS -) PORCIUS — CATO CENSORIUS (M. PORCIUS) PORCIUS > CATO UTICENSIS (M. PORCIUS -) PORCIUS — SOPATROS (MARCUS PO---)
PÓROS — PRÓROS 262
PÓROS (ou PRÓROS) Ce
nom
apparait
Iva dans
le
titre
d'un
«dialogue»
d'Aristippe
de
Cyrene
(**A 356), à l'intérieur d'une liste d'ouvrages transmise par Diogene Laérce II 84: Πρὸς Πῶρον. texte que W. Crónert, Kolotes und Menedemos, p. 96, et U. von Wilamowitz-Moellendorff, « Lesefrüchte », Hermes 1928, p. 384, ont corrigé, de facon indépendante, en Πρὸς Πρῶρον. forme mieux attestée à Cyréne. Le dernier éditeur, Marcovich a conservé la lecon des trois manuscrits principaux. Voir M.-O. Goulet-Cazé, note sur D. L. II 84 (Paris 1999), p. 287 n.4, qui signale un vainqueur olympique à la course en 360*, connu par Diodore de Sicile XVI 2 (oü la forme est bien Póros) et Pausanias X 2, 3 (Pröros). Un Pröros de Cyrène (**P 299)
figure dans la liste des pythagoriciens de Jamblique; voir aussi Diodore X 4, ] (DK 54). RICHARD GOULET.
P 263
263
PORPHYRE DE TYR
1289
PORPHYRE DE TYR Philosophe
234-ca 305
néoplatonicien, disciple de Longin
à Athénes, puis de Plotin à
Rome. PLAN DE LA NOTICE 1290
I. L'homme et l'œuvre
Sources biographiques Chronologie Biographie Édition des fragments (Euvres Études particulières sur des points de doctrine L'évolution intellectuelle de Porphyre Porphyre et les « Libri Platonicorum » Rapports avec le moyen-platonisme et avec les autres écoles Porphyre dans l'école néoplatonicienne II. Notices détaillées sur les principales œuvres de Porphyre Histoire philosophique |10] Vie de Pythagore |59]
Isagogé [15] La tradition grecque La tradition latine médiévale Commentaires à Platon et à Aristote A. Commentaires sur des traités aristotéliciens B. Commentaires aux ouvrages de Platon Conclusion Commentaire aux Harmoniques de Ptolémée [57] Introduction à l'Apotélesmatique de Ptolémée [58] Sur la vie de Plotin et le classement de ses livres [60]
L'édition porphyrienne des Ennéades |24] Sur le retour de l'âme [43] La Philosophie tirée des oracles |44] La Lettre à Anébon |51] Points de départ vers les intelligibles |53] Ad Gaurum sur l'animation de l'embryon |54] De abstinentia |55] Contra Christianos [11]
1290 1291 1291 1298 1300 1311 1311 1312 1314 1324 1326 1326 1333 1335 1335 1344 1349 1350 1357 1374 1376 1381 1384 1391 1393 1394 1397 1398 1403 1408 1419 1447
III. Survie orientale
Ouvrages mentionnés par les bibliographes arabes
1447
Autres ouvrages Contre les chrétiens Vie de Plotin Commentaire sur les Seconds Analyriques
1449 1449 1450 1450 1450 1450 1453 1458 1460
Isagoge
Tradition Tradition Commentaires Commentaire
syriaque arabe grecs de l'/sagogé en versions orientales sur la Physique
P 263
PORPHYRE DE TYR
1290
Commentaire sur l'Éthique
1461
De anima
1463
Philosophos Historia Influence Arménien
1464 1467 1468
Géorgien
1468
I. L'HOMME ET L’EUVRE SOURCES
BIOGRAPHIQUES
La source principale est la Vie de Plotin écrite par Porphyre alors qu'il était dans
sa soixante-huitiéme
année
(VP 23,
12-14), soit probablement
en 301. On
y
trouve de nombreuses informations de caractére autobiographique, ainsi qu'un cadre chronologique précieux. 1 L. Brisson, M.-O. Goulet-Cazé, R. Goulet et D. O'Brien (édit.), Porphyre,
La Vie de Plotin, I. Travaux préliminaires et index
grec complet. Avec une préface de Jean Pépin, coll.
«Histoire des doctrines de
l'antiquité classique » 6, Paris 1982 (= PVP 1); 2 L. Brisson et alii, Porphyre, La
Vie de
Plotin,
commentaire,
Il. Études notes
et introduction,
complémentaires,
texte grec
bibliographie.
et traduction francaise, Préf.
de Jean
Pépin,
coll.
«Histoire des doctrines de l'antiquité classique» 16, Paris 1992 (2 PVP Il). D'autres informations autobiographiques peuvent être extraites de la Lerrre adressée à Marcella, son épouse. Nous disposons également d'une vie de Porphyre rédigée par Eunape de Sardes dans ses Vies de philosophes et de sophistes, écrites dans les dernières années du IV* siècle: 3 Eunapii Vitae sophistarum, Joseph Giangrande recensuit, coll. «Scriptores Graeci et Latini / Consilio Academiae Lynceorum editi », Roma 1956, p. 6, 9-9, 16. Eunape tire lui-méme ses informations de la Vie de Plotin, de la Lettre à Marcella, peut-étre aussi de la Philosophie extraite des oracles, mais il fournit sur certains points des renseignements qui contredisent les propres déclarations de Porphyre. Voir 4 R. Goulet, « Variations romanesques sur la mélancolie de Porphyre », Hermes 110, 1982, p. 443-457,
repris dans 5 Études sur les Vies de philosophes de l'antiquité tardive. Diogene Laérce, Porphyre de Tyr, Eunape de Sardes, coll. « Textes et traditions» 2001, p. 359-372.
6 R.J. Penella, Greek philosophers
1, Paris
and sophists in the Fourth
century À. D. Studies in Eunapius of Sardis, coll. « ARCA » 28. Leeds 1990, p. 4053, propose des explications aux erreurs apparentes d'Eunape. La Souda Π 2098 contient également une notice qui signale de nombreux ouvrages de Porphyre (voir plus loin) et fournit quelques renseignements qui demandent toutefois à étre vérifiés: « Porphyre, celui qui a écrit contre les chrétiens. Son nom véritable était de Tyr, philosophe, disciple d'Amélius le disciple de Plotin; il fut par Jamblique. I] vécut à l'époque d'Aurélien et jusqu'à l'époque de l'empereur de trés nombreux ouvrages, en philosophie, en rhétorique et en grammaire. Il l'auditeur du critique Longin. »
Basileus. Originaire ailleurs maitre de Dioclétien. Il a écrit avait par ailleurs été
Quelques textes arabes concernant Porphyre sont regroupés à la fin de Bidez 10 (cité plus loin), p. 54*-62* (n°° 3-9).
P 263
PORPHYRE DE TYR
1291
Le seul détail prosopographique original se trouve dans une phrase d'Ibn al-Qifti: «On a dit que son nom était Ammonious et qu'on le changea. ll vivait après le temps de Galien.» Dans le Fihrist d'ibn al-Nadim (qu'Ibn al-Qifti paraphrase souvent), le nom d'Ammonius apparait dans un contexte voisin, mais l'information est différente: «Porphyrios, nach Alexander, aber vor Ammonios. Er lebte nach Galenos.» CHRONOLOGIE
Nous connaissons la date de plusieurs événements de la vie de Porphyre (et aussi de Plotin) gräce aux synchronismes qu'il établit dans sa Vie de Plotin avec les années de régne des empereurs romains. Pour une reconstitution du systéme chronologique sous-jacent, voir 7 R. Goulet, «Le systéme chronologique de la Vie de Plotin », dans PVP I 1, p. 187-227, repris dans Goulet 5, p. 153-190, avec des Addenda et corrigenda, p. 388-390. Les années de règne serviraient à dater les années civiles (commençant au 1*' janvier) et l'année serait attribuée à l'empereur
qui a régné le plus longtemps au cours de telle ou telle année. Pour des solutions différentes, voir 8 J. Igal, La cronologia de la Vida de Plotino de Porfirio, Bilbao/ Madrid 1972; 9 T. D. Barnes, «The chronology of Plotinus’ Life», GRBS 17, 1976, p. 65-70. BIOGRAPHIE
L'exposé le plus complet de la biographie de Porphyre reste celui de 10 J. Bidez, Vie de Porphyre, le philosophe néo-platonicien, avec les fragments des
traités Περὶ ἀγαλμάτων et "De Regressu animae", coll. «Recueil de travaux publiés par la Faculté de philosophie et lettres» 43, Gand/Leipzig Hildesheim 1980, VIII-170-73*p.
1913, réimpr.
Porphyre serait né à Tyr en Phénicie en 234. Il aurait porté à l'origine. comme son père, le nom sémitique hellénisé de Malkos (VP 17, 6-10) ou Malchos (Eunape et titres de certaines œuvres de Porphyre dans les manuscrits), analogue à l'hébreu méléq (« roi »). L'épithete "Batanéote", employée par les auteurs chrétiens, ne ferait pas référence à un lieu d'origine de Porphyre. mais serait plutöt un terme de mépris. Voir Beutler 29 (cité plus loin), col. 276. et 11 G. Rinaldi, « Studi porfiriani, I: Porphyrius Bataneotes », Koinonia 4, 1980, p. 2537. D'après Eunape, c'est Longin qui aurait changé le nom de "Malchos/Malkos" en "Porphyrios" (p. 6. 17-21 Giangrande). Les données de la Vie de Plotin ne permettent pas de confirmer cette affirmation. Dans le passage oü il parle de son nom (VP 17, 6-10), Porphyre dit simplement que dans le dialecte de sa patrie il s’appelait, comme son pére, "Malkos", ce qui donne en grec “Basileus”. Cette révélation lui sert à expliquer qu'il soit désigné sous le nom de "Basileus" dans le traité d'Amélius Sur la difference entre les doctrines de Plotin et de Numénius (VP
17, 4-6),
mais elle n'exclut pas qu'il se soit appelé aussi "Porphyrios" dés le début. Comme Amélius, Longin appelle son ancien disciple "Basileus" dans un extrait de son traité Sur la fin (VP 20.91) où il fait référence à un ouvrage de Porphyre composé au début du séjour de ce dernier à Rome
(VP 21, 12-13). Mais dans un autre traité, le Περὶ ὁρμῆς. Longin donnait encore à Porphyre son nom oriental de "Malkos" (VP 17, 10-12). En tout cas, le nom de “Porphyrios” est le seul que le philosophe phénicien semble lui-méme utiliser (ainsi VP 2, 32; 4, 2.8.12; 7. 50). Quant à Plotin, il appelait également son disciple de ce nom, s'il faut considérer comme textuelle la citation
P 263
PORPHYRE DE TYR
1292 d'une de ses paroles en VP
13, 15. On sait qu'il avait changé le nom d'Amélius en "Amérius"
(VP 7, 3-5), mais c'était là une
l'école et seul conséquent,
Eunape
rien
ne
plaisanterie
philosophique
a pris ce changement
permet
d'attribuer
à Longin
de nom
(insouciance/indivisibilité)
au sérieux
la responsabilité
interne
(p.9, 5 Giangrande). du
changement
de
nom
à
Par de
"Malkos-Basileus" en "Porphyrios". "Porphyrios" est d'ailleurs un nom attesté à Tyr et pourrait bien avoir été donné à Porphyre dés sa naissance. 12 O.
Neugebauer,
Heidelberg/New York
A
History
of Ancient
Mathematical
Astronomy,
Berlin/
1975, t. II, p. 944, a cru reconnaitre l'horoscope personnel
de Porphyre dans un horoscope conservé par l'astrologue Héphaistion de Thébes et
tiré d'une section perdue du Commentaire de Porphyre à l'Apotélesmatique de Ptolémée. Comme il correspond à l'année de naissance de Porphyre (voir Goulet 7, p.211 2 5, p. 174 n. 52), il permettrait d'établir que le philosophe serait né le 5 octobre 234. Cette déduction est cependant hasardeuse, dans la mesure oü l'horoscope est donné comme exemple pour des enfants ἄτροφοι, c'est-à-dire qui ne seront pas élevés, ou bien parce qu'ils ne survivront pas, ou bien parce qu'ils
seront exposés
à leur naissance.
Il s'agit probablement
d'un
exemple
ad hoc
destiné à illustrer les indications fournies par Ptolémée. Porphyre ou Héphaistion
modifie ensuite la disposition des planétes pour illustrer un autre point du texte de Ptolémée. Voir Goulet 7, p. 211 2 5, p. 174-175. D'aprés un fragment du Contra Christianos conservé par Eusébe de Césarée, Hist. eccl. VI 19. 5 (fr. 39 Harnack), Porphyre rapportait qu'il avait dans sa jeunesse
(κομιδῇ
νέος
Gv), rencontré
l'écrivain
chrétien
Origéne
(»*O
42). Comme
Origene est mort peu après 251, cette rencontre a pu se produire à Tyr ou à Césarée (oü s'était installé Origene dés avant la naissance de Porphyre) quand Porphyre avait une quinzaine d'années. Que Porphyre ait par ailleurs confondu dans ce passage Origene le Chrétien et le platonicien
Origene (»*O 140). condisciple de Plotin chez Ammonius Saccas (#*A 136), est une hypothèse qui a été envisagée par plusieurs historiens. Voir 13 R. Goulet, « Porphyre. Ammonius, les deux Origene et les autres...», RHPhR 57, 1977, p. 471-496, repris dans Goulet $. p. 267-299.
Beaucoup d'historiens aujourd'hui encore ne voient dans le chrétien et le platonicien qu'un méme personnage. Voir en dernier lieu 14 Th. Bóhm, « Origenes, Theologe und (Neu-)Platoniker? oder:
wem soll man misstrauen, Eusebius oder Porphyrius?», Adamantius 8. 2002, p. 7-23. Bilan récent sur la question dans 14a M. Zambon, « Porfirio e Origene uno status quaestionis », dans S. Morlet (édit.), Le traité de Porphvre contre les chrétiens. Un siécle de recherches, nouvelles questions. Actes du colloque international organisé les 8 et 9 septembre 2009 à l'Université de Paris IV-Sorbonne, « Collection des études augustiniennes — série Antiquité », Paris 2011, p. 107-
164.
Selon Socrate, Hist. eccl. III 23, Porphyre aurait, comme l'empereur Julien, été chrétien avant d'abandonner le christianisme et d'attaquer les chrétiens dans un
accés de « mélancolie ». Des coups regus de la part de certains chrétiens à Césarée de Palestine auraient entrainé cette apostasie. Socrate se réclame dans ce passage d'Eusébe de Césarée, qui a pu expliquer de la sorte par des faits survenus deux ou
trois générations avant lui dans la ville dont il était évéque l'arriére-plan de la composition
du Contra
Christianos.
Il est étrange toutefois que dans
les passages
conservés où il reproche à Porphyre son blasphéme contre les chrétiens, Eusèbe ne fasse nulle part état d'une telle apostasie. Peut-étre expliquait-il la composition de
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PORPHYRE DE TYR
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l'ouvrage par la rage ressentie par Porphyre à la suite d'altercations avec des chrétiens sans toutefois affirmer qu'il avait été chrétien. Sur cet épisode et les paraphrases du texte de Socrate que l'on rencontre chez les historiens byzantins, voir Goulet 4, p. 455-457 = Goulet 5, p. 370-372. En faveur d'une fréquentation par le jeune Porphyre des milieux chrétiens: 18 W. Kinzig, « War der Neuplatoniker Porphyrios ursprünglich Christ?», dans M. Baumbach, H. Kóhler et A. M. Ritter (édit.), Mousopolos Stephanos. Festschrift für Herwig Górgemanns, coll. « Bibliothek der klassischen Altertumswissenschaften, N.F., 2. Reihe» 102, Heidelberg 1998, p. 320-332. D’apres la VP 4, 1-3, Porphyre vint de Gréce à Rome dans l'école de Plotin et d'Amélius (**A 136) en compagnie d'un certain Antonius de Rhodes (**A 225) en la dixieme année du régne de Gallien, soit en 263. Il avait alors trente ans. Auparavant, il avait étudié auprès de Longin (**L 63). S'il fallait en croire Eunape, c'est la grammaire et la rhétorique qu'il aurait étudiées auprés de ce maitre (p. 8, 30-3] Giangrande), malgré un penchant pour la philosophie (p. 8, 31-32 G.). En réalité, c'est bien l'image d'un philosophe platonicien que donnent de Longin la VP et la plupart des témoignages (Porphyre, Histoire Auguste, Eusebe de Césarée, Syrianus, Proclus, Stobée, etc.). On connait deux autres maitres de Porphyre qui étaient présents à la célébration de l'anniversaire de Platon chez le philosophe Longin à Athenes (Porphyre, fr. du premier livre de la Philologos akroasis conservé par Eusèbe, Praep. Evang. X 3,1 = 408F
Smith):
Démétrius
le Géométre
(*»*D 61), mentionné
chez
Proclus, in
Remp., t. II, p. 23, 14-15 Kroll (13 T Smith), et Apollonius le Grammairien, que Porphyre présente comme son maitre dans ses Quaest. homer. I, p. 111, 9-10 Sodano (14 T Smith).
Ce passage de la Gréce à Rome correspondait chez Porphyre à une réorientation philosophique et non, comme le voudrait Eunape, de la rhétorique à la philosophie. Dans la préface de son Περὶ ὁρμῆς conservée par Porphyre, Longin présente son ancien ἑταῖρος « Basileus de Tyr» comme l'auteur de nombreux traités composés à l'imitation de Plotin «qu'il avait choisi de suivre de préférence à notre école » (VP 20, 90-93). Le principal point de rupture doctrinal entre les deux écoles semble avoir résidé dans leur conception de la doctrine des Idées (20, 94). Chez Porphyre cette conversion ne se fit pas sans réticences. Au début de son
séjour à Rome, il composa méme une réfutation des vues de Plotin et essaya de montrer que «les intelligibles subsistent hors de l'intellect» (18, 10-11). Plotin demanda à Amélius de répondre en écrivant un ouvrage Contre les apories de Porphyre (18, 15-16). Porphyre et Amélius échangèrent encore deux autres écrits, puis Porphyre rédigea une « palinodie » qu'il lut dans le cours de Plotin (18, 1719). Dans son Commentaire sur le Timée, Porphyre défendait la thése plotinienne qui refusait de placer les intelligibles hors de l'Intellect. Voir Proclus, in Tim., t. I, p. 394, 2-4 Diehl (fr. 51 Sodano).
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Aux différentes anecdotes rapportées par Porphyre lui-méme concernant la vie dans l'école de Plotin, il faut en ajouter une, transmise
par Proclus (in Tim., t. II,
p. 300, 24-32 Diehl), oü l'on voit Porphyre résoudre une aporie apparemment insurmontable examinée par Amélius dans son interprétation du Timée, en propo-
sant une Porphyre Sosicrate Ce détail
légère correction textuelle (λέγει et non λήγει). Voir Bidez 10, p. 46. expliquait ensuite qu'il avait découvert, aprés la mort d'Amélius, que déjà connaissait la lecon fautive qui avait causé l'embarras d'Amélius. permet de dater la composition du Commentaire sur le Timée après la
mort d'Amélius.
Au bout de quelques années, en la quinziéme année du régne de Gallien (VP 6, 2-3), soit en 268, Porphyre fut atteint d'une grave crise de « mélancolie » qui le poussa à rester confiné chez lui et à songer à «quitter de soi-méme la vie» (VP 11, 11-13). Plotin lui prescrivit de soigner cette «affection mélancolique » en partant en voyage. Porphyre lui obéit et partit en Sicile chez «un homme cultivé du nom de Probus » (»»Ρ 284) qui vivait dans la région de Lilybée (VP
11, 16-19). Il resta
en contact avec Plotin qui lui fit parvenir ses derniers traités dans la premiére et la seconde années du règne de Claude II, soit en 269 et 270; il ne fut donc pas présent auprés du maitre lorsque, retiré en Campanie, ce dernier mourut à la fin de
la deuxième année de règne de Claude II, en 270 (VP 2, 30-31). A l'époque, Amélius était de son cóté parti à Apamée en Syrie (VP 2, 32-33). Eunape donne de l'ensemble de cet épisode une version romancée qui ne correspond pas toujours aux informations fournies par Porphyre et qui semble prendre en compte les causes, les symptómes et la thérapie de la mélancolie enseignés par la littérature médicale antique. Voir Goulet4.
Tandis
qu'il
résidait en
Sicile
il regut
une
lettre de
Longin
l'invitant
à
«revenir» vers lui en Phénicie (VP 19, 5-6). D'après Eusébe de Césarée, Hist. eccl. VI 19, 2 (30T Smith), c'est aprés s'étre installé en Sicile (ἐν Σικελίᾳ καταστάς)
que Porphyre aurait composé son Contra Christianos. Peut-étre est-ce pour cette raison qu' Augustin l'appelle « Porfyrius Siculus » (De cons. evang. 1 15). En Sicile toujours, il reçut, d’après Elias. in /sag., p. 39, 6-19 Busse, une demande de son
ancien éléve Chrysaorius (**C 117) qui, incapable de comprendre les Catégories d'Aristote, souhaitait qu'il revint ou qu'il rédigeát à son intention un commentaire de ce texte difficile. Ce fut l'occasion de la composition de l'/sagogé, dédiée à Chrysaorius. Selon 16 R. Bodéüs, «Plotin a-t-il empéché Porphyre de mourir de mélancolie ? », Hermes 129, 2001, p. 567-571, cette révélation de Porphyre concernant sa mélancolie et l'éloignement de Rome que lui aurait ordonné Plotin viserait principalement à excuser l'absence du disciple à la mort de son maitre. Selon 17 H. D. Saffrey. « Pourquoi Porphyre a-t-il édité Plotin ? Réponse provisoire », dans PVP II
2, p. 31-64, la prétendue mélancolie de Porphyre cacherait en réalité un profond désaccord doctrinal concernant l'interprétation d'Aristote et une rupture de Porphyre avec l'école de Plotin. Contrairement à Plotin qui avait vivement critiqué la doctrine aristotélicienne des catégories dans son traité Sur les genres de l'étre
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(Enn. VI 1-3 [42-43]), Porphyre aurait cherché à réhabiliter Aristote et aurait écrit dans cette perspective son traité Sur l'unique école de pensée de Platon et
d'Aristote (Περὶ τοῦ μίαν εἶναι τὴν Πλάτωνος xai Ἀριστοτέλους αἵρεσιν). Sur l'attitude de Porphyre à l'égard des Catégories, voir 18 Ch. Evangeliou, Aristotle's Categories and Porphyry, coll. « Philosophia Antiqua » 48, Leiden 1988, x11-215 p. Sur l'arrière-plan de ce débat exégétique, voir 19 R. Chiaradonna, «Essence et prédication chez Porphyre et Plotin», RSPh 82, 1998, p. 577-606; 20 Frans A.J. De Haas, «Did disagree on Aristotle's "Categories" ? », Phronesis 46, 2001, p. 492-526.
Plotinus
and
Porphyry
On ignore combien de temps Porphyre resta en Sicile et s'il y fit plusieurs séjours. Un autre voyage au moins est attesté : il séjourna à Carthage suffisamment longtemps pour y apprivoiser une perdrix (De abstinentia lI 4). Voir Bidez 10, p. 57-58. Dans une lettre qu'on peut dater vers 270, adressée à Porphyre alors qu'il vivait en Sicile, Longin rappelle qu'il lui a déjà fait part de l'estime qu'il portait à Plotin «à la fois quand tu étais présent (à Athènes 7), quand tu étais au loin (après que Porphyre eüt quitté Longin en 263 ?) et quand tu vivais à Tyr» (VP 19, 35-36). Ce séjour à Tyr est difficile à situer dans le curriculum de Porphyre. Il pourrait, selon Bidez 10, p. 34 et n.3, et Beutler 29, col. 277, étre intervenu au cours du séjour d'études à Athénes avant 263. Selon Smith 41 (cité plus loin), p. 720, il
faudrait plutót le situer entre 268 et 273 (mort de Longin). On sait en tout cas que Porphyre, par la suite, revint à Rome, car c'est « lorsqu'il revint» (ἐπανελθόντι, 2,
12) que le médecin Eustochius d' Alexandrie (»*E 162) lui rapporta les circonstances de la mort de Plotin. Selon Eunape, Porphyre aurait alors donné à Rome en public des conférences d'apparat (p. 20, 27-29 G.), mais aucune source n'est citée à ce propos. Il ne semble pas que Porphyre ait succédé d'aucune façon à Plotin ni que l'école de ce dernier, d'ailleurs logée dans la maison de Gemina
[»G
13] (VP 9,
2), ait survécu à la retraite du maitre en Campanie et à sa mort. On hésite méme à présenter
comme
des
disciples
de
Porphyre
des
dédicataires
de
ses
ouvrages
comme Chrysaorius, sénateur de Rome (Elias, in Isag., p. 93, 17-18 Busse) et consul suffect (David, in /sag., p. 92, 18 Busse), dédicataire de plusieurs ouvrages de Porphyre, dont l’/sagoge, un traité Sur le libre-arbitre (en partie conservé par Stobée) et un traité perdu Sur le désaccord entre Platon et Aristote. ll en va de méme du dédicataire du grand Commentaire sur les Catégories, un certain Gédalius (*»*G 10), de Némertius (**N 16) ou de Gauros (**G 9), le dédicataire du traité
Sur l'animation de l'embryon, si toutefois Porphyre en est bien l'auteur. D'après Eunape (p. 10, 23 G.) et quelques textes tardifs (Souda, Théosophie de Tübingen), Jamblique de Chalcis (**1 3) aurait été son élève. Des liens littéraires sont attestés
entre les deux hommes (le De mysteriis de Jamblique répond ainsi à la Lettre à Anébon de Porphyre et le traité de ce dernier Sur le Connais-toi toi-méme semble avoir été dédié à Jamblique), mais, lorsque Jamblique déclare avoir entendu des déclarations de platoniciens dont Porphyre, il est possible qu'il veuille simplement dire qu'il avait /u de tels propos, conformément à un emploi bien connu du verbe ἀκούειν. Un séjour de Jamblique en Occident n'est pas attesté par ailleurs.
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Un Jamblique, apparemment bien connu, est mentionné dans la Vie de Plotin comme le pere d'un certain Ariston (»*A 391), dont l'épouse Amphicleia (#*A 144) fut disciple de Plotin à Rome (VP 9, 2-5). Si cet Ariston était en äge de se marier avant 270, date de la mort de Plotin, il
faudrait qu'il soit né vers 250 et son père au moins une vingtaine d'années avant, vers 230. Une telle chronologie interdirait toute identification avec Jamblique de Chalcis mort vers 320. On peut toutefois imaginer qu’Amphicleia ne devint l'épouse d' Ariston qu'après la mort de Plotin et que Porphyre n'ait fourni ce renseignement que pour mieux l'identifier. Sur ce passage, voir 21 Alan Cameron, « The date of lamblichus' birth », Hermes 96, 1968, p. 374-376. Sur l'attitude de Jamblique à l'égard de Porphyre, voir 22 Daniela Patrizia Taormina, Jambiique, critique de Plotin et de Porphyre : quatre études, coll. « Tradition de la pensée classique »,
Paris 1999, 191 p.
D'aprés un fragment de la Vie d'Isidore de Damascius ($ 166, p. 230 Zintzen = 33bT Smith), Théodore d'Asiné aurait été éléve de Porphyre et aurait fait des progrés en philosophie sous sa direction. A un âge avancé, Porphyre épousa Marcella (**M 23a), qui était mère de cinq filles et de deux garçons (Ad Marcellam 1) et la veuve d'un ami du philosophe. Ce mariage avec une femme qui manifestait «une aptitude naturelle pour la droite philosophie » ($ 3) suscita des jalousies, des moqueries, des calomnies et, étrangement, valut à Porphyre des menaces de mort (ibid.). En parlant des «concitoyens » de son épouse (8 1), Porphyre laisse entendre qu'il n'est pas lui-méme citoyen de la méme cité. Aurait-il contracté ce mariage à Lilybée ? Whittaker 137 (cité plus loin), p. 151 n. 6, envisage que Marcella ait été la veuve de ce Probus chez qui Porphyre s'était retiré en 268. Quant aux attaques dirigées contre ce mariage, elles pourraient, selon des Places 132 (cité plus loin), p. 105 n. 1 (à lire p. 156-157), étre liées aux charges civiques dont la veuve Marcella, en épousant Porphyre, se serait retrouvée exemptée à cause de ce mariage avec un professeur. Que Porphyre ait alors joui d'un titre un tant soit peu officiel de professeur reste cependant à démontrer.
Apres dix mois de vie commune
($ 4), Porphyre
dut laisser Marcella et son
«cortège de filles» pour assumer des responsabilités imprécises. Il évoque seulement « le besoin des Hellénes », appuyé par «les instances » des dieux. A cause de cette formule mystérieuse, certains historiens ont imaginé que Porphyre avait été appelé en Orient par l'empereur Dioclétien pour participer à la préparation de la grande persécution contre les chrétiens (303). Mais si “Hellènes” a dans ce passage une connotation religieuse, on ne peut alors en déduire que ce voyage avait comme
destination la Gréce, comme on le suppose souvent (ainsi des Places 132, p. 89). Voir 23 H. M. Chadwick, The Sentences of Sextus. A Contribution to the history of early Christian ethics, Cambridge 1959, p. 142-143, et Whittaker 137. On peut d'autre part constater que si le voyage évoqué devait étre daté dans les mois ayant précédé la persécution de 303, Porphyre, alors ágé de soixante-neuf ans, n'aurait sans doute pas
dit qu'il « tendait vers la vieillesse » (εἰς τὸ γῆρας ἀποχλίνοντι), mais bien qu'il fût déjà γήρων. Whittaker 137, p. 150, date en conséquence la lettre avant 294. Cette mission mystérieuse de Porphyre a été mise en rapport avec le témoignage de Lactance (Div. Inst. V 2, 4-11) qui parle d'un philosophe paien qui avait écrit «trois livres contre la religion et contre le nom chrétien » au début de la persécution de Dioclétien en Bithynie. L'identification de ce philosophe avec l'auteur du Contra Christianos avait déjà été envisagée par C. Baronius, Annales ecclesiastici, a 302, p. 51-57, à la fin du XVI* siècle. Elle a été reprise récemment par 24 P.F. Beatrice, «Antistes philosophiae: ein christenfeindlicher Propagandist am Hofe
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Diokletians nach dem Zeugnis des Laktanz », dans Ricerche patristiche in onore di Dom Basil Studer O.S.B. = Augustinianum 33, 1993, p. 31-47, et par 25 E. DePalma Digeser, « Lactantius, Porphyry and the debate over religious toleration », JRS 88, 1998, p. 129-146. Voir les réserves de 26 R. Goulet, «Hypothéses récentes sur le traité de Porphyre Contre les Chrétiens», dans M. Narcy et É. Rebillard (édit), Hellénisme et christianisme, coll. «Mythe, Imaginaires, Religions », Villeneuve-d' Ascq 2004, p. 61-109, notamment p. 100-104.
Ce n'est qu'à l’äge de 68 ans (VP 23, 13-14), donc en 301, et trente ans aprés la mort de Plotin, que Porphyre publia les traités que lui avait confiés son maitre (VP 24, 2-3), en les accompagnant de divers compléments exégétiques: κεφάλαια,
ἐπιχειρήματα, ὑπομνήματα (VP 26, 28-40). Il répondait ainsi à un engagement qu'il avait pris du vivant de Plotin et qu'il avait renouvelé auprés de ses compagnons dans l'école (VP 24, 3-5). Sur ces compléments exégétiques, voir 27 M.-O. Goulet-Cazé, « L’arriere-plan scolaire de la Vie de Plotin », dans PVP I (1), p. 229-327, notamment p. 305-325.
Eunape croit savoir que Porphyre mourut à Rome à un áge avancé (p. 10, 10 G.). Selon la Souda, il n'aurait pas vécu au-delà du régne de Dioclétien (305), mais il est possible que cette référence chronologique soit simplement tirée de l'indication d'âge fournie par Porphyre dans la Vie de Plotin (VP 23, 13-14). Bibliographie. 28 G. Girgenti, Porfirio negli ultimi cinquant'anni. Bibliografia sistematica e ragionata della letteratura primaria e secondaria riguardante il pensiero porfiriano e i suoi influssi storici. Presentazione di Giovanni Reale, coll. « Temi metafisici e problemi del pensiero antico. Studi e testi» 35, Milano 1994, 376 p. (références des publications parues de 1940 à 1994 avec des résumés détaillés). Principales études d'orientation. 29 R. Beutler, art. « Porphyrios», RE XXII 1, 1953, col. 175-313; 30 H. Doerrie, « Porphyrios als Mittler zwischen Plotin und Augustin », dans P. Wilpert er al. (édit.), Antike und Orient in Mittelalter. Vorträge
der Kólner Mediaevistentagungen 1956-1959, coll. «Miscellanea mediaevalia, Veróff. des Thomas-Inst. an der Univ. Köln» 1, Berlin 1962, p. 26-47, repris dans 31 H. Dörrie, Platonica minora, coll. Studia et testimonia antiqua» 8, München 1976, p. 454-473 ; 32 Porphyre. Huit exposés suivis de discussions, coll. « Entretiens sur l'antiquité classique» 12, Vandœuvres-Genève 1966; 33 P. Hadot, «La métaphysique de Porphyre », dans Porphyre 32, p. 125-163; 34 H. Dórrie, «Die Schultradition im Mittelplatonismus und Porphyrios », dans Porphyre 32, p. 3-32, repris dans Dórrie 31, p. 406-419 ; 35 W. Theiler, « Ammonios und Porphyrios », dans Porphyre 32, p. 85-123; 36 J. M. Waszink, «Porphyrios und Numenios », dans Porphyre 32, p. 33-83; 37 P. Hadot, Porphyre et Victorinus, Paris 1968, 2 vol., 504 et 176 p.; 38 G. Madec, « Chronique porphyrienne », REAug 15, 1969, p. 174-180; 39 A. Smith, Porphyry's Place in the Neoplatonic Tradition. A Study in Post-Plotinian Neoplatonism, The Hague 1974. XVIII-173 p.; 40 F. Romano, Porfirio di Tiro. Filosofia e cultura nel III secolo d. C., coll. «Università di Catania - Pubblicazioni della Facoltà di Lettere e Filosofia» 33, Catania 1979, 243 p.; 41 A. Smith, « Porphyrian studies since 1913», dans ANRW II 36, 2, Berlin 1987, p. 717-773; 42 K. Corrigan, « Amelius, Plotinus and Porphyry on being,
1298
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P 263
intellect and the One. A reappraisal », dans ANRW II 36, 2. Berlin 1987, p. 975993; 43 A. C. Lloyd, The Anatomy of Neoplatonism, Oxford 1990, X-192 p.; 44 G. Girgenti, Il pensiero forte di Porfirio : mediazione fra henologia platonica e ontologia aristotelica. Introd. di Giovanni Reale, coll. « Pubblicazioni del Centro
di Ricerche di metafisica. Temi metafisici e problemi del pensiero antico» 47, Milano 1996, 348 p.: 45 M. Tardieu, Recherches sur la formation de l'Apocalypse de Zostrien et les sources de Marius
Victorinus. Comprend
une étude de Pierre
Hadot, «“Porphyre et Victorinus": questions et hypothèses », coll. «Res orientales» 9, Leuven 1996, 157 p.; 46 G. Girgenti, Introduzione a Porfirio, coll. «I Filosofi », 75, Roma 1997, 178 p.; 47 M. Zambon, Porphyre et le moyen-platonisme. Préf. de Cristina D'Ancona, coll. «Histoire des doctrines de l'antiquité classique » 27, Paris 2002, 400 p.; 48 G. Karamanolis et Anne Sheppard (édit.), Studies
on
Porphyry,
coll.
«BICS
- Suppl.»
98, London
2007,
183
p. (onze
études) ; sur ce recueil voir 49 J. Barnes, «“ There was an old person from Tyre". Critical notice », Rhizai 5. 2008, p. 127-151; 50 A. Smith, « Porphyry. Scope for a
reassessment », dans Karamanolis et Sheppard 48, p. 7-16; 51 A. Smith, chap. «Porphyry
and
his school», dans
CHPLA,
t.1, chap. 18, p. 325-357,
avec
une
bibliographie, p. 1053-1057. ÉDITION DES FRAGMENTS
52
A.
Smith
(edit.), Porphyrii
Philosophi
Fragmenta.
Fragmenta
arabica
David Wasserstein interpretante, coll. BT, Stuttgart/Leipzig 1993, LI1I-653 p. Sont absents de ce recueil les fragments d'ouvrages de Porphyre qui ont fait l'objet d'éditions
séparées : le
Commentaire sur le Timee, la Lettre à Anebon. le Contra Christianos, les Questions
sur l'Iliade et l'Odyssée. Témoignages (T) et fragments (F) sont regroupés selon les titres des œuvres de Porphyre. On trouve à la fin quelques Opera incerta aut spuria (p. 492-493) et un ensemble de textes qu'il est impossible de rattacher à des œuvres précises (p. 494-563).
Traductions. Elles seront signalées à propos des différents traités. Plusieurs textes sont traduits par 53 A. R. Sodano, Vangelo di un pagano, Lettera a Marcella. Contro Boeto, sull'anima. Sul conosci te stesso. Eunapio, Vita di Porfirio. Testo greco a fronte. Pres. di G. Reale, coll. «I classici del pensiero Sez. I», Milano 1993, X11I-303 p. Témoignages et fragments oubliés dans l'édition Smith. On trouve dans la littérature byzantine des dizaines de mentions de Porphyre, généralement dans des
contextes où il apparait comme l'adversaire « dément» des chrétiens ou comme l'auteur de l'omniprésente /sagogé. Ces passages ne nous apprennent rien de neuf concernant Porphyre et ne méritent pas de figurer dans une édition des fragments et
des témoignages. Les textes qui suivent peuvent cependant étre considérés comme des compléments souhaitables à l'édition de Smith. — Macarios de Magnésie. Monogenes
III 42, 6-8, t. II, p. 220, 23-222, 4 Goulet,
fait mention de la Philosophie des oracles de Porphyre (commentaire de l'oracle d'Apollon sur les sacrifices), mais il dépend probablement d'Eusébe, Praep. evang. IV 7,2-8, IV 8,2 (304-305F Smith) et IV 8,4 - 9,2 (314F Smith).
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La référence manquait également dans l'édition des fragments de 54 G. Wolff, Porphyrii de philosophia ex oraculis haurienda librorum reliquiae, Berlin 1856, mais cette publication était antérieure à l'edirio princeps de Ch. Blondel en 1876.
- 55 C. Bonner, «A Tarsian Peculiarity (Dio Prus. Or. 33) with an Unnoticed
Fragment of Porphyry », HThR 35, 1942, p. 1-11, a signalé la présence d'un témoignage sur Porphyre chez Sophronius de Jérusalem (VI. s.), Narratio miraculorum
sanctorum
Cyri
et Joannis,
Miracle
31,
li.20 (dans
l'édition
de 56
N.
Fernández Marcos, Los Thaumata de Sofronio. Contribución al estudio de la « incubatio» cristiana, coll. « Manuales y anejos de "Emérita" » 31, Madrid 1975, p. 243-400). Le passage concerne un bruit indécent fait en soufflant par le nez qu'un jeune chrétien aurait fait en sortant d'une célébration et dont il aurait été puni par une cécité que seuls les martyrs Cyrus et Jean auraient par la suite guérie. Pour expliquer le caractère paien de ce geste, Sophronius fait appel à Porphyre: « Porphyre dit que les Hellénes quant ils apportent leurs sacrifices maudits aux idoles émettent un bruit trés fort par le nez (ῥινοχτυπεῖν évrovorara), émettant un tel bruit retentissant en projetant violemment et avec force de l'air pour faire un hymne de vénération, si bien qu'ensuite les sacrifiants ont toute licence et rivalisent entre eux avec énergie pour savoir qui l'emportera sur l'autre dans ce concours de bruit nasal, afin que le meilleur soit le premier à étre entendu et qu'il devienne le plus agréable aux démons. La qualité de tels bruits fait partie du culte des démons et elle contraint ceux qui les émettent à célébrer à leur insu des démons impurs. Aussi exhortonsnous ceux qui ont recours à ce geste, après en avoir appris le caractère dommageable et funeste, de s'écarter de cette fureur qui corrompt les ámes ». Ce passage rappelle certains rites propitiatoires évoqués par Porphyre dans la Philosophie des oracles (Eus., Praep. evang. IV 23, 2-5 2 326F Smith). C'est peut-étre pour chasser les démons mauvais qui risquaient de prendre possession des participants que ces derniers chassaient ostensiblement les souffles mauvais qui les habitaient. L'article de Campbell Bonner est signalé par Girgenti 28, p. 35 (n? 4.7) qui a compris à tort que le fragment de Porphyre se trouvait dans le Discours 33 de Dion Chrysostome. La pagination est également erronée : il faut lire p. 1-11] et non 7-11.
— Proclus, in Tim., I, p. 119, 16 sqq., cite Porphyre à propos des sources du Nil. Voir n? 15. Le passage est absent du recueil de Smith qui a dû y voir un extrait du Commentaire sur le Timée (22e1-4). Voir livre I, fr. 14, dans S6bis A. R. Sodano,
Porphyrii in Platonis Timaeum commentariorum fragmenta, collegit et disposuit A.R.S., Napoli 1964, p. 9, 11-17. Il faut toutefois signaler que la Souda mentionne
un Περὶ τῶν κατὰ Πίνδαρον τοῦ Νείλου πηγῶν, Des sources du Nil selon Pindare (16).
— 57 C. K. Callanan, « A Rediscovered Text of Porphyry on Mystic Formulae », CQ 45, 1995, p. 215-230: un manuscrit grec de la Bodléienne, contient un texte
intitulé Πορφυρίου φιλοσόφου περὶ τοῦ xvat(Bty8urrnogAeYuo6pod: ἑρμηνεία. Il avait été édité par Richard Bentley à la fin du XVII s. Porphyre proposait une interprétation philosophique de cette formule que !'on retrouve dans plusieurs autres documents. notamment dans des cahiers d'écolier, et qui avait comme caractéristique de contenir une seule fois toutes les lettres de l'alphabet grec ("pangramme"), comme « Portez ce vieux whisky au juge blond qui fume » ou « The quick brown fox jumps over the lazy dog», exemples célebres qui comportent toutefois des répétitions de lettres.
P 263
PORPHYRE DETYR
1300
— 58 Daniela Patrizia Taormina, « Due scoli poco noti su Porfirio e Giamblico lettori dell’ "Organon" », dans M. Barbanti, G. R. Giardina et P. Manganaro (édit.),
ENOXIX
ΚΑΙ DIAIA.
Unione e amicizia. Omaggio
a Francesco Romano. Presen-
tazione di E. Berti, Catania 2002, p. 419-424, notamment p. 423-424, a signalé un passage du Commentaire sur le De interpretatione transmis sous le nom de Leo Magentinus
(XIV* s.), mais qui pourrait, selon Busse, remonter au VIF s., où est
donné comme
argument en faveur de l'inauthenticité de la section finale du De
interpretatione
le
fait
que
Porphyre
n'en
faisait
pas
mention
dans
son
commentaire. Ce passage fait écho à Ammonius, in De interpr., p. 202, 3-10 et à Stephanus, in De interpr., p. 63, 7-11 (110 T Smith). — 59
M.
Heath,
«Porphyry's
rhetoric:
texts
and
translation»,
LICS
1, 2002,
p. 1-38: texte grec et traduction anglaise de témoignages et de fragments relatifs à la théorie porphyrienne de la rhétorique, la plupart absents de l'édition de Smith.
— 60 O. Ballériaux, « Porphyre et Aristote. Quelques fragments à ajouter aux Porphyrii philosophi fragmenta d' Andrew Smith », dans A. Motte et J. Denooz (édit.), Aristotelica
secunda.
Mélanges
offerts
à Christian
Rutten,
Liege
1995,
p. 221-231. Dans le prolongement du fr. 439 (p. 16, 19-25 Heinze) de Smith (l'un des deux qu'il a retenus de l'in libros Aristotelis de anima paraphrasis de Thé-
mistius), il faut prendre en considération Aristote:
in De anim.,
p. 16, 36-39;
trois passages où Porphyre
p. 17, 25-29.32-35;
p.18,
critiquait
16-20. C'est ce
qu'avait déjà vu 61 P. Moraux, « Quelques aspects de l'interprétation du traité, de Théophraste à Thémistius », dans G. E. R. Lloyd et G. E. L. Owen (édit.), Aristotle
on Mind and the Senses, Cambridge 1978, p. 305-307 et 320-322. — Prolegomena de Comoedia, De 61bis W.J.W. Koster, Prolegomena
comoedia (Anonymus Crameri ii), voir de comoedia. Scholia in Acharnenses,
Equites, Nubes [Scholia in Aristophanem 1.1A. Groningen 1975], (p. 43-48, li. 2528): ὕστερον δὴ ταύτας ἁπάσας σκηνικάς TE xai ποιητικὰς πλεῖστοι ἐξηγή-
σαντο:
Δίδυμος,
Τρύφων,
Ἀπολλώνιος,
Ἡρωδιανός,
Πτολεμαῖος
'AoxaAo-
νίτης, καὶ οἱ φιλόσοφοι Πορφύριος, Πλούταρχος καὶ Πρόκλος, ὡς καὶ πρὸ αὐτῶν πάντων Ἀριστοτέλης. Porphyre aurait donc traité quelque part de la comédie, à la facon d'Aristote. Pour deux autres témoignages chez Michel Psellus, voir A. Segonds et C. Luna, notice « Proclus de Lycie » (P 292), p. 1603-1604. Pour les fragments nominaux du Contra Christianos ajoutés au recueil de von Harnack, voir plus loin, p. 1419-1447. (EUVRES
Elles ont été classées par Bidez 10, p. 65*-73*, et par Beutler selon un regroupement systématique. (Bidez renvoie à chaque consacrée au traité dans la chronologie d'ensemble de la vie de reconstituée.) On les signalera ici plutót en fonction des sources nous les font connaitre.
29, col. 278-301, fois à la section Porphyre qu'il a d'information qui
P 263
PORPHYRE DE TYR
1301
Liste de la Souda: Π 2098. Elle est trés incomplète, ne signalant aucun des nombreux commentaires rédigés par Porphyre, pas plus que la Vie de Plotin ou les Sentences.
(1) Περὶ θείων ὀνομάτων a’, Des noms divins, un livre. (2) Περὶ
ἀρχῶν
ß’, Des principes, deux
livres. Un
fragment chez Proclus,
Theol. Plat. 111 (232 F Smith). (3) Περὶ ὕλης ς΄, Sur la matiére, six livres. Simplicius, in Phys., p. 231, 6-24 Diels cite un extrait du livre II. Jean Chrysostome, Hom.
Joh. 66 (PG
LIX, 370,
23-24 = 235 T Smith) y fait également allusion. Ce passage de Simplicius où Porphyre cite Modératus (»»Μ 186) a souvent été mis à contribution pour l'étude des origines du néoplatonisme. Voir 62 E. R. Dodds, « The Parmenides of Plato and the Origin of the Neoplatonic "One"», CQ 22, 1928, p. 129-142; 63 A. J. Festugiere, La Révélation d'Hermés Trismégiste, t. IV: Le Dieu inconnu et la gnose, coll. « Études bibliques », Paris 1954, p. 22-23 et p. 38-40; 64 Ph. Merlan, «Greek philosophy from Plato to Plotinus», chap. 5: «The Pythagoreans ». dans A. H. Armstrong, The Cambridge History of Later Greek and Early Medieval Philosophy. Cambridge 1970, p. 90-94.
(4) Περὶ ψυχῆς πρὸς Bönbov, €’, De l'áme, contre Boéthos, cinq livres. Plusieurs fragments sont conservés par Eusébe, Praep. evang. XI 27-28, XIV 10, XV 10-11 et XV 15 (242F-250F Smith); trad. ital. dans Sodano 53. On a généralement identifié ce Boéthos au péripatéticien Boéthos de Sidon (»*B 48).
65 H. B. Gottschalk, « Boethus' psychology and the Neoplatonists », Phronesis 31, 1986, p. 243-257. Mais 66 F. Alesse, «Lo stoico Boeto di Sidone », Elenchos 18, 1997, p. 359-383, à la suite de 67 P. Moraux, Aristotelismus, t. I, p. 172-176, l'a identifié à l'homonyme stoïcien (»B 47). Voir sur ce probléme 68 J.-P. Schneider, notice « Boéthos de Sidon », B 48, DPhA II, 1995, p. 130.
(5) Περὶ ἀποχῆς ἐμφύχων δ’, De l'abstinence des êtres animés, quatre livres. Presque entiérement conservé. Voir plus loin, p. 1408-1419. (6) Περὶ τοῦ Γνῶθι σαυτὸν δ’, Sur le “Connais-toi toi-même”, quatre livres.
Quelques fragments des livres I et IV chez Stobée Smith). Trad. ital. dans Sodano 53. Comme Porphyre un passage (273F, li. 18 Smith), ce demier devait étre D'après 69 W. Theiler, Porphyrios und Augustin, coll. gelehrten Gesellschaft» 10, 1, Halle 1933 p. 40 sqq. Forschungen zum Neuplatonismus, coll.
III 21, 26-28 (273F-275F s'adresse à Jamblique dans le dédicataire de l'ouvrage. « Schriften der Königsberg. (repris dans 70 W. Theiler,
« Quellen und Studien zur Geschichte der
Philosophie » 10, Berlin 1966, p. 160-248), l'ouvrage a été utilisé par Augustin dans son De Trinitate X 1-16. 71 P. Courcelle, «Le “Connais-toi toi-méme" chez les néo-platoniciens », dans 71bis P. M. Schuhl et P. Hadot (édit.), Le néoplato-
nisme, coll. « Colloques internationaux du C.N.R.S. », Paris 1981, p. 153-166.
(7) Περὶ ἀσωμάτων, Des incorporels. (8) Περὶ τοῦ μίαν εἶναι τὴν Πλάτωνος xai Ἀριστοτέλους αἵρεσιν C, De l'unicité de l'école de pensée de Platon et d’Aristote, six livres. Voir peut-étre le n? 36.
1302
PORPHYRE
DE TYR
Εἰς τὴν Ἰουλιανοῦ τοῦ Χαλδαίου φιλοσόφον
P 263
ἱστορίαν Ev βιβλίοις δ΄, Sur
l'histoire philosophique de Julien le Chaldeen, en quatre livres. Deux titres d'ouvrages de Porphyre ont manifestement été ici confondus : (9) Εἰς τὰ Ἰουλιανοῦ τοῦ Χαλδαίου, Sur les (écrits) de Julien le Chaldéen (»I 48). Smith y rattache quelques passages qui traitent des Oracles chaldaïques [»*O 34] (363 T, 364 F - 368 F). C'est peut-être à cet ouvrage que fait référence
Énée de Gaza (Theophraste 45. 4-9 Colonna = 368 F Smith) quand il mentionne un ouvrage de Porphyre intitulé (9a) Τῶν Χαλδαίων τὰ λόγια, Les oracles des Chaldéens, oü le philosophe enseignait que la matiére avait été engendrée. Jean Lydus, De mens. p.110, 18-25 Wunsch (365 F Smith), mentionne pour sa part un (9b) Ὑπόμνημα τῶν λογίων, Commentaire des oracles, qui pourrait également étre le méme ouvrage. 72 W. Theiler, «Die chaldäischen Orakel und die Hymnen des Synesios » (1942), repris dans Theiler 70, p. 252-301. 73 Ruth Majercik, « The Chaldean oracles and the school of Plotinus», AncW 29, 1998, p.91-105;
74 Inmaculada
Rodriguez
Moreno,
«Influencias
de
los
Ordculos
caldeos
en
Porfirio de Tiro», dans A. Alvar Ezquerra et J. Francisco González Castro (édit.), Actas del XI congreso español de estudios clásicos (Santiago de Compostela, del 15 al 20 de septiembre de 2003), Madrid 2005. t. I. p. 385-395.
La fin du titre cité par la Souda fait plutót référence à: (10) Φιλόσοφος ἱστορία Ev βιβλίοις livres. Voir plus loin, p. 1326-1333. (11)
Κατὰ
Χριστιανῶν
λόγους
6’, Histoire philosophique,
ιε΄, Discours
contre
en quatre
les chrétiens,
quinze
livres. Voir plus loin, p. 1419-1447.
(12) Περὶ τῆς Ὁμήρου φιλοσοφίας, De la philosophie d'Homére. Parmi les écrits de Longin relatifs à Homère. on trouve de méme un Εἰ φιλόσοφος Ὅμηρος ; Homére est-il philosophe ? Voir 75 L. Brisson. notice « Longinus (Cassius-)», L 63, DPhA IV, 2005, p. 116-125. notamment p. 124.
(13) Πρὸς Ἀριστοτέλην «περὶ» τοῦ εἶναι τὴν ψυχὴν ἐντελέχειαν, Contre Aristote [et sur sa doctrine que ?] l'áme est une entéléchie. D'aprés 76 P. Henry,
LEC 6, 1937, p. 161-162, et avec le traité (4) Περὶ ψυχῆς livres, car un fragment de cet Ι (247 F Smith), attaque cette lement traiter ce sujet dans un 77 suppose absente XV 10, rian
Beutler 29, col. 289, cet ouvrage serait à identifier πρὸς Bón0ov, €’, De l'áme, älcontre Boéthos, cinq ouvrage, conservé par Eusébe, Praep. evang. XV 11, conception aristotélicienne. Mais Porphyre a pu égaécrit indépendant.
H.-R. Schwyzer, art. «Plotinos», RE XXI. 1. 1951, col. 471-592, notamment col. 582, pour sa part une confusion avec Enn. IV 7, 85, un traité plotinien (dans une section de la tradition directe des Ennéades) cité sous un titre similaire par Eusèbe, Praep. evang. 1-9. En faveur de l'authenticité du titre transmis par la Souda : 78 A. Smith, « A Porphy-
treatise
against
Aristotle?», dans
F.X. Martin
Francis
et J. A. Richmond
(édit.). From
Augustine to Eriugena. Essays on Neoplatonism and Christianity in honor of John O'Meara, Washington, D. C. 1991.p. 183-185.
(14) Φιλολόγου ἱστορίας βιβλία ε΄, Histoire philologique, cinq livres. Sans doute identique à la (14b) Φιλόλογος ἀκρόασις. Leçon de philologie, dont
P 263
PORPHYRE DE TYR
Eusébe, Praep. concernant
evang.
X 3, a conservé
1303
des extraits appartenant au livre I et
le plagiat dans la littérature ancienne (408 F-410 F). Le cadre est la
célébration de l'anniversaire de Platon dans l'école de Longin à Athenes. Y participaient, outre Longin et Porphyre, « Nicagoras le sophiste, Major, Apollonius le grammairien, Démétrius le géomètre (»»D 61), Prosénès le péripatéticien (»*P 300)
Caystros
et
Calliétès
le
et un Maxime,
stoicien
(**C 20)»,
tous deux
inconnus.
peut-être
également
un
certain
Le passage est édité, traduit et
commenté dans 79 M. Patillon et L. Brisson, Longin, Fragments. Art rhétorique.
Texte établi et traduit par M. P. et L. B. — Rufus, Art rhétorique. Texte établi et traduit par M. P., CUF,
Paris 2001, fr. 10, p. 151-157.
(15) Περὶ γένους xai εἴδους xai διαφορᾶς xal ἰδίου xai συμβεβηκότος, Du genre, de l'espèce, de la différence, du propre et de l'accident. Il s'agit de l'Isa-
goge. Voir plus loin, p. 1355-1349, 1349-1351 et 1450-1460. (16) Περὶ τῶν κατὰ Πίνδαρον τοῦ Νείλου πηγῶν, Des sources du Nil selon Pindare. Voir plus haut la section sur les fragments oubliés dans l'édition Smith, p. 1299. (17) Περὶ τῆς ἐξ Ὁμήρου ὠφελείας d’Homere pour les rois, dix livres.
τῶν
βασιλέων
βιβλία
v', De
l'utilité
(18) Συμμίκτων ζητημάτων C, Recherches mélées, sept livres. Les fragments
(principalement chez Priscianus Lydus [»*P 280] et Némésius d'Émése [»*N 17]) ont été rassemblés et commentés par 80 H. Dörrie, Porphyrios' Symmikta Zetemata. Ihre Stellung in System und Geschichte des Neuplatonismus, nebst einem Kommentar zu den Fragmenten, coll. « Zetemata » 20, München 1959. XIII-236 p.
81 J. Pépin,
« Une nouvelle source de saint Augustin, le zétéma de Porphyre Sur
l'union de l'áme et du corps », REAnc 66, 1964, p. 53-107 ; 82 A. Grillmeier, « Die
anthropologisch-christologische
Sprache
Beziehung zu den Symmikta Zetemata H.Eisenberger (édit), Eounveduara. sechzigsten
Geburtstag,
coll.
« Bibliothek
des
Leontius
und
ihre
des Neuplatonikers Porphyrius», Festschrift für Hadwig Höner
dans zum
der klassischen
von
Byzanz
Altertumswissenschaft
R.2 N.F.» 79, Heidelberg 1990, p. 61-72; 83 Chiara Militello, «I "Symmikta zétémata" di Porfirio, fonte del “De statu animae" di Claudiano Mamerto », dans Auctores nostri. Studi e testi di letteratura cristiana antica, t. II, Bari 2005, p. 141-
159; 84 P. F. Beatrice, « L'union de l'áme et du corps. Némésius d'Émése lecteur de Porphyre », dans Véronique
Boudon-Millot
et Bernard
Pouderon
(édit.), Les
Pères de l'Église face à la science médicale de leur temps, coll. «Théologie historique » 117, Paris 2005, p. 253-285. (19) Εἰς τὸ Θουκυδίδου προοίμιον, Sur le prologue de Thucydide.
(20) Πρὸς Ἀριστείδην ζ΄, Contre Aristide, sept livres. 85 C. A. Behr, «Citations of Porphyry's Against Aristides preserved in Olympiodorus », AJPh 89, 1968,
p. 186-199 (huit passages du Commentaire sur le Gorgias d'Olympiodore pourraient provenir de cet ouvrage de Porphyre). Pour l'identification (Aelius Aristide [**A 339] et non Aristide Quintillien [**A 354], comme l'a envisagé Smith), voir
1304
PORPHYRE DE TYR
P 263
86 L. Pernot, L'ombre du Tigre. Recherches sur la réception de Démosthéne, coll. « Speculum », Napoli 2006, p. 307-309 (« Le “Contre Aristide" de Porphyre »). (21) Εἰς τὴν Mivouxtavod cianus.
τέχνην, Sur le manuel [de rhétorique] de Minu-
Ce serait le premier commentaire connu portant sur un ouvrage technique de rhétorique selon 87 M. Heath, « Porphyry's rhetoric », CQ 53, 2003, p. 141-166. Voir aussi Heath 59.
xai ἄλλα πλεῖστα, xai μάλιστα ἀστρονομούμενα:
Et beaucoup d'autres,
surtout d’astronomie:
(22) ἐν
οἷς
xai
Εἰσαγωγὴν
ἀστρονομουμένων
ἐν
βιβλίοις
τρισί,
parmi
lesquels une /ntroduction à l'étude de l'astronomie en trois livres,
(23) καὶ Γραμματικὰς ἀπορίας, et des Apories grammaticales. Liste fournie par la Vie de Plotin. Porphyre signale dans la Vie de Plotin les titres de plusieurs de ses propres ouvrages, dont certains ne devaient pas étre destinés à sortir du cercle de l'école. Ils sont répertoriés dans 88 R. Goulet, « Liste
des auteurs et des ouvrage cités ou mentionnés dans la Vie de Plotin », dans PVP I (1), p. 39-47, notamment p. 45-46 (n° 72-83). Nous en reproduisons ici les titres
en grec et en francais, avec les références dans la Vie de Plotin. (24) Éditions des traités de Plotin sous le titre d' Ennéades. Pour la structure de
l'ouvrage et l'ordre systématique de classement, voir Goulet-Cazé 27, section III («L'édition porphyrienne des Ennéades. État de la question »), p. 280-325. Voir également plus loin, p. 1391-1393.
(25) ὁ ἱερὸς γάμος, Le mariage sacré. Porphyre le présente comme un po&me (VP 15,1-2).
(26) Réfutation
(ἀντιγραφή)
de l'Apologie
d'Alcibiade
(cf. Banquet
212d-
222c) par Diophane le Rhéteur [»*D 195] (VP 15, 14). Aprés avoir reconstitué de mémoire l'argumentation du rhéteur, Porphyre lut dans un cours cette réfutation
qui charma Plotin. (27) Ouvrage(s) examinant, à la demande de Plotin, certaines Questions platoniciennes (Πλατωνικὰ ζητήματα) d'Eubule (»*D 74), diadoque platonicien à Athénes (VP 15, 21).
(28) Πρὸς τὸ Ζωροάστρου (βιβλίον), Contre le livre de Zoroastre (VP 16, 1415). Une réfutation (ἔλεγχος) destinée à montrer que l'ouvrage était inauthentique et récent. (29) Ὅτι ἔξω τοῦ νοῦ ὑφέστηκε τὰ νοητά (τὸ νόημα Henry-Schwyzer), Que les intelligibles subsistent hors de l’intellect (VP 18, 10-11).
(30) Réfutation (ἀντιγραφή) du traité d'Amélius intitulé Πρὸς τὰς τοῦ Πορφυρίου ἀπορίας, Contre les difficultés soulevées par Porphyre (VP 18, 16-17). (31) Παλινῳδία, Palinodie (VP 18, 19). (32) Lettre (ἐπιστολή) personnelle à Longin (VP 19, 12). (33) Ὑπομνήματα sur certains traités de Plotin (VP 26, 30).
P 263
PORPHYRE
DE TYR
1305
(34) Κεφάλαια pour tous les traités de Plotin, sauf pour le Περὶ τοῦ καλοῦ [1 6] (VP 26, 33 et 35).
(35) Ἐπιχειρήματα pour les traités de Plotin (VP 26, 36-37). Autres œuvres attestées par la tradition indirecte. (36) Πρὸς τοὺς ἀπὸ τοῦ νοῦ χωρίζοντας τὸ νοητόν (P 24 Smith, 226 F230a T), Contre ceux qui séparent l'intelligible de l'Intellect (Timée le Sophiste, Lexicon vocum Platonicarum, p.168, sans doute, selon les éditeurs, dans un passage interpolé dans le lexique: voir 89 Timée le Sophiste : lexique platonicien. Texte, traduction et commentaire de M. Bonelli, introduction de J. Barnes, coll.
« Philosophia Antiqua », Leiden 2007, p. 22-24). C'est la position contraire à celle qu'avait exprimée originellement Porphyre dans le traité n? 29. Sur ce probléme dans l'école de Plotin, voir 90 A. H. Armstrong, « The background of the doctrine "that the intelligibles are not outside the intellect" ». dans Les sources de Plotin, coll. « Entretiens sur l'antiquité classique » 5, Vandœuvres-Genève 1960, p. 391425. (37) Περὶ διαστάσεως Πλάτωνος xai Ἀριστοτέλους «πρὸς Xpucaóptov», Sur le désaccord entre Platon et Aristote, dédié à Chrysaorios, attesté par Elias, in Isag., p. 39, 6-8 Busse (238 T Smith). Comme Porphyre se proposait vraisemblablement dans cet ouvrage de contester ce désaccord, on a suggéré de l'identifier avec le traité (8) Περὶ τοῦ μίαν εἶναι τὴν Πλάτωνος xai Ἀριστοτέλους αἵρεσιν C, De l'unicité de l'école de pensée de Platon et d’Aristote, six livres. Mais les deux titres sont donnés comme distincts et peuvent trés bien correspondre à deux ouvrages différents. (38) Περὶ τῶν τῆς ψυχῆς δυνάμεων, Sur les puissances de l'áme. Plusieurs fragments conservés par Stobée I 49, 24-26 et III 25, 1 (251 F - 255 F). Porphyre citait entre autres Ariston (de Chios), Numénius, Longin et Nicolas (de Damas).
(39) Περὶ
αἰσθήσεως,
Sur
la sensation,
connu
par Némésius,
De
natura
hominis 7 (264 F Smith).
(40) «Περὶ ὕπνου xai ἐγρηγόρσεως», Sur le sommeil et le réveil, signalé par Ibn al-Nadim (265 T).
(41) Περὶ τοῦ ἐφ᾽ ἡμῖν, Sur le libre arbitre. De longs fragments sont conservés par Stobée II 8, 39-42 (268 F - 271 F). Porphyre y interpelle Chrysaorios qui devait donc en étre le dédicataire. Traduction anglaise dans 103bis Porphyry To Gaurus On how Embryos are Ensouled and On what is in our Power, translated by J. Wilberding, coll. ACA, Bristol Classical Press 2011, XIV-176 p.
(42) Πρὸς Νημέρτιον λόγος, A ou Contre Némertios. Plusieurs fragments sont conservés dans le Contra Iulianum de Cyrille d'Alexandrie (276 F - 282 F). Voir
91 S. Toulouse, notice « Némertios », N 16, DPhA IV, 2005, p. 620-625. (43) De regressu animae. Les fragments tirés du livre X de la Cité de Dieu d'Augustin (284 F - 302 F) avaient déjà été rassemblés par Bidez 10, p. 24*-41*. 92 P. Courcelle, Les Lettre grecques en Occident, de Macrobe à Cassiodore, Paris
1306
PORPHYRE DE TYR
P 263
1943, retrouve également des traces du traité chez Macrobe (p. 166-167) et dans le second livre du De statu animae de Claudien Mamert (p. 226-235). 93 M. Cutino, «] Dialogi di Agostino dinanzi al De regressu animae di Porfirio», RecAug 27, 1994, p. 41-74. Voir plus loin, p. 1393-1394.
(44) Περὶ τῆς ἐκ λογίων φιλοσοφίας, Sur la philosophie extraite des oracles (303 F - 350 F).
De
nombreux
fragments
sont
cités
par Eusébe
de
Césarée
et
Augustin. Voir plus loin, p. 1394-1397. (45) Περὶ ἀγαλμάτων, Sur les images (divines). Plusieurs fragments chez Eusébe, Augustin, Jean Lydus et Stobée (351 F - 360a F Smith). Les fragments
avaient déjà été rassemblés par Bidez 10, p. 1*-23*. 94 ΒΕ. Turcan, «Le laurier d'Apollon (en marge de Porphyre) », dans A. Haltenhoff et F.-H. Mutschler (édit.). Hortus litterarum antiquarum. Festschrift für H. A. Gärtner zum 70. Geburtstag, coll. « Bibliothek der klassischen Altertumswissenschaften. Neue Folge. 2. Reihe »
109, Heidelberg 2000, p. 547-553. (46) Περὶ Στυγός, Sur le Styx. L'ouvrage comportait au moins deux livres. Neuf fragments sont conservés par Stobée I 3, 96; I 49, 50-54.57.59-61 ; II 1. 32; IV 36, 23 (372 F - 380 F). Ces fragments ont été récemment rassemblés, traduits et richement commentés par 95 C. Castelletti (édit.), Porfirio Sullo Stige. Testo greco a fronte. Introduzione, traduzione, note e apparati. Presentazione
di T. Dorandi,
coll. « Testi a fronte ». Milano 2006, 485 p. Selon cet éditeur (p. 38), le Περὶ Στυγός ne serait pas comme tel un ouvrage d’exégèse homérique. mais plutôt une œuvre consacrée au mythe du Styx sous tous ses aspects et l'analyse des vers d'Homére oü le Styx est mentionné s'inscrirait dans ce cadre général. On trouve dans l'appendice III (p. 323-341) le texte et la traduction de la plupart des textes antiques concernant le Styx. Dans le fragment !, Porphyre reproche au « pythagoricien » Cronius (#+C 223) d'avoir. par son interprétation allégorique, tiré les vues d' Homére vers ses propres opinions. Porphyre cite en passant des textes d'Apollodore (Sur les dieux), d'Hérodote, de Callimaque (Sur les nymphes), de Philon d'Héraclée (A Nymphis sur les miracles), de Bardesane, d'Apollonius de Tyane. de Plutarque, de Sophocle. Les citations de Bardesane (**B 11) concernent deux ordalies pratiquées par les brahmanes de l'Inde (fr. 7). 96 J. Lacrosse, « Un passage de Porphyre relatif au Shiva androgyne chez les Brahmanes de l'Inde », RPhA 20, 2002, p. 37-56 (concerne 376 F Smith).
(47) Ὁμηρικὰ ζητήματα. Questions sur Homére. Le premier livre est conservé dans un manuscrit du Vatican, mais on trouve également de nombreux fragments de l'ouvrage chez les scholiastes d'Homére, dont Eustathe de Thessalonique. Editions: 97 H. Schrader, Porphvrii questionum
homericarum
ad Iliadem perti-
nentium reliquiae, Leipzig 1880 ; 98 H. Schrader. Porphyrii questionum homericarum ad Odysseam pertinentium reliquiae, Leipzig 1890. D'autres fragments ont
été retrouvés par 99 K. Reinhardt, De Graecorum Berlin 1910, p. 83-94; Napoli 1970, XLII-168
theologia capita duo,
Diss.
100 A.R. Sodano, Quaestionum Homericarum liber I, p.; 101 R.R. Schlunk (édit.), Porphyry, The Homeric
questions. A bilingual edition, coll. Main 1993, X1-98 p. (reprend le Questioni Omeriche. Libro primo. di A. Garzya. coll. « Quaderni di
« Lang classical studies » 2, Bern/Frankfurt am texte de Sodano). Traduction: 102 Porfirio, Traduzione a cura di A. R. Sodano. Prefazione KOINONIA » 1, Napoli 1973, 83 p. Voir tout
P 263
PORPHYRE DE TYR
1307
récemment 102bis J.A. MacPhail Jr, Porphyry's "Homeric Questions" on the Iliad”, Text, translation, commentary, coll. «Texte und Kommentare » 36, Berlin 2011, 310 p. (bibliographie, p. 289-293). 103 A. R. Sodano, Proiegomeni primi alle fonti delle Quaestiones Homericae di Porfirio. Un capitolo sulla storia dell'antica critica e filologia omerica, coll. « Annali del Pontifico Istituto Superiore di Scienze e Lettere "S. Chiara" » 14, Napoli 1964, p. 1-90; 104 Id., La tradizione manoscritta delle Quaestiones homericae di Porfirio. Il codice Vaticano Greco 305 e le edizioni umanistiche, coll. « Annali del Pontifico Istituto Superiore di Scienze e Lettere "S. Chiara" » 1516, Napoli 1965-1966, p. 95-122 ; 105 /d., «La tradizione manoscritta delle Quaestiones homericae di Porfirio. Il codice Vaticano Greco 305 e alcuni aspetti della tradizione scolastica all'Iliade », AAP 16, 1966-1967, p. 345-382 ; 106 Ch. Schäublin, « Homerum ex Homero », MH
34. 1977, p. 221-227.
La préface des Questions sur l'Iliade interpelle Anatolius (**A 156-157), lequel participa aux échanges (chez Longin?) qui entrainérent la publication de l'ouvrage et en était apparemment le dédicataire. (47a) On ignore s’il faut considérer comme
Περὶ t&v παραλελειμμένων
un traité distinct des Ζητήματα le
τῷ ποιητῇ ὀνομάτων, Sur les noms omis par le
Poéte (384 F - 385 F Smith). Voir 107 H. Schrader, « Porphyrios bei Eustathios zur
BOIOTIA », Hermes 14, 1879, p. 231-252. (48) Περὶ τῶν στάσεων τέχνη, Manuel sur les états de cause. ll est attesté par un passage du commentaire de Syrianus sur le traité d’Hermog£ne Sur les états de cause (416 F Smith).
(49) Συναγωγὴ τῶν ῥητορικῶν ζητημάτων, Recueils de questions rhétoriques. ll est attesté par une scholie sur le traité d'Hermogéne Sur les états de cause (417 F Smith). (50) Στοιχεῖα, Éléments. Ce titre est signalé par les bio-bibliographes arabes (422 T et 422a T Smith), mais reste douteux. (51) Πρὸς Ἀνεβὼ ἐπιστολή, Lettre
cités dans le De d'Abammon
à Anébon (**A 183). De longs extraits sont
mysteriis de Jamblique
(»+A 1), de
répondre
aux
qui se propose, sous objections
ou
le pseudonyme
difficultés
soulevées
par
Porphyre. 108 H.D. Saffrey, «Réflexions sur la pseudonymie AbammönJamblique », dans John J. Cleary (édit.), Traditions of Platonism. Essays in honour of John Dillon, Aldershot 1999, p. 307-318. Voir plus loin, p. 1397-1398. Écrits conservés
(52) Περὶ τοῦ ἐν Ὀδυσσείᾳ τῶν νυμφῶν ἄντρου, Sur l'antre des nymphes dans l'Odyssée. Il s'agit de l'antre qu'Homère, Odyssée XIII 102-112 (cités au début du traité, $ 1), situe à Ithaque. Beutler 29, col. 279, date le traité incontestablement («fraglos») de la période postérieure à la rencontre de Plotin. Au
contraire,
il ne témoignerait
d'aucune
influence
proprement
plotinienne
selon
W. Theiler ou J. Pépin (cf. Pépin 116 [cité plus loin], p. 269). Éditions et traduc —
tions: 109 A. Nauck (édit.), Porphyrii philosophi platonici opuscula selecta, coll. BT, 2* éd., Leipzig 1886, réimpr. Hildesheim 1963, p. 53-81; 110 J. M. Duffy, Ph. F. Sheridan, L. G. Westerink et J. A. White (édit.), Porphyry, The Cave of the
P 263
PORPHYRE DE TYR
1308
Nvmphs in the Odyssey. A revised text with translation by Seminar Classics 609, coll. « Arethusa Monogr.» I, Buffalo 1969, X1-43 p.: 111 Porphyry, On the Cave of the nymphs. Translation and introductory essay by R. Lamberton, Barrytown (N. Y.) 1983, 44 p.; 112 A. Penati, «L'Antro delle Ninfe di Porfirio», GFF 8, 1985, p. 33-50 (trad. ital.) ; 113 Porfirio, L'antro delle ninfe, a cura di L. Simonini,
coll. «Classici » 48. Milano 1986, 287 p. (trad. ital.); 114 Y. Le Lay, Porphvre, l'antre des nymphes dans l'Odyssée. Trad. précédée de G. Lardreau, La philosophie de Porphyre et la question de l'interprétation, Lagrasse (Aude) 1989 (texte de Duffy er alii 110); 115 Miguel Periago Lorente, Porfirio, La gruta de las ninfas. Carta a Marcela, « Colección de autores griegos », Madrid 1992, 111 p.
Commentaires: Beutler 29, col. 279-280; 116 J. Pépin, «Porphyre, exégéte d'Homére », dans Porphvre 32. p. 229-272 (important pour la mise en rapport avec la tradition grecque de l'interprétauon allégorique) ; 117 /d., «La fortune du De Antro Nympharum
de Porphyre en Occident », dans Plotino e il Neoplatonismo in
Oriente e Occidente.
Atti del Convegno
internazionale (Roma, 5-9 ottobre
coll. « Accademia nazionale dei Lincei, Quaderno»
198, Roma
1970),
1974, p. 527-536 ;
118 /d., « Héraclès et son reflet dans le néoplatonisme », dans Le néoplatonisme,
Paris 1971, p. 167-192; 119 R. Beck. «The seat of Mithras at the equinoxes. Porphyry, De antro nympharum 24 », JMS 1, 1976. p. 95-98 ; 120 A. Agosti, «Un commento al De antro nympharum di Porfirio », GIF 38, 1986, p. 283-292 ; 121 A. Penati Bernardini, «Il motivo dell'antro nell'esegesi porfiriana di Od., XIII, 102112», Aevum 62, 1988, p. 116-123; 122 R. Lamberton, « The Neoplatonists and the spiritualization of Homer», dans R. Lamberton et J. J. Keaney (édit.), Homer 's
ancient readers. The hermeneutics of Greek epic's earliest exegetes, Princeton, N.J. 1992, p. 115-133; 123 G. Serra, « Note critiche al De antro nympharum di Porfirio»,
dans
R.
Pretagostini
(édit.), Tradizione
e innovazione
nella
cultura
greco da Omero all'età ellenistica. Scritti in onore di Bruno Gentili, Roma 1993, t. III, p. 1151-1169; 124 M. J. Edwards, « Porphyry and the "cattle-stealing god" », Hermes
121,
1993,
p. 122-125
(δ 18, p. 69,
16
Nauck?) ; 125
Id.,
«Porphyry's
Cave of the Nymphs and the gnostic controversy », Hermes 124, 1996, p. 88-100 ; 126 Karin Alt, « Homers Nymphengrotte in der Deutung des Porphyrios », Hermes 126, 1998, p. 466-487 (il s'agirait d'une œuvre de jeunesse) ; 127 S. Toulouse, «La
lecture allégorique d'Homére chez Porphyre. Principes et méthode d'une pratique philosophique», dans L'allégorie, Paris 2000 (numéro spécial dela revue La lecture littéraire), p. 425-450. (53)
Ἀφορμαὶ
πρὸς
rà
νοητά,
Points
de
départ
vers
les
intelligibles
(Sententiae). Voir plus loin, p. 1398-1403.
(54) Πρὸς Taüpov περὶ τοῦ πῶς ἐμψυχοῦται rà ἔμβρυα, A Gauros sur la façon dont les embryons reçoivent l'âme. Smith y rattache deux fragments chez Jamblique et chez Michel Psellus (266 F - 267 F). Voir plus loin, p. 1403-1408.
(55) Πρὸς Mapx£AAav, Lettre à Marcella. Éditions et traductions : Nauck 109, p. 271-297 ; 128 A.-J. Festugiere, Trois dévóts paiens, coll. «Les textes de la Colombe », Paris 1944, t. II (traduction française): 129 S. Pezzella, «Le rapport
P 263
PORPHYRE DE TYR
1309
des Sentences de Sextus et de la Lettre à Marcella de Porphyre», NClio 10-12, 1958-1962, p. 252-253; 130 W. Pötscher (édit.), Porphyrios, Πρὸς Μαρκέλλαν, hrsg., übers., eingel. u. erkl. von W. P. coll. «Philosophia Antiqua» 15, Leiden 1969, X-142 p.; 131 G. Faggin, Porfirio, Lettera a Marcella, il testamento morale dell'antichità, coll. « Studi pagani », Genova 1982, 81 p. (trad. ital.); 132 Éd. des Places (édit.) Porphyre, Vie de Pythagore. Lettre à Marcella. Avec un appendice d' A.-Ph. Segonds, CUF, Paris 1982 ; 133 K. O'Brien Wicker, Porphyry the philosopher to Marcella. Text and translation with introduction and notes. Index verborum by L. E. Klosinski, coll. « Greco-Roman religious series» 10, Atlanta 1987 ; trad. ital. dans Sodano 53; Periago Lorente 115. Sur les circonstances de la rédaction, voir plus haut la section « Biographie ». La lettre qui adresse à Marcella des encouragements pour qu'elle continue à pratiquer la philosophie que Porphyre lui a enseignée (cf. τῆς παρ᾽ ἡμῖν διδασκαλίας, 5 ; διδασκάλου, 6), a été définie par Festugière 128, p. 17, comme «le testament spirituel du paganisme ». Selon Whittaker 137 (cité plus bas), p. 162, «it can be suggested that the Letter to Marcella can be characterised as a protreptic text intended to convert its readers to true philosophy, and that it was directed to those women who either were attracted to Christianity or in danger of being so». « Through the lifestyle that Porphyry enjoins upon her, Marcella is presented as an exemplum of the proper sort of life to female readers of the letter» (ibid., p. 166). « A partir du ch. 9, la Lettre contient nombre de sentences qui ont des parallèles dans les floriléges paiens ou chrétiens des premiers siécles de notre &re; certaines remontent à Démocrite ou Epicure » (des Places 132, p. 94). 134 G. Rocca-Serra, «La Lettre à Marcella de Porphyre et les sentences des pythagoriciens », dans Schuhl et Hadot 71bis, p. 193-202. 135 K. O'Brien Wicker, «Porphyry's Ad Marcellam: marriage and the practice of philosophy » dans Daidalikon. Studies in memory of R.V. Shoder, Wauconda, Illinois 1989, p. 45-424; 136 A. R. Sodano, «Porfirio "gnomologo": contributo alla tradizione e alla critica testuale delle sillogi gnomiche », Sileno 17, 1991, p. 541; 137 Helene Whittaker, « The purpose of Porphyry's Letter to Marcella», SO 76, 2001, p. 150-168. Voir plus récemment 138 Ead., « A Philosophical Marriage. Porphyry's Letter to Marcella», dans Lena Larsson Lovén et Agneta Strómberg (édit.), Ancient Marriage in Myrh and Reality, Newcastle 2010, p. 43-54. Pour les sources littéraires, on peut encore recourir à 139 K. Gass, Porphyrius in Epistula ad Marcellam quibus fontibus et quomodo eis usus sit, Diss. Bonn 1927. Sur les « quatre éléments » (τέσσαρα στοιχεῖα) du chap. 24, voir 140 Karin Alt, « Porphyrios als Helfer in griechischen Nöten: Brief an Markella Kap. 4», dans R. Faber et B.
Seidensticker
(édit.),
Worte,
Bilder,
Tóne.
Studien
zur
Antike
und
Antike-
rezeption Bernhard Kytzler zu ehren, Würzburg 1996, p.201-210; 141 Ead., «Glaube, Wahrheit, Liebe, Hoffnung bei Porphyrios», dans D. Wyrwa et alii (édit.), Die Weltlichkeit des Glaubens in der Alten Kirche. Festschrift für Ulrich Wickert zum siebzigsten Geburtstag, coll. «Beihefte zur Zeitschrift für die neutestamentliche Wissenschaft und die Kunde der älteren Kirche» 85, Berlin 1997, p. 25-43. A propos des vues ascétiques sur le mariage exprimées par
1310
PORPHYRE DE TYR
P 263
Porphyre dans la Lettre, voir 142 Gretchen J. Reydams-Schils, « Musonius Rufus, Porphyry, and Christians in counter-point on marriage and the good», dans Agnieszka
Kijewska
(édit.), Metamorphoses
of Neoplatonism.
Being
or good ?,
Lublin 2004, p. 151-168. (56) Εἰς và Ἁρμονικὰ Πτολεμαίου ὑπομνήματα, Commentaires sur les Harmoniques de Ptolémée (#P 315). Le traité est dédié à un certain Eudoxius [**E
100] (p. 3, 1 Düring). Voir plus loin, p. 1376-7381.
(57) Eioaywyh eig τὴν Ἀποτελεσματικὴν τοῦ Πτολεμαίου, Introduction à l'Apotélesmatique de Ptolémée. Voir plus loin, p. 1381-1384. (58) Vie de Pythagore. Voir plus loin, p. 1333-1335. (59) Περὶ τοῦ Πλωτίνου βίου xai τῆς τάξεως τῶν βιβλίων αὐτοῦ, Sur la vie de Plotin et le classement de ses livres. Voir plus loin, p. 1384-1391. Cette biographie introduisait à l'édition porphyrienne des Enneades, travail accompagné
de κεφάλαια, α᾽ ἐπιχειρήματα et d'óropvrjuava (VP 26, 28-40). Commentaires. En plus des deux commentaires conservés sur les Harmoniques et l'Apotélesmatique de Ptolémée (56 et 57), il faut signaler ici plusieurs commentaires sur Platon et sur Aristote. Ils sont répertoriés et étudiés dans une section spéciale. Voir plus loin, p. 1349-1376. Chronique. On attribuait jusqu'à récemment à une (60) Chronique de Porphyre des listes de souverains de l'époque hellénistique qui ont été reprises par Eusèbe dans
sa
propre
Chronique.
Les
fragments
sont
rassemblés
et commentés
par
Jacoby, FGrHist II B 260. Ces passages ne sont conservés que dans la version arménienne. Voir 143 J. Karst (édit.), Eusebius
Werke,
V : Die Chronik aus dem
Armenischen übersetzt mit textkritischem Commentar, Leipzig 1911. Sont explicitement attribuées à Porphyre la liste des souverains qui ont régné sur l'Égypte et la cité d'Alexandrie aprés Alexandre de Macédoine, «tirée de l'ouvrage de Porphyre » (p. 74, 1980, 6 Karst = FGrHist 260 F 2), et celle des souverains de Macédoine depuis Alexandre, « (tirée)
de Porphyre, notre contemporain, qui a écrit contre nous » (p. 109, 8-114, 17 Karst 2 FGrHist 260 F 3). Jacoby inclut en Annexe la liste des souverains de Thessalie et d'Épire (p. 114, 18-116, 34 Karst = FGrHist 260 F 31) et celle des souverains d'Asie et de Syrie (p. 117, 1-124, 28 Karst =
FGrHist 260 F 32), oü n'apparait cependant pas le nom de Porphyre. À propos de la chronologie de Rome à partir de Romulus qui n'a pas été conservée, mais qui comprenait notamment une liste des consuls romains «de Jules César jusqu'à nous » (p. 125, 3-4 Karst), Eusèbe cite comme sources Alexandre Polyhistor, Abydénos. Manéthon, Céphalion, Diodore, Cassius Longinus. Phlégon, Castor, Thallos et « Porphyre, le philosophe qui a vécu de notre temps, (pour la période) de la chute de Troie au règne de Claude (II) » (p. 12, 23-25 Karst).
L'existence de cet ouvrage a cependant été contestée par 144 B. Croke, « Porphyry's Anti-Christian Chronology », JThSt 34, 1983, p. 168-185, repris dans Christian Chronicles and Byzantine History, 5*-6" centuries, coll. «Collected studies series» 386, Aldershot 1992, qui a montré que l'unique attestation du titre reposerait sur un contresens et que le seul passage arabe qui en fait mention concernerait l'Histoire philosophique. Les fragments pourraient être rapportés à la
critique porphyrienne du livre de Daniel développée dans le livre XII et/ou XIII du Contra
Christianos, ces listes royales servant à une critique de l'authenticité du
P 263
PORPHYRE DE TYR
1311
livre de Daniel. Voir également les remarques complémentaire de 145 T.D. Barnes, «Scholarship or propaganda? Porphyry Against the Christians and its historical setting », BICS 39, 1994, p. 53-65, notamment p. 55-57. Il faut toutefois remarquer que la version arménienne d'Eusébe attribue à Porphyre des informations chronographiques qui s'étendent de la Chute de Troie jusqu'au régne de Claude II le Gothique en 270 apres J.-C., notamment une liste des consuls romains (qui n'a pas été conservée). On ne voit pas quelle utilité auraient eue ces renseignements pour établir la date du livre de Daniel. D'autre part, les listes des souverains hellénistiques ne semblent nulle part mettre en relief les noms, les dates ou les faits qui pourraient concerner la datation de Daniel. Voir Goulet 26, p. 86-88.
Écrits d'authenticité douteuse. (61) tIlepi τοῦ ἐμποδὼν texvoAöywvt ( 423 T). Voir 146 F. Romano, «Porfirio “Technologos” ?», SicGym 31, 1978, p. 517520. ÉTUDES PARTICULIERES SUR DES POINTS DE DOCTRINE
147 H. Dórrie, «Kontroversen um die Seclenwanderung im kaiserzeitlichen Platonismus », Hermes 85, 1957, p. 414-435, repris dans Dörrie 31, p. 420-440; 148 H. Dórrie, «Die Lehre von der Seele», dans Porphyre 32, p. 165-191, repris dans Dórrie 31, p. 441-453; 149 P. Courcelle, « Verissima philosophia», dans J. Fontaine et Ch. Kannengiesser (édit.), Epektasis. Mélanges patristiques offerts à Jean Daniélou, Paris 1972, p. 653-659 ; 150 W. Deuse, « Der Demiurg bei Porphyrios und Jamblich », dans C. Zintzen (édit.), Die Philosophie des Neuplatonismus,
coll. « Wege der Forschung » 436, Darmstadt 1977, p. 238-278 ; 151 W. Deuse, Untersuchungen zur mittelplatonischen und neuplatonischen Seelenlehre, coll. « AAWM/GS
- Einzelveróffentlichung » 3, Mainz
1983,
278
p.;
152
A. Smith,
« Did Porphyry reject the transmigration of human souls into animals? », RAM 127, 1984, p. 276-284 ; 153 Ilsetraut Hadot, « Aspects de la théorie de la perception chez les néoplatoniciens : sensation (aisthesis), sensation commune (koine aisthesis), sensibles communs (koina aistheta) et conscience de soi (sunaisthesis) »,
DSTFM
8,
1997,
p. 33-85;
154
M.
Zambon,
«Il
significato
filosofico
della
dottrina dell’okhema dell'anima », dans R. Chiaradonna (édit.), Studi sull'anima in
Plotino, coll. « Elenchos» 42, Napoli 2005, p. 305-335 ; 155 A. Pletsch, Plotins Unsterblichkeitslehre und ihre Rezeption bei Porphyrios, Stuttgart 2005, 248 p. ; 156 Karin Alt, « Man and daimones: do the daimones influence man's life ? », dans A. Smith (édit.), The philosopher and society in late antiquity. Essays in honour of Peter Brown, Swansea 2005, p. 73-90; 157 S. Strange, « Porphyry and Plotinus" metaphysics », dans Karamanolis et Sheppard 48, p. 17-34; 158 R. Chiaradonna, « Porphyry's views on the immanent incorporeals », dans Karamanolis et Sheppard 48, p. 35-50. L'ÉVOLUTION INTELLECTUELLE DE PORPHYRE
D'après Eunape, V. Soph. p. 10, 7-10 Giangrande), Porphyre « a laissé de nombreuses conceptions contraires à celles des livres qu'il avait déjà composés, au sujet desquelles on ne peut qu'estimer qu'en avangant (en áge) il a émis des
1312
PORPHYRE DE TYR
P 263
opinions différentes ». On a souvent essayé de distribuer les œuvres conservées ou attestées de Porphyre en plusieurs périodes délimitées par ses études chez Longin à Athenes ou son séjour chez Plotin à Rome. Voir Bidez 10 et Beutler 29. Selon Bidez, il faudrait distinguer chez Porphyre une phase religieuse, marquée par la superstition, une phase "polymathe" liée à son séjour chez Longin, une phase rationaliste inaugurée par son séjour dans l'école de Plotin et enfin une phase plus tardive où l'intérêt pour la religion et les pratiques traditionnelles aurait à nouveau pris de l'importance au détriment du rationalisme. On dispose de quelques éléments sürs, comme le témoignage de Porphyre lui-méme sur son activité littéraire à Rome (voir plus loin), ou bien l'adoption de points de vue doctrinaux caractéristiques
de
l'enseignement
de Plotin. Mais
les spécialistes
ne s'entendent
pas
toujours sur la datation relative de nombreux traités. Prendre comme critére de datation le plus ou moins grand degré de rationalité (notamment à l'égard de la théurgie et de la magie) ou encore une opposition entre l'influence du “philologue”
Longin et celle du philosophe Plotin, peut étre trompeur, car on n'a pour des traités importants
comme
le De
regressu
animae
que
des
témoignages
généralement
fournis par des sources qui citaient Porphyre dans une intention polémique et le genre littéraire de certains écrits ne permettait pas à Porphyre d'exprimer ses opinions les plus centrales ou les plus personnelles. On trouvera une mise au point
illustrée par plusieurs études doctrinales dans Smith 41. 159 D. López Morales, «Intento
de
clasificacíon
cronológica
de
la obra
conservada
de
Porfirio»,
dans
Ferreres Lambert (édit.), Actes del IXè simposi de la Secció Catalana de la SEEC, St.
Feliu
de
Bejarano, coll.
Guíxols,
13-16
d’abril
de
1988.
« Aurea saecula » 1-2, Barcelona
Treballs 1991,
en
honor
de
Virgilio
t. II, p. 647-651.
PORPHYRE ET LES «LIBRI PLATONICORUM »
Augustin rapporte qu'une des étapes de sa conversion fut assurée par la lecture de « certains livres des Platoniciens traduits du grec en latin » que lui procura «un homme
gonflé
d'un
orgueil
monstrueux»
(Conf.
VII
9, 13). Au
livre suivant,
Augustin rapporte qu'il avait raconté à Simplicianus qu'il avait «lu certains livres des Platoniciens, traduits en latin par Victorinus, jadis rhéteur à Rome, qui était mort chrétien, ainsi que je l'avais oui dire» (VIII 2, 3). Ces livres oü il découvrait
en substance une confirmation de la doctrine du Verbe divin (mais non du Verbe incarné) provoquérent en lui «un incendie » (Contra Acad. II 2, 5) et l'amenérent,
à Milan en 386, à se consacrer entiérement à la philosophie. Il est probable que ce corpus de textes a compris ou était constitué des ouvrages de Plotin et de Porphyre. Dans le De beata vita 14, Augustin reconnait avoir alors lu «un tout petit nombre de livres de Plotin». La bibliographie sur la question est considérable. On la retrouvera signalée dans les études principales qu'il faut citer. Selon Theiler 69, Augustin n'aurait connu Plotin qu'à travers des commentaires de Porphyre sur les Ennéades et d'autres traités du disciple; 160 P. Henry, Plotin et l'Occident, coll. «Spicilegium sacrum Lovaniense» 15, Louvain 1934 (Augustin ne nomme que Plotin à propos de ces livres platoniciens et on ne peut pas établir de parallèle
P 263
PORPHYRE DE TYR
1313
textuel précis avec des textes de Porphyre pour cette époque ancienne); 161 P. Courcelle, Les Lettres grecques en Occident, de Macrobe à Cassiodore. Nouvelle édition revue et augmentée, Paris 1948, p. 159-176. Courcelle conclut: «Je crois donc contre le P. Henry qu'Augustin avait lu, lors de sa conversion, outre le Περὶ καλοῦ de Plotin, au moins un ouvrage de Porphyre, et contre M. Theiler, que s'il a lu alors un seul ouvrage de Porphyre dans la traduction de Victorinus, c'est le De regressu
animae.
Les
libri Platonicorum
désignent
les deux
auteurs
conjointe-
ment » (p. 167). 162 P. Courcelle, «Litiges sur la lecture des Libri Platonicorum par saint Augustin », Augustiniana 4, 1954, p. 225-239; 163 A. Solignac, « Réminiscences plotiniennes et porphyriennes dans le début du De ordine de saint Augustin», ArchPhilos 20, 1957, p. 446-465 ; Dórrie 30, p. 26-47 ; 164 P. Hadot,
Marius Victorinus. Recherches sur sa vie et ses œuvres, Paris 1971, chap. XII: «Les "Libri platonicorum" », p. 201-210; 165 I. Hadot, Arts libéraux et philosophie dans la pensée antique. Contribution à l'histoire de l'éducation et de la culture dans l'Antiquité. Seconde édition revue et considérablement augmentée, coll.
du
« Textes et traditions»
livre II du De ordine
philosophie);
11, Paris 2005, p. 101-136 (inspiration porphyrienne
sur le cycle des sept disciplines
166 P. F. Beatrice, «Quosdam
Platonicorum
préparatoires
libros". The
à la
Platonic
readings of Augustine in Milan», VChr 43, 1989, p. 248-281 (les libri Platonicorum seraient à identifier à la Philosophie des oracles, traité qui de son cóté devrait être identifié à ou comprendre un grand nombre d'ouvrages de Porphyre comme le De regressu animae, le Περὶ ἀγαλμάτων, la Lettre à Anébon, le Contra Christianos, et qui aurait inclus des textes de Platon et de Plotin; voir les critiques de Goulet 26, p.90-94); 167 R.J. O'Connell, «Porphyrianism in the early Augustine. Olivier DuRoy's contribution », dans F. X. Martin et J. A. Richmond (édit.), From Augustine to Eriugena. Essays on Neoplatonism and Christianity in honor of John O'Meara, Washington, D. C. 1991, p. 126-142. Pour un bilan de ces
études et une mise en perspective du dialogue entre Augustin et Porphyre, voir 168 G. Madec « Augustin et Porphyre: ébauche d'un bilan des recherches et des conjectures », dans M.-O. Goulet-Cazé, G. Madec et D. O'Brien (édit.), ΣΟΦΙΗΣ MAIHTOPEX. "Chercheurs de sagesse". Hommage à Jean Pépin, « Coll. des Études
Augustiniennes — Sér. Antiquité» 131, Paris 1992, p. 367-382; voir déjà 169 Id., « Augustin, disciple et adversaire de Porphyre », REAug 10, 1964, p. 365-374, et plus récemment 170 /d., «Le christianisme comme accomplisssement du platonisme selon saint Augustin», DSTFM 10, 1999, p. 109-129. Études plus récentes: 171 J. Pépin, «La hiérarchie par le degré de mutabilité (Nouveaux schémes porphyriens chez saint Augustin. 1)», DSTFM 10, 1999, p. 89-107; 172 Id., « Pourquoi l'âme automotrice aurait-elle besoin d'un véhicule? (Nouveaux schèmes porphyriens chez saint Augustin. 2)», dans J.J. Cleary (édit.), Traditions of Platonism. Essays in honour of John Dillon, Aldershot 1999, p. 293-305 ; 173 Id., « Le tout et les parties dans la connaissance de la mens par elle-méme (De Trin. X 3. 5-4, 6): (Nouveaux schémes porphyriens chez Saint Augustin. 3)», dans J. Brachtendorf
(édit.), Gott
und
sein
Bild.
Augustins
De
Trinitate
im
Spiegel
P 263
PORPHYRE DETYR
1314
gegenwärtiger
Forschung,
Paderborn
2000, p. 105-126;
174 G. Clark, Augusti-
ne’s Porphyry and the universal way of salvation », dans Karamanolis et Sheppard 48, p. 127-140 ; 175 J. Michael "visions"
au
corps
de
Toulouse,
«Influences
Chase, « Porphyre et Augustin:
résurrection»,
REAug
néoplatoniciennes
51,
2005,
des trois sortes de
p.233-256;
176
S.
sur l'analyse augustinienne des "visio-
nes" », ArchPhilos 72. 2009, p. 225-247; 177 E. Bermon, «Un échange entre Augustin et Nebridius sur la "phantasia" », ArchPhilos 72, 2009, p. 199-223. RICHARD GOULET. RAPPORTS AVEC LE MOYEN-PLATONISME
ET AVEC LES AUTRES ÉCOLES
Cf. 1 E. R. Dodds, « The Parmenides of Plato and the Origin of the Neoplatonic "One" », CQ
22,
1928, p. 129-142;
2 W.
Schmid,
«Götter
und
Menschen
in der
Theologie Epikurs », RAM 94, 1951, p. 97-156; 3 R. Beutler, art. « Porphyrios », RE
XXII
1,
1953,
col.
275-313;
Aristotelian Logic», Phronesis Porphyrios'
« Symmikta
Neuplatonismus,
nebst
4
A.C.
Lloyd,
«Neo-platonic
and
1, 1955-1956, p. 58-72 et 146-160; 5 H. Dörrie,
Zetemata ». Ihre Stellung in System einem
Logic
Kommentar
zu
den
und Geschichte
Fragmenten,
München
des
1959;
6 P. Hadot, « Fragments d'un commentaire de Porphyre sur le Parménide », REG 74, 1961, p.410-438; repris dans 7 Id., Plotin, Porphyre. Etudes néoplatoniciennes, coll. «L’äne
d'or», Paris
tradition im Mittelplatonismus
1999, p. 281-316;
und Porphyrios»,
8 H. Dörrie, «Die
dans 9 Porphyre.
Schul-
Huit exposés
suivis de discussion. coll. « Entretiens sur l'Antiquité classique » 12, VandœuvresGenéve
1966, p. 1-25 (discussion p. 26-31), repris dans
10 /d., Platonica minora,
coll. «Studia et testimonia antiqua» 8, München 1976. p. 406-419; 11 P. Hadot, «La métaphysique de Porphyre », dans Porphyre 9, p. 125-157 (discussion p. 158163), repris dans Hadot 7, p.317-353; 12 1. Pépin. «Porphyre, exégète d'Homére », dans Porphyre 9, p. 229-266 (discussion p. 267-272), repris dans 13 Id., La
tradition
de
l'allégorie
historiques, coll. «Collection
des
de Philon
Études
d'Alexandrie
augustiniennes.
à Dante,
t. II, Études
Antiquité » 120, Paris
1987, p. 57-80 ; 14 J. H. Waszink, « Porphyrios und Numenios », dans Porphvre 9, p. 33-78 (discussion p. 79-83), repris dans 15 C. Zintzen (édit.), Die Philosophie
des Neuplatonismus, coll.
« Wege der Forschung» 436. Darmstadt
1977, p. 167-
207 ; 16 P. Hadot, Porphyre et Victorinus, 2 vol., Paris 1968: 17 G. Rocca-Serra, «La Lettre à Marcella de Porphyre et les sentences des pythagoriciens », dans
18 Le
Néoplatonisme.
Colloques
recherche scientifique. Royaumont, Hadot,
«L'étre
et l'étant
dans
internationaux
du
Centre
le néoplatonisme », RThP
23,
repris dans Hadot 7, p. 71-88; 20 P. Hadot, «L'harmonie Platon et d'Aristote
selon
Porphyre
national
de
la
9-13 juin 1969, Paris 1971, p. 193-202 ; 19 P.
et dans
le commentaire
1973,
p. 101-113,
des philosophies de de Dexippe
sur les
Catégories », dans 21 Problemi attuali di scienza e di cultura. Atti del convegno internazionale sul tema : Plotino e il Neoplatonismo in Oriente e Occidente ( Roma, 5-9 ottobre 1970), coll. « Accademia nazionale dei Lincei. Anno 371 - 1974,
quaderno n. 198», Roma 1974, p. 31-45. repris dans Hadot 7, p. 355-382 : traduc-
P 263
PORPHYRE DE TYR
tion anglaise: 22 Porphyry », dans Commentators and et perspectives sur and
Theurgy.
1315
/d., «The harmony of Plotinus and Aristotle according to 23 R. Sorabji (édit), Aristotle Transformed. The Ancient Their Influence, London 1990, p. 125-140; 24 P. Hadot, « Bilan les Oracles chaldaiques », dans 25 H. Lewy, Chaldaean Oracles
Mysticism
Magic
and
Platonism
in
the
Later
Roman
Empire,
nouvelle éd. par M. Tardieu, Paris 1978 [1956]. p. 703-720 ; 26 H. Lewy, « Excursus Il. Porphyry and the Chaldaeans », dans Lewy 25, p. 449-456 ; 27 F. Romano, Porfirio e la Fisica aristotelica. In appendice la traduzione dei frammenti e delle testimonianze
del
"Commentario
alla
Fisica",
Catania
1985;
28 A.
Smith,
« Porphyrian Studies since 1913», dans ANRW II 36, 2. Berlin 1987, p. 717-773; 29 S. K. Strange, «Plotinus, Porphyry and the Neoplatonic Interpretation of the Categories », dans ANRW
II 36, 2, Berlin
1987, p. 955-974 ; 30 Ch. Evangeliou,
Aristotle's Categories and Porphyry, coll. «Philosophia antiqua» 48, Leiden 1988; 31 S. Ebbesen, «Porphyry's Legacy to Logic: a Reconstruction », dans Sorabji 23, p. 141-171; 32 A. R. Sodano, « Porfirio *gnomologo'. Contributo alla tradizione e alla critica testuale delle sillogi gnomiche », Sileno 17. 1991, p. 5-41 ; 33 O. Ballériaux, «Quelques fragments à ajouter aux Porphyrii philosophi Fragmenta d' Andrew Smith », dans 34 A. Motte et J. Denooz (édit.), Aristotelica secunda. Mélanges offerts à Christian Rutten, Liége 1996, p. 221-231; 35 R. Chiaradonna, « L'interpretazione della sostanza aristotelica in Porfirio», Elenchos 17, 1996, p. 55-94. 36 P. Hadot, «"Porphyre et Victorinus". Questions et hypothèses», dans 37 M. Tardieu, Recherches sur la formation de l’Apocalypse de Zostrien et les sources de Marius Victorinus, coll. «Res orientales» 9, 1996, p. 117-125; 38 R. Chiaradonna, « Essence et prédication chez Porphyre et Plotin », RSPT 82, 1998, p. 577-606 ; 39 Id.. «OYXIA EZ ΟΥ̓Κ OYXIQN, Forma e sostanza sensibile in Plotino (Enn. VI, 3 [44], 4-8)», DSTFM
10, 1999, p. 25-57 ; 40 A. de
Libera, « Entre Aristote et Plotin: L’/sagoge de Porphyre et le probléme des caté-
gories », dans 41 C. Chiesa et L. Freuler (édit.), Métaphvsiques médiévales. Études en l'honneur d'André de Muralt, coll. «Cahiers de la revue de théologie et de philosophie» 20, Genève/Lausanne/Neuchâtel 1999, p.7-27. 42 C. Van Liefferinge, La Théurgie. Des Oracles Chaldaïques à Proclus, coll. «Kernos. Supplément» 9, Liege 1999; 43 R. Chiaradonna, «La teoria dell'individuo in
Porfirio e l’iôlwç ποιόν stoico», Elenchos 21, 2000, p. 303-331 ; 44 F. A. J. de Haas, «Did Plotinus and Porphyry Disagree on Aristotle's Categories?», Phronesis 46, 2001, p. 492-526 ; 45 M. Zambon, Porphyre et le moven-platonisme, coll. «Histoire des doctrines de l'antiquité classique» 27, Paris 2002; 46 G. Karamanolis, «Porphyry. The First Platonist Commentator on Aristotle », dans 47 P. Adamson, H. Baltussen et M. W.F. Stone (édit.), Philosophy, Science and Exegesis in Greek, Arabic and Latin Commentaries, t. I, coll. « BICS — Suppl.» 83, London 2004, p. 97-120; 48 C. Chiesa, « Porphyre et le probléme de la substance des
Catégories»,
dans
490.
Bruun
et L. Corti
(édit.), Les
Catégories
et leur
histoire, coll. « Bibliothèque d'histoire de la philosophie », Paris 2005, p. 81-101; 50 G. E. Karamanolis,
Plato and Aristotle
in Agreement?
Platonists on Aristotle
P 263
PORPHYRE DE TYR
1316
from Antiochus to Porphvrv. coll. «Oxford Philosophical Monographs », Oxford, 2006; 51 L.P. Gerson, «The harmony of Aristotle and Platon according to Neoplatonism », dans 52 H. Tennant et D. Baltzly (edit.), Reading Plato in Antiquity, London 2006. p. 195-221; 53 R. Chiaradonna, « Platonismo e teoria
della conoscenza stoica tra Il e III secolo d. C.», dans 54 M. Bonazzi et C. Helmig (édit.), Platonic Stoicism — Stoic Platonism. The Dialogue between
Stoicism in Antiquity, coll.
Platonism and
« Ancient and Medieval Philosophy » 39, Leuven 2007,
p. 209-241 ; 55 Id., « Porphyry's views on the immanent incorporeals », dans 56 G. Karamanolis et A. Sheppard (édit.), Studies on Porphyry, coll. « BICS — Suppl.» 98, London
2007, p. 35-49 ; 57 Id.,
« What
is Porphyry'
Isagoge 7», DSTFM
18,
2008, p. 1-30. Pour un panorama des rapports de Porphyre avec le moyen-platonisme et avec les autres courants philosophiques d'époque impériale, voir Dórrie 8; Smith 28,
p. 747-764. Zambon 45: on trouve également une comparaison systématique de Porphyre avec la tradition antérieure dans Hadot 16. t. I. Porphyre est avant tout un platonicien: c'est au platonisme qu'il a été formé aussi bien à l'école de Longin qu'à celle de Plotin et c'est l'esprit du platonisme
qui informe l'élaboration de toute sa pensée. Sa production littéraire le place aussi pleinement dans cette tradition, comme le montre le schéma de son Histoire philosophique qui culmine et s'achéve avec l'exposition de la doctrine de Platon. Il a écrit des commentaires sur divers dialogues platoniciens (cf. Smith 28, p. 749754; des exégéses de textes platoniciens sont manifestement disséminées dans toute son œuvre); le Phedon (58 A. Smith [édit.]. Porphyrii philosophi Fragmenta, coll. BT, Stuttgart/Lepzig 1993, P. 17, 179-180 F), peut-étre le Cratyle (Smith 58,
P. 11, 168 F), le Sophiste (Smith 58, P. 12, 169 F), le Philebe (Smith 58, P. 15, 173-176 F), peut-étre la République (Smith 58, P. 181-187 F), le Timée (Smith 58. P. 14, 172 F, à ajouter au recueil de 59 A. R. Sodano [édit.], Porphyrii In Platonis Timaeum Commentariorum Fragmenta, Napoli 1964) et le Parménide (Smith 58, P. 13, 170-171 F); les deux derniers commentaires sont les seuls qui soient amplement attestés, si l'on accepte l'attribution à Porphyre des fragments du
Commentaire anonyme sur le Parménide contenu dans le Palimpseste de Turin (60 A. Linguiti
[édit.],
« Commentarium
in Platonis "Parmenidem" », dans CPF,
t. III: Commentari, Firenze 1995, p. 63-202 ; Hadot 16, t. II, p. 59-113).
En plus des commentaires, Porphyre a composé différents traités sur des thémes typiques du platonisme de son époque: le catalogue de la Souda cite par exemple un traité en quatre livres Περὶ τοῦ γνῶθι σαυτόν (IV, p. 178. 21 Adler =
Smith 58, 272 T), mais on peut également mentionner la série des écrits échangés avec Amélius (»*^A 136) concernant le statut des intelligibles par rapport à l'Intellect (VP 18, 10-11.16-17.19) et le rapport, rédigé à la demande de Plotin, sur les Πλατωνικὰ ζητήματα envoyés par Eubule [»E 74] (VP 15, 18-21). De méme
les
Sentences, la biographie et l'édition des traités de Plotin (avec les éléments de commentaire qui l'accompagnaient : VP 26, 30-37), tout comme la polémique avec Jamblique
dans
la lettre A Anebon,
et celles qu'il
a dirigées
contre
le rhéteur
P 263
PORPHYRE DE TYR
1317
Diophane (»*D 195), les gnostiques et les chrétiens, conduites respectivement dans la réfutation du discours de Diophane sur le Banquet de Platon (VP 15, 6-17), dans
la réfutation de la soi-disant Apocalypse de Zoroastre (VP 16, 14-15) et dans le Contra Christianos, s'inscrivent dans un programme de défense et illustration de la version authentique de la doctrine de Platon, telle que la concevait Porphyre. Le point de vue doctrina] de Porphyre se définit en effet dans différents ouvrages en termes de confrontation avec d'autres auteurs et d'autres écoles: en plus des cas déjà cités de discussions avec des platoniciens de diverses tendances, avec les gnostiques et les chrétiens, on peut rappeler que le catalogue de la Souda cite un traité Περὶ ψυχῆς πρὸς Bón9ov (IV, p. 178, 20 Adler = Smith 58, 241 T; on ne sait pas s'il vise le péripatéticien Boéthos de Sidon (»*B 48), comme le pense la majorité des savants, ou un stoicien homonyme: cf. 61 H.B. Gottschalk, « Boethus' Psychology and the Neoplatonists », Phronesis 31, 1986, p. 243-257). D’apres le contenu des fragments conservés, qui se concentrent sur la défense de la doctrine platonicienne de l'immortalité et de l'autonomie de l'âme dans le corps, on a conjecturé que cet écrit devait étre identifié avec un autre, signalé dans le méme catalogue sous le titre Πρὸς Ἀριστοτέλην «περὶ» Tod εἶναι τὴν ψυχὴν ἐντελέχειαν (IV, p. 178, 24-25 Adler = Smith 58, 240 T ; cf. Beutler 3, col. 289; Smith 28, p. 754, estime cependant que les arguments en faveur de l'identité des deux ouvrages ne sont pas convaincants). Porphyre se comportait également avec les autres écoles — surtout avec la tradition péripatéticienne et avec la stoicienne — dans la perspective d'une assimilation consciente et d'une réélaboration de notions et de doctrines. Le catalogue de la Souda fournit à nouveau des exemples de cette réceptivité doctrinale de Porphyre, comme le traité Περὶ τοῦ μίαν εἶναι τὴν Πλάτωνος καὶ Ἀριστοτέλους αἵρεσιν (IV, p. 178, 21-22 = Smith 58, 239 T), qui peut lui aussi étre identifié avec un autre traité intitulé Περὶ διαστάσεως Πλάτωνος xai Ἀριστοτέλους, mentionné par Elias (in Isag., p. 39, 6-8 Busse); ou encore le petit traité Περὶ γένους xai εἴδους xal διαφορᾶς xai ἰδίου xat συμβεβηκότος (IV, p. 178, 25-26 Adler; il s'agit de l’Eioaywyn). Porphyre inaugure aussi un nouveau genre littéraire pour les philosophes platoniciens: la composition de commentaires continus consacrés à des ouvrages d'Aristote (cf. Karamanolis 46), méme si on ne
sait pas toujours clairement si les témoignages conservés se rapportent à de vrais commentaires autonomes ou à des exégeses particuliéres contenues dans des ceuvres de nature différente. Deux commentaires sont en tout cas attestés sur les Catégories (le petit commentaire, par questions et réponses, est conservé: 62 A. Busse, CAG IV 1, Berlin 1887, p. 55-142; les fragments du grand commentaire sont rassemblés dans Smith 58, 45 T-74 F), de méme que ceux d'un autre commentaire consacré au De interpretatione (Smith 58, P. 4, 75-110 T) et et ceux
du commentaire sur la Physique (Smith 58, P. 7, 118-162 T; Romano 27). Il a peut-étre également commenté les Premiers analytiques (Smith 58, P. 5, 111 T114 F), les Réfutations sophistiques (Smith 58, P. 6, 115-117 F)et le livre A. de la
1318
PORPHYRE DE TYR
P 263
Métaphysique (Smith 58, P. 8, 163-164 F), mais les témoignages à ce sujet ne sont pas incontestables. [Sur ces divers témoignages, voir plus bas la section 00.]
L'inspiration fondamentale qui orientait l’œuvre de Porphyre, y compris là où elle a produit les innovations
les plus significatives et les plus durables dans
le
patrimoine doctrinal du platonisme, fut sa fidélité à la tradition, qui signifiait pour lui fidélité à la doctrine platonicienne, comprise comme le point de synthése et de conciliation de toute la sagesse des Grecs (cf. Dórrie 8, p. 3-9). C'est précisément cette attitude conservatrice et conciliatrice par rapport aux traditions précédentes
qui
a déterminé
les particularités
de
l'interprétation
fournie
par Porphyre,
y
compris à l'égard du legs spéculatif de Plotin (Zambon 45, p. 339-343). Le platonisme contemporain se présentait toutefois comme un mouvement en soi assez
différencié et comme le rassemblement d'une multitude de tendances diverses (voir la synthése de Karamanolis 46, p. 5-28). On peut penser, par exemple, au contraste doctrinal qui sépare les deux platoniciens Longin (»*L 63) et Plotin (cf. Porph., VP 19. 37-38 ; 20, 86-104), méme si le premier reconnaissait que Plotin «a fourni des principes pythagoriciens et platoniciens ... une explication plus claire que ses prédécesseurs » (VP 20, 71-73) ; au fait que, selon Porphyre, dans la doctrine plotinienne «sont mélées ... les doctrines stoiciennes aussi bien que péripatéticiennes » (VP
14, 4-5); à la liste des auteurs platoniciens, pythagoriciens
et péripatéticiens qui étaient lus à l'école de Plotin (VP 14, 10-14) ; ou encore au fait que Tryphon, un philosophe qui était à la fois «stoicien et platonicien », rapportait à Amélius l'opinion des philosophes athéniens selon laquelle Plotin ne faisait que s'approprier les enseignements de Numénius [»*N 66] (VP 17, 1-3). Dans les écrits de Porphyre on constate de façon encore plus évidente (grâce notamment aux innombrables citations d'auteurs plus anciens dont ils sont tissés) cet entrelacement de doctrines platoniciennes, (néo-)pythagoriciennes, péripatéti-
ciennes et stoiciennes caractéristique de ce qu'on appelle le moyen-platonisme. C'est pourquoi Dörrie 8, p. 3, l'a défini opportunément comme le « dernier moyenplatonicien ». Une comparaison entre Porphyre et les platoniciens antérieurs ou contemporains afin de retrouver des dépendances doctrinales et textuelles précises est rendue difficile par l'état fragmentaire dans lequel nous est parvenue la quasi-totalité de la littérature philosophique antérieure à Plotin (à l'exception, au moins de façon partielle,
des
écrits
de
Plutarque
de
Chéronée
[»+P
210],
Galien
[®G
3]
et
Alexandre d'Aphrodise [»*A 112]) ; au contraire, Porphyre est lui-même pour les auteurs postérieurs une source importante pour la connaissance du platonisme préplotinien (Dórrie 8, p. 9-11). Certains traits peuvent toutefois étre mis en évidence
avec suffisamment de clarté. Comme ce fut le cas pour Plotin (cf. VP 17, 1-3), ona
formulé à son endroit une accusation de dépendance servile à l'égard de Numénius (Procl.. in Tim. I, p. 77, 22-23 Diehl = Porph., in Tim. fr. 10 Sodano). Waszink 14 signale comme
thémes principaux pour lesquels l'influence de Numénius se serait
exercée sur Porphyre: le jugement favorable sur la sagesse des barbares, l'application de l'exégese allégorique à Homère et aux mythes, la doctrine des songes, la
P 263
PORPHYRE DE TYR
1319
doctrine des hypostases et celle qui concerne la matière et l'origine du mal. L'influence du néopythagorisme ou, plus exactement, de ce courant dans le platonisme d'époque impériale qui insistait sur la dépendance de l'enseignement de Platon à l'égard de la doctrine pythagoricienne (cf. 63 B. Centrone, « Cosa significa essere pitagorico in età imperiale. Per una riconsiderazione della categoria storiografica del neopitagorismo », dans 64 A. Brancacci [édit.], La filosofia in età imperiale. Le scuole e le tradizioni filosofiche, coll. « Elenchos » 31, Napoli 2000, p. 137-168), se manifeste en particulier dans l'interprétation par Porphyre du Parménide de Platon et de la Lettre I] (312 E) en tant qu'expositions d'une théologie tripartite (Dodds 1; cf. le témoignage concernant Modératus [»**M 186] dans Simpl., in Phys., p. 230, 34-231, 24 Diels = Smith 58, 236 F, et 65 Ch. Tornau, « Die Prinzipienlehre des Moderatos von Gades. Zu Simplikios in Ph. 230, 34-231, 24 Diels», RhM 143, 2000, p. 197-220) et dans l'apparente oscillation entre une conception du premier principe comme unité antérieure à l'étre ou bien comme être antérieur à l'étant (in Parm.
XII 22-35;
Hadot
16, t. I, p. 258-272;
1973;
Zambon 45, p. 124-127 ; 221-239). Un des textes les plus caractéristiques, mais aussi les plus discutés, qui pourraient illustrer un renvoi conscient de la part de Porphyre à une tradition doctrinale typique du platonisme pré-plotinien est le commentaire fragmentaire du Parménide que P. Hadot (6; 11: 16, t. I, p. 102-143; 36) lui a attribué. Le fait que dans ce commentaire le premier principe se trouve identifié avec l'étre absolu antérieur à l'étre déterminé (in Parm. IV 26-27 ; XII 22-35), que l'on y distingue deux états de
l'Intellect (XIII 1-XIV 35), qu'on y fasse référence, füt-ce de facon prudente, à la doctrine chaldaique (IX 1-10), et tout cela dans un contexte doctrinal profondément influencé par Plotin, montre bien la synthèse originale réalisée par Porphyre entre l'héritage de Numénius et du platonisme pythagorisant d'une part, et quelques thémes caractéristiques de la pensée de Plotin d'autre part (voir le vaste commentaire de Linguiti 60, p. 166-171; 183-202). Il est intéressant de remarquer qu'à cause précisément des nombreux éléments médio-platoniciens que l'on trouve dans ce texte, un éditeur récent, 66 G. Bechtle, The Anonymous Commentary on Plato's « Parmenides », coll. « Berner Reihe philosophischer Studien» 22, Bern/ Stuttgart/Wien 1999, a estimé devoir dater le texte d'une époque antérieure à Plotin, l'attribuant à un auteur proche de Numénius (voir les arguments opposés à cette hypothèse dans 67 M. Zambon, compte rendu de Bechtle 66, dans Elenchos 20, 1999, p. 194-202). Le lien étroit entre Porphyre et le platonisme pythagorisant peut étre reconnu également dans l'insistance accordée à l'ascése pythagoricienne dans le De abstinentia et dans la Lettre à Marcella, tout comme dans la place importante consacrée à la biographie de Pythagore et à la description de son activité scolaire dans l'Histoire philosophique. Comme Waszink 14 l'a déjà noté, le rapport de dépendance directe par rapport au platonisme pythagorisant est démontré surtout par l'interprétation allégorique d'Homere, pour laquelle Porphyre, dans son petit traité Sur l'antre des nymphes, cite longuement Numénius et Cronius (»*C 223). L’inter-
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P 263
prétation allégorique des mythes et l'interprétation de l'histoire de la philosophie hellénique comme le développement et la clarification progressive d'une vérité d'origine divine, connue des anciens sages et pleinement réalisée chez Platon (sur
cette idée, voir Numénius, fr. 24-28 des Places et Zambon 45, p. 173-190), sont associées dans l'œuvre de Porphyre à deux autres themes qui sont visibles dans le platonisme plus ancien: la valorisation de la sagesse des peuples barbares et des révélations divines et leur intégration dans le patrimoine de la philosophie grecque. Porphyre partage cette attitude de vénération religieuse devant la sagesse des anciens non seulement avec Numénius, mais aussi avec des prédécesseurs comme
Plutarque et Celse (Dórrie 8, p. 22-23; Waszink 14, p. 45-52; Pépin 12). C'est dans cette perspective que s'inscrivent à la fois son activité de commentateur des Oracles Chaldaiques (Smith 58, P. 47, 362 T-368 F) et l'inclusion partielle de certains thémes de la théologie chaldaique dans sa doctrine des principes (cf. Lewy
26; Hadot 24, p. 711-714; van Liefferinge 42, p. 176-211 ; Zambon 45, p. 281293). Un
autre trait pour lequel Porphyre
poursuit une pratique
inaugurée
par des
platoniciens antérieurs est constitué par l'incorporation dans le lexique et le répertoire conceptuel platoniciens de formules et de notions empruntés à la Stoa (voir les remarques sur le langage philosophique d'Alcinoos faites par 68 J. Whittaker, « The Value of Indirect Tradition in the Establishment of Greek Philosophical Texts or the Art of Misquotation », dans 69 J. N. Grant [édit.], Editing Greek and
Latin Texts, New York 1987, p. 66; 68 ; 84-85). C'est une caractéristique que Porphyre attribuait également à Plotin (cf. VP 14, 4-5; 70 W. Theiler, «Plotin zwischen
Plato und Stoa», dans 71 Les sources de Plotin, coll. «Entretiens sur
l'antiquité classique » 5, Genéve 1960, p. 63-86. repris dans 72 Id., Forschungen zum Neuplatonismus, coll. « Quellen und Studien zur Geschichte der Philosophie » 10, Berlin 1966, p. 124-139). Simplicius rapporte qu'en commentant les Carégories d' Aristote Porphyre exposait également de nombreuses doctrines stoiciennes
(Simpl., in Cat., p. 2, 5-9 Kalbfl. = Smith 58, 45 T). De fait, Hadot 16, t. I. a signalé de nombreux cas oü l'on peut constater dans les écrits de Porphyre une transposition de thémes doctrinaux stoiciens insérés dans le cadre de la métaphysique platonicienne : par exemple la doctrine du premier principe comme non être supérieur à l'étre (p. 174-178), l'identification entre l'être et le mouvement (p. 225234), le théme de la consubstantialité et de la distinction par prédominance (p. 239246). 73 A. De Libera et A.-Ph. Segonds (édit.), Porphyre. Isagoge, coll. «Sic et non»,
Paris
1998,
p. XXVII-XXXIII,
ont
également
signalé
dans
l'/sagogé
de
Porphyre le mélange de sources platoniciennes, péripatéticiennes et stoiciennes (cf. Hadot 16, t. 1, p. 231-232 n. 5). Un cas de référence explicite au stoicisme peut étre reconnu dans la définition de l'individu comme «agglomérat de propriétés » (Isag., p. 7, 22 Busse), qui reprend la doctrine stoïcienne de 1᾿ἰδίως ποιόν (une telle formule se retrouve explicitement dans un fragment du grand commentaire sur
les Catégories: Smith 58, 55 F = Simpl., in Cat. p. 48, 11-15 Kalbfleisch): cf. Chiaradonna 43. Un autre cas particulièrement significatif de l'application
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PORPHYRE DETYR
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d'idées stoiciennes dans un contexte platonicien est constitué par le recours à la doctrine des divers types de mélanges comme instrument pour expliquer l'union de l'âme et du corps (Dórrie 5, p. 24-73). Le fait que dans les écrits de Porphyre reviennent
avec
une
certaine
fréquence
des
catégories
d'origine
stoicienne
ne
signifie cependant pas qu'elles provenaient de sources littéraires stoïciennes (Chiaradonna 53, p. 226). La remarque vaut surtout pour les cas les plus banals, là oü il ne s'agit pas tant d'une réélaboration doctrinale que d'une simple utilisation de termes et de notions d'origine stoicienne déjà intégrés au lexique des platoniciens d'époque impériale. On en trouve un exemple dans la polémique contre la notion de /ogos appliquée au Fils par les chrétiens: Théophylacte, dans son commentaire
à l'évangile de Jean (PG
123, 1141
= Porph., Contra Christianos fr.
86 Harnack) cite un « sophisme » de Porphyre qui soutenait que le Fils ne pouvait étre dit ni logos intérieur (puisqu'alors il ne se distinguerait pas du Pére) ni logos proféré (puisqu'alors il cesserait d'exister une fois proféré) et donc qu'on ne pouvait pas l'appeler /ogos de facon raisonnable (cf. 74 J. G. Cook, The Interpretation of the New Testament in Greco-Roman Paganism, coll. « Studien und Texte zu Antike und Christentum » 3, Tübingen 2000, p. 148-149). Le domaine oü la fidélité de Porphyre à des options déjà présentes dans la tradition platonicienne antérieure et contemporaine s'unit aux plus importantes innovations dans la méthode et la doctrine est celui de la confrontation avec l'école péripatéticienne. Les ceuvres de Porphyre ne manquent pas de prises de position parfois fort critiques par rapport à Aristote : sa doctrine de l'àme comme entéléchie est qualifiée de « honteuse » (voir les fragments du Περὶ ψυχῆς πρὸς Βόηθον cités
par Eus., Praep. ev. XV 10,9-11; 11, 4 = Smith 58, 247 e 249 F et le témoignage de Thémistius cité dans Smith 58, 440 F ; sur ce passage, voir Ballériaux 33) et, s'il faut en croire Élias (in Isag., p. 39, 6-8 Busse), Porphyre a composé également un
ouvrage Sur le désaccord entre Platon et Aristote. Karamanolis 50, p. 243-257 et 296-298, nie au contraire que Porphyre ait exprimé des critiques à l'égard d'Aristote : il attribue à Atticus (&*A 507) les critiques rapportées dans l'ouvrage contre Boéthos (»*B 48) et estime que les titres des deux traités consacrés à
l'accord et au désaccord entre Platon et Aristote n'impliquent pas que Porphyre y ait soutenu des thèses opposées. Qu'il ait ou non critiqué Aristote dans sa doctrine de l’äme, ou sur d'autres points concernant la cosmologie et la physique, Porphyre fut certainement l'artisan
d'une interprétation du corpus logique et de l'ontologie d'Aristote qui en assura l'intégration
définitive
dans
le cursus
des
études
platoniciennes
en
tant
que
propédeutique à la doctrine de Platon (Lloyd 4; Hadot 20; Gerson 51). Selon Evangeliou 30, p. 3-5, et 75 H. D. Saffrey, « Pourquoi Porphyre a-t-il édité Plotin ? Réponse provisoire », dans 76 Porphyre. La Vie de Plotin, t. IL, coll. « Histoire des doctrines de l'antiquité classique » 16, Paris 1992, p. 31-64, repris dans 77 Id., Le néoplatonisme aprés Plotin, coll. « Histoire des doctrines de l'Antiquité classique » 24,
Paris
2000,
p. 3-26,
c'est justement
sur
le théme
de
la coordination
de
la
doctrine aristotélicienne des catégories avec la pensée platonicienne qu aurait été
1322
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consommée une rupture entre Porphyre, qui avait commis une telle synthèse, et Plotin qui avait sévérement critiqué Aristote sur ce point (Enn. VI 1 [42]-3 [44]; 78 R. Chiaradonna, Sostanza movimento analogia. Plotino critico di Aristotele,
coll. « Elenchos la cause réelle soutient qu'il y été exposée par
» 37, Napoli 2002). C'est cette divergence d'opinion qui aurait été du départ de Porphyre en Sicile (une perspective différente qui avait une uniformité de vues entre Plotin et Porphyre sur ce point a Strange 29 ; De Haas 44).
La décision prise par Porphyre d'inclure la doctrine aristotélicienne des catégories dans le cursus des études platoniciennes a des précédents (cf. 79 J. Mansfeld,
Heresiography in Context. Hyppolitus’ Elenchos as a Source for Greek Philosophy, coll. «Philosophia antiqua» 56, Leiden 1992, p. 78-109, qui donne des parallèles entre l’/sagoge et la littérature philosophique du I*' et du 11° siècles). La méthode suivie est toutefois différente: les platoniciens proaristotéliciens antérieurs se limitaient à attribuer à Platon et à ses dialogues, oü elles étaient formulées de façon abrégée et énigmatique. des doctrines qu' Aristote, à leur avis, avait par la suite simplement développées de fagon plus ample et plus explicite (voir le traité
Περὶ τοῦ καθόλου λόγου du ps.-Archytas (»*A 323): Plut., De an. procr. 23, 1023 E; Anon., in Theaet. 68. 1-24 Bastianini-Sedley: Alcin., Didask. 6, p. 159, 43-44 Hermann ; l'ensemble du développement sur la dialectique dans les chap. 56 d' Alcinoos est guidé par ce principe). Porphyre au contraire proposait une lecture
du corpus
logique aristotélicien comme
exposition d'une doctrine relativement
autonome : elle n'était pas dénuée de liens avec l'ontologie platonicienne (comme
le comprennent de leur cóté, füt-ce dans des perspectives en partie différentes, Lloyd 4; Strange 29; Ebbesen 31; 80 J. Barnes [édit.], Porphyry. Introduction, coll.
«Clarendon
Later
Ancient
Philosophers », Oxford
2003),
mais
elle
était
préparatoire et élémentaire, de sorte qu'elle ne pouvait étre pleinement comprise
dans ses présupposés métaphysiques qu'une fois qu'on était passé à des niveaux de connaissance supérieurs (Porph., in Cat., p. 56, 23-30 Busse ; Chiaradonna 35; 38;
55; 57 ; de Libera 40; sur la stratégie globale suivie par Porphyre pour réconcilier Aristote et Platon, voir Karamanolis 50, p. 243-330).
Il s'agissait principalement pour Porphyre de soustraire la doctrine aristotélicienne à la critique formulée par Plotin qui lui reprochait de ne pas pouvoir rendre compte de facon cohérente de l'application de la catégorie de «substance » aussi bien à la réalité intelligible qu'à une prétendue «substance sensible» (Plot., Enn. VI 1 [42]. 2, 1-8). Il atteignait cet objectif en redéfinissant le skopos visé par
Aristote dans ses Catégories: il ne s'agissait pas, selon lui, d'un ouvrage purement grammatical et il n'était pas consacré à un examen
des choses en tant que telles,
mais il était destiné à l'analyse des mots en tant qu'ils étaient utilisés pour signifier les choses (Porph., in Cat., p. 56, 31-57, 21 Busse). Si tel était le skopos des Catégories, on pouvait également tenir pour justifiée l'affirmation aristotélicienne
selon laquelle les réalités sensibles sont des «substances premières », non en soi, mais par rapport à nous, en tant qu objets premiers de la signification réalisée par le langage (Porph., in Cat., p. 91, 14-27 Busse). L'étape suivante consistait à coor-
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donner l'ontologie aristotélicienne et l'ontologie platonicienne au moyen de la distinction entre formes immanentes (qui constituent le champ d'application des catégories) et formes séparées (qui en sont les principes); cf. Smith 58, 120 F = Simpl., in Phys., p. 10, 25-11, 17 Diels ; Hadot 20 ; Chiaradonna 38 ; Chiesa 48.
Dans les écrits porphyriens conservés, on trouve une et plus approfondie des présupposés métaphysiques de et Aristote (qui devait répondre à la thése plotinienne attribuer la substantialité au sensible, qui se réduit à une tés: Enn. VI 3 [44], 8, 12-16;
présentation plus explicite la conciliation entre Platon selon laquelle on ne peut simple collection de quali-
15, 24-28) dans les Sentences
19 et 42: Porphyre y
distingue les incorporels en tant que réalités subsistantes en elles-mémes, antérieures au corps et séparées des corps (l’intellect et l'àme), et les incorporels en tant que réalités immanentes aux corps. Voir les commentaires consacrés à ces passages
dans
Dörrie
5,
p. 183-187;
81
H.
Dörriet
et
M.
Baltes
(édit.),
Der
Platonismus in der Antike, t. IV, Stuttgart/Bad Cannstatt 1996, $ 106.4 et p. 319320;
Chiaradonna
38;
82
R. Goulet
et W.
Kühn,
dans
83
L. Brisson
[édit.],
Porphyre. Sentences, t. Il, coll. «Histoire des doctrines de l'antiquité classique » 33, Paris 2005, p. 497-514 et 748-752. Un autre texte explicitant les critéres de la conciliation entre doctrines aristotélicienne et platonicienne se lit dans le Commentaire sur les Harmoniques
de Ptolémée
(p. 11, 4-15, 29
Düring).
Une
traduction
commentée de ce second passage est donnée par 84 H. Tarrant, Thrasyllan Platonism,
Ithaca
1993, p. 108-147.
Contrairement
à Tarrant, Chiaradonna
53, p. 228-
234, et 55 souligne la cohérence entre le passage du Commentaire sur les Harmoniques et la distinction établie dans les Sentences 19 et 42 entre incorporels séparés et incorporels immanents ; il met également en évidence le rapport entre la doctrine
de
l'abstraction
présentée
par
Porphyre
et
celle
développée
par
Alexandre
d’Aphrodise (voir également Chiaradonna 38 ; 39).
Une voix trés marginale, mais qui n'est pas totalement absente dans l’œuvre de Porphyre est celle d'Épicure (»E 36) et de ses disciples (Schmid 2). On en trouve
une mention explicite dans le De abstinentia (cf. 85 J. Bouffartigue et M. Patillon [édit.], Porphyre, De l'abstinence. Tome I. Introduction. Livre I, CUF, Paris 1977, p. 14-24): dans un premier passage (I 1-12), Porphyre cite les arguments avancés par Hermarque (»H 75) en faveur de la légitimité de la mise à mort des animaux ;
dans un second passage (I 49-55), la doctrine épicurienne est au contraire citée pour
appuyer
la thése
de
Porphyre
(et en
I 48,
2 le philosophe
reconnait
le
caractére paradoxal de cet appel aux épicuriens), afin d'affirmer qu'un régime simple et pauvre est préférable à un régime riche. Le texte de ce second passage a été retenu presque entiérement et distribué en divers fragments par 86 H. Usener (édit.), Epicurea, Berlin 1887. Usener 86, p. LVIII-LXIV, a également retrouvé une liste importante d'extraits épicuriens dans les chap. 27-31 de la Lettre à Marcella. 87 É. des Places (édit.), Porphyre. Vie de Pythagore. Lettre
à Marcella,
CUF, Paris
1982, p. 97, s'est demandé, sans répondre à la question, si Porphyre avait utilisé un recueil de sentences épicuriennes ou s'il avait trouvé ce matériel d'origine épicurienne dans
un recueil pythagoricien
(cette seconde
hypothése
est celle qui est
1324
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avancée par Sodano 32, p. 36-41, sur la base d'un examen des sources gnomologiques connues ; voir également Rocca-Serra 17). 88 W. Pötscher (édit.), Porphvrios. ΠΡῸΣ MAPKEAAAN, coll. «Philosophia antiqua» 15, Leiden 1969, p. 98, souligne que de toute façon l'insertion des sentences épicuriennes dans le contexte des idées platoniciennes qui est celui de Porphyre en modifie sensiblement l'interprétation: on est donc en présence de l'utilisation d'un matériel d'origine épicurienne et non pas de l'assimilation de doctrines proprement épicuriennes. Notice traduite de l'italien par Richard Goulet. MARCO ZAMBON.
PORPHYRE DANS L'ÉCOLE NÉOPLATONICIENNE
Peu d'études ont été consacrées à la place qui était réservée à Porphyre dans la représentation que les néoplatoniciens postérieurs se sont faite de l'évolution de l'école platonicienne depuis Plotin. 1 A. Smith, Porphyry's Place in the Neoplatonic Tradition. A Study in Post-Plotinian Neoplatonism, The Hague 1974. XVIII173 p., s'intéresse principalement aux positions doctrinales adoptées par Porphyre par rapport aux autres philosophes néoplatoniciens. Le róle objectif joué par Porphyre dans la transmission à Proclus (notamment dans ses Éléments de théologie) de la doctrine de Plotin a été méthodiquement mis en lumiére par 2 Cristina D'Ancona, «Les Sentences de Porphyre entre les Ennéades de Plotin et les Elements de théologie de Proclus », dans Porphyre, Sentences. Études d'introduction,
texte grec et traduction francaise, commentaire, par l'UPR 76 du C.N.R.S., avec une traduction anglaise de John Dillon. Travaux édités sous la responsabilité de Luc Brisson, coll. « Histoire de l'Antiquité classique » 33, Paris 2005, t. II. p. 139274. Les études consacrées aux commentaires néoplatoniciens, notamment
sur le
Timée ou sur les Catégories, ont par ailleurs mis en évidence l'utilisation massive qui était faite des commentaires de Porphyre, la plupart aujourd'hui perdus, à cóté de l'utilisation qui était fait des commentaires de Jamblique. On considére que la plus grande partie des informations rapportées par les néoplatoniciens sur l'histoire plus ancienne de l'exégése avaient été transmises par les commentaires de Porphyre. Mais c'est généralement l'interprétation du «divin» (θεῖος. ou encore δαιμόνιος, θέσπεσιος) Jamblique qui était préférée à celle du «philosophe» Porphyre,
considéré
comme
«le
plus érudit»
(φιλομαθέστατος)
des commen-
tateurs. La formule classique est ὁ θεῖος Ἰάμβλιχος xai ὁ φιλόσοφος Πορφύριος (par exemple
chez
Hermias,
in Phaedr.,
p. 113, 25 Couvreur).
«Divin»
est un
qualificatif qui n'est jamais attribué à Porphyre dans ces textes. L'opposition entre les deux philosophes a été immortalisée dans un oracle de la Pythie qui aurait été rendu à leur propos: ἔνθους ὁ Σύρος, πολυμαθὴς ὁ Φοίνιξ, «le Syrien (i.e. Jamblique) est inspiré, tandis que le Phénicien (i.e. Porphyre) est (seulement)
érudit » (David. in Isag., p. 92, 4 Busse). Une opposition entre leurs deux approches de l'exégese du Timée est également présentée par Proclus (in Tim., t. 1, p. 204, 24 Diehl = fr. 27 Sodano):
celle de Porphyre
serait plutôt attachée aux
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PORPHYRE DE TYR
détails, celle de Jamblique
μερικώτερον,
δ
δὲ
1325
davantage de nature à révéler les mysteres (δ μὲν
Emontixwtepov).
Sur
ces
formules,
voir
3 J. Pépin,
« Merikóteron-epoptikóteron (Proclus, In Tim. 1, 204, 24-27). Deux attitudes exégétiques dans le néoplatonisme », dans Mélanges d'histoire des religions offerts à Henri-Charles Puech, Paris 1974, p. 323-330.
Damascius (in Phaed., version I, 8 172, 1-3), propose une opposition similaire en distinguant les philosophes comme Porphyre et Plotin qui donnent la prééminence à la philosophie et ceux qui comme Jamblique, Syrianus et Proclus, et tous les « hiératiques » s'adonnent de préférence à la hiératique. Proclus dégageait dans l'histoire du platonisme depuis Plotin des étapes distinctes. Dans un passage devenu célèbre (Théol. plat. 1 1, p. 6, 26 - 7, 8 SaffreyWesterink) où il répartit en plusieurs générations «les exégètes de l'époptie platonicienne qui ont déployé pour nous les trés saintes explications concernant les principes divins», il distingue (1) Plotin l'Égyptien, (2) Amélius et Porphyre, (3) Jamblique et Théodore (d’Asine), (4) «les autres, quels qu'ils soient, qui à leur suite sont entrés dans ce chœur divin» [notamment Plutarque d'Athènes (»*P 209) sans doute, mais aussi d'autres philosophes du IV* siécle], (5) notre guide (c'est-à-
dire Syrianus), qui a regu «en secret, des plus anciens que lui», «la mystérieuse vérité des principes divins». Hiérocles d'Alexandrie (**H 126), dans le septième livre de son traité perdu Sur la providence et le destin, dont Photius (Bibl. cod. 214, p. 173 a 32-40 Bekker) a donné un résumé, a rappelé le róle de Plutarque d'Athénes, mais déjà d’autres successeurs de Jamblique, comme intermédiaires entre Jamblique et les néoplatoniciens postérieurs : «le septième livre (...) s'attache à la doctrine professée par Ammonius; Plotin et Origéne et aussi Porphyre et Jamblique ainsi que leurs successeurs, selon son propos, sont nés de souche divine
(ὅσοι τῆς ἱερᾶς... γενεᾶς ἔτυχον φύντες). jusqu'à l'Athénien Plutarque, dont il dit qu'il a été le maitre qui l'a initié à une telle doctrine; tous ceux-là sont en accord avec la philosophie de Platon ramenée à son état de pureté» (trad. Henry). La Souda TI 1811 évoque une véritable succession de maitre à disciple se prolongeant d'Ammonius “Saccas” à Sópatros d'Apamée: Πλωτῖνος, Auxo-
πολίτης, ἀπὸ φιλοσόφων, μαθητὴς μὲν Ἀμμωνίου τοῦ πρῴην γενομένου caxxogópou, διδάσκαλος δὲ Ἀμελίου: οὗ Πορφύριος διήκουσε, τοῦ δὲ Ἰάμβλιχος, τοῦ δὲ Σώπατρος. On voit qu'ici (comme en II 2098) Amélius est présenté comme un maitre de Porphyre. RICHARD GOULET.
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PORPHYRE DE TYR
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II. NOTICES DETAILLEES SUR LES PRINCIPALES ŒUVRES DE PORPHYRE Les
œuvres
sont
classées
dans
l'ordre
et
sous
les
numéros
de
la
liste
des
ouvrages de Porphyre établie plus haut. HISTOIRE PHILOSOPHIQUE
(Φιλόσοφος ἱστορία) [10] Editions et traductions. Opuscula
(édit.),
selecta, coll. BT,
Fragmente
1 A. Nauck Leipzig
der griechischen
Berlin 1929 (n? 260 F 4-30, p. 866) ; 4 A-Ph. Segonds, «Les des Places (édit.), Porphyre. 1982, p. 163-197; 5 A. Smith
(édit.), Porphyrii Philosophi Platonici
1886, réimpr.
Historiker.
Hildesheim
Zweiter
1963;
2 F. Jacoby
Teil. Zeitgeschichte.
B,
1207-1213); 3 D. Kommentar, Berlin 1930 (p. 863fragments de l'Histoire de la Philosophie », dans É. Vie de Pythagore. Lettre à Marcella, ΟΕ, Paris (édit.), Porphyrii philosophi Fragmenta, coll. BT,
Stuttgart/Leipzig 1993; 6 A. R. Sodano (édit.), Porfirio. Storia della filosofia (Frammenti), coll. « Testi a fronte », Milano 1997 (contient les mêmes fragments
que le recueil de Smith, mais avec une subdivision des textes, un ordre et une numérotation différents ; ajoute également quelques passages absents de l'édition de Smith). Études. 7 H. Schrader, «Zu den Fragmenten der ΦΙΛΟΣΟΦῸΣ IXTOPIA des Porphyrios bei Cyrill von Alexandria», AGPh 1, 1888, p. 359-374 ; 8 J. Bidez, Vie de Porphyre le philosophe néo-platonicien. Avec les fragments des traités Tlepi ἀγαλμάτων er De regressu animae, coll. « Université de Gand. Recueil de travaux publiés par la Faculté de Philosophie et Lettres» 43, Gand/Leipzig 1913; 9 F. Rosenthal, « Arabische Nachrichten über Zenon den Eleaten», Orientalia 6, 1937, p. 21-67 ; 10 1. Notopoulos, «Porphyry's Life of Plato», CPh 35, 1940, p. 284-293; 11 R. Beutler, art. « Porphyrios», RE XXII 1, 1953, col. 275-313; 12F. Altheim et R. Stiehl, Porphyrios und Empedokles, Tübingen 1954; 13 R. Walzer, «Porphyry and the Arabic Tradition», dans 14 Porphyre. Huit exposés suivis de discussion, coll. «Entretiens sur l'Antiquité classique» 12, Vandœuvres-Genève 1966, p. 273-297 (discussion, p. 298-299); 15 B. Croke, « Porphyry's anti-Christian Chronology », JTRS 34, 1983, p. 168-185, repris dans 16 Id. Christian Chronicles and Byzantine History, Sth-6th Centuries, coll. « Collected Studies Series» 386, Aldershot 1992, p. 168-185; 17 M. Smith, «A Hidden Use of Porphyry's History of Philosophy in Eusebius' Preparatio Evan-
gelica», JThS 39, 1988, p. 494-504 ; 18 S. Kohlschitter. « Parmenides and Empedocles in Porphyry's “History of Philosophy" », Hermathena 150, 1991, p. 43-53; 19 G. C. Hansen, « Porphyrios über Sokrates», Philologus 138, 1994, p. 264-266 ; 20 D. De Smet, Empedocles
Arabus.
Une lecture néoplatonicienne
tardive, coll.
« Verhandelingen van de Koninklijke Academie voor Wetenschappen, Letteren en Schone Kunsten van Belgie, Klasse der Letteren» Jaargang Brussels 1998; 21 A.J. Carriker, The Library of Eusebius
«Supplements
to
Vigiliae
Christianae»
67,
Leiden
2003;
60, 1998, Nt 165. of Caesarea. coll.
22
M.
Zambon,
P 263
PORPHYRE
DE TYR
1327
« Porfirio biografo di filosofi», dans 23 A. Monaci Castagno (édit.), La biografia di Origene fra storia e agiografia. Atti del VI Convegno di Studi del Gruppo italiano di ricerca su Origene e la tradizione alessandrina. (Torino 11-13 settembre 2002), coll. «Biblioteca di Adamantius » I, Verucchio 2004, p. 117-142. 24 E.
Cottrell, « Notes sur quelques-uns des témoignages médiévaux relatifs à l' Histoire Philosophique (ἡ φιλόσοφος ἱστορία) de Porphyre », dans A. Akasoy et W. Raven (édit.), Islamic
Thought
in the Middle Ages.
Studies
in Text, Transmission
and
Translation in Honour of Hans Daiber, coll. «Islamic Philosophy, Theology and Science » 75, Leiden 2008, p. 523-555. Comme de nombreuses œuvres de Porphyre. l' Histoire philosophique n'a survécu que dans un petit nombre de fragments et de témoignages ; les plus anciens proviennent de deux auteurs chrétiens du V* siécle: Cyrille d'Alexandrie (cf. Schrader 7) et Théodoret de Cyr. Dans leur sélection des passages à citer, ces auteurs furent guidés par leurs propres objectifs polémiques et apologétiques par rapport à Porphyre et à la culture philosophique grecque dans son ensemble; il faut tenir compte de ce fait dans l'évaluation des témoignages qu'ils ont transmis. Un fragment provenant du premier livre de l'ouvrage est cité également dans la premiere partie de la Chronique d'Eusébe de Césarée (Smith 5, 200 F) à cause de l'information qu'il contient concernant la période écoulée entre la chute de Troie et la première Olympiade. Il s'agit toutefois de l'unique citation explicite qui se trouve dans l’œuvre d'Eusébe et aussi du seul témoignage relatif à l' Histoire philosophique antérieur au V* siècle. Smith 17 croit cependant retrouver dans l' Histoire la source directe de toute une série de passages de la Préparation évangélique d’Eusebe (X 14, 12; XIV 3,7;4,16; 14,9; 19, 9-10) qui contiennent des citations d'Anaxagore, Démocrite, Métrodore de Chios, Protagoras, ainsi que des allusions à l’Académie sous Philon de Larisse et Antiochus d'Ascalon. Il s'agit dans tous les cas d'auteurs qu'Eusébe ne connaissait probablement pas de première main, ce qui amène Smith à penser qu’Eus£be les a trouvés mentionnés dans l'Histoire philosophique. Sodano 6, p. 131-141, a conservé les passages suggérés par Smith 17, en les retenant comme « frammenti dubbi » dans le cadre d'un appendice, et a formulé un jugement prudent concernant leur attribution à l'Histoire de Porphyre: «la verisimiglianza dell'ipotesi non & del tutto improbabile» (p.132). De méme, Carriker 21, p. 115, estime qu'Eusébe connaissait l'Histoire philosophique dans son intégralité et qu'il l'a utilisée aussi bien dans sa Chronique que dans les Chronici canones. Des biographies des sages et des philosophes qui faisaient partie de l'Histoire philosophique n'a été conservée quasi intégralement aujourd'hui que la Vie de Pythagore (voir p. 1333-1335), qui a dü faire l'objet assez rapidement d'une diffusion indépendante du reste de l'ouvrage. La raison pourrait en être l'intérét particulier que les platoniciens aprés Plotin portaient à Pythagore ou bien encore l'ampleur et l'exhaustivité que présentait cette biographie par rapport aux autres qui faisaient partie de l' Histoire philosophique : cf. 25 A. R. Sodano et G. Girgenti (édit.), Porfirio, Vita di Pitagora, coll. « Testi a fronte» 68, Milano 1998, p. 39.
1328
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Segonds 4, p. 171, signale que dans la littérature arabe la seule biographie complete dont on ait la trace pour l'Histoire philosophique est de méme la Vie de Pythagore, ce qui confirmerait que l'ouvrage connut dans cet environnement culturel également une diffusion distincte de celle du reste de l'ouvrage. L'Histoire philosophique a cependant été également connue, du moins en partie, dans le monde islamique par d'autres textes que la Vie de Pythagore: cf. Walzer 13, p. 282-283; Segonds 4, p. 169-176; Sodano 6, p. 12-14; 26 C. D'Ancona, «Le traduzioni di opere greche e la formazione del corpus filosofico arabo», dans 27 Ead. (édit.), Storia della filosofia nell'Islam medievale, I, coll. « Piccola biblioteca Einaudi » 285, Torino 2005, p. 217-218 et Cottrell 24. Au X* siècle, Ibn al-Nadim, dans son Kiräb al-Fihrist, mentionne parmi les œuvres du philosophe, dans le cadre de la notice qu'il consacre à Porphyre, un «Livre des vies des philosophes », dont il dit avoir vu la quatriéme partie dans une traduction syriaque (le texte est cité dans Smith 5, 194a T ; cf. aussi Segonds 4, p. 169). Un second passage du Fihrist a suscité un débat parmi les spécialistes: il s'agit d'un passage dans lequel Thalés est signalé comme le premier des philosophes et cette information aurait été contenue dans un livre de Porphyre, «la Chronique (alta'rikh), qui était en syriaque» (Jacoby 2, n. 260 F la). Il s'agirait de la plus ancienne référence à une Chronique qu'aurait composée Porphyre (bien que dans le catalogue de ses œuvres conservé dans la Souda on ne trouve aucun ouvrage portant ce titre : IV, p. 178, 14-179, 2 Adler = Smith 5, 2 T). La notice sur Thalès pourrait cependant, selon Croke 15, avoir été tirée de la version syriaque de l' Histoire philosophique et non d'un autre ouvrage chronologique de Porphyre non attesté par ailleurs (les arguments de Croke sont résumés et complétés par 28 T. D. Barnes, « Scholarship or Propaganda? Porphyry's Against the Christians and Its Historical Setting», BICS 39, 1994, p. 55-57). A la suite de la suggestion de Croke 15, aussi bien Smith 5 que Sodano 6 ont inclus le passage du Fihrist sur Thalès dans leurs recueils des fragments de l'Histoire philosophique (Smith 5, 194b F = Sodano 6, test. 3, p. 7); Segonds 4, p. 169, considérait cependant que le passage avait été correctement rapporté à la Chronique de Porphyre par F. Jacoby.
Rosenthal 9, p. 39, a pensé que l'on pourrait attribuer à l'ouvrage de Porphyre les vies de Zénon d'Élée et de Solon que l'on trouve dans le Liber philosophorum moralium antiquorum, composé vers la fin du XI* siècle par Abü-l-Wafa’ alMubastir ibn Fätik (voir le texte, la traduction italienne et le commentaire de la vie de Zénon dans Sodano 6, p. 142-153). De fait, un épisode rapporté dans la biographie de Solon trouve un paralléle dans un passage du premier livre de l'Histoire
philosophique cité par Cyrille d' Alexandrie (il s'agit de l'épisode du trépied en or: cf. Smith 5, 203-203a F ; Segonds 4, p. 170-171). Notopoulos 10 rattache au livre IV de l'Histoire philosophique les informations relatives à la vie de Platon rapportée par Barhebraeus dans son Chronicon Syriacum (voir la traduction italienne du texte dans Sodano 6, p. 101-103). Altheim et Stiehl 12 croient reconnaître dans l'Histoire de Porphyre une des sources utilisées par al-Sahrastàni pour rédiger la section relative aux philosophes grecs dans son Liber sectarum. Segonds
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4. p. 172-176, tout en admettant que l'auteur persan dépendait vraisemblablement d'au moins une source néoplatonicienne, conclut en recommandant un « prudent scepticisme», cette position est partagée par 29 J. Jolivet, «Les philosophes de Sahrastäni»,
dans
30
Shahrastani.
Livre
des
religions
et des
sectes,
édité
par
J. Jolivet et G. Monnot, t.II, Leuven 1993, p. 31. Malgré cela, Smith 5, édite comme fragments 204-205 deux extraits de l'ouvrage de Sahrastàni concernant Homére, Thalés et Anaxagore, rappelant en note l'opinion d'Altheim et Stiehl 12 à propos de leur possible dépendance par rapport à l'Histoire de Porphyre. Kohlschitter 18 suggére de méme une source néoplatonicienne dépendant, en dernière analyse, de Porphyre ; selon De Smet 20, la source d'al-Sahrastàni serait plutôt l'ouvrage doxographique du pseudo-Ammonius (®»A 142). On peut déduire du témoignage de la Souda (t. IV, p. 178, 22-23 Adler = Smith 5, 193 T ; cf. aussi 194a T) que l'ouvrage était divisé en quatre livres, dont il est possible de reconstituer le contenu de facon au moins approximative. Nous apprenons par le Contra lulianum de Cyrille d'Alexandrie que la Vie de Pythagore faisait partie du premier livre de l'ouvrage et que l'écrivain ecclésiastique ne la connaissait pas encore comme
un ouvrage
indépendant (Smith 5, 207-207a F et
Segonds 4, p. 163). Le premier livre devait contenir, à cóté de développements sur des problémes de chronologie (Smith 5, 200-200a F), des notices sur les Sept Sages (Smith 5, 203-203a F). Il est possible que d'autres références à l'Histoire que
l'on rencontre
dans
les sources en rapport
avec Homère,
Hésiode, Thalès,
Phérécyde et Anaxagore (Smith 5, 201-202; 204-206 F), concernent le premier livre, mais il n'y a aucune indication explicite en ce sens. Si l'on tient compte de
l'ampleur de la Vie de Pythagore, i| est évidemment impossible que tous les auteurs mentionnés par Porphyre dans ce premier livre aient fait l'objet d'un traitement aussi développé. Dans le troisiéme livre était contenue la biographie de Socrate (cf. Smith 5, 212 F = Sodano 6, fr. XII; Cyr., C. Jul. VI 208), dont on trouve quelques extraits chez Cyrille d' Alexandrie et Théodoret de Cyr, bien que ce dernier se soit contenté de citer des détails biographiques qui permettaient de dénigrer le philosophe, en laissant de cóté toute référence à l'enseignement de
Socrate (Smith 5, 211-217 F ; Hansen 19). Le quatrième livre contenait la biographie de Platon (Smith 5, 220-221; 223 F = Sodano 6, fr. XIX-XX ; XXII; Cyr., C. Iul. 143. 45; VIII 271), qui concluait également l'ensemble de l'ouvrage (Smith 5, 198 T = Sodano 6, p. 8; Eunape, V. soph. II 1, p. 2, 14-18 Giangrande). Il est probable que Porphyre avait également traité d'autres auteurs que ceux qui sont mentionnés dans les sources : une notice de la Souda relative à Empédocle renvoie ainsi à l'Histoire philosophique, mais sans indiquer dans quel livre Porphyre en parlait (II, p. 258, 7-9 Adler = Smith 5, 208 F = Sodano 6, fr. VIII; dans une note sur ce fragment, Sodano 6, p. 61-63, signale un passage du Liber sectarum d'alSahrastäni que Altheim et Stiehl 12, p. 29-38, font dépendre de Porphyre). On peut supposer que cette notice se trouvait dans le deuxiéme livre (Segonds 4, p. 165; Smith 5 et Sodano 6 placent le fragment dans le livre II de façon hypothétique). Il est encore moins certain que le livre II ait accueilli également une biographie de
1330
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Gorgias. comme on l'a supposé à partir d'une mention par la Souda de la chronologie que fournissait Porphyre pour le philosophe sicilien (1, p. 535, 26-28 Adler = Smith 5, 209 F). On ignore à quelle période de la production de Porphyre il faut situer l'Histoire philosophique. Si l'on part du présupposé que l'ouvrage a été conçu et rédigé à une méme époque de sa vie, le caractére nettement néoplatonicien des fragments relatifs à la Vita Platonis, transmis par le Contra Iulianum de Cyrille d'Alexandrie (Smith 5, 220-223 F), suggére une date de composition postérieure à la rencontre de Porphyre avec Plotin (263). C'est là l'opinion de Beutler 11, col. 287 ; Segonds 4, p. 166; Sodano 6. p. 12. 31 É. des Places (édit.), Porphyre.
Vie de Pythagore.
Lettre à Marcella, CUF, Paris 1982, p. 10, opte pour une datation antérieure à la rencontre avec Plotin, mais sans justifier cette prise de position. Une datation antérieure à la rencontre avec Plotin et contemporaine du séjour de Porphyre à Athénes auprés de Longin a été soutenue également, bien qu'en des termes plutót prudents, par Bidez 8, p. 34, à partir de la constatation que le platonisme attesté par les fragments concernant la doctrine platonicienne cités par Cyrille d'Alexandrie ne correspondent pas à la doctrine plotinienne (cf. Smith 5, 221 F et Segonds 4, p. 190-191. qui dément l'impression de Bidez). Segonds 4, p. 166, tente de mieux préciser la chronologie de l'ouvrage, en faisant remarquer que le systéme chronologique présupposé par le fragment Smith 5, 200 F (tiré du livre I) doit étre mis en relation avec celui de la Chronique, dont la composition remonte aux années 268270. Mais
dater l'Histoire philosophique
vers 270 à cause d'une
proximité
par
rapport à la Chronique est rendu difficile dés lors que l'on accepte les objections avancées par Croke 15 concernant l'existence de cet ouvrage, dont le contenu devrait plutót étre identifié avec le livre XII du Contra Christianos, également de date incertaine. Le peu de renseignements que l'on peut tirer des fragments et des témoignages conservés concernant le contenu et la structure de l'ouvrage doit étre complété par ce que l'on peut tirer d'un examen de la Vie de Pythagore. Cette vie, de son cóté, doit étre interprétée à partir du contexte d'ensemble et du programme philosophique dont s'est inspiré Porphyre dans sa propre reconstruction du développement de la philosophie grecque (Zambon 22). Mais on ne peut pas tenir pour établi que la biographie consacrée à Pythagore reproduisait un modele qui était également suivi de la méme facon par les autres vies incluses dans l'ouvrage (hypothese exclue notamment pour des raisons quantitatives : Segonds 4, p. 165). Ce qui apparait clairement est l'organisation chronologique de l'ouvrage et son caractére nette-
ment sélectif: si la biographie de Pythagore se trouvait dans le premier livre avec d'autres notices, si la vie de Socrate occupait le troisiéme livre et celle de Platon le
quatriéme, on peut supposer que ces deux biographies avaient également une certaine ampleur. Porphyre ne devait pas étre intéressé à produire une encyclopédie biographique des philosophes grecs, mais plutót à fournir un «canon » des auteurs. A partir des anciens sages, Homère, Hésiode et les Sept Sages, en passant par Pythagore, peut-être Empédocle, et Socrate, l'Histoire arrivait à Platon et trouvait
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1331
avec lui sa conclusion, la philosophie ayant atteint avec lui la plénitude de son développement et la pleine révélation de la vérité. Ce cadre théorique bien défini et la remarquable unité interne de l'Histoire favorisent l'hypothése d'une composition unitaire de l'ouvrage, ce qui rend plausible, d'apres la doctrine des principes exposée dans les fragments déjà mentionnés tirés de Cyrille d'Alexandrie, une datation dans la vie de Porphyre postérieure à sa rencontre avec Plotin.
L'interprétation du développement de la pensée grecque comme un processus qui culmine et s'achéve dans la philosophie de Platon s'inscrit parfaitement dans la tradition platonicienne pré-plotinienne. En particulier, c'est Numénius (»*N 66) qui est l'auteur qui offre le schéma d'interprétation de l'histoire de l'école de Platon le plus proche de celui qui structure l'Histoire philosophique de Porphyre (cf. Numénius, fr. 24 des Places = Eus., P. E. XIV 4-5; 32 M. Zambon, Porphyre et le moyen-platonisme, coll. « Histoire des doctrines de l'antiquité classique » 27, Paris 2002, p. 173-190). Un siécle et demi plus tard, la méme perspective sera encore reprise, avec l'inclusion également de Plotin et de ses éléves, par Proclus dans la préface de sa Theologia Platonica (Procl., Theol. Plat. I 1, p. 5, 6-7, 8 Saffrey-Westerink ; cf. Segonds 4, p. 165). En ce qui concerne la façon dont était construite chaque partie de l'Histoire philosophique, il n'est pas possible d'établir de facon certaine, d'aprés le peu de fragments conservés, si ces parties suivaient un schéma uniforme. Il est hautement probable que la facon dont étaient traités les auteurs dépendait notamment du type de sources que Porphyre avait à sa disposition: il est clair que c'était une chose de raconter la vie et d'exposer la doctrine d'auteurs anciens et entourés de légende comme Pythagore, pour lesquels Porphyre n'avait que des témoignages biographiques indirects, et une autre chose que d'écrire sur Platon, dont il était possible de lire tous les écrits. Théodoret de Cyr nous apprend cependant que dans l' Histoire Porphyre associait au récit de la vie des philosophes l'exposition de leurs opinions (Théod., Graec. aff. 11 95; Smith 5, 195 T = Sodano 6, test. 5, p. 8): « Plutarque et Aétios enseignent les opinions des philosophes. Porphyre a entrepris le méme travail en ajoutant aux sentences des philosophes une biographie de chacun d'eux » (trad. 33 P. Canivet [édit.], Théodoret de Cyr. Thérapeutique des
maladies hélleniques, coll. SC 57, Paris 1958, p. 164). La présence d'éléments biographiques et d'éléments doxographiques peut d'ailleurs étre observée, bien que dans des proportions différentes, à la fois dans la Vie de Pyrhagore et dans les fragments relatifs à d'autres auteurs et livres de l' Histoire. Les rares informations transmises par Théodoret sur Socrate montrent, par exemple, l'attention qui était portée à certains thémes biographiques traités également dans la Vie de Pythagore: origines familiales, éducation reçue et aptitudes personnelles, tendances naturelles du caractère, influence exercée sur le personnage par la formation philosophique qu'il avait reque. Les extraits que Cyrille d' Alexandrie tirait du livre IV de l'Histoire peuvent de leur côté donner une idée du contenu doxographique des biographies: ils conservent en effet, à cóté d'un bref développement sur l'éducation reque par Platon (Smith 5, 219 F), certains
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PORPHYRE DE TYR
passages
dans lesquels Porphyre
décrivait
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la doctrine de Platon concernant
la
nature du premier principe, la procession des trois hypostases, l'interprétation de la
Lettre II pseudo-platonicienne et la génération de l'intellect (Smith 5, 220-223 F = Sodano 6, fr. XIX-XXII ; le commentaire de Segonds 4, p. 189-194, met bien en évidence
le rapport étroit que ces vues entretiennent avec
la doctrine
néoplato-
nicienne des principes). Pour ce qui est de la méthode employée afin de mettre en correspondance le caractére et la doctrine d'un philosophe. Porphyre avait recours dans l'Histoire philosophique à de nombreuses sources qui n'étaient pas nécessairement cohérentes entre elles et qui étaient parfois méme hostiles au personnage dont elles racontaient la vie (cf., par exemple, dans Smith 5, 211-215 F = Sodano 6, fr. XI-
XV, les informations biographiques sur Socrate conservées par Théodoret). L'historien ecclésiastique Socrate, sans doute frappé par cette façon de procéder de Porphyre, écrit que ce dernier « mettait en piéces la vie de Socrate, le premier des philosophes, dans l'Histoire de la philosophie propos des choses que ni Mélitos ni Anytos, osé dire» (Socr., Hist. Eccl. 11 23 = Smith 5, fragments conservés on relève des références (Smith
5, 200 F), Aristoxène
qu'il a écrite. Et il a rapporté à son les accusateurs de Socrate, auraient 210 F = Sodano 6, fr. X). Dans les à Apollodore d'Athénes [**A 244]
(**A 417), Timée, Ménédéme
de Pyrrha
[»»Μ
117]
(Smith 5, 211 ; 213 F). Porphyre ne se montre pas particuliérement préoccupé de vérifier la crédibilité historique des informations transmises par ses sources, méme s'il tient compte de leurs dispositions favorables ou hostiles à l'égard du personnage de son récit (cf. Smith 5, 212 F, à propos des souvenirs relatifs à Socrate) et s'il déclare apprécier la précision des informations qu'elles offrent. Dans V. Pyrh. 10, p. 40, 11-13 des Places 31, par exemple, il déclare ne pas vouloir omettre le
compte rendu d'Antonius Diogene (=D 137) à cause justement de son exactitude (cf. aussi 36, p. 52, 30; 56, p. 63, 5 des Places 31). Certains auteurs comme Timée et Aristoxéne, apparaissent à la fois dans les fragments des autres biographies et dans la Vie de Pythagore (pour Aristoxène: Smith 5, 211; 213 F et V. Pyth. 9. p. 40, 7; 22, p. 46, 9; 59, p. 65. 8 des Places 31; pour Timée: Smith 5, 213 F et
V. Pyth. 4, p. 38, 5 des Places 31), ce qui donne à penser que l’œuvre a fait l'objet d'une élaboration unitaire. Porphyre a composé de nombreux ouvrages qui sont en grande partie des compilations, à premiére vue pas toujours cohérentes, à partir d'une multiplicité de sources disparates ; dans ces compilations son intervention comme auteur semble avoir été limitée à la sélection et à l'organisation du matériel utilisé (cf. Jacoby 3,
p. 863; pour les sources de la Vie de Pythagore, voir l'analyse philologique de Sodano 6, p.40-123). On peut penser à des écrits importants comme le De abstinentia et les Sententiae,
qui
sont en grande
partie construits
par Porphyre
gráce à l'utilisation d'ouvrages différents (une observation semblable pourrait valoir également pour le Contra Christianos, si nous disposions de fragments plus nombreux et plus étendus de cet ouvrage). Cette méthode n'empéchait pas Porphyre de proposer une interprétation personnelle du platonisme, mais celle-ci
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ne peut étre reconstruite que si l'on examine l'architecture d'ensemble du discours élaboré à partir de ce matériel qui n'était pas original; et cette opération est aujourd'hui possible uniquement pour la Vie de Pyrhagore. Notice traduite de l'italien par R. Goulet.
MARCO ZAMBON.
VIE DE PYTHAGORE (Bloc Πυθαγόρου) [59] Éditions. 1 A. Nauck (edit.), Porphvrii philosophi platonici opuscula selecta, coll. BT, 2° éd., Leipzig 1886, reimpr. Hildesheim 1963, p. 17-52; 2 Ed. des Places (édit.) Porphyre, Vie de Pythagore. Lettre à Marcella. Avec un appendice d'A .-Ph. Segonds, CUF, Paris 1982, p. 9-86, avec un index verborum, p. 67-84. Traductions. Depuis l'édition des Places qui ne signalait que des traductions latines anciennes, ont paru plusieurs traductions en langues modemes. En anglais: par Morton Smith dans 3 M. Hadas et M. Smith, Heroes and gods. Spiritual biographies in antiquity, coll. « Religious perspectives» 13. New York (1965] p. 105-128; par K.S. Guthrie, dans 4 D. R Fideler, The Pythagorean sourcebook and library, p. 123-136. En espagnol: 5 M. Periago Lorente (édit.), Porfirio, Vida de Pitágoras. Argonáuticas órficas. Himnos órficos. Introd., trad. & notas, coll. « Bibl. clás. Gredos » 104, Madrid
1987, p. 1-161 ; 6 /d. et J. Igäl (édit.), Porfirio,
Vida de Pitágoras. Vida de Plotino - Argonduticas — Himnos órficos, coll. «Los clásicos de Grecia y Roma» 64, Barcelona 1996. En frangais: Des Places 2; partielle dans 7 A. Hasnaoui, Pythagore : un dieu parmi les hommes, coll. « Aux sources de la tradition » Paris 2002. En grec
moderne : 8 Konstantinos Makris (édit.), Πορφυρίου Πυθαγόρου βίος. Eioaywyr, ueráopaor, σχύλια, coll. « Ysteri archaiotita » 6, Athina 2001, 384 p. (avec le texte original en regard). En italien: dans 9 G. Pesenti, Pitagora. I Versi aurei, Lanciano 1913, p. 47-84 ; 10 A. R. Sodano et G. Girgenti (édit.), Porfirio. Vita di Pitagora. In appendice la versione araba della vita di Pitagora di Ibn Abi Usabi'a, coll. « Testi a fronte» 68, Milano 1998; 11 M. Giangiulio, Pitagora : Le opere e le testimonianze, coll. « Classici greci e latini — testo a fronte », Milano 2000, t. IL. En polonais : dans 12 Porfiriusz, Jamblich, Anonim : Zvwoty Pitagorasa, przelozyla, wstepem oraz przypisami opatrzyla J. Gajda-Krynicka, Wroklaw 1993. En roumain: 13 Porphyrios, Viaja lui Pitagora. Viaça lui Plotin. In romäneste de Adelina Piatkowski, Cristian Bädilita si Cristian Gaspar. Editie ingrijitá de Cristian Bädilita, coll. « Plural Clasic », lagi 1998. La V. Pyth. waduite par C. Bädilita, se trouve aux p. 39-88 (avec des notes et une courte bibliographie) ; avec une introduction, p. 33-38. En russe: 14 M. L. Gasparov, 1986 (avec la Vie de Plotin).
Commentaires. Voir notamment Sodano et Girgenti 10; Makris 8. L'édition des Places 2 avait été précédée d'une étude de la tradition manuscrite, de la traduction indirecte et de l'histoire des éditions par 15 Ed. des Places, «Le texte de la Vie de Pythagore de Porphyre », ICS 6, 1981. p. 175-181. Le texte est transmis par divers manuscrits, mais le Bodleianus Auct. T 4, 13 (B). de la fin du XI* s. ou du début du XII, est la source de tous les autres, qui reproduisent ses lacunes et s'interrompent comme lui « au milieu d'une phrase, sur le mot ἱστοροῦσι » (des Places 2, p. 18). Quelques scholies, peut-étre dues à Aréthas, «qui semblaient plus intéressantes » ont été imprimées par des Places 2, p. 33-34. Sur les éditions antérieures, voir Nauck 1, p. VII-Vill, et des Places 2, p. 24-26. L'ouvrage est transmis sous le nom de « Malchus ou Basileus » (mal traduit par des Places: « de Malchus ou du roi ». Il ne faudrait pas en conclure que l'ouvrage aurait été composé avant
1334
PORPHYRE DETYR
P 263
que Malchus prenne le nom de Porphyre : c'est plutöt un copiste érudit qui a voulu montrer qu'il connaissait les informations fournies par la V. Plot. sur les différents noms portés par Porphyre. Voir supra, p. 1291-1292.
Cette Vie appartenait, d'aprés deux témoignages du Contra Iulianum de Cyrille
d'Alexandrie, au premier livre de la Philosophos historia, ouvrage que des Places (p. 10) date « vraisemblablement de l'époque athénienne» de Porphyre (comme déjà Wolff et Bidez), mais que Segonds (p. 166 de la méme édition) situe aprés l'arrivée de Porphyre dans l'école de Plotin à Rome en 264, à cause de traits doctrinaux plotiniens présents dans l'ouvrage. Une section sur les sept Sages pouvait également figurer dans ce premier livre. La Vie de Pythagore a connu une tradition manuscrite séparée. Concernant la place de cette biographie dans l'ensemble de la Philosophos Historia, on se reportera à la notice de Marco Zambon, supra, p. 1326-1333. Analyse dans 16 Gr. Staab, Pythagoras in der Spátantike : Studien zu De vita
Pythagorica des lamblichos von Chalcis, coll. « Beiträge zur Altertumskunde » 165, Stuttgart 2002, p. 109-134) Porphyre s'attache à exposer les opinions et les enseignements de Pythagore.
Une bréve doxographie se lit en 19, une série de sentences pythagoriciennes en 3940 (παρήνει δὲ xai τοιάδε), de «symboles » (transmis par Aristote ?) en 41, d'un «autre genre de symboles » (ou akousmata) en 42-43, une explication de l'abstinence des féves en 44, un exposé de sa philosophie en 46-47, un développement sur la théorie des nombres (emprunté à Modératus de Gadès [»»Μ 186]?) en 4852. Pour un commentaire exhaustif sur les symboles des paragraphes 36-45, voir
17 A. Hüffmeier, Die pvthagoreischen Sprüche in Porphyrios' Vita Pythagorae Kapitel 36 (Ende) bis 45: Einführung,
Übersetzung,
Diss. Münster
version
2001
(dir. M.
Baltes);
Parallelen und Kommentar,
électronique : N 8) comme un des maîtres d'Épicure (D. L. X 13 = Wehrli 1, fr. 5), à moins qu'il s'agisse d'un autre personnage [»+P 276] (cf. 14 W. Aly, art. « Praxiphanes » 2, RE XXII 2, 1954, col. 1784; 15 A. Laks, «Édition critique et commentée
de la “Vie d'Épicure" dans Diogène Laërce [X, 1-34] », dans Études
sur l'Épicurisme antique, coll. «Cahiers de philologie » 1, Lille 1976, p. 66-68). Un témoignage isolé (Wehrli 1, fr. 6) nomme encore un éléve de Praxiphane en la personne d'un certain Platon (#+P 194), inconnu par ailleurs. On lit encore parfois que Praxiphane avait comme disciples Aratos de Soles (**A 298) et Callimaque (»C 22); cette filiation repose sur une mauvaise interprétation des fr. 16 et 17 de Wehrli
1 (cf. Brink 2, p. 12-13;
16 J. Martin
[édit.], Aratos,
Phénomènes,
texte
établi, traduit et commenté par J. M., CUF,t. I, Paris 1998, p. XXVII-XXVIIT). Le nom de Praxiphane figure, sous la rubrique "Péripatéticiens", à la suite de celui d' Aristote, de Théophraste et de Straton, et avant Critolaos, dans ce qui peut être une liste de scholarques conservée dans PDuke inv. G. 178 (milieu du IV* s. ap. J.-C.). Le papyrus est édité, traduit et commenté par 17 W.H. Willis et T. Dorandi dans CPF, t. I 1°, 1989, p. 81-84; les éditeurs de ce texte relèvent, entre autres, la similitude de cette succession avec celle d'Épiphane (Adversus haereses (Panarion) III, De fide [appendice à Adv. haeres.) 9, 35-39 ; cf. 18 H. Diels, Doxographi Graeci, p. 592, et fr. 2 Wehrli) et font l'hypothése que les deux textes pourraient remonter à une source commune «qui circulait dans les provinces orientales au III*/IV* s.» (ibid., p. 84). La présence de Praxiphane parmi les διάδοχοι dans une Vie d'Aristote [Vita Menagiana = Vita Hesychii, fr. 3 Wehrli] serait due à une interpolation (cf., pour le texte et le commentaire, 19 I. Düring, Aristotle in the ancient biographical tradition, Góteborg 1957, p. 80-93; l'auteur parle d'une « apocryphal list of diadochs », p. 90). Sur cette liste, énumérant dans l'ordre les successeurs d' Aristote : Théophraste. Straton, Praxitélès, Lycon, Ariston, Lyciskos, Praxiphane, Hiéronymos, Prytanis, Phormion, Critolaos, voir, en outre, 20 K.O. Brink, art. « Peripatos », RESuppl. VII, 1940, col. 908-911. L'identité de Praxiphane, fils de Dionysiphane, dans le décret de Délos, avec le péripatéticien, fils de Dionysophane, est défendue — contre Salvadori Baldascino 12, et, à sa suite, 21 T. Dorandi, «Chronology », dans K. Algra et alii, The Cambridge History of Hellenistic Philosophy, Cambridge 1999, p. 31-54, notam-
PRAXIPHANE DE MITYLENE
1512
P 277
ment p. 36 -, par 22 M. Haake, Der Philosoph in der Stadt, München 2007, sect. XVII I: p. 247-251 : «Der Peripatetiker Praxiphanes von Mytilene ». Il s'agit de noms assez rares et la variante concernant le nom du pére peut provenir d'une déformation subie dans la tradition littéraire dont dépend Clément, voire dans la tradition textuelle des Srromates.
(Euvres. A partir de maigres témoignages dispersés on peut proposer, avec plus ou moins d'hésitation, avec Wehrli 5, p. 567, les titres suivants: 1. Περὶ φιλίας (?): Sur l'amitié (fr. 7). Quelques colonnes assez mutilées d'un
papyrus d'Herculanum contenant la fin du second livre d'un traité de l'épicurien Carnéiscos (»*C 44), intitulé Philistas (cf. 23 M. Erler, GGP, Antike 4/1, p. 241243 ; »P
136), laissent entrevoir une polémique contre un ouvrage (σύγγραμμα)
de Praxiphane sur des questions relatives à l'amitié. Il n'y a peut-être pas lieu d'envisager pour cet écrit une forme dialoguée, comme le fait encore Wehrli S, p. 567 (cf. Erler 23, p. 242, col. 2). Pour l'édition des fragments de ce texte, il faut consulter Capasso 9, avec les développements sur le contenu de la polémique, p. 56-82 ; on peut toujours utiliser avec profit, pour son commentaire, Crónert 7. 2. Περὶ ποιητῶν: Sur les poétes (fr. 11; 11-17?). Il s'agissait apparemment d'un dialogue oü s'entretenaient Platon et Isocrate. Selon le témoignage de Diogene Laérce, Praxiphane serait l'auteur d'une conversation entre Platon et son ami Isocrate (»*] 38) sur les poètes (διατριβήν τινα περὶ ποιητῶν D. L. III 8).
3. Περὶ ποιημάτων : Sur la poésie (fr. 12; 11-17?). Dans son cinquiéme livre Sur la poésie, l'épicurien Philodéme mentionnait une opinion de Praxiphane figurant £v [τ]ῷ πρώτῳ περὶ ποιη[μά]των («dans le livre premier Sur la poésie» ; fr. 12 Wehrli ; pour le texte de Philodéme, il faut se référer à l'édition critique de 24 C. Mangoni [édit.], Filodemo, Il quinto libro della Poetica, edizione, traduzione
e commento, coll. «La Scuola di Epicuro» 14, Napoli 1993, col. XII, 28-33, et commentaire, p. 219). L'ouvrage comptait donc au moins deux livres. Il n'est pas exclu qu'il ne fasse qu'un avec le précédent. Par ailleurs, on peut penser que c'était cet ouvrage qu'attaquait Callimaque dans son Πρὸς Πραξιφάνην (fr. 16 Wehrli ; cf. Callimaque, fr. 460 Pfeiffer) ; sur cette polémique, cf. Brink 2, et 25 R. Pfeiffer, History of classical scholarship. From the beginning to the end of the hellenistic age, Oxford 1968, p. 135-137. 4. Περὶ ἱστορίας : Sur l'histoire (fr. 18). Dans une forme dialoguée l'ouvrage reproduit une discussion située à la cour d’Archelaos, roi de Macédoine (env. 413399), à laquelle ont pris part l'historien Thucydide et un groupe de poètes. Selon Wehrli 5, p. 568, la discussion portait peut-étre sur les mérites respectifs de l'histoire et de la poésie (cf. Arist., Poet. 9, 1451 b 5-6 et l'hypothèse de Brink 2, p. 24, selon laquelle le sujet principal de ce dialogue traitait de l'opposition entre le caractère universel de la poésie et le caractère particulier de l’histoire ; Théophraste avait lui aussi traité d'histoire [D. L. V 47: Περὶ ἱστορίας αἼ). Sur ce témoignage, voir également 26 C.J. Tuplin, «The reputation of Thucydides: a note on Praxiphanes fr. 18 », Archaiognosia 8, 1993-1994, p. 181-197.
P 278
PRAXITELES
Les «fragments»
1513
19 à 23 de Wehrli 1 indiquent tous une activité de critique
littéraire: sur le prologue du Timée
de Platon (fr. 19); sur Homère
(fr. 20-21:
Aristarque prenait la défense d'Homére contre Praxiphane); sur Hésiode (fr. 22 a-b: comme plus tard Aristarque et son contemporain Cratés de Mallos [»*C 203], Praxiphane athétisait le prélude des Travaux et des Jours [vers 1 à 10]; cf. 27 A. Pertusi, Scholia vetera in Hesiodi Opera et Dies, Milano
1955, p. 2 avec
les notes correspondantes) ; sur Sophocle (fr. 23). Les fragments sont trop rares pour qu'on puisse affirmer avec certitude que Praxiphane était l'auteur de Commentaires sur Homére, sur Hésiode ou encore sur Sophocle.
Une tradition faisait remonter au péripatéticien Praxiphane l'appellation de γραμματικός au lieu de xpırixög pour désigner, au sens habituel chez les Alexandrins, le critique littéraire (cf. fr. 8 à 10 Wehrli 1, avec le commentaire p. 108, et Pfeiffer 25, p. 157-158).
On aura noté que seul le premier ouvrage mentionné concernait une des parties traditionnelles de la philosophie, sur un sujet déjà traité par Aristote dans ses Éthiques, puis par son propre maître, Théophraste (cf. D. L. V 45: Περὶ φιλίας en trois livres). Il n'est d'ailleurs pas exclu que Praxiphane ait aussi travaillé dans le domaine des sciences de la nature, comme on pourrait l'induire du témoignage isolé d'Épiphane (fr. 2 Wehrli) relevant, dans un contexte oü il s'agit de physique (cf. Adversus haereses III n? 34 [= Diels 18, p. 592 avec un jugement sévére sur Épiphane, p. 175-177 = De fide 9, 38 GCS, t. III, 2° éd. (1985), p. 508]; le texte est bien édité dans W.W. Fortenbaugh et al. (édit.), Theophrastus of Eresus, Sources for his life, thought and influence, t. I , Leiden 1992, n? 162), selon lequel « Praxiphane de Rhodes a défendu les mêmes doctrines que Théophraste » (dans la méme liste de δόξαι, on apprend que «Théophraste a défendu les mémes doctrines qu'Aristote » [ibid. n? 32] et encore que «Critolaos de Phasélis [»*C 219] a défendu
les mêmes
doctrines qu'Aristote » [ibid. n? 35]). Les autres travaux de
Praxiphane, qui ont eu apparemment le plus d'écho à l'époque hellénistique et romaine, relévent de préoccupations littéraires et critiques, sans doute davantage à la facon d'Aristote qu'à celle des critiques alexandrins, comme Callimaque (Brink 2, p. 23-26 ; Pfeiffer 25, p. 136-137). JEAN-PIERRE SCHNEIDER.
278
PRAXITELES
I?
Péripatéticien, mentionné uniquement dans la Vita Hesychii (Vita Menagiana)
9, comme successeur de Straton de Lampsaque à la téte du Lycée ; ce témoignage isolé, généralement considéré comme peu fiable, contredit ce que nous apprend le
testament de Straton, selon lequel, le scholarque laissait l'école à Lycon (**L 83), «puisque, parmi les autres [disciples], les uns étaient trop ágés, les autres manquaient de loisir» (D. L. V 62). Cf. 1 I. Düring, Aristotle in the ancient biographical tradition, Göteborg 1957, p. 82 (texte) et p. 90 (commentaire). Pour cette “liste apocryphe de diadoques", Düring se contente de renvoyer à 2 K.O. Brink [non pas Brunck !], art. « Peri-
1514
PRAXITELES
patos », RESuppl. succession
Howald, Hermes
VII, 1940, col. 908-911
des scholarques
«Das 55,
selon
1920,
p. 69-98,
en
(voir en particulier le tableau de la
les divers
Philosophiegeschichtliche particulier
P 278
témoignages,
Compendium p.
91; mémes
Lynch, Aristotle's School, p.140 n. 12. 5 T. d'Aristote», SCO 52, 2006, p. 87-106, renvoie,
p. 909-910)
des
Areios
références
et à 3 E.
Didymos », dans
4 J. P.
Dorandi, «La Vita Hesychii p. 103, à 6 G. Lippold, art.
« Praxiteles» 6, RE XXII 2, 1954, col. 1808 (il s'agit du sculpteur, différent par ailleurs du sculpteur renommé du siécle précédent, qui est mentionné dans le testament de Théophraste (D. L. V 52) et à qui le scholarque avait commandé une statue de Nicomaque, le fils d' Aristote ; l'auteur me signale qu'il y a probablement
eu dans la Vita une confusion avec ce personnage). Dans la Vita Hesychii, la liste se présente de la façon suivante: Théophraste, Straton, Praxitélés (Πραξιτέλης), Lycon, Ariston, Lvciscos, Praxiphanes, Hiéronvmos,
Prytanis, Phormion, Crito-
laos (les italiques signalent les noms exclus par Brink de la succession). Il y a donc de fortes présomptions pour qu'il s'agisse, comme pour d'autres noms de cette liste, d'un scholarque fantóme. JEAN-PIERRE SCHNEIDER.
279
PRISCIANUS
RES
PLREI:2
IV
Enseignant de philosophie, ami de Symmaque, lequel intervient en sa faveur aupres du préfet du prétoire de Gaule Himérius ; il déclare à son propos que «sa science et sa vertu doivent (le) placer parmi les premiers de nos philosophes » (Symmaque, Lettre 1,79). PIERRE MARAVAL.
280
PRISCIEN DE LYDIE
RE 9
fl. 529-532
Philosophe et commentateur néoplatonicien.
I. Biographie. L'unique détail biographique certain est le fait qu'aprés la fermeture de l'école néoplatonicienne d'Athénes en 529 Priscien partit s'installer, avec Damascius (**D 3), Simplicius et quatre autres philosophes moins connus, à la cour du Roi des Perses Chosroès [®»C 113] (Agathias, Hist. II 30-31 ; sur ce voyage, voir les explications détaillées de 1 Ph. Hoffmann, notice « Damascius »
D 3, DPhA 1]. 1994, p. 541-593, notamment p. 559-563 ; selon 2 E. Watts, « Justinian, Malalas, and the End of the Athenian
Philosophical Teaching
in A.D. 529»,
JRS 94, 2004, p. 168-182, ils ne se seraient pas mis en route avant 531) ; son séjour en Perse est également attesté par les Solutiones ad Chosroem (voir plus bas). Auparavant il avait fort probablement été actif au sein de l'école d'Athénes (voir cependant les remarques de 3 C. Steel, The Changing Self. A Study on the Soul in Later Neoplatonism. lamblichus, Damascius and Priscianus, coll. « Verhandlingen van de Koninklijke Academie voor Wetenschappen, Letteren en Schone Kunsten
van Belgie, Klasse der Letteren» 40, Brussel 1978, p. 159, et 4 M. Perkams, « Priscian of Lydia. commentator on the De anima in the tradition of lamblichus »,
P 280
PRISCIEN DE LYDIE
1515
Mnemosyne 58, 2005, p. 510-530, notamment, p. 527-529). Une scholie byzantine (Parisinus Coisl. 387, f. 153-154) le présente comme
un commentateur de Platon
et rapporte qu'il aurait fait l'objet de critiques de la part de Jean Philopon (2+P 164) ; cette dernière information pourrait toutefois reposer sur une corruption textuelle du nom de Proclus (le passage est cité par 5 J. Whittaker, « Parisinus Graecus 1962 and Albinus », Phoenix 28, 1974, p. 320-354 et 450-456, en particulier p. 456 n. 29; Steel 3, p. 7 n. 4). D'autres détails sur la carriére de Priscien ne
peuvent étre déduits que par conjecture. Il était manifestement originaire de Lydie en Ásie mineure. Un séjour d'études à Alexandrie était habituel pour les néoplatoniciens de l'époque, mais il n'est pas attesté de facon certaine dans le cas de Priscien. D'aprés Agathias les sept philosophes seraient revenus de Perse dans l'Empire Romain; en quel endroit Priscien se serait alors installé, il n'est pas possible de le déterminer de fagon certaine, pas plus que les autres détails biographiques de la derniére période de sa vie. Agathias rapporte que les philosophes seraient revenus dans leur patrie (ἐς τὰ σφέτερα ἤθη), où ils auraient vécu en paix.
Damascius, on le sait, séjournait en Syrie en 538 (cf. Hoffmann 1, p. 590 sq.) et il est possible que les autres philosophes l'aient accompagné (c'est l'hypothese de 6 P. Golitsis, Les commentaires de Simplicius et de Jean Philopon à la Physique
d'Aristote. Tradition et innovation, coll. Byzantina.
Quellen
und
Studien»
3,
« Commentaria in Aristotelem Graeca et Berlin/New
York
2008,
21
sg.):
il est
également possible que Priscien soit revenu dans sa province d'origine en Lydie (cf. 7 E. Watts, «Where to live the philosophical life in the 6th century ? Damascius, Simplicius, and the Return from Persia », GRBS 45, 2005, p. 285-315). Il n'y a aucune indication claire permettant de rattacher Priscien à la ville de Harran dans le Nord de la Mésopotamie, rattachement qui n'est méme pas établi dans le cas de Simplicius (cf. 8 C. Luna, compte rendu de 9 R. Thiel, Simplikios und das Ende der neuplatonischen Schule in Athen, Stuttgart 1999, dans Mnemosyne 54, 2001, p. 482-504 ; bibliographie détaillée sur la question dans Hoffmann 1, p. 562; voir maintenant 10 I. Hadot, « Dans quel lieu le néoplatonicien Simplicius a-t-il fondé son école de mathématiques, et oü a pu avoir lieu son entretien avec un manichéen 7», [JPT 1, 2007, p. 42-107, ainsi que sa notice « Simplicius », à paraître dans le DPhA) ; voir cependant plus bas la discussion sur la dédicace du Commentaire sur le De anima. Bien que sous le nom de Priscien
n'aient été transmis que deux petits écrits qui présentent cependant des caractéristiques assez inhabituelles, ce philosophe pourrait compter parmi les esprits les plus productifs et les plus originaux du néoplatonisme tardif, si on lui attribuait le Commentaire sur le De anima transmis sous le nom de Simplicius, car en ce cas il aurait, en plus de ce commentaire philosophique majeur, écrit des commentaires aujourd'hui perdus sur la Physique et la Métaphysique d' Aristote (voir plus bas).
La période de son activité scientifique la plus intense devrait en ce cas étre située avant 529.
1516
PRAXITELES
P 278
II. Ouvrages. (1)
Solutiones
eorum
de
quibus
dubitavit
Chosroes
Persarum
rex (Édition :
11 Prisciani Lydi quae extant, éd. ]. Bywater = Supplementum Aristotelicum Y 2,
Berlin 1886, p. 39-104). Aprés un Prologue, l'ouvrage est constitué de dix questions de Chosroés, citées apparemment littéralement dans la plupart des cas, suivies des réponses apportées par Priscien à partir de diverses sources, qui sont répertoriées de fagon explicite dans le Prologue, mais elles ne sont que partiellement identifiables dans le cours du texte, du fait que plusieurs d'entre elles sont perdues.
C'est ainsi que les trois arguments en faveur de l'immortalité de l'àme (p. 47-49 Bywater) remontent à un écrit de Proclus (#+P 292) sur le sujet, comme la tradition
arabe parallèle permet de l'établir ; 12 L. G. Westerink, « Proclus on Plato's Three Proofs of Immortality », dans Zetesis. Album amicorum door vrienden en collega's aangeboden aan E. de Strycker, Antwerpen/Utrecht 1973, p. 296-305 ; les citations tirées de Porphyre peuvent, de méme, étre confirmées par une tradition parallele: 13 H. Dórrie, Porphyrios’
“Svmmikta Zetemata"
, coll.
« Zetemata » 20, München
1959, p. 22-24. Du point de vue de l'histoire de la tradition, il est également intéressant de relever les titres fournis par Priscien pour des ouvrages aujourd'hui perdus
(Whittaker
3, 320
sq. ; Perkams
4, p. 521).
Priscien
a vraisemblablement
répondu à ces questions alors qu'il était avec ses collègues à la cour de Chosroes, mais il est également possible qu'il ait répondu à des questions écrites du Roi des Perses (cf. Hadot 9, p. 101 n. 199). L'œuvre n'est conservée que dans une traduction latine qui a probablement été faite dans l'entourage de Jean Scot Érigène, et non pas dès le VI* ou le VIT siècle (14 M.-Th. d'Alverny, «Les "Solutiones ad Chosroem" de Priscianus Lydus et Jean Scot », dans Jean Scot Érigéne et l'histoire de la philosophie. Laon 7-12 juillet 1975, coll. « Colloques CNRS » 561, Paris 1977, p. 145-160, contre l'avis de 15 M. Esposito, « Priscianus Lydus and Johannes Scottus », CR 32, 1918, p. 21-23, et 16 M. Cappuyns, Jean Scot Erigene. Sa vie, son @uvre, sa pensée, Louvain/Paris 1933, p. 148 sq.). (2) Metaphrasis in Theophrastum (Édition: Bywater 11, p. 1-37). Tel qu'il nous est parvenu, cet ouvrage consiste en deux « métaphrases » de Priscien sur des développements de Théophraste concernant la perception sensible et la phantasia, mais il s'agit sans doute en réalité d'un commentaire cursif du deuxième livre du De anima
de Théophraste
(c'est-à-dire le cinquième
livre de sa Physique ; voir
Huby 18 [cité ci-après], p. 3 n. 7); au milieu du passage section sur la phantasia et le début de la section sur lacune, qui explique le fait que le chapitre sur le noás Peut-étre Priscien a-t-il commenté l'ensemble des huit Théophraste (Bywater 11, p. VI ; 17 P. Huby, « Priscian
transmis, entre la fin de la le no&s, on constate une ne comporte pas de titre. livres de la Physique de of Lydia as evidence for
Iamblichus », dans H. J. Blumenthal et E. G. Clark (édit.), The Divine lamblichus.
Philosopher and Man of Gods, Bristol 1993, p. 5-13, notamment p. 5 sq. ; 18 Ead., Theophrastus
of Eresus.
Sources for his Life,
Writings,
Thought,
and Influence,
Commentary, vol. 4, coll. « Philosophia antiqua» 81, Leiden 1999, p.2 sq. ; des vues différentes ont été soutenues par 19 H. Usener, Analecta Theophrastea, Diss.
P 280
PRISCIEN DE LYDIE
1517
Leipzig 1858, p. 28). L’ouvage est, dans la tradition exégétique antique, le seul commentaire d'un ouvrage de Théophraste et présente déjà à ce titre une grande originalité. Du point de vue formel, on peut le caractériser comme une paraphrase fortement interprétative, sans que nous possédions pour ce type de texte des équivalents strictement comparables ; il est possible que Priscien lui-méme ait défini l'ouvrage comme un Épitomé (voir plus bas) ; il n'est pas certain en tout cas que le titre donné
par la tradition
manuscrite
à ces extraits
(Metaphrasis)
remonte
à
Priscien lui-méme. Index nominum. By water 11, p. 131-132. Index verborum. Bywater 11 (graecorum) p. 107-117 [sur 2 col.] ; (latinorum)
p. 118-128 [sur 2 col.] (avec les équivalents grecs). Voir aussi D'Alverny p. 155-158, 160.
14,
III. Priscien et le Commentaire sur le De anima édité dans les CAG XI. En 1972, Fernand
Bossier et Carlos Steel (20 « Priscianus Lydus en de /n De anima
van Pseudo (?)-Simplicius », TF 34, 1972, p. 761-822) ont proposé d'attribuer à Priscien le Commentaire sur le De anima d' Aristote transmis par les manuscrits sous le nom de Simplicius et édité dans le tome XI des Commentaria in Aristotelem Graeca. Cet ouvrage est l'unique commentaire grec sur le De anima qui soit entiérement conservé (ou du moins presque entiérement). De facon plus marquée que tous les autres commentaires contemporains sur Aristote, il explique systématiquement le texte du De anima à partir d'une théorie de l'áme néoplatonicienne, inspirée par Jamblique, qui s'avére originale et doctrinalement intéressante méme par rapport à d'autres écrits néoplatoniciens (Steel 3; 21 M. Perkams, « Aristoteles in platonischer Perspektive. Der Kommentar des Pseudo-Simplikios zu Aristoteles’ De anima », dans TabulaRasa 18, 2002, p. 34-55 ; 22 Id., « Doppelte Entelecheia. Das Menschenbild in "Simplikios" Kommentar zu Aristoteles’ De anima», Elenchos
24,
2003,
neuplatonischen
p. 57-91;
23
Id.,
Selbstbewusstsein
Kommentare
zu
Aristoteles'
De
in
anima,
der
Spätantike.
Die
coll.
«Quellen
und
Studien zur Philosophie» 85, Berlin/New York 2008, p. 149-277 et p. 284-420). La contribution du commentaire à la compréhension du texte d'Aristote est en revanche modeste (24 J. O. Urmson
[trad.], Simplicius, On Aristotle on the Soul 1,
I-2, 4, coll. ACA, London 1995, Introduction, p. 4). Le commentateur cite d'autres ouvrages qu'il avait écrits: des commentaires sur la Physique et la Métaphysique d' Aristote, ainsi qu'un Épitomé de la Physique de Théophraste, ouvrage qui devrait étre considéré comme perdu dans l'hypothése d'une attribution du Commentaire sur le De anima à Simplicius. Selon Perkams 3, p. 525-528. le développement sur les deux principes du mouvement ὑφ᾽ οὗ et καθ᾽ 6 dans le Commentaire sur le De anima montre que l'auteur connaissait déjà les explications de Damascius sur le méme sujet dans son De principiis. Comme d'autre part le commentaire ne révéle aucune familiarité avec les arguments exposés par Damascius dans son Commentaire du Parménide en faveur de la mutabilité substantielle de l'áme, alors
méme que ce sujet est pour lui d'un grand intérét (Steel 3, p. 159), on peut présumer que ce commentaire doit étre situó entre ces deux ouvrages de
1518
PRAXITELES
P 278
Damascius, qui ont été tous les deux écrits à Athénes avant 529, le De principiis devant être situé un peu avant le Commentaire sur le Parménide (25 J. Combès [édit.]. Damascius, L.G.
Westerink,
Commentaire
introduit,
du Parménide
traduit
et
annoté
de Platon,
par
J. C.,
t. I. Texte établi
CUF,
Paris
1997,
par
Intro-
duction, p. XXIII-XXVI). L'hypothése, formulée par I. Hadot 9, p. 82-84, selon laquelle le commentaire aurait été composé à Harran du fait que le commentaire de Simplicius sur le De anima aurait, selon le Fihrist, été dédié à un oriental du nom
d'Athawalis (**A 467) impliquerait qu'il ait été composé aprés 530, mais cette hypothése est grevée de plusieurs incertitudes, notamment du fait que le commentaire conservé en grec ne contient aucune trace de cette dédicace, de sorte que l'identification avec le commentaire mentionné par le Fihrist ne peut étre garantie. La suggestion de Bossier et Steel a soulevé une vive controverse qui est toujours d'actualité. Il faut partir du fait qu'entre temps le commentaire a été de facon pratiquement unanime retiré des œuvres de Simplicius (Bossier et Steel 19; 26 I. Hadot, Le probléme du néoplatonisme Alexandrin. Hiérocles et Simplicius, Paris 1978, p. 193-202 ; Urmson 24, p. 2-4 ; 27 H. J. Blumenthal, Aristotle and Neoplatonism in Late Antiquity. Interpretations of the De anima, London 1996, p. 66-71; 28 C. Steel, « The Author of the Commentary on the Soul », dans 29 P. Huby et C.Steel
[édit.],
Priscian,
P. Huby : [Simplicius],
On
Theophrastus
On Aristotle On
on
Sense-Perception,
the Soul 2, 5-12,
transl.
by
transl. by C. Steel, coll.
ACA, London 1997, p. 103-140 ; Huby 17. p. 65; 30 J. F. Finamore et J. M. Dillon [édit.], Jamblichus De anima.
Text, Translation, and Commentary,
coll. « Philo—
sophia antiqua » 92, Leiden 2002, p. 18-24 ; Perkams 22, p. 84-89) ; la seule exception est maintenant, à la suite d'anciennes réflexions de Henry Blumenthal (31 H. J. Blumenthal, « The Psychology of (?) Simplicius" Commentary on the De anima », dans 32 H. J. Blumenthal et A. C. Lloyd [édit.], Soul and the Structure of Being in Late Neoplatonism. Syrianus, Proclus, and Simplicius, Liverpool 1982, p. 73-95), Ilsetraut Hadot (33 «La doctrine de Simplicius sur l'âme raisonnable
dans le commentaire sur le Manuel d'Épictéte », dans Blumenthal et Lloyd 32, p. 46-70 ; 34 Ead., «La vie et l'œuvre de Simplicius d'après des sources grecques et arabes », dans 35 I. Hadot
[édit.], Simplicius. Sa vie, son œuvre, sa survie. Actes
du colloque international de Paris (28 Sept.-1*" Oct. 1985), coll. « Peripatoi » 15, Berlin/New
York
1987, p. 3-39, notamment
p. 23-27 ; 36 Ead.,
« Recherches
sur
les fragments du commentaire de Simplicius sur la Métaphysique d'Aristote », dans Hadot 34, p. 225-245 ; 36bis Ead. (édit.), Simplicius. Commentaire sur le Manuel d'Épictéte. Introduction et édition critique par I. H., coll. « Philosophia antiqua » 66, Leiden 1996, p. 71 sq.; 37 Ead., « Simplicius or Priscianus ? On the author of the commentary
on Aristotle's De anima (CAG
XI). A methodological
study », Mnemosyne 55, 2002. p. 159-199). En revanche on reléve des prises de position en faveur d'une attribution du commentaire à Priscien (Hadot 26, p. 193202 ; 38 J. Combes
[édit.], Damascius, Commentaire du Parménide de Platon, t. I.
Texte établi par L. G. Westerink, introduit, traduit et annoté par J. C., CUF, Paris 1986, p. XVIII n. 2; 39 G. van Riel, Pleasure and the Good Life. Plato, Aristotle,
P 280
PRISCIEN DE LYDIE
1519
and the Neoplatonists, Leiden 2000, p. 143 n. 25 ; 40 J. Dillon, notice « Iamblichos de Chalcis » I 3, DPhA III, 2000. p. 832; Golitsis 6, p. 1 sq.), alors que toute une série de savants plaident en faveur d'un auteur anonyme, qui ne serait ni Simplicius ni Priscien : Urmson 24, p. 2-4 ; Huby 17, p. 65 ; Blumenthal 27, p. 6671 ; Finamore et Dillon 30, p. 18-24). Il n'en reste pas moins que l'attribution à Priscien mérite d'étre prise au sérieux et elle a fait l'objet ces derniéres années d'argumentations développées dans un sens ou dans l'autre (Hadot 37 ; Perkams 4;
Perkams 23, p. 150-153). La question est également importante dans la mesure oü elle concerne la valeur relative de la Métaphrase de Priscien et du Commentaire
sur
le De
anima
pour
la reconstruction
du
traité
de
Jamblique
Sur
l'âme
(cf. Finamore et Dillon 30).
Dans les paragraphes qui suivent sont présentés rapidement les différents arguments que l'on peut avancer pour ou contre une attribution du commentaire à Priscien. Pour montrer que Simplicius n'est pas l'auteur de ce commentaire, plutót que de présenter les nombreux arguments qui l'ont établi (voir à ce sujet Steel 3, p. 108-125), il suffira de citer John Urmson: « Coming to this Commentary after translating the huge commentary of Simplicius on Physics 4, I was immediately convinced, after a couple of pages, that it was not by the same author » (Urmson 24, p. 2 ; dans le méme sens Finamore et Dillon 30, p. 20). I. Renvoi dans le Commentaire sur le De anima à un Épitomé de Théophraste par le méme auteur. L'attribution du Commentaire sur le De anima à Priscien repose principalement sur une autocitation de l'auteur : « J'ai exposé cela de facon plus claire dans l' Épitomé de la Physique de
Théophraste » (xal
σαφέστερόν
μοι
ταῦτα
£v
τῇ
ἐπιτομῇ
τῶν
Θεοφράστου
Φυσιχῶν
διώρισται, CAG ΧΙ, p. 136, 29). Bossier et Steel 20 ont remarqué que les trois phrases qui précédent sont un résumé succinct d'une réflexion développée que l'on trouve dans la Métaphrase de Théophraste par Priscien (CAG Suppl. 1 2, p. 12, 10-17). Le parallèle s'arrête après ce renvoi et le Commentaire sur le De anima passe à l'explication du texte (comparaison textuelle dans Bossier et Steel 20, p. 764-766 ; Perkams 4, p. 517 sq.). C'est à premiere vue une indication sans équivoque que la Métaphrase de Théophraste est identique à l'Épitomé de la Physique de Théophraste que le commentateur cite comme l'un de ses ouvrages. Quelques remarques supplémentaires rendent cette identification encore plus vraisemblable: la Physique de Théophraste n'était pas un ouvrage qui appartenait au programme d'études des néoplatoniciens tardifs. En dehors du résumé de Priscien, nous ne connaissons aucun autre commentaire antique, ne füt-ce que par le titre. Il faut ajouter que les parallèles avec le Commentaire sur le De anima se trouvent dans une partie de la Méraphrase dans laquelle Priscien expose explicitement ses propres vues (cf. p. 11, 18-20 : δίκαιον ἡμᾶς ἐπιζητῆσαι ἔτι, εἰ τῷ ὄντι κινεῖται τὸ διαφανὲς xai τίνα κίνησιν, passage auquel se rapporte directement le renvoi cité p. 12, 15); il est difficile d'admettre l'hypothése fort spéculative selon laquelle le commentateur aurait pu faire référence à un commentaire perdu sur Théophraste (comme le suppose par exemple Huby 17. p. 65), car il aurait fallu que cet hypothétique commentaire contint un excursus qui füt pratiquement identique du point de vue thématique et terminologique. De méme la supposition que les paralléles terminologiques entre le commentaire in De anima et la Métaphrase s'expliqueraient par le texte méme de Théophraste (Hadot 37, p. 179 sq.) est peu crédible, du fait que le développement de Priscien se présente comme un excursus, d'autant que les nombreux autres parallèles entre Priscien et le Commentaire sur le De anima (voir plus bas) empruntent beaucoup à Jamblique et contiennent des formules spécifiquement néoplatoniciennes qui ne peuvent remonter à Théophraste. — Il faut accorder plus de crédit à l'argument le plus répandu contre l'identification de l'Épitomé avec la Métaphrase de Priscien: Priscien n'aurait pas pu appeler sa Métaphrase une Épitomé, dans la
1520
PRAXITELES
P 278
mesure oü ce mot désigne un bref résumé d'un texte (Blumenthal 25, p. 68; Huby 17, p. 65; Finamore et Dillon 30, p. 23 ; Hadot 37, p. 180). Mais dans le cas présent, cette objection n'est pas dirimante : car le commentateur du De anima n'emploie pas le concept d'Épiromé non pas dans le sens d'un « bref résumé » ; le texte qu'il désigne ainsi devait contenir une explication de la théorie de la perception du point de vue néoplatonicien qui devait étre plus développée que ce qui est exposé dans le Commentaire sur le De anima (Bossier et Steel 20, p. 763 sq. ; Perkams 4, p. 520). En fait « Épitomé » est également employé dans l'entourage de Priscien en un autre sens : Simplicius
considére
l'Épitomé
de
Posidonios
(»*P
267)
par Géminos
(»*G
15) comme
une
« interprétation » (ἐξήγησις) de son texte (in Phys. p. 291, 21-23), et Priscien lui-méme appelle le méme ouvrage un «commentaire » (commentum) (Solut. ad Chosr., p. 42, 10 sq.; Perkams 4, p. 520-522). La désignation de la paraphrase de Priscien comme un « Épitomé » correspondrait donc à un usage linguistique attesté dans son propre entourage (pour le titre Métaphrase, voir plus haut). L'autocitation que l'on rencontre dans le Commentaire sur le De anima se rapporte donc fort probablement à l'ouvrage de Priscien qui nous est conservé et non pas à un autre texte perdu de caractere similaire. 2. Autres rapports entre la Méraphrase et le Commentaire sur le De anima. Des rapports étroits, dans le contenu et dans la langue, entre le Commentaire sur le De anima et la Métaphrase de Priscien se rencontrent également dans toute une série d'autres passages. La comparaison établie jusqu'ici entre ces textes conduit à la conclusion que la Métaphrase de Priscien est, dans ces passages encore, la source probable du Commentaire sur le De anima, car il reprend ces développements de facon condensée (comparaison textuelle: Bossier et Steel 20, p. 764-770 ; Steel 3, p. 128-134 ; Perkams 4, p. 513-519), tout comme le suggère l'aurocitation. Ce point a été mis en doute par Finamore et Dillon 30, p. 22, 268 sq., 274 sq. au vu de certains passages (in De an., p. 213 sq. || in Theophr., p. 23 sq. ; in De an., p. 131 sq. ll in Theophr., p. 9): ces passages suggéreraient plutót l'utilisation d'une source commune, qui serait le De anima de Jamblique, d'oü la Métaphrase et le Commentaire auraient extrait des vues différentes. Cette position est cependant une pure spéculation dés lors qu'il ne nous est conservé aucune source permettant de la vérifier. Au reste, le nom de Jamblique dans in De anim., p. 214, 18-20 Il in Theophr., p. 24, 1-6 apparait dans le cadre d'un paralléle entre les deux textes, si bien qu'un texte de cet auteur ne peut aucunement constituer la source commune des deux développements (Perkams 4, p. 516 sg.). Les parallèles confirment le témoignage de l'autocitation ; en tout cas, ils n'offrent aucun point d'appui pour contester que l'autocitation vise la Métaphrase de Priscien. 3. Questions terminologiques. Bien qu’l. Hadot (37, p. 199 sg.) ait raison de soutenir que certains des nombreux parallèles terminologiques entre le Commentaire et la Métaphrase s'expliquent par le théme commun traité dans les deux ouvrages et par l'influence de Jamblique plutót que par leur provenance d'un méme auteur, il se trouve pourtant des particularités linguistiques, communes aux deux textes et par ailleurs extrémernent rares, qui peuvent servir à établir que ces textes proviennent
d'un
méme
auteur:
mentionnons
le verbe ἐπεξεργάζεσθαι
(37 occurrences
pour l'ensemble de la littérature philosophique de l'antiquité, dont 13 dans le Commentaire sur le De anima et 4 dans la Metaphrase de Théophraste), l'emploi de ἵστασθαι κατὰ avec l'accusatif au sens de «se trouver à un plan donné » ou bien « être dans un état donné » (52 fois dans le Commentaire, 4 fois dans la Métaphrase), de méme que φιλοσοφεῖσθαι avec un dativus auctoris (3 fois dans le Commentaire et une fois dans la Métaphrase). 4. Problémes de contenu. L'accord doctrinal remarquable entre ces deux textes, méme si l'on tient compte du fait qu'ils proviennent d'une méme école philosophique, est reconnu aussi par les adversaires de l'attribution du Commentaire sur le De anima à Priscien (Finamore et Dillon 30,
p. 20). En ce qui concerne deux petites différences à partir desquelles argumente Huby dans la note 123 de son commentaire, dans Huby et Steel 29, p. 55, la première repose sur une incompréhension du texte de Priscien (Perkams 4, 522 sq.), tandis que l'autre se laisse tout naturellement expliquer comme une précision apportée par l'auteur à son propre point de vue (Steel 3, p. 149154).
P 280
PRISCIEN DE LYDIE
1521
5. Autres autocitations dans le commentaire sur le De anima. I. Hadot 36 a réuni une série de références à un commentaire perdu de Simplicius sur la Métaphysique, parmi lesquelles il faudrait compter également quelques aurocitations dans le Commentaire sur le De anima. A la suite d'une nouvelle recherche sur ces références effectuée par 41 M. Rashed, « Traces d'un commentaire de Simplicius sur Ia Métaphysique à Byzance », RSPT 84, 2000, p. 275-284, il semble qu'on puisse établir qu'un tel commentaire n'a jamais existé. Les autocitations du Commentaire sur le De anima peuvent se rapporter à un commentaire perdu sur la Métaphysique aussi bien de Priscien que de Simplicius.
Au total, l’autocitation du commentateur du De anima à sa propre Épitomé de Théophraste peut facilement étre mise en rapport, gráce à des arguments philologiques solides, avec la Métaphrase conservée de Priscien, ce qui est également
confirmé par l'utilisation de cet ouvrage en d'autres passages du commentaire. Les preuves avancées par Steel et Boissier en faveur de cette thése n'ont jamais été contredites de façon concluante, tandis que les objections faites à leur position peuvent
en
revanche
recevoir
une
réponse.
Finalement
on
ne
peut
opposer
à
l'attribution du commentaire à Priscien que l'hypothése fragile d'une Épitomé perdue de Théophraste; au vu des particularités doctrinales et linguistiques communes aux deux textes conservés, cette hypothése est en elle-méme problématique. Dans la mesure oü il n'existe aucune preuve positive de l'existence d'un auteur distinct de Priscien et de Simplicius, il est recommandé, dés lors qu'avec la
majorité des chercheurs on retire la paternité du commentaire à Simplicius, de considérer Priscien comme son auteur. L'attribution à Priscien du Commentaire sur le De anima, qui est historiquement parfaitement plausible du fait de l'appartenance de ce philosophe au cercle de Damascius, est en tout cas, gráce à ses trés solides bases philologiques, beaucoup mieux fondée que celle de nombreux textes antiques (par exemple l'attribution à Porphyre de l'Ad Gaurum ou du Commentaire anonyme de Turin sur le Parménide). L'auteur de la présente notice est pour sa part persuadé de la justesse de cette attribution. Compléments bibliographiques sur Priscien. Pour le commentaire sur le De
anima,
voir également
la notice «Simplicius»
(à paraitre). 42 Ch.B. Schmitt,
« Priscianus Lydus », dans F. E. Cranz et P. O. Kristeller (édit.), Catalogus trans-
lationum et commentariorum,
t. III, Washington
1976, p. 75-82 (avec la biblio-
graphie antérieure) ; 43 D. P. Taormina, « Dynamiques
de l'écriture et processus
cognitif dans le néoplatonisme (Jamblique, Plutarque d' Athénes, Priscien de Lydie et Proclus) », dans M. Dixsaut (édit.), Contre Platon, t.1: Le platonisme dévoilé, Paris 1993, p. 215-245, 44 T. Ganson, «A Puzzle concerning the Aristotelian
notion of a medium of sense-perception », dans W. W. Fortenbaugh et G. Wóhrle (édit.), On the Opuscula of Theophrastus. Akten Gertrud-Abel-Stiftung vom 19.-23. Juli 1999 in
der 3. Tagung der Karl-undTrier, coll. «Philosophie der
Antike » 14, Stuttgart 2002, p. 65-73. Traduit et adapté de l'allemand par Richard Goulet. MATTHIAS PERKAMS.
1522
281
PRISCILLIANUS
PRISCILLIANUS
P 281
RE 5
ca 345 - 385/386
Évéque d'Avila
Priscillien n'a pas écrit une œuvre philosophique mais apologétique et exégétique. C'est un riche laic aristocrate, homme cultivé au dire de Sulpice Sévére (Chron.
II 46, 2). Son œuvre témoigne en effet de sa haute naissance, de sa vie
turbulente avant sa conversion (Tract. ] 4, 8-14) et de sa culture paienne reque dans le cadre de sa formation scolaire (Tract. I 14, 5-13).
À la faveur du regain d'ascétisme dans l'Occident latin, un mouvement chrétien naît en Hispanie dans la seconde moitié du IV* siècle. Aprés sa conversion, Priscillien devient le représentant charismatique de ce courant qui se diffuse dans toute la péninsule ibérique et en Aquitaine. Le groupe de la premiere heure qui l'entoure est constitué d'hommes cultivés : le rhéteur Tibérien, dont Jérôme situe l'origine en Bétique (De uir. ill. 123) ; Latronien, un des partisans de Priscillien est qualifié par Jérôme d'«homme instruit, comparable aux anciens par son œuvre métrique » (De uir. ill. 122) ; Helpidius, rhéteur, initiateur de Priscillien à cet ascé-
tisme selon Sulpice Sévére (Chron. II 46, 1). L'évéque d'Avila s'attire l'animosité de deux évéques qui ont juré sa perte. Aprés bien des intrigues, il est condamné pour crime de magie, et exécuté sous le régne de l'empereur Maxime, à la fin de l'année 385 ou au début de 386 (voir 1 S. J. G. Sanchez, « Priscillien et priscillianisme en Hispanie », BLE 108/4, 2007, p. 483-508). Et pourtant, cet évéque est un témoin de la tradition philosophique, car il a assimilé
certaines données
de la philosophie
antique et de la culture classique.
Quant à sa formation scolaire durant sa jeunesse tumultueuse, la seule chose dont on puisse faire état est sa connaissance des auteurs latins et des idées néoplatoniciennes qui transparaissent dans son œuvre. Il n'est pas impossible de penser que Priscillien ait acquis sa formation d'abord en Bétique, puis ensuite à Bordeaux oü il compléta sa formation, entre autres, auprés de Delphidius, rhéteur gaulois, mari d'Euchrotia, qui l'accueillit dans sa propriété lors de son voyage en 381 vers l'Italie. Il n'y a aucune partie de l’œuvre conservée de Priscillien qui soit proprement d'ordre philosophique. Édition. Onze textes sans nom d'auteur (incerti auctoris opuscula patristica), de caractère principalement homilétique, ont été retrouvés à la fin du XIX“ siècle dans
un
manuscrit
(copié
vers
500
en
Italie)
de
l'Université
de
Wurzbourg.
2 G. Schepss (édit.), Priscilliani quae supersunt maximam partem nuper detexit adiectisque commentariis criticis et indicibus primus edidit Georgius Schepss accedit Orosii commonitorium
de errore Priscillianistarum et Origenistarum, coll.
CSEL 18. Wien 1889, p. 3-106. L'attribution de ces traités est encore en discussion (voir le site http://sjgsanchez free.fr): Vollmann (3 B. Vollmann, art. « Priscillianus » 5, RESuppl. XIV,
1974, col. 485-559) et Chadwick
10 (cité plus loin), aprés
bien d'autres. ont reconnu la difficulté de mesurer l'authenticité des œuvres plus ou moins attribuées au fondateur. Le premier répartit les traités entre divers auteurs
P281
PRISCILLIANUS
1523
du cercle en reconnaissant une possible attribution des trois premiers à Priscillien, tandis que le second accumule les indices en faveur d'un seul auteur qui serait le fondateur lui-même. Maria Veronese suggère trois possibilités : soit les traités sont l'œuvre d'auteurs distincts appartenant au cercle priscillien ; soit ils sont rédigés à des moments différents par un seul auteur; soit ce sont des textes interpolés et révisés ultérieurement par des rédacteurs priscillianistes, pour étre édités ensemble (4 M. Veronese, art. «Priscilliano», dans A. Di Berardino, G. Fedalto et M. Simonetti, Dizionario di Letteratura patristica, Milano 2007, p. 1021-1025). 8 S. J. G. Sanchez, Priscillien, un chrétien non conformiste. Doctrine et pratique du priscillianisme du IV* au VI* siécle, Paris 2009, p. 68-74, a montré que les trois premiers traités (libelli) auraient Priscillien comme auteur principal. Nous renvoyons à l'édition et traduction anglaise de 6 M. Conti, Priscillian of Avila. Complete Works. Introduction and Commentary, Oxford 2010, en attendant le travail de référence: 7 Priscilliani episcopi Abilensis opera omnia, Cura et studio M. Conti cum scripto historico ab A. Ferreiro adiecto, CCL, en préparation. Études d'orientation. 8 E.-Ch. Babut, Priscillien et le priscillianisme, Paris 1909; 9 B.K. Vollmann, Studien zum Priszillianismus, St.-Ottilien 1965 ; 10 H. Chadwick,
Priscillian
of Avila,
Oxford
1976;
11
A.B.J. M.
Goosen,
Achtergronden van Priscillianus' christelijke Ascese, Nijmegen 1976; 2 vol.; 12 M. V. Escribano, /glesia y Estado en el certamen priscilianista. Causa Ecclesiae y iudicium publicum, Zaragoza 1988 ; 13 V. Burrus, The Making of a Heresy : Authority,
Gender,
and
the
Priscillianist
Controversy,
Berkeley
1995;
14
M.
Barahona Simoes, Prisciliano e as tensöes religiosas do século IV, Lisboa 2002 ; 15 A. Olivares Guillem, Prisciliano a través del tiempo. Historia de los estudios sobre el priscilianismo, Madrid 2004. Les études consacrées à l'arriére-plan culturel du priscillianisme sont rares. 16 Rijk Schipper, « Le drame de l'àme: un exposé de Priscillien reconsidéré », RSLR 39, 2003, p. 3-22, a ouvert la voie en cherchant à retrouver le contexte néoplatonicien d'un fragment d'une lettre de Priscillien conservée par l'intermédiaire d'Orose. 17 Maria Veronese, «Su alcune citazioni classiche nel corpus priscillianista di Würzburg », Auctores Nostri 2, 2005, p. 219-236, a étudié les citations classiques dans les homélies (traités IV à X). Nous n'avons aucun argu-
ment décisif pour dégager dans les Traités de Wurzbourg l'influence d'un philosophe précis, mais des réminiscences culturelles nous permettent de supposer que Priscillien était marqué par le néoplatonisme de son époque. Son attitude est double : défiance, voire hostilité envers les philosophes et ouverture à la culture de son temps. Priscillien antiphilosophe Priscillien est un antiphilosophe comme ses contemporains, Ambroise de Milan (»A 132), Paulin de Nole et Grégoire d'Elvire. Comme Hilaire de Poitiers dans son De Trinitate, il utilise à deux reprises Col. 2, 8 pour mettre en garde contre la philosophie et la tradition des hommes (Tract. I 16, 6 et V 64, 24). Dans le prolo-
PRISCILLIANUS
1524
P 281
gue des Canons, il explique qu'il préfere recourir à la puissance des Ecritures pour convaincre les cœurs, plutôt que séduire par l'habileté du langage, comme le font les hérétiques. Le refus des artifices de la sagesse humaine a une visée antihérétique et reprend un argument paulinien courant chez les Péres. Priscillien évite un conflit sur les mots, en restant dans la simplicité de la foi.
Il affirme que «les études des philosophes mentent » (Tract. III 47, 22: quod philosoforum studia mentiuntur). Ambroise et Hilaire associent souvent philosophes et hérétiques dans leurs erreurs. Grégoire d'Elvire (De fide 7, 68 : uiderint philosophi, uiderint haeretici, discipuli philosophorum) fait des hérétiques des disciples des philosophes, reprenant en cela la tradition patristique attestée par Tertullien (De anima 3, 1) et Pseudo-Hippolyte (Elenchos, praef. 8). Il stigmatise les cultes solaires du paganisme justifiés par les théories néoplatoniciennes (Tract. I 16. 9-11) en affirmant que certains disent que le soleil est leur dieu et qu'ils sont un élément de cet astre. En effet, d’apres les néoplatoniciens, les
hommes participent aux dons solaires, car l'astre met dans les ámes une pure vertu élévatrice : « le soleil aussi est un dieu parce qu'il est animé, les astres aussi et nous aussi » (Plotin, Enn. V 1,2).
Au niveau cosmologique, Priscillien (Tract. V 65, 13-15 et Tract. XI 104, 17-
21) prend position contre les néoplatoniciens, qui considèrent que les choses créées deviennent des vivants liés par des liens animés (Proclus, in Tim. IV, p. 72, 4-5
Diehl). Il nie la divinité des astres (Tract. VI 78, 7). Chaque astre n'a pas une vie propre qui serait principe de mouvement. Il n'existe pas d'àme universelle en dehors de Dieu. Priscillien ne reprend pas non plus la notion stoicienne d’äme du monde, qui implique que le monde est un étre vivant doué d'áme et d'intelligence. Il affirme au contraire que si Dieu est l'áàme du monde, il est aussi indépendant de sa création. La terre ne possède pas la vie en elle-même, mais c'est la parole de Dieu qui produit la vie sur terre en faisant sortir une äme vivante. Pour Priscillien, la matière est créée par Dieu et il rejette la pensée platonicienne qui considère la
matiere incréée. Témoin de la culture néoplatonicienne Il faut prendre la mesure des emprunts de Priscillien à la culture philosophique de son époque en passant en revue la terminologie, les transpositions de certains concepts et l'imprégnation des idées néoplatoniciennes réinterprétant les grands classiques. L'évéque d'Avila utilise l'expression potestates uentorum (Tract. V 65, 2-7: « De la sorte, il [Dieu] a donné l'usage de l'air aux pouvoirs des vents ») dans le contexte de la Création, tout comme Marius Victorinus utilise l'expression au singulier dans un commentaire de l'épitre de Paul aux Éphésiens (Commentarii in
Epistulas Pauli ad Ephesios 2, 1-2). Le grand rhéteur d'origine africaine rapproche ainsi la « puissance de l'air» (potestas aeris) d' Eph. 2, 2 des vents rapides confiés à la garde d'Éole dans /'Énéide en replagant cette citation dans le contexte de la Création de Gn.
I. Selon Pierre Hadot (18 Marius Victorinus, recherche sur sa vie
P281
PRISCILLIANUS
1525
et ses œuvres, Paris 1971, p. 230), Marius Victorinus aurait commenté une partie de l'eeuvre de Virgile en rassemblant les textes virgiliens qui avaient une portée philosophique, puis en les accompagnant d'une exégése néoplatonicienne. Priscillien aurait-il lu ces commentaires sur les conseils de Grégoire d'Elvire, qui connaissait bien l’œuvre du savant lettré de Rome ? Cette expression plonge ses racines dans la culture classique des auteurs étudiés pendant le triuium: Hygin (Fab. 125, 6) rappelle que «Jupiter avait confié à Éole, fils d'Hellen, le pouvoir des vents » (Ad Aeolum Hellenis filium, cui ab loue uentorum potestas fuit tradita).
Priscillien aurait utilisé au pluriel une expression classique, influencé par l’exégèse hilarienne d' Eph. 2, 2 (19 S. J. G. Sanchez, « Priscillien et la culture antique : étude des potestates uentorum », RBen 121/1, 2011, sous presse). L'évéque d'Avila emprunte aussi à la culture de son époque des concepts profanes en les transposant : le diuinum genus et le spiritus uitae. 1] rapproche la parole de Paul en Ac. 17, 28 de la référence virgilienne du diuinum genus afin de christianiser une formule paienne (Tract. VI 73, 7 ; X 93, 16; X 98, 16). Ces trois
citations laissent entendre que l'àme de l'homme, avant de s'incarner dans un corps, provient de la nature divine. L'idée sous-jacente pourrait bien étre celle de la préexistence des ámes: oü Priscillien pourrait-il puiser ce théme origéniste ? Notons que Marius Victorinus exploite le méme théme dans son commentaire de l'épitre aux Éphésiens (Commentarii..., 1, 4). En étant racheté par Christ, l'homme est ramené à sa nature originelle qui provient de Dieu. Il n'est pas impossible de suggérer que Priscillien ait été en contact avec les idées de Marius Victorinus. Nous ne concluons pas qu'il a lu le commentaire de l'épitre aux Éphésiens de Marius Victorinus, mais plus vraisemblablement un commentaire de l’Énéide de ce dernier, qui ne nous est pas parvenu. Virgile utilise beaucoup le vocable genus pour désigner les filiations divines (En. IV 12; V 45; VI 792) ; en En. VI 731, il explique que les hommes sont porteurs d'une empreinte céleste et que cette vigueur est atténuée par la matiere des corps. Les éléments de l'áme contractent des souillures par l'impureté de la matiére. Le christianisme
donne
un sens neuf au genus
virgilien en transposant
cette image dans le contexte de Ac. 17, 28. Priscillien est influencé par les lettrés du IV* siécle (Lactance, Hilaire, Jéróme, Paulin de Nole) qui concilient citations
virgiliennes et références bibliques. Sa connaissance directe de Virgile semble normale pour un aristocrate imprégné par les auteurs classiques : toutes les allusions virgiliennes ne sont donc pas seulement médiatisées par les citations hilariennes. Priscillien a pu connaitre certains détails de l’œuvre de Marius Victorinus,
qui avait cherché dans les expressions de Virgile une illustration des doctrines se rapportant à la destinée de l’äme. Ces résonances virgiliennes dans les Traités de Wurzbourg sont suffisantes pour suggérer l'influence des références classiques et de la culture philosophique scolaire du IV* siècle. La parenté céleste de l'áme est une vieille tradition pythagoricienne, reprise par Platon. Cette notion a connu un renouveau avec le stoicisme en s'appuyant sur le dynamisme de l'esprit vital, qui est aussi un concept utilisé par Priscillien.
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PRISCILLIANUS
1526
Les deux occurrences de spiritus uitae chez Priscillien (Tract. V 65, 12 et XI 104, 15) se placent dans le contexte de la création avec le rassemblement des éléments, l'extension de la nature solide de la terre, la répartition des saisons: « Dieu leur donne l'esprit de vie » (dans in eis spiritum uitae) et chaque chose est établie, « animée par l'esprit de vie » (spiritu uitae animata). Priscillien utilise cette expression dans un autre contexte que celui de Grégoire d'Elvire ou d'Hilaire de Poitiers interprétant Gn. 2, 7. Spiritus uitae ne désigne pas non plus l'Esprit de Dieu qui plane au-dessus des eaux de Gn. 1,2 ; aussi pourrait-on, à ce titre, rapprocher l'usage qu'en fait Priscillien des positions de Tertullien: « Le souffle fait par l'esprit
(divin)
n'est
pas
l'esprit
(divin) » (Contre
Marcion
II 9, 6). Au-delà
de
l'expression qu'emprunte Priscillien (spiritus uitae) aux auteurs de son époque pour décrire la puissance émanant du Logos et insufflant la vie aux choses, les idées développées se rapprochent des thémes de Marius Victorinus (Aduersus Arium IV 11, 33-12, 12), qui expose les mémes notions en les exprimant de fagon différente. Les deux auteurs se référent à un méme substrat philosophique d'origine stoicienne. Cette fonction cosmique du spiritus uitae chez Priscillien est exploitée de la méme manière par d'autres Pères de l'Église du I et II siècle. 20 Michel Spanneut, Le stoicisme des peres de l'Église, Paris 1957, p. 156, 334340, a trés bien montré chez les apologistes la conciliation de la théorie cosmobiologique stoicienne avec la transcendance divine biblique. Des contemporains de Priscillien comme Hilaire ou Grégoire n'utilisent pas cette notion, et l'évéque d'Avila semble imprégné d'un arriére-plan culturel néoplatonicien qui reprend à la pneumatologie stoicienne ce principe de spiritus uitalis en le plaçant dans un contexte spiritualiste et non plus matérialiste. Priscillien aurait pu emprunter cette notion à un vers de Virgile (En. VI 731), dont il aurait trouvé le commentaire dans les œuvres perdues de Marius Victorinus. Il accepte la notion stoicienne en enlevant la transcendance divine au concept pour rester fidele à la tradition chrétienne. Les citations explicites d'auteurs classiques sont inexistantes, mais cela ne signifie pas que Priscillien n'est pas imprégné de la culture de son temps. On pense à Tertullien trés influencé par Sénéque et ne le citant nommément que dans un nombre de cas trés restreint. On chercherait en vain un hexamétre entier de Virgile dans les Traités de l'évéque d'Avila, mais en méme temps, on pergoit l'empreinte de ses études littéraires. Les allusions implicites révélent souvent mieux que les citations la personnalité de l'écrivain. À titre d'illustration, Priscillien décrit la transcendance et la cosmologie avec des accents néoplatoniciens et stoiciens. Dans Tract. XI 103, 16-104, 8. la suite d'Hilaire, il veut montrer que Dieu est un Tout en action: Dieu est tout entier dans chacun de ses actes et il n'est pas partiellement ici ou là. Ce théme néoplatonicien rappelle les développements de Porphyre (Sentence 31). qui explique que Dieu est partout indivisément et non en étendue. La vision de Dieu de l'évéque d'Avila contient aussi des accents stoicisants, mais il prend soin d'éviter le panthéisme stoicien : Dieu n'est pas corporel, il n'est pas parcellisé dans l'homme, il n'est pas indifférent au mal et i] existe en dehors du monde.
Le fait que Priscillien considére
Dieu comme
transcendant
et
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PRISCILLIANUS
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immanent, c'est-à-dire répandu autour de toutes choses et en elles (Tract. XI 103, 17-18)
rappelle
au-delà
des
p. 214) des accents stoiciens: partout répandu.
lectures
hilariennes
(De
Trin., 1 6, 21-22,
Dieu dirige et anime le cosmos
SC
443,
par son pneuma
Dans Tract. XI 104, 8-105, 6, l'action créatrice de Dieu est présentée en deux étapes (iussio et sermo) : le commandement divin produit la matière des choses de
facon informe, puis Dieu prend cette matiére pour la disposer selon l'usage de son œuvre en organisant les éléments. Cette bipartition rappelle la doctrine platonicienne où le démiurge crée le monde selon la première espèce de totalité comme une masse mue par des mouvements désordonnés, puis cette masse brute est mise en ordre (Sanchez 5, p. 180-190).
L'évéque connaissait-il la philosophie de son temps par des sources directes, par des floriléges scolaires, ou seulement indirectement par des textes gnostiques, origéniens ou origénistes ? [] ne serait pas surprenant que, par sa culture, il eüt été au courant de l'actualité du néoplatonisme à Milan avec Ambroise qu'il avait essayé vainement de rencontrer lors de son périple à Rome vers 382. Priscillien est vraisemblablement influencé par un certain néoplatonisme chrétien et peut-étre par les livres de Marius Victorinus. Il est intéressant de constater que ces deux auteurs sont stigmatisés dans le méme opuscule par Orose, qui accuse les priscillianistes et les origénistes. Le « Victorinus» cité par Orose ne peut étre que le rhéteur d'origine africaine. Orose met en cause l'argument philosophique sur lequel s'appuie Marius Victorinus pour établir le fait de la préexistence. Bien que l'évéque d'Avila déploie, par ses réminiscences virgiliennes, une théologie nourrie par les préoccupations des lettrés latins du IV“ siécle, il n'a pas intégré les réflexions développées à l'occasion de la querelle arienne. Pourquoi ? En effet, Priscillien n'a pas voulu prendre parti dans ces débats théologiques en mélant concepts philosophiques et éléments de foi. L'arianisme associait doctrine chrétienne et philosophie en pratiquant une méthode syllogistique. Rebuté par les abus dialectiques des hérétiques et fidéle à son refus de méler les eaux de la sagesse divine et celles de la sagesse humaine, Priscillien adopte une position rigide, par souci d'intégrité, et préfère s'en remettre à la puissance de la vérité révélée,
sans
se livrer à une
argumentation
humaine
sur les réalités
divines.
Le
probléme de la philosophie n'est suggéré que dans le conflit avec les hérétiques ; les préoccupations de Priscillien sont celles d'un évéque qui préche la parole de Dieu. De plus, il n'y a pas grand chose de commun avec le néoplatonisme métaphysique de Marius Victorinus. Cependant, l'attention portée à l'arriére-plan culturel des œuvres de Priscillien permet de prendre du recul par rapport aux accusations de manichéisme et de gnosticisme, car les quelques rapprochements avec ces deux courants sont peut-étre dus au substrat commun de la gnose ancienne qui imprègne la culture tardo-antique (pour plus de détails, voir 21 S. J. G. Sanchez, «Le destin d'un homme cultivé du IV* siécle: Priscillien d'Avila», dans
1528
PRISCILLIANUS
P 281
B. Goldlust et F. Ploton-Nicollet [édit.], Le Paien, le chrétien, Recherches sur l'Antiquité tardive, Paris 2009, p. 119-144).
le profane.
SYLVAIN JEAN GABRIEL SANCHEZ. PRISCUS
+ HELVIDIUS PRISCUS (C. -)
PRISCUS —
282
HELVIDIUS PRISCUS FILS
PRISCUS DE THESPROTIE
RE 28 PLREI:5
ca 300-396
Un des principaux disciples du philosophe néoplatonicien Aidésius de Cappadoce (»*A 56) à Pergame, avec Maxime d'Éphése (»*M 63), Chrysanthe de Sardes
(»C
116) et Eusébe de Myndos
V. Soph. VM
en Carie (»*E
157), selon Eunape de Sardes,
10.
Pour un stemma de la diadochè de Jamblique selon Eunape, voir 1 R. Goulet, notice « Aidésius de Cappadoce » A 56, DPhA I, 1989, p. 75-77.
Cf. 2 O. Seeck, Die Briefe des Libanius, Leipzig 1906, réimpr. Hildesheim 1966, p. 246 ; 3 [W. EnBlin], art. « Priscus» 28, RE XXIII 1, 1957, col. 7-8; 4 R. J. Penella, Greek philosophers and sophists in the Fourth Century A. D. Studies in Eunapius of Sardis, coll. « ARCA. Classical and Medieval Texts, papers and
monographs » 28, Leeds
1990, p. 70-71
et passim ; 5 U. Criscuolo, «Note
su
Prisco l'Epirota e la scuola di Pergamo », dans G. Cacciatore, M. Martirano et E. Massimilla (édit.), Filosofia e storia della cultura. Studi in onore di Fulvio
Tessitore, Napoli [1997], t. I, p. 47-61; 6 Id., « Problemi della traditione neoplatonica fra Giamblico e i suoi eredi», RAAN 67, 1997-1998, p. 399-436 ; 7 M. Civiletti (édit.), Eunapio, Vite di filosofi e sofisti. Testo greco a fronte, coll. «Il pensiero occidentale, Milano 2007, p. 509 n. 438. Eunape le définit comme thesprotien ou molossien (VII 10), ce qui peut correspondre à la cité et à la région. Libanius le présente comme venant de l'Épire (Orat. 1 123), région à laquelle appartenait effectivement Thesprotie. Lorsque
le futur empereur Julien (»*I 46) vint étudier à l'école d'Aidésius
à
Pergame vers 351, Maxime était à Éphèse et Priscus avait fait voile vers la Grèce (V. Soph. VII 14). Mais il est probable que Julien rencontra Priscus lors de son séjour à Athènes à l'été 355. Criscuolo 5, p. 52-53, considére pour sa part que Julien, durant son bref séjour à Athénes en 355, n'avait pas connu Priscus ou l'avait peu connu. «L'Epirota, legato al metodo di insegnamento del tipo eusebiano, all'esegesi di Platone e Aristotele, non destava allora l'interesse del mistico principe ». Voir encore p. 56 n. 39: « Dall’orazione [de Libanius, Or. XII 55-56, que nous citerons plus loin] appare che la prima conoscenza fra Prisco e Giuliano fu proprio in Gallia : il filosofo non ebbe alcun ruolo nella formazione di base del principe ». Mais le discours de Libanius ne suggére aucunement qu'il s'agissait d'une premiére rencontre.
Cette rencontre fut suffisamment intime pour qu'il écrivit par la suite au philosophe en saluant son épouse Hippia (τὴν ἱερὰν Ἱππίαν) et leurs enfants (Epist.
13).
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PRISCUS DE THESPROTIE
1529
Priscus en Gaule
La correspondance de Julien nous a conservé trois lettres trés intéressantes adressées à Priscus (Epist. 11-13 Bidez). Deux d'entre elles (11 et 13) furent écrites depuis la Gaule, οὐ Julien vécut de 355 à 361. On a daté l'ensemble de ces lettres de 357 ou 358, mais les éléments d'une datation précise ne sont pas évidents et rien ne prouve que les trois lettres proviennent de la méme époque.
Les lettres sont éditées et traduites par 8 J. Bidez, L'Empereur Julien, (Euvres complétes, 12: Lettres et fragments, CUF,
2° éd., Paris 1960, p. 18-20, et présen-
tées p. 6-7. Dans la première (11 = n? 5 Wright) qui comprenait «un post-scriptum autographe » (Bidez), Julien qui se remettait providentiellement d'une grave mala-
die, remercie le philosophe pour ses lettres et l'invite à venir le voir. «Τῆς illness to which Julian refers in almost certainly his semi-asphyxiation in Paris described in Misopogon 340-342a» (9 W. C. Wright, The Works of the Emperor Julian, t. I], coll. LCL 157, London/Cambridge Mass, 1923, p. 15 n. 2). Mais le malaise provoqué par une asphyxie n'est pas vraiment une maladie, et Bidez 8, Introduction, p. 7 n. 1, établit plutôt un rapprochement avec la maladie évoquée dans la lettre 10 à Alypius. Hertlein et Schwarz proposaient comme dédicataire Libanius et la dataient de 362. Pour les lettres «du divin Antoine à Alexandre» transmises par Priscus et que Julien ne lut que le lendemain, voir la correction proposée par 10 F. Delfim Santos, « Antoninos the Theurgist in Julian, ep. 11», ByzSlav 57, 1996, p. 16-17: τὰς δὲ τοῦ θεοειδοῦς Ἀντωνίνου (ainsi ms. Florence, Bibl. Medicea Laurenziana, plut. 58, 16) ἀπὸ τῆς Ἀλεξανδρείας. 1l s'agirait de lettres d'Antonin (**A 221), le fils d'Eustathe de Cappadoce (**E 161) et de Sosipatra (voir Eunape, V. Soph. VI 94-118). 11 M. Caltabiano, L'Epistolario di Giuliano Imperatore. Saggio storico, traduzione, note e testo in appendice, coll. «KOINONIA » 14, Napoli 1991, p. 235, adopte plutót une correction proposée par 12 B. A. van Groningen, «Notes critiques sur quelques lettres de Julien », VChr 14, 1960, p. 48, qui lit Ἀριστοτέλους à la place d'Avrovíov. Ces deux corrections soulévent autant de problémes qu'elles en résolvent et le passage reste obscur, peut-étre volontairement. Crisculo 5, p. 53 n. 30: «ritengo con J. Bouffartigue, L'Empereur Julien et la culture de son temps, Paris, 1992, p. 97, che vada scritto, con i codici C e L, Ἀντωνίνου [= Marco Aurelio, παράδειγμα di Giuliano] et che l' Alessandro sia Alessandro di Seleucia). »
La dernière lettre (13 = n? 1 Wright) annonce ou accompagne l'envoi d'une autorisation à utiliser une voiture de la poste impériale pour venir le rejoindre en Gaule, oü Priscus pourra, s'il le veut, «étudier l'Océan ». Julien se déclare prét à
servir «les vrais philosophes » et salue l'épouse de Priscus, «la sainte Hippia»
et
leurs enfants.
Priscus se rendit effectivement en Gaule et c'est sans doute à lui que pense Libanius (Orat. ΧΙ 55-56), lorsque, pour célébrer le quatriéme consulat de Julien le 1° janvier 363, il raconte l'arrivée auprès de Julien en Gaule, à une date qui reste imprécise, d'un philosophe venu d’Athènes. « Alors que ta gloire grandissait, viennent à toi non pas des danseurs et des mimes munis d'astuces pour faire rire, ni des joueurs de flüte ou de cithare chassant d'utiles discours des repas, mais un essaim de rhéteurs et un philosophe venant d'Athénes, beau à voir et au commerce encore plus beau, possédant plus d'intelligence qu'il est possible aux hommes, mais préférant être le meilleur dans les discours que de le paraitre. Cet homme, aprés avoir loué certaines choses et donné des conseils sur certaines autres, repartit aprés avoir requ un présent que toi seul parmi les souverains tu as donné, des vers révélant (μηνύοντα) ce philosophe.»
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PRISCUS DE THESPROTIE
1530
Foerster proposait en note de lire ὑμνοῦντα ("célébrant") au lieu de μηνύοντα (“révélant”). Schemmel 23 [cité plus loin]. p. 463, retient cette correction. Contre
les doutes
d'Évrard
27
[cité plus loin], p. 113 et p. 115, Penella 4. p. 68 n. 71,
maintient l'identification de ce philosophe anonyme, qualifié de « beau » (καλὸς μὲν ἰδεῖν), avec Priscus. C'est en effet un qualificatif que donnent à Priscus à la fois Eunape (VIII 2: κάλλιστος δὲ ὧν) et Libanius, Epist. 760 et 1426 Förster (Πρίσκος ὁ καλός). La lettre 12 de Julien à Priscus
Mais c'est la deuxiéme lettre (12 Bidez = n? 2 Wright) qui est la plus riche de renseignements.
Cette
lettre
12
Bidez,
absente
de
l'édition
de
Hertlein,
a été
découverte par 13 A. Papadopoulos-Kerameus, «Neue Briefe von Julianus Apostata », RAM 42, 1887, p. 15-27 (lettre 4, p. 25). Contrairement aux deux autres lettres, aucun détail ne permet de la dater du séjour de Julien en Gaule. Dans
cette lettre qui répond
à l'annonce
par Priscus de sa venue
prochaine,
Julien prie son correspondant de rechercher et de lui apporter tout ce que Jamblique a écrit sur (son) «homonyme ». Pour comprendre de quels philosophes il est
question, il faut se reporter quelques lignes plus bas, oü Julien dit qu'il «raffole de Jamblique en philosophie et de (son) homonyme en théosophie ». Cet homonyme est probablement Julien le Théurge (»*I 48) et l'ouvrage de Jamblique (**1 3) un
commentaire des Oracles chaldaiques. C'est en tout cas l'interprétation de Bidez 8 et d'EnBlin 3. 14 J. Geffcken, Kaiser Julianus, Leipzig 1914. p. 145, et Wright 9 ont compris que Julien souhaitait recevoir ce que Jamblique Il, dont nous parlerons plus loin, avait écrit sur son propre homonyme, c'est-à-dire Jamblique de Chalcis. Mais dans le second passage, τὸν ὁμώνυμον ne peut désigner que l'homonyme de Julien. Voir Cameron 29 [cité plus loin], p. 149 n. 11. Plus récemment 15 J. Vanderspoel. «Correspondence and correspondents of Julius Julianus (?)», Byzantion 69, 1999, p. 396-478, notamment p. 400 et 465. a proposé une tout autre interprétation: Julien souhaiteraient recevoir une copie des lettres envoyées par Jamblique de Chalcis à Julius Julianus, le grand-pére homonyme de Julien, auteur, selon cet historien, des lettres du Pseudo-Julien, notamment de celles qui sont adressées à Jamblique. Mais dans ce cas, Julien n'aurait pas parlé de son homonyme. mais de son grand-père et la suite du texte montre bien que, par rapport à la philosophie de Jamblique, cet homonyme se distingue par ce qu'il a écrit dans le domaine de la «théosophie». Il ne s'agit manifestement pas d'un corpus épistolaire privé. Un commentaire en au moins 28 livres des Oracles chaldaïques par Jamblique. peut-être intitulé Théologie chaldaique, est attesté par Damascius. De principiis 1, p. 86. 5 Ruelle (voir 16 L. G. Westerink et 1. Combès [edit.], Damascius. Traité des premiers principes, t. ll, CUF,
Paris 1989, p. 1, li. 7-8): ὁ μέγας Ἰάμβλιχος Ev τῷ ὀγδόῳ xai εἰκοστῷ Qay) βιβλίῳ τῆς χαλδαϊκῆς τελειοτάτης θεολογίας), Marinus, Vie de Proclus 26 (Πορφυρίου xai "laufAtyov...
εἰς và Aóyta), et Jean Lydus, De mensibus IV 159 (ὁ Ἰάμβλιχος ἐν τῇ πρώτῃ τῶν Χαλδαϊκῶν). Ce
titre apparait également
chez
Damascius,
t. II, p. 104, li. 26 Westerink-Combés
(ἐν τοῖς
XaA6aixotc), où est cité le fr. 1 des Places. Voir 17 1. Dillon, notice « lamblichos de Chalcis »,
13, DPhA Ill. 2000, p. 833.
Selon Julien. le gendre de la sœur de Priscus — on ignore le nom qu'il portait — avait une copie soigneusement révisée (εὐδιόρθωτα) de cet ouvrage. ll s'agissait certainement
de
documents
exceptionnels
et difficilement
accessibles,
puisque
Julien précise que seul Priscus est en mesure de lui procurer ces ouvrages. Où était alors Julien?
Oü
était Priscus?
Par quelles
voies
ce gendre
mystérieux
— qui
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PRISCUS DE THESPROTIE
1531
pouvait difficilement ne pas être un philosophe et un philosophe paien - avait-il eu en mains ce précieux commentaire et comment Julien en avait-il eu connaissance ? Vanderspoel 15, p. 401 n. 35, a apparemment envisagé une identification du gendre de la sœur de Priscus avec le philosophe Jamblique d' Apamée (»*1 2), fils de Sôpatros. À propos du gendre de la sœur de Priscus, il écrit: «perhaps the younger lamblichus ». Si un philosophe résidant à Athénes, marié à la sceur de Priscus et connu, directement ou indirectement de Julien, pouvait à l'époque posséder des écrits précieux de Jamblique de Chalcis sur les Oracles chaldaiques, on verrait bien en effet que ce soit Jamblique d'Apamée. Vanderspoel renvoie à une section ultérieure de son étude (8 3. B, 10). où bizarrement cette identification ne figure pas. Sur ce philosophe, voir 18 J. Bouffartigue, notice « [amblichos d'Apamée » I 2, DPhA III, 2000, p. 823-824.
Julien invite également Priscus à ne pas croire les Théodoréens — on pense à des disciples de Théodore (d'Asiné) -, lorsqu'ils présentent Jamblique, «le maitre vraiment divin, le «troisième » après Pythagore et Platon, comme un ambitieux : « pour ma part, je raffole de Jamblique (de Chalcis) en philosophie et de (mon) homonyme (c'est-à-dire Julien le Théurge) en théosophie et, pour parler à la manière d'Apollodore (cf. Platon, Banquet 173 d), auprès de ceux-là, à mes yeux, les autres ne comptent pas ». Penella 4, p. 67, comprend que Julien prête un tel intérêt à Priscus: «You too are madly devoted to lamblichus in philosophy and to my namesake in theosophy ». Il suit ici le texte édité par Wright 9 (μέμηνας). Les mss ont en fait uevorvä, corrigé par Papadopoulos-Kerameus 13 en
u£votvü «c» et par Bidez en u£unva. Si Priscus est alors confronté à des Théodoréens critiques de Jamblique, on peut penser qu'il vit dans un centre intellectuel suffisamment important pour que des courants philosophiques voisins mais distincts, pareillement issus de la tradition de Jamblique (Théodore était comme Aidesius, maître de Priscus, un élève de Jamblique, selon Eunape, V. Soph. V 5), soient en concurrence. On pense à Athènes (où enseignait et enseignera Priscus) plutôt qu'à toute autre ville.
On apprend également que Julien avait lu avec profit des résumés d'Aristote (Ἀριστοτέλους ovvaywyat), en un seul livre (δι᾽ ἑνὸς βιβλίου), composés par Priscus et qu'il trouvait ce livre plus précieux que tous les ouvrages logiques du « Tyrien », c'est-à-dire Porphyre de Tyr [ici un copiste a ajouté le nom de Maxime pour préciser cet ethnique indéterminé, mais il ne peut étre question ici de Maxime de Tyr (»*M 69)]. C'est là la seule attestation d'une activité littéraire de Priscus. Julien qui semble avoir écrit durant l'hiver précédent des pages inspirées par la lecture de cet ouvrage se déclare en conséquence le «disciple pseudépigraphe » de Priscus (Bidez traduit habilement : « sans avoir le droit de porter ce titre»). Pour l'établissement du texte, voir aussi 19 J. Bouffartigue, L'Empereur Julien et la culture de son temps, Paris 1992, p. 320, qui voudrait associer les noms de Porphyre (“le Tyrien") et de Maxime d’Ephese. Mais cette reconstitution impliquerait une critique de Maxime d'Éphèse, jugé inférieur à Priscus. que l'on imagine mal sous la plume de Julien. Voir les réserves de Criscuolo 5. p. 53 n. 31 : «se è concepibile una σύγκρισις fra Porfirio e Prisco a danno del primo, & improbabible che Giuliano ritenga il suo χαθηγεμών inferiore a Prisco, di cui si professa certamente
allievo, ma solo ψευδεπίγραφος ». Ces travaux d'hiver semblent porter spécifiquement sur les thémes aristotéliciens que Julien vient d'évoquer, puisque, si Priscus vient et en prend connaissance, il verra que Julien est devenu un « bacchant » en matière de « philosophie aristotélicienne » et non un simple « narthécophore ».
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Pour des écrits de Julien relatifs à la logique. voir ELF‘, n° 158 (p. 211). Selon la Souda I 437, il aurait écrit un livre περὶ τῶν τριῶν σχημάτων. Ammonius. in Anal. pr. librum I comm., p. 31, 11-23 Wallies, rapporte que selon Aristote les syllogismes de la deuxiéme et de la troisieme figures étaient imparfaits. Boéce, puis à sa suite Porphyre, Jamblique et Maxime «élève de Hiérios, lui-méme auditeur de Jamblique », soutinrent au contraire qu'ils étaient parfaits. Thémistius prit parti pour Aristote sur ce point. Ayant à se prononcer sur ce différend, Julien prit parti pour Maxime (Boéce. Porphyre et Jamblique) contre Thémistius (et Aristote). Ammonius ajoute que déjà Théophraste avait contredit son maitre sur ce point. La réaction de Thémistius, consignée dans un Traite en réponse à Maxime au sujet de la reduction de la deuxième et troisième figures à la premiére, est conservée en arabe.
En quelle année la lettre 12 de Julien a-t-elle été écrite ? Le caractére privé de cette lettre ne permet pas de lui assigner une datation précise. La seule référence de caractére politique qu'elle contienne est l'invitation, adressée par Julien à Priscus, à venir le rejoindre rapidement, l'empereur craignant de n'avoir plus par la suite un tel loisir. Pour dater cette lettre, on pourrait également se demander si l'ouvrage de Jamblique sur Julien le Théurge a laissé des traces dans l’œuvre de l'empereur Julien, ce qui permettrait de situer la lettre à une époque antérieure à la rédaction des ouvrages concernés. Bouffartigue 19, p. 306-309, retrouve dans le Discours sur la Mére des Dieux, écrit durant l'hiver 362, quatre citations des Oracles chaldaiques, et l'étude des contextes l'améne à supposer une influence de la Théologie chaldaique de Jamblique, c'est-à-dire le commentaire que souhaite obtenir Julien. Bouffartigue envisage toutefois que l'exégese de Jamblique sur les Oracles chaldaïques ait été médiatisée par Maxime et Priscus.
Un détail peut faire douter que la lettre 12 ait été écrite en méme temps que deux autres en Gaule. On y trouve une mention explicite des “dieux”, alors que lettres de cette période et les lettres 11 et 13 en particulier, n'emploient que désignations abstraites de la divinité, sans doute pour échapper à la censure espions de Constance. Voir dans la lettre 11: Dieu», «le Dieu qui observe 271 et Od. XI 109, et cite des plaira à Dieu», «l'auteur et pratique de Julien, voir Bidez
les les des des
«la providence du Sauveur qui observe tout», «la providence de tout » (homérisme selon Criscuolo 5. p. 53 n. 28. qui rappelle ἢ. III passages oü la formule désigne Helios): dans la lettre 13: «ce qu'il le Sauveur de tous mes biens», «la divine providence ». Sur cette 8, Introduction, p. 10-11.
On a voulu expliquer cette allusion ouverte aux "dieux" par le caractère confidentiel de la missive, sans doute communiquée par des serviteurs fidéles, ce qui peut étre le cas pour une lettre à Oribase (Epist. 14), mais, à considérer l'ensemble
des lettres du César en Gaule, on serait porté à penser que la lettre 12 ne peut pas étre antérieure au pronunciamento de Paris (360). Il n'est pas sür non plus qu'elle puisse convenir à la période antérieure à la mort de Constance (été 361), car Julien
prétend avoir évité d'écrire à ses amis «au delà des Alpes» après son élévation à l'empire, afin de ne pas leur attirer des ennuis (Lettre 40 à Philippe). On ne peut cependant pas envisager une date beaucoup plus tardive, car. après l'accession de Julien à l'empire en 361, Priscus, toujours en Gréce, fut appelé, à l'instigation de Maxime, à la cour impériale (Eunape, V. Soph. VII 47) à Constantinople, comme
Chrysanthe qui. lui, refusa. Il est possible que la lettre 12 ait été écrite à cette
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époque où Julien s’installait à Constantinople et cherchait à regrouper autour de lui ses amis philosophes. Priscus à la cour de Julien
Auprès de Julien, Priscus se montra sensé et «immuable », malgré toutes les sollicitations des courtisans, et il ne manifesta pas d'insolence comme son collégue
Maxime (Eunape, V. Soph. VII 50). On le retrouve en 362 à Antioche et, dans son Discours autobiographique (Orat. I 123), Libanius rapporte que c'est à Priscus qu'il dut de ne pas perdre l'amitié de Julien à une époque où l'empereur était agacé par le manque d'empressement du sophiste à participer aux sacrifices (cf. Bidez 8, p. 110-111). Comme Libanios et Julien redevinrent bons amis, il faut situer l'épisode au début du séjour de Julien à Antioche (milieu 362).
Mais la présence de Priscus à la cour ne fut pas nécessairement constante tout au long du règne de Julien. On connait une circonstance où Julien dut attendre plusieurs jours l'arrivée de Priscus. Lorsque Libanius composa son discours pour Aristophane de Corinthe (Disc. XIV), à l'automne 362, il promit à Julien de le lui
faire parvenir par l'entremise du «philosophe Priscus ». Au bout de trois jours d'attente l'empereur regut de Priscus un lettre annongant qu'il allait tarder encore
et il s'en plaignit dans une lettre à Libanios (Epist. 96). Libanius lui envoya directement le discours sans plus compter sur les compléments d'information qu'aurait pu fournir «le beau Priscus» (Πρίσκος ὁ καλός) à l'empereur (Julien, Lertre 96 réponse = Libanios, Epist. 760, 2).
Dans ce discours pour Aristophane, Libanius (Disc. XIV 32 et 34) fait appel au couple des conseillers de Julien, « venus d'Épire et d'Ionie », c'est-à-dire Priscus et Maxime, dont le témoignage peut se substituer aux oncles d'Aristophane les philosophes Hiérios (**H 120) et Diogène (»*D 140 B) d'Argos. « Si Hiérios et son frére étaient encore vivants, ne les aurais-tu pas autour de toi, à l'instar de ces deux (conseillers) divins, celui qui vient d'Épire et celui qui vient d’Ionie ? (...) Comment donc ne serait-il pas honteux, qu' Alexandre, malgré sa colére contre les Thébains, ait pris pitié de ceux qui étaient des parents de Pindare à cause de l'art musical de Pindare, et que ne profite à Aristophane ni la philosophie de ses oncles, ni celle de tes compagnons, que tu traites à l'égal de tes parents. Car ce que je dis maintenant, considere que Maxime te le dit, que Priscus en formule
le conseil. Que si tu ne me crois pas. demande-leur à eux-mémes. Tu vois à quel point ils désirent que cet homme ait part à ta bienfaisance ?»
Dans une lettre à Priscus (Epist., 947) écrite beaucoup plus tard (en 390), Libanius lui rappellera que Julien «faisait grand cas de savoir s'il semblait À Priscus qu'il accomplissait ses devoirs » (μέγα ποιούμενος εἰ Πρίσκῳ δοκοίῃ τὰ
προσήκοντα ποιεῖν). Un fragment de l' Histoire d’Eunape (fr. 25, 4 Blockley), conservé par la Souda (Y 175), associe Maxime et Priscus comme des intellectuels doués, mais dénués du sens de la politique et des affaires publiques. Maxime et Priscus suivirent ensuite Julien dans sa campagne contre les Perses (Eunape, V. Soph. VII 52) en 363. Selon Ammien Marcellin XXV 3, 23, ces deux
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philosophes eurent un entretien «sur la sublimité des âmes » avec l'empereur sur son lit de mort. Le parallélisme avec la mort de Socrate est établi par Libanius (Disc. VIII 272).
Dans la Lettre 1426 à Saloutios, écrite en 363, aprés la mort de Julien et avant l'arrivée de Jovien à Antioche le 22 octobre 363, Libanius évoque le réconfort que lui a apporté Priscus dans ces circonstances pénibles. «Je me remettrai gráce à tes lettres, moi qui suis abattu depuis ce jour que je n'ai pas à t’apprendre et que tu devines toi-même [lorsque la nouvelle de la mort de Julien est parvenue à Antioche]. C'est ce qu'a bien compris le beau Priscus, qui m'ayant retrouvé [à son retour du front perse] pareil à un poisson inanimé sur la rive, entreprenait de me relever gráce à un reméde qui ne manque pas de vigueur pour les souffrances de l’âme, mais qui ne produisit pas beaucoup d'effet sur un grand nombre de jours. Mais lorsqu arriva ta lettre, il dit: “Pense que pour toi il vit si tu vois en lui un sauveur des nations et un protecteur de ses amis." (...) »
Aprés la mort de l'empereur. les deux philosophes continuérent à étre honorés par Jovien, mais tombérent en disgráce sous les nouveaux empereurs Valentinien et Valens et furent arrétés (Eunape, V. Soph. VII 53-54). Mais Priscus, à la diffé-
rence de Maxime, ne fut pas inquiété outre mesure et, gráce aux témoignages qui attestaient qu'il avait été et était un homme de bien (ἀγαθός), il put rentrer en Grèce (ibid., VII 55). Thémistius, dans un discours en faveur des infortunés amis de Julien (Disc. VII Περὶ τῶν ἠτυχηκότων, 100 b, t. I, p. 150, 7-10 Schenkl-Downey) loue l'empereur de n'avoir infligé au philosophe maitre de Julien (Maxime) qu'une simple amende, d'ailleurs imposée par la vindicte populaire. « Et la preuve évidente (de cette explication) est que celui qui était accusé pour les mémes charges (Priscus), mais avait subi plus légérement l'hostilité de la foule, tu le relaxas immédiatement sans méme lui imposer une amende ». L'école de Priscus à Athénes
C'est à Athènes que Priscus devait tenir une école de philosophie. Si Eunape qui y étudia pendant ou aprés le régne de Julien ne semble pas l'avoir connu personnellement, c'est sans doute parce qu'à l'époque Priscus était déjà parti à l'étranger, auprés de Julien, ou pas encore revenu. On connait le nom d'un de ses élèves,
Hilarius
(»*H 131),
que
Libanius
présente
comme
«l’ornement
de
la
Gréce» (τοῦ τὴν Ἑλλάδα κοσμοῦντος Ἱλαρίου, Epist. 863). Il était venu à Antioche vers 388. La lettre 947 à Priscus, écrite en 390, concerne le retour d'Hilarius en Grèce, où il pourra admirer les villes du Péloponnése, de Phocide et de Béotie, ainsi que «l'astre de la Grèce » (cf. Euripide, Hippol. 1122), Athènes. et «un autre astre, Priscus qui connait bien Platon et le disciple de Platon [Aristote].
et qui renvoie plus sages ceux qui deviennent ses éléves». Libanius rappelle ensuite l'estime que portait à Priscus l'empereur Julien. Hilarius est à nouveau mentionné dans la lettre 950 à Stratégius, qu'il a dû lui apporter à Athènes. La lettre est traduite par 19bis A. F. Norman (édit.), Libanius, Autobiography and selected letters, coll. LCL, Cambridge
(Mass.).
1992, n? 166, et 20 Bernadette Cabouret (édit.), Libanios.
Lettres aux hommes de son temps. Lettres choisies, trad. et commentées, coll.
«La roue à livres.
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Documents », Paris 2000. lettre 87. Selon 21 H. D. Saffrey et L. G. Westerink, dans l'Introduction de Proclus, Théologie Platonicienne, 1.1, CUF, Paris 1968, p. XXXV-XL VIII, il faudrait identifier cet Hilarius avec Hilarius de Bithynie (»*H 133), peintre mis à mort par les Goths près de Corinthe en 395 ou 396 (Eunape. V. Soph. VIII 13). Même identification chez 22 G. Fatouros et T. Krischer (édit.), Libanius, Briefe : griechisch-deutsch, coll. « Tusculum-Bücherei », München 1980, p. 453, chez Norman 19bis, t. II, p. 350 n. b.. et, avec hésitation, chez Criscuolo 5, p. 58 n. 51. Nous n'avons pas retenu cette identification avec Hilarius de Bithynie (DPAA, t. II, p. 706 et
707), parce que le correspondant de Libanius et disciple de Priscus est rattaché à la Gréce et aussi parce qu'Eunape qui connaissait personnellement le peintre ne le présente pas comme un familier de Priscus, tout en le mentionnant à l'intérieur de la vie de ce dernier (V. Soph. VIII
rapprochement mérite « vieilli » à Athenes.
en tout cas d'étre envisagé,
car Hilarius
de Bithynie
avait
12-13). Le
lui aussi
Ce témoignage de Libanius est important: « Nous avons la certitude que dans les quinze dernières années du IV“ siècle, Priscus, un philosophe néoplatonicien formé à l'école de Pergame, vivait à Athénes au milieu d'un petit cercle de disciples, dont Hilarius; et d'autre part que trés probablement c'était déjà à Athénes qu'il s'était établi dés le milieu du siècle, à Athènes où triomphait la philosophie de Théodore d’Asiné et où il introduisit celle de Jamblique » (Saffrey et Westerink 21,
p. XLIM). Ces témoignages peuvent étre confirmés par celui de l'empereur Julien. Dans un texte riche en sous-entendus
(Eloge d’Eusebie
Bidez), datable de l'hiver 356/7, oü il philosophie en Gréce à celui du Nil qui l'univers entier soit consumé par le feu diques, il évoque l'état de la Gréce à son
= Disc. II [III], 12, li. 44-54
compare le röle providentiel joué par la empéche, selon les mythes égyptiens, que lors de certaines conjonctions astrales fatiépoque:
«La philosophie n'a pas totalement disparu de la Grèce ; elle n'a point abandonné Athènes, ni Sparte, ni Corinthe, et, eu égard à ces sources de sagesse, Argos n'est point du tout "altérée". En effet, beaucoup de ces sources jaillissent dans la ville méme et beaucoup devant elle, du cóté de l'antique
Masés
[ancien
port de l'Argolide].
Piréne
[fontaine de l'Acrocorinthe]
elle-méme
se
trouve à Sicyone et non à Corinthe ; et Athènes, dont le sol méme produit un grand nombre de fontaines et de courants d'eau pure, en voit affluer et se répandre du dehors qui valent bien ceux de l'intérieur. Dans la cité. on les aime et les chérit, parce qu'on désire gagner la seule richesse digne d'envie » (trad. J. Bidez). Le passage est cité et commenté
dans Saffrey et Westerink
21,
p. XL-XLI.
Au milieu du IV* siécle, il y avait donc un enseignement philosophique en plusieurs villes de Gréce, et pas seulement à Athénes oü s'illustraient des maitres athéniens et non athéniens (les fontaines qui se déversent du dehors), mais aussi à
Sparte, à Corinthe, à Argos (dans la ville et du cóté du port) et à Sicyone (oü enseignait peut-étre un philosophe originaire de Corinthe: la source Piréne n'est pas à Corinthe, mais à Sicyone). Si cette survivance de la philosophie dans un désert intellectuel comparable à celui que serait l'Égypte sans le Nil est si remarquable, c'est sans doute parce que pour l'ensemble de l'Empire on ne trouve pas autant de sites préservant l'ancienne tradition. Contentons-nous de constater que Priscus correspondrait bien à ces philosophes non autochtones qui déversaient leur sagesse à Athénes à l'époque oü Julien y séjourna à l'été 355.
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23 Fritz Schemmel, « Die Schulzeit des Kaisers Julian », Philologus 82, 1927, p. 455-466, à la
suite de Zumpt, n'hésitait pas à présenter de façon anachronique Priscus comme le scholarque en titre de l'Académie platonicienne: «Die Leitung der Akademie hatte Priskos aus Epirus» (p. 463).
L'enseignement dispensé par Priscus à Athénes tout au long de la seconde moitié du IV* siécle invite à poser la question des rapports éventuels qu'il a pu entretenir avec les premiers maîtres de l'école néoplatonicienne d'Athénes: Plutarque d'Athénes (»*P 209), fils de Nestorios, et son disciple et successeur Syrianus
(d' Alexandrie) fils de Polyxene. A-t-il pu enseigner à ces philosophes et a-t-il joué un róle dans l'élaboration du néoplatonisme de cette école? En tant que disciple d'Aidésius est-il responsable de l'orientation jamblichéenne
de cette école et de
quelle tendance à l'intérieur de la tradition de Jamblique se réclamait-il ? Penchaitil comme
son compagnon
Maxime
d’Ephese
vers la théurgie, ou s'en tenait-il à
une approche plus rationaliste comme Eusébe de Myndos ? On a vu qu'il avait écrit des paraphrases d'écrits logiques d'Aristote et qu'il était considéré comme un spécialiste de Platon et d'Aristote. Mais Maxime d’Ephese pouvait lui aussi concilier sans probléme théurgie et commentaires aristotéliciens. 24 E. R. Dodds, Proclus, Elements of theology, Oxford 19637, p. 341, a soulevé le problème de ces «missing links» entre le néoplatonisme de Jamblique de Chalcis et celui de Plutarque d'Athènes et Syrianus.
D'autre part, le témoignage de Julien montre qu'il pouvait y avoir plusieurs autres philosophes à Athénes au milieu du IV* siécle. Saffrey et Westerink 21, p. XLill-XLVI, signalent pour leur part le rôle qu'a pu jouer Jamblique d'Apamée, fils d'Himérios, neveu de Sópatros II d' Apamée et petit-fils du père de ce dernier, Sópatros I, disciple direct de Jamblique de Chalcis. C'était un philosophe se réclamant de Jamblique de Chalcis. II semble avoir envisagé de s'installer à Athènes vers 358-360 et il fut honoré dans cette cité à la fin du siècle pour sa sagesse et pour sa contribution financière à la réfection
des remparts.
Selon
25 A. Cameron,
«lamblichus
at Athens», Athenaeum
45,
1967,
p. 143-153, notamment p. 152-153, Jamblique II pourrait fort bien être le «missing link» recherché par Dodds: «Such a figure can hardly have been wholly without influence in reviving the doctrines of his great namesake in late fourth century Athens ».
La question est compliquée par les lacunes de notre information concernant la philosophie de Plutarque d’Athenes. Voir 25bis C. Luna et A.-Ph. Segonds, notice « Plutarque d' Athénes », P 209, supra, p. 1046-1096. Voir également 25ter Angela Longo, «Plutarch of Athens», dans CHPLA, t. II, chap. 33, p. 608-615, avec une bibliographie, p. 1121-1122.
On a
soutenu
que l'influence de Jamblique
qui est
manifeste chez Syrianus, puis sur Proclus, ne s'était pas encore exercée sur Plutarque d'Athénes, lequel serait resté fidéle à la tradition de Plotin et de Porphyre, connue peut-étre à travers Longin. Voir en ce sens 26 R. Beutler, art. « Plutarchos von Athen» 3, RE XXI 1, 1951, col. 962-975 et 27 E. Évrard, «Le maitre de Plutarque d’Athenes et les origines du néoplatonisme athénien », AC 29, 1960. p. 108-133 et 391-406. Cette représentation de l'histoire du néoplatonisme restait influencée par l'opposition dressée par Praechter entre un néoplatonisme athénien et un néoplatonisme alexandrin, opposition critiquée par 28 I. Hadot, Le probléme du néoplatonisme alexandrin. Hierocles et Simplicius, Paris 1978, qui explique le caractére plus simple du premier néoplatonisme athénien par la destination pédagogique des documents qui nous l'ont fait connaitre.
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D'autres spécialistes ont considéré que dès Plutarque d' Athènes c'est le néoplatonisme de Jamblique qui s'était imposé à Athénes. Voir l'étude de 29 Daniela Patrizia Taormina, Plutarco di Atene. L'Uno, l'Anima, le Forme. Saggio introduttivo, Fonti, Traduzione e Commento, coll. « Symbolon » 8, Catania 1989, sect. 1 (« Plutarco e la tradizione giamblichea »), p. 15-55. « Prisco aderi certamente al neoplatonismo di matrice gamblichea» (ibid., p. 23). Tout en reconnaissant à Priscus un róle dans la formation néoplatonicienne de Plutarque (p. 24). elle attribue principalement à Jamblique d'Apamée l'introduction à Athènes d'éléments caractéristiques du néoplatonisme syrien : « Molto probabilmente fu proprio lui ad iniziare al neoplatonismo Plutarco» (p.25). Elle fait sienne la conclusion de Saffrey et Westerink 21, p. XLViI: «Plutarque d'Athènes, initié sans doute par Priscus et Jamblique II, puisant directement à la source même des œuvres du “divin Jamblique", fut le premier scholarque à entrer résolument dans le courant néoplatonicien. Aussi fut-il digne d'étre considéré, avec son disciple et successeur Syrianus. comme le fondateur à Athenes du néoplatonisme ». Crisculo 5, p. 61 : «L'ininterrotto insegnamento di Prisco ad Atene fino all'ultimo del IV secolo consente di stabilire il relais fra il neoplatonismo porfiriano e giamblicheo, introdoto ad Atene da Teodoro d'Asine e poi da Prisco stesso in epoca di decadenza dell'antica Accademia platonica, e Siriano e Proclo: Plutarco d'Atene fu forse iniziato al neoplatonismo proprio da Prisco ». Dans un passage devenu célèbre où Proclus répartit en plusieurs générations «les exégètes de l'époptie platonicienne qui ont déployé pour nous les trés saintes explications concernant les principes divins », on distingue (1) Plotin l'Égyptien, (2) Amélius et Porphyre, (3) Jamblique et Théodore (d'Asiné), (4) «les autres. quels qu'ils soient, qui à leur suite sont entrés dans ce chœur divin», (5) notre guide, c'est-à-dire Syrianus, le maître de Proclus, lui qui a reçu «en secret, des plus anciens que lui,» «la mystérieuse vérité des principes divins» (Proclus, Theologie platonicienne I 1, p. 6. 26 - 7, 8 Saffrey-Westerink). On voit que dans ce schéma, Plutarque, ancien maitre de Proclus, est tout au plus rapproché du chaur des philosophes de la quatriéme génération.
Mais la tradition jamblichéenne n'était pas du tout homogène et on pouvait repérer des distinctions, des tensions et méme des conflits ouverts entre des figures comme Maxime d’Ephese, Eusèbe de Myndos ou Théodore (d'Asiné). Dans l'état actuel de la documentation il faut donc rester prudent et éviter les simplifications hasardeuses. Priscus fait l'objet chez Eunape d'une « vie» indépendante (VIII), qui insiste sur son physique (il était beau et grand) et surtout sur ses traits de caractere: c'était un homme secret et réservé, doué d'une excellente mémoire, qui lui avait permis d'apprendre par cœur toutes les opinions des anciens ; il dédaignait les discussions et considérait la grande familiarité de son maitre Aidésius avec les artisans ou les commergants comme une trahison de la philosophie (V. Soph. VIII 2-9).
On ne sait trop ce que veux dire Eunape lorsqu'il écrit que Priscus « supportait de nombreuses innovations (νεωτερισμούς) de la part de jeunes gens qui s'enthousiasmaient pour la sagesse (xopufBaavriovrov ἐπὶ σοφίᾳ)» (ibid., VIII 10). S'agirait-il de la constatation forcée de la part du philosophe, platonicien commentateur d'Aristote, du développement à Athénes des tendances théurgiques caractéristiques d'une partie de la tradition de Jamblique? On sait qu'à l'intérieur de l'école d'Aidésius à Pergame, le philosophe Eusébe de Myndos (**E 157) s'opposait à cette tendance développée par son collegue Maxime d’Ephese et qu'il prönait
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plutöt « la purification assurée par la raison » (ibid. VII 16-26). Maxime, mais aussi Chrysanthe de Sardes (»*C 116) et le futur empereur Julien, tout comme assurément la lignée jamblichéenne d'Apamée (les deux Sópatros et Jamblique d'Apamée qui vint s'installer à Athènes un peu avant ou après 360). étaient au contraire de chauds partisans de la tendance théurgique. Cameron 25, p. 151-152, a fait remarquer que ce n'était pas dans la bibliothéque de Priscus lui-méme que Julien espérait trouver un exemplaire de l'ouvrage de Jamblique, mais bien chez un de ses proches: «Julian seems to have had reason to believe that Priscus himself did not even possess a copy of the most famous of lamblichus I's theurgical writings, his commentary on the Chaldaean Oracles. Otherwise he would hardly have asked Priscus to obtain a copy for him from his (Priscus") sister's son-in-law ». Voir déjà en ce sens Évrard 27, p. 405.
Aucun indice ne permet donc d'inscrire d'office Priscus dans le courant théurgique et le témoignage d'Eunape pourrait signifier qu'il avait vu ses disciples adopter de telles tendances à son corps défendant. Penella 4, p. 66-67. qui reconnait à juste titre qu'Eunape ne nous renseigne pas sur l'attitude de Priscus à l'égard de Jamblique, ni à l'égard de la théurgie, reproche à 39 G. Fowden, « The Pagan Holy Man in Late Antique Society», JHS 102, 1982, p. 44. d'avoir compris le passage d'Eunape comme si Priscus avait introduit des innovations contraires à l'enseignement de Jamblique; il interprète pour sa part ces innovations comme étant «the many socio-political upheavals of the fourth century » (p. 67). Suivant le texte de Wright 9 (μέμηνας). il rapporte à Priscus plutôt qu'à Julien la passion évoquée par ce dernier pour la philosophie de Jamblique: « You too (i.e. Priscus) are madly devoted to lamblichus in philosophy». Nous avons vu plus haut qu'il faut plutôt suivre le texte de Bidez 8 (μέμηνα) qui rapporte la phrase à Julien et comprendre : « Pour ma part,je raffole de Jamblique (de Chalcis) en philosophie ».
Priscus temples de marqua la Hilarius de
mourut à quatre-vingt-dix ans passés, à l'époque de la destruction des la Grece (par Alaric en 396: voir Eunape, V. Soph. VII 31-32), qui fin tragique de paiens comme Protérius de Céphalénie (»*P 306) et Bithynie (»^H 133). Il serait donc né un peu avant 305 et aurait eu
autour de soixante ans sous le régne de Julien.
Priscus semble avoir connu avant sa mort une période pénible évoquée
par
Libanius dans sa lettre 1076 (datable de 393), qui répond à une lettre du philo-
sophe. «A Priscus. J'ai repris vie à la réception de ta lettre, alors que, malgré les consolations de plusieurs (amis), personne n'avait pu obtenir quoi que ce soit. Et je n'ignore pas non plus tout ce que toi-méme tu as souffert, mais on ne peut comparer l'homme qui a le premier rang en philosophie et un individu (comme moi) qui s'affaire dans d'autres disciplines. Si donc l'occasion se présentant, tu envoies à nouveau une autre lettre, peut-étre celle-la aussi atténuera-t-elle ma tristesse présente ».
On ne voit pas si les souffrances analogues de Libanius et de Priscus sont de caractére physique ou moral, dues peut-étre à la condition de plus en plus précaire des paiens dans l'Empire. Le Priscus dédicataire d'une autre lettre de Libanius datable elle aussi de 393 (Epist. 1099) n'est pas le philosophe, mais un ancien élève de Libanius (Priscus lI chez Seeck 2. apparemment absent de la PLRE 1. à moins qu'il ne s'agisse d'Antonius Priscus 6, praeses Cariae en 384-393).
P 283
PROBUS (PROBA)
1539
Priscus fut un grand voyageur. Originaire d’Epire, il fut l'éléve d’Aidesius à Pergame. Il revint ensuite en Gréce avant 351, probablement à Athénes. Il rendit visite à Julien en Gaule, puis le rejoignit à la cour de Constantinople et le suivit à Antioche, oü il fréquenta Libanius, puis sur le front Perse. On ne sait pas s'il est resté en Asie mineure, comme Maxime, pendant les années oü furent inquiétés les anciens amis de Julien, mais il put rentrer en Gréce, oü il semble avoir vécu jusqu'à sa mort. RICHARD GOULET.
283
PROBUS (Proba)
VI?
Sous le nom de Probus (Proba, dans commentaires en syriaque sur des parties n'est connu de la personne méme de cet « archiátre et archidiacre d'Antioche » dans
la forme syriaque) sont conservés des de l'Organon aristotélicien, mais rien auteur, sinon qu'il est désigné comme la souscription de son commentaire sur
l’/sagoge dans les manuscrits de Berlin Sachau 226 et Mingana syr. 606 (voir ci-
dessous). L'époque à laquelle vécut Probus est elle-méme incertaine. Sur la foi d'une mention ambigué figurant dans un catalogue tardif des auteurs syriaques, dü à 'AbdiSuü' (métropolite de Nisibe, t 1318) qui associe son nom à des auteurs qui travaillerent à Édesse au V* siècle, on a longtemps placé l'activité de Probus à cette méme époque et lié son nom à la fameuse École des Perses d'Édesse. Cf. l'édition du
catalogue
de
'Abdisü',
dont
la
rédaction
daterait
de
1298,
dans
1
1.5.
Assemani, Bibliotheca orientalis Clementino-Vaticana, t. IIl 1, Roma 1725, p. 85. Les quatre vers concernant Probus se traduisent ainsi: « Hiba, Kumi et Proba traduisirent du grec en syriaque les livres de l’Interprète [Théodore de Mopsueste] et
les écrits d'Aristote». Cette datation, acceptée par l'éditeur du commentaire de Probus sur le Peri Hermeneias, 2 J. G. E. Hoffmann, De Hermeneuticis apud Syros Aristoteleis, Leipzig 1869 (2° éd., 1873), p. 141-146, a été reprise par tous les
érudits jusqu'à une époque toute récente, y compris par les éditeurs du texte grec attentifs à la tradition indirecte, tels que 3 L. Minio-Paluello (édit.), Aristotelis Categoriae et Liber de Interpretatione, coll. OCT, Oxford 1949, p. XI, et par le
plus récent analyste de la tradition orientale du Peri Hermeneias, 4 E. Montanari, La sezione
linguistica del Peri Hermeneias
di Aristotele, 2 vol., Firenze
1984-
1988, vol.I, p. 89. Les opinions traditionnelles touchant Probus et la tradition syriaque du Peri Hermeneias ont été reprises par 5 H. Weidemann, dans Aristoteles,
Peri
Hermeneias,
übers.
und
erläutert
von
H.
W.
coll.
« Aristoteles
Werke in deutscher Übersetzung » I, 2, Berlin 1994, p. 78-80. Assemani 1 lui-même, toutefois, avait noté que 'Abdisü' négligeait souvent l'ordre chronologique dans son ouvrage (cf. Hoffmann, 2, p. 141). D'autre part, plusieurs raisons s'opposent à cette datation trop ancienne, parmi lesquelles certains usages linguistiques et certains traits formels du commentaire (pour réserver la question du contenu) qui suggérent de le placer dans la seconde moitié du VI* siècle, au plus tôt. Sur les usages linguistiques de Probus et sa datation, voir 6 H. Hugonnard-Roche, «Les traductions syriaques de l'/sagoge de Porphyre et la
1540
PROBUS (PROBA)
P 283
constitution du corpus syriaque de logique», RHT 24, 1994, p. 293-312; repris dans 7 H. Hugonnard-Roche, La logique d’Aristote du grec au syriaque. Études sur la transmission des textes de l'Organon et leur interprétation philosophique, coll. « Textes et Traditions» 9, Paris 2004, p. 79-97; voir aussi 8 S. Brock,
« Towards a History of Syriac Translation Technique », dans R. Lavenant (édit.), III Symposium Syriacum 1980, coll. « Orientalia Christiana Analecta » 221, Roma 1983 p. 1-14 (p. 12). La date du VI“ siécle est celle qui parait la plus vraisemblable à Brock 8 et Hugonnard-Roche 7, eu égard aux usages linguistiques de Probus. Une
datation plus récente, cependant,
a été proposée
par 9 H. Suermann,
« Die
Übersetzungen des Probus und eine Theorie zur Geschichte der syrischen Übersetzung griechischer Texte», OC 74, 1990, p. 103-114, à partir de la comparaison
des traductions gréco-syriaques du Peri Hermeneias et des Analytiques Premiers effectuées par Georges des Arabes (1724) avec les traductions des mémes textes attribuées à Probus. De cette comparaison, Suermann conclut que le lexique et la méthode de traduction de Probus sont semblables à ceux de Georges et donc que Probus doit étre placé à l'époque de Georges. La méme conclusion est reprise dans 10 H. Suermann, « Anmerkungen zur Sprache der Übersetzungen und Kommentare von Aristoteles und Porphyrios bei Probus », dans R. Lavenant (édit.), V] Symposium
Syriacum,
coll. «Orientalia
Christiana
Analecta»
247,
Roma
1994,
p. 393-
400. Il convient de noter toutefois que la traduction des Premiers Analvtiques que Suermann 9 prend comme l’œuvre de Probus en suivant 11 A. Baumstark, Geschichte der syrischen Literatur, Bonn 1922, p. 102, est anonyme dans les manuscrits et que rien n'assure qu'elle soit de Probus. D'ailleurs Suermann 10 en est venu aussi à la conclusion que la traduction des Premiers Analvtiques n'est pas
l'eeuvre de Probus (p. 397). En outre, les caractéres stylistiques relevés dans les versions attribuées à Probus n'imposent pas absolument une datation aussi tardive. En particulier, s'il est vrai que les traductions syriaques ont évolué vers la littéralité entre le VI* et le VIII siècle, il n'est pas certain pour autant que la translittération des termes grecs soit toujours allée se généralisant durant cette période comme l'admet Suermann. Tout ce que l'on peut dire donc est que l'auteur nommé Probus a été actif au plus tót dans la seconde moitié du VI^ siécle. Tout en exercant la médecine, selon toute probabilité, Probus semble avoir eu une véritable activité philosophique. Probus a composé, en effet, un commentaire sur l’/sagoge de Porphyre, un commentaire sur le Peri Hermeneias, et un commen-
taire sur les Analvtiques premiers (jusqu'au chap. 7 du livre I). Il est, en outre, l'auteur d'une traduction du Peri Hemeneias. A considérer cet ensemble de textes,
on pourrait, d'ailleurs, se demander s'il n'a pas commenté aussi les Catégories, mais rien n'en est conservé. La
seconde
section
du
commentaire
sur l'/sagoge
a été éditée
à partir du
manuscrit de Berlin Sachau 226, dans lequel la premiére partie manque, par 12 A. Baumstark, Aristoteles bei den Syrern vom 5. bis 8. Jahrhundert, Leipzig 1900, réimpr. Aalen 1975, p. 4-12 (du syriaque), avec une traduction allemande, p- 148-156 (dans laquelle de nombreux mots, voire des phrases entières, sont resti-
P 283
PROBUS (PROBA)
1541
tués en version grecque). La premiére section, conservée dans le manuscrit Mingana, syr. 606 [cf. 13 S. Brock, « The Syriac Commentary Tradition », dans Ch. Burnett (édit.), Glosses and Commentaries on Aristotelian Logical Texts. The
Syriac, Arabic and Medieval Latin Traditions, coll. « Warburg Institute Surveys and Texts » 23, London 1993, p. 3-18, à la p. 11], est restée inédite (des fragments du méme
ouvrage
sont conservés dans les manuscrits BL Add.
17215, fol. 7-8, et
Deir al-Suryan syr. fragment 88). La notice de Baumstark 12 (p. 139-148) sur le commentaire de Probus est largement périmée du fait qu'il a adopté une datation erronée pour l'ouvrage, en suivant les indications de "Abdi$ü‘, publiées dans Assemani 1. De son cóté, Suermann 10, p. 399, propose, sur la base de quelques comparaisons lexicales, de placer le commentaire attribué à Probus à une date antérieure à la traduction de l'/sagoge de Porphyre qu'il donne encore comme attribuée
à Sergius
de Re3ainä
(t 536), Toutefois
cette dernière
attribution est
aujourd'hui abandonnée (la traduction est éditée comme anonyme par 14 S. Brock, Journal of the Iraqi Academy, Syriac Corporation, 12, 1988, p. 315-366). De plus la base lexicale de comparaison retenue est extrémement réduite et ne permet guére de conclusion assurée. Le commentaire de Probus sur le Peri Hermeneias a été partiellement édité, sur la base d'un seul manuscrit incomplet (Berlin syr. 88, olim Königliche Bibliothek, Petermann 9) par 15 J. G. E. Hoffmann, De Hermeneuticis apud Syros Aristoteleis, Leipzig 1869, avec traduction latine et notes. L'édition contient la premiére section du commentaire et un court fragment de la deuxiéme section, le tout couvrant approximativement les six premiers chapitres du Peri Hermeneias. D'autres manuscrits contiennent
le reste du traité (cf. Brock
13, p. 13). Par sa forme, ce
commentaire est semblable aux commentaires d'Olympiodore (»*O 17) et de ses successeurs: on y retrouve la division en θεωρία et en λέξις, selon laquelle la partie commentée donne lieu d'abord à une discussion générale du contenu de cette partie, puis à une explication de points particuliers (de vocabulaire, notamment) du texte étudié. Dans son contenu, le commentaire de Probus est trés proche des commentaires néoplatoniciens de la tradition alexandrine, et il reprend, par exemple, en son début, les sept points qu'il faut étudier avant la lecture de tout livre. Montanari 4, vol. I, p. 90, a souligné l'existence de nombreuses coincidences entre ce commentaire de Probus et celui de Stéphanus, dans l'organisation générale du commentaire, dans le découpage des lemmes et dans les leçons mêmes du texte aristotélicien offertes par les deux œuvres, d’où il a conclu que toutes deux ont puisé à la même source. Il semble toutefois que les coincidences soient bien moins nombreuses que ne le laisse entendre l'auteur. On peut lire une analyse partielle du commentaire de Probus, portant sur les pages dans lesquelles Probus traite de la phrase prédicative et de la phrase apophantique, dans 16 H. Hugonnard-Roche, «La théorie de la phrase selon Proba, un témoin syriaque de la tradition grecque (VIS siècle)», dans
Ph. Büttgen,
S. Diebler,
M.
Rashed
(édit.), Théories
de la
phrase et de la proposition de Platon à Averroés, coll. «Études de littérature ancienne » 10, Paris 1999, p. 191-208, repris dans Hugonnard-Roche 7, p. 275-291.
1542
PROBUS (PROBA)
P 283
Des remarques (à lire avec précaution) sur le commentaire de Probus se trouvent dans 17 J. Teixidor, «L'introduction au De interpretatione chez Proba et Paul le Perse », dans R. Lavenant (édit.), Symposium Syriacum VII, coll. OCA 256, Roma
1998, p. 293-301. qui caractérise notamment, à tort, le traité comme rédigé parfois comme un commentaire par questions et réponses (p. 301), ce qui n'est pas exact. Le commentaire contient aussi, en traduction syriaque, des lemmes du texte d' Aristote (introduits par le nom du philosophe ou par les lettres A ou Ar, tandis que la glose est précédée du nom de Proba ou des initiales P ou Pr). La comparaison de ces lemmes avec une traduction entiere du Peri Hermeneias, restée anonyme dans les manuscrits alors connus, avait conduit Hoffmann 15, p. 19, à penser qu'il s'agissait de deux traductions distinctes, mais si proches qu'elles avaient été faites sur un seul et méme manuscrit grec, opinion reprise par Minio-Paluello 3, p. XX, et par Montanari d, vol. I, p. 89. Pourtant la traduction est attribuée à Probus dans le manuscrit syriaque Mingana 606 (copié en 1933, sur un exemplaire datant des environs de l'année 1822; cf. A. Mingana, Catalogue of the Mingana Collection of manuscripts, vol. I, Cambridge 1933, n? 606), et la comparaison entre cette traduction et les lemmes contenus dans le commentaire de Probus suggére qu'il s'agit bien d'une seule et méme version, due à Probus: cf. l'analyse des textes faite par Hugonnard-Roche 7, chap. 3 («La tradition syro-arabe du Peri Hermeneias »).
p. 58-67. Méme conclusion dans Suermann 10, p. 396. Le commentaire de Probus sur les Premiers Analytiques a été édité (d’après deux manuscrits, Berlin Sachau 226 et un manuscrit ayant appartenu à P. Bedjan, aujourd'hui perdu), avec traduction française, par 18 A. van Hoonacker, « Le traité du philosophe syrien Probus sur les Premiers Analytiques d'Aristote», JA 16, 1900, p. 70-166. Le commentaire couvre le début du traité d'Aristote, jusqu'au chap. 7 du livre I: il s'agit donc d'un épitomé de logique aristotélicienne, introductif à la syllogistique, dont le format (sinon le contenu) est semblable à celui d'autres épitomés composés dans l'antiquité tardive, par exemple celui de Paul le Perse (»+P 61), intitulé «Traité sur l’œuvre logique d'Aristote ». Par son contenu comme par de nombreux traits formels (par exemple, l'énumération, en ouverture du traité, des sept points qu'il convient d'étudier avant l'étude de tout ouvrage), le commentaire de Probus se situe clairement dans la lignée des commentaires grecs tardo-antiques. Une proposition d'amélioration du systéme de numération syriaque, utilisant aussi les lettres de l'alphabet, par un certain «Proba le philosophe », préservée dans le manuscrit de Berlin, Sachau 113. pourrait être l’œuvre de Probus ; cf. l'extrait publié dans 19 E. Sachau, Verzeichnis der syrischen Handschriften, Berlin 1899, p. 33-34. Il se pourrait aussi que Probus ne soit autre que le personnage du méme nom qui accompagna le patriarche d'Antioche Pierre de Callinique à Alexandrie vers 581, où ils discutèrent de christologie avec un sophiste du nom de Stephanos. et qui acheva sa vie comme métropolite chalcédonien de Chalcédoine. Ces hypothèses nous ont été suggérées par S. Brock, qui nous a aimablement communiqué sa notice sur Proba, à paraitre en 2011 dans The Gorgias Encyclopedic Dictionary of the Syriac Heritage. HENRI HUGONNARD-ROCHE.
P 285
PROBUS DE NARBONNE
1543
PROBUS DE LILYBEE RESuppl. XV:25b «Homme
cultivé»
(ἐλλόγιμος),
chez
M Ill qui
Porphyre
se rendit
lorsqu'en
la
quinziéme année du régne de Gallien (268) il voulut, sur les conseils de Plotin,
aller soigner en Sicile une mélancolie qui l'avait amené à songer à «quitter la vie ». Ce n'était pas nécessairement un philosophe. Selon H. D. Saffrey, « Pourquoi Porphyre a-t-il édité Plotin 2», dans Porphyre, Vie de Plotin, Paris 1992, t. II, p. 34 = Le néoplatonisme aprés Plotin, t. II, Paris 2000, p. 6, il pourrait s'agit d'«un fonctionnaire romain ou un riche propriétaire foncier». Il serait aventureux de rapprocher ce Probus de l'un ou l'autre homonyme de cette époque. Sur le sens ἀ᾽ ἐλλόγιμος, voir la note de R. Goulet. dans Porphyre, Vie de Plotin, Paris 1992,
t. II, p. 257-258.
Helene Whittaker, « The purpose of Porphyry's Letter to Marcella », SO 76, 2001, p. 150168, notamment p. 151-152, n. 6, envisage de reconnaitre en Probus l'ami décédé dont Porphyre épousa la veuve Marcella. RICHARD GOULET.
285
PROBUS DE NARBONNE
RE 2
PLRE II:
ca 425 -?
Condisciple de Sidoine Apollinaire (ca 431-ca 486) chez le professeur de rhétorique et de philosophie Eusébius (2+E 152), sans doute à Arles vers 450. Cf. 1 J. Sundwall, Weströmische Studien, Berlin 1915, p. 122 et 389; 2 A. Loyen, Sidoine Apollinaire et l'esprit précieux en Gaule
aux derniers jours de
l'Empire, «Collection d'études latines — Série scientifique » 20, Paris 1943, p. 13, 62-63,
84 et 98; 3 K.F. Stroheker, Der senatorische Adel im spátantiken Gallien,
Tübingen
1948, réimpr. Darmstadt
senatorischen
Adel
im
spätantiken
1970, 140 p., Anhang: Gallien,
p. 206,
n?
Prosopographie zum
315 ; 4 F.-M.
Kaufmann,
Studien zu Sidonius Apollinaris, coll. « Europáische Hochschulschriften. Reihe III, Geschichte und ihre Hilfswissenschaften» 681, Diss. Leipzig, Frankfurt am Main/Berlin
[1995],
398
p.
(«Prosopographie
der
Adressaten
des
Sidonius »,
p. 275-356), p. 338, n? 90. Probus était le petit-fils d'Agricola (RE 3; PLRE II:), consul en 421 (Sid. Apol., Carm. XV 150-153), le fils de Magnus (»*M 13), préfet du prétoire des Gaules en 458-459 et consul honoraire en 460, le frère de Magnus Félix (RE 21; PLRE II:), préfet du prétoire des Gaules en 468 [selon Loyen], et d'Aranéola (RE; PLRE Il:)
(Carm. XV 150-153), l'épouse du philosophe Polémius (»*P 216) (Carm. XIV et XV). Sur la famille de Probus, voir l'arbre généalogique donné par Stroheker 3, p. 237-238, et le stemma
15 de la PLRE II, p. 1318.
Il était cousin par alliance de Sidoine Apollinaire, dont il avait épousé une cousine germaine [soror en Epist. IV 1, 1, signifie «cousine », car Sidoine précise que les liens qui l'unissent à Probus ne sont pas ceux de fréres, mais de cousins: patruelis fraternitas] du nom d'Eulalie (Carm. XXIV 95). On peut ajouter que Probus était, comme Félix, sans doute du cóté de sa mére, de la «maison» de Philagrius (RE 7; PLRE II:), grand-père (?) (Carm. VII 156 et 159) de l'empereur Avitus (455-456) dont Sidoine avait épousé la fille, Papianilla (RE 2).
P 285
PROBUS DE NARBONNE
1544
Dans sa Lettre IV 1, adressée à Probus, Sidoine évoque leurs goüts littéraires communs ($ 2) et leurs études [vers 450, peut-étre à Arles, siége de la préfecture du prétoire des Gaules, fonction exercée par le pére de Sidoine en 448, et οὗ il était lui-méme
en janvier 449
(Epist. VIII 6, 5)] dans
la demeure
d'Eusébius
(intra
Eusebianos lares, ὃ 3), où Probus représenta pour son condisciple (et pour d'autres éléves ?) un véritable maitre ($ 2), ce qui fait supposer à Loyen [note complémentaire 2 de son édition, p. 225] qu'il était en quelque sorte l'assistant d'Eusébius. Aprés avoir énuméré les disciplines que Probus avait mises à la portée de ses condisciples (l'épopée, la comédie, la poésie lyrique, l'art oratoire, l'histoire, la satire, la grammaire, le panégyrique, la philosophie, l'épigramme, la critique littéraire et la science juridique !), Sidoine décrit l'atmosphére qui régnait dans les cours d’Eusebius, où Probus se comportait, sous la conduite du maitre, comme un spécialiste de la dialectique et traitait «comme un athénien» des Catégories d' Aristote ($ 3).
Dans un de ses poémes, adressé à Félix (IX 333), Sidoine présente Probus comme un «pilier de science » (doctrinae columen) et feint de redouter pour son poéme la critique pourtant bienveillante de son ami. Dans le poéme final de son recueil, Sidoine expose à son libellus le trajet qui va l'amener chez ses différents «confrères » (sodales). Une des étapes est la maison
de Magnus à Narbonne [Carm. XXIII 445 mentionne Magnus parmi les hótes narbonnais de Sidoine]: «Puis dirige-toi vers le palais du consul Magnus, cher petit livre, et chez ton ami Félix; et là dans la bibliothéque paternelle, telle que n'en posséda jamais le sévére Philagrius lui-méme, Probus te fera admettre aprés
t'avoir apprécié ; tu y seras lu souvent par ma chère Eulalie... » (Carm. XXIV 9098; trad. Loyen).
Bien qu'il ait appartenu à une famille profondément engagée dans la vie politique, on ne connait aucune fonction dont Probus aurait assumé la charge. RICHARD GOULET.
286
PROCLES
fl. D II?
Il était, selon Sextus, Adv. math. 1 258 (2 Théophraste, test. 18, 4 Fortenbaugh), avec Démaratos (»*D 35), l'un des deux fils issus du second mariage de Pythias
(»P 335), la fille d'Aristote, avec Proclès, un descendant du roi de Sparte Démaratos (RE 1). Les deux fréres, qui étaient donc petits-fils d' Aristote, auraient « philosophé » auprés de Théophraste. Le frére de Proclés, Démaratos, est effectivement mentionné comme
l’un des dix héritiers de Théophraste
(mort en 286*) en
D.L. V 52-53. Voir l'arbre généalogique dans la notice « Aristote de Stagire — Prosopographie » A 414, DPhA I, 1989, p. 421. RICHARD GOULET.
P 291 287
PROCLUS
1545
PROCLES DE METAPONTE Pythagoricien
ancien
dont
le nom
figure dans
le catalogue
de Jamblique
(V. pyth. 36, 267, p. 144, 6 Deubner = 1 DK
58 A, t. I, p. 446,
remonter à Aristoxene de Tarente. Son nom
est répertorié dans 2 W. Pape et
G. Benseler,
Wörterbuch
der griechischen
Eigennamen,
19), qui semble
t. II, p. 1257
(10), ainsi
que dans le 3 LGPN, t. III A, p. 377. Il y a un Proclés de Phlionte, datant du début du IV* s. av. J.-Chr. (cf. 4 H. Schafer, art. « Prokles» 8, RE XXIII 1. 1957, col. 178-179), qui pourrait avoir un lointain rapport de filiation avec le Métapontin Proclés, à supposer que ce dernier se soit refugié en Gréce au moment des révoltes anti-pythagoriciennes pour y rejoindre le cercle pythagoricien de Phlionte. CONSTANTINOS
PROCLINUS
DE TROADE
Platonicien
MACRIS.
RE (Proklinos)
du milieu du III siècle qui a vécu
Iii (διατρίψας) en Troade
(Por-
phyre, Vita Plotini 20, 30-31). Dans la Préface de son livre Sur la fin, Longin le classait parmi ceux qui ont composé des ouvrages, mais qui « n'ont rien fait de plus que de rassembler et transcrire les textes composés par leur prédécesseurs» (ibid. 20, 58-60). Cf. Brisson, Prosopographie, PVP I, s.v. LUC BRISSON.
289
PROCLUS
PLREII:
6
FV-DVI
Fils d'Isidore d’Alexandrie (**I 31) et de son épouse Domna, morte cinq jours aprés la naissance de l'enfant (Damascius, Vita Isidori, Epit. Phot. 301). Isidore lui donna
manifestement
le nom
de son propre maitre Proclus de Lycie (»*P 292).
Pour un arbre généalogique de la famille d'Isidore, voir PLRE II, stemma 33, p. 1327, et R. Goulet, notice «Isidore d' Alexandrie », I 31, DPhA III, p. 872. Nous n'avons pas de témoignage explicite concernant une quelconque activité philosophique, mais M. Di Branco, La città dei filosofi, Firenze 2006, p. 176-177, a proposé de l'identifier avec le philosophe athénien Proclus (»*P 290) connu par un témoignage de Jean Malalas, et de le reconnaitre dans des extraits de la Vie d'Isidore de Damascius (Ep. Phot. 303-306) qui font mention d'un jeune homme (νεανίσκος), apprécié par les philosophes de l'entourage de Marinus (ΡΜ 42), qui dans une situation difficile avait apporté beaucoup de lumiére gráce à une explication qu'il avait donnée (fr. 361a Zintzen). Or, un passage paralléle de la Souda (II 2671 - fr. 361, p. 293, 5-7 Zintzen) prolonge la citation en ajoutant le
nom de Proclus (Προσηγάσθησαν : ὑπερεθαύμασαν. τοῦτον ἀπεδέξαντο τὸν λόγον τοῦ νεανίσκου καὶ προσηγάσθησαν, πῶς οἴει, σφόδρα τὸν Πρόκλον). RICHARD GOULET.
290
PROCLUS D’ATHENES Philosophe Anastase
selon
P 290
PROCLUS D’ATHENES
1546
athénien
PLRE 11:8 réputé
à Constantinople
Jean
Malalas,
DVI
(ἀνὴρ
περιβόητος),
en 515, dans
Chronogr.
16,
le contexte
p. 403-406
convoqué de
par
la révolte
de
Dindorf = p. 330-332
l'Empereur Vitalianus,
Thurn.
Il
aurait suggéré à l'empereur l'emploi d'une arme qui aurait assuré une victoire navale décisive sur les forces de l'usurpateur. Il s'agissait apparemment d'un produit inflammable (θεῖον ἄπυρον) sous l'effet des rayons du soleil qui embrasait
les navires ou les maisons sur lesquels il était catapulté. Ayant refusé la récompense que lui proposait l'empereur, Proclus aurait demandé à retourner à Athénes où il serait mort peu de temps après. M.
Di
Branco,
La
città
l'identifier avec un homonyme
dei filosofi,
Firenze
2006,
p.
177,
a proposé
de
(»P 289), fils d'Isidore d' Alexandrie, lequel avait
été disciple de Proclus de Lycie (»*P 292), puis scholarque néoplatonicien à Athenes. Mais la suite du récit chez Malalas fait intervenir un autre philosophe Proclus, originaire d'Asie (**P 291), et d'autres personnages se nomment Marinus,
Patricius (nom du pére de Proclus de Lycie) ou Platon, de sorte que le caractére historique de toutes ces anecdotes est fort douteux. RICHARD GOULET.
291
PROCLUS
PLRE 11:9
D VI
« Philosophe asiate » (originaire de la province d'Asie) et interpréte des songes (oneirocrite). D’apres Jean Malalas, Chronographia 20. p.408,12 - 409,10 Dindorf = p. 334-335 Thurn, et plusieurs autres sources byzantines, il interpréta à Constantinople un rêve de l'Empereur Anastase I“ (491-518) et celui, semblable,
du cubiculaire Amantius en annongant leur mort prochaine. Chez Malalas, ce récit vient à la suite de celui concernant le philosophe Proclus l' Athénien (»*P 290). RICHARD GOULET.
292
PROCLUS DE LYCIE
RE4
PLREIEA4
412-485
Philosophe et commentateur néoplatonicien. Bibliographies. 1 N. Scotti Muth, Proclo negli ultimi quarant'anni. Bibliografia ragionata della letteratura primaria e secondaria riguardante il pensiero procliano
e i suoi influssi storici (anni
1949-1992),
Milano
1993;
2 P. d’Hoine,
Chr. Helmig, C. Macé, L. Van Campe, under the direction of C. Steel, Proclus : Fifteen Years of Research (1990-2004). An Annotated Bibliography = Lustrum 44,
2002. Présentations générales. 3 Proclus, The Elements of Theology, A Revised Text with Translation, Introduction, and Commentary
Introduction, p. IX-XLVI;
by E. R. Dodds, Oxford
4 L.J. Rosán, The Philosophy of Proclus.
19637,
The Final
Phase of Ancient Thought, New York 1949; 5 R. Beutler, art. «Proklos» 4. RE XXIII 1, 1957, col. 186-247 (nous mentionnons toujours entre crochets carrés les
P 292
PROCLUS DE LYCIE
1547
numéros attribués par Beutler aux différents ouvrages de Proclus, sans pourtant suivre son ordre) ; 6 Proclus, Theologie platonicienne, par H. D. Saffrey et L.G. Westerink, CUF, 6 vol., Paris 1968-1997, t. I, p. IX-CXCII; 7 L. Siorvanes,
Proclus. Neo-Platonic Philosophy and Science, New Haven/London 1996. Actes de congrés et recueils d'études. 8 G. Boss et G. Seel (édit.), Proclus et
son influence. Actes du Colloque de Neuchátel juin 1985, Zürich 1987 ; 9 J. Pépin et H. D. Saffrey (édit.), Proclus lecteur et interprète des Anciens. Actes du Collo-
que International du CNRS, Paris (2-4 octobre 1985), Paris 1987; 10 A.-Ph. Segonds et C. Steel (édit.), Proclus et la Théologie platonicienne. Actes du Colloque International de Louvain (13-16 mai 1998). En l'honneur de H. D. Saffrey et L.G.
Westerinkt,
coll.
«Ancient
and
Medieval
Philosophy.
De
Wulf-Mansion
Centre. Series I» 26, Leuven/Paris 2000 ; 11 M. Perkams et R. M. Piccione (édit.), Proklos. Methode, Seelenlehre, Metaphysik. Akten der Konferenz in Jena am 18.-
20. September 2003, coll. «Philosophia Antiqua» 98, Leiden 2006; 12 H.D. Saffrey, Recherches sur le néoplatonisme aprés Plotin, coll. «Histoire des doctrines de l'Antiquité classique » 14, Paris 1990 ; 13 Jd., Le néoplatonisme après Plotin, coll. «Histoire des doctrines de l'Antiquité classique» 24, Paris 2000; 14 Id., L'héritage des Anciens au Moyen Age et à la Renaissance, coll. « Histoire
des doctrines de l'Antiquité classique » 28, Paris 2002. Œuvres complètes. Il n'existe pas, à ce jour, de collection d'œuvres complètes de Proclus. On trouvera indiquées les principales éditions dans le paragraphe Editions de chacun de nos articles. Fragments. Il n'existe aucune collection des fragments des œuvres perdues de Proclus en dehors de celle, trés partielle, de 15 Th. Taylor, The Fragments that remain of the Lost Writings of Proclus, surnamed the Platonic Successor, London
1825. Aprés avoir effectué une recherche méthodique, nous présentons ici la liste de tous les fragments ainsi repérés, dont nous pensons donner une édition à paraitre dans un volume des Cahiers de la revue Accademia. Ouvrages
les plus
souvent
cités. (a) Éditions
critiques
avec
introduction,
traduction et notes: Dodds 3; Saffrey et Westerink 6, t. I-VI ; 16 Proclus, Sur le Premier Alcibiade de Platon, par A.-Ph. Segonds, CUF, 2 vol., Paris 1985-1986; 17 Marinus, Proclus ou sur le bonheur, par H. D. Saffrey et A.-Ph. Segonds, avec la collaboration de C. Luna, CUF,
Paris 2001 ; 18 Proclus, Commentaire
sur le
Parménide de Platon, par C. Luna et A.-Ph. Segonds, CUF, Paris 2007 (livre I, 2 vol.), 2010 (livre ID, 2011
(livre IID.
(b) Traductions annotées : 19 Proclus, Commentaire sur le Timée, traduction et notes par À. J. Festugière, 5 vol., Paris
1966-1968 ; 20 Proclus, Commentaire
sur
la République, traduction et notes par A. J. Festugiére, 3 vol., Paris 1970.
Nous citons toujours les traductions du Père Festugière 19 et 20 pour l'in Tim. et l'in Remp., et les traductions publiées en vis-à-vis du texte grec dans les éditions de la CUF pour la Theol. plat., l'in Alc., l'in Parm. I-TII, et Marinus, Proclus ou sur le bonheur.
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PROCLUS DE LYCIE
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Biographie. La source primaire pour reconstruire la biographie de Proclus est l'éloge funèbre que son élève Marinus (**M 42) a prononcé entre la mort de Proclus (17 avril 485) et l'éclipse de lune du
19 mai 486, probablement à l'occa-
sion du premier anniversaire de la mort de Proclus (cf. Saffrey et Segonds 17, per totum). À ce document majeur il faut ajouter les renseignements à tirer de la Vie d’Isidore
par
Damascius
(Damascii
Vitae
Isidori
reliquiae,
ed.
C.
Zintzen,
Hildesheim 1967; Damascius, The Philosophical History, by P. Athanassiadi, Athènes 1999). Aprés une première reconstruction par Rosán 4, p. 11-35 (traduction
anglaise
de
Marinus,
Proclus,
p. 13-35)
et par
Beutler
5, col.
186-190,
la
biographie de Proclus a été tracée sur de nouvelles bases et à l'aide des sources anciennes par Saffrey et Westerink 6, t. I, p. IX-XXVI; voir aussi PLRE II, s.v. Proclus 4, p. 915-919. Proclus est né le 7 février 412 à Byzance;
ses parents, Marcella et Patricius,
étaient originaires de Xanthos en Lycie, et son père exerçait la profession d'avocat (Marinus, Proclus 6, 2-8). Patricius est probablement le fils de Tatianus, originaire de Lycie (sans doute de la ville de Sidyma), préfet d'Égypte de 367 à 370, comes sacrarum
largitionum
d'Orient en 374-380,
nommé
préfet d'Orient en 388, et le
frére de Flavius Proclus, né vers 360, nommé comte d'Orient en 383, et préfet urbain de Constantinople en 388. En 392, les intrigues de Rufin provoquent la chute de Tatien et de son fils Flavius Proclus: ce dernier est mis à mort sous Théodose le 6 décembre 393, tandis que Tatien, d'abord condamné à mort lui
aussi, voit sa peine commuée en exil en Lycie (cf. 21 R. Delmaire, Les responsables des finances impériales au Bas-Empire romain (IV'-VI* s.). Études prosopographiques, coll. «Latomus», Bruxelles 1989, n? 28, p. 62-67 [Flavius Eutolmius Tatianus], n? 50, p. 104-108 [Flavius (Eutolmius ?) Proculus]). On peut
donc tracer l'arbre généalogique suivant : Tatianus de Lycie PPO 388 | Flavius Proclus (t 393)
Patricius o Marcella | Proclus le philosophe (né en 412)
Aprés la naissance de Proclus, la famille retourna dans son pays d'origine (ibid. 6, 15-16), où Proclus fréquenta l'école d'un grammairien (ibid. 8, 1-2), il se rendit ensuite à Alexandrie, oü il étudia la rhétorique à l'école de Léónas (inconnu par ailleurs) et la grammaire à l'école d'Orion (»*O 44), ainsi que le latin et le droit
romain,
probablement
l'administration
parce
impériale
que
son
pére
le destinait
à une
(ibid. 8, 2-25). Alors qu'il était encore
carriére
dans
à Alexandrie,
Proclus accompagna Léónas à Byzance, oü celui-ci se rendait pour s'acquitter d'une mission dont il avait été chargé par Théodore, à ce moment gouverneur d'Égypte (ibid. 9, 1-11); à son retour à Alexandrie, Proclus abandonna les études de rhétorique pour se consacrer à la philosophie: il étudia la philosophie
P 292
PROCLUS DE LYCIE
1549
aristotélicienne à l'école d'un certain Olympiodore (»*O 15), les mathématiques à l'école d'un certain Héron (ibid. 9, 12-19). Une fois ces études achevées, Proclus,
qui n'avait pas encore vingt ans, se rendit à Athènes, où il fut accueilli par son compatriote Nicolas de Myre (»*N 47) (ibid. 10, 1-23) et devint l'éléve de Syrianus (ibid. 11, 1-23) et de Plutarque d'Athénes (ibid. 12, 1-9). En deux ans, il
lut le De anima d' Aristote et le Phedon de Platon sous la direction de Plutarque (ibid. 12, 9-29) et, à la mort de Plutarque (432), commenga ses études sous la direction de Syrianus, qui avait succédé à Plutarque comme "diadoque de Platon" et chef de l'Académie (ibid. 12, 29-36). Aprés avoir lu en moins de deux ans tous les traités d'Aristote, depuis les ouvrages de logique jusqu'à la Métaphysique, Proclus entreprit l'étude de Platon, ce qui l'amena à composer la plupart de ses commentaires platoniciens (ibid. 13, 1-17). A la mort de Syrianus (437), Proclus,
âgé de 25 ans, lui succéda à la tête de l’Académie et il habita la maison ou ses deux maîtres avaient vécu auparavant (cf. notice « Plutarque d' Athénes », »*P 209). Son activité d'enseignement pendant plus de quarante ans est à l'origine de son œuvre
immense dont il ne nous reste qu'une partie. Bien que sa vie füt entiérement consacrée aux études, il lui arrivait de s'occuper de la vie civile et politique d'Athénes en assistant à des assemblées publiques et en adressant des requétes aux gouverneurs (ibid. 15, 1-13). A un certain moment, pour échapper aux difficultés que lui causaient des adversaires en qui l'on peut reconnaitre les Chrétiens, Proclus dut quitter Athénes et séjourner en Lydie, peut-étre à Sardes, pendant une année. L'identification de l’hôte de Proclus avec Périclès, le dédicataire de la Theologie
platonicienne,
proposée
par
C.
Manitius
dans
son
édition
de
l’Hypotyposis
astronomicarum positionum (cf. infra, n? 39, p. 1628), n'est pas assurée (cf. notice
«Périclés de Lydie», »*P 80). 1] profita de son exil en Lydie pour connaître les pratiques rituelles des Lydiens et, à son tour, leur expliquer le culte des dieux (ibid. 15, 14-35). Proclus fait allusion à cette année passée en Lydie au début de
l' Hypotypose (chap. I, proéme, 4, p. 2, 14-16): ᾿Εγὼ δὲ πέρυσι μέν, ἡνίκα παρ᾽ ὑμῖν διῃτώμην Ev Λυδοῖς μέσοις, εἰ σχολῆς λαδοίμην, xai ταῦτά oot συνδιαπονήσειν κατὰ τὸν ἐμαυτοῦ τρόπον ὑπεσχόμην («Quant à moi, l'année dernière, lorsque je séjournais parmi vous en plein milieu de la Lydie, je t'ai promis, si j'en avais le loisir, de travailler avec toi sur ces questions à ma propre façon»). C'est peut-être à cet épisode de la vie de Proclus que se rapporte l'information transmise par Jean Lydus, De mensibus IV 58, p. 113, 5-8 Wünsch: Ὅτι τὴν Ev Λυδίᾳ Φιλαδέλφειαν Αἰγύπτιοι ἐπόλισαν. Ὅτι οἱ περὶ τὸν φιλόσοφον Πρόκλον μικρὰς Ἀθήνας ἐκάλουν τὴν Φιλαδέλφειαν διὰ τὸν πρὸς ἐκείνας ζῆλον διά «xe» τὰς ἑορτὰς καὶ τὰ ἱερὰ τῶν εἰδώλων («Les Égyptiens ont fondé Philadelphie en Lydie. Le philosophe Proclus appelait Philadelphie “la petite Athènes” à cause de sa rivalité avec Athènes, de ses fêtes et du culte des idoles »). L'information relatée par Lydus peut donc faire allusion au jugement que Proclus portait sur Philadelphie et qu'il aurait communiqué à ses éléves (Jean Lydus avait été l'éléve d'Agapius d'Athénes (»*A 31], à son tour élève de Marinus, cf. Saffrey et Segonds 17, p. XXII n. 3), cf. 22 M. Maas, John Lydus and
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P292
the Roman Past. Antiquarianism and Politics in the Age of Justinian, London/New York 1992, p. 30-31. Une fois rentré à Athénes, Proclus reprit son activité philosophique et politique (Marinus, Proclus 15, 36 sqq.). C'est dans cette période que se place le séjour à Athènes d'Ammonius (»*A 141) et d'Héliodore (»*H 30), les deux fils d'Hermias d’Alexandrie (»*H 78) et d'Aidésia (#+A 55), une parente de Syrianus: le 18 novembre 475, à Athénes, Héliodore fit une observation astronomique avec un θεῖος qui est probablement à identifier avec Proclus (si θεῖος signifie divin), bien que certains préfèrent y voir Grégoire (si θεῖος signifie oncle), le frère d'Hermias (les sept observations d'Héliodore, qui s'échelonnent du 18 novembre 475 au 21 août 510 et dont seule la plus ancienne fut faite à Athènes, alors que les autres eurent lieu à Alexandrie, sont enregistrées dans une note liminaire à l'Almageste de Ptolémée, publiée par J. L. Heiberg dans Claudii Ptolemaei Opera quae extant omnia, t. IIl, Leipzig 1907, p. XXXV-XXXVII ; cf. 23 ©. Neugebauer, A History of Ancient Mathematical Astronomy, 3 vol., Berlin/New York 1975, t. II, p. 1038-1041). Quoi qu'il en soit de l'identification du θεῖος. cette observation donne une date précise pour le séjour d'Ammonius à Athénes et permet de déterminer avec un peu plus de précision la date de naissance d'Ammonius (au plus tard ca 460). Proclus mourut à Athènes le 17 avril 485 et fut enterré
dans le faubourg oriental de la ville prés du Lycabette, aux cótés de son maitre Syrianus (ibid. 36. 1-6, 24-42); la découverte récente de l'épitaphe de Syrianus par 24 G.N. Kalliontzes, « Ἀττικὲς ἐπιγραφὲς ἀπὸ τοὺς Ἀμπελοκήπους », Horos 14-16, 2000-2003, p. 157-166, en part. p. 157-163, ne suffit pas pour localiser la tombe de Syrianus et de Proclus, dont l'emplacement demeure incertain (cf. 25 D. Marchiandi, « Tombe di filosofi e sacrari della filosofia nell' Atene tardo-antica : Proclo e Socrate nella testimonianza di Marino di Neapolis », ASAA, vol. 84, Serie III, 6, t. I, 2006, p. 101-130, en part. p. 101-113). Sur la vie intellectuelle et politique à Athènes au V* siècle et sur l'organisation de l'Académie, voir l'excellente étude de 26 M. Di Branco, La città dei filosofi, Firenze 2006, en part. p. 116-157 ; voir aussi 27 E. J. Watts, Ciry and School in Late Antique Athens and Alexandria, Berkeley/Los Angeles/London 2006, en part. p. 77-118, bien que la documentation soit moins riche et les interprétations des textes ne soient pas toujours judicieuses. Parmi les éléves de Proclus (cf. Saffrey et Westerink 6, t. I, p. L-LIV) il faut mentionner Marinus, à qui Proclus a dédié la dissertation sur le mythe d’Er (in Remp., 16° diss., t. II. p. 96-359 Kroll; cf. infra, n? 19, p. 1587), Ammonius, témoin des cours de Proclus sur De interpr., Anal. pr. et Anal. post. (cf. infra, n? 2-4, p. 1556-1562), et Asclépiodote (#+A 453), à qui il a dédié le commentaire sur le Parménide (cf. 1 618. 16-20; cf. Luna et Segonds 18, t. I/1,
p. XVIII-XIX ; infra, n? 18, p. 1580-1586). C'est Marinus qui succéda à Proclus à la tête de l’École d' Athénes. [Le poéte Christodore de Coptos (**C 115), dans un monobiblion intitulé Sur les auditeurs du grand Proclus, présentait le philosophe athénien Agapius (**A 31). comme «le dernier, mais le premier de tous» les disciples de Proclus. Voir 27bis J. Radicke, FGrHist Continued, IV 1: Biography, fasc. 7: Imperial and undated authors, Leiden 1999, n? 1084 F 2, et 27ter 1. Schamp
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PROCLUS DELYCIE
1551
et M. Dubuisson, Jean le Lydien. Des magistratures de l'État romain, t. 1, 1" partie. Introduction générale, Paris 2006, p. XXI-XXVII. R.G.]
(Euvres. Nous donnons, pour commencer, la liste des ouvrages de Proclus qui vont être examinés : (ID) Ouvrages consacrés à Aristote
1555
(1) In Isagogen
1556
(2) In De interpretatione
1556
(3) In Analytica priora
1557
(4) In Analytica posteriora
1559
(5) (B. 19] Στοιχείωσις φυσική (Elementatio Physica)
1562
(II) Ouvrages consacrés à Platon
(II.1) Introductions à la philosophie de Platon
1564
1564
(6) Prolegomena ad Platonis philosophiam
1564
(7) Ὑποτύπωσις τῆς Πλατωνικῆς φιλοσοφίας (Hypotyposis philosophiae Platonicae)
1564
(IIL.2) Commentaires
1566
(8) [B. 6] /n Alcibiadem priorem
1566
(9) [B. 13] In Gorgiam
1568
(10) (B. 10] /n Phaedonem
1569
(11) [B. 7] In Cratvlum
1571
(12) [B. 12] /n Theaetetum
1572
(13) [B. 15] /n Sophisten
1572
(14) [B. 11] /n Phaedrum
1573
(15) (B. 14] /n Symposium
1575
(16) [B. 8] /n Philebum
1575
(17) [B. 1] In Timaeum
1575
(18) [B. 5] /n Parmenidem
1580
(19) [B. 4] /n Rempublicam
1586
(11.3) Monographies
1590
(20) Sur les trois arguments en faveur de l'immortalité de l'âme chez Platon
1590
(21) [B. 9] Περὶ τῶν τριῶν μονάδων (De tribus monadibus)
1590
(22) [B. 2] Ἐπίσκεψις τῶν πρὸς τὸν Πλάτωνος Τίμαιον Ἀριστοτέλους ἀντειρημένων (Examen des critiques d’Aristote contre le Timée de Platon)
159]
(23) [B. 3] Συναγωγὴ τῶν πρὸς τὸν Τίμαιον μαθηματικῶν θεωρημάτων (Recueil des théorèmes mathématiques relatifs au Timée)
1596
(24) [B. 16] Πραγματεία καθαρτιχὴ τῶν δογμάτων τοῦ Πλάτωνος (Traité pour purifier les opinions de Platon) (III) Commentaire sur Plotin (25) [B. 17] In Plotini Enneadas
1597 1597 1597
PROCLUS DE LYCIE
1552
(IV) Ouvrages sur la religion ou la théurgie (26) |B. 47] In Hesiodi Opera et dies (27) [B. 39] In Oracula Chaldaica
(28) [B. 37] Περὶ τῆς ἱερατικῆς τέχνης (De arte hieratica) (29) IB. 38] Περὶ τῶν μυθικῶν συμδόλων (Sur les symboles mythiques) (30) [B. 42] B(6A0c μητρῳακή (Sur la Mère des dieux) (31) IB. 44] Περὶ ἀγωγῆς (Sur l'évocation)
(V) Ouvrages systématiques (32) [B. 18] Στοιχείωσις θεολογική (Elementatio theologica) (33) |B. 20] Περὶ τῆς κατὰ Πλάτωνα θεολογίας (Theologia platonica) (V1) Ouvrages philosophiques particuliers (34) |B. 21-23] Tria opuscula
(35) [B. 24] Περὶ ἀϊδιότητος τοῦ κόσμου (De aeternitate mundi) (36) |B. 25] Περὶ τόπου (De loco)
(37) [B. 27] Πρὸς Ἀριστοκλέα ἐπιστολή (Lettre à Aristocles) (VII) Ouvrages de mathématique ou d'astronomie (38) [B. 28] /n primum Euclidis Elementorum librum
(39) [B. 31] Ὑποτύπωσις τῶν ἀστρονομικῶν ὑποθέσεων ( Hypotyposis astronomicarum positionum) (VIII) Divers (40) [B. 48] Hymni (41) Epigrammata (42) Lettres
(1X) Fragmenta et testimonia incertae sedis (X) Ouvrages faussement attribués (1*) [B. 29] Sur les lignes parallèles (2*) |B. 30] In Nicomachi Introductionis Arithmeticae librum primum (3*) [B. 32] Paraphrasis in Ptolemaei Tetrabiblon (4*) [B. 33]
Commentarius anonymus in Ptolemaei Tetrabiblon
(5*) [B. 34] De eclipsibus
(6*) [B. 35] Ouranodromos (Οὐρανοδρόμος) (7*) [B. 36] De sphaera
(8*) [B. 49] Χρηστομάθεια (Chrestomathia) (9*) [B. 50] Ἐπιστολιμαῖοι yapaxtrjpec (Characteres epistolici) (10*) Hymni
(11*) Questions concernant les choses naturelles (12*) In Aureum Pythagoreorum Carmen
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PROCLUS
DE LYCIE
1553
Nous possédons dans la Souda (II 2473, t. IV, p. 210, 5-22 Adler) la plus ancienne notice relative à Proclus, qui repose sur le Proclus de Marinus et sur l'article, perdu, de l'Onomatologos d'Hésychius de Milet (»*H 113). Elle contient
également une liste des ouvrages de Proclus : Πρόκλος, ὁ Aóxtoc, μαθητὴς Συριανοῦ, ἀκουστὴς δὲ xai Πλουτάρχου
τοῦ Νεστορίου
φιλοσόφου, καὶ αὐτὸς φιλόσοφος Πλατωνικός. Οὗτος προέστη τῆς ἐν ᾿Αθήναις φιλοσόφου σχολῆς, καὶ αὐτοῦ μαθητὴς καὶ διάδοχος χρηματίζει Μαρῖνος ὁ Νεαπολίτης. Ἔγραψε πάνυ πολλά, φιλόσοφά τε καὶ γραμματικά. «1» Ὑπόμνημα εἰς ὅλον τὸν Ὅμηρον. «2» ὑπόμνημα εἰς τὰ Ἡσιόδου Ἔργα καὶ Ἡμέρας, «3» Περὶ χρηστομαθείας βιδλία γ΄, «4» Περὶ ἀγωγῆς β’, «5» Εἰς τὴν πολιτείαν Πλάτωνος βιδλία δ΄, «6» Εἰς τὴν Ὀρφέως Θεολογίαν, «7» Συμφωνίαν
Ὀρφέως, Πυθαγόρου, Πλάτωνος πρὸς [πρὸς W. Kroll, De oraculis Chaldaicis, Breslau 1894, p. 7 n. 1: περὶ codd.] τὰ Adyıa Bı6Ala v, «8» Περὶ τῶν παρ᾽ Ὁμήρῳ θεῶν, «9» Ἐπιχειρήματα κατὰ Χριστιανῶν uy [...] ἔγραψε Πρόκλος «10» Μητρῳακὴν βίδλον [...].
On a cependant remarqué depuis longtemps que les titres n°” 1, 5, 6, 7 et 8 se retrouvent littéralement, mais non pas exactement dans le méme ordre, dans la notice « Syrianus » de la Souda (Σ 1662, t. IV, p. 498, 23-479, 2) (cf. 28 C. Luna,
notice «Syrianus d’Alexandrie», à paraître dans DPhA VI, « Œuvres», pour la discussion de cette question). A l'exception du titre Sur la théologie d'Orphée (n? 6), dans lequel nous reconnaissons un commentaire commun à Proclus et à son
maitre Syrianus sur les Poèmes Orphiques, nous considérons les quatre autres titres (n® 1,5,7 et 8) comme étant dus à Syrianus. [B. 40] Εἰς τὴν Ὀρφέως θεολογίαν (Sur la théologie d'Orphée). Cet ouvrage (perdu) est probablement le commentaire de Syrianus (Ὀρφικαὶ συνουσίαι) dans
les marges duquel Proclus avait ajouté ses propres remarques. En effet, selon le récit de Marinus, Proclus 27, 1-19, Proclus avait utilisé, dans son cours sur les Poèmes Orphiques, les commentaires de Jamblique (»*I 3) et de Syrianus, en y ajoutant beaucoup de développements personnels. Marinus lui ayant demandé de mettre par écrit son exégése, Proclus lui répondit qu'il avait effectivement désiré écrire un commentaire sur les Poemes Orphiques, mais qu'il en avait été dissuadé par Syrianus lui-méme qui lui était apparu en réve ; pour respecter l'interdiction de Syrianus, Marinus pria Proclus d'écrire ses remarques dans les marges du commentaire de Syrianus: «nous avons ainsi obtenu dans le méme livre une collection de toutes leurs opinions ; et ainsi il y a des scholies et commentaires de Proclus aussi sur Orphée, qui contiennent beaucoup de lignes (xai ἐγένετο καὶ εἰς
Ὀρφέα
αὐτοῦ
σχόλια
xai
ὑπομνήματα
cf. Saffrey et Segonds 17, p. 32 n. 7 des textes orphiques par Proclus, cf. Pépin et Saffrey 9, p. 43-104 ; 30 /d., De l'orphisme au néoplatonisme, sur p. 435-458.
στίχων
οὐκ
ὀλίγων,
li. 16-17);
[p. 151-152]; Luna 28, $ III. Sur l'utilisation 29 L. Brisson, « Proclus et l'orphisme », dans «La figure du Kronos orphique chez Proclus. l'origine de l'étre humain», RHR 219, 2002,
Un essai de chronologie de l’œuvre de Proclus fondé sur les renvois d'un ouvrage à l'autre a été présenté par 31 J. Freudenthal, «Zu Proklus und dem jüngeren
Olympiodor», Hermes
16,
1881, p. 201-224, en part. p. 214-217.
Mais,
comme l’a remarqué Dodds 3, p. XIV-XVIII, la chronologie des œuvres de Proclus
PROCLUS
1554
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DE LYCIE
est pratiquement impossible à établir. En effet, il manque, dans l'œuvre de Proclus, toute référence à des événements historiques datables avec certitude par rapport auxquels on pourrait tenter une chronologie relative (le séisme du 24 aoüt 358, mentionné en in Tim. 1, p. 187, 24-25, n'a évidemment aucune portée chronologique). Il y a sans doute des allusions à des événements historiques, mais elles sont toujours cryptiques et ne peuvent s'interpréter de facon univoque (cf. 32 H. D. Saffrey, « Allusions antichrétiennes chez Proclus, le diadoque platonicien », RSPT 59, 1975, p. 553-563
[repris dans Saffrey 12, p. 201-211]). Deuxièmement, l'ceu-
vre de Proclus résulte largement d'un enseignement développé sur plusieurs décennies, et il est concevable qu'il ait enrichi au fil des années ses commentaires et ouvrages systématiques de références à des travaux déjà faits ou à faire. Troisiémement, il est impossible de déceler une évolution doctrinale chez Proclus, qui permettrait d'établir au moins une chronologie relative. Finalement, les allusions à d'autres ouvrages se bornent en général à des mentions du type ἐν ἄλλοις et sont souvent vérifiées par plusieurs passages de l’œuvre de Proclus. Sur la base des renvois d'un ouvrage à l'autre que nous allons énumérer ci-dessous, on peut établir, pour un certain nombre d'ouvrages, des chronologies relatives partielles que l'on ne peut toutefois pas fusionner dans une chronologie relative générale (ainsi, ce n'est pas parce que l'in Alc. et les Tria opuscula citent les Prolégoménes qu'ils sont pour autant contemporains, cf. Luna et Segonds 18, t. ΜΙ, p. XVIII n. 1). Dans la liste qui suit, les numéros renvoient à notre catalogue des œuvres, où l'on trouvera indiquées les citations sur lesquelles se fonde le rapport chronologique entre deux ouvrages : - De providentia : postérieur à Prol. ad Plat. phil. (n? 6). — De malorum subsistentia : postérieur à in Phil. (n° 16).
— In Alc.: postérieur à Prol. ad Plat. phil. (n? 6). — [n Tim.: postérieur à in Theaer. (n° 12), in Phaedr. (n? 14), Ἐπίσκεφις (n? 22), De mal. subs. (n° 34); antérieur à in Remp. (16° diss.) (n° 19), in Parm.
(n? 18) et à la Συναγωγὴ (n? 23). — In Remp. (1* diss.) : postérieur à in Phaed. (n? 10). - In Remp. (4° diss.) : postérieur à in Or. Chald. (n? 27), De mal. subs. (n? 34). — In Remp. (12° diss.) : postérieur à De tribus monadibus (n? 21).
— In Remp. (16° diss.): postérieur à in Gorg. (n? 9), in Phaed. (n? 9, 10), in Phaedr.
(n?
14), in Tim.
(n°
19), in
Or.
Chald.
(n°
27), Περὶ
τῶν
μυθικῶν
συμδόλων (n? 29), Περὶ τόπου (n? 36). — [n Parm.: postérieur à in Tim. (n? 18), in Phaedr. (n° 14), in Soph. (n?* 13, 18), El. theol. (n? 18). De mal. subs. (η 18, 34). — Theol. plat.: postérieur à in Parm. (n? 33), De tribus monadibus (n? 21).
Dans la présentation qui suit, nous divisons les ouvrages de Proclus (conservés ou perdus) en dix groupes, en suivant approximativament l'ordre de l'enseignement néoplatonicien.
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PROCLUS DE LYCIE
1555
(D OUVRAGES CONSACRÉS À ARISTOTE Les commentaires de Proclus sur Aristote (non cf. Saffrey et Westerink 6, t. I, p. LV) n'ont laissé que p. 107, 24-26 Busse, conserve un témoignage à propos à traiter lorsque l'on entreprend l'étude des ouvrages d'une
lecture en commun
(c'est-à-dire
sous
mentionnés par Beutler 5; peu de traces. Elias, in Car., des dix points préliminaires aristotéliciens dans le cadre
l'autorité d'un
professeur):
Ταῦτα
πάντα τοῦ IIpóxAou λέγοντος δεῖν προλαμδάνειν ἀρχομένους τῶν Aptoroτελικῶν συνταγμάτων ἐν τῇ συναναγνώσει [σύνταγμα δὲ τοῦτο (τούτου codd.) Πρόκλειον delendum coni. Busse], καὶ τὴν αἰτίαν μὴ προστιθέντος κτλ. Les dix points fixés par Proclus sont les suivants: (1) dénomination des écoles philosophiques, (2) classement des écrits d'Aristote, (3) ordre de lecture, (4) but de
la philosophie d'Aristote, (5) moyens pour atteindre ce but, (6) style d'Aristote, (7) raisons de son obscurité, (8) qualités requises de l'exégéte, (9) qualités requises
de l'auditeur, (10) points fondamentaux à traiter dans l’exégèse de chaque ouvrage aristotélicien. Ce schéma d'introduction à la philosophie d'Aristote en dix points est suivi par tous les commentateurs des Catégories à partir d'Ammonius, qui peut l'avoir hérité directement de son maître Proclus. On trouvera une analyse trés approfondie de la question chez 33 I. Hadot, Simplicius, Commentaire sur les Catégories, fasc. 1 (Introduction, premiére partie), coll. «Philosophia Antiqua» 50, Leiden 1990, p. 21-182,à la suite de 34 M. Plezia, De commentariis isagogicis,
coll.
« Archiwum
Filologiczne»
Anonymous Prolegomena
23, Kraków
1949, et de 35 L.G.
to Platonic Philosophy, Amsterdam
(repris dans 36 R. Sorabji [édit.], Aristotle Transformed. tators and their Influence, London
Westerink,
1962, Introduction
The Ancient Commen-
1990, p. 325-348, en part. p. 341-348 ; nouvelle
édition dans 37 Prolégoménes à la philosophie de Platon, par L. G. Westerink, J. Trouillard et A.-Ph. Segonds, CUF, Paris 1990, Introduction, p. XLIII-LVI). Sur la base du témoignage d'Élias cité plus haut, on a cru pouvoir attribuer à Proclus un ouvrage intitulé Συνανάγνωσις. Cette attribution naít d'une interprétation erronée du texte d'Élias, où l'expression ἐν τῇ συναναγνώσει signifie simplement "dans la lecture en commun" et non pas "dans son ouvrage intitulé Συνανάγνωσις [Commentaire d'un texte sous la direction d'un maítre, trad. Hadot 33, p. 26 n. 22]
et les mots σύνταγμα δὲ τοῦτο Πρόκλειον sont manifestement une glose erronée qui s'est introduite dans le texte, comme l'a déjà vu Busse (cf. Saffrey et Segonds 17, p. 12 n. 5 [p. 93]). Cette interprétation est confirmée par le titre de la premiere dissertation de l’in Remp.,
t. I, p. 5, 3-5 Kroll, où
le terme
ovvavávvootc
est
utilisé dans un contexte qui est exactement le méme que celui du passage d'Élias, C'est-à-dire la détermination des points à traiter avant la lecture du texte: Περὶ τοῦ τίνα χρὴ καὶ πόσα πρὸ τῆς συναναγνώσεως τῆς Πολιτείας Πλάτωνος κεφάλαια διαρθρῶσαι τοὺς ὀρθῶς ἐξηγουμένους αὐτήν («En quels principaux sujets, et en quel nombre de sujets, il faut articuler la République de Platon avant de la lire en commun, si on l'explique correctement », t. I, p. 21). Pour d'autres textes montrant que le terme συνανάγνωσις désigne toujours la lecture en commun et jamais un ouvrage, voir par ex. Plutarque, Quaestiones convivales, VII 2, 700 C 2: ἐν
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ταῖς Πλατωνικαῖς συναναγνώσεσιν (« Dans les lectures en commun des textes de Platon », dans Plutarque, Œuvres morales, t. IX. 3° partie, par F. Frazier et J. Sirinelli. CUF, Paris 1996. p. 23); Origene, in Evangelium lohannis, éd. C. Blanc, coll. SC 120, Paris 1966, I 88, 10
(p. 104): πρὸ τῆς συναναγνώσεως τῶν γεγραμμένων («avant la lecture des Écritures que nous allons faire ensemble ») ; Ammonius, in De interpr., p. 1. 23-24 Busse: ἀναμνησθῆναι χρὴ τῶν
εἰρημένων Ev τοῖς προλαμδανομένοις τῆς συναναγνώσεως τῶν Κατηγοριῶν («il faut faire mention des points susdits dans les préliminaires à la lecture en commun
des Categories»),
Prolégoménes à la philosophie de Platon. 28, 1-2 Westerink: rà προτέλεια τῆς συναναγνώσεως τῆς Πλάτωνος φιλοσοφίας («ces préliminaires à notre lecture commune de l'œuvre philosophique de Platon »).
(1) In Isagogen. On ne dispose que d'un simple témoignage transmis par Asclépius, in Met., p. 142, 34-37 Hayduck, qui rapporte un propos de son maitre Ammonius, éléve de Proclus: φησὶν οὖν ὁ Πορφύριος ὅτι πρώτως £v toic ἀτόμοις θεωροῦνται rà συμδεδηκότα. xai δεύτερον ἐν τοῖς εἴδεσι [Porphyre, /sag.. chap. 6. p. 13, 20-21 Busse]. Καὶ οὐδὲν οὕτως ἐθαύ-
μαζε τῶν εἰρημένων ἐν τῇ Εἰσαγωγῇ Πορφυρίου ὁ Πρόχλος ὡς τοῦτο, ὥς φησιν ὁ ἡμέτερος φιλόσοφος ᾿Αμμώνιος (« Porphyre dit donc que l'on trouve les accidents à titre premier dans les individus et secondairement dans les espéces, et notre professeur de philosophie. Ammonius, dit que Proclus, dans l'/sagogé de Porphyre. n'admirait rien tant que cette affirmation »).
Le commentaire d'Ammonius sur ce passage de l'/sagogé (p.116, 12-25 Busse) ne garde aucune trace de cette opinion de Proclus. Le témoignage d'Asclépius n'implique pas vraiment qu'il ait existé une rédaction écrite du commentaire de Proclus sur l’/sagogè.
(2) In De interpretatione. Sur le cours oral de Proclus, qui est une source majeure du commentaire d'Ammonius, cf. Ammonius, in De interpr., p. 1, 6-11 Busse: El δέ τι xal ἡμεῖς δυνηθείημεν εἰσενεγκεῖν περὶ τὴν τοῦ βιδλίου σαφήνειαν, ἀπομνημονεύσαντες τῶν ἐξηγήσεων τοῦ θείου ἡμῶν διδασκάλου Πρόχλου τοῦ Πλατωνιχοῦ διαδόχου τοῦ εἰς ἄχρον τῆς ἀνθρωπίνης φύσεως τήν τε ἐξηγητικὴν τῶν δοκούντων τοῖς παλαιοῖς δύναμιν καὶ τὴν ἐπιστημονιχὴν τῆς φύσεως τῶν ὄντων κρίσιν ἀσκήσαντος, πολλὴν ἂν τῷ λογίῳ θεῷ χάριν ὁμολογήσαιμεν («Si nous aussi pouvions apporter quelque contribution ἃ l'éclaircissement de l'ouvrage, en rappelant les interprétations de notre divin maitre Proclus, le successeur de Platon. lequel a exercé, au sommet des forces humaines, et la capacité à interpréter les opinions des Anciens et le jugement scientifique sur la nature des étres, nous en saurions un gré immense au dieu de l'éloquence »).
A propos de De interpr. 10, 20 a 20-23, Ammonius, in De interpr., p. 181, 28182, 25, transmet l'enseignement de Proclus concernant la consécution des propositions, c'est-à-dire le procédé qui permet de passer d'une proposition à une autre proposition équipollente. Alors qu'Aristote s'était borné à donner des exemples, dit Ammonius, Proclus a enseigné des règles tout à fait techniques (dites "canons de Proclus") fondées sur l'idée selon laquelle toute proposition peut étre considérée ou bien comme un tout (selon la quantité : universelle/particuliére ; selon la qualité : affirmative/négative) ou bien dans ses parties (sujet défini/indéfini; prédicat défini/indéfini) ; pour obtenir la proposition équipollente à une proposition donnée, il faut laisser le sujet et la quantité invariés, et changer le prédicat et la qualité. Par exemple, la proposition "tout homme est animal", qui est universelle, affirmative, à
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sujet
et
prédicat
universelle,
définis,
devient
"aucun
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homme
négative, à sujet défini et prédicat
est
indéfini:
non-animal",
qui
le sujet est donc
est resté
défini, la proposition est toujours universelle, mais le prédicat est indéfini et la proposition est devenue négative. Le témoignage d'Ammonius est repris, de facon trés scolaire, par Étienne d'Alexandrie, in De interpr., p. 46, 25-47, 12 Hayduck. Sur les canons de Proclus et leur survivance dans le monde byzantin et arabe, cf. 38 S. Diebler, « Les canons de Proclus: Problémes et conséquences de l'interprétation syriano-proclienne
du
De
interpretatione »,
Dionysius
20,
2002,
p.71-94;
39
M. A. Correia, «El canon de Proclo y la idea de lógica en Aristóteles », Méthexis 15, 2002, p. 71-84 ; 40 J. N. Martin, « Ammonius on the Canons of Proclus », dans Id., Themes in Neoplatonic and Aristotelian Logic: Order, Negation and Abstraction, Aldershot 2004, p. 125-137 ; 41 G. Endress, notice « Proclus. CEuvres transmises par la tradition arabe », infra, p. 1671-1672. En plus de ces deux citations explicites, la critique a attribué à Proclus l'introduction du “principe de Jamblique" dans l'interprétation du chapitre 9 du De interpr. à propos de la connaissance des futurs contingents : selon ce principe, la
modalité de la connaissance dépend de la nature du sujet connaissant, et non pas de celle de l'objet connu, ce qui permet aux dieux d'avoir une connaissance définie et immuable des événements contingents (la méme thése est soutenue dans in Alc. 87,
7-88, 11: cf. Segonds 16, p. 71 n. 3-4 [p. 171]; voir aussi infra, n? 34, p. 1617). Pour un exposé détaillé de la question, cf. 42 Ch. Hasnaoui, «La tradition des commentaires grecs sur le De interpretatione (PH) d' Aristote jusqu'au VIT s.», DPhA Suppl., Paris 2003, p. 122-173, en part. p. 156-158; 43 G. Seel (édit.), Ammonius and the Seabattle. Texts, Commentary and Essays, coll. «Peripatoi », Berlin/New York 2001, p. 279-280. Sur la question de la connaissance divine des événements contingents, voir aussi 44 M. Mignucci, «Logic and Omniscience: Alexander of Aphrodisias and Proclus », OSAPh
3, 1985, p. 219-246.
(3) In Analytica priora. On commentaire d'Ammonius sur par un éléve anonyme, éd. M. commentaire du Ps.-Ammonius
dispose de trois témoignages, dont un est tiré du le premier livre (rédaction ἀπὸ φωνῆς Ἀμμωνίου Wallies, CAG IV 6, p. 1-36), les deux autres du sur les chap. 8-26 du premier livre (éd. ibid., p. 37-
76:
lui aussi, de l'école
ce commentaire
p. VII:
provient,
d'Ammonius,
cf. Praefatio,
«ex Ammoniani cuiusdam schedis excerpta videntur »).
(3.1) Ammonius, in Anal. priorum librum I, p. 24, 25-32, 22 Wallies, commente la définition
aristotélicienne du syllogisme (1 I, 24 b 18-22): συλλογισμὸς δέ ἐστι λόγος τινῶν ἕτερόν τι τῶν κειμένων ἐξ ἀνάγκης συμδαίνει τῷ ταῦτα εἶναι. Λέγω δὲ τὸ διὰ ταῦτα ouubalverv, τὸ δὲ διὰ ταῦτα συμδαίνειν τὸ μηδενὸς ἔξωθεν πρὸς τὸ γενέσθαι τὸ ἀναγκαῖον («Le syllogisme est un discours dans lequel,
ἐν ᾧ τεθέντων τῷ ταῦτα εἶναι ὅρου προσδεῖν certaines choses
étant posées, quelque chose d'autre que ces données en résulte nécessairement par le seul fait de ces données. Par le seul fait de ces données : je veux dire que c'est par elles que la conséquence est obtenue ; à son tour, "c'est par elles que la conséquence est obtenue" signifie qu'aucun terme étranger n'est en sus requis pour produire la conséquence nécessaire », trad. 45 J. Tricot, Paris 1962, réimpr. 1992, p. 4-5). Dans son exégèse de l'expression tà ταῦτα εἶναι “par le seul fait de ces données", Ammonius (p. 30, 32 sqq.) rapporte que, selon des exégétes anonymes, cette expression visait à exclure de la définition les syllogismes imparfaits, c'est-à-dire les syllogismes
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qui ont besoin d'une ou de plusieurs propositions qui ne sont pas énoncées explicitement dans les prémisses (Anal. pr. 1 1, 24 b 24-26). A ce propos. Ammonius rapporte les deux opinions contraires concernant les syllogismes parfaits et imparfaits (p. 31, 11-25): selon Aristote, suivi par Thémistius, les syllogismes parfaits sont seulement ceux de la premiere figure, tandis que ceux de la deuxiéme et de la troisiéme sont imparfaits et doivent étre réduits à des syllogismes de la première figure ; contre l'opinion d'Aristote se sont exprimés Boéthos de Sidon (»+B 48, cf. en part. p. 129). Porphyre (»*P 263), Jamblique (»+1 3. cf. en part. p. 833), Maxime d'Éphése (»M 63, cf. en part. p. 320-321), l'empereur Julien (21 46. cf. en part. p. 968: Julien aurait pris position dans le débat opposant Thémistius à Maxime d'Éphèse), Proclus, Syrianus, Hermias,
père d'Ammonius
(ὁ ἡμέτερος
πατήρ)
(#*H 78. cf. en part.
p. 641). Ammonius
lui-même
(cf. p. 31, 14 καλῶς ἐδόξασεν |scil. Boéthos]) et, probablement, Théophraste, pour soutenir que tous les syllogismes de la deuxième et de la troisième figure sont parfaits. (3.2) Ps.-Ammonius, in Anal. priorum librum I, p. 38, 33-39, 2 Wallies. Commentant Anal. pr. 19-11. 30a 15 sqq.. oü Aristote traite des syllogismes modaux dont les prémisses ont une modalité différente (une prémisse nécessaire et l'autre assertorique), le Ps.-Ammonius expose d'abord la doctrine d' Aristote (p. 38, 33-38): dans la premiere figure, la conclusion a la méme modalité que la majeure; dans la deuxième figure, la conclusion a la méme modalité que la converse de la majeure; dans la troisième figure, la conclusion a la méme modalité que la majeure sans conversion ; dans le cas du quatrième mode de la deuxième figure et du cinquième mode de la troisiéme, oü la réduction à la premiere figure ne se fait pas par conversion, la conclusion a la méme modalité que la prémisse "faible" (les notes qui définissent une prémisse comme faible, χείρων. sont "négative, particulière, assertorique" par opposition à "affirmative, universelle, nécessaire", cf. Alexandre d'Aphrodise, in Anal. pr., éd. M. Wallies. CAG II 1, p. 124, 11-17). Puis il rapporte que Théophraste (cf. Theophrastus of Eresus, Sources for His Life, Writings, Thought and Influence, ed. and transl. by W. W. Fortenbaugh et al., coll. « Philosophia Antiqua» 54, t. I, Leiden 1992, fr. 106 E [p. 214]: L. Repici, La logica di Teofrasto. Studio critico e raccolta dei frammenti e delle testimonianze, coll. « Pubblicazioni del Centro di studio per la storia della storiografia filosofica » 2, Bologna
1977, fr. 29d [p. 208]), Eudéme de Rhodes
(#E 93: cf. F. Wehrli. Eudemos von Rhodos, coll. « Die Schule des Aristoteles» 8, Basel 1955, fr. 11c [p. 13]) et les platoniciens ont soutenu, contre Aristote, que la conclusion a toujours la méme modalité, la méme quantité (universelle/particuliére) et la méme qualité (affirmative/ négative) que la prémisse "faible"; en revanche, parmi les auteurs plus récents, Alexandre d'Aphrodise (2+A 112 ; pour l'opinion citée par le Ps.-Ammonius, cf. in Anal. pr., p. 123, 25-127. 16 Wallies : le passage p. 124, 8-125. 2 est la source du Ps.-Ammonius en ce qui concerne Théophraste et Eudéme) et Jamblique ont suivi Aristote, tandis que Thémistius, Syrianus (ce passage du Ps.-Ammonius constitue le fr. 26 des commentaires de Syrianus sur l'Organon, dans R.L. Cardullo, Siriano esegeta di Aristotele. t. 1: Frammenti e testimonianze dei Commentari all'Organon, coll. « Symbolon » 14, Firenze 1995, p. 142-143) et Proclus se sont rangés du cóté de Théophraste, d'Eudéme et des platoniciens (p. 38. 40-39, 2). (3.3) Ps.-Ammonius, in Anal. priorum librum 1, p. 43, 26-36 Wallies. Commentant Anal. pr. ἢ 11.31 a 18 - b 37, où Aristote traite des syllogismes modaux de la troisième figure, dont l'une des prémisses est nécessaire, et l’autre assertorique, le Ps.- Ammonius expose d'abord la doctrine d'Aristote (p. 43, 26-30): dans le premier mode de la troisiéme figure (majeure nécessaire. mineure
assertorique, toutes les deux
universelles et affirmatives). la conclusion
est nécessaire
(par ex. “il est nécessaire que tout C soit A; tout C est B ; il est nécessaire que quelque B soit A”, avec réduction à la première figure par conversion de la mineure : “il est nécessaire que tout C soit À ; quelque B est C ; il est nécessaire que quelque B soit A"). Il rapporte ensuite que Proclus,
dans son σχολικὸν ὑπόμνημα sur le premier livre des Premiers analytiques, avait affirmé que la conclusion de ce mode peut aussi étre assertorique, parce que la prémisse qui ne subit pas de conversion, c'est-à-dire la majeure, peut aussi étre assertorique (p. 43. 30-33). Suit alors (p. 43, 33-36) une remarque du Ps.-Ammonius à propos de l'affirmation de Proclus : comment le méme
mode peut-il admettre deux conclusions différentes ? Réponse : si la conclusion est universelle,
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l'aporie est insoluble ; si, en revanche, la conclusion est particulière, elle peut être soit nécessaire, soit assertorique (par ex. la proposition "quelque blanc est animal" est nécessaire dans le cas du cygne, assertorique dans le cas de l'homme). Ce passage du Ps.-Ammonius témoigne donc de l'existence d'un axoAıxdv ὑπόμνημα, c'est-à-dire d'un commentaire écrit résultant probablement de notes prises au cours de Proclus sur le premier livre des Premiers analytiques dans le cadre de l'école, et non pas d'un ouvrage composé et édité par Proclus lui-méme. L'expression σχολιχὸν ὑπόμνημα doit étre rapprochée d'expressions similaires, toutes issues du milieu scolaire alexandrin, dans lesquelles l'adjectif oyoAtxéç signifie "qui concerne l'école" (cf. P. Chantraine, Dictionnaire érymologique de la langue grecque. Paris 1968, 2009°, s.v. σχολή), et notamment de
la locution σχολικαὶ ἀποσημειώσεις qui désigne les commentaires de Philopon sur les Anal. pr., les Anal. post., le De gen. et corr. et le De anima. Cf. Philopon, in Anal. pr., éd. M. Wallies, CAG
XIII 2: 'Ioávvou Γραμματικοῦ ᾿Αλεξανδρέως εἰς τὸ πρῶτον τῶν Προτέρων ἀναλυτικῶν σχολικαὶ ἀποσημειώσεις ἐκ τῶν συνουσιῶν ᾿Αμμωνίου τοῦ 'Ἑρμείου ; /d., in Anal. posı., éd. M. Wallies, CAG XIII 3: ᾿Ιωάννου ᾿Αλεξανδρέως σχολικαὶ ἀποσημειώσεις ἐκ τῶν συνουσιῶν
᾿Αμμωνίου τοῦ Ἑρμείου μετά τινων ἰδίων ἐπιστασιῶν [lege ἐπιστάσεων)] εἰς τὸ πρῶτον τῶν ‘Yotépuv ἀναλυτικῶν ᾿Αριστοτέλους ; /d., in De gen. et corr., éd. H. Vitelli, CAG XIV 2: 'ledvvou Fpapparixoü ᾿Αλεξανδρέως σχολικαὶ ἀποσημειώσεις ἐκ τῶν συνουσιῶν ᾿Αμμωνίου τοῦ ἙἭρμείου μετά τινων ἰδίων ἐπιστάσεων εἰς τὸ πρῶτον τῶν Περὶ γενέσεως καὶ φθορᾶς ᾿Αριστοτέλους ; livre II: ᾿Ιωάννου Σχολαστιχοῦ ᾿Αλεξανδρέως τοῦ Φιλοπόνου σχολικαὶ ἀποσημειώσεις ἐκ τῶν συνουσιῶν ᾿Αμμωνίου τοῦ ἙἭρμείου μετά τινων ἰδίων ἐπιστάσεων εἰς τὸ δεύτερον τῶν Περὶ γενέσεως καὶ φθορᾶς ᾿Αριστοτέλους ; /d., in De anima, éd. M. Hayduck, CAG XV : ᾿Ιωάννου ᾿Αλεξανδρέως εἰς τὴν περὶ ψυχῆς [sic. an βίδλον add.?] ᾿Αριστοτέλους σχολικαὶ ἀποσημειώσεις ἐκ τῶν συνουσιῶν ᾿Αμμωνίου τοῦ 'Ερμείου μετά τινων ἰδίων ἐπιστάσεων προοίμιον). L'expression σχολικὸν ὑπόμνημα désigne donc, selon nous, un ouvrage du type des commentaires ἀπὸ φωνῆς.
(4)
In Analytica
posteriora.
L’existence
d’un
commentaire
de
Proclus
est
attestée par Philopon, in Anal. post. (éd. M. Wallies, CAG XIII 3: ce commentaire de Philopon, qui ne porte que sur le premier livre, se fonde sur le cours d'Ammonius, auquel Philopon a ajouté des remarques de son cru, comme le dit le titre cité ci-dessus). Le commentaire d'Ammonius-Philopon contient trois citations explicites de Proclus. Dans ces trois fragments, l'exégése de Proclus se présente comme une réaction à celle d' Alexandre d'Aphrodise. On peut donc affirmer que dans son cours sur les Seconds Analytiques, Proclus avait utilisé le commentaire d'Alexandre (perdu, cf. 46 P. Moraux, Le Commentaire d'Alexandre d'Aphrodise aux « Seconds Analytiques » d'Aristote, coll. « Peripatoi » 13, Berlin 1979, en part. p. 45;47 KR. Goulet et M. Aouad, notice « Alexandros d'Aphrodisias », A 112, DPhAI, Paris 1989, p. 125-139, en part. p. 130), et qu'Ammonius avait repris l’ex&gese de son maitre Proclus dont il avait sürement gardé des notes écrites. Voici donc les trois fragments : (4.1) Philopon, in Anal. posteriorum librum I, p. 111. 31-112, 24. Philopon commente ici Anal. post. 1 9, 75 b 37-4], où Aristote explique que la démonstration doit se faire à partir de prémisses qui soient non seulement vraies, indémontrables et immédiates, mais aussi propres à la chose à démontrer. A ce propos il cite la quadrature du cercle par Bryson d'Héraclée (»+B 68), à qui il reproche d'avoir utilisé un principe qui n'est pas propre à la géométrie, mais bien plus général (scil. le principe selon lequel deux choses qui sont l'une et l'autre plus grandes qu'une troisième et plus petites qu'une quatrième, sont égales entre elles : sur la formulation de ce principe, cf. Moraux 46, p. 29-30). Voir 48 K. Döring. Die Megariker. Kommentierte Sammlung der Testimonien, coll. « Studien zur antiken Philosophie » 2, Amsterdam 1972, fr. 210 C (p. 66-67), commentaire p. 165-166. Aprés avoir exposé la thése d'Aristote (p. 111, 6-20). Philopon rapporte
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d'abord l’exégèse d'Alexandre d’Aphrodise (p. 111, 20-31 = fr. 13 Moraux ; voir le commentaire de Moraux 46, p. 25-32), et ensuite la critique de Procius telle qu'elle était rapportée par Ammonius (p. 111, 31-112, 24). Selon Proclus, il est faux que des grandeurs plus grandes et plus petites qu'une troisiéme soient égales entre elles (par exemple. 10 est plus grand que 8, mais plus petit que 12, mais 9 est semblablement plus petit que 12, et plus grand que 8; ce n'est pas pour autant que 10 et 9 sont égaux, parce qu'ils sont plus grands et plus petits que les mêmes nombres, c'està-dire 8 et 12) ; Bryson faisait donc sa quadrature de la façon suivante : le cercle est plus grand que toute figure rectiligne inscrite, mais plus petit que toute figure circonscrite ; or. ce par rapport à quoi 1] y a une chose plus grande et une plus petite, a aussi une chose qui lui est égale; or, il y a une figure rectiligne plus grande et une plus petite que le cercle; il y a donc aussi une figure rectiligne égale. L'exégese de Proclus est, à son tour, réfutée par Ammonius-Philopon (p. 112, 25-36): il ne s'agit pas de démontrer qu'il peut exister une figure égale au cercle, mais comment on peut réaliser cette construction, l'existence d'une telle figure étant assumée par avance ; la démonstration que Proclus attribue à Bryson n'est donc qu'une pétition de principe. Il est intéressant de remarquer que Philopon attribue la critique de Proclus à Ammonius. En commentant ce passage, Ammonius a donc utilisé des notes prises au cours de son maitre Proclus et y a ajouté ses propres remarques critiques à l'endroit de son maitre. (4.2) Philopon, in Anal. posteriorum librum 1, p. 160, 13-24. Philopon commente ici Anal. post. 1 12, 77 b 40-78 a 6, où Aristote analyse les paralogismes qui naissent de ce que l'on fait un syllogisme de la deuxiéme figure avec deux prémisses affirmatives, dans la conviction (fausse) que puisque le prédicat est le méme dans les deux prémisses, cela suffit pour lier les deux extrémes. Par exemple. les deux prémisses "toute pierre est une substance" et "tout homme est une substance" ne peuvent pas former un syllogisme correct dont la conclusion serait "toute pierre est un homme" ou bien "tout homme est une pierre", et ce à cause de l'homonymie du moyen "substance" ; en effet, la pierre et l'homme n'appartiennent pas au méme genre et donc le terme "substance" ne peut en être prédiqué de la méme façon (p. 158, 30-159, 3). Or, pour illustrer son propos, Aristote donne l'exemple d'un paralogisme qu'il attribue à un certain Καινεύς (selon 49 W. D. Ross. Aristotle's Prior and Posterior Analytics, A revised text with introduction and commentary, Oxford 1949, ad 77 b 41, p. 548, il s'agit d'un personnage du poete comique Antiphane): «ce qui croit selon une progression géométrique croit rapidement ; le feu croit rapidement ; donc le feu croit selon une progression géométrique ». A propos de l'expression
£v τῇ πολλαπλασίᾳ ἀναλογίᾳ (78 a 1), "selon une progression géométrique", Philopon rapporte l'exégèse d’Alexandre d'Aphrodise (p. 159, 17-21 = fr. 17 Moraux) qui, pour expliquer cette expression, avait donné l'exemple "2 : 3", pour la critiquer ensuite vertement (p. 159, 21-160, 13): c'est probablement parce qu'il n'est pas trés savant en mathématiques (ὁ μὲν Ἀλέξανδρος οὐκ οἶδ᾽ 6 τι παθών, ola δὴ μὴ πολλὴν ἕξιν μαθηματικὴν ἔχων. p. 159, 18-19) qu' Alexandre a pu confondre la progression géométrique avec le rapport épimore (c'est-à-dire celui dans lequel le terme le plus grand dépasse l'autre d'une fraction de ce dernier, par ex. 3 est épimore de 2, car 3 = 2 + [1/2x2]; 5 est épimore de 3, car 5 = 3 + [2/3x3]). C'est à ce moment que Philopon cite Proclus (p.160, 13-24) dont l'exégése se présente, encore une fois, comme une critique d' Alexandre. Proclus expliquait la différence entre les deux classes de nombres et ajoutait que, dans le cas des nombres épimores, il est difficile de trouver la raison de la progression, ce que l'on ne peut faire que par la méthode enseignée par Nicomaque. (4.3) Philopon, in Anal. posteriorum librum I, p. 181, 19-182, 7. Philopon commente ici Anal. post. 113. 79 a 10-13. Dans le chapitre I 13, Aristote explique la différence entre la connaissance du fait (ὅτι) et la connaissance de la cause (διότι). Dans le domaine des sciences, il arrive souvent que le fait et la cause fassent l'objet de deux sciences distinctes, dont l'une, celle qui connait le fait, est subordonnée à celle qui connait la cause. A son tour, une science subordonnée peut jouer le róle de science principale par rapport à une autre science. Tel est le cas de l'optique : « Ce que
l'Optique est à la Géométrie, ainsi une autre science l'est à l’Optique, savoir la théorie de l'arcen-ciel : la connaissance du fait reléve ici du physicien, et celle du pourquoi de l'opticien pris en tant que
tel d'une
façon absolue, ou en tant qu'il est mathématicien» (trad. Tricot 45, p. 79).
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Philopon rapporte l’ex&gese d' Alexandre (p. 181, 11-18 = fr. 20 Moraux) et remarque qu’Alexandre n'a pas dit quelle est la science subordonnée à l’optique et qui étudie l'arc-en-ciel (p. 181, 18-
19 τίς μέντοι ἐστὶν αὕτη ἡ ἐπιστήμη xai ὑπὸ ποίαν τῶν ἐπιστημῶν τελεῖ. οὐκέτι φησίν) ; c'est pourquoi Philopon cite aussitót aprés (p. 181, 19-182, 7) Proclus qui, lui, a expliqué qu'il
s'agit de la catoptrique en s'appuyant sur les mots mêmes d' Aristote: τὸ μὲν yàp ὅτι φυσικοῦ εἰδέναι, τὸ δὲ διότι ὀπτικοῦ, ἢ ἁπλῶς À τοῦ xarà τὸ μάθημα (79 a 11-13). Par ces mots, Aristote a fait allusion au catoptricien, car celui-ci n'est pas opticien de façon absolue, mais relativement à la théorie de l'arc-en-ciel, car la théorie de l'arc-en-ciel s'occupe de la réfraction produite par les gouttes de pluie qui jouent le róle de miroirs ; or, le catoptricien est justement celui qui s'occupe de la réfraction dans les miroirs.
Puisque, comme on vient de le voir, dans ces trois fragments, Proclus critiquait Alexandre d'Aphrodise, on ne saurait exclure que d'autres passages du commentaire de Philopon oü Alexandre est critiqué, puissent restituer, du moins partiellement, l'exégése de Proclus. Nous citons brièvement ces passages: (a) Philopon, in Anal. posteriorum librum I, p. 62, 2-11 (Alex.. fr. 9 Moraux) et p. 62. [1-13 (contre Alex.) ; p. 62. 14-15 (Alex.. fr. 10 Moraux) et p. 62, 15-63. 3 (contre Alex.): exégese de
14, 73 a 40-b I Kai τὸ πρῶτον xai σύνθετον xai ἰσόπλευρον xai érepóunxec, où Aristote donne des exemples d'attributs qui appartiennent par soi au sujet : le premier (= nombre qui n'est divisible que par lui-méme ou par l'unité) et le composé (2 nombre divisible par d'autres nombres), le carré (= nombre à facteurs égaux, par ex. 9 = 3x3 = 3 rangs de 3) et l'oblong (= nombre à facteurs inégaux, par ex. 6 = 3x2 = 3 rangs de 2) appartiennent par soi au nombre. Selon Alexandre, par "premier" Aristote entend non pas le nombre absolument premier, mais le nombre premier par rapport à un autre, c'est-à-dire les nombres dont la mesure commune est l'unité, par ex. 7 et 11 (p. 62. 2-11). Cette exégèse d'Alexandre est réfutée du fait qu'Aristote s'est exprimé au singulier, et non pas au pluriel (p. 62, 11-13) ; quant à "carré" et "oblong", Alexandre rapportait ces deux attributs non pas au nombre, mais à la figure (p. 62, 14-15). Contre son interprétation, Ammonius-Philopon (p. 62, 15-63, 3) oppose ce qu’Aristote écrit aussitôt après (73 b 1-
3): Kai πᾶσι τούτοις ἐνυπάρχουσιν ἐν τῷ λόγῳ τῷ τί ἐστι λέγοντι ἔνθα μὲν γραμμὴ ἔνθα δ᾽ ἀριθμός («et pour tous ces attributs, la definition qui exprime leur nature contient le sujet, ἃ savoir tantôt la ligne et tantôt le nombre », trad. Tricot 45, p. 24): en effet. si Aristote avait voulu parler du carré et de l'oblong en tant que figures, il aurait mentionné non pas la ligne (qui n'entre pas dans la définition de la figure carrée ou oblongue), mais la figure; cela signifie que “ligne” est le sujet des prédicats "rectiligne" et "rond" (73 a 38-39) et "nombre", le sujet de tous les autres attributs mentionnés par Aristote, donc aussi de "carré" et d'"oblong", qui se réfèrent par conséquent à des nombres et non pas à des figures. [οἱ aussi, comme dans le passage (4.2), Alexandre est critiqué pour son incompétence en mathématiques et en géométrie. (b) Philopon. in Anal. pasteriorum librum I. p. 122, 10-11 (Alex., fr. 14 Moraux) et p. 122, 11-24 (contre Alex.): exégése de I 10, 76 a 35-36. Dans le cadre de son exposé sur les principes de la démonstration, Aristote affirme que la signification du nom est simplement posée dans le cas aussi bien des genres que des principes ; quant à l'existence. on pose, et on ne démontre pas, l'existence des principes, mais on démontre celle des propriétés. L'exemple par lequel Aristote éclaircit la différence entre signification du nom (toujours posée, jamais démontrée) et existence (posée dans le cas des principes. démontrée dans le cas des propriétés) est le suivant (76 a 34-36):
olov τί μονὰς ἢ τί τὸ εὐθὺ xal τρίγωνον. εἶναι δὲ τὴν μὲν μονάδα λαδεῖν καὶ μέγεθος. τὰ δ᾽ ἕτερα δεικνύναι (« Par exemple. nous posons indifféremment la signification de l'unité, du droit et du triangle ; mais, alors qu'on pose aussi l'existence de l'unité et de la grandeur, pour le reste, on doit la démontrer », trad. Tricot 45, p. 54). A propos de la phrase εἶναι δὲ τὴν μὲν μονάδα
λαδεῖν xai μέγεθος. Alexandre avait affirmé qu'il faut lire εὐθύ au lieu de μέγεθος, en s'appuyant probablement sur la phrase qui précède, où μονὰς est suivi de τὸ εὐθύ. AmmoniusPhilopon n'a pas trop de peine à montrer qu'une telle interprétation est fausse, car la premiere partie de l'exemple concerne la signification du nom. et donc aussi bien les principes (l'unité) que
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les propriétés (droit et triangle), alors que la seconde partie concerne l'existence et donc distingue entre principes (unité et grandeur), dont l'existence n'est jamais démontrée, et propriétés (rà δ᾽ ἕτερα, "le reste"), qui. elles, font l'objet des démonstrations. (c) Philopon, in Anal. posteriorum librum I. p. 126. 3-4 (Alex., fr. 15 Moraux) et p. 126. 4-10
(contre Alex.): exégèse de 1 10. 76b 18-19 Οὐ γὰρ ὁμοίως δῆλον ὅτι ἀριθμός ἐστι xai ὅτι ψυχρὸν καὶ θερμόν (« c'est ainsi que l'existence du nombre n'est pas aussi évidente que celle du froid et du chaud », trad. Tricot 45. p. 56). Toute science démonstrative. dit Aristote, se compose de trois éléments : le genre. dont elle pose l'existence. les principes de la démonstration, et les propriétés, qui font l'objet des démonstrations (76 b 11-16). Dans certains cas, l'existence du genre est tellement manifeste qu'on peut se dispenser de la poser: par exemple. l'existence du nombre n'est pas aussi évidente que celle du froid et du chaud. Philopon rapporte qu’Ammonius
partageait l'opinion d'Aristote (p. 126, 3 Ὁ μὲν φιλόσοφος οὕτως ἔλεγεν). tout en rappelant l'opinion contraire d' Alexandre, selon qui l'existence du nombre est plus évidente que celle du
froid et du chaud (p. 126, 3-4 τὸν δὲ Ἀλέξανδρον μᾶλλον μὲν εἶναι δῆλον λέγειν τὸν ἀριθμόν. ἧττον δὲ τὸ ψυχρὸν καὶ θερμόν), opinion qu' Ammonius réfutait (p. 126, 4-10 οὐ μὴν τὴν ἀλήθειαν οὕτως ἔχειν κτλ.) en faisant remarquer que si le physicien n'a pas besoin de définir ce qu'est le froid et le chaud, alors que le mathématicien définit le nombre et l'unité, c'est parce que le froid et le chaud sont manifestes. à la différence du nombre, qui ne l'est pas. (d) Philopon, in Anal. posteriorum librum I. p. 258. 23-24 (Alex.. fr. 26 Moraux) et p. 258, 24-28 (Ammonius contre Alex.) : exégese de I 22, 84 a 8-11 : les attributs par soi d'une chose ne peuvent exister en nombre infini. L'exégése d'Alexandre est rejetée par Ammonius (p. 258, 2428). (e) Philopon. in Anal. posteriorum librum 1, p. 323, 9-12 ( Alex., fr. 32 Moraux) et p. 323, 1224 (Ammonius contre Alex.): exégése de I 33, 88 b 32-35 Ἔστι δέ τινα ἀληθὴ μὲν xai ὄντα
ἐνδεχόμενα δὲ xai ἄλλως ἔχειν. Δῆλον οὖν ὅτι περὶ μὲν ταῦτα ἐπιστήμη οὐκ Eotıv ein γὰρ ἂν ἀδύνατα ἄλλως ἔχειν τὰ δυνατὰ ἄλλως ἔχειν (« Ainsi, quoiqu'il y ait des choses qui soient vraies et qui existent réellement, mais qui peuvent étre autrement, il est clair que la science ne s'occupe pas d'elles: sinon les choses qui peuvent étre autrement ne pourraient pas étre autrement », trad. Tricot 45, p. 155). Les "choses qui peuvent étre autrement" font l'objet de l'opinion. Le différend concerne l'interprétation de xai ὄντα («et qui existent»): selon Alexandre (p. 323, 9-12), Aristote a ajouté καὶ ὄντα parce qu'il y a des choses vraies qui n'existent pas réellement, par ex. la proposition *le bouc-cerf n'existe pas" est vraie, bien qu'elle se rapporte à un nonexistant. Ammonius lui oppose que la connaissance de ce genre de propositions appartient à la science et non pas à l'opinion, et qu'il faut donc penser que l'addition de xai ὄντα sert à exclure les choses vraies et qui peuvent étre autrement, mais qui n'existent pas, par ex. dire "je ne marche
pas" lorsque je ne marche pas (p. 323, 12-24 ἔλεγε δὲ ὁ φιλόσοφος μὴ καλῶς τοῦτο λέγειν τὸν 'AAECavOpov xTA.).
(5) [B. 19] Στοιχείωσις φυσική (Elementatio Physica). Il s'agit d'une formalisation euclidienne des livres VI et VIII de la Physique et du premier livre du De
caelo d' Aristote, concernant le mouvement, en deux livres, dont le premier comprend 31 propositions, le second 21. On manque de tout indice de datation ; l'argument de A. Ritzenfeld (cf. Éditions), p. VII, selon lequel Proclus aurait composé cet ouvrage à l'époque où il lisait les traités d'Aristote sous la direction de Syrianus (Marinus,
Proclus
13,
1-4), ne trouve
aucun
appui
dans
le texte. Selon
Dodds
3,
p. XVII-XVIII, l'affinité de style et de méthode avec l' Εἰ. theol. rend assez probable l'hypothèse de la contemporanéité de ces deux ouvrages, mais il s'agit d'un argument purement externe et qui, de toute façon, ne conduit à aucune conclusion intéressante, puisque la date de l’El. theol. n'est pas mieux déterminable (cf. infra, n? 32, p. 1610).
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Éditions. Édition princeps
par Simon
Grynée:
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50 Procli insignis philosophi
compendiaria De motu disputatio, posteriores quinque Aristotelis De auscultatione naturali libros mira brevitate complectens, Basileae 1531. Édition de référence (avec traduction allemande en vis-à-vis): 51 Procli Diadochi Lycii Institutio physica edita et interpretatione germanica instructa. Dissertatio quam [...] scripsit A. Ritzenfeld, Leipzig 1911. 52 H. Boese, Die mittelalterliche Übersetzung der ZTOIXEIQZIE
ΦΥΣΙΚΗ
des Proclus.
Procli Diadochi
Lycii Elementatio
Physica,
coll. « Deutsche Akademie der Wissenschaften zu Berlin» 6, Berlin 1958, publie l'édition de la traduction latine médiévale (cf. ci-dessous) et reprend en vis-à-vis le texte de l'édition Ritzenfeld 51 (avec quelques suppléments ajoutés à l'aide de la traduction latine).
Tradition manuscrite. Le texte est transmis par 31 mss. (et non pas 32 comme il résulte de la liste de Ritzenfeld 51, p. XI-XVI, car le Dresdensis Db 86, cité p. XV, contient la traduction latine médiévale, cf. Boese 52, p. 7), dont 12 seulement ont
été examinés par Ritzenfeld 51 qui les a disposés dans un stemma à deux branches (p. XI).
Traductions latines et arabe. La traduction latine médiévale est due au traducteur anonyme de l'A/mageste de Ptolémée et peut être datée de 1160 ca (cf. Boese 52, p. 16-20). Selon 53 R. Lemay, «De la scolastique à l'histoire par le truchement de la philologie : itinéraire d'un médiéviste entre Europe et Islam», dans La diffusione
delle scienze
islamiche
nel Medio
Evo
europeo
(Roma
2-4 ottobre
1984),
Roma, Accademia Nazionale dei Lincei, 1987, p. 339-535, en part. p. 428-484 («3. Hermann de Carinthie, auteur de la traduction “sicilienne” de l’Almageste à partir du grec [ca. 1150 A. D.]»), la traduction de l’Almageste (toujours inédite) serait
due à Hermann de Carinthie, qui l'aurait faite aux alentours de 1150. La traduction médiévale de l' El. Phys. omet les deux dernières démonstrations de II 31 et toute la
section II 5-fin (p. 28, 8-21 et p. 36, 5-58, 27 Ritzenfeld), mais permet de combler quelques omissions que Ritzenfeld 51 (p. VIII et n. 2) considére comme propres à toute la tradition grecque (cf. Boese 52, p. 14-15). Pour les traductions latines faites à la Renaissance, cf. Ritzenfeld 51, p. X-XI, XVI, et infra, n? 32, p. 1612
(traduction par Francesco Patrizi). Quelques extraits du texte grec ont été traduits en arabe (cf. Endress 41, p. 1661).
Traductions modernes. Frangaise: 54 Deux livres de Proclus du mouvement, traduictz et commentés par P. Forcadel de Beziés, Paris 1565. Allemande: en visà-vis du texte grec dans l'édition Ritzenfeld 51. Italienne: 55 Proclo Licio Diadoco, / manuali. Elementi di fisica. Elementi di teologia. I testi magico-teurgici. Marino di Neapoli, Vita di Proclo, a cura di C. Faraggiana di Sarzana, coll. «I classici del pensiero », Milano 1985, réimpr. 1999, p. 31-71. Russe: 56 traduction avec texte grec, introduction et notes par S. V. Mesjats, Moscou 2001. Cf. 57 D. Nikulin, « Physica More Geometrico Demonstrata: Natural Philosophy in Proclus and Aristotle », dans PBAC 18, [2002] 2003, p. 183-209 (avec un
commentaire par E. F. Kutash, p. 210-219, et une bibliographie, p. 220-221).
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(ID OUVRAGES CONSACRÉS À PLATON
Les cours platoniciens de Plutarque d' Athénes et de Syrianus auxquels Proclus assista et ceux qu'il donna lui-méme en tant que successeur de Syrianus à la téte de l'École d’Athenes ont produit trois sortes d'ouvrages: (Il.1) des introductions à la philosophie de Platon (n° 6-7); (11.2) des commentaires (n?* 8-19); (II.3) des
monographies (n° 20-24). (11.1) Introductions à la philosophie de Platon (6)
Prolegomena
ad
Platonis
philosophiam.
Perdu.
Cet
ouvrage
était
une
introduction à la philosophie platonicienne analogue à celle qui sert de source aux Prolégomènes à la philosophie de Platon (cf. Westerink et Segonds 37, Introduction. p. LVIII-LIX). Proclus renvoie à cet ouvrage en De prov. 50, 11-14, à propos de l'inauthenticité de l' Épinomis (cf. Luna et Segonds 18, t. I/1, p. XCVII). Effectivement. les Prol. ad Plat. phil. 25, 4-12, rapportent exactement les deux arguments par lesquels Proclus, dans ses Prolegomenes, avait démontré l'inauthenticité de l’Épinomis (cf. Westerink et Segonds 37, n. 208 [p. 73-74]). Il est égale-
ment cité par Proclus dans in Aic. 10, 4-5: ὥσπερ xai ἐν ἄλλοις εἴπομεν περὶ τῶν διαλόγων (cf. Segonds 16, p. 8 n. 2 (p. 131]); 11, 18-21: Οἵτινες δέ εἰσιν oi δέκα xai ὅπως αὐτοὺς προσήκει τάττειν xai ὅπως ἐν τοῖς δύο τοῖς HET’
αὐτοὺς συνήρηνται, προηγουμένως ἐν ἄλλοις πεπραγματεύμεθα (« Quels sont ces dix dialogues. comment il convient de les ranger et comment ils sont résumés dans les deux dialogues qui les suivent [= Tim. et Parm.], nous en avons traité ailleurs spécialement»); et 19, 2-3: ἀλλ᾽ ὥσπερ xai τοῖς ἡμετέροις δοκεῖ καθηγεμόσι xai ἡμῖν Ev ἄλλοις μετρίως ὑπέμνησται («au contraire, comme c'est l'avis de nos Professeurs
[2 Syrianus] et comme
nous l'avons nous-méme
suffisamment exposé ailleurs »). (7) Ὑποτύπωσις τῆς Πλατωνικῆς φιλοσοφίας (Hyporyposis philosophiae Platonicae). Perdu. Ce titre est cité deux fois par Jean Lydus, De mensibus: (a) 11 8, p. 27. 18-28, 1 Wünsch: iotéov τοίνυν. ὅτι τρεῖς τριάδας ὁ Τίμαιος παραδίδωσι, xai μάρτυς ὁ Πρόκλος Ev ὑποτυπώσει τῆς Πλάτωνος φιλοσοφίας φάσκων, ὅτι ἡ τῶν νοητῶν
ἀκρότης. τριὰς οὖσα νοητή, καὶ μονάς ἐστιν’ ἑνὰς γὰρ τυγχάνειν δύναται, ἐν ἑαυτῇ τὴν πασῶν δυνάμεων αἰτίαν ἔχουσα καὶ οὐσίαν, ὥς φησιν ὁ Παρμενίδης («Tl faut donc savoir que le Timée enseigne trois triades. et Proclus en est témoin qui, dans son Esquisse de la philosophie de Platon, dit que le sommet des intelligibles. étant une triade intelligible, est aussi une monade. En effet, il peut étre une hénade, puisqu'il contient en lui-méme la cause et l'essence de toutes les puissances, comme le dit le Parménide »).
(b) IV 7. p. 71, 14-20: ὁ δὲ Πρόκλος ἐν ὑποτυπώσει τῆς Πλατωνικῆς φιλοσοφίας περὶ τῶν τῆς ψυχῆς δογμάτων ταῦτα λέγει: “οἱ μὲν nAtaxodç ἔλαχον δαιμόνων ἡγεμόνας. οἱ δὲ σεληνιακούς. ἄλλοι δὲ ἄλλους. Πρὸς τοίνυν τὴν φύσιν τῶν ἡγεμόνων πρόεισιν ἀνθρώποις
τὰ εὐτυχήματα: διὰ γὰρ μέσων αὐτῶν ἀπὸ τῶν θείων [an θεῶν legendum 7] εἰς ἡμᾶς διαπέμπεται τὰ ἀγαθὰ κατ᾽ à£tav" (« Proclus, dans son Esquisse de la philosophie de Platon. dit ceci à propos des opinions relatives à l'âme : "Les uns ont recu comme guide, parmi les démons, un démon solaire, les autres un démon lunaire. d'autres un démon d'une autre sorte. C'est donc en fonction de la nature de leur démon que les bonheurs atteignent les hommes ; en effet. c'est par leur entremise que les biens nous sont envoyés par les étres divins [les dieux) selon notre valeur" »).
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Selon Westerink et Segonds 37, Introduction, p. LVIN-LIX, il faut probablement distinguer l'ouvrage cité par Lydus des Prolégoménes, car les deux citations de Lydus semblent indiquer un aperqu de la doctrine plutót qu'une introduction générale. Toutefois, puisque l'on n'a de fragments que sur l'organisation du corpus platonicien, ce qui ne constitue qu'une des questions abordées dans les Prolégoménes, on ne saurait entierement exclure que l’Esquisse ait été un des chapitres des Prolégoménes. Reste le cas d'une scholie au commentaire de Syrianus sur Hermogène, Περὶ
στάσεων, I 27, 4-9 (éd. M. Patillon, Corpus Rhetoricum Il : Hermogène, Les états de cause, CUF, Paris 2009, p. 10), où Hermogéne discute l'étymologie du terme στάσις, "état de cause" (voir la note de M. Patillon, p. 10 n. 4 [p. 97], et l'Intro-
duction, p. XLII et LXIX). commentaria,
BT, Leipzig
La scholie est éditée dans
ed. H. Rabe, t. IL: Commentarium
Syriani
in librum Περὶ
[n Hermogenis στάσεων,
coll.
1893, p. 47, app. crit. à la li. 18 (voir aussi l'Introduction de Rabe,
p. VI-VID: óc ὁ θεῖος Πλάτων ἐν Φαίδρῳ λέγων τὴν δύναμιν εἶναι τῆς ῥητορυεῆς ἐν οἷς στασιαστικῶς ἔχομεν [= Phaedr. 263 A 3-4]: φησὶ γοῦν καὶ Ζώπυρος ὁ Κλαζομένιος πρῶτον Πλάτωνα τὸ τῆς στάσεως ὄνομα ἐξευρεῖν, ὡς ὁ θεῖος Πρόκλος ἐν τῷ Πλατωνικῷ φησι πρὸς τῷ τέλει (« Ainsi le divin Platon dit dans le Phedre que la puissance de la rhétorique concerne ce en quoi nous sommes disposés d'une manière batailleuse ; Zopyros de Clazomènes, en tout cas, dit que Platon est le premier à avoir trouvé le nom de stasis, comme le dit le divin Proclus, vers la fin de son Platonicien »). Selon ce témoignage, Zopyros de Clazomènes (cf. H. Gärtner, art. « Zopyros» 14, RE X A, 1972, col. 771), rhéteur et ami de Timon de Phlionte (cf. Diogene Laërce IX 114), ayant vécu au III“ siècle av. J.-C., mentionné par Quintilien, /nsr. or. III 6, 3 (justement à propos de l'invention du terme στάσις), aurait attribué à Platon l'invention du terme στάσις en s'appuyant sur Phaedr. 263 A 2-B 9, oü Platon affirme que la rhétorique concerne les sujets sur lesquels les hommes ne sont pas d'accord (c'est l'adverbe otaσιαστικῶς, 263 A 4, qui a suggéré le rapprochement avec στάσις ; étymologie inconnue par ailleurs). L'affirmation de Zopyros aurait été reprise par Proclus, trés probablement à travers une ou plusieurs sources intermédiaires, dans un ouvrage intitulé Le Platonicien, titre inconnu dans le cas de Proclus (rappelons que l'on connait un Πλατωνικός d’Eratosthene, cité par Théon de Smyrne, cf. DPhA III, Paris 2000, E 52, p. 209-212). Nous proposons d'identifier cet ouvrage avec les Prolégoménes à la philosophie de Platon. En effet, les Prolégoménes anonymes, qui dépendent en bonne partie des Prolégoménes de Proclus, contiennent une section ($ 5, 1-13) où l'on attribue à Platon l'invention de noms comme
ποιότης,
ἀντίπους et προμήκης ἀριθμός (cf. Westerink et Segonds 37, n. 53, 55 et 56 [p. 52-53]. Il est donc possible que les Prolegomenes de Proclus aient contenu, eux aussi, une section consacrée à l'invention de nouveaux termes par Platon, oü Proclus aurait attribué à Platon l'invention du terme στάσις en s'appuyant sur l'autorité de Zopyros de Clazoménes. [Nous remercions Richard Goulet qui a bien voulu nous signaler la scholie au commentaire de Syrianus].
1566
PROCLUS
DE LYCIE
P 292
(1.2) Commentaires
Dans notre présentation des commentaires platoniciens de Proclus, nous suivrons l'ordre du cursus néoplatonicien, fondé sur un choix de douze dialogues fixé, semble-t-il, par Jamblique (cf. 58 A. J. Festugière, « L'ordre de lecture des dialogues de Platon aux V*/VI* siècles », MH 26, 1969, p. 281-296 [repris dans 59 Id., Études de philosophie grecque, Paris 1971, 2009?, p. 535-550]): Premier Alcibiade, Gorgias, Phédon, Cratyle, Théététe, Sophiste, Politique, Phedre, Banquet. Philébe, Timée, Parménide (la République et les Lois ne faisaient pas partie du "canon" de Jamblique). Sont conservés les commentaires sur l’Alcibiade (n? 8), le Cratyle (n? 11), le Timée (n? 17), le Parménide (n? 18) et la République (n? 19).
Sont attestés (par des fragments ou des citations) des commentaires sur le Gorgias (n? 9), le Phédon (n? 10), le Théététe (n? 12), le Sophiste (n? 13), le Phedre (n? 14), le Banquet (n? 15) et le Philébe (n? 16). Parmi les commentaires conser-
vés, l'in Alc., l’in Tim. et l'in Parm. se composent d'un prologue et d'une série de lemmes. L'in Remp. ne suit pas le texte de Platon phrase à phrase (sauf pour le mythe d'Er, X 614 B 2-621 C 2 = 16* dissertation) et présente une structure particuliere, puisqu'il se compose de 17 dissertations, dont la premiere joue le róle de prologue. L’in Crar. présente un prologue (= chap. I-XVII), mais, s'agissant d'extraits. les lemmes ont disparu. Dans les prologues de ses commentaires, Proclus aborde, d'une part, certaines questions préliminaires communes, d'autre part, des thémes qui sont propres à chaque dialogue. Toutes les questions préliminaires communes ne sont pas traitées dans tous les prologues : (in Alc.) but du dialogue, place de l’Alc. dans la lecture des dialogues, division du dialogue dans ses grandes parties ; (in Tim.) but, plan ou composition, forme littéraire, circonstances, personnages ; (in Parm.) disposition dramatique, personnages, but, style ; (in Remp.) but. genre littéraire, circonstances (= lieu, temps, personnages) ; (in Crat.) but du dialogue, genre littéraire. L'exégése du texte est fondée sur la distinction, encore trés
souple, entre explication générale (θεωρία) et explication du détail (λέξις). Sur la méthode exégétique de Proclus, cf. 60 A. J. Festugiere, «Modes de composition des Commentaires de Proclus », MH 20, 1963, p. 77-100 (repris dans Festugière 89, p. 551-574); Segonds 16, p. XLIII-XLVII ; 61 E. Lamberz, «Proklos und die Form des philosophischen Kommentars », dans Pépin et Saffrey 9, p. 1-20: Luna et Segonds 18, t. UI, p. XLII-LXV. Sur les prologues, voir aussi 62 1. Mansfeld, Prolegomena. Questions to be settled before the study of an author or a text, coll. « Philosophia Antiqua » 61, Leiden 1994. (8) [B.6] /n Alcibiadem priorem. Ce commentaire se compose d'un long prologue (1, 3-18, 12) suivi d'une série de lemmes. Puisque la lecture des dialo-
gues de Platon commence par l'A/c., le prologue est constitué par la leçon inaugurale du cours de philosophie platonicienne (1, 3-5, 14), suivie de trois questions préliminaires: but du dialogue (5, 15-10, 23), place de l’Alc. dans la lecture des dialogues (11, 1-18), division du dialogue dans ses grandes parties (11, 22-18, 12). En suivant Jamblique, Proclus divise l'Alc. en un prologue (103 A 1-106 C 3, commenté en 18, 15-173, 28) et trois κεφάλαια (106 C 4-135 D, dont il ne reste
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PROCLUS DE LYCIE
1567
que le commentaire jusqu'à 116 B 1 = 174, 2-339, 19), et subordonne la division
médioplatonicienne en dix syllogismes à la division jambliquéenne, de sorte que les dix syllogismes sont distribués dans les trois χεφάλαια : 1° κεφάλαιον = syllogismes 1 à 7 (106 C 4-118 B 3); 2° κεφάλαιον = 8° syllogisme (119 A 8-124 A 7); 3* κεφάλαιον = 9* et 10° syllogismes (124 A 7-135 D). Le texte du commentaire est mutilé de la fin: il s'arrête en plein milieu du commentaire d'A/c. 116 A 3B 1 (5*-6* syllogismes), ce qui signifie qu'il manque le commentaire correspondant à un peu moins de la moitié du texte à commenter. Il s'agit d'une perte trés ancienne, probablement due au fait que le commentaire était divisé en deux tomes et que nous n'avons conservé que le premier tome mutilé de la fin. De cette partie perdue on peut récupérer quelques fragments dans le commentaire d'Olympiodore, dans
les Scholia platonica
(voir maintenant
l'éd. de D. Cufalo
[infra, n? 89],
p. 144-159) et dans les scholies sur l'in Tim. (12 fragments édités par Segonds 16, p. 370-375). On manque de tout indice de datation absolue et l'unique donnée chronologique consiste en trois renvois aux Prol. ad Plat. phil. qui permettent d'affirmer que l'in Alc. est postérieur aux Prol. ad Plat. phil. (cf. supra, n? 6, p. 1564); cf. Segonds 16, p. XL-XLII. Éditions. Éditions princeps: Deux éditions princeps au XIX* s. presque simultanées: (a) 63 Procli Philosophi Platonici Opera e codd. mss. Biblioth. Reg. Parisiensis nunc primum edidit, lectionis varietate, et commentariis illustravit V. Cousin, t. II-III, Paris 1820-1821 (nouvelle édition dans Procli Philosophi Platonici Opera Inedita, Pars secunda, Paris 1864, col. 281-602) ; (b) 64 Fr. Creuzer, Initia philosophiae et theologiae ex Platonicis fontibus ducta sive Procli Diadochi
et Olympiodori in Platonis Alcibiadem Commentarii, 3 vol., Frankfurt 1820-1822, Pars 1 (1820). Éditions de référence: 65 Proclus Diadochus, Commentary on the First Alcibiades of Plato, critical text and indices by L. G. Westerink, Amsterdam
1954 ; Segonds 16 (références selon les pages de l'éd. Creuzer 64). Tradition manuscrite. Le texte est transmis par 48 mss. qui se répartissent en quatre groupes: (1) 26 mss. contenant le texte complet; (2) 8 mss. contenant un texte incomplet (= 1, 1-72, 8); (3) 12 mss. contenant un texte mixte, c'est-à-dire le
texte incomplet complété ensuite à l'aide du texte complet (le ms. Laur. Plut. 85,8 est commun
aux groupes
[2] et [3] parce que le texte incomplet est d'une main
différente de celle qui a copié le complément); (4) 3 mss. contenant des extraits. Tous les mss. du premier groupe et, pour la fin, du troisiéme groupe remontent à une source unique, le Neapolitanus IIl. E. 17 (gr. 339) (sigle: N), copié par Georges Pachymére. Les mss. du deuxiéme groupe remontent à une source perdue indépendante de N. Le texte originaire des lemmes platoniciens est perdu, car les lemmes sont tirés directement du ms. W de Platon, comme l'a établi 66 A. Carlini, «I lemmi del commento di Proclo all’Alcibiade I e il codice W di Platone», SCO 10, 1961, p. 179-187 ; c'est pourquoi ils ont été supprimés dans l'éd. Segonds 16, puisqu'ils ne peuvent aucunement refléter l'état du texte tel que transmis dans la tradition manuscrite de Proclus (cf. Segonds 16, Introduction, p. CXXV-CXXVII).
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Traductions latines. Un certain nombre d’extraits (cf. Segonds 16, p. CXXXVCXXXVID) ont été traduits en latin par Ficin à partir du Var. Pal. gr. 63 (copie du Neapol. III. E. 17), sous le titre De anima et daemone. La traduction a été publiée à Venise, chez Alde Manuce, en 1497, ff. f"-h[iiii-3]' (voir le fac-similé 67 Jambli-
chus, De mysteriis, Introduction de S. Toussaint, Enghien-les-Bains, Les Éditions du Miraval, 2006), cf. 68 P. Megna, «Per Ficino e Proclo», dans F. Bausi et V. Fera (édit.), Laurentia laurus. Per Mario Martelli, coll. «Biblioteca Uma-
nistica» 1, Messina 2004, p. 313-362. Le texte incomplet (1, 1-72, 8) a été traduit en latin par l'Augusun
Nicolas Scutelli, de Trente (1490-1542), secrétaire et colla-
borateur du cardinal Gilles de Viterbe, à partir du Vat. Rossianus 962 (ce méme ms. a été utilisé par Scutelli pour traduire l'in Parm. et le « grand fragment » de la Theol. plat., cf. infra, n 18 et 33, p. 1584 et 1616); la traduction de Scutelli est conservée dans le Riccardianus 155, ff. 427'-459' (copie révisée par Scutelli, cf. Luna et Segonds 18, t. I/1, p. CDXXX, CDXXXV-CDXXXIX), et a été publiée par Cousin 63 (qui a utilisé le Vindob. lat. 10056), sous le nom de Antonius Gogava, en appendice du texte grec.
Traductions modernes. Frangaise: en vis-à-vis du texte grec dans l'édition Segonds 16. Anglaise: 69 Proclus, Alcibiades I. A Translation from Greek and Commentary by W. O'Neill, The Hague 1965, 1971? (avec des addenda et corrigenda). Cf. 70 J.C. Marler, «Proclus on Causal Reasoning: I Alcibiades and the Doctrine of Anamnesis », JNStud 1, 1993, p. 3-35; 71 J. Dillon, « A Platonist Ars amatoria » , CQ 44, 1994, p. 387-392.
(9) [B. 13] In Gorgiam. Perdu. Proclus cite ce commentaire dans in Remp. (16*
diss.) II, p. 139, 18-20: τοὺς δὲ αὐτοὺς δικαστὰς Ev μὲν Γοργίᾳ τίνας ἔφατο,
καὶ ἐνταῦθα δεδηλώχαμεν καὶ ἐν τοῖς εἰς ἐκεῖνα γεγραμμένοις ἔναγχος ἡμῖν («Quant aux Juges eux-mémes, quels il les a dits dans le Gorgias, nous l'avons indiqué et ici [p. 134, 24 sqq.] et tout récemment dans notre Commentaire sur ces mythes », t. III, p. 84). Festugiére 20, p. 84 n. 2, explique que l'expression Ev τοῖς εἰς ἐκεῖνα γεγραμμένοις peut désigner un commentaire ou bien sur le seul mythe du Gorgias (523 A 1-527 A 4: jugement des âmes après la mort) ou bien sur les mythes du Gorgias et du Phédon (107 C 1-114 C 8: sort des ämes aprés la mort).
En effet, un peu plus bas, in Remp. (16° diss.) II, p. 178, 2-6, Proclus se réfère à son commentaire sur les mythes du Gorgias et du Phédon : τοῦτο δὴ τὸ ἐν Γοργίᾳ xai Φαίδωνι λέγων ... xai ἡμεῖς ἐδείκνυμεν xal Ev τοῖς εἰς ἐκείνους τοὺς μύθους εἰρημένοις («Or il dit là ce qui est dans le Gorgias [525 C 1 sqq.] et le Phédon [113 E 1 sgq.] ... Quant à nous pourtant, nous montrions dans les Commentaires sur ces mythes ... », t. III, p. 124). L'adverbe ἔναγχος (p. 139, 20) permet d'affirmer que le commentaire sur le Gorgias est de peu antérieur à la 16* dissertation
de
l'in Remp.
Le
commentaire
d'Olympiodore
sur
le Gorgias
ne
transmet qu'une petite anecdote concernant Proclus (cf. infra, n? IX.8, p. 1640). La tradition arabe témoigne de l'existence d'une traduction syriaque de ce commen-
taire de Proclus (cf. Endress 41, p. 1670-1671).
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(10) [B. 10] /n Phaedonem. Perdu. Proclus cite explicitement dans l'in Remp. (16* diss.) II, p. 178, 2-6 (cf. supra, n? 9, p. 1568) son commentaire sur les mythes
du Gorgias et du Phédon. Mais ailleurs, toujours dans la 16° dissertation de l'in Remp., le commentaire sur le mythe du Phédon est cité seul, cf. in Remp. II, p. 179, 12-13: εἴρηται ἡμῖν ἐν τοῖς εἰς τὴν τοῦ Φαίδωνος νέκυιαν («nous l'avons dit dans le Commentaire sur la Nekyia du Phédon », t. I, p. 125) et p. 183, 23-25: πολλῶν δὲ ἡμῖν περὶ αὐτοῦ ῥηθέντων Ev τοῖς εἰς τὴν νέκυιαν τοῦ Φαίδωνος
an’ ἐκείνων μὲν τὰ δοκοῦντα τοῖς θεολόγοις περὶ αὐτοῦ ληπτέον («Mais comme nous en avons longuement traité dans le Commentaire sur la Nékyia du "Phédon", qu'on aille tirer de cet ouvrage les opinions des Théologiens à ce sujet », t. IIl, p. 130). Le commentaire sur le Phédon (en particulier sur la section 107 C 1-114 C 8 qui contient le mythe sur le sort des âmes après la mort) est donc lui aussi antérieur à la 16° dissertation de l'in Remp. Dans la 1" dissertation, in
Remp. 1, p. 12, 25-13, 6, Proclus se réfère à son commentaire sur le Phedon par une
formule plus générique : καὶ γὰρ ad xal ὡς ἐν ἄλλοις διείλομεν, ἡ μὲν σωφροσύνη μάλιστα χαρακτηρίζει τὴν ἠθικὴν ἀρετήν κτλ. («et de fait, selon une distinction que nous avons faite ailleurs, la tempérance est ce qui caractérise principalement la vertu morale... », t. I, p. 28). Le renvoi a été identifié par 72 L. G. Westerink,
The
Amsterdam
Commentaries
on
Plato's
Phaedo,
vol. I: Olympiodorus,
1976, p. 18. Les témoignages les plus importants pour reconstruire le
commentaire (73 L. G.
Greek
de
Proclus
Westerink,
The
sur
le Phédon
Greek
sont
les commentaires
Commentaries
on
Plato's
de
Damascius
Phaedo,
vol.
Il:
Damascius, Amsterdam 1977) et d'Olympiodore (Westerink 72) qui utilisent tous deux le commentaire de Proclus (cf. Westerink 72, p. 18). Le commentaire de Proclus ne concernait pas seulement le mythe sur le sort des ámes, mais le dialogue dans son ensemble, comme le montre le commentaire de Damascius. En effet, comme l'explique Westerink 73, p. 16, le commentaire de Damascius (qui est ἀπὸ φωνῆς) consiste à résumer et discuter le commentaire de Proclus et à y ajouter des
remarques critiques (la méme technique d’exégèse est adoptée par Damascius dans son commentaire sur le Parménide dont le commentaire de Proclus constitue la cible constante). Voir l'Index I de Westerink 73, s.v. Proclus, p. 383: les citations
de Proclus s'échelonnent de Phaed. 66 B
1 (I $100, 4) jusqu'à
113 C 8 (I ὃ 541,
5); dans le cas d'Olympiodore, en revanche, les citations sont beaucoup moins fréquentes (environ une dizaine) et peu significatives (voir l'Index I de Westerink 72, s.v. Proclus, p. 192-193). Le terme véxuta pour indiquer les mythes du Phédon, du Gorgias et de la République (X 614 B 2-621 D 3) est utilisé aussi par Damascius, in Phaed.
I, ὃ 471, qui lie étroitement les trois véxutat contenues dans ces trois
dialogues. Un fragment du commentaire de Proclus sur le Phédon est transmis par Élias, Prolegomena philosophiae, éd. A. Busse, CAG
porte
l'opinion de Proclus selon
laquelle
XVIII, p. 2, 10-25, qui rap-
les étres irrationnels sont capables de
réminiscence : ὁ δὲ φιλόσοφος Πρόκλος βούλεται Ev τοῖς εἰς Φαίδωνα ὑπομνήμασιν ἔχειν καὶ τὰ ἄλογα ἀνάμνησιν κτλ. («Le philosophe Proclus soutient, dans son commentaire sur le Phedon, que les étres dépourvus de raison aussi
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PROCLUS DE LYCIE
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possèdent le souvenir» ; voir la note de Westerink 72 a Olympiodore, in Phaed. 11. 8 4, 16-18 [p. 154-155]). Selon Westerink 72, p. 18. la composition du commentaire de Proclus sur le Phedon n'est pas claire: il pouvait s'agir soit d'un commen-
taire sur l'ensemble du dialogue qui assemblait des matériaux variés, tels que la monographie de Syrianus sur l'argument des contraires (cf. Luna 28, 8 Il. /n Phaed.) et le commentaire de Proclus sur le mythe, soit d'un commentaire continu
interrompu seulement par la monographie de Syrianus. Puisque Proclus cite son commentaire sur le mythe comme un ouvrage autonome, il est possible que ce commentaire ait eu une existence séparée du commentaire sur le Phédon, de méme que le commentaire sur la Palinodie de Socrate a pu avoir une existence séparée du commentaire sur le Phedre (cf. infra. n? 14, p. 1573). Marinus rapporte (Proclus 12, 9-15) que Proclus lut le Phedon avec Plutarque qui l'engagea à faire une copie au net de ses explications. Il est difficile de dire quel est le rapport entre ce commentaire dans lequel Proclus mit par écrit le cours de Plutarque et celui qui est cité par Proclus lui-méme, par Damascius et par Olympiodore (cf. Saffrey et
Segonds 17, p. 15 n. 5 [p. 105-106]: il y a trace de l'exégese de Plutarque, probablement par l'intermédiaire du commentaire de Proclus, dans le commentaire de Damascius, in Phaed. I, $ 100, 4-5; ὃ 503, 4 [= II, ὃ 114, 2, où cependant
le
nom de Plutarque a disparu]: cf. notice «Plutarque d'Athénes », P 209. p. 1091). La tradition arabe témoigne de l'existence d'une traduction syriaque de ce commentaire de Proclus (cf. Endress 41, p. 1671). Philopon, De opificio mundi VII 3, p. 288, 5-10 Reichardt (= p.604, 1-6 Scholten), renvoie à un traité qu'il a écrit pour réfuter les arguments que Platon et Proclus ont développés pour démontrer que la connaissance est une réminiscence. Selon 74 C. Scholten, Johannes Philoponos, De opificio mundi. Über die Erschaffung der Welt, übersetzt und eingeleitet von C. S., 3 vol., coll. « Fontes Christiani »
23/1-3, Freiburg im Breisgau 1997, t. I, p. 41, et t. III, p. 605 n. 8 (ad loc. cit.). le traité
auquel
Philopon
renvoie
ici
est
probablement
son
Phédon, dont l'existence est attestée par le commentaire
commentaire
sur
le
in Anal. posteriorum
librum I, p. 215, 3-5 Wallies: ὅτι γὰρ οὐκ Ex τῶν αἰσθητῶν λαμδάνει τὴν τῶν
πραγμάτων γνῶσιν ἡ ψυχή. δέδεικται ἱκανῶς ἐν τοῖς εἰς τὸν Φαίδωνα. Le passage du De op. mundi est aussi discuté par 75 C. Scholten, Antike Naturphilosophie und christliche Kosmologie in der Schrift "De opificio mundi" des Johannes Philoponos, coll. PTS 45, Berlin/New York 1996. p. 75-76, qui souligne
la difficulté d'y voir un renvoi au De aet. mundi. Philopon pourrait donc faire ici allusion au commentaire de Proclus in Phaed., en particulier Phaed. 75 C 4-76 A 7 (cf. 76 A 7 xai ἡ μάθησις ἀνάμνησις ἂν εἴη). En effet, que ce passage du Phédon soit, aux yeux de Proclus, le lieu privilégié de la démonstration de la thése selon
laquelle la connaissance est une réminiscence, c'est ce que montre in Alc. 191, 512: Εἰπόντος δὲ Σωκράτους ὅτι ἃ νῦν τυγχάνομεν εἰδότες. ἦν χρόνος ὅτε οὐκ φόμεθα εἰδέναι. μάχεσθαι τὸν λύγον οἴονται τοῦτόν τινες τοῖς ἐν τῷ Φαίδωνι γεγραμμένοις. ἐν οἷς περὶ τοῦ τὰς μαθήσεις ἀναμνήσεις εἶναι διαλεγόμενος ἐπιδείκνυσιν, ὅτι καὶ τοῦ ἴσου καὶ τοῦ
δικαίου xai τοῦ καλοῦ καὶ ἑκάστου τῶν εἰδῶν τὴν γνῶσιν ἔχοντες οὐχ ἂν ἔχοιμεν χρόνον
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1571
εἰπεῖν ἐν ᾧ ταύτην εἰλήφαμεν (« Comme Socrate a dit: Ce que nous nous trouvons savoir présentement, il y eut un temps où nous ne pensions pas le savoir {Alc. 106 E 1-2], certains pensent que cette déclaration contredit ce qui est écrit dans le Phedon [75 C 4-D 5] où Socrate, à propos de la question de savoir si les connaissances sont des réminiscences, démontre que, bien que nous ayons la connaissance de l'égal, du juste, du beau et de chacune des formes, nous ne saurions dire le temps oü nous avons acquis cette connaissance »).
On peut donc penser que c'est justement dans son commentaire sur le Phédon que Proclus avait traité dans le détail la question de la connaissance-réminiscence. On peut en revanche exclure le Ménon (cf. 81 D 4-5 τὸ γὰρ ζητεῖν ἄρα καὶ τὸ
μανθάνειν ἀνάμνησις ὅλον ἐστίν) parce que ce dialogue n'avait pas été pris en compte (11) traits — ment à comme
dans le canon néoplatonicien. [B. 7] In Cratylum. Ce commentaire nous est parvenu sous forme d'exeffectués à une date et dans un milieu qui nous sont inconnus, probablepartir d'un commentaire complet et dans l'ordre du texte platonicien -, le montrent les trois éléments suivants: (a) le titre transmis par les mss.
atteste formellement un choix : Ἐκ τῶν τοῦ φιλοσόφου [IpóxAov σχολίων εἰς τὸν Κράτυλον Πλάτωνος ἐκλογαὶ χρήσιμοι ; (b) la plupart des chapitres sont introduits
par
(c) Proclus
la conjonction est
mentionné
ὅτι, ce qui cinq
fois
est
typique
des
à la 3° personne
collections (XXX,
p.10,
d’excerpta; 26
τὸ
δὲ
συνημμένον τοῦ Πρόκλου οὕτως ; XLIX, p. 17, 1 ὁ Πρόκλος ἀντιλέγει οὕτως;
LVIII, p. 25, 20-21 ἐνίσταται Πρόκλος ; CXIII, p. 65, 8-9 Ὅτι ἔοικεν ὁ Πρόκλος [...] τάττειν ; CLIV, p. 87, 21-22 ἀποδέχεται ὁ θεῖος Πρόκλος), ce qui atteste l'intervention d'un excerptor. L'ouvrage est mutilé de la fin: il couvre un peu moins de la moitié du texte de Platon, puisqu'il s'arréte au milieu du commentaire de Crat. 407 C 2; il est évidemment impossible de savoir si, à l'origine, le commentaire parvenait jusqu'à la fin du dialogue (440 E 7). On lit deux renvois ἐν ἄλλοις : CX, p. 60, 8 et CLXXIX, p. 107, 6, non identifiables et donc inutilisables pour la datation. Pour un renvoi probable du De decem dub. à l'in Crat., cf. infra, n? 14, p. 1573. On manque de tout indice de datation. Editions. Édition princeps: 76 Ex Procli scholiis in Cratylum Platonis Excerpta e codd., ed. J.-Fr. Boissonade, Leipzig 1820. Édition de référence: 77 Proclus Diadochus, /n Platonis Cratylum commentaria, ed. G. Pasquali, coll. BT, Leipzig 1908, réimpr. Stuttgart et Leipzig 1994. Tradition manuscrite. Le texte est transmis par 25 mss. qui remontent à un unique archétype ; les mss. primaires sont au nombre de 5 (datés entre le XV* et le XVY' siècle) et se répartissent en deux branches: a = Ambros. D 222 inf. (A) et Barber. gr. 42 (B); ( = Laur. Plut. 58, 2 (F), Monac. 29 (M). Ambros. R 25 sup.
(P). Sur la tradition manuscrite, cf. 78 G. Pasquali, «Prolegomena ad Procli commentarium in Cratylum», SIFC 14, 1906, p.127-152 (stemma codicum complet à la p. 146). Traductions modernes. Anglaise: 79 Proclus, On Plato Cratylus, transl. by B. Duvick, Guest editor H. Tarrant, London 2007. Italienne: 80 Proclo, Lezioni sul Cratilo di Platone, Introduzione, traduzione e commento a cura di F. Romano, coll. «Symbolon» 7, Catania 1989. Espagnole: 81 Proclo, Lecturas del Cratilo de
1572
PROCLUS DE LYCIE
Platón, edición de 1. M. Alvarez Hoz. A. Gabilondo coll. « Akal/Clasica » 60, Madrid 1999.
P 292
Pujol y J. M. García Ruiz,
Cf. 82 M. Hirschle, Sprachphilosophie und Namenmagie im Neuplatonismus, coll. «Beiträge zur klassischen Philologie» 96, Meisenheim am Glan 1979; 83 A. Sheppard, « Proclus’ Philosophical Method of Exegesis : the Use of Aristotle and the Stoics in the Commentary on the Cratylus», dans Pépin et Saffrey 9, p. 137-151 ; 84 R. M. van den Berg. «“A Remark of Genius and Well Worthy of Platonic G. Van
Principles":
Proclus'
Riel et C. Macé
Criticism
of Porphyry's
Semantic
Theory»,
(édit.), Platonic Ideas and Concept Formation
dans
in Ancient
and Medieval Thought, coll. « Ancient and medieval philosophy. De WulfMansion Centre, Series I» 32, Leuven 2004, p. 155-169; 85 /d., « Smoothing over
the Differences: Proclus and Ammonius
on Plato's Cratylus and Aristotle's De
interpretatione ». dans P. Adamson, H. Baltussen et M. W. F. Stone (édit.), Philosophy, Science and Exegesis in Greek, Arabic and Latin Commentaries, vol. I, coll. « Bulletin of the Institute of Classical Studies. Supplement» 83, 1, London 2004,
p- 191-201: 86 /d., «Platons Krarylos und die Theologia Platonica», dans Perkams et Piccione 11, p. 35-48: 87 Id., Proclus' Commentary on the Cratylus in Context. Ancient Theories of Language and Naming, coll. « Philosophia Antiqua »
112, Leiden 2008. (12) [B. 12] In Theaetetum. Perdu. Proclus cite ce commentaire dans in Tim. I,
p. 255. 25-26: εἴρηται γὰρ ἡμῖν Ev τοῖς eic Θεαίτητον περὶ τούτων διὰ πλειόνων σαφέστερον (à propos du probléme des critéres de jugement). Il en reste une mince trace dans les Scholia Platonica, Theaet. 155 B 2 ἀλλὰ] ὁ Πρόκλος τὸ “ἀλλά᾽ παρέλκειν λέγει (cf. 88 Scholia Platonica, ed. G. C. Greene, coll. « Philo-
logical Monographs » 8, Haverfordiae 1938, réimpr. Chico/Calif. 1981, p. 22 = 89 Scholia Graeca in Platonem, ed. D. Cufalo, t. 1: Scholia ad dialogos terralogiarum
I-VII
continens,
coll.
«Pleiadi»
5.1,
Roma
2007,
Theaet.
38,
p. 52).
Selon Greene 88, note ad loc., les scholies communes aux mss. BTW sont tirées du commentaire de Proclus, mais cette hypothése n'a pas de vrai fondement et n'est
pas retenue par Cufalo 89. Marinus, Proclus 38, 14-15, rapporte que Proclus était trés satisfait de son commentaire
sur le Théétète. L'in Theaet. est cité dans une
scholie à in Remp. 1, p. 37, 23 (éd. Kroll, t. II, p. 371, 10-18), qui explique
le
renvoi ἐν ἄλλοις comme visant quatre ouvrages de Proclus: (1) De mal. subs. (cf. infra, n° 34, p. 1618), (2) commentaire sur le discours de Diotime (cf. infra, n? 15, p. 1575), (3) commentaire sur le Théétète, (4) commentaire sur les Ennéades
(cf. infra, n° 25, p. 1598): τὸ μὲν £v τῷ περὶ τῆς τῶν κακῶν ὑποστάσεως μονοδίδλῳ - τὸ δὲ ἐν τοῖς εἰς τὸν λόγον τῆς Διοτίμας. περὶ τῆς τῶν κακῶν ὑποστάσεως εἴρηται ἐν τοῖς εἰς Θεαίτητον, Ἀλλ᾽ οὔτε ἀπολέσθαι τὰ κακὰ δυνατόν [Theaet. 176 A 5]: καὶ ἐν τοῖς εἰς τὴν τρίτην ἐννεάδα, πόθεν τὰ κακά
(cf. Luna et Segonds 18, t. /1,p. LXXX-LXXXII). (13) [B. 15] /n Sophisten. Perdu. Ce commentaire est cité par Proclus dans in
Parm. VII. 1174, 21-31, à propos du classement des genres de l'étre (Soph. 250 A 8-251 C 7). Le passage in Parm. Il, 774, 20-27, qui a été considéré comme le seul
P292
PROCLUS DE LYCIE
1573
témoignage d'un commentaire de Proclus sur le Sophiste, ne fait allusion, en réalité, ni à un ouvrage rédigé ni à un cours oral de Proclus lui-méme (cf. Luna et Segonds 18, t. L/1, p. XXVI-XXX). Sur l'exégése du Sophiste par Proclus, cf. 90 C. Steel, «Le Sophiste comme texte théologique dans l'interprétation de Proclus », dans 91 E. P. Bos et P. A. Meijer (édit.), On Procius and his Influence in Medieval Philosophy, coll. « Philosophia Antiqua » 53, Leiden 1992, p. 51-64. (14) [B. 11] In Phaedrum. Perdu. Ce commentaire est cité par Proclus dans in
Tim. III, p. 295, 3-5 et 13-14: xai τοῦτο δέδεικται μὲν ἡμῖν Ev ταῖς eic Φαῖδρον συνουσίαις διὰ πολλῶν λόγων [...] καὶ τοῦτο μέν, ὅπερ εἴρηται, ληπτέον ἀπὸ τῶν εἰς Φαῖδρον εἰρημένων Lecons sur le Phédre
(«Ceci nous l'avons longuement montré dans les
[...] Mais cela, comme je l'ai dit, il faut aller le chercher
dans mon Commentaire sur le Phédre », t. V , p. 172), et III, p. 334, 27-28: τοῦτο μὲν οὖν καὶ ἐν ἄλλοις ὑπέμνησται διὰ πλειόνων («Mais je me suis étendu plus longuement sur cela dans un autre commentaire », t. V, p. 217 et n. 1: il s'agit de
l'in Phaedr. car Proclus, aux lignes 20 sqq., vient de citer Phaedr. 248 A 1 sqq., c’est-à-dire l'image du cocher qui conduit un char ailé). Il est aussi cité quatre fois dans l’in Parm.: IV, 944, 6-18 ; IV, 949, 31-950, 2 (comm. sur la Palinodie) ; VI, 1088, 16-29 (comm. sur la Palinodie); VI, 1127, 28-1129, 9 (cf. Saffrey et
Westerink 6, t. IV, p. XXXVII-XLIV ; Luna et Segonds 18, t. I/1, p. XXIV-XXVI). Le commentaire
sur la Palinodie de Socrate (243 D 9-257
B 6), tout en faisant
partie du commentaire sur le Phédre, a pu avoir une existence séparée (cf. Saffrey et Westerink 6, t. IV, p. XXXVIII-XXXIX). Il est cité aussi quatre fois dans in Remp. (16° diss.) II, p. 282, 16-17 ; p. 309, 20-22 ; p. 312, 2-3; p. 339, 14-16: ἀλλὰ xai περὶ τούτων £v τοῖς εἰς τὴν παλινῳδίαν διήλθομεν [...] τὰς μὲν ἀχριδεστάτας τούτων ἐξετάσεις ἐν τοῖς εἰς τὴν παλινῳδίαν ἡμῖν τοῦ Φαίδρου γεγραμμένοις πεποιημένοι [...] ἐξητασμένου μοι τοῦ πράγματος ἱκανῶς ἐν τοῖς τῆς παλινῳδίας ὑπομνήμασιν [...] xal
εἴρηται καὶ ἡμῖν περὶ αὐτῶν ἐν τοῖς τῆς παλινῳδίας ὑπομνήμασιν, ὅπως ἐστὶν ἐλεγκτέα, διὰ πλειόνων (« Mais j'ai traité de ce point dans mon écrit Sur la Palinodie [...] comme nous avons examiné trés minutieusement la chose dans notre écrit Sur la Palinodie du Phedre |...] La
matiére, comme je l'ai dit, a été suffisamment examinée par moi dans le Commentaire sur la Palinodie
[...] Et nous
avons
montré
plus
longuement
dans
notre
Mémoire
sur la Palinodie
comment on doit les réfuter », t. III, p. 241, 267, 270, 297).
On peut reconnaitre dans aliis elaboratum » un renvoi qu'il s'agisse d'un renvoi à XCVII). L'in Phaedr. est cité
De decem dub. 61, 18: «et novi à l'in Phaedr., bien que l'on ne l'in Crat. (cf. Luna et Segonds trois fois par Philopon dans le De
etiam a me ipso in puisse pas exclure 18, t. I/1, p. XCVaet. mundi:
(a) VII 2, p. 248, 21-26 Rabe: Kai el μή γε τὸν npoxeluevov σχοπὸν παρεκχδαίνειν ἤμελλον, αὐτὰ παραθεὶς τὰ πρὸς συνηγορίαν εἰρημένα τῷ IIpóxAo ἐν τοῖς εἰς Φαῖδρον ὑπομνηματικοῖς συντάγμασιν ὑπὲρ τοῦ τὸ αὐτοκίνητον οὐσίαν ψυχῆς εἶναι ἐναργῶς ἂν οἶμαι παρέστησα μηδὲν ὑγιὲς μηδὲ ἀναγκαῖον τὸν λόγον ἔχοντα («Et si je n'allais pas m'écarter du but que je poursuis présentement en rapportant ce que Proclus a dit dans son commentaire sur le Phédre pour défendre la thèse selon laquelle l'automotricité est l'essence de l'âme, j'établirais clairement, je pense, que son argument ne contient rien de sain ni de nécessaire »).
1574
PROCLUS DE LYCIE
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(b) VII 3, p. 251, 7-12: Kai ὅλως τὴν ἄλογον ψυχὴν abroxívntov καὶ αὐτὴν οὖσαν xai ἀρχὴν κινήσεως κατὰ Πλάτωνα (D xoi Πρόκλος Ev roig εἰς Φαῖδρον συγκατατίθεται
ὑπομνήμασιν) χωρὶς σώματος ὑποστῆναι ἀδύνατον διὰ «τὸ ἐν» τούτῳ οὐσιῶσθαι ἐν τῷ σώματος εἶναι ζωτικήν τε καὶ κινητικήν (« Et, d'une manière générale, il est impossible que l'àme irrationnelle, puisqu'elle est, elle aussi, d’après Platon, mue par elle-même et principe de mouvement
(et Proclus, dans
son
commentaire
sur le Phedre,
est d'accord
là-dessus). existe
séparément du corps. étant donné que son essence consiste justement dans le fait qu'elle donne vie et mouvement au corps »). (c) VIT 4, p. 253, 9.254, 3: ὅτι δὲ xai αὐτὸς οἶδεν
ὁ Πρόκλος, óc κατ᾽ ἄλλο μέν ἐστιν τῇ
ψυχῇ τὸ εἶναι καὶ ἡ οὐσία, κατ᾽ ἄλλο δὲ τὸ ἀρχῇ κινήσεως εἶναι. καὶ ὅτι, εἴτε θεωρεῖ εἴτε ζωοποιεῖ τὸ σῶμα εἴτε ἄλλην τινὰ κίνησιν αὐτὸ κινεῖ. ταῦτα πάντα ἐνέργεια ψυχῆς ἐστιν xai οὐκ οὐσία. ἦν μὲν ἐκ πολλῶν αὐτοῦ καὶ ἄλλων συγγραμμάτων πιστώσασθαι. ἀρκέσει δὲ xai μίαν ἐκ τῶν εἰς τὸν Φαῖδρον ὑπομνημάτων περικοπὴν παραθέσθαι: τὸν γὰρ προχείμενον περὶ ψυχῆς λόγον τὸν Πλάτωνος ἐξηγούμενος ταῦτά φησιν ἐπὶ λέξεως “εἰδέναι δεῖ, ὅτι ἐν μὲν τῷ Φαίδωνι διὰ τῆς ἀναμνήσεως κατεσχεύαζεν, ὅτι ἀθάνατος ἡ ψυχή. καὶ διὰ τῆς
πρὸς τὰ θεῖα ὁμοιώσεως καὶ διὰ τοῦ ἑτέροις ζωὴν χορηγεῖν’ ταῦτα δὲ πάντα ἐνέργειαί εἰσιν τῆς ψυχῆς: ὥστε. ἐν Φαίδωνι ἐκ τῶν ἐνεργειῶν τῆς ψυχῆς προήγετο ἡ ἀπόδειξις. ᾿Ενταῦθα δὲ
τὴν ἀπόδειξιν ἐκ τῆς οὐσίας λαμδάνει τῆς ψυχῆς" ὅσῳ οὖν ἡ οὐσία τῆς ψυχῆς τελειοτέρα καὶ κρείττων
τῆς ἐνεργείας
ἀπόδειξις κρείττων
αὐτῆς,
τοσούτῳ
xai ἀχριδεστέρα
καὶ ἡ ἐνταῦθα
περὶ τῆς ἀθανασίας
τῆς ἐν Φαίδωνι: ἀπὸ γὰρ
τῆς ψυχῆς
τῆς οὐσίας τῆς ψυχῆς
δείκνυται, ὅπερ ἐστὶν τῆς αὐτοκινησίας" (« Proclus jui-méme sait que, pour l'âme, une chose est l'étre et l'essence, une autre d'étre principe du mouvement, et que, qu'elle contemple ou donne la vie au corps ou le meuve de quelque autre mouvement, tout cela, c'est l'activité de l'àme et non pas son essence. Qu'il le sache, on peut le prouver à partir de plusieurs de ses écrits. mais il suffira de citer méme une seule péricope de son commentaire sur le Phédre. En effet, lorsqu'il commente l'argument de Platon sur l’äme qui est cité ci-dessus [Phaedr. 245 C 5-246 A 2, cité p. 246. 27-247, 2], il dit ceci à la lettre : “Il faut savoir que, dans le Phedon, [Platon] a démontré l'immortalité de l'áme sur la base de la réminiscence, de son assimilation aux êtres divins et du fait qu'elle dispense la vie à d'autres êtres. Tout cela, ce sont des activités de l'âme. Par conséquent, dans le Phédon, la démonstration était développée à partir des activités de l'àme. En revanche, ici, [Platon] tire sa démonstration de l'essence de l'âme. Plus donc l'essence de l'àme
est parfaite et meilleure que son activité, plus la démonstration de l'immortalité de l'àme développée ici est meilleure et plus rigoureuse que celle du Phedon. En effet, elle est démontrée à partir de l'essence de l'áme, c'est-à-dire de l'automotricité »). Le passage commenté, Phaedr. 245 C 5246 A 2, contient la démonstration de l'immortalité de l'âme sur la base de son caractère automoteur ; puisque ce passage fait partie de la Palinodie de Socrate, il est évident que le commentaire sur la Palinodie faisait partie du commentaire sur le Phedre ; ce troisiéme passage a été omis dans l'Index I de l'éd. Rabe, s.v. Πρόκλος. p. 652; voir 92 C. Scholten, Johannes Philoponos, De aeternitate mundi. Über die Ewigkeit der Welt, übersetzt und eingeleitet von C. S., coll. « Fontes Christiani » 64/1-2, Turnhout 2009, t. I. p. 155.
On ajoutera que Hermias, in Phaedr., p. 92. 6-7 Couvreur, rapporte une question soulevée par Proclus, pendant le cours de Syrianus, à propos de Phaedr.
244 A 8-245 C ] (quadripartition de la μανία: μουσική, τελεστική, μαντική, ἐρωτική): Ἡπόρησεν ὁ ἑταῖρος Πρόκλος πῶς. εἰ ἐκ διαιρέσεως λαμδάνονται αἱ μανίαι. δυνατὸν ἄλλην εἶναι παρὰ ταύτας («Notre camarade Proclus a soulevé la difficulté suivante : si l'on détermine les sortes de folie à partir d'une division, comment peut-il y en avoir encore une autre en dehors de celles résultant de la division ? »).
P 292
PROCLUS DE LYCIE
(15) [B. 14] In Symposium
1575
(Sur le discours de Diotima = 201
D 1-212 C 3).
Perdu. Ce commentaire n'est connu que par la scholie à in Remp. I, p. 37, 23 (cf. supra, n? 12, p. 1572). (16) [B. 8] In Philebum. Perdu. L'existence de ce commentaire est attestée par
Damascius, V. Isid., fr. 90 Zintzen (= fr. 38A Athanassiadi), qui raconte que Marinus avait écrit un long commentaire sur le Philebe et, avant de le publier, l'avait montré à Isidore (**I 31) pour avoir son avis; puisqu'Isidore ne lui avait pas caché son désaccord en lui disant que le commentaire de Proclus suffisait, Marinus avait détruit son ouvrage (cf. Saffrey et Segonds 17, p. XVII-XVIH). On peut reconstruire l'in Phil. de Proclus dans ses lignes fondamentales grâce à l'in Phil. de Damascius qui le cite ou bien nommément, ou bien comme ὁ ἐξηγητής. ou bien comme αὐτός, ou bien par un simple φησίν (cf. 93 Damascius, Lectures on the Philebus wrongly attributed to Olympiodorus, Text, translation, notes and indices by L. G. Westerink, Amsterdam 1959, Index I, s.v. Proclus, p. 122; voir maintenant 94 Damascius, Commentaire sur le Philébe de Platon, par G. Van Riel, CUF,
Paris 2008, Index nominum, s.v. Πρόκλος,
p. 166, et surtout Introduction,
p. LII-LX, CLXXVII-CLXXIX). Comme l'a montré 95 L. G. Westerink, « Notes on the Tria Opuscula of Proclus », Mnemosyne 15, 1962, p. 159-168 (repris dans 96 Id., Texts and Studies in Neoplatonism and Byzantine Literature. Collected Papers by L. G. Westerink, Amsterdam 1980, p. 73-82), en part. p. 167-168 [p. 8182], Proclus renvoie probablement à son commentaire sur le Philebe dans De mal. subs. 51, 8-10: « Bonum quidem igitur quatenus et qualiter subsistit et quos habet ordines, in aliis dictum est» ; en effet, les themes mentionnés aux lignes 8-14 (les degrés du Bien, le limitant et l'illimité, la triade vérité, beauté et proportion) proviennent tous du Philebe. Dans in Tim. I, p. 385, 9 sqq., on trouve un renvoi dont l'identification est discutée : δέδεικται δ᾽ Ev ἄλλοις, ὅτι τὴν πρώτην ἀπειρίαν, τὴν πρὸ τῶν μικτῶν, Ev τῇ ἀχρότητι τῶν νοητῶν ἵδρυσε καὶ ἐκεῖθεν αὐτῆς διατείνει τὴν ἔλλαμψιν ἄχρι τῶν ἐσχάτων κτλ. («Or il a été montré ailleurs que Platon a établi l'Illimitation première, celle qui est antérieure aux mixtes, à la cime des Intelligibles et qu'il en fait rayonner l'influence depuis là-haut jusqu'aux derniers êtres etc. », t. Il, p. 248-249).
Selon Diehl, éd. in Tim. (cf. infra, n° 17, Éditions), t. MI, Index auctorum, s.v. Proclus, p. 377 (repris par Beutler 5, col. 195, 66-196, 4), ce renvoi se réfère à l' in Phil., selon Festugière 19, p. 248 n.4, il pourrait viser El. theol. 89-92; selon Saffrey et Westerink 6, t. III, p. 43 n. 1 [p. 127], il vise probablement le traité Sur les trois monades (cf. infra, n? 21, p. 1591). (17)
[B. 1] 4n Timaeum.
Le
texte est mutilé
de
la fin, car le commentaire
s'arréte à Tim. 44 D 2. Les cinq livres qui nous restent (le livre V est incomplet, cf. ci-dessous) développent les thémes suivants, selon le plan qu'en a donné Festugiere 19, t. I, p. 9-10: Livre I (t. I. p. 1-204 Diehl) : Introduction : Prologue général (p. 1-9), digression sur la notion de φύσις (p. 9-14), résumé de la République (p. 14-75), mythe de l' Adlantide (p. 75-204).
1576
PROCLUS DE LYCIE
P 292
Livre Il (t. I, p. 205-458) : Prologue (p. 205-214), commentaire de 27 C 1-31 B 3: (a) présupposés fondamentaux de toute étude du monde (27 C 1-28 B 5), c'est-à-dire étre et devenir, cause efficiente de l'étre qui devient, modéle et copie ; (b) application de ces principes au cas du monde (28 B 5-29 D 6); (c) pourquoi le démiurge a fait le monde (29 D 6-30 C 1) et à la ressemblance de quel modèle le monde a été créé (30 C 2-31 A 1); (d) puisque le modèle est unique, le monde visible est lui aussi unique (31 A 2-B 3).
Livre III (t. II en entier): Prologue (p. 1-3), commentaire de 31 B 4-37 C 5, divisé en deux parties: (a) composition du corps du monde (31 B 4-34 B 9 = p. 3-113) ; (b) composition de l'áàme du monde (34 B 10-37
C
52 p. 113-317).
Livre IV (t. III, p. 1-161): pas de prologue parce que le livre IV est étroitement lié au livre III: commentaire de 37 C 6-40 E 4: le temps image mobile de l'éternité (37 C 6-38 C 3), structure et rôle des planètes comme instruments du temps (38 C 3-39 E 2), les quatre espèces de vivants correspondant aux quatre éléments (39 E 3-40 A 2). les dieux astres (40 A 2-D 5). les dieux traditionnels (40 D 6-E 4) : en réalité, ce livre aurait dû s'achever à 41 A 3, avant le prélude
du discours du démiurge aux dieux astres et aux dieux traditionnels. Livre V (t. III. p. 162-356): prologue (p. 162-171), commentaire de 40 E 5-44 D 2: généalogie des dieux traditionnels, discours du démiurge
aux dieux astres (41
A 7-D 3), création des
âmes humaines par le démiurge (41 D 4-42 D 2). création des corps humains par les autres dieux (42 D 2-43 A 6), troubles qui se produisent dans l’äme humaine dans les premiers temps de son incorporation (43 A 6-44 D 2). A s'en tenir à l'indication de Philopon (cf. ci-dessous, fragment {al}, le livre V est incomplet, puisqu'un fragment concernant Tim. 50 C 4 appartenait à ce livre.
Le reste du texte platonicien (44 D 3-92 C 9) n'est donc pas commenté ; il est
toutefois sûr que Proclus avait commenté le Timée en son entier (cf. Festugière 19, t. I, p. 10-11), car le commentaire sur le passage Tim. 89 E 4-90 C 7 (le Timée se
termine à Ishäq ibn 248 ; sur fragment
92 C 9), divisé en quatre lemmes, est transmis dans la traduction arabe de Hunayn (trad. française par G. Vajda, dans Festugière 19, t. V, p. 241les extraits transmis en arabe, cf. Endress 41, p. 1669). En plus de ce transmis en traduction arabe, on connaît deux fragments en grec :
(a) un fragment conservé par Philopon, De aet. mundi IX 11, p. 364, 5-365, 5 Rabe, concernant Tim. 50 C 4 et tiré du livre V du commentaire ; il est publié par Diehl, in Tim. t. III, p. 357358, et traduit par Festugiere 19, t. V, p. 239 ; trad. anglaise: Taylor 15, p. 33-34; cf. Scholten 92, t. I, p. 157. (b) un fragment conservé par Olympiodore, in Mereor., p. 266, 37-267, 9 Stüve, inconnu de Diehl, mais déjà repéré et traduit par Taylor 15, p. 108-109. Dans ce fragment, qui concerne Tim. 59 A 8-D 2 (les métaux), Proclus établit la corrélation entre les métaux et les sept planètes : plomb = Saturne, élektron = Jupiter, fer = Mars, or = Soleil, bronze = Vénus, étain = Mercure, argent = Lune (une version abrégée de cette corrélation, qui ne mentionne ni Jupiter ni Vénus, se trouve dans in Tim. I, p. 43. 5-7 ; sur cette doctrine, cf. 97 A. Bouché-Leclercq. L'Astrologie grecque, Paris 1899, réimpr. Bruxelles 1963, p. 315-316). Ce fragment se place donc apres celui transmis par Philopon et constitue une confirmation supplémentaire du fait que Proclus a commenté le Timée en son entier.
Proclus avait mis en téte de son commentaire le De natura mundi et animae du Ps.-Timée de Locres (cf. in Tim. 1, p. 1, 13-14 = 98 Timaeus Locrus, De natura mundi et animae. Überlieferung, Testimonia, Text und Übersetzung von W. Marg, coll. «Philosophia Antiqua» 24, Leiden 1972, test. 12a, p. 91-92). La réunion de ces deux ouvrages [Ps.-Tim&e + Proclus, in Tim.) a laissé une trace dans le Neapolitanus III. D. 28, daté du 12 avril 1314 (sigle N dans les éditions de Diehl et
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PROCLUS DE LYCIE
1577
de Marg 98), un des témoins primaires aussi bien de l'in Tim. de Proclus que du Ps.-Timée (cf. Diehl, in Tim., t. I, p. VIII, X; Marg 98, p. 2, 53). Ajoutons deux citations tirées de la partie conservée, qui confirment la circulation de ce commentaire de Proclus en dehors du milieu athénien : (a) Philopon, De aet. mundi VI 15, p. 166,
26-167, 2 Rabe: Τρίτον ἦν τοῦ γενητοῦ σημαινόμενον, καθ᾽ ὃ ἐν τῷ γίγνεσθαί ἐστιν ὁ χόσμος, ὅπερ μάλιστα καὶ ὁ Πρόκλος ἐν τοῖς εἰς τὰ προκείμενα χωρία [Tim. 28 B 6 sqq.] ἐξηγητικοῖς ὑπομνήμασιν ἀποδέχεται : cette citation se réfère à in Tim. 1, p.285, 7 sqq.; (b) Simplicius, in Phys. (Cor. de tempore), p. 795, 4-9 Diels, cite in Tim. III, p. 20, 22-24 et p. 25, 11-19.
Au témoignage de Marinus, Proclus 13, 14-17, Proclus aurait composé ce commentaire à l’âge de vingt-sept ans, donc en 439; on peut toutefois se demander si le commentaire visé par Marinus est vraiment le trés vaste commentaire qui nous a été transmis ou bien une première rédaction de celui-ci (cf. Saffrey et Segonds 17, p. 16 n. 12 [p. 112]), car on croira difficilement que Proclus ne soit jamais revenu sur ce texte pour l'enrichir ou le préciser au cours d'une vie philosophique de plus de quarante ans. Quoi qu'il en soit, l'in Tim., tel que nous le connaissons, est postérieur à l'in Theaet. (cf. supra, n° 12, p. 1572), à l'in Phaedr. (cf. supra, n? 14,
p. 1573),
à 1’ Ἐπίσχκεψις
(cf.
infra,
n°
22,
p. 1596),
au
De
mal.
subs.
(cf. infra, n° 34, p. 1618); il est antérieur à l'in Parm. (cf. infra, n° 18, p. 1581), à la 16° dissertation de l'in Remp. (cf. infra, n? 19, p. 1587) et à la Συναγωγή (cf. infra, n? 23, p. 1596-1597). Alors que la 16° dissertation de l'in Remp. renvoie explicitement à l'in Tim. comme
à un ouvrage déjà publié (in Remp.
II, p. 335,
19-20:
ἃς [scil. αἰτίας]
εἴπομεν Ev τοῖς εἰς τὸν Τίμαιον ἐκδεδομένοις), les renvois de l'in Tim. à l’in Remp. doivent s'interpréter comme visant le cours oral sur la République, et non pas la rédaction écrite, ce qui explique l'existence de renvois dans les deux sens (cf. 99 K . Praechter, c.r. de l'édition de l'in Tim., t. I-II, par E. Diehl, Leipzig 19031904, dans GGA 167, 1905, p. 505-535, en part. p. 531-532): - In Tim. l, p. 30, 26-27 : καθάπερ Ev ἄλλοις ἐπιδείκνυμεν (ἐπεδείκνυμεν P) et 1, p. 446, 8: ὡς ἐν ἄλλοις εἴπομεν (à propos des trois formes de la constitution de l’État). Diehl (ad loc.) et Festugiére 19 (t. I. p. 62 n. 2; t. II, p. 326 n. 1) renvoient à in Remp. (13° diss.) IL, p. 8, 15 sqq. A propos de ces deux renvois de l'in Tim. au méme passage de l'in Remp.. Praechter 99, p. 532 n. 2, remarque que la différence de temps des deux verbes (ἐπιδείκνυμεν dans le premier renvoi [corrigé en ἐπεδείκνυμεν par le copiste de P], εἴπομεν dans le second) s'expliquerait par le fait que le premier renvoi se référe au cours oral sur la République que Proclus tient pendant qu'il rédige l'in Tim., alors que le second se référe à un cours sur la République déjà terminé. Il s'agit là d'une pure hypothése qu'il est évidemment impossible de démontrer.
- In Tim. I, p. 142, 9: ἐπέσχεπται Ev ἄλλοις (à propos de la question s’il faut poser sous la lune d'autres lots qui procèdent d'en haut en méme temps que la lumière divine). Diehl (ad loc.)
et Festugière 19 (t. I, p. 191 n. 2), renvoient à in Remp. (6° diss.) I, p. 178. 6 sqq. et (15° diss.) II, p. 94, 26 sqq.
- In Tim. I, p. 397, 10-11: 6 ἐν Πολιτείᾳ Σωκράτης Ἀνάγκην αὐτὴν [scil. Thémis] npooηγόρευσεν, ὡς δέδειχται Ev ἐκείνοις («comme
il a été montré dans le Commentaire sur cet
ouvrage »). Diehl (ad loc.) et Festugiere 19 (t. II, p. 267 n. 4), renvoient à in Remp. (16° diss.) II,
p. 207, 14 sqq.
P 292
PROCLUS DE LYCIE
1578
- In Tim. MI. p. 325, 19-22: τὰς δὲ ἀπ᾽ ἀμφοτέρων [scil. αἰτίας] ἐν Πολιτείᾳ * xai γὰρ ὁ προφήτης ἐκεῖ xai αἱ Μοῖραι xai ὁ δαίμων κλῆροί TE xai βίων παραδείγματα xai αἱρέσεις παρελήφθησαν. Ἐκεῖνα μὲν οὖν ἐν ἐκείνοις ἐξήτασται («Les causes [scil. de la descente des ämes] qui proviennent et des ämes et des dieux, il les ἃ livrees dans la Republique [X 617 D4,E 1 sgq.]: car il a assumé là-bas et le prophète et les Parques et le démon, et aussi les modèles des genres de vie et les choix. Mais tout ceci a été examiné dans le Commentaire sur cet ouvrage », t. V. p. 207). Diehl (ad loc.) et Festugiere 19 (t. V, p. 207 n. 2), renvoient à in Remp. (16° diss.) II,
p. 241,9 sqq.. p. 254. 5 sqq.. p. 257,26 sqq.
Éditions. Édition princeps (in Tim. et in Remp.) par Simon Grynée et Jean Oporinus. à la suite des dialogues de Platon, chez Johannes Walder, Bäle 1534: 100 Ἅπαντα Πλάτωνος μεθ᾽ ὑπομνημάτων Πρόκλου εἰς τὸν Τίμαιον, xai rà Πολιτικά, θησαυροῦ τῆς παλαιᾶς φιλοσοφίας μεγίστου. Platonis Omnia Opera cum commentariis Procli in Timaeum & Politica, thesauro ueteris Philosophiae maximo. [...] Basileae, apud Ioan. Valderum mense martio, anno M. D. XXXIIII (l'édition utilise les mss. Oxon. Corporis Christi 98 [in Tim.) et 99 [in Remp.,
incomplet, cf. infra, n? 19. p. 1588]; cf. Luna et Segonds 18, t. I/1, p. CDXXIIICDXXIV).
Édition
de
référence:
101
Procli
Diadochi
commentaria, ed. E. Diehl, coll. BT, 3 vol., Leipzig
in
Platonis
Timaeum
1903-1906, réimpr. Amster-
dam 1965 (voir le c.r. des tomes I-II [1903-1904] par Praechter 99).
Tradition manuscrite. Le texte est transmis par 21 mss. complets et 2 mss. contenant des extraits; les mss. primaires sont au nombre de 7, parmi lesquels le plus ancien est le Paris. Coisl. 322 (fin du XY s.). A ces mss. connus de Diehl 101, il faut ajouter deux autres témoins ; (1) Paris. Suppl. gr. 921, troisième quart du IX* siécle, appartenant à la Collection philosophique (cf. 102 L. G. Westerink, Introduction
à
Damascius,
Traité
des
premiers
principes,
1.1,
CUF,
Paris
1986,
p.LXXIII-XCIII ; 103 M. Rashed, «Nicolas d'Otrante, Guillaume de Moerbeke et la “Collection philosophique" », StudMed 43, 2002, p. 693-717 et pl. I-IV ; 104 F. Ronconi, «La collection brisée. Pour une étude des milieux socio-culturels liés à la “Collection philosophique" », à paraitre dans P. Odorico (édit.), La face cachée de la littérature byzantine. Le texte en tant que message immédiat. Actes du Colloque international, Paris, 5-7 juin 2008) et contenant onze feuillets palimpsestes (cf. Westerink 102, p. LXXIV ; Saffrey et Westerink 6, t. V, p. LVIII-LIX) ; (2) Patmiacus-Eileton A. XI s.. contenant la section II, p. 26, 29-267, 10 (cf. 105 L. Benakis, « Neues zur Proklos-Tradition in Byzanz», dans Boss et Seel 8, p. 247259, en part. p. 249-250). Sur les lemmes platoniciens, cf. 106 E. Diehl, « Der Timaiostext des Proklos », RAM 58, 1903, p. 246-269, qui démontre l'authenticité des lemmes et explique leurs divergences par rapport aux citations contenues dans le texte par l'utilisation, par Proclus (ou par son éditeur), de plusieurs éditions de Platon ainsi que par l'habitude de citer de mémoire. Traductions latines. Traduction latine de quelques extraits (t. 1, p. 207, 21-212. 28 ; p. 219, 2-11 ; p. 236, 20-28 ; p. 241, 28-31 ; p. 242, 24-243. 1; p. 243, 29-253, 16; p. 253, 26-257, 9) par Guillaume de Moerbeke : 107 Proclus, Commentaire sur le Parménide de Platon. Traduction de Guillaume de Moerbeke, ed. C. Steel, coll.
« Ancient and medieval philosophy. De Wulf-Mansion Centre, Series I» 4. Leuven
P 292
PROCLUS DE LYCIE
1579
1985, t. Il, p. 559-587 ; le modèle grec utilisé par Moerbeke ne peut être identifié avec aucun ms. conservé et présente quelques lecons préférables à celles de la tradition grecque. Traduction
latine partielle (t. IT, p. 119, 25-274,
14 et p. 278, 27-
292, 29 Diehl) par Niccoló Leonico Tomeo, parue à Venise en 1525 parmi les Opuscula de Leonico Tomeo (cf. Luna et Segonds 18, t. I/1, p. CLXXIII-CLXXVI). Traductions modernes. Française: Festugière 19. Anglaise: 108 Th. Taylor (trad.), The Commentary of Proclus on the Timaeus of Plato, 2 vol., London 1820; 109 H. Tarrant (trad.), Proclus, Commentary on Plato's Timaeus. vol. I: Book 1: Proclus on the Socratic State and Atlantis, Cambridge 2007 [2 t.I, p. 1-204 Diehl] ; 110 D. Baltzly (trad.), Proclus, Commentary on Plato's Timaeus, vol. III:
Book 3, Part 1: Proclus on the World's Body, Cambridge 2007 [= t. II, p. 1-102, 3 Diehl}; vol. IV: Book
3, Part 2: Proclus on the World's Soul, Cambridge
2009
{= t. II, p. 102, 4 - 316, 4 Diehl]. Cf. 111 J. F. Phillips, « Neoplatonic Exegeses of Plato's Cosmogony (Timaeus 27C-28C)», JHPh 35, 1997, p. 173-197, 112 R. M. van den Berg, «Proclus, /n Platonis Timaeum Commentarii 3.333.28ff.: The Myth of the Winged Charioteer according to lamblichus and Proclus », dans H.J. Blumenthal et J. F. Finamore (édit.), lamblichus:
The
Philosopher
= SyllClass
8, 1997, p. 149-162;
113
A.
Lernould, « Mathématiques et physique chez Proclus : L'interprétation proclienne de la notion de ‘lien’ en Timée 31b-32c », dans G. Bechtle et D. J. O'Meara (édit.),
La philosophie des mathématiques de l'Antiquité tardive. Actes du colloque international, Fribourg, Suisse, 24-26 septembre 1998, Fribourg 2000, p. 129-147 ; 114 J. Opsomer, « Proclus on Demiurgy and Procession: A Neoplatonic Reading of the Timaeus»,
dans
M. R. Wright
(édit.), Reason
and Necessity.
Essays
on
Plato's Timaeus, London 2000, p. 113-143; 115 A. Lernould, Physique et Théologie. Lecture du Timée de Platon par Proclus, Villeneuve d'Ascq 2001 ; 116 D. Baltzly, «What Goes Up: Proclus Against Aristotle on the Fifth Element», AJP 80, 2002, p. 261-287 ; 117 J. Phillips, «Plato's Psychogonia in Later Platonism », CQ 52, 2002, p. 231-247 ; 118 P. Lautner, « The distinction between Φαντασία and Δόξα in Proclus" In Timaeum », CQ 52, 2002, p. 257-269 ; 119 J. Opsomer, «La démiurgie des jeunes dieux selon Proclus », LEC 71, 2003, p. 5-49; 120 C. Steel, « Why Should We Prefer Plato's Timaeus to Aristotle's Physics? Proclus' Critique of Aristotle's Causal Explanation of the Physical World», dans R. W. Sharples et A. Sheppard (édit.), Ancient Approaches to Plato's Timaeus, coll. « Bulletin of the Institute of Classical Studies. Supplement» 78, London 2003, p.175-187; 121 R. M. van den Berg, «'Becoming Like God' According to Proclus' Interpretations of the Timaeus, the Eleusinian Mysteries, and the Chaldaean Oracles », ibid., p. 189-202 ; 122 J. J. Cleary, « Proclus as a reader of Plato's Timaeus», dans H. Tarrant et D. Baltzly (édit.), Reading Plato in Antiquity,
London 2006, p. 135-150; 123 L.-A. Dorion, «Platon, Proclus et l'Autarcie du Monde (Timée 33 D)», EPlaton 2, 2006, p. 237-260 ; 124 J. Opsomer, « To Find the Maker and Father: Proclus' Exegesis of Plato Tim. 28 C 3-5», EPlaton 2, 2006, p. 261-283; 125 D. Baltzly, «Gaia Gets to Know Herself: Proclus on the
1580
World's
PROCLUS DE LYCIE
Self-Perception»,
Phronesis
54,
2009,
P 292
p.261-285;
126
M.
Proclus on Nature. Philosophy of Nature and Its Methods in Proclus'
on
Plato's
Kutash,
Timaeus,
coll.
«Philosophia
Ten Gifts of the Demiurge.
Antiqua»
121, Leiden
Martijn,
Commentary
2009;
Proclus on Plato's Timaeus, London
127
E.
2010;
128 F. Romano, Materia e forma dell'Universo. Aristotele nel commentario al Timeo di Proclo, coll.
« Symbolon
(18) [B. 5] /n Parmenidem.
» 37, Catania 2010.
Dans son état actuel, le commentaire de Proclus,
dédié à son éléve Asclépiodote (**A 453), ne concerne que la premiere partie du Parm. jusqu'à la fin de la premiere hypothése (126 A 1-142 A 8). Le commentaire des hypothèses 2 à 9 (142 B 1 sqq.) manque complètement. Il est toutefois certain qu'il a existé, puisque le commentaire de Damascius, qui, étant mutilé du début, ne concerne que les hypothéses 2 à 9, se présente comme une discussion des apories soulevées par Proclus dans son propre commentaire (voir les introductions à 129 Damascius, Commentaire du Parménide de Platon, par L. G. Westerink et J. Combès, CUF, 4 vol.. Paris 1997-2003). Proclus avait sans aucun doute consacré un commentaire détaillé à la 2° hypothèse (qui est capitale dans son exégèse), comme le montrent deux passages de la Theol. plat. (III 23, p. 83, 6-10: VI 24, p. 114, 19-22) où il renvoie explicitement à son exégèse littérale du texte de cette hypothése. Pour les hypothéses 3 à 9, on peut penser que le commentaire était beaucoup moins développé, d'une manière analogue à l'in Parm. de Damascius, dans lequel le commentaire des hypothéses 3 à 9 équivaut à environ 1/3 du commentaire de la seule 2* hypothése. Bien qu'il soit difficile d'expliquer la perte de toute la partie consacrée aux hypothéses 2 à 9, on peut envisager la perte du dernier tome de l'ouvrage. Le plan général de l'in Parm. tel qu'il nous a été transmis, c'est-à-dire jusqu'à la fin de la première hypothèse, est le suivant: Livre I (617, 1-722, 21): Prologue général (617. 1-659, 22) et exégèse de 126 A 1-127 D 5 (= prologue du Parm.: 659, 23-693, 55) + 127 D 6-128 E 6 (= début de la discussion entre Zénon et Socrate : 693, 56-722,21).
Livre II (721. 23-782, 36): Exégése de 128 E 6-130 B | = Apories de Socrate contre les arguments de Zénon. Livre ΠῚ (783, 1-838, 3) : Exégése de 130 B 1-E 4 = Apories sur les idées. Livre IV (837, 4-978, 3) : Exégèse de 130 E 4-135 B 2 = Suite et fin des apories sur les idées.
Livre V (977, 5-1038, 38) : Exégèse de 135 B 3-137 C 3 = La méthode de Parménide. Livre VI (1039, 1-1134, 12): Exégèse de 137 C 4-138 A 1 = 1" hypothèse : Si l'un est, quelles conséquences résulteront pour lui ? Conclusions négatives. Le plan détaillé du livre VI est le suivant : — 1039, 1-1064, 17 : Préambule à l'exégeése des hypothèses : Nombre et objet des hypothèses. Histoire de l'interprétation des hypothèses. — 1064, 18-1089, 16: Huit questions préliminaires à l'exégése de la première hypothèse. 1° 1064, 18-1071, 8: Objet de la premiere hypothèse. 2° 1071, 9-1072, 18: Quel est le mode des discours adapté à l’exégèse des hypothèses ? Réponse : logique, intellectif, divinement inspiré. 3° 1072, 19-1074. 21 : Les népations de la première hypothèse sont-elles supérieures ou inférieures aux affirmations ?
P 292
PROCLUS
DE LYCIE
1581
4° 1074, 22-1077, 18: En quoi les négations de la première hypothèse sont-elles appropriées à la cause premiere ? 5° 1077, 19-1079, 26: Pourquoi Parménide a-t-il commencé son argumentation à partir des négations, alors que, dans son Poème, il fait des affirmations au sujet de l'un, et non pas des négations ? 6? 1079, 27-1082, 19: Les hommes ont-ils recours aux négations à cause de la faiblesse de la nature humaine, qui ne peut saisir la simplicité de l'un, ou bien les êtres supérieurs à l'âme humaine connaissent-ils, eux aussi, l'un sous le mode négatif ? 7° 1083, 1-1088, 3: Pourquoi les négations de la première hypothèse sont celles qu'a énumérées Parménide, et non pas d'autres ? 8° 1088, 4-1089, 16: Dans quel ordre les négations se suivent-elles ? Si elles commencent par le terme le plus élevé, pourquoi les plusieurs précèdent-ils l'être ? Si elles commencent par le terme le moins élevé, pourquoi les genres de l'étre (repos, mouvement, identique, different) précèdent-ils les couples semblable-dissemblable, égal-inégal, plus grand-plus petit ? — 1089, 17-1097, 20 : 137 C 4-5 (plusieurs) = 1" triade des dieux intelligibles-intellectifs. - 1097,21-1110,15:
137 C 5-D 3 (tout, parties) : 2° triade des dieux intelligibles-intellectifs.
- 1110, 16-1134, 12: 137 D 4-138 A 1 (figure) : 3° triade des dieux intelligibles-intellectifs. Livre VII (1133, 13-1242, 33 + trad. Moerbeke, in Parm., p. 497, 67 [est le unum]-521, 69): Exégése de 138 A 2-142 A 8 = 1" hypothèse (suite et fin). Le commentaire de 141 E 10-142 A 8, perdu dans la tradition grecque, n'est transmis que dans la traduction latine. Le plan détaillé du livre VII est le suivant: — 1133, intellectifs.
— 1152,
13-1152,
14:
138
A
2-B
6
(en
lui-même,
en
un
autre):
15-1172, 26:
138 B 7-139 B 3 (immobile, en mouvement):
27-1191,
139
1'* triade
des
dieux
2* triade des dieux
intellectifs.
- 1172, intellective.
9:
- 1191, 10-1201,21:
B
4-E 6
(identique,
différent):
7° divinité
de
l'hebdomade
139 E 7-140 B 5 (semblable, dissemblable) : dieux hypercosmiques (ou
assimilateurs).
- 1201, 22-1212, 4 : 140 B 6-D 8 (égal, inégal) : dieux encosmiques. - ]212, 55-1233, 19: 140E 1-141 D 6 (temps) : âmes universelles, - 1233, 20-1239, 21:
141
D 7-E 7 (parties du temps): êtres supérieurs (anges, démons,
héros).
- 1239, 22-1242, 33 + trad. Moerbeke, in Parm., p. 497, 67 [est le unum]-503, 23: 141 E 7142 A I (être) : dieux intelligibles. Les dieux intelligibles sont placés à la fin de la première hypothese, et non pas au début comme on pourrait s'y attendre, parce que, l'hypothèse étant si l'un est, si le premier attribut nie était l'étre, on aboutirait à une conditionelle absurde, c'est-à-dire si l'un est, l'un n'est pas; c'est pourquoi Platon a jugé préférable de commencer la série des négations par "plusieurs" (cf. VII, 1241, 15-33).
- trad. Moerbeke, in Parm., p. 503, 24-521, 69: naissable.
142 A
1-8: L'un est ineffable et incon-
L'in Parm. est postérieur à l'in Tim. auquel il renvoie cinq fois (aux quatre renvois à l'in Tim. répertoriés dans Luna et Segonds 18, t. I/1. p. XX-XXIII, c'est-àdire III, 802, 2-5 ; III, 812, 21-27 ; IV, 925, 9-20 et VII, 1235, 29-36, il faut ajouter III, 819, 30-31 qui renvoie à in Tim. LI, p. 235, 11-236, 6, et p. 236, 31-238, 26).
1582
PROCLUS DE LYCIE
P 292
Les deux renvois de l'in Tim. à l'in Parm.. c'est-à-dire in Tim. I, p. 131, 6-7 (ὡς ἐν ἄλλοις τέτακται) et III. p. 12, 28-30 (ἡ τοῦ Παρμενίδου διδάσκει μυστικὴ παράδοσις, εἰς ἣν καὶ ἡμεῖς τὴν ἀκριδῆ περὶ τούτων ἐξεργασίαν ἀναδαλλόμεθα), s’expliquent, le premier, comme un renvoi au cours oral sur le Parm., le second, comme un renvoi au commentaire encore à écrire (cf. Luna et Segonds 18,
t. I/1, p. XXXIV-XXXV). L'in Parm. est aussi postérieur à l'in Phaedr. (cf. supra, n? 14, p. 1573), à l'in Soph. (cf. supra, n? 13, p. 1572), AY EL. theol. (in Parm. VII, 1147, 36-40 renvoie à El. theol. 17, p. 18, 25-27 ; cf. Luna et Segonds 18, t. I/1, p. XXX) et au De mal. subs. (in Parm. NI, 829, 22-25 renvoie à De mal. subs. 43-
44, 47-50; cf. infra, n? 34, p. 1618). L'in Parm. n'est cité que dans la Theol. plat. qui est le dernier ouvrage de Proclus et qui présuppose toujours l'interprétation du Parm.:
Theol. plat. 1 10, p. 41, 7-9 et 22-23
(la formule ἐν τοῖς εἰς διάλογον
τοῦτον γεγραμμένοις atteste que l'in Parm. est déjà rédigé) ; I 13, p. 59, 2-5 (ἐν τοῖς εἰς αὐτὸν γεγραμμένοις); II 10, p. 61, 13-18 (£v τοῖς eig διάλογον ἡμῖν γεγραμμένοις): III 23, p. 83, 6-10; VI 24, p. 110, 13-15; p. 113, 4-6; p. 114, 1922. On peut raisonnablement dater ce commentaire des années 470-475 ca (cf. Luna et Segonds 18. t. /1, p. XIV-XXXVI). Éditions. Édition princeps : 130 Procli Philosophi Platonici Opera e codd. mss. Biblioth. Reg. Parisiensis nunc primum edidit, lectionis varietate, et commentariis illustravit V . Cousin, t. IV-VI, Paris 1821-1827. Éditions de référence: 131 Procli Commentarium in Platonis Parmenidem, dans Procli Philosophi Platonici Opera Inedita, Pars tertia, ed. V. Cousin, Paris 1864, réimpr. Hildesheim 1961, col. 6171242, 33 [οὐδ᾽ ἄρα] (le commentaire sur les hypothèses 2 à 9 publié par Cousin aux col. 1257-1314 est dû à Georges Pachymére, copiste du Paris. gr. 1810, voir l'édition critique: 132 George Pachymeres, Commentary on Plato's Parmenides [Anonymous
Sequel
to Proclus'
Commentary],
edited
and
translated
by Th. A.
Gadra et al., introduction by L. G. Westerink, coll. « Corpus Philosophorum Medii Aevi. Philosophi Byzantini » 4, Athens/Paris/Bruxelles 1989) ; Luna et Segonds 18 (édition de référence pour les livres I-III ; les autres citations se réfèrent à l'édition Cousin 131). L'édition 133 Procli in Platonis Parmenidem Commentaria, ed.
C. Steel et al.. coll. OCT, 3 vol. (livres I-III, IV-V, et VI-VID, Oxford 2007-2009, doit étre utilisée avec précaution: les éditeurs n'ayant pas réussi à tracer un stemma codicum (cf. t. Il, p. XXXIV-XXXIX), l'établissement du texte ne peut reposer sur une base solide et aboutit à pérenniser des fautes grossiéres du Paris. gr. 1810, tandis que le reste de la tradition manuscrite est mal exploité. On trouvera une analyse de cette édition dans 134 C. Luna, «L'utilizzazione di una traduzione grecolatina medievale per la costituzione del testo greco: la traduzione di Guglielmo di Moerbeke
del commento
546, en part. p. 528-531
di Proclo /n Parmenidem»,
et 539-542;
DSTFM
Luna et Segonds
20, 2009, p. 449-
18, t. III, Introduction.
p. LXXXII-CCCXLIV.
Tradition manuscrite. Le texte est transmis par 37 mss. grecs (dont 8 incomplets) et par la traduction
latine de Guillaume de Moerbeke
(cf. ci-dessous). Les
mss. grecs, d'une part, et la traduction latine, d'autre part, constituent les deux
P 292
PROCLUS DE LYCIE
1583
branches indépendantes de la tradition. L'hyparchétype X, ancétre commun de la branche grecque, est le modèle direct de six mss.: Paris. gr. 1810 (A), fin du XII s.; Laur. Plut. 85, 8 (F), A. D. 1489; Scorialensis T. IIl. 8 (G), XVI s. (ante
1573); Vat. Ross. 962 (R), XVF s. (ante 1521) ; Vindob. phil. gr. 7 (W), A. D. 1561 (copie de X jusqu'à IV, 911, 34, ensuite copie du Marc. gr. 191, descendant du ms. A); Monac. gr. 425 (P), XVF s. (copie de X pour les livres IV-VII); tous les autres mss. sont des copies, directes ou indirectes, des mss. primaires (sauf P, demeuré sans descendance). Georges Pachymère, copiste du Paris. gr. 1810, a altéré le texte
de X par des omissions ou des corrections, qui ont été souvent accueillies dans les deux éditions de Cousin 130 et 131. L'hyparchétype Γ est le ms. grec utilisé par Moerbeke, plus ancien que X. Les deux hyparchétypes X et T sont issus d'une source unique, archétype de toute la tradition manuscrite, antérieure au troisiéme quart du IX* s. La traduction latine permet de reconstituer un texte grec sürement plus complet et plus correct que celui de la branche grecque. Elle est en effet la seule à avoir conservé la partie finale du livre VII, perdue en grec (éd. Steel 107, t. IIl, p. 497,67 - 521,69: rétroversion de cette partie dans 135 C. Steel et F. Rumbach, with an English translation by D. G. Maclsaac, « The Final Section of Proclus! Commentary on the Parmenides. A Greek Retroversion of the Latin Translation », DSTFM 8, 1997, p. 211-267, et dans Steel et al. 133, t. III, p. 280355); en outre, dans le livre I, une digression sur un probléme de logique stoicienne (696, 21-45) est transmise par les mss. grecs dans une forme abrégée, alors que la traduction latine transmet le texte intégral. Des omissions et des passages corrompus dans la branche grecque peuvent étre restaurés gráce au témoignage de la traduction latine, qui constitue donc un témoin primaire d'importance capitale pour l'établissement du texte. Les lemmes platoniciens, qui faisaient partie intégrante du commentaire de Proclus, reflétent généralement le texte des mss. TW (T = Marc. App. gr. IV1; W = Vindob. Suppl. gr. 7) contre les mss. BCD (B = Bodl. Clarkianus 39; C = Tubingensis Crusianus M b 14; D = Marc. gr. 185), tout
en présentant des leçons inconnues de la tradition directe du Parm. Puisque, dans le Paris. gr. 1810, les lemmes originaux ont été remplacés par des lemmes tirés du ms. D de Platon et contaminés par le ms. W, le témoignage de ce ms. (et des deux éditions Cousin 130 et 131 qui en dépendent largement) est inutilisable pour l'établissement du texte des lemmes. Cf. 136 C. Moreschini, «I lemmi del commento di Proclo al Parmenide in rapporto alla tradizione manoscritta di Platone », ASNP 33, 1964, p. 251-255 ; 137 Id., « Studi sulla tradizione manoscritta del Parmenide e del Fedro di Platone», ASNP 34, 1965, p. 169-185; Luna et Segonds 18, t. I/1, p. CCCLXIV-CCCLXXXII.
Traductions latines. L'in Parm. de Proclus a été traduit en latin par Guillaume de Moerbeke entre 1280 et 1286. Éditions : 138 Parmenides usque ad finem primae hypothesis nec non Procli Commentarium in Parmenidem pars ultima adhuc inedita interprete Guillelmo de Moerbeka, ediderunt, praefatione et adnotationibus
instruxerunt R. Klibansky et C. Labowsky, coll. « Plato Latinus » 3, Londinii 1953, réimpr. Nendeln 1979. Cette édition contient seulement les lemmes platoniciens
1584
PROCLUS DE LYCIE
P 292
(p. 5-21) et les parties qui ne sont conservées que dans la traduction de Moerbeke (p. 26-81: texte latin et traduction), c'est-à-dire le texte sur la dialectique stoicienne du livre I, 696, 21-50 (p. 80-81) et la conclusion du commentaire de la premiere hypothese, à partir du lemme 141 E 7-10 (p. 26-77) ; comme le début de ce commentaire est encore conservé dans la tradition grecque (VII, 1239,27 1242,33 = p. 26-32 K-L), les deux éditeurs éditent ce texte aussi bien en latin qu'en grec. L'édition intégrale de la traduction de Moerbeke est Steel 107; sur cette dernière édition, cf. Luna 134, où l'on corrige le stemma codicum de l'éd. Steel en démontrant que les mss. Ambros. A 167 sup. et Oxon. Bodl. Digby 236 sont deux copies directes de l'autographe de Moerbeke et que, en particulier, l'Ambros. a gardé de trés nombreuses traces de révision de l'auteur et a reproduit les marginalia grecs de Moerbeke. A la Renaissance, l'in Parm. a été traduit en latin par Nicolas Scutelli à partir du Vat. Rossianus 962 (cf. supra, n? 8, p. 1568). Cette traduction, achevée à Rome à la fin du mois d'octobre 1521, est conservée dans le Riccardianus 155, ff. 4'-426' (autographe de Scutelli) et a été partiellement publiée par Cousin 130 par erreur sous le nom de Antonius Gogava (cf. Luna et Segonds 18, t. I1, p. CDXXVI-CDXLVII). Traductions modernes. Frangaise : 139 Proclus le Philosophe, Commentaire sur
le Parménide
suivi du commentaire
anonyme
sur les VII (sic) dernières hypo-
thèses, traduit pour la premiere fois en français et accompagné de notes, d'une table analytique des paragraphes & d'un index étendu par A.-Ed. Chaignet, 3 vol., Paris 1900-1903, réimpr. Frankfurt am Main 1962; traduction française en vis-àvis du texte grec dans l'édition Luna et Segonds 18. Anglaise: 140 Proclus" Commentary on Plato's Parmenides, translated by G. R. Morrow and J. M. Dillon, Princeton 1987. Allemande: 141 Proklos Diadochos, Kommentar zum platonischen Parmenides. Übersetzt mit einer Einleitung, Anmerkungen versehen von H. G. Zekl, Würzburg 2010. Cf. 142 E.R. Dodds, «The Parmenides of Plato and the Origin of the Neoplatonic *One' », CQ 22, 1928, p. 129-142 ; 143 R. Glasner, « The Problem of Beginning, Middle and End in Proclus' Commentary on Plato's Parmenides 137 d», Hermes 120, 1992, p. 194-204 ; 144 J. Halfwassen, Der Aufstieg zum Einen. Untersuchungen zu Platon und Plotin, coll. « Beitráge zur Altertumskunde » 9, Stuttgart 1992, en part. p. 265-405 (chap. III: «Die Dialektik des Einen in "Parmenides" »);
145
C.
Steel,
«L’Äme:
Modèle
et
Image»,
dans
H.J.
Blumenthal et E. G. Clark (édit.), The Divine lamblichus. Philosopher and Man of Gods, Bristol 1993, p. 14-29; 146 Id., «Proclus et l'interprétation “logique” du Parménide », dans L. G. Benakis (édit.), Néoplatonisme et philosophie médiévale. Actes du Colloque international de Corfou, 6-8 octobre 1995, coll. « Rencontres de Philosophie Médiévale » 6, Turnhout 1997, p. 67-92 ; 147 Id., « Iamblichus and the Theological Interpretation of the Parmenides», dans H.J. Blumenthal et J. F. Finamore (édit.), Jamblichus. The Philosopher = SyllClass 8, 1997, p. 15-30; 148 G. Bechtle, « Góttliche Henaden und Platonischer Parmenides. Lósung eines MiBverstándnisses ? », RAM 142, 1999, p. 358-391 ; 149 C. Steel, « Negatio nega-
P 292
PROCLUS DE LYCIE
1585
tionis. Proclus on the Final Lemma of the First Hypothesis of the Parmenides», dans J. J. Cleary (édit.), Traditions of Platonism. Essays in Honour of John Dillon, Aldershot/Brookfield 1999, p. 351-368 ; 150 /d., « Une histoire de l'interprétation du Parménide dans l'Antiquité», dans M. Barbanti et F. Romano (édit.), //
Parmenide di Platone e la sua tradizione. Atti del III Colloquio Internazionale del Centro di Ricerca sul Neoplatonismo, Università degli Studi di Catania, 31 maggio-2 giugno 2001, coll. «Symbolon» 24, Catania 2002, p. 11-40 ; 151 1.1. Cleary, «Proclus' Elaborate Defense of Platonic Ideas», ibid., p.341-353; 152 C. Steel, « Beyond the Principle of Contradiction ? Proclus' Parmenides and the Origin of Negative Theology», dans M. Pickavé (édit), Die Logik des Transzendentalen. Festschrift für Jan A. Aertsen zum 65. Geburtstag, coll. « Miscellanea
Mediaevalia»
«Définitions
et idées:
30,
Aristote,
Berlin/New
Proclus
York
2003,
et le Socrate
p. 581-599;
du
153
Parmenide»,
Id.,
dans
A. Motte, Chr. Rutten et P. Somville (édit.), Philosophie de la Forme. Eidos, idea,
morphe
dans
Traductions
la philosophie grecque et Études»,
nom. Parménide
Louvain
des origines à Aristote, coll. « Aristote.
2003,
p. 593-609;
154 Id.,
« Au-delà
de tout
142 A 3-4 dans l'interprétation de Proclus et de Denys », dans
B. Janssens, B. Roosen et P. Van Deun (édit.), Philomathestatos. Studies in Greek and Byzantine Texts Presented to Jacques Noret for his Sixty-Fifth Birthday, coll.
«Orientalia Lovaniensia Analecta» 137, Leuven/Paris/Dudley 2004, p. 603-624 ; 155 P.d'Hoine, «Four Problems Concerning the Theory of Ideas: Proclus, Syrianus and the Ancient Commentaries on the Parmenides », dans G. Van Riel et C. Macé (édit.), Platonic Ideas and Concept Formation
Thought, coll.
« Ancient
and
medieval
philosophy.
in Ancient and Medieval
De
Wulf-Mansion
Centre,
Series I» 32, Leuven 2004, p. 9-29; 156 /d., «Proclus and Syrianus on Ideas of
Artefacts. A Test Case for Neoplatonic Hermeneutics », dans Perkams et Piccione 11,
p. 279-302;
157
/d., Platonic
Problems
and
Neoplatonic
Ideas.
A
Critical
Edition of Proclus, /n Parmenidem Ill, with Interpretative Essays, thèse Katholieke Universiteit Leuven. Hoger Instituut voor Wijsbegeerte, Leuven 2006; 158 /d., « The Status of the Arts. Proclus' Theory of Artefacts », Elenchos 27, 2006, p. 305344 ; 159 G. Radke, Das Lächeln des Parmenides. Proklos' Interpretationen zur Platonischen
Geschichte»
Dialogform,
78,
coll.
Berlin/New
«Untersuchungen
York
2006;
159bis
zur
D.
antiken
Cürsgen,
Literatur
und
Henologie
und
Ontologie. Die metaphysische Prinzipienlehre des späten Neuplatonismus, Würzburg 2007 ; 160 P. d’Hoine, « The Intelligent Design of the Demiurge. On an Argument
From
Design
in Proclus», EPlaton
5, 2008, p. 63-90;
161
C. Steel,
«Syrianus' Theological Interpretation of the Parmenides. The Time of the Divine Souls », dans A. Longo (édit.), Syrianus et la métaphysique de l'Antiquité tardive. Actes du colloque international, Université de Genéve, 29 septembre - 1*' octobre 2006,
coll.
«Elenchos»
51,
Napoli
2009,
p.201-229;
162
L.
Van
Campe,
« Syrianus and Proclus on the Attributes of the One in Plato's Parmenides », ibid., p.247-280; 163 P. d'Hoine, «Le commentaire de Proclus sur le Parmenide comme source du Περὶ τῶν ἰδεῶν λόγος de Syrianus?», ibid., p. 311-342;
1586
P 292
PROCLUS DE LYCIE
164 Id., «"Ceux qui acceptent des idées de toutes choses". Sur l'interprétation de Parménide 130b3-e4 dans l'Antiquité tardive », PhilosAnt 10, 2010, p. 227-254. (19) [B. 4] /n Rempublicam. Comme
nous l'avons déjà dit, le commentaire sur
la République differe des autres commentaires de Proclus, parce qu'il ne commente pas le texte phrase à phrase (sauf dans la 16* dissertation), mais se compose de 17 dissertations, dont les 1" à 6° concernent Resp. I-III, les 7° a 14° Resp. IV-IX. les 15* à 17* Resp. X, selon le plan suivant: 1** diss. (t. I,p. 5. 1-19, 25 Kroll, mutilée de la fin) : Les sept points à traiter avant une lecture en commun de la République (πρὸ τῆς συναναγνώσεως : sur cette interprétation, cf. supra, p. 1555-1556). 2* diss. (perdue) : Contre la définition de la justice donnée par Polémarque (Resp. I, 331 E 1336 B 6). 3° diss. (t. I. p. 20, 4-27, 6. mutilée du début) : Défense de la justice contre les quatre opinions de Thrasymaque (Resp. 1, 338 C 1-354 A 9; pour le détail des quatre arguments, cf. Festugiére 20, t. Ll, p. 15 n. 3). 4° diss. (t. I, p. 27. 7-41, 29): Les types (bonté et immutabilité) d'après lesquels il faut représenter les dieux (Resp. Il, 378 E 7-383 A 5). 5° diss. (t. ], p. 42, 1-69, 19): Opinions de Platon sur la poétique, ses différents genres, les règles les plus excellentes de l'harmonie et du rythme (Resp. Ill). 6° diss. (t. 1, p. 69, 20-154, 10; p. 154, 11-205. 23): Défense d'Homère contre Platon (Resp.
III), divisée en deux livres formés respectivement de dix-huit et six chapitres. 7° diss. (t. 1, p. 206, 1-235. 21) : Les trois parties de l'àme et les quatre vertus (Resp. IV). 8° diss. (t. I. p. 236, 1-250, 12): L'éducation commune des hommes et des femmes (Resp. V, 451 C 4-457 C 2). 9* diss. (t. I, p. 251, commune.
1-257, 6): Arguments
de Théodore
d'Asiné
en faveur de l'éducation
10* diss. (t. T, p. 258, 1-268, 8): Amour du savoir chez les philosophes et chez le vulgaire (Resp. V, 473 C 9-480 A 13). 11* diss. (t. I, p. 269, 1-287, 17): Sur le Bien (Resp. VI. 503 E 1-509 C 11). 12° diss. (t. I. p. 287, 18-296, 15): Le mythe de la caverne (Resp. VII, 514 A 1 sqq.).
13° diss. (t. II. p. 1, 1-80, 29, intitulée Μέλισσα εἰς τὸν Ev Πολιτείᾳ λόγον τῶν Μουσῶν): Le discours des Muses (Resp. VIII, 546 A 1-547 A 5,547 B 2-C 4). 14° diss. (t. II, p. 81, 1-84) : La conduite juste est plus heureuse que l'injuste (Resp. 1X, 577 C 1-580 C 8, 582 A 4-583 A 11. 583 B 1-587 B 10). 15* diss. (t. II, p. 85, 1-95, 24): Les trois sujets principaux du livre X: condamnation de la poésie (595 A 1-608 B 10), immortalité de l'âme raisonnable (608 C 1-614 B 1), mythe d'Er (614
B 2-621 D 3). 16* diss. (t.II, p. 96. 1-359, 10): Sur le mythe d'Er, divisée en quatre commentaire lemme par lemme du passage Resp. X, 614 B 2-621 C 2.
chapitres, avec
17° diss. (t. II, p. 360, 1-368, 16. mutilée de la fin) : Objections d' Aristote, dans Pol. Il, contre la République de Platon.
Les 6° et 16° dissertations, particulièrement longues, peuvent trés bien avoir constitué deux ouvrages séparés. En effet, chacune de ces deux dissertations présente une introduction et une conclusion et la 16* comporte aussi un explicit parti-
P 292
PROCLUS DE LYCIE
1587
culier (t. II, p. 359, 9-10: Πρόκλου Λυκίου Πλατωνικοῦ διαδόχου εἰς τὸν Ev Πολιτείᾳ
τοῦ Πλάτωνος
μῦθον
ὑπόμνημα)
ainsi qu'une dédicace
à Marinus
(cf. t. II, p. 96, 2). Le caractére composite de l'in Remp. rend impossible de dater
l'ensemble de ce commentaire, car les dissertations peuvent avoir été rédigées à des époques différentes de l'activité de Proclus pour étre ensuite rassemblées en suivant l'ordre du texte de la République. Les renvois à d'autres ouvrages permettent d'affirmer que la 1" dissertation est postérieure à l'in Phaed. (cf. supra, n? 10, p. 1569); la 4* est postérieure à l’in Or. Chald. (cf. infra, n? 27, p. 1601) et au De mal. subs. (cf. infra, n? 34, p. 1618); la 12* est postérieure au De tribus monadibus (cf. infra, n? 21, p. 1590); la 16° est postérieure à l’in Tim., qui est cité
deux fois: II, p. 220, 9-11: ὅπως δὲ ὅλως ἐπεχείρησαν, εἴπομεν ἐν τοῖς εἰς Τίμαιον ἱκανῶς, où Proclus renvoie à in Tim. III, p. 62, 6 sgq.; et II, p. 335, 1920 : ἃς [scil. αἰτίας] εἴπομεν Ev τοῖς εἰς τὸν Τίμαιον ἐκδεδομένοις, où le renvoi se réfère à la partie perdue de l’in Tim. (on remarquera le terme ἐκδεδομένοις qui signifie que l’in Tim. est déjà édité lorsque Proclus écrit la 16° dissertation) ; la 16° diss. est aussi
postérieure
à l'in Gorg.
(cf. supra, n? 9, p. 1568), à l'in Phaed.
(cf. supra, n?? 9, 10, p. 1569), à l'in Phaedr.
(cf. supra, n?
14, p. 1573), à l'in Or.
Chald. (cf. infra, n° 27, p. 1601), au Περὶ τῶν μυθικῶν συμδόλων n? 29, p. 1608) et au Περὶ τόπου (cf. infra, n? 36, p. 1624).
(cf. infra,
La structure et la datation de l'in Remp. ont fait l'objet de deux études de C. Gallavotti: 165 C. Gallavotti, « Eterogeneità e cronologia dei commenti di Proclo alla Republica», RFIC 57, 1929, p. 208-219, et 166 I/d., «Intorno ai commenti di Proclo alla Republica», BollClass 19, 1971, p.41-54. Selon Gallavotti, ce que l'on appelle "Commentaire sur la République" est un assemblage d'ouvrages divers composés à des époques différentes et qui auraient été réunis par un éléve de Proclus ou à une époque bien plus tardive (qui pourrait méme étre celle de la confection du ms. qui transmet le commentaire, le Laur. Plut. 80,9 + Vat. gr. 2197); dans cet ensemble hétérogène, Gallavotti distingue un noyau constitué par les dissertations 1 à 5, 7, 8, 10, 11, 12, 14, 15, et qui représenterait une Introduction (εἰσαγωγή) à la République, dans laquelle la première dissertation traiterait les six premiers points (but du dialogue, genre littéraire, circonstances extérieures, distinc-
tion des types de constitutions politiques selon Platon, examen de la constitution politique conforme à la raison, qui fait l'objet de la République, manière dont cette constitution doit étre analysée), alors que les onze autres dissertations seraient toutes consacrées au 7° point annoncé dans la première dissertation, c'est-à-dire la cohérence des doctrines à travers tout le dialogue (I, p. 6, 24-25: τὴν δι᾽ ὅλου τοῦ συγγράμματος διήκουσαν τῶν δογμάτων ἀκολουθίαν); ce noyau originaire, composé par Proclus avant tous ses autres commentaires platoniciens, aurait été dispersé et mélangé avec cinq autres écrits, c'est-à-dire les dissertations 6, 9, 13, 16 et 17, qui sont consacrées à des thémes particuliers: Homére et Platon (6), les opinions de Théodore d’Asine (9), exégèse du discours des Muses (13), exégése du
mythe d'Er (16), réfutation des objections d'Aristote (17). L’hypothese de Gallavotti est substantiellement partagée par 167 A. D. R. Sheppard, Studies on the
1588
PROCLUS DE LYCIE
P 292
5" and 6" Essays of Proclus’ Commentary on the Republic, coll. « Hypomnemata » 61. Góttingen 1980, p. 15-21, 26-27, sauf en ce qui concerne l'idée selon laquelle onze dissertations (2 à 5, 7. 8, 10, 11. 12, 14 et 15) seraient toutes consacrées au 7* des sept points à traiter énumérés dans la première dissertation. La reconstruction
de Gallavotti, pensons-nous, est hautement hypothétique et ne trouve aucun appui sérieux ni dans le texte ni dans la tradition manuscrite.
Éditions. Édition princeps: voir in Tim. (supra, n° 17, p. 1578); l'édition de Simon Grynée 100, est incomplète. car elle ne comprend que les diss. 1 à 12; l'édition princeps pour les diss. 13 à 17 est 168 Procli Commentariorum in Rempublicam
Platonis
Partes
ineditae,
ed.
R. Schoell,
Berolini
1886
(Anecdota
Varia
Graeca et Latina, ed. R. Schoell et G. Studemund, vol. II), réimpr. Hildesheim 1989, édition fondée sur le Barber. gr. 65, copié par Lucas Holstenius (1596-1661) sur le Vat. gr. 2197, alors que celui-ci se trouvait encore à Florence dans la collec-
tion Salviati (cf. infra, Tradition manuscrite). Édition de référence: Diadochi in Platonis Rem publicam
169 Procli
commentarii, ed. W. Kroll, coll. BT, 2 vol.,
Leipzig 1899-1901, réimpr. Amsterdam 1965. Tradition manuscrite. Le texte est transmis par un ms. de la Collection philosophique, troisiéme quart du IX* siécle (cf. supra, n? 17, Tradition manuscrite, p. 1578), actuellement divisé en deux parties: Laur. Plut. 80,9 (diss.
ἃ 12=t.I
Kroll) + Var. gr. 2197 (diss. 13 à 17 = t. II Kroll). Le ms. d'origine ayant perdu un certain nombre de cahiers ou feuillets, le texte présente des lacunes importantes: (a) quaternions 2 à 5 (= perte de la fin de la 1" diss., de toute la 2°, et du début de la 35, t. I, p. 19. 25-20, 7); (b) quelques feuillets du 25° quaternion (lacune dans la 12* diss., t. I, p. 293, 22); (c) quelques feuillets du 26* quaternion (lacune dans la
13* diss.: le début du texte perdu [t. II, p. 1, 3-4, 22] peut étre récupéré gráce aux mss. Paris. gr. 1838, Vat. Chis. R. VIII. 58, et Scorial. T. III. 2, qui ont été copiés avant la perte des deux premiers feuillets du 26° quaternion; la lacune subsiste donc à la p. 4, 22); (d) dernier quaternion (perte de la fin de la 17° et dernière diss.). Tous les autres témoins dépendent directement ou indirectement du ms. Laur. Plut. 80, 9 + Vat. gr. 2197 et ne sont donc d'aucune valeur pour l'établissement du texte, sauf les trois mss. mentionnés (pour la portion de texte t. II, p. 1, 3-4, 22) et le ms. Firenze, Biblioteca Nazionale, II. X. 145 (Magliabechianus 32),
XVII siècle, contenant des extraits et copié sur le Var. gr. 2197 avant que celui-ci ne soit gravement endommagé (cf. 170 J. Whittaker, « Varia Procliana», GRBS
14,
1973, p. 425-432, en part. p. 427-430). Traductions latine et arabe. Les diss. 1 à 12 (2 t. I Kroll) ont été traduites en latin par Nicolas Scutelli (cf. supra, n? 8, p. 1568) à partir de l'Angelicus gr. 99.
Cette traduction, datée du 20 avril 1526, est conservée dans le Neapolitanus II. F. 7, ff. 74'-184" (autographe) et est restée inédite (cf. Luna et Segonds 18. t. I/1, p. CDXXXIX-CDXLI).
La tradition arabe témoigne
de l'existence probable d'une
traduction syriaque du commentaire de Proclus sur Resp. X, c'est-à-dire de la diss. 16 (cf. Endress 41, p. 1671).
P292
PROCLUS DE LYCIE
1589
Traductions modernes. Frangaise: Festugiére 20 (complete). Italienne: 171 Proclo, Commento alla « Repubblica » di Platone, a cura di M. Abbate, Milano 2004 (incompléte : manquent les diss. 6, 13 et 16).
Cf. 172 A.J. Friedl, Die Homerinterpretation des Neuplatonikers Proklos, Würzburg 1936; 173 F. Buffière, Les mythes d’Homere et la pensée grecque, Paris 1956;
174 R. Lamberton, Homer
the Theologian. Neoplatonist Allegorical Rea-
ding and the Growth of the Epic Tradition, Berkeley/Los Angeles/London 1986; 175 J. Bouffartigue, « Représentations et évaluations du texte poétique dans le Commentaire sur la République de Proclos », dans M. Costantini et al. (édit.), Le texte et ses représentations, coll. « Études de littérature ancienne » 3, Paris 1987, p. 129-143; 176 R. Lamberton, « The Neoplatonists and the Spiritualization of Homer», dans R. Lamberton et J. J. Keaney (édit.), Homer's Ancient Readers. The Hermeneutics of Greek Epic's Earliest Exegetes, Princeton 1992, p. 115-133; 177 O. Kuisma, Proclus’ Defence of Homer, coll. « Commentationes Humanarum Litterarum»
109,
Helsinki
1996;
178
R.F.
Stalley,
«Plato
and
Aristotle
on
Political Unity », dans M. Vegetti et M. Abbate (édit.), La Repubblica di Platone nella tradizione antica, coll. «Saggi Bibliopolis» 60, Napoli 1999, p. 29-48 (à propos de la 17° diss.) ; 179 M. Abbate, « Gli aspetti etico-politici della Repubblica nel commento
di Proclo (dissertazioni VII/VIII e XI)», ibid., p. 207-218 ; 180 S.
Toulouse, «Que le vrai sacrifice est celui d'un cœur pur. A propos d'un oracle porphyrien (?) dans le Liber XXI sententiarum édité parmi les œuvres d'Augustin », RecAug 32, 2001, p. 169-223 (à propos d'in Remp. ll, p. 126, 14-27 = Or.
Chald., fr. 217 philosophische «Quellen und 182 A. Longo, uomini
Elenchos
des Places) ; 181 D. Cürsgen, Die Rationalität des Mythischen. Der Mythos bei Platon und seine Exegese im Neuplatonismus, coll. Studien zur Philosophie » 55, Berlin/New York 2002, p. 122-393; «Gli argomenti di Teodoro di Asine sull'educazione comune di
e donne
nel
Commento
23, 2002, p. 51-73;
alla
Repubblica
di
Proclo
183 M. Abbate, «Il Bene
(1 253-5
Kroll)»,
nell'interpretazione di
Plotino e di Proclo », dans M. Vegetti (édit.), Platone. La Repubblica, t. V , coll.
«Elenchos» 28-5, Napoli 2003, p.625-678; 184 J.-M. Narbonne, «De l'Un matière à l’Un forme. La réponse de Proclus à la critique aristotélicienne de l'unité du politique dans la République de Platon (in Remp. 11, 361-368)», dans J.-M. Narbonne et A. Reckermann (édit.), Pensées de l'« Un » dans l'histoire de la philo-
sophie. Études en hommage au professeur Werner Beierwaltes, coll. « Zêtêsis », Paris/Québec 2004, p.3-25; 185 M. Abbate, «Metaphysics and Theology as Methodological and Conceptual Paradigms in Proclus’ Ethico-political Theory », dans Perkams et Piccione 11, p. 186-200; 186 R. Pichler, Allegorese und Ethik bei Proklos. Untersuchungen zum Kommentar zu Platons Politeia, coll. «Klassische Philologie» 2, Berlin 2006; 187 R. Chlup, Proklos, Praha 2009 (avec une présentation générale de Proclus et une traduction de in Remp., diss. 6, t. I, p. 69-154 Kroll).
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PROCLUS DE LYCIE
1590
(113) Monographies Divers témoignages permettent d'assurer l'existence d'au moins cinq monographies consacrées à des thémes particuliers des dialogues platoniciens. (20) Sur les trois arguments en faveur de l'immortalité de l'âme chez Platon.
Perdu. Il s'agit d'une monographie sur les trois preuves de l’immortalité de l'âme développées par Platon dans (1) Phaed. 105 B 5-107 A 1 (l'àme, étant porteuse de la vie, ne peut connaître la mort), (2) Resp. X, 608 C 9-611
A 3 (l'âme ne peut être
détruite par le mal qui lui est propre), (3) Phaedr. 245 C 5-246 A 2 et Lois X, 893 B 1-898 C 5 (l'àme est mue par elle-méme). Voir 188 L. G. Westerink, «Proclus on Plato's Three Proofs of Immortality », dans Zetesis, aangeboden aan Prof. Dr. Emile de Strycker, Antwerpen/Utrecht 1973, p. 296-306 (repris dans Westerink 96, p.345-355).
Elle
a
été
utilisée
par
Priscien,
Solutiones
ad
Chosroem,
éd.
I.
Bywater, Suppl. Arist. 1 2, 1886, p. 47-49 (ouvrage uniquement conservé dans une traduction latine qui a probablement été faite dans l'entourage de Jean Scot Erigene, cf. 189 M. Perkams, notice « Priscien de Lydie », P 280, supra, p. 1514-
1521. en part. p. 1516). Dans le préambule, Priscien cite ses sources, en part. p. 42, 19-21 : «et Proclus in omnibus differentes singulos libros componens et maxime de Tribus sermonibus, per quos apud Platonem animae immortale ostenditur» = xai Πρόκλος ὁ Ev πᾶσι διαφέροντα μονόδιδλα συνθείς, xal μάλιστα τὸ περὶ
τῶν τριῶν λόγων δι᾽ ὧν παρὰ Πλάτωνι τὸ τῆς ψυχῆς ἀθάνατον ἀποδείκνυται (rétroversion de I. Bywater, app. crit. ad p. 42, 19, complétée par Westerink 188, p. 296 [p. 345]: «Proclus qui a composé des monographies sur tous les sujets et tout particuliérement celle sur les trois arguments au moyen desquels chez Platon est démontrée l'immortalité de l'âme »). Les trois arguments sont attestés en arabe,
car ils sont cités dans Le petit livre du salut de Miskawayh (mort en 1030) sous le titre de «Commentaire sur la doctrine de Platon, selon laquelle l’âme est immortelle » (cf. Westerink 188, p. 296-297, 302-306 [p. 345-346, 351-355] ; Endress 41, p. 1672),
ainsi
que
dans
deux
textes
anonymes,
dont
le premier,
intitulé
«Les
preuves de Platon au sujet de la permanence de l'áme », est transmis en marge du Tafsir d' Avicenne, tandis que le second, intitulé « Fruit subtil des syllogismes de Platon [montrant] que l'áme n'est pas corruptible », est une note marginale conservée dans un recueil de textes philosophiques (cf. 190 A. Hasnawi, « Deux textes en arabe sur les preuves platoniciennes de l'immortalité de l’äme», Medioevo 23, 1997, p. 395-408). Voir aussi 191 G. Chemi, Platone e le prove dell'immortalità dell'anima nell'Islam medievale (diss.), Pisa 2007-2008.
(21) [B. 9] Περὶ τῶν τριῶν μονάδων (De tribus monadibus). Perdu. Il s'agit d'un traité spécial sur les trois monades du Phil. 64 A 7-65 A 5 (vérité, beauté, proportion). Proclus le cite en in Remp. (12* diss.) I, p. 295, 18-28, en part. li. 2428: xal εἴπομεν ἡμεῖς ἐν τῷ περὶ τῶν τριῶν τούτων μονάδων βιδλίῳ. πῶς ἑκάστη τἀγαθὸν ἐχφαίνει καὶ τίνα παρέχεται χρείαν τοῖς νοητοῖς καὶ πῶς: τὸ γὰρ ὃν ταύτας τε παρήγαγεν καὶ διὰ τούτων ἅπαν τὸ νοητὸν πλάτος κατέλαμψεν («Et nous avons dit nous-méme, dans notre "Livre sur les trois Monades", comment chacune manifeste le Bien, quel avantage elle
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PROCLUS DE LYCIE
1591
procure aux Intelligibles et comment elle le leur procure : car c'est I’Etre qui tout à la fois les a produites et, gráce à elles, a illuminé tout le plan intelligible », trad. Festugiere 20, t. 11. p. 104),
et en Theol. plat. III 18, p. 63, 16-21: Εἴρηται yàp περὶ τούτων ἡμῖν Ev Evi TOv μονοδίδλων, ὅπου xal δεδείχαμεν τὴν μὲν ἀλήθειαν τῷ φιλοσόφῳ σύστοιχον. τὸ δὲ κάλλος καὶ τὴν συμμετρίαν τῷ ἐρωτιχῷ xai μουσικῷ, καὶ ὡς ἔχουσιν οἱ βίοι τάξεως, οὕτως ἔχοντα καὶ ταῦτα πρὸς ἄλληλα («En effet, nous avons traité de ces questions dans un de nos ouvrages en un seul livre, dans lequel nous avons démontré aussi qu'il y a correspondance entre la vérité et le philosophe, entre la beauté et l'amoureux, et entre la proportion et le musicien, et que ces trois genres de vie se rangent dans le méme ordre que ces trois termes »).
Voir la note de Saffrey et Westerink 6, p. 43 n. 1 [p. 127], qui pensent que cinq passages de l'in Tim. se référent probablement à ce traité, à savoir in Tim. I, p. 385, 9-17 (cf. supra, n? 16, p. 1575); II, p. 267, 18-21 ; II, p. 269, 6-13; III, p. 66, 1324 ; III, p. 69, 10-14. Pour 92; De p. 1575; Philébe, 233-246 blement
les différentes identifications du renvoi ἐν ἄλλοις (in Phil.; El. theol. 89tribus monadibus) contenu dans le premier passage, cf. supra, n? 16, les quatre autres contiennent une simple mention des trois monades du sans renvoi particulier à la monographie de Proclus. Damascius, in Phil. Westerink, consacré justement au passage 64 A 7-65 A 5, dépend probadu traité de Proclus sur les trois monades. Une probable citation de ce
traité se trouve chez Damascius, De princ. I, p. 86, 16-19 Westerink-Combes:
Kal τοῦτό ἐστιν ὅπερ ὁ φιλόσοφος
Πρόκλος
Ev τῷ μονοδίδλῳ
ἀπόρρητον
ἀξίωμα
κέκληκεν, τὸ κατὰ τὴν ὠδίνουσαν ἐκεῖνο γνῶσιν, ὡς ῥητὸν ἀξίωμα τὸ κατὰ τὴν ἤδη διηρθρωμένην (« Et c'est là ce que le philosophe Proclus, dans son Monobiblos, nomme axiome ineffable, à savoir l'axiome relatif à la connaissance qui est en gestation de l'un, de méme qu'il nomme axiome exprimable l'axiome relatif à la connaissance déjà nettement articulée »), voir la note des éditeurs, p. 86 n. 2 [p. 162] (Beutler 5 [B. 26], col. 201, 33-43, enregistre ce passage de Damascius comme
Μονόδιδλον, sans aucune identification).
Cf. 192 J. Combès, « Les trois monades du Philèbe selon Proclus », dans Pépin et Saffrey 9, p. 177-190 (repris dans /d., Études néoplatoniciennes, Grenoble 1996, p. 223-243). (22) [B.2] Ἐπίσκεψις τῶν πρὸς τὸν Πλάτωνος Τίμαιον Ἀριστοτέλους ἀντειρημένων (Examen des critiques d’Aristote contre le Timée de Platon). Perdu. Le titre de cet ouvrage est fréquemment attesté par Philopon, De aet. mundi (cf. éd. H. Rabe, coll. BT, Leipzig 1899, Indices, p. 652), et est analogue à un autre titre de Proclus, celui de la 17° dissertation de l'in Remp. (t. II, p. 360, 1-3): Ἐπίσκεψις τῶν ὑπ᾽ Ἀριστοτέλους ἐν δευτέρῳ τῶν Πολιτικῶν πρὸς τὴν Πλάτωνος Πολιτείαν ἀντειρημένων. Il n'y a donc aucun doute à avoir quant à l'authenticité du titre. Les témoins principaux de cet ouvrage sont au nombre de trois et permettent de reconstruire une partie des arguments par lesquels Proclus avait répondu aux critiques adressées
par Aristote contre
le Timee
de Platon:
(1) Proclus, in Tim.
(contre Mer. XII 8: doctrine de l'intellect des sphères célestes, De caelo II 1: négation de l'àme du monde; De anima I 3: nature et composition de l'âme); (I1) Philopon, De aet. mundi (contre De caelo I 2-4: cinquième élément ; De caelo
1592
I 10: caelo donc cites
PROCLUS
DE LYCIE
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éternité du monde; De anima I 3: métempsychose) ; (III) Simplicius, in De (contre De caelo II 7-8: constitution géométrique des éléments). On peut affirmer que 1" Ἐπίσκεψις de Proclus réfutait (au moins) les critiques (expliou implicites) qu' Aristote a formulées contre le Timée en Mer. XII 8; De
anima I1 3; De caelo
12-4; 1 10; IL 1 ; III 7-8.
(1.1) Proclus, in Tim. I, p. 404, 7-21. renvoie à un ouvrage particulier contre Aristote à propos de la théorie aristotélicienne qui relie directement l'intellect au corps du monde (Mer. XII 8), en niant ainsi l'existence de l'àme du monde (De caelo Il 1, 284 a 27-35, contre Platon, Tim. 30 B 3,
selon qui l'àme du monde joue le róle de médiété entre la masse corporelle de l'univers et l’intellect), et assigne un intellect à chacune des sphéres célestes sans reconnaitre la nécessité d'un intellect unique appartenant au monde en sa totalité (Festugiere 19, t. II, p. 276 n. 5, identifie cet ouvrage avec Il"EníoxeqQic). (1.2) Proclus, in Tim. II, p. 278, 27-279.
14, mentionne à nouveau cet ouvrage et en donne le
titre et un court résumé tres partiel, qui permet de reconnaitre que sa cible est De anima 1 3, 406 b 25-407 b 12, où Aristote critique la psychologie de Tim. 34 B 10-36 D 7: (a) contre De an. I 3, 407 a 2-22, oü Aristote, à l'appui d'une interprétation trés littérale de Tim. 34 B 3-36 B 6 (composition de l’äme, divisions du mélange constitutif de l’âme), attribue à Platon la thèse selon laquelle l’âme est une grandeur ; (b) contre ibid., 407 b 5-12, où Aristote affirme que l'essence de l'âme
ne peut être la cause de la révolution du ciel; (c) contre ibid., 407 a 32-33, où Aristote
affirme que si l'intellection est une révolution, il s'ensuit que l'intellection portera plusieurs fois sur le méme objet.
(II) Philopon, De aet. mundi, transmet quatorze fragments de la monographie de Proclus : (II.1) De aer. mundi WI 2, p. 31, 7-32, 10 Rabe (trad. angl. Taylor 15, p. 2-3). Ce passage, tiré du premier chapitre de l'ouvrage, a valeur de proème programmatique, puisque Proclus y établit clairement le désaccord profond et généralisé entre Platon et Aristote, en citant des passages d' Aristote dépourvus d'équivoque (tirés de la Métaphysique, des Seconds Analytiques, de V Éthique à Nicomaque, du De gen. et corr. et du Περὶ φιλοσοφίας). En effet, Proclus a une position tout à fait à part, au sein de l'école néoplatonicienne, sur la question des rapports entre Aristote et Platon : au lieu de chercher à concilier les deux philosophes, comme on le faisait traditionnellement depuis au moins Porphyre (cf. 193 P. Hadot, « L’harmonie des philosophies de Plotin et d'Aristote selon Porphyre dans le commentaire de Dexippe sur les Catégories », dans Plotino e il Neoplatonismo in Oriente e in Occidente, Atti del Convegno internazionale, Roma, 5-9 ottobre 1970, Roma, Accademia Nazionale dei Lincei, 1974, p. 31-47 [repris dans /d., Plotin, Porphyre. Études néoplatoniciennes, Paris 1999, p. 355-382] ; 194 G. E. Karamanolis, Plato and Aristotle in Agreement ? Platonists on Aristotle from Antiochus to Porphyry, coll. «Oxford philosophical monographs », Oxford 2006), et méme jusqu'à Hiéroclés d'Alexandrie [»*H 126] (cf. De providentia, ap. Photius, Bibl., cod. 214, 171 b 33-172 a 9, t. III, p. 125-126 Henry ; cf. 195 H. S. Schibli, Hierocles of Alexandria, Oxford 2002, p. 26-30), Proclus admet franchement
l'hostilité
d'Aristote à l'endroit de Platon, fournissant ainsi des arguments à Philopon dans ses critiques anti-aristotéliciennes et encourant, du méme coup. l'opposition de Simplicius. (11.2) De aet. mundi
IV
11, p. 82,
12-25
(trad. angl. Taylor
15, p. 3-4). Le
monde
existe
toujours, parce que le dieu qui l'a créé, existe toujours. (11.3) De aet. mundi IV 14, p. 95. 2-12 (trad. angl. Taylor 15, p. 4). Le monde est toujours en train d'étre créé, parce que dieu le crée toujours. (11.4) De aet. mundi IV 14, p. 95, 27-96, 18 (trad. angl. Taylor 15, p. 5-7). Méme si le monde existe dans le temps et à un instant donné, il nait à l'infini, et non pas à un instant donné, imitant
ainsi l'éternité du dieu qui le crée. Le passage p. 96, 6-14 (πᾶν τὸ ἐν χρόνῳ — £v ᾧ ἔστιν note)
P292
PROCLUS DE LYCIE
1593
est cité à nouveau p. 99, 1-8 : et le passage p. 96, 7-11 (ὅσον yàp ἔστιν --- ἀλλ᾽ οὐ ποτέ) est cité à nouveau p. 167, 17-20 (ordre du texte modifié).
(LS) De aet. mundi VI 7, p. 138, 19-28. En commentant Tim. 27 D 5-28 A 6, Proclus expliquait que l'étre signifie seulement ce qui est éternel, alors que le devenir signifie ou bien ce qui devient toujours, ou bien ce qui devient à un instant donné. Dans le passage correspondant de l'in Tim. 1. p. 223. 3-264, 3, il n'y a pas de renvoi à l'Épiskepsis. (11.6) De aet. mundi VI 15, p. 166, 26-168, 2. Le monde est engendré au sens où il n'est pas cause pour lui-méme de son étre. Le passage p. 167, 17-20 reprend à la lettre la citation de p. 96, 7-11 (ordre du texte modifié, cf. supra, 11.4) ; citation non littérale, p. 171, 24-172, 5. (11.7) De aet. mundi VI 27, p. 224, 18-225, 10. Le monde existe toujours, parce qu'il est l'image d'un modèle éternel. (11.8) De aet. mundi VI 29, p. 238, 3-240, 9 (trad. angl. Taylor 15, p. 7-9). Le monde n'a pas une existence éternelle, parce qu'il n'a pas une puissance infinie ; s'il devient toujours, c'est donc sous l'action du dieu qui le crée, et non pas de par sa propre nature. Le méme passage, avec le méme intitulé, est répété infra, VIII 1, p. 297, 21-300, 2 (cf. p. 297, 5-6 παραθήσομαι δὲ ταῦτα
τοῦ [IpóxAov tà ῥήματα. ἅπερ xai Ev τῷ ἕκτῳ τῶν κεφαλαίων rrapéOnxa) ; nouvelle citation partielle p. 300, 22-26 = p. 239, 25-240, 4 (cf. aussi p. 576. 26-577, 4 ; p. 629, 11-14); p. 239, 2240, 4 = p. 626, 11-627, 14 (cf. infra, 11.14). Philopon résume l'argumentation p. 240, 23-26: el
δὲ φύσει φθαρτὸς ὁ κόσμος, ὡς Ev τῷ εἰρημένῳ λόγῳ Πρόκλος ἔδειξεν, xal διὰ τοῦτο xal γενητὸς ἐξ ἀνάγκης (« Si le monde est corruptible par nature, comme Proclus l'a démontré dans l'ouvrage cité, de ce fait il est aussi nécessairement engendré »). (11.9) De aet. mundi VI 29. p. 241, 27-242, 8. Simple sommaire polémique de Philopon. (11.10) De aet. mundi IX 2, p. 318, 19-319, 2. Cette citation est tirée du chapitre 14 de l'Épiskepsis, dans lequel Proclus défendait la doctrine de la métempsychose, formulée par Platon en Tim. 42 B 3-D 2, contre la critique que lui adresse Aristote en De an. I 3, 407 b 20-27, en part.
21-23: ὥσπεῤ ἐνδεχόμενον κατὰ τοὺς Πυθαγορικοὺς μύθους τὴν τυχοῦσαν ψυχὴν εἰς τὸ τυχὸν ἐνδύεσθαι σῶμα (on remarquera que l'expression xarà τοὺς Πυθαγορικοὺς μύθους d' Aristote est reprise par Philopon. p. 318, 20). En De aet. mundi IX 2. Philopon énumére cinq erreurs de Platon dans le domaine de la physique : (1) alors que tous les astronomes placent le soleil au centre des planétes (Terre, Lune, Mercure, Vénus, Soleil, Mars, Jupiter, Saturne), Platon le place aprés la lune (Tim. 38 D 1-2); (2) la métempsychose (c'est ici que Philopon cite le chapitre 14 de l'Épiskepsis de Proclus) : (3) Platon nie l'existence de la puissance attractive dans les corps (Tim. 80 B 8-C 8). alors que tous les médecins l'admettent ; (4) Platon affirme que la matrice est un vivant (Tim. 91 B 7-C 2). thèse réfutée par Galien, De locis affectis, VI 5, t. VIII,
p. 425. 4-14 Kühn ; (5) Platon soutient que les plantes sont dotées de sensation (Tim. 77 A 3-B 6), these qu'Aristote n'admet pas (De an. 1 5, 410 b 22-23) et que méme les platoniciens sont incapables de démontrer. Cette énumération vise à montrer que Platon a soutenu des thèses contradictoires ; il n'a donc pas de sens d'opposer à la doctrine de la création du monde (vraie) exposée dans le Timée d'autres passages platoniciens dans lesquels Platon a dit le contraire, car Platon a pu se tromper et se contredire lui-méme, comme le montrent les cinq exemples du chapitre 2. Aprés avoir énuméré ces cinq erreurs de Platon en matiére de philosophie naturelle (p. 318,
13-319, 10), Philopon affirme (p. 319, 10-14): xai ei γε μὴ ἔξω τοῦ προχειμένου ἐπίπτομεν, ἕκαστον ἂν τῶν εἰρημένων μετὰ τῶν Πρόκλου συνηγοριῶν ἐκθέμενος, εἰ μὴ φορτικὸν εἰπεῖν, oùx ἀληθῶς ἔχον ἀπέδειξα («Et si nous ne courrions pas le risque de nous écarter de notre propos, j'aurais exposé chacun de ces points, accompagnés du plaidoyer de Proclus et, s'il n'est pas grossier de ie dire, j'aurais démontré qu'ils ne sont pas vrais »), ce qui implique, semblet-il, que la défense de la doctrine platonicienne par Proclus ne se bornait pas à la métempsychose, mais concernait aussi les quatre autres points. (II.14) De aet. mundi XIII 1, p. 482, 21-483, 6. Le cinquième élément dont parle Aristote n'est que la partie la plus pure des quatre éléments.
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PROCLUS DE LYCIE
1594 (11.12) De aet. Tim. 31 B 4-32 C aristotélicienne du monde sidéral (De
mundi XIII 15. p. 523. 1-524, 8 (trad. angl. Taylor 15, p. 9-10). Selon Platon, 8, le monde est formé par les quatre éléments. A cette thèse s'oppose la thèse "corps premier" ou élément céleste ou cinquième élément, qui constitue le caelo 1 2-4). Dans l' Épiskepsis, Proclus défendait la thèse du Timée.
(1.13) De aet. mundi XVI 4, p. 581, 26-582, 5. Simple résumé des fr. 6-8.
(11.14) De aet. mundi XVIII 5, p. 626, 1-627, 20. Ce fragment est composite : tout le passage p. 626, 11-627, 14 reprend p. 239, 2-240, 4 (cf. supra, 11.8), alors que le passage final, p. 627, 14-
20 (el ὅσον — συντάξεως). n'est cité qu'ici et non pas dans le fragment IL.8. Philopon se réfère à ce fragment un peu plus bas. p. 628. 6-9: ἀλλὰ μὴν προωμολόγησεν ἐν τῷ μνημονευθέντι λόγῳ ὁ Πρόκλος. ὅτι ὅσον ἐφ᾽ ἑαυτῷ τὸ ἀεὶ εἶναι οὐκ ἔχει xai τοῦτο ἐκ τῆς αὐτοῦ φύσεως αὐτῷ πρόσεστιν («Et pourtant, dans l'ouvrage déjà cité, Proclus a admis que [le monde] possède pas l'étre toujours, et que cela lui vient de sa propre nature »).
(III)
Simplicius,
in De
caelo,
p. 640,
20-671,
20
Heiberg,
cite
ne
plusieurs
passages de l'Épiskepsis de Proclus commentant De caelo III 7-8, 306 a 1-307 b
19, oü Aristote critique la théorie platonicienne qui attribue une figure géométrique aux éléments (Tim. 53 C 4-57 D 6: le commentaire de Proclus sur cette partie du
Timée est perdu). Simplicius distingue, dans le texte d'Aristote, quinze objections et, pour chacune d'entre elles, il rapporte la solution de Proclus. L’Episkepsis est introduite de la maniére suivante (p. 640, 21-27): Ἐπειδὴ
δὲ
πρὸς
ταύτας
τὰς
ἐνστάσεις
τὰς
τῇ
γενέσει
τῶν
σωμάτων
τῇ
ἐκ
τῶν
ἐπιπέδων λεγομένη προσενεχθείσας τινὲς μὲν καὶ ἄλλοι τῶν Πλατωνικῶν ἀντειρήκασι, Πρόκλος δὲ ὁ ἐκ Λυκίας ὀλίγον πρὸ ἐμοῦ γεγονὼς τοῦ Πλάτωνος διάδοχος βιδλίον ἔγραψε τὰς ἐνταῦθα τοῦ Ἀριστοτέλους ἐνστάσεις διαλύον, καλῶς ἔχειν ἔδοξέ μοι συντόμως ὡς δυνατὸν ταῖς ἐνστάσεσι τὰς λύσεις ἐκείνας ὑποτάξαι (« Mais puisque certains parmi les platoniciens ont répondu aux objections qu’Aristote a soulevées contre ce que l'on appelle la génération des corps à partir des surfaces, et que Proclus de Lycie, en particulier, qui a été, peu avant mon époque, le successeur de Platon, a écrit un livre pour résoudre les objections formulées ici par Aristote, il m'a paru bon de faire suivre, aussi briévement que possible, les objections de leur solution »).
Aprés avoir ainsi présenté l'ouvrage de Proclus, Simplicius énonce un des points essentiels de son exégése: le désaccord entre Aristote et Platon n'est qu'apparent, et c'est parce qu'Aristote veut ménager les lecteurs superficiels de Platon qu'il semble s'attaquer à Platon lui-méme (p. 640, 27-32): Ὅπερ
δὲ πολλάκις
εἴωθα,
xai νῦν εἰπεῖν καιρός,
ὅτι οὐ πραγματιχή
τίς ἐστι τῶν
φιλοσόφων ἡ διαφωνία, ἀλλὰ πρὸς τὸ φαινόμενον τοῦ λόγου καὶ δυνάμενον καὶ χειρόνως νοεῖσθαι πολλάκις ὑπαντῶν ὁ Ἀριστοτέλης φειδοῖ τῶν ἐπιπολαίως ἀκουόντων τοῦ Πλάτω-
νος ἀντιλέγειν δοκεῖ πρὸς αὐτόν, ὅπερ καὶ ἐνταῦθα. οἶμαι, σαφές ἐστι συνιδεῖν, ἐν οἷς τὰ τῷ Πυθαγοριχῷ Τιμαίῳ δοκοῦντα γέγραφεν ὁ Πλάτων («Et comme j'en ai accoutumé, ici encore il convient de dire que le désaccord entre les deux philosophes n'est pas fondé en réalité, mais que, comme Aristote s'attaque souvent au sens apparent du texte et qui peut étre entendu aussi d'une maniére négative. par égard pour ceux qui lisent superficiellement Platon. il semble l'attaquer directement, ce que l'on voit clairement, je pense, ici aussi, lorsque Platon a rapporté les opinions du pythagoricien Timée »).
Puisque, comme on l'a vu (cf. supra, II.1), le premier chapitre de l'Épiskepsis de Proclus contenait une proclamation trés énergique du désaccord radical entre Aristote et Platon, on peut voir dans cette affirmation préliminaire de Simplicius une prise de position contre la déclaration de Proclus. On remarquera aussi que la
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phrase de Simplicius τινὲς μὲν xai ἄλλοι τῶν Πλατωνικῶν ἀντειρήκασι (p. 640, 23-24) reprend ce que dit Proclus lui-méme dans son auto-citation de l'in Tim. II,
p. 278, 29-30: τὰς τῶν Πλατωνικῶν πρὸς αὐτὰς ἐπενηνεγμένας λύσεις (cf. supra, 1 2), et confirmer ainsi que l'ouvrage utilisé par Simplicius est effectivement le méme que celui que cite Proclus. En suivant le plan fixé, aprés avoir exposé chacune des quinze objections d' Aristote, Simplicius introduit, à chaque fois, la réponse de Proclus : (LD p. 643, 13-27 [De caelo III 7, 306 a 1-17] (trad. angl. Taylor 15, p. 11-13). Ce n'est pas la terre qui se transforme dans les autres éléments, mais les corps terreux se transforment dans la mesure oü ils sont remplis d'air ou d'eau. (111.2) p. 645,
15-28 [De caelo III 7, 306 a 17-20] (trad. angl. Taylor 15, p. 13-14). Platon a
appelé la terre « premiere et la plus vénérable des êtres à l'intérieur du ciel» (Tim. 40 C 2-3), parce qu'elle ne peut étre transformée dans les autres éléments, qui sont des remplissages installés dans les creux de la terre. (1Π.3) p. 648, 1-10 [De caelo III 7, 306 a 20-23] (trad. angl. Taylor 15, p. 14). Il n'y a rien d'étonnant à ce que dans la résolution d'un élément dans un autre, certaines parties demeurent dépourvues de figure distinctive. (II1.4) p. 648, 19-23 [De caelo III 7. 306 a 23-26] (trad. angl. Taylor 15, p. 14-15). Les surfaces des corps qui constituent les éléments ne sont pas dépourvues de profondeur. (111.5) p. 649, 28-650, 10 [De caelo III 7, 306 a 26-b 2] (trad. angl. Taylor 15, p. 15-16). Ti n'est pas correct d'identifier le feu avec la pyramide, car Platon a dit clairement que la pyramide est « semence du feu » (Tim. 56 B 5).
(111.6) p. 656, 6-14 [De caelo III 8, 306 b 3-9] (trad. angl. Taylor 15, p. 17-18). Il n'est pas vrai que si les éléments sont constitués par des figures géométriques, on est obligé d'admettre le vide. En effet, les éléments les plus subtils, serrés d'en haut par le ciel, remplissent les creux créés par les éléments les plus grossiers. (111.7) p. 658, 24-659, 7 [De caelo III 8, 306 b 9-22] (trad. angl. Taylor 15, p. 18-20). Ce ne sont pas les totalités des quatre éléments qui sont constituées par des figures géométriques, mais leurs particules les plus petites et invisibles. (111.8) p. 660. 4-12 [De caelo IL 8, 306 b 22-29] (trad. angl. Taylor 15, p. 20). Selon Aristote,
la constitution géométrique des éléments empêche d'expliquer la génération, parce que la composition des surfaces n'explique que la constitution des éléments, et non pas celle des produits des éléments. Proclus répond à cette objection en affirmant que la composition des surfaces est telle que les éléments qui ont les parties les plus petites se glissent au milieu de ceux qui ont les parties les plus grandes. (111.9) p. 663, 3-15 [De caelo Ill 8, 306 b 29-307 a 13] (trad. angl. Taylor 15, p. 20-21). Les figures géométriques expliquent parfaitement le mouvement propre à chacun des éléments. (111.10) p. 663, 27-664, 12 [De caelo II 8, 307 a 13-19] (trad. angl. Taylor 15, p. 21-23). Aristote a eu tort d'assumer que l'angle est capable de chauffer, car une telle puissance est due aussi à l'acuité de l'angle et à la subtilité du côté de la pyramide. (111.11) p. 665. 16-24 [De caelo III 8, 307 a 19-24] (trad. angl. Taylor 15, p. 23). Ce n'est pas tout corps pourvu d'angles qui est capable de chauffer, il faut encore qu'il ait les angles aigus et les cótés subtils et qu'il soit matérialisé et facile à mouvoir. Cela explique pourquoi les corps naturels brülent, alors que les corps mathématiques ne brülent pas. (111.12) p. 666. 9-15 [De caelo Ill 8, 307 a 24-31] (trad. angl. Taylor 15, p. 24). Le feu, brülant le combustible. dissout ses éléments et les transforme en ses propres éléments, tandis que le couteau n'agit pas sur l'essence de ce qu'il coupe. Cela explique pourquoi le couteau ne transforme pas en couteaux les objets qu'il coupe.
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(111.13) p. 667, 22-668, 5 [De caelo MI 8. 307 a 31-b 5] (trad. angl. Taylor 15, p. 26-27). Contre l'objection d'Aristote selon laquelle le feu rassemble plus qu'il ne dissocie, Proclus affirme que le feu dissocie par lui-méme et rassemble par accident. (111.14) p. 668, 20-669, 3 [De caelo I] 8, 307 b 5-10] (trad. angl. Taylor 15, p. 27-28). De méme que la chaleur n'est pas la pyramide, mais la puissance coupante due à l'acuité des angles et à la subtilité des cótés de la pyramide, de méme le froid n'est pas une figure contraire à la figure de la chaleur, mais une puissance contraire à la puissance coupante de la chaleur, c'est-àdire une puissance rassembleuse due à l'obtusité des angles et à l'épaisseur des côtés. (11I.15) p. 670, 16-671. 6 (De caelo II 8, 307 b 10-18] (trad. angl. Taylor 15, p. 29-31). Nous
ne distinguons pas les éléments des corps simples par la grandeur seulement, mais aussi par la subtilité ou la grossièreté. par l'acuité ou l'obtusité, par la facilité ou la difficulté à se mouvoir.
L'Épiskepsis est aussi citée dans in Tim. 1, p. 404, 20-21: πρὸς μὲν οὖν Ἀριστοτέλη xai ἰδίᾳ περὶ τούτων γέγραπται (à propos de la doctrine aristotélicienne de l'intellect). Le passage in Tim. I, p. 384, 5-14, à propos de la doctrine de
la matiére
chez
Aristote, qui
la considére
comme
incréée
en
tant que
non
composée, non tirée d'une autre matière ni dissoute en une autre matière (PAvs. 1 6,
189 a 27-32; 19, 192 a 28-34), en part. li. 13-14: αὐτὸ μὲν οὖν τὸ πρᾶγμα τῶν σφόδρα ζητουμένων ἐστί, xai εἴρηται ἡμῖν Ev ἄλλοις, est considéré par Diehl 101, Index auctorum, s.v. Proclus, t. III, p. 378, suivi par Beutler 5, col. 193, 19-21, comme un probable renvoi à l'Épiskepsis (l'hypothèse de Festugière 19, t. II, p. 247 n.3, qui y voit plutót un renvoi à De mal. subs. 34-35, nous semble moins probable). Sur l'Épiskepsis dans son ensemble, cf. 196 C. Steel, « Proclus' defence of the Timaeus against Aristotle's objections. A reconstruction of a lost polemical treatise », dans Th. Leinkauf et C. Steel (édit.), Platons Timaios als Grundtext der
Kosmologie in Spätantike, Mittelalter und Renaissance, Leuven 2005, p. 163-193. Sur les objections d’Aristote dans le De caelo, cf. 197 H. Cherniss, Aristorle’s Criticism of Plato and the Academy, vol. I, Baltimore
1944, réimpr. 1946, p. 148-
163 ; sur les réponses de Proclus conservées par Simplicius, cf. 198 S. Sambursky, The Physical World of Late Antiquity, London 1962, p. 50-61 ; Siorvanes 7, p. 215232 ; 199 F. A.J. de Haas, « Mixture in Philoponus. An Encounter with a Third Kind of Potentiality », dans J. M. M. H. Thijssen et H. A. G. Braakhuis (édit.), The
Commentary
Tradition
on Aristotle's
De
generatione
et corruptione.
Ancient,
Medieval and Early Modern, coll. « Studia Artistarum. Études sur la Faculté des arts dans les Universités médiévales » 7, Turnhout 1999, p. 21-46.
(23) [B. 3] Συναγωγὴ τῶν πρὸς τὸν Τίμαιον μαθηματικῶν θεωρημάτων (Recueil des theoremes mathématiques relatifs au Timée). Perdu. En commentant Tim. 33 B 1-8, Proclus fournit les preuves de la sphéricité de l'univers, d'abord les trois preuves de Platon (par l'unité, par la beauté, par l'affinité, in Tim. II, p. 68, 14-71, 31), ensuite les preuves philosophiques (p. 72, 6-73, 26), les preuves physiques (p. 73, 26-75, 18), et finalement les preuves mathématiques (p. 75, 18-76, 22).
Aprés avoir exposé les preuves mathématiques, Proclus annonce (p. 76, 22-28) qu'il va composer un ouvrage qui contiendra, comme une sorte d'appendice, tous les théorèmes mathématiques relatifs au Timée :
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τάξομεν δὲ αὐτὰς xal ἡμεῖς Ev τῷ μετὰ πᾶσαν τὴν πραγματείαν ἔχοντι τὴν συναγωγὴν τῶν πρὸς τὸν Τίμαιον μαθηματικῶν θεωρημάτων διὰ πλατυτέρων ἐφόδων ὧν τοῖς ὑπομνήμασιν ἐγκατασπείροντες γράφομεν, ἵν᾽ ἐξῇ τοῖς φιλοθεάμοσι καὶ τούτων ἔχειν ἠθροισμένα πάντα πρὸς τὴν τοῦ διαλόγου τῶν μαθηματικῶν ἕνεκα παντοίαν κατάληψιν («Nous aussi d'ailleurs nous leur donnerons une place dans l'écrit à venir aprés tout ce traité, qui contiendra un Recueil des théorèmes mathématiques relatifs au Timée, où nous emploierons de plus amples explications que celles que nous répandons çà et là en cet ouvrage, afin qu'il soit possible aux gens curieux aussi de ces choses de trouver tout rassemblé en vue d'une compréhension multiforme du dialogue pour ce qui regarde les mathématiques », t. IIl, p. 112).
Proclus avait déjà fait allusion à cet ouvrage un peu auparavant, in Tim. II, p. 33, 29-34, 1: πῶς μὲν οὖν δύο δοθεισῶν εὐθειῶν δυνατὸν δύο μέσας ἀνὰ λόγον λαδεῖν, ἡμεῖς ἐπὶ τέλει τῆς πραγματείας εὑρόντες τὴν Ἀρχύτειον δεῖξιν ἀναγράψομεν («Eh bien donc, comment, deux droites ayant été données, il est possible d'en prendre deux qui soient moyennes proportionnelles, comme nous en avons découvert la démonstration d’Archytas [= fr. DK 47 A 14 ; cf. 200 C. A. Huffman, Archytas of Tarentum. Pythagorean, Philosopher and Mathematician King, Cambridge 2005, p. 342-361], nous la transcrirons à la fin de ce traité », t. III, p. 60 ; voir la
n. 3, où Festugière 19 identifie le renvoi à la Συναγωγή).
Puisque l'in Tim. est mutilé de la fin, il est impossible de savoir si Proclus a effectivement composé ce Recueil des théorèmes mathématiques, par lequel il pensait compléter son commentaire.
(24) [B. 16] Πραγματεία καθαρτικὴ τῶν δογμάτων τοῦ Πλάτωνος (Traité pour purifier les opinions de Platon). Perdu. L'existence de ce traité est attestée par Damascius, V. /sid., fr. 227, 5-8 Zintzen (= fr. 89A, 4-8 Athanassiadi): Διὸ xal πολλὰ τῶν Πλάτωνος olxeloıg δοξάσμασιν διέστρεψε. Kal διαλυμηνάμενος ἀποχρώσας ὅμως εὐθύνας τῷ Πρόκλῳ δέδωκε γράψαντι πρὸς αὐτὸν ὅλην πραγματείαν καθαρτικήν, ὥς φησιν ἡ ἐπιγραφή, τῶν δογμάτων τοῦ Πλάτωνος («C'est pourquoi il [scil. Domninus] avait détourné avec ses propres opinions la plupart des doctrines de Platon. Et aprés les avoir notablement ruinées, il dut néanmoins rendre bien des comptes à Proclus, qui écrivit contre lui un ouvrage entier, destiné, comme dit le titre, à purifier les opinions de Platon », cf. 201 A.-Ph. Segonds, notice « Domninus de Larissa », D 219, DPhA II, Paris 1994, p. 892-896, en part. p. 894).
Le dissentiment entre Proclus et son condisciple Domninus était probablement dû au fait que Domninus avait écarté l'interprétation métaphysique et théologique de certains textes de Platon pour en proposer une qui tînt compte des données scientifiques (cf. Segonds 201, p. 894-895). (II) COMMENTAIRE SUR PLOTIN
(25) [B. 17] In Plotini Enneadas. Perdu. Les témoignages de ce commentaire sont au nombre de six: (a) Extraits anonymes du commentaire à Enn. I 1 (53), conservés par Psellus, De omnifaria doctrina, 31-36 (éd. L. G. Westerink, Utrecht 1948, p. 30-32), et /d., Philosophica minora. vol. 11.
ed. D. J. O'Meara, coll. BT, Leipzig 1989, opusc. 14, p. 73, 17-74, 30. Cf. 202 L. G. Westerink, « Exzerpte aus Proklos’ Enneaden-Kommentar bei Psellos », ByzZ 52, 1959, p. 1-10 (repris dans Westerink 96, p. 21-30).
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(b) Damascius. in Parm. IV. p. 14, 6-7 Westerink et Combes : ὡς xai αὐτὸς ἠξίωσεν ἐν τοῖς εἰς Πλωτῖνον. Voir la note de Westerink et Combès, p. 14 n. 3 [p. 152-153]. (c) Le ms. Rome, Biblioteca Angelica, 29 (C. 4. 8), copié par Eleuthérios Éleios à Mytilène
en 1388 (cf. 203 E. Gamillscheg. unter Mitarbeit von D. Harlfinger und P. der griechischen Kopisten 800-1600, coll. «Österreichische Akademie Veröffentlichungen der Kommission für Byzantinistik » 11I/3A, t. 3A, Wien contient (ff. 91-152) un recueil de divers textes astrologiques (aussi bien l'arabe) intitulé Ἀποτελεσματικὴ βίδλος rob Πάλκου. Au f. 121", on lit par 204 F. Cumont et F. Boll dans CCAG V 1, 1904, p. 189, 28-190, 5. parallèles avec Enn. 111 3.6. par 205 P. Henry, Les États du texte de Plotin,
Eleuten, Repertorium der Wissenschaften. 1997, n? 185 [p. 79], grecs que traduits de le texte suivant, édité et publié en colonnes Paris/Bruxelles 1938,
p. 220: ὁ δέ γε θεῖος Πρόκλος ὑπομνηματίζων rà περὶ προνοίας Πλωτίνου [Enn. III 2-3 (4748)] οὕτω λέγει: αἱ μὲν ὑψώσεις τῶν ἀστέρων τῶν λαμπρῶν σημεῖα πράξεων, αἱ δὲ ταπεινώσεις τῶν ἀφανῶν καὶ εὐτελῶν, καὶ τὰ μὲν κέντρα τῶν δυνάμεων, αἱ δὲ ἀποκλίσεις τῶν ἀποπτώσεων’ ἀναλόγως γὰρ ἔχει τὰ σημεῖα πρὸς ἄλληλα ὡς ἔχει καὶ τὰ ὧν ἐστι ταῦτα σημεῖα: κατὰ τὰ αὐτὰ δὲ καὶ ἐπὶ τῶν διαττόντων τὰ μὲν λαμπρὰ χρώματα τῶν ἐμφανῶν ἔργων σημεῖα, τὰ δὲ σκοτεινὰ τῶν ἐναντίων’ καὶ τὰ σχήματα δὲ xai αἱ κινήσεις ὡσαύτως διαφορᾶς τύχωσιν [διαφορὰς τύχης σημαίνουσιν coni. Kroll] ἢ προσνεύσεσιν ἣ οἰκειώσεσιν xai ταῖς τοιαύταις ἀναλόγοις παρατηρήσεσιν («Le divin Proclus, dans son commentaire sur le traité de
Plotin
sur la providence
[Enn.
III 2-3
(47-48)], dit ceci:
Les
exaltations
des
astres
(cf. Ptolémée, Apotelesmatica |= Tétrabible], 1 20. p. 66-68 Hübner) sont le signe d'actions d'éclat, tandis que leurs dépressions le sont d'actions obscures et sans importance, et les centres [sur le cercle] sont le signe de forces, tandis que les déclinaisons le sont d'échecs ; il y a. en effet, méme rapport entre les signes et les choses dont ils sont les signes ; de la méme fagon aussi dans le cas des cometes, les couleurs brillantes sont le signe d'actions illustres, les couleurs sombres, d'actions contraires (cf. Ptolémée, Apotelesmarica II 10, p. 145-147 Hübner); et les configurations ainsi que
les mouvements
[des astres] de la méme
façon annoncent des destinées diffé-
rentes, soit par leurs inclinaisons, soit par leurs apparentements, ou par des observations analogues »). Comme l'a montré 206 D. Pingree, « The Astrological School of John Abramius », DOP 25, 1971, p. 189-215, en part. p. 202-204, "Palchos", qui a été longtemps considéré comme une des sources les plus importantes pour l'histoire de l'astrologie grecque à l'époque impériale. n'est pas le nom d'un astrologue, mais un ethnique désignant simplement "le traducteur originaire de la ville de Balkh", mentionné par Abo Ma’3ar (IX* s.), et le recueil qui lui est attribué dans l'Angelicus 29 est en réalité dû à Eleuthérios Éleios lui-même, élève de l'astrologue Jean Abramius et copiste du ms. Ce témoignage doit donc étre utilisé avec beaucoup de prudence jusqu'à ce que les sources et la méthode de travail d'Eleuthérios Éleios soient mieux connues. (d)
Ps.-Élias,
τέταρτον
in Isag.
ἐπιχείρημα
(fin
Πρόκλου
νι
s.), éd.
L. G. Westerink,
τοῦ ὑπομνηματίσαντος
Amsterdam
1967,
Πλωτῖνον - οὗτος
ὃ 12,
γάρ
13-14:
φησιν
ὁ
Πρόκλος ὅτι «εἰ» ἡ ἀρετὴ αὐτάρκης ἐστὶ πρὸς εὐδαιμονίαν (Enn. I 4 [46]. 4. 23-24), ἡ δὲ
εὐδαιμονία οὐκ ἀποφεύγει τὰ δεινὰ ἀλλὰ τούτοις ἐγκαρτερεῖ, καὶ ἡ φιλοσοφία δὲ χορὸς οὖσα τῶν ἀρετῶν εὐδαιμονίαν ἔχει, δῆλον ὅτι ἐγκαρτερεῖ τοῖς δεινοῖς καὶ αὕτη τούτων οὐχ ἀποδιδράσκει («Quatrième argument [visant à démontrer que la définition platonicienne de la philosophie comme "préparation à la mort" ne concerne pas la mort phvsique], de Proclus. dans son commentaire à Plotin: ce Proclus dit, en effet, que «si» la vertu suffit au bonheur, et si le bonheur ne fuit pas devant les [événements] terribles, mais les affronte, et si. enfin. la philosophie, étant le chœur des vertus. connait je bonheur, il est évident alors qu'elle affronte les [événements] terribles et ne se retire pas devant eux »).
(e) Scholie à Proclus, in Remp. 1, p. 37, 23 (cf. supra, n? 12, p. 1572). t. II. p. 371, 18 Kroll: xai Ev τοῖς εἰς τὴν τρίτην Evveada, πόθεν τὰ κακά. Puisque πόθεν τὰ κακά est le titre d' Enn. 18 (51) (Περὶ τοῦ τίνα καὶ πόθεν τὰ κακά). Henry 205, p. 8, note, a corrigé τρίτην en πρώτην. Selon Beutler 5, col. 198, 9-17 εἰ Whittaker 170, p. 431, la correction n'est pas indispensable. car Proclus peut bien avoir traité le probléme de l'origine du mal dans son commentaire sur Enn. Ill
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2-3 (47-48) (De la providence) (cf. supra, [c]). Il faut toutefois rappeler qu' Enn. I 8 est la cible polémique de Proclus dans le De mal. subs. (cf. infra, n? 34, p. 1618). (f) Scholie préliminaire au De mysteriis de Jamblique (éd. des Places, p.38, scholion praevium, li. 1-2; cf. 207 M. Sicherl, Die Handschriften, Ausgaben und Übersetzungen von lamblichos
De mysteriis. Eine kritisch-historische Studie, col.
TU 62, Berlin
1957, p. 20-21):
Ἰστέον ὅτι ὁ φιλόσοφος Πρόκλος, ὑπομνηματίζων τὰς τοῦ μεγάλου Πλωτίνου Ἐννεάδας xtÀ. Cf. 208 1. Bidez, « Un extrait du commentaire de Proclus sur les "Ennéades" de Plotin », dans Mélanges offerts à A.-M. Desrousseaux par ses amis et ses élèves, Paris 1937, p. 11-18.
On ajoutera que 209 J. Whittaker, « Proclus, Procopius, Psellus and the Scholia on Gregory Nazianzen », VChr 29, 1975, p. 309-313, en part. p. 310-311, a émis l'hypothése
selon
laquelle
le commentaire
de Proclus
sur Enn. III 5 (50) est la
source d'une scholie d’Elias, métropolite de Crète (XII siècle), au discours 29 de Grégoire de Nazianze (PG 36, col. 805 B). Cette hypothèse a été critiquée par 210 M. Rashed, «La classification des lignes simples selon Proclus et sa transmission au monde islamique », dans C. D'Ancona et G. Serra (édit.), Aristotele e
Alessandro di Afrodisia nella tradizione araba, coll. «Subsidia Mediaevalia Patavina» 3, Padova 2002, p. 257-279, en part. p. 258-262, qui ne voit dans la scholie d'Élias qu'une paraphrase d'El. theol. 10. (IV) OUVRAGES SUR LA RELIGION OU LA THÉURGIE (26)
[B. 47] In Hesiodi
Opera
et dies. Mentionné
dans
la liste de la Souda
(supra, p. 1553, titre n? 2). Ce commentaire de Proclus nous est parvenu sous forme de scholies précédées de prolégomènes. Éditions de référence: 211 Scholia vetera in Hesiodi Opera et dies, ed. A. Pertusi, coll. « Pubblicazioni dell'Università Cattolica del S. Cuore » n. s. 53, Milano
1955 (les scholies attribuables à Proclus
sont simplement signalées par un astérisque). édition reprise, avec traduction italienne en vis-à-vis, dans 212 Esiodo, Tutte le opere e i frummenti con la prima traduzione degli scolii, a cura di C. Cassanmagnago, coll. «Il pensiero occidentale», Milano 2009, p. 593-885 ; 213 P. Marzillo, Der Kommentar des Proklos zu Hesiods Werken und Tagen, Edition, Übersetzung und Erläuterung der Fragmente, coll. «Classica Monacensia» 33, Tübingen 2010 (avec une importante introduction ; l'édition ne comprend que les scholies de Proclus, numérotées de I à CCLXXXIII ; traduction allemande en vis-à-vis du texte grec). Dans la tradition manuscrite, les scholies tirées du commentaire de Proclus ont été mélangées avec les scholia vetera (Aristarque, Denys de Thrace, Cratés de Mallos, etc.), mais la distinction de ces deux composantes est révélée par le fait que dans le ms. le plus ancien, le Paris. gr. 2771 (X* s.), les scholies de Proclus sont numérotées par des lettres grecques, alors que les scholia vetera sont numérotées par des symboles non numériques. Le corpus des scholies procliennes est transmis par 4] mss. (12 témoins primaires) qui se répartissent en deux familles, dont la première (a) conserve le matériel proclien dans une forme plus pure et transmet les scholies à caractère exégétique, tandis que la seconde (c) a mélangé les scholies procliennes avec des scholies plus anciennes à caractère essentiellement grammatical. Les deux
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familles remontent à un archétype unique (o) dans lequel les scholies tirées du commentaire de Proclus ont été associées à des scholies plus anciennes ; à son tour, l'archétype o est issu d'un ms. X dans lequel le commentaire de Proclus a été copié, sous forme de scholies, dans les marges du texte d'Hésiode (excellente reconstruction des différentes phases de la tradition manuscrite dans Marzillo 213,
P. LV-LXXXI). Comme l'a montré 214 C. Faraggiana di Sarzana, «Il commentario procliano alle Opere e i Giorni. I. Plutarco fonte di Proclo», Aevum 52, 1978, p. 17-40; 215 Ead., «Il commentario procliano alle Opere e i Giorni. II. Destinazione e fortuna dell'opera nella Scuola d' Atene e dopo la sua chiusura », Aevum 55, 1981, p. 22-29; 216 Fad., «Le commentaire à Hésiode et la paideia encyclopédique de Proclus », dans Pépin et Saffrey 9, p. 21-41, le commentaire de Proclus aux Travaux et Jours d'Hésiode était, pour ainsi dire, une nouvelle édition revue et augmentée du commentaire de Plutarque de Chéronée (les fragments du commentaire de Plutarque sont rassemblés dans Plutarch's Moralia, XV: Fragments, Edited
and
translated
by
F. H. Sandbach,
coll. LCL,
Cambridge
(Mass.)/London
1969, p. 104-226): Proclus se serait borné à annoter le commentaire de Plutarque,
en ajoutant des remarques critiques et des intégrations marginales, comme il l'a fait pour le commentaire de Syrianus aux Poèmes Orphiques (cf. supra, p. 1553). Il est difficile de dire à quelle époque le commentaire de Proclus a été réduit à des scholies marginales. Il est toutefois certain qu'il continua d'étre lu dans les écoles méme après la fermeture de l’École d’Athènes (529), au moins jusqu'au VIF s., car il est utilisé par Théophylacte Simocatta dans une lettre fictive de Proclus à Archimede (cf. Theophylactus Simocata, Epistulae, ed. G. Zanetto, coll. BT, Leipzig 1985, epist. 73, p. 39-40 ; cf. Faraggiana di Sarzana 216, p. 24). A l'époque byzantine, les scholies de Proclus ont été utilisées par Jean Tzetzès (XII s.), Manuel Moschopoulos (XIIÉ s.) et Maxime Planude (XIII s.) dans la rédaction de leurs
commentaires à Hésiode, qui, eux aussi, ne nous sont parvenus que sous forme de scholies. Voir aussi infra, n? 6*, p. 1646. (27) [B. 39] In Oracula Chaldaica. Perdu. Marinus, Proclus 26, 3-33, rapporte
que Proclus n'avait regu de Syrianus que des éléments de la théologie Orphique et de la théologie Chaldaique ; aprés la mort de Syrianus, Proclus lut «les immenses commentaires de Porphyre et de Jamblique sur les Oracles et les écrits des Chaldéens qui s'y rattachent ; il se nourrit enfin des divins Oracles eux-mêmes
[...]. 1]
rassembla les exégéses des philosophes ses prédécesseurs et les élabora en y appliquant un examen critique convenable; il mit par écrit diverses compositions sur des sujets Chaldaiques et, en particulier, ses Commentaires suprémement importants sur les Oracles transmis par les dieux. Tout cela lui prit cinq années entiéres. Aprés quoi, il eut aussi le songe divin que voici. Il vit en réve lui apparaitre le grand Plutarque qui lui annongait qu'il vivrait autant d'années qu'il y avait de quaternions dans son ouvrage sur les Oracles, et aprés les avoir comptés, il trouva qu'il y en avait soixante-dix ». Sur ce passage de Marinus, voir les notes de Saffrey et Segonds 17, p. 30 n. 7, p. 31 n. 1 et 3 [p. 147-148]. Le commentaire de
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PROCLUS DE LYCIE
1601
Proclus était donc un énorme codex de 560 feuillets, soit 1120 pages. Proclus le cite dans in Remp. 1 (4° diss.), p. 40, 18-22 (à propos des oracles mensongers): τίς δὲ ἡ ἀνεπιτηδειότης, δι᾽ ἧς τῆς ἀληθείας ἐνδέχεται μὴ τυγχάνειν ὡς ἔστιν ἀλλ᾽ ὡς οὐχ ἔστιν παρατρέποντας αὐτὴν τοὺς ὑποδεχομένους, εἴρηται διὰ πλειόνων ἐν τοῖς εἰς τὰ
λόγια γεγραμμένοις (« Maintenant, en quoi consiste le défaut d'aptitude, par lequel il arrive que les récepteurs n'obtiennent pas la vérité telle qu'elle est, mais telle qu'elle n'est pas parce qu'ils la font dévier, on l'a dit longuement dans l'écrit Sur les Oracles », t. I, p. 57-58).
Kroll 169 (ad loc.) a reconnu un autre renvoi à ce commentaire dans in Remp.
(16° diss.) II, p. 217, 15-16: ταῦτα δὲ ὅπως ἔχει τῆς ἀληθείας ἴσασιν οἱ τῆς Ocorrapaóórou μετασχόντες μυσταγωγίας («Le vrai fond de ces doctrines, ceux-là le connaissent qui ont participé à la mystagogie reçue en tradition des dieux », t. IIl, p. 169).
Les
sources
pour
reconstruire
le commentaire
de Proclus
sur les Oracles
Chaldaiques (**O 34) sont les suivantes : (1?) Psellus, Ἐξήγησις τῶν Χαλδαϊκῶν ῥητῶν (Commentaire des Oracles Chaldaiques), dans Id., Philosophica minora, vol. II, éd. O'Meara,
opusc.
38 (p. 126-146)
= Oracles
Chaldaiques,
Places, 3° tirage revu et corr. par A.-Ph. Segonds, CUF, Paris (l'édition de 217 R. Majercik, The Chaldean Oracles, Text, commentary, coll. «Studies in Greek and Roman Religion» 5, marque aucun progrès par rapport à l'édition des Places et ne
par É. des
1996, p. 156-186 translation, and Leiden 1989, ne contient pas les
textes rassemblés dans l'Appendice de l'édition des Places) ; (2?) Psellus, "ExOe-
σις κεφαλαιώδης καὶ σύντομος τῶν παρὰ Χαλδαίοις δογμάτων (Exposition sommaire et concise des croyances Chaldaiques), éd. O'Meara, opusc. 39 (p. 146148) = éd. des Places, p. 187-191 ; (3°) Psellus, Ἔκθεσις κεφαλαιώδης xai σύντομος τῶν παρ᾽ Ἀσσυρίοις δογμάτων (Exposition sommaire et concise des
crovances Assyriennes), éd. O'Meara, opusc. 41 (p. 151-152) = éd. des Places, p.192-195; (4°) Psellus, Ὑποτύπωσις κεφαλαιώδης τῶν παρὰ Χαλδαίοις ἀρχαίων δογμάτων (Esquisse sommaire des anciennes croyances des Chaldéens), éd.
O'Meara,
opusc.
40
(p. 148-151)
= éd.
des
Places,
p. 196-201 ; (5°)
cinq
extraits "chaldaiques", dus probablement à Psellus qui les a tirés du commentaire de Proclus, éd. des Places, p. 202-212; (6?) Michel
Italicus, Lettre XVII, éd. des
Places, p. 214-217 ; (7?) Psellus, Oraison funébre de Jean Xiphilin, éd. des Places, p. 218; (8?) Psellus, Accusation de Michel Cérulaire devant le synode, dans Id., Orationes forenses et acta, éd. G. T. Dennis, coll. BT, Stuttgart et Leipzig 1994, oratio
1, li. 283-343
(p. 12-14) = éd. des Places, p. 219-220; (9°) Psellus, Πρὸς
τοὺς ἐρωτήσαντας πόσα γένη τῶν φιλοσοφουμένων λόγων (A ceux qui avaient demandé combien il y a de genres de discours philosophiques), dans Id., Philosophica minora, vol. I, éd. J. M. Duffy, coll. BT, Stuttgart et Leipzig 1992, opusc. 3, li. 125-155 (p. 8-9) = éd. des Places, p. 221-222 ; (10°) Psellus, Ἐκ τοῦ πρώτου
λόγου τοῦ Περὶ Υἱοῦ (Du premier discours sur le Fils [de Grégoire de Nazianze]), dans /d., Theologica, vol. I, éd. P. Gautier, coll. BT, Leipzig 1989, opusc. 23, li. 36-55 (p. 88) = éd. des Places, p. 223-224. En plus de ces témoignages majeurs, on trouve, chez Psellus, des citations qui se rapportent, avec plus ou moins de certitude, au commentaire de Proclus:
PROCLUS
1602
P 292
DE LYCIE
— Psellus. Philosophica minora, vol. I, éd. Duffy. opusc. 19 (de meteorologicis). li. 175-176 (p. 75): ἀλλ᾽ ὁ τερατολόγος Πρόκλος. τὰς Χαλδαϊκὰς ὑποτυπώσεις [an ὑφηγήσεις legendum?] ἐπεξηγούμενος. ἔφη τινὰς τῶν δαιμόνων καὶ κολακεύεσθαι («Mais Proclus, le collectionneur de merveilles, expliquant les /nstructions Chaldaiques. disait que certains parmi les démons se laissent méme flatter »). L'expression Χαλδαϊκαὶ ὑποτυπώσεις. dont le présent passage est l'unique attestation. ne fait guère de sens. Nous proposons donc de lire XaA6aixàc ὑφηγήσεις "Instructions Chaldaiques". En effet. la littérature Chaldaique comprend deux sortes d'ouvrages: les Aóyia (Oracles) en vers. et les 'Ydnyntuxà ou '"Yónynoetc (Instructions), ouvrage en prose à caractère didactique, attribué à Julien le Théurge (»#+1 48). Qu'il s'agisse de deux textes différents, cela résulte clairement de Proclus, in Tim. lll. p. 124, 26-125, 4, qui cite
d'abord les Aóyta
(p.124, 26-28:
xai yàp τὰ λόγια τῶν ἀστέρων
τὸ nponópeuua
τῶν
ἀπλανῶν οὐχ ἅπαξ. ἀλλὰ xai πολλάκις λέγοντα [suit la citation de Or. Chald. fr. 64 et 107.6].
ensuite les "Yhnrmtıxa (p. 124, 32-34: τὴν εἰς τὸ πρόσθεν κίνησιν αὐτοῖς ἀποδίδωσι xai ὁ θεουργὸς
ἐν τοῖς
Ὑ φηγητικοῖς
[cf. W.
Kroll. De oraculis Chaldaicis,
Breslau
1894, réimpr.
Hildesheim 1962, p. 39] λέγων περὶ τοῦ τρίτου πατρός). pour enfin conclure que l'opinion de Platon est confirmée «par ces deux ouvrages» (ὥστε δι᾽ ἀμφοτέρων εἶναι πιστὴν τὴν Πλάτωνος δόξαν). En in Tim. III, p. 247, 28. Proclus cite ταῖς τῶν θεολόγων ᾿Ὑφηγήσεσιν « les
directions des Théologiens » (selon Festugière 19. t. V. p. 115 n. 1. cette expression désigne « non
seulement les ὑφηγητικά de Julien le Theurge, mais tous les θεολόγοι, tant "barbares" que Grecs»). Les Ὑφηγητικά sont aussi cités par Damascius, in Parm. IIl. p. 129, 3-5 Westerink et Combes (ἐν τοῖς ᾿ὙΥφηγητικοῖς). Sur les ᾿ΥὙφηγητικά. cf. 218 H. Levy, Chaldaean Oracles and Theurgy, Nouvelle édition par M. Tardieu. Paris 1978, p. 123 n. 220 (le terme ‘Y@nynrixû n'est pas. à proprement parler, un titre. car il désigne seulement le genre littéraire didactique de l'ouvrage). p. 124-125 n. 221a et 221f.
- ibid., opusc. 36. li. 340-346 (p. 131-132): τὸ γὰρ πάσης ἐπέχεινα γνώσεως. ὡς xai τῷ σοφῷ
Πρόκλῳ
δοχεῖ. ἀνεπινοήτως
ἐστὶ συνάπτεσθαι
δι᾽ ἐντυχιῶν'
ὡς γὰρ ἀνεπινόητός
ἐστιν ὁ τρόπος τῶν θείων ἐνεργειῶν, οὕτω καὶ τῶν θείων ἐντυχιῶν. Καὶ δεῖ μὴ πολυπραγμονεῖν ἐπὶ τούτων. ἕπεσθαι δὲ μόνον: θρασύνεται γὰρ τὸ δραστήριον ἐκ τῆς παραχολουθήσεως. Τὸ 6€ μύειν ἐπὶ τοσοῦτον ὥστε μὴ δοκεῖν “μικρῷ ἐνὶ σώματι ναίειν" κατὰ τὰ λόγια («En effet, ce qui est au-delà de toute connaissance, comme Proclus, c'est de s'unir [à la divinité] d'une manière
c'est aussi l'opinion du savant
inconcevable au moyen
de prières d'inter-
cession (cf. Saffrey et Segonds 17, p. 33 n. 3 [p. 153], note à Marinus, Proclus 28,9]: de même,
en effet, qu'est inconcevable le mode des actions divines, de méme aussi celui des prières d'intercession adressées aux dieux. Et il ne faut pas s'inquiéter à ce sujet. simplement il faut suivre : en effet, l'efficace est aiguisée par le fait d'obéir, et le fait de fermer les yeux vise à ne pas croire d'"habiter dans un petit corps", comme disent les Oracles »). — Duffy. apparat des sources ad li. 341, suggere d'identifier le renvoi à Proclus comme une citation du commentaire sur les Or.
Chald., et ad li. 345-346 note que la citation des Or. Chald. μικρῷ Evi σώματι ναίειν (fin d'hexamètre) ne se trouve pas dans le recueil de des Places (cette citation ne semble pas être attestée ailleurs). - Theologica, vol. I, éd. Gautier, opusc.
11, li. 24-28 (p. 43-44). Apres avoir cité (li. 21-24)
El. theol. 103, Psellus écrit: ἀλλὰ πάλιν £v οἷς Χαλδαΐζει [scil. ὁ Πρόκλος] ἄλλον τρόπον φησί. περὶ τῶν αὐτῶν λέγων, ὡς τὰ μὲν οὐράνια ἐν γῇ χθονίως εἰσί. τὰ «δὲ» ὑψηλότερα παραδειγματικῶς
ἐν τοῖς
καταδεεστέροις,
τὰ
δὲ ταπεινότερα
εἰκονικῶς
[εἰκονικῶς
...
παραδειγματικῶς legendum] ἐν τοῖς ὑπ«ερτέροις. τὰ δὲ» χθόνια ἐν οὐρανῷ οὐρανίως (« De nouveau [Proclus]. quand il chaldaïse, parlant d'une autre façon de la méme question. dit que les êtres célestes sont dans la terre sur le mode chthonien, les plus élevés dans les inférieurs sur le mode iconique, les plus humbies dans les supérieurs sur le mode paradigmatique, et enfin les chthoniens dans le ciel sur le mode céleste »). — Attribution au commentaire de Proclus par Gautier, ad loc. Ce texte est tout à fait paralléle au début du De arte hieratica (cf. infra. n? 28. p. 1607). p. 148. 8-10 Bidez.
P 292
PROCLUS DE LYCIE
1603
— ibid., opusc. 47, li. 43-46 (p. 179) : Πρόκλος δὲ ὁ φιλόσοφος ἱστορεῖ ὅτι καί τινα τῶν τοιούτων ἀγαλμάτων ἐτύγχανον διοπετῆ, ἄνω που περὶ τὸν ἀέρα πηγνυμένης ὕλης ἀρρήτου xai αὖθις καταπεμπομένης εἰς γῆν, οἷα δὴ περὶ τὴν Φοινίκην κατηνέχθησαν τὰ βαιτύλια (« Le philosophe Proclus rapporte que certaines de ces statues sont tombées du ciel. parce qu'une matière indicible se condense en haut dans l'air pour être ensuite précipitée sur terre, à la manière de ces bétyles qui sont tombés en Phénicie [cf. Damascius, V. Isid. $ 203 Zintzen = fr. 138 Athanassiadi] »). —
L'attribution
par Gautier est incertaine
(ad li. 43-46:
«ex
Procl. In orac.
Chald. 7»).
- ibid., opusc. 51, li. 21-22 (p. 196): οὐ γάρ μοι ἀρέσκει rà λόγια, οὔτε ἡ τοῦ TIpóxAou περὶ τούτων ἐξήγησις οὔθ᾽ ὁ Πορφύριος σωματικὰ τοῖς ἀγγέλοις διδοὺς ὀχήματα («Les Oracles ne me plaisent pas ni leur explication par Proclus ni Porphyre qui attribue aux anges des véhicules corporels »). — II s'agit de l'opinion selon laquelle les anges auraient des corps subtils, légers
et aériens
qui
permettent
de
les voir et de
leur donner
une
certaine
forme
(li. 15-18).
L'attribution au commentaire de Proclus par Gautier ad loc. est certaine, car la citation de Psellus est explicite (rà λόγια ... ἡ τοῦ Πρόκλου περὶ τούτων [scil. τῶν λογίων] ἐξήγησις) ; l'ouvrage de Porphyre n'est pas identifié (ce passage de Psellus n'est pas répertorié dans Porphyrius, Fragmenta, ed. A. Smith, coll. BT, Stuttgart et Leipzig 1993). Un peu plus bas (li. 33-37, p. 196197), Psellus cite une opinion anonyme concernant les différents corps et apparences des démons, selon laquelle les démons qui sont au-dessous du soleil ont figure de chat ou de coq, alors que les
démons sublunaires ont l'aspect de lion : Τοιαῦτα γὰρ Ἕλληνες περὶ δαιμόνων ἀναγράψαντες μεμυθολογήκασι. τοῖς μὲν γὰρ voepolg περιφερῆ δεδώκασι σώματα, Yeyoviou£va δὲ τοῖς φυχικοῖς καὶ τοῖς μετὰ ταῦτα εὐθυφορικά. Εἶτα δὴ τὸν λόγον συμπεραιούμενοι. τοὺς μὲν ὑπὸ τὸν ἥλιον αἰλουροπροσώπους καὶ ἀλεκτρυονώδεις φασί, τοὺς δὲ ὑπὸ τὴν σελήνην λεοντοφανεῖς («Telles sont les inventions mythiques des Grecs traitant des démons: aux démons intellectifs ils ont attribué des corps qui se meuvent circulairement, aux psychiques des corps de forme angulaire, et à ceux qui viennent à la suite des corps qui se meuvent en droite ligne. Ensuite, pour conclure leur discours, ils disent que les démons sous le soleil sont à téte de chat ou à l'image du coq. et ceux sous la lune à tête de lion»). — Notons que l'adjectif
αἰλουροπρόσωπος
est attesté seulement dans les papyrus
magiques, en particulier dans le
papyrus du Louvre 2391, PGM, t. I, p. 30-62, vv. 4-5, 13-14, 83 et 92.
Cette citation
anonyme
est suivie
immédiatement
(li. 38-42,
p. 197) d'une
citation (libre) du De arte hieratica de Proclus (p. 150, 3-7, 15-17 Bidez ; cf. infra,
n? 28,p. 1606-1608): διὰ τί γάρ, φησὶν ὁ Πρόκλος, ὁ λέων τὸν ἀλεκτρυόνα ὑπέσταλται ; elta ἐπάγει. ὅτι χρείττονα ἐν ἐκείνῳ τὰ συνθήματα fj ἐν τῷ λέοντι, ὁ μὲν γὰρ ἡλιαχός ἐστιν, ὁ δὲ σεληνιακός. ᾿Αλλὰ καὶ δαίμονες, φησί, μετασχηματισθέντες εἰς λέοντα καὶ ἐν μέσαις νυξὶ φανέντες, ἐπειδὴ ἀλεκτρυόνος ἄδοντος ἤκουσαν, ἠφανίσθησαν («Pourquoi en effet, dit Proclus, le lion recule-t-il par crainte devant le coq ? Puis il ajoute que les symboles dans le [coq] sont supérieurs à ceux dans le lion ; en effet, le premier est solaire, l’autre lunaire. Sans compter, dit-il. que les démons, lorsqu'ils prennent l'apparence d'un lion et qu'ils apparaissent au milieu de la nuit, sitót qu'ils entendent le coq chanter, disparaissent »).
Gautier (ad li. 33-37) envisage donc l'hypothése que la citation anonyme des li. 33-37 soit tirée du commentaire de Proclus in Or. Chald. que Psellus a cité briévement à la li. 21. - ibid., opusc. 74, li. 124-128 (p. 296): Ἑλλήνων
δὲ παῖδες, ὧν δὴ τελευταῖος δᾳδοῦχος
xai ἱεροφάντης ὁ Πρόκλος ἐγένετο, εἰς τρία δὴ ταῦτα τὴν θεαγωγίαν xarapepiÇouot, καὶ TO μὲν αὐτῆς αὐτοπτικόν φασι, τὸ δὲ ἐποπτικόν, τὸ δὲ ἐνθεαστικόν, ὡς εἶναι καὶ τοὺς ὁρῶντας αὐτόπτας καὶ ἐπόπτας καὶ ἐνθεαστάς (« Les enfants des Grecs, dont Proclus a été le dernier porteur de torche (dadouque) et hiérophante, divisent la théagogie en ces trois parties, et ils disent qu'une partie concerne la vision face à face, une autre est époptique, et une autre inspirée, de telle
1604
PROCLUS DE LYCIE
P 292
sorte que ceux qui ont ces visions voient face à face, sont des époptes et sont divinement inspirés »). — Attribution de cette citation au commentaire de Proclus par Gautier ad loc.
- ibid., opusc. 74, li. 140-146 (p. 296-297): Ἀσσύριοι δὲ χαίρειν εἰπόντες nóat TE xai ὀποῖς xai ἐγχρίσμασι. συνθήκαις τισὶ xai ὀνόμασιν ἀρρήτοις καὶ γράμμασιν ἀπορρήτοις EV ἱερατικοῖς πετάλοις ἑαυτοὺς καθαγιάζοντες, τὸ ὑπεστρωμένον φῶς ταῖς ἀσωμάτοις δυνά-
μεσιν ἐθεάσαντο. Ταῦτα δὴ Πορφύριος καὶ Ἰάμδλιχος καὶ ὁ τερατολόγος Πρόκλος ἐλήρησαν (« Les Assyriens, ayant donné congé aux herbes, aux sucs et aux Onctions, se consacrant euxmémes, au moyen de certains arrangements de mots, de noms indicibles et de lettres secrétes sur des lamelles sacrées, ont contemplé la lumière qui est sous-jacente aux puissances incorporelles. Tels sont les délires de Porphyre [passage non répertorié dans Porphyrius, Fragmenta. ed. A. Smith, coll. BT, Stuttgart et Leipzig 1993], de Jamblique et du collectionneur de merveilles, Proclus »). - Attribution des li. 140-144 au commentaire de Proclus par Gautier ad loc.
- ibid., opusc. 103, li. 13-14 (p. 407): 6 δὲ τὸ τῆς αὐτοψίας δύναται ὄνομα, Πρόκλῳ τῷ πάνυ μαθήσεσθε ἐντυγχάνοντες («Ce que veut dire le nom de "vision face à face”. vous l'apprendrez en lisant le célébre Proclus»). — Attribution au commentaire de Proclus par Gautier. ad loc.
Gautier considére comme probables citations du commentaire de Proclus in Or. Chald. aussi les passages suivants (dans lesquels le nom de Proclus n'est toutefois pas mentionné): - ibid. opusc. 19, li. 74-75 et 76-77 (p. 74-75): ὥσπερ “μαντικοῦ πιὼν πνεύματος" [...] xai “N” μὲν “προφῆτις τῷ στομίῳ περικαθίσασα" ; opusc. 74, li. 77-78 (p. 295) : ἐπεὶ xai “N” τοῦ ᾿Απόλλωνος “προφῆτις. τῷ orouío" ὡς ὁ λόγος “περικαθίσασα"", — L'attribution de ces deux passages à Proclus se fonde sur le fait que la méme citation se lit dans l'Accusation de Michel Cérulaire, éd. Dennis, li. 320-321 (p.13) = éd. des Places, p. 220, 10-12: ὥσπερ £v
Δελφοῖς ἡ προφῆτις περικαθίσασα τῷ στομίῳ xai ἄλλοι μαντικοῦ πιόντες ὕδατος (« comme la prophétesse de Delphes quand elle siège sur la bouche infernale et d'autres qui ont bu l'eau divinatoire »). On notera cependant que ce texte suppose l'utilisation par Proclus de Jamblique, De mysr. III 11, 123, 14-17.
— ibid., opusc. 27, li. 68-73 (p. 109) : ἡ μὲν γὰρ τῇ γενέσει δουλεύουσα xai βαπτισθεῖσα τῇ ὕλῃ. οἷά τινι ποδοκάκῃ παρὰ τοῦ ταύτης δεσμηθεῖσα δεσμοῦ. ἀμετάτρεπτος ἐκεῖθέν ἐστι, ταύτην σεδομένη, ταύτην πρεσδεύουσα, ταύτην οἰομένη τὸ κυρίως καλόν. Ἢ δὲ τὴν ἐλευθερίαν ἑαυτῆς εἰδυῖα καὶ τὴν ἀρχικὴν ἀξίαν καὶ ὅθεν γεγένηται καὶ ὅπῃ ἄπεισι τοῖς τοῦ
σώματος δεσμοῖς οὐχ ἀλίσκεται, ἀλλ᾽ ὁμοῦ τε μετὰ τούτου ζῇ καὶ “τὸν ὅλον περιπολεῖ οὐρανόν" [= Phaedr. 246 B 6-7] (« Une sorte [d'âme] qui est esclave du monde de la génération
et plongée dans la matière, enchaînée [au monde de la génération] comme à une sorte de fers par le lien de la matiére, ne peut s'écarter d'ici-bas, parce qu'elle venere la matiére, l'honore et croit qu'elle est le beau véritablement beau, tandis que l'autre {sorte d'âme], qui a reconnu sa liberté et sa valeur de principe, d’où elle vient et comment elle échappe, ne se laisse pas prendre aux liens du corps, mais elle vit avec lui tout en "parcourant le ciel tout entier" »).
- ibid., opusc. 27, li. 188-189 (p. 113): Ἐδουλόμην οὖν πρὸς ὑμᾶς διαλαδεῖν τίς TE ἡ αὐτοψία ἐστὶ xai τίς ἡ Beaywyla («Je voulais donc vous faire connaitre ce que c'est que la vision face à face et ce que c'est que la théagogie »). — ibid., opusc. 30, li. 153-155 (p. 126) : ὥστε εἰδέναι ἡμᾶς πῶς μὲν αὐτοφίαι γίνονται. πῶς
δὲ ἐποπτεῖαι, xai πῶς τὰ μὲν κατ᾽ αὐτοφάνειαν. rà δὲ διὰ μέσων ἡμῖν ὁρᾶται (« de telle sorte que nous sachions comment se produisent les visions face à face, comment les Epopties. et comment tels étres sont vus par nous dans une révélation face à face, tels autres par des intermédiaires »). — Ces deux derniers passages sont considérés par Gautier, ad loc.. comme paralléles et tirés de la méme source ; cf. aussi opusc. 103, li. 13-14 (cité ci-dessus).
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PROCLUS
DELYCIE
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— ibid., opusc. 74, li. 83-84 et 84-87 (p. 295) : τοῦτο γὰρ ἄντιχρυς μαινομένων ἐστὶ xal τῆς οἰκείας διανοίας ὑποστάντων παράλλαξιν. ὥσπερ δὴ xai οἱ μεμηνότες, oUc δὴ φοιδολήπτους
οἱ πάλαι ὠνόμαζον, οὔθ᾽ ὧν ἐθεώρουν οὔτε μὴν ὧν διελέγοντο ἐτύγχανον ἐπιστήμονες. ἀλλ᾽ ἡ κατ᾽ ἐκείνους θεοληψία αὐτομάτως αὐτοῖς καὶ τὰς φωνὰς ἀνεδίδου καὶ τὰ ὁρώμενα ἔπλαττεν («C'est là [la conduite] de gens tout simplement fous et qui ont subi un égarement de l'esprit, tout comme ceux qui sont en proie à la folie, que les Anciens appelaient "possédés par Phæbus”, lesquels ne savaient ni ce qu'ils voyaient ni ce qu'ils disaient, mais la possession divine selon eux [sci/. les Anciens] leur faisait prononcer des mots et imaginer des visions au hasard »). — Attribution au commentaire de Proclus par Gautier, ad loc., sur la base d'un parallele avec l'Accusation de Michel Cérulaire, éd. Dennis, li. 316-317 et 322-324 (p. 13) = éd. des Places,
p. 220. 6-7 et 12-14 : οἱ μὲν Ex ταὐτομάτου καθάπερ οἱ λεγόμενοι θεόληπτοι [...] xal τούτων προσγινομένων ἐνεργῆσαι δεῖ τὴν Beaywylav xai ἐπίπνοιαν γενέσθαι καὶ παράλλαξιν τῆς διανοίας («les uns [scil. sont pris de possession et regoivent un esprit divin] spontanément, comme ceux que l'on dit possédés par Dieu (...] Lors de ces phénomènes, il est inévitable que la théagogie entre en action et qu'une inspiration survienne, avec un égarement de l'esprit »).
Comme l'a montré 219 L.G. Westerink, «Proclus, Procopius, Psellus », Mnemosyne 10, 1942, p. 275-280 (repris dans Westerink 96, p. 1-6), Psellus ne disposait pas du commentaire de Proclus dans son intégralité, mais seulement d'un certain nombre d'extraits, qu'il connaissait par l'intermédiaire de Procope de Gaza [»+P 294], auteur d'un ouvrage
polémique
contre Proclus, notamment
contre le
commentaire sur les Oracles Chaldaiques. L'hypothése de Westerink 219 a été confirmée par Whittaker 209, p.312-313. La critique que lui adresse 220 P. Athanassiadi, «The Chaldaean Oracles: Theology and Theurgy», dans P. Athanassiadi et M. Frede (édit.), Pagan Monotheism in Late Antiquity, Oxford 1999, p. 149-183, en part. p. 150 n. 7, est infondée : contrairement à ce que pense P. Athanassiadi, l'existence d'une source
intermédiaire (Procope de Gaza) entre
Proclus et Psellus n'est aucunement mise en question ni par la découverte d'un fragment des Oracles Chaldaiques chez Aréthas (cf. 221 M. L. West, « A PseudoFragment of Heraclitus », CR 18, 1968, p. 257-258), ni par la "sympathie" avec laquelle Psellus lit le texte de Proclus. Aux nombreux fragments et témoignages transmis par Psellus, on ajoutera un passage de Syméon Seth (XF s.), Περὶ τροφῶν δυνάμεων, qui cite Proclus τὴν Χαλδαϊκὴν φιλοσοφίαν ἐξηγούμενος à propos d'un poisson appelé φιλομήλα: Simeonis Sethi Syntagma de alimentorum facultatibus, ed. B. Langkavel, coll. BT,
Leipzig 1868, p. 118, 6-12; cf. 222 C. Faraggiana di Sarzana, « Una testimonianza bizantina finora ignorata sulla Filosofia caldaica di Proclo », Prometheus 16, 1990, p. 279-283. Cf. 223 H. D. Saffrey, «Les Néoplatoniciens et les Oracles Chaldaiques », REAug 27, 1981, p. 209-225 (repris dans Saffrey 12, p. 63-79); 224 L. Brisson, «La place des Oracles Chaldaiques dans la Theologie Platonicienne», dans Segonds et Steel 10, p. 109-162; 225 /d., « Le commentaire comme prière destinée à assurer le salut de l’äme: la place et le róle des Oracles Chaldaiques dans le Commentaire sur le Timée de Platon par Proclus », dans M.-O. Goulet-Cazé (édit.),
Le commentaire entre tradition et innovation. Actes du Colloque international de l'Institut des traditions textuelles (Paris et Villejuif, 22-25 septembre 1999), coll. « Bibliothèque d'histoire de la philosophie», Paris 2000, p. 329-353; 226 Ph.
1606
PROCLUS DE LYCIE
P 292
Hoffmann, «La triade Chaldaique ἔρως, ἀλήθεια, πίστις : de Proclus à Simplicius », dans Segonds et Steel 10, p. 459-489. (28) [B. 37] Περὶ τῆς ἱερατικῆς τέχνης (De arte hieratica). Ce texte est conservé dans le ms. Vallicellianus F 20, ff. 138-140", sous le titre: TIp6xAou περὶ τῆς καθ᾽ Ἕλληνας ἱερατικῆς τέχνης. Tel qu'il est transmis, ce titre ne provient sûrement pas de Proclus, comme
le montre
l'insertion xa0' Ἕλληνας.
qui est sans aucun doute due à l'excerptor (probablement Psellus). Le texte n'était connu que dans la traduction latine de Marsile Ficin (voir ci-dessous) jusqu'à ce que l'original grec soit identifié et publié par 227 1. Bidez, «Proclus, Περὶ τῆς ἱερατικῆς τέχνης », dans CMAG, t. VI, Bruxelles 1928, p. 139-147 (introduction), p. 148-151 (édition). Selon la définition qu'en a donnée 228 J. Bidez, «Proclus, Περὶ τῆς ἱερατικῆς τέχνης», dans Mélanges Franz Cumont [= Annuaire de l'Institut de philologie
et d'histoire
orientales
et slaves,
t. IV,
1936],
Bruxelles
1936, p. 85-100, en part. p. 86, «cet opuscule n'est qu'un centon d'extraits tirés — par Psellus sans doute — d'une ceuvre de Proclus, sous le nom duquel le morceau fut laissé ». Selon Bidez 227, p. 141, et Bidez 228, p. 89, la formule νοείσθω σοι (p. 149, 5) est probablement l'indice que ce passage est tiré d'une lettre ou d'un traité adressé à un ami (cet argument est sans portée, car Proclus emploie fréquemment νοείσθω dans ses commentaires pour s'adresser à son lecteur, cf. par ex. in Alc.
159, 27 τὸ μὲν πλῆθός
oot νοείσθω
τὸ ἐπιθυμητικόν,
«représente-toi
le
multiple comme correspondant au concupiscible»; in Eucl., p. 53, 18). Comme l'explique 229 A. J. Festugiere, La Révélation d’Hermes Trismégiste, t. 1: L'astrologie et les sciences occultes, Paris 19507, réimpr. Paris 1990, p. 133-134, l'art hiératique est «la maniére d'attirer ici-bas les vertus d'un dieu planétaire, ou d'évoquer ce dieu lui-méme, en utilisant les substances des trois régnes qui font partie de la chaine à laquelle ce dieu préside ». L'idée fondamentale de ce traité est donc celle de la συμπάθεια, “communion d'affect" qui relie tous les degrés de l'étre et permet aux prétres de mettre les étres terrestres en relation avec les dieux. Sur le rapport entre art hiératique et philosophie chez Proclus, cf. 230 A.-J. Festugiére, « Contemplation philosophique et art théurgique chez Proclus », dans Studi di storia religiosa della tarda antichità, Messina 1968, p. 5-18 (repris dans Festugière 59, p. 585-596). Bidez 228 a cru pouvoir rattacher au méme ouvrage d’oü est tiré le texte du Vallicellianus F 20, une série de passages de Psellus, dont nous donnons la liste (avec les références aux éditions modernes qui ont presque partout remplacé les éditions citées par Bidez): (D) Bidez 228, p. 93 = Psellus. Philosophica minora, vol. I, éd. Duffy, opusc. 3, li. 136-143 (p. 8-9). (Ila) Bidez 228, p. 93 = Psellus, Accusation de Michel Cérulaire, éd. Dennis. li. 283-295 (p. 12) = éd. des Places. p. 219, 1-13. (IIb) Bidez 228, p. 93-94 = Psellus, Theologica, vol. I, éd. Gautier, opusc. 23. li. 46-52 (p. 88). (illa) Bidez 228, p. 94 = Psellus, Accusation
(p. 12-13) = éd. des Places. p. 219. 14-220, 12.
de Michel Cérulaire, éd. Dennis,
li. 296-321
P 292
PROCLUS DE LYCIE
1607
(Ib) Bidez 228, p. 95 = Psellus, Epistola 187, éd. C. N. Sathas, Meoatwvuxch βιδλιοθήχη, t. V, Paris 1876, p. 474, 9-22 (en parallèle avec Psellus, Philosophica minora, vol. 1, éd. Duffy, opusc. 19, li. 175-180 [p. 75], cf. infra, n? 40, p. 1632). (IIlc) Bidez 228, p. 95-96 = Psellus, Theologica, vol. I, éd. Gautier, opusc. 74, li. 124-146
(p. 296-297) (en parallele avec Psellus, Philosophica minora, vol. 11, éd. O'Meara, opusc. 38, p. 136, 6-8 [= p. 174, 1136d 1-5 des Places] et trois passages de l'Epistola 187). Ce texte est cité par Bidez 228 comme « Nicétas de Serres, Ad Gregor. Naz. Orat. XLV, PG 37,632 B 12, e cod. Paris. gr. 571, f. 27v ». En effet, le Paris. gr. 57] contient les discours de Grégoire de Nazianze avec des scholies dont un certain nombre sont tirées de Psellus (cf. Theologica, vol. I, éd. Gautier,
p. XV,
voir aussi Bidez 228, n. 9 [p. 99], qui signale déjà que le passage est tiré de Psellus).
(IV) Bidez 228, p. 96-97 = Psellus, Accusation de Michel Cérulaire, éd. Dennis. li. 322-343
(p. 13-14) = éd. des Places, p. 220, 12-34.
En réalité, l'appartenance de ces fragments au méme ouvrage d’où est tiré le texte du Vallicellianus F 20, est purement conjecturale. Il s'agit, à notre avis, plutöt de paralléles doctrinaux que de fragments ayant la méme origine, car l'identité du sujet n'implique pas nécessairement l'appartenance au méme ouvrage. En particulier, l'hypothèse de Bidez 228, p. 89, selon laquelle ce méme ouvrage d’où seraient tirés le texte du Vallicellianus F 20 et les fragments de Psellus, serait «l'ouvrage de Proclus sur l'accord des Adyıa avec Orphée, Pythagore et Platon», doit être
rejetée, car la Συμφωνία Ὀρφέως, Πυθαγόρου, Πλάτωνος πρὸς τὰ Aóyta est un ouvrage de Syrianus (cf. supra, p. 1553). D'ailleurs, Bidez 228 semble confondre la Συμφωνία mentionnée dans la liste de la Souda avec le commentaire sur les Oracles Chaldaiques, car il renvoie, aussitöt apres (p. 89), à Marinus, Proclus 26, où il est justement question de ce commentaire, alors que la Συμφωνία n'est jamais mentionnée par Marinus. En outre, les fragments IIa, IIIa et IV, tirés de l'Accusation de Michel Cérulaire (Oratio forensis 1), proviennent trés probablement du commentaire de Proclus sur les Oracles Chaldaiques (cf. supra, n? 27, p. 1601), comme le suggère la phrase des lignes 296-298 (p. 12-13) Dennis = Bidez 228, fr. IIIa, p. 94, 8-10, oü l'on fait clairement allusion au commentaire de Proclus qui explique les doctrines contenues dans les Oracles en mettant en prose
les vers des Oracles : Οὗτος τὴν ἐξηγητικὴν εἰς ἄκρον ἀκριδωσάμενος δύναμιν τὴν τῶν ἐπῶν διαλύει συνθήκην καὶ λόγῳ πεζῷ τὰ ἐκείνων ἐχτίθησι δόγματα («Celui-ci
[scil. Proclus], qui a élevé l'activité de commentateur à son sommet,
dissout la composition verbale des vers et expose leurs doctrines dans un texte en prose »). Finalement, il faut remarquer que l'affirmation de Bidez 228, p. 87-88, selon laquelle la phrase initiale du De arte hieratica (p. 148, 3-7), trés probablement tirée du prologue de Proclus, ne peut provenir d'un simple commentaire des Oracles Chaldaiques, car elle exprime une argumentation personnelle, ne tient pas compte de l'énorme complexité des commentaires de l'antiquité tardive, véritables machines intellectuelles qui pouvaient aussi contenir des morceaux plus ou moins achevés et semi-indépendants. Rien n'empéche donc de penser que le De arte hieratica ne soit, lui aussi, tiré du commentaire de Proclus sur les Oracles Chaldaiques (cf. supra, n? 27, p. 1602 ; cf. aussi Faraggiana di Sarzana 222, p. 282283).
1608
PROCLUS DE LYCIE
P 292
J.-M. Duffy propose d'identifier avec cet ouvrage de Proclus la citation ἐν τοῖς περὶ μαγειῶν λόγοις que l'on trouve chez Psellus, Philosophica minora, vol. I, éd. Duffy, opusc. 36 (Interprétation des vingt-quatre lettres de l’alphabet), li. 32-36 (p. 121):
Πρόκλος δὲ ὁ μέχρι xai τῶν ἀπορρήτων τῇ φύσει ἑαυτὸν καθιεὶς δυνάμεις μέν τινας ἀπὸ τούτων ἐν τοῖς περὶ μαγειῶν λόγοις ἀπηχριδώσατο, ἐν οἷς τὰ μὲν ἐλευθέρᾳ τῇ γλώττῃ ἀφίησι. τὰ δὲ πιέζει τοῖς πνεύμασι καὶ τοιαύτην τινὰ περὶ αὐτῶν τερατολογίαν διέξεισιν (« Proclus, qui s’emploie à [traiter de] choses par nature indicibles, a défini à la perfection, à partir de là, certaines puissances dans ses discours sur les magies, oü il proclame certaines choses d'une voix libre, tandis qu'il en presse d'autres sous l'inspiration et il expose à leur sujet une pareille collection de merveilles »).
L'étude de la signification mystique de l'alphabet (association des 24 lettres aux 12 signes du zodiaque) est attribuée à la ἱερατικὴ τέχνη par Proclus en in Remp. (13° diss.) II, p. 65, 2-3: ὡς διανενέμηται Ev τῇ ἱερατικῇ τέχνῃ (tout le passage p.64, 5-66, 21 concerne la manière dont on peut déterminer le moment propice pour la procréation ; voir Festugière 20, t. II, p. 174 n. 1). Dans ce passage, Proclus renvoie à un ouvrage où il a expliqué la manière dont les lettres sont associées aux signes et aux planétes (p. 65, 17-20): ποῖα [scil. στοιχεῖα] δὲ τίσιν olxela fj τῶν ζωδίων ἢ τῶν πλανήτων, Ev ἄλλοις εἴπομεν. xai ὅπως συνδιήρηται τὰ μὲν ἑπτὰ φωνήεντα τοῖς ἑπτὰ πλάνησιν, τὰ δὲ ἑπτακαίδεκα σύμφωνα τοῖς δώδεκα ζῳδίοις (« Quelles sont les lettres propres à tels des signes ou à telles des planètes, nous l'avons dit ailleurs, et comment les 7 voyelles ont été assignées aux 7 planètes, les
17 consonnes aux 12 signes ». t. II, p. 176) ; cf. aussi ibid., p. 66, 7 τὸν ἱερατικὸν τρόπον.
Il est donc probable que Psellus, dans son opuscule sur la signification des 24 lettres de l'alphabet, se réfère au méme ouvrage auquel Proclus renvoie dans ce passage de l'in Tim. Sur le Vallicellianus F 20, qui contient, entre autres, le De mysteriis de Jamblique (ff. 1'- 136") avec les marginalia autographes de Marsile Ficin, cf. Sicher! 207, p. 22-37, 231 H. D. Saffrey et A.-Ph. Segonds, «Ficin sur le De mysteriis de Jamblique », Humanistica 1/2, 2006, p. 117-124. Traduction latine. Le Περὶ τῆς igpavodjc τέχνης a été traduit en latin en 1488 par Ficin sous le titre De sacrificio et magia, traduction publiée avec d'autres traductions de textes néoplatoniciens par Ficin à Venise, chez Alde Manuce, 1497, ff. h[iiii-3]"-h[iiii-4]" (voir le fac-similé recueil trés largement diffusé.
avec
introduction
de
Toussaint
67),
Traductions modernes. Frangaise: 232 A. Brémond, « Notes et documents sur la religion néo-platonicienne. I. — Texte récemment édité de Proclus "Sur l'art hiératique des Grecs" », RecSR 23, 1933, p. 102-106 ; Festugiere 229, t. I, p. 134136. Italienne: Faraggiana di Sarzana 55, p. 239-244. (29) [B. 38] Περὶ τῶν μυθικῶν συμδόλων (Sur les symboles myrhiques). Perdu. Cet ouvrage est cité par Proclus, in Remp. (16° diss.) II, p. 108, 30-109, 2: Ἀλλὰ τῶν μὲν μύθων τὰς αἰτίας xai Ev τοῖς Περὶ τῶν μυθικῶν συμδόλων ἐξειργάσμεθα (« Mais nous avons traité à fond déjà des causes des mythes dans les livres Sur les symboles mythiques », t. lll, p. 52).
P 292
PROCLUS DE LYCIE
1609
Ce renvoi de Proclus clôt un développement consacré à montrer l'utilité des mythes: dans les initiations, qui usent des mythes pour cacher la vérité sur les dieux, les initiés entrent en communion de disposition avec les symboles sacrés (συνδιατίθεσθαι τοῖς ἱεροῖς συμδόλοις, p. 108, 22-23); c'est gräce à cet attachement aux symboles (διὰ τὴν πρὸς và τοιαῦτα συνθήματα φιλίαν. p. 108, 2526) que les anges et les démons nous excitent à la communion d'affect avec les dieux que ces symboles procurent (eig τὴν πρὸς τοὺς θεοὺς δι᾽ αὐτῶν συμπάθειαν, p. 108, 26-27); c'est gráce à ces symboles que tout le lieu terrestre est rempli des biens qui viennent des dieux. Le traité de Proclus devait donc étudier les symboles sacrés qui se cachent dans les récits mythiques. La locution μυθικὰ σύμδολα se trouve dans in Remp. (6° diss.) I, p. 83, 9 à propos de «ceux qui peuvent dans le secret saisir d'emblée la vérité sur les dieux à partir des symboles
mythiques » (£v ἀπορρήτῳ τὴν περὶ θεῶν ἀλήθειαν συναιρεῖν ἀπὸ τῶν μυθικῶν συμδόλων). En in Remp. (16° diss.) II, p. 257, 2-3, l'estrade (βῆμα) sur laquelle le
prophéte monte pour adresser son discours aux ámes (Resp. X, 617 D 5) est σύμδολον μυθικόν du véhicule prophétique par lequel le prophéte gouverne les véhicules des ámes. Sur la signification du symbole chez Proclus, cf. 233 J. Trouillard,
« Le symbolisme chez Proclos », DHA
7, 1981, p. 297-308.
(30) [B. 42] B(6Aoc μητρῳακή (Sur la Mère des dieux). Perdu. L'unique mention de cet ouvrage de Proclus sur Cybele se trouve chez Marinus, Proclus 33, 12-20 (les lignes 14-16 et 18-20 sont reprises par la Souda, t. IV, p. 210, 19-22 ; cf. supra, p. 1553, titre n° 10): Εἰ δέ τις ἐπιποθεῖ κατιδεῖν αὐτοῦ xai ταύτην τὴν ἐπιτηδειότητα, λαδέτω εἰς χεῖρας τὴν
Μητρῳακὴν αὐτοῦ βίδλον. Ὄψεται γὰρ ὡς οὐκ ἄνευ θείας κατακωχῆς τὴν θεολογίαν τὴν περὶ τὴν θεὸν ἐξέφηνεν ἅπασαν καὶ τὰ ἄλλα τὰ μυθιχῶς περὶ αὐτὴν καὶ τὸν Ἄττιν δρώμενά
τε καὶ λεγόμενα φιλοσόφως ἀνέπτυξεν, ὡς μηκέτι θράττεσθαι τὴν ἀκοὴν ἐκ τῶν ἀπεμφαινόντων θρήνων καὶ τῶν ἄλλων τῶν ἐκεῖ χρυφίως λεγομένων. « Mais si l'on désire connaitre à fond la familiarité qu'il eut aussi avec cette déesse, que l'on prenne en mains son livre Sur la Mére des dieux. On verra alors que ce n'est pas sans une inspiration divine qu'il a mis en lumiére toute la théologie relative à cette déesse. et qu'il a donné une explication philosophique de ce qui se fait et se dit d'une maniére mythique à son sujet et à celui d' Attis, de telle sorte que l'on n'est plus troublé en entendant les lamentations choquantes et les autres paroles secrétes que l'on dit au cours des cérémonies », cf. Saffrey et Segonds 17, p. 39
n. 5-7 [p. 171-172].
Proclus parle de la Mére des dieux dans les passages suivants: in Remp. (16* diss.) Il, p. 204, 25-205, 27 (réfutation de la thèse selon laquelle Ananké ou la Mère des dieux serait la matière); in Tim. I, p. 408, 5-6 (la Mère des dieux est la source des ámes divines). Les noms de Κυδέλη et Ἄττις ne sont jamais attestés
chez Proclus. (31) [B. 44] Περὶ ἀγωγῆς (Sur l'évocation). Perdu. Cet ouvrage, en deux livres, est mentionné dans la liste de la Souda (supra, p. 1553, titre n? 4). Marinus, Proclus 28, 17-19, parle d'un écrit particulier [Beutler 5, n? 43, col. 206, 32-36],
dans lequel Proclus avait décrit les apparitions d'Hécate dont il avait lui-méme
bénéficié : φάσμασι μὲν Ἑκατικοῖς φωτοειδέσιν αὐτοπτουμένοις ὡμίλησεν, ὡς καὶ αὐτός nou μέμνηται ἐν ἰδίῳ συγγράμματι
(«et il bénéficia d'apparitions
1610
PROCLUS DE LYCIE
lumineuses d'Hécate, face à face, comme
un écrit particulier»).
Selon
234
P 292
il le relate lui-même quelque part dans
K. Praechter, «Das
Schriftenverzeichnis
des
Neuplatonikers Syrianos bei Suidas », BvzZ 26, 1926, p. 253-264 (repris dans /d.,
Kleine Schriften. hrsg. von H. Dörrie, Hildesheim/New York 1973, p. 222-233), en part. p. 259 [p. 228] n. 4, et 235 /d.. « Zur theoretischen Begründung der Theurgie im Neuplatonismus», ARW 25, 1927, p. 209-213 (repris ibid., p. 217-221), en part. p.212
[p.220].
ἀγωγῆς contexte pigéneia Nestorios
l'écrit dont
parle
ici Marinus
serait à identifier
avec
le Περὶ
cité par la Souda parce que Marinus mentionne explicitement dans le immédiat la θεουργικὴ ἀγωγή (28, 14-15) transmise à Proclus par Asclé(»*A 451), fille de Plutarque d'Athénes, qui l'avait lui-même apprise de (»N 27). Voir Saffrey et Segonds 17, p. 33 n. 12-14 [p. 155-156]. (V) OUVRAGES
SYSTÉMATIQUES
(32) [B. 18] Στοιχείωσις θεολογική (Elementatio theologica). Cet ouvrage offre une présentation complete de la théologie, c'est-à-dire de la métaphysique, de Proclus. Il se compose de 211 propositions que l'on peut diviser en deux sections : les propositions ] à 112 exposent les notions métaphysiques fondamentales, à savoir: unité et multiplicité ; cause et effet; immobile, mü par soi-méme, mü par un autre ; procession et conversion; imparticipable et participé ; autoconstituant ; éternité et temps; tout et parties; universel et particulier ; puissance et acte; limitation et illimitation ; les propositions 113 à 211 décrivent, à l'aide de ces notions fondamentales, les rapports existant entre les trois classes d'étres supérieurs (dieux ou hénades, intellects, àmes) et entre chacune de ces classes et les étres d'ici-bas. Chaque proposition se compose d'un énoncé et d'une démonstration, selon le modèle des Elements d'Euclide (#+E 82), et la méthode suivie est purement déductive. Conformément à ce schéma d'argumentation, le style est trés sobre, les citations d'autorités, si fréquentes dans tous les autres ouvrages de Proclus, man-
quent complétement, ainsi que tout renvoi à d'autres ouvrages de Proclus. Cette dernière particularité, le fait que Proclus ne cite jamais l’El. theol. par son titre et que l'identification d'une citation supposée de l’El. theol. est toujours rendue incertaine par le caractére systématique et général de l'ouvrage, qui ne développe pas de doctrines trés caractéristiques, tout cela rend impossible toute datation relative. On peut toutefois affirmer que l'E. theol. est sûrement antérieure à l'in Parm. (cf. supra, n° 18, p. 1582), méme si une telle conclusion n'a pas grande portée, étant donné la date très tardive de l'in Parm. Une citation probable d' ΕἸ. theol. 63 se trouve dans De mal. subs. 7, 3-12 (cf. infra, n? 34, p. 1618). La thèse
de Freudenthal 31, p. 215 n. 1, selon laquelle l’EJ. theol. serait un ouvrage de jeunesse à cause de son étroite dépendance par rapport à Plotin et à Porphyre et des divergences doctrinales par rapport à la Theol. plat., a été définitivement écartée par Dodds 3, p. XVI, qui reconnait toutefois l'existence de divergences doctrinales entre l’El. theol. et la Theol. plat.: par exemple, l' El. theol. ne semble connaitre ni les dieux intelligibles-intellectifs, ni les dieux hypercosmiques-encosmiques, mais de telles divergences s'expliquent par la différence de point de vue entre les deux
P 292
PROCLUS
DE LYCIE
1611
ouvrages (cf. Saffrey et Westerink 6, t. VI, p. XVIII-XX). La datation "haute" de l'El. theol. reste donc une simple hypothése, fondée plutót sur des considérations de vraisemblance que sur des données textuelles irréfutables. Éditions. Πλάτωνος
Edition princeps:
236 Πρόκλου
διαδόχου
Πλατωνικοῦ
εἰς τὴν
Θεολογίαν βιδλία ἕξ. Procli Successoris Platonici In Platonis Theo-
logiam Libri Sex. Per Æmilium Portum, Francisci fil. ex Grecis Facti Latini, et in Gratiam Platonicæ Philosophie studiosorum ex Illustrissimi, Celsissimique Principis ac Domini, Dn. Friderici, Dn. Joannis Adolphi Filii, Bibliotheca Gottorpiana
Grece ac Latine, nunc primum in lucem editi. Accessit Marini Neapolitani libellus de Vita Procli. Item Conclusiones LV. secundum Proclum, Hamburgi
1618, réimpr.
Frankfurt am Main 1960. L'édition de Portus contient texte grec et traduction latine (en vis-à-vis) de trois ouvrages: Marinus, De vita Procli (ff. b2"-c[44-1]^, Proclus, Theol. plat. (p. 1-413), El. theol. (p. 415-502), suivis de Conclusiones LV.
secundum
Proclum
quas
olim
Roma
illustris
Picus
Mirandula
disputandas
exhibuit (p. 503-505 ; sur cet ouvrage de Pic de la Mirandole, cf. l'édition récente de 237 St. A. Farmer, Syncretism in the West: Pico's 900 Theses (1486). The Evolution of Traditional Religions and Philosophical Systems, Tempe (Ar.) 1998:
les théses 271-325 sont tirées de Proclus), Scriptores qui in his libris a Proclo citantur (p. 506), Index rerum et verborum (p. 507-526). Sur cette édition, cf. Dodds 3, p. XLIV ; Saffrey et Westerink 6, t. I, p. XCIII-XCIV ; Saffrey et Segonds 17, p. CXLV-CXLVI. Édition de référence : Dodds 3. Tradition manuscrite. Le texte est transmis par 58 mss. (cf. Dodds 3, p. XXXIIIXLI, 342) qui se répartissent en trois familles, dont chacune est représentée par un nombre trés restreint de témoins primaires: (1) Var. gr. 237 (B), Vat. gr. 626 (C), Ambros. gr. 648 (D) ; (2) Marc. gr. 512 (M); (3) Paris. gr. 2423 (P). Marc. gr. 521
(Q). La premiere famille contient seulement les propositions 1 à 198 et représente le texte utilisé par Nicolas de Méthone dans sa réfutation de l' EJ. theol., composée vers 1155/1166 et contenant le texte méme
des propositions réfutées (Ἀνάπτυξις
τῆς Θεολογικῆς Στοιχειώσεως Πρόκλου Πλατωνικοῦ Φιλοσόφου): 238 Nicholas of Methone, Refutation of Proclus’ Elements of Theology. A Critical Edition with an Introduction on Nicholas’ Life and Works, by A.D. Angelou, coll. «Corpus Philosophorum Medii Aevi. Philosophi Byzantini» 1, Athens/Leiden 1984. Dans la deuxiéme famille, puisque le ms. M a perdu deux folios, ce qui a entraîné deux lacunes dans son texte (8 10-12, p. 10, 29-14, 19 et $ 20-21,
p. 22. I-
24, 27), Dodds 3 a recours, pour ces deux portions de texte perdues en M, à deux mss. secondaires de la deuxiéme famille: l'Argentoratensis (détruit en 1870, mais
collationné par J. G. Schweighäuser, dont la collation est contenue dans l'apparat de l'édition Creuzer 64, Pars III, 1822) et le Bodl. Laud. gr. 18 (O). Quant à la
traduction latine de Moerbeke (cf. ci-dessous), elle a été faite sur un ms. grec de la deuxiéme famille, qui ne peut toutefois étre identifié avec aucun des mss. conservés, qui
sont
tous
postérieurs
à
1268,
date
de
la traduction
latine
(cf.
Dodds
3,
p. XLII-XLIN; Boese, édition citée ci-dessous. p. XXVII-XXIX). A la difference de
PROCLUS
1612
P 292
DE LYCIE
la traduction de l'in Parm. (cf. supra, n? 18, p. 1583), la traduction de l'E. theol. ne revét pas une grande importance pour l'établissement du texte grec. Traductions
latines, géorgienne,
arabe.
L'El. theol. a été traduite en latin par
Guillaume de Moerbeke en 1268 (le colophon donne la date du 15 juin 1268, à Viterbe). Édition:
239 Proclus, Elementatio theologica translata a Guillelmo
de
Morbecca, hrsg. von H. Boese, coll. « Ancient and Medieval Philosophy. De WulfMansion Centre. Series I» 5, Leuven 1987. Une nouvelle traduction latine par Francesco Patrizi (El. theol. et El. phys.) fut publiée à Ferrare en 1583: 240 Procli Lycii Diadochi Platonici Philosophi eminentissimi. Elementa theologica, et physica.
Opus
graecis, fecit
omni latina,
admiratione prosequendum.
Quae
Ferrariae,
Mamarellum,
apud
Dominicum
Franciscus 1583
Patricius (El.
de
theol.:
ff. [A2-1]", 17-55" ; El. phys.: ff. 56-69"). — L’EI. theol. a été traduite et commentée en géorgien par loane Petrizi (fin XI*-début XII* s.). Édition: 241 S. Kauchtschischvili (édit.), Joannis Petritzii Opera, 2 voll., Tbilisi
1937-1940
(t. T:
traduction ; t. 11: commentaire), cf. 242 H.-Chr. Günther, Die Übersetzungen der Elementatio Theologica des Proklos und ihre Bedeutung für den Proklostext, coll. « Ancient Mediterranean and Medieval Texts and Contexts : Studies in Platonism,
Neoplatonism, and the Platonic Tradition » 6, Leiden 2007. Cet ouvrage doit étre utilisé avec beaucoup de précaution: l'auteur pense pouvoir remonter, gráce aux traductions arabe et géorgienne, à un état du texte plus pur et plus authentique que celui transmis par la tradition grecque (cf. p. 7-8), qui aurait été altéré par de nombreuses interpolations ajoutées dans l'entourage immédiat de Proclus (cf. p. 18, 133; noter, p. 133, l'affirmation philologiquement absurde: «Es gibt keine klare Trennungslinie zwischen Autorenvariante und Interpolation »), à tel point que la traduction arabe revétirait, pour l'établissement du texte grec, la méme importance que les papyrus préalexandrins pour l'établissement du texte grec d'Homére, des tragiques ou de Platon (cf. p. 135). Le manque de familiarité de l'auteur avec la morphologie, la grammaire et l'accentuation grecques, tout à fait manifeste dans sa reconstruction du texte grec utilisé par Petrizi (p. 161-193) ainsi que dans le glossaire (p. 215-222), met en évidence
l'absence de rigueur et de méthode
rendent cet ouvrage pratiquement inutilisable pour l'établissement du (on notera simplement que le phénomène d'interpolations massives est ment inconnu dans la tradition de tous les autres ouvrages de Proclus dans celle de tous les autres néoplatoniciens). Le commentaire de Petrizi
qui
texte grec completeainsi que est traduit
en allemand par 243 L. Alexidze et L. Bergemann (trad.), Joane Petrizi. Kommen-
tar zur Elementatio theologica des Proklos. Übersetzung aus dem Altgeorgischen, Anmerkungen, Indices und Einleitung, coll. « Bochumer Studien zur Philosophie » 47, Amsterdam/Philadelphia 2009. Les auteurs, sans connaitre Günther 242. partagent cependant son avis sur les deux propositions litigieuses, l'une ajoutée par la traduction géorgienne aprés la prop. 128, l'autre (prop. 149) omise, et pensent (p. 20-24) que, dans ces deux cas, la tradition géorgienne est supérieure à la tradi-
tion grecque. Il nous semble pourtant que le jugement de Dodds 3, p. 342-344, sur la valeur de la traduction géorgienne, notamment sur les deux propositions, demeu-
P 292
PROCLUS DE LYCIE
1613
re parfaitement fondé. Sur la traduction de Petrizi, voir aussi 244 G.M. Browne, «Notes on the Georgian Proclus», Muséon 112, 1999, p. 73-78; 245 G.L. Gigineishvili et G. Van Riel, «Ioane Petritsi: a Witness of Proclus" Works in the School of Psellus», dans Segonds et Steel 10, p. 571-587. La traduction géorgienne de Petrizi a été traduite en arménien en 1248 par le moine Siméon de Ptinzahank (Axtala) (1188-1255 ca), cf. Günther 242, p. 4 n. 6. — Sur les traductions et les adaptations arabes, cf. Endress 41, p. 1661-1668. Traductions modernes.
Française : 246 Proclos, Éléments de théologie, traduc-
tion, introduction et notes par J. Trouillard, Paris 1965. Anglaise: en vis-à-vis du texte grec dans l'édition Dodds 3. Allemande: 247 Proklos, Grundkurs über Einheit. Grundzüge der neuplatonischen Welt, Text, Übersetzung, Einleitung und Kommentar von E. Sonderegger, Sankt Augustin 2004. Italienne: Faraggiana di Sarzana 55, p. 73-230 ; 248 Proclo, Elementi di teologia, introduzione, traduzione e commento di E. Di Stefano, coll. « Symbolon» 12, Firenze 1994. Cf. 249 S. Breton, «Le théoréme de l'un dans les Éléments de Théologie de Proclus»,
RSPT
58,
1974,
p. 561-583;
250 J. Whittaker,
«The
historical
Back-
ground of Proclus' Doctrine of the αὐθυπόστατα », dans De Jamblique à Proclus, coll. « Entretiens sur l'Antiquité classique » 21, Vandœuvres-Genève 1975, p. 193237 ; 251 R. Hathaway, « The Anatomy of a Neoplatonist Metaphysical Proof », dans R. Baine Harris (édit.), The Structure of Being.
«Studies
in Neoplatonism:
Ancient
A Neoplatonic Approach, coll.
and Modern»
4, International
Society for
Neoplatonic Studies, Norfolk (Virginia)/Albany (N. Y.) 1982, p. 122-136; 252 J.
Barnes, « Immaterial Causes », OSAPh 1, 1983, p. 169-192 ; 253 M. Schmitz, « Zur Logik der henologischen Metaphysik. Zu Proklos, Elementatio Theologica, prop. I », dans M. Barbanti, G. R. Giardina et P. Manganaro (édit.), Ἕνωσις xat φιλία. Unione e Amicizia. Omaggio a Francesco Romano, Catania 2002, p. 455-467. Sur
la réfutation de l'E/. theol. par Procope de Gaza, dont il ne reste que quelques fragments, cf. 254 E. Amato, notice «Procope de Gaza» P 294, infra, p. 16891690, oü l'on trouvera l'état actuel de la documentation. (33) [B. 20] Περὶ τῆς κατὰ Πλάτωνα θεολογίας (Theologia platonica). Le contenu, le plan et la méthode de cet ouvrage, qui constitue, pour ainsi dire, la summa
de l’œuvre de Proclus, ont été illustrés par Saffrey et Westerink
6, t. I,
p. LX-LXXV, qu'il suffit de résumer ici. Le titre Περὶ τῆς κατὰ Πλάτωνα BeoAoytac indique clairement le sujet de l'ouvrage: la théologie au sens platonicien du mot, c'est-à-dire un discours
sur le divin et les dieux. Les
six livres (dont
chacun est divisé en chapitres) dont se compose la Theol. plat. analysent les degrés de la hiérarchie divine tels qu'ils ont été élaborés par Syrianus et, à sa suite, par Proclus, dans l’exégèse de la deuxième hypothèse du Parménide, 142 B 1-155 E 3. Sur le rôle décisif joué par l’exégèse du Parménide dans la construction de la Theol. plat., cf. Saffrey et Westerink 6, t. I, p. LXVII-LXXXIX ; t. II, p. XL-LXXII ; 255 H. D. Saffrey, «La Théologie platonicienne de Proclus, fruit de l’exégèse du Parménide », RThPh
116,
1984, p. 1-12; 256 Id., «La
Théologie platonicienne de
Proclus et l'histoire du néoplatonisme », dans Boss et Seel 8, p. 29-44 (les deux
1614
PROCLUS DE LYCIE
P 292
articles sont repris dans Saffrey 12. p. 173-184 et p. 185-200). Voici donc le plan des six livres: Livre I. chap. ] : Préface. chap. 2-12: Prolégomènes à l'ensemble de la Theol. plat. chap. 13-29 : Notions générales relatives aux dieux, c'est-à-dire attributs communs à tous les dieux tels qu'ils sont exposés dans quelques dialogues platoniciens et organisés en triades.
chap. 14-16: providence.
Attributs
tirés des Lois:
existence.
providence,
inflexibilit€
de
la
chap. 18-21: Attributs tirés de la République: cause du bien et non-cause du mal, immutabilité, simplicité et vérité. chap. 22-24 : Attributs tirés du Phedre : bonté, science, beauté. chap. 25 : Attributs correspondants aux trois précédents : foi, vérité, amour. chap. 26-27: Attributs tirés du indissoluble, semblable à soi.
Phédon:
divin,
immortel,
intelligible;
unitaire.
chap. 28-29 : Propriétés divines essentielles à tous les dieux : existence inengendrée, noms divins. Livre II (chap. 1-12): L'Un. premier dieu. Livre 111 : Les hénades (chap. 1-6). Les dieux intelligibles (chap. 7-28). qui correspondent à l'être et se divisent en trois triades : (1) limitant, illimité, être intelligible : (2) limitant. illimité. vie
intelligible ; (3) limitant, illimité, intellect intelligible. Livre IV (chap. 1-39): Les dieux intelligibles-intellectifs, qui correspondent à la vie et se divisent en trois triades, dont chacune présente un élément dominant: (1) être, vie, intellect ; (2) être, vie, intellect ; (3) être, vie, intellect.
Livre V (chap. 1-40): Les dieux intellectifs, qui correspondent à l'intellect et se divisent en deux triades et une divinité: (1) triade des pères : intellect pur (Cronos), vie intellective (Rhéa),
intellect démiurgique (Zeus); (2) triade immaculée, qui maintient la précédente dans sa transcendance (Courétes) ; (3) septième divinité, qui sépare les dieux intellectifs des dieux inférieurs. Livre VI: Les dieux hypercosmiques (dieux-chefs et dieux assimilateurs) (chap. 1-19), qui se divisent en quatre triades : (1) triade démiurgique (Zeus, Poseidon, Pluton) ; (2) triade vivificatrice (Artémis, Perséphone, Athena); (3) triade qui convertit (Apollon) ; (4) triade immaculée (Corybantes). Dieux hypercosmiques-encosmiques (dieux séparés du monde) (chap. 20-24), qui se divisent aussi en quatre triades: (1) dieux démiurgiques (Zeus, Poseidon, Héphaistos) ; (2) dieux gardiens (Hestia, Athena, Arès): (3) dieux (4) dieux élévateurs (Hermés, Aphrodite, Apollon).
vivificateurs
(Déméter,
Hera,
Artemis);
Les six livres de la Theol. plat. s'arrétent donc aux dieux hypercosmiquesencosmiques, sans réaliser complétement le plan en trois parties annoncé par Proclus en I 2, p. 9, 8-19, qui prévoyait en outre les trois derniers degrés de la hiérarchie divine — c'est-à-dire les dieux encosmiques, les àmes universelles et les étres supérieurs
(anges, démons,
héros)
—
et les dieux
individuels, tant hyper-
cosmiques qu'encosmiques, qui sont célébrés d'une maniére dispersée dans les dialogues de Platon. Comme
XLIV, cette divergence
l'ont montré Saffrey et Westerink 6, t. VI, p. XXXV-
entre le plan annoncé
l'ouvrage tel qu'il nous est parvenu
au début et sa réalisation dans
ne doit pas amener à
croire que
les livres
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1615
concernant les trois derniers degrés et les dieux individuels sont perdus. Il est en
effet certain que Damascius connaissait la Theol. plat. telle qu'elle nous est parvenue, puisqu'il ne renvoie plus jamais à la Theol. plat. lorsqu'il parle des dieux encosmiques dans son commentaire sur le Parm.: il est donc évident qu'il ne lisait rien de plus que les six livres transmis par les mss. médiévaux. I] en va de méme pour le scholiaste de l'in Tim. I, p. 131, 6-7, qui identifie le renvoi de Proclus ὡς ἐν ἄλλοις τέτακται comme se rapportant à la Theol. plat., dont il énumére les six livres (t.I, p. 464, 20-24 Diehl). Il faut enfin remarquer que Proclus avait de bonnes raisons pour ne pas reprendre une nouvelle fois l'exposé sur les dieux encosmiques et sur les étres supérieurs qu'il avait donné dans in Parm. VII, 1201, 22-1212, 4 (dieux encosmiques),
1212, 5-1233,
19 (ämes universelles),
1233, 20-
1239, 21 (êtres supérieurs : anges, démons, héros). La Theol. plat. renvoie une fois au De tribus monadibus (cf. supra, n? 21, p. 1591), et huit fois à l'in Parm. (cf. Luna et Segonds 18, t. Ul, p. XXXII-XXXIV, et supra, n° 18, p. 1582); puisqu'elle n'est citée dans aucun ouvrage de Proclus et que l'in Parm. date de la dernière période de l'activité de Proclus (cf. supra, n° 18, p. 1582), il s'ensuit que la Theol. plat. est selon toute probabilité le dernier ou, en tout cas, l'un des tout derniers ouvrages de Proclus (cf. Dodds 3, p. XV n. 4, p. XVI; Saffrey et Westerink 6, t. I, p. CL; t. VI, p. XLV).
Éditions. Édition princeps: Portus 236. Édition de référence: Saffrey et Westerink 6 (pour le livre I, cf. 257 A.J. Festugièref, « Notes critiques sur le livre I de la Théologie platonicienne », dans Segonds et Steel 10, p. XXIX-XLD. Tradition manuscrite. Le texte est transmis par 52 mss. qui se répartissent en deux groupes principaux: (I) 23 mss. contenant le texte complet; (II) 29 mss. contenant un texte incomplet. Le second groupe se divise à son tour en quatre sousgroupes : (A) 3 mss. contenant le livre I et la plus grande partie du livre II (Saffrey et Westerink
"4744",
6, t. I, p. XCVIII,
lire 47577);
(B)
ms.
2 mss.
n?
26,
Madrid,
qui, complets
B. N.
gr. 4744:
à l'origine,
ne
au
lieu
de
contiennent
actuellement que des membra disiecta; (C) 10 mss. contenant ou bien des livres isolés ou bien les livres dans l'ordre I, IV (aux 9 mss. énumérés par Saffrey et
Westerink 6, t. I, p. XCVIII, il faut ajouter un ms. copié par Darmarios dans la deuxième moitié du XVI. siècle et contenant le livre V, passé en vente à Londres chez Sotheby le 8 juillet 1975, cf. Saffrey et Westerink 6, t. III, p. XCV-XCVD); (D) 9 mss. contenant le « grand fragment», c'est-à-dire une compilation d'extraits tirés des livres I et II (1 11-II 4), et 5 mss. contenant des fragments isolés. La liste des mss. du « grand fragment» établie par Saffrey et Westerink 6, t. I, p. XCIX, doit étre retouchée:
il faut supprimer les Monac.
gr. 11 et 425 (qui contiennent l'in
Parm., et non pas le « grand fragment », cf. Luna et Segonds 18, t. —/1, p. CCI-CCIII et CCVIII-CCIX), et ajouter le Vat. gr. 1197 (cf. Saffrey et Segonds 17, p. CXLIICXLIII). Sur la tradition manuscrite du «grand fragment», cf. 258 C. Steel et G. Van Riel, «Le Grand Fragment de la Theologie platonicienne », dans Segonds et Steel 10, p. 533-551. La tradition manuscrite de la Theol. plat. se divise en deux branches dont les chefs de file sont deux mss. conservés, qui remontent à un
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P 292
modèle commun déjà translittéré en minuscules: le Paris. gr. 1813, ΧΗΙ s. (P), et le Var. gr. 237, XIV* s. (V). Le ms. P s'arréte en VI 23, p. 107, 25, à cause de la
perte des derniers feuillets du cahier 34 (pour la partie finale, on a recours à cinq copies directes ou indirectes de P); le ms. V s'arréte en II 9, p. 59, 11, parce qu'il
est la copie d'un modéle déjà mutilé et qu'il a aussi perdu deux feuillets (cette perte est postérieure au Marc. gr. 193, copie directe de V, qui arrive jusqu'à II 10, p. 62. 4). A partir donc de Il 10, p. 62, 4, la branche qui dérive de V n'est plus représentée et le texte se fonde uniquement sur la branche qui dérive de P. Traduction latine. La Theol. plat. a été traduite en latin par l'humaniste Pietro Balbi (1399-1479), familier du cardinal Bessarion et promu
en
1462 évéque
de
Tropea (en Calabre). Une premiere rédaction de cette traduction, faite sur demande de Nicolas de Cuse à partir du Monac. gr. 547 (ms. de travail de Bessarion, descendant de P, cf. 259 H. D. Saffrey, « Notes autographes du cardinal Bessarion dans un manuscrit de Munich», Byzantion 35, 1965, p. 536-563 [repris dans Saffrey 14,
p. 132-165]), et mars 1462. Elle Hospitals, 185, sa traduction et
dédiée à Ferdinand d'Aragon, roi de Naples, fut achevée le 22 est conservée dans deux mss.: Kues, Bibliothek des St. Nikolauset London, British Library, Harleian 3263. Ensuite, Balbi a révisé y a ajouté une lettre-préface à Ferdinand d'Aragon; cette nouvelle
rédaction est conservée dans le ms. Bergamo,
Bibl. Civica, T IV19. La traduction
de Balbi n'est d'aucune utilité pour l'établissement du texte grec à cause aussi bien de son modele grec (qui est un témoin secondaire) que de son caractére littéraire. Cf. Saffrey et Westerink 6, t. I, p. XCIX-CI, CXXIV-CXXVI; 260 H. D. Saffrey, «Pietro Balbi et la premiere traduction latine de la Theologie platonicienne de Proclus », dans Miscellanea codicologica F. Masai dicata, Gand 1979, p. 425-437
(repris dans Saffrey 14, p. 189-201). Le « grand fragment » a été traduit en latin par Nicolas Scutelli à partir du Vat. Rossianus 962 (cf. supra, n? 8, p. 1568). Cette
traduction, achevée à Rome le 31 octobre 1521, 155, ff. 461'-508" (autographe); CDXXXIX, en part. p. CDXXXI.
cf.
Luna
est conservée dans le Riccardianus et
Segonds
18,
t. 7],
p. CDXXVI-
Traductions modernes. Frangaise: en vis-à-vis du texte grec dans l'édition Saffrey et Westerink 6. Anglaise: 261 The six books of Proclus, the Platonic Successor, on the Theology of Plato, translated from the Greek ; to which a seventh book is added, in order to supply the deficiency of another book of this subject, which was written by Proclus, but since lost [...] by Th. Taylor, 2 vol., London 1816 (réimpr. par R. Baine Harris, The Platonic Theology in six books, transl. by Th. Taylor, Kew Gardens [N. Y.] 1985-1986). Italienne: 262 Proclo, La Teologia Platonica,
trad.
di E. Turolla,
coll.
« Filosofi
antichi
e medievali»,
Bari
1957;
263 Proclo, Teologia Platonica, a cura di M. Abbate, Milano 2005 ; 264 Proclo, Teologia Platonica, a cura di M. Casaglia e A. Linguiti, Torino 2007. Le travail fondamental sur la Theol. plat. est constitué par les introductions et les notes de H. D. Saffrey et L. G. Westerink aux six volumes de leur édition ; voir aussi Segonds et Steel 10.
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(VI) OUVRAGES PHILOSOPHIQUES PARTICULIERS (34) [B. 21-23] Tria opuscula (Περὶ τῶν δέκα πρὸς τὴν πρόνοιαν ἀπορημάτων = δὲ decem dubitationibus circa providentiam. Περὶ προνοίας καὶ εἱμαρμένης καὶ τοῦ ἐφ᾽ ἡμῖν πρὸς Θεόδωρον τὸν μηχανικόν = De providentia et fato et eo quod in nobis ad Theodorum mechanicum. Περὶ τῆς τῶν κακῶν ὑποστάσεως = De malorum subsistentia). Ces trois monographies indépendantes, qui traitent respectivement de la providence, de la fatalité et du libre arbitre, et du mal, ont été transmises ensemble à cause probablement de leur affinité thématique. L'ordre dans lequel elles ont été transmises est celui de la traduction latine de Guillaume de Moerbeke, qui a peut-étre respecté l'ordre de son ms. grec. Le De decem dubitationibus circa providentiam se compose de dix questions qui discutent les problémes suivants: (1) Comment la providence connait-elle chaque étre? (2) Comment la providence
connait-elle
les contingents
(cf. supra,
n? 2, p. 1557)?
(3) La
providence
est-elle
cause des êtres aussi bien déterminés qu'indéterminés selon l'identité ou selon l'altérité 7 (4) Comment concilier l'action éternelle et continue des dieux et l'apparente discontinuité de ses effets dans le monde ? (5) Puisqu'il y a une providence, pourquoi le mal existe-t-il ? (6) Pourquoi la providence répartit-elle les sorts avec tant d'inégalité ? (7) Comment expliquer que, chez les animaux, l'action providentielle aboutisse à des situations analogues à celles des hommes ? (8) Pourquoi
l'action punitive de la providence
se manifeste-t-elle souvent
avec
un tel retard ?
(9) Pourquoi les punitions providentielles frappent-elles parfois, au lieu des coupables, leurs descendants ? (10) Si la providence est la manifestation de l'Un. comment expliquer que des étres intermédiaires (anges, démons, héros) exercent, eux aussi, une action providentielle ? Le De providentia et fato et eo quod in nobis est la réponse à une question soulevée par un certain Théodore, présenté comme μηχανικός (ingénieur), dont on ne sait rien par ailleurs, partisan d'un déterminisme absolu, qui a soumis à Proclus son idée de la providence et de la fatalité, selon laquelle providence et fatalité s’identifient, car elles désignent la cause motrice premiere qui seule est libre et imprime un mouvement nécessaire à tout l'univers. La réponse de Proclus se fonde sur la distinction entre les deux termes: la providence, exercée par le dieu, est la cause des biens et transcende tous les étres, alors que la fatalité, simple image de la providence, appartient à la nature et agit sur les étres mus par un autre ainsi que sur les corps. Il ne faut donc pas tout rapporter à la fatalité, car la liberté humaine est assurée par le fait que l’äme humaine choisit librement, étant intermédiaire entre le domaine de la providence et celui de la fatalité. La connais-
sance divine des futurs contingents, tout en étant parfaitement déterminée, ne détruit pas la liberté humaine, parce que le connaissant connait les choses selon sa propre nature sans que cela modifie la nature des choses elles-mémes. Le De malorum subsistentia aborde cinq questions concernant le mal : (1) Le mal existe-t-il ?
Réponse : Le mal en soi est simplement non-étre, le mal en l'autre est mélangé de bien et existe en tant que contraire du bien et dépendant de lui. (2) Si le mal existe, comment et en quels étres existe-t-il ? Réponse : Le mal n'existe ni chez les dieux, ni chez les anges, ni chez les démons, ni chez les héros, ni chez les âmes divines ; il existe chez les âmes incorporées, tout en restant un
bien du point de vue du tout, et dans la nature. Le mal n'est ni la matière ni la privation. (3) D’oü vient le mal ? Réponse : La cause du mal n'est ni le dieu, ni les idées, ni l'âme. Le mal ayant un être purement adventice (παρυπόστασις. cf. 265 A. C. Lloyd, « Parhypostasis in Proclus », dans Boss et Seel 8, p. 145-157 ; Luna et Segonds 18, t. V1, p. XXXI n. 2), sa cause ne peut étre que tout à fait secondaire, une sorte de non-cause. (4) Quelle est la nature du mal? Réponse: La
nature du mal est purement négative, en ce sens que le mal est un manque, un défaut, une déficience. (5) Pourquoi le mal existe-t-il ? Réponse: Le mal est toujours un mal pour les êtres particuliers, mais un bien pour l'univers, en tant qu'il contribue à l'harmonie du tout. La cible
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polémique de Proclus dans ce traité est surtout Plotin, Enn. 1 8 (51), notamment la doctrine qui identifie le mal avec la matiére considérée comme indétermination absolue (cf. supra, n? 25, [e].
p. 1599). En ce qui concerne la datation, les citations présentes dans d'autres ouvrages de Proclus permettent d'affirmer que le De mal. subs. est antérieur à l'in Tim. (il est cité dans in Tim. I, p. 381, 12-15, et probablement dans in Tim. I, p. 384, 13-14), à l'in Remp. (4* diss.) (il est cité dans in Remp. I, p. 37, 23), et à l'in Parm. (il est cité dans in Parm.
HI, 829, 22-25) ; sur ces trois citations, cf. Luna et Segonds
18,
t. 1/1, p. LXXVIII-LXXX. D'autre part, le De mal. subs. est postérieur à l'in Phil., qui est cité dans De mal. subs. 51, 8-10 (cf. supra, n? 16, p. 1575). Il est en outre probable que le De mal. subs. est antérieur à l'in Theaet. et à l'in Enn. 18 (51),
puisqu'il ne cite aucun de ces deux ouvrages oü Proclus avait pourtant traité le probléme du mal (cf. Luna et Segonds 18, t. I/1, p. LXXX-LXXXIN), et qu'il est postérieur à l’El. theol., puisque De mal. subs. 7, 3-12 («Sicut enim et in aliis diximus, et species omnes et quod ultra species neque post se ipsas contingenter ipsis partecipantem generare nate sunt substantiam, etc.») semble renvoyer à El. theol. 63 (cf. Luna et Segonds 18, t. L/1. p. LXXXIII et n. 2). Le De prov. est postérieur aux Prol. ad Plat. phil. qui sont cités en De prov. 50, 11-14 (cf. supra, n? 6, p. 1564). Quant au De decem dub., il contient un renvoi qui semble viser ou bien l'in Phaedr. ou bien l'in Crat. XCIII, p. 46, 16-23 (cf. supra, n? 14, p. 1573). Aucun indice ne permet d'établir la chronologie relative des trois monographies l'une par rapport à l'autre. La datation tardive, soutenue par Boese, édition citée cidessous, p. IX-X, et considérée depuis comme un fait bien établi, se fonde sur une interprétation fautive de deux passages (De mal. subs. 1, 17-18, et De prov. 45, 411) et doit donc être abandonnée (cf. Luna et Segonds 18, t. I/1, p. XXXI. LXIX-
XCVIII). Éditions. Édition princeps: 266 J. A. Fabricius, Bibliotheca Graeca, t. VIII. Hamburg 1717, p. 464-507 (p. 465-497: De prov.; p. 497-502: extraits du De decem dub., p.502-507: extraits du De mal. subs.; nouvelle édition par 267 G. Chr. Harles, t. IX, Hamburg 1804, p. 373-405 ; la premiere édition intégrale est Cousin 130, t. I (Tria opuscula De libertate, providentia et malo), Paris 1820;
nouvelle édition dans Cousin 131. col. 76-267. Editions de référence: 268 Procli Diadochi Tria Opuscula, Latine Guilelmo de Moerbeka vertente, et Graece ex Isaacii Sebastocratoris aliorumque scriptis collecta, ed. H. Boese, coll. «Quellen und Studien zur Geschichte der Philosophie » 1, Berlin 1960; 269 Proclus, Trois études sur la providence, par D. Isaac, CUF, 3 vol., Paris 1977-1982 (nos citations se référent à l'édition Boese 268). Les éditions antérieures à Boese 268 ne connais-
sent toutes que la traduction latine de Guillaume de Moerbeke. Sur le probléme de l'établissement du texte critique et de la reconstitution de l'original grec, cf. 270 L. G. Westerink, c.r. de l'édition Boese 268, Mnemosyne 15, 1962, p. 189190 ; 271 /d., «Notes on the Tria Opuscula of Proclus », ibid., p. 159-168 (repris
dans Westerink 96, p. 73-82) ; 272 F. Brunner, W. Spoerri er al., «Proclus, De decem dubitationibus circa providentiam, q. 3, 11-14. Traduction et Commentaires », FZPhTh 24, 1977, p. 112-164, en part. p. 127-164: W. Spoerri, « Kritisch-
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DE LYCIE
1619
exegetische Bemerkungen » (cette étude comprend aussi une traduction frangaise [p. 112-116] et un commentaire philosophique [p.116-127]); 273 W. Spoerri, «Observations critiques sur le prologue de l’“Opuscule I" de Proclus», MH 44, 1987, p. 211-222 (analyse trés détaillée du passage De decem dub. 1, 5-12); 274 Id., «La tradition des Opuscules de Proclus », SIFC, 3* serie, 10, 1992, p. 725738; 275 B. Strobel, « Textprobleme in Proklos' De decem dubitationibus circa providentiam », WJA 32, 2008, p. 173-201.
Tradition manuscrite et traduction latine. L'original grec des trois opuscules est perdu et il ne reste que la traduction latine faite par Guillaume de Moerbeke à Corinthe en 1280 (les trois colophons portent respectivement les dates du 4, 14 et 2] février 1280). Cependant, le texte grec peut étre en bonne partie récupéré gráce au plagiat qu'en a fait Isaac Sébastocrator, frére de l'empereur Alexis I Comnéne (1081-1118), dans trois opuscules qui suivent pas à pas les trois opuscules de Proclus. Le premier à avoir soupçonné que les opuscules de Proclus étaient la source d’Isaac Sébastocrator a été L. G. Westerink (information communiquée par lettre à H. Boese, cf. Boese 268, p. XX n. 2). Les trois opuscules d’Isaac Sébastocrator, conservés dans quatre mss. tardifs (Vat. gr. 1773, XVF s.; Athènes, Ἐθνικὴ Βιδλιοθήκη τῆς Ἑλλάδος [olim Istanbul], Metochion Panagiou Taphou, 35 et 118, XVII s.; Athos, Docheiariou 119, XVII“ s.), ont été utilisés par Boese 268 (qui n'a pu collationner que le Vat. gr. 1773) pour reconstituer le texte grec de Proclus, imprimé en vis-à-vis de la traduction latine. Aprés l'édition Boese 268, le texte d'Isaac Sébastocrator lui-méme a
été édité: 276 Isaak Sebastokrator, Zehn
Aporien über die Vorsehung, hrsg. von J. Dornseiff, coll. «Beiträge zur klassischen Philologie » 19, Meisenheim am Glan 1966 ; 277 Isaak Sebastokrator, Περὶ τῆς τῶν Kaxóv Ὑποστάσεως (De Malorum Subsistentia), hrsg. von J. J. Rizzo, coll. « Beitráge zur klassischen Philologie » 42, Meisenheim am Glan 1971 ; 278 Isaak Sebastokrator, Über Vorsehung und Schicksal, hrsg. von M. Erler, coll. « Beiträge zur klassischen Philologie» 111, Meisenheim am Glan 1979. Nouvelle édition intégrale des opuscules d’Isaac Sébastocrator dans l'édition Isaac 269, à la fin de chacun des trois volumes (t. I, p. 153-223; t. II, p. 99-169; t. III, p. 127200). En plus des opuscules d'Isaac Sébastocrator, il faut mentionner cinq autres témoins du texte grec de Proclus : (a) Philopon, De aet. mundi, cite trois passages de la première question du De decem dub.: De aet. mundi ll 5, p. 37, 22-38, 2 Rabe = De decem dub. 5, 1-8. — De aet. mundi ll 5, p. 38,
3-15; V 13, p. 91, 10-18 ; XVI 3, p. 570, 1-13 = De decem dub. 5, 14-23. — De aet. mundi 1 3, p. 6, 17-21; IL 5, p. 38, 16-20 ; V 13, p. 91, 19-23; XVI 3, p. 570, 14-18 = De decem dub. 5, 3033. Ces citations de Philopon sont la source de Syméon Seth (XI* s.), Σύνοψις τῶν φυσικῶν (Conspectus rerum naturalium), éd. A. Delatte, dans Anecdota Atheniensia et alia, t. 1l, coll. «Bibliothèque de la Faculté de Philosophie et Lettres de l'Université de Liege » 88, Liège/Paris 1939, p. 1-127, en part. Λόγος πέμπτος (Περὶ τῆς πρώτης αἰτίας τῶν ὄντων xai τῆς ἀπ᾽ αὐτῆς διηκούσης ἐνταῦθα προνοίας), p. 83, 20-84, 13 et p. 87. 9-14 (cf. Whittaker 170, p. 425427). (b) Jean Lydus, De mensibus IV 35, p. 93, 15-94, 3 Wünsch, cite De mal. subs. 61, 5-18 (cf. 279 H.-Ch. Puech, « Un passage du "De malorum subsistentia" de Proclus cité par Jean Lydus
1620
PROCLUS
DE LYCIE
et traduit par Guillaume de Moerbeke », dans Mélanges offerts amis et ses éléves, Paris 1937, p. 377-392).
P 292 à A.-M. Desrousseaux par ses
(c) Ps.-Denys l’Aréopagite, De divinis nominibus IV 18-34, p. 162, 6-179, 4 Suchla, suit pas à pas le De mal. subs., tout en ajoutant quelques remarques ou modifications visant à “christianiser" le texte de Proclus (cf. 280 H. Koch, « Proklus als Quelle des Pseudo-Dionysius Areopagita in der Lehre vom Bösen ». Philologus 54, 1895. p. 438-454 ; 281 J. Stiglmayr, « Der Neuplatoniker Proclus als Vorlage des sogen. Dionysius Areopagita in der Lehre vom Uebel», HJ 16, 1895, p. 253-273, 721-748 ; 282 C. Steel. « Proclus et Denys : de l'existence du mal», dans Y. de Andia (édit.), Denys l'Aréopagite et sa postérité en Orient et en Occident. Actes du Colloque International, Paris, 21-24 septembre 1994, « Collection des Études Augustiniennes. Série Antiquité » 151, Paris 1997, p. 89-116). (d) Psellus cite quelques passages des trois opuscules éd. L. G. Westerink, Utrecht 1948, $ 17, 85. 94, 95, 98, 100,
dans De omnifaria doctrina, 105, 195, 196, 197 (toutes les
citations sont anonymes, sauf 100, 7-13: Πρόκλος δὲ ὁ φιλόσοφος οὔτε ἀγαθὸν αὐτὴν [scil. τὴν ὕλην] οἴεται οὔτε xaxóv κτλ.). (e) Un florilége du Ps.-Maxime le Confesseur, intitulé Loci communes (PG 91. col. 7191018), contient, dans la rédaction conservée dans le ms. Hanovre, Niedersächsische Landes-
bibliothek, IV 546 (copié par Eugenios Choumnos et daté du 7 mai (dont huit tirés du De decem
dub., un du De prov.):
apparentium) ; 40, 1-14 (Adhuc autem — deteriorum)
De decem
dub.
1311), neuf brefs extraits 33,
14-17 (Non
igitur —
; 49, 21-26 (Si autem — affluentis) : 51, 32-36
(et si tibi — laudator) ; 53, 19 (non mox - incomparabilis) ; 56, 26-33
(Si enim
Themistocles —
adversantibus) ; 56, 33-36 (Quid igitur — punitionem) , 59, 41-45 (hancis — sanatione) ; De prov. 25, 22-24 (Malus — puniunt). Cf. 283 C. Steel, « Note additionnelle : Quatre fragments de Proclus dans un florilége byzantin », dans Isaac 269, t. III, p. 201-207; 284 S. Ihm, « Neue griechische Proclus-Fragmente aus dem Florilegium des Ps.-Maximus », Traditio 56, 2001, p. 1-13.
En ce qui concerne les titres des trois opuscules, on remarquera que le titre Περὶ τῶν δέκα πρὸς τὴν πρόνοιαν ἀπορημάτων est attesté par Philopon, De aet. mundi 13, p. 6, 16-17; 11 5, p. 37, 21-22; V 13, p. 91, 6-7; XVI 3, p. 569,27: ce
titre a aussi été repris par Isaac Sébastocrator. Le titre Περὶ προνοίας xal εἷμαρμένης xai τοῦ ἐφ᾽ ἡμῖν πρὸς Θεόδωρον τὸν unyavuxóv est une rétroversion du titre latin De providentia et fato et eo quod in nobis ad Theodorum mechanicum ; le titre Περὶ τῆς τῶν xaxov ὑποστάσεως est attesté par la scholie à in Remp. I, p. 37, 23 (cf. supra, n? 12, p. 1572) et correspond exactement au titre transmis par la traduction latine (De malorum subsistentia).
La traduction latine est transmise par 13 mss. qui, selon Boese 268, remonteraient tous à un archétype perdu (o) différent de l'autographe de Moerbeke
(A);
l'archétype w aurait donné naissance à deux branches, dont les chefs de file seraient, d'une part, le Paris. Arsenal 473, XIII-XIV* s. (A), d'autre part, un hyparchétype X qui aurait, à son tour, donné naissance à deux branches, dont l'une serait
formée par les mss. Oxford, Bodleian Library, Digby 236, XIV* s. (O), et Macerata, Bibl. Comunale, 5.3.D.30, XIV* s. (S), tandis que l'autre remonterait au Var. lat. 4568, XV*-XVY. s. (V). Le stemma ainsi tracé par Boese 268, p. XIX, doit être
considéré comme erroné, car la position du Vat. lat. 4568 a été mal établie. En effet, ce ms. présente de nombreux marginalia grecs (transcription chez Boese 268, p. 267-271) qui ont sans aucun doute été copiés directement sur l'autographe de Moerbeke (comme cela est établi par 285 C. Luna, «Le Vat. lat. 4568, copie de l’autographe de Guillaume
de Moerbeke
(Proclus, Tria opuscula)»
[à paraître] ;
P 292
PROCLUS DELYCIE
1621
voir déjà 286 Proclus, On the Existence of Evils, transl. by J. Opsomer and C. Steel, London 2003, p. 8), et non pas ajoutés par un lecteur qui aurait comparé la traduction latine avec le texte grec comme l’imagine Boese 268, p. XVII (hypo-
thèse qui implique, entre autres, que le texte grec aurait encore été disponible en Occident au début du XVI. s.). La dépendance directe du Vat. lat. 4568 par rapport à l'autographe A oblige à réviser le stemma dans son ensemble, car elle met en doute l'existence d'un archétype différent de l'original. Les $ 33-37 du De decem dub. (6° question) sont connus dans la tradition arabe,
puisqu'ils
ont été utilisés
par
le philosophe
arabe
chrétien
Yahyà
ibn
‘Adi
(cf. Endress 41, p. 1669).
Traductions modernes. Frangaise: en vis-à-vis de la traduction latine dans l'édition Isaac 269. Anglaise: 287 Two Treatises of Proclus, the Platonic Successor, the Former Consisting of Ten Doubts Concerning Providence and a Solution of those Doubts, and the Latter Containing a Development of the Nature of Evil, translated from the Edition of these Works by Victor Cousin by Th. Taylor, London 1833 (trad. du De decem dub. et du De mal. subs. selon l'édition Cousin
130), réimpr.
sous
le titre: Proclus
the Neoplatonic
Philosopher,
Ten Doubts
Concerning Providence and a Solution of those Doubts and On the Subsistence of
Evil, translated into English from their Latin Version by William of Moerbeke, Chicago 1980; Opsomer et Steel 286; 288 Proclus, On Providence, transl. by C. Steel, London 2007; 289 Proclus, Ten Questions on Providence, transl. by J. Opsomer and C. Steel, London (à paraitre). Allemande: 290 Proklos Diadochos, Zehn Aporien über die Vorsehung. Frage 1-5 (δὲ 1-31), übersetzt und erklärt von
K. Feldbusch, Inaugural-Dissertation Kóln
1972; 291 Proklos Diadochos, Zehn
Aporien über die Vorsehung. Frage 6-10 ($$ 32-66), übersetzt und erklärt von I.
Bóhme, Inaugural-Dissertation Kóln 1975; 292 Proklos Diadochos, Über die Existenz des Bösen, übersetzt und erläutert von M. Erler, coll. «Beiträge zur klassischen Philologie» 102, Meisenheim am Glan 1978 ; 293 Proklos Diadochos, Über
die
Vorsehung,
das
Schicksal
und den freien
Willen
an
Theodoros,
den
Ingenieur (Mechaniker), nach Vorarbeiten von Th. Borger übersetzt und erläutert von M. Erler, coll. «Beiträge
Glan
1980. Italienne:
Introduzione,
zur klassischen
294 Proclo,
traduzione,
note
e
Philologie»
Tria opuscula. apparati
di
F.D.
102, Meisenheim
Provvidenza, Paparella,
am
libertà, male, Milano
2004.
Espagnole : 295 E. Elorduy, Ammonio Sakkas. La doctrina de la creación y del mal en Proclo y el Ps. Areopagita, I, coll. «Estudios Onienses», I Ser., 7, Ofia (Burgos) 1959, p. 323-329 (De decem dub. qu. 5), p. 50-202 (De mal. subs.).
Cf. 296 F.P.Hager, «Proklos und Alexander von Aphrodisias über ein Problem der Lehre von der Vorsehung», dans Kephalaion. Studies in Greek Philosophy and its Continuation Offered to Professor C. J. de Vogel, Assen 1975, p. 171-182; 297 W. Beierwaltes, « Pronoia und Freiheit in der Philosophie des Proklos », FZPhTh 24, 1977, p. 88-111; 298 D. J. O'Meara, «Das Böse bei Plotin (Enn. I 8)», dans Th. Kobusch et B. Mojsisch (édit.), Platon in der abendländischen Geistesgeschichte. Neue Forschungen zum Platonismus, Darmstadt
1622
PROCLUS DE LYCIE
P 292
1997, p. 33-47 ; 299 G. Bechtle, «Das Böse im Platonismus: Überlegungen zur Position Jamblichs », BPJAM 4, 1999, p. 63-82; 300 C. Steel, «Proclus on the Existence of Evil», dans PBAC 14, [1998] 1999, p. 83-102, 109; 301 J. Opsomer et C. Steel, « Evil without a Cause: Proclus' Doctrine on the Origin of Evil, and its Antecedents in Hellenistic Philosophy », dans Th. Fuhrer et M. Erler (édit.), Zur Rezeption der hellenistischen Philosophie in der Spátantike. Akten der 1. Tagung der Karl- und Gertrud-Abel-Stiftung vom 22.-25. September 1997 in Trier, Stuttgart 1999, p. 229-260 ; 302 J. Opsomer, «Proclus vs Plotinus on Matter (De mal. subs. 30-7)», Phronesis 46, 2001, p. 154-188; 303 C. Steel, « The Philosophical Views of an Engineer. Theodorus' Arguments against Free Choice and Proclus' Refutation », dans M. Bonazzi et V. Celluprica (édit.), L'eredità platonica. Studi sul platonismo da Arcesilao a Proclo, coll. «Elenchos» 45, Napoli 2005, p. 277-310 ; 304 J. Phillips, Order from Desorder. Proclus' Doctrine of Evil and its Roots in Ancient Platonism, coll. « Ancient Mediterranean and Medieval Texts and Contexts: Studies in Platonism, Neoplatonism, and the Platonic Tradition » 5, Leiden 2007 ; 305 N. Chr. Kavvadas, Die Natur des Schlechten bei Proklos. Eine Platoninterpretation
und ihre Rezeption durch
Dionysios Areopa-
gites, coll. « Quellen und Studien zur Philosophie », Berlin 2009. (35) [B. 24] Περὶ ἀϊδιότητος τοῦ κόσμου (De aeternitate mundi). Perdu. Cet ouvrage, qui se composait de dix-huit arguments visant à démontrer l'éternité du monde (en ce sens qu'il n'a pas eu de commencement ni n'aura de fin), peut étre
reconstitué grâce à la réfutation qu'en a faite Philopon (»*P 164) dans son De aeternitate mundi (306 loannes Philoponus, De aeternitate mundi contra Proclum,
ed. H. Rabe, coll. BT, Leipzig 1899, réimpr. Hildesheim 1963 ; Scholten 92, 2 vol. parus: arguments 1 à 5). En effet, chacun des dix-huit livres du De aet. mundi de Philopon s'ouvre par la citation de l'argument de Proclus, suivie de la liste des chapitres de la réfutation (Κεφάλαια
τῆς λύσεως τοῦ β΄ ... ιη΄ λόγου) et de la
réfutation elle-même (Λύσις τοῦ B ... in’ λόγου). Alors que les arguments 2 à 18 ont été conservés en grec, le premier argument, perdu en grec (le Marc. gr. 236, contenant le De aet. mundi de Philopon et source de toute la tradition manuscrite, a perdu ses deux premiers quaternions), est connu grâce à la traduction arabe d’Ishäq ibn Hunayn (cf. Endress 41, p. 1658). Comme l'a reconnu Scholten 92, t. I, p. 1617, l'ouvrage est lié en quelque façon à l'in Tim. par la thématique abordée (la question de l'éternité du monde est, en effet, longuement développée dans l'in Tim.), sans que l'on puisse dire lequel des deux ouvrages est antérieur à l'autre. De toute facon, étant donné la difficulté de dater précisément l'in Tim. (cf. supra, n? 17, p. 1577), on ne peut guère parvenir à une conclusion significative. L’ouvrage de Proclus est mentionné dans la liste de la Souda sous le titre de Ἐπιχειρήματα κατὰ Χριστιανῶν ιη΄ (supra, p. 1553, titre n? 9). Dans ce titre. les mots κατὰ τῶν Χριστιανῶν sont sans aucun doute une addition tardive: puisque l'ouvrage de Proclus a été réfuté par le chrétien Philopon, on a supposé que Proclus avait lui-méme écrit contre les chrétiens, cf. Saffrey 32, p. 554 [2 Saffrey 12, p. 202] et n. 7. En réalité, il n'y a aucun indice que les chrétiens fussent la cible de
P 292
PROCLUS DE LYCIE
1623
Proclus, et une telle interprétation est à considérer comme hautement invraisemblable, méme si c'est le sens que Philopon attribue au texte (cf. par ex. De aet. mundi IV 8, p. 75, 7-12 Rabe = p. 490 Scholten, où Philopon prétend que tout l'effort de Proclus va contre τῇ ἀληθείᾳ τῶν καθ᾽ ἡμᾶς λογίων, expression qui désigne l'Écriture sainte) ; l'addition de κατὰ τῶν Χριστιανῶν dans la notice de la
Suda refléte donc le point de vue de Philopon : cf. Scholten 92, t. I, p. 17-25; 307 Proclus, On the Eternity of the World (De Aeternitate Mundi), Greek Text with
Introduction, Translation, and Commentary by H.S. Lang and A.D. Macro, Argument I translated from the Arabic by J. McGinnis, Berkeley/Los Angeles/ London 2001, p. 4-8, 14. Puisqu'aucun titre n'est transmis par la tradition ancienne ni pour l'ouvrage de Proclus ni pour la réfutation de Philopon (mutilée du début et donc du titre, cf. éd. Rabe 306, Praefatio, p. VII, XII-XII), le plus sûr est de désigner l'ouvrage de Proclus par le sujet de la réfutation de Philopon, l'éternité du monde (cf. Lang et Macro 307, p. 3). Il se peut également que le terme ἐπιχειρήματα employé dans la Souda pour décrire l'ouvrage de Proclus ne soit pas exact (cf. Scholten 92, t. I, p. 25-29). Il est difficile de rattacher l'ouvrage de Proclus à un genre littéraire établi: on ne connait, semble-t-il, dans toute l'Antiquité que trés
peu d'ouvrages formés d'une simple collection d'arguments ou théses (cf. Scholten 92, t. I, p. 29-32). On peut cependant soupgonner qu'il s'agit d'un ouvrage lié à l'enseignement, c'est-à-dire de la défense d'une thése chére à Proclus et qui peut
avoir suscité une certaine opposition au sein de l'école: tout en proclamant clairement le désaccord entre Platon et Aristote, Proclus soumet son exégèse du Timée aux axiomes du De caelo d'Aristote; on peut imaginer que tel ou tel de ses disciples était tenté de renoncer à la position du maitre (cas analogue à celui de Marinus, qui avait renoncé à l'exégése métaphysique du Parménide, cf. Saffrey et Segonds 17, p. XVII-XX). Proclus semble faire allusion à cet ouvrage dans in
Parm. III, 786, 25-27: el δέ ἐστιν ἀΐδιος ὁ κόσμος — οὐ γὰρ δὴ τοῦτο νυνὶ πρόκειται ζητεῖν —, αὐτῷ τῷ εἶναι ποιεῖ τὸ ποιοῦν («or, si le monde est éternel -ce n'est pas ce que nous nous proposons de chercher présentement --, c'est que le producteur produit par son étre méme »). Les arguments de Proclus sont analysés, dans le cadre général de la question de l'origine du monde, par 308 M. Baltes, Die Weltentstehung des Platonischen Timaios nach den antiken Interpreten, 2 vol., coll. «Philosophia Antiqua » 30 et 35, Leiden 1976, 1978 (le t. II est entiérement consacré à Proclus; aux p. 134-164, traduction allemande des 18 arguments, y compris
le premier,
traduit
de
l'arabe
par P. Heine).
Traduction
anglaise
des
arguments 2 à 18: Taylor 15, p. 35-92. Le texte grec des arguments 2 à 18 (éd. Rabe 306) et le texte arabe du premier argument (éd. A. Badawi, Le Caire
1955)
sont repris en vis-à-vis d'une traduction anglaise, avec introduction et notes, dans Lang et Macro 307, p. 37-149 et p. 153-163. Traduction anglaise des arguments 1 à 5 dans 309 Philoponus, Against Proclus On the Eternity of the World 1-5, transl. by M. Share, coll. ACA 54, London 2004. Traduction allemande des arguments 2 à 5 dans Scholten 92, t. II (traduction du premier argument à partir de l'arabe, t. II, p. 317-321).
P292
PROCLUS DE LYCIE
1624
Cf. 310 F. A. J. de Haas, John Philoponus' New Definition of Prime Matter. Aspects of its Background in Neoplatonism and the Ancient Commentary Tradition, coll. «Philosophia Antiqua» 69, Leiden 1997, en part. p. 1-45 (Ie onziéme argument de Proclus et la réfutation de Philopon) ; 311 D. P. Taormina, « A propos du modele et de la copie. Notes sur Jean Philopon, De aeternitate mundi contra Proclum
Il», Oriens-Occidens
4, 2002, p. 175-200; 312 B. Gleede, Platon
und
Aristoteles in der Kosmologie des Proklos. Ein Kommentar zu den 18 Argumenten für die Ewigkeit der Welt bei Johannes Philoponos, coll. « Studien und Texte zu Antike und Christentum » 54, Tübingen 2009 (avec traduction allemande). (36) [B. 25] Περὶ τόπου (De loco). Perdu. L'existence de ce traité est attestée
par Proclus, in Remp. (16* diss.) II, p. 199, 22-23, oü, aprés avoir interprété Ia lumière de Resp. X, 616 B 4-C 4 comme étant le lieu du ciel, Proclus renvoie à un traité spécial dans lequel il a fait des recherches au sujet de la nature du lieu : Ἀλλὰ
περὶ μὲν τῆς τοῦ τόπου φύσεως xai ἰδίᾳ πεπραγματεύμεθα («Mais nous avons traité aussi à part de la nature du lieu», t. III, p. 149). La scholie à in Remp. II, p. 199, 6 sqq. (t. II, p. 380, 29-381, 2 Kroll), permet d'identifier ce traité spécial : xai ὅτι ὕφεσιν ἔχει τῆς καθαρότητος, ὡς εἴρηται Ev τοῖς περὶ τόπου’ δεῖ γὰρ διαφέρειν τὸν δεξάμενον τὸν οὐρανὸν τόπον τοῦ δεξαμένου τὴν γῆν («et aussi parce que [la lumière] connaît un abaissement dans sa pureté, comme cela est dit dans le traité Sur le lieu: il faut, en effet, que le lieu qui a reçu le ciel soit différent de celui qui a reçu la terre» ; par les mots ὅτι
ὕφεσιν ἔχει τῆς καθαρότητος le scholiaste fournit une explication supplémentaire du fait que la lumière ressemble à l'arc-en-ciel [Resp. X, 616 B 5-6)).
Des extraits assez étendus de cet ouvrage, dans lequel Proclus établissait que le lieu est la lumière, sont conservés par Simplicius, in Phys. (Cor. de loco), p. 611, 8-614, 7 Diels (traduction frangaise: Festugière 20, t. III, p. 328-333; traduction anglaise: Taylor 15, p. 93-100); aprés avoir rapporté la doctrine de Proclus, Simplicius la soumet à un examen critique (p. 614, 8-619, 2: trad. Festugiére 20, t. III, p. 334-343). On peut rattacher au Περὶ τόπου deux autres témoignages : (a) Philopon, De aet. mundi
1 7, p. 18, 16-19, 2 Rabe,
Proclus Περὶ φωτός ; puisque, comme
cite un fragment
tiré du traité de
on vient de le voir, Proclus identifie le lieu avec la
lumière, il est tout à fait probable que le titre Περὶ φωτός désigne le méme ouvrage que le titre
Περὶ τόπου. Cf. Scholten 92, t. 1, p. 160-162. (b) Ps.-Simplicius, in De anima, p. 134, 6-8 Hayduck (sur ce commentaire, cf. Perkams 189, p. 1517 sq.). En commentant De an. 1I 7, 418 b 17, où Aristote affirme que la lumière n'est pas un corps, car, s'il en était ainsi, deux corps (le diaphane et la lumière) occuperaient en méme temps
le méme lieu, le Ps.-Simplicius écrit: πῶς οὖν ἐν tà ἀέρι τὸ πύρειον φῶς ; οὐδὲ γὰρ xaraχερματιζόμενα διὰ τῶν πόρων ἀλλήλων δίεισιν, ὡς ὁ Πρόκλος ὑποτίθεται (« comment donc la lumière issue du feu est-elle dans l'air? Ce n'est pas, en effet, parce qu'ils pénètrent l'un à travers les pores de l'autre en se réduisant en petits morceaux, comme le suppose Proclus »). Selon Beutler 5, col. 193, 29-30, ce passage du Ps.-Simplicius pourrait se rapporter à l' Examen des critiques d'Aristote contre le Timée (cf. supra, n? 22, p. 1591). En réalité, puisqu'il ne s'agit pas d'une objection contre le Timée, il nous semble difficile de rattacher cette citation à l'ouvrage dans lequel Proclus répondait aux objections formulées par Aristote contre le Timée, et il nous semble plus probable que le Ps.-Simplicius utilise ici le Περὶ τόπου.
(37) [B. 27] Πρὸς
Ἀριστοκλέα
ἐπιστολὴ
(Lettre à Aristoclès). Perdu. Cet
ouvrage est cité par Simplicius, in Phys. (Cor. de loco), p. 615, 13-19, au cours de
P 292
PROCLUS
DE LYCIE
1625
sa réfutation de la doctrine proclienne du lieu-lumière (trad. Festugière 20, t. III, p. 335-336; voir l'analyse de l'argument par le P. Festugiere, p. 335 n. 4). Proclus y traitait de la nature des sept firmaments chaldaiques (dont l'un est le monde du feu, les trois suivants le monde de l'éther, les trois derniers le monde matériel) et
soutenait qu'ils sont matériels en ce sens qu'ils comportent une certaine potentialité car, étant mus du mouvement local, ils ne sont pas tout entiers partout. Il s'agit donc d'une matérialité différente de celle des corps sublunaires ou célestes. Il est impossible de dire si la Lettre à Aristoclés traitait d'autres sujets. On ne sait rien de cet Aristoclés (»*A 367), sinon qu'il est le destinataire de cette lettre de Proclus.
(VII) OUVRAGES DE MATHÉMATIQUE OU D'ASTRONOMIE (38) [B. 28] In primum Euclidis Elementorum librum. Les deux prologues de ce
commentaire (respectivement p. 3-47 et p. 48-84 Friedlein) revétent une importance toute particuliére à cause de la discussion de la nature, de l'objet et de la division des mathématiques (1° prologue) et de la géométrie (2° prologue), avec un remarquable excursus sur l'histoire de la géométrie depuis les Égyptiens jusqu'à Euclide (p. 64, 3-68, 23). Le premier prologue présente d'évidents paralléles avec le De communi mathematica scientia de Jamblique (notés dans l'apparat des sources de l'édition du De comm. math. scientia par N. Festa, coll. BT, Stuttgart 1891, editionem addendis et corrigendis adiunctis curavit U. Klein, ibid. 1975). Apres l'étude de 313 Ph. Merlan, From Platonism to Neoplatonism, The Hague 1953, en part. p. 18-29, qui souligne les incohérences du texte de Jamblique et les explique par l'utilisation d'une multiplicité de sources, 314 B. LL. van der Waerden, «Die gemeinsame Quelle der erkenntnistheoretischen Abhandlungen von lamblichos und Proklos », SHAW 1980, n° 12, a émis l'hypothèse selon laquelle ces parallèles s'expliqueraient par une source commune qui serait à identifier avec Géminos (»*G 15); cette hypothèse a été à juste titre réfutée par 315 D.J. O'Meara, «Proclus' First Prologue to Euclid: the Problem of its Major Source», dans J. Duffy et J. Peradotto (édit.), Gonimos. Neoplatonic and Byzantine Studies Presented to Leendert G. Westerink at 75, Buffalo/New York 1988, p. 49-59, qui a exclu l'existence d'une source commune aux deux textes et a montré que le De comm. math. scientia de Jamblique est bien la source principale du premier prologue de Proclus. La question est encore discutée par 316 I. Mueller, « Iamblichus and Proclus' Euclid Commentary », Hermes 115, 1987, p. 334-348, qui ne prend toutefois pas nettement position et souligne plutót les divergences entre Jamblique et Proclus. Proclus avait probablement l'intention de commenter aussi les livres suivants des Éléments: un certain nombre de renvois au futur (p.272, 14-15; p. 279, 12; p. 398, 18; p. 427, 10), auxquels il faut ajouter p. 423, 6 (ἀλλὰ ταῦτα ἐν ἄλλοις), témoignent en effet d'une telle intention (cf. 317 Proclus, A Commentary on the First Book of Euclid's Elements with Introduction and Notes by G. R.
1626
PROCLUS DE LYCIE
P 292
Morrow, Princeton 1970, p. XXXI); en outre, à la fin de l'ouvrage, p. 432, 9-19. Proclus exprime ouvertement son désir de continuer l'exégese du texte euclidien. Éditions. Édition princeps à la suite de l'édition princeps des Éléments d'Euclide, par Simon Grynée, Bâle 1533: 318 Εὐκλείδου στοιχείων βίδλ. ιε΄ ἐκ τῶν Θέωνος συνουσιῶν. Εἰς τοῦ αὐτοῦ τὸ πρῶτον, ἐξηγημάτων Πρόκλου βίδλ. δ΄. Adiecta praefatiuncula in qua de disciplinis Mathematicis nonnihil, Basileae, apud Ioannem Hervagium, anno M.D.XXXIII (cf. 319 T.L. Heath, The Thirteen Books of Euclid's Elements, Translated from the text of Heiberg, with Introduction
and Commentary, 3 vol., 2" edition revised with additions, Cambridge 1926, réimpr. New York 1956, t. I, p. 100-101 [1'* éd. Cambridge 1908, t. I, p. 100-101]; le texte de Proclus a été édité d’après le trés fautif ms. Oxford, Corpus Christi College 97). Édition de référence: 320 Procli Diadochi in primum Euclidis Elementorum librum commentarii, ed. G. Friedlein, coll. BT. Leipzig 1873, réimpr. Hildesheim 1967 (édition trés médiocre). L'édition Friedlein 320 ne suit pas la division en quatre livres attestée par les mss. et reprise par l'édition princeps (livre I = Prologi pars prior, p. 3, 1-47, 8 Friedlein; livre H = Prologi pars posterior, p. 48, 1-177, 25; livre III = p. 178, 1-353, 11 ; livre IV = p. 354, 1-432, 19). parce
qu'elle ne remonte sûrement pas à Proclus (cf. Friedlein 320, p. VII-VIII). Tradition
manuscrite.
Le texte est transmis
par une
trentaine de mss., mais
l'édition Friedlein 320 n'en utilise que quatre : le Monac. gr. 427, XI“ s., est le ms. de base, alors que les Vat. Barber. gr. 101 et 145, et Bonon.
Univ. 2293 ne sont
utilisés que de facon sporadique. Quelques indications sur les mss. conservés en Italie sont contenues dans 321 C. Wachsmuth, « Handschriftliche Notizen über den Kommentar des Proklus zu den Elementen des Euklides », RhM 18, 1863, p. 132135 (il faut signaler le Marc. gr. 306, XI” s., ayant appartenu à Bessarion). Sur le Monac. gr. 427, cf. 322 B. Noack, « Eine alte Papierhandschrift in der Bayerischen Staatsbibliothek», dans D. Harlfinger (édit.), $/AO9PONHMA. Festschrift für Martin Sicherl zum 75. Geburtstag. Von Textkritik bis Humanismusforschung, coll. «Studien zur Geschichte und Kultur des Altertums N.F., 1. Reihe: Monographien » 4, Paderborn 1990, p. 125-140. Traductions latines. L'in Eucl. a été traduit en latin par Francesco Barozzi (Candie 1537 - Venise 1604 ; cf. 323 Dizionario Biografico degli Italiani VI, 1964, p. 495-499) à partir de l'édition princeps corrigée à l'aide de plusieurs mss.: 324 Procli Diadochi Lycii philosophi platonici ac mathematici probatissimi in primum Euclidis Elementorum librum Commentariorum ad universam mathematicam disciplinam principium eruditionis tradentium libri III. A Francisco Barocio patritio Veneto summa opera, cura, ac diligentia cunctis mendis expurgati : Scholiis, et Figuris, quae in graeco codice omnes desiderabantur aucti :
primum iam Romanae linguae venustate donati, et nunc recens editi, Patavii, Excudebat Gratiosus Perchacinus 1560. Une traduction latine manuscrite par Bartolomeo Zamberti, datée de 1539, est conservée dans le Monac. lat. 6 (ce ms.
contient aussi la traduction, par Zamberti, des Éléments, de la Catoptrique et des Phénoménes d'Euclide, cf. 325 Catalogus codicum latinorum Bibliothecae Regiae
P 292
PROCLUS DE LYCIE
Monacensis,
Editio
altera
complectens, Monachii
emendatior,
Tomi
1627
I Pars
I Codices
Num.
1-2329
1892, p. 3; Friedlein 320, p. 1); sur Bartolomeo Zamberti,
né à Venise en 1473, éléve de Georges Valla et auteur de la premiére traduction
gréco-latine compléte des Éléments d'Euclide, publiée à Venise en 1505, cf. Heath 319, 2° éd. t. I, p. 98 (1° éd., t. I, p. 98); 326 I. Bulmer-Thomas et J. Murdoch, art. « Euclid », DSB III, 1971, p. 414-459, en part. p. 448-449.
Traductions modernes. Frangaise : 327 Proclus de Lycie, Les commentaires sur le premier livre des Éléments d'Euclide, traduits pour la première fois du grec en frangais avec une introduction et des notes par P. Ver Eecke, «Collection de Travaux de l'Académie Internationale d'Histoire des Sciences» 1, Bruges 1948. Anglaise: 328 The philosophical and mathematical commentaries of Proclus on the first book of Euclid's Elements, by Th. Taylor, 2 vol., London 1792 ; Morrow 317.
Allemande:
329
Proklus
Diadochus,
Kommentar
zum
ersten
Buch
von
Euklids 'Elementen', aus dem Griechischen ins Deutsche übertragen und mit textkritischen Anmerkungen
taren
und
von P. L. Schönberger O.S.B., eingeleitet, mit Kommen-
bibliographischen
Nachweisen
versehen
und
in der Gesamtedition
besorgt von M. Steck, Halle 1945. Italienne : 330 Proclo, Commento al I libro degli
Elementi di Euclide, introduzione, traduzione e note a cura di M. Timpanaro Cardini, coll. « Biblioteca degli Studi classici e orientali » 10, Pisa 1978. Cf. 331 N. Hartmann, Des Proklus Diadochus philosophische Anfangsgründe der Mathematik nach den ersten zwei Büchern des Euklidkommentars [par “les deux premiers livres", Hartmann veut dire les deux prologues], coll. «Philosophische Arbeiten» IV. Band, 1. Heft, Gießen 1909; trad. française par G. de Pesloüan, Principes philosophiques des mathématiques d'aprés le Commentaire de
Proclus aux deux premiers livres des Eléments d'Euclide [ce titre, qui se lit sur la page de titre, est erroné, car Proclus n'a commenté que le premier livre des Elements; le titre exact se trouve à la p. 173: Proclus, Principes philosophiques des mathématiques (D'aprés les deux premiers livres du Commentaire d'Euclide)],
à la suite de 332 S. Breton, Philosophie et mathématiques chez Proclus, Paris 1969; 333 I. Mueller, Philosophy of Mathematics and Deductive Structure in Euclid's Elements, Cambridge (Mass.) 1981 ; 334 A. Charles-Saget, L'architecture du divin. Mathématique et philosophie chez Plotin et Proclus, Paris 1982, p. 187-
296; 335 [. Mueller, « Mathematics and Philosophy in Proclus' Commentary on Book I of Euclid's Elements », dans Pépin et Saffrey 9, p. 305-318 : 336 L. Napolitano Valditara, Le idee, i numeri, l'ordine. La dottrina della mathesis universalis dall'Accademia antica al neoplatonismo, coll. «Elenchos» 14, Napoli 1988; 337 D.J. O'Meara, Pythagoras Revived. Mathematics and Philosophy in Late Antiquity, Oxford 1989, en part. chap. 7 à 10 (p.142-209); 338 R. Glasner, « Proclus' Commentary on Euclid's Definitions I, 3 and I, 6», Hermes 120, 1992,
p. 320-333; 339 H.-J. Waschkies, «Die Prinzipien der griechischen Mathematik: Platon, Aristoteles, Proklos und Euklids Elemente », dans K. Dóring, B. Herzhoff et G. Wóhrle (édit.), Antike Naturwissenschaft und ihre Rezeption, t. VI, Trier 1995, p.91-153; 340 M. Schmitz, Euklids Geometrie und ihre mathematik-
1628
PROCLUS
theoretische Grundlegung
DE LYCIE
P292
in der neuplatonischen
Philosophie des Proklos, coll.
« Epistemata. Reihe Philosophie » 212, Würzburg 1997 ; 341 1. Mansfeld, Prolegomena mathematica. From Apollonius of Perga to Late Neoplatonism, With an Appendix on Pappus and the History of Platonism, coll. «Philosophia Antiqua»
80, Leiden 1998, en part. chap. III (p. 23-35) et Appendix 2 (p. 99-121); 342 R. Netz,
«Proclus'
Division
of the
Mathematical
Proposition
into Parts:
How
and
Why Was it Formulated ? », CQ 49, 1999, p. 282-303 ; 343 J. J. Cleary, « Proclus? Philosophy of Mathematics », dans G. Bechtle et D. J. O'Meara (édit.), La philosophie des mathématiques de l'Antiquité tardive. Actes du colloque international, Fribourg,
Suisse,
Helbing,
«La
Elements
d'Euclide
«The
24-26
fortune
septembre
1998,
des Commentaires
à l'époque
Role of Mathematics
Fribourg
2000,
de Proclus
p. 85-101;
344 M. O.
sur le premier
de Galilée », ibid., p. 173-193;
345
livre des
1.1. Cleary,
in Proclus' Theology », dans Segonds et Steel 10,
p. 65-90; 346 I. Mueller, « Remarks on Euclid's Elements I, 32 and the Parallel Postulate », ScCont 16, 2003, p. 287-297 ; 347 G. Bechtle, «Die pythagoreisie-
rende Konzeption der Mathematik bei Iamblichos, Syrianos und Proklos. Im Spannungsfeld zwischen pythagoreischer Transposition und platonischer Mittelstellung», dans Perkams et Piccione 11, p. 323-339; 348 G.R. Giardina, « Procl. In Eucl. 35,
17-42, 8: sullo statuto delle "scienze matematiche
miste" », Elenchos
27, 2006, p. 345-375, 349 O. Harari, « Methexis and Geometrical Reasoning in Proclus! Commentary on Euclid's Elements», OSAPh 30, 2006, p. 361-389; 350 A. Lernould (édit.), Études sur le Commentaire de Proclus au premier livre
des Éléments d'Euclide, Villeneuve d' Ascq 2010. L'in Eucl. de Proclus est le seul commentaire conservé des Éléments d'Euclide (»E 80) et comme tel il joue un rôle considérable dans l'immense littérature euclidienne. Nous citerons simplement trois ouvrages relevant de ce domaine, oü l'in Eucl. est fréquemment employé : Heath 319 (le t. I contient de très utiles et trés abondantes
remarques
commentaires, importante
sur
Proclus);
351
par B. Vitrac, 4 vol., Paris
introduction
par M.
Caveing);
Euclide,
Les
1990-2001 352
Euclide,
Éléments,
traduction
et
(le t. I contient aussi une Tutte le opere, a cura
di
F. Acerbi, Milano 2007 (avec un riche appareil de notes). (39)
[B.31]
Ὑποτύπωσις
τῶν
ἀστρονομικῶν
ὑποθέσεων
(Hyportvposis
astronomicarum positionum). Cet ouvrage, dont le titre peut se traduire par Expose
sommaire des hypotheses employees par les astronomes, et qui constitue la meilleure introduction antique à l’œuvre de Ptolémée, a été écrit aprés le retour de Proclus de Lydie (cf. Saffrey et Segonds 17, p. 18 n. 14 [p. 119-120]; Luna et Segonds 18, t. I/1, p. XCI n. 4; supra, Biographie, p. 1549). II se compose de sept
chapitres dans lesquels Proclus aborde les thémes suivants: Chap. I (correspond à Ptolémée, Almageste, livre 1): Bien que Platon ait invité les philosophes à remonter au-delà des phénomènes célestes visibles et à en rechercher les causes dans la réalité du Nombre véritable, Proclus a décidé de satisfaire à la requéte de son hóte lydien (cf. supra, p. 1549) et de lui expliquer les hypothèses des astronomes. Les phénomènes célestes qui ont davantage attiré l'attention des astronomes à cause de leur irrégularité sont au nombre de dix : (1) les mouvements planétaires n'ont pas une vitesse identique ; (2) alors que les solstices se
P 292 produisent toujours aux mémes
PROCLUS DE LYCIE
1629
points de l'équateur, les autres planétes changent de direction
tantót dans une région du ciel, tantót dans l'autre ; (3) les mouvements planétaires sont irréguliers,
puisque les planètes semblent avancer, retrograder et s’arrêter ; (4) certaines planètes présentent toutes les valeurs de l'élongation par rapport au soleil, tandis que Mercure et Vénus ont des valeurs-limites ; (5) ces deux planètes apparaissent tantôt plus grandes, tantôt plus petites ; (6) elles sont pius visibles lorsqu'elles sont plus prés du soleil, moins visibles lorsqu'elles en sont plus éloignées, alors qu'on s'attendrait au contraire (par exemple, Vénus est bien visible en tant qu'étoile du matin, bien qu'elle se trouve à la même longitude que le soleil, tandis qu'on ne la voit pas le soir, bien qu'elle soit éloignée du soleil de plusieurs degrés) ; (7) l'ordre des planétes souléve des difficultés en ce qui concerne la position du soleil, de Mercure et de Vénus; (8) le soleil semble rebrousser chemin avant d'avoir atteint le point marquant le solstice ; (9) les étoiles
fixes semblent elles aussi se mouvoir d'un mouvement de rotation autour d'un póle qui ne coincide pas avec le póle céleste; (10) les éclipses, aussi bien de soleil que de lune, ne se produisent ni toujours au même endroit ni en des endroits toujours variables, mais en se déplaçant constamment contre l'ordre des signes. Chap. II (+ Ptol., Alm. III): Présentation des trois hypothèses formulées par les astronomes pour résoudre les dix problèmes énumérés au chap. I: (1) hypothèse de l'excentrique, (2) hypothèse de l'épicycle, (3) hypothèse de l'excentrépicycle. Chap. III (= Ptol., Alm. III) : Théorie du soleil : inclinaison de l'écliptique, anomalies du soleil expliquées à l'aide de deux hypothèses (excentrique et épicycle), apogée et périgée, éphémérides, prosthaphérèse (c'est-à-dire différence entre mouvement réel et mouvement apparent du soleil [ou équation, dans la terminologie médiévale ]). Chap. IV (= Ptol., Alm. IV-V) : Théorie de la lune. Chap. V (= Ptol., Alm. VII-VIII et IX-XIII) : Théorie des planétes: mouvement de la sphère
des étoiles fixes (problème de la précession des équinoxes), ordre des planètes, mouvements de Mercure et des autres planétes, mouvements direct et rétrograde, stations, apogées. Chap. VI (= Ptol., Alm. V 1): Construction et utilisation d'un instrument appelé génériquement par Proclus "astrolabe" (il s'agit non pas d'un astrolabe plan, mais d'une sphére armillaire). Chap. VII: Réponse aux dix problémes énumérés dans le premier chapitre. A propos du 9* probléme, Proclus refuse la précession des équinoxes sur la base de l'observation suivante : s'il y avait vraiment une précession des équinoxes, certaines étoiles, par exemple les Ourses, auraient dû disparaître de notre ciel, alors qu'elles sont visibles depuis tant de siècles, tandis que d'autres auraient dû apparaitre ; or, puisque ce phénomène ne se produit pas, il s'ensuit qu'il n'y a pas de précession des équinoxes. Conclusion (p. 236, 10-237, 27 Manitius) : les astronomes, désireux de montrer l'uniformité des mouvements célestes au moyen d'excentriques et d'épicycles, n'ont pas compris qu'ils rendaient l'essence méme des corps célestes irréguliére et remplie de passions. Quant aux excentriques et aux épicycles, s'ils ne sont que de simples constructions artificielles élaborées en vue de l'explication des phénoménes célestes, cela équivaut à expliquer les mouvements naturels par quelque chose qui n'existe pas dans la nature ; si, en revanche, les excentriques et les épicycles sont des entités réelles, la continuité des sphéres célestes sera détruite par de tels cercles qui sont dotés d'un mouvement différent de celui des sphéres. Tout en fournissant l'explication la plus simple des anomalies apparentes dans le mouvement des corps célestes, les hypothéses astronomiques ne peuvent donc aucunement atteindre les causes réelles et divines du ciel. Sur la critique de Procius à l'endroit des hypothèses astronomiques et sur sa conception de l'astronomie philosophique, cf. 353 A.-Ph. Segonds, « Proclus : astronomie et philosophie », dans Pépin et Saffrey 9, p. 319-334.
Éditions. Édition princeps par Simon Grynée : 354 Πρόκλου Διαδόχου ὑποτύπωσις τῶν ἀστρονομικῶν ὑποθέσεων. Procli Diadochi hypotyposis astronomicarum positionum, apud Ioannem
Vualder (= Johannes
Walder), Basileae
1540.
1630
PROCLUS DE LYCIE
P 292
Édition de référence: 355 Procli Hypotyposis astronomicarum positionum, ed. C. Manitius, coll. BT, Leipzig 1909, réimpr. Stuttgart 1974. Tradition manuscrite. Le texte est transmis par un grand nombre de mss., dont
la plupart sont récents, parce que l'ouvrage a longtemps conservé sa qualité pédagogique d'introduction à l'astronomie de Ptolémée. La tradition manuscrite n'est pas encore entiérement démélée, car Manitius n'a connu que 3] mss. et n'a pu collationner ni les trois mss. de Venise (Marc. gr. 303, 323 et 512; cf. Praefatio, p. VI-VII, XIV),
ni le ms.
Istanbul, Topkapi
Sarayi,
40. Le
stemma
codicum
de
l'édition Manitius 355 (Praefatio, p. XXVIII et XLI), selon lequel tous les mss. se
partageraient en deux familles issues d'un archétype trés fautif, dont les fautes auraient été héritées par une famille, et corrigées par l'autre, ne rend probablement pas bien compte de la tradition manuscrite. Traduction latine. La section I 11-V 121 (p. 6, 12-198, 6) a été traduite en latin
par 356 Georges Valla qui l'a insérée à l'intérieur du livre XVIII de son encyclopédie De expetendis et fugiendis rebus Opus, 2 vol., Venetiis, in Ædibus Aldi Romani, 1501 (traduction reproduite dans 357 Claudii Ptolemaei Pelusiensis Alexandrini omnia quae extant opera, Basileae 1541, p. 377-428 ; édition reproduite en 1551). Dans la traduction de Valla, les originaux des textes grecs ont été abrégés, interpolés et modifiés de façon tout à fait arbitraire (cf. Manitius 355, Praefatio, p. V-VI ; 358 N. Jardine et A.-Ph. Segonds, La Guerre des astronomes. La querelle au sujet de l'origine du systeme géo-héliocentrique à la fin du XV siècle,
coll.
«Science
et humanisme», Paris
2008,
t. I1,
p. 116
n. 10
[p. 162-
164)). Traductions modernes. Frangaise: 359 N. Halma, Hypothéses et époques des planétes de C. Ptolémée et Hypotypose de Proclus traduites pour la premiere fois
du grec en français sur les manuscrits de la Bibliothèque du Roi, suivies de trois mémoires traduits de l'Allemand de M. Ideler, Paris 1820 (cette traduction est peu utilisable ; le texte grec de Proclus, édité à partir des mss. Paris. gr. 2363 et 2392 et largement dépourvu d'accents, inutiles selon l'éditeur, se trouve aux p. 65-151). Allemande : en vis-à-vis du texte grec dans l'édition Manitius 355 (excellente). Cf. Sambursky rances », CQ
28,
198, p. 145-150; 1978, p. 202-222
360
G. E. R. Lloyd, «Saving
(repris dans
/d., Methods
and
the AppeaProblems
in
Greek Science, Cambridge 1991, p. 248-277); 361 E. Renna, « Tolomeo, Pappo, Teone e Proclo: la nomenclatura degli strumenti astronomici», Atti della Accademia Peloritana dei Pericolanti 67, 1991, p. 303-322 ; 362 M. Cacouros, « Deux
épisodes inconnus dans la réception de Proclus à Byzance aux XIIY-XIV* siècles : La philosophie de Proclus réintroduite à Byzance grâce à l'Hypotypósis. Néophytos Prodroménos et Kóntostéphanos (?) lecteurs de Proclus (avant Argyropoulos)
dans le Xénôn du Kralj », dans Segonds et Steel 10, p. 589-627.
P 292
PROCLUS DELYCIE
1631
(VIII) DIVERS
(40) [B. 48] Hymni. On sait par Marinus, Proclus 19, 17-26, que Proclus avait
composé des hymnes en l'honneur de dieux aussi bien grecs qu'étrangers: «il ne tirait pas, comme d'autres, de ces fétes prétexte à reláchement ou méme à satisfaction corporelle, mais au contraire, c'était pour lui l'occasion de veillées de
priéres, de chants d'hymnes et d'autres pratiques analogues: c'est ce que montre
l'ouvrage de ses hymnes (ἡ τῶν ὕμνων αὐτοῦ πραγματεία), qui ne contient pas seulement les louanges des dieux honorés chez les Grecs, mais qui célébre aussi le Marnas de Gaza, l'Asclépius d'Ascalon, qui porte un lion (Λεοντοῦχον), un autre dieu en grande vénération chez les Arabes, Thyandritès, l'Isis que l'on vénère encore à Philae, et absolument tous les autres dieux» (voir les notes ad loc. de Saffrey et Segonds 17, p.23 n. 7-12 [p. 131-133]). Marinus, Proclus 26, 43, rapporte aussi que Proclus continua de composer des hymnes jusque dans les toutes derniéres années de sa vie. Du recueil des hymnes de Proclus, qui devait donc être d'une certaine ampleur, il ne reste que sept hymnes écrits en hexamètres, tous en l'honneur de divinités grecques à l'exception de Janus: (1) au Soleil (εἰς Ἥλιον), (2) à Aphrodite (εἰς Ἀφροδίτην), (3) aux Muses (εἰς Moboacç), (4) à tous
les dieux (ὕμνος κοινὸς εἰς θεούς), (5) à Aphrodite de Lycie (eig Λυκίην Ἀφροδίτην), (6) à Hécate et à Janus (ὕμνος κοινὸς Ἑκάτης xai 'Iávov), (7) à Athena du Bon Conseil (εἰς Ἀθηνᾶν πολύμητιν). Il est important de rappeler que les titres des hymnes ne remontent sürement pas à Proclus, car ils apparaissent, semble-t-il, pour la premiére fois, dans le manuscrit autographe de Georges Gémiste Pléthon, le Marc. gr. 406 (cf. 363 Procli Hymni, ed. E. Vogt, coll. « Klassisch-Philologische Studien» 18, Wiesbaden 1957, p. 6 n° 12 et pl. II; voir aussi infra, Tradition manuscrite), cf. 364 L. G. Westerink, c.r. de l'édition Vogt
363, dans Mnemosyne 11, 1958, p. 370-371, en part. p. 370; 365 R. M. van den Berg, Proclus' Hymns. Essays, translations, commentary, coll. « Philosophia Antiqua» 90, Leiden 2001, p.5-6. Les titres n'ont donc aucune autorité, ce qui explique qu'il y ait des opinions divergentes en ce qui concerne l'identification du destinataire de certains hymnes, notamment les hymnes IV et VI. Accueillant une suggestion de Westerink 364, p. 370, 366 H. D. Saffrey, «L'hymne IV de Proclus, priére aux dieux des Oracles Chaldaiques », dans Néoplatonisme. Mélanges offerts
à Jean Trouillard, coll. «Les Cahiers de Fontenay » 19-22, Fontenay-aux-Roses 1981, p. 297-312 (repris dans Saffrey 13, p. 193-206), a émis l'hypothése que l'hymne IV serait en l'honneur des dieux des Oracles Chaldaiques, ce qui n'est pas accepté par van den Berg 365, p. 224-227, qui établit un paralléle entre cet hymne, d'une part, et la prière initiale de la Theol. plat., celle de l'in Parm. et l'hymne III, d'autre part, pour montrer que tous les éléments "chaldaiques" de l'hymne IV se retrouvent aussi dans ces trois textes qui ne concernent pourtant pas les dieux des Oracles (voir aussi l'ouvrage de G. Zuntz cité infra, n? 385). Selon van den Berg 365, p. 252-257, l'hymne VI s'adresse non seulement à Hécate et Janus, mais à Rhéa, Hécate et Janus-Zeus. On ajoutera que l'hymne VII «à Athéna du Bon Conseil» est plus exactement un hymne à Athena, puisque l'épithéte
1632
PROCLUS DE LYCIE
P 292
πολύμητις ne se lit méme pas dans le texte de l'hymne, mais seulement dans le titre. En plus de ces sept hymnes, on a trois attestations d'autres hymnes: (a)
Olympiodore,
in
Phaed.
1,
$8 5,
15-16
Westerink
et
in Alc.
2, 60-62
Westerink, cite un vers d'un hymne perdu à Dionysos (= fr. I Vogt): ὅσσ᾽ ἴδον ἐν [ἴδον ἐν OL, in Alc. : εἶδον Ol., in Phaed.] τεκέεσσιν ἐφημίξαντο τοκεῦσιν («toutes les propriétés qu'ils ont observées chez les enfants, [les Anciens] les ont
attribuées aux parents »). Dans le texte imprimé par Vogt (ὅσσ᾽ εἶδον τεκέεσσιν ἐφημίξαντο
τοκῆες),
la conjecture
roxijec
au
lieu de τοχεῦσιν
rend
incompréhensible (cf. Westerink 364, p. 370-371, et Westerink 72, p. Olymp., in Phaed. 1,8 5,15-16). (b) Jean Lydus, De mensibus lI 6, p. 23, 9-12 Wünsch, cite un vers perdu à l'ára£ ἐπέκεινα (“une fois au-delà"): ὅτι ἡ μονὰς Ev τριάδι δυνατὸν ἐκ τῶν ὑμναρίων Aabelv πρὸς γὰρ τὸν ἅπαξ ἐπέκεινα
le texte
45, note ad d'un hymne θεωρεῖται, ὁ Πρόκλος
οὕτω: μονάδα [μουνάδα metri causa legendum] γάρ σε τριοῦχον ἰδὼν ἐσεδάσσατο κόσμος
voie dans Proclus]:
[Ξ fr. II Vogt = Or. Chaid., fr. 26 des Places] («Que la monade
la triade, c'est ce que
l'on peut déduire
du recueil d'hymnes
s'adressant en effet à l’“une fois au-delà", Proclus
[s'exprime]
se
[de ainsi:
"c'est parce qu'il a vu en toi une monade triadique que le monde t'a vénéré” »). Le fr. 26 des Or. Chald. est supprimé dans le 3° tirage revu et corrigé par A.-Ph. Segonds, puisqu'il s'agit d'un vers de Proclus, et non pas des Oracles Chaldaiques (cf. Lewy 218, p. 680 [M. Tardieu, Concordance]). Il est intéressant de remarquer que l'adjectif τριοῦχος "qui contient une triade" n'est attesté que dans ce fragment de
Proclus
et chez
Damascius,
De princ.
III, p. 138, 21
Westerink
et Combes:
πολλῷ μειζόνως τὸ Ev μένει Ev τριοῦχον («à bien plus forte raison, l'un demeure un, tout en contenant la triade»), qui est peut-étre une allusion à l'hymne de Proclus. Comme le remarquent Saffrey et Segonds 17, p. 23 n. 7 [p. 131], dans le
passage de Jean Lydus, le terme τὰ ὑμνάρια (qui est un hapar) est un latinisme (hymnarium) et signifie "recueil d'hymnes", et non pas "petit hymne" comme le traduit LSJ s.v. ὑμνάριον (en réalité, le singulier n'est pas attesté, car ce passage de Jean Lydus est l'unique occurrence). (c) Psellus, Philosophica minora, vol. I, éd. Duffy, opusc. 19 (de meteorologicis), li. 175-180 (p. 75), cite d'abord (li. 175-176) le commentaire de Proclus sur les Oracles Chaldaiques (cf. supra, n? 27, p. 1602), où Proclus a affirmé qu'il y a des démons accessibles à la flatterie, et aussitót aprés (li. 176-180) il ajoute que
Proclus
a composé des hymnes en l'honneur d'Artémis et a prescrit de l'appeler
“porteuse de glaive" (ξιφηφόρος), “ἃ la ceinture aux serpents tortueux” (OTTELPO-
6paxovróCovoc), "qui porte un lion" (λεοντοῦχος) et "trimorphe" (τρίμορφος), car, dit Proclus, Artémis est attirée et, pour ainsi dire, trompée et ensorcelée par ces
noms. Ce témoignage de Psellus, cité [p- 131], manque dans l'édition Vogt 363. dans la théologie de Proclus, cf. 367 S. Relevance of Neoplatonism to the Modern
par Saffrey et Segonds 17, p.23 n.7 Sur l'interprétation de la déesse Artémis Rangos, «Proclus on Artemis: On the Study of Ancient Religion », Kernos 13,
P292
PROCLUS DELYCIE
1633
2000. p. 47-84. Les épithétes σπειροδρακοντόζωνος et λεοντοῦχος sont indubitablement d'origine chaldaique parce qu'elles sont attribuées à Hécate aussi dans la lettre XVII de Michel Italicus (résumé de théologie Chaldaique, cf. supra, n? 27,
p. 1601), éd. des Places, p. 216, 12-14: ἣν καὶ σπειροδρακοντόζωνον ἄλλοι παρασυνθέτως προσαγορεύουσι: xai τὴν Er’ αὐταῖς, λεοντοῦχον. Voir aussi Psellus, Oraison funébre de Jean Xiphilin, éd. des Places, p.218, 4-5 τὴν
6paxovróGovov (scil. Hécate) ; Id., Epistola 187, éd. C. N. Sathas, Μεσαιωνικὴ βιδλιοθήχη,
t. V, Paris
τρίμορφος : τὸ
1876,
p. 474,
δρακοντόζωνον
xai
18-20, où l'on trouve aussi ξιφηφόρος
τὸ ξιφηφόρον
xai
μαστιγοφόρον
et
xai
δαδοφόρον καὶ τρίμορφον (le parallele entre notre passage de l'opusc. 19, li. 175180, et l'Ep. 187 est établi par Bidez 228, p. 95). Sur l'épithéte λεοντοῦχος, cf. Saffrey et Segonds 17, p. 23 n. 10 [p. 132]. Qu'il y ait un rapport trés étroit entre les hymnes de Proclus et son exégése chaldaique, c'est ce que montre un passage du commentaire de Proclus sur les Oracles Chaldaiques (« Extraits chaldaiques »,
Il, p. 207, 22-208, 4 des Places), dans lequel Lewy 218, p. 491-493, a voulu retrouver un hymne disposé κατὰ κῶλα καὶ κώμματα, qu'il a intitulé la « chanson du feu». Voir aussi « Extraits chaldaiques », I, p. 206,
19-207, 2 des Places, où il
est question des «hymnes intellectuels et invisibles » que l'áme chante lors de sa remontée vers le Pére. Deux
hymnes
ont été faussement
attribués à Proclus:
(a) l’Hymne
à Ares
conservé dans la collection des Hymnes Homériques, a été attribué à Proclus par
368 M. L. West,
«The eighth Homeric Hymn and Proclus », CQ 20, 1970, p. 300-
304, mais cette attribution a été réfutée par 369 Th. Gelzer,
Homerischen
Ares-Hymnus
(Hom.
Hy.
8)»,
MH
« Bemerkungen
44,
1987,
zum
p.150-167.
(b) L'Hymne à Dieu (Ὕμνος εἰς θεόν), transmis parmi les poèmes de Grégoire de Nazianze
(Carmina
dogmatica,
n? 29, PG
37, col. 507-508 ; texte grec et traduc-
tion française dans 370 Proclus, Hymnes et prières, par H. D. Saffrey, Paris 1994, p. 78-79), a été attribué à Proclus par 371 A. Jahn, Πρόκλου Ex τῆς Χαλδαικῆς φιλοσοφίας. Eclogae e Proclo de philosophia Chaldaica sive de doctrina Oracu-
lorum Chaldaicorum, nunc primum edidit et commentatus est A. Jahnius. Accedit Hymnus in Deum Platonicus vulgo S. Gregorio Nazianzeno adscriptus, nunc Proclo Platonico vindicatus, Halle 1891, réimpr. Bruxelles 1969, p.49-77 (I. Bibliographica [p. 49-54] ; II. De auctore Hymni
[p. 54-64] ; III. Annotatio critica
et exegetica [p. 64-76] ; IV. Corollarium [p. 76-77 : texte grec et traduction allemande]),
l'attribution à Proclus, ainsi qu'à Grégoire de Nazianze, a été réfutée par
372 M. Sicherl, « Ein neuplatonischer Hymnus unter den Gedichten Gregors von Nazianz », dans J. Duffy et J. Peradotto (édit.), Gonimos. Neoplatonic and Byzantine Studies Presented to Leendert G. Westerink at 75, Buffalo/New
York
1988,
p. 61-83, qui a proposé de l'attribuer au Ps.-Denys l'Aréopagite. Éditions. Édition princeps : 373 Orphei Argonautica, Orphei et Procli hymni (1V), Florentiae, impensa Philippi Juntae bibliopolae, 1500. Édition de référence: Vogt 363.
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PROCLUS DE LYCIE
1634
Tradition manuscrite. Les hymnes de Proclus sont transmis à l'intérieur du corpus des hymnes qui comprend aussi les hymnes homériques, les hymnes orphiques et ceux de Callimaque. Le plus souvent, les hymnes de Proclus suivent les hymnes orphiques dont ils ne sont pas toujours clairement séparés. Le texte est transmis par 35 mss. (aux 33 mss. énumérés par Vogt 363, p. 4-9, il faut ajouter Leiden, Bibliotheek der Rijksuniversiteit, Vossianus gr. Q 59, et Wien, Nationalbibliothek, Suppl. gr. 83); l'édition princeps a valeur de témoin primaire. Selon
Vogt 363, p. 9-20, 25, les mss. remontent à un unique archétype (W) qui a donné naissance à cinq branches, dont les chefs de file sont deux mss. conservés (Marc. gr. 406 [O]; Ambros. H 18 sup. [C]) et trois hyparchétypes perdus (a, ὃ. €). L'hyparchétype a est le modèle du Paris. gr. 2763 [g] et de l'édition princeps [Junt] ; l'hyparchétype ὃ est à l'origine de deux familles:
(Murinensis 164 [B] ;
Marritensis 4562 [G]) et y (Laur. Plut. 32, 45 |E]; Paris. Suppl. gr. 1095 [P] ; l'hyparchétype € est le modèle du Marc. gr. 480 [A] et du Var. gr. 1691
[L]. Le
Marc. gr. 406 est le ms. autographe de Pléthon et se caractérise par une série d'interventions textuelles (succession des hymnes dans l'ordre VI, V , IV, III. II, 1,
VII ; omission d'un certain nombre de vers, corrections ; pour l'addition des titres, cf. supra, p. 1631) qui rendent son utilisation en vue de l'établissement du texte assez délicate.
Traduction latine. La traduction latine la plus ancienne des hymnes de Proclus est conservée dans le Laur. Plut. 36, 35 (ff. 23"-25") et dans sa copie, l'Ottob. lar.
2966. Cette traduction, qui comprend seulement les hymnes I à V (les hymnes Ill et IV sont fusionnés), a été attribuée à Marsile Ficin par 374 A. M. Bandini, Catalogus codicum latinorum Bibliothecae Mediceae Laurentianae, t. 1l, Florentiae 1775, col. 240. L'attribution à Ficin a été reprise par Vogt 363, p. 23, et par 375 P. O. Kristeller. Supplementum Ficinianum, t. I, Florentiae 1937, p. X, CXLV. La traduction a été finalement attribuée à Janus Lascaris par S. Gentile dans 376 S. Gentile, S. Niccoli et P. Viti (édit.), Marsilio Ficino e il ritorno di Platone. Mostra
di manoscritti, stampe
e documenti,
17 maggio-16
giugno
1984, Firenze
1984,
p. 26. Édition princeps : 377 I. Klutstein, Marsilio Ficino et la théologie ancienne. Oracles Chaldaiques, Hymnes Orphiques, Hymnes de Proclus, coll.
« Quaderni di
Rinascimento » 5, Firenze 1987, p. 111-115 (I. Klutstein, qui n'a pris connaissance de l'étude de S. Gentile qu'à la fin de son travail [cf. p. 48 n. 1], était elle aussi parvenue à la conclusion que la traduction conservée dans le Laur. Plut. 36, 35 n'est pas de Ficin). Il est toutefois certain que Ficin avait traduit les hymnes de Proclus vers 1460-1462, les gardant chez lui, oü ses amis pouvaient encore les lire en 1492, comme il le rappelle dans sa lettre à Martino Uranio du 9 juin 1492: « Argonautica et Hymnos Orphei et Homeri et Proculi theologiamque Hesiodi quae adolescens (nescio quomodo) ad verbum mihi soli transtuli, quemadmodum tu nuper hospes apud me vidisti. edere numquam placuit, ne forte lectores ad priscum deorum daemonumque cultum iamdiu merito reprobatum revocare viderer» (Marsili
Ficini
Opera
quae
prodiere omnia, Basileae
hactenus
extitere
et quae
in lucem
nunc
primum
1576, réimpr. sous les auspices de la Société Marsile
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PROCLUS DE LYCIE
1635
Ficin, Préface de S. Toussaint, Paris 2000, t. I, p. 933; voir aussi Kristeller 375,
t. I, p. CXLV). Traductions modernes. Frangaise: Saffrey 370 (avec texte grec de l'édition Vogt en vis-à-vis). Anglaise: van den Berg 365 (avec texte grec de l'édition Vogt et
riche
commentaire).
Italienne:
378
Proclo,
/nni,
introduzione,
testo
critico,
traduzione, commento e lessico di E. Pinto, Napoli 1975. Cf.
379
R.Chevallier
A.J.
Festugiére,
(edit.),
Melanges
«Proclus
et
la
d'archéologie
religion et
traditionnelle»,
d'histoire
offerts
à
dans André
Piganiol, Paris 1966, p.1581-1590 (repris dans Festugiére 59, p.575-584); 380 H. D. Saffrey, « Quelques aspects de la spiritualité des philosophes néoplatoniciens de Jamblique à Proclus et Damascius », RSPT 68, 1984, p. 169-182 (repris dans Saffrey 12, p. 213-226); 381 /d., «La dévotion de Proclus au Soleil», dans J. Sojcher
et G.
Hottois
(édit.), Philosophies
non
chrétiennes
et christianisme
(= Annales de l'Institut de Philosophie et de Sciences morales), Bruxelles 1984, p. 73-86 (repris dans Saffrey 13, p. 179-191); 382 M. Erler, « Interpretieren als Gottesdienst. Proklos’ Hymnen vor dem Hintergrund seines Kratylos-Kommentars », dans Boss et Seel 8, p. 179-217 (traduction et commentaire de l'hymne II,
p.198-207);
383
H. D. Saffrey, «Proclus,
les Muses
et l'amour des
livres à
Athènes au V* siècle » (hymnes III et VID, dans H. 1. Westra (édit.), From Athens to Chartres. Neoplatonism and Medieval Thought. Studies in Honour of Édouard
Jeauneau, Leiden 1992, p. 163-171 (repris dans Saffrey 13, p. 169-177) ; 384 W. Fauth, Helios Megistos. Zur synkretistischen Theologie der Spátantike, coll. « Religions in the Graeco-Roman World » 125, Leiden 1995, en part. p. 121-145 (hymne D; 385 G. Zuntz, Griechische philosophische
Hymnen,
Aus
dem
Nachlaß
hrsg.
von H. Cancik und L. Käppel, coll. «Studien und Texte zu Antike und Christentum » 35, Tübingen 2005, en part. p. 97-155 (commentaire détaillé de l'hymne IV, interprété comme une priére aux dieux en général, et non pas aux dieux des Oracles Chaldaiques, cf. supra, p. 1631). (41) Epigrammata. On connait quatre épigrammes de Proclus, dont trois sont transmises par Marinus:
(a) Proclus 28, 26-27 et (b) ibid. 28, 30-33:
deux épi-
grammes, respectivement de deux et de trois hexamétres, composées par Proclus dans sa 40* année et dans sa 42* année (donc en 452 et 454), reprises dans l'Appendice de l'Anrhologie Grecque: Epigrammatum Anthologia Palatina cum Planudeis et Appendice Nova epigrammatum veterum ex libris et marmoribus
ductorum [...] instruxit Ed. Cougny, Graece et Latine, t. III, Parisiis 1890, chap. VI (Oracula), n?* 267 et 268 (cf. Saffrey et Segonds 17, p. 33 n. 21-22, p. 34 n. 1-4 [p. 158-159]) ; (c) Proclus 36, 37-42 (= epigr. I Vogt 363, p. 34), épitaphe formée de deux distiques, destinée au tombeau dans lequel Proclus devait étre enseveli avec Syrianus (cf. Saffrey et Segonds 17, p. 42 n. 9 [p. 178]; supra, Biographie, p. 1550); (d) épigramme formée de quatre distiques, à propos d'une statue de Dionysos dans la maison de Réginos (personnage inconnu), dans Epigrammatum Anthologia Palatina cit., chap. III (Epigrammata demonstrativa), n? 166 (= épigr. II Vogt 363, p. 34; trad. Saffrey 370, p. 85); cette derniére épigramme a été
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PROCLUS DE LYCIE
1636
publiée pour la premiere fois par 386 Jacques Philippe d’Orville (1696-1751), Animadversiones in Charitonem Aphrodisiensem, Leipzig 1783? (1 éd. Amsterdam 1750), p. 434, à partir d'un ms. non identifié et aujourd'hui perdu (l'occasion de la citation est l'explication de l'oscillation χλαμύς λανίς à propos de Chariton, De Chaerea et Callirhoe, IV 3, $ 7 χλαμύδας "EAAnvıxag, que d'Orville rapproche du v. 6 de notre épigramme oü le mot χλαμύδα portait un -v- au-dessus du -u-). L’attribution de cette épigramme à Proclus, qui ne se fonde que sur le témoignage du ms. utilisé par d'Orville 386, n'a jamais été contestée. Sur les épigrammes I et II Vogt, cf. 387 Th. Gelzer, « Die Epigramme des Neuplatonikers Proklos », MH 23, 1966, p. 1-36. En ce qui concerne l'épigramme II Vogt, Gelzer 387, p. 13-36, pense qu'il s'agissait d'une épigramme gravée sur une statue de Dionysos placée dans la maison de Réginos et destinée au culte orphique de Dionysos, qui, aprés l'interdiction des cultes paiens par les chrétiens, se déroulait dans des maisons privées (comme Marinus, Proclus 30, 4-11, l’atteste à propos du culte d'Athéna qui, lors de la transformation du Parthénon en église chrétienne, fut poursuivi dans la maison de Proclus lui-méme). (42) Lettres.
Marinus,
Proclus
15, 40-41,
atteste que
Proclus
a envoyé
des
lettres à des magistrats en charge, probablement pour les admonester. Rien n'est resté de ces lettres. Voir aussi supra, n? 37, Lettre à Aristoclés, p. 1624-1625. (IX) FRAGMENTA
ET TESTIMONIA INCERTAE SEDIS
Nous rassemblons ici huit fragments qu'il est difficile d'assigner à un ouvrage déterminé de Proclus. De ces huit fragments, quatre sont transmis par Jean Lydus (trois dans le De mensibus, un dans le De ostentis). et les quatre autres respectivement par Simplicius, Psellus, Asclépius et Olympiodore. Dans le cas d'Asclépius et d’Olympiodore, il s'agit plutöt de témoignages, dont la source n'est sans doute pas directement un ouvrage écrit de Proclus. (IX.1) Simplicius, in Phys., p. 404, 16-21 a3):
Diels (ad Phys. III 1, 200 b 32-201
Ἐπειδὴ δὲ ὁ ἐκ τῆς Λυκίας φιλόσοφος Ev τοῦτο xai μόνον διάφωνόν φησι τὸ δόγμα περὶ κινήσεως τοῦ Ἀριστοτέλους καὶ τοῦ Πλάτωνος, τοῦ μὲν λέγοντος “οὐκ ἔστι δέ τις κίνησις
παρὰ τὰ πράγματα" καὶ ἀναιροῦντος τὸ γένος εἶναι τὴν κίνησιν. τοῦ δὲ γένος ἕν τοῦ ὄντος τὴν κίνησιν λέγοντος ὡς τὴν οὐσίαν ὡς τὸ ταὐτὸν ὡς τὸ ἕτερον, κάλλιον εἴ που δυνατὸν
τὴν ἐν τῇ δοχούσῃ διαφωνίᾳ συμφωνίαν ἐπιδεικνύναι. « Mais puisque le philosophe de Lycie dit qu'il n'y a qu'un seul et unique sujet de désaccord entre Aristote et Platon dans la doctrine du mouvement, à savoir que l'un [scHl. Aristote] affirme :
“il n'existe pas de mouvement en dehors des choses" [Phys. Ill 1, 200 b 32-33] et nie que le mouvement soit un genre [ibid., 200 b 34-201
a 1], tandis que l'autre [scil. Platon] affirme que le
mouvement est un parmi les genres de l'étre, au méme titre que l'essence, l' identique, le différent [Soph. 254 B 7-256 D 4], mieux vaut, si possible. de montrer leur accord sous leur apparent désaccord » (suit la démonstration de Simplicius, en quatre points, p. 404, 21-406, 16).
Nous avons vu que c'est tout particuliérement dans l’Episkepsis que Proclus avait souligné le désaccord entre Aristote et Platon, et que cet ouvrage était bien
connu de Simplicius, qui en cite de longs fragments dans son commentaire sur le
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De caelo (cf. supra, n? 22, p. 1594). Il pourrait donc y faire allusion dans le présent passage, méme si la citation peut étre tirée de bien d'autres ouvrages aujourd'hui perdus (par ex. le commentaire sur le Sophiste, cf. supra, n? 13, p. 1572).
(IX2) Jean Lydus, De mensibus IV 53, p. 110, 18-25 Wünsch [= Porphyre, Εἰς τὰ τοῦ ᾿Ιουλιανοῦ τοῦ Χαλδαίου, fr. 365F, p. 437-438 Smith]: Ὃ μέντοι Πορφύριος Ev và ὑπομνήματι τῶν λογίων τὸν δὶς ἐπέχεινα τουτέστι τὸν τῶν ὅλων δημιουργὸν τὸν παρὰ Ἰουδαίων τιμώμενον εἶναι ἀξιοῖ, ὃν ὁ Χαλδαῖος δεύτερον ἀπὸ τοῦ ἅπαξ ἐπέκεινα, τουτέστι τοῦ ἀγαθοῦ. θεολογεῖ. Οἱ μέντοι περὶ ᾿Ιάμδλιχον καὶ Συριανὸν χαὶ Πρόκλον δημιουργὸν αὐτὸν τοῦ αἰσθητοῦ κόσμου νομίζουσιν εἶναι καλοῦντες αὐτὸν τῆς [an τοῦ legendum ?] τετραστοίχου θεόν. « Toutefois, Porphyre, dans son ouvrage sur les Oracles [= Sur les Oracles de Julien le Chaldéen, fr. 365 F, p. 437-438 Smith; οἱ 388 M. Zambon, Porphyre et le moyen-platonisme, coll. « Histoire des doctrines de l'Antiquité classique » 27, Paris 2002, p. 201-202], estime que le "deux fois au-delà", c'est-à-dire le démiurge de l'univers, est le [dieu] honoré par les Juifs ; c'est lui que le Chaldéen [sci/. Julien] range parmi les dieux au deuxième rang à partir du "une fois audelà", c'est-à-dire le Bien. Cependant, Jamblique. Syrianus et Proclus considèrent qu'il est le démiurge du monde sensible, l'appelant “le dieu du quadruple ordre des vivants” ».
Ce fragment est probablement tiré du commentaire de Proclus sur les Oracles Chaldaiques, oü Lydus peut avoir aussi trouvé la mention des autres auteurs (Porphyre, Jamblique et Syrianus). Le terme τὸ τετράστοιχον (qui désigne les quatre espéces de vivants de Tim. 39 E 10-40 A
2) est attesté trois fois chez Proclus: in Crat. LIII, p. 22, 8-9: ἡ παρ᾽ Ὁμήρῳ Κίρκη πᾶσαν ὑφαίνουσα τὴν Ev τῷ τετραστοίχῳ ζωὴν («Circé qui, chez Homère, tisse toute la vie qui se trouve dans le quadruple ordre des vivants ») ; in Tim. Il, p. 268, 4-10 (en part. li. 7 et 9): διὰ τί δέ, φαίη τις ἄν, εἰς τὴν ἀπλανῆ xai πλανωμένην πεποιήμεθα τὴν διαίρεσιν μόνην [...] ἀλλ᾽
οὐχὶ καὶ εἰς τὸ τετράστοιχον ; [...] εἴρηται μὲν οὖν ὑπό τινων, ὅτι τὸ τετράστοιχον πᾶν ἐν τῷ κύκλῳ συνείληπται τῷ τῆς σελήνης (« Mais pourquoi, pourrait-on demander, avons-nous fait la
division seulement en sphére des fixes et sphere des planetes [...] et non pas dans les quatre classes des vivants ? [...] Eh bien, il a été dit par certains que l'ordre quadruple des vivants a été tout entier contenu dans le cercle de la Lune », t. III, p. 312). C'est pourquoi nous proposons de corriger, dans le passage de Lydus, τῆς τετραστοίχου en τοῦ τετραστοίχου (le féminin est incompréhensible, à moins de sous-entendre ou méme, à la rigueur, de suppléer φύσεως. cf. Ps.Grégoire de Nysse, De eo quid sit "Ad imaginem dei et ad similitudinem", PG 44, col. 1332 B:
Ζωοποιὸς xai συστατικὴ xal προνοητικὴ ἡ ψυχὴ ὑπάρχει τῆς τετραστοίχου τοῦ σώματος
φύσεως). (IX.3) Jean Lydus, De mensibus IV 76, p. 128, 3-11 Wünsch: Περὶ δὲ «αὐτῆς» ὁ Πρόκλος φησὶν οὕτως" “ἡ Maid ἐστιν ἡ τὰ Ev ἀφανεῖ κεκρυμμένα εἰς τὸ ἐμφανὲς προάγουσα παραπλησίως ταῖς τῆδε μαίαις, Ἑρμῆς δὲ ἐκείνης παῖς ὁ λόγος ἥκων διὰ πάντων, ὃς τὴν ἐν τῷ ἀφανεῖ τῶν ὄντων περιοχὴν ἐν διαστάσει καὶ προνοίᾳ [an προόδῳ legendum 7] λόγων ἀϊδίως πρώτως [an πρῶτος legendum ?] ἐξέφηνεν, εἱρμὸν καὶ συνέχειαν καὶ ἀλληλουχίαν ποιήσας ὡς ἐκφαντικὸς τῶν παρ᾽ ἡμῖν τῆς ψυχῆς ἀδήλων
μαθημάτων [μαθημάτων Cumont : παθημάτων codd.).” « A son sujet, Proclus s'exprime ainsi : "Maia est celle qui fait passer ce qui est caché dans le secret au grand jour, tout comme les sages-femmes d'ici-bas ; Hermes, son fils, est le discours qui s'étend à travers toutes choses, celui qui, le premier, a éternellement révélé dans l'extension et la procession des discours, l'embrassement des étres dans le secret, en produisant un lien, une continuité et un enchainement, en tant qu'il est révélateur des savoirs cachés qui sont en nous, dans notre áme ».
1638
PROCLUS DE LYCIE
P 292
Sur ce fragment de théologie orphique, cf. 389 J. Bidez et F. Cumont, Les Mages hellénisés, 2 vol., Paris 1938, réimpr. en un vol. Paris 2007, t. II, p. 245 n.5; Segonds 16, p. 248 n. 3 (p. 395]. Maas 22, p. 134-135, a réuni toutes les références de Lydus à Proclus ; à la p. 135, il attribue ce fragment au commentaire sur l'Alc., sans aucune référence précise, trés probablement en suivant l'apparat de l'éd. Wünsch, p. 128, 4, qui renvoie à in Alc. I, p. 187 Creuzer = 187, 17-188, 3 Segonds, passage paralléle à ce fragment, dans lequel Proclus rapporte la εὕρεσις et la μάθησις à Hermès : la εὕρεσις en tant qu'il est fils de Maia, «dans laquelle se trouve sur un mode caché la recherche », la μάθησις en tant qu'il est le messager de Zeus.
(IX.4) Jean Lydus, De mensibus IV 154, p. 171,6-172, 4 Wünsch: «Ὁ
δὲ ἱερὸς» λόγος
—
αὐτοῖς yàp τοῖς τοῦ Aov
Πρόκλου
«yp»noóur«8a
ῥήμασι» — «πρρὸς λέξιν οὕτως λέγει" “ὁ δὲ «δὴ» Κρόνος τέταρτος ὧν «καὶ βίᾳ δέχρεται τὸ
τοῦ πατρὸς
σκῆπτρον
καὶ παραδίδωσι τῷ «παιδὶ βινασθείς, xarà
τὸ τοῦ μύθου
πρό-
oy τὸ δὲ αἵτιον «τῆς τοιαύτ»ης διασκενυῆς οἱ μυθιχοὶ δοχ«εοῦσιν» ἀπὸ τῆς ἰδιότη«τος τοῦ θε»οῦ Aabeiv ἐπειδὴ γὰρ τῆς Τιτανεικῆς» ἡγεῖται διακοσμήσεως» παρὰ τὸ διαιρε-
τικὸν καὶ τῶν νοε«ρῶν Aau6áv«etv
αὐτόν
φασι»
τὸ» ἀκρότατον, καὶ
διδόναι
ἐν οἷς ἑτερότης
τὴν βασιλείαν,
οἷον
ἐξέλαμψε"
διὰ δὲ ταῦτα
μαχητικῶς
καὶ
«βιαίως
xai τὴν
δύναμιν» τὴν ἐρίζουσαν τὰ δεύτερα τοῖς πρώτοις ἐπάγειν». AVOUE γὰρ ὄντως «ἐστὶ xai» δυσκχοινώνητον τὸ «τῆς» ἑτερότητος yé«voc, ὡς» ὁ Πλάτωνος
λόγος" ὅθεν δὴ καὶ
dtaxpiverv «λέγεται ἑαυτὸν ὁ υἱὸς» τοῦ πατρός, καὶ καταλαμδάνειςν αὖθις» τὴν «ἀρχὴν ὁ v>iög, «τὴν πρὸς» ἑκάτερον ὁμόνοιαν διὰ τὴν ἰδιότητα τὴν Τιτανι«κὴν χαταδινασάμενος." Τοιαῦτα μὲν καὶ αὐτὸς ἐπὶ τῆς τῶν ἱερῶν μεύθων ἀν»απτύξεως. «Le discours sacré — j'emploierai les termes mémes du grand Proclus — s'exprime ainsi mot à mot: "Quant à Kronos, qui est le quatriéme [roi], non seulement il regoit par violence le sceptre de son père, mais il le transmet, après avoir subi une violence, à son fils, sous le couvert du mythe ; les auteurs de mythes semblent avoir tiré du caractère particulier du dieu la cause de cette disposition ; en effet, puisqu'il est à la téte de la classe Titanique du fait qu'il est diviseur, et [qu'il est] le plus élevé des dieux intellectifs, dans lesquels a brillé [pour la premiere fois] l'alté-
rité, pour cette raison, [ces auteurs) disent que [Kronos] et prend et donne la royauté, comme si la puissance de la discorde rattachait les inférieurs aux étres premiers par la guerre et la violence. En effet, le genre de l’altérité [= l'altérité] est véritablement hostile et asociale, comme l'enseigne Platon : c'est pourquoi on dit que le fils [= Kronos] se sépare de son père [= Ouranos], et que le fils, de nouveau, s'empare du règne, parce qu'il a violenté, à cause de sa propriété titanique. l'unité d'intellect qui les unit l'un à l'autre". Voilà donc ce que (Proclus] dit à propos de l'explication des mythes sacrés ».
La citation de Jean Lydus est sans aucun doute littérale, comme il le dit luiméme, car un certain nombre d'expressions sont attestées chez Proclus. Ce fragment trouve un parallèle tout à fait exact dans l'in Crat. CV, où Proclus explique pourquoi Socrate affirme (Crar. 396 B 3-4) qu'il pourrait sembler ὑδριστικόν (= "insolent") que Zeus soit le fils de Kronos (= "vieux fou, vieux radoteur"). Voir en part. p. 54, 19-55, 17 (d’oü sont tirés les fr. orphiques 101 + 208 + 137 Kern = fr. 98 IV Bernabé), où Proclus remarque que la succession des régnes orphiques (Phanés, Nuit, Ouranos, Kronos, Zeus, Dionysos) n'est violente que dans le cas de
Kronos, qui chátra son pére Ouranos et fut à son tour chátré par son fils Zeus. On
remarquera la locution xarà τὸ μυθιχὸν πρόσχημα (in Crat., p. 54, 26) identique à κατὰ τὸ τοῦ μύθου πρόσχ«ημα» dans notre fragment (p. 171,
1 Wünsch).
P 292
PROCLUS DE LYCIE
1639
Les fragments IX.3 et IX.4 concernent des thèmes de théologie orphique. Ils ne sont répertoriés ni par Kern ni par Bernabé. Il est impossible de préciser de quel ouvrage de Proclus ils proviennent. (IX.5) Jean Lydus, De ostentis 3, p. 8, 4-6 Wachsmuth: ἦν δὲ ἄρα τὸ παιδίον ὁ Τάγης. ὃν δὴ xai χθόνιον ‘E[puñv] εἶναι τοῖς Ἕλλησιν ἔδοξεν. ὥς
που καὶ Πρόκλος φησὶν ὁ διάδοχος. « Cet enfant était donc Tages, que les Grecs [= les paiens] croyaient être Hermès chthonien, comme le dit quelque part Proclus le diadoque ».
Tagés est un personnage de la mythologie étrusque: c'est un petit enfant qui était apparu à un laboureur en train de conduire sa charrue ; il passait pour étre le fils du Genius lovialis, doué d'une grande sagesse et du don de la divination. Proclus mentionne Hermès chthonien en in Tim. III, p. 140, 16. L'ouvrage de Proclus qui est à l'origine du renseignement de Lydus ne peut plus étre identifié. A ces quatre fragments transmis par Jean Lydus, on peut ajouter De mensibus I 15, p. 8, 17-9, 7 Wünsch, oü Lydus résume l'enseignement de Proclus dans Theol. plat. 1Π-Ν (voir l'analyse qu'en donnent Saffrey et Westerink 6, t. VI, p. XXXXXXIII).
(IX.6) Psellus, Theologica, vol. I, éd. Gautier, opusc. 106 (Sur le discours 31
[De spiritu sancto] de Grégoire de Nazianze), li. 110-113 (p. 421): Ἑλλήνων δέ φησι θεολογικωτέρους τοὺς περὶ Πυθαγόραν καὶ Σωχράτην xai IAátova: οὕς δὴ xai Πρόκλος ὁ σοφὸς τῆς Ἀπολλωνιακῆς ἀξιώσας σειρᾶς, τὸν μὲν κεκρυμμένον φησὶν ἥλιον, τὸν Πυθαγόραν, τὸν δὲ ἐμφανῆ, τὸν δὲ μέσως πως ἔχοντα, τὸν Πλάτωνα. «Par l'expression “les meilleurs théologiens parmi les Grecs", il [sci/. Grégoire de Nazianze, Discours 27-31, éd. P. Gallay, coll. SC 250, Paris 1978, discours 31, 8 5, 6 (p. 282)] veut dire Pythagore, Socrate et Platon, que le sage Proclus a lui aussi estimé bon de rattacher à la chaine d'Apollon ; et l’un, dit-il, est le soleil caché, Pythagore, l'autre, le soleil éclatant, et le troisième, [un soleil] intermédiaire, Platon ».
Il est impossible de préciser la provenance de ce fragment. Le texte suscite quelque perplexité, car on s'attendrait plutót à ce que Platon soit le soleil éclatant et Socrate, le soleil intermédiaire. Gautier, ad loc., renvoie à 390 A. Swift Riginos, Platonica. The Anecdotes concerning the Life and Writings of Plato, coll. « Columbia Studies in the Classical Tradition» 3, Leiden 1976, p. 9-36, chap. I
«Plato's Apollonian Nature», qui ne concerne que la filiation apollinienne de Platon (mais ce passage de Psellus n'y figure pas). (IX.7) Asclépius, in Nicomachi Arithm. introd. 1 1’, li. 73-80 (p. 27) Tarán: Δεῖ οὖν τὸ κάλλος, τὸ ὄντως κάλλος, διώκειν xai μὴ τὸ φαινόμενον Toro δῶς τις πρόσσχῃ. εὑρήσει τὸ ἐν ἡμῖν κάλλος πάσης αἰσχρότητος γέμον. Πρόκλος: εἰ οὖν δυνατὸν τοὺς Λυγκέως ὀφθαλμοὺς ἔχοντά τινα βλέψαι διὰ σώματος καὶ ἰδεῖν κόπρον καὶ πᾶσαν ἀκαθαρσίαν, ἐπείσθη ἂν πόσον ἐν ἡμῖν καὶ αἰσχρόν.
EL γὰρ ἀκριὋ γὰρ ἔφη βάθους τοῦ τὸ ἀκαλλὲς
« C'est donc la beauté, la vraie beauté, qu'il faut poursuivre, et non pas la beauté apparente d'ici-bas: en effet, si l'on y préte bien attention, l'on trouvera que la beauté en nous est toute remplie de laideur. Comme le disait en effet Proclus: si donc quelqu'un, ayant les yeux de Lyncée, pouvait regarder à travers la profondeur du corps et voir l’ordure et toute l'impureté qui s’y trouvent, il serait convaincu de combien de non-beau et de laid il y a en nous».
La
P 292
PROCLUS DE LYCIE
1640 source
de
cette
image
est
Aristote,
Protrepticus,
fr.
10a
(p.40)
Ross
[= Jamblique, Protrepticus, p. 47, 10-15 Pistelli]. Chez Proclus, on peut citer in Tim. I, p. 238, 20-23: ὅταν δὲ ὅπερ καλόν, τὸ μὴ τῷ αἰσχρῷ συμμιγὲς μηδὲ
χραινόμενον ὑπὸ τοῦ ἐναντίου, καθάπερ τὸ ἔνυλον κάλλος, ὃ δὴ ἐν αἰσχρῷ κείμενον καὶ αὐτὸ τῆς ὑποχειμένης ἀναπίμπλαται φύσεως («Quand nous disons “Beau juste beau”, nous percevons le beau non mêlé de laid, non souillé par son contraire, comme est le beau engagé dans la matière qui, en tant qu'établi dans le laid, se laisse infecter lui aussi par la nature qui lui sert de support», t. II, p. 70). Le rapprochement est toutefois banal: s’agissant d'une réminiscence d' Aristote, le dictum de Proclus n'est peut-étre qu'un trés lointain écho. (IX.8) Olympiodore, in Gorgiam 24, 2, p. 130, 5-10 Westerink:
οὕτω γοῦν φησιν ὁ φιλόσοφος Ἀμμώνιος ὅτι τῷ διδασκάλῳ Πρόκλῳ ἔλεγέ τις λυπούμενος ὅτι “ὁ δεῖνα σκαιὸς ὧν καλῶς πράττει κἀγὼ δυστυχῶ" καὶ ἀπεκρίθη αὐτῷ ὁ φιλόσοφος Πρόκλος ὅτι “εἰ ἐχθρός σοί ἐστι, πανηγύριζε ἕως οὗ βλέπεις αὐτὸν μὴ διδόντα δίκην". « Le professeur de philosophie Ammonius raconte que quelqu'un d'affligé disait à son maitre Proclus : "Celui-là qui est maladroit, réussit, et moi, ca ne marche pas”, et le philosophe Proclus lui répondit: “si c'est ton ennemi, alors fais la fête tant que tu vois qu'il ne paie pas pour ses fautes"».
Il s'agit d'une simple anecdote transmise par Ammonius, qui n'implique évidemment pas l'existence d'un ouvrage de Proclus. (IX.9) Plutarque
Pour et
un
témoignage
Proclus,
des
écrits
isolé sur
attribuant la comédie
aux dans
«philosophes» la
ligne
Porphyre,
d'Aristote,
voir
R. Goulet, notice « Porphyre de Tyr», P 263, section « Œuvres — Témoignages et fragments oubliés dans l'édition Smith », p. 1300. (X) OUVRAGES
FAUSSEMENT
ATTRIBUÉS
(1*) [B. 29] Sur les lignes paralléles. Philopon, in Anal. post., éd. M. Wallies,
CAG
XIII 3, p. 129, 8-17, donne
démonstration
un classement des différents principes de la
(axiomes, hypothéses, postulats, Anal. post. I 10, 76 b 23-34).
Il
explique que les hypothéses qui n'ont pas l'assentiment de l'éléve sont appelées "postulats relatifs à l’Eleve” ; elles sont ou bien fausses et contraires à l'opinion de l'éléve (par ex. la thése atomiste), ou bien vraies et réclamant une démonstration
plus développée, par ex. l'hypothése qui affirme que si deux droites sont coupées par une troisiéme et que cette derniére détermine deux angles intérieurs valant moins de
180°, alors elles concourent du cóté oü les deux
angles valent moins de
180? (= 5° postulat d'Euclide). En effet, dit Philopon, alors que le géomètre pose ce postulat sans le démontrer, Ptolémée et Proclus ont écrit un livre entier (βιβλίον
[...] ὁλόκληρον, p. 129, 16) à ce sujet. En réalité, comme l'a remarqué Rosán 4, p. 45 n. 9, il est bien probable que Philopon fait allusion non pas à un ouvrage spécial de Proclus, mais à in Eucl., p. 191, 16-193, 9, oà Proclus commente le 5* postulat d'Euclide et cite l'ouvrage (perdu) de Ptolémée (p. 191, 22-25): θεώρημαι
γάρ ἐστι, πολλὰς
μὲν ἀπορίας ἐπιδεχόμενον, ác xai ὁ Πτολεμαῖος
Ev τινι
P 292
PROCLUS
DE LYCIE
1641
βιδλίῳ διαλῦσαι προύθετο, πολλῶν δὲ εἰς ἀπόδειξιν δεόμενον xal ὅρων xai θεωρημάτων
(«C'est
un
théoréme
qui
souléve
quantité
de
difficultés,
que
Ptolémée s'est proposé de résoudre dans un livre particulier, et qui réclame, pour sa démonstration, beaucoup de définitions et [d'autres] théorémes »). Le méme
ouvrage de Ptolémée est encore cité par Proclus, ibid., p. 362, 12-20, oü il affirme que Ptolémée, dans ce méme ouvrage, a démontré, avant tout autre théoréme, celui des paralléles (si les angles intérieurs sont égaux à deux angles droits, les deux droites sont parallèles). Qu'il ne faille pas attribuer un tel ouvrage à Proclus, c'est ce que montre aussi le singulier βιδλίον [...] ὁλόκληρον, car si Philopon avait voulu parler de deux ouvrages distincts (l'un de Ptolémée, l'autre de Proclus), il aurait nécessairement écrit βιδλία [...] ὁλόκληρα. (2*) [B. 30] In Nicomachi Introductionis Arithmeticae librum primum. Un commentaire (perdu) sur le premier livre de l’/ntroductio Arithmetica de Nico-
maque de Gérasa (»*N 50) a été attribué à Proclus par 391 P. Tannery, « Rapport sur une mission en Italie du 24 janvier au 24 février 1886», repris dans /d., Mémoires scientifiques, publiés par J.-L. Heiberg et H.-G. Zeuthen, t. II, ToulouseParis 1912, réimpr. Paris 1995, p. 269-331 (déjà publié dans Archives et Missions scientifiques et littéraires, 3° série,
«Les Commentaires
13, 1888, p. 409-455), en part. la partie II:
sur Nicomaque », p. 302-310 (nous citons d'aprés la réim-
pression). Selon Tannery, le commentaire perdu de Proclus serait la source commune des commentaires d'Asclépius (édition: 392 L. Tarán, Asclepius of Tralles, Commentary to Nicomachus' Introduction to Arithmetic, TAPhS 59, Part
4, Philadelphia 1969) et de Philopon (édition: 393 G. R. Giardina, Giovanni Filopono matematico. Tra neopitagorismo e neoplatonismo. Commentario alla Introduzione aritmetica di Nicomaco
di Gerasa, Introduzione, testo, traduzione e
note, coll. «Symbolon» 20, Catania 1999), ce qui expliquerait les nombreux paralléles, parfois tout à fait littéraux, entre ces deux commentaires. L'attribution d'un commentaire sur Nicomaque à Proclus le diadoque par Tannery se fonde sur (a) la notice de la Souda, Π 2472, t. IV, p. 210, 3-4 Adler, qui attribue un commentaire Εἰς τὴν Νικομάχου Eloayoy? τὴν ἀριθμητικκήν à Proclus Procléius (attribution qui, selon Tannery 391, p. 304-305, résulterait d'une confusion entre les deux Proclus); (b) le témoignage de Marinus, Proclus 28, 35-36, selon lequel Proclus pensait étre la réincarnation de Nicomaque (cf. Saffrey et Segonds 17, Ρ. 34 n.6 [p. 159-160]). Tannery 391, p.305, rappelle aussi que, bien que le commentaire de Proclus soit perdu, celui de Philopon est attribué à Proclus dans deux mss.: le ms. Athènes, Ἐθνικὴ Βιδλιοθήκη τῆς Ἑλλάδος, 1238 (XVII s.), qui contient la recension II du commentaire de Philopon sous le titre: νικομάχου γερασινοῦ ἀριθμητικῆς εἰσαγωγῆς τῶν εἰς δύο τὸ a’, ὅπερ ἐξηγεῖται ὁ φι(λόσοφ)ος πρόκλος (ce ms., décrit par Tannery 391, p. 305, comme «signalé par Hoche et autrefois possédé par Comnos », a été identifié par 394 A. Delatte, «Commentaire de Proclus-Philopon à l' Introduction arithmétique de Nicomaque », dans /d., Anecdota Atheniensia et alia, t. IM, coll. « Bibliothèque de la Faculté de Philosophie et Lettres de l'Université de Liege » 88, Liège/Paris
1939, p. 129-187,
1642
PROCLUS DE LYCIE
P 292
en part. p. 130 et n. 1); le ms. Paris. gr. 2375, dans lequel l'attribution est récente, le ms. étant, en réalité, anonyme (cf. Tannery 391, p. 305). Comme l'a montré 395 L. G. Westerink, « Deux commentaires sur Nicomaque: Asclépius et Jean Philopon», REG 77, 1964, p. 526-535 (repris dans Westerink 96, p. 101-110), l'hypothése de Tannery est irrecevable, parce que les commentaires d'Asclépius et de Philopon sont des notes faites d'aprés un cours d'Ammonius (l'original étant le texte d'Asclépius, que Philopon a révisé et amplifié), ce qui explique leur accord littéral et exclut tout rapport direct avec Proclus ; le titre du ms. d'Athénes est trés probablement dû à la faute d'un copiste qui a lu ὁ di? npóxAoc au lieu de ὁ
φιλόπονος. Voir aussi Tarán 392, p. 7-8 ; Giardina 393, p. 97-103. (3*) [B. 32]
Paraphrasis
in Ptolemaei
Tetrabiblon.
Édition du texte grec:
396 Πρόχλου τοῦ διαδόχου τῶν ἀσαφῶς εἰρημένων Πτολεμαίῳ, παραχολουθήτως ἐν τῇ αὐτοῦ τετραδίδλῳ, ἐπὶ τὸ σαφέστερον
xai δυσκαὶ δυσ-
παραχολούθητον [sic] μεταχείρησις. Procli paraphrasis in quatuor Ptolemaei libros de Siderum effectionibus. Cum praefatione Philippi Melanthonis, Basileae, apud Joannem Oporinum [1554]. Traduction latine par Leone Allacci, avec texte grec, sur deux colonnes: 397 IIpóxAou τοῦ Ataóóyou Παράφρασις εἰς τὴν τοῦ Πτολεμαίου Τετράδιδλον. Procli Diadochi Paraphrasis in Ptolemaei libros IV. De Siderum effectionibus, a Leone Allatio é Graeco in Latinum conversa, Lugduni Batavorum, Ex Officinä Elzeviriana, 1635, réimpr. Lugduni Batavorum 1654 (avec le méme titre et le méme nombre de pages), cf. 398 Claudii Ptolemaei Opera quae extant omnia, vol. III 1, ATIOTEAEZMATIKA,
post F. Boll et Æ. Boer secundis
curis edidit W. Hübner, coll. BT, Stuttgart et Leipzig 1998, p. LIII. L’ouvrage, transmis par une dizaine de mss., est anonyme et l'attribution à Proclus n'apparait que dans une phase déjà trés avancée de la transmission. En effet, dans le témoin le plus ancien, le Var. gr. 1453, X“ s., le texte est anonyme: Τῶν ἀσαφῶς εἰρημένων
Πτολεμαίῳ xai δυσπαρακολουθήτως ἐν τῇ αὐτοῦ τετραδίδλῳ ἐπὶ τὸ σαφέστεpov xai εὐπαρακολούθητον μεταχείρησις, et l'attribution à Proclus a été ajoutée
dans la marge par une main du XIV* s.: Πρόχλου εἰς τὸ τετραδίδλου πρῶτον (cf. Cumont et Boll 204, CCAG V
1, p. 82). La méme
situation (texte anonyme et
attribution marginale par une autre main) s'observe dans le Marc. gr. 303, XIV*XV* s. (cf. 399 W. Kroll et A. Olivieri, CCAG
II, 1900, p. 1). Le texte est anonyme
(sans aucune attribution marginale) dans cinq mss.: Parma, Biblioteca Palatina, Fondo Parmense 165 (olim HH. IX. 34), XIV* s. ff. 5'-76" (cf. 400 D. Bassi et al., CCAG
IV, 1903, p. 23); Var. Ottob. gr. 140, XVII s., copie du Var. gr. 1453, 226
ff. (cf. 401 S. Weinstock, CCAG V 4, 1940, p. 64-65); Augsburg. Universitätsbibliothek, 648 (olim Maihingen, Ottingen-Wallersteinische Bibliothek, I 1, fol. 2), XVI s., ff. 3'-83' (cf. 402 F. Boll, CCAG VII, 1908, p. 82) ; Madrid, Bibl. Univ. 28 [cote actuelle:
117-z?-10]. XVI
s., ff. 1-146 (cf. 403 C. O. Zuretti. CCAG
XI 2,
1934, p. 97); Paris. gr. 2394, A. D. 1733, pp. 623-778, copié sur un ms. de 1220 (cf. 404 P. Boudreaux, CCAG VIII 4, 1922, p. 20). L'attribution à Proclus n'a été intégrée dans le texte que dans trois mss. du XVI. s.: Vat. Ottob. gr. 231, ff. 83"163) Πρόκλου παράφρασις [alia manu). Τῶν ἀσαφῶς εἰρημένων κτλ.
P 292
PROCLUS DE LYCIE
1643
(cf. Weinstock 401, CCAG V 4, p. 65); Vat. Regin. gr. 127, A. D. 1568, ff. 7'-327° Πρόκλου τοῦ διαδόχου τῶν ἀσαφῶς εἰρημένων xtA., le texte est copié (au recto) en vis-à-vis de la Tétrabible de Ptolémée (au verso) (cf. Weinstock 401, CCAG
V
4, p. 104-105) ; Vat. Regin. gr. 140, 126 ff.: Πρόκλου τοῦ διαδόχου τῶν ἀσαφῶς εἰρημένων κτλ. (cf. Weinstock 401, CCAG V 4, p. 105). L'attribution à Proclus (déjà mise en doute par 405 F. Boll, Sphaera. Neue griechische Texte und Untersuchungen zur Geschichte der Sternbilder, Leipzig 1903, réimpr. Hildesheim 1967, p. 219 n. 1) ne repose donc sur aucun argument solide ; voir aussi 406 F. E. Robbins, Prolemy, Tetrabiblos, edited and translated into English by F. E. R., coll. LCL, Cambridge
(Mass.)/London
1940, réimpr.
1980, Introduction, p. XVI-XVII,
qui refuse décidément l'attribution à Proclus. Puisque la Paraphrase suit le texte grec de trés prés et que le Vat. gr. 1453 est plus ancien que tous les mss. de la Tetrabible (dont le témoin le plus ancien, le Vat. gr. 1038, date du XIII“ s.), elle revét une certaine importance pour l'établissement du texte de Ptolémée. Puisque Rosán 4, p. 50 (suivi par Beutler 5, col. 204, 7 et 45-47), tire argument de la dédicace à Syros qui se lit dans cet ouvrage et dans le suivant (n? 4*) pour confirmer l'attribution des deux ouvrages à Proclus («Both books [scil. la Paraphrase et le Commentaire anonyme] were dedicated to the same person, Syrus, which increases the probability that Proclus was the author of the Commentary as well as the Paraphrase»), il faut rappeler que ce ne sont pas la Paraphrase et le Commentaire anonyme qui sont dédiés à Syros, mais la Tétrabible (ainsi que la
plupart des œuvres de Ptolémée). Sur les deux ouvrages, voir aussi 407 E. Boer et al., art. « Ptolemaios » 66, RE XXIII 2, 1959, col. 1788-1859, en part. col. 1833. Traduction anglaise de la Paraphrase: 408 Ptolemy's Tetrabiblos or Quadripartite, being Four Books of the Influence of the Stars, Newly translated from the
Greek Paraphrase of Proclus with a Preface, explanatory notes, by 1. Μ. Ashmand, London 1822, réimpr. Chicago 1936, North Hollywood (Ca.) 1976. (4*)
[B. 33]
Commentarius
anonymus
in Prolemaei
Tetrabiblon.
Édition
du
texte grec (inc. et des. des quatre livres dans la description du Scorialensis T. I. 14, ff. 383'-517", par 409 C. O. Zuretti, CCAG XI 1, 1932, p. 42-43) avec traduction latine: 410 Εἰς τὴν Τετράδιδλον τοῦ Πτολεμαίου ἐξηγητὴς ἀνώνυμος. In Claudii Ptolemaei Quadripartitum Enarrator ignoti nominis, quem tamen Proclum
fuisse quidam existimant [= p. 1-180]. Item Πορφυρίου φιλοσόφου Εἰσαγωγὴ eic τὴν
ἀποτελεσματιχὴν
τοῦ
Πτολεμαίου.
Porphyrii
Philosophi
introductio
in
Ptolemaei opus de effectibus astrorum [= p. 181-204]. Praeterea Hermetis philosophi de revolutionibus nativitatum libri duo, incerto interprete [= p. 211-279],
Basileae, ex officina Petriana, 1559. Sur cette édition, cf. 411 F. Hieronymus, /488 Petri. Schwabe
1988. Eine traditionsreiche Basler Offizin im Spiegel ihrer frühen
Drucke, 2 vol., Basel 1997, t. II, n? 285, p. 860-863. La traduction latine qui accompagne le texte grec (sur deux colonnes) est due à Hieronymus Wolf (15161580), secrétaire et bibliothécaire de Johann
Jakob
Fugger
(1551-1557), éditeur
des historiens byzantins (1557) et des orateurs attiques (1572) (cf. 412 R. Pfeiffer, History of Classical Scholarship 1300-1850, Oxford
1976, p. 139-140). En réalité,
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PROCLUS DE LYCIE
1644
le nom de Wolf ne figure que dans la lettre de dédicace à Paul Haintzel (p. 207210), qui précéde l'édition du De revolutionibus nativitatum (l'auteur de cet ouvrage, faussement attribué à Hermès, est en réalité Abu Ma'Sar (IX* s.]: le texte
arabe, actuellement conservé dans quatre mss., a été traduit en grec à la fin du X* s., et cette traduction grecque a été à son tour traduite en latin au XII“ s.; voir l'édition de la traduction grecque par 413 D. Pingree, Albumasaris De revolutionibus nativitatum, coll. BT, Leipzig 1968, p. V-VI). En effet, comme Heinrich Petri l'explique dans sa préface au lecteur, l'éditeur et traducteur des deux commentaires sur la Tétrabible avait voulu garder l'anonymat, estimant qu'il s'agissait d'un travail qui aurait pu nuire à sa renommée de philologue ; toutefois, à la fin de sa dédicace du De revolutionibus nativitatum, p. 210, Wolf écrit à Haintzel qu'il va bientót se mettre à l'édition des deux commentaires sur Ptolémée : « sedulo etiam in Ptolemaicis commentariis laborabo, ut haud longo intervallo secuturi, quale[s]cunque de ijs praeiudicium factum sit, non tam sua quam librariorum incuria et interpretum vitio, se iam diu neglectos, in tenebris et pulvere iacuisse ostendant » ; cela permet d'affirmer que Wolf est aussi responsable des deux autres textes. L'édition de Bále 1559, qui contient aussi l'/ntroductio in Tetrabiblum Ptolemaei de Porphyre (éd. Æ. Boer et S. Weinstock, CCAG V 4, 1940, p. 185-228), a été faite à partir du Monac. gr. 59, copié par Michel Maleas à Florence en 1550, et contenant
les deux
commentaires
(pour la description
de ce ms., cf. Boll 402,
CCAG VII, p. 3; pour son utilisation dans l'édition de Bâle 1559, cf. Weinstock 401, CCAG V 4, p. 189). Elle avait été précédée par la publication d'une traduction latine due à Georges Valla, qui avait paru à Venise en 1502 chez Simone Bevilacqua: 414 Preclarissimi viri Georgii Valle Commentationes in Ptolomei quadripartitum
inque
Ciceronis
Partitiones
et Tusculanas
questiones
ac Plinij
naturalis historie Librum secundum, impressum Venetiis aere Eruditi Viri Marci Firmani, in officina Simonis Bivilaque, 1502. Le texte grec, transmis par une trentaine de mss. s'échelonnant entre le XIV“ et le ΧΥ
s. (liste incomplète
par
Zuretti 409, CCAG XI 1, p. 43), est toujours anonyme (sauf dans le Paris gr. 2504, XVI
s., ff. 35'-230', où
il est attribué
à Abu
Ma'ÿar:
Ἀπομάσσαρος
[sic] τοῦ
παλαιτάτου ἐξήγησις eic τὴν τετράδιδλον τοῦ Πτολεμαίου, cf. Boudreaux 404, CCAG
VIII 4, p. 45). L'attribution à Proclus, complétement
absente des mss. et
tout à fait invraisemblable aussi bien pour le caractére élémentaire de l'exégese que pour des raisons de style, ne repose donc sur aucun argument et doit étre considérée comme une simple conjecture de Hieronymus Wolf sur la page de titre de l'édition de Bäle 1559 (elle n'apparait nulle part ailleurs dans cette édition). Cf. aussi 415 C. E. Ruelle, « Deux identifications. L'exégèse dite anonyme de la Tétrabible
Gundel,
de Claude
Ptolémée
Astrologumena.
Geschichte, coll.
Die
[...]», CRAI
astrologische
1900,
Literatur
p. 32-39;
in der
416 W.
Antike
et H.G.
und
ihre
« Sudhoffs Archiv », Beiheft 6, Wiesbaden 1966, p. 215.
(5*) [B. 34] De eclipsibus. Cet ouvrage. un bref exposé sur ce qu'annoncent les
éclipses pour la vie des hommes et sur les particularités des éclipses de soleil et de lune. semble n'exister qu'en latin (la rétroversion en grec n'a pas permis d’iden-
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PROCLUS
DE LYCIE
1645
tifier un texte grec à l'origine du texte latin). Il en existe quatre éditions: (1) 447 Ex Procli Diadochi Lycii praedictionibus super effectibus eclipsium utriusque luminaris, traduction latine de Lorenzo Bonincontri da San Miniato, dans Lucas Gauricus, Praedictiones super omnibus futuris luminarium deliquiis [...] Figurae
coelestes
Venetiarum
tiones in C. Ptolemaei
Bononiae
et Florentiae.
librum Il Apotelesmatum
Paraphrases
et annota-
super luminarium
eclypsibus.
Procli Diadochi [...] decreta eclvpsium utriusque luminaris quae in quolibet signorum decano accidere possunt interprete Laurentio Miniatensi, Romae,
A. Bladus Asulanus, 1539 (cf. 418 L. Thorndike, A History of Magic and Experimental Science, t. V, New York 1941, p. 257-258; sur Lorenzo Bonincontri, astrologue et poète, cf. 419 B. Soldati, La poesia astrologica nel Quattrocento, Firenze 1906 (réimpr. Firenze 1986 avec une préface de C. Vasoli], p. 105-198; Thorndike 418, t. IV, New York 1934, p. 405-412 ; 420 C. Grayson, art. « Bonincontri, Lorenzo », dans Dizionario Biografico degli Italiani XII, 1970, p. 209-211). (2) 421 De eclipsibus, dans J. Schroeter, Tabulae Astronomicae, Vienne 1551.
(3) 422 De eclipsibus ex Proclo, dans Johannes de Sacrobosco [- John Halifax ou Holywood], Tractatus de Sphaera, Paris 1564, réimpr. 1577, p.98 sgq. (4) 423 Anton Grevenstein, Eclipsium omnium, ab anno Domini 1593 usque ad annum 1620, accurata et diligens ex tabulis Prutenicis supputatio, accommodata meridianis Regiomontano Borussiae et Bremensi. Accessit his Tractatus Procli Diadochi De significationibus Eclipsium, Bremae, excudebat B. Petri 1592,
ff. H1"-[H4]': Tractatus Procli Diadochi De significationibus Eclipsium. Argumentum declarans scopum authoris: Fundamentum
autem huius doctrinae situm est in
hoc argumento. Qualis causa, talis et effectus. Causae eclipsium sunt naturales. Igitur et Eclipsium effectus naturaliter praedici possunt. Proponit autem primo significationes universales, deinde speciales cuiusque defectus. inc.: DE ECLIPSIUM SIGNIFICATIONE GENERALI. Si quando acciderit Eclipsis, vel Solis vel Lunae, in ingnea triplicitate, ut est Aries, Leo et Sagittarius, significat corruptionem aéris, pestilentiam, febres omnis generis, abortus, aéris siccitatem, seditiones et bella plurima. Si vero in Tauro, Virgine aut Capricorno [...]. In Geminis, Libra et Aquario, si alterutrius luminaris eclipsis conspecta fuerit (...] Quod si vero contigerit aliquam fieri
in Cancro,
Scorpione
solaris, per decanos
et Piscibus
[...].
singulos cuiuscumque
DE EFFECTIBUS
SPECIALIBUS
ECLIPSIS
signi. Solis obscuratio, si in primis
decem gradibus Arietis acciderit [suivent les 35 autres décans]. DE ECLIPSIS LUNAE
SIGNIFICATIONIBUS per eundem
Proclum. In decem
primis gradibus Arietis, Luna
obscurata febres futuras [suivent les 35 autres décans].
(6*) [B. 35] Ouranodromos (Οὐρανοδρόμος). Ce titre d'ouvrage est purement fictif, car il résulte de l'interprétation erronée de deux brefs textes contenus, entre autres mss., dans le Vindob. Phil. gr. 179, XIV*-XV* s., ff. 11" et 93' (cf. 424 W. Kroll, CCAG VI, 1903, p. 28-35, en part. p. 28 et 33), intitulés respectivement:
Σχόλια Πρόκλου οὐρανοδρόμου (inc. Περὶ ἀνατολῶν xai δύσεων ἄστρων εἰπεῖν ἀστρολογικῶς ὡρμημένῳ μοι; des. Ὑδροχόος) εἰ Σχῆμα οὐρανοῦ Πρόκλου οὐρανοδρόμου (inc. Τὸ μὲν οὖν ἄνωθεν τῆς γῆς ἡμισφαίριον ; des. τὸ
1646
PROCLUS DE LYCIE
P 292
δὲ κάτωθεν χάος ὄν ἤγουν κοῦφον ὡς καὶ τὸ ἄνωθεν), et édités, sur la base de ce ms., par Kroll 424, p. 82 (l'hypothése de Kroll, ibid., selon laquelle il s’agirait d'extraits de l'Hypotypose de Proclus, est manifestement erronée). En effet, le
terme
οὐρανοδρόμος
a été interprété
à tort comme
le titre d'un
ouvrage
de
Proclus: XyóAta Πρόκλου Οὐρανοδρόμου = «Scholies de l'Ouranodromos de Proclus»;
la faute est déjà chez 425 J. A. Fabricius, Bibliotheca
Notitia Scriptorum
Veterum
Graecorum
[...] Editio nova
variorum
Graeca
sive
curis emen-
datior atque auctior curante G. Chr. Harles, t. IX, Hamburg 1804, p. 412: «Occurrit etiam sub Procli nomine in bibliothecis quibusdam (ut Vindobonae et Oxonii inter codices
Baroccianos)
libellus, qui
inscribitur
Vranodromus
sive
σχόλιον
Πρόκλου οὐρανοδρόμου et incipit: περὶ ἀνατολῶν xai δύσεων εἰπεῖν dorpoλογικῶς ὡρμημένῳ μοι XTA.»; elle est reprise par Rosán 4, p.48, suivi par Beutler 5, col. 204, 60-63. Il s'agit, en réalité, d'une épithéte signifiant "qui parcourt le ciel": «Scholies de Proclus qui parcourt le ciel» (cette épithéte est aussi attestée chez Psellus, Theologica, vol. I, éd. Gautier, opusc. 81, li. 113-114
[p. 328] ; /d.. Poemata, 63, 30 et 65, 21 Westerink ; le verbe obpavoöpopeiv est utilisé par Cosmas Indicopleustès, Topographia christiana, éd. W. Wolska-Conus,
t. IL, coll. SC 159, Paris 1970, V 140, 2 et 141, 5 [p. 203 et 205], à propos du prophéte Élie). En réalité, comme l'avait déjà vu 426 G. Hart, «De Tzetzarum nomine vitis scriptis », JKPh, Supplementband 12, 1881, p. 1-76, en part. p. 29-31 « De iambis astronomicis codicis Monacensis 287 » (sur le Monac. gr. 287, cf. cidessous), le premier texte est un fragment tiré du commentaire de Tzetzes (XI s.)
aux Travaux et Jours d'Hésiode, éd. Th. Gaisford, Scholia ad Hesiodum e codd. mss., dans Poetae minores Graeci, t. Il, Leipzig 1823, ad v. 383 ἐπιτελλομένων, p. 249, 11-18. Quant à l'attribution à Πρόκλος οὐρανοδρόμος. elle s'inspire de ce méme commentaire de Tzetzés, où l’épithète obpavoópóuoc est justement attribuée à Proclus dans trois trimétres iambiques, ad v. 1, éd. Gaisford, p. 34, 3-5: Ἄκουε τοιγὰρ οὐρανοδρόμε Πρόκλε, | Ὁ πολλὰ βροντῶν, xai μετάρσια
τρέχων, | Ἐκ τῶν ὑψηλῶν καὶ μεταρσίων δρόμων (l'affirmation de Gundel et Gundel 416, p. 245, selon laquelle cette épithéte a été attribuée à Proclus par ses éléves ne trouve aucun appui dans les sources). L'attribution à Proclus d'un fragment du commentaire de Tzetzès s'explique probablement par le fait que Tzetzès a utilisé, dans la rédaction de son commentaire
sur Hésiode, des scholies tirées du
commentaire de Proclus, en les mélangeant ou les confondant parfois avec les scholia vetera, en sorte que l'identification du matériel authentiquement proclien est souvent difficile (cf. supra, n? 26, p. 1599). Le second texte n'a pas encore été identifié et nous ne sommes pas en mesure de proposer une identification. Les deux textes, ensemble ou séparément, avec la méme attribution à Proclus ouranodromos, sont aussi conservés dans les mss. suivants: Monac.
gr. 287, fin XIV* s.,
ff. 57'"-58' (cf. Boll 402, CCAG VII, p. 15 et 23) ; une copie de ce ms. est l'Oxon. Holkhamicus 292. qui contient (ff. 92" et 209") les mêmes textes (cf. 427 S. Weinstock, CCAG IX 2, 1953, p. 70, 75); Mutinensis a. Q. 5.16 (85), XV* s..
f. 91' (cf. Bassi et al. 400, CCAG IV, p. 33); Neapolitanus II. C. 33, A. D. 1495,
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1647
f. 376° (cf. ibid., p. 57); Oxon. Baroccianus 70, XV* s., ff. 376-378" (cf. 428 S. Weinstock, CCAG IX 1, 1951, p. 4); Oxon. Baroccianus 166, XV* s., f. 162'
(cf. ibid., p. 19); Oxon.
Seldenianus
16, XIV*-XV*
s., f. 93" (cf. ibid., p. 63);
Cantabrig. Coll. S. Trinitatis O. 7. 39, XVII s. (cf. Weinstock 427, CCAG p. 46).
IX 2,
(7*) [B. 36] De sphaera. Ce traité est sürement inauthentique, car il s'agit, dans l'ordre, des chapitres 4, 5, 15 et 3 de l’Introduction aux phénomènes de Géminos (I s. av. J.-C. - II s. ap. J.-C.). Ces quatre chapitres de Géminos ont circulé de façon séparée aux XV“ et XVI* siècles sous le nom de Proclus, avec le titre de Σφαῖρα. Le texte grec de ces extraits a été traduit en latin (1499) par Thomas Linacre (1480-1524) sous le titre De sphaera, traduction qui a connu une diffusion
immense. Cf. 429 Géminos, Introduction aux phénoménes, par G. Aujac, CUF, Paris 1975, Introduction, p. CII-CIII; 430 R. B. Todd, notice «Géminos », G 15, DPhA III, Paris 2000, p. 472-477, en part. p. 474. (8*)
[B. 49] Χρηστομάθεια
(Chrestomathia).
Mentionné
dans
la liste de la
Souda (supra, p. 1553, titre n? 3). Cet ouvrage, un manuel abrégé de littérature en quatre livres, spécialement consacré à la poésie, est partiellement conservé par Photius, Bibl., cod. 239 (= t. V, p. 155-166 Henry), qui donne un résumé des deux premiers livres, auquel il faut ajouter sept fragments tirés d'une Vie d’Homere et les sommaires des six poémes cycliques de la Geste troyenne (Chants Cypriens, Éthiopide, Petite Iliade, Ilii excidium, Nostoi, Telegonie). La
Vie
d’Homere et les
sommaires des poèmes cycliques se trouvent en tête de quelques mss. de I’Iliade (parmi lesquels le Marc. gr. 454 [sigle: A], X^ s., le plus ancien et le plus étudié des mss. homériques). Édition et traduction: 431 A. Severyns, Recherches sur la Chrestomathie de Proclos, 4 vol., coll. « Bibliothéque de la Faculté de Philosophie et Lettres de l'Université de Liege» 78, 79, 132, 170; vol. I: Le codex 239 de Photius. Étude paléographique et critique, Liège/Paris 1938 ; vol. II: Le codex 239 de Photius. Texte, traduction, commentaire, Liège/Paris 1938; vol. III: La Vita Homeri et les Sommaires du Cycle. Étude paléographique et critique, Paris 1953; vol. IV: La Vita Homeri et les Sommaires du Cycle. Texte et traduction, Paris 1963;
le quatrieme
volume
a été précédé
d'un
autre volume
du méme
auteur:
432 A. Severyns, Texte et apparat. Histoire critique d'une tradition imprimée, coll. « Académie Royale de Belgique. Mémoires » 56, 2, Bruxelles 1962, contenant une étude de la tradition imprimée des fragments de la Vie d'Homére et des sommaires du Cycle. Autres éditions de la Vie d'Homére et des sommaires du Cycle: (a) 433 Homeri Opera, ed. Th. W. Allen, coll. OCT, t. V, Oxford 1912, p. 99-109 (Vita Hom. et sommaires ; ces deux textes sont précédés, p. 95-97, par le début de la Chrestomathie, 318 b 21-319 b 5, p. 155-157 Henry, oü Photius a résumé la Vie d'Homére et les sommaires du Cycle); (b) 434 Vitae Homeri et Hesiodi in usum
scholarum, ed. U. de Wilamowitz-Moellendorff, coll. « Kleine Texte für Vorlesungen und Übungen » 137, Berlin
1929, p. 25-28 (Vita Hom.) ; (c) 435 Poetae Epici
Graeci. Testimonia et fragmenta, Pars 1, ed. A. Bernabé, coll. BT, Leipzig 1987, p. 38-43, 67-69, 74-75, 88-89, 94-95, 101-103 (sommaires d’après l'éd. Severyns) ;
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1648
(d) 436 Epicorum Graecorum Fragmenta, ed. M. Davies, Göttingen 1988, p. 3034, 47, 52-53, 62-63, 67, 72-73 (sommaires d’après l'éd. Severyns); (e) 437 Greek
Epic Fragments from the seventh to the fifth Centuries BC, edited and translated by M. L. West, coll. LCL, London/Cambridge
(Mass.) 2003, p. 66-81, 110-113, 120-
125, 142-147. 154-157, 166-169 (sommaires ; le texte de la Chrestomathie, dans l'éd. Allen, a été "complété" par des suppléments tirés des passages paralléles de l'épitomé de la Bibliothéque d' Apollodore, cf. West 437, p. 13; le résultat est un texte composite et difficilement utilisable). L'attribution de la Chrestomathie à un auteur appelé Proclus se lit dans la formule par laquelle Photius introduit son résumé de l'ouvrage: Ἀνεγνώσθη Ex Tod ἐπιγραφομένου βιδλίου Πρόκλου Χρηστομαθείας Γραμματικῆς Ἐκλογαί. De fait, le nom de Proclus n'est pas rare dans l'antiquité (cf. RE: 8 personnages de ce nom; PLRE, t. I-II: 10; LGPN. t. I-IV : 119; Souda TI 2470-2474, t. IV, p. 209, 31-210, 25 Adler: 5) et les Anciens, pour prévenir cette homonymie, ont, en règle générale, ajouté un déterminant se référant à l'origine géographique ou à la profession. Dans le cas de Proclus de Lycie, les titres de tous ses ouvrages authentiques portent invariablement l'épithéte Διάδοχος (in Alc., in Tim., Tria opuscula, El. theol., in Eucl., Hypot., in Hes. Op. et dies), ou Πλατωνιχὸς Διάδοχος (in Parm.),
ou
Διάδοχος
Πλατωνικὸς
Λύχιος Διάδοχος
(El.
Phys.),
(in Remp.).
ou Des
Φιλόσοφος
(in
Crat.),
ou
Φιλόσοφος
lors, pour attribuer la Chrestomathie
à
Proclus le diadoque, contre l'autorité de la tradition ancienne, il faudrait pouvoir invoquer des paralléles véritablement significatifs, ce qui, comme on le verra plus bas, n'est pas le cas. On notera que l'éditeur du texte, Severyns 431, bien qu'il n'ait jamais discuté la question de l'attribution à Proclus (t. I, p. 324 n. 4, il renvoie l'étude approfondie de la question à un autre volume, mais cette étude n'a pas vu le jour), exprime clairement son refus d'identifier le Proclus auteur de la Chrestomathie avec Proclus le diadoque (cf. t. I, p. 263; t. II, p. 80, p. 127), ne fait jamais recours aux ouvrages de Proclus le diadoque pour commenter le texte de la Chrestomathie, et considére comme probable l'hypothése qui voit dans l'auteur de la Chrestomathie un grammairien du IF siècle de notre ère (t. I, p. 324).
Un argument de poids contre l'attribution de la Chrestomathie à un Proclus néoplatonicien avait toutefois déjà été formulé par 438 A. Severyns, Le Cycle épique dans l'école d'Aristarque, coll. « Bibliothéque de la Faculté de Philosophie et Lettres de l'Université de Liege» 40, Liège/Paris 1928, p. 75-76: d’après le témoignage de Philopon, in Anal. posteriorum librum I, p. 157, 11-17 Wallies (ad I
12, 77 b 31-33: ἄρα πᾶς κύχλος σχῆμα; ἂν δὲ γράφῃ, δῆλον. Τί δέ; τὰ ἔπη κύκλος; φανερὸν ὅτι οὐκ ἔστιν), les poèmes du Cycle n'étaient déjà plus lus à l'époque de Pisandre de Laranda (début du III s. ap. J.-C.), qui en fit une compilation versifiée au goüt du jour; l'ouvrage de Pisandre aurait provoqué l'oubli de ces poèmes jusqu'à leur disparition complete à l'époque de Philopon (voir aussi la note de Severyns 431, t. II, p. 91-92, ad Chrestom. $ 20). Pisandre de Laranda. en Lycaonie, est l'auteur d'un poème épique intitulé Ἡρωϊκαὶ θεογαμίαι (cf. 439 R. Keydell, art. «Peisandros» 12, RE XIX 1, 1937, col. 145-146; témoignages et
P 292
PROCLUS
DE LYCIE
1649
fragments rassemblés dans 440 E. Heitsch, Die griechischen Dichterfragmente der römischen
Kaiserzeit,
Bd.
Il,
coll.
«Abhandlungen
der
Akademie
der
Wissenschaften in Góttingen. Philologisch-historische Klasse. Dritte Folge» 58, Góttingen 1964, Supplementum 6, p. 44-47), à ne pas confondre avec Pisandre de Camire à Rhodes, VIÉ-VI s. av. J.-C., un des grands poètes épiques, auteur d'un
poème sur Héraclès (Ἡράκλεια) en deux livres (cf. 441 R. Keydell, art. « Peisandros» 11, RE XIX 1, 1937, col. 144-145 ; témoignages et fragments rassemblés dans Bernabé 435, p. 164-171; Davies 436, p. 129-135; West 437, p. 176-187). Voici donc le passage de Philopon, in Anal. posteriorum librum I, p. 157, 11-17 Wallies : Γεγράφασι γοῦν τινες περὶ τοῦ κύκλου ἀναγράφοντες πόσοι TE ποιηταὶ γεγόνασι xai τί ἕκαστος ἔγραψε καὶ πόσοι στίχοι ἑκάστου ποιήματος καὶ τὴν τούτων τάξιν, τίνα τε πρῶτα δεῖ μανθάνειν καὶ δεύτερα καὶ ἐφεξῆς. Πεισάνδρου δὲ τὴν αὐτὴν πραγματείαν ποιησαμένου, λέγω δὴ πλείστην ἱστορίαν κατὰ τάξιν συναγεαγρ»όντος, ἀντιποιησαμένου δὲ καὶ εὐεπείας.
καταφρονηθῆναί φασι τὰ τῶν πρὸ αὐτοῦ ποιητῶν συγγράμματα’ διὸ μηδὲ εὑρίσκεσθαι τὰ ποιήματα τὰ ἐν τοῖς κύχλοις ἀναγεγραμμένα [= Heitsch 440, fr. 4, p. 45]. « En tout cas, certains [auteurs] ont écrit au sujet du Cycle, en indiquant combien de poétes en ont fait partie, ce que chacun d'entre eux a écrit, combien de vers compte chaque poème. et quel est leur ordre, quels [poèmes] il faut connaitre en premier, quels en deuxième lieu etc. Or, comme Pisandre a fait ce méme travail (je veux dire: rassembler toute l'histoire dans l'ordre), tout en visant à la beauté de l'expression. les ouvrages des poètes qui viennent avant lui, disent [ces auteurs], sont tombés dans le mépris ; c'est pourquoi il n'est plus possible de trouver les poèmes qui sont inscrits dans les Cycliques ».
Tout le passage de Philopon concernant le Cycle épique, p. 156, 12-157, 17, est repris dans l'éd. Davies 436, Epicus Cyclus, test. *2, p. 13-14. Le méme passage de
Philopon,
mais
seulement
jusqu'à
p.157,
14 (ἐφεξῆς),
c'est-à-dire
sans
le
témoignage concernant Pisandre, est repris dans l'éd. Bernabé 435, Cyclus Epicus, test. 28, p. 7. Ce témoignage de Philopon ne figure pas dans l'éd. West 437. Comme l'a montré 442 R. Keydell, « Die Dichter mit Namen Peisandros », Hermes 70, 1935, p. 301-311, en part. p. 309 (repris dans /d., Kleine Schriften zur hellenistischen und spätgriechischen Dichtung (1911-1976), Leipzig 1982, p. 353-363, en part. p. 361), l'affirmation selon laquelle l'ouvrage de Pisandre aurait provoqué la disparition des poèmes du Cycle est une interprétation par Philopon d'un fait bien établi: à l'époque de Philopon, les poèmes du Cycle avaient complètement disparu et ceux qui souhaitaient connaitre les événements racontés dans le Cycle, lisaient le po&me de Pisandre. Si donc l'auteur de la Chrestomathie a pu résumer le Cycle, il est de toute nécessité antérieur au début du III" siècle ap. J.-C., et si le Cycle est désormais introuvable à l'époque de Philopon, il est impossible que Proclus le diadoque l'ait lu et résumé. Il faudrait alors admettre, avec 443 U. von Wilamowitz, « Lesefrüchte. CXCIII», Hermes 60, 1925, p. 280-284 (repris dans Id., Kleine Schriften, t. IV, Berlin 1962, p. 368-373), en part. p. 281-282 [p. 369370], et West 437, p. 12, que Proclus le diadoque se borne à reproduire du matériel d'époque hellénistique, sans jamais le modifier ou l'adapter, en arrivant méme à reproduire une phrase qui était devenue, depuis longtemps, tout à fait fausse, car on y affirmait que les poèmes du Cycle continuaient d'être lus et appréciés: Λέγει
1650
PROCLUS
DE LYCIE
P 292
[scil. Πρόκλος] δὲ ὡς toU ἐπικοῦ κύκλου τὰ ποιήματα διασῴζεται καὶ σπουδά-
ζεται τοῖς πολλοῖς οὐχ οὕτω διὰ τὴν ἀρετὴν ὡς διὰ τὴν ἀκολουθίαν τῶν ἐν αὐτῷ πραγμάτων «Et il dit que les poèmes du Cycle épique sont conservés et que beaucoup
de gens s'y intéressent, moins
à cause de leur valeur littéraire qu'en
raison de l'enchainement des faits qui s'y trouvent racontés» (Chrestom. $ 20. li. 31-33 [p. 36-37] Severyns = Photius. Bibl., cod. 239, 319 a 30-33, t. V, p. 157 Henry = p. 97, 8-11 Allen; trad. Severyns, loc. cit.). Une telle hypothése est manifestement irrecevable lorsque l'on pense à la complexité, à la profondeur et à la forte connotation théologique de l'exégése homérique chez Proclus. Le fragment de Pisandre cité par Proclus, in Alc., fr. 10, 7-8 [= Olympiodore, in Alc. 157, 1-2 Westerink] : διό φησι περὶ αὐτοῦ [scil. "HpaxA&oug] ὁ Πείσανδρος “δικαιοτάτου δὲ $ovrjoc", est attribué à Pisandre de Camire par 444 G. Kinkel, Epicorum
Graecorum fragmenta, vol. I, Leipzig
1877, fr. 10, p. 252 (attribution
reprise par Bernabé 435, Pisander, fr. 10, p. 169). Ce fragment a été attribué à Pisandre de Laranda par Wilamowitz 443, p. 283 n.1 [p.371 n.1], suivi par Keydell 442, p. 309 et n. 4 [p. 361 et n. 4], Heitsch 440 (fr. 16, p. 47), Davies 436 (p. 135) et West 437 (le fragment ne figure pas, en effet, parmi les fragments de Pisandre de Camire, p. 180-186). L'argument sur lequel se fonde l'attribution de ce fragment à Pisandre de Laranda est le suivant: puisque le Pisandre cité par Olympiodore (re vera Damascius), in Phaed. I, $ 378, 3-5 Westerink (= Heitsch 440, fr. 15, p. 46), à propos du mariage de Cadmos et d'Harmonie ne peut étre que
Pisandre de Laranda, auteur de 'Hpoixai θεογαμίαι, et qu'Olympiodore ne peut avoir cité deux Pisandre différents dans ses deux commentaires in Phaed. et in Alc. sans ajouter d'ethnique pour distinguer les deux personnages, il s'ensuit que le Pisandre cité par Olympiodore, in Alc., est lui aussi Pisandre de Laranda. Cet argument n'a plus aucun poids depuis que Westerink 93, Introduction, p. XV-XX, a démontré que l'auteur du commentaire in Phaed. autrefois attribué à Olympiodore est en réalité Damascius. Rien n'empéche donc de croire que Damascius, in Phaed. et Olympiodore, in Alc. (= Proclus, in Alc.) aient cité deux poétes différents, méme si l'hypothése que les deux commentateurs néoplatoniciens aient cité le méme poète (Pisandre de Laranda) est plus vraisemblable (voir la note de Westerink 73 au passage cité de Damascius, p. 205-206). L'attribution de la Chrestomathie à Proclus le diadoque est aussi refusée par la plupart des savants qui se sont occupés de la question. 445 W. Schmid, «Zur antiken Stillehre aus Anlass von Proklos' Chrestomathie », RhM 49, 1894, p. 133161, a soutenu que l'auteur de la Chrestomathie est un grammairien stoicien ayant
vécu peu avant Hermogène. car il est impossible qu'un néoplatonicien ait écrit un traité sur le style sans mentionner la théorie hermogénienne ries stylistiques, étant donné l'importance prise par Hermogene dans ment de l'époque (il suffit de rappeler les commentaires de Syrianus
du V* siècle des catégol'enseignesur Hermo-
gene. cf. Luna 28. ὃ V, ainsi que les nombreuses traces de théories hermogéniennes
que l'on relève dans l'in Parm. de Proclus, cf. Luna et Segonds 18, t. 1/2, p. 21 n. 8 [p. 199], p. 37 n. 6 [p. 221], p. 63 n. 1 [p. 250-251]. p. 78 n. 5 [p. 263]). La these de
P292
PROCLUS DE LYCIE
1651
Schmid 445 a été reprise par 446 R. Henry, « Proclos et le vocabulaire technique de Photius»,
RBPH
13,
1934,
p. 615-627,
et confirmée
par 447
«Zur Zeitbestimmung der Chrestomathie des Proklos », RhM
M.
Hillgruber,
133, 1990, p. 397-
404, qui fixe le terminus ante quem de la Chrestomathie au If siècle ap. J.-C. en
s'appuyant sur les parallèles textuels qui existent entre la Chrestomathie et le De vita et poesi Homeri du Ps.-Plutarque (11° siècle ap. J.-C.) et qui ne peuvent s'expliquer, selon ce savant, qu'en supposant que la Chrestomathie est la source, probablement indirecte, du De vita et poesi Homeri. L'attribution à Proclus le diadoque a
été soutenue par 448 O. Immisch, « Beitráge zur Chrestomathie des Proclus und zur Poetik des Altertums », dans Festschrift Theodor Gomperz dargebracht zum siebzigsten
Geburtstage
am
29.
Márz
1902
von
Schülern,
Freunden,
Kollegen,
Wien 1902, réimpr. Aalen 1979, p. 237-274, en part. p. 249-257, à l’aide de quelques parallèles avec les scholies sur Hésiode et les commentaires in Rernp., in Tim. et in Crat., paralléles à notre avis peu significatifs parce qu'ils ne portent jamais un caractére spécifiquement proclien. La thése de Immisch a été reprise en dernier
lieu, sans arguments nouveaux, par 449 A. Longo, «Sull'attribuzione della Crestomazia a Proclo neoplatonico », SIFC, 3* serie, 13, 1995, p. 109-124, selon laquelle il ny a aucune raison de nier l'attribution, qui serait confirmée par la Souda, par le titre du ms. Ortob. gr. 58, seconde
moitié du XV* s. (TIpóxAov Πλατωνιχοῦ
δια-
δόχου περὶ Ὁμήρου ; sur ce ms., copié par Demetrios Sgouropoulos et Jean Rhosos, cf. Gamillscheg 203, t. 3A, n° 168 (p. 75], n? 298 [p. 116]), et par une scholie anonyme à Grégoire de Nazianze, ainsi que par des paralléles de vocabu-
laire, tous de peu de poids. En ce qui concerne la scholie, elle se rapporte au discours 43 de Grégoire de Nazianze in laudem Basilii Magni, PG 36, col. 509 B (= Grégoire de Nazianze, Discours funebres en l'honneur de son frere Césaire et de Basile de Césarée, texte grec, trad. frangaise, introduction et index par F.
Boulenger, coll. « Textes et documents pour l'étude historique du Christianisme » 6, Paris 1908, XII 2, p. 82): τὴν ἐγκύκλιον παίδευσιν παιδευόμενος. Cette scholie est contenue dans le Monac. discours
de
Grégoire
de
Nazianze
gr. 499, XII. s., f. 72' (sur les scholies aux contenues
dans
ce
ms.,
cf. 450
E.
Norden,
« Scholia in Gregorii Nazianzeni orationes inedita », Hermes 27, 1892, p. 606-642),
et a été publiée dans PG 36, col. 914 C: φασὶ δὲ xai ἰδικῶς ἐγκύκλιον τὴν ποιητικήν, περὶ ἧς xol Πρόκλος ὁ Πλατωνικὸς Ev μονοδίδλῳ περὶ κύκλου ἐπιγεγραμμένῃ [ἐπιγραμένῃ cod.] τὰς τῶν ποιητῶν διέξεισι ἀρετὰς καὶ τὰ ἴδια. En réalité, la μονόδιδλος περὶ κύκλου mentionnée dans la scholie désigne très probablement un abrégé de l'épitomé de Photius, tel qu'on le trouve dans les mss. Reg. gr. 16, Ottob. gr. 163 et Var. gr. 1408 (cf. Allen 433, t. V, p. 97); l’inter-
prétation de cette scholie par Rashed 210, p. 268 n. 34, présuppose l'authenticité de la Chrestomathie et se fonde sur une simple équivoque, car le xóxAoc épique n'a évidemment rien à voir avec le cercle en tant que forme géométrique ou schéma
métaphysique. On remarquera aussi que la Vita Homeri, li. 19-23 (p. 69) Severyns 431 = p. 99, 20-100, 5 Allen 433 = p. 26, 14-19 Wilamowitz 434 [= R. L. Fowler, Early Greek
1652
PROCLUS DE LYCIE
P 292
Mythography, vol. I: Text and Introduction, Oxford 2000, Hellanicus Lesbius, fr. 5b (p. 157)], rapporte que les trois mythographes Hellanicos de Mytiléne (V* s.
av. J.-C.), Damastés (probablement élève d'Hellanicos) et Phérécyde de Syros (VI* s. av. J.-C.) plagaient Homere dans la descendance d'Orphée: «Hellanicos, Damastès et Phérécyde font remonter son [scil.
d' Homére] lignage jusqu'à Orphée.
Car. disent-ils, Maion, le pére d'Homére, et Dios, le pére d'Hésiode, étaient les fils d’Apellis, fils de Mélanopos, fils d'Épiphradés, fils de Chariphèmos, fils de Philoterpes, fils d'Idmonidés, fils d'Euclés, fils de Dorion, lequel était le fils d'Orphée » (trad. Severyns, loc. cit.). Si l'auteur de la Vita Homeri était Proclus le
diadoque, il serait facile de trouver des paralléles à cette information, qui aurait fourni à Proclus un argument de poids à l'appui de la thèse, qui lui était trés chère, de l'accord de toute la tradition théologique grecque. (9*) [B. 50] Ἐπιστολιμαῖοι χαρακτῆρες (Characteres epistolici). Cet ouvrage. un
recueil de modeles
effet, de 451 recensuit
R.
de
lettres, n'est certainement
Ps.-Libanius, Foerstert,
coll.
Characteres BT,
t. IX,
epistolici, Leipzig
pas de Proclus.
publié
1927,
dans
réimpr.
Il s'agit, en
Libanii
Opera,
Hildesheim
1963,
p. 27-47. Ce texte est transmis dans deux recensions différentes, dont l'une est attribuée
à Libanius,
l'autre
à Proclus.
L'attribution
à Proclus
(Πρόκλου
τοῦ
Πλατωνιχοῦ περὶ ἐπιστολιμαίου χαρακτῆρος) se trouve dans la plupart des mss. contenant la recension "proclienne" ainsi que dans quelques mss. contenant une recension "mixte" qui a fusionné les deux recensions primaires (cf. éd. Foerster 451, p. 10-21); elle a été réfutée par 452 H. Rabe, « Aus Rhetoren-Handschriften »,
RAM 64, 1909, p. 284-309, en part. p. 294-298, qui a montré que l'auteur de cet ouvrage est un chrétien ayant vécu au VY. siècle (cf. aussi éd. Foerster 451, p. 1). (10*) Hymni. Pour les deux hymnes faussement attribués à Proclus, cf. supra, n? 40, p. 1633. (11*)
Questions
concernant
les
choses
naturelles.
Cet
ouvrage,
qui
n'est
transmis qu'en une traduction arabe faite par Ishäq ibn Hunayn, se compose de huit questions (cf. Endress 41, p. 1673). Les sujets abordés dans ces questions, complétement étrangers aux intéréts de Proclus, rendent invraisemblable l'attribution de cet ouvrage à Proclus. (12*) In Aureum
Pythagoreorum
Carmen. Cet ouvrage, dont le texte grec est
perdu, est transmis à l'intérieur du recueil de notices et d'extraits composé par Ibn al-Tayyib (mort en 1043), sous le titre de « Fruits de lecture du savant cheikh Abü-
I-Faraÿ Abdallah Ibn al-Tayyib: le traité de Pythagore connu comme le Traité d'or, commentaire de Proclus ». Édition : 453 Ibn at-Tayyib, Proclus" Commentary on the Pythagorean Golden Verses. Arabic text and translation by N. Linley, coll. « Arethusa Monographs » 10, Buffalo 1984 ; cf. Endress 41, p. 1673. Un extrait du méme texte, mais dans une version arabe différente, se trouve parmi les citations de la «Petite Stoicheiösis», paraphrase
inspirée de l'Elem.
theol. et attribuée à
Proclus dans une compilation arabe de textes néoplatoniciens ; cf. infra, p. 1667. L’attribution de ce texte, qui utilise sans aucun doute un modèle grec et néoplato-
P292
PROCLUS DELYCIE
1653
nicien, à Proclus est trés controversée : voir surtout 454 L. G. Westerink, « Proclus
commentateur des Vers d'or», dans Boss et Seel 8, p. 61-78, qui propose l'attribution à Proclus
Procléius
(de Laodicée)
[»*P 293a], fin du IV“ siècle, auquel
la
Souda, Il 2472, t. IV, p. 210, 3, attribue effectivement un commentaire sur les Vers d'or (alors que la tradition grecque ignore complétement un tel ouvrage dans le cas de Proclus le diadoque); l'attribution à Proclus Procléius est reprise par 455 J. C. Thom, The Pythagorean Golden Verses, with Introduction and Commentary, coll. «Religions in the Graeco-Roman World» 123, Leiden 1995, p. 23-26. Il n'y a, en tout cas, dans le texte rien de spécifiquement proclien qui pourrait appuyer l'attribution à Proclus le diadoque. Bibliographie complémentaire Études générales. 456 K. Praechter, « Richtungen und Schulen im Neuplatonismus », dans B. Niese, G. Wissowa, F. Bechtel et al. (édit.), Generhliakon : Carl
Robert
zum
8. März
1910,
Berlin
1910,
p. 105-156
(repris dans
/d., Kleine
Schriften, hrsg. von H. Dórrie, Hildesheim/New York 1973, p. 165-216); 457 J. Trouillard, « Le Néoplatonisme », dans Histoire de la philosophie, coll. « Encyclopédie de la Pléiade», t. I, Paris 1969, p. 886-935, en part. p. 912-928; 458 W. Beierwaltes, Proklos. Grundzüge seiner Metaphysik, Frankfurt am Main 1965, 1979? (trad. ital. Proclo. I fondamenti della sua metafisica, a cura di N. Scotti,
Milano
1988, avec une riche bibliographie, p. 430-459);
459 Id., Denken
des
Einen. Studien zur neuplatonischen Philosophie und ihrer Wirkungsgeschichte, Frankfurt am Main 1985 (trad. ital. Pensare l'Uno. Studi sulla filosofia neoplatonica e sulla storia dei suoi influssi, a cura di M. L. Gatti, Milano 1991, 19922); 460 G. Reale, Introduzione a Proclo, coll. «I filosofi»
51, Bari
1989;
461
Chr.
Horn, «Proklos. Zur philosophiegeschichtlichen Stellung und zum Forschungsstand », dans Perkams et Piccione 11, p. 7-34; 462 W. Beierwaltes, Procliana. Spätantikes Denken und seine Spuren, Frankfurt am Main 2007 ; 463 E. Gritti, Proclo. Dialettica Anima Esegesi, coll. «Il Filarete », Milano 2008. Métaphysique. 464 J. Trouillard, «“Agir par son étre méme". La causalité selon Proclos », RSR
Parménide 466
32,
1958, p. 347-357 ; 465 Id., «L'áme
dans la perspective néoplatonicienne », RIPh
Id., L'Un
et l'Áme
selon
Proclos,
«Collection
du Timée
et l'un du
24, 1970, p. 236-251;
d'études
anciennes », Paris
1972; 467 S. E. Gersh, KINHZIE ΑΚΙΝΗΤΟΣ : A Study of Spiritual Motion
in the
Philosophy of Proclus, coll. «Philosophia Antiqua» 26, Leiden 1973; 468 A. C. Lloyd,
Lloyd
«Procession
and
Division
in
Proclus»,
(édit.), Soul and the Structure of Being
dans
H.J.
Blumenthal
in Late Neoplatonism.
et
A. C.
Syrianus,
Proclus and Simplicius. Papers and discussions of a colloquium held at Liverpool, 15-16 April 1982, Liverpool 1982, p. 18-45 ; 469 J. Trouillard, La mystagogie de Proclos, « Collection d'études anciennes », Paris 1982; 470 D. A. Anapolitanos et A. K. Demis, «Proclus on the Similarity and the Many», PhInq
13, 1991, p. 53-
61; 471 C. D'Ancona, « Primo principio e mondo intelligibile nella metafisica di Proclo. Problemi e soluzioni », Elenchos
12, 1991, p. 271-302 ; 472 Ead., «Proclo:
Enadi e APXAI nell'ordine sovrasensibile », RSF 47, 1992, p. 265-294; 473 L. M.
1654
De
PROCLUS DE LYCIE
Rijk, «Causation
Distinction
and Participation
in his Metaphysics », dans
P 292
in Proclus. The Pivotal Role of Scope Bos
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quio Internazionale del Centro di Ricerca sul Neoplatonismo, Università degli Studi di Catania, 6-8 ottobre 1994, coll. « Symbolon » 16, Firenze 1996, p. 107-120 (repris dans Saffrey 13. p. 159-168) ; 476 C. Steel, « Puissance active et puissance réceptive chez Proclus », ibid., p. 121-137 ; 477 Th. Kobusch, « Das Eine ist nicht das Ganze.
Die Idee der Totalitát im Werk
des Proklos, besonders
in der Plato-
nischen Theologie», dans Segonds et Steel 10, p. 311-323; 478 J. Opsomer, « Deriving the Three Intelligible Triads from the Timaeus », dans Segonds et Steel 10, p. 351-372; 479 V. Napoli, «“Somiglianza dissimile". Note su alcuni aspetti della nozione di ὕλη in Proclo », SMed 38, 2000, p. 233-259 ; 480 J.-M. Narbonne, Hénologie Ontologie et 'Ereignis'. Plotin, Proclus, Heidegger, Paris 2001 ; 481 G. Van Riel, « Horizontalism or Verticalism ? Proclus vs Plotinus on the Procession of Matter», Phronesis 46, 2001, p. 129-153 ; 482 Id., «Les hénades de Proclus sont-
elles composées de limite et d'illimité?», RSPT 85, 2001, p. 417-432; 483 C. Steel, «Neoplatonic versus Stoic causality: the case of the sustaining cause («sunektikon »)». Quaestio
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«Théurgie
p. 189-209,
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487
et
télestique
néoplatoniciennes»,
RHR
Soteira. A Study of Hekate's
Chaldean Oracles and Related Literature, coll.
64,
1955,
Roles in the
« American Classical Studies » 21,
Atlanta 1990 ; 488 H. D. Saffrey, « Accorder entre elles les traditions théologiques :
une caractéristique du néoplatonisme athénien », dans Bos et Meijer 91, p. 35-50 (repris dans Saffrey 13, p. 143-158); 489 Id., «Les débuts de la théologie comme science
(III*-VI*
siècle)»,
RSPT
80,
1996,
p. 201-220
(repris
dans
Saffrey
13,
p. 219-238) ; 490 I. Rodríguez Moreno, Ángeles, démones y héroes en el neoplatonismo griego, coll.
en
part.
« Classical and Byzantine Monographs » 48, Amsterdam
p. 157-206;
491
H.D.
Saffrey,
«Znueiov/signum
dans
1998,
la littérature
néoplatonicienne et la théurgie », dans M. L. Bianchi (édit.), Signum. IX Colloquio
Internazionale del Lessico Intellettuale Europeo, Roma, 8-10 «Lessico Intellettuale Europeo» 77, Firenze 1999, p. 23-38 13, p. 127-141); 492 1. Bussanich, « Mystical Theology and in Proclus! Platonic Theology », dans Segonds et Steel 10,
gennaio 1998, coll. (repris dans Saffrey Spiritual Experience p. 291-310; 493 I.
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metaxu entre l'homme
P 292
PROCLUS
DELYCIE
1655
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« Entretiens sur l'Antiquité classique » 21, Vandœuvres-Genève
1975, p. 123-151;
496 G. Watson, « Unfair to Proclus ? », Phronesis 27, 1982, p. 101-106 (critique de
Blumenthal 495) ; 497 A. Sheppard, « Phantasia and Analogia in Proclus », dans D. Innes, H. Hine et Chr. Pelling (édit.), Ethics and Rhetoric. Classical Essays for Donald Russell on his Seventy-Fifth Birthday, Oxford 1995, p.343-351; 498 L. P. Gerson,
« Ἐπιστροφὴ πρὸς ἑαυτόν : History and Meaning », DSTFM 8,
1997, p. 1-32; 499 J. Opsomer, «Proclus plotinienne », EPlaton 3, 2006, p. 195-207.
et le statut
ontologique
de
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et C. Rowe
(édit.), New
Perspectives on Plato, Modern and Ancient, coll. «Center for Hellenic Studies Colloquia » 6, Cambridge (Mass.)/London 2002, p. 37-57. Proclus et ses prédécesseurs. 504 L. G. Westerink, « Proclus et les Présocratiques », dans Pépin et Saffrey 9, p. 105-112; 505 L. Tarán, « Proclus and the Old Academy », dans Pépin et Saffrey 9, p. 227-276, 506 J. Halfwassen, « Speusipp und die Unendlichkeit des Einen. Ein neues Speusipp-Testimonium bei Proklos und seine Bedeuntug », AGPh 74, 1992, p. 43-73; 507 Id., «Speusipp und die metaphysische Deutung von Platons Parmenides », dans L. Hagemann et R. Glei (édit.), "Ev xat πλῆθος. Einheit und Vielheit. Festschrift für Karl Bormann zum 65.
Geburtstag, Würzburg/Altenberge 1993, p. 339-373; 508 C. D'Ancona et C. Luna, «La doctrine des principes: Syrianus comme source textuelle et doctrinale de Proclus », dans Segonds et Steel 10, p. 189-278 ; 509 J. Dillon, «Plotinus, Speusippus and the Platonic Parmenides », Kairos 15, 2000, p. 61-74; 510 C. Steel, « A Neoplatonic Speusippus ? », dans M. Barbanti, G. R. Giardina et P. Manganaro (édit.), Ἕνωσις xat φιλία. Catania 2002, p. 469-476.
Unione
e Amicizia.
Omaggio
a Francesco
Romano,
Postérité. 511 R. Klibansky, « The Continuity of the Platonic Tradition during the Middle Ages » with a New Preface and Four Supplementary Chapters together with « Plato's Parmenides in the Middle Ages and the Renaissance » with
a New
Introductory Preface, München 1981 ; 512 P. O. Kristeller, « Proclus as a Reader of Plato and Plotinus, and his Influence in the Middle Ages and in the Renaissance »,
P 292
PROCLUS DE LYCIE
1656
dans Pépin et Saffrey 9, p. 191-211. Voir aussi 513 E. and Fall of the Neoplatonic Interpretation of Plato. An tions, coll. « Commentationes Humanarum Litterarum Varani, Pensiero 'alato' e modernità. Il neoplatonismo
N. Tigerstedt, The Decline Outline and Some Observa», Helsinki 1974; 514 G. nella storiografia filosofica
in Germania (1559-1807), coll. «La filosofia e il suo passato » 25, Padova 2008.
Damascius: 515 J. Combés, «Proclus et Damascius », dans Boss et Seel 8, p. 221-246 (repris dans Id., Études néoplatoniciennes, Grenoble 1996, p. 245271); 516 /d., «La théorématique de la Théologie platonicienne de Proclus d’après Damascius », dans Segonds et Steel 10, p. 445-458. — A Byzance (en général): 517 K. Parry, « Reading Proclus Diadochus in Byzantium », dans H. Tarrant et D. Baltzly (édit.), Reading Plato in Antiquity, London 2006, p. 223-235. — Ps.-Denys l'Aréopagite: 518 R. Roques, L'univers dionvsien. Structure hiérarchique du monde selon le Pseudo-Denys, Paris 1954; 519 S. E. Gersh, From lamblichus to Eriugena. An Investigation of the Prehistory and Evolution of the PseudoDionysian Tradition, coll. «Studien zur Problemgeschichte der antiken und mittel-
alterlichen Philosophie » 8, Leiden 1978; 520 W. Beierwaltes, « Dionysios Areopagites — Ein christlicher Proklos?», dans Th. Kobusch et B. Mojsisch (édit.), Platon in der abendlündischen Geistesgeschichte. Neue Forschungen zum Platonismus, Darmstadt 1997, p. 71-100; 521 I. Perczel, «Pseudo-Dionysius and the Platonic Theology », dans Segonds et Steel 10, p. 491-532. — Nicolas de Méthone: 522 G. Podskalsky, «Nikolaos von Methone und die Proklosrenaissance in Byzanz (11.-12. Jh)», OCP 42, 1976, p. 509-523; 523 Id., Theologie und Philosophie in Byzanz, coll. «Byzantinisches Archiv» 15, München 1977, passim. — Nicolas de Cuse: 524 W. Beierwaltes, «Centrum Tocius Vite". Zur Bedeuntug von Proklos' "Theologia Platonis" im Denken des Cusanus», dans Segonds et Steel 10, p. 629-651 (repris dans Beierwaltes 462, p. 191-213); 525 K. Bormann, « Affirmation und Negation. Der Parmenides-Kommentar des Proklos in Nikolaus von Kues' Schrift Tu quis es», TheolQ 181, 2001, p. 84-96. — Marsile Ficin: 526 A. Étienne, « Marsile Ficin, lecteur et interpréte du Parménide à la Renaissance », dans A. Neschke-Hentschke
(édit.), /mages de Platon et lectures de ses
œuvres. Les interprétations de Platon à travers les siècles, coll. « Bibliothèque philosophique de Louvain» 48, Louvain/Paris 1997, p.153-185; 527 A. Malmsheimer, Platons 'Parmenides' und Marsilio Ficinos "'Parmenides'Kommentar. Ein kritischer Vergleich, coll. « Bochumer Studien zur Philosophie » 34, Amsterdam/Philadelphia 2001 ; 528 W. Beierwaltes, « Marsilio Ficinos Deutung des Platonischen Parmenides», WJA, N. F. 26, 2002, p. 201-219; 529 F. Lazzarin,
«Note
sull'interpretazione
ficiniana
del
Parmenide
di
Platone »,
Accademia 5, 2003, p. 17-37 ; 530 P. Megna, « Marsilio Ficino e il commento al Timeo di Proclo », SMU 1, 2003, p. 93-135 ; 531 Ead., «Percorsi classici e dibattito umanistico nel De republica di Marsilio Ficino », dans M. Vegetti et P. Pissavino (édit.), / Decembrio
e la tradizione della Repubblica di Platone tra Medioevo
Umanesimo, coll. « Saggi Bibliopolis » 75, Napoli 2005, p. 267-340.
e
P 292
PROCLUS
DE LYCIE
1657
Citons, pour terminer, deux ouvrages généraux, qui, sans étre directement consacrés à Proclus, ne peuvent étre ignorés: 532 H. Dörrie et M. Baltes, Der Platonismus in der Antike, 7 vol. parus, Stuttgart/Bad Cannstatt 1987- ; 533 KR. Sorabji, The Philosophy of the Commentators, 200-600 AD. A Sourcebook, 3 vol., London 2004 (voir les dépouillements de ces deux ouvrages dans d'Hoine et al. 2, n°° 60-69). CONCETTA LUNA et ALAIN-PHILIPPE SEGONDS
t.
ŒUVRES TRANSMISES PAR LA TRADITION ARABE
La tradition arabe connait le nom de Proclus comme celui de l'auteur d'un ouvrage «Sur l'éternité du monde» à travers la réfutation qu'en avait faite Jean Philopon (2+P 164) et dont l'influence fut considérable. Cette tradition a connu par ailleurs des extraits d'écrits de Proclus en traduction arabe en tant que parties de la « Théologie d'Aristote », un texte qui se rattache au corpus des Plotiniana arabes (cf. sur cette question 1 M. Aouad, notice «La Theologie d'Aristote et autres textes du Plotinus Arabus», DPhA 1, 1989, p. 541-590). On trouve un inventaire du Proclus arabe et une vue d'ensemble sur cette tradition dans 2 G. C. Anawati, «Le néoplatonisme dans la pensée musulmane: état actuel des recherches », dans ses Études
de philosophie
musulmane,
Paris
1974,
p. 155-221;
3 R.
Walzer,
art.
« Buruklus », EF? I, col. 1380-1382; 4 J. van Ess, « Jüngere orientalistische Literatur zur neuplatonischen Überlieferung im Bereich des Islam», dans K. Flasch (Edit.), Parusia.
Studien
zur Philosophie
und zur Problemgeschichte
des Plato-
nismus. Festgabe für J. Hirschberger, Frankfurt am Main 1965, p. 333-350, notamment p. 344-346; 5 Id., «Über einige neue Fragmente des Alexander von Aphrodisias und des Proclus in arabischer Übersetzung », [εἰ 42, 1966, p. 148-168; 6 G. Endress, Proclus Arabus. Zwanzig Abschnitte aus der Institutio Theologica in arabischer Übersetzung, coll. «Beiruter Texte und Studien» 10, Wiesbaden/ Beyrouth 1973; 7 C. D'Ancona Costa, Recherches sur le Liber de causis, coll. «Études de Philosophie Médiévale» 72, Paris 1995; 8 C. D'Ancona et R.C. Taylor, notice « Aristote de Stagire, Ps.-Aristote: Liber de Causis», DPhA Suppl., 2003, p. 599-647 ; 9 C. D'Ancona, Greek into Arabic: Neoplatonism in Translation, dans
P. Adamson
et R.C.
Taylor
(Edit.), The
Cambridge
Companion
to
Arabic Philosophy, Cambridge 2005, p. 10-31; 10 E. Wakelnig, Feder, Tafel, Mensch: al-' Àmiris Kitab al-Fusül fi l-Ma'älim al-iláhiya und die arabische Proklos-Rezeption im 10. Jh., coll. «Islamic Philosophy, Theology and Science» 67, Leiden/Boston 2006. A) TRADUCTIONS ARABES D'ŒUVRES CONSERVÉES OU ATTESTÉES EN GREC
(1) Oxtwxaldexa
ἐπιχειρήματα
περὶ
ἀϊδιότητος
τοῦ
κόσμου
xarà
τῶν
Χριστιανῶν, Dix-huit arguments sur l'éternité du monde contre les chrétiens (De Aeternitate mundi).
1658
PROCLUS DE LYCIE
P 292
Alors que le premier argument de Proclus est perdu dans l’original grec, la tradition arabe connait l'ouvrage dans son intégralité, d’oü — en liaison avec la réfutation de Jean Philopon - le signalement établi par le bibliographe arabe 11 Ibn an-Nadim (mort en 990), al-Fihrist. éd. G. Flügel, Leipzig 1870-1871, p. 252, 13;
éd. Ayman Fu’äd Sayyid, London 2009, t. II, p. 173, 5-6: «Les dix-huit questions que Jean le Grammairien a critiquées » ; trad. angl. par 12 B. Dodge, The Fihrist of al-Nadim,
New
York
1970,
p. 607;
cf.
13
al-Qiftt (mort
en
1248),
Tärih
al-
hukamá, éd. A. Müller et J. Lippert. Leipzig 1903, p. 89, 3-5: «Il s'agit de Proclus, qui soutient l'éternité du monde (al-ga'il bi-I-dahr) ; c'est pour le réfuter que Jean le Grammairien (Yahyd al-Nahwi) a composé un grand livre ». Al-Qifti ajoute que ce livre — par conséquent une traduction arabe du Contra Proclum de Jean Philopon - était en sa possession. Il semble donc que lui-méme et l'auteur du Fihrist connaissaient l'ouvrage de Proclus à travers les citations de celui de Philopon. Dans la traduction arabe qui est conservée. le De aeternitate mundi de Proclus semble au contraire un ouvrage indépendant (il n'est pas lié à la réfutation de Jean Philopon), mais il ne comprend que les neuf ou les huit premiers chapitres (d'autres chapitres figurent dans l' Épitomé de Sahrastäni, voir plus bas [c]). Sur les correspondances entre le texte arabe et le De aeternitate mundi de Jean Philopon, voir 14 R. Walzer, Oriens 10, 1957, p. 394. a) La traduction d’Ishäq ibn Hunayn. Ms. Damas, Zähiriya 4871 'ámm, daté de 557/1162, qui a pour titre: «Les arguments de Proclus par lesquels il prouve que le monde est éternel » (Hugag Ubruglus allatt yubarhin bihä anna l-‘älam abadi). Edition: 15 "Abd-al-Rahmän Badawi, al-Aflatüniyya al-muhdata ‘ind al‘Arab |Le Néoplatonisme chez les Arabes]. al-Qähira 1955, p. 34-42 (avec une introduction dans la Préface, p. 30-36): traduction française du chap. 1 dans: 16 "Abd-al-Rahmän Badawi, « Un Proclus perdu est retrouvé en arabe », dans Mélanges Louis Massignon, 1, Damas 1956, p. 149151, article repris dans 17 Abdurrahman Badawi, La transmission de la philosophie grecque au monde arabe, Paris 19872, p. 72-73, 119-120; 18 G.-C. Anawati, «Un fragment perdu du De aeternitate mundi de Proclus », dans ses Études de philosophie musulmane, Paris 1974. p. 223227 ; 19 M. Maróth, «Der erste Beweis des Proklos für die Ewigkeit der Welt», AAntHung 30. 1988, p. 181-189; 20 Jon McGinnis, « Argument I in Arabic with English translation », dans H. S. Lang et A. D. Macro, Proclus: On the Eternity of the World. De Aeternitate Mundi, Berkeley. Cal. 2001,p. 153-163.
La traduction d’Ishäq dans la forme où elle nous est parvenue ne contient que neuf des dix-huit arguments, à commencer par le premier argument, conservé uniquement en arabe, éd. BadawT 15, p. 34 sq. On trouve ensuite, dans cette version, les chapitres suivants (avec la correspondance entre l'édition Badawi et l'édition du De aeternitate mundi contra Proclum par Rabe):
8 8 8 8
2, 3, 4, 5,
p. p. p. p.
35. 9-17 B. = p. 24. 1 sqq. R. 35,18-37,6 B. - p. 42. 1 sgq. R. 37. 7-38. 6 B. = p. 55, 25 sqq. R. 38, 7-39, 5 B. = p. 103, 1 sqq. R.
8 8 8 8
6, 7, 8, 9.
p. p. p. p.
39,6-40,4 B. 40. 5-14 B. = 40, 15-41,22 42, 1-18 B.=
= p. 119, 14 sqq. R. p. 243, 1 sqq. R. B. p. 294. 1 sqq. R. p. 313, 7 sqq. R.
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1659
On lit à la fin la remarque suivante: «Ces neuf arguments ont été traduits par Ishàq ibn Hunayn. Il y a (en tout) dix-huit arguments de Proclus en faveur de l'éternité (du monde); un autre qu'Ishàq les a traduits dans une version de piètre qualité. Dans la traduction d'Ishaq on ne trouve que ces neuf arguments » (p. 42 pu.-ult. éd. Badawi 15). Il semble donc qu'Ishàq n'a traduit que ces neuf λόγοι. b) Autre version d'un traducteur non identifié. Ms. Istanbul, Pertev Pasa 617, fol. 240b-244a ; Istanbul, Üniversite 1458, fol. 23021-23169. Titre indiqué en marge: « Traités (mayämir, λόγοι) de Proclus» ; Incipit: «Ceci est le commencement du livre de Proclus de Tarse avec son argumentation en faveur de la thése que le monde n'a pas de génération ni de disparition dans le temps et que Platon était du méme avis, en huit traités ». La version contient, dans l'un et l'autre manuscrits (qui peuvent toutefois remonter à un méme modéle commun), seulement les chapitres 1-8. Le traducteur n'est pas nommé. 21 F. Rosenthal, « From Arabic books and manuscripts, VII », JAOS 81, 1961, p. 7-12, notamment p. 910, a signalé quelques traits particuliers dans la terminologie employée, lesquels montrent que la traduction appartient à la période la plus ancienne de la littérature de traduction gréco-arabe (cf. également sur cette question Endress 6, p. 106). La désignation des différents chapitres comme mimar suggère un modèle syriaque (syr. memrä, cf. Endress 6, p. 69). — La remarque finale sur la traduction d’Ishäg que nous avons citée plus haut, mentionne une traduction plus ancienne, «de piètre qualité », du traité; la version des deux manuscrits d'Istanbul est effectivement raboteuse et peu intelligible. Seul obstacle à l'identification de la version conservée avec celle qui est mentionnée à la fin de la traduction d'Ishäq: le fait que cette traduction plus ancienne était décrite comme étant complete, comprenant l'intégralité des dix-huit λόγοι, tandis que la version conservée ne contient que huit chapitres, c’est-à-dire encore moins que celle d’Ishäq. Le doxographe al-Sahrastáni semble cependant avoir utilisé cette ancienne traduction dans un exemplaire complet (voir plus bas [c]).
c) al-Sahrastàni (Muhammad
ibn 'Abd-al-Karim, mort en 1153) consacre, dans
sa doxographie sur les «religions et les sectes », une longue section aux « questions embarrassantes [ou bien aux sophismes] de Proclus sur l'éternité du monde» (Subah Buruglus fi gidam al-‘älam). Texte édité par 22 W. Cureton, Kitäb al-milal wa-l-nihal, Book of Religions and Philosophical Sects, London 1842-1846, p. 338-343, et par 23 Muhammad Fathalläh Badrän, Le Caire 1951-1955, p. 1025-1032 ; trad. fr. par 24 J. Jolivet. Shahrastani, Livre des religions et des sectes, t. Il, Paris/Louvain, 1993, p. 339-347.
Il y résume (p. 1025-1028) huit arguments (subah) de Proclus, mais non pas — comme la traduction conservée pourrait le faire penser — les huit premiers paragraphes, mais plutót les 88 1, 3, 4, 5, 6, 8, 10 et 13 de l'original (dans cet ordre), suivis à la fin du chapitre d'éléments
tirés des $8
12 et 16. Il en ressort qu'al-
Sahrastàni utilisait une version complète de l’œuvre, une version en tout cas plus compléte que celle des exemplaires arabes conservés. Il a pu certes emprunter également son texte de Proclus à la réfutation de Philopon, mais il ne mentionne Yahyä an-Nahwi (= Jean le Grammairien)
œuvre.
Sur quelques
traduction
que
de
ni dans ce passage ni ailleurs dans son
rares détails, son Épitomé
la version
d'Ishàq
est plus proche de l'ancienne
(cf. Rosenthal
21, p. 10b);
peut-étre
a-t-il
utilisé un texte plus complet de cette traduction. On constate qu'ont été laissés de côté, entre autres, des arguments qui, à cause de leurs implications dualistes, étaient choquants pour un musulman (cf. Jolivet 24, p. 347 n. 33). — Dans la
1660
PROCLUS DE LYCIE
P 292
seconde moitié du chapitre, al-Sahrastäni rapporte d'autres opinions de Proclus qui ne proviennent qu'en partie du De aet. mundi. Pour discuter ces opinions, il] remonte en particulier à la doxographie du Ps.-Ammonius (**A 142), qui dans le cadre
de
son
interprétation
nicienne, défend
théistique
la cosmologie
et créationniste
de Proclus:
de
la doctrine
néoplato-
Proclus aurait été mal compris, car il
n'aurait enseigné que dans un sens corporel (exotérique) la thése que ce monde se conserverait éternellement ; en vérité, c'est-à-dire si on le comprend
au sens spiri-
tuel (ésotérique), il aurait voulu dire que les parties pures du monde (c'est-à-dire les ámes) continuent d'exister, tandis que les parties sordides sont destinées à disparaitre ; cf. Jolivet 24, p. 343-344 et n. 23; 25 U. Rudolph, Die Doxographie des Pseudo-Ammonios. Ein Beitrag zur neuplatonischen Überlieferung im Islam,
coll. «Abhandlungen p. 204-206.
für die Kunde
des Morgenlandes » 49,
1, Stuttgart
1989,
d) Les arguments de Proclus ont été également connus dans la philosophie arabe par la volumineuse réfutation que lui a consacrée l'alexandrin Jean Philopon; le texte de Proclus était vraisemblablement aussi traduit dans le contexte de sa réfutation dans le De aeternitate mundi contra Proclum de Philopon. Al-Qifti (mort en 1248) dit explicitement, dans son Dictionnaire des savants, qu'il posséde un exemplaire (Ta’rih al-hukama’ 13, p. 89, 5), mais en seize chapitres seulement
(ibid. p. 356, 5) ; al-Birüni (mort aprés 1050) le cite à plusieurs reprises dans son livre sur l'Inde (Alberuni’s India, trad. E. C. Sachau, London 1888, t. I, p. 36, 65, 226 et 231 ; t. II, p. 171). Le philosophe de Bagdad
al-Hasan ibn Suwar (Ibn al-
Hammär, seconde moitié du X“ s.) a utilisé les arguments de Philopon dans son bref traité contre les Mutakallimün : « Traité démontrant que l'argument de Jean le Grammairien prouvant la contingence du monde est plus acceptable que celui des théologiens », éd. Badawi
15, p. 243-247 ; trad. par 26 B. Lewin, «La notion de
muhdat dans le kaläm et dans la philosophie», dans Donum natalicium H. S. Nyberg oblatum, Uppsala 1964, p. 84-93. Un certain nombre d'auteurs islamiques s'en prennent directement à Proclus, mais les points de départ de leur argumentation doivent étre recherchés en régle générale chez Philopon. Ainsi Muhammad ibn Zakariyyä’ al-Razi (le célébre médecin et philosophe, mort en 925) écrivit un « Livre des doutes
soulevés contre
Proclus » (Ibn an-Nadim,
Fihrist 11, p. 301, 4
Flügel = p. 316, 16 Sayyid, cf. al-Razi, Magála ft-mà ba'd al-tabi'a, éd. 27 P. Kraus, Raghensis (Razis) Opera philosophica,
Le Caire
1939, p. 128, 16), et al-
Sahrastàni déclare, dans le chapitre déjà mentionné sur Proclus de son «Livre des religions et des sectes » (p. 1029, 4 Badrän 23; trad. Jolivet 24, p. 343), avoir luiméme composé un livre dans lequel il aurait réfuté en méme temps les doctrines d'Aristote et celles d'Ibn Sinä. Pour les discussions ultérieures sur ce theme dans la philosophie arabo-islamique, cf. 28 S. van den Bergh, Averroes' Tahafut alTahafut
(The Incoherence
introduction
and
of the Incoherence),
notes, coll.
« E. W.J.
Gibb
translated from
Memorial,
new
the Arabic
series»
with
19, London
1954 (réimpr. 1969), index s.nn. «John Philoponus » et « Proclus » ; 29 E. Behler. Die Ewigkeit der Welt. Problemgeschichtliche Untersuchung zu den Kontroversen
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um Weltanfang und Weltunendlichkeit in der arabischen und jüdischen Philosophie des Mittelalters, t. 1, Paderborn 1965; 30 Herbert A. Davidson, Proofs for eternity, creation and the existence of God in Medieval Islamic and Jewish philosophy, New York/Oxford 1987 ; voir également, dans le présent volume, la notice « Philopon (Jean -)». (2) Στοιχείωσις φυσιρκή, Elements de physique (Institutio physica). Parmi
les œuvres
de Proclus
transmises
en arabe
sont
attestés
un
ouvrage
intitulé « Définitions des principes physiques » (Hudüd awd'il al-tabi' iyyát) et un autre intitulé «Sur la partie indivisible », Ibn an-Nadim, Fihrist 11, p. 252, 13.20 Flügel = t. II, p. 173, 5.11 Sayyid ; mais ils n'ont pas été conservés sous son nom. Nous trouvons en revanche, dans un des traités de l'aristotélicien arabo-chrétien Yahyä ibn 'Adi (mort en 974) contre la doctrine des atomes, une traduction
des cinq premières propositions de l'/nsritutio physica de Proclus, I 1-5, sans le nom de Proclus : cf. 34 G. Endress, « Yahyä ibn 'Adi's Critique of Atomism: three treatises on the indivisible part, ed. with introduction and notes », ZGAIW 1, 1984, p. 155-179 (texte: p. 169-172). — D'autre extraits anonymes sont contenus dans le «Livre
du mouvement»
(Kiräb al-Haraka)
du Ps.-Aristote, une compilation
de
théses péripatéticiennes et néoplatoniciennes concernant la doctrine du mouvement; il s'agit de passages tirés des propositions I 31 ; II 15, 17, 19, 20, 21, sur les questions du corps indivisible, l'infini et l'éternité du mouvement circulaire; cf. 32 S. Pines, «Hitherto unknown Arabic extracts from Proclus' Stoicheiösis theologike and Stoicheiösis physike », dans ses Studies in Arabic versions of Greek
texts, coll.
« The Collected Works of Shlomo Pines », Jerusalem 1986, p. 287-293 ;
Wakelnig 10, p. 61-66. (3) Στοιχείωσις θεολογική, Elementatio — theologica).
Éléments
de
théologie
(Institutio
—
ou
encore
Les bibliographes arabes mentionnent, parmi les œuvres de Proclus, différents titres qui peuvent se rattacher soit à la Théologie Platonicienne, soit à l' Elementatio theologica : «Livre de la théologie, c.-à-d. de la souveraineté (divine) » (Kirab al-Tálugiya
wa-hiya l-rubübiyya); «Livre des substances sublimes» (Kitäb al-Gawähir al‘aliya), «Livre du Bien Premier» (Kirab al-Hayr al-awwal, sic leg. pro al-Hayyiz al-awwal), Fihrist 11, p. 252, 16-19 Flügel = t. II, p. 373, 7-10 Sayyid ; cf. Endress 6, p. 52 sq. pour les autres témoignages. Le premier de ces titres pourrait faire référence à la Théologie Platonicienne de Proclus, mais il n'y a aucune trace d'une traduction de cet ouvrage. Des arguments trahissant l'influence de cet ouvrage chez al-Kindi doivent s'expliquer par l'influence d'une tradition indirecte ; cf. 33 J. Jolivet, «Pour le dossier du Proclus arabe: al-KindT et la Théologie platonicienne », SI 49, 1979, p. 55-75. En revanche, la tradition arabe conserve, sous le titre de Théologie, i.e. la souveraineté divine, une paraphrase commentée de textes tirés des Ennéades IV à VI de Plotin, ainsi qu'une sélection de textes tirés de
P 292
PROCLUS DE LYCIE
1662
l’Elementatio theologica de Proclus (liés à la Theologie par le langage — terminologie et phraséologie —, l' interprétation doctrinale et la tradition manuscrite). Les deux textes — le Plotin arabe et le Proclus arabe — se présentent comme des œuvres d' Aristote, ou bien - si l'on préfère — comme un exposé de théologie d’après son enseignement ; voir infra [a]). Le deuxiéme traité, le « Livre des substances subli-
mes», n'est conservé — pas plus qu'il n'est autrement attesté — ni en tant que traité de Proclus ni comme partie des textes ps.-aristotéliciens qui dérivent de Proclus ; le contenu pourrait se retrouver dans les «formes spintuelles» (al-suwar alrühäniyya) de la version arabe de l' Elem. theol., prop. 15-17: voir infra [a]. Le troisiéme titre, selon la lecture proposée, «Livre du Bien Premier», rappelle ie remaniement arabe de l'Elementatio theologica, élaboré à partir des sections de l'eeuvre traduites en arabe, mais transmis, tout comme elle, sous le nom d'Aristote : le Liber de causis, en arabe: Kitäb al-Hayr al-mahd, voir infra [d]. Le «Traité de Proclus sur la vie intellectuelle» (Magdla li-Buruglus ft I-sira al-'aglivva) mentionné par 34 Abü l-Hasan al-Tabarı (X* s.). Les traitements hippocratiques (al-Mu'älagät al-
buqrátivya), éd. en fac-similé par F. Sezgin, Frankfurt am Main 1990, t. I, p. 12 ult., n'a aucun rapport avec aucun autre texte transmis ou attesté ; il est recommandé par l'auteur comme lecture complémentaire à l’Érhique d' Aristote pour la doctrine de l'intellect.
Les traductions ou adaptations de l’Elementatio theologica conservées sont les suivantes : a) Une sélection de vingt propositions en traduction arabe a été transmise sous le titre: Ce qu'Alexandre d'Aphrodise a extrait de l'ouvrage d'Aristote intitulé "Théologie", ce qui signifie le discours sur la souveraineté divine. Édition, avec
traduction allemande, par Endress 6, sous le titre « Proclus Arabus ». Le
manuscrit
[stanbul, Carullah
1279
(daté
de
1477-1478)
contient
une
paraphrase
de
la
Métaphysique d' Aristote par le médecin et philosophe syrien "Abd-al-Latif al-Bagdädı (mort en 1231); cf. Endress 6, p. 40-41; 35 A. Neuwirth, ‘Abd al-Latif al-Bagdädr's Bearbeitung von Buch Lambda der aristotelischen Metaphysik, coll. « Akademie der Wissenschaften und der Literatur, Veróffentlichungen der Orientalischen Kommission» 27, Wiesbaden 1976, p. 1*-4* ; 36 R. C. Taylor, «'Abd al-Latif al-Bagdädt’s Epitome of the Kalam fi mahd al-Bayr (Liber de causis) ». dans Islamic theology and philosophy. Studies in honor of G. F. Hourani, Albany 1984, Ρ. 236-248. En plus de la paraphrase de la Métaphysique d'Aristote par "Abd-al-Latif, le manuscrit contient son Épitomé d'un corpus métaphysique péripatéticien et néoplatonicien. qui comprend une série de traités d' Alexandre d' Aphrodise, les chapitres de l'Elern. theol. de Proclus attribués à Alexandre, de méme
que le Kirab [dàh al-kayr («Liber de causis ») ps.-aristotelicien,
et il s'achéve avec un Épitomé de la source plotinienne arabe, c'est-à-dire le traité désigné comme Theologia Aristotelis. — Ce manuscrit, qu'on a qualifié de véritable « One-volume library of Arabic philosophical and scientific texts in Istanbul » (37 F. Rosenthal, « From Arabic books and manuscripts, V», JRAS 75, 1955, p. 14-23), contient à côté d'autres traités authentiques d' Alexandre (cf. 38 R. Goulet et M. Aouad, notice « Alexandros d'Aphrodisias ». DPhA I, 1989, p. 125-139, n?* 19, 22 sqq.), sous le titre général d'un extrait tiré par Alexandre de la Theologie d'Aristote, vingt propositiones empruntées à l' Elem. theol. de Proclus dans l'ordre suivant: prop. 1-3. 5. 62, 86, 15-17. 21. 54, 76. 78. 91, 79, 80, 167, 72-74, ainsi qu'un texte néoplatonicien par ailleurs inconnu lié à la prop. 167: le traité « Sur la cause premiere ». Entre les prop. 54 et 76 sont insérés, comme relevant du méme titre général. cinq traités authentiques d' Alexandre ; cf. van Ess 5, p. 150 n? 7, 151 n? 16, 153 n® 32-34. Parmi les vingt propositions tirées de l'Elementario
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theologica, et contenues dans le manuscrit d'Istanbul, transmises séparément, comme il est indiqué par la suite :
1663 un
certain
nombre
sont
également
Prop. 1-3: Section sur la Cause premiere, éd. Endress 6, texte arabe, p. 3-8; transmises aussi séparément comme traité (maqála) d'Alexandre d'Aphrodise, cf. Endress 6, p. 34-42, et l'éd. de 39 'Abd-al-Rabmàn Badawi, Surüh 'alà Aristü mafquda (Commentaires sur Aristote perdus en grec et autres építres), coll.
«Recherches publiées sous la direction de l'Institut de Lettres Orientales de Beyrouth, n. s., Langue arabe et pensée islamique » 1, Beyrouth 1971, p. 24-26; cf. Aouad 38, p. 125-139, n? 19g. Pour un fragment conservé dans la Geniza du Caire, voir 40 G. A. Khan, «The Arabic fragments in the Cambridge Genzah collection », MME 1, 1986, p. 56-60, en part. 60 n.23 (fragm. T-S 40.143). Le texte est cité par al-Fárabi (mort en 950) comme tiré de la « Théologie » d' Aristote
dans son traité 41 «L’Harmonie entre les opinions des deux sages, le divin Platon et Aristote» (al-Gam' bayna ra'yay al-hakimayn Aflätün al-iláhi et Aristote, suivi par des allusions aux prop. 72 et 76; cf. Endress 6, p. 246 ; 42 C. Martini Bonadeo (édit. et trad.), Al-Färabt, L'Armonia delle opinioni dei due sapienti, il divino Platone e Aristotele, coll. «Greco, Arabo, Latino: Le Vie del Sapere» 3, Pisa 2008, texte p. 64, comm. p. 201.
Prop. 15-17: Section établissant les formes spirituelles (al-suwar al-rühäniyya) qui n'ont pas de matiére, cf. Endress 6, p. 34-42. Tradition séparée sous le nom d'Alexandre, cf. Endress 6, p. 34-42, et l'éd. de 43 'Abd-al-Rahmàn Badawi, Aristü ‘ind al-' Arab [« Aristote chez les Arabes »], Le Caire 1950, p. 291-292 ; voir 44 B. Lewin, « Notes sur un texte de Proclus en tradition arabe», OS 6, 1957,
p. 101-108; 45 S. Pines, «Une version arabe de trois propositions de la Stoicheiösis theologike de Proclus», Oriens 8, 1955, p. 195-203. — Ces textes sont cités comme témoignages sur la doctrine aristotélicienne d'aprés « Alexandre » par le philosophe andalous Ibn Bag£a (mort en 1138) (« 'alà ma yaqüluhü l-Iskandar fi kitabihi fi I-suwar al-rühäniyya »), au sujet des substances immatérielles, notamment l’intellect, qui comme νοῦς νοῶν νοούμενος retourne sur soi-même; voir Ibn Bàgf£a, Kaläm fi ttisäl al-'agl bi-l-insan, édité par 46 M. Asín Palacios, « Tratado de Avempace sobre la unión del intelecto con el hombre », Al-Andalus 7, 1942, p. 1-47, en part. p. 18; cf. 47 C. D'Ancona, «Man's conjunction with Intellect: a Neoplatonic source of Western Muslim philosophy », dans Proceedings of the Israel Academy of Sciences and Humanities VIII 4, 2008, p. 57-89.
Prop. 21 : Section sur l'établissement des mémes (formes spirituelles) et sur la Cause premiére, éd. Endress 6, texte arabe, p. 19-21. Tradition séparée dans une collection de traités de Miskawayh, éd. par 48 M. Arkoun, «Textes inédits de Miskawayh », Annislam 5, 1963, p. 181-205 (notamment p. 200-203). Prop. 54: Section sur la différence entre l'éternité (dahr) et le temps (zaman), éd. Endress 6, texte arabe, p. 22. Tradition séparée dans une collection de traités de Miskawayh, éd. dans Arkoun 48, p. 200-203. Prop. 62: Section sur la Cause premiére, éd. Endress 6, texte arabe, p. 23.
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Prop. 72: Section sur la Cause premiere et le premier causé, éd. Endress
6,
texte arabe, p. 24. Prop. 73:
Section sur la Cause premiere, éd. Endress 6, texte arabe, p. 25.
Prop. 74: Section sur la Cause premiere, éd. Endress 6, texte arabe, p. 26. Prop. 76: Section sur la Cause premiere et le premier causé, éd. Endress texte arabe, p. 27-28.
6,
Prop. 78: Section sur la Cause premiére, éd. Endress 6, texte arabe, p. 29. Prop. 79: Section sur la génération, éd. Endress 6, texte arabe, p. 30. Prop. 80: Section sur le corps et le non corporel et la génération, éd. Endress
6. texte arabe, p. 31-32. Prop. 86: Section sur la Cause premiére, éd. Endress 6, texte arabe, p. 33. Prop. 91 : Section sur la Cause premiére, éd. Endress 6, texte arabe, p. 34. Prop.
167: Section sur «la Cause premiere»
(titre mutilé), éd. Endress 6, texte
arabe, p. 35-36. — Le texte suivant, Section sur la Cause premiére, éd. Endress 6, texte arabe, p. 37-38, n'a pas de correspondance dans l' Elem. theol. D'autres propositions qui ne sont pas conservées dans la collection des vingt propositions (ni exploitées dans les chapitres correspondants de la « Métaphysique » d''Abd-al-Latif al-Bagdádi) sont transmis de façon séparée - sous le nom d'Alexandre d'Aphrodise —, mais remontent, d'aprés leur terminologie, leur style et leur interprétation doctrinale, à la méme tradition et au méme traducteur; cf. 49 F. W. Zimmermann, « Proclus Arabus rides again», ASPh 4, 1994, p. 951:
Prop. 77: Traité d'Alexandre d'Aphrodise de la matière, qu'elle est un effet, éd.
Badawi 39, p. 42-43. Incipit: « Tout ce qui est en puissance (kd' in), devient en acte à cause d'un autre être qui est en acte». Cf. Zimmermann 49, en part. p. 30 sq. ; Goulet et Aouad 38, p. 139, n? 62. Prop. 98: Traité d'Alexandre d'Aphrodise sur le fait que toute cause est dans
toutes les choses et dans aucune, selon l'opinion d'Aristote. Le texte se trouve dans le méme manuscrit Istanbul, Carullah 1279, qui contient les vingt propositions « tirées de la Théologie d'Aristote », mais séparément. Les piéces conservées de l'Elem. theol. font partie, comme le montre l'existence de deux propositions en arabe en dehors de l'ensemble des vingt textes transmis du «Proclus Arabus », d'une source proclienne arabe de grande envergure. Une preuve de ce fait est également l’utilisation non seulement de ces propositions, mais aussi d'autres textes dans une adaptation arabe secondaire de l'Elem. theol.: le corpus de textes réuni dans l'ouvrage désigné comme le Liber de Causis (Kitàb al-Idäh ff mahd al-Bayr, Livre de l'exposition du bien pur) dans ses divers remaniements (voir plus bas [d]). Ces textes partagent avec d'autres traités
authentiques d'Alexandre, en ce qui concerne la terminologie philosophique et le style argumentatif, une série de traits caractéristiques des traductions issues du cercle du savant et philosophe al-Kindi (mort apr. 868); cf. 50 G. Endress, « The Circle of al-Kindï. Early Arabic translations from the Greek and the rise of Islamic
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1665
philosophy», dans G. Endress et R. Kruk (édit), The Ancient Tradition in Christian and Islamic Hellenism Studies on the Transmission of Greek philosophy and sciences dedicated to H. J. Drossaart Lulofs, coll. « CNWS Publications » 50,
Leiden 1997, p.43-76. La métaphysique de Kindi lui-m&me, notamment sa justification philosophique du monothéisme, atteste une nette influence du Proclus arabe; cf. Endress 6, p. 242-245. C'est du méme cercle que provient la source plotinienne arabe, c'est-à-dire l'ouvrage désigné comme Theologia Aristotelis ; cf. Aouad 1; voir 51 F. W. Zimmermann, «The origins of the so-called Theology of Aristotle », dans J. Kraye et alii (édit.), Pseudo-Aristotle in the Middle Ages. The Theology and other texts, London 1986, p. 108-240. C. D'Ancona a montré que la réception par al-Kindi du néoplatonisme transmis par la Théologie, avait marqué à son tour le remaniement
du Proclus Arabus produit par le méme
cercle dans la
version originelle du Liber de Causis (voir plus bas [d]; Taylor et D'Ancona 8, p- 632 sqq.) et elle a établi de facon vraisemblable qu'un certain nombre des particularités conceptuelles et terminologiques du Proclus Arabus lui-méme présupposent la mise en forme qui en avait été donnée dans la pseudo-Theologie d’Aristote.
En particulier, l'histoire de la formule qui véhicule la doctrine de l'identité entre Un
et “être
pur"
dans
les
textes
néoplatoniciens
arabes,
“anniya fagaf,
esse
tantum", a été retracée à travers ces textes par 52 C. D'Ancona Costa, «L’influence du vocabulaire arabe : Causa prima est esse tantum" », dans L'élaboration du vocabulaire philosophique au Moyen Age. Actes du Colloque International organisé par la SIEPM, Louvain-la-Neuve/Leuven, 12-14 sept. 1998, p. 51-97. Concernant l'attribution à Alexandre d'Aphrodise, par suite des circonstances de la transmission du texte, qui était lié à des traités authentiques d'Alexandre sur la physique et la métaphysique traduits dans le méme milieu, voir Zimmermann 51 sur la Theologia Aristotelis et d'autres textes apparentés, ainsi que Zimmermann 49; voir aussi Zimmermann 49, p. 39, pour des remarques sur les circonstances de la transmission qui ont entrainé un lien avec les traductions d'Alexandre faites par le médecin Abü 'Utmän al-Dimaiqi et, par conséquent, une attribution de certains textes du cercle de Kindi à Alexandre, avec en plus un schéma proposant une reconstitution stemmatique. — Sur la traduction, la tradition et le classement des traités du Proclus Arabus dans la tradition du néoplatonisme arabe, cf. 53 G. Endress, «Building the Library of Arabic Philosophy: Platonism and Aristotelianism in the sources of al-Kindi», dans C. D'Ancona (édit), The Libraries of the Neoplatonists. Proceedings of the Meeting of the European Science Foundation Network "Late Antiquity and Arabic Thought. Patterns in the Constitution of European Culture" held in Strasbourg, March 12-14, 2004, coll. «Philosophia Antiqua » 107, Leiden 2007, p. 319-350.
Les vingt-deux propositions disponibles en traduction arabe traitent des thémes suivants : les propriétés des formes immatérielles (Elem. Theol. $ 15-17), le rapport entre l'un et le multiple (ὃ 21, 62), l'éternité et le temps ($ 54), l'étre, la forme et la matière, le Tout (ὃ 72, 73, 74), les causes immobiles et mobiles (ὃ 76), la puissance complète et incomplète (ἢ 77-79), les corps et les agents incorporels ($ 80, 86, 91),
la transcendance et l'immanence des causes séparées ($ 98), et la hiérarchie des intelligences (8 167). La
version
arabe
de cette sélection
de propositions
tirées de
l'Elem.
theol.
contient un certain nombre d'importants ajouts et interprétations par rapport au
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texte original de Proclus. Alors que certains ajouts ne sont que des gloses explicatives, la plupart des corollaires, des insertions et des modifications, aussi bien que certaines omissions, impliquent une révision systématique de la métaphysique proclienne (c'est également dans cette catégorie qu'il faut ranger un chapitre additionnel, à la suite de la prop. 167, qui est sans correspondance chez Proclus : Endress 6, p. 220-226, trad. p. 293 sq.). Cette révision consiste essentiellement en une réduction de la hiérarchie néoplatonicienne des hypostases, des monades et des formes à une structure simplifiée: alors que dans le systéme de Proclus l'étre et l'intelligence sont subordonnés à la cause première transcendante — !’Un plotinien — , la version arabe appelle la cause premiére, bien qu'elle soit de facon absolue et inconditionnellement
Un, en méme
temps
étre pur et intelligence supréme.
Par
conséquent, les deux aspects de la seconde hypostase de Plotin, distincts chez Proclus, sont transférés à l'Un;
en outre, le concept d'hénades divines est éliminé.
La Cause premiere est ainsi placée au sommet d'une triade simplifiée : entre l'Un et les formes matérialisées ne subsiste plus qu'un étage immatériel intermédiaire, celui des formes « spirituelles ». Cette doctrine des trois principes, Dieu, les Idées, la matière, remonte en dernière analyse à la théologie du Noüs du moyenplatonisme ; méme aprés Plotin, Porphyre reconnaissait les « idées » de l'étre et de la pensée dans la pure potentialité de l'Un. Mais alors que le néoplatonisme tardif dans son ensemble avait tendance à multiplier plutót qu'à réduire les séries d’hypostases entre l’Un et le monde physique, la présente révision de la «théologie» proclienne montre une tendance à harmoniser la métaphysique néoplatonicienne avec la théologie monothéiste (cf. Endress 6, p. 202 sq.). Deux points en particulier sont étroitement liés aux maitres chrétiens de l'école d'Alexandrie: (a) la doctrine selon laquelle la connaissance parfaite de Dieu constitue son propre objet, qu'elle est donc une connaissance « cataphatique » (le mot grec κατάφασις se trouve translittéré dans un corollaire arabe sur la prop. 167), est attestée chez Stéphanus (Étienne) d' Alexandrie [= Ps.-Jean Philoponus]. Comm. in De Anima Ill, cf. Endress 6, p. 148 et 220-226; trad. p. 294. (b) La
distinction entre la creatio ex nihilo par Dieu et l'activité de la Nature, qui produit les choses nouvelles à partir de substances déjà existantes — une distinction intro-
duite en relation avec la prop. 76 — remonte au De aeternitate mundi contra Proclum de Jean Philopon (cf. Endress 6, p. 227-232). — Le traitement de la matière, pour finir, utilise plutôt des concepts aristotéliciens: la matière première qui procède de la cause premiere est distinguée de la matière seconde qui constitue le substrat des processus naturels. La cause premiere elle-méme, bien qu'elle soit désignée comme causa efficiens de la création, est par ailleurs décrite comme la potentialité immobile à laquelle la Nature confére le principe du mouvement, une allusion au Premier moteur immobile d' Aristote (Endress 6, p. 232-235). b) La «petite Stoicheiosis » (Ustäküsts al-sugrä)
Sous
le nom
de Proclus n'est connue en arabe que la «petite Stoicheiósis »,
dont trois fragments sont conservés, éd. Badawi 15, p. 257-258. Le titre est aussi
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attesté parmi les ceuvres de Proclus par Ibn al-Nadim, Fihrist 11, p. 252, 21 Flügel - t. II, p. 173, 14 Sayyid: Sutüljusis al-sugrá ; cf. Endress 6, p. 23-24. Les extraits se trouvent dans une anthologie arabe de textes néoplatoniciens contenue dans le ms. Oxford, Bibl. Bodléienne, Marsh 539; éd., avec trad. anglaise et commentaire par 53bis Elvira Wakelnig, A Philosophy Reader from the circle of Miskawayh,
Cambridge 2011, $ 14-16. Le dernier de ces passages, éd. Badawi, p. 258, 3-12, présente une ressemblance frappante avec le commentaire faussement attribué à Proclus aux Dicta aurea pythagoriciens (v. supra, X [12*], p. 1652), dans une version arabe différente (cf. éd. Linley 78 cité plus loin, 8, 2-10).
La prop. 12 de l' Elem. theol. figure, avec sa thèse (le Bien est principe et cause premiere de tout étant), au début de la « petite Stoicheiösis ».
En dehors de la phrase d'introduction on ne constate — pour autant qu'il est permis de le faire sur la base du court extrait conservé - qu'une vague dépendance par rapport à certaines thèses de l' Elem. theol.: en plus de la prop. 12, on décèle une réminiscence de la prop. 13. Le reste n'est qu'interprétation et addition « théistiques », dans la tendance et le style de «cette paraphrase arabe de Plotin» qu'est la Théologie d'Aristote. Une série de réminiscences terminologiques se rencontre par exemple dans l’«Épître sur la science divine» (Risalafi l-‘Ilm aliláhi, sur ce texte cf. Aouad
1, p. 541-574), qui, en suivant Enn.
V 4-5, décrit la
transcendance du créateur avec des mots semblables; comparer par exemple au début Ris. ὃ 224, p. 183, 2-3 éd. Badawi (Enn. V 5, 13, 11) et, pour p. 257, 1 1, Ris.
$$ 199-200, p. 181, 6-7. Le texte appartient donc au groupe des Plotiniana et des Procliana qui ont été semblablement paraphrasés et glosés, des textes qui, sur la base de traductions gréco-arabes ou syriaco-arabes, constituent la source principale de la pensée néoplatonicienne en Islam. c) Dans la compilation ps.-aristotélicienne intitulée «Le livre du mouvement » (Kitab al-Haraka) on trouve, sous forme de citations ou de paraphrases anonymes, les prop. 15, 17, 19, 20, 41, 45, 48, 59, 66, 72, 76 et 80, sans indication d'auteur ou de source ; cf. Pines 32, p. 287-293 ; Wakelnig 10, p. 61-66. Il s'agit d'affirmations concernant l'automotricité de l’äme et le mouvement forcé du corps imposé par l'àme incorporelle auto-constituée. La prop. 17, source d'un long passage, présente des divergences textuelles non négligeables par rapport à celui du Proclus Arabus (la collection de vingt propositions, cf. supra [a]), mais remonte à la méme traduction. d) Taylor Le Kindi des
Kitàb (al-Idàh fi) al-hayr al-mahd (Liber de Causis) (cf. D'Ancona et 8, p. 599-647) traité «Sur le Bien pur», élaboré dans le cercle et sous l'influence d'alet de la réception de Plotin opérée dans son école, a été composé sur la base
extraits
arabes
de
l'Elem.
theol.
de
Proclus,
lesquels
n'ont
cependant
été
conservés que partiellement à l'intérieur du corpus des Procliana arabica signalé plus haut. Dans ses 31 chapitres, le De causis couvre les thémes et les notions des propositions 15, 45-48, 51, 55, 56, 70, 83, 87, 88, 92, 95, 102, 103, 106, 107, 111, 116, 122, 123, 127, 131, 134, 138, 142, 167, 168, 171-173, 177, 195, 201 de
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l'ouvrage proclien. A cóté de l'unique version connue dans un premier temps (manuscrit de Leyde, or. 209) et traduite en latin. éditée par 54 O. Bardenhewer,
Die pseudo-aristotelische Schrift über das reine Gute bekannt unter dem Namen Liber de causis, Freiburg im Breisgau 1882 (rééd. par Badawi 15, p. 1-33), une deuxième version a été découverte, qui, en plus des matériaux utilisés dans la « vulgate» du De causis, couvre les prop. 16, 21, 59, 65, 81, 186 (?); éd. 55 P. Thillet et Saleh Oudaimah.
«Un
nouveau
Liber de Causis?»,
BEO
53-54, 2001-
2002, p. 293-368. D’après les premières analyses, cette version proviendrait d'une source commune et ne serait pas une élaboration secondaire à partir de la version courante
(ni n'aurait précédé celle-ci). C'est à l'existence d'un
«Proto-Liber
de
Causis » comprenant un fonds plus important de textes de Proclus que concluent les recherches les plus récente portant sur l'ensemble de la réception de Proclus en arabe, notamment
chez Abü
l-Hasan al-' Amiri (mort en 992), cf. Wakelnig
10,
avec, p. 395-400, une vue d'ensemble de toutes les propositions tirées de l’Elem. theol. que l'on trouve dans les diverses versions arabes. Pour l'histoire de la tradition, les sources et le développement doctrinal en rapport avec les Procliana et les Plotiniana arabes, voir D' Ancona et Taylor 8. — Nous nous bornons ici à citer quelques passages essentiels [p. 630]: «Selon 56 C. D'Ancona Costa, « Le fonti e la struttura del Liber de causis », Medioevo 15, 1989, p. 1-38 (tr. fr. dans D'Ancona Costa 7, p. 23-52) l'examen du rapport entre le Liber et les Éléments de théologie autorise la conclusion que la reprise des propositions est tout à fait intentionnelle. Le désordre vis-à-vis de la source grecque n'est pas dü au hasard: l'auteur a sélectionné des groupes d'axiomes et en a parfois fusionné certaines parties entre elles, pour obtenir des théses qui, tout en étant redevables aux axiomes procliens pour le fond, ont une allure différente et sont mises au service d'un but d'ensemble
au moins en partie
original. De plus, il a intégré aux théses des Éléments de théologie des inspirations provenant de l'autre source néoplatonicienne à sa disposition. la paraphrase arabe de Plotin. Or, selon D'Ancona Costa 56 et 57 R. C. Taylor, «A critical analysis of the structure of the Kalam ff mahd al-khair (Liber de causis) », dans P. Morewedge (édit.), Neoplatonism and Islamic Thought. coll.
« Studies in Neoplatonism » 5, Albany 1992, p. 11-40, l'auteur s'est inspiré aussi de la paraphrase arabe de Plotin, dont il a repris à son compte, selon D' Ancona Costa 56. p. 38, le modele authentiquement plotinien "premier principe — intellect — âme”, ainsi que les interprétations caractéristiques du Plotin arabe, à savoir la définition du premier principe comme “être pur" et l’interprétation de sa causalité comme création. Loin d'étre un assemblage mécanique de propositions erratiques, le Liber de causis est donc une tentative plus ou moins réussie pour extraire des Éléments de théologie un syllabus des théses métaphysiques essentielles. »
(4) Περὶ τῶν δέκα πρὸς τὴν πρόνοιαν ἀπορημάτων, Dix problémes concernant la providence (De decem dubitationibus circa providentiam).
Le témoignage d'Ibn al-Nadim 11, p.252, 18-19 Flügel = t. II, p. 173, 11 Sayyid, signale parmi les œuvres de Proclus deux titres qui peuvent se rapporter à cet ouvrage: [1] p. 252, 18 (= al-Qifti 13, p. 89, 10) Kirab Buruglus wa-vusammà Diyddülus ay 'aqib Falätun fi l-'asr al-masá 'il, «Livre de Proclus, dit le Diadoque, c'est-à-dire le successeur, de Platon, à propos des dix questions » ; [2] p. 252, 19 Kitàb al-Masa'il al-'asr al-mu'dilat, «Livre des dix questions difficiles ». —
L'expression mas’ala mu' dila, «question épineuse », rend le grec ànópnua mieux que ne le fait le terme mas ala («question») du premier titre. Le premier titre
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1669
pourrait également se rapporter aux Quaestiones naturales conservées seulement en arabe (cf. infra n? [10]), dont le nombre de livres originel est inconnu. Le philosophe arabe chrétien Yahyä
ibn ‘Adi (mort en 974) discute dans ses
réponses aux questions philosophiques du juif de Mossoul Ibn Abi Sa'id ibn "Utmàn (écrit en 952), à propos de la douziéme question, le probléme de la providence (al-"inäya, πρόνοια), cf. 58 S. Pines, « A tenth-century philosophical correspondence », Proceedings of the American Academy for Jewish Research 23,
1954, p. 103-136. A ce sujet, il cite trois arguments de Proclus (Furuglus alAflatüni) en faveur de l'existence d'une providence divine s’exergant sur les individus: malgré une apparence d'arbitraire elle agit en tenant compte des étres individuels; l’iniquité apparente pousse le juste vers le bonheur véritable (59 Yahyà ibn 'Adi, The philosophical treatises, éd. S. Khalifat, Amman 1988, p. 3359). La source est le traité De decem dubitationibus circa providentiam, quaestio 6, δὲ 33-37 (p. 54 sqq. éd. Boese = p. 94 sqq. éd. Isaac). (5) Εἰς τὸν Τίμαιον Πλάτωνος, Commentaire sur le Timée (In Tim.). Une traduction arabe du Commentaire sur le Timée n'est pas attestée par les bibliographes. On en trouve toutefois quelques extraits. Dans la mesure oü le Commentaire de Proclus sur le Timée s'arréte en grec à Tim. 44 d, les témoignages arabes sont importants en tant que fragments de la partie perdue : a) Ms. Istanbul, Aya Sofya 3725, fol. 213-218. En annexe au Περὶ ἐθῶν de Galien, les citations de Tim. 89d-90c que contient ce traité sont expliquées au moyen du commentaire de Proclus sur ces passages. Traduction allemande par 60 F. Pfaff, dans J. M. Schmutte (édit.), Galeni De consuetudinibus cum Nicolai versione. Versionem Arabicam ab Hunaino confectam in linguam Germanicam vertit F. Pfaff, coll. CMG Suppl. III, Leipzig/Berlin 1941, p. 53-60 et 67-68 (cf. Préface, p. XLI sq.) ; traduction française par G. Vajda, dans 60bis Proclus, Commentaire sur le Timée, trad. et notes par A. J. Festugiere, Paris 1966-1968, t. V, p. 241-248, et 60ter Rüdiger Arnzen, « Plato's Timaeus in the Arabic Tradition », dans F. Celia et A. Ulacco (édit.), // Timeo.
Esegesi greche, arabe, latine, coll. « Greco, Arabo, latino. Le vie del sapere. Studi », Pisa 2012.
Le témoignage du traducteur Hunayn ibn Ishäq laisse ouverte la possibilité qu'il ait tiré l'extrait de Proclus d'un exemplaire complet du Commentaire sur le Timée en grec. Il est cependant également envisageable qu'il ait trouvé le passage dans son modèle grec du traité de Galien (»*G 3); cf. 61 G. Bergstrásser, Hunain ibn Isháq über die syrischen und arabischen Galen-Übersetzungen, hrsg. und übersetzt, coll. « Abhandlungen für die Kunde des Morgenlandes » 17, 2, Leipzig 1925, p. 26, 12-15, n? 35 (trad. allemande, p. 21): «A cet écrit [scil. le Περὶ ἐθῶν de Galien] est jointe l'explication des citations des paroles de Platon que Galien a introduites dans son ouvrage gráce au Commentaire de Proclus [texte corrigé, cf. 62 G. Bergstrásser, Neue Materialien zu Hunain ibn Ishaqs Galen-Bibliographie, Leipzig 1932, p. 19, 1], ainsi que l'explication des paroles d'Hippocrate (**H 152) qu'il a citées grâce au Commentaire de Galien sur ce texte. Hubai3 les a
traduites en arabe pour Ahmad ibn Müsä.» Hunayn s'exprime de fagon plus détaillée dans la dédicace adressée à Salmawayh ibn Bunän, auquel il destinait sa traduction syriaque de l'ouvrage de Galien et les commentaires annexés ; l'éléve de Hunayn, Hubay$, a placé, en tête de sa traduction arabe du texte de Galien et des
1670
PROCLUS DE LYCIE
P 292
annexes, une traduction de la lettre, elle aussi écrite en syriaque. Il y est dit (d'après la version allemande de Pfaff 60, p. XLID) : «Je crois qu'il me faut, sur les deux passages qui dans ce traité sont introduits comme explications logiques et comme exemples. donner une explication de leur sens, afin que celui qui n'entre pas par son esprit dans l'un des livres dont Galien a tiré ces passages, comprenne rapidement et facilement leur signification. Je suis d'avis que pour l'explication des paroles d'Hippocrate on doit choisir en premier lieu Galien, le compagnon de ses pensées et celui qui expose la vérité, et que Proclus, le plus célébre parmi les savants, est celui qui a le plus le droit d'expliquer le sens des paroles de Platon ». b)L'astronome
et savant
Abü
I-Raihàn
al-Birüni
(mort
en
440/1048)
cite
Proclus à deux reprises dans son livre sur l'Inde; cf. al-Birünt, Tahqiq ma li-lHind. éd. par 63 E. Sachau, Al-Birüni’s India, London 1887; trad. angl.: 64 E. Sachau. Alberuni's India, London 1910. La première de ces citations est certaine-
ment empruntée au Timde: p. 42, 11-16 éd. Sachau/trad. angl., II, p. 86, se rapporte à Platon. Tim. 90a, où l'homme est décrit comme un φυτὸν οὐράνιον. Le passage de Proclus cité dans l'ouvrage mentionné plus haut (a) est ici accompagné de l'extrait conservé de la version arabe du De consuetudine de Galien: cf. p. 58, 3-19 et 57, 31-34 (dans la traduction de F. Pfaff), qu'al-Birüni rend assez littéralement. méme si c'est de facon abrégée et dans l'ordre inverse. La seconde citation (p. 57 éd. Sachau/p. 28, 20-29, 3 de la trad. angl.; voir aussi
les notes
sur ce passage)
ne se trouve
pas
littéralement dans
les parties
conservées du Commentaire sur le Timée, mais correspond bien à la doctrine de Proclus: l'âme (al-nafs al-nätiga, ἡ Aou) ψυχή) possède la connaissance dans son étre éternel, incorporel, mais elle est affectée par l'oubli à cause de son lien
avec le corps. Cf. in Tim., t. I, p. 83, 4-6 Diehl: ai δὲ νεοτελεῖς ψυχαὶ xal μνήμην ἔχουσαι τῶν ἐκεῖ τῷ μὴ δῦναι κατὰ τῆς ὕλης ῥᾳδίως ἀναμιμνήσκονται τῆς ἀληθείας ; t. II, p. 287, 15-16; t. III, p. 338, 6-8: ὅταν δὲ ὑπὸ λήθης καὶ παθῶν παραποδίζωνται [οἱ λόγοι] τῆς αἰσθήσεως ἐπὶ τὰ ἔνυλα καθελκούσης τὴν ψυχήν. Mais le Commentaire sur la République peut également étre envisagé comme une source possible (cf. infra n? (8]). On ne peut cependant pas déterminer si al-Birüni a fait ses citations à partir d'un texte qui n'est plus conservé ou s'il a résumé les théses de Proclus en utilisant une tradition doxographique secondaire. c) D'aprés
une citation dans la compilation éthique
« Comment
on devient
heureux et on rend heureux ? » (as-Sa'dda wa-l-is'dd) d' Abü l-Hasan Ibn Abi Darr
(= Abü I-Hasan al-"Ämiri, mort en 992?), éd. 65 Mujtaba Minovi, Wiesbaden 1957-1958, p. 58. 8-10, Proclus aurait mis la doctrine de la νοερὰ κίνησις et de la γνωστιχὴ κίνησις en rapport avec Aristote; cela pourrait remonter à l'in Tim. II, p. 310, 23 sq.
(6) In Gorgiam Platonis commentaria, Commentaire sur le Gorgias.
Le Commentaire, perdu en grec, devait, dans le cadre du cursus néoplatonicien, porter principalement sur l'interprétation métaphysique du mythe final. C'est pourquoi la tradition arabe ne mentionne parmi les cuvres de Proclus qu'un
P 292
PROCLUS DE LYCIE
1671
Commentaire sur le mythe du Gorgias, qui était disponible dans une version syriaque : Ibn an-Nadim, Fihrist 11, p. 252, 20 Flügel = t. II, p. 173, 12 Sayyid ; alΟΙΗ͂Ι 13, p. 89, 11: «Livre sur l'allégorie (matal) présentée par Platon dans son livre intitulé Gorgias, en syriaque ». (7) In Phaedonem Platonis commentaria,
Commentaire sur le Phédon.
Une version syriaque de ce Commentaire perdu en grec est également attestée par Ibn al-Nadim : Fihrist 11, p. 252, 22 Flügel = t. II, p. 173, 14 Sayyid: «Livre de Proclus sur l'interprétation du Phedon sur l'àme (Kitab Buruglus ft Tafstr Fädun ft l-nafs), en syriaque ; une partie du commentaire a été traduite en arabe par Abu ‘Alt [158] ibn Zur'a [mort en 1008] ».
(8) Εἰς τὰς Πολιτείας Πλάτωνος ὑπόμνημα, Commentaire sur la République de Platon (in Remp.).
Ibn an-Nadim mentionne dans le Fihrist 11, p. 252, 21 Flügel = t. II, p. 173, 13 Sayyid: Tafsir al-magala al-'ásira fi l-Siyar, «un Commentaire sur le dixième livre consacré à la politique » (al-Siyar pour désigner la République de Platon est également employé par al-Qifti 13, p. 23, 5), qui lui était connu dans une « version syriaque ». Le Commentaire de Proclus sur la République comprend, en plus des courts kephalaia du livre X (t. II, p. 85-95 Kroll: Περὶ τῶν ἐν τῷ δεκάτῳ τῆς Πολιτείας κεφαλαίων), une explication détaillée du mythe d'Er: Resp. X, 614621 (in Remp., t. IL, p. 96-359 Kroll: Εἰς τὸν ἐν Πολιτείᾳ μῦθον). Ce Tafsir du dixiéme livre correspond ou bien aux deux parties ensemble ou bien seulement au commentaire du mythe. La citation de Proclus chez al-BTrünT 63, p. 28, 20-29, 3 (cf. supra, in Tim., n° 5 b), pourrait également avoir été empruntée à ce commentaire: cf. in Remp., t. Il, p. 280, 30-281, 5 Kroll: οὐ
χρὴ θαυμάζειν, el πρὸ τῶν σωμάτων αἱ ψυχαὶ πολλὰ καθορῶσιν τῶν ἐν τῷ παντὶ γιγνομένων, ὅσα μὴ δύνανται καθορᾶν τὸν παχὺν τοῦτον περιτειχισάμεναι δεσμόν" καὶ γὰρ ἡ ἐκ τῆς γενέσεως λήθη δεινὴ καὶ τὸ νέφος τὸ ἐπιπροσθοῦν ἐκ τῆς σωματικῆς παχύτητος
ἀφόρητον.
(9) In Aristotelis de Interpretatione commentaria, Commentaire sur le De interpretatione d’Aristote. Dans
son commentaire
sur les Categories
d’Aristote, al-Fárábi (m. 950) dit
que, d'aprés les commentateurs (alexandrins), Proclus aurait donné une interpretation correcte des modes d'énonciation traités dans De int. 20 a 20-23; cf. 66 W. Kutsch et S. Marrow (édit.), Alfarabi' Commentary on Aristotle's ITepi Eounveiag, Beyrouth 1960, p. 133, 1, cf. p. 134,4, 13, 22; 139, 18, 19. Cf. 67 C. Prantl, Geschichte der Logik im Abendlande, Leipzig 1855-1870, t. I, p. 641 et n. 99: «Le commentaire de Proclus sur le De interpretatione, qui s'en tenait manifestement à l'approche de Porphyre, a été remanié par Ammonius» ; c’est directement ou indirectement du commentateur alexandrin d'Aristote qu'alFäräbi tient pour sa part sa connaissance des xavóvec de Proclus. 68 Ch. Hasnaoui, notice «La tradition des commentaires grecs sur le De interpretatione
1672
PROCLUS DE LYCIE
P 292
d'Aristote jusqu'au VII® s.», DPhA Suppl. 2003, p. 122-173, notamment p. 124132. La tradition arabe connait Ammonius (**AÀ 141) comme disciple de Proclus et
comme maître de Jean Philopon: cf. 69 A. Müller (édit.), Ibn Abi Usaybi'a, 'Uyün al-anbà fi tabagät al-atibba , Le Caire/Königsberg 1882-1884, t. I, p. 104, 11 sg. d'aprés Abü Sulaymän al-Sigistäni. Ibn al-Nadim, Fihrist 11, p. 248, 21 Flügel mentionne son Commentaire des Catégories. B) ÉCRITS NON ATTESTÉS DANS LA TRADITION GRECQUE
(10) «Commentaire
sur la doctrine
de
Platon,
selon
laquelle
l'àme
est immor-
telle ». Ibn al-Nadim mentionne, en plus du Commentaire de Proclus sur le Phédon,
un
autre titre: Fihrist 11, p. 252, 15 Flügel = t. II, p. 173, 6 Sayyid ; il est suivi par alQifti (Τατῇ al-hukama, p. 89, 9): «Commentaire sur la doctrine de Platon, selon laquelle l'âme est immortelle, en trois traités» (Sarh qawl Falatun anna I-nafs gayr ma ita, talàt maqálat). Les arguments de cet ouvrage qui n'était jusqu'ici connu que gráce à la traduction latine (IX* siécle) des Solutiones eorum de quibus dubitavit Chosroes Persarum rex de Priscien de Lydie [»*P 260] (éd. L Bywater, Suppl. Arist. 1 2, 1886, p. 47-49), ont été découverts dans un traité métaphysique arabe de Miskawayh, cf. 70 F. Rosenthal, «On the knowledge of Plato's philosophy in the Islamic world», /s!Culr 14. 1940, p. 387-422, ensuite identifié par 71 L. G. Westerink, « Proclus on Plato's three proofs of immortality », dans Zetesis, aangeboden aan Prof. Dr. Emile de Strijcker, Antwerpen/Utrecht 1973, p. 296-306 (réimpr. dans son recueil d'articles 72 Texts and studies in Neoplatonism and Byzantine literature, Amsterdam 1980, p. 345-355). Pour deux autres témoignages arabes concernant ces preuves, attribuées à Platon, voir 73 Ahmad Hasnawi, « Deux textes en arabe sur les preuves platoniciennes de l'immortalité de l'àme », Medioevo 23, 1997, p. 395-408.
Abü ‘Ali Miskawayh (mort en 1030) fournit dans son « Petit livre du salut » (al-
Fawz al-asgar), chap. I 6, une doxographie des opinions des anciens philosophes sur l'immortalité de l'áme et des preuves qu'ils avangaient pour établir que l'àme rationnelle (λογυκὴ ψυχή) ne disparaît pas ; éd. 74 Salib "Udaima, Le petit livre du salut, trad. française et notes par R. Arnaldez, Tunis 1987, p. 81 sq., trad., p. 47. L'auteur cite Platon, Proclus et Galien, et en particulier à partir du traité de Proclus « Commentaire sur la doctrine de Platon, selon laquelle l’äme est immortelle », les trois arguments suivants : (a) l’âme donne la vie et elle est donc substantiellement vie; (b) tout ce qui disparait, disparait à cause d'une déficience essentielle ; (c) l'áme est essentiellement automotrice (sur la conception
comme
vie et principe de vie, voir aussi Elem. theol., prop.
proclienne de l'âme
188-189 Dodds et
n. 297). (11) Masa'il Furuglus fi l-asyä les choses naturelles ».
al-tabr'iyya, « Quaestiones de Proclus concernant
Ms. Damas, Zähiriyya 4871 'dmm, n° 27. Date de 557-558 HJ1161-1163; éd. Badawi 15, p. 43-49. Traduction arabe faite par Hunayn ibn Ishäq. Le manuscrit s'arréte au milieu de la 8° quaestio.
P 292
PROCEUS DE LYCIE
1673
Les huit chapitres conservés traitent de questions d’histoire naturelle, relevant principalement du domaine de la physiologie des humeurs, dans le style des Problemata physica du Ps.-Aristote et d'autres auteurs antiques. On y emploie notamment la formule d'introduction caractéristique: ma bal, «qu'en est-il de... ?» (διὰ ti). N° 1: Dans quelle mesure la chaleur et le froid sont-ils des puissances actives, le sec et l'humide des puissances passives ? N? 2: Pourquoi le feu et l'eau se repoussent-ils, tandis que l'air et la terre s'accordent bien ? N? 3: Pourquoi ressent-on des chatouillements sous les aisselles et sous la plante des pieds? N? 4: Comment se produit le sommeil et pourquoi la nature a-t-elle besoin de sommeil? N° 5: Pourquoi les êtres humains, dont la substance résulte pour tous de la combinaison du chaud, du froid, de l'humide et du sec, sont-ils pour une part de sexe masculin et pour une part de sexe féminin? N? 6: Quelle est la cause de la différence dans la pousse des cheveux selon l’âge et le sexe 7 N° 7: Pourquoi les eunuques n'ont-ils ni barbe ni poils? N° 8: A quoi servent les poils des sourcils et des cils ?
Aucun rapport ne peut étre établi avec les écrits connus de Proclus relevant des Sciences naturelles; on ne peut cependant soulever contre l'authenticité des Quaestiones
aucune
objection
contraignante
tant que les rapports
avec d'autres
textes de la tradition arabe de Problemata n'ont pas été éclaircis. Selon Segonds et Luna, supra (X 11*), cette attribution reste invraisemblable. 75 B. Lewin, «Job d'Édesse et son Livre des trésors : contribution à l'étude de ses sources », OS 4, 1955, p. 101-108, a proposé de reconnaitre un nouveau témoignage anonyme concernant ce texte dans le traité syriaque Kraba d-Simarä («Livre des trésors ») de Job d'Édesse (Iyöb Urhäya, arab. Ayyüb al-Ruhäwi; éd. A. Mingana 1935). Lewin signale quelques parallèles étroits avec le Masd'il ; les correspondances vont si loin qu'il est possible de corriger le texte arabe à l'aide du texte syriaque. Le nom de Proclus n'est cependant pas mentionné par Job, qui travaillait à Bagdad à l'époque d'al-Ma'mün comme médecin et traducteur de textes grecs en syriaque. 76 P. Kraus, Jábir ibn Hayyán, Le Caire 1942-1943, t. II, p. 276 sq., a de son cóté signalé des rapprochements entre le «Livre des trésors» et le traité apocryphe K. Sirr al-haliga du Ps.-Apollonios de Tyane (ar. Balinäs) [»*A 284]; cf. également 77 U. Weisser, Das «Buch über das Geheimnis der Schópfung » von Pseudo-Apollonios von Tyana, coll. « Ars medica» 2, Berlin 1980, p. 55-63.
(12) Commentaire sur les Vers d'or (Xpvoä ἔπη, Dicta aurea) du Ps.-Pythagore
Parmi les abrégés des philosophes grecs produits par le médecin et philosophe de Bagdad Abü l-Farag ibn al-Tayyib (chrétien nestorien mort en 1043), on trouve un /stitmar («recueil des fruits») tiré du Traité de Pythagore, connu comme le traité d'or, d’après le Commentaire de Proclus. Ed. 78 Neil Linley, Ibn aj-Tayyib : Proclus' Commentary on the Pythagorean Golden Verses. Arabic text and translation, coll. « Arethusa Monographs» 10, Buffalo 1984. Un passage du méme texte, mais dans une version différente, se trouve parmi les citations de la prétendue «Petite Stoicheiösis» de Proclus dans une compilation arabe de textes néoplatoniciens contenue dans le ms. Oxford, Bibl. Bodléienne, Marsh 539, cf. Wakelnig 53bis, ὃ 14-16 (cf. supra, ὃ 3 b, p. 1666-1667). Concernant l'auteur du commentaire, voir 79 L.G. Westerink, « Proclus commentateur des Vers d'or», dans G. Boss et G. Seel (édit.), Proclus et son influence. Actes du Colloque de Neuchâtel juin 1985, Zürich 1987, p. 61-78 (attribution à Proclus Procléius, reprise par 80 J.C. Thom, The Pythagorean Golden Verses, coll. «Religions in the Graeco-Roman World» 123, Leiden 1995, p. 23-26). Quant à l'attribution à Proclus Procléius de Laodicée (»*P 293a),
P 292
PROCLUS DE LYCIE
1674
proposée par ces auteurs, Wakelnig 53bis remarque que dans une description arabe de Laodicée, la ville est désignée comme patrie de Proclus. — L'existence d'un texte syriaque complet du Commentaire de Proclus est attestée par le bibliographe arabe Ibn al-Nadim, al-Fihrist 11. p. 264 éd. Flügel: «Commentaire sur le Testament de Pythagore. dit en or: environ cent folios; disponible en langue syriaque. II (i.e. Pythagore) l'a écrit pour sa fille. Täbit (ibn Qurra] en a traduit trois folios (en arabe). puis est décédé sans l'avoir terminé ». — La version syriaque peut trés bien avoir été la base de l'adaptation arabe qu'en a faite Ibn al-Tayyib. On a envisagé l'hypothèse que le nom de Proclus ait été confondu avec le nom de Hiéroclès (»*H 126), dont la graphie est semblable en arabe, mais le Commentaire de Hiéroclés, conservé en grec, n'offre aucun
parallele
avec
ce
texte
arabe.
On
trouve
encore
moins
de
rapports
textuels
avec
le
Commentaire de Jamblique (»**I 3) sur les Dicta aurea conservé en arabe: cf. 81 H. Daiber. Neuplatonische Pvthagorica in arabischem Gewande. Der Kommentar des lamblichus zu den Carmina aurea. Ein verlorener griechischer Text in arabischer Überlieferung, coll.
Nederlandse Akademie 161, Amsterdam 1995.
van Wetenschapen:
« Koninklijke
Afd. Leterkunde, Verhandelingen, nieuwe
reeks »
L'adaptation du texte par Ibn al-Tayyib témoigne de l'importance persistante de la propédeutique éthico-parénétique dans la tradition du néoplatonisme alexandrin. Elle reprend des points essentiels des Dicta pythagoriciens et les développe en conseils généraux utiles pour la vie philosophique. En particulier, il présente des discussions sur Dieu, les démons et les héros. mais également sur le serment pythagoricien, ainsi que des instructions pour mener une vie droite, la Vira pythagorica, conçue comme une condition préalable à la purification de l'áme et une préparation à la connaissance et à l'assimilation à Dieu: cf. Daiber 81, p. 34, et
82 Id., c.r. de Linley, Is! 65, 1988, p. 134-137.
(13) Traité sur les substances sublimes (Kitäb al-Gawähir al-‘äliya)
Ce traité n'est connu que par le témoignage d'Ibn an-Nadim, Fihrist 11, p. 252, 18 Flügel = t. II, p. 173, 7 Sayyid; il pourrait s'agir du titre d'un traité tiré de l'Elementatio theologica (voir supra [3]). Traduit et adapté de l'allemand par Richard Goulet avec l'aide de Concetta Luna. GERHARD ENDRESS.
293
PROCLUS DE MALLOS (Cilicie) À. Proclus, in Tim. II. p. 88. 11 Diehl, cite comme auteurs anciens ayant enseigné l'immutabilité des corps célestes son homonyme Proclus de Mallos et un certain Philonidés (**P 158); cette thèse était également soutenue par des philosophes plus récents : «tous les platoniciens de l'école de Plotin ». Selon A. J. Festugière, Proclus, Commentaire sur le Timée, Paris 967, t. Ill. p. 123 n. 4, il ne peut que difficilement s'agir de l'épicurien Philonidés de Laodicée (»*P 159). Ce nom est absent de la RE.
La Souda connait deux Proclus de Mallos en Cilicie:
B. Un
stoicien qui écrivit un Commentaire des sophismes de Diogène et un
Contre Épicure (TI 2470). Il est difficile de savoir qui était le Diogene visé: Diogène d'Apollonie (**D 139) ? Diogène de Sinope (»*D 147) ? Diogéne de Babylonie (»*D 146) ?
P 294
PROCOPIOS DE GAZA
1675
C. Un second stoicien dont on ne sait rien d'autre (II 2470).
Ces philosophes sont absents de la RE. RICHARD GOULET.
293a
PROCLUS dit PROCLEIUS DE LAODICÉE (en Syrie) PLRE I:
IV-V ?
« Proclus, dit Procleius, fils de Thémésion, de Laodicée de Syrie, hiérophante. Il composa une (1) Théologie, (2) un traité Sur le mythe de Pandore chez Hésiode (cf. Travaux, 60-105 et Théogonie, 560-612), (3) «un commentaire» Sur les Vers d'or, (4) «un commentaire» Sur l'Introduction arithmétique de Nicomaque (**N 50),
ainsi que (5) d'autres traités de géométrie.» Souda TI 2472: Πρόκλος, ὁ Προκλήϊος χρηματίσας, Θεμεσίωνος, Λαοδικείας τῆς Συρίας, ἱεροφάντης. ἔγραψε Θεολογίαν, Εἰς τὸν παρ᾽ Ἡσιόδῳ τῆς Πανδώρας μῦθον, Εἰς τὰ χρυσᾶ ἔπη. Εἰς τὴν Νικομάχου Εἰσαγωγὴν τὴν ἀριθμητικήν- καὶ ἄλλα τινὰ γεωμετρικά. On sait que l’Introduction arithmétique de Nicomaque. a été également commentée Jamblique (**I 3). Jean Philopon (**P 164), Asclépius de Tralles (#+A 458) et Sotérichus.
par
Voir B. Centrone, notice « Nicomaque de Gérasa ». N 50, DPhA IV, 2005. p. 686-690, qui ne signale pas le commentaire de Proclus Procléius. Sur le commentaire de Jamblique, voir J. Dillon, notice «Iamblichos de Chalcis» I 3, DPhA III, 2000, p. 824-836, notamment p. 831. Sur le commentaire de Jean Philopon, voir Giovanna R. Giardina, notice « Philopon (Jean —)» P 164, supra, p. 489-49] (n° 17). Sur Sotérichus, voir Giovanna R. Giardina, art. «Söterichos», à paraître dans le tome VI du DPhA. On a parfois considéré que la Souda avait confondu Proclus Procleius et Proclus de Lycie (2+P 292) et que ce dernier serait l'auteur du commentaire attribué à son homonyme. On y a vu la source des commentaires de Jean Philopon et d'Asclépius. Voir C. Luna et A.-Ph. Segonds, notice « Proclus de Lycie » P 292, supra, p. 1641: X. Ouvrages faussement attribués, (2*). Un Commentaire sur les Vers d'or est conservé en arabe sous le nom de Proclus. L.G. Westerink, « Proclus commentateur des Vers d'or», dans G. Boss et G. Seel (édit.), Proclus et
son influence. Actes du Colloque de Neuchátel juin 1985, Zürich 1987, p. 61-78, a proposé de l'attribuer à notre Proclus Procleius. Voir Luna et Segonds, p. 1652-1653: X. Ouvrages faussement attribués, (12*), et G. Endress, «(Euvres transmises par la tradition arabe », p. 1673-1674 (B. 12).
Le méme auteur est mentionné sous le nom de Proclus de Laodicée dans le Commentaire de Damascius (»*D 50) sur le Philebe de Platon 19, p. 8, 7-8 Van
Riel, Macé et Follon, à propos du Plaisir dont ce Proclus aurait attesté le culte (xai ἐν τοῖς ἱεροῖς γνωρίζεται παρὰ Πρόκλῳ τῷ Aaoótxet). Comme Damascius vient
de dire que le Plaisir est honoré (par un hymne) également par Jamblique (ἀλλὰ
xai ὑμνεῖται
ἡ Ἡδονὴ παρὰ Ἰαμβλίχω), il est possible que ce Proclus soit un
philosophe plus récent, du IV* ou du V* siécle. RICHARD GOULET.
294
PROCOPIOS (Procope) DE GAZA
RE 20
V-VI
Rhéteur, sophiste et exégéte chrétien, l'un des pionniers du genre "caténique". Il chercha à mettre en harmonie la religion chrétienne avec la culture paienne traditionnelle ; il fut l'un des représentants les plus importants de la célébre école de rhétorique locale et polémiqua peut-être avec le néoplatonicien Proclos (»*P 292).
P 294
PROCOPIOS DE GAZA
1676
Son talent littéraire et son érudition, l'élégance de son style, ses préoccupations linguistiques et méme son intérét pour le rythme furent beaucoup appréciés par ses contemporains et par les lecteurs byzantins.
Éditions et traductions. Aucune édition complete des œuvres de Procope n'existe à ce jour. La premiere édition d'ensemble de tous les écrits rhétoriques et sophistiques et de tous les fragments de tradition indirecte (y compris les témoignages) a été procurée récemment par 1 E. Amato: Procopius Gazaeus. Opuscula rhetorica et oratoria, omnia primum collegit, edidit, apparatu critico instruxit E. A., adiuvante G. Ventrella, cum testimoniis et fragmentis (quorum ineditum unum ex Refutatione Procli Institutionis Theologicae). Accedunt Procopii et Megethii rhetoris nuper editae epistulae mutuae sex, coll. BT, Berlin/New York 2009.
Une
editio
minor
revue
et corrigée
de cette
édition
(à l'exception
des
fragments), avec traduction italienne et commentaire, a été éditée dans la foulée par E. Amato, toujours avec la collaboration, pour le Panégyrique pour Anastase (op. XI), de G. Ventrella, dans
1bis E. Amato
(édit.), Rose di Gaza.
Gli scritri
retorico-sofistici e le Epistole di Procopio di Gaza, coll. « Hellenica » 36, Alessandria 2010, p. 161-287. La majeure partie des travaux d'exégése sur l'Ancien Testament (Sur l'Octateuque, Sur le Cantique des cantiques, Sur le prophéte Isaie, Sur les Rois, Sur les
Paralipomènes, etc.) sont par contre à lire dans 2 J.-P. Migne, PG LXXXVIV1-2. Pour la Chaîne sur l'Ecclésiaste on dispose en revanche de l'édition procurée par 3[M. Richard et] S. Leanza, Procopii Gazaei Catena in Ecclesiasten necton Pseudochrysostomi commentarius in eundem Ecclesiasten, coll. CCG 4, Turnhout 1978, p. 5-39 (voir également 4 S. Leanza, Un nuovo testimone della Catena
sull'Ecclesiaste di Procopio di Gaza. Il cod. Vindob. Theol. Gr. 147, coll. CCG 4 Suppl., Turnhout 1983). De méme, pour le Commentaire sur le livre des Rois, voir 5 F. Petit, Autour de Théodoret de Cyr. La "Collectio Coisliniana" sur les derniers
livres de l'Octateuque et sur les Regnes. Le "Commentaire sur les Procope de Gaza, coll. « Traditio Exegetica Graeca» 13, Leuven toujours à cette méme spécialiste qu'on doit une nouvelle publication la Chaîne sur l'Exode : voir 6 F. Petit, La chaîne sur l'Exode. Édition Collectio
Coisliniana
III.
Fonds
caténique
ancien
(Exode
I,
Régnes" de 2003. C'est (partielle) de intégrale II.
1-15,
21),
coll.
« Traditio Exegetica Graeca » 10, Leuven 2000. Une nouvelle édition intégrale de l'Épitomé des extraits exegetiques sur le Cantiques des cantiques, à paraitre dans
le CCG, est actuellement en cours de publication par J.-M. Auwers, M.-G. Guérard et E. Proksch-Strajtmann (cf. 7 M.-G. Guérard, « Procope de Gaza, Épitomé sur le Cantique des cantiques : les trois plus anciens témoins, Paris. gr. 153, 154, 173 », Byzantion 73, 2003, p. 9-59, qui offre aussi un catalogue de fragments caténiques de l'Épitomé et de nombreuses corrections aux attributions erronées de l'édition d'A. Mai). En ce qui conceme le Commentaire sur les Proverbes, voir aussi 8 C. Pasini, « Resti della Carena sui Proverbi di Procopio di Gaza in un frammento pergamenaceo nel codice ambrosiano B 85 sup.», Aevum 74, 2000, p. 421-429.
P 294
PROCOPIOS DE GAZA
1677
L'édition la plus complète des Lertres, fondée sur une étude attentive et la plus ample tentée jusqu'à présent de la tradition manuscrite, est celle publiée par 9 A. Garzya et R.-J. Loenertz, Procopii Gazaei Epistolae et Declamationes, coll. « Studia Patristica et Byzantina » 9, Ettal 1963, p. 1-80; sur cette édition, voir le c.r. en part. de P. Speck, dans ByzZ 59, 1966, p. 115-122. Cependant, des recherches
ultérieures
ont
amené
la découverte
non
seulement
d'autres
manuscrits
inexploités, mais en particulier de quelques lettres nouvelles, dont il faudra désormais tenir compte en vue d'une nouvelle édition critique de l'ensemble: voir 10 L.G. Westerink, « Ein unbekannter Brief des Prokopios von Gaza», ByzZ 60, 1967, p. 1-2; 11 E. V. Maltese, « Un'epistola inedita di Procopio di Gaza », PP 39, 1984, p. 53-55 ; 12 E. Amato, « Sei epistole mutuae inedite di Procopio di Gaza ed il retore Megezio (con tre illustrazioni)», ByzZ 98, 2005, p. 367-382 (avec les corrections et la traduction italienne proposées dans la foulée par 13 E. Amato et
A. Corcella, «Lo scambio epistolare tra Procopio di Gaza ed il retore Megezio: proposta di traduzione e saggio di commento », MEG 7, 2007, p. 1-12); Amato 1, p. 127-136; Amato 1bis, p. 428-437 et 501-503 (avec traduction italienne et commentaire). Une traduction complete, la premiere en langue moderne, de l'ensemble du corpus a été procurée par F. Ciccolella (avec la collaboration d’E. Amato pour les Epp. 168 et 169-174 [= Ep. 168 Garzya/Loenertz et I-VI Amato]) dans Amato 1bis, p. 288-437 (p. 438-503 pour le commentaire).
Pour le Panegyrique pour l'empereur Anastase I*'(Op. ΧΙ Amato), en plus des éditions récentes par E. Amato et G. Ventrella (cf. Amato
1, p. 80-105 et Amato
Ibis, p. 240-267), on dispose de deux autres éditions, les deux avec traduction, introduction et commentaire: 14 A. Chauvot, Procope de Gaza, Priscien de Césarée. Panégyriques de l'empereur Anastase I”, coll. « Abhandl. z. alt. Gesch.» 35, Bonn 1986 (p. 4-24 pour le texte de Procope) — sur cette édition, voir en part. le c.r. de 15 J. Schamp, dans AC 59, 1990, p. 399-402 - et, sans apports vraiment nouveaux et personnels (sauf en partie pour l'étude linguistique) et en plus avec des erreurs importantes dans la traduction (voir 16 G. Ventrella, « A proposito di una recente edizione del Panegirico per Anastasio di Procopio di Gaza», Byzantion 80, 2010, p. 461-484 ; cf. aussi 16bis R. Romano, « Osservazioni alla nuova edizione del Panegirico per Anastasio di Procopio di Gaza», Nea Rhome 6, 2009, p. 127-132), 17 G. Matino, Procopio di Gaza. Panegirico per l'imperatore
Anastasio, coll. «Quad. Accad. Pontaniana » 41, Napoli 2005 (p. 41-57
pour le
texte grec), tandis que pour les restes du Panégvrique pour Asiaticus (Op. X Amato) il faut recourir, après l'édition de 18 J. Fr. Boissonade, Choricii Gazaei
orationes declamationes fragmenta. [nsunt ineditae orationes duae, Paris 1846, p. 196-197, à Amato 1, p. 78-79 et Amato Ibis, p. 238-239 et 283 (avec traduction princeps et commentaire). Une paraphrase serbe du premier des deux panégyriques a été fournie par 19 I. Tot, «Ilopebee u nanernpnky Ilpokonnja na [ase nocBebeuoM
AnecracWjy
I», Zbornik
radova
Vizantoloskog
instituta
33,
1994,
p. 21-36. Une nouvelle traduction annotée en italien a été également fournie par G. Ventrella, dans Amato
Ibis, p. 240-247 et 283-287.
P 294
PROCOPIOS DE GAZA
1678
Les deux Descriptions (Op. VIII et IX Amato) avaient été éditées, traduites et
commentées séparément par 20 P. Friedländer, Spätantiker Gemäldezyklus in Gaza. Des Prokopios von Gaza Ἔκφρασις ebeövog, coll. « Studi e Testi » 89, Cité du Vatican 1939 (p. 5-18 pour le texte grec) et 21 H. Diels, Über die von Prokop von Gaza beschriebene Kunstuhr in Gaza mit einem Anhang enthaltend Text und Übersetzung der'Ex$pao:c ópoAoyíov der Prokopios von Gaza, APAW 7, Berlin 1917 (p. 27-39 pour le texte grec et la traduction). Une nouvelle Edition critique, avec traduction et commentaire, des deux Descriptions a été trés récemment procurée par E. Amato, dans Amato Ibis, p. 204-237 et 276-283. Par ailleurs, une traduction italienne (seule) de la Description de l'horloge avait été déjà fournie par le méme Amato dans 22 E. Amato, « Procopio di Gaza. Descrizione dell'orologio. Prima traduzione italiana », dans Primum Legere 2, 2003, p. 253-259 ; en français. on dispose du mémoire de licence inédit (avec introduction, étude rythmique et commentaire. artistique/archéologique) de 23 Chr. Pernet, La "Description de l’Horloge” de Procope de Gaza, Université de Fribourg (Suisse) 2006. En ce qui concerne la Description de l'œuvre d'art, voir la traduction française par 24 E. Bertrand, Un critique d'art dans l'Antiquité : Philostrate et son école, avec un appendice renfermant la traduction d'un choix de tableaux de Philostrate l'ancien, Philostrate le jeune, Choricius de Gaza et Marcus
Eugénicus, Paris
1881, p. 352-
361 (l'attribution erronée à Choricius s'explique par le fait que le traducteur se base sur l'édition de Boissonade 18).
Pour ce qui est enfin des Dialexeis et des Éthopées (Op. 1-VII Amato), elles n'avaient jamais été traduites (sauf la decl. 2 Garzya/Loenertz, dont une version anglaise se lit chez 25 G. A. Kennedy, Greek Rhetoric under Christian Emperors, Princeton 1983, p. 171-172). Une nouvelle édition, avec traduction compléte en italien et commentaire, a été maintenant donnée par E. Amato, dans Amato Ibis. p. 166-203 et 268-276. Ce qui reste de la Réfutation de l'Institutio theologica de Proclos (F VIII.2 Amato) avait été publié pour la première fois par 26 A. Mai, Classici Auctores e Vaticanis codicibus editi, t. IV, Roma 1831, p. 274-275, repris dans Migne 1, col. 2792 e-h. Un nouveau fragment (F VIII.1 Amato) a été découvert par 27 E. Amato,
«Sul
discusso
plagio
della Refutatio
Procli
Institutionis theologicae
di
Procopio di Gaza ad opera di Nicola di Metone: nuovi apporti della tradizione manoscrita », MEG 10, 2010. p. 5-12. Pour les témoignages de la Réfutation des Chaldaica de Proclos (F IX. T 1-2 Amato), voir Amato 1, p. 115.
Le premier recueil complet des fragments de tradition indirecte (Lexicon Seguerianum, Florilegium Marcianum, Florilegium Georgideum, Loci communes. etc.) a été procuré par Amato 1, p. 109-123. Notamment pour les fragments des Paraphrases des vers homériques (F VII.1-2 Amato), voir 28 H. Rabe, « Aus Rhetoren-Handschriften », RAM 63, 1908, p. 512-530, notamment p. 515-516. Études. En général. sur la vie, les œuvres, la pensée de Procope, voir E. Amato, « Dati biografici e cronologia di Procopio di Gaza» et «La produzione letteraria di Procopio », dans Amato Ibis, p. 1-9 et 10-45, dont quelques-unes des
P 294
PROCOPIOS DE GAZA
1679
conclusions sont résumées dans la présente notice (nous n'y renverrons plus par la suite);
voir, plus
anciennement,
29
L. Eisenhofer,
Procopius
von
Gaza.
Eine
literarhistorische Studie, Freiburg i. Br. 1897, p. 1-10; 30 K. Seitz, Die Schule von Gaza. Eine litterargeschichtliche Untersuchung, diss., Heidelberg 1892, p. 9-21; 31 J. Van den Gheyn, « Procope de Gaza », dans F. Vigouroux (édit.), Dictionnaire de la Bible, Paris 1912, col. 686-689 ; 32 W. Aly, art. « Prokopios von Gaza», RE XXII 1, 1957, col.259-273; 33 Gl. Downey, «The Christian Schools of Palestine: A Chapter in Literary History », HLB 12, 1958, p. 297-319: 310-311 ; 34
F. K.
Litsas,
Translation,
Choricius
Commentary,
of Gaza:
PhD,
An
Approach
Université
to His
de Chicago
Work.
Introduction,
1980, p. 5-12;
35 J.R.
Martindale, art. « Procopius of Gaza 8 », dans PLRE, t. II, Cambridge 1980, p. 921922 ; Kennedy 25, p. 170-175 ; Chauvot 14, p. 87-92 ; 36 A. Corcella, «L’Epitafio per Procopio di Coricio: qualche commento», dans P. Esposito et P. Volpe Cacciatore (édit.), Strategie del commento a testi greci e latini. Atti del convegno (Fisciano 16-18 novembre 2006), Soveria Mannelli 2009, p. 143-168. En particulier, sur la culture de Procope, voir 37 B. ter Haar Romeny, « Procopius of Gaza and his Library », dans H. Amirav et B. ter Haar Romeny (édit.), From Rome to Constantinople. Studies in Honour of Averil Cameron, Leuven 2007, p. 173-190.
Quant à la notice sur Procope fournie par Photios, voir 38 J. Schamp, Photios historien des Lettres. La Bibliothèque er ses notices biographiques, Paris 1987, p. 451-459. Sur les Chaînes, voir Eisenhofer 29, p. 10-84 ; 39 M. von Faulhaber, HoheliedProverbien- und Prediger-Catenen, Wien 1902, p.1-73; 40 E. Lindl, Die Oktateuchcatene des Prokop
1902 ; 41 E. Montmasson, « Cyr et Procope de Gaza», 42 R. Devreesse, « Chaines naire de la Bible, Suppl. I,
von Gaza
und die Septuagintaforschung, München
L'homme créé à l'image de Dieu d’après Théodoret de EO 14, 1911, p. 334-339 et 15, 1912, p. 154-162; exégétiques grecques », dans L. Pirot (dir.), DictionParis 1928, col. 1084-1233, notamment 1087 et 1103-
1164 ; 43 H.-G. Beck, Kirche und theologische Literatur im byzantinischen Reich,
München
1959, p. 414-416 ; 44 S. Leanza, «La catena all'Ecclesiaste di Procopio
di Gaza del Cod. Marc. Gr. 22 (ff. 67"-83") », dans K. Treu (édit.), Studia codico-
logica, coll. TU 124, Berlin 1977, p. 279-289 ; 45 Id., « Sull'autenticità degli Scolii origeniani della Catena sull'Ecclesiaste" di Procopio di Gaza», dans H. Crouzel et A. Quacquarelli (édit.), Origeniana Secunda. Second colloque international des études origéniennes (Bari, 20-30 settembre 1977), Bari 1980, p. 363-369 ; 46 G.
Dorival,
«Des commentaires
(Edit.), Le monde
grec ancien
de
l'Écriture
aux
et la Bible, Paris
chaines»,
dans
1984, p. 360-386;
C. Mondésert 47 M. Harl,
« Les trois livres de Salomon et les trois parties de la philosophie dans les Prologues des Commentaires
sur le Cantique
des cantiques
(d'Origéne
aux
Chaines
exégétiques grecques)», dans 1. Dummer, Texte und Textkritik. Eine Aufsatzsammlung, coll. TU 133, Berlin 1987, p. 249-269 ; 48 Fr. Petit, «Les fragments grecs d'Eusébe d'Émése et de Théodore de Mopsueste. L'apport de Procope de Gaza», Museon 104, 199], p. 349-354 ; 49 A. Labate, «Il recupero del 'Commen-
P 294
PROCOPIOS DE GAZA
1680
tario all’Ecclesiaste” di Dionigi Alessandrino attraverso le catene bizantine », Koinonia 16, 1992, p. 53-74 ; 50 C. Curti et M.A. Barbàra, « Catene esegetiche greche », dans A. Di Berardino (édit.), Patrologia, t. V. Genoa 2000, p. 609-655,
notamment p. 611. 615-616, 621-622, 632-636; 51 M.-G. Guérard, de l'Épitomé de Procope
sur le Cantique»,
dans
M.F.
Wiles
« Le contenu
et E.J.
Yarnold
(edit.), Studia Patristica XXXVI, Louvain 2001, p.9-22; 52 J.-M. Auwers, «Lectures patristiques du Cantique des cantiques», dans J. Nieuviarts et P. Debergé (édit.), Les nouvelles voies de l'exégése. En lisant le Cantique des cantiques. XIX* Congrés de l'Association catholique pour l'étude de la Bible. Toulouse,
septembre
2001,
coll.
«Lectio
Divina»
10, Paris
2002,
p. 129-157;
53 Id., «Ct 2, 1 au miroir de la chaîne de Procope », ETAL 79, 2003, p. 329-346 ; 54 Id., «La transmission des commentaires sur le Cantique des Cantiques dans l'Épitomé de Procope de Gaza», dans Comunicazione e ricezione del documento cristiano in epoca tardoantica. XXXII Incontro di studiosi dell'Antichità Cristiana. Roma
8-10 maggio 2003, coll. «Studia Ephemeridis Augustinianum » 90, Roma
2004, p. 763-776 ; sur différents détails concernant la tradition manuscrite, cf. aussi 55 E. Bratke, « Handschriftliches zu Procopius von Gaza», ZWTh 39, 1896, p. 303-312. En ce qui concerne les Lettres, voir 56 A. Westermann, De epistolarum scriptoribus Graecis commentationis pars VII, Leipzig 1854; 57 A. Garzya, « Varia Philologa V », GIF 20, 1967, p. 117-121, notamment p. 118-120 («Un nuovo codice delle Epistole di Procopio di Gaza» = PI 9, 1967, p. 71-72) ; 58 Id.. « Varia Philologa X », EHBS 39-40, 1972-1973, p. 342-345, notamment p. 342-343 (« Ancóra sui codici recenti delle Epistole di Procopio di Gaza»); 59 Id., «Per la
storia della tradizione delle Epistole di Procopio di Gaza», BollClass 24, 1976, p. 60-63 (repris dans J. Dummer, Texte und Textkritik. Eine Aufsatzsammlung, coll. TU
133, Berlin 1987, p. 161-164) ; 60 M. Grünbart, Die Anrede im byzantinischen
Brief von Prokopios von Gaza bis Michael Choniates, Wien 2000; 61 E. Amato, « Due problematiche allusioni ad Eschilo e Pindaro in Procopio di Gaza e Giovanni Lido », RAM 148, 2005, p. 418-422 ; 62 Id., « Ρήτωρ vs. σοφιστής in un inedito scambio epistolare del V/VI secolo », dans P. Laurence et Fr. Guillaumont (édit.). Epistulae antiquae. Actes du IV* colloque international "L'épistolaire antique et ses prolongements européens" (Universités Francois-Rabelais, Tours, 1*-2-3 décembre 2004), Louvain 2006, p. 269-281; F. Ciccolella, «Le Epistole », dans Amato Ibis, p. 120-150. Sur les Descriptions, voir 63 H. Diels, Antike Technik, Leipzig/Berlin 1920’, p. 219-227 ; 64 R. Talgam, « The Ekphrasis Eikonos of Procopius of Gaza: The Depiction of Mythological Themes in Palestine and Arabia during the Fifth and Sixth Centuries », dans Br. Bitton-Aschkelony et A. Kofsky (édit.), Christian Gaza in Late Antiquity, Leiden/Boston 2004, p. 209-234 ; 65 D. Renaut, «Les déclamations d'ekphraseis : une réalité vivante à Gaza au VI“ siécle», dans C. Saliou (édit.), Gaza dans l'Antiquité Tardive. Archéologie, rhétorique et histoire. Actes du colloque international de Poitiers (6-7 mai 2004), Salerno 2005, p. 197-220 ; pour
P 294
PROCOPIOS DE GAZA
1681
les aspects plus spécialement artistiques et techniques relatifs aux objets décrits,
voir 66 G. Manganaro, « Figurazioni iliache nell'ambiente siriaco del IV-VI sec. d.C.»,
dans
R.
Bianchi
Bandinelli,
M.
Bonicatti
et
F. Coarelli
(édit.),
Studi
Miscellanei I, Roma 1961, p. 55-62, et en particulier 67 A. Schomberg, « Fakt oder Fiktion ? Prokops Beschreibung der Wasseruhr in Gaza», dans Amato Ibis, p. 532-559, et B. Bäbler, «Prokop von Gaza: Der Gemäldezyklus», dans Amato 1bis, p. 560-618 ; pour des questions ponctuelles, 68 R. Hercher, « Zu griechischen Prosaikern », Hermes 5, 1871, p. 281-292, notamment p. 290-292.
Pour le Panégyrique pour Anastase, voir 69 C. Kempen, Procopii Gazaei in Imperatorem Anastasium Panegyricus, diss. Bonn
1918 (édition critique commen-
tée, étude de la structure, de la langue et du style); 70 V. Valdemberg, «Le idee politiche di Procopio di Gaza e di Menandro Protettore », SBN 4, 1935, p. 67-85 ; 71 M. Minniti Colonna, «L'ideologia imperiale nel Panegirico di Procopio di Gaza », dans Le trasformazioni della cultura nella Tarda Antichità. Atti del Convegno tenuto a Catania, Università degli Studi, 27 sett. — 2 ott. 1982, Université de
Catane 1982, t. I, p. 119-132; 72 Ead., « La politica di Anastasio I nel Panegirico di Procopio di Gaza», Koinonia 6, 1982, p. 15-30 ; 73 Ead., « Prolegomena a una nuova edizione del Panegirico per l'imperatore Anastasio di Procopio di Gaza », dans
ANTIAQOPON.
Hulde
aan
Dr.
Maurits
Geerard
bij de
voltooiing
van
de
Clavis Patrum Graecorum, t.1, Wetteren 1984, p.89-99; Tot 19; 74 R.L. Hohlfelder, « Anastasius I, Mud, and Foraminifera. Conflicting Views of Caesarea Maritima's Harbor in Late Antiquity », BASO 317, 2000, p. 41-62; 75 C. P. Jones, « Procopius of Gaza and the Water of the Holy City », GRBS 47, 2007, p. 455-467 ; G. Ventrella, « Procopio panegirista: struttura e topoi del Panegirico per l'imperatore Anastasio » et «L'ideologia imperiale in Procopio», dans Amato Ibis, p. 94-106 et 107-119. Quant à la Réfutation de l'Institutio theologica de Proclos et à la Réfutation des
"Chaldaica" de Proclos, voir 76 D. Russos, Τρεῖς l'a(aior. Συμβολαὶ &
ἱστορίαν
τῆς
φιλοσοφίας
τῶν
Γαζαίων,
Constantinople
1893,
τὴν
p. 57-69;
771. Dräseke, « Prokopios’ von Gaza ‘Widerlegung des Proklos’ », ByzZ 6, 1897, p. 55-91; 78 J. Stiglmayr, « Die Streitschrift des Prokopios von Gaza gegen den Neuplatoniker Proklos », ByzZ 8, 1899, p. 263-301 ; 79 L.G. Westerink, « Proclus, Procopius Psellus» (sic), Mnemosyne 10, 1942, p. 275-280; 80 J. Whittaker,
« Proclus, Procopius, Psellus and the Scholia on Gregory Nazianzen », VChr 29, 1975, p. 309-313; 81 G. Podskalsky, « Nicolas von Methone und die Proklosrenaissance in Byzanz (11/12 Jahr.) », OCP 42, 1976, p. 509-523. La langue, le style et le rythme des œuvres de Procope (en part. de la production rhétorique) ont beaucoup intéressé les spécialistes: voir 82 G. Meyer, Der accentuierte Satzschluss in der griechischen Prosa vom IV bis XVI Jahrhundert, Göttingen 1891, p. 15-16; 83 C. Kirsten, Quaestiones Choricianae, Breslau 1894, p. 46-59 ; 84 C. Litzica, Das Meyersche Satzschlussgesetz in der
byzantinischen Prosa, München 1898, p.18; 85 L. Galante, «Contributo allo studio delle epistole di Procopio di Gaza», S/FC 9, 1901, p. 207-236 ; 86 Id., Studi
P 294
PROCOPIOS DE GAZA
1682 sull'atticismo,
Firenze
1904,
p.53-124
(«L'atticismo
di
Procopio
di
Gaza»);
87 H. B. Dewing, « The accentual cursus in Byzantine Greek prose with especial reference to Procopius of Caesarea », Transactions of the Connecticut Academy of
Arts and Science 14, 1910, p. 415-466: 438; 88 /d., «Hiatus in the accentual clausulae of bizantine greek prose», AJPh 32, 1911, p. 188-204: 190; 89 W. Hórandner. Der Prosarhytmus in der rhetorischen Literatur der Byzantiner, Wien
1981, p. 74-76 ; 90 E. Norden, La prosa d'arte antica dal VI secolo a.C. all'età della Rinascenza, éd. it. Roma 1986 (éd. originale Leipzig/Stuttgart 1898!), t. I, p. 416-417 ; 91
K. Hult, Synractic
Variation
in Greek
of the 5th Century
A.D.,
Góteborg 1990, passim ; 92 G. Matino, « Considerazioni linguistiche e testuali sul Panegirico per l'Imperatore Anastasio I di Procopio di Gaza», dans MNEMOSYNON. Studi di letteratura e umanità in memoria di Donato Gagliardi, Napoli 2001, p. 375-386 ; 93 Ead., « Nota all'epistolario di Procopio di Gaza», RAAN 71, 2002, p.161-171 = «La lingua delle Lettere di Procopio di Gaza», dans T. Creazzo et G. Strano (édit.), Arti del VI Congresso Nazionale dell'Associazione
Italiana di Studi Bizantini. Catania-Messina, 2-5 ottobre 2000, Catania 2004, p. 531-541 (= SicGymn 57, 2004) ; 94 Ead., «Lessico ed immagini teatrali in Procopio di Gaza », dans E. Amato, A. Roduit et M. Steinrück (édit.), Approches de
la
Troisieme
Sophistique.
Hommages
à Jacques
Schamp,
Bruxelles
2006,
p. 482-494. Chronologie. Les seuls points assurés dans la chronologie de Procope sont la durée de sa vie, 62 ou 63 ans (il aurait atteint en fait, d'aprés Choricius, Épitaphe de Prokopios
49
[p. 127, 2-3 Foerster/Richtsteig
= T XI Amato:
Ἀπῆλθε
καὶ
Δημοσθένης τὴν αὐτὴν τῷ τεθνεῶτι (sc τῷ Προκοπίῳ) βεβιωκὼς ἡλικίαν), l'âge de Démosthène), et que celle-ci coincida grosso modo avec le règne de l'empereur Anastase I*' (491-518), pour lequel Procope composa un panégyrique entre 502 et 515 (voir infra). Par contre, la date de naissance ainsi que celle de sa mort demeurent incertaines : on les date en général respectivement de ca 460/70 et ca 520/30,
essentiellement
d'aprés
l'éloge
funebre
(op. VIII
Foerster/Richtsteig)
que
son
disciple, Choricius de Gaza, prononga à sa mort, aprés 526 et sans doute avant 536
(voir Kirsten 83, p. 8-13; on dispose d'une traduction française de ce texte par 95 H. Caffiaux, Choricius de Gaza. Éloge funébre de Procope, Paris 1862; une traduction italienne annotée a été trés récemment donnée par A. Corcella, « Coricio di Gaza. Discorso funebre per Procopio », dans Amato Ibis, p. 507-527 ; simultanément, une nouvelle édition critique du texte grec, avec version toujours en italien et commentaire, a été procurée par 95bis Ci. Greco, Coricio di Gaza. Due orazioni funebri, coll. «Hellenica» 37, Alessandria 2010, p. 58-81 et 136-198). Pour le reste, on ne peut tirer aucun
élément véritablement
sür, comme
on l'a autrefois
tenté, ni de la datation de la Monodie d'Antioche — à dater, selon Seitz 30, p. 9-10,
de 526, alors que Dräseke 77, p. 83-84, penche pour le tremblement de terre de 458 - ni de celle de la Réfutation de Proclos (voir infra). Biographie. Les seules sources nous permettant de reconstruire à grands traits la biographie de Procope sont l'Epitaphe de Procope cité de Choricius (en part. les
P 294 8 4-5;9;
PROCOPIOS DE GAZA
1683
12-13; 15; 21; 23-25; 47-49 = T I ; III-VI ; X-XI Amato) et le cod. 160
(102b, 42-103a. 6 Henry = T XIV Amato) de la Bibliothèque de Photios ; il faut en outre ajouter plusieurs informations
auto-biographiques tirées de l'ensemble des
Lettres de Procope lui-méme (voir en part. Ep. 31; 38; 46; 72 et 114 Garzya/ Loenertz ; I Amato) et de l'un de ses destinataires, le rhéteur Mégéthios (voir Ep. 166 Garzya/ Loenertz ; Il et VI Amato). Originaire
de la ville de Gaza,
où
il reçu
sa première
formation,
Procope,
bientót orphelin de pére, poursuivit ses études à Alexandrie (sous la direction, entre autres, du philosophe Olympiodoros [»*O 17], au moins s'il faut croire Choric., p.114,23-
115,3 = T IV Amato:
c'est l’hypothèse de 96 G. Kustas, Studies in
Byzantine Rhetoric, Thessalonique 1973, p. 7 n. 3 et 105-107, suivi par Litsas 34, p. 7 n.2 et 302 n. 22). Devenu sophiste, il se consacra encore jeune à l'enseignement de la rhétorique — il lui arriva méme de compter parmi ses étudiants quelqu'un du méme áge -, puis en Pamphylie et à Césarée, avant de succéder à Énée (»A 64) — qui fait mention de Procope dans l'une de ses lettres (Ep. 19 Massa Positano = T XV? Amato) - à la direction de la célébre école de rhétorique de Gaza vers 491/495 (cf. 97 J.-F. Duneau, Les écoles dans les Provinces de l'empire byzantin jusqu'à la conquéte arabe, these, Paris 1971, p. 263). Bien qu'il eüt été invité à professer l'art de la rhétorique en d'autres villes renommées de la Méditerranée (Antioche, Beyrouth, Tyr), c'est à Gaza qu'il établit son activité d'enseignement,
en
recevant
98 A. H. M. Jones,
The
méme Later
un
salaire
Roman
public
Empire
(cf.
Ep.
284-602,
84
Garzya/Loenertz ;
Oxford
1964,
vol.
III,
p. 998), jusqu'à la vieillesse, lorsqu'il vit lui succéder à la téte de l'école son éléve, Choricius. Il eut trois frères (Philippe, Zacharie [le rhéteur et évêque de Mytilène, selon l'avis de 99 M. Minniti Colonna, Zacaria Scolastico. Ammonio, Napoli 1973, p. 17-20] et Victor) et une femme ; il mena
une vie simple, éloignée des plaisirs,
engagée au service des malades et des pauvres. Il jouissait d'un prestige considérable à Gaza et méme au-delà ; le public, qui assistait nombreux à la déclamation de ses discours, arrivait méme à demander avec enthousiasme et une certaine insistance des copies à diffuser ailleurs ou à communiquer aux absents (voir Amato/Corcella 13, p. 3 et n. 10 et Amato 62, p. 274). Il joua sans doute un rôle important dans la diffusion du christianisme et dans la consolidation de l'église locale, méme s'il ne prit jamais l'habit ecclésiastique (comme nous l'apprend Choricius [op. VIII 21, p. 117, 18-19 F/R. = T V Amato], «à l'exception de l'habit, tout en lui était d'un prétre », expression à rapporter exclusivement à sa dévotion religieuse et à son activité en faveur des humbles: cf. Russos 76, p. 4748, et Litsas 34, p. 10).
Selon 100 P. Christou, art. «IIpoxómtoc», dans Θρησκευτικὴ καὶ rjOuxr) éyxuxAoratógía, t. X, Athènes 1967, col. 616-618, notamment col. 616, Procope aurait méme eu des fils: hypothése fondée sur une interprétation littérale erronée de quelques passages des Lettres (cf. Ep. 54, 2; 87, 15-16; 148, 1; 162, 16-17 Garzya/Loenertz) et de l'épitaphe de Choricius (cf. p. 112, 18 et 126, 10-13 Foerster/Richtsteig = T III et X Amato), à rapporter plutôt à son activité littéraire et
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PROCOPIOS DE GAZA
1684
intellectuelle (voir Litsas 31, p. 8-9). De méme, il est impossible d’affırmer avec toute certitude que le jeune Procope. pour lequel Choricius composa
l'un de ses
épithalames (op. VI Foerster/Richtsteig), soit à identifier avec son petit-fils (c'est l'avis de 101 W. Aly, art. « Prokopios von Gaza» 20a, RE XXIII 1, 1957, col. 272-
273; contra, 102 1. Haury, Zur Beurteilung des Geschichtschreibers Prokopius, München 1896, p. 20-29, selon lequel il s'agirait plutót de Procope de Césarée). (Euvres.
De
la production
riche
et variée
de
Procope
(Photios
[T
XXIX
Amato] parle précisément de λόγοι πολλοί τε xai παντοδαποί, «une œuvre bien digne d'envie et d'imitation »), il ne nous reste en tradition directe qu'un corpus (incomplet) de commentaires exégétiques de l'Écriture et des écrits rhétoriques et sophistiques à rattacher aux différents genres du panégyrique, des progymnasmata, des dialexeis et des lettres.
Concernant la production caténique — forme littéraire d'interprétation de l'Écriture, dont Procope a été considéré l'inventeur (pace Ehrardt ap. 103 K. Krumbacher, Geschichte der byzantinischen Litteratur von Justinian bis zum Ende
des ostrómischen Reiches (527-1453), München 1897, p. 211, qui songe plutôt à Eusébe de Césarée [$*E 156]; voir à ce propos 104 N. G. Wilson, « A chapter in the
history
of
the
Scholia»,
CQ
17,
1967,
p. 7-29,
et
105
/d.,
Scholars
of
Byzantium, London 1983, p. 32-36) -, il faut mentionner au moins les Chaînes (il serait pourtant mieux de dire les Épitomés d'extraits exégétiques, c'est-à-dire des abrégés de compilations plus anciennes, sans qu'on ait pu s'entendre sur la question de savoir si Procope était l'auteur de la chaine primitive aujourd'hui perdue ou seulement son abréviateur) sur le Cantiques des cantiques (Migne 2, t. II, col. 1545-1753), sur le Prophète Isaïe (Migne 2, t. II, col. 1817-2718), sur
l'Ocrateuque (Migne 2, t. I, col. 21-1080), sur le livres des Rois (Migne 2, t. I, col. 1080-1200) et sur les Paralipoménes (Migne 2, t. I, col. 1201-1220), qui eurent un
succés considérable dans le monde byzantin et méme au-delà (l'Épiromé sur le Cantique des cantiques a été recopiée dans 18 mss., dont le plus ancien, le Paris. gr. 153, date du XII s., les plus récents, le Bruxell. 3896 et le Paris. gr. suppl. 127, du XVII*). Il s'agit d'une sorte de dictionnaire de citations, pour lequel Procope s'inspira probablement des commentaires d'Homére, d' Aristophane ou d’Euripide et dans lequel il reproduit souvent des divergences d'opinion sur le méme sujet. En d'autres termes, il disposa, à pleine page, les versets de l'Ancien Testament et les commentaires
des premiers
auteurs chrétiens, de maniére
à ce que verset apres
verset, les commentaires exégétiques s'enchainassent (pour la liste compléte des chaines de Procope, voir CPG III, n? 7430-7448). La plus riche en extraits cités est sans doute l' Épitomé sur le Cantique des cantiques (type C dans Faulhaber 39 = II Karo/Lietzmann [cf. 106 G. Karo et I. Lietzmann, « Catenarum graecarum catalogus », dans NAWG 1902/3, p. 312-319] = C 83 CPG): le texte biblique y est divisé en 123 unités, que commentent plus de 350 péricopes exégétiques, puisées chez une dizaine d'auteurs. Grégoire de Nysse fournit le fonds de la chaine, du moins jusqu'en C1 6. 8, οὗ s'arrétent ses Homelies sur le Cantique. Pour la partie du texte biblique qu'il a commentée, le Nysséen est à lui seul l'auteur de plus d'un tiers des
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PROCOPIOS DE GAZA
1685
extraits cités. Il est suivi de prés par Nil d’Ancyre, puis par Origène, Cyrille d'Alexandrie et Philon de Carpasia. Les autres auteurs — Apollinaire de Laodicée, Didyme, Isidore de Péluse, Théophile (d'Antioche ou d'Alexandrie ?), Théodoret
de Cyr - ne sont cités qu'occasionnellement. Quelques citations sont en outre attribuées à Procope lui-même. Les exégèses attribuées à Cyrille d' Alexandrie et à Apollinaire de Laodicée ne sont pas attestées par ailleurs. De plus, la chaine de Procope a conservé en grec une cinquantaine de fragments du grand Commentaire d'Origéne (fragments réédités séparément par 107 M.A. Barbära, Origene. Commentario al Cantico dei Cantici. Testi in lingua greca, Bologna 2005). Comme la traduction latine de Rufin ne donne accés qu'au commentaire origénien des deux premiers chapitres du Cantique (jusque Ct 2, 15), la chaine se trouve étre
le meilleur témoin des exégèses de l'Alexandrin pour la plus grande partie du Cantique. Dans le cas des commentaires sur l'Octateuque et sur Isaie, il faut sans doute reconnaitre le róle de premier plan joué par Cyrille, Eusébe et Théodore d'Héraclée (cf. Eisenhofer 29, p. 10-47 et 51-84; Lindl 40), ainsi que celui de Théodoret de Cyr pour les Rois et les Paralipomenes (cf. Eisenhofer 29, p. 47-51). Pour ce qui est de la production oratoire et sophistique, on a gardé les écrits suivants : 1. Le Panégyrique pour l'empereur Anastase (Πανηγυρικὸς
εἰς τὸν αὐτο-
χράτορα Ἀναστάσιον). Transmis par un seul ms., le Marc. gr. 428 du XIV* siécle, il fut prononcé par Procope, en qualité de rhéteur officiel de la ville (cf. $ 1, 21-22 Amato),
à l'occasion
de
l'adventus
à Gaza
de
la laureata
imago
d'Anastase,
donnée par l'empereur lui-méme. Pour sa structure, le discours se conforme presque entièrement
aux
règles théorisées
par Ménandre
le Rhéteur
(ΡΜ
105), en
adhérant en outre au schéma du genre soit pour ce qui concerne son organisation générale, soit pour la ligne de développement, soit pour les topoi littéraires: le souverain présenté comme bienfaiteur de ses sujets, guerrier brave, modele de vertu ; son royaume comparé à l’âge de l'or et ses hauts faits infinis (voir en part. Kempen 69, p. XIV-XXII ; cf. aussi 108 L. Previale, « Teoria e prassi del panegirico bizantino », Emerita 17, 1949, p. 72-105, notamment p. 87-89 ; Minniti Colonna 73, p. 90; Chauvot 14, p. 114-116). Parmi les modeles de Procope, une place de premier plan revient à Thémistius, par rapport auquel le Gazéen a le mérite d'avoir perfectionné la forme du panégyrique, en lui donnant une légéreté et une solidité plus grandes dans la structure. Le Panégyrique de Procope, dans lequel s'unissent théorie politique et élégance formelle, représenta à son tour un modéle pour les panégyriques impériaux d'auteurs byzantins, tel que Théophylacte d'Achrida, Siméon de Thessalonique, Nicétas Choniatas et Georges Akropolitès (cf. 109 W. Portmann, Geschichte in der spátantiken Panegyrik, Frankfurt a.M. 1988, p. 195198 ; Valdemberg 70, p. 70). Le fait que Procope mentionne au $ 23 l'impératrice Ariadne comme encore vivante, nous laisse supposer que le Panégyrique fut sans doute composé avant 515, date de la mort de la souveraine. D'autre part, l'allusion de la part de l'orateur soit aux victoires remportées sur les Arabes, avec lesquels Anastase avait conclu un traité en 502, soit au climat de paix qui régnait dans
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1686
l'empire au moment oü il prononce son discours, a amené Chauvot 14, p. 96-97 (suivi par Matino 17, p. 28-29), à conclure que le Panégyrique fut composé vers le printemps 502, c'est-à-dire aprés le traité cité et avant le début de la guerre contre les Perses (502-505).
Minniti Colonna 73, p.89 n.4, signale la présence dans le ms. Magliabechianus 71, fasc. 41, de «alcune note introduttive manoscritte ... assolutamente prive di valore » par le bibliothécaire florentin Francesco Del Furia (1777-1856),
lequel s'était proposé, sans jamais y réussir, de publier une nouvelle édition du Panégyrique
de Procope.
En
réalité, contrairement
à l'indication
donnée
par
la
spécialiste napolitaine, ledit ms. (dont la cote exacte est «Del Furia 41») se compose de 65 folia (dont quelques-uns sont blancs) et renferme dans l'ordre des Prolegomena (f. 6-12), le texte grec tiré de l'editio princeps de 110 J. B. C. d'Ansse
de Villoison (Anecdota
Graeca
e Regia
Parisiensi,
et e Veneta
S. Marci
Bibliothecis deprompta [...), 11, Venizia 1781, p. 28-45) avec une traduction latine préparatoire annotée (f. 13"-36), le texte grec établi par Del Furia lui-même et en face la version latine définitive (f. 39"-64"): voir 111 E. Amato, «Il Panegirico per l'imperatore Anastasio di Procopio di Gaza nell'edizione e traduzione latina inedite di Francesco del Furia», MEG
9, 2009, p. 5-25. Malheureusement, il a été
tout à fait négligé dans les éditions de Chauvot 14 et de Matino 17. 2. Le Panegyrique pour le général Asiaticus (Πανηγυρικὸς εἰς τὸν στρατηydv ‘Acıarıxöv). On ne dispose malheureusement que du début de ce discours, dans lequel Procope, conformément à la doctrine de Ménandre, exprime l'incapacité qui est la sienne d'aborder des arguments élevés. Quant au dédicataire, il s'agit sans doute d'Asiaticus dux Phoenices Libaniensis, dont il est question dans l'Histoire ecclésiastique (III 34) d'Évagre le Pontique, dont dépend Nicéphore Callistus, Hist. eccl. XV131
; cf. aussi Procope de Césarée, Bell. Vand. 11 25, où il
est question d'un certain Asiaticus, pére de Sévérianus, cavalerie de l'armée d'Himérius de Thrace.
le jeune capitaine de
3. Deux Descriptions, dont l'une (l”"Exphpaoiç @poAoylov), mutilée, relative à l'inauguration d'une horloge mécanique
monumentale,
à personnages mobiles,
sonnant l'heure au milieu de Gaza et ayant pour objet, entre autres, les travaux d'Héraclés, l'autre (l’"Exbpaoiç εἰκόνος) à celle d'une vaste fresque due à un certain
Timothée
et exposée
sur quelque
monument
public
de
la méme
ville,
représentant deux actes du mythe d' Hippolyte et de Phédre. 4. Trois Dialexeis (op. I-II Amato), dont deux sur le printemps (περὶ τοῦ ἔαρος) et une sur la rose (εἰς τὸ ῥόδον), composées trés probablement pour introduire quelques déclamations ou bien quelques discours publics à l'occasion de
l'Auépa τῶν ῥόδων (sur cette fête à Gaza, voir 112 F. Ciccolella, Cinque poeti bizantini. Anacreontee dal Barberiniano greco 310, Alessandria 2000, p. 143-145 et bibliographie citée, et en particulier E. Amato, «Procopio e il dies rosarum: eros platonico, agape cristiana e rappresentazioni pantomimiche», dans Amato 1015. p. 56-70).
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5. Quatre Érhopées (op. IV-VII Amato), dont la première acéphale, dans lesquelles Procope imagine les propos qu'auraient pu tenir respectivement un pasteur et un marchant maritime à l'arrivée du printemps, Aphrodite, piquée par les épines de la rose pendant la recherche d'Adonis, et Phoenix, ayant échoué dans l'entreprise de l'ambassade (pour une analyse détaillée de la structure, voir G. Ventrella, « Procopio ἠθοποιητικός », dan Amato Ibis, p. 71-93).
La paternité procopienne pour les ouvrages 2 à 5, attribués autrefois à Choricius de Gaza (cf. 113 A. Mai, Spicilegium Romanum, t. V, Roma 1841, p. 410-463, et Boissonade 18, p. 129-178, 196-197 et 280-283), est prouvée non seulement par l'en-téte explicite de l'éthopée du pasteur (op. IV Amato) dans le ms. Paris. gr. 1038 du XIV“ s., mais aussi par les citations indirectes — tirées respectivement de la 2* dialexis sur le printemps, de la dialexis sur la rose, de l'éthopée du pasteur et de celle de Phoenix - que l'on retrouve dans Lex. Seguer., € 72 et ( 2 Petrova; Tz., Exeg. in Hom.
Il. 1, 442 (= sch. 78, 4 Lolos) et Flor.
Marc. 222a Odorico. En effet, le seul ms. renfermant dans leur ensemble lesdites pièces, le Var. gr. 1898 du milieu du XIII“ siècle (fin XIII* pour 114 A. Colonna, c.r. de Garzya/Loenertz 9, dans Paideia 19, 1964, p. 98-99, notamment p. 98), en plus d'étre extrémement abimé par l'usure du temps et les solvants utilisés par A.Mai en préparation de son édition princeps, demeure acéphale, mutilé et dépourvu de toute attribution. Il appartint autrefois à un érudit et rhéteur byzantin qui recueillit peut-étre et utilisa les progymnasmata de Procope pour ses cours et/ou comme modele pour sa propre production progymnasmatique (cf. Friedländer 20, p. 93; insoutenable, pour des raisons d'ordre chronologique, l'identification avec Nicéphore Basilakès [XII* s.], proposée par Garzya/Loenertz 9, p. XXIII-XXIV et XXXV). Concernant la paternité procopienne de ces écrits, comme l'avait déjà bel et bien montré Kirsten 63, on peut arriver à la méme conclusion sur la base de l'examen de la langue, du style et des lieux paralléles. L'indication et méme le rapprochement des ouvrages 4 à 5 avec le genre de la declamatio, proposés par Garzya/Loenertz 9, p. XXXV, sont tout à fait ambigus, voire erronés (cf. 115 R. J. Penella, Introduction, dans Id. (édit.), Rhetorical Exercises from Late Antiquity. A Translation
of Choricius
of Gaza's
"Preliminary
Talks"
and
"Declamations",
Cambridge, 2009, p. 1-32: 31 n. 112). En
plus de tout cela, il nous
reste quelques
titres de discours
perdus
(la
Monodie d'Antioche [F I, 1-2 Amato], l'Épitaphe de Salaminios [F IV, 1-2 Amato;
pour l'identification du /audandus, voir 116 E. Amato, « Un perduto epitafio per lo storico Sozomeno ? », Byzantion 79, 2009, p. 20-24], les discours Pour le mariage de Mélétios [F II Amato] et Pour celui qui règne avec sagesse [F III Amato]) ou
que l'on peut déduire à partir des sources indirectes (c'est le cas notamment des deux déclamations Philippe et Eschine [F V et VI Amato] et de quelques fragments de localisation incertaine (une trentaine environ), la plupart provenant du Florilegium
Marcianum,
du Florilegium
Georgidae
et du Lexicon
Seguerianum
Περὶ συντάξεως (le F 31 Amato, provenant de ce dernier florilége, a été trés probablement tiré d'une mpoAaA(a servant d'introduction pour la Descriptio
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1688
imaginis [op. XI Amato]: voir E. Amato, «Una perduta prolalia di Procopio di Gaza (fr. 31 Amato) ed alcune considerazioni sul contesto epidittico delle
Descriptiones procopiane », MEG
11,2001. en cours de publication).
Dans les mss. Urb. gr. 152 et Reg. gr. 147 on trouve attribuées erronément
à
Procope deux éthopées, qui sont en réalité l’œuvre du sophiste Sévère d'Alexandrie (ethop. 3 et critica
dei
4 Amato):
"Progimnasmi"
cf. 117 E. Amato, « Prolegomeni di
Severo
Alessandrino »,
alla nuova edizione
MEG
5,
2005,
p. 31-72,
notamment p. 47-48, et Id. (édit.), Severus sophista Alexandrinus. Progyvmnasmata quae exstant omnia, Berlin/New
Michel
Psellos
la
Monodie
Würthle, Die Monodie
York 2009, p. XXIII. De méme, il faut attribuer à
pour
l'écroulement
de
Sainte-Sophie
(cf. 118 P.
des Michael Psellos auf den Einsturz der Hagia Sophia,
Paderborn 1917, et 119 M. Dora Spadaro, « La monodia eig τὴν τῆς ἁγίας Σοφίας σύμπτωσιν attribuita a Psello», SicGymn 10, 1975, p. 192-200). De Procope de Césarée dérive en revanche la Description de Sainte-Sophie, qu'on peut lire dans
PG LXXXVII 3, col. 2828-2838. À côté de la production sophistique stricto sensu. il faut mentionner d'une part un corpus de 173 Lettres. dont cinq (Ep. 166 Garzya/Loenertz ; II-III et V-VI Amato) sont en réalité à mettre au nom de l'un de ses destinataires, Mégéthios le
rhéteur (dans le sens d’“avocat” : cf. Amato 62, p. 276 et n. 29-30): il s’agit de lettres, impossibles à dater, souvent courtes, énigmatiques à force d'étre travaillées et riches en allusions littéraires, qui fournissent quelques renseignements utiles sur la vie de Procope lui-même ; la plupart des correspondants, outre ses trois frères,
sont d'autres sophistes (parmi lesquels des élèves de Procope lui-même), des iatrosophistes et des grammairiens méme de langue latine (pour une liste, cf. Seitz 30,
p. 13-17,
et Garzya/Loenertz
9, p. XXVI-XXXIII);
perdu, en un seul livre, qui, s'il faut croire
Photios
de
l'autre,
(Bibl. cod.
160,
un
ouvrage.
103a = t. II,
p. 123 Henry), devait probablement s'intituler Paraphrases des vers homériques (Στίχων Ὁμηρικῶν μεταφράσεις). Dans cet écrit, qui — nous apprend Photios — était le plus propre à faire apparaitre la force et l'expérience oratoires de son auteur, Procope paraphrasait les vers d'Homére dans une grande variété de formes. Il en existe deux fragments. transmis par Jean le Diacre dans son Commentaire au Περὶ μεθόδου δεινότητος d’Hermogene (pour une reconstruction de cet écrit en rapport avec la littérature du méme genre, voir 120 A. Brinkmann, « Die HomerMetaphrasen des Prokopios von Gaza », RAM n.s. 63, 1908, p. 618-623, et Wilson 105, p. 31-32, pour lequel « we can be reasonably sure that Procopius used the paraphrase as a classroom exercise »).
Il reste finalement à signaler deux ouvrages qu'il faut rattacher à la production philosophique/théologique de Procope : il s'agit de l'Eic và Πρόκλου θεολογικὰ χεφάλαια ἀντίρρησις (Réfutation des chapitres théologiques de Proclos), dans laquelle Procope attaquait le philosophe néoplatonicien Proclos (**P 292) sur des questions d'ordre théologique sans doute en rapport avec l'/nstitutio theologica de ce dernier. Malheureusement, de cet ouvrage. nous ne disposons que de deux fragments, transmis par les mss. Var. gr. 1096 et Vat. gr. 604.
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D'après ces extraits, tirés des chapitres 139 et 146 de l’œuvre du Gazéen, il est possible de supposer que l'opuscule de Prokopios était structuré méthodiquement par chapitres, dont chacun représentait la réfutation du chapitre correspondant chez Proclos. Dans notre cas, il s'agit, d'un côté, du chapitre relatif à l’âme logique, intelligente et divine, de l'autre, de celui du chapitre relatif à la divina processio (θεία πρόοδος), c'est-à-dire la maniére selon laquelle le Pére engendre le Fils et le
Saint-Esprit, que Procope, à la suite de Grégoire de Nazianze (Or. 29, 2), définit « sans principe et sans fin » (ἄναρχος xai ἀτελεύτητος), et à l'unité essentielle de la Sainte Trinité.
La paternité de cet ouvrage, autrefois contestée (on avait pensé à tort attribuer le fragment à Nicolas de Méthone [XII s.], qui reproduit mot à mot la réfutation de Procope dans son Ἀνάπτυξις τῆς θεολογικῆς στοιχειώσεως Πρόκλου [chap. 139
et 146 Angelou]: voir en part. Stiglmayr 78 et Podskalsky 81 ; cf. aussi 121 E. R. Dodds, Proclus. The Elements of Theology, Oxford 1933, p. XXXI n. 1; 122 G. Mercati, Notizie di Procuro e Demetrio Cidone, Manuele Calca e Teodoro Melite-
niota ed altri appunti per la storia della teologia e della letteratura bizantina del secolo
XIV,
Cité
du
Vatican
1931,
p. 264-266;
Beck
43,
p.415
et 624),
est
désormais acceptée par les spécialistes (voir Russos 76, p. 52-69 ; Dräseke 77; Krumbacher 103, p. 85 et 126; 123 W. von Christ, W. Schmid et O. Stählin, Geschichte der griechischen Litteratur, II 2, München 19249, p. 1030; Aly 32, col. 271 ; Chauvot 14, p. 87-88 ; Matino 17, p. 17 n. 31, et, d’après l'étude de la tradition manuscrite, Amato 27). Comme nous l'apprend Choricius (p. 117, 19-22 Foerster/Richtsteig = T V Amato), au-delà de la production exégétique, sophistique et oratoire, Procope s'était également lancé dans une activité apologétique et de réfutation
(«La
doctrine
des
fidéles
[sc. du
christianisme],
les objections
qui
s'efforcent de la contredire, il avait tout appris: l'une pour la mettre en pratique, les autres pour les réfuter »). On ne doit donc pas s'étonner de l'inclusion, parmi ses écrits, d'un opuscule polémique contre Proclos. Par ailleurs, la composition de la part du
Gazéen
d'un
écrit de
ce genre
rejoint
parfaitement
d'une
part
les
tendances littéraires de l'école de Gaza qui ne dédaigna pas la réfutation (il suffit de penser à Zacharie, lui aussi auteur d'une Ἀντίρρησις contre les Manichéens,
dont il reste un fragment édité par 124 J. B. Pitra, Analecta sacra et classica spicilegio Solesmensi parata, t. V , Paris/Rome
1888, p. 67-70), de l'autre dans ce
climat culturel, impliquant christianisme et paganisme, propre à la ville de Gaza, où de nombreux cultes paiens, bien connus par Proclos, s'étaient conservés. Ce n'est pas par hasard, par exemple, que, selon Marinus (Procl. 19), le philosophe néoplatonicien ait célébré dans ses propres Hymnes la divinité de Gaza Marnas, dont le culte était encore vivant au début du V* siécle (cf. Marc le Diacre, Porph.
69, qui nous donne plusieurs détails sur la féte en l'honneur de cette divinité ; sur ce culte, voir 125 M. Meyer, History of the City of Gaza from the Earliest Times to the Present Day, New York 1907, p. 115-124 et en particulier 126 H. Grégoire et M.A. Kugener, Marc le Diacre. Vie de Porphyre évéque de Gaza, Paris 1930,
P 294
PROCOPIOS DE GAZA
1690
p. XLVII-LIV), ou encore qu'il vante parmi ses condisciples des gazéens (que l'on pense à Ulpien de Gaza: cf. Marin., Procl. 9).
Quant à la datation de l'écrit, rédigé sans doute aprés 450, date de composition de l’Institutio theologica de Proclos, rien n'est sûr. On serait tenté de le dater avant 485, date de mort de Proclos, ou bien avant 482, date à partir de laquelle le philosophe néoplatonicien aurait réduit ses activités (cf. Marin., Procl. 26). C'est la these
notamment
de
Dräseke
77,
p. 81-82,
qui
songe
à 480.
Mais.
comme
le
remarque à juste titre Chauvot 14, p. 88, il n'y a aucune preuve décisive dans ce sens ; il est dés lors possible que la Réfutation procopienne
soit postérieure
à la
mort de Proclos et contemporaine des dernières luttes entre paganisme et christianisme, luttes qui aboutirent à la fermeture de l'école d'Athénes par Justinien
en
529
Amsterdam
(cf.
aussi
127
E. Stein, Histoire
du
Bas-Empire,
Paris/Bruxelles/
1949, vol. II. p. 372).
Ce n'est par contre qu'une hypothése, avancée en particulier par Westerink 79 et Whittaker 80, et accueillie par Amato 1, p. XXII-XXIII, que Procope aurait méme écrit une Réfutation des "Chaldaica" de Proclos : ils se basent sur une scholie à Lucien
[p. 224-225 Jacobitz= F IX, T 2 Amato:
Ola εἰκὸς τὰ veAeatixá
φησι
Ἰουλιανοῦ ἃ Πρόκλος ὑπομνηματίζει, οἷς Προκόπιος ἀντιφθέγγεται πάνυ δεξιῶς καὶ γενναίως] et sur un passage de Michel Psellos [Orat. for. 1. 287-299 Dennis = F IX, T 1 Amato]. Et cependant, on ne peut pas retenir qu'il y aurait une allusion voire une citation de cette réfutation entre autres chez Psell., Theol. 23, 36-
45 Gautier ; Mich. Ital., Ep. 31 Gautier, et Bas. Min., Sch. à Greg. Naz., Or. 31. 1920 dans PG XXXVI, col. 904.
Pensée philosophique et christianisme. De méme que ses collégues gazéens, Énée et Zacharie, Procope fut sans doute influencé par le néoplatonisme d' Alexandrie. tout en poursuivant la tendance propre à la philosophie grecque de l'Antiquité
tardive qui pratiquait un syncrétisme entre des éléments platoniciens, stoiciens, péripatéticiens et chrétiens (que Procope et les deux autres gazéens ne suivent pas complétement Platon a été prouvé par Russos 76 ; voir aussi Christ-Schmid-Stählin 123, p. 1028 ; Minniti Colonna 99, p. 45-55;
128 M. E. Colonna, Enea di Gaza.
Teofrasto, Napoli 1958, p. XIV-XVII). En particulier, Procope refuse l'éternité de la matiére;
il croit dans
l'histoire et dans
le progrès
de
l'univers
et interprète
l'extase du prophéte comme un réve de l'inspiration divine et non pas comme l'annihilation de l'intellect (voir 129 B. Tatakis, La philosophie byzantine, Paris 1949,
p. 37-39,
Tradition from
et
130
I. P.
Sheldon-Williams,
the Cappadocians
to Maximus
The
Greek
Christian
Platonist
and Eriugena, Cambridge
1967,
p. 487-488). Le syncrétisme philosophique entre paganisme et christianisme se laisse percevoir non seulement dans quelques dialexeis (cf. en part. op. III. 66
Amato, oü l'on retrouve sans doute une allusion au miracle eucharistique du sang et du vin: voir 131 E. Amato, « Paganesimo e cristianesimo in Procopio di Gaza: su un'incompresa allegoria del vino eucaristico», Arhenaeum 98, 2010, p. 519529), mais méme dans l'idéologie impériale du Panégyrique : le prince est la Loi vivante non certes en tant que législateur de régles auxquelles il ne serait pas
P 296
PRODICUS DE CEOS
1691
soumis, mais en tant que modéle de vie pour ses sujets. Ainsi le principe paien de l'indépendance de la Loi du souverain est sauf, mais la définition de ce dernier comme νόμος ἔμψυχος est gardée (cf. 132 A. Pertusi, La concezione politica e sociale dell'impero di Giustiniano, dans L. Firpo [édit.], Storia delle idee politiche,
economiche e sociali, Torino 1982, p. 541-596, notamment p. 567-567). Procope tente d'unir l'àme paienne et romaine avec l'áme orientale et chrétienne y compris dans la conception des origines du pouvoir impérial: pour lui, en effet, c'est le peuple qui, en élisant par son vote un nouvel empereur, agit selon la prédisposition du
ciel;
c'est
en
fait
Dieu
qui
guide
les
élections,
et
une
telle
direction
est
vérifiable surtout lorsque l'élection est unanime, obtenue gráce à l'accord avec les sénateurs et à l'approbation de l'impératrice (cf. Minniti Colonna 71, p. 126-127, et Pertusi 132, p. 562). Quant au rapport discuté entre imperium et sacerdotium, Procope réaffirme le caractère sacerdotal de la βασιλεία ; ce qui implique une limitation des fonctions du sacerdotium à V intervention auprès de Dieu et un retour à l'ancienne conception paienne de l'autorité de l'empereur sur l’Église (cf. 133 C. Capizzi, L'imperatore Anastasio I (491-518). Studio sulla sua vita, la sua opera e la sua personalità, Roma 1969, p. 133 ; Chauvot 14, p. 184-186). EUGENIO AMATO.
295
PROCOPE
PLRE 1:10
FIV
Disciple d’Hellespontius de Galatie (**H 35), qui, à sa mort survenue à Apamée de Bithynie, lui recommanda de n'admirer que le seul Chrysanthe de Sardes (**C 116), ce qu'il fit en venant étudier à Sardes (Eunape, V. Soph. XXIII 60). Mais Chrysanthe mourut l'année suivante (XXIII 61). J. Vanderspoel, « Correspondence and correspondents of Julius Julianus (?)», Byzantion 69, 1999, p. 396-478, notamment p. 409, propose d'identifier à ce Procope le fils d'un Procope qui fait l'objet d'une
lettre de Libanius
(Episr.
194, datée
de 359 ?) adressée
à Modestus,
comes
Orientis de 359 à 362. Mais le nom du fils de Procope, éléve de Libanius et rhéteur accompli, n'est pas donné dans cette lettre qui concerne des difficultés rencontrées par la fille de Procope avec les Ciliciens auxquels Procope avait autrefois rendu de grands services (comme praeses Ciliciae selon le C. Theod. X1 30, 24). Vanderspoel parle sans doute par erreur de la «fille du rhéteur ». RICHARD GOULET. PROCOPIUS >
296
ANTHÉMIUS
(PROCOPIUS -)
PRODICUS DE CÉOS RE 3 DK 84 Originaire de Ioulis dans
l'ile de Céos
va (1 DK
84 A
1), né probablement
entre
470° et 460°, contemporain de Démocrite (»*D 70), de Gorgias (»G 28) et, quoique plus jeune, de Protagoras (»*P 302), dont il put être l’élève. De sa mention dans
l'Apologie
de Socrate
(19 e), on déduit qu'il survécut
à Socrate, comme
Gorgias et Hippias (»ῬΗ 145). Comme ces derniers également, il associa les rôles d'ambassadeur et de sophiste itinérant (Platon, Hipp. maj. 282 c). Associé par Aristophane à Socrate (Nub. 360-362) qui, dans Platon, se dit à plusieurs reprises
1692
PRODICUS DE CEOS
son élève (Prot.
341
a, Men.
96 d, Crat.
384
P 296
b, Phaedr.
267
b), la Souda
lui
attribue, probablement à tort, la méme mort. Outre ceux que Socrate déclare lui envoyer (Theaet. 151 b), la tradition lui donne pour éléves Théraméne, Isocrate (»*] 38), Euripide [®»E 139] (DK 84 A 6, 7, 8), peut-être Thucydide et Damon (»*D 13] (DK 84 A 9, 17). Soulignant la différence entre Prodicus et les autres sophistes, 2 F. G. Welcker,
« Prodikos (= Id.,
von Keos, Vorgänger des Sokrates», RAM
Kleine
Schriften
zur
Griechischen
1, 1833, p. 1-39, 533-643
Literaturgeschichte,
1l,
Bonn
1845,
p. 393-541), le présentait comme un précurseur de Socrate. Il pouvait s'appuyer pour cela sur le fait que la tradition socratique (incluant Platon), à l'opposé du portrait qu'elle trace ordinairement des sophistes, attribue de façon insistante à Prodicus une communauté d'inspiration avec Socrate.
La considération pour Prodicus témoignée par Socrate dans les dialogues de Platon est, de facon générale, attribuée à l'ironie socratique mais, dans le détail, la chose est difficile à démontrer. En tout état de cause, on ne peut attribuer à l'ironie les emprunts faits par Socrate à Prodicus dans des ouvrages qui, méme lorsqu'ils sont attribués faussement à Platon, n'en appartiennent pas moins à la tradition socratique : l'apologue d'Héraclés à la croisée des chemins (Xénophon, Mémorables Il 1, 21-33), le discours qu'aurait prononcé Prodicus sur les miséres propres à
chaque áge de la vie ([Platon], Axiochos, 366 c 1-367 d 1), l'argument selon lequel la mort n'affecte ni les vivants ni les morts (ibid., 369 b 5-c 3), le récit d'une
discussion au terme de laquelle Prodicus se serait fait expulser du Lycée pour avoir soutenu (comme Socrate dans l' Euthydéme de Platon, 278 e 3-281 e 5) qu'aucune
chose n'est bonne ni mauvaise en soi, mais rendue telle par la sagesse ou l'ignorance de qui en fait usage ((Platon], Eryxias, 397 c 6-399 a 5). En se fondant sur l'ensemble des témoignages ainsi fournis, pour l'essentiel, par Platon, Xénophon et les auteurs des dialogues pseudo-platoniciens, Welcker 2 et 3 E. Dupréel, « Prodicus », dans /d., Les Sophistes, coll. « Bibliothèque scientifique » 14, Philosophie et histoire, Neuchatel 1948, p. 115-182, ont essayé de reconstituer la doctrine du sophiste. Du fait cependant de la date tardive assignée à des dialogues comme l'Axiochos et l' Eryxias, en raison notamment d'apparentes contaminations des propos qui y sont attribués à Prodicus avec des doctrines hellénistiques, ils ne peuvent étre tenus pour des témoignages historiquement fiables sur la pensée du sophiste. Ce qu'ils attestent, en revanche, c'est la continuité d'une tradition (d'autant plus persistante que ces dialogues seraient plus tardifs) aux yeux de laquelle Prodicus, loin d'étre tenu pour un sophiste au sens négatif du mot, passait pour un «sage (σοφός)» (Xénophon, Mem. II 1, 21-33; Conv. IV 62; [Platon], Axiochos, 366 c 1) d'une autorité telle qu'il n'était pas invraisemblable
que Socrate lui-méme ait pu s'en réclamer; une tradition qui pouvait d'ailleurs trouver confirmation jusque dans les mentions de Prodicus par le Socrate de Platon, où les anciens ne percevaient apparemment pas l'ironie que croient y voir les modernes. Si donc ils ne nous donnent pas accés à la pensée de Prodicus, les
P 296
PRODICUS DE CEOS
1693
essais de Welcker 2 et de Dupréel 3 présentent cependant l'intérét de mettre en lumière l'existence et peut-être la cohérence de cette tradition.
Si les propos prétés à Prodicus dans les apocryphes du corpus platonicien ont été depuis longtemps considérés comme fictifs, l'apologue d'Héracles à la croisée des chemins (Mem. II 1, 21-33 2 DK 84 B 2) est au contraire traditionnellement tenu pour un fragment authentique de Prodicus, de loin le plus long. Le doute nait cependant des expressions par lesquelles Xénophon, tout en faisant référence à un écrit de Prodicus sur Héraclés, semble indiquer que le récit mis dans la bouche de Socrate n'en est pas la reprise littérale : ὧδέ πως λέγων (Mem. II 1, 21); οὕτω πως διώκει Πρόδικος... (ibid. 34). On en retient généralement que la référence à l'écrit de Prodicus vaut pour le contenu rapporté par Socrate, mais non pour la lettre. Cette opinion a été contestée par 4 D. Sansone, « Herakles at the Y », JHS 124, 2004, p. 125-142, pour qui les «à peu prés » dont Xénophon encadre l'apologue ne sont pas significatifs, cependant que le vocabulaire et le style de l'apologue s'écartent suffisamment de ceux de Xénophon pour qu'on puisse y voir l'indice qu'il reproduit au plus prés l'original. 5 L.-A. Dorion, « Héraklés entre Prodicos et Xénophon », PhilosAnt 8, 2008, p. 85-114, a pris le contre-pied de cette position : réfutant les analyses de Sansone 4 et prolongeant au contraire celles de 6 L. Gautier, La Langue de Xénophon, Genéve
1911, et 7 V. Gray, « The linguistic
philosophies of Prodicus in Xenophon's "Choice of Heracles" », CQ, 56, 2006, p. 426-435, il montre que les caractéristiques stylistiques de l'apologue n'ont rien d’inhabituel chez Xénophon; comme par ailleurs les idées prêtées à Prodicus correspondent tout à fait à l'enseignement de Socrate dans le reste des Mémorables, il conclut que Xénophon a entiérement récrit l'apologue pour en faire l'illustration des conceptions morales qu'il défend dans son œuvre, et notamment dans les Mémorables par l'intermédiaire du personnage de Socrate. Dans une telle hypothése, on devrait cesser de ranger ces chapitres des Mémorables parmi les fragments et méme parmi les témoignages conservés de Prodicus. 8 L.-A. Dorion, dans J.-F. Pradeau et alii, Les Sophistes: Fragments et témoignages, coll. GF 1338, Paris 2009, les présente, non parmi les « témoignages anciens sur la vie et l’œuvre de Prodicos », mais comme un «fragment présumé des œuvres de Prodicos », distinct cependant des « textes douteux ou apocryphes » tels que les passages de l'Eryxias et de l'Axiochos mentionnés ci-dessus. On peut noter cependant que la conformité de la morale de l'apologue avec celle de Xénophon n'est pas nécessairement une preuve d'inauthenticité: on peut y voir au contraire la raison pour laquelle ce dernier intégre l'apologue dans l'enseignement de Socrate, inaugurant ainsi la tradition de présenter Prodicus comme un sage dont pouvait s'autoriser l'enseignement de Socrate.
Comme l'a souligné 9 A. Capizzi, Socrate e i personaggi filosofi di Platone, Roma 1970, p. 136-139, les dialogues authentiques de Platon fournissent sur Prodicus des indications méthodologiques plutót que doctrinales : Prodicus n'y apparait pas comme un moraliste mais, à l'instar d'autres sophistes et en particulier de Protagoras, comme un spécialiste des sciences du langage, s'adonnant avant tout,
P 296
PRODICUS DE CEOS
1694
voire exclusivement, à la sémantique et à la lexicographie ; en deux occasions au moins (Prot. 337 a-c, Euthvd. 277 e), Platon donne des échantillons de son art de distinguer d'apparents synonymes : c'est de cette précision de langage que Socrate se reconnait débiteur à son égard (Charm.
163 d).
Quelles que soient les libertés prises par Xénophon à l'égard de l'ouvrage original de Prodicus, d'autres témoignages en attestent l'existence: Platon fait mention dans le Banquet (177 b 1-4) d'un éloge d'Héraclés écrit par Prodicus, et
l'on sait par une scolie aux Nuées d' Aristophane qu'Héraclés choisissant entre le Vice et la Vertu faisait partie d'un ouvrage intitulé "Opa: (« Les Heures » ou «Les Saisons ») (DK 84 B 1). Galien, qui lui attribue des considérations d'ordre physiologique (DK 84 B 11), mentionne un ouvrage intitulé Sur la nature de l'homme
(DK 84 B 4), Cicéron déclarant pour sa part qu'il a, comme Thrasymaque et Protagoras, disserté de natura rerum (DK 84 B 3), ce qui justifierait sa désignation par
Aristophane (Nub. 360) comme μετεωροσοφιστής. Plusieurs témoignages (DK 84 B 5) s'accordent à lui attribuer une interprétation rationaliste de la religion, laquelle trouverait son origine dans la divinisation des choses utiles à la vie humaine, tel le pain sous le nom de Demeter, le vin sous le nom de Dionysos, etc., ainsi que des premiers inventeurs de nourritures, vétements et techniques (il pourrait s'agir là d'une seconde étape dans le développement de la religion). Cette théorie de la religion range bien entendu Prodicus, aux yeux de certains (Cicéron,
De nat. deorum 142, 118 ; Sextus Empiricus, Adv. Phys. 151), parmi les athées ou les fauteurs d'athéisme. Éditions. DK 84 1; 10 M. Untersteiner, Sofisti. Testimonianze e frammenti, fasc. secondo : Gorgia, Licofrone e Prodico, Firenze 1961, p. 156-201. Traductions. 11 Th. Schirren et Th. Zinsmaier (trad.), Die Sophisten. Ausgewählte
Texte,
Griechisch/Deutsch,
Stuttgart
2003,
p. 226-247;
12
D.J.
Stewart (trad.), dans R. K. Sprague (édit.), The Older Sophists, Indianapolis/ Cambridge 1972 (réimpr. 2001), p. 70-85 ; 13 J. Dillon et T. Gergel (trad.), The Greek Sophists, London
Fragments
2003, p. 98-117
et témoignages,
; 14 J.-P. Dumont (trad.), Les Sophistes.
coll. «Les
Grands
Textes»,
Paris
1969, chap.
VI,
p. 112-130 ; 15 J.-L. Poirier (trad.), dans J.-P. Dumont (édit.), Les Presocratiques,
coll. «Bibliothéque de la Pléiade», Paris 1988, p. 1054-1069 ; Untersteiner 10: 16 M. Timpanaro Cardini (trad.) dans G. Giannantoni (édit.), / Presocratici. Testimonianze
e frammenti,
coll. «Biblioteca
Universale
Laterza»,
Roma/Bari
2002,
p. 950-962 ; Dorion 8, p. 343-372.
Études d'ensemble. Welcker 2; 17 H. Gomperz, Sophistik und Rhetorik, Leipzig 1912 Mythos zum Untersteiner, 1993), chap. p. 238-242, P. O'Grady
(réimpr. Darmstadt 1965), chap. VII, p. 90-126; 18 W. Nestle, Vom Logos, 2° éd. Stuttgart 1942, p. 349-360; Dupréel 3; 19 M. / Sofisti, 2° éd. Milano 1967 (réimpr. Milano 1996; trad. fr. Paris X-XI; 20 W. K. C. Guthrie, A History of Greek Philosophy, t. III. 274-280; 21 GGP, Antike 2/1, p.58-63; 22 C. Cooper, dans (édit.),
The
Sophists : An
Introduction,
aussi 22bis D. Nails, The people of Plato, p. 254-256.
London
2008,
chap.
6.
Voir
P 297
PRODICOS DE SAMOS
1695
Études particulières. 23 H. Mayer, Prodikos von Keos und die Anfänge der Synonymik
bei den
Griechen,
Paderborn
1913;
24 W.
Nestle,
«Die Horen
des
Prodikos », Hermes 71, 1936, p. 151-170 = Id., Griechische Studien, Stuttgart 1948, p. 403-429 = C. J. Classen, Sophistik, Darmstadt 1976, p. 425-451 ; 25 W. Nestle, « Xenophon und die Sophistik », Philologus 94, 1940, p.31-50 = Griechische Studien, Stuttgart 1948, p. 430-450 ; 26 G. B. Kerferd, « The "Relativism" of Prodicus», BJRL 37, 1954-55, p.249-256; 27 Kurt von Fritz, art. « Prodikos », RE
XXIII
1,
1957,
col.
85-89;
28
A.
Henrichs,
« The
Atheism
of
Prodicus », CronErc 6, 1976, p. 15-21 ; 29 J.-P. Dumont, « Prodicos : de la méthode au systéme », dans B. Cassin (édit.), Positions de la sophistique. Colloque de Cerisy, Paris 1986, p. 221-232 ; 30 V. Nicolaidou-Kyrianidou, « Prodicos et Xéno-
phon ou le choix d'Héraklés entre la tyrannie et la loyauté », dans L. G. Mendoni et A. I. Mazarakis Ainian (édit.), Kea-Kyrhnos : History and Archaeology. Proceedings of an International Symposium (Kea-Kythnos, 22-25 June 1994), Athénes/ Paris
1998,
p. 81-98;
pseudo-platonischen
Sansone
4;
31
K.
Döring,
Eryxias», dans K. Döring,
«Die
M.
Prodikos-Episode
Erler et S. Schom
im
(édit.),
Pseudoplatonica : Akten des Kongresses zu den Pseudoplatonica vom 6.-9. Juli 2003 in Bamberg, Stuttgart 2005, p. 69-79 ; Gray 7 ; 32 A. Tordesillas, « Socrate et
Prodicos dans les Mémorables de Xénophon », dans M. Narcy et A. Tordesillas (édit.), Xénophon et Socrate : Actes du colloque d' Aix-en-Provence (6-9 novembre 2003), Paris 2008, p. 87-110 ; Dorion 5. MICHEL NARCY.
297
PRODICOS DE SAMOS Clément
RE 2+3
d'Alexandrie,
(Stromates
I
21,
131,
3
=
O.
Kern,
Orphicorum
fragmenta, Berlin 1922, réimpr. Dublin/Zürich 1972, test. 200 + 222 = voir A. Bernabé, Poetae Epici Graeci. Testimonia et fragmenta, Pars II: Orphicorum et
Orphicis similium testimonia et fragmenta, München/Leipzig 2004-2007, fr. 1124) attribue une Descente (d'Orphée) aux Enfers (Εἰς Ἅιδου κατάβασις) à un certain Prodicos de Samos. Mais, tout porte à croire que Προδίκου est une corruption pour Ἡροδίκου ; on ne s'explique pas le qualificatif Σαμίου. L'Hérodicos à qui doit être attribué cet ouvrage est originaire de Périnthe: Ἡροδίκου τοῦ Περινθίου (Souda O 654 ; t. III 565, 6 Adler = OT 199 Kern = 1123 Bernabé). Mais on a inversement
corrigé également le nom d'Hérodicos en Prodicos dans ce dernier passage. Sur ces deux
auteurs
voir OT test. 199 + 200 + 201
+ 222
Kern
= fr. 1123 +
1124 + 1125 Bernabé.
Cf. P. Tannery,
«Orphica, "fr.
1" Abel, etc.», RPhil
21,
1897, p. 190-195,
notamment p. 192 n.. M. L. West, The Orphic poems, Oxford 1983, p. 10 et n. 17. Plutarque, De Pyth. Orac. 25, 407 b associe les noms d'Onomacrite, de Prodicos et de Kynaithón, mais il pourrait s'agir ici du sophiste (»ῈΡ 296). LUC BRISSON.
298
P 298
PROPAS DE CORINTHE
1696
PROPAS (L. PETITIUS -) DE CORINTHE
DMI
Le Conseil d’Elis avait autorisé la mere de ce philosophe corinthien, Occia Prisca, à élever la statue de son fils dans le sanctuaire d'Olympie : / Olympia 453 (A.D. Rizakis et S. Zoumbaki, Roman Peloponnese I, coll. « Meletémata » 31. Athénes 2001, p. 510 et 512, n? 290 et 298). L'écriture oriente vers le deuxiéme quart du I” siècle. Vu la rareté en Grèce de son gentilice et de celui de sa mère. le philosophe était certainement issu d'une famille italienne récemment installée dans la colonie de Corinthe. BERNADETTE
PUECH.
PRÓROS — PÓROS 299
va
PRÓROS DE CYRENE RE Pythagoricien
ancien
dont
le nom
figure
(V. pyth. 36, 267, p. 146. 8 Deubner = 1 DK
dans
le catalogue
de
Jamblique
58 A, t.1, p. 448, 2), qui
semble
remonter à Aristoxène de Tarente. Son nom est répertorié dans 2 W. Pape et G. Benseler, Wórterbuch der griechischen Eigennamen, t. II, p. 1266 (1b), ainsi que dans le 3 LGPN, t. 1, p. 389. Témoignages réunis dans DK 54; 4 M. Timpanaro Cardini, / Pitagorici. Testimonianze e frammenti, t. II, Firenze 1962, p. 430-433. Bénéficiaire de la pratique pythagoricienne de l'entraide. Dans Y Antiquité Próros était connu pour le soutien généreux qu'a pu lui offrir le pythagoricien
Cleinias de Tarente (»*C 145) à un moment où il courait le risque de perdre tous ses biens. Voir Diodore de Sicile X 4, 1 = DK 54 A 3; Jamblique, V. pyth. 33, 239, p. 128, 12-18 Deubner (témoignage omis par DK et Timpanaro Cardini 4): cf. ibid. 27, 127, p. 72, 18-20 Deubner = DK 54 A 1 (simple mention dans une liste de
couples d'amis pythagoriciens, où apparaissent aussi Damón et Phintias, ainsi que Platon et Archytas). 5 P. Wuilleumier, Tarenre, des origines à la conquête romaine, coll. BEFAR
148, Paris
1939 [réimpr.
1968], p. 586, a attiré l'attention
sur le fait que le geste de Cleinias est conforme non seulement aux préceptes de la secte pythagoricienne, mais aussi à la parenté de Tarente avec Cyrene. Étant donné l'intérét d'Aristoxéne de Tarente (»*A 417) pour les anecdotes illustrant l'amitié et la solidarité exemplaires des pythagoriciens, on peut raisonnablement supposer que
les témoignages de Diodore et de Jamblique sur Cleinias et Próros remontent en dernière instance à lui (et avant lui à la tradition orale dérivant de la secte pythagoricienne et mise au service de sa propagande). Datation. Le synchronisme de Cleinias avec Platon, établi sur la base d'une autre anecdote (cf. Aristoxène, fr. 131 Wehrli = Diog. L. IX 40 = DK 54 A 2), montre que génération Aristoxène sa jeunesse
Próros et Cleinias appartiennent grosso modo aux pythagoriciens de la d' Archytas (ca 435/410 - 360/350), ou sont de peu postérieurs. Sur eux. a pu avoir des informations fiables par son père Spintharos, qui pendant avait fréquenté à Tarente le méme cercle pythagoricien.
Vainqueur olympique au stade ? 6 W. Aly, art.
«Proros», RE XXIII
col. 839, a suggéré d'identifier Próros au vainqueur olympique
1, 1957.
au stade de [ὉΙ.
P 300
PROSENES
1697
105 (= 360 av. J.-C.) que Pausanias (X 2, 3) nomme Πρῶρος et Diodore de Sicile (XVI
2) Πῶρος.
alors que
les deux
auteurs
lui attribuent la méme
citoyenneté
cyrénaique. Si cette identification — tout à fait plausible mais invérifiable, étant donné la grande diffusion du nom 'Próros' à Cyréne — s'avérait juste, elle ferait descendre Próros le pythagoricien à la génération suivante. Ce qu'il y a de sür (pace 7 L. Moretti, Olvmpionikai : i vincitori negli antichi agoni olimpici, coll. « Atti della Accademia Nazionale dei Lincei Serie VIII, Classe di scienze morali, storiche e filologiche », vol. 8. fasc. 2, Rome 1959, n? 423, p. 121, qui pensait que le nom du vainqueur devrait être Pôros. et que chez Pausanias il est devenu Próros « per banale svista di copisti »), C'est qu'en réalité le nom de l'athléte de Cyréne ne peut étre que Próros. Car, d'une part, Próros était un nom trés répandu en Cyrénaique (10 occurrences dans le LGPN 3, t. I, p. 389) — et attesté nulle part ailleurs, comme le montre une recherche exhaustive dans l'ensemble des volumes parus du LGPN 3. D'autre part, et de manière décisive pour notre enquête, alors que les inscriptions grecques de la Cyrénaique attestent abondamment le nom Πρῶρος (voir 8 S.M. Marengo, Lessico delle iscrizioni greche della Cirenaica, coll. « Studi pubblicati dall" Istituto Italiano per la storia antica » 49, Roma
1991, p. 274 et 492
[= Cirene 24.6; SEG
IX 50.55 et XX
735 a 1.56;
SGDI 4833.29 ; cf. SEG IX 1.86]), elles ne comportent aucune occurrence de Πῶρος. Sur la diffusion du nom Próros en Cyrénaique, voir déjà 9 l'apparat de l'édition du De vita pythagorica par L. Deubner (Stuttgart 71975 ['1937]). à la p. 128, 12, qui cite 10 Ed. Schwyzer (édit.), Dialectorum
graecarum
exempla
epigraphica
potiora
('Delectus
inscriptionum
Graecarum
propter dialectum memorabilium" quem primum atque iterum ediderat Paulus Cauer editio tertia renovata), Leipzig 1923 [réimpr. Hildesheim 1987], p. 234, 20 et 55, et 11 Documenti antichi dell'Africa italiana, vol. 1, fasc. 2, p. 88, n? 12,2: cf. ibid.,1. 16. Pour la datation exacte de Pröros l'athléte de Cyrène, Pausanias donne Ol. 105, 4 (357 av. J.-
C.), tandis que Diodore signale un double synchronisme (i) avec l'archontat de Callimède à Athenes (360-359) et (ii) avec le consulat de Cn. Genucius Aventinensis et de L. Aemilius Mamercinus II à Rome (363).
Ce qui vient compliquer les choses, c'est que Diodore (XVI 15) mentionne aussi un Póros Μαλιεύς comme vainqueur au stade à [Ὁ]. 106 = 356 av. J.-C. (cf. Moretti 7, n? 430, p. 122), et
que Sext. Julius Africanus
(Ὀλυμπιάδων
ἀναγραφή,
p. 62 Rutgers) et Eusèbe
de Césarée
(Chronique, Ol. 106), sans préciser la patrie de Póros, disent qu'il s'agit du méme vainqueur que celui d'Ol. 105 (à savoir l'athléte originaire de Cyrene). Cette identification a joué un rôle déterminant dans la préférence que la recherche moderne a montrée pour la forme "Póros", attestée par Diodore pour le vainqueur cyrénaique de l'olympiade précédente, contre le "Próros" de Pausanias, et a suggéré l'idée que les deux ethniques différents sous lesquels il a été enregistré successivement dans les listes des ὀλυμπιονίκαι s'expliqueraient par un changement de citoyenneté de l'athléte d'une olympiade à l'autre (cf. Moretti 7, p. 122-123: peut-être « in questo punto nelle liste esistesse un guasto : che il vincitore della Ol. 106 fosse della Malide, ma ne fosse caduto il nome : sicché venne identificato col vincitore dello stadio nella precedente Ol. »). Mais étant donné la trés faible probabilité que le nom de l'athléte de Cyréne ne soit pas Próros, on est placé devant l'alternative suivante : soit, en dépit des assertions de nos sources, Próros de Cyrene et Póros
Μαλιεύς
sont deux
personnes
différentes;
soit Pröros
a changé
son
nom
en
Póros
lorsqu'il a changé de citoyenneté.
Destinataire (fictif) d'un dialogue d'Aristippe le cyrénaique ? Un autre élément pourrait être versé dans le dossier de Próros: Aristippe de Cyréne (**A 356) avait écrit un dialogue intitulé À Próros (cf. Diog. L. II 84 et 85). Les mss de Diogéne donnent blement de façon indépendante, ont und Menedemos, p. %6 ; 13 U. von 63, 1928, p. 369-390. à la p. 384 [=
en réalité Πῶρος, que Crónert et Wilamowitz, vraisemblaproposé de corriger en Πρῶρος : voir 12 W. Crönert, Kolotes Wilamowitz-Moellendorff, « Lesefrüchte 231-248 », Hermes /d., Kleine Schriften IV. Lesefrüchte und Verwandtes, Berlin
1698
PRÖROS DE CYRENE
P 299
1962, n° 18, p. 454-475, à la p. 469]. Leur proposition n'a pas été suivie par la plupart des éditeurs et traducteurs de Diogene, à l'exception de deux: 14 M. Gigante (édit). Diogene Laerzio.
Vite dei filosofi, Roma-Bari
?1983
(!1962]. et 15 M.-O. Goulet-Cazé, dans Ead.
(dir.).
Diogene Laérce. Vies et doctrines des philosophes illustres, coll. « Classiques modernes ». Paris 1999, p. 287 et n.4; la correction est signalée aussi par 16 G. Reale (Edit.), G. Girgenti et I. Ramelli (collab.), Diogene Laerzio, Milano 2005, n. 318 du livre II, mais sans étre adoptée.
Ce dialogue peut trés bien avoir eu départ pour la discussion, le malheur vention salvatrice de Cleinias. Trois rapprochement: (i) Aristippe était un
comme sujet, ou au moins comme point de qui a failli arriver à Próros avant l'interindices concordants plaident pour un tel compatriote de Próros et (ii) son quasi
contemporain (dates: ca 435-356 av. J.-C), tandis que (iii) il était connu pour sa
tendance à envisager toujours du bon cóté les situations qui se présentaient dans la vie (Diog. L. II 66); on peut donc supposer que dans À Próros, tout comme
dans
ses dialogues intitulés Aux naufragés, Aux exilés, À un mendiant, À Lais, à propos du miroir et Sur la fortune, il discutait quelle doit étre l'attitude du sage à des moments de renversement de fortune. Traité Sur l'hebdomade. Sous le nom de Próros circulait dans l'Antiquité un traité arithmologique Sur l'hebdomade utilisé par Nicomaque de Gérasa (»N 50) dans le chapitre sur le nombre sept de son ouvrage perdu Sur la théologie des nombres; voir [Jamblique]. Theologoumena arithmeticae, p. 57, 13-20 de Falco = 17 H. Thesleff, The Pythagorean texts, p. 154, 19 - 155,4. Cf. aussi Syrianus, in Arist. Metaph. [CAG VI 1], p. 192, 5-8 Kroll = Thesleff 17, p. 155, 5-10; et peutêtre déjà Philon, Sur la création du monde selon Moïse [= De opif.], 127. Ce traité pourrait étre aussi la source d'autres développements arithmologiques sur l'hebdomade, comme p. ex. celui de Philon, De opif. 100 (suggestion de Diels dans DK 44 B 20,t. I, p. 416, 13 sq).
D'esprit assez proche de celui du traité pseudo-hippocratique De hebdomadibus
(sur lequel on consultera avec profit 18 J. Mansfeld, The pseudo-Hippocratic tract Περὶ ἑβδομάδων ch. 1-11 and Greek philosophy, Assen 1971 ; cf. DPhA, H 154, n? 24), le traité attribué à Próros serait probablement authentique selon 19 H. Thesleff, Introduction, p. 112 et n. 4, datable au milieu ou à la fin du IV* siécle av. J.-C. Cette datation pourrait toutefois étre mise en question s'il s'avérait que la forme σεπτά employée pour le nombre ἑπτά (7) dans le texte implique une référence au latin septem (Thesleff 17, p. 154 n. ad 1. 13). 20 W.H. Roscher (Die
Hebdomadenlehren Leipzig
1906,
maintenait
der griechischen Philosophen
p. 39-40
[avec
la datation
haute.
les n.],
De
127
méme
et
144)
und Ärzte, dans ASAW avait
(indirectement)
vu
le probléme,
21
P. Tannery
24.6, mais
il
(«Sur
l'arithmétique pythagoricienne », dans Id. [édit. J.-L. Heiberg et H.G. Zeuthen]. Mémoires scientifiques, t. I]: Sciences exactes dans l'Antiquité, 1883-1898, Toulouse/Paris 1912 (réimpr. 1995], p. 179-201, aux p. 186-187), qui remarquait
que «ce témoignage est curieux en ce qu'il indique au sein de l'École une certaine influence exercée au moins par le langage des populations italiotes voisines de la Grande-Grèce ».
P 300
PROSENES
1699
22 W. Jaeger, en revanche (« Vergessene Fragmente des Peripatetikers Diokles von Karystos », dans /d., Scripta minora, t. IT, Roma
p. 205-230,
«Straton
und die Hebdomadenlehre
1960, p. 185-241, notamment
des Diokles»,
aux
p. 219-220
[cf. aussi p. 224 et n. 2]), voyait dans le De hebdomadibus attribué à Próros «eine
ostensible neupythagoreische Fälschung » comme celle de Théanó, un pseudépigraphe que l'on doit attribuer «der Zeit des späten Hellenismus », au plus tard avant l'époque de Philon d'Alexandrie, en pensant que la mention du latin septem qui est présente dans le texte parallele de Philon (De opif. 126) devait étre présente également dans le texte de Próros. Sur la méme ligne interprétative, voir aussi Mansfeld 18, p. 169 n. 69, qui pense toutefois que Philon et Próros dépendent d'une source commune, se refusant à voir en Próros la source de Philon. Pour le repérage des affinités éventuelles entre les textes pythagoriciens des époques hellénistique et romaine, ainsi que des regroupements plus tardifs, thématiques ou autres, de ces textes en collections ou corpora, il est intéressant de signaler que dans le méme ouvrage perdu Sur la théologie des nombres où il cite le traité Sur l'hebdomade attribué à Pröros, Nicomaque de Gérasa cite également un fragment à contenu mathématique attribué à Cleinias, dont on a vu l'association étroite à Próros par le biais de la fameuse anecdote sur l'entraide. Il est donc plausible que ce fragment, ainsi que celui cité par Syrianus (pour les références, cf.23 Br. Centrone, notice « Cleinias de Tarente », C 145, DPhA II, 1994, p. 421-422), proviennent d'un faux qui circulait sous le nom de Cleinias, et qui, vraisemblablement. fut produit dans le méme milieu que le traité attribué à Próros : un milieu pythagorisant intéressé par les mathématiques et l'arithmologie. Próros préte-nom pour des faussaires ? 24 H. Thesleff, «On the problem of the Doric pseudo-Pythagorica: an alternative theory of date and purpose», dans K. von Fritz (édit.), Pseudepigrapha I: Pseudopvthagorica, lettres de Platon, littérature pseudépigraphique juive, coll. « Entretiens sur l'Antiquité classique» 18, Vandœuvres-Genève 1972, p. 57-87, à la p. 86 n.l, croyait pouvoir lire le nom de Próros dans une curieuse liste d'une demi-douzaine d'« hommes malhonnétes, de criminels », dénoncés pour avoir fabriqué des faux livres « qui sont dits étre de la bouche du sage [scil. Pythagore] et qui circulent sous son nom » (texte arabe, trad. & comm. dans 25 E. Cottrell, « Notes sur quelques-uns des témoignages médiévaux relatifs à
l'Histoire philosophique [ἡ φιλόσοφος ἱστορία] de Porphyre », dans A. Akasoy et W. Raven lédit.], Zslamic
thought
in the Middle
Ages.
Studies
in text,
transmission
and
translation,
in
honour of Hans Daiber, Leiden 2008, p. 523-555, aux p. 532-534), mais en réalité la lecture de ce passage intriguant n'est pas du tout assurée, étant donné que les ductus des noms propres transcrits en arabe semblent corrompus (en raison de l'intermédiaire syriaque utilisé par Ibn Abi Usaybi'a ?). On peut toutefois relever deux indices positifs en faveur de la candidature de Próros : (a) la mention, juste avant lui. d'un certain Aristippe : probablement celui de Cyréne, qui semble effectivement étre lié à Próros du fait qu'il lui aurait adressé l'un de ses dialogues ; (b) la mention juste aprés lui d'un Crétois du nom de Quniyus: probablement Cleinias, l'ami de Próros, qui serait confondu avec son homonyme crétois des Lois de Platon. Pour des lectures différentes, mais tout aussi désespérées, voir Cottrell 25, et avant elle 26 B. L. van der Waerden, art. « Pythagoras. Die Schriften und die Fragmente des Pythagoras », RESuppl. X, 1965, col. 843-864, à la col. 863 (qui avait suivi les indications de M. Schramm) ; M. Rashed dans 27 C. Huffman, Archytas of Tarentum, Pythagorean philosopher and mathematician king, Cambridge 2005, p. 616. Cleinias et Próros cachés sous le nom 'Cléemporos' ? 159, le médecin Cléemporos serait l'auteur d'un ouvrage p. 114) sur les propriétés des herbes ; cf. aussi N. H. XXIV « Hellenistische Pseudopythagorica », Philologus 105, 1961,
(**C 142) Selon Pline, N. H. XXIV de date indéterminée (Thesleff 19, 158; XXII 90, avec 28 W. Burkert. p. 16-43 et 226-246, à la p. 239 n.2
P 299
PRÖROS DE CYRENE
1700
[= /d., Kleine Schriften HI: Mystica, Orphica, Pythagorica, édit. Fr. Graf, Göttingen 2006, p. 236-277, à la p.271 n. 139]. Ayant considéré "Cleemporos’ comme «a peculiar name ». Thesleff 24, p. 86 n. 1, se demandait s'il ne serait pas le fruit d'une « contamination of "Kleinias' and 'Próros' ». Néanmoins - et en dépit du fait que les pythagoriciens avaient manifesté effectivement un vif intérét pour les propriétés des plantes (voir Thesleff 17, p. 174-177 ; 29 P. Kingsley. Ancient philosophy, mystery and magic. Empedocles and the Pythagorean tradition, Oxford
1995, p. 321 n. 16 + l'index, s.v. ‘plants’ et 'Bolus of Mendes’) - il semblerait bizarre que
l’herbarium dont parle Pline ait passé pour avoir été co-écrit par les deux amis pythagoriciens. Mais de toute facon le nom 'Cléemporos' rapporté par Pline n'a rien de curieux : il est attesté p. ex. normalement à Athènes et en Dalmatie ; voir le LGPN 3. t. II, p. 263 et t. II A, p. 244. II n'y a donc aucune raison de corriger l'information transmise par Pline. CONSTANTINOS
300
MACRIS.
PROSÉNES (Προσήνης) RESuppl. XV : PLRE 1:
M lil
Philosophe péripatéticien présent à la célébration de l'anniversaire de Platon chez le philosophe Longin (»*L 63) à Athènes, d'après un fragment du premier
livre de la Φιλόλογος Axpoacıg (Leçon de littérature) de Porphyre conservé par Eusébe, Praep. Evang. X 3, 1 (408F Smith = Longin, frag. 10, 6, p. 151 Brisson-
Patillon). L'événement est antérieur à 263, date de l'arrivée de Porphyre chez Plotin à Rome. Dans le cadre d'un échange sur le plagiat, Prosénés accuse Platon d'avoir pille le Περὶ τοῦ ὄντος de Protagoras (»*P 302). Cf. Eitel Fischer, art.
« Prosenes », RESuppl. XV,
1978, col. 463-464. LUC BRISSON.
301
PROTAGORAS Philosophe
RE 4
stoïcien,
mentionné
par Diogène
Laërce
IX
56, dans
une
liste de
trois homonymes de Protagoras d’Abdere (**P 302). Cf. Pohlenz, Die Stoa, t. II, p. 125. RICHARD GOULET.
302
PROTAGORAS D'ABDERE RE |
ca 490*-ca 420*
Sophiste. Témoignages
et fragments.
1 H. Diels et W.
Kranz, Die Fragmente
der
Vorsokratiker, Zürich 1952, n? 80, t. II, p. 253-271 (et p. 425) ; 2 M. Untersteiner,
Sofisti. Testimonianze e frammenti, I, Firenze 1961, p. 14-117 (ajouts, en particulier d'après 3 H. Gomperz, Sophistik und Rhetorik. Das Bildungsideal des εὖ λέγειν in seinem Verhältnis zur Philosophie des 5. Jahrhunderts, Berlin 1912, p. 126-278, mais parfois sans fondement sür) ; 4 A. Capizzi, Protagora. Le testimonianze e i frammenti, la vita, le opere, il pensiero e la fortuna, Firenze 1955 (compléments et corrections aussi par rapport à 2, cf. 5 J. Moreau, c.r. dans REAnc
59, 1967, p. 147-149). Ajouter:
Didyme,
Comm.
sur
les Psaumes
(cf.
6 M.
Gronewald,
ZPE
2,
1968,
p.1-2
=
Psalmenkommentar (Tura-papvrus), t. HT, Bonn 1969, p. 380 ; 7 H. Mejer, « The alleged new fragment of Protagoras », Hermes 100, 1972, p. 175-178 ; 8 P. Woodruff, « Didymus on Prota-
P 302
PROTAGORAS D’ABDERE
1701
goras and the Protagoreans », JHPh 23, 1985, p. 483-497 ; voir aussi 11 (cité plus loin), p. 227228) ; Diogene d'Oinoanda. fr. 11 Chilton, cf. 9 F. Decleva Caizzi, « La tradizione protàgorea ed un frammento di Diogene di Enoenda », RFIC 104, 1976, p. 435-442.
Traductions françaises. 10 J.-P. Dumont, Les Sophistes. Fragments er témoignages, Paris 1969, p. 24-53 ; 11 Dossier sur Protagoras (p. 151-232) dans Platon, Protagoras. Intr., trad. et comm. par M. Trédé et P. Demont, Paris 1993 (2006?) ;
12 Diogène Laérce, Vie des philosophes illustres, trad. dirigée par M.-O. GouletCazé, Paris
1999 (IX 50-56, trad. J. Brunschwig);
Protagoras
à Critias.
Fragments
12bis Les Sophistes, t. 1: De
et témoignages,
sous
la direction
de
J.-F.
Pradeau, Paris, 2009 (Protagoras, présentation, traduction et notes par M. Bonazzi, p. 43-90).
Études. 13 J. Frei, Quaestiones Protagoreae, Bonn 1845 ; 14 J. Bernays, « Die Καταβάλλοντες des Protagoras », RAM 7, 1850, p. 464-468 ; 15 A.J. Vitringa, Disquisitio de Protagorae vita et philosophia, Groningen 1852 ; 16 G. Grote, Plato and
the other
companions
of Socrates,
London
1865,
chap.
21;
17
P. Natorp,
« Protagoras und sein "Doppelgánger"», Philologus 50, 1891, p. 262-287 ; 18 H. Diels, « Hippokratische Forschungen I », Hermes 45, 1910, p. 144 ; 19 E. Bodredo, Protagora, Bari Satz», CPh 33,
1914; 20 A. Neumann, «Die Problematik des Homo-mensura 1938, p. 368-379 (reed. dans Classen 46, p. 257-270); 21 W.
Nestle, Vom Mythos zum Logos, Stuttgart 1940; 22 A. Levi, «Studies in Protagoras. The man-measure principle: its meaning and applications », Philosophy 15, 1940, p. 147-167 ; 23 J. S. Morrison, « The place of Protagoras in Athenian public life », CQ 35, 1941, p. 1-16; 24 D. Loenen, Protagoras and the Greek community, Amsterdam 1946, 25 E. Dupréel, Les Sophistes, Neuchâtel 1948 ; 26 I. Lana, Protagora, Torino 1950: 27 J.A. Davison, « Protagoras, Democritus and Anaxagoras » CQ
3, 1953, p. 33-45, 28 K. von Fritz, art. « Protagoras », RE XXIII
1,
1957, col. 908-921 ; 29 E. Havelock, The liberal temper in Greek politics, London 1957 ; 30 G. M. Sciacca, Gli dei in Protagora, Palermo 1958 ; 31 L. Strauss, « The liberalism of classical philosophy », RMetaph 12, 1958-1959, p. 415-420; 32 S. Zeppi, Protagora e la filosofia del suo tempo, Firenze 1961; 33 L. Versenyi, « Protagoras! Man-measure fragment», AJPh 83, 1962, p. 178-184 (rééd. dans Classen 46, p. 290-297) ; 34 D. Fehling. « Zwei Untersuchungen zur Griechischen Sprachphilosophie », RAM 108, 1965, p. 212-229 (rééd. partielle dans Classen 46, p. 341-347) ; 35 T. Cole, « The Apology of Protagoras », YCIS 19, 1966, p. 101118; 36 M. Untersteiner, 7 Sofisti, Milano 1949, éd. revue 1967 (trad. frang., Paris 1993, t. I, p. 15-139) ; 37 C. W. Müller, « Protagoras über die Gótter », Hermes 95,
1967, p.140-159 (rééd. avec compléments dans Classen 46, p.312-340); 38 W. K. C. Guthrie, The Sophists, Cambridge 1971 [notamment « Protagoras, fr. 1 DK : some points of translation », p. 188-192] (= A History of Greek Philosophy, t. III, Cambridge
1969); 39 J. P. Maguire, « Protagoras - or Plato 7», Phronesis
18, 1973, p. 115-138; 40 A. W. H. Adkins, «'Arete', 'techne', democracy and Sophists — Protagoras 316b-328d », JHS 43, 1973, p. 3-12 ; 41 R. I. Winton, The Political
Thought
Protagoras.
of Protagoras,
Diss. Cambridge
1974;
42 L. Bodin,
Introduction à la méthode dialectique de Protagoras,
Paris
Lire le
1975 ;
1702
PROTAGORAS D’ABDERE
P 303
43 M.F. Burnyeat, « Protagoras and self-refutation in later Greek philosophy ». PhR 85, 1976, p.44-69; 44 Id., «Protagoras and self-refutation in Plato’s Theaetetus », PhR 85, 1976, p. 172-195 ; 45 K.-M. Dietz, Protagoras von Abdera, Bonn
1976 ; 46 C. J. Classen (édit.), Sophistik, Darmstadt
1976 ; 47 J. P. Maguire,
« Protagoras... or Plato ? II. The Protagoras », Phronesis 22, 1977, p. 103-122; 48 M.
Emsbach,
begriff und
Sophistik
als
Aufklärung.
Geschichtsauffassung
Untersuchungen
bei Protagoras,
Kerferd, The Sophistic movement, Cambridge
zu
Würzburg
Wissenschafts-
1980;
49
G.B.
1981 ; éd. française : Le mouvement
sophistique, trad. et présenté par A. Tordesillas et D. Bigou, Paris 2000: 50 K. Dóring, « Die politische Theorie des Protagoras », dans 51 G.B. Kerferd (édit.), The Sophists and their legacy, Wiesbaden 1981, p. 109-115; 52 J. Mansfeld, « Protagoras on epistemological obstacles and persons », dans Kerferd 51. p. 38-
53; 83 T. J. Saunders, « Protagoras and Plato on punishment», dans Kerferd 51, p. 129-141; 54 J. V. Muir, «Protagoras and education at Thourioi», G&R 29, 1982, p. 17-23; 55 C. Farrar, The origins of democratic thinking. The invention of
Politics in classical Athens, Cambridge 1988, p. 44-98; 56 J. de Romilly, Les grands sophistes dans l'Athenes de Périclès, Paris 1988 ; 57 E. Schiappa, Protagoras and logos. A study in Greek philosophy and rhetoric, Univ. of South Carolina, Columbia 1991 ; 58 P. Demont, «Die Epideixis über die Techne im klassischen Griechenland », dans W. Kullmann et J. Althoff (édit.), Vermittlung und Tradierung von Wissen in der griechischen Kultur, Tübingen 1993, p. 181209; 59 Id. «La formule de Protagoras: L'homme est la mesure de toutes choses », dans P. Demont (édit.), Problemes de la morale antique, Amiens
p. 40-57; 60 Id., «Le
1993,
Protagoras de Platon, Hérodote et la Providence », dans
Actas del VIII Congreso Espanol de Estudios Clasicos, II, Madrid
158 (version
revue à paraitre dans Methexis 2011
presocratica»
de
l'Université
de
Milan,
2-4
mai
1994, p. 145-
[Actes du colloque 2010]);
61
/d.,
« Atene
«Notes
sur
l'antilogie au cinquième siècle ([Hipp.], Nat. hom. I et Platon, Protagoras ; [Hipp.] Nat. hom. I et Hdt. III, 80-82 ; [Hipp.], Ver. med. XIII et Platon, Prot. 311-312)». dans J.-M. Galy
et A. Thivel
(édit.), La rhétorique grecque,
Actes du Colloque
Octave Navarre, Nice 1994, p. 77-88 ; 62 A. Ford, « Protagoras' head : interpreting philosophic fragment in Theaetetus », AJPh 115, 1994, p. 199-218 ; 62bis G. Fine, «Protagoras relativisms», PBAC 10, 1994, p. 211-243; 63 T.D.J. Chappell. « Does Protagoras refute himself ? », CQ 45, 1995, p. 333-338 ; 64 N. O'Sullivan,
« Pericles and Protagoras », G&R oder Protagoras?
Zur grossen
42, 1995, p. 15-23; 65 B. Manuwald, « Plato
Rede
des Protagoras
(Plat. Prot. 320c8-328d2)»,
dans Chr. Müller-Goldingen et K. Sier (édit.), Festschrift C. W. Müller, Stuttgart 1996, p. 103-131; 66 B. Huss, « Der Homo-Mensura-Satz des Protagoras. Ein Forschungsbericht », Gymnasium 103, 1996, p. 229-257 ; 67 G. Fine, « Relativism and
self-refutation:
Plato,
Protagoras
and
Burnyeat»,
dans
J.Gentzler
(édit.),
Method in Ancient Philosophy, Oxford 1998 ; 67bis G. Fine, « Plato's refutation of Protagoras in the Theaetetus», Apeiron 31, 1998, p. 201-234; 68 F. Decleva Caizzi, « Protagoras and Antiphon: Sophistic debates on Justice», dans 69 A. A.
P 302 Long
PROTAGORAS D'ABDÉRE (édit.), The Cambridge
Companion
1703
to early Greek philosophy, Cambridge
1999 ; 70 P. Woodruff, « Rhetoric and relativism : Protagoras and Gorgias », dans Long 69, p. 290-310 ; 71 Mi-Y. Lee, Epistemology after Protagoras. Responses to relativism in Plato, Aristotle and Democritus, Oxford 2005; 72 U. Zilioli, Protagoras and the Challenge of Relativism. Plato's Subtlest Enemy, Ashgate 2007 ; 73 J. M. van Ophuijsen et M. van Raalte (édit.), Protagoras of Abdera : The Man, His Measure, Leiden (à paraitre).
Biographie. Protagoras (nom attesté en Thrace, en Scythie, dans le Bosphore, cf. 74 LGPN, vol. IV, p. 292), fils d'Artémon (D.L. IX 50) ou plutót de Maiandros (Apollodore
FGrHist
244 F 70, Dinon
FGrHist
690F6)
- les deux
noms
sont
également attestés dans ces régions ; citoyen de Téos (Eupolis, Les Flatteurs, 157 K.-A.) ou plutót d’Abdere, dont Téos est la métropole (Héraclide du Pont, fr. 150
Wehrli, etc.), semble né vers 490° (il pourrait être le père de Socrate, cf. Plat., Pror. 317 c); il fut, selon une tradition, élève des mages perses, sur l'ordre de Xerxes récompensant la riche hospitalité de son père lors de l'expédition contre la Grèce (Dinon, ibid. ; Philostrate, V. soph. I 10, explique ainsi ses déclarations agnostiques sur les dieux). Selon une tradition chronologiquement invraisemblable, éléve de Démocrite d’Abdere (»*D 70), qui l'aurait arraché à l'état de portefaix (D.L. IX
53, cf. surtout DK 80 A 15; voir aussi 75 W. Kullmann, « Zur Nachwirkung des homo-mensura Satz (...) bei Demokrit und Epikur », AGPh
51, 1969, p. 128-144).
Ce métier lui est attribué par Épicure, qui voit en lui un «tard venu au savoir» (cf. Épiméthée dans Plat. Prot. 361 c ? L'adjectif est employé en Soph. 251 b 6). Selon Aristote (Sur l'éducation, fr. 63 Rose), il aurait « découvert ce qu'on appelle la τύλη (« coussin » ou « bourrelet ») sur laquelle on porte les fardeaux ». Exerga le métier de « sophiste » (le premier, selon Plat., Prot. 317 b, à revendiquer ce titre général de «savant ») avec un succès constant pendant quarante ans
jusqu'à sa mort. Enseignait, en excluant calcul, géométrie, astronomie et musique, à bien délibérer dans les affaires domestiques et dans la cité (Plat., Prot. 318 e). Il
est réputé avoir été le premier à demander un salaire, fixe ou laissé au choix des élèves (Plat., Prot. 328 b; Aristote, E. N. IX, 1164 a 24-26) et avoir gagné plus d'argent que Phidias, jusqu'en Sicile (Plat., Ménon 91 d-e ; Hip. Maj. 282 e). Séjourna au moins deux fois à Athènes (Plat., Pror. 310 e, Athénée V, 218 b). Le premier séjour est présenté comme ancien dans le Protagoras et correspond peut-être à l’époque de la fondation, à l'instigation de Périclès, de la colonie panhellénique de Thourioi (444/443), pour laquelle, selon Héraclide du Pont (D.L. IX
50 = fr. 150 Wehrli ; ni Diodore XII 10, ni Plutarque, Périclès, 11, 5 n'en parlent), il fit des lois. Apollodore place son « sommet » à cette date. Plutarque (Pér., 36, 5) rapporte un entretien de Protagoras avec Périclés sur les «responsables» d'un meurtre involontaire dans un gymnase (le javelot, le lanceur ou les arbitres ? Le récit remonte vraisemblablement à Stésimbrote de Thasos; comp. Antiphon, Deuxième Tétralogie). Le second séjour, mis en scène dans les Flatteurs d’Eupolis en 421* et dans le Protagoras, regroupa divers sophistes chez Callias, fils d' Hipponicos (discussion sur la date dramatique du dialogue de Platon - impossible à fixer
P 303
PROTAGORAS D’ABDERE
1704
en raison d'incohérences dans les références platoniciennes — dés Athénée). Lors de ce second séjour, selon Platon, il aurait proposé un mythe sur l'origine des étres vivants et des sociétés humaines et un raisonnement sur l'éducation et les lois justifiant la pratique de la démocratie athénienne selon laquelle tout citoyen doit participer aux décisions politiques et judiciaires (cf. notamment Farrar 55 et 76 M. Narcy, «Le contrat social: d'un mythe moderne à l'ancienne sophistique », Philosophie 28, 1990, p. 32-56). Aurait été accusé d'impiété par un (futur ?) membre de l'oligarchie des Quatre Cents (412/411), Pythodoros, fils de Polyzelos, et exilé par les Athéniens. qui
« brülérent ses livres sur la place publique, aprés les avoir collectés par voie de héraut auprès de chacun de ceux qui en avaient acquis » (D.L. IX 52, cf. Eusèbe. P. E. XIV 19, qui place l'événement dans la 84* Olympiade [444-441]), à la suite de la lecture du Sur les dieux dans la maison d'Euripide, ou de Mégacleidés, ou au Lycée (Timon d’Athènes, fr. 779 L.J.-P. décrit Protagoras fuyant Athènes par peur du sort... de Socrate). Aristote rapporte selon Diogène Laërce l'accusation à Evathlos [&*E 67, Euathlos) (fr. 67 Rose): cf. l'anecdote sur le refus par Evathlos de payer son salaire à Protagoras et le procés qui suivit (Apulée, Aulu-Gelle). Cf. 77 D. Lenfant, « Protagoras et son procès d'impiété : peut-on soutenir une thèse et son contraire ? », Ktema 27, 2002, p. 135-154.
Il mourut,
semble-t-il, en pleine
gloire,
à 70 ans selon
Platon
(Men.
91 e;
cf. Apollodore). Fut-ce dans un naufrage alors qu'il gagnait la Sicile (Philochore apud D.L. IX 55)? Euripide y aurait fait allusion dans sa piéce perdue /xion, consacrée au héros Ixion, figure typique de l'homme qui outrage les dieux ; un mot de Platon (Théét.
171 d) évoque-t-il cette tradition ? Ou bien il serait simplement
mort pendant le voyage, selon d'autres (et à 90 ans). Disciples, école et postérité. Antimoiros de Mendé [»*A 198] (le plus connu, selon Plat., Prot. 315 a), Archagoras (ou Arsagoras) [»*A 305] fils de Théodotos
(D.L. IX 54: aurait fait la lecture publique du Sur les dieux), Callias (**C 16). fils d'Hipponicos (Plat., Cra. 391 b-c), Isocrate (»*I 38) et Prodicos de Céos [»*P 296] (Souda, Scholie à Platon, Rép. 600 c), Evathlos [»+E 67] (Apulée, Aulu-Gelle,
D.L. et cf. ci-dessus). Influence discutée sur le V* et le IV* siécles: voir, sur Hérodote III 80-82, les hypothèses de 78 P. Maas, Hermes 22, 1887, p. 581-595, sur Hérodote III 109, de
Demont 60, sur les Dissoi Logoi, de Gomperz 3, p. 138-192. Parodié dans Eupolis, Les Flatteurs, et Aristophane, Nuées (DK 80 C 2-3; ajouter v. 245-248 ?). Peutêtre évoqué dans Euripide, Bacch. v. 199-203 (DK 80 C 4). Sur les rapports avec Démocrite, cf. ci-dessus. Mis en scene par Platon (notamment Protagoras, Theetete, cf. par ex. Bodin 42, Maguire 39 et 47, Manuwald 65, Demont [dans 73] — qui réexamine aussi le rapport de l'Apologie du Théétète à [Hippocrate], De l'ancienne médecine).
Selon Aristoxéne
(D.L.
III 37 = fr. 67 Wehrli) ou plutót Favorinus
(D.L. 11 57 = fr. 60 Amato = 55 Barigazzi), la République de Platon plagierait les Arguments pour contredire de Protagoras.
P 302
PROTAGORAS D’ABDERE
1705
Range par Platon dans les « mobilistes » (Théét. 152 e), par Aristote aux côtés d'Héraclite (Métaph. K 6). Liens avec les Mégariques (cf. les interlocuteurs du Théététe et Théét. 142 c, et peut-étre Arist., Metaph.
© 3, 1047 a 6). A-t-il soutenu
l'impossibilité de la contradiction (comme le dit Plat., Euthyd. 286 c; voir aussi Arist., Métaph. T 4-5, cf. 79 B. Cassin et Michel Narcy, La décision du sens. Le livre Gamma
de la Métaphysique d'Aristote, Paris
1989) ? Réhabilité par Aelius
Aristide (sur sa réécriture rhétorique du « mythe de Protagoras », cf. 80 L. Pernot, « Platon contre Platon : le probléme de la rhétorique dans les discours platoniciens d'Aelius Aristide », dans M.
Dixsaut (édit.), Contre Platon,
t.1: Le platonisme
dévoilé, Paris 1993, p. 315-338). Rapproché et distingué des sceptiques, notamment par Sextus Empiricus. Rattaché aux athées, notamment dans l'apologétique juive et chrétienne. (Euvres. Non conservées. Leur reconstitution est trés incertaine.
(1) Ἀλήθεια.
La vérité. Le titre est donné
Œuvre écrite (Théét. 152 a, 161 c, Sextus Emp. VII 60) chez Aristote, Métaph. T 4, souvent par le latin « Homo
par Platon (Théét.
161 c, 166 d).
162 a, 166 d). L’ouvrage commençait (cf. Plat., Théét. par «la formule de Protagoras » (l'expression est déjà 1007 b 22-23, 5, 1009 a 6-7, O 3, 1047 a 6) résumée mensura ». Le texte est donné, avec de petites diver-
gences, par Platon (Théét. 152 a 2-4), Sextus (Adv. Math. VII 60) et D.L. (IX 51). Sextus donne un autre titre à l’œuvre : Καταβάλλοντες, Les Renversants, avec la
métaphore usuelle de la lutte appliquée à l'éloquence (cf. Aristoph., Nuées 1229, Eur., Bacch. 202, Démocrite DK 68 B 125). Diogène Laërce ne mentionne aucun
de ces titres. On a proposé diverses traductions, par ex. « L'homme est la mesure de toutes choses, de celles qui sont, qu'elles sont, de celles qui ne sont pas, qu'elles ne sont pas», ou bien: «L'homme est la mesure de toutes choses, il mesure comment sont les choses qui sont, comment ne sont pas les choses qui ne sont pas ». La formule est abrégée dès Platon (Cra. 385 e, pastiche dans Lois IV, 716 c) et Aristote (Métaph. 1 1, 1053 a 35-36, K 6 1062 b 12-19) ; dans le Théététe elle est identifiée à la définition de la science comme
sensation (αἴσθησις), puis glosée :
« Vraie est pour moi ma perception, car elle appartient toujours à mon étre (ou bien: à chaque fois elle est sensation de la réalité qui est mienne, trad. M. Narcy) et c'est moi qui juge, selon Protagoras, à propos de ce qui est pour moi, que c'est, et à propos de ce qui n'est pas, que ce n'est pas» (160 c 7-9), commentée par amalgame à Héraclite, Empédocle, Épicharme, Homère, en opposition à Parménide (152 e, 160 d); la formule est ensuite appliquée aussi aux opinions (τὸ δοχοῦν,
« ce qui semble à..., ce que pense» tel ou tel, 170 a). Plus loin, dans les paroles que préte Platon au sophiste pour sa défense, dites « Apologie de Protagoras », celui-ci affirme qu'étant «sage», il peut « changer» une «disposition » (ἕξις) en une « disposition meilleure », « bonne », mais non pas plus « vraie » (166 a - 167 d).
Rattacher peut-étre à ce changement la prétention de Protagoras à « rendre forte l'argumentation faible » au moyen du jeu, condamnable aux yeux d’Aristote, sur des usages différents du « vraisemblable » (εἰκός, Arist., Rhét.
1402 a 24). Inter-
P 303
PROTAGORAS D’ABDERE
1706
prétations modernes: cf. Untersteiner 36, p. 127-139 (critiqué par exemple par 81 R. F. Holland, « On making, sense of a philosophical fragment», CQ 6, 1956, p. 215-220): 82 J. Bollack, «Homme mesure », Mercure de France, mars, 1965, p. 481-496 ; Guthrie 38. p. 127-149 ; Schiappa 57, p. 19 n. 63 énumére avec biblio-
graphie les interprétations positiviste, humaniste, pragmatiste, sceptique, existentialiste, phénoménaliste, empiriste, utilitariste, relativiste avec variantes subjectiviste et objectiviste (Grote 16 a été important dans l'histoire de l'interprétation), interpretation infaillibiliste dans Fine 62bis ; voir aussi, sur la reprise inversée de proverbes traditionnels sur la richesse, Demont 59, et 82bis L. Soverini, Il Sofista e l'agorà, Pisa 1998, p. 57-65. Sur les rapports entre subjectivisme et relativisme et sur l'argument dit de la περιτροπή par lequel la formule se renverserait elle-méme selon Platon et, en un sens probablement différent, Sextus Empiricus, cf. notamment Burnyeat 43 et 44, à son tour discuté ensuite, par ex. Fine 67). Interprétation notable du verne "étre" dans 82ter C. H. Kahn, Essays on Being, Oxford/New York/Aukland 2009, p. 112-133. Huss 66 est utile particuliérement sur la bibliographie ancienne. (II) Περὶ
θεῶν.
Sur les dieux. Titre chez Eusébe
et D.L. IX 54. Une
phrase conservée, avec des variantes multiples (le texte de DK reconstitution).
Platon
fait dire à Protagoras:
«Pour
moi,
seule
80 B 4 est une
à propos
des
dieux,
j écarte de mes discours et de mes écrits toute affirmation sur leur existence ou leur non-existence » (Théét. 162 d 7-8, trad. A. Dies, cf. Cra. 400d?). Selon Timon d’Athenes (fr. 779 L.J.-P.), «on voulut réduire en cendres ses écrits (sur les
«livres » de Protagoras, cf. 83 P. Pfeiffer, History of classical scholarship, «t. 1» Oxford 1968, p. 31) parce qu'il avait écrit qu'il ne savait pas ni ne pouvait observer de quelle nature étaient les dieux ni qui ils étaient » (la suite est probablement un commentaire de Timon). Philodéme suit plutót la version de Timon, Cicéron a les
deux versions. Sextus cite: « Au sujet de quelle nature ils sont, car beaucoup 56). Une version ajoute: «l'absence courte » (D.L., Théophile, Eusébe, qui
des dieux,je ne peux dire ni s'ils existent, ni de choses m'en empéchent » (Adv. Marh. IX d'évidence, et la vie de l'homme, qui est adoptent dans le début de la citation l'alter-
native platonicienne). Sur ces ajouts et sur le sens, cf. par ex. Mansfeld 52. Platon
fait dire au Protagoras du Protagoras, mais dans un mythe proposé pour faire plaisir aux auditeurs : « Parce que l'homme eut part au lot divin, tout d'abord par sa parenté
avec
la divinité, seul entre
tous
les étres vivants, il crut aux
dieux
et se
mettait à construire autels et statues de dieux» (Prot. 322 a; texte souvent corrigé) ; il y fait aussi intervenir Zeus pour le salut de l'humanité (322 b-d). Selon
Platon, Protagoras faisait préter serment à ses disciples dans un sanctuaire lorsqu'ils fixaient eux-mêmes son salaire (Prot. 328 c: cf. Aristophane, Nuées v. 245249). (111) Ὀρθοέπεια. Le mot juste (Plat., Phédr. 267 d, mais ce n'est peut-être pas un titre exact ; cf. Cra. 391 b-c, 386 a; voir Pfeiffer 83, p. 280-281). Parodie probable dans Aristoph., Nuées v.658-693 (avec la note de K.J. Dover au v. 638). Protagoras distinguait les genres masculin. féminin et «objets » (Aristote, Rhet. III
P 302
PROTAGORAS D'ABDÈRE
1707
5, 1407 b 6), critiquait dans le premier vers de l'//iade d'Homere l'attribution du genre féminin à un mot de sens masculin et l'emploi de l'impératif au lieu de l'optatif (« Chante la colére », Aristote, Réf. Soph. 173 b 17 sqq., Poét. 1456 b 15). Le POxy. 221 (scholie à /l. XXI 240) montre que Protagoras pratiquait aussi l'ana-
lyse de la composition
des poémes
homériques
avec le vocabulaire rhétorique
(«transition », « amplification »). La distinction entre bonne et mauvaise poésie (Plat., Prot. 338 e) se fondait sur la forme et le fond (voir la discussion du Prota-
goras sur des vers de Simonide, avec Pfeiffer 83, p. 32-33 et 37-39). Il aurait aussi (D.L. IX 54) distingué plusieurs types (4 ou 7) de discours en fonction de l'énonciation, analyse la différence des temps et étudié le καιρός « moment opportun »
(D.L. IX 52). (IV) Titres douteux.
(1) Ἀντιλογιῶν a’ β' (D.L.) ou Ἀντιλογικά (Aristoxène, ou Favorinus dans D.L. III 37 et 52), Antilogies ou Arguments pour contredire. C'est peut-étre un
autre titre pour (I). Platon, aprés des allusions aux « arguments pour contredire » concernant les différents arts, écrit: «Il me semble que tu parles des traités de Protagoras sur la lutte et sur le reste des arts » (Soph. 232 d-e). Comp. la condam-
nation des « arts » dans Plat., Pror. 318 e. Il est donc difficile de lui attribuer un Art des arguments éristiques (Τέχνη ἐριστικῶν, D.L. IX 55: titre qui vient peut-étre de la condamnation d'Aristote. Mais Timon de Phlionte, qu'il cite [D.L. IX 52 = fr. 821 L.J.-P.] décrit de fait Protagoras comme « habile à l'éristique »). Titre parfois élargi en L'art, scil. l'art rhétorique (Quint., III 1, 10; cf. Cic., Brut. 12 = Aristote, fr. 137 Rose ; D.L. IX 52).
(2) Περὶ πάλης, Sur la lutte (cf. ci-dessus). (3) Περὶ « Protagoras nait que « le avec Zénon
τῶν μαθημάτων, Sur les mathématiques (rapprocher peut-être réfutant les géométres » [Aristote, Métaph. B 2, 998 a 2-4]: il soutecercle ne touche pas la régle en un point » ; comp. aussi la controverse sur le bruit d'un grain de millet qui tombe et celui de sa dix-milliéme
partie
29
[DK
A
29];
voir aussi
Philodéme
[dans
DK
Nachtrag,
p. 425,
où
la
condamnation évoque Isocrate], avec les remarques de Mansfeld 52, p. 50 n. 40, sur l'établissement du texte).
(4) Περὶ πολιτείας, Sur la république.
(5) Περὶ φιλοτιμίας, Sur l'ambition. (6) Περὶ ἀρετῶν, Sur les vertus.
(7) Περὶ τῆς ἐν ἀρχῇ καταστάσεως,
Sur l'état primitif (est-ce le mythe du
Protagoras ?).
(8) Περὶ τῶν ἐν Ἅιδου, Sur le monde d’Hades.
(9) Περὶ τῶν οὐκ ὀρθῶς τοῖς ἀνθρώποις πρασσομένων, Sur les actes incorrects des hommes. (10) TIpootaxrıxög, Sur le commandement.
1708
PROTAGORAS D’ABDERE
P 303
(11) Δύκη ὑπὲρ μισθοῦ, Plaidoirie sur son salaire (cf. ci-dessus sur le fameux
procés qui l'aurait opposé à son disciple Evathlos). ££
|I,
M
mort de ses enfants (Plut., Cons. Apoll. 118 E). (13) Porphyre dit avoir lu un « Sur l'étre » (ap. Eus., P. E. X 3, 25).
(14) Le Paris. gr. suppl. 319 (Anecd. Par., éd. Cramer I 171,31) cite le « grand traité ». PAUL DEMONT.
303
PROTAGORAS
DE LYCIE
MV
Personnage, sans doute fictif, mentionné comme l'école de Hiéroclés
d'Alexandrie
(»*H
un ancien condisciple dans
126) par Euxithéos
de Syrie (»E
182a, à
paraitre dans les compléments du tome VI) dans le dialogue Théophraste d'Énée de Gaza (**A 64). RICHARD GOULET.
304
PROTARQUE
RE !
F V*
Athénien, fils d'un certain Callias, il est l'interlocuteur de Socrate dans le Philèbe. Ce ne semble pas être le fils de Callias III (»»Ὸ 16), contrairement à ce
que nous avons dit dans cette notice (t. II, p. 167); dés lors, on ne sait rien sur lui. Selon J.-F. Pradeau, Platon, Philèbe, coll. GF 705, Paris 2002, p. 10 n. 1, cet interlocuteur de Socrate serait tout aussi fictif que son maitre Philébe. Cf. PA 12289 ; LGPN II 4; D. Nails, The People of Plato, p. 257. LUC BRISSON.
305
PROTARQUE
DE BARGYLIA
RE 5
DM II^
Épicurien, présenté par Strabon (XIV 2, 20; 658 C.) comme l'une des célébrités
de Bargylia en Carie et le maitre (καθηγησάμενος) de Démétrius dit Lacon (»*D 60). Cf. E. Puglia (édit.), Demetrio Lacone. Aporie testuali ed esegetiche in Epicuro (PHerc. 1012). Edizione, traduzione e commento a cura di E.P. Precedono testimonianze su Demetrio Lacone ordinate da M. Gigante, coll. «La Scuola di Epicuro» 8, Napoli 1988, oü le témoignage de Strabon a été numéroté T 2. W. Crónert, SPAW 1900, p. 999, a identifié à Protarque de Bargylia le Protarque. dédicataire du commentaire d'Hypsiclés sur les Éléments d'Euclide (Τὰ εἰς Εὐκλείδην ἀναφερόμενα, t. V 1, p. 1, 1 Heiberg-Stamatis). Voir V. De Falco, L'epicureo
Demetrio
Lacone,
Napoli
1923,
p. 6, et W.
Crónert,
Kolotes
und
Menedemos, p. 88. Sur Bargylia, voir L. Bürchner, art. « Bargylia », RE III I, 1897, col. 15-16; Gernot Lang, Klassische Antike Stätten Anatoliens, t. 1l: Larisa-Zeleia, St. Peter am Hart 2003, p. 237 (ou 238)-242 (oü Protarque est toutefois confondu avec un "Kameenschneider").
J.-L. Ferrary, Philhellénisme et impérialisme,
Rome
1988. p. 445 n. 33, rappelle qu'on
a
parfois à tort inscrit Protarque dans la liste des scholarques épicuriens. Voir encore T. Dorandi.
P 3086
PROXENOS DE SYBARIS
1709
G. Indelli et A. Tepedino Guerra, « Per la cronologia degli scolarchi epicurei », CronErc 9, 1979, p. 141-142. En tout cas, il n'est pas mentionné dans la succession de scholarques conservée par Diogene Laérce X 25. RICHARD GOULET.
306
PROTÉRIUS DE CÉPHALÉNIE
RE |
FIV
A la fin de la vie de Priscus de Thesprotie (** P 282), mort en Grèce à l'époque de l'incursion des Goths d'Alaric en 396, Eunape de Sardes (V. Soph. VIII
11-15)
rapporte que d'autres (philosophes ou en tout cas intellectuels) «quittérent la vie les uns par chagrin, les autres décapités par les barbares ». Il mentionne Protérius, de
l'ile de
homme de Hilarius de philosophe. détails dans 3 Blockley).
Céphalénie
(sur
la mer
ionienne),
que
l'on
considérait
comme
un
bien, et un peintre athénien qu'Eunape connut personnellement, Bithynie (»*H 133). Il n'est pas dit toutefois que Protérius ait été un Eunape se proposait de raconter tous ces événements avec plus de une section qu'il n'avait pas encore rédigée de son Histoire (cf. fr. 64, RICHARD GOULET.
307
PROXÉNOS DE POSEIDONIA Pythagoricien (V. pyth.
36,
267,
RE ΤΙ
ancien
dont
le nom
p. 145,
9 Deubner
figure dans =
1 DK
remonter à Aristoxéne de Tarente. Son nom G. Benseler,
Wörterbuch
der griechischen
58
le catalogue
A, t. I, p. 447,
de Jamblique 6), qui
semble
est répertorié dans 2 W. Pape et
Eigennamen,
t. TI, p. 1262, ainsi que
dans le 3 LGPN, t. III A, p. 378. Cf. 4 Κ. Ziegler, art. « Proxenos» 11, RE XXIII 1, 1957, col. 1033. Dans le catalogue de Jamblique, un Proxénos pythagoriciens de Sybaris ; voir la notice suivante.
figure également
parmi
les
N.B. Il est important de souligner que les homonymes sont un phénoméne récurrent dans le catalogue des pythagoriciens transmis par Jamblique-Aristoxéne, où, à part les deux Proxenoi, l'on rencontre encore non moins de sept (7) paires d'homonymes (Archippos de Tarente et de Samos ; Bryas de Crotone et de Tarente ; Dioclés de Sybaris et de Phlionte ; Euandros de Crotone et de Métaponte ; Eurytos de Métaponte et de Tarente ; Hipposthénès de Crotone et de Cyzique ; Timée de Crotone et de Paros) - sans compter Hippon, qui dans le catalogue figure parmi les Samiens, alors que la plupart des autres sources font de lui un originaire de l'Italie du Sud. Ces homonymies peuvent trés bien étre dues au hasard, mais il est tout aussi légitime de se demander si elles ne seraient pas le signe d'une double inscription d'un membre aux registres de la secte / hétairia, d'une hésitation d'attribution de la part d’Aristoxène ou de la tradition, ou encore d'un rapport pére — fils ou grand-pére — petit-fils entre deux personnes ayant vécu dans des cités différentes, le fils ou le petit-fils ayant pris le nom de son père ou de son grand-père, selon une pratique assez courante dans la Gréce antique. CONSTANTINOS
308
PROXÉNOS DE SYBARIS Pythagoricien
ancien
dont
MACRIS.
RE 12 le nom
figure
dans
le catalogue
de Jamblique
(V. pyth. 36, 267, p. 144, 20 Deubner = 1 DK 58 A, t. I, p. 446, 31), qui semble remonter à Aristoxéne de Tarente. Son nom est répertorié dans 2 W. Pape et
1710
PROXENOS DE SYBARIS
P 308
G. Benseler, Wörterbuch der griechischen Eigennamen, t. II, p. 1262, ainsi que dans le 3 LGPN, t. IIl A, p. 378. Cf. 4 Κ. Ziegler, art. « Proxenos» 12, RE XXIII 1, 1957, col. 1033.
Un Proxénos figure également parmi les pythagoriciens de Poseidonia ; voir la notice précédente. CONSTANTINOS MACRIS.
309
PROXÉNOS DE THEBES
va
Originaire de Béotie (Xénophon, Anabase I 1, 11; II 5, 31; II 6, 16), et plus précisément de Thèbes (ibid. II 1, 10). De longue date hôte de Xénophon
(ξένος
ὧν ἀρχαῖος), il l'invita à le rejoindre à Sardes où il séjournait déjà auprès de Cyrus le Jeune pour l'introduire auprès de ce dernier (Xen., An. III 1, 4; D. L. II 49); s'étant rendu à l'invitation, Xénophon, sur les instances conjuguées de Proxéne et de Cyrus lui-méme, se joignit à l'expédition dont, dit-il, comme Proxéne lui-méme et tous les Grecs à l'exception de Cléarque, il ignorait le but véritable (An. III 1. 910). Aprés la bataille de Cunaxa, oà Cyrus perdit la vie, Proxéne tomba avec les autres généraux grecs dans le guet-apens tendu par Tissapherne et eut la téte tranchée. Il avait alors (en septembre 401°), selon Xénophon, environ trente ans (An. II 6, 20), ce qui situe sa naissance vers 431°.
Diogéne Laërce le qualifie d'éléve (μαθητής) de Gorgias (**G 28), mais cela ne fait nullement de lui un sophiste: c'est dans le but de «devenir un homme
capable de grandes actions (γενέσθαι ἀνὴρ rà μεγάλα
πράττειν
ἱκανός)».
indique Xénophon, qu'il « donna de l'argent à Gorgias de Léontinoi », ensuite de quoi il entra aussitót dans les affaires de Cyrus (An. II 6, 16-17). À cette information, Xénophon ajoute un portrait fort élogieux de son ami, qui n'ambitionnait, écrit-il, d'arriver à ses fins que par des voies honnétes et ne connaissait d'autre facon de commander que de complimenter ceux qui agissaient bien et de s'abstenir d'éloges à l'égard de qui commettait l'injustice (ibid. 18-20). Ce portrait contraste avec celui, fort défavorable, que donne aussitót aprés (21-29) Xénophon de Ménon (»M
137), dont nous savons par le dialogue de Platon qui porte son nom
qu'il
était aussi un disciple de Gorgias : curieusement, Xénophon, lui, ne fait à propos de Ménon aucune mention de Gorgias. Cf. H. Gundel, art. « Proxenos » 3, RE XXIII 1, 1957, col. 1029-1032. MICHEL NARCY.
310
PRYTANIS DE CARYSTOS
RE 5
111?
Philosophe péripatéticien et législateur.
Cf. 1 K. Ziegler, art. « Prytanis» 5, RE XXIII 1, 1957, col. 1158; 2 F. Wehrli, GGP, Antike 3, p. 581; 3 F. Wehrli t, G. Wóhrle et L. Zhmud, GGP, Antike 3, 2*
éd. (2004), p. 619 (la notice a été revue et complétée) ; 4 R. Kassel. « Der Peripatetiker Prytanis», ZPE 60, 1985, p. 23-24 (= Kleine Schriften, hrsg. von H.-G. Nesselrath, Berlin/New York 1991, p. 351-352).
P310
PRYTANIS DE CARYSTOS
1711
Prytanis est le fils d'Astyleides de Carystos dans l'ile d'Eubée selon un décret honorifique découvert en 1933 sur l’ Agora d'Athènes et daté de septembre 226 av.
J.-C. (les deux références au roi macédonien Antigone Dósón [t 221] ont été grattées sur la pierre, comme marque de damnatio memoriae) ; on trouvera l'inscription dans 5 A. G. Woodhead (édit.), The Athenian Agora, t. XVI, 1997, n? 224, p. 321-324 (une traduction italienne figure dans 6 L. Moretti, Iscrizioni storiche ellenistiche, testo critico, traduzione e commento a cura di L. M., Firenze 1967, n? 28, p. 60-63; le texte grec et une traduction frangaise se lisent dans 7 S. Le Bohec, Antigone
Dósón,
roi de Macédoine, coll.
« Études
anciennes»
9, Nancy
1993, p. 185-187 ; commentaire, p. 41 et p. 187-189). Prytanis est honoré pour les services rendus au peuple athénien et en particulier pour avoir conduit une ambas-
sade au nom d’Athenes auprés d'Antigone (on pourra comparer, par exemple, cet événement avec l'ambassade athénienne auprès d' Antipatros à la fin de la guerre lamiaque, aprés la bataille de Crannon en 322*, à laquelle participa le platonicien Xénocrate de Chalcédoine [cf. Kassel 4, p. 24/352; D. L. IV 9; sur la question de la particiption de philosophes, méme non-citoyens, à des ambassades, cf. 8 Chr. Habicht, Athènes hellénistique. Histoire de la cité d'Alexandre le Grand à Marc Antoine, traduit par M. et D. Knoepfler, Paris, 2006? (2000), p. 125-126 et 198 (sur
le décret de 226°); 9 D. Kienast, art. « Presbeia», RESuppl. XIII, 1973, col. 499628, en particulier, col. 590-593]). Sur l'activité politique de Prytanis, cf. en dernier lieu 10 M. Haake, Der Philosoph in der Stadt, München
2007, p. 89-99 (on
trouvera une transcription partielle de l'inscription [li. 12-25] avec une traduction allemande, p. 90-91). Par Polybe (V 93, 8) nous savons encore que Prytanis avait été choisi par Antigone Dósón pour rédiger les lois de la cité de Mégalépolis (forme qu'il faut préférer à Mégalopolis selon D. Knoepfler) qui fut détruite par le roi de Sparte Cléoméne en automne 223° (sur la date de cette νομοθεσία, immédiatement avant la destruction ou juste aprés, cf. Haake 10, p. 89 n. 326). Ce philosophe faisait partie, nous dit Polybe, «des hommes en vue, issus de l'école péripatéticienne» (τῶν ἐπιφανῶν ἀνδρῶν Ex τοῦ Περιπάτου xai ταύτης τῆς αἱρέσεως). De son activité littéraire Plutarque (Quaest. conv. 612 d [préface]) nous apprend seulement que Prytanis s'était illustré dans le genre du « banquet », comme d'autres représentants du Péripatos, Aristote en téte et Hiéronymos de Rhodes (**H 129). Parmi ses disciples on ne connait que le poète Euphorion de Chalcis (**E 127)
en Eubée, dont la Souda nous dit qu’il aurait eu comme l'académicien Lacydes (»*L
11) et Prytanis (E 3801
maîtres en philosophie
«Εὐφορίων»;
cf. 11 B. A.
van Groningen, Euphorion, Amsterdam 1977, T 1, p. 1-6); on comprendra sur fond de relation maitre à disciple l'anecdote rapportée par Hégésandros de Delphes, chez Athénée, à propos d'un banquet oü le poéte Euphorion est invité chez Prytanis (XI, 477 e; l'anecdote révèle aussi l'aisance matérielle du philosophe). Comme Euphorion est né, selon la Souda, dans la 126* olympiade (276273), que le disciple est censé étre plus jeune que le maitre et que Prytanis pouvait
1712
PRYTANIS DE CARYSTOS
P310
avoir soixante ans ou un peu plus en 222° lors de son activité de législateur, on peut conclure qu'il est né un peu avant 280*. La présence de Prytanis parmi les διάδοχοι dans une Vie d'Aristote [Vita Menagiana = Vita Hesychii 9 Düring] serait due à une interpolation (pour le texte et le commentaire, cf. 12 I. Düring, Aristotle in the ancient biographical tradition, Góteborg 1957, p. 80-93; l'auteur parle de « apocryphal list of diadochs », p. 90). Sur
cette
liste, énumérant
dans
l'ordre
les successeurs
d'Aristote:
Théophraste,
Straton, Praxitélés (**P 278), Lycon (**L 83), Ariston (»*A 396), Lyciscos (voir tome VI), Praxiphane (»+P 277), Hiéronymos (»*H 129), Prytanis (*»P 310). Phormion, Critolaos (»*C 219), voir, en outre, 13 K. O. Brink, art. «Peripatos »,
RESuppl. VY.
1940, col. 908-909, et 14 J. P. Lynch, Aristotle's School, p. 141
n. 12. JEAN-PIERRE SCHNEIDER.
311
PSAMMÓN
RE
Iv?
«Philosophe» égyptien dont Alexandre le Grand fut l'auditeur. Il aurait déclaré : « Dieu est le roi de tous les hommes parce qu'un principe divin commande et gouverne en chacun d'eux». Mais Alexandre aurait en réponse émis une opinion «encore plus philosophique », au dire de Plutarque: « Dieu sans doute est le pere commun de tous les hommes, mais il adopte spécialement comme siens les meilleurs d'entre eux » (Plutarque, Alexandre 27, 20-11, trad. Chambry-Flaceliére). Pour la formule d' Alexandre, voir également Reg. et Imp. Apopht.,
180 D.
RICHARD GOULET.
312
PSELLOS (MICHEL -) RESuppl.
1018 - ca 1081
L'un des penseurs les plus savants et les plus fascinants du moyen-äge byzantin. Bien que son nom de baptéme füt Constantin, il est mieux connu par son nom de moine: Michel. Sa famille était originaire de Nicomédie, mais il naquit à Constantinople en 1018 et mourut à une date postérieure à 1081 (cf. 1 D.I. Polemis, « Notes on eleventh century chronology
(1059-1081)», ByzZ 58,
1965,
p.60-76; 2 P. Gautier, «Monodie inédite de Michel Psellos sur le basileus Andronic Doucas », REByz 24, 1966, p. 159-164 ; 3 A. D. Karpozilos, « When did Michael Psellus die ? The evidence of the Dioptra », ByzZ 96, 2003, p. 671-677). Il étudia avec Jean Mauropous et il eut comme condisciples les futurs patriarches Jean Xiphilin et Constantin III Leichoudés, ainsi que Constantin X Doucas qui devint par la suite empereur. Il exerga des fonctions dans l'administration civile sous Constantin
IX
Monomachos
(1042-1055)
et regut
le titre de « Consul
des
philosophes » en tant que directeur de l'école de philosophie à Constantinople. En 1054 il dut abandonner ce poste pour des raisons politiques et prit l'habit monastique au monastere de l'Olympe en Bithynie. I] revint rapidement à Constantinople. mais il n'eut plus l'occasion de jouer un róle politique, méme s'il resta la plus grande partie de sa vie un intellectuel de la cour. On ne dispose d'aucune information fiable sur la derniére partie de sa vie.
P312
PSELLOS (MICHEL -)
1713
Psellos était un polymathe et un auteur extrêmement prolifique. Ses œuvres incluent des ouvrages historiques, dont le plus important est la Chronographie, une histoire des années 976-1078, que l’on peut décrire davantage comme des mémoires que comme un ouvrage d'histoire classique dans la mesure où il s'attache à dépeindre des caractéres plutót qu'à relater des événements politiques (4 É. Renauld [édit.], Chronographie ou histoire d'un siécle de Byzance (976-1077), 2 vol., Paris 1926-1928 (réimpr. Paris 1967); 5 S. Impellizzeli [édit.], Imperatori di Bisanzio (Chronografia), 2 vol., Vicenza 1984); il écrivit un autre ouvrage historique de moindre envergure sous la forme d'une chronique universelle (6 W.J. Aerts [édit.], Historia syntomos, Berlin/New York 1990). Il est également
l'auteur d'écrits théologiques (7 P. Gautier [Edit.], Theologica I, Leipzig 1989; 8 L. G. Westerink et J. M. Duffy [édit.], Theologica Il, München/Leipzig 2002), de poèmes (9 L.G. Westerink [édit.], Poemata, Stuttgart/Leipzig 1992), d'ouvrages sur le droit, la géographie, l'art militaire, la médecine et la musique. Ses discours sont réputés en tant qu'exemples du style rhétorique et ils contiennent beaucoup d'information historique (10 U. Criscuolo (édit.], Orazione in memoria di Constantino Lichudi, Messina 1983; 11 A. R. Littlewood [édit.], Oratoria minora,
Leipzig 1984: 12 E. A. Fisher [édit.], Orationes hagiographicae, Stuttgart/Leipzig 1994 ; 13 G. T. Dennis [édit.], Orationes panegyricae, StuttgarULeipzig 1994). Ses panégyriques les plus connus sont ceux de Michel Cérulaire et de Jean Xiphilin (14 U.
Criscuolo
[édit.],
Epistola
a
Giovanni
Xifilino,
Napoli
1990;
15
U.
Criscuolo [édit.], Epistola a Michele Kerulario, Napoli 1990), ainsi que celui de sa mère
(16
U.
Criscuolo
[édit.],
Encomio
per
la
madre,
Napoli
1989).
Nous
disposons enfin d'une collection de quelque cinq cents lettres (17 K. N. Sathas, Miscellanea, coll. « Mesaionike Bibliotheke » 5, Venise/Paris 1876; 18 P. Gautier, « Quelques lettres de Psellos inédites ou déjà éditées», REByz 44, 1986, p. 111197 ; 19-20 E. V. Maltese, « Epistole inedite di Michele Psello,
I & II», SIFC 5,
1987, p. 82-98, et p. 214-223; 21 E. V. Maltese, «Epistole inedite di Michele Psello, III», SIFC 6, 1988, p. 110-134). Psellos a enseigné toutes les parties de la philosophie (c'est-à-dire la logique, la philosophie naturelle, les mathématiques et la métaphysique). Il était sans nul doute un des plus grands érudits des XI*-XII* siècles et il contribua grandement au renouveau des études philosophiques à Byzance. Son enseignement consistait en particulier à lire et commenter les ceuvres des anciens philosophes, notamment les ouvrages de logique d'Aristote, qui lui paraissaient de nature à jouer un róle propédeutique pour l'étude ultérieure de problémes philosophiques plus importants, mais aussi à assurer un exercice intellectuel préparant à la controverse avec les doctrines hérétiques. Psellos a ainsi commenté et paraphrasé des traités de l'Organon
d'Aristote
(Catégories,
De
interpretatione,
Premiers
Analytiques:
cf. 22 K. lerodiakonou, «Psellos' paraphrasis on Aristotle's De interpretatione », dans 23 K. lerodiakonou [édit.], Byzantine Philosophy and its Ancient Sources, Oxford 2002, p. 157-181). Le commentaire sur la Physique d'Aristote qui lui est attribué par certains manuscrits (24 L. G. Benakis [édit.], Kommentar zur Physik des Aristoteles, coll. « Corpus Philosophorum
P 312
PSELLUS (MICHEL -)
1714
Medii Aevi. Commentaria in Aristotelem Byzantina », Athénes 2008) a été récemment identifié comme l’œuvre de Georges Pachymère (cf. 25 Pantelis Golitsis, « Un commentaire perpétuel de Georges Pachymère à la Physique d' Aristote, faussement attribué à Michel Psellos», ByzZ 100.
2007. p. 637-676).
De plus, Psellos écrivit un grand nombre de courts traités à propos de problèmes philosophiques particuliers soulevés, au moins en partie, par ses disciples, comme par exemple la distinction entre homonymes et synonymes, la caractéristique de la substance en tant qu'existante en elle-méme (authuparktos), les formes platoniciennes, l'unité de l'âme et du corps, le probléme du mal, les songes, etc. (26 E. Kurtz et F. Drexl [édit.], Scripta minora, 2 vol., Milano
1936-1941 ;
27 J. Duffy [édit.], Philosophica minora, 1. Opuscula logica, physica, allegorica, alia, Stuttgart
1992; 28 D. J. O'Meara
[édit.], Philosophica minora, 2. Opuscula
psychologica, theologica, daemonologica, Leipzig 1989). Il a également compilé une petite encyclopédie intitulée De omnifaria doctrina, un ensemble de brefs résumés concernant différentes notions philosophiques, scientifiques et giques (29 L. G. Westerink [édit.], De omnifaria doctrina, Utrecht 1948).
théolo-
Un grand nombre des ouvrages qui lui sont attribués sont pseudépigraphes, par exemple l'ouvrage intitulé De daemonibus (30 P. Gautier, «Le De daemonibus du Pseudo-Psellos », REByz
38,
1980, p. 105-194 ; cf. également
31 I. N. Pontikos
[édit.], Anonvmi Miscellanea Philosophica. A Miscellany in the Tradition of Michael Psellos (Codex Baroccianus Graecus 131), coll. « Corpus Philosophorum Medii Aevi. Philosophi Byzantini», Athénes 1992). Pour un répertoire détaillé des sources manuscrits de toutes les œuvres attribuées à Psellos (il y en a 1100). avec
une bibliographie complète, voir 32 P. Moore, /ter Psellianum, Pontifical Institute of Mediaeval Studies, Toronto 2005. Méme s'il portait beaucoup d'intérét aux traités d'Aristote, il ne fait pas de doute que les préférences de Psellos se portaient nettement vers Platon et les néoplatoniciens. Ses œuvres montrent qu'il lut attentivement Plotin (»*P 205), Porphyre (»*P 263), Jamblique (»*13) et notamment Proclus (»*P 292), qu'il
considérait comme une autorité parmi les auteurs anciens. Il connaissait bien également la plupart des commentateurs grecs, qu'il utilisait comme des guides précieux pour comprendre les œuvres de Platon et d'Aristote, et il leur emprunta beaucoup. C'est le cas par exemple pour Alexandre d'Aphrodise (»*A 112), Ammonius
(»*A 141), Philopon
(»*P 164) et Olympiodore
(»*O 17). De
façon
générale, Psellos avait une bonne connaissance de tout le corpus de la philosophie grecque, qui était à son époque un peu plus large qu'il ne l'est aujourd'hui, puisqu'il pouvait lire et utiliser certaines œuvres qui sont maintenant disparues: par exemple, le Commentaire sur Plotin de Proclus, son Commentaire sur les Oracles chaldaiques, les traités V à VII de Jamblique Sur le pythagorisme et probablement
encore
d'autres
ouvrages
qui
n'ont
pas
encore
été
identifiés
(cf. 33 D. O'Meara, Pythagoras Revived, Oxford 1989). En philosophie, Psellos n'était peut-étre pas un grand innovateur, mais il tenta systématiquement de réconcilier le dogme chrétien avec les anciennes traditions
P312
PSELLOS (MICHEL -)
1715
philosophiques. Cet effort nécessitait parfois une certaine réflexion indépendante de sa part, laquelle se traduisait par de légéres modifications dans les arguments fournis par les textes anciens ou par d'intéressants compléments à des positions déjà établies. Mais on ne peut certainement pas dire qu'il était révolutionnaire ou qu'il ait défendu des positions culturelles extrémistes l'ayant amené à renoncer au christianisme en faveur de la religion helléne (cf. 34 A. Kaldellis, The Argument of Psellos' Chronographia, Boston 1999). Il est vrai toutefois que dans ses tentatives pour faire progresser le savoir philosophique il fut souvent attaqué sur son orthodoxie théologiques, si bien qu'il dut souvent se montrer prudent en se distinguant des doctrines hérétiques, par exemple dans ses écrits sur les Oracles chaldaiques (35 M. Tardieu, « Un texte négligé de Psellus sur les Oracles Chaldaiques », ByzZ
73, 1980, p. 12-13; 36 E. des Places, «Quelques progrés récents des études sur Michel Psellus en relation surtout avec les Oracles Chaldaiques », Orpheus, n.s. 9, 1988, p. 344-348; 37 P. Athanassiadi, « Byzantine commentators on the Chaldaean Oracles: Psellos and Plethon », dans Ierodiakonou 23, p. 237-252). Psellos était profondément convaincu que le philosophe devait posséder de larges connaissances et il a souvent insisté sur l'importance de la polymatheia, c'est-à-dire une curiosité sans limite et un large savoir: il y faisait appel pour justifier l'étude des textes paiens de l'Antiquité. On trouve dans les ouvrages de Psellos de nombreux passages où il souligne l'importance de la réflexion philosophique rationnelle, du syllogisme logique, et notamment des démonstrations : il y voyait une capacité caractéristique des étres humains leur permettant de comprendre la réalité et en particulier le monde de la nature. De plus, Psellos soutenait explicitement que le raisonnement logique ne conduisait pas à un conflit avec la doctrine chrétienne ; au contraire, l'utilisation du syllogisme logique est présentée comme un instrument indispensable dans notre recherche de la vérité. En méme temps, toutefois, Psellos opposait au genre de savoir que nous obtenons par le raisonnement logique, un autre savoir, c'est-à-dire la sagesse ou la dialectique, qui ne peut étre acquise ni par la démonstration ni par le raisonnement inductif. Car il y a des vérités, selon Psellos, qui ne peuvent pas étre comprises par la pensée rationnelle, des réalités ineffables qui se situent au-delà de la démonstration. De fait, Psellos, qui en appelait à l'autorité de Platon, soutenait que la quéte de l'ineffable et du surnaturel constituait le but ultime de la philosophie. C'est ce qui explique la place accordée à des croyances et des pratiques non logiques ou non rationnelles concernant des phénomènes à première vue surprenants (paradoxa). Car puisque nous n'avons aucun moyen de comprendre rationnellement méme les secrets de la nature, il peut étre utile de préparer notre esprit, au moins jusqu'à un certain point, afin de les saisir par l'intuition ; et l'étude prudente de doctrines qui traitent de l'ineffable, contribue, selon Psellus, à une telle préparation. C'est donc dans une telle perspective que Psellos juge approprié de prendre en compte les Oracles chaldaiques. Car bien que la tradition chaldaique fasse place à des conceptions paiennes et des pratiques théurgiques inacceptables, Psellos maintient que l'étude des Oracles chaldaiques, à la différence de l'utilisation des méthodes logi-
P312
PSELLUS (MICHEL -)
1716
ques. prépare notre esprit pour la saisie de l'ineffable. Psellos croit en effet que les Oracles chaldaiques concernaient quelque chose que nous ne pouvons pas comprendre avec la pensée rationnelle; il faut plutót une sorte d'illumination (ellampsis) qui élève l’äme et lui permet d'atteindre la vision ultime des secrets de la nature. Par conséquent, Psellos considérait que l'esprit humain est capable de saisir la vérité à la fois par le moyen de la raison et gráce à une illumination ; autrement dit, il existe des réalités qui peuvent étre connues par la raison, tandis que d'autres, c'est-à-dire les principes ultimes de la réalité, ne peuvent étre connus que par une illumination. Bien qu'il soit difficile de tracer la ligne de démarcation entre les réalités connues par la raison et celles connues par illumination, Psellos dans plusieurs de ses ouvrages nous donne à tout le moins une certaine idée de la façon dont il comprend la notion d’illumination; il la décrit comme un état qui présuppose l'arrét de toute pensée rationnelle et l'arrivée du silence au terme de beaucoup de perturbation. En cela, Psellos suivait clairement les néoplatoniciens et en particulier Proclus, avec cette différence que chez Proclus l'illumination de l'àme
vient de l'Intellect, tandis que chez Psellos l'Intellect néoplatonicien est remplacé par le Dieu chrétien. Il ne fait pas de doute que Psellos joua un rôle important dans le renouveau de l'étude savante de la philosophie ancienne, mais en méme temps il sut échapper à l'accusation d'hérésie, contrairement à son disciple Jean Italos.
Études d'orientation. 38 Ch. Barber et D. Jenkins, Reading Michael Psellos, Leiden 2006 ; 39 R. Browning, « Enlightment and repression in Byzantium in the eleventh and twelfth centuries », P&P 69, 1975, p. 3-23; 40 C. Chamberlain, « The
theory and practice of Imperial Panegyric in Michael Psellus», Byzantion 56, 1986, p. 16-27 ; 41 B. Dalsgaard Larsen, « Les traités de l’âme de Saint Maxime et de Michel Psellos dans le Parisinus graecus 1868 », CIMA 30, 1979, p. 1-32; 42 J. Duffy, « Tzetzes on Psellos », dans 43 C. F. Collatz er al. (édit.), Dissertatiunculae
criticae : Festchrift für Günther Christian Hansen, Würzburg 1998, p. 441-445 ; 44 J. Duffy, «Hellenic philosophy in Byzantium and the lonely mission of Michael Psellos », dans Ierodiakonou 23, p. 139-156; 45 J. Gouillard, «La religion des philosophes », TM 6, 1976, p. 305-324; 46 K. Ierodiakonou, «Rationality and revelation in eleventh and twelfth century Byzantium », dans 47 E. Homann et A. Krüger
(édit),
De
usu
rationis.
Vernunft
and
Offenbarung
im
Mittelalter,
Würzburg 2007, p. 19-31 ; 48 P. Joannou, Christliche Metaphysik in Byzanz, t.1: Die llluminationslehre des Michael Psellos und Joannes Italos, coll. «Studia Patristica et Byzantina » 3, Ettal 1956; 49 A. Kaldellis, Mothers and Sons, Fathers and Daughters. The 50 A. R. Littlewood,
Byzantine Family of Michael Psellos, Notre Dame 2006; « Michael Psellos and the Witch of Endor», JÓB 40, 1990,
p.225-231; 51 D. O'Meara, «Aspects du travail philosophique de Michel Psellus », dans Collatz 43, p. 431-439; 82 S. Papaioannou, «Michael Psellos's Rhetorical Gender», BMGS 24, 2000. p. 133-146; 53 G. Podskalsky, Theologie und Philosophie in Byzanz, München 1977; 54 B.N. Tatakis, La philosophie
P 313
PTOLÉMAÏS DE CYRENE
1717
byzantine, Paris 1949; 55 W. Wolska-Conus, « Les écoles de Psellos et de Xiphilin sous Constantin IX Monomaque », TM 7, 1979, p.; 56 Ead., «L'école de droit et l'enseignement du droit à Byzance au XI* siècle : Xiphilin et Psellos », TM 7, 1979, p. 1-107. KATERINA IERODIAKONOU.
313
PTOLÉMAÏS DE CYRENE
RE 3
| -I?
Musicologue citée à plusieurs reprises par Porphyre dans son Commentaire sur les 'Harmoniques' de Ptolémée (p. 23, 10; 23, 24; 24, 1-6; 25, 3-4; 25, 9-26,4;
114, 7, éd. 1 I. Düring, Porphyrios Kommentar zur 'Harmonielehre' des Ptolemaios, coll. «Gótesborgs Hógskolas Ärsskrift», 38.2, Göteborg 1932 [réimpr. New York 1980]). Elle serait l'auteur d'une Introduction pythagoricienne élémentaire à la musique (Πυθαγορικὴ τῆς μουσικῆς στοιχείωσις, p. 22, 22-24 Düring)
- ce qui fait qu'elle est souvent considérée elle-méme comme pythagoricienne. Pour une trad. angl. annotée des trois extraits reproduits par Porphyre (p. 22,22 23,22 ; 23,24 -24,6 ; 25,3-26,5 Düring ; cf. aussi le témoignage de la p. 114, 512), voir 2 A. Barker, Greek musical writings, t. II: Harmonic and acoustic theory,
coll. «Cambridge readings in the literature of music», Cambridge 1989, p. 239242 ; texte grec, trad. ital. commentée et discussion dans 3 G. Moretti, « Tolomeide di Cirene, musicologa dell'antichità », K/eos 9, 2004, p. 123-152; résumé du contenu des fragments dans 4 Th.J. Mathiesen, Apollo's lyre. Greek music and music theory in Antiquity and the Middle Ages, « Publications of the Center for the history of music theory and literature », 2, Lincoln (Nebraska)/ London
1999, p.
514-517. L'ouvrage était apparemment structuré en questions et réponses, comme celui de Bacchius Géron (»*B 3), et sa forme "catéchétique" semble indiquer qu'il était destiné à un usage scolaire (Barker 2, p. 230).
Études d'orientation. 5 I. Düring, Ptolemaios und Porphyrios über die Musik, coll. « Gótesborgs Högskolas Ärsskrift», 40.1, Göteborg 1934 [réimpr. New York 1980], p. 143-145 ; 6 K. Ziegler, art. « Ptolemais » 3, RE XXIII 2, 1959, col. 18671868 ; 7 L. Richter, Zur Wissenschaftslehre von der Musik bei Platon und Aristoteles, Berlin 1961, p. 178 sq.; 8 R. Harmon, art. « Ptolemais aus Kyrene », NP X,
2001, col. 741 ; et surtout les excellentes études de Moretti 3 (qui comporte aussi une
'storia degli
studi
complète)
et de 9 D. Creese,
The
monochord
in ancient
Greek harmonic science, Cambridge 2010, p. 214-220, 223-224 et 227-233 (qui focalise surtout son attention sur la contribution de Ptolémais à la κανονικὴ θεωρία). L'ouvrage de 10 Fl. R. Levin, Greek reflections on the nature of music,
Cambridge/New York 2009, p. 229-240 (cf. aussi p. 241-295, passim, sur la contribution de Ptolémais au débat aisthesis versus logos) devrait étre utilisée avec beaucoup de prudence en raison de son caractére hautement spéculatif, notamment en ce qui concerne l'origine et l'enracinement culturel et historique de Ptolémais. Datation. Comme
Ptolémais cite Aristoxène de Tarente (**A 417), il faut sans
doute la dater entre l'époque hellénistique et Porphyre (»*P 263). 11 G. Ménage, Historia mulierum philosophorum, Lyon 1690, p. 121-123 [= trad. M. Vaney,
1718
PTOLÉMAÏS DE CYRENE
P 313
Histoire des femmes philosophes, Paris 2003] la situait plutöt à l'époque de Julia Domna (»I 42), mais sans fonder sa suggestion. A l'autre extrême, Ziegler 6 la faisait remonter à l'époque hellénistique, en prenant appui sur son nom ‘ptolémaique'. Plus prudent. Barker 2, p. 230, la daterait « anywhere between the third century BC and the first century AD». Dans un effort pour préciser davantage, l'auteur remarque plus loin (p. 239 n. 133) que si, comme le pensait Düring 5, les citations d'elle chez Porphyre sont reproduites d’après Didyme le μουσικός (»*D 102), qu'une notice de la Souda invite à dater à l'époque de Néron, « Ptolemais can be no later than the early first century AD, and is perhaps a generation or two earlier ». Moretti 3 aussi la situe à la 1" moitié du I*' siècle de notre ère, tandis que Creese 9, p. 214 avec la n. 13, fait remarquer que la χανονικὴ θεωρία dont il est question dans l'ouvrage de Ptolémais n'est pas attestée avant Philon d'Alexandrie (»P 150), dont elle pourrait être contemporaine, et que par conséquent la carriére de la musicologue cyrénaique « may have been contemporaneous with that of Thrasyllus (fT. c.
5 BC - AD 36), but it is not impossible that it was closer to that
of Eratosthenes (c. 285 — 194 BC)». Pareilles datations signifient (cf. Moretti 3) que Claude Ptolémée (»*P 315) pouvait trés bien avoir déjà connu l'ouvrage de Ptolémais, soit directement soit par l'intermédiaire de Didyme (que Porphyre désigne comme la source privilégiée de Ptolémée). Sur la place qu'occupe Ptolémais dans la tradition du néopythagorisme, voir aussi les brèves remarques de 11 D. J. O'Meara, « The music of philosophy in late Antiquity », dans R. W. Sharples (édit.), Philosophy and the sciences in Antiquity, Aldershot 2005, p. 131-147, aux p. 133 et 137. CONSTANTINOS
314
MACRIS.
9
PTOLÉMÉE
Personnage inconnu dont on lit le nom dans un passage lacunaire d'un livre indéterminé de la Rhétorique de Philodéme (PHerc. Sudhaus).
1580, fr. 11, 15, t. II, p. 127,3 TIZIANO DORANDI.
315
PTOLÉMÉE D'ALEXANDRIE (CLAUDE -) RE 66 Mathématicien
ca 100—ca 170
qui a contribué de facon significative au développement
de
plusieurs sciences mathématiques et physiques, notamment dans les domaines
de
l'astronomie, de l'astrologie, de la géographie, de l'harmonie et de l'optique. De plus, il a élaboré un systéme philosophique fort cohérent, qui s'exprime dans ses traités de caractère épistémologique, notamment Sur le critère (de vérité) et l'hégémonique, mais aussi ici et là dans ses ouvrages scientifiques. L'œuvre philosophique et scientifique de Ptolémée a influencé la théorie et la pratique des sciences exactes depuis la fin de l'Antiquité jusqu'à la fin de la Renaissance.
Biographie et datation. On sait trés peu de choses sur Ptolémée lui-méme. Les seules informations fiables sont celles que l'on peut tirer de ses propres ouvrages.
P315
PTOLÉMÉE D'ALEXANDRIE (CLAUDE -)
1719
Dans son Almageste Ptolémée rapporte trente-six observations astronomiques qu'il aurait effectuées lui-méme à Alexandrie. La plus ancienne est de 127 ap. J.-C. et la plus récente de 141. Il pourrait avoir fait lui-méme une autre observation, datée de l'année 125, qu'il ne s'attribue pas explicitement (voir Pedersen 9, p. 408-422). Un date légèrement plus récente nous est founie par la datation de l’Inscription de Canope : 146/147 ap. J.-C. Comme
"Inscription de Canope contient des valeurs
numériques que Ptolémée corrige dans l' Almageste, on considère que l' Inscription de Canope est antérieure à l’Almageste (voir Jones 17 et Hamilton et alii 18). Ptolémée
fait référense
à l'Almageste
dans
ses
ouvrages
postérieurs.
Dans
la
Géographie VII 2 et dans les Hypothéses planétaires I, il renvoie à la Μαθηματιχὴ σύνταξις ; dans la Tétrabible I 1 et II 8, de méme que dans son Introduction aux Tables faciles Y, il fait référence à la Σύνταξις. De plus, dans l'Oprique II 26, il
expose une théorie de la réfraction atmosphérique qu'il semble ignorer dans l'Almageste, mais qui correspond aux idées qu'il développe dans la derniére partie des Hypothéses planétaires 1. Il est par conséquent vraisemblable que Ptolémée a achevé l'Almageste aprés 146/147 et qu'il a rédigé plusieurs textes aprés avoir composé l’Almageste, ou en tout cas bien aprés 147 de notre ère. Ces indications chronologiques concordent avec ce que rapporte une scholie sur la Tétrabible, selon laquelle Ptolémée a vécu jusque sous le règne de Marc-Aurèle, soit aprés 161 (voir Boll 66, p. 53). On peut donc en conclure que Ptolémée a vécu de 100 à 170
environ. Le seul passage oü l'on pourrait voir une citation de Ptolémée par un contemporain se trouve dans une version arabe du commentaire perdu de Galien (»*G 3) sur le traité hippocratique Airs, eaux, lieux. Mais, comme
le texte désigne
Ptolémée comme «Roi d'Égypte » — une interpolation fréquente dans la tradition arabe —, on peut rejeter la valeur de cette citation (voir Toomer 88, p. 204). Au VI*
s., Olympiodore (»*O 17) mentionne Ptolémée et rapporte qu'il a vécu dans les « Ailes de Canope» (voir Olympiodore 19). L'emplacement exact des « Ailes de Canope » est inconnu, mais c'était probablement un endroit voisin de Canope, oü Ptolémée a érigé l'Inscription de Canope. Il est possible que Ptolémée ait vécu à Canope ou dans les «Ailes de Canope», mais, comme on l'a vu plus haut, il mentionne lui-méme Alexandrie comme l'endroit oü il a effectué ses observations et dans la Souda II 3033, au X* s., il est présenté comme Alexandrin. Édition
compléte.
Claudii
Ptolemaei
opera
quae
exstant
omnia,
coll. BT,
1 t. I: Syntaxis mathematica, ed. J. L. Heiberg, Pars 1 (Books I-VI), Leipzig 1898; 2 Pars 2 (Books
J.L.
Heiberg,
Apotelesmatica,
VII-XIIT) Leipzig
Leipzig
1907,
1903; 3 t. II: Opera
(index
nominum,
ed. F. Boll et Æ. Boer, Leipzig
astronomica
p.271-282); 1940, réimpr.
minora,
ed.
4 t.III, Pars
1:
1957; 5 t. III, Pars
2: Περὶ κριτηρίου xai ἡγεμονικοῦ, De judicandi facultate et animi principatu, ed. Fr. Lammert ; Καρπός, Pseudo-Ptolemaei Fructus sive Centiloquium, ed. Æ. Boer. Accedunt Indices verborum totius voluminis, Leipzig 1953, réimpr. 1961.
1720
PTOLEMEE D’ALEXANDRIE (CLAUDE -)
P315
Œuvres.
(1) Μαθηματικὴ
σύνταξις,
Syntaxis mathematica
ou Almageste
(la version
latinisée du titre arabe). Dédié à Syros. Heiberg 1-2. Traduction anglaise: 6 Ptolemy's Almagest Translated and annotated by G. J. Toomer with a foreword by O. Gingerich, Princeton University Press, 1984; «reprinted with errata », 1998. Traduction frangaise: 7 Composition mathématique de Claude Ptolémée, trad. pour la 1" fois du grec en français sur les ms. originaux de la bibliothéque impériale de Paris par M. Halma et suivie des notes de M.
Delambre,
8 Ptolemáus,
Paris
Handbuch
1813
et
1816, réimpr. Paris
der Astronomie, aus dem
1988. Traduction
Griechischen
allemande :
übersetzt und
mit
erklárenden Anmerkungen versehen von K. Manitius, coll. BT, Leipzig 1912-1913, 2 vol.; 2* éd. «mit Vorwort und Berichtigungen von O. Neugebauer», Leipzig 1963. Études. 9 O. Pedersen, A Survey of the Almagest, with annotation and new commentary by A. Jones, New York 2011 ; réédition de l'ouvrage original (Odense University Press 1974) with supplementary notes, p.455-476 (bibliographie, p. 430-443, complétée p. 477-480). Voir en particulier le chap. 2: «Physics and Philosophy in the Almagest », p. 26-46. Les commentaires de Pappus
[»+P 36] (et peut-être d'Hypatie [**H
175]) sur
l'Almageste ont été édités par 10 A. Rome (édit.), Commentaires de Pappus et de Théon d'Alexandrie sur l'Almageste, t. 1: Pappus d'Alexandrie, Commentaire sur les livres 5 et 6 de l'Almageste, coll. « Studi e Testi» 54, Vatican 1931 ; Théon (et
peut-étre Hypatie) sur les livres I et II: 11 t. II: Théon d'Alexandrie : Commentaire sur les livres I et 2 de l'Almageste, coll. «Studi e Testi» 72, Vatican
(et peut-être
Hypatie)
Commentaire
sur
les
on livres
Books
III and
3 et 4 de
IV:
12 t. III:
l'Almageste,
coll.
Théon «Studi
1936; Théon
d'Alexandrie : e Testi»
106,
Vatican 1943 ; pour le commentaire de Théon sur les livres restants, on ne dispose que d'une édition trés ancienne: 13 Claudii Ptolemaei Magnae constructionis, id est, Perfectae coelestium motuum pertractionis, lib. XIII: Theonis Alexandrini in eosdem commentariorum Lib. XI, Basel 1538.
(2) Φάσεις ἀπλανῶν ἀστέρων καὶ συναγωγὴ ἐπισημασίων, Phaseis. Heiberg 3, p. 3-67. (3) Ὑποθέσεις τῶν πλανωμένων, Hyporhéses planétaires. Dédié à Syros. Livre I: Heiberg 3, p.70-106; livre II: Heiberg 3, conservé partiellement en arabe et en hébreu, avec une traduction allemande par L. Nix, p. 111-145. Traduction anglaise: 14 B.R. Goldstein (édit.), The Arabic Version of Ptolemy's Planetary Hypotheses, coll. TAPhA, 57, 4, Philadelphia 1967, p. 3-55. Traduction
frangaise:
15 R. Morelon
(édit.),
«La Version
arabe
du
Livre
des
Hypothèses de Ptolémée. Édition et traduction de la première partie», MIDEO 1993, p. 7-85.
21,
Étude. 16 A. Murschel, « The Structure and Function of Ptolemy's Physical Hypotheses of Planetary Motion », JHA 26, 1995, p. 33-61.
P315
PTOLÉMÉE D'ALEXANDRIE (CLAUDE -)
1721
(4) Ὡς ἐν τῇ £v Kavofo στηλῇ, Inscription de Canope. Heiberg 3, p. 149155. 17 A. Jones, «Ptolemy's Canobic Inscription and Heliodorus! Reports », SCIAMUS 6, 2005, p. 53-98. 18
N. T. Hamilton,
Inscription: (édit.),
Ptolemy's
From
N. M. Swerdlow
Earliest Work»,
Ancient
Omens
to
et
G.J.
Toomer,
Observation
«The
Canobic
dans J. L. Berggren et B.R. Goldstein
Statistical
Mechanics.
Essays
on
the
Exact
Sciences presented to Asger Aaboe, Copenhague 1987, p. 55-73. Olympiodore
fait référence à l'Inscription de Canope
Phaedonem commentaria 10, 4, li. 13-15, ed. L.G. commentaries on Plato's Phaedo,t. I, Amsterdam 1976.
dans
19 /n Platonis
Westerink,
The
Greek
(5) TIpoyeipwv κανόνων διάταξις xal ψηφοφορία, Tables faciles. Dédié à Syros. Introduction dans Heiberg 3, p. 159-185. Pour le reste, voir 20 W.D. Stahlman, The Astronomical Tables of Codex Vaticanus graecus 1291. Doctoral dissertation, Brown University 1960. 21 A. Tihon, «Les "Tables faciles" de Ptolémée. Une édition critique », dans Ch. Burnett, J. P. Hogendijk, K. Plofker et M. Yano (édit.), Studies in the history of the exact sciences in honour of David Pingree, coll. « Islamic philosophy, theology and science » 54, Leiden 2004, p. 223-246. Pour le commentaire Théon d'Alexandrie aux
de Théon: 22 A. Tihon, Le "Petit commentaire" de tables faciles de Ptolémée. Histoire du texte, édition
critique, traduction, coll. « Studi e Testi » 282, Vatican 1978; 23 J. Mogenet et A. Tihon, Le "Grand commentaire" de Théon d'Alexandrie aux tables faciles de Ptolémée, livre I. Histoire du texte, édition critique, traduction par J. M., revues et complétées par A. T., commentaire par A. T., coll. «Studi e Testi» 315, Vatican 1985; 24 A. Tihon, Le « Grand Commentaire » de Théon d'Alexandrie aux Tables Faciles de Ptolémée, livres II et III, coll. « Studi e Testi » 340, Vatican 1991 ; 25 A. Tihon, Le « Grand Commentaire » de Théon d'Alexandrie aux Tables Faciles de Ptolémée, livre IV, coll.
«Studi e Testi » 390, Vatican
(6) Περὶ ἀναλήμματος, Sur l'analemme. Dédié à Syros. Heiberg 3, p.189-223. (7) Ἅπλωσις
ἐπιφανείας
σφαίρας
1999,
Partiellement
conservé
en
latin.
(titre attesté par la Souda Π 3033), La
sphére plane (Planisphaerium). Conservé en arabe et en latin. Dédié à Syros. Le
texte est édité par 26 N. Sidoli, N., et J. L. Berggren, «The Arabic version of Ptolemy's Planisphere or Flattening the Surface of the Sphere: Text, Translation, Commentary », SCIAMVS 8, 2007, 37-139 ; voir aussi Heiberg 3, p. 227-259. Étude.
27
Chr.
Anagnostakis,
The
Arabic
Version
of Ptolemy's
Plani-
L'ancienne
édition
sphaerium. PhD diss., Yale University 1984.
(8) Ἀποτελεσματικά
(=
Tetrabiblos).
Dédié
à Syros.
Teubner de E. Boer and F. Boll (1940) a été révisée par 28 W. Hübner,:, Claudii Ptolemaei, Opera quae exstant omnia, t. WI, 1 : Apotelesmatika, Leipzig 1998.
1722
PTOLÉMÉE D'ALEXANDRIE (CLAUDE -)
P315
Traduction anglaise: 29 Ptolemy, Tetrabiblos. Edited and translated into English by F.E. Robbins, coll. LCL 350, Cambridge, Mass. 1940. Traduction italienne : 30 Claudio Tolomeo, Le previsioni astrologiche (Tetrabiblos), a cura di Simonetta Feraboli, Milano 1985. Étude. 31 A. Bruxelles 1963. Le
Bouché-Leclercq,
commentaire
de
Porphyre
L'astrologie (»*P
263)
grecque,
est édité
dans
Paris 32
1899,
réimpr.
Introductio
in
tetrabiblum Ptolemaei, dans E. Boer et S. Weinstock, Codices Romani = Catalogus Codicum Astrologorum Graecorum V 4, Bruxelles 1940, p. 190-228. Voir plus haut la notice de G. Bezza, p. 1381-1384 (9) Περὶ xpırnplov xai ἡγεμονικοῦ, Sur le critére (de vérité) et l'hégémonique, dans Lammert 5, p. 3-25 (index des mots grecs, p. 26-36). Édition du texte grec avec traduction anglaise : 33 A. A. Long, « Ptolemy on the criterion. An epistemology for the practising scientist», dans Pamela Huby et G. Neal (édit.), The criterion of truth. Essays written in honour of George Kerferd, together with a text and translation (with annotations) of Ptolemy's On the kriterion and hegemonikon, Liverpool Univ. Pr., 1989, p. 151-178. Traduction italienne : 34 Paola Manuli, « Claudio Tolomeo: il criterio e il principio», RSF 36,
1980-1981, p. 64-88. 35 Traduction en polonais, avec une introduction et des notes par I. Dambska, Meander 36, 1981, p. 3-23.
Études. 36 Fr. Lammert, « Ptolemaios Περὶ χριτηρίου xal ἡγεμονικοῦ», WS 39, 1918, p. 249-258 ; Id., «Eine neue Quelle für die Philosophie der mittleren Stoa», WS 41, 1919, p.113-121; 42, 1920-1921, p.34-46; 37 Id., «Zur Erkenntnislehre der späteren Stoa», Hermes 57, 1922, p. 171-188; 38 Id.,
«Kritische
Untersuchung
zu
Ptolemaios
Περὶ
χριτηρίου
xai
ἡγεμονικοῦ»,
Hermes 72, 1937, p. 450-465 ; 39 Id., Hellenistische Medizin bei Ptolemaios
und
Nemesios », Philologus 94, 1940, p. 125-141. 40 A. A. Long, «Ptolemy on the criterion. An epistemology for the practising scientist », dans J. M. Dillon et A. A. Long (édit.), The Question of "Eclecticism". Studies in Later Greek philosophy. coll. «Hellenistic culture & society» 3, Berkeley, Univ. of California Pr., 1988,
p. 176-207. (10) Traité sur l'harmonie.
des Klaudios Ptolemaios. coll. 1930.
Édition: 41 I. Düring (édit.), Die Harmonielehre
« Góteborgs Hógskolas
Arsskrift» 36, Góteborg
Traduction anglaise: 42 A. Barker, Greek Musical Writings, t. II, Cambridge 1989,
p. 275-391;
43
1.
Solomon,
Prolemy
“Harmonics”,
coll.
«Mnemosyne
Supplementum » 203, Leiden 2000. Traduction allemande: 44 I. Düring, Prolemaios und Porphyrios über die Musik, Góteborg 1934, réimpr. Hildesheim
1987.
Études. 45 A. Barker, « Reason and perception in Ptolemy's Harmonics », dans R.W. Wallace et B. MacLachlan (édit.), Harmonia mundi: musica e filosofia nell'antichità,
1991,
coll.
« Bibl. di Quaderni
Urbinati
di Cultura
Classica»
5, Roma
p. 104-130 ; 46 Id., Scientific Method in Ptolemy's "Harmonics" , Cambridge
P 315
PTOLEMEE D'ALEXANDRIE (CLAUDE -)
1723
University Press 2000; 47 Id., «Ptolemy's Musical Models for Mind-Maps and Star-Maps», dans C. Cheyne et J. Worrall (édit.), Rationality and Reality. Conversations with Alan Musgrave, Dordrecht 2006, p. 273-291. Edition du commentaire de Porphyre: 48 I. Düring (édit), Porphyrios Kommentar zur Harmonielehre des Ptolemaios, coll. «Göteborgs Högskolas Ärsskrift» 38, Göteborg 1932.
Sur le commentaire de Porphyre, voir la notice de R. Chiaradonna, p. 13761381. (11) Optique. Conservée uniquement dans une version latine médiévale. Edition: 49 A. Lejeune, L'Oprique de Claude Ptolémée dans la version latine d'après l'arabe de l'émir Eugene de Sicile. Édition critique et exégétique augmentée d'une traduction française et de compléments, Louvain 1956, réimpr. Leiden 1989. Traduction anglaise : 50 A. Mark Smith, Prolemy's theory of visual perception.
An English translation of the « Optics » with introduction and commentary, coll. « Transactions
of
the
American
Philosophical
Society»
86,
2,
Philadelphia,
American Philosophical Society, 1996. Étude. 51 A. Mark Smith, « The Physiological and Psychological Grounds of Ptolemy's Visual Theory: Some Methodological Considerations », Journal of the History of the Behavioral Sciences 34, 1998, 231-246; 52 A. Lejeune, Euclide et
Ptolémée: Deux stades de l'optique géométrique grecque, coll. «Univ. de Louvain, Recueil de travaux d'histoire et de philologie » 3° sér., 31, Louvain 1948; 53 A. de Pace, « Elementi Aristotelici nell'Ortica di Claudio Tolomeo », RCSF 36, 1981, 123-138 , 37, 1982, p. 243-276. (12)
Géographie.
Piolemaios,
54
Handbuch
A.
Stückelberger
der Geographie.
et
G.
Graßhoff
(édit.),
Klaudios
Griechisch-Deutsch,
unter Mitarbeit
von
Geographia,
1883-1901,
vol.
F. Mittenhuber er al., Basel 2006. 2 vol.
55
C.
Müller,
Claudii
Ptolemaei
Paris
2
56 C. F. A. Nobbe, Claudii Ptolemaei Geographia, coll. BT, Leipzig ; t. I (libri IIV) 1843; 1.1 (libri V-VIID 1845, t.III (Indices et tabula) 1845, réimpr. Hildesheim 1966.
Traduction anglaise : 57 J. L. Berggren et A. Jones, Ptolemy's Geography : An Annotated Translation of the Theoretical Chapters, Princeton University Press, 2000. Traduction allemande: 58 H. von MZ2ik, Des Klaudios Ptolemaios Einführung in die darstellende Erdkunde, Klotho 5, Vienna 1938 (livre I seulement) ; Stückelberger et GraBhoff 54.
Études. 59 A. Stückelberger, « Klaudios Ptolemaios », dans W. Hübner (édit.), Geschichte
der Mathematik
und
der
Naturwissenschaften
in der Antike,
t. ll:
Geographie und verwandte Wissenschaften, Stuttgart 2000. 60 A. Stückelberger, « Der geographische Atlas des Ptolemaios, ein oft verkanntes Meisterwerk », dans Jahrbuch des oberósterreichischen Musealvereines, Gesellschaft für Landeskunde 149. Band (= Festschrift Gerhard Winkler), 31-39, Linz 2005.
P 315
PTOLEMEE D’ALEXANDRIE (CLAUDE -)
1724
Fragments de traités non conservés. (13) Περὶ ῥοπῶν. On Weights. Titre attesté par Simplicius, in De caelo, p. 710, 14-15 Heiberg; Eutocius, in Archimedem III, p.264, 7-8 Heiberg-Stamatis. Heiberg 3, p. 263-264. (14) Περὶ
τῶν στοιχείων,
Sur les éléments. Titre cité par Simplicius,
in De
caelo, p. 20, 11 Heiberg. Heiberg 3, p. 264-265. (15) Περὶ διαστάσεως, On Dimension. Titre attesté par Simplicius, caelo, p. 9, 21 Heiberg. Heiberg 3, p. 265-266.
in De
(16) De rectis parallelis, Sur les lignes paralleles. Attesté par des passages de Proclus, in Euclid. p. 362, 14; 365, 7; cf. p. 191, 23 Friedlein. Heiberg 3, p. 266270.
(17) Περὶ παραδόξων φάσεων ἀφροδίτης, Sur le phénoméne paradoxal de la visibilité de Vénus. cité dans une scholie sur l'A/mageste XI 7. Voir 61 A. Jones.
« A Posy of Almagest Scholia», Centaurus 45, 2003, p. 69-78, notamment p. 7571. (18) Μηχανικά. Titre répertorié par la Souda TI 3033.
CEuvres faussement attribuées à Ptolémée. (19)
Ὁ καρπός, Fructus sive Centiloquium. Boer 5, p. 37-61.
(20) Μουσικά, Sur la musique. Edition: K. Jan (édit.), Musici Graeci, coll. BT, Leipzig 1895, réimpr. Hildesheim 1962,p. 411-420. Cf. 62
K. Ziegler, E. Boer, F. Lammert
et B.L.
Van
scriptores
der Waerden,
art.
« Ptolemaios (Klaudios —) » 66, RE XXIII 2, 1959, col. 1788-1859 ; également voir
les Nachtráge, col. 2484, et une autre notice de 63 E. Polaschek, «Das geographische Werk », RESuppl. X, 1965, col. 680-833 ; 64 M. Folkerts, R. Harmon et W. Hübner, art. «Klaudios Ptolemaios» 65, NP X, 2001, col. 559-570; 65 N.S. Hetherington, art. « Ptolemy », BEA II, 2007, p. 935-937.
Principales études d'orientation. 66 F. Boll, Studien über Claudius Ptolemáus. Ein Beitrag zur Geschichte der griechischen Philosophie und Astrologie, coll. «Jahrbücher für classische Philologie — Supplementband » 21, Leipzig 1894, p. 51-244 ; 67 A. d’Alès, «La philosophie d'un savant alexandrin », ROH 12, 1928, p. 115-118; 68 L. O. Kattsoff, « Ptolemy and Scientific Method: A Note on the History of an ldea», /sis 38, 1947, p. 18-22; 69 H. G. Gundel, « Vom Werden und Wesen des antiken Weltbildes », WaG 11, 1951, p. 65-82: 70 A. Koyré, «Les étapes de la cosmologie scientifique», Revue de Synthese 29, 1951, p. 11-32: 71 O. Neugebauer, The Exact Sciences in Antiquity, Princeton University Press, 1952; 72 H. L. Mead, « The methodology of Ptolemaic astronomy. An Aristotelian view», LThPh 31, 1975, Ptolemæus)», dans DBS
p. 55-74; 73 G.J. Toomer, art. «Ptolemy (Claudius Xl, 1975, p.186-206; 74 G. Lucci, «'Criterio' e
'Metodologia' in Sesto Empirico e Tolomeo», ADFF 2, 1980, p.23-52; 75 G. E. R. Lloyd, «Observational error in later Greek science». dans 76 J. Barnes, J. Brunschwig. M. Burnyeat et M. Schofield (édit.), Science and Specu-
P315
PTOLEMEE D’ALEXANDRIE (CLAUDE -)
1725
lation. Studies in Hellenistic theory and practice, Cambridge
University Press,
1982, p. 128-164; 77 A. A. Long, « Astrology : arguments pro and contra», dans
Barnes et alii 76, p. 165-192;
78 B. R. Goldstein, «Towards
a Philosophy of
Ptolemaic Planetary Astronomy », AncPhil 5, 1985 [1987], p. 293-303; 79 Silvia
Fazzo, « Alessandro d' Afrodisia e Tolomeo. Aristotelismo e astrologia fra il II e il ΠῚ secolo d. C.», RSF 43, 1988, p. 627-649 ; 80 G. Aujac, Claude Ptolémée astro-
nome, astrologue, géographe. Connaissance et représentation du monde habité, coll. «Format», Paris 1993 ; 81 Liba Chaia Taub, Ptolemy's Universe. The Natural Philosophical and Ethical Foundations of Ptolemy's Astronomy, Chicago 1993; 820. Longo, «Tolomeo redivivo», GeogrAnt 3-4, 1994-1995, p.237-244; 83 A. A. Long, «The harmonics of Stoic virtue» (1991), dans ses Stoic Studies.
Cambridge University Press, 1996. p. 202-223; 84 A. Stückelberger, « Ptolemaios und
das
heliozentrische
Weltbild:
Zur
Geschichte
dans K. Döring, B. Herzhoff et G. Wöhrle
eines
Paradigmenwechsels »,
(édit.), Anrike Naturwissenschaft und
ihre Rezeption, Trier 1998, t. VIII, p.83-99 ; 85 W. Hübner, « The Ptolemaic view of the universe», GRBS 41, 2000, p. 59-93; 86 M. Folkerts, art. «Klaudios Ptolemaios» 65, NP X, 2001, p. 559-570; 87 N.M. Swerdlow, «Ptolemy's Harmonics and the "Tones of the Universe" in the Canobic Inscription», dans C. Burnett, J. P. Hogendijk, K. Plofker et M. Yano (édit.), Studies in the History of the Exact Sciences in Honour of David Pingree, Leiden 2004, p. 137-180; 88 G. J. Toomer, « Galen on the astronomers and astrologers » AHES 32, 1985 p. 193-206; 89 A. Schmid, «Das ptolemäische Weltbild», dans A. Loprieno (édit.), Mensch
und Raum von der Antike bis zur Gegenwart, coll. « Colloquium Rauricum » 9, München 2006, p.127-149; 90 A.C. Bowen, «The Demarcation of Physical Theory and Astronomy by Geminus and Ptolemy », Perspectives on Science 15, 2007, p. 327-358; 91 Daryn Lehoux, «Observers, Objects, and the Embedded Eye: or, Seeing and Knowing in Ptolemy and Galen », /sis 98, 2007, p. 447-467 ; 92 A. Jones, art. « Ptolemy », New Dictionary of Scientific Biography, VI, 2008, p. 173-178 ; 93 Jacqueline Feke, Prolemy in Philosophical Context. A Study of the Relationship
between
Phvsics,
Mathematics,
and
Theology,
Diss. University
of
Toronto, 2009; 94 A. Bernard, «The significance of Ptolemy's Almagest for its early readers», Revue de Synthese 131, 2010, p. 495-521 ; 95 Jacqueline Feke et Alexander Jones, chap. «Ptolemy », dans CHPLA, t.I, p. 197-209, avec une bibliographie, t. II, p. 959, 1029-1032 ; 96 A. Jones (édit.), Ptolemy in Perspective.
Use and Criticism of his Work from Antiquity to the Nineteenth Century, coll. « Archimedes. New studies in the history and philosophy of science and technology » 23, Dordrecht 2010. (bibliographie, p. 217-229). Philosophie. Bien aux mathématiques, il trés consistant. Dans porains, Ptolémée ne présente pas Platon ou pas lui-méme comme
que Ptolémée soit principalement connu pour sa contribution a également élaboré un systéme philosophique complexe et ses ouvrages, à la différence de beaucoup de ses contemse réclame d'aucune école philosophique particulière, il ne Aristote comme ses maîtres en philosophie et il ne se définit un éclectique auto-didacte comme le fait Galien qui était un
1726
PTOLEMEE D’ALEXANDRIE (CLAUDE -)
P 315
proche contemporain. Ptolémée cite rarement ses sources, et ce fait est particuliérement notable pour ses sources philosophiques. Il cite seulement deux philosophes dans tout le corpus de ses ceuvres: Aristote et Platon. Il cite Aristote dans l'Almageste I 1, lorsqu'il s'approprie la division aristotélicienne de la philosophie
théorique en trois parties, ainsi que dans ses Hypothèses planétaires Il 5, où il fait référence à la conception aristotélicienne des póles des sphéres éthérées. Ptolémée
cite Platon dans ses Hypothèses planétaires II 4, lorsqu'il discute de la théorie platonicienne de la spirale cosmique. Par conséquent, la seule citation d'un philosophe qui apparaisse dans un contexte philosophique explicite est sa référence à Aristote dans l'A/mageste ll.
Ptolémée n'était cependant pas un philosophe aristotélicien au sens strict. Il avait une approche éclectique de la philosophie, comme il était courant au II* siécle de notre ère. Il faisait siens des termes et des concepts empruntés au contexte philosophique contemporain et aux sources qu'il mettait à contribution. L'état lacunaire des textes philosophiques des premier et deuxiéme siécles ne permet pas d'établir ceux que Ptolémée avait lus, ni s'il lisait directement les textes philosophiques ou seulement des manuels, mais il est possible de déterminer les écoles plus anciennes avec lesquelles, directement ou indirectement, il dialogue dans ses ouvrages. Il s'agissait des écoles aristotélicienne, platonicienne, et, à un moindre titre, stoicienne et épicurienne. La philosophie de Ptolémée n'est cependant pas une simple reprise des doctrines de ces traditions philosophiques. Ptolémée a réagi face aux débats contemporains et aux textes classiques, en sorte qu'il a élaboré des vues originales et trés controversées, qui justifiaient à ses yeux son choix de consacrer la plus grande partie de ses loisirs à l'étude des mathématiques. Le critére de vérité. Le systéme philosophique de Ptolémée a pour fondement le critére de vérité, c'est-à-dire la méthode qui permet de juger des phénoménes
pour découvrir la vérité. Ptolémée examine le critére dans deux ouvrages: Sur le critére (de vérité) et l'hégémonique et dans son Traité sur l'harmonie. Le premier
ouvrage est le seul texte de Ptolémée qui ne comporte pas de développements mathématiques et il s'inscrit dans un contexte manifestement épistémologique ainsi que psychologique. Dans la premiére partie de l'ouvrage, Ptolémée définit les éléments
du critére ; dans
la seconde
partie
il analyse
la nature et la structure
de
l'âme humaine. Concernant le critère, Ptolémée ne prend pas en compte les critiques académiciennes ou pyrrhoniennes contre le critère. Il propose plutôt son
propre critére, composé de cinq éléments, qui rappellent les étapes du processus d'un jugement dans une cour de justice :
Ce qui fait l'objet du jugement, c'est-à-dire ce qui est (to on), ce au moyen
de quoi
la chose est jugée, c'est-à-dire
la perception
(aisthésis),
ce qui juge, c'est-à-dire l'intellect (7ous), ce par rapport à quoi la chose est jugée, c'est-à-dire la raison (logos), ce en vue de quoi la chose est jugée, c'est-à-dire la vérité (alétheia).
sensible
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PTOLEMEE D’ALEXANDRIE (CLAUDE -)
1727
Alors que l'intérét que Ptolémée porte au critére remonte aux efforts de la période hellénistique pour établir un critére de vérité, la distinction entre plusieurs parties composantes du critére semble correpondre à une tendance plus contemporaine. Dans la réfutation du critére qu'il donne dans son Adversus mathematicos VII 35, Sextus Empiricus distingue trois éléments qui rappellent ceux de Ptolémee: l'agent, ce au moyen de quoi l'objet est jugé et l'application. D'une fagon
similaire, dans le Ai&aoxaAuóc τῶν Πλάτωνος δογμάτων, Alcinoos énumére trois parties composantes du critére, dont deux sont identiques à celles de Ptolémée: ce qui juge, ce qui est jugé et le processus du jugement. Pour une comparaison des exposés d' Alcinoos et de Sextus sur le critére avec Ptolémée, voir Long 33, p. 158-162. Dans son traité Sur le critere, les impressions sensibles fournissent à l’intellect une information à propos de l'objet et l'intellect juge de l'objet au moyen de la raison. Ce processus est unidirectionnel. Dans le Traité sur l'harmonie I 1, Ptolémée approfondit sa réflexion sur le critére et présente la perception sensible et la raison comme collaborant selon un processus bidirectionnel. Lorsque la raison a évalué les impressions sensibles, elle a la possibilité d'orienter les sens vers une perception plus précise des phenomenes. Par eux-mémes les sens ne peuvent procéder qu'à des observations brutes ou approximatives ; avec l'aide de la raison ils pergoivent avec plus d'exactitude. Ces perceptions plus précises aident l'intellect à élaborer des postulats rationnels qui rendent compte des phénomènes. L'áme humaine. Ptolémée donne des présentations de l’âme humaine qui sont différentes dans trois de ses ouvrages: le traité Sur le critére, le Traité sur l'harmonie et la Tétrabible. Les exposés différent par les termes précis qu'il emploie pour parler des parties de l’âme, mais ils restent cohérents dans leurs aspects plus généraux. L’äme est mortelle, matérielle et tripartite. Dans le Traité sur l'harmonie III 4, Ptolémée explique que l'áme est mortelle, et dans le traité Sur le critere il la présente comme matérielle. Ptolémée soutient que l'áme est constituée de particules qui sont plus fines que celles qui constituent le corps humain; le corps a une consistance plus épaisse et est plus matériel (ὑλικώτερον) que l'áme (cf. Tétrabible III 12). Les particules qui composent l'áme sont donc plus fines que les constituants du corps et ces particules fines sont tellement petites qu'elles sont imperceptibles. D’apres le traité Sur le critere, l'àme est composée de différentes especes de matiére. Reprenant la théorie aristotélicienne des cinq éléments, Ptolémée, pour commencer, décrit l’âme comme composée de trois de ces cinq éléments: l'air, le feu et l'éther. Plus loin, il met en rapport tous les cinq éléments avec les facultés de l’äme. Dans le traité Sur le critère l'âme est constituée par la faculté de pensée (Stavonrıxöv), la faculté de perception sensible (αἰσθητικόν) - la seule que possè-
dent les âmes des animaux irrationels — et la faculté de l'impulsion (ópurituxóv). La faculté de la perception sensible reléve du domaine (περί) des éléments passifs, la terre et l'eau; la faculté de l'impulsion reléve des éléments qui sont à la fois passifs et actifs, c'est-à-dire l'air et le feu; la faculté de la pensée reléve de
1728
PTOLEMEE D'ALEXANDRIE (CLAUDE -)
P315
l'élément qui est uniquement actif, l'éther. De plus, Ptolémée divise la faculté de l'impulsion en deux parties: la partie appétitive (Ópextuxóv) et la partie émotive (θυμικόν). la première a une part plus grande d'air dans sa composition (depoELÖEGTEPOV), tandis que la seonde a davantage de feu (τυροειδέστερον). De facon générale, l'áme se situe principalement dans les régions du corps qui sont les plus chaudes et humides, mais chaque faculté a sa propre localisation, doctrine qui rappelle les localisations des parties de l'àme qu'expose Platon dans le Timée 69c72d. La faculté de la pensée (διανοητικόν) est la plus précieuse et la plus divine des
facultés de l'âme, aussi bien par sa puissance que par sa substance. Indivisible, elle est localisée dans la téte, dans la région du cerveau, et constitue son hégémonique. c'est-à-dire sa faculté principale. lui permettant tout aussi bien de vivre que de vivre bien. Les sens de la vue et de l'audition viennent en aide à la faculté de la pensée en tant qu'hégémoniques secondaires pour vivre bien, et la partie émotive de la faculté de l' impusion est l'hégémonique qui n'est concerné que par le fait de vivre. La faculté de la pensée possède plusieurs capacités, notamment une capacité à former des opinions et une capacité à l'égard de la connaissance. Ptolémée fait donc sienne la distinction aussi bien platonicienne que stoicienne entre l'opinion (δόξα) et le savoir (ἐπιστήμη). Ptolémée expose cette distinction conformément à sa théorie empirique de la connaissance. Opinion et savoir portent sur les mémes objets et l'intellect transforme l'opinion en savoir gráce à un examen lucide et habile des impressions sensibles. Au point de départ, les impressions sensibles ne font naitre dans l'intellect qu'une opinion. Alors que l'opinion porte sur les objets
particuliers, le savoir concerne les universels. En réexaminant les impressions sensibles, l'intellect pose des jugements lucides et habiles sur les universels et par là produit le savoir. L'intellect prononce des jugements dans le cadre de deux champs d'investigation, le domaine théorique et le domaine pratique, et il détient des capacités dans l'un et l'autre domaine. Dans son Traité sur l'harmonie III 5, Ptolémée avance trois descriptions différentes de la structure de l'àme humaine. Dans chaque description, l'áme est tripartite. Les noms des parties dans la premiere version sont aristotéliciens et stoiciens: la partie intellectuelle (νοερόν). la partie sensitive (αἰσθητικόν) et la partie cohésive (ἑχτικόν). Dans la seconde version les termes sont platoniciens : la
partie rationnelle (λογιστικόν), la partie irascible (θυμικόν), et la partie appétitive (ἐπιθυμητικόν). Dans la troisième version on trouve une synthèse des deux premières : la partie concernée par la bienveillance (εὔνοια) et le juste calcul, ou
encore la rationalité (εὐλογιστία) ; la partie concernée par la bonne perception (εὐαισθησία) et la bonne santé (εὐεξία), ou encore le courage (ἀνδρεία) et la modération (σωφροσύνη) ; enfin la partie concernée par ce qui produit ou participe
à l'harmonia (τὰ ποιητικὰ xai τὰ μετέχοντα τῶν ἁρμονιῶν). Dans son Traité de l'harmonie Ill 5, Ptolémée établit une comparaison entre d'un côté les trois parties de l'áme, de l'autre l'octave et deux accords en musique. Tout comme l'octave a sept espéces (εἴδη), l'accord de quinte a quatre especes et
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PTOLÉMÉE D'ALEXANDRIE (CLAUDE -)
1729
l'accord de quarte a trois expeces, de méme — comme c'est le cas dans le modèle aristotélicien et stoicien — la partie intellectuelle de l’âme (νοερόν) a sept espèces, la partie sensitive (αἰσθητικόν) a quatre espèces et la partie cohésive (ÉXTLXOV) a trois espéces. Les espéces de la partie intellectuelle de l'àme correspondent à sept éléments du critére de vérité que Ptolémée décrit dans son traité Sur le critere (voir Long 33, p. 170; Barker 47, p. 287; Boll 66, p. 105); les espéces de la partie sensitive sont quatre des cinq sens; les espéces de la partie cohésive sont la croissance (αὔξησις), la maturité (ἀκμή) et le déclin (φθίσις). Méme si le terme que Ptolémée emploie pour la partie cohésive, EXTixög, est stoicien, ses espèces sont aristotéliciennes. Aristote énumére croissance, maturité et déclin comme des caractéristiques des êtres vivants dans le De Anima 411230 et 434a24-25. Dans la version platonicienne chez Ptolémée, les espéces de l'áme sont des espéces de la vertu. Il définit la vertu en général comme le caractére mélodieux (ἐμμελές) des âmes et le vice comme un caractère non mélodieux (ἐκμελές). Le meilleur état de l’äme est un état d'harmonie (ἡρμοσμένον). C'est la justice, qui est un accord entre les parties de l’âme. Ptolémée s'inscrit à la fois dans les traditions de Platon et du stoicisme lorsqu'il parle de la vertu et des relations entre les parties de l'àme en termes d'harmonie (voir Long 83).
Après avoir défini la vertu et le vice en termes d'harmonie, Ptolémée énumère et définit les vertus qui correspondent à chacune des parties de l’âme. La partie
appétitive (ἐπιθυμητικόν) a trois especes: la modération (σωφροσύνη), la maitrise de soi (ἐγκράτεια) et la décence (αἰδώς). La partie irascible (θυμικόν) a quatre espéces: le douceur (πραότης), l'absence de crainte (ἀφοβία), le courage
(ἀνδρεία) et l'endurance (καρτερία). La partie rationnelle (λογιστικόν) a sept espèces : l'acuité (ὀξύτης), l'ingéniosité (ebpula), la sagacité (ἀγχίνοια), le bon jugement (εὐβουλία), la sagesse (σοφία), la prudence (φρόνησις) et l'expérience (ἐμπειρία). En établissant une liste des vertus, Prolémée s’incrit à la suite d'une tendance typiquement héllénistique, qui a un précédent dans le corpus d' Aristote, mais les définitions des vertus que fournit Ptolémée suggérent une source platonicienne, proche mais probablement différente des Définitions pseudo-platoniciennes (voir Düring 44, p. 271 ; Boll 66, p. 106). Divisions de la philosophie. Après avoir étudié les parties et les espèces de l'âme humaine dans le Traité sur l'harmonie III 5, Ptolémée décrit en III 6 du méme traité les genres (γένη) auxquels les espéces se rattachent et les deux principes (ἀρχαί) auxquels les genres appartiennent. Les deux principes sont le théorique et le pratique et les genres sont les trois sciences théoriques et les trois sciences pratiques. Les genres théoriques sont le physique (φυσικοῦ), le mathématique (μαθηματικοῦ) et le théologique (θεολογικοῦ). Les genres pratiques sont l'éthique (ἠθικοῦ), le domestique (οἰκονομικοῦ) et le politique (πολιτικοῦ).
Ptolémée étudie la relation entre la philosophie théorique et la philosophie pratique de façon plus approfondie dans l’Almageste I 1. Il affirme que les philosophes authentiques — par opposition, sans doute, aux faux philosophes - ont raison de distinguer la partie théorique de la philosophie de la partie pratique. Dans
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un passage plutót obscur, il explique que, méme si la partie pratique de Ia philosophie se trouve étre théorique avant d'étre pratique, les deux parties de la philosophie se distinguent par une importante différence, qui est la facon dont on atteint la vertu dans chacun des domaines. Rappelant la distinction d'Aristote entre
les vertus morales et les vertus intellectuelles exposée dans l'Érhique à Nicomaque 1103a, Ptolémée explique qu'alors que certaines des vertus morales peuvent étre atteintes sans instruction et que le plus grand profit dans leur cas provient d'une activité continue, le progrès dans la philosophie théorique — comme par exemple celle qui réside dans la contemplation de la théorie de l'univers — est impossible sans instruction. L'objet étudié par la théologie est «la premiére cause du premier mouvement de l'univers ». Cette première cause rappelle le Premier Moteur d' Aristote dans le livre Lambda
de la Metaphvsique.
Dans
la méme
perspective, dans l'Optique
II
103, Ptolémée fait référence à «ce qui meut en premier» (quod primo movet). Malheureusement, le texte grec de l'Optique n'a pas été conservé et le texte dont
nous disposons est une traduction latine du XII* siècle d'une version arabe perdue. Mais dans le cas présent la traduction semble littérale.
« Ce qui meut en premier »
est le Premier Moteur. Dans l'A/mageste I 1, la caractéristique propre du Premier Moteur est son invisibilité. Dans la mesure oü il est invisible, il ne peut étre pergu ou saisi par des étres humains. Alors que le Premier Moteur ne peut étre pergu, les objets physiques et mathématiques sont perceptibles, mais perceptibles de facon différente. En ce qui concerne les objets physiques, Ptolémée les décrit dans l’Almageste I 1, comme étant pour la plus grande partie sublunaires. Ils résident sous la sphère de la lune, ils sont perpétuellement en mouvement et ils sont soumis au changement et à la corruption. De plus, certaines qualités perceptibles caractérisent les objets phvsiques, comme
blanc, chaud, doux et mou. Chacune
de ces qualités se rattache à un
sensible particulier dans la théorie de la perception que Ptolémée emprunte au De Anima d' Aristote. Chaque qualité est perceptible par un seul sens: le blanc par la
vue, le chaud par le toucher, le doux par le goüt et le mou par le toucher. Les objets qui illustrent les objets mathématiques, au contraire, se rattachent aux sensibles communs. Ils peuvent être perçus par plus d'un sens — par exemple par la vue et le
toucher — et ils comprennent des formes, des mouvements locaux, des figures, des nombres, des dimensions, des lieux, des temps, etc. Alors que les exemples fournis par Ptolémée d'objets physiques et mathématiques ne font que rappeler les sensibles particuliers et les sensibles communs, Ptolémée examine la théorie des sensibles particuliers et communs dans deux textes: le traité Sur le critére et l'Optique 112,13. Aprés avoir défini les sciences théoriques en fonction de leurs objets d'étude dans l’Almageste I 1, Ptolémée évalue leur efficacité épistémique. En des vues qui
rappellent la distinction platonicienne et stoicienne entre l'opinion (δόξα) et le savoir (ἐπιστήμη), de méme que l'association de l'opinion avec la conjecture (εἰκασία), dans le Traité sur l'harmonie III 5, Ptolémée essaie de déterminer dans
P315
PTOLÉMÉE D'ALEXANDRIE (CLAUDE -)
1731
l’Almageste I 1 si les sciences produisent du savoir ou de la conjecture. En cours de route, il avance une thése inédite et hautement controversée : il soutient que la physique et la théologie relévent de la conjecture, alors que seules les mathématiques permettent d'arriver au savoir. Ptolémée semble déterminer si les sciences produisent du savoir ou de la conjecture à partir des qualités des objets étudiées par ces sciences. La physique est conjecturale à cause de l'instabilité et du manque de clarté de la matiére. Ptolémée maintient cette position dans la Tétrabible. Dans la Tétrabible I 2, i| identifie la physique avec l'étude des qualités sublunaires, et il soutient que tout domaine de recherche qui examine les qualités de la matiére est de caractere conjectural. En ce
qui concerne la théologie, le Premier Moteur est invisible et insaisissable, de sorte que les philosophes ne peuvent qu'émettre des hypothéses concernant sa nature. Ptolémée conclut donc que les philosophes ne seront jamais d'accord sur la nature
des objets physiques ou théologiques. Les
mathématiques
en revanche
produisent une connaissance
süre et incon-
testable. Elles procédent selon des méthodes indiscutables, l'arithmétique et la géométrie (cf. Traité sur l'harmonie III 3). Ptolémée affirme de façon générale que les mathématiques
sont une source de savoir, mais, dans le cadre du théme abordé
dans l’Almageste, il parle principalement de l'astronomie, la science qui examine les mouvements des corps célestes et leurs configurations. Ptolémée soutient que tout comme les mouvements des corps célestes sont éternels et immuables, de méme le type de savoir que l'astronomie produit à propos des mouvements des corps célestes est lui-méme éternel et immuable. Ce type de connaissance est le
savoir, que Ptolémée définit ici comme éternel et immuable, car non soumis à l'obscurité ou au désordre. Ptolémée précise sa position plus tard dans l' A/mageste. Dans l’Almageste III 1, il note que certains aspects des hypothèses astronomiques ne sont pas connaissables dans un sens absolu. Du fait que le pouvoir d'observation des étres humains est limité, des erreurs dans les observations empéchent l'astronome de déterminer les périodes exactes de certains mouvements célestes, comme l'année tropicale. Selon l'A/mageste I 1, non seulement les mathématiques produisent un savoir scientifique, mais elles peuvent également contribuer à l'étude de la physique et de la théologie. A propos de la physique, Ptolémée soutient que l'étude du mouve-
ment local des corps - qui est du ressort des mathématiques — révèle les qualités matérielles des corps. A titre d'exemple, il explique comment l'étude des mouvements des corps nous informe sur leur composition élémentaire. Le fait qu'un corps se meut en ligne droite ou en cercle nous indique s'il est composé d'éléments corruptibles ou incorruptibles, et, pour les corps qui se meuvent en ligne droite, le fait qu'il se meut vers ou loin du centre du cosmos nous indique si les éléments qui le composent sont respectivement lourds et passifs ou légers et actifs. Cette explication géométrique du mouvement naturel est en accord avec la théorie aristotélicienne des éléments dans le De generatione et corruptione. Ptolémée applique
également la géométrie à la théorie des éléments dans l' Almageste I 7, les Hypo-
1732
PTOLÉMÉE D'ALEXANDRIE (CLAUDE -)
P 315
theses planétaires 11 3 et — d'aprés le commentaire de Simplicius au De caelo d'Aristote (20, 11, p. 710, 14-15 Heiberg) — dans deux de ses ouvrages perdus : Sur les éléments et Sur les poids. L'attribution par Ptolémée de l'activité ou de la passivité aux divers éléments différe toutefois selon les textes. Ptolémée démontre de façon répétée l'apport des mathématiques à la physique dans le corpus de ses œuvres. Dans la Géographie I 1, il soutient que l'astronomie
revele la nature physique des cieux et de la terre et il expose dans ce texte la contribution de l'astronomie à la géographie. Dans les Hypothèses planétaires,
1l
utilise l'astronomie pour établir les caractéristiques physiques des sphéres éthérées et, dans la Tétrabible 1 1, il illustre l'apport de l'astronomie à l'astrologie en expliquant que les prédictions astrologiques reposent sur les données astronomiques relatives aux configurations des corps célestes dans le cercle du zodiaque. Dans la Tetrabible 1 13 et I 16, de méme que dans le Traité sur l'harmonie III 8-9, Ptolémée applique la théorie de l'harmonie à l'astrologie. Il explique que des rapports harmoniques rendent compte des effets produits par les aspects — opposition, trine, quartile et sextile — et des relations disjonctives entre les signes du zodiaque et les planétes à l'intérieur de ces signes. Ptolémée applique la théorie de l'harmonie à l'étude de l’âme humaine dans le Traité sur l'harmonie Ill 5-7, et il dégage les correspondances entre phénomènes harmoniques et phénomènes astronomiques dans le Traité sur l'harmonie III 10-13, tout comme, on peut le présumer, dans les chapitres perdus du même traité (III 14-16). A propos de la théologie, dans l’A/mageste I 1, Ptolémée soutient qu’alors que la théologie est conjecturale, les mathématiques
peuvent fournir de bons indices
concernant la nature du Premier Moteur, ou de «cette activité qui n’est pas mue et reste séparée ». Les mathématiques peuvent fournir de tels indices grâce à une déduction opérée à partir de l’astronomie, c’est-à-dire l’étude des mouvements et des configurations des corps éthérés. Du fait que les corps éthérés sont semblables au Premier Moteur, puisqu'ils sont eux aussi éternels et immuables — pour autant que le seul mouvement auquel ils se prétent est un mouvement local périodique -, le mathématicien peut inférer des qualités immuables des corps éthérés l'immutabilité du Premier Moteur et par là fournir de bons indices concernant la nature du Premier Moteur. Éthique. Ptolémée termine Almageste I 1 en affirmant les bienfaits dans le domaine moral de l'étude des mathématiques, notamment de l'astronomie. Vivre bien, c'est rechercher un état sain et bien ordonné, qui est sans doute l'état harmonieux de l'áme qui est décrit dans le Traité sur l'harmonie III 5. Dans l’Almageste I 1, Ptolémée soutient que les mathématiques peuvent conduire de facon incomparable à l'acquisition de cet état psychologique. L'astronomie rend les hommes clairvoyants et, en contemplant les qualités des corps célestes -— comme leur constance. leur bon ordre, leur symétrie et leur placidité —, les mathématiciens en viennent à aimer cette divine beauté et, pour reprendre les formules du Timée 47bc et 90 c-d. ils assurent à leur áme un état comparable à celui du monde divin de l'éther. Ptolémée ne parle pas explicitement des âmes célestes dans l’Almageste,
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PTOLEMEE D'ALEXANDRIE (CLAUDE -)
1733
mais il est possible que dans l'A/mageste I 1 il entendait suggérer que les mathématiciens modifient leurs âmes de façon à imiter les âmes célestes, qu'il décrit dans les Hypothèses planétaires Il. Traduit de l'anglais par R. Goulet. JACQUELINE FEKE.
TRADITION ARABE
Quatre
ouvrages
importants
de
Ptolémée
ont
été connus
par
les arabes:
l'Almageste, la Tetrabible, les Hypothèses planétaires et les Tables faciles, connues sous la désignation Qanuün Tawun (Tables de Théon). Mais c'est
l'Almageste qui semble avoir exercé la plus grande influence sur ce qui serait connu plus tard comme l’astronomie islamo-arabe. Seul l'Almageste a connu plusieurs traductions. Les sources classiques en évoquent cinq. Deux de ces traductions sont encore conservées dans des états plus ou moins complets. La premiére de ces traductions conservées fut effectuée, apparemment plus d'une fois, par alHajfaf b. Yusuf b. Matar (fl. ca 830) et on suppose que c'est la dernière de ses entreprises qui a survécu.
Nous ne disposons que de rares fragments des traductions antérieures d'alHaffaf. Aucune
peut
savoir
version complète de ces travaux n'a survécu, de sorte qu'on ne
quelles
modifications
furent
apportées
par
al-
Haggäß
dans
ses
traductions plus tardives. Une
chose est certaine, c'est que la version conservée de la traduction d'al-
Haggäg contient d'importantes interventions sur le texte grec, en des endroits où al-Haggäg semble avoir repéré des erreurs chez Ptolémée et s'étre permis de les corriger sans davantage d'explication. La plus importante de ces «erreurs» est la tentative de Ptolémée de définir la durée d'un mois lunaire dans l'Almageste IV 2,
oü il reprend, sans apparemment les avoir vérifiés, les chiffres donnés antérieurement par Hipparque : d’apres ce qu'il écrit, il faudrait conclure que si l'on prend en considération le nombre de jours séparant deux éclipses fort distantes dans le temps, soit 126 007 jours et une heure, et si on divise ce nombre de jours par le nombre de mois lunaires complets séparant les éclipses, soit 4267 mois, on obtient comme
durée
du
mois
lunaire
29;31,50,820
jours.
En
réalité, si on
effectue
la
division selon les termes de Ptolémée, on n'obtient pas la valeur numérique conservée dans le texte grec, mais plutôt celle fournie dans la version d’al-Haÿÿaÿ, c'est-à-dire 29 ;31,50,8,9,20 jours. Il semble donc qu'al-Hagf£ag vérifait les calculs
du texte grec tout en le traduisant, ce qui invite à se représenter un peu différemment le processus de transmission des textes scientifiques grecs dans le monde arabe. L'histoire de cette adoption par Hipparque et Ptolémée d'une durée du mois lunaire qui était en réalité le chiffre standard établi par les anciens savants babyloniens a été reconstituée dés 1955 par 1 Asger Aaboe, «On the Babylonian Origin of Some Hipparchian Parameters », Centaurus 4, 1955-1956, p. 122-125.
1734
PTOLEMEE D'ALEXANDRIE (CLAUDE -)
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La seconde traduction arabe conservée et dont l'influence fut trés importante a été effectuée presqu'un demi siècle plus tard par Ishäq b. Hunain (mort en 910) et corrigée par Täbit b. Qurra (mort ca 901). Elle n'adopte pas la stratégie mise en œuvre par al-Haÿÿag, mais se borne à transposer, pour le mois lunaire, les valeurs numériques du texte grec dans leurs équivalents alphanumériques arabes. Ces deux façons de traiter un méme texte grec chez deux traducteurs arabes renommés du IX* siécle soulévent toutes sortes de questions concernant la transmission des textes grecs dans le monde islamo-arabe, ainsi que l'appropriation
de ce savoir par les savants arabes. Mais l'importance de cet effort d'appropriation ne pourra pas être pleinement établie tant que nous ne disposerons pas d'éditions critiques
personne,
des
traductions
jusqu'à
arabes
ce jour,
de l'Almageste,
ne
s'est
attaqué.
Le
entreprise
colossale
travail
méthodique
à laquelle
de
Paul
Kunitzsch sur la table des étoiles de l'A/mageste VII-VIII, conservée dans les deux
versions arabes précédemment signalées permet de comprendre le genre de difficultés qu'un éditeur moderne de ces traductions aura à surmonter. Voir 2 P. Kunitzsch, Der Almagest : Die Syntaxis Mathematica des Claudius Ptolemaüs in arabisch-lateinischer Unknown
4 Claudius alterliche
Arabic
Überlieferung,
Manuscript
Ptolemàus, Tradition,
Der
edited
of
the
Wiesbaden
1974;
«A
Hitherto
Almagest»,
ZGAIM
14,
2001,
p. 31-37;
Almagest:
Die
arabisch-mittel-
Sternkatalog by
Paul
des
Kunitzsch,
Wiesbaden
3
Id,
1986-1991,
3
vols.
Kunitzsch a pour l'essentiel traité les deux traductions comme deux textes distincts et les a donc éditées à part, mais les a ensuite disposées en vis-à-vis de façon à donner au lecteur moderne la possibilité de découvrir, dans le cas présent, toutes les implications de l'entreprise de traduction en arabe de ce texte grec. On peut souhaiter que cette approche soit adoptée par les futur éditeurs des versions arabes de l'Almageste. La Tétrabible ne posa pas de semblables problémes et sa traduction arabe par Hunain b. Ishàq (873) au début du IX* siécle est encore conservée sous une forme
manuscrite, mais elle fut rapidement paraphrasée et adaptée pour les besoins des astrologues opérant dans le monde de la culture islamique comme le fameux Abü Ma' sar (connu dans le monde latin sous le nom d' Albumassar), mort en 886, et Ibn Farruhän al-Tabari (ca 800); elle fut par la suite commentée par Ibn Ridwän
(1061). Voir 5 Jennifer Seymour, The Life of Ibn Ridwän and His Commentary on Ptolemy's Tetrabiblos, Diss., Columbia University, 2001. D'une fagon similaire les Tables faciles de Ptolémée, qui étaient connues à travers la version qu'en avait donnée Théon d'Alexandrie, furent apparemment traduites en arabe, mais aucun manuscrit n'a été découvert. Cette disparition s'explique probablement par le fait que la plus grande partie des paramétres fondamentaux transmis dans ces tables par Ptolémée, furent rapidement remis en cause lorsqu'au IX* siécle un vaste programme d'astronomie fondée sur l'observation fut lancé et produisit tout un ensemble de tables astronomiques plus fiables. rendant ainsi les tables de Ptolémée désuétes. La forme sous laquelle ces tables furent congues dans le monde arabe est illustrée par les centaines de manuels
P 315
PTOLÉMÉE D'ALEXANDRIE (CLAUDE -)
d'astronomie (zTjes) encore bibliothèques dans le monde.
conservés
dans
les manuscrits
1735 des
plus
grandes
Le seul ouvrage qui est apparemment resté peu connu et rarement utilisé fut celui des Hypothèses planétaires de Ptolémée, qui est conservé dans sa traduction arabe intégrale. Mais son influence sur l’astronomie islamo-arabe fut énorme, car on l'a lu dans le monde de la culture islamique comme l'exposé ptolémaique autorisé de la cosmologie aristotélicienne par rapport et en opposition à l’approche mathématique adoptée dans l’Almageste. Lorsque ces deux textes purent être lus en même temps, les contradictions internes de la science de Ptolémée devinrent manifestes. Alors que Ptolémée acceptait dans ses Hypothèses la théorie aristotélicienne de mouvements circulaires uniformes, auxquels tous les mouvements des corps célestes étaient assujettis, il dépassait cette théorie dans l’A/mageste et élaborait des modèles mathématiques qui renversaient ces présupposés théoriques d'Aristote. Ces irrégularités patentes firent l’objet de longues discussions et de commentaires que peut illustrer l'ouvrage célèbre d'Ibn al-Haytham (ca 1040)
intitulé al-Sukük 'alà Batlamyüs («Doutes dirigés contre Ptolémée »). Pour le texte, voir 6 Ibn al-Haitham (d. 1040), al-Sukuuk "ala Batlamyüs (Dubitationes in
Ptolemaeum), ed. A. Sabra et N. Shehaby, Le Caire 1971. Pour comprendre l'énormité de ces contradictions, il suffit de mentionner l'absurdité de l'équant qui était incorporé dans chacun des modèles élaborés par Ptolémée dans l'Almageste, et pour lequel Ptolémée devait supposer une sphère physique réelle afin qu'il puisse se mouvoir sur place autour d'un axe qui ne passait pas par le centre. On considérait les explications fournies par Ptolémée comme démentes et aucun astronome digne de ce nom ne pouvait fermer les yeux sur de telles faiblesses. Toute l'astronomie islamique, à partir du IX* siècle et jusqu'au XVI* siècle et au-delà, peut étre cconsidérée comme une série de tentatives répétées pour débarrasser les modèles mathématiques de Ptolémée conservés dans l'Almageste des contradictions qu'elles présentaient lorsqu'on les lisait en rapport avec l'arriére-plan cosmologique des Hypothèses planétaires. De ce point de vue, ces deux ouvrages de Ptolémée devinrent le moteur de toute la recherche astronomique de type mathématique dans la civilisation islamique et, au cours de ce processus, ils entrainérent la création de nouvelles théories mathématiques qui furent développées de fagon spécifique pour surmonter les contradictions relevées chez Ptolémée. Mais, en cours de route, de nouvelles facons d'interpréter la cosmologie d'Aristote furent élaborées et de nouvelles techniques pour décrire les mouvements planétaires furent découvertes, lesquelles s'avérérent à leur tour précieuses lorsqu'elles furent utilisées par des astronomes de la Renaissance comme Copernic et, à travers ce dernier, par Galilée. GEORGE SALIBA.
1736 316
PTOLEMEE D’ALEXANDRIE
PTOLEMEE D'ALEXANDRIE
P 316
PLRE I:3
IV
Décurion d' Alexandrie, philosophe, à qui le préfet Flavius Optatus (RE 3) fit donner le fouet, malgré son grand áge (Libanius, Discours XLII pour Thalassios, 15). PIERRE MARAVAL.
317
PTOLÉMÉE DE CYRÈNE
RE 7
p
Médecin de l'école empirique. Sources anciennes dans 1 K. Deichgräber, Die griechische Empirikerschule, Berlin 1930; réimpr. augmentée, Berlin/Zürich 1965, fr. 166-167, p.172; 2 A. Dihle, art. « Ptolemaios » 72, RE XXIII 2, 1959, col. 1861 ; 3 M. Michler, Die
alexandrinischen Chrirurgen. Eine Sammlung und Auswertung ihrer Fragmente, Wiesbaden 1968 ; 4 F. Decleva Caizzi, « Ainesidemus and the Academy », CQ 42, 1992, p. 176-189 ; 5 A. Guardasole (édit.), Eraclide di Taranto, Frammenti, Napoli
1997, p. 120-121. Originaire de Cyrene, Ptolémée (vers 100* 2) ne nous était connu que par deux mentions chez Diogene Laërce et deux fragments pharmacologiques transmis par Celse (VI 7, 2 b = éd. W. G. Spencer, 1977, p. 232, 13; fr. 166 Deichgräber 1, p. 172) et Galien (Sur les médicaments composés selon les lieux II 2 = t. XII, p. 584, 5 Kühn; fr. 167 Deichgräber 1, p. 172), auquel il faut à présent ajouter un passage de Caelius Aurelianus signalé par Guardasole 5, p. 120. Il est trés vraisemblable, même si ce n'est pas absolument certain, que Ptolémée était un philosophe sceptique et un médecin empirique. En effet, dans sa notice consacrée à la vie du philosophe sceptique Timon de Phlionte (vers 225*), Diogene Laérce (IX 115) précise que, selon Ménodote de Nicomédie
(**M
133), Timon
n'aurait eu aucun
successeur jusqu'au moment oü Ptolémée de Cyréne fit revivre la tradition sceptique. Ce témoignage est toutefois isolé et paraît sujet à caution. Diogène Laérce lui-méme ne parait pas lui attribuer beaucoup de foi quand il précise immédiatement aprés que Timon eut de nombreux auditeurs. Et surtout, c'est à Énésidéme (»*E 24), et non à Ptolémée de Cyréne, qu'Aristoclés (cité par Eusèbe. Préparation évangélique XIV 18, 29) attribue la refondation du scepticisme pyrrhonien. Le nom de Ptolémée est cependant à nouveau cité par Diogène Laérce (IX 116) à l'intérieur d'une liste de philosophes sceptiques, ce qui semble confirmer son appartenance à cette école philosophique, sinon son röle de refondateur. ἢ y est présenté comme l'élève d'Eubule d'Alexandrie (**E 75) et le maitre de Sarpédon, personnage inconnu par ailleurs, mais derrière lequel se cache peut-être le nom de Sérapion. Il y est surtout cité comme le maitre d'un certain Héraclide. ici présenté comme le maitre d'Énésidéme. Sur l'identité exacte de cet Héraclide, voir la mise au point de J. Brunschwig dans son article (**H 54) qui souligne les difficultés chronologiques d'une identification avec le célébre médecin empirique Héraclide de Tarente (2+H 58).
P 318
PTOLEMEE
1737
Toutefois, il existe aussi des arguments en faveur de cette identification : Héraclide de Tarente apparait, en effet, comme la source la plus vraisemblable pour les deux recettes attribuées à Ptolémée par Celse et Galien, selon Deichgräber 1, p. 172, et plus récemment Decleva Caizzi 4, p. 178 n. 7, qui souligne, à juste titre, que le fragment de Ptolémée conservé par Galien est cité à l'intérieur d'un passage indiqué comme « provenant d'Héraclide de Tarente » (t. XII, p. 583, 15-16 Kühn: Ἡρακλείδου Ταραντίνου). L'hypothése pour la premiere fois formulée par Deichgräber qui fait de Ptolémée le maitre d'Héraclide a été combattue par Michler 3, p. 122-125, qui reproche au savant allemand d'avoir construit la figure d'un Ptolémée, médecin, philosophe, et maitre d'un Héraclide sur la seule base du témoignage de Diogene Laérce. Guardasole 5, p. 121, signale cependant le témoignage de Caelius Aurelianus (Tard. pass. III 8, 125 = éd. I. E. Drabkin, Chicago 1950, p. 792) à propos d'un Ptolémée mentionné comme disciple d'Érasistrate (Ptolemaeus Erasistrati sectator) et souligne qu'il n'existe aucune raison objective de distinguer ce Ptolémée de celui cité par Celse et Galien. Tous ces éléments concourent donc à imposer la figure d'un Ptolémée, disciple d'Érasistrate (fl. 258256) et maitre d'Héraclide de Tarente (qu'on situe l'activité de ce dernier au milieu du II s. av. J.-C., datation haute, ou bien aux environs de 75", datation basse adop-
tée notamment par sa dernière éditrice, A. Guardasole). Ajoutons pour finir que rien dans le contenu des fragments transmis par Celse et Galien ne s'oppose à l'hypothése qui fait de Ptolémée un tenant de l'école empirique.
VÉRONIQUE BOUDON-MILLOT. 318
PTOLÉMÉE
RE 70
II-IH
A. Philosophe péripatéticien du milieu du III* siècle que, dans la Préface de son traité Sur la fin, Longin classait, en compagnie d'un certain Ammonius (»*A 139 B), parmi ceux qui se sont contentés d'enseigner et qui n'ont rien écrit (Porphyre, Vita Plotini 20, 49-57). Longin précise que ces deux péripatéticiens étaient les hommes les plus érudits de leur temps (φιλολογώτατοι), mais il indique aussi qu'ils n'ont pas écrit d'ouvrages techniques, mais qu'ils se sont faits connaitre gráce à leur production littéraire (poésies et discours d'apparat). «Il est tentant, mais hasardeux, de voir dans [cette paire de philosophes] des titulaires des chaires athéniennes » de philosophie, instaurées par Marc Aurèle (1 S. Toulouse, « Les chaires impériales à Athènes aux Ile et Ile siècles », dans H. Hugonnard-Roche [édit.], L'enseignement supérieur dans les mondes antiques et médiévaux, Paris 2008, p. 127-174, p. 165).
B. Péripatéticien mentionné par Sextus Empiricus Cet auteur reprochait à Denys le Thrace (**D 86) sa considérée comme un savoir d'expérience (ἐμπειρία), ment dit. La méme critique se trouve également prêtée
(Adv. Math. I 60-61 et 72). définition de la grammaire, et non comme un art propreà Πτολεμαῖος ὁ Περιπατη-
tıxög dans les Scholies Vaticanes sur Denys le Thrace, p. 165, 16-19 Hilgard. Voir 1 A. Dihle,
« Der platoniker
Ptolemaios », Hermes
85,
1957, p. 314-325,
notam-
ment p. 314-315 ; 2 [Id.], art. « Ptolemaios » 70, RE XXIII 2, 1959, col. 1860-1861.
1738
PTOLEMEE
Doutes
sur cette identifications exprimés
P 318
par L. Repici Cambiano,
«Sesto
Empirico
e i
Peripatetici », dans G. Giannantoni (édit.). Lo Scetticismo Antico. Atti del Convegno organizzato dal Centro di Studio del Pensiero Antico del C. N. R. (Roma 5-8 Novembre 1980), coll.
« Elenchos. Collana di Testi e Studi sul Pensiero Antico» 6, en 2 vol., Napoli 1981, vol. II, p. 697-699; D.L. Blank (édit /trad.), Sextus Empiricus, Against the Grammarians (Adversus Marhematicos 1), Oxford 1998, p. 130-132 et 381. Suit Dihle : H. Gottschalk. art. « Ptolemaios der Peripatetiker », NP X, col. 571 ; contra voir W. J. Slater, « Asklepiades and Historia», GRBS 13, 1972, notamment. p. 317 n. 2.
Rien de précis n'invite à identifier l'un à l'autre les péripatéticiens mentionnés par Longin et par Sextus Empiricus, mais il n'est pas totalement exclu qu'il puisse s'agir du méme: la chronologie, bien floue. de Sextus ne s'oppose pas absolument à ce que son Ptolémée soit identique à celui que Longin mentionne et qui a dü vivre aux II* et III* siècles; ce dernier, fameux pour ses poèmes et ses discours d'apparat. aurait bien pu étre amené à s'intéresser à la question de la nature de la grammaire et à chercher à asseoir philosophiquement le caractére hautement technique de sa pratique littéraire, ce qui pourrait faire du Ptolémée de Sextus, qui croit que la dignité de la grammaire se trouve amoindrie par la définition qu'en donne Denys le Thrace, l'autre visage, théorique, du méme péripatéticien (pour des arguments en faveur d'une possible identification, voir Dihle 1, p. 315). Cette identification est donc envisageable, mais il faut alors supposer que le contemporain de Longin était déjà en activité à la fin du li siècle — les philosophes énumérés sont ceux qu'il avait connus dans sa jeunesse (Vita Plotini 20. 21) — et qu'il ne s'était pas abstenu d'exprimer ses convictions philosophiques par écrit de facon aussi ferme que le rapporte Longin. Son collégue Ammonius, s'il est identique au péripatéticien homonyme connu par Philostrate (V. soph. 1l 27), devait effectivement être déjà en activité à la fin du Ile siècle.
En revanche, qu'il s'agisse de deux péripatéticiens ou d'un seul, une identification n'est pas envisageable avec le ou les Ptolémée platoniciens d'époque impériale (**P 321), ni avec le Ptolémée qui a écrit la petite bio-bibliographie d'Aristote connue des Arabes (»*P 322), encore moins avec Ptolémée Chennos qui
vivait soph tomie n'ont
à la fin du I*' siècle apr. J.-C., comme l'a proposé und Grammatiker Ptolemaios Chennos, Paderborn systématique de Longin entre philosophes qui ont pas écrit (d'ouvrages philosophiques) ne doive pas
confiance
(voir
Toulouse
1, p. 166
n. 1), cette
3 A. Chatzis, Der Philo1914. Bien que la dichoécrit et philosophes qui inspirer une trop grande
indication
rend
de
telles
identi-
fications fort peu probables. STÉPHANE TOULOUSE.
319
PTOLÉMÉE LE BLANC D'ALEXANDRIE
RE 71
II?
Épicurien, cité, avec Ptolémée le Noir (»*P 320), parmi les membres remarquables du Jardin d'Épicure (#*E 36) par Diogene Laérce (X 25) aprés Apollodore «le maitre du Jardin » (**A 243). TIZIANO DORANDI.
P321 320
PTOLÉMÉE LE PLATONICIEN
PTOLÉMÉE LE NOIR D'ALEXANDRIE
1739
RE 71
12
Épicurien. Cité, avec Ptolémée le Blanc (#*P 319), parmi les membres remarquables du Jardin d'Épicure (»*E 36) par Diogene Laërce (X 25) après Apollodore «le maitre du Jardin » (**A 243). TIZIANO DORANDI.
321
PTOLÉMÉE LE PLATONICIEN
RE 69
IPA?
Philosophe désigné comme platonicien dans deux textes néoplatoniciens, l'un de Jamblique, l'autre de Proclus. Dans le premier texte (Jamblique, De anima, dans un extrait conservé par Stobée, Anthol. I 49, 39, p. 378, 1 Wachsmuth), Ptolémée
est présenté comme un philosophe qui partage, avec un Ératosthène (»E 51) et d'autres, une doctrine des incorporations graduelles de l'áme lors de sa descente dans le monde de la génération; cette opinion repose sur le principe que «toute áme est toujours dans un corps ». On rencontre apparemment de nouveau ce philosophe au début du commentaire de Proclus sur le Timée (in Tim. 7 a 4,t. I, p. 20,7 Diehl), quand celui-ci commente l'absence d'un quatriéme convive, anonyme, au «banquet» que va constituer, métaphoriquement, le dialogue du Timée. À cet endroit, Ptolémée est compris, avec Dercyllidés (#*D 87) et un Aristocles (»A 371), dans un exposé critique des opinions erronées sur l'identité du mystérieux absent ; sa vue, selon laquelle il s'agirait de Clitophon (**C 175), est rejetée par Proclus, sur la base de la congruence des indications de temporalité relative que
l'on trouve au début de la République
et du Timée, et non
sur la base du
rapport entre la date oü est située la fiction du dialogue et la chronologie de la vie des personnages historiques invoqués, comme c'est le cas pour les hypothèses d'Aristoclés (Théétète) et de Dercyllidés (Platon).
Ce que l'on peut tirer de ces allusions, c'est que Ptolémée s'est attaché à l'interprétation de Platon à deux niveaux, philologique et philosophique, et ceci au moins pour un dialogue particulier, le Timée (car j'ai indiqué ailleurs que la doxographie de Ptolémée er alii chez Jamblique repose sur une interprétation croisée de passages précis du Timée et du Phedre: voir 1 S. Toulouse, « Le véhicule de l'àme chez Plotin», EPlaton 3, 2006, p. 105-111). L’interpretation de la λέξις qu'on trouve chez Proclus suppose apparemment, de la part de Ptolémée, une lecture des dialogues socratiques sous la forme d'un enchainement narratif cohérent de récits interdépendants. En ce sens, l'association de son nom avec celui de Dercyllides n'est peut-étre pas sans valeur: le choix d'interprétation de Ptolémée (l'absent serait Clitophon) et sa critique intertextuelle (chronologie relative, d'un dialogue à l'autre, exprimée par les adverbes de temps), quelque absurde que Proclus en juge le résultat, prennent plus de sens si l'on admet que leur auteur adoptait la division tétralogique des dialogues, attribuée à Dercyllides et Thrasylle, et qu'il faisait fond sur celle-ci, jusque dans l'interprétation textuelle ; car, dans cette classification, la huitième tétralogie se lisait dans l'ordre suivant: Clitophon, République, Timée, Critias (cf. Diogène Laérce III 60), et c'est sans doute cette attention particulière,
1740
PTOLEMEE LE PLATONICIEN
P 321
voire excessive, à l'ordre de lecture qui peut expliquer l'argument malheureux rapporté par Proclus, où, à la différence des autres interprètes, Ptolémée fait usage du Clitophon («car... dans le dialogue du méme nom il n'a pas été jugé digne d'une réponse de la part de Socrate », trad. A.J. Festugiére, dans Proclus, Commentaire sur le Timée, I, Paris 1966, p. 48 2 in Timaeum, I, p. 20, 7-9 Diehl). Il existe aussi un lien entre la méthode d'interprétation employée par Ptolémée et celle du troisiéme personnage
adepte lui ultérieure (cf. ibid., des fétes
nommé,
Aristoclés, un commentateur
philologue.
aussi de l'explication intertextuelle, comme on le voit par une mention de Proclus, qui a de bonnes chances de se rapporter au méme Aristoclés 1, p. 122-123 = in Tim., I, p. 85, 26-30 Diehl), à propos de la succession des Bendidies et des Panathénées — sujet qu’Aristocles devait aborder.
tres vraisemblablement, pour expliquer les moments respectifs que représentent les
entretiens de la République et du Timée. Les trois commentateurs ensemble sont disqualifiés en tant que tels par Proclus, d'une manière particuliére: «je néglige donc, comme j'ai dit, ces gens-là, qui ont été déjà. par mes prédécesseurs, correctement exclus du débat, parce que ni ce qu'ils recherchent n'est digne de recherche, ni ce qu'ils disent n'est certain » (ibid., I, p. 48 = in Tim., I, p. 20, 11-13 Diehl). Le
reproche qui leur est fait est de s'arréter à la lettre du texte et de se poser une question aussi myope qu'insignifiante (qui est donc cet absent ?), si l'on compare
en effet leurs plates explications avec les interprétations philosophiques données par Porphyre (**P 263) et Jamblique (**I 3) à la page précédente du commentaire de Proclus ; bref, aux yeux de ce dernier, ils pratiquent un type de commentaire aussi anodin que conjectural. Quant aux dates de ce Ptolémée, elles sont impossibles à déterminer. 2 V. Rose, De Aristotelis librorum ordine et auctoritate commentatio, Berlin 1854, p. 45, l'identifie au Ptolémée, péripatéticien selon lui, auteur de la biographie et de l'index des œuvres d' Aristote. que cite Elias (in Cat., p. 107, 11-14 Busse, où on lit le nom Πτολεμαῖος ὁ Φιλάδελφος, que, dans 3 Aristotelis Opera, V , Berlin 1870, p. 1463, Rose propose de modifier en Πτολεμαῖος ὁ φιλόσοφος ; voir aussi son édition des 4 Aristotelis... fragmenta, Leipzig
1886, p. 2). Cette identification du
biographe d'Aristote et du Ptolémée platonicien conduit à placer cet auteur dans l'Antiquité tardive (oü, selon Rose, «nihil... valent Platonicorum et Peripateticorum discrimina» — De Aristotelis librorum ordine..., p. 45). 5 A. Busse, «Die neuplatonische Lebensbeschreibung des Aristoteles », Hermes 28, 1893, p. 263,
admet la possibilité de l'identification et présente cette créature virtuelle comme un néoplatonicien. A. Dihle, qui a consacré à la fois une étude (6 «Der Platoniker Ptolemaios », Hermes 85, 1957, p. 314-325) et une notice (7 art. « Ptolemaios » 69.
RE XXIII 2, 1959, col. 1859-1860) à Ptolémée le platonicien, persiste dans l'identification,
mais,
là oü
Busse
se
croyait
obligé
de
montrer
que
le biographe
d' Aristote était en fait un authentique néoplatonicien, Dihle, en sens inverse, croit nécessaire, pour l'identification, de soutenir que Ptolémée le platonicien est un adepte des doctrines péripatéticiennes ; il le situe au temps de Jamblique, puisque Porphyre ne connait pas le Ptolémée biographe et pinacographe. Indépendamment
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PTOLÉMÉE LE PLATONICIEN
1741
de Dihle, I. Düring (8 Aristotle in the ancient biographical tradition, Göteborg 1957, p. 210 et 475, et dans 9 «Ptolemy's Vita Aristotelis rediscovered », dans Philomathes. Studies and essays in the humanities in memory of Philip Merlan, The Hague 1971, p. 264) considere l'identification des deux Ptolémée comme vraisemblable, car il pense que le biographe d'Aristote est un pur néoplatonicien, alexandrin, qui fleurit nécessairement aprés Porphyre, dans la mouvance de Porphyre et de Jamblique, dans la première moitié du IV* siècle, et, de manière cohérente avec sa thèse mais en réalité absurde, il présente le Ptolémée platonicien cité dans le De anima de Jamblique comme «un disciple de Porphyre et de Jamblique» (sic: Düring 8, p. 475; cependant, en contradiction avec sa propre assertion [Düring 9, p. 267], il déplace son biographe néoplatonicien jusqu'au milieu du III* siècle, sans explication). 10 M. Plezia, «De Ptolemaeo pinacographo», Eos, 68, 1975, p. 37-42, est le premier à tirer une importante conclusion qu'imposait la redécouverte d'un témoin arabe direct de la Vie d’Aristote de Ptolémée (sur ce texte, voir les informations
données par 11 M. Aouad, notice « Aristote », A 414, DPhA I, 1994, p. 415-417), et à montrer que l'opinion commune (qu'il partageait) qui voyait dans cette biographie la source principale de ce qui était transmis par les Vies grecques et latine de l'Antiquité tardive est erronée ; cependant, il ne franchit pas encore le pas suivant
(il le fera dix ans plus tard: voir 12 M. Plezia, «De Ptolemaei vita Aristotelis », dans J. Wiesner [édit.], Aristoteles Werk und Wirkung : Paul Moraux gewidmet, t. I, Berlin 1985, p. 11), qui devrait faire renoncer à voir dans l'auteur de la biographie un néoplatonicien ou un auteur sous influence néoplatonicienne (voir la notice « Ptolémée al-garïb»). Malgré cette limitation, il distingue le biographe d'Aristote du Ptolémée platonicien, mais pour des raisons de pure chronologie : en effet, identifiant le Gallus (»*G 6) qui est le dédicataire de la Vie d’Aristote au
demi-frére de l'empereur Julien (voir Plezia 10, p. 40; identification hautement fantaisiste, comme le dit à juste titre J. Barnes, dans «Roman Aristotle», dans J. Barnes et M. Griffin
[édit.], Philosophia
togata,
t. II: Plato and Aristotle at
Rome, Oxford 1997, p. 25 n. 118), il le place avec plus de fermeté que Düring au IV* siécle, et remarque que le Ptolémée platonicien cité dans les doxographies de Jamblique et Proclus n'a probablement pas vécu au IV* siecle, puisque son nom est associé à ceux d'auteurs, selon lui, beaucoup plus anciens : Ératosthène, Aristocles et Dercyllides. Cependant, les deux premiers de ces trois noms posent eux-mémes un probléme d'homonymie et, par conséquent, d'identification et de datation: l'Ératosthéne
cité par Jamblique est-il ou non le fameux savant de Cyrène ? 13 A. J. Festugière, La Révélation d'Hermés Trismégiste, Paris 1953, t. IIT, p. 218 n. 1, pensait que non, et 14 L. Brisson, notice « Ératosthène », E 51, dans DPhA III, 2000, p. 188, voit en lui plutót un médioplatonicien ; mais l'identification au savant alexandrin est pourtant loin d'étre invraisemblable, si l'on se référe à l'étude de 15 Fr. Solmsen, «Erastothenes as Platonist and Poet», TAPhA 73, 1942, p. 192-213, article repris dans ses Kleine Schriften, t. 1, Hildesheim 1968, p. 203-224, et aux
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PTOLEMEE LE PLATONICIEN
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témoignagnes concernant son dialogue Le Platonicien, et méme à son po&me Hermes, qui dénotent l'influence patente et forte du Timée (voir 16 P. P. Fuentes González, notice « Ératosthène de Cyrene », E 52, dans DPAA III, 2000, en particulier p. 206, 209-212, 217 et 230, où sont signalées des traces nettes de l’astronomie et de la mathématique platoniciennes en différentes œuvres du savant); dans leur recent commentaire au texte de Jamblique, 17 J. Dillon et J. Finamore, /amblichus, De anima : text, translation and commentary, Leiden 2002, p. 152-153, admettent aussi la plus grande vraisemblance de cette hypothèse. Quant à l’Aristocles cité par Proclus, plutôt qu'Aristoclés de Messine, Aristoclés de Pergame, ou l’Anstoclès destinataire d'une lettre de Proclus (voir les notices correspondantes écrites par R. Goulet et S. Follet (»*A 367, 369 et 370], dans le DPhA
I, 1994, p. 381-385),
son identification trés probable avec l'Aristoclés de Rhodes cité un peu plus loin par Proclus (in Tim., I, p. 85, 26-30 Diehl) le fait par voie de conséquence identifier à un grammairien homonyme, contemporain de Strabon. Enfin, Dercyllidés est difficile à dater (voir 18 J. Dillon, notice « Dercylidès », D 87, DPhA II, 1994.
p. 747-748), mais si ce commentateur de Platon est antérieur à Thrasylle et si Varron fait bien allusion à sa classification tétralogique des dialogues de Platon.
Dillon suggère de le placer au II ou I*' siècle avant notre ère. Par conséquent, s'il est permis de s'appuyer sur ces conjectures, Ptolémée le platonicien se trouverait associé, en tant que commentateur de Platon, à deux platoniciens (Ératosthène et Dercyllidès) connus et cités par des platoniciens plus tardifs (à partir du 115 siècle: Théon de Smyrme
ou Albinus [»*A 78]) pour leur
exégése mathématique de Platon (Timée ou République), ainsi qu'à deux maitres philologues (le méme Dercyllidés, également ordonnateur des dialogues de Platon. et Aristoclés de Rhodes). Quant à la doctrine que Ptolémée soutient dans le De anima de Jamblique, il n'y a aucune raison d'en déduire qu'il était péripatéticien (pace Dihle). 1] s'agit là d'une doctrine, non seulement appuyée sur des textes de Platon, mais nettement platonicienne, par l'investissement exégétique et doctrinal qu'elle suppose, et reçue d'ailleurs comme telle aussi bien par Jamblique dans son exposé (voir Stobée, t. I, p. 378,
1-11 Wachsmuth), que, trés vraisemblablement,
par Plotin dans le traité Sur les difficultés relatives à l'âme I (chap. 4 et 9; voir Toulouse 1, p.105-111). Aussi, comme Luc Brisson le pense à propos de l'Ératosthéne de Jamblique, on pourrait penser que Ptolémée est un philosophe médioplatonicien. Certes, a priori, le spectre temporel qui s'ouvre pour le dater est extrémement large. Pour le réduire quelque peu, on pourrait avancer que l'identification qu'il propose de l'absent mystérieux au début du Timee, comme nous l'avons dit, laisse entendre qu'il lisait les dialogues dans l'ordre instauré par Dercyllidés (ou Thrasylle ?), ce qui le ferait dater au plus tôt du II* siècle avant notre ére, mais sans doute plus vraisemblablement dans une période postérieure ; quant à son terminus ante quem, contrairement aux interprétes modernes que nous
avons cités plus haut, qui entendaient l'identifier avec le Ptolémée biographe d'Aristote, je pense qu'il n'est pas possible de dater notre Ptolémée au delà du milieu du II siècle, d'abord parce que la présentation de Proclus montre que
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PTOLÉMÉE LE PLATONICIEN
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Dercyllides, Aristoclès et lui ont déjà été, dit Proclus, «par mes prédécesseurs, correctement exclus du débat» (in Tim., I, p. 20, 11-12 Diehl), et que ses prédécesseurs sont vraisemblablement ici Porphyre et Jamblique ; et aussi parce que, comme
je l'ai montré
ailleurs
(Toulouse
1), et comme
Brisson
14, p. 188,
le
souligne, la doctrine soutenue par ce dernier et par Ptolémée est une doctrine à laquelle Plotin fait allusion dans le premier traité Sur les difficultés relatives à l'áme. Étant donné l'arc temporel ainsi délimité, il serait a priori possible d'identifier notre Ptolémée à Ptolémée Chennos d' Alexandrie, grammairien et littérateur des If'-II° siècles, comme l'ont suggéré 19 E. R. Dodds (dans son édition de Proclus, Éléments de Théologie, p. 317) et, à sa suite, Festugiére 13, p. 218 n. 2);
mais aucun élément positif ne vient étayer cette hypothèse, et la différence du qualificatif qui sert d'identifiant, pour un nom aussi fréquent que Ptolémée, me parait plutót aller en sens contraire ; qui plus est, Dihle 6, p. 316 et 321, a donné des arguments contra, qui tiennent à ce que l'on connait de l’œuvre de Chennos. Du point de vue doctrinal, le témoignage de Jamblique est à prendre avec quelque précaution, car on ne peut exclure que les nécessités de la doxographie aient conduit l'auteur à assembler « Ératosthéne, Ptolémée le platonicien et d'autres » sous un méme dogme de maniére peut-étre schématique. Tel qu'il se présente, ce témoignage indique que ces auteurs proposaient une interprétation assez originale de la naissance des âmes dans le Timée, selon laquelle: 1. L'âme est toujours dans un corps, que ce soit l'àme du Tout ou l'áme particulière ; 2. dans le cycle de la genesis, il est des processions des ämes de niveau différent, et, de là, des degrés de corporéité
différents selon la dignité originelle de l'áme; 3. ceci suppose que l'on distingue des espèces d’ämes, dont les unes ont leurs actes adéquats à leur essence, et les autres non, d'un cóté les ämes des dieux, de l'autre les ämes des mortels, atttachées d'emblée, toutes, à un corps, plus ou moins subtil; 4. ce corps nécessairement attaché à l'àme, quand il n'est pas le corps terrestre ou « ostréeux » (image de la coquille, que Ptolémée et alii vont chercher dans le Phedre, 250 c 5-6), et certainement dans l'intervalle des incarnations, est un corps d'une nature élémentaire supérieure, à savoir d'air ou de feu. Cette lecture du Timée à la lumière du mythe de l'attelage ailé du Phédre (et du décret d'Adrastée) vise à ordonner les processions des ämes selon leur nature et dignité, et il repose sur une exégése délicate du passage du Timée qui porte sur la premiere naissance des ámes et sur leur ensemencement (41 d 8-42 d 5) — passage qui posait probléme, car il y est dit que la première naissance est la même pour toutes les âmes (41 e 3-5), mais aussi, plus loin, que l'ensemencement se fait pour les unes, sur la terre, pour les autres, sur la lune, pour d'autres encore sur les instruments du temps (42 d 2-5). La question est de savoir s'il faut alors distinguer des classes d’ämes différentes de nature (selon une interprétation du mélange dans le cratère, en 41 d 6-8) - ce que font Ptolémée et alii. Et si l'on admet qu'il y a des natures d’ämes différentes et des processions de différents ordres, et que l'on interpréte 41 d 8-e 2 («il distribua ces àmes dans les astres chacune à chacun. et il les y placa comme dans un char ») comme l'indication que l’äme a un corps primordial dès sa première naissance, on peut être amené à concevoir l'existence nécessaire de degrés d'incorporation, eux-mémes variables, en fonction du point de départ de la descente de l’âme ou de la dignité de son origine. C'est une telle interprétation que semble bien impliquer la doctrine que Jamblique préte à ces platoniciens, parmi lesquels figure le nom de ce Ptolémée.
STÉPHANE TOULOUSE.
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PTOLEMEE AL-GARIB
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PTOLÉMÉE AL-GARIB Elias, in Categ., p. 107, 11-14 Busse, définit de la façon suivante deuxième point à aborder avant l'étude des Catégories: « Comment se divisent les écrits d'Aristote, lesquels sont nombreux, s'élevant au nombre de 1000 comme le dit Ptolémée le philosophe, lui qui en a fait le répertoire, (a rédigé) sa biographie et (rapporté) son testament», δεύτερον τίς ἡ διαίρεσις τῶν Ἀριστοτελικῶν
συγγραμμάτων πολλῶν ὄντων, χιλίων τὸν ἀριθμόν, ὥς φησι Πτολεμαῖος ὁ Φιλάδελφος (corrigé en Πτολεμαῖος ὁ φιλόσοφος par 1 V. Rose, dans Aristotelis Opera,
V,
Berlin
fragmenta, Leipzig
1870,
p.1463;
voir
aussi
son
édition
des
2 Aristotelis...
1886, p. 2) ἀναγραφὴν αὐτῶν ποιησάμενος xai τὸν βίον
αὐτοῦ xai τὴν διάθεσιν (corrigé en διαθήκην par Rose). Ce renseignement que l'on ne trouve pas dans les autres introductions néoplatoniciennes au commentaire des Categories (Ammonius, Philopon, Simplicius, Olympiodore) se retrouve dans des textes arabes qui justifient les deux corrections proposées par Rose. Cette documentation, parallèle à celle d' Andronicus de Rhodes (**A 181), est également mentionnée dans la Vita Marciana d' Aristote au $ 43: «Et il mourut à cet endroit
en laissant un testament écrit, qui est rapporté chez Andronicus et chez Ptolémée
avec le répertoire de ses écrits», Kai τελευτᾷ ἐκεῖσε διαθήκην ἔγγραφον καταλιπών, fj φέρεται παρά τε Ἀνδρονίκῳ xai Πτολεμαίῳ μετὰ τῶν πινάκων τῶν αὐτοῦ συγγραμμάτων. Voir également la Vita Latina ($ 46), qui dérive de la Vita Marciana : Et mortuus est in Calchide dimittens testamentum scriptum quod fertur ab Andronico et Ptholomeo cum voluminibus suorum tractatuum. Ces documents ont été édités par 3 I. Düring, Aristotle in the ancient biographical tradition, coll. « Studia graeca et latina Gothoburgensia » 5, Göteborg 1957, p. 96106 (p. 105) et 151-158 (p. 157). Ce Ptolémée apparaît chez les bio-bibliographes arabes, avec le qualificatif a/garib («l'étranger » ou peut-étre « l'inconnu ») comme l'auteur d'un ouvrage dédié à un certain Gallus (»*G 6): «Traité sur Aristote, sa mort et l'ordre de ses écrits » (Ibn al-Qifti et Ibn al-Nadim), ou encore: «Sur la vie et l'histoire d'Aristote, son
testament et le répertoire de ses livres réputés » (Ibn Abi Usaibi‘a). Le répertoire des ouvrages d' Aristote signalé par Elias (**E 15) est conservé chez Ibn al-Qifti et Ibn Abi Usaibi'a. Il est reproduit dans la rétroversion grecque de Düring dans DPhA I, 1989, p. 432-434. Le texte arabe utilisé par les bio-bibliographes a été retrouvé par M. Mahdi dans le manuscrit /stanbul Aya Sofya 4833, mais n'est pas encore entiérement édité. Voir
4 M. Aouad, DPhA
I, 1989, p. 415-417
(avec
la
bibliographie). L’incipit contient la formule suivante: «Voici un traité de Ptolémée, contenant le testament d'Aristote, le catalogue de ses livres et quelque chose de sa biographie, adressé à Gallus ». Sur les rapports entre cette Vie et les autres Vies d'Aristote, voir aussi 5 I. Hadot, Simplicius, Commentaire sur les
Catégories, fasc. I, coll. « Philosophia Antiqua » 50, Leiden 1990, p. 53-55. RICHARD GOULET.
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PTOLEMEE AL-GARIB
1745
L'identification de ce Ptolémée avec Ptolémée le platonicien (**P 321), longtemps postulée, n'est plus guére tenable, depuis que Marian Plezia a tiré quelques conclusions qu'imposait la redécouverte d'un manuscrit arabe de la Vie d' Aristote écrite par Ptolémée (voir la notice « Ptolémée le platonicien », ὃ 3).
La désignation de l'auteur par la mention al-garib est le fait d'une partie de la tradition arabe ; cependant, Ibn Abi Usaibi‘a, dont le texte est trés similaire, aux
dires de 6 I. Düring, « Ptolemy's Vita Aristotelis rediscovered », dans Philomathes. Studies and essays in the humanities in memory of Philip Merian, The Hague 1971, p. 264-269, à la page 269, au texte redécouvert de Ptolémée, ne l'appelle à aucun moment al-garib, mais l'identifie seulement par une mention du titre, plus ou moins développée (voir Düring 3, p. 213 et 221). Au XIX* siécle, l'auteur a été identifié à Ptolémée Chennos, grammairien et prétendu philosophe des I*'-II* siecles (7 P. Moraux, Les listes anciennes des ouvrages d'Aristote, Louvain
1951,
p. 292-294, avec les références à la littérature antérieure) ; cette identification a été elle aussi remise en cause par 8 A. Dihle, « Der Platoniker Ptolemaios », Hermes
85, 1957, p. 314-325, aux pages 315-316 et p. 321-322, qui voit dans Chennos un paradoxographe indigne d'étre considéré comme un philosophe. Les travaux de Plezia que je mentionnais dans la notice relative à Ptolémée le platonicien, comme ceux de D. Gutas et de P. Moraux, ont donné de l’œuvre de
Ptolémée "pinacographe" (ainsi que le désigne Plezia) une vision différente de celle qui émergeait des travaux de Düring (voir Düring 3, p. 209-210 et 469-476) et de son épigone, 9 A.-H. Chroust (voir Aristotle : new light on his life and on some of his lost work, t.1: Some novel interpretations of the man and his life, London 1973, chap. I, p. 1-15, en particulier aux pages 9-10): Plezia a montré que, à la lumière du texte manuscrit redécouvert, on devait cesser de soutenir que Ptolémée était la principale source des Vies grecques et de la Vie latine ; Gutas a quant à lui montré que les Vies arabes elles-mémes comportent des sources qu'il faut distinguer: d'un cóté, la Vie écrite par Ptolémée, mais de l'autre, une Vie alexandrine, qu'il qualifie de “tendancieuse”, en ce sens qu'elle témoigne d'une élaboration néoplatonicienne de la biographie d'Aristote (voir 10 D. Gutas, « The spurious and the authentic in the Arabic Lives of Aristotle», dans J. Kraye, W. F. Ryan et C. B. Schmitt [édit.], Pseudo-Aristotle in the middle ages : the Theology and other texts, London 1986, p. 15-36). En troisième lieu, et bien que ce point ait une incidence moins directe que les deux précédents sur l'identification et la situation chronologique et doctrinale possible de Ptolémée, Moraux a montré que l'on ne pouvait pas non plus se servir de Ptolémée comme d'un calque, pour connaître le travail d'Andronicos
de Rhodes
[»+A
181]
(voir 11 P. Moraux,
Der Aristo-
telismus bei den Griechen von Andronikos bis Alexander von Aphrodisias, t. 1: Die
Renaissance des Aristotelismus im I. Jh. v. Chr., Berlin 1973, p. 64-84); enfin, le méme savant a montré (comme Plezia l'a fait à propos du caractére prétendument néoplatonicien de la Vie), mais au sujet du rapport entre l’ordre des écrits d'Aristote dans le catalogue de Ptolémée et la classification néoplatonicienne des
1746
PTOLEMEE AL-GARIB
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mêmes écrits, que le découpage et la répartition des œuvres d'Aristote reposait dans les deux cas sur des bases trés différentes (Moraux 11, p. 85-94). Pour ce qui est de la datation du Ptolémée pinacographe, l'identification du dédicataire de la Vie avec le demi-frére de l'empereur Julien (mort en 354), que propose Plezia (voir 12 M. Plezia, « De Ptolemaeo pinacographo », Eos, 68, 1975, p. 37-42, 13 I/d.,
«De Ptolemaei Vita Aristotelis », dans J. Wiesner [édit.], Aristo-
teles. Werk und Wirkung [Mélanges P. Moraux], Berlin 1985, t. I, p. 1-11, ainsi que dans diverses études signalées par Aouad 4, p. 415), est tout à fait sujette à caution (voir 14 R. Goulet, notice « Gallus », G 6, DPhA
III, 2000, p. 467, et la
remarque de 15 J. Barnes dans « Roman Aristotle», dans J. Barnes et M. Griffin [édit.], Philosophia togata, t. Il: Plato and Aristotle at Rome, Oxford
1997, p. 25
n. 118); et Moraux a bien montré, contre Dihle, que le spectre temporel possible pour la datation du pinacographe était largement ouvert, en-decà méme de l'époque de Jamblique (Moraux 11, p. 60 n. 6). De ce fait, l'identification ancienne à Ptolémée Chennos (sur lequel voir 16 A. Chatzis, Der Philosoph und Grammatiker Ptolemaios Chennos, Paderborn 1914), qui provenait d'une explication philologique séduisante du sumom al-garib (ξένος lu yévvoc), pourrait à la rigueur resurgir. Cette hypothése a été rejetée par Dihle pour des raisons d'histoire littéraire, parce que Chennos lui parait étre un paradoxographe étranger à l'esprit de sérieux philologique (quoique la Souda le qualifie de grammairien: voir Suidae Lexicon, sous Épaphrodite de Chéronée [E 2004] et sous Ptolémée d'Alexandrie [I1 3037], fils d'Héphaistion) et aussi pour des raisons d'histoire de la philosophie : puisque Andronicos de Rhodes était à disposition, au moins jusqu'au temps de Porphyre, quel besoin d'une œuvre nouvelle sur la vie et les écrits d’Aristote? Cependant, il suffit de lire la préface de Ptolémée, dans laquelle il s'adresse à un certain Gallus, pour constater qu'il peut exister un besoin positif d'écrire ce type d'ouvrage, plutót bref, avant comme aprés Porphyre. Quant au seul argument positif de Dihle pour une datation tardive (au IV* siécle), il a été réfuté d'une part
par Moraux, qui a montré qu'on ne pouvait pas la déduire de l'isolement du témoignage d'Élias, parmi les commentateurs néoplatoniciens (Moraux 11, p. 60 n. 6); et d'autre part par moi-méme (voir notice «Ptolémée le platonicien»), qui ai montré que, si du moins, comme fait Dihle, on identifie le pinacographe et le platonicien, alors on est conduit à reconnaitre que cet auteur est certainement antérieur à
Porphyre et méme vraisemblablement propos des témoignages de Proclus et crois pas à cette identification, et que affiliation philosophique, serait plutót
à Plotin, pour les raisons que j'ai données à de Jamblique. Cependant, j'ajoute que je ne je pense que le pinacographe, s'il avait une reconnu comme un péripatéticien.
Dihle reconnait que l'hypothése qui explique la déformation de ξένος en χέννος est séduisante, mais, pour faire piéce à cette explication, il ajoute que l'interprétation du surnom serait nettement plus simple si al-gartb avait aussi le sens d'ignotus, outre celui de peregrinus (Dihle 8. p. 19), selon une supposition émise par Steinschneider dans l'édition berlinoise d'Aristote: le traducteur syriaque ou arabe aurait voulu ainsi distinguer notre Ptolémée de l'astronome bien connu de ses lecteurs (#*P 315). Mais Dihle est obligé de reconnaitre que le sens "ignotus" n'est pas attesté dans les lexiques arabes pour garib (Düring 3. p. 209, dit erronément que «al-garib =
P 322
PTOLEMEE AL-GARIB
1747
ignotus »). Il cherche donc, en dernier recours, une explication par le biais du syriaque, puisqu’on suppose des traductions intermédiaires dans cette langue. Il fait l'hypothése que garib est la traduction de giurd, qui veut dire le plus souvent "étranger", mais aussi quelquefois “inauthentique”, “impropre”, et il cite à ce propos un passage grammatical de Grégoire Barhebraeus. où une lettre (R) est distinguée de trois autres comme une gutturale non authentique (voir ses Œuvres grammaticales, éd. de l'abbé Martin, Paris 1872, I, p. 196, 13; voir aussi Axel Moberg qui, avant de publier son édition du Livre des Splendeurs à Lund en 1922. en a donné une traduction allemande à Leipzig en 1913: p. 9, il traduit le terme par "unecht"). Ainsi, un traducteur syriaque aurait imaginé d'appeler notre Ptolémée giurä, à savoir garib, pour traduire ce qualificatif. On peut déjà penser que la qualification d'inauthentique est assez absurde, et que, malgré qu'il en ait, l'interprétation de Dihle n'est ni plus simple. ni plus satisfaisante que celle qui repose sur la mélecture du qualificatif grec, bien au contraire. Mais à supposer méme qu'on admette que ce qualificatif “inauthentique” ait quelque valeur, appliqué à la distinction des deux Ptolémée, il reste que le terme syriaque formé sur la racine GWR (dont le sens général est la notion d'adultére), giyuro, a deux sens : (1) étranger ; (2) prosélyte. Le sens de "faux", dont parle Dihle, repose
sur l'attestation unique du passage cité de Barhebraeus (voir 17 K. Brockelmann, Lexicon Syriacum, Berlin/Edinburgh 1895, s.v. giura, oü Brockelmann rend giyuro par spurius). Cependant, il existe un autre terme qui dépend de la méme racine GWR, goyuro, et ce terme, à partir d'un sens premier "celui qui commet l’adultere”, aurait pris le sens de "trompeur", "faux" ; c'est donc sous le vocable “goyuro” que 18 R. Payne Smith, à la différence de Brockelmann, range le sens de "faux" (Thesaurus Syriacus, 1, Oxford 1879, col. 689, où il traduit le terme govuro par falsus) ; mais la seule occurrence qu'il donne de ce sens est... l'exemple grammatical de la lettre R chez Barhebraeus que Brockelmann mettait sous givuro ! La seule autre occurrence du sens de "faux" se rencontre dans un texte cité dans le 17 Supplement to the Thesaurus Syriacus (édité par Jessie Payne Margoliouth, Oxford 1927), p. 70, dans un ajout à la col. 689 du dictionnaire de Payne Smith: c'est le terme giyuro qui, ici, est porteur de ce sens, appliqué aux "fausses cotes" dans un texte dont l'auteur n'est autre que le méme Grégoire Barhebraeus, dans une partie de son Butyrum Sapientiae, consacrée à l'histoire naturelle (pour une information récente sur Barhebraeus et son Butyrum Sapientae, voir 19 H. Takahashi, Aristotelian meteorology in Syriac : Barhebraeus, Butyrum Sapientae, Books of mineralogy and meteorology, Leiden 2004, en particulier p. 3-14). Par conséquent, le sens invoqué par Dihle est à la fois trés marginal et rare, et surtout attesté seulement à une époque bien tardive, puisque Barhebraeus écrit dans la seconde moitié du XIII* siècle. Au demeurant, l'explication de Dihle implique en réalité, si l'on s'en tient au sémantisme attesté du terme syriaque qu'il veut retenir et qui ne veut pas dire "inconnu", mais "faux", "impropre" (portant sur l'appellation: fausse gutturale, fausse cote), que le traducteur syriaque aurait mis en doute le nom méme de Ptolémée en tant qu'auteur de la Vie, ce qui ne concorde pas du tout avec la thése générale de Dihle, qui ne remet pas en cause le nom de l'auteur de la Vie, et qui méme cherche à l' identifier à Ptolémée le platonicien.
Sans qu'il s'agisse de réhabiliter l'hypothése de l'identification avec Ptolémée Chennos (considérée peut-étre un peu prématurément comme définitivement réfutée par 20 H. B. Gottschalk, «The earliest Aristotelian commentators», dans R.Sorabji
[édit.],
Aristotle
transformed.
The
ancient
commentators
and
their
influence, London 1990, p. 55-81, à la page 56 n. 5), il faut reconnaitre modestement que les arguments apparemment positifs qui l'interdisaient absolument (doctrine néoplatonicienne, datation basse, ou appellation arabe et syriaque selon Dihle) sont tombés les uns aprés les autres. Je remercie chaleureusement Jocelyn Groisard de m'avoir aidé à éclaircir scientifiquement mes premiers doutes à propos de l'hypothèse de Dihle en me guidant dans l'examen du dossier des textes et lexiques syriaques.
STÉPHANE TOULOUSE.
1748
PUBLIUS DE HIERAPOLIS
PUBLICOLA — PUBLIUS — PUBLIUS
323
P 323
GELLIUS PUBLICOLA (L. -)
CELSUS (PUBLIUS -) > VOLUMNIUS
(PUBLIUS -)
PUBLIUS (IIónAtoc) DE HIÉRAPOLIS Philosophe stoicien d'époque inconnue, mentionné avec son compatriote Sarapion. également stoïcien, par Stéphane de Byzance dans sa notice sur Hiérapolis (p. 328, 2 Meineke). Cf. M. Pohlenz, Die Sroa, t. Il, p. 144, qui rappelle que «le philosophe» Sérapion est mentionné dans la lettre 40, 2 de Sénéque: son correspondant Lucillius serait allé l'entendre « lorsqu'il faisait escale en Sicile ». Mais on peut penser surtout au philosophe Sarapion, ami de Plutarque. Stéphane ne précise pas de quelle Hiérapolis ils étaient originaires: il énumére la station thermale de Phrygie («entre la Phrygie et la Lydie »), et trois autres cités homonymes en Crète, en Syrie et en Carie. Un autre hiéropolitain mentionné par Stéphane, Julius Nicanor, poéte épique du début de l'époque impériale, célébré comme « nouvel Homère », est rattaché à Hiérapolis de Syrie. Voir C. Wendel, art. « Nikanor » 22, RE XVIII 1, 1936, col. 272. RICHARD GOULET.
324
PUDENTIANUS
II ?
Le nom de ce mystérieux personnage, dont on ne trouve nulle part mention parmi les disciples d'Épicure, est cité une seule fois par Galien, à la fin d'une liste de ses ouvrages consacrés à la philosophie d'Épicure (Sur ses propres livres 19, t. XIX, p. 48 Kühn - éd. V. Boudon-Millot, CUF Paris, 2007, p. 173). Son nom apparait dans le titre d'une lettre fictive qu'avait composée Galien et où il le qualifie d'épicurien (Ἐπιστολὴ Πουδεντιανοῦ ἐπικουρείου). Dans la mesure où cette lettre est aujourd'hui perdue, et oü nous n'en possédons plus que le titre (Lettre de Poudentianos l'épicurien ou plus vraisemblablement Lettre sur Poudentianos l'épicurien), il est difficile d'en dire plus sur ce personnage, sinon qu'il semble avoir été un contemporain de Galien. VÉRONIQUE BOUDON-MILLOT. PUPIUS —
325
PISO (M. PUPIUS CALPUNINUS -)
PYLAEMÉNES D'HÉRACLÉE
RE 6 PLRE Il:5
FIV-DV
Originaire d'Héraclée du Pont, venu à Constantinople pour faire carriére, et devenu sans doute juriste dans un bureau de l'administration impériale, envoyé en Isaurie entre 404 et 408, sans doute dans le cadre de la répression qui suit la révolte des Isauriens. Seize lettres de Synésius de Cyréne lui sont adressées, qui l'exhortent à se consacrer de nouveau
à la philosophie plutót qu'à la rhétorique et lui
reprochent de privilégier son métier d'avocat au détriment de la philosophie. Pour justifier son attitude, Pylaeménés écrit à Synésius que si la philosophie est plus belle que la rhétorique, la nécessité de rendre service à la cité l'oblige à choisir celle-ci, car «le lot que Dieu a assigné à la philosophie, c'est l'infortune » (Lettre
P327
PYRRHON D'ÉLIS
1749
103); ce que conteste Synésius, qui souligne que la philosophie n'a pas son pareil pour « régler, organiser et améliorer plus activement les affaires dans l'intérét des gens » (ibid.). PIERRE MARAVAL.
326
PYRALLIANOS DE PERGAME
MII
Fin connaisseur de l’œuvre de Platon, Pyrallianos était de ces beaux esprits qui fréquentaient l'Asclépiéion de Pergame en méme temps qu'Aelius Aristide (»+A 349) et qui, occasionnellement, intervenaient dans ses rêves : Discours Sacrés
IV 55. Les termes dans lesquels il est évoqué (τὸν ἐκ τοῦ ἱεροῦ) impliquent vraisemblablement qu'il exerqait, ou avait exercé, des fonctions dans le sanctuaire. Cette hypothése s'accorderait bien avec son róle dans le réve d'Aristide : guidant le sophiste dans une marche nocturne, il lui désigne de la main, dans le ciel, l'Àme du monde, qui n'est autre qu'Asclépios de Pergame. BERNADETTE PUECH.
327
PYRRHON D'ÉLIS
RE 1
ca 365-360 — 275-2770
I. ÉLÉMENTS BIOGRAPHIQUES ORIGINE ET DATATION
On sait trés peu de choses sur la vie de Pyrrhon d'Élis. Les témoignages sur Pyrrhon ont été recueillis par 1 F. Decleva Caizzi, Pirrone Testimonianze, Napoli 1981. Les renvois aux témoignages dans la présente notice se rapportent aux numéros de cette édition. Il n'y figure pas de fragments puisque Pyrrhon n'a rien écrit ; l'ouvrage présente 95 restimonia traduits et commentés avec un index des sources. Les principales sources de la reconstitution sont le livre IX de Diogene Laérce, les livres I et XI de l'Adversus mathematicos de Sextus Empiricus, deux passages de ses Hypotyposes ou Esquisses Pyrrhoniennes et un texte fondamental transmis par Eusébe de Césarée citant Aristoclès de Messine. Ces textes n'y sont pas édités en entier, en particulier la Vie de Pyrrhon de D.L., dans la mesure où, dans leur organisation complexe, ils contiennent des éléments du pyrrhonisme tardif et des polémiques posterieures à Pyrrhon. L'auteur, ne pouvant toutefois pas s'en tenir aux seuls témoignages contenant le nom de Pyrrhon. a retenu des textes où apparaissent les « pyrrhoniens » et édité de manière générale les textes contenant oi rtuppovetot en considérant qu'il pouvait s'agir de Pyrrhon et ses disciples
directs et en omettant ceux qui contiennent l'expression οἱ ἀπὸ Πύρρωνος ou oi κατὰ Πύρρωνα, puisqu'il s'agit des pyrrhoniens plus tardifs à partir d'Énésidéme (Decleva Caizzi 1, p. 14-15). L'ouvrage contient aussi des fragments de Timon de Phlionte, le disciple direct.
Pyrrhon est dit « fils de Pleistarque » par Diogène Laërce IX 61 et la Souda (s.v. Πύρρων) et ces deux témoignages ajoutent qu'il aurait été peintre avant de se tourner vers la philosophie (2T 1A et IB). On considére généralement qu'il vécut de 365-360 à environ 275-270. Selon la Souda (=T 1B), «il vécut au temps de Philippe de Macédoine, dans la 111° Olym-
piade et au-delà », cette date pouvant correspondre à son acmé (cf. Decleva Caizzi 1, p. 146).
1750
PYRRHON D'ÉLIS
P 327
FORMATION PHILOSOPHIQUE
Diogène Laërce (IX 61) dit qu’il étudia auprès d’un certain « Bryson, fils de Stilpon ». On a fait des restrictions sur la confiance que l’on doit accorder à cette remarque, mais la Souda nomme aussi un Bryson (**B 68) comme maître de Pyrrhon (= T IB, T 2). Le texte de D.L. a été souvent corrigé depuis Nietzsche pour des raisons chronologiques, Stilpon étant de la génération de Pyrrhon et luiméme donné pour maître de Timon à Mégare par D.L. (= T 47). Il faut aussi tenir compte du fait que τοῦ Στίλπωνος ne veut pas dire nécessairement «fils de Stilpon ». Cf. Decleva Caizzi 1, p. 132-134, et 2 R. Bett, Pyrrho, his Antecedents
and his Legacy, Oxford University Press 2000, p. 1 n. 2. Deux textes tentent de le rapprocher de Phédon d'Élis (»P 102): Strabon, Geogr. IX 1,8 (2 T 3) cite des Ἠλειακοί qui étaient successeurs de Phédon d'Élis au méme titre que les Ἐρετριακοί l'étaient de Ménédéme d'Érétrie (»*M 116), et
parmi eux, dit-il,
«était Pyrrhon ». La Souda, s.v. Σωκράτης, lui attribue Phédon
pour maitre (= T 4). Comme dans le cas de Stilpon qui peut permettre un lien avec les mégariques (cf. 3 A. Long et D. Sedley, The Hellenistic Philosophers, Cambridge 1987 : Les philosophes hellénistiques, 3 vol. traduit par J. Brunschwig et P. Pellegrin, Paris 2001, t. I, p. 37 n.2), il s'agit d'insister sur l'ascendance socratique de Pyrrhon en concurrence avec la généalogie éleatico-démocritéenne attestée par Eusèbe, Prep. Évang. XIV
17,10 (2 T 25B).
Diogene nous apprend qu'il fut formé, aprés Bryson, par Anaxarque d’Abdere [»*A 160] (IX 61) et le suivit en Inde avec l'expédition d' Alexandre, et cette filia-
tion est considérée comme plus crédible. En effet, d'une part le premier point est confirmé par Aristoclés, péripatéticien dont les dates sont mal connues (on ne le situe plus aujourd'hui au II* siécle de notre ére, mais un siécle plus tót au moins : voir 4 S. Follet, notice « Aristoclés de Messine » A 369, DPhA
I, 1989, p. 382-
384). D'autre part, en IX 63, Diogène rapporte deux anecdotes sur Pyrrhon
et
Anaxarque (= T 10). Plusieurs auteurs attestent les liens entre Anaxarque et Alexandre: Plutarque, De tranquil. an. 466 d et Valére Maxime VIII 14, 2 ; outre
D.L., Sextus, Adv. Math. 1 281-282 et Plutarque Alex. fort. 331 e témoignent d'un lien entre Pyrrhon et Alexandre. Cf. 5 R. Stoneman, « The legacy of Alexander in Ancient
Philosophy », dans
J. Roisman
(édit.),
A Companion
to Alexander
the
Great, Leiden 2003, p. 325-346. Anaxarque, natif d' Abdére, dont la vie précéde celle de Pyrrhon dans D. L. IX 58-60
(cf.
6 R. Goulet,
p. 188-191, et T. Dorandi,
notice
« Anaxarque
« I frammenti
d’Abdere»
A
160, DPhA
di Anassarco di Abdera », AATC
I, 1989, 59 [n.s.
45], 1994, p. 11-59), présent dans toutes les versions de la succession atomisticosceptique, représente le chainon intermédiaire entre Démocrite (»*D 70) et Pyrrhon et l'on peut penser avec 7 J. Brunschwig, « Introduction au livre IX » de Diogene Laërce, Vies et doctrines des philosophes illustres, trad. sous la direction de M.-O. Goulet-Cazé, Paris 1999, p. 1038, que «ce qui a fasciné Pyrrhon chez Démocrite, tout comme ce qui a fasciné Épicure (»*E 36) chez Pyrrhon, c'est l'attitude morale plutót que les spéculations ».
P 327
PYRRHON D'ÉLIS
1751
Selon Diogene encore, la philosophie de Pyrrhon est le résultat de sa rencontre avec des Gymnosophistes pendant son voyage en Inde. Cette rencontre est plausible, comme elle l'est pour le cynique Onésicrite [®+O 23] (Strabon XV
et, à la suite de 8 V. Brochard, Les Sceptiques 2002 (1" édition 1887, 2° éd. 1923, 3° éd. 1959) attaché à montrer les parallélismes entre Pyrrhon toujours distingué dans ce texte de Diogene les
1, 63-65)
grecs, rééd. J.-Fr. Balaudé, Paris p. 87-89, Bett 2, p. 169-178, s'est et la pensée orientale. On n'a pas deux notations «avec les Gymno-
sophistes en Inde et avec les Mages ». Decleva Caizzi 1, p. 136-142, commente à la
fois les rapports entre Gréce et Orient et la distinction faite à l'époque de Pyrrhon entre Mages de Perse et Gymnosophistes de l'Inde. Deux hypothéses peuvent confirmer le texte de Diogène : ou bien Alexandre avait à sa cour des Mèdes et des Perses ou bien la rencontre avec les Mages a pu advenir sur le chemin du retour, donc aprés l'épisode des « Penseurs nus » (Decleva Caizzi 1, p. 138). POSTÉRITÉ
Il n'écrivit rien, en tout cas aucun écrit philosophique, mais selon Sextus, Adv. Math. 1 282 (dans T 21), il fit un po&me en l'honneur d'Alexandre. Au retour en Gréce, il semble avoir acquis de nombreux disciples, parmi lesquels Timon de Phlionte, l'auteur de poèmes satiriques et élégiaques (les Silles et les Indalmoi) et d'une ceuvre en prose, Python (cf. 9 A. A. Long, « Timon of Phlius : Pyrrhonist and Satirist », PCPhS 24, 1978, p. 68-91, 10 M. Di Marco, Timone di Fliunte, Silli. Introd., ed. critica, trad. et commento, coll. « Testi e commenti » 10, Roma 1989, et
l'étude des fragments avec bibliographie de 11 D.L. Clayman, Timon of Phlius : Pyrrhonism
into
Poetry,
coll.
«Untersuchungen
zur
antiken
Literatur
und
Geschichte » 98, Berlin 2009). Il aurait acquis une certaine célébrité dans sa cité. Pausanias (VI 24, 5 = T12) dit avoir vu une statue de lui sur la place du marché et
Diogene dans un passage moins fiable (IX 64) dont l'origine est Antigonos de Caryste (2 T 11) dit qu'il fut fait prêtre et qu'en son honneur les philosophes furent bénéficiaires d'une atélie que l'on considére généralement comme une exemption d'impóts (sur la nature du culte dont Pyrrhon fut ἀρχιερεύς, Apollon Akesios, Hadès ou Tychè, et sur cette ἀτέλεια imprécise, voir Decleva Caizzi 1, p. 161162). Au-delà de son fidèle disciple et publiciste Timon, il semble avoir été quelque peu oublié pendant les deux siécles qui correspondent au développement de l'Académie sceptique, méme si certains considérent qu'il a joué un róle dans l'origine du scepticisme d'Arcésilas (cf. les références dans 12 D. Machuca, « Ancient Skepticism : Overview », PhilComp 6, 2011, p. 234-245, voir p. 240 note 17). II. LA VIE DE PYRRHON DE DIOGENE LAERCE
Le livre IX de Diogene Laérce a une grande importance pour la biographie et la doctrine de Pyrrhon, mais il mérite quelques précautions d'emploi.
Dans son Introduction au livre I, 13 R. Goulet, Études sur les Vies des philosophes de l'Antiquité tardive, Paris 2001, p. 15, fait remarquer que Diogene
P 327
PYRRHON D’ELIS
1752
porte sur les écoles philosophiques qu'il présente un regard dénué de tout dogmatisme. Ainsi a-t-on imaginé qu'il était lui-méme sceptique et ce point a son importance, eu égard à la place de Pyrrhon et de son successeur Timon dans l'ouvrage.
Il existe des divergences entre le livre I et le livre IX. Le schéma des successions du livre I reconstitué par Goulet 17 (cité plus loin), p. 49, distingue tradition
ionienne et tradition italique et fait apparaitre le probléme des «sporadiques» comme Héraclite (#*H 64), penseurs qui ne sont pas cités dans le schéma du livre I et seront regroupés au début du livre IX : Héraclite, Mélissos (2#*M 97), Protagoras (»*P 302), Diogene d'Apollonie (**D 139), Anaxarque. Pyrrhon lui-même et son successeur Timon n'avaient pas de place dans le schéma initial, qui proviendrait des sources de Diogéne, identifiées comme des « Successions ». Sans revenir sur le probléme des sources (cf. 14 J. Barnes, « Diogenes Laertius IX 61-116: The Philosophy of Pyrrhonism », dans ANRW II 36, 6, Berlin 1992, p. 4241-4301), on peut remarquer que dans l'exposé sur Pyrrhon et Timon, comme
pour l'Académie, Diogéne va beaucoup plus loin dans le temps que pour les principales écoles, puisqu'il parle d’Enesideme (»*E 24) et méme de Sextus Empiricus qui est quasiment son contemporain, voire de successeurs de Sextus. La difficulté de ce texte pour la reconstruction du scepticisme est qu'il méle Pyrrhon et pyrrhoniens, témoignages biographiques sur Pyrrhon et exposé doctrinal sur un scepticisme parfois extrémement proche de la version sextienne. On trouve dans cette Vie de Pyrrhon une introduction sur la vie et la pensée du philosophe (8 61-62), puis elle se divise en trois parties: des anecdotes (8 63-69)
qui tendent à illustrer la disposition (διάθεσις)
de Pyrrhon, puis les successeurs
ainsi que la « galerie des ancétres » (8 69-73). La troisiéme partie consiste en un
exposé étendu de la philosophie du pyrrhonisme (8 74-108). La vie de Timon constitue une sorte d'appendice, à moins qu'il ne s'agisse d'une autre Vie. Ce texte, selon Barnes
14, p. 4248, a une claire cohérence alors qu'on a souvent dit
que Diogene Laérce était un compilateur de sources plus ou moins bien intégrées. On distinguera les sources des anecdotes biographiques dont l'essentiel provient d'Antigone de Caryste (cf. 15 U. von Wilamowitz-Moellendorf, Antigonos von Karystos, coll. « Philologische Untersuchungen » 4, Berlin 1881, et 16 T. Dorandi [edit.], Antigone de Caryste, Fragments, CUF, Paris 1999) et celles des éléments de doctrine (sur les différentes sources, cf. Barnes 14 et Brunschwig 7). L'EXPOSÉ DU SCEPTICISME DANS LA VIE DE PYRRHON
L'exposé de la philosophie dans cette Vie est beaucoup plus étendu, au moins quatre fois plus que les anecdotes. On a parfois considéré que Diogène avait d'abord de l'intérét pour le matériau biographique et qu'il citait les opinions philo-
sophiques pour illustrer le caractére des hommes qui les professaient. Comme ce n'est pas le cas pour la vie de Pyrrhon, on en a conclu que Diogéne était particuliérement intéressé par le pyrrhonisme, qu'il était lui-méme
pyrrhonien
(à cause
d'un ὁ παρ᾽ ἡμῖν dans le paragraphe 109). Mais l'on n'a pas de sérieuse raison de
P 327
PYRRHON D'ÉLIS
1753
considérer qu'il était sceptique, ni méme épicurien comme pourrait le suggérer le fait qu'il place l'épicurisme en dernier dans son œuvre (voir 17 R. Goulet, Diogene Laërce, Vies et doctrines des philosophes illustres, trad. sous la direction de M.-O. Goulet-Cazé, Paris 1999, p. 46 n. 1). Ill. DOCTRINE : PYRRHON ÉTAIT-IL PYRRHONIEN ? A. LA PROBLEMATIQUE
Le rattachement de Pyrrhon au scepticisme est à la fois dépendant des sources antiques (essentiellement Diogéne Laérce et Sextus Empiricus auxquels s'ajoute un texte trés discuté d'Aristoclés) et des interprétations modernes divergentes. On ne saurait dans le cas de Pyrrhon parler d'école, malgré la mention de disciples directs. D'une part, il n'est pas le fondateur du pyrrhonisme : ce sont les philosophes postérieurs qui se sont réclamés de lui par l'appellation de pyrrhoniens ; d'autre part ces mémes successeurs qui se feront appeler pyrrhoniens ou sceptiques ne sauraient se considérer comme appartenant à une école ou une secte (cf. H. P. I 16-17 et D. L. I 20); pour désigner le scepticisme, Sextus Empiricus, notre source principale pour le scepticisme antique, n'emploie pas le terme de philosophie et
imposera l'expression σχεπτιχὴ ἀγωγή (conduite de vie sceptique). L'œuvre niennes
(2
de Sextus se compose H.P.)
en
trois
livres,
de trois ouvrages, les Esquisses ou Hyporyposes PyrrhoAdversus
mathematicos
(2 A. M.)
VII-XI
qui
reprend
la
distinction de la philosophie en logique, physique et éthique. et enfin Adversus mathematicos I-VI qui s'intéresse aux sciences particulières. L'ordre A. P., A. M. VII-XI et A. M. I- VI était traditionnellement adopté depuis 18 K. Janácek, Prolegomena to Sextus Empiricus, coll. « Acta Universitatis Palackianae Olomucensis » 4, Olomouc 1948, mais il a été récemment remis en cause. Pour une bibliographie sur la chronologie des œuvres de Sextus, cf. 19 B. Pérez-Jean, Dogmatisme et scepticisme. L'héraclitisme d'Énésidéme, Lille 2005, p. 11 n. 15. Sur les différents titres et les termes par lesquels Sextus lui-même faisait référence à ses œuvres, voir 20 R. Bett, The Cambridge Companion to Ancient Scepticism, New York, 2010, Introduction, p. 2. Pour une présentation des textes, voir 21 P. Pellegrin, « Sextus Empiricus », dans Bett 20, p. 120-121. Voir également E. Spinelli. notice « Sextus Empiricus », à paraître dans DPhA VI. Le texte de référence est celui de Mutschmann-Mau
(éd. Teubner), mais beaucoup d'études
modernes se réfèrent au texte de Bury (éd. Loeb). Voir les traductions françaises de H. P. dans 22 Sextus Empiricus, Esquisses Pyrrhoniennes, édition bilingue grec-frangais par P. Pellegrin, Paris 1997, et de A. M. I-VI dans 23 Sextus Empiricus, Contre les Professeurs, édition bilingue grec-frangais sous la direction de P. Pellegrin, Paris 2002. Concernant Pyrrhon, on retiendra dans l'ensemble des traductions récentes de Sextus l'édition traduite et commentée d'A. M. XI par 24 E. Spinelli, Sesto Empirico, Contro gli etici, coll. « Elenchos » 24, Napoli 1995, et la traduction commentée de 25 R. Bett, Sextus Empiricus, Against the Ethicists, Oxford
1997.
Voir d'autres traductions dans la section "Orientations bibliographiques" ou dans la notice Sextus Empiricus du DPhA (à paraitre).
Pyrrhon et les Pyrrhoniens Pyrrhon fut adopté comme modèle philosophique par un groupe de sceptiques qui vécurent plusieurs siècles après lui. Il n'y a pas de témoignage sur le fait que ses idées ou sa maniére de vivre aient eu une influence sur des successeurs au-delà
1754
PYRRHON D’ELIS
P 327
de Timon et d'autres disciples immédiats, méme s'il existe un débat sur son influence sur Arcésilas. Mais au I*' siècle av. J.-C., un nouveau mouvement philosophique tirant son inspiration de Pyrrhon fut créé par Énésidème de Cnossos (sur la vie, les dates d'Enésidéme, et les divers lieux d'origine qu'on lui attribue, voir 26 B. Pérez-Jean, notice « Énésidéme » E 24, DPhA III, 2000, p. 90-91). C'est
la «tradition pyrrhonienne » à laquelle Sextus a appartenu. Or l'interprétation du scepticisme d'Énésidéme est devenu récemment un objet de débat dans la communauté scientifique surtout à partir de la publication de Bett 19 et Bett 2 et, d'une manière indirecte pour la figure d'Énésidéme, de l'étude sur l'Académie sceptique de 27 Ch. Brittain, Philo of Larissa : The Last of the Academic Sceptics. Oxford 2001.
Les enjeux de la question concernent la qualification de néopyrrhonien d'Énésidéme ou plutót sa qualité de premier fondateur du pyrrhonisme, la recherche du protos heurétés devenant une constante des écoles philosophiques au I siècle av. J.-C. Cf. 28 C. Lévy, « Pyrrhon, Enésidéme et Sextus Empiricus. La question de la légitimation historique dans le scepticisme », dans A. Brancacci (édit.), Anrichi e Moderni nella filosofia di età imperiale, Napoli 2001, p. 299-329. Les mémes enjeux déterminent les recherches sur l'appartenance supposée d’Enesideme à l'Académie (cf. 29 F. Decleva Caizzi, « Aenesidemus and the Academy », CQ 42, 1992, p. 176-189; 30 J. Mansfeld, « Aenesidemus and the academics», dans L. Ayres (édit.), The passionnate Intellect, Festchrift I. G. Kidd, New Brunswick/ London 1995, p.235-247), ainsi que la vexata quaestio de son héraclitisme (cf. Pérez-Jean 19 et 26; 31 R. Polito, The Sceptical Road, Aenesidemus' Appropriation of Heraclitus, Leiden 2004 ; 32 M. Schofield, « Aenesidemus : Pyrrhonist and 'Heraclitean' », dans A. M. Ioppolo et D. N. Sedley (édit.), Pyrrhonists, Patricians, Platonizers : Hellenistic Philosophy in the Period 155-86 BC, Napoli 2007, p.271-338). Il semble donc qu'Énésidéme dit de Cnossos (dont nous n'avons conservé aucun livre mais dont la pensée et les écrits nous sont connus par Sextus Empiricus, Diogéne Laërce et le patriarche Photios dans sa Bibliothèque, 169b16-171a4) crée un nouveau mouvement philosophique tirant son inspiration de Pyrrhon, et que Sextus, deux siécles plus tard au moins, revendique l'appartenance à ce que les modernes appellent la «tradition pyrrhonienne », pour laquelle on peut difficilement parler de « doctrines ». Bett 2 s'est attaché à reconstruire une position spécifique d'Énésidéme entre Pyrrhon et Sextus, comme l'avait fait Brochard 8 avec des conclusions différentes toutefois. Par ailleurs 33 A.-M. Ioppolo, La testimonianza di Sesto Empirico sull'Accademia scettica, Napoli 2009, commentant les stratégies mises en œuvre par Sextus dans H. P. T et A. M. VII pour accuser l'Académie de dogmatisme négatif et réévaluant la dette du scepticisme pyrrhonien à l'égard du moins de la philosophie d'Arcésilas, a émis à nouveau l'hypothèse qu'Énésidéme soit la source privilégiée de ces passages de Sextus. Parler de pyrrhoniens et de pyrrhonisme dans le champ de la philosophie antique est donc en principe se référer à la tradition pyrrhonienne initiée par Énésidéme qui aurait retrouvé dans la pensée de Pyrrhon une forme de suspension
P327
PYRRHON D'ÉLIS
1755
du jugement qu'il ne trouvait pas chez ses contemporains de l' Académie, Philon de Larissa et Antiochos d'Ascalon.
Bett 20, p. 5, insiste aussi sur le fait que, pour
Énésidème qui suit Pyrrhon, le scepticisme apporte le bénéfice de l'ataraxie. Sur ce point, voir 34 G. Striker, « Ataraxia: Happiness as Tranquillity » dans G. Striker,
« Afaraxia:
Happiness
Hellenistic Epistemology Warren, Epicurus and
as
Tranquillity » dans
and Ethics, Democritean
G.
Striker,
Essays
on
Cambridge 1996, p. 183-195, et 35 J. Ethics: An Archeology of Ataraxia,
Cambridge 2002. Pyrrhonien et/ou sceptique Les recherches sur le scepticisme de Pyrrhon lui-méme se sont développées parallèlement au débat sur le pyrrhonisme d'Énésidéme et de Sextus de sorte que l'un des débats qui occupent les historiens de la philosophie antique depuis une trentaine d'années revient à savoir si Pyrrhon était pyrrhonien. La question du vocabulaire sceptique et de l'appellation « pyrrhonien » se posait dans l'Antiquité (cf. 36 F. Decleva Caizzi, «Pirrone, pirroniani, pirronismo»,
dans
W.
Burkert, L. Gemelli
Marciano,
E. Matelli
et L. Orelli (édit.)
Fragmentsammlungen philosophischer Texte der Antike / Le raccolte dei frammenti di filosofi antichi, Göttingen 1998, p. 336-353), comme en témoignent le début des Esquisses de Sextus et D. L. IX 69-70: « Tous ces gens ont été appelés pyrrhoniens du nom de leur maitre, mais aussi aporétiques, sceptiques et encore éphectiques et zététiques, du nom de leur doctrine, si l'on peut dire. La philosophie zététique a tiré son nom du fait qu'elle cherche (ζητεῖν) continuellement la vérité, la sceptique du fait qu'elle examine (σχέπτεσθαι) toujours et qu'elle ne trouve jamais. l'éphectique de l'état mental consécutif à la recherche, je veux dire la suspension du jugement (ἐποχή.
cf. ἐπέχειν), l’aporetique du fait qu'elle souléve des apories (ἀπορεῖν) sur toute chose ».
Ce n'est pas tant la diversité d'appellations qui pose probléme que l'histoire du scepticisme et sa périodisation. En résumé, on considére aujourd'hui qu'il y a trois « scepticismes » : Pyrrhon et ses disciples directs (Timon de Phlionte), la Nouvelle Académie et les néopyrrhoniens (Énésidéme au I*' siècle av. J.-C., puis Sextus Empiricus au II* siècle de notre ère, et, entre les deux, un auteur de dates inconnues, Agrippa [»*A 50], qui aurait inventé ou codifié les cinq Modes de la suspension du jugement), et l'appellation de sceptique ou pyrrhonien, au sens de néopyrrhonien, est réservée désormais à la troisieme philosophie. Comment peut-on prétendre que Pyrrhon n'était pas sceptique/pyrrhonien? Cette idée a été renforcée par l'édition du recueil de Decleva Caizzi 1, puis, sur la base du recueil de Long et Sedley 3 qui reprend partiellement des fragments de l'édition Decleva Caizzi, on a vu se construire l'image d'un Pyrrhon qui serait davantage un moraliste qu'un philosophe préoccupé de questions épistémologiques, à condition d'accorder un plus grand intérét que par le passé aux témoignages de Cicéron (T 69 Decleva Caizzi) qui associent parfois Pyrrhon avec les indifférentistes
(T 69A-M).
Ariston
Toutefois
de Chios
37
[»*A
V. Brochard,
397]
et Hérillus
«Pyrrhon
de Carthage
et le scepticisme
[»
72]
primitif »,
1756
PYRRHON
D'ÉLIS
P327
RPhilos 6° année, 1885, p. 517-532 (repris dans Brochard 8) a été l'un des premiers sensibles à ces témoignages : « Pour Cicéron, Pyrrhon n'est qu'un moraliste trés dogmatique, trés sévére, le plus sévére méme de toute l'antiquité » (p. 523). Enfin s'est développée l'image concurrente d'un Pyrrhon métaphysicien. (cf. la synthèse de 38 J. Brunschwig, «The Beginnings of Hellenistic Epistemology », dans The Cambridge History of Hellenistic Philosophy, Cambridge
1999, p. 241-
250). Depuis Hegel au moins. les historiens sont en désaccord sur le caractère phénoméniste, zététique ou empirique du scepticisme, et les interprétations contradictoires du scepticisme de Pyrrhon sont nombreuses; sur ce point, deux contributions sont fondamentales dans 39 G. Giannantoni (édit.), Lo scetticismo antico, coll. « Elenchos» 6, 1-2, Napoli 1981, 2 vol.: 40 F. Decleva Caizzi,
« Prolegomena per una raccolta delle fonti relative a Pirrone di Elide », p. 93-128, et 41 G. Reale, «lpotesi per una rilettura delle filosofia di Pirrone di Elide », p. 243-336 ; voir en particulier p. 247-288, oü l'auteur ne distingue pas moins de huit interprétations de Pyrrhon: (1) épistémologico-phénoménaliste, (2) dialecticohégelienne, (3) scientifico-empirique, (4) practico-éthique, (5) métaphysique, (6) antimétaphysique-nihiliste, (7) orientaliste, (8) littéraire. Toutes ne sont pas représentées par des ouvrages d'égale importance et leur développement varie du XIX* au XXI° siècle. La thèse contestée de 42 M. Conche, Pyrrhon ou l'apparence, Paris 1994 (2° éd.), correspondant à l'interprétation 6, a été récemment réactivée
par 43 C. Lévy, Les scepticismes, coll. « Que-sais-je ? », Paris 2008 ; Bett 2 propose un Pyrrhon métaphysicien, tandis que les versions classiques, épistémologique ou moraliste, sont encore en cours (cf. Brunschwig 38, p. 242, pour une version radicale de l'interprétation moraliste). Pour 44 S. H. Svavarsson, « Pyrrho and Early Pyrrhonism», dans Bett 17, p. 36-57, les témoignages donnent de Pyrrhon une image assez « flexible » pour qu'il apparaisse dans les travaux récents comme «sceptique ou dogmatique, gourou ou épistémologue conscient de son héritage philosophique, création de Timon ou source authentique de l'exposé de son disciple » (p. 38).
L'image de Pyrrhon aujourd'hui n'est donc pas totalement unifiée. Il existe toutefois un consensus sur la nécessité de distinguer Pyrrhon et les pyrrhoniens. point sur lequel Diogène a joué un rôle plutôt négatif au regard de l'histoire des doctrines, en mélant les témoignages de différentes origines, et sur lequel également la chronologie des ceuvres de Sextus a son importance. Mais, comme on le lit dés 1885 chez Brochard, la distinction entre Pyrrhon et ses successeurs a pu plaider en faveur de la lecture moraliste : « Le scepticisme n'est pas pour lui une fin, c'est un moyen: il le traverse sans s'y arrêter. Des deux mots qui résument tout le scepticisme : époque et adiaphorie c'est le dernier qui est le plus important à ses yeux; ses successeurs renversèrent l'ordre, et firent du doute l'essentiel, de l'indifférence l'accessoire. En gardant la lettre de sa doctrine ils en altérèrent l'esprit. Pyrrhon eût souri sans doute et montré quelque compassion s'il eüt vu Sextus Empiricus se donner tant de peine pour rassembler en deux interminables et indigestes ouvrages tous les arguments scepti-
ques. Il arrivait à ses fins bien plus simplement. Il fut avant tout un désabusé : il fut un ascète grec » (Brochard 37, p. 532).
Au
1757
PYRRHON D'ÉLIS
P 327 XXI°
siècle,
les
interprètes
se concentrent
davantage
sur les lectures
épistémologique ou métaphysique : cf. infra. B. ORIENTATIONS BIBLIOGRAPHIQUES
Les études modernes ne sauraient toujours distinguer entre pyrrhonisme et scepticisme, entre Pyrrhon et la tradition pyrrhonienne; nos références bibliographiques en portent la trace et plusieurs ouvrages sont en grande partie consacrés à Sextus. Bibliographies La bibliographie de référence est celle de 45 L. Ferraria et G. Santese, Bibliografia sullo scetticismo antico (1880-1978), dans Giannantoni 25. Pour compléter, on pourra se référer à 46 A.J. Voelke (édit.), Le scepticisme antique coll. « Cahiers de la Revue de Théologie et de Philosophie » 15, Genève/Lausanne/Neuchâtel 1990 ; 47 Sesto Empirico e il pensiero antico, coll. « Elenchos » 13, Napoli 1992 ; 48 R.J. Hankinson, The Sceptics. London 1995; 49 G. Dye, L'esprit du scepticisme, Recherches sur Sextus Empiricus et la tradition pyrrhonienne, thése de l'Université Paris I Panthéon-Sorbonne, Lille 2003, ainsi que Bett 2 et Pérez-Jean 19. Les plus récentes bibliographies sont à consulter dans 50 S. Marchand, /dentité philosophique et évolution historique du pvrrhonisme ancien, thése de Doctorat soutenue à l'Université Reims ChampagneArdennes en 2009, et Bett 20 à la section 3.2.
Pour la mise à jour régulière, voir la « Bibliography » en ligne de Diego Machuca sur le site https://sites.google.com/site/diegomachuca/bibliography-on-skepticism.
Ouvrages importants Sources Le texte d'Aristoclés se trouve dans 51 E. des Places (édit.), Eusébe de Césa-
rée, Préparation Évangélique, livres XIV-XV, coll. SC, Paris 1987. Pour Sextus et Timon, outre les traductions citées supra, on pourra se référer à des éditions eUou traductions récentes : Sextus, H. P. : 52 J. Annas et J. Barnes, Sextus Empiricus, Outlines of pyrrhonism, Cambridge 1994 (2* éd. 2000) ; 53 B. Mates, The Skeptic Way : Sextus Empiricus's Outlines of Pyrrhonism, Oxford 1996 ; A. M. 1: 54 D.L. Blank, Sextus Empiricus, Against the Grammarians, Oxford 1998 ; A. M. 1-V1 : 55 Fr. Jürss, S. E., Gegen di Wissenschaftler, Büch. 1-6, Würzburg 2001 ; A. M. VII-XI: 56 H. Flückiger, Sextus Empiricus, Gegen die Dogmatiker, Aduersus mathematicos libri VII-XI, Sankt Augustin 1998; A. M. V : 57 E. Spinelli, Sesto Empirico, Contro gli astrologi, coll. « Elenchos » 32, Napoli 2000 ; A. M. VII-VIII : 58 R. Bett, Against the Logicians, Cambridge 2005 ; A. M. IX-X : 59 R. Bett, Sextus Empiricus' Against the Physicists, Cambridge University Press, en préparation.
Études dans l'ordre chronologique (outre les ouvrages déjà cités) 60 A. Goedeckemeyer, Die Geschichte des griechischen Skeptizismus, Leipzig 1905, 2* éd. Aalen 1968 ; 61 L. Robin, Pyrrhon et le Scepticisme grec, Paris 1944 ; 62 M. Dal Pra, Lo scetticismo greco, 1" éd. Milano 1950, 2° éd. revue et mise à
jour, 2 vol. Roma/Bari 1975, 3° éd., Bari, 1989; 63 Ph.H. De Lacy, « Οὐδὲν μᾶλλον and the Antecedents of Ancient Scepticism », Phronesis 3, 1958, p. 59-71, repris dans Essays in Ancient Greek Philosophy, Albany 1971 ; 64 J.-P. Dumont,
P327
PYRRHON D'ÉLIS
1758
Le Scepticisme et le Phenomene. Essai sur la signification et les origines du pyrrhonisme, Paris 1972; 65 K. Janácek, Sextus Empiricus' Skeptical Methods. Prague 1972 ; 66 M. Burnyeat, « Conflicting Appearances », PBA 65, 1979, p. 69111; 67J. Barnes, « The Beliefs of a Pyrrhonist», PCPAS n.s. 28, 1982, p. 1-29 (repris dans Burnyeat et Frede 82 [cité plus loin]) ; 68 M.R. Stopper, « Schizzi Pirroniani », Phronesis 28, 1983, p. 265-297 ; 69 M. Frede, « Stoics and Skeptics
on Clear and Distinct Impressions », dans M. Burnyeat, The Skeptical Tradition, Berkeley/Los Angeles 1983, p. 65-93, repris dans 70 Id., Essays in Ancient Philosophy, Oxford
1987, p. 151-176 ; 71 /d., « The Skeptics Two Kinds of Assent
and
of the
the
Question
Possibility
of
Knowledge»,
dans
R.
Rorty,
J.B.
Schneewind et Q. Skinner, Philosophy in History, Essays on the Historiographv of
Philosophy, Cambridge 1984, repris dans Frede 70 et dans Burnyeat et Frede 82 ; 72 J. Annas et J. Barnes, The Modes of Scepticism, Ancient Texts and Modern Interpretations, Cambridge 1985; 73 P. Woodruff, « Aporetic Pyrrhonism ». OSAPh 6, 1988, p. 139-168; 74 J. Barnes, M. Burnyeat et M. Schofield (édit.), Doubt
and
Dogmatism,
Studies
in
Hellenistic
Epistemology,
Oxford
1989;
75 J. Barnes, The Toils of Scepticism, Cambridge 1990; 76 J. Barnes, « Pyrrhonism, Belief and Causation. Observations of the Scepticism of Sextus Empiricus », dans ANRW II 36, 4, Berlin 1990, p. 2608-2695 ; 77 L. Groarke, Greek Scepticism, Anti-realist Trends in Ancient Thought, McGill-Queen’s University Press, Montreal 1990; 78 A. Bächli, Untersuchungen zur pyrrhonischen Skepsis, Bern 1990; 79 F. Decleva Caizzi, «Il libro IX delle ‘Vite dei filosofi' di Diogene Laerzio », dans ANRW II 36, 6, Berlin 1992, p. 4218-4240 ; 80 W. Górler, « Ältere Pyrrhonismus-Jüngere Akademie-Antiochos aus Askalon », dans H. Flashar (édit.). GGP
Antike, 4: Die Hellenistische Philosophie, Basel
in Hellenistic Epistemology M. Frede,
The
Original
and Ethics,
Sceptics:
A
1994 ; 81 G. Striker, Essays
Cambridge
1996; 82 M. Bumrnyeat
Controversy,
Indianapolis
1997;
83
et T.
Brennan, Ethics and Epistemology in Sextus Empiricus, New York/London 1999; 84 M. A. Wlodarczyk, Pyrrhonian Inquiry, coll. « Proceedings of the Philological Society — Supplements » 25, Cambridge 2000 ; 85 H. Flückiger, « Sextus Empirikus, Denker ohne Position », dans M. Erler et A. Graeser (édit.), Philosophen des Altertums,
von
Hellenismus
zu
Spátantike,
Darmstadt
Castagnoli, « Self-bracketing Pyrrhonism », OSAPh Floridi, Sextus Empiricus,
2000,
p. 145-159;
86
L.
18, 2000, p. 263-328 ; 87 L.
The Transmission and Recovery of Pyrrhonism, Oxford
2002 ; 88 A. Bailey, Sextus Empiricus and Pyrrhonean Scepticism, Oxford 2002 ; 89 W. Sinnott-Armstrong
(édit.), Pyrrhonian Skepticism, Oxford
2004 ; 90 S. H.
Svavarsson, « Pyrrho's Undecidable Nature », OSAPh 27, 2004, p. 249-295 ; 91 H. Thorsrud, Ancient Scepticism, Stocksfield 2009; 92 L. Corti, Scepticisme et langage, Paris 2009 ; 93 C. Perin, The Demands nian Scepticism, Oxford 2010.
of Reason.
An Essay on Pyrrho-
P 327
PYRRHON D'ÉLIS
1759
C. LES TÉMOIGNAGES
Il faut donc en revenir aux témoignages antiques, particuliérement au texte d'Aristoclés relatant le témoignage de Timon sur le contenu doctrinal, texte considere désormais comme la clé de la pensée de Pyrrhon (=T 53). Mais il faut égale-
ment tenir compte de passages rapportant des anecdotes biographiques, puisées principalement dans Diogéne Laérce, auxquels s'ajoute la série des fragments, poétiques en général, de Timon sur Pyrrhon, fragments tenus pour fiables du fait que Timon est le disciple direct de Pyrrhon. Les anecdotes en effet ne sont pas à négliger (contrairement à l'avis de certains auteurs comme Stopper 68), car elles interviennent depuis l'Antiquité dans la problématique des rapports entre la vie et la pensée. Scepticisme et vie pratique La question est spécifiquement abordée par Diogéne Laérce à propos de Pyrrhon parce que les sceptiques ont une vision spécifique du βίος, une théorisation spécifique du βίος, entendu non pas comme genre de vie, mais comme vie pratique. (Cf. 94 E. Spinelli «Una vita disincantata: bios e philosophia nello scetticismo antico », et « À volte ritornano, perfino i pirroniani », dans F. De Luise [édit.], /! bios dei filosofi : dialogo a piü voci sul tipo di vita preferibile, Trento 2009). Cette intégration de la vie dans l'argumentation sceptique provient du néopyrrhonisme, de Sextus en particulier, pour lequel il existe dans le domaine de la théorie de la connaissance un critére βιωτικόν (un critére pratique ou de la vie pratique) qui s'oppose au critére λογικόν (critére de saisie des objets non évidents) en H.P. II 14-16 et A. M. VII 29-37 (cf. 95 B. Pérez-Jean, «L'analogie technique dans la critériologie de Sextus Empiricus», dans C. Lévy, B. Besnier et A. Gigandet [édit.], Ars er ratio: Sciences, art et métiers dans la philosophie hellénistique et romaine,
coll. « Latomus » 273, Bruxelles
2003,
p. 259-273).
Par
ailleurs, la raison évidente pour laquelle la question des rapports entre la vie et la philosophie est posée par les sceptiques est l'attaque constante que leur adressent les dogmatiques avec l'objection d'apraxia (inactivité) (et particuliérement dans la suite de l'histoire du scepticisme) : « vous ne pouvez pas vivre votre scepticisme ». Sur ce point voir en particulier 96 M. Burnyeat, «Can the Sceptic live his Scepticism ? », dans Barnes, Burnyeat et Schofield 74 (repris dans Burnyeat et Frede 82), et 97 Id., «The Sceptic in his Place and Time», dans R.H. Popkin et Ch.B. Schmitt (édit.), Scepticism from Renaissance to the Enlightenment, coll. « Wolfenbütteler Forschungen », Wiesbaden 1987, p. 13-44; la mise au point sur l'«apraxia challenge » de 98 K. M. Vogt, « Scepticism and Action », dans Bett 20, p. 165-180, et les discussions sur la transposition du probléme à l'égard du langage dans Corti 92. Sur les critiques des dogmatiques chez Diogéne Laérce IX 102-105 et en particulier sur le fait que le scepticisme rend la vie impossible, cf. Barnes 14, p. 4246 et n. 28.
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PYRRHON D'ÉLIS
1760 Les anecdotes
Une certaine lecture de la Vie de Pyrrhon peut conduire à penser que Pyrrhon fait le pari que l'on peut vivre sans aucune croyance.
L'anecdote la plus connue. provenant d'Antigone de Caryste (dans D.L. IX 62), montre Pyrrhon ne prenant aucune précaution face aux précipices, aux véhicules et aux chiens dangereux «et ne concédant rien à ses sensations » (trad. Dorandi) ou «ne s'en remettant en rien à ses sensations » (trad. Brunschwig). D'autres anecdotes ont rapport au danger: celle d'Anaxarque tombant dans un marécage que Pyrrhon abandonne sans intervenir ($ 63), celle, rapportée par Posidonios, du petit cochon sur le bateau. imperturbable au milieu de la tempéte ($ 68). Le maitre-mot est presque à chaque fois l'indifférence : Anaxarque félicite Pyrrhon de son indifférence ; Pyrrhon loue l'ataraxie du cochon et la donne en exemple aux marins. La premiere anecdote d' Antigone de Caryste, selon laquelle Pyrrhon devait être protégé
par ses amis contre
les dangers, a un rapport
avec
la fin du
d’Aristocles qui dit que l'on ne devrait pas se fier à ses sensations : l'anecdote méme illustre précisément cette défiance. Pourtant, il y a plusieurs raisons mettre en cause la véracité de cette histoire, bien que certains commentateurs accepté la validité de ces informations biographiques. Méme si la chronologie met de penser qu' Antigone
a
texte
ellepour aient per-
requ ses informations de gens qui ont connu Pyrrhon.
pour lui le caractére typique d'une anecdote est d'un plus grand intérét que sa véracité. Ensuite comment admettre qu'un homme honoré dans sa cité, comme l'ont montré Pausanias (V1 24, 5) et Diogéne (D.L. IX 64), était un lunatique, une
menace pour lui-méme et pour les autres (cf. Bett 2, p. 67). Enfin si ces scénarios sont censés étre motivés par le point de vue philosophique, en réalité ils le rendent
autoréfutatif. Si Pyrrhon se défie de ses sens mais « utilise » ceux des autres pour s'en sortir, il montre par là que les sens sont de fait dignes de foi. On peut penser avec Conche 42, p. 135-136, qu'il s'agissait d'une sorte de pantomime, d'une illustration dramatique de sa philosophie. On a surtout depuis longtemps considéré que l'origine de ces histoires d'Antigone sur le comportement suicidaire de Pyrrhon était la critique aristotélicienne dans Mer. IV de ceux qui prétendent nier le principe de non-contradiction. Aristote professe que, dans leurs actions, ils ne le font pas du tout. On verra en particulier le passage Mer. IV, 1008 b 12-20 où Aristote fait remarquer à « quelqu'un qui marche vers Mégare », qu'il pourrait tout aussi bien s' imaginer qu'il s'y rend en restant en repos et se demande pourquoi il se garderait des précipices et des puits «comme s'il ne croyait pas qu'y tomber est indifféremment une non bonne chose et une bonne chose » (trad. M.-P. Duminil et A. Jaulin).
Comme l'ont remarqué plusieurs commentateurs (cf. Bett 2, p. 68-69). l'idée que Pyrrhon a toujours « besoin » d'étre secouru par ses amis est une instance de cette critique, puisque l'action est impossible en l'absence de croyances définies. Dans cette hypothese, Antigone a pu présenter un récit hypothétique (hostile) de ce que quelqu'un qui suivrait Pyrrhon aurait pu faire et non un récit fidéle de ce que faisait réellement Pyrrhon. Même si l'on se défie d’Antigone, il n'est pas le seul à
P 327
PYRRHON D’ELIS
1761
rapporter des anecdotes ; restent Eratosthene (FGrHist 241 F 23 = T 14) et Posidonios (F 287 Edelstein-Kidd = 17A). Les anecdotes qui font intervenir la sœur de Pyrrhon font également difficulté dans la mesure oü notre héros ne parvient pas toujours à garder son calme. Un jour qu'il est en colére contre elle et que ses adversaires le lui reprochent, il dit que «ce n'est pas l'occasion, à l'endroit d'un bout de femme, de faire montre d'indifférence » (T 15B). Un jour qu'un chien s'était précipité sur lui et l'avait effrayé, il répondit à quelqu'un qui l'en blámait qu'il était difficile de « dépouiller l'homme de fond en comble » (ἐκδῦναι, T 15 A et B). Sur l'anecdote concernant la sœur de Pyrrhon, voir 99 J. Brunschwig, « Pyrrhon et Philista» dans M.-O. Goulet-Cazé, G. Madec et D. O'Brien (édit.), ΣΟΦΊΗΣ MAIHTOPEX. « Chercheurs de sagesse ». Hommage à Jean Pépin, coll.
« Études Augustiniennes, série Antiquité » 131, Paris 1992, p. 133-146. Du fait que Pyrrhon reconnait la difficulté de son pari, on de double tradition ou de double visage de Pyrrhon Diogéne tait pour savoir si l'idéal des sceptiques était [᾿ἀπάθεια ou ceur). Par ailleurs un large débat sur l'étendue du domaine
parle dés l'Antiquité rapporte qu'on discula πραότης (la doude la suspension du
jugement et sur la question des croyances du sceptique part d'une distinction faite
par Sextus, en H.P. II 97 et 99 et A.M. VIII 145-150, entre des objets évidents et des objets non-évidents et de celle qu'il développe au début des Esquisses (I 1314) entre
les sens du terme
δόγματα.
La question
de savoir si dans
la vie le
sceptique peut se laisser aller à avoir des croyances et à rompre le mot d'ordre absolu de la suspension
introduit chez les commentateurs
la distinction entre un
scepticisme « rustique» qui s'interdit toute espéce de croyance, y compris dans la vie quotidienne et un scepticisme «urbain » qui s'accommode heureusement de la plupart
des
croyances
du
commun
des
mortels
et
réserve
ses
critiques
aux
prétentions des philosophes et des soi-disant savants. (Cf. Barnes 76, p. 2617, Barnes 67, et Barnes 14, p. 4252 et n. 52). Barnes 76, p. 2618, appuie la distinction rustique et urbain sur un témoignage de Galien citant des ἀγροιπυρρώνειοι (Diff. Puls. VII, 711 K et Praenot. XIV,628 K).
Les fragments de Timon Il nous reste le témoignage du disciple direct de Pyrrhon sur son attitude pratique, les fragments de Timon, dans ses Silles et ses Indalmoi, qui dépeignent l'attitude calme et imperturbable de Pyrrhon, présentés selon le classement de Bett 2, p. 70-71. Fragment A: Mais tel que je le vis moi, sans vanité (áruqoc) et indompté Par tout ce qui dompte les mortels, tant inconnus qu 'illustres Tribus de peuples vides. alourdis de ci de là Sous le poids des passions, de l'opinion et de la convention occasionnelle.
1762
PYRRHON D'ÉLIS
Fragment B
P327
:
O vieillard, ὁ Pyrrhon, comment et d'oü as-tu trouvé moyen de te dépouiller (ἔκδυσις) De la servitude des opinions et de la vanité d'esprit des sophistes ? Comment et d'où as-tu dénoué les liens de toute tromperie et de toute persuasion ? Tu ne t'es pas soucié de chercher à savoir quels sont les vents Qui dominent la Grèce, d’où vient chaque chose, et vers quoi elle va.
Fragment C : Voici, ὃ Pyrrhon, ce que mon cœur se languit d'entendre : Comment fais-tu donc. étant homme, pour mener si aisément ta vie dans la tranquillité (μεθ᾽
ἡσυχίης)
Seul parmi les hommes, leur servant de guide à la facon d'un dieu ?
Fragment D
:
Et alors je le pergus lui dans le calme de la bonace (ἐν νηνεμιήσι γαλήνης)
Les paralléles avec les anecdotes sont nombreux et ont été relevés par Bett 2. La γαλήνη du fragment D rappelle le calme que Pyrrhon maintenait pendant la tempéte
dans
l'histoire de Posidonios.
Les
fragments
A
et C suggérent
que
le
détachement de Pyrrhon atteint un niveau unique chez les humains. Dans le fragment C, Pyrrhon obtient un statut divin et les hommes y apparaissent comme par nature sujets au trouble auquel seul Pyrrhon échappe. Un tel langage rappelle l'expression de Pyrrhon «dépouiller l'homme », alors que lui-méme dans le contexte de Diogéne succombait, de maniére inhabituelle, aux troubles humains (épisodes de la sœur et du chien méchant). De manière générale, évidemment, l'atitude imperturbable de Pyrrhon dans les fragments de Timon est cohérente avec son attitude dans les histoires. Cette imperturbabilité est caractérisée par une stabilité. Pyrrhon est « uniformément immobile » et cela rappelle le commentaire d'Antigone
selon lequel «il était toujours dans le méme
état» (D.L. IX 63). La
solitude est un autre point commun. Il se peut que les histoires soient simplement des fabrications fondées sur des allusions dans Timon. Celui-ci donne une description générale (fiable ou non) des attitudes de Pyrrhon, et d'autres auteurs
inventent des incidents spécifiques dans lesquels ces attitudes — ou fréquemment une distorsion parodique de celles-ci — sont exemplifiées. Par exemple le fait de laver un porcelet en public, « par indifférence ». Les histoires de Pyrrhon «ne mettant aucune confiance dans les sens » pourraient étre expliquées de cette facon ; Timon nous dit en accord avec le contexte général du texte-clé d’Aristocles (cf. infra) que dans l'idée de Pyrrhon, on ne doit pas faire confiance aux sens et Antigone (ou celui qui a inventé ces histoires) raconte des incidents dans lesquels littéralement Pyrrhon ne préte aucune attention à ce que lui disent ses yeux. La méme chose peut être dite à propos des exemples chez Antigone de Pyrrhon « restant toujours dans le méme état » ; « toujours dans le méme état » n'est pas ici interprété simplement comme «toujours restant dans un méme niveau psycho-
P327
PYRRHON D'ÉLIS
1763
logique », — une condition clairement attribuée à Pyrrhon dans les fr. A et D — mais plutót comme « toujours continuant les mémes activités, sans égard pour le changement des circonstances », donc continuant à parler alors méme qu'il n'y a plus d'auditeur.
Les anecdotes sont entiérement cohérentes avec les fragments, mais les fragments eux-mémes ne procurent pas suffisamment d'éléments pour servir de base sur lesquelles les histoires pourraient avoir été imaginées. Le texte d'Aristoclés toutefois donne une piste sérieuse, un cadre, une caution théorique, un sens aux histoires. Ce texte qui fait toujours l'objet d'un large débat chez les philosophes et représente un véritable enjeu dans la reconstruction du pyrrhonisme nous fournit la
clé conceptuelle qui permet de mieux évaluer la portée de la biographie telle qu'elle est pratiquée par Diogéne Laérce. La doctrine selon l'exposé de Diogéne Laérce L'exposé du pyrrhonisme par Diogene, soit les $8 74 à 108, fait difficulté pour qui recherche la doctrine authentique de Pyrrhon, mais constitue un passage obligé. En effet, la nature et la profondeur des différences entre pensée de Pyrrhon et néopyrrhonisme font l'objet de beaucoup de débats. En principe l'exposé d'une philosophie consiste à présenter les différentes doctrines. Mais le pyrrhonisme n'a pas de δόγματα et le rejet de toute doctrine est précisément le signe distinctif du pyrrhonisme. Pour autant les pyrrhoniens ne sont pas, selon la formule de Barnes
14, «des trappistes». Ils parlent et souvent, méme si ce ne fut pas le cas de Pyrrhon, ils écrivent. Diogéne se trouve donc confronté, dans cette partie du livre IX, à la question de savoir comment exposer une philosophie qui ne professe aucune doctrine. C'est pourquoi on la qualifie avec Barnes 14, p. 4248, d'antidoxographie, s'agissant de Diogene et non de Sextus Empiricus qui, lui, est « dans le systéme ». Comme le remarque Barnes 14, p. 4245 n. 22, une chose est de se demander si un systéme est cohérent, une autre de demander si oui ou non un adhé-
rent de ce systéme est capable d'en donner une description cohérente. L'introduction de l'exposé en 74-77 porte sur les énoncés sceptiques, les formules sceptiques comme «je ne détermine rien» ou surtout le fameux οὐδὲν μᾶλλον «en rien davantage », ou «rien de plus». Diogéne tente de montrer en quoi le pyrrhonisme peut étre une philosophie sans doctrine distinctive et pourtant avec un contenu distinctif. Ensuite il présente la stratégie des pyrrhoniens qui consiste à mettre en opposition
des phénoménes
entre eux de sorte que
le maitre mot est
l'áévouaA(a. Tout est opposé à tout et se révèle rempli d'irrégularité ; puis la tactique, à savoir les tropes: les dix tropes ou modes d'Énésidéme (cf. Annas et Barnes
72), puis les cinq tropes d'Agrippa
[**A
50] (cf. Barnes
75) (8 79-88).
C'est la véritable machine de guerre antidogmatique qui consiste à organiser les oppositions (ἀντιθέσεις) qui conduisent à 1᾿ ἐποχή. C'est véritablement, selon Barnes 14, p. 4246, le contenu du livre I des Esquisses pyrrhoniennes, le καθόλου
λόγος. Puis Diogéne expose ce qui chez Sextus correspond à l’elöıxög λόγος : les contenus des livres II et III des Esquisses pyrrhoniennes et de l'Adversus Mathe-
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PYRRHON D'ÉLIS
1764
maticos VII-XI. C'est une partie d'attaque directe contre les dogmatiques et contre
leurs concepts fondamentaux, la preuve, le critere de la vérité, l'inférence, la cause etc., et pour finir, l'éthique. L'exposé de Diogéne est à l'évidence d'origine néopyrrhonienne, mais il présente de nombreuses différences avec les textes de Sextus, comme
l'ont bien montré tous les travaux de Janácek et de Barnes (cf. pour
une comparaison d'ensemble Barnes 14, p. 4250-4273). Le pyrrhonisme ou le scepticisme pyrrhonien
On s'accorde généralement pour définir le point de départ du scepticisme pyrrhonien par l'icoo0Éveta, l'égalité de force (s.e. entre les arguments contraires). Le pyrrhonien n'accepte pas plus et pas moins tel argument que tel autre. Cette ἰσοσθένεια a sa contrepartie dans le désaccord insurmontable, ἀνεπίκριτος διαφωνία, qui, selon lui, existe entre les philosophes et méme les gens ordinaires. Confronté à ces deux points, le sceptique suspend son jugement et est amené à l'énoyr (suspension du jugement ou de l'assentiment) sur la nature réelle des choses. Cette ἐποχή n'empéche pas le sceptique d'étre frappé par certaines choses dans un sens plutót que dans l'autre, par exemple de trouver le miel doux plutót qu'amer dans le cas oü il n'est pas malade. Mais il ne prendra pas le fait que le miel lui apparaisse tel comme une indication de la nature réelle du miel. L'érroyrj a un effet pratique important, l'ataraxie, ou une «absence de trouble ». La plupart des philosophes considèrent qu'ils atteindront ce but en découvrant la vérité sur les choses, mais les sceptiques eux considérent que c'est précisément cette ambition qui crée le trouble et que l'ataraxie peut s'atteindre en abandonnant de telles prétentions. Cette conception du pyrrhonisme est sans doute, avec quelques nuances et discussions possibles, le schéma caractéristique de l'état final de la tradition pyrrhonienne, la phase représentée par les Esquisses pyrrhoniennes de Sextus. Par comparaison avec cet état de la tradition, les vues de Pyrrhon ont été longtemps considérées comme une version inaugurale des idées exprimées dans les Esquisses, une version imparfaitement travaillée, et pas aussi sensible aux objections possibles, mais qui se situerait dans la méme lignée. Or la propre vision de Pyrrhon est sensiblement différente à partir du moment où l'on examine les témoignages au complet dans Decleva Caizzi 1, et surtout le texte d'Aristoclés, « si différente, écrit Bett 2, p. 4, que le terme de sceptique en usage dans le pyrrhonisme tardif n'aurait méme pas été applicable à Pyrrhon ». Plutót que de suspendre son jugement pour isosthénie, il semble que Pyrrhon ait considéré la réalité comme indéterminée de manière inhérente et qu'il ait recommandé
de décrire la manière
dont sont les choses par une forme de discours qui, pour reprendre la formule de Bett 2 «comprenne cette véritable indétermination ». Il serait donc plus dogmatique que sceptique. Si cela est juste, la question demeure de savoir pourquoi les pyrrhoniens tardifs ont vu en lui un précurseur ou un inspirateur. Les sceptiques. nous
dit
Diogéne,
s'appellent
pyrrhoniens,
Sextus
appelle
l'un
de
ses
livres
Esquisses pyrrhoniennes ; Énésidéme, sa source. emploie également l'adjectif dans un des titres qui lui sont attribués.
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PYRRHON
D'ÉLIS
1765
Le texte-clé
Le texte fondamental est le résumé de la philosophie de Pyrrhon par Timon rapporté par Aristoclés, philosophe péripatéticien, et cité par Eusébe dans sa Préparation
surtout
évangélique
Decleva
Caizzi
XIV
18,
1-4
1, p 218-234,
(2 T 53).
100
R.
Sur
Bett,
ce
texte
très
« Aristocles
discuté,
on
Timon
voir
on
Pyrrho: The Text, its Logic and its Credibility », OSAPh 12, 1994, p. 137-181, 101 J. Brunschwig, « Once again on Eusebius on Aristocles on Timon on Pyrrho », dans ses Papers in Hellenistic Philosophy, Cambridge 1994, p. 212-223, et 102 /d., « Pyrrhon », dans M. Canto-Sperber et alii (édit.), Philosophie grecque, Paris 1997, p. 466-472 ; Brunschwig 38, p. 346-348, et Bett 2, p. 14-43 ; Svavarsson 44, p. 4150. « Il est avant tout nécessaire de mener une recherche sur notre propre connaissance. En effet, si nous sommes ainsi faits que nous ne connaissons rien, ce n'est pas la peine d'examiner le reste.
Il y a eu aussi parmi les Anciens des gens qui ont choisi cette formule (τήνδε τὴν φώνην) et Aristote a argumenté contre eux. Pyrrhon d'Élis aussi a défendu avec force une position de ce genre. Il n'a rien laissé par écrit, mais son disciple Timon dit que quiconque veut atteindre le bonheur doit considérer ces trois questions.
D'abord quelle est la nature des choses (ὁποῖα πέφυκε rà πράγματα), deuxiémement de quelle facon devons-nous être disposés à leur égard (riva χρὴ τρόπον ἡμᾶς πρὸς avra), enfin quel résultat en obtiendront ceux qui sont ainsi disposés (τί περιέσται τοῖς οὕτως ἔχουσι) ? I] dit donc que dit (φησιν αὐτὸν ἀποφαίνειν) que les choses sont également indifférentes, indéterminées et indécises (ἐπ᾿ ἴσης ἀδιάφορα xai ἀστάθμητα xai ἀνεπίχριτα), que pour cette raison (διὰ τοῦτο) nos sensations et nos opinions ne sont ni vraies ni fausses. C'est pourquoi donc (διὰ τοῦτο οὖν) il ne faut méme pas leur faire confiance, mais étre sans opinions, sans penchants et sans ébranlements (ἀδοξάστους xai ἀκλινεῖς καὶ ἀκραδάντους εἶναι) et dire de toute chose que « pas plus elle est qu'elle n'est pas, ou qu'à la fois elle est et n'est pas, ou que ni elle est ni elle n'est pas » (ὅτι οὐ μᾶλλον ἔστιν fj οὐχ ἔστιν ἢ καὶ ἔστι καὶ οὐκ ἔστιν à οὔτε ἔστιν οὔτε
οὐχ ἔστιν). Εἰ à coup sür pour ceux qui ont une telle disposition, il s'ensuivra (περιέσεσθαι), dit Timon, d'abord l'aphasie, ensuite l'ataraxie, et selon Énésidème le plaisir. » La thése de l'indétermination
Bett 2, p. 14-43, analyse
longuement
ce texte sous le titre
« Pyrrhon
le non
sceptique ». La premiére question est de savoir si les lignes consacrées à la pensée de Pyrrhon sont contaminées par une phase postérieure du scepticisme, comme peut l'indiquer la mention d'Énésidéme, et si Timon est fiable pour la connaissance de Pyrrhon. Des termes importants comme ἀστάθμητος, ἀκλινής et ἀκραδάντος n'apparaissent pas dans Sextus et étaient en usage avant l'époque de Timon. Du fait que le texte d’Aristocles ne cite qu'une seule fois la formule « Timon dit que Pyrrhon dit », doit-on considérer qu'il contient des éléments qui ne sont pas explicitement attribués à Pyrrhon par Timon (cf. Brunschwig 101, p. 194-203) et que Timon a pu donner un tour différent aux idées de Pyrrhon ou que si Aristoclés dit seulement Timon dans la suite c'est pour éviter de répéter la lourde formule « Timon dit que Pyrrhon dit » et que le résumé d'Aristoclés est fiable ?
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PYRRHON D'ÉLIS
1766 La nature des choses
La réponse à la question « quelle est la nature des choses » est qu'elles sont ἐπ᾿
ἴσης ἀδιάφορα καὶ ἀστάθμητα καὶ ἀνεπίκριτα. Cf. les analyses des termes par Decleva Caizzi 1, p. 223-225. On peut distinguer deux lectures des adjectifs : la lecture métaphysique et la lecture épistémologique (Bett 2, p. 19-20): c'est une chose de parler de la nature des choses et une autre de parler de notre capacité ou incapacité à la saisir. Les deux lectures de la série des adjectifs qualifiant la nature ont ensuite été appelées « subjective et objective» par Svavarsson 90, p. 270-277. et Svavarsson 44, p. 42-46. La lecture épistémologique conduit à traduire les adjectifs de la série par des termes terminés (du moins en francais ou en anglais) en -ible ou en -able au lieu de termes comme « indifferentes, indéterminées et indécises » adaptés à la lecture métaphysique (voir les références des divers commentaires dans Bett 2, p. 21 n. 14). On discute ensuite la relation entre les deux lectures du premier lemme et le deuxième : «c'est pourquoi (διὰ τοῦτο), ni nos sensations ni nos opinions ne disent la vérité ou mentent ». La phrase signifie que nos sensations ne sont ni vraies ni fausses et ce ne peut étre une inférence de la proposition précédente quand on la lit à la manière épistémologique « les choses sont indiscernables, etc. ». En revanche, si l'on considère que pour que les sensations ou opi-
nions soient vraies ou fausses, il doit y avoir une certaine réalité que les sensations ou opinions
représentent de maniére
correcte ou incorrecte, si (selon
la lecture
métaphysique) la réalité est de maniére inhérente indéterminée, rien n'est de maniére déterminée «le cas» ou «pas le cas». À partir de là, nos sensations ou
opinions qui ont chacune un contenu défini (Bett 2, p. 22 n. 18) ne sont ni vraies ni fausses. Bett 2, p. 25-26 argumente contre ceux qui, génés par la difficulté de l'inférence induite par διὰ τοῦτο, ont proposé de le corriger en διὰ τό: la lecture épisté-
mologique n'est pas plus tenable avec l'émendation. Avec cette correction, en effet, le texte dit que la nature des choses est indiscernable parce que nos sensations et opinions ne sont ni vraies ni fausses. Mais c'est un non-sens puisque
l'assertion que nos sensations et opinions ne sont ni vraies ni fausses présuppose que la nature des choses a été découverte (cf. Svavarsson 44, p. 43). Avec la lecture métaphysique, il faut garder la lecon des manuscrits ; la thése sur la nature des choses est la base de l'autre assertion et non sa conséquence ; l'idée sur la valeur véritative de nos sensations et opinions présuppose justement la thése que les choses sont indéterminées dans leur nature ou quelque chose de trés proche. Sur la répartition des contributions récentes sur Pyrrhon en lecture objective ou subjective du passage, voir Svavarsson 90, n. 34 p. 271, et Svavarsson
44 n. 23 p. 56. Sur l'expression Er’ tonc, «également», dans la formule «les choses sont également indifférentes. etc. »), cf. Decleva Caizzi 1, p. 223. On se demande si l'expression est à mettre en relation avec l'« équipollence » de Sextus. Ce sont les choses
et non
les assertions
sur les choses
qui
sont dites
«également
indiffé-
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1767
rentes ». Selon Bett 2, il s'agit d'un terme de sens commun; il n'est pas nécessaire
de savoir s'il marque la relation entre les trois adjectifs ou bien si une chose donnée est également indifférente etc., c'est-à-dire aussi indifférente qu'une autre chose ; il est inutile de choisir entre ces deux sens. La thése de Bett 2, p. 29, est désormais connue comme /'indeterminacy thesis : les choses sont indifférentes : elles ne sont nullement différentes l'une de l'autre — sans doute parce qu'elles n'ont pas de nature réelle telle qu'elle permette une telle différenciation. Dans ce cas, la comparaison entre l’&8ıapopa de Pyrrhon et l'usage éthique de ce terme par les stoiciens a induit des lectures éthiques de ce passage. Si l'on attribue à Timon un róle plus lourd dans le texte (Brunschwig 102, p. 469), on peut dire que Timon a ajouté la conséquence sur les sensations et les opinions à une doctrine de Pyrrhon sur les choses qui était à l'origine seulement éthique. Hankinson 48, p. 66-67, suggere que le terme αἴσθησις renvoie seulement à des perceptions évaluatives, mais, selon Bett 2, p. 29 n. 31, c'est forcer le sens du terme qui se réfère sauf indication contraire dans la philosophie grecque aux perceptions des sens ; de méme doxa a rarement un sens éthique. Comment devons-nous étre disposés envers les choses ? Puisque nos sensations et opinions ne sont ni vraies ni fausses, «nous ne devons pas leur faire confiance », dit Timon, et l'attitude que nous devons avoir est décrite par une autre série d'adjectifs (ἀδοξάστους xai ἀκλινεῖς καὶ ἀκραδάντοὺς εἶναι) que les néopyrrhoniens n'emploient pas et ce passage a, selon Brunschwig 102, p. 469, «de bonnes chances de ne pas avoir été déformé par les initiatives personnelles de Timon ». Mais c'est surtout la suite du texte qui pose de grandes difficultés. Nous devons dire «à propos de chaque chose, qu'elle n'est pas plus qu'elle n'est pas, ou à la fois est et n'est pas, ou ni n'est ni n'est pas ». Difficultés d'abord sur l'interprétation du terme ἔστι dans les emplois ici de ἔστι et οὐκ ἔστι. « Il est à peu prés certain, écrit Brunschwig 102, p. 470, que les occurrences répétées du verbe étre ne sont pas à prendre dans le sens existentiel ; comme trés souvent il faut sous-entendre un prédicat quelconque ». La difficulté est de savoir de quel type théorique ou pratique sont les prédicats correspondant à la traduction adoptée par Brunschwig de « ceci ou cela ».
On peut admettre parmi d'autres possibilités que nous devons dire à propos de chaque chose que « pas plus elle est F qu'elle n'est pas F ».
Οὐδὲν μᾶλλον Mais que fondateur de à « pourquoi pour Pyrrhon rante ce où
signifie De Lacy F plutót elle n'a μᾶλλον
pas plus 7 Sur les différents sens de l'expression, cf. l'article 63. En H. P. 1188-191, Sextus montre que la formule revient que non F » et elle exprime la suspension du jugement. Mais pas forcément le méme sens. En réalité dans la langue couaussi bien que οὐδὲν μᾶλλον (en rien plus) devait être
1768
PYRRHON D'ÉLIS
P 327
compris comme «x n'est pas à un plus grand degré F que non F», ou que les propositions « x est F » et « x n'est pas F » sont vraies au méme degré. Sextus et Pyrrhon peuvent avoir utilisé le où μᾶλλον en des sens différents, mais ceci a été récusé en raison d'un passage de D.L. (IX 76 = T 54) qui attribue à
Timon la remarque que la formule οὐ μᾶλλον signifie «ne déterminer rien et suspendre l’assentiment » («ne rien déterminer mais s'abstenir de toute position additionnelle » glose J. Brunschwig). Selon Bett 2, au contraire, dans le récit de D.L. oü la référence à Timon apporte un supplément, le sens de ob μᾶλλον est le méme que celui qui est illustré par l'emploi de tous les jours, la formule non philosophique « Scylla n'existe pas plus que la Chimére » (D.L. IX 75). Timon et D.L. concordent sur le fait que x n'est pas plus F que non F. Si les choses comme le dit Pyrrhon sont indéterminées dans leur nature, on n'a aucune raison de suspendre son jugement sur la question de savoir si telle chose donnée est
F ou non F. (Bett 2, p. 33). Ob μᾶλλον doit se lire comme «pas à un plus grand degré que » comme dans l'usage courant, c'est-à-dire que les deux prédicats F et non F s'appliquent à x précisément au méme degré (qui peut étre à 100%, ou pas du tout ou quelque autre degré). Voir enfin Bett 2, p. 33 n. 36, sur les remarques anciennes (D.L. IX 75) et modernes (De Lacy 63, p. 60) sur le fait que « pas plus F que non F » peut impliquer dans certaines conditions « à la fois F et non F » et aussi «ni F ni non F ». La suite du texte «à la fois est et n'est pas» et «ni n'est ni n'est pas » est à examiner dans sa relation avec le lemme qui précède le pas plus que. Deux lectures
sont possibles: soit les deux derniers lemmes sont des ajouts, des équivalents au premier : on obtient trois parties dans la phrase ; soit il y a quatre parties: on dit dans ce cas que chaque chose « pas plus » (1) est, que (2) n'est pas, ou
(3) à la fois est et n'est pas, ou (4) ni n'est ni n'est pas. Aristote voulant caractériser celui qui nie le principe de non-contradiction en Met. IV emploie des termes qui sonnent comme la première lecture (1008a30-4). Mais Favorinus chez Aulu-Gelle (N.A. XI 5, 4 =T 56 ; Favorinus, fr. 32 Amato =
26 Barigazzi) attribue à Pyrrhon la formule « pas plus cette voie que celle-là ou qu'aucune voie ». Dans la première lecture, on admet qu'une chose donnée est à la fois F et non F et donc
on concéde
que
l'opinion qu'elle est F, l'opinion
qu'elle est non
F et
l'opinion selon laquelle elle est les deux sont vraies. On court le risque d'aboutir à ce que fait Protagoras (**P 302), selon certaines lectures de la thèse de l'homme-
mesure, et de dire que toutes les opinions sont vraies. D'un autre cóté si on est prét à affirmer que chaque chose n'est ni F ni non F, on concéde qu'un grand nombre d'opinions sont fausses.
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PYRRHON D'ÉLIS
1769
Dans la seconde lecture, on dit que la possibilité que la chose soit F, la possibilité qu'elle soit non F, la possibilité qu'elle soit les deux et celle qu'elle n'en soit aucun, chacune d'elles n'obtient pas plus que n'importe laquelle des autres. La raison pour laquelle dans ce texte sont ajoutés les deux lemmes (3) «à la fois est et n'est pas » et (4) «ni n'est ni n'est pas » est que la formule « pas plus est que n'est pas » admet en elle-même que les deux possibilités «est F » et « n'est pas F» soient toutes les deux vraies ou toutes les deux fausses, et donc ne reflète pas suffisamment l'indéfinité exprimée des choses; l'ajout des deux lemmes nous empéche réellement de dire quoi que ce soit de défini sur quoi que ce soit. Cette seconde lecture est cohérente avec l'indeterminacy thesis et avec l'inférence immédiate de cette thése sur les sensations et opinions. Sur la formule οὐδὲν μᾶλλον chez Sextus et D. L. voir entre autres 103 P. Cosenza,
«OYAEN
MAAAON»,
dans
Giannantoni
35,
vol.
I,
p.371-376;
Castagnoli 86; 104 L. Corti, «Scale pirroniane: ouden mallon in Sesto Empirico », Dianoia 7, 2002, et Corti 93, p. 103-111.
Quel est le résultat pour ceux qui sont ainsi disposés ?
C'est, dit Timon, l’&yaota et ᾿᾿ἀταραξία. Aqaoía ne peut signifier ici absence de discours puisque l'on vient de dire ce que nous devons dire sur les choses. Toutefois ἀφασία n'est pas elle-méme l'attitude exprimée par les formules à adopter mais le résultat de cette attitude. Toujours selon cette interprétation, la non-assertion est, elle, exprimée par les termes précédemment analysés et ce n'est pas le méme type de non-assertion que celui de Sextus. Les contrastes avec le pyrrhonisme tardif, méme si sur le point final de l'áraραξία la différence est minime, la différence est minime montrent que Pyrrhon n'adopte pas l'attitude du pyrrhonisme tardif de l’Éroyn, mais tient une position « métaphysique » : la réalité est de manière inhérente indéterminée. Sa prescription que nous devons éviter les opinions est fondée sur cette thése. Il nous conseille d'employer des termes qui reflètent le caractère indéfini des choses. Contrairement à l'énoyj tardive qui nous prescrit de nous abstenir de décrire les choses, Pyrrhon nous prescrit une forme de discours qui ne définit pas les caractéres des choses mais exprime la thése que les choses n'ont aucune caractéristique définie, conformément à l'interprétation de Conche 42, reprise par Lévy 43. Pour Aristoclés toutefois, le passage a à voir avec l'épistémologie et non la métaphysique de Pyrrhon, comme on le voit dans l'introduction par Aristoclès de ce résumé : «Il est nécessaire avant tout de considérer notre propre savoir ; car si notre nature est de ne rien connaitre... » (XIV 18, 1). Pyrrhon n'est pas le seul concerné par cette introduction. Eusébe reproduit cinq passages sur ce thème tirés du livre VIII d'Aristoclés Περὶ φιλοσοφίας (XIV 1721) sans citer les auteurs dans leur ordre originel : il y a les éléates, les cyrénaiques, Protagoras et les épicuriens, outre le chapitre sur les pyrrhoniens qui comprend Énésidéme aussi bien que Pyrrhon et Timon.
1770
PYRRHON D’ELIS
P327
En tant qu'aristotélicien, Aristoclés est opposé à toutes ces philosophies. Ainsi
en XIV 17,9 il dit que ceux qui emploient la sensation et la raison pour la connaissance des choses philosophent correctement, mais pas ceux qui n'utilisent que l'une des deux ou qui dénient toute possibilité de connaissance. Or Pyrrhon a dit que les sensations et les opinions ne sont pas fiables. Il est bien une cible de la critique d’Aristocles, mais celui-ci considère les vues de Pyrrhon et d'Énésidéme comme identiques. Comme Énésidème est pour lui la figure la plus récente, il est possible qu'il ait accentué le thème de ᾿᾿ἀκαταληφία propre à Énésidéme, quand il traitait de Pyrrhon ou Timon. Ainsi, selon Bett 2, p. 44, l'introduction d' Aristocles ne détourne pas de la conclusion que le résumé n'a pas une portée épistémologique ; c'est l'interét particulier d'Aristoclés qui affecte le point de vue. Cela ne prouve méme pas qu'Aristoclés ait considéré que la philosophie de Pyrrhon était épistémologique en soi, mais montre simplement que c'est cet aspect de la philosophie de Pyrrhon qu' Aristoclés retient dans ce contexte. La thése dite « métaphysique » sur le texte d'Aristoclés a donné lieu à de nouveaux commentaires, en particulier 105 J. Barnes, compte rendu de Bett 2 dans Mind 110, 2001, p. 1043-1046, et 106 J. Laberge, compte rendu du méme ouvrage dans Philosophiques 31, 2004, p. 452-457, mais l'un comme l'autre ne sont « pas plus certain(s) que Bett ait raison qu'il ait tort ». On trouvera un résumé par Bett lui-méme des deux positions principales défendues actuellement sur Pyrrhon, la thése métaphysique et la thése épistémologique sur le site de 107 E. Zalta (édit.) Stanford Encyclopedia of Philosophy, http://plato.stanford.edu/entries/pyrrho. La contribution de 2002 a été mise à jour en 2006, puis en 2010. La thèse de Bett est discutée en particulier par Svavarsson 90, p.277, qui revient à une lecture subjectiviste, mais dans une nouvelle version. Les études les plus récentes portent davantage sur Ia tradition pyrrhonienne. voire sur un pyrrhonisme primitif, que sur Pyrrhon lui-méme qui apparait toujours comme une « figure singuliére » (S. Marchand). Revenant sur la question de l'apraxia et sur les formules linguistiques pyrrhoniennes, Corti 92 tente d'expliquer la possibilité de l'action et de la parole sceptiques et se demande en particulier quels actes illocutoires le sceptique peut exécuter. Cette thése entiérement nouvelle interroge à partir des textes la cohérence du
scepticisme de Sextus Empiricus, et entend démontrer qu'il n'est pas un véritable sceptique. en réactivant la distinction entre «urbain » et «rustique » de Barnes 67 et 76 qui permettait de distinguer un scepticisme modéré qui ne remette en cause que les connaissances scientifiques et non les croyances de la vie quotidienne. Il mobilise le modéle animal, le modele informatique et celui de l'enfance, à l'aide
d'études de philosophie contemporaine, pour montrer en particulier qu'un sceptique peut commettre et corriger des erreurs systématiques et peut faire évoluer sa maîtrise linguistique. Sur le silence pyrrhonien, voir 108 J. Brunschwig, « L'aphasie pyrrhonienne », dans C. Lévy et L. Pernot [édit.], Dire l'évidence (Philosophie et rhétorique antiques), Paris 1997, p. 297-320.
P 329
PYRRHON DE PHLIONTE
1771
Un autre point revient en discussion, le caractere zététique du scepticisme/ pyrrhonisme:
109 E. Spinelli, Questioni scettiche. Letture introduttive al pirro-
nismo antico, Roma 2005, p. 114-117; 110 K. M. Vogt, «Skeptische Suche und das Verstehen von Begriffen », dans C. Rapp et T. Wagner (édit.), Wissen und Bildung in der antiken Philosophie, Stuttgart 2006, p. 325-339; 111 F. Grgic, «Sextus Empiricus on the Possibility of Inquiry », PPQ 89, 2008, p. 436-459; Perin 93 réévalue la place de la rationalité dans les arguments de Sextus plus particuliérement H.P. I, contre l'interprétation selon laquelle, avec la suspension du jugement, Sextus considere comme inutile la recherche de la vérité. Il réexamine également tous les arguments de Sextus contre l'objection d'apraxia. Voir aussi Thorsrud 91 et 112 C. Perin, «Scepticism and Belief», dans Bett 20, p- 145-164. Tous les sujets de débat sur les différents scepticismes antiques sont exposés dans les contributions réunies par Bett 20. On touvera enfin une excellente mise au point sur tous les débats concernant les différentes variétés de scepticisme issues des lectures de Sextus dans 113 D. Machuca, «Sextus Empiricus: His Outlook, Works, and Legacy », FZPhTh 55, 2008, p. 28-63. L'étude comprend un aperqu
de
l'influence
du
scepticisme
de Sextus
sur la philosophie
moderne
et
contemporaine. Tradition pyrrhonienne et tradition sceptique sont souvent confondues alors méme que la notion de tradition sceptique tirée du recueil fondateur édité par Burnyeat (The Skeptical Tradition) est remise en cause. En effet, «le scepticisme,
écrit Lévy 43, p. 6, est plutót le produit d'un certain nombre de traditions, différentes et méme antagonistes, qui n'ont été unifiées que de manière incomplète et tardive au prix d'un certain nombre de contresens ». BRIGITTE PÉREZ.
328
PYRRÓN DE MÉTAPONTE
RE2
Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le catalogue de Jamblique (V. pyth. 36, 267, p. 144, 7 Deubner = 1 DK 58 A, t. I, p. 446, 20), qui semble remonter à Aristoxéne de Tarente. Son nom est répertorié dans 2 W. Pape et G. Benseler, Wörterbuch der griechischen Eigennamen, t. 1l, p. 1293 (2), ainsi que dans le
3 LGPN,
t. III A, p. 383. Cf. 4 K. Ziegler, art. «Pyrrhon»
2, RE XXIV,
1963, col. 106. Un Pyrrón de Phlionte (»*P 329), fils de Timarque et élève de Timón (cf. la Souda, s.v. Πύρρων), pourrait avoir un rapport de parenté avec son homonyme métapontin, étant donné le nombre de pythagoriciens de la Grande Gréce qui sont venus s'installer à Phlionte aprés les révoltes anti-pythagoriciennes. Sur ce type de nom, cf. 5 Fr. Bechtel, Die historischen Personennamen, p. 393. CONSTANTINOS
329
PYRRHON
DE PHLIONTE
RE 3
MACRIS.
IT
Selon la Souda P 3239, Pyrrhon, fils de Timarque, aurait été «l'élève du philosophe Timon
de Phlionte ». Comme
Diogène Laérce IX 109, sur la foi du Com-
1772
PYRRHON DE PHLIONTE
P 329
mentaire aux Silles de Timon de Phlionte par Apollonidès de Nicée (**A 259), donne au pere de Timon le nom de Timarque, il faut envisager une confusion entre le maitre et le disciple: c'est plutót Timon, fils de Timarque, qui fut l'éléve de Pyrrhon (»*P 327). Sur les éléves de Timon, voir D.L. Clayman, Timon of Phlius : Pyrrhonism into poetry, coll. « Untersuchungen zur antiken Literatur und Geschichte » 98, Berlin 2009, p. 10, qui ne signale toutefois pas ce témoignage.
RICHARD GOULET. PYRSON — PHYRSON
330
PYTHAGORAS (IULIUS -) D'HÉRACLÉE
ép. imp.
La seule mention de ce philosophe est le patronyme de sa fille, Ol(l)ia (selon une lecture de Dórner, ou peut-étre plutót, selon une suggestion de W. Ameling. loulia) Pythias, qui exerga la magistrature éponyme (basileia) à Héraclée du Pont et y fut honorée d'une statue : /K 47, 4. BERNADETTE PUECH.
331
PYTHAGORAS DE PHILADELPHIE
FP-DI
Pythagore de Philadelphie avait le sens du symbole. Il l'avait exprimé d'abord dans le choix du nom sous lequel il exerga son activité et sur lequel il attire fierement
l'attention
dans
son épigramme
funéraire
(SEGO
I 04/24/02;
TAM
V
3,
1895c): « Ma naissance n'a pas fait de moi, Pythagore. l'illustre Samien, mais le méme nom m'est échu naturellement, à cause de ma sagesse, pour avoir jugé que la peine s'impose comme un choix de vie... »
Prendre un nom en rapport avec son activité était habituel, notamment dans les milieux intellectuels (voir les exemples rassemblés, pour les philosophes, par M. Haake, Der Philosoph in der Stadt, München 2007, p. 317-319). Plutót donc que de supposer, avec G. Petzl, « Zum neupythagoreischen Monument aus Philadelphia », EA 20, 1992, p. 1-5, que le philosophe lydien avait recu ce nom, comme un titre, de ses concitoyens admiratifs, il parait plus naturel de comprendre qu'il avait annoncé, en choisissant ce nom, sa détermination à mener sa vie selon une ascèse qu'il se plaît à souligner. Il avait d'ailleurs veillé à la mettre en valeur, de facon plus frappante encore, dans le relief qui surmontait l'épigramme et dont le sens a été analysé par A. Brinkmann, « Ein Denkmal des Neupythagoreismus », RhM 66, 1911, p. 616-625. Il est organisé autour d'un Y en relief, symbole pythagoricien de la croisée des chemins. Entre les deux branches était figuré le défunt, debout. De part et d'autre de chaque haste, la représentation s'ordonnait en trois niveaux. À droite, dans la partie inférieure, une figure féminine allégorique, avec à ses côtés un adolescent qui la regarde, porte son nom inscrit au-dessus de sa tête: Arètè ; au-dessus, la représentation d'un laboureur derrière sa charrue symbolise le ponos exalté dans l'épigramme ; enfin, au niveau supérieur, la récompense de cette vie de peine est figurée par le méme personnage occupé à banqueter. À gauche, la
P 332
PYTHAGORAS DE RHODES
1773
figure allégorique symétrique d’Arètè est Asotia ; au-dessus, ce type de comportement est illustré sans ambiguïté par un couple d’amants au lit; de la scène supérieure, on ne distingue plus rien ; selon Brinkmann, elle devait montrer l'homme précipité téte la premiere dans l'abime. L'épigramme et l'apologue sculpté dans le marbre s'accordent ainsi à magnifier le théme de l'hairésis: le choix réfléchi de l'ascése exprime une nature philosophique, apte à une excellence dans laquelle les aléas de la naissance et de l'onomastique n'ont aucune part. BERNADETTE PUECH.
332
PYTHAGORAS DE RHODES
RE 11
Auteur d'un ouvrage consacré aux évocations des dieux dans le culte, mentionné par Porphyre, dans sa Philosophie des oracles (fr. 347 Smith, tiré d'Eusébe de Césarée, Préparation évangélique V 7,8, 1-3): «Le rhodien Pythagore était dans le vrai en déclarant encore ceci: Les dieux n'éprouvent aucun plaisir à étre invoqués afin de manifester leur présence, mais s'ils surviennent, c'est contraints et forcés d'obéir, plus ou moins selon le cas. Certains qui ont, pour ainsi dire, fait une habitude de leur présence, viennent avec une certaine complaisance, surtout s'ils sont bons de nature ; les autres, méme s'ils ont l'habitude de se présenter, cherchent à causer du tort, surtout si quelqu'un leur semble se comporter avec une certaine négligence dans ses actions» (trad. des Places). Porphyre reconnait ensuite avoir trouvé une confirmation de la véracité de ces paroles dans divers oracles qu'il cite.
Le méme auteur est également cité par Énée de Gaza (»+A 64) dans le dialogue Théophraste (p. 61 Boissonade = p. 54, 4-10 Colonna): « Pythagore, non pas le Samien, mais le Rhodien, sur le point de transmettre une psychomantie, commence par rechercher qui sont ces étres qui sont convoqués (ol καλούμενοι) : des dieux, des démons
ou bien des émanations
semblant parfois en étre un autre, ou bien uns doux, les autres sauvages, et les uns mensongers (κίβδηλοι) ; puis en décrivant à leur suite, il en vient à la fin à dire que
de ces derniers, également
si le démon
est unique,
s'ils sont multiples et différents les uns des autres, les disant parfois des choses vraies, les autres totalement le grand désarroi des anciens et de ceux qui sont venus l'apparition (τὸ φάσμα) est une émanation d'un démon
(δαίμονος ἀπόρροιαν).» Cf. [K. Ziegler,] art. « Pythagoras von Rhodos»
11, RE XXIV,
1963, col. 305-
305. RICHARD GOULET.
333
PYTHAGORE
DE SAMOS RE 1 + RESuppl. X
La notice sera publiée dans le dernier volume du DPhA.
vr
334
P 334
PYTHEAS DE MARSEILLE
1774
PYTHÉAS DE MARSEILLE
RE |
IV?
Premier explorateur du Nord-Ouest de l’Europe. Astronome et géographe, il est l'auteur d'un ouvrage Sur l'Océan, trés fragmentairement conservé, dans lequel l'Océan était étudié du point de vue physique et astronomique. Cléoméde (»*C 162) le qualifie de philosophe (Caelestia I 4 = fr. 12a Bianchetti), peut-être à
cause de son rapport avec Eudoxe de Cnide (»E 98). A. Bibliographie générale Témoignages et fragments : Éditions anciennes. 1 A. A. Arvedson (édit.), Pyrheae Massiliensis fragmenta, variis ex auctoribus collecta et commentariis illustrata... A.A.A. /et ai.], Uppsala 1824, 36 p.; 2 A. Schmekel (édit.), Pyrheae Massiliensis quae supersunt fragmenta, Merseburg 1848, [3]-25 p.
Éditions de référence courante. 3 H.J. Mette (édit.), Pytheas von Massalia,
collegit H.J. M., coll. « Kleine Texte für Vorlesungen und Übungen » 173, Berlin 1952, 1V-52 p., qui comporte une introduction (p. 1-16) et un index des sources (p. 36-46) ; 4 C.H.
Roseman
(édit.), Pytheas
of Massalia
: On
the
Ocean.
Text,
translation and commentary, Chicago 1994, VII-181 p., qui fait la distinction entre témoignages et fragments; 5 S. Bianchetti (édit.), Pitea di Massalia, L'Oceano. Introduzione, testo, traduzione e commento a cura di S.B., coll. « Biblioteca di studi antichi » 82, Pisa/Roma 1998, X1-226 p. 26);
Nous suivons cette dernière édition, dont voici la structure et le contenu : bibliographie (p. 1introduction (p. 27-80) ; texte et traduction (p. 82-107); commentaire (p. 109-212);
concordance
avec les éditions de Mette 3 et de Roseman
4 (p. 213); cartes (p. 215-220) : index
des noms propres (p. 221-226). Les fragments ont été ordonnés selon le sujet : le Póle Nord (fr. 1), les marées (fr. 2-3), la côte atlantique (fr. 4-6), l'archipel britannique (fr. 7), Thule et le soleil
de minuit (fr. 8-14), les peuples de l'ambre (fr. 15-17), les régions au-delà du Rhin, les iles Lipari (fr. 19) et l'opinion des auteurs antiques sur Pythéas (fr. 20-23). Cf. 6 S. Magnani, « Περὶ Ὠκεανοῦ : note e discusione a proposito di una recente edizione dei frammenti e delle testimonianze dell'opera di Pitea di Massalia », RSA 29, 1999, p. 263-282.
Traductions. 7 D. Stichtenoth, Pytheas von Marseille : über das Weltmeer, die Fragmente, übersetz und erläutert von D.S., coll. «Geschichtsschreiber der deutschen Vorzeit» 103, Köln 1959, 128 p. Cf. également les traductions de Roseman 4 et Bianchetti 5.
Études d'orientation. 8 M. Fuhr, Pyrheas aus Massilia, Darmstadt 1842, IV76 p.; 9 N. Parisio, «Pitea da Marsiglia », RGI 2, 1895, p. 509-517, p. 603-613; 10 F. Matthias,
Über Pytheas
von Massilia
und die ältesten Nachrichten
von
der
Germanen, t. I, Berlin 1901, 47 p. ; 11 G. V. Callegari, « Pitea di Massilia », RSA 7, 1903, p. 522-532 et 701-717 ; 12 Id., « Pitea di Massilia », RSA 8, 1904, p. 230-240 et 547-562 ; 13 Id., «Pitea di Massilia», RSA 9, 1905, p. 243-268 ; 14 G. Mair, Pytheas
von Massilien
und die mathematische
Geographie,
coll.
« Jahresbericht
der K. K. Staats-Gymnasiums in Marburg », 2 vol., Marburg a. d. Drau 1904-1906 ; 15 P. L. Rambaldi, « Pitea da Marsiglia », RG/ 13, 1906, p. 233-241, 297-315, 398419 et 476-487 ; 16 A. Blázquez, Pyreas de Marsella : estudio de su exploración del occidente de Europa, coll. « Publicaciones de la Real Sociedad Geográfica ».
P 334
PYTHEAS DE MARSEILLE
Madrid
1913,
42
p.;
17
G.E.
Broche,
Pythéas
1775 le
Massaliote,
découvreur
de
l'extrême occident et du nord de l'Europe (IV* siècle av. J.-C.). Essai de synthèse par les textes, Paris (These) 1935, 260 p. (cf. 18 G. E. Broche, Pytheas le Massaliote, découvreur de l'extréme occident et du nord de l'Europe (IV* siécle av. J.-C). Les textes fondamentaux recueillis et coordonnés et accompagnés d'une carte, Paris 1936, 36 p.); 19 W. Mohr, «Des Pytheas von Massilia Schrift Über den
Ozean », Hermes 77, 1942, p. 29-45 ; 20 E. Davin, « Pythéas le Massaliote premier grand navigateur provençal», BAGB 62, 1954, p. 60-71; 21 F. Gisinger, art. «Pytheas» 1, RE XXIV 1, 1963, col. 314-366; 22 R. Dion, «Pythéas explorateur », RPh 40, 1966, p. 191-216 (traduit en partie dans 23 F. Prontera [édit.], Geografia e geografi nel mondo antico : guida storica e critica, Roma/Bari 1983,
p. 201-225); 24 F. Lasserre, art. « Pytheas » 4, KP IV, 1972, col. 1272-1274 ; 25 A. Diller, art. «Pytheas of Massalia», DSB XI, 1975, p. 225-226; 26 P. Fabre, « Étude sur Pythéas le Massaliote et l'époque de ses travaux », LEC 43, 1975, p. 25-44, p. 147-165 ; 27 C.F.C. Hawkes, Pytheas : Europe and the Greek explorers, coll. «J. L. Myres memorial lecture » 8, Oxford 1977, 11-46 p. ; 28 I. Stark, «Pytheas»,
dans
J. Herrmann
(édit.), Griechische
und
lateinische
Quellen
zur
Frühgeschichte Mitteleuropas bis zur Mitte des 1. Jahrtausends u. Z., t. I, coll. «Schriften und Quellen der Alten Welt» 37, 1, Berlin 1988, p. 432-434 ; 29 E. Renna, « Pitea di Marsiglia e il viaggio di esplorazione ai confini settentrionali del mondo abitato », dans M. Capasso et E. Puglia (édit.), Scritti di varia humanità in memoria
di Benito
lezzi,
Sorrento
1994,
p. 25-40;
30
S.
Bianchetti,
«Per
la
datazione del Περὶ Ὠκεανοῦ di Pitea di Massalia», Sileno 23, 1997, p. 73-85; 31 H. Journès, « Pythéas le Massaliote (1)», Lychnos 70, 1997, p. 50-57 ; 32 Id., «Pythéas le Massaliote (2)», Lychnos 71, 1997, p. 26-31; 33 Y. Georgelin et S.
Arzano, «Pythéas le Massaliote: le plus ancien des doctes de tout l'Occident», Lychnos
85,
2000,
p. 69-78;
34
F.J.
Gómez
Espelosin,
El descubrimiento
del
mundo : geografía y viajeros en la Grecia antigua, Madrid 2000, p. 134-145; 35 S. Heilen, «Eudoxos von Knidos und Pytheas von Massalia», dans W. Hübner (édit.),
Geschichte
der
Mathematik
und
der Naturwissenschaften
in der Antike,
t. II: Geographie und verwandte Wissenschaften, Stuttgart 2000, p. 55-73; 36 H. Journès
et Y. Georgelin, Pytheas,
explorateur et astronome,
p.; 37 H. A. Gärtner, art. « Pytheas (Πυθέας)» 4, NP X, 2001, Bianchetti, «Eutimene e Pitea di Massalia: geografia e
Ollioules
2000,
146
col. 660-662 ; 38 S. storiografia», dans
R. Vattuone (édit.), Storici greci d'Occidente, Bologna 2002, p. 439-485 ; 39 B. W. Cunliffe,
The
extraordinary
voyage
of Pytheas
the Greek,
rev. ed., New
York
2002, IX-195 p. (trad. franc. de M.-G. L'Her: Pyrhéas le grec découvre l'Europe du Nord, IV* av. J-C., coll.
«Mémoires » 91, Paris 2003, 176 p.) ; 40 S. Magnani, 7/
viaggio di Pitea sull'oceano, coll. «Studi di storia» 8, Bologna 2002, 266 p.; 41H.-G. Nesselrath, art. «Pytheas», RGA XXIII, 2003, col. 617-620; 42 S. Bianchetti, «Da Gades al Tanais : l'Europa di Pitea di Massalia », Sileno 30, 2004, p. 1-10;
43
D. W.
Roller,
Through
the
pillars
of Herakles:
exploration of the Atlantic Ocean, New York/London 2006, p. 57-91.
Greco-Roman
1776
PYTHEAS
DE MARSEILLE
P 334
B. Datation
Nous ne possédons pratiquement pas de renseignements sur la vie de Pythéas. À
partir des
maigres
témoignages
qui
nous
sont parvenus,
on
peut
seulement
déduire qu'il était originaire de Massalia (auj. Marseille), colonie grecque de Phocée, et que ses activités étaient l'astronomie et l'exploration. On peut considérer que Dicéarque de Messine (**D 98) fut le premier à faire mention de Pythéas, ce qui nous fournit un bon terminus ante quem. ll s'agit d'un passage de Strabon (II 4,
2 = fr. 21 Bianchetti) où celui-ci rapporte la critique adressée par Polybe (**P 236) à Ératosthène (»E 52, p. 222) qui avait eu tort de croire aux fabulations de Pythéas, et oü il souligne le fait que méme Dicéarque n'y croyait pas.
La mention de Dicéarque nous situe donc dans le dernier quart du IV* s. av. J.-C., mais elle ne permet pas de préciser davantage. On ne trouve pas de références
à Pythéas
dans
l'œuvre
d'Aristote,
mais
cette omission
n'implique
pas
forcément que le traité Sur l'Océan soit postérieur à la mort d'Aristote en 322°. Fabre 26, p. 41, considére que le récit de Pythéas a pu étre connu dans les années qui précédèrent la prise de Tyr par Alexandre le Grand en 332°. Il fonde son argumentation sur un passage du roman Les merveilles incroyables d'au-delà de Thulé d'Antonius Diogene (»*D 137) à propos du récit de Balagros selon lequel, quand Tyr fut prise par Alexandre, un soldat trouva les tombeaux des héros qui avaient découvert Thulé (cf. Photius, Bibliothéque, cod. 166, 111 b 4, p. 147 Henry): « Donc le lecteur cultivé ne trouve pas anormal qu'on ait pu aller à Thulé avant 332. Il y a tout lieu de penser qu'il est notoire que la découverte de l'ile mystérieuse est trés nettement antérieure à la prise de Tyr». Fabre 26, p. 42-44, se sert aussi pour confirmer cette datation d'un commentaire de Servius à Virgile, Géorgiques I 30 concernant Thule. À l'encontre de la datation de l'ouvrage dans les années antérieures à la prise de Tyr, on peut faire remarquer entre autres arguments qu'il ne faut pas attribuer une valeur historique au roman fantastique d'Antoine Diogene (cf. Bianchetti 5, p. 30). Pour une datation plus basse, vers la seconde moitié du IV* siecle, cf. Broche 17, p. 12, qui propose de dater l'ouvrage entre les années 333 et 323. À leur tour, Hawkes 27, p.44, et Stark 28, p.432, penchent pour l'an 325;
Stichtenoth 7, p. 7, pour l'an 322 ; Davin 20, p. 62, pour l'an 320. En faveur d'une datation basse on a suggéré aussi que Pythéas a pu étre un praemissus explorator d'Alexandre le Grand, dans la mesure oü celui-ci a pu concevoir en 324/3 des projets d'exploration de l'Occident visant Gadir et l' Atlantique. D’après cette hypothèse, le voyage de Pythéas aurait été commandé
par le
roi pour vérifier s'il était possible de naviguer tout au long des cótes occidentales et septentrionales du continent européen. L'entreprise de Pythéas n'aurait donc pas obéi à des raisons scientifiques, mais à une requéte précise d'Alexandre (sur la synchronie entre le voyage de Pythéas et l'expédition d' Alexandre, cf. 44 R. Dion, Aspects politiques de la géographie antique, « Collection d'Études Anciennes ». Paris 1977, p. 175-222). Pour une synthése de cette hypothése et des objections auxquelles elle s'expose, voir Bianchetti 5, p. 31-36, qui rapporte aussi l'hypothese
P 334
PYTHEAS DE MARSEILLE
1777
d'une probable connaissance de l'ouvrage de Pythéas par les historiens contemporains d' Alexandre, lesquels auraient pu l'utiliser à des fins de propagande : «la definizione dei confini del mondo raggiunti da Pitea rendeva possibile agli storici di Alessandro una saldatura tra questo limite settentrionale dell' ecumene e quello
nord-orientale toccato dal Macedone, quasi potessero non esistere piü terre ignote e che Alessandro non potesse conquistare » (p. 37). On trouve d'autres arguments suggérant que l'ouvrage de Pythéas est antérieur à l'activité d' Alexandre le Grand chez Bianchetti 30. C. CEuvre
Titre. Nous ne possédons que de rares et maigres fragments (vingt trois dans l'édition de Bianchetti 5) de l'ouvrage de Pythéas, transmis pour la plupart par
Strabon et par Pline l'Ancien (sur l'emploi par Strabon des renseignements de Pythéas, cf. 45 G. Aujac, Strabon et la science de son temps: les sciences du monde, « Collection d'Études Anciennes », Paris 1966, p. 40-48 ; sur Pythéas comme source de Pline, cf. 46 H. Zehnacker, « L'Europe du Nord dans l'Histoire naturelle de Pline l' Ancien (N.H. IV, 88-104] », REL 82. 2004, p. 167-186). On ne
dispose pas de renseignements suffisants à propos du genre littéraire de l'ouvrage, considéré comme un périple par Martianus d'Héraclée (fr. 23), d'aprés Bianchetti 5, p. 68. Le titre communément admis, Περὶ Ὠκεανοῦ, apparaît chez Géminos (»G
15; cf. fr. 13a Bianchetti) et Cosmas
Indicopleustes (»*C
191 ; cf. fr. 13b
Bianchetti), bien que certains critiques préfèrent le titre Τὰ περὶ τοῦ Ὠχεανοῦ (cf. Gisinger 21, col. 320; Lasserre 24, col. 1272). Il s'agit probablement du premier récit de voyage d'un explorateur-astronome : si la perspective de Pythéas était bien la recherche astronomique fondée sur la géométrie de la sphère, son récit pourrait être considéré comme une vérification sur le plan pratique des hypothèses préalablement envisagées sur le plan théorétique (cf. Bianchetti 5, p. 68). Περὶ Ὠκεανοῦ est également le titre d'un traité de Posidonius (»*P 267), dont le lien avec l'ouvrage de Pythéas n'est pas seulement formel. En effet, les deux ouvrages répondent à la méme conception de l'écouméne, entourée par l'Océan au Sud et au Nord. D’après 47 G. Aujac, «Les traités Sur l'Océan et les zones terrestres », REA 74, 1972, p. 74-85 (repris dans 48 /d., La sphère, instrument au service de la découverte du monde : d'Autolycos de Pitane à Jean de Sacrobosco, coll. « Varia» 11, Caen 1993, p. 291-302), cette conception de l'Océan qui entoure
la terre est à rattacher à Alexandre le Grand, qui avait le désir de « connaitre et de relier les deux bords, oriental et occidental de l'Océan » (p. 81 = p. 298). Nous ne disposons pas de preuves suffisantes pour affirmer que Pythéas a écrit d'autres ouvrages ou qu'il a tracé une carte géographique, méme si les hypothèses à ce sujet n'ont pas manqué. D'après Fuhr 8, p. 21-24, Pythéas aurait écrit trois ouvrages : Περὶ Ὠκεανοῦ (sur l'Océan en général), Περίπλους τῆς γῆς (à partir de son expérience personnelle du voyage) et Περίοδος γῆς (un ouvrage géographique similaire à ceux d'Eudoxe, Dicéarque et Agathéméros). À son tour, Parisio 9, p. 512, considère que Pythéas a écrit deux œuvres, «l'una su l'Oceano, l'altra,
1778
PYTHEAS DE MARSEILLE
P 334
sia periplo, sia periodo, opera geografica o descriptiva, che avrebbe abbracciato anche il Mediterraneo ». En réalité, la seule référence à un ouvrage autre que le Περὶ Ὠκεανοῦ, qui aurait été intitulé Περίοδος γῆς («bisher unerklärt », Lasserre 24, col. 1272), apparait dans une scholie à Apollonios de Rhodes (cf. fr. 19 Bianchetti). Broche 17. p. 171, suppose qu'il faut l’interpréter comme un sous-titre de l'ouvrage Περὶ Ὠκεανοῦ. I] s'agirait donc toujours d'un seul ouvrage, selon la these déjà soutenue par Rambaldi 15, p. 240. En revanche, selon Gisinger 21. col. 321, Pythéas aurait pu écrire un ouvrage intitulé Περίοδος γῆς oü il aurait compilé ses explorations et les vérifications de la théorie de la sphére auxquelles il avait procédé ; par conséquent, cet ouvrage aurait pu comporter une carte rendant compte des découvertes de l'auteur faites au nord de l'Europe. Sur cette hypothèse. voir aussi Mair 14, t. I, p. 69-70, pour qui la carte en question serait le résultat logique des recherches de Pythéas, qui auraient culminé en un réticule de paralléles (dont l'équateur serait le plus méridional et le cercle polaire le plus septentrional) et de méridiens. Selon Bianchetti 5, p. 207, si on accepte le témoignage du scholiaste, il est probable que cet ouvrage présentait un caractère différent du IIepi Ὡκεανοῦ et qu'il appartenait à la tradition littéraire de l'« itinéraire » (περιήγηcic). dont les prétentions étaient principalement la description des terres et de leurs ressources. Ainsi donc, Pythéas aurait pu dans cet ouvrage prêter attention à ces aspects (cf. fr. 8c, e, f Bianchetti) et il aurait pu consacrer aux régions qu'il avait explorées une description davantage attentive aux aspects anthropologiques qu'aux questions astronomiques et mathématiques. Dans ce cas, il s'agirait d'un ouvrage qui aurait eu un caractére de vulgarisation beaucoup plus marqué. Importance philosophique. D'aprés Bianchetti 5, p.68, Pythéas est tout d'abord un astronome, un homme de science qui, dans la mesure oü il corrige la théorie d'Eudoxe
(»*C 98) sur le Pôle (fr. 1 Bianchetti), rentre dans la catégorie
des géographes scientifiques, dont les représentants les plus importants sont Ératosthéne de Cyrène (»C 52, notamment p. 213-223 [« Astronomie et géographie mathématique » et « Géographie physique »]), Hipparque de Nicée, Posidonius (»*P 267) et Ptolémée (»*P 316). Il faut remarquer à ce sujet que Bianchetti 5, p. 39, considére que la deuxiéme moitié du IV* s. av. J.-C., représente une période trés riche dans la recherche scientifique en Grece. Le rapport avec l'Académie de Platon, attesté dans le cas d'Eudoxe, montre que l'activité scientifique de cette période sert d'appui à la réflexion philosophique. En fait, selon Simplicius, in De caelo, p. 493 Heiberg. c'est Platon qui, en imposant aux mouvements des corps célestes l'obligation d'étre circulaires, uniformes et réglés, aurait proposé aux mathématiciens le probléme fondamental de l'astronomie (cf. 49 G. Aujac [édit.]. Autolycus de Pitane : La sphére en mouvement. Les levers et couchers héliaques. Testimomia, CUF, Paris 1979, p. 160). Ce probléme est résolu en partie par Eudoxe qui, dans ses Phenomenes, fait une lecture de la carte céleste à travers un modéle géométrique qui comporte les premiers éléments d'une sphere armillaire. Dans ce modèle géométrique, les phénomènes célestes sont conçus comme des effets visibles du mouvement des sphéres et des cercles par rapport à d'autres sphéres et cercles, de facon similaire à ce qu'Autolycus de Pitane pensait à l'époque de Pythéas. De la sorte, l'assi-
P 334
PYTHEAS DE MARSEILLE
milation du ciel à une sphère (σφαιρική
1779
[scil. τέχνη] ou ἡ γεωμετρία
τῆς oqatpixric
[scil.
ἐπιστήμης] est la premiere dénomination pour l'astronomie en Gréce) permet de traduire en termes géométriques les problèmes astronomiques et d'établir des modèles pour représenter la sphère céleste (cf. Bianchetti 5, p. 41).
Sur l'itinéraire du voyage de Pythéas les opinions des critiques ont été trés diverses (cf. Bianchetti 5, p. 52-67), et les interprétations et les commentaires concernant Thulé l'ont été encore davantage (fr. 8-14 Bianchetti). À ce sujet, cf. 501. Whitaker, « The problem of Pytheas' Thule », CJ 77, 1981-1982, p. 148164; 51 G. Aujac, «L'ile de Thulé, mythe ou réalité: étude de géographie grecque », Athenaeum 66, 1988, p. 329-343 (repris dans 48, p. 253-268); 52 S. Bianchetti, « Pitea e la scoperta di Thule », Sileno 19, 1993, p. 9-24; 53 H.J.W. Wijsman, « Thule applied to Britain », Latomus 57, 1998, p. 318-323. L'ile de Thulé se trouverait placée à 66? Nord, ou bien à un peu plus de 64? Nord (cf. Bianchetti 5, 150, 154), latitude qui fut acceptée par Eratosthene et que Ptolémée (on ne sait pas si ce fut sous l'influence d'Hipparque) déplaça plus au Sud à 63°. En tout cas, l'identification de Thulé a donné lieu à de nombreuses spéculations: l'ile a été placée en Islande, en Norvége, et dans les iles Féroe. Il faut remarquer à ce sujet que Thulé est devenue dans l'Antiquité notamment un point de référence utopique (cf. infra). Pythéas analyse et décrit le phénomène des fluence de la lune, ce qui représente un progrés avec la théorie aristotélicienne sur le méme sujet. mis en rapport les marées basses avec la pleine et p. 103.
marées en connexion avec l'inscientifique et ne s'accorde pas Sur la possibilité que Pythéas ait la nouvelle lune, cf. Roseman 4,
Influence. Cf. 54 R. Dion, « La renommée de Pythéas dans l'Antiquité », REL 43,
1965,
p. 443-466;
55 R. Chevallier,
«La
vision
du Nord
dans
l'Antiquité
gréco-romaine, de Pythéas à Tacite », Latomus 43, 1984, p. 85-96 ; 56 G. Aujac, « L'ile de Thulé, de Pythéas à Ptolémée », dans M. Pelletier (édit.), Géographie du monde au Moyen Áge et à la Renaissance, Paris 1989, p. 181-190 (repris dans 48, p. 243-252) ; 57 M. Mund-Dopchie, « La survie littéraire de la Thulé de Pythéas : un exemple de la permanence de schémas antiques dans la culture européenne », AC 59, 1990, p. 79-97, 58 S. Magnani, «Una geografia fantastica ? Pitea di Massalia e l'immaginario greco », RSA 22-23, 1992-1993, p. 25-42 ; 59 M. MundDopchie, « L'étrange environnement de l' Ultima Thule et les mots pour le dire : de Pythéas de Marseille à Raoul Schrott (1999) », dans P.-A. Deproost et A. Meurant (édit.), Images d'origines, origines d'une image: hommages à Jacques Poucet, Louvain-la-Neuve 2004, p. 403-418 ; 59bis Ead., Ultima Thule : histoire d'un lieu et genèse d'un mythe, coll. « Histoire des idées et critique littéraire » 449, Genève
2009, 494 p. ill.; 60 F. J. Gómez Espelosín, « Viajes de verdad, viajes de mentira : literatura de viajes del período helenístico », RFR 4, 2006, p. 59-75. Pythéas a été reconnu comme astronome et géographe par les hommes de science, en particulier Ératosthène, Hipparque, Posidonius et Ptolémée. En revanche, il a été fortement critiqué par Strabon (qui paradoxalement représente notre
1780
PYTHEAS DE MARSEILLE
P 334
source d'information la plus ample). Cependant ce n'est pas en tant qu'astronome,
mathématicien et explorateur que Pythéas a exercé sa plus large influence. En effet, c'est notamment aux auteurs de « merveilles » (ἄπιστα), comme Antiphane de Berga (RE 19), qu'il a été bientót associé. De la sorte, à la reconnaissance dont il est l'objet parmi
les hommes
de science
cités (sauf Strabon)
s'oppose
l'image
transmise à travers Les merveilles incrovables d'au-delà de Thulé d' Antonius Diogene, Hécatée d'Abdere (»*H 12), les Argonautiques orphiques (**O 45, p. 847) et une bonne partie de la littérature fantastique de l'Antiquité. En effet, l'influence de Pythéas dans la tradition littéraire postérieure est due notamment au motif mythique de l'u/tima Thule (Virg., Georg. | 30) comme un milieu nouveau dans lequel on pouvait placer des spéculations et des fantaisies de toute sorte. Son caractère d'insularité et sa localisation indéterminée ont permis que Thulé « se préte à toutes les réveries du microcosme : espace utopique, enjeu d'une indicible
nostalgie tant elle apparait comme un espace matriciel et originel, l'ile génère les rêves du retour à la nature, du naufrage [...], de l'abandon extrême et du Paradis
terrestre » (Chevallier 55, p. 90). Introduite dans le Cycle de la table ronde gräce à son voisinage avec la Grande-Bretagne, Thulé apparait dans la fameuse « Balade du roi de Thulé » chantée
par Marguerite
dans le Faust (1808-1833)
de Goethe
(traduite en français par Gérard de Nerval) ; et elle apparait aussi dans l'ouvrage La copa del rey de Thule (1900) de Francisco Villaespesa, que l'on a considéré comme le manifeste poétique du modernisme espagnol. Plus récemment, on peut illustrer les recréations
modernes
du récit de Pythéas
en citant entre
autres
les
ouvrages suivants : 61 F. Lallemand, Journal de bord de Pythéas de Marseille, Paris 1974 (3° éd. rev. et corr., Marseille 1989) ; 62 J. Frye et H. Frye, North to Thule : an imagined narrative of the famous «lost» sea voyage of Pytheas of Massalia in the fourth century B.C., Chapel Hill 1985 ; 63 G. M. Rossi, Finis terrae : viaggio all'ultima Thule con Pitea di Marsiglia, Palermo 1995. JOSÉ MARÍA CAMACHO ROJO et PEDRO PABLO FUENTES GONZALEZ.
335
PYTHIAS
RE2
FIV*
Fille d'Aristote de Stagire (»*AÀ 414) et de sa première épouse Pythias (RE
1),
laquelle était apparentée au tyran Hermias d'Atarnée (»*H 80) et était peut-être sa niéce par adoption. Elle était encore une enfant à la mort d'Aristote. Dans son testament, le philosophe prévoit qu'elle soit donnée en mariage à Nicanor ou. si ce dernier n'est plus vivant, à Théophraste. Selon Sextus, Adv. Gramm. 1 258 (= Théophraste, test. 18, 4 Fortenbaugh), Pythias fut mariée trois fois. D'abord à Nicanor de Stagire (cf. Vita Marciana 3, p. 97 Düring, Vita Vulgata 2, p. 132 Düring, et Vita Latina 3, p. 151 Düring), qui était parent d'Aristote, ensuite à Proclés, descendant de Démaratos (RE 1) le roi de Sparte, dont elle eut deux fils,
Proclés (»*P 286) et Démaratos (»*D 35) qui tous deux philosophèrent auprès de Théophraste (voir Diogène Laérce V 52-53), enfin au médecin Métrodore (RE 26),
disciple de Chrysippe de Cnide (»^C 119) et maître d'Érasistrate, dont elle eut un fils nommé Aristote (2»* À 408) comme on grand-père. Dans son testament (apud
P 336
PYTHIODORE
1781
D. L. V 53), Théophraste envisage que ce fils de Métrodore (mais les manuscrits
de Diogene Laérce ont ici Mèdios ou Meidias et c'est peut-être le texte de Sextus qu'il faudrait corriger) et de Pythias s'adonne plus tard à la philosophie. Le médecin Métrodore, fils de Timoclés, d'Amphipolis honoré pour avoir soigné le roi Antiochos, peut-être Antiochos I” Soter (275-269 av. J.-Chr.), est probablement un médecin contemporain homonyme. Voir OGIS n? 220 ; Peter Frisch. Die Inschriften von Ilion, coll. IGSK 3, Bonn 1975, n? 34: « Ehren für den Arzt Metrodoros » (p. 100-102).
Si elle n'est pas elle-méme philosophe, Pythias a donc grandi et vécu dans un cercle de philosophes péripatéticiens. Stobée, Anthologie III 31, 8 (t. III, p. 670, 12-15 Hense), a conservé un apophtegme qui lui est attribué : « Pythias, la fille du philosophe Aristote, alors qu'on lui demandait quelle est la plus belle couleur, dit: “pour les hommes libres celle qui vient de la pudeur (alö@c)” ». C'est sans doute à tort que la Vita Hesychii 3 (p. 82 Düring), déclare qu'elle mourut avant son père ; en tout cas, elle fait l'objet de dispositions testamentaires dans le testament d'Aristote.
Cf. 1 H. H. Schmitt, art. « Pythias» 2, RE XXIV, 1963, col. 549; 2 I. Düring, Aristotle in the ancient biographical tradition, coll. «Studia graeca et latina Gothoburgensia» 5, Góteborg 1957, 490 p., notamment p. 268-269; 3 A.H. Chroust, «The genealogy and family of Aristotle», dans /d., Aristotle. New light on his life and on some of his lost works, t. I: Some novel interpretations of the man and his life, London 1973, p. 73-82, notamment p. 81-82 ; 4 R. Goulet, notice « Aristote de Stagire », A 414, DPhA I, 1989, « Prosopographie », p. 418-421, avec un arbre généalogique, p. 421); 5 M. Narcy, notes au livre V de Diogene Laérce, dans la traduction collective publiée sous la direction de M.-O. Goulet-Cazé, Paris 1999, notamment p. 568 et n. 1-2, p. 615 et n. 1-3. RICHARD GOULET.
336
PYTHIODORE A. Mentionné
RE:
MIV
par Libanius dans une lettre
à Maxime
d'Éphése
(»M
63) et
loué pour son zéle religieux (Lettre 694, 6-7), il avait été chargé par Julien de rétablir les cultes paiens à Antioche. Libanius ne le présente pas explicitement comme philosophe, mais, en confiant au philosophe Fortunatianus (»*F 17) la réponse qu'il avait écrite à la lettre de Maxime, il estime choisir comme porteur un homme proche de Pythiodore qui avait apparemment apporté ces nouvelles. La lettre est traduite dans Libanius. Lettres aux hommes de son temps. Lettres choisies, traduites et commentées par Bernadette Cabouret, coll. «La Roue à livres » 39, Paris 2000, n? 47. Dans cette lettre qu'on peut dater de 362, Libanius rapporte que Pythiodore en arrivant à Antioche, dans une mission qui doit encore l'amener ailleurs, a restauré le culte des dieux, arrosant de sang chaque autel et encourageant les citoyens à sacrifier en toute confiance.
Ce personnage est absent de la PLRE I. B. PLRE I: Dans
une
de
ses
invectives
contre
Julien
(Discours
IV
86),
Grégoire
de
Nazianze évoque sans le nommer «un des philosophes de la cour», alors otpaτηγός à Alexandrie qui aurait fait coulé le sang dans les églises. Il écrit:
1782
στρατηγοῦντός
PYTHIODORE
τινος
ἑνὸς
τῶν
βασιλικῶν
P 336
φιλοσόφων
ἐκ
τούτων
ὀνομασθέντος. «alors qu'était gouverneur un homme qui était l'un des sophes de la Cour et dont la renommée ne sortait pas de leur cercle ».
μόνον philo-
Plusieurs historiens ont fait un rapprochement entre ce philosophe de la cour (B.) et le collaborateur de Julien dont parle Libanius (A.). C. PLRET:
Ce rapprochement semble confirmé par le témoignage de certains manuscrits
qui ont précisé le nom de ce στρατηγός dans le texte de Grégoire, en ajoutant Πυθιόδωρος οὗτος Av. Mais la glose fait référence à un Pythiodore
qui, sous le
regne de Julien, le 24 octobre 362, communiqua à Athanase un décret de bannissement (voir Historia Acephala 3, 5-6 (11]; PG 26, 1458 a et 1446: l'Index des Lettres festales, 35. d'Athanase, conservé en syriaque, le présente comme originaire de Thébes. «Trikón» qui accompagne le nom de Pythiodore pourrait.
selon les différentes traductions proposées, être un surnom, le nom de son père ou un qualificatif («un philosophe barbu »), mais cette forme ne correspond en grec ni
à un nom attesté, ni à un adjectif répertorié). Voir Histoire acéphale et Index syriaque des Lettres festales d'Athanase d'Alexandrie. Introduction, texte critique, traduction et notes par Annik Martin, avec la collab. pour l'édition et la traduction du texte syriaque de Micheline Aubert, coll. SC 317, Paris 1985, notamment (n. 83).
p. 192
Sur ce passage difficile. Henri Hugonnard-Roche nous a fait part des observations suivantes : La suite des mots syriaques s'écrit en translittération, lettre à lettre: Phwithi'udurus thihibus trikupilusupus. Le tout se traduit par: Pyrhiodoros de Thébes ... philosophe. Le mot qui pose probléme se lit (d'apres l'édition, qui ne signale pas de variante): frikupilusupus (= rrikophilosophos). Il semble difficile d'y lire la transcription du grec Trikön (la finale n manquanti. à moins de corriger le texte. Le Thesaurus syriacus donne bien le mot rriku (ou triko) et indique:
nom. philosophi, et il fournit comme référence Athan. Ep. 10.14, c'est-à-dire notre passage. Il ne s'agit donc que d'une supposition tirée du syriaque. Il me parait impossible de voir, du point de vue du sens, dans rriku un patronyme au nominatif à cóté de Pythiodoros. Je ne vois pas non plus comment la forme syriaque pourrait étre le nom du pere, en l'absence d'un terme marquant la filiation. Ce qui me semble le moins invraisemblable (dans l'état actuel de mon information) est que trikophilosophos soit un mot composé calqué sur le grec (c'est ainsi que se présente le terme syriaque apparemment) désignant un philosophe barbu ou chevelu.
Mais rien en réalité ne suggére de voir dans ce gouverneur le philosophe de la
cour de Julien dont parle Grégoire sans le nommer. Grégoire, en faisant allusion à des événements
sanglants
survenus
à Alexandrie,
pensait plus probablement
au
meurtre de l'évéque Georges d'Alexandrie (survenu à une époque antérieure à la venue de Pythiodore). On ignorerait alors le nom de ce στρατηγός connu comme philosophe de la cour de Julien (B.). Voir M.-M. Hauser-Meury, Prosopographie zu den Schriften Gregors von Nazianz, coll. «Theophaneia» 13, Bonn 1960. p. 181182. La PLRE envisage comme possible l'identification de B et C, mais ne parle pas de A. Seeck et EnBlin dans la notice de la RE rapprochent A et C, sans mentionner
B. L'identification des trois personnages se heurte à un probléme chronologique
P 337
PYTHOCLEIDES DE CEOS
1783
qui n'est pas insoluble : si le Pythiodorus de Libanius était à Antioche en 362 pour
réorganiser les cultes (et non avant, puisque Julien ne s'est installé à Constantinople qu'à la toute fin de 361, pouvait-il apporter ce décret de Julien à Alexandrie le 24 octobre 362 et pouvait-il avoir été témoin ou joué un róle dans le meurtre de Georges d' Alexandrie plusieurs mois auparavant ? Cf. O. Seeck, BLZG, p. 189 ; W. Enßlin, art. «Pythiodoros», RE XXIV,
1963,
col. 550. PIERRE MARAVAL et RICHARD GOULET.
337
PYTHOCLEIDES DE CÉOS RE
Va
Célèbre joueur d'aulos, actif vers le début ou le milieu du V* siècle av. J.-C.
1 S. Michaelides, The music of ancient Greece: an encyclopaedia, London 1978, p. 284, propose à titre indicatif les dates ca 535-472 ; plus vraisemblablement, Th. Reinach (dans 2 R. Weil et Th. Reinach [édit.], Plutarque. De la musique — Περὶ
μουσικῆς,
édition critique et explicative, Paris
floruit vers 470-430
(tout comme
1900, p. 67 n. 158) situait son
3 A. Barker, Greek
musical writings, vol. I,
Cambridge 1984, p. 221 n. 112: « mid-fifth century »), tandis que selon 4 A. Bélis, «La musique
dans la Grèce antique », Livret de l'EPHE
11, 1995-1996
(1997),
p. 85-89, à la p. 87, il serait actif vers 475. Son nom, qui suggérerait peut-étre «an auletic family background » (selon 5 M. West, Ancient Greek music, Oxford 1992, p.350 n. 101), est répertorié dans 6 W. Pape et G. Benseler, Wörterbuch der griechischen Eigennamen, t. II, p. 1282; 7 LGPN, t. I, p. 394; 8 M. J. Osborne et S. G. Byrne, Foreign Residents of Athens. An annex to the Lexicon of Greek personal names, Leuven
1996, N° 2812; 9 I. E. Στεφανῆς, Διονυσιακοὶ τεχνῖται.
Συμβολὲς στὴν προσωπογραφία Tod θεάτρου καὶ τῆς. μουσυεῆς τῶν ἀρχαίων Ἑλλήνων, Ἡράκλειο 1988, N? 2173. Pour le dossier (relativement maigre) des témoignages le concernant, voir 10 DK 37 A 2 + 4-5; 11 K. Ziegler, art. « Pythokleides », RE XXIV,
1963, col. 599 ; Bélis 4, p. 87; 12 D. Nails, The People
of Plato, p. 259. Selon [Plutarque], Sur la musique,
16, 1136 D, Pythocleidés aurait introduit ou
inventé l'harmonie mixolydienne. Partant de l’hypothèse selon laquelle ce passage véhicule un matériau aristoxénien, Barker 3, p. 221 n. 112, reste sceptique devant cette affirmation, étant donné que quelques lignes plus haut (1136 C) Aristoxène de Tarente (fr. 81 Wehrli) situait l'invention de l'harmonie mixolydienne bien plus
tôt, à l'époque de Sappho, au VI siècle ; il pense donc que «more probably he [scil. Pythocleidés] was a rival claimant to the reform or reinterpretation of this harmonia that is credited here [scil. deux lignes plus bas dans le texte du Ps. Plutarque]
to Lamprocles » (sur cette harmonia, voir ibid., p. 221-222 et n. 113);
cf. aussi 13 D. Delattre, notice la p. 602.
« Damon d' Athénes », DPhA II, 1994, p. 600-607, à
En réalité l'auteur du De musica précise que l'information au sujet de Pythocleides est transmise ἐν τοῖς loropuxotc τοῖς ἁρμονικοῖς : cette expression vague ne désigne pas forcément.
comme on le pense souvent, les Commentaires historiques (Ἱστορικὰ ὑπομνήματα) d' Aristoxéne
P 337
PYTHOCLEIDES DE CEOS
1784
(ouvrage attesté par ailleurs; cf. fr. 131 Wehrli); voir 14 Fr. Wehrli, Aristoxenos, coll. «Die Schule des Aristoteles », Il, Basel/Stuttgart 21967, p. 74, qui n'inclut pas notre passage parmi les
fragments d’Aristoxene, et préfère éditer ἐν τοῖς toropuxoic τῆς ἁρμονικῇς. Mais ces ouvrages historiques sur la science harmonique (ou écrits par les ἁρμονικοί; cf. Barker 3, p. 221: «the harmonikoi in their historical works») peuvent bien avoir été l'une des sources d'Aristoxene. et dans ce cas la double attribution de l'invention de l'harmonie mixolydienne, d'abord à Sappho. par Aristoxène lui-même, puis à Pythocleidés, par une autre source, mentionnée par Aristoxene justement en raison de la variante qu'elle offre, ne semble plus problématique. 15 F. Lasserre (dans Plurarque. De la musique. texte, trad., comm., précédés d'une étude sur l'éducation musicale dans la Grèce antique, Olten/Lausanne
1954, p. 118 [texte], 139 [trad.] et 164 [comm]:
cf. encore p. 50 et 82) supposait une lacune entre τοῖς ἱστοριχοῖς et toic ἁρμονικχοῖς. qui empéchait d'attribuer certainement à Aristoxène la partie concernant Pythocleidès et Lamprocles
(en fait il éditait, assez tendancieusement, ἐν δὲ τοῖς ἱστορικοῖς «ὑπομνήμασι λέγει ὅτι οἱ μὲν ἀκολουθήσαντες τοῖς Πυθαγορικοῖς» τοῖς ἁρμονικοῖς), mais il soulignait que « l'appartenance pythagoricienne des Harmoniciens (Porph. in Ptol. 23, 8 Düring [...]), de Pythoclides [...] et de Lysis [...] y invite cependant, de méme que le début du titre (fr. 131 Wehrli) et le mode de description de la gamme ». L'auteur pensait qu'« en admettant un emploi láche de £v, on peut à la rigueur conserver le texte des mss (Parmi les historiens harmoniciens,
on dit...). ce qui écarte
alors Aristoxéne », mais comme on a vu plus haut une telle compréhension du texte n'écarte pas forcément la paternité aristoxénienne de l'ensemble de la notice. Pour une discussion de l’identite
des
harmonikoi,
voir
16
A.
Barker,
«Oi
καλούμενοι
ἁρμονικοί:
the
predecessors
of
Aristoxenus », PCPRS 24, 1978, p. 1-21.
Si Pythocleidés mérite une place parmi les philosophes, cela est dü essentiellement à trois témoignages : d'une part, ceux (1) du Protagoras de Platon (316
E), oü le fameux sophiste prétend que Pythocleidés, ainsi qu'un autre musicien, Agathocles, «et beaucoup d'autres », avaient cherché à dissimuler leur exercice de
la σοφιστικὴ τέχνη « sous le couvert de l'enseignement musical» (cf. Delattre 13, p. 603), et (2) de l’Alcibiade majeur (118 C = DK 37 A 5), où Pythocleidès figure
à côté d'Anaxagore (**A 158) et de Damón (»*D 13) parmi les σοφοί fréquentés par Périclés ; d'autre part, (3) celui du scholiaste tardif de l'Alcibiade majeur (p. 95
Greene, ad 118 C = DK
37 A
2), qui présente Pythocleidès comme
un pytha-
goricien qui aurait enseigné la musique noble (σεμνή) chére à sa secte et le place
en tête d'une chaîne de succession, de maître à disciple, dont les chainons suivants sont Agathoclès (»*A 37), Lamproclès et Damon; cf. West 5, p. 247 n. 83 (Th. Reinach, dans Weil et Reinach 2, p. 67 n. 158, proposait toutefois de reconnaître ici non pas quatre, mais deux seules générations successives de musiciens: Lamproclés et Agathoclés auraient appartenu à la premiere, Pythocleidés et Damon
- contemporains de Périclés selon l' Alcibiade majeur — à la seconde). Ces témoignages suggèrent deux choses: (a) que Pythocleidès était non seulement musicien, mais aussi théoricien de la musique, sinon sophiste ou philosophe (à une époque - la première moitié du V* siècle — où «several musicians at Athens ... seem to have been in some sense also musicologists » ; cf. West 5, p. 350, avec
la n. 101) et (b) qu'il tenait peut-étre des théories pythagoriciennes sur son art: cf. 17 K. Schlesinger, The Greek aulos. A study of its mechanism and of its relation to the modal system of ancient Greek music, followed by a survey of the Greek harmoniai in survival or rebirth in folk music, London 1939 [r&impr. Groningen 1970), p.190, qui classe Pythocleidés parmi les ἁρμονικοί pythagoriciens:
P 337
PYTHOCLEIDES DE CEOS
1785
Delattre 13, p. 601-602; Bélis 4, p. 87: il «faisait partie des harmonikoi, liés à l'école pythagoricienne, qui ont procédé à des calculs d'intervalles musicaux en les reliant directement à la perce des auloi ». À la lumière de la première implication (a), il ne serait peut-être pas faux de penser aussi que, quand on apprend (par [Platon], Alcibiade majeur, 118 C, et Aristote, fr. 401 Rose, ap. Plutarque, Vie de Pericles, 4, | = DK 37 A 4-5) que Périclés fut instruit en musique par Pythocleidés, «it is probably the latter's interest in theory rather than his skill on the aulos that influenced Pericles» (18 P. Wilson, « Athenian strings », dans 19 P. Murray et P. Wilson [édit.], Music and the Muses. The culture of mousike in the classical Athenian city, Oxford 2004, p. 269-
306, à la p. 302). Sur Périclés et son éducation musicale, voir 20 D. Musti,
« Musica greca tra aristocrazia e
democrazia», dans A. C. Cassio, D. Musti et L. E. Rossi (édit.), « Synaulia. Cultura musicale in
Grecia e contatti mediterranei », AION (filol) 5, 2000, p. 9-55; 21 R. W. Wallace, Oa e i suoi successori:
« Damone di
un' analisi delle fonti», dans R. W. Wallace et B. MacLachlan
(édit.),
Harmonia mundi : musica e filosofia nell'Antichità / Music and philosophy in the ancient world, coll. « Biblioteca di QUCC », 5, Roma 1991, p. 30-53, passim ; 22 Id., «Damon of Oa: a music theorist ostracized ? », dans Murray et Wilson 19, p. 249-267.
La deuxiéme implication (b) semble moins süre, étant donné qu'à l'époque du scholiaste
de Platon
'pythagoricien', cf. 23 R. W.
on avait tendance
notamment
Wallace,
pour
des
Reconstructing
à employer
trop facilement
mathématiciens Damon.
Music,
ou
des
wisdom
le label de
musicologues ; teaching,
and
politics in democratic Athens [à paraitre]: « Such pedagogical genealogies have little value ... [T]his tradition could have been invented at a time when many music theorists (including the "Damonian school") had been influenced by Pythagoreanism ». Par conséquent, selon 24 W. Burkert, Lore and science, p. 291 n. 65 (cf. aussi p. 372 n. 12), le rapport de filiation intellectuelle établi tardivement entre le ‘pythagoricien’ Pythocleidés et Damon constitue a «shaky foundation» pour faire dériver du pythagorisme ancien les doctrines damoniennes sur l'éthos musical et sur l'effet moral de la musique. Pour un dernier état des recherches actuelles sur les théories antiques relatives à l'éthos musical, on consultera 25 Br. Boccadoro, Ethos e varietas : trasformazione qualitativa e metabole nella teoria armonica dell'antichità greca, Firenze 2002, notamment p. 97-149 («Il pitagorismo del quinto secolo »); 26 A. Barker, Psicomusicologia nella Grecia antica, Napoli 2005 ; 27 Fl. Malhomme et A.G. Wersinger (édit.), Mousikè et arétè: la musique et l'éthique de l'Antiquité à l'âge moderne. Actes du colloque international tenu en Sorbonne les 15-17 décembre 2003, Paris 2007; 28 A. Provenza, « Aristoxenus and music therapy: fr. 26 Wehrli within the tradition on music and catharsis » et 29 E. Rocconi, « Aristoxenus and the theory of musical ethos», à paraître dans les Actes du colloque Aristoxenus: music, biography, and philosophy in the early Peripatetic school, September 10-12, 2009, DePauw University, Greencastle (Indiana), organized by Carl Huffman in association with Project Theophrastus. Pour une approche sceptique du dossier Pythocleidés, voir 30 L. Zhmud, Pythagoras and the early Pythagoreans, Oxford 2012 (à paraitre), p. 216 avec la n. 11 (pagination provisoire). CONSTANTINOS
MACRIS.
1786 338
PYTHOCLES DE LAMPSAQUE
P 338
PYTHOCLES DE LAMPSAQUE RE9
IV/II
Philosophe épicurien de la premiére génération. Cf. 1 D. Sedley, « Epicurus and the Mathematicians of Cyzicus », CronErc 6. 1976. p. 43-48 ; 2 M. Erler, « Epikurs », GGP, Antike 4, 1, 1994, p. 77. 112. On ne connait presque rien de la vie de Pythocles. Il était originaire de Lampsaque. Il aurait rencontré Épicure (#E
36) lors du
séjour de ce dernier dans cette ville (311/10-307/6) et serait devenu son disciple. Il
n'avait pas encore dix-huit ans quand Épicure quitta Lampsaque pour se rendre à Athènes où il ouvrit son école. Pythoclès eut pour tuteurs Polyen (#*P 242. Philodéme, Ad contub., col. VI 18-20 Angeli = Polyen, fr. 2 Tepedino = Hermarque, fr.
3 Longo-Auricchio)
et Métrodore
(#æM
152. Philodéme,
De morte
IV, PHerc.
1050, col. XXII 30-XXIII 3 dans l'édition de Sedley 1, p. 44). A partir de ces renseignements, on a supposé avec vraisemblance que Pythocles était né vers 324' (cf. Sedley 1, p. 45-46). En tant que tuteur (παιδαγωγός) de Pythocles, Métrodore lui adressa une lettre sur les dangers des plaisirs sexuels (PBerol. inv. 16369 verso, col. II 1-12 = Sent. Vatic. 51 [sans l'adresse]. Cf. 3 T. Dorandi, CPF I 1** 70 1T, p. 474-476. et 4 Id.
«Aspetti
della
M. S. Funghi
tradizione
‘gnomologica’
di
Epicuro
e degli
epicurei».
dans
[édit.], Aspetti di letteratura gnomica nel mondo antico. II, Firenze
2004, p. 274-275 ; 5 G. Messeri, «Osservazioni su alcuni gnomologi ibid., p. 356-359).
papiracei ».
Épicure avait écrit plusieurs lettres à Pythocles (Erler 2, p. 112), ce qui porte à croire que ce dernier avait vécu la plus grand partie de sa vie à Lampsaque. On a déduit d'une
lettre non datée, adressée par Métrodore
à Cronios
(»C
222) que
Pythocles avait fait un voyage à Athénes, probablement vers 300° (Philodeme, Pragm., PHerc. 1418, col. XX 3-17 Militello. Cf. 6 Filodemo. Memorie epicuree [PHerc. 1418 e 310]. Ed., trad. e comm. a c. di C. Militello, Napoli 1997. p. 235236. On retrouve le nom de Pythoclès dans le méme traité de Philodéme, mais dans des passages très lacunaires : col. XXI 1 et fr. 2 c 8 Militello). On doit renoncer par contre à l'hypothèse d'un voyage que le jeune Pythoclès aurait fait à Athènes en 292/1, car dans la col. X des Pragmateiai de Philodéme on ne lit pas le nom de Pythoclès, mais celui d'un Lycos
inconnu (cf. Sedley
1, p. 44-45. et Militello 6.
p. 209). On a aussi supposé à tort, à partir d'une interprétation erronée de deux passages de Plutarque (Adv. Col.,
1124 c) et de Philodéme
(De morte IV, PHerc.
1050. col.
XII 30-XIII 3), que Pythoclés était mort en 289", à l'âge d'environ dix-huit ans (cf. Sedley 1, p. 43-44). On récupére quelques détails supplémentaires sur Pythocles dans des fragments de lettres qu'Épicure lui avait envoyées. Dans le premier texte, Épicure écrit au jeune Pythoclés: «Je m'assieds et j'attends ton entrée désirée et qui ressemble à celle d'un dieu (καθεδοῦμαι προσδοκῶν τὴν ἱμερτὴν xai ἰσόθεόν oou
εἴσοδον)» (D.L. X 5 = Épicure, fr. 88 Arrighetti?. Voir aussi Plut., Adv. Col.
P 339
PYTHODÖROS D’ATHENES
1787
1124 c = Epicure, fr. 118 Arrighetti?). Dans le deuxième (D.L. X 6 = Épicure, fr. 89 Arrighetti?. Cf. Plut., Non posse suav. vivi sec. Epic.
1094 d), Épicure
invite
Pythocles à équiper son navire et à fuir toute culture (παιδείαν δὲ πᾶσαν, uaxáPIE, φεῦγε τἀκάντιον ἀράμενος), tandis que dans le troisième (Philodéme, De div. I, PHerc.
163, col. XXXVI
6-9 Tepedino), il l'invite à supporter les aléas de la
fortune, s'il ne veut pas vivre dans les troubles (ἂν [ἀνε]χώμεθα [....] τὴν μ[ετάn]too[t]v, οὐκ [ἐ]νο[χ]λήσει). Voir aussi le passage de la lettre d'Épicure à Idoménée (»»] 14) conservé par Stobée (III 17, 23 = Épicure, fr. 53 Arrighetti?) : si
tu veux enrichir Pythoclés n'augmente pas ses richesses, mais réduis ses désirs (εἰ
βούλει πλούσιον Πυθοκλέα ποιῆσαι μὴ χρημάτων προστίθει, τῆς ἐπιθυμίας ἀφαίρει).
Dans
une
autre
lettre (Philodéme,
De
lib. dic., PHerc.
1471, fr. 6
Olivieri) adressée à Léonteus (»L 40), Épicure reprochait modérément (μετρίως) à Pythoclès certaines idées à propos des dieux (πύσ[τιν] θεῶ[ν]}). Cf. 7 A. Angeli,
« Aspetti e problemi della dissidenza epicurea », CronErc 11, 1981, p. 50-51 (avec un nouveau texte du fragment). On ne lit dans un dernier texte (Démétrius Lacon,
PHerc. 1012, col. LXX 9 Puglia) que le nom de Pythocles. Pythoclés tire sa renommée essentiellement du fait qu'Épicure lui avait adressé une lettre sur la cosmologie et les phénomènes météorologiques conservée par Diogéne Laérce (X 84-116), et dont l'authenticité a été, à tort, mise en discussion (cf. 8 J. Bollack et A. Laks, Épicure à Pythocles. Sur la cosmologie et phenomenes météorologiques, Lille 1978, et 9 P. Podolak, « Questioni Pitoclee» WJA 34, 2010,
p. 39-80). TIZIANO DORANDI.
339
PYTHODÓROS Pythodore
D’ATHENES
d'Athénes,
fils
RE 7 d'Isiloque,
MF V* aurait
(située par Platon en 450/449) entre Parménide
été
le témoin
de
la discussion
(»*P 40) et Zénon
d'Élée d'une
part, et le jeune Socrate (âgé de 20 ans) d'autre part, rapportée dans le Parménide (127 c). Pythodore aurait raconté cette discussion à Antiphon (»*A 210), le fils que
Périctioné, la mére de Platon, avait donné à Pyrilampe, son oncle maternel et second mari, et donc le demi-frére de Platon (»P 195), Glaucon (»G 21) et Adimante (»+A 23). En dehors du Parmenide, Pythodore n'est évoqué par Platon que dans le premier Alcibiade (119 a 1), où l'on apprend que, tout comme Callias d'Aixóné
(»*C
15), il aurait offert cent mines à Zénon, pour prix de son ensei-
gnement. Pythodore fut στρατηγός en 426/5 et il fut envoyé par les Athéniens en Sicile pour remplacer Laches à la téte de la flotte. Dans le but de reprendre à Locres un fort dont Lachés s'était emparé auparavant, il langa une attaque qui échoua (Thucydide III 115, 2 - IV 2, 2-3). À son retour à Athénes il fut banni à cause de cette défaite (Thucydide IV 65, 3). Cf. H. Gärtner, art. «Pythodoros» 7, RE XXIV, 1963, 12399 ; LGPN II 6; D. Nails, The People of Plato, p. 259-260.
col.
589-590;
LUC BRISSON.
PA
1788 340
PYTHODÖROS
P 340
PYTHODÖROS RE 8 Académicien
n
inconnu
(Philod., Acad.
hist.,
col. XX 43, p.
156
Dorandi).
disciple d’Arcesilas (»*A 302).
Cf. H. H. Schmitt, « Pythodore » 8, RE XXIV, 1963, col. 590. TIZIANO DORANDI.
341
PYTHODÓROS DE CYZIQUE
RE 11
νιν
Pythagoricien ancien dont le nom figure dans (V. pyth. 36, 267, p. 146, 10 Deubner = 1 DK 58 A, remonter à Aristoxene de Tarente. Cf. 2 K. Ziegler, XXIV, 1963, col. 590. Son nom est répertorié dans Wörterbuch
der
griechischen
Eigennamen,
le catalogue de Jamblique t.1, p. 448, 4), qui semble art. «Pythodoros» 11, RE 3 W. Pape et G. Benseler.
t. IIl, p. 1282(4),
ainsi
que
dans
le
4 LGPN, t. V A, p. 387, qui propose une datation au IV*-IIF s. av. J.-C. Diels 1 (dans DK, p. 248, 25-33) tenait à préciser que ce personnage n'est pas identifiable au Pythodóros (»*P 339) mentionné dans l' Alcibiade majeur de Platon (119 À + les scholies ad loc.
= DK 29 A 4), qui est aussi l'ami, hôte et peut-être disciple de Zénon d'Élée ayant rapporté à Antiphon, dans le Parménide (126 B-C, 127 A [= DK 28 A 5] et passim) la conversation qui avait eu lieu entre Socrate, Zénon et Parménide; sur ce Pythodóros Athénien, cf. 4 D. Nails. The People of Plato, p. 259-260. CONSTANTINOS
342
PYTHON
RE 11
MACRIS.
FIL
Péripatéticien, un de dix γνώριμοι auxquels Lycon
[»*L 83] (mort vers 226°)
lègue le péripatos dans son testament et confie la charge de choisir un nouveau scholarque (Diogène Laërce V 70). RICHARD GOULET.
343
PYTHON D’AINOS
RE 3
Iv?
Académicien, disciple de Platon (Diogène Laérce III 46). Avec son frère Héraclide (»*H 55), il tua le tyran thrace Kotys (automne 360°: U. Kahrstedt.
Forschungen zur Geschichte des ausgehenden fünften und des vierten Jahrhunderts, Berlin 1910, p. 70). Aprés le meurtre de Kotys, Héraclide et Python quittèrent la Thrace et se rendirent à Athènes, où les deux frères furent honorés d'une couronne d'or (Philod., Acad. hist., col. VI, 15-20; Plut., De laude ips.. 54? e-f ; Praec. Reip. ger., 816 e). Aucun témoignage ne suggére que les deux platoni-
ciens aient tué Kotys pour changer le régime politique de la Thrace. Aristote ( Polir. V, 1313 b 20) dit qu'ils avaient tué le tyran pour venger la mort de leur pere. assassiné par Kotys. Pour Philostrate (V. Apoil. VII 2) les deux jeunes avaient été inspirés par leur formation philosophique et par l'amour de la liberté. Plutarque (Adv. Col., 1126 c) mentionne Héraclide et Python comme exemples positifs de la pensée politique de Platon.
P 345
PYTHONAX
1789
Cf. M. Isnardi Parente, Studi sull'Accademia platonica antica, Firenze
1979,
p. 292;
A. Wórle, Die politische
Tätigkeit der Schüler Platons,
Darmstadt
1981,
p. 155-159. TIZIANO DORANDI.
PYTHON DE CHYTROI Python,
philosophe
F IIP-D IT
épicurien, fils d'Aristocratés, fut enterré
dans
le caveau
familial de Chytroi (Chypre), comme son frère Scythinos et sa sœur Apollonia, vers le début du II siècle av. J.-C.: BCH 92, 1968, p. 79-80, n? 5. Il avait vécu 78 ans. Son acmé se place donc dans le dernier quart du II. siècle. Cf. M. Haake, Der Philosoph in der Stadt, München 2007, p. 207-208. BERNADETTE PUECH.
345
PYTHONAX
FIT
Dédicataire d'un ouvrage de Chrysippe de Soles (»C 121) signalé dans la liste des ouvrages du philosophe conservée par Diogene Laérce (VII 201): Περὶ ὑπολήψεως πρὸς Πυθώνακτα a’ β΄ y', Sur l'opinion, à Pythonax, en trois livres (traduction empruntée à la liste des œuvres de Chrysippe commentée par P. Hadot,
DPhA II, 1994, p. 354). C'était probablement
un disciple de Chrysippe
ou bien son collégue
dans
l'école stoïcienne. Absent de la RE. RICHARD
GOULET.
Q QUINCTILIUS >
MAXIMUS
QUINTILIUS VARUS
(QUINCTILIUS -)
RE 5
r
Originaire de Crémone, il se lia d'amitié avec Virgile et Horace. On ne connait presque rien de lui. Horace (Ars 438-444) le présente comme un fin critique littéraire et comme un connaisseur en poésie. À l'occasion de sa mort en 23* (Hieron., Chron. p. 165 Helm), Horace composa un poéme de consolation (Od. II
24) qu'il adressa à Virgile. Philodéme (»+P 142) avait dédié à Quintilius quelques livres de son traité Sur les vices (PHerc. 253, PHerc.
1082 et PHerc. Paris. 2). A
ce titre, on a vu en lui un épicurien. Cf.
CJ.
Castner,
Prosopography
of Roman
Epicureans from
Century B.C. to the Second Century A.D., Frankfurt am Main
199],
the Second
p. 62.
TIZIANO DORANDI.
QUINTUS
KP2
Médecin à Rome
I-II sous Hadrien.
Cf. 1 W.A. Greenhill, art. « Quintus », DGRB III, 1854, p. 637 ; 2 F. Kudlien, art. «Quintus» 2, KP IV, 1972, col. 1313; 3 M.D. Grmek et D. Gourevitch, «L'école médicale de Quintus et de Numisianus », Mémoires du Centre Jean Palerne 8, 1988, p. 43-60 ; 4 lid.,
« Aux sources de la doctrine médicale de Galien:
l'enseignement de Marinus, Quintus et Numisianus », ANRW II 37, 2, Berlin 1994, p. 1491-1528.
Galien (»*G 3) cite plusieurs fois un personnage du nom de Quintus qu'il n'a pas connu directement mais qu'il présente comme le plus grand médecin de Rome sous le régne d'Hadrien et comme un remarquable anatomiste: «Quintus se distinguait par sa prééminence au temps d’Hadrien dans la ville de Rome. Il a été trés connu et a obtenu une célébrité considérable par sa perspicacité en anatomie, mais il n'a pas composé d'écrits anatomiques, ce qu'ont fait Marinus et aussi Numisianus » (Pratiques
anatomiques
XIV
1, traduction
italienne
d'I. Garofalo,
Milano 1991, vol. III, p. 1039). Galien lui reconnaissait d'ailleurs également une certaine compétence en matiére de pharmacologie. Galien lui-méme n'a jamais suivi l'enseignement de Quintus, mais il a cherché par tous les moyens à se l'approprier à travers celui de ses disciples. Galien eut en effet pour premier maitre à Pergame un certain Satyrus, disciple de Quintus, dont l'influence fut décisive sur sa carriére médicale. Plus tard, quand Galien, à la mort
de son pére, quitte Pergame pour Smyrne, c'est pour suivre l'enseignement de Pélops dont il nous dit qu'il enseignait lui aussi à la manière de Quintus, ayant été
Q2
QUINTUS
1792
l'élève de Numisianus. Ce Quintus fut également le maître d'un certain Aificianos (»*A 68) dont Galien écouta les leçons. Toujours d’après Galien, Quintus avait luiméme eu pour maître Marinus, célèbre anatomiste alexandrin du début du IF siècle de notre ére (Commentaire 9,1, Berlin
à la Nature de l'homme, éd. I. Mewaldt, coll. CMG
V
1914, p. 70).
L'hypothèse selon laquelle Quintus, tout comme Galien, serait originaire de Pergame, repose sur le texte peu sür de l'unique manuscrit grec (Marcianus gr. 282) qui nous a transmis une partie du commentaire à Epidémies VI, livre IV, 10 (t. XVII B, p. 151 Kühn = E. Wenkebach et F. Pfaff, coll. CMG V 10, 2, 2, Berlin 1934, p. 207) : κατὰ τὴν πατρίδα ἡμῶν (passage pour lequel il convient d'adopter la correction de Wenkebach qui s'appuie sur la traduction arabe: κατὰ τοὺς πατέρας
ἡμῶν).
Quintus
semble
avoir exercé l'essentiel de sa carriére
à Rome
sans toutefois que l'on connaisse le statut légal dont il jouissait alors. Quintus est en effet mentionné par Galien sous son seul prénom latin, ou plus exactement sous sa forme grecque Koívroc. Nous ignorons de ce fait s'il portait les tria nomina des citoyens romains, c'est-à-dire s'il était civis Romanus ou s'il exergait la médecine à Rome en temps que peregrinus. Célébre pour sa science anatomique, Quintus se distingue également par ses extravagances, ses boutades, ses grossièretés et sa saleté auprès des malades (Commentaire à Epidémies VI, livre IV 10, p.207 Wenkebach
et Pfaff; De sanitata tuenda III 3, éd. Καὶ. Koch, coll. CMG
V 4, 2,
Leipzig/Berlin 1923, p. 100). Mais ces succès attirèrent bientôt à Quintus la haine de ses collègues qui l’accusèrent de tuer ses malades, le contraignant ainsi à quitter Rome de peur d’une condamnation à la peine capitale (Pronostic 1, éd. V. Nutton,
coll. CMG V 8, I, p. 70, 23 et commentaire, p. 152). Quintus délivrait un enseignement purement oral et n'avait écrit aucun ouvrage ni sur l'anatomie, ni sur d'autres matières (Galien, Pronostic 1, t. XIV, p. 602 Kühn = p. 70 Nutton). La liste de ses éléves permet de supposer qu'il enseigna d'abord en Asie mineure (Pergame, Smyrne ?) et à Alexandrie, avant de se rendre à Rome. Parmi ces disciples, outre les noms de nombreux médecins (notamment Numisianus, Satyrus, Antigéne et Lycus), on trouve cité celui du philosophe Aiphicianos (»*A 68) que Galien rencontra à Corinthe (selon le témoignage de l'érudit arabe du XII. siècle, al-Mubañÿäir, dans sa notice sur la vie de Galien. éd. A. Badawi, Madrid 1958 ; trad. allemande de F. Rosenthal. dans Das Fortleben der Antike im Islam, Zürich/Stuttgart 1965, p. 55). Le nom de ce mystérieux personnage que Galien mentionne à trois reprises est mal établi ((Equxtavóc dans les deux manuscrits qui nous ont transmis le Sur l'ordre de ses propres livres, chap. III 10.
t. XIX, p. 58 Kühn = éd. V. Boudon-Millot, CUF, Paris, 2007, p. 98 ; Ἰφικιανός dans Commentaire à l'officine du médecin I, 3, t. XVIII B, p. 654 Kühn ; Φικιανός dans Commentaire à Epidémies 111, livre 1, 40, t. XVII A, p. 575 Kühn = éd. Wenkebach
et Pfaff, coll. CMG
V
10, 2, 1, p. 59, donné
par le manuscrit
O:
Ἀφικιανός ibid. donné par le manuscrit L, voir P. Moraux, «Ein unbekannter Lehrer Galens », ZPE 53, 1983, p. 85-88). On remarquera que Galien cite à chaque fois le nom d’Aiphicianos en méme temps que celui de Satyrus dont il le distingue
Q4
QUIRINUS DE NICOMEDIE
1793
nettement. Galien voit en effet en Satyrus le plus fidele disciple de Quintus, en l'opposant à cet Aiphicianos qui aurait infléchi l'enseignement de son illustre maitre dans le sens du stoicisme (Sur l'ordre de ses propres livres, chap. III 10, t. XIX, p. 58 Kühn = p. 98 Boudon-Millot). Galien (Commentaire à l'officine du médecin 1 3, t. XVIII B, p. 654 Kühn) précise méme qu’Aiphicianos avait donné une interprétation de l'introduction du traité hippocratique De l'officine du médecin influencée par la théorie épistémologique du philosophe stoicien Simias. L'enseignement de Quintus reposait notamment sur l'étude et le commentaire des œuvres d'Hippocrate, notamment le Prorrhétique I, les Aphorismes et les Épidémies, travaux auxquels Galien fait allusion dans ses propres commentaires. Galien lui reproche toutefois d'avoir nié le lien établi par Hippocrate entre les saisons ou les régions et l'apparition de certaines maladies. Selon Quintus, cité par Galien dans son Commentaire à Épidémies I, livre I, 1 (t. XVIII A, p. 24 Kühn =
éd. Wenkebach-Pfaff, coll. CMG V 10, 1, p. 17), la région n'aurait rien à voir avec le pronostic des maladies, « et l'idée qu'on s'en fait ne vient pas d'un raisonnement logique mais de la seule expérience ». Pour autant, Galien n'englobe pas Quintus dans la catégorie des commentateurs empiriques. Et s'il rapproche parfois certaines des positions de Quintus des théses empiriques, il prend en revanche toujours soin de ne pas le confondre avec les empiriques en général. Galien lui-méme semble cependant avoir parfois eu le plus grand mal à établir l'enseignement originel de Quintus, ses opinions ne lui étant connues que par l'intermédiaire de disciples qui se contredisaient manifestement (Commentaire à Epidémies VI, livre IV, 11 = éd. Wenkebach-Pfaff, coll. CMG V 10,2,2, p. 212). VÉRONIQUE BOUDON-MILLOT.
QUINTUS (Q. AUFIDENUS -) La
cité
de
Sparte
éleva,
F II-D III
sans
doute
à l'époque
des
Sévéres,
la statue
du
philosophe Q. Aufidenus Quintus, fils de Sidectas, « à cause de la dignité de sa vie et de sa générosité dans ses fonctions publiques »: ABSA 29, 1927/8, p. 33-34, n? 56 (la correction de la formule onomastique dans SEG XI 807, oü Sidectas est
considéré comme le cognomen du philosophe, au lieu de son patronyme, est arbitraire). La dépense fut assumée par son oncle, Q. Aufidenus Sextus, qui, selon une formule à la mode à Sparte à cette époque, se qualifiait lui-méme de «trés philosophe ». Cette famille trés philosophique semble s'étre distinguée aussi par une certaine originalité dans l'affirmation de son identité romaine: les prénoms Quintus et Sextus sont rarement utilisés comme cognomina à Sparte. BERNADETTE
QUIRINUS DE NICOMÉDIE
RE
PIR? Q 55
PUECH.
FII -DIII
Sophiste. La seule source sur le sophiste Quirinus de Nicomédie est Philostrate, V. Soph. II 29, car les brèves indications de la Souda, s.v. γλῶσσα ταμιείου et Kuplvoc (t. I, p. 528 et III, p. 219 Adler), viennent de Philostrate.
Q4
QUIRINUS DE NICOMEDIE
1794
La correction du nom Quirinus en Quirinius proposée par 1 G. W. Bowersock.
Greek sophists in the Roman Empire, Oxford 1969, p. 22 n. 1, n'est car le parallèle invoqué, /GR III 810, aujourd'hui dans 2 J. Nollé, Side II, coll. /K 44, n? 109, p. 412-414, comporte le nomen Quirinius, non Quirinus, bien attesté par ailleurs (voir par exemple 3 D. Feissel, Bull. 541, sur l'épitaphe d'un Syrien trouvée à Concordia, Italie, et PIR?
pas justifiée, im Altertum, le cognornen épigr. 1987. VII 1, 1999,
p. 32). Selon Philostrate, Quirinus, originaire de Nicomédie, appartenait à une famille
de rang moyen - peut-être équestre, puisqu'il devint aduocatus fisci (sur cette charge et les avantages qu'elle pouvait procurer, voir 4 B. Puech, Orateurs et sophistes
grecs
dans
les inscriptions
d'époque
impériale,
Paris
2002,
p. 272).
Disciple d’Hadrianos de Tyr (sans doute à Éphèse dans les années 160, comme l'indique Puech 4, p. 286 n.4), il était doué pour apprendre et pour enseigner (mémoire, clarté d'expression) et il avait des dons oratoires, capables d'impressionner un auditoire ; il paraissait doué surtout pour les discours d'accusation. Nommé aduocatus fisci dans la province d'Asie, probablement sous Septime Sévére, il montra une grande modération, se refusant à ruiner les cités. Comparé pour son humanité et son désintéressement à l'Athénien Aristide le Juste, il était fier d'étre demeuré pauvre. Il supporta avec courage la mort d'un fils, disant: « Quelle occasion, sinon celle-là, aurai-je de me montrer un homme ? » (Πότε. εἶπεν, ἀνὴρ fj νῦν δόξω ;), vécut jusqu'à soixante-dix ans et fut enseveli dans sa
patrie. Quirinus est donc un sophiste ayant exercé quelques fonctions judiciaires et administratives, mais qui s’efforgait aussi d'observer dans sa vie une certaine éthique. Cf. H. Gártner, art. « Quirinus » 2, RE XXIV, 1963, col. 1321-1322; E. Bowie,
art. « Quirinus » 2, NP X, 2001,
col. 726. SIMONE FOLLET.
R 1
RABIRIUS
ΚΕῚ
r
Épicurien romain. Cf. 1 W. Kroll, art. «Rabirius»
1, REI
A
1, 1914, col. 23 ; 2 G. Garbarino,
Roma e la filosofia greca, Torino 1973, p. 463 ; 3 C. J. Castner, Prosopography of Roman Epicureans, Frankfurt-am-Main
1991,
p. 62.
Ce personnage est uniquement mentionné par Cicéron dans les Academiques (Acad. Post. 12,5) où son manque de méthode est sévèrement critiqué : «nous ne
pouvons ressembler à Amafinius (#*A 130) ou Rabirius, qui sans aucune méthode discutent dans le langage de tous les jours, des choses placées devant les yeux, n'emploient aucune définition ni aucune division, ne concluent pas à l'aide d'arguments appropriés, pensent qu'il n'existe aucune méthode pour parler et raisonner... » L'étroite association entre Rabirius et Amafinius conduit à penser qu'il est, comme lui, l'un de ces auteurs de traités en latin sur l'épicurisme. En l'absence d'indications supplémentaires, il est difficile de situer chronologiquement Rabirius. On considére en général que ce contemporain d'Amafinius a dü écrire son traité vers la fin du II s. ou au début du I" (4 Voir M. Erler, « Einbürgerung des Epikureismus in Rom », dans H. Flashar (édit.), Die hellenistische Philosophie
2 GGP,
Antike IV 1, Basel 1994, p. 365). Le reproche d'inculture est constant chez Cicéron à l'égard des épicuriens, bien qu'il reconnaisse la grande popularité dont jouissait ce mouvement (cf. Tusc. IV 67; De fin. 125) à cause précisément de cette facilité. Rabirius pourrait étre de ces épicuriens qui à la suite d' Amafinius écrivirent tellement d'ouvrages qu'ils firent la conquéte de toute l'Italie (Tusc. IV 7: Italiam totam occupaverunt).
MICHELE DUCOS. 2
RHEGINOS (REGINUS) D'un traité Sur l'amitié (Περὶ φιλίας) de cet auteur inconnu, Stobée a conservé deux extraits. Stobée III 4, 44 ; t. III, p. 230, 9-13 Hense: « Tout comme il est impossible que la lumière du soleil soit contemplée par quelqu'un qui a la vue faible et impuissante, de la méme façon et à plus forte raison il est impossible de voir la vérité avec une pensée faible et impuissante. » Ῥηγίνου ἐκ
τοῦ Περὶ φιλίας. Καθάπερ δὲ τὸ τοῦ ἡλίου φῶς οὐκ ἔστι θεάσασθαι ἀσθενεῖ xal ἀδυνάτῳ τῇ ὄψει - οὕτω καὶ ἔτι μᾶλλον τὴν ἀλήθειαν οὐκ ἔστιν ἰδεῖν ἀσθενεῖ καὶ ἀδυνάτῳ τῇ διανοίᾳ. Stobée graves du dommages ennemis. » διαβόλων
[II 42, 1 ; t. III, p. 762, 6-10 Hense: « Beaucoup de gens ont souffert des maux plus fait des calomnies que du fait des adversaires, et beaucoup de gens ont subi des plus graves du fait de la faiblesse des oreilles que du fait de la machination des Ῥηγίνου ἐκ τοῦ Περὶ φιλίας. Πολλοὶ γοῦν ἤδη μείζω κακὰ πεπόνθασιν ὑπὸ τῶν ἢ τῶν πολεμίων * καὶ πολλοὶ ἤδη μείζω ἠδίκηνται ὑπὸ τῆς τῶν ὥτων ἀσθενείας ἢ
ὑπὸ τῆς τῶν ἐχθρῶν ἐπιβουλῆς.
1796 Le nom
RHEGINOS
R2
apparait dans la liste des auteurs cités par Stobée qu'a conservée
Photius, Bibl., cod. 167. RICHARD GOULET.
RHEXIBIOS DE MÉTAPONTE Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le catalogue de Jamblique (V. pyth. 36, 267, p. 144, 7 Deubner = 1 DK 58 A, t. I, p. 446, 20), qui semble remonter à Aristoxéne de Tarente. Il est répertorié dans 2 W. Pape et G. Benseler, Wörterbuch der griechischen Eigennamen, t. II, p. 1307, ainsi que dans le 3 LGPN,
t. II A, p. 384. qui propose une datation au IV* s. av. J.-C. Sur ce type de nom, cf. 4 Fr. Bechtel, Die historischen Personennamen, p. 394. CONSTANTINOS
MACRIS.
RHODIPPOS DE CROTONE Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le catalogue de Jamblique (V. pyth. 36, 267, p. 143, 21 Deubner = 1 DK 58 A, t. I, p. 446, 12), qui semble remonter à Aristoxene de Tarente. Il est répertorié dans 2 W. Pape et G. Benseler, Wörterbuch der griechischen Eigennamen, t. II, p. 1311, ainsi que dans le 3 LGPN,
t. III A, p. 385, qui propose une datation au IV* s. av. J.-C. Sur ce type de nom, cf. 4 Fr. Bechtel, Die historischen Personennamen, p. 395. CONSTANTINOS
RHOSANDROS
MACRIS.
M II
Rhosandros n'est connu que gráce à deux récits de songes du rhéteur Aelius
Aristide [®+A 349] (Or. 50, 19 et 21 Lenz-Behr). Il appartenait manifestement au cercle de philosophes et d'adorateurs d'Asclépios qu'Aelius avait recontrés au cours de ses séjours à l'Asklépieion de Pergame. Il n'est pas dit expressément que Rhosandros était un adepte de la philosophie platonicienne, comme c'était le cas pour d'autres amis d' Aelius, comme Capito (»*C 39). Les paroles qu'il adresse en songe à Aelius permettent seulement de conclure qu'il connaissait les œuvres et le style de Platon. C.A. Behr, Aelius Aristides and the Sacred Tales, Amsterdam 1968, p. 54, a formulé l'hypothése selon laquelle Rhosandros serait vraisembla-
blement (« probably ») un membre de l'école du platonicien Gaius (**G 2), lequel était, selon lui, établi à Pergame. Mais cette thése ne repose sur aucun fondement sür. MARIE-LUISE LAKMANN. RHYNDACÓS — BYNDACÓS ROGATIANUS
RESuppl. XV :1a PLRE 1: PIR? 1629
M III
Tout comme Marcellus Orrontius (#*M 30) et Sabinillus, Rogatianus qui était sénateur romain fut plus qu'un auditeur de Plotin (#*P 205), ce fut un disciple fervent (Porphyre, V. Plot. 7, 45-46). Il refusa la charge de préteur, quitta sa
R7
ROGUS (TETRILIUS -)
1797
maison et montra de l'indifférence à l'égard des nécessités de la vie; à la suite de ce renoncement, il recouvra la santé. «Il y avait aussi Rogatianus, un membre du Sénat qui avait pris tellement en aversion cette vie qu'il renonça à tous ses biens, renvoya tous ses serviters et renonga méme à son rang; et, sur le point de paraitre en public comme préteur, alors que les licteurs étaient présents, il ne parut pas et dédaigna sa charge ; davantage, il préféra ne plus habiter sa propre maison, mais se rendait chez certains de ses amis et familiers pour y diner et dormir, ne se nourrissant d'ailleurs qu'un jour sur deux; du fait assurément de ce renoncement et de cette indifférence pour la vie, lui qui était podagre au point méme de se faire porter en litière se mit à recouvrer ses forces, et, alors qu'il n'était pas en état d'ouvrir les mains, il en usa avec bien plus d'adresse que ceux qui pratiquent leur métier de leurs mains. Plotin l'approuvait et ne cessait de le louer à l'extréme, le proposant e exemple accompli à ceux qui s'adonnent à la philosophie » (trad. PVP II, p. 149).
Dans le De abstinentia I 53, 3, sans donner toutefois le nom de Porphyre évoque la méme anecdote à propos de «certains de nos ἑταῖροι)». qui pendant « huit années entiéres », à cause d'une arthrite, déplacer que gráce à des porteurs» et furent guéris à partir du détournérent leur pensée des biens matériels vers le divin. E.
Hohl,
art.
«C.
Iulius
535
Volusenna
Rogatianus»,
RE
X
1,
1918,
Rogatianus, amis (ἡμῶν ne purent se jour oü ils
col.
881,
refuse
d'identifier ce Rogatianus à G. Iulius Volusenna Rogatianus, proconsul d'Asie en 254 (CIL III 6094), que l'on a rapproché de son côté de G. Iulius Rogaltianus] qui fut préfet de la Cohorte I Septimia Belgarum Gordiana en 241 (cf. A. Riese, Das rheinische Germanien in den antiken Inschriften, Leipzig/Berlin 1914, n? 341). Si Rogatianus a renoncé à la préture, il est peu probable qu'il ait pu par la suite assumer la charge plus élevée de proconsul d'Asie. Une inscription (/LS 9362) de la fin du 11° siècle, rapporte qu'un certain M. Iulius Quintianus Flavius Rogatianus a fait don d'une bibliothèque à sa ville natale de Timgad en Numidie. Mais rien n'invite à rattacher le sénateur Rogatianus à l' Afrique du Nord.
Cf. Brisson, Prosopographie, PVP 1, s.v. et PVP II, p. 235-236. LUC BRISSON.
ROGUS (TETRILIUS -) RE Tetr.:
II-I
Tetrilius Rogus est uniquement mentionné par Cicéron dans les Académiques (Acad. Pr. 11 5,11). Le prénom est inconnu et l'apparat critique de Plasberg signale que des manuscrits plus récents ont Tetrinius.
Cf. 1 F. Münzer, art. « Tetrilius Rogus », RE V A 1,1934, col. 1099).
Il se trouve à Alexandrie, en 87/86" au moment où Antiochus d'Ascalon [»*A 200] prend connaissance des deux livres qu'avaient composés Philon de Larissa (»*P 155) à Rome, après qu'il eût quitté Athènes en 89/88. En présence de L. Licinus Lucullus [»+L 74], alors proquesteur à Alexandrie, d'Antiochus, irrité
par ces propos que n'avait jamais tenu Philon, pas plus qu'aucun autre académicien, et de l'académicien Héraclite de Tyr (*»*H 66), il déclare avoir entendu, comme les fréres C. et P. Selius, eux aussi présents, de pareilles vues dans les conférences de Philon de Larissa à Rome et ajoute qu'il a fait une copie des deux livres de Philon d'aprés un autographe («ab eo ipso illos duos libros dicerent descripsisse »). Ces amis de Lucullus confirment ainsi l'authenticité de l'ouvrage
R7
ROGUS (TETRILIUS -)
1798
(2 J. Glucker, Antiochus and the Late Academy, coll. « Hypomnemata » 56, Göttingen 1978, p. 13). Cicéron les qualifie de docti homines, expression qui désigne des connaissances profondes associant lettres et philosophie. W. Görler le mentionne
comme
auditeur de Philon
(3 «Philon
aus Larisa », dans H. Flashar
(édit.) Die hellenistische Philosophie = GGP, Antike IV 2, Basel 1994, p. 918). MICHELE DUCOS.
ROMANIANUS DE THAGASTE
RE
IV-V
Évergète de Thagaste (Conr. Acad. Y 1, 1), Romanianus est le compatriote, le
mécène et l'ami d'Augustin [»*A 508] (Conf. VI 14, 24), à qui il confia l'éducation de ses fils. Ses bienfaits et sa culture lui valurent d'étre le dédicataire du Contra Academicos puis du De vera religione. Il est aussi le destinataire de la Lettre 15 d' Augustin, d'autres lettres perdues de celui-ci et trés vraisemblablement de la Lettre 259 (cf. 1 A. Gabillon,
« Romanianus, alias Cornelius. Du nouveau sur
le bienfaiteur et l'ami de saint Augustin», REAug 24, 1978, p. 58-70). Associé au projet de vie communautaire élaboré par Augustin et ses amis en Italie (De ord. I 2. 5). il devint plus tard un intermédiaire entre Augustin et Paulin de Nole. Comme il possédait toutes les ceuvres d'Augustin, il en remit à Paulin une copie et dut largement contribuer à leur diffusion (Ep. 27, 4; 31, 7). De Paulin lui-méme, il recut une lettre accompagnée d'un poéme à l'intention de son fils Licentius [**L 55] (apud Aug., Ep. 32). D'un point de vue moral et religieux, les ceuvres d' Augustin tracent un portrait en demi-teintes du personnage. Resté longtemps «auditeur» manichéen (cf. 2 F. Decret, L'Afrique manichéenne (IV*-V* siècles). Étude historique et doctrinale, Paris 1978, p. 66-72 et 373-374), il ne parvint pas à se libérer des soucis liés à la gestion de sa grande fortune ni non plus à atteindre à la chasteté, méme à un äge avancé (cf. Ep. 259). Son principal titre gloire est d'avoir été l'artisan de la réussite
d'Augustin. LE PATRON
DE THAGASTE
Romanianus ne devait étre guére plus ágé qu'Augustin, comme le laissent supposer les expressions «ab ineute aetate mihi familiarissimus » (Conf. VI 14, 24) et «ab
ineute
adulescentia
mihi
familiariter
amicissimus»
(Ep.
27, 4)
qui
le
désignent. Il était apparenté à Alypius [»*A 128] (Ep. 27, 5) et peut-être à Augustin, si l'on se fonde sur une indication donnée par son fils Licentius, dans son Po&me: «Sed nos, praeterea quod ab una exsurgimus urbe, | Quod domus una tulit, quod sanguine tinguimur uno | Saeclorum, christiana fides conexuit » (Carmen
apud
Aug.,
Ep.
26,
CSEL
34,
p.
94,
v. 137-139).
3
1.
O'Donnell,
Augustine : Confessions, 3 vol., Oxford 1992, vol. II, p. 382, juge cependant que la preuve est mince.
Possédant des biens considérables, Romanianus jouit de la considération de ses concitoyens en raison de sa libéralité. Une page brillante du Contra Academicos (1 1, 2) détaille «la munificence de l'évergéte de Thagaste au temps de sa splendeur,
R8
ROMANIANUS
DE THAGASTE
1799
la richesse des jeux qu'il offrait, l'abondance des banquets qu'il donnait, la magnificence de ses chasses, de ses bains, de sa maison»
(4 S. Lancel, Saint Augustin,
Paris 1999, p. 23). On y apprend que son titre de «patron» de la cité et des municipes voisins apparaissait dans le bronze sur des inscriptions municipales, que des statues lui étaient élevées, que les « honneurs affluaient » et que s'y ajoutaient des pouvoirs exceptionnels. «La formule d' Augustin, in/luere honores, correspond à celle des inscriptions, omnibus honoribus functusi. Romanianus avait géré le duumvirat et, très certainement, la curatelle ; il avait reçu le titre de flamine perpétuel. L'allusion à des pouvoirs qui dépassent l'usage municipal (potestates quae municipalem habitum supercrescrent) peut signifier que Romanianus était un honoratus, qu'il avait recu un titre honoraire de perfectissime ou de clarissime. Il semble aussi qu'il s'agissait de la fonction de prétre provincial et que le pouvoir en question avait pour cadre le concilium de l' Afrique Proconsulaire » (5 C. Lepelley, Les Cités de l'Afrique romaine au Bas-Empire, t. II, Paris 1981, p. 180. (Sur les patroni en Afrique, cf. 6 B. H. Warmington, « The municipal Patrons of Roman North Africa», PBSR 22, 1954, p. 39-55). L'INSCRIPTION CIL VIII 17226 ET L'AJOUT DU MANUSCRIT « HERBIPOLITANUS » DE LA RHÉTORIQUE À HERENNIUS
Une découverte archéologique, à la fin du siécle dernier, confirme le témoignage du Contra Academicos. On mit à jour à Souk-Ahras, l'ancienne Thagaste, une pierre de belle dimension portant gravé, en lettres effilées, le nom ou plutót le cognomen Romanianus, précédé du nomen Cornelius, tronqué en son début: [COR]NELIUS ROMANIANUS (CIL VIII [Suppl. I] 17226 (= I.L.Alg. I 879). Il s'agit du «seul document épigraphique connu sur la vie urbaine de Thagaste au Bas-Empire » (Lepelley 5, p. 178). Un témoin paléographique atteste d'autre part que le mécénat de Romanianus ne se limitait pas à organiser des combats d'ours et d'autres spectacles jusque là inconnus de ses concitoyens (cf. Cont. Acad. I 1, 2), mais qu'il était aussi culturel. Le manuscrit le plus ancien de la Rhetorica ad Herennium
(ms. H [incomplet])
contient au bas de la dernière phrase du livre I, où il est question de reconnaissance (Verumtamen maturabimus et quod negotio deminutum fuerit exaequabimus industria, ut pro tuo in nos officio et nostro in te studio munus hoc adcumulatissime tuae largiamur voluntati [1 17, 25]), la dédicace suivante: « Romaniane
vivat, Romaniane vivat » (codex Herbipolitanus, datant du milieu du IX“ siècle, fol. 9 r?). Ce manuscrit est trés important d'un point de vue philologique: H est le plus proche de l'hyparchétype M (7 P. R. Taylor, «"Pre-history" in the ninth-century manuscripts
of the
Ad
Herennium»,
C&M
44,
1993,
p.
181-254
[notamment
p. 244-250], p. 240). L'ajout est quant à lui d'une importance fondamentale pour l'étude de la transmission de la Rhétorique à Herennius, l'« une des œuvres latines les plus mystérieuses » (8 G. Achard, Rhétorique à Herennius, Paris 1989, p. V). «Le fait le plus étrange est qu'elle semble avoir été longtemps inconnue des
ROMANIANUS
1800
R8
DE THAGASTE
Romains eux-mêmes et qu'elle a dû resurgir par deux fois, au IV“ et au IX“ siècles, dans des conditions difficiles à préciser» (ibid., p. V).
F. Marx a formé l’hypothèse ingénieuse que l’œuvre avait été redécouverte en Afrique, en se fondant précisément sur l'ajout du ms. H (cf. 9 F. Marx, Ad C. Herennium libri IV, Leipzig 1894, p. 1-2 [«De subscriptione codicis H »)). Il identifia donc le Romanianus en question avec l'ami d'Augustin. L'exclamation « Romaniane vivat» devait s'entendre fréquemment puisqu' Augustin rapporte que le patron de Thagaste était acclamé par le peuple comme étant «humanissimus, liberalissimus,
mundissimus,
fortunatissimus»
(Cont.
Acad.
I 1, 2) (ibid., p. 2
[«De Romaniano Tagastensi »]). Marx invoqua d'autre part l'emploi du vocatif d'exclamation (« Romaniane ») à la place du nominatif, un emploi qui se rencontre dans la langue en usage en Afrique (sur ce phénomène grammatical, cf. 10 Tamás Adamik,
« Romaniane
vivat (Bemerkungen
zum Gebrauch
des Vokativs und
zur
afrikanischen Latinitát) », dans József Herman (édit.), Latin vulgaire — latin tardif. Actes du [°° Colloque international sur le latin vulgaire et tardif [Pécs, 2-5 septembre 1985], Tübingen 1987, p. 1-9). Pour Marx, Romanianus aurait donc apporté avec lui son manuscrit de la Rhétorique à Herennius en Italie, où celui-ci aurait été copié (ibid., p. 4). Cette hypothèse parait beaucoup plus probable que celle de P. R. Taylor, qui fait d'Augustin lui-méme, et non pas d'un «litterator quidam » (comme le pensait Marx), l'auteur de la dédicace (7, p. 244): Augustin aurait découvert le manuscrit en Italie et l'aurait transmis à Romanianus lors de son séjour milanais (ἰδία... p. 250). LES BIENFAITS ENVERS AUGUSTIN
Dans
sa première
œuvre,
Augustin
dit tout ce qu'il doit à son protecteur
(cf. Cont. Acad. II 2, 3). Ayant dû interrompre ses études, l'année de ses seize ans.
faute d'argent, il put les reprendre, à Carthage, gräce à Romanianus, qui lui ouvrit sa maison, sa bourse et son cœur. À la mort de son père Patricius, en 370, il le consola de son amitié, l'encouragea et l'aida de ses ressources, qui s'ajoutérent aux subsides maternels (Conf. III 4, 7). À ce moment, Augustin adhéra au manichéisme, dans lequel il entraîna Romanianus (Cont. Acad. I 1, 3) en méme
temps
qu'Honoratus, que l'ami anonyme et qu'Alypius, tant «son prosélytisme faisait merveille » (Lancel 4, p. 68). Augustin dut ensuite
à Romanianus de devenir dans sa patrie un notable (Cont.
Acad. II 2, 3). Il devint professeur de grammaire à Thagaste (automne 374 ?). Lancel 4, p. 68, suppose que Romanianus fit créer pour lui cette chaire, dont il assuma les frais. Et comme il était devenu persona non grata chez sa mére, en tant qu'hérétique, Augustin bénéficia de nouveau pour un temps de l'hospitalité de Romanianus.
Augustin rappelle encore que Romanianus fut le seul à étre mis au courant par lui du projet qu'il formait d'aller enseigner à Carthage et que, malgré son désir de retenir dans leur patrie commune un professeur talentueux, celui-ci comprit l'ambi-
R8
ROMANIANUS
DE THAGASTE
1801
tion de son ami, qui avait alors vingt-deux ans, et s’efforga de la favoriser en lui fournissant ce qui lui était nécessaire pour le voyage (Cont. Acad. II 2, 3). Augustin devint alors professeur de rhétorique à Carthage. Or «n'enseignait pas qui voulait la rhétorique dans la capitale africaine. Augustin y avait été nommé sur une chaire municipale, dans le cadre donc d'un enseignement supérieur public » (Lancel 4, p. 73). « Nos universitaires, qui veillent avec un soin jaloux et à grand renfort de commissions et d'auditions redondantes au recrutement de leurs collégues, se demanderont avec inquiétude quelles étaient alors les modalités de choix. Pour briguer ces postes, éventuels marchepieds d'accés à d'autres carriéres plus prestigieuses, la compétition était parfois vive. Les intrigues, cabales et interventions diverses ne manquaient pas. Le silence total d'Augustin sur les circonstances de sa propre nomination nous interdit toute supputation, sauf peut-étre de supposer que, là encore, l'influence de son ami Romanianus put étre déterminante. Car cette influence dépassait le cadre régional de Thagaste et de la Numidie environnante: nous avons de bonnes raisons de penser qu'il jouissait alors de titres qui faisaient de lui un notable à l'échelon de la province d' Afrique, sinon méme, par promotion exceptionnelle, un membre de l'aristocratie sénatoriale »
Gbid., p. 74).
Le Contra Academicos rappelle ensuite comment Augustin « prit la mer », sans prévenir cette fois son protecteur (II 2, 3). Au lieu de lui tenir rigueur d'abandonner ses fils, qu'il lui avait confiés, Romanianus sut voir ce qui était pur dans le « sanctuaire de l'esprit » (penetralia mentis) d' Augustin. LE SÉJOUR À MILAN
Augustin prenait la mer pour se rendre avec les siens à Rome puis à Milan, oü il fut nommé professeur, gráce à l'appui des Manichéens auprés de Symmaque (Conf. V 8, 23). Romanianus, accompagné de Licentius, l’y retrouva, sans doute en 385. Un procés lié à ses affaires l'avait contraint à se rendre à la cour (sur ce proces, cf. 11 F. Navarro Coma, « Romaniano y Agustín : amistad e intereses entre un curial rico y un curial pobre», Polis 10, 1998, p.247-267, p.250 sq.). « Romanianus va alors s' intéresser de trés prés à un nouveau projet d' Augustin: la fondation d'une petite communauté "philosophique" » (Gabillon 1, p. 61-62). Augustin s'était beaucoup interrogé, d'un point de vue théorique et pratique, sur les moyens de s'assurer les conditions d'une vie adonnée à l'otium philosophandi. C'est méme dans une telle perspective qu'il en vint à envisager pour luiméme le mariage, s'il trouvait une épouse assez fortunée pour subvenir aux besoins de tous ceux qu'il pourrait réunir pour vivre avec lui dans un studieux loisir (vivere studiose) (Sol.1 11, 18; cf. Conf. VI 12, 21-13, 23). S'étant ouvert à son protecteur
de son projet et de tout ce qui faisait obstacle à sa réalisation, Augustin rappelle, dans la suite de notre texte du Contra Academicos, comment Romanianus « s'enflamma» d'une «sainte ardeur » et assura qu'il «briserait» ces «entraves» ; il était méme prét à s'associer personnellement à ce projet s'il arrivait à se dégager du procès qui l'accaparait (Cont. Acad. II 2, 4). Les Confessions apportent des précisions sur cette entreprise: l'idée était de partager la méme vie, à une dizaine de personnes, qui mettraient en commun tous
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leurs biens; deux magistrats institués parmi eux les géreraient pour laisser les autres sans soucis. Romanianus y est décrit comme l'« élément moteur » du projet. Augustin écrit en effet: «C'était lui qui pressait le plus notre dessein, et ses instances avaient une grande force de persuasion, car sa fortune considérable dépassait de beaucoup toutes les nótres» (Conf. VI 14, 24). Le projet fut abandonné dans l'idée qu'il ne serait pas adopté par les épouses (Conf. VI
14, 24) et
aussi du fait qu' Augustin y aspira «avec moins d'ardeur» (minus acriter) une fois que Romanianus s'en désengagea en raison de son départ (Cont. Acad. II 2, 5). On peut penser que ses affaires l'obligérent à rentrer en Afrique. L'expérience communautaire se réalisa plus tard, sous une autre forme. La retraite à Cassiciacum, rendue possible par l'aide de Verecundus, à la fin de 386, présente « une forte ressemblance avec le projet dont on parle ici, peut-étre à la fin
de 385, s'en distinguant principalement par son caractère éphémère » (O'Donnell 3, t. II, p. 380). Si Romanianus, à la différence de son fils Licentius, ne peut pas participer à l'expérience de Cassiciacum, de l'automne 386 à l'entrée en Caréme 387 (Conf. IX 4, 7), «il ne va pas tout perdre de cette période privilégiée puisque le regret de son absence pousse Augustin à faire enregistrer et à mettre en forme à son intention en particulier ce qui fait l'objet du Contra Academicos, dialogue dont Romanianus
devient dédicataire » (Cont. Acad. I 1, 1, cité dans Retract.
1 1. 14)
(12 A. Mandouze [édit.], PCBE 1, Paris 1982, p. 994-997, p. 995). LA DÉDICACE DU CONTRA ACADEMICOS
Les adresses à Romanianus, au début des livres I et II du Contra Academicos, ont pour but explicite sa conversion à la philosophie. Le dialogue s'ouvre sur un protreptique (I 1, 1-4) (sur ce texte, cf. 13 G. Catapano, « In philosophiae gremium confugere: Augustine's View of Philosophy in the First Book of his Conrra Academicos », Dionysius 18, 2000, p. 45-68 [p.47-61]; 14 K. Schlapbach. Augustin : Contra Academicos. Buch 1 : Einleitung und Kommentar, Berlin/New York 2003, p. 26-59 [«Protreptik zur Philosophie »]). Augustin fait part de son désir que Romanianus, pris dans son procès, aborde au «port de la sagesse », où l'on ne se soucie plus des revers de fortune, puis il forme le vœu que Dicu « rende » son ami «à lui-méme » et permette à son esprit de gagner (ernergere) les
airs de la vraie liberté (Cont. Acad. l1 1, 1). De fait, ce que l'on appelle la « fortune » (fortuna) est gouverné par un «ordre secret» (occulto quodam ordine) et nous parlons de « hasard » (casus) au sujet des choses dont la raison et la cause sont pour nous secrètes (cf. Cicéron, Acad. 17, 29). Et selon «le jugement formulé par les
préceptes (oracula) des doctrines les plus fécondes», rien d'avantageux ou de désavantageux n'arrive en aucune partie, qui ne s'accorde et ne convienne au tout (certains commentateurs ont vu dans l'allusion à ces oracula une référence
à un
enseignement venu de la Philosophie des Oracles de Porphyre [cf. 15 J. O' Meara. « Porphyry's Philosophy from Oracles in Eusebius's Preparatio Euangelica and Augustine's Dialogues of Cassiciacum », RecAug 6. 1969, p. 103-139, notamment p. 126; 16 F. Van Fleteren, «Background and commentary on Augustine's De
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uera religione», dans « De vera religione », « De utilitate credendi », « De fide rerum quae non videntur », Lectio Augustini
X, Roma
1994, p. 33-49, notamment
p. 53]; la doctrine évoquée par Augustin doit plutót venir du Peri pronoias de Plotin, Enn. III 2-3, mentionné explicitement en De civ. Dei, X 14). Que Romanianus ne se déprécie pas, par conséquent, si des événements immérités (indigna) l'ont atteint. S'il est vrai que la providence s'étend jusqu'à nous, il doit croire que les choses se sont passées pour lui comme elles le devaient. En effet, alors qu'il était pris dans le tourbillon de la recherche de tout ce qui a l'apparence du beau et du bien, et qu'il était sur le point de sombrer, le vent de la fortune le sauva en se mettant à souffler dans un sens réputé contraire. Si Romanianus avait continué à connaitre la gloire dans sa patrie et à jouir d'un grand train de vie, comment aurait-il été possible de lui parler d'un autre bonheur, qui est le seul bonheur (Cont. Acad. I 1, 2)? (sur ce texte, cf. 17 J. Doignon. «La fortuna y el hombre afortunado. Dos temas parenéticos del prólogo del librol "Contra Academicos" », Augustinus 31/121-122, 1986, p. 7985). En lui faisant expérimenter l'inconstance de ce que les mortels considérent comme des biens, la providence a donc voulu réveiller ce qu'il y a en lui de divin (I 1, 3). Qu'il se réveille, par conséquent, maintenant qu'il est libéré des succès qui prennent au piège les imprudents. Augustin rappelle que ces succès l'enchainaient lui-même, lorsqu'une maladie de poitrine l'obligea à abandonner sa charge de professeur de rhétorique et à se « réfugier dans le sein de la philosophie ». C'est elle qui le nourrit, dans sa retraite studieuse (in otio). « C'est elle », ajoute-t-il en faisant allusion à l'hérésie manichéenne, «qui me libéra entiérement de l'erreur religieuse (superstitio) dans laquelle je t'avais précipité avec moi, la téte la premiere ». Licentius s'est à son tour entièrement converti à la philosophie, grâce notamment à la lecture de l' Hortensius. Il est désormais un modèle pour son père car il est possible, à tout âge, d'être admis dans le sein de la philosophie (selon une conception familière à la pensée hellénistique [cf. par ex. Epicure, Lettre à Ménécée 122]). Et pour donner à Romanianus un avant-goüt de la philosophie, Augustin lui envoie une discussion entamée par Trygetius et Licentius sur la possibilité de connaitre le vrai et d'étre heureux. L'exorde du livre II (II 1, 1-3, 9) (cf. 18 T. Fuhrer, Augustin: Contra Academicos (vel de Academicis Bücher 2 und 3). Einleitung und Kommentar von Therese Fuhrer, Berlin/New York 1997, p. 4-5 («Der Adressat»); p. 55-135; 19 J. Doignon, «La baroque invitation au ciel d'Augustin
à Romanianus
(Cont. Acad.
IIl, 2): thèmes
de Sénèque
et ornements
virgiliens »,
Maia 43, 1991, p. 221-224) nous apporte des indications très précieuses à la fois sur la conversion d'Augustin (bien avant les Confessions) et sur la personnalité de Romanianus. La difficulté de trouver la sagesse est si grande, écrit Augustin, que beaucoup pensent que les armes des académiciens ont été forgées par Vulcain. Pour parvenir au « port de la philosophie », il faut mobiliser toutes les vertus et implorer le secours divin. Augustin assure Romanianus de sa prière pour qu'il bénéficie de vents favorables et précise que celui-ci l'aidera dans ses prières s'il fait lui-même des efforts, non seulement par des vœux mais aussi par sa volonté. Augustin loue «l'élévation d'esprit naturelle » de son ami, tout en déplorant qu'à l'instar de la foudre dans les nuages, elle reste « ensevelie » sous la masse des soucis domestiques et ignorée de beaucoup, pour ne pas dire de tous. Filant la comparaison, il veut pour preuve de ce riche « potentiel » le fait que, « par un seul grondement de la raison et un seul éclair de la tempérance, sa passion (libido), redoutable la veille encore, fut, en un seul jour, entiérement morte » (Cont. Acad. I 1. 2) (nous verrons qu'en fait les choses furent sans doute plus compliquées). Il faut que cette vertu éclate désormais au grand jour et transforme en profonde stupéfaction les rires de tant d'incrédules (la remarque nous apprend que Romanianus n'avait pas seulement la réputation d'étre un homme riche). Cette vertu, aprés avoir rejeté le poids du corps, ne va-t-elle pas retoumer au ciel? Pour l'encourager, Augustin lui rappelle que personne n'était plus attentif et plus pénétrant (acutior) que lui, lors de ses conversations, quand du moins il pouvait respirer (Conr. Acad. II 1, 3). Et dans sa volonté de rendre à Romanianus ce qu'il lui doit, il énumère les bienfaits qui lui sont venus de lui, comme nous l'avons vu (C. Acad. II 2, 3), jusqu'au moment oü la lecture de «certains livres substan-
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tiels » (ceux des « platoniciens ») provoqua en lui un « incroyable incendie » intellectuel et le fit «rentrer » en lui-même «au pas de course » (Cont. Acad. II 2, 5). Le visage de la philosophie se découvrit alors à lui (11 2, 6) et il en fut si frappé qu'il fit le vœu de le faire voir, non seulement à Romanianus, mais encore à l'adversaire de ce dernier, « un autre grand seigneur » (20 P. Brown. Augustine of Hippo. A Biography. A new Edition with an Epilogue. Berkeley/Los Angeles 2000 p. 119). qui goütait les séductions d'une vie fastueuse (Cont. Acad. 1l 2, 6). Cet adversaire incarne la « philocalie » (cf. Fuhrer 18, p. 118 ; 21 J. Doignon. « L’apologue de Philocalie chez saint Augustin (Cont. Acad. 2, 3, 7)», REAug
30, 1984, p. 100-106), tandis que
Romanianus est lui-méme appelé à tenir le róle flatteur du philosophe dans l'apologue qu'Augustin esquisse en reprenant un theme platonicien (cf. Phedre, 248d). « Philosophie » et « Philocalie » sont deux sœurs. Cette dernière est « tombée du ciel et engluée dans la passion » (Cont. Acad. II 3, 7). Elle est retenue, sale et affamée, dans une vulgaire cage. Elle conserve toutefois le méme nom pour rappeler à l'oiseleur qu'il ne doit pas la mépriser. Sa sceur, qui vole librement, la reconnait souvent, bien qu'elle ait perdu ses ailes ; mais elle la délivre rarement. Elle seule connaît l'origine de la philocalie, qui n'en sait plus rien, quant à elle. Augustin, qui se surprend à devenir un nouvel Ésope, n'en dit pas plus car il veut laisser à Licentius le soin de raconter à son père cette fable. Licentius vient de composer un poème sur ce thème, peut-être à l'invitation d'Augustin lui-méme, qui ne dédaignait pas d'évoquer à des fins pédagogiques des fables mythologiques (Protée. Dedale, Hercule et Cacus, Pyrame et Thisbé...). Augustin adresse à Romanianus une ultime exhortation à philosopher. Licentius commence déjà à philosopher ; il faut le retenir, car il doit encore s'aguerrir dans l'étude des arts libéraux, sans doute pour étre prémuni contre la « misologie » (cf. De mag. 10, 31). Quant à Romanianus lui-même, deux obstacles peuvent s'opposer à ce qu'il trouve la vérité, à savoir qu'il désespère de pouvoir jamais la trouver ou bien qu'il croie l'avoir trouvée de facon certaine (II 3, 8). Si le premier danger ne semble guère menaçant, dans la mesure où Romanianus s'emportait souvent contre les académiciens avec d'autant plus de sévérité qu'il les connaissait moins, le second est réel. puisqu'il fait allusion au fait qu'il est toujours manichéen. Mais ce qui peut rester en lui d'erreur religieuse (superstitio) sera chassé, écrit Augustin, «lorsque je t'aurai envoyé une discussion entre nous sur la religion, ou lorsque je pourrai, en ta présence, m'entretenir longtemps avec
toi» (II 3, 8) (sur le manichéisme
comme « superstition », cf. Conf. IV
1. 1; VI
6. 12).
Augustin semble ici annoncer un dialogue, qui prendra en fait la forme d'un traité: le De vera religione. Augustin adresse enfin quelques mots affectueux au sujet de celui qu'il appelle «son Lucinianus » et dont Romanianus est seul à jouir. Comme il s'excuse d'employer ce possessif. alors qu'il s'agit aussi du Lucinianus de Romanianus, il s'agit sans nul doute du frére de Licentius. LA LETTRE
15
« Au cours de la période située entre l'automne 388 et le début de l'année 391, Romanianus est évoqué, dans une lettre de Nebridius (&*N 12), comme étant, avec
Lucinianus, un des intimes d' Augustin, capable de protéger contre les importuns la retraite que, rentré d'Italie, l'ancien rhéteur partage avec ses amis et disciples, non plus à Cassiciacum, mais à Thagaste (Nebridius, apud Aug. Ep. 5)» (Mandouze 12, p. 995). En 390, Augustin lui envoie une brève lettre (Ep. 15), dont les premières lignes sont d'un grand intérét pour le paléographe. Augustin écrit qu'il manque de « papier » (charta), c'est-à-dire de «feuilles de papyrus préparé, à la fois coüteuses et fragiles » (Lancel 4, p. 690 n. 1). Il s'est servi de ses dernières tablettes d'ivoire
(rabellae eburneae) pour envoyer à l'oncle de Romanianus une lettre urgente (les
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lettres étaient souvent envoyées dans des diptyques qui portaient en guise d'ornement le nom du propriétaire au génitif [cf. D. De Bruyne 22, « Note sur les lettres de saint Augustin», RHE 23, 1927, p. 523-530, p. 526; 23 J.H. Baxter, St. Augustine. Select letters, Edinburgh 1930, p. XXXVI-XXXVII]). Augustin a donc utilisé une fine feuille (pellicula) de parchemin (membrana) et il s'en excuse. Et
comme le parchemin lui-même fait défaut, il prie Romanianus, au cas où il aurait des tablettes qui lui appartiendraient, de les lui renvoyer car il en a grand besoin (Ep. 15, 1). Augustin fait ensuite part à son correspondant d'une grande nouvelle: « Scripsi quiddam de catholica religione (...) quod tibi volo ante adventum meum mittere ». II annonce ainsi qu'il vient de terminer le De vera religione. La formule ante adventum meum indique qu'Augustin s'est absenté de Thagaste, peut-étre chez Nebridius, le temps de rédiger le De uera religione (cf. 24 O. Perler, Les voyages de saint Augustin, Paris 1969, p. 150-151). Il enverra le traité
à Romanianus, «si
du moins le “papier” (charta) ne manque pas » ; et celui-ci devra se contenter de la qualité de copie que peut offrir l'atelier d'un certain Maiorinus. L'anecdote parait corroborer cette remarque d'E. Dekkers: «L'antiquité classique a connu un vaste réseau d'ateliers de copistes et de librairies. À l'époque de saint Augustin, il n'en restait que des épaves» (25 «Saint Augustin éditeur», dans G. Folliet [édit.], Troisième centenaire de l'édition mauriste de saint Augustin, Paris 1990, p. 235244, notamment p. 240). Augustin ajoute à la fin du 8 1 ces lignes obscures, qui font allusion à une précédente lettre de sa part: « À propos des ouvrages (de codicibus), hormis les livres Sur l'Orateur, je n'ai plus rien (totum mihi excidit). Mais je n'ai rien pu te répondre de plus que de choisir toi-méme ceux qui te plairaient et je suis encore du méme avis. Comme je suis absent, je ne vois rien de plus que je puisse faire » (Ep. 15, 1). La mention faite au De oratore («le traité de Cicéron, en trois livres, se
présentait donc sous la forme d'un codex» AugLex
I, col. 1022-1037, notamment
était resté en la possession que l'ancien professeur en cf. 27 F. della Corte, «Il notamment p. 9; 28 J.
[26 P. Petitmengin, art.
1026]) semble
« Codex »,
indiquer que seul ce traité
d' Augustin, peut-étre en raison de l'usage professionnel avait fait (pour d'autres interprétations de ce passage, mecenatismo di Romaniano », Maia 38, 1986, p. 3-12, Divjak, art. «Epistulae», AugLex II, col. 893-1057,
notamment 927).
On peut déduire de la Lettre 15 l'existence de trois précédentes lettres qui ont disparu (cf. Navarro Coma 11, p. 258 sq.). Dans une Lettre 15a, Romanianus a demandé certains ouvrages à Augustin. Celui-ci lui a répondu une premiere fois, dans une Lettre 15b, de prendre les livres qu'il voulait. Cette lettre doit étre la première lettre à Romanianus mentionnée dans l'Indiculum de Possidius (X), 25) (tandis que la Lettre 15 est la deuxième [X°, 26]) (29 A. Wilmart, Operum S.
Augustini elenchus a Possidio eiusdem discipulo calamensi episcopo digestus, Miscellanea Agostiniana, t. Il, Roma 1931, p. 183). Dans une Lettre 15c enfin,
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Romanianus a réitéré sa demande au sujet des livres. I] a aussi dà lui indiquer que ses affaires étaient à nouveau florissantes. En effet, dans la suite de la Lettre 15, Augustin le remercie d'avoir voulu l'associer «dans [sa] dernière lettre » à sa « joie domestique » (Ep. 15, 2). Mais il ajoute aussitót ces vers de Virgile (sans en signaler la provenance car son correspondant doit être assez cultivé pour les reconnaitre): « Est-ce à moi que tu ordonnes de ne pas faire attention au visage de cette mer si calme et à ces flots apaisés?» (Aen. V 848-849). «La bonace, que les paroles prétées par Virgile à Palinure présentent comme préoccupante, est devenue, dans la tradition ultérieure, l'image de la perfidie » (30 J. Doignon, « Thémes de l'éthique politique de Cicéron dans la Lettrel5 d'Augustin sur la gestion des affaires de ce monde», Orpheus N.S. 6, 1985, p. 36-42, notamment p. 36). Reprenant le cliché de la traversée des flots de la vie, qu'il avait déjà utilisé au début du De beata uita, Augustin avertit donc Romanianus des nouveaux dangers qui le guettent. Ce calme (quies) lui est en fait accordé « pour mieux penser» (ad melius cogitandum). « Une administration juste et utile des biens temporels, qui est aussi plus paisible et plus tranquille en son genre, nous fait mériter de recevoir les biens éternels, si elle ne nous possède pas tandis que nous la possédons, si elle ne nous enlace pas en s'accroissant et si elle ne nous enveloppe pas quand nous y pensons ». Une citation de Lc 16, 12, une invitation à nous libérer des soucis des choses muables pour rechercher « les bien stables et sürs» et à nous «envoler» loin de nos ressources terrestres et enfin le bref apologue de l'abeille, qui a des ailes pour ne pas rester collée au miel qui la tuerait, concluent cette lettre dont on a dit qu'elle était «le premier en date des écrits de direction à l'usage des grands de ce monde » (Doignon 30, p. 42). LA DÉDICACE DU DE VERA RELIGIONE
L'envoi du De vera religione accomplissait donc une ancienne promesse, faite quatre ans plus tôt (cf. Conr. Acad. II 3, 8). L'ouvrage était destiné à une « double audience » (Van Fleteren
16, p. 44): Romanianus
lui-méme et d'autre part ceux
qu'Augustin appelle «homines charissimi et proximi mei» dans l'épilogue (55,
107). Le Prologue (1, 1-10, 20) se compose de deux parties. Aprés une brillante défense de la « véritable religion » qui présente le christianisme comme l'accomplissement du platonisme (]. 16, 11), Augustin s'adresse directement à son ami (7, 12-10-20) : « Puisqu'il y a quelques années je t'avais promis, mon trés cher Romanianus, de t'écrire ce que je pense au sujet de la véritable religion, j'ai pensé que le temps était maintenant venu où je ne pourrais plus souffrir davantage. en raison de la charité qui m'attache à toi, de voir tes interrogations trés pénétrantes errer sans fin. Aprés avoir écarté tous ceux qui ne sont ni philosophes dans leur pratique religieuse, ni religieux dans leur philosophie ; et écarté ceux qui, tirant orgueil d'une opinion funeste ou de leur rivalité. se sont détournés de la régle de foi et de la communion de l'Église catholique ; écarté enfin ceux qui n'ont pas voulu de la lumiere des saintes Écritures et de la gráce du peuple spirituel qu'on appelle la Nouvelle Alliance — tous ces gens que je viens d'évoquer aussi brièvement que possible -, il nous faut nous attacher à la religion chrétienne» (7, 12). Augustin engageait en ces termes son ami à se défier respectivement du paganisme (dont les philosophes n'unifiaient pas leur doctrine et leur pratique religieuse), des hérésies, qui se sont «détachées de la règle de la chrétienté » (5, 8) et enfin (d'une fagon qui peut aujourd'hui nous indisposer) du judaisme (5, 9).
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L'essentiel (caput) de la religion est l'« histoire », qui s’accomplit en vue du salut des hommes. Celle-ci rend l'esprit capable de percevoir, dans une certaine mesure, des « choses spirituelles » qui sont immuables, à savoir la Trinité (7, 13) créatrice de tout étre en tant qu'il est un, distinct et participant à l'ordre des choses. Apres ces déclarations solennelles, il est précisé que l'ouvrage vise aussi les Manichéens (nommés une premiere fois en 5, 9). Ceux-ci troublent les esprits, bien que la foi catholique soit à l'abri de leurs critiques (9, 16). Augustin voudrait que Romanianus, resté jusqu'alors manichéen, en soit bien persuadé (le fait que ce dernier ne soit pas mentionné dans la présentation du De vera religione qui se trouve dans les Révisions est cependant souvent perçu comme le signe qu'il ne s'est pas converti [cf. Decret 2, p. 70-72]). À partir du $ 72, Augustin recommence à s'adresser à Romanianus, pour l'inviter à rentrer en lui-méme. Le patron de Thagaste aurait sans doute été flatté d'apprendre que l'injonction qui lui était adressée : « Noli foras ire, in teipsum redi ; in interiore homine habitat ueritas » deviendrait, avec le γνῶθι σεαυτόν, le mot d'ordre de la phénoménologie transcendantale dans la conclusion des Méditations cartésiennes de Husserl. LES ÉCHANGES EN ITALIE AVEC PAULIN DE NOLE
« Par la suite, Romanianus se trouve lié aux relations entretenues avec Paulin de Nole par Augustin»
(Mandouze
12, p. 995). Ces relations se nouent en 395
(cf. 31 P. Courcelle, Les Confessions de saint Augustin dans la tradition littéraire, Paris 1963, p. 559-607 (« Appendice III: La correspondance avec Paulin de Nole et la genèse des "Confessions" ») ; Perler 25, p. 169 sq.; 32 T. Piscitelli Carpino, Paolino di Nola. Epistole ad Agostino, Napoli 1989). Paulin écrit d'abord à Alypius pour accuser réception de cinq «livres» d'Augustin qui lui ont été envoyés (apud Aug. Ep. 24, 2). Il écrit ensuite à Augustin pour le complimenter au sujet de ce « pentateuque qui l'a bien armé contre les Manichéens » (apud Aug. Ep.
25, 2) (et qui contenait vraisemblablement les deux livres De moribus ecclesiae catholicae et De moribus Manichaeorum, les deux livres De Genesi contra Manichaeos et le De vera religione). La méme année, Augustin adresse à Licentius une
lettre qui fait état du souci qu'il se fait pour son ancien éléve (Ep. 26, contenant le Poème
de
Licentius).
Comme
celui-ci
demeure
désormais
en
Italie, Augustin
l'engage à se rendre en Campanie pour rencontrer Paulin (Ep. 26, 5). La réponse d'Augustin (Ep. 27, été 395), à la lettre que lui avait adressée Paulin (apud Aug. Ep. 24) nous apprend que Romanianus est lui aussi en Italie, aprés avoir dü s'embarquer de facon précipitée (Ep. 27, 5), peut-étre pour y appuyer les affaires de son fils (Brown
19, p. 138). C'est en fait Romanianus
lui-méme
qui porte à
Paulin cette lettre. Augustin le présente à son correspondant comme étant un «très grand ami» (amicissimus) (27, 4), parent d'Alypius (27, 5). Son nom est dans la
Véritable religion (27, 5), que Paulin a pu lire. On lit en outre cette précision trés intéressante : Librorum autem nostrorum copiam faciet venerabili studio tuo : nam nescio
me
aliquid,
siue
eorum
qui
extra
Ecclesiam
sunt,
sive ad aures fratrum
scripsisse, quod ipse non habeat (Ep. 27, 4). Augustin demande enfin à Paulin d'accueillir son ami comme s'il le connaissait depuis longtemps, pour qu'il soit « guéri » par tout ce que Paulin pourra lui dire. Il veut en effet que Romanianus soit « frappé (contundi) un assez grand nombre de fois par les propos de personnes qui n'aiment pas un ami à la façon du siècle» (27, 5). Augustin recommande aussi à
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Paulin le fils de Romanianus. qui est sur le point de mal tourner, et il joint à sa lettre le poème de Licentius et la réponse qu'il lui a donnée dans sa Lettre 26. Romanianus dut mettre du temps à délivrer la lettre qui lui avait été confiée car Paulin réécrit à Augustin, dans l'idée que sa premiére lettre n'est peut-étre pas arrivée ( Ep. 30, 1). Dans sa réponse à Paulin (Ep. 31, datant de 396?), Augustin dit son contentement que le retard de sa première lettre lui ait valu la joie d'en recevoir une deuxiéme de lui (31, 1); il lui apprend que l'évéque Valére vient de faire
de lui son coadjuteur et l’invite à venir en Afrique. Il lui envoie en outre les trois livres du De libero arbitrio (31, 7) car il sait que Romanianus ne les a pas tous: or
c'est par son intermédiaire qu'il a indiqué à Paulin tous les livres qu'il pouvait lire de lui. «En effet, il les avait déjà tous, et il les emportait avec lui» (31. 7). Augustin redit à ce moment les liens étroits qui l'unissent à Romanianus et à son fils et attire derechef la sollicitude de Paulin sur un homme dont il a dû lui-même voir «ce qu'il porte en lui de bien et ce qui cloche du fait d'un restant de faiblesse » (31, 7). Augustin ajoute qu'en échange des livres qu'il envoie il serait heureux de lire l'ouvrage que Paulin est en train d'écrire contre les paiens, ainsi que les ouvrages « vigilants et abondants », si Paulin les a, qu'Ambroise (**À 132) a rédigés avec beaucoup de soin et d'ampleur (diligentissime et copiossime) contre les paiens qui affirmaient que le Seigneur avait tiré profit des livres de Platon (31, 8). Il s'agit du De philosophia perdu d'Ambroise (cf. 33 G. Madec, Saint Ambroise et la philosophie, Paris 1974, p. 250 sq.). Le lendemain méme de la réception de cette lettre, Paulin écrit à Romanianus pour saluer, non pas une « succession », mais l'«accession » d' Augustin à l'épiscopat du vivant méme du titulaire, Valére (apud Aug. Ep. 32, 2). Ces félicitations sont accompagnées d'une lettre en prose et en vers pour Licentius. Là s'arrétent apparemment les témoignages sur Romanianus. LA LETTRE 259
L'inscription «(Cor]nelius Romanianus» découverte à Thagaste (cf. supra) permit cependant à Aimé Gabillon de montrer que « la lecture des deux noms ainsi accolés est un trait de lumiére pour qui s'interroge sur un personnage de la Correspondance d'Augustin, le destinataire de la Lettre 259 — ce Cornelius qui attend depuis toujours qu'on veuille bien le reconnaitre, et l' identifier, précisément, à Romanianus » (Gabillon 1, p. 59).
Fortement ébranlé par le décés de son épouse Cypriana (cf. Ep. 259, 4), ce Cornelius avait demandé à Augustin de lui adresser «une longue lettre de consolation (...) comme le vénérable Paulin en adressa une à Macarius » (cf. Paulin. Ep.
49 à Macarius, CSEL 29). Dans sa réponse (408), l'évéque d'Hippone oppose un net refus à cette demande en raison des mœurs dissolues du veuf et il prévient une objection de sa part qui ne se comprend qu'en référence à une longue amitié: «Ici
tu vas dire: "Pourquoi
me traites-tu avec ápreté? Pourquoi
me réprimandes-tu
R8
ROMANIANUS
DE THAGASTE
1809
durement ?". N'est-il pas vrai que, tout en discutant de la sorte, nous voici devenus vieux — et la vie qui s'avance finira avant d’être corrigée » (259, 2). Augustin cite ensuite Cicéron: «Je veux, Pères conscrits, être clément ; je veux aussi, quand l’État court de si grands dangers, ne pas paraitre faible» (1 Car. 5),
avant de le pasticher. Cicéron
disait:
Castra sunt in Italia...; crescit in dies
singulos hostium numerus ; eorum autem castrorum imperatorem... Augustin écrit quant à lui: Plebs mulierum excubat latebris tuis ; crescit in dies pellicum numerus; eiusdem autem numeri dominum... (cf. Gabillon 1, p.65): «Une bande de
femmes découche à tes cótés; le nombre de tes maitresses augmente de jour en jour; et le maître, ou plutôt l'esclave de tout ce nombre, qui se répand dans une passion insatiable parmi tant de prostituées, et qui réclame à un évéque, du droit de l'amitié, comme pour soulager sa tristesse, l'éloge de sa chaste épouse défunte, nous allons l'écouter patiemment ? » (Ep. 259, 3).
La suite apporte le premier des « deux hésitation que Cornelius n'est autre que temps oü tu étais engagé avec nous dans plus jeune encore, tu t'étais corrigé de tempérance ; mais tu y retombas au bout ensuite, tu fus baptisé en extréme danger
détails » qui permettent « d'affirmer sans Romanianus » (Gabillon 1, p. 66): «Au la plus pernicieuse erreur, jeune, et nous ce vice par une énergique résolution de de peu de temps de façon plus honteuse ; de mort et, alors que (pour ne plus parler
de toi) nous voici nous-méme devenu vieux, et évéque de surcroit, tu ne t'amendes
toujours pas». En dépit de l'acte de vertu «foudroyant» par lequel Romanianus devait frapper définitivement sa passion (cf. Cont. Acad. I 1, 2), la «faiblesse» (infirmitas) à laquelle Augustin faisait encore allusion dans sa deuxiéme lettre à Paulin
(Ep. 31, 7) s'était à nouveau
déclarée:
« Voici
Romanianus,
veuf sexa-
génaire, en proie à un démon, non de midi, mais d'aprés-midi, particuliérement exigeant : notre surprise n'est pas totale, étant donné certains de ses antécédents » (Gabillon 1, p. 69). La «dent dure de la charité » (mordacitas caritatis) (Ep. 85, 2)
se fait ici vigoureusement sentir. Faisant ensuite allusion aux étudiants mauvais payeurs auxquels il avait affaire lorsqu'il enseignait la rhétorique (cf. Conf. V 12, 22), Augustin assure qu'il ne vendra pas l'éloge de la défunte avant d'avoir pergu comme salaire de sa peine la chasteté de son correspondant. Le recours à la parabole de Lazare et du mauvais riche (Lc 16, 19) en guise d'ultime avertissement donne à entendre que Cornelius est fortuné, comme Macarius, l'ami de Paulin. Ce riche ami est en outre un bienfaiteur, puisqu' Augustin écrit: « Nous ne pouvons pas oublier les services que tu nous as rendus ». Renvoyant donc son correspondant à la parabole de l'Évangile, Augustin cite un fragment d'un vers de Paulin: «Du Christ c'est la sainte parole ; aie foi en Dieu » (259, 5). Il emprunte ce vers au poéme que Paulin avait composé
pour exhorter Licentius à quitter sa vie dissolue et à revenir au Christ (apud Aug. Ep. 32, CC 31, p. 117,1. 133). Or Romanianus a requ, pour la transmettre à son fils, la lettre-po&me. «C'est pour lui seul (excepté Licentius) que les mots de Paulin ont leur véritable prix » (Gabillon 1, p. 68).
ROMANIANUS
1810
R8
DE THAGASTE
Toutes ces raisons rendent trés plausible l'identification de Cornelius et de Romanianus, en dépit des réserves de certains auteurs. C. Lepelley juge l'identification « irrecevable » (5, p. 178, n. 22°), T. Fuhrer (18, p. 5) la refuse en raison du ton trés sec de la lettre et de l'utilisation du nomem de Cornelius au lieu du cognomen Romanianus (voir cependant l'explication donnée par Gabillon 1, p. 6869). L'objection la plus sérieuse réside dans le fait que Cornelius et Romanianus sont mentionnés comme deux personnes différentes dans l'Indiculum de Possidius
(Romaniano, X°, 25, p. 183, li. 25; Cornelio, X^, 55, p. 185, li. 55). Si toutefois la Lettre 259 est bien adressée à Romanianus, elle nous apprend que celui-ci a été baptisé, qu'il a épousé une chrétienne et qu'il est encore vivant en 408. Elle ne nous dit pas en revanche comment il réagit à l'avertissement d' Augustin. Dans
les « New
directions » de sa biographie d'Augustin, Peter Brown
(qui,
curieusement, réduit le «troupeau» des maitresses de Cornelius à une seule concubine) écrit au sujet de cette lettre: « Quelqu'un de notre époque peut ne pas apprécier la sévérité avec laquelle Augustin bläme un vieil ami en deuil au sujet de ce que nous considérerions comme une affaire privée. Mais cette lettre nous donne un aperçu précieux sur Augustin en tant qu'il est un personnage public. Il lui avait été demandé de faire un geste public qui aurait compromis son opposition au concubinage. En tant qu'évéque, il ne pouvait que dire non» (Brown 19, p. 493). Pour conclure cependant sur une note positive, on rappellera que «sans Romanianus, nous n'aurions pas Augustin » (Gabillon 1, p. 70). EMMANUEL RUBELLIUS —
BLANDUS (RUBELIUS -)
RUBELLIUS —
PLAUTUS (RUBELIUS -)
RUFINUS
PLRE II:10
BERMON.
MV
Pour évoquer l'illumination divine qui animait le visage de Proclus (»^P 292) lorsqu'il enseignait à Athénes, Marinus, Proclus 23, rapporte une anecdote : «Un jour, pendant qu'il faisait son cours, l'un des assistants, un homme illustre dans l’État (ἀνὴρ τῶν ἐπιφανῶν Ev τῇ πολιτείᾳ), incapable de mentir et par ailleurs respectable - il se nommait Rufin - vit une lumière qui entourait sa tête, Quand Proclus eut achevé son cours, Rufin se leva, vint se prosterner devant lui et rapporta sous la foi du serment la vision divine qu'il venait
d'avoir. C'est le méme Rufin qui lui offrit aussi une somme d'or considérable, lorsque. le danger passé, Proclus fut revenu d'Asie (cf. $ 15). Mais, lui, méprisa cette offre et ne voulut absolument pas l'accepter » (trad. Saffrey-Segonds-Luna). Les éditeurs y voient «un personnage important, un sénateur ou méme un gouverneur de l'Achaie ». H.D. Saffrey et L. G. Westerink, dans l'Introduction du t. I de leur édition de la Theologie platonicienne de Proclus, CUF. Paris 1968, p. LIII, présentent Rufin comme l'un des auditeurs libres de Proclus (n? 22). Voir E. Groag, Die Reichsbeamten von Achaia in spätrömischer Zeit, coll. « Dissertationes Pannonicae » I 14, Budapest 1946. RICHARD GOULET.
RII 10
RUFINUS
RUFINUS DE CHYPRE Lucien
de Samosate
1811
RE 3
II
(»*L 66) mentionne
dans
sa biographie
du philosophe
Démonax de Chypre (=D 74) un autre philosophe chypriote contemporain du nom de Rufinus, un péripatéticien boiteux qui, à la différence de Démonax, ne semble pas mériter à ses yeux la moindre admiration, à en juger par l'anecdote qu'il raconte, selon laquelle Démonax aurait dit en le voyant: « Rien de plus scandaleux, dit-il, qu'un boiteux péripatéticien » (Dem. 54), voulant dire manifestement qu'il est incommodant pour un « péripatéticien » (celui qui marche en philosophant) d'étre boiteux. R. Goulet nous signale un parallèle intéressant à propos d'un péripatéticien en litière du nom d'Ariston cité chez Sénèque, Lettre 29, 6 (A 390). Cf.
H.
von
Stein, art. «Rufinus»
3, RE
I A
1, 1914, col.
1185;
J. Taifacos
(édit.), Aoyaía Kunpiaxr) γραμματεία. 6: Φιλοσοφία : Κλέαρχος, Περσαῖος, Δημῶναξ, ἄλλοι Κύπριοι φιλόσοφοι, Λευκωσία 2008, p. 226 sq.; T. Dorandi, « Philosophie et philosophes à Chypre entre l’Hellénisme et l'époque romaine », Florllib 21,2010, p. 119-131, notamment p. 125. PEDRO PABLO FUENTES GONZÁLEZ. RUFIUS — ALBINUS (CEIONIUS RUFIUS -) RUFIUS —
11
AVIENUS (RUFIUS FESTUS -)
RUFUS —
MUSONIUS RUFUS (C. -)
RUFUS —
VARIUS RUFUS (L. -)
RUFUS
FI-MII
Disciple hypothétique d’Epictete. Stobée présente plusieurs extraits sous le lemme Ῥούφου ἐκ τοῦ (τῶν) Ἐπικτήτου Περὶ φιλίας (Anthologium II 8, 30, p. 159 W., III 19, 13, p. 532 H., IH
20, 60 sq., p. 552 H., et IV 44, 60 H.). D'après l'interprétation courante, Épictète (»E 33) aurait développé dans une diatribe perdue sur l'amitié les idées de son maitre Musonius Rufus (»*M 198), en les adaptant profondément à son propre style. Cependant, M. Pohlenz, La Stoa : Storia di un movimento spirituale (trad. de la 2* édit. allemande, Góttingen 1959), t. II, Firenze 1967, réimpr. 1978, p.18 n. 19, n'écarte pas la possibilité que les extraits en question attestent l'existence d'un philosophe du nom de Rufus qui aurait été disciple d’Epictete, et que les extraits en question aient constitué les notes prises au cours des leçons de son maître à propos de l'amitié. Puisque Stobée (»*J 2) présente ailleurs les extraits concernant Musonius Rufus sous le nom de Musonius, cette hypothese n'est pas invraisemblable. Voici le contenu des extraits de cette diatribe Sur l'amitié: il faut étre prét à rendre à la divinité tout ce qui ne dépend pas de nous, comme les fils, la patrie ou le corps (Mus., fr. 38 Hense
= Epict., fr. 4 Schenkl) ; anecdote
montrant
le caractére
bienveillant
du
lacédémonien
Lycurgue à l'égard de celui qui lui a causé du tort (Mus., fr. 39 Hense = Épict., fr. 5 Schenkl) ; il
1812
RUFUS
R11
faut en toute situation adapter l'impulsion naturelle à la représentation appropriée et utile (Mus., fr. 40 Hense = Epict., fr. 6 Schenkl) ; il n'est ni noble ni sensé de penser qu'on est méprisable si on ne cause pas du mal à ses plus grands ennemis (Mus., fr. 41 Hense = Épict., fr. 7 Schenkl) ; si on accepte volontairement le fonctionnement du monde fondé sur la nécessité, on vivra sa vie en pleine modération et harmonie (Mus., fr. 42 Hense = Epict., fr. 8 Schenkl).
PEDRO PABLO FUENTES GONZÁLEZ.
12
RUFUS (C. VALGIUS -) PIR! V 169 RE7
1"
Poète romain et sénateur du I” s. av. J.-C., né sans doute vers 65 av. J.-C. (1 P. L. Schmidt, art. « Valgius » 2, NP XII, 1, 2002, col. 1118-1119) ou entre 65 et 55 av. J.-C. (2 R. Hanslik, art. « Valgius» 7, RE VIII A, 1, 1955, col. 272-274), en raison de son amitié avec Horace, du ton qu'emploie ce dernier à son encontre, et de la date de son consulat. La date de décés est inconnue, mais pourrait se situer
vers le changement d'ére ou peu avant. Fils de Caius (Fasti Colotiani = CIL Y., p. 64), son origine géographique reste indéterminée. Il ne peut étre sürement relié à d'autres Valgii sénateurs (3 R. Syme, The Augustan Aristocracy, Oxford 1986, p. 56).
Homme
nouveau
Valerius Messala
bénéficiant
Corvinus
sans
doute
([Tibulle], IV
carrière des honneurs sous Auguste auquel (Pline l'Ancien, XXV
du
prestigieux
1, 180; cf. Syme
patronage
de
3), il a parcouru
M. la
il dédie son ouvrage sur les plantes
2, 4); il devient consul suffect en 12? (CIL VI 21158; Res
Gestae Divi Augusti 2; 28), en remplacement de M. Valerius Messala Appianus décédé (Fasti Capitolini = CIL V, p. 28; Porphyr., Ad Hor. Carm. 2, 9; 4 A. Degrassi, / fasti consolari dell'impero romano, Roma 1952).
Élève du rhéteur Apollodore (Quintilien, III 1, 18; 5, 17), il traduit son traité de rhétorique (Quintilien, III 5, 17; V
10, 4). Horace
atteste vers 35" son activité
critique en matière poétique (Sar. I 10, 82). Poète latin élégiaque (Servius, Verg. ecl. 7, 22; Servius Dan. Verg. ad Aen. ΧΙ 457; Schol. Veron. Verg. Ecl. 7, 22; Horace, Carm. II 9) également auteur d'épigrammes (Charisius I, p. 108 Keil), il
a peut-étre été aussi poéte épique, car i] est pressenti par l'auteur du Panégyrique de Messala
([Tibulle], IV
1, 180) pour écrire
un panégyrique
en l'honneur
du
méme Messala, à l'égal d'un Homère, et par Horace, Carm. II 9, pour en écrire un autre en l'honneur d'Auguste. Il est également connu pour avoir discuté dans un ouvrage épistolaire de questions étymologiques et de grammaire (Aulu-Gelle, XII 3, 1 ; Charisius I, p. 108 et 135 Keil); il est enfin l'auteur d'un ouvrage inachevé consacré aux plantes médicinales (Pline l'Ancien, XXV 2, 4, qui utilise cet ouvrage dans ses livres XX-XXVID. Toutes ces œuvres sont perdues à l'exception de quelques fragments (5 E. Courtney, The Fragmentary Latin Poets, Oxford 1993,
p.287-290;
6 W.
Morel-C.
Büchner,
Fragmenta
Poetarum
Latinorum
epicorum et Iyricorum? , Stuttgart/Leipzig. 1995, p- 266-270). Ami
de
Tibulle
(Tibulle,
I 10, v. 11), et d'Horace,
qui
lui dédie
une
ode
(Horace, Carm. 1l 9), il appartient par conséquent au cercle de M. Valerius Messala Corvinus ([Tibulle] IV 1, 179-180).
R 13
RUFUS (SERVIUS SULPICIUS -)
1813
7 J. Ferguson, «Epicureanism under the Roman Empire», ANRW II 36, 4, Berlin 1990, p. 2268, n'exclut pas chez Valgius Rufus des sympathies épicuriennes. Si le poéte n'a pas d'activité philosophique connue, son amitié avec Horace, qui le cite dans sa satire en compagnie de Plotius Tucca, Varius Rufus, Mécène (»M 10) et Virgile, tous sympathisants épicuriens à titre provisoire ou définitif, rend en effet possible une sympathie pour la doctrine du Jardin. 8 H. Bardon, La littérature latine inconnue, Paris 1952, 2 vol., t. II, p. 19-22; 9 S.J. de Laet, De Samenstelling van den romeinschen Senaat gedurende de eerste eeuw van het Principaat, 28 v. Chr.-68 n. Chr., Antwerpen 1941, p. 90-91, n? 401; 10 T. P. Wiseman, New Men
in the Roman
Senate (139 B. C.-A. D. 14), Oxford
1971, p. 178-179 ; 11 R. Syme, La révolution romaine, Oxford 1967)
1952 (trad. fr.
FRANCOIS KIRBIHLER. RUSTICUS
13
RUFUS
MAURICIUS (IUNIUS RUSTICUS -)
(SERVIUS
SULPICIUS
-)
RE Sulpicius 95.
P?
Juriste romain
Fragments dans 1 F.P. Bremer, lurisprudentia Antehadriana, coll. BT, Leipzig 1896, réimpr. 1985, t. I, p. 139-242 ; 2 O. Lenel, Palingenesia luris Ciuilis, Leipzig 1889, t. II, col. 322-334. Études. 3 F. Münzer, «Ser(vius) Sulpicius Rufus» 95, RE IV A 1, 1931, col. 851-857 ; et B. Kübler, ibid. col. 857-860 ; 4. E. Vernay, Servius et son école.
Contribution à l'histoire des idées juridiques à la fin de la république romaine, Thése Université de Lyon, Faculté de droit, Paris 1909. Servius Sulpicius Rufus appartient à une famille patricienne ancienne (Cicéron Pro Murena 7, 16), mais son pére était seulement chevalier (5 C. Nicolet, L'ordre équestre, t. II, Paris 1974, n? 332, p. 1028-1029). Né vers 106° ou 105*, ami de Cicéron [»*C 124] (Brutus 40, 151), il s'est formé à l'éloquence, comme lui et en
méme temps que lui. En 78*, il se trouve avec lui à Rhodes pour perfectionner sa culture et son éloquence (Brut. ibid.).
Un peu plus tard, il s'engage dans une carriére politique (sur son activité, voir les analyses et les reconstructions de 6 R. A. Bauman, Lawyers in Roman Transitionnal Politics. A study of the Roman jurists in their political setting in the late Republic and Triumvirate, coll. « Münchener Beitráge zur Papyrusforschung und antiken Rechtsgeschichten » 79, München 1985, chap. 1: Servius Sulpicius Rufus, p. 4-65) : questeur en 74°, préteur en 65*, il est candidat au consulat en 63*, mais il échoue et intente avec Caton (»*C 59) une accusation de ambitu contre L. Licinius
Murena, le consul désigné, qui est défendu par Cicéron ; selon 7 J. H. Michel, «Le droit romain dans le Pro Murena et l’œuvre de Servius Sulpicius Rufus» dans A. Michel et R. Verdiére (édit.) Ciceroniana. Hommages à Kazimierz Kumaniecki, coll. « Roma Aeterna » 9, Leiden 1975, p. 181-195, le Pro Murena contiendrait des
allusions à l’œuvre juridique de Servius. Sa carriére politique s'arréte alors pour de
1814
R 13
RUFUS (SERVIUS SULPICIUS -)
longues années, car Servius ne devint consul que son collègue, M. Claudius Marcellus, [»*C 8] (alors en Gaule), Servius s'opposa plaisait pas à la majorité des citoyens qu'un
qu'en 51?. Pendant cette année, alors voulait obtenir le rappel de César à cette proposition «parce qu'il ne citoyen qui n'avait commis aucune
faute soit interrompu au milieu de son mandat» (Dio Cass. XL 59; Suet., Jul. 29,
1). II passe donc parfois pour un partisan de César; mais il semble surtout un modéré, un homme de paix, respectueux de la légalité (8 C. Saunders, « The political sympathies of Servius Sulpicius Rufus», CR 37, 1923, p. 110-113; Bauman 6, p. 64-65). Au début de la guerre civile de 49°, tandis que son fils est dans le camp de César à Brindes, lui-méme semble parfois pencher vers César mais reste très hésitant comme le montrent plusieurs lettres de Cicéron (Arr. X 14.1; 3; X 15, 2); Servius finit toutefois par quitter l'Italie, mais on ne sait s'il rejoignit le camp de Pompée (Bauman 6, p. 46-47). Aprés la bataille de Pharsale, il se trouve à Samos en 47*, oü il se consacre au droit (Brut. 42, 156). Il obtint à coup
sür le pardon de César et devint proconsul d’Achaie en 46-45 (Fam. IV 4,2; VI 6, 10); c'est d’Athenes qu'il écrit à Cicéron, en mars 45°, une lettre de consolation au
moment partie de négocier Cicéron
de la mort de sa fille Tullia (Fam. IV 5) ; après l'assassinat de César, il fait la délégation de sénateurs envoyée à Marc Antoine en janvier 43*, pour un accord avec lui. Servius mourut peu avant d'atteindre Modéne. fit son éloge dans la neuviéme Philippique, soulignant son dévouement
envers l'État (Phil. IX 3, 6); il demanda
pour lui des funérailles solennelles, un
tombeau élevé aux frais de l'État et, enfin, une statue pédestre en bronze, sur les rostres (Phil. IX 7, 15-17). Cette statue était encore visible au second
siécle
au
temps de Pomponius (Dig. I 2, 2, 43). Servius est un éminent juriste qui occupe une place particuliérement importante dans l'histoire de la jurisprudence romaine. Cicéron le présente comme «le premier (princeps) des jurisconsultes » (Brut. 41, 151). Selon une anecdote conservée par Pomponius dans le Digeste, un jour qu'il avait consulté Q. Mucius Scaevola le Pontife et n'avait pas compris sa réponse, «ce dernier lui déclara qu'il était honteux pour un patricien et un membre de la nobilitas et un avocat d'ignorer le droit au milieu duquel il vivait» (Dig. I 2, 2, 43). L'authenticité de l'anecdote est
parfois discutée. Mais Servius qui s'était formé à l'art oratoire, se forma ensuite au droit avec L. Lucilius Balbus et C. Aquilius Gallus (Brut. 42, 154 ; Dig. 1 2,2, 43) Servius ne semble pas avoir laissé de traité contenant un exposé systématique du droit civil (9 P. Stein, «The place of Servius Sulpicius Rufus in the development of Roman Legal Science», dans Festchrift für F. Wieacker zum 70. Geburtstag, Göttingen 1978, p. 176), mais il s'attache à des problémes particuliers. Selon Pomponius, il avait laissé prés de 180 livres (Dig. 1 2, 2, 43), qui étaient sans doute des collections de responsa;
les uns semblent avoir été conservés
au
temps de Pomponius, d'autres ont subsisté à travers les livres de ses éléves. Mais notre connaissance de ses écrits est indirecte à travers les références des juristes romains ou des grammairiens. Ce que nous en connaissons révèle des centres d'intérét divers: la famille avec un traité De dotibus (Gell. IV 4, 1), le droit reli-
R 13
RUFUS (SERVIUS SULPICIUS -)
1815
gieux avec un traité De sacris detestandis (Gell. VII 12, 1), un commentaire de l'édit du préteur (Ad Brutum en deux livres, selon Pomponius Dig. I 2, 2, 44) et enfin les reprehensa Scaeuolae capita (Gell. IV
1, 20). Ce dernier titre suffit à
montrer que Servius discutait les catégories élaborées par Q. Mucius Scaevola le Pontife ; de fait, il avait proposé une autre répartition que son prédécesseur pour le vol ou la tutelle (Gaius I 188; III 183) et critiqué certaines de ses définitions (comme celle de penus; cf. Dig. XXXIII, 9, 3, 10; Gell. IV 1, 17 et 20); pour sa
part, Servius insistait sur l'étymologie et s'était intéressé au vocabulaire du droit archaïque (voir, pour la loi des XII Tables: Festus 180, 232, 426, 430, 516-518 L ; ainsi que testamentum : Gell. VII 12, 1-2; postliminium: Cic. Topica VIII 36). Ses
réponses se fondent sur l’énoncé d'une règle ou d'une définition, d’où est tirée la solution du probléme posé (10 M. Bretone, «Il responso nella scuola di Servio» dans Techniche e ideologie dei giuristi romani, 2* éd., Napoli 1984, p. 89-102). Servius cherche à établir une véritable science juridique: le droit est avec lui «un ordre ouvert à la connaissance rationnelle » (11 A. Schiavone, JUS. L'inven-
tion du droit en Occident, trad. frang., Paris 2008, p. 267). C'est ce que révèle l'éloge que Cicéron lui adresse dans le Brutus (41, 152) où il oppose l'expérience pratique (usus) des juristes précédents à la science (ars) de Servius. «Il n'y serait jamais parvenu par la seule connaissance du droit, s'il n'avait en outre appris la science qui apprend à diviser un tout en parties, à développer par une définition un sens caché, à éclairer par une interprétation une chose obscure, à voir d'abord les ambiguités, puis à les distinguer, enfin à posséder une régle permettant de distinguer ce qui est vrai et ce qui est faux et de savoir de quelles prémisses on peut ou on ne peut pas tirer quelles conséquences. » Selon Cicéron, Servius est donc celui qui a appliqué la dialectique aux questions juridiques (12 V. Scarano Ussani, L'ars dei giuristi. Considerazioni sullo statuto epistemologico della giurisprudenza romana, Torino 1997, p. 30-41). De fait son intérét pour les classements ou l'étymologie montre bien l'importance de cette formation. Par ses disciples il a donné ainsi une orientation décisive à la science du droit (Stein 9; 13 W. Waldstein, « Cicero, Servius und die ‘Neue Jurisprudenz' », Iura 44, 1998, p. 85-147)
Cicéron souligne également «sa divine dans l'interprétation des lois et intérét semble aussi avoir été important responsa, Servius avait déclaré «qu'il civil (calumniari)
ni user des mots
science admirable, incroyable et presque l'exposé de l'équité» (Phil. IX 5, 10). Cet dans l'école de ce juriste ; dans l'un de ses ne fallait pas faire un usage abusif du droit
de manière
captieuse (uerba
captari), mais
examiner dans quelle intention une disposition était énoncée » (Dig. V, 1, 76); il s'agit donc d'éviter le recours à des solutions qui s'appuient trop strictement sur la lettre des textes et de découvrir l'intention (mens) sous les uerba ; il faut souligner
qu'un tel vocabulaire est trés proche des termes utilisés par Cicéron dans le De officiis, (1 10, 33) et révèle des préoccupations communes (Bretone 10, p. 101).
Enfin, Cicéron
a mentionné
à plusieurs reprises la prudence et la sagesse
(sapientia) de Servius. Dans une lettre de 46, il insiste sur l'étendue de sa culture:
« ...tu t'es adonné passionnément à toutes les branches du savoir et tu as appris
1816
RUFUS (SERVIUS SULPICIUS -)
R 13
avec une ardeur et une attention extrêmes toutes les leçons que les plus grands sages nous ont léguées en vue de mener une vie conforme au bien» (Fam. IV 3, 3); il invite donc son ami à se tourner à nouveau vers la philosophie. Bien des hypotheses ont été formulées à ce sujet: des échos épicuriens ont été aperçus dans la lettre de consolation où il est fait mention de la fortune et du hasard (14 A. Schiavone, «Il caso e la natura. Un indagine sul mondo di Servio », dans A. Giardina
e A.
Schiavone
[édit.], Società
romana
e produzione
schiavistica,
t. III: Modelli etici, diritto e trasformazioni sociali, Roma/Bari 1981, p. 41-78, en part. p. 55). Vernay (2. p. 83) insiste sur les échos aristotéliciens. Pour d'autres, l'influence du stoicisme est prédominante. Il parait toutefois plus raisonnable de penser à l'influence de l'Académie en insistant sur les liens étroits de Servius et de Cicéron et en soulignant leurs préoccupations communes: importance attachée aux définitions
(15
O.
Behrends,
«Die
Wissenschaftslehre
im
Zivilsrecht
des
Q. Mucius Scaevola Pontifex », NAWG 1976, p. 267-304, sur Servius, p. 270-281) usage de la dialectique (Scarano Ussani 12). recherche de l'esprit des textes et de l'équité.
MICHELE DUCOS. 14
RUFUS (TIBERIUS IULIUS -)
FI-DU
Un décret gravé sur le monument d’Auguste à Delphes confere le droit de cité delphique et la proxénie au philosophe Tiberius Iulius Rufus et à ses enfants: FD III 4, 89, avec la lecture de C. Vatin, BCH 94, 1970, p. 683-686. Le décret ne précise pas sa patrie d'origine; il se place dans les derniéres années du régne de Trajan. BERNADETTE PUECH.
15
RUSTICUS (IUNIUS ARULENUS -) RE I 149 (PIR? 1 730)
ca 40-93
Sénateur romain, sympathisant du stoicisme. Sources biographiques anciennes: Tacite, Agr. II 1; Ann. XVI 26; Hist. III 8. Pline, Ep. 1 5; 1 14; II 18; III 11; V 1. Suétone, Dom.
10, 3. Plutarque, De curios.
15, 522 D. Dion Cassius, 67, 13; 67, 16. Ann. Ép. 1949, 23; CIL XIV 245. Cf. 1 RE X, 1919, col. 1083 Kroll; 2 R. Syme, Tacitus, Oxford 1958, p. 559: 3 A.N. Sherwin-White, The Letters of Pliny, Oxford 1966, p. 765-766; 4 C.P. Jones, Plutarch and Rome, Oxford 1971, p. 51.
Originaire d'Italie du Nord, il fut tribun de la plébe en 66, préteur en 69, consul suffect en 92 (CIL XIV 245). Ami de Thraséa Paetus, dont il avait voulu prendre la défense en 66, il était trés proche des milieux stoïciens («simia stoicorum », disait Domitien, cf. Pline, Ep. I 5). Ayant publié sous Domitien un ouvrage à la louange de Thraséa et d'Helvidius Priscus (»*C 39), il fut mis à mort en 93 et son ouvrage
fut brülé publiquement. 1] était sans doute un ancétre du philosophe stoicien Q. Iunius Rusticus, maître de Marc-Aurèle (**R
16). BERNADETTE PUECH.
R 16
16
RUSTICUS (QUINTUS IUNIUS -)
1817
RUSTICUS (QUINTUS IUNIUS -) RE I 146 PIR?1814
MII
Stoicien, maitre de Marc-Aurèle (»*M 39). Il fut consul suffect en 133, second
consul ordinaire en 162 et préfet de Rome sous Marc-Aurèle et Lucius Verus. Il était un descendant, peut-étre le petit-fils, du stoicien Iunius Arulenus Rusticus (**R 15). Cf. 1 P. Hadot (édit.), Marc Auréle, Écrits pour lui-méme, t. 1, CUF,
Paris
1998, p. LXXXIV-LXXXIX ; 2 Id., La Citadelle intérieure. Introduction aux "Pen-
sées" de Marc Aurele, Paris 1992, p. 21-23, 80-81 et passim. L'ouvrage a été réédité en format poche sous le titre Introduction aux "Pensées" de Marc Auréle. La Citadelle intérieure, Paris 1997 : voir les pages 27-31, 116-118 et passim.
Évoquant les différents maîtres de Marc-Aurele, l'Histoire Auguste (Vita Marci 3, 3-4) écrit: «1l fut surtout le disciple déférent de Iunius Rusticus, qui était aussi efficace dans la guerre que dans la paix et trés versé dans la doctrine stoicienne. Il le tenait au courant de toutes ses décisions d'ordre public ou privé et ne manquait jamais de l'embrasser, méme avant les préfets du prétoire ; il l’éleva deux fois au consulat, et, aprés sa mort, demanda au Sénat de lui dresser des statues » (trad. Hadot 1, p. LXXXIV). Dion Cassius LXXII 35, 1, mentionne comme maîtres de Marc-Aurèle en rhétorique Cornelius Fronton (»+F 19) et Claudius Hérodès
(Atticus), et en philosophie Iunius Rusticus et Apollonius de Nicomédie (Apollonius de Chalcédoine, »A 274), «qui pratiquaient tous deux les doctrines zénoniennes». Fronton, dans une lettre à Marc-Aurèle (Ad Antoninum I 2,3, p. 88,3 van den Hout), évoque le dévouement inconditionnel de Rusticus, ainsi que l'agacement qu'il éprouvait devant l'intérét que son éléve pouvait porter à la rhétorique. Selon Thémistius, Rusticus aurait joué auprès de Marc-Aurele le rôle d’Arius (»*A 324) auprès d'Auguste, celui de Musonius (2*M 198) auprès de Titus, celui de Dion Chrysostome (=D 166) auprès de Trajan (Orat. 13, t. I, p. 248, 18-21 Downey). Thémistius cite également Arrien (**A 425) et Rusticus comme des philosophes que leurs empereurs enlevérent à leurs livres pour qu'ils ne soient pas
que des philosophes par l'encre et le calame (cf. Platon, Phedre 276 c), pour qu'ils n'écrivent pas sur le courage en restant à la maison, pour qu'ils ne composent pas des traités sur les lois tout en fuyant les responsabilités publiques que concernent les lois et pour qu'ils ne se prononcent pas sur la meilleure forme de gouvernement en dehors de toute activité politique (Orat. 34, t. II, p. 218, 6-11 Downey; voir aussi Orat. 17, t. I, p. 307, 26-30 Downey). Sur
les maîtres
Aurele)»,
de Marc
Aurèle,
voir
3 R. Goulet,
notice
«Marcus
Annius
Verus
(Marc
M 39, DPhA IV, 2005, p. 269-281, notamment p. 275-277.
Marc-Aurele consacre un long paragraphe à Rusticus (I 7). Il y énumére tout ce dont Rusticus l'a détourné: «l'émulation sophistique, l'activité littéraire philosophique, l'ostentation, la rhétorique, la poésie, l'assentiment trop tót donné aux bavards » (Hadot 1, p. LXXXVII). Il lui aurait révélé: «le caractère thérapeutique
de la philosophie, la simplicité dans l'écriture, la méthode de lecture des textes, enfin et surtout la découverte des cours d'Épictéte » (ibid.). Rusticus est encore
1818
RUSTICUS (QUINTUS IUNIUS -)
mentionné
R 16
en I 17, 10 et 14 (oü sont évoqués des accés de colere passagers de
Marc-Auréle contre ce philosophe). En I 7, 5, est évoquée, pour la simplicité de son style, une lettre écrite par Rusticus. depuis la ville de Sinuessa en Campanie, à la mére de Marc-Aurele.
C'est Rusticus qui fit connaître à Marc-Aurèle l'enseignement d'Épictète (** E 33), grâce à des notes de cours (hypomnèmata) qu'il lui communiqua de sa propre bibliothèque. Selon Hadot 1, p. LXXXVII-LXXXVIII, il ne s'agirait peut-être pas des Entretiens transmis par Arrien de Nicomédie
(#*A 425), mais des notes
prises par Rusticus lui-méme au cours d'Épictéte, «ce qui supposerait que Rusticus
ait été lui-même élève d'Épictéte » (Hadot 1, p. LXXXVIII), à Nicopolis, peut-être vers 120. « Quoi qu'il en soit, il est sûr que Marc Aurèle a connu aussi, soit par Rusticus, soit d'une autre
manière,
les
notes
d'Arrien,
comme
l’attestent
les nombreuses
citations
textuelles
des
Entretiens, que l'on peut reconnaitre dans les Écrits pour lui-méme » (Hadot 1, p. LXXXIX). Dans les tables du tome Ill du DPAA, p. 1049, la mention « maitre de Marc-Aurèle » concerne Rusticus (lunius —) et non Rusticus (Iunius Arulenus —). Quant à la référence à la notice H 39. elle doit étre déplacée sous le premier des deux Rusticus. RICHARD GOULET.
17
RUTILIUS RUFUS (PUBLIUS -) RE 34
ca 154-74
Intellectuel romain, disciple du philosophe stoicien Panétius de Rhodes (»*P 26). Parmi ses exploits militaires il faut mentionner sa participation à la campagne de Numance (134/3) en tant que tribunus militum, tandis qu'en 109 il accompagna le consul Metellus en qualité de légat dans la campagne contre Jugurtha. Il fut consul en 105. Condamné à l'exil en 92, il s'établit définitivement à Smyrne. Cicéron rapporte qu'il était un grand admirateur de Panétius (De off. III 10 = Panétius, test. 94 Alesse) et un excellent connaisseur de la philosophie stoicienne (Brut. 30,
113-114 = test. 48 Alesse).
On a considéré que son approche de la technique rhétorique et la critique qu'il adresse à la psychagogie rhétorique qui vise à susciter les passions (Cic., Brut. 85 544.) trahissaient une influence stoicienne.
On lui attribue deux ouvrages: une autobiographie écrite en latin comprenant au moins cinq livres, connue sous le titre De vita sua, et un ouvrage historique composé en grec dont parlent Athénée, Deipnosophistes IV, 168 d-e (= Posidonius, fr. 78 Edelstein-Kidd), VI, 274 c, XII, 543 a, et Plutarque, Pomp. 37, 3: il est possible que cette œuvre — qui pouvait comprendre la description des trois styles ou trois types d'éloquence utilisés par les philosophes Critolaos, Diogène et Carnéade lors de l'ambassade à Rome en 155? et dont parle Aulu-Gelle VI 14, 10 — ait été utilisée par Tite-Live (XXXIX
52, 1), Aulu-Gelle (VI 14, 10), Cicéron (De
orat. | 227-228) et Plutarque (Marc. 28,7).
Cf. 1 F. Münzer, art. «Rutilius Rufus» 34, RE I A 1, 1914, col. 1277-1278; 2 W.Sürbaum, «P. Rutilius Rufus», dans Handbuch der lateinischen Literatur der Antike, t.1: Die archaische Literatur von den Anfüngen bis Sullas Tod. Die vorliterarische Periode und die Zeit von 240 bis 78 v. Chr., München 2002, n. 171,
R 17
RUTILIUS RUFUS (PUBLIUS -)
1819
p. 443-445 ; 3 E. Pais, Dalle guerre puniche a Cesare Augusto, Roma 1918, t. I, p. 35-89; 4 G. L. Hendrickson, « The Memoirs of Rutilius Rufus», CPh 28, 1933, p. 153-175; 5 E. Badian, «The Early Historians », dans T. Dorey (édit.), Latin Historians, London 1966, p. 23-25 ; 6 I. Kidd, Posidonius, I: The Commentary, Cambridge
1988,
p. 15-16
et 330;
7 R.
Kallet-Marx,
«The
Trial
of Rutilius
Rufus», Phoenix 44, 1990, p. 122-139; 8 G. Moretti, « Suscitare o no le passioni 7 Il ruolo di Publio Rutilio Rufo», dans L. Calboli Montefusco
(édit.), Papers on
Rhetoric, t. IV, Roma 2002, p. 205-222; 9 J.-B. Gourinat, «Y a-t-il une théorie stoicienne du style?», dans P. Chiron, C. Lévy (édit.), Les noms du style dans l'Antiquité gréco-latine, Louvain 2010, p. 317-345, en particulier p. 327-333; 10 F. Alesse (edit.), Panezio di Rodi. commento, coll. « Elenchos» 27, Napoli
Testimonianze. Edizione, traduzione e 1997, p. 180; 11 M. Chassignet (édit.),
L'annalistique romaine, t. 11: L'Annalistique récente. L'auto-biographie politique (Fragments), CUF, Paris 2004, p. X-XVI ; p. 2-5 pour les fragments des Historiae ; 12 S. Aubert, Per Dumeta. Recherches sur la rhétorique des Stoiciens
à Rome, de
ses origines grecques jusqu'à la fin de la République, thése de doctorat, Université de Paris-IV , 2006, p. 638-675. FRANCESCA ALESSE.
Index des noms propres Cet index contient les noms de tous les personnages historiques mentionnes dans les notices. Les noms des auteurs des sources primaires anciennes ne sont pas pris en compte. En règle générale, nous avons évité d'identifier les personnages homonymes connus par des sources distinctes, lorsque l'identification n'apparaissait pas comme certaine. Une bréve caractérisation du personnage n'a été ajoutée que là oü elle semblait nécessaire, notamment pour distinguer les homonymes. Il arrive que la translittération des noms propres retenue dans l'index ne soit pas celle qui a été utilisée dans les notices. Comme cet index entend compléter la séquence des notices, lorsque le personnage bénéficie d'une notice dans le présent tome, aucune référence n'est faite à la notice correspondante. Les numéros renvoient aux notices (pour les lettres P à R de l'alphabet) et un seul renvoi est indiqué pour une méme notice, méme si le nom figure à plusieurs endroits. Toutefois, pour les notices qui comprennent plusieurs pages, on a ajouté un renvoi aux pages oü le nom propre apparait. Les numéros de notices sont séparés par des points-virgules, les numéros de pages par des virgules. Exemple : Alcibiade C 16; 17; 102; 174; 175; 216, p. 516,
226. p. 901,905.
520; D 13,p. 604 ; 91; 195;
Cette référence doit se lire de la façon suivante: On trouvera le nom d'Alcibiade dans les notices C 16, C 17... C 216, puis D 13, D 91, D 195, D 226. Pour la notice C 216, un renvoi complémentaire est fait aux pages 516 et 520. De méme pour D 226 aux pages 901 et 905.
Abammon P 263, p. 1307, 1397. Abascantis, épouse de Philétos
Abü de
Limyra
P 116.
al-'Abbás al-Fadi b. Lüqari, P 164, p. 523.
Mubammad
Abü ' Ali '[sá b. Zur'a, voir Ibn Zur'a.
"Abd Alläh, voir Ibn al-Mugaffa‘.
Abü ‘AIT b. al-Samh, P 164, p. 518, 520.
"Abd al-Gabbär b. Ahmad b. ‘Abd al-Gabbär
Abü Bakr al-Razi, voir al-Räzi.
al-Hamadänt al-Asadäbädi, Abü al-Hasan,
qàqi al-qudät, P 164, p. 542. ‘Abd
al-Latif
al-Bagdädi,
voir
al-Bagdädı
' Abd al-Latif. ‘Abd
al-Malik
al-
Abü
al-Barakät Hibat Alläh al-Bagdádi, voir al-Bagdadi, Abü al-Barakät Hibat Alläh Abü al-Barakát b. Kabar, P 164, p. 551-552.
Abü
b.
Marwän,
calife,
P 164,
p. 508. "Abd al-Masih b. "Abd Alläh b. Nä’ima alHimsi, P 164, p. 518; 205, p. 927.
"Abdisü', P 283. "Abdisü' b. Bahriz, P 263, p. 1454. Abélard P 263, p. 1345.
Bisr Mattä b. Yünus,
P 164, p. 514, 520;
263, p. 1455-1456. Abü al-Farag "Abd Allàh b. al-Tayyib, voir Ibn al-Tayyib.
Abü Ga'far Muhammad b. Abd Allah al-Iskäff, P 164, p. 544.
Abü Ga’far Muhammad P 164, p. 538.
b. Husayn al-Kiyä,
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
1822 Abu Ga ‘far p. 851. Abu
Hämid
Muhammad Ahmad
b.
Müsä,
b. Muhammad
P 195,
al-Isfizäri,
P 164, p. 526; 195. p. 856. Abü al-Hasan al-Tabari, P 292, p. 1662.
Abü Abü Abü Abü
al-Hayr ibn al-Hammür, voir Ibn Suwär. Hayyän al-Tawhidi. P 263, p. 1463-1464. al-Husayn al-Basri, P 164, p. 518, 520. Ishàq Ibrähim b. Sayyár b. Häni’, voir alNazzàm.
Abü
Ma'sar [Albumassar], P 292, p. 1598, 1644 ; 315, p. 1734. Abü Sa'id b. Bahtisü', P 195, p. 856. Abü Sulaymän al-Siÿistänt. P 164, p. 538-539; 205. p. 929 ; 292, p. 1672. Abü 'Ugnàn Sa'id b. Ya'qüb al-Dimasqi. P 36: 263, p.1448, 1454, 1456; 292, p. 1665. Abü al-Wafá' al-Mubasiir b. Fätik, P 195, p. 847. 851, 855 : 263, p. 1328, 1465. Abü Yahyä al-Marwazi, P 164, p. 514. Abydénos P 263, p. 1310. Accius (L. —) P 3. Achaicos P 275. Achillas P 187. Achille Tatius P 9, p. 106. Acilius, voir Attianus. Aconia, voir Paulina. père d'Eryximaque Acouméne, médecin, P 106; 195. p. 761. Acousilaos d' Argos P 86, p. 253. Acrón d' Acrai P 86. p. 250. Acrón d’Agrigente P 118: 232 ; 244. Actos de Patara P 159, p. 450. Adamantius P 218, p. 1201. Adelphius, gnostique P 205, p. 986. Adimante, frére de Platon P 195, p. 635-636, 669. 675, 792-793, 795 ; 339, Adraste d'Aphrodise P 164, p.470; p. 937, 964, 973; 263, p. 1372.
205,
"Adud al-Din al-Igi, P 164, p. 517. Aelianus (Aelius —), prophète stoicien P 117. Aelius, voir Gessius, Mètrophanès, Promotus, Severus, Stilo, Théon, Tubero. Aemilia, &pouse de Pompée P 254, p. 1265. Aemilianus (P. Cornelius Scipio —), voir Scipion Émilien. Aemilius, voir Mamercinus, Scaurus.
Aétius, doxographe P 205, p.961; 263, p. 1331 ; 267, p. 1483. Aétius d'Amida, médecin P 191. Afranius, officier de Pompée P 254. p. 1269, 1271. Agapius, évéque de Césarée P 15, p. 113. Agapius (Mahbüb) al-Manbigi P 164, p. 555.
Agapius d’Athenes P 292, p. 1549-1550. Agathéméros P 267, p. 1484.1498 ; 334. Agathias P 9, p. 103 ; 279, p. 1515. Agathobule, cynique P 79, p. 200, 209, 219220, 227. Agathoclés, épiméléte aux Dionysia de 186/5. P 107. Agathoclés, musicien P 337. Agathon, poète P 66; 106; 195. p. 719, 761. Agésilas, roi de Sparte P 210, p. 1118. Agricola P 285. Agrippa, roi P 150, p. 364 ; 254, p. 1282. Agrippa, sceptique P 327, p. 1755, 1763. Agrippa (M. Vipsanius —) P 224. Agrippine la Jeune, mére de l'empereur Néron P 52; 199. Ahenobarbus (Cn. Domitius —) P 254, p. 1280. Ahenobarbus (L. Domitius —) P 52.
Ahmad b. P. 927.
Abi
Ishäq
Ahmad b. Muhammad
al-Mu'tasim
P
205,
al-Misri P 164, p. 552.
Ahmad b. Müsä P 292, p. 1669.
Aiantodore, ami de Socrate P 195, p. 669. Aidésia d' Alexandrie P 292, p. 1550. Aidésios, confesseur P 15, p. 113. Aidésios de Cappadoce P 18, p. 121; 148: 282, p. 1528, 1531, 1536-1537. Aificianos, Q 2. Ainesidamos, voir Énésidéme. Akropolitès (Georges —) P 294. Alaric P 282, p. 1538 ; 306. Albert de Saxe P 263, p. 1349. Albert le Grand P 263. p. 1346, 1356, 1450. Albinus P 195, p. 813; 205, p. 947, 955, 965. 967-969. Albinus (Postumius -) P 271.
Alcibiade P 12; 84: 87; 102, p. 280, 284 : 195. p. 635-636, 670, 685, 720, 733, 760, 833834, 858 ; 218, p. 1200; 239 ; 263. p. 1304. Alcidamas. cynique P 22.
Alcidamas d'Élée P 44, p.167; 157.
79, p. 204:
INDEX DES NOMS PROPRES * Alcimos P 195, p. 633.
Alcinoos P 195, p. 684, 712; 205, p. 965, 968969, 982 ; 263, p. 1320, 1341, 1380. Alciphron P 22 ; 133.
Alexander (Tiberius Julius —), neveu de Philon
d' Alexandrie P 150, p. 364-365, 385. la correspondance
de Julien
P 282, p. 1529. Alexandre, frére de Philon d' Alexandrie P 150,
p. 363. Alexandre, médecin P 79, p. 211. Alexandre, patriarche d' Alexandrie P 188. Alexandre
(de Troie ou d' Abonotique ?) P 79,
p. 203. Alexandre (fils de) Numénius, sophiste P 239.
Alexandre d' Abonotique P 5; 79, p. 205, 210. Alexandre d'Aphrodise P 47 ; 90, p. 269; 162;
164, p. 468-469, 473-474, 476, 483, 486487, SO9, 516, 520, 522, 531, 536, 543544; 175, p. 596; 195, p. 649-650, 653654 ; 205, p. 911, 937, 955, 964, 973-974, 997-999, 1037, 1052, 1058, 1061, 1066; 209, p.1076, 1090; 214; 249; 263, p. 1318., 1323, 1355, 1375, 1381; 267, p. 1487, 1499; 292, p. 1558-1562, 16621665 ; 312. Alexandre d' Aphrodise (Ps. -) P 263, p. 1456.
Alexandre de Séleucie, dit Péloplaton, sophiste
P 282, p. 1529. Alexandre le Grand P 7, p. 85; 56; 79, p. 210; 90, p. 268, 271; 133; 150, p. 385; 154,
p.402; 171; 210, p.1106, 1117; 218, p. 1200 ; 236, p. 1230; 254, p. 1268, 1275; 263, p. 1310; 282, p. 1533; 311; 327, p. 1750; 334. Alexandre Polyhistor P I9; 109; 195, p. 633;
263. p. 1310. Alexandros, médecin P 79, p. 200.
Alexinos d'Élis P 142, p. 343; 157. Alexion, pére de Timoxena P 210, p. 1108. Alexis. poéte comique P 195, p. 633; 96; 99;
183. Alexis I" Comnéne P 292, p. 1619. Alhazen, voir Ibn al-Haytam.
' Ali b. ‘AIT b. 'Ali b. Alinüs
Julien
P 282, p. 1529. R 8, p. 1797,
1799,
1806.
Alcyonée P 83, p. 238.
dans
Alyattés, roi de Lydie P 109. Alypius, correspondant de l'empereur Alypius, ami d'Augustin
Alcuin P 263, p. 1345.
Alexandre,
1823
Abi Tàlib, calife, P 164, p. 508. ‘Tsä b. al-Garräh, vizir, P 164, p. 518. Rabbän al-Tabari, P 164, p. 512. P 263, p. 1459.
Amafinius, R I. Amantius, cubiculaire P 291.
Ambroise de Milan P 150, p. 388-389; p.914, 925; 210, p.1174; 281; p. 1807.
205, R8,
Ambrosios, père de Philastrios P 113. Ameinias, pythagoricien P 40, p. 153. Amelesagoras P 86, p. 255.
Amélius P 54; 63; 205. p. 893- 894, 896, 902, 964, 970, 982. 986, 1014; 263, p. 12901294, 1304, 1316, 1318, 1325, 1365, 1371, 1387-1388. 1390, 1408, 1410, 1537. Al-'Àmiri, Abü al-Hasan Muhammad b. Abi Darr Yüsuf, P 164, p. 513, 515, 534; 195, p. 853-854, 857, 862; 263, p. 1357, 1461. 1467 ; 292, p. 1668, 1670. Ammianos, poéte P 218. p. 1196, 1198.
Ammien Marcellin P 205, p. 913; 274; 282, p. 1533. Ammonios, maitre de Plutarque de Chéronée P 210, p. 1104, 1108, 1110, 1114-1115, 1121-1122, 1124, 1145, 1149, 1152, 1154, 1156, 1170. Ammonios, moine P 187. Ammonius, nom de Porphyre ? P 263, p. 129I. Ammonius, péripatéticien P 318. P 263, Ammonius (Ps.—) doxographe
p. 1329 ; 292, p. 1660. Ammonius d' Alexandrie, disciple de Proclus à Athènes P 47; 61, p. 187: 90, p. 269; 164,
p. 457, 462-467, 469-470, 473, 475, 484, 489, 500, 502, 511, 516-517; p. 597; 205, p.911, 917; 263, p. 1300, 1338, 1351, 1355. 1460; p. 1550, 1555-1559, 1562, 1640, 1672 ; 312.
478, 175, 1291, 292, 1642,
Ammonius dit Saccas, maitre de Plotin P 205,
p. 887- 889, 915, 937, 975-976, 979, 984 ; 209, p. 1089; 263, p. 1292, 1325, 13871389, 1430, 1442-1443. Amphicleia, disciple de Plotin P 263, p. 1296. Amphicleidès,
père de Sophocle de Sounion
P 151. Amphilochios P 175, p. 598. Amphis P 195, p. 633.
1824
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
"Amr b. al-' As, P 164, p. 505-506, 508. Amyclos d'Héraclée P 195. p. 637. Amynomaque P 241. Amyntas, lieutenant d'Antoine P 254, p. 1282. Anacharsis P 102, p. 284. Anacréon P 9, p. 107. Anastase I, empereur P 290; 291 ; 294. Anastase le Bibliothécaire, traducteur P 175, p. 609: 188. Anatolius P 150, p. 384; 263, p. 1307. Anaxagore P26, p.135; 40. p.158; 44, p.169: 164. p.520; 195, p.680; 205, p. 1030, 1042; 210. p. 1149, 1161; 216; 238: 263, p.1327, 1329, 1466: 267, p. 1484 : 337. Anaxandrides P 195, p. 633. Anaxarque d'Abdére P327, p. 1750, 1752, 1760. Anaxilaides P 195, p. 633. Anaxilas P 185. Anaximandre P 40, p. 153, 155. 158; 86, p. 251, 256-257 ; 216. Anaximène de Lampsaque P 232. Anaximéne de Milet P 40, p. 153: 40, p. 155; 216. Anchipyle P 102. p. 280. Anchitos, hóte de Pausanias de Géla P 67. Anchitos ou Anchytès, père de Pausanias de Gela P 67. André, arien P 164, p. 466, 498. Andréas de Caryste P 154, p. 404. Andromaque. épouse de Palladas P 9, p. 98. Andromaque l'Ancien, auteur d'un traité sur la thériaque P 191. Andromaque le Jeune P 191. Androménidès P 142, p. 345.
Andrón d'Éphése P 109. Andron de Gargettos P 195. p. 761. Andronicos II. empereur P 210, p. 1176. Andronicus de Carie P 55. Andronicus de Rhodes P 47; 90, p. 268; 205, p. 903-904 ; 263, p. 1338-1339, 1358 ; 322. Andronicus dit Alypius P 263, p. 1445. Androsthène, frère de Philiscos d'Égine P 133. Androtion, pére d'Andron de Gargettos P 195, P. 761. Anébon P 263. p. 1307, 1397. Annaeus, voir Cornutus, Seneca. Annicéris de Cyrene, aurigc P 195. p. 637.
Annicéris de Cyrène. philosophe cyrénaique P 37; 269. Annius, stoicien P 172. Annius, voir Pollion. Antalcidas P 195, p. 784. Anthémius, empereur d'Occident P 273. Anticléidès, historien P 43. Antigene, médecin Q 2. Antigone de Caryste, paradoxographe P 83, p. 235, 237, 239; 90, p. 272; 217; 327. p. 1751-1752, 1760. 1762. Antigone Dósón P 310. Antigone Gonatas P 51, p. 174. 234-239 : 161. Antigone le Borgne, roi de Macédoine P 108. p. 290. Antigonos (Domitius —) P 128.
Antiléon P 90, p. 271: 195, p. 633. Antimaque de Colophon P 102, p. 284. Antimoiros de Mendé P 302. Antinoos P 218, p. 1196, 1198. Antiochos I” Soter. roi de Syrie P 335. Antiochos III, roi de Syrie P 159, p. 444-445 ; 173; 236, p. 1225.
Antiochos IV Épiphane. roi de Syrie P 159, p. 444-445, 447, 449 ; 263. p. 1445. 1447. Antiochos d'Ascalon P7, 147. p. 410-412, 414-415, 422-424, 426-432, 433-336: 189; 205. p. 965; 210, p. 1144; 217 ; 233: 254, p.1275; 263, p.1327; 272; 327 LI p. 1755. Antiochos de Syracuse P 86. p. 253. Antiochus d'Athènes P 263, p. 1384. Antiochus, voir Philoppapos. Antipatros, sophiste P 165. p. 564. Antipatros de Macédoine P 171; 310. Antipatros de Tarse P 26, p. 133; 210. p. 1166, 1168; 267, p. 1485. Antiphane, poète P 292, p. 1560. Antiphane, épicurien dissident P 159, p. 448. Antiphane de Berga P 334.
Antiphon, demi-frére de Platon P 195, p. 635. Antiphon, historien (A 208) P 263. p. 1335. Antiphon, sophiste P 239.
Antiphon de Céphise, père d’Epigenes P 195. p. 669. Antisthéne l'Héraclitéen P 68. Antisthène le Socratique P 43; 51, p. 174-175; 58; 79, p.222. 228; 83, p.243: 90.
INDEX DES NOMS PROPRES p.270; 102, p.283: 175, p.610; 195, p. 636, 674-675, 685, 698. Antistia, épouse de Pompée P 254, p. 1265. Antistia, voir Politta.
Antistius, préteur, beau-pére de Pompée P 254, P. 1265.
1825
Apollonius de Cos, médecin P 237. Apollonius de Cos, père de Polybe P 237. Apollonius de Nicomédie, R 16. Apollonius de Nysa P 26, p. 138. Apollonius
de
Pergé
P 159,
de Cos
p.442,
p.447;
de
209, p. 1094-1095. Apollonius de Ptolémais P 26, p. 138. Apollonius de Tyane P 5; 42; 79, p. 215; 134; 144; 165, p. 565, 572; 176; 186; 218, p. 1202-1203 ; 263, p. 1306, 1335. 1414. Apollonius de Tyane (Ps. —), en arabe Balïnäs P 292, p. 1673. Apollonius de Tyr P 83, p. 235-238. Apollonius le grammairien P 263. p. 1293, 1303. Apollophane, amiral P 254, p. 1280. Apollophane, stoicien P 142, p. 359. Apphianos P 15, p. 113. Appianus (M. Valerius Messala —), R 12. Appien P 227 ; 254, p. 1264. Appius, voir Claudius, Saufeius. Apronianus P 209, p. 1084. Apsinés de Gadara P 165, p. 564. Apulée de Madaure P 90, p. 268; 195, p. 632; 205, p.965, 967; 210, p.1120, 1156, 1170, 1184. Aquila P 150, p. 375. Aquilinus P 205, p. 986. Aquilius, voir Gallus. Arabion, fils de Masinissa P 254, p. 1278. Aranéola P 216 ; 285. Aratos de Sicyone P 83, p. 236-237, 239-240; 163. Aratos de Soles P 51, p. 174; 64; 83, p. 237238; 164, p.470; 210, p.1143; 267, p. 1490, 1498 ; 277. Arcadius, empereur P 9, p. 93, 95, 99, 101. Arcésilas P 20; 51, p.174; 95; 147; 155, p. 410, 412, 417, 420-422, 425, 430, 434, 436; 163; 195, p. 839; 205, p. 888; 216; 217; 327, p. 1751, 1754 ; 340.
Apollonius, auteur d'un ouvrage sur la comédie P 263, p. 1300.
Archagoras (ou Arsagoras) P 302. Archélaos de Macédoine P 66 ; 67 ; 83, p. 240; 195, p. 775; 216; 277.
Apollonius d’Antioche, fils P 118.
Archestratos, fils d'Avidius Parménidés P 41.
Apollonius d'Antioche, père P 118.
Archiadas, petit-fils de Plutarque P 209, p. 1079, 1086.
Antistius Vetus (L. —), consul en 55, P 199.
Antoine, dans la correspondance de Julien P 282, p. 1529. Antoine « Kassymatas » P 175, p. 601. Antoine (Marc -) P 28; 107; 142, p. 338; 190; 210. p.1107; 218, p.1197; 227; 254, p. 1278, 1280-1281; R 13. Antonia maior P 52. Antonin, fils de Sosipatra P 282. p. 1529. Antonin le Pieux P 79, p.200, 212; 218, p. 1197-1198 ; 245. Antoninos, confesseur P 15, p. 114. Antonius de Rhodes P 263, p. 1293. Antonius, voir Diogéne, Gordien, Priscus. Anytos P 239; 195, p. 669 ; 263, p. 1332. Apelle, peintre P 14. Aphepsion, archonte P 155, p. 409, Apollinaire de Laodicée P 164, p. 491; 263, p. 1431, 1444-1446. Apollodore de Phalére, ami de Socrate P 195, p. 669, 672, 674, 759 ; 282, p. 1531. Apollodore, rhéteur R 12. Apollodore, maitre de Philon de Larissa P 155, p. 406, 412. Apollodore «le maitre du Jardin», épicurien P 155, p. 412; 319; 320. Apollodore d'Athénes P 17; 40, p. 154-155; 46; 142. p. 358; 155, p. 407, 409, 412; 195. p. 633-634; 205, p. 903; 217; 263, p. 1306, 1332, 276 ; 302. Apollonia, sœur de Python de Chytroi l'épicurien P 344. Apollonidès de Nicée P 329. Apollonius, auteur d'une Vie de Pythagore P 263, p. 1335. Apollonius, dédicataire de Chéronée P 210, p. 1131.
Plutarque
Apollonius de Chalcédoine, voir Apollonius de Nicomédie.
d’Athenes
Archiadas, fils d' Hégias P 209, p. 1080.
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
1826
Archiloque P 108, p. 293 ; 205, p. 899. Archiméde P 154, p. 403; 175, p. 592;
292,
p. 1600.
Archippos Archippos Archytas 160; 261: 299.
de Samos P 307. de Tarente P 160 ; 307. de Tarente P 81; 86. p. 252, 258; 178; 195. p.637-638, 832; 235; 263, p. 1354, 1378; 292, p. 1597;
Archytas (Ps. —) P 263, p. 1322.
Ardiaios, tyran P 54. Aréios, philosophe ami d' Auguste P 166. Aréthas de Césarée, évéque P 79, p. 229; 175, p. 603; 210, p. 1175; 263. p. 1333, 1351, 1459 ; 292, p. 1605. Argeia P 29; 157. Argentarius (Marcus -) P 265.
Ariadne, impératrice P 18, p. 121 ; 294. Ariscos P 215. Aristaichmos, archonte P 155, p. 406-409. Aristarque de Samos, astronome P 131, p. 317; 175, p. 593. Aristarque de Samothrace, grammairien P 26, p. 135, 137; 43; 209, p. 1095; 277, 292, p. 1599. Aristée P 175, p. 608. Aristénéte P 11. Aristide, mégarique P 6; 157. Aristide, pére de Lysimaque P 195, p. 732. Aristide (Aelius —) P 195. p. 762, 218, p. 1199, 1202 ; 231; 263, p. 1303; 302; 326; R 5. Aristide le Juste P 210, p. 1118, 1163; Q 4. Aristide Quintilien P 19; 263, p. 1303. Aristion, tyran à Athénes P 107 ; 155, p. 412. Aristion. voir Pollianos. Aristippe de Cyréne P 37; 90, p. 270; 102. p. 283; 121; 186; 195, p. 636, 675 ; 249; 262 ; 299. Aristippe (Pseudo —), auteur d'un ouvrage Sur la sensualité des Anciens P 67; 195, p. 633; 217. Aristo, voir Titius.
Aristobule, frére d'Épicure P 83, p. 235; 161. Aristoclés, correspondant p. 1624-1625 ; 321.
de
Proclus
P 292,
Aristoclés, grand-pere de Platon P 195, p. 634. Aristoclés de Messine, péripatéticien P 317; 321; 327. p. 1749-1750. 1753, 1759-1760, 1762, 1764-1765, 1769.
Aristoclés de Pergame P 321. Aristoclés de Rhodes P 321. Aristocratés, pére de Python l'épicurien P 344. Aristocratés P 185. Anistocréon, neveu de Chrysippe de Soles P 140. Aristodéme de Nysa, maitre de Pompée. parent par alliance de Posidonius P 254, p. 1276. Aristodéme de Nysa, maitre des fils de Pompée P 254, p. 1276. Aristodémos, tyran de Mégalopolis P 163. Aristomaché P 195, p. 638. Ariston, ami de Socrate P 195, p. 669. Ariston, dédicataire de Philon de Byzance P 154, p. 400. Ariston, époux d'Amphicleia P 263. p. 1296. Ariston, médecin P 137. Ariston, pére de Platon P 195, p. 634. Ariston, péripatéticien contemporain de Sénèque R 10. Ariston d' Alexandrie P 155, p. 414. Ariston d'Argos, lutteur P 195, p. 635. Ariston de Céos P 17; 142, p. 343, 350: 277: 278; 310. Ariston
de
Chios
P 83,
p. 238;
142,
p. 343,
351; 195, p. 766; 217; 242, 263, p. 1305; 327, p. 1755. Aristonymos, disciple de Platon P 195, p. 638. Aristonymos, pere de Clitophon P 195, p. 794. Aristophane, poéte comique P 195, p.858. 720; 210, p. 1139; 235: 263. p. 1300; 294 ; 296 ; 302. Aristophane de Byzance P 195, p. 640-641, 672. 797. Aristophane de Corinthe P 282, p. 1533. Aristophantos, archonte P 155, p. 408. Aristos d'Ascalon P 142, p. 340; 155, p. 414. Aristote de Stagire, 7, p. 85, 87:9, p. 94: 40, p. 158: 44, p. 165, 167; 47; 61, p. 187; 64:86, p. 257 ; 90, p. 266-267: 91, p. 273: 100;
109;
131,
p.316;
132;
133:
137;
142, p. 343, 345, 348; 150, p. 384; 151; 155, p. 409, 411; 164, p. 456, 463. 467481. 483. 486, 488-489. 496, 511-535, 538-539, 549 ; 173; 175, p. 593, 597, 599. 600. 610: 192; 195, p. 637. 649, 652-653. 656, 658, 685, 698, 711, 718. 766, 783. 812-813, 815, 821, 832. 849. 855, 857. 860, 862; 198 ; 204, p. 878. 880. 882 ; 205, p. 903, 907-908, 918, 924, 927, 937, 942.
INDEX DES NOMS PROPRES
944, 947, 953-958, 964, 966, 969, 973, 977- 978, 999, 1003, 1026-1027, 10291030, 1037, 1040, 1042, 1051. 1056, 1061. 1066 ; 209, p. 1090; 210, p. 1127, p. 1161, 1168, 1172; 214; 218, p. 1204; 231 : 232; 236. p. 1231, 1234 ; 237; 249; 258; 263, p. 1294, 1300, 1305, 1317, 1320-1321, 1323, 1334-1335, 1338, 1341, 1345-1346, 1349-1357, 1370, 1378, 1381, 1449. 14601464, 1467; 267, p. 1484, 1495, 1499; 274; 277; 278; 279, p.1517; 282. p. 1529, 1531-1532, 1536; 286; 292, p.1549, 1555-1563, 1591-1596, 16231624, 1661 ; 302; 310; 312; 315, p. 17251726, 1729-1730, 1731, 1735; 322; 327, p. 1768; 334 ; 335. Aristote le dialecticien P 157. Aristotimos (T. Flavius —), prétre à Delphes P 210, p. 1104. Aristoxéne de Tarente P2; 42; 71; 72; 73; 81; 86, p. 255; 89; 96; 98; 103; 109; 141; 142. p. 347; 160; 168; 169; 178; 180; 181; 185; 195, p. 633, 635, 649; 211; 215; 219; 235; 238; 240; 244: 261 ; 263. p. 1332, 1335, 1378, 287 ; 299; 302; 307; 308; 313; 327, p. 1769; 337; 341; R3:4. Arius, philosophe, ami d'Auguste R 16. Arius d' Alexandrie P 104 ; 263, p. 1432. Arius Didyme, doxographe P 170 ; 205, p. 960. Amobe P 205, p. 987 ; 263, p. 1368, 1433. Arria maior P 84 ; 203, p. 873-874. Arrien (le Tacticien ?) P 267, p. 1492. Arrien de Nicomédie P 164, p.470; 205, p. 938; 210. p. 1113; 267, p. 1486;R 16. Arsaber, magistre P 175, p. 589. Arsénios, archévéque de Monembasia P 170. Arsénios, higoumène de Hiéra P 175, p. 602. Arsinoé, épouse de Lysimaque P 108, p. 290. Artaxerxés I, P 5. Artaxerxés III (Ochos) P 7, p. 85. Artémidore de Syrie P 203, p. 872-874. Artémidore le dialecticien P 157. Artémisia P 29; 157. Artémon, maître de Philonidès P 159, p. 448, 450. Artémon, pére de Protagoras P 302. Asclépiade de Chypre P 263, p. 1415. Asclépiade de Phlionte P 102, p. 280; 201.
Asclépiadés, épigrammatiste P 265.
1827
Asclépigéneia, fille de Plutarque d'Athénes P 209, p. 1079 ; 292, p. 1610. Asclépigéneia II, P 80 ; 209, p. 1080.
Asclépiodote,
disciple de Posidonius P 267,
p. 1486, 1498.
Asclépiodote, disciple de Proclus P 292, P. 1550, 1580. Asclépiodote de Nicée, disciple de Panétius P 26, p. 138. Asclépius de Tralles P 47; 164, p. 464, 489; 195, p. 650; 292, p.1556, 1636, 1639, 1642 ; 293a. Asiaticus, dux Phoenices Libaniensis P 294. Asinius, voir Pollion. Asot, roi d' Arménie P 175, p. 587. Aspasie P 195, p. 784-785 ; 210, p. 1119. Aspasios, correspondant de Philostrate (II) P 165, p. 563. Aspasius, péripatéticien P 162: 205, p.937, 964. 973. Astyleidés de Carystos, pére de Prytanis P 310. Astylos de Crotone P 44, p. 169. Ateius, voir Philologus. Athanase, moine P 164, p. 496-497. Athanase d' Alexandrie P 205, p. 898 ; 336. Athanase de Balad P 263, p. 1453, 1451. Athanase le Syrien P 263, p. 1433. Athawalis P 279, p. 1518. Athénagore P 79, p. 216. Athénais, fille d'Hérode Atticus P 79, p. 221. AthénéeP 110; 118; 210, p. 1171, 1184; 260; 267, p. 1491. Athénion, poéte comique P 7, p. 87. Athénion, tyran à Athènes P 107; 155, p. 412413.
Athénodore,
pere
de
Polyen
de
Lampsaque
P 242.
Athénodore Calvus P 267, p. 1489. Athénodore d' Ainos, sophiste P 231. Attale, médecin P 79, p. 222. Attale, stoicien P 263, p. 1418. Attalos. fils p. 1199.
de
Polémon
le
rhéteur
P 218,
Attianus (P. Acilius —) P 206. Atticus, médio-platonicien P 54; 60; 155, p.411; 164, p.483; 167; 189; 205, p. 937, 964, 982 ; 210, p. 1147, 1173; 263,
p. 1321. Atticus (T. Pomponius —) P 107 ; 195, p. 640.
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
1828
Aufidenus. voir Sextus, Sidectas. Aufidius, voir Bassus. Auguste, empereur P 12; 16; 52; 142, p. 338; 150, p.365: 199; 210, p. 1105, 1112: 224; 254, p.1274; voir aussi Octave, Octavien. Augustin P 150. p. 389; 205, p. 913-914, 924, 930. 1020; 252 ; 263, p. 1294, 1312, 1347, 1362, 1393, 1397, 1432; 274; R8, p. 1797-1809. Aulu-Gelle P 12; 79, p. 218, 222; 175. p. 605; 210, p. 1170-1171, 1173. Aurélia Melitine, épouse de Philostrate de Styria P 165, p. 564. Aurélien, empereur Ρ 205, p.978; 263, p. 1430. Aurelius, voir Cotta, Symmachus. Ausone P 9, p. 108. Autoboulos
(L.
Mestrius-),
fils
aîné
de
Plutarque de Chéronée P210, p.1103, 1109, 1113, 1140. Autoboulos, père de Plutarque de Chéronée P 210, p. 1108. Autoboulos
(Flavius —),
arriere-petit-fils
de
Plutarque de Chéronée P 210, p. 1103. Autoboulos (Sextus Claudius —), descendant de
Plutarque de Chéronée à la sixiéme génération P 210, p. 1103, 1109. Autolycus de Pitane P 175, p. 593; 334. Avempace, voir Ibn Bäÿfa, Abü Bakr. Averroés,
voir
Muhammad
Ibn
Ruëd,
b. Ahmad
Abü
al-Walid
b. Muhammad
al-
Hafid.
Al-Bagdädi, ' Abd-al-Latif, P 164, p. 528 ; 292, p. 1662, 1664. Al-Bagdädi, Abü al-Barakät Hibat Alläh b. Maikä, P 164, p. 523, 528-529. Balagros P 334. Balbus (L. Cornelius —) P 224 ; 254, p. 1267.
Balbus (L. Lucilius —) P 256: R 13. Balbus (L. Thorius —) P 271.
Balbus (Q. Lucilius —) P 256. Balinäs, i.e. Apollonio de P 292, p. 1673. Banü Müsä P 195, p. 853. Al-Bagilláni,
Abü
Bakr
Tyane
Muhammad
(Ps.-)
b.
al-
Tayyib b. Muhammad b. Ga'far b. Qäsim, P 164, p. 542. Bar P 263, p. 1442. Bardas, César P 175, p. 592. Bardesane le Babylonien P 123; 263, p. 1306. 1415. Barea, voir Soranus. Barhebraeus, P 61, p. 187; 195, p. 847; 218. p. 1202; 263, p. 1328. 1420, 1436, 1442, 1449-1450, 1453; 322. Basil. métropolite, P 263, p. 1448, 1460. Basile de Césarée P 164, p. 487; 175, p. 600; 205. p. 914; 210, p. 1174. Basileus, i.e. Porphyre P 263, p. 1333. Basilide, épicurien P 159, p. 448. Basilide de Tyr, chez Hypsiclés P 159, p. 448. Basiliscos, usurpateur P 18, p. 120. Bassus (Aufidius —) P 204, p. 877. Bassus (Caesius —) P 84.
Axiochos P 195, p. 838.
Batis P 241. Al-Bayhagi, Zähir al-Din Abü al-Hasan ‘AIT b. Zayd b. Funduq, P 164, p. 539-540. Bebius Macer P 204, p. 877. Bérénice, fille de Ptolémée XIII Auléte P 254, p. 1270. Bérénice, fille du roi Agrippa P 150, p. 364.
Axiothéa de Phlionte P 98 ; 195, p. 638, 812.
Bion P 86, p. 255.
Ayyüb b. al-Qäsim al-Raqqt, P 263, p. 1454. Azariah de' Rossi, savant juif italien P 150, p. 388.
Bion
Avicenne, voir Ibn Sina. Avidia Iulia, fille d' Archestratos P 41. Avidius, voir Quietus (Avidius -).
(Avidius —) et Nigrinus
Avitus, empereur P 285.
de Borysthéne 240 ; 132 ; 161.
P 64;
83,
p.235,
238,
Baccheios de Tanagra P 118.
Al-Birünt, Abü al-Rayhäin Muhammad Ὁ. Ahmad, P 164, p.531, 537-538; 195, p.854; 263, p.1436, 1450, 1465; 292, p. 1660. 1670-1671.
Bacchius Géron P 313.
Al-Bitrüÿf
Bacchon P 210, p. 1169.
Ishäq, P 164, p. 525. Blandus, voir Rubellius.
Babys P 109.
Badys P 109.
[Alpetragius],
Nür
al-Din
Abü
1829
INDEX DES NOMS PROPRES Boéce P 61, p. 187; 263, p. 1338, 1341, 13441345, 1347-1348, 1350, 1357-1358, 1363, 1532. Boéthos, père de Pasiclés de Rhodes P 47. Boéthos
de
Sidon,
péripatéticien
p. 1301-1302, 1317, 1321, 1464. Boéthos de Sidon, stoicien P 263, 263, p. 1317; 292, p. 1558. Bonaventure P 164, p. 487. Botyros P 215. Bouthéros P 215. Bouthos P 215. Bromios P 142, p. 358. Brotinos (Ps. -) P 205, p. 950. Bruttius Praesens P 206.
P 263,
p. 1301;
Brutus (M. Junius —), meurtrier de César P 28 ;
155, p.427; 167; 210, p.1116, 1118, 1152, 1157 ; 254, p. 1265, 1278-1279. Brutus
(M.
Junius ),
père
du
tyrannicide
P 254, p. 1266. Bryas de Crotone P 307. Bryas de Tarente P 307. Bryson, maitre de Pyrrhon P 327, p. 1750. Bryson d'Héraclée P7, p.88; 249; 292, p. 1559. Buridan P 164, p. 480. Byndacó P 168. Byndacos P 168. Caecilius, voir Plinius, Secundus.
Caecina, voir Paetus. Caesoninus, voir Piso. Caesonius, voir Piso.
gymnosophiste
P 79,
p.203,
210,
Calcidius P 86, p.260; 195, p. 950; 263, p. 1371-1372.
p.817;
205,
Calenus (Q. Fufius —) P 28.
Caligula, empereur P 52; 150, p. 363, 365; 204, p. 877 ; 253. Calliadés, disciple de Zénon d'Élée P 195, P. 714. Callias, archonte P 213. Callias, fils de Calliadés, le disciple de Zénon
d'Élée P 195, p. 714. Callias, pére de Protarque P 195, p. 714; 304. Callias d' Aixóné P 339.
sophistes
dans
le Protagoras
P 66;
195,
p. 635, 685, 714, 760 ; 302 ; 304. Calliclés, disciple de Carnéade P 155, p. 406. Calliclés, interlocuteur du Gorgias P 195, p. 715, 751, 771, 795, 837 , 232 ; 235. Callicratés P 215. Callicratés l' Achéen P 236, p. 1226-1227. Callicratidas de Sparte, amiral P 170. Callicratidas de Sparte, pére de Phintys P 170. Callicratidas de Sparte, pythagoricien P 81; 168. Calliétés le stoicien P 263, p. 1303. Callimaque, guerrier mort à Marathon P 218, p. 1199-1200. Callimaque de Cyréne P 108, p.291; 137; 142, p. 358; 263, p. 1306; 265 ; 277. Calliméde, archonte P 299.
Callinicus Sutorius P 263, p. 1428, 1445. Callippe d'Athénes P 195, p. 638. Callippe de Cyzique P 214. Callistratos d' Athénes P 195, p. 832.
Callithéos, épiméléte P 107. Calpurnia, fille de Pison et épouse César P 190. Calpurnianus, voir Piso. Calpurnius, voir Piso. Caluentius P 190. Calvenus, voir Taurus. Calvisius, voir Pomponius, Sabinus.
de Jules
Calvus (L. Metellus —) P 26, p. 134.
Caesius, voir Bassus.
Calanos, 214.
Callias d'Alopéké, fils d'Hipponicos, hóte des
dans
le Philébe
Calvus, voir Athénodore. Camillus (L. —) P 235; 261. Camma P 210, p. 1169. Caninius, tribun de la plébe P 254, p. 1270. Caphisias P 245. Capito, ami d' Aelius Aristide R 5. Capito, voir Pompeius. Capitolinus
(L.
Flavius —), fils de
Philostrate
de Styria P 165, p. 564. Caracalla,
empereur
P 128;
34;
135;
165,
p. 564. Carassos P 265. Carbo (Domitius —) P 254, p. 1265. Carnéade de Cyréne P 16; 155, p. 405-406, 410, 412, 415-416, 419-422, 424-426, 430-431, 433-434, 436; 159, p. 447, 449; 205, p. 888 ; 236. p. 1226. Carnéios de Mégare P 43.
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
1830
Cameiscos P 136; 142, p. 339; 276; 277. Carpos d'Antioche P 209. p. 1094. Carrinas (C. -) P 254, p. 1265, 1278. Cartérius P 205, p. 1068 ; 263, p. 1388. Cassiodore P 263, p. 1344-1345. Cassius, voir Longinus. Castor P 263. p. 1310. Castricius (Firmus —) P 263, p. 1408, 1410. Catilina P 190 ; 267, p. 1486; 254, p. 1270. Caton d'Utique P 13: 87; 155. p. 427; 166; 254, p. 1264, 1269-1272. Caton l'Ancien P 64; 200; 210, p. 1168; 235; 236, p. 1226. 1231 ; 261. Catulle, poéte P 190. Catulus (Q. Lutatius —), fils P 155. p. 416, 420, 425, 427, 433; 254, p. 1266-1267. Catulus
senex
(Q.
Lutatius -),
pére
P 155,
p. 416, 420-421, 433, 435. Caystros P 263. p. 1303. Cébes P 77. Cébés de Cyzique P 43. Cébés de Thébes P 102. p.280; 105; 180; 195, p. 674-676. Celer (P. Egnatius -) P 226. Celer, voir Metellus. Célius, voir Coelius. Celse, médio-platonicien P 79, p.226; 205, p. 950. 1052; 263, p. 1320, 1431, 1438, 1441-1442. Celsinus P 216. Censorinus (L. —) P 155. p. 421. Céphalion P 263. p. 1310. Céphalos P 195, p. 792-793, 798: 213; 218, p. 1200. Cercidas P 108, p. 292, 295. Certus, voir Publicius. César (Jules -)
P 3;
13; 28:
35;
142, p. 337-
338; 166; 190; 210, p. 1157: 224; 254, p. 1264, 1268-1274, 1277-1279 ; 263, p. 1310. César, voir Drusus. Cethegus P 190. Cetronianus, voir Pansa. Chaereas (Cassius -) P 253. Chairon, fils de Plutarque de Chéronée P p. 1108-1109. Chairön, refondateur de Chéronée P p. 1107. Chairon de Pelléne P 90, p. 270.
227; 258;
Chamailéon P 142. p. 347.
Chariton P 9, p. 106. Charmadas, académicien P 97; 107: 1S5. p. 410-411, 415, 424. Charmantide de Péanée P 195, p. 792, 794. Charmide, fils de Glaucon P 195. p. 635-636. 670, 723-724. Charóndas de Catane P 185. Cheilón, pére de Cheilónis P 170. Cheilónis P 170. Chérémon P 263, p. 1415. Chéréphon de Sphettos P 195, p. 670. 675, 771. 838 ; 232. Chilon P 12. Choricius de Gaza P 294. Chosroes. roi de Perse P61. p.183; 279, p. 1514, 1516; 292,p. 1672. Chrestos de Byzance P 135. Christodore de Coptos P 195, p. 841; p. 1550. Chrysanthe de Sardes P 18, p.118; 282, p. 1528, 1532, 1538 : 295. Chrysaorius
P 263, p. 1294-1295,
1305,
1338,
1451. Chrysippe de Cnide P 137, 335. Chrysippe 120;
de Soles 131,
p. 316;
P 32; 53; 70; 140:
144;
84;
112;
156;
162;
175, p.600, 610: 205, p.961; 210, p.1126, 1144, 216; 229: 267, p. 1489, 1492-1493, 1495-1498 ; 345. Chrysothémis P 107. Cicero
(Marcus
Tullius -)
P 13;
26,
p. 135:
28; 35; 60; 107; 142, p. 337-338, 358: 155, p. 404, 410-412, 425, 430-431, 433. 436; 167; 189; 190; 195, p. 787, 813, 817, 838, 841 ; 197 ; 200; 203. p. 874-875 ; 204, p. 879, 882; 210, p. 1162-1163: 216: 217; 224; 227; 235; 236. p. 1238; 254, p.1264, 1267-1268, 1270, 1273-1274. 1278; 256; 261; 263, p.1345, 1347, 1412: 267, p. 1482, 1485, 1489-1491, 1495; 271; 302; 327, p. 1755: R 1; 7:8, p. 1804. Cicero (Quintus Tullius —) P 167.
210,
Claude, empereur P 52 ; 204, p. 877.
210,
Claude II le p. 1310.
Gothique,
empereur
P 263,
Claudianus (Claudius —), poéte P 9. p. 108. Claudien, voir Mamert.
INDEX DES NOMS PROPRES Claudius (Appius —), consul en 349*, P 235; 261. Claudius Pulcher (Appius —), censeur en 50*, P 190. Claudius, voir Claudianus, Marcellus, Nero, Sénécion, Théon. Cléa (Flavia -) P210, p. 1123-1124, 11321133. Cléandros de Mantinée P 163. Cléanthe d'Assos P 68; 83, p. 241; 84; 265266. Cléarque. général P 309. Cléarque [de Soles] P 195, p. 633.
Claudius, voir Autoboulos. Cléemporos P 299. Cleinias, i.e. Pha(i)nias ? P 90, p. 269. Cleinias de Tarente P 299, Cleinias le Crétois P 299, Cleinias, voir Quniyus. Clément d'Alexandrie P 31: 40, p. 157; 150, p. 367, 388-389; 205, p.950, 967, 986; 210, p. 1174 ; 263, p. 1442. Cléobule P 12. Cléombrote P 86, p. 247-248, 257-259; 195, p.675-676; 210, p.1121, 1134, 11501151. Cléoméde P 267, 1487 ; 334.
p. 1495,
Cléoméne, roi de p. 1157; 310.
Sparte
1497-1498,
1482,
Colotes de Lampsaque P 142, p. 339; 210, p. 1141; 263, p. 1374. Columelle P 204, p. 880. Commode, empereur P 79, p. 203 ; 231. Conon d'Athènes P 239. Conon de Tarse P 164, p. 496-497. Constance, empereur P 282, p. 1532. Constantin, empereur P 209, p. 1079; 263, p. 1432. Constantin III Leichoudès, patriarche P 312. Constantin V Copronyme P 175, p. 587, 601. Constantin VII Porphyrogénéte P 210, p. 1127, 1176; 236, p. 1235. Constantin IX Monomachos P 312. Constantin X Doucas, empereur P 312.
Constantin, nom de baptéme de Michel Psellus P 312. Constantin Céphalas P 9, p. 103, 108. Constantinos, frére de Photius P 175, p. 589. Corax P 17 ; 232. Coriolan P 210, p. 1116, 1150, 1162. Coriscos de Scepsis P 195, p. 637, 831. Cornélia, épouse de Pompée P 254, p. 12721274, 1276-1277. Comelianus, voir Valerianus. Cornélius, voir Balbus, Fronton, Labeo, Laco, Pulcher, Romanianus, Scipion, Sulla. Cornificius P 254, p. 1279.
P 83, p. 239;
210,
Cornutus (L. Annaeus —) P 7, p. 88; 84. Corvinus (M. Valerius Messala -). R 12.
Cléon, archonte P 159, p. 445. Cléon, démagogue P 195, p. 733. Cléopâtre P 166. Clinias de Scambonides, interlocuteur de l'Euthydéme P 195, p. 750, p. 823. Clitomaque de Carthage P 107; 155, p. 404406, 410-411, 414-416, 419-422, 424-426, 429-431, 434. Clitophon, fils d'Aristonymos 792, 794 ; 321.
P 195, p. 788,
Clodius (Ser. —), grammairien P 35. Clodius de Naples P 263, p. 1411-1412.
Clodius Pulcher p. 1270-1272.
1831
(P.-)
P189;
Codros, roi d'Athénes P 195, p. 634. Coelius, général P 254, p. 1265.
190;
254,
Cosmas Indicopleustès P 13; 164, p. 488 ; 292, p. 1646 ; 334. Cotta (C. Aurelius -) P 155, p. 411, 431. Crantor de Soles P 155, p. 410; 217. Crassus (L. Licinius -) P 26, p. 134; 107; 155, p. 411. Crassus Dives (M. Licinius —) P 254, p. 1264, 1267, 1269-1271. Crassus le Jeune P 254, p. 1272. Cratés de Mallos P 26, p. 133, 137; 43; 83, p.235; 142, p. 345-346; 236, p. 1226; 277 ; 292, p. 1599. Cratès de Thèbes P 48; 49; 58; 79, p. 208, 213, 228; 83, p. 241; 108, p. 296; 132; 133; 175, p. 610; 210, p. 1126. Cratés de Thria P 217. Cratinos P 195, p. 633.
Coelius (Antipater), historien P 167.
Cratippe de Pergame P 254, p. 1274-1275.
Coiranos P 199.
Cratyle P 195, p. 635-636, 684.
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
1832
Craugis de Megalopolis P 163. Cremonini P 164, p. 487. Crescas P 164, p. 525. Cresus P 44, p. 169. Crinagoras. historien P 166. Crinagoras de Mytiléne, poéte P 166. Crisón de Crisa P 86, p. 250. Crispus (Q. Vibius —) P 52. Crispus, voir Sallustius. Critias,
interlocuteur
du
Charmide
P 195,
p. 635. 723-724. Critias, le tyran P 195, p. 670; 195, p. 839840 ; 239. Critias, le tyran ou son grand-pére P 195, p. 820. Critias, sophiste P 195, p. 760-761. Critobule d' Alopéké P 195, p. 671, 675. Critolaos de Phasélis P 102, p. 284; 173; 236, p. 1226; 277 ; 278 ; 310. Criton d'Alopékè P 195, p. 669, 671, 674-675, 750. Cronius, épicurien P 142, p. 341 ; 338. Cronius, médio-platonicien P 79, p. 200, 215; 205. p. 937, 964, 987 ; 263, p. 1306. 1319, 1366. Cronius, dédicataire de Lucien P 79, p. 200. Ctésibios de Chalcis, éléve de Ménédéme P 51, p. 174. Ctésibius, ingénieur P 153, p. 399 ; 154, p. 402. Ctésippe de Péanée P 195, p. 671, 675, 742, 750. Curion. tribun P 190 ; 254, p. 1273. Curtius Nicias P 254, p. 1276. Cynégire, guerrier mort à Marathon P 218, p. 1199-1200. Cypriana, épouse de Romanianus R 8, p. 1807. Cyrille d'Alexandrie P 164, p.492; 205, p. 914; 210, p. 1174; 263, p. 1327-1329, 1450 ; 294. Cyrus, martyr P 263, p. 1298. Cyrus le Jeune P 309. Daiphantos P 210. p. 1107. Damascène le Studite P 263, p. 1421. Damascius P9, p. 97; 18, p. 116, 122-123; 54; 57; 74: 164, p. 469, 472; 175. p. 608609; 195, p. 684. 712; 205, p.911, 917, 919-920, 941, 1040; 209, p. 1091; 263, p. 1325, 1358, 1362, 1364, 1370, 1373; 279, p.1517; 280, 1514; 289; 292,
p. 1548, 1569, 1575, 1580, 1591, 1597, 1602, 1614, 1632, 1656. Damase, pape P 274. Damastes P 292, p. 1652. Damianos P 165, p. 564. P 164, Damien, d'Alexandrie patriarche p. 497. Damis de Ninive P 176. Damoclés de Messine ou de Messéne, disciple de Panétius P 26, p. 138. Damon d'Athènes, musicien P 142, p. 347; 195, p. 635, 740 ; 296 ; 337. Damön de Syracuse, pythagoricien P 169 ; 299. Damonicos, préfet P 9, p. 104. Damophile de Bithynie P 210, p. 1171. Damosthénès, père de Praxiphane P 277. Damotagès P 215. Damotélès P 215. Dardanus, stoicien P 155, p. 411. Darius P 218, p. 1200. Darmarios
(Andréas —)
P 263,
p. 1377;
292.
p. 1615. David l'Invincible P 164, p. 482; 175, p. 600: 205, p. 886, 917, 924 ; 263, p. 1351, 1459. Déce, empereur P 15, p. 114. Déinon P 236, p. 1227. Déjotarus. roi P 254, p. 1274. Delphidius, rhéteur P 281. Démaratos, frère de Proclès et fils de Pythias P 286; 335. Démaratos, roi de Sparte P 286 ; 335. Démétrius I" Sóter P 159, p. 444-445, 447, 449. Démétrius, évéque d' Alexandrie P 31. Démétrius, pére de Persaios de Citium P 83. p. 237. Démétrius d'Amphipolis P 195, p. 638. Démétrius de Bithynie P 26. p. 138. Démétrius de Byzance P 142, p. 346: 146. Démétrius de Magnésie P 49; 133. Démétrius de Phalère P 15, p. 114: 26, p. 135;
90. p. 268 : 96; 105; 236, p. 1230 ; 239. Démétrius de Sounion P 79, p. 210.
Démétrius Lacon P 118; 142, p. 339, 357-358: 159, p. 448 ; 242 ; 305. Démétrius le géométre P 263, p. 1293, 1303. Démétrius Poliorcéte P 133; 151. Démochares, officier de Sextus Pompée P 254,
p. 1280, 1282.
INDEX DES NOMS PROPRES Démocharés, parent de Démosthene P 151. Democles, archonte P 242. Democrite d'Abdére P 27; 40, p.153; 79,
p. 217; 86, p. 252, 256; 142, p. 347; 152; 175,
p.610;
p.1327; p. 1750.
267,
210,
p. 1148,
p.1484;
1175;
263,
302;
327,
296;
Démocrite de Nicomédie, deipnosophiste P 110; 260. Démodocos, ami de Socrate P 195, p. 669. Démodocos, dans le titre d'un dialogue apocryphe de Platon P 195, p. 839. Démodocos, pére de Paralios P 38. Démodocos, père de Théagés P 195, p. 837. Démonax de Chypre P 10; 79, p. 202, 209-
210, 214, 218-219. Demophanes P 163.
Démophile P 263, p. 1382. Démosthéne P 151 ; 195, p. 638; 218, p. 1196, 1199-1200 ; 294. Démostratos, archonte P 155, p. 408. Denys, ingénieur alexandrin P 154, p. 402. Denys, maître d'école de Platon P 195, p. 635. Denys d’Halicamasse P195, p.787; 210,
p. 1116; 236, p. 1235 ; 239. Denys d'Héraclée P 51, p. 174; 83, p. 238.
p. 271; 102, p. 283; 186; 195, p. 637-638, 831. P 137;
169;
178 ; 195, p. 638, 830-831 ; 235 ; 249 ; 261. Denys l'Aréopagite (Ps. —) P 175, p. 610; 205,
p. 917, 920-921, 930, 1025, 1044, 1064; 292, p. 1619, 1656. Denys le Thrace P 292, p. 1599; 318.
Dercyllidés P 195, p. 650, 797 ; 321. Dexippe P 205, p. 895; 263, p. 1353. Dicéarque de Messine P 42; 109; 159, p. 445;
195, p. 633; 263, p. 1335, 1415; 334. Dicéarque
(Dikaiarchos),
frére
de
Philonidés
de Laodicée P 159, p. 443-444. Didyme Chalcenteros, grammairien p. 1300. Didyme l'Aveugle
P 150,
p. 388-389;
Didyme Planétiadés P 210, p. 1149. Didymus, voir Arius. Dikaios de Tarse P 39. Al-Dimaiqi, voir Abü 'Utmàn Sa'id b. Ya'qüb al-Dimasqr. Diochaités P 40, p. 153. Diocléidés de Mégare P 48 ; 49. Dioclès, père de Panyassis d'Halicarnasse P 33. Dioclés, pythagoricien P 98. Dioclés de Caryste P 137. Dioclés de Magnésie P 267, p. 1484, 1487. Diocles de Phlionte P 244 ; 307. Dioclès de Sybaris P 307. Dioclétien, empereur P5, p.115; 263,
p.1296, 263a.
1429-1430,
1437-1438;
245;
Dioclétien le Copte P 164, p. 536.
Diodore Cronos P 29; 90, p. 269; 155, p. 405; 156; 157. Diodore d'Alexandrie, fils de Valerius Pollion d'Alexandrie P 225.
Diodore d'Alexandrie, p. 1486.
mathématicien
P 267,
Diodore d'Aspendos P 99.
Denys de Chalcédoine P 157. Denys l'Ancien, tyran de Syracuse P 42; 90,
Denys de Syracuse dit le Jeune
1833
P 263, 263,
p. 1420, 1436, 1442, 1444. Didyme le μουσικός, auteur d'un ouvrage sur la théorie musicale pythagoricienne P 263, p. 1378; 313.
Diodore de Sicile P 175, p. 587; 263, p. 1310, 1445 ; 267, p. 1483, 1491. Diodore de Tarse p. 1431, 1436.
P 164,
p.488,
491;
263,
Diodore de Tyr, péripatéticien P 155, p. 411. Diodote, grammarien P 68. Diodote, stoicien P 155, p. 412, 432. Diogene, épicurien P 208. Diogene, philosophe à Alexandrie P 188. Diogéne (Antonius —) P 263, p. 1332, 1335; 334. Diogéne d'Apollonie P237, 293; 327, p. 1752. Diogéne d'Argos, oncle d'Aristophane de Corinthe P 282, p. 1533. Diogéne de Babylonie P 26, p. 133, 137; 70;
142, p. 343, 347, p. 358; 155, p. 411-412; 159, p. 447, 449 ; 293. Diogéne de Séleucie P 236, p. 1226.
Diogéne de Sinope P 51, p. 173-175; 58; 79, p. 206, 208, 214, 219, 222, 228: 96; 108. p.295;
133;
142,
p. 610; 179 ; 249 ; 293.
p.348;
171;
175,
1834
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
Diogene Laérce P 195, p. 632, 841, 848; 210, p. 1184; 217: 239; 263, p. 1334; 267, p. 1484 ; 327. p. 1749, 1751, 1753, 1763. Diogénianos P 210, p. 1124. Diogiton P 106. Dion, philosophe épicurien P 35. Dion Cassius P 210, p. 1116; 254, p. 1264. Dion d'Alexandrie, 79, p. 209; 155, p. 414; 165, p. 572; 210, p. 1111; 218, p. 1197, 1202. 1204: R 16. Dion de Syracuse, ami de Platon P 186; 195, p. 637-638, 830-832, 210, p. 1152. Dionysios, stratége à Rhodes P 26, p. 133. Dionysios de Cyrene, stoicien P 142, p. 358; 242. Dionysios de Lamptres P 159, p. 448 ; 245. Dionysiphane, pére d'un Praxiphane dans un décret de Délos P 277. Dionysius, stoicien P 155, p. 414. Dionysodore, pére de Dionysodore de Caunes P 159, p. 447. Dionysodore, sophiste P 195, p. 742, 750-751. Dionysodore de Caunes P 159, p. 447-448. Dionysophane, pére de Praxiphane P 277. Dionysophane, source pour la vie de Pythagore P 263, p. 1335. Diopeithes P 195, p. 761. Diophane le Rhéteur P 263, p. 1304, 1317. Dioscore, évéque P 164, p. 505.
Dorica P 265. Doris P 22.
Dorothéos, autre P 83, p. 237. Dosithée, pére de Douris de Samos Dracon P 195, p.
Diphilos, stoicien (D 211) P 26, p. 138.
Diphilos du Bosphore P 157. Dirär b. 'Amr P 164, p. 532. Dives. voir Crassus. Dolabella P 28. Domitia, épouse de Passienus P 52. Domitien, empereur P 8; 52; 79, p. 209; 203, p. 872, 874; 210. p. 1105; R 15. Domitius, empereur P 254, p. 1271, 1273.
Domitius, voir Antigonos. Domna, épouse d’Isidore d'Alexandrie P 289. Domna, voir Julia. Domninus de Larissa P 292. p. 1597.
de Persaios de Citium
Phyrson P 184. P 109; 263, p. 1335. 635.
Drusus minor (Drusus Iulius Caesar) P 199. Duns Scot (Jean -) P 263, p. 1346, 1349. Durmius, voir Quadratus.
Eccélos de Lucanie P 168 ; 234. Ecdélos de Mégalopolis P 163. Ecdémos de Mégalopolis P 163. Échécrateia de Phlionte P 98 ; 170.
Échécratés, correction proposée pour le nom de Socrate P 131, p. 314. Échécratés, pere ou époux d'Échécrateia P 170. Échécratés de Phlionte, pythagoricien P 98; 195, p. 672-673 ; 244.
Échécratés de Tarente, pythagoricien P 180. Ecphante P 150, p. 384. Ecpolos P 234. Egnatius, voir Celer.
Eleuthérios Éleios P 292, p. 1598. Elias, métropolite de Crète P 292, p. 1599. Élias P 164, p. 482; 175, p. 600; 205, p. 917. 923; 263, p. 1351, 1569 ; 322.
Dioscoride P 175, p. 593; 263, p. 1460. Dioscouridés de Chypre P 275. Diotime P 195, p. 690, 720, 785 ; 205, p. 948. Diotimos, archonte P 155, p. 409. Diotréphés, archonte P 155, p. 409, Diphile, poéte comique P 200.
nom
1459;
292,
p. 1555.
Elias (Ps. -) P 205, p. 886, 917, 919. 923 ; 292. p. 1598.
Élie, représentant de Jérusalem au synode de 879-880, P 175, p. 606.
Élien P 195, p. 837 ; 218, p. 1201. Élien le Tacticien P 267, p. 1492. Empédocle d’Agrigente P 40. p. 155-156; 44. p. 169, 67:68; 79, p. 214-215; 118: 137; 164, p. 474 ; 195, p. 677 : 205, p. 941. 942943, 1042; 210, p.1126. 1137, 1143. 1156, 1173; 237; 263, p.1329-1330. 1335. 1466 ; 302. Empona P 210, p. 1169.
Énée
de
Gaza
P205,
p.917.
920;
263,
p. 1302; 294 ; 303; 332. Enesideme de Cnossos P 26. p.133; 150. p.386; 155, p.411; 175, p. 609; 317; 327, p. 1749, 1752, 1754. 1763-1764.
INDEX DES NOMS PROPRES
Ésope, fabuliste P 265 ; R 8, p. 1803.
Ennius P3. Éone, évéque P 252.
Épaminondas de Thébes P 169; 210, p. 1120, 1160 : 246.
Épaphrodite de Chéronée P 322. Éphrem d’Antioche P 175, p. 608.
Épicharidès P 96. Épicharme de Syracuse P 205, p. 903 ; 302. Epicrates. archonte P 155. p. 408. Épicratès, poète comique P 137; 195, p. 633.
Épictéte
P79,
p.209;
205,
p. 1067;
210,
p.1113, 1167-1168, 1170; 228; 267, p.1486; R 11; 16. Épicure, fils de Métrodore P 241. Épicure de Samos P 17; 40, p. 153; 60; 83, p. 235, 238; 86, p. 260; 87; 102, p. 281; 117; 139; 142, p. 339-341, 343, 348-349, 357; 155. p. 409; 159, p. 448, 450-451;
161; 175, p. 610; 184; 204, p. 880; 205, p.958;
210,
p. 1126,
1835
1145,
1148;
241;
242, 243; 263, p. 1323; 265; 276; 277; 302; 319; 320; 324 ; 327, p. 1750 ; 338.
Épigène de Céphise P 195, p. 669, 671, 675. Épiménide de Créte P 175, p. 609. Épitimidés de Cyrene P 37. Érasistrate, interlocuteur de l'Éryxias p. 840. Érasistrate, médecin P 118; 317 ; 335.
P 195,
Érastos de Scepsis P 195, p. 637, 831. Ératosthéne, adversaire de Lysias P 195, p. 794; 213. Eratosthene, platonicien ? (E 51) P 321. Ératosthéne de Cyréne P 49; 77; 109; 164, p. 470; 195, p. 797 ; 267, p. 1494; 292, P. 1565; 321: 327, p. 1761 ; 334. Érennius, disciple d'Ammonius Saccas P 205, p. 975, 979- 980, 888 ; 263, p. 1387-1388. Ergocharés de Prospalta (P. Aelius -) P 165, P. 564. Érigène (Jean Scot-) P 263, p. 1345, 1359; 279, p. 1516; 292, p. 1590.
Éryxias de Styria P 195, p. 840. Éryximaque d'Athénes P 106;
195, p.720,
761. Eschine, rhéteur P 218, p. 1200; 239. Eschine de Naples, académicien P 155, p. 410411. Eschine de Sphettos P 51, p. 174-175 ; 82; 83, P. 243; 102, p. 282, 284; 186; 195, p. 669, 675.
Ésope, tragédien P 197. Étienne d' Alexandrie, voir Stéphanus. Euandros de Crotone P 307. Euandros de Métaponte P 307. Euboulidés de Milet, dialecticien P 157. Eubule, auteur d'une histoire du culte de Mithra P 263, p. 1415. Eubule, diadoque platonicien à Athénes P 205, p. 953; 263, p. 1304, 1316. Eubule d' Alexandrie, sceptique P 317. Euchrotia, épouse de Delphidius P 281. Euclide, mathématicien P 36; 131, p.317; 159, p. 448 ; 175, p. 592-593; 195, p. 675; 209, p.1094; 242; 263, p.1349; 267, p. 1490, 1495; 292, p. 1562, 1610, 1625, 1628, 1640. Euclide de Mégare P 48 ; 49: 102, p. 281, 284; 195, p. 634, 636, 687, 689, 691, 700 ; 210, 1167 ; 249. Euctémon P 131, p. 317. Eudéme de Chypre P 133. Eudéme de Pergame P 159, p. 442, 447, 450. Eudéme
de Rhodes
P 44, p. 166-168;
47; 90.
P. 268-269 ; 209, p. 1094 ; 214; 277, 292, p. 1558. Eudocia, auteur du Violarium P 12. Eudocie (Athénais). impératrice P 76.
Eudore d'Alexandrie P 150, p.383; 205, p. 945, 965-967 ; 267, p. 1483. Eudoxe de Cnide P 95; 131, p. 317; 137; 168; 195, p. 637-638, 718; 214; 263, p. 1335; 267, p. 1490: 334. Eudoxius, E 99 P 56. Euénos de Paros P 195, p. 676. Eugène, usurpateur P 9, p. 97, 102. Eugene de Séleucie, évéque P 164, p. 496-497. Eugenios Choumnos P 292, p. 1619. Eulalie P 285. Euméne de Pergame P 236, p. 1225. Eunape de Sardes P 18, p.118; 55; 205, p. 886, 909, 916; 210, p. 1124, 1170; 263, p.1292-1293, 1295, 1297, 1311, 1388; 282. p. 1528 ; 306. Eunome de Cyzique P 175, p. 599. Eunome l' Arien P 209, p. 1089. Eupeithios P 209, p. 1080. Euphanès (Flavius —) P 210, p. 1138. Euphante d'Olynthe P 157.
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
1836
Euphémos, archonte P 66. Euphorion de Chalcis P 195, p. 791 ; 310. Euphraios d'Eubée P 195, p. 830. Euphranor de Séleucie P 275. Euphranoridas, ancétre de Panétius de Rhodes P 26, p. 133. Euphrasios P 175, p. 608. Euphratés de Tyr P 203, p. 872-873, 876 ; 218. p. 1202-1203. Eupolis, poète comique P 195, p. 633 ; 302. Eupraxis (Flavia -) P 119. Euripide. poète tragique P 3; 195. p. 837; 210,
p. 1167;
235;
263, p. 1415; 294;
296;
302. Europhilos de Cnide, médecin P 244. Eurydice (Memmia -) P 210, p. 1113, 1123, 1131, 1167. Euryphamos P 170. Euryphon, pythagoricien P 137. Euryphon de Crotone, médecin P 244. Eurytos de Métaponte et de Tarente P 98; 195, p. 636, 673; 215; 307.
Eutychès P 164, p. 505, 492. Euzoius de Césarée P 150, p. 367.
Évaéon de Lampsaque P 195, p. 638. Évagre le Pontique P 294.
Évandros P 155, p. 410. Évangélos, tacticien P 163. Evathlos P 302.
Évodianos de Smyrne P 218, p. 1199. Fabia, voir Paulina. Fabianus (Papirius —) P 227. Fabius, voir Maximus.
Fahr al-Din
al-Räzi P 164, p. 517. 523,
541,
553. Falco, voir Pompeius. Fannia P 203, p. 873-874. Fannius, proscrit P 254, p. 1279. Fannius
(C.—),
disciple
de
Panétius
P
26,
p. 138. Al-Farábi,
Abü
Nasr Muhammad
b. Muham-
Eustathe de Thessalonique P 210, p. 1176.
mad b. Tarbän b. Awzalag-Uzlug ? , P 164, p. 487, 513, 524, 527, 530, 534, 539, 546, 548-549 ; 195, p. 848, 850, 852, 857 ; 205, p. 926; 263, p. 1356, 1371, 1448, 1450, 1455-1458, 1461, 1467 ; 292, p. 1671. Faustus, fils de Sylla P 254, p. 1277. Favorinus d'Arles P 12; 40, p. 156; 42; SI. p.173; 133; 165, p.572; 195. p.633; 210, p.1109, 1139, 1145, 1170; 218. p. 1198, 1203-1204 ; 239 ; 327, p. 1768. Felix, voir Magnus. Ficin (Marsile —) P 292, p. 1656. Figulus, voir Nigidius. Firmicus, voir Maternus. Firmus, voir Castricius.
Eustochius d'Alexandrie, médecin, disciple de Plotin P 205, p. 886, 894, 900-902; 263, p. 1295, 1388, 1392.
Flavia, voir Cléa, Eupraxis. Flavianus, voir Nicomachus.
Euthycles P 185.
Flavius, voir Autoboulos, Capitolinus, Eupha-
Eusébe, philosophe à Arles P 216. Eusébe de Césarée P 15, p. 111, 114-115; 31; 150, p. 367, 369. 388-389; 164, p. 484; 205, p. 900-902, 910, 913, 975, 979; 210, p. 1104, 1169, 1173; 263, p. 1293-1294, 1298, 1310, 1327. 1392, 1397, 1428, 1431-1432, 1436-1437, 1439-1440, 1442, 1444-1466 ; 294. Eusébe de Myndos P 282, p. 1528, 1536-1537. Eusébius, professeur à Arles P 285. Eustathe de Cappadoce P 148 ; 282, p. 1529.
Euthycomas (T. Flavius —) P 202. Euthydéme, frére de Polémarque P 195, p. 792, 794. Euthydéme de Chios, sophiste P 195, p. 742, 750-751. Euthydicos, dans une lettre d' Alciphron P 133.
Flaccus, préfet d'Égypte P 150. p. 365.
nés, Euthycomas, Gessius, Optatus, Pollianos, Proclus, Rogatianus, Scaevinus, Soclaros. Flavus (Verginius -), rhéteur P 84. Florus (L. Mestrius -) P 210, p. 1112, 1115. Fortunatianus P 336.
Euthyme le Jeune P 175, p. 588.
Fronton (M. Cornclius —), R 16.
Euthyphron P 195, p. 662.
Fronton d'Émése P 165, p. 564.
Eutocius d' Alexandrie P 164, p. 462, 465.
Fufius, voir Calenus.
Eutrope, proconsul d'Asie P 50.
Fulvia, épouse d'Antoine P 190.
INDEX DES NOMS PROPRES Fundanus (C. Minicius —) P 203, p. 875.
Furnius, lieutenant d' Antoine P 254, p. 1282. Gabinius
(A.-)
P28;
190; 254, p.1267,
1270-1271.
Gäbir b. Hayyän, P 164, p. 473, 512.
Al-Gähiz, Abü "Utmàn 'Amr b. Bahr, P 164, P. 518. Gainas P 9. p. 101-102. Gaius,
médio-platonicien
P 162;
205,
p. 937,
965, 968-969: R 5. Galaxidoros P 210, p. 1120, 1156-1157. Galien de Pergame P 26, p. 135- 137; 118; 137 ; 162; 164, p. 476, 483, 535, 556-563; 175, p. 593; 191; 195, p. 640, 817, 848, 850- 851, 858, 860; 210, p. 1111; 237; 263, p. 1318, 1381, 1404, 1406, 1458; 267, p. 1489, 1495-1498; 292, p. 1592, 1669-1670, 1672; 315, p.1719, 1725; 324; Q 2. Gallien, empereur P 8; 205, p. 892, 981 ; 263, p. 1387. Gallus, dédicataire d'une vie d' Aristote P 321.
Gallus, demi-frére de l'empereur Julien P 322. Gallus (C. Aquilius —), R 13.
Gauros P 263, p. 1295, 1308.
Gauthier Burley P 263, p. 1349.
Al-Gazäli, Abü Hàmid Muhammad b. Mubammad al-Tüsi, P 164, p. 480, 525, 536, 540,
545. Gédalios P 263, p. 1295, 1353-1354. Gélase de Césarée P 188. Gélase de Cyzique P 263, p. 1432. Gélase de Cyzique (Ps. -) P 15, p. 112. Gellus, voir Aulu-Gelle. Gélón de Géla, tyran de Géla puis de Syracuse P 44, p. 168: 86, p. 250. Gemina P 263, p. 1295, 1387. Géminus P 267, p. 1487, 1498-1499; 279, p. 1520; 292, p. 1625, 1647 ; 334. Gennade P 252.
1837
Gessius, élève de Libanios P 9, p. 97. Gessius, moqué par Palladas P 9, p. 104, 106. Gessius (Flavius Aelius —), praeses Thebaidos
P 9, p. 97. Gilbert de Poitiers P 263, p. 1349. Glaucon, frére de Platon P 195, 792-793, 795 ; 339. Glycon, médecin P 28. Gordianus
(Antonius -),
Gratien, empereur P 9, p. 97-98. Gratilla P 203, p. 873. Grégoire, frére d'Hermias d'Alexandrie P 292, p. 1550. Grégoire d'Elvire P 281. Grégoire
de
Nazianze
Gesios de Pétra, iatrosophiste P 9, p. 97. Gessius, égyptien, éléve de Libanios P 9, p. 97.
p.599;
205,
Grosseteste (Robert —) P 164, p. 468.
Guillaume Guillaume Guillaume Guillaume Guillaume 210, 1612,
I, roi de Sicile P 127. d'Ockham P 263, p. 1349. de Champeaux P 263, p. 1348. de Luna P 263, p. 1458. de Moerbeke P 164, p. 475, 477; p. 1173; 292, p. 1578, 1582-1583, 1617, 1619.
Gundissalinus (Dominicus -) P 164, p. 517.
Gürgis (Georgios) al-Yabrüdi, P 164, p. 518.
Al-Guwayni,
Abü al-Ma'àli ‘Abd al-Malik,
P 164, p. 542.
Hadrien,
Georges le Syncelle P 210, p. 1104.
P 175,
p. 914, 1064; 218, p. 1199; 292, p. 1607, 1633; 294 ; 336. Grégoire de Nysse P 150, p. 389; 205, p. 914, 1064 ; 210, p. 1174 ; 294. Grégoire le Grand P 175, p. 607. Grégoras (Nicéphore —) P 263, p. 1406.
Genucius Aventinensis (Cn. —), consul P 299.
Georges des Arabes P 164, p. 511, 513; 283.
d'Afrique,
Gracchus (Tiberius —) P 236, p. 1226.
Georges, voir Akropolités. Georges d' Alexandrie P 336.
prconsul
puis empereur (Gordien IIT) P 165, p. 565; 205, p. 887-888 ; 263, p. 1387. Gorgias de Léontini P 44, p. 169; 175, p. 610; 195, p. 714; 232 ; 239, 263, p. 1330; 296; 309. Gorgos de Sparte P 26, p. 138.
Habrotéleia P 170. Habrotélès P 170.
Gentilianus, voir Amélius.
p. 635-636,
397;
206;
210, p.1103-1105, 1115, 1169; p. 1196, 1198, 1203; 254, p. 1274.
empereur
P 153,
p. 394,
218,
Hadrien de Tyr, sophiste P 218, p. 1199; 231; Q 4. Al-Haÿgäÿ, gouverneur en Irak, P 164, p. 508. At-Haÿgäg b. Yüsuf b. Matar, P 315, p. 1733.
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
1838
Hagnoclés P 108, p. 293. Hannibal P 173, p. 1229, 1231. Harpale P 218. p. 1200. Harpocration d' Argos P 54 ; 195. p. 684. 813. Al-Hasan ibn Suwar, voir Ibn Suwär. Hasdrubal P 236, p. 1227. Haylà al-Malkäni al-Nasräni, P 263, p. 1454. Hécatée d'Abdére P 334. Hécatée de Milet P 86, p. 253. Hécaton de Rhodes P 26, p. 137. Hédéia P 242. Hédylos, épigrammatiste P 265. Hégésandros de Delphes P 310. Hégésianax, frére de Phyrson P 184. Hégésias Peisithanatos P 37. Hégésinos P 155, p. 410. Hégias P 57 ; 209, p. 1080. Helenus, affranchi d'Octave P 254, p. 1280. Hélicaón de Rhégium P 185. Hélicon de Cyzique P 186. Héliodore, auteur des Érhiopiques P 127. Héliodore, disciple de Proclus à Athénes P 292, p. 1550. Hellanicos de Mytiléne
P 12; 86, p. 253; 292,
p. 1652. Hellespontius de Galatie P 295, Helpidius, rhéteur P 281. Helvidius
Priscus
(C. —)
Héraclite (Pseudo -) P 108, p. 295.
Heraclite
p. 873-874;
P40,
p.158:
68:
79,
Héraclite de Rhodiapolis P 129 ; 206.
Héraclite de Tyr, académicien P 155, p. 411. 414. 416, 423-424, 426, 430, 433; R 7.
Herculanus (C. Julius —) P 210, p. 1114. 1136. Herculius, préfet du prétoire de l'Iilyrie P 209,
p. 1084. lieutenant
Herennius,
de
Sertorius
P 254,
p. 1266. Herennius, vainqueur du combat de Caudium
P 261. Herennius, voir Sénécion, Severus. Hériger de Lobbes P 274. Hérillos de Carthage P 327, p. 1755. Hermagoras d'Amphipolis P 83, p. 238. Hermagoras de Temnos, rhéteur p. 1275; 267, p. 1490. Hermann de Carinthie P 292, p. 1563. Hermarque de Mytilene, épicurien
P 254,
P 142,
p. 343, 357; 159, p. 447, 451; 242 ; 247; 263, p. 1323. Hermeias
P 203,
d'Éphése
p.217; 86, p.257; 108, p.295; 195, p. 635, 694; 205, p. 941-942, 1028-1029, 1042; 210, p.1127; 238; 302; 327. p. 1752.
d'Alexandrie,
néoplatonicien
P 18,
p. 119; 195. p. 722; 205, p. 917-918 ; 292, p. 1550, 1558, 1574.
R 15. Helvidius Priscus le Jeune P 203, p. 874.
Hermeias d' Alexandrie, rhéteur P 18, p. 119. Hermésianax P 108, p. 290.
Héphaistion,
Hermias d'Atarnée P 195, p. 831 ; 335.
pére de Ptolémée
d'Alexandrie
P 322. Héphaistion de Thébes, astrologue P 263, p. 1292, 1383. Héracléodore P 142, p. 345. Héracléon, père de Philidas de Milet P 117. Héraclés, roi de Phénicie P 7, p. 86.
Héraclide, dédicataire d'un ouvrage de Chrysippe P 229.
Héraclide, maítre d'Énésidéme P 317. Héraclide Héraclide Héraclide Héraclide 142,
d'Ainos P 195, p. 638 ; 343. de Bargylia P 157. de Tarente P 118; 317. le Pontique P 7, p. 88; 67; 68: 109: p. 346-347; 195. p. 638. 649, 685;
263, p. 1411-1412.
Héraclide Lembos P 185: 195, p. 633.
Héraclite, p. 88.
auteur
d'un
Περὶ
ἀπίστων P 7,
Hermione P 9, p. 105.
Hermippe, parménidéen P 40, p. 155. Hermippe de Béryte P 153, p. 394-395. Hermippe de Smyrne P 83, p. 235 ; 83. p. 239240; 90, p. 270; 109; 133; 195, p. 633; 263, p. 1416. Hermocratés de Phocée, arrière-petit-fils Polémon le rhéteur P 218. p. 1199. Hermodore
de
Syracuse,
académicien
de
P 131,
P. 318; 195, p. 633-634. 636, 650. Hermogéne,
parménidéen
P 40.
p. 155;
195.
p. 636. Hermogène
d'Athénes,
fils
d'Hipponnicos
P 195, p. 635, 671, 675, 685. Hermogène de Tarse, sophiste P 209, p. 1085.
1092 ; 263, p. 1307 ; 292, p. 1565, 1650. Hérode. roi P 224.
1839
INDEX DES NOMS PROPRES Hérode Atticus, sophiste P 79, p. 200, 203, 209, 220, 222; 135; 218, p. 1199, 1201; R 16. Hérodicos, médecin. frére de Gorgias P 232. Hérodicos de Babylonie P 195, p. 633. Hérodicos de Périnthe P 297. Hérodicos de Selymbria P 232. Hérodien, grammairien P 153, p. 394-395; 164, p. 499; 263, p. 1300. Hérodore d'Héraclée sur le Pont, mythographe P 7, p. 88; 79, p. 215. Hérodote P 12; 210, p. 1119, 1139; 236, p. 1225 ; 263, p. 1306 ; 302. Héron, professeur de mathématiques à Alexandrie P 292, p. 1549. Héron d'Alexandrie P153, p.399; 154, p. 403. Héron,voir Maxime. Hérophile, médecin P 118 ; 157. Hérostrate P 79, p. 214. Hésiode P 83, p.234; 142, p.358; 195, p.814; 205, p. 899; 210, p. 1137, 1143, 1171: 235; 263, p.1329-1330; 292, p. 1599-1600, 1646. Hestiaios de Périnthe P 195, p. 637, 649. Hestiaios de Tarente, pythagoricien P 215. Hesychius de Milet P 175, p.587; 292, p. 1553. Hétoimoclés P 11.
Hiba d'Édesse, P 263, p. 1451; 283. Hibat
Alläh
al-Mu'taman
Isháq
b. al-‘Assäl,
P 164, p. 550. Hiérios, auditeur de Jamblique P 282, p. 1532. Hiérios, néoplatonicien P 209, p. 1079. Hiérios, pére de Plutarque P 18, p. 119. Hiérios d'Argos, oncle d’Aristophane de Corinthe P 282, p. 1533. Hiéroclés, le stoicien P 210, p. 1167. Hiéroclés (Sossianus —) P 263, p. 1434, 1438.
Hiéroclés d'Alexandrie P 175, p.609; 205, p.917, 977-978; 209, p.1080, 10881089, 1093; 263, p. 1325; 292, p. 1592, 1674 ; 303.
Hilarion, abbé du monastére Dalmatos P 175, p. 590. Hilarius, élève de Priscus P 282, p. 1534-1535.
Hilarius de Bithynie P 282, p. 1535, 1538; 306. Himérios, pére de Jamblique d'Apamée P 282, p. 1536. Himérius, préfet du prétoire de Gaule P 279. Himérius, sophiste P 175, p.609; 209, p. 1087 ; 210, p. 1170. Himérius de Thrace, officier P 294. Hipparchia de Maronée P 49; 58. Hipparchides de Rhégium P 86, p. 255-256. Hipparété P 195, p. 685. Hipparque d’Athenes, fils de Pisistrate P 195, p. 835. Hipparque de Nicée, astronome P 315, p. 1733; 334. Hipparque de Stagire, dans le testament de Théophraste P 24. Hippasos de Métaponte P 86, p. 254, 256. Hippia, épouse de Priscus de Thesprotie P 282, p. 1528-1529. Hippias, fils de Pisistrate P 195, p. 835.
Hippias d'Élis P 44, p. 169; 66; 106; 195, p- 751. Hippobote 275. Hippoclos Hippocrate Hippocrate Hippocrate
760, 782 ; 296. P 109; 161; 263,
p. 1335;
266;
de Thébes, pére de Pélopidas P 245. (Ps. —) P 5; 299; 302. de Chios P 195, p. 691. de Cos P 106, p. 287; 111; 118;
164. p. 556-557 ; 237; 238; 263, p. 14051406 ; 292, p. 1669-1670 ; Q 2. Hippocrate le jeune, interlocuteur du Protagoras P 195, p. 759. Hippodamos, pére de Philératidas de Sparte P 115. Hippodromos de Larissa, sophiste P 135; 165, p. 564; 218, p. 1199. Hippolyte (Ps. —) P 205, p. 942; 210, p. 1173;
281. Hippón P 86, p. 256.
Hiérón de Hiéra P 86, p. 250.
Hippon de Samos P 307,
Hiéron de Syracuse P 44, p. 168. Hiéronymos de Cardie P83, p.236;
Hipponax P 108, p. 291, 293-294. Hipponicos, pére de Callias P 66; 195, p. 685, 714; 302.
263,
p. 1445. Hiéronymos de Rhodes P 173; 277 ; 278 ; 310.
Hipposthénès de Crotone P 307.
Hilaire de Poitiers P 281.
Hipposthénes de Cyzique P 307.
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
1840
Hippostratos P 86, 256. Hippothalés, interlocuteur du Lysis de Platon P 195, p. 741. Hippothalés d'Athénes, disciple de Platon P 195, p. 638, 741. Hippys de Rhégium P 86. p.247-248, 252, 254-256, 258 ; 90. p. 271. Hirrius, voir Postumius. Hirtius P 254, p. 1279. Histiaia P 215. Histiaios P 215. Hoenius, voir Severus. Homère
P9,
p.107;
26,
p.135,
137;
83,
p.235, 243; 142, p.358; 150, p.365; 152; 175, p. 592; 195, p. 677, 694, 783, 807: 205, p.899: 210, p. 1110, 11431144, 1150, 1171; 232: 263, p. 13021303, p. 1306-1307, 1318, 1329-1330; 267, p. 1488, 1491; 277; 292, p. 1553, 1652 ; 294 ; 302. Honoratus, R 8, p. 1799. Horace
P 84;
142,
p. 338;
224;
253;
QI;
Ibn Butlän, al-Muhtär (ou Yuwänis — Jonannés)
Ibn
al-Hasan
b.
'Abdün
Farrukhän
b.
al-Antäki,
al-Tabai,
'Umar,
Sa’dün,
P 164, P 315,
p. 1734. Ibn al-Haytam, Abü
‘AT al-Hasan b. al-Hasan
- Husayn? - b. al-Haytam al-Basri alMisri [Alhazen], P 164, p. 528, 531-532; 263, p. 1455. Ibn Hazm, Abü Muhammad ' Ali b. Ahmad Sa'id, P 164, p. 545.
b.
Ibn Mattawayh, P 164, p. 529. Ibn
al-Mugaffa‘,
‘Abd
Alläh,
P 164,
p. 512;
263, p. 1453-1454. Ibn al-Nadim, Abü al-Fara$ Muhammad b. “Ali Ya'qüb Ishäq al-Warráq al-Bagdädi, P 195, p. 846, 848, 853, 856, 860: 209. p. 1092; 263, p. 1291, 1305, 1328, 1437, 1447-1449, 1453-1454, 1456, 1459-1461, 1464; 292, p.1658, 1667-1668, 1671-
R 12.
1672; p. 1674 ; 322.
Horapollon P 18, p. 124.
Ibn al-Nà'ima al-Himsi, voir ‘Abd al-Masih b.
Hortensius P 155, p. 433.
"Abd Allah b. al-Nà'ima al-Himsi.
Ibn al-Qifti, Gamäl al-Din al-Hasan 'Ali b
Hortensius (Q. —), consul en 69°, P 189.
Hyblón de Hybla P 86, p. 250. Hygin P 281. Hypate, chrétienne ? P 9, p. 94. Hypatie d'Alexandrie, néoplatonicienne P4; 9, p. 93- 94, 96, 100; 175, p. 596; 205, p. 917; 315, p. 1720. Hypéride, orateur P 195, p. 638. Hypsiclés, mathématicien P 159, p. 448; 175, p. 593. larchas P 176. Ibn Abi Dart, voir 8ἃ]-
Ámiri.
Ibn Abi Sa'id b. "Utmàn, P 164, p. 541; P 292, p. 1669. Ibn Abi Usaybi'a, Muwaffaq al-Din abü al'Abbas Ahmad b. al-Qäsim b. Halifa b. Yünus al-Hazraßi, P 164, p.510; 195, p. 848, 860-861 ; 263, p. 1458-1459, 1465 ; 292, p. 1672 ; 299 ; 322. Ibn Bäÿfa, Abü Bakr Muhammad b. Yahyà b. al-Sä’ig al-Tugibr al-Andalust al-Saraqusti (Avempace),
b.
P 164, p. 539, 556. Ibn al-Fadl, ‘Abd Allàh p. 540.
P 164, p. 480, 512, 521-522,
525-527, 529, 532, 1461 ; 292, p. 1663.
548;
263,
p. 1457,
Yüsuf
b. Ibráhim
b. 'Abd
al-Wähid
al-
$aybänt al-Qädf al-Akram, P 195, p. 846848. 851, 855, 858; 263, p. 1291, 1447, 1453; 292, p.1658, 1660, 1671-1672; 322. Ibn Qutayba, Abü Mubammad ' Abd Allàh Muslim al-Dinawari, P 164, p. 512.
b.
Ibn
b.
Ridwän,
Abü
al-Hasan
Ali b. Ridwän
' Ali b. Ga’far al-Misri, P 315, p. 1734. Ibn Rusd, Abü al-Walid Muhammad b. Ahmad b. Muhammad al-Hafid [Averroes]. P 164, p. 480, 509, 515, 522, 526-527, 529-532, 534, 536, 541, 543, 545-546, 548-549, 553; 195, p. 858 ; 263, p. 1456, 1458. Ibn al-Samh, voir Abü 'Ali b. al-Samb.
Ibn Sinä, Abü
‘AIT al-Husayn
b. "Abd
Alläh
[Avicenne]. P 164, p. 487, 515, 517, 521, 523-526, 528, 530-534, 538, 544-545; 195, p. 850; 205, p.929; 263, p. 1348, 1371, 1448, [457 ; 292, p. 1590, 1660.
Ibn Suwär, Abü al Hayr al-Hasan b. Suwär b. al-Hammär, P 164, p. 514-515, 532, 541. 543; 263, p. 1447, 1449, 1452, 1455-1456, 1459 ; 292, p. 1660.
INDEX DES NOMS PROPRES Ibn
1841
al-Tayyib, Abü al-Faraÿ "Abd Allah al‘IrägT [Abulpharagius Abdall Benattibus], P 164, p. 512, 517, 520, 553; 195, p. 852; 263, p.1455, 1457, 1459, 1674; 292, p. 1651, 1673. Ibn Tibbon (Moise b. Samuel) [Samuel ibn Tibbon], P 164, p. 510. Ibn Usayyid, P 164, p. 545. Ibn Wahili, P 263, p. 1454. Ibn Zur'a, Abü "Ali ‘Isa, P 164, p. 535; 195, p. 854-855 ; 263, p. 1455 ; 292, p. 1671. Ibráhim al-Hägiläni, P 164, p. 516. Ibycos, poéte P 185. Ibycos, pythagoricien P 185. Iccos de Tarente P 44, p. 169; 185. Idoménée de Lampsaque P 338.
Isidore de Péluse P 150, p. 389: 294. Isidore de Séville P 204, p. 878; 252; p. 1345. Isiloque, pére de Pythodóros P 339.
Al-Igi, voir 'Adud al-Din
Jacob Anatoli P 263, p. 1458.
Ignace, patriarche P 175, p. 608. Ignace d'Antioche P 79, p. 211, 225. Ignace le Diacre P 175, p. 591. Ihwän al-safà' [Fréres de la pureté], P 164, p. 532; 195, p. 851, 854; 195, p. 855, 857, 861 ; 263, p. 1455. Ikadium, affranchie P 190. Illos, général P 18, p. 120-122. Ioannikios P 175, p. 590. Iolaos P 159, p. 448. Iollas de Bithynie P 159, p. 449. Iollia, voir Pythias. Ion de Chios, poéte P 109 ; 195, p. 782. Irène, épouse de Léon III P 175, p. 588.
Jacques
Al-Iskäfi, voir Abü Ga'far Muhammad b. "Abd Allàh al-Iskäft. Isménodore P 210, p. 1169. Isocasios P 273. Isocrate, archonte P 159, p. 448. Isocrate,
Isidore
d'Alexandrie,
p.122;
p. 1575.
209,
néoplatonicien
p.1080;
289;
290;
P 18, 292,
195,
(lakobos),
abbé
de
Maximina
P 175,
Jacques (Sévére) bar Shakko P 263, p. 1453. Jacques d'Édesse P 164, p. 512; 263, p. 1450,
1453. Jacques dit Psychristos, médecin archiátre P 273. Jamblique, pére d' Ariston P 263, p. 1296. Jamblique (Ps. —) P 150, p. 384.
Jamblique d'Apamée, fils de Sópatros P 209, P. 1089 ; 282, p. 1530, 1536-1538. Jamblique
de
Chalcis
P 12;
18,
p. 118;
19;
42; 81; 86, p. 250-251, 255-256: 89; 164, p. 476, 491, 498 ; 175, p. 609 ; 195, p. 683684, 813; 205, p. 895, 908, 912, 915, 917919, 922, 941, 945, 947, 1005; 209, p. 1076, 1088-1089; 210, p. 1172; 211; 234 ; 238 ; 263, p. 1290, 1295, 1301, 1307, 1316, 1324-1325, 1334, 1352, 1354, 1364, 1370, 1375, 1397, 1405, 1466; 273; 279, p. 1516- 1518, 1520; 282, p. 1528, 15301532, 1536-1538; 292, p.1553, 1557. 1558, 1566, 1600, 1604, 1608, 1625, 1637, 1674 ; 293a; 312, 321 ; 322.
b.
Isidore, confesseur P 187.
157;
P. 590.
P 164, p. 518. Isaac Sébastocrator P 292, p. 1619.
Ishäq b. Hunayn b. Ishäq al-'Ibadi, P 164, P. 511, 518, 554-555; 263, p. 1447, 1461 ; 292, p.1576, 1622, 1652, 1658; 315, p. 1734.
p.343;
Italicus (Silius —) P 203, p. 875.
‘Isä b. Zur'a, voir Ibn Zur'a. ‘Isa, fils du vizir 'Ali b. "Isa b. al-Garräh,
Isbáq b. ‘AIT al-Ruhäwi, P 195, p. 854.
P 142,
Istifan b. Basil, P 263, p. 1460.
Irénée de Lyon P 205, p. 987. ‘Isa b. Yahya, P 195, p. 851, 853.
Ahmad
rhéteur
p. 637, 837; 210, p. 1175; 218, p. 1202; 230; 277, 296; 302. Israël Scot P 263, p. 1347.
Irène, mère de Photios P 175, p. 589-590.
Al-Isfizárt, voir Abü Hämid Muhammad al-Isfızäri.
263,
Jason de Nysa, disciple de Posidonius P 267, p. 1486. Jason de Phères P 239. Jean, martyr P 263, p. 1298. Jean
(Ἰωάννης),
P 175, p. 610.
correspondant
de
Photios
Jean Abramius P 292, p. 1598. Jean Chrysostome
p. 1430, 1432.
P 126; 210, p. 1174;
263,
1842 Jean Jean Jean Jean Jean Jean Jean Jean Jean Jean Jean Jean Jean Jean
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
d'Alexandrie, commentateur de traités médicaux P 164. p. 556. Damascéne P 164. p. 493: 175, p. 600. de Scythopolis P 205, p. 917, 921, 925. Doxapatrés P 209, p. 1093. Hymnonide. diacre P 175. p. 607. I“, patriarche jacobite de Syrie P 164, p. 508. Italos P 312. le Diacre P 294. le Grammairien, iconoclaste P 175, p. 592, 601. le Grammairien, visé par la polémique de Sévère d'Antioche P 164. p. 458. le Page P 263, p. 1348. le Scolastique. patriarche de Constantinople P 164. p. 497. Rhosos P 210, p. 1176. VIII, pape P 175. p. 607.
Jean Ἀσκουτζαγγής P 164, p. 496. Jéróme de Prague P 263, p. 1346. Jéróme de Stridon P 15, p. 111, 114; 31; 150, p.369, 388; 263, p.1431-1432, 1436; 263. 1444 ; 274 ; 281.
Job d'Édesse, i.e. Iyöb Urhaya, arab. Ayyüb al-Ruhäwi P 292. p. 1673. Johannes Georgides P 9, p. 108. Joseph, catholicos P 61, p. 184. Joséphe (Flavius -) P150, p.387; 263, p. 1415, 1445. Jovien, empereur P 282, p. 1534 ; 209, p. 1087. Jugurtha, R 17. Jules !' Africain P 263, p. 1445. Julia, mére d' Antoine P 254, p. 1280. Julia, mére de Rubellius Plautus P 199. Julia Domna, impératrice P 135; 165, p. 564; 313. Julia Silana P 199. Julia, voir Avidia, Pythias.
Julien Julien Julien Julien Julien
de Toléde P 252. l'Égyptien P 13. le Chaldéen, voir Julien le Théurge. le Théurge, pére P 263, p. 1362. le Théurge,
fils P 263, p. 1302,
1362 ;
282, p. 1530-1532 ; 292, p. 1602, 1637. Julius, voir Drusus, Herculanus, Julianus, Mauricius. Menecrates, Nicanor, Philopappos, Portus, Proclus, Rogatianus. Junilius Africanus P 61, p. 184. Junius, voir Brutus. Justin, abréviateur de Trogue Pompée P 258. Justin, apologiste P 79, p. 222 ; 205, p. 950. Justin II, empereur P 61, p. 183. Justinien, empereur P 61, p. 183 ; 164, p. 495 ; 175, p. 596 ; 263, p. 1432 ; 294.
Καινεύς P 292, p. 1560. Kasia, nonne P 9, p. 108. Katrarios (Ioannes —) P 263, p. 1406.
Kesios, adversaire de Schenoudi d'Atripe P 9, p. 97. Voir Gessius, égyptien. AI-Kindi, Abü Yüsuf Ya'qüb b. Isbáq, P 164, p.532-533, 536, 546; 195, p.849-851, 853-854. 860; 205, p. 927; 263, p. 1371. 1455, 1463, 1467; 292, p. 1661, 1665, 1667. Kométas,
professeur
de
grammaire
P 175,
p. 592. Kotys, tyran thrace P 343. Kumi, traducteur syriaque P 283. Kynaithón P 296. Labeo (Cornelius —) P 199.
Labienus (L. -) P 218, p. 1197. Labienus (T. —) P 254, p. 1277.
Lacharès d'Athénes P 18, p.119: p. 1085. Lachès P 195, p. 732-733 ; 339. Lachetes, archonte P 155, p. 409.
Julianus (Julius —), grand-père de Julien P 282, p. 1530.
Laco
Julie, épouse de Pompée P 254. p. 1270, 1272, 1276.
Lactance P 263, p. 1429, 1433 ; 263. p. 1296; 281. Lacydes, académicien P 46 ; 155, p. 410 ; 220 ; 275. Laelius Sapiens (C. —) P 3 ; 26, p. 138. Lais P 66.
Julien. empereur P 18, p. 123; 51, p. 176; 100; 126; 133; 175, p. 608, 610; 205, p. 1052; 210, p. 1171: 263, p. 1292, 1431, [438; 282, p.1528-1530, 1532-1535, 1538 ; 292, p. 1558 ; 321 ; 322; 336. Julien, poéte P 9, p. 104.
(Cornelius —), ami
de Rubellius
209,
Plautus
P 199,
Lamachos P 195, p. 733.
Lamiscos P 7, p. 87.
INDEX DES NOMS PROPRES Lampon P 210, p. 1149. Lamprias, frére de Plutarque de Chéronée P86, p.247-248, 258; 210, p.1108, 1121, 1147, 1150, 1156. Lamprias, grand-pére de Plutarque de Chéronée P 210, p. 1107. Lamprocles P 337. Laodamas de Thasos P 195, p. 832.
1843
Licinus P 197. Licymnios de Chios P 232. Livie,
épouse
d'Octavien
(Auguste)
P 199;
Lasthéneia de Mantinée P 98 ; 195, p. 638. Latronien P 281. Leidrad P 263, p. 1345. Lénaeus P 254, p. 1276.
224 ; 254, p. 1280. Livius, voir Larensis. Lollianus d'Éphése P 21. Lollius, voir Urbanus. Longin P 172 ; 195, p. 813 ; 205, p. 891. 895896, 902, 953, 964, 970, 978-979, 981982, 1024; 209, p.1089-1089; 263, p.1290-1291, 1293-1295, 1302-1305, 1307, 1312, 1316, 1318, 1330, 1387, 1389, 1448 ; 282, p. 1536 ; 288 ; 318.
Lentulus (P. —) P 52.
Longinus (Cassius —), historien P 263, p. 1310.
Leo Magentinus P 263, p. 1300. Léon I*', empereur P 273. Léon I l'Isaurien P 175, p. 588, 594. Léon V l'Arménien P 175, p. 589. Léon, académicien P 195, p. 838. Léon, correspondant de Photios P 175. p. 610. Léon, pére du péripatéticen Pancréon P 24. Léon, tyran de Phlionte P 98, 195, p. 672. Léon de Byzance, disciple de Platon P 24, 171. Léon le Mathématicien, archevéque de Thessalonique P 175, p. 592. Léon le Philosophe P 263, p. 1382-1383. Léónas, rhéteur P 292, p. 1548. Léonce P 18, p. 123. Léonce de Byzance P 164, p. 493, 175, p. 600. Léonidas de Tarente P 270. Léonidès d' Alexandrie P 270.
Longinus
Larensis (P. Livius -) P 110 ; 260.
Léonteus de Lampsaque, épicurien P 338. Lepidus (M. Aemilius —), grand pontife P 236, p. 1226. Lepidus (M. Aemilius —), triumvir de 43 à 36,
P 254, p. 1266, 1278, 1281-1282. Lepidus d'Amastris (Tiberius Claudius -) P 129. Lesbonax de Mytiléne P 165, p. 572. Leschés de Lesbos P 90, p. 271. Leucippe P 40, p. 153; 86, p. 252. Libanius P 9, p. 97, 148, 239, 282, p. 1529, 1533-1534, 1538 ; 295 ; 336. Libanius (Ps. —) P 292, p. 1652. Libo, voir Scribonius.
Licentius, 1808.
R8,
p. 1797,
1800-1803,
Licinianus, voir Piso. Licinius, voir Crassus, Murena.
1806,
(C.
Cassius —),
meutrier
de
César
P 28 ; 254, p. 1278-1279. Lucain P 84 ; 87 ; 222 ; 254, p. 1264.
Lucceius, historien P 254, p. 1272, 1276. Lucien, poète P 9, p. 103. Lucien de Samosate P 5 ; 22 ; 79, p. 199-220,
227;
133;
165,
p.568;
231;
236,
p. 1233; R 10. Lucilia, mére de Pompée P 254, p. 1264. Lucilius, tribun de la plébe P 254, p. 1271.
Lucilius (Gaius -), poète P9, p. 96, p. 103 ; 84 ; 155, p. 421 ; 254, p. 1264. Lucilius, voir Balbus. Lucillius, correspondant de Sénéque P 323. Lucinianus, ami d' Augustin R 8, p. 1803. Lucius, critique des Catégories d'Aristote P 263, p. 1354.
Lucius, éditeur des diatribes de Musonius P 23, 205, p. 969. Lucius Verus, empereur P 209, p. 1087 ; R 16. Lucréce P 3 ; 87. Lucretius (Lucius —). sénateur P 210, p. 1157. Lucullus (Lucius Licinus-). consul P p. 1268-1269 ; 155, p. 410, 414, 420, 423, 427-430, 433-434, 436; p. 1117 ; 254, p. 1264, 1267, I275 ; R
254, 422210, 7.
Lutatius, voir Catulus. Lycandre de Bithynie P 26, p. 138. Lyciscos P 277 ; 278 ; 310. Lycon, adversaire 239.
de Socrate
Lycón d'Iasos P 185.
de Tarente,
ou
P 195, p. 669; pythagoricien
Lycon de Bithynie, disciple de Panétius P 26, p. 138.
1844
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
Lycon de Troade, péripatéticien P 32; 173; 277,278 1 310 : 342. Lycortas, pére de Polybe P 236, p. 1224. Lycos P 263, p. 1335. Lycos, nom d'un inconnu dans les Pragmateiai de Philodéme P 338. Lycurgue Ρ 83, p.241; 195, p.831 ; 210, p. 1157; R 1H. Lycus. médecin Q 2. Lydus (Johannes-) P150, p.384; 292, p. 1549, 1564, 1619, 1632, 1636-1637. Lydus, voir Priscianus. Lyncée P 108, p. 293. Lysanias, pére de Céphalos P 108, p. 293. Lysanias de Sphettos. père d'Eschine P 195, p. 669. Lysiadés, archonte P 26, p. 133 ; 107. Lysiades, fils de Phédre d' Athénes P 107. Lysiadés des Bérénicides P 107. Lysias, orateur P 106 ; 195, p. 721, 788, 792793, 796 ; 213. Lysiclés P 217 ; 265. ami Lysimaque, de Sophronisque P 195, p. 732. Lysimaque, dans le De animalibus de Philon P 150, p. 364. Lysimaque, grand-pére de Lysimaque P 195, p. 732. Lysimaque. roi P 108 ; 142, p. 341. Lysippe, sculpteur P 265. Lysis d'Aixoné P 195, p. 741. Lysis de Tarente, pythagoricien P 77 ; 246; 337. Macarios de Magnésie P 263, p. 1298, 1432, 1434-1436, 1438, 1441, 1445-1446. Macarius, correspondant de Paulin de Nole R 8, p. 1807-1808. Macer, voir Bebius. Machan P 215. Macrobe P 150, p.384; 195, p.817; 205, p.897, 916, 920; 210, p.1171; 263, p. 1306, 1347, 1371-1372, 1374 ; 274. Magnus, médecin P 191. Magnus, préfet du prétoire des Gaules P 285. Magnus de Narbonne P 216.
Majorinus, R 8, p. 1804. Malalas (Jean -) P 290.
Malchus, historien P 18, p. 118. Malchus, i.e. Porphyre P 263, p. 1333. Malkos, pére de Porphyre P 263, p. 1291. Mamercinus (L. Aemilius —), consul P 299. Mamert (Claudien —) P 263, p. 1306, 1393. Al-Ma'mün, Abü al-"Abbäs "Abd Allàh b. Härün al-Raßid, calife, P 175, p. 593; 263, p. 1454. Manéthon P 263, p. 1310. Mani P 263, p. 1429. Manilius, astrologue P 79, p.207; 267, p. 1482. Manilius
(C. —),
tribun
de
la
plèbe
P 254,
p. 1268. Manlius, voir Theodorus, Vulso.
Al-Mansür, Abü Ga'far ' Abd Allah b. Mubammad b. ‘Ali calife, P Marc de Byzance P 218, Marc le Diacre P 294. Marc-Aurèle, empereur p. 394 ; 209, p. 1087 226 ; 282, p. 1529;
263, p. 1453. p. 1203. P 79, p.203; 153, ; 218, p. 1196, 1199 ; R 15,16.
Marcella, épouse de Porphyre P 263, p. 1296, 1308, 1429 ; 284. Marcella, mère de Proclus P 57 ; 292, p. 1548. Marcellinus, auteur d'une Chronique P 118. Marcellus, consul en 51° (M 27) P 190. Marcellus
(M.
Claudius -), consul
en 51*
(M
27) P 254, p. 1273 ; 267, p. 1485; R 13. Marcellus (M. Claudius —), neveu d'Octave (M
28) P 254, p. 1281. Marcellus (M. Claudius -), plusieurs fois consul à partir de 222*, P 210, p. 1162. Marcellus, voir Orrontius. Marciane P 206. Marcianos P 18, p. 121.
Marcion P 79, p. 226. Marcius, voir Philippus. Marcus, neveu de Philon d'Alexandrie P 150, p- 364. Marcus, voir Sedatius. Maria dite Kalomaria, sœur de l'impératrice Théodora P 175. p. 589.
Magnus Felix P 216 ; 285.
Marina, chez Palladius P 9, p. 99, 102.
Maiandros, pére de Protagoras P 302. Major d'Arabie, sophiste P 165, p. 564 ; 263, p. 1303.
Marina, fille de p. 93, 95-96.
l'empereur
Arcadius
Marinus, anatomiste alexandrin Q 2.
P9.
INDEX DES NOMS Marinus de Néapolis P 80 ; 175, p. 593 ; 205, p.917, 920; 289; 292, p.1548-1550, 1553, 1575, 1577, 1587, 1607, 1609, 1623, 1631, 1635, 1641 ; 294 , R 9. Marius
(C.-)
P210,
p. 1116,
1166;
254,
p. 1265 ; 267, p. 1485. Marius, i.e. Marsos ? P 18, p. 120. Marius, voir Maximus, Victorinus. Markios, le Samnite P 26, p. 138. Marsos P 18, p. 120-121. Martial P 9, p. 107. Martianus Capella P 204, p. 878 ; 263, p. 1345. Martianus d'Héraclée P 334. Al-Mas'üdi,
P 164, Martin de Marullina, Masinissa,
Abü
HHasan
‘AH
b. al-Husayn,
p. 537; 195, p. 856, 859-860. Dacie P 263, p. 1349. voir Pompeia. roi P 254, p. 1278.
Mégéthion, dédicataire de Pappus P 36. Mégéthios, rhéteur P 294. Mégillos de Sparte, interlocuteur des Lois de Platon P 195, p. 823. Mégillos de Sparte, pythagoricien P 81. Mégistias de Smyrne P 165, p. 572. Meidias P 335. Mélanie l'Ancienne P 187. Mélanippidès de Tarente P 96 ; 99 ; 183. Mélantès, héritier de Théophraste P 24. Mélantés (ou Mélantas), père de Théophraste P 24. Mélanthios de Rhodes, académicien P 155, p. 410. Mélanthos, père de Codros P 195, p. 634.
Matidie l' Ancienne P 206. Matidie la Jeune P 206. Matius (C. —) P 224. Mauropous (Jean -) P 210, p. 1176 ; 312. Maurus, soldat « comes » de Gratien P 9, p. 98. Maurus, chez Palladas P 9, p. 98. Maxime, invité de Longin P 263, p. 1303. Maxime d'Éphése P 148 ; 282, p. 1528, 15311534, 1536-1537 ; 292, p. 1558 ; 336. P 205, p. 965 ; 210, p. 1156,
1184 ; 282, p. 1531. Maxime Héron d' Alexandrie P 79, p. 199, 228. Maxime le Confesseur P 127. Maxime le Confesseur (Ps. -) P 292, p. 1619.
669, 688 ; 239; 263, p. 1332. Mélissa, courtisane P 43. Mélissa de Samos P 81. Mélissos de Samos P 7, p. 87-88 ; 164, p. 478 ; 195, p. 701 ; 215 ; 237 ; 327, p. 1752. Mélitinè, voir Aurélia. Mélitios, évêque de Lycopolis P 188. Mélitos, voir Mélètos.
Memmius (C. —) P 28 ; 60 ; Memmia, voir Eurydice. Ménandre, poéte comique 108, p. 290 ; 200 ; 210, Ménandre, rhéteur P 40, p. 294.
254, p. 1267. P9, p.107; 49; p. 1167, 1175. 156 ; 218, p. 1196 ;
Ménandros, P 202.
fils de Euthycomas
p. 1226. Maximus (Fabius -), père adoptif de Fabius Maximus fils de Paul-Émile P 64.
Ménandros
(T.
Maximus
Ménechme (Ménaichmos), P 131, p. 318.
Maximin, empereur P 15, p. 115; 245.
Maximus (Fabius —), fils de Paul-Émile P 236,
(Q.
Fabius —)
P 195,
Mélétos, accusateur de Socrate P 195. p. 663,
Mauricus (Junius —) P 203, p. 873-874.
de Tyr
1845
Méléagre de Gadara P 43 ; 142. p. 336. Mélèsias, grand-père de Mélèsias p. 732. Mélèsias P 195, p. 732.
Maternus (Firmicus -) P 205, p. 913.
Maxime
PROPRES
officier
siége de Tarente P 261.
pendant
le
Flavius -),
(T. Flavius -)
diadoque
stoicien
P 30 ; 202. Ménas/Ménodore P 254, p. 1280. mathématicien
Maximus (Marius -), historien P 8.
Ménécrate, amiral P 254, p. 1280, 1282.
Mécène P 224 ; R 12.
Ménécratès (lulius —) P 230 ; 222.
Médios P 335. Médios de Larissa P 102, p. 284. Médius P 172. Mégacleidès P 302. Mégaclide d’Athenes P 142, p. 345. Mégasthène P 263, p. 1415.
Ménédéme
d'Érétrie
P 37; 51, p. 174; 83,
p.239; 102, p.280, 282, 284; p. 766 ; 201 ; 265 ; 327, p. 1750. Ménédéme de Pyrrha P 195, p.638;
195, 263,
p. 1332. Ménémachos de Sardes P 210, p. 1137-1138.
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
1846
Ménéxéne, fille de Diodore Cronos P 29, 157. Ménexéne de Péanée P 195. p. 675, 742, 784. Ménippe de Gadara P 79, p. 214. Ménocharès P 159, p. 449. Ménodore, officier de (Sextus) Pompée P 254, p. 1280-1281. Ménodore/Ména P 254. p. 1282. Ménodote de Nicomédie P 118 ; 275 ; 317. Ménon. médecin P 137 ; 237. Ménon de Pharsale P 137 ; 195, p. 780, 840. Ményllos P 171. Messala, voir Appianus, Corvinus. Mestrius, compagnon d'Othon puis de Vespasien P 210. p. 1112. Mestrius, voir Autoboulos, Florus, Ploutarchos, Soclaros. Metella, épouse de Sulla P 254, p. 1265. Metellus Numidicus (C. -), consul en 109*, R 17. Metellus Celer (Q. Caecilius —), consul en 60°,
P 254, p. 1268-1269.
Metellus Creticus (Q.), consul en 69°, P 189.
Metellus
Nepos
Metellus
(C. -), frère de Q. Caecilius
Celer,
consul
en
57*,
P 254,
p. 1269. Metellus Pius (Ὁ. Caecilius —) P 254, p. 12651266. Metellus, voir Calvus, Scipion (Q. Metellus —).
Méthode, patriarche P 175, p. 601-602. Methode d'Olympe P263, p. 1431, 14451446. Méton d'Athènes P 131, p. 317. Métopos P 170. Métroclès de Maronée P 58 ; 79. p. 214. Métrodore, médecin P 335. Métrodore, peintre et philosophe P 64. Métrodore d'Amphipolis, médecin, fils de Timocles P 335. Métrodore de Chios P 263, p. 1327. Métrodore de Lampsaque. épicurien P 40, p. 160 ; 142. p. 343, 350, 357, 359 ; 241 ; 242 ; 159, p. 447, 451 ; 338. Métrodore de Stratonicée P 155, p. 410-411, 419- 421, 425-426. Métrophanès (P. Aelius —) P 165, p. 564. Miccylos P 132. Michel ll, P 175, p. 587.
Michel Cérulaire P 292, p. 1601, 1604 ; 312.
Michel d'Éphése P 164, p. 481 ; 263, p. 1406. Michel de Synada P 175, p. 590. Michel Glykas P 263, p. 1421. Michel Italicus P 292, p. 1601, 1633.
Michel le Syncelle P 175, p. 594. Michel le Syrien P 164, p. 494, 497, 505 ; 263, 1421, 1436, 1442, 1450. Mikkalos P 63. Milon P 254, p. 1272. Milón de Crotone P 44, p. 168. Miltiade de Carthage P 264. Mimnerme P 142, p. 358. Minicia P 203. p. 875. Minicius, voir Fundanus. Miskawayh,
Abü
‘Ali Ahmad
b. Muhammad,
P 61, p. 187; 263, p. 1357. 292, p. 1590, 1663, 1672.
1461,
1467;
Mithres P 142, p. 341, 349. Mithridate, le Perse P 195, p. 841.
Mithridate VI Eupator, roi P 142, p. 337 : 155, p.412-413; 189; 210, p.1107; 254, p.1268-1269, 1274-1276; 258, 267, p. 1485. Mnaséas, sceptique P 147. Mnaséas de Tyr, académicien P 147. Mnésarque d'Athénes, stoicien P 26, p. 134. 137 ; 155, p. 406, 411-412, 415. Mnésistrate de Thasos P 82. Modératus de Gadés P205, p.950; 205, p. 964, 970 ; 263, p. 1301, 1319, 13341335. Modestin P 245. Moérus P 169. Moise P 150. p. 366. Mollá Sadrá P 263, p. 1371. Molpis P 43. Monime de Syracuse P 251. Moschopoulos (Manuel —) P 292, p. 1600.
Moschos P 102, p. 280. Moshé ibn Lanis P 263, p. 1456. Al-Mubassir b. Fätik, voir Abü al-Wafä'. Mu'ammar b. ‘Abbäd P 164, p. 545. Muhammad b. Su'ayb. P 175, p. 606. Mucia, épouse de Pompée 1269, 1276, 1281, 1283.
P 254,
Michel IIl, empereur P 175, p. 590, 592, 610.
Mucius, voir Scaevola.
Michel Apostolius P 9, p. 108.
Al-Mubassin b. 'Ali, P 195, p. 858.
p. 1266.
1847
INDEX DES NOMS PROPRES Al-Mutahhar p. 532. Mummius
b. (L.-),
Tähir
al-Magdisi,
consul
en
P 164,
146',
P236,
p. 1227. Mummius
(Spurius —), frère de
L. Mummius
P 26, p. 134. Munatius, voir Thémison. Murena (L. Licinius —) P 224 ; R 13.
Musonius Rufus P 23 ; 79, p. 209 ; 81 ; 157; 165, p.568; 199; 203, p.873; 210, p. 1167-1168, 1170; 226,228 ; R 11 ; 16. al-Mu'tasim, Abü
Ishäq Muhammad
b. Hàrün
al-Rasid, calife, P 205, p. 927. Myès P 86, p. 254-256. Myia P 182. Myrmex P 157. Myrónianos d'Amastrée P 149 ; 259. Myrtilus de Thessalie P 132. Myrto, femme de Socrate P 81. Nabuchodonosor P 263, p. 1445. Naucydès P 40, p. 153. Nausiphane P 40, p. 153 ; 276 ; 277. al-Nazzäm,
Abü
Ishäq
Ibrähim
b. Sayyär
b.
Hàni' P 164, p. 544. Néanthe de Cyzique P 133 ; [95, p. 633-634 ; 263, p. 1335. Néarque de Tarente P 235 ; 261. Nebridius, R 8, p. 1803-1804. Némertius P 263, p. 1305, 1295. Némésius d'Émése P 162 ; 205, p. 895, 915 ; 263, p. 1305.
Néolés, frére d'Épicure P 184. Nero (Tiberius Claudius —) P 254, p. 1280.
Néron, empereur P 8 ; 52 ; 79, p. 209 ; 84; 87; 144; 191; 199; 204, p.877; 210, p. 1104 ; 226, Nerva, empereur P 8 ; 203, p. 872.
Nestorius, grand-pére de Plutarque d'Athénes
P 54 ; 209, p. 1095 ; 292, p. 1610. hiérophante
P 209, p. 1079,
1088-
1089.
Nestorius, pére de Plutarque d'Athénes P 18,
p. 119 ; 209, p. 1076-1077 ; 282, p. 1536. Nestorius d'Antioche P 164, p. 492, 495, 552. Nicagoras, arriére-grand-pére Rhodes P 26, p. 133.
210, p. 1104, 1109.
Nicagoras
d'Athènes
(lunius -),
petit-fils
de
Nicagoras d' Athénes P 209, p. 1079. Nicagoras le sophiste, invité chez Longin à Athénes P 263, p. 1303. Nicandre de Colophon P 108, p.290; 118; 210, p. 1130, 1143. Nicanor (Julius —), poéte P 323.
Nicanor de Stagire P 335. Nicarque P 210, p. 1107. Nicasicratés de Rhodes, épicurien dissident P 45 ; 142, p. 341. Nicéphore, correspondant de Photios P 175, p. 610. Nicéphore Basilakès P 294. Nicéphore Calliste P 164, p. 493. Nicéphore de Constantinople, patriarche P 175, p. 591-592, 598, 600. Nicéphore, voir Grégoras. Nicératos, fils de Nicias P 195, p. 792, 794, 796 ; 213. Nicétas Choniatés P 164, p. 493 , 294, Nicétas de Serres P 292, p. 1607. Nicétés, archonte P 155, p. 406-409. Nicétés Sacerdos, rhéteur P 203, p. 872. Nicias, général athénien P 51, p.175; 102, p. 283 ; 195, p. 732-733 ; 210, p. 1157. Nicias, pére de Nicératos P 195, p. 793. Nicias de Nicée P 83, p. 235, 237. Nicias de Syracuse P 213. Nicias, voir Curtius.
Néoptoléme de Paros P 142, p. 346.
Nestorius,
Nicagoras, pére de Panétius de Rhodes P 26, p. 132-133. Nicagoras d'Athénes, sophiste P 165, p. 564 ;
de Panétius
de
Nicion, sumommée la mouche à chiens P 43. Nicocles, tyran de Sicyone P 163. Nicolas I*', pape P 175, p. 589, 594. Nicolas, rhéteur P 209, p. 1076. Nicolas (de Damas) P 263, p. 1305. Nicolas de Cuse P 292, p. 1656. Nicolas de Méthone P 292, p. 1611, 1656; 294. Nicolas de Myre P 175, p. 608 ; 292, p. 1549. Nicolas de Paris P 263, p. 1348. Nicolas le Mystique P 175, p. 606. Nicolas Oresme P 164, p. 480. Nicolochos de Rhodes P 275. Nicomachos, archonte P 155, p. 406, 408-409. Nicomachus (Flavianus —) P 274.
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
1848
Nicomaque, fils d’Aristote P 278. Nicomaque de Gerasa Ρ 40. p.156;
150,
p. 384 ; 164, p. 489, 491 ; 169 ; 206 ; 263, p. 1334-1335 ; 292, p. 1560, 1640 ; 293a ; 299. Nicoméde, héraclitiste P 68. Nicoméde II de Nicomédie P 260. Nicomédés, agent impérial, adversaire des néoplatoniciens d' Alexandrie P 18, p. 122. Nicostrate, fils de Théozotidés, présent lors de la mort de Socrate P 195, p. 669. Nicostrate, sophiste P 165, p. 572. Nicostrate d'Athènes. critique des Carégories d'Aristote P 263, p. 1354. Al-Nisàábüri,
Sa'id b. Muhammad
Abü
Rasid,
P 164, p. 529. Nicostratos P 205. p. 969. Nicotélés, frére d' Annicéris de Cyréne P 269. Nigidius Figulus P 204, p. 880. Nigrinus (Avidius —) P 210, p. 1135, 1167. Nikanor, moine P 175, p. 602. Nil d'Ancyre P 294. Ninos, roi d'Assyrie P 108, p. 294.
Nonnus de Panopolis P 9. p. 106 ; 18, p. 117. Numa P 64 ; 210, p. 1118. Numance P 236, p. 1228 : R 17. Numénius d'Apamée P79, p. 215 ; 147 ; 155, p. 411 ; 205, p. 895, 937, 941, 950, 964, 967, 970-972, 980, 982-983, 987-988; 210, p. 1174 ; 263, p. 1305, p. 1318-1320, 1331, 1362, 1365-1367, 1369, 1372, 1387, 1444. Numisianus, médecin Q 2.
Nysios, le Samnite P 26, p. 138. Occeló P 234. Occélos P 168, 234. Ocellos de Lucanie (Ps. —) P 150, p. 384.
Occia, voir Prisca. Octave, i.e. l'empereur Auguste P 28; 190; 254, p. 1278-1282 ; voir aussi Auguste. Octavie P 199.
Octavien, i.e. l'empereur Auguste P 166 ; 224; voir aussi Auguste. Octavius (Gnaeus -), légat romain P 159, p. 449.
Olympiodore d'Alexandrie P 65 ; 90, p. 269 ; 164, p. 462, 465, 469, 471, 512-513, 532 : 195, p. 632, 684, 689. 834, 841. 858 ; 205. p.911, 917, 923; 209, p.1093; 210, p. 1173 ; 263, p. 1457, 1459 ; 283 ; 292. p. 1567-1569, 1632, 1636, 1640. 1650; 294 ; 312 ; 315, p. 1721. Olympiodore l'Ancien, maitre de Proclus à Alexandrie P 292, p. 1549, Olympios P 9, p. 96. Olympios de Cilicie, philosophe P 9, p. 96. Olympios de Syrie, correspondant de Synésius P 9, p. 96. Olympius, pére de Patricius P 56. Onésicrite d'Astypalaea P79, p.210, 214: 133; 327, p. 1751.
Onésicrite d'Égine P 133. Onésime P 210, p. 1170. Onétor P 54. Onomacrite P 296. Opheltas P 210, p. 1107. Oppius (C. -) P 224. Optatus (Flavius —) P 316. Orata (Sergius -) P 271.
Orestadas P 42. Oribase P 282, p. 1532. Origéne
d'Alexandrie
P 15, p. 111,
113-115
;
31; 150, p. 367, 387-389 ; 175, p. 596, 609; 187; 188, 205, p.888, 950, 967, 975-976, 978-979, 981; 210. p.11731174 ; 263, p. 1292, 1430, 1433, 14391443, 1447 ; 294. Origéne le Platonicien P 195, p.813: 205. p.917, 975-976, 978-980, 1042; 209, p. 1089 ; 263, p. 1292, 1325, 1387-1389, 1419. Orion
d’Alexandrie,
grammairien
P 292,
p. 1548. Orion de Thebes P 164, p. 489. Orose P 281.
Orphée P 54, 292, p. 1553. Orrontius (Marcellus -), R 6.
Othon, empereur P 210, p. 1112. Ovide, poète P 224. Pacatus (Drepanius -), rhéteur P 263, p. 1420,
1432, 1436, 1444-1446.
Odaenathus de Syrie P 209, p. 1080.
Paccius P 210, p. 1114, 1134.
Oinomaos de Gadara P 51, p. 176. Olympiodore, historien P 175, p. 607.
Pachymére (Georges -) P. 1567, 1582 ; 312.
P 164,
p. 481;
292,
INDEX DES NOMS PROPRES Paetus, voir Thrasea Paetus. Paetus (Caecina) P 5.
Paióneios P 157. Palchos, astrologue P 205, p. 919. Palfurius (P.—), consul suffect en 55, P 8.
Pallas P 263, p. 1415. Pamphile, écrivain ecclésiastique P 13. Pamphile, maître d'Épicure P 13. Pamphile, rhéteur P 17. Pamphile d' Alexandrie P 108, p. 293. Pamphile de Césarée P 50, p. 367; 187 ; 263a. Pamphile de Jérusalem. dédicataire de Cosmas Indicopleustes P 13. Pamphilè d’Epidaure P 195, p. 633. Pamphilios d'Amphipolis, peintre macédonien P 14. Pancarius P 263, p. 1383. Pancratés, magicien égyptien P 22. Panétius de Rhodes P 25 ; 26, p. 133; 39 , 68 ; 69 ; 75 ; 83, p. 235, 243 , 93; 142, p. 340 ; 155, p. 411 ; 167 ; 195, p. 640, 791 , 196 ; 204, p. 879; 210, p.1114, 1163; 236, p. 1226 ; 256 ; 267, p. 1484, 1493 ; R 17.
Panétius I, P 26, p. 133. Panétius II, P 26, p. 133. Panétius IV, P 26, p. 133. Pannychus, lutteur P 27. Pannychus, mari trompé P 27.
Pansa, tribun de la plébe de 51, P 28. Pansa Cetronianus (C. Vibius —) P 142, p. 337.
Pantacléia P 157. Pantagathos P 9, p. 105. Pantène P 150, p. 367. Panthoidés P 157. Panyassis d'Halicarnasse, poéte contemporain d'Hésiode P 33. Papianilla P 285. Papiria, épouse d' Aemilius Paulus P 64. Papirius, voir Fabianus. Pappus P 175, p.593; 154, p.403; 263, p. 1377 ; 315, p. 1720. Paralios, ami de Socrate P 195, p. 669. Paralios d' Aphrodisias P 18, p. 124. Paramonos de Lamptres P 39. Paramonos de Palléne P 39.
Paramonos de Phlionte P 39. Paramonos Εὐων[υμεύς] P 39.
Parménide d'Élée P 86, p. 262 ; 164, p. 478 ; 195, p. 635, 694, 697, 700-702, 705, 712,
1849
815; 205, p.918, 940, 942-943, 10281030 ; 210, p. 1137 ; 302 ; 339. Parmeniscus, grammairien alexandrin P 43. Parmiscos P 42. Parón, général crotoniate P 44, p. 166. Parrhasius, peintre P 133. Parthénios de Nicée P 45. Pasiclés de Thèbes, frère de Crates P 49. Pasiphon d'Érétrie P 51, p. 174 ; 83, p. 243, 102, 284. Pasiphon τοῦ Λουκιανοῦ P 133. Passienus, voir Rufus. Passius, homme riche évoqué par Juvénal P 1. Passius Africanus (C.-), orateur P 1.
Paterculus, voir Velleius. Patricius, pére d' Augustin R 8, p. 1799. Patricius, pére de Proclus P 292, p. 1548. Patricius, moqué par Palladas P 9, p. 104. Patricius, questeur à Constantinople en 390 P 9, p. 99. Patricius de Xanthus en Lycie, pére de Proclus P 57. Patrón P 107 ; 197. Paul, adversaire des manichéens P 61, p. 184. Paul d' Alexandrie P 263, p. 1382.
Paul d'Égine P 175, p. 593 ; 191. Paul de Tarse P 142, p. 352; 205, p. 993. Paul de Tyr, ambassadeur d'Hadrien P 153, p. 394. Paul le Perse P 263, p. 1453; 283. Paul le Perse de Nisibe, évéque de Nisibe P 61, p. 184. PaulaP 15, p. 111. Paulin de Nole P 8, p. 1797, 1806-1808 ; 281. Paulina
(Fabia
Aconia-),
épouse
de
Prae-
textatus P 274. Paulinus (T. Claudius —), notable à Pergame P 62. Paulinus de Scythopolis P 263, p. 1408. Paulus (L. Aemilius), consul en 216*, pere de
L. Aemilius Paulus P 3 ; 64.
Paulus (L. Aemilius), Paul-Émile, vainqueur de Persée P 3 ; 236, p. 1225-1226, 1234. Pausanias de Céramées P 195, p. 719, 761. Pausanias de Géla P 68 ; 137. Pausanias le Pontique P 26, p. 138. Pausimaque de Milet P 142, p. 345. Peisianax P 67. P(e)isirrhodé P 73, 170.
1850
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
P(e)isirrhodos de Tarente P 72, 170. P(e)isón P 26, p. 138.
Pélopidas P 169 ; 210, p. 1120 ; 245. Pélops, médecin Q 2. Pempélos P BI. (Titus Flavius -) P129; 210, p. 1114, 1137, 1155. Pennus, voir Pompeius. Perdicas III P 195, p. 830. Périandre P 12. Périclés P 12. Périclés P 195, p. 732, 762, 785, 787, 793; 210. p. 1149, 1161:213; 302: 337. Périclés de Lydie P 292, p. 1549, 1628. Périctioné. mère de Platon P 81 ; 195, p. 634, 724 : 339. Périlaos P 109. Pemptidés
Péristrate d’Ephese P 51, p. 174. Perpenna, lieutenant de Sertorius P 254, p. 1265-1267. Persaios de Kition P 51, p. 174-175 ; 161. Persée, fils de Philippe V de Macédoine P 3, 64 : 236. p. 1226, 1230, 1232. Petraios d'Hypata (L. Cassius —), épiméléte de l'Amphictionie P 210, p. 1105. Petreius P 254, p. 1271. Pétron d'Himére P 90, p. 271. Petronius (C. —) P 87.
Phainias d'Érése P7. p. 88; 86, p. 247-248, 252, 258. 261. Phanias, disciple de Posidonius P 249 ; 267, p. 1486. Phanias, voir aussi Phainias. Phanias, prophéte platonicien P 117. Phanos P 96 ; 99 ; 183.
Phantón de Phlionte P 244. Phaón, médecin P 137. Phaón P 96 ; 183.
Phaôn d'Athénes, musicien P 99, Pharnace P 210, p. 1150. Phason P 195, p. 759. Phéas, démagogue P 195, p. 840. Phédon d'Élis P 51, p. 175 ; 195, p. 672-673; 201 ; 327, p. 1750. Phédondès P 195. p. 675. Phédre, éphèbe P 107. Phedre, épicurien P 142, p. 337. Phedre d'Athénes, épicurien P 60, 155, p. 412;
159, p. 447.
Phédre de Myrrhinonte P 66, 195, p. 720. 761 ; 213. Phénix de Colophon P 265. Phérécyde d'Athènes P B6, p. 253. 109. Phérécyde de Syros P 40, p. 153; 137; 263, p. 1329; 292, p. 1652. Phidias P 302. Phila, épouse d'Antigone Gonatas P 83, p. 237. Philadelphe de Ptolémais P 260. Philagathos de Cérami P 127. Philagrios, ami de Grégoire de Nazianze P111. Philagrios, commentateur d'Hippocrate P 111. Philagrius, patrice P 285. Philéas de Thmuis P 187. Philébe P 195, p. 714 ; 304. Philémon. poéte comique P 200. Philétas, médecin P 137. Philétas de Cos P 108, p. 290. Philidas de Milet P 129. Philinos, ami de Plutarque de Chéronée P 210, p. 1103, 1154. Philion P 118. Philión d’Alôpékè P 151. Philippe II de Macédoine, roi de Macédoine P24; 131, p.314; I54, p.402; 195, p. 830 ; 210, p. 1107 ; 218, p. 1200. Philippe V de Macédoine, roi de Macédoine P 236, p. 1224, 1226. Philippe, frére de Procope de Gaza P 294. Philippe d'Oponte P 121 ; 195, p. 637, 828. Philippe de Mégare P 6; 121. Philippe de Sidé P 15, p. 112; 31 ; 188. Philippe l'Athée P 121. Philippidés P 195, p. 633. Philippus (L. Marcius -) P 254, p. 1266. Philippus (Q. Marcius -), censeur P 64.
Philiscos, cordonnier P 133. Philiscos, poéte comique P 133.
Philiscos d'Égine P SI, p. 173 : 132. Philiscos de Corcyre, poéte P 133. Philiscos de Milet, rhéteur, disciple d’Isocrate P 133. Philiscus
(Aelianus -),
stratège
de
Thessalie
P 135. Philista, sœur de Pyrrhon P 327, p. 1761. Philistion, médecin P 67. Philitas de Cos, poéte P 265. Philoclés, archonte P 155, p. 409.
INDEX DES NOMS PROPRES Philocrate P 175, p. 608. Philodéme de Gadara P 26. p. 134 ; 70; 87; 107 ; 133 ; 159, p. 442 ; 190 ; 195, p. 632, 636 ; 217 ; 244 ; 267, p. 1498 ; 276 ; 277; 302;314,338;Q I. Philolaos
de
Crotone
P 19;
77;
86,
p.256,
258 ; 98 ; 180 ; 195, p. 636, 673-674, 676, 718. Philologus (L. Ateius —) P 227.
Philomélos P 142. p. 346. Philométor, dans une lettre d' Alciphron P 133. Philon (de Mégare ?) P 155, p. 405. Philon (Herennius —), consul P 153, p. 393. Philon
d'Alexandrie
P15,
195,
p.114;
p. 817 ; 205, p. 944, 966 ; 299. Philon d'Athènes, auteur d'un
traité
de
poliorcétique P 153, p. 399 ; 154, p. 402.
Philon d’Athenes, disciple de Pyrrhon P 149. Philon d'Héraclée P 263. p. 1306. Philon de Byblos P 7, p. 85 ; 263, p. 1420. Philon de Byzance, auteur d'un Περὶ τῶν
ἑπτὰ θεαμάτων P 153, p. 399. Philon de Larissa P 233 ; 263, p. 1327 ; 327, p. 1754 ; R 7. Philon de Mégare P 29 ; 121 ; 157. Philonidés de Laodicée, épicurien P 142, p. 341.158 ; 161 ; 242 ; 293. Philonidès de Laodicée, père de Philonidès l'épicurien P 159, p. 443-445, 447. Philonidés de Thébes P 83, p. 237-238, 243.
Philopappos (C. Julius p. 1114, 1130.
Antiochus —)
P 210,
Philopoimén P 236, p. 1224. Philopon
195, 209, 1459, 1562, 1622, 1672
(Jean -), P 90, p. 268 ; 175, p. 609 ;
p. 649-650 ; 205, p.911. 917, 922 ; p. 1090 ; 263, p. 1373. 1406, 14581464 ; 279, p. 1515 ; 292, p. 15591570, 1573, 1576, 1591-1596, 1619, 1624, 1640-1641, 1648, 1657-1658, ; 293a ; 312.
Philostorge P 263, p. 1431. Philostrate I P 79, p. 203. Philostrate
II, dit parfois
cien » ou «Philostrate
«Philostrate | Athénien»
l'AnP 165,
p. 563, 565. Philostrate Philostrate P 165, Philostrate,
III de Lemnos P 165, p. 563-564. IV, dit «Philostrate le Jeune» p. 563. archonte athénien P 165, p. 565.
1851
Philostrate, pàre de Philostrate de Styria P 165, p. 564. Philostrate (identifications contestées) P 175, p. 610 ; 210, p. 1110 ; 218, p. 1195 ; 231 ; Q 4. d'Athhénes Philostrate, pere de Polémon P 217. Philotas d'Amphissa P 210, p. 1107. Philoxéne de Cythére P 90, p. 271. Philtis, fille d'Eudoxe de Cnide P 168. Philtys, fille de Théophris de Crotone P 168. Philtys de Crotone P 170. Phintia, chez Hygin P 169. Phintias P 299. Phintias, pythagoricien syracusain P 170. Phintis de Syracuse P 170. Phintys P 81 ; 168 ; 215.
Phlégon de Tralles P 263, p. 1310. Phocas bar Sargis d'Édesse P 205, p. 925. Phocion Chrestos P 133 ; 210, p. 1163. Phoenix de Thessalie, sophiste P 135. Phormion, péripatéticien P 277 ; 278 ; 310. Phormion d'Élée P 40, p. 155 ; 195, p. 638. Photidas P 178. Photius, patriarche P 15, p. 112; 79, p. 229 ; 210, p. 1127, 1175 ; 234 ; 292, p. 1648. Phraotés, grand-père de Phraotès P 176. Phrynichos P 218, p. 1196 ; 231. Phylarchos d'Athénes, historien P 112 ; 275. Phyromachos P 96 ; 99. Phytios, pére du poéte Ibycos P 185. Phytios, pythagoricien P 186. Piérius P 15, p. 112-113. Pierre Abélard P 263, p. 1348. Pierre d' Auvergne P 263, p. 1349. Pierre de Callinique P 164, p. 497 ; 283. Pindare P 9, p. 107 ; 142, p. 358; 175, p. 610; 195, p. 798 ; 205, p. 899 ; 263, p. 1303; 282, p. 1533. Pisandre de Camire P 292, p. 1649-1650. Pisandre de Laranda P 292, p. 1648, 1650. Pisistrate, tyran à Athenes P 15, p. 114 ; 195, p. 835 : 218, p. 1200. Piso
(Cn.
Calpurnius -),
conjurateur
en
65,
P 87. Piso (L. Calpurnius —), consul en
192. Piso (L. Calpurnius S8*, P 189.
175, P 191;
Caesonius -), consul
en
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
1852 Piso
(M. Pupius -). fils de M. Pupius Piso Frugi Calpurnianus P 189. Piso Caesoninus (L. Calpurnius --Ξ beau-père de Jules César et ami de Philodéme P 142, p. 336-339. Piso Frugi (L. Calpurnius —), consul en 133*, P 75. Piso Frugi Calpurnianus (M. Pupius —), consul en 61°, P 155, p. 411. Piso Licinianus, ami de Rubellius Plautus P 199. Pison, agent des Trente à Athénes P 213. Pison, dédicataire de Galien P 191 ; 192.
Pison,
dédicataire
du
Περὶ
εἱμαρμένης
du
Pseudo -Plutarque P 210, p. 1142. Pittacos de Mityléne P 12 ; 109. Planude (Maxime -) P 9, p. 96 ; 210, p. 1127, 1176 ; 292, p. 1600. Platon, éléve de Praxiphane P 277. Platon
P ] ; 7. p. 88;
9,
p. 94;
12;
17;
18,
p. 121 ; 26, p. 135-136 ; 27 ; 40, p. 153154, 156, 158 ; 42 ; 44, p. 167 ; 56; 66; 67 ; 74 ; 79. p. 215 ; 81 ; 83, p. 243 ; 86, p. 248, 252 ; 87 ; 90, p. 270 ; 91, p. 273;
94 : 95 : 98 ; 100 ; 102, p. 279 ; 105 ; 106 ; 131, p. 313, 318 ; 133; 137 ; 142, p. 340, 347 ; 149 ; 150. p. 381 ; 155, p. 409-411, 422, 424 ; 160 ; 164, p. 474-476, 478, 482483, 486. 491, 538, 546 ; 169 ; 171 ; 174 ; 175, p. 592, 596, 610; 178; 186; 191; 203, p. 874 ; 204, p. 879 ; 205, p. 885, 891, p. 902, 908, 911, 916-918, 923, 937, 940953, 964, 977-978, 996-998, 1011, 1016, 1022, 1025-1028, 1032, 1039, 1045, 1047, 1056 ; 209, p. 1090 ; 210, p. 1109, 11131114, 1121, 1125-1126, 1145, 1147-1150, 1153-1154, 1159, 1161, 1166, 1170, 11741175 ; 213 ; 216 ; 217 ; 231 ; 232 ; 234; 236, p. 1231, 1233 ; 239 ; 249 ; 260 ; 263, p. 1303, 1305, 1316, 1319, 1321, 1325, 1328-1332, 1338, 1341, 1349, 1357-1376, 1378, 1381, 1406, 1415, 1461, 1466; 267, p.1484, 1489, 1495-1496; 277, 279, p. 1515 ; 281 ; 282, p. 1531, 1536, 1549 ; 292, p. 1590, 1564-1597, 1623, 1628, 1659, 1672 ; 296 ; 299 ; 300 ; 302; 312; 315, p. 1725-1726, 1729 , 321 ; 326 ; 334 ; 339; 342; R 5; 8, p. 1807. Platon d'Athénes P 193 ; 196 ; 261.
Platon de Rhodes P 26, p. 138. Platon (de Rhodes ?) P 277.
Plautien, préfet du prétoire P 165. p. 564.
Pleistanos d'Élis P 102, p. 280. Pleistarchos P 154, p. 404. Pleistarque, pére de Pyrrhon P 327, p. 1749. Pléthon (Georges Gémiste -) P 164, p. 477. 487 ; 210, p. 1176 ; 292, p. 1631. 1633. Plinius Caecilius Secundus
(C. —), i.e. Pline le
Jeune P 153, p. 395 ; 204, p. 877 ; 206. Plinius
Secundus
(C. —)
i.e.
Pline
l'Ancien
P 90, p. 270 ; 118 ; 175, p. 605 ; 198 ; 203, p. 871 ; 267, p. 1498. Plotin P 40, p. 157; 63; 79, p.215: 109; 158 ; 164, p. 483, 487 ; 195. p. 683. 849 ; 209, p. 1089 ; 210, p. 1172 ; 263, p. 1290, 1293-1297, 1302, 1304-1305, 1310, 1312, 1316, 1318-1320, 1322, 1324-1325, 1327, 1330-1331, 1338, 1343, 1349, 1353-1354, 1367, 1369, 1372, 1384, 1387, 1392, 1394, 1397-1398, 1405-1406, 1409-1410, 1417, 1428, 1430, 1449-1450 ; 282, p. 1537. 284; 292, p. 1597-1599, 1610, 1618, 293;312;R6;8,p. 1802. Plotina (ou Plotia), mére de Plotina P 206.
Plotina (Ulpia Marci filia —) P 206. Plotina, voir Pompeia. Plotine P 129. Plotius, voir Tucca. Ploutarchè P 209, p. 1079. Ploutarchos, fils de Plutarque de P 210, p. 1113.
Chéronée
Ploutarchos (Mestrius -) P 210, p. 1103.
Plutarque, correspondant de l'empereur Julien P 209, p. 1078. Plutarque, fils de Hiérius P I8, p. 119. Plutarque, fils de Plutarque de Chéronée P 210, p. 1109, 1140.
Plutarque, fils de Plutarque ἀρχιερεύς et père de Nestorius l'hiérophante P 209, p. 1078. Plutarque, grand-prétre de l'Attique P 209. p. 1078. Plutarque, pronconsul d'Achaie P 209, p. 1078. Plutarque, sophiste P 209, p. 1081, 1083, 1090. Plutarque
(Ps. —) P 195, p. 862 ; 205,
p. 961
209, p. 1092. Plutarque d'Alexandrie P 210, p. 1170. Plutarque
d'Athènes
P 18.
p. 119;
54;
80;
164, p.476; 195, p.860-861; 205, p. 917 ; 263, p. 1325 ; 282, p. 1536 : 292, p. 1549, 1564, 1570, 1600, 1610.
;
1853
INDEX DES NOMS PROPRES Plutarque
de
Cheronee
P 40,
p.156:
86,
p.247. 249-251; 88; 101; 119, 130; 164, p. 484 ; 192 ; 195, p. 689, 766, 838, 859, 861 ; 205, p. 945, 965, 968, 982 ; 209, 1090, 1092-1093, 1095; 227; 263, p. 1300, 1306, 1318, 1320, 1331, 1415, 1419 ; 267, p. 1491, 1498 ; 292, p. 1600. Polémarchos de Tarente P 170. Polémarque, fils de Céphale
P 195,
p. 792,
794, 796, 798. Polémius Polémon Polémon, Polémon Polémon Polémon
Polyxéne, dialecticien P 90, p. 269 ; 157. Polyxène, père de Syrianus P 282, p. 1536. Polyzelos, pére de Pythodoros P 302. Pompeia, fille de Pompée P254, p. 1266, 1276-1277. Pompeia Marullina P 206. Pompeia Plotina P 253. Pompeia Polla P 202. Pompeius
(Cnaeus-),
fils
de
Pompeius
Magnus P 254, p. 1266, 1276-1277, 1283.
P 285. II du Pont, roi P 218, p. 1197. académicien P 155, p. 410 ; 265. (Remmius -), grammairien P 84. de Laodicée P 165, p. 572. le Périégète P 26, p. 137.
Pompeius
(L.—),
pére
de
Pompeia
Plotina
P 206.
Pollio P 224. Pollion (Annius —) P 226 ; 228. Pollion (Asinius —) P 254, p. 1278.
141", P254, (Q.—) consul en p. 1264. Pompeius (Sextus —), fils de Pompeius Magnus P 254, p. 1265, 1274. Pompeius Bithynicus (A. —), propréteur P 254, p. 1279. Pompeius Capito (Q. —) P 202. Pompeius Falco P 203, p. 875. Pompeius Magnus P28; 189; 190; 210, p. 1157 ; 224 ; 227 ; 254, p. 1283 ; 255, p. 1276 ; 256 ; 258 ; 267, p. 1485, 1490 ; R 13. Pompeius Pennus P 253. Pompeius Rufus, consul en 88°, P254, p. 1265.
Pollion d' Alexandrie (Valerius —) P 226 ; 228.
Pompeius Strabo (Cn. —), consul en 89*, père
Pollis de Sparte P 195, p. 637. Pollius Felix P 222. Polos P 195, p. 715. Polyaratos P 236, p. 1227. Polyarque de Syracuse P 261. Polybe de Mégalopolis P 263, p. 1445 ; 267, p. 1491 ; 334. Polycarpe P 79, p. 214, 226. Polycléte, sculpteur P 79, p. 211. Polycléte, archonte P 155, p. 406. Polycrate, pére du tyran Polycrate P 185. Polyctór d' Argos P 238. Polyen, auteur présumé de dialogues attribués
de Pompeius Magnus P 254, p. 1264 ; 256. Pomponius, juriste R 13.
Pompeius
Politta (Antistia —), fille de L. Antistius Vetus P 199.
Polla, épouse de Pollius Felix P 230. Polla Argentaria P 222. Polla, voir Pompeia. Pollianos Aristion (L. Flavius-) p. 1113, 1123, 1131, 1167.
P210,
Pollio (P. Vedius -), descendant de P. Vedius
à Phédon d'Élis P 159, p. 451. Polyen, épicurien P 159, p. 447. Polyen de Lampsaque, épicurien p. 282 ; 241 ; 338.
P 102,
Polystrate, épicurien P 142, p. 339. d'Athénes,
péripatéticien
Secundus
(P.—).
poète
P 204,
p. 877. Pomponius
Secundus
(P. Calvisius Sabinus -)
P 253. Pomponius Secundus (Q.-), frère P. Pomponius Secundus P 253.
aîné
de
Pomponius, voir Atticus. Pompylos P 24. Pontianus P 110. Pontius, vainqueur P 261.
du
combat
de
Caudium
Pontius le Samnite (C. —) P 235.
Polymnastos, pythagoricien P 98. Polystrate p. 235.
Pomponius
Ρ 83,
Porcia P 210, p. 1118, 1168. Póros Μαλιεύς, vainqueur au stade P 299. Porphyre de Tyr P 19 ; 86, p. 249-250 ; 164, p. 476, 483, 502, 512 ; 175, p. 592, 597 ; 195, p. 650, 655, 712, 813, 817, 847 ; 205, p. 886, 888, 890, 894-895, 899, 902-904, 907-908, 911, 916-918, 920, 924, 927-928,
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
1854
937, 944, 964, 968, 970, 975-976, 979, 982, 986, 988, 991.992, 994, 996-997, 1008, 1022, 1052, 1068; 209, p. 10881089, 1096; 210, p.1172-1173; 279, p. 1516, 1521; 282, p. 1531-1532, 15361537 ; 283; 284 ; 292, p. 1556, 1558, 1592, 1600, 1603-1604, 1610, 1637, 1672 ; 300; 312; 313: 315, p. 1722, 1723; 321, 322; 332: R 6; R 8, p. 1801. Porphyre. martyr P 15, p. 113. Portus Julius P 254, p. 1282. Posidippe P 108, p. 293. Posidippe, dans une inscription de Délos P 265. Posidippe de Cassandreia, poéte comique P 108, p. 291 ; 265.
Posidippe, μύστης de Pella P 265.
Probus (Valerius —) P 84.
Procles, fils de Pythias P 335. Proclès, second époux de Pythias P 286 ; 335.
Proclès de Phlionte P 287. Proclos de Naucratis P 165. p. 564. Proclus, auteur de la Chrestomathie P 292, p. 1648. Proclus, fils d'Isidore d' Alexandrie P 290. Proclus, philosophe asiate P 290. Proclus (Flavius —), frère de Patricius P 292, p. 1548. Proclus (Iulius —) P 79, p. 226.
Proclus de Lycie, philosophe athénien, homonyme de Proclus de Lycie P 289. Proclus de Lycie P 18, p. 116, 118-119; 40, p.156; 54; 57; 80; 86. p. 249, 258 ; 131,
Potonè, sœur de Platon P 195, p. 635. Praesens, voir Bruttius. Praxiphane de Mityléne ou de Rhodes P 142. p. 346; 146 ; 173; 194 ; 276; 278; 310.
318-319; 164, p. 476-477, 483, 487, 489. 535-536; 195, p. 686. 691, 701, 712, 813, 817, 834, 849, 854-855, 858. 860-861: 205, p. 894, 911-912, 917-918, 921-923, 964, 981, 1005, 1040, 1042, 1055, 1064; 209, p. 1076, 1079-1080, 1082, 1085, 1087-1089, 1091, 1093-1095; 210, p. 1172-1173; 263, p. 1299-1300, 13241325, 1331, 1358, 1362, 1364-1365, 1370, 1373-1374, 1398, 1402; 273; 279. p.1515-1516; 282, p.1537; 289; 293, 294; 312; 321; R 9. Proclus de Mallos P 158 ; 161. Proclus de Tarse, i.e. de Lycie P 292. p. 1659. Proclus l' Athénien P 291. Proclus Procléius (de Laodicée) Ρ 292. p. 1641, 1653, 1673. Procope, pére d'un éléve de Libanius P 295. Procope de Gaza P 292, p. 1613, 1605.
Praxitélés, archonte P 213.
Prodicianus (?) P 205, p. 986.
Praxiteles, péripatéticien P 173; 277 ; 310. Praxitélés, sculpteur P 278. Praylous de Troade P 112.
Prodicos de Céos P66; 83, p.241; 102. p. 283; 195, p. 691, 760, 792 : 296 ; 302.
Prisca (Occia -) P 298.
Próros, vainqueur olympique P 299. Próros de Cyrene, pythagoricien P 262. Prosénés le péripatéticien P 263, p. 1303. Protagoras d'Abdére P 66; 195, p. 685. 691. 694-695, 751, 759, 792; 210, p. 1127: 263, p. 1327, 296; 300; 301; 327, p. 1752, 1768-1769. Protarque, personnage du Philebe de Platon P 114; 159, p. 448; 195, p. 714 ; 3085. Protérius de Céphalénie P 282. p. 1538. Protogéne, peintre P 133.
Posidippe de Pella P 108, p. 290. Posidonius d'Apamée P 26, p. 134, 137; 93; 150, p. 383; 155, p. 412 ; 204, p. 880 ; 205, p. 945, 959-962, 993; 210, p. 1114; 236, p. 1235: 254, p. 1275, 1283; 263, p. 1445; 266; 279, p.1520; 327, p.1760-1762; 334. Posidonius d'Olbia P 266. Possidius P 205, p. 925; R 8, p. 1804. Possidius, R 8, p. 1809. Postumius (C. —) P 271. Postumius (C. Hirrius -) P 271.
Postumius (Spurius —) P 261 ; 271. Postumius Chius (L. -) P 271.
Priscianus Lydus P 164, p. 477 ; 205, p. 895: 209, p. 1089-1090 ; 292, p. 1672. Priscus, correspondant de Jamblique P 282, p. 1538. Priscus
(Antonius —),
praeses
Cariae
p. 1538. Priscus (Terentius —) P 210, p. 1134. Priscus de Thesprotie P 306.
Priscus, voir Helvidius. Probus P 263, p. 1410, 1294, 1296.
P 282,
Promotus (Aelius —) P 118.
1855
INDEX DES NOMS PROPRES Proxénos de Poseidonia P 308. Proxénos de Sybaris P 307. Prytanis de Carystos P 173; 277 ; 278. Psellus (Michel -) P 127; 205, p.919, 983; 210, p. 1176; 263, p. 1300, 1399, 1406, 1421, 1431, 1446; 292, p. 1601, 16051606, 1608, 1619, 1632, 1636, 1639 ; 294. Ptolémée I*' Sóter P 133. Ptolémée 1I Philadelphe, roi P 83, p. 239; 108, p. 290; 110; 260.
Ptolémée III Évergéte P 110. Ptolémée IV Philopator, roi P 83, p. 239. Ptolémée VII Physcon, roi P 26, p. 134.
Qardagh
Ptolémée XIII Auléte, roi P 254, p. 1270.
Ptolémée, péripatéticien P 321. Ptolémée
(Claude -),
astronome
P 36;
1332, 1334, 1412, 1418, 1465, 281; 282, p. 1531. Pytharatos, archonte P 155, p. 409. Pythias, épouse d'Aristote P 335. Pythias, fille d' Aristote P 286 ; 335. Pythias (Iollia ou Julia —) P 330. Pythiodore de Thébes P 336. Pythocles P 242. Pythodore P 40, p. 154. Pythodoros, membre des Quatre-Cents P 303. Pythodorós d' Athénes P 341. Python d'Ainos P 195, p. 638.
154,
p. 400; 164, p. 483; 175, p. 592-593; 254, p. 1274; 263, p. 1310, 1349, 1381-1384; 292, p. 1628, 1640, 1643; 313; 322 ; 334. Ptolémée al-garib P 318 ; 321. Ptolémée Chennos P 318 ; 321 ; 322. Ptolémée d' Alexandrie P 164, p. 469. Ptolémée d'Alexandrie, fils d'Héphaistion P 322. Ptolémée d'Ascalon, auteur d'un ouvrage sur la comédie P 263, p. 1300. Ptolémée de Cyréne P 275. Ptolémée de Naucratis P 218, p. 1199. Ptolémée le Blanc P 320. Ptolémée le Noir P 319. Ptolémée le platonicien P 322. Publicius Certus P 203, p. 874. Pulcher (Cornelius —), dédicataire d'un ouvrage de Plutarque P 210, p. 1130. Pulcher, voir Claudius, Clodius. Pupius, voir Piso. Pyrés, pére de Parménide P 40, p. 153. Pyrrhon d'Élis P 149; 152; 210, p. 1127 ; 329. Pyrrhos P 236, p. 1229. Pyrrón de Phlionte P 328. Pyrsón P 184.
Pythagoras de Rhégion P 238. Pythagoras de Samos, sculpteur P 238. Pythagoras de Samos P 5; 19; 27; 40, p. 153, 156; 42; 44, p. 170; 64; 79, p. 215; 81; 86, p. 256; 96; 109; 142, p. 349; 175, p.609; 185; 195, p.672; 204, p.880; 205, p. 918, 938, 941-942; 210, p. 1156, 1160; 216; 263, 1310, 1319, 1327, 1329-
d'Arbela
(Mar -), vice-roi
sassanide
P 164, p. 523. Al-Qazwini, Muhammad b. Muhammad Yahyä, P 164, p. 532.
Abü
Quadratus (C. Ummidius Durmius -) P 253. Quietus
(Avidius-)
P210,
p. 1135-1136,
1167. Quintianus, voir Rogatianus. Quintilia, actrice P 253. Quintilien P 52; 203, p. 872; 227 ; 239. Quintilien, voir Aristide. Quintilius, voir Varus. Quintus, voir Sidectas.
Quniyus, i.e. Cleinias ? P 299. Qustä b. Lügä al-Ba'labakki, 519; 210, p. 1175.
P 164,
p. 518-
Raban (Ps. —) P 263, p. 1348.
Raoul le Breton P 263, p. 1349. Al-Räzi, Abü Bakr Muhammad b. Zakariyyä’ [Rhazes] P 164, p. 521, 537, 558; 195, p. 860; 209, p. 1092; 263, p. 1356, 1448, 1455, 1461. Réginos P 292, p. 1635. Rémi d'Auxerre P 263, p. 1345. Remmius, voir Polémon. Rhésos, correspondant de Diogène de Sinope P 179. Rhetorius P 18, p. 122, p. 116. Robert Kilwardby P 263, p. 1348. Robertus Anglicus P 263, p. 1348. Rogaltianus] (G. Iulius —), préfet de la Cohorte I Septimia Belgarum Gordiana R 6. Rogatianus (G. Iulius Volusenna —), proconsul d'Asie R 6. Rogatianus
R 6.
(M.
Iulius
Quintianus
Flavius -),
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
1856
Roger II, roi de Sicile P 127.
Salvidienus (Rufus —) P 254, p. 1279.
Rogus (Tetrilius —) P 155, p. 414.
Samuel (Mar -), rabbin P 63.
Romanianus ([Cor]nelius —). R 8, p. 1807.
Samuel ben Jehudah de Marseille P 195, p. 813. Samuel b. Tibbon P 164, p. 510. Sanchuniathon P 153, p. 392, 396, 308; 263, p. 1420. Sapiens, voir Laelius. Sappho P 337. Sarapion, ami de Plutarque P210, p. 1133: 323. Sarapion d' Alexandrie P 18, p. 123. Sarapion de Hiérapolis, stoicien P 323. Sardanapale P 108, p. 294. Sarpédon, disciple de Ptolémée d'Alexandrie P317. Saturninus P 210, p. 1141. Satyrion P 22.
Romanus, grammairien P 164, p. 462. Romulus P 79, p.226; 236, p. 1231; p. 1310. Rubellius Blandus Plautus P 199.
(C.-),
père
de
263,
Rubellius
Rufin, préfet du prétoire P9, p. 101; 292, p. 1548. Rufin d'Aquilée P 15, p. 115; 205, p. 1064; 294. Rufus (L. Passienus —), consul en 4°, P 52.
Rufus (P. Rutilius —) P 26, p. 138. Rufus (P. Vedius —), descendant d'un affranchi de P. Vedius Pollio P 224. Rufus (P. Vedius —) P 224. Rufus (Varius -) P 142, p. 338; R 12.
Rufus (Verginius —) P 203, p. 871. Rufus, voir Pompeius, Salvidienus . Rusticus (Q. Iunius —), maitre de Marc-Aurele R 15. Rusticus (Q. Junius Arulenus -) P 203, p. 873874; 210, p. 1111-1112:R 16. Rutilius, voir Rufus. Sabina (Vibia —), petite-niéce de Trajan P 206 ;
218, p. 1196, 1198. Sabinillus, R 6. Sabinus (Calvisius —) P 254, p. 1282.
Sabinus, voir Pomponius. Al-Safi,
Abü
al-Fadä’il
b.
al-"Assäl,
P 164,
p. 552.
Al-Sahrastäni,
Abü
al-Fath
Muhammad
‘Abd al-Karım, P263, 1460-1461, 1465-1466; 1660. Sahl b. Biër, P 263, p. 1382. Al-Sahrazüri,
Sams
al-Din
b.
p. 1328-1329, 292, p. 1658-
Muhammad
b.
Mahmüd al-ISrägi, P 164, p. 524, 538. Sallustius, historien P 52.
Sallustius, P 124.
philosophe
confrére
de
Philippe
Crispus. (C. , fils adoptif de l'historien Sallustius P 52. Salmawaih b. Bunàn P 292, p. 1669. Salonine, impératrice P 205. p. 892; 263, p. 1387. Saloustios, philosophe cynique P 18, p. 124. Saloutios P 282, p. 1534.
Sallustius
Satyros de Callatis P 51, p. 176; 67 ; 133;
195,
p. 633. Satyrus, médecin Q 2. Saufeius (Appius -) P 107. Saufeius (Lucius —) P 60 : 107. Scaevinus
(Flavius -), un des
membres
de
Ia
conjuration de Pison P 87. Scaevola (Q. Mucius —) P 26, p. 138; R 13. Scaurus (Aemilius —) P 254. p. 1265. Schenoudi d' Atripe P 9, p. 97. Scipion P 26, p. 137. Scipion (Q. Metellus —) P 254, p. 1272. Scipion Asiaticus (L. Cornelius —). consul en 83a, P 254, p. 1265.
Scipion É milien
(Publius
Cornelius
Scipio
Aemilianus Africanus) P 25; 26, p. 133; 64; 236, p. 1226-1227, 1230, 1234; 267, p. 1485. Scopas de Thessalie P 195, p. 767. Scopélien de Clazoménes P218, p.1199, 1203. Scribonia P 254, p. 1280-1281. Scribonius Libo P 254, p. 1280-1281. Scylax d'Halicarnasse P 26, p. 138. Scythinos, frére de Python l'épicurien P 344. Secundus (L. Caecilius —) P 203, p. 871. Secundus, voir Plinius, Pomponius. Sedatius (Marcus -), dédicataire de Plutarque de Chéronée P 210, p. 1130. Séleucus IV Philopator, p. 444-445. 449.
roi de Syrie
P 159.
1857
INDEX DES NOMS PROPRES Seleucus de Cyzique, médecin P 134. Séleucus le Babylonien P 267, p. 1494. Sélinountios P 169. Selius (C. -)
Severus, commentateur P 205, p. 964. Severus (Herennius —) P 153, p. 393-394. Severus
(T.
Herennius —),
Severus (T. Hoenius —), consul P 153, p. 395.
Sémiramis P 210, p. 1118. Sémos de Délos P 42. Seneca (L. Annaeus -) P 52; 84; 195, p. 838; 198; 203, p. 874-876; 205, p. 938, 965; 210, p. 1113; 227; 253; 263, p.1418; 267. p. 1486, 1499 ; 281. Sénécion (Claudius -) P 226. Sénécion (Herennius —) P 203, p. 873.
Sénécion (Ὁ. Sosius —) P 210, p. 1112, 11141115, 1130, 1137. Septicius, correspondant de Pline P 203, p. 873.
Septime Sévére, empereur P 135; Q 4. Septimius, fils de Stobée P 210, p. 1171. Septimius P 254, p. 1274. Sérapion P 317. Sérapion. philosophe en Sicile P 323. Sérapion d' Alexandrie P 118. Séras P 8.
Severus Bar Sakku P 164, p. 516. Severus, voir Septime Sévére, Sulpice Sévére. Sextia P 199. Sextius P 205, p. 938; 263, p. 1418. Sextus (Q. Aufidenus -), oncle de Q. Aufidenus Quintus Q 3. Sextus de Chéronée, neveu de Plutarque P 210, p. 1109, 1170. Sextus, voir Autoboulos, Pompeius. Sextus
Empiricus
195,
p.650,
654;
Sidoine Apollinaire P 205, p. 917; 216; 285. Silana, voir Julia. Silanion, sculpteur P 195, p. 841. Silius, voir Italicus. Siméon de Thessalonique P 294. Simias. stoicien Q 2.
Serge,
Simmias
P 164,
P 118;
205, p.963; 302; 315, p.1727; 327, p. 1749, 1752-1753, 1763-1764, 1766. Shàpür P 164, p. 523. Sidectas, père de Q. Aufidenus Quintus Q 3.
Serenus (Aelius -), grammairien P 153, p. 397. d'Antioche
de
Pline P 153, p. 395.
P 155, p. 414: R 7.
Selius (P. —) P 155, p. 414; R 7.
Patriarche
correspondant
p. 458,
493. Serge, père de Photios P 175, p. 589. Serge, prétre P 164, p. 553. Serge de Tella P 164, p. 457. Serge le Confesseur P 175, p. 587-589. Sergios, frére de Photius P 175, p. 589. Sergius P 164, p. 465. Sergius, voir Orata. Sergius de Re$’aynä P 164, p. 511.512; p. 1451.1452 ; 283. Sertorius P 254, p. 1266-1267 ; 258.
Servilia, épouse d' Annius Pollion P 226. Servius P 118; 205, p. 913.
Servius Tullius P 109. Sésostris P 210, p. 1118. Sévére, auteur d'un Dialogue P 175, p. 600. Sévére, éléve d'Himérius P 209, p. 1087. Sévére d' Alexandrie, sophiste P 294.
de Thébes
P 77;
102,
p. 284;
105;
195, p. 674-675 ; 210, p. 1120, 1136, 1156, 1157. Simon de Faversham P 263, p. 1348. Simon le cordonnier P 102, p. 283; 132. Simonide de Carie P 55. Simonide de Kéos P 44, p. 166-168 ; 67; 195, p. 764, 767, 794, 798 ; 302. Simonidés, philosophe P 79, p. 203. 263,
Simplicianus P 263. p. 1312. Simplicius, P 80; 86. p. 257; 90, p. 268; 164, p. 460, 476-478, 480, 485, 512, 515, 539540, 543-544, 547, 550; 195, p. 649-650; 205, p. 895, 911-912, 917, 921, 954; 214; 263, p.1353, 1356, 1370, 1373; 267, p.1499; 279, 1514-1515, 1517-1518, 1520-1521; 292, p.1576, 1592-1596, 1624-1625, 1636. Simplicius (Ps. —) P 205, p. 922; 209, p. 1090;
292, p. 1624.
Sévére d'Antioche P 164, p. 458, 504, 552.
Sinàn P 195, p. 858.
Sévère Sébokht P 61, p. 184 ; 164, p. 501.
Al-Siräzi, Sadr al-Din Muhammad b. Ibrähim, Mollä Sadra, P 164, p. 524, 529.
Sévérianus, capitaine de cavalerie P 294. Sévérien de Gabala P 263, p. 1430.
Siron P 142, p. 337; 155, p. 432.
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
1858
Sisyphe de Pharsale P 195, p. 840. Sittius P 254, p. 1278. Soclaros. ami de Plutarque de Chéronée P 210, p. 1108. 1114, 1124. Soclaros
(L. Mestrius —). fils de Plutarque
de
Chéronée P 210, p. 1103, 1109, 1113. Soclaros (T. Flavius -) P 210. p. 1107. Socrate, historien P 126: 263. p. 1427, 1432.
Socrate P 7, p. 88; 12; 38; 40, p. 154; 51, p. 174: 54; 66; 79, p. 210, 222, 225. 228; 81; 84; 87; 98; 102, p. 279-280, 283; 105; 106; 114; 131, p. 314; 142, p. 340; 155. p. 409, 424: 175, p. 610; 180; 195, p. 630, 635, 639, 656-658, 662, 671, 673, 685-686, 690. 700, 712. 714, 720-723, 732, 741, 750, 759-760, 771, 780, 782, 784, 788, 792-793, 833-834, 836-838, 840, 850. 855; 200; 204, p. 879: 205, p. 943; 210. p.1113, 1120. 1156-1157, 1161, 1166; 213: 216: 218. p. 1200; 231; 232; 239; 245; 263. p.1329-1331: 282, p. 1534; 292, p. 1571. p. 1574; 296; 304; 339. Socrate le Jeune P 131. p. 314; 195, p. 707. Sócratidas P 12. Solin P 204, p. 878, 882 ; 267, p. 1498. Solon P 44, p. 169; 81; 90, p. 271-272; 195, p. 634; 210, p. 1160, 1175; 263, p. 1328, 1465. Sómatalé P 259. Sopatros, commentateur d’Hermogene P 209, p. 1093. Sopatros P 210, p. 1171. Sopatros d'Apamée I, disciple de Jamblique P 12; 209, p. 1089, 1092; 263, p. 1325; 282, p. 1531, 1536. Sópatros d'Apamée Il, disciple de Jamblique P 282, p. 1536. 1538. Sophocle P 3; 79, p. 218; 175, p.610, 195, p. 792; 235 ; 263, p. 1306; 277. Sophocle de Sounion P 151. Sophonias P 164, p. 476-477. Sophron P 195, p. 635. Sophronius de Jérusalem P 263, p. 1298. Soranus (Barea —) P 199; 226 ; 228.
Sosicrate, auteur d'une conjecture sur le Timee P 263. p. 1294. Sosicrate P 121.
Sosigénés, archonte P 155, p. 409. Sosipatra P 148: 282, p. 1529. Sosius, voir Sénécion. Sósos d'Ascalon P 26, p. 138. Sótas de Paphos P 26, p. 138. Sotérichus P 293a. Sótéridas P 12. Sotion, maître de Sénéque P 205, p. 938 ; 263, p. 418. Sotion d'Alexandrie, auteur de Successions P 40, p. 156; 51, p. 176; 83, p. 235 ; 275. Sotion d' Alexandrie P 83, p. 237. Spartacus P 254, p. 1267. Speusippe d'Athènes P 40, p. 155-156: 131, p. 315-317; 195, p.633, 635, 637, 639, 649-650, 712, 718 ; 205, p. 944-945, 1040 ; 210, p. 1170; 217; 263, p. 1359, 292, p. 1655. Sphairos du Bosphore P 68 ; 83, p. 239, 241. Spintharos, père d’Aristoxene P 299. Spurius, voir Mummius, Postumius. Stace P 222 ; 230. Staius Murcus P 254, p. 1279, 1281. Staséas de Naples P 189. Statilius Taurus P 254, p. 1282. Stéphane le Philosophe, auteur d'un traité De l'art mathématique P 175, p. 593-594. Stephanos, sophiste P 283. Stéphanus (Etienne) d'Alexandrie P 164, p. 475, 516; 175, p. 600; 209, p. 1090; 263, p. 1355; 283; 292, p. 1557, 1666. Stésilas, maitre d'armes P 195, p. 734. Stésimbrote de Thasos P 302. Stilo (L. Aelius —) P 26, p. 138.
Stilpon de Mégare P 6; 48; 83, p. 242; 102. p. 282, 284; 121; 125; 133; 177; 327, p. 1750. Stilpón de Stilpai P 86, p. 250. Stobée P 19; 210, p. 1171, 1173; 234; 263, p. 1399. Strabo, voir Pompeius. Strabon P 236, p. 1235: 267, p. 1491, 1498; 334. Stratégius P 282, p. 1534. Stratoclés de Rhodes P 26, p. 137; 83, p. 235. Stratoclés de Sidon, médecin P 134.
Sosicrate de Rhodes P 51, p. 176.
Straton de Lampsaque P 7, p. 88: 195, p. 682; 277 : 278 ; 310.
Sosigene P 214.
Stratonicos le musicien P 99.
118;
173:
1859
INDEX DES NOMS PROPRES Strattis P 66.
Su'ayb I b. "Umar, P 175, p. 606. Suétone P 52: 227. Sulla (L. Cornelius —) P 107: 142, p. 337 ; 155, p.412; 254, p.1264-1265, 1267-1269, 1273, 1277 ; 267, p. 1485. Sulpice Sévére P 281. Sura (Palfurius —), auteur d'une chronique P 8.
Sutorius, voir Callinicus. Sylvain de Qardu P 263, p. 1453. Syméon le Nouveau Théologien P 175, p. 605. Syméon Seth P 292, p. 1605. Symmachus (Q. Aurelius -) P 274; 279; R 8, p. 1800. Synésius de Cyréne P 4; 9, p. 96; 175, p. 596; 205, p. 917; 209, p. 1087; 210, p. 1127; 325. Syrianus d'Alexandrie P 18. p. 119; 54; 164, p. 476; 205, p. 918; 209, p. 1076, 1080, 1085, 1087-1089, 1093-1095; 210, p. 1172-1173; 263. p. 1325, 1375; 282, p. 1536-1537; 292, p. 1549-1550, 1553, 1558. 1562, 1564-1565, 1570. 1574, 1600, 1607, 1613, 1635, 1637-1639, 1650, 1655; 299. Syros P 292. p. 1643. Al-Tabari, ' Ali b. Rabbàn, voir 'Ali b. Rabbän al-Tabarı.
315, Täbit b. Qurra, P 164, p.544-545; p. 1734. Tacite P 204, p. 877 ; 216. Tarasios, frére de Photius P 175, p. 588-589, 603. 609. Tarasios, patriarche P 175, p. 589-590. Tarquin le Jeune P 236, p. 1231. Tatianus de Lycie, pére de Patricius P 292, p. 1548. Tatien P 79. p. 229. Taurus (L. Calvenus -) P 164, p. 483; 263, p. 1338, 1407. Taurus, voir Statilius. Al-Tawhidi, voir Abü Hayyän al-Tawhidi.
Teisias P 213. Télaugés P 40, p. 153. Téléclés de Métaponte P 217. Téles P 132; 133. Télésinus, philosophe P 134. Térence P 64 ; 236, p. 1226. Terentius, voir Priscus, Varro.
Terpandre de Lesbos P 90, p. 271. Terpsion de Mégare P 195, p. 675, 687, 689; 245. Tertullien P 79, p. 222 ; 281. Tetrilius, voir Rogus. Teucros P 106. Thalés de Milet P 12; 44, p. 167, 169; 108, p.294; 109; 142, p.358; 195, p.695; 200; 210, p.1162; 216; 263, p. 13281329, 1437, 1449. Thallos P 263, p. 1310. Thaumasius P 263, p. 1391. Théagène, archonte P 18, p. 120 ; 209, p. 10791080, 1086. Théagéne, cynique P 79, p. 199, 204, 207, 210, 214-216, 222, 228-229. Théagès, fils de Démodocos P 38; 195, p. 669, 675. 837. Théanó P 299. Théanor P 210, p. 1120, 1136, 1156. Théététe P 133; 185; 195, p. 638, 686, 692, 707 ; 321. Themesion, père de Proclus Procleius P 293a. Thémison, roi de Chypre P 132. Thémison
d'Azénia
(Munatius -),
archonte
P 165, p. 564. Thémistius,
autre
nom
de
Yahyà
al-Nahwi
P 164, p. 507. Thémistius, diacre d' Alexandrie P 164, p. 497, 507. Thémistius P9, p. 93, 101, 104; 148; 164, p.514, 518, 520, 522; 195, p. 649-650; 205, p. 911, 915, 919, 922; 263, p. 1300, 1345; 274; 282. p.1532, 1534; 292, p. 1558; 294. Thémistocle P 90, p. 271- 272; 210, p. 1118, 1163; 254, p. 1273. Théoclès P 185. Théocritos, devin P 210, p. 1156. Théodégios P 175, p. 592. Théodora, impératrice P 164, p.496; 175, p. 589. Théodore II Paléologue, despote de Mistra P 210. p. 1127. Théodore, dédicataire de Sergius de Re3’aynä P 164, p. 511. Théodore, gouverneur d'Égypte P292, p. 1548. Théodore, professeur de géométrie P 175, p. 592.
1860
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
Théodore Abü Qurra P 164, p. 543. Théodore d' Alexandrie. avocat P 187. Théodore d'Asiné P 74; 263, p. 1296, 1325; 282, p. 1531, 1535, 1537; 292. p. 15861587. Théodore d'Héraclée P 294. Théodore d'Ilion P 7, p. 85. Théodore de Cyréne, mathématicien P 195, p. 686. 691, 694, 698. 700. p. 707. Théodore de Mopsueste P 164, p. 458, 487488, 49] ; 283. Théodore de Soles P 210, p. 1147. Théodore Graptos, iconodule P 175, p. 589, 594. Théodore l'Athée P 121. Théodore le mathématicien P 195, p. 636. Théodore le mécanicien P 292, p. 1617. Théodore Métochite P 210. p. 1176. Théodore Studite P 175, p. 589. Théodore-Cynulcus P 43. Théodoret de Cyr P 10: 263, p. 1327, 1441: 294 ; 205, p. 914; 210. p. 1174. Théodoros, frére de Photius P 175. p. 589. Theodorus (Manlius -) P 274.
Théodose I", empereur P 9, p. 93, 96-97, 100, 102 ; 175, p. 593; 292, p. 1548. Théodose II, P 175, p. 589: 263, p. 1432. Théodose d' Alexandrie P 164, p. 496, 497. Théodote, ami de Socrate P 195, p. 669, p. 675. Théodote le Pythagoricien P 275. Théodotion P 263, p. 1441. Théodotos, pére d’Archagoras P 302. Théodotos Mélissénos P 175, p. 601. Théognis P 29; 157: 166; 205, p. 899. Théon. ami de Plutarque P 210, p. 1122. Théon (Aelius —) P 7, p. 86. Théon (Claudius -) P 263, p. 1445. Théon d'Alexandrie P 9, p. 94; 175, p. 593; 263, p. 1377; 315, p. 1720-1721, 17331734. Théon de Smyrne P 164, p. 470; 195, p. 813, 846, 848, 859 : 267, p. 1498. Théonas, patriarche d' Alexandrie P 187; Théophane, autre nom de Philippe le sophe P 127. Théophane de Mityléne. conseiller de peius Magnus P 254, p. 1269, 1272, 267, p. 1491.
188. PhiloPom1276;
Théophane
Graptos,
iconodule P 175, p. 589.
594.
Théophile, Théophile, Théophile, Théophile, Théophile P 294. Théophile
archonte athénien P 195, p. 634. empereur P 175, p. 588, 593, 606. évêque P 188. gouverneur de Bithynie P 273. (d’Antioche ou d'Alexandrie ?) (Tawfil ibn Tümä), P 263, p. 1454.
Théophile
d'Alexandrie,
patriarche P 9, p. 97.
99, 100, 102. Théophilos, archonte P 155, p. 409. Théophraste P 12: 24; 40, p. 156: 83, p. 235; 86,
p.257;
87;
90.
p.266-270;
142,
p. 347, 349; 150. p. 385; 151: 173; 175, p. 593; 195, p. 638, 650, 652-653, 795; 204. p. 878, 880, 882; 205, p. 903; 210. p. 1127, 1163; 231 ; 248, 250; 259; 263, p.1349, 1378, 1414; 277; 278; 279. p. 1516, 1518-1519; 282, p. 1532; 286; 292, p. 1558: 310; 335. Théophris de Crotone P 168. Théophylacte d' Achrida P 263, p. 1321, 1446; 294. Théophylacte Simocatta P 292, p. 1600. Théopompe. historien P 90, p. 271; 109: 195, p. 633 ; 236, p. 1233, 1228 ; 258. Theopompe, poète P 195, p. 633. Théozotidés P 195, p. 669. Théraméne P 213;
236, p. 1231; 296.
Theron, tyran d'Agrigente P 86, p. 252. Thérón de Théra P 86. p. 250. Thespis, épicurien P 159, p. 448. Thibrón P 26. p. 138. Thomas. prétre P 175, p. 610. Thomas, protospathaire P 175, p. 603. Thomas d' Aquin P 164, p. 477, 480, 487.
Thorius, voir Balbus. Thrasea Pactus P 5 ; 84; 203, p. 873-874, 876; 253;R 15. Thrasybule P 239; 106. Thrasylle P 195, p. 633, 640- 642, 672. 687. 789, 797, 829, 833-834, 836-837, 848: 205. p. 964-965, 1031 ; 263, p. 1378-1379; 321. Thrasymaque de Chalcédoine. sophiste P 195. p.788, 791, 794, 796; 213; 232; 235: 239 ; 296. Threpta P 24 ; 259.
INDEX DES NOMS PROPRES
1861
Thucydide, historien P 12; 195, p. 733, 761, 787, 235; 236, p. 1228-1229, 1231; 277; 296. Thucydide, père de Mélésias P 195, p. 732. Tibère, empereur P 52; 150, p. 365; 199: 254, p. 1280. Tibérien, rhéteur P 281. Tiberius , voir Alexander, Gracchus, Nero. Tibulle, R 12. Tigellin P 87 ; 199. Timagène P 227 ; 228. Timantheus de Cléonée P 79, p. 204. Timaratos P 185. Timarès P 185. Timarque, père de Pyrrôn de Phlionte P 328; 329. Timasagoras, épicurien dissident P 142, p. 359. Timée de Crotone P 307. Timée de Locres P 195, p. 818. Timée de Locres (Ps.-) P 81 : 205, p. 954: 292, p. 1576. Timée de Paros P 307. Timée de Tauroménium P 40, p. 156: 67; 79, p.215; 86, p.254; 236, p. 1124-1225, 1233; 263, p. 1332, 1335. Timidius P 253. Timoclés de Cnossos ou de Cnide P 26, p. 138. Timoclés de Syracuse P 85. Timocrate, dédicataire de Chrysippe P 145. Timocrate d'Héraclée P 218, p. 1202-1204. Timocratés P 241. Timolaos de Cyzique P 195, p. 638. Timon. frére de Plutarque de Chéronée P 210, p. 1108. Timon d’Athenes P 302. Timon de Phlionte P 40, p. 156: 83, p. 235, 238; 102, p. 284; 118; 147; 152: 195, p. 633; 275; 292, p. 1565; 302; 317; 327, p. 1749, 1751-1752, 1754, 1759, 17611762, 1765, 1767, 1769 ; 328 ; 329. Timothée de Constantinople P 164. p. 498. Timothée de Pergame P 275. Timoxéna, épouse de Plutarque de Chéronée P 210, p. 1106, 1137, 1167, 1169. Timoxéna, fille de Plutarque de Chéronée P 210, p. 1108-1109.
Tite-Live P 210, p. 1116; 227; 236, p. 1235; 254, p. 1264. Titius, lieutenant d'Antoine P 254, p. 1282. Titius Aristo P 203, p. 875. Titus, empereur P 150, p. 364; 204, p. 877; R 16. Trajan, empereur P 203, p. 872-873 ; 206; 210, p. 1105-1106, 1115, 1132, 1169; 218, p.1198; 253; R 16. Trebatius P 28. Trebonius P 28. Troilus le Sophiste P 209, p. 1093. Trygetius, R 8, p. 1802. Tryphon, stoicien et platonicien Ρ 263, p. 1318. Tryphon, auteur d’un ouvrage sur la comedie P 263, p. 1300. Tubero (Q. Aclius —) P 26, p. 135. Tucca (Plotius —) P 142, p. 338; R 12. Tullia, fille de Cicéron R 13. Tullius, voir Cicero, Servius. Tyricha P 215. Tyrsénis P 170. Tyrsénos P 170.
Timycha P 215.
Valerius, voir Corvinus, Pollion, Probus.
Tisaméne, père d'Agathon P 195, p. 761. Tissapherne P 309.
Varron (M. Terentius -) P 150, p. 384; p. 411-412, 423, 427, 432, 434, 436;
Tzetzés (Jean —) P 292, p. 1600, 1646.
‘Ubayd Alläh b. G ibrá'il b. ‘Ubayd Allah b. Bahtisü', P 164, p. 507, 556. Ulpien de Gaza P 294. "Umar b. al-Hattäb calife, P 164, p. 507. Ummidius, voir Quadratus.
Urbanus, gouverneur P 15, p. 113. Urbicus (Q. Lollius -), gouverneur
de
Syrie
55;
282,
p.93:
209,
P 79. p. 200, 208. Valens, empereur p. 1534.
P9,
p.93;
50;
Valentin, empereur P 205, p. 986, 988. Valentinien
I”,
empereur
P9,
p. 1077; 274. Valentinien III, empereur P 263, p. 1432. Valère, évêque R 8, p. 1807. Valeria P 210, p. 1150. Valerianus (Cornelianus -) P 79, p. 207.
Valerianus, voir Appianus. Valérien, empereur P 205, p. 981. 155, 198;
1862
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
200 ; 204, p. 878. 880; 227; 267, p. 1482, 1486. Varus (Quintilius -) P 142, p. 338. Vatinius P 28 ; 254, p. 1271. Vedius, voir Pollio, Rufus. Velleius P 142, p. 358; 155, p. 431.
Velleius Paterculus P 254, p. 1264. Verecundus, R 8, p. 1801. Verginius, voir Flavus. VerinaP 18, p. 121-123. Verres P 190. Verus, voir Lucius.
Vespasien, empereur P8; 52; 175, 204, p. 877, 882; 210. p. 1112.
Xiphilin
Veturius (T. —) P 261.
Vibia, voir Sabina. Vibius, voir Crispus, Pansa. Victor de Capoue P 263, p. 1420. Victorinus (Marius -) P 205, p. 913, 924, 988;
263, p. 1312. 1338, 1344. 1347, 13591360, 1362-1363, 1366-1368, 1393 ; 281. Vigellius (M. —) P 26, p. 138; 256.
Vincent de Lérins P 263. p. 1443. Vipsanius, voir Agrippa. Virgile P 118; 142, p. 338, p. 354; 224; 227; 267, p. 1482; 281; Q 1: R B, p. 1805; 12. Vitalianus P 290. Vitruve P 267. p. 1498. Volusenna, voir Rogatianus. Vulso (Manlius -) P 236, p. 1225. Xanthippe P 51, p. 174 ; 195, p. 674. Xanthippos P 251. Xénocadès P 215. Xénocrate de Chalcédoine P 90, p. 270; 131, p. 315-316; 171; 195, p. 637, 640, 649651, 659; 205, p.944-945, 969; 210, p. 1151-1152, 1165; 217 ; 263, p. 1378. Xénon. archonte P 159, p. 445. Xénophane de Colophon P 26. p.135; 40, p. 153-154; 42; 86, p. 257; 205, p. 899; 210, p. 1111. Xénophilos de Chalcidique P 98. Xénophon d'Athènes P 64; 66; 83, p. 241243; 105; 132; 142, p. 349; 195, p. 635, 639, 669, 675, 691, 789, 791; 210, p. 1113. 1167, 1169; 218. p. 1200; 236, p. 1228 ; 239 ; 296 ; 309.
patriarche
P312;
292,
Yahyä b. "Adi, Abü Zakariyyà', P 164, p. 504, 514, 516, 518, 520, 523-524, 526, 541. 545, 551-554 ; 195, p. 852-853, 858. 860; 209. p.1092; 263, p.1448, 1455-1456, 1460 ; 292. Yahyä b. al-Bitriq, P 195, p. 859-860. Yahyä al-Daylami, saint syriaque, P 164, p. 508. Yahyä al-Daylami. P 164, p. 508 Yabyà
p. 605;
(Jean -),
p. 1601.
al-Nahwi al-Daylami,
P 164, 508 ; voir
Yabyà al-Nabwi, i.e. Jean le Grammairien Yahyä al-Nabwi al-mulaqqab bi-al-Bitrig, P 164, p. 504, 509 (Yahyä al-Nahwi alDaylami al-mulaqqab bi-al-Bitriq?); voir Yahyä al-Nahwi, i.e. Jean le Grammairien.
Yahyä al-Nahwi, auteur de commentaires à un certain nombre de traités de Galien, P 164, p. 556, 558, 560-562. Yahyä al-Nabwi al-Iskandaräni (Jean le Gram-
mairien l'Alexandrin), P 164. p. 503, 509: voir Yahyä mairien.
al-Nahwi,
i.e. Jean
le Gram-
Yahyä al-Nahwi al-Iskandaränï ou al-Iskandari (Jean le Grammairien l’Alexandrin). auteur de commentaires & un certain nombre
de traités de Galien, P 164, p. 560-562 Yahyä al-Nahwi, ie. Jean le Grammairien, P 164, p. 503-505, 518, 531, 534-535, 538541. 548, 550-552, 555-556 ; 292. p. 1659. Yahyä al-Nabwi (Jean le Grammairien). auteur
d'une Chronique, P 164, p. 505, 506, 554, 555, S56. Yehudah ben Isaac Cohen P 263, p. 1456. Yühanna
al-Naqwi
ou
al-Nahwi,
Jean
de
Nikiou, évéque jacobite d'Égypte, P 164, P. 505. Zacharias (Jean —) P 263, p. 1406.
Zacharias de Mytiléne P 164, p. 460 ; 294. Zaleucos de Locres P 185. Zamaros P 79, p. 210. Zélix P 175, p. 601, 602. Zénobie, reine de Palmyre P 205. p. 902, 978. Zénodore P 159, p. 449. Zénodore de Lamptres P 159, p. 449.
Xénophon d'Éphèse P 210, p. 1138.
Zénon, d'Élée ou de Citium P 27.
Xerxes P 302.
Zénon, dédicataire de Chrysippe P 145.
1863
INDEX DES NOMS PROPRES Zénon, empereur 124.
P9, p. 97;
18. p. 118,
120-
Zénon d'Élée P 40, p. 153-155; 86. p.262; 175, p. 600; 186; 195, p. 700, 712, 714, 812; 263. p. 1328 ; 275 ; 339. Zénon de Citium P 51, p. 175; 83. p. 234, 237239, 241-242 ; 132 ; 142, p. 340, 347; 155, p. 417, 420, 434, 436; 156; 161; 175, p. 610; 216; 217; 260; 265; 266; 267, p. 1495, 1497-1498. Zénon de Laodicée, orateur P 218, p. 1197. Zénon de Sidon P 107 ; 142, p. 336, 343, 347348, 352, 358-359; 155, p.412; 267, p. 1490, 1495.
Zéthus P 263, p. 1410, 1387. Zeuxippe P 210, p. 1114. Zeuxis P 118. Zoilos, critique d' Homére P 239. Zopyre, physiognomoniste P 102, p. 283. Zópyros P 215. Zopyros de Clazoménes P 292, p. 1565.
Zoroastre P 54: 195, p. 636; 205, p. 986; 210, p. 1148, 1176; 263, p. 1304, 1317, 1430, 1434.
Zostrien
P 205,
p. 1366.
p.986;
205,
p.988;
263,
Index des mots-vedettes figurant dans les titres d’ouvrages des philosophes
Cet index devrait permettre de retrouver d'aprés leurs mots principaux les ouvrages attribués aux philosophes qui ont bénéficié d'une notice dans le cinquième tome de ce dictionnaire. Un méme mot peut renvoyer à plus d'un titre dans la méme notice ou la méme section de notice. Comme les notices ne rapportent pas toujours en grec le titre des ouvrages, on a complété l'index grec par une liste de mots frangais ou latins, tels qu'ils apparaissent dans la notice. Tous les titres attribués aux auteurs ne sont pas nécessairement des titres d'ouvrages philosophiques. Les commentaires, traductions et paraphrases sont regroupés sous le nom du philosophe qui fait l'objet de ces travaux érudits. Lorsque la liste des œuvres comporte une numérotation, on renvoie à ces numéros. Pour les notices longues, on renvoie également à la page oü le titre apparait.
Ἄδης P 297 ; 302 (IV 8).
Apiotwv P 242 (3).
'A6ptavóc P 153, p. 397 (4). Ἀθηναῖος P 210, p. 1133 (22).
Αἰγυπτικός P 7, p. 85. 'Axaónuaixóc P 210, p. 1125 (64), (71), 1126 (134).
Ἀκαδήμεια P 210. p. 1125 (63). Ἀλέξανδρος P 210, p. 1133 (21). Ἀλκιβιάδης
P 102, p. 282
(8);
Apxaëtx6ç P 231. Ἀρτέμων P 159, p. 450 (4). Attıxög P 7, p. 85 ; 225. Bón8oc P 263, p. 1301 (4). l'aüpoc P 263, p. 1308 (54), 1403 (54).
195,
p. 833-
Γεδάλειος P 263, p. 1352 (3). Γοργίας P 195, p. 771.
834. Aaí6aAa P 210, p. 1143 (L 201).
'AAxvov P 195, p. 838. Ἀνεβώ P 263, p. 1307 (51), 1397 (51), 1449.
Ἀντίμαχος P 102, p. 282 (5).
Δηλιαχός P 7, p. 85. Δημόδοκος P 195, p. 839. Διόδωρος P 90, p. 269 (5).
Ἀξίοχος P 195, p. 838.
Ἀπολλώνιος P 210, p. 1131 (10).
Διονυσόδωρος P 159, p. 450 (5).
Apaßıxöc P 7, p. 85.
Ἄρατος P 210, p. 1143 (L 119) ; 267, p. 1450
'E89o98(t)óv* P 153, p. 396 (2).
Ἑλληνικός P 210, p. 1132 (18). (19).
(24).
Ἀριστείδης P 263, p. 1303 (20).
Ἐμπεδοκλῆς P 210, p. 1126 (43), 1143 (L 43).
Ἀριστοκλῆς P 292, p. 1624 (37) ; 210, p. 1127 (56) ; 228 ; 263, 1305 (37).
"AptototéAnç
Δελφοί P 210, p. 1133 (24).
P263,
p. 1301
(8),
1302
(13),
Ἐπικούρειος
Ἐπίκουρος p.1351
(2),
(3) ; 282, p. 1531 ; 292, p. 1591 (22).
Ἀριστοφάνης P 210, p. 1139 (56).
1352
P210,
p.1126
(129),
(143),
159,
p. 451
(148).
P 142,
p.341
(4):
(13) ; 210, p. 1126 (80), (133). (159).
Ἐπινομίς P 131, p. 319 ; 195, p. 828. Ἑπτάμυχος P 109.
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES
1866
"Epeorog P 90, p. 271 (9).
ANTIQUES
Μάρκελλα P 263, p. 1308 (55).
ἝΡρμαργχος P 159, p. 451 (13).
Μένανδρος P 210, p. 1139 (56).
'Epu£tac P 195. p. 839.
Mevé£evoc P 195, p. 784. Μένων P 195, p. 780.
Εὔδημος P 159, p. 450 (1).
Εὐθύδημος P 195. p. 750. Εὐθύφρων P 195, p. 661.
Μήδιος P 102, p. 282 (4).
Μητρόδωρος P 159, p. 451 (13). Mtvouxtavóc P 263, p. 1304 (21).
Ζήνων P 267, p. 1450 (23).
Ζώπυρος P 102. p. 282 (1).
Μίνως P 195, p. 836.
Ζωροάστρης
Μουσώνιος P 226 ; 228.
P 263, p. 1304 (28).
Ἡράκλειτος P 210, p. 1127 (205).
Νεῖλος P 263, p. 1303 (16).
Ἡρόδοτος P 210, p. 1139 (57).
Νημέρτιος P 263. p. 1305 (42).
Νίκανδρος P 210. p. 1143 (L 120).
Ἡσίοδος P 210, p. 1143 (XI).
Νικίας P 102, p. 282 (3).
Θεάγης P 195, p. 837 ; 210, p. 1125 (70). Θεαίτητος P 195. p. 686.
Ὀδύσσεια P 263, p. 1307 (52).
Θεόδωρος P 292. p. 1617 (22).
Ὁμηρικός P 210, p. 1143 (XII) ; 263, p. 1306 (47).
Θουκυδίδης P 263, p. 1303 (19).
Ὅμηρος P 142, p.339 (2); 210, p. 1144:
Θυέστης P 83. p. 241 (5).
223 , 263, p. 1302 (12),
p. 1450 (24) ; 292, p. 1553.
Ἰουδαῖος P 153. p. 396 (3).
Ἰουλιανός P 263. p. 1302 (9). Ἵππαρχος P 195, p. 835.
'Onoovrt P 131, p. 316 (21).
Ὀρφεύς P 292, p. 1553.
Ἱππίας P 195. p. 782. "Ioavptxóc P 18, p. 118, 124.
Ὀρφικός P 292, p. 1553. Ὄσιρις P 210, p. 1133 (23).
"Ioıc P 210. p. 1133 (23).
Οὐρανοδρόμος P 292, p. 1645 (6*).
Ἴων P 195, p. 783. Καῖσαρ
Πανελλήνιος P 231.
Παρμενίδης P 195, p. 712.
228 ; 231.
Παταρεύς P 159, p. 450 (6). Πίνδαρος P 263, p. 1303 (16).
Καλλίμαχος P 218, 1200. Κάνωβος P 313, p. 1721 (4). Κλειτοφῶν P 195, p. 788.
Πλάταιαι P 210, p. 1143 (L 201).
Κόμμοδος P 231.
Πλάτων P 83. p. 241 (11); 131, p. 316 (23) ; 210, p. 1125 (63), (66), (70), 1126 (221), 1144 (L 66) ; 263, p. 1301 (8), 1305 (37) ;
Κράτης P 210. p. 1126 (37).
Κράτυλος P 195, p. 685.
292, p. 1553,
Κριτίας P 195, p. 820.
IHAarovxóc
Κρίτων P 195, p. 671.
Kunptaxög P 7. p. 85.
Λιβύη P 36.
Λοκρός P 131, p. 316 (21). Δύσις P 195, p. 741.
P210,
p.1140
263,
(2);
(67);
Πορφύριος P 263. p. 1304 (30).
KoAór P 210, p. 1141 (74).
Λάχης P 195, p. 732.
1613
Πλωτῖνος P 263. p. 1310 (59), 1384 (60). Πολύαινος P 159, p. 451 (13). Πομπήϊος P 227 ; 267. p. 1451 (28).
Kvpnvaixoc P 210, p. 1127 (188).
p. 241
(22), 1597 (24),
p. 1304 (27) : 292, p. 1564 (7).
Κτησίας P 12. Κυναίγειρος P 218, p. 1200.
P 83,
1591
(33), 1669 (5).
Κριτόλαος P 102, p. 282 (9).
Aaxcovixóc (16).
1303 (17) ; 267.
Ποσειδώνειος P 93.
210,
p. 1132
Πρόκλος P 164. p. 483 (11).
Πρωταγόρας
(141).
P195,
p.759;
Πτολεμαῖος P 36; 263, 1376 (57). 1381 (58).
210,
p. 1310
p.1127
(56).
(57).
Πυθαγόρας P 263. p. 1326 (59) ; 292, p. 1553.
INDEX DES TITRES
1867
ἀγών P 231. ἀδολεσχία P 210, p. 1135 (35).
Tlv8ayopıxöc P 313. Πυθία P 210, p. 1133 (25).
ἀθάνατος P 210, p. 1126 (177).
Πύρρων P 210, p. 1127 (158). Πυρρώνειος P 210, p. 1125 (64).
ἀϊδιότης P 164, p. 483 (11), (13), 1622 (35). 1657 (1).
"Pouaixoc P 210, p. 1132 (18) ; 227 ; 231.
Ῥωμαῖος P 153, p. 398 (9) ; 210, p. 1132 (19), (20).
'Póun P 227 ; 228. Σιδώνιος P 267, p. 1450 (23). Σικελία P 90, p. 270 (10). Σιμμίας P 102, p. 282 (7).
484
487
αἵξ P 165, p. 572 (3).
αἵρεσις P 26, p. 135 (5); 142, p. 355 (17); 263, p. 1301 (8). αἰσθάνεσθαι P 210, p. 1130 (5). αἴσθησις P 142. p.359 (25); 263, p.1305 (39).
αἰσχροκερδεία P 108, p. 291.
Σίμων P 102. p. 282 (2).
αἰτία P 210, p. 1126 (149), (59). 1143 (L 119).
Σιμωνίδης P 7. p. 86. Σινωπεύς P 231.
1132
(18),
1139
ἀχούω P 210, p. 1130 (2), (3).
ἀκρόασις P 210, p. 1126 (80); 263, p. 1302
Σίσυφος P 195, p. 840.
(14).
Σκχυθικός P 102, p. 284.
ἀλήθεια P 210, p. 1126 (225) ; 302 (I).
Στύξ P 263, p. 1306 (46). Στωΐϊκός P 142, p. 347 (10) : 210, p. 1126 (78), (148), (149), (154), 1141 (70), (71), (72).
Σωκράτης P 26, p. 135 (6) ; 195, p. 669 ; 210,
p. 1136 (43) ; 231.
Σωχρατικός P 90, p. 270 (7). Τίμαιος P 195, p. 814. p. 1140 (68), (69) ; 292, p. 1591 (22), 1596 (23), 1669 (5).
Τρωϊκός P 7, p. 85, p. 86.
ἄλογος P 210, p. 1140 (64) ; 247 (2).
ἀλόγως P 247 (2).
ἀμφιβολία P 32.
ἀμφισβήτησις P 12. ἀναίρεσις P 90, p. 270 (8). ἀνάλημμα P 313, p. 1721 (6). ἀναλυτικός P 90, p. 268 (3).
ἄνεμος P 131, p. 314 (24), 316 (24). ἀνεπιφθόνως P 210, p. 1136 (40).
Tuppnvöc P 223.
ἄνθρωπος
Φαῖδρος P 195, p. 721.
ἀνταπόδουσις P 131, p. 315 (3). ἀντιγραφή P 263, p. 1304 (26), (30).
Φαίδων P 195, p. 672.
P 210. p. 1142 (78) ; 302 (IV 9).
ἀντικείμενος P 142, p. 348 (13). ἀντιλέγω P 292, p. 1591 (22).
Φίληβος P 195, p. 713. Φιλίστα P 136.
ἀντιλογία P 302 (IV 1).
Φοινικός P 153, p. 396 (1).
ἀντιλογικός P 302 (IV 1).
Χαλδαῖος P 263, p. 1302 (9).
Χαρμίδης P 195, p. 723. Χριστιανός P 263, p. 1302
(12).
(11),
1419
(11),
1449 ; 292. p. 1622 (35), 1657 (1).
Xpucaóptoc P 263, p. 1305 (37). Χρύσιππος P 210, p. 1126 (59), (152), p. 1144 (L 59).
ἀντιπάθεια P 223. ἄντρον P 263, p. 1307 (52). &opynoía P 210, p. 1134 (29). ἀπαίδευτος P 210, p. 1138 (50).
ἄπιστος P 7, p. 85. p. 86. ἀπλανής P 313, p. 1720 (2).
ἅπλωσις P 313, p. 1721 (7).
'Dxgavóc P 267, p. 1451 (25) ; 334.
ἀπόδοσις P 18, p. 118, p. 124. ἀπόχρισις P 263, p. 1351 (2).
ἀγαθός P 142, p. 339 (2).
ἀπολογία P 79, p. 204, 222 ; 195. p. 669.
ἄγαλμα P 263, p. 1306 (45).
ἀπομνημόνευμα P 83, p. 241 (10) ; 226 ; 228.
ἀγορά P 165. p. 572 (2). ἄγραφος P 195, p. 587.
ἀπόρημα P 292, p. 1617 (21), 1668 (4).
ἀγωγήΡ P 210, p. 1142 (1) ; 292, p. 1609 (31).
ἀπορία P 242 (4) ; 263. p. 1304 (23), (30). ἀπόστασις P 131, p. 315 (7).
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
1868
γεωμετρία P 26, p. 135 (7): 159, p. 450 (7),
ἀποστέλλειν P 154, p. 400.
ἀποτελεσματικός
P 65;
263, p. 1310
(57).
451 (10).
γεωμετρικός P 159, p. 451 (12). γεωργικός P 14.
1381 (58) : 313, p. 1721 (8).
ἀπόφθεγμα P 210, p. 1132 (15), (16).
ámoyrj P 263, p. 1301 (5). p. 1408 (55). ἄπρακτος P 210, p. 1126 (210).
yf; P. 131, p. 315 (9) ; 334. γίγνεσθαι P 210, p. 1125 (66), 1144 (L 66).
ἀρέσκων P 210. p. 1142 (58).
Γνῶθι
ἀρετή P 142, p. 348 (13): 195, p. 840 ; 210, p.
1130
(5),
1131
(9).
1132
(17),
1133
(21). 1134 (27), (28) ; 267, p. 1449 (17);
σαυτὸν
P263,
p.1301
(6);
210,
p. 1126 (177). γονεύς P 77.
ἀριθμητικός P 131, p. 316 (14) ; 223.
γραμματικός Ρ 14 ; 263, p. 1304 (23). γραφικός P 14. γράφειν P 131. p. 316 (22).
ἁρμονία P 81.
γυνή P 81 ; 170 ; 210, p. 1132 (17), (45), 1143 (XXII).
302 (IV 6).
ἀριθμός P 131, p. 316 (15) : 150. p. 384. ἁρμονικός P 263, p. 1310 (56). 1376 (57). ἀρχή P 263, p. 1301 (2) : 302 (IV 7).
δαιμόνιον P 210. p. 1136 (43). δαίμων P 267. p. 1448 (9).
ἀσεβεία P 83. p. 241 (4).
δανείζειν P 210, p. 1138 (54).
ἄσκησις P 210, p. 1175.
δεισιδαιμονία P 210, p. 1131 (14).
ἀστήρ P 313, p. 1720 (2).
ἀστραπήΡ
ônuoxparia P 210. p. 1138 (53).
131, p. 315 (10).
διαβάλλειν P 210, p. 1143 (XXIII).
ἀστρολάβος P 164, p. 500 (37).
διαβολή P 210, p. 1143 (XXIII).
ἀστρολογία P 65 ; 159, p. 451 (7).
διαγωγή P 142, p. 356 (21).
ἀστρονομικός P 292, p. 1628 (39). ἀστρονομούμενος P 263, p. 1304 (22). ἀσώματος P 263. p. 1301 (7).
δίαιτα P 142, p. 356 (20). διαιτητής P 164, p. 489 (19), 492 (18). διαχρίνειν P 210, p. 1130 (4). διαλέγειν P 210, p. 1138 (49). διαλεκχτικός P 159, p. 451 (10). διάλεκτος P 153, p. 398 (9). διάλεξις P 165, p. 572 (8) ; 231.
αὐλός P 165, p. 572 (3). αὐταρκῆς P 210, p. 1135 (33).
αὐτοματοποιικός P 154, p. 400. αὐτοσχεδιαστικός P 159. p. 451 (9).
ἄφθαρτος P 210, p. 1126 (177). ἀφορμή P 263, p. 1308 (53). 1398 (53). ἀφροδίσιος P 12 ; 313, p. 1724 (17). βασιλεία
P 83,
p. 241
(1):
153,
p. 397
διάλογος P 83, p. 241 (10) ; 102, p. 284. διανόησις
P 159,
p. 450
(3):
263,
p. 1305
(37) : 313, p. 1724 (15). (4);
142, p. 339 (2) ; 210, p. 1132 (15) ; 263, p. 1303 (17).
B&Aonouxóc P 154. p. 400. βιβλίον P 153, p. 398 (8) ; 263, p. 1310 (59), 1384 (60).
βίδλος P 292, p. 1609 (30). βίος P 142, p. 352 (14): 210, p. 1126 (37), (159), 1142 (55), 1144 ; 217 : 263, p. 1310 (59), 1326 (59), 1384 (60).
διάστημα P 26, p. 135 (7). διάταξις P 313, p. 1721 (5).
διατριβή P 83, p. 241 (8) ; 274, p. 1512 (2). διαφέρειν P 159, p. 451 (10).
διαφορά P 153, p.398 (10); 210, p. 1125 (64) ; 263. p. 1303 (15). διδαχτὸς P 210, p. 1134 (27).
διήγημα P 210. p. 1144 (L 46). διήγησις P 210, p. 1137 (48).
βραδέως P 210, p. 1136 (41).
δίκαιος P 195, p. 840.
γαμικός P 210. p. 1131 (12).
δικαιοσύνη P 210, p. 1126 (59), 1144 (L 59): 234.
γάμος P 83, p. 241 (3).
δίκη P 302 (IV 11).
γένεσις P 109.
διοσημεία P 210, p. 1143 (L 119).
γένος P 263, p. 1303 (15).
δίχρονος P 18, p. 124.
1869
INDEX DES TITRES δόγμα P 159, p. 451 (11) ; 195, p. 587 ; 210, p. 1142 (58) ; 292, p. 1597 (24).
ἐπισημασία P 313, p. 1720 (2).
δοκεῖν P 210, p. 1127 (205).
ἐπιστημονιχός P 159, p. 450 (3). ἐπιστολή P 154, p. 400; 159, p.451
δοξάζειν P 159, p. 451 (10) : 247 (2).
ἐπίσκεψις P 292, p. 1591 (22).
δρυοκολάπτης P 223.
δύναμις P210, p. 1142 (78); 263, p. 1305
p. 1624 (37).
(38).
ἐπιστολιμαῖος P 292, p. 1652 (9*).
6vconta P 210, p. 1135 (38).
ἐπιτομή P 12 ; 159, p. 451 (13).
ἐγρήγορσις P 263, p. 1305 (40).
ἐπιφανεία P 313, p. 1721 (7). ἐπιχείρημα P 263, p. 1305 (35) ; 292, p. 1622
el (td) P 210, p. 1133 (24). εἶδος P 263, p. 1303 (15).
(35), 1657 (1).
εἰκών P 14.
εἱμαρμένη
P 162; 210, p. 1142 (42); 250;
εἰσαγωγή
P65;
267, p. 1448 (10) ; 292, p. 1617 (22). 154,
p. 400:
263,
p. 1304
(22), 1310 (57), 1335 (15), 1350 (1), 1381
(58) ; 267, p. 1450 (21).
ἑκάτερον (εἰς) P 210, p. 1125 (45).
ἔκγονος P 210, p. 1135 (32).
ἐπιχείρησις P 210, p. 1125 (45). ἕπεσθαι P 210. p. 1126 (152).
ἐπωνυμία P 210, p. 1144.
ἐραστής P 195, p. 837.
ἔργον P 210, p. 1143 (XI). ἐριστικός P 302 (IV 1). ἑρμηνεία P 90, p. 268 (2).
ἔρως P 83. p. 241 (6) ; 131, p. 315 (5); 142,
ἐκλείπειν P 210, p. 1134 (26). ἔκλειψις P 131, p. 315 (8).
p. 354 (15d) ; 210, p. 1143 (XXV).
ἐχλογή P 153, p. 398 (8) ; 210, p. 1126 (148), 1127 (50).
£pwtixöc P 210, p. 1137 (47), (48). ἑταῖρος P 142, p. 348 (11).
ἐτυμολογία P 18, p. 118, p. 124.
ἐλάχιστος P 159, p. 451 (12). ἔλεγχος P 210. p. 1126 (148).
εὐγενεία P 210. p. 1143 (L 203). 1144.
ἐλευθερία P 131, p. 315 (1). Eußpvov P 263. p. 1308 (54), 1403 (54).
ἔμμετρος P 210, p. 1133 (25). Eunoöwv P 263. p. 1311 (61).
εὐεπεία P 232. εὐθυμία P 26, p. 135 (3) ; 210, p. 1134 (30).
εὑρίσκειν P 210, p. 1144. εὐσεβεία P 142, p. 357 (22). ἐφ᾽
ἐμφαίνειν P 210, p. 1139 (60). ἐμφύλιος P 227 ; 228.
ἔμψυχος P 263, p. 1301 (5), 1408 (55). ἐμψυχοῦν P 263, p. 1403 (54). ἐναντίωμα P 210, p. 1126 (129). 1141 (70). ἔνδοξος P 14; 153, p. 397 (7) ; 210, p. 1133
ἡμῖν
P 210,
p. 1126
(133),
(154) ; 263,
p. 1305 (41) : 292, p. 1617 (22).
ἐχθρός P 210, p. 1130 (6).
ζήτημα P 210, p. 1140 (67) ; 263, p. 1303 (18), 1304 (27), 1306 (47), 1307 (59).
ζήτησις P 267, p. 1450 (20).
ζωγράφος P 14.
(22).
ἔννοια P 210, p. 1141 (72). ἐνοπτρικός P 131, p. 316 (17). ἐντελέχεια P 263, p. 1302 (13). ἔνυδρος P 210, p. 1140 (63). ἕνωσις P 164, p. 492 (18). ἐπαινεῖν P 210, p. 1136 (40).
Cor} P 263, p. 1382. (Gov P 210, p. 1140 (63) ; 228.
ἔπαινος P 142, p. 343.
ἠθικός P 83, p. 241
ἡγεμονικός P 313, p. 1722 (9).
ἡγεμών P 210, p. 1138 (49), (50). ἡδονήρΡ
P 142, p. 338 (1);
292, p. 1635 (41).
ἐπιθαλάμιος P 231. ἐπιθυμία P 210, p. 1142 (77).
131, p. 315 (4) ; 210, p. 1143 (XX).
(12) ; 210, p. 1134 (28) ;
267, p. 1448 (13).
ἐπέχειν P 210, p. 1126 (210).
ἐπίγραμμα
(13);
195, p. 829 ; 210, p. 1143 (L 132) ; 263, p. 1304 (32), 1307 (51), 1397 (51) ; 292,
195, p. 841 ;
ἦθος P 142, p. 352 (14).
ἥλιος P 131, p. 315 (7), (9) ; 267, p. 1447 (6). ἡμέρα P 210. p. 1143 (L 150). ἥρως P 267, p. 1448 (9).
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
1870
καταθρασύνειν P 247 (2). καταλογάδην P 18, p. 118, p. 124.
ἡσυχία P 210, p. 1143 (XIX). θάνατος P 142, p. 355 (16).
κατάστασις P 302 (IV 7).
θεῖος P 210, p. 1136 (41) ; 263, p. 1301 (1).
θεογονία P 109. θεοχρασία P 109. θεολογία P 7, p. 85 ; 292, p. 1553. 1613 (33) ; 293a. θεολογικός P 292, p. 1610 (32), 1661 (3).
θεὸς
P 109: (21),
131, p. 316 (19);
210, p. 1126
(80),
142. p. 356
1127
(53) ; 267,
p. 1448 (8) ; 292, p. 1553 ; 302 (1I).
θεώρημα P 164, p.489 (16); 292, (23). Onpevrixóc P 223. θηριακός P 210. p. 1143 (L 120).
p. 1596
καταφρόνησις P 247 (2). κατηγορία P 90, p. 268 (1) ; 263, p. 1351 (2), 1352 (3).
xatouíibroc P 223. x£vóc P 267, p. 1447 (7).
κεραυνός P 223. κεφάλαιον P 263, p. 1305 (34). xotvóc P 210, p. 1141 (72). κολακεία P 142, p. 348 (13a). xóAat P 210, p. 1130 (4). κόσμος P 164, p. 483 (11), 484 (12), 487 (14) : 210, p.1125 (66), 1144 (L 66); 267, p. 1447 (3) ; 292, p. 1622 (35), 1657 (1).
χουφίζειν P 142, p. 350.
taußog P 108, p. 291. ἰατροσυμβολικός P 223. ἰδέα P 210, p. 1125 (67). (68).
χρίνειν P 210. p. 1126 (225).
χριτήριον P 267, p. 1449 (19) ; 313, p. 1722 (9). κρυφαίως P 154, p. 400.
ἴδιος P 263, p. 1303 (15).
ἱερατικός P 292, p. 1606 (28).
ἱερὸς γάμος P 263, p. 1304 (25).
κτῆσις P 153, p. 398 (8).
ἱερὸς λόγος P 223.
κυχλιακός P 131. p. 316 (13).
ἴημα P 223. ἱστορία P 12 : 90, p. 270 (6) ; 153, p. 396 (1),
κύκλος P 210. p. 1139 (60).
397 (5) : 210, p. 1132 (19) ; 218, p. 1201 ;
227 ; 263, p. 1302 (10), 1302 (14), 1326 (10) ; 267, p. 1451 (27), (28) ; 274, p. 1512 (4).
ἱστορικός P 12.
ἰσχύς P 210, p. 1143 (XXIV).
καιρός P 210, p. 1127 (53).
P 142, p. 348
(I3);
210, p. 1131
(9),
λαλία P 231. λέξις P 142, p. 343 : 267. p. 1450 (21).
λιμενοποιικὸς P 154, p. 400. λόγιον P 263. p. 1306 (44), p. 1394 (44) ; 292, p. 1553.
λόγος P 26, p. 135 (7) ; 102, p. 282 (6) : 210, p.1140 (64); 232; 263. p.1305 267, p. 1446 (1), (2), 1448 (13).
(42);
λύπη P 210, p. 1142 (77). λύσις P 7, p. 86.
1135 (33).
κακοδαιμονία P 210, p. 1135 (33). xaxondeia P 210, p. 1139 (57). xaxóc P 292, p. 1617 (23). κάλλος P 142, (XXVI).
λάθε βιώσας P 210, p. 1141 (75).
λιτή P 142, p. 356 (20).
καθαρτικός P 292, p. 1597 (24). καθῆκον P 26. p. 135 (2) : 267, p. 1449 (18). καθόλου P 267, p. 1450 (20). xaxía
xuvnyetixög P 210, p. 1144 (L 216).
p.354
(15c);
210,
μάθημα P 302 (IV 3).
μαθηματικός p. 1143
P267,
p.1450
p. 1596 (23) ; 315,p. 1720 (1). μάθησις P 142, p. 348 (12).
(24);
292,
καλῶς P 210, p. 1141 (75).
μανία P 142. p. 354 (15b).
xavov P 36 ; 313, p. 1721 (5). καρπός P 313, p. 1724 (19).
μαντική
xara(3aAAetv P 302 (1). κατάβασις P 297.
μάχεσθαι P 210. p. 1125 (71). μέγας P 36.
καταγράφειν P 164, p. 500 (37).
μέγεθοςP 131,p. 315 (9) : 267. p. 1447 (6).
P 210,
p. 1125
(71),
223 ; 267. p. 1448 (11).
1143
(L
71);
1871
INDEX DES TITRES μελέτη P 165, p. 572 (1) ; 210, p. 1143 (XII) ; 231. μέλλειν P 210, p. 1143 (XV).
παθητικός P 210, p. 1142 (78).
πάθος P 142, p. 353 : 210, p. 1135 (34) ; 267, p. 1448 (14).
u£poc P 210. p. 1142 (78).
παιδεύειν P 210, p. 1143 (XXII).
μεσότης P 131, p. 316 (18).
naic P 210, p. 1142 (1).
μεταλαμβάνειν P 210, p. 1125 (68). μετέωρα P 159, p. 451 (7) ; 267, p. 1447 (5).
παλινωδία P 263, p. 1304 (31).
πάλη P 302 (IV 2).
παράγγελμα P 164, p. 499 (35) ; 210, p. 1131
u£rEopoAoyixóc P 267, p. 1447 (4), (5). untpoaxóc P 292, p. 1609 (30).
(11), (12), 1138 (52).
μηχανικός P 154, p. 400 ; 292, p. 1617 (22) ;
παράδοξος P 153, p.397 (5); 210. p. 1126
313, p. 1724 (18). μισθός P 302 (IV 11).
παραλείπειν P 263, p. 1307 (47a).
μῖσος P 210, p. 1136 (39).
παράλληλος P 210, p. 1132 (19).
μοναρχία P 210, p. 1138 (53).
παραμυθητικός
(143), 1141 (71) ; 313, p. 1724 (17).
μονάς P 292, p. 1590 (21).
p.1131
(10),
1137
παρασχευαστιχός P 154, p. 400.
μουσεῖον P 232. μουσική P 26, p. 135
(7);
210, p. 1142 (76).
142, p. 347
(9);
μουσικός 231 : 315, p. 1724 (20). μοχλικός P 154, p. 400. μυθικός P 7, p. 85, 86 ; 210. p. 1144 (L 46);
292, p. 1608 (29).
μῦθος P 131, p. 316 (20) ; 210, p. 1144 (L 46).
napacxeverv P 210, p. 1127 (223).
παρατήρησις P 223. παρρησία P 142, p. 352 (14a). περιήγησις P 267, p. 1451 (26).
περίοδος P 334. περίπλους P 267, p. 1451 (26) : 334. περιφέρειν P 210, p. 1126 (149). πεῦσις P 263, p. 1351 (2).
νόημα P 263, p. 1304 (29). vontóc
P210,
(45).
P 263, p. 1304 (29),
1305 (36),
1308
(53). 1398 (53). νόμος P 83, p. 241 (11) : 195, p. 821. νοῦς P 263, p. 1304 (29), 1305 (36).
νύμφη P 263, p. 1307 (52).
πηγή P 263, p. 1303 (16).
πλανήτης P 131, p. 316 (11).
πλανώμενος P 313, p. 1720 (3). πλοῦτος P 142, p.350, p. 1143 (XXI).
p.356
(18);
210,
πνευματικός P 154, p. 400.
οἰκονομία P 142, p. 349 (13b). οἰκουμενικός P 36.
ποίημα P 142, p. 344 (8) ; 210, p. 1130 (2): 274, p. 1512 (3).
οἰωνοπολία P 223.
ποίησις P 210, p. 1144. ποιητής P 90, p. 270 (11) ; 210, p. 1126 (143).
olovooxorntxóc P 223.
ὀλιγαρχία P 210, p. 1138 (53). ὁμιλία P 142, p. 352 (14b).
ὀνειροχριτικός P 36. ὄνειρον P 33.
ὄνομα P 225 ; 263, p. 1301 (1), 1307 (47a). óvopacrixóc P 231. (2);
(71);
263,
p.1307
(47a);
274,
noixíAcc Ρ 159, p. 451 (10). πόλεμος P 210, p. 1133 (22) ; 227 ; 228. noAtopxnrixóc P 154. p. 400. πόλις P 153, p. 397 (7).
πολιτεία P 83. p. 241 (2) ; 195, p. 789 ; 292,
ὀπτικός P 131, p. 316 (16).
ὀργή P 131, p.315
1141
p. 1512 (2).
142, p. 353 (15a);
210, p. 1143 (L 93) ; 267, p. 1449 (15).
ὀρθοέπεια P 302 (III). ὀρθῶς P 302 (IV 9).
ὅρος P 195, p. 839 : 242 (1). ὅρος P 210, p. 1144.
p. 1553 ; 302 (IV 4).
πολιτεύειν P 210, p. 1138 (51). πολιτικός P 195, p. 707 ; 210, p. 1127 (53), 1138 (52). πολλοί P 247 (2). πολύγωνον [πολυγώνων] P 131, p. 316 (15). πολυπραγμοσύνη P 210, p. 1135 (36).
πολυτελής P 142, p. 356 (20).
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
1872
πολυφιλία P 210, p. 1131 (7). πόνος P 210, p. 1143 (*).
στρατηγός P 210, p. 1132 (15). στρωματεύς P 210, p. 1144 (L 62).
σύγκρισις P 210, p. 1139 (56) : 267, p. 1450
ποταμός P 36 ; 210, p. 1144. πραγματεία (24).
P 142, p. 341
(5) ; 292, p. 1597
(24).
πράττειν P 302 (IV 9).
συμβεβηκός P 263, p. 1303 (15). ouußoAıxög P 223.
πρέσβυς P 210, p. 1138 (51).
σύμβολον P 292, p. 1608 (29).
πρεσβύτης P 102, p. 282 (5). πρόγνωσις P 210, p. 1143 (XV). npoxonterv P 210. p. 1130 (5).
σύμμικτος
npovoía
P 26, p. 134 (1):
P12;
p. 1303 (18).
142, p. 358 (23);
292, p. 1617 (21), (22). 1668 (4).
164,
p.489
(16);
263,
συμπάθεια P 223. συμποσιαχός P 210, p. 1137 (46). συμπόσιον P 195, p. 719 ; 210. p. 1131 (13).
προοίμιον P 263. p. 1303 (19).
συμποτιχός P 83, p. 241 (10).
προστακτιχός P 302 (IV 10).
συμφωνία P 292, p. 1553. συναγωγή P 36: 159, p. 451 ; 210, p. 1132
προσφωνεῖν P 263, p. 1352 (3).
πρόσωπον P 210, p. 1139 (60).
(19); 225; 263. p.1307 (49); 282,
προτρεπτικός
p. 1531 ; 292, p. 1596 (23) ; 313, p. 1720
p. 1446 (1).
P83,
p.241
(7):
267,
(2).
σύνδεσμος P 267, p. 1450 (22).
πρόχειρος P 313, p. 1721 (5).
συνηθεία P 210, p. 1126 (78).
πρύτανις P 90, p. 270 (9).
πρῶτος P 210, p. 1127 (141). πῦρ P 210, p. 1139 (62).
συνουσία P 292, p. 1553. σύνταγμα P159, p.450
πυρετός P 164, p. 501 (38).
217;
p. 1307 (49).
313,p. 1720 (1).
σφαῖρα P 313, p. 1721 (7).
σχολή P 83, p. 241
ῥήτωρ P 159, p. 451 (10) ; 210, p. 1142 (55); 242 (7).
(12) ; 93; 210, p. 1126
(134).
σχολικός P 292, p. 1558 (3).
bonn P 313, p. 1724 (13).
σῴζειν P 210, p. 1125 (71).
σαλπιγκτής P 231.
σῶμα P210, (77).
oapxopayla P 210, p. 1140 (65-66). P131,
p.315
(7)
(8)
(9);
210,
p. 1139 (60) ; 242 (6).
p. 1125
(68),
1135
ταχτικός P 267, p. 1452 (29).
σημασία P 156.
τάξις P 263, p. 1310 (59), 1384 (60).
oxvrixóc P 102, p. 282 (6), 284. σοφία P 81 ; 210, p. 1133 (22).
τέχνη
σημεῖον P 142, p. 357 (24).
(34).
1142
(21),
1307
σωτήριος P 85. σωφροσύνηΡ 170.
σημαίνειν P 153, p. 398 (10).
τέλος P 210, p. 1126 (221). P 14;
239;
263,
p. 1304
σοφός P 210, p. 1131 (13).
(48); 267, p.1452 (29); 292, (28) ; 302 (IV 1). τεχνολόγος P 263, p. 1311 (61).
στάσις P 263, p. 1307 (48).
τιμωρία P 90, p. 270 (8).
στήλη P 313, p. 1721 (4).
τιμωρεῖν P 210, p. 1136 (41).
σοφιστής P 90, p. 269 (4) ; 195, p. 700.
στοιχεῖον (14).
267,
σύνταξις P 36 ; 142, p. 340 (3) ; 154. p. 400 ;
ῥηματικός P 153, p. 398 (11). ῥητορικός P 142, p. 342 (7) ; 242 (7) ; 263,
σελήνη
(6);
p. 1447 (6).
P 263,
p. 1307
(50) ; 313,
p. 1724
στοιχεῖον (xarà —) P 14 ; 223 ; 225. στοιχείωσις P 267, p. 1447 (4); 272;
τονικός P 164, p. 499 (35). τοπικός P 210, p. 1127 (56).
τόπος P 292, p. 1624 (36). 292,
p. 1562 (5), 1610 (32), 1661 (2), (3) 1 313.
τρεῖς P 292, p. 1590 (21).
τρόπος P 156 ; 210, p. 1127 (158).
p. 1606
INDEX DES TITRES τύραννος P 90, p. 270 (8), (10).
τύχη P 210, p. 1131 (8), 1132 (20), 1133 (21).
ὕβρις P 142, p. 354 (15f). ὑγιεινός P 210. p. 1131 (11). ὕδωρ P 210, p. 1139 (62). ὕλη
P 210,
p. 1125
p. 1301 (3).
(185) ; 263,
p. 1720 (3).
ὑπόμνημα P 12: 36; 83, p. 241 (10); 153, p. 396 (2) ; 159, p. 450 ; 263, p. 1304 (33), 1376 (57) ; 292. p. 1553,
1558
(3). ὑπόστασις P 292, p. 1617 (23). ὑποτύπωσις P 292, p. 1564 (7), 1628 (39).
φθόνος P 142, p. 354 (15e) ; 210, p. 1136 (39).
φιλαδελφία P 210, p. 1135 (31). φιλαργυρία P 142, p. 351 (13d). R2; 1L.
χωρίζειν P 263, p. 1305 (36). χωρογραφία P 36.
φῆφος P 239.
quyoyovía P 210, p. 1140 (68). (69). ψυχρός P 210, p. 1139 (61). ὠφελεία P 263, p. 1303 (17). ὠφελεῖν P 210, p. 1130 (6).
ὠφέλιμος P 210, p. 1143 (XV).
φιλοδοξία P 142, p. 351 (13e). φιλόλογος P 263, p. 1302 (14). φιλοπλουτία P 210, p. 1135 (37).
aetas P 252.
φίλος P 131,p. 315 (6) ; 210, p. 1130 (4). (184) ; 242 (2); (12), 1306 (44),
1394 (44) ; 292, p. 1564 (7).
(3):
210,
p. 1127
1142 (58) ; 226;
228 ; 263, p. 1302 (10), 1326 (10), 1464. φιλοστοργία P 210, p. 1135 (32). φιλοτεκνία P 159, p. 451 (8). φιλοτιμία P 302 (IV 5).
φρόνιμος P 210, p. 1140 (63). φύγη P 142, p. 355 (17) ; 210, p. 1136 (44). φυσικός P210, p. 1139 (59), p. 1142 (58); 267, 1446 (2) ; 292, p. 1562 (5), 1661 (2).
φύσις
263, p. 1382.
ὥρα P 296.
φιλία P 131, p. 315 (6) ; 210, p. 1143 (L 132) ;
1138 (49),
χρόνος P 131, p. 316 (12) ; 164, p. 487 (14) ;
(77), (78), 1143 (L 209) ; 263, p. 1301 (4), 1302 (13), 1305 (38) ; 267, p. 1448 (12).
φέρειν P 153, p. 397 (7).
P 142, p. 340
χρηστομάθεια P 292, p. 1645 (8*). χρηστομαθία P 153, p. 397 (6).
ψυχή P 210, p. 1126 (177), 1135 (34), 1142
φάσις P 313, p. 1720 (2), 1724 (17).
(50), (223),
χρηστήριον P 210, p. 1134 (26).
ψηφοφορία P 313, p. 1721 (5).
ὑφιστάναι P 263, p. 1304 (29).
φιλόσοφος
χρῆσθαι P 210, p. 1140 (64). χρῆσις P 164, p. 500 (37).
ὑπόθεσις P 7, p. 86 ; 292, p. 1628 (39) ; 313,
p. 1127 p. 1302
xpeia P 83, p. 241 (9).
χρήσιμος P 210, p. 1139 (62).
ὕπνος P 263, p. 1305 (40).
φιλοσοφεῖν P 210, 247 (1); 263,
χάρις P 142, p. 352 (14c). χείρων P 210, p. 1135 (34).
χρᾶν P 210, p. 1133 (25).
(68), p. 1126
277, p. 1512 (D ;
yapaxınp P 292, p. 1652 (9*).
χερσαῖος P 2IO, p. 1140 (63).
ὑπερηφανία P 142, p. 350 (13c).
1310 (56),
P 40, p. 156 ; 109 ; 210, p. 1143 (*);
anima P 263, p. 1305 (43), 1393 (43). animal P 258.
comprobatio P 252. contemplativus P 252.
doctrina P 312. dolor P 26, p. 135 (4). dubitare P 280, p. 1516 (1). institutio P 210, p. 1144 (*). metaphrasis P 280, p. 1516 (2). omnifarius P 312. pati P 26, p. 135 (4).
prolegomena P 292, p. 1564 (6).
217. φυτικός P 90, p. 270 (6). φυτόν P 90, p. 270 (6).
1873
quaestio P 292, p. 1672 (11). regressus P 263, p. 1305 (43), 1393 (43).
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
1874
solutio P 280, p. 1516 (1). vita P 252. Achille P 133. Alcibiade P 263, p. 1304 (26). Alexandre P 239. André P 164, p. 498 (31). Apollonius de Tyane P 165, p. 566 (1). Aristote P 61. p. 185 : 164, p. 484 (12), p536 (15): 263, p. 1449 (voir aussi Ἀριστοτέ-
Ang). — Analytica Posteriora. commentaire P 164, p. 467 (3), 514 (4) ; 263, p. 1355 (7). 1450 ; 292, p. 1559 (4): paraphrase P274; paraphrase - traduction latine P 274. - Analytica Priora. commentaire P 164, p.467 (2). 513 (3); 263. p.1355 (6); 283; 292, p. 1557 (3) ; 312 ; paraphrase P274; paraphrase - traduction latine
— p. — p. -
Problemata physica, commentaire P 164, 535 (13). Sophistici Elenchi, commentaire P 164. 481 (8) ; 263, p. 1356 (8). Topica, commentaire P 164, p. 516 (5);
commentaire? P 164, p. 481 (8).
— Traités P 228.
sur
Diogéne P 293. Diogéne. commentaire P 293.
(8) ; 280,
p. 1517 ; livre A, commentaire
P 263, p. 1357 (10). — Meteorologica, commentaire
Ρ 164,
p. 468 (4), 532 (10). -De
partibus
| animalium,
traduction
P 164, 535 (12). - Physica — commentaire P 164, p. 478 (7), 518 (7) ; 263, p. 1460 ; 280, p. 1517 ; 312; livres I-IV. commentaire P 263, p. 1356 (9), 1448.
sophismes
de-
Épicure P 159, p. 451. P 159, p. 450
- De interpretatione — commentaire P 61, p. 185, 186 ; 164, p. 513 (2) : 263. p. 1355 (4). 1448 ; 283; 292, p. 1556 (2), 1671 (9) ; 312. - Metaphysica. commentaire P 164, p. 481
des
Dositheos P 164, p. 498 (30).
- Περὶ
- De generatione et corruptione, commentaire P 164, p. 473 (5). 531 (9).
[réfutation]
Chosroés P 61, p. 186 ; 280, p. 1516 (1). Chrysippe P 133. Clytemnestre P 239. Codros P 133.
p. 1558 (3). - De anima, commentaire P 164, p. 475 (6). 532 (11); 209. p.1090 (1); 280, p. 1517. - Categoriae, Categoriae decem ex Aristotele decerptae P 274 ; commentaire P 164, p.467 (1) 511 (D); 263, p.1351 (2), 1447 ; 283 ; 312. - De caelo, commentaire P 164, p. 531 - Ethica, commentaire P 263, p. 1357 (11), 1448. p. 1461.
animaux,
Busiris P 239.
P 274 ; livre I, oxoAıxbv ὑπόμνημα P 292,
(8) : commentaire? P 164, p. 481 (8).
les
φύσεως,
livre
VI,
commentaire
(2) ; livre VIII
— commen-
taire P 159, p. 45] (11) ; trente-trois premiers livres, commentaire P 159, p. 450. Eschine de Sphettos (?) P 83, p. 241 (15). Euclide
- Éléments, livre I, commentaire
P 292,
p. 1625 (38) ; livre X, commentaire P 36.
Eudoxe P 95. Galien —(Euvres, commentaire P 164, p.556; épitomé P 164, p. 556 ; paraphrase P 164, p. 562 (44). — A Glaucon [Sur la méthode thérapeutique], commentaire P 164, p. 558 (26). — Anatomie mineure, commentaire p. 559 (30).
P 164.
— Des causes et des symptómes, commentaire P 164, p. 559 (31).
— Grand Livre sur le pouls, commentaire P 164, p. 559 (33). -Le petit art, commentaire (24).
P 164, p. 558
— Sur l'utilité des parties — traduction et/ou commentaire P 164, p. 535 (12), 560 (39) ;
épitomé (?) P 164, p. 562 (43). - Sur la méthode thérapeutique, commentaire P 164, p. 560 (37).
INDEX DES TITRES -Sur (42).
la saignée,
— Sur
la
épitomé
thériaque,
P 164,
commentaire
p. 562 P 164,
P. 561 (40) ; épitomé P 164, p. 561 (41). — Sur le diagnostic des parties internes affectées [i.e. Sur les lieux affectés],
1875
Justinien P 164, p. 495 (24).
Longin P 263, p. 1449. Médée P 133. Ménexéne P 156.
commentaire P 164, p. 559 (32).
Néron P
— Sur le pouls mineur, commentaire P 164, p. 558 (25). —Sur le régime des bien-portants, commentaire P 164, p. 560 (38). —Sur les crises, commentaire P 164,
Nestorius P 164, p. 552 (19).
p- 560 (35). —Sur
les
éléments,
commentaire
P 164,
p. 558 (27). — Sur les facultés naturelles, commentaire P 164, p. 559 (29). —Sur
les
fiévres,
commentaire
p. 560 (34). —Sur les jours critiques, P 164, p. 560 (36). — Sur
les
sectes,
P 164,
commentaire
commentaire
P 164,
p. 558 (23). -Sur
les
tempéraments,
commentaire
P 164, p. 559 (28). Héléne P 133. Héliodore
- Éthiopiques,
commentaire
allégorique
P 127. Héraclés P 133. Hermocrate P 195, p. 814. Hésiode — commentaires P 274, p. 1513. — Les travaux et les jours, commentaires P 292, p. 1599 (26). - mythe de Pandora, commentaire P 293a. Hippocrate — Aphorismes, commentaire Q 2. - Épidémies, commentaire Q 2. — Prorrhétique, livre I, commentaire Q 2. Homère P 83, p. 241 (14).
— commentaires P 274, p. 1513.
165, p. 568 (3).
Nicomaque de Gérasa - Introductio | arithmetica, commentaire P 293a ; scholies P 164, p. 489 (17) ; livre I, commentaire P 292, p. 1641 (2*).
(Edipe P 133. Oracula
Chaldaica,
commentaire
Ρ 292,
p. 1600 (27). Origene P 15. Pamphile P 187. Páque P 164, p. 498 (32). Páris P 239. Périclès P 302 (IV 12). Perse P 280, p. 1516 (1). Philippiques P 258. Philochore — Sur lAttique, épitomé P 228. Philonidés P 142, p. 341 (6). Philopoimen P 236, p. 1228. Platon P 292, p. 1564 (6), 1590 (20), 1672 (10). Voir aussi Πλάτων. — Alcibiade I, commentaire P 292, p. 1566 (8). — Banquet,
commentaire
P 292,
p. 1575
(15). - Cratyle, commentaire (1); 292, p. 1571 (11).
P 263,
p. 1357
- Gorgias,
P 209,
commentaire
p. 1092 ;
292, p. 1670 (6), 1568 (9). — Parménide, commentaire P 209, p. 1091 (3); 292, p. 1580 (18), taire P 263, p. 1358 (3). — Phédon,
commentaire
1095 ; commenP 209,
p. 1091
(2) ; 263, p. 1373 (6) ; 292, p. 1569 (10), 1671 (7). commentaire
P 292,
p. 1573
Ibn Sinä (Avicenne) P 263, p. 1450.
— Phédre,
(14).
Jamblique P 164, p. 499 (33).
— Philébe, commentaire (5) ; 292, p. 1575 (16).
P 263,
p. 1373
Julien — Contre les Galiléens, réfutation P 126.
— République, commentaire P 263. p. 1373 (7) ; 272 ; 292. p. 1586 (19), 1671 (8).
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
1876
- Sophiste, commentaire (2) : 292, p. 1572 (13).
P 263,
p. 1358
accusation P 239. affection P 237.
- Théététe, commentaire P 292, p. 1572 (12). - Timée, commentaire P 263, p. 1371 (4);
áme P 252 ; 263, p. 1463 ; 292, p. 1590 (20),
292, p. 1575 (17). 1669 (5).
argument P 292, p. 1590 (20).
Plotin — Ennéades,
édition
(24), 1391 (24); p. 1597 (25).
(?)
P 263,
commentaire
p. 1304
P 292,
Porphyre — Isagoge, commentaire P 164, p.482 (10). 516 (6) ; 283 ; 292, p. 1556 (1).
κεφάλαια,
ἀντίρρησις
Ptolémée - Almageste, commentaire P 36. - Apotélesmatique — (Tetrabiblos) — introduction P 263, p. 1310 (57), 1381 (58); commentaire P 292, p. 1643 (45) ; paraphrase P 292, p. 1642 (3*). - Harmoniques, commentaire P 36 ; 263, p. 1310 (56), 1376 (57). Pythagore P 263, p. 1310 (58). Pythagore (Ps. —)
—- Carmen . Aureum, | commentaire p. 1652 (125), 1673 (12) ; 293a.
P 292,
Socrate P 239. Sophocle — commentaire P 274, p. 1513. Téléphe P 165, p. 572 (9). Théagène d'Athénes P 18, p. 124. Thémistius P 164, p. 497 (26). Théophraste P 280, p. 1516 (2).
- De anima ll 2 Physique V, commentaire cursif P 280, p. 1516 (2). — Physique, épitomé P 280, p. 1517. Timée P 1. Trajan P 210, p. 1144 (*).
blessé P 165, p. 572 (9). bourdon P 239.
catégorique P 263, p. 1355 (5), p. 1448. chronique P 23] ; 263, p. 1310 (60), 1466.
1449,
commentaire P 292, p. 1672 (10).
Ρ 294.
Thyeste P 133.
bien P 195, p. 587.
cœur P 137.
Proclus P 164, p. 535 (14). — Chaldaica, réfutation P 294.
- θεολογικὰ
1672 (10).
apologie P 15 ; 239 ; 263, p. 1304 (26).
consolation P 267, p. 1449 (16). corps P 164, p. 550 (16).
creation P 164, p. 487 (15). critique P 263, p. 1449. definition P 292, p. 1661 (2). dialectologie P 164, p. 499 (36). dieux P 107. difference P 164, p. 495 (23), 499 (34).
division P 164, p. 495 (23). doctrine P 263, p. 1449 ; P 292, p. 1672 (10). ; 312 éclipse P 292, p. 1644 (5*). élément P 263, p. 1449.
éloge P 79, p. 204 ; 239 ; 302 (IV 12). enfant P 237. épigramme P 165, p. 572 (9). épitomé P 164, p. 493 (19) ; 210, p. 1141 (69). etre P 302 (IV 13). éternité P 164, p. 535 (14), 536 (15). exilé P 239. explication P 61, p. 185. fiévre P 239. fini P 164, p. 550 (16). fœtus P 237.
géographie P 313, p. 1722 (12). gymnastique P 165, p. 568 (4). harmonie P 19 ; 313, p. 1722 (10). hebdomade P 299.
abrégé P 263, p. 1449. accentuation P 164, p. 499 (34).
héroique P 165, p. 567 (2). histoire P 83, p. 241 (13) ; 205 ; 236, p. 1228 258 ; 263, p. 1464.
INDEX DES TITRES
homme P 237 ; 296.
partie P 292, p. 1661 (2). pauvreté P 79, p. 204.
hymnes P 292, p. 1631 (40), 1652 (10*).
peine P 267, p. 1449 (16).
histoire chrétienne P 126.
percement P 165, p. 568 (3).
idylle sur les saisons P 18, p. 124.
philosophie P 61, p. 185 ; 263, p. 1449 ; 292,
immortalité P 292, p. 1590 (20).
p. 1564 (6). physiognomonie P 218, p. 1201.
immortelle P 292, p. 1672 (10). indivisible P 292, p. 1661 (2). instauration P 164, p. 550 (17). intellect P 263, p. 1448-1449. intellectuel P 292, p. 1662.
physique P 292, p. 1661 (2). pouls P 164, p. 502 (39). preuve P 164, p. 550 (17).
intelligible P 263, p. 1448, p. 1449. interprétation P 61, p. 185 ; 263, p. 1355 (5), 1449. introduction P 263, p. 1448. isagoge P 263, p. 1448, 1450. isthme P 165, p. 568 (3). leçon P 165, p. 568 (5) ; 195, p. 587 ; 242 (5) ; 292, p. 1636 (42). lettre P 164, p. 405 (24), 498 (30). ligne (droite) P292, p.1640 (15); 313, p. 1724 (16). logique P 61, p. 186. marmite P 239. mendiant P 239. monachisme P 164, p. 553 (22).
monde
P 164,
p. 487
(15), p. 535
(14),
536
(15) 550 (17).
principe P 292, p. 1661 (2). puissance P 164, p. 550 (16).
question P 292, p. 1652 (11*). rat P 239. réfutation P 164, p. 552 (19), 553 (20), (21); 263, p. 1449. régime P 137. résurrection P 164, p. 498 (29) ; 188.
réveil P 263, p. 1449. roi P 280, p. 1516 (1). sel P 239. signification P 164, p. 499 (34). sommeil P 263, p. 1449. sophisme P 293. sophiste P 165, p. 570 (7). sphère P 292, p. 1647 (7*). statue P 164, p. 499 (33).
mortel P 40, p. 158 mot P 164, p. 499 (34). musique P 19.
sublime P 292, p. 1674 (13).
nature P 237 ; 252 ; 296.
tableau P 165, p. 569 (6). tactique P 236, p. 1228. théologie P 107 ; 263, p. 1449.
substance P 292, p. 1674 (13).
syllogisme P 263, p. 1355 (5), p. 1448.
naturel P 205. naturelles (choses) P 292, p. 1652 (11*),
1672
(11).
traité P 61, p. 185, p. 186 ; 292, p. 1662, 1674
nombre P 164, p. 495 (23).
(13).
trinité P 164, p. 496 (25).
opinion P 40, p. 158. optique P 313, p. 1723 (11).
panégyrique P 18, p. 124. parallèle P 292, p. 1640 (16).
1877
vie P 165, p.566 (1), 570 p. 1228 ; 292, p. 1662. (1*);
313,
p. 1724
voie P 40, p. 158.
vomi P 239.
(7);
187;
236,
Liste des notices du tome V
=
O
©
0
20
Un
h
€
Wu
—
LETTREP
PACCIUS PACTIÓN DE TARENTE PACUVIUS (M.-) PAEONIUS PAETUS PAIONEIOS PALAIPHATOS PALFURIUS SURA (M. -) PALLADAS D'ALEXANDRIE PALLADIUS PAMMÉNES PAMPHILE D'ÉPIDAURE PAMPHILOS PAMPHILOS D'AMPHIPOLIS PAMPHILOS DE CÉSARÉE PAMPHILOS DE MAGNÉSIE PAMPHILOS DE SAMOS PAMPRÉPIUS DE PANOPOLIS PANAKÉÓS PANARÉTOS PANCRATES PANCRATES PANCRATIDES PANCREON PANETIUS DE RHODES PANNYCHUS PANSA CAETRONIANUS PANTACLEIA PANTAINOS (T. FLAVIUS -) PANTAINOS (PANTENE) PANTHOIDES PANYAS(S)IS D'HALICARNASSE PAPINIUS DE SMYRNE PAPIRIUS PAETUS (L. -) PAPPUS D'ALEXANDRIE PARAIBATES DE CYRENE PARALIOS D'ANAGYRUNTE PARAMONOS PARMENIDE D'ÉLÉE PARMENIDES DE THESPIES
79 79 79 82 83 84 85 90 91 108 108 109 110 111 m 115 115 116 125 127 127 128 129 130 130 131 138 138 141 141 141 144 145 145 146 147 149 149 [49 150 161
PARM(ÉN)ISCOS
161
PANETIUS DE RHODES
PARMENISCUS
L’ANCIEN
DE MÉTAPONTE
164
44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81] 82 83 84 85 86
[PARÖN] PARTHENIOS PASEAS DE CYRENE PASICLES DE RHODES PASICLES DE THEBES PASICLES DE THEBES PASIPHILOS PASIPHON PASSIENUS PASYLOS PATERIUS PATRICIUS PATRICIUS PATRICIUS PATROCLES PATROCLES PATRON PAUL LE PERSE PAULINUS D’ANTIOCHE PAULINUS DE SCYTHOPOLIS PAULLUS [PAUL-EMILE] PAULUS D'ALEXANDRIE PAUSANIAS DE CÉRAMÉES PAUSANIAS DE GÉLA PAUSANIAS L'HÉRACLITISTE PAUSANIAS LE PONTIQUE PAUSIMAQUE DE MILET PEISICRATES DE TARENTE P(E)ISIRRHODÈ DE TARENTE P(EJISIRRHODOS DE TARENTE PEISITHÉOS P(EJISÓN PELOPS PEMPÉLOS DE THOURIOI PEMPTIDES DE THEBES PEREGRINUS PROTEUS PERICLES DE LYDIE PERICTIONE PÉRISTRATOS D'ÉPHÈSE PERSAIOS DE KITION PERSE (A. PERSIUS FLACCUS) PERSINOS DE MILET PÉTRÓN D'HIMÈRE
165 170 170 170 172 172 173 173 177 179 179 181 181 181 182 182 183 183 188 188 188 191 191 193 194 195 195 195 195 196 196 197 197 197 199 199 230 23] 234 234 243 246 246
1880 87
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
PETRONIUS ARBITER PHAIDIMOS PHAINECLES DE PAROS PHAINIAS D’ERESE PHALEAS DE CHALCEDOINE PHANIADES DE PHALANNA PHANIAS PHANIAS DE MILET PHANOCRITE PHANOS PHANOSTRATE DE TRALLES PHANTÓN DE PHLIONTE PHAÓN PHARIANUS PHARNACE PHÉDON D'ÉLIS PHÉDON DE POSEIDONIA PHÉDON L'ARIEN PHÉDONDAS DE THEBES PHEDRE DE MYRRHINONTE PHEDRE D’ATHENES PHENIX DE COLOPHON PHERECYDE DE SYROS PHILADELPHIUS DE PTOLEMAIS
PHILAGRIOS D’ATHENES PHILARCHOS PHILASTRIOS D’ALEXANDRIE PHILEBE PHILERATIDAS DE SPARTE PHILETOS DE LIMYRA PHILIDAS DE MILET PHILINOS DE COS PHILINOS DE THESPIES PHILIPPE PHILIPPE PHILIPPE PHILIPPE PHILIPPE PHILIPPE DE MEGARE PHILIPPE DE SIDE PHILIPPE LE PHILOSOPHE PHILIPPOS DE MACEDOINE PHILIPPOS D’APAMEE DE SYRIE
PHILIPPOS DE PROUSIAS PHILIPPE D'OPONTE PHILISCOS PHILISCOS D'ÉGINE PHILISCOS DE MÉLOS
263 266 266 266 273 274 274 274 274 275 276 276 278 279 279 279 285 285 285 286 287 289 296 301 301 301 302 302 303 303 303 303 307 308 308 308 309 309 309 309 310 311 312 313 313 320 323 329
135 136 137 138 139 140 141 142 143 144 145 146 147 148 149 150 151 152 153 154 155 156 157 158 159 160 161 162 163 164 165 166 167 168 169 170 171 172 173 174 175 176 177 178 179 180 181 182
PHILISCOS DE THESSALIE PHILISTAS PHILISTION DE LOCRES PHILOCHOROS D’ATHENES PHILOCRATES DE SIDON PHILOCRATES DE SOLES PHILODAMOS DE LOCRES PHILODEME DE GADARA PHILOLAOS DE CROTONE PHILOLAOS DE KITION PHILOMATHES PHILOMELOS PHILOMELOS PHILOMETÖR PHILON PHILON D’ALEXANDRIE PHILON (D’ALÖPEKE ?) PHILON D'ATHÉNES PHILON DE BYBLOS PHILON DE BYZANCE PHILON DE LARISSA PHILON (DE MÉGARE) PHILONICOS PHILONIDES PHILONIDES DE LAODICEE PHILÖNIDES DE TARENTE PHILONIDES DE THEBES PHILOPATÖR PHILOPOIMEN DE MEGALOPOLIS PHILOPON (JEAN -) PHILOSTRATOS DE STEIRIA PHILOSTRATE D’EGYPTE PHILOXENE PHILTYS DE CROTONE PHINTIAS DE SYRACUSE PHINTYS PHOCION SURNOMME CHRESTOS PHOIBIÖN PHORMION PHORMION D’ELEE PHOTIOS PHRAÖTES PHRASIDEME PHRONTIDAS DE TARENTE PHRYNICHOS DE LARISSE PHRYNICHOS DE TARENTE PHYKIADAS DE CROTONE
329 331 331 333 333 334 334 334 359 359 359 360 360 360 361 362 391 392 392 399 404 438 439 441 441 452 453 454 454 455 563 575 577 577 578 580 583 583 583 584 585 611 612 612 612 613 613
PHYLLIS
613
LISTE DES NOTICES DU TOME V 183 184 185 186 187 188 189 190 191 192 193 194 195 196 197 198 199 200 201 202 203 204 205 206 207 208 209 210 211 212 213 214 215 216 217 218 219 220 221 222 223 224 225 226 227 228 229 230
PHYROMACHOS PHYRSON DE COLOPHON PHYTIOS DE RHEGION PHYTON DE RHEGION 617 PIERIUS PIERRE D'ALEXANDRIE PISO FRUGI CALPURNI(A)NUS PISO (L. CALP. CAESONINUS -) PISON PISON PLATON PLATON PLATON PLATON DE RHODES PLATON DE SARDES PLAUTUS (L. SERGIUS -) PLAUTUS (RUBELLIUS -) PLAUTUS (T. MACCIUS -) PLEISTAINOS D'ÉLIS PLEISTARCHOS D’ATHENES PLINIUS CAECILIUS SECUNDUS PLINIUS SECUNDUS PLOTIN PLOTINA PLOUS DE PAPHOS PLOUTIADES DE TARSE PLUTARQUE D’ATHENES PLUTARQUE DE CHÉRONÉE POEMENIUS (POIMENIOS) POLÉMAIOS DE SYBARIS POLÉMARQUE POLÉMARQUE DE CYZIQUE POLÉMARCHOS DE TARENTE POLÉMIUS POLÉMON D’ATHENES POLÉMON (M. ANTONIUS -) POLIADES DE SICYONE POLITES DE PHOCÉE POLITUS DE TÉMÉNOTHYRES POLLA POLLES D'AIGAI POLLIO (P. VEDIUS -) POLLION D'ALEXANDRIE POLLION (ANNIUS -) POLLION (C. ASINIUS -) POLLION DE TRALLES) POLLIS POLLIUS FELIX
614 614 615 617 619 622 623 627 629 630 630 630 863 863 864 865 866 870 870 871 876 885 1071 1075 1075 1076 1096 1185 1185 1186 1188 1189 1189 1190 1194 1205 1205 1205 1205 1206 1206 1210 1210 1211 1214 1214 1215
231 232 233 234 235 236 237 238 239 240 24] 242 243 244 245 246 247 248 249 250 251 252 253 254 255 256 257 258 259 260 261 262 263 163A 264 265 266 267 268 269 270 271 272 273 274 275 276 277
POLLUX DE NAUCRATIS PÖLOS D’AGRIGENTE [PIO[LOS] D'AGRIGENTE [PÓLOS DE LUCANIE] POLYARCHOS DE SYRACUSE POLYBE DE MÉGALOPOLIS POLYBE DE COS POLYCLETE D'ARGOS POLYCRATE D’ATHENES POLYCTÓR D'ARGOS POLYEN POLYEN DE LAMPSAQUE POLYMEDES POLYMNASTOS DE PHLIONTE POLYMNESTOS POLYMNIS DE THEBES POLYSTRATE POLYSTRATE D’ATHENES POLYXENE POLYZELOS POLYZELOS POMERIUS POMPEDIUS
1881
1215 1218 1221 1221 1222 1224 1236 1240 1246 1252 1253 1253 1255 1255 1256 1256 1257 1258 1258 1260 1260 1261 1261 POMPEIUS MAGNUS (CNAEUS -) 1264 1276 POMPEIUS MAGNUS PIUS POMPEIUS (SEXTUS -) 1283 POMPEIUS PENNUS 1284 1284 POMPEIUS TROGUS POMPYLOS 1285 1286 PONTIANUS DE NICOMÉDIE 1287 PONTIUS LE SAMNITE
PÖROS (OU PRÓROS) PORPHYRE DE TYR PORPHYRE DE CÉSARÉE POS(E)IDES D'ARGOS POSIDIPPE DE PELLA POSIDONIUS D'ALEXANDRIE POSIDONIUS D'APAMÉE POSIDONIOS D'HERMOUPOLIS POSIDONIUS DE CYRENE [POJSOCHARÈS POSTUMIUS CHIUS POTAMÔN D'ALEXANDRIE POUSAIOS PRAETEXTATUS PRAŸLOS DE TROADE PRAXIPHANE PRAXIPHANE DE MITYLÈNE
1882
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
PRAXITÉLES PRISCIANUS PRISCIEN DE LYDIE PRISCILLIANUS PRISCUS DE THESPROTIE 283 PROBUS (PROBA) 284 PROBUS DE LILYBÉE 285 PROBUS DE NARBONNE 286 PROCLES 287 PROCLES DE MÉTAPONTE 288 PROCLINUS DE TROADE 289 PROCLUS 290 PROCLUS D’ATHENES PROCLUS 29] 292 PROCLUS DE LYCIE 293 PROCLUS DE MALLOS 203a PROCLUS PROCLEIUS 294 PROCOPIOS DE GAZA 295 PROCOPE 296 PRODICUS 297 PRODICOS DE SAMOS 298 PROPAS DE CORINTHE 299 PRÓROS DE CYRENE 300 PROSÉNES 301 PROTAGORAS 302 PROTAGORAS D'ABDÈRE 303 PROTAGORAS DE LYCIE 304 PROTARQUE 305 PROTARQUE DE BARGYLIA 306 PROTÉRIUS DE CÉPHALÉNIE 307 PROXÉNOS DE POSEIDONIA 308 PROXÉNOS DE SYBARIS 309 PROXÉNOS DE THEBES 310 PRYTANIS DE CARYSTOS 311 PSAMMÓN 312 PSELLOS (MICHEL -) 278 279 280 281 282
1709
PTOLÉMAÍS DE CYRENE PTOLÉMÉE | 315 PTOLÉMÉE D'ALEXANDRIE | 316 PTOLÉMÉE D'ALEXANDRIE [317 PTOLÉMÉE DE CYRENE [318 PTOLÉMÉE | 319 PTOLÉMÉE LE BLANC | 320 PTOLÉMÉE LE NOIR |321 PTOLÉMÉE LE PLATONICIEN | 322 PTOLÉMÉE AL-GARIB | 323 PUBLIUS DE HIÉRAPOLIS | 324 PUDENTIANUS | 325 PYLAEMENES D'HÉRACLÉE | 326 PYRALLIANOS DE PERGAME | 327 PYRRHON D’ELIS | 334 PYTHÉAS DE MARSEILLE | 335 PYTHIAS | 336 PYTHIODORE |337 PYTHOCLEIDES DE CÉOS | 338 PYTHOCLES DE LAMPSAQUE | 339 PYTHODÓROS D’ATHENES | 340 PYTHODÔROS | 341 PYTHODÖROS DE CYZIQUE | 342 PYTHON | 343 PYTHON D’AINOS | 344 PYTHON DE CHYTROI | 345 PYTHONAX | 328 PYRRÔN DE MÉTAPONTE | 329 PYRRHON DE PHLIONTE | 330 PYTHAGORAS D'HÉRACLÉE
1709
| 331
1709
| 332
1710
| 333
1513 1514 1514 1522 1528 1539 1543 1543 1544 1545 1545 1545 1546 1546 1546 1674 1675 1675 1691 1691 1695 1696 1696 1700 1700 1700 1708 1708 1708
| 313
1717
| 314
1718 1718 1736 1736 1737 1738 1739 1739 1744 1738 1748 1748 1749 1749 1774 1780 1781 1783 1786 1787 1788 1788 1788 1788 1789 1789 1771 1771 1772
PYTHAGORAS DE PHILADELPHIE 1772 PYTHAGORAS DE RHODES 1773 1773 PYTHAGORE DE SAMOS
1710 1712 1712 LETTRE Q
QUINTILIUS VARUS QUINTUS
1790 1790
QUINTUS (Q. AUFIDENUS -) 4 QUIRINUS DE NICOMÉDIE
1792
RHODIPPOS DE CROTONE RHOSANDROS ROGATIANUS
1795 1795 1795
3
1792
LETTRER
RABIRIUS RHEGINOS (REGINUS)
1794 1794
5
RHEXIBIOS DE MÉTAPONTE
1795
6
4
©
0$-
LISTE DES NOTICES DU TOME V
10 Il 12
ROGUS (TETRILIUS -) ROMANIANUS DE THAGASTE RUFINUS RUFINUS DE CHYPRE RUFUS RUFUS (C. VALGIUS -) 1
1796 1797 1809 1810 1810 1811
13 14 15 16 17
1883
RUFUS (SERVIUS SULPICIUS -) 1812 RUFUS (TIBERIUS IULIUS -) 1815 RUSTICUS (IUNIUS ARULENUS -) 1815 RUSTICUS (QUINTUS IUNIUS -) 1816 RUTILIUS RUFUS (PUBLIUS -) 1817
TABLE DES MATIERES
Avant-Propos....................
ses
inserer
7
Auteurs des notices du tome V......ucneusssaonenesnnnnenssanonennnnonsennnsnsnnansenonnennnnnansensnnn
13
Abréviations ......22uur220nsennonsennnnnsssnnstonnunsnunssssnnsnnnentssnenesnansnnenssnonsnssnonnssnonssennsnann
19
Avertissement...aneesesssessssssenanennnnenntennennnnenennnonennonsensnenssnennsannserssnentnoonsrsnsnsnsnsnene
77
Notices
Lettre P
....2222200usnrsenonennensnsrennssnnnensensnnsnennsnnansnnonsnsnrsnnensnensnnatsnansnennnnssnnassstnne
79
Lettre Q
RES
1791
Lettre
ὌΞΩ
1795
Index des noms propres...
1819
Index des mots-vedettes figurant dans les titres...
1865
Liste des notices du tome V .....zeesssessesnnsensssnesonnennannunsnonnnsnnnnonnnnnannunnonansnnssanennen
1879
Achevé d'imprimer sur rotative par l'Imprimerie Darantiere à Dijon-Quetigny en décembre 2011
N° d'impression : 11-1527 Dépót légal : janvier 2012 Imprimé en France