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French Pages [1030] Year 2018
DICTIONNAIRE DES
PHILOSOPHES ANTIQUES
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
publié sous la direction de RICHARD GOULET Chercheur au CNRS
Babélyca d' Argos à Dyscolius
CNRS ÉDITIONS 20/22, rue Saint-Amand, 75015 PARIS 1994
112 DSQ 1994 v .2
© CNRS Éditions, Paris, 1994 ISBN : 2-271-05195 .9
grad 41406151 philo
62/25 /04
AVANT-PROPOS
Voici une nouvelle moisson de plus de cinq cent-quarante philosophes
antiques ou du moins de témoins importants du mouvement philosophique dans l' Antiquité. Il nous aura fallu plus de quatre ans pourmettre au point ce second tome qui nous permet d'atteindre la lettre D . C 'est un délai bien long quand on
regarde tout le programme qui reste à réaliser.Mais identifier et sélectionner ces centaines de noms, aller chercher dans une quinzaine de pays près d 'une cen
taine de rédacteurs compétents, les rappeler périodiquement à leurs engage ments, puis adapter et souvent traduire leurs notices écrites en quatre ou cing
langues , en assurer la saisie typographique sur micro -ordinateur, la mise en page, la correction, l' indexation , et enfin l'impression est un lourd travail qu 'on
ne saurait brusquer, d 'autant plus que, reposant sur l'amicale collaboration de collègues tous plus occupés les uns que les autres, notre projet est fort dépendant des disponibilités de chacun s 'il veut recourir pour certaines notices aux spécia
listes les plus compétents. Dans la préparation de ce deuxième tome, mon fardeau a été allégé par la précieuse assistance de Jean -Marie Flamand, que la Direction scientifique du
Départementdes Sciences de l'homme et de la Société du C .N . R .S . a bien voulu affecter en commun à l'Année philologique et au Dictionnaire des philosophes antiques. Jean -Marie Flamand a assuré la saisie de plusieurs notices en collabo ration parfois avec leurs auteurs, il s'est chargé d 'un certain nombre de notices
importantes et difficiles , a minutieusement relu les premières épreuves du manuscrit et a patiemment collaboré aux innombrables vérifications auxquelles la phase finale de préparation de cet ouvrage m ' a contraint de procéder.
Je dois également remercier deux autres collègues qui ont pris la peine de relire l'ensemble des épreuves. Tiziano Dorandi tout d 'abord a enrichi nombre
de notices en puisant dans sa vaste érudition de philologue et de papyrologue . Quant à Simone Follet, elle a renouvelé le service qu 'elle nous avait rendu lors
de la publication du premier tome en relisant et annotant l'ouvrage avec une minutieuse attention, débusquant d' innombrables fautes de toutes sortes, repé
rant les contradictions et les obscurités de l'argumentation, les imprécisions et les lacunes de la bibliographie . Nous avons profité de ses remarques pour véri fier des centaines de références bibliographiques en plusieurs langues. S 'il n 'a
pas toujours été possible de conduire toutes les notices jusqu'au point de perfection dont ses indications montraient la voie , la qualité finale de l'ouvrage
doitbeaucoup à sa perspicacité et à son inépuisable érudition . Plusieurs autres collègues nous ont apporté leur concours, en proposant le nom de rédacteurs compétents ou en relisant et révisant certaines notices relevant de leur domaine de recherche. Pour le secteur arabe, nous avons pu
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
compter sur l'aide amicale de Maroun Aouad qui prépare maintenant, avec Roshdi Rashed , un Dictionnaire des philosophes et des savants arabes (du jer au ve siècle de l'hégire ). Enfin , Pedro Pablo Fuentes González, de l'Université de Grenade, nous a acquis , pour plusieurs historiens, la collaboration de collègues espagnols spécialistes de l'historiographie antique et a assuré l'adaptation fran çaise des notices qu 'ils ont bien voulu rédiger pour nous. A eux et à tous ceux
qu 'il n 'est pas possible de nommer individuellement, j'adresse mes remer ciements .
Je dois également remercier mon épouse ,Marie-Odile Goulet-Cazé, qui s'est chargée de la relecture finale du Dictionnaire et a ainsi permis la correction de
nombreuses fautes ou coquilles . La préparation de ce dictionnaire est, dans le cadre du C .N .R .S., l'une des “ opérations de recherche " de l'Unité propre de recherche 76 (« Histoire des
doctrines de la fin de l'Antiquité et du HautMoyen Age »), fondée par M . Jean Pépin et actuellement dirigée par Marie-Odile Goulet-Cazé. Depuis avril 1992, à cette U .P.R . s'est adjointe l'équipe parisienne de l'Année philologique, dont le rédacteur en chef est Pierre -Paul Corsetti. Ce rapprochement institutionnel a été l'occasion d 'une collaboration étroite entre les chercheurs et les ingénieurs de ces deux projets, de même qu 'avec deux autres entreprises bibliographiques ani mées par des chercheurs de l’U . P . R . 76 : la Bibliographie platonicienne de Luc
Brisson et le Bulletin augustinien de Goulven Madec, et deux revues publiées sous la responsabilité de membres de la même équipe : la revue Chrysopæia dirigée par Sylvain Matton et les Archives d 'histoire doctrinale et littéraire du Moyen Age, dont la rédactrice en chef est Françoise Hudry . Les échanges que
permet cette concentration de responsables de publications érudites a été pour nous un grand stimulant. Je tiens à préciser que la préparation de ce second tome a été financée uniquement sur les crédits de l'U .P .R . 76 et je remercie lesmem bres de cette équipe d'avoir accepté que leurs crédits de fonctionnement soient ainsi amputés. Je ne puis achever cette introduction sans rappeler la disparition d'un de nos collaborateurs de la première heure. Christian Guérard, chercheur au C .N .R .S ,
décédé le 13 décembre 1991, consacrait ses recherches au néoplatonisme et, bien qu'il fût rattaché au Centre Léon Robin , participait activement aux réunions de l’ U .P . R . 76 sur les Sentences de Porphyre. Il entretenait un dialogue très intime avec les philosophes néoplatoniciens qu 'il étudiait et il était bien le dernier historien de la philosophie qu 'on eût pu accuser d 'une sèche érudition. Lors du lancement de notre projet en 1981, il m 'avait proposé de s'occuper des philosophes stoïciens et il fut parmi les premiers à me fournir toute une série de
notices, d'Archédème à Zénon de Citium , toutes soigneusement présentées. On remarquera que la table des rédacteurs comprend presque deux fois plus
de noms que celle du premier tome. Cet accroissement du nombre de nos collaborateurs signifie qu 'il nous a été possible de faire appel à un plus grand nombre de spécialistes et donc de réduire la part des notices purement " rédactionnelles”.
AVANT-PROPOS
Je remercie enfin les auteurs quinous ont fait parvenir leurs ouvrages ou des tirés à part de leurs publications. Étant donné l'éclatement actuel de la biblio graphie scientifique en des revues et des recueils toujours plus nombreux, c'est pour eux une garantie supplémentaire de voir leurs études les plus récentes prises en compte dans les notices du Dictionnaire . Nous avons maintenu pour l'essentiel la présentation choisie lors de la publi cation du premier tome. Comme l'ont suggéré certains recenseurs, les indices ne renvoient plus seulement aux numéros des notices, mais aussi aux pages, du moins pour les notices importantes qui courent sur plusieurs pages. A la suite des noms des rédacteurs, nous avons indiqué les numéros des notices qu' ils ont
signées. Nous avons enfin ajouté une liste succincte de toutes les notices du deuxième tome, de façon à ce que le lecteur puisse plus facilement repérer les notices qui l'intéressent parmi les différents homonymes qui parfois figurent dans le Dictionnaire . RICHARD GOULET.
Toute correspondance peut être adressée à Richard Goulet 4, rue de l'Abbaye F - 92160 ANTONY
- Fig. 1: Carnéade de Cyrène. Bâle, Antikenmuseum Basel und Sammlung Ludwig , Inv. Kä 210. Photo D . Widmer (Basel).
- Fig. 2: Buste de Chrysippe de Soles. Florence, Musée des Offices. Cliché Brogi-Giraudon .
- Fig. 3 : Chrysippe de Soles. Paris, Musée du Louvre, statue Ma V . Photo Réunion des Musées Nationaux .
- Fig . 4 : Cicéron « Chiaramonti » . Rome,Musée du Vatican, XXX. 11.41.
- Fig . 5: Cléanthe d'Assos. Londres, British Museum , Walters, Cat. of Bronzes, nº 848; Select Bronzes, pl. LXV.
- Fig. 6 : Crantor de Soles. Paris, Bibliothèque Nationale , monnaie du Cabinet des Médailles, collection Waddington , sous Gordien III, 240 (revers): Babelon , Revue numismatique, 1898 , p . 181, nº 4525, pl.6 , 18 .
AUTEURS DES NOTICES DU TOME II
Maroun AQUAD
C .N .R .S. (Paris) D 91
Annie BÉLIS
C .N .R .S. (Metz ) B 61
Janine BERTIER
C .N .R.S. (Paris) C 184; D 216
Margarethe BILLERBECK
Université de Fribourg (Suisse ) D 43; 56
Marie-Françoise BILLOT
Institut de recherche sur l'architecture
antique (C .N .R . S.) “ Cynosarges” Jean BOUFFARTIGUE
Université de Paris X (Nanterre ) C 148
Toni BRÄM
Université de Zürich B 12
Luc BRISSON
C .N .R .S. (Paris ) C 15; 16 ; 31; 48;62; 79; 89; 102; 109; 111; 157; 174 ; 175; 216 ; 217; 220 ; 227 ; D 71; 72 ; 79 , 84; 91; 167; 195; 204
José María CAMACHO ROJO Javier CAMPOS DAROCA
Université de Grenade D1 Faculté d'Humanités (Almería , Espagne) B 26
Françoise CAUJOLLE -ZASLAWSKY C .N .R .S . (Paris) C 53; 54; D 177; 203
Bruno CENTRONE
C .N.R . (Rome) B 1; 3; 22; 34; 52; 55; 58, 59, 64; 65;66 ; 70; C 1; 10; 11; 19; 23; 29; 46 ; 82; 84 ; 105 ; 106 ; 107 ; 108 ; 120 ; 135; 137; 139 , 142; 144; 145 ; 168; 170; 171; 194; 221; 229; D 2; 7; 10; 11; 15; 18; 26 ; 28 ; 29; 40 ; 64 ; 73; 76 ; 78 ; 89; 97 ; 99; 101;
102; 103; 116 ; 117 ; 128; 174; 197; 209; 229 ; 230 YsabelDE ANDIA
C .N .R . S. (Paris ) C 51
DICTIONNAIRE DESPHILOSOPHES ANTIQUES Daniel DELATTRE Institut de Papyrologie de la Sorbonne C .N .R .S . (Paris ) D 13; 146
Paolo DESIDERI
Università degli Studi di Firenze D 166
John DILLON
Trinity College, Université de Dublin B 43; C 12; D 33; 42; 62; 87
Tiziano DORANDI
Institut de Papyrologie (Florence) B 16 ; 21; 23; 24 ; 35; 36 ; 45; 46 ; 51; 60 ; 67; 71; C 18 ; 21; 25 ; 30 ; 37 ; 42 ; 43 ; 44 ; 81; 92 ; 96 ; 100 ;
104; 129; 136 ; 149 ; 156 ; 173; 180 ; 195; 201; 202; 204; 206 ; 208 ; 218 ; 222 ; 226 ; D 12; 14 ; 16 ; 19 ; 36 ; 37 ; 38; 39; 47 , 51; 55 ; 59 ; 60 ; 67; 75 ; 77 ; 120 ; 121; 122; 125; 126 ; 138 ; 142 ; 149; 152 ; 158 ; 162; 165; 168: 171; 179 ; 180 : 181; 191;
Michèle DUCOS
193; 194; 206 ; 208; 222 ; 223; 232 Université de Dijon B 7 ; 8 ; 18; 38 ; 39; 40; 62;63; C 2 ; 3; 4 ; 6 ; 8 ; 38; 56 , 57, 58, 59; 60 ; 64 ; 75; 123; 124 ; 125; 127; 128 ; 133; 153; 178 ; 193; 197 ; 198 ; 213; 214 ;
D 4 ; 41;66 ; 134 ; 160; 189; 215; 225 † Jean -PaulDUMONT
Université de Lille III D 146
Jean-Marie FLAMAND
C .N .R .S. (Paris) C 62; 95; 112; 161; 176 ; 182; 191; 192; 203; 224 ; D 95; 100; 106 ; 114 ; 130 ; 146 ; 188; 202
Simone FOLLET
Université de Paris IV (Sorbonne)
B 14; 1a; 76 ; C 77 ; 126 ; D 44;92; 94; 155; 182
JesúsMaría GARCÍA GONZÁLEZ
Université deGrenade C 177
Stephen GERSH
Université Notre-Dame (Indiana)
Pedro Pablo FUENTESGONZÁLES
B 41; C 52; 132; 189 Université de Grenade C 190
Marie-Odile GOULET-CAZÉ
C .N .R .S. (Paris) B 30; C 37a; 40; 45; 61; 83; 103; 117; 122; 163; 164 ; 205; 209; 211; 230 ; D 31; 46 ; 47a; 74; 107; 147 ; 151
Richard GOULET
C .N .R .S . (Paris) B 4 ; 5 ; 10 ; 19 ; 25; 31; 33; 35; 44; 47; 49; 50 ; 54 ; 56 ; C7; 20 ; 22; 26 ; 27; 28 ; 31; 34 ; 41; 65; 67;
68;69; 72; 74; 78;87; 88; 90; 91; 97; 101; 116 ;
AUTEURS DES NOTICES
13
118 ; 119; 121; 130 ; 131; 143; 150 ; 151; 158; 159; 162; 165 ; 166 , 167; 169; 172; 183; 186 ;
187 ; 199 ; 200 ; 207 ; 219; 225 ; 233; D 5 ; 21 ; 22 ;
24 ; 27 ; 30 ; 32; 34; 35; 45; 48; 49; 50; 58; 61; 70a ; 80 ; 93 ; 96 ; 104 ; 110 ; 111; 113; 115 ; 118 ; 119 ; 123; 127, 129, 132, 135 , 136 , 137 , 141; 144; 145; 148; 157; 161; 164; 170 ; 175; 185 :
186 ; 187 ; 200 ; 201; 202 ; 205 ; 211; 212; 220 ; 221; 224 ; 228
† Christian GUÉRARD
C .N .R .S. (Paris)
C 32; 114 ;138;212; D 82; 146; 159 ;210
François GUILLAUMONT
Université de Rennes C 123
Dimitri GUTAS Pierre HADOT
Yale University C 62; D 69; 147 Collège de France C 121
Marie -Christine HELLMANN
Institut de recherche sur l'architecture antique (C . N . R . S .) D 70 ; 147
Philippe HOFFMANN
École Pratique des Hautes Études, Section des sciences religieuses - École Normale
Supérieure (Paris) D 2a; 3
Frédérique ILDEFONSE
Fondation Thiers (Paris) D 86
Éric JUNOD
Université de Lausanne D 81
Jan Fredrik KINDSTRAND
Université d'Uppsala B 32
André LAKS
Université de Lille III D 139
Alain LE BOULLUEC
École Pratique des Hautes Études, Section des sciences religieuses C 154
Jesús LENS TUERO
Université de Grenade D 17; 131
Georges LEROUX
Université du Québec (Montréal) D 88
RE
14
ONNAI
DICTI
S
SOPHE
DES PHILO
UES
ANTIQ
Jean LETROUIT
Paris B 53
Carlos LÉVY
Université de Paris XII (Créteil) C 123
Salvatore LILLA
Biblioteca Apostolica Vaticana D 85
Juan Luis LÓPEZ CRUCES
Faculté d'Humanités (Almería, Espagne) C 83
Goulven MADEC
C .N .R .S (Paris)
Jean -Pierre MAHÉ
C 5;66;D 199 École Pratique des Hautes Études, Section des sciences historiques et philologiques C 55
Pierre MARAVAL
Université de Strasbourg II
Sylvain MATTON
228; 234; D 61; 140; 143; 196; 231 C . N . R . S . (Paris )
C 20; 24; 71; 72 ; 85; 152; 179; 181; 196 ; 215;
D 150
Jørgen MEJER
Université de Copenhague D 52; 150
Serge MOURAVIEV
École Pratique des Hautes Études, Section des sciences religieuses
Claire MUCKENSTURM RobertMULLER
Michel NARCY
C 210; D 169 Université de Besançon
C 14; D 20 Université de Nantes B 68; C 146; 147; D 83; 109; 124;213 C .N .R .S . (Paris)
C 17; D 172 ; 184; 192 ;214 Denis O 'BRIEN
C .N . R .S . (Paris ) D 68; 70
Agnès OUZOUNIAN
Institut National des Langues et Civilisations Orientales (Paris) D 23
Jean PÉPIN
C .N .R .S. (Paris) D 156
Laurent PERNOT
École Normale Supérieure (Paris) C 80; D 25; 65
AUTEURS DES NOTICES Bernadette PUECH
Université de Nancy II B 2 ; 6 ; 9 ; 15; 17 ; 27; 28; 29; 42; 57 ;C9; 13; 35; 39; 49; 50 ; 63; 73; 86 ; 94; 98; 111a; 134; 155; 160; 185 ; 188 ; 231; 232; D 53; 57 ; 63; 90 ; 105 ;
108; 112 ; 133; 141; 153; 154; 163; 173; 176; 178; 183 ; 190 ; 218
François QUEYREL
Université de Paris IV (Sorbonne) C 42; 59; 121; 123; 138; 180; 195; 205; D 54; 163; 217
Patrick ROBIANO
Professeur agrégé de lettres classiques ( Toulouse )
Ulrich RUDOLF
B 20; C 110; 140 ; D 8; 9; 198 ;207 Université de Göttingen C 14
Henri Dominique SAFFREY
C .N .R .S. (Paris )
Dirk M . SCHENKEVELD
C 115; D 227 Vrije Universiteit, Amsterdam C99
Jean -Pierre SCHNEIDER
Alain -Philippe SEGONDS Walter SPOERRI Michel TARDIEU
Javier TEIXIDOR
Université de Neuchâtel B 48; C 93; 141; D 54; 98 C .N .R .S. (Paris ) C33; 47; D 219 Université de Neuchâtel C 36 ; D 226 Collège de France B 12a; 13 ; 37; C 113
Institut d'Études sémitiques (Collège de France) - C .N .R .S. (Paris) B 11; 69
Robert B . TODD
University of British Columbia (Vancouver) D6
John WHITTAKER
Memorial University ofNew Foundland C 70; 223
ABRÉVIATIONS
I. Revues et périodiques A& A
Antike und Abendland. Beiträge zum Verständnis der Griechen und Römer und ihres Nachlebens. Berlin.
A& R
Atene e Roma. Rassegna trimestrale dell' Associazione italiana di cultura classica. Firenze .
AA AAA AAAH
Archäologischer Anzeiger. Berlin .
AAHG
’Apxalodoyixà ’Avalexta ÉE ’AInv@ v. Athènes. Acta ad Archaeologiam et Artium Historiam pertinentia. Institutum Romanum Norvegiae, Roma.
Anzeiger für die Altertumswissenschaft, hrsg. von der Öster reichischen Humanistischen Gesellschaft. Innsbruck .
AAntHung
Acta Antiqua Academiae Scientiarum Hungaricae. Buda pest.
ААР AAPal
Atti dell'Accademia Pontaniana .Napoli.
Atti dell'Accademia di Scienze, Lettere e Arti di Palermo. Palermo.
AAPat
Atti e Memorie dell'Accademia Patavina di Scienze, Lettere
AAT
ed Arti, Classe di Scienzemorali, Lettere ed Arti. Padova . Atti della Accademia delle Scienze di Torino, Classe di Scienze morali, storiche e filologiche. Torino.
AATC
Atti e Memorie dell'Accademia Toscana “ La Colombaria ”.
AAWG
Firenze. Abhandlungen der Akademie der Wissenschaften in Göttin
gen . Philologisch - historische Klasse. Göttingen . 3. Folge, 27, 1942 - . (Auparavant AGWG ) 1. Ces listes ont pour but de faciliter l'identification des sigles et des abréviations utilisés
dans l'ouvrage. Il ne s'agit donc pas d'une bibliographie générale sur la philosophie antique. On n ' y cherchera pas non plus une description bibliographique complète des périodiques et des collections qui y sont recensés. Les sigles adoptés sont le plus souvent ceux de l'Année philologique. On a retenu dans d'autres cas les usages établis dans les publications spéciali
sées (orientalisme, archéologie ). Nombre de revues ont connu des changements dans leur titre, leur sous-titre, leur système de tomaison et leur lieu de publication. Il nous était impossible de rendre compte de toutes ces variations. Certaines revues ont paru en plusieurs séries succes
sives ayant chacune leur tomaison propre. Dans nos notices, nous n 'avons pas précisé à quelle série correspondait la tomaison d 'une référence lorsque la date de publication permettait faci lementde la retrouver.
18
AAWM /GS
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
Abhandlungen der Akademie der Wissenschaften (und der Literatur), Mainz, Geistes- und sozialwissenschaftliche
Klasse. Wiesbaden.
AAWM /L AB ABAW
Abhandlungen der Akademie der Wissenschaften (und der Literatur),Mainz, Klasse der Literatur.Wiesbaden . Analecta Bollandiana. Société des Bollandistes, Bruxelles. Abhandlungen der Bayerischen (- 1920 : Königl. Bayer.) Akademie der Wissenschaften , Philosophisch -historische
Klasse. München. ABSA AC ACD
Annualof the British School at Athens. London .
L 'Antiquité Classique. Louvain -la -Neuve. Acta Classica Universitatis Scientiarum Debreceniensis. Debrecen , Univ . Kossuth .
ACF
Annuaire du Collège de France. Paris.
Acme
Acme. Annali della Facoltà di Filosofia e Lettere dell'Uni versità statale diMilano .Milano. Abhandlungen der Deutschen Morgenländischen Gesell schaft. Leipzig. voir ArchEph .
ADMG AE
Aegyptus
Aegyptus. Rivista italiana di egittologia e di papirologia. Milano .
AEHE, IVe sect.
Annuaire de l'École pratique des Hautes Études, Sciences historiques et philologiques. Paris.
AEHE, Ve sect.
Annuaire de l'École pratique des Hautes Études, Sciences
religieuses. Paris. Aesculape
Aesculape. Revue mensuelle illustrée des lettres et des arts
dans leurs rapports avec les sciences et la médecine. Société internationale d'histoire de la médecine. Paris. Aevum
AFMC
Aevum . Rassegna di scienze storiche, linguistiche e filolo giche. Milano. Annali della Facoltà di Magistero dell'Università di
Cagliari. Cagliari. AFLB
Annali della Facoltà di Lettere e Filosofia di Bari, Bari.
AFLL AFLM
Annali della Facoltà diLettere di Lecce. Lecce.
AFLN AGM
Annali della Facoltà di Lettere e Filosofia, Università di Macerata . Padova. Annali della Facoltà di Lettere e Filosofia della Università diNapoli. Napoli.
Sudhoffs Archiv für Geschichte der Medizin und Natur wissenschaften. Wiesbaden .
AGPh
Archiv für Geschichte der Philosophie. Berlin.
ABBRÉVIATIONS - REVUES ET PÉRIODIQUES AGWG
Abhandlungen der (- 1921: Königl.) Gesellschaft der Wissenschaften zu Göttingen, (à partir de 1893 :) Philolo gisch -historische Klasse. (Berlin , puis) Göttingen . 1 , 1838 / 1842 – 40 , 1894 /1895 ; N . F. 1 , 1896 /1897 - 25, 1930/ 1931 ;
3. Folge 1, 1932 – 26 , 1940 . Pour la suite , voir AAWG . AHAW
Abhandlungen der Heidelberger Akademie der Wissen schaften , Philosophisch -historische Klasse . Heidelberg.
AHMA
Archives d 'Histoire doctrinale et littéraire du Moyen Âge. Paris.
Abstrlran
Abstracta Iranica. Revue bibliographique pour le domaine irano -aryen publiée en Supplément à la revue Studia
Iranica. Institut français d' iranologie . Téhéran /Leiden . AIHS AIPho
Archives Internationales d 'Histoire des Sciences. Roma. Annuaire de l' Institut de Philologie et d 'Histoire Orientales et Slaves de l'Université Libre de Bruxelles. Bruxelles.
AIV
Atti dell'Istituto Veneto diScienze, Lettere ed Arti, Classe di Scienze morali e Lettere. Venezia.
AJA
American Journal of Archaeology. New York .
AJAH AJPh AK
American Journal of Ancient History. Cambridge (Mass.). American Journal of Philology. Baltimore . Antike Kunst, hrsg. von der Vereinigung der Freunde antiker Kunst in Basel. Olten .
Al-muktataj
Al-muktataf. An Arabic scientific review . Le Caire.
Altertum (Das)
Das Altertum , hrsg. vom Zentralinstitut für Alte Geschichte und Archäologie der Deutschen Akademie der DDR . Berlin .
AMal
Analecta Malacitana. Revista de la Sección de Filología de la Facultad de Filosofía y Letras.Malaga.
Ambix
Ambix. The Journal of the Society for the study of alchemy and early chemistry. Cambridge.
AN
Aquileia Nostra. Bollettino dell'Associazione nazionale per Aquileia .Aquileia.
AncPhil
Ancient Philosophy. Pittsburgh .
AncSoc
Ancient Society. Louvain .
AncW
The AncientWorld . Chicago. Angelicum . Universitas a Sancto Thoma Aquinate in Urbe.
Angelicum
Roma.
Annales E . S. C .
AnnEpigr Anregung Antichthon
Annales (Économie, Sociétés, Civilisations). Paris. L'Année Epigraphique. Paris. Anregung. Zeitschrift für Gymnasialpädagogik .München .
Antichthon. Journal of the Australian society for classical studies. Sydney.
20
Antiquitas
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
Antiquitas. Rivista trimestrale di antichità classica. Salerno .
Antiquity
Antiquity. A quarterly review of archaeology. Newbury,
APAW
Berks. Abhandlungen der ( -1870 : Königl.; 1871- 1917 : Königl.
Preuß.; 1918 -44 : Preuß.; puis:) Deutschen Akademie der Wissenschaften zu Berlin , Philosophisch -historische Klasse. Berlin .
Apeiron
APF
Apeiron , published by the Department of classical studies of Monash University. Clayton , Victoria , Australia. Archiv für Papyrusforschung und verwandte Gebiete. Leipzig
AO Arabica ArchClass
Al-Qanțara. Revista de estudios árabes.Madrid. Arabica. Revue d' études arabes. Leiden. Archeologia Classica. Rivista della Scuola nazionale di Archeologia , pubblicata a cura degli Istituti di archeologia e storia dell'arte greca e romana e di etruscologia e antichità italiche dell'Università di Roma. Roma.
ArchDelt Archeion
ArchEph ArchOrient ArchivPhilos ArchPhilos
’Apxaloloyixov Aeatíov. Athènes.
Archeion . Archivio di storia della scienza . Roma. ’Apxaloloyin ’Eonuepis (-1909 : ’ED. 'Apx.) év 'Aon vais (’Apxaloloyixń ÉTalpeta ). Athènes. Archiv Orientální. Praha.
Archiv fürPhilosophie. Stuttgart.
Arts Asiatiques
Archives de Philosophie . Recherches et documentation. Paris . Arts Asiatiques. Paris.
ARID
Analecta Romana Instituti Danici.Odense.
AS
Anatolian Studies. Journal of the British Institute of Archaeology at Ankara . London . Asiatische Studien. Études Asiatiques. Berne.
AsiatStud ASNP Athena
Annali della Scuola Normale Superiore di Pisa, Classe di Lettere e Filosofia. Pisa . 'Anvã. Eúyypayua neploÔLxòv tñs év ’AOńvanç éML
omuovi»ñÇ Étalpelaç. Athènes. Athenaeum
Athenaeum . Studi periodici di Letteratura e Storia dell'Anti chità . Pavia .
Augustinus
Augustinus. Revista publicada por los Padres Agustinos
recoletos.Madrid . BAB
Bulletin de la Classe des Lettres de l'Académie Royale de Belgique. Bruxelles.
BABesch
Bulletin Antieke Beschaving. Leiden .
ABBRÉVIATIONS - REVUES ET PÉRIODIQUES
21
BAGB
Bulletin de l'Association GuillaumeBudé. Paris.
BAR
Bulletin de l'Académie des sciences de l’ U . R .S. S. Lenin
BAug BCAI
grad, puis Moscou. « Bulletin Augustinien » dans REAug.
Bulletin critique des Annales Islamologiques. Supplément aux Annales Islamologiques. Institut français d 'archéologie orientale . Le Caire.
BCH
Bulletin de Correspondance Hellénique. Paris.
BE
« Bulletin épigraphique » dans REG .
BEO
Bulletin d'Études Orientales, publié par l'Institut français de Damas. Beyrouth .
BFCI
BIEH
Bollettino di Filologia Classica. Torino . Boletín del Instituto de EstudiosHelénicos. Barcelona.
BK
Bedi Kartl(h )isa. Revue de kartvélologie (Études géor giennes et caucasiennes). Destin de la Géorgie. Paris .
Devenu, à partir de 1985, Revue des études géorgiennes et Berytus
caucasiennes. Berytus. Archaeological Studies published by the Museum of Archaeology of the American University of Beirut. Beirut.
Bessarione
Bessarione. Pubblicazione periodica di studi orientali. Roma.
BHM
BIAO
Bulletin of the History of Medicine. Baltimore . Bulletin de l'Institut français d 'Archéologie Orientale . Le Caire .
BICS
Bulletin of the Institute of Classical Studies. University of London .
BIE
BLE BLR
Bulletin de l'Institut d'Égypte. Le Caire . Bulletin de Littérature Ecclésiastique. Toulouse. The Bodleian Library Record. Oxford.
BMAH
Bulletin des Musées royaux d 'Art et d 'Histoire. Bruxelles.
BO
Bibliotheca Orientalis, uitg. van het Nederlandsch Instituut
BollClass
Bollettino dei classici, a cura del Comitato per la prepa
voor het Nabije Oosten .Leiden. razione dell'edizione nazionale dei classici greci e latini. Roma. BonnerJb
Bonner Jahrbücher des Rheinischen Landesmuseums in Bonn und des Vereins von Altertumsfreunden im Rhein
Boreas
BPhW
lande. Kevelaer. Boreas. Münstersche Beiträge zur Archäologie .Münster.
Berliner Philologische Wochenschrift. Leipzig/Berlin . (Suite : PhW ).
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES BRGK
Bericht der Römisch -Germanischen Kommission des Deutschen Archäologischen Instituts. Berlin .
BSOAS
Bulletin of the School of Oriental and African Studies. London .
BWPr
Winckelmannsprogramm der Archäologischen Gesellschaft zu Berlin . Berlin .
Byrsa
Cahiers de Byrsa . Musée Lavigerie (Carthage, Tunisie ). Paris.
Byzantion
Byzantion. Revue internationale des études byzantines. Bruxelles.
Byz]
Byzantinisch-neugriechische Jahrbücher. Athènes.
Byzs
Byzantinoslavica . Revue internationale des études byzan
tines. Praha Byzz C &M
Caesarodunum
Byzantinische Zeitschrift.München . Classica et Mediaevalia. Revue danoise d 'histoire et de philologie publiée par la Société danoise pour les études anciennes etmédiévales . København . Caesarodunum . Institut d' études latines de l'Université de Tours .
CCC ССМ
Civiltà classica e cristiana. Genova. Cahiers de Civilisation Médiévale. Poitiers.
CE
Chronique d 'Égypte . Bruxelles .
Centaurus
Centaurus. Internationalmagazine of the history ofmathe matics, science and technology. København.
Chiron
Chiron. Mitteilungen der Kommission für alte Geschichte
und Epigraphik des Deutschen Archäologischen Instituts . München. C)
ClAnt CPh ce COR
The Classical Journal. Athens (Georgia).
Classical Antiquity. Berkeley. ClassicalPhilology. Chicago. Classical Quarterly. Oxford .
Church Quarterly Review. London.
CR
Classical Review . Oxford.
CRAI
Comptes Rendus de l'Académie des Inscriptions et Belles
CRASR
Lettres. Paris. Comptes Rendus de l'Académie des Sciences de Russie.
CronErc
Leningrad. Cronache Ercolanesi. Bollettino del Centro internazionale per lo studio dei Papiri Ercolanesi. Napoli.
CrSt
Cristianesimo nella storia . Ricerche storiche esegetiche teologiche.Bologna.
ABBRÉVIATIONS - REVUES ET PÉRIODIQUES
-
23
CSCA
California Studies in Classical Antiquity. Berkeley.
CT
Les Cahiers de Tunisie. Tunis .
CW CWO DA
Classical Weekly. New York . The ClassicalWorld . Pittsburgh (Pennsylvania ). Dissertation Abstracts. International abstracts of disserta
tions available in microfilm or as xerographic reproductions.
Ann Arbor (Mich .). Dacia
Dacia. Revue d'archéologie et d'histoire ancienne. Buca
DArch
Dialoghi diArcheologia. Roma.
rest.
DAW
Denkschriften der Akademie der Wissenschaften in Wien. Wien .
DHA
Dialogues d'Histoire ancienne. Paris.
Diálogos
Diálogos. Revista del Departamento de filosofía. Universi dad de Puerto Rico .
Dioniso
Dioniso. Rivista trimestrale di studi sul teatro antico . Sira cusa .
Dionysius Diotima DLZ
DOP
EA
Dionysius. Halifax, Nova Scotia (Dalhousie University).
Diotima. Revue de recherche philosophique. Athènes. Deutsche Literaturzeitung für Kritik der internationalen Wissenschaft. Berlin . Dumbarton Oaks Papers.New York.
Epigraphica Anatolica. Zeitschrift für Epigraphik und histo rische Geographie Anatoliens. Bonn .
ΕΕα
Estudios Eclesiásticos. Revista trimestral de investigación e información teológica.Madrid .
EEAth
Επιστημονική Επετηρίς της φιλοσοφικής Σχολής του Mavenilomnulov ’AInvāv. Athènes.
EHBS EHR
'Enernpic 'Eraipelaç Bučavtivāv EnovdWv. Athènes. English Historical Review . London.
Eirene
Eirene. Studia Graeca et Latina. Praha.
Elenchos
Elenchos. Rivista di studi sul pensiero antico. Roma, Napoli.
EMC
Échos du Monde Classique. Classical Views. Calgary (Alberta ).
Emerita Eos
Emerita .Revista de Lingüística y Filología clásica .Madrid . Eos. Commentarii Societatis Philologae Polonorum .
EPh
Wrocław . Études Philosophiques. Paris.
Epos
Epos. Revista de filología de la Universidad nacional de educación a distancia (Facultad de filología ).Madrid.
24
Eranos Erasmus
Florllib Fortunatae
FZPhth
DICTI
ONNAI
DES PHILO
SOPHE
ANTIQ
UES
S RE Philologica Suecana.Uppsala. Eranos. Acta Erasmus. Speculum Scientiarum . Bulletin international de la science contemporaine. Wiesbaden . Florentia liberritana. Revista de estudios de antigüedad clásica.Granada. Fortunatae. Revista Canaria de filología , cultura y huma nidades clásicas. La Laguna (Canarias).
Freiburger Zeitschrift für Philosophie und Theologie . Frei burg in der Schweiz .
G &R
Greece and Rome. Oxford .
GB
Grazer Beiträge. Zeitschrift für die klassische Altertums
GCFI
Giornale Critico della Filosofia Italiana. Firenze. Giornale Filologico Ferrarese . Ferrara. Giornale Italiano di Filologia . Rivista trimestrale di cultura .
wissenschaft. Graz. GFF
GIF
Roma.
Glotta
Glotta. Zeitschrift für griechische und lateinische Sprache. Göttingen .
Gnomon
GRBS Gregorianum Gymnasium
Gnomon. Kritische Zeitschrift für die gesamte klassische Altertumswissenschaft.München . Greek, Roman and Byzantine Studies. Durham (N . C .). Gregorianum . Commentarii de re theologica et philoso phica .Roma. Gymnasium . Zeitschrift für Kultur der Antike und huma
nistische Bildung. Heidelberg. Hebraica Helikon Hellenica
Hebraica. A quarterly journal in the interest of Hebrew
study.New Haven (Conn.), puis Chicago. Helikon. Rivista di tradizione e cultura classica. Roma.
Ελληνικά. Φιλολογικόν, ιστορικών και λαογραφικών περιοδικόν σύγγραμμα της Εταιρείας Μακεδονικών
Enovo@ v. Thessalonique. Hephaistos
Hephaistos. Kritische Zeitschrift zur Theorie und Praxis der Archäologie, Kunstwissenschaft und angrenzender Gebiete .
Hermathena
Hermathena. A series of papers by members of Trinity
Hermeneus
College, Dublin . Hermeneus. Tijdschrift voor de antieke Cultuur. Culemborg.
Bremen .
Hermes Hesperia
Hermes. Zeitschrift für klassische Philologie. Wiesbaden .
Hesperia . Journal of the American school of classical stu dies at Athens. Athens.
Hestia
‘Eotia . Athènes.
H ]
I the abil isn es
Historia
ABBRÉVIATIONS – REVUES ET PÉRIODIQUES
Historia. Zeitschrift für alte Geschichte . Wiesbaden. Historisches Jahrbuch. München .
Homine (De)
De Homine. Roma.
Horos HSCP
voir HSPh.
HSF HSPh HTAR
ICS
" Opoç. "Eva åpxacoYwOTIXÒ TEPLOƏLXÓ. Athènes. Historische Sprachforschung (Historical Linguistics). Göttingen . Harvard Studies in Classical Philology. Cambridge (Mass.). Harvard Theological Review . Cambridge (Mass.). Illinois Classical Studies. University of Illinois Press , Chi cago .
IEJ
IJMES IL
Iraq
Israel Exploration Journal. Jerusalem . International Journal ofMiddle East Studies. Cambridge. L 'Information Littéraire. Paris. Iraq, published by the British school of archaeology in Iraq.
London. Irénikon
Irénikon. Bulletin mensuel des moines de l'union des églises. Prieuré d'Amay surMeuse.
Isis
Isis. An international review devoted to the history of science and its cultural influences. Washington. Der Islam . Berlin . Islamic Culture. An English quarterly .Hyderabad. The Islamic Quarterly. London . Journal Asiatique. Paris.
Isl IslCult
IQ JA Janus
Janus. Revue internationale de l'histoire des sciences, de la médecine, de la pharmacie et de la technique. Amsterdam .
JAOS
Journal of the American Oriental Society. Baltimore .
JAW
Jahresbericht für die Fortschritte der Altertumswissen schaft. Leipzig .
ЈБАС
Jahrbuch für Antike und Christentum .Münster i. W .
JDAI
Jahrbuch des Deutschen Archäologischen Instituts. Berlin .
JEA
Journal of Egyptian Archaeology. London. Journal for the History of Astronomy. Chalfont St. Giles ,
JHA
Bucks. JHAS JHI
Journal for the History of Arabic Science. Alep .
Journal of the History of Ideas. Ephrata, Penna & Phila delphia .
JHPh
Journal of the History of Philosophy. Berkeley.
JJP JKPh
Journal of Juristic Papyrology. Warszawa. Jahrbücher für klassische Philologie. Leipzig. Le périodi que s'est intitulé diversement à différentes périodes de son
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
histoire , de 1826 à 1943: Neue Jahrbücher für Philologie und Pädagogik , Neue Jahrbücher für das klassische Alter
tum , Geschichte und deutsche Literatur und für Pädagogik ,
Neue Jahrbücher für Wissenschaft und Jugendbildung,Neue Jahrbücher für deutsche Wissenschaft, Neue Jarhbücher für Antike und deutsche Bildung. INES ING JEAI
Journal ofNear Eastern Studies. Chicago. Jahrbuch für Numismatik und Geldgeschichte. Kallmünz. Jahreshefte des Österreichischen Archäologischen Instituts. Wien .
JP
Journal of Philology. London/Cambridge.
JPakHS
Journal of the Pakistan Historical Society. Karachi.
JRA
Journal of Roman Archaeology. Ann Arbor (Michigan ). Journal of the Royal Asiatic Society. London .
JRAS JRS JS
Journal of Roman Studies. London . Journaldes Savants. Paris.
JThS
Journal of Theological Studies. Oxford .
JWCI
Journal of the Warburg and Courtauld Institute. London .
Kairos
Kairos. Zeitschrift für Religionswissenschaft und Theologie.
Kleio
Kleio. Tijdschrift voor oude talen en antieke kultuur.
Salzburg Leuven . Kleronomia
Kleronomia. Thessalonique.
Klio
Klio . Beiträge zur alten Geschichte. Berlin . Kouvwvía . Organo dell'Associazione di Studi tardoantichi.
Koinonia
Napoli. Ktèma
Ktèma. Civilisations de l'Orient, de la Grèce et de Rome
Latomus
antiques. Strasbourg, Centre de recherche sur le Proche Orient et la Grèce antique et Groupe de recherche d'histoire romaine. Latomus. Revue d'études latines. Bruxelles.
LCM
Liverpool Classical Monthly. University ofLiverpool, Dept of Greek .
LEC
Les Études Classiques.Namur.
LF Litteris
Listy Filologické. Praha. Litteris. An international critical review of the humanities published by the New society of letters at Lund .Lund .
LNV
Litterae Numismaticae Vindobonenses.Wien .
Lustrum
Lustrum . Internationale Forschungsberichte aus dem
LS
Bereich des klassischen Altertums.Göttingen. Leipziger Studien . Leipzig.
ABBRÉVIATIONS - REVUES ET PÉRIODIQUES LZB Maia MAL
27
Literarisches Zentralblatt für Deutschland. Leipzig. Maia . Rivista diletterature classiche. Bologna. Atti della (-1946 : Reale) Accademia (depuis 1921:) nazio nale dei Lincei. Memorie della classe di scienze morali e
MALKAW
storiche dell'Accademia dei Lincei. Roma. Mededelingen der Koninklijke Nederlandse Akademie van
MARS
Wetenschappen. Afdeling Letterkunde. Amsterdam . Mémoires de l'Académie Roumaine (Section scientifique).
MCr
Bucarest. Museum Criticum . Quaderni dell' Istituto di filologia clas sica dell'Università di Bologna. Roma.
MDAFA
Mémoires de la Délégation Archéologique Française en
MDAI( A )
Afghanistan. Paris. Mitteilungen des Deutschen Archäologischen Instituts (Athenische Abteilung). Berlin .
MDAI(I )
Mitteilungen des Deutschen Archäologischen Instituts
MDAI( R )
MEAH Meander
(Abteilung Istanbul). Tübingen . Mitteilungen des Deutschen Archäologischen Instituts (Römische Abteilung). Heidelberg. Miscelánea de estudios árabes y hebraicos. Granada.
Meander. Revue de civilisation du monde antique. Warszawa.
Medioevo
Medioevo . Rivista di storia della filosofia medievale .
MEFRA
Mélanges d 'Archéologie et d'Histoire de l'École Française de Rome. Rome. Mélanges de l'École Française de Rome. Moyen âge et
Padova.
MEFRM
temps modernes. Paris. MH
Museum Helveticum . Revue suisse pour l' étude de l’Anti
MHJ
Medizin-historisches Journal. Stuttgart. Mélanges de l'Institut Dominicain d 'Études Orientales. Le
quité classique. Båle. MIDEO
Caire. Minerva
Minerva. Revista de filologia clásica . Valladolid .
Mind
Mind. A quarterly review of psychology & philosophy.
MME
London . Mitteilungen des Instituts für Österreichische Geschichts forschung. Wien . Manuscripts of the Middle East. A Journal devoted to the
Mnemosyne
study of handwritten materials of the Middle East. Leiden . Mnemosyne. Bibliotheca Classica Batava. Leiden .
MIEG
28
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
MRS
MSLC MSR Muséon
MUSJ NAWG
Mediaeval and Renaissance Studies. London . Miscellanea di Studi di Letteratura Cristiana antica . Catania . Mélanges de Science Religieuse. Lille .
Le Muséon. Revue d'études orientales. Louvain . Mélanges de l'Université Saint- Joseph. Beyrouth . Nachrichten von der Akademie der Wissenschaften in
Göttingen, Philologisch-historische Klasse. Göttingen . (Avant 1941: NGG ) Neue Jahrbücher... NGG
NRL
cf. JKPh.
Nachrichten von der Gesellschaft der Wissenschaften zu Göttingen . Philologisch -historische Klasse. 1894 -1940. Göttingen. (Pour la suite , voir NAWG ). Nouvelles de la République des Lettres. Napoli.
NSchol
The New Scholasticism . Baltimore.
NTS
New Testament Studies. An international journal published quarterly under the auspices of Studiorum Novi Testamenti Societas. Cambridge. Numismatic Chronicle and journal of the Royal numismatic society . London.
NumChron Numen
Numen. International review for the history of religions. Leiden .
OC
Oriens Christianus. Hefte für die Kunde des christlichen Orients . Wiesbaden .
OCP
Orientalia Christiana Periodica. Roma.
OLP
Orientalia Lovaniensia Periodica. Louvain . Orientalistische Literaturzeitung. Berlin .
OLZ OM
Oriens
Oriente Moderno. Roma. Oriens. Journal de la Société internationale d' études orien tales. Leiden .
Orientalia
Orientalia . Commentarii periodici Pontificii Instituti Biblici. Roma .
Orpheus
Orpheus. Rivista di umanità classica e cristiana. Catania.
OSAPh PAA PACPhA
cf. PraktAkadAth . Proceedings of the American Catholic Philosophical Asso
Oxford Studies in Ancient Philosophy. Oxford . ciation . Washington.
Paideia
Paideia. Rivista letteraria di informazione bibliografica. Roma.
Pallas
Pallas. Revue interuniversitaire d 'études antiques. Tou louse .
ABBRÉVIATIONS - REVUES ET PÉRIODIQUES PAPhS
29
Proceedings of the American Philosophical Society. Phila delphia.
PAS PBSA PBSR
Proceedings of the Aristotelian Society. London . Papers of the British School at Athens. London . Papers of the British School at Rome. London .
PCPhs
Proceedings of the Cambridge Philological Society. Cam
Pensamiento
bridge . Pensamiento. Revista de investigación e información filosó fica.Madrid .
Ph & Rh
Philosophy and Rhetoric.University Park, Pennsylvania .
Philologus
Philologus. Zeitschrift für klassische Philologie. Berlin . Philologische Rundschau. Bremen. Φιλοσοφία. Επετηρίς του Κέντρου ερεύνης της ελλη
PhilolRschau Philosophia
VLXDS pioooplaç. Athènes. PhM
Phoenix
Philosophische Monatshefte. Berlin, Leipzig , Heidelberg . The Phoenix. The Journal of the Classical association of Canada. Toronto .
PhR
PhilosophicalReview .New York.
Phronesis PhStud
Phronesis. A Journal for ancientphilosophy. Assen .
Physis
Philosophische Studien. Leipzig. Philologische Wochenschrift.Leipzig. Physis. Rivista di storia della scienza . Firenze.
Platon
MAátwv. Aertíov tñs 'Eralpeias 'Erań wv Qidoróywv.
POC
Proche-Orient Chrétien . Jérusalem .
Polemôn PP
Moréuwv. 'Apxaloloyixòv TTEPLOOLXÓv. Athènes.
PPol
Il pensiero politico. Rivista di storia delle idee politiche e sociali. Firenze.
PraktAkadAth PraktArchEt
Mpaxtixà tñs ’Axadnulaç év ’AIŃvais. Athènes.
PhᎳ
Athènes.
La Parola del Passato . Rivista distudi antichi. Napoli.
Πρακτικά της εν Αθήναις Αρχαιολογικής Εταιρείας. Athènes.
Prometheus
Prometheus. Rivista quadrimestrale di studi classici. Firenze.
Prudentia PSBA
QIS QS
Prudentia. A journal devoted to the intellectual history of the ancient world . Auckland . Proceedings of the Society of Biblical Archaeology. London . Pour la suite, voir Journal of the Royal Asiatic Society. Quarterly Journal of Speech. New York .
Quadernidi Storia . Rassegna di antichità redatta nell'Isti tuto di storia greca e romana dell'Università di Bari. Bari.
30
QUCC
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
Quaderni Urbinati diCultura Classica. Roma.
RA
Revue Archéologique. Paris.
RAAN
Rendiconti dell'Accademia di Archeologia , Lettere e Belle
Arti diNapoli. Napoli.
RAL
Atti della (-1946 :Reale ) Accademia (depuis 1921:) nazio nale dei Lincei. Rendiconti della classe di scienze morali,
storiche e filologichedell'Accademia dei Lincei. Roma. RAM
Revue d'Ascétique et de Mystique (devenue en 1972 Revue
RBen
d 'Histoire de la Spiritualité ). Toulouse , puis Paris . Revue Bénédictine. Abbaye de Maredsous, Belgique. Revue Biblique. Paris .
RBi RBNum
Revue Belge de Numismatique. Bruxelles.
RBPH RCr
Revue Belge de Philologie et d 'Histoire. Mechelen . Revue Critique. Paris .
REA
Revue des Études Anciennes. Talence. Revue des Études Augustiniennes. Paris.
REAug REByz RecSR
Revue des Études Byzantines. Paris. Recherches de Science Religieuse. Paris.
REG
Revue des Études Grecques. Paris.
REGC
Revue des études géorgiennes et caucasiennes. Paris . Suite
de Bedi Kartl(h )isa. Revue de kartvélologie (Études géor giennes et caucasiennes). Destin de la Géorgie, paru de 1948 à 1984 . REISI REJ REL
Revue des Études Islamiques. Paris.
Revue des Études Juives. Louvain . Revue des Études Latines. Paris.
RelStud RenQ
Renaissance Quarterly, published by the Renaissance
Revue
Revue. Informatique et statistiques dans les sciences
RF
humaines. Liège. Rivista di Filosofia . Torino.
RFIC
Rivista di Filologia e di Istruzione Classica. Torino/
Religious Studies. Cambridge. society of America.New York .
Firenze/Roma. REN
Rivista difilosofia neoscolastica.Milano.
RhM RHPR
Rheinisches Museum für Philologie. Frankfurt am Main.
RHR
Revue de l'Histoire des Religions. Paris.
RHT
Revue d 'Histoire des Textes. Paris.
RIDA
Revue Internationale des Droits de l'Antiquité. Bruxelles.
Revue d 'Histoire et de Philosophie Religieuses. Paris.
ABBRÉVIATIONS - REVUESET PÉRIODIQUES RIGI
31
Rivista Indo-Greco -Italica di filologia , lingua, antichità . Napoli.
RIL
Rendiconti dell'Istituto Lombardo. Classe di lettere, scienze morali e storiche.Milano .
RIMA Rinascimento
Revue de l'Institut des manuscrits arabes.Le Caire . Rinascimento. Rivista dell'Istituto nazionale di studi sul
RIPh RMAL
Revue Internationale de Philosophie. Paris.
RMM RNeosc
Revue de Métaphysique etdeMorale. Paris. Revue Néoscolastique de philosophie publiée par la Société
RN
Revue Numismatique. Paris .
ROC
Revue de l'Orient Chrétien. Paris. Rendiconti della Pontificia Accademia di Archeologia.
Rinascimento . Firenze. Revue du Moyen Age Latin . Strasbourg.
philosophique de Louvain . Louvain (suite :RPHL). RPAA
Roma.
RPM
Revue de philologie, de littérature et d 'histoire anciennes. Paris.
RPHA
RPhilos
RPHL
Revue de Philosophie Ancienne. Bruxelles. Revue Philosophique de la France et de l'étranger. Paris. Revue Philosophique de Louvain. Louvain .
RQA
Römische Quartalschrift für christliche Altertumskunde und für Kirchengeschichte . Freiburg.
RSA
Rivista Storica dell'Antichità. Bologna. Rassegna di Scienze Filosofiche. Napoli. Rivista critica di Storia della Filosofia . Firenze.
RSCF RSF
RSLR
RTAM
Rivista di Storia e Letteratura Religiosa. Firenze. Rivista degli Studi Orientali. Roma. Revue des Sciences Philosophiques et Théologiques. Paris. Revue des Sciences Religieuses. Strasbourg . Revue Thomiste. Toulouse. Recherches de Théologie Ancienne etMédiévale. Louvain .
RThPh
Revue de Théologie et de Philosophie. Lausanne.
RTSFR RVE
Rivista Trimestrale di StudiFilosofici e Religiosi. Perugia.
RSO RSPT
RSR RT
Salesianum
Revista Venezolana diFilosofía. Caracas. Salesianum . Theologiae. Iuris canonici. Philosophiae. Pae
SAWW
dagogiae.Roma. Sitzungsberichte der Österreischischen Akademie der Wissenschaft in Wien, Philosophisch-historische Klasse. Wien .
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
SBAW
Scholastik
SCI
Sitzungsberichte der Bayerischen Akademie der Wissen schaften, Philosophisch -historische Klasse.München . Scholastik (devenue par la suite Theologie und Philoso phie). Freiburg im Breisgau . Scripta Classica Israelica. Yearbook of the Israel Society
for the promotion of classical studies. Jerusalem . SCO Scriptorium
Studi Classici e Orientali. Pisa. Scriptorium . Revue internationale des études relatives aux
manuscrits. Anvers/Amsterdam /Bruxelles. SEJG
Sacris Erudiri. Jaarboek voor Godsdienstwetenschappen .
SHAW
Steenbrugge. Sitzungsberichte der Heidelberger Akademie der Wissen
SI
SicGymn SIFC Sileno StudMed SO
schaften, Philosophisch-historische Klasse. Heidelberg. Studia Islamica. Paris. Siculorum Gymnasium . Rassegna semestrale della Facoltà di lettere e filosofia dell'Università di Catania . Catania .
Studi Italianidi Filologia Classica. Firenze. Sileno. Rivista di studi classici e cristiani. Roma. StudiMedievali. Torino .
Symbolae Osloenses, auspiciis Societatis Graeco -Latinae. Oslo .
Sophia SPAW
Sophia . Rivista internazionale di fonti e studi di storia della filosofia. RomaNapoli/Padova. Sitzungsberichte der (-1944 : Preußischen, puis:) Deutschen
Akademie der Wissenschaften zu Berlin, Philosophisch historische Klasse. Berlin .
SPG
Studia Philosophica Gandansia .Gand .
SRen
Studies in the Renaissance. New York. (Cette revue a cessé de paraître avec le tome 21 en 1974 ; pour la suite voir RenQ .)
StudClas Studiran
Studii Clasice. București, Soc. de Studii clasice din RSR . Studia Iranica. Institut français d' iranologie de Téhéran . Paris/Téhéran .
StudUrb (Ser. B ) Studi Urbinati di Storia , Filosofia e Letteratura. Urbino . Syria . Revue d'art oriental et d 'archéologie . Paris.
Syria
TAPLA
Transactions and Proceedings of the American Philological Association. Lancaster (Pennsylvania ).
TAPHS
Transactions of the American Philosophical Society. Phila
Temenos
delphia (Pennsylvania). Temenos. Studies in comparative religion presented by scholars in Denmark, Finland , Norway and Sweden . Helsinki.
ABBRÉVIATIONS - REVUES ET PÉRIODIQUES Th & G ThLZ
ThQ ThZ TPh
Traditio
Theologie und Glaube. Paderborn .
Theologische Literaturzeitung. Berlin . Theologische Quartalschrift.München . Theologische Zeitschrift. Basel.
Tijdschrift voor Philosophie. Utrecht. Traditio . Studies in ancient and medieval history, thought and religion . New York .
Ur VChr
Verbum
Viator Vichiana Vivarium VKF WJA
Ur. London, Iraqi Cultural Center. Vigiliae Christianae. A review of early christian life and language. Amsterdam . Verbum . Revue de linguistique publiée par l'Université de Nancy II. Viator.Medieval and Renaissance studies. Berkeley.
Vichiana. Rassegna di studi filologici e storici.Napoli. Vivarium . A journal for mediaeval philosophy and the intellectual life of the Middle Ages. Leiden . Voprosy klassičeskij Filologii.Moskva. Würzburger Jahrbücher für die Altertumswissenschaft . Würzburg.
WKPh
Wochenschrift für klassische Philologie. Berlin .
WS
Wiener Studien . Zeitschrift für klassische Philologie und
WZJena
Patristik . Wien . Wissenschaftliche Zeitschrift der Friedrich -Schiller-Uni versität Jena, Gesellschafts- und sprachwissenschaftliche Reihe. Jena.
YCIS
Yale Classical Studies.New Haven.
ZAS
Zeitschrift für Ägyptische Sprache und Altertumskunde. Berlin .
Zant ZASS
Ziva Antika. Antiquité vivante. Skopje. Zeitschrift für Assyriologie und verwandte Gebiete. Leipzig, Weimar,Berlin .
ZDMG
Zeitschrift der Deutschen Morgenländischen Gesellschaft.
ZGAIW
Wiesbaden. Zeitschrift fürGeschichte der Arabisch -Islamischen Wissen schaften . Institut für Geschichte der Arabisch - Islamischen Wissenschaften an der Johann Wolfgang Goethe -Univer
sität. Frankfurt am Main . ZKG ZKTH
Zeitschrift für Kirchengeschichte. Stuttgart. Zeitschrift für Katholische Theologie. Wien .
ZPE
Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik. Bonn.
ZPhF
Zeitschrift für Philosophische Forschung .Meisenheim .
NAIRE
PHES
UES ANTIQ Zeitschrift für Semitistik und verwandte Gebiete. Deutsche
ON DICTI
34
ZSWG
SO DES PHILO
MorgenländischeGesellschaft. Leipzig. ZWTH
Zeitschrift für die Wissenschaftliche Theologie . Iena.
II. Collections, dictionnaires et ouvrages de référence ACO
Acta Conciliorum Ecumenicorum , ed . E . Schwartz . Berlin 1914 - .
ANF
Ante-Nicene Fathers, Buffalo New York .
ANL
Ante -Nicene Christian Library, Edinburgh 1864 - . Aufstieg und Niedergang der römischen Welt. Geschichte
ANRW
und KulturRomsim Spiegel der neueren Forschung. Berlin . AugLex AvP
Augustinus-Lexikon , Basel 1986 - .
BA
Coll.« Bibliothèque augustinienne » . Paris.
BEFAR
Coll. « Bibliothèque des Écoles françaises d'Athènes et de Rome » . Paris.
BT
Coll. « Bibliotheca Scriptorum Graecorum et Romanorum Teubneriana» . Leipzig/Stuttgart.
CAG
Commentaria in Aristotelem Graeca, edita consilio et aucto ritate Academiae Litterarum Regiae Borussicae. Berlin 1891- 1909.
Catholicisme
Altertümer von Pergamon, Berlin /Leipzig 1885 - .
Catholicisme, hier, aujourd'hui, demain . Encyclopédie pu bliée sous le patronage de l'Institut Catholique de Lille.
CCAG
Paris . Coll. « Catalogus Codicum Astrologorum Graecorum » , t. I
CCG
XII. Bruxelles 1898- 1953. Coll. « Corpus Christianorum ». Series Graeca. Turnhout 1977 -
CCL
Coll. « Corpus Christianorum ». Series Latina. Turnhout 1953 - .
CGFr
Comicorum Graecorum Fragmenta , ed . G . Kaibel. Berlin 1899.
CIG CIL CLCAG
Corpus Inscriptionum Graecarum .4 vol. Berlin 1828- 1859. Corpus Inscriptionum Latinarum . Berlin 1863 - . Coll. « Corpus Latinum Commentariorum in Aristotelem
Graecorum » . Paris/Louvain . Supplementa, Paris, Louvain , Leiden .
CMAG
Coll. « Catalogue des Manuscrits Alchimiques Grecs » . Bruxelles 1924 - 1932.
ABBRÉVIATIONS - COLLECTIONS ET DICTIONNAIRES
35
CMG
Coll. « Corpus Medicorum Graecorum ». Leipzig/Berlin
CML
Coll. « Corpus Medicorum Latinorum ». Leipzig/Berlin
1908 - .
1915- 1928 ; 1963 CPF
Corpus dei papiri filosofici greci e latini. Testi e lessico nei papiri di cultura greca e latina, Parte I : Autori Noti, vol.
CPG CSCO
CSEL CPL
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Avertissement
La transcription française des noms propres grecs et latins est toujours chose délicate. La tendance traditionnelle est de donner une forme française quand c 'est possible et que le personnage est connu de cette façon , ce qui peut entraî ner des problèmes d 'ordre alphabétique. Fallait-il adopter Aischinès, Aeschines, Eschine ? Nous avons tenté de respecter dans pareil cas la forme la plus proche
du grec, au moins dans l'intitulé de la notice, quitte à rappeler entre parenthèses la forme courante connue par le lecteur français et à utiliser cette dernière dans
le corps de l'article. Nous avons également essayé de ne pas transcrire différem ment les homonymes qui se succèdent directement,mais il a semblé impossible
d'appliquer des règles immuables. On rencontrera des Denys et des Dionysios. Les noms latins sont classés au cognomen,mais des renvois sont prévus pour les autres composantes importantes du nom . La liste finale des notices du deuxième
tome devrait faciliter le repérage des différents noms. L ' intitulé de chaque notice indique le numéro attribué par la Realencyclo paedie aux différents homonymes, accessoirement le numéro qu'il a reçu dans d 'autres prosopographies (PLRE, PIR ?, PA ). On ne s' étonnera pas de trouver des indications comme RE ou RESuppl. IV : (sans chiffre arabe), lorsque les articles de cette encyclopédie de comportent pas de numéro. Quand l'article de la Real encyclopaedie n 'offrait aucune information supplémentaire par rapport à ce que
l'on peut lire dans notre notice, nous n 'avons pas fourni une référence biblio graphique complète : le renvoi initial suffira à rappeller qu' il existe un article consacré à ce philosophe. Une lettre ou un nom n 'est ajoutée au numéro d 'homonymie que si la forme retenue par cette encyclopédie allemande ne
correspond par à la forme française du nom (RE K 2 pour “ Callisthène ” ). L 'intitulé de chaque notice comprend également une datation au moins approximative du personnage. Dans l'indication des siècles, un petit a en
exposant signale une date antérieure à l'ère chrétienne (Iva signifie « IVe siècle avant Jésus-Christ» ). La lettre p sert de même, mais seulement si nécessaire , à indiquer une date de notre ère . Dans ces indications chronologiques, les lettres D , M et F signifient “ début” , “milieu” et “ fin " . Pour simplifier le système de référence bibliographique à l'intérieur des notices, nous avons choisi de numéroter en chiffres gras les références succes sives et d 'y renvoyer dans la suite de la notice. Par exemple , on trouvera 3 V .
Brochard , Les sceptiques grecs, 2e éd ., Paris 1923, p . 303 n . 2 , puis, plus loin dans la notice une simple référence à Brochard 3 , p . 300. Ce système n 'a pas été employé pour les très courtes notices où il n ' y avait pas de renvoi interne.
46
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
Les informations sont réparties sous un certain nombre de rubriques (mises en relief par l'emploi de caractères gras ou espacés) qui reviennent de notice en notice et facilitent la consultation de l'ouvrage. Par exemple : Chronologie,
Bibliographies (où sont signalées les bibliographies consacrées à ce philosophe et non pas les ouvrages comme tels ; à ne pas confondre avec Cf.), Euvres conservées, Datation , Éditions et traductions, etc. Certaines notices très dévelop pées peuvent comporter toute une hiérarchie de titres intermédiaires, ainsi qu'un sommaire initial. De façon générale, nous avons résisté à la tentation courante d' identifier les personnages homonymes. Même là où l' identification nous semblait probable , nous avons regroupé les informations en blocs distincts à l'intérieur de la notice. Le signe » renvoie aux notices déjà parues dans les tomes I et II du Diction naire. Il signifie que le personnage a fait l'objet d'une notice, mais nous ne l'avons pas employé pour les noms les plus importants qui reviennent souvent. Il
n 'apparaît d' ailleurs qu'à la première occurrence d'un nom dans la notice . Une référence plus précise (avec indication du nom de l'auteur de l'article ) est faite lorsque le contenu même de la notice est visé.
1 BABÉLYCA D 'ARGOS
Femme pythagoricienne dontle nom figure dans le Catalogue de Jamblique, V . pyth . 36, 267 ; p. 147, 5 Deubner. BRUNO CENTRONE.
la BACCHIOS Dans une épigramme conservée dans l'Anthologie Palatine IX 412, le poète et philosophe épicurien Philodème de Gadara déplore , en s'adressant à son ami
Sosylos, la récente disparition de leurs amis communs Antigénès (- DPhA Suppl. A 192 a) et Bacchios. M . Gigante, « Gli epigrammi di Filodemo quali testimonianze autobio grafiche. Filodemo nella Villa di Ercolano : incontri albelvedere (Anth. Pal. IX 412 e XI 35)», dans Studidi filologia classica in onore diGuido Monaco, t. I, Palermo 1991, p . 421-427, et dans Filodemo in Italia , Firenze 1990, p .69-79, considère que ces trois amis appartenaient au cercle épicurien qui était réuni avec Philodème dans la Villa des papyri à Herculanum . [D 'autres amis de Philodème,mentionnés dans l'épigramme A .P. XI 35,mériteraient peut être d'être rattachés au même cercle . Il s'agit d' Artémidore, Aristarque, Athénagoras et Apollophanès. Ces noms sont trop fréquents dans la tradition philosophique pour autoriser des
identifications sûres, mais on connaît chez les épicuriens un Apollophanès de Pergame (nA 292), ambassadeur à Rome au jer s. av. J.-C ., et un Athénagoras (** A 474), xadnyoú HEVOÇ épicurien connu par Philodème. Des identifications avec des figures romaines ont été
envisagées par Cichorius. Voir les notes de l' édition H . Beckby, t. III, p . 832, etGigante, loc. R . G .) cit., p. 427. SIMONE FOLLET.
DM II 2 BACCHIOS DE PAPHOS PIR2 B 6 A . Bacchios de Paphos faisait partie , avec trois de ses collègues – Zosimos et
Nicostratos d' Athènes , Cornelianus de Mallos (- C 188) -, d'un groupe de philosophes platoniciens qui reçut le droit de cité à Delphes (FD III 4 , 94 ).
L 'événement se place sous l'archontat d 'Euboulidès, vers le milieu du II s. de notre ère. A quelques mois d' intervalle au plus (les deux décrets sont datés d 'archontats différents mais gravés à la suite l'un de l'autre et de la même main ), Calvenus Taurus avait bénéficié de la même mesure (FD II 4, 91). Cette arrivée groupée à Delphes de philosophes platoniciens , dont trois sur cing étaient sûrement installés à Athènes , suggère l'existence , sinon d 'une école
constituée , du moins de liens étroits entre platoniciens venus d'horizons divers,
48
BACCHIOS DE PAPHOS
mais dont le centre de ralliement, avant Delphes, doit avoir été Athènes. Elle montre également que la tradition du séjour à Delphes était perpétuée, après Ammonios ( » A 141) et Plutarque, par les platoniciens du IT s. Bacchios, à la suite de son patronyme, fait préciser qu ' il a été adopté par Gaius. Faut- il reconnaître en ce père adoptif le platonicien, attesté par Galien et
Proclus, qui devait enseigner au début du siècle (J. M . Dillon , The Middle Platonists, p . 266 -267) ? Bacchios et ses compagnons seraient- ils alors des représentants de la fameuse « école de Gaius » (dont l'existence a été mise en doute : Dillon , ibid ., chap. VI), qui aurait eu ainsi son centre à Athènes ? La documentation est trop fragmentaire pour permettre de rien affirmer.Mais les
époques concordent: le philosophe Gaius, qui avait lui-même reçu à Delphes les
mêmes honneurs une vingtaine d'années plus tôt (FD III 4, 103), pourrait être identique au maître platonicien .
B . Aucun autre homonymen ' étant attesté dans les milieux philosophiques de l'époque, Bacchios est très probablement identique , comme on l'a reconnu
depuis longtemps (voir notamment K . Praechter, « Nikostratos der Platoniker » , Hermes 57, 1922, p. 483, repris dans Kleine Schriften, hrsg. von H . Dörrie , coll.
« Collectanea » 7, Hildesheim /New York 1973, p. 103), au philosophe men tionné par Marc -Aurèle (I 6 ) comme son premier maître . BERNADETTE PUECH. IV 3 BACCHIOS GÉRON RE 10 Musicien , ayant vécu au temps de Constantin, dont il avait célébré les louanges si l'on en croit quelques trimètres transmis avec son ouvrage Eloaywy téxung UOVOLXñS. Il s'agit d'un traité par questions et réponses sur
la musique qui a été édité par C . von Jan , Musici Scriptores Graeci, Leipzig 1895 -1899, p. 283-316 , et plus récemment par L . Zanoncelli, La manualistica
musicale greca, Milano 1990 (introduction , p. 247-251 ; édition et traduction, p. 253-283; commentaire, p. 287 -304 ). Le texte , qui a sans doute été remanié
plus tard, trahit l'influence d'Aristote , d 'Aristoxène, et présente des points de
contacts avec Aristide Quintillien . Cf. K . von Jan, art. « Bakcheios » 10 , RE II 2, 1896 , col. 2790 -2792. BRUNO CENTRONE .
4 BAGÔAS
FII Péripatéticien , eunuque, candidat à une chaire impériale de philosophie péripatéticienne à Athènes, contre un adversaire , Dioclès l’ éristique (- D 114 ), dans le dialogue satirique de Lucien , L ’Eunuque. Les noms et peut-être même
les détails humoristiques du concours, présidé à l’agora par les citoyens les plus éminents d' Athènes, sont probablement fictifs. Bagôas était le nom de plusieurs eunuques et devint typique dans la littérature ancienne pour ce genre de personnage (cf. Pline, N . H . III, IX 41, à propos des dattes royales du jardin de Bagoas à Babylone : « c'est le nom que les Perses donnent aux eunuques, car il y en eut qui
BALBILLUS (TIB . CLAUDIUS -) régnèrent chez eux » (trad. Ernout]). Cf. Ovide, Amor. II 2, 1, et F . Cauer, art. « Bagoas », RE II 2 , 1896 , col. 2771.
RICHARD GOULET. VII Ce « nom de fantaisie » cité par Virgile de Toulouse, Epitomae XV, p . 95, 7 (ed. J. Huemer, coll. BT, Leipzig 1886 ), serait, d 'après P . Courcelle (Les lettres
5 BALAPSIDUS DE NICOMÉDIE
grecques en Occident de Macrobe à Cassiodore, coll. BEFAR 159, Paris ,
« nouvelle édition revue et augmentée» , 1948, p. 252), le pseudonyme d'un
maître de l'école de Toulouse à la fin du VIe siècle . Sur le grammairien Virgile de Toulouse, voir H . Schuster, art. « Virgilius» 3, RE IX A 1, 1961, col. 186 194, qui le situe, après Isidore de Séville , au début du vil siècle . Dans un catalogue de grammairiens (XV), Virgile fait allusion au début d'un traité que Balapsidus aurait écrit en grec : « Il y avait aussi près de Nicomédie Balapsidus, récemment décédé, qui, sur mon ordre, traduisit en latin les livres de notre doctrine, que je lis, moi, dans le texte grec. En voici le début: in principio celum
terramque mare omniaque astra spiritus intus fovet» (trad. Tardi). Courcelle y reconnaît un philosophe néoplatonicien : « en effet, l’ incipit de son livre n 'est
autre que les vers de l'Énéide (VI 724-726 ] sur l'Ame du monde, qui avaient déjà suscité tant de commentaires. Telle est la doctrine que Virgile de Toulouse appelle : notre loi, et le genre de livre qu 'il prétend lire en grec » (p. 253). Le nom est absent de la RE et ne semble pas attesté par ailleurs. Cf. D . Tardi, Les epitomae de Virgile de Toulouse. Essai de traduction critique avec une bibliographie, une introduction etdes notes, Thèse complémentaire, Paris 1928, 152 p . RICHARD GOULET.
6 BALBILLUS (TIB . CLAUDIUS -)RESuppl V 82 PIR2B 38,C812 -813 MI Savant et astrologue, directeur de la Bibliothèque et du Musée d 'Alexandrie . Sources biographiques anciennes : - littéraires : (1) Tacite , Annales XIII
22 ; (2 ) Pline , Nat. Hist. XIX 3 ; ( 3) Sénèque, Quaest. Nat. IV 2 , 13 ; (4 ) Suétone, Nero 36 ; (5 ) Dion Cassius LXVI 9, 2 ; (6 ) Acta Isidori, dans H . A . Musurillo
(édit.), The Acts of the Pagan Martyrs, Oxford 1954, p. 18- 26 . - papyrologiques et épigraphiques : (7 ) P . Lond. 1912 (« Lettre de Claude aux Alexandrins» , rééditée avec traduction et commentaire par H . I. Bell, Jews
and Christians in Egypt, London 1929, p . 1 - 37) ; (8 ) 1. Ephesos 3041; (9) 1. Ephesos 3042 ; (10) ZPE 31, 1978 , p . 186 - 187 ; (11 ) ID 1861; (12) OGIS 666 ; (13) A . et E . Bernand, Inscriptions du Colosse de Memnon, Paris 1960 ,
n° 29, p . 86 -92 ; (14) E . Bernand , Recueil des inscriptions grecques du Fayoum , t. I, Leiden 1975,n° 99, li. 8. Euvres. On a conservé des fragments de ses Astrologoumena, dédiés à un
certain Hermogène : CCAG VIII 3, p. 103, et VIII 4, p. 233-234. Cf. 1 C . Cichorius, « Der Astrologe Thrasyllos und sein Haus », dans Römische Studien, Berlin 1922 , p . 390 - 398 ; 2 A . Piganiol, « Balbillus» , dans
Mélanges G . Glotz, t. II, Paris 1932, p . 723-730 ; 3 J. Schwartz , « Ti. Claudius
BALBILLUS (TIB . CLAUDIUS -) Balbillus» , BIAO 49, 1950, p. 45-55 ; 4 F. H . Cramer, Astrology in Roman Law and Politics, Philadelphia 1954, p. 112 -139 ; 5 H . G . Pflaum , Les carrières procuratoriennes équestres, t. I, Paris 1960 , n° 15, p. 34-42; 6 J. Gagé, Basileia , Paris 1968, p. 75 - 124 et 158 - 163; 7 P. Grimal, « Le De clementia et la royauté solaire de Néron » , REL 49, 1971, p. 205-207 ; 8 M .-F . Baslez, Saint Paul, Paris 1991, p . 216 -217 et 292 ; 9 S . Demougin , Prosopographie des chevaliers romains julio -claudiens, Rome 1992, n° 538, p. 447 -449. Biographie. A propos de l'origine et de la carrière de Balbillus, les prises de position souvent contradictoires des commentateurs ont abouti à une confusion telle qu 'une analyse de ces questions nécessiterait de longs développements . L 'argumentation de Cichorius 1, selon qui l'astrologue de Néron serait le fils de Thrasyllos, astrologue et ami de Tibère , ne peut être considérée comme une démonstration définitive mais s'appuie sur de très solides vraisemblances: le fils de Thrasyllos, astrologue comme son père, avait prédit l'avènement de Néron (Tacite, Annales VI 22) ; le rapprochement avec Balbillus, qui bénéficiait de la faveur d'Agrippine avant de devenir l'astrologue de Néron , paraît donc diffi cilement évitable . La dédicace de Smyrne (10 ), où le fils d’un Tib . Claudius 50
Thrasyllos manifeste son attachement à Néron et Agrippine, pourrait avoir valeur de confirmation s'il était certain que ce Thrasyllos soit l'ami de Tibère.
Cette identification ne fait aucun doute pour Merkelbach, qui restitue le nom de
Balbillus dans le document édité ( 10 ), mais elle ne peut s 'appuyer pour le moment que sur les liens de Balbillus avec la province d'Asie, où des Balbilleia seront célébrés après sa mort. En tout cas, l'objection chronologique qui amenait Schwartz 3, Pflaum 5 et Gagé 6 à rejeter les conclusions de Cichorius est sans portée. Son hypothèse n 'oblige nullement à « attribuer un âge biblique » (Pflaum 5) à la petite - fille de Balbillus, Iulia Balbilla , connue pour ses poèmes gravés sur le Colosse de Memnon en 130 (13): Thrasyllos a pu naître vers 35 avant J.-C ., Balbillus vers 5 de notre ère et Balbilla vers 65 -70 , ce qui rejoindrait l'indication de Flavius Josèphe (B. J. VII 228 -237) selon qui les fils d'Antiochos IV de Commagène, dont l'un était le père de Balbilla , étaient encore néoi en 72 . Le nom , fort rare, de Balbillus ou Barbillus a été porté par divers person
nages : – le chef de l'ambassade des Grecs d' Alexandrie auprès de Claude en 41 (7) ; – un procurateur de Claude, directeur de la Bibliothèque et du Musée d'Alexandrie, ainsi que des cultes de l'Égypte (8) (9) ; – un conseiller de Claude
qui intervient à Rome au procès des Alexandrins Isidôros et Lampon (6 ) ; - le préfet d 'Égypte de 55-59 (1) (2 ) ( 3) (12) ; - l'astrologue de Néron, également conseiller de Vespasien (4) (5) ; - le grand-père de Iulia Balbilla (13). A l'exception de celle de Cramer 4 , les études mentionnées ci-dessus se sont appliquées à répartir ces attestations entre divers homonymes. Le caractère hasardeux de cette démarche apparaît suffisamment dans les conclusions contra dictoires qu 'elle a inspirées. Par ailleurs aucune donnée dans la documentation
n 'impose nimême n 'autorise pareille distinction. Au contraire, la convergence chronologique et géographique des documents est très nette : tous se réfèrent à un personnage dont l'acmè se situe entre 40 et 70 environ et qui a des liens
BALBILLUS (TIB .CLAUDIUS -)
51
étroits avec l'Égypte. La permanence de ces liens s 'explique naturellement par
l'origine alexandrine de Balbillus. On voit mal pourquoi cette origine serait incompatible avec l'identification de Balbillus au fils de Thrasyllos , comme
l'affirme Demougin 9, prêtant à Thrasyllos une origine asiatique qui n'est pas confirmée par la documentation ; le serait-elle qu 'elle ne prouverait rien : Thrasyllos avait été formé dans la tradition de l'astrologie égyptienne ; il avait
nécessairement séjourné à Alexandrie et avait fort bien pu s'y établir. Une analyse approfondie de la carrière que décrivent tous ces documents permettrait également de mettre en évidence une cohérence et une continuité remarquables dans l'activité de Balbillus.
Car depuis 41 - date à laquelle, peut-être déjà en qualité de prêtre du culte impérial (voir 10 H . Henne, « Petites recherches sur le directeur des cultes dans
l'Égypte romaine », dansMélanges N . Iorga, Paris 1933, p. 435-464 ), il presse vainement Claude d 'accepter un culte officiel de sa personne en Égypte jusqu 'au -delà de sa mort - les concours qui porteront son nom en Asie seront associés au culte impérial -, l'aspect le plusmarquant de l'activité de Balbillus est le rôle qu 'il joua dans la diffusion de l'idéologie impériale. Contrariée par la
prudence de Claude, son action fut favorisée sous Néron à la fois par sa position influente (il était parvenu, avec la préfecture d'Égypte , au sommet de sa carrière procuratorienne) et par son incontestable autorité intellectuelle . Car s'il ne fut jamais considéré comme un philosophe, il jouissait auprès des milieux intel lectuels d'un prestige dont Sénèque témoigne avec chaleur (3). Balbillus était un savant, et c'est bien ce qui lui valait sa célébrité : rien n 'autorise à le présenter
comme un thaumaturge, comme l'ont fait plusieurs commentateurs . Et en ces temps de stoïcisme triomphant, l'astrologie scientifique était l'objet du plus vif
intérêt. Précisément, Balbillus comptait chez les stoïciens au moins deux amis, comme lui nourris de culture égyptienne et observateurs comme lui du phéno mène des comètes : Chairémon (son compagnon d ' ambassade en 41) et Sénèque. Leur réunion auprès du jeune Néron ne fut certainement pas due au hasard et
leur collaboration favorisa le développement de la mythologie solaire qui entoura le jeune prince dès le débutde son règne. Dans cette association, le rôle de Chairémon (- C 91) et de Sénèque, pour concilier la tradition religieuse égyptienne avec l'enseignement du stoïcisme, a été mis en évidence par 11 P. Grimal, Sénèque ou la conscience de l'Empire , Paris 1991, p . 116 - 119.
Balbillus, lui aussi parfaitement informé des rites égyptiens, apportait de plus la tradition astrologique desmonarchies hellénistiques qui avait nourri l'astrologie égyptienne et qu 'il put sans doute enrichir encore grâce à ses liens avec la famille dynastique de Commagène : en effet, si les origines royales ou le mariage princier que lui prêtent plusieurs commentateurs (1, 4, 6) reposent sur une mauvaise interprétation de (13), il est certain en revanche qu 'il maria sa fille à l'un des fils d 'Antiochos IV . Ce sont d 'ailleurs les principes de cette astrologie royale qui, d'après Suétone (4), lui feront conseiller à Néron les exécutions qui suivirent la découverte de la conjuration de Pison , et par là causer indirectement la mort de Sénèque. En tant que préfet d'Égypte , il veilla à la diffusion de
52
BALBILLUS (TIB . CLAUDIUS -)
l'idéologie qu 'il avait contribué à élaborer, avec une efficacité donttémoignent plusieurs documents (voir Grimal 7 ; 12 O .Montevecchi, « Nerone e l'Egitto » ,
PP 160, 1975, p .48-58). Balbilla perpétuera cette tradition lorsqu' elle guidera en 130 le pélerinage du couple impérial à la statue de Memnon . Le rôle qu 'il avait joué en 41 à Alexandrie laisse supposer que Balbillus n 'a
pas toujours entretenu les meilleures relations avec les communautés juives; il
ne permet pas pour autant de supposer entre elles et lui une hostilité implacable et sans trêve. Évoquant les épreuves subies par saint Paul à Éphèse dans l'hiver 53-54, Baslez 8 en attribue l' origine en grande partie au rôle de Balbillus. Il serait visé dans l'expression de la deuxième Épître aux Corinthiens 1, 9, où Paul évoque la « réponse de mort » qu 'il a reçue en Asie : ce serait une allusion codée à Balbillus, qui était secrétaire ad responsa graeca ; il aurait été le catalyseur qui aurait transformé en hostilité ouverte contre Paul l'antisémitisme latent à Éphèse.Mais le seul document daté qui atteste le passage de Balbillus à Éphèse (9) est postérieur à la mort de Claude en octobre 54 : la présence de Balbillus au début de la même année est donc possible,mais nullement certaine. Surtout, le secrétariat de Balbillus ad responsa est antérieur à ses fonctions en Égypte qui se sont étendues sur plusieurs années: il doit se placer aux environs de 45 et rien ne prouve que Paul en ait eu connaissance, comme rien ne prouve que Balbillus ait jamais entendu parler de Paul. L 'idée d 'un antagonisme entre les chrétiens et Balbillus a été introduite par
l'hypothèse de Piganiol 2 , reprise par Schwartz 3, selon laquelle il faudrait reconnaître Balbillus dans la deuxième bête de l'Apocalypse (13, 11), celle qui veut gagner les habitants de la terre au culte de la première : ce serait l'activité de Balbillus au service du culte impérial qui serait ainsi désignée, et l'hostilité à son égard de la communauté chrétienne d' Éphèse aurait été exaspérée par le rôle qu'il aurait joué dans la persécution du règne de Néron . Mais là encore la
documentation ne fournit aucun support à cette hypothèse: les victimes expia toires que Balbillus, selon Suétone, aurait proposées à Néron n ' étaient pas des chrétiens et ses conseils, on l'a vu, étaient inspirés par une tradition magique orientale qui n 'avait rien à voir avec une quelconque rancæur personnelle ni avec l'intolérance religieuse ou le cynisme politique. Les commentateurs récents de l'Apocalypse estiment d'ailleurs que le passage en question vise l' institution même du culte impérial plutôt qu 'une personne précise (voir entre autres 13 F .
Bovon, « Les institutions romaines selon l'Apocalypse de Jean » , CrSt 7 , 1986 , p . 221-238 ; 14 P. Prigent, L 'Apocalypse de Saint Jean, Lausanne/Paris 1981,
p. 209-212). Il reste qu ' aux yeux de ses contemporains Balbillus aurait bien pu passer
pour le vivant symbole de cette institution. Autant qu 'une indispensable sou plesse de caractère, c'est sans doute sa fidélité à une certaine idée du pouvoir impérial qui lui avait permis d 'être tout à la fois l'ami de Claude, celui de Sénèque et le protégé d'Agrippine avant de passer, apparemment sans heurt, de la faveur de Néron à celle de Vespasien . Elle avait aussi amené ce savant à tirer parti de sa familiarité avec des cultures diverses pour devenir, quelles qu 'aient
BALBUS (Q . LUCILIUS -)
53
été ses options philosophiques personnelles, l'agent de diffusion d'une idéologie d'inspiration stoïcienne, qui faisait de l'empereur romain , en même temps que le « bon génie de l'univers » , héritier de Pharaon et des Ptolémées, le Roi-Soleil conducteur du monde. BERNADETTE PUECH .
ja 7 BALBUS (L . LUCILIUS -) RE “ Lucilius” 19 Mentionné comme stoïcien par Crassus dans Cicéron , De oratore III 21, 78 . La fréquence du cognomen rend l' identification délicate et il faut que les
deux Balbi puissent figurermême allusivement dans un dialogue qui se déroule en 91a. On admet en général que l'un d 'eux est Q . Lucilius Balbus ( B 8). L . Lucilius Balbus serait son frère ou son cousin . L ' identification avec celui qui
fut gouverneur de Priène dans les années 90a reste bien hypothétique (cf. J.-L . Ferrary, Philhellénisme et impérialisme, p.606 ). Faut-il plutôt le confondre avec
L . Lucilius (cf. F. Münzer, art. « Lucilius» 19, RE XIII 2 , 1927, col. 1640) qui fut l'élève de Scaevola et le maître du juriste Servius ?Même si nous savons peu de chose sur cet homme réservé (Cicéron, Brutus 154 ), ce rapprochement est intéressant à cause des liens de Scaevola avec le stoïcisme.Mais il n 'est pas
possible d 'apporter d 'autres précisions. MICHÈLE DUCOS.
7a BALBUS (L . THORIUS -) RET 4
Originaire de Lanuvium (Cicéron, Fin. II 22 ,63), L. Thorius Balbus fut l'un des uirimonetales, sans doute à la fin du IIe siècle, ou peut-être au début du jer siècle av . J.-C . (voir la discussion dans T. S. Broughton , The Magistrates of the
Roman Republic, New York 1950- 1960 , t. II, p. 453) et fut en 79a légat de Q . Metellus (Plutarque, Sert. 12, 4 ; Florus II 10) pour finalementmourir au combat en luttant contre Sertorius (Cicéron, ibid .).
Pour le considérer comme un épicurien , il est d 'usage de se référer au De finibus II 63 et 70) où Cicéron décrit la vie voluptueuse qui fut la sienne, une vie à laquelle nemanquait aucun raffinement dans le plaisir. Il paraît néanmoins difficile de faire de cethédoniste un épicurien ; C . J. Castner, Prosopography of
Roman Epicureans, Frankfurt 1988, p. 111, le classe parmiles Epicurii dubii. Ce choix est d'autant plus nécessaire que l'exemple de Thorius Balbus est utilisé
par Cicéron pour réfuter les thèses épicuriennes en montrant que cet homme recherchait avant tout le plaisir et ne limitait pas ses désirs selon la classification
d 'Épicure,mais selon sa propre satiété. Cf. F. Münzer, art. « Thorius», RE VI A 1, 1936 , col. 345-346 . MICHÈLE DUCOS.
8 BALBUS (Q .LUCILIUS -) RE “ Lucilius” 20
ја
Mentionné comme stoïcien dans Cicéron , De oratore III 21, 78, avec son frère ou son cousin ( » B 7) , Q . Lucilius Balbus est le porte -parole de la thèse
54
BALBUS ( Q . LUCILIUS - )
stoïcienne dans le livre II du De natura deorum . Nous savons peu de choses sur ce personnage qui fut sans doute sénateur (cf. R . Syme, « Missing senators » ,
Historia 4, 1955, p . 52-71, repris dans Roman papers, Oxford 1979, t. I, p . 271
291 ; E . S. Gruen, The last generation of the Roman Republic, Berkeley 1974 , p . 519, qui le classe dans les pedarii de famille sénatoriale). Sa formation
philosophique nous est tout aussi peu connue : il semble proche de Posidonius (De natura deorum I 123; II 88) et Cicéron souligne qu' il est comparé aux meilleurs des Grecs (I 6 , 15) ; mais il est aussi lié à Antiochos d ’Ascalon
(» A 200) qui lui dédicace un livre, ce qui prouve que Balbus ne se confine pas à un cercle étroit.
Cf. F .Münzer, art. « Lucilius» 20, RE XIII 2 , 1927, col. 1640. MICHÈLE DUCOS.
9 B [AN ]ŅON ?
ép.imp.
L 'un des graffiti grecs du tombeau de Ramsès VI dans la Vallée des Rois
( neuvième « syringe» ), publié par J. Baillet, Inscriptions grecques et latines des tombeaux des rois ou Syringes, fasc . 2, nº 1097, porte la signature d'un philo sophe dont le nom , si la lecture de l'éditeur pour les lettres conservées est
exacte , devait être B [an ]non ou B [a ]non . L 'écriture , en onciale du type le plus courant, n 'autorise aucune datation précise : ce philosophe peut avoir vécu à n 'importe quelmoment entre le fer et le IVe siècle de notre ère. BERNADETTE PUECH .
10
FIV
BARACHUS RE PLREI:
Philosophe, amide Symmaque, qui fait son éloge et le recommande dans une
lettre à Ausone (I 29, que l'on date d'avant 380). Symmaque oppose sa sagesse authentique, digne des temps anciens, à l'attitude de « cette multitude vile qui par sa morgue et son accoutrement (fastu et habitu ) contrefait la philosophie » ( trad. J.-P . Callu , CUF 1972 ). Peut-être le philosophe s 'apprêtait- il à entre prendre un voyage de Rome en direction de la Gaule . RICHARD GOULET .
11 BARDESANE DE SYRIE RE
II-III
Philosophe stoïcien né à Édesse (moderne Urfa,au S.- E.de la Turquie ). Informations biographiques. D ' après les différentes chroniques syriaques,
Bardesane naquit le 11 juillet 154 sur les bords du fleuve Daïsan, d'où son nom syriaque Bar- Daișan , « fils du Daişan » ; ses parents étaient païens, mais il se convertit jeune au christianisme: (1) Théodore Bar Koni (VIII s.), Livre des scolies, édité par 1 Addai Scher , CSCO, Script. syr., IIe série , t. 66 , Louvain
1912 , p. 307 ; traduit par 2 R .Hespel et R. Draguet, CSCO 432, Script. syr. 188, Louvain 1982, p . 229 ( cf. 3 H . Pognon , Inscriptions mandaïtes des coupes de
Khouabir, Paris 1898, texte , p. 122 ; trad., p. 177- 178) ; voir aussi (2 ) la Chro nique de Michel le Syrien, patriarche d 'Antioche (1166 -1199), éditée par 4 J.-B .
Chabot, t. I, Paris 1900, p . 109-110 , 183- 184 ; 5 F. Nau en donne le texte
BARDESANE DE SYRIE
55
syriaque avec une traduction latine dans son édition du Liber Legum regionum , coll. « Patrologia syriaca » V2 , Paris 1907, p . 522-523. Cf. 6 H . J. W . Drijvers,
Bardaişan of Edessa,Assen 1966 , p. 186 - 187. On ne peut pas savoir où Bardesane fit ses études: d 'aprèsMichel le Syrien ,
à Hiérapolis (Maboug, l'actuelle Manbij), où il aurait été élevé par un prêtre qui lui apprit les chants païens, mais on ne peut pas exclure Antioche ou même Apamée (Qalat al-Mudiq ), la ville du néopythagoricien Numénius et, avant lui,
de Posidonius (Amélius, philosophe néoplatonicien , disciple et assistant de
Plotin à Rome, se retira à Apamée vers 270 , et ce fut là aussi que Jamblique (ca 250 -330 ) ouvrit son école de philosophie ). Bardesane ne dut pas faire ses études à Athènes où enseignait peut-être son contemporain Alexandre d 'Aphrodisias :
s'il y avait séjourné, il aurait sans doute écrit en grec comme tant d'autres philo sophes syriens. D 'autre part, Bardesane pourrait aussi avoir vécu longtemps à Babylone. Il dit lui-même qu'il avait suivi les enseignements des Chaldéens et, dans ce domaine, Babylone conservait encore au fer et au IIe siècle son hégé monie intellectuelle. Or, ce qu 'on sait des Chaldéens, et qui vaut aussi pour les
Mages de Perse avec qui ils étaient en contact, laisse penser que le père de
Bardesane était un Chaldéen puisque l'enseignement des Chaldéens, comme celui des Mages, se transmettait exclusivement de père en fils (à propos de la
propagation de la doctrine de Zoroastre, Ammien Marcellin l'a brièvementdit: « per suam quisque progeniem » (XXIII 6 , 33) ; cette phrase ne fait que résumer ce que d 'autres historiens anciens avaient déjà affirmé sur les connaissances ésotériques des Mages, cf. 7 J. Bidez-F . Cumont, Les mages hellénisés II, Paris 1938, p . 7 - 9 n. 5 (sur un texte de Diogène Laërce ) et Diodore de Sicile II 29, 4 ). Peut-être le terme de Chaldéen appliqué à Bardesane est- il à interpréter comme « maguséen » ou Mage occidental, dont la langue aussi bien parlée qu ' écrite était l'araméen , cf. Hérodote VII 37 et le commentaire de Bidez-Cumont 7, p. 34 -35 . « Chaldéen » pouvait signifier que l'individu appartenait à une caste de Mages ou bien désigner son appartenance ethnique. Jérôme cite Bardesane à propos des gymnosophistes hindous et il l'appelle « vir babylonius » , Adv. Jovinianum 2 ,
14 ; PL 23, col. 317. Du temps de Strabon (quimourut entre 21 et 25), les Chaldéens disputaient dans les écoles de Borsippa et d 'Orchoi (Uruk ) sur les premiers principes et l'astronomie , et les noms des principaux mathématiciens
étaient connus jusqu'en Occident (XVI 1, 6 ). Bardesane, bien entendu,aurait pu connaître les doctrines chaldéennes hors de Babylone, car l'astrologie pratiquée sur les bords de l'Euphrate avait été accueillie sans réserve par les Syriens.
D 'autre part, la conquête de la Mésopotamie par Trajan en 115 /6 favorisa proba blement la diffusion en Occident des doctrines chaldéennes. Un autre témoi gnage sur Bardesane provient de la Vie d 'Abertius, évêque d' Hiérapolis en Phrygie (ca 175), où on lit que pendant son voyage en Orient (une inscription
grecque en fait état, cf. 8 J. Quasten, Patrology I, Utrecht 1950, p . 171-173 ; trad. franc. parue sous le titre Initiation aux Pères de l'Église. Trad. de l' anglais
par J. Laporte, t. I, Paris 1955, p. 193-196 ), il rencontra Bardesane à la tête
d 'une délégation envoyée pour le recevoir: 9 Th. Nissen, Sti Abercii Vita, coll.
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BARDESANE DE SYRIE
TU , Leipzig 1912 ; 10 H .Grégoire , « Bardesane et Abertius» , Byzantion 25/27 ,
1955-1957, p. 363- 368 ; des remarques importantes de Drijvers 6 , p. 32, 63, 83, 170 -171 sur ce texte . L 'auteur de la Vie note que Bardesane « se distinguait par son lignage et par sa richesse » .
On n 'en sait guère plus sur la vie de Bardesane, si ce n 'est qu'il fut un grand poète dont les æuvres figurent au répertoire de la musique syriaque, qu 'à Édesse il eut des disciples et qu'ilmourut en 222, laissant derrière lui une réputation qui lui survécut longtemps. La figure du philosophe syriaque devint vite légendaire :
Julius Africanus, polygraphe né à Jérusalem , voyageur infatigable et ami
d 'Origène, dit avoir rencontré Bardesane à la cour du roi Abgar d ’Édesse où le philosophe aurait eu la réputation d'être bon archer, capable de dessiner une
figure sur un bouclier avec des flèches tirées de loin ; voir 11 J.-R . Vieillefond , Les “ Cestes " de Julius Africanus. Étude sur l'ensemble des fragments avec édition, traduction et commentaires, Publications de l' Institut français de Florence, Paris 1970 , p . 180 -182.
Orientation bibliographique. Article « Bardesane » dans 12 RGG I, 1957) , col. 870 (G . Kretschmar); 13 RAC I, 1950 , col. 1180 -1186 (L . Cerfaux ) ;
14 Enciclopedia italiana VI, 1930 (réimpr. 1949), p . 167- 168 (G . Furlani) ; 15 A . Abel, art. « Dayşāniyya » , El II, Leiden /Paris 1965, p . 205 -206 . La
meilleure étude sur Bardesane est celle de Drijvers 6 , qui divise en trois périodes les nombreuses publications concernant l'enseignement du philosophe d 'Édesse
et ses rapports réels ou supposés avec les écrits gnostiques et la littérature judéo chrétienne (p. 1-59).
Études importantes de 1855 à 1897 : 16 W . Cureton, Spicilegium syriacum , London 1955 ; 17 R .A Lipsius, « Über die ophitischen Systeme» , ZWTh 6 , 1863,
p .410 -457; 18 A .Merx , Bardesanes von Edessa,nebst einer Untersuchung über das Verhältnis der clementinischen Recognitionen zu dem Buche der Gesetze
der Länder, Halle 1863 ; 19 A . Hilgenfeld, Bardesanes, der letzte Gnostiker, Leipzig 1864 ; 20 J. J. Overbeck, S . Ephraemi Syri, Rabulae Episcopi Edesseni,
Balaei aliorumque opera selecta , Oxford 1865, et 21 G . Krüger,RPTK II, 1897, p. 400-403. De 1897 à 1932 : 22 F . Nau , Une biographie inédite de Bardesane l'astro logue, Paris 1897, et Nau 5 , col. 492 -657 ; études de F. C . Burkitt à partir de 1899, cf. son chapitre sur le christianisme en Orient dans 23 The Cambridge
Ancient History XII (réimpr. 1961), chap. XIV ; 24 Th. Nissen , « Die Petrusakten und ein bardesanitischer Dialog in der Aberkiosvita » ,ZNW 9, 1908, p. 315-328 ; 25 F . Haase, Zur Bardesanischen Gnosis, coll. TU III 4 , 1910 , et 26 Id., « Neu
Bardesanesstudien » , OC N .S . 12- 14 , 1925 , p. 129- 140 ; 27 F. Schulthess , « Zum Buch der Gesetze der Länder » , ZDMG 64, 1910 , p . 91-94 , 745 -750 , et
remarques de Th. Nöldeke, p. 555-560; 28 G . Levi Della Vida, « Bardesane e il dialogo delle leggi dei paesi», RTSFR 1, 1920 , p . 399 -430 ; en particulier p . 408 ( cet article est inclus dans 29 G . LeviDella Vida, Pitagora, Bardesane e altri
studi siriaci, éd . Riccardo Contini, coll. « Studi Orientali» 8, Roma 1989), et 30 C . W . Mitchell, S. Ephrem 's Prose Refutations of Mani, Marcion , and
BARDESANE DE SYRIE
Bardaisan , vol. I, London 1912 ; vol. II, London 1921 (complété par A . A . Bevan et F . C . Burkitt ). De 1932 à 1965 : 31 H . H . Schaeder, « Bardesanes von Edessa in der Über lieferung der griechischen und der syrischen Kirche » , ZKG 51, 1932, p. 21-74 (publié à nouveau dans 32 H . H . Schaeder, Studien zur orientalischen Religion geschichte , éd. C . Colpe, Darmstadt 1968, p. 108 -160 ) et remarques de Drijvers 6 , p . 46 - 50 ; 33 A . Baumstark , « Iwannís von Dàrâ über Bardaişàn » , OC N . S . 8 ,
1933 , p .62-71; 34 W . Bauer, Rechtgläubigkeit und Ketzerei im ältesten Christentum , Tübingen 1934, p.6 -48 (édité à nouveau en 1964 avec des correc tions et deux essais dus à Georg Strecker ; trad. anglaise de Bauer et Strecker avec un commentaire et une bibliographie récente par les membres du « Phila
delphia Seminar on Christian Origins » de l'Université de Philadelphie : 35 R .
Kraft et G . Krodel [édit.], Orthodoxy and Heresy in Earliest Christianity, Philadelphia 1971) ; 36 D . Amand, Fatalisme et liberté dans l'antiquité grecque, coll. « Recueil de Travaux d'Histoire et de Philologie » III/19, Louvain 1945, p . 228 -257 ; 37 I. Ortiz de Urbina, Patrologia syriaca, Roma 19652, p. 43 ; ajouter maintenant: 38 A . Dihle, « Zur Schicksalslehre des Bardesanes» , dans A . M . Ritter (édit.), Kerygma und Logos. Festschrift für C . Andresen, Göttingen 1979 , p . 123 - 135 , puis dans Antike und Orient, Heidelberg 1984, p . 161- 173 (mais l'auteur n 'utilise pas le texte syriaque) ; 39 H . J. W . Drijvers , « Bardaişan von Edessa als Repräsentant des syrischen Synkretismus im 2. Jahrhundert n . Chr. » dans A . Dietrich (édit.), Synkretismus im syrisch-persischen Kulturgebiet, Göttingen 1975, p. 109- 122 ; 40 H . Kruse , « Die “mythologischen Irrtümer” Bar Daişāns» , OC 71, 1987 , p . 24 -52 ; 41 J. Teixidor, Bardesane d 'Édesse. La
première philosophie syriaque, Paris 1992. Bardesane parla et écrivit en syriaque, la langue araméenne de l’Osrhoène et de la Syrie du Nord à partir du 1er siècle ap. J.-C .,mais on ne connaît aucun de ses écrits. Son système philosophique nous est connu par Le livre des lois des pays, l'æuvre d 'un de ses disciples, par un fragmentde sa cosmologie copié par
Théodore Bar Koni (voir infra) et par quelques textes que rapporte saint Éphrem d 'Édesse (v. 306 -373) dans ses nombreuses hymnes. D 'après le témoignage des contemporains, Bardesane fut un auteur prolifique de poèmes que le peuple apprenait et chantait à l'église et dans la rue,mais que l'autorité ecclésiastique n 'appréciait guère . Sur la base de son enseignement oral et de ses compositions populaires, les hérésiologues syriaques firent de lui l'instigateur de maintes
tendances hérétiques en vogue dans l'Édesse du IIe et du IVe siècle. Bardesane aurait été le maître de Mani, d'après Éphrem , « Deuxième discours à Hypatius» , Mitchell 30, vol. I, p. 8 (texte) et p. XXXII (trad.). La littérature théologique en
langue syriaque et la tradition grecque que reflètent des historiens comme Sozomène et Théodoret présentent toujours Éphrem comme l'ennemiacharné de
Bardesane: dans ses hymnes, Éphrem ne manquait pas d'attaquer ses idées quand il fustigeait celles de Marcion et de Mani, tout en admettant que la doctrine de Bardesane différait en partie de celle de ces deux auteurs ; voir Levi
Della Vida 29 , p . 31-62. Maruta de Maipherkat, contemporain d'Éphrem ,
BARDESANE DE SYRIE affirme que les Bardesanites « croient dans l'existence du Bien et du Mal; dans
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le Génie de la Fortune, les oracles et les constellations, comme disent les Mani chéens, et ainsi, révérant les Sept (planètes) et les Douze (signes du zodiaque) , enlèventau Créateur son pouvoir de gouverner le monde. Ils disent que la liberté n 'existe point dans l'homme et vilipendent la résurrection du corps, comme les Marcionites et les Manichéens. Ils s'habillent de blanc parce qu' ils soutiennent
que tous ceux qui s'habillent de blanc participent du Bien , comme ceux qui s 'habillent de noir participent du Mal» (Traité sur les hérétiques, éd. 42 I . Rahmani, Studia syriaca IV , p . 98 - 103. Drijvers 6 , p . 106 ; je donne ici ma traduction ). Rabboula , évêque d' Édesse (ca 415), démantela l'Église des Barde
sanites et confisqua leurs propriétés (Overbeck 20, p. 159-209; 43 P. Bedjan , Acta martyrum et sanctorum , vol. 4 , Paris 1894, p . 396 -470 ; 44 Georges G . Blum , Rabbula von Edessa . Der Christ, der Bischof, der Theologe, CSCO 300 ,
Subsidia 34,Louvain 1969). Eusébe de Césarée, en revanche,présente la personnalité de Bardesane autre ment. Voici la description qu' il en fait dans son Histoire ecclésiastique : « Un homme très capable et très fort dialecticien dans la langue des Syriens,
Bardesane, composa des Dialogues contre les Marcionites et quelques autres qui étaient à la tête de diverses croyances ; il les écrivit dans sa langue et son écriture nationales, avec de très nombreux autres ouvrages. Ces dialogues furent traduits du syriaque en grec par ses disciples : ceux - ci étaient très nombreux, parce qu 'il
avait une éloquence puissante. Parmi ses livres figurent le très habile dialogue Sur le destin , adressé à Antonin (G . Bardy pense que le dédicataire fut Caracalla ou Élagabal] et tous les autres livres qu 'il écrivit, dit-on, à l'occasion de la
persécution de ce temps-là. Il avait d 'abord été de l'école de Valentin ,mais il la méprisa et réfuta la plupart des fables de cet homme, et il se parut à lui-même être revenu à une opinion plus orthodoxe. Cependant, il ne parvint pas à laver complètement la tache de l'ancienne hérésie » ( H . E. IV 30 ; trad. Bardy, SC 31,
p.214-215). Ce renseignement, inexact, d'Eusébe sur Bardesane « valentinien >>
doit provenir d'une source grecque, puisque Hippolyte de Rome, Épiphane de Salamine, Jérôme et Théodoret pensèrentaussi que Bardesane avait été un élève
de Valentin ,mais Éphrem , touten le cataloguant commehérétique,ne dit jamais qu'il avait appartenu à cette école. En fait, il n'y a pas trace chez Bardesane de la doctrine valentinienne selon laquelle existe une opposition entre le monde spirituel et le monde matériel d' ici-bas (Levi Della Vida 28 , p . 403 -404 ; 29, p . 35-36 ). Éphrem , dans ses diatribes contre Bardesane, le confond souvent avec les Bardesanites dont certains semblent, en effet, avoir suivi la doctrine de Valentin .
Cette façon erronée de présenter l'æuvre de Bardesane fut acceptée par la tradition intellectuelle de la région , au point que même les auteurs arabes d 'ouvrages historiques ou littéraires du Xe et du XIe siècle, influencés par les préjugés des sources syriaques, n'hésitèrent pas à répéter qu'il était un dualiste comme Valentin . ( Al-Masʼūdi, al-Nadim , al-Birūni, al-Shahrastāni connurent
peut-être Bardesane par le théologien Abū ’ Isā al-Warrāq (ob . 861/862), voir
BARDESANE DE SYRIE
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Abel 15 , p . 205-206 ; un bon résumé de cette tradition chez Drijvers 6 , p . 200 207. Dans son traité Des différentes religions, cultes et sectes, Ibn Hazm de Cordoue (994- 1063] mentionne la cosmologie de Bardesane en suivant l'ordre des idées plutôt que la chronologie , voir 45 H . Corbin , Histoire de la philo
sophie islamique, Paris 1986, p . 313-319, et 46 D . Urvoy, Penseurs d'al Andalus. La vie intellectuelle à Cordoue et Séville au temps des empires berbères, Toulouse-Le Mirail, 1990 , p. 45.)
Cosmologie. D 'après Grégoire Aboulfaradj dit Barhebraeus (1225-1286 ), Bardesane admettait cinq éléments : le feu, le vent, l'eau, la lumière et les ténèbres (éd . et trad . de 47 J. Bakoš, PO 22/4 , Paris 1930 , p . 542-547). Les
commentaires d 'Éphrem et le résumé que fait Théodore Bar Koni des idées de Bardesane laissent conjecturer que la cosmologie fut un sujet important de l'enseignement du philosophe syriaque. Voici le texte de Théodore Bar Koni
(Scher 1, p . 308 (texte) et Hespel-Draguet 2 , p. 230 (trad.) ; Pognon 3 , p . 123 et 178) : « (Bardesane) dit qu 'il y a cinq éléments (îthyê) existant par eux-mêmes de toute éternité , qu ' ils étaient défaillants et errants mais qu 'à la fin ils se mirent par un hasard quelconque en mouvement. Le vent souffla dans sa violence,
chaque élément rampa et en atteignit un autre; le feu s'éteignit (d 'habitude, on interprète le terme syriaque SPT par saph , " brûler” , voir Pognon , Nau, Hespel Draguet, Drijvers,mais étant donné ce qui suit, il paraît préférable d 'y voir la 3e pers. fém . de sôph , “ éteindre” ) dans la forêt et se forma une fumée obscure qui n ' était pas née du feu et l'air pur se raréfia . Les éléments semélangèrent les uns avec les autres et leur meilleure raison d 'être fut atteinte : ils commencèrent à se mordre les uns les autres comme des animaux nuisibles. Alors leur maître
envoya sur eux la Parole de l'Intelligence; ildonna au vent l'ordre de se calmer, et le vent fit venir son souffle vers lui. Le vent des hauteurs souffla et le trouble
fut soumis par la force et précipité dans son abîme. L 'air devint serein , le calme et la tranquillité s'établirent, le Seigneur fut glorifié dans sa sagesse et une action de grâce monta vers sa miséricorde. Du mélange et de l'amalgame des éléments qui resta, il fit toutes les créatures, les créatures supérieures et les créatures inférieures. Voici que toutes les natures et les créatures s 'efforcent de
se purifier et d' enlever ce qui a été mélangé à la nature mauvaise » . Ce texte est probablement une citation littérale de Bardesane (Schaeder 31,
p. 48 -49 (p. 134- 136 ); Drijvers 6 , 98 -105). Il ne dit nulle part que les éléments avaient été créés. La préexistence de ces éléments fondamentaux et d 'un support
hylémorphe ne semble pas scandaliser le chrétien Bardesane (la notion chrétienne d 'une création ex nihilo n'apparaîtra que beaucoup plus tard dans la pensée occidentale et, bien entendu, elle requerra un réajustement de la cosmo logie classique). Sa doctrine des éléments s 'inscrit dans la tradition d 'autres cosmogonies orientales. Si l'on analyse les écrits d'Éphrem sur Bardesane, on
découvre dans le discours de ce dernier une conception poétique de l'origine du monde ; il semble même recourir au vocabulaire mythologique pour mieux
frapper l'imagination de ses disciples, voir Levi Della Vida 28, p. 411-413 (29, p . 43-45). Pour Barhadbeshabba d'Arbaïa, qui fut à la tête du corps d 'interprètes
SANE E RIE D SY
BARDE
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de l'École de Nisibe à la fin du vie siècle (Nau , PO XXIII, p. 191), ou pour Moïses Bar Kepha, un auteur du IXe siècle (Nau 5, p.513-517), le chaos produit par la confusion des éléments dut être ordonné et le « Verbe de l'Intelligence » descendit comme une « Voix sonore » sur le fracas produit par le mélange et établit l'ordre, mais la libération du Mal produit par l'irruption des ténèbres s'accomplit lentement. Le passage d'une matière sans repos et désordonnée à un monde ordonné grâce à l'intervention d'une Cause suprême est une thèse qui apparaît, comme on le sait, dans le Timée de Platon ; Bardesane connut Platon et
il a bien pu utiliser ce texte . Le Livre des lois des pays. Le texte est conservé dans un manuscrit du Vir siècle (British Museum , Add . 14658 ). Trad . anglaise avec notes : Cureton 16 ;
texte et trad. latine : Nau 5 ; trad. italienne avec notes: Levi Della Vida 29 ; trad. allemande : Merx 18 et 48 H . Wiesmann , Die Schrift über die Gesetze der Länder, 75 Jahre Stella Matutina, Feldkirch 1931, p. 553-572 ; texte et trad . anglaise : 49 H . J. W . Drijvers, The Book of the Laws of the Countries . Dialogue on Fate of Bardaişan of Edessa, Assen 1965; trad . espagnole (fragments ) : 50 J . Teixidor, La filosofía traducida. Crónica parcial de Edesa en los primeros
siglos, Barcelone 1991, ch . III ; trad. franç. (fragments): Teixidor41.
Le livre a été considéré à bon droit comme un chef-d 'œuvre et ilest vrai que la langue syriaque atteint ici, après moins de trois siècles d'existence , un haut degré de perfection . Il peut dater des années entre la fin du IT siècle et le commencement du lire. Cette æuvre , fameuse dans la littérature orientale chré tienne, est un traité abrégé d'anthropologie et de cosmologie , le récit imaginaire d 'un entretien philosophique de Bardesane avec ses élèves. Le maître, versé à la fois dans la science chaldéenne et dans la culture hellénique de son temps, y
exprime ses idées à travers des dialogues où il figure à la troisième personne. Bardesane entre en scène alors que ses disciples sont en pleine discussion : « De quoi parliez-vous ? J'ai entendu vos voix de l'extérieur» . En se servant de la dialectique socratique, le maître enchaîne et classifie les notions, indique la méthode à suivre dans toute discussion scientifique et à travers une série d'exemples pris dans la nature et dans l'ethnologie, à l'aide d 'une terminologie empruntée à l'astrologie, soutient que l'homme jouit du libre arbitre . La liberté existe partoutmais demanière différente ; elle existe même dans les « éléments >> et le fait qu 'ils aient été maculés par les ténèbres n 'a point éliminé leur liberté essentielle : Dieu a donné aux éléments moins de liberté qu'à l'hommemais il ne
leur en demandera pas moins des comptes pour ce peu de liberté qu'ils possè dent (Nau 5 , § 548 -551). Bardesane clarifie pour ses disciples la distinction qui existe entre ce qui est naturel et ce qui est l'æuvre du libre arbitre ($ 558-563). A la question : jusqu ' à quel point y a -t- il un destin ? il répond que la sagesse
divine a donné à chaque être ( anges, Puissances, planètes, éléments, hommes, animaux ) un pouvoir adéquat ($ 566 -568). « Ce qu 'on appelle destin est l'agen cement (teksa ) du cours imposé par Dieu aux Puissances et aux éléments. Suivant ce cours et cet agencement, les intelligences changent quand elles descendent dans les âmes et les âmes changent à leur tour quand elles descen
BARDESANE DE SYRIE
dent dans le corps. Le changement s'appelle destin et c'est l'horoscope ( en syriaque, “maison de nativité” ) du mélange produit, un mélange qui se purifie au profit des choses qui existent et existeront avec l'aide de la grâce et de la bonté divine, jusqu 'à la fin de tout. Le corps, dans sa condition naturelle , n 'est ni forcé ni aidé par le destin à faire aucune des choses qu'il fait pendant que l'âme souffre et sent avec lui » (8 572 ). Bardesane ne dit pas d 'où descendent les âmes.
Le destin commence là où se termine la nature, enseigne Bardesane; l'union de l'homme et de la femme et son accomplissement sexuel est l'œuvre de la nature, le divorce, celle du destin . La nature fait que l'on est rassasié, le destin est responsable du manque de nourriture. La nature ordonne que les anciens soient les juges des jeunes et les sages, des sots et que les forts soient les guides des faibles, mais le destin bouleverse cet ordre et le contraire s'impose. « Sache » , dit le maître à son disciple, « que chaque fois que la nature dévie de la bonne voie , la cause de l'écart est due au destin , c'est-à-dire que les Puissances et les Gouverneurs, de qui dépend le changement du thème de nativité , s'étaient
mis contre elle » . Il s'impose donc de se dérober à son propre thème de nativité en fléchissant la puissance des astres ($ 575-576 ). Les exemples rassemblés par les disciples de Bardesane pour combattre la croyance populaire dans l'influence des étoiles sont multiples : les Mèdes jettent leurs morts aux chiens, et pourtant on ne peut pas croire que tous les Mèdes sont
nés quand , « pendant la journée et au-dessous de l'horizon » la lune était avec Mars dans le Cancer, c' est- à-dire quand, d 'après les Chaldéens, « sont nés ceux qui sont mangés par les chiens » ; les Indiens, quand ils meurent, sont brûlés et l'on sait que, souvent, leurs femmes sont brûlées avec eux ; et pourtant, on ne peut pas croire que toutes ces femmes « sontnées quand , pendant la nuit, sous la terre, le Soleil était avec Mars dans le Lion , moment dans lequel, selon les Chaldéens, sont nés ceux quimourront brûlés » . Ce n 'est donc pas le destin qui
fait que tous les Mèdes sont mangés par les chiens ou que tous les Indiens sont brûlés ( 599) . L 'intérêt de Bardesane pour l'ethnographie se manifeste à plusieurs reprises dans le Livre. L 'opinion générale est que la doctrine anti
astrologique de Bardesane dérive de la philosophie sceptique de Carnéade (214 129 av. J.-C .), voir Amand 36 , p. 250 -257, et 51 É. des Places (édit.), Eusébe de Césarée, La préparation évangélique V - VI, coll. SC 266 , Paris 1980 , p. 21.
Mais Bardesane n 'eut probablement pas de contacts avec Athènes où il aurait pu connaître l'enseignement de Carneade. Il avait une personnalité indépendante et originale et ses arguments contre l'astrologie sont sans doute d 'origine
chrétienne; dans le Livre n 'affleurent certainement pas les enseignements de Carnéade sur l'incertitude, sur les dieux ou sur la justice. Logique. Si l'on tient compte du témoignage d' Éphrem , Bardesane écrivit une æuvre appelée De Domnus contre les platoniciens. Elle n 'est connue que par la Réfutation d 'Éphrem , malheureusement très lacunaire (voir F .C . Burkitt, « Introductory Essay » dans Mitchell 30 , vol. II ; toutefois, il y a lieu de penser qu ’Éphrem ne comprit pas la pensée de Bardesane, moins encore celle de Platon). En traitant du problème des incorporels chez Bardesane, un thème clé
BARDESANE DE SYRIE
de l' école stoïcienne, Éphrem dit qu'il y a trois classes d'incorporels: les noms des choses, les notions d 'espace, temps et nombre et les verbes qui se réfèrent aux choses, mais les stoïciens considéraient comme les incorporels les trois dimensions, espace, temps, nombre et les verbes. Éphrem ne comprend pas
pourquoi ils n 'incluent pas les noms des choses parmi les incorporels et il explique : quand on entend un mot, l'ouïe entend le son ,mais si ceux qui parlent sont Perses, l'esprit ne comprend pas ce que signifie le mot; si la signification des noms était corporelle, l'ouïe serait également capable de l'entendre.
Le stoïcisme de Bardesane est mis en évidence par Sergius de Reš'aina, un philosophe syriaque du vie siècle (51 H . Hugonnard-Roche, « Aux origines de
l'exégèse orientale de la Logique d 'Aristote: Sergius de Reš'aina (+536 ), médecin et philosophe» , JA 277, 1989, p . 1-17 ), dans un traité sur les Catégo
ries d'Aristote qu 'il dédia à son ami Théodore de Merw . A propos des « qua lités » , Sergius dit qu '« il est bien connu qu'elles n 'ont pas d 'existence en dehors
des corps auxquels elles surviennent» . Sergius pense aux couleurs, aux figures et formes comme le cercle ou la sphère, aux saveurs : « elles ne peuvent exister
par elles-mêmes quand elles s' éloignent des corps » . Et il ajoute : « Mais si quel ques-uns des stoïciens, qui pensent qu'il n 'y a rien qui ne soit corporel et avec lesquels s'accorde dans l'argument des qualités le syrien Bardesane, ont cru que
les qualités,desquelles nous avons dit qu'elles ont leur existence dans les corps, sont des corps, ils seront réprouvés clairement par tout ce qu 'on voudra prendre à leur réprobation » (texte du traité syriaque de Sergius publié et traduit par 53 G . Furlani dans « Sur le stoïcisme de Bardesane d'Édesse » , Archiv orientální 9 , 1937, p . 347 -352 ; voir p . 350) . C 'est là qu 'Éphrem ne suivait pas les stoï
ciens, puisqu' il affirme que les notions des choses sont incorporelles autant que les verbes et l'on peut s 'expliquer pourquoi il s'étonna de lire chez Bardesane
que la ligne était corporelle (Mitchell 30, p. IX et 20 -21).
Personnalité philosophique. L ' ampleur des connaissances astrologiques et scientifiques de Bardesane put donner l'impression à ses contemporains qu'il
manquait d'esprit religieux et pourtant, au viie siècle, Sévère Sébokt, moine du monastère de Qennešrê puis évêque de Nisibe , lui-même homme de science
notoire, n 'hésite pas à accepter que les deux aspects aient coexisté dans la per sonnalité du philosophe. Dans un texte qui fut repris plus tard par Georges des Arabes ( † 724), Sévère explique à un visiteur du monastère : « Pour que tu saches
encore que cela (la conjonction des planètes) n 'était pas connu seulement de ceux du dehors (des païens) mais encore de certains Syriens qui avaient été
instruits dans le christianisme – il s'agit de Bardesane qui est appelé le philo sophe araméen , homme très instruit dans toutes les choses de ce genre , il
connaissait celle -là et elle figurait pour lui parmiles plus importantes » (d 'après un manuscrit de la Bibliothèque Nationale de Paris étudié par 54 F. Nau, « La
cosmographie au Vile siècle chez les Syriens» , ROC 15, 1910 , p. 225-254 ; le texte cité est à la p . 239). Bardesane est un penseur rompu à la philosophie de son temps. Porté sans doute par son éducation teintée de chaldéisme, il se posa
de façon radicale le problème du destin . Quand on regarde de près ce que ses
BARLAAM ET JOSAPHAT disciples ont écrit de lui, on comprend que son enseignement fut, comme dans le
cas de Socrate , au centre de sa vie , et l'homme et son destin un thèmeauquel il revenait constamment. Les difficultés qu'on éprouve à le juger ne tiennent pas seulement à la pauvreté des sources mais aussi aux manipulations dont souf frirent sa doctrine et ses écrits de la part de ses ennemis.Mais l'importance de ceux-ci semble s'affaiblir après le Ive siècle et Marcionites, Bardesanites et
Manichéens perdentde l'importance à Édesse en laissant la place aux querelles christologiques. Après Bardesane, on n 'y connaît aucun penseur digne du nom
de philosophe, mais toujours est-il que l'ouverture de l'École d 'Édesse à l'exégèse biblique pratiquée à Antioche (en particulier aux commentaires de Théodore de Mopsueste ) ainsi qu'aux écrits d'Aristote et de Porphyre , prépara le terrain pour la floraison de philosophes syriaques que connut l'Osrhoène au vre siècle.
JAVIER TEIXIDOR. BAREA → SORANUS (BAREA)
12 Le roman de Barlaam et Josaphat Le roman spirituel de Barlaam et Josaphat (BJ), d'inspiration bouddhique,
met en scène le motif bien connu du fils de roi qui, las des jouissances que peut lui offrir le monde d'ici-bas, est constamment à la recherche de Dieu en son for
intérieur et finit par être converti par un ermite. Le principal intérêt que présente cette æuvre pour l'antiquisant est dû au fait que la version grecque de l'Apologie d'Aristide (AA ) y est intégrée dans sa quasi-totalité. Or, on n 'en possède par ailleurs que quelques fragments conservés sur papyrus. AA a été traitée par 1 J. Pépin , art. « Aristide d'Athènes» , DPHA I, Paris 1989, p. 366 - 367, et 2 J.-P . Mahé, art. « Tradition arménienne » , ibid ., p . 367- 368, auxquels on ajoutera ici
un certain nombre d'informations, notamment sur le roman spirituel où AA est conservée et que ces chercheurs n'ont pas envisagé.
Plan de la version grecque de Barlaam et Josaphat. Le temps de l'initiation :
Prologue 1: Le roi Abenner (père de Josaphat);la persécution des Chrétiens dans son royaume 2 : Le roi et le satrape qui se convertit au christianisme; la naissance de Josaphat 3 : Les prédictions des astrologues concernant l' avenir de Josaphat ; Josaphat est enfermé dans un palais
4 : Le ministre du roi et le « raccommodeur de paroles» ; les deux ascètes 5 : Josaphat,ayant obtenu la permission de sortir du palais où son père le tient emprisonné, découvre la vanité de ce monde ; les trois rencontres
6 -20 : L 'arrivée de Barlaam ; la catéchisation de Josaphat par Barlaam ; le baptême de Barlaam
21 : Le départ de Barlaam
BARLAAM ET JOSAPHAT
Le temps des épreuves: 22 : Zardan révèle au roi les visites de Barlaam ; Araches, conseiller du roi, propose de regagner ce dernier à l'idolâtrie en produisantun ascète nomméNachor en faux Barlaam
23 : L 'interrogatoire du porteur d'ossements 24 : La capture du faux Barlaam (Nachor); entretien d 'Abenner et de Josaphat 25 : Nouvel entretien d ' Abenner et de Josaphat 26 : Abenner propose à Josaphat d 'organiser une controverse publique opposant les adeptes du christianisme aux idolâtres ; un seul homme, nommé Barachias, se range du côté
des défenseurs du christianisme 27 : La controverse publique : Le discours du faux Barlaam (Nachor), c.-à- d . l’Apologie d 'Aristide : I. La déduction de l'existence de Dieu à partir de l'harmonie du cosmos ; II. La répartition de l'humanité en trois races : idolâtres, Juifs et Chrétiens, les idolâtres étant divisés
à leur tour en Chaldéens, Grecs et Égyptiens; III-XIII. Les idolâtres; XIV . Les Juifs; XV XVII. LesChrétiens
28 : La victoire du faux Barlaam (Nachor), qui, quoiqu'idolâtre , s'était décidé à plaider en faveurdu christianisme; la conversion de Nachor
29 : Lemagicien Theudas propose à Abenner demettre Josaphat à l' épreuve en l'exposant à la tentation des femmes
30 : La tentation de Josaphat par une femme-démon ; entretien de Josaphat et d 'Abenner
Le temps du prosélytisme: 31-32 : Entretien de Josaphat et de Theudas; la conversion de Theudas 33 : La division du royaume d'Abenner entre le roi et son fils 34-35 : La conversion d 'Abenner ; samort
Le temps de la vie ascétique: 36 : Josaphat désigne Barachias commeson successeur, afin de pouvoir vivre en ascète ; le départ de Josaphat
37 : Josaphat se met à la recherche de Barlaam 38 : Josaphat rencontre Barlaam ; leur vie ascétique 39 : Lamort deBarlaam 40 : L 'enterrement de Barlaam ; la mort de Josaphat, quiest enterré dans la même tombe que Barlaam ; le transfert de leurs corps dans le royaume de Barachias ; épilogue.
Date et auteur de la version grecque de Barlaam et Josaphat. La version
grecque de BJ futrédigée parEuthyme l’Hagiorite (moine d'origine géorgienne, † 1028) entre 975 et environ 982 ou 987. La date de 975 correspond au début de l'activité littéraire d’Euthyme, celle de 982/987 aux deux termini post quos proposés pour la mort de Syméon Métaphraste , dont on ignore la date exacte. 3 R . Volk, « Urtext und Modifikation des griechischen Barlaam -Romans. Beitrag zum “ Runden Tisch ” der Sektion III beim 4. Symposium des Mediä vistenverbandes, Köln , 12. März 91 » (communication non publiée), propose toutefois la date de 984 . On ne peut pas reculer la date de rédaction de la version grecque de BJ à une époque postérieure à la mort du Métaphraste, ce dernier ayant intégré des citations tirées de ce roman spirituel dans son æuvre . Volk 3 a prouvé par une étude détaillée de la tradition manuscrite de BJ grec que Syméon Métaphraste a puisé dans toutes les modifications conservées de ce texte (cf.
BARLAAM ET JOSAPHAT
infra, « Manuscrits de la version grecque de Barlaam et Josaphat» ). La thèse
selon laquelle la Passion de Sainte Catherine dans la version du Métaphraste aurait été intégrée dans BJ grec , soutenue par la plupart des critiques, est donc à
rejeter, ne tenant pas compte de la tradition manuscrite de BJ. Il en est de même de l'hypothèse qui consiste à supposer une source commune à la Passion de
Sainte Catherine et à BJ grec. Pour plus de détails sur la datation , on consultera la « Vie de Jean et Euthyme» écrite par Georges l'Hagiorite († 1066 ) : 4 I.
Džawahišwili (édit.), GiorgiMt'ac 'mideli, Chorebay Iowanesi da Ep't'wimesi.
Gamosac'emad daamsada Iw . Džawahišwilma-G .Mt'ac ’midelis ena « Iowanes da Ep't'wimes c'howrebis » mihedwit A . Sanidzisa ,coll. « Dzweli kʼart'uli enis dzeglebi» 3, Tbilisi 1946, p. 15 (référence médiate), passage figurant aussi dans 5 P . Peeters , « La première traduction latine de “ Barlaam et Joasaph ” et son
original grec » , AB 49, 1931, p .276 -312 , spécialement p . 283-284, et dans 6 G . Garitte, « Le témoignage de Georges l'Hagiorite sur l'origine du “ Barlaam ”
grec » , Muséon 71, 1958, p . 57-63, notamment p . 59 -60 ; 7 Giorgi Mt'ac'mideli, Chorebay net'arisa mamisa č’uensa Iowanesi da Ep 't'wimesi, coll. « Dzweli
k'art'uli agiograp'iuli literat'uris dzeglebi» 2, Tübilisi 1967,p . 38 - 100 (référence médiate ). Traduction latine: 8 P. Peeters, « Histoires monastiques géorgiennes», AB 36 -37 , 1917 -1919 , p . 8 - 159 (Vie des SS. Jean et Euthyme, p . 13 -68 ; passage concernant BJ grec, p . 15) ; Peeters 5 , p . 284 ; Garitte 6 , p . 60 . Traduction française faite sur la version latine dans 9 Irénikon 6 , 1929, p . 767-784 , surtout p . 770 -771; 10 Irénikon 7 , 1930 , p . 50 -67; 11 ibid ., p . 181-196 ; 12 ibid ., p . 448
460. Traduction anglaise donnée par 13 D . M . Lang, Lives and Legends of the Georgian Saints, London 1956 , réimpr. London /Oxford 1976 , p . 155 - 156 . Cf. également 14 M . Tarchnišvili, « Die Anfänge der schriftstellerischen Tätig
keit des hl. Euthymius und der Aufstand von Bardas Skleros» , OC 38, 1954, p. 113- 124 (notamment p. 114-115) ; 15 M . Brière, « Lettres géorgiennes chré tiennes » , JA 245, 1957, p . 75 -98 (surtout p . 83) ; 16 J. Kirchmeyer, art. « Eu thyme l'Hagiorite ( saint) » , DSp IV , 1961, col. 1722 - 1723 ; 17 E . Chintibidse , « Ekwtime Atoneli, der Verfasser der griechischen Version von “ Barlaam und
Joasaph ” » , WZJena 26 , 1977, p . 29-41 (traduit du géorgien par H . Fähnrich ; passage en question p . 32) ; 18 M . van Esbroeck, « Die Barlaam ' YXN20EAHE IETOPIA und Johannes von Sankt Sabas. Beitrag zum “ Runden Tisch ” der
Sektion III beim 4 . Symposium des Mediävistenverbandes, Köln , 12. März
1991 » (à paraître dans ByzZ ?) ; 19 M . van Esbroeck, « La “ Sagesse de Bala var ” à travers la tradition géorgienne » . Communication faite le 27 mars 1992
dans le cadre d'un séminaire intitulé « Sagesse, voie de vie et conduite spirituelle chez les peuples et dans la littérature de l'Orient chrétien » , organisé par l'Institut
de Recherche sur l'Orient Chrétien à l'Institut Catholique de Paris (à paraître dans une publication collective chez Beauchesne). Plusieurs indices portent à affirmer qu’Euthyme († 1028) est l'auteur de BJ grec. (1) Tout d 'abord, cette æuvre est rédigée en style métaphrastique et ne peut donc pas dater d 'une époque antérieure au Métaphraste . Le style méta
phrastique est typique de la fin du Xe siècle , époque où Euthyme avait atteint
66 BARLAAM ET JOSAPHAT l'apogée de sa gloire littéraire , et tranche trop sur le style de Jean Damascène
(† autour de 750) pour qu 'on puisse prendre ce dernier en considération comme auteur de BJ. Les différences entre BJ géorgien et BJ grec sont dues au fait que les adaptations d'Euthyme ne sont en général pas littérales, à l'exception des textes bibliques , et qu'Euthyme se permet souvent d’abréger ou de développer
son modèle. (2) Un des témoignages les plus importants permettant d'attribuer BJ grec à Euthyme est la « Vie de Jean et Euthyme» rédigée par Giorgi
Mt'ac'mideli, mentionnée déjà avant. (3) De plus, deux manuscrits grecs attri buent l'æuvre à Euthyme, à savoir le cod.Marc. gr. VII. 26 et le cod. Paris. gr.
1771. Le troisième manuscrit attribuant BJ grec à Euthyme est la première version latine de ce texte, à savoir le cod. Neapol. VIII B 10 , à dater de 1047 (pour plus de détails sur cette datation , cf. infra, « Éditions et traductions de la version grecque de Barlaam et Josaphat» ). Quant à la tradition manuscrite de BJ grec, on ajoutera que cette æuvre est apparue d 'abord à l'Athos, où Euthyme vécut et travailla , et qu 'aucun manuscrit à dater avant le XIe siècle ne nous en est
parvenu. De plus, le Damascène ne figure comme auteur de BJ grec dans les manuscrits grecs qu 'à partir du XIIIe siècle . Il est mentionné comme auteur de BJ
grec pour la première fois dans la Vulgate latine du XII° siècle, où Jean de Saint Sabas, présenté antérieurement dans le lemme comme transmetteur, est rem placé par Jean Damascène auteur. ( 4 ) Le « testament » de Jean constitue un
document semblable à la « Vie de Jean et Euthyme» . Un manuscrit du monastère de Ghelati daté de 1047, qui contient ce testament, donne une liste des cuvres traduites par Euthyme. BJ y est mentionné; mais il s'agit d'une
interpolation évidente, vu que BJ ne figure dans aucun autre manuscrit du « testament» de Jean . Le copiste du manuscrit de Ghelati mentionné avant n 'en doit pas moins avoir lu ou entendu qu ’Euthyme est l'auteur de BJ grec. Aucun des arguments en faveur de la thèse selon laquelle Jean Damascène serait l'auteur de BJ grec ne soutient l'examen. Cette thèse a été défendue par 20 F . Dölger, Der griechische Barlaam -Roman , ein Werk des H . Johannes von Damaskos, coll. « Studia Patristica et Byzantina » 1, Ettal 1953, et reprise surtout par H .-G . Beck, notamment dans 21 H .-G . Beck , Geschichte der byzantinischen Volksliteratur, coll. « Byzantinisches Handbuch im Rahmen des Handbuchs der Altertumswissenschaft » 2 , 3 (= « Handbuch der Altertumswissenschaft » 12 , 2, 3 ) ,München 1971, p . 35 -41, et par 22 B . Kotter, art. « Johannes von Damaskus
(ca. 650 - ?)» , TRE XVII, 1988, p. 127 -132, notamment p. 129. (1) Quant à AA, il est peu probable que le Damascène ait connu une version grecque de ce texte
considéré comme perdu dès le ve siècle; c 'est bien Euthyme qui a reconquis AA
aux lettres grecques. ( 2) Un autre argument allégué en faveur du Damascène est l'expression tõv ALOLÓTWV Xópaç dans le lemme. Or, ce lemme mentionne précisément dans deux manuscrits Euthyme comme auteur. Sous prétexte que cette expression ne faisait aucun sens dans le contexte de BJ, d'aucuns ont prétendu que les informations données dans le lemme étaient en général sujettes à caution . Mais à l' époque où BJ grec fut rédigé, on entendait par Éthiopie l'Inde transgangétique. L ' identification de l' Inde avec l'Éthiopie se trouve
BARLAAM ET JOSAPHAT
67
attestée dans BJ grec, mais non en géorgien ni en arabe. Néanmoins, Éthiopie dans la Bible grecque est rendu par Inde dans la Bible géorgienne. (3 ) Un terme fort controversé est la preposition υπέρ (υπέρ Ευθυμίου) dans le lemme de BJ.
'Yhép est à rendre par « par» et non par « pour», parce qu'il n'est pas question d'une copie faite pour Euthyme, mais d 'un texte rédigé par lui, d 'une méta phrase. L 'intitulé du cod. Neapol. VIII B 10, f.4166, ne laisse pas de doute sur
la signification de Únép dans le lemme de BJ grec : «Hystoria Barlae et Josaphat de interiori Ethiopia deducta per Johannem venerabilem monachum monasterii sancti Sabe in Heliam urbem et translata in eolico per Eufinium sanctum
virum » . ( 4) Quelques critiques ont essayé de tirer argument d'une Vita arabe rédigée vers 1085 par Michel d’Antioche, dans laquelle le Damascène est dési gné comme auteur de BJ grec. Ce passage est interpolé , vu que la version géorgienne de la Vita , traduite sur la version grecque de Samuel d'Adana par
Ep'rem Mcire († vers 1110 ), amide Michel d'Antioche, ne mentionne pas BJ parmi les euvres à attribuer au Damascène. En outre, le plus ancien manuscrit de la Vita arabe date du XIIe ou du XVe siècle d'après quelques critiques, époque où l'attribution de BJ grec au Damascène était très répandue. (5 ) Une autre
preuve alléguée en faveur du Damascène est l'abondance de citations emprun tées à l'æuvre de ce dernier . Mais invoquer le parallélisme de tels ou tels
passages pour affirmer que les uns et les autres sont du même auteur constitue
une assertion hardie au point d' être périlleuse. L ' auteur de BJ grec doit avoir connu l' euvre du Damascène et s 'en être inspiré, sans plus. (6 ) Le fait que BJ grec n 'a pas laissé de traces dans les synaxaires ne constitue pas non plus une
preuve concluante contre l'attribution de ce roman spirituel à Euthyme. Les adversaires de cette attribution ont daté les synaxaires des XII -XIIIe siècles; cette datation est à rejeter, les synaxaires remontant à un prototype du Xe siècle,
époque où l'on n'y ajoutait presque jamais des saints postérieurs à la mort de saint Antioche Cauléas († 901). (7 ) Les allégories que l' on trouve dans BJ ne témoignent pas non plus en faveur du Damascène. Plutôt que de penser qu 'on aurait résisté pendant des siècles à la tentation de s'inspirer de ces joyaux, il y a lieu de croire que cette tentation n 'a pas existé . (8 ) En dernier lieu, il faut mentionner dans ce contexte les agitations anti-géorgiennes qui expliquent le silence de tant de manuscrits athonites sur Euthyme. L 'atmosphère hostile aux Géorgiens culmina dans le pillage de monastères géorgiens par des Grecs et
dans la guerre de 1021- 1022. Pour plus de détails sur la date et l'auteur de BJ grec, on consultera 23 J. Rendel Harris, « A new Christian apology » , BRL 7 , 1922 - 1923, p. 355 -383; 24 J. Armitage Robinson , « The Passion of St. Catherine
and the Romance of Barlaam and Joasaph » , JTHS 25, 1923-1924, p . 246 -253 ; 25 E . Klostermann , E . Seeberg, Die Apologie der Heiligen Katharina , coll. « Schriften der Königsberger Gelehrten Gesellschaft, Geisteswissenschaftliche
Klasse » 1, 2, Berlin 1924, p. 82 -87; Peeters 5 , p. 282-296 ; 26 S . Der Nersessian, L ' illustration du roman de Barlaam et Joasaph (thèse de doctorat), Paris 1936 , p. 11 ; 27 G . Graf, Geschichte der christlichen arabischen Lite
ratur 2 : Die Schriftsteller bis zur Mitte des 15. Jahrhunderts, coll. « Studi e
BARLAAM ET JOSAPHAT Testi » 133, Città del Vaticano 1947 , p . 69 ; 28 P . Peeters, Orient et Byzance : Le tréfonds oriental de l'hagiographie byzantine, coll. « Subsidia Hagiographica » 26 , Bruxelles 1950 , p . 216 ; 29 J.M . Hoeck, « Stand und Aufgaben der Damaskenos-Forschung » , OCP 17, 1951, p. 5-60 , notamment p . 9 -10 ; Dölger
20, p . 35-37; 30 c.r. de Dölger 20 par F . Halkin , AB 71, 1953, p .475 -480 ; Tarchnišvili 14 , p . 115- 116 ;31 M . Tarhnišwili, « Ist 'oriul-lit'erat'uruli z 'no bebi» , BK 18 , 1954, p . 19-26 , spécialement p. 21- 26 ; 32 c.r. de Dölger 20 par B . Laourdas, EHBS 24, 1954, p . 383 - 384 ; 33 D . M . Lang, « St. Euthymius the
Georgian and the Barlaam and Ioasaph Romance» , BSOAS 17, 2, 1955, p. 306 325 ; 34 J. Leroy, « Un nouveau manuscrit arabe-chrétien illustré du Roman de
Barlaam et Joasaph » , Syria 32, 1955, p . 101- 122 ; 35 M . Tarchnichvili et J . Assfalg, Geschichte der kirchlichen georgischen Literatur auf Grund des
ersten Bandes der georgischen Literaturgeschichte von K . Kékélidzé, coll. « Studi e Testi » 185, Città del Vaticano 1955 , p. 394 -395 ; 36 G . Downey, c .r. de
Dölger 20, dans Speculum 31, 1956 , p. 165-168, surtout p. 166- 167; Brière 15 , p . 85 ; 37 P . Devos, « Les origines du “ Barlaam et Joasaph ” grec. A propos de la
thèse nouvelle de M .Nucubidze » , AB 75 , 1957, p. 83- 104 , notamment p. 84 -94 ; 38 L . Abramowski, c.r. de Dölger 20, dans ZKG 69, 1958, p . 145- 147 ; Garitte
6 ; 39 V . Grumel, c.r. de Dölger 20 , dans REByz 16 , 1958 (Mélanges S. Salaville ), p. 256 -259 ; 40 M . Tarchnišvili, « Les deux recensions du “ Bar
laam ” géorgien » ,Muséon 71, 1958, p .65- 86 , surtout p.66 ; 41 K . K 'ek 'elidze, « Balawarianis romani k ‘rist'ianul mc'erlobaši» , Et'iudebi dzweli k 'art'uli lit'erat'uris istoriidan 6 , Tbilisi 1960, p . 41-71 ; 42 K . Salia, « Les moines et les monastères géorgiens à l'étranger» , BK 8 -9, 1960, p. 30-59, spécialement p . 44 46 (quelques inexactitudes dans les références bibliographiques) ; Kirchmeyer 16 ; 43 H . Grégoire , « Le monastère d 'Iviron et le rôle des Géorgiens du Mont
Athos» , EHBS 32 , 1963, p.420 -426 , notamment p .422-426 (notons que dans son premier article où il avait traité BJ, H . Grégoire s 'était encore rangé à l'avis
de Dölger 20 : 44 H . Grégoire , « Notice sur la vie et les travaux du R . P . Paul Peeters» , CRAI 1952 , p . 24 -45 , notamment p . 35- 37) ; 45 D . M . Lang, « Saint Euthyme le Géorgien et la légende grecque de Barlaam » , BK XVII-XVIII
(n°45-46), 1964, p . 62-68 ; 46 K . Salia, « La littérature géorgienne I (Ve-XIIIe siècles) » , BK XVII -XVIII (nºs 45-46 ), 1964, p . 28 -61, surtout p . 41-42; 47 J. Kirchmeyer, art. « Georges l’Hagiorite (saint)» , DSp VI, 1967, col. 240 -242 ;
48 B . L. Fonkič, « Perevodčeskaja dejatel’nost' Evfimija cvjatogorca i biblioteka iverskogo monasterija na Afone v načale XI v.» , Palestinskij Sbornik 19 (82) [sic ], Leningrad 1969, p . 165 - 170, spécialement p . 169 ; 49 € . Hint'ibidze, Bizant’iur-k 'art'uli lit'erat'uruli urt'iert'obani, Tbilisi 1969, p . 8 - 14 (la nouvelle
édition revue et augmentée de cette æuvre , à savoir 50 Ė . Hintibidze, Gruzinskoe-bizantijskje literaturnye bzamootnošenija , Tbilisi 1989, ne nous a
pas été accessible ) ; 51 c.r. de Woodward et Mattingly 117 (cité plus loin ) par
M .Aubineau, RPh 44, 1970, p. 137-138 ; 52 D . M . Lang, « Oriental materials on the Georgian “ Balavariani” » , BK 28 , 1971, p. 106-121, surtout p . 106, 111 ; 53 K . Salia, « La littérature géorgienne des origines à nos jours» , BK 29- 30 ,
BARLAAM ET JOSAPHAT 1972 , p . 205- 239, notamment p. 210 ; 54 B . L . Fonkič, « Un “ Barlaam et
Joasaph ” grec daté de 1021» , AB 91, 1973, p. 13-20 ; 55 S .G . Kauhčišvili, « Proizhoždenie romana “ Varlaam i Joasaf” , vopros ob avtore romana » ,
Antičnaja drevnost i srednie veka 10 (= hommage à Mihail Jakovlevič Sjuzju mov ), Sverdlovsk 1973, p.64-66 ; 56 K . Salia, « Bref aperçu sur les rapports géorgiano-byzantins» , BK 33, 1975, p . 119- 161, spécialement p . 130 -131 ;
Chintibidse 17 , p. 30- 38 ; 57 W . Gaak 'ašwili, « K 'art'ul-bizant'iuri met'ap'rasuli agiograp 'iis urt'iert'mimart'eba da dzirit'adi t'awiseburebani», dans I. Lolašwili
(édit.), Dzweli k'art’uli lit'erat'ura (XI-XVIII ss.), Tbilisi 1977, p. 3-19; 58 B . L . Fonkič , « O datirovke venecianskogo (cod.Marcianus gr. VII, 26 ) i parižskogo (cod . Parisinus gr. 1771) spiskov grečeskojversii “ Varlaama i Ioasafa” », dans Z. V . Udal'cova (édit.), Vizantijskie Očerki, trudy sovetskih učenyh k XV
meždunarodnomu kongressu vizantinistov, Moskva 1977, p . 210 -215 ; 59 E . Khintibidzé, « Byzantine-Georgian literary contacts » , BK 36 , 1978, p . 275-286 , surtout p . 284-285 ; 60 J. E . Keller et R . W . Linker ( édit.), Barlaam e Josafat, edición crítica, introducción por Olga T. Impey y John E . Keller, coll. « Clásicos
hispánicos, serie II: Ediciones críticas» 21,Madrid 1979, p . XVII-XXII; 61 Ė . G .
Hintibidze et A . A . Gvaharija , «Literaturnje svjazi drevnejGruzii» , dans D .S . Lihačev, L . V. Menabde et G . M . Prohorov ( édit.), Russkaja i gruzinskaja srednevekovje literatury, Leningrad 1979, p . 40 -58, notamment p . 51-57; 62 K '.
K 'ek 'elidze , Dzweli k 'art'uli literaturis istoria, t'omi p ’irweli, Tbilisi 1980, p . 187-190 ; 63 Ė .G . Hintibidze , «Novejšie trudy o proizhoždenii grečeskogo romana “ Varlaam i Ioasaf” (Novye podhody k starym teorijam ) » , Kavakz i Vizantija 2 , Erevan 1980, p. 91- 97; 64 K . Salia, Histoire de la nation
géorgienne, Paris 1980, p.457 ; 65 V. Tiftixoglu , « Der byzantinische Barlaam Roman , Metaphrase einer georgischen Vorlage » , dans W . Voigt (édit.), XX . Deutscher Orientalistentag vom 3. - 8 . Oktober 1977 in Erlangen , = ZDMG Suppl. IV , Wiesbaden 1980 , p. 197 -199 ; 66 T'. Aldanidze, « Giorgi Mt'ac'mi
delis “ Iowanesa da Ep't'wimes c'horebis " sat'aurisatwis » , dans Dž. Barda welidze et G . Č ’ohonelidze (édit.), K ’lasikʼuri da t'anamedrowe k 'art'uli mc'erloba, Tbilisi 1982 , p . 244 -250 ; 67 E. Hint'ibidze, K 'art'ul-bizant'iuri
literat'uruli urt'iert'obis ist’oriisat'wis, Tbilisi 1982, p. 262-331, 361-372 (titre anglais : E . Khintibidze , On the history ofGeorgian-Byzantine literary contacts ; résumé anglais p . 398 -415 ) ; 68 E . G . Hintibidze, Afonskaja gruzinskaja litera
turnaja škola , Tbilisi 1982, p . 49-75, 104 -128 (titre anglais : E . Khintibidze, On Mt. Athos Georgian Literary School, résumé anglais p . 129-137) ; 69 V . A . Nikitin , « Iverskij monastyr' i gruzinskaja pis'mennost'» , Bogoslovskie trudy 23, Moskva 1982, p . 94 - 118, surtout p . 98 - 103, 111- 112 ; 70 W . Boeder, « Die
georgischen Mönche auf dem Berge Athos und die Geschichte der georgischen Schriftsprache » , BK 41 1983, p. 85 -95 ; 71 H . Métrévéli, « Le rôle de l'Athos dans l'histoire de la culture géorgienne» , BK 41, 1983, p . 17 - 26 ; 72 K . Salia, « La littérature géorgienne » , BK 42 , 1984, p . 368 -378, notamment p. 370 ; 73 R .
Koller , « Johannes von Damaskus. Über die editorische Arbeit am Byzan tinischen Institut des Klosters Scheyern » , dans W . Suerbaum , F . Maier et G .
BARLAAM ET JOSAPHAT
Thome (édit.), Festschrift für Franz Egermann zu seinem 80. Geburtstag am 13. Februar 1985, München 1985, p. 163- 169, spécialement p. 165- 166 ; 74 K . Salia , art. « La littérature géorgienne » , Encyclopaedia Universalis X , Paris 1989 , p . 381-382 , surtout p. 381 ; 75 Ph . Almond, « The Buddha of Christen dom : a review of the Legend of Barlaam and Josaphat», RelStud 23, 1987 , p. 391-406 , surtout p . 400 -404 ; 76 H .Métrévéli, « Du nouveau sur l'Hymne de Joasaph » ,Muséon 100 , 1987 , p. 251-258 ; 77 R . A . Aguirre, Barlaam e Josafat en la narrativa medieval, coll. « Nova Scholar» ,Madrid 1988, p . 21-24 ; 78 M .
van Esbroeck , « Euthyme l'Hagiorite : le traducteur et ses traductions», REGC 4 , 1988 , p. 73 - 107 ; Esbroeck 18 ; Esbroeck 19 ; 79 K .- H . Uthemann, art. « Johannes von Damaskos» , Biographisch -bibliographisches Kirchenlexikon III, Herzberg 1992, col. 331-336 , notamment col. 334.
Les antécédents de la version grecque de Barlaam et Josaphat. BJ grec découle de la version géorgienne longue (IX®-Xe siècles), qui dépend elle -même
de la version arabe ismaélienne, à dater entre 750 et 900. Pour les éditions et traductions de l'arabe et du géorgien , cf. 80 M . Geerard , art. « 8120 . Vita Barlaam et Ioasaph » , CPG 3, 1979, p. 532 -535, surtout p. 533 -534 ; pourle texte grec, voir infra , « Editions et traductions de la version grecque de Barlaam et Josaphat» . Il n 'est pas nécessaire de postuler une version syriaque perdue de BJ pour aboutir à une filiation correcte . La preuve la plus concluante qu 'on puisse alléguer à l'appui de la filiation arabe- géorgien -grec est la preuve textuelle,
c 'est-à-dire que certaines formes verbales du texte grec ne s'expliquent que par
l'intermédiaire géorgien. Les noms propres des personnages principaux de BJ démontrent eux aussi clairement la filiation proposée . Les allégories serties dans
les différentes versions de BJ constituent un autre argument en faveur de la filiation arabe- géorgien -grec. Aucune allégorie figurant dans BJ arabe, mais manquant dans BJ géorgien , n 'est à relever dans BJ grec, alors que quelques allégories transmises en arabe et en géorgien manquent en grec. Cet argument est toutefois plus faible que les autres, vu la tendance des allégories à se détacher de l'ensemble d 'un contexte et à apparaître soit dans des collections
d 'allégories, soit séparément. Pour plus de détails concernant les antécédents de BJ grec, on consultera Peeters 5 , surtout p. 289-293, 298-307 ; 81 H . Bacht, art.
« Barlaam u . Joasaph » , RAC I, 1950 , col. 1193- 1200, notamment col. 1195 1196 ; Lang 33, p. 319 ; Leroy 34 , p. 101- 102 ; Downey 36 , p. 165 ; 82 D .M . Lang, « The life of the blessed lodasaph : A new oriental christian version of the
Barlaam and Ioasaph romance » , BSOAS 20 , 1957 , p. 389 -407, spécialement
p. 395-399 ; 83 F . W . Bolton, « Parable, Allegory and Romance in the Legend of Barlaam and Josaphat», Traditio 14, 1958, p . 359- 366 ; Tarchnišvili 40, p. 72 ;
84 W . B. Henning, « Die älteste persische Gedichthandschrift: eine neue Version des Barlaam und Joasaph » , dans H . Franke (édit.), Akten des 24. internationalen Orientalisten -Kongresses München , 28. August bis 4 . September 1957, Wiesbaden 1959, p . 305 -307, notamment p . 306 ; 85 c .r. par S . M . Stern , « David
Marshall Lang : The wisdom of Balahvar: a Christian legend of the Buddha
(Ethical and Religious Classics of East and West, Nº 20), London/New York
BARLAAM ET JOSAPHAT
71
1957 », BSOAS 22, 1959, p. 149-152, surtout p . 150 - 152 ; K 'ek'elidze 41 ; 86 D .M . Lang, art. « Bilawhar wa-Yūdāsaf» , EI I, 1960, p. 1251- 1254, spécia lement p. 1252- 1253 ; Lang 45, p. 62 ; Aubineau 51, p . 138 ; 87 D . Gimaret (trad . et comm .), Le livre de Bilawhar et Būdāsf selon la version arabe ismaélienne, coll. « Centre de recherches d'histoire et de philologie de la ive section de l'École Pratique des Hautes Études, IV : Hautes Études Islamiques et Orientales d'Histoire Comparée » 3, Genève/Paris 1971, p. 3-8 ; Lang 52, p. 114 ; Chinti
bidse 17, p . 38 -40 ; Khintibidzé 59, p. 281 ; Hintibidze,Gvaharija 61, p.41, 57 ; Keller et Linker 60, p. XVIII ; Hintibidze 63; Tiftixoglu 65 , p. 197; Hint'ibidze 67, p. 332 - 360; Hintibidze 68 , p. 75 - 104 ; 88 A . Gwaharia , « Balawarianis »
sp 'arsuliwersiebi, Tbilisi 1985, p. 137-144, 153; 89 J.C . Hirsh, Barlaam and losaphat: a Middle English Live of Buddha, coll. « Early English Text Society » 290 , London 1986 , p. 195-203 (= Appendix A : The Apologues of Barlaam and
losaphat); Almond 75 , p. 400-403; 90 M . B . Pitts, Barlam et Jozaphas.Roman du XIVe siècle en langue d 'Oc (BN. fr. 1049). Edition critique, traduction , notes et commentaires, coll. « Langue et littérature d'Oc » 5, Paris 1989, p. 323;
Esbroeck 18 ; Esbroeck 19. Sources de la version grecque de Barlaam et Josaphat. BJ est essen
tiellement d 'inspiration bouddhique et manichéenne. La source bouddhique ne se laisse pas ramener à un ouvrage précis de la tradition bouddhiste indienne. BJ est redevable au Buddha-carita et aux Contes de Jātaka aussi bien qu 'au Mahāvastu et au Lalita -vistara. Le rapprochement entre BJ et la légende du
Bouddha est fait pour la première fois dans un manuscrit du récit de voyage de Marco Polo , intitulé Il Milione, à savoir dans le manuscrit Donà delle Rose 224 du Civico Museo Correr de Venise. Il est toutefois peu probable que Marco Polo lui-même ait fait ce rapprochement, vu que les autres manuscrits du Milione ne contiennent qu 'un résumé de BJ sans rapprochement aucun avec la légende du
Bouddha. Cf. 91 L .F. Benedetto, Marco Polo. Il Milione, Firenze 1928, P . CLXXXII-CLXXXVII. En revanche, Diogo do Couto († 1616 ) a fait ce rappro chement expressis verbis dans son œuvre Da Asia (92 D . do Couto , « Decada quinta da “ Asia ” . Texte inédit publié d'après un manuscrit de la bibliothèque de l'Université de Leyde » , Boletim da Biblioteca da Universidade de Coimbra 13,
1937, p. 367). Notons qu 'en faisant le rapprochement de la légende de Bouddha et de BJ, Diogo do Couto croyait que l'Inde avait adapté BJ. Par la suite , on a prouvé que BJ est d'inspiration bouddhique et non pas l' inverse. Cf. à ce propos Esbroeck 19 . Nous croyons que les parallèles entre BJ et la légende du Bouddha ne se limitent pas à des détails comme les trois rencontres, contra 93 D . Gimaret, « Traces et parallèles du Kitāb Bilawhar wa-Būdāsf dans la tradition
arabe » , BEO 24, 1971, p . 97-133, à ce sujet.La tramede BJ nous paraît suivre de près la légende du Bouddha ; voir cependantGimaret 93, p. 97, qui s'appuie sur l'avis de l' éminent spécialiste du bouddhisme qu 'était A . Bareau, selon qui BJ est étranger à la tradition bouddhique, exception faite de quelques traces authentiques. De plus, Gimaret 93, p. 111- 131, semble vouloir réfuter la thèse selon laquelle BJ serait d 'inspiration bouddhique, en se fondant essentiellement
BARLAAM ET JOSAPHAT sur les allégories intégrées dans ce roman spirituel. Or, les allégories permettent en général mal de trancher des questions d 'origine ou de filiation d 'une auvre ;
cf. supra, « Les antécédents de la version grecque de Barlaam et Josaphat» .Les arguments de Gimaret 93, p . 97-98 , avancés contre les sources manichéennes de BJnous paraissent aussi discutables. Il souligne que les fragments découverts à Tourfan (dans le Sinkiang), qui constituent l'argument le plus sérieux en faveur
d'une origine manichéenne de BJ, datent des ix -Xe siècles et sont donc posté rieurs à la première version arabe de BJ. Cette observation est à nuancer, du fait que l'un de ces fragments , rédigé en persan archaïque et écrit en caractères manichéens, conserve les noms de Bilawhar et Būdāsf sous la forme de
« Bylwhr» et « Bwdysf» . Or, il est évident que « Bwdysf » est plus proche de « Bodhisattva » que n 'importe quelle autre forme conservée de ce nom . Il s'ensuit
que le fragment en question représente une tradition antérieure au premier texte arabe de BJ; la datation relativement tardive, quoique sans doute exacte , n 'y change rien . Le deuxième fragment de Tourfan , un texte turc en écriture mani
chéenne, contient la parabole du prince ivre. Ce passage revêt un intérêt parti culier dans le contexte des originesmanichéennes et bouddhiques de BJ. Il est intégré dans l'épilogue de BJ arabe imamite, rédigé par Ibn Bābūya ( + 991) , épilogue qui constitue une sorte de légende du Bouddha abrégée. Pour les
éditions de BJ arabe imamite, on consultera Gimaret 87, p. 27- 35 . A part les sources bouddhiques et manichéennes de BJ grec, Bacht 81, col. 1199, en signale quelques-unes de tradition hellénistique et antéchrétienne
en général. Tout d' abord , l' original indien ne connaît pas l'opposition entre le roi cruel et son bon fils. Dans la légende du Bouddha, le père, sans se mettre en colère ni passer aux menaces, ne fait que révéler à son fils sa crainte que celui- ci renonce à la succession au trône paternel et rejoigne les ascètes. La tension dans
les rapports entre le père et le fils n 'appartient néanmoins pas exclusivement à BJ grec et aux versions en découlant ; ce motif apparaît déjà dans BJ arabe ismaélien . L ' intégration fréquente de songes et de prédictions dans le récit
constitue également un motif typique du roman grec et de la littérature anté
chrétienne. Pour finir, on signalera le motif de la chasteté du fils de roi. Si ce motif n 'est pas étranger à la légende du Bouddha, il est agencé tout diffé
remment dans BJ grec, où la princesse essayant de séduire le fils du roi met à l'épreuve la chasteté de ce dernier en lui promettant de se convertir au christianisme pour le cas où il céderait à ses avances. Ce subterfuge n ' échoue
que grâce à l'intervention divine. L 'esprit de l' époque de la composition de BJ grec a lui aussi marqué ce roman spirituel. L 'auteur de BJ grec s'est complu à montrer la conformité de son roman aux Saintes Écritures et à l'enseignement des premiers pères de l'Église ; d 'où l'abondance de citations tirées de la Bible ou des æuvres d 'autorités telles
qu'Athanase d 'Alexandrie, Basile , Cyrille de Jérusalem ,Grégoire de Nazianze , Jean Chrysostome, Jean Climaque, Jean Damascène, Maxime le Confesseur et
Némésius d 'Émèse . Pour plus de détails sur les sources de BJ grec, on consultera 94 M . Steinschneider, « Ueber eine arabische Uebersetzung des
73 BARLAAM ET JOSAPHAT Barlaam und Josaphat » , ZDMG 5 , 1851, p. 89 -93 ; 95 E . de Laboulaye, « Le Barlaam et le Lalita Vistara » , Journal des débats politiques et littéraires, Paris, 26 juillet 1859, p . 1 - 2 ; 96 F. Liebrecht, « Die Quellen des “ Barlaam und Josaphat” » , dans A . Ebert ( édit.), Jahrbuch für romanische und englische Lite ratur 2 , Berlin 1860 , p. 314 -334, réimpr. dans 97 F. Liebrecht, Zur Volkskunde. Alte und neue Aufsätze, Heilbronn 1879, p. 441-460 ; 98 E . Cosquin , « La légende des saints Barlaam et Josaphat, son origine » , Revue des Questions historiques 28 (15€ année), Paris 1880 , p . 579-600 , réimpr. partielle sous le titre
de « La “ Vie des saints Barlaam et Josaphat” et la légende du Bouddha » dans 99 E . Cosquin , Contes populaires de Lorraine comparés avec les contes des autres provinces de France et des pays étrangers, et précédés d'un essai sur l'origine et la propagation des contes populaires européens 1, Paris (préf. 1886 )
1887, p .XXXXVII-LVI (= Appendice Al) ; 100 E . Cosquin , « Questions reli gieuses : La vie des saints Barlaam et Josaphat et la légende du Bouddha. - Une attaque contre le catholicisme. - Quelle est exactement l'autorité du Mar
tyrologe romain », Le Français, 1 déc . 1883, p.2 ; 101 W . Bang, « Manichäische Erzähler» , Muséon 44 , 1931, p. 1- 36 , surtout p. 7-11; Peeters 5, p . 293 ; Bacht 81, col. 1195, 1198 ; Lang 33, p . 306 - 307, 322 -324 ; Downey 36 , p . 165- 166 ; Lang 82, p . 389-390 ;Grumel 39, p .256-257 ; Henning 84 ; 102 P . Pelliot, Notes
on Marco Polo 1, Paris 1959, p. 81-82; Stern 85, p. 150 ; Lang 86, p . 1251 1252 ; 103 W . B . Henning, « Persian poetical manuscripts from the time of Rudaki» , dans W . B. Henning et E . Yarshater (édit.), A Locust's Leg, Studies in honour of S. H . Tagizadeh , London 1962, p. 89- 104, spécialement p.91-98 ; als Vermittler literarischen Gutes » , Temenos 2 , 1966 , p. 5 -21 ; 105 D . Gimaret, « Bouddha et les bouddhistes dans la tradition musulmane» , JA 257, 1969, p. 273 -316 ; Lang 52, p. 106 - 114 ; 106 A . Abel, « Influences du légendaire boud
dhique dans le légendaire islamique», RAL 26 , 1971, p . 53-61, notamment p. 56 57 ; 107 B . Altaner et A . Stuiber, Patrologie. Leben , Schriften und Lehre der Kirchenväter, 9e éd., Freiburg/Basel/Wien 1978 , p. 529-530 ; Keller et Linker 60, p. XI-XVII ; 108 B .I. Kuznecov, « Povest' o Varlaame i Ioasafe (k voprosu o
proizhoždenii) » , Trudy otdela drevnerusskoj literatury 33, Leningrad 1979, p. 238 -245 ; 109 J. Procopé, art. « Erbauungsliteratur I: Alte Kirche; 4 . 3 : Romanhafte Literatur », TRE X , p. 41 ; 110 R . W . Thomson , art. « Balavariani» , Dictionary of the Middle Ages II, New York 1983, p. 54-55 ; Gwaharia 88, p. 27 44 ; Hirsh 89 , p .XVII; Almond 75 , p . 391-392, 395 -400 , 403-406 ; 111 T . Calders i Artís (trad . et comm .), El Príncep i elMonjo, d ’Abraham ben Semuel ha-Levi ibn Hasday, coll. « Orientalia Barcinonensia » 2 , Sabadell 1987 , p. 19 23 ; 112 R . Grégoire, Manuale di agiologia . Introduzione a la letteratura
agiografica,coll. « Biblioteca Montisfani» 12 , Fabriano 1987, p . 272-273, 393 ; Aguirre 77, p . 15-20, 30 -39 ; Pitts 90 , p. 235-236 ; 113 W . J. Aerts, « Einige
Überlegungen zu Sprache und Zeit der Abfassung des griechischen Romans “Barlaam und Joasaph ” » , à paraître dans O . Engels et P . Schreiner (édit.), Die
Begegnung des Westens mit dem Osten . Kölner Symposium des Mediävisten
BARLAAM ET JOSAPHAT
verbandes, Sigmaringen 1993 ( ?) ; 114 J. Tubach, « Das Bild vom idealen Christen. Askese im Barlaam -Roman », à paraître dans le même volume; Esbroeck 19. Manuscrits de la version grecque de Barlaam et Josaphat. Comme Volk 3 ne sera, semble -t-il, pas publié , nous rapportons ici l'essentiel de ce qu 'il dit des manuscrits, vu l'intérêt de sa communication :
BJ grec ne nous est pas parvenu dans sa version originale. On distinguera
cing groupes demanuscrits, une forme du texte relativement proche de l'original perdu (U ) et quatre modifications ( A , B , C , D ). Quant au lemme de la version U , il suit de très près le type A1 signalé par Dölger 20 , p. 11-12 . On n' y trouve pas intégré l'ajout toŰ Aquaoxnvoð après Ιωάννου μοναχού, ανδρός τιμίου και εναρέτου, μονής του Αγίου Σάββα (Dölger 20 , p. 12). La version U est la seule à ne pas contenir de faux - sens ni de
lacunes. Les rares corruptions qu 'elle contient se limitent à des mots isolés qu 'on arrive facilement à corriger grâce à une comparaison systématique avec les autres versions. Le seul terme qui fasse difficulté est, d 'après Volk 3 , celui de Étavoida en tant qu 'attribut d 'Apollon dans un passage tiré de AA (115 J. Fr.
Boissonade, Anecdota Graeca, t. IV , Paris 1832, p . 247 ; 116 PG 96 , col. 1116 ; 117 G . R . Woodward et H . Mattingly (édit. et trad.), (St. John Damascene )
Barlaam and loasaph. Introd . by D . M . Lang, coll. LCL 34, London /Cambridge (Mass.) 1967, réimpr. 1983, p .410 ; cité d 'après LCL) : Τον δε ' Απόλλωνα παρεισάγουσι θεόν είναι ζηλωτήν, έτι δε και τόξον και φαρέτραν κρατούντα, ποτέ δε και κιθάρας και επαυθίδα, και μαν τευόμενον τούς ανθρώποις χάριν μισθού. D 'après Volk 3, il faut conserver cette vox nihili telle quelle dans le texte . En
revanche, 118 C . Alpigiano (édit., trad . et comm .), Apologia/Aristide di Atene, coll. « Biblioteca patristica» 11, Firenze 1988, p . 94 - 95 , propose une conjecture convaincante à partir de la version syriaque de AA, à savoirañxtpov.
Lamodification A présente beaucoup de différences par rapport au texte de U , quoique seulement dans les détails (changement d 'ordre des mots , abré viations de dialogues, synonymes fréquents remplaçant des termes rares, etc .). Mais le sens de certains passages est parfois défiguré par ces changements au point de devenir inintelligible .
La modification B constitue une transformation de U . Le rédacteur y a
intégré des éléments de U aussi bien que de A et a opéré selon toute probabilité des modifications sur son modèle , croyant ainsi améliorer la qualité du texte, ce
qui n 'est pas vraiment le cas. Le rédacteur de B raccourcit souvent ce qu'il considère comme des longueurs , sans être capable de se mettre à la place de ses prédécesseurs. Il en résulte souvent des difficultés de compréhension, voire des
faux-sens. De plus, des citations et des expressions imagées se trouvent souvent détruites. Les deux manuscrits attribuant BJ grec à Euthyme appartiennent à la modification B .
BARLAAM ET JOSAPHAT
Après un certain temps de coexistence, les modifications A et B forment peu à peu une sorte d 'amalgame. D 'autre part, on trouve, à l' intérieur de la modi
fication B , des manuscrits présentant un texte qui n 'entre pas tout à fait dans le cadre général de cette modification . Ajoutons à cela que la plupart des
manuscrits conservés de BJ grec appartiennent aux modifications A et B et qu'il faut en supposer la perte d'un nombre assez considérable, sans quoi l'on s'expliquerait mal les particularités à relever à l'intérieur de ces deux modi fications. A partir du milieu du XIe siècle , on observe une détérioration continue
de la qualité du texte des modifications A et B , modifications que l'on peut considérer comme inexistantes à partir du XVI° siècle.
La modification C représente une version systématiquement remaniée et très raccourcie fondée sur la version B . Elle réduit habilement la trame de BJ à ses passages les plus dramatiques, mais elle s' écarte par ce subterfuge de l' essence
de l'euvre en tant que dogmatique mise en forme de roman , voire roman dogmatique. Elle élimine les développements de dogmes théologiques dans la mesure du possible et n 'insère pas dans le récit AA dans son intégrité . Après le
XVIe siècle , il n' y a plus trace de la modification C dans la tradition manuscrite. La forme U et les modifications A , B et C sont conservées dans des manuscrits du début du XIe siècle ; Volk 3 prétend que ces groupes doivent donc
s'être formés quelques décennies, si ce n ' est des siècles avant cette date , sans quoi leur coexistence au début du XIe siècle serait exclue. Cette conclusion est à rejeter ; cf. supra, « Date et auteur de la version grecque de Barlaam et
Josaphat» . La modification D est de loin la plus récente , mais n 'est pas pour autant la plus mauvaise. Elle fut rédigée avec soin - sans doute sur l'Athos - aux XVII et
XVIIIe siècles sur la base de U et des modifications A et B . La modification A y tient la première place et a été mise à contribution sous une forme encore bien
conservée. Lamodification D se caractérise en outre par quelques ajouts récents à U , A et B . Elle a servi de base à l'édition du moine athonite 119 S.
Kechajoglu , ' lotopia ourypagetoa napà toð év ávious ’Iwávvov toŨ Δαμασκηνού διαλαμβάνουσα τον βίον των οσίων πατέρων ημών Βαρλαάμ και Ιωάσαφ ανέκδοτος ούσα εκδίδοται ήδη ελληνιστί υπό Σωφρονίου μοναχού Αγιορείτου εκ Ραιδεστού Κεχαγιόγλου επί τη βάσει μεμβραί νων χειρογράφων της εν τω αγιωνύμω όρει ιεράς σκήτεως της Θεοπρο
uńtopos " Avins, Athènes 1884 (référencemédiate). Si nous mentionnons cette édition dans la rubrique consacrée aux manuscrits, c 'est que la tradition manuscrite la concernant fait l'objet de controverses. Au XVIIIe siècle, la modification D était concurrencée par la forme U ; des manuscrits précieux de
ces deux branches de transmission en témoignent. D 'après Volk 3 , les manuscrits de la scite de sainte Anne cités par Kechajoglu 119 comme base de son édition n 'existeraient pas. Cette édition se fonderait sur d 'autres manuscrits
qu'il se fait fort d 'avoir identifiés, mais sur lesquels il ne nous apprend rien . Il
est toutefois peu probable que Kechajoglu 119 ait renvoyé expressément à des manuscrits inexistants dans l'intitulé de son édition.Grumel 39, p.259, soutient
76
BARLAAM ET JOSAPHAT
dans son commentaire sur cette édition qu'il vaudrait la peine de rechercher les manuscrits auxquels Kechajoglu 119 fait allusion. Volk 3 relègue ce renvoi dans le domaine de la fiction .
Éditions et traductions de la version grecque de Barlaam et Josaphat. Pour les éditions de BJ grec, on consultera Geerard 80, p . 532, à quoi on ajoutera Koller 73 , qui fournit des informations sur l'édition en préparation à l'Institut
Byzantin de Scheyern (Allemagne), et Alpigiano 118, p. 38-45, qui traite de la tradition du texte grec de BJ. Dans les éditions accessibles actuellement, on n ' a pas mis à contribution la forme U qui représente la tradition manuscrite la plus proche de l'original grec (cf. supra , « Manuscrits de la version grecque de Barlaam et Josaphat» ). L 'amalgame que forment, après un certain temps de
coexistence, les modifications A et B (cf. supra, «Manuscrits de la version grecque de Barlaam et Josaphat» ) et qu'on retrouve dans le Paris. gr. 903, utilisé, quoique non systématiquement, par Boissonade 115 , se répercute sur la qualité du texte de cette édition . Le passage contenant l'allégorie de la licorne
est là pour en témoigner (cf. à ce propos Volk 3). Dans une lettre du 26 juillet 1991, le Dr. R . Volk a eu l'obligeance de nous communiquer la référence exacte de l'édition en préparation à l' Institut Byzantin de Scheyern (Allemagne ) : 120 Institut Byzantin de Scheyern (édit.), coll. « Die Schriften des Johannes von
Damaskos, herausgegeben vom Byzantinischen Institutder Abtei Scheyern » 6 , dans le cadre de la coll. « Patristische Texte und Studien » , Berlin New York . Les éditeurs de Scheyern ne tiendront pas compte d'un des manuscrits les plus
importants de BJ grec , à savoir du Paris. gr. 1771, à dater du XVe siècle.Mais, malgré cette date tardive et l'incorrection de la langue, le manuscrit en question appartient à une branche de transmission assez proche de l'original. Euthyme a
réellement été xaonynths de la laure de Saint-Athanase , fonction attestée par le lemme du Paris. gr. 1771 (cf. Peeters 5, p. 283). Signalons encore trois tra ductions de BJ grec que Geerard 80 ne mentionne pas : ( 1) 121 F . Liebrecht, Des heiligen Johannes von Damascus Barlaam und Josaphat. Aus dem Griechischen übertragen von Felix Liebrecht. Mit einem Vorwort von Rudolph von Becken
dorff, Münster 1847 ; (2 ) 122 L . Burchard , Die Legende von Barlaam und Josaphat, zugeschrieben dem heiligen Johannes von Damaskus. ( Aus dem Griechischen übersetzt von Ludwig Burchard ), München (1924 ), (référence
médiate ] ; ( 3 ) 123 S . Ronchey, P . Cesaretti (trad. et comm .), Vita bizantina di Barlaam e Ioasaf, coll. « Le Saghe» , Milano 1980 . Pour les versions latines, on
consultera Geerard 80, p. 534, à quoi on ajoutera 124 H . Fros (édit.), Bibliotheca Hagiographica Latina antiquae et mediae aetatis, novum supplementum , coll. « Subsidia Hagiographica » 70 , Bruxelles 1986 , p . 115 -117. Sur la date (1047) et l'auteur de la version latine la plus ancienne (BHL 979), cf. 125 P . Chiesa, « Ambiente e tradizioni nella prima redazione latina della leggenda di Barlaam e
Josaphat» , StudMed 24, 1983, p .521-544, surtout p .524 -526 . Cette version suit la modificatin A de la tradition manuscrite de BJ grec ; il en est de même pour la Vulgate latine (BHL 980 ) (cf. Volk 3), qui date du XII° siècle. L 'hypothèse de Volk 3 , selon laquelle la Vulgate latine pourrait être antérieure à BHL 979, ne se
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défend pas. Cf. à ce propos Grumel 39, p . 258 ; 126 H . Peri < Pflaum > , « La plus ancienne traduction latine du roman grec de Barlaam et Josaphat et son auteur » ,
Studi mediolatini e volgari, a cura dell'Istituto di filologia romanza della Università di Pisa 6 - 7 , Bologna 1959, p . 169- 189, surtout p . 171 ; 127 H . Peri
< Pflaum > , Der Religionsdisput der Barlaam -Legende, ein Motiv abend ländischer Dichtung, coll. « Acta Salamanticensia, serie de filosofía y letras» 14 , 3 , [Salamanca) 1959, p . 125 ; Grégoire 43, p . 422 ; Chintibidse 17, p. 33 ;
Hirsh 89, p . XIX . La version latine la plus proche de BJ grec est celle de Jacques de Billy ( † 1581), publiée dans (116 ) PG 96 , col. 859-1239, avec le texte de l'original grec en regard , et dans 128 PL 73, col. 443-606 . Notons que le lemme manque dans PL 73 ( 128). Nous ne pouvons pas trancher la question de savoir si
la version française de Jean de Billy († 1580) est fondée sur BJ grec ou sur la version latine de Jacques de Billy († 1581). Elle ne provient en tout cas pas de
BHL 980 , étantdonné le jugement très défavorable porté par Jean de Billy sur ce texte . La version française de Jean de Billy est publiée dans 129 J.- P . Migne ( édit.), art. « Barlaam et Josaphat (Saints ) » , Dictionnaire des légendes du christianisme,... contenant des documents sur l'origine de chacune de ces pièces, et sur la langue dans laquelle elles ont été écrites, avec traduction de la plupart en français, par M . le comte de Douhet, Paris 1855 , réimpr. Turnhout 1989, col. 59-252 . Pour ce qui concerne la version française de BJ rédigée par
130 A . Girard († 1679), Histoire de Josaphat, roy des Indes, tirée de S. Jean Damascène , Paris s.d . [ 1642], réimpr. 1643, elle est traduite de BHL 980. La traduction fragmentaire de BJ grec en ancien français, publiée par 131 P .Meyer, « Fragments d' une traduction française de Barlaam et Joasaph faite sur le texte
grec au commencement du treizième siècle » , Bibliothèque de l'École des Chartes 27, 2 (6e série ), Paris 1866 , p . 313-334, ne nous est parvenue qu 'en marge d 'un manuscrit de la modification C de ce roman spirituel. Par consé quent, cette traduction repose directement sur la modification C , sans inter médiaire latin (cf. Volk 3). Les manuscrits slavons mis à contribution pour
l' édition de la version de BJ grec en vieux slave présentent des textes légère ment différents les uns des autres, mais suivant sans exception la modification B
( cf. Volk 3). Ce texte a été édité par 132 I.N . Lebedeva (édit. et comm .), Povest o Varlaame i loasafe . Pamjatnik drevnerusskoj perevodnoj literatury XI-XII vv. ; podgotovka teksta , issledovanie i kommentarij 1. N . Lebedevoj; otvetstvennyi
redaktor 0 . V . Tvorogov, Leningrad 1985. A propos de cette version slavonne, on consultera encore : 133 I.N . Lebedeva, « О drevnerusskom perevode povesti
o Varlaame i loasafe» , Trudy otdela drevnerusskoj literatury 33, Leningrad 1979, p. 246-252; 134 I. N . Lebedeva, « K istorii drevnerusskogo prologa : Povest' o Varlaame i Ioasafe v sostave prologa» , Trudy otdela drevnerusskoj literatury 37, Leningrad 1983, p . 39-53 ; 135 I.N . Lebedeva, Slovoukazateľk
tekstu « Povesti o Varlaame i loasafe », pamjatnika drevnerusskoj perevodnoj literatury XI-XII vv. ; sostaviteľ I. N . Lebedeva ; otvetstvennyi redaktor 0 . V .
Tvorogov, Leningrad 1988.
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BARLAAM ET JOSAPHAT Postérité de la version grecque de Barlaam et Josaphat. Pour les versions
arménienne, arabe chrétienne et éthiopienne, on consultera Geerard 80 , p. 535. Quant aux versions de BJ conservées en langues romanes, cf. 136 F . Brunhölzl
et al., art. « Barlaam und Joasaph (Barlaam und Josaphat) » , Lexikon des
Mittelalters I,München /Zürich 1980, col. 1464- 1469, notamment M . Vuijlsteke, art. « Barlaam und Joasaph (Barlaam und Josaphat), B , IV : Romanische Litera
turen » , col. 1466 , à quoi on ajoutera l'édition la plus récente de la version provençale de BJ (Pitts 90 ) et une étude sur les traces cathares qu ’on a longtemps cru pouvoir repérer dans cette version : 137 T. Bräm , La version
provençale de « Barlaam et Josaphat» – une æuvre cathare ?, Konstanz 1990. On signalera aussi une étude très importante sur les versions roumaines de BJ:
138 H .Mazilu, Varlaam şi Ioasaf; istoria unei cărţi, coll. « Confluente» , Buca resti 1981, surtout p. 77 -158. Pour ce qui concerne les versions anglaises de BJ, cf. Brunhölzl 136 , spécialement H . Sauer , art. « Barlaam und Joasaph (Barlaam und Josaphat), B , V : Englische Literatur », col. 1466 - 1467, à quoi on ajoutera l'édition récente d'une version anglaise de BJ datant du XVe siècle (Hirsh 89). Pour les versions allemandes de BJ, cf. Brunhölzl 136 , surtout H . Rosenfeld , art. « Barlaam und Joasaph (Barlaam und Josaphat), B , VI: Deutsche Literatur» , col. 1467- 1468, à quoi on ajoutera l'édition d ' une version allemande de BJ datant du
xve siècle : 139 S. Calomino, From verse to prose : The Barlaam and Josaphat legend in fifteenth -century Germany, coll. « Scripta Humanistica » 63, Potomac 1990 . Pour les littératures scandinaves, cf. Brunhölzl 136 , notamment H . Ehrhard , art. « Barlaam und Joasaph (Barlaam und Josaphat), B , VII : Skandi
navische Literaturen » , col. 1468 -1469, à quoi on ajoutera : 140 M . Rindal (édit.), Barlaams ok Josaphats saga, utgjeven for Kjelderskriftfondet ved Magnus Rindal, coll. « Norrøne Tekster» 4, Oslo 1981 ; 141 M . Rindal,
Ortografi, fonologiog morfologi i Sth . perg. fol. nr. 6 (Barlaams ok Josaphats saga ), coll. « Nordisk Institutts skriftserie » 13, Oslo 1987.
Iconographie de Barlaam et Josaphat. Le motif de BJ le plus souvent représenté est l'allégorie de la licorne, appelée aussi allégorie de l'hommedans le puits. Les représentations de AA ne font néanmoins pas tout à fait défaut. Aussi peut-on relever des gravures sur bois dans la version suivante de BJ en vieux haut-allemand : 142 [H ]je vahet ann eyn gar loblich vnnd heylsam christ
glaubigen cronica . Sagend von eynem heiligen künig mit namen Josaphat. wie der ward bekeret von eynem heyligen vatter vnnd aynsideln genant Barlaam , Auxburg, vers 1476 (référence médiate). La question de savoir si ces gravures
sur bois sont à attribuer à Zaïner ou à son élève J. Bämler n ' est pas encore définitivement tranchée (cf. Pitts 90 , p. 324). Les gravures en question sont évoquées et reproduites dans 143 E . A . Wallis Budge ( éd ., trad. et comm .), Baralâm and Yěwāsēt,being the Ethiopic version of a christianized recension of
the buddhist legend of the Buddha and the Bodhisattva . Vol. 1 : Ethiopic text ; vol. 2 : An English translation and introduction, etc., Cambridge 1923, réimpr.
New York 1976 , p. VI et les planches X -LXXIII à la fin du volume, AA étant représentée sur les planches XXXVII -XLVI. Les seules illustrations de peinture
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qu 'on connaisse de BJ sont conservées au monastère de Neamţu , en Moldavie : 144 I. D . Ştefănescu, « Le roman de Barlaam et Joasaph illustré en peinture » ,
Byzantion 7 , 1932, p. 347-369, signale une scène illustrant AA , où Josaphat menace le faux Barlaam (c.-à -d . Nachor) de le mettre à mort pour le cas où il ne sortirait pas vainqueur du discours opposant les adeptes du christianisme à ceux
du paganisme (cf. Ştefănescu 144, p. 362). AA est également illustrée par un nombre assez important de miniatures dans le manuscrit russe Leningrad n° 71 . Le discours du faux Barlaam (c 'est-à -dire Nachor) étant centré sur la réfutation du paganisme, on a surtout représenté des scènes d 'idolâtrie (cf. à ce propos Der
Nersessian 26 , p. 27-28, 48, 52). L 'ouvre de Der Nersessian 26 constitue de loin la référence la plus importante sur l'iconographie de BJ. Pour plus d 'infor
mations à ce sujet, on consultera 145 B . Dorn , « Note 17 : Ueber eine Hand
schrift der arabischen Bearbeitung des Josaphat und Barlaam » , Bulletin de la classe historico-philologique de l'Académie Impériale des Sciences de St. Pétersbourg 9 (n° 211, 212), St. Pétersbourg /Leipzig 1852, col. 305 -323, surtout col. 312 , 315 -317 ; 146 K . Krumbacher, Geschichte der byzantinischen Lite
ratur, München 1897, p . 777 ; Bacht81, col. 1195 ; Leroy 34 ; 147 K . W . Forster, art. « Barlaam und Joasaph » , Lexikon der christlichen Ikonographie 1, Rom /
Freiburg /Basel/Wien 1968, col. 244 -245 ; 148 0 . Odenius, « Der Mann im Brunnen und der Mann im Baum . Ein ikonographischer Beitrag » , dans W . Escher, T . Gantner et H . Trümpy ( édit.), Festschrift für Robert Wildhaber zum
70. Geburtstag am 3. August 1972, Basel 1973, p.477-486 ; 149 R . Pitman et J. Scattergood , « Some illustrations of the unicorn apologue from Barlaam and
loasaph » , Scriptorium 31, 1977, p.85- 90 ; Brunhölzl 136 , spécialement K . Wessel, art. « Barlaam und Joasaph (Barlaam und Josaphat), C : Ikonographische Darstellungen » , col. 1469 ; 150 O . Wimmer et H . Melzer, art. « Josaphat,
Königssohn in Indien, Hl. (Joasaph) », Lexikon der Namen und Heiligen , bearbeitet und ergänzt von J. Gelmi, 6 . verb . u . erg. Aufl., Innsbruck/ Wien 1988, p. 453 ; Pitts 90, p . 324-325 ; 151 E . M . Jeffreys, M .J. Jeffreys, A . Cutler et A . Kazhdan , art. « Barlaam and Ioasaph » , The Oxford Dictionary of Byzantium I, New York/Oxford 1991, p . 256 -257 (beaucoup d 'erreurs dans
« Zur Ikonographie des Barlaam -Stoffs » (à paraître dans 0 . Engels et P . Schreiner (édit.), Die Begegnung des Westens mit dem Osten. Kölner Sympo sium des Mediävistenverbandes, Sigmaringen 1993 (?) ).
Études d 'orientation sur Barlaam et Josaphat. Pour les articles et ouvrages publiés avant 1886 , on consultera la bibliographie raisonnée de 153 V . Chauvin , Bibliographie des ouvrages arabes ou relatifs aux Arabes publiés dans l'Europe chrétienne de 1810 à 1885 3 , Liège/Leipzig 1898, réimpr. Xerox Copy Ann
Arbor, Michigan , University Microfilms 1967, p. 83-112 ; 154 M . Jugie, art. « Barlaam e Ioasaph (losaphat)», Enciclopedia Cattolica II, Città del Vaticano 1949, col. 858 ; pour les articles et ouvrages parus jusqu 'en 1959, on consultera la bibliographie raisonnée de Peri 127 , p. 224 -262 ; 155 P . Pelliot,
Notes on Marco Polo 2 , Paris 1963, p .750-752 ; Lang 86 ; 156 D .M . Lang, art.
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« Barlaam and Josaphat» , Encyclopaedia Britannica III, 1964, p . 167-168 ; Woodward, Mattingly 117 : introduction par D . M . Lang, p . IX -XXXV ; Hint'ibidze 49, p . 8 - 14 ; bibliographie p . 184 - 193 ; Gimaret 87 , p . 3 -64; 157 B .
Studer, art. « Jean Damascène ou De Damas ( saint), † vers 750 » , DSp VIII , 1974 , col. 452-466 , notamment « Le roman de Barlaam et Joasaph » , col. 464
466 ; Geerard 80 ; Keller et Linker 60 , p . XI-XXIV ; 158 F. Köprülü , art. « Berle 'am ile Yûdâsef» , İslâm Ansiklopedisi II, Istanbul 1979, p. 558 -560 ; Brunhölzl 136 ; Mazilu 138, p . 5 -76 ; 159 M . B . Pitts, « Barlaam and Josaphat :
A legend for all seasons » , Journal of South Asian Literature 16 , 1981, p. 3- 16 ; Hint'ibidze 67 , p . 262-372 ; bibliographie p . 416 -431; Hintibidze 68 ; Gwaharia 88, p . 8 -26 ; 160 C . Andresen , art. « Aristides» , RGG 1, 1986 (3e éd ., réimpr. de l' éd . 1957), col. 596 -597 ; Hirsh 89 , P . XV-XXVII; Almond 75 ; Calders i Artís 111, p . 19-23, 62-63; 161 J. P . Asmussen , art. «Barlaam and Iosaph [ sic ] » ,
Encyclopaedia Iranica III, 1989, p . 801; Pitts 90 , p. 263-310 ; bibliographie
p. 326 -334 ; Calomino 139 , p. 1 -11; Esbroeck 18 . Apologie d 'Aristide. A propos de AA proprement dite , on ajoutera aux
informations de Pépin 1 et de Mahé 2 : Éditions et traductions de l'Apologie. 162 M . Picard (trad. et comm .),
L 'Apologie d 'Aristide, Paris 1892 (thèse de doctorat souvent mal citée ; traduction de AA telle qu'elle est conservée dans BJ p . 22-39). 163 G . Ruhbach , Altkirchliche Apologeten , coll. « Texte zur Kirchen - und Theologiegeschichte >>
1,Gütersloh (1966 ), (texte de AA p. 15-28, édité d 'après 164 J.Geffcken , Zwei griechische Apologeten , Leipzig /Berlin 1907, réimpr. 1970 , p . 3 -27). On relè vera quelques inexactitudes dans la bibliographie de Ruhbach 163, p . 9 - 11 : 165 J. C . T. De Otto , Corpus Apologetarum Saeculi Secundi 9 , lenae 1872,
p . 342-348, signalé dans la rubrique des éditions, contient en réalité : le témoi gnage d 'Eusébe et des témoignages postérieurs de AA, p . 342 -343 ; une lettre de Constantinos Kontagonis à J. C . T . De Otto , p. 343- 344 ; le témoignage des martyrologes édit. Rosweyde, Anvers 1613, et Usuardus, Paris 1718 , où il est
question de Dionysius l’Aréopagite , martyr dont Aristide d 'Athènes aurait dénoncé à la justice de l'empereur la mise à mort, avec commentaire, p . 344
346 ; le témoignage du martyrologe sur Aristide d 'Athènes, avec commentaire , p. 346 -348.
On consultera surtout Alpigiano 118 (introduction traitant de la probléma tique de l'auteur, du destinataire et de la datation de AA , de sa structure, de sa thématique ainsi que des critères selon lesquels le texte a été établi, p. 7-48 ; table des sigles, p . 49 -51 ; texte grec avec traduction italienne et traduction italienne de la version syriaque en regard , p. 53- 127 ; riche commentaire portant
sur les sources d'Aristide et les traces qu'a laissées AA dans la littérature religieuse et profane, p. 129 - 184 ; traduction italienne de la version arménienne, p . 185 -188 ; abréviations, p . 189; riche bibliographie , p . 191- 197 ; références
bibliques, p . 199 ; index des noms, p. 201; glossaire complet, p. 203-213. Quelques inexactitudes dans la bibliographie , p. 191: l' étude de De Otto 165 est mentionnée dans la rubrique des éditions et traductions; la thèse de Picard 162
81 BARLAAM ET JOSAPHAT est citée sous R . Picard). L 'intérêt de cette édition réside dans le fait que les fragments conservés sur papyrus ont été mis à contribution pour l' établissement du texte grec complet de AA. 166 C .r. de Alpigiano 118 par G . Puccioni, CCC 9, 1988, p . 383 , et par 167 P. Carrara, Prometheus 14 , 1988, p. 189- 190 . Dans le contexte de BJ, on n 'applique d'ordinaire le terme de fragments de AA qu 'aux passages conservés sur papyrus. Le fait que 168 C . Vona ( édit., trad. et comm .), L'Apologia di Aristide, coll. « Lateranum » NS 16 , 1-4, Roma 1950 , présente le
texte conservé dans BJ grec comme fragmentaire n'y change rien , vu que AA y est introduite intégralement. Aussi ne peut-on pas considérer comme Pépin 1, p. 366 , les éditeurs qui se sont seulement servis de la version de AA conservée
dans BJ (169 E . Hennecke, Die Apologie des Aristides, coll. TU 4, 3 , Leipzig 1893, Geffcken 164 et Vona 168) comme éditeurs des fragments grecs de celle
ci. Seule la dernière des références données par Pépin 1 , p. 366, à savoir 170 C . Alpigiano , « L 'Apologia di Aristide e la tradizione papiracea » , CCC 7 , 1986 , p. 333- 357 , concerne les fragments POxy 1778 et PLitLond 233, qui nous sont parvenus sur papyrus.
Version syriaque de l'Apologie. 171 K . Julius (trad. et comm .), Des Aristides von Athen Apologie. Mit Berücksichtigung der griechischen und armenischen Bruchstücke aus dem Syrischen übersetzt..., coll. « Bibliothek der Kirchenväter » 1, Kempten München , 1913. Les notes de 172 R . Raabe (trad. et comm .), Die Apologie des Aristides, coll. TU 9, 1, 2, Leipzig 1892 , p.63- 97, ne portent pas sur la doctrine de AA, mais sur les sources d 'Aristide d 'Athènes et
sur la mythologie . Date de l’Apologie. D 'après Alpigiano 118 , p. 10, AA serait antérieure à l'Apologie de Justin , et aurait été rédigée entre 124 et 140. Pour la date du voyage de l'empereur Hadrien à Athènes, Alpigiano 118 , p. 8, donne deux dates différentes, à savoir 124 - 125 et 128- 129, sans trancher. En revanche, la dédicace à Antonin le Pieux († 161) (cf. Alpigiano 118, p. 129 -130 ) n'est pas sujette à
caution , quoique certains critiques l'aient considérée comme interpolée, du fait qu'elle pèche contre la grammaire. Mais cela pourrait être dû à la transmission
syriaque ou au processus d 'adaptation de AA d'une version à l'autre. Le seul problème que pose l'évaluation de la dédicace est l'impossibilité apparente de justifier la vaste diffusion de la tradition selon laquelle AA aurait été adressée à l'empereur Hadrien. Toutefois , l'état actuel de la recherche permet d 'émettre l'hypothèse qu 'elle aurait été rédigée au temps d'Hadrien , mais que l'auteur, surpris par la mort de ce dernier, aurait dû la présenter à son successeur en la lui dédicaçant, après quoiplusieurs versions de la dédicace auraient eu cours. Sur la problématique de la dédicace, cf. aussi 173 H .J. Oesterle, « Textkritische Bemerkungen zur “ Apologie ” des Aristides von Athen », ZDMG 130, 1980, p. 15-23. 174 K . G . Essig , « Erwägungen zum geschichtlichen Ort der Apologie des Aristides » , ZKG 97, 1986 , p . 163- 188, relègue AA dans le domaine de la fiction (p . 185- 187), soulignant qu 'on ne connaît pas le motif qui aurait incité Aristide d 'Athènes à adresser un écrit de défense à Antonin le Pieux. En outre ,
on devrait trouver dans l'agencement de AA une tendance pédagogique posant le
BARLAAM ET JOSAPHAT
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problème de l'autorité de l' empereur, ce qui est le cas pour l'Apologie de Justin († 165), mais non pour celle d ' Aristide d 'Athènes. Vu le but purement propa gandiste de AA, la reconstruction de la dédicace, si elle est en elle -même possi
ble, ne permet pas pour autant de situer ce document chronologiquement. Le témoignage d 'Eusébe, d 'après lequel AA serait, après le fragment attribué à Quadratus (DM II), l'apologie chrétienne la plus ancienne qui nous soit parvenue, est contesté par Essig 174 , p . 165- 166 , qui insiste sur le fait que le
renvoi à la composition des deux apologies sous l'empereur Hadrien constitue le seul rapport entre ces documents . Les rattacher l'un à l'autre du point de vue chronologique reviendrait donc à souscrire aux informations données par Eusébe, dont l’æuvre n 'est guère à considérer comme une source digne de foi.
De fait, Essig 174 , p . 165 - 166 , nie catégoriquement qu 'Aristide pourrait avoir
dédié AA à l' empereur Hadrien, malgré les assertions d'Eusébe. Ce dernier n 'aurait probablement pas connu ce texte, sans quoi il en aurait analysé le
contenu. La tradition désignant Hadrien comme destinataire du fragment conservé de l’Apologie de Quadratus serait elle -même d 'autant plus sujette à
caution que ce texte ne donne pas l'impression d ' être aussi ancien que le laisse raient croire les assertions d'Eusébe. Aristide d'Athènes pourrait avoir rédigé AA après Justin , sans avoir connu ce dernier , Eusébe s'étant inspiré d'une fausse transmission en ce qui concerne le destinataire de Aa . Cf. encore 175 H . Doulcet, Essai sur les rapports de l'Église chrétienne avec l'État romain pendant les trois premiers siècles. Suivi d 'un Mémoire relatif à la date du martyre de Sainte Félicité et ses sept fils et d 'un appendice épigraphique (thèse de doctorat ), Paris 1882 (AA p . 72-73), réimpr. 1883 .
Contenu de l’Apologie . Au thème très important de la répartition du genre humain en différentes races, signalé par Pépin 1 , p. 367, on ajoutera que le passage en question manque dans les fragments grecs de AA. C 'est ainsi que s 'explique l'hypothèse d 'Alpigiano 118, p. 137, selon laquelle l'auteur de BJ aurait introduit la division du genre humain en trois catégories.Néanmoins, cette hypothèse est discutable , le passage en question s' inspirant de la tradition
ancienne qui ne mentionne toujours que trois catégories (cf. à ce propos Geffcken 164, p . 41) .
Sources et doctrines de l'Apologie . D 'après 176 B . Altaner, art. « Aristides von Athen » , RAC I, 1950, col. 652-654 , il est peu probable qu 'Aristide ait été
bien initié à l'œuvre des philosophes antiques; à peine pourrait-on lui supposer la connaissance d 'une æuvre doxographique. Il a probablement puisé dans un
manuel de vulgarisation de philosophie ; cela expliquerait le syncrétisme philo sophique dont il fait preuve dans son cuvre, tendance que les critiques affirment d ' un commun accord. Même Geffcken 164, p . 35 -38, qui a particulièrement insisté sur les influences stoïciennes à relever dans le premier chapitre de AA,
soutient qu'Aristide n 'avait pas de formation philosophique. D 'après lui, les influences stoïciennes seraient redevables à un fond commun d 'idées en cours à l'époque. On ne peut toutefois pas réfuter la thèse de Geffcken 164 en tirant argument du fait qu ' Aristide aurait pu s 'inspirer aussi bien de Platon et
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d'Aristote que des stoïciens, comme l'a fait Altaner 176 , col.652. A propos du syncrétisme d ' Aristide d' Athènes, Alpigiano 118, p. 15, affirme que le christianisme ne puisera directement dans les æuvres de Platon et d 'Aristote que dans une période plus tardive. Pour le chapitre 12 de AA, où Aristide s ' en prend
au culte voué par les Égyptiens aux animaux et aux plantes, il a probablement tiré son information sur la mythologie d 'un traité de tendance syncrétique répandu pendant les siècles de lutte contre les croyances populaires. Ces traités, dont la plupart se sont perdus, étaient rédigés dans des milieux philosophiques très divers : épicuriens, stoïciens, sceptiques et cyniques (cf. à ce propos Altaner 176 , col. 652) . Si l'on ne peut pas relever des empreintes de telle ou telle cuvre
philosophique, littéraire ou historique chez Aristide, l'on ne saurait pour autant prétendre avec Essig 174 , p. 188 , que AA n 'ait commencé à influer sur la littérature et la théologie qu 'au moment de son intégration à BJ et de la réception de ce roman spirituel dans la littérature arménienne. Aussi Alpigiano 118 , p . 129- 184 , signale -t- elle plusieurs auteurs influencés – ne serait-ce qu 'indi
rectement - par AA , dont Origène, Tertullien et Eusèbe de Césarée. Aristide d' Athènes aurait à son tour puisé dans l'euvre des présocratiques, de Platon ,
d'Aristote et de Philon d 'Alexandrie ;mais là encore, l' on ne saurait lui supposer une connaissance directe des auteurs cités. Il en est de même pour Hésiode, Hérodote , Isocrate , Apollodore , Cicéron , Horace, Strabon , Diodore et Plutarque,
dont l'æuvre, sans constituer une source directe d ' Aristide d 'Athènes, aurait fait
partie du fonds culturel commun en cours à son époque et aurait par conséquent marqué AA. Il s 'ensuit que celle -ci s'inscrit parfaitement dans la pensée du 11€
siècle , constatation confirmée par le fait que les doctrines philosophiques et chrétiennes exprimées par Aristide d 'Athènes se retrouvent dans l'euvre
d'apologistes tels que Justin , Théophile, Athénagore d'Athènes et Tatien , aussi bien que dans celle d 'autres auteurs contemporains comme Polycarpe, Juvénal, Sextus Empiricus et Clément d 'Alexandrie . Pour plus de détails sur la doctrine,
cf. 177 W . Den Boer, « Hermeneutic problems in early christian literature » , VChr 1 , 1947, p . 150 - 167 (pour AA , voir surtout p . 155 -158 : Earliest opinions on the interpretation of pagan tradition : Aristides and Tatian . The technical
expressions QUOLXÓç and puOLXÁTepov) ; 178 J. Pépin ,Mythe et allégorie. Les origines grecques et les contestations judéo -chrétiennes, « nouvelle édition , revue et augmentée » , Paris 1976 , p.410 -412 ; Alpigiano 118 , p . 129- 184 ;
179 A . Wartelle , « Sur le vocabulaire du sacré chez les pères apologistes grecs» ,
REG 102, 1989, p.40-57. Tradition arménienne de l'Apologie. Traduction française des fragments arméniens, avec étude introductive, donnée par 180 L . Gautier, « Un fragment de
l'Apologie d 'Aristide retrouvé dans une traduction arménienne» , RThPh 12,
1879 , p. 78 -82. Traduction italienne donnée par Alpigiano 118 , p. 185-188. Études d 'orientation sur l'Apologie. 181 G . Bareille , art. « Aristide» , DTC I 2 , 1909, réimpr. 1937, col. 1864- 1867; Alpigiano 118 ; Pitts 90, p . 249-250. TONI BRÄM .
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BARȘAUMA DE QARDOU
VI 12a BARŞAUMA DE QARDOU Évêque de Qardou (la Topồunvý des géographes grecs, act. région de Cizre ,
rive orientale du Tigre, Kurdistan turc) et, à ce titre , signataire du synode du catholicos Joseph en 554 (Synodicon Orientale, p.336 Chabot). Selon la Chro nique de Séert, c 'est auprès de lui que « Kisrā Anūširwān (Chosroès [ - C 113 ], durant son séjour dans la région (= à l'occasion de la seconde guerre contre
Justinien ) a appris, dit-on , la philosophie » (II 24 ; PO VII, p. 147) ; il fit partie ensuite d 'une délégation de Maîtres (ar. malāfana = syr. malpânē, titre hono rifique nestorien ) envoyés par Chosroès à Justinien (Chronique de Séert II 33 ,
p . 187 ; étude de ce passage dans L . Sako, Le rôle de la hiérarchie syriaque
orientale dans les rapports diplomatiques entre la Perse et Byzance aux Ve- Vire siècles, Paris 1986 , p. 92-95, qui place cette ambassade en 546 -547). Le fait que
la Chronique de Séert mentionne de conserve Barşaumā de Qardou et Paul le Perse comme ayant enseigné la philosophie au Roi laisse à penser que le premier devait avoir écrit également un traité connu de philosophie dédié à Chosroès. MICHEL TARDIEU . BASILEUS → PORPHYRE
13 BASILIDE (Bаolhelons) RE 2 Gnostique qui enseigna à Alexandrie sous Hadrien (117-138 ), composa des 'E &nyntixá et fut le père d 'Isidore le Gnostique. Témoignages et fragments. La collection la plus complète avec texte partiel, sans traduction ni commentaire , est celle de 1 A . von Harnack , Geschichte der altchristlichen Literatur bis Eusebius, t. I, Leipzig 1893, p. 157- 161. Le texte entier et revu , mais sans traduction ni commentaire,de sept fragments seulement
est fourni par 2 W . Völker, Quellen zur Geschichte der christlichen Gnosis, Tübingen 1932, p . 38 -57, qui ajoute aux sept fragments les notices sur les
Basilidiens transmises par Irénée (Adv. Haer. I 24, 3- 7), l'Elenchos (VII 20-27) et Eusebe (H . E . IV 7, 5-8).
Études d 'orientation. D 'utiles éléments bibliographiques sont fournis dans 3 E .Mühlenberg, art. « Basilides » , TRE V , 1980, p. 300- 301. - Pour s'en tenir, dans le cadre de ce Dictionnaire, aux contributions portant sur des problèmes d 'histoire de la philosophie , sont à signaler: la dissertation doctorale de
4 P . J. G . A . Hendrix , De Alexandrijnsche Haeresiarch Basilides. Een bijdrage tot de geschiedenis der gnosis, Amsterdam 1926 , 127 p . (analyse de l' ensemble des fragments et notices, qui a le mérite de placer Basilide dans le contexte de la philosophie religieuse alexandrine). 5 H . Langerbeck, « Die Anthropologie der alexandrinischen Gnosis . Interpretationen zu den Fragmenten des Basilides und
Valentinus und ihrer Schulen bei Clemens von Alexandrien und Origenes»
[1948 ), repris dans ses Aufsätze zur Gnosis, hrsg . von H .Dörries, Göttingen 1967, p . 38 -82 (explique les positions de Basilide en éthique et en métaphysique dans le cadre du développement du platonisme et du stoïcisme aux fer- 11° s.).
6 G . Quispel, « L 'homme gnostique. (La doctrine de Basilide) », Eranos-Jahr
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buch 16 , 1948 , publié en 1949, p. 89-139 (adaptation anglaise dans J. Campbell
[ édit.), The Mystic Vision . Papers from the Eranos Yearbooks, coll. « Bollingen Series» XXX /6 , Princeton 1968, p .210-246, et reproduite dans G . Quispel, Gnostic Studies, Istanbul et Leiden 1974, t. I, p. 103-133) : rattache Basilide au moyen -platonisme et voit des parallèles avec les Oracles chaldaïques (théorie de la triple filialité ). Pour 7 H . A . Wolfson , « Negative attributes in the Church Fathers and the Gnostic Basilides » (1957), reproduit dans ses Studies in the History of Philosophy and Religion , edd. I. Twersky et G . H . Williams, Cambridge (Mass.) 1973, p . 131-142, les positions de Basilide en théologie négative seraient déterminées par des considérations de logique aristotélicienne. Selon 8 W . Foerster, « Das System des Basilides» , NTS 9, 1962- 1963, p. 233
255, les fragments éthiques de Basilide prônant la bonté de la Providence et la liberté des actes humains dans le cadre d'une harmonisation entre philosophie
grecque et gnose chrétienne, les doctrines attribuées à Basilide par Clément et autres sur la préexistence des âmes, la réincarnation, la divinisation du diable, le déterminisme et le libertinisme sont des conclusions malveillantes des auteurs chrétiens. Le point de vue de Quispel 6 est repris et développé par 9 H .J. Krämer, Der Ursprung der Geistmetaphysik . Untersuchungen zur Geschichte des Platonismus zwischen Platon und Plotin , Amsterdam 1964, 2e éd. 1967, p. 234 -238 . Le point de vue de Wolfson 7 est rejeté par 10 J. Whittaker,
« Basilides on the Ineffability of God » , HTHR 62, 1969,p . 367-371, repris dans ses Studies in Platonism and Patristic Thought, London 1984 , n° X . 11 P .Nautin , « Les fragments de Basilide sur la souffrance et leur interprétation
par Clément d'Alexandrie et Origène» , dansMélanges d 'histoire des religions offerts à H .- Ch. Puech , Paris 1974, p. 392 -403, prolonge l'étude de Foerster 8 en
signalant que le témoignage d 'Origène sur Basilide dans ses Commentaires de Matthieu etde l'Épître aux Romains dépend de la conclusion arbitraire (inutilité du martyre pour l'expiation des péchés) que Clément tire du fragment cité en Stromates IV 81-83 (fr. 3 Völker). Les présupposés psychologiques de la théorie éthique de Basilide ont été l'objet d'un examen extrêmement fouillé de la part de 12 A . Orbe , « Los " apéndices” de Basílides. (Un capítulo de filosofía gnóstica )» , Gregorianum 57, 1976 , p . 81- 107, 251-284. Alors que pour 13 M . Jufresa, « Basilides, a path to Plotinus» , VChr 35, 1981, p. 1-15, le Dieu de Basilide s'avère un précurseur de l’Un plotinien, 14 R . Mortley, From Word
to Silence, Bonn 1986, t. I, p. 157-158, et t. II, p . 28 -29, situe le transcen dantalisme de Basilide sur la non -existence de Dieu dans le droit fil de la sixième hypothèse du Parménide de Platon .
Source biographique et datation . Selon les Acta Archelai (67, 4 ; fr. 1 Völker), Basilide apparaît non longo post nostrorum apostolorum tempore. Cette datation est à préciser par les données des Tables chronologiques d'Eusébe et du Chronicon de Jérôme, lesquelles fixent le séjour de Basilide à Alexandrie dans la dix - septième année d 'Hadrien (p . 201 a Helm ), c 'est- à -dire en 133, la même année où commence en Palestine la révolte de Bar Kokhba (p . 201 b Helm ; Jérôme, De vir. inl. 21) . La reconstitution de l'histoire ecclésiastique des
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hérésies chez Clément d ' Alexandrie place Basilide « parmi ceux qui sont apparus au temps de l'empereur Hadrien et qui sont parvenus jusqu ' à l'âge
d 'Antonin le Pieux » (Strom . VII 106, 4 ). Autrement dit, l'activité de Basilide à Alexandrie prend fin lorsque commence à Rome celle de Valentin et de Cerdon , le « maître » de Marcion , dans la troisième année d 'Antonin le Pieux ( p. 202c
Helm ), c'est-à -dire en 140.Un tel synchronisme pourraitrépondre , de la part de l'historiographie ecclésiastique, au souci d 'établir une continuité dans la succession des hérésies. Rien n ' autorise cependant à faire descendre l'activité de Basilide jusqu'à l'extrême fin du règne d 'Antonin ( 160- 161) .
Le lieu d'origine et de formation de Basilide reste inconnu. Qu'il ait été élève de Ménandre à Antioche de Syrie et condisciple (ovoyohaoths) de Sator ninos/Satornilos (Eusèbe, H . E. IV 7 , 3 -4 ; Épiphane, Pan. XXIV 1, 5-6 ) est une opinion théologique d 'hérésiologues s'efforçant de construire une filiation
d 'hérésies se rattachant par Simon le Magicien aux temps apostoliques. De la même façon, l'affirmation des Acta Archelai, selon laquelle Basilide aurait été
praedicator apud Persas (67, 4 ; fr. 1 Völker), semble bien n 'être qu'une déduction arbitraire de l'auteur de cette compilation antimanichéenne, soucieux de situer le prophète iranien, Mani, dans la mouvance des hérésies chrétiennes. Enfin , que Basilide ait fréquenté à Alexandrie une colonie de marchands indiens
qui lui auraient enseigné les principes du bouddhisme (ainsi 15 J. Kennedy, « Buddhist Gnosticism , the System of Basilides» , JRAS 1902, p . 377 -415 ) reste une hypothèse gratuite . Les prétendues obscurités de Basilide, dans lesquelles Kennedy voit une influence indienne, peuvent s'expliquer à moindres frais par le
contexte philosophique grec local. D 'autre part, les témoignages épigraphiques de la présence de marchands indiens, au ir siècle, sur le sol égyptien concernent Leukos Limên , act. Qusayr al-Qadim , sur la côte de la mer Rouge, et non pas Alexandrie .
Les sources patristiques sont unanimes sur trois détails biographiques: Basi lide était chrétien, il exerça l'essentiel de son activité à Alexandrie sous Hadrien ,
ileut un fils qui s'appelait Isidore et qui fut son disciple (Clément, Strom . VI 53, 2 ; Elenchos VII 20 , 1) .
Basilide est le premier intellectuel chrétien connu de l'histoire de l'Église d ' Égypte. Il s'efforça de réfléchir à sa croyance en philosophe et en théologien ; et, cas qui n 'est pas fréquent dans l'histoire de cette Église, il mena cette
réflexion sans vouer aux gémonies qui que ce soit. Pour l'historien du gnosti cisme, il représente le premier gnostique ayant une réalité historique et littéraire
discernable. C' est dans cette perspective qu'il convient de comprendre la remar que lapidaire du Chronicon de Jérôme (p . 2010 Helm ), considérant Basilide
comme point de départ historiquement repérable du gnosticisme: A quo Gnostici.
Titres attestés. De l'œuvre écrite de Basilide, ne subsiste qu 'un seul titre qui soit étayé par des fragments : les ’EENyntixá. Ceux-ci comportaient au moins 24 livres, selon Agrippa Castor, Κατά Βασιλείδου έλεγχος, refutation perdue
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mais connue d 'Eusebe ( H . E . IV 7 , 6 -7 ). Le titre de cette æuvre s' explique par le fait que Basilide y exposait son système sous forme de commentaires d 'Écritures sacrées, qu 'il s'agisse principalement de versets bibliques et évangéliques, ou
qu ' il s'agisse aussi de óyou anóxpupoi, soit mis sous le nom d'apôtres comme
Glaukias, « interprète de Pierre » (Clément, Strom . VII 106 , 4 ) et Matthias (Elenchos VII 20, 1), disciple de Jésus et remplaçant Judas au sein des Douze,
soit attribuées à des « prophètes » fictifs comme Barkabba et Barkôph (Agrippa Castor ap. Eusébe, H . E . IV 7, 7 ; Jérôme, De vir. inl. 21 ; les étymologies par des appellatifs qu 'Épiphane, Pan . XXVI 2 , 2, donne du premier de ces noms
propres sont fausses). Les fragments qui subsistent de cette æuvre dans les Acta Archelai (fr. 1 Völker) et Clément (fr. 2 et 4 Völker) nementionnent aucun nom de philosophe.
La dérivation de Basilide par rapport à Aristote , que présente la notice de l' Elenchos (VII 14 ), est une extrapolation hérésiologique fondée sur le fait que le Stagirite était cité et mis à profit dans les Exegetica de Basilide, comme il l'est dans les Exegetica de son fils Isidore (voir infra ). En conséquence, l'Aristote cité et paraphrasé dans Elenchos VII 15 -19 pourrait provenir non de l'hérésiologue, mais, comme l'a signalé sur la base de correspondances litté raires 16 M . Marcovich (Hippolytus. Refutatio omnium haeresium , coll. PTS 25 , Berlin /New York 1986 , p. 24 , et 17 Id., « New Gnostic Texts » , dans ses Studies in Graeco -Roman Religions and Gnosticism , Leiden 1988 , p . 131-133), « d 'un traité de Basilide » lui-même, c' est-à -dire, à mon avis, d 'une doxographie
interne à l'un des livres des Exegetica. (Sur le témoignage de l'Elenchos, voir l' étude récente de J. Mansfeld , Heresiography in context. Hippolytus ' Elenchos as a source for Greek philo
sophy, coll. « Philosophia Antiqua» 56 , Leiden 1992.
T. D.]
Ces Exegetica de Basilide constituent l'œuvre unique de Basilide, car les
autres titres qui lui sont attribués,mais qui ne sont pas étayés de fragments, paraissent relever de l'imagination malveillante des hérésiologues. Ainsi, le nouus psalmorum liber dont parle le Fragmentum Muratorianum ( fin ire s., ou début lire s.) à propos de Basilide, mais aussi de Valentin , de
Marcion et des Montanistes (lignes 82 -84 ), semble bien n 'être qu 'une extra polation hérésiologique d 'un fait littéraire concernant Valentin seul. La même constatation vaut pour les wdai Baolheídou dont il est question chez Origène,
In Job XXI 11 ap. Pitra , Analecta Sacra, t. II, p . 368 ; elles aussi sont mentionnées à côté des paruol Oủarevtívov .
Quant à l'Eủayyéniov xatd Baoleiðnv, qui figure à la suite d'une liste d' évangiles apocryphes chez Origène, In Lucam I 2, il n 'a jamais existé ni sous
cet intitulé ni comme recension évangélique que commenteraient les Exegetica ,
ainsi que l'a montré en dernier lieu 18 P.Nautin , AEHE, ve sect. 84, 1975- 1976, p . 311-312 .
De l'œuvre d ' Isidore, fils et disciple de Basilide, trois titres sont attestés et illustrés par des fragments :
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(1) Les 'EENyntixà ToŨ nepoońtov Tapxáp, qui comprenaient au moins deux livres et dont trois fragments sont cités par Clément, Strom . VI 53, 2 -5 (fr. 6 Völker). Le « prophète Parkhôr» représente la figure du « vrai» philosophe,
c'est-à-dire du gnostique, ayant obtenu des révélations directes, à la différence
des philosophes grecs censés n 'avoir fait que des emprunts à des révélations déjà écrites.
(2) Un traité lepì tpoopvoŨC Quxñs, dont un fragment est cité par Clément, Strom . II 113 ,3 - 114 , 1 (= fr. 5 Völker). (3) Des 'HOixá , dont plusieurs fragments sont transmis par Clément, Strom . III 1, 1 - 3, 2 (= fr. 7 Völker), qu'Épiphane, Pan. XXXII 4 , 4 -9, recopie comme
matériaux destinés à grossir artificiellement sa notice sur les disciples de Sekundos et dontil change l'intitulé en MapaLVÉDELÇ/Tlapalvetixá. Les seuls philosophes mentionnés dans les fragments subsistants des Exege tica d'Isidore sont, dans le livre I, Socrate et Aristote , à propos de la doctrine du
savoir prophétique (nipoontixòv uáоnua ) et du rôle du daimôn intérieur; source : Aristote, fr. 193 Rose, fragment que l'éditeur rattache au lepi tõv
Πυθαγορείων, mais que L . Alfonsi prefere faire dépendre du Περί φιλοσοφίας
( 19 L. Alfonsi,« Intorno alle Menippee di Varrone», RFIC 30 , 1952, p.23 n. 3). [Le fragment a été récemment attribué au Ipoc toùç Mudayopelouç d'Aristote par Gigon (fr. 176 ).
T. D.)
Le livre II des Exegetica d 'Isidore polémiquait contre ceux qui se targuent de
philosopher, tel Depexúóns qui « théologise en allégorisant» , c'est-à-dire Phérécyde de Syros, dit le Théologien , auteur de l’' Entauuyos. Selon Isidore , Phérécyde aurait emprunté son υπόθεσις a la prophetie de Cham (ή του Χάμ
Tipoońtela ), fragment partiellement intégré dans DK 7 B 2 (t. I, p .47, 17-20). Survie de l'auvre et école. Il ne semble pas que l'æuvre écrite de Basilide et d 'Isidore ait survécu au -delà du IIIe siècle .
Elle fut connue de façon directe par Agrippa Castôr, son plus ancien témoin (ca 150 ), par Clément d 'Alexandrie et par l'auteur de l'Elenchos. Le caractère authentiquement basilidien de la documentation utilisée par ce dernier, long
temps contesté (20 A . Hilgenfeld , Die Ketzergeschichte des Urchristentums, Leipzig 1884, p . 195 -230 ; 21 E . de Faye, Gnostiques et gnosticisme, 2e éd., Paris 1925, p. 39-56 , 227-237 ; 21 R . McL . Wilson , The Gnostic Problem ,
London 1958, p. 123- 127), est largement admis aujourd 'hui (Hendrix 4 ; 22 G . Bardy, art. « Basilide » , DHGE VI, 1932, col. 1169- 1175 ; Quispel 6 ; 23 J. H . Waszink , art. « Basilides» , RAC I, 1950 , col. 1217 - 1125 ; Foerster 8 ; Mühlenberg 3 , p . 296 -300 ; Marcovich 16 et 17 ; bibliographie complémentaire dans 25 W . D . Hauschild , « Christologie und Humanismus bei dem “Gnostiker"
Basilides » ,ZNW 68, 1977, p.67 n . 2). L 'euvre écrite elle-même de Basilide et d' Isidore reste inconnue d'Origène,
qui n'ajoute rien à ce que l'on sait déjà par Clément et l'Elenchos; le fr. 3 Völker (= In Ep . ad Romanos V 1) n 'est pas un fragment de Basilide, mais un commentaire d 'une citation de Basilide lue par Origène chez Clément (Nautin
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11, p . 402 -403 ) . C ' est pareillementde façon indirecte, c 'est-à -dire par un canal hérésiologique qui a pu être l'” Enerxoç d’Agrippa Castor, qu’un fragment du livre XIII des Exegetica de Basilide (= fr. 1 Völker) est parvenu , au milieu du
IVe siècle , à l' auteur de la compilation antimanichéenne des Acta Archelai. A la différence de l'ouvre du Syrien Bardesane (154 -222), qui est parvenue aux
auteurs syriaques et arabes, celle de Basilide ne semble pas avoir franchi le bord oriental de la Méditerranée, mais elle est connue à Rome au III° siècle .
Plus surprenant, en Égypte même et dans le milieu gnostique, l'œuvre écrite de Basilide et d' Isidore semble bien n 'être plus connue au IVe siècle , du moins chez les gnostiques dont les productions littéraires, traduites en copte , sont arri
vées jusqu 'à nous par les hasards du marché des antiquités. Les collections de textes gnostiques coptes ne transmettent que des traités anonymes, qui ne reven
diquent jamais comme leur ni n 'évoquent comme autorité scripturaire aucun gnostique historique connu par ailleurs. L 'unique mention de Basilide et de son fils Isidore, que l'on trouve dans les papyrus gnostiques coptes dits de Nag Hammādi (Témoignage de vérité, NHC IX 3 , p . 57, 6 - 12 ; état de la question sur ce passage dans 26 Cl. Scholten, Martyrium und Sophiamythos im Gnostizismus nach den Texten von Nag Hammadi, Münster Westfalen 1987, p. 113 n . 97), est négative , intervenant dans un exposé polémique où des noms d 'hérésiarques
(Simon, Valentin, Basilide, Isidore ) font figure d'épouvantails du passé . Toutefois , la même collection de papyrus coptes, qui contient trois codices “ valentiniens” (I, XI, XII) , renferme également un codex d 'écrits (VII)
identifiables comme " basilidiens" : 27 M . Tardieu, « Le codex VII » , AEHE, ve
sect. 94, 1985 -1986 , p . 465 -466 ; 28 Id., « Commémoration gnostique de Sem », dans Ph . Gignoux (édit.), La Commémoration, Paris 1988, p . 219-223 ; 29 Id., « Hérésiographie de l'Apocalypse de Pierre» , dans Histoire et conscience historique dans les civilisations du Proche-Orient ancien , Leuven 1989, p . 33 39 . Dans le cadre de tels regroupements, qui semblent bien hérésiologiques et
imputablesmoins aux pachômiens de l'endroit qu'à d'autres moines ayant vécu sur le site , hétérodoxes et plus instruits que les précédents, le codex VII s'avère un témoin de la survivance d 'un courant de pensée se réclamant de la tradition de l'antique hérésiarque. Épiphane de Salamine, qui vit en Égypte à l'époque où sont fabriqués les codices de Nag Hammādi et qui est l'expert que l'on sait en matière de sectes, signale (Pan. XXIV 1, 4 ) que l'hérésie de Basilide « garde
toute sa force mêmejusqu'à présent» (xaieic devpo axuá covoa ). A cette École , non de Basilide mais dans la tradition de Basilide, sont à rattacher le contenu des notices hérésiologiques qui dépendent du EÚvtayua (perdu ) de Justin , donc celle d ' Irénée I 24, 3 -7 . La pensée s'y trouve reformulée
en fonction du modèle valentinien, et elles font état de pratiques incantatoires à
la façon des astrologues. Agrippa Castör (ap. Eusèbe, H . E . IV 7 , 7) signale seulement comme coutume propre aux disciples mêmes de Basilide un silence
pythagoricien de cinq années, et Clément (Strom . I 146 , 1), une célébration de vigiles pour la fête conjointe de la naissance et du baptême de Jésus le 6 janvier. MICHEL TARDIEU .
E POLIS BASILID DE SCYTHO
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14 BASILIDE DE SCYTHOPOLIS RE 8 PIR2 B 62
DM
II
Philosophe stoïcien (?). Basilide de Scythopolis (Beth -Shan , en Palestine) est cité dans deux listes de philosophes qui ont vécu sous Antonin le Pieux et formé le futur empereur Marc-Aurèle . La Chronique d 'Eusébe- Jérôme, pour la deuxième année de la 232e Olympiade ( 150P), indique: Apollonius Stoicus natione Chalcidicus (lire
Chalcedonius) et Basilides Scythopolitanus philosophi inlustres habentur, qui
uerissimiquoque Caesaris praeceptores fuerunt (éd . R .Helm , Eusebius Werke? , t. VII, Berlin 1956 , p . 203). Georges le Syncelle , dans sa Chronographie (éd . A . A . Mosshammer, coll. BT, Leipzig 1984, t. I, p . 429), pour la même époque à
peu près ,note : « Maximede Tyr; Apollonius de Chalcédoine, stoïcien ; Basilide de Scythopolis : ceux -ci ont été aussi les maîtres du Verissimus Caesar» .
Basilide ne paraît cité nipar Fronton niparMarc-Aurèle.
Rien n 'autorise à identifier le maître de Marc -Aurèle au gnostique Basilide (- B 13), dont le lieu de naissance est inconnu , même si les deux philosophes sont contemporains et ont pu étudier en Samarie et/ou en Syrie (Antioche ?). Discutant des rapports entre le signe et l'énoncé, Sextus Empiricus, Adv.
math . VIII 258, écrit : «Nous voyons que certains ont supprimé l'existence des énoncés (dextőv), et non seulement les adeptes d 'une autre doctrine, comme les
épicuriens, mais aussi les stoïciens, par exemple Basilide, qui a jugé que “ rien n 'est incorporel" (undèv elval áobuatov ) » . Il est impossible de dire si cette
notice concerne notre Basilide ou l'homonyme du IT s. av. J.-C . (-- B 15).
Cf. H .von Arnim , art. « Basileides » 8 ,RE III 1, 1897, col.46 ; A . Stein, PIR ? B 62, p . 355.
15 BASILIDE DU PIRÉE (Basileidès) RE 7
SIMONE FOLLET.
М Іга
Comme une bonne partie de l'école stoïcienne d 'Athènes (» A 205, 250 et
455), Basileidès du Pirée fut au nombre des hiéropes qui participèrent à la célébration solennelle des Ptolemaia vers 148 (IG II 1938 ; sur la date, voir T . Dorandi, « Contributo epigrafico alla cronologia di Panezio » , ZPE 79, 1989, p . 87- 92 , repris dans Ricerche sulla cronologia dei filosofi ellenistici, coll.
« Beiträge zur Altertumskunde » 19, Stuttgart 1991, p . 35 -42). Il est mentionné dans l'Epitome Laertiana entre Nestor et Dardanus (cf. T . Dorandi, « Consi derazioni sull'index locupletior di Diogene Laerzio » , Prometheus 18 , 1992, p . 121- 126 ). Peut-être est-ce lui qu 'il faut reconnaître dans le fragmentde Sextus
Empiricus, Adv. Math . VIII 258 , mentionnant oi Etwixol, os oi trepi tov Baodeiony, ots £8o unoèv elval koguatov (voir cependant la notice précédente). Il n 'y a aucune raison, en revanche, de l'identifier au poète comi
que athénien de même nom cité dans une inscription de Delphes (FD III 2 , 47). Son démotique ne prouve pas qu 'il ait été Athénien d'origine : ses contem
porains Antipatros de Tarse , Apollodore de Séleucie et Asclépiodote de Nicée avaient tous été inscrits également dans le dème du Pirée (» A 205 , 250 et 455). BERNADETTE PUECH .
BASSOS POLYAINOS (T. AVIANIUS - )
BASILDE LE SYRIEN RE 6 ca 245-175 Épicurien , quatrième scholarque du Jardin , successeur de Dionysios de Lamptres (- D 181). Il assuma le scholarcat en 201/0 sous l'archontat d 'Isocrate (Philodème, PHerc. 1780, fr. 7m 15-17 et D . L . X 25 . Cf. 1 Chr. Habicht,
Studien zur Geschichte Athens in hellenistischer Zeit, Göttingen 1982, p . 163 165). Sur la base de ce renseignement, il est possible de fixer approxima tivement ses limites chronologiques : naissance en 245 environ ; scholarcat de
20170 à 175 environ, année de sa mort. 2 W . Crönert, Kolotes und Menedemos, P . 88 , avait au contraire situé son acmè en 180 - 150 , en se fondant sur le fait que Basilide est cité par Hypsicles dans la préface au quatorzième livre des Éléments
d'Euclide (cf. 3 T . Dorandi, Cronologia , p. 49-51, avec la bibliographie signa lée . Pour PHerc. 1780, voir 4 A . Tepedino Guerra , CronErc 10 , 1980, p. 17-24). De Basilide nous savons seulement qu 'il étudia les mathématiques et qu 'il fut
l'ami du père de l'astronome Hypsiclès ; il avait eu avec lui une longue discus sion à Alexandrie à propos d 'un écritmathématique d 'Apollonios de Pergé ( cf. Hypsiclès (Eucl. XIV ), vol. V , p . 2 , 1 - 4 , 4 Heiberg = vol. V 1 , p . 1, 1 - 2 ,6 Stamatis, et 5 P . M . Fraser, Ptolemaic Alexandria , Oxford 1972, t. I, p . 424 ; t. II, p . 612-613 , n . 380 - 381). Il était intervenu avec un autre épicurien, Thespis, dans un débat sur la colère en attaquant les positions de Nicasicratès et de
Timasagoras (Philodème, De ira, col. 5, 17 -25 ; cf. 6 G . Indelli (édit.), Filodemo, L 'ira, Napoli 1988, p. 149-151) . Dans la Vita Philonidis (PHerc. 1044, fr. 11), il est cité avec Thespis commemaître de Philonidès (sur ce passage difficile, voir
en dernier lieu : 7 T. Dorandi, ZPE 45, 1982, p . 50 -52, et contra 8 I. Gallo , ibid., 51, 1983, p. 51 -54 ). On peut considérer comme hasardeuse l'hypothèse de Crönert 2, p . 88 , qui en fait un des maîtres épicuriens de Métrodore de Strato nicée avant son passage à l'école de Carneade, en se fondant sur la restitution de son nom dans l’ Ind. Acad. Herc. de Philodème, col. 24 , 12 - 16 : 12 Baol
hel]dous à la place du Aloyév]ouc de Bücheler, repris par Mekler et confirmé, apparemment, par la relecture du papyrus : Aloyé ]youç. Cf. 9 T. Dorandi,« Filo demo e l' Academia Nuova (PHerc. 1021, XVIII-XXVI) » , CronErc 17, 1987, p . 129 n . 79. Les témoignages sur Basilide ont été rassemblés et étudiés par
Crönert 2 , p . 87-89. TIZIANO DORANDI.
17 BASSOS POLYAINOS (T. AVIANIUS -) Mou F II On a conservé la dédicace de la statue élevée à ce philosophe stoïcien dans sa patrie d 'Hadrianoi : cf. E . Schwertheim , Die Inschriften von Hadrianoi, coll. IK
33, Bonn 1987, nº 52, p .43-44. Elle avait été financée par son amile philosophe Avianius Apollonios (> A 273). A une époque voisine, un T . Avianius Arrianos élève dans la même ville la statue d 'un philosophe P . Avianius Valerius, fils de Lysimachos. On aimerait pouvoir situer l' introduction dans la petite cité mysienne de ce cognomen Avianius, si présent, apparemment, dans les milieux philosophiques d 'Hadrianoi, et par ailleurs si rare en pays grec. BERNADETTE PUECH .
BASSUS (AUFIDIUS - )
DMI
18 BASSUS (AUFIDIUS -) RE 15 PIR2 A 1381 Historien qui vécut au le siècle .
Cf. 1 P. von Rohden , art. « Aufidius » 15 , RE II 2, 1896 , col. 2290 -2291 ; 2C .J. Castner, Prosopography of the Roman Epicureans, Frankfurt 1988, p. 12 15 .
Il meurt sous le règne de Néron (cf. Sénèque, Epist. 30 ) sans que l'on puisse
apporter d'autres précisions.Nous savons seulement par Quintilien (Inst. Orat. X 1, 102-103) qu'il était un peu plus âgé qu'un autre historien de cette période : Servilius Nonianus, consul en 35 etmort en 59. Aufidius Bassus avait écrit deux æuvres importantes, fréquemment utilisées par ses successeurs, en particulier
Tacite : une monographie des guerres de Germanie ,menées par Tibère et Ger
manicus (cf. 3 R . Syme, Tacitus, Oxford 1958, Ap. 38, p.697) et des Historiae plus amples, continuées ultérieurement par Pline l’Ancien dans ses 31 livres a
fine Aufidii Bassi (cf. N. H . Praef. 20 ; Pline le Jeune, Epist. III 5, 6 ), mais les limites chronologiques de l’æuvre sont elles-mêmes discutées (Syme 3 , p. 698 699, et 4 J. Wilkes, « Julio -Claudian Historians » , CWO 65 , 1972, p. 192 , qui
suggère avec de bons arguments que l'ouvrage s'arrêtait sous le règne de Tibère ). De ces écrits ne subsiste pratiquement rien . Sénèque le Rhéteur cite
dans ses Suasoriae quelques extraits concernant la mort de Cicéron , mais qui
font sans doute partie d 'æuvres d 'une autre nature (cf.Wilkes 3, p . 197). Il faut peut- être identifier cet historien (Syme 3, p.274 ) avec L . Aufidius Bassus, auteur d 'une dédicace à Esculape et à Valetudo à Athènes (ILS 3832) . Sénèque lui-même a rappelé sa santé fragile et décrit son affaiblissement dans ses dernières années (Epist. 30 , 1) . Il a insisté sur sa sérénité et son courage dans cette situation . Cette sérénité est l'æuvre de la philosophie , comme l'indique
Sénèque lui-même (§ 3). Plus précisément Aufidius Bassus doit être considéré comme un épicurien , un de ceux qui suivent les préceptes d'Épicure (§ 14) en rappelant que la mort n 'est pas un mal qu 'il faut redouter,mais un état qui nous
rend insensibles ($ 6 ). En un mot, il s'exerce à mettre en pratique les conseils donnés par les philosophes du Jardin . MICHÈLE DUCOS. I? 19 BASSUS cf. RE Iulius 122 Médecin , désigné comme stoïcien par Galien qui lui attribue une recette pharmaceutique (De compositione medicamentorum per genera, t. XIII, p . 1033 Kühn ). Dans le même ouvrage et dans le De compositione medicamentorum secundum locos, le nom de Bassos apparaît plusieurs fois, sans que l'on puisse savoir combien de médecins différents sont visés : un médicament appelé ’ApteuÓVLOV est attribué à Báoooc Ó Étatpos (XII 780 ), une autre recette à un Pomponius Bassus (XII 781), d'autres encore à Bassus, sans autre précision (XIII 60 , 1017 et 1018 ).
M . Wellmann, art. « Iulius» (Bassus)» 122, RE X 1, 1918, col. 180-181, identifie le stoïcien Bassus au médecin asclépiade Iulius Bassus, amide Sextius
93
BATHYLAOS DE PAESTUM
Niger le jeune (début de l'ère chrétienne), connu par Pline, Dioscoride, Caelius Aurelianus et d 'autres sourcemédicales. Si cette identification est exacte, il faut le distinguer de Bassus (RE 34) qui suggéra à Galien d 'écrire son lepi tõv idlwv B .bhiwv ( cf. p . 91 , 1 -2 et 92, 13 Müller).
Cf. M . Wellmann, « Sextius Niger. Eine Quellenuntersuchung zu Diosco rides », Hermes 24 , 1889, p. 530-569, notamment p. 546. RICHARD GOULET.
BASSUS DE CORINTHE
fl.MI
Philostrate , Vita Apollonii IV 26 , rapporte qu 'Apollonios de Tyane (-- A 284), de passage à Corinthe sept ans avant le projet de percement de l'Isthme par Néron (ibid . IV 24), i.e. en 61, « entra en conflit » ( invéxOn) avec Bassus. Cet individu , qui affichait une sagesse mensongère (ooplav... ÉAUTOŨ XATEVEÚ BETO ), aurait été un parricide. Injurié par lui, Apollonios répliqua par des lettres et des harangues. Les Lettres 36 et 37 d 'Apollonios sont adressées à Bassus. Celui-ci, présenté comme « philosophe et agônothète des Jeux Isthmiques» , est accusé d 'avoir empoisonné son père (Ep . 37) et tenté d 'assassiner Apollonios
par l'intermédiaire d'un certain Praxitèle de Chalcis (Ep. 36 , 60, 77). Le philo sophe Euphratès aurait été impliqué dans l' affaire (Ep. 60). Enfin , Bassus est montré comme un mari complaisant et un homosexuel (Ep. 36 , 74).
Cf. R . J. Penella, The Letters of Apollonius of Tyana. A critical text with prolegomena , translation and commentary, coll. « Mnemosyne- Supplementum »
56, Leiden 1979, p . 109. PATRICK ROBIANO.
21 BATACÈS DE NICÉE M II Académicien , élève de Carneade, mentionné dans l'Ind. Acad. Herc. de Philodème, col. 23, 43-44 = 32, 36 (= Carneade, T 36 13 Mette). Cf. Zeller III 1°, p . 544 n . 1 ; H . von Arnim , RE III 1, 1897, col. 114 ; W . Crönert, SPAW , Berlin , 1904, p .481, etKolotes und Menedemos, p . 188 (s. v.). TIZIANO DORANDI. M VI- V 22 BATHYLAOS DE PAESTUM RE 6 Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique,
V.pyth . 36 , 267 ; p . 145, 10 Deubner. Selon D . L . VIII 83 (= DK 24 B 1) un certain Báourros serait, avec Bro ( n ) tinos et Léon , le dédicataire du ſlepi PÚCewç d 'Alcméon . Il s'agit vraisemblablement de la même personne. BRUNO CENTRONE. BATHYLLOS + BATHYLAOS
BATIS
94
D IIIa
23 BATIS
Épicurienne, sæur de Métrodore et épouse d’Idoménée (cf. D .L . X 23 = Métrodore , p . 565-566 Körte = Idoménée , fr. 3 Angeli). A . Angeli, « La
scuola epicurea di Lampsaco nel PHerc. 176 (fr. 5 coll. I, IV , VIII-XXIII) » , CronErc 18, 1988, p . 27 -51, a démontré , de façon convaincante , qu 'une large section de l'ouvrage anonyme conservé dans PHerc. 176 transmettait une
biographie de Batis émaillée denombreux extraits épistolaires. Sénèque, Lettre 99 , 25 , cite en grec quelques lignes extraites de l'ouvrage
intitulé :Mntpooápov ÉtiLOTOWU OUV< aywyn > tipos thu đôenonv. TIZIANO DORANDI. 24
IIIa
BATON RE 6
Auteur comique, élève d ' Arcésilas. La tradition a transmis les titres de quatre
A " vopoda traverse-35).
comédies apparemment centrées sur la caricature des philosophes : Altwrós , 'Avopogóvoc, Eủepyétai, EuveEanatõv. On possède en tout sept fragments,
connus à travers Athénée et Stobée et rassemblés dans les PCG de Kassel et Austin (IV , p . 28 -35) . Cf. 1 1. Gallo , « Commedia e filosofia in età ellenistica :
Batone » , Vichiana 5, 1976 , p . 214 -235 = Teatro ellenistico minore, Roma 1981, p . 15 -67. D 'un passage de Plutarque, De adul. et am . 55c ( T 3 K .- A .), on peut déduire que Baton avait été l'élève d 'Arcesilas et qu 'il avait attaqué, dans une comédie , le stoïcien Cléanthe : Arcésilas lui aurait interdit pour cette raison de
continuer à fréquenter son école et se serait réconcilié avec lui seulement après
que Baton eut présenté des excuses à Cléanthe. C 'est au même épisode que fait allusion un passage de la Vie de Cléanthe dans l' Ind. Stoic . Herc. de Philodème
(PHerc. 1018 , col. 22 = T 4 K .- A .), si l'on suit l'exégèse de Gallo 1, p. 207-214 = Teatro, p . 19- 26 .
Il est plus difficile d'attribuer à une comédie de Baton l'anecdote rapportée par D . L . IV 59 et Numénius (ap. Eusébe, P . E . XIV 7 , 1 - 13 = fr. 26 des Places
= Lacydès, T 3 Mette ) concernant lesmoqueries subies par Lacydès de la part de ses esclaves. Cf.Gallo 1 , p .235 -238 = Teatro, p .58-62. Les fragments conservés ne permettent d ' établir chez Baton aucune allé
geance à un système philosophique déterminé, ni à l'Académie d 'Arcésilas, ni encore moins au Jardin d'Épicure (dont G . Kaibel, RE III 1 , 1897, col. 143,
faisait de Baton un partisan). Il n 'y a aucune raison, à mon avis, de l'identifier avec l'historien Baton de Sinope. Sur ce personnage, voir E . Schwartz , art. « Baton » 7 , RE III 1 , 1897, col. 143- 144.
TIZIANO DORANDI. 25 BÉRONICIANUS DE SARDES RE 4 PLREI:2 (Veronicianus)
FIV - D V
Avec Épigonos de Sparte , l'un des deux « diadoques» du philosophe néopla tonicien Chrysanthe de Sardes (»- C 116 ). Ils marquent dans les Vies des philo sophes et des sophistes d 'Eunape de Sardes le terme d 'une longue succession
BÉROSE DE BABYLONE
95
qui, à partir de Plotin , Porphyre et Jamblique, passait par Aidésios et Chrysanthe pour parvenir à l' époque d 'Eunape (voir le stemma dansDPHA A 56 ). Ces deux philosophes enseignaient à Sardes lors de la composition des Vies dans les
dernières années du IVe siècle ou les toutes premières du ve (XXIV 1 ; p . 101,
17-20 Giangrande). Eunape juge les deux personnages « dignes du nom de philosophie » , mais ajoute que ( seul) Béronicianus « a sacrifié aux Grâces>>
(allusion littéraire déjà présente, p . 11, 6 - 7 , dans une comparaison entre Porphyre et Jamblique et qui rappelle le jugement de Platon sur Xénocrate, par exemple en D . L . IV 6 ] et « est capable de s'entretenir avec les hommes (ixavós
av púTOLÇ OULTETU Ćoti)» , XXIV 2 ; p. 101, 20-21, ce qui signifie sans doute qu 'il était meilleur orateur que son collègue. RICHARD GOULET.
26 BÉROSE DE BABYLONE RE 4 FGrHist680
IV - IIIa Prêtre de Bel-Marduk à Babylone et historien d 'époque hellénistique (IV /III ), connu de façon fragmentaire . Il était l'auteur de Baßuwvlaxá en trois livres qui s ' étendaient des origines à Alexandre le Grand . Il est également connu pour
le rôle qu ' il a joué dans la diffusion de l'astrologie orientale dans le monde hellénistique . Cf. 1 J . Boncquet, « Berossus en de griekse geschiedschrijvers over Meso potamie » , Kleio 10, 1980, p . 22 -28 ; 2 S . M . Burstein , The Babyloniaca of Berossus, coll. « Sources from the Ancient Near East » I 5 ,Malibu (California )
1979 ; 3 F . Cornelius, « Berossos und die altorientalische Chronologie » , Klio 35 , 1942, p . 1 sqq. ; 4 G . Komoroczy, « Berosos and theMesopotamian Literature» , AAntHung 21, 1973, p . 125-152 ; 5 A . Kuhrt, « Berossus' Babyloniaka and the Seleucid Rule in Babylonia » , dans A . Kuhrt and S. Sherwin -White (édit.) , Hellenism in the East. The Interaction of Greek and non -Greek Civilizations
from Syria to Central Asia after Alexander, London 1987, p . 32-56 ; 6 C . F .
Lehmann -Haupt, «Neue Studien zu Berossos» , Klio 22, 1929, p . 125- 160 ; 7 P. Schnabel, Berossos und die babylonisch -hellenistische Literatur, Leipzig/Berlin 1923 ; 8 E . Schwartz , art. « Berossos » 4 , RE III 1, 1897, col. 309 -316 (repris dans Griechische Geschichtsschreiber, Leipzig 1957, p. 189 sqq.) ; 9 W . Spoerri,
art. « Beros( s)os», KP I, 1975, col. 1548. La compilation de 10 F . Jacoby, FGrHist 680, t. III C, section V , p . 364-397, marque un progrès substantiel par rapport aux éditions antérieures de 11 I.D .G .
Richter, Historiae quae supersunt cum commentario prolixiori de Berosi vita et librorum eius indole , Leipzig 1825, qui inclut les fragments d ’Abydènos ; de 12 C . Müller, FHG , t. II, p. 495 -510, et de Schnabel 7, p . 250 -275, dans la
mesure où elle tente de différencier dans les témoignages et les fragments trans mis sous le nom de Bérose une double tradition qui permettrait de distinguer l'historien du début de l'époque hellénistique de l'astrologue, identifié par
Jacoby 10 comme étant un (Pseudo-)Bérose de Cos (FGrHist 680 F 15-22), fondateur d 'une école d 'astrologie à Cos et cité dans la littérature technique d' époque impériale : Pline l'Ancien, Ptolémée, Sénèque, Cléomède et Vitruve.
96
BÉROSE DE BABYLONE
Jacoby 10 assigne au (Pseudo -)Bérose la série de témoignages et de fragments qui attribuent à ce personnage, outre le mérite d 'avoir transmis à l'Occident, à travers une école fondée à Cos (T 5a = Vitruve, De Arch ., IX 6 , 2), la sagesse astrologique chaldéenne (cf. T3
= Flavius Josèphe, C . Ap. I 129 ; T 4 = Moïse deKhorène, Hist. Arm . I 1 ; T 5 b = Vitruve , De Arch. IX 2, 1 = fr. 20 ; T 6 = Pline, N . H . VII 123 ; à propos d'une statue qui lui aurait été dédiée à Athènes, voir Schwartz 8, col. 316 ), les découvertes et opinions astronomiques ou cosmologiques suivantes (Lehmann-Haupt6, p. 158 -60 ; Kuhrt 5 , p . 36 -44 ) : - une explication des éclipses et des phases de la lune à partir de sa nature nuinupov ; cf.
fr. 19 = Cléomède, Demot. circ. II 4 [passage d'interprétation astronomique délicate , traduit par R . Goulet, Cléomède, Théorie élémentaire, Paris 1980, p . 156 - 157, avec commentaire ,
p . 220 -221) ; fr. 19 a = Aétius, Plac. II 25, 12 , p. 356 Diels ; fr. 19 b = id . II 28, 1, p. 358, où sont citées les opinions parallèles d 'Anaximandre de Milet (DK 12 A 22) et de Xénophane de
Colophon (DK 21 A 43) ; fr. 19 c = id . II 29, 2, p. 359 ; fr. 20 = Vitruve, De Arch. IX 2 , 1. Sur ces fragments, voir 13 S. Toulmin , « The Astrophysics of Berosos the Chaldean », Isis 58 , 1967, p.65 -76 , article discuté dans Isis 59, 1968, p. 91-94, par P. Forman , J.J.D . Palgen et
A . Aaboe, avec uneréplique de S. Toulmin . - une version des catastrophes universelles, déluge et conflagration , déterminées par les conjonctions des astres (cf. fr . 21 = Sénèque , N . Q . III 29 , 1). Sénèque, dans le cadre de son
long récit sur les causes du déluge, fait mention de la conflagratio comme une catastrophe parallèle et alternative dans l'histoire du monde (III Praef. 5 ; 28 , 7 : aqua et igni terrae
dominantur... ergo quandoque placuere res novae mundo sic in nos mare emittitur desuper ut fervor ignisque cum aliud genus exitii placuit). Bérose aurait apporté la correspondance
astrologique (Schwartz 8, col. 316 ; cf. Censorinus, De die natali 18, 11). Si l'on identifie la conflagratio de Sénèque avec l'Éxnúpwoic stoïcienne, on aurait dans le passage cité de cet auteur la première attestation d 'une assimilation entre le déluge et la destruction cosmique par
le feu . Le feu et l'eau étaient familiers au public grec comme causes de la destruction
périodique des êtres vivants (cf. Platon, Timée 22b -e, où l'on traite justement d'une sagesse non grecque). Les stoïciens semblent avoir maintenu la différence entre les destructions partielles causées par le feu et par l'eau et la destruction cosmique produite par l'Extúpwolf
(Chrysippe, SVF II 1174 = Origène, Contra Celsum IV 64 ); Sénèque lui-même attribue au feu seul la responsabilité de la catastrophe universelle (N . Q . III 13, 1 : ignis exitus mundi est),
tandis que dans les autres passagesmentionnés l'intérêt porte sur l'exitium humani generis.
Schnabel 7, p . 94-110 , fait remonter à Posidonius l'ensemble de ces traditions sur Bérose . Jacoby 10 attribue aussi au (Pseudo -)Bérose,mais avec des réserves, les témoignages qui en fontmention comme époux d 'Erymanthe et père de la Sibylle chaldéenne (babylonienne,
hébraïque ou égyptienne ; cf. T 7a = Pausanias, X 12 , 9 ; T 7b = Souda, s.v. « Eißula Aendis » ; 17 c = (Pseudo -]Justin , Ad Gent. 37). Cette identification est attribuée à Alexandre
Polyhistor; cf. 14 E .Maas, De Sibyllarum indicibus, Berlin 1879, p. 18 ; 15 K . Tümpel, art. « Bnpooog » 3 ,RE III 1, 1897, col. 309; voir, cependant, Schnabel 7, p. 87).
La figure du (Pseudo-)Bérose de Cos,à qui on n'attribue aucune auvre dans les fragments (voir cependant le fr. 17 = Introduction anonyme aux " Phéno mènes ” d 'Aratos, p. 142, 13 Maass, qui mentionne une Procreatio ), présente toutes les caractéristiques d'une falsification d'époque hellénistique tardive faite au profit d'un nom prestigieux ; voir Kuhrt 5 , p.43-44 ; cf., de plus, les figures de Pétosiris et Néchepso . Il fautreconnaître, d'autre part, que les deux traditions apparaissent combinées dans le cas de Flavius Josèphe, Contre Apion I 128-131
(T 3; en fait, Jacoby 10 hésite à attribuer le chapitre 129 à Bérose ), ainsi que dans celui de Georges le Syncelle (fr. 16a). Ce fragment est spécialement remar quable parce que c'est le seul dans lequel des intérêts astronomiques ethistorio
graphiques paraissent confluer; cf.Kuhrt 5, p. 38. Il semble que la solution du problème consisterait à trouver un emplacement pour les fragments astro
BÉROSE DE BABYLONE logiques à l'intérieur de l'œuvre historique, ce qui permettrait de rapporter les deux séries d 'informations à un seul auteur et une seule æuvre ; le livre fer offri
rait l'endroit le plus indiqué, après la cosmogonie qui s'achevait avec la mise en ordre des astres ; cf. Schwartz 8 , col. 316 ; Schnabel 7, p. 17- 19 ; Burstein 2 , p . 15 - 16 et 31-32. La tentative de 16 R . Drews, « The Babylonian Chronicles and
Berossus » , Iraq 37, 1975, p . 39 -55, pour insérer les fragments astronomiques dans le plan de l’æuvre historique et les rattacher à une tradition historiogra
phiquemésopotamienne n 'a pas été acceptée par les spécialistes ; cf. 17 W . G . Lambert, « Berossus and Babylonian Eschatology » , Iraq 38 , 1976 , p . 171-173 ; une justification plus récente de la pertinence des fragments astronomiques dans l'ensemble de l'euvre historique a été proposée par 18 K . Meister, Die
griechische Geschichtsschreibung. Von den Anfängen bis zum Ende des Hellenismus, Köln 1990, p . 141. La tendance est cependant à maintenir la distinction des deux personnages et à aborder l' étude de Bérose à partir des
fragments historiques. Nom . Le nom mésopotamien serait Bēl- rē ’uššu , qui signifierait « Bel-Marduk
est son pasteur » ; cf. 19 C .F . Lehmann-Haupt 6 , p. 128-130 ; 20 id ., « Beros
SOS » , Reallexikon der Assyriologie II, 1937, col. 2a, et Komoroczy 4 , p. 125. Selon 21 M . Streck , RESuppl. I, 1903, col. 249 (ajout à Schwartz 8 , col. 309, 52), la forme grecque Berosos, ou Berossos, correspondrait au babylonien Muraššu, étymologie réfutée par Schnabel 7, p. 4-5, qui suggère une autre éty mologie (voir p. 5). La graphie authentique en grec paraît être Bnpwooóc (dans Eusèbe, P . E ., et Flavius Josèphe, A . J.). Les variantes qu ’offre la tradition manuscrite , qui n 'est même pas constante chez un même auteur, sont peu signi
ficatives: Bnpwooós ( Tatien avec des variantes) Bhpwoooc (Clément
d 'Alexandrie, Georges le Syncelle avec des variantes), Búpwooc (Athénée ), Bnpboog (Flavius Josèphe, C. Ap.). Données biographiques. Pour la datation de cet auteur, nous disposons de deux renseignements qui figuraient dans la préface de son æuvre : Bérose se présentait comme contemporain d' Alexandre le Grand (cf. T 1, T 2, fr. 1) et
dédiait son æuvre à Antiochos jer Soter (281/0 -262/ 1, co -régentde Séleucos fer depuis 294/3 ). Bérose assista, du point de vue privilégié d 'un prêtre de Marduk ( T 2 ) à Babylone, aux premières tentatives des nouveaux monarques gréco macédoniens pour stabiliser leurs domaines et promouvoir une certaine colla
boration avec les classes influentes des pays conquis , processus auquel contribua largement l'acceptation des traditions religieuses indigènes ; cf. Kuhrt 5 , p . 48 52 , et 22 S . Sherwin -White, « Seleucid Babylonia : a Case Study for the Installation and Development of the Greek Rules » , dans A . Kuhrt and
S . Sherwin -White (édit.), Hellenism in the East. The Interaction of Greek and
hel anistiafter Alexander, non -Greek Civilizations from London 1982, imites todeCentral que et popular 64. from lSyria l' lenAsia 1987, p . 1-31; au sujet des limites de l'hellénisation dans le royaume des Séleucides, cf. 23 P . Briant, « Colonisation hellénistique et populations indi gènes. II. Renforts grecs dans les cités hellénistiques d 'Orient» , Klio 64, 1982, p . 83-98 (repris dans Rois, tributs et paysans. Études sur les formations tribu
98
BÉROSE DE BABYLONE taires du Moyen -Orient ancien, coll. « Annales littéraires de l'Université de Besançon >> 269, Paris 1982, p. 263-279). Dans ce sens, déjà dans l'Antiquité on
l'associait à son contemporain Manéthon d'Égypte, auteur d'Aiyuntiaxá dédiés à Ptolémée II Philadelphe ( cf. T 10 = FGrHist 609 T 11c ); cf. 24 P.M . Fraser ,
Ptolemaic Alexandria , Oxford 1972, t. I, p .505-506 . uvre.
Titre: Baßuiwviaxá (cf. fr. 1a = Eusébe, Chron . (Arm .); fr. 1b = Georges le Syncelle , Ecl. Chron . p . 28, 21 Mosshammer ; fr. 2 = Athénée XIV , 639 c ), cuvre historique en trois livres (cf. T 2 = Tatien , Adv. Graec. 36 ) dédiée à Antiochos jer Soter et publiée ca 275a (Lehmann -Haupt 6, p. 130 -35). Avec ce titre Bérose fait référence à l'histoire et à la civilisation de la Mésopotamie envisagées du point de vue de Babylone ; cf. 25 R . Drews, « Assyria in Classical Universal Histories» , Historia 14, 1965 , p . 129- 142, notamment p . 130 -131. Pour une évaluation de l'ouvrage dans le cadre des sources classiques sur la Mésopotamie, voir Boncquet 1 et 26 A . Kuhrt, « Assyrian and Babylonian Traditions in Classical Authors: a Critical Survey » , dans H . J. Nissen et
J.Renger (édit.), Mesopotamien und seine Nachbarn , t. II, Berlin 1983, p . 539 554. L 'ouvrage est également présenté sous d 'autres titres: Xardaïxal iotopíal (cf. fr. 8a = Flavius Josèphe, A . J. X 219), ' lotopía tõv Xandalwv (T 2 = fr. 8 b = Tatien, Adv. Graec., 36 ) ; Xarbaïxen åpxatologia ( T 86 = Georges le Syncelle , Ecl. Chron. p. 14 , 26 Mosshammer ), Xardaïxá (T 8 a = Flavius Josèphe, A .J. I 107 ; fr. 8 a = Flavius Josèphe C . Ap. I 142 ; fr. 11 = Clément d ' Alexandrie , Protr. I 65, 3); ces diverses sources, à l' exception de Tatien , semblent dépendre de la diffusion de l’æuvre d 'Alexandre Polyhistor. Structure :
- Livre 1 : préface avec la dédicace, des informations biographiques et des références aux sources. Section géographique. Aux origines de la civilisation on trouve l' énigmatique figure d'Oannès, monstrueuse créature au corps de poisson avec une tête et des jambes humaines ; il fait connaître aux hommes tous les
éléments de la culture une fois pour toutes, ainsi que les origines du monde sous la forme d'un écrit d 'Oannès lui-même que Bérose cite : un premier état où tout est eau, où les créatures monstrueuses naissent, est suivi d 'un ordre instauré par Bèlos, qui divise le corps de Talat (qui gouverne sur les eaux originaires) en
deux, ciel et terre, crée leshommes et dispose en ordre les astres (fr. 1). - Livre 2 : liste des dix premiers rois et des monstres ichtyformes qui conti nuent à apparaître de façon intermittente (fr. 3). Déluge (fr. 4). Rois et dynasties jusqu 'à Nabonasar au VIIIe siècle (747-734 ; cf. fr. 5 et fr. 16 a ). - Livre 3 : domination assyrienne (fr. 7 ), empire néo-babylonien (fr. 8 ) et domination perse jusqu'à Alexandre le Grand (fr. 9-11).
Transmission .Notre connaissance de l'euvre de Bérose est entravée par le fait qu'il n' en reste plus que des fragments qui, de plus, ne nous sont parvenus
qu'à travers de nombreux intermédiaires. La grande majorité des fragments historiques provientde deux auteurs :
BÉROSE DE BABYLONE
99
- la Chronique d'Eusébe de Césarée, æuvre qui, à son tour, nécessite une reconstruction complexe ; cf. 27 A . A .Mosshammer , The Chronicle of Eusebius
and Greek Chronographic Tradition , London 1979, p . 29-83. Les passages pertinents pour Bérose nous ont été transmis seulement en version arménienne
(Eusebius, Werke, t. V : Die Chronik aus dem Armenischen übersetzt mit textkritischem Commentar von J. Karst, coll. GCS 20 , Leipzig 1911), dont le texte peut être vérifié par une comparaison avec des sections de l'Ecloga
Chronographica de Georges le Syncelle, lequel a connu Eusébe par l'intermé
diaire de Panodoros; cf. Mosshammer 27, p. 77-78. Eusèbe, pour sa part, ne consulte Bérose qu 'à travers les Xardaixa d'Alexandre Polyhistor (- A 118 ) = FGrHist 273 F 79-81, et peut- être ne connaît-il ce dernier, si l'on en croit Müller 12, p . 496 , qu’à travers Jules l’Africain (contra, Schnabel 7 , p . 154 -155 ;
cf. fr. 8c = Eusèbe, P . E. X 10, 3 ). Le titre Xardaïxá choisi par Alexandre pour son ouvrage sur les monarchies orientales répond à l'intérêt ressenti à l'époque hellénistique tardive et romaine pour les “ Chaldéens” , dans le sens spécifique, déjà attesté chez Hérodote (I 181 et 183), d 'une caste de philosophes et
d 'astronomes ; cf. Diodore de Sicile II 29-32 , et Diogène Laërce I 6 . Un abrégé des Baßurwvlaxá de Bérose y était inclus à côté d 'un autre matériel provenant
du livre III des Oracles Sibyllins; cf. fr. 1(8 ) a = Eusébe, Chron. (Arm .) I 12 , 9 16 ; fr. 1 (8 ) b = Georges le Syncelle, 46 , 1- 9 Mosshammer; Orac. Sib . III 97
sqq.; Abydènos, FGrHist 685 F 4 ; Alexandre Polyhistor, FGrHist 273 F 79. Sur le problème complexe de la relation de ce passage avec la Sibylle babylonienne de Bérose, cf. Schnabel 7 , p . 73 -93 ; Lehmann -Haupt 6 , p . 137- 139 ; 28 A . Peretti, La sibylla babilonese nella propaganda ellenistica, Firenze 1943 ;
29 W . Spoerri, Untersuchungen zur babylonischen Urgeschichte und zu den
Turmbausibyllina, Habilitationschrift (inédite),Hamburg 1961; 30 E . Schürer, The History of the Jewish People in the age of Jesus Christ, t. III 1 (éd . angl. par G . Vermes, F . Millar et M . Goodman ), Edinburgh 1986 , p .618 ,622-626 , 646) .
Eusébe consulte une version interpolée de l'ouvrage,marquée par l'apologétique juive et chrétienne (dans sa compilation , Jacoby 10 signale entre crochets droits ([ ]) les interpolations détectées par Schnabel 7 , et entre doubles crochets ([ [ ]]) celles qu' il a lui-même repérées) ; cf. Schnabel 7 , p. 155 - 162; 31 F . Jacoby ,
FGrHist III a Comm ., p . 289; pour les fragments du (Pseudo -)Apollodore interpolés, cf. FGrHist 244 F 84 -85 et II b Comm ., p . 752 ; Schürer 30, p .698 699). Chaque étape de cette tradition complexe a aménagé le matériel de Bérose
en fonction d'intérêts communs (souci de résumer et d'abréger) et spécifiques: intérêt paradoxographique chez Alexandre Polyhistor (cf., récemment, 32 L . Troiani, « Sull'opera di Cornelio Alesandro soprannominato Polistore » , dans
Due studi di storiografia e religione antiche, coll. « Biblioteca di Athenaeum »
10 , Como 1988, p. 9-39), souci d'harmonisation avec l'Écriture Sainte et exploi tation dans le cadre de la polémique anti-païenne chez Eusébe et les chrono
graphes postérieurs. - Flavius Josèphe fournit les seuls extraits littéraux de l'euvre de Bérose ( fr. 8 et 9 a ), quoique, selon certains auteurs, Flavius Josèphe connaisse luiaussi
100
E
BÉROSE DE BABYLON
Bérose par l'intermédiaire du Polyhistor ; cf. Schwartz 8, col. 315 ; Schnabel 7 ,
p. 166 ; 33 L . Troiani, Commento storico al « Contro Apione » diGiuseppe, Pisa 1977, p. 104. Voir cependant 34 L . H . Feldman, art. « Berossus», Encyclopaedia Judaica Yearbook, Jerusalem 1973, p . 177.
Importance historiographique. Les Baßuwvlaxá de Bérose constituent un
témoignage important sur les contacts culturels inaugurés par l'expédition d'Alexandre et poursuivis avec la constitution des états hellénistiques ; sur les aspects et les limites de ce contact, cf. 35 A . Momigliano, Alien Wisdom . The
Limits of Hellenization, Cambridge 1975. L 'ouvre a été interprétée comme un témoignage sur la résistance offerte par la culture indigène à l'expansion de la culture grecque (cf. 36 J. Oelsner, « Kontinuität und Wandel in Gesellschaft und
Kultur Babyloniens in hellenistischer Zeit » , Klio 60, 1978 , p. 113-114 ), comme un document de propagande anti-hellénistique (Drews 16 ; 37 S . K . Eddy, The
King is dead. Studies in the Near Eastern Resistance to Hellenism 334 -31 B .C .,
Lincoln 1961, p. 125- 127) et comme un instrument d'instruction du jeune prince Antiochos (Burstein 2, p. 5) ou encore de légitimation de la dynastie séleucide
(Kuhrt 5, p. 53-54, avec uneréférence à Hécatée d'Abdère ). L 'étude de Bérose a été traditionnellementmenée de façon parallèle à celle de Manéthon d'Egypte
(FGrHist 609), aussi bien chronologiquement qu 'en ce qui concerne ses inten tions et ses critères fondamentaux : - Diffusion en grec d'une version de l'histoire des nations en question
(Égypte ou Babylonie ) à partir d'une documentation écrite en langue non grec que et spécialement digne de foi, à savoir les registres millénaires conservés
dans des temples (avaypadaí, cf. T 3 et fr. 1). L 'accès à cette documentation est assuré dans les deux cas par l'origine de l'auteur et sa condition de prêtre . Face à la tradition historiographique grecque, Bérose insiste sur la valeur que son cuvre acquiert du fait qu'il peut accéder à une tradition ininterrompue de registres écrits (avaypa pai, Ti, 3, fr. 1 ). C ' est justement grâce à l'importance qu ' il accorde à la documentation écrite
que Bérose est apprécié par les écrivains judéo -chrétiens. D 'ailleurs, pour Bérose, l'écriture est un facteur fondamental dans le processus de civilisation : elle est le premier élément de
culture offert aux hommes par Oannès (fr. 1 [4 ]) ; en outre la cosmogonie que celui-ci leur donne est, en réalité , un écrit trepi yeveãç xai toatelac (fr. 1 [5 ]) . Le récit du déluge de Bérose présente la particularité de faire référence à l'écriture comme facteur de continuité culturelle entre les époques antérieure et postérieure au déluge : lorsque Cronos prévient Xisuthros du cataclysme, il lui donne comme première instruction d ' enterrer dans la ville de Sispares (Sippar, aujourd 'hui Abu Habba; cf. 38 J. Knobloch, « Eine etymologische Fabel im Sintflutbericht bei Berossos» , Glotta 63, 1985 , p . 1) la totalité des documents écrits afin de les sauvegarder ; après le déluge, c'est la redécouverte de ces écrits qui permet de garantir la continuité de la culture (cf. Schnabel 7 , p . 175 , pour des références à des documents prédiluviens dans les textes mésopotamiens). L ' importance de ce facteur de continuité dans
l'histoire orientale fait contraste avec la pénurie que les catastrophes naturelles occasionnent périodiquementdans le monde grec, comme le remarque Platon dans Les Lois III 680 a.
La confrontation avec les sources assyriennes et babyloniennes pour la mythologie et pour l'histoire de la Mésopotamie est assez favorable pour Bérose (Schnabel 7, p. 173-210 ; Kuhrt 5, p. 46 ): par exemple la Liste royale sumé rienne (Sumerian King List = SKL ; on peut en lire un fragment dans 39 J. B .
Pritchard , Ancient Near Eastern Texts Relating to the Old Testament, 3e éd.,
BÉROSE DE BABYLONE 101 Princeton 1969, p. 265- 266 ) divise l'histoire en rois antédiluviens, déluge et dynasties postdiluviennes ; cf. 40 J. van Seters, In Search of History, New Haven/London 1983, p . 70 -72. Cette préférence pour les sources indigènes est liée au souci de corriger les versions grecques de l'histoire orientale , condam nées comme fausses et mal informées. En ce sens, on remarque un désir de réduire ou d ' éliminer les figures « romanesques» , comme celles de Ninus et de Sémiramis, rendues populaires par l'æuvre de Ctesias et par une florissante
littérature romanesque (fr. 8 contre la fondation de Babylone par Sémiramis ; Abydènos, FGrHist 685 F 7 ; cf.41 M . Braun, History and Romance in Graeco
Oriental Literature , Oxford 1938, p. 15 ). – rédaction en accord avec les pratiques littéraires de la tradition historio
graphique grecque ; cf. Momigliano 35, p . 92. L'organisation de l'euvre obéit,
en effet, à certaines exigences littéraires: préface , section géographique et histoire, dans lesquelles on détecte le modèle ethnographique hérodotéen, en pleine vigueur à l'époque hellénistique à travers des historiens comme Hécatée
d'Abdère ; cf. 42 O .Murray, « Herodotus and Hellenistic Culture » , CQ 66 , 1972, p. 200 -213, notamment p. 208 -209. Il convient, cependant, de faire remar quer aussi l'originalité de Bérose et son indépendance par rapport à la pratique historiographique grecque dans certains aspects significatifs ; 43 R . Drews, The Greek Accounts of Eastern History, Cambridge (Mass.) 1973, p. 139, a signalé l'absence d'Historie (cf., néanmoins, Schwartz 8, col. 315) et le fait que la documentation est fondée sur les archives. Importance philosophique. Pour l'histoire de la pensée grecque, l' intérêt de l'æuvre de Bérose se concentre dans les OloOopoúueva qui suivent la préface et la section géographique conformes au modèle ethnographique hellénistique
( fr. 1) : dans ces chapitres, des traditions et des mythes d 'une origine authen tiquement proche-orientale (Komorocžy 4) se combinent de façon originale avec des formes typiques de la pensée grecque. Nous soulignerons: - une cosmogonie , où l'on peut reconnaître des épisodes significatifs du
Poème de la Création (cf. Pritchard 39, p.69-72 et 501-503 ; sur son influence dans le monde grec , voir 44 P .Walcot, Hesiod and the Near East, Cardiff 1966 ,
p . 27-46 et 54-57; 45 F .M . Cornford , Principium Sapientiae. The Origins of Greek Philosophical Thought, Cambridge 1952; la version la plus ancienne que nous possédons en grec est celle d' Eudème de Rhodes, fr. 150 Wehrli = Damascius, Dubitationes et solutiones de primis principiis in Platonis Parmeni dem 124 , 1, p . 319 Ruelle): état primitif sous forme d'eau primigène (Pritchard 39, p. 60 -61 Tab I 1-5 = Tiamat); mise en ordre du monde réalisée par Bélos à partir de la scission du corps de la divinité en ciel et terre (Pritchard 39, p.67 Tab IV 97 sqq. ; Tab V ) ; création de l'homme avec de l'argile et le sang d 'un dieu décapité (Bèlos lui-même dans Bérose, Kingu dans le mythemésopotamien
cf. Pritchard 39, p. 68, Tab VI 1-34). Nous ne pouvons pas déterminer jusqu'à quel point l'" épitomisation ” répétée a simplifié le récit de Bérose, mais nous pouvons détecter des altérations significatives du mythe mésopotamien dans lesquelles on reconnaît l' ingérence de la tradition grecque: ( 1) les créatures
102
BÉROSE DE BABYLONE
monstrueuses que Tiamat créa pour son affrontementavec Marduk sont ainsi les êtres nés dans cette condition chaotique de l'eau primitive (Eusébe, Chron . [ Arm ), p . 7 , 29 - 8 , 10 ; Georges le Syncelle, p . 29 ,22- 30 ,4 Mosshammer ), constituant ainsi le composant zoogonique caractéristique de la tradition philo sophique grecque ; (2 ) le caractère mythologique du récit cosmogonique est
restreint: (i) par l'interprétation allégorique de l'origine de l'homme : créé d 'argile et du sang d'un dieu , ce qui explique son intelligence naturelle et sa
partie divine (Eusèbe, Chron. (Arm ), p . 8 , 17-24 ; Georges le Syncelle, p. 30, 9
13) ; bien qu 'elle réponde au mythe mésopotamien , l'interprétation paraît spéci fiquement grecque ; (ii) par l'élimination de la théogonie et la réduction de l'élément divin presque au seul personnage de Bèlos (voir cependant Eusébe,
Chron. (Arm .), p . 8 , 22 ;Georges le Syncelle p. 30, 7 Mosshammer), phénomène qui paraît répondre à la tendance « evhémériste» qui s'impose dans la pensée
grecque ; et (iii) par la correspondance du récit cosmogonique avec l'essentiel du modèle appelé Diakrisis -Kosmogonien par 46 W . Spoerri, Späthellenistische Berichte über Welt, Kultur und Götter, Basel 1956 , p . 69-70 et 107 sqq., modèle
qui remonte aux premiers présocratiques et trouve une vigueur et un développe ment spéciaux à l' époque hellénistique tardive sous une forte influence du platonisme. L 'eau originaire , dont le rôle dans les cosmogonies grecques est connu , a des traits du chaos qui précède la création ; nous pouvons nous souvenir
de la formation des créatures monstrueuses des premiers stades de la configu ration du monde dans la cosmogonie d'Empédocle telle qu ' elle est exposée par
Élien (N .A. XVI 29 = DK 31 B 61). L 'action du dieu répond à l'acte transcendant d 'ordonner les éléments à travers la division de la matière primi
tive ; sur le dieu transcendant dans les cosmogonies hellénistiques tardives, cf. Spoerri 47, p. 107 - 111. Cette analogie présente deux problèmes : ( 1) nous ne savons pas si elle répond au texte original ou bien au résumé d'Alexandre Polyhistor effectué sur le modèle des Diakrisis -Kosmogonien qui étaient fort répandues au fer siècle av. J.-C .; (2) elle peutrépondre à un lien de parenté plus fondamental comme celui que propose Cornford 45 entre la philosophie préso
cratique et la mythologie mésopotamienne; il faut souligner, en tout cas, que le récit de Bérose maintient toujours un ton mythique, sans qu 'une mention d ' élé
ments (humide, sec , etc.) ou de principes mécaniques apparaisse . - Cette cosmogonie se trouve encadrée dans un récit sur les origines de la civilisation qui a comme héros la créature amphibie appelée Oannès ; cf. Schnabel 7 , p . 173 ; et, pour des références à cette créature dans la littérature gréco -romaine sansmention de Bérose , cf. Hygin , Fabulae 274 , Hippolyte, Refutatio V 7 , Helladius apud Photius cod. 279, 535 a, p . 185 , 34 sqq. Henry . Sous le règne du premier monarque, Aloros, Oannès surgit de la Mer Rouge et enseigne aux hommes durant le jour (pendant la nuit il retourne à son élément) les arts, les techniques et les sciences, ainsi que les fondements de la vie sociale, les cités, les lois et les dieux (sur les traditions mésopotamiennes au sujet des inventeurs des arts et des techniques, cf. 48 E . Reiner , « The EtiologicalMyth of
the Seven Sages» ,Orientalia 30 , 1961, p . 1-11). Le récit cosmogonique est en
BÉROSE DE BABYLONE
103
réalité son dernier travail civilisateur; l'œuvre d'Oannès sera interprétée en
détail par les créatures marines de son espèce qui pendant toute l'étape prédi luvienne continueront à visiter le royaume (Eusébe, Chron. (Arm .), p. 5, 16 -17 Karst ; Georges le Syncelle, p. 40 , 18 -19 Mosshammer). Le travail hermeneutique que réalisent les successeurs d'Oannès sur l'æuvre originaire et fondamentale de celui-ci n 'est rapporté que dans le passage de Georges le Syncelle (F 36
[12]) : τούτους δέ φησι πάντας τα υπό Ώάννου κεφαλαιωδώς ρηθέντα κατά μέρος ÉEnynoaodai; la version arménienne de la Chronique d'Eusebe (F 3a (12]) offre un texte très différent: « Dieses sämtliche gibt er vor aus dem Oan auszugsweise , eins nach dem anderen , berichtet zu haben » . D 'après le texte arménien , le livre d 'Oannès aurait inclus un catalogue
des monstres qui devaient apparaître après lui, jusqu'au déluge .
Dans ce récit surprenant nous reconnaissons des conceptions familières au monde grec : l'opposition entre d'une part une situation d'átaxtos Bloc et
d 'autre part la civilisation marquée par le couple technique-société répond à un modèle de l'histoire humaine que l'on observe dans la pensée grecque dès le ve siècle et qui est associé à des personnalités comme Anaxagore de Clazomènes, Démocrite d 'Abdère et les sophistes ; cf. 49 L . E . Edelstein , The Idea of
Progress in Classical Antiquity, Baltimore 1967, p . 21 sqq. La tradition grecque attribue à des êtresmonstrueux comme les Telchines, qui sont aussi pisciformes (cf. Suétone, Des termes injurieux, p . 54 et 133 -136 Taillardat), un rôle important dans la découverte des techniques (surtout la métallurgie ; cf. 50 K .
Thraede, art. « Erfinder II » , RAC V , 1962, col. 1191-1278, notamment col.
1197). Finalement, les créatures amphibies ont un rôle dans la zoogonie d'au teurs comme Anaximandre de Milet ; cf.Censorinus, De die natali 4 , 7 = DK 12 A 30 : Anaximander Milesius videri sibi ex aqua terraque calefactis exortos esse sive pisces seu piscibus simillima animalia ; Plutarque, Quaest. Conv. VIII, 730e ; Aétius XIX 430 Diels ; DK 12 A 10 - 11 ; ce parallélisme est particu
lièrement remarquable par le rôle ambigu joué par ces créatures sur le double plan de la zoogonie et de l'histoire de la culture ; cf. 51 M . V . García Quintela , « L 'Anthropogonie d 'Anaximandre - Problèmes d 'interprétation tournant autour de la sagesse milésienne archaïque» , QS 26 , 1987, p. 161- 176 . Ces créatures amphibies, cependant, apparaissent aussi associées au monde mésopotamien ; cf. Ctésias FGrHist 688 F1b = Diodore de Sicile II 4 , 2 ; Flea = Ératosthène, Catast. 38, 180 Robert; F1eß = Hygin , Astronomica II 41 ; Fley = Tzetzès, Chil. IX 502. Indépendamment de l'origine des matériaux que nous trouvons dans les fragments de Bérose, il semble que l'orientation de l'ensemble dans le
cadre d 'une cosmogonie et d'une technogonie réponde au désir de s'adapter au public de culture grecque, mais Bérose a altéré substantiellement l'ordre normal de la série en introduisant le récit des origines de la civilisation avant celui de la cosmogonie-zoogonie et en faisant de ce second récit une révélation . Peut-être le parallèle le plus significatif dans l'histoire grecque est-il constitué par l'Histoire phénicienne de Philon de Byblos au 1er siècle ap . J.-C . (cf. 52 A .I. Baumgarten,
The Phoenician History of Philo of Byblos. A commentary, Leiden 1981, p .4 ), où nous trouvons une adaptation semblable des traditions ancestrales au goût
104
BÉROSE DE BABYLONE
grec mais avec une disposition originale (cf. Van Seters 40, p . 207-208) et le recours aux prestigieux écrits d 'un savant du passé.
Postérité de Bérose. L 'æuvre de Bérose, comme celle de Manéthon, n 'a pas réussi à s'imposer comme une alternative aux versions de l'histoire orientale rédigées par des historiens grecs tels Hérodote , Ctésias et Hécatée d ’Abdère et
elle fut de la sorte peu lue durant l'époque hellénistique; voir, à propos de Clitarque, Schnabel 7, p . 33 -66 ; d 'Ératosthène, Mosshammer 27, p. 262. Ce ne sera qu ' à la fin de l'époque hellénistique et grâce à l'intérêt renouvelé pour
l'Orient suscité par l'expansion romaine, que des auteurs de caractère érudit comme Alexandre Polyhistor (FGrHist 273) ou Juba de Mauritanie (FGrHist
275 F 4 = T 2) revaloriseront l'histoire de Bérose (Jacoby 31, p. 251; Troiani 32, p . 33) et en feront usage dans leur ample projet ethnographique. C 'est aussi à
cette époque que paraît être née la figure du (Pseudo-)Bérose avec l'intérêt
progressif pour la « sagesse chaldéenne» et l'astrologie, dans le cadre général d 'une mise en valeur de la sagesse barbare ; cf. 53 A . J. Festugière, La révélation
d 'Hermès Trismégiste , I: L 'astrologie et les sciences occultes, 2e éd., Paris 1950 ; réimpr. ibid . 1985, p . 19 -44 ; Spoerri 46, p . 64-69. La médiation de la littérature érudite a été décisive pour la fortune de notre auteur en garantissant sa survie, fût-ce d 'une façon très altérée . Dans la littérature païenne, Athénée (XIV , 639 = fr. 2 ) et Abydènos (FGrHist 685 ), auteur d 'une histoire desMèdes et des Assyriens en dialecte ionien que nous connaissons seulement par Eusebe ( P . E . et Chron .), témoignent de la survie de l'æuvre de Bérose dans les premiers
siècles de notre ère. D 'un autre côté, ces historiens orientaux si particuliers attirent l' attention de l'apologétique juive comme autorités susceptibles de corroborer l'antiquité et la véracité de l'histoire juive (cf. 54 W . Speyer , Die literarische Fälschung im heidnischen und christlichen Altertum . Ein Versuch
ihrer Deutung, München 1971, p . 164- 165) et, plus tard, de l'apologétique chrétienne pour confirmer la supériorité et la plus grande antiquité de la culture
biblique face à la « barbare» . Par la suite, les chronographes chrétiens: Jules l 'Africain , Eusébe et la tradition chronographique qui dépend de lui, montrent
un certain intérêt pour l'œuvre de Bérose , bien que sa chronologie des rois de Babylone ne soit pas prise en compte par Eusébe ; cf. Schwartz 8 , col. 315 .
L 'attirance de la figure de Bérose comme garantie d'antiquité sera encore suffisamment forte à la Renaissance pour que Giovanni Nanni ( Johannes
Annius) de Viterbo ( 1432-1502) compose une série de falsifications sous le nom de l'historien babylonien pour donner de l'autorité à ses opinions patriotiques et théologiques sous le nom de Antiquitatum variorum volumina XVII, Roma 1498 ,
@ uvre qui fut réfutée par G . Varrerius, Censura in quendam auctorem qui sub falsa inscriptione Berosi Chaldaei circumfertur, Roma 1598 ; cf. Speyer 54 , p . 101 et 319 avec bibliographie . Traduit de l' espagnol et adapté par Fedra Egea Tsibidou et Pedro Pablo Fuentes González. JAVIER CAMPOS DAROCA .
BÈSAS
27
105 MF IV
BÈSARION Une brève inscription du tombeau de Ramsès VI (J. Baillet, Inscriptions grecques et latines des tombeaur des rois ou Syringes, fasc . 2, Le Caire 1923,
nº 1519) porte un nom , Bèsarion, suivi des lettres pin -. La restitution placó oodoc), proposée avec réserve par l'éditeur, paraît d 'autant plus vraisemblable que le document, pour ce qui est du style général de l'écriture, peut parfaitement
être contemporain du groupe des graffiti apposés lors de la visite du gouverneur de Thébaïde Flavius Eutolmius Tatianus. Or ce gouverneur était accompagné notamment par le philosophe cynique Bèsas (- B 28), qui a lui-même laissé une inscription où il mentionne un Bèsarion : il s'agit certainement de l'auteur du nº 1519, qui faisait donc partie lui aussi de la suite officielle de Tatianus – escorte nombreuse, car une dizaine de ses membres au moins ont apposé leur
signature sur les murs de la tombe. Qu 'il soitle seul de ses compagnonsde visite
mentionné par Bèsas peut aisément se comprendre si les deux personnages avaient en commun la même activité : Bèsarion était l'autre intellectuel « profes sionnel» de l'entourage du gouverneur et, à ce titre , était apparemment venu au secours de son collègue dans la rédaction laborieuse du proscynème de Tatianus.
Vu la parenté des noms, il est assez tentant de supposer, avec G . Seure , « Les impromptus touristiques aux tombeaux des rois» , REA 29, 1927, p . 353, que Bèsarion était le fils de Bèsas ; mais la fréquence de ces noms dérivés de celui
du dieu Bès rend cette filiation très hypothétique. Peut-être est-ce encore le philosophe Bèsarion qui a laissé son nom , gravé cette fois, dans une autre salle
du même tombeau (Baillet,nº 1744). BERNADETTE PUECH .
28 BÈSAS
MF IV
C 'est entre 357 et 367 que le cynique Bèsas avait visité le tombeau de
Ramsès VI dans la montagne de Thèbes: l'inscription qui en témoigne (J. Baillet, Inscriptions grecques et latines des tombeaux des rois ou Syringes, fasc. 2, Le Caire 1923, n° 1381), quoique nettement plus bâclée , est de la même main que celle qu 'avait fait apposer juste au -dessus (nº 1380, republiée par
E . Bernand, Inscriptions métriques de l' Égypte gréco-romaine, Paris 1969,
nº 150, p. 547-548) le gouverneur de Thébaïde Flavius Eutolmius Tatianus, dont le cursus est bien connu par ailleurs (voir Bernand, loc. cit.). Bèsas appartenait donc à la suite du gouverneur et celui-ci, qui avait à ses moments perdus l'humeur poétique (voir Libanios, Ep. 909), l'avait chargé peut-être de compo ser, comme le suppose J. Baillet, en tout cas d 'inscrire quelques vers bien sentis
pour commémorer sa visite . Après s'être consciencieusement acquitté de sa tâche, Bèsas avait hâtivement ajouté son propre commentaire, d 'une plume sensiblement plus négligente , signe peut-être de sa nervosité . Car l'admiration conventionnelle qu 'il exprime au sujet d'un monument n 'a pu avoir raison d 'une
humeur bien sombre : il dit « être dans un mauvais jour» . Le tour assez allusif du message et l'effacement des derniers mots laissent planer le doute sur les causes
de cette morosité. Après la mention d 'un autre philosophe, Bèsarion (- B 27),
BÈSAS
106
Baillet déchiffrait le mot xáoapua , qui pouvait laisser craindre le pire sur les
sentiments de Bèsas pour son collègue – représentant d'une école philosophique différente , en concluait Baillet. Une vision moins alarmante de la convivialité philosophique a été restituée par G . Seure, « Les impromptus touristiques aux tombeaux des rois » , REA 29, 1927, p. 353, avec la lecture xaoóp [O ]wok. Si le
mot est correctement déchiffré, il suggère que les corrections en question avaient dû consister, en partie au moins, à rendre à l'orthographe du proscynème une allure moins exotique et qu 'elles n 'auraient pas été superflues non plus dans le
« post-scriptum » de Bèsas; il est vrai que de pareils flottements dans l'usage de l'aspiration sont fréquents dans les inscriptions (aux Syringes, voir les nºs 546 , 580, 1135, 1283, 1375, 1491, 1772). Peut-être l'assistance de Bèsarion avait- elle
porté aussi sur la composition du poème, si Tatianus avait pris le risque de la confier à Bèsas au lieu de s'en charger lui-même. Quoi qu'il en soit, l'épreuve qui lui avait été imposée avait laissé Bèsas bien abattu ; le niveau d 'éducation et de culture des cyniques était pour le moins inégal (voir M .- O . Goulet-Cazé, « Le
cynisme à l' époque impériale», ANRW II 36 ,4, p. 2734 -2735) et l'on serait tenté d' émettre quelques doutes sur celui de Bèsas, s'il ne nous avait pas lui-même
mis en garde contre la déloyauté qu'il y aurait à le juger sur cette prestation : il était dans un mauvais jour. BERNADETTE PUECH .
29 BÈSAS DE PANOPOLIS « Scholasticos» égyptien et philosophe platonicien.
IV
Sur l'un des graffiti qu 'il a laissés dans la neuvième « Syringe » de Thèbes
(1 J. Baillet, Inscriptions grecques etlatines des tombeaux des rois ou Syringes, fasc . 2, Le Caire 1923, n° 1266 ), Bèsas précise qu'il a visité le monument « à cause de Platon » . C 'est du moins l'interprétation qui paraît la plus satisfaisante
(plutôt qu'« après Platon » ou « par la faveur de Platon » , comme le proposait Baillet) pour la formule qui suit l'expression traditionnelle d'admiration pour le monument (édatuaoa... Olà Mátwvos). C 'est donc sa qualité de platonicien qui a amené Bèsas à faire l' excursion de la Vallée des Rois. Précisément, il avait
apposé son inscription dans le tableau dit « de la Métempsycose » où se pressent les signatures de plusieurs platoniciens (Bourikhios, Nicagoras, Ioulianos, Lysi machos) ; le proscynème du philosophe loulianos (nº 1255 ) confirme l'existence
dans cette école d'une tradition évoquant la visite de Platon aux tombeaux royaux, et l' inscription voisine du dadouque Nicagoras (nº 1265) montre com
ment le voyage, sur les traces du maître, aux « divines» syringes pouvait prendre au IVe siècle l'allure d 'un pèlerinage mystique. Bèsas avait pour compagnon son collègue palestinien Bourikhios, qui tint luiaussi à proclamer son attachement à
Platon (- B 57). En dépit de l'identification admise par 2 G . Seure, « Les impromptus touristiques aux tombeaux des rois », REA 29, 1927, p. 353, le
scholasticos de Panopolis n 'a certainement rien de commun avec le cynique homonyme qui a également laissé sa signature dans le tombeau (- B 28 ). Un peu plus loin sur le mêmemur, le platonicien a tenté d'exprimer son admiration pour
BÈTION
107
les syringes dans une formule plus recherchée, à prétentions métriques, sinon poétiques (3 E . Bernand, Inscriptions métriques de l'Égypte gréco-romaine, Paris 1969, n° 147, p.434 -545) dont il paraît ne pas avoir été mécontent, puisqu 'il l'a en partie recopiée dans un troisième graffiti (Baillet, n° 1403 ; cf.
Seure 2). Il annonçait également être « le fils cadet de Kolanthos» . C'est une manière de se présenter qui paraît mieux convenir à un jeune homme qu 'à un homme mûr. Il n 'est peut-être pas inutile de le noter , si l'on veut apprécier la
signification, dans ce cas précis, du titre scholasticos que se donnent Bèsas et son compagnon Bourikhios. Lemot a fait l'objet d'une étude approfondie de 4 A . Claus, ' O oxohaotixóc, Diss. Köln 1965, qui a retracé son évolution et souligné notamment son emploi spécialisé, surtout à partir du IVe siècle , dans le sens d 'avocat. Or le groupe des proscynèmes platoniciens dont font
partie nos documents semble pouvoir être attribué assez sûrement au IVe siècle : on a déjà souligné les points communs avec l'inscription de Nicagoras, qui date du règne de Constantin, Bèsas vivait donc à l' époque où lemot scholasticos commençait à s' imposer pour désigner un avocat. Aussi les commentateurs lui ont-ils unanimement attribué cette profession : après avoir hésité entre professeur et avocat, Baillet (1, fasc . 4 , p . XLIX ) finit par retenir la seconde solution ; c'est aussi l' interprétation de 5 M . N . Tod , « Notes on someGreek graffiti» , JEA 11,
1925 , p . 258, suivi par 6 A . Bataille, Les Memnonia, Paris 1952, p . 171, et Bernand 3 . D 'une manière générale le choix de cette traduction semble devenu systématique pour les attesta tions postérieures à 300 . Pourtant cette tendance ne va pas toujours sans incohérences - A . Bataille considère Bourikhios comme un avocat, mais parle ensuite du caractère platonicien de son enseignement - ni sans risque de raisonnement circulaire , la traduction par avocat
devenant à son tour un élément de datation (Bernand 3 : « basse époque impériale , d 'après le métier du personnage » ) . Par ailleurs, deux autres inscriptions des syringes prouvent que le
mot, même à cette époque, n ' a pas toujours ce sens : sinon , à quelle espèce hybride appar
tiendraient le oxoraotixòç latpixóc du n° 1402 (cf. Seure 2 , p . 345) et le oxonaOTIXOS ciotopixóc du n° 1861? L 'adjonction de ces qualificatifs montre que le sens d 'origine, en rapport avec l'école et l'organisation de l'enseignement, s'étaitmaintenu.
Les convictions platoniciennes affichées par Bèsas et Bourikhios suggèrent que dans leur cas le mot doit être en rapport avec l'enseignement universitaire plutôt qu 'avec l'éloquence judiciaire . Désignait- il celui qui enseignait dans une
oxorn, le professeur (ce serait alors un équivalent de xaonynths), ou l' étudiant parvenu à un certain niveau de spécialisation ? L 'âge probable de Bèsas invite rait plutôt à voir en nos deux compères de jeunes diplômés, fraîchement sortis des écoles, que des maîtres chevronnés. C ' étaient probablement aussi leurs
années d' études communes à Alexandrie qui avaient pu rapprocher l'habitant de Panopolis et celui d'Ascalon . BERNADETTE PUECH .
FIV -D III 30 BÈTION ou BITION Ami (ouvons ) de Bion de Borysthène ( - B 32). Une de ses paroles à
Ménédème d'Érétrie est citée par Diogène Laërce IV 54 (= Bion T 3 Kindstrand )
comme illustration de l’åvaloxovtia dans laquelle Bion entraînait ses amis: « Pour ma part, mon cher Ménédème, la nuit je m ’unis à Bion et je n 'ai pas l'impression de subir quoi que ce soit de déplacé (átorov ) » .
BÈTION
108
Sur le nom Bntiwv, voir J.F . Kindstrand, Bion of Borysthenes, p . 142- 143, qui dit notamment: « This form of the name, which goes back to the editio princeps of Frobenius, has been kept by later editors, although it seems to be extremely rare. The most importantMSS ., on the other hand, have Bit( t )iwv. The form Bitiwv may very well be correct, as according to (E .) Diehl, ( art.
« Olbia » ,RE XVII 2, 1937 ), col. 2409 this name is found on an inscription from Olbia . However I have not been able to locate this inscription . Diehlmakes the
further assumption that this man may be the friend of Bion ,which of course can only remain a guess. »
MARIE -ODILE GOULET-CAZÉ. 31 BION D ’ABDÈRE RE 11 DK 77
DIV ?
A . Diogène Laërce IV 58 (= fr. 1) mentionne comme quatrième homonyme de Bion de Borysthène (- B 32) un mathématicien « démocritéen » d 'Abdère , ville natale de Démocrite (- D 70 ). Il aurait écrit en dialectes attique et ionien. Il
aurait été le premier à dire qu'il y avait des habitats (oixńoels ) où la nuit durait six mois et le jour six mois. Cf. Fr. Hultsch, art. « Bion » 11, RE III 1, 1897 , col. 485 -487.
Selon Hultsch , l'opinion de Bion correspondrait aux idées d 'une époque antérieure à la sphérique d 'Eudoxe.
B . Il faut peut-être l'identifier à Biwv ó đotporóyos (Strabon I 2, 21 = fr. 2 ) qui, selon Posidonius (F 137a Edelstein - Kidd), avait traité de la théorie des vents. Il est mentionné dans ce passage après Aristote et Timosthène. RICHARD GOULET.
32 BION DE BORYSTHÈNE RE 10
FIV - D III
Philosophe cynique itinérant des premières années de l'époque hellénistique. Témoignages et fragments. 1 J. F. Kindstrand, Bion of Borysthenes. A collection of the fragments with introduction and commentary, coll. « Acta Universitatis Upsaliensis : Studia Graeca Upsaliensia » 11, Uppsala 1976 , XXII 310 p . Sommaire . L 'introduction est consacrée à la vie , à la langue et au style de Bion , à son
point de vue philosophique et à l'influence qu'il a exercée ; elle établit aussi les principes du recueil de fragments. Le texte comprend la biographie de Bion dans Diogène Laërce , 28 témoignages (T 27 devant être supprimé), ainsi que 81 fragments ; il est suivi d'un commentaire .
La présentation de Bion se trouve complétée dans quelques ouvrages plus récents : 2 M . Gigante , « Una nuova edizione di Bione » , RAAN N . S . 53, 1978 ,
p. 3- 16 ; 3 M .Gigante et G . Indelli, « Bione e l'epicureismo» , CronErc 8, 1978, p . 124- 131 ; 4 A . Brancacci, « Teodoro l'Ateo e Bione di Boristene fra Pirrone e
Arcesilao » , Elenchos 3 , 1982, p. 55-85. Parmi les recueils de fragments plus anciens,citons surtout 5 0 .Hense ( édit.), Teletis reliquiae. Recognovit prolego mena scripsit O. H ., 2e édit., Tübingen 1909 (réimpr. Hildesheim 1969), CXXIV
107 p. Cet ouvrage, principalement consacré à Télès, soulève, dans l'intro
BION DE BORYSTHÈNE
109
duction, bon nombre de problèmes fondamentaux relatifs à Bion, tout en dressant une liste à peu près complète des fragments du philosophe ( p. 100- 102) .
Traduction française. 6 L. Paquet, Les Cyniques grecs. Fragments et témoignages, coll. « Philosophica » 4 , Ottawa 1975, p . 127 -135 (traduction de 42
fragments) ; 2e éd . 1988, p. 121-133 (traduction de 66 fragments). Traduction anglaise . 7 F . Sayre, The Greek Cynics, Baltimore 1948, p . 102 109 (traduction de 74 fragments ).
Études d 'orientation . 8 H . von Arnim , art. « Bion » 10 , RE III, 1899, col. 483 -485 ; 9 D . R . Dudley, A History of Cynicism . From Diogenes to the 6th
Century A . D ., London 1937 (réimpr. Hildesheim 1967), p. 62-69 ; 10 R .S . W . Hawtrey, « On Bion the Borysthenite» , Prudentia 9 , 1977, p .63- 80. Bibliographie. Kindstrand 1, p . XI-XXII.
Sources biographiques anciennes. Diogène Laërce IV 46- 58 . Le texte se trouve imprimé dans Kindstrand 1, p. 103- 105, et il est commenté à propos de
chaque témoignage et chaque fragment particulier (voir la liste, p. 302). Pour une analyse de la biographie de Bion dans D . L ., voir 11 F. Leo , Die griechisch
römische Biographie nach ihrer litterarischen Form , Leipzig 1901, (réimpr. Hildesheim 1965), p .65 -66 , et Kindstrand 1 , p . 16 -19. D . L . fait référence à deux sources seulement: ( 1 ) 46 -47 ( F 1 A Kindstrand ), un passage autobiographique,
où nous assistons à un dialogue entre Bion et Antigone Gonatas ; cf. également
Stobée IV 29 a , 13 (F 2 K .) ; (2) 54 ( T 5 K .) = Favorinus, Omnigena historia, fr. 66 Barigazzi, fr. 34 Mensching. Abstraction faite de la biographie chez D . L., la tradition antique n 'a conservé que très peu de notices biographiques consacrées à Bion. Datation . On ne connaît pas avec exactitude les dates de la naissance et de la mort de Bion . Il faut donc prendre pour points de repère ses relations avec des
personnes et des événements qui sont mieux connus. Deux événements per mettent de situer avec plus ou moins d 'exactitude sa naissance et sa mort. Bion
arriva à Athènes avant 314 av. J.-C ., date de la mort de Xénocrate ( D . L . IV 10
= T 22 K.), et il est vraisemblable qu 'il décéda avant Antigone Gonatas,mort en 240/ 39 (D . L . IV 54 = T 5 K .). Ces dates, associées à d ' autres indices, suggèrent que Bion vécut de 335 à 245 environ . Voir Kindstrand 1, p . 5 -6 .
Origine. Bion naquit dans la ville d 'Olbia, située près du fleuve Borysthène , d 'où le surnom qu 'on lui donne généralement. Il fournit lui-même des rensei gnements sur les premières années de sa vie dans un passage autobiographique. Bion était issu de la couche la plus basse de la société. Son père, un esclave libéré, était poissonnier et sa mère, du nom d 'Olympia (nom conservé dans Athénée XIII, 591f - 592a = T 1 K .), était prostituée. Par suite de quelque faute d 'ordre financier commise par le père , tous les membres de la famille furent vendus comme esclaves. Bion fut acheté par un rhéteur, qui, avant de mourir, fit de Bion son héritier et lui redonna la liberté. Sur quoi Bion quitta Olbia et se
rendit à Athènes pour étudier la philosophie (D. L . IV 46-47 = F 1 A K .).
110
BION DE BORYSTHÈNE Formation philosophique. Arrivé à Athènes, Bion commença par entrer en
contact avec l'Académie et Xénocrate (D . L . IV 10 = T 22 K .). En ce qui concerne les études philosophiques de Bion pendant les années suivantes, D . L .
IV 51-52 (T 19 K .) en fait le résumé. Son premier professeur fut Cratès (- C 206 ) , qui était membre de l'Académie (attesté également dans Philodème, Ind. Acad. Herc., si l'on suit la reconstitution de Mekler, p .62-63 = T 21 K . (mais le passage concernerait, selon K . Gaiser et le dernier éditeur, T . Dorandi,
p . 55- 56 et p . 241, non pas les élèves de Cratès,mais ceux de Crantor – R . G .), et dans D . L . IV 23 = T 20 K .), après quoi il adhéra à l' école cynique (aucun
professeur n 'est précisé ); il se rallia ensuite à la doctrine de Théodore de l' école cyrénaïque (attesté également dans D . L . IV 23 = T 20 K . et IV 54 = T 3 K ., et
dans Eusébe, P. E . XIV 6 , 6 = T 23 K .) et finit par écouter l'enseignement du péripatéticien Théophraste. Il est impossible de savoir si cette biographie
correspond à la réalité,mais il se peut bien qu'ilen ait été ainsi. Pour l'influence exercée par ces quatre écoles sur le point de vue philosophique adopté par Bion , voir Kindstrand 1, p. 56 -78 . La tradition antique semble incertaine en ce qui concerne l'école à laquelle appartient Bion . Chose curieuse, D . L . le range parmi les philosophes de l'Aca
démie. Dans certaines sources, Bion est également appelé Ó nepifatnTIXOS (Favorinus, fr. 115 Barigazzi, et Gnomologium Vaticanum 161 = F 39 A et C K .), tandis que o oogloths est une désignation plus courante ( D . L . IV 47 = T 2 AK ; voir les références signalées dans Kindstrand 1 , p . 13 n . 51). En revanche,
Bion n' est jamais expressément qualifié de cynique.
Activité philosophique. Bion agissait en tant que philosophe itinérant de type cynique (D . L . IV 53 = T 3 K .), même si la tradition antique n 'atteste que
ses visites à Rhodes (D .L . IV 49 = F 4 K . et IV 53 = T 3 K .). Il est très probable qu'il visita la Macédoine, étant donné son amitié avec Antigone Gonatas (cf.
plus bas). Bion enseigna moyennant paiement (Stobée II 31, 97 = F 78 K .). Il eut de nombreux auditeurs , mais ne fonda jamais une école à proprement parler : ουδείς μαθητής αυτού επιγράφεται , τοσούτων αυτω σχολασάντων ( D . L .
IV 53 = T 3 K .). Commela tradition antique ne connaît pas de disciples de Bion , l'affirmation de Diogène Laërce doit correspondre à la réalité . Seul le philo sophe péripatéticien Ariston de Céos (- A 396 ) est appelé Biwvoc (nawths (Strabon X 5 , 6 = T 24 K .), ce qui pourrait cependant résulter d 'une confusion
entre celui-ci et le stoïcien Ariston de Chios (-- A 397) ; sur ce problème, voir Kindstrand 1, p . 79 -82 ; 12 D . Tsekourakis, « Zwei Probleme der Aristonfrage » , RhM 123, 1980, p. 238 -257. Relations avec les contemporains. Outre les philosophes mentionnés en leur qualité de professeurs et d 'imitateur de Bion , un certain nombre de personnages
entretinrent des relations avec le philosophe : (1) Antigone Gonatas (320/19 – 240/239) (» A 194 ], roi deMacédoine à partir de 27776 . L 'amitié entre Bion et ce souverain est bien attestée ( D . L . IV 46 = F 1 A K ., et Stobée IV 29 a , 13 = F 2 K .), et lui valut un soutien matériel (Plutar que, De vitioso pudore 7 , 531 e = T 4 K ., et Favorinus, Omnigena historia , fr. 66
111 BION DE BORYSTHÈNE Barigazzi, fr. 34 Mensching = T 5 K .); voir 14 W . W . Tarn , AntigonosGonatas,
Oxford 1913 (réimpr. Oxford 1969), p . 233-239, Kindstrand 1, p . 14- 16 .
( 2 ) Les philosophes stoïciens Persaios et Philonidès, dont les relations avec Bion étaient tendues (D . L . IV 47 = F 1 A K ., et Athénée IV , 162 d - e = F 73 K .).
(3) Ménédème d'Érétrie (D . L . II 135 = F 32 K .,et IV 54 = T 3 K .). (4 ) Arcésilas (> A 302), fondateur de la Moyenne Académie (Clément d ' Alexandrie , Strom . VII 4 , 24, 5 = F 31 A K ., et Eusébe, P . E . XIV 6 , 6 = T 23 K .). Voir 15 M . Lancia , « Arcesilao e Bione di Boristene» , dans Lo Scetticismo antico, coll. « Elenchos» 6 , Napoli 1981, t. I, p . 163-177. (5 ) Ératosthène (Strabon I 2 , 2 = T 12 K .). Voir 16 G . Dragoni, « Introduzione allo studio della vita e delle opere di Eratostene (ca 276 - ca 195 a. C .) » , Physis
17, 1975, p. 53-54. Bion était très vieux quand il mourut à Chalcis sur l'île d 'Eubée , après avoir reçu , pendant la maladie qui précéda sa mort, l'aide d ' Antigone Gonatas
(Favorinus, Omnigena historia , fr. 66 Barigazzi, fr. 34 Mensching = T 5 K .). Euvres philosophiques. Bion laissa à sa mort de nombreux écrits, vrai
semblablement sous forme de discours philosophiques auxquels il n 'avait pas encore donné leur forme stylistique définitive. C 'est ce qui ressort des deux
informations suivantes: Tietotá tɛ xataréoltev únouvnuata , årà xal
ånopołyuata Xpeluôn npaquatelav TepléXOVTA (D .L . IV 47 = T 7 A K .), et 6c faoi oiTepi Tòv Bíwva év taſc dlatpibaīç (D . L . II 77 = T 8 A K .). Deux titres seulement sont connus :
(1) Hepi dovrelaç (Stobée III 2, 38 et IV 19 ,42 = T 9 AB K .). (2 ) llepì tñs ópyñs (Philodème, De ira, p . 17 Wilke = T 10 K .). (Voirmain tenant la nouvelle édition de G . Indelli (édit.), Filodemo. L ' ira (PHerc. 182),
Napoli 1988,col. I.] Les œuvres de Bion furent beaucoup utilisées par Télès et étaient proba blement encore lues par Plutarque et Sénèque. Par la suite , les æuvres de Bion
ont dû être conservées uniquement sous forme de citations dans des florilèges, son style s' y prêtant particulièrement bien , et ces textes sont les principales
sources des fragments de Bion. Jugements anciens sur son style. Le style de Bion fut sévèrement critique aussi bien par Théophraste (Démétrios Lacon, p . 75 De Falco = T 13 K .) que par
Ératosthène (Strabon I 2 , 2 = T 12 K ., et D .L . IV 52 = T 11 K .), qui le jugeaient indigne d'un message philosophique. On trouve encore un jugement négatif chez D . L . IV 52 ( T 11 K .), ainsi que dans un vers célèbre d'Horace : Bioneis sermonibus et sale nigro (Ep. II 2 , 60 = T 14 K .). Voir aussi Kindstrand 1 , p. 49 55 .
Iconographie . Les sources anciennes ne fontmention d' aucun portrait de Bion . On a pensé cependant que certains portraits de philosophes cyniques
représentaient Bion ; cf. 17 K . Schefold , Bildnisse, p . 122- 123 ; 18 S . Karusu , « Der Bronzekopf aus Antikythera – ein kynischer Philosoph » , dans Pro arte
112
BION DE BORYSTHÈNE
antiqua. Festschrift für Hedwig Kenner, coll. « Sonderschriften herausgegeben vom Österreichischen Archäologischen Institut in Wien » 18 ,Wien /Berlin 1985, t. II, p . 207-213 + Tafel VIII. JAN FREDRIK KINDSTRAND .
33 BION LE PÉRIPATÉTICIEN Le dit prêté à ce philosophe (« La Fortune n'a pas donné, mais seulement prêté les richesses aux riches» ) dans certains gnomologia (notamment Gnomo logium Vaticanum 161, p.67 Sternbach ) est attribué à Bion tout court dans
l’Anthologie de Stobée (IV 41, 56 ). Du fait que Diogène Laërce IV 52 présente Bion de Borysthène (T 19 Kindstrand ; » B 32) comme un auditeur de Théo phraste (fr. 18, 3 Fortenbaugh ), Kindstrand a choisi de regrouper les quatre
passages parallèles sous le fr. 39 (A -D ) de son recueil. Cf. J.F. Kindstrand, Bion of Borysthenes. A collection of the fragments with introduction and commentary, coll. « Acta Universitatis Upsaliensis : Studia Graeca Upsaliensia » 11, Uppsala 1976 , p. 122- 123 (texte ), 248 (commentaire) et 70 -73 (« Bion and the Peripatetic school» ).
RICHARD GOULET. 34 BI( S ) TALÈ RE 10 Dans une lettre pseudépigraphe de Lysis à Hipparque (Hercher, Epistolo graphi Graeci, p . 603, 9 = p . 114 , 8 -10 Thesleff), il est rapporté que Damô
(- D 10 ), à sa mort, aurait confié les hypomnemata de Pythagore à sa fille Blotára avec la consigne de n 'en communiquer le contenu à personne. D 'après
Jamblique, V. pyth . 28, 146, Bitalè , fille de Damô et épouse de Télaugès, le fils de Pythagore, aurait reçu à la mort de Damô les hypomnemata de Pythagore . Voir cependant A . Städele (édit.), Die Briefe des Pythagoras und der Pytha goreer, Meisenheim am Glan 1980, p.210 n . 20 : Bi(s)talè, qui ne figure pas dans le Catalogue de Jamblique, nidans les autres témoignages sur la famille de
Pythagore , est, commeDamô, un personnage fictif, créé par l' auteur de la lettre , un apocryphe que l'on peutprobablementdater du jer siècle (voir p. 212 ; 352). La forme authentique du nom est celle qui est transmise dans la Lettre à Hipparque ; la forme Bitárn provient vraisemblablement d'une confusion avec des nomsformés à partir de la racine latine vita . BRUNO CENTRONE. MII 35 BITON Académicien , disciple de Carneade , mentionné dans l' Ind. Acad. Herc. de Philodème, col. 23, 13. Mekler, p. 122, s. v., semble enclin à l'identifier avec Biton de Soles (- B 36 ), également disciple de Carneade,mentionné à la col. 24 ,
1. Mais on constate que les noms de la première liste ( col. 23) ne sont pas repris dans le seconde ( col. 24). Voir T . Dorandi, Filodemo : Platone e l'Academia, p. 261 (Prosopographia Academica ), où deux noms sont distingués.
TIZIANO DORANDI et RICHARD GOULET.
BITYS
113
6 BITON DE SOLES RE 4 м Іта Académicien, disciple de Carnéade, mentionné dans l' Ind. Acad . Herc. de Philodème, col. 24 , 1-2 , (= Carneade, T 3 b 16 Mette ). Cf. H . von Arnim , RE III 1, 1897 , col. 545. Mekler, p. 122, s. v., semble enclin à l'identifier avec l'autre
Biton (- B 35), également disciple de Carneade,mentionné à la col. 23, 13 . TIZIANO DORANDI.
37 BITYS RE Nom propre transmis par Jamblique,Demysteriis VIII 5, p.267, 14 Parthey:
Bítus Toońtns. Le personnage reste isolé, en dépit de rapprochements ono mastiques factices trouvés chez Manéthon , Zosime l'alchimiste , Pline l’Ancien
et dans les papyrusmagiques. Selon Jamblique, ad loc. cit., Bitys aurait découvert (EUPÁv), gravé en lettres hiéroglyphiques dans un sanctuaire de Saïs (Basse -Égypte ), un écrit sur le nom du dieu unique et sur la méthode permettant de s'élever jusqu'à lui, puis aurait
interprété (npuńVevoe), c'est-à-dire traduit en grec, cet écrit pour le roi Ammôn . Il est difficile de voir dans ce récit sacré autre chose qu 'une fiction littéraire destinée à mettre en valeur par une haute antiquité égyptienne un écrit hermétique grec récent. Les deux personnages du récit sont des Égyptiens fictifs : Bitys inventeur et traducteur de l'écrit, Ammôn destinataire royal du travail de Bitys. Le titre de tipooning donné à ce dernier s'explique par le récit :
il s'agit,non d'un prophète au sens sémitique,mais d 'un interprète, traducteur et commentateur d'un texte sacré, autrement dit un repuplaots et un èenynths. En Demyst. X 7, Jamblique déclare que Bitys a traduit en grec (ueanpun . VEVOEV) des 'Epuaïxai Blool (l'écrit signalé en VIII 5 ), dans lesquels le bien suprême aurait été défini (selon une terminologie néoplatonicienne, peut-être d 'origine porphyrienne) comme « dieu prénotionnel » (npoevvooúuevoç Debc) et le bien humain comme processus d'unification (ÉVWOLS) à ce dieu . La diffi culté du témoignage de Jamblique est que, si Ammôn est bien un authentique nom propre égyptien , abondamment attesté, la graphie Bítus n 'est nulle part attestée comme nom égyptien par l'onomastique gréco-romaine. Le premier rapprochement effectué, inlassablement repris, a été l'euvre de 1C. C .J. Bunsen , Aegyptens Stelle in der Weltgeschichte , t. I, Hamburg 1845 (traduit en anglais par Ch. H . Cottrell, sous le titre Egypt's Place in Universal History, 2e éd., t. I, London 1867, p. 81-82). Bitys le prophète y est identifié
avec le roi Bydis (ou Bidis, Bytis, Bites) qui chez Manéthon clôt la série des rois divins censés avoir régné sur la Basse -Égypte durant 13 900 années (Aegyptiaca, I, fragment grec perdu,mais connu de façon complète par la version arménienne de la Chronographie d'Eusébe et reproduit dans FGrHist III C 1, nº 609, Leiden
1958, p. 12 ). Selon Bunsen, ce personnage unique reconstitué serait à la fois demi-dieu, roi, héros et prophète . Cette hypothèse est tenue par 2 K . Sethe, art.
« Bydis (Bites)» , RE III 1, 1897, col. 1104, pour « sehr fraglich » , mais admise encore par l'éditeur de Manéthon dans la LCL, 3 W . G . Waddell, Manethon ,
London 1940, p. 4, 1 (ne signale pas que l' identification vient de Bunsen et
114
BITYS
qu 'elle n 'est pas admise par Sethe). Selon cette hypothèse , les deux noms propres transmis par Manéthon et Jamblique dériveraient de l'ég. by. ty, « api culteur » et « roi de la Basse -Égypte » , titre que Waddell, à la suite de Flinders
Petrie (1900) et de H .R . Hall (1913), rapproche de façon erronée de Bártos , nom que selon Hérodote IV 155 les Libyens donnent à leur roi. Sur ce dernier nom propre, voir la mise au point de 4 0 .Masson , « Le nom de Battos, fon
dateur de Cyrène, et un groupe de mots grecs apparentés» (1976 ), repris dans Onomastica Graeca selecta, t. I, Paris 1990, p. 269-283. Si l'étymologie Bítuci Bydis< by.ty était fondée, on aurait en grec * 'E6 (e ) irns ou * 'E8 (e ) itos sur le modèle by.ty > copt. EBEIT ; sur les graphies égyptiennes et coptes, voir 5 A . Erman et H . Grapow , Wörterbuch der Aegyptischen Sprache, t. I, Leipzig 1925 ,
p . 434 -435 ; à compléter par 6 E . Otto , « Der Gebrauch des Königstitels bitj » , ZAS85, 1960, p . 143-152. D 'autre part, la connotation royale de l'idéogramme by.ty reste essentielle chez les Égyptiens hellénophones de la fin de l'Antiquité
(Chérémon ap. Porphyre, De abst. IV 9 ; Hermapion ap. Ammien Marcellin , Res gestae XVII 4, 11 ; Horapollon , Hieroglyphica I 62). Or le Bitus de Jamblique,
qui provient d'un traité hermétique perdu, n 'a pas le statut de roi,mais celui de scribe et d' interprète (ntpoonins) au service d' un roi.
Les autres explications connues de Bítuç sont tout aussi suspectes que l'identification précédente. L 'hypothèse de 7 Fr. J. Lauth , Aegyptische Chronologie, München 1877 , p . 30 , et Id., Aus Aegyptens Vorzeit, Berlin 1881, p. 104 , selon laquelle le personnage reconstitué de Jamblique /Manéthon serait le héros légendaire du
Conte des deux frères, Bata (b3t3), prenant forme de taureau et, à la fin du Conte, accédant au trône de l'Égypte , est admise par 8 Ed .Meyer, « Nachträge zur Aegyptischen Chronologie » , APAW 1908, p. 21 n . 1 ,mais tenue par 9 A . H .
Gardiner, « The Hero of the Papyrus d'Orbiney », PSBA 27, 1905, p . 185, comme« a brilliant and even probable, yetwholly unproven,conjecture » . Les rapprochements opérés par les spécialistes du monde gréco-romain n 'ont pas abouti à des résultats plus satisfaisants . 10 A . Dieterich , « Papyrus Magica Musei Lugdunensis Batavi» , JKPh, Supplementband 16 , 1888 , p. 752-754 ,
rapprocha l'hypothétique Bituc/Bydis de deux autres noms propres: 1. lat. Bithus, médecin de Dyrrhachium , auj. Durrës (côte de l' Albanie), lequel aurait selon Pline, N . H . XXVIII 82, inventé deux recettes censées annuler le pouvoir nocif du sang menstruel si la femme indisposée prend soin de ne pas passer devant un miroir et si elle porte sur elle un petit poisson , en l' occurrence un mulet (sorte de rouget ); 2 . Vitus, qui, selon le codex grec magique de Paris
(B . N . Suppl. gr. 574, ca 300 , reproduit dans K . Preisendanz [édit. ), Papyri Graecae Magicae, nº IV ), aurait inventé trois recettes de séduction dans les
quelles il est qualifié tantôt de « roi» ( 1928 -2139), tantôt de « Thessalien » (2140-2144); selon Dieterich , seul le Bítus de Jamblique serait identique au Bithus de Pline. 11 E . Riess, art. « Bitys» , RE III 1, 1897, col. 550, rejette cette identification mais ajoute à la liste des prétendus homonymes un autre nom propre : Bitos, mentionné par Zosime l'Alchimiste , Commentaire sur la lettre
BLAESUS DECAPRI
115
Oméga, § 9- 10, et censé avoir composé une tablette (rivat) sur le nom de
l'Homme primordial, Thoyth selon les Égyptiens, Adam selon les Chaldéens.
12 R . Reitzenstein , Poimandres, Leipzig 1904, p. 106 -108, puis 13 W . Bousset, Hauptprobleme der Gnosis, Göttingen 1907, p . 192 n . 1 , estiment de façon gratuite que ces multiples noms propres désignent un seul et unique auteur, qui serait le premier témoin de la doctrine hellénistique de l'Anthropos qu 'adopteront plus tard les gnostiques Naassenes. 14 W . Kroll, « Die religions
geschichtliche Bedeutung des Poseidonios» , JKPh 39, 1917, p. 156 n . 2, pense que seul le Bithus de Pline, portant un nom thrace, est un personnage réel, les autres nomspropres étant des fictions littéraires. 15 W . Scott, Hermetica, t. IV , Oxford 1936 , p . 73, adopte le point de vue inverse de Reitzenstein 12 et Bousset 13 ( autant de personnages que de noms) et suppose de façon gratuite que le Bítus de Jamblique serait un prêtre égyptien d 'un certain rang et de date récente. Pareillement, 16 K . Preisendanz, art. « Pitys » 3, RE XX 2 , 1950, col. 1882 - 1883, estime que Bitus serait un Égyptien qui aurait vécu sous Néron
comme le stoïcien Chérémon cité par Jamblique en De myst. VIII 4, sorte de « théosophe hermétiste » qui serait identique au Bítoç de Zosime et n 'aurait rien
à voir avec les « magiciens charlatans» non- Égyptiens, NítuC/ Bithusmention nés dans les papyrus magiques et chez Pline. Le point de vue de Preisendanz 16
est repris par 17 W . Gundel et H . G . Gundel, Astrologumena, Wiesbaden 1966 , p . 39 n. 13, ainsi que par 18 H .G . Gundel, Weltbild und Astrologie in den griechischen Zauberpapyri, München 1968, p . 75. 19 É . des Places ( édit.),
Jamblique, Les mystères d 'Égypte, CUF, Paris 1966, p . 221, ne connaît sur le
sujet que l'opinion émise par Scott 15, qu 'il prend pour vérité établie. La seule certitude en cette affaire est que le nom propre Bítus, qui sert à
désigner le « prophète » du roi Ammôn, est une variante graphique de l'anthro ponyme thraco -bithynien Blous, répandu en Égypte dès l'époque ptolémaïque (voir le Thesaurus Linguae Latinae, t. II, Leipzig 1900 -1906 , p . 2017- 2018, et, à titre d'exemple , SEG XXVII, 1977, n° 973 bis, ligne 23). Des phénomènes homonymiques anciens ont pu être à l'origine de l'utilisation de ce nom propre authentiquement grec là où on attendrait un nom égyptien. L 'état actuel de la
documentation ne permet ni de restituer la graphie exacte de l' anthroponyme égyptien du récit sacré transmis par Jamblique, ni d 'identifier le personnage à tel
héros légendaire de l'histoire de l'Égypte reconstituée par Manéthon ou à telle autre figure déjà signalée. MICHEL TARDIEU .
38 BLAESUS DE CAPRIRE 4
?
Ce poète, originaire de Capri (Kanpeárns), ne nous est connu que par quelques raresmentions (références dans 1 G . Kaibel, art. « Blaisus» 4, RE III 1,
1897, col. 556 , et 2 CGrF fr. 3 -5). Étienne de Byzance (p .357, 1 M .) le présente comme un onovôoyenoiwv Tronths, ce qui a conduit à le considérer comme un
auteur de Ménippées (Kaibel 1). Néanmoins cette hypothèse n 'a guère de fondements solides : Blaesus de Capri est essentiellement associé à des auteurs
116
BLAESUS DE CAPRI
comme Rhinton ou Skiras, c' est-à -dire ceux qui pratiquaient la phlyaque ou hilarotragédie en Grande-Grèce (Athénée III, 111c ; J. Lydus, De magistratibus I 41; cf. 3 M . Gigante, Rintone e il teatro in Magna Grecia , Napoli 1971, p . 82
83). Comme eux, il est également considéré comme un pythagoricien par J. Lydus (loc. cit.). Une telle mention a été souvent critiquée, voire corrigée (cf. 4 Susemihl, GGLA, t. I, p . 242). Mais pour Rhinton nous possédons d'autres témoignages (cf. Gigante 3 ) et, comme son activité se déroule à Tarente,
l' influence du pythagorisme n 'est pas à rejeter. La même conclusion peut
s' étendre à Blaesus de Capri, bien qu'il ne soit pas possible de l'étayer plus solidement en l'absence de témoignages précis. MICHÈLE DUCOS.
Fja Ce chevalier, originaire de Tibur (Tacite , Ann . VI 27, 1), fut le premier membre de l'ordre équestre à enseigner la rhétorique à Rome (Sénèque le Rhéteur, Contr. II praef. 5 ). Sénèque le cite assez souvent (Contr. VII et IX ), mais ces fragments très courts permettent difficilement de se représenter son art.
39 BLANDUS (RUBELLIUS -)
Ses liens avec la philosophie tiennent surtout à ses relations avec Papirius
Fabianus qui suivit ses leçons, alors même qu'il se consacrait à la philosophie aux côtés de Sextius (Sénèque le Rhéteur, loc. cit.). L 'éloquence de Rubellius
Blandus était peut-être plus proche de l'éloquence de combat recherchée par Fabianus que l'art asianiste d 'Arellius Fuscus, son premiermaître , à moins que
Rubellius Blandus n 'ait fait preuve de quelque intérêt pour l'école sextienne,
mais rien ne permet de l'affirmer. Cf. J. Broszka, art. « Blandus» ,RE III 1, 1897, col. 557-558. MICHÈLE DUCOS.
40 BLOSSIUS DE CUMES (C . -) RE 1
IIa
Stoïcien, ami et conseiller de Tiberius Gracchus. Il est cité par Cicéron (De
amicitia XI 37) et par Valère-Maxime (4 , 7 , 1), mais les renseignements que nous possédons sur lui proviennent essentiellement de Plutarque (Vie de Tib . Gracchus VII et XX ). Originaire de Cumes (cf. 1 D . R . Dudley, « Blossius of
Cumae » , JRS 31, 1941, p . 94-99, qui étudie ses origines familiales), il fut l' élève d ' Antipatros de Tarse « qui lui avait fait l'honneur de lui dédier plusieurs traités philosophiques » (Plutarque, Vie de Tib . Gracchus VIII 6 ). On le retrouve
ensuite aux côtés de TiberiusGracchus, au momentde son tribunat (1339) et des propositions de loi agraire. Le jour de sa mort, Blossius le poussa à ne pas se
laisser arrêter par un présage défavorable (ibid . XVII 6 ). Après sa mort, il est interrogé devant le sénat (ou les consuls ) et défend la mémoire de son ami (ibid . XX 5-6) en reconnaissant avoir agi sur son ordre et en considérant qu 'il aurait obéi à toutes ses demandes, même s'il s'agissait de brûler le Capitole, « car
Tiberius ne l'aurait pas commandé, si cela n ' avait pas été utile au peuple » (cf. De amicitia XI 37). Blossius évite finalement une condamnation; ultérieu
117
BOETHIUS
rement, il se rend près d 'Aristonicos (RE 14 ) et se donne la mort quand celui-ci échoue dans son programme révolutionnaire . Ces éléments permettent-ils de préciser qui fut Blossius de Cumes ? Si son appartenance au stoïcisme ne fait aucun doute , il ne semble pas avoir laissé d ' écrits et c ' est seulement à travers son action que l'on peut entrevoir le philo sophe qu ' il fut. Son influence sur TiberiusGracchus ne fait guère de doute et les
sources s'accordent pour le présenter comme un conseiller et un inspirateur, bien qu'il n 'ait pas fait partie de ceux qui l'ont formé (cf. Dudley 1 ; et 2 G . Garbarino, Roma et la filosofia greca , p . 445 -455). Des études précises
(3 I. Hadot, « Tradition stoïcienne et idées politiques au temps des Gracques» , REL 48 , 1970 , p. 133-179, et 4 C . Nicolet, « L 'inspiration de Tiberius Gracchus» , REA 67, 1965, p. 142-158 ) ontmontré le rôle qu 'a joué la Grèce dans l' inspiration des Gracques. Et sans doute Blossius a -t-il cherché à exercer
une action identique auprès d'Aristonicos, qui souhaitait établir la « Cité du Soleil » et assurer l'égalité de tous en libérant les esclaves (Strabon XIV 1, 38). Dans ces conditions, Blossius ne se présente pas seulement comme un stoïcien qui se fait le conseiller des hommes politiques, mais aussi comme un repré sentant de ce stoïcisme qui, à la suite d' Antipatros, privilégie avant tout une justice équitable , marque les limites de la propriété privée et insiste sur les
devoirs envers la communauté du genre humain . Cf. 5 E . Klebs, art. « Blossius» 1, RE III 1, 1897, col. 571 ; 6 M . Gigante, «Momenti e motivi dell'antica civiltà flegrea » , dans l'ouvrage collectif Il
destino della sibilla ,Napoli 1986 , p . 81-84. MICHÈLE DUCOS .
41 BOETHIUS (AniciusManlius Severinus - ) RE 1 PLRE II :5
V -VI
La date de naissance de Boèce est inconnue. On peut supposer qu 'il est né
dès les années 480, car il fait lui-mêmemention de l'extrême jeunesse de ses fils lorsqu ' ils furent choisis comme consuls en 522 et Ennodius présente les æuvres
de Boèce achevées vers 507 commela production d'un jeune prodige. On sait peu de chose de son éducation . Elle a dû initialement se dérouler dans le cercle de Symmachus, son père adoptif, puis son beau-père, où il acquit également sa connaissance du grec . Cassiodore , Var. I 45, s'adresse à Boèce en employant la formule sic enim Atheniensium scholas longe positus introisti qui peut signifier ( a ) littéralement, qu 'il étudia la philosophie en étant person
nellement présentdans les écoles à Athènes, ou (b ) au sensmétaphorique, qu'il étudia la philosophie grecque, tout en étant géographiquement isolé de son lieu d 'enseignement. Cf. 1 P. Courcelle , Les lettres grecques en Occident de
Macrobe à Cassiodore, Paris 1943, p . 259-261, et 2 J. Shiel, « Boethius' Commentaries on Aristotle » ,MRS 4 , 1958, p . 217-244 . Des listes d 'ouvrages de Boèce sont fournies par des sources contemporaines
ou quasi contemporaines. Les témoignages les plus importants sont (a) Boèce, In De interpr., ed . sec., II, p . 79 -80 (présentation détaillée de son projet de traduction de tous les traités aristotéliciens disponibles, puis des dialogues de
118
BOETHIUS
Platon) ; (b) Cassiodore , Ordo gen. Cassiod. = « Anecdoton Holderi » (la compétence de Boèce en grec et en latin ; composition du De Trinitate, du Contra Eutychen et Nestorium , et des « capita quaedam dogmatica » (De fide
catholica ?]; et traduction d 'ouvrages de logique et de mathématique); et (c ) Cassiodore , Var. I 45 (traduction d 'ouvrages de « Pythagore » (= Nico maque ? ] sur la musique, de Ptolémée sur l'astronomie, de Nicomaque sur
l' arithmétique, d’Euclide sur la géométrie , de Platon sur la théologie , d' Aristote sur la logique et d' Archimède sur la mécanique). Des traités particuliers de Boèce sont également mentionnés par Boèce, De syllog. categ. 822 B , 830 D (traduction des Analytica priora d 'Aristote (et des Analytica posteriora ?)); De diff. top. 1173 C (traduction et commentaire des Topiques d 'Aristote); De consol. phil. I m . 1, 7 - 8 (@ uvres poétiques) ; Cassiodore, Inst. II 3 , 11 (commen taire sur le De interpretatione d'Aristote ), II 3, 18 (commentaire sur l’Isagoge de Porphyre), II 4 , 7 (traduction de l'Introductio arithmetica) et II 6 , 3 (traduction
d'Euclide). Les allégeances philosophiques de Boèce peuvent être déduites premièrement des citations qu 'il fait, principalement dans le De consolatione philosophiae. Dans cet ouvrage apparaissent incontestablement des enseignements tirés du
Gorgias, du Ménon , du Phédon et de la République de Platon . Le Timée tient également une place importante et son contenu est transposé en hexamètres dans le De consol. phil. III m . 9 . Ailleurs dans le même ouvrage la Physique d 'Aristote est citée explicitement. Que Boèce lisait ces deux auteurs à la manière d 'un néoplatonicien athénien ou alexandrin du ve siècle est suggéré par (a ) sa conviction qu 'Aristote et Platon sont en harmonie dans leurs doctrines (Boèce,
In De interpr., ed. sec. II, p. 79-80), que le premier doit être étudié comme une propedeutique à l'étude du second (ibid .), et qu 'Aristote est principalement un
logicien , alors que Platon est principalement un théologien (Cassiodore , Var. I 45) ; (b ) l'association de la philosophie avec un canon de textes scientifiques ou mathématiques « pythagoriciens » : Euclide, Nicomaque, Ptolémée, etc. (ibid.);
et (c ) le recours, parfois explicite , à des philosophes et des commentateurs grecs néoplatoniciens comme Plotin , Porphyre et Jamblique. En vérité, l'approche de Boèce est essentiellement celle qui était la plus répandue dans les écoles depuis l'époque de Porphyre. Boèce interprétait apparemment tout ce matériel du point de vue des successeurs chrétiens d'Augustin , l'influence de ce dernier étant explicitement reconnue dans la préface du De Trinitate. La carrière politique de Boèce à la cour du roi ostrogoth Théodoric est décrite
dans les passages autobiographiques du De consol. phil. II pr. 3 et II pr. 4. La source principale relative à sa chute , son emprisonnement et son exécution (vers 524 ) se trouve dans Excerpta Valesiana II, ed . 3 J. Moreau et V . Velkov, Leipzig 1968, p. 85-87. Sur ce passage et les témoignages parallèles, voir 4 C . Morton, «Marius of Avenches, the 'Excerpta Valesiana', and the Death of Boethius », Traditio 38, 1982, p. 107 -136 .
BOETHIUS
119
Euvres et éditions. 1. EUVRES MATHÉMATIQUES.
(1 ) De institutione arithmetica libri duo, ed. 5 G . Friedlein , Leipzig 1867, p . 1 - 173, réimpr. Frankfurt am Main 1966. Traduction anglaise par 6 M .Masi, Boethian Number Theory, Amsterdam 1983. (2 ) De institutione musica libri quinque, dans Friedlein 5 , p. 175 -371.
Traduction anglaise par 7 C . Bower, Boethius: Fundamentals of Music, New Haven (CT) 1989. On trouvera une étude sur les æuvres mathématiques dans 8 J . Caldwell, « The De institutione arithmetica and De institutione musica » ,
dans 9 M . Gibson ( édit.), Boethius. His Life, Thought, and Influence, Oxford 1981, p . 135 -154. Au cours du Moyen -Age, divers traités géométriques ont circulé sous le nom de Boèce (cf. le témoignage de Cassiodore en Var. I 45 concernant la traduction
d'Euclide par Boèce). Édition dans Friedlein 5, p. 372-428 . Bien qu'une partie de ce matériel soit très ancienne, on ne peutmontrer qu 'il se rattache directe ment à Boèce. Au Xe siècle , Gerbert d' Aurillac prétendait avoir vu un traité de
Boèce sur l'astronomie (cf. le témoignage de Cassiodore signalé plus haut sur une traduction de Ptolémée ). Quel qu' ait été ce traité, il n 'en reste aucune trace. Sur ces traditions scientifiques pseudo -boéthiennes, voir 10 M . Folkerts, Boethius ' Geometrie II. Ein mathematisches Lehrbuch des Mittelalters, Wies
baden 1970 , et D . Pingree, « Boethius' Geometry and Astronomy» , dans Gibson 9 , p . 155 - 161.
II.CUVRES LOGIQUES. A . TRADUCTION ET COMMENTAIRES DE L' ISAGOGE DE PORPHYRE.
(3) Traduction : 11 L .Minio -Paluello et B . Dod (édit.), Categoriarum supple menta , Porphyrii Isagoge, coll. « Aristoteles Latinus» I 6 -7, 1966 . (4 ) Premier commentaire. 12 G . Schepps et S . Brandt (édit.), In Porphyrii
Isagogen , editio prima, coll. CSEL 48,Wien/Leipzig 1906 , p . 1-132 . (5) Second commentaire. Voir Schepps et Brandt 12, p. 133-348. B . TRADUCTIONS ET COMMENTAIRES D 'ARISTOTE. (a) Catégories.
(6) Traduction : 13 L. Minio-Paluello (édit.), Categoriae vel praedicamenta , coll. « Aristoteles Latinus» I 1- 5, 1961.
(7 ) (Premier ?) commentaire. In Categorias Aristotelis, 14 PL 64, col. 159 294.
(8 ) (Fragment d 'un second commentaire ?) 15 P . Hadot, « Un fragment du commentaire perdu de Boèce sur les Catégories d 'Aristote dans le codex Bernensis 363» , AHMA 26 , 1959, p . 11-27 .
120
BOETHIUS
(b ) De interpretatione.
(9 ) Traduction : 16 L . Minio -Paluello ( édit.), De interpretatione, coll. « Aristoteles Latinus » II 1-2 , 1965.
( 10 ) Premier commentaire. 17 C . Meiser (édit.), In Aristotelis De inter pretatione, Leipzig 1877.
(11) Second commentaire. Voir Meiser 17 . (c ) Premiers analytiques. (12) Traduction : 18 L . Minio -Paluello (édit.), Analytica Priora , « Aristoteles
Latinus» III 1-4 , 1962. (d ) Topiques. (13) Traduction : 19 L .Minio -Paluello et B . Dod ( édit.), Topica, « Aristoteles Latinus » VI 1- 3, 1975 .
C . COMMENTAIRES SUR CICÉRON .
(a) Commentaire sur les Topiques. (14) 20 J. C . Orelli et J.G . Baiter (édit.), Commentarii in Ciceronis Topica, dans M . Tulli Ciceronis opera quae supersunt, Zürich 1833, t. I, p . 269 395 . Traduction anglaise : 21 E . Stump, Boethius's In Ciceronis Topica, Ithaca (NY) 1988.
D . TRAITÉS ORIGINAUX.
( 15) De syllogismis categoricis, 22 PL 64, col. 793-832. ( 16 ) Introductio ad syllogismos categoricos, 23 PL 64, col. 761-794. ( 17 ) De divisione, 24 PL 64, col. 875-892. Traduction italienne par 24 bis L . Pozzi, Boezio : Trattato sulla divisione, Padova 1969. ( 18) De syllogismis hypotheticis, ed. 25 L . Obertello, Brescia 1969.
Traduction italienne par 26 L . Obertello, Boezio : De hypotheticis syllogismis, Brescia 1969. (19) De differentiis topicis, 27 PL 64, col. 1173 - 1216 . Traduction anglaise :
28 E . Stump, Boethius's De topicis differentiis, Ithaca (NY) 1978. Étude sur les traités logiques de Boèce dans Shiel 2 , et 29 L .Minio -Paluello , Opuscula : The Latin Aristotle, Amsterdam 1972 . La traduction latine des Seconds analytiques imprimée dans PL 64, col. 711 762, a été attribuée à Jacques de Venise (XI s.) par 30 L . Minio -Paluello , « Jacobus Veneticus Grecus : Canonist and Translator of Aristoteles » , Traditio
8 , 1952, p . 265-304. La traduction qu' en avait faite Boèce (mentionnée dans De syllog. categ. 822 B , 830 D ) est par conséquent perdue ou du moins n 'a pas encore été identifiée.
BOETHIUS
121
III. EUVRES THÉOLOGIQUES.
(20 ) Quomodo Trinitas unus deus ac non tres dii (habituellement citée sous le titre De Trinitate).
(21) Utrum Pater et Filius et Spiritus Sanctus de divinitate substantialiter praedicentur. (20 ) Quomodo substantiae in eo quod sint bonae sint cum non sint substantialia bona (traditionnellement citée , de façon incorrecte , sous le titre De hebdomadibus).
(22 ) De fide catholica . (23) Contra Eutychen et Nestorium . Ces cinq traités ont été édités par 31 R . Peiper, Leipzig 1871. Traduction
anglaise par 32 H .F . Stewart, E .K . Rand et J. S. Tester, Boethius: The Theo logical Tractates and the Consolation of Philosophy, coll. LCL 74 , « Revised edition » Cambridge (Mass.) 1973, p . 2- 129. Le De fide catholica a été conservé sans nom d'auteur et sans titre dans les
meilleurs manuscrits, ce quiexplique les controverses soulevées à propos de son authenticité. Cependant, le témoignage de Cassiodore (Ordo gen . Cassiod.) qui
rapporte que Boèce a écrit capita quaedam dogmatica apporte un poids consi
dérable en faveur de son authenticité. Pour un examen récent de la question, voir 33 H . Chadwick , Boethius: The Consolation of Music, Logic, Theology, and Philosophy, Oxford 1981, p. 175- 180. IV . EUVRES PHILOSOPHIQUES.
(25) De consolatione philosophiae, ed . 34 L. Bieler, CCSL 94 , deuxième édition , Turnhout 1984 . Il en existe des traductions dans toutes les principales langues européennes. Étude de l'euvre, en même temps que de ses sources et de l'influence qu 'elle a exercée dans 35 P . Courcelle , La Consolation de philo sophie dans la tradition littéraire , Paris 1967, et 36 J . Gruber, Kommentar zu
Boethius De consolatione philosophiae, Berlin 1978. Chronologie des œuvres. On ne peut dater avec exactitude qu ’un nombre
relativement restreint d'euvres de Boèce (si l'on excepte le De institutione arithmetica dont le terminus ad quem de 507 est fourni par Cassiodore , Var. I 45 , et le De consolatione philosophiae qu'il faut dater du séjour de Boèce en prison vers 524 ). Les principales datations proposées se trouvent dans 37 L .M . de Rijk , « On the Chronology of Boethius' Works on Logic » , Vivarium 2 , 1964,
p . 1-49 et p . 125- 162, et 38 L . Obertello , Severino Boezio, Genova 1974, t. I, p. 342.
Concordances. Voir 39 L . Cooper, A Concordance of Boethius: The Five Theological Tractates and the Consolation of Philosophy, Cambridge (Mass .) 1928 , et 40 M . Bernhard, Wortkonkordanz zu Anicius Manlius Severinus Boethius De institutione musica,München 1979.
122
BOETHIUS
Bibliographie. Une bibliographie complète jusqu 'en 1974 a été publiée par Obertello 38, t. II. Elle est répartie en diverses sections portant sur les éditions, les études, le contexte général, etc .
STEPHEN GERSH . 42 BOÉTHOS RE 6
MFI
Épicurien athénien ,contemporain et amide Plutarque de Chéronée (De Pyth . or. 396d - 398 ; Quaest. conv. V 1 ; VIII 3 ). Il était géomètre de formation et devait avoir atteint une certaine notoriété dans cette spécialité, car elle est
évoquée dans deux des trois passages où Plutarque le fait intervenir.Le narra teur du De Pyth . or. évoque son ralliement à l'épicurisme (396d),mais lui donne encore son titre de géomètre. Pourtant Boéthos reniait désormais catégorique
ment cette période de sa carrière , qu'il présente dans les Quaest. Conv. VIII 3 comme une erreur de jeunesse (720e). L 'expression de 396d : « qui se range à présent dans le camp d 'Epicure » laisse entendre que cette conversion est intervenue assez tardivement. Elle se place néanmoins avant les années 80 , car le banquet des Quaest. Conv. VIII 3 , donné par Ammonios ( ~ A 138 ) lors de sa
troisième stratégie des hoplites, ne peut, vu l'âge déjà avancé d ' Ammonios à cette époque, se placer plus tard. Elle fut aussi définitive que tardive. C 'est à un exposé très orthodoxe de physique épicurienne que se livre Boéthos au banquet
d' Ammonios : on ne peut donc dire, avec K . Ziegler, art. « Plutarchos », RE XXI 1, 1951, col. 669, qu 'il ait appartenu au « cercle » d 'Ammonios. Car l'ami
tié qui le liait au maître platonicien n 'impliquait aucune convergence philo sophique. C 'est en épicurien convaincu que Boéthos intervient aussi dans le De Pyth. or., où ilmanifeste sansménagement son scepticisme ironique à l'égard de l' oracle de Delphes en particulier et de la divination en général.
BERNADETTE PUECH . 43 BOÉTHOS RE 8
Eusébe de Césarée, P . É . XI 28 ; XIV 10 ; XV 11 et 16 , a conservé des extraits d ' un ouvrage de Porphyre intitule Περί ψυχής προς Βόηθον. Dans la mesure
où ce Boéthos est présenté commeun péripatéticien soutenant que l'âme est une entéléchie (XV 11) et déniant son immortalité (XIV 10), je ne vois pas de raison contraignante empêchant de l'identifier avec le péripatéticien Boéthos de Sidon ( - B 48). Je sais que P . Moraux, Der Aristotelismus, t. I, p . 172 - 176 , a tiré
argument du fait que Porphyre attaque également des positions stoïciennes dans son ouvrage pour soutenir qu 'il s'en prenait au stoïcien Boéthos (- B 47), comme le fait Simplicius dans son De anima, mais cela ne me paraît pas
convaincant. En toute hypothèse, qu 'il soit péripatéticien ou stoïcien, il faut
l'identifieravec l'un ou l'autre des Boéthos de Sidon. JOHN DILLON .
123
BOÉTHOS DE SIDON
44 BOÉTHOS Auteur d'un ouvrage lexicographique intitule Λέξεων Πλατωνικών συνα ywyn xatà otoLXETov (Collection alphabétique de mots propres à Platon ), dédié à Mélantas (Photius, Bibl. cod. 154 ). Peut-être faut-il également lui
attribuer le Περί των παρά Πλάτωνα απορουμένων λέξεων (Sur les mots difficiles chez Platon) dédié à Athénagore (- A 476 ). Photius, Bibl. cod. 154 155 , lisait les deux traités dans un volume qui regroupait également les lexiques
de Timée (cod. 151), Denys d'Halicarnasse (cod. 152), Pausanias (cod. 153), Dorothée (cod . 156) et Moeris (cod. 157). Sur les sources et l'utilisation posté rieure de ces lexiques platoniciens, voir L . Cohn , art. « Boethos» 7 , RESuppl. I, 1903, col. 253-254 . Les vestiges des lexiques de Boéthos sont regroupés dans
A .R . Dyck, « Notes on Platonic Lexicography in Antiquity » ,HSPh 89, 1985, p . 75-88. Selon Dyck, p . 76 , Boéthos, le plus ancien lexicographe platonicien connu , aurait utilisé le lexique de Pamphile d ' Alexandrie (RE 25, ca 50 de notre
ère ) et aurait été lui-même utilisé par Diogénianus d 'Héraclée (RE 4 , ir s.). Voir aussi L . Cohn, « Untersuchungen über die Quellen der Plato -Scholien », JKPh Suppl. 13, Leipzig 1884, p . 781-864 ; sur Boéthos, p. 794-808.
RICHARD GOULET. FIIa 45 BOÉTHOS DE MARATHON RE 5 Académicien, contemporain de Carnéade (-- C 42),mentionné dans la Chro
nologie d 'Apollodore apud Philodème, Ind. Acad. Herc., col. 28, 38 - 29, 17 (FGrHist 244 F 53 = Carnéade, T 3 a Mette ) ; voir col. 26 , 33-42 . Boéthos, fils
d'Hermagoras, fut disciple d'Ariston d 'Éphèse (> A 394 ) et d 'Eubule ; il mourut dix ans après Carnéade en 120/19 , sous l' archontat d 'Eumaque. La date de naissance est inconnue, mais il dut vivre jusqu'à un âge avancé, puisque Eubule estmort avant 168 /7 . Apollodore le décrit comme un penseurhabile ,mais plutôt
faible dans le raisonnement. Voir H . von Arnim , RE III 1, 1897, col. 603 ; D .Matthes, « Hermagoras von Temnos » , Lustrum 3 , 1958, p. 70 n . 1 ; T . Dorandi, Filodemo : Platone e l'Academia , p .71-72. TIZIANO DORANDI.
46 BOÉTHOS DE PAROS
IIa
Académicien , élève de Carneade ( C42),mentionné dans l'Ind. Acad. Herc. de Philodème, col. 23, 44 = 32, 42 (= Carnéade, T 3 b 15- 16 Mette ). TIZIANO DORANDI.
47 BOÉTHOS DE SIDON RE 4
MII
Philosophe stoïcien , disciple de Diogène de Babylone (mort vers 150 -140 - D 146 ), commentateur d 'Aratus ( A 298) et auteur de plusieurs ouvrages dont
les maigres fragments conservés semblent attester le caractère hétérodoxe (rejet des doctrines de l'ecpyrösis et de la palingénésie cosmique au profit de l'éternité et de l'incorruptibilité du monde, rejet de la représentation du monde comme un animal).
124
BOÉTHOS DE SIDON Fragments et témoignages. 1 SVF III, Fragmenta Successorum Chrysippi,
VI, p. 265-267. Ce recueil doit être complété par plusieurs témoignages que nous citerons plus bas. Les fragments retenus par von Arnim sont traduits en italien dans 2 M . Isnardi Parente , Stoici Antichi, coll. « Classici della Filosofia » , Torino 1989 , p .675 -679. L 'extension du fr. 7, emprunté à Philon , De incorr. mundi 76 ; 78-84 , a fait l'objet de propositions diverses. 3 M . Pohlenz, Die Stoa , t. II, p. 94 , propose de l'étendre à 85 - 103 . L 'analyse des sources la plus poussée reste celle de 4 H . von Arnim , Quellenstudien zu Philon von Alexandria, coll. « Philologische Untersuchungen >> 11, Berlin 1888 , p. 1-52 (« Uber die pseudophilonische Schrift tepi apoapolaç xoquou » ). Von Arnim rattache les extraits de Boéthos à une source péripatéticienne qui entendait démontrer l' éternité du monde contre les doctrines stoïciennes de l'ÉXttúpwols et de la nariy Yeveola ; cette source (que l'on peut dater du jer s. av. J. -C .) s'en prenait également aux conceptions platonicienne, atomiste et épicu rienne de l'univers . Selon von Arnim la critique de la renaissance du cosmos qui se lit en 85 93 pourrait se rattacher également à Boéthos, tel qu ' il était utilisé par cette source péripaté ticienne .
Les fr. 10 et 11 qui concernent l'âmedoivent être étudiés en rapport avec les fragments du traité de Porphyre intitulé lepiquxñs npoc Bóndov conservés par Eusebe (P . E . XI 28 ; XIV 10 , 3 ; XV 11 et 16 ). S 'agit- il de Boéthos de Sidon le stoïcien , de son homonyme et compa triote péripatéticien (- B 48) ou d'un tout autre Boéthos (- B 43) ? L 'identification est rendue
difficile par le fait que Boéthos ne semble pas personnellement visé dans ces fragments qui attaquent aussi bien la doctrine péripatéticienne de l'âme que la doctrine stoïcienne ou
épicurienne.
Cf. 5 R . Hirzel, Untersuchungen zu Ciceros philosophischen Schriften , t. II, Leipzig 1882 (réimpr. Hildesheim 1964), p. 221-230 ; 6 H . von Arnim , art.
« Boëthos» 4, RE III 1, 1897, col. 601-603 ; Pohlenz 3, t. I, p. 180 et 185-186 ; t. II, p. 93-94 ; 7 E .Maass, Aratea, coll. « Philologische Untersuchungen » 12 , Berlin 1892, notamment p . 152 - 158 ; 8 J. Martin , Histoire du texte des Phéno
mènes d 'Aratos, Paris 1956 , notamment p. 18 -22 .
Ouvrages attestés.
(1)Tepipúoewç, Sur la nature: D .L. VII 148 (fr. 3); (2)Iepi eiuapuévns, Sur le destin :le premier livre est cité par D .L . VII 149 (fr. 5); (3) Commentaire sur les Phénomènes d'Aratos: Géminos XVII 48 cite le
quatrième livre (év TĄ TETáptw Bibliw tñs 'Apátou Enyhoewc) à proposdes « causes physiques des vents et des pluies» et des prévisions météorologiques que l'on peut tirer – comme le fait Aratos – « du lever et du coucher du soleil, des levers et des couchers de lune, du halo qui se produit autour de la lune, des étoiles filantes et des animaux privés de raison » (47 ; trad. Aujac). Selon Martin
8 , p. 19 et 21, Boéthos résistait à l'invasion des pronostics astrologiques et préférait substituer des causes naturelles aux prétendus changements atmosphé riques dus aux levers et aux couchers des constellations.Maass 7, p. 153- 154, attribue à Boéthos l'ensemble des développements du chapitre XVII de Géminos
sur les étionuaolai. C 'est sans doute le premier livre de cet ouvrage qui est
désigné sous le titre de premier livre ſlepi ’Apátov par l’Isagoga bis Excerpta 5, p. 324 , 8-9 Maass = Vita II, p. 12, 15-17 Martin ( Teubner 1974 ): selon
BOÉTHOS DE SIDON
125
Boéthos de Sidon , Aratos aurait cherché à imiter la poésie d 'Homère plutôt que celle d 'Hésiode . « Car il s' est élevé à l'ampleur de vue des philosophes physiciens, selon lesquels il existe un principe qui gouverne le monde dans ses
plus petits détails , qui veille au déroulement des années, desmois,des jours,des saisons, ainsi qu ' aux levers et couchers du soleil, de la lune et des cing
planètes » (trad . Martin ). Une scholie au v. 62 d' Aratos (p . 98 , 24 -25 Martin ) associe Boéthos à Aristyllos et les qualifie tous deux de uaonuatixoi. Témoi
gnages absents de SVF . La tentative de Boéthos pour justifier par des causes physiques la validité des pronosticsmétéorologiques est égalementmentionnée
par Cicéron , De divinatione I 13-14 et II 47 (SVF fr. 4). ( 4 ) On connaît maintenant de ce philosophe un traité Sur l'ascèse en au moins quatre livres (Bondou llepi đoxńoews Y 8') signalé, avec d 'autres traités stoïciens de Diogène, Chrysippe, Antipatros et Posidonius, dans
PMilVogliano 11 (lettre du II s.). Cette lettre de Théon à son " ami” (étaipw ) Héraclide le " philosophe" commence par la formule de salutation platonicienne (D . L . III 61 , Lucien, Laps. 4 ) EŬ TpáTTELV. Sur cette formule, voir récemment 9 A . Acosta Méndez, « Diogenes Laertius X 14, 1 -2 » , dans Syzetesis. Studi M . Gigante , Napoli 1983, p. 121-132. La lettre est éditée , traduite et commentée par
10 A . Linguiti, dans CPF, t. I 1 *, nº 6 , p . 110-114 , qui rappelle qu'Hérillus et Denys d 'Héraclée (»- D 82) avaient composé des ouvrages portant ce titre .
Le lieu d 'origine, qui en fait non seulement l'homonymemais le compatriote du péripatéticien Boéthos de Sidon , est attesté par la Vita II d ' Aratus, p . 12, 15 Martin , et par Philon (De incorr.mundi 76 = SVF fr. 7 ), qui associe Boéthos à Panétius en les désignant comme « des hommes qui s' étaient affermis dans les doctrines stoïciennes, sous l'effet d 'une inspiration divine » (trad. Pouilloux) : ăvopec ÉV totc Etwixonç dóyuaoi loXuxÓTES, áte Deółnntol. Grâce à ces témoignages, on peut restituer son nom dans un passage de l' Index Stoicorum de Philodème où l'on croit reconnaître une liste de disciples de Diogène de Babylone : Bón ]100¢ £ .86 (Vlog ] (sect. 9, col. 51, 8 - 9, omis dans les SVF, mais voir Diogène de Babylone, fr. 11) . Il suit dans la liste Apollodore de Séleucie
(- A 250 ) sur le Tigre qui succéda à Diogène. Boèce figure, à la suite d 'Apollodore à nouveau , dans la table des matières du
Parisinus graecus 1759 (et ses copies) qui a conservé la liste des stoïciens qui étaient traités dans la partie perdue du livre VII. Voir 11 V . Rose, « Die Lücke im Diogenes Laërtius und der alte Übersetzer » , Hermes 1, 1866 , p . 367-397, en
particulier p . 370-372 (d 'après le Laurentianus 69. 35 , fol. 1" , un descendant tardif du Parisinus) ; 12 E . Martini, « Analecta Laertiana, I » , LS 19 , 1889, p . 86 (d 'après le Parisinus lui-même, fol. 1" ) ; plus récemment: 13 T . Dorandi, « Considerazioni sull’ index locupletior di Diogene Laerzio » , Prometheus 18,
1992, p . 121- 126 . Cetémoignage est également absent des SVF . RICHARD GOULET.
S BOÉTHO DE SIDON
126
48 BOÉTHOS DE SIDON RE 9
ма
Philosophe péripatéticien qu'il faut distinguer d'un homonyme stoïcien (- B 47), antérieur d'un siècle.
Édition. Les fragments de Boéthos de Sidon et les témoignages sur sa vie et ses cuvres n'ont pas encore été rassemblés. Études d 'orientation . L ' étude critique la plus complète sur la pensée de Boéthos est celle de 1 P.Moraux, Aristotelismus, t. I, p . 143- 179. 2 A . Gercke ,
art. « Boethos» 9, RE III, 1899, col. 603 -604 ; 3 Überweg-Praechter, 192011, p. 572 ; 4 K . O . Brink , art. « Peripatos» , RESuppl. VII, 1940, col. 899 - 949 (sur Boéthos, col. 945 -946) ; 5 Fr. Wehrli, « Der Peripatos bis zum Beginn der römischen Kaiserzeit » , GGP, Antike 3 , p . 459-599 ( sur Boéthos, p. 595 -596 ) ;
6 H .B . Gottschalk , « Boethus' psychology and the Neoplatonists » , Phronesis 31, 1986 , p . 243-257 ; 7 id ., « The earliest Aristotelian commentators » , dans
R . Sorabji (édit.), Aristotle Transformed, London 1990, p. 55-81 (il s 'agit de la réimpression, avec additions et corrections, des pages 1089 -1112 et 1150 - 1151 de l'article paru dans ANRW II 36 , 2 , Berlin 1987, p . 1079 - 1174, sous le titre
« Aristotelian philosophy in the Roman world from the time of Cicero to the end of the second century A . D . » ).
Vie. Comme les dates de la vie de Boéthos dépendent de celles d 'Andronicos de Rhodes, on se reportera à 8 , la notice (> A 181) que R . Goulet a consacrée au
premier éditeur des æuvres ésotériques d'Aristote . Boéthos fut en effet l'élève d 'Andronicos de Rhodes et, selon certains, son successeur à la tête de l'École
péripatéticienne d 'Athènes. Si l'on admet pour Andronicos une datation haute (activité de 78 à 47 environ à Athènes), on situera l'activité de Boéthos vers le milieu du jer siècle av. J.- C ., mais si l'on retient la datation basse (activité de 40
à 20 environ à Rome), il faut situer l'activité de Boéthos dans la seconde moitié
du jer siècle av. J.-C . Ammonius mentionne Boéthos comme le onzième succes
seur d 'Aristote : 8 dè Bondoc ÉvÉXatoç ÅTÒ ’AplotoTÉMOUS YEVÓLEVOÇ (In Anal Pr., p . 31, 12-13 Wallies). Notons que dans son commentaire sur le De Interpretatione (In De interpr., p . 5 , 24 Busse), Ammonius accorde le onzième
rang à Andronicos; il est possible que, dans cette liste , Aristote soit compté ; Andronicos serait alors le dixième successeur d ' Aristote et Boéthos, le onzième.
Wehrli 5, p. 595 note que ce témoignage d'Ammonius repose certainement sur une reconstruction des successions remontant à l'époque du néoplatonisme et pense que Boéthos a vécu comme son maître à Rome et qu ' il a exercé son
activité dans l'entourage d 'Octave . Pour d 'autres références sur cette question, cf.Goulet 8, p. 201. Boéthos naît certainement dans la première moitié du jer siècle av. J.- C . Strabon (XVI 2, 24, p . 757 C .), né vers 64/3 , mentionne dans sa Géographie, à propos de la ville de Sidon , deux philosophes réputés ( Évoočou) originaires de
cette cité et vivant à son époque, Boéthos et son frère Diodote (- D 136 ) . Strabon connaît personnellement Boéthos et il se sert de la formule suivante pour caracteriser son rapport avec lui : Βόηθός τε και συνεφιλοσοφήσαμεν
BOÉTHOS DE SIDON
127
Miuets rà ’AplotOTÉhela . Le verbe ovudioOopetv est compris comme désignant tantôt un rapport d 'élève à élève (Gercke 2 , col. 603, et 9 H . Dörrie , KP, « Boethosd» 3), tantôt la arelation du disciple au maître (Wehrli 5 , p . 595 ; aleless catégories tor :25).Morsur catégori » , fasc . I, Leiden 1989, 10 I. Hadot, sophie arisCommentaire $ succ«eSimplicius, p. 4 n . 10 ; Moraux 1, p . 54 n . 25 ). Moraux 1 , p . 143, précise que Strabon a étudié la philosophie aristotélicienne auprès de lui, non pas à Athènes où Boéthos succédera finalement à Andronicos à la tête de l'École péripatéticienne (« vers le milieu du per siècle av. J.-C . ou quelques années après » ),mais plutôt en Asie mineure ou à Alexandrie , ou même à Rome (cf. encore Moraux 1 , p . 54 55) . Euvres .
( 1) Philosophie de la nature. Nous savons par plusieurs commentaires tardifs sur les Catégories que Boéthos s ' était écarté de son maître Andronicos sur la question de savoir par quelle partie de la philosophie il fallait commencer l'étude d 'Aristote. Tandis
que son maître défend la primauté de la logique dans l'ordre de l'étude des traités d ' Aristote (il sera suivi en cela par la plupart des commentateurs d 'Aristote ), Boéthos défend celle de la philosophie de la nature : « Boéthos de
Sidon dit qu'il faut commencer par la doctrine de la nature ( tñs puolXDS mpayuatelac) parce qu'elle nous est facilement connaissable et plus familière
(ovvndeotépac)» (Philop., In Cat., p. 5, 16 - 17 Busse ). Cette thèse est peut-être à mettre en rapport avec une autre thèse importante de Boéthos, celle de l'anté riorité du singulier sur l'universel, non seulement dans l' ordre du connaître , mais aussi dans celui de l'être (cf. infra). On ne sait si Boéthos discutait cette
question dans une introduction générale à la lecture d'Aristote ou dans un autre contexte. Sur la question, traditionnelle chez les commentateurs des Catégories,
de savoir par où commencer l'étude d'Aristote, voir Hadot 10 , p . 94 - 96 . Malgré l'importance que Boéthos a donnée à la physique, aucun témoignage ne nous
garantit que Boéthos ait écrit un commentaire sur la physique. Cependant nous possédons trois fragments concernant la philosophie de la nature, grâce à la paraphrase de Thémistius sur la Physique et au commentaire de Simplicius sur le
même traité . Rien n 'indique que ces citations soient extraites d 'un commentaire suivi sur la physique.Moraux 1 , p . 170 -171, a montré que les trois citations de Thémistius, qui figurent aussi chez Simplicius, sontcertainement empruntées au commentaire d 'Alexandre d'Aphrodise ( A 112) sur la Physique. Deux de ces
fragments traitent du temps. Boéthos semble s'écarter de l'opinion d'Aristote , puisqu 'il critique la définition du temps comme mesure du mouvement. Pour Boéthos cette définition qui lie le temps à une âme qui calcule (mesurer et
calculer étant des activités psychiques) ne permet pas d 'accorder au temps la réalité physique objective qui est la sienne (Thémistius, In Phys., p . 160, 26 -28
et p . 163, 5- 7 Schenkl; Simplicius, In Phys., p .759, 18 - 20 et p. 766 , 16 - 19 Diels).
128
BOÉTHOS DE SIDON (2) Commentaire sur les Catégories. Les citations les plus nombreuses de Boéthos sontextraites de son commen
taire sur les Catégories. Les commentateurs postérieurs des Catégories, en particulier Simplicius, rapportent avec respect (par ex. Simplicius, In Cat., p . 1 , 17 - 18 Kalbfleisch ) nombre d 'opinions de Boéthos. Les fragments de ce commentaire de Boéthos sont importants pour nous, dans la mesure où ils
contiennentdes réponses à des objections formulées avant lui contre la doctrine des catégories et nous permettent par là d ' inscrire la critique plotinienne des
catégories dans une tradition. Boéthos apparaît comme le défenseur d 'Aristote contre les reproches injustifiés et les fausses interprétations qu'il trouvait parfois chez son maître et, plus souvent, chez les stoïciens qui se sont intéressés de bonne heure aux Catégories (cf. Moraux 1, p. 148, et, pour une critique plato
nicienne des Catégories, contemporaine de Boéthos, 11 H . Dörrie, « Der Plato niker Eudoros von Alexandreia » , Hermes 79, 1944, p . 29, repris dans Platonica Minora, München 1976 , p . 300 -301 ; voir en outre 12 J. Dillon , The Middle
Platonists, London 1977, p. 133-135 ). Les fragments conservés portent entre autres sur: (a ) l'objet propre du traité, (b ) la définition des homonymes, (c) la substance (ojola ), (d ) la relation , ( e) les catégories de l'action (TTOLETV ), de la
passion (Ttáoxelv ), de la position (xelobal), du temps (noú, cf. 13 S . Sambursky, The physicalworld of late Antiquity, London 1962, p . 12-13, et la critique de 14 R . Sorabji, Time, creation and the continuum , London 1983, p . 82) et de l' état (ŠXELV ) (rien sur les catégories de la quantité et de la qualité ),
(f) les postprédicaments. Pour le détail de l'interprétation des fragments et témoignages conservés, voir Moraux 1, p. 147- 164. Nous ne retiendrons que deux points. Boéthos est, semble -t-il, le premier à interpréter l'objet des Caté
gories comme n 'étant ni les éléments du langage, ni les genres suprêmes de l' être considérés en eux-mêmes,mais comme étant les éléments du langage en tant qu 'ils signifient les êtres. Les heyóueva désignent premièrement des
concepts et par accident les objets ( 15 P .Moraux, Aristotelismus, t. II, p . 336 337). D 'autre part, il soulève la question de savoir à laquelle des trois substances
mentionnées par Aristote , la matière, la formeet le composé des deux , convient la définition de la substance première. En effet, la matière et le composé ne sont
pas dits d 'un sujet et n 'existent pas dans quelque chose d 'autre. Il n 'en va pas de même pour la forme, qui tombe ainsi sous une catégorie autre que celle de la substance, que ce soit la qualité, la quantité ou une autre encore (Simplicius, In Cat., p . 78, 4 -20 Kalbfleisch ). Pour Boéthos, la forme devient donc un accident
de la substance. De cette thèse découle celle de la postériorité ontologique de l'universel par rapport au singulier (cf. Dexippe, In Cat., p . 45, 12 -31 Busse ; Syrianus, In Met., p . 106 , 5 - 7 Kroll ( sur ce texte, cf. Moraux 15 , p .600 ] et
Überweg-Praechter 3, p . 572 et 577). Cf. 16 P . M . Huby, « An excerpt from Boethus of Sidon 's Commentary on the Categories ? » , CQ 31, 1981, p. 398 409 : l' auteur pense pouvoir attribuer au péripatéticien Boéthos deux textes concernant la catégorie du temps publiés par 17 Th. Waitz , Aristotelis Organon Graece, I, Leipzig 1844 , p . 19-23.
BOÉTHOS DE SIDON
129
(3) Traité particulier sur la catégorie de la relation . Dans son commentaire sur les Catégories (p. 163, 6 Kalbfleisch ), Simplicius cite un traité particulier que Boéthos aurait consacré au problème de la relation :
Περί του πρός τι και πρός τί πως έχοντος. Boéthos y defendait l'unité de la catégorie de la relation contre les attaques des stoïciens. Ceux -ci distinguaient en effet les propriétés relatives d 'une chose ( tà npós tl), comme le doux et l'amer, et les relations pures qui ne dépendent pas d 'une qualité spécifique de la chose
(Tà npóç ti nws Éxovta ), comme “ père de” , “ situé à droite ” ou “ plus grand” . Pour sauver l' unité de la catégorie, Boéthos souligne que ,même dans le cas des
relations pures, il y a toujours un lien avec la chose ainsi qualifiée : une chose qui est dite plus grande qu 'une autre doit posséder au moins la grandeur (cf.
Simplicius, In Cat., p . 165,32 - 166,29 Kalbfleisch). (4 ) Commentaire sur les Premiers Analytiques. Nous n 'avons que deux témoignages qui puissent se rapporter à un commen taire (ou à une recherche monographique ) sur la théorie du syllogisme. Dans le premier (Ammonius, In Anal. Pr., p . 31, 11-25 Wallies), on apprend que
Boéthos défendait la thèse selon laquelle les syllogismes de la deuxième et de la troisième figure sont parfaits (téneLoi). C 'est la thèse admise par les néoplato
niciens Porphyre, Jamblique, Syrianus, Proclus, Hermias, Ammonius, et peut être déjà par Théophraste (18 A. Graeser , Die logischen Fragmente des Theophrast, Berlin /New -York 1973, p .83, et 19 I.M . Bocheński, La logique de Théophraste, Fribourg 1947, p . 64-65). Le second témoignage (Galien, Instit. Log . VII 2 , p . 17, 4 - 9 Kalbfleisch ) présente une thèse où se lit l'influence du
stoïcisme. Boéthos considère comme premiers et évidents par eux-mêmes (avantó ELXTOL) les syllogismes hypothétiques du type « - si A , alors B . – A . -
Donc B » . PourMoraux 1 p . 169, cette modification de la doctrine d ' Aristote va de pair avec la thèse de la priorité du singulier sur l' universel. En effet, Boéthos se donne par là la possibilité de conclure à partir des données singulières de la perception sensible .
(5) Éthique. Sur l' éthique, nous ne possédons également que deux témoignages, l'un
concernant la notion de passion (nádoc), l'autre celle d 'appropriation à soi même (oixeiWOLS, npőtov oixelov). Dans le premier, on voit Boéthos attaquer le monisme psychologique des stoïciens en distinguant deux parties de l'âme, l'une rationnelle , l'autre irrationnelle (Aspasius, In E . N ., p . 44, 20-33 Heylbut avec la correction de Moraux 1 , p. 177 n . 6 , et, mieux, Moraux 15 , p . 284 n . 198 ; voir encore 20 F . Becchi, « Aspasio e i peripatetici posteriori : la formula
definitoria della passione» , Prometheus 9 , 1983, p .83- 104, surtout p. 98 -104); dans le second, il affirme que l'homme est l'objet originel de son intérêt (Alexandre , De An. mant., p . 150 , 19 - 153, 27 Bruns). Comme le concept d 'oixeiwolc est central dans la théorie stoïcienne de la morale, on pense immé diatement à une influence de la Stoa. Mais, comme Boéthos réfute par ailleurs
les thèses stoïciennes, il est préférable de replacer cette discussion à l'intérieur
130
BOÉTHOSDE SIDON du Péripatos, en prenant au sérieux la thèse de 21 F . Dirlmeier (« Die Oikeiosis Lehre Theophrasts » , Philologus, Suppl. 30, 1, 1937), et de considérer Théo phraste comme l'initiateur de cette problématique au sein de l'aristotélisme. Dubia . (6 ) Psychologie .
De la doctrine de l'âme de Boéthos, nous connaîtrions quelques indications à travers les citations faites par Eusébe d'un ouvrage de Porphyre intitulé lepi yuxñs tpos Bóndov, si le Bondoc (- B 43) en question s 'avérait être le péri patéticien . Les citations de ce texte de Porphyre ont été conservées dans les
livres XI, XIV et XV de la Préparation évangélique (XI 28, 1- 16 ; XIV 10 , 3 ; XV 11, 1 -4 et 16 , 1- 2). Le premier traducteur français des fragments de l'ou vrage polémique de Porphyre, 22 E . Lévêque (« Fragments de psychologie néoplatonicienne » (dans: M .- N . Bouillet, Les Ennéades de Plotin , t. II, Paris,
1859, p .609-687 ; le Traité de l'âme contre Boéthus occupe les pages619-624 ]), indiquait en note : “ Boéthus est un philosophe stoïcien mentionné par Diogène
Laërce VII 143 et 149" (n . 1 , p .619). La même opinion est défendue aujour d 'hui par Moraux 1, p . 172 -176 , qui attribue aussi au stoïcien les deux autres testimonia relatifs à la psychologie de Boéthos (Macrobe, In Somn. Scip . I, 14 ,
20 Willis, et Simplicius (Priscianus ?), In De An., p. 247, 24 -26 Hayduck = SVF III, p. 267, 11-14 ). Il faut donc corriger la notice que P .Moraux a consacrée à Boéthos dans le 23 LAW , art. « Boethos » 4 , 1965. Contre Moraux 1, Gottschalk
6 défend l'attribution au péripatéticien des testimonia sur la psychologie , à l'exception de celui transmis parMacrobe. De son côté, 24 G .Movia, Anima e intelletto . Ricerche sulla psicologia peripatetica da Teofrasto a Cratippo, Padova 1968, p. 194-200 (chapitre intitulé « Boeto di Sidone : forma, universale e anima» ) admet que le Boéthos contre qui Porphyre écrivit son traité sur l'âme
et dont Simplicius rapporte une aporie sur l'immortalité est le péripatéticien. Il souligne la cohérence entre la théorie ontologico -gnoséologique de la substance
(négation de la substantialité de la forme) et les témoignages de Porphyre et de Simplicius sur la psychologie (apories sur l'immortalité de l'âme).
JEAN -PIERRE SCHNEIDER.
49 BOÉTHOS (FLAVIUS -) REB 10, F51 PIR F 229
MII
Consulaire (åvno ÚTATIXÓC), originaire de Ptolémaïs en Syrie -Palestine. Il nous est connu principalement par quelques passages du De praenotione de
Galien . Voir 1 V . Nutton (édit.), Galen, On Prognosis. Edition, translation and commentary by V . N ., coll. CMG V 8, 1, Berlin 1979. Certains passages sont traduits par 2 P . Moraux, Galien de Pergame. Souvenirs d 'un médecin , Paris 1985 , 197 p . Cf. 3 A . Kappelmacher, art. « Flavius » 51, RE VI 2 , 1909, col. 2534 -2535 ;
4 E . Groag, PIR2 F 229, t. III, Berlin 1943, p . 140. Lors de son premier séjour à Rome ( 162-166 ), Galien fit la connaissance de
Flavius Boéthos au chevet d'un malade âgé de 63 ans (p . 82, 20-21 Nutton ), le
131 BOÉTHOS (FLAVIUS -) . péripatéticien Eudème (p. 80, 15-19 Nutton ),maître et voisin de Galien (p. 82 ,
12). Galien présente Boéthos comme dióxaróç te xai pinouaons (p. 96 , 6 Nutton) et adepte de la philosophie péripatéticienne (xatà Tv ’AplotoTÉNOUS aipeolv OlooODOūvti: De propriis libris, p. 94 , 20-21 Müller; v. aussi ÉOTEUXUS OÈ nepiTv ’AplotOTÉRouc pioooplav : XIV ,612).
Boéthos avait en effet étudié les doctrines péripatéticiennes avec Alexandre de Damas (XIV , 627, » A 114 ), « qui connaissait les doctrines de Platon ,mais s'attachait davantage à celles d'Aristote » (c'est à tort que Kappelmacher rap porte ce trait à Boéthos lui-même). S 'étant passionné comme aucun de ses
contemporains pour l'anatomie (II, 215 Kühn), il demanda à Galien de « faire une démonstration sur la voix et la respiration , en expliquant comment et grâce à quels organes elles se produisent » (p. 80 , 26 -27 Nutton ; trad . Moraux , texte n° 27 , p . 80 ) . Cette conférence , pour laquelle Boéthos fournit les chevreaux et
les porcs nécessaires aux expériences (p. 96 , 10-11 Nutton ), se prolongea sur plusieurs jours, après une première séance ratée à cause d'Alexandre qui se ridi
culisa en posant comme question préalable : « Pouvons-nous faire confiance aux données de la sensation ? » (p. 96 , 5 -6 .9- 10 Nutton ). Boéthos avait rassemblé à
cette occasion toute une société cultivée (cf. p. 80, 23-25 Nutton : noav 8' oŬTOL σχεδόν άπαντες οι κατά την Ρωμαίων πόλιν αξιώματί τε και παιδεία
npoŰXOVTEC). La rencontre est relatée par Galien (p. 96 ,5 - 100,6 Nutton) qui la présente comme une chmolç dirigée contre les stoïciens et lespéripatéticiens en présence d'autres médecins et de philosophes (p . 94 , 20 - 21.25 -26 Nutton ). Après la conférence, Boéthos, qui devait quitter Rome, demanda au médecin de rédiger des hypomnemata consignant le contenu de son enseignement et lui envoya des tachygraphes (τους διά σημείων ήσκημένους) pour noter sous sa dictée (p. 98, 27- 100 , 20 Nutton ). Boéthos reçut ainsi une première version, en deux livres, du Περί ανατομικών εγχειρήσεων (le De anatomicis administra
tionibus, que Galien allait devoir réécrire plus tard parce que Boéthos étaitmort entre temps et que les manuscrits que Galien possédait à Rome avaient péri dans
l'incendie du temple de la Paix en 192), et plusieurs autres ouvrages (II, 215 Kühn ). Boéthos est le dédicataire des traités suivants : lepi avanvons altiwv a ', B '; Nepi ouvñs a ’- 8'; lepi tñs ' Intoxpátous ávatouñs a '-s '; lepi tñs 'Epaolotpátou ávatouñs a '- r '; Περί της επί των ζώντων ανατομής α', β '; Περί της επί των τεθνεώτων ανατομής; ' Ανατομικών εγχειρήσεων α', β '; Περί των Ιπποκράτους και Πλάτωνος δογμάτων α ' s' (conservé); Nepi xpelas uopiwv a' ( conservé). Soit 9 traités et 27 livres (voir la liste dans Kappelmacher 3, col. 2535, à la suite de 5 J. Ilberg, « Über die Schriftstellerei des Klaudios
Galenos. II » , RhM 47, 1892, p . 512). Édition récente des 'Avatouixai értelphoeis par 6 I. Garofalo ,Galeno, Procedimenti anatomici. Introduzione, traduzione e note di I. G .,Milano 1991, 3 vol. Une version arabe des quatre premiers livres a également été publiée par le même éditeur: 7 I. Garofalo , Galenus, Anatomicarum Administrationum libri qui supersunt novem . Earundem interpretatio arabica
Hunaino Isaaci filio ascripta . Tomus prior libros I- IV continens, Napoli 1986 .
Comme médecin, Galien eut à traiter la femme de Boéthos (cf. p. 110 , 18 116 , 23 Nutton , ainsi que XI, 341 Kühn ) et son fils Cyrillos (p. 104, 24 - 110 , 12 Nutton ; p . 138 , 11- 12) .
132
BOÉTHOS (FLAVIUS -)
Boéthos avait sans doute été consul suffect à la fin du règne d' Antonin le Pieux ou au début de celui de Marc-Aurèle et de Lucius Verus. Avant que Galien ne quitte Rome (été 166 ), il fut envoyé, probablement comme gouverneur (cf. ápcwv), en Syrie -Palestine, sa patrie d 'origine (II, 215 Kühn ), où ilmourut (De propriis libris, p . 96 , 23-24 Müller). RICHARD GOULET. va ? Iva ? 50 BOÏDAS (Botbac) RESuppl DK 34 Philosophe d'époque inconnue mentionné dans une Scholie sur les Nuées d'Aristophane (v. 96 ). La scholie doit maintenant être lue dans l'édition de D . Holwerda, Scholia Vetera in Nubes, coll. « Scholia in Aristophanem » I III 1, Groningen 1977, p . 31 (ad 96d).
Afin de montrer qu 'il n 'y avait pas d 'inimitié personnelle entre Socrate et Aristophane, le scholiaste donne deux exemples analogues: « D 'abord (on songe) à Diphile, qui composa contre le philosophe Boïdas un poème entier
(óóxanpov... Toinua) où le philosophe était insulté et même traité comme un esclave, sans qu 'il ait été pourtant son ennemi; puis à Eupolis, qui, tout en ayant fort peu mentionné Socrate , l'a attaqué bien plusméchamment qu 'Aristophane ne l'a fait tout au long des Nuées » (trad . D . Delattre dans J.-P. Dumont (édit.), Les Présocratiques, Paris 1988, p. 447). Boïdas devait donc être un contem porain de Diphilos, tout comme Socrate l’était d'Eupolis et d'Aristophane,mais
l'identification et donc la datation de ce poète n'est pas assurée. Delattre (p . 1333 n . 1) semble penser à Diphilos de Sinope, poète de la nouvelle comédie (RE 12 ), contemporain de Ménandre, mais on a identifié le poète de la scholie à un autre
Diphilos (RE 11), auteur de choliambes, de date inconnue ; cf. Th. Bergk, Poetae Lyrici Graeci, 4e éd., vol. II, Leipzig 1882, p . 504. Selon Diels-Kranz, les mots « d 'abord » et
« ensuite » dans la scholie n'impliqueraient pas (contrairement à ce que suppose O. Crusius, art. « Diphilos » 11, RE V 1, 1903, col. 1152 -1153) une succession chronologique des
exemples et ne prouveraient pas que Diphilos ait été antérieur à Eupolis.
RICHARD GOULET.
51 BOÏDION IVA-IIIa Épicurienne, hétaïre du Jardin , mentionnée par Plutarque, Non posse suav. vivi sec. Epic. 1097 e. C.J . Castner , « Epicurean Hetairai as Dedicants to Healing Deities ? » , GRBS 23, 1982, p.51-57, a émis l'hypothèse qu'il faudrait
identifier à la Bordion épicurienne la dédicataire homonyme de SEG XVI 300, 12. Cf. H . W . Pleket, SEG XXXII 1687, p . 467. TIZIANO DORANDI.
52 BOIÓ D 'ARGOS
Femme pythagoricienne dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique, V. pyth. 36 , 267 ; p . 147, 5 Deubner. BRUNO CENTRONE.
BOLOS DE MENDÈS
133
53 BOLOS DE MENDÈS RE 3 Columelle (ier siècle de notre ère) nous apprend qu'un auteur égyptien nommé Bolos de Mendès a publié ses ouvrages sous le nom de Démocrite , et en
cite deux passages:
– Res rustica VII 5, 17: « Bolos [le texte porte Dolus corrigé en Bolus par Thomas Reinesius) deMendès, fameux auteur égyptien qui publia ses ouvrages (commenta ) intitulés en grec Xelpoxunta en les faisant circuler faussement sous le nom de Démocrite , pense qu 'à cause de ce fléau (hanc pestem ) (cf. $ 16 ,
où la maladie est appelée sacer ignis, terme qui, dans le cas des ovins, désigne la clavelée ou variole du mouton ), il faut examiner fréquemment et soigneusement le dos des moutons. Si par hasard quelque trace de la maladie vient à être décou verte , on creuse un trou au seuil de la bergerie , on y couche vivante la bête qui
présente des pustules et, après l'avoir enfouie, on fait passer dessus l'ensemble du troupeau pour qu'ainsi la maladie se trouve chassée.» - Ibid . XI 3, 53: « J'ai lu , chez l'auteur égyptien Bolos deMendès, qu'on peut atteindre le même résultat plus facilement. Il conseille de planter , dans un
endroit du jardin exposé au soleil et bien fumé, férules et ronces en rangs alternés, puis , après l' équinoxe, de les couper légèrement au -dessous du niveau du sol et d'introduire du fumier dans les tiges avec un stylet en bois, pour y mettre ensuite des graines de concombre (et ligneo stilo laxatis vel rubi vel ferula medullis stercus inmittere atque ita semina cucumeris inserere...). En
s'accroissant, elles s'incorporeront aux férules et aux ronces, tirant leur nourri ture non de leurs propres racines mais, pour ainsi dire , de celles de leur mère .
Ces plantes ainsi greffées donnentdes concombresmême pendant le froid .» Mais la singulière prolifération des écrits pseudo-démocritéens (cf. outre les euvres attribuées à Démocrite dans les lettres pseudo-hippocratiques, Aulu Gelle, Nuits attiques X 12 , 8, Diogène Laërce IX 49), alliée au caractère essen
tiellement anonyme ou polyonyme de la recette , interdit d ' imputer à Bolos des textes mis sous le seul nom de Démocrite , comme l'a fait M . Wellmann qui lui attribue 82 fragments à la fin de sa monographie « Die Georgika des Demo
critos» , APAW 4, 1921 (voir encore, id., art. « Bolos» 3 , RE III 1, 1897, col. 676 -677 ; « Die Ovoixá des Bolos Democritos und der Magier Anaxilaos aus
Larissa » , APAW 7 , 1928 ; Id ., Der Physiologus, coll. « Philologus, Suppl.-Bd. » 22 , 1, 1930 ; voir aussi les réserves formulées par W . Kroll, « Bolos und Demokritos » , Hermes 69, 1934, p . 228-232 ). En particulier, rien ne permet
d 'identifier, avec M . Berthelot (Les Origines de l'alchimie, Paris 1885 , p. 99, thèse reprise par J. Bidez et Fr. Cumont, Les Mages hellénisés, Paris 1938, t. II ,
p . 324, A . J. Festugière , La Révélation d 'Hermès Trismégiste, t. I, Paris 19502, p . 224 sqq., amplifiée par J. Lindsay, The Origins of Alchemy in Graeco -Roman Egypt, London 1970 , p . 90 sqq., et acceptée par G . Fowden, The Egyptian Hermes, Cambridge 1986 , index s. v. “ Bolus ofMendes” , p .238, col. a ), Bolos à l'un des pseudo -Démocrite alchimistes, notamment à l'auteur de l'ouvrage en
IV livres, De l'or, de l'argent, des pierres et de la pourpre, postérieur à l'empe reur Claude ( cf. I. Hammer -Jensen, « Die älteste Alchymie » , Det kongelige
BOLOS DE MENDÈS
134
danske Videnskabernes Selskab, Historisk-filologiske Meddelelser IV 2, København 1921, p . 80 -98 ; J. Letrouit, « Datation des alchimistes grecs» , dans D . Kahn et S. Matton (édit.), Alchimie : art, histoire et mythes. Actes du jer colloque international de la Société d'Étude de l'Histoire de l'Alchimie , Paris,
Collège de France, 14- 16 mars 1991, coll. « Textes et Travaux de Chrysopæia » 1, Paris 1994, p. 80 - 98. A strictement parler, au plus trois autres textes en sus de ceux de Columelle
peuvent être rapportés à Bolos. - Étienne de Byzance , 'EOVixá, s. v. "Aquvdoç : « Absinthe [...] il y a aussi une sorte de plante de ce nom dont parle Bolos le démocritéen .» [Nous repre nons la ponctuation de l'édition A .Meineke : "Abuvoog: ... ŠOTL DÈ xai eldoç φυτού περί ου Βώλος ο Δημοκρίτειος. “ Ότι Θεόφραστος εν τω Περί φυτών ενάτω τα πρόβατα τα εν τω Πόντω το αψύνθιον νεμόμενα ουκ έχει χολήν.
En effet: ( 1) Il ne subsiste des ’EOvixá qu'un abrégé, d 'où la structure oti sans verbe après un point (cf. s. v. "Aotu , Bévva, Aáovn, Alvouua , Odoog – nous devons ces trois dernières références à D . Béguin ); (2) Étienne de Byzance tire la phrase Oeoppaotoc- xoanv des Histoires merveilleuses d'Apollonios (§ 31
Giannini). Ce paradoxographe du IIe siècle av. J.-C . paraphrase ici Théophraste , Histoire des plantes IX 17 , 4, comme le feront après lui Pline, H . N . XI 194 , XXVII 45, et Élien, H .A . XI 29.] - Scholie à Nicandre , Thériaques, v. 764 : « Bolos le démocritéen déclare dans son livre Sympathies et antipathies (Ilepi ovunaDeLĀv xalårtinaOELĀv) que les Perses, qui avaientchez eux une plante mortelle, la plantèrent en Égypte dans l'espoir de faire périr beaucoup d' Égyptiens, mais elle devint comestible et, s'étant transformée en son contraire , elle produisit un fruit très sucré.» (Le texte porte ‘ Põãos corrigé en Bõios par Lucas Holste, cf. A . Crugnola (édit.),
Scholia in Nicandri Theriaka, coll. « Testi e documenti per lo studio dell' antichità » 34 ,Milano 1971, p. 276 .]
- Souda, s.v. Boros B 481, t. I, p. 489, 27-28 Adler: « Bolos Démocrite, philosophe, Recherche et Science médicale ('Iotopía xai téxin latpixń ) :
contiennent des remèdes merveilleux tirés de moyens naturels (iáoelç PUOLXdG ÅTÓ TIVWV BonOnuátwv tñs púoewc) » . Et ibid., B 482, t. I, p . 289,29 - 290 , 3 Adler : « Bolos de Mendès, pythagoricien , Sur ce qui nous conduit au savoir
dans la lecture des recherches (Ilepi tõv £x tñs åvayvúcewÇ tõv iotoplav
kiç étiotaolv nuāç åyóvtwv), Sur les prodiges (Ilepi Davuaoiwv), Proprié tés naturelles ( voixà duvauspá) : contiennent des considérations sur les sympathies et les antipathies des pierres par ordre alphabétique ; Sur les signes provenant du Soleil, de la Lune, de la Grande Ourse, de la Lampe et de l'arc en -ciel (IIepi onuelwv TÕVÉg nalov xai dennvns xal õpxtov xai lugvlov xai (pudoc).» Ces textes montrent que l'existence de plusieurs auteurs du nom de Bolos n 'est pas à exclure. Le ou les Bolos ont pu non seulement rédiger des écrits pseudo -démocritéens, mais encore en faire circuler d 'autres sous leur propre nom .
JEAN LETROUIT .
BOURIKHIOS D 'ASCALON
135
BONUS → SOUAPIS (SEXTUS -) 54
DM VI ? BOTÔN D 'ATHÈNES RE PA 2901 Maître de Xénophane de Colophon (ca 570 -470 ?) selon D .L. IX 18 (DK 21
A 1), qui rapporte que d'autres prétendaient que Xénophane avait été l'élève d 'Archélaos (- A 308) et d'autres encore qu'il n'avait pas eu de maître. Il n' était pas nécessairement philosophe . Diels et Kranz proposent de l'identifier avec le Botôn mentionné dans les Vies des dix orateurs du Pseudo -Plutarque, IV , 837 a : Isocrate se serait servi dans un procès contre des sycophantes de téxval de son maître Théramène qui étaient intitulées (Étlyeypaquéval) “ de
Botôn ”.Mais ce Botôn a vécu à la fin du Ve siècle et il faudrait supposer, avec Diels et Kranz, que le renseignement concernait à l'origine Xénophon et non Xénophane. Sur ce type de
confusion dans les abréviations des noms de philosophes chez Diogène Laërce, voir J.Mejer, Diogenes Laertius, p. 25-27, et, pour notre passage, n . 54 : « While Xenophon could have heard A (rchelaos), Xenophanes could not» . Une confusion entre les deux philosophes est manifeste en D . L . II 13 (cf. IX 20 ).
RICHARD GOULET.
55 BOULAGORAS Diadoque pythagoricien , successeur de Mnémarque et prédécesseur de
Gartidas, d'après Jamblique, V. pyth . 36, 265 ; p . 142, 19-21 Deubner ; c 'est à son époque que serait survenu le sac de Crotone (379). Selon A . Rostagni, (« Pitagora e i Pitagorici in Timeo » , AAT 1913- 14, repris dans Scritti minori II
1: Hellenica-Hellenistica, Torino 1956 , p. 3-50 ), qui suppose dans la liste des diadoques une lacune d 'un ou deux noms avant ou après Boulagoras, la prise de Crotone par Denys l'Ancien serait survenue lorsque le successeur de Boulagoras était chef de l'école. Voir cependant F. Prontera , « Gli ultimipitagorici» , DArch
IX -X , 1976 -1977, p. 267-332, notamment p. 274-275 et n. 13. BRUNO CENTRONE .
56 BOULÔN FIIIa Péripatéticien , un de dix popqual auxquels Lycon (mort vers 2254) lègue le péripatos dans son testament et confie la charge de choisir un nouveau scho
larque (D . L . V 70). Premier nommé dans la liste, il est également chargé, avec Callinos (- C 26 ), de s'occuper du cortège funèbre et de la crémation du scholarque, sans parcimonie, mais aussi sans dépense inutile, et de rétribuer les médecins qui l'ont soigné à partir des revenus d'une maison léguée en commun
à ces deux disciples ( V 71). RICHARD GOULET.
IV 57 BOURIKHIOS D 'ASCALON Cet étudiant ou professeur ( sur le sens de scholasticos, voir s.v. « Bèsas de
Panopolis » , » B 29), originaire de Palestine, avait visité la « syringe» de
Memnon (tombeau de Ramsès VI) en compagnie de Bèsas de Panopolis ( 1 J. Baillet, Inscriptions grecques et latines des tombeaux des rois ou Syringes,
fasc . 2, nºs 1266 , 1279, 1405). Comme lui, ilmet sa visite en rapport avec son
136
BOURIKHIOS D ' ASCALON
attachement à la philosophie platonicienne (did Mátwva édatuaoa , n° 1279), mais lesmessages qu 'il a laissés ontun caractère beaucoup plus énigmatique. Dans le n° 1279, après un proscynème au nom de son frère et « seigneur» Sapricius, il termine par une formule assez obscure : où è toúltov Évexa årtoldÉEETé (= tal) lueMátov,
d 'après la lecture de 2 A . Bataille, Les Memnonia , Paris 1952, p. 172, préférable à celle de J . Baillet, (anooÉETE ). Les deux commentateurs estiment que le démonstratif doit renvoyer à
la visite des tombeaux : « il entend peut-être par là que ce n 'est pas pour avoir accompli ce geste, auquel l'engageait le souvenir de Platon , que ce même Platon le reconnaîtra pour son
disciple : il lui a donné d 'autres gages de sa fidélité, par exemple en donnant à son ensei gnement un caractère platonicien » (Bataille 2 ).
Le n° 1405 est une curieuse inscription en forme de dialogue. Dans la première partie, Bourikhios semble se reprocher de ne pas comprendre le message des hiéroglyphes (xatbyvwv éluautoŨ Old to un érvwXÉVAL Tov Noyov ). J. Baillet a fait remarquer que la
formule semble en rapport avec l'inscription voisine nº 1404 , dont l'auteur se vantait d ' avoir lu ” (åvayvoúc): Bourikhios, reprenant à dessein la même racine verbale, avoue pour sa part
ne pas comprendre (un érvwXÉval) et se condamne (xatbyvwv ). Les lignes qui suivent reproduisent le commentaire d 'un autre personnage, qui interpelle le philosophe : oủx ATTEDEEaunu oe t[ñ ] s Énultpibñs, 1 Boupplyle . A en juger par la copie de Baillet, elles ne sont pas de la même main , et le nom est orthographié cette fois avec deux p . L ' éditeur comprend cet ajout comme la réponse du n° 1404, qui serait donc un compagnon de voyage de Bourikhios, et traduit : « Je ne t'approuvai pas pour cette irritation , ô Bourikhios » ; il
commente : « son ami n 'admet pas le reproche qu ' il s'adresse » . Compte tenu de la lecture, améliorée par Bataille 2 , du 1279, on peut se demander si le rapport ne serait pas plutôt à
établir entre les deux messages de Bourikhios : oỦx ÅTEDEEaunu qe, en 1405, semble bien correspondre à oudè ... & TODÉEETÉ (= TAL) 4e de 1279 et t[n ]s Énultpions pourrait être un génitif de cause correspondant à toúltov Évexa. Ne s 'agirait- il pas de la « réponse » de
Platon, imaginée par un compagnon de Bourikhios, à la remarque finale du n° 1279 ? Celle-ci paraît bien avoir été ajoutée après coup au proscynème: la photographie donnée par Baillet 1, pl. 16 , montre que l'encre n 'est pas la même que dans les premières lignes. Quoi qu' il en soit, le sens précis d 'étitpibn reste bien difficile à déterminer, de sorte que la signification du dialogue demeure mystérieuse. Mais il n 'est pas impossible qu'il y ait dans tout cela une
bonne part de jeu . BERNADETTE PUECH .
58 BOUTHÉROS DE CYZIQUE RE 10 Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique, V. pyth. 36 , 267 ; p. 146, 10 Deubner. Témoignages. FPhG II 50 ; H . A . Brown, Philosophorum Pythagoreorum
collectionis specimen , Chicago 1941, p. 16 - 18 ; H . Thesleff, The Pythagorean
Texts, p . 59, 1-19.
Sous le nom de Bouthéros a été transmis en dialecte attique, chez Stobée I 1, 5, un fragment d 'un llepì đplouõv ( p. 59, 3 -19 Thesleff) : le nombre se compose de monades; il est le principe éternel et la mesure des êtres; l'impair
est plus parfait que le pair ; l'un est substance, physis et nolls. Il est possible qu 'il s'agisse d'un fragment authentique selon 1 H . Thesleff, An Introduction to the
Pythagorean Writings of the Hellenistic Period, Åbo 1961, p. 112, qui propose de le dater du milieu ou de la fin du IVe siècle av. J.- C . BRUNO CENTRONE.
137
BRO (N )TINOS
59 BOUTHOS DE CROTONE Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique, V . pyth. 36 , 267; p . 143, 21Deubner.
Il faut peut-être l'identifier avec Xouthos DK 33 [23], qui ne figure pas dans le Catalogue de Jamblique. BRUNO CENTRONE.
BRETTIUS -> BOÉTHOS (Dans l'article de J. Ferguson, revu et complété après sa mort par J. P . Hershbell, « Epicureanism under the Roman Empire » , ANRW II 36 , 4 , p . 2289, il faut corriger Brettius en Boethus.
R . G .)
BROMIOS RE 5
II /IP ( ?) Épicurien , uniquement connu par les mentions de son nom que l'on peut lire
dans le De signis (PHerc. 1065, col. 19, 4 - 11) et dans le second livre de la
Rhétorique de Philodème (PHerc . 1674, col. 34, 11-31). Nous ne possédons à son sujet aucun détail biographique. A partir des deux passages mentionnés de
Philodème, nous apprenons que dans le De signis il constitue un point de référence pour la réfutation des critiques dirigées par les stoïciens contre la
logique épicurienne (cf. A . Angeli et M . Colaizzo, CronErc 9 , 1979, p . 58-59, et J . Barnes, « Epicurean Signs » , OSAPh Suppl. 1988 , p .91- 134, notamment p. 92 n . 6 - 7 : on suppose également que cette partie de l'ouvrage dépend d'un
commentarium de Bromios). Dans la Rhétorique, Philodème s'adresse à lui en
l'appelant DataToC, mais lui reproche de s'être éloigné de l'interprétation
commune de la rhétorique sophistique. On ne peut pas toutefois parler d'une appartenance de Bromios au cercle des épicuriens dissidents (cf. F. Longo
Auricchio , CronErc 11, 1981, p. 39-40, et D . Sedley, « Philosophical Allegiance in Greco -Roman World » , dans J. Barnes et M . Griffin (édit.], Philosophia
Togata , Oxford 1989, p. 109) . TIZIANO DORANDI.
61 BROTINOS
Via
Philosophe pythagoricien de la première génération. Édition des fragments et des témoignages. 1 H . Thesleff, The Pythagorean
texts of the Hellenistic period, p .54, 19- 56 ,10 ; 2 M . Timpanaro Cardini, Pitagorici, t. I, p . 74-77. La tradition rapporte deux formes différentes du nom : Bpotīvos ( D . L . VIII 55 et 83 ; Jamblique, V. Pyth. 267; Souda, s. v. 'Opoɛúc ) ou Bpovtīvoç (Jambl., ibid ., catalogue des femmes pythagoriciennes, § 132 ; D .L . VIII 42) ; pour les variantes des manuscrits, voir textes dans l'apparat critique de Thesleff 1, p. 54 55 , et DK , t. I, p . 214, 24, avec références. La forme Bpotīvos, défendue par
Usener dans son édition de Syrianus, p. 926 a 2 , est généralement préférée ; cf. Timpanaro Cardini 2, t. I, p. 74-77.
138
BRO (N ) TINOS
Il serait né à Métaponte (Jambl., V . Pyth . 267, qui le range parmi les MetanovTĪVOL) ou à Crotone (D .L . VIII 42). On le donne tantôt comme beau père de Pythagore ( D . L . VIII 42 : « Pythagore avait épousé une femme du nom
de Théano, fille de Brotinos de Crotone » ), tantôt comme son gendre (D . L .
ibid.),mais ailleurs, on le dit marié à une des disciples de Pythagore , sans lien de parenté avec lui (Jambl., V . Pyth . 132 ). Le nom de cette femme varie : Osavo ou Δεινώ ( MD 28), var. Δεινωνώ; sur la confusion entre Θεανώ et Δεινώ dans la tradition , voir Timpanaro Cardini 2 , t. I, p . 75, avec les références critiques.
Autres sources antiques: Souda, s. v. Oeavó 1 et 2 , et Iudayópaç. Son existence historique et sa chronologie sont établies par D . L . VIII 83 qui cite la « dédicace » (Burnet) qu'Alcméon de Crotone (- A 98) avait faite de son livre à Brotinos : 'Anxualwv Kpotwvining ráoe & Rete Telploov vids
Bpotivul xal Abouti xal Badúlawl nepi tõv å avbwv xt . (DK 24 B 1). Léon est cité dans la liste de Jamblique parmi les Métapontins, et un Bathylaos (- B 22] (var. du même nom , cf. Timpanaro Cardini 2 , t. I, p . 148 n .) par les
« Posidoniates » (citoyens de Paestum ). Sur les rapports entre Alcméon et
Brotinos, voir 3 W . K .C . Guthrie, A History ofGreek Philosophy, t. I, p . 344 n . 1, et p .341- 343. Un témoignage isolé et controuvé de D . L . VIII 55 met Brotinos en rapport avec Empédocle : « La lettre qui circule sous le nom de Télaugès, selon laquelle
Empédocle aurait suivi l' enseignement d 'Hippasos et de Brotinos, n 'est pas digne de foi (un åÇLÓTLOTOV )» . Sur cette lettre apocryphe (citée aussi par D .L .
VIII 53 = DK 31 A 1 8 53),voir Timpanaro Cardini 2, t. I, p . 76 n. 3. Euvres. Quatre titres, variablement attribués, et un fragment sont connus. ( 1)Héthoç (« Lemanteau » ), Souda s. v. 'Oppeús, attribué soit à Brotinos, soit à Zopyros d 'Héraclée par la notice, mais donné comme de Brotinos par Clément, Strom . I 131.
(2) AÍXTVOV (« Le filet» ), Souda, ibid ., avec la même incertitude. (3) DUOLXá (« Physiques »), Souda, ibid ., et Clément, ibid. (4 ) lepi voở xai lavolaç (« Sur l' intelligence et la pensée » ), Jambl. De comm . math. sc . 8 , p. 34 , 20 Festa, où Brotinos aurait fait la distinction entre tà
διανοητά et τα νοητά, pensée discursive et pensée intuitive. Toutle passage (en dorien) qui suit, repris par Sophonias (CAG XXIII 1, p . 130 Hayduck ), est une falsification (voir Thesleff 1, p . 38 n . 24, et Timpanaro Cardini 2 , t. I, p . 77 n . 5 ).
Ce texte est cité par Syrianus, In Metaph. 926 a 2 , 935 b 13 Usener; Pseudo Alexandre , In Metaph. 821, 34 Hayduck ; Stobée, apud Photius, Bibl. 114 a 29.
ANNIE BÉLIS . 62 BRUTTIUS RE 1
ја
Personnage mentionné dans une lettre du jeune Cicéron, écrite pendant son séjour à Athènes en 44a (Fam . XVI 21, 4 - 5 ). Marcus apprécie sa compagnie , remédie à son dénuement (8 5 ) et s'exerce avec lui à la déclamation latine ( § 4 ) ;
139
BRUTUS (M . IUNIUS -)
il apprécie également son érudition, qui n 'exclut pas la plaisanterie : non est seiunctus iocus a philologia et quotidiana ouinmoel (§ 4 ). Même si le nom est fréquent en Italie , nous n 'avons pas d'autres renseigne ments sur ce personnage, présenté le plus souvent comme un rhéteur ou un pauvre maître d'école (1 E . Klebs, art. « Bruttius» 1, RE III 1, 1897, col. 911
912). Toutefois, en 46a, Cicéron parle d'un L . Bruttius, eques Romanus, qu'il recommande à M . Acilius Caninus (Fam . XIII 38) ; il n'est pas exclu qu'il s'agisse du même personnage (voir 2 C . Nicolet, L 'ordre équestre , coll. BEFAR
207, t. II, Paris 1974, p. 805 n . 54). En ce cas, il ne s'agit plus de relations de maître à élève, mais d 'amitié entre deux jeunes gens.Les liens de Bruttius avec
la philosophie sont encore plus malaisés à préciser que son identité : seul le terme ovchinois, employé par le jeune Marcus, suggère un intérêt dans ce
domaine,mais qui, en l'absence d'autres indications,reste des plus vagues. MICHÈLE DUCOS. 63 BRUTUS (M . IUNIUS -) RE 53
Les principales sources de notre connaissance de Brutus sont les Lettres de Cicéron à lui adressées ( éd . D . R . Shackleton-Bailey, Cambridge 1980 (le recueil comprend des lettres de Brutus lui-même); dans la CUF l'édition est incomplète et s'arrête au tome X , édité par J. Beaujeu , Paris 1991). Les lettres grecques de
Brutus ont été éditées par L . Torraca, Marco Giunio Bruto , Epistole greche, Napoli 1959. Nous disposons également d'une Vie de Brutus par Plutarque (éd .
R . Flacelière et E . Chambry, CUF, t.XIV , Paris 1978 ).
Né vers 858, comme on l'admet en général aujourd 'hui (voir cependant les réserves de 1 A . Alföldi, « Caesar in 44 v . Chr.», Antiquitas, Reihe 3, t. 16, Bonn 1974, p . 345 -361), fils de M . Iunius Brutus, mort en 78, et de Servilia, Brutus fut élevé par son oncle Caton et se trouva très tôt en contact avec des
rhéteurs et des philosophes (Plutarque, Brut. 2). Il se trouve également en contact avec le monde politique : en 58 , il accompagne son oncle Caton à
Chypre, et à son retour en 56 commence une carrière politique. Triumuir mone talis en 54 , il est questeur en 53 et se rend en Cilicie aux côtés de son beau-père Ap. Claudius Pulcher qui en était le proconsul; il fut légat en 50 /49. En même temps, en 52, il prononce contre Pompée, alors consul unique, un discours où se manifeste son refus de l'esclavage et sa volonté de vivre dans l'honestum (Quintilien IX 3, 95 ) ; il assiste Cicéron dans le procès de Milon et semble d 'ailleurs avoir écrit un discours en faveur de l'accusé. Pendant la guerre civile , il se range d'abord aux côtés de Pompée, puis, après Pharsale en 48 , il se rallie à César, qui l'admet au nombre de ses familiers. Il reste d ' abord en Orient avec
César, puis, à son retour en Italie, il devient legatus pro praetore en Cisalpine (46 ). Après Thapsus, comme Cicéron, mais avec moins de succès, il écrit un
éloge de Caton d'Utique. En 45, il demeure gouverneur de Cisalpine et épouse Porcia, la fille de Caton. En 44, César lui attribue la préture urbaine, mais en même temps, Brutus se trouve avec Cassius à la tête de la conjuration qui aboutit à la mort de César, le 15 mars 44 . Les raisons de son engagement ont
140
BRUTUS (M . IUNIUS -)
suscité bien des discussions: excès de César (2 H . Gelzer, art. « Iunius» 51
[M . Iunius Brutus), RE X 1, 1918, col. 973-1020, notamment col. 980) ? influence de Cicéron qui le pousse à dépasser ses hésitations coutumières
(Alföldy 1 et 3 H . Bengtson , «Zur Geschichte des Brutus» , SBAW 1970 [München 1971), p. 1- 50 ) ? Mais la situation n 'est pas moins complexe après la
mort du dictateur: les « libérateurs » , qui n 'avaient peut-être pas de programme précis (Bengtson 3, 4 E . Wistrand, The policy of Brutus the tyrannicide, coll. « Acta Regiae Societatis Scientiarum et Litterarum Gothoburgensis – Huma niora » 18, Göteborg 1980 , 37 p .) se heurtent aux partisans de César et au consul
Marc-Antoine. Brutus et Cassius, chargés d 'unemission par le sénat, s'éloignent d 'abord de Rome (juin 44), puis quittent l' Italie (fin août, début septembre).
Brutus se rend à Athènes et, tout en levant une armée , rallie à sa cause la Grèce, la Macédoine et l' Illyrie ( février 43). La cause républicaine semble triompher
avec la défaite d 'Antoine à Modène (avril 43), bien que les divergences avec Cicéron se multiplient (cf. 5 U . Ortmann, Cicero, Brutus and Octavian , Bonn
1988 , 559 p.), surtout à cause d'Octavien dont se défie Brutus. Il reste en Macédoine, malgré le rappel du sénat, et décide de passer en Asie pour regrou per ses forces avec celles de Cassius, qui se trouvait en Syrie , et mener ainsi la
lutte contre le second triumvirat. Un premier combat à Philippes en Thrace n 'est pas décisif mais aboutit à la mort de Cassius ; trois semaines plus tard , la
seconde bataille de Philippes (octobre 42) entraîne la défaite des républicains et le suicide de Brutus.
Si le personnage de Brutus nous échappe parfois, ses liens avec la philo sophie ne font aucun doute. Ils se traduisent dans la formation du neveu de Caton , mais c'est surtout à l'Académie et aux tendances représentées par Antiochos d'Ascalon (> A 200 ) que vont ses sympathies. Plutarque insiste sur
ses liens d'amitié avec Aristos d 'Ascalon (» A 406 ), le frère d'Antiochos (2, 1); il reste ainsi proche de l'Académie et des stoïciens. De telles connaissances
furent sans doute acquises lors de son séjour d ' études à Athènes (Cicéron, Brutus 331). Et, en 43, lorsqu 'il se trouve à Athènes pour d'autres raisons, on le voit suivre les leçons du péripatéticien Cratippe ( C208 ) et de l'académicien Théomnestos (Plutarque, Brutus 3 ). Nombreuses sont aussi les pages où Cicéron fait mention de cette culture philosophique : Brutus 120, 149; Tusculanes V 21 ; De finibus I 8 . Les liens d 'amitié entre les deux hommes sont d'ailleurs étroits: l'orateur romain parle souvent de lui dans sa correspondance et lui dédie de
nombreux traités (Brutus, Orator, Tusculanes, De finibus, De natura deorum , Paradoxa Stoicorum ).
Brutus est l'auteur de plusieurs traités dont nous connaissons au moins les noms: l'abrégé de Polybe, qu 'il écrivit avant Pharsale , ne nous est connu que
par Plutarque (4, 8) et nous ne savons à peu près rien de l'éloge de Caton qui lui valut quelques critiques de Cicéron (Att. XII 21, 1) , sinon que la question du
suicide y était peut-être abordée. Cet intérêt montre que, malgré des talents oratoires certains, Brutus était surtout un philosophe: on ne peut rien dire du De patientia , dont il ne subsiste qu 'une trèsmaigre citation (Diomède, GLK I 383,
BRYSON
141
8 ) , mais il avait aussi écrit un De virtute et un lepi waonxovtoç (« Du devoir » ). Le contenu du premier traité est malaisé à préciser (cf. De finibus I 8 ; Tusc. V 1), mais il était dédié à Cicéron , comme le précise le Brutus 11.
( L 'hypothèse de 6 G . L . Hendrikson, « Brutus De virtute » , AJPh 70 , 1939, p. 401-413, qui en fait une lettre écrite par Brutus en Asie , est en général rejetée ); l'auteur y évoquait l'exil etMarcellus (Sénèque, Ad Helviam VIII 1 -3 ; IX 4 ) ; sans doute traitait-il de la vertu et du bonheur, autrement dit de la vita
beata et de la vita beatissima, question importante pour Antiochos et ses disciples. Le Traité des devoirs est mentionné essentiellement par Sénèque (Lettre 95 , 45) ; il précise que Brutus donne de nombreux préceptes pour les parents, les enfants et les frères ; il s'agit donc avant tout d'un traité de morale pratique.
Il est plus délicat de s'interroger sur la part de la philosophie dans sa conduite. L 'image idéalisée donnée par Plutarque a été corrigée par les histo riens, qui rappellent les hésitations du personnage, bien que Gelzer 2 tende à faire une part importante à la philosophie dans ses choix . On ne peut lui dénier
un sens de la libertas, inspiré d'une double tradition familiale , celle de L . Iunius Brutus, le consul de 509, et de Servilius Ahala, et sans doute renforcé par ses rencontres avec les stoïciens ou les disciples d 'Antiochos. Pour la postérité Brutus restera l'homme de la uirtus et le uindex libertatis (sur cette tradition , voir 7 M . L . Clarke, The Noblest Roman. Marcus Brutus and his Reputation, London 1981) .
MICHÈLE DUCOS. 64 BRYAS DE CROTONE
Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique, V. pyth . 36 , 267; p . 143, 22 Deubner. BRUNO CENTRONE. 65 BRYAS DE TARENTE
Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique, V. pyth . 36 , 267; p. 144, 18 Deubner. BRUNO CENTRONE.
66 BRYSON RESuppl. XI:1 Selon Jamblique V. pyth . 23, 104, p.60, 2 -4 Deubner, Bryson fut dans sa jeunesse , avec d 'autres pythagoriciens, contemporain et disciple de Pythagore, alors que ce dernier était déjà âgé.
Témoignages. 1 H . Thesleff, The Pythagorean Texts, p. 56 , 11- 58 , 36 . Sous le nom de Bryson ont été conservés deux fragments d 'un Oixovoulxóc chez
Stobée IV 28, 15 (p . 56 , 14 - 57, 10 Thesleff). Datation probable : le siècle , d 'après 2 F . Wilhelm , « Die Oeconomica der Neupythagoreer Bryson , Kalli
kratidas, Periktione, Phyntis » ,RM 70 , 1915, p . 161- 223; notamment p . 222 223 ; arguments contraires dans 3 H . Thesleff, An Introduction to the Pytha
142
BRYSON
gorean Writings of the Hellenistic Period, Åbo 1961, p. 57-59. Selon Thesleff, p. 111- 112 ; 115 , la date de composition remonterait au IIIe siècle av. J.-C .
L' Économique de Bryson a été transmise en versions arabe (début du Xe s.), hébraïque (XIVe s.) et latine (ca 1300, sous le titre Economica Galieni). Voir, sur ces versions, 4 M . Plessner, Der Oixovoucxóc des Neupythagoreers " Bryson " und sein Einfluß auf die islamische Wissenschaft, coll. « Orient und
Antike » 5 ,Heidelberg 1928. Études d 'orientation . Thesleff 3 ; 5 M . Plessner, art. « Bryson », RESuppl. XI, 1968, col. 356-357. Traduction allemande dans Plessner 4, p . 214 -259. Un résumé de cette
traduction se trouve dans Thesleff 3,p . 57, 18 -58, 36 . Selon Thesleff 1 , p . 56 , il est possible que Bryson soit à identifier avec Bryson d'Héraclée (- B 68), le sophiste mentionné par Athénée XI, 508d, 509 d , 509c, et Pseudo-Platon, Ep. XIII, 360c; l' intérêt marqué par l' Académie envers les citoyens d 'Héraclée pourrait avoir contribué à faire de luiun pythagoricien . BRUNO CENTRONE.
67 BRYSON D 'ACHAÏE RE 3
Iva
Maître de Cratès de Thèbes (- C 205) d 'après le témoignage d 'Hippobote (fr. 8 Gigante = D . L . VI 85. Voir Suidae Lex., s. v . Kpárns, t. III, K 2431, p . 182 Adler ), et maître aussi d 'Hipparchia (Suidae Lex., s. v. ' Inttapxia , t. II,
I 517, p . 657 Adler ). Cf. P . Natorp, RE III 1, 1897, col. 928 ; M . Gigante , « Frammenti di Ippoboto » , in Studi Treves, Padova, 1983, p . 164 et 168 ;
G . Giannantoni, SSR, t. IV , p . 107-113 (avec un status quaestionis concernant l' identité du personnage ).
TIZIANO DORANDI. 68 BRYSON D 'HÉRACLÉE RE 2
Iva
Philosophe rattaché à l'École de Mégare , fils de l'historien Hérodore, et originaire d 'Héraclée du Pont. Témoignages. 1 K . Döring, Die Megariker, p .62-67: fr. 202 -206 (données
biographiques), fr. 207-210 (écrits et doctrine); ainsi que fr. 34 , 63 , 189 et 211 ; 2 G . Giannantoni, SSR, t. I, p. 475 -483, fr. II S 1 -11. Traduction italienne dans 3 L . Montoneri, IMegarici, Catania 1984, p . 249 -256 . Traduction française dans
4 R .Muller, Les Mégariques, p . 66 -71. Euvres. Diogène Laërce rapporte une tradition anonyme selon laquelle
Bryson n 'aurait rien écrit (fr. 189), mais Athénée cite un passage de Théopompe de Chios qui prétend que Platon aurait souvent plagié Bryson (fr. 207 ; d ' après 5 P . Natorp , art. « Bryson » 2 , RE III 1 , 1899, col. 928-929, cette accusation viserait notamment l' argument du Troisième Homme, que Bryson aurait lui
même emprunté à son ami ou élève Polyxène); et les fr. 208 -210 (parmi lesquels trois témoignages d 'Aristote ), qui exposent et commentent deux thèses de notre philosophe, impliquent vraisemblablement une référence à des écrits.
BRYSON D 'HÉRACLÉE
143
Datation , école d 'appartenance, influence . Le nom de Bryson figure dans un certain nombre de témoignages qu'il est difficile d 'accorder, la principale incertitude concernant le nombre de personnes différentes ainsi désignées (de deux à quatre , selon les interprètes). Les indications des paragraphes précédents
n 'ont de signification que si l'on se rallie aux hypothèses de Döring 1 , p . 157 163, dont le long et minutieux travail de clarification devrait désormais – sauf sur un point – faire autorité . Ses conclusions peuvent se résumer ainsi: (1) dans les ouvrages d 'Aristote (fr. 202, 208 A , 209 A , 210 A ), la lettre platonicienne
(fr. 211), et le fr. 206 , on a bien affaire à un seul etmême Bryson , personnage suffisamment connu pour être désigné simplement par son nom (ou avec la seule mention « le sophiste » ) ; les fr. 207 et 34 visent le même individu ; (2 ) ce per
sonnage était relativement connu dans les années 60 et 50 du IVe siècle (d'après les mêmes fragments et leurs dates probables) ; il doit donc être né au plus tard au début du siècle ; (3) ce philosophe a très bien pu, par suite , être le maître de
Pyrrhon (fr. 34, li. 6 - 7 , et fr. 203), né vers 3604,mais non de Théodore (fr. 34 , li. 8, et fr. 204), né vers 340 ou 330 ; (4) par contre , les informations qui le ratta chent à Socrate et aux mégariques (fr. 34, li. 3-6 ; fr. 203 A et B ) sont dénuées de valeur et s' expliquent par le désir des auteurs anciens de trouver un lien entre le scepticisme et Socrate par l'intermédiaire du maître de Pyrrhon , c 'est-à -dire
Bryson ; (5) celui qui est appelé « Bryson l’Achéen » (fr. 205 , - B 67) est peut être le même homme, mais cela reste douteux ; (6 ) enfin , il faut évidemment mettre à part l'élève de Pythagore (Jamblique, V . Pyth . 23, 104 ), ainsi que le
pythagoricien tardif, auteur, sous le nom d 'emprunt de Bryson (- B 66 ) , de
l'Oixovoulxóc cité par Stobée (Flor. IV 28, 15 Hense ; cf. Bryson RE 1). Les arguments avancés pour exclure Bryson des cercles mégariques ne
manquent pas de poids, mais n ' emportent pas totalement la conviction : s'il est exclu , pour des raisons chronologiques, que Bryson ait pu entendre Socrate ou se mettre à l'école de Stilpon , rien n 'empêche qu'il ait pu suivre les leçons d 'Euclide. Cependant, c' est surtout ce qui est transmis de sa doctrine (la thèse selon laquelle il n 'y a pas de mots obscènes, fr. 208, et une solution au problème
de la quadrature du cercle, fr. 209-210) qui impose le rapprochement avec la pensée mégarique, comme lemontre par exemple 6 K . von Fritz, c .r. de Döring
1, dans Schriften zur griechischen Logik, Stuttgart/Bad Cannstatt 1978, t. II, p. 97-98 . Les incertitudes pesant sur la personne de Bryson et sur ses rapports avec les autres philosophes ne permettent pas d ' évaluer exactement son influence ; sa relative notoriété, ses liens avec Polyxène ( et peut-être , par son
intermédiaire, avec l'Académie), ses relations probables avec Pyrrhon font cependant de lui une figure non négligeable de la vie intellectuelle du IVe siècle av. J.- C .
Études d 'orientation et bibliographie. Il faut insister sur l'intérêt du commentaire et de la bibliographie de Döring 1, p . 157 - 166 , préférables à
l'article de Natorp 5 ; voir aussi Giannantoni 2 , t. III, p . 97-103. Mise au point et commentaire des fragments dans Muller 4 , p . 174 -179. ROBERT MULLER .
BUD
144
69 BÛD
VI
Périodeute de l'Église perse et traducteur d'Aristote . Informations biographiques. La source unique est le Catalogue d'écrivains nestoriens de ‘Abdiso ' bar Berika (Ebedjésus de Nisibe, † 1318); texte et traduction latine dans 1 J. S . Assemani, Bibliotheca orientalis Clementino
Vaticana, vol. III 1, Roma 1728 (réimpr. Hildesheim 1975), p . 219-222. Bûd vécut en Perse et à l'ouest de l'Inde au temps du Patriarche nestorien Ézéchiel
(569/570 ), traduisit du pehlevi en syriaque un recueil de contes connu sous le nom de Kalîlah et Dimnah, où les personnages sont des animaux (voir 2 G .
Bickell, Das Buch von Kalîlah und Damnag, Leipzig 1876 , et 3 F. Schulthess, Kalila und Dümna, Berlin 1911). Il est l'auteur, toujours selon 'Abdiso ', d'un discours sur la foi, de traités Contre lesManichéens et Contre les Marcionites et
du Livre des questions grecques. L 'intitulé Aleph migin , donné à ce dernier ouvrage , serait l'équivalent du grec to ārpa uéyav, c'est-à -dire le livre A des Métaphysiques d 'Aristote : voir 4 W . Wright, A Short history of Syriac
literature, London 1894 (= art. « Syriac Literature» , Encyclopaedia Britanica XXII, 1887), réimpr. Amsterdam 1966 , p . 123-124 . Assemani 1 , p. 219 n . 1, se
demande s'il ne faut pas lire aleph mellin , « les mille paroles » . Études d'orientation . Les renseignements de ‘Abdiso' ont été répétés par Wright 4 et par 5 R . Duval, Anciennes littératures chrétiennes, t. II : La littérature syriaque, Paris 1899, p . 257 et 324. Rien de nouveau dans les notices de 6 J.- B . Chabot, Littératures chrétiennes d 'Orient. Littérature syriaque, Paris
1934, p. 144, et de 7 A. Baumstark , Geschichte der syrischen Literatur, mit Ausschluß der christlich -palästinensischen Texte , Bonn 1922 (réimpr. Berlin 1968 ), p . 124 - 125 . 8 Khalil Georr, Les Catégories d 'Aristote dans leurs versions syro -arabes, Beyrouth 1948, p . 23, mentionne Bûd (considéré à tort comme monophysite) parmi les traducteurs et commentateurs d' Aristote de la période
qu 'il appelle « encyclopédique » et qui fut dominée par Sergius de Resh'aina (p . 16 ). Voir aussi 9 I. Ortiz de Urbina , Patrologia syriaca, 2e éd ., Roma 1965, p . 130 . On ne connaît pas l'æuvre elle -même de Bûd. JAVIER TEIXIDOR .
70 BYNDACOS ou RHYNDACOS Pythagoricien ancien, frère de Philtys (DITÙS ... Buvoárov å eron) , femme pythagoricienne dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique, V. pyth. 36, 267 ; p . 146 , 19 Deubner. M . Timpanaro Cardini, Pitagorici. Testi monianze e frammenti, fasc. II, Firenze 1962, p . 387, lit cependant, en se
rapprochant de la leçon de Rohde ('Puvdaxw ), BUVOaxù , considérant comme inexplicable la mention d 'un Byndacos qui n 'aurait pas été nommé parmi les pythagoriciens de sexe masculin et apparaîtrait ici sans être rattaché à une patrie . Byndacô serait cependant une femme pythagoricienne, la sœur d'Occellos et d ' Eccelos de Leucade . BRUNO CENTRONE.
-BJOULOS
145
71 -BJOULOS Vestiges probables d 'un nom propre conservé dans un contexte incertain et
lacunaire en PHerc . 223, fr. 3 , 10 (Philodème, lepi zoraxelac. Cf. M .Gigante et G . Indelli, CronErc 8 , 1978, p . 128 et n . 67). W . Crönert, Kolotes und
Menedemos, p. 35 et 195, avait supposé ,non sans hésitation, qu 'il s'agissait de l' auteur d'un traité Sur la flatterie. TIZIANO DORANDI.
CAECILIUS – BALBUS (CAECILIUS - )
1 CAECILIUS RE 9 Chez Jean Lydus, Demensibus II 8, est cité un fragment pythagoricien où il est dit que la triade est le premier nombre comprenant début, milieu et fin . L 'auteur serait un Kexlacos autrement inconnu ; d' autres manuscrits ont
" SexeMoç. Le fragment figure dans FPhG II 53, sous le nom Kalx [ LOG. BRUNO CENTRONE.
2 CAECILIUSMETELLUS NUMIDICUS (Q . -) RE 97
III
Homme politique romain , né vers 152a.
Cf. 1 F .Münzer,art. « Caecilius» , RE III 1, 1897, col. 1218-1221. Consul en 109, il eut à mener les débuts de la guerre contre Jugurtha (proconsul 108-106 ). Il fut censeur en 102. En 100, sous le sixième consulat de
Marius, il refuse de jurer de « se conformer aux votes du peuple et de n 'y faire aucune opposition » , comme l'imposait la loi agraire de Saturninus (Plutarque, Marius 28 -29). Ce refus l'oblige à quitter l'Italie et à s'exiler à Rhodes, mais il
est rappelé d 'exil en 99, après la mort de Saturninus, par une loi (Tite-Live, Per. 69, 6 ) ; il mourut sans doute peu après son retour. Metellus Numidicus était un orateur célèbre et plusieurs fragments de ses discours ont été conservés (voir les fragments dans E . Malcovati, Oratorum
Romanorum Fragmenta , Torino 1953, 4e éd . Torino 1976). Fut-il aussi un philosophe ? Plutarque (Marius 29, 12) affirme « qu 'il vécut à Rhodes en philosophe pendant son exil » , ce qui reste bien vague; mais nous n 'avons pas conservé – ou il n ' a pas écrit – la vie de Metellus dont il fait mention à ce propos. De plus, s 'il faut en croire Cicéron (De Orat. III 18, 68 ), Metellus affirmait « avoir suivi à Athènes pendant plusieurs jours les leçons de Carnéade, déjà accablé par la vieillesse » . Carneade meurt en 130 /29, et c 'est peu avant
cette date que Metellus a dû le rencontrer; peut-être Metellus faisait-il partie de la suite d 'un autre légat, comme le suggère 2 J.- L . Ferrary , Philhellénisme et impérialisme, Rome 1988 , p .604 n .62. De toute façon , cette indication ne suffit
pas à faire de Metellus un disciple de Carneade: per multos dies ne signifie pas une formation prolongée, et rien ne prouve qu 'il ait fait siennes les thèses propres de Carneade. En revanche, sa culture philosophique est indéniable : dans un de ses discours (ORF 7 Malcovati), il reprend la parole socratique : « il est
préférable de subir l'injustice plutôt que de la commettre ». 3 G . Garbarino, Roma e la filosofia greca, Torino 1973, p . 473-475, préfère toutefois voir en Metellus un stoïcien : le choix de Rhodes comme lieu d ' exil n 'est sans doute pas l'effet du hasard et son comportement fait de rigueur et d 'intransigeance mais
147
CAECILIUS STATIUS
aussi d 'une absolue intégrité prouverait les mêmes tendances. De plus, le grammairien L . Aelius Stilo , lui aussi proche du stoïcisme, l'accompagna dans
son exil. Ces éléments ne sont pas vraimentdéterminants, mais ils montrent au moins l'intérêt qu 'éprouvaitMetellus Numidicus pour la philosophie . MICHÈLE DUCOS.
3 CAECILIUS STATIUS RE 25
III/ II
Auteurde palliatae. Fragments. 1 O . Ribbeck, Scaenicae Romanorum poesis fragmenta II, Leipzig 1873. (Voir aussi l'édition de T. Guardì, Palermo 1974. T.D .)
Cf. 2 Fr. Skutsch , art. « Caecilius» 25,RE III 1, 1897, col. 1189-1192; 3 P . Faider, « Le poète Caecilius, sa vie et son æuvre » , Musée Belge 12, 1908 , p . 268-341; 13, 1909, p. 5 -35. Né vers 2304, Caecilius Statius appartient à la génération intermédiaire entre
Plaute et Térence . Originaire du Nord de l'Italie, il fut emmené comme esclave à Romevers 222 (ou plus tard , si l' on adopte la chronologie de 4 M . T . Camilloni, « Una ricostruzione della biografia di Cecilio Stazio » ,Maia 9 , 1957, p . 115 - 143)
et fut affranchi. Saint Jérôme (Euseb . Chronicon, p . 138 Helm ), à qui nous devons la plupart des renseignements biographiques sur Caecilius Statius,ajoute même qu'il fut le contubernalis du poète Ennius, terme qui a suscité de nombreuses discussions, mais que l'on s'accorde pour comprendre comme
l'expression de rapports de maître à élève (cf. Faider 3, Camilloni 4). Ses succès comme écrivain ne furent pas immédiats, mais l'acteur et metteur en scène Ambivius Turpio réussit à l'imposer et à le faire acclamer (Térence, Hécyre 14 27). Saint Jérôme situe son acmè vers 179 et le poète serait mort vers 168.
Caecilius Statius paraît avoir été un auteur estimé des Romains (cf. les cita tions rassemblées dans l'article de Skutsch 2 ) ; ils le citent fréquemment, appré
cient sa gravitas (Horace ), son art de conduire une intrigue ou de peindre les passions (Varron ). Sa production fut abondante , à en juger par les divers titres
ou fragments qui nous sont parvenus. Les titres restent très proches des modèles grecs (voir, dans Aulu -Gelle II 23, la comparaison entre Ménandre et Caecilius Statius (cf. L . Gamberale , La traduzione in Gellio, coll. « Ricerche di Storia
della lingua latina » 3 , Roma 1969]) et l' auteur ne semble pas avoir pratiqué la contaminatio . Peut-on en outre déceler des traces d 'influence philosophique dans cet ensemble ? L ' intérêt pour les passions et leurs ravages (fr. 259) est
manifeste, mais ne prouve rien. Un seul vers a pu retenir l'attention ( fr. 265) :
Homo homini deus si suum officium sciat. On l'oppose à l'Asinaria 495, où il est dit que l'homme est un loup pour l'homme, car l' accent est mis sur un devoir de
solidarité qu'il faut évidemment rattacher à la philosophie. On aurait pu effec tuer un rapprochement avec Panétius, comme le suggère 5 L . Alfonsi, « Sul v .
365 Ribbeck di Cecilio Stazio » , Dioniso 17, 1954, p . 3-6 , si bien entendu la chronologie ne s 'y opposait. 6 G . Garbarino, Roma e la filosofia greca, Torino
1973, p. 576-578 , envisage diverses possibilités, sans véritablement proposer de
148
CAECILIUS STATIUS
solution . Mais les liens de Caecilius avec Ménandre , qu 'il imite de près, l'influence aristotélicienne qui s'exerça sur ce dernier laissent penser qu 'il faut
rattacher ce vers à l'école péripatéticienne, même si ses échos restent bien assourdis chez l' écrivain romain . MICHÈLE DUCOS .
4 CAECINA (AULUS - ) RE7 Chevalier romain originaire de Volterra, issu d 'une importante et ancienne famille étrusque, A . Caecina fut le client et l'ami de Cicéron. Sans doute la discussion reste-t-elle toujours ouverte sur l'identité de celui que Cicéron défendit en 692: s'agit-il du père (1 F.Münzer, art. « Caecina » 7, RE III 1, 1897, col. 1237 -1238 ; 2 E . Rawson « Caesar, Etruria and the disciplina Etrusca » , JRS
68 , 1978, p. 132- 143, notamment p. 137 n . 43) ou de celui qui nous occupe ( 3 P . Hohti, « Aulus Caecina the Volaterran » , dans Studies in the Romanization
of Etruria, coll. « Acta Instituti Romani Finlandiae » , Rome 1975, p. 405-433; 4 C .Nicolet, L 'ordre équestre à l'époque républicaine, t. II,Rome 1974, p.812 814 ) ?
En tout cas, les liens étroits de Cicéron et de Caecina sont attestés par leur correspondance, surtout après la guerre civile .Caecina s' était rangé aux côtés de Pompée, avait participé à la bataille de Thapsus et avait même écrit un violent
pamphlet contre César (Suétone, Diuus Iulius 75, 5). Ce dernier luiinterdit tout séjour en Italie : relégué en Sicile ,Caecina cherche à rentrer en Italie , il échange des lettres avec Cicéron , qui le recommande auprès du gouverneur de l'île . De plus, pour s'assurer les bonnes grâces de César, Caecina compose un volume de Querelae (plaintes) où il fait l'éloge du dictateur et le soumet au préalable à
Cicéron (Fam . VI 5 et VI 6 ). Le livre est sans doute achevé vers septembre 46a et cette activité se prolonge par un autre ouvrage (de critique littéraire ?) datant de décembre 46 , que les éditeurs récents des lettres cicéroniennes s'accordent pour distinguer du précédent (5 D . R . Shackleton -Bailey, Epistulae ad Fami liares, Cambridge 1977, t. II , p. 234, 239 et 402 ; 6 J. Beaujeu [édit.), Cicéron, Correspondance, CUF, Paris 1980, t. VII, p. 205-206 ).
Cette activité littéraire ne se limite pas là : Sénèque (Questions Naturelles II 56 , 1) rappelle qu 'il aurait acquis du renom dans l'éloquence, si la gloire de Cicéron ne l'avait rejeté dans l'ombre. De plus, la science de Caecina fut consi dérable . Il avait été formé à la science étrusque (en matière de divination ) par son propre père (Cicéron , Fam . VI 6 , 3 ) et il écrivit un ouvrage sur la théorie des foudres que cite Pline l' Ancien dans ses sources (L . II) et que Sénèque utilise largement dans le livre II des Questions Naturelles. Le titre n 'est pas connu , ni
la date de rédaction ,mais les citations de Sénèque montrent que Caecina avait au moins traité des interprétations que l'on peut tirer de la foudre (elle peut être conseillère , « d'autorité» ou d ' « état » , II 3), des avertissements venus des éclairs (II 4 ), qu 'il classait en treize catégories. Par là se révèle l'intérêt porté par Caecina à tout ce qui peut dévoiler l'avenir. Une telle science s'alliait-elle à la philosophie ? Les citations où figure expressément le nom de Caecina apportent
CAERELLIA
149
peu d 'éléments probants. Sénèque préfère le classement d'Attale aux distinc tions de Caecina, mais, s'il se soucie de ne pas confondre science étrusque et philosophie stoïcienne, c' est peut-être parce que l'æuvre de Caecina n ' était pas entièrement dépourvue d'influence philosophique, comme Münzer 1 en est persuadé. De façon plus nuancée , 7 S . Weinstock a montré dans une étude
minutieuse (« Libri fulgurales » , PBSR 19 , 1951, p. 122- 153) comment la repré sentation des trois types de foudre alliait aux éléments proprement étrusques les
classifications issues de la science et de la philosophie grecques. MICHÈLE DUCOS.
CAECUS → CLAUDIUS CAECUS (APPIUS -) CAELESTIUS
IV - V
De famille aristocratique, avocat de formation, gagné à l'ascétisme chrétien par Pélage, Caelestius fut l'un des principaux acteurs de la controverse péla gienne. On ne saurait disserter longuement sur sa culture philosophique, car il ne reste que des débris de son œuvre écrite . Voir la notice détaillée et documentée de F . G . Nuvolone, dans le DSP, art. « Pélage et pélagianisme» , col. 2891-2895.
Tout au plus y discerne-t-on une tonalité stoïcienne commune aux auteurs pélagiens. Mais il convient de prêter attention à la facture argumentative de ses Definitiones ( recueillies par J. Garnier , Paris 1673 = PL 48 , 617 -622): « Ante
omnia interrogandus est qui negat hominem sine peccato esse posse, quid sit quodcumque peccatum ... Iterum quaerendum est, peccatum uoluntatis an necessitatis est. Si necessitatis est, peccatum non est ; si uoluntatis est, uitari potest. .. Iterum quaerendum est quid est peccatum , actus an res. .. » Caelestius aligne ainsi une bonne douzaine de thèses philosophiques, avant d 'en venir aux
arguments scripturaires (les testimonia ). Augustin les cite et s'applique à les
réfuter dans le De perfectione iustitiae hominis (BA 21, p . 128-151). GOULVEN MADEC. 6
CAELIANUS → CAILIANOS (TIBERIUS VARIUS - ) CAERELLIA RE10
ja
Femme riche et cultivée, avec laquelle Cicéron entretenait des relations épistolaires.
Cf. 1 F. Münzer, RE III 1, 1897, col. 1283 ; 2 L . Austin , « The Caerellia of Cicero 's Correspondence » , CJ 41, 1946 , p . 305- 309 ; 3 J. Carcopino, Les secrets
de la correspondance de Cicéron, Paris 1949 (passim ). Elle estmentionnée à plusieurs reprises dans sa correspondance (au cours des
années 46 -45) et il existait sans doute des lettres de Cicéron à Caerellia que nous n 'avons pas conservées (cf. Quintilien , Inst. Orat. VI 3 , 112). Le nom est fré
quent sous la République, sans que l' on puisse donner quelques précisions sur sa famille : Austin 2 la croit originaire d'Asie , sans que cette hypothèse s'appuie sur d 'autres faits que ses biens dans cette région . Ses liens avec Cicéron sont assurés, non qu ' il faille la croire sa maîtresse en s 'appuyant sur le discours
150
CAERELLIA
d 'ailleurs rempli de calomnies que Dion Cassius prête à Q . Fufius Calenus (Dion Cassius XLVI 18 , 4 ), mais l'écrivain la qualifie de necessaria mea dans la lettre qu 'il adresse à P. Servilius Isauricus (Fam . XIII 72 ) pour lui demander de veiller sur les biens et les intérêts de Caerellia en Asie . Leurs relations sont
d'abord des relations d'affaires. Cicéron lui emprunte à plusieurs reprises de l'argent (Att. XII 51, 3 ; XV 26 , 4).Caerellia intervient aussi pour le réconcilier avec Sulpicia , sa seconde femme, ce qui suppose tout de même des liens plus étroits . Enfin , sa passion pour la philosophie est attestée par les Lettres à
Atticus: malgré Cicéron, Caerellia s'empare du manuscrit du De finibus, et en fait faire des copies sur l'exemplaire d 'Atticus (Att. XIII 21 a, 2 ; XIII 22, 2). Ce
passage est bien le seul à permettre de relever un intérêt marqué pour la philosophie chez Caerellia et ne la rattache pas à une école précise. Cicéron
souligne lui-même ce que cet attrait a d'excessif et d 'inattendu : « Caerellia brû lant apparemment d 'une ardeur surprenante pour la philosophie » (Att. XIII 21 a, 2). Un tel intérêt paraît bien suspect: c 'est peut-être bien de la curiosité pour la dernière nouveauté, à moins qu'elle ne soit une admiratrice sincère, comme le
croit Carcopino 3, p. 109. En tout cas, les éléments manquent pour en faire une « femme savante » .
MICHÈLE DUCOS.
7 CAERELLIUS (QUINTUS -) RE 4 PIR C 156 DM III Riche patron du grammairien Censorinus et dédicataire du De die natali, écrit en 238 sous les consuls Pius et Pontanus (21, 6) pour célébrer son 49e anni versaire de naissance (15, 1). Censorinus présente son protecteur comme « formé à l' école des philosophes » (1, 2 ; trad. G . Rocca -Serra , Paris 1980) et conscient, de ce fait, que ses richesses « ne sont ni des biens ni des maux en soi, mais qu 'elles font partie des choses intermédiaires, c 'est-à -dire qu 'on les estime situées entre les biens et les maux » ( ibid .). Dans son prologue, Censorinus se défend
de vouloir offrir des conseils de philosophie ou d'éloquence : « Tu as atteint un tel sommet dans toutes les vertus que tous les préceptes de la sagesse et toutes les proclamations de l' éloquence , tu les as surpassés par ta vie et tes meurs .. . » ( 1, 6 ). En lui souhaitant plus loin la longévité des hommes « qui pratiquent la sagesse » , il célèbre chez Caerellius « la prudence, la modération , la justice et la force d 'âme» (15 , 4 ) . Il souligne également les activités politiques
de son patron : « Toi, qui as exercé des responsabilités municipales, qui as été honoré parmi les premiers de ta ville par une charge sacerdotale , qui as dépassé ton rang de provincial par l'entrée dans l'ordre équestre, non seulement tu n 'as jamais provoqué le blâme ni la haine, mais tu as su te concilier l'amour de tous, uni à l' illustration la plus grande » (15 , 4 ) . Il loue
enfin les talents d 'orateur de Caerellius : « Je me tairai aussi sur ton éloquence, que tous les tribunaux de nos provinces et tous leurs gouverneurs connaissent bien , que Rome enfin et les
auditoires les plus sacrés ont admirée» ( 15 , 6 ).
RICHARD GOULET.
8 CAESAR (C . IULIUS -) RE 131 Nous possédons deux biographies antiques de César: celle de Suétone, Divus Iulius (éd. R . Ailloud, Vies des Césars, CUF, t. I, Paris 1931) et celle de Plutarque, Vie de César ( éd. R . Flacelière et É . Chambry, CUF, t. IX , Paris 1975) .
151 Il serait trop long de retracer ici en détail la carrière de César - dont bien des CAESAR (C . IULIUS -)
aspects offrent encore matière à discussion – et nous nous bornerons à une
esquisse rapide. Né en 1009, selon la date généralementadmise , César appartient à une famille patricienne aux origines anciennes, même si elle n 'a pas un rôle de premier plan à cette date . Il est le neveu de Marius et épouse en 84 la fille de L .
Cornelius Cinna ; ces attaches familiales et cette alliance le rangentdu côté des populares et parmiles adversaires de Sylla. En 82, la victoire de ce dernier le met en danger, il quitte Rome et accomplit son service militaire sous les ordres de M . Minucius Thermus dans la province d'Asie , puis en Cilicie . De retour à
Rome, en 77, il se fait connaître en accusant d 'anciens syllaniens. Après un séjour à Rhodes – c'est pendant le voyage que se situe sa fameuse rencontre avec les pirates (Suétone, Diu . Iul. 4 , 1 ; Plutarque, César 3, 1) - auprès du rhéteur Apollonius Molon (» A 267), séjour dont les activités militaires ne sont pas absentes (lutte contre les pirates ou contre Mithridate , menée d'ailleurs à sa propre initiative), il revient à Rome en 73 : il a déjà été choisi comme pontife en 74 , il se fait connaître par ses discours et se trouve élu tribun militaire en 72, et,
en 69, questeur (pour les discussions que suscitent les premières étapes de ce cursus, voir 1 L . Ross- Taylor, « Caesar's Early Career », AJPh 37, 1941, p. 113 132, et 2 E . Badian , « Caesar's Cursus and the Intervals between Offices» , JRS 49, 1959, repris dans Studies in Greek and Roman History, New York 1964, p . 140- 156 ). Il est envoyé en Espagne Ultérieure et cette charge le fait entrer au sénat. Tout en se montrant proche des populares, il s 'assure les bonnes grâces de
Pompée en soutenant les mesures qui lui confèrent les pouvoirs extraordinaires (Lex Gabinia, Lex Manilia), il s'allie avec d'autres membres de la nobilitas et est finalement élu édile en 65, deux ans avant l'âge légal ( cf. Ross -Taylor 1 et
Badian 2). César gagne en influence : la splendeur des concours qu'il donne frappe l'opinion publique ; son élection comme Grand Pontife en 63 lui confère une place importante dans la cité romaine; il fait alliance avec Crassus, soutient les mesures les plus populaires : projet de remise des dettes, loi agraire proposée
au moment du consulat de Cicéron ; il joue un rôle certain dans le procès de Rabirius, qui ranime le débat sur le sénatus-consulte ultime au moment où se fait sentir la menace de conjuration préparée par Catilina. Lorsque le sénat débat de
la peine qui doit être infligée à ses complices (5 décembre 63), ilse refuse à les condamner à mort et pour la première fois s'exprime l'opposition entre César et Caton . Au cours de sa préture en 62 , il s' en prend à Catulus, l'un des optimates, et soutient Q .Metellus Nepos, qui proposait le rappel de Pompée pour lutter
contre Catilina, malgré les affrontements violents que suscite cette rogatio. Suspendu de ses fonctions, il est finalement réintégré. Le scandale de la Bona
Dea en décembre (cf. 3 Ph.Moreau, Clodiana religio . Un procèspolitique en 61 av. J.- C., Paris 1982, 267 p.) attire à nouveau l'attention sur lui. En 61, il est propréteur de l'Espagne Ultérieure et ses combats contre quelques tribus lui valent d'être acclamé comme Imperator et d'avoir droit au triomphe.Mais il y renonce finalement pour briguer le consulat. Fort de l'appui de Pompée et de Crassus (premier triumvirat: pour la date , voir 4 E .S. Gruen , The Last Gene
152
CAESAR (C . IULIUS -)
ration of the Roman Republic, University of California Press, 1974, p. 88), il est élu pour 59. Au cours de cette année, malgré bien des oppositions qu 'il élimine
(y compris celle de son collègue Bibulus, qu'il tientpour négligeable), César fait
voter de nombreuses lois : loi agraire, loi judiciaire, loi sur la ferme d'Asie (cf. l'analyse de 5 M . Gelzer, Caesar, der Politiker und Staatsmann, 2e éd., Wies
baden 1960, trad. anglaise , Oxford 1968, p . 71- 101 ; pour la chronologie, voir 6 L .Ross- Taylor, « The dating ofmajor legislation and elections in Caesar 's first
Consulship » , Historia 17, 1968, p . 173-193). Mais César cherche aussi à obtenir ensuite une province où il pourra faire de grandes conquêtes: la répartition est déjà faite , mais une loi proposée par le tribun P . Vatinius lui fait attribuer pour cinq ans la Gaule et l'Illyrie , auxquelles le sénat ajoutera même la Transalpine . Au départ, le projet de César est surtout de se forger une armée dévouée et une
clientèle, et aussi de s 'enrichir. Il est ainsi conduit à intervenir en Gaule (cf. 7 Ch . Goudineau , César et la Gaule , Paris 1991, où l'on trouvera la biblio graphie antérieure) en s'en prenant d'abord aux Helvètes, puis aux Germains, à la Gaule Belgique (57), puis à l'Armorique (56 ). Il combat les Germains,
cherche à conquérir la Bretagne (54 ), mais la révolte commence et va s'ampli
fier pour aboutir au soulèvement général de 52 et à la révolte de Vercingétorix, qui unit autour de lui les peuples du centre , mais doit capituler à Alésia . En outre, la rencontre de Lucques (mars 56 ), ainsi que les accords renouvelés entre Pompée, César et Crassus ont permis la prolongation du proconsulat jusqu 'en 50
(Lex Licinia Pompeia ). Toutefois, le triumvirat se défait rapidementdans les années suivantes. Lamort de Julie (en 54), fille de César et épouse de Pompée, la mort de Crassus en Orient en 53, laissent face à face Pompée et César. Ce dernier tient à obtenir le consulat à sa sortie de charge et doit donc être autorisé à
« poser sa candidature malgré son absence » ( sur cette « question de droit » , voir Gruen 4 , p. 492-494). Telle est la question qui aboutit à la guerre civile, d'autant plus que la date où expirent ses pouvoirs n 'est pas claire. Finalement, en
décembre 50, les optimates confient à Pompée la défense de la République, le senatus-consulte ultime est voté et, en janvier 49, César quitte sa province sans autorisation et franchit le Rubicon : la guerre civile est commencée. Dans un premier temps, César s 'empare de l' Italie puis remporte la victoire sur Pompée à Pharsale (août 48) . Il reste en Égypte d 'octobre 48 à mars 47, puis reprend et
multiplie les campagnes: contre le fils de Mithridate en Arménie (juillet-août 47), en Afrique contre les Pompéiens (décembre 47-juin 46) et Caton , qui se donne la mort à Utique, contre les fils de Pompée en Espagne (victoire de
Munda en avril 45). En même temps son activité politique, législative et administrative est intense (cf. l' étude de 8 Z . Yavetz , César et son image (1983),
trad. française, Paris 1990, 297 p.). En 49, une loi lui confère une dictature extraordinaire , mais il y renonce pour se faire élire consul en 48 . Après Pharsale ,
César est réélu dictateur pour un an , puis en 46 il reçoit une dictature pour dix ans, renouvelable chaque année. Entre ses campagnes, il élabore de nombreuses réformes: élargissement du sénat, accroissement du nombre des préteurs, octroi de la citoyenneté , loi sur les provinces, mesures économiques et sociales. Mais
CAESAR (C . IULIUS -)
153
son pouvoir,accompagné d'honneurs civiques et religieux (voir 9 S . Weinstock, Divus Iulius, Oxford 1971), prend assurément une allure monarchique etmécon tente la nobilitas. Peut-être songeait-il à se faire décerner le titre de roi en 44 .
C 'est alors qu'une conjuration dirigée par Brutus (2- B 63) et Cassius aboutit à son assassinat le 15 mars 44 .
César n'est pas seulement un homme politique et un stratège de premier ordre , c'est aussi un écrivain dont les Commentaires sur la guerre des Gaules et la guerre civile constituent un apport fondamental pour la prose latine et l'historiographie romaine (cf. les études de M . Rambaud et notamment 10 L 'art de la déformation historique dans les Commentaires de César, Paris , 2e éd ., 1966 ) . C 'est aussi un orateur de talent (Cicéron, Brutus 261- 262). En homme cultivé, il avait écrit des poèmes et une tragédie (Suétone, Iul. 56 , 2 ; cf. 11 A .
Klotz, art. « Iulius» 131 [Caesar als Schriftsteller ), RE X 1, 1918, col. 259-275, notamment col. 260 ). Aux éloges de Caton d 'Utique (- C 59) écrits par Cicéron
et par Brutus, il répond par un Anticato (voir l' étude de 12 T. Tschiedel, Caesars Anticato . Eine Untersuchung der Testimonien und Fragmente, Darmstadt 1981, 148 p .) , où il attaquait les défauts et laissait voir les limites de celui que l'on tendait à considérer comme un héros et un sage. C 'est évidemment une ultime
manifestation de l'opposition entre les deux hommes, mais aussi une forme de son opposition au stoïcisme. César est également l'auteur de traités savants : on lui doit d 'abord un traité de grammaire, De analogia, en deux livres, dédié à Cicéron (Aulu-Gelle XIX 8 ,
3 ; Suétone, Iul. 56 , 5 ), écrit en 54 ou 52; il y défend ce principe qui permet de classer et de déterminer des paradigmes (13 J. Collart, Varron grammairien latin , Paris 1954 ) et, sans éliminer vraiment l'usage, il en limite la place et ainsi
se distingue à nouveau des stoïciens, qui sont favorables à l'anomalie. Il est possible que l'ouvrage ait également contenu des conseils permettant d' acquérir
la pureté et l'élégance dans le style qui sont caractéristiques de César lui-même.
On doit aussià César un livre d 'astronomie : De siderum motu (Macrobe I 16 , 39 ), peut-être lié à son séjour à Alexandrie, s'il fut véritablement « tiré des livres égyptiens» comme l'affirme le même auteur,mais son origine est vague. Il est cité dans les sources de Pline l'Ancien (livre XVIII), mais sans indication supplémentaire. Les scholies de Lucain (Comm . Bern . in Lucan. 10 , 187) en font
un liber fastorum secundum auctoritatem compositus Chaldeorum et le ratta chent ainsi à la réforme du calendrier opérée par César, même si ce traité
pouvait être d'une autre nature : étude des planètes ou des corps célestes. Mais aucun élément de ce traité ne nous est parvenu et son authenticité est même
douteuse (cf. Klotz 11, col. 266 ).
Mais le problème fondamental pour notre étude reste celui des liens de César avec l'épicurisme: pour 14 O . Seel, Caesars Studien, Stuttgart 1967, p . 77 -92), la réponse à cette question va de soi, même s'il reconnaît la difficulté de définir l'épicurisme de César, mais d 'autres savants ont souligné les difficultés de cette enquête. Certes, nombreux sont les épicuriens dans son entourage : Pison ,
154
CAESAR (C . IULIUS - )
Hirtius, Cassius et bien d'autres. Mais les témoignages explicites des anciens sont rares et limités ; ils concernent l'attitude de César envers le châtiment des complices de Catilina : il refusa la mort et proposa la relégation à vie. Dans les
Catilinaires (IV 7 ), Cicéron en conclut que, selon lui, la mort n'est pas une peine, mais unenécessité ou une libération , mais cette affirmation est trop vague pour que l'on puisse en tirer des conclusions solides. L 'allusion à l'épicurisme est plus explicite dans le Catilina de Salluste : César suggère que la mort est la fin des peines et, dans sa réponse , Caton déclare que César « considère comme fausses les traditions relatives aux Enfers, selon lesquelles lesméchants , loin des
bons, occupent des lieux sombres, sauvages et épouvantables» (52, 13). Cette remarque rappelle évidemment les analyses du Jardin etde Lucrèce (De rerum natura III). Mais cette affirmation , qui figure dans un discours , est peu probante : dans ce débat in utramque partem , il est aisé d 'opposer au stoïcien
que fut Caton l'épicurien qu 'aurait été César (cf. les réserves de 15 C . W . Mulgan , « Was Caesar an Epicurean ? », CW 72, 1978 - 1979, p. 337 -339) ; au mieux peut-elle suggérer que la conduite de César pouvait passer pour épicurisme. C 'est bien sur ce point que l'analyse est plus délicate encore : son ambition et son avidité de pouvoir conviennentmal à un épicurien , son mépris
pour la religion est indéniable mais s'accorde avec le déclin de la religion tradi tionnelle à cette époque. M . Rambaud (16 « César et l'épicurisme d 'après les Commentaires » , dans les Actes du Viile Congrès de l'Association Guillaume Budé, Paris 1969, p.411-435 ) a étudié l'image du chef impassible, gardant le sens de l'utilitas, mais cette image du général prévoyant et habile ne semble pas
propre à l'épicurisme, pas plus que l'art de maîtriser ses émotions, et il faudrait démontrer que la clémence est vraiment à cette date l'une des valeurs appréciées par le Jardin. Ainsi l'appartenance de César à l'épicurisme n 'est pas un fait qui va de soi. C .J . Castner (17 Prosopography of Roman Epicureans from the Second Century B. C. to the Second Century A. D ., Frankfurt am Main 1988) le classe parmi les Epicurei incerti. L 'analyse la plus nuancée reste celle de
M . Fußl ( 18 « Epikurismus im Umkreis Caesars », dans Symmicta Philologica
Salisburgensia, Festschrift G . Pfligersdorffer, Roma 1980, p .63-80 ; voir aussi 19 F .C . Bourne, « Caesar the Epicurean » , CW 70, 1976 -1977, p.417 -432), qui formule les réserves nécessaires mais met l'accent sur le sens de l'amitié et la maîtrise de soi, insiste sur le mépris de la mort ou la faible valeur que César attache à la vie humaine. De telles données laissent ainsi penser que César est
proche de l'épicurisme par bien des côtés,mais, si cette philosophie peut exercer une influence sur son comportement, elle ne détermine ni ses choix politiques ni son action .
Cf. 20 P . Groebe, art. « Iulius» 131, RE X 1, 1918, col. 186 -259; 21 H . Gesche, Caesar, Darmstadt 1976 , 357 p. (très importante bibliographie ) ;
22 Chr.Meier, César (1982), trad . française , Paris 1989, 490 p. MICHÈLE DUCOS.
CAILIANOS (T.VARIUS -)
155
DII 9 CAILIANOS (T . VARIUS -) RE 19a Cailianos était titulaire à Athènes d 'une chaire de philosophie (diadochos).
Son activité se place vers le premier quart du II s. Des inscriptions athéniennes, publiées par 1 J. H . Oliver, « Philosophers and Procurators. Relatives of the
Aemilius Juncus of Vita Commodi 4, 11» , Hesperia 36 , 1967, p. 42- 56 , prouvent en effet que la fille du philosophe, Varia Archélais, avait épousé L . Aemilius Juncus. Or ce sénateur originaire de Tripolis , consul suffect à la fin de 127, avait été , de 129 à 135 au moins, envoyé spécial d'Hadrien en Achaïe , avec le titre de legatus pro praetore, pour régler les litiges entre les cités libres : voir le résumé de sa carrière et les références dans 2 H . Halfmann , Die Senatoren aus dem östlichen Teil des Imperium Romanum bis zum Ende des 2.
Jahrhunderts n. Chr., coll. « Hypomnemata » 58, Göttingen 1979, n° 55, p. 145 146 .
L 'interprétation donnée par Oliver 1 pour les inscriptions d'Athènes appelle plusieurs réserves, exprimées par 3 J. et L . Robert, Bull. 1968, n° 226 , et 4 D . Peppa-Delmouzou, ArchDelt 25, 1970, p . 194 : les inscriptions ne sont pas des dédicaces honorifiques mais proviennent du monument funéraire de la famille et ne mentionnent pas deux Juncus mais un seul, le gendre de Cailianos, ce que semble avoir admis ultérieurement 5 J. H . Oliver, « The Diadochē at
Athens under the humanistic Emperors » , AJPh 98 , 1977, p. 170 - 171. Comme l'a indiqué le même auteur ( 1 et 5 ), il faut établir un rapprochement avec le philosophe Juncus, auteur d'un lepi mowę dont Stobée a reproduit de larges extraits: l'époque conviendrait bien au style du traité et le mariage du sénateur,
révélant sa familiarité avec les milieux philosophiques, pourrait appuyer l'hypothèse (mais dans ce cas pourquoi attribuer l'ouvrage, plutôt qu'à Aemilius lui-même, à un Flavius Juncus dont les liens de parenté avec le sénateur sont
difficiles à définir ?). Quant à vouloir reconnaître, dans l'évocation du professeur de philosophie mis en scène dans le traité, un portrait de Cailianos,même « not very realistic » (Oliver 5, p. 166 et 168 -173), c'est naturellement une hypothèse gratuite .
Il n 'est pas davantage possible de tirer argument des liens familiaux de Cailianos pour définir l'école philosophique à laquelle il se rattachait. C 'est peut- être déjà beaucoup s 'aventurer que de voir en l'auteur du ſepi mowç un « péripatéticien platonisant» ; il est encore plus risqué d'attribuer d'office à Cailianos les mêmes options. Peut-être l'inscription de son tombeau comportait elle un qualificatif après le titre de diadochos : on ne peut niaffirmer ni exclure
l'existence d 'une quatrième ligne. Qu 'il ait eu ou non le droit de cité à Athènes (dans une inscription privée, l'absence de démotique ne constitue pas la preuve absolue qu'y trouvait J.H . Oliver ), Cailianos n 'était peut- être pas d'origine athénienne. Une notice de la Souda consacrée à Alexandre d ’Aigai mentionne un Caili< a >nos, fils du philo sophe (» A 111 ( S . Follet]) . Oliver 5 , p . 176 - 178, propose de reconnaître en lui le diadochos athénien . L 'hypothèse est séduisante car les époques pourraient
CAILIANOS (T. VARIUS -)
156
concorder et le nom n 'est pas des plus répandus. Mais il serait très risqué d' en conclure que Cailianos, comme Alexandre, était péripatéticien. BERNADETTE PUECH .
va 10 CAINIAS DE TARENTE Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique, V. pyth. 36 , 267 ; p. 144, 12 Deubner. BRUNO CENTRONE. va
11 CALAÏS DE RHÉGIUM
Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique, V. pyth. 36 , 267 ; p . 145, 20 Deubner. BRUNO CENTRONE.
IV Commentateur de Platon . 1 J. H .Waszink (édit.), Timaeus a Calcidio trans latus commentarioque instructus, coll. « Plato Latinus >> 4 ,London /Leiden 1962,
12 CALCIDIUS RE s. v. « Chalcidius»
p. XVII, a montré que la forme correcte du nom était Calcidius et non Chalcidius.
Il n 'est connu que pour un seul ouvrage, une traduction et un commentaire du
Timée. La traduction et le commentaire ne vont que jusqu'à 53c. Calcidius énumère (sect. 7 du Commentaire ) une liste de 27 thèmes à discuter; 13
seulement sont conservés,mais il n'est pas sûr qu'il en ait composé davantage. L 'identité et la datation de Calcidius sont très discutées. L 'ouvrage est dédié à un certain Osius, qui est un ami et un patron . La question décisive est celle de
savoir si l'on doit croire le témoignage de certainsmanuscrits qui rapportent que Calcidius était archi-diacre dans l'entourage d'Osius, évêque de Cordoue (ca
256 -357). On a autrefois accepté cette identification ,mais Waszink, en se fon dant à la fois sur le langage et le contenu de l'ouvrage, souhaite le dater de la fin
du IVe s. ou du début du ve, et il est donc contraint de rejeter ces indications des manuscrits comme des inventions. Calcidius présente cependant son patron comme une autorité en matière de doctrine chrétienne (Comm . chap . 133) et,
dans sa Préface (p. 6 , 5), il déclare qu ’Osius lui a confié cette tâche non sine diuino instinctu , ce qui semble impliquer, puisque Calcidius est chrétien , un rapport particulier entre Osius et le Tout-Puissant. Ce sont là , me semble -t-il, des indications suggérant qu 'Osius était un ecclésiastique éminent. Les arguments linguistiques de Waszink en faveur d'une datation plus tardive (Praef. p. XIV -XV) sont bons, mais non irrésistibles (Calcidius pouvait être un novateur en matière de termes techniques, afin de répondre aux exigences de sa tâche), et ses arguments doctrinaux sont conditionnés par le fait qu 'il est convaincu que Calcidius dépend du Commentaire de Porphyre sur le Timée. Je crois avoir présenté des arguments concluants contre cette hypothèse
(2 J. Dillon, The Middle Platonists, London /Cornell 1977, p .401-408), et, en
157
CAL(L )ANUS
faveur d 'une dépendance principale de Porphyre à l'égard du néopythagoricien
Numénius et du péripatéticien Adraste (> A 24), on doit remarquer qu'il ne se trouve aucun élément doctrinal dont on ne puisse rendre compte en termes
médio -platoniciens; en revanche on s'expliquemal la disparition chez Calcidius de beaucoup de points qui ne pouvaientmanquer de figurer dans un commen taire porphyrien . Dans cette perspective , le commentaire de Calcidius est un
remarquable dépôt d' érudition médio-platonicienne. La traduction et le commentaire de Calcidius étaient l'unique forme sous
laquelle Platon fut accessible à l'Occident latin au cours du Moyen Âge et en conséquence il a joui d 'une énorme influence au moins jusqu 'au XIII° s .
Études d 'orientation . 3 J. H . Waszink, Studien zum Timaioskommentar des
Calcidius, t. I, Leiden 1964 ; 4 J.C . M . van Winden, Calcidius on Matter: his doctrine and sources, coll. « Philosophia Antiqua » 9 , Leiden 1965 ; 5 J. den
Boeft, Calcidius on Fate : his doctrine and sources, coll. « Philosophia Antiqua» 18,Leiden 1970 ; 6 Id ., Calcidiuson Daemons, coll. « Philosophia Antiqua » 33, Leiden 1977 ; 7 S . Gersh , Middle Platonism and Neoplatonism : The Latin Tradition , Notre Dame 1986 , t. II, p . 421-492. JOHN DILLON. F II - D III
13 CALLAISCHROS ( T . FLAVIUS - ) PIR2 F 230 Philosophe platonicien d ' Athènes.
Sa carrière se situe dans le dernier quart du n° s. et le premier quart du suivant, car il était le frère de Glaucos de Marathon , hiérophante , à un âge avancé, entre 210 et 230 (IG I12 3661; cf. S . Follet, Athènes au Ire et au Ille siècle , Paris 1976 , p . 262). Sa famille , alliée à la descendance du sophiste Isée et
à celle du philosophe stoïcien Sarapion , est connue par une série de dédicaces métriques d'Éleusis, composées par le neveu de Callaischros, T . Flavius Glau cos de Marathon , lui-même philosophe autant que poète et rhéteur (cf. J. H . Oliver, « Two Athenian poets » , Hesperia Suppl. 8, 1949, p . 243-258 ). Dans le poème IG II ? 3709, Callaischros est présenté comme « le maître illustre d 'une sagesse qu 'il avait cueillie chez Platon » . De cette célébrité témoigne aussi
Philostrate , V . Soph. II 11, qui le cite au nombre des philosophes réputés et
indique qu'il avait été l'élève du sophiste Chrestos de Byzance . BERNADETTE PUECH .
14 CAL (L )ANUS RESuppl. V
396a ?-323a
Sage indien qui serait entré en contact avec les Grecs lors du séjour
d'Alexandre à Taxila au début de l' année 326 . Il aurait accepté de quitter le Pendjab pour suivre Alexandre en Perse, où il se serait immolé sur un bûcher, peu de temps avant la mort d 'Alexandre , à l'âge de 73 ans, selon Diodore de
Sicile XVII 107, et Strabon XV 1 ,68. Cf. 1 J. André et J. Filliozat, L 'Inde vue de Rome, Paris 1986 , 462 p. ; 2 B. Breloer et F. Bömer, Fontes Historiae Religionum Indicarum , Bonn 1939,
158
CAL (L )ANUS
229 p .; 3 A . Dihle, « The conception of India in Hellenistic and Roman literature » , PCPhS 10, 1964 , p . 15-23 ; 4 G . Dumézil, « Alexandre et les sages
de l'Inde » , étude n° 31 de La courtisane et les seigneurs colorés, Paris 1983, p . 66 - 74 ; 5 A . J . Festugière, « Trois rencontres entre la Grèce et l'Inde » , RHR
125, 1943, p. 32-57, repris dans Études de philosophie grecque, Paris 1971, p. 157 -182 ; 6 R . Fick, « Der indische Weise Kalanos und sein Flammentod » , NGG , 1938, p . 1-32 ; 7 J. Filliozat, « La valeur des connaissances gréco -romaines sur l'Inde » , JS, avril-juin 1981, p . 97- 135 ; 8 id ., « La doctrine des Brahmanes d 'après saint Hippolyte », RHR 130, 1945, p . 59 -91 ; 9 id., « L 'abandon de la vie
par le sage et les suicides du criminel et du héros dans la tradition indienne » , Arts Asiatiques 15 , 1967, p .65-88 ; 10 G . H . Hansen , « Alexander und die Brahmanen » , Klio 45, 1965, p. 351-380 ; 11 M . Mund-Dopchie et S . Vanbaelen, « L 'Inde dans l'imaginaire grec » , LEC 57, 1989, p . 209-226 ; 12 J. W . Sedlar,
India and the Greek world , Totowa (N . J.) 1980 , 381 p.; 13 G . Zuntz, « Zu Alexanders Gespräch mit den Gymnosophisten » , Hermes 87, 1959, p. 436 -440 ; 14 C . Muckensturm , « LesGymnosophistes étaient-ils des Cyniquesmodèles ? » ,
dans Le Cynisme ancien et ses prolongements, Paris 1993, p . 225-239. Les témoignages les plus anciens sur Calanos sont ceux des historiens
compagnons d 'Alexandre, Néarque et Onésicrite (cf. 15 P . Pédech ,Historiens compagnons d 'Alexandre , Paris 1984, p. 71-214), et celui de Mégasthène, ambassadeur de Séleucos Nicator auprès de Candragupta dans les années 304 297. Mais ils ne sont connus que par des fragments cités par des auteurs plus
tardifs comme Strabon (XV 1 , 63-66), Plutarque (Vita Alexandri 65) et Arrien (Anab. VII 2 , 2 - 4 ). Nom . Selon Plutarque (Vita Alex. 65, 5), « le vrai nom de Calanos était Sphinès, mais comme il disait à ceux qu 'il rencontrait le mot indien xaré en
guise de salut, il fut appelé Karavós par les Grecs» . J. Filliozat, dans André et Filliozat 1, p . 343 n . 47, pense que le surnom du sage vient du prakrit kallāņam qui signifie " bonheur" et sert d'exclamation de salut. Il réfute l'hypothèse de
Dumézil 4, selon laquelle xaré serait une transcription du locatif sanscrit kāle = “ en temps opportun ”, car cette forme ne peut servir de formule de salutation .
Dans une citation de Cléarque de Soles conservée par Flavius Josèphe (Contre Apion I 179) et Eusébe de Césarée (Praep. Evang. IX 5 , 5 ), Calanoi
(pluriel de Calanos) est considéré comme un nom générique qui désigne les philosophes indiens: « On appelle , dit-on , les philosophes Karavol en Inde et Ιουδαίοι en Syrie » .
Outre le qualificatif d'Indien (cf. Cicéron, Tusc . II 52 et De diuinat. I 46 ; Valère Maxime I 8 ext. 10 ; Diodore XVII 107 ; Athénée Poliorcète, llepi uny. V 7 et Élien , Hist. Var. V 6 ), qui souligne le caractère exotique de ce sage exté
rieur au monde grec, certains auteurs emploient à propos de Calanos les termes de Diaboodos (cf. Strabon XV 1, 68 ; Athénée X , 437 a ) ou de oogloths
(Strabon XV 1, 63; Arrien , Anab. VII 2, 2) qui suggèrent au contraire une sorte
de parenté avec les sages grecs. Philon (Probus 94), Ambroise (Epist. 37, 34) et Photius (Bibl. 91, 68b) présentent Calanos comme un gymnosophiste , c'est-à
CAL(L )ANUS
159
dire un “ sage nu” . Contrairement à Néarque qui affirmait que Calanos n 'appar
tenait pas à la catégorie des brahmanes (cf. Strabon XV 1, 66 ), certains textes tardifs (Lucien, Peregr. 25 ; Hippolyte de Rome, Elenchos I 24, 7 ; Élien , Hist. Var. II 41) ou byzantins (Syncelle, Chronogr. ad mundi ann. 5653, et la Souda) font de Calanos un brahmane, voire un jaïniste (cf. Hésychius, s.V. VÉVVOL). Activités. Selon les historiens compagnons d 'Alexandre, Calanos ne jouait
aucun rôle politique. Néarque précise en effet que « les brahmanes accompa gnent le roi en qualité de conseillers, mais les autres philosophes s'occupent uniquement d'observer la nature. Calanos était du nombre de ces derniers » (Strabon XV 1 , 66 ). Onésicrite, pour sa part, nous présente Calanos comme un
sage qui passait ses journées à l'écart de la ville , allongé sur des pierres brû lantes et entouré de disciples qui restaient figés en d 'étonnantes postures (cf. Strabon XV 1,63). Mais, suivant une tradition qui remonte à Mégasthène (cf. Strabon XV 1, 68), Calanos abandonna ses fonctions de conseiller des rois pour suivre Alexandre . De fait, Plutarque nous le montre en train de donner à ce
dernier une leçon mimée de géopolitique (cf. Plutarque, Vita Alex.65, 6 ). Biographie. Les textes grecs et latins ne retiennent de la vie de Calanos que deux événements : sa rencontre avec les Grecs et son suicide. 1) La rencontre avec les Grecs. Quand Calanos rencontre des Grecs, son comportement dépend de la présence ou de l'absence du gymnosophiste Dan damis (- D 20 ). Si Dandamis participe à l'entretien avec les Grecs, Calanos adopte l'attitude inverse de celle de son collègue : alors que Dandamis se montre bienveillant et courtois envers Onésicrite, Calanos se moque de l'émissaire grec et lui ordonne « sur un ton brutal et plein d'hybris » d'enlever sa tunique (cf. Strabon XV 1, 64 et Plutarque, Vita Alex. 65 , 2). De même, quand Dandamis refuse l'invitation d 'Alexandre à le suivre, Calanos s 'empresse de l'accepter , parce qu 'il est « un homme intempérant et asservi aux tables d 'Alexandre »
(Strabon XV 1, 68), sans aucune maîtrise de lui-même (Arrien , Anab . VII 1, 4 )
et même, dans le Récit sur la vie des brahmanes de Palladios, un xaxos åvno, à la fois fou , uátalos, et vénal, plaaprupnoac (De gentibus Indiae et Brag
manibus II 3 ; II 11). En revanche, si Calanos est seul face à Alexandre (cf. Philon, Probus 94- 96 , et Ambroise, Epist. 34, 37), il refuse d'accompagner le roi et concentre en lui toutes les qualités que les autres récits attribuent à son collègue. Philon loue son endurance, Ambroise l'autorité de sa parole . Ses propos hardis portent la marque
d'un « esprit plein de liberté » (voûÇ Èhevdeplas réuwv / mens plena libertatis). 2) Son suicide. Plus encore qu 'à sa rencontre avec Alexandre, Calanos doit sa célébrité à son suicide. Les textes sont unanimes à ce propos :malade et affaibli, Calanos décida de mettre fin à ses jours en s'étendant sur un bûcher ardent. S 'ils
louent tous le courage et la fermeté d 'âme du gymnosophiste , les récits diver gent néanmoins sur des points de détail : Calanos se rend au bûcher tantôt à cheval (Plutarque, Vita Alex. 69, 6 -8), tantôt en courant (Élien , Hist. Var. V 6 ),
tantôt sur une civière (Arrien VII 3, 1-6 ). Le plus souvent, Calanos se précipite
160
CAL (L )ANUS
dans les flammes sans mot dire, mais il lui arrive de se comparer à Hercule (Cicéron, De diuinat. I46), de prédire la fin prochaine d 'Alexandre (Plutarque, Vita Alex. 69, 6 - 8 ; Cicéron, Tusc. II 52) ou d'accomplir certains actes rituels avant l'immolation : libation et sacrifice d 'une mèche de cheveux, dans le récit de Plutarque, salutation au soleil, dans celui d'Élien . D 'après Charès de Myti lène, Alexandre organisa en l'honneur du défunt des jeux funèbres, et en parti culier des concours de beuveries (cf. Plutarque, Vita Alex. 70, 1- 2 ; Élien , Hist. Var. II 41, et Athénée X , 437 a).
Le suicide de Calanos devient une sorte de référence obligée quand d'autres sages s'immolent, notamment le cynique Peregrinus (cf. Lucien, Peregr. 25) et 173 )
Zarmanochegas (cf. Strabon XV 1, 4 et XV 1, 73). Pour les sages de l'Inde, cette façon d'achever leur itinéraire spirituel – en
laissant se consumer un corps abîmé par la vieillesse et la maladie – n 'avait rien de surprenant. Euvre. Nous ne possédons bien évidemment aucune æuvre de Calanos.
Mais Philon (Probus 96 ) et Ambroise (Epist. 37, 34) lui attribuent une lettre à Alexandre, dans laquelle il affirme la supériorité de la sagesse indienne sur la
sagesse grecque (cf. R . Hercher, Epistolographi Graeci, Paris 1873, réimpr. Amsterdam 1965, p. 192). CLAIRE MUCKENSTURM .
TRADITION ARABE La figure de l' Indien Calanos est passée de la littérature grecque à la littéra
ture arabe. Au cours de ce processus, elle a subi une profonde modification , au
point que l'image orientale de Calanos n 'a plus grand chose de commun avec la figure grecque. Cependant, nous sommes heureusement en mesure de décrire cette transformation avec une relative exactitude, depuis que nous disposons de deux textes arabes anciens qui ont joué un rôle déterminant dans ce processus.
Témoignages. ( 1) En premier lieu, il fautmentionner « Le livre d'Ammonios
sur les opinions des philosophes» (Kitāb Amūniyūs fi ārā' al-falāsifa ), texte structuré d 'un pointde vue doxographique, dont on suppose qu'il a été composé en arabe vers le milieu du IXe s. Bien que son auteur (> A 142) inconnu ait utilisé
la façade de la doxographie à seule fin d'attribuer à de nombreux auteurs anti ques ses propres conceptions, il n 'a pas manqué d 'agrémenter son exposé d'un certain nombre de détails authentiques empruntés à la littérature doxographique
de l'Antiquité tardive (voir 1 U . Rudolph, Die Doxographie des Pseudo- Ammo nios. Ein Beitrag zur neuplatonischen Überlieferung im Islam , coll. « Abhand lungen für die Kunde desMorgendlandes» 49, 1, Stuttgart 1989) . Pour autant
qu 'on puisse en suivre la trace, ces détails remontent en grande partie à la
Refutatio omnium haeresium d'Hippolyte. Cela vaut également pour la figure de Calanos, qui est immédiatement passée de la Refutatio grecque au Pseudo Ammonios arabe.
Chez Hippolyte, Calanos ne joue qu'un rôle secondaire. Il est brièvement
mentionné dans le chapitre consacré aux Brahmanes , où l'on apprend qu'il
CAL(L )ANUS
161
n ' était pas apprécié par ses compatriotes, sous prétexte qu 'il se serait détourné de leurs préceptes de sagesse (Refutatio 1 24, 7 : p . 29, 13- 15 Wendland ; I 24, 7 ,
li. 32- 33 Marcovich ). Le Pseudo-Ammonios, en revanche, attribue au philo sophe indien une fonction importante . Il lui suffit dans ce passage de s 'inspirer
des deux noms qu'il a trouvés dans le texte d'Hippolyte pour imaginer sur cette base une toute nouvelle légende.Calanos aurait été un élève de Pythagore (qui joue par ailleurs un rôle important chez le Pseudo-Ammonios) et il aurait intro duit la sagesse de ce philosophe en Inde. Il y aurait prodigué son enseignement à un Indien du nom de Brahman. Après la mort de son maître , Brahman serait parvenu à la tête du peuple indien et aurait répandu la doctrine philosophique de Pythagore et de Calanos (Pseudo-Ammonios XVI 1-2 et 13-16 ). Tout ce récit est naturellement fictif et on aurait peine à le rattacher à l'ex posé d' Hippolyte si l'on ne savait par ailleurs que la Refutatio a certainement
constitué la source du Pseudo-Ammonios.Mais la nouvelle image de Calanos a été reçue et transmise comme historique par les auteurs islamiques plus tardifs,
du fait qu' ils n'étaient pas en mesure de la comparer avec les modèles antiques. C 'est ainsi que nous rencontrons à nouveau Calanos en tant que disciple de
Pythagore et maître de Brahman dans trois textes arabes plus récents qui ont copié le Pseudo -Ammonios : (a ) Abū Hātim ar-Rāzi († 933), Kitāb A 'lām an nubūwa, p . 147, 4 - 8 Al-Sawy/ Aavani; (b ) al-Birūni, Kitāb al- Atār al-baqiya , p . 950 , 2 -6 Taqizadeh (= Suppl. à l'édition de Sachau dans BSOAS 8 , 1935
1937] ; (c ) as-Sahrastāni, Kitāb al-Milal wa-n -niḥal, p. 277, 20 - 278, 2 et p. 455 ,18 -456 , 3 Cureton. ( 2) De moindre importance, mais tout aussi insolite s'avère l'image du sage
indien esquissée dans le second texte qu 'il nous faut aborder: « Le livre sur le
mystère de la création » (Kitāb Sirr al-haliqa), encyclopédie philosophique trai tant en six longs chapitres de Dieu et des différents domaines de la nature (des
planètes jusqu'aux minéraux). Voir 2 U . Weißer, Buch über das Geheimnis der Schöpfung und die Darstellung der Natur (Buch der Ursachen ), coll. « Sources & Studies in the History of Arabic - Islamic Science - Natural Sciences Series>>
1 , Aleppo 1979, et 3 Id., Das “Buch über das Geheimnis der Schöpfung " von Pseudo - Apollonios von Tyana, coll. « Ars Medica. Texte und Untersuchungen
zur Quellenkunde der Alten Medizin » III 2, Berlin New York 1980. Ce texte est lui aussi attribué dans les manuscrits à une autorité antique, à savoir la figure
semi-légendaire d'Apollonios de Tyane (> A 284 ), mais ici aussi on peut très vraisemblablement estimer qu 'il s'agit d'un pseudépigraphe arabe du IXe siècle ap . J.-C .: voir 4 F . W . Zimmermann, « The Origins of the So-called Theology of Aristotle » , dans 5 J. Kraye, W .F . Ryan, C . B . Schmitt (édit.), Pseudo -Aristotle in the Middle Ages. The « Theology » and other texts, coll. « Warburg Institute
Surveys and Texts » 11, London 1986 , p. 112, 135 et 197-198, et 6 U . Rudolph, « Kalām im antiken Gewand. Das theologische Konzept des Kitāb Sirr al haliga» , dans les Actes du XIVe Congrès de l'Union européenne des Arabisants et Islamisants (Budapest 1988 ), Budapest 1991.
162
CAL(L )ANUS
Dans le premier chapitre de son ouvrage, le Pseudo-Apollonios traite des attributs de Dieu et de la création du monde. Dans ce contexte il met en scène Calanos qui soulève trois questions que l'auteur qualifie expressément d ' absur
des et de provocatrices: Dieu , le Tout-Puissant, peut-il se rendre visible à sa créature ? Est-il capable de créer un être semblable à lui-même ? Et a-t-il le pouvoir de faire tenir le cosmos tout entier dans un seul grain de moutarde ?
(Sirr al-haliqa I 3 , 6 , 1-3 : p .67, 9 -69, 5 , et le commentaire de Weiber 3 , p . 83) . Or ces questions n 'ont aucun rapport avec le Calanos antique et n 'ont de sens que dans le cadre de la théologie islamique (cf. Rudolph 6 , n . 14 ). Il est même permis de se demander si, en introduisant ce philosophe, l'auteur pensait vrai ment à Calanos, car les manuscrits conservés de ce texte transmettent comme nom les formes Kālūs ou Kābūs et l’éditrice, U . Weißer, a renoncé à proposer
une identification.Mais ici aussi le contexte est suffisamment instructif: juste avant de mentionner Calanos, l'auteur expose les vues théologiques des Brah manes et les réfute en s'appuyant sur une argumentation détaillée (Sirr al-haliqa I 3 , 5, 1 -5 : p . 63, 3 -67,8 , et le commentaire de Weißer 3, p. 82 -83). On peut donc considérer comme assuré que le Pseudo -Apollonios a trouvé dans sa
source un passage dans lequel non seulement les Brahmanes indiens étaient mentionnés de façon générale , mais où également Calanos figurait nommément comme l'un de leurs représentants. Il est probable que, comme le Pseudo Ammonios, il n 'a emprunté à sa source que les noms et leur a conféré dans son propre exposé un nouveau visage.
Dans le cas du Sirr al-haliqa, à la différence de ce qui se passa pour le Pseudo - Ammonios, nous ne pouvons cependant pas aller plus loin dans nos
spéculations, car nousne connaissons pas lemodèle grec sur lequel se fonde ce
passage, et nous ignorons jusqu'à présent si son affirmation a été reprise par la suite dans la littérature arabe.
ULRICH RUDOLPH . 15 CALLIAS D 'AIXÔNÈ RE K 6 Mva Homme politique, fils de Calliadès, du dème d'Aixônè (IG 112 5430 ; sur l'interprétation controversée de cette inscription , cf. D . M . Lewis, « Double representation in strategia », JHS 81, 1961, p. 118 - 119). Il travaille au renfor
cement d'Athènes en vue d 'une confrontation avec Sparte . En 434 , il propose
d 'augmenter le trésor d'Athéna Poliade jusqu 'à la somme de 3 000 talents (IG 12 91 = Sylloge? 91). Un peu plus tard , il se fait le défenseur du renouvellement de l'alliance avec Rhegium et Léontinoi (IG 13 52, 53). Il tombe comme stratège en 432 devant Potidée (Thuc. I 61, 1 ;63, 3). Suivant Socrate , dans le premier Alcibiade (119 a), dialogue dont l'authenticité est discutée, ce Callias, fils de Calliadès, aurait été , avec Pythodore , disciple de Zénon d' Élée. Et il est précisé
que « l'un et l'autre , moyennant cent mines (= 10 000 drachmes, 1 drachme représentant le salaire quotidien moyen d 'un ouvrier qualifié dans l' Athènes du
ve et du IVe siècle ) données au même Zénon (né à la fin du vie ou au début du ve siècle ), seraient devenus habiles et renommés. » On a beaucoup discuté sur le
163 CALLIAS D 'ALOPÉKÈ point de savoir si cette somme était vraisemblable et donc si le témoignage était recevable .
Cf. J. Kirchner, PA I 7827 ; J. Kirchner, art. « Kallias » 6 , RE X 2 , 1919, col. 1622 - 1623 ; H . Gärtner, art. « Kallias » , KP III, 1969, p .67; G . Vlastos,
« Plato' s testimony concerning Zeno of Elea » , JHS 95, 1975, Appendix : “ Alcibiades I, 119 A 1-6 ” , p . 155- 161 (Vlastos semble avoir confondu Callias
d 'Aixônè avec Callias d ’Alopékè) ; M . Caveing, Zénon d 'Élée, Prolégomènes aux doctrines du continu. Étude historique et critique des fragments et témoi gnages, coll. « Histoire des doctrines de l' Antiquité classique» 7, Paris 1982,
p . 154- 157. LUC BRISSON .
16 CALLIAS D ’ALOPÉKÈ REK 3
V -IV
Fils d 'Hipponicos (Prot. 311 a ), il serait né entre 455 et 450 à Athènes dans le dème d 'Alopékè. Selon J. K . Davies (APF, n° 7826 ), c' est la seule famille du génos des Kerykes qui ait obtenu de hautes charges politiques à Athènes. Les alliances familiales expliquent probablement cette particularité . Suivant la reconstruction de J. K . Davies, APF, p. 262- 263, qui va à l'encontre du témoi gnage de Plutarque (Périclès 24 , 5 et 8 ), Hipponicos épousa vers 450 l'ancienne
femme de Périclès, qui avait aussi des liens de parenté avec l'homme d 'État et qui lui avait donné pour fils Xanthippe et Paralos. A Hipponicos, cette femme
donna un fils, Callias, et une fille Hipparétè, qui deviendra pour quelque temps l'épouse d 'Alcibiade. On comprend dès lors plus facilement le passage suivant du Protagoras : « Quand nous fûmes entrés, nous trouvâmes Protagoras qui se
promenait sous les portiques, accompagné et suivi dans sa promenade, d 'un côté par Callias, le fils d 'Hipponicos, par le frère que Callias avait de sa mère,
Paralos, fils de Périclès, par Charmide ( C 102), le fils de Glaucon, et, de l' autre , par Xanthippe, l'autre fils de Périclès, par Philippide, le fils de Philo mèlos, par Antimoïros de Mendé ( ~ A 198 ), qui est précisément le plus réputé
des élèves de Protagoras» (314e- 315a). Hipponicos mourut en 423- 422, en
laissant à Callias une immense fortune et en lui transmettant sa charge reli gieuse. Les principaux ministres du culte d 'Éleusis appartenaient à deux génè: les
Eumolpides et les Kérykes. Les membres de famille de Callias tinrent la charge de dadouque pendant trois générations, peut-être même quatre : le dadouque, le « porteur de torche » , venait, pour l' importance, tout de suite après l'hiérophante .
Il occupait sa fonction pour la vie et avait pour nom Callias ou Hipponicos. Il participait à la célébration des Mystères, intervenait dans l'initiation et prenait part aux sacrifices purificatoires.
164
CALLIAS D ’ALOPÉKÈ Arbre généalogique de la famille de Callias. Kérykes
Phaisippos Callias I
Hipponicos I Callias II 0 Elpinicè fille de Miltiade o femme
Périclès
Hipponicos II
o femme
fils de Xanthippe Xantippe
Paralos
Callias III
Hipparéte o Alcibiade Hermogène bâtard d 'Hipponicos
fille
Les trois épouses de Callias. Alcibiade | Glaucon du Céramique fille oo
fille donc cousine d 'Hipponicos
Callias III
- Chrysilla oo Ischomachos
o fille
Hipponicos III
bâtard de Callias
- Épilycos
fille orpheline, elle fut revendiquée par Callias pour son fils Hipponicos
Callias est par ailleurs l'héritier de l'une des plus riches famillesde la Grèce. Son grand -père était, selon Plutarque (Aristide 25 , 4), le plus riche citoyen d 'Athènes ; il disposait, selon Lysias (Sur les biens d 'Aristophane [19 ] 48), de
200 talents ( 1 200 000 drachmes, 1 drachme représentant le salaire moyen quotidien d 'un travailleur dans l'Athènes du ve et du IVe siècle ). Cette somme
permit à son fils Hipponicos de recevoir de la part d 'Andocide (I 130 ) le titre, plus flatteur encore , d'« homme le plus riche de Grèce ». Pour le mariage de sa fille Hipparétè, la sœur de Callias, avec Alcibiade, Hipponicos versa une dot de
20 talents (120 000 drachmes), telle qu'aucun Grec n 'en avait reçu (Andocide
IV 14 ). A la troisième génération, Callias reçut la fortune de son père et le titre d 'homme le plus riche de Grèce (Lysias 19, 48).
Une partie de cette fortune provenait de l'exploitation des mines du Laurion . D 'après xénophon (Revenus 4, 15 ), Hipponicos possédait 600 esclaves qui y
travaillaient pour lui et lui rapportaient, après déduction d'impôts, la somme d'une mine par jour (1 mine = 100 drachmes = 0, 15 talent); une inscription
CALLIAS D ’ALOPÉKÈ
165
(Hesperia 10 , 1945,A p. 14 , nºCal1, ligne 43, ca reprise dans le t. 19 , 1950, p . 206, et
gora, t.e XIXliecr:e Mdu. B .lWalbank, mas leo Leases of public land, 1001, dans The Athenian Agora, p. 5, li. 43) mentionne que Callias était propriétaire d'une concession à Napè, lieu -dit situé dans la région minière du cap Sounion . Les mines, dont les revenus
n 'étaient pas illimités, ne garantissaient pas le développement du capital. Voilà pourquoi le patrimoine familial avait été placé dans une banque dont la gestion appartenait, à la fin du Ve siècle , au père de Callias, selon Andocide ( 1 130 ) .
Banquier, Callias était aussi propriétaire immobilier. Xénophon situe la scène de son Banquet dans une de ses maisons au Pirée (Banquet I 2). Mais le cadre dans
lequel Platon place la scène du Protagoras donne à penser que la maison où étaient descendus les sophistes se trouvait en ville.
Beau -frère d 'Alcibiade, qui épousa sa sour Hipparétè, Callias appartenait par ailleurs, comme on l' a vu aussi, au génos des Kérykes, dont on sait le rôle dans les cérémonies d'Éleusis. Est-il possible dans ces conditions qu'il ait participé lui-même aux parodies des Mystères en 416 -415 ? On ne peut le savoir , mais il ne figure sur aucune des listes de dénonciation produites par Andocide.
Pourtant, en 399, dans son discours Sur les Mystères, Andocide le met en cause. En 400 , Andocide avait été accusé d'avoir, au mépris d 'une loi des aïeux,
déposé , pendant les Mystères, un rameau de suppliant dans l’Éleusinion d'Athè nes. L ' instigateur du procès aurait été Callias fils d 'Hipponicos, dont Andocide dénonce à son tour les manquvres dans son discours. Callias a voulu s 'assurer personnellement, par concupiscence, même s 'il la revendique pour son fils , la possession de la fille orpheline d' Épilycos, oncle d' Andocide ; mais , comme
celui-ci la revendiquait selon la loi sur l'« épiclérat » , Callias a , pour mille drachmes, soudoyé Céphisios, un « sycophante » , et il a , de sa propre main , déposé dans l'Éleusinion le rameau de suppliant. L 'accusé était assisté par des membres choisis de sa tribu et par deux chefs du parti populaire , Anytos (l'accusateur de Socrate, » A 227) et Céphalos (un ancien potier). Pour bien comprendre toutes les implications de cette affaire où se mêlent inceste , héritage
et pouvoir politique, rappelons que Callias fut marié trois fois. Callias épousa d 'abord une fille de Glaucon de Céramique. Ce mariage dut
être célébré entre 425 et 420, car le fils, Hipponicos, que lui donna cette pre mière épouse , est adulte en 399, lorsqu 'il réclame en mariage la seule fille héri tière d' Épilycos (Andocide I 120- 121) . A cette date, la fille de Glaucon devait
être décédée , puisqu 'on ne trouve aucune mention la présentant comme la femme de Callias, qui va d ' ailleurs bientôt contracter un second puis un troi sièmemariage dans des circonstances particulièrement troubles (cf. Cheryl Anne Cox , « Incest, inheritance and the political forum in fifth century Athens » , CJ
85, 1989-1990, p . 34 -46 ). Suivant le témoignage d' Andocide, la seconde épouse de Callias est la fille d 'un certain Ischomachos (I 124-125) et de cette Chrysilla qui deviendra la troisième épouse de Callias (I 127) ; cette seconde épouse est aussi la veuve
d'Épilycos, dont Callias revendique, au nom de l'« épiclérat » , la fille pour son fils Hipponicos. Voici en effet ce que déclare l'orateur: « Eh bien, citoyens,
166 CALLIAS D'ALOPÉKÈ cherchez si jamais en Grèce on vit pareille turpitude : un homme (i.e. Callias)
qui, ayant épousé une femme (i. e. la fille d'Ischomachos), épouse en plus la mère (i. e. Chrysilla ); la mère qui chasse la fille ; l'homme qui, alors qu 'il habite avec la mère , revendique la fille d 'Épilycos, pour que la petite fille chasse sa grand -mère » (I 128). De là suit que la seconde épouse de Callias était la veuve
d 'Épilycos et la mère de l'orpheline que Callias revendiquait pour son fils Hipponicos. Le second mariage de Callias dura moins d 'un an ; la fille fut répudiée au profit de sa mère, Chrysilla (Andocide I 121). Ce troisième mariage dut avoir
lieu entre 413/2 et 406/5. En tout cas, entre la date de ce mariage etle procès de 399 , Chrysilla avait déjà été répudiée. Mais, enceinte, elle donna naissance à un
fils, que Callias commença par renier avant de le reconnaître alors qu'il était déjà grand (non uéyav óvta ); par la même occasion, il reprit Chrysilla. Ce fils que donna Chrysilla à Callias est probablement le second enfant auquel fait allusion Socrate au cours de son procès (Apologie 20 a , le premier étant
Hipponicos) et que l'auteur comique Métagène (CAF I, fr. 13 , p .708 Kock , FAC I, p. 13, p. 844-845 Edmonds) qualifie de bâtard . Cela dit, la démarche entreprise par Hipponicos, le fils de Callias, pour obte nir la main de la fille d 'Épilycos semble s'être soldée par un échec, car Lysias
nous apprend qu 'Hipponicos épousa sa cousine, la fille d'Alcibiade (Lysias, Sur les biens d 'Aristophane (19), 52).
En 390, pendant la guerre de Corinthe, Callias aurait été élu stratège (Xéno phon, Helléniques IV 5 , 13- 14 ) ; proxène de Sparte en 378 (ibid. V 4 , 22) , il aurait été envoyé comme député à Sparte en 371 (ibid . VI 3, 2 -3 ). Ce rôle poli
tique était en accord avec ses richesses et ses alliances familiales. Un fragment d'épigramme nouvellement découvert et appartenant à la base d 'un « quadrige de Callias » commémorant à Delphes la victoire des chevaux du fils d ’Hippo nicos, vient corroborer une phrase du discours prononcé à cette occasion par
Callias (Xénophon, Helléniques VI 3, 4). Cf. J. Bousquet, « Deux épigrammes grecques (Delphes,Ambracie )» , BCH 116 , 1903, p. 585-593. Callias serait mort peu après 371. Les auteurs comiques de l'époque (Eupolis, Kóraxes = Les Flatteurs) et
Aristophane (Grenouilles 428 sq ., Oiseaux 280 sq ., Assemblée des femmes 810 sq) le raillèrent pour sa vie de luxe et sa prodigalité . Eschine de Sphettos aurait même intitulé Callias ( D . L . II61) l'un de ses dialogues, où il traitait peut-être des dangers que représentait la richesse pour un jeune homme. Stilpon aurait
également écrit un Callias selon D .L . II 120. Platon (Apologie 20a, Cratyle 391 c) et Xénophon (Banquet) représentent ce personnage, renommé pour ses richesses (Lysias, Sur les biens d 'Aristophane ( 19 ), 48 , cf. Pseudo -Platon , Éryxias 395 a ), comme un bienfaiteur des sophistes : c 'est chez Callias, probablement dans une des maisons qu 'il possédait à Athè nes, que se situe la scène décrite dans le Protagoras. Il entretient aussi directe ment ou indirectementun grand nombre de liens avec Socrate et son groupe. Car
CALLIAS D 'ALOPÉKÈ
167
c'est dans une autre de sesmaisons, au Pirée cette fois, que se situe la scène du Banquet de Xénophon . Son demi-frère , Hermogène, joue un rôle considérable dans le Cratyle (391 c ). Et son fils, Protarque, est l' interlocuteur de Socrate dans le Philèbe.
Au début du Protagoras, Socrate , qui sort de chez Callias, rencontre un ami, qui n 'est pas nommé et qui entame aussitôt la conversation . C 'est à cet ami que Socrate va raconter son entretien chez Callias. Socrate raconte d'abord comment
il a été conduit chez Callias par le jeune Hippocrate, admirateur enthousiaste des sophistes, venu chez lui de grand matin pour l'entraîner avec lui. Socrate et son
ami arrivent chez Callias et pénètrent dans la maison après une résistance un peu ridicule du portier. Tous les personnages sont dès lors réunis, et Socrate lui même présente les sophistes : Protagoras (cf. Théétète, 164 e), le roi des sophistes, avec ses rivaux, Hippias et Prodicos (cf. aussi Pseudo- Platon , Axio chos, 366c); tous les trois sont entourés de disciples. Autour de Socrate , se retrouve le groupe des compagnons habituels : Alcibiade (» A 86 ), Critias ( C216 ), Hippocrate , sans compter le maître de maison , le riche Callias. Les amis de Socrate n 'ont qu 'un rôle effacé, comme cela est naturel. Alcibiade et Callias interviennent cependant au cours de la discussion , mais surtout pour
remettre les interlocuteurs aux prises, au moment où Protagoras semble vouloir
abandonner: Alcibiade est vif et péremptoire , Callias, courtois et persuasif (Prot. 335d - 336b ; 338 b -e ; 348 b -c). Xénophon situe aussi son Banquet chez Callias, mais dans une maison du Pirée, en 422 très probablement ; à l'époque, Callias a dans la trentaine. C 'est la fête à Athènes, où l'on célèbre les grandes Panathénées. Callias a rencontré dans la rue Socrate , accompagné de Critobule ( C 217), Hermogène, Antisthène (> A 211) et Charmide (»- C 102). Il les invite au banquet qu 'il offre en l'hon neur du jeune Autolycos, qui vient de vaincre au pancrace, et dont il est amou reux . Xénophon trace de Callias un portrait vivant. C 'est un homme vigoureux et d'une belle prestance (VII 40 ). Hôte fastueux, non seulement il offre un repas de tout premier ordre (II 2),mais il procure à ses invités le divertissement d 'une excellente troupe. Il est aimable et courtois. Seul Antisthène semble provoquer
chez lui une certaine irritation (IV 4 ; VI 5). Pourtant Callias est vaniteux, non seulement à cause de sa richesse (IV 1-4 ), mais aussi à cause des talents qu'il
estime avoir acquis dans sa fréquentation des sophistes (I 5-6 ). S'il y a chez lui du ridicule, il n ' y a pourtant pas de méchanceté.
Cf. Kirchner, PA I 7826 ; J. Kirchner, art. « Kallias» 3, RE X 2, 1919,
col. 1618 - 1622 ; H . Gärtner, art. « Kallias » , KP III, 1969, p .67 ; G .E .Mylonas, Eleusis and the Eleusinian Mysteries, Princeton 1961, p. 232-233 notamment;
D . MacDowell ( édit.), Andocide, On the mysteries, the text ed. with introd.,
comm . and append., Oxford 1962 ; O . Aurenche, Les groupes d 'Alcibiade, de Léogoras et de Teucros. Remarques sur la vie politique athénienne en 415 av. J.-C ., Paris 1974 , p . 141- 142 surtout.
LUC BRISSON .
CALLICLÈS
168
17 CALLICLÈS
Fya
Personnage du Gorgias de Platon. Au début du dialogue (447 a-c), c' est lui qui accueille Socrate et Chéréphon (» - C 109), venus chez lui pour rencontrer Gorgias, dont il est l'hôte à Athènes, comme Callias (- C 16 ), dans le Prota
goras, est celui de Protagoras. Il joue dans la suite du dialogue un rôle de premier plan , puisque c'est à lui que s'adresse Socrate pendant toute la deuxième moitié du dialogue (481b - 527e).
Le fait qu'il n'est connu que par le Gorgias de Platon est de nature à faire penser qu 'il s 'agit d 'un personnage fictif. Rares sont pourtant les critiques qui ont adopté sans réserves la position exprimée sur ce point par 1 F .G . Welcker, « Prodikos von Keos, Vorgänger des Sokrates» , RAM 1, 1832 ; 4 , 1834, article repris dans ses Kleine Schriften zur griechischen Literaturgeschichte , t. II, Bonn 1845 , p . 393 -541, cit. p. 454. En effet, aux yeux de la plupart, Calliclès est situé par Platon dans la société athénienne avec trop de précision pour être entièrement fictif : il est originaire du dème d 'Acharnes (495d) ; il est épris de
Démos, fils de Pyrilampe (481 d), lequel était le propre beau-père de Platon ; il a été lié dans sa jeunesse à trois jeunes gens, Tisandre d'Aphidna, Andron ( » A 176 ) fils d 'Androtion et Nausicyde de Cholarges (487e), sur lesquels des sources extérieures à Platon fournissent quelques renseignements (regroupés dans 2 E . R . Dodds ( édit.), Plato , Gorgias. A revised text with introduction and
commentary by E. R. D., Oxford 1959, p . 282 n. ad 487c3). L 'opinion domi nante est qu 'il y a là trop de « détails vrais » pour que le personnage lui-même
soit imaginaire (cf. E .R . Dodds 2, p. 12). Cette position n 'est pas exempte de difficulté, puisque, s' il exista réellement à Athènes un Calliclès aussi déterminé que le montre Platon à jouer un rôle politique, le fait qu 'en dehors du Gorgias il
n 'ait laissé aucun souvenir demande explication . Certains auteurs ont pensé résoudre cette difficulté en voyant dans le nom de Calliclès un pseudonyme utilisé par Platon pour représenter tel ou tel acteur en vue de la politique athé nienne : Chariclès, Théramène, Alcibiade (cf. 3 E . Zeller, Die Philosophie der
Griechen , VIII I, p . 1330 n . 3), voire Polycrate (voir 4 J. Humbert, Polycratès, l'accusation de Socrate et le “Gorgias", Paris 1930 , 64 p ., repris sous le titre : « Le pamphlet de Polycratès et le Gorgias de Platon » , RPh 57, 1931, p . 20 -77).
5 A . Levi, Storia della Sofistica , a cura di D . Pesce, Napoli 1966, p. 39-41, a montré que les données mêmes fournies par le dialogue rendent difficile cha
cune de ces identifications. Dodds 2 , p. 13, suggère que, tout comme Platon fait évoquer à Calliclès le procès et la mort de Socrate (486a- b ), il place de même dans la bouche de Socrate l'annonce post eventum de la mort de Calliclès (519 a ): la vie politique mouvementée d 'Athènes à la fin du Va siècle explique rait que Calliclès soitmort, victime de l'ambition et de la franchise qu 'ilmontre
dans le Gorgias, trop jeune pour avoir pu laisser un nom dans l'histoire. Qu 'une telle hypothèse soit requise pour faire admettre la réalité historique du person
nage de Calliclés suffit à montrer que la question en réalité ne peut être tranchée. Calliclès est, dans le Gorgias, le porte-parole de la doctrine de la prévalence
de la nature sur la loi, qui justifie le droit du plus fort (cf. Gorgias 483c-d ). Une
CALLICLÈS
169
telle doctrine est à nouveau évoquée par Platon dans les Lois (X , 889 e -890 a )
comme celle « de prosateurs et de poètes» (181WTĀV Te xaltointőv). Dans les « poètes » , on a voulu voir une allusion au fragment de Pindare (169 Snell) cité dans le Gorgias (484 b ) et rappelé ailleurs dans les Lois (III,690b; IV , 715a); parallèlement, on a voulu voir dans les « prosateurs » une allusion à Calliclès, dont on a alors imaginé (Levi 5 , p . 40 et n . 41) qu 'il serait l' auteur d 'un ouvrage
aujourd'hui perdu, ce qui confirmerait la réalité historique du personnage . Mais on n 'a pas besoin d'une telle construction pour trouver un témoin de pareille doctrine : comme l'a observé 6 W . Nestle , Vom Mythos zum Logos. Die Selbst entfaltung des griechischen Denkens von Homer bis auf die Sophistik und
Sokrates, 2e éd ., Stuttgart 1942, réimpr. 1975, p. 335, c'est la doctrine énoncée en propres termes par Gorgias (Hel. 6 ), dont Calliclès apparaît ainsi comme le fidèle disciple . Au surplus, rien n 'oblige à mettre des noms sous le passage des Lois : Dodds 2 , p. 271, trouve gratuite la supposition d' une allusion à Pindare ;
d ' autre part, quand Aristote (S . E . 12, 173 a 8 - 16), qui se réfère explicitement au Gorgias, cite les thèses de Calliclès sur l'opposition de la nature et de la loi, c 'est- à-dire de la vérité et de l'opinion du grand nombre , il généralise immé
diatement cette attribution à « tous les Anciens » : il n 'y a donc pas de raison de penser que Platon pense à Calliclès, ni à quiconque en particulier, au livre X des Lois.
Par ailleurs, le mépris manifesté par Callicles pour les sophistes (520 a) et, bien qu 'à un moindre degré, pour la philosophie (485 a -486 d ), empêche de le tenir lui-même pour un sophiste. Animé d'ambitions politiques, il reconnaît
lui-même (484 e) que, par comparaison avec ceux qui consacrent leur temps à la
discussion, les politiques font figure d'inexperts. Il fait d'ailleurs lui-même preuve d 'amateurisme en la matière, puisque Gorgias doit, à un moment donné, lui en rappeler les règles (497b ). Calliclès est à ranger, avec l'Hippocrate du
Protagoras (312 a), parmices personnages qui attendent de l'enseignement des sophistes une utilité exclusivement pratique. Il est en cela représentatif d 'une
partie du personnel politique athénien contemporain : il n ' y a rien là qui s'oppose à ce qu 'il ait réellement existé, mais rien non plus qui le prouve. Pour une revue plus étendue des diverses opinions dans le débat sur l'histo ricité de Calliclès, voir 7 M . Untersteiner, I Sofisti, Torino 1949, trad. angl. par
K . Freeman , The Sophists, Oxford 1954, chap. XVIII n . 40 ; trad. franç. de la 2e éd. (1967) par A . Tordesillas, Les Sophistes, coll. « Bibliothèque d'Histoire de la Philosophie » , Paris 1993, t. II, p. 205 -207 (n . 40) .
MICHELNARCY. IIa
18 CALLICLÈS REK 4
Philosophe de la Nouvelle Académie , élève de Carneade (2 - C 42) et maître de Philon de Larisse, connu par l' Ind. Acad. Herc. de Philodème, col. 33, 7 -11
(= Carnéade, T 3 b 44 sq.Mette ). Voir H . von Arnim , REX 2, 1919, col. 1636 . TIZIANO DORANDI.
170
CALLICRATIDAS DE SPARTE
19 CALLICRATIDAS DE SPARTE RE K2
Pythagoricien . Témoignages. 1 H . Thesleff, The Pythagorean Texts, p . 102, 21-107, 11. Sous le nom de Callicratidas sont transmis quatre fragments d 'un Περί οίκου eỦdaquovías (p . 103, 1 - 107, 11 Thesleff), en dialecte dorien , chez Stobée IV 22, 101 ; IV 28, 16 .17. 18 .
Traduction anglaise : 2 K . S. Guthrie dans The Pythagorean Sourcebook and Library. An anthology of ancient writings which relate to Pythagoras and
Pythagorean philosophy. Compiled and translated by K . S. Guthrie with addi tional translation by T. Taylor and A . Fairbanks, Jr., Introduced and edited by D . R . Fideler, with a foreword by J. Golwin , Grand Rapids (Michigan ) 1987,
p . 235-237, et R . Navon (édit.), The Pythagorean Writings, p .66 -69. Sur cet ouvrage, voir 3 F . Wilhelm , « Die Oeconomica der Neupythagoreer Bryson ,
Kallikratidas, Periktione, Phyntis » , RHM 70, 1915 , p . 161-223. Datation pro
bable : II s. de notre ère, d 'après Wilhelm 3, p. 222-223; arguments contraires dans 4 H . Thesleff, An Introduction to the Pythagorean writings of the Helle nistic period, Åbo 1961, p. 57-59. Selon Thesleff, p. 110 et 115 , la date de composition remonterait au III s. av. J.- C . Diogène Laërce VIII 53 parle d 'un frère d 'Empédocle du nom de Calli
cratidès et cela peut expliquer le choix du nom de la part de l'auteur du traité pseudépigraphe. L 'origine spartiate , attestée par le lemme du second fragment (Kark xpatida Ivdayopelov Aáxwvoc), provient probablement d 'une identification
de Callicratidas avec le navarque spartiate du même nom du ve s.av. J.-C . BRUNO CENTRONE.
20 CALLIÉTÈS RE PLREI: M III n de ratio Philosophe stoïcien , présent, avec d'autres invités, à une céléb l'anniversaire de Platon (tà Matávela ) chez le philosophe Longin à Athènes.
Les propos échangés par les convives sont rapportés par Porphyre , alors disciple de Longin , dans sa Philologos Akroasis, livre I (fragment cité par Eusébe de
Césarée, P . E . X 3, 1). La présence de Porphyre permet de dater l'événement avant 263, date à laquelle le disciple de Longin est venu étudier chez Plotin à
Rome (Vita Plotini 4 , 1). Calliétès intervient en X 3 , 25, pour amener Prosénès le péripatéticien à
donner de plus amples explications sur les prétendus plagiats commis par Platon à l'égard de ses prédécesseurs. RICHARD GOULET et PIERRE MARAVAL .
21 CALLIGÉNÈS
IV - III
Disciple de Platon , par ailleurs inconnu. W . Crönert, Kolotes und Mene
demos, Leipzig 1906 , p . 183- 184, a lu son nom dans une addition marginale à la colonne VI 12 de l'Academicorum index de Philodème (p . 135 Dorandi). On
CALLIMAQUE DE CYRÈNE
171
avait précédemment envisagé de lire des noms comme (AnuOoOjévns,
[Ewolévns, [A10 ]yévns (voir l'apparat deMekler),mais l'examen attentif du papyrus permet bien de lire Karallyélung. Quant au mot qui suit, où l' on croyait reconnaître l'ethnique de ce disciple , K . Gaiser, Philodems Academica,
Stuttgart/Bad Cannstatt 1988, p.448, a proposé de lire 'Aonvaloç (scil. s 'Aonvatoç Tyuoras), plutôt qu’’AOnvaſoc. Philodème semble connaître ce nom à travers le Banquet funèbre de Platon (év Tői Illepu ſeiſval ! [Tá) TOV[os ]) de Speusippe (fr. 1 Isnardi Parente ).
Cf. T. Dorandi, Filodemo, Storia dei Filosofi (.) Platone e l'Academia , Napoli 1992, p. 224 et 261. TIZIANO DORANDI.
22 CALLIMAQUE DE CYRÈNE RESuppl. V + XIII :6 Grammairien et poète de la Cour des Ptolémées.
ca 310- 240
Une notice lui est consacrée par la Souda, s.v. Karriuaxos, K 227, t. III, p . 19, 12 - 20, 2 Adler.
Cf. 1 H . Herter, art. « Kallimachos » , RESuppl. V , 1931, col. 386 -452 ; 2 Id ., RESuppl. XIII, 1973, col. 184 -266 ; 3 W . Aly, art. « Praxiphanes» , RE XXII 2 , 1954, col. 1769- 1784 ; 4 R . Pfeiffer, History of classical scholarship, < I :> From the beginnings to the end of the Hellenistic age, Oxford 1968, p . 95, p. 122 - 140 ;
5 W . Crönert, Kolotes und Menedemos, p .74 n . 355 a et Nachtrag, p. 179-180 ; 6 R . Pfeiffer, Callimachus, Oxford 1949- 1953, 2 vol.
Bibliographies. 7 A . D . Skiadas (édit.), Kallimachos, coll. « Wege der Forschung » 296 , Darmstadt 1975, p .401-418 ; 8 L . Lehnus, Bibliografia Calli machea 1489 - 1988, coll. « Pubblicazioni del Dipartimento di Archeologia ,
filologia classica e loro tradizioni» 123, Università di Genova, Facoltà di Lettere, 1989, 400 p .
Formation philosophique. La version latine d 'une Vie d'Aratus attribuée à Théon d'Alexandrie contient un passage (absent du grec) dont on a conclu que Callimaque aurait, comme Aratus de Soles, été le disciple du péripatéticien Praxiphane de Mytilène, disciple de Théophraste : « Factus est autem (scil. Aratus) nimis multum litteratus vir, sicut testatur Callimachus adsistens ei ab infantia propter Praxiphanem Mytilenum » (p . 16 , 12- 13 Martin ; Callimaque,
Test. 10d Pfeiffer; Praxiphane, fr. 17 Wehrli). Le grec n 'a que : ÉyÉveto OÈ opbopa no vypáupatoç åvno, og uaprupet • Karluaxos (p . 16 , 12- 14
Martin ). En faveur d 'un séjour d'études chez Praxiphane à Athènes, voir 9 E . Rohde, Der griechische Roman und seine Vorläufer, 2e éd. Leipzig 1900, p . 99 sq. n . 3 , ’ 106 sq., 3 ; 10 Susemihl, GGLA, t. I, p . 287 -288 n . 10 ; 11 A . Rostagni, Scritti minori, I: Aesthetica, Torino 1955, p. 321, et II 1 : Hellenica e Helle
nistica, Torino 1956 , p . 278 sq., 319. Crönert 5 , p . 180, propose la rétroversion
suivante : συσχολάζων αυτώ εκ νέου παρά Πραξιφάνει τη Μυτιληναίω. A propos de la version latine, Maass (p . XXXII) écrit: « Versio latina graecis Vitae exemplis nonnunquam uberior, uberiora vero etiam interdum graeca, alterum genus ut altero augeatur. Periculum vero fecit nuperrime amissa graeca e latinis renovandi Wieckius (1897 ) » .
172
CALLIMAQUE DE CYRÈNE Il se pourrait que le traducteur ait voulu préciser la référence à Callimaque en
récupérant une information semblable à celle qu 'on lit dans la Vie d 'Aratus
d ' Achille (p . 9 , 5 - 9 Martin) : ubuntal yoŨv aŭtoŨ zal Karriuayos os npeoBUTÉpov oủ Móvov Év TOTS 'EnlypayaoLV (Epigr. 27 Pfeiffer), årrà xal εν τοίς πρός Πραξιφάνην, πάνυ επαινών αυτόν ως πολυμαθή και άριστον ToinThv (Praxiphane, fr. 16 Wehrli). Herter 1 , col. 388 , considère que le jeune Callimaque, qui commença sa carrière commemaître d' école dans la banlieue d ' Alexandrie (Souda), ne devait pas avoir les moyens d 'aller étudier à Athènes.
Comme d'autre part le poète se félicite de n'avoir pas affronté les dangers de la mer ( cf. fr. 109 Schn., et fr. 8 , 11 sqq. Pfeiffer ; v. aussi épigrammes 17, 18 et 58), Herter rejette le témoignage de la version latine. Voir le commentaire de Wehrli aux fr. 15 -17 de Praxiphane . 12 K . O . Brink,
« Callimachus and Aristotle : an inquiry into Callimachus Ilpos Ipaçcpávnu» , CQ 40, 1946, p . 11- 26 ; Pfeiffer 4 , p . 95 n . 4 et 125 n . 1 (« A visit to Athens and an apprenticeship with Praxiphanes must be dismissed as modern inventions» ).
Pfeiffer 4 ,p. 135 -136 , rattache au lipòc IIpačipávny de Callimaque deux prises de position de Callimaque contre Platon (fr. 398 et 589).
Schol. Flor. 7 à Call. fr. 1 ( élégies) mentionne Praxiphane de Mytilène (fr . 460 Pfeiffer ; Praxiphane fr. 15 Wehrli) comme l'un des adversaires du
poète , ce qui montre que le Mpós IIpacidávnu était bien dirigé contre le péri patéticien et qu 'il ne lui était pas seulement adressé (Pfeiffer 4 , p . 136 ) . Sur la perspective anti-aristotélicienne de la critique littéraire de Callimaque, voir
Pfeiffer 4 , p. 136 - 137. Herter 2, col. 187 : « K . war nicht eigentlich Peripatetiker, aber in seiner wissenschaftlichen Tätigkeit darfman doch den Geist der aristotelischen Schule wirksam finden, von dem auch die Institution der Bibliothek zeugt» . Sur Praxiphane et notamment le fr. 12 Wehrli, voir récemment 13 M .
Capasso , « Prassifane, Epicuro e Filodemo. A proposito di Diog. Laert. X 13 e Philod. Poem . VIX 10 -X 1» , Elenchos 5, 1984, p . 391-415. Euvres. Parmi ses æuvres, plus de 800 selon la Souda (p . 19 , 17-18), nous ne signalerons que (1) Tívanec TÕVÉV naon Taldela olaraudávtwv, xai ov
Ouvéypapav, év Bibliolç x ' xai p (= 120 ), (2 ) Hivač tõv Anuoxpátous rawooőv xai ouvrayuátwv (p . 19, 27 -29 et 30-31).
On a cru , d'après un passage de Tzetzès conservé en version latine (test. 13 Pfeiffer: Aulicus regius bibliothecarius), que Callimaque avait été , entre Zéno
dote et Ératosthène, bibliothécaire de la Bibliothèque d 'Alexandrie. Voir encore Susemihl 10, t. I, p .340-341.Mais un papyrus d 'Oxyrrhynchos (POxy X 1241) a fourni une liste de bibliothécaires alexandrins qui ne mentionne pas Calli
maque. Cf. Herter 1 ,col. 390-391. Cf. 14 F . Schmidt, Die Pinakes des Kallimachos, coll. « Klassisch -Philo logische Studien » 1 , Berlin 1922, 107 p . ; 15 O . Regenbogen, art. « Ilivat» , RE XX 2 , 1950 , col. 1420 - 1426 ; Pfeiffer 4 , p . 126 - 134 ; Herter 1 , col. 396 -401; Herter 2 , col. 187 -188 ; 16 D . J. H . Ter Horst, « De Pinakes van Callimachus » ,
CALLIMAQUE DE CYRÈNE
173
Bibliotheekleven 18 , 1933, p. 22-27 ; 17 R . Blum , Kallimachos und die Litera turverzeichnung bei den Griechen. Untersuchungen zur Geschichte der Bio bibliographie, Frankfurt am Main 1977 , 360 p .: Sonderdruck aus dem Archiv für Geschichte des Buchwesens 18, 1-2 ; 18 Id ., Die Literaturverzeichnung im Altertum und Mittelalter. Versuch einer Geschichte der Biobibliographie von
den Anfängen bis zum Beginn der Neuzeit, Franfurt am Main 1983, 255 p. (sur Callimaque, voir notamment p . 19-28 ).
Cet immense ouvrage, sans doute l'œuvre d'une vie, était plus qu'un simple catalogue de la bibliothèque d'Alexandrie (400 000 ouvrages selon Tzetzès, sans
compter 9 000 monobiblia ): c' était un répertoire critique de l' ensemble de la littérature grecque, regroupant des informations biographiques et prenant en
considération les problèmes d'authenticité. L 'ouvrage nous intéresse principa lement parce qu'à côté de sections consacrées aux ouvrages de rhétorique, de droit, de poésie (épique, lyrique, tragique, comique), d'histoire, de médecine, etc., et d 'une section hétéroclite concernant les travto and ovnypápata (par exemple fr. 434-435 sur les banquets et sur la cuisine), les Pinakes répertoriaient
les auteurs philosophiques (fr. 438 Pfeiffer = Athénée VI, 252 c ; fr. 442 = D .L . IX 22-23). Plan conjectural de l' ensemble de l'ouvrage dans Schmidt 14, p. 49 57. Dans chaque section, les auteurs étaient classés par ordre alphabétique et
l'énumération de leurs œuvres et de leur incipit (oð ni åpxń) était précédée par des détails biographiques. Des indications stichométriques accompagnaient éga lement ces notices. Sur l'importance de ces données dans l'érudition antique,
voir 19 K . Ohly , Stichometrische Untersuchungen, Leipzig 1928. 20 L . Canfora , La biblioteca scomparsa , coll. « La memoria » 40 , Palermo 1986 , notamment p. 46 -47 ; 21 Id ., « Le biblioteche ellenistische » , dans G . Cavallo (édit.), Le biblioteche nelmondo antico e medievale , Roma/Bari 1988 , p . 3 -28 . Un fragment représentatif des notices de Callimaque pourrait être le passage suivant d' Athénée VI, 244 a (fr. 434 Pfeiffer) : toð Xalpeb@ VTOS xal oúrypaupa ávaypápel
Καλλίμαχος εν τω των παντοδαπών πίνακι γράφων ούτως: “ δείπνα όσοι έγραψαν Χαιρεφών Κυρηβίωνι ”: είθ ' εξής την αρχήν υπέθηκεν: “επειδή μοι πολλάκις επέστει nac otiXwV TOE'".
Malheureusement, comme le constate Pfeiffer 4, p. 131, « As regards the
philosophers in the Pinakes our knowledge is deplorably poor». Regenbogen 15, col. 1420, cite comme représentatif le fr. suivant (fr. 429 Pfeiffer), tiré de D . L . VIII 86 : EVdotoç Aloxívov Kvídos, dotporbyos, yEwuétons, latpós, vouooéms.
Ούτος τα μεν γεωμετρικά Αρχύτα διήκουσε , τα δ' ιατρικά Φιλιστίωνος του Σικελιώ του, καθα Καλλίμαχος εν τοίς Πίναξί φησι. Dans le fr. 431, on constate qu'il était fait reproche à Callimaque d 'avoir rangé Prodicos parmi les orateurs plutôt que parmiles philosophes.
Schmidt 14 a considéré que la liste (alphabétique) des æuvres de Théophraste chez Diogène Laërce (V 42-50) remontait au catalogue de Callimaque, mais Regenbogen 15, col. 1363-1370, et 22 art. « Theophrastos » , RE XX 2 , 1950, col. 1422 et 1442- 1443, a montré que la tradition en était beaucoup plus compliquée. L 'influence des Pinakes sur la littérature érudite antique fut énorme. « Every one who needed biographical material, who undertook editions of texts, who
174
CALLIMAQUE DE CYRÈNE
wrote on any literary subject had to consult the great work ; it has never been
superseded by a better one » (Pfeiffer 4 , p . 133). Denys d 'Halicarnasse (De Dinarcho 1) pouvait apparemment encore consulter cet ouvrage ( cf. 23 U . Schindel, « Untersuchungen zur Biographie des Redners Lysias » , RhM 110 , 1967, p . 32-52, notamment p . 40 sq.). C 'est sans doute à titre de complément que fut publié le Πρός τους Καλλιμάχου πίνακας d' Aristophane de Byzance ( - A 405) à la fin du III s. (fr. 453 Pfeiffer; Aristophane fr. 368 - 369 Slater). Une entreprise similaire , mais moins réputée , fut égalementmenée anonymement à
Pergame (cf. Denys d 'Halicarnasse , Ad Ammaeum 4 , I, 260, 18 Is.-Rad., De Dinarcho 297, 15 et 317, 3 ; Athénée VIII, 336e ; Regenbogen 15 , col. 1424).
Le second titre était consacre aux γλώσσαι και συντάγματα de Democrite ( comp. le lepi tñs Anuospitou RÉEEwç d 'Hégésianax de Troade, signalé par Étienne de Byzance, p . 640, 5 Meineke) plutôt que de Démocratès. DK 68 A 32 .
( IIlvat xai yawooőv ouvrayua, 24 E. Oder, « Beiträge zur Geschichte der Landwirtschaft bei den Griechen I. », RHM 45, 1890, p . 73-74). Sur ce titre , voir également Blum 17 , col. 208 -224, et D . O 'Brien , notice « Démocrite » , sect. VI. 2 . Euvtáyuata signifierait ici " ouvrages " selon Pfeiffer, mais, à côté de rõooal et même si le sens n 'est pas très bien attesté, ne pourrait -on pas
entendre : " formules”, “ tournures syntaxiques” ou “ constructions” ? C 'est le
sens retenu par 25 P. M . Fraser, Ptolemaic Alexandria , Oxford 1972, p. 455 : A List of Rare Words and Constructions in Democritus.
RICHARD GOULET.
23 CALLIMBROTOS DE CAULONIE Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique, V . pyth . 36 , 267; p . 146 , 4 Deubner. BRUNO CENTRONE.
CALLIMÉDÈS — DIODOROS (M . AURELIUS DIODORUS -) MF III 24 CALLINICOS DE PÉTRA RE Kallinikos 1 PLREI: 1 Sophiste , fils d 'un certain Gaius, il exerçait son métier à Athènes . Il a laissé
plusieurs ouvrages d 'histoire et de rhétorique, dont un contre les sectes philo sophiques (Ilpos Tès plooópouç aipéoELÇ : Souda K 231, t. III, p. 20 Adler). Sa datation peut être établie par son Ipoopwintixóv adressé à l' empereur Gallien . La Souda, qui rappelle que, selon certains, il était non pas arabe, mais
syrien , lui donne comme surnom EoUntuploç. Jérôme, dans le Prologue de son Commentaire sur Daniel,mentionne un Suctorius videlicet Callinicus et résume un passage que Porphyre (FGrHist 260 F 49 a), sans doute dans son Contra Christianos (fr. 43 Q Harnack ), empruntait à cet historien . PIERRE MARAVAL .
25 CALLI[N ]ICOS (V [ALEJRIUS -)
DII
Ce personnage est mentionné en un contexte lacunaire dans un discours
judiciaire prononcé devant l'empereur Trajan , semble -t-il, en 107/9 , et dirigé
175
CALLINOS D 'HERMIONE
contre l'ex-préfet d'Égypte C . Vibius Maximus, conservé dans POxy 471 (cf. U . Wilcken , APF 4, 1908 , 381 sq., et G . Bastianini, ZPE 17, 1975, p. 280 ; 38, 1980 , p . 280), li. 142- 144 : Q [ủaréllplog Karri[ v ]ELXÓC ? [lc tõv] | årò
Movoelov pia [0oóbwv (cf. A . Calderini, « Di alcune arti liberali in documenti dell'Egitto greco - romano » , dans Studi U . E. Paoli, Firenze 1956 , p . 153, et N . Lewis, « The non - scholar members of the Alexandrian Museum » , Mnemo syne 16 , 1963, p. 257-261). La restitution DA [obywv), qu'a proposée H .Musu rillo , The Acts of Pagan Martyrs. Acta Alexandrinorum , Oxford 1954 , p. 159 et
201, et Id . (édit.), Acta Alexandrinorum , Leipzig 1961, VII 142- 144 (p. 28 ), n 'est pas justifiée. TIZIANO DORANDI.
26 CALLINOS RE 2
fl. D III Péripatéticien , « ami» (piaoc) de Théophraste (mort en 286a) et l'un des dix
héritiers solidaires du « jardin , du péripatos et de toutes les maisons attenantes au jardin » , selon les veux du testamentde Théophraste , qui leur laisse ces biens
pour qu 'ils puissent y étudier et y philosopher en commun (ovoxoáčelv xal ovuotoOODEīv ), D .L . V 52-53. Il hérite également d 'un domaine appartenant à
Théophraste à Stagire (V 52) et de 3000 drachmes (V 55). Callinos apparaît comme l'un des sept exécuteurs testamentaires ( Énqueantai tõv év tñ dlaOnxen yeypaqjévwv) dans la liste dressée plus loin par Théophraste (V 56 ). On doit sans doute le distinguer de Callinos d'Hermione, disciple de Lycon ,
auquel il pouvait cependant être apparenté (voir notice suivante ). RICHARD GOULET. 27
F III Péripatéticien, un des dix yvúpwoi auxquels Lycon (mort vers 225a) lègue le
CALLINOS D ' HERMIONE RE 3
péripatos dans son testament et confie la charge de choisir un nouveau scho larque (D . L . V 70). C 'est un des trois témoins du testament (V 74 ). Deuxième disciple nommé dans la liste, il est également chargé, avec Boulon (- B 56 ), de s'occuper du cortège funèbre et de la crémation du scholarque, sans parcimonie , mais aussi
sans dépense inutile, et de rétribuer les médecins qui l'ont soigné à partir des revenus d 'une maison léguée en commun à ces deux disciples (V 71). A son fils est léguée « une paire de coupes de Thériclée (OnpixheWV (EŪyos)» , à sa femme « une paire de coupes de Rhodes, un tapis à poil ras, un tapis garni des deux côtés, une tapisserie, deux oreillers (ou coussins), les
deux plus beaux de l'héritage » (V 72), tout cela en remerciement pour les services rendus par Callinos et les siens.
Callinos est également l'héritier des textes inédits de Lycon ( td åvéxôota ), qu 'il devra éditer avec soin (V 73).
On doit sans doute le distinguer de son homonyme (RE 2), disciple de Théophraste (voir notice précédente). RICHARD GOULET.
176
28 CALLIPHON REK3
CALLIPHON
IIIa ? IIa ?
De ce philosophe d 'allégeance et de date inconnues, auquel est parfois asso cié un certain Deinomachos (- D 30) tout aussi obscur qui partageait ses vues, on ne sait qu'une chose souvent répétée par Cicéron : il associait dans sa défini tion du téhoc le bien moral (honestas) et le plaisir (voluptas). Dans tous les passages de Cicéron, la référence à Calliphon semble provenir d'une doxographie sur la fin empruntée apparemment à Antiochos d’ Ascalon [ A 200 ] (De finibus V 14) et remontant à la diairèsis construite par Carnéade ( C42) de tous les souverainsbiensconcevables (ibid ., V 16 ): De finibus II 19 ;
II 34 et 35 ; V 21 (associé à Deinomachos) et 73; De officiis III 119 (associé à Deinomachos, dans un contexte stoïcien hostile inspiré par Panétius). Tuscu
lanes V 84-85 oppose ainsi quatre systèmes simples (stoïciens, Épicure, Hiéro nymos, Carnéade) et trois systèmes complexes (péripatéticiens et ancienne Académie , Deinomachos et Calliphon , Diodore < de Tyr> le péripatéticien
[- D 132]), non sans rejeter Ariston (» A 397), Pyrrhon et Hérillus (commeen De finibus II 35, Tusc. V 85 et Acad. II 129-130). En V 87, Cicéron
précise que, pour Calliphon et Diodore , comme pour Aristote et l'Ancienne Académie , « la vie heureuse suivra la vertu jusque dans les supplices » , car Calliphon et Diodore « font si grand cas de la moralité qu 'ils classent à un degré
très inférieur tout ce qui en est dépourvu» (trad. J. Humbert). Acad. II 131 men tionne à nouveau Calliphon dans le contexte d' une doxographie semblable. Un peu plus loin ( § 139), on apprend que Carnéade mettait tant de zèle à défendre l'opinion de ce philosophe qu'on pouvait croire qu'il l'acceptait... A cette liste, il faut encore ajouter De finibus III 30-31, qui présente la division de Carneade d 'un point de vue stoïcien , sans nommer les représentants de chaque théorie concernant le τέλος. Contrairement à Hiéronymos ou Diodore, dont Cicéron sait au moins qu 'ils étaient péripatéticiens, Calliphon et Deinomachos semblent de pures références doxographiques. On
a vu qu'ils étaient connus de Carnéade et de Panétius, à la fin du Ile s. av. J.-C . Peut-être faut
il les faire remonter un siècle plus haut, car un fragment de Chrysippe (SVF III 21 = Cicéron , Acad. II 138 ) situe nettement la position de Calliphon dans un cadre théorique distinguant trois conceptions possibles du bien suprême: Testatur saepe Chrysippus, tres solas esse sententias quae defendipossint de finibus bonorum . Circumcidit et amputatmultitudinem : aut enim honestatem esse finem aut voluptatem aut utrumque. Cette trilogie de biens (connue de Cicéron dès le Pro Caelio 41, daté de 56a) était d 'ailleurs réductible à une opposition fonda mentale entre le bien moral et le plaisir (8 140 ), qui fournissait à Chrysippe le thème et le titre d 'un important ouvrage, en dix livres ( D . L . VII 202), dont il reste plusieurs fragments (SVF t. III, p . 197 -200 ) : Nepi toŨ xaroő xal tñs noovñs após ' AplotOXPÉOvta . Il est difficile d 'attribuer à Chrysippe la réduction à ce schéma ternaire des théories qui sont ensuite évo
quées: ce sont l'áoxanola (si vacemus omnimolestia ), la conjonction de l'doxanola et de l'honestas, enfin la conjonction de l'honestas avec les prima naturae commoda . Car les parallèles de Cicéron permettent d'identifier ces trois théories comme étant celles d'Hiéro
nymos, de Diodore de Tyr et d'un consortium académico-péripatéticien souvent rattaché au nom de Polémon . Il n 'en reste pas moins que la trilogie souvent évoquée par Chrysippe inclut
une théorie historiquement attestée comme étant celle de Calliphon et de Deinomachos : ces
noms pouvaient donc figurer chez Chrysippe et c'est peut- être justement parce qu'ils n ' étaient connus que par Chrysippe que Carnéade, puis Antiochos, ne pouvaient en apprendre davan tage à Cicéron.
17
CALLIPPE D 'ATHÈNES
On retrouve la plupart de ces noms et en tout cas ceux de Calliphon et de Deinomachos dans une doxographie transmise par Clément d 'Alexandrie , Stro mates II 21, 127, 3. Le texte étant d'une interprétation difficile, il est préférable de le citer en grec avant d 'en donner une traduction : “ Ο δε Επίκουρος και την της άλγηδόνος υπεξαίρεσιν ηδονήν είναι λέγει: αιρετον δε είναι φησιν ο πρώτον εξ εαυτού εφ' εαυτό επισπάται πάντως, δηλονότι εν κινήσει υπάρχον. Δεινόμαχος δε και Καλλιφών τέλος είναι έφασαν πάν το καθ' αυτόν ποιείν
ένεκα του επιτυγχάνειν ηδονής και τυγχάνειν, ό τε Ιερώνυμος ο Περιπατητικός τέλος μεν είναι το αοχλήτως ζην, τελικόν δε αγαθόν μόνον την ευδαιμονίαν. Και Διόδωρος
ομοίως από της αυτής αιρέσεως γενόμενος τέλος αποφαίνεται το αοχλήτως και καλώς ζήν. Επίκουρος μεν ούν και οι Κυρηναϊκοί το πρώτον οικείόν φασιν ηδονήν είναι: ένεκα γαρ ηδονής παρελθούσα, φασίν, η αρετη ηδονήν ενεποίησε, κατά δε τους περί
Καλλιφώντα ένεκα μεν της ηδονής παρεισήλθεν η αρετή, χρόνω δε ύστερον το περί
αυτήν κάλλος κατιδούσα ισότιμον εαυτήν τη αρχή, τουτέστι τη ηδονή, παρέσχεν. « Épicure dit que la suppression de la douleur est aussi un plaisir ;mais il dit que ce qu'il faut choisir, c'est ce qui au premier chef attire de lui-même à soi-même de façon absolue,
c 'est-à-dire (le plaisir) qui est en mouvement (par rapport au plaisir que peut représenter l' absence de trouble ou de douleur). Quant à Deinomachos et Calliphon, ils ont dit que la fin était de faire tout ce qui est en son pouvoir pour viser le plaisir et l'obtenir ; Hiéronymos le péripatéticien que la fin était de vivre dans la tranquillité parfaite et que le seul bien digne d' être considéré comme une fin était le bonheur. Et semblablement Diodore, qui était issu de
la même école, déclare que la fin est de vivre dans la tranquillité et l'honnêteté morale. Par
conséquent, Épicure et les Cyrénaïques disent que le premier objet quinous soit approprié est le plaisir ; c 'est en effet en vue du plaisir, disent-ils, que la vertu en arrivant après coup a produit le plaisir ; mais selon l' école de Calliphon, c 'est certes en vue du plaisir qu 'est
survenue la vertu , mais en admirant plus tard dans le temps sa propre beauté (je lis : trepi
aúthv), elle s'estmontrée (ntapéoyev: cf. LSJ II 3 ) d 'une dignité égale à celle du principe, c'est-à -dire le plaisir.»
Cf. H . von Arnim , art. « Kalliphon » ,REX 2 , 1919 , col. 1656 .
RICHARD GOULET. 29 CALLIPHON DE CROTONE RE K7
Via
Père de Démocédès et disciple , selon Hermippe (fr. 22 Wehrli = Flavius Josèphe , Contre Apion I 163), de Pythagore ; Pythagore aurait affirmé que l'âme de Calliphon , depuis que celui-ci était mort, s'entretenait avec lui jour et nuit . Il
était prétre d'Asclepios, selon la Souda,s. ν. Δημοκήδης. Témoignages.DK 19 [9], t. I, p. 110,38 - 112 ,28 ; M . Timpanaro Cardini, Pitagorici. Testimonianze e frammenti, fasc. I, Firenze 1958, p. 106 -113 (avec Démocédès ; traduction italienne et notes). BRUNO CENTRONE. 30 CALLIPPE
Philosophe mentionné dans un contexte obscur de PHerc. 861, fr. 3, 12 (Philodème, Logica ?). Voir W . Crönert,Kolotes und Menedemos, p. 103 n. 498 . TIZIANO DORANDI. 31 CALLIPPE D 'ATHENES RE 1 MIV
Disciple de Platon, mentionné dans une liste conservée par Diogène Laërce ΠΙ 46, et la Souda, s. ν. Κάλλιππος, Κ 237, t. II, p. 20, 18-20 Adler : « Callippe
178
CALLIPPE D 'ATHÈNES d 'Athènes, philosophe, disciple de Platon . Il fut tué à Syracuse après avoir tenté d 'imposer sa tyrannie . Il est traité par Plutarque comme un méchant personnage.
Il livra Dion de Syracuse.» Cette condamnation est partagée par l'ensemble des sources antiques. Athénée (XI, 508 e-f) le donne en exemple , avec Euphraeus
d 'Oréos, Euaiôn de Lampsaque et Timée de Cyzique, pour montrer que les disciples de Platon furent tyranniques et calomniateurs (Tupavvixoi xal diáborou). Callippe est triérarque en 366 /5 (IG2 1609, li. 96 ). En 361/0 , il assiste Timomachos et se présente comme un partisan de Callistrate (Démosthène,
Contre Polyclès [L ] 47-52). Voilà pourquoi il fut poursuivi par Apollodore (Démosthène, Pour Phormion (XXXVI) 53) . Peut-être est-ce la raison pour laquelle il quitta Athènes avec Dion (- D 167) en 357. On ne sait dans quelles circonstances Dion devint l'amide Callippe. Mais
Plutarque (Dion 17, 2) nous apprend que, lorsqu'il était à Athènes et qu 'il fréquentait l'Académie, Dion habitait chez Callippe. De toute façon , Callippe participe à l'expédition contre Denys le Jeune (- D 84 ) montée par Dion . Dans
la Lettre VII, on lit: « Or, plus tard , alors même que Dion revient au pays, il ramène d'Athènes deux frères, qui étaient devenus ses amis non à cause de la philosophie , mais par cette solidarité courante , qui fait la plupart des amis, celle
qui résulte de rapports d'hospitalité et qu'entraîne le fait d'être “myste” et " épopte " » (333 e ). Plutarque (Dion 54, 1) ne parle que de Callippe. Cornelius Nepos (Dion 9) mentionne les nomsdes deux frères, Philostrate et Callicrate. Il
est possible que Callippe, après s' être emparé du pouvoir suprême à Syracuse,
ait voulu être appelé Callicrate ,un nom plus ronflant que Callippe. Dans un premier temps, les succès de Dion sont rapides et spectaculaires. Mais les intrigues de Denys le Jeune, qui avait réussi à s' échapper, et les mala dresses de Dion , dont plusieurs traits de caractère déconcertent ou rebutent la majorité des citoyens de Syracuse , mettent Dion en difficulté. L 'arrivée d 'Héra
clide, un partisan, quiavait décidé d'équiper une flotte particulière contre Denys le jeune et avec lequel Dion avait eu un différend dans le Péloponnèse, vient
encore compliquer les choses. Héraclide réussit à se faire nommer commandant de la flotte par l'Assemblée, puis à faire voter le projet d 'une redistribution des terres contre l'avis de Dion ; ce dernier doit se réfugier à Léontinoi.Mais bientôt un homme de Denys le Jeune réussit à reprendre Syracuse. Dion revient et
« libère» la ville une seconde fois. Il montre beaucoup de grandeur d 'âme envers Héraclide et son oncle Théodote , qui cependant continuent de comploter contre
lui. Excédé, Dion fait assassiner Héraclide. Le meurtre d 'Héraclide amena son hôte d ' Athènes Callippe à considérer
Dion comme un tyran ; il ourdit un complot pour le faire périr. En juin 354, Dion est assassiné. Sa seur, sa femme et même l' enfant que cette dernière venait de mettre au monde sont « liquidés» . Callippe s 'empare du pouvoir. Mais, en juillet
353, alors qu 'il tente de s'emparer de Catane, il perd Syracuse, qui tombe aux
mains d’Hipparinos, un fils de Denys l'Ancien. Alors Callippe s'attaque sans succès à Messine, avant de s'emparer de Rhégion , où il est tué par Leptine et
179 CALLIPPE DE CYZIQUE Polyperchon . Sa mort est signalée sur deux pierres tombales, la sienne (IG 112
5432) et un mémorial familial, où se trouvent aussi les noms de ses deux fils,
Proxène et Philon (IG II 5433). Les principales sources concernant la carrière politique de Callippe sont mentionnées dans F . Stähelin ,art. « Kallippos» 1 , REX 2 , 1919, col. 1664- 1666 . Pour les passages de la Vie de Dion par Plutarque, voir l’Index des nomspropres
établi par Éd. Simon, tomeXVI, CUF, Paris 1983, p .64. Pour les passages des Lettres de Platon et leur contexte historique, voir les notices et les notes signalées dans l' index de Luc Brisson (trad.), Platon , Lettres, coll. GF, Paris 1987, s. v. " Callippe” . Voir également A . Wörle , Die politische Tätigkeit der
Schüler Platons, coll. « Göppinger Akademische Beiträge» 112, Darmstadt 1981, p . 88-97 ; J. Kirchner , PA I 536 , 8065 ; J. K . Davies, APF, n° 8065, p. 274 275 ; R . Develin , Athenian Officials 684- 321 B . C ., Cambridge 1989, p. 472 .
LUC BRISSON et RICHARD GOULET. 32 CALLIPPE DE CORINTHE RE 20
III Philosophe stoïcien, disciple de Zénon de Kition , mentionné dans la liste des
élèves de Zénon empruntée par D . L . VII 38 (= SVF I 38) à Hippobote (fr. 11 Gigante, sans doute dans son lepi aipłoeWV cité par Diogène en I 19).
Cf. H . von Arnim , art. « Kallippos » 20 , REX 2, 1919, col. 1667. Rien ne permet de l'identifier à son homonyme et compatriote (RE 19 ), auteur d 'une orypaon) és 'OpxoUevious citée par Pausanias IX 29, 1-2 ; 38 , 9- 10.
CHRISTIAN GUÉRARD. 33 CALLIPPE DE CYZIQUE RESuppl. IV : 22
MF IV
En dépit de son importance indéniable pour l'histoire de l'astronomie et pour celle de la philosophie , on ne sait quasi rien de la vie de Callippe . La principale source d'information biographique se trouve dans un passage du Commentaire
sur le traité du ciel d'Aristote dû à Simplicius . Commentant De caelo , B 12,
293 a 4 sqq., Simplicius donne la notice suivante (493, 5 sqq. Heiberg; texte commodément reproduit en appendice dans G . Aujac [édit.), Autolycus de Pitane, Les levers et les couchers , CUF, Paris 1979, p. 160 - 161, ou dans F . Lasserre , Die Fragmente des Eudoxos von Knidos, coll. « Texte und Kommen tare » 4, Berlin 1966 , F 124 , p .67-73) : « Eudoxe le premier découvrit l’hypo
thèse des sphères dites tournantes (tõv åvehiTTOVOWV opalpáv ). Callippe de Cyzique , qui avait étudié avec Polémarque, le familier d'Eudoxe (TQ Eůdógov
yuwplum ), après celui-ci (uet' ÉXETvov : scil. Eudoxe selon la plupart des critiques; Polémarque selon 1 Th. L . Heath , Aristarchus of Samos, the ancient Copernicus , Oxford 1913, p. 212 ] vint à Athènes : il vécut avec Aristote , corri
geant et complétant ce quiavait été découvert par Eudoxe. En effet, Aristote, qui était d'avis que tous les corps célestes doivent se mouvoir autour du centre du
tout, appréciait l'hypothèse des sphères tournantes, parce qu 'elle pose des sphè res tournantes qui ont le même centre que le tout, et non pas des sphères excen
triques, comme ceux qui sont venus après. » Les raisons données in fine pour la
180
CALLIPPE DE CYZIQUE
préférence d'Aristote sont évidemment imaginaires, puisqu'il n 'y avait pas de système excentrique au IVe siècle av. J.-C . ! Le restant de la notice provient sans
doute, commela plupart des notices historiques transmises par Simplicius, d'une source aussi bien informée qu 'Eudème de Rhodes, Histoire de l'astronomie , relayée par Sosigène (II° siècle de notre ère), lui-même professeur et source
d 'Alexandre d 'Aphrodise ; cette filière de transmision est attestée clairement dans un autre passage de Simplicius (in De caelo, p .488 Heiberg ; Eudoxe, F121 Lasserre) : « Le premier des Grecs, Eudoxe, comme le rappellent Eudème au
deuxième livre de son Histoire de l'astronomie et Sosigène, qui le tire d 'Eudème, s'est attaqué à ces sortes d 'hypothèses définies par Platon » . On conçoit que, dans une filière aussi complexe, beaucoup d 'informations ont pu se
perdre ou s'altérer en cours de route . Du texte cité plus haut, on peut raisonnablement déduire que Callippe a été
l' élève de Polémarque, qui lui-même avait été l' élève d'Eudoxe. Puisque l'on place la date de la mort d ' Eudoxe en 355 , on n 'est plus obligé de faire remonter
la date de naissance de Callippe trop haut pour lui permettre d 'avoir été l'élève d 'Eudoxe. On peut le faire naître simplement ca 360 , date fort compatible avec la seule date assurée de son existence, que l'on verra infra.
Les découvertes d'Eudoxe «corrigées et complétées» par Callippe se retrou vent dans un célèbre passage de la Métaphysique d ' Aristote,A8, 1073b 17 sag.
L 'hypothèse des sphères tournantes d’Eudoxe, quiavait séduit Aristote, est légè rement compliquée par l'introduction selon le cas d 'une ou de deux sphères
supplémentaires pour obtenir une meilleure approximation des mouvements : c 'est ainsi que le système dit souvent « d 'Eudoxe -Callippe» en est venu à faire partie de la tradition aristotélicienne et que, bien que très dépassé sur le plan
technique, il a continué d 'exercer une influence profonde sur l'histoire de l'astronomie , au moins jusqu 'au XVI° siècle, à cause de l'autorité d ' Aristote (présentation de ces systèmes à la Renaissance dans 2 M . Di Bono, Le Sfere omocentriche di Giovan Battista Amico nell’Astronomia del cinquecento , Genova 1990 ). Le texte de la Métaphysique d'Aristote crédite clairement
Callippe de tout ce qui a été fait pour améliorer le système d 'Eudoxe (1073b32 38), mais ne donne aucune raison pour expliquer le pourquoi de ces chan
gements; un passage de Simplicius, toujours tiré d'Eudème, est capital à cet égard , puisqu'il montre qu 'on ne connaissait aucun ouvrage de Callippe ( in De caelo , p .497, 17-25) : « Ni il n 'existe d 'ouvrage de Callippe donnant la raison de cet ajoutde cinq sphères (scil. au système d 'Eudoxe), ni Aristote ne l'a donnée ;
cependant Eudème a brièvement rapporté pour quels phénomènes il fallait, selon lui, ajouter ces sphères.» Par conséquent, on peut estimer que la plupart des textes où l'on trouve des « raisons» sont,au mieux, des suppositions des auteurs péripatéticiens. C ' est le cas, par exemple , de ce passage de Sosigène cité par Simplicius (in De caelo, p . 504 ; Eudoxe, F 126 ) : « Néanmoins, les hypothèses d 'Eudoxe ne sauvent pas les apparences, je ne dis pas celles qui ont été obser vées plus tard , mais mêmepas celles qui avaient été observées déjà auparavant
et qui étaient reconnues par eux-mêmes (scil. Eudoxe). A quoi bon parler des
CALLIPPE DE CYZIQUE
181
autres phénomènes, dont Callippe entreprend de sauver certains, parce qu'Eu
doxe ne l'avait pas pu, et qu'il sauve effectivement» . Suit alors, dans le texte de Sosigène, un long développement sur la variation d' éclat des planètes (princi pale pierre d 'achoppement du système d 'Eudoxe, on le sait), dont justement Callippe aurait tenu compte! On apprendra même un peu plus loin dans ce texte
(p.505 Heiberg) que Polémarque, le propre maître de Callippe, aurait sans doute remarqué cette variation , mais qu 'il l'aurait négligée, préférant « que les sphères eussent leur centre au centre du monde» . On doit traiter toutes ces notices avec la plus grande méfiance. On notera que personne à ce jour n 'a, semble-t-il, eu l'idée de rassembler tous les textes et témoignages relatifs à Callippe.
Sur le système de Callippe,on peut consulter le célèbre article de 3 G . Schia parelli, « Le sfere omocentriche di Eudosso, di Calippo e di Aristotele », dans Memorie del Reale Istituto Lombardo di Scienze e Lettere, Classe di scienze
matematiche XIII, 1877; en français, signalons 4 P . Duhem , Le système du monde, t. I, Paris 1913, p. 102- 129.Les travaux les plus importants sont ceux de 50. Neugebauer, A History of Ancient Mathematical Astronomy, coll. « Studies in the History of Mathematics and Physical Sciences » 1, 3 vols., Berlin /New
York 1975,t. II, p.683-685 (sur Eudoxe, ibid ., p.674-683), où toute la littérature est examinée et discutée. Deux autres contributions de Callippe en matière d'astronomie méritent attention . On sait qu 'il existe dans la chronologie ancienne un cycle de dix neuf années, dit Cycle de Méton, qui fait correspondre à 19 années 6940 jours et aboutit donc à une valeur de l'année de 365 jours plus 5/19 de jour: ce cycle a été légèrement raffiné par Callippe, puisque, si l'on retenait cette valeur de l'année, le cycle compterait alors 6939 jours plus 3/4 de jour; la nouvelle forme est la suivante : 76 années = 27 759 jours (sur ce cycle , cf. Géminos, Introduction aux phénomènes VIII 50 -60 , p. 56 -58 Aujac, et Neugebauer 5, p.622-624). Or,
on a pu établir, à partir desmentions de ce cycle dans l’Almageste de Ptolémée, que ce cycle commençait exactement au solstice d'été de 330 avant J.-C . (sur cette date cf. 6 J.K . Fotheringham , « The Metonic and the Callippic Cycles» , Monthly Notices of the Royal Astronomical Society 84 , 1924, p. 383-392; voir aussi Neugebauer 5, p. 349 et surtout, p.617 et n . 10a): c'est donc une précieuse confirmation de la datation de Callippe, puisque l'on admettra qu 'il a précisé le
cycle de Méton alors qu'il était en pleine possession de ses moyens et que la date initiale d 'usage de ce cycle marque sa date de mise au point. Donc en 330 av. J.-C ., Callippe était un astronome accompli; c'est aussi vers ces années que doit se placer sa collaboration avec Aristote . On pourra donc placer sa date de naissance vers 360 -370 av. J.-C .; en revanche, rien ne permet de fixer la date de sa mort . Une seconde contribution de Callippe peut encore être mentionnée: il est l'un des auteurs de la tradition des parapegmata grecs (sur cette tradition , cf.
Neugebauer 5 , p . 587-589). On retrouve une partie de ses contributions en ce domaine dans Géminos, Introduction aux phénomènes, Parapegme, p. 98 - 108 Aujac; voir maintenant 7 B . L . van der Waerden , « Greek Astronomical calen
182
CALLIPPE DE CYZIQUE
dars and their relation to the Athenian Civil Calendar» , JHS 80, 1960, p . 168 180 et 8 Id ., « Kalippos and his calendar » , Arch. for the History of Exact Sciences 29, 1983- 1984, p . 115- 124, et 125- 130 . ALAIN SEGONDS.
34 CALLISTHÈNE
f1. D IIIa
Péripatéticien, « ami» (plaoc) de Théophraste (mort en 286a) et l'un des dix héritiers solidaires du « jardin , du peripatos et de toutes les maisons attenantes au jardin » , selon les veux du testament de Théophraste, qui leur laisse ces biens pour qu 'ils puissent y étudier et y philosopher en commun (ovoxoá( elv xai ovuoi OOODETU) : D . L . V 52-53. Callisthène apparaît également comme l' un
des sept exécuteurs testamentaires (éttlueantal tõv év tñ dlanan yeypaji MÉvwv) dans la liste dressée plus loin par Théophraste (V 56 ). On ne doit pas le confondre avec Callisthène d'Olynthe (- C 36 ), dont il était peut-être le parent. RICHARD GOULET.
35 CALLISTHÈNE D 'OLBIA
F II- D III
Callisthène, fils de Callisthène, d 'Olbia , n 'avait pas eu besoin de professeur pour apprendre la philosophie : elle avait germé spontanément en lui et s'était si bien épanouie que personne n 'aurait pu soutenir la comparaison avec lui en ce domaine (aŭtopuſ ploooplav åoúvxpITOV Éxthoato ).
Il faut dire que Callisthène n 'était pas le premier venu . C ' est ce qu'explique en détail le décret que ses concitoyens votèrent en son honneur (B . Latyschev, IOSPE I n° 42 ; voir les remarques de L . Robert, Hellenica II, 1946 , p. 142 ; un
extrait est traduit par P . Veyne, Le pain et le cirque, Paris 1976, p. 306 , n . 316 ). Il était né dans une famille riche, l'une des plus influentes d'Olbia : ses ancêtres, qui avaient rendu de grands services dans des circonstances critiques et mérité le titre de « fondateurs de la cité » , étaient « connus et estimés des empereurs » , sans
d 'ailleurs être citoyens romains (pour le titre oebaotóy Wotos, voir L . Robert, Études anatoliennes, Paris 1937, réimpr. Amsterdam 1970, p . 277-278). Sans
doute avaient- ils contribué à resserrer les relations avec Rome et facilité l'implantation à Olbia de la garnison romaine, puis de l'autorité impériale (sur l'histoire d'Olbia à cette époque, voir E. Belin de Ballu , Olbia , Leiden 1972, p . 143-182). Après eux, Callisthène et ses proches (le Callisthène, fils de Dados, de IOSPE n° 43, est l'un de ses parents ) jouèrentun rôle efficace dans la défense de la ville , constammentmenacée : les documents où ils apparaissent reflètent le même climat d 'anxiété, le même état d'alerte permanente qu 'à l'époque de la
visite de Dion de Pruse (Discours 36 , 6 - 8 et 15 notamment).
Mais si Callisthène appartenait à l'aristocratie d 'Olbia, l'éclat de sa naissance n ' était rien à côté du caractère exceptionnel de son éducation . La génération spontanée de la philosophie en lui l'avait dispensé de se plier à l'autorité d 'un
maître ; commele dit le rédacteur du décret, qui n 'aime pas les platitudes, « ilne se laissa dompter par aucune contrainte humaine » . Le dressage aurait d 'ailleurs
CALLISTHÈNE D 'OLYNTHE
183
été superflu , et Callisthène avait eu mieux : il avait reçu son éducation de la providence divine (ünÒ DEõv nepovolaç taldevDeíc ). C 'est ainsi qu 'il était
devenu un philosophe incomparable. Il y a bien des façons d 'être philosophe. Callisthène avait-il enseigné, donné des conférences, écrit des ouvrages dont le retentissement avait fait honneur à la cité ? La partie conservée du décret n 'en dit rien ; mais il se peut que les
« considérants » se soient prolongés sur plusieurs lignes encore et que l'activité intellectuelle de Callisthène y ait été évoquée . Il se pourrait aussi que cette « philosophie incomparable» ait résidé, aux yeux de ses concitoyens, dans le style de vie de Callisthène, dans son aptitude à atteindre l'excellence dans cha
cun des aspects de sa vie publique. Il avait naturellement été un évergète modèle , dépensant « toute sa fortune » pour la cité, et un stratège avisé, qui avait
su prendre toutes les précautions nécessaires pour assurer la sécurité de la ville . A quatre reprises, il avait exercé la charge de premier archonte éponyme: on a conservé une dédicace à Achille Pontarque datant de son troisième mandat (Inscriptiones Olbiae n° 86 , p . 79). Aussi précieux à ses concitoyens par ses avis
tidligere que criptiones par ses initiatives, il avait reçu le titre de « père de la patrie » , ce qui lui vaut d'être nommé, après le gouverneur de Mésie mais avant même l'archonte éponyme, dans la dédicace des thermes construits par la cité en 198 (IOSPE I
174). Il avait été enfin un prêtre exceptionnellement compétent. On ne s'en éton nera pas. Quand on tient directement sa philosophie de la providence divine, on sait évidemment comment il fautparler au Ciel pour qu' il n 'ait rien à refuser à la
cité : on est tout naturellement qualifié pour devenir ce qu 'on appellerait ailleurs un iepeus xaléms (pour ce titre à Cyrène et d'autres attestations de la même conception du rôle des prêtres, voir L . Robert, Hellenica I, 1940 , p. 9-12 ; II, 1946 , p. 142- 143 ; XI/XII, 1960, p . 547; Bull. 1977, nº 591). Olbia avait donc
été bien avisée de choisir Callisthène pour prêtre de Zeus Olbios; cet office avait permis au philosophe d'apporter une nouvelle preuve, indiscutable , de son excellence : le temps avait été clément; il n 'avait fait ni trop chaud, ni trop froid ;
l'année avait été bonne. Voilà ce que peut la philosophie, quand elle « pousse toute seule » au fond des âmes indomptées. BERNADETTE PUECH .
36
MIva CALLISTHÈNE D 'OLYNTHE REK 2 Historien et « philosophe » originaire d 'Olynthe, la plus importante des villes de Chalcidique, rasée par Philippe de Macédoine en 348a. Callisthène vécut chez son parent Aristote. Compagnon d'Alexandre le Grand en Asie , il prit part à l'entreprise la plus prodigieuse de l'histoire grecque ; impliqué dans l'affaire des pages aux portes de l' Inde, il perdit la vie sans avoir vu la fin de l'expédition .
Aucune des æuvres de Callisthène n 'est conservée. Témoignages et fragments. 1 C .Müller, Scriptorum de rebus Alexandri M . Fragmenta , p . 1 - 32, à la suite de l'édition d ' Arrien de F . Dübner, coll. Didot, Paris 1846 ; 2 F . Jacoby, FGrHist 124 (II B , Text, p .631-657 ; Kommentar, p . 411-432 ; addenda et corrigenda : II B , Text, p . 1235 ; III B , p . 743); cf. H . J.
184
CALLISTHÈNE D 'OLYNTHE
Mette, Lustrum 21, 1978, p . 18 -19 ; 27, 1985, p. 37 ; 3 I. Düring, Aristotle in the Ancient Biographical Tradition , coll. «Göteborgs Universitets Årsskrift» 63, 2 [= « Studia Graeca et Latina Gothoburgensia » 5 ), Göteborg 1957, p. 274 (nº 15 e), 277, 294 -296 (n° 28 a -h ), 339 sq. (n° 43). Cf. 4 F . Jacoby, art. « Kallisthenes» 2 , RE X 2, 1919 , col. 1674-1707 (fondamental), repris dans 5 Id ., Griechische Historiker, Stuttgart 1956 , p.288 -305 ; 6 H . Berve, Das Alexanderreich aufprosopographischerGrundlage, München 1926 , t. II, p . 191
199 , 434 (n°408) ; 7 L . Pearson, The Lost Histories of Alexander theGreat, coll.
« PhilologicalMonographs publ.by the American Philological Association » 20, New York 1960, p . 22-49 ; 8 W . Spoerri, art. « Kallisthenes» , LAW col. 1475 ; Id ., art. « Kallisthenes» 1, KP III, 1969 ( 1967), col. 85-86 ; 10 Id ., « Épigraphie
et littérature : à propos de la liste des Pythioniques à Delphes » , dans D . Knoepfler (édit.), Comptes et inventaires dans la cité grecque. Actes du colloque international d 'épigraphie tenu à Neuchâtel du 23 au 26 septembre 1986 en l'honneur de Jacques Tréheux, coll. « Recueil de travaux publiés par la
Faculté des Lettres de l'Université de Neuchâtel» 40, Neuchâtel/Genève 1988, p . 111- 140 ; 11 A . B . Bosworth , « Aristotle and Callisthenes » , Historia 19, 1970 ,
p. 407-413; 12 A . Lesky, Geschichte der griechischen Literatur, Bern / München 1971, p .618, 642, 701, 858 sq. ; 13 J. Seibert, Alexander der Große, coll. « Erträge der Forschung » 10 , Darmstadt 1972, passim (cf. « Register» , p . 325 s. v. Kallisthenes v. Olynth ; l'ouvrage donne l'état des recherches et comporte une très riche bibliographie systématique) ; 14 A .- H . Chroust, « Aristo tle and Callisthenes of Olynthus» , dans A .- H . Chroust, Aristotle. New light on his life and on some of his lost works, t. I, London 1973, p . 83 -91, 330 -336 ; 15 P . Pédech , Historiens compagnons d 'Alexandre. Callisthène – Onésicrite -
Néarque – Ptolémée - Aristobule, « Collection d 'Études anciennes» , Paris 1984 ( c.r. par 16 G . Wirth , Gnomon 58 , 1986 , p . 230 -237) ; 17 L . Prandi, Callistene.
Uno storico tra Aristotele e i re macedoni, coll. « Ricerche dell' Istituto di Storia Antica dell'Università Cattolica » 3, Milano 1985 (bibliogr. : p . 187- 192) ; 18 KI. Meister, Die griechische Geschichtsschreibung. Von den Anfängen bis zum Ende des Hellenismus, Stuttgart/Berlin /Köln 1990 , p . 104 -107, 224 ; 19 O .
Lendle, Einführung in die griechische Geschichtsschreibung. Von Hekataios bis Zosimos, Darmstadt 1992, p . 139, 143, 151- 160, 179, 207, 214 , 228 sq., 297 ; 19a B . Meißner, Historiker zwischen Polis und Königshof. Studien zur Stellung
der Geschichtsschreiber in der griechischen Gesellschaft in spätklassischer und frühhellenistischer Zeit, coll. « Hypomnemata » 99,Göttingen 1992, passim (cf. « Register» , p . 594 s.v. Kallisthenes).
Biographie. On admet en général que Callisthène est né probablement aux environs de 3700. D 'après la Souda, s.v. Karriolévns, K 240, t. III, p. 20 Adler
(= T 1 J. ; Düring 3,nº 28 h ), son père s'appelait Démotimos ou – selon certains - Callisthène ; cf. 10, p. 126 et n .60. Deux personnages nommés Démotimos et
Callisthène figurent dans le Testament de Théophraste (D . L . V 53, 55 et 56 = 20 W . W . Fortenbaugh et alii [ édit.), Theophrastus of Eresus. Sources for his Life, Writings, Thought and Influence, coll. « Philosophia Antiqua » 54 , 1 - 2,
CALLISTHÈNE D 'OLYNTHE
185
Leiden New York Köln 1992, 1 [t. I, p. 42-45]). Contrairement à ce qu'assurent des savants comme H . Berve ou O . Gigon , le nom du père de Callisthène n 'est
pas attesté par l'épigraphie ; la présentation du texte de l'inscription SIG 275 par 21 O . Gigon (édit.), Aristotelis Opera , « editio altera » de l'« Édition de l'Académie de Berlin » (~ A 414, p. 436 , n°63), t. III, Berlin New York 1987, p. 544 et 547 (App . A ), montre d'ailleurs toujours tous les défauts relevés par Spoerri 10 , p . 125 -130. Quant au degré de la parenté entre Callisthène et
Aristote , la Souda , loc. cit., indique que l’Olynthien était åvepladoWS d 'Aristote ; d 'après Plutarque, Vit. Alex. 55 , 8 (= T 2 J.; Düring 3, nº 28 c),
Hérô , la mère de Callisthène, aurait été une åvebiá d 'Aristote. Par malheur, le sens des termes åveglóclá, cousin (e), neveu (nièce), et åvepladoőç, fils du (de la ) cousin (e) ou du neveu (nièce), fait problème; nous consacrerons ailleurs une
étude particulière à cette question ; voir déjà 10, p . 112 n. 2. Plutarque, Vit. Alex. 55 , 8 (= T 2 J. ; Düring 3 , nº 28 c ): été panto KardioDéung nap ' aŭto (scil. ’APLOTOTÉREL) Old tnv OUTYÉVELAV, qu 'on traduit par « Callisthène avait été élevé chez Aristote, en raison de sa parenté » ,
nous apprend que Callisthène a passé une partie de son existence chez Aristote ; cependant, les implications exactes du verbe étéopanto (tpepeo dai) nous échappent et nous ignorons les circonstances précises dans lesquelles Callisthène vint chez Aristote (comme enfant encore – Bosworth 11, p . 409 , 412 -, ce qui mènerait en tout cas à l' époque du premier séjour athénien du Stagirite ? comme adolescent ou jeune homme? après la destruction d’Olynthe ?) et combien de temps il vécut dans l' étroite familiarité de son parent; pour
l'acception d'« avoir été élevé, formé» du parfait répauual, traduisant l'idée
d'une éducation reçue, voir 22 C . Moussy,Recherches sur TPEON et les verbes
grecs signifiant « nourrir » , coll. « Études et Commentaires » 70, Paris 1969, p . 69 -70 ; TPÉDELV = TIALDEVELV : cf . 23 W . Theiler, « Meleager von Gadara an den koischen Grabsteinen » ,MH 29, 1972, p. 168 - 169. On peut présumer que Callisthène se trouva auprès d 'Aristote lorsque celui-ci séjourna chez Hermias, dynaste d'Atarnée et d'Assos, dont Callisthène composera l'éloge funèbre (F 2
3 J.) après sa mort tragique (date : 342a ou 341a, voire 3409; cf. 10 , p. 136 ); position plus réservée de Bosworth 11, p. 409. C 'est alors ou à Mytilène, où Aristote se rendit en 345/4, que Callisthène a pu faire la connaissance de Théophraste, du même âge à peu près que lui, et que Cicéron, Tusc. III 21 (T 19 b J. ; Théophraste 505, t. II, p. 330- 331 Fortenbaugh 20 ; cf. D . L . V 39 = T 4 J.; Théophraste 1, t. I, p . 22 -25 Fortenbaugh 20 ) appelle son sodalis ; cf. 24 W . Jaeger , Aristoteles. Grundlegung einer Geschichte seiner Entwicklung, Berlin ? 1955 , p. 116 et n . 1 ; 25 K . Gaiser , Theophrast in Assos. Zur Entwicklung der Naturwissenschaft zwischen Akademie und Peripatos, coll. « Abhandlungen der Heidelberger Akademie der Wissenschaften . Philos.-hist. Kl.» 1985, 3, Heidel berg 1985 , p . 22 . La question de savoir si Théophraste avait déjà séjourné à Athènes, encore comme élève de Platon , reste ouverte ; c 'est précisément alors, vers 3500, à Athènes, que, selon 26 E . Will, Kallisthenes ' Hellenika, Diss. Würzburg 1913, p . 6 - 7, Callisthène et Théophraste se seraient rencontrés pour la
186
CALLISTHÈNE D 'OLYNTHE
première fois. On pense en général que Callisthène suivitAristote égalementà la cour de Macédoine, en 343/2, et qu 'il y séjourna jusqu 'au départ d 'Alexandre pour l'Asie, en 334a, Aristote revenant à Athènes en 335 /4 ; aliter, Bosworth 11, p. 412 ; la « communis opinio », selon laquelle Callisthène se trouvait aux côtés
d'Alexandre dès les tout premiers débuts de l'expédition, a d' ailleurs aussi été contestée (cf. Berve 6 , t. II, p. 192 ; Spoerri 10, p. 116 et n . 18). Pour plus de détails sur la chronologie des événements qui ont occupé ou ont pu occuper la vie de Callisthène et celle d'Aristote dans la décennie et demie précédant le départ d'Alexandre pour l'Asie , voir 10, p. 116 - 118, n. 19, et 134- 137 (= Excur
sus II). Sur les travaux historiques de Callisthène durant cette période, voir 10 . Publié en 1898 , un fragment d 'une inscription de Delphes (SIG 275 ; FD III 1 , 1929, 400 ), rapportant un décret qui accordait des titres d'honneur aux auteurs du « Catalogue des Pythioniques », æuvre d'Aristote d'après les listes anciennes de ses écrits, nous apprend que le Catalogue a été en réalité l'euvre commune d'Aristote et de Callisthène ; on ne peut d'ailleurs faire que des hypothèses sur la manière de leur collaboration . L 'image traditionnelle d 'un Callisthène, disciple
d ' Aristote ( T 1 J. : uaonths ; T 8 J.: 'AplotOTÉROUç tõv Móywv Olaxnxoús; T 30 J.; cf. Jacoby 4, col. 1675), formé dans l'intime familiarité avec son parent dont il reçut le goût de l'investigation scientifique, puis travaillant sous l'égide du maître inspirant ou organisant solidement les activités de son collaborateur, a été combattue par Bosworth 11, p.412 : « There is very little to indicate a pupil/ teacher relationship or any influence exerted by Aristotle on Callisthenes' early
literary development.» En fait, selon Bosworth , il n 'y aurait pas eu, à propre ment parler, de collaboration entre Aristote et Callisthène : c'est ce dernier qui, historien alors déjà consacré , aurait été chargé initialement de dresser le Cata logue pythique, laissant à Aristote le soin d 'achever et de publier le travail après
son départ. Callisthène est souvent appelé Dióoodos (aussi ooploms) par les Anciens (Jacoby 4 , col. 1684) ; cependant, ce qui nous reste de sa production littéraire appartient à l'historiographie et non à la philosophie ; cf. Prandi 17 ,
p. 13- 14 , 117 - 125. Écrivain de métier et historien déjà confirmé, Callisthène, admet-on, fut promu « historiographe officiel» d 'Alexandre, qu 'il accompagna, en cette qua lité, dans son expédition contre la Perse. On discute de la question de savoir si, comme l'affirment certains textes ( Jacoby 4 , col. 1675), c'est sur la recom mandation d 'Aristote que Callisthène se vit confier cette mission ; cf. Chroust 14 , p. 85-86 ; Prandi 17, p. 19-22 ; Bosworth 11, p.412 : « a very obvious inven tion » . Callisthène faisait partie du groupe d'intellectuels grecs qui entourait Alexandre (cf.Meißner 19a, p. 400, 404 -405, 555 et passim ) et comprenait des
hommes comme les philosophes Pyrrhon (Berve 6, t. II, p . 340, n° 682) et Anaxarque (» A 160 ] (Berve 6 , t. II, p. 33-35, n° 70) ; la présence de l'historien et rhéteur Anaximène de Lampsaque (» A 167] (Berve 6, t. II, p. 35 -37, n° 71) fait problème (FGrHist 72, Komm ., p. 105 ; Meißner 19a , p. 77, 345, 417-418). Callisthène, qu ’une inscription de la bibliothèque du Gymnase de Tauromenion ( 114) qualifie d'« épistolographe » d'Alexandre (Prandi 17, p .21-22), n 'alla pas
187 CALLISTHÈNE D 'OLYNTHE jusqu'au bout de l'expédition: la conspiration d'Hermolaos et des pages (327a)
scella son destin . Pour les sources littéraires sur la chute de Callisthène et les événements qui la provoquèrent, voir notamment Plutarque, Vit. Alex. 52 -55, et Arrien, Anab . IV 9 , 7 - 14 , 4
= T 7-8 J. (cf. DK 72 A 3 et 5-6 ; Düring 3, nº 28 c et e); cf. 27 J.R . Hamilton , Plutarch, Alexander. A Commentary , Oxford 1969 , p. 145 - 157 ; Prandi 17 , p . 25 - 33, 167 -179 , qui analyse aussi les textes de Quinte -Curce et de Justin . Après le meurtre de Cleitos le Noir en
3284, à Marakanda (Berve 6, t. II, p. 206 -208, n° 427; Hamilton 27, p. 139-145 ; Seibert 13, p. 141- 143, 284-285 ), Callisthène et Anaxarque, qu 'on dépeintcomme flatteur d'Alexandre et
rival de Callisthène, auraient été appelés auprès du roi pour le consoler d'avoir tué son ami, et là où les propos lénifiants de Callisthène avaient échoué (Plutarque); au contraire , Arrien ne mentionne qu 'Anaxarque, tandis que, ignorant également l'intervention antithétique des deux philosophes, Quinte-Curce et Justin rapportent que Callisthène consola le roi. Voyant dans la ce serait Anaxarque, présentant une justification théorique de l'absolutismeroyal, qui réussit
proskynèse, pour l'adoption de laquelle se serait aussi prononcé Anaxarque, partisan de la déification d'Alexandre de son vivant, le symbole dégradant du despotisme oriental, Callisthène irrita fortement Alexandre , en s 'opposant publiquement à cet hommage proto colaire qu 'en tant que successeur du Grand Roi, Alexandre désirait également obtenir des Macédoniens et des Grecs (pour le témoignage, rapporté par Plutarque, de Charès de Myti lène, chambellan et huissier d 'Alexandre, voir aussi FGrHist 125 F 14 ). Prié au cours d'un banquet de faire l'éloge des Macédoniens, puis invité par le roi à tenir un discours contraire accusant les Macédoniens, Callisthène, faisantmontre de ses talents de rhéteur, aurait égale ment mécontenté Alexandre - et les Macédoniens - , en traitant le second sujet aussi brillam ment que le premier. D 'autre part, Callisthène exerçait une forte influence sur des pages macédoniens qui suivaient son enseignement ; ses propos inconsidérés sur la tyrannie et le tyrannicide ne rencontraient pas seulement une certaine faveur auprès de ses jeunes auditeurs , mais tombaient aussi dans l'oreille de ses ennemis , qui les rapportaient au roi. Ce fut le complot ourdi, pour une vétille , sans qu 'il faille peut-être exclure des motifs politiques, par
l'un des pages, Hermolaos (Berve 6, t. II, p. 152-153, n° 305), et qui faillit aboutir à l'assas sinat d 'Alexandre, qui incita le roi à faire arrêter, à Kariatai en Bactriane ( T 16 J.), Callisthène , qu 'il craignait peut-être de voir devenir le centre d 'un cercle d 'opposants à sa politique orientale , dont l'Olynthien était incapable de comprendre qu 'elle pouvait seule
assurer la pérennité de l’Empire. Alors que, selon Ptolémée et Aristobule, les pagesmis à la question auraient avoué que Callisthène les avait incités à agir (Arrien , Anab. IV 14, 1 = FGrHist 138 F 16 ; 139 F 31), la majorité des auteurs rapportait que les jeunes gens recon
nurent avoir agi d'eux-mêmes et sans que personne d'autre ne fût dans le complot. Il y a plusieurs versions de la mort de Callisthène. Selon l'une (Ptolémée, ap. Arrien , Anab . IV 14 , 3 = FGrHist 138 F 17 ; cf. Plutarque, Vit. Alex. 55 , 9 ), il futmis à la torture et pendu par ordre du roi; selon d 'autres, qui ont pu être inspirées par le souci de disculper Alexandre (Charès, Aristobule ap. Plut., Vit. Alex. 55, 9 ; Arrien , Anab . IV 14, 3 = FGrHist 125 F 15 ; 139 F 33),
c'est de maladie qu'il mourut après avoir été traîné dans les fers à la suite de l'armée. La tradition a souvent été dramatisée ; ainsi a-t-on représenté Callisthène enfermédans une cage de fer et enfin exposé à un lion (D . L . V 5 = T 6 J.). Les modernes préfèrent généralement,
mais pas toujours, la version de Ptolémée (sur laquelle , voir 28 H . Strasburger, Studien zur Alten Geschichte, hrsg. von W . Schmitthenner und R . Zoepffel, coll. « Collectanea » 42, t. I,
Hildesheim /New York 1982, p. 126 -127) à celle de Charès (en sa faveur p. ex. Prandi 17 , p. 33), qui rapporte aussi qu 'Alexandre envisageait d 'organiser le procès de Callisthène
devant le Conseil de la Ligue de Corinthe en présence d'Aristote. D 'après Plutarque, Vit. Alex. 55, 7, Alexandre aurait écrit à Antipatros, stratège d'Europe et ami d' Aristote, son intention de châtier également ceux qui avaient envoyé Callisthène ; à la suite de Plutarque, Bosworth 11, p. 411, qui toutefois tient la Lettre à Antipatros pour inauthentique, pense que
cette menace visait Aristote ; cf. 29 P .Goukowsky, Essai sur les origines du mythe d’Alexan dre (336 -270 av. J.-C .), t. I: Les origines politiques, Nancy 1978, p. 271 n . 79 ; aliter,
30 O . Gigon , « Interpretationen zu den antiken Aristoteles-Viten » ,MH 15 , 1958, p. 190 ( cf.
188 CALLISTHÈNE D 'OLYNTHE Jacoby 4 , col. 1682), qui n 'exclut pas l'authenticité de la Lettre, admise comme probable par
Goukowsky 29, t. I, p . 271 n. 78.On a pu supposer que c'est précisément à l'époque qui vit éclater l'affaire des pages, qu 'Alexandre reçut peut-être, si vraiment elle est authentique, la fameuse Lettre d 'Aristote à Alexandre sur la politique envers les cités, qui condamnait l'abso lutisme comme une forme de tyrannie (on a voulu reconnaître en Anaxarque le « mauvais conseiller » dont Alexandre est prié de se séparer), refusait toute collaboration avec l'aristo cratie perse et déconseillait l' extension des conquêtes : on devrait donc reconnaître dans la
Lettre d 'Aristote, qui n 'est d 'ailleurs connue que par une version arabe (pour une présentation du document, faisant écho à l'édition commentée de J. Bielawski et M . Plezia ( 1970 ) ainsi
qu'à l'étude consacrée à un passage important de la Lettre par S. M . Stern (1968), voir 31 P . Thillet, « Aristote conseiller politique d 'Alexandre vainqueur des Perses? » , REG 85 , 1972, p. 527 -542), et dans la chute de Callisthène deux éléments successifs et complémen taires d'un même conflit politique ; cf. Goukowsky 29, t. I, p . 50 -55, 271-276 . La thèse de l'authenticité de la Lettre d 'Aristote jouit aujourd 'hui d'une certaine faveur ; voir aussi Prandi 17 , p . 23 -25, qui relève une convergence de vues chez Callisthène et l'auteur présumé de la Lettre ; pour 32 K . von Fritz , Gnomon 44 , 1972, p . 449, la Lettre serait inauthentique,mais exploiterait des écrits d 'Aristote (cf. P . Louis, RPh 47, 1973, p . 138 - 140 ; C . Montagu et
O . Murray, JHS 93, 1973, p . 226 -228 ). Constituant un chapitre de l'histoire d'Alexandre, la
fin tragique de Callisthène et les événements qui précipitèrent la perte de l'Olynthien (affaire de la proskynèse, conjuration des pages, etc.) ont fait l'objet de nombreuses discussions ; cf. aussi 33 G . Glotz , P . Roussel et R . Cohen , Histoire grecque IV 12, Paris 1945, p . 116 - 117 ,
136 - 138 ; Seibert 13 , p. 143-144 , 192 -204, 284-285, 302-305 ; 34 P. A . Brunt (édit.), Arrian .
With an English Translation , coll. LCL, t. I, Cambridge (Mass.)/London 1976 , p.533-544 ; 35 H . Bengtson, Griechische Geschichte von den Anfängen bis in die römische Kaiserzeit, München5 1977, p . 350 , 364 ; Goukowsky 29 , t. I, p . 44-56 , 264 -276 ; 36 Ph . A . Stadter, Arrian of Nicomedia , Chapel Hill 1980, p. 83, 103- 104 , 106 - 111 ; G . Wirth dans 37 G . Wirth et O . von Hinüber (édit.), Arrian, Der Alexanderzug. Indische Geschichte . Griechisch und deutsch. Hrsg. und übers. von G . W . und O .v . H ., coll. « Tusculum » ,München /Zürich 1985, p . 897 -905 (n . 19 -35 ) ; Spoerri 10 , p . 112 n . 2 ; 38 A . B . Bosworth, From Arrian to Alexander. Studies in Historical Interpretation , Oxford 1988, p .63-64, 113- 123 , 133 - 134, 142 ;
39 D .Golan, « The Fate of a Court Historian , Callisthenes», Athenaeum 66, 1988, p. 99- 120 ; Meißner 19a, p. 395-405, 441-442, etc.
Euvres. Des deux ouvrages majeurs de Callisthène, les Helléniques expo saient, en 10 livres, l'histoire de la Grèce depuis l'humiliante « Paix du Roi» ,
dite aussi « Paix d'Antalcidas» , acte du Grand-Roi – allié à Sparte – consacrant la division chronique des Grecs, jusqu 'au début de la TroisièmeGuerre sacrée,
soit de 386a à 356a (T 27 a et b J.). Des digressions fréquentes et étendues attestaient la vaste culture, l'érudition et la curiosité multiple de Callisthène, dont l'intérêt ne portait pas seulement sur les traditions mythologiques, l'« ar chéologie », l'ethnographie, etc .,mais s'étendait jusqu 'aux questions naturelles, vers lesquelles Aristote l'avait vraisemblablement dirigé (F 12 a -c J.: causes de
la crue du Nil; F 19-21 J.: explication des tremblements de terre à l'occasion de la destruction des villes achaiennes de Boura et Hélike, sur la côte nord du Péloponnèse, en 373/2). Sur les Helléniques, voir en particulier Jacoby 4, col. 1686 -1699 ; Pearson 7, p. 29 -33 ; Pédech 15, p. 20 -40 ; Prandi 17, p. 35 -74. Si Callisthènemontrait de la défaveur envers Sparte
(Jacoby 4 , col. 1697 ; Prandi 17, p . 46, 60, 69), dont l'hégémonie avait marqué toute la première partie de la période couverte par les Helléniques et dont Isocrate en particulier avait maintes fois flétri la politique étrangère (cf. 40 P . Cloché, « Isocrate et la politique lacédémo nienne » , REA 35, 1933, p. 129 - 145, au jugement plus nuancé que Pédech 15 , p . 29 ), il a aussi pu être influencé par les réserves fort graves qu 'Aristote émettait sur le régime de Sparte , les
CALLISTHÈNE D 'OLYNTHE 189 éloges ne faisant cependant pas totalement défaut dans l'œuvre du Stagirite ; voir, sur ce dernier point, 41 R .Weil, Aristote et l'histoire. Essai sur la “ Politique " (Thèse Lettres Paris 1958 ), coll. « Études et Commentaires» 36 , Paris 1960, p. 231-244 ; 42 F . Dirlmeier, Aristo teles, Nikomachische Ethik . Übersetzt und kommentiert von F. D . Darmstadt 41967 (coll .
« Akademie -Verlag », t. VI), p. 292 (24, 4). Thèbes, dont l'hégémonie succéda à celle de Lacédémone, tenait également une place de choix dans les Helléniques, et l' on a estimé que Callisthène est à l'origine de la tradition élogieuse pour Pélopidas et Épaminondas (Jacoby 4, col. 1697 ; Prandi 17, p.42, 70 -73 ; aliter, Pédech 15 , p. 29-30 ). Un excursus important avait pour objet les anciennes guerres de Messénie , évoquées à l'occasion de la fondation de Messène et d'un État messénien par Épaminondas, en 369a, la Messénie échappantalors à la domination lacédémonienne (F 23-24 J.; Prandi 17, p. 55 -58); voir aussi FGrHist III b, Text, LIII, p. 401; 43 F . W . Walbank , A Historical Commentary on Polybius, t. I: Commentary on
Books I-VI, Oxford, 1957, p. 480 -481; 43a E .Meyer, art. «Messenien » ,RESuppl. XV, 1978, col. 241-242. On reconnaît dans les tendances des Helléniques l'écho des idées politiques de Philippe II deMacédoine ; cf. Jacoby 4, col. 1697-1699, 1704 ; Prandi 17, p.69-74 . Si, comme l'indique Polybe VI 45, 1, Callisthène (F 50 J., vraisemblablement une digression dans les Helléniques) est un des auteurs à avoir rapproché la constitution crétoise de celle de Sparte et
fait l'éloge du régime crétois (cf. Walbank 43, t. I, p. 724 -734), on note qu' Aristote, que Polybe ne cite d 'ailleurs pas, a fait ce rapprochement d'une façon très détaillée ; cf. Weil 41,
p . 228 -254 ; 44 Id . (édit.), Polybe, Histoires. Livre VI. Texte établi et traduit par R . W . avec la collaboration de C . Nicolet, CUF, Paris 1977, p.41-43 ; 45 P. Pédech, La méthode historique de Polybe, « Collection d 'Études anciennes » , Paris 1964, p . 326 -327 . Dans son portrait du magnanime, Aristote, Éth. Nic. IV 8 , 1124 b 12- 17, fait apparemment allusion au discours que Callisthène, dans les Helléniques (F 8 J.), prête aux ambassadeurs lacédémoniens, qui, en 370/69 (?), face à l'intervention thébaine dans le Péloponnèse, cherchent à se concilier les
Athéniens (aliter, Prandi 17, p. 47 -48 et n.23, qui pourrait d'ailleurs avoir mal compris Aristote) : évoquant la générosité passée d 'Athènes envers Sparte, non celle de Sparte envers Athènes, les Lacédémoniens adoptent une attitude destinée à ménager la magnanimité de leur interlocuteur. Voir encore Dirlmeier 42, p . 380 (83 , 2 ). On a rapproché ce passage de
Callisthène de Thucydide II 40, 4 (Epitaphios); cf. Pearson 7, p. 31; Pédech 15, p. 36 ; Prandi 17 , p . 48, 133. Sur la question de savoir si Callisthène a nié l'existence de la « Paix de Callias » , 449/8 (?) (Plut., Cimon 13, 4 = F 16 J., tiré sans doute - de même que F 15 J. = Plut., Cimon 12 , 5 ), relatif à la fameuse double victoire de Cimon à l'Eurymedon ,
remportée sur les Perses entre 469 et 466a - d'une introduction rétrospective dans la manière peut-être de la Pentecontaétie de Thucydide ), voir maintenant 46 A . B . Bosworth , « Plutarch ,
Callisthenes and the Peace of Callias» , JHS 110, 1990, p. 1- 13. Sur F 15- 16 J., cf. aussi Will 26, p. 25 -32 ; Jacoby 4, col. 1692, 1694 -1696 ; Jacoby 2,Komm ., p. 422 -423 ; Prandi 17, p. 52
55, 130 -131.
Le cataclysme qui, dans une nuit d'hiver de 373/2, anéantit Hélikè et Boura avec leurs habitants ne cessa de hanter les imaginations. C 'est sans doute dans les Helléniques que Callisthène évoqua la catastrophe et exposa sa théorie des tremblements de terre, et non , comme le fait penser Sénèque, Nat. Quaest. VI (De terrae motu ) 23, 4 (= F 19 J.), dans un ouvrage spécial, en plusieurs libri. De plus, à en croire Sénèque, loc. cit., Callisthène aurait affirmé que les deux cités furent englouties par la mer (cf. Nat. Quaest. VII (De cometis 5 , 3
4 = F 21 J.; VI 25, 4 ; 32, 8 ; VII 16 , 2) ; or, si Hélikè disparut sous les flots, le tremblement de terre étant accompagné d 'un raz demarée (47 E . Meyer, art. « Helike » 1, KP II, 1967 ( 12. Liefer., 1966 ), col. 994 ), Boura, située plus à l'intérieur des terres et à plusieurs centaines de mètres d'altitude (48 E .Meyer, art. « Bura » , KP I, 1964 , col. 971-972), fut victime du même séisme (aliter, Pédech 15, p. 38 n. 57),mais sans que la mer jouât un rôle dans sa disparition . Voir aussi 49 C . Neumann et J. Partsch, Physikalische Geographie von Griechenland mit besonderer Rücksicht auf das Alterthum , Breslau 1885, p. 324 -326 ; 50 A . Philippson, Der
Peloponnes. Versuch einer Landeskunde auf geologischer Grundlage, Berlin 1892, p. 276 , E .Kirsten , III : Der Peloponnes, 1, Frankfurt a. Main 1959, p. 188, 198 ; 52 W . Capelle ,
436 -438 ; 51 Id ., Die griechischen Landschaften. Nach dem Tode des Verfassers hrsg. von
190 CALLISTHÈNE D 'OLYNTHE « Erdbeben im Altertum », JKPh 21, 1908, p. 607 -608 ; 53 Id., art. « Erdbebenforschung », RESuppl. IV , 1924 , col. 350 ; 54 F. Bölte, art. « Helike» 1, RE VII 2, 1912, col. 2855-2858 ; 55 E . Kirsten , art. « Achaia » , KP I, 1964, col. 34 -35 ; 56 E. Meyer (édit.), Pausanias, Beschreibung Griechenlands. Neu übersetzt, mit einer Einleitung und erklärenden Anmer kungen versehen von E . M ., Zürich /Stuttgart2 1967, p .650 -651 (p . 369 n . 2 ; 372 n . 1 et 5 ; cf. 57 F . Eckstein (édit.), Pausanias, Reisen in Griechenland . Gesamtausgabe in drei Bänden auf
Grund der kommentierten Übersetzung von Ernst Meyer hrsg. von F. E ., t. II, Darmstadt 1986 -1987, p. 341-343, n.47, 49 et 50) ; 58 R . Baladié (édit.), Strabon, Géographie. Livre VIII. Texte établi et traduit par R . B ., CUF, Paris 1978, p. 202 (et n . 4 -5) , 254 , 268 -269 ;
59 Id ., Le Péloponnèse de Strabon. Étude de géographie historique, Paris 1980, p. 138, 145 157 (avec un examen critique détaillé de la tradition relative au cataclysme). Les indications topographiques des publications plus anciennes doivent être mises à jour d 'après les importants travaux d'Ernst Meyer. Pour une distinction nette entre le sort des deux cités, voir
Strabon I 3, 18, p. 59 C .: Boura et Hélikè furent englouties l'une dans un gouffre , UND xáguatos , l'autre sous la mer, ÚTÒ xúuatos (= FGrHist 87 (Poseidonios von Apameia )
F 87 ; aliter, 60 W . Theiler [ édit.), Poseidonios, Die Fragmente. Hrsg. von W . Th., coll . « Texte und Kommentare » 10 , Berlin /New York 1982, t. II : Erläuterungen , F 12 a, p . 21 ; 61 I. G . Kidd , Posidonius, II : The Commentary, coll. « Cambridge Classical Texts and Commentaries > 14 A et B , Cambridge 1988 , F 49 , p . 258 ; F 231, p . 822) ; 3, 10 , p . 54 C . ( = Theiler 60, t. I: Texte, F9, p . 25 - cf. Kidd 61, F 221, p . 795 -, le xatan OELS de Strabon
devant être compris , non dans le sens donné par Theiler 60 , t. II, F 310, p. 197 - 198, et F 343, p . 238, mais comme l'entend Baladié 59, p . 149 et n . 58 ) ; VIII 7 , 1 (cf. Polybe II 41, 7, mis à contribution par Strabon ) - 2 , p . 384 - 385 C . (avec une citation expresse d ' Ératosthène, fr. III B 103 Berger, et d 'Héraclide du Pont, fr. 46 a Wehrli) ; 7, 5 , p . 386 C . ; Pausanias VII 24 , 5
13 ; 25, 8 - 9 . Pour la tradition qui veut que Boura disparut également sous la mer, voir , en plus de Sénèque, locc. citt., notamment llepi xoouov 4 , 396 a 20 -21 (= Poseidonios F 343 Theiler
60 ; cf.62 W . Capelle, « Die Schrift von der Welt» , JKPh 15, 1905, p. 551-552); Ovide, Métamorphoses XV 293-295 (« discours de Pythagore» ; cf. Theiler 60, t. II, F 310 , p. 197 198 ;63 F. Bömer, P. Ovidius Naso, Metamorphosen. Kommentar von F. B., Buch XIV -XV, Heidelberg 1986 , p . 332, avec des hésitations injustifiées sur la question de la différence entre les circonstances réelles du cataclysme dans les deux endroits) ; Philon , De aeternitate mundi
140 (= Poseidonios F 310 , p. 236 -237 Theiler 60 ) ; Bianor, dans Anth . Pal. IX 423 (cf. 64 A . S . F . Gow et D . L . Page [édit.), The Greek Anthology. The Garland of Philip and
Some Contemporary Epigrams, Cambridge 1968, t. I, Bianor XVI, p . 194 -195 ; t. II, p. 205
206 ); Pline, Nat. Hist. II 206 (cf. FGrHist 87 F 87, Komm ., p. 202, li. 4 -5) ; IV 12 (?) ; et surtoutDiodore de Sicile XV 48, 3 (cf. 49, 3), dont le récit, chap. 48-49, censé provenir des Histoires d 'Éphore (Jacoby 2, Komm ., p. 423 [F 19-21]; cf. FGrHist 70 F 212, Komm ., p. 98 99 ; Prandi 17, p.43-44 ), figure sous l'année de l'archonte Asteios (373/2 ;même datation :
Aristote ,Météorol. I 6 , 343 b 1-4 et 17-20 ; Pausanias VII 25, 4 ; soit deux ans avant Leuctres [371a): Strabon VIII 7, 2, p. 384 C .). Il n 'est pas certain que Sénèque, qui n 'a probablement pas emprunté directement ses informations à Callisthène, nous autorise à affirmer, comme
Prandi 17, p. 42-44, 129, que l' erreur quiconsiste à assimiler complètement le sort de Boura à celui d 'Hélike, courante encore chez les Modernes (récemment, 65 A . Giovannini, « Peut-on
démythifier l'Atlantide ?» ,MH 42, 1985, p. 153, insuffisamment documenté), était déjà dans Callisthène, source d 'Éphore pour certains (Prandi 17, p . 43-44 , 129 ; Jacoby 2, Komm .,
p .423 [F 19 -21), n 'exclut pas d'emblée une telle relation ; cf. Jacoby 4, col. 1706 , pour l'utilisation en général de Callisthènepar Éphore, déjà affirmée par Porphyre [T 33 J.); Prandi
17, p. 127-129). S'interrogeant sur les causes du cataclysme, Diodore XV 48, 4 - 49,6 - ou, le cas échéant, Éphore - distingue entre les puolxoi, qui allèguent, non la volonté divine,mais des circonstances naturelles et nécessaires (puoixal TIVEÇ xai xamvayxaguéval Tepl OtáDELC ), et les esprits pieux (oi etoeßçOlaxEluEvol tipòs to Detov ), qui interprètent les
grands fléaux comme une punition infligée aux hommes impies par les dieux. Diodore, sans négliger les particularités de l'hydrologie péloponnésienne (cf.Neumann -Partsch 49, p . 248
255), insiste particulièrementsur le point de vue des seconds, qui attribuaient le cataclysme au
CALLISTHÈNE D 'OLYNTHE
191
Courroux de Poseidon et au nombre desquels figurait évidemment, d'après Strabon VIII 7 , 2, p. 384- 385 C ., Héraclide du Pont, contemporain de la catastrophe (fr. 46 a Wehrli ; Wehrli
rattache le passage au lepi etoeßeias; cf.66 Id., art. « Herakleides » 45, RESuppl.XI, 1968 , col. 681), qui, à propos de la tragédie d'Hélike, semble s'être fait le champion d 'une attitude
diamétralement opposée à l'explication naturaliste d'un Aristote (Météorologiques) ou d'un Callisthène (F 19 - 20 J . ; cf. Jacoby 4 , col. 1693), et dont on retrouve des prolongements dans Élien , Nat. an . XI 19 , et Pausanias VII 24 , 6 - 12 ; 25 , 1 et 8 ; ce dernier cependant, tout en croyant à la Oeounvía - expressément écartée par Sénèque, Nat. Quaest. VI 3, 1 -, n 'en donne pas moins, après une énumération des signes annonciateurs de grands séismes, une typologie des tremblements de terre empruntée aux naturalistes (chap . 24 , 7 - 12 ; cf. Capelle
62, p. 551; Capelle 52, p.618 n . 4 ; Capelle 53, col. 373 ; Theiler 60, t. II, F 341 a, b, p. 237 238) . Les rapports entre les différentes versions des incidents qui avaient provoqué le Courroux du dieu contre les Hélikéens sont beaucoup plus incertains qu 'on ne veut souvent l'admettre . De son côté, Favorinus (D . L . III 20 ; cf. Élien, loc. cit.) rapportait que le capitaine lacédémonien Pollis , qui avait fait vendre Platon comme esclave à Égine, aurait expié son crime en périssant avec son navire à Hélike ; cf. 67 E .Mensching (édit.) , Favorin von Arelate . Der erste Teil der Fragmente : Memorabilien und Omnigena Historia , hrsg. und kommentiert
von E. M ., coll. « Texte und Kommentare» 3, Berlin 1963, p.69-71 (F 4); 68 A. Barigazzi (édit.), Favorino di Arelate, Opere. Introduzione, testo critico e commento a cura di A . B ., Firenze 1966 , p . 198 (fr. 35 ) ; cf. p . 534 -535 (fr. 109) ; 69 A . Swift Riginos, Platonica, Leiden 1976 , p . 88 n . 8 .
C 'est grâce aux observations faites lors du séisme du 26 décembre 1861, qui affecta la même zone et rappelle en tous points celui de 373/2 , qu 'on peut expliquer le mécanisme du
phénomène qui aboutit à la disparition définitive d'Hélike, engloutie sous la mer par un affais sement ou un glissement de la plaine alluviale du littoral, sur laquelle la ville était établie, et un raz de marée (« tsunami» ), xūua , déclenché par le tremblement de terre sous-marin ; voir aussi 70 F . de Montessus de Ballore, Les Tremblements de terre : Géographie séismologique,
Paris 1906 , p. 271-272; 71 Id., La Science séismologique. Les Tremblements de terre, Paris 1907, p.411, 428, 437 ; 72 Id., La Géologie sismologique. Les Tremblements de terre, Paris 1924, p . 149-156 . Le célèbre cataclysme, qui a dû frapper l'imagination d'enfant d'Aristote, est évoqué au cours des développements consacrés respectivement aux comètes et aux tremblements de terre, Météorologiques I 6 - 7 et II 7 -8 , mais sans indication expresse des
villes touchées (I 6, 343 b 1-4 .17 -20 ; 7, 344 b 34-345 a 1; II 8, 366 a 23- 28 ; 368 b 6 -12). Pour la fameuse théorie d' Aristote, qui explique les tremblements de terre par l'accumulation dans le sol de gaz fournis par l'exhalaison tellurique (åvaOvulaoc) sèche et chaude
(itveŪua), voir Capelle 62, p. 549-550 ; Capelle 52, p.614 -616 ; Capelle 53, col. 367-369 ; 73 O . Gilbert, Die meteorologischen Theorien des griechischen Altertums, Leipzig 1907
(réimpr. Hildesheim 1967), p. 305-312 ; 74 F. Solmsen, Aristotle's System of the Physical World . A Comparison with His Predecessors, coll. « Cornell Studies in Classical Philology » 33, Ithaca 1960, p . 401, 412 ; 75 I. Düring, Aristoteles. Darstellung und Interpretation seines
Denkens, Heidelberg 1966, p. 397; les notes de Strohm 84 (cité infra); puis, 76 H . Berger,
Geschichte der wissenschaftlichen Erdkunde der Griechen, Leipzig 2 1903 (réimpr. Berlin 1966), p. 291- 292 ; 77 G . Aujac, La Géographie dans le monde antique, coll. « Que sais -je ? » 1598, Paris 1975, p.97-101 ; 78 P. Pédech, La géographie des Grecs, collection « SUP », section « Littératures anciennes» 5, Paris 1976 , p.63-66 . Par la théorie de la double
exhalaison qui se produit sous l'influence de la chaleur solaire, l'une étant sèche (ntvɛõua , xárvos, « fumée » ), l'autre humide (åtuis, « vapeur» ), Aristote s 'efforce d'expliquer tous
les divers « météores » (Météorologiques I 3, 340 b 23-29 ; 4, 341b6-12 ; II 4, 359b 27-32 ; 8, 365 b 21-23 ; III 6 , 378 a 18 - 19 ; etc. ; cf. Gilbert 73 , p. 460 -470, et les commentaires de Strohm 84 (cité infra ]). C ' est la présence de niveúuata contraires qui permet de rendre compte de la concomitance , illustrée par la catastrophe d 'Hélike, d 'un xŪua avec un
tremblement de terre (Météorol. 17, 344 b 35 -36 ; II 8, 368 a 34 - b 12); cf. Berger 76 , p. 292 ; Capelle 52, p . 633 n . 2 . La théorie sismologique de Callisthène, connue d 'après ce qu ' en
rapporte Sénèque,Nat. Quaest. VI 23, 1-2 et 4 ; 26 , 3 (= F 19-20 J.), voyant dans le souffle la
192
CALLISTHÈNE D 'OLYNTHE cause principale des séismes (VI 16 , 1 ; 18 , 1 ; 21, 1; 24, 1), « in a Posidonian context» (Kidd 61, F 222 , p. 797 ; F 230 , p . 819-820 ; F 12 , p. 116 - 118 ; cf. Theiler 60 , t. II, F 341 a, b et 332 ,
p . 236 -238), ne semble pas avoir différé fondamentalement de celle d'Aristote ; cf. 79 S. Sudhaus (édit.), Aetna, erklärt von S. S., Leipzig 1898 , p. 55 -56 , 64, 143, 145 , 162- 163 ;
Gilbert 73, p. 313 ; Capelle 52, p. 616-617 ; Capelle 53, col. 369-370 ; 80 Id., « Die griechische Erdkunde und Poseidonios », JKPh 45 , 1920, p . 317, qui admet un ouvrage spécial de Callisthène consacré à la question (cf. Capelle 62, p. 551 n. 4 ); Will 26 , p. 102-108 . Pour les problèmes soulevés par les citations de Callisthène chez Sénèque, Nat. Quaest. VI, voir
80a A . Setaioli, Seneca e i greci. Citazioni e traduzioni nelle opere filosofiche, coll. « Testi e manuali per l' insegnamento universitario del latino » 26 , Bologna 1988, p. 414 -416 (cf. p.419
n . 1970), qui fait remarquer que Sénèque ne connaît pas Callisthène de première main et que expédient rhétorique ; sur la question de savoir si Sénèque, au livre VI des Nat. Quaest.,
l'usage qu 'il fait du discours direct dans les citations ne représente rien d 'autre qu 'un
important pour sa très ample doxographie sur les séismes, qui insiste particulièrement sur les
théories « pneumatiques » (les commotions terrestres sont causées par des masses de pneuma en mouvement à l'intérieur de la terre), s'inspire du seul Asclepiodote (Capelle 53, col 372
373 ; » DPHA A 456 B ) ou utilise aussi – immédiatement - Poseidonios, cf. Setaioli 80a , p. 398-419 (pour une source unique, Asclépiodote ). Sur les théories sismologiques des Anciens, voir aussi 80b N . Grob, Senecas Naturales Quaestiones. Komposition, naturphilo sophische Aussagen und ihre Quellen, coll. « Palingenesia » 27, Stuttgart 1989, p . 241-244,
dans le cadre d'une analyse détaillée deNat. Quaest. VI (p . 238 -274 ; cf.Gilbert 73, p. 314 322) ; Sudhaus 79 , p. 51-80 , 218-222 ; 81 G . Aujac, Strabon et la science de son temps, « Collection d 'Études anciennes» , Paris 1966 , p . 230 -236 ; 82 R . Böker, art. « Erdbeben » , KP II, 1967 (9. Lieferung, 1965), col. 350 - 351. De la théorie pneumatique de Callisthène, à
laquelle Sénèque, Nat. Quaest. VI 23, 1- 2 et 4 , se réfère en rapport avec la doctrine qu'il dit adopter lui-même, à savoir que la terre, renfermant beaucoup d'espaces vides, est ébranlée
lorsque du souffle (spiritus) s' y trouve emprisonné en grande quantité (cf.Groß 80b, p. 260 266, 272-273), on a rapproché, suivant le renvoi fait par Sénèque lui-même, la position pneumatique anonyme de Nat. Quaest. VI 15, selon laquelle des séismes se produisent si du pneuma qui s'est engouffré dans la terre, percée d 'ouvertures en de nombreux lieux, est empêché de refluer et reste enfermé dans les grands fonds en raison de l'afflux de la mer ; cf. Capelle 52, p.617 ; Capelle 53, col. 370 ; 82a K . W . Ringshausen, Poseidonios - Asklepiodot -
Seneca und ihre Anschauungen über Erdbeben und Vulkane, Diss.München 1929, p. 40-41 ; 82b K . Holl, Die Naturales Quaestiones des Philosophen Seneca, Diss. Berlin 1935, p . 18 -19,
27 ; Groß 80b , p. 243, 250, 252, 256 , 263, 265, 268 n. 1. On a proposé de rapporter cette doctrine aussi à Diogène d'Apollonie (cf., récemment encore, Groß 80b , p . 243, 263, 265 ) ; Laks 138 (cité infra ), p . 264- 267, y verrait volontiers une théorie stoïcienne (Nat. Quaest. VI
23, 1, serait d'inspiration posidonienne). Cf. encore Setaioli 80a, p. 399 n. 1869. En raison de l'importance qu 'elle accorde aux mouvements marins, la doctrine de Callisthène a été qualifiée par lesModernes de « neptunistisch -pneumatisch » ; mais, cet aspect est déjà dans
Aristote, Météorologiques II 8, 366 a 23-33 ; cf. Ringshausen 82a, p. 40 -41. Cependant, comment expliquer que Callisthène, que Sénèque, Nat. Quaest. VI 26 , 2- 4, combat en l'occur rence, ait pu affirmer, à en croire l'auteur latin , que, à l' instar des îles (Délos), les villes sont d'autant plus en sécurité qu 'elles sont plus proches de la mer (Groß 80b , p. 253, 269, 272 ) ?
D 'après Aristote, Météorologiques II 8, 368 b 32 - 369 a 7, les îles situées en pleine mer seraientmoins sujettes aux séismes que celles qui sont proches du continent. Considérant que
Nat. Quaest. VIreprésente une mise à jour de l'écrit de jeunesse de Sénèque sur les tremble ments de terre (VI 4, 2 ; cf. Lausberg 156 [cité infra ), p . 1926 -1927), Groß 80b , p . 250, 255
256 , 263, 268 n. 1, 273 (cf. Ringshausen 82a, p . 41) fait figurer, au nombre des « Nachträge » , chap . 15 et chap . 21, 2 - 23, 4 (les trois catégories de séismes (succussio, inclinatio, tremor) -
Poseidonios n'en distinguerait que deux (= F 230 Edelstein -Kidd 112 ; 320 Theiler 60 ); cf. toutefois Theiler 60 , t. II, F 320 et 341 a, b , p. 206 et 236 - et leurs causes propres ; théorie de
Callisthène et invective contre Alexandre le Grand (infra, p. 219]). Quant à la question des sources de Nat. Quaest. VI, Groß 80b , p.258, 260, 267-269, 273-274 , en admet en tout cas
CALLISTHÈNE D 'OLYNTHE
193
une pluralité ; d'après Ringshausen 82a, p.47 -48, ce serait par l'intermédiaire de Poseidonios
qu'Asclépiodote et Sénèque connaissent Callisthène ; cf. Holl 82b, p. 19 , 27. Sur la foi de Sénèque, Nat. Quaest. VI 31, 1, on mentionnait Théophraste - de concert avec Callisthène -
comme adepte fidèle de la doctrine sismologique du maître (Capelle 53, col. 369) ; mais l' indépendance, autrefois méconnue, de Théophraste par rapport à Aristote dans les questions
de météorologie a été mise en évidence par les travaux notamment de H . Strohm et
P. Steinmetz ; voir Setaioli80a, p. 408 n. 1906 ; Groß 80b, p. 243, 261. Callisthène (Sénèque, Nat. Quaest. VI 26, 3 ; VII 5, 3-5 = F 20-21 J.) et Aristote (Météorol. I 6 , 343 b 1- 4, 17 -25 ; 7, 344 b 34 - 345 a 1) ont aussi signalé l'apparition d 'une comète (une colonne de feu ou « poutre » , trabs, selon Callisthène) au moment du cataclysme de Boura et Hélike ; cf. Will 26 , p . 107 - 108 ; 83 W . Gundel, art. « Kometen » , RE XI 1, 1921,
col. 1146 - 1147, 1155 , 1168, 1172 , 1174, 1176 -1180 , 1183- 1184. Pour la question de l' inspi
ration posidonienne dans Nat. Quaest. VII sur les comètes, voir Theiler 60 , t. II, F 316 et 340 a, b , p. 204, 234 -236 ; Kidd 61, F 131-132, p.491-496 ; Setaioli 80a, p. 420 -432 ; Groß 80b , p. 290 -302, 305 , qui, dans son analyse détaillée de Nat. Quaest. VII (p. 278-281 : aperçu sur les théories antiques sur l'origine des comètes ; cf. Gilbert 73, p. 638 -658 ; Gundel 83 , col. 1154 - 1156 , 1164 -1174 ), combat l'hypothèse d'une source unique, en l'occurrence un compendium de la météorologie posidonienne (R . Hartmann , A . Rehm ), et admet que Sénè que, en plus de Poseidonios ou d'une doxographie posidonienne, a aussi utilisé directement, entre autres, Artemidore de Parion [ A 430 ] (les comètes expliquées comme phénomène optique par la conjonction, en une même source lumineuse , d 'une ou de plusieurs planètes et
d'une étoile fixe) et Apollonios deMyndos (les comètes sont des planètes), d'après Groß 80b , p. 292 - 300 (cf. p . 50 -51), un contemporain de Sénèque, Artémidore étant également plus récent que Poseidonios (aliter, Setaioli 80a, p . 422 et n . 1982 ; p . 442 n. 2090 ). Diodore XV
50, 2-3, pour sa part, censé être tributaire d' Éphore (cf. FGrHist 70 F 212, Komm ., p . 98 -99 ), date de 372/ 1 l'apparition de la haunds ueráin xaouévn ( « grande torche de feu >> ), appelée trupivn boxic (« poutre de feu » ) d 'après sa forme, et la considère comme un présage de la défaite lacédémonienne à Leuctres (3719) ; tout en signalant, ici encore, le point de vue de cer tains Quolxoi, qui, se référant aux Chaldéens de Babylone, expliquent le phénomène par des
causes naturelles ( voixai aitiai), Diodore lui-même déclare qu ' il s'agit d 'un signe divin . Qu'Ephore parlait de la comète est attesté expressément par Sénèque, Nat. Quaest. VII 16 , 2
3 (= FGrHist 70 F 212), qui, réfutant la théorie d'Artémidore, prend Éphore vivement à partie pour avoir attesté le fractionnement de la comète en deux étoiles (cf. Gundel 83, col. 1168, 1184 ; Setaioli 80a, p.427 -428). Le F 20 J. de Callisthène, qui place l'apparition de la « colonne de feu » et le fait exceptionnel d'un tremblement de terre à Délos en tête des nom breux prodiges qui auraient annoncé la destruction de Boura et Hélike, a donné lieu à des interprétations divergentes selon que l' on admet que, pour Callisthène, s' écartant ainsi de la thèse naturaliste , il s 'agissait de signes surnaturels (notamment Pédech 15 , p . 39 et, plus
anciennement, Will 26 , p. 104- 107, qui voit d 'ailleurs en Callisthène la source d'Éphore = Diod. XV) ou qu 'il les considérait comme des phénomènes exceptionnels, mais admettant
une explication naturaliste en tant que produits de conditions atmosphériques spécifiques
(Prandi 17, p. 43); pour Aristote , voir 84 H . Strohm (édit.), Aristoteles, Meteorologie. Über die Welt. Übersetzt von H . S., Darmstadt 1970 , 2e éd . 1979 (coll. « Akademie Verlag » , t. XII), p . 144 (19, 3 ) - selon Strohm , qui parle pourtant d 'un « Seebeben » , il s 'agirait, à Hélike, de
« lames de tempête» , donc d'originemétéorologique («Sturmflut» ), et non d’un raz-de-marée - , 146 (21, 27 ). Selon Aristote , pour ce qui est des comètes et autres apparitions lumineuses
dans le ciel, il s'agit toujours de phénomènes en liaison avec l'exhalaison sèche et chaude, qui, en l'occurrence, s'embrase dans les régions supérieures de l'espace sublunaire ; cf. Gilbert 73, p.638 -649; Gundel 83, col. 1143, 1146, 1164 -1165 ; 85 W . Capelle, art. «Meteo
rologie », RESuppl. VI, 1935, col. 343, 346 -347 ; Solmsen 74, p. 400, 411-412 ; Düring 75 , p . 387-389. S'appliquant à montrer que les comètes sont, non de simples phénomènes atmosphériques, accidentels,mais de véritables corps célestes, Sénèque, auquel on doit le seul exposé ancien sur le sujet à être conservé en dehors d'Aristote, Météorologiques I6 -7 (Gilbert 73, p. 653-658), a eu assez d'esprit critique pour se séparer d'Aristote, de Poseidonios et des
194
CALLISTHÈNE D 'OLYNTHE
stoïciens. A en croire Sénèque, Nat. Quaest. VII 5 , 3-5 , discutant, à propos de la théorie d'Épigénès (en général, tenu pour plus ancien que Poseidonios qui s' en serait inspiré et en aurait transmis la connaissance aux auteurs postérieurs), qui, lui aussi, considérait les comètes comme des phénomènes atmosphériques, le point relatif aux « poutres » (trabes) et aux
« torches» (faces) – sur ces distinctions, voir Gilbert 73, p. 597 -600 , 656 et n . 1 ; Gundel 83, col. 1174 - 1180 -, Aristote aurait affirmé que le phénomène observé avant le cataclysme achéen n ' était pas une « poutre » , mais une comète , et l' auteur latin de se demander si le
Stagirite pensait que toutes les « poutres » sont des comètes : en réalité, ne correspondant pas à une assertion expresse des Météorologiques, la citation rapportée à Aristote , dont on a pu penser que le Stagirite visait les Helléniques de Callisthène (Will 26 , p . 107 - 108 ), a sans
doute été formulée par Sénèque à partir de ce qu 'il lisait dans sa source intermédiaire ; voir
85a J. J. Hall, « Seneca as a Source for Earlier Thought (especially Meteorology) » , CQ 27, 1977, p .414 ,416 ; Setaioli 80a, p . 425-426 . Les récits de Callisthène accordaient de l'impor
tance aux présages et aux oracles (Jacoby 4 , col. 1693, 1707 ; Prandi 17, p .45-46, 128 ) : ayant mentionné toute une série de prodiges en rapport avec la bataille de Leuctres, Callisthène (F 22 a-b J.) est cité dans le De divinatione de Cicéron ; cf. Jacoby 4 , col. 1706 - 1707 ; Jacoby
2 , p. 424 .
Une monographie de Callisthène, lepì toũ ‘ lepoŰ noÉUOU , narrait l'histoi
re de la Troisième Guerre sacrée (356 -346 ), qui, marquant le début de l' ère nouvelle faisant suite à la période traitée dans les Helléniques, permit à Philippe
II de Macédoine d'intervenir dans les affaires de Grèce centrale ; l'unique fragment attribué expressément à cet ouvrage (F 1 J.; cf. T 25 J.) se rapporte à la Première Guerre sacrée (ca 590a) ; cf. Prandi 17, p. 15- 16 , 35 , 66 -68 , 70, 127
128 ; Spoerri 10, p. 118- 119 et n . 20 . La Guerre sacrée et le Catalogue des
Pythioniques, évoqué précédemment à propos de la biographie de Callisthène, supposaientune certaine communauté de documentation ; sur le rapport entre les deux ouvrages et la place, discutée, de la Guerre sacrée dans la production
littéraire de Callisthène, voir 10 , p. 118 - 119, et Excursus II, p. 134- 135 ; puis, Prandi 17, p. 15- 16 , 127- 128, 143. Célébrant la mémoire d'un ami de l'Acadé mie, resté fidèle à la philosophie jusque dans sa mort, l’ écrit, connu grâce à un
papyrus de Didyme, que Callisthène a consacré à Hermias, mérite ici une mention toute particulière ; cf. Pearson 7 , p. 27 ; Gaiser 25 , p . 9-27 ; 86 Id ., Philodems Academica, Stuttgart/Bad Cannstatt 1988, p . 384 -386 ; Prandi 17 , p. 13, 15 -16 , 22 -24 , 35, 60 , 69 -70 , 120 , 130, 144- 146 ; Spoerri 10 , p. 135 -137 . Autres ouvrages mineurs de Callisthène : un Périple, dont les fragments se rapportent à la côte méridionale du Pont- Euxin (légende des Argonautes), et des Apophtegmes, collection d'un type répondant aux préoccupations des péripa
téticiens ; voir sur ces deux écrits, dont l'authenticité n'a pas toujours été admise, Jacoby 4 , col. 1685, 1694 ; 87 F.Gisinger, art. « Periplus» 2, RE XIX 1, 1937, col. 848 ; Pearson 7, p. 26 -27 ; Prandi 17 , p. 143- 144, 147-148. En revan che, les fragments F 56 -59 J., appartenant à Ps.-Plutarque, sont notoirement des
faux ; cf. Jacoby 4 , col. 1684 ; 88 Id ., art. « Kallisthenes» 3, RE X 2 , 1919, col. 1726 ; FGrHist 291 (Kallisthenes von Sybaris). Les Helléniques avaient préparé Callisthène à écrire le récit de l'extraordi naire aventure d'Alexandre. Par ses 'Aletávopov Ipateic , la première en date des Histoires d'Alexandre, Callisthène appartient au groupe des historiens du
grand Conquérant qui ont eu le privilège d'avoir été dans le vif des événements
195 CALLISTHÈNE D 'OLYNTHE et d'avoir approché Alexandre, soit dans son entourage immédiat - c'était le cas
de Callisthène -, soit dans un cercle plus large, et dont les cuvres ont, par conséquent, rang de « sources primaires» . Rédigé sans doute au fur et à mesure des événements , l'ouvrage de Callisthène, que la mort de son auteur a laissé inachevé, narrait la conquête de l'Orient en tout cas jusqu 'à la bataille de
Gaugamèles (Arbèles), en 331a (F 36-37 J.; cf. Hamilton 27, p. 100- 101; Prandi 17 , p . 105) ; contemporain des événements, le récit de Callisthène ne pouvait
avoir le recul qui a marqué celui des autres participants à la conquête qui ont succédé à l'Olynthien après la mort d 'Alexandre, à des intervalles divers. Selon l'interprétation de Jacoby 4, col. 1702, l'ouvrage de Callisthène devait servir la propagande du roi en Grèce. Se faisant l'écho d' idées panhelléniques dont Isocrate avait été l'éloquent propagateur (cf. 88a G . Mathieu , Les idées politi ques d 'Isocrate, « Collection d'Études anciennes» , Paris 1925 (2e tirage, 1966 );
Brunt 34, I, p .LIII, 464-465), Callisthène, conformément à sa mission de « pané gyriste officiel » (Jacoby 4 , col. 1701-1704), présentait Alexandre comme le champion de la Grèce, chef d 'une guerre de revanche contre le Barbare , et enveloppa son personnage dans toute une atmosphère homérique et mytho logique (culte et imitation des héros, souvenirs de l'épopée dans les lieux traversés par Alexandre, etc .; cf. Brunt 34, t. I, p. 464 -466 ; Prandi 17 , p. 76 -82, 106 - 107) . Par son historiographe, Alexandre fit courir le bruit que, dans son
fameux oracle de l'oasis de Siwa, le dieu Ammon , assimilé à Zeus, avait
reconnu en lui son fils (F 14 a-b J.: Strabon XVII 1, 43, p. 814 C.; Plutarque, Alexandre 27). Sur l'Histoire d 'Alexandre de Callisthène, voir en particulier Jacoby 4 , col. 1686 - 1687, 1699 -1704 ; Pearson 7, p. 33-49 ; Hamilton 27, p. LIII-LIV ;Goukowsky 29, t. I, p . 22-23, 247 248 ; 89 A . B . Bosworth , A Historical Commentary on Arrian 's History of Alexander, t. I,
Oxford 1980, p . 31, 223 et passim ; Bosworth 38, p. 2-7 ; Brunt 34, t. II, 1983, p. 546 ; Pédech
15, p. 40 -69, 407-409 ; Prandi 17, p . 75- 111; Wirth 37, p. 725-728, 899-900 n. 24. Sur la visite d'Alexandre au sanctuaire d'Ammon (331a), sommet sans doute de l'æuvre de Callisthène, voir Seibert 13, p. 116 - 125, 278 -281; Brunt 34, t. I, p . 467-480 ; Goukowsky 29, t. I, p . 23-25 , 250 - 253 ; Bosworth 89, t. I, p . 31, 269-275 ; Bosworth 38 , p. 5 -6 ; Pédech 15 , p . 54 -58 ; Prandi 17 , p . 80 -81, 83, 94 - 96 , 158 - 165 ; Wirth 37, p . 851-854 (n . 10 - 18 ). Autre
fragment d 'un intérêt tout particulier : F 35 J., le récit de la bataille d' Issos (333a) d' après ce qui en est connu par l'examen critique, portant à faux, au livre XII de Polybe ; cf.
90 P . Pédech ( édit.), Polybe, Histoires. Livre XII. Texte établi, traduit et commenté par P. P ., CUF, Paris 1961, p . 24 -30, 104 -115 ; Pédech 45, p . 398 -399 ; Pédech 15 , p. 58 -61 ; Walbank 218 (cité infra ), t. II, p . 364 -376 ; Seibert 13, p. 98- 102 , 233-234, 269-271 ; 91 Kl. Meister ,
qui Historische Kritik bei Polybios, coll. « Palingenesia » 9 , Wiesbaden 1975, p .p81-91, revalorise vigoureusement Callisthène (p . 75 -77 : sur F 15 - 16 J.) ; Brunt 34 , t. I, . 457 -464 ; Bosworth 89, t. I, p . 31, 198-219 ; Bosworth 38, p. 4 -5 ; Prandi 17, p. 100 -105 ; Wirth 37 , p . 830 -836 (n. 36 -54') ; Lendle 19 , p . 228 -229. Dans son récit de la bataille d' Arbèles , sommet des opérations militaires d 'Alexandre , Callisthène présentait le roi sous la figure d'un héros homérique, champion panhellénique et rejeton de Zeus (Plutarque, Alexandre 33 = F 36 -37
J.) ; cf. Seibert 13, p . 55 -59, 126 - 131, 252 -256 , 282-283 ; Brunt 34 , t. I, p . 509-514 ; Goukowsky 29, t. I, p. 25, 252 n . 88 ; Bosworth 89, t. I, p . 31, 293-313 ; Pédech 15 , p . 61-65 ; Prandi 17 , p . 99, 103-105 , 137-140 ; Wirth 37, p. 861- 867 (n . 39-56 ). Parmiles détails conçus de façon à représenter Alexandre comme marqué par l' élection divine, l' épisode merveilleux
de la mer de Pamphylie ouvrant le passage au conquérant en se soulevant et se prosternant devant lui, de même que chez Homère (II., XIII 27 -29) les flots s'ouvrent devant Poseidon et
CALLISTHÈNE D 'OLYNTHE
196
que lesmonstres marinsreconnaissent leurseigneur (F 31 J.), est particulièrementcélèbre ; cf. Goukowsky 29, t. I, p . 23, 248 n . 63 ; Bosworth 89, t. I, p. 31, 165- 166 ; Pédech 15 , p . 52-54 ;
Prandi 17, p . 81-82, 96 -98 ; Wirth 37 , p.819 n. 133. On n ' oubliera pas qu 'en raison de la rareté des fragments, le côté narratif de l'ouvre nous
reste en grande partie inconnu. Pour une interprétation « aristotélicienne» du titre 'Aleav
Opov Mpátels , voir Prandi 17, p. 75. Les modalités de publication de l'ouvrage nous échap pent ; on a souvent admis que sa diffusion dans le monde grec s'est faite en tranches successives et relativement vite après les événements relates (Jacoby 4 , col. 1687, 1699) .
Voir, pour cette question embarrassante, 92 F . Pfister, « Das Alexander-Archiv und die helle nistisch -römische Wissenschaft » , Historia 10 , 1961, p. 50 -52 ; Wirth 37 , p . 899 n . 24 ; Prandi
17, p. 108 -109 (opte pour une publication posthume de l'auvre) ; 93 P . Goukowsky, « Die Alexanderhistoriker » , dans J . M . Alonso -Núñez (édit.) , Geschichtsbild und Geschichtsdenken
im Altertum , coll. « Wege der Forschung» 631, Darmstadt 1991, p . 142- 144 . On s'est d 'ailleurs maintenant aussi demandé dans quelle mesure Callisthène a été cet « historiographe
officiel » qu 'on se plaît à voir en lui, et jusqu'à quel point ses propres orientationsrépondaient aux aspirations du roi; cf. Prandi 17, p. 109-111. L 'Histoire d 'Alexandre ne démentait pas le penchant de Callisthène pour les digressions érudites (excursus, concernant en particulier l'Asie Mineure, de
géographie homérique et d'histoire des lieux touchés par l'expédition (exploités notamment par Strabon ), etc.; cf.Jacoby 4, col. 1692- 1693 ; Pearson 7, p. 39 -46 ; Pédech 78, p. 88 -89 ; Prandi 17, p. 76 -93). Des fragments fugitifs font soup çonner que, donnant à l'ouvrage une couleur exotique, des remarques inspirées par la curiosité scientifique de l'auteur contribuaient à la connaissance du monde de l'expédition. Théophraste a probablement emprunté des renseignements bota niques sur l'Orient à Callisthène, dont le nom figure aussi sur la liste des sources
de Pline aux livres XII et XIII de l'Histoire Naturelle (T 35 J.), consacrés aux arbres étrangers. Cf. Jacoby 4, col. 1684 , 1693 ; 94 O . Regenbogen , art. « Theo
phrastos» 3, RESuppl. VII, 1940, col. 1463-1464; Pédech 15, p.65-67, 411 412 ; 95 S. Amigues ( édit.), Théophraste, Recherches sur les plantes, t. I. Texte
établi et traduit par S. A., CUF, Paris 1988, p. XXIII-XXIV , qui admet que des informations recueillies au cours de l'expédition furent transmises directement
au Lycée par Callisthène. Les excursus de Callisthène montrent qu 'il avait une connaissance étendue de l'épopée (y compris du Cycle ) et des poètes (Callinos, Tyrtée) ; cf. Jacoby 4 , col. 1694 . D 'après Strabon XIII 1, 27, p . 594 C . (= T 10 J.), Callisthène et Anaxarque ( - A 160 ) auraient collaboré avec Alexandre à une recension (dlópowolc ) du texte d 'Homère, dite « de la cassette » (0) ÈX TOU
vápenxos REYOLLévn ), qu 'une tradition différente, parlant d'une édition (Šxdool ) ou d'un texte revu ou corrigé (SLópOwoc) de l' Iliade, attribuait expressément à Aristote ; cf. 96 J. La
Roche, Die Homerische Textkritik im Alterthum , Leipzig 1866 , p . 23-24 ; 97 K . Lehrs, De Aristarchi studiis Homericis, Leipzig, 3e éd . 1882 (réimpr. Hildesheim 1964), p . 236 n . 147 ;
98 A . Ludwich , Aristarchs Homerische Textkritik nach den Fragmenten des Didymos dargestellt und beurtheilt, t. II, Leipzig 1885 , p. 432 -433 et n . 386 ; Gigon 30 , p . 185 - 186 ; 99 Id . ( édit.), Vita Aristotelis Marciana, hrsg. und kommentiert von O . G ., coll. « Kleine Texte für Vorlesungen und Übungen » 181, Berlin 1962, p. 36 -37 ; Düring 75 , p. 125 ; 100 R . Pfeiffer , History of Classical Scholarship, < t. I :> From the Beginnings to the End of the Hellenistic Age, Oxford 1968, p. 71-72 ; Hamilton 27 , p . 20 -21. Pour Berve 6 (t. II, p . 34 et 194) notamment, Callisthène et Anaxarque auraient remanié en Asie, à l'intention
d' Alexandre , l' édition d 'Homère faite par Aristote . Pour les intérêts plus philologiques de Callisthène, voir aussi Jacoby 4, col. 1693- 1694. L 'utilisation de la littérature poétique à des
fins historiques est conforme à la pratique péripatéticienne ; cf. Jacoby 4, col. 1692, 1694, 1705 .
CALLISTHÈNE D 'OLYNTHE
197
Pour la thèse soutenue dans le célèbre ouvrage de 101 H . Bretzl, Botanische Forschungen des Alexanderzuges, Leipzig 1903 (cf. 102 Ed . Schwartz , Gesam
melte Schriften, t. II, Berlin 1956 , p. 5 ), à savoir que toute une documentation, constituée par les rapports d'un prétendu état-major scientifique institué par Alexandre, était déposée dans les archives royales à Babylone et mise à disposition des savants sous forme d'extraits (únouvnuata ) dont on trouverait encore un écho chez le seul Théophraste , voir les critiques de Regenbogen 94 , col. 1459- 1467, qui insiste sur l'intérêt documentaire de premier ordre de la
riche moisson d 'observations concernant la faune et la flore , la géographie, les mæurs des populations, etc ., qui était consignée dans les ouvrages des historiens d 'Alexandre, et signale aussi les nombreuses possibilités d'une information
orale auprès desmembres de l'expédition d'Alexandre. Si les faits qu'il rapporte sont authentiques, le texte, très tardif, de Simplicius, in De caelo II 12 (293 a 4), p. 506 , 11- 15 Heiberg (CAG VII ( 1894 ]) = T 3 J., qui, sur la foi de Porphyre, parle de tables d'observations astronomiques, conservées par les Chaldéens et que Callisthène, à la demande d' Aristote, aurait envoyées à celui-ci de Baby lone , fait apparaître que le départ de l'Olynthien pour l'Asie n 'avait pas relâché les liens qui l'unissaient à l'École d'Aristote , et qu 'il reçut mission de trans mettre au Lycée des informations recueillies dans les pays parcourus. On a aussi
attribué à Callisthène un tel rôle à propos du fameux problème, souvent débattu, de la crue du Nil, que l'Olynthien , après d 'autres, évoquait à son tour au livre IV de ses Helléniques (F 12 a -c J.), où , selon Jean Lydus, De mensibus IV 107,
p . 146 ,20 - 147, 1 Wünsch (= F 12 a J. = FGrHist 646 T 2d), il aurait déclaré avoir été lui-même, faisant campagne avec Alexandre, en Éthiopie et y avoir observé le grossissement du Nil par les eaux de pluie . C 'est, a-t-on supposé, grâce au résultat, communiqué rapidement au Lycée par Callisthène, de l'en quête faite au pays même du Nil, en 332/1, qu 'Aristote , dans son Hepi tñs TOŨ Nechov åvabáoewÇ (Sur la crue du Nil), aujourd 'hui perdu et représenté pour
nous principalement par un opuscule médiéval, le Liber Aristotelis de inunda cione Nili, a pu donner une explication définitive, se réclamant d'informations de visu , de la crue du Nil ( iam non problema videtur esse ): les abondantes pluies
estivales produites par la précipitation des nuages qui, amenés en Éthiopie par les vents étésiens et les autres vents d'été les précédant, se heurtent au relief montagneux de cette contrée, sont causes de la crue. On rapproche du De inundacione le passage consacré à la crue du Nil dans la Vie de Pythagore
anonyme du cod. 249 de Photius, dont l'auteur, selon 103 W . Theiler, « Philo von Alexandria und der Beginn des kaiserzeitlichen Platonismus» , dans K . Flasch (édit.), Parusia . Studien zur Philosophie Platons und zur Problem geschichte des Platonismus. Festgabe für Johannes Hirschberger, Frankfurt am Main 1965 , p. 209 -212 (repris dans 104 Id ., Untersuchungen zur antiken Literatur, Berlin 1970 , p. 494 -497), n'aurait pas été Agatharchide de Cnide (» A 32 ) (105 O . Immisch, Agatharchidea, SHAW 1919, 7, Heidelberg 1919),
mais Eudore d 'Alexandrie (cf. 106 W . Burkert, Lore and Science in Ancient Pythagoreanism , Cambridge (Mass .) 1972, p . 53 et n . 2 ; certaines réserves chez
198
CALLISTHÈNE D 'OLYNTHE
107 P .Moraux, Der Aristotelismus bei den Griechen, t. II, p. 517), auteur d'ailleurs d 'un ouvrage Sur le Nil, 1a (Strabon XVII 1, 5, p . 790 C . = FGrHist 650 T 1); l'attribution du cod . 249 de Photius à Agatharchide est aussi consi dérée comme très improbable par 108 P .M . Fraser, Ptolemaic Alexandria , Oxford 1972 , t. I : Text, p . 540 ; II : Notes, p . 774 n . 166 ; cf. 109 A . Dihle , Antike
und Orient. Gesammelte Aufsätze, hrsg. von V . Pöschl und H . Petersmann , coll. « SHAW Suppl.» 2, 1983, Heidelberg 1984, p. 59 n. 21. Expliquant la crue du Nil par les pluies estivales produites en Éthiopie, l'humidité portée vers le sud
par les vents étésiens venant se heurter (ftpooniNTELV ) contre lesmontagnes très élevées de ces régions et s 'y accumulant en masse, l'auteur anonyme rapportait qu 'Alexandre, sur la demande d 'Aristote, avait envoyé des observateurs en Éthiopie afin d' élucider de visu la cause de la crue du Nil, d'où le cri de victoire
d'Aristote : TOŪTO OÚXÉTi nipotinuá totiv : 600n ydp pavepős ÓTL ŠE VETÕU aŰEel, scil. • Netoç (441 b 6 -14 ; t. VII, p. 134 Henry (traduction entièrement
faussée par un grave contresens, repris dans l'Index de J. Schamp, ibid., t. IX , p. 41, 64 -65 ] = FGrHist 646 (Pseudo -Aristoteles] T 2a; Gigon 21, p. 744 -745 , F 686 ). En fait, s'il paraît indéniable que Callisthène avait traité du phénomène dans les Helléniques - qui datent d 'avant l'expédition d 'Alexandre - , en rapport
sans doute avec l'expédition perse contre l'Égypte, commandée par Pharnabaze et Iphicrate (374/3 : Diodore XV 41-43), il faut reconnaître , quoi qu'on en ait dit encore récemment (voir Prandi 17, p. 17 , 153- 158, se fondant sur 110 S.M . Burstein , « Alexander, Callisthenes and the Sources of the Nile » , GRBS 17 ,
1976 , p . 135-146), que la mission scientifique qu 'Alexandre aurait envoyée au Soudan et, a fortiori, une éventuelle participation de Callisthène continuent à faire sérieusement problème; de plus, contrairement à ce que laisse penser
111 H . Flashar, dans GGP, Antike 3, p. 286 et 319 (cf. p.219 ; insuffisamment documenté ), l'attribution du traité Sur la crue du Nil à Aristote ne fait pas l'unanimité , et la question de savoir si la participation de Callisthène à la campagne d'Alexandre a permis à l'Olynthien de contrôler d'unemanière ou d'une autre sa théorie de la crue du Nil et s'il est peut-être revenu sur ce pro blème dans son Histoire d'Alexandre reste ouverte. Selon Callisthène, luiaussi, la crue du Nil est due aux pluies estivales qui s'abattent sur l'Éthiopie pendant la
période de l'année où soufflent les vents étésiens, les nuages qu 'ils portent vers l’Éthiopie allant se briser (Tipoonintelv ) contre l'écran montagneux qui s'oppose à leur trajet. Voir Lydus, loc. cit. (F 12 a J.); l'Anonyme de Florence (F 12c J. = FGrHist 647, 1, $ 3), qui nous apprend aussi que Callisthène rejetait expressément les vues d 'Anaxagore (DK 59 A 42 , § 5 ; A 91) et d' Euripide
(Hélène, v . 1-3 ; fr. 228 Nauck ), à savoir que la crue pût être formée par la fonte des neiges l’été ; Strabon XVII 1, 5, p. 790 C . (= F12 b J.; FGrHist 646 T 2b), où , en une citation de Poseidonios (= F 63 Theiler 60 (Erläuterungen, p. 68 );
112 L . Edelstein et I.G . Kidd [ édit.), Posidonius, I : The Fragments, coll. « Cambridge Classical Texts and Commentaries » 13, Cambridge 1972 , 2e éd .
1989, F 222, p. 201 (cf. Kidd 61, p. 795-799]; FGrHist 87 F 79), est évoquée une filière d'auteurs attribuant la crue du Nil à l'eau des pluies estivales, dont
CALLISTHÈNE D 'OLYNTHE 199 Callisthène qui se serait inspiré d 'Aristote (= Gigon 21, p. 747-748 , F 694), lequel, à son tour, aurait emprunté à Thrasyalkès (DK 35 , 1), et celui-ci encore à un autre (« Thalès » ? cf. Theiler 60, t. II, p.68 ), lui-même tributaire d'Homère ;
cf. 113 K . Reinhardt, art. « Poseidonios» 3, RE XXII 1, 1953, col.669-670. Jugeant que la seule explication légitime des crues du Nil est celle qui consiste à les attribuer à des précipitations pluvieuses d'été sur la partie haute de l'Éthio
pie, hypothèse soutenue par les Anciens et vérifiée depuis par « autopsie», Strabon XVII 1, 5 , p . 789-790 C ., blâme Poseidonios d'avoir jugé utile de s'en référer, pour une explication tombant sous les sens, à des auteurs anciens; pour Strabon, le problème qui demeure entier est celui de l'étiologie de ces pluies ; cf. Aujac 81, p . 255-258, 278 -281. Aujourd 'hui, l'hydrologie du Nil et de ses principaux affluents est bien connue : c'est l'ensemble des émissaires éthiopiens (Nil Bleu, Atbara, Sobat), gonflés par les pluies torrentielles de l'été, qui constitue l'agent actif des crues du fleuve ; une autre question est celle de la
genèse météorologique de ces précipitations, qui ne sont nullement liées à l'action des vents étésiens. Pour la question des archives royales et de l'organisation de la recherche scientifique sous Alexandre, voir aussi Pfister 92, p. 30-60 (p. 48 : la « Erkundungsabteilung » du quartier général d 'Alexandre aurait été en quelque sorte une « Außenstelle » du Lycée) ; cf. 114 W .
Capelle, art. « Nearchos» 3, RE XVI 2, 1935, col. 2144. Sur le testimonium Callisth . T 3 J. (supra, p . 197), fourni par Simplicius à propos d'Aristote , Metaph. A 8 (notamment 1073 b 11-17 et 1074 a 14 -17), où est traitée la question du système des sphères homocentriques commandant les mouvements des astres errants (Eudoxe, Callippe), cf. Jacoby 4 , col. 1676 , 1693 ; 115 S . Schiffer, « Aristote à Athènes et Callisthène à Babylone » , REA 38, 1936 , p . 273 276 ; Regenbogen 94, col. 1463 ; 116 M . Rutten, La science des Chaldéens, coll. « Que sais
je ?» 893, Paris 1960, p. 89-90 ; Pfister 92, p. 50 , qui - cf. p. 52 – signale aussi les relations que Stroibos, le « lecteur» de Callisthène (Berve 6 , t. II , p. 366 , n° 729), aurait continué d 'entretenir avec le Lycée après la mort de l' Olynthien (= Hermippe, fr. 50 Wehrli; cf. Amigues 95 , t. I, p . XXIX -XXX ) ; 117 B . L . van der Waerden , Erwachende Wissenschaft, t. II: Die Anfänge der Astronomie, 2e éd ., coll. « Wissenschaft und Kultur » 23, Basel/Boston / Stuttgart 1980 , p . 262 ; 118 S . M . Burstein , « Callisthenes and Babylonian Astronomy: A Note on FGrHist 124 T 3 » , EMC 28 , n . s . 3 , 1984 , p . 71 -74 . Pour des doutes sur l'authenticité des faits rapportés, voir Bosworth 11 , p . 410 -411 ; cf. 119 O . Neugebauer, A History of Ancient
Mathematical Astronomy, coll. « Studies in the History of Mathematics and Physical Sciences » 1 , Berlin /Heidelberg/New York 1975 , t. II, p . 608 . L ' intérêt de Callisthène pour
l'astronomie se manifeste dans la détermination de la date de la prise de Troie selon le calendrier lunaire, au livre II des Helléniques (F 10 a-b J.) ; cf. Will 26 , p . 94 - 95 ; Jacoby 4 , col. 1685, 1687, 1690 , 1692-1693 ; Jacoby 2, Komm., p.418-419 ; FGrHist 305 F 2, Komm .
( Text), p. 20-21 ; 120 F . Jacoby ( édit.), DasMarmor Parium , Berlin 1904, p. 148 -149 ; Prandi 17, p.61-62.
Du traite Sur la crue du Nil ( Περί της του Νείλου αναβάσεως) attribue a Aristote (n° 159 du Catalogue de la Vita Hesychii, Appendix ( B ), p. 88 Düring 3 ; p . 28 Gigon 21 ; Hepi toŨ Netrov: n° 25 de la liste de Ptolémée el-Garib , p. 224 Düring 3; p.40 Gigon 21; cf. FGrHist 646 T 1 a-b ; pas de mention dans la liste de D . L . V 22-27) - à tort, Flashar 111, p . 286 , affirme que le titre est absent des listes anciennes des ouvrages d ' Aristote -, on ne possède plus que quelques fragments ; on lit en outre le Liber Aristotelis de inundacione Nili, traduction latine faite au XIIIe siècle d 'un opuscule grec perdu , considéré souvent comme étant
le résumé ou un extrait d'un ouvrage plus important. Voir 121 V. Rose , Aristoteles pseudepigraphus, Leipzig 1863 (réimpr. Hildesheim /New York 1971), p. 239-242,631-643, 715-716 ; 122 Id . (édit.), Aristotelis qui ferebantur librorum fragmenta , coll. BT, Leipzig
CALLISTHÈNE D 'OLYNTHE 1886 , p. 188 -197, nº 246-248 ; FGrHist 646 (Pseudo-Aristoteles) ; Gigon 21, p. 744-750,
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F 686 -695 ; pour les références à l'édition des fragments d 'Aristote de J. H . É . Heitz (vol. IV 2, 1869 de l'« édition Didot» d 'Aristote) et à celle de V . Rose (1867) au vol. V , 1870 , de l' édition d 'Aristote de l'Académie de Berlin , cf. 123 J. Partsch , « Des Aristoteles Buch "Über das Steigen des Nil”. Eine Studie zur Geschichte der Erdkunde im Altertum » , Abhandlungen der Kgl. Sächsischen Gesellschaft der Wissenschaften, Philol.-hist. Kl., t. 27, n° 16 , Leipzig
1909, p. 555. Une édition de l'opuscule latin accompagnée d'une traduction française a été donnée par 124 D . Bonneau, " Liber Aristotelis de Inundatione Nili” ( Texte- Traduction
Étude ), coll. « Études de papyrologie » 9, Le Caire 1971, p. 2 - 15. Tirant de l'oubli l'opuscule
latin, Rose 121, p. 239-240, 716 (cf. Rose 122, p. 188 ), attribua l'ouvrage original à Théo phraste ou à un péripatéticien contemporain (cf. 125 H . Diels, Doxographi Graeci, p. 226 227), alors que 126 A . Gercke, art. « Aristoteles» 18, RE II 1, 1895 , col. 1046, le plaçant postérieurement à Eratosthène (Proclus, In Tim . [22 e ), t. I, p. 121, 8 - 12 Diehl = FGrHist 646
T2c; Ératosthène, fr. III B 52Berger ; Aristote, fr. F687, p. 745 Gigon 21), suggéra l'époque du péripatéticien Ariston, associé à Eudore d' Alexandrie comme auteur contemporain (xao ' Duãc) d'un ouvrage Sur le Nil par Strabon XVII 1, 5, p . 790 C . (= FGrHist 649 T 1 ; 127 I. Mariotti, Aristone d 'Alessandria . Edizione e interpretazione, coll. « Edizioni e saggi univer sitari di filologia classica » 1, Bologna 1966 , Test. 7, p . 13- 14 , 38 -41 ; cf. Moraux 107, t. I,
p. 182 ; DPhĂ A 393 et 398) ; cf. 128 W . von Christs -W . Schmid, Geschichte der griechischen Litteratur, coll. « Handbuch der klassischen Altertumswissenschaften » 7, t. I: Klassische Periode der griechischen Litteratur, München 1908, p.686 . Ce fut Partsch 123, p . 551 -600 , qui opina pour l' origine aristotélicienne du traité Sur la crue du Nil, largement suivi, notamment par 129 P . Bolchert, « Liber Aristotelis de inundacione Nili » , JKPh 27 , 1911, p . 150 - 155 ( p. 150 n. 3 : autres références), qui n 'exclut toutefois pas que certains détails de cet opuscule pourraient ne pas remonter à Aristote ; Will 26 , p . 96 - 99 ; 130 W .
Capelle, « Die Nilschwelle », JKPh 33 , 1914 , p . 347-349 ; 131 F.Gisinger,art. « Geographie » , RESuppl. IV, 1924, col. 586 ; 132 J.Geffcken, Griechische Literaturgeschichte, coll. « Biblio thek der klassischen Altertumswissenschaft>> 4, t. II: Von Demokritos bis Aristoteles, Heidelberg 1934, Text, p. 251-252 ; Anmerkungen, p.209-210, n . 47 -56 ; 133 A . Rehm , art. « Nilschwelle », RE XVII 1, 1936 , col. 572 -575 ; Jaeger 24, p. 354 et n. 2 ; 134 J. Balty Fontaine, « Pour une édition nouvelle du “ Liber Aristotelis de Inundacione Nili” » , CE 34,
1959, p. 95 -102 ; Pfister 92, p. 50 ; 135 P. Friedländer, Platon, t. I: Seinswahrheit und Lebenswirklichkeit, 3e éd., Berlin 1964, p. 296 et 402 n. 31 (signale aussi l'assentiment, connu par voie orale, de Diels à Partsch ) ; 136 D . Bonneau, La crue du Nil, divinité égyptienne, à travers mille ans d 'histoire (332 av. -641 ap. J.- C .), d 'après les auteurs grecs et latins, et les
documents des époques ptolémaïque, romaine et byzantine, coll. « Études et Commentaires>> 52 , Paris 1964, p . 203 (ouvrage à utiliser avec prudence en raison de nombreuses erreurs et
inexactitudes); Bonneau 124, p. 1-33; Burstein 110, p . 135 -137 ; 137 M . Bollack, La raison de Lucrèce, coll. « Le sens commun », Paris 1978, p. 539-545 ; 138 A . Laks, Diogène d 'Apollonie. La dernière cosmologie présocratique. Édition , traduction , et commentaire des
fragments et des témoignages, coll. « Cahiers de philologie » 9, Lille 1983, p. 218 (l'attri bution à Aristote est probable ); 139 J. Mélèze-Modrzejewski, « Aristote et les Grecs d 'Égypte » , dans Aristote et Athènes. Aristoteles and Athens, Fribourg (Suisse) 23 -25 mai 1991. Études rassemblées par Marcel Piérart, Fribourg 1993, p. 1. Voir aussi Regenbogen 94, col. 1421 ; 140 P . Moraux, Les listes anciennes des ouvrages d ' Aristote, coll. « Aristote Traductions et Études » 4 , Louvain 1951, p . 253-254, 268 (n 'exclut pas entièrement l'inau
thenticité du traité Sur la crue du Nil), 281, 282 , 295, 300 , 346 ; Moraux 107, t. II, p . 516 ; Lesky 12, p. 644 . En revanche, la thèse de 141 P . Corssen, « Das angebliche Werk des Olyn thiers Kallisthenes über Alexander den Großen » , Philologus 28 , 1917, p . 30 -40 , selon laquelle le traité Sur la crue du Nil serait un excursus, inspiré par Théophraste , du livre IV des Helléniques de Callisthène, n ' a pas connu un grand succès ; cf. toutefois Jacoby 2 , Komm ., p . 420 . Datant l'original grec De inundacione Nili postérieurement à Eratosthène, 142 W .
Schmid, dans sa 6e éd. de la Gesch. der griech. Litt. de W . von Christ (128), t.I,München 1912, p. 738, pose néanmoins à l'origine un ouvrage d'Aristote . L 'attribution du traité à
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Aristote a été - ce qu 'on semble parfois ignorer - rejetée plus récemment par 143 P .
Steinmetz , Die Physik des Theophrastos von Eresos, coll. « Palingenesia » 1 , Bad Homburg
v.d. H ./Berlin Zürich 1964, p. 278-296 , qui y voit un morceau du Nepi udátwv de Théo phraste ; cf. Strohm 84, p . 154 -155 (30, 19), qui souligne à son tour la marque théo phrastéenne de l' ouvrage. F . Jacoby , FGrHist 646 , p . 192 , après avoir douté autrefois de l'authenticité (4 , col. 1688 - 1689 ; 2 , Komm ., p. 420 ), au termede sa vie condamna sans hési
tation l'écrit, avançant la date de « 125/100a ?» pour le Pseudo-Aristote. Prandi 17, p. 153 n . 2, reconnaît que l' authenticité est incertaine. Passant très rapidement sur la question du De
inundacione, qu 'elle semble bien attribuer à Aristote, 144 M .L . Gemelli-Marciano, « Ein neues Zeugnis zu Oinopides von Chios bei Iohannes Tzetzes. Das Problem der Nilschwelle » , MH 50, 1993, p. 81 n. 7, qui n 'a pas toujours exploité suffisammentla vaste bibliographie du sujet, s'en tientcurieusement à une unique référence à Rose 121, p. 239, et Diels 125, p. 226, en se méprenant d'ailleurs entièrement sur la nature de leurs propos. Alors que Setaioli 80a, p. 379 n. 1769, admet l'origine aristotélicienne du De inundacione Nili, tout en appelant l'auteur « Pseudo-Aristote » , Groß 80b , p. 152, 159- 160 , se rallie à Steinmetz 143 ; chez Fortenbaugh 20, t. I, p. 379, nº 211 B , Aristoteles est placé entre crochets droits ; cf. 145 H . B . Gottschalk, c.r. de 143, dans Gnomon 39, 1967, p.21.
S 'il n 'y a pas de doute au sujet de la nature de la théorie de la crue du Nil attribuée à Callisthène, qui est celle des pluies saisonnières dans les montagnes d ' Éthiopie , en revanche il
est beaucoup moins aisé de définir la place et le rôle de l'Olynthien dans l'histoire des recherches sur la cause du phénomène ; pour une discussion des diverses hypothèses possi
bles, voir surtoutJacoby 4, col. 1687- 1689; Rehm 133, col. 572-575,587. Si les Helléniques de Callisthène faisaient état de renseignements sur la crue du Nil obtenus, dans le pays même, lors de l'expédition d 'Alexandre - selon Jean Lydus, loc. cit. (supra, p . 197), il s'agirait du témoignage oculaire de Callisthène lui-même, censé avoir été en Éthiopie -, on devrait supposer que Callisthène n 'a mis la dernière main aux Helléniques que durant la campagne
d 'Orient, en portant son attention particulière sur les passages concernant l'Asie et l'Égypte
(Müller 1, p. 6 ), ou que, l'ouvrage étant achevé dès son départ pour l'Asie – le témoignage du Gnomologium Vaticanum 367 (= T 26 J.) est formel -, l'excursus consacré au Nil y a été retouché ultérieurement; voir, dans ce sens, Partsch 123, p . 584 n . 3, qui envisage aussi une
« publication » plus tardive du livre IV en particulier (Will 26 , p. 99 et n . 3); Witkowski, ap . Berve 6 , t. II , p . 434 ; Prandi 17 , p. 157. On a d'ailleurs aussi supposé que, exploitant les renseignements recueillis dans la vallée du Nil, Callisthène est revenu sur le problème de la crue dans son Histoire d 'Alexandre ; voir Pfister 92 , p. 49 ; Prandi 17 , p. 157 - 158 , qui - cf.
Pfister, loc. cit. – suggère de faire dépendre de l'Histoire d 'Alexandre, à travers des intermé diaires, l'Anonyme de Florence (supra , p. 198 ), qui cependant ne fait pas allusion à des témoignages de visu. La curieuse thèse de 146 Ed . Schwartz, « Kallisthenes Hellenika », Hermes 35 , 1900, p. 106 - 107, à savoir que c'est à l'Histoire d 'Alexandre, qui aurait également porte le titre de Ελληνικά (' Αλεξάνδρου Πράξεις, d'après le témoignage formel du Gnomologium Vaticanum 367 = T 26 J.!), que se rapporterait la citation de Callisthène chez Lydus, a été combattue par 147 C . Wachsmuth, « Bemerkungen zu griechischen Historikern » , RHM 56 , 1901, p. 224 -226 ; Jacoby 4, col. 1686 - 1687 ; Berve 6, t. II, p. 198. Comme il existe de sérieuses raisons de douter de l'historicité de l'enquête personnelle que Lydus dit avoir été faite par Callisthène en Éthiopie , on est amené à admettre, avec 148 H . Diels, « Seneca und Lucan » , APAW 1885 , 3 , p. 19-20, repris dans 149 Id ., Kleine Schriften
zur Geschichte der antiken Philosophie. Hrsg. von W . Burkert, Darmstadt 1969, p. 395-396 (cf. Rose 121, p . 241), que la citation des Helléniques de Callisthène chez Lydus suppose une confusion , imputable sans doute à Sénèque, source de Lydus, plutôt qu 'à Lydus lui-même, qui a adapté la doxographie nilotique des Questions Naturelles IV a (d 'après Pfister 92 , p . 49, à travers une source intermédiaire) avec une très grande fidélité , sans toutefois tout retenir, et peut par conséquent suppléer en une certaine mesure à la partie perdue, comportant
notamment le passage relatif à Callisthène, du livre surle Nil de Sénèque (= Nat. Quaest. IV a ), qui n 'est conservé que dans sa première moitié, le texte étant interrompu au milieu de
l'exposé des théories sur la crue du fleuve (2, 17-30 ; cf. Burstein 110 , p. 138 et n . 18 ;
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150 F. P. Waiblinger, Senecas Naturales Quaestiones. Griechische Wissenschaft und römische Form , coll. « Zetemata » 70 , München 1977, p . 53 ( et n . 22 ), 94 ; Bollack 137 , p. 550 -553 ; 151 K . Abel, « Seneca. Leben und Leistung » , ANRW II 32, 2 , 1985, p. 741 ; Setaioli 80a , p . 375 -376 ; Groß 80b , p. 149 -150, 170- 178, 313-315, 320) ; il est d ' ailleurs frappant que Sénèque lui-même, tout en étant sans doute tributaire de Poseidonios et de son école (Diels 149, p. 383 -385 ; Pfister 92 , p . 49 ; 152 G .Maurach, « Zur Eigenart und Herkunft von Senecas Methode in den Naturales Quaestiones » , Hermes 93, 1965 , p . 367 , repris dans
153 G . Maurach (édit.), Seneca als Philosoph , coll. « Wege der Forschung » 414, Darmstadt 1975, p. 318 et n. 44 ; Theiler 60, t. II, p . 68, 221; Abel 151, p . 742; Groß 80b , p. 177- 178 , 182) , semble bien avoir repoussé le rôle de la pluie dans la formation de la crue du Nil
(origine souterraine ; cf. Rehm 133, col. 576 , 589 -590 ; Bonneau 136 , p . 206 ; Groß 80b ,
p . 178 - 183). Setaioli 80a, p . 376 - 386 , rejette l'idée que Sénèque ait emprunté toute sa doxographie nilotique à Poseidonios. Bonneau 136 , p . 204 , et 124 , p . 22 , ne dit mot des
questions soulevées par le passage de Lydus, à propos duquel on se demande aussi si l'on doit entendre qu ' Alexandre a fait campagne lui-même jusqu 'en Éthiopie, Callisthène l'accompagnant, ou si Savtov ( scil. Kamlodévn ) ovotpatetoaOdal 'ANEEávopw se rapporte à la campagne d 'Asie de manière générale. Pour Diels 149, p . 396 n . 1, et d 'autres comme Wachsmuth 147 , p . 226 , Partsch 123, p . 584 -585, etc ., l'altération de la citation des Helléniques aurait eu pour effet de substituer le prétendu propre témoignage oculaire de Callisthène à celui des observateurs qu 'il alléguait ; mais on a aussi supposé qu 'en réalité les Helléniques ne faisaient pas mention du tout d 'observations de visu, recueillies par
Callisthène au cours de la campagne d'Alexandre ou connues déjà avant son départ pour l'Asie, alors qu 'il préparait son ouvrage.
Affirmée explicitement au cod. 249 de Photius (supra, p. 197- 198 ) et chez Lucain, Pharsale X 272 -275 (= FGrHist 646 T 2e ), qui a imaginé de faire instruire César sur le Nil, sa crue et sa géographie, par le prêtre égyptien Aco reus (v. 194 -331), l'existence d'une mission qu ' Alexandre aurait envoyée en
Éthiopie, à l'instigation d'Aristote (Photius), et dont le but, atteintavec succès, aurait été selon Photius l' étude de la crue du fleuve, alors que Lucain relève surtout que les enquêteurs d'Alexandre ne réussirent pas à en voir la source, a été reconnue comme un fait authentique, bien attesté , notamment par Partsch
123, p. 575, 582-586 , 593-598 , qui estime que les témoins oculaires allégués
dans le De inundacione Nili étaient les émissaires d'Alexandre, cependant que Callisthène,mentionné uniquement chez Lydus, aurait évoqué l'entreprise dans ses Helléniques,mais sans y avoir pris part lui-même; cf.Moraux 140 , p. 346 ;
154 G . Pfligersdorffer, « Lucan als Dichter des geistigen Widerstandes», Hermes 87, 1959, p. 375 -376 , repris dans 155 R . Klein (édit.), Prinzipat und Freiheit, coll. « Wege der Forschung» 135 , Darmstadt 1969, p. 366 -367; Bengtson 35 , p . 362. Contrairement à Partsch , certains auteurs n 'ont pas hésité à opiner en faveur de l'idée que c'est Callisthène qui fut chargé de mener l'en quête et visita le Sud de l'Égypte, voire l'Éthiopie ; renseigné par Callisthène,
Aristote aurait considéré, dès lors, le problème comme résolu ; voir Bonneau 136 , p. 138 , 203 ; Bonneau 124, p. 21-24 ; Burstein 110 , p. 137-146 , faisant par venir les explorateurs d 'Alexandre, en été 331", jusque dans la région de Méroé; Prandi 17 , p. 17, 153-158 . Gisinger 131, col. 593, ne cite expressément que le texte de Lydus. N 'écartant pas pour autant l'hypothèse de la confusion censée
s'être produite chez Sénèque, Burstein 110, p. 137-141, cherche à expliquer l'erreur par la hâte avec laquelle Sénèque, dans ses Questions Naturelles, aurait
CALLISTHÈNE D 'OLYNTHE
203 utilisé son ancien écrit De situ et sacris Aegyptiorum , perdu aujourd'hui (pour lequel, voir 156 M . Lausberg, « Senecae operum fragmenta : Überblick und
Forschungsbericht» , ANRW II 36 , 3 , 1989, p . 1932-1935 ; FGrHist 644 F 1) et dont Lucain , comme l'avaient d' ailleurs déjà suggéré d'autres avant Burstein (cf. Lausberg 156 , p. 1934 - 1935 ), se serait servi de son côté pour sa digression
sur l'Égypte ; d 'après Diels 149, p . 380 -408, souvent suivi, Lucain se serait au contraire documenté dans les Questions Naturelles. La mission envoyée par Alexandre a été reléguée au domaine de la légende ou du moins considérée avec scepticisme par Rose 121, p . 240 -241; Diels 149 , p . 395- 396 ; Bolchert 129,
p. 150 , 153, pour qui le traité Sur la crue du Nil serait antérieur aux Météoro logiques d 'Aristote et à la campagne d 'Asie , Démocrite étant supposé être la source de la théorie du Stagirite ; Will 26 , p . 98 -100 ; Capelle 130 , p . 348 -349,
360 ; Corssen 141, p . 16- 19; 157 A . Eichberger, Untersuchungen zu Lucan. Der Nilabschnitt im zehnten Buch des bellum civile, Diss. Tübingen 1935 , p. 14-25 ( qui suit Corssen 141 dans la question de l'origine du De inundacione Nili : p . 16 - 18 ) ; Pfister 92, p . 48-50 ; Steinmetz 143, p . 294 -296 ; Setaioli 80a, p. 383 384 ; 158 L . Török, « Geschichte Meroes. Ein Beitrag über die Quellenlage und
den Forschungsstand » , ANRW II 10, 1, 1988, p. 129. Selon Will et Pfister, les aỦtóntal du De inundacione Nili auraient été les informateurs (ou leurs sour ces) rencontrés par Callisthène en Égypte . Restant indécis quant à la réalité de l'expédition , Rehm 133, col. 573-576 , rejette en tout cas la démarche d' Aristote
auprès d'Alexandre ainsi que – de même Pearson 7, p. 30 -31 - le séjour en
Éthiopie de Callisthène. Steinmetz 143,p. 294-296 , et Groß 80b, p . 160, 177, supposent que c'est Théophraste qui demanda, à Ptolémée fer et par l'inter médiaire de Démétrios de Phalère , de faire vérifier de visu les causes de la crue du Nil. Pour d 'autres références concernant la question de l'historicité de la mission nubienne d ' Alexandre , voir Eichberger 157, p . 15 n . 9 ; Burstein 110, p . 137 et n . 12- 14 ; Prandi 17, p. 153 n . 1 ; 154 n . 5 ; 155 n . 7 ; 159 M . G . Schmidt, Caesar und Cleopatra . Philologischer und historischer Kommentar zu Lucan.
10 , 1-171, coll. « Studien zur klassischen Philologie » 25, Frankfurt a.Main / Bern /New York 1986 , p. 77. Aux conjectures des Anciens quant aux causes de la crue du Nil, Strabon XVII 1, 5 , p . 789 C . (= FGrHist 646 T 26 ; 673, 3b ; 87 F
79) oppose la valeur d ' évidence du savoir venu de l'observation directe des faits (« autopsie » ) à l'époque ptolémaïque. Alléguantles informations de visu rappor tées par des voyageurs (l'hypothèse « aristotélicienne» de Burstein 110, p. 142, ne convainc pas), Ératosthène (fr. III B 52 Berger (supra , p . 200 ]) avait pu déclarer qu 'il n ' était plus besoin de rechercher la cause du phénomène ; Strabon ,
loc. cit., p . 790 C . s'en fera l' écho – la description du cours du Nil au chap. 1, 2 , p . 785-786 C . est un emprunt avoué à Ératosthène, fr. III B 51 Berger - , en
précisant toutefois que la question de la genèse même de ces pluies n ' était pas
encore résolue ; cf. Berger 76, p . 137, 229-230, 437-438; Capelle 130 , p .349 351; Gisinger 131, col.613 ; 160 E .Honigmann ,art. « Nil», RE XVII 1, 1936 , col. 559 (col. 558 : pour l'authenticité du traité Sur la crue du Nil) ; Rehm 133,
col. 575, 588 ; Steinmetz 143, p. 291-293. Sur l'accroissement notable des
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CALLISTHÈNE D 'OLYNTHE
connaissances géographiques sous les premiers Ptolémées, dû aux expéditions
en Mer Rouge, aux navigateurs poussant jusqu'au « pays de la cannelle », aux marchands et aux chasseurs d'éléphants ainsi qu 'aux missions envoyées le long de la vallée du Nil, vers l'intérieur de l'Afrique (Philon , Dalion, Pythagoras , Satyros, Timosthénès de Rhodes, etc.; cf. FGrHist 666 -670), voir Berger 76 , p . 374, 385, 412 -413, 586 -587, 643; Immisch 105, p. 19 -22 ; Gisinger 131 ,
col.603 ; 161 Id., art. « Timosthenes» 3, RE VI A 2, 1937, col. 1310 -1322 ; 162 Id., art. « Pythagoras» 10,RE XXIV, 1963, col. 302-304; 163 Cl. Préaux , « Sur les communications de l'Éthiopie avec l'Égypte hellénistique » , CE 27 ,
1952, p. 257-282 ; 164 Ead ., « Les Grecs à la découverte de l'Afrique par l'Égypte » , CE 32, 1957, p. 284 -312 ; Pfister 92, p.50 , 60-66 ; 165 F . Lasserre, art. « Pythagoras» 5, KP IV , 1972, col. 1269; 166 Id., art. « Timosthenes» 2, KP V , 1975, col. 848 ; Fraser 108, t. I, p. 173 -180, 415 , 521-522, 535-536 , 549, 762 ;
t. II, p. 293-310, 600, 751-752 ; Pédech 78 , p. 84-87, 128 ; 167 J. Desanges, Recherches sur l'activité desMéditerranéens aux confins de l'Afrique, « Coll. de
l'École française de Rome» 38,Rome 1978,p. 258 -260 ; Török 158, p. 129-130 . Par sa théorie des pluies saisonnières en Éthiopie , Callisthène se rattachait à Thrasyalkès de Thasos, Via ou Va (supra, p . 199; Capelle 130, p. 340-342 ; 168 Id ., art. « Thrasyalkes» , RE
VI A 1, 1936 , col. 565-567; Rehm 133, col. 584 -585, 589 ; FGrHist 647, 3, § 6 , p. 203, li. 2 5 , dans l'app. crit.; Bonneau 136 , p . 157, 197, 201, 211; Bollack 137, p. 548 n . 1, 552-553, 554 n . 1 ; Groß 80b , p. 159), Démocrite (DK 68 A 99, incomplet; FGrHist 647, 1, $ 4 ; 2 , § 4 ; 3, § 3 ; Berger 76 , p . 142-143 ; Capelle 130, p . 340 -342 ; Rehm 133, col. 584-585 ; Bonneau 136 , p. 137 n . 2 ; 157 ; 164- 165 ; 169 ; 201-203; 207 ; 211 ; Bollack 137, p . 547 -548, 553 n. 1 ;
Groß 80b , p. 159) et, le cas échéant, Eudoxe (169 F . Lasserre, Die Fragmente des Eudoxos von Knidos. Hrsg., übers. und kommentiert von F .L ., coll. « Texte und Kommentare » 4 ,
Berlin 1966 , F 287-289, p . 100-101 ; cf. FGrHist 665, 60 a -b ), dont la théorie, selon Lasserre 169, p. 246 -248, 251-252 (cf. 170 Id., art. « Nil (2) », LAW , col. 2093 ; 171 Id ., art. « Nilschwelle » , KP IV , 1972, col. 130 - 131) , ne serait pas, comme on l'a ordinairement pensé
(Partsch 123, p. 561-562 ; Capelle 130, p. 344 - 345 ; Rehm 133, col. 585-586 ; Bonneau 136 , p . 199-200), identique à celle de Nicagoras de Chypre qui rapportait la crue à l'inversion des saisons chez les « antèques» ( VTOLYOL), le Nil ayant ses sources dans une région où règne la saison des pluies hivernales quand c'est l' été en Égypte (FGrHist 647, 3 , § 2 ; Honigmann 160, col. 558 ; 172 F . Gisinger, art . « Oikumene » 1 , RE XVII 2 , 1937 , col. 2132 -2134 ;
173 Id., art. « Nikagoras >> 7a, RESuppl. VIII, 1956 , col. 361-363 ; 174 F. Lasserre, art. « Nika
goras» 3, KP IV , 1972, col. 93 ;Groß 80b, p . 157), alors que pour Eudoxe, selon Lasserre, les pluies causant la crue seraient dues à l' « antipéristase des saisons» (« VTLITEPLOtaolç TWU spôv ) en Éthiopie . Qu' il soit ou non l'auteur du traité Sur la crue du Nil, Aristote, qui, selon Poseidonios F 63 Theiler (supra , p. 198 ), dépendrait de Thrasyalkès et aurait inspiré à son tour Callisthène - cela implique-t-il vraiment que Poseidonios donnait le De inundacione Nili à Aristote ( Theiler 60 , t. II, p .68 ) ? - , connaissait l'existence des pluies estivales torrentielles en Éthiopie (Météorol. I 12, 349 a 4 -9 , Eudoxe étant la source d' Aristote selon Burstein 110 , p . 137 ; pour Démocrite, voir Will 26 , p . 99 ), et c 'est l'enseignement oral du Stagirite dont aurait pu s'inspirer Callisthène (Will 26 , p . 100 et n . 2 ; Jacoby 4 , col. 1688 ; Rehm 133 ,
col. 574 ; Pfister 92 , p. 49); on n 'a cependant pas non plus écarté entièrement, s' il est d' Aristote, la possibilité d 'une date très haute de l'écrit Sur la crue du Nil (cf. Bolchert 129,
p . 150 n . 4 ; Jacoby 4 , col. 1689), dont le terminus post quem est d 'ailleurs fourni par l' allusion à une expédition d 'Artaxerxes III Ochos, roi depuis 359/8, contre l'Égypte (351a, d'après Balty-Fontaine 134, p. 102), redevenue satrapie perse en 343/2 . Mais on a aussi admis
que le passage desMétéorologiques n 'impliquait aucun rapport avec la crue du Nil, Aristote plaçant l'origine du fleuve dans les massifs montagneux de l'Afrique nord -occidentale
CALLISTHÈNE D 'OLYNTHE
205
(Bolchert 129, p. 153-154 ; Strohm 84,p. 161 (p. 33, 28]) et suivant peut-être même la théorie de la fonte des neiges de Promachos (ou Promathos) de Samos ( 175 F . Gisinger, art.
« Promathos » , RE XXIII 1, 1957, col. 1285- 1286 ); voir Steinmetz 143, p. 281-283,290-294 ;
Groß 80b , p. 158 .On note que, parmi les opinions discutées dans le De inundacione Nili, ne figurent ni Thrasyalkès (erreur chez 176 F. Lasserre, art. « Thrasyalkes», KP V, 1975, col. 784) ni Démocrite ni Eudoxe (mais Nicagoras). En ce qui concerne les vents étésens, censés rassembler les nuages dans les monts d'Éthiopie , ils apparaissent, dès Thalès (DK 11
A 16 , incomplet ; cf. FGrHist 647, 1, $ 1 ; 2, § 1 ; 3, 8 6 ; Berger 76 , p. 130- 131 ; Capelle 130 ,
p. 333-334 ; Rehm 133, col. 579-580 ; Bonneau 136 , p. 151- 159 ; Groß 80b, p. 156 , 167-168), comme un élément commun à toute une série de théories sur la crue du Nil, bien que leur fonction puisse être très différente d 'une théorie à l'autre ; cf. Bonneau 136 , p . 156 - 159 ; Lasserre 170 (admet l'authenticité du De inundacione Nili) ; Lasserre 171. Sur les vents
étésiens en général, voir Neumann-Partsch 49, p. 95-100 ; Gilbert 73, p. 570-572 ; Partsch 123, p. 586 -588 ; Capelle 130, p. 333-334 ; Rehm 133, col. 588 ; 177 R . Böker,art. « Etesien », KP II, 1967 (1965 ), col. 381; Strohm 84, p. 184 (57, 19) ;Groß 80b, p. 160, 219-220. Sur la théorie d'Anaxagore et des Tragiques qui, combattue par Callisthène, explique la crue du Nil
par la fonte des neiges ( supra ,p. 198;cf. FGrHist647, 1, $ 2; 2, § 3 ; 3, § 1;DK 59 A 91 est incomplet) et est faussement présentée encore aujourd 'hui, par divers savants (P . Mazon,
W . K . C . Guthrie, W . Helck, M . West, etc .), comme rendant compte du phénomène, voir Capelle 130 , p. 337 -341 ; Rehm 133 , col. 581-582 ; Bonneau 136 , p . 161- 169 ; Setaioli 80a, p . 380 ; Groß 80b, p . 158 - 159, 166 - 167. Pour ce qui est de la question de l' investigation empirique, l'Anonyme de Florence et Poseidonios F 63 Theiler (supra , p. 198) suggèrent plutôt l'absence, chez Callisthène, d 'une enquête dontles résultats auraientmodifié les termes
de la spéculation ; cf.Jacoby 4, col. 1688 ; Jacoby 2, Komm , p. 419 -420; Rehm 133, col. 574, 587 ; aliter, pour le fragment de Poseidonios, Burstein 110, p. 142-143 et n. 43. Quant à Eudoxe, dont le voyage en Égypte (sans doute 365/4 ) semble être bien attesté (Capelle 130 ,
p. 332 n . 2 ; Rehm 133, col. 586 ; Lasserre 169, p. 139-141), on s'interroge sur la nature des informations qu 'il a pu obtenir des prêtres égyptiens, auxquels il se serait référé (åvaypapai
selon Pfister 92, p. 46 , 49) et que Schol. Hom . 8 477 (= Eudoxe F 287 Lasserre 169 ; FGrHist 665 , 60b ; manque chez Gigon 21) donne également comme source d'Aristote (cf. FGrHist 646 T 2 a etb , p. 192, li. 16 -19 ; 193, li. 10 -14 , dans l'app. crit.;Gemelli-Marciano 144, p. 87, opérant avec des contaminations). Combinant la théorie de la fonte des neiges (mais au Nord de l'Europe ) et celle des vents étésiens, Démocrite, grand voyageur, passe aussi pour avoir séjourné en Egypte (Capelle 130 , p. 332 et n. 2 ; 340 - 341 ; Capelle 168 , col. 566 ). Contrai
rement à ce que pourrait faire croire Bollack 137, p. 555, Callisthène n 'est pas cité nommé
ment chez Aelius Aristide, Aigyptios (XXXVIKeil), qui, discutant l'explication de la crue par les pluies africaines amenées par les vents étésiens, en parle comme de l'« opinion la plus répandue » (TMV horny865a ) et évite de donner des noms précis (8 19 -40 ) ; cf. Rehm 133 , col. 576 -577, 587 ; 178 C . A . Behr (édit.), P . Aelius Aristides, The Complete Works. Transla ted into English , t. II : Orations XVII- LIII, Leiden 1981, p . 197 -202, 402 -409 . Enfin , si, à une date très voisine de celle de Callisthène, Ephore (FGrHist 70 F 65 a-f ; cf. FGrHist 647, 2, $ 6 ; 3, § 5) , de son côté, consacre à la crue du Nil un excursus de ses Histoires – livre XI,
dans le cadre sansdoute de la relation du soulèvement du Libyen Inaros contre les Perses et de l' expédition athénienne d' Égypte (460-454 ) -, cette concomitance frappante signifierait
elle qu 'un des auteurs (Éphore ?) ait voulu donner la réplique à l' autre, Éphore, semble-t-il, travaillant toujours à son ouvrage alors que Callisthène avait déjà achevé les Helléniques ? Voir Will 26 , p . 84 - 102 ; Jacoby 4 , col. 1706 ; FGrHist 70 , Komm ., p. 24 , et supra, p. 190 .
Très différente de celle de Callisthène, la théorie d'Éphore fait jaillir la crue de la terre comme une exsudation , le sol spongieux d'Égypte laissant suinter en été les eaux collectées sous
terre; cf. Capelle 130, p. 346-347 ; Rehm 133, col. 586 -587 ; Bonneau 136 , p. 184- 186 ; Groß 80b, p. 157. Steinmetz 143, p. 284 -285 , 289 , reconnaît dans la théorie de l'auteur du traité Sur la crue du Nil et dans celle , voisine, du cod. 249 de Photius (cf. Immisch 105, p . 17 -19) l'explication ,
typique pour Théophraste, de la formation de pluies par la « compression » (nlandic ) des
206
CALLISTHÈNE D 'OLYNTHE
nuages retenus par les hautes montagnes et s'accumulant contre elles (cf. Groß 80b , p. 159
160); dans le même sens, quant à la doxa de Callisthène rapportée par l'Anonyme de Florence , Strohm 84, p. 155 (30, 19 ); voir déjà Corssen 141, p. 35- 36 ; selon Steinmetz 143 , p . 293 , les notices doxographiques relatives à Thrasyalkès, Démocrite et Callisthène porte raient la marque de Théophraste . Aristote expliquait les violentes pluies d'été en Éthiopie par le phénomène de l' « antiperistase » , la réaction réciproque du chaud et du froid ; cf. Steinmetz 143, p . 125 ; Groß 80b , p. 159 ; puis, Gilbert 73 , p . 497 -499 ; Capelle 130 , p. 347- 348 ;
Solmsen 74, p. 413-415 ; Lasserre 169, p. 247, 270 ; Strohm 84, p. 152 (27, 11); 154 (29, 21 ; 30 , 10 ). Pour le terme å titteplotaoig en général, voir 179 W . Burnikel, Textgeschichtliche Untersuchungen zu neun Opuscula Theophrasts, coll. « Palingenesia» 8, Wiesbaden 1974 , p . 161- 167. Sur la nlanols de Théophraste (211 A - B, t. I, p . 376 -379 Fortenbaugh 20 (Pro clus, Olympiodore ]), voir Capelle 130, p. 349-350 ; Rehm 133, col. 578, 587 ; Steinmetz 143, p . 125-126 , 217-221. Les deux fragments d'Aristote F 690 (Philopon ) et 691 (Olympiodore ), p . 746 Gigon 21 (Rose 122, nº 247, p . 190 ) concernent en réalité Théophraste ; cf. Corssen
141, p. 30 , 33-36 ; Rehm 133, col. 573 ; Steinmetz 143, p. 288-290. Pour Aristote F 688, p . 745 Gigon 21 (Alexandre d’Aphrodisias; cf. Rose 122, nº 247, p. 190- 191), voir Corssen
141, p. 33-35; Rehm 133, col. 573; Steinmetz 143, p. 290 -291. Balty -Fontaine 134 , p. 96 , et Bonneau (136 , p. 207-208; 124, p. 30-31) ignorent les problèmes posés par ces textes des commentateurs d'Aristote. Lasserre 171, col. 131, affirme la présence de la théorie de
l'& vTittepIoTaois dans le Deinundacione Nili ! Il est piquant de constater que, dans ses Addenda, Rose 121, p. 715-716 , put encore évo
quer l'expédition de Speke et Grant, au cours de laquelle Speke découvrit le point de sortie du Nil du Lac Victoria ( 1862).
On ignore dans quel contexte Callisthène parlait de Socrate ; cf. Jacoby 4 ,
col. 1692. Évoquant la question des mariages de Socrate , Athénée XIII 2, p. 5550 - 556b, fait figurer Callisthène (F 43 J.) au nombre des auteurs attribuant à Socrate deux épouses simultanées, Xanthippe et Myrtô , une arrière-petite -fille d'Aristide le Juste . Outre Callisthène, Athénée , qui note aussi que la tradition relative aux femmes de Socrate fut combattue par Panaitios
(fr. 133 van Straaten ), cite Démétrios de Phalère (fr. 94 Wehrli; FGrHist228 F 45 b ), Satyros ( fr. 15, dans FHG III, p. 163) et Aristoxène (fr. 57 Wehrli), le Hepi củyevelas d' Aristote (Gigon 21, F 71, 2, p. 299) ayant donné le départ de la tradition ; cf. 180 G . Giannantoni, SSR , t. I, fr. I B 7c, 48, 52, 58, p. 22, 36 -37, 39 ; IC 509, p. 193. En revanche, Callisthène, nommé chez Plutarque, Aristide 27, 3 (= F 48 J.), à propos d'une prétendue fille de Lysimaque (l'un des interlocuteurs du Lachès de Platon ), fils d'Aristide, appelée Polycritè (PA 12028 ; 181 K . Ziegler, art. « Polykrite » 2, RE XXI 2 , 1952, col. 1759) – Prandi 17, p. 62-66 , rapporte à Callisthène l'ensemble des indications de Plutarque, loc. cit. 8 2-3, au sujet desmesures publi ques prises en faveur des descendants d 'Aristide en raison de leur pauvreté -, est absent de la liste que Plutarque, loc. cit. § 3, donne des tenants de la bigamie de Socrate : Démétrios de
Phalère (fr. 96 Wehrli ; FGrHist 228 F 45 a), Hiéronymos de Rhodes (fr. 43 Wehrli), Aristoxène (fr. 58 Wehrli) et Aristote (Gigon 21, F 71, 1, p. 298 - 99), un doute étant émis sur
l'authenticité du Nepi eủyevelac (pour l'authenticité du dialogue, Gigon 21, p. 299 ; cf. Flashar 111, p . 284) ; Plutarque, loc. cit. § 4 , observe que les auteurs en question ont été suffi
samment réfutés par Panaitios (fr. 50 et 132 van Straaten ). Cf.Giannantoni 180, t. I, fr. I B 7b , 49, 54 , 57, p . 22, 36 , 38 , 39 ; IC 509, p . 193 . En ce qui concerne la parenté qui l'unit à Aristide le Juste, Myrtô (PA 10500 ; 182 R . Hanslik , art. « Myrto » 2 , RE XVI 1, 1933, col. 1167-1169 ; 183 H . Dörrie , art. « Xanthippe » 4 , RE IX A 2 , 1967, col. 1340-1342 ) serait
soit son arrière-petite- fille, issue de son petit- fils Aristide (Athénée ), soitsa Ouyatplon , c'est à -dire sa petite -fille par une de ses filles (Plutarque ). Quant aux modalités des deux mariages
de Socrate , si Athénée et Plutarque rapportentuniformément aux auteurs qu'ils citent la thèse desmariages simultanés et proprement bigamiques, Diogène Laërce II 26 (= Giannantoni 180 ,
t. I, fr. ID 1, p. 214) voit en Aristote (Gigon 21, F 1003, p. 840 -841 ; Giannantoni 180 , t. I, fr. I B 7a, p. 22) le tenant de deux mariages successifs, soit avec Xanthippe, puis avec Myrto ,
207 CALLISTHÈNE D 'OLYNTHE en l'occurrence fille d' Aristide le Juste lui-même – d'autres auteurs admettraient l'ordre inverse - , alors que Socrate aurait été proprement bigame pour quelques-uns comme Satyros (fr. 15 , dans FHG III, p . 163) et Hiéronymos de Rhodes ( fr. 45 Wehrli), qu 'Athénée n 'a d'ailleurs pas expressément nommé parmi les garants d'un double mariage, simultané, de Socrate , mais qu ' il cite à propos d 'un décret athénien motivé par le manque d 'hommes et
autorisant la bigamie (fr. 44 Wehrli ; Giannantoni 180, t. I, fr. I B 58 , p. 39) ; l' idée sensi blement différente que Diogène Laërce donne du décret heurte l'hypothèse de la bigamie . Sur
la question embrouillée des deux femmes de Socrate , voir en particulier l'étude approfondie du dossier, qui comporte encore d'autres textes que ceux déjà évoqués ici, par 184 J. Pépin , dans l'ouvrage collectif Aristote, De la richesse, De la prière, De la noblesse, Du plaisir, De l' éducation . Fragments et témoignages édités, traduits et commentés sous la direction et avec
une préface de P .-M . Schuhl par J. Aubonnet, J. Bertier, J. Brunschwig, P. Hadot, J. Pépin , P. Thillet, coll. « Publications de la Faculté des Lettres et Sciences humaines de Paris
Sorbonne. Série " Textes et Documents” » 17, Paris 1968, p . 116 -133 ; pour la bibliographie , cf. 185 A . Patzer, Bibliographia Socratica. Die wissenschaftliche Literatur über Sokrates von den Anfängen bis auf die neueste Zeit in systematisch-chronologischer Anordnung, Freiburg/ München 1985, p. 133- 135 , n° 753-773 (on note des omissions ; cf. déjà 186 M . Winiarczyk ,
Gnomon 61, 1989, p. 352-354) ; DPHA A 347. On a pensé que c'est par distraction qu'Athé petite -fille du grand Aristide, au nombre des tenants de la bigamie de Socrate ; cf. Pépin 184 , p. 126 ; pour une appréciation différente, voir Prandi 17, p.65-66. La thèse selon laquelle l'inspirateur du Nepi kúrevelaç aurait été Eschine de Sphettos ou Antisthène (187 O . Gigon ,
née, partant de Plutarque, a nommé Callisthène, cité par ce dernier à propos d 'une autre
Sokrates. Sein Bild in Dichtung und Geschichte , Bern 1947, p. 114- 117 ; Pépin 184, p. 131 133) n 'a pas convaincu Giannantoni 180, t. IV , 1991, p. 592-593 n. 27. 188 J. K . Davies, Athenian Propertied Families. 600 - 300 B. C ., Oxford 1971, p. 50 -52 , rejette la tradition sur
l' indigence d'Aristide le Juste et de ses descendants, y compris la réalité historique de
certaines des personnes qu'elle comporterait comme Polycritè ou Myrtô.
La figure légendaire du roi Sardanapale d'Assyrie, réputé pour l'épitaphe champion d'une vie de volupté et de basse jouissance, connut un renouveau d'intérêt lors de l'expédition d'Alexandre. Callisthène notamment, comme le
qu ' il avait, disait-on , fait graver sur son tombeau et qui le présentait comme
firent d 'autres historiens du grand Conquérant après lui, aurait consacré une notice au fameux personnage (Photius, Hesychius ; Souda, s.v. Eapdava nárous, £ 122, t. IV , p. 326 Adler = F 34 J.; cf. FGrHist 4 (Hellanikos von
Lesbos] F 636 ; 687 a F 2b). Callisthène aurait affirmé qu 'il y avait deux Sardanapales ( F 34 J., in initio ), en quoi il avait été précédé par les Mepoixá d'Hellanicos de Lesbos, MF ya (Schol. Aristoph. Aves
1021 = FGrHist 4 F 63 a ; 687 a F 2a ). Le F 34 J. se réfère au livre II des Mepoixá de Callisthène ; or, comme il ne semble pas y avoir eu d ' ouvrage de l'Olynthien à être intitulé ainsi (Will 26 , p . 22 -24 , n . 4 ; Jacoby 4 , col. 1684 - 1685 ; aliter, 189 Ed. Meyer, Forschungen
zur Alten Geschichte, 2 vol.,Halle 1892-1899 (réimpr. Hildesheim 1966 ),t. I, p. 205 n . 1, qui, avec beaucoup d 'autres, y voyait alors le titre de l'Histoire d 'Alexandre, et encore 190 H . van
Effenterre, L 'Histoire en Grèce, coll. « U2» , Paris 1967, p .41), on a été amené à admettre que le nom de Callisthène (au lieu d 'Hellanicos, attendu ) n 'est pas à sa place en F 34 J . (Müller 1,
p. 6-7 ; Schwartz 146, p. 107 ; Wachsmuth 147, p. 223-224) et que, par conséquent, ildoit être corrigé ou , selon l'avis général depuis Jacoby (cf. 2, Komm ., p. 429), être maintenu dans le contexte, à côté toutefois de celui d'Hellanicos, restitué dans la citation précise desMepoixá, que Jacoby, loc. cit., ramènerait d'ailleurs à un grammairien plutôt qu'à Callisthène ; cf.
Pearson 7, p. 25- 26 . Il n'y a donc pas une certitude absolue quant à la mention de Callisthène en F 34 J. On a suggéré de voir dans les doutes, exprimés au sujet de la personne de Sardanapale par Aristote, Politique V 10 , 22 , 1312 a 1 -4 - l' allusion aux fabulations de
Ctésias ne saurait être méconnue (= FGrHist 688 F 1p, B , p.444 ) -,un écho de la discussion
208 CALLISTHÈNE D 'OLYNTHE relative aux deux Sardanapales ; voir Weil 41, p. 154, 164, 219, 312 ; 191 Id., « Philosophie et histoire. La vision de l'histoire chez Aristote », dans La " Politique" d 'Aristote, coll. « Entre tiens sur l'Antiquité classique » 11, Vandæuvres/Genève 1965, p. 163 (192 R . Stark , « Der Gesamtaufbau der aristotelischen Politik » , ibid., p. 4, insiste sur le rôle de Callisthène, à côté de Théophraste, dans les enquêtes organisées par Aristote). Nous pensons d 'ailleurs qu ' il y
aurait lieu de reconsidérer la question de savoir s'il est légitime de faire remonter à Callisthène, censé être cité justement au début du morceau, tout l'ensemble du texte compris
sous F 34 J.; pour la « communis opinio » , voir notamment 193 Th . Preger (édit.), Inscrip tiones Graecae metricae ex scriptoribus praeter Anthologiam collectae, Leipzig 1891, p . 186 187 ; Meyer 189 , t. I, p. 176 , 203-209 ; t. II, p . 541 (la source de Callisthène pourrait être Dionysios de Milet (FGrHist 687), sur lequel voir 194 K . von Fritz , Die Griechische
Geschichtsschreibung, t. I: Von den Anfängen bis Thukydides, Berlin 1967, Text, p. 103, 415 ; Anmerkungen , p. 77 -78 , n. 96 - 97 ; Meister 18 , p . 25, 208-209, n . 10 - 11 ; cf. infra, p . 209 ) ; Corssen 141, p . 44 -54 (la source de Callisthène serait, comme le pensait déjà B . Niese ,
Hellanicos); 195 F. H .Weißbach, art. « Sardanapal», REI A 2, 1920 , col. 2443-2445 , 2455 ; Jacoby ; Prandi 17, p . 148 -151, dontle détail ne saurait être discuté ici. Sur la thèse étrange de Corssen 141, qui retire à Callisthène les fragments sur Alexandre et lui attribue des lepoixá dans le genre d 'Hellanicos, etc . (141, p . 54 -57 ), voir Seibert 13, p. 11- 12. Évoquant en discours direct le tombeau de Sardanapale à Ninos (Ninive), F 34 J. en relève l'inscription , interprète le geste représenté par l' effigie du roi (claquement des doigts, les deux mains étant
étendues au -dessus de la tête ) et signale l'existence d 'une même inscription à Anchialos, près de Tarse. Quant au texte même de l'épitaphe, qui comporte encore des formes dialectales ioniennes, traces d 'un auteur ancien se servant de cet idiome, et se réfère au geste exécuté par
le roi, il rappelle que Sardanapale a construit Tarse et Anchialè en un seul jour, et invite le passant à manger,boire et forniquer, toutle reste ne valantmême pas une chiquenaude.
D 'après Aristoboule , autre compagnon d 'Alexandre (Athénée XII 39, 530 a-c ; Strabon XIV 5, 9, p.671-672 C . = FGrHist 139 (Aristobulos von Kassandreia ] F 9 a-b ), c'est près d 'Anchiale (Anchialos), en Cilicie, où Alexandre fit étape (333a), qu'on trouva le «monument
de Sardanapale» ; Aristoboule interprétait le geste fait des doigts de la main droite par le roi et relevait l' inscription , qu 'il disait être gravée en caractères « assyriens» , en des termes
identiques, à peu de chose près, à ceux du texte Callisthène F 34 J. (dans l'exhortation à une vie de jouissance, le verbe réaliste ÓXEÚELV, « saillir », a été atténué en tal(elv ). Cf. Arrien , Anabase II 5, 2-4 (= FGrHist 139 F 9c), qui donne quasiment la même version de l'épitaphe (avec suppression des ionismes) et indique que l'original assyrien aurait présenté une struc
ture métrique (cf. Meyer 189, t.I, p. 207; t. II, p. 542 n. 2 ),mais interprète le geste du roi comme battement des mains et non comme claquement des doigts ; selon Bosworth 89, t. I,
p. 18 , 194, le récit d'Arrien serait plutôt tiré de Ptolémée que dû à une contamination d'Aristoboule avec la « Vulgate » (FGrHist 139 F 9, Komm ., p . 511-512, avec un aperçu sur
les différentes descriptions du geste fait par l'effigie de Sardanapale); cf. Wirth 37, p. 829 n. 30 . L 'allusion de Clitarque à la mort de Sardanapale (Athénée XII 39, 530 a = FGrHist 137 (Kleitarchos] F2 ; cf.Meyer 189, t. I, p . 203- 204 , n . 1) semble devoir être rattachée au récit
du passage d'Alexandre à Anchiale ; cf. Jacoby, FGrHist 137 F 2, Komm ., p. 486 , qui pense que Clitarque citait aussi l'épitaphe. Bosworth 89, t. I, p. 193- 194 , attribuerait à l'érudit Callisthène l'interprétation que les Grecs ont donnée du monument d'Anchiale et, avec l'aide
d'interprètes, de l'inscription qui y était gravée en caractères « assyriens» ; cf. Bosworth 38 , p . 50 n . 37. Brunt 34 , t. I, p. 139 n . 2, suggère Callisthène (F 34 J.) comme source d 'Aristo boule . Écrivant longtemps après les événements , Aristoboule a pu avoir sous les yeux nombre d'ouvrages consacrés à l'histoire d 'Alexandre ; mais, étant donné l'intérêt particulier qu 'il
portait aux monuments (Pearson 7, p. 160 ; Pédech 15 , p. 386 -388), ne seraient-ce pas aussi ses propres souvenirs qu 'il exploita en l'occurrence ? L 'effigie de Sardanapale (à Ninive ? à Anchiale ?), illustrant d 'un claquement des doigts l'aspect vain etdérisoire des affaires humai
nes, a aussi été évoquée par le péripatéticien Cléarque (Athénée XII 39, 529 d-e = fr. 51 d Wehrli), sans doute dans son lepiBiwv consacré à la discussion sur la question des genres de vie ; le texte de l'épitaphe, qui, conservant les formes ioniennes, se limite à l'activité de
CALLISTHÈNE D 'OLYNTHE 209 bâtisseur du roi, met en évidence que Sardanapale n'était pas un oisif. Selon Plutarque, Fortune d 'Alexandre (II) 3, 336c, Sardanapale était représenté en train de danser tout seul, faisant claquer ses doigts au -dessus de sa tête ; l'inscription gravée sur la statue se réduisait à l'invitation à s 'adonner au plaisir (manger, boire , faire l'amour ( á podlolá ( eiv ]), tout le reste
étantnéant. Les Scholies d'Aristophane (Oiseaux v. 1021) citent l'épitaphe (avec le verbe ionismes ni référence à un geste de Sardanapale ), d'après « Apollodore » (= FGrHist 244 (Apollodoros von Athen ] F 303, sous la rubrique « Unsicheres und Zweifelhaftes» ). Cf. 196 R . byeúelv ) , essentiellement dans la version de Callisthène F 34 J. et d ' Aristoboule (sans
Kassel et C . Austin (édit.), Poetae Comici Graeci, t. II, Berlin /New York 1991, p. 217
(Amphis, fr. 8, 1). Évoquant le tumulus disparu de Sardanapale à Ninos (Ninive), Amyntas (Athénée XII 39, 2, 1894, 529 e - 530 a = FGrHist 122 F 2), que 197 Ed. Schwartz, art. « Amyntas» 22, RE Iconsidère col. 2008, rangeait parmi les bématistes d ' Alexandre et que Pfister 92 , p. 35 -37, 41,
également commeun participant à l'expédition d' Alexandre, alors que d'autres opinent plutôt pour une date plus basse (Jacoby ; Berve 6 , t. II, p. 413 -414 [nº 4 ) ; cf. 198 W . Spoerri, art. « Bematisten » , LAW , col. 451), relevait l' épitaphe, gravée en caractères « chaldaïques » sur une stèle en pierre et dont Choirilos aurait donné une traduction versifiée. Pas d 'allusion dans
le fragment d 'Amyntas à une effigie du roi. Dans la présente version de l'épitaphe, différente du type précédent, c 'est Sardanapale lui-même qui prend la parole et – sans mentionner son
activité de bâtisseur – déclare en substance n 'avoir laissé passer aucun jour de sa vie sans avoir bu, mangé et fait l' amour (á podloLÁČELV ; sur la séquence des verbes, voir Kassel et Austin 196 , t. II, p. 176 (Alexis, fr. 273, 4 ]) , sachant que la vie humaine est brève et remplie de vicissitudes, et que d 'autres retireront la jouissance des biens qu 'il laissera après lui. Jacoby, FGrHist 137 F 2, Komm ., p. 486 , se demande si Callisthène, tout comme Amyntas, ne parlait pas de Sardanapale à l'occasion du passage à Ninive. Sur la question du « tumulus» de
Sardanapale , voir 199 R . Drews, « Herodotus' Other Logoi» , AJPh 91, 1970, p. 186 n. 16 . Pour les versions de l'épitaphe de Sardanapale rapportées par les historiens d' Alexandre, voir, de manière générale, Preger 193, p. 186 - 187 (n° 232) ;Meyer 189, t. I, p. 203-209 ; Corssen 141, p . 42-54 ; Weißbach 195 , col. 2442 -2445 ; 200 H . Lloyd -Jones et P . Parsons (édit.), Supplementum Hellenisticum , coll. « Texte und Kommentare » 11, Berlin /New York
1983, p. 156 - 158 (nº 335 (Choerilus lasius]). Quant à Choirilos, auquel on a pensé pouvoir attribuer un rôle dans l'élaboration des formes versifiées connues de l' épitaphe de Sardana pale (voir infra, p. 209-212), la question se pose de savoir s'il s'agit (a) du poète épique, le « poeta pessimus» , originaire d' Iasos, qui suivit Alexandre en Asie et célébra ses exploits (201 G . Kinkel [édit.), Epicorum Graecorum Fragmenta , coll. BT, t. I, Leipzig 1877, p. 308
311 ; FGrHist 153 F 10 ; Lloyd -Jones et Parsons 200, p. 154- 158; cf. 202 K . Ziegler, art. « Choirilos » 3, KP I, 1964, col. 1153), ou (b ) de son homonyme plus célèbre de Samos, va, auteur d 'une épopée Mepoixá (Kinkel 201, p . 265 -272 ; FGrHist 696 , 33 - 34 ; Lloyd -Jones et
Parsons200, p. 146 - 153 ;203 A. Bernabé (édit.), Poetarum Epicorum Graecorum Testimonia et Fragmenta, coll. BT, t. I,Leipzig 1987, p. 187-208 ; cf. 204 H .J.Mette, art. « Choirilos» 1, KP I, 1964 , col. 1152-1153). Pour (a): 205 A . F. Naeke, Choerili Samii quae supersunt,
Leipzig 1817 , p . 196 -256 (doutes: Kinkel 201, p. 311) ;Meyer 189, t. I, p. 205-206 ; t. II, p. 542-544 ;206 P. Radici Colace (édit.), Choerili Samii,Reliquiae. Introduzione, testo critico e commento a cura di P.R . C., coll. « Biblioteca di Helikon. Testi e Studi» 13, Roma 1979, p . 8 n . 7 (p. 7-9 : sur Choirilos d' Iasos ; p. XV n. 6 : sur Dionysios deMilet); Bosworth 89, t. I, p. 194 ; Lloyd -Jones et Parsons 200, p. 157; pour (b): Preger 193, p. 187 ; Corssen 141, p.47 52 ; Berve 6, t. II, p.409 (nº 829); 207 R . Drews, The Greek Accounts of Eastern History, Cambridge (Mass.) 1973, p. 192 n. 1 (contra, Bernabé 203, t. I, p. 190 ; sur Dionysios de Milet : Drews 199, p. 216 ); Prandi 17, p. 151. Alors qu'Aristote, Éth. Eud. I 5, 1216 a 16 -18 (cf. Théophraste 551 [llepi ndovñs), t. II, p. 374 -375 Fortenbaugh 20), et Éth. Nicom . I 3, 1095 b 19-22, se contente d'une courte allu sion à la vie de jouissance (Bloc årroavotiXOC), vie de « bestiaux» , de Sardanapale, c'est dans la partie non conservée de son cuvre qu'il citait et raillait l'épitaphe que le roi d' Assyrie
aurait fait graver sur son tombeau , digne d'une bête, disait-il à peu près, et non d'un roi. Le
210
CALLISTHÈNE D 'OLYNTHE
texte perdu d'Aristote est cité notamment par Cicéron (Tusculanes V 101 ; De finibus bonorum et malorum II 106 = Gigon 21, F 999, p. 839-840, et F 993, p. 838 ). Cf. Athénée
VIII 14 , 335 f (= Rose 121, fr. 67, p. 92 ;Rose 122, fr. 90, p. 91; Gigon 21, F 5, p . 258), se référant à une remarque sur la personne de Sardanapale, faite par Aristote qui connaissait le
nom du père du roi, Anakyndaraxès, attesté aussi par Cléarque et la version de l'épitaphe que rapportent le texte Callisthène F 34 J., Aristoboule et Arrien ; une allusion, dans le même
ordre d'idées, à Sardanapale au livre III de la République de Cicéron est signalée par les Scholies à Juvénal (Sat. 10 , 362 = Gigon 21, F 4 , p . 258) . Donnant de l'épitaphe citée par
Aristote une traduction latine en deux hexamètres, Cicéron, Tusculanes V 101,nous apprend qu'il s'agissait d'un texte en vers. Le passage d'Aristote a été rattaché par les Modernes d'abord au dialogue Nepi OLXALOOÚvns (Rose 121, fr. 6 (67), p. 92-93, d'autres possibilités n 'étant toutefois pas exclues ; Rose 122, fr. 90, p . 91), puis au Ilpotpetitixóc (fr. 16 , p .60 -61
Walzer ; fr. 16 , p. 52-53 Ross); cf. Jaeger 24 (1re éd ., 1923), p. 265-267 ; 208 E. Bignone, L 'Aristotele perduto e la formazione filosofica di Epicuro (1936 ), coll. « Il pensiero filosofico » 7, 1-2, 2e éd., Firenze 1973, t. I, p. 165- 166 , 253-265, 286 n. 80, 303 -317, 329, 332-333, 338 n . 26 ,519-520, 577 -582, 592-594 ; t. II, p. 196 n. 4 ;Weil 41, p. 153-154 ; 209 I.
Düring, Aristotle 's Protrepticus. An Attempt atReconstruction, coll. « Studia Graeca et Latina Gothoburgensia » 12 , Göteborg 1961, p. 162- 165 , qui, combattant la définition antihédo
nistique qu 'on a donnée du Protreptique (cf. p. 249-252 ), lui retire le « Sardanapallus topos>> (p. 164, 39 et n. 2); 210 Id. (édit.), Der Protreptikos des Aristoteles. Einleitung, Übersetzung und Kommentar von I. D ., coll. « Quellen der Philosophie » 9, Frankfurt a . M . 1969 , (2e éd.,
1979) ; 211 Aristoteles, Eudemische Ethik. Übersetzt von F. Dirlmeier, Berlin 1962 (dans la collection de l’Akademie -Verlag, t. VII), p . 173 (9 , 27), 175 ( 10 , 5) ; 212 E . Berti, La filosofia del primo Aristotele, coll. « Università di Padova. Pubblicazioni della Facoltà di Lettere e Filosofia » 38, Padova 1962, p. 537 -538 ; 213 Id. (édit.), Aristotele, Esortazione alla filosofia (Protreptico ). Introduzione, traduzione e commento di E . B ., coll. « Classici della Filosofia » , Padova 1967 ; 214 G . Schneeweiß, Der Protreptikos des Aristoteles, Diss. München 1966, p . 121, 178-179, 318 . Chroust, Aristotle (cf. 14 ), t. II, 1973, p. 289-290, n. 33, envisage de rattacher le texte d'Aristote au lepindovñs; cf. p. 73-74, 325 n. 15. C 'est également le choix de 214a R . Laurenti ( édit.), Aristotele, I Frammenti dei dialoghi, coll. « Collana di Filosofi
Antichi» 8-9,Napoli 1987, t. II, p. 824 -825 (fr. 1 a-d). 215 0 . Gigon (édit.),Marcus Tullius Cicero, Gespräche in Tusculum . Lateinisch-deutsch mit ausführlichen Anmerkungen neu hrsg. von 0 . G ., coll. « Tusculum » , 2e éd., München 1970, p. 578, revient à nouveau à l'attribution au ſlepi PuxalOOÚvns; cf. Gigon 21, p. 258 (F 4 -5) et 262; F 993 et 999 figurent
dans les « Nachträge » , p. 838-840, sans autre précision. 216 P. Moraux, A la recherche de l'Aristote perdu. Le Dialogue “Sur la Justice", coll. « Aristote . Traductions et Études» , Louvain /Paris 1957 , p. 62 n . 18 , se bornait à constater qu ' il était « pour le moins douteux » que ce texte remonte au Nepl OlxaLOOÚvns. L ' épitaphe versifiée - un distique - , telle que la citait Aristote, présente la vie de jouissance de Sardanapale sous forme d 'une énumération
que celui-ci fait de ce qui lui reste dans la mort, à savoir toutes ses mangeries, tous ses débordements (ou : ses beuveries) et tous les plaisirs d'amour qu 'il a connus. Pour le texte
original grec , voir notamment Anthologie Palatine VI 325 et Strabon XIV 5, 9, p.672 C ., qui donne le distique à la suite de la description du monument d 'Anchiale, empruntée à Aristo boule (F 9b J.), et en liaison avec une mention de Choirilos ; on ne peut toutefois être sûr que Strabon ait voulu dire que le distique appartienne à Choirilos ; cf. 217 Th . Bergk (édit.), Poetae Lyrici Graeci, t. 114 : Poetae elegiaci et iambographi, Leipzig 1882 (réimpr., aug mentée d ' indices par J. Rubenbauer, ibid . 1915) , p . 368 (Cratès, fr. 12) ; Preger 193, p. 186
n . 1 ;Meyer 189, t. II, p. 542 (aliter, t. I, p. 206 n. 2) ; Weißbach 195 , col.2445 ; Lloyd - Jones et Parsons 200 , p. 157 ;aliter, Drews 199 , p. 186 -188 ; Bosworth 89, t. I, p. 194 ; Prandi 17 , p . 151. En tout état de cause, comme Aristote en a certainement eu connaissance bien avant le
début de l'expédition d'Alexandre, le distique doit être antérieur à Choirilos d' Iasos; cf. Meyer 189, t. II, p . 542 ; Corssen 141, p. 48-49 ; Weißbach 195 , col. 2446 ; Lloyd- Jones et Parsons200, p. 157 -158 . Quant à Amyntas F 2 J., à bien supposer qu 'il faille comprendre que la traduction métrique de Choirilos correspondait à la version en prose qu'Amyntas donnait de
211 CALLISTHÈNE D 'OLYNTHE l'épitaphe de Ninive, ce dernier texte ne nous paraît pas suffisamment proche du distique, voire de la version élargie de l'épigramme, pour qu 'on puisse admettre de bon droit que les vers connus appartiennent à Choirilos ; cf. Weißbach 195, col. 2446 ; 218 F. W .Walbank, A Historical Commentary on Polybius, t. II: Commentary on Books VII-XVIII, Oxford 1967, p. 84 ; aliter, Preger 193, p. 186 (« dummodo statuamus poetam non verba, sed rem reddere voluisse » !); Meyer 189, t. I, p. 206 -207 ; II, p. 543-544, qui considère la version en prose d'Amyntas comme une paraphrase du texte versifié ; Drews 199, p. 186 . Bosworth 89, t. I, p. 194, et Prandi 17, p. 149 -151,manquent de clarté.
Pour le texte élargi de l'épitaphe métrique de Sardanapale (= Kinkel 201, p. 308-311 ; Preger 193, nº 232, p. 183- 187 ; Lloyd -Jones et Parsons 200 , n° 335 (Choerilus lasius?], p. 155- 158 ), voir surtout Diodore de Sicile II 23, 3 (5 hexamètres), selon qui l'épigramme
serait la traduction, faite plus tard par un Grec (non nommé), de l'original composé par Sardanapale ; Athénée VIII 14 , 335f- 336b (7 hexamètres dans les manuscrits ), qui, après avoir fourni le fragment d' Aristote F 5 Gigon 21, donne les vers d 'après Chrysippe, qui les
avait cités, puis pastichés (cf. Athénée VIII 16 , 336f- 337 a = SVF III, p. 200, fr. 11; Lloyd Jones et Parsons 200,n° 338, p. 158-159) ;Schol.Aristoph. Aves 1021 (7 hexamètres);Antho logie de Planude 27 (6 hexamètres; cf.219 R . Aubreton [édit.), Anthologie grecque, t. XIII: Anthologie de Planude. Texte établi et traduit par R . A . avec le concours de F.Buffière, CUF,
hexamètres). Le pastiche de Chry Paris 1980, p. 92-93); Strabon XIV 5,de9,5 interpolatus(6 vers, les deux derniers n 'étant probablement venus
sippe ne suppose qu 'une épigramme s'ajouter à l'épigramme que plus tard. Pour Chrysippe dans ce contexte , cf. Bignone 208, t. I,
p. 592 -594 ; 220 R . Goulet (édit.), Cléomède, Théorie élémentaire (« De motu circulari corporum caelestium » ). Texte présenté, traduit et commenté par R . G ., coll. « Histoire des doctrines de l'Antiquité classique » 3, Paris 1980, p. 216 -217, n . 298. C ' est au simple distique que répondent les deux hexamètres de Cratès de Thèbes, en des termes se retrouvant en partie dans le pastiche de Chrysippe (D .L . VI 86 ; Anthologie Palatine VII 326 ; Plutarque, Moralia
546 a (De laude ipsius 17) = fr. 12 Bergk 217 ; 8 Diels [221 Poetarum philosophorum Fragmenta, Berlin 1901); 10 Diehl [222 Anthologia Lyrica Graeca, fasc. I: Poetae elegiaci, 3e éd . par R . Beutler, coll. BT, Leipzig 1949, réimpr. 1954 , p. 123- 124 ]; Lloyd -Jones et Parsons 200 , n° 355, p . 167 ; Giannantoni 180 , t. II, fr. V H 74, p. 553) ; cf. 223 H . Heusch , « Der Grabspruch des Sardanapal und die Entgegnung des Krates von Theben » , RhM 94, 1951, p. 250-256 (avec des remarques de critique textuelle concernant Anthol. Palat. VII 325 , v . 1) ; 223a K . Döring, « ,,Spielereien , mit verdecktem Ernst vermischt." Unterhaltsame
Formen literarischer Wissensvermittlung bei Diogenes von Sinope und den frühen Kyni kern » , dans W . Kullmann und J. Althoff (édit.), Vermittlung und Tradierung von Wissen in der griechischen Kultur, coll. « ScriptOralia » 61, Tübingen 1993, p . 346 . Quant à la citation de l'épigramme chez Diodore, elle serait, d 'après 224 Ed. Schwartz , art. « Diodoros » 38, RE
V 1, 1903, col.672, repris dans 225 Id ., Griechische Geschichtschreiber, 2e éd ., Leipzig Komm ., p.410 ;688 F 1b , p.442-443), une addition faite par Diodore à sa source principale, Ctésias, et provenantsoit de « Diodors eigenem Wissensschatz » (Schwartz ), soit de Clitarque
1959, p. 49, et Jacoby, FGrHist 137 (Kleitarchos) F2, Komm ., p. 486 (cf. FGrHist 122 F 2,
(? Jacoby) ; aliter, Drews 199, p. 188, quiopine pour Ctésias; cf.Weißbach 195, col. 2441; Walbank 218 , p. 84. La question se pose de savoir si (a ) le distique attesté par Aristote (= v. 4 - 5 de l’épi
gramme « complète » ) représente simplement la partie la plus célèbre d'un ensemble constitué dès le début ou (b) s'il doit - hypothèse plus vraisemblable – être considéré comme le noyau, ancien , autour duquel l'épigramme se serait développée ultérieurement. Pour (a), voir 226 J. Bernays, Die Dialoge des Aristoteles in ihrem Verhältniss zu seinen übrigen Werken, Berlin 1863, réimpr. Darmstadt 1968, p . 84 -85 , 160 - 161 (avec une interprétation frappante
d 'Aristote F 5 Gigon 21 ; cf. Weißbach 195, col. 2442, 2470 -2471); Preger 193, p. 186 (à l'exclusion des v . 6 - 7) ; Corssen 141, p. 47 -51 ; Drews 199 , p. 185 - 189 . Pour (b ), voir surtout
Lloyd-Jones et Parsons 200, p. 157-158 : élargissement du distique ancien à une épigramme de 5 lignes ( v. 1- 5) par un auteur plus récent, Choirilos d' Iasos ( ?) , et addition ultérieure des deux derniers vers (v . 6 -7 ). Cf. déjà Naeke 205, fortement critiqué par Corssen 141, p. 49, qui,
212
CALLISTHÈNE D'OLYNTHE
écartant du débat Choirilos d'Iasos au profit de Choirilos de Samos, admet qu 'Aristote s 'est informé sur Sardanapale chez Ctesias, source également de Diodore et qui aurait déjà cité
l'épigramme en 5 vers (v. 1-5 ). Meyer 189, t. II, p. 543, opinait pour un élargissement du distique primitif par Choirilos d'Iasos, auquel appartiendraient toutefois aussi les deux derniers vers de l'épigramme (v. 6 -7). Sur l'ensemble de la tradition de cette épigramme qui a connu une aire de dispersion et une vie littéraire hors de proportion jusqu 'à l' époque byzan
tine, voir Kinkel 201, p. 308 -311; Preger 193, p. 184- 187 ; Weißbach 195, col. 2445 -2446 ;
Lloyd- Jones et Parsons 200, p. 155- 158, ainsi que les apparats critiques des éditionsdes textes qui citent ces vers. Bignone 208 a insisté sur la place que l'épitaphe de Sardanapale aurait tenue dans les attaques de l'Académie et du Lycée contre l'épicurisme; l'authenticité du fr. 25
du poète comique Alexis (IV /IIIa),mentionné, à propos des vers 11-12, parmi les « “Sarda napali" imitatores » , fait problème; voir Kassel et Austin 196 , t. II, p. 37 -39. Cf., en outre ,
227 A .S. F.Gow (édit.), Theocritus. Edited with a Translation and Commentary by A.S.F.G ., t. II2, Cambridge 1952 , p . 314 (ad XVI 42 ). Sur la postérité d'Aristote F 4 Gigon 21, voir 228 J. Doignon , « Le trait du livre III du De re publica de Cicéron sur le nomen de Sardanapale . Sa postérité chez saint Jérôme, ses rapports avec un fragment d 'Aristote » ,
Caesarodunum 19 bis, 1984, p. 107-115 . Les versionsmétriques de l'épitaphe de Sardanapale
sontindépendantes de l'iconographie du monumentauquelelles sont censées être rattachées. La question des deux « monuments de Sardanapale» , localisés par la tradition grecque respectivement à Ninive et à Anchiale, reste très difficile . Voir aussi 229 M . Streck, Assur banipal und die letzten assyrischen Könige bis zum Untergange Niniveh 's, coll. « Vorder asiatische Bibliothek » 7, Leipzig 1916 , t. I, p. CCCXCVI-CDIII. L 'aspect iconographique de la
question , de grande importance s'ils'agit d'expliquer commentles Grecs ont pu être amenés à interpréter un monument du Proche-Orient asiatique comme manifeste de Sardanapale pour
une vie de volupté et de basse jouissance, a été traité par Meyer 189, t. I, p. 204-209, sur la
base de la documentation assyriologique, puis par Streck 229,t. I, p. CCCXCVIII, et Weißbach 195 , col. 2467-2469 . Pour un aperçu du contenu de la contribution de B . Niese (1880 ), qui fut à l'origine de l' étude classique de Meyer « Sardanapals Grabschrift » (189, t. I, p. 203 -209, et
retractatio , t. II, p. 541-544 ), voir encore 230 A . Fränkel, Die Quellen der Alexanderhisto riker. Ein Beitrag zur griechischen Litteraturgeschichte und Quellenkunde, Breslau 1883,
p. 8-12, 230-231, qui ramène à Callisthène la description du monument de Sardanapale donnée par Aristoboule et celle, présumée, de Clitarque, lequel serait à son tour la source d 'Arrien . Weißbach 195 , col. 2467 - 2469, reconnaît comme authentique la description du monument d 'Anchialè chez Aristoboule , témoin oculaire (de même Streck 229 , t. I,
p. CCCXCVII), tandis que les détails divergents du récit d 'Arrien , sauf cas de malentendu,
appartiendraient nécessairement à un monument d'un type différent (cf. Streck 229, t. I, p. CCCXCVIII-CCCXCIX ) ; en revanche, les indications sur le monument de Sardanapale fournies par les auteurs qui localisent au -dessus de sa tête le geste fait des mains par le roi (Callisthène F 34 J., etc.) seraient sujettes à caution ; quant à la version grecque de l'inscription , Aristoboule l'aurait empruntée à Callisthène ou à la source de celui-ci (Hella
nicos); cf. Weißbach 195, col. 2444-2445. Selon Corssen 141, p. 51-53, quin 'accorde qu'une valeur relative aux rapprochements iconographiques faits par Meyer, Aristoboule et Ptolémée (= source d 'Arrien ) auraient décrit le monument d'Anchiale d'après le récit d 'Hellanicos Callisthène, consacré au monument de Ninive, en en altérant toutefois, chacun , des détails.
Pour Meyer 189, t. I, p. 207 -209, la description authentique du monument d' Anchiale serait
celle d'Arrien (= Ptolémée ), les autres auteurs ayant repris simplement l'ancienne description du monument de Ninive provenant de l'historien de dialecte ionien , source de Callisthène, qui lui aurait aussi emprunté le texte de l'épitaphe; recourant à la source mêmede Callisthène, Aristoboule aurait été en mesure de donner une relation plus exacte , plus proche de l'original, que celle de l'Olynthien. Cf. le très bref rappel de 231 Id ., Geschichte des Altertums, t. III, 2e éd ., publiée par H . E . Stier, Stuttgart 1937, p. 65, qui, sur plusieurs points, contredit de façon manifeste les conclusions présentées en 189. La mention des activités de Sardanapale à
Anchialè et Tarse, qui, dans l'inscription telle que la rapportent le texte Callisthène F 34 J., Aristoboule et Arrien , tranche singulièrement avec l'appel à une vie de jouissance - on pense
CALLISTHÈNE D 'OLYNTHE 213 à la distinction, faite par Callisthène et/ou Hellanicos, entre un Sardanapale, homme d'action , et un Sardanapale adonné à une vie de mollesse (Callisthène F 34 J.) -, semble faire écho à des faits réels. En général, et d' ailleurs non seulement depuis Weißbach 195 , comme pourrait
le faire croire Bosworth 89, t. I, p . 193, on admet que le monument d'Anchiale était en réalité un monument de victoire érigé par Sennacherib à l' occasion d 'une campagne en Cilicie (ca
6964), d'où la mention de la (re)construction d'Anchiale et de Tarse, convenant parfaitement à un contexte cilicien , mais surprenante quand elle apparaît dans le document censé être
ninivite ; cf. Streck 229, t. I, p.CCCXCI-CCCXCIII, CCCXCIX , CDI; Weißbach 195 , col. 2466 2470 ; 232 W . Ruge, art. « Tarsos» 3, RE IV A 2, 1932, col. 2415 -2416 ; Meyer 231, t. III, p. 65 ; 233 H . Bengtson , « QIAOEENOE O MAKEANN » , Philologus 92, 1937, p . 150 - 151 (sur la question d 'une présence grecque du côté des adversaires de Sennacherib ) ; Bengtson 35 , p. 77 et n . 3 ; 234 A . H . M . Jones, The Cities of the Eastern Roman Provinces, 2e éd ., Oxford 1971,
p . 193- 194 ; 235 T. F.R .G . Braun, dans The Cambridge Ancient History, Second Edition , t. III 3, Cambridge 1982, p. 17 -19 ; 236 A . K . Grayson, ibid., t. III 2, 1991, p. 112. Toutefois les restes anciens, encore visibles aujourd 'hui à Tarse et connus sous la dénomination de
« Tombeau de Sardanapale » , proviennent en réalité d'un temple d 'époque romaine impériale ;
cf. Streck 229, t. I, p. CCCXCIX -CD ; Weißbach 195 , col. 2468 ; Ruge 232, col. 2438 ; 237 J. Wagner, Türkei. Die Südküste von Kaunos bis Issos, 2e éd., München /Zürich 1988, p. 228. Meyer 231, t. III , p . 65, semble bien avoir renoncé à son ancienne hypothèse de la visite des ruines de Ninive par l'auteur de dialecte ionien censé avoir été l' archégète de la tradition grecque du monument de Sardanapale (189, t. I, p . 209), l'inscription qu'il aurait signalée
étant supposée être celle du monument d’ Anchiale , consacrée à la (re )construction des deux villes ciliciennes ( c'est là, dans le texte , que se trouventles ionismes). On a fait remarquer que la Cilicie a dû prendre une part prépondérante dans la formation de la légende de Sarda napale ; cf. Streck 229 , t. I, p . CCCXCIII-CCCXCIV . Voir encore 238 G . Goossens, « La légende
de Sardanapale » , La Nouvelle Clio 10-12, 1958 -1962, p. 279 -280 ; importante bibliographie ancienne dans Streck 229 , t. I, p . CCCLXXXVI-CDV. Sur la désignation de l'écriture originale de l'épitaphe de Sardanapale respectivement par 'Acoúpla (FGrHist 139 F 9 a-c ; 244 F 303; Souda IV , p. 327, 3 Adler) et Xandalxdı ypáupata (FGrHist 122 F 2), cf. 239 R . Schmitt, « Assyria grammata und ähnliche : Was wußten die Griechen von Keilschrift und Keil
inschriften ?» , dans C . W . Müller, K . Sier und J. Werner (édit.),Zum Umgang mit fremden Sprachen in der griechisch -römischen Antike, coll. « Palingenesia » 36 , Stuttgart 1992, p . 27 28, 33-35 . Sur le rôle de Sardanapale dans la philosophie populaire, voir 240 M . Billerbeck (édit.), Epiktet, Vom Kynismus. Hrsg. und übersetzt mit einem Kommentar von M . B., coll. « Philosophia Antiqua » 34 ,Leiden 1978, p. 88. Sur Sardanapale et son épitaphe, on consultera maintenant aussi 240a J . Boncquet, « Diodorus Siculus (II, 1, 34) over Mesopotamië. Een
historische kommentaar» , dans Verhandelingen van de Koninklijke Academie voor Weten
schappen. Letteren en SchoneKunsten van België, Kl. der Letteren 49, 1987,Nr. 122, Brussel 1987, p. 139- 170.
Proclus, In Tim . (21 e),t.I, p.97,27 -98,3 Diehl, à propos des rapports de Saïs et d'Athènes, cite Callisthène (F 51 J.) et l'atthidographe Phanodème (= FGrHist 325 F 25) comme tenants de la thèse selon laquelle les Athéniens auraient été les ancêtres des Saïtiques (cf. Diod . Sic . V 57, 5 : Saïs, colonie d 'Athènes); au contraire, Théopompe – en réalité Anaximène de Lampsaque
(= FGrHist 72 F 20b ) - aurait affirmé qu 'Athènes a été une colonie de Saïs (cf.
Diod. Sic. I 28, 4), falsification malveillante par Théopompe de l'histoire pour Atticus (= fr. 17 des Places). Suggérant que l' assertion de Phanodème a été une réplique à celle d'Anaximène, Jacoby, FGrHist III b (Suppl.), t. I (Text), p. 193-194 (Phanodème F 25 J.), n'exclutpas la possibilité que Callisthène (au livre IV des Helléniques ? Jacoby 4, col. 1693) se soit inspiré de Phanodème, tout en admettant que celui- ci, dans un des derniers livres de son Atthis, ait, de son côté, utilisé le livre I des Helléniques de Callisthène (cf. Id ., op. cit., p. 191-192, à propos
214
CALLISTHÈNE D 'OLYNTHE
de Phanodème F 22-23 J.). Voir aussi Jacoby 4 , col. 1696 ; FGrHist 337 (Ariston ), Komm . ( Text), p . 83-84, à propos des rapports entre Athènes et l'Égypte (cf. FGrHist 328 (Philo choros von Athen ] F 93). Prandi 17, p. 59-60 , 130 -131, qui attribue le Trikaranos à Théo
pompe lui-même, pense que ce dernier visait Callisthène, tout comme il dénigrait Hermias d' Atarnée et d 'Assos, dont Callisthène célébra la mémoire . Sur l'attitude de Théopompe envers Hermias, voir Jacoby 2 , Komm ., p .416 (F 2 -3) ; Chroust, Aristotle (cf. 14), t. I, p . 40
41; Prandi 17, p. 130, 146 ; 241 G . S. Shrimpton, Theopompus the Historian, Montreal/ Kingston/London /Buffalo 1991, p. 108- 109, 125 -126 ; Meißner 19a, p. 377-378 ; pour le
Trikaranos, cf. Berve 6 , t. II, p. 37 (n° 71) ; Shrimpton 241, p. 12-15; Meißner 19a, p.99 (n. 185), 159, 256 , 274-275, 387 (n. 57).
Épilogue. (a)Le personnage de Callisthène. Avec l'exécution de Philotas, suivie de l'assassinat de son père Parménion, et le meurtre de Cleitos le Noir,
l' affaire de Callisthène, restée fort obscure (voir encore la bibliographie de 242 R . Cohen , La Grèce et l'Hellénisation du monde antique, coll. « Clio », Paris 1948 , p.431-432), est l'une de ces trois grandes « catastrophes» qui se produi sirent pendant la guerre iranienne et n 'ont pas peu contribué à ternir la mémoire d 'Alexandre . Accusé de complot contre le roi, Callisthène n 'a-t-il pas en vérité
été victime de la raison d'État ou d 'une rancune sanguinaire ? La personne de Callisthène a été diversement jugée par les Anciens: si des historiens, compa gnons d' Alexandre , tels Ptolémée , Aristoboule et Charès, prirent parti pour le roi (supra, p. 187 ; cf. Pédech 15 , p. 358 - 360), Callisthène trouva des défenseurs parmiles philosophes et lesmoralistes (philosophie populaire de la littérature et
rhétorique diatribiques), jugeantavec sévérité la personne d 'Alexandre , quiavait toutes les caractéristiques du tūpos et ne sut pas maîtriser et dominer ses pro pres succès: Quinte -Curce VIII 5, 20 , présente Callisthène comme « champion de la liberté publique » (« uindex publicae libertatis » ). Pour une bibliographie sur la question , devenue controversée, des jugements portés sur Alexandre par les écoles philosophiques, voir Hamilton 27, p. LX -LXII; Seibert 13, p. 11, 24
25 ; Bosworth 89, t. I, p. 13 et n. 26 ; Bosworth 38, p . 144-145 ;Wirth 37, p. 728 730 , 733-734. C 'est au Péripatos que l'émotion produite en Grèce par le tragique destin de Callisthène a dû être particulièrement vive : « les Péripatéticiens devaient faire de lui un martyr de la résistance à la tyrannie d 'Alexandre » (243 P . Goukowsky, dans Le monde grec et l'Orient, coll. « Peuples et Civili
sations», t. II : Le IVe siècle et l'époque hellénistique, Paris 31990, p. 291). En ce qui concerne en particulier Aristote, on n 'a pas de véritable témoignage exprès de sa réaction . D 'après Plutarque, Alexandre 54, 2, en conclusion à un morceau inspiré d'Hermippe (53, 3 -54, 1), cité nommément (= fr. 50 Wehrli) et qui,
friand de traditions secondaires, peu connues, s' était référé de son côté à Stroï bos (supra, p. 199) – les chap. 52-55 de l'ouvrage de Plutarque traitent des rap ports de Callisthène avec Alexandre (supra, p. 187 ; cf. Gigon 30, p . 189- 191) -,
Aristote aurait déclaré que Callisthène était grand par son éloquence,mais qu'il n 'avait pas de bon sens, voūv 8 ' oủx Elyev (= T 7, p. 633, 19-20 J.; Düring 3, p. 294 (n° 28c]). Pour une variante, voir Jean Lydus, Demensibus IV 77, p. 131,
8 - 10 Wünsch (= T 5 J. ; manque chez Düring 3 , p . 294-296 ), qui rapporte qu’Aristote avait raillé Callisthène en lui reprochant de posséder TÒV trepiTTOV VOŰV, mais de manquer de discernement (åvopÁTLVOS voớc). L 'interprétation
CALLISTHÈNE D'OLYNTHE
215
des deux passages par Pearson 7 , p. 23, ne convainc guère. Cf. D . L . V 5 (Vie
d'Aristote), où Aristote blâme Callisthène pour sa liberté de langage (naponola ) à l'égard d 'Alexandre (= T 6 J.; Düring 3 , p . 294, n° 28a) ; dans un même ordre d'idées, voir Valère-Maxime VII 2, 11 (= Düring 3, p. 294, n°28 b) et Ammien
Marcellin XVIII 3, 7 ; cf. Prandi 17, p. 124-125. Pour Jacoby 4, col. 1678, le jugement d' Aristote chez Plutarque, op. cit. 54 , 2, serait postérieur à la mort de
Callisthène; contra, Hamilton 27, p. 149-150 . Il apparaît de ces jugements d 'Aristote sur Callisthène - Jacoby 4 , col. 1678 , ne doute pas de leur authen ticité – que le Stagirite reconnaissait les défauts de son parent; point de vue excessif de Wirth 37, p . 728 n . 39 (p. 729) et p. 725 n. 24 , tendant à attribuer à Aristote une opinion absolument négative de Callisthène. Aristote semble s'être
abstenu, du moins publiquement, d'une condamnation d'Alexandre; cf. 244 E . Mensching, « Peripatetiker über Alexander » , Historia 12, 1963, p . 279 et n . 36 . Faisant montre d'une remarquable impartialité de jugement, il aurait, selon Jacoby 4, col. 1678, 1680 - 1681, 1683- 1684, imputé à Callisthène une part de responsabilité dans sa chute (critiques exagérées de Prandi 17, p. 116 et n. 8); cf. Jaeger 24 , p. 339-340 ; pour d'autres avis modernes, plus ou moins divergents, sur l'attitude d'Aristote, voir Berve 6 , t. II, p. 72 et n. 1. Par sa maladresse et ses propos inconsidérés, Callisthène, qui n 'était pas fait pour les
façons de la cour, devint une victime toute désignée du ressentiment royal ; sur son caractère austère et son comportement à la fois irréfléchi, morose, rigide et présomptueux , voir Jacoby 4 , col. 1676 - 1678, 1680 - 1681. Sans doute , les relations entre Aristote et Alexandre se sont elles beaucoup refroidies depuis l'arrestation de Callisthène, peut- être davantage du côté du
roi que de celui du Stagirite ; cf. Jacoby 4 , col. 1683- 1684 ; Berve 6 , t. II, p. 71-74 ; Chroust 14, p. 86 -87 ; Id ., Aristotle (cf. 14 ), t. I, p . 47-48 ; Prandi 17, p. 117 n . 11 ; sur la question du
« conflit avec Aristote » , en rapport avec la fameuse Lettre d 'Aristote à Alexandre ( supra, p . 188 ), voir aussi Goukowsky 29, t. I, p . 49-55 . Relatant sans y croire la version de la mort d ' Alexandre selon laquelle celui-ci aurait été empoisonné, Arrien , Anabase VII 27 , 1 -2, rapporte que c'est Aristote qui, par crainte d 'Alexandre à cause de Callisthène, aurait fourni à
Antipatros le poison qui fut apporté à Babylone par son fils aîné Cassandre, qui le remit à son frère Iolas (lolaos), grand échanson du roi. Rares sont les historiensmodernes qui admettent la thèse de l'assassinat; voir toutefois 245 A . B . Bosworth , « The Death of Alexander the Great. Rumour and Propaganda » , CO 21, 1971, p . 112 -136 . Pour les textes, voir Düring 3 ,
p. 296 -297, nº 29 a-e ; cf. Berve 6 , t. II, p . 74 (nº 135), 184 (nº 386 ) ; Gigon 30, p. 190 n . 92 ; Chroust 14, p. 87-88 ; Id ., Aristotle (cf. 14 ), t. I, p. 305, n . 174- 175 ; 246 R .Merkelbach, Die Quellen des griechischen Alexanderromans, coll. « Zetemata » 9 , 2e éd . en collaboration avec
J. Trumpf,München 1977, p. 169 et n . 18 ; Wirth 37, p. 996 - 997 , n. 103'. Dans un autre ordre d ' idées, une anecdote transmise par D . L . V 39 ( « Wanderanekdote » ), d 'un type appliqué également à deux élèves de Platon (Aristote, Xénocrate ) et à deux élèves d ' Isocrate ( Théo
pompe, Éphore), rapportait que, selon Aristote , Théophraste aurait eu besoin du frein , et
Callisthène, en raison de sa lourdeur d'esprit, de l'aiguillon (= Théophr. 1, t. I, p . 22-25 Fortenbaugh 20 ; Callisth . T 4 J.; cf.Gigon 30, p . 189 n . 91 ;Riginos 69, p . 138 ). Voir encore 247 E . Istler, Aristoteles und der Peripatos in ihrem Verhältnis zu Alexander, Diss. Wien
1968 ; Chroust 14 , p. 86 -91 ; Prandi 17, p. 114 -116 .
Lamort de Callisthène inspira à son ami Théophraste un écrit, aujourd 'hui perdu, intitulé Karrionévns ñ Nepinévdovç (D .L. V 44 = Théophr. 436 , 15 a, t. II, p. 256 Fortenbaugh 20 ; Callisth . T 19a J.), qui relevait du genre des Conso
lations et dans lequel, selon Cicéron , Tusculanes III 21 (= Théophr. 505 , t. II, p. 330 Fortenbaugh 20 ; Callisth . T 196 J.), Théophraste déplorait le tragique
216
CALLISTHÈNE D 'OLYNTHE
destin de Callisthène et s'irritait du bonheur d'Alexandre, s' attristant de voir que Callisthène eûtrencontré un homme qui avait atteint le comble de la puissance
et de la fortune, mais qui ne savait pas comment il fallait user de la prospérité. La maxime « Vitam regit fortuna, non sapientia » (Chairémon ), que Cicéron , Tusc. V 25 (= Théophr. 493, t. II, p . 320 Fortenbaugh 20) attribue au même
ouvrage et pour laquelle Théophraste aurait été blâmé de tous côtés (cf. Bignone 208 , t. II, p. 99- 102 ; cf. t. I, p. 435 et n. 117), y était sans doute appliquée à la destinée de Callisthène ; cf.Gigon 215, p. 508, 561. On sait trop peu sur la place
que la Túyn tenait dans le Karliodévns, dont il ne reste plus que quelques fragments – d'après Alexandre d' Aphrodisias (= Théophr. 504, t. II, p . 330 Fortenbaugh 20 ), Théophraste se serait aussi interrogé sur le rôle de la Nature
(dúouc) et du Destin (eiuapuévn) -, pour pouvoirmesurer exactement l'impor tance du rôle que cet écrit a pu jouer dans l'histoire de la notion de Túxn à l'époque hellénistique, des débuts de laquelle date le fameux traité lepi túxos,
perdu aujourd 'hui,du péripatéticien Démétrios de Phalère (fr. 79-81Wehrli), où est évoqué, entre autres, le rôle primordial des facteurs irrationnels dans l'appa rition et la chute des empires. De même, Cicéron ne fournit que quelques indica
tions sur la nature des critiques que Théophraste dirigeait contre Alexandre et qui font de son opuscule un premier témoin assuré des jugements critiques portés sur le roi au sein des écoles philosophiques. Pour Dicéarque (histoire de l'eunuque Bagoas), cf. 248 F . Wehrli, Dikaiarchos, coll. « Die Schule des
Aristoteles» 1, Basel/Stuttgart 21967, p. 49 (fr. 23); 249 Id., Hieronymos von Rhodos, coll. « Die Schule des Aristoteles» 10 , Basel/Stuttgart 21969, p. 40
(fr. 38 ) ;mais voir aussi Mensching 244, p .276-279 ;Goukowsky 29,t. I, p .318 n. 77. On ignore tout de l'ampleur des critiques de Théophraste contre le bour reau de Callisthène ; elles ne constituaient certainement pas l'objet principal de l'ouvrage et ont dû porter en particulier sur la conduite déraisonnable et la
démesure d'Alexandre. On a prêté à Théophraste le portrait « péripatéticien »
d 'un Alexandre, homme bien éduqué par Aristote,mais peu à peu perverti par la Fortune et la réussite , et transforméen tyran (« Umschlagtheorie» ; cf. Cicéron , Ad Atticum XIII 28, 3 [459], puis, surtout Quinte -Curce) ; voir 250 J. Stroux ,
« Die stoische Beurteilung Alexanders des Großen » , Philologus 88, 1933, p. 229- 230 (p.233 : Théophraste reprendrait l'idée que, sans l'« petń , il n 'est pas
facile de porter avec mesure la prospérité (Aristote, Éth. Nicom . IV 8 , 1124 a 30 31, dans le chapitre sur la magnanimité]) ; Mensching 244 , p. 280-282 ; Goukowsky 29, t. I, p. 316 n .63. Selon Pédech 15, p. 349, Théophraste aurait appliqué à la carrière d'Alexandre la maxime concernant le rôle de la Túyn ,
attribuant les succès du Conquérant à la Fortune (cf. Pédech 45, p. 332). Sur le Callisthène de Théophraste, voir Berve 6, t. II, p. 178-179 (n° 367); Regenbogen 94 , col. 1484-1485 ; Chroust 14 , p . 84, 89-90 ; Goukowsky 29, t. I, p. 111- 112, 317 -318 (n. 67-73) ; 251 F. Wehrli, dans GGP, Antike 3 , p . 494 ; Prandi 17, p. 116 -117 , 120 -121. Arguant de notre ignorance du contenu précis du Callisthène, des critiques anglophones admettent que la chute de Callisthène n ' y était évoquée que de manière plutôt marginale et
rejettent l'idée, traditionnellement admise (W . Hoffmann (1907), J. Stroux, W . W . Tarn, etc .), d 'un « portrait péripatéticien » d'Alexandre comme étant « pure invention » . Voir 252 E .
CALLISTHÈNE D 'OLYNTHE
217 Badian, « The Eunuch Bagoas : A Study in Method », CQ 8 , 1958, p. 153-157; 253 Id ., Studies in Greek and Roman History, Oxford 1964 (réimp. 1968), p. 251 (= c.r. de Pearson 7,
repris de Gnomon 1961) ; Hamilton 27, p. LX -LXI; Bosworth 11, p. 407-408, 411-412, qui ne croit pas non plus à un refroidissement des rapports entre Aristote et Alexandre ; Bosworth 89, t I, p . 13 et n . 26 ; Bosworth 38 , p. 144 et n . 43; 254 J. R . Fears , « The Stoic View of the
Career and Character of Alexander the Great» , Philologus 118, 1974, p. 113, 120 -121. Selon Mensching 244, p . 279-282, il n 'y aurait pas eu de portrait péripatéticien canonique d'Alexandre ; cf. Goukowsky 29, t. I, p . 316 n. 62 , qui, en ce qui concerne Alexandre et les
écoles philosophiques (29, t. I, p. 111-114 , 316 - 319 (n.62-92 ]), pense, de façon générale , que c'est plutôt de manière personnelle que les philosophes ont réagi devant le phénomène que
représente Alexandre, et, signalant aussi l'importance qu'aurait pu avoir Douris de Samos ( D 226 ) dans la constitution du « portrait péripatéticien » , préfère écarter l'idée que chaque
École se soit souciée d 'arrêter une doctrine à propos du roi. Contre Badian et consorts, l'existence d 'une tradition péripatéticienne hostile à Alexandre estmaintenue par Fraser 108 ,
L. II , p. 777 n. 177 , et addenda p. 1114 (à propos d'Agatharchide). La « Umschlagtheorie » protégeait Aristote du reproche d'avoir failli à ses devoirs de précepteur d 'Alexandre ; cf.
aussi Chroust 14, p . 90 ; 255 Id., « Was Aristotle Actually the Chief Preceptor of Alexander
the Great ? », dans Aristotle (cf. 14),t. I, p. 131, suggère toutefois l'hypothèse que le précep torat d'Aristote, dont l'historicité n 'est pas aussi solidement établie qu 'on le supposerait (cf. Gigon 30 , p. 182 -187), a pu être imaginé en réaction au portrait péripatéticien , négatif, d'Alexandre. En revanche, d'après le « portrait stoïcien » d'Alexandre, pour lequel voir surtout Stroux 250 , p . 222 -240, les défauts du caractère du roi remonteraient à sa prime jeunesse ; à son tour, l'idée d 'un portrait stoïcien canonique, défavorable à Alexandre et reflétant une forte opposition qui se serait manifestée dès l'époque de Diogène de Babylone et de Panaitios, puis, avec virulence, à l'époque impériale, a été combattue, particulièrement par
Fears 254, p. 113-130 , qui explique par l'introduction d'éléments romains l'image d'Alexan dre présentée par des auteurs comme Sénèque, Lucain etMarc Aurèle , qui contraste si nettement avec celle d 'un Arrien , « such a conscientious Stoic » (p. 123). Pour une vue plus
adéquate de l'attitude stoïcienne, cf. 256 P. A . Brunt, « From Epictetus to Arrian » , Athenaeum 55 , 1977, p . 39 -48 , pour lequel l'Anabase d'Arrien ne saurait être considérée comme donnant une interprétation stoïcienne de la personnalité d'Alexandre . Pour les jugements portés sur Alexandre au sein des écoles philosophiques, voir aussi 257 A . Grilli, « Alessandro e Filippo
nella filosofia ellenistica e nell'ideologia politica romana » , dans 258 Alessandro Magno tra storia e mito , coll . « RISA » (cf. 17 ) 1, 1984 , p . 123 - 153 ; 259 G . Giannantoni, « Cinici e stoici
su Alessandro Magno », dans G . Casertano (édit.), I filosofi e il potere nella società e nella cultura antiche, coll. « Acta Neapolitana » 2, Napoli 1988 , p. 75-87 . Ce sont les détracteurs d'Alexandre qui ont attribué un rôle prédominant à la Fortune dans les succès du Conquérant, théorie que Plutarque combat dans les deux opuscules Sur la Fortune (Túyo ) ou la Vertu (åpet ) d 'Alexandre, où il présente le roi comme un vrai philosophe en action , cosmopolite (cf. Hamilton 27 , p . XXIII -XXXIII ; 260 Chr. Froidefond [édit.), Plutarque, Euvres morales,
t. V 1, CUF, Paris 1990, p.67 -156 , 215 -237) ; le nombre des déclamations d'école consacrées à la question de savoir si Alexandre a dû ses étonnants succès à la Fortune ou à sa Vertu était
sans doute considérable . Voir aussi Chroust 14 , p. 90 -91, 335-336 . Examinant les critiques de Timée de Tauroménion contre d 'autres historiens, Polybe XII 12b, 2-3 (cf. 23, 3) – le livre XII de Polybe n 'est connu que
fragmentairement – rapporte que Timée reprochait à Callisthène d 'avoir été un
flatteur (wóra ), comportement bien étranger à la pihooopla : ayant perverti l'esprit d'Alexandre autant qu'il en était capable et décernantau roi l'égide etle foudre, attributs de Zeus, le piaboodoc aurait trouvé le juste châtiment (= Callisth . T 20 J.; FGrHist 566 (Timaios von Tauromenion ) F 155 ; T 19,
p. 585, li. 13- 15 ;cf. Pédech 90 , p. 90 -94 ;Walbank 218, p. 353-355, 377 ; Goukowsky 29,t. I, p. 113-114 ; Prandi 17 , p. 94, 99- 100, 117-120).Moins âpre,
CALLISTHÈNE D 'OLYNTHE Philodème de Gadara, dans son lepi zoraxelas, relève l'ambiguité de l'atti tude de Callisthène (déification d'Alexandre, mais refus de la proskynèse) et remarque que, contrairement aux assertions de certains, l'Olynthien manquait de
218
franc-parler dans son rôle de philosophe (oùx ... naponolaots oibo .doc) et
de fermeté dans son rôle d'ami (= T 21 J.; cf. 260a W . Crönert, Kolotes und Menedemos, p. 191- 192 ; Prandi 17, p. 94, 118 -119). Faisant allusion au glorieux passé de l'Oracle d 'Ammon et évoquant, d'après Callisthène (= F 14a J.), la
visite qu'y fit Alexandre ( supra , p . 195), Strabon XVII 1, 43, p. 813 -814 C ., critique l'esprit d'adulation (wołaxela ) qui amena les historiens du grand Conquérant, Callisthène en particulier, à rapporter des exagérations à son sujet. Pour Tatien (= Düring 3, p. 295, n° 28d; cf. T 18 a J.), c'est la complaisance montrée, dans son préceptorat, par Aristote, adulant (xonaxeveLV) le jeune
Alexandre , qui est responsable de la tragédie d 'un opposant comme Callisthène ; cf. Prandi 17, p. 118 -119. Pour les critiques que Polybe, en l'occurrence, dirige à son tour contre Timée , voir Meister 91, p . 20 -21. Goukowsky 29, t. I, p. 248 n .65, reproche à Timée sa malhonnêteté intel
lectuelle. A propos de Düring 3, p. 294 (n° 28 a), qui pense que c ' est avec Timée que commence la tradition défavorable à Callisthène, voir Gigon 30, p . 191- 192.Lanaponola est un trait caractéristique des cyniques ; cf. Billerbeck 240 , p. 156 . Pour la condamnation de la xonaxela chez Philodeme, voir Gaiser 86 , p. 388 . Callisthène apparaît aussi comme flatteur
dans un apophtegme de Diogène le Cynique (D . L. VI 45 ; = T 14 J.; Giannantoni 180, t. II, fr. V B 30, p. 239). Selon Plutarque, De Stoic. repugn. 20, p. 1043d, qui, dans le contexte , cite l'avis affirmatif de Chrysippe (SVF III 691) sur la question de savoir si le sage doit vivre à la cour royale et accompagner le souverain dans ses campagnes, « certains » auraient blâmé Callisthène d'avoir suivi Alexandre, mais louaient Ephore, Xenocrate et Ménédème pour avoir adopté l'attitude contraire (sur la question de l'historicité des faits allégués, voir Berve
6 , t. II, p . 162 [nº 332) ; 193 (nº 408 ); 281 [nº 576 ); 425 (n° 52 ; s'agit-il bien du Ménédème d ' Érétrie ?); F . Jacoby, FGrHist 70 T 6 , Komm., p . 36 ) ; on prêtait à Callisthène l' intention
d 'obtenir d 'Alexandre la restauration d ’Olynthe, la même ambition pour sa patrie que celle d 'Aristote pour Stagire et d'Eumène pour Cardia . Sur le problème éthique impliqué par la notice, voirMeißner 19a, p. 270-271, 395 (n. 77), 531.
Alors que les Vies d'Aristote sont en partie très avares en détails sur l’Olynthien (Gigon 30, p. 188-189 ; Chroust 14, p . 88-89; Id ., Aristotle (cf. 14 ), t. I, p .47), les historiens d 'Alexandre évoquent régulièrement l'affaire de Callisthène. Chez Diodore de Sicile , le plus ancien des historiens conservés d'Alexandre et fervent admirateur du Conquérant, la mort de Callisthène était évoquée dans la longue lacune du livre XVII de la Bibliothèque, consacré au récit du règne d 'Alexandre et représentant un élément fondamental de la « Vulgate » (Clitarque); on ignore donc comment Diodore, qui donnait un por trait idéalisé d 'Alexandre et insistait sur le côté mesuré du Conquérant, jugeait
Callisthène. En revanche, Plutarque, Alexandre 52-55, et Arrien , Anabase IV
10- 14 (supra , p . 187), permettent de voir comment l'affaire de Callisthène a été intégrée par deux autres historiens d 'Alexandre conservés à leur récit favorable au Conquérant. Ne dissimulant pas les défauts et les erreurs de son héros, Plutarque, op. cit., 54 , 2-3, après avoir souscrit au jugement d'Aristote relatif au manque de bon sens de Callisthène (supra, p.214), rend hommage à l'Olyn
thien , qu 'il admire et qu'il appelle piaooodoc (52, 3), en le louant pour avoir
CALLISTHÈNE D 'OLYNTHE
219
repoussé énergiquement, au nom de la philosophie (oroo bowc), la proskynèse et avoir épargné aux Grecs une grande honte, et une plus grande encore à Alexandre ; Plutarque insiste tout particulièrement sur l'influence néfaste des flatteurs d 'Alexandre (ooplotai xal xóaxec), parmi lesquels le philosophe Anaxarque, appelé oogloths chez Plut., Alex. 28, 4. Il est d'ailleurs peu
probable que l'apophtegme aristotélicien fasse encore partie de l'emprunt de Plutarque à Hermippe ( supra , p . 214); cf. Hermippe fr. 50 Wehrli ;Gigon 30 , p. 189 ; Hamilton 27 , p . 149 ; aliter, Prandi 17 , p. 114 -115, 124, 169. 261 F . Wehrli, Hermippos der Kallimacheer, coll. « Die Schule des Aristoteles» Suppl. 1, Basel/Stuttgart 1974 , p. 77 (ad fr. 50 ) n 'exclut pas l'existence d'une Vie de Callisthène par Hermippe ; cf. Prandi 17, p . 168 n. 3, puis p . 121-124. Quant à Arrien , Anabase IV 10, 1-4 ; 12, 6 -7 , il reproche à Callisthène surtout de ne pas avoir respecté les bienséances à l'égard du roi et le blâme pour son manque de savoir-vivre, son insolence, son arrogance et une liberté de parole inopportune (őxalpos nappnoia ). Justin XII 6, 17 - 7,2 , et XV 3, 3-7, n 'évoque que briève ment Callisthène, dans le second passage (= T 18 f) à propos du diadoque Lysi
maque, qui, ayant été un auditeur de l'Olynthien (Berve 6 , t. II, p . 194 et 240), lui aurait procuré du poison, alors qu'il était enfermé dans une cage, afin qu'il pût mettre fin à ses horribles souffrances, à la suite de quoi Alexandre aurait exposé Lysimaque à un lion (Berve 6 , t. II, p. 240, n° 480 ; Prandi 17 , p . 178 ; la légende bien connue de l'exposition de Lysimaque à un lion se retrouve chez plusieurs autres auteurs ); appelé philosophus, Callisthène est présenté par Justin comme un homme de meurs parfaites, martyr de la liberté. Face aux nom
breuses réflexions virulentes de Quinte -Curce à l'adresse d'Alexandre, dont l'évolution morale montre à satiété que la Fortune favorable corrompt les hommes en leur faisant abandonner la modération, Callisthène, innocent du complot ourdi contre la vie du roi, apparaît dans les Histoires de l'auteur latin comme le défenseur de la liberté contre la tyrannie : « nul autre meurtre ne suscita chez les Grecs plus de haine contre Alexandre » (VIII 5 , 20 ; 8, 21-22 ; cf. T 17 J. ; Düring 3 , p . 296 , n° 28 g ); cf. 26la N . G . L . Hammond, Three Histo rians of Alexander the Great. The so -called Vulgate authors, Diodorus, Justin
and Curtius, Cambridge 1983, p. 148, 162. Dans un même ordre d'idées, on citera la tirade passionnée, à un endroit inattendu, de Sénèque, Nat. Quaest. VI 23, 2-3, contre Alexandre, responsable de la mort de Callisthène, noble esprit qui a bravé les fureurs de son roi: « rien de ce qu'il (scil. Alexandre) a accompli ne paraîtra jamais aussi grand que son crime» (cf. Düring 3, p. 296 , n° 28 g). Au IVe siècle , le philosophe et rhéteur Thémistius, s' indigne encore du traitement
réservé à Callisthène par Alexandre (= Düring 3 , p .295, n° 28 f). Pour la bibliographie et un état des recherches sur les sources secondaires conservées de l'histoire d'Alexandre (Diodore , Quinte -Curce, Plutarque , Arrien , Justin (= Trogue-Pompée)),
voir Seibert 13, p. 25-42 (Seibert tient aussi compte des deux opuscules de Plutarque Sur la Fortune ou la Vertu d 'Alexandre ) ; pour Quinte-Curce , cf. encore Wirth 37, p. 735-736 ; 262 W . Rutz, « Zur Erzählungskunst des Q. Curtius Rufus» , ANRW II 32, 4 , 1986 , p. 2329
2357. Analyse des textes relatifs à Callisthène : Prandi 17 , p. 167-179. Pour les jugements d 'Arrien sur Callisthène, voir Brunt 34, t. I, p. 540-544 ; Brunt, 256 , p . 41-42 ; Stadter 36 ,
220 CALLISTHÈNE D 'OLYNTHE p. 108-110 ; Bosworth 89, t. I, p . 15 (Arrien s'efforce d' atténuer les critiques dirigées contre Alexandre ; cf. Bosworth 38 , p. 135 -156 ); Bosworth 38, p . 119, 150 -151 ; 263 G . Zecchini, « Alessandro Magno nella cultura dell'età antonina » , dans 258, p . 200 -201. Sur les sources de
Trogue-Pompée pour l'histoire d 'Alexandre le Grand (Justin XI-XII), voir 264 G . Forni et M . G . Angeli Bertinelli, « Pompeo Trogo come fonte di storia » , ANRW II 30 , 2 , 1982, p . 1328 -1330, 1359- 1360 ; pour Lysimaque (Justin XV 3 ), on a suggéré Douris de Samos
( ” D 226 ) ; cf. Berve 6 , t. II, p. 240 n . 1 ; Prandi 17, p . 121, 126 -127, 178 -179 ; 265 H .-D .
Richter, Untersuchungen zur hellenistischen Historiographie. Die Vorlagen des Pompeius Trogus für die Darstellung der nachalexandrischen hellenistischen Geschichte (lust. 13-40), coll. « Europäische Hochschulschriften » III 333, Frankfurt a .M ./Bern /New York /Paris 1987 , p .65-66 . Sur les jugements, variables, de Sénèque sur Alexandre, voir Hamilton 27 , p . LXI
LXII ; Bosworth 89, t. I, p . 13- 14 ; 266 D . Lassandro, « La figura di Alessandro Magno nell' opera di Seneca » , dans 258, p. 155- 168. C 'est dans la seconde pentade des Histoires que
Quinte -Curcemet l'accent sur l'évolution morale in peius d'Alexandre, perverti par l'Asie, et sur l'importance croissante prise par les vitia du roi par rapport à ses virtutes (Rutz 262, p. 2334 , 2346 ); dans un texte qui a fait date dans les études sur le portrait d'Alexandre, 267 Ed . Schwartz, art. « Curtius » 31, RE IV 2 , 1901, col. 1889 - 1890 , repris dans Id., 225 ,
p . 183-184 , observait que le jugement de Tite -Live, dans le fameux excursus sur Alexandre,
IX 17 -19 (cf. Hamilton 27, p. LXI; Merkelbach 246, p . 218 -223), et celui de Quinte-Curce étaient préfigurés dans le Callisthène de Théophraste. Sur le personnage de Callisthène et les jugements divers que les Anciens ont portés sur lui, voir maintenant aussi Meißner 19a , passim .
Pour un témoignage ancien sur l'iconographie de Callisthène ( T 22 J. = Pline, Nat. Hist. XXXVI 36 ), voir Jacoby 4, col. 1684 ; Prandi 17, p. 121 n . 24. (b ) Les œuvres de Callisthène. Pour un aperçu plus détaillé sur le « Nach leben » , non négligeable , de Callisthène, qui figure dans la liste canonique des
dix grands historiens (T 36 J. ; cf. T 24 J.), voir Jacoby 4 , col. 1705-1707. Ed . Schwartz voyait en lui (F 44 J.) l'initiateur de l'historiographie « péripatéti
cienne » ; voir aussi Will 26 , p. 18 -25 , 72 -77; cf. notre notice « Douris de Samos» (» D 226 , p. 911-912 ); Jacoby 4, col. 1690 -1691 ; Prandi 17 , p. 132 136 . L 'influence de Callisthène sur les historiens d'Alexandre est réelle , mais
difficile à délimiter. Tout en le critiquant, Polybe VI 45, 1 (= Callisth . T 28 J.), qui connaît aussi les Helléniques, le range parmi les oylátaTOL tbv åpyalwv ourypapéwv ; cf. encore 268 R . M . Errington, « Alexander in the Hellenistic
World » , dansAlexandre le Grand. Image et réalité, coll.« Entretiens sur l'Anti quité classique » 22, Vandeuvres/Genève 1976 , p. 177-179. Autres utilisateurs
de Callisthène (Helléniques ou/et Histoire d'Alexandre): Aristote, Éphore, Timée, des grammairiens (Apollodore d'Athènes, Démétrios de Scepsis), Posei donios, Strabon , Plutarque, etc . Il est frappant qu 'Arrien ne mentionne pas
explicitement l'Histoire d 'Alexandre. Quant aux Romains, il apparaît de la
Correspondance de Cicéron que celui-ci, demandant, en 56a, à Lucceius d 'écrire, à part de l'histoire générale , l'histoire de son consulat et des événe
ments qui ont suivi jusqu 'à son retour d'exil, se prévalait du précédent, entre
autres, de Callisthène,auteur d 'unemonographie Sur la Guerre sacrée ( T 25 J.), tandis qu' en 54a, le frère de Cicéron, Quintus, étudiait Callisthène ainsi que Philistos, le « Thucydide sicilien », que Cicéron dit, pour sa part, placer au dessus de l'Olynthien ( T 31 J.). Dans le De oratore II 58 (554), Cicéron fait figurer Callisthène, qui écrivit l'histoire « presqu 'en déclamateur» (T 30 J.), au
"CANTHAROS” DE SINOPE
221
nombre d 'historiens grecs importants. En matière de style (Jacoby 4 , col. 1691 1692 ), il n 'aurait pas toujours visé avec bonheur au sublime (T 32 J.). Le Roman d 'Alexandre grec, dans un certain nombre de manuscrits plus récents et chez
Jean Tzetzès, est mis sous le nom de Callisthène (« Pseudo-Callisthène» ); cf. Pfister 92 , p. 52 ; Merkelbach 246, p. 202. Pour la bibliographie, immense,
concernant le Roman d 'Alexandre, voir 269 W . Spoerri, art. « Kallisthenes» 2 (« Ps. Kallisthenes» ), KP III, 1969 (1967), col. 86 -87 ; Seibert 13, p .219-227, puis 154 -156 ; l'article collectif « Alexander d. Gr. in Kunst und Literatur. B . Alexanderdichtung » , Lexikon des Mittelalters, t. I, München/Zürich 1980, col. 355 - 366 .
WALTER SPOERRI.
IIIa ?
37 CALLISTRATE
Philosophe épicurien inconnu dont le nom revient seulement en deux
passages des Ipayuatemal de Philodème (PHerc. 1418, col. 19, 10 -14 et 21, 4 sq. Voir L . Spina, CronErc 7 , 1977, p . 56 -57). W . Crönert, Kolotes und Mene
demos, p. 192,suivi par W . Liebich , Aufbau, Absicht und Form der Pragmateiai Philodems, Berlin 1960 , p. 30, suppose qu'il appartenait au cercle épicurien .
Moins probable et plus hasardeuse est en revanche l'hypothèse de Crönert, qui retrouverait son nom sous le titre corrompu d 'un ouvrage d 'Épicure : Karriotóraç, en D . L . X 28 . TIZIANO DORANDI.
CALPURNINUS → PISO CALPURNINUS (M . PUPIUS -)
CALPURNIUS + MACEDO (C. CALPURNIUS COLLEGA ) CATULUS → CINNA CATULUS CALVENUS + TAURUS (CALVISIUS -) CALVISIANUS + HERMOCRATÈS (T . FLAVIUS VARUS CALVISIANUS ) CALVISIUS — TAURUS (CALVISIUS -)
37a “ CANTHAROS" DE SINOPE
Μ ΙΙ
Personnage des Fugitifs de Lucien, ami du cynique Peregrinus Proteus. Cantharos (Kávoapoc) est un surnom qui signifie "Scarabée” . Le nom véritable du personnage est inconnu. Le dialogue s'ouvre sur une conversation entre Zeus et Apollon où est évoquée la mort par
le feu de Peregrinus (aux Jeux Olympiques de 165). “ Philosophie" vient se plaindre à Zeus, son père, des mauvais traitements que luifont subir les cyniques de l'époque, ces parasites assoiffés de plaisir et de richesses, paresseux, flatteurs, stupides et impudents, quipassent leur temps à la déshonorer. Devant son émotion ,Zeus demande à Héraclès et à Hermès de descen dre avec elle sur terre pour exterminer ces " chiens” . Ils arrivent dans une ville de Thrace, Philippopolis , où ils rencontrent trois esclaves en fuite , en compagnie d 'une femme que ceux
ci ont enlevée. Un de ces esclaves est précisément Cantharos. Les deux autres sont appelés
Ληκυθίων et Μυρόπνους (32).
222
" CANTHAROS” DE SINOPE
Ce Paphlagonien de Sinope, « un peu jaune, les cheveux tondus au ras de la tête , la barbe épaisse, la besace à l'épaule, enveloppé du manteau court » , est
présenté comme « irascible, sans éducation, doté d'une voix rude, et prompt à l'insulte » (Fugit. 27) . Autrefois , quand il exerçait chez son maître le métier de cardeur, il portait les cheveux longs, avait le menton rasé et, assis dans l' atelier, il coupait tous les bouts de laine qui affleuraient sur les manteaux. Maintenant, il
a quitté ce métier et il se prétend philosophe cynique (28). Cependant, au lieu
d'avoir des lupins ou un morceau de pain dans sa besace , il a une ceinture en or, ce qui amène Héraclès à faire un jeu de mots sur xovoos, “ l'or" : lorsqu 'aupara
vant Cantharos était en Grèce, il disait être cynique,maintenant il est “ chrysip péen” , autrement dit stoïcien (31). A la fin du dialogue, Cantharos est condamné par Hermès à être livré à ceux qui enduisent de poix les bateaux , dans un
premier temps, il périra épilé à la poix, ensuite on le portera au sommet de
l'Hémos et on le laissera dans la neige les pieds liés. Ce portrait de Cantharos, même s'il est outré par la volonté satirique de Lucien , laisse entrevoir comment le cynisme populaire , tel qu 'il se développa
aux jer et 11e siècles dans les villes de l'Empire romain , pouvait choquer l'opinion. MARIE -ODILE GOULET-CAZÉ.
38 CANUS (IULIUS -) RE Iulius 167 PIR I 110
DI
C 'est dans le De tranquillitate animi(XIV 1- 10 ) qu'apparaît ce uir in primis magnus; et Sénèque insiste longuement sur sa grandeur d'âme et sa sérénité face à la mort. En effet, après avoir été condamné par Caligula , il passa les dix jours qui précédèrent son exécution à jouer avec son geôlier. Au moment du supplice , il se fait accompagner par son philosophe et, quand ses amis manifestent leur
douleur, il répond : « Pourquoi cette tristesse ? Vous vous demandez si l'âme est immortelle ,moi, je vais le savoir tout à l'heure » . Il cherche à observer « s 'il sen
tira son âme s' en aller » et promet de revenir trouver ses amis pour les renseigner sur le sort des âmes (§ 9) . Iulius Canus appartient ainsi à cette catégorie de Romains qui saventmettre la philosophie en pratique. Sa fermeté et sa constance devant la mort (comme l'utilisation de cette anecdote par Sénèque) tendent à le rapprocher du stoïcisme; comme Thraséa et bien d 'autres, il s'interroge sur la mort et l'immortalité de l'âme. Sa « désinvolture sereine et sa curiosité scien
tifique » envers la mort peuvent peut-être conduire à faire de lui un épicurien (cf. J.- M . André , « Les écoles philosophiques aux deux premiers siècles de notre
ère » , ANRW II 36 , 1, p . 30 ), car il s'interroge sur le phénomène de la mort et la séparation de l'âme et du corps. Pourtant l'accent est mis sur l'immortalité de l'âme et Iulius Canus promet de revenir trouver ses amis pour les renseigner sur le sort des âmes. De telles données sont incompatibles avec l' épicurisme. Il faut les rapprocher d 'un fragment de Plutarque (fr. 211 Sandbach ), cité dans la
chronique de Georges le Syncelle (1, p. 625 Dindorf = p . 401, 14 -24 Moss hammer ; cf. D . Babut, Plutarque et le stoïcisme, Paris 1969, p. 186 -188 ), où ce personnage prévoit l'avenir et annonce que son amiRectus sera mis à mort par
223 CAPITO (SEXTUS IULIUS ? -) l' empereur et qu'il viendra lui-même rencontrer son ami Antiochos de Séleucie
la nuit qui suivra sa mort, tout en exposant ce qui concerne la survie de l'âme.
Ainsi, bien que Plutarque ait insisté sur des traits platoniciens, Iulius Canus se rattache surtout au stoïcisme.
Cf. W . Kroll, art.« Iulius» 167,REX 1, 1919, col. 541. (Boèce, Consolatio I 4, prosa 94-98 (voir déjà I 3, prosa 33), rapporte un bon mot adressé par Canius à Caligula qui lui reprochait d'avoir été au courant d 'un
complot monté contre sa personne: « Si je l’eusse su , tu l'aurais ignoré» (trad. Courcelle). A propos de ce passage, J. Matthews, « Anicius Manlius Severinus
Boethius» , dans M . Gibson (édit.), Boethius. His life, thought and influence, Oxford 1981, p. 37, souligne que l' anecdote permet à Boèce de se comparer à Canius et d'affirmer son opposition à la tyrannie impériale . Selon P. Courcelle , Les lettres grecques en Occident, Paris 1948 , p. 283-294 , Boèce dépendrait non pas de Sénèque,mais de l'ouvrage perdu de Plutarque mentionné par Georges le R . G .) Syncelle , peut-être à travers un protreptique grec intermédiaire . MICHÈLE DUCOS. 38a
CAPELLA → MARTIANUS AD **CCAPION ou *CAPIONOS
Ce philosophe serait l' auteur de trois maximes sur la philosophie ou les rapports entre un maître et ses disciples, conservées dans les loci communes attribués à Maxime le Confesseur: PG 91, 1860, col. 825.
D . A. Chrestidès, « 'o är woTOC Dióoopos “ Kaniwv" [Le philosophe inconnu “ Capion ” ] » , Hellenica 42, 1991-1992, p . 374-376 ,montre que l' attri bution , remontant à l'édition Combefis (Paris 1675) , n 'est qu 'un contresens sur
le mot grec xanlovov = XATTOLOUVOŪ = tivós, indiquant que les maximes sont d 'auteur indéterminé.
39 CAPITO (SEXTUS IULIUS ? -)
SIMONE FOLLET. м II
Platonicien , ami d'Aelius Aristide. Le discours 47 d'Aelius Aristide est adressé à son ami Capiton , fervent platonicien. Le seul élément biographique précis explicitement indiqué dans le discours est que Capito appartenait à une cité quicélébrait des Olympia, dont il semble avoir lui-même été agonothète (p . 423 Dindorf) ; néanmoins, la quali
fication d 'hétairos que lui attribue Aristide (p .417 Dindorf) pourrait impliquer des liens avec l'Asclepieion de Pergame. C .A . Behr, Aelius Aristides and the Sacred Tales, Amsterdam 1968, qui date le discours de la période 145 -147 (p. 59-60 ), est tenté de voir en lui un des représentants de l'« école de Gaius» , qu 'il semble situer à Pergame (p. 54 ). En réalité , le passage de Galien (De anim .
morb . V , 41 Kühn) dont s'autorise C . A . Behr indique simplement que le méde cin avait suivi à Pergame en 143 les leçons d 'un disciple de Gaius, ce qui n 'implique nullement que Gaius lui-même ait constitué une école dans cette ville .
CAPITO (SEXTUS IULIUS ? -)
224
C . A . Behr identifie par ailleurs le dédicataire du discours à Capiton, fils de Ménophantès, boukôlos de Dionysos Kathègèmôn sous Trajan (IGR IV 386 ) ; il serait également identique au théologue Capiton du règne d'Hadrien (IGR IV 353, ligne 30 ), au dadouque homonyme du sanctuaire de Dèmèter (MDAI( A ) 37 , 1912 , p . 1911, n° 15 ), à l'auteur d 'une dédicace à Zeus Sôter (AvP VIII 2 , 327) ,
ainsi qu 'au prêtre Sextus Iulius Capito (AvP VIII 2 , 478). L ' attribution au même personnage de tous ces documents est très plausible : si, dans la dernière inscrip
tion , Capiton a mérité les titres de fondateur et d ' évergète , il y est défini avant tout comme un prêtre, ce qui s'accorde bien avec les autres dédicaces. Le rapprochement avec le philosophe ami d 'Aristide est d 'autant plus vraisem blable que l'accession de Capiton à la citoyenneté romaine, avec les noms
Sextus Iulius, pourrait s'expliquer par le patronage de Sextus Iulius Major
Antoninus Pythodôros deNysa (PIR2 I 398). Or, ce personnage, apparemment un dévot d 'Asclepios puisqu 'il avait manifesté sous Antonin sa générosité au sanctuaire de Pergame (AvP VIII 3 , 23) avant de couvrir de constructions celui d 'Épidaure (cf. IG IV 12 , p. XXXIII-XXXV ; Pausanias II, 27, 6 ), était lui aussi une relation d ' Aelius Aristide, qui connaissait assez bien son fils pour le voir à
l'occasion apparaître dans ses rêves (Discours Sacrés I 35) . BERNADETTE PUECH .
40 CARNÉADE
FI?
Philosophe cynique, dont l'existence n 'est attestée que par Eunape , Vies des
philosophes et des sophistes II 1, 5; p . 3, 9 -13 Giangrande. Il aurait été contem porain d ' Apollonios de Tyane et l'un des plus remarquables représentants du
cynisme, à côté de « Musonios,Démétrios ,Ménippe et bien d 'autres » . MARIE -ODILE GOULET-CAZÉ . va 41 CARNÉADE D 'ATHÈNES Philosophe athénien, disciple d'Anaxagore (» A 158), d 'après le témoignage
unique de la Souda (Hesychius), K 401 ; t. III, p . 35, 13 Adler. RICHARD GOULET. 42 CARNÉADE DE CYRÈNE RE (K )1 et Suppl. XI
214 / 3- 129 /8
Philosophe académicien, scholarque à la suite d'Hégésinos. Cf. 1 H . von Arnim , RE X 2 , 1919 , col. 1964- 1985 ; 2 A . Weische, RESuppl. XI, 1968, col. 853-856 ; 3 B . Wiśniewski, Karneades. Fragmente. Text und Kommentar, coll. « Archivum Filologiczne » 24, Varsovie 1970 ; 4 M . Dal Pra, Lo scetticismo greco, 2e éd., Roma/Bari 1975 , p . 167-285 ; 5 J. Glucker, Antio chus, passim ; 6 A . Russo , Scettici antichi, Torino 1978, p . 215-383 (avec un recueil des fragments en traduction italienne) ; 7 T. Dorandi, La ‘Cronologia ' di
Apollodoro nel PHerc. 1021, Napoli 1982, p. 23 sq . et 44. Bibliographie plus détaillée dans 8 L . Ferraria et G . Santese, « Bibliografia sullo scetticismo antico 1880- 1978 » , dans les Actes du Congrès Lo Scetticismo antico publiés sous la
direction de G . Giannantoni, Napoli 1981, t. II, p . 753-850, notamment les
225 CARNÉADE DE CYRÈNE références signalées à la page 849, s. v. « Carneade ». Ajouter au moins: 9 A .M . Ioppolo , Elenchos 1, 1980, p . 76 -91 ; 10 H . J. Mette , « Weitere Akademiker
heute. Von Lakydes bis zu Kleitomachos » , Lustrum 27, 1985, p . 53-141 ;
11 H . Tarrant, Scepticism or Platonism ? The philosophy of the Fourth Academy, Cambridge 1985, p. 2-41, 89-94, 122 sq.; 12 A. M . Ioppolo , Opinione e scienza . Il dibattito tra Stoici e Accademici nel III e II secolo a. C ., Napoli 1986 ; 13 T .
Dorandi (édit.), Filodemo: Platone e l'Academia, p .68-71; 14 id ., Cronologia , p . 11- 16 .
Sources biographiques anciennes: La vie de Carnéade doit être reconstituée presque essentiellement à partir de ( 1) D . L . IV 62-66 (= T la Mette) et (2 ) Philodème, Ind. Acad. Herc., col. 22- 24 (= fr. 1). La col. P concerne plutôt, comme l'a vu Mekler , la Vie d 'Arcésilas (cf. T. Dorandi, « Filodemo e l'Acade
mia Nuova (PHerc. 1021, XVIII-XXVI) » , CronErc 17, 1987, p . 121, 123. Voir encore col. 29, 39 - 31, 40 = Apollodore, FGrHist 244 F 54 et 57 = T 36 Mette ). D 'autres témoignages bibliographiques sont rassemblés dansMette 10 . Cf. 15 T . Dorandi, « Il quarto libro delle “ Vite " di Diogene Laerzio : l'Academia da
Speusippo a Clitomaco » , ANRW II 36 , 5 , 1992, p . 3785-3787.
Carnéade, fils d'Épicomos (D . L . IV 62 = T la ) ou de Philocomos (Alex. Polyh., FGrHist 273 F 90 = 6 Giannattasio chez D .L . IV 62 = T la), naquit à Cyrène (cf. Strabon XVII, 3 , 22 = T 1a?, et Cicéron , Tusc. IV 5 = T 7 ). La date
denaissance en 214 /3 se déduit du témoignage d'Apollodore (FGrHist 244 F 51 = D . L . IV 65 = T 1a), selon lequel Carnéade serait mort en 129/8 à l'âge de 85 ans (voir aussi (Lucien ), Macrob. 20 = T le). L 'indication différente (Cicéron ,
Lucull. 16 = T 1a?, Valère Maxime VIII 7 ext. 5 = T 1c2 et Censorinus, De die nat. 15 , 3 = T 1e*), qui donne à Carnéade un âge de 90 ans à sa mort, est consi dérée comme dépourvue de crédit (par exemple par von Arnim 1, col. 1964, et Mette 10, p. 121). Il fut le successeur d 'Hégésinos au scholarcat (D . L . IV 60 =
Tla) et peut-être aussi son disciple (Cicéron , Lucull. 16 = T 1a? : audivit Hege sinum ). Il connaissait la pensée de Diogène de Babylone (Cicéron , Lucull. 98 =
F 5) et les écrits de Chrysippe. Habile dialecticien (D . L . IV 62 = T la), il don nait également des leçons de rhétorique (D . L . IV 62-63; Plutarque, De garr. 21 ; Cicéron , De fin . III 41 ; De orat. II 161, III 68 ; Aulu -Gelle VI 14 , 10, et Numénius, ap. Eusèbe, P . E . XIV 8 , 2 = fr. 27 des Places = T la, 1b ? ; F6 ; T 7b ; F 4a ; T 7c ; T 2 ).
L 'épisode le plus importantde sa vie fut sans doute l'ambassade à Rome en 155 av. J.- C . Les Athéniens, contraints à payer une forte amende pour avoir saccagé la ville d'Oropos, envoyèrent à Rome les trois plus fameux représen tants des trois grandes écoles philosophiques d 'Athènes : Carnéade, Critolaos
(--C219) et Diogène de Babylone (- D 146) pour faire annuler cette mesure. En attendant d 'être reçus au Sénat, les trois philosophes discutèrent sur la justice ; Carnéade surtout attirait une troupe nombreuse de jeunes gens par son habileté dialectique. La mission connut une issue favorable pour les Athéniens. Cf.
Dorandi 7 , p. 44, Mette 10 , p. 121 sq . et 16 J.- L . Ferrary , Philhellénisme et impérialisme, Rome 1988, p . 351- 363.
226
CARNÉADE DE CYRÈNE Strabon (XVII, 3 , 22 = T 1a ?) affirme que Carnéade était considéré comme le meilleur représentant de l'Académie, tandis que Philostrate, V . soph. I, atteste qu 'il fut compté parmi les ploooonoavtEÇ ÉV 86 En toŨ OODLOTEŨOAL. Selon
D . L . IV 63 = T 1a, un disciple de Carnéade, Mentor de Bithynie, avait séduit une concubine du maître et fut raillé par lui lors d 'un cours (d 'après Favorinus , fr. 35 Mensching = 67 Barigazzi). Les anecdotes rapportées par D . L . (IV 64 -66 = T 1a) sur la vision défectueuse de Carnéade et sur sa mort sont considérées
comme dénuées de fondement par von Arnim 1, col. 1996 (cf.Mette 10, p . 122). Il ne laissa aucun écrit (D . L . IV 65 = T 1a, qui rapporte que sous son nom circulaient cependant des Lettres à Ariarathès, roi de Cappadoce). Sa pensée fut recueillie par ses disciples Clitomaque (» - C 149] (cf. D .L . IV 67 = T la et
Cicéron, Lucull. 98 et 102 = F 5) et Zénon d 'Alexandrie (Philodème, Ind. Acad . Herc., col. 22, 35 sq., = T 3b). Une liste d'autres disciples nous est connue partiellement grâce à l' Ind. Acad . Herc ., col. 22, 35 -24, 16 , et 32, 33-42 = T 3b
(voir Zeller III 1”, p. 543 sq. n. 2, et Mette 10, p. 122). En 137/6 , désormais trop âgé, il se retira du scholarcat et c'est Carneade ( - C 43), fils de Polémarque, qui lui succéda à la direction de l'école pour six ans, jusqu 'en 131/0 . D 'après Apollodore , Carnéade serait mort après lui en 12978 . TIZIANO DORANDI.
Iconographie. Selon Cicéron , Fin . V 4 , la statue qui, à Athènes, représentait
le fondateur de la Nouvelle Académie était célèbre (est enim nota imago ). Il semble, d 'après ce témoignage, que le philosophe était représenté assis. On a retrouvé la base inscrite de cette statue, en bronze, sur l'Agora athénienne, près de la stoa d ' Attale : 1 U . Köhler, « Basis des Karneades » ,MDAI( A ) 5, 1880 ,
p. 284 -286 ; 2 Richter, Portraits II, p . 250 , n° 8, fig . 1681. Elle fut dédiée par
deux disciples de Carnéade (SIG 666 ; IG II2 3781) ; on a longtemps cru qu'il s'agissait des futurs rois Attale II et Ariarathe V , dont le règne commence en 163/2 ,mais on a soutenu récemment que c 'étaient de simples particuliers, homo nymes des deux princes; leur dédicace daterait alors des années 140 -130 av. J. C .: 3 H .B . Mattingly , Historia 20, 1971, p. 30 -32 ; 4 B . D .Meritt, Historia 26 ,
1977, p. 165- 166. Cependant, 5 Ph. Gauthier, Les cités grecques et leurs bienfaiteurs ( Ive_ jer siècle av. J.- C .). Contribution à l'histoire des institutions, coll. « BCH Suppl.» 12, Paris 1985 , p . 209, et 6 P. Bernard, « Les rhytons de Nysa. I. Poétesses grecques » , JS 1985, p. 81 n . 155 , ont formulé quelques objec tions contre cette hypothèse . Un nouveau document a permis de démontrer qu ' il s'agissait bien de simples particuliers : 70 . St. V. Tracy et Chr. Habicht, « New
and old Panathenic victor lists » , Hesperia 60 , 1991, p . 217.
L'identification des documents figurés (au moins cinq têtes en ronde-bosse et un médaillon en bas-relief) est assurée par un buste inscrit, aujourd 'hui perdu, dont il subsiste des moulages et des gravures. Tous les portraits en ronde-bosse sont du même type. Carnéade semble avoir la soixantaine ; les yeux vides rappel lent, me semble-t- il, que Carnéade, comme l'indique Diogène Laërce, était
CARNÉISCOS
227
devenu aveugle. Ces copies reproduisent les traits de la statue d 'Athènes. 8 K . A . Esdaile , « A bronze- statuette in the British Museum and the ' Aristotle ' of the
Palazzo Spada» , JHS 34, 1914 , p . 50 n .6 , a rappelé à propos de la barbe courte le passage d 'Ephippos transmis par Athénée XI, 509d, qui se moque de cette
mode platonicienne. On a cru discerner sur le plus beau des portraits conservés, à Bâle (fig . 1), des détails qui prouvent l'imitation d 'un modèle en bronze : 9 E . Berger, « Ein vorläufiger Pompejus' des Grossen in Basel » , dans Eikones.
Studien zum griechischen und römischen Bildnis. Mélanges H . Jucker, coll.
« Ant. Kunst. Beiheft » 12, Basel 1980, p .68. On a proposé avec prudence de reconnaître le type statuaire dans un corps acéphale , assis et drapé dans l'hima tion et le chiton ; cette effigie est signée de Zeuxis : 10 Schefold , Bildnisse,
p. 146 -147, nºs 1, 3, fig. Richter 2, p. 251, fig. 1680, écarte cette hypothèse: la statue acéphale représentait un poète jouant de la cithare . Cf. 11 P . E . Arias, art. « Carneade » , EAA 2 , 1959, p . 353, fig. 510 ; 12 J. J. Bernoulli, Griechische Ikonographie,mit Ausschluss Alexanders und der Diado
chen, München 1901, t. II, p. 180-184, pl. XXIV ; 13 K . Fittschen, « Griechische Porträts , Zum Stand der Forschung » , dans K . Fittschen (édit.), Griechische
Porträts, Darmstadt 1988, p. 22, 35 n. 128, p. 38, pl. 135, 1-3 ; 14 J. Frel,Greek
Portraits in the J. Paul Getty Museum , Malibu 1981, p. 27, fig. 77, p . 28 ; Richter 2, p . 248 -251, fig. 1680 -1696 ; 15 Ead ., The Portraits of the Greeks.
Supplement, London 1972 , p. 21, fig . 1696 a ; 16 Ead., The Portraits of the Greeks, éd . abrégée par R . R . R . Smith , Oxford 1984, p . 152- 155, fig. 113- 114 ; 17 L . A . Scatozza Höricht, Il volto dei filosofi antichi, Napoli 1986 , p. 199 - 201,
fig .83-84 ; 18 A . Stewart, Attika. Studies in Athenian sculpture of the Hellenistic age, coll. « Society for the promotion of Hellenic Studies – Supplementary Papers » 14 , London 1979, p . 22, 32 n . 96 , p . 53, pl. 17 b ; 19 O . A . Stähli, « Die Datierung des Karneades-Bildnisses » , AA 1991, p . 219-252 .
FRANÇOIS QUEYREL. FIIa 43 CARNÉADE LE JEUNE RE (K ) 2 Académicien, fils de Polémarque , successeur de Carneade ( C42 ) lorsque ce dernier , trop âgé, se retira du scholarcat. Il dirigea l' école pendant six ans, de 13776 à 131/0. Les seules informations à son sujet - elles sont rassemblées par
H . J. Mette , Lustrum 27, 1985, p . 142 – proviennent de l'Ind. Acad. Herc. de Philodème, col. 25, 36 - 26 , 4 et 30 , 1 -6 (= FGrHist 244 F 55) .Mekler restituait également son nom en col. 24 , 27 sq. Cf. H . von Arnim , RE X 2 , 1919, col. 1985. Pour les événements liés au scholarcat de Carneade le jeune et pour ses rapports avec Clitomaque ( » C 149), voir T . Dorandi (édit.), Filodemo:
Platone e l'Academia, p. 73-74 , et id., Cronologia, p . 11- 16 . TIZIANO DORANDI.
44 CARNÉISCOS RE (K )
300a (?)
Épicurien , disciple immédiat d 'Épicure , comme le montre une lettre du maître conservée dans les Pragmateiai de Philodème (PHerc . 1418 , col. 19, 2
228
CARNÉISCOS
5 ). Il était originaire de la côte occidentale de l'Asie mineure, peut-être de Cos ou de Rhodes. Il écrivit un ouvrage, comprenant au moins deux livres, intitulé Dialota, qui traitait de la conception épicurienne de l'amitié. La partie finale du second livre est conservée (PHerc. 1027) et a été publiée par 1 W . Crönert, Kolotes und Menedemos, p . 69 -72 , et plus récemment par 2 M . Capasso ( édit.) ,
Carneisco. Il secondo libro del Filista, Napoli 1988 ; elle est dédiée à un certain Zopyros et dirigée contre le péripatéticien Praxiphane: le oúrypauua de ce
dernier sur l'amitié, dans la mesure où il est fondé sur des opinions erronées,
propose un modèle de comportement inadéquat dans les rapports avec les amis , fort différent du modèle authentique que l'on peut retrouver chez Philistas. Cf. 1 H . von Arnim , art. « Karneiskos » , RE X2, 1919, col. 1993 ; Crönert 2 , p . 69-72, 179 ; 3 M . Capasso, « Per una nuova edizione del Filista di Carneisco (PHerc. 1027) » , dans les Atti XVII Congr. Intern . Papirologia , Napoli 1984 ,
t. II, p . 405-417 ; 4 id ., Elenchos 5 , 1984, p . 391-415 ; 5 E . Spinelli, Elenchos 10 , 1989, p . 457 -461. TIZIANO DORANDI.
45 CARNÉIOS DE MÉGARE Parméniscos (RE 2) mettait en scène ce personnage dans son Banquet des Cyniques (KuvLxWV ovunóolov ) adressé à un certain Molpis et cité par Cynoulcos dans Athénée , Deipnosophistes IV , 156C- 158 a. A la tête d'un groupe de six « chiens » , Carnéios assiste à un dîner que donne Cébès de Cyzique (»- C 61) à Athènes pendant les Grandes Dionysies. MARIE -ODILE GOULET-CAZÉ .
46 CAROPHANTIDAS DE TARENTE Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique,
V . pyth . 36 , 267; p. 144, 19 Deubner.Kapopavtídac est la leçon retenue par C . Keil, Analecta epigraphica et onomatologica , Lipsiae 1842, p . 228 sqq. ; les
autres legons sont Καρνεοφαντίδας ( Schwyzer) et Κλεοφαντίδας ( Nauck) ; voir l'apparat de l'édition Deubner. BRUNO CENTRONE.
47 CARPOS D ’ANTIOCHE RE Karpos 2
1*/IP ?
Mécanicien. Au sujet de Carpos on ne possède guère que trois renseignements : un nom (sur ce nom , cf. E . Lommatzsch, « Carpus» , RHM 52, 1897, p . 303-304, qui
montre que Carpus = Kápnog = la main , etnon pasKapnóg = le fruit ; c'est un nom bien attesté pour des artisans), un ethnique (Antiochien : Pappus, Coll.,
p . 1026 , 10 ; Proclus, In Eucl., p . 125, 25) et un état ou profession (mécanicien : In Eucl., p . 241, 19), ainsi que le titre d 'un ouvrage (voir plus bas). Autrement dit, nos sources anciennes ne savaient de cet auteur que ce qu 'il y avait dans
l'epigraphe de son ouvrage. Même l'époque à laquelle il a vécu est douteuse .
CARPOS D 'ANTIOCHE
229
On connaît, au total, six passages où Carpos estmentionné, qui proviennent tous d'auteurs tardifs, liés soit au milieu du Musée alexandrin (Pappus, Théon ),
soit à l' école néoplatonicienne (Jamblique, Proclus) : (1 ) Pappus, Collectio mathematica VIII 3, p . 1026 , 5 sqq. Hultsch ; (2 ) Proclus, In Euclidem , p . 125 ,
25 Friedlein ; (3 ) ibid ., p. 241, 19 sqq. (avec une citation présentée par Proclus comme verbatim , p . 242, 22 - 243, 11 : il avait donc encore accès à son texte ) ;
(4 ) Jamblique ap . Simplicius, In Arist. Phys., p .60, 15 sqq. Diels ; (5 ) Proclus, In remp. II, p . 218, 20 -22 Kroll; (6 ) Théon d 'Alexandrie, In Ptolem . Almagestum , livre I, p . 524, 1 Rome (coll. « Studi e Testi» 72, Roma 1936 ) ; sur ce fragment, cf. 1 A . Rome, « Un nouveau renseignement sur Carpus» , AIPhO 2 , 1933 - 1934 (= Mélanges J. Bidez ), p. 813-818.
C 'est donc à partir des maigres renseignements tirés de ces fragments qu' il faudra essayer de situer vraisemblablement la date de Carpus. Puisqu 'on le voit
citer Archimède (fr. 1) et être cité par Jamblique (fr. 4 ), on en déduira qu 'il a vécu entre ces deux auteurs. On peut sans doute être plus précis, puisqu 'il est clair que le fr. 3 contient une polémique sur le rapport entre théorème et pro blème, dirigée contre Géminos (fer siècle av. J.- C .) ; le même fragment énonce
que « jusqu'à notre époque, dit-il (scil. Carpus), personne n 'a été capable de présenter une méthode générale pour la découverte des théorèmes » (ap. Proclus, In Eucl., p. 242, 18 -20 ) : si l'on accepte la conjecture de 2 W . Knorr, The Ancient Tradition of Geometric Problems, Boston/Basel 1986 , p. 359- 360, on
pensera que cela ne peut plus être écrit après Héron d'Alexandrie, justement un mécanicien qui s 'est proposé de trouver cette méthode (cf. Pappus, Coll. math .
VII 6 , p . 134 -136) ; or la date d 'Héron est bien établie : ca 62 de notre ère . On devrait donc placer Carpus entre la fin du jer siècle av. J.- C . et la fin du jer siècle ap. J.-C . Ce n 'est cependant qu'une possibilité, et qui repose sur un argument a silentio .
Puisqu'il est régulièrementprésenté dans nos sources comme mechanikos, on peut se demander s 'il n ' y avait pas à Antioche une sorte d ' établissement du type du Musée d 'Alexandrie , où des savants auraient pu poursuivre leurs recherches.
On sait en tout cas qu'il existait à Antioche une bibliothèque considérable, et certains auteurs sont prêts à admettre l'existence d 'un mouseion : sur cette question , cf. 3 A . Schürman , Griechische Mechanik und antike Gesellschaft, coll. « Boethius» 27, Stuttgart 1991, p . 29. Pour une présentation générale de la
mécanique dans l' antiquité et de ses rapports avec les autres disciplines, cf. 4 Fr. Krafft, art. « Mechanik » , dans HWPh V , 1980, p. 950 - 952.
Pour ce qui est de son livre , Proclus (dans le fr. 5 , où est cité le seul texte transmis verbatim de Carpus) donne comme titre 'Aotporoyixn npayuatela , c 'est-à -dire Traité d 'astronomie. Or c'est précisément ce passage qui traite des
rapports entre théorème et problème: c 'est la preuve que, loin d ' être purement
pratique, comme l'aurait fait attendre la qualité de mécanicien de l'auteur, il contenait aussi des passages de type général et d 'intérêt philosophique. Les fragments 1 (où il défend l'utilité de la géométrie pour l'ingénieur ), 2 (définition de l'angle ), 3 (où il défend la priorité des problèmes sur les théorèmes), 5
230
CARPOS D 'ANTIOCHE
(données sur la planète Vénus) et 6 (mention d'un instrument de nivellement, le chorobate ) prennent aisément place dans cet ouvrage. En revanche, le fr. 4 ( sur
la quadrature du cercle ) paraît plus difficile à intégrer à un tel ouvrage (voir cependant Knorr 2, p . 374). ALAIN SEGONDS.
48 CARTERIUS
МІ
Cartérius n 'est connu que par ce qu 'en dit Porphyre au chapitre 1 de sa Vie de
Plotin . Considéré comme le meilleur des peintres de son époque , il est invité par
Amelius (> A 136 ), dont il est l'ami, à faire un portrait de Plotin à l'insu de ce dernier qui avait refusé : « il l'introduisit et le fit assister aux cours – qui en avait
le désir pouvait en effet fréquenter les cours» (Vita Plotini 1 , 13 -14 ). Amélius lui apporte son concours pour la réalisation de ce projet. Carterius fait un portrait
très ressemblant, dont on peut penser qu'il se trouvait en frontispice de l' édition des Ennéades par Porphyre . Cf. G . Lippold , art. « Karterios», RE X 2, 1919, col.2150 ; L. Brisson et alii, Porphyre. La Vie de Plotin , t. I, « Prosopographie » , p.88-89. Pour une liste de ses contemporains, cf. Die antiken Schriftquellen zur Geschichte der bildenden Künste bei den Griechen gesammelt von J. Overbeck ,
Leipzig 1868, p. 460-466, n°S 2372-2400 ; Karterios, p.465-466 , n° 2396 . Voir maintenant J. Pépin , « L 'épisode du portrait de Plotin » , dans L .Brisson et alii, Porphyre , La Vie de Plotin , t. II, Paris 1992, p. 301-334. LUC BRISSON. 49 CARUS
ja ? I/ IIP ?
L '« admirable Carus» , cité par Diogène d 'Oinoanda (fr. 122 Smith , II 7 - 10 ), était un intellectuel romain , comme l'indiquent à la fois son nom et l' épithète
quilui est appliquée: sur Oavuádloc, voir 1 L . Canfora , « Diogene di Enoanda e Lucrezio » , RFIC 120, 1992, p. 52 -53. Il entretenait manifestement des liens
étroits avec la communauté épicurienne de Rhodes , où il avait séjourné. Les premiers éditeurs du fragment, 2 R . Heberdey et E . Kalinka, « Die philoso phische Inschrift von Oinoanda » , BCH 21, 1897 , p. 346 - 443, reconnaissaient en ce Carus le poète Lucrèce ( T . Lucretius Carus). S' appuyant sur la datation alors
retenue pour l'inscription d 'Oinoanda (11°/ 11° siècle), 3 A . Körte, « Titus Lucretius Carus bei Diogenes von Oinoanda ?» , RhM 5, 1898, p. 160 - 165, jugeait cette identification impossible. La datation de l'inscription philosophique est désormais des plus incertaines (voir s. v. « Diogène d 'Oinoanda» ) et Canfora 1 a démontré que l'argumentation de Körte était aujourd 'hui sans fondement. Un hommage à l'illustre vulgarisateurde l' épicurisme serait plus que plausible de la
part de Diogène d 'Oinoanda, qui donna lui-même une manifestation specta culaire de son zèle propagandiste . La recherche contemporaine a porté un coup décisif à l' image longtemps donnée de Lucrèce: celle d 'un épicurien marginal, sans contact avec les communautés philosophiques de son temps (voir encore J. D . Minyard , Lucretius and the late Republic, Leiden 1985, p . 34). Les décou
231
CASSIEN (JEAN - )
vertes papyrologiques récentes ont établi qu'il était tenu pour un maître à Hercu lanum (voir K . Knelve, CronErc 19, 1989, p. 5-27). L 'inscription d'Oinoanda, si
sa datation dans les années 30 av. J.- C ., proposée par Canfora 1, pouvait être confirmée , serait la preuve des liens entretenus par le poète avec les commu nautés épicuriennes grecques. BERNADETTE PUECH .
50 CARUS PLRE II :
fl. V
Un des sept philosophes qui auraient accompagné, en 421, la future impéra trice Eudocie (Athénaïs) d'Athènes à Constantinople (Patria Constant. II,
p. 192-193 Preger. Cf. aussi I, p.61-64, où l'on retrouve les mêmes anecdotes). Voir aussi les notices consacrées à Apelle , Cranus, Curbus, Nervas, Pelops et Silvanus . PIERRE MARAVAL
CARUS → LUCRÈCE (T. LUCRETIUS CARUS) ca 360 -435 51 CASSIEN (Jean -) Moine et théologien, formé dans les monastères d'Orient, notamment à Bethléem , et auprès des anachorètes d'Égypte, abbé fondateur à Marseille de couvents pour les moines et pour les moniales. La notice que lui consacre Gennade de Marseille (De script. eccles. 61, PL 58 , col. 1094) et ses propres
euvres sont les deux sources qui nous renseignent sur sa vie. La Conlatio XIV 9 « sur la science spirituelle » nous apprend qu 'il avait le « zèle de la lecture » (diligentia lectionis) et vraisemblablement une éducation soignée .
Euvres . (1) Les Conférences en 24 livres (Conlationes XXIV ) ont été éditées et traduites par Dom E . Pichery, coll. SC n°42, Paris 1955 , n° 54 , Paris 1958 , et nº64, Paris 1959. Édition critique par M . Petschnig , CSEL 13, Wien 1886 . A part les livres de la Bible, les auteurs cités sont peu nombreux : deux fois le Pasteur d 'Hermas,Mand. 2, 6 en Conf. VIII 17, et 6 , 2 en Conf. XIII 12 ; deux anecdotes relatives à Socrate (SSR I C 50 ) et à Diogène de Sinope (SSR V B 219) en Conf. XIII 5. Cependant sa Conférence XVI « sur l'amitié spirituelle »
s'inspire manifestement du De amicitia de Cicéron (voir éd. L . Laurand, CUF , p. 20 n . 2). Les conférences nous livrent les idées de Cassien sur la philosophie : la philosophie de la nature futhéritée d'Adam par les premiers hommes (Conf.
VIII 21), tandis que la philosophie du siècle a les lèvres orgueilleuses (Conf. I
20), elle est qualifiée de folle (Conf. II 24); lesmaximes des philosophes ont un éclat trompeur (Conf. I 20 ). Les sectateurs de la sagesse mondaine ignorent la vraie chasteté (Conf. XIII 4 -5 ). (2) Les Institutions (De institutis Coenobiorum ) ont été éditées et traduites par J.-C . Guy, coll. SC n° 109, Paris 1965 . Édition critique par M . Petschnig ,
CSEL 17, Wien 1898. Les livres V à VII portent sur les huit vices principaux : gourmandise, luxure, avarice , colère, tristesse , acédie, vaine gloire et orgueil. Comme l'a montré S .Marsili, Giovanni Cassiano ed Evagrio Pontico, Dottrina sulla carità e contemplazione, coll. « Studia Anselmiana » 5 , Roma 1936 ,
232
CASSIEN (JEAN - )
Cassien doit sa théorie des vices à Évagre et sa morale reste principalement monastique.
Cassien et la philosophie. A . Brémond, « Le moine et le stoïcien » , RAM 8 , 1927, p. 26 -40 ; W . Bousset, Apophtegmata. Studien zur Geschichte des ältesten Mönchtums, Aus dem Nachlass hrsg. von Th . Herman und Gn. Krüger,
Tübingen 1923, p. 71-75 ; M .L . Colish , The Stoic tradition from Antiquity to the early Middle Ages, t. II : Stoicism in Christian Latin thought through the sixth century, coll. « Studies in the history of Christian thought » 35, Leiden 1985 ,
p . 114 -122 ; A . Kemmer, Charisma Maximum . Untersuchung zu Cassians Volkommenheitslehre und seine Stellung zum Messalianismus, Louvain 1938 ; K . A . Neuhausen, Zu Cassians Traktat De Amicitia , coll. « Studien zur Literatur der Spätantike » , Bonn 1926 ; E . Pichery , « Les idées morales de Cassien » , MSR
14 , 1957, p. 5-20 ; H .-O . Weber, Die Stellung des Johannes Cassianus zur ausserpachomianischen Mönchstradition , Eine Quellenuntersuchung, coll. « Beiträge zur Geschichte des alten Mönchtums und des Benedikterordens – Veröffentlichungen des Abt-Herwegen - Instituts Maria Laach » 24, Münster 1960 .
YSABEL DE ANDIA.
52 CASSIODORE (Flavius Magnus Aurelius Cassiodorus Senator)
V -VI
Les principales sources pour notre connaissance de la vie de FlaviusMagnus Aurelius Cassiodorus Senator, connu à partir de Bède sous le simple nom de Cassiodorus (ou Cassiodorius dans certainsmanuscrits ), sont ses propres écrits. A partir d 'informations relatives à l'âge qu'il avait atteint au moment de remplir diverses fonctions politiques, sa date de naissance peut être fixée dans les années 480 -490 . On connaît peu de choses sur son éducation , si ce n 'est qu 'il étudia la
dialectique comme élève ou condisciple de Denys le Petit ( D 188). Sa carrière politique comme quaestor et maître des offices auprès du roi ostrogoth Théo doric et comme préfet du prétoire auprès de son successeur Athalaric nous est connue en détail grâce à la collection de lettres et de documents publics intitulée Variae. Ces activités politiques cessèrent après la reconquête byzantine de l' Italie , et nous ne disposons que de peu de renseignements sur les dernières
années de sa vie. Après un séjour à Constantinople, il se retira au monastère de
Vivarium qu 'il avait fondé en Calabre et pour lequel il écrivit les Institutiones et peut-être aussi l'Expositio Psalmorum . Comme nous savons que Cassiodore a achevé un traité sur l'orthographe alors qu' il était dans sa quatre-vingtième année, sa mort peut être placée quelque part entre 575 et 590 . Euvres et éditions. Cassiodore mentionne à un endroit ou à un autre la plupart de ses propres écrits . Des listes d 'ouvrages sont données dans l'Ordo generis Cassiodororum et dans les préfaces des Variae et du De orthographia . Les ouvrages publiés ou traduits sous sa direction à Vivarium sontmentionnés dans les Institutiones.
CASSIODORE
233
A . Euvres conservées. (1) Chronica, ed. 1 T. Mommsen , MGH Auctores Antiquissimi XI, Berlin
1894, p . 109- 161. Un abrégé de l'histoire universelle. (2) Variae, ed. 2 A . J. Fridh , CCL 96 , Turnhout 1973, p. 3-499. Un recueil de lettres et de documents officiels écrits au cours de la carrière publique de Cassiodore (507 -537) . Traduction anglaise : 3 S . Barnish , Cassiodorus' Variae,
Liverpool 1990. 3a R .MacPherson , Rome in involution. Cassiodorus' Variae in their literary and historical setting, coll. « Uniw . im . A . Mickiewicza Ser . Filol.
klas. » 14, Poznán 1989.
(3) De anima, ed. 4 J. W . Halporn , CCL 96 , Turnhout 1973, p .533-575. Voir plus bas. Traduction allemande : 5 L . Helbling, Vom Adel des Menschen ,
Einsiedeln 1965. Traductions italiennes: 6 G . Palermo, L 'itinerario diun 'anima, Catania 1978 ; 7 1. Tolomio, L 'anima dell'uomo, Milano 1979, p . 143- 196 ; 7a Michele Di Marco, Concordanza del “ De anima" di Cassiodoro, coll.
« Bibliotheca Vivariensis» 1, Squillace 1992, 873 p . (4 ) Expositio Psalmorum , ed. 8 M . Adriaen , CCSL 97-98, Turnhout 1958.
Voir plus bas. Traduction anglaise par 9 P. Walsh , Cassiodorus, Explanation of the Psalms, I: Psalms 1-50 (Psalms 1-51 (50 )), coll. « Ancient Christian
Writers » 51,New York 1990,618 p.,3 ind. (5 ) Institutiones divinarum et humanarum litterarum , ed. 10 R . Mynors , Oxford 1937. Voir plus bas. Traduction anglaise : 11 L . W . Jones, Cassiodorus.
An Introduction to Divine and Human Readings,New York 1966 . (6 ) Complexiones in Epistolis Apostolorum et Actibus Apostolorum et
Apocalypsi, 12 PL 70, col. 1319- 1418. Sommaires des principaux développe ments contenus dans ces textes bibliques. (7 ) De orthographia , ed. 13 H . Keil, GL VII, Leipzig 1878, p . 143 -210 . Un
traité sur l'orthographe écritpour les moines de Vivarium . B . Écrits partiellement conservés. (8 ) Laudes, ed . 14 L . Traube, MGH Auctores Antiquissimi XII, Berlin 1894 , p. 459-484. Discours prononcés dans l'exercice de fonctions officielles.
(9 ) Ordo generis Cassiodororum , ed . 15 J. O 'Donnell, Cassiodorus,Berkeley (CA ) 1979, p . 259- 266. Un extrait (tiré d 'une lettre ?) décrivant des ouvrages de Cassiodore, Boèce et Symmaque. Également connu sous le titre « Anecdoton Holderi » , du nom de l'historien qui l' a retrouvé.
C . Euvres perdues. (10) Historia Gothorum .Mentionné dans la préface des Variae. Un abrégé fait par Jordanes et intitulé Getica a été édité par 16 T. Mommsen , MGH
Auctores Antiquissimi V , Berlin 1882. (11) De grammatica. Mentionné dans la préface du De orthographia . Il s'agissait apparemment d 'un commentaire sur Donat associé à d 'autres maté riaux se rapportant à la grammaire.
234
CASSIODORE
(12) Liber titulorum . Mentionné dans la préface du De orthographia. Une
liste de titres de sections figurant dans l'Écriture. Doctrine philosophique. Le matériel philosophique se rencontre princi palement dans les traités 3 ,4 et 5 de la liste donnée plus haut. Le De anima date des années 537-538. Il traite de l'âme humaine en répondant à une série de questions portant sur ses origines, son caractère métaphysique et moral, et sur
l'eschatologie. L 'argumentation repose sur deux approches principales : (a ) les développements métaphysiques d ' Augustin , notamment dans le De quantitate
animae et le De origine animae; (b) un examen des manifestations physio logiques de l'âme emprunté à la tradition médicale, peut-être à travers des doxo
graphies. Il s 'agit d 'un traité très savant et bien construit, qui étudie de façon
particulièrement approfondie la résurrection et le châtiment éternel. L ' Expositio Psalmorum , qui date des années 538 -548, est un commentaire
systématique de chacun des 150 psaumes. Laméthode exégétique de Cassiodore est esquissée dans la préface et comprend, pour chaque psaume, (1) une étude du titre s'il existe, (2 ) une analyse de la structure littéraire interne du psaume, (3 ) une présentation principale du point de vue de l'exégèse littérale et allégo rique, (4 ) un résumé de l' argumentation du psaume, accompagné de réflexions
sur la signification symbolique de son numéro d'ordre. L 'ouvrage est en étroite dépendance des Enarrationes in Psalmos d ’Augustin , ainsi que de divers autres
auteurs patristiques latins comme Ambroise . L 'aspect peut- être le plus remar quable de ce commentaire est la façon dont il traite le psautier comme un abrégé de toutes les connaissances théologiques, scientifiques etmorales . Les Institutiones datent des années 551-562. Elles comprennent deux livres de caractère différent : I. Un manuel d ' érudition biblique, décrivant tous les
livres du canon scripturaire, ainsi que les commentaires patristiques existants. II.Un résumé des sept arts libéraux disposés selon l'ordre : grammaire, rhétori
que, dialectique, arithmétique, musique, géométrie et astronomie. Cet ouvrage était apparemment conçu comme un manuel d ' enseignement à l'usage des moines de Vivarium . Il constitue une source d'information d'une grande riches se sur la littérature religieuse et scientifique disponible en latin et en grec vers le milieu du Vie s.
Études d 'orientation . 17 A . van de Vyver, « Cassiodore et son cuvre » , Speculum 6 , 1931, p . 244-292 ; 18 P . Courcelle, Les Lettres grecques en Occi dent, Paris 1948, p. 313-341 ; 19 M . Cappuyns, art. « Cassiodore » , DHGE XI, 1949, col. 1349 -1408 ; 20 S. Leanza (édit.), Atti della settimana di studi su
Flavio Magno Aurelio Cassiodoro (Cosenza-Squillace, 19-24 settembre 1983), Soveria 1986 , 478 p. ; 21 S . Krautschick , Cassiodor und die Politik seiner Zeit, coll. « Habelts Diss. Dr. Reihe Alte Geschichte » 17, Bonn 1983, VII-202 p . ;
O 'Donnell 15 . Bibliographie. Fridh 2 , p . XVI-XXXII ; O 'Donnell 15. STEPHEN GERSH .
CASSIUS L 'EMPIRIQUE
235
52a CASSIUS PARMENSIS (C . -) RE 80 C . Cassius Parmensis fut l'un des assassins de César; il est peut-être mentionné par Cicéron dans une lettre à Atticus (XV 8 , 2) datée de 44a:
l'identification est admise avec des réserves par J. Beaujeu dans son édition de la Correspondance cicéronienne (t. IX , Paris 1988, p . 152), mais la question n 'estmême pas posée par D . R . Shackleton -Bailey dans son édition ad. loc. Il est néanmoins assuré que c 'est Cassius Parmensis qui écrit à Cicéron en 43 (Fam .
XII 13) ; l' en- tête de la lettre indique qu 'il est alors questeur, ce qui ne va pas sans poser bien des problèmes : pour participer au meurtre de César, il devait
être sénateur en 44 ; avait- il alors le titre de questeur ? Il serait en ce cas proquesteur en 43, mais il a pu bénéficier d 'une adlectio en 44 (cf. T . R . S. Broughton , The Magistrates of the Roman Republic, Suppl., New York 1950
1960, p . 52 ). M . Jona, « Cassio Parmense » , AAT 1962-1963, p. 68 -104, préfère suggérer que Cassius Parmensis a participé « indirectement» à la conjuration ,
hypothèse qui offre l'avantage d 'éliminer les difficultés mentionnées plus haut. Après les Ides de Mars, il se trouve aux côtés de Brutus et de Cassius (Appien, B. C . V 2) ; puis, après Philippes, il rejoint d ' abord Sextus Pompée, puis Antoine (Appien V 139 ) et combat à ses côtés à Actium . Il est mis à mort sur l' ordre d 'Octave, peu après la bataille (Velleius Paterculus II 87, 3 ; Valère -Maxime 17,
7 ;Orose VI 19 , 20 ). Cassius Parmensis était aussi un écrivain , auteurde tragédies (Porphyrion, Ad
Horat. Ep. I 4 , 3 ); Suétone (Aug. 4 , 2) a conservé un fragment de lettre où il attaque les origines d 'Auguste. Il fut aussi un poète et un épicurien . Telles sont
en effet les indications données par le pseudo-Acron (Ad Horat. Ep. I 4 , 3). Mais , en l'absence d 'autres éléments, cette affirmation reste bien fragile : Cassius Parmensis a peut-être été confondu avec G . Cassius Longinus (C . J. Castner, Prosopography ofRoman Epicureans, Frankfurt 1988, p. 91) et doit de toute façon être classé parmi les personnages dont l'épicurisme est très douteux. Cf. F . Skutsch , art. « Cassius» , RE III 2 , 1899, col. 1743-1744. MICHÈLE DUCOS.
33 CASSIUS L 'EMPIRIQUE RE 3 et 6
I- II
A . Diogène Laërce VII 32-34 (fr. 286 Deichgräber) cite un Cassius, scepti que, qui avait adressé de nombreuses critiques à Zénon de Kition. Selon 1 H .
von Arnim , art. « Cassius» 6, RE III 2 , 1899, col. 1679, ce Cassius, sceptique, aurait vécu au jer ou II° siècle denotre ère . (Les critiques formulées par oi nepi KuooLOV TOV OXENTIXOV portent principalement sur les aspects « cyniques » des prises de position du fondateur de la Stoa dans sa République: rejet de l'Éy cóxiOS naldela , dichotomie radicale des sages et des non sages, communauté des femmes, prohibition des temples, des palais de justice et des gymnases dans les cités, condamnation de la monnaie, attribution d 'un vêtement identique aux hommes et aux femmes, condamnation de la pudeur. Cette critique de la République de Zénon semble avoir visé à justifier l'authenticité de l' ouvrage , sans doute contre des stoïciens prêts à le sacrifier
au profit d 'une cohérence du stoïcisme: ces sceptiques alléguaient en ce sens le témoignage
de Chrysippe qui citait l'ouvrage. Ces discussions rappellent étroitement les développements
236
CASSIUS
du De Stoicis de Philodème sur la République de Zénon et sa dépendance à l'égard de l'ouvrage homonyme de Diogène de Sinope. Cf. l'édition , traduite et commentée, du papyrus
par 2 T. Dorandi, « Filodemo. Gli Stoici (PHerc . 155 e 339) » , CronErc 12, 1982, p. 91-133. Dans le passage de Diogène, une référence précise à « la ligne 200 » de la République ( $ 33) invite au rapprochement avec un développement où Diogène Laërce (VII 187-189) rapporte des critiques adressées à Chrysippe de Soles. On y rencontre en effet de semblables références à la « ligne 600 » du traité Sur les anciens physiologues et à la « ligne 1000 » du traité Sur la justice. La critique semble relever de la même inspiration qu 'en D . L . VII 32- 34 : critique de l'allégorie présentée par Chrysippe d 'un tableau représentant l'union obscène de Zeus et d 'Héra , critique de l'inceste, de l'anthropophagie , etc. Voir M . Schofield , The Stoic idea of
the city, Cambridge 1991, p. 3- 21, qui rapporte lui aussi à Cassius ce développement contre R .G .) Chrysippe.
B . Cependant, Galien (De Subfiguratione Empirica 40) fait mention d 'un Cassius qui aurait écrit tout un livre pour proscrire l'emploi d'un raisonnement,
spécialement utilisé en médecine et nommé « passage du semblable au sem blable » (ń toŨ duolov Metábaolc ). Galien oppose sur ce point le pyrrhonien Cassius au médecin empirique Théodas de Laodicée qui, avec Ménodote , a soutenu la légitimité de ce raisonnement. 3 K . Deichgräber, Die griechische
Empirikerschule. Sammlung der Fragmente und Darstellung der Lehre , Berlin /Zürich 1965 (reprod. de l' édition de Berlin 1930, avec des complé ments), 425 p., notamment p. 210 -212 et 264 , identifie Cassius le sceptique au
médecin empirique de mêmenom (cf.4 M .Wellmann, art. « Cassius» 3,RE III 2, 1899 , col. 1678 - 1679) et qui semble avoir été connu dans le mondemédical
surtout pour son savoir-faire en matière de pharmacologie : Galien (De la composition des remèdes topiques XII, p . 738 , 10 Kühn ; XIII, p. 276 , 8 ; 286 ,
13) nous rapporte de ses compositions, demême Celse (IV 21, 2 CML I, p. 175 , 16 ; V 25, 12 , CML I, p.214, 10 ) et Scribonius Largus 120 , 51 et 176 , 72 (un
antidote , ce qui est bien d'un empirique, spécialiste des poisons). Datation . Époque d 'Auguste et de Tibère (Deichgräber 3, p. 264).
FRANÇOISE CAUJOLLE-ZASLAWSKY. ЛІІ ? 54 CASSIUS l’iatrosophiste RE 8 Nous avons, sous le nom de Cassius surnommé ó latpoooplotńs, un écrit: ' Iatplxal 'Anopial (dans 1 J.L . Ideler, Physici et Medici Graeci Minores, Berlin 1841, réimpr. Amsterdam 1963, t. I, p. 144 - 167), d'inspiration tantôt
méthodique tantôt pneumatique, ce qui a fait parfois considérer ce Cassius comme un éclectique (voir, par exemple , dans 2 M . Neuburger et J. Pagel, Handbuch der Geschichte der Medizin I, Jena 1902, la notice de R . Fuchs, p. 371). [Il faut ajouter une question éditée par 3 U . C . Bussemaker, dans
F . Dübner, U .C . Bussemaker et E. Heitz (édit.), Aristotelis opera omnia ,Graece et Latine, Paris (Didot), 1848-1869, t.IV , 1857, p . 332-334, sur la couleur de la cornée et de la pupille. J. B.)
L 'ouvrage consiste en 84 problèmesmédicaux et « physiques» , résolus selon des principes tantôt pneumatiques tantôtméthodiques (parfois les deux en même temps) et s'apparente , par son contenu, à la Collection des Problèmes pseudo
aristotéliciens transmise sous le nom d 'Alexandre d'Aphrodise (4 M . Well
CASSIUS 237 mann , art. « Cassius» , RE III 2, 1899, col. 1679-1680) : problème 1 = Al. I 99 ; problème 4 = Al. I 81 ; problème 5 = Al. I 41 ; problème 28 = Al. I 123 ; problè
me 40 = Al. I 107, ainsi qu'aux problèmes du sophiste alexandrin Adamantios (cf. 5 V . Rose, Anecdota graeca et graeco -latina. Mitteilungen aus Hand
schriften zur Geschichte der griechischen Wissenschaft, t. I, Berlin 1864, I 18 , 4 ; 6 Id ., Aristoteles Pseudepigraphus, Leipzig 1863; réimpr. Hildesheim /New
York 1971, p. 216 -221). On l'a également rapproché (7 F . Kudlien, art.
« Cassius latrosophistes», KP I, 1975, col. 1078) des Def. med. du Pseudo Galien .
Manuscrits. A l'époquebyzantine, ces Problèmes ont été réunis, en tant que
5e livre ,à ceux du Pseudo-Alexandre et du Pseudo-Aristote ; ainsi les retrouve-t on dans les CodicesMarc. 257 (XIVe siècle) et 521 (Id .) ; cf. Rose 6 , p. 217-218 . Éditions. Première impression de ce corpus par G . de Sylva, Paris 1541. Nouvelle éd . du texte et trad . lat. par Chr.Gesner, Zürich 1562. On trouve égale
ment le texte dans les éditions de Théophylacte Simocatta, par A . Rivinius (Leipzig 1563) et D . Vulcanius (Leiden 1596 ), ainsi que dans l' éd . d'Aristote de Sylburg (Frankfurt 1587).
Traductions latines. Sur une trad. lat. d 'une partie du corpus, voir Rose 6 , p. 666 -676 (cod. Bamberg, xe siècle ); une trad. lat. par Chr.Gesner figure dans son éd . de 1562. Datation . Itº ou tire siècle selon 7, mais l'ajout prudent d'un « peut-être» marque une évolution louable par rapport à l'article de Wellmann 4, lequel se
fonde sur le surnom de l'auteur pour le situer « au plus tôt au IIIe siècle ap. J.-C . » – alors que ce surnom peut avoir été attribué des siècles plus tard (n 'est-ce point au XIXe siècle que Charles le Brave fut surnommé « le
Téméraire » ?) « latrosophiste » ? Lorsque, en place d'informations sûres et précises concernant la vie ou la doctrine d ’un Ancien, nous disposons d'un simple nom , que ce nom est aussi répandu que celui de Cassius (cf. RE III 2 sub verbo ) et qu 'en outre ce nom s'accompagne de la mention
« iatrosophiste » , dont le sens exact n'est pas des plus clairs, nous sommes en situation de nous demander si à la désignation « Cassius iatrosophiste » correspond bien une personne distincte . S 'agissant de l'Antiquité, en effet, il faut tenir compte d 'un fait capital pour l'histoire de la philosophie et de la médecine : l'importance des écoles, dites « sectes » . Cette importance, plutôt que d' ordre médical, est d 'ordre social et quasi « médiatique » . Elle se manifeste d 'abord par le lien que les médecins ont prétendu conserver avec la philosophie , chaque secte médicale se plaçant sous l'égide d 'une école philosophique, à la manière dont les Empiriques, par exemple, se sont recommandés de Pyrrhon et de l'orientation sceptique. Une conséquence évidente de cette relation est d ' entraîner un surcroît de travail pour le médecin ,
qui voit son activité de praticien s 'augmenter d 'obligations envers sa secte, dont il doit montrer la supériorité non seulement dans sa pratique, mais dans ses discours et ses écrits. S ' il y en a qui semblent avoir, comme Galien , concilié leur double tâche médicale et « philo sophico -publicitaire » , on devine qu 'un plus grand nombre, accaparé par des tâches propre ment médicales, se sera déchargé de la défense et de l'illustration de sa secte sur quelque
spécialiste du discours, plus averti des habiletés rhétoriques. Certaines écoles entretenaient leurs orateurs attitrés, qui, sans pratiquer la médecine, étaient savamment instruits des théories philosophico -médicales fondatrices de la secte et tenaient pour elle le rôle d'avocats dans les
discussions publiques, ou le rôle d 'écrivains « publicistes» . On ne saurait donc tirer du fait
238
CASSIUS que Cassius cite Hérophile (Probl. I), Andreas de Caryste (Probl. 58 ), le texte d'Asclepiade Nepi ' Elxūv (Probl. 40), ainsi que les Méthodiques (Probl. 8) et des partisans de la Pneumatique à tendance syncrétiste (très proches des " Opou ou Définitions pseudo -galéni ques) la conclusion qu 'il était lui-mêmemédecin . Un texte intéressant la médecine peut ainsi être l'écrit soit d'un médecin praticien , soit d'un théoricien de la médecine, soit encore d 'un
rhéteur professionnel à qui il est arrivé de traiter de médecine ; ajoutons la possibilité d 'une combinatoire entre ces différents termes (ex -praticien devenu pur théoricien ou avocat d 'une
secte , ex -rhéteur devenu théoricien, etc .) et l'on verra qu ' il est imprudent, à moins de changer le sens du mot « médecin » , de trancher que tel écrit a pour auteur un médecin au sens de
praticien sous prétexte qu 'il y est question de médecine. C 'est précisément une question à poser concernant Cassius l'iatrosophiste : rien n 'indique qu 'il ait été autre chose qu 'un rhéteur très au fait des choses de la médecine (mais ne serait-ce pas là, finalement, le sens littéral du mot « iatrosophiste », un beau parleur en médecine ? ). D 'un autre côté, nous ne disposons pas
d'un réel critère pour distinguer ce Cassius « iatrosophiste » de Cassius l’Empirique ( C53): le surnom « iatrosophiste » peut avoir été attribué tardivement à un praticien connu sous un
autre nom dans son exercice professionnel de la médecine. Une habitude des Empiriques était d 'emprunter délibérément leur bien partout où ils le trouvaient, indépendamment des
doctrines, en se fondant exclusivement sur l'expérience et l'efficacité, ce qui a pu conférer à leurs écrits une apparence éclectique (sans qu'ils aient pour autant défendu l'éclectisme en
tant que doctrine). La double inspiration du présent « iatrosophiste » peut largement s'expliquer dans cette perspective .
FRANÇOISE CAUJOLLE-ZASLAWSKY.
CASSIUS → LONGINUS (C. CASSIUS -) CASSIUS → LONGINUS
CASSIUS → HEMINA (C.ou L. C.-) CASTRICIUS → FIRMUS CASTRICIUS 55 CATHERINE D 'ALEXANDRIE
DIV
La Passion de sainte Catherine (ou Nectarine) d'Alexandrie, philosophe, qui « avait appris en entier toutes les branches de la rhétorique et de la philosophie grecques, Homère et Virgile, Asclepius, Aristote, Platon , Philistion , les mages Anis et Amris , les Sibylles et Denys, en même temps que les anciensmédecins
Hippocrate et Galien » , et qui cite , lors de son martyre, « les prophéties des
philosophes païens antérieurs à la venue du Christ» , a été rédigée , d'après son colophon , par un certain Athanase, secrétaire de la sainte (cf. P. Peeters, AB 26 ,
1907, p . 5 -32). Cette passion nous est parvenue en arménien dans plusieurs versions abré gées incluses dans des synaxaires. H .S . Anasyan (Bibliologie, t. I, Érévan 1969, col. 373- 374 ) distingue ainsi: (1) Synaxaire dit de « Ter Israël» (en fait, de
Krakos Arewel'ci, en 1269, à Sis), cf. PO 21, p. 208-214 . (2) Synaxaire de Grigor Xla 'ec'i (1353-1425 ), imprimé à Constantinople en 1706 (p.618-620 ),
1708 (p .679-682), 1730 (p. 471-473). (3) Rédaction anonyme inédite (ms.
Érévan 3658, p. 1638- 1636). Le martyre de la même sainte a également été publié, d'après les homéliaires de la Congrégation desMékhitaristes de Venise , par M . Awkerean, Liakatar
CATIUS
239
vark' ew vkayabanut'iwn srboi' (Collection complète des vies et martyres des
saints), t. VI, Venise 1913, p. 306 -329 , avec de nombreuses annotations. JEAN -PIERREMAHÉ. 56
ja
CATIUS l'Insubre RE 1
C' est d' abord dans une lettre de Cicéron à Cassius (Fam . XV 16 , 1), de janvier 45, qu 'apparaît ce personnage originaire de Cisalpine. Cicéron indique simplement que Catius l’Insubre, épicurien ('EnllxOÚPeloc ), est mort récemment et qu 'il traduit par spectra ce que Démocrite et Épicure appelaient eídwra et
Lucrèce simulacra . Cette allusion , au demeurant très rapide, montre que Catius avait laissé une cuvre écrite et Porphyrion (in Horat. serm . II 4, 1) précise qu'il avait écrit quatre livres de rerum natura et de summo bono, qui contenaient sans
doute un exposé de la doctrine épicurienne. C 'est probablement à cet ouvrage
qu'est empruntée la traduction citée par Cicéron . En outre, Quintilien (Inst. Orat. X 1, 124) le qualifie d ' « auteur léger,mais non sans agrément » .
Ce personnage ne doit pas être confondu avec le Catius qui figure dans les Satires d'Horace (voir notice suivante ). Catherine J. Castner, Prosopography of the Roman Epicureans, Frankfurt am Main 1988 , p. 32, identifie les deux personnages.
Cf. H . von Arnim , art.« Catius» , RE II 1, 1897,col. 1792. MICHÈLE DUCOS.
57 CATIUS RE2 Dans les Satires d 'Horace (II 4 ), Catius apparaît comme le possesseur de préceptes nouveaux , qui laisseront derrière eux Pythagore, Socrate et Platon . Mais il débite des recettes de cuisine anciennes et peu élaborées, surtoutsi on les compare avec celles de son temps. Son identification pose beaucoup de pro
blèmes. La tendance actuelle est de le confondre avec l' épicurien Catius l’ Insu bre (»- C 56 ), comme le faisait déjà Porphyrion , le commentateur d'Horace, in Horat. serm . II 4, 1 (cf. 1 C .J. Classen, « Horace a Cook » , CJ 28 , 1978, p. 333 348 ; 2 C . J . Castner, Prosopography of Roman Epicurean, Frankfurt am Main
1988, p. 32). Mais cette hypothèse se heurte à bien des difficultés : le poète a tendance à mettre en scène des contemporains ; or Catius est mort en 469, date bien antérieure à la rédaction du second livre des Satires. En outre, on comprend mal comment il aurait pu critiquer un épicurien, même s'il s'agit de ceux qui comprennentmal l’æuvre et les préceptes d 'Épicure , à un moment où il était lui même encore proche des idées du Jardin. Dans ces conditions pourrait-on identifier Catius avec Catius Miltiades, un affranchi qui avait écrit de opere pistorio (Comm . Cruq. II 4, 47) ? Mais cette hypothèse, reprise par P . Lejay ,
ainsi que par A . Kiessling et R . Heinze dans leurs éditions, reste bien fragile (cf. les réserves de 3 G . Wissowa, art. « Catius » 2 , RE III 1, 1897, col. 1792): il faut tenir compte du caractère manifestement philosophique du poème. (Cf. A . Angeli (édit.), Filodemo. Agli amici di scuola (PHerc. 1005), coll. « La scuola di T. D .) Epicuro » 7,Napoli 1988, p . 46-49. MICHÈLE DUCOS.
240
CATO (M . PORCIUS – CENSORIUS)
58 CATO (M . PORCIUS - CENSORIUS) RE 9
234 -149
Nous disposons de deux biographies antiques: la Vita Catonis de Cornelius Nepos (CUF, Paris 1923) et la Vie de Caton de Plutarque (éditée par R . Flacelière et E . Chambry, CUF, tome V , Paris 1969). Né en 234a, à Tusculum , Caton est un hommenouveau dont l'influence sur la politique romaine fut considérable jusqu'à sa mort en 149. Soldat en 217, il est tribun militaire en 214 en Sicile ; si l'on en croit Cicéron (Cato maior 10) et Plutarque, il sert sous les ordres de Fabius Maximus en 214 à Capoue et l'accompagne en 209 dans l'expédition contre Tarente .Mais cette version ne
s'accorde pas vraiment avec celle de Cornelius Nepos (cf. 1 A .E . Astin , Cato the Censor, Oxford 1978 , 371 p., qui tente de les concilier ); en 207, il participe
à la bataille du Métaure, en 204 il est le questeur de Scipion (le futur Africain ) et prend part au débarquement en Afrique, mais ne reste pas jusqu 'à la fin des opérations: il se rend en Sardaigne et c 'est probablement là qu 'il rencontre Ennius et se lie avec lui, si bien que le poète l'accompagne à son retour en Italie . Après la seconde guerre punique, la carrière de Caton se poursuit : nous la connaissons dans ses grandes lignes sans pouvoir toujours donner toutes les précisions nécessaires : en 199, il est édile plébéien , préteur en Sardaigne en 198 ; finalement, en 195, il est consul avec L . Valerius Flaccus. Il s'oppose à l'abrogation de la loi Oppia (Tite -Live XXXIV 2 -4) et contribue également à la
reconquête de l'Espagne, ce qui lui vaudra le triomphe l'année suivante (194). En 191, il est tribun militaire en Grèce et, surtout, en 184, il devient censeur. Le souvenir de cette censure s'est conservé à cause de la rigueur dont il fit preuve et de sa lutte énergique contre le luxe. De fait, Caton reste dans l'histoire romaine une personnalité vigoureuse , violemment hostile aux Grecs, désireux de détruire
définitivement la puissance carthaginoise.
Caton fut aussi un orateur (voir les fragments dans 2 E .Malcovati, ORF , 4° éd., Torino 1976 ) et un écrivain renommé: nous avons conservé le De agricul tura (éd. R .Goujard , CUF, Paris 1975) et des fragments d 'une æuvre historique, les Origines (éd. de M . Chassignet, CUF, Paris 1986 ).Mais c'est peut-être un paradoxe de s'interroger sur la culture philosophique de Caton , tant l'histoire en a fait le défenseur rigoureux du mos maiorum et de la tradition romaine la plus
pure. Lors de l'ambassade de 155, lorsque Carnéade ( C 42), Diogène de Babylone ( D 146 ) et Critolaos ( C 219 ) se rendirent à Rome, il craignit
l' influence de ces philosophes sur la jeunesse et « résolut de débarrasser la ville
de tous ces philosophes sous un prétexte honorable ; aussi invita-t-il le sénat à prendre une décision au plus vite afin de leur permettre de retourner à leurs écoles pour y discuter avec les enfants des Grecs, tandis que les jeunes Romains
écouteraient comme auparavant les lois et les magistrats » (Plutarque, Caton l'Ancien 22, 6). Si les paroles que Plutarque prête à Caton ne sontpeut-être pas d 'une authenticité absolue, la lettre de Caton à son fils révèle la même attitude : « à propos de ces Grecs, je te dirai,Marcus, mon fils, ... qu 'il est bon d'exa miner leur littérature (inspicere),mais non de l'apprendre par cæur (perdiscere). Je te prouverai que c'est une race sans valeur... quand ce peuple nous trans
CATO UTICENSIS (M . PORCIUS -)
241
mettra sa littérature, il corrompra tout, et plus encore s' il nous envoie ses
médecins » (Ad fil., fr. 1 Jordan = Pline l’Ancien, N . H . XXIX 14 ). Malgré la formulation excessive, c'est bien la volonté de limiter la place du monde grec dans la culture romaine qui s'affirme (cf. Astin 1, p. 178 ). Dans ces conditions, quelle place faire au témoignage de Cicéron dans le De senectute (122, 39-41 ; cf. Plutarque, Caton l'Ancien 2, 4) ? En 209, à Tarente, Caton aurait rencontré le philosophe pythagoricien Néarque, qui lui aurait rapporté les paroles d'Archytas
de Tarente (> - A 322) et lui aurait appris la pratique de l'examen de conscience. Faut- il éliminer purement et simplement ce passage parce qu 'il ne concorde pas
avec ce que nous savons par ailleurs de la biographie de Caton ? croire en même
temps à une erreur de Cicéron (comme le fait 3 G .Garbarino, Roma e la filo sofia greca, Torino 1973, p. 325), ou insister sur les transformations que Cicéron
a apportées au personnage du Censeur dans le De senectute (4 E . de Saint-Denis, « Caton l' Ancien vu par Cicéron » , IL 1956 , p. 93- 103) ? La question est bien
délicate à trancher ; mais Cicéron est en général soucieux d'exactitude dans ses dialogues : il peut embellir, il n 'invente pas. De plus, Caton n 'est pas l'ignorant que certains aiment à se représenter : il connaissait sans doute beaucoup mieux le
grec que ne le laissentcroire les témoignages des Anciens, unanimes à affirmer qu 'il n 'apprit les lettres grecques que dans sa vieillesse (Plutarque 26 , Valère Maxime VIII 7, 1 ; cf. 5 D . Kienast, Cato der Zensor. Seine Persönlichkeit und seine Zeit, Heidelberg 1954, 169 p., notamment p. 101-116 ) et une étude atten tive de son cuvre a fait apparaître bien des références aux auteurs grecs (Iso
crate, Xenophon ... ; voir 6 C . Letta, « L ' Italia deimores romani” nelle Origines di Catone », Athenaeum 62, 1984, p. 3-30). Certes Caton refuse de placer les Romains en position d 'infériorité en privilégiant une sagesse étrangère , mais il la connaissait. Cicéron d'ailleurs ne dit nulle part qu'il l'a adoptée dans sa totalité . Et certaines tendances de Caton ( refus du luxe, morale ascétique, respect des lois et de l'autorité) pouvaient facilement être rapprochées de la morale
pythagoricienne.
Cf. 7 M .Gelzer, art. « Porcius» 9 [M . Porcius Cato Censorius), RE XXII 1, 1953, col. 108 - 145 . Sur l'æuvre littéraire, voir 8 R . Helm , ibid ., col. 145- 165 ;
9 E .Marmorale , Catone il Censore, 2e éd ., Bari 1949; 10 F . Della Corte, Catone il Censore. La vita et la fortuna, 2e éd., Firenze 1965, 323 p. MICHÈLE DUCOS.
59 CATO UTICENSIS (M . PORCIUS -) RE 16 La principale source biographique est la Vie de Caton le jeune de Plutarque (éd. R . Flacelière et E . Chambry , CUF, t. X , Paris 1976 ).
Cf. 1 F. Miltner, art. « Porcius» 16 , RE XX , 1953, col. 1168 -1211; 2 M . Gelzer, « Cato Uticensis » , Die Antike 10 , 1934, p . 59-91 ; 3 A . Afzelius, « Die politische Bedeutung des jüngeren Cato », C & M 4, 1941, p . 100 - 203; 4 R . Fehrle, Cato Uticensis, Darmstadt 1983, 341 p. Né en 954, fils de Livia , la seur de Livius Drusus, Caton est l'arrière-petit fils de Caton l'Ancien. La tradition a conservé de nombreuses anecdotes sur la
242
CATO UTICENSIS (M .PORCIUS -)
constance dont il fit preuve dès l'enfance, sur son mérite reconnu par tous et même son sens de la liberté (Plutarque 2 -3) , mais leur valeur est sans doute
discutable (cf. Fehrle 4 , p .66 -67). Son appartenance à la nobilitas le porte rapi dement vers une carrière politique : en 75, il devient decemuir sacris faciundis en 72, il accompagne son demi- frère Q . Servilius Caepio dans la guerre contre Spartacus. En 67, il est élu tribun militaire ; et Plutarque (8 , 4) a insisté sur son comportement hors du commun, puisqu'il fut à peu près le seul à respecter la loi qui interdisait de se faire accompagner de nomenclatores. Au cours de son tribunat, il fut envoyé en Macédoine auprès de M . Rubrius, propréteur de cette province. Unmoment de congé lui permit de se rendre en Asie et de convaincre
le stoïcien Athénodore Cordylion ( A 498) de le suivre (Plutarque 10, 2- 3, Pline l'Ancien VII 113). En 64, Caton est questeur et c'est la première fois que se manifeste la rigueur qui le caractérise en politique: il procède à une remise en ordre du Trésor public (Plutarque 16 ), il s' efforce de redonner toute sa dignité à cette magistrature et de faire strictement appliquer les réglementations qui la concernent. La questure lui permet d'entrer au sénat et l'amène à se faire rapi dement connaître, bien qu ' il ne soit qu ’un tout jeune sénateur: en témoignent l'accusation de ambitu qu 'il porta contre Murena, consul désigné en 63, et, surtout, son intervention vigoureuse contre la proposition de César, lorsque les sénateurs délibèrent sur le sort des complices de Catilina le 5 décembre 63 (cf.
5 L. Ross-Taylor, La politique et les partis à Romeau temps de César, trad. fr., Paris 1977, p . 217 ). Cette intervention le range du côté des optimates (voir
néanmoins la discussion dans 6 A . Dragstedt, « Cato 's Politeuma» , Agon 3, 1969, p. 69- 96 ). Les actions de Caton ne sont pas moins remarquables en 62,
l'année de son tribunat, même s 'il cherche surtout à s'opposer à bien des mesures : en particulier, il refuse de soutenir son collègue Q . Metellus Nepos , qui avait présenté une rogatio proposant le rappel de Pompée, au cours d 'une réunion agitée (cf. Ross-Taylor 5, p. 232). Dans les années suivantes, Caton ne cesse de témoigner son opposition à Pompée ainsi qu 'à ses alliés, César, Crassus, Clodius ; il cherche à combattre leur influence par des décrets sur la corruption électorale ou dans les tribunaux. Enmême temps, il commence à user de son arme favorite, l'obstruction , en monopolisant la parole au sénat malgré son rang. C 'est la tactique qu 'il utilise contre César pour refuser sa loi agraire et il s'opposa à la plupart de ses actes, au point qu 'il cessa de se rendre au sénat et se déclara prêt à l'accuser à sa sortie de charge. En 58, pour l'écarter de la vie politique (Plutarque 34, 1),mais peut-être aussi pour remédier de façon honnête aux problèmes économiques de Rome, Caton est envoyé en tant que quaestor pro praetore (cf. 7 E . Badian , « M . Porcius Cato and the Early Administration of Cyprus » , JRS 55 , 1965, p . 110-121) à Chypre qui vient d 'être annexée par Rome. Il a pourmission de remettre en ordre les comptes de l'île, charge dont il s'acquitte avec rigueur ; à son retour, il refuse de s'associer à Cicéron qui cherche à faire reconnaître les actes de Clodius comme illégaux .Mais il reprend
la même conduite : lutte contre l'illégalité et la corruption , opposition au trium virat. En 56, à la suite d'intrigues, il ne réussit pas à être élu préteur: c'est le
CATO UTICENSIS (M .PORCIUS -)
243
moment où l' influence du premier triumvirat se fait fortement sentir, avec l'élection au consulat de Pompée et de Crassus. Toutefois, grande est l'autorité de Caton au sénat et dans le peuple , comme le montrent bien des anecdotes
(Plutarque 42-43); il est élu préteur l'année suivante et exerce ses fonctions en 54 . De son action sont surtout parvenus des détails : par exemple , il appliquait la loi judiciaire de César, mais sans citer le nom de son auteur (Ross-Taylor 5 , p . 257; Fehrle 4, p. 182) ; il s'attacha également à la surveillance des procès et des élections (Plutarque 44 , 6 ). En 52, il appuie la proposition de nommer
Pompée consul unique, « car n 'importe quel pouvoir vautmieux que l'anarchie » (Plutarque 47, 1), mais il serait sans doute excessif de conclure, comme le fait Plutarque, que Caton devint le conseiller de Pompée. Au cours de ces années, il
mène avec une ardeur accrue la lutte contre César et souhaite toujours l'accuser à sa sortie de charge : la proposition des dix tribuns suggérant que César puisse poser sa candidature au consulat malgré son absence est combattue avec vigueur. En même temps il échoue au consulat pour 51.
Durant la guerre civile , il se range aux côtés de Pompée : il est d'abord propréteur de Sicile , puis abandonne la province à l' arrivée d 'Asinius Pollion , pour éviter de « ruiner l'île en en faisant un champ de bataille » (Plutarque 53). Ensuite , il est envoyé en Asie et, dans un second temps, Pompée lui confie la
garde de Dyrrachium avec quinze cohortes. Après la défaite de Pompée à Phar
sale (août 48), il rejoint la flotte à Corcyre et se dirige vers l'Afrique. Malgré la mort de Pompée, il décide de continuer la lutte contre César. Une marche péni ble à travers la Libye le conduit à Utique, où il reçoit de Q .Metellus Scipion le commandementde la ville . Après la défaite des Pompéiens à Thapsus (avril 46 ), Caton se refuse à supplier César et se donne finalement la mort en rouvrant les blessures qu 'il s 'était faites et que son entourage voulait soigner (13 avril 46 ).
Les liens de Caton avec le stoïcisme ne font aucun doute : les sources anti ques (contemporaines ou postérieures) en témoignent clairement, si bien que rares sont les travaux qui ont été consacrés au stoïcisme de ce personnage. De nombreux philosophes proches du Portique se sont trouvés à ses côtés : en premier lieu , dans sa jeunesse, Antipatros de Tyr (» A 206 ), formé à l' école de Panétius (Plutarque 4 , 2). Plus tard, il va chercher Athénodore Cordylion
(> A 498 ) à Pergame et le convainc de le suivre en Macédoine puis à Rome et de vivre chez lui. Lors de sa mission à Chypre, c' est un autre philosophe qui le suit,mais son identité n'est pas indiquée par Pline l'Ancien (VII 113). A Utique figurent également à ses côtés un stoïcien , Apollonidès ( A 257), et un péripatéticien , Démétrios ( - D 41), avec lesquels il s' entretient de l'immortalité de l'âme le soir de sa mort (Plutarque 66 ). D ' ailleurs, les sources anciennes
soulignent aussi son intérêt pour les discussions philosophiques prolongées et les lectures (Cicéron, Fin . III 7). Caton toutefois n 'est pas un théoricien ni un auteur de traités: la philosophie est pour lui une forme de vie qui modèle et oriente tous les instants de son existence (cf. Cicéron , Mur. 30, 62). S' il a, conformément à la tradition romaine, choisi l'action politique, il apporte dans sa
vie publique et privée les qualités que le Pro Murena et le Pro Sestio (60 -63)
244
CATO UTICENSIS (M . PORCIUS -)
mettent en valeur: grauitas, integritas,magnitudo animi, uirtus. Cet ensemble se trouve tout proche des vertus traditionnelles reconnues par le Portique, comme si Caton les avait toutes faites siennes. De plus, ses liens étroits avec
Athénodore Cordylion doivent être soulignés, puisque ce philosophe était très proche de Zénon et de Chrysippe, c'est-à -dire de l'Ancien Stoïcisme, et ils ont pu contribuer à accentuer la rigueur de Caton . Celle -ci s'exprime en politique dans un respect très strict, et parfois excessif, envers des lois qu 'il suit à la lettre, et ensuite dans une hostilité manifeste envers tous ceux qui veulent ébranler la res publica (comme Catilina, César ou même Pompée ). Cicéron semble appré cier cette rigueur, sauf lorsqu 'il en est l'objet : débat sur les mesures de Clodius que l'ancien consul veut abolir, refus du triomphe à son retour de Cilicie . Aussi lui arrive- t-il de reprocher à Caton une conduite trop rigide, qui s'en tient à des
principes, sans voir les réalités du moment: « il donne son avis, écrit l'orateur à son amiAtticus (Att. II 1, 8), comme s'il était dans la cité idéale de Platon et non dans la cité fangeuse de Romulus » . Et les maximes stoïciennes que Caton
reprenait souvent dans ses discours devaient accentuer cette impression . Dans sa vie privée, il ne suffit pas de s 'attacher au refus du luxe (Plutarque
12, 3 -5 ; 44 , 1), car cette exigence est commune à beaucoup d 'écoles philosophi ques. Plutarque expose comment, après avoir eu trois fils de son épouse Marcia , il la laissa devenir l'épouse de Q . Hortensius Ortalus en 56 , puis se remaria à
nouveau avec elle au moment de la guerre civile (25 ; 52, 5-8). A travers une telle conduite, ce sont les principes « cyniques » de l'école stoïcienne qui se
laissent deviner (cf. 8 D . Babut, Plutarque et le stoïcisme, Paris 1969, p. 174 ): seule l'opinion s'oppose à un acte que la nature autorise ; d'ailleurs l'ancien stoïcisme admettait la communauté des femmes et des enfants. En dernier lieu la mort de Caton montre son refus du compromis comme son sens de la liberté : les
stoïciens admettent en effet le suicide quand toute autre possibilité a disparu . Enfin , il fautnoter l'extrême importance du modèle que constitue Caton dans la littérature postérieure et surtout celle du principat: il est à la fois le héros qui
lutte pour la liberté et « refuse de contempler le visage d'un tyran », et le sage
stoïcien quimeurt avec sérénité après s'être entretenu de l'immortalité de l'âme. Aussi les allusions à Caton sont-elles extrêmement nombreuses dans la littéra ture du principat, sans compter les biographies qui lui sont consacrées dès 46 par Cicéron et Brutus, puis par Thraséa sousNéron (voir 9 R . J. Goar, The Legend of
Cato Uticensis from the First Century B. C . to the Fifth Century A . D ., coll. « Latomus» 197 , Bruxelles 1987, 114 p .; 10 M . Griffin , « Philosophy, Cato and Roman suicide » , G & R 33, 1986 , p . 64 -77, p . 192 -202) . MICHÈLE DUCOS.
Iconographie. Selon Plutarque, Cato 71, 3, une statue de Caton l' épée à la main avait été érigée à Utique au bord de la mer , à l'emplacement de son
tombeau . Selon Appien , Bell. civ . II 101, une peinture représentant la mort de Caton fut portée lors du triomphe libyque de César. On connaît l'existence de portraits de lui d 'après Pline le Jeune, Epist. I 17 , 3, qui mentionne un portrait
245
CATULUS (Q . LUTATIUS - )
conservé à titre privé par Titinius Capito , car le nom de Caton était toujours un
symbole d 'opposition sous l'empire. La trouvaille à Volubilis d 'un buste en bronze inscrit au nom de CATO paraît régler la question de l'identification : 1 Chr. Boube-Piccot, Lesbronzes antiques
du Maroc, 1. La statuaire, « Études et travaux d' archéologie marocaine » 4, Rabat 1969, nº 2, p . 76 -82, pl. 7-12 ; 2 K . Vierneisel, P . Zanker (édit.), Die Bild nisse des Augustus, Herrscherbild und Politik im kaiserlichen Rom (catalogue
d 'exposition,Munich ,Glyptothek, et Berlin -Ouest,Antikenmuseum , décembre juin 1979),München 1979, p . 83. Comme on sait par Horace, Carm . II 15, 11,
que Caton le censeur était intonsus, ce portrait glabre doit représenter l'autre grand Caton, Caton d 'Utique. La série des répliques de ce type iconographique comprend trois portraits en bronze et un en marbre : 3 A .- K . Massner , Bildnisangleichung. Untersuchungen zur Entstehungs- und Wirkungsgeschichte des Augustusporträts (43 v. Chr. -68
n. Chr.), coll. « Das römische Herrscherbild » 4 , Berlin 1982, p. 19 -20. On pourrait dater la création du type d 'avant l'éclatement de la guerre civile, car Plutarque, Cato 53, indique qu'à partir du moment où Caton quitta Rome pour suivre Pompée, il ne coupa plus ni ses cheveux ni sa barbe. L 'original
perdu remonte en tout cas à la fin du jer siècle av . J.-C . et ses répliques vont de l'époque augustéenne à l' époque flavienne, la plus ancienne étant conservée au Louvre : 4 K . de Kersauzon, Catalogue des portraits romains, 1. Portraits de la
République et d 'époque julio -claudienne, « Musée du Louvre » , Paris 1986 , n° 32, p . 74-75, qui rejette ce buste dans l'anonymat. Je mentionne en second lieu des deniers de Numonius Vaala frappés en 43
av. J.- C ., car l' identification du profil monétaire du droit en est très discutée : voir A . Alföldi, « Die stadtrömischen Münzporträts des Jahres 43 v. Chr.» , dans Eikones. Studien zum griechischen und römischen Bildnis. Mélanges H . Jucker,
coll. « Ant. Kunst. Beiheft» 12, Basel 1980, p. 27 n.73, pl. 4 , 5 . Sur ces mon naies, Massner 3, p. 20-22, pl. 10 a- d, 11 a , voudrait reconnaître , sans me convaincre , le type du Caton de Volubilis. Cf. 5 L . Laurenzi, art. « Catone Uticense » , EAA 2, 1959, p .434-435, fig. 611 ; 6 J. M . C . Toynbee, Roman Historical Portraits , « Aspects of Greek and Roman Life» , London 1978, p . 39 -41, fig . 38-39. FRANÇOIS QUEYREL .
60 CATULUS ( Q .LUTATIUS - ) REL 7
II- I
Né sans doute vers 149a (1 G . V . Sumner, The orators in Cicero 's Brutus, coll. « Phoenix Supplement » 11, Toronto 1973, p . 78 ), Q . Lutatius Catulus
commence une carrière politique dont les débuts sontmal connus ; finalement, après plusieurs échecs (Pro Plancio V 13), il parvient au consulat en 102 avec
Marius , et l'année suivante participe avec lui à la victoire de Verceil sur les
Cimbres .Dans les années suivantes , il semble représenter une tendance modérée au sein de l'aristocratie (De oratore II 220 ). En 87, accusé par M . Marius Gratidianus , tandis que Marius lui refuse son aide, il se donne la mort.
246
CATULUS (Q . LUTATIUS -)
Catulus est fréquemment cité par Cicéron (il en fait d 'ailleurs l'un des inter locuteurs du De oratore) et il apprécie l'homme cultivé qui pratique le grec comme le latin (De oratore II 28 , 154), l'orateur à la langue pure et élégante (De
oratore II 18 , 74 ; Brutus 132) et l'écrivain ,car il avait écrit sur son consulat et sa campagne contre les Cimbres, et nous avons conservé plusieurs épigrammes dont il est l'auteur. Néanmoins il est peu vraisemblable qu 'il ait regroupé autour
de lui un cercle littéraire (comme l'avait affirmé 2 R . Buettner, Porcius Licinius und der literarische Kreis des Q . Lutatius Catulus, Leipzig 1893 ; contra
3 H . Bardon, « Q . Lutatius Catulus et son cercle littéraire» , LEC 18, 1950 , p . 144 - 164 ), mais sa culture , sa finesse comme son attrait pour l'hellénisme ne font aucun doute . Cet intérêt s'étend à la philosophie , dont il défend l'utilité et
l' intérêt dans le De oratore, mais dans ce dialogue son admiration va essen tiellement à Aristote (III 36, 152) et aussi à Théophraste ( III 48, 187). Nulle part n 'est mentionné un attrait particulier pour l'Académie et pour Carnéade
( - C 42). C 'est seulement dans les Premiers Académiques que Catulus apparaît comme son défenseur. Plus précisément dans la seconde partie , le Lucullus, Catulus le jeune (consul en 78 ) le montre adhérant à l'opinion de Carnéade et
critiquant les innovations de Philon (12 , 18). Ces indications fragiles ne sauraient aboutir à des conclusions sûres: il n 'est guère probable que Catulus ait pu être l'auditeur de Carnéade à Athènes (cf. 4 J. L . Ferrary , Philhellénisme et impérialisme, Rome 1988, p . 604-605). Et s'il avait
déjà été proche de l'Académie en 91, Cicéron n 'aurait pas manqué d 'en parler dans le De oratore. Enfin les critiques de Philon paraissent peu vraisemblables : le séjour de Philon à Rome commence en 88 et Catulusmeurt en 87.
Cf. 5 F.Münzer, art. « Lutatius» 7, RE XIII 2, 1927,col. 2072-2082. MICHÈLE DUCOS. CATULUS → CINNA CATULUS 61 CÉBÈS DE CYZIQUE Parméniscos (RE 2 ) racontait dans son Banquet des Cyniques (KUVIX
Outbolov ), cité par Cynoulcos dans Athénée, Deipnosophistes IV , 156 c 158 a, un dîner donné par ce personnage à Athènes pendant les Grandes Dio nysies. A la tête d ' un groupe de six « chiens» figurait le cynique Carneios de
Mégare. Les plats de lentilles,différemment apprêtés, offerts par Cébès,révèlent peut- être en lui sinon un cynique, du moins un amide la secte. La présence de doctrines cynico -stoïciennes dans le Tableau de Cébès n ' est pas un argument suffisant pour que l'on identifie son auteur à Cébès de Cyzique. Voir la section consacrée au Tableau de Cébés dans la notice suivante .
MARIE -ODILE GOULET-CAZÉ. 62 CÉBÈS DE THÈBES REK 2 Fya Avec Simmias, Cébès aurait d'abord été le disciple du pythagoricien Philolaos, alors que ce dernier séjournait à Thèbes en Béotie (Platon, Phédon
CÉBÈS DE THÈBES
247
61 d ). Puis Cébès se serait établi à Athènes, où il serait devenu avec Simmias le disciple de Socrate (Xénophon, Mémorables I 2 , 49 ; III 11, 17). En fait, Xéno phon se borne, semble -t-il, à répéter Platon , qui cependant spécifie que Cébès, comme Simmias , est de Thèbes même. Dans la Lettre VII (345a), où il est qualifié de Thébain , on trouve une allusion à une exclamation que profère Cébès dans le Phédon 62 a . De même, lorsqu 'il précise que Cébès est de Thèbes,
Diogène Laërce (II 125), ou sa source, se borne à interpréter le Phédon . Simmias et Cébés sont encore nommés dans le Lettre XIII (apocryphe) ( 363a ) : suivant ce
témoignage particulièrement douteux, Cébès aurait eu des filles. Dans le Criton (45 b -c), Cébès et Simmias, qui a apporté la somme néces saire , se sont mis à disposition de Criton ( C 220) pour lui permettre de faire évader Socrate de sa prison. Tout porte donc à croire que Simmias et Cébés
étaient riches et influents. Dans le Phédon, les interventions de Cébès (60c -61c ; 61 d -63c;69 e - 72 e ;
77e-88b ; 95a- 103 a ) sont deux fois plus longues que celles de Simmias (61c d ; 64 a -69 e ; 72e- 77e; 92a- 95 a ). Cela dit, si l'on y regarde de plus près, on
peut se poser des questions sur la nature pythagoricienne des doctrines que l'un et l'autre exposent. L 'hypothèse de l'âme-harmonie semble se rattacher aux
théories musicales et médicales qui auraient été celles de Philolaos (DK 44), même si nos renseignements sur ce pythagoricien restent particulièrement frag
mentaires et douteuses (W . Burkert, Lore and science in ancient Pythago
reanism (1962 ), Cambridge (Mass.] 1972, p . 218-298). Échécrate , lui aussi, a donné son adhésion à cette hypothèse (Phédon 88d). De plus, même si cette
théorie se retrouve chez Aristoxène ( - A 417) et chez Dicéarque (- D 98), des
péripatéticiens de la première génération et de tendance pythagoricienne, Aristote l' expose et la critique (De anima I 4 , jusqu 'à 408 a 28 ) sans la rapporter
aux pythagoriciens, auxquels il attribue des théories tout à fait différentes (De anima I 2, 404 a 16 -20). Quoi qu 'il en soit, ce sont Cébés et Simmias qui définissent le but de
l'entretien que relate le Phédon (60c-62c). Puisque la mort est un bien pour le philosophe qui s 'emploie à séparer son corps de son âme, pourquoi un philo sophe ne se donne-t-il pas la mort le plus rapidement possible ? Socrate ayant rappelé que la conscience religieuse interdit le suicide, Cébès s 'en étonne. Et comme l' enseignement de Philolaos ne les a pas éclairés sur le sujet, la mort
devient l'objet et d 'une recherche philosophique approfondie et d 'un récit mythique sur le grand voyage de l' âme séparée du corps. Mais , tout au long du
dialogue, la clairvoyance critique de Cébès discerne toutes les difficultés qui
s'attachent à la démarche de Socrate, qui veut donner au mythe une apparence rigoureuse. Et son objection : même si l'âme est plus durable que le corps, ne doit-on pas craindre qu 'après avoir usé de nombreux corps, elle ne soit détruite à son tour (Phédon 91d ), pose un très grave problème. C 'est celui de la recherche « sur la nature » (itepi púoews), qui jusque- là était restée au centre de la
spéculation philosophique : celui des causes de la génération et de la corruption .
A la fin de l'entretien, Cébès semble satisfait, alors que Simmias marque des
248
CÉBÈS DE THÈBES
réticences. Toutefois, le fait que Socrate entreprenne le récit d 'un mythe marque bien qu 'il continue de s'interroger sur les principes qu 'il accepte (Phédon 107 a b ).
Euvres. Dans la brève notice qu'il lui consacre , Diogène Laërce (II 125) attribue à Cébès trois dialogues: (1) Hívat, Le tableau .
(2) ‘E88óun , Le septième (jour). (3) Dpúviyos, Phrynichos.
On notera qu'une ‘Ebdóun avait été attribuée à Platon (D .L . III62). Ce titre semble faire référence à la date de naissance d 'Apollon , qui aurait aussi été celle de Platon (D . L . III 2), le septième jour du mois de Thargélion . En outre, le nombre sept avait une signification toute particulière dans le cadre du (néo -]Pythagorisme.
Phrynichos est un poète tragique (TrGF I n° 3 Snell-Kannicht) de la fin du vie et du début du Ve siècle av. J.- C . que certains, et notamment l'auteur du Minos (320e-321a), dialogue attribué à tort à Platon, reliaient à Thespis (TrGFI n° 1 Snell-Kannicht) comme l'un des inventeurs de la tragédie . [Le corpus pseudépigraphe des lettres des socratiques comprend une lettre adressée à Simmias et Cébés (lettre 22). Texte grec et traduction anglaise par S . Stowers dans A . J. Malherbe (édit.), The Cynic epistles. A study edition, coll. « Society of Biblical Literature Sources for Biblical Study» 12, Missoula (Montana ) 1977, p . 272- 273. Dans l'édition de
R . Hercher (Epistolographi graeci, Paris 1873, réimpr. Amsterdam 1965, p. 625), la lettre a R . G .) comme auteur (fictif) Xénophon .
LUC BRISSON .
Le tableau de Cébès A Cébès de Thèbes, Diogène Laërce (II 125) attribue trois ouvrages dont il
cite les titres : Iivat, 'Ebdóun, Dpúvixos. Des deux derniers écrits, rien ne subsiste . Seul le premier a été conservé,mais il est assurémentapocryphe. L 'ouvrage se présente sous la forme d 'un dialogue fictif: il s'agit, en réalité ,
d'une description , faite par un vieillard à deux jeunes gens qui l'interrogent. Cette description est celle d 'un tableau votif , placé devant le temple de Cronos
et décrivant la vie humaine. La forme littéraire relève de la pure et simple ekphrasis : le tableau décrit est peuplé de figures qu 'on peut dire allégoriques (citons ainsi Aaluwv, Abtai, 'Enlouuial, 'Hồovai, Túxn, 'Hounádela , Odúvn , 'Apetai, Tyuwpía , et surtout laudela et VevooTaldeía , dont la lutte a
pour enjeu l'accès à la hauteur où séjourne Eůdaquovía ) et la vie humaine est présentée comme un parcours difficile pouvantmener à la félicité. Toutefois, l'ouvrage n 'a pas véritablement de signification allégorique, puisque le sens du tableau est directement saisissable et que les propos du vieillard l'éclairent au fil même de la description qu 'il en donne.
Éditions et traductions. Déjà célèbre dans l'Antiquité, cet ouvrage a connu une fortune considérable auprès des modernes, dès l'invention de l'imprimerie :
CÉBÈS DE THÈBES
249
les éditions en ont donc été extrêmement nombreuses. A date récente, on retiendra seulement: 1 C . Praechter (édit.), KÉOntog Nivač Cebetis tabula , recensuit C . P ., coll. BT, Leipzig 1893, XII-40 p . ( introduction , texte grec avec apparat critique, index verborum ) ; 2 The Tabula of Cebes, translated by J. T.
Fitzgerald & L .M . White , coll. « Texts and translations» 24 , « Graeco -Roman
religion series» 7 , Chico (Calif.) 1983, X -225 p. (très riches notes au texte et à la traduction, p . 133- 181 ; index verborum complet, p. 183-225) ; 3 La Tavola di
Cebete , testo , traduzione, introduzione e commento di D . Pesce, coll. « Antichità classica e cristiana » 21, Brescia 1982, 107 p. ( index verborum ) ; 4 « Cébès : Tableau de la vie humaine » , trad. française par Mario Meunier, à la suite de
Marc Aurèle, Pensées pourmoi-même, Paris 1930, p .253-283 (notes p. 293). Études. Ouvrage fondamental (qui offre , de l'aveu même de son auteur (p . 11), à l'exception du problème de la chronologie , une interprétation “ révo lutionnaire” , c 'est-à -dire néo-pythagorisante ): 5 R . Joly , Le tableau de Cébès et
la philosophie religieuse , coll. « Latomus » 61, Bruxelles 1963, 91 p. Fortune. Pour la fortune du texte , depuis les mss jusqu 'aux éditions
modernes, l' étude fondamentale est celle de 6 C .E . Lutz, « Ps.-Cebes» , dans
Catalogus translationum VI, Washington 1986, p. 1 -14 . A la suite de Joly 5, qui a consacré un chapitre entier à « la fortune du Tableau dans l'Antiquité » (p . 79 86 ), Cora Lutz montre combien l'ouvrage avait été célèbre durant l'Antiquité : il est notamment cité par Lucien, De mercede conductis 42 ; Rhetorum praeceptor
6 , et par Tertullien, Depraescriptione haereticorum 29 ; un proche de Tertullien , Osidius Geta, en avait d ' ailleurs composé une paraphrase chrétienne : Tertullien, op. cit., 39 , 53.
Durant le Moyen Age, le lívaš est resté inconnu de l’Occident latin , alors qu' il avait été transposé en arabe par un traducteur inconnu (peut- être Ibn Miskawayh (mort ca 1030 de l’ ère chrétienne ] ?) dès les IX -Xe s . L 'ouvrage a été redécouvert avec un vif intérêt par les humanistes platoniciens de la Renais sance : une traduction en latin , due à Ludovicus Odaxius, est publiée à Bologne en 1497 et plusieurs fois réimprimée (Paris 1498 , Venise 1498, 1500 ). Johannes
Rhagius Aesticampianus (Johannes Rack Sommerfeld ) introduit la Tabula dans
les pays germaniques par son édition de Bâle en 1502. Dès lors, la Tabula connaît un grand succès à travers toute l'Europe jusqu 'à la fin du XVIIIe siècle :
c'est ainsi qu 'elle a très souvent été imprimée à la suite du Manuel d'Épictète ou des Vers d 'Or. Sur cette remarquable survie , cf. 7 R . Schleier, Tabula Cebetis, oder Spiegel des menschlichen Lebens, darin Tugent und Untugent abgemalet ist. Studien zur Reception einer antiken Bildbeschreibung im 16 . und 17. Jahr
hundert, Diss. Berlin (1970), Berlin 1974. Pour les éditions et traductions de la Renaissance, cf. 8 Cebes ' Tablet. Facsimiles of the Greek text, and of selected Latin , French, English, Spanish , Italian, German, Dutch and Polish translations, introd. by Sandra Sider, New York, The Renaissance Society of America, 1979, 230 p.: cet ouvrage donne la reproduction intégrale , en fac-simile , de la traduction latine de Ludovicus Odaxius, Paris 1498 (p. 19- 26 ), suivie de treize
CÉBÈS DE THÈBES
250
traductions en diverses langues modernes, depuis celle de Geofroy Tory , Paris 1529, jusqu'à celle de Pedro Simón Abril, Zaragoza 1586 .
Les éditions des XVIe-XVIIe siècles ont souvent été accompagnées d 'une représentation illustrée du tableau , donnée en frontispice ou sous forme de " dépliant” : ces illustrations, qui par elles-mêmes constituent déjà une interpré tation du texte, n 'ont jusqu 'à présent fait l' objet que d 'études très partielles. Date . Longtemps restée incertaine, la date de composition de la Tabula n 'est plus aujourd 'hui objet de discussion : il est désormais hors de doute que l'ouvre
date du premier siècle de notre ère , après les travaux de F . Drosihn , le premier éditeur du texte chez Teubner (Leipzig 1871) , et surtout la démonstration de
9 K . Praechter, Cebetis Tabula quanam aetate conscripta esse uideatur, Marburg 1885, qui procède notamment à un examen approfondi de la langue. Afin de compléter la dissertation de K . Praechter et d 'en renforcer les conclu sions, Robert Joly a repris sur plusieurs points l' étude de la langue (vocabulaire ,
emploi des temps et des modes, usage des particules) : voir Joly 5, chap. I (p. 13 21). Au terme de cet examen, il conclut que la langue de la Tabula est assez proche de celle du Nouveau Testament, et qu'on doit donc définitivement rejeter la chronologie encore défendue par Fr. Susemihl, qui faisait remonter au III° s. la
rédaction de l'ouvrage. Analyse. L 'ouvrage étant reconnu apocryphe, c' est sur l'analyse de son
contenu qu' on s'est appuyé pour faire diverses tentatives d' attribution. Ainsi,
comme on a longtemps vu la Tabula imprégnée avant tout de doctrines cynico stoïciennes, il a été proposé de l'attribuer à Cébès de Cyzique (ⓇC 61), person nage que mentionne Athénée IV , 156 e : c'est ce que prétendait établir la Disser tation sur le Tableau de Cébès publiée à Paris en 1786 , par J.-J. Garnier, dans les Mémoires de l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres. Néanmoins, l'ouvrage a plus fréquemment été attribué à Cébès de Thèbes, en raison du
témoignage de Diogène Laërce et sans doute aussi d'un contenu qu 'on peut sommairement estimer " socratique" , en particulier à cause du rejet insistant dont l'opinion fausse fait l'objet. Il faut observer en outre que l'ouvrage n 'est pas homogène, comme l' a mon tré l' étude de 10 A . Carlini, « Sulla composizione della Tabula di Cebete » , SCO 12, 1963, p . 164 -182 , quiestime que la plus grande partie de la Tabula (chap. 1
35) a pour origine un milieu néopythagoricien du er s. av. J.- C ., tandis que la fin (chap. 36 -41) serait empruntée à un philosophe socratique du IVe s., peut-être Eschine de Sphettos (- A 71) .
L ' analyse “ révolutionnaire” du contenu de l'ouvrage entreprise par Joly 5 consiste surtout à en démontrer le caractère néopythagoricien , en dénonçant les insuffisances de l'interprétation stoïcienne et cynique : « Pour le profane, le Tableau offre,mêlées à une morale volontariste , ascétique, mais au fond banale ,
quelques vagues idées stoïciennes et quelques notions apparemment cyniques. A l' initié, il offre surtout un aperçu “ énigmatique” de la morale et de l' eschato logie néopythagoricienne» ( p. 70) . Tout en admettant ces traits néopythago
251
CELER (C. ARTORIUS -)
riciens, les travaux les plus récents insistent surtout sur l'influence du cynisme: ainsi Fitzgerald et White 2, p. 27 . JEAN -MARIE FLAMAND .
Témoignages arabes. La traduction arabe du Pinax de Cébés, effectuée par un traducteur inconnu, est incorporée dans la vaste anthologie de littérature
sapientielle préparée par l'érudit et homme d ' État Miskawayh ( † 1030) : 1 ' A .
Badawi ( édit.), Miskawayh, al-Hikma al-hālida (Eternal Wisdom ), Le Caire 1952, p. 229-262 ; voir 2 F . Rosenthal, « The Symbolism of the Tabula Cebetis according to Abû l-Faraj ibn at- Tayyib » , Recherches d ' Islamologie. Recueil d ' articles offert à Georges C . Anawati et Louis Gardet par leurs collègues et amis, coll. « Bibliothèque philosophique de Louvain » 26 , Louvain 1978, p . 273
283; réimpr. dans Id., Greek Philosophy in the Arab World , coll. « Variorum Collected Studies Series » 322, Hampshire 1990 ,nº VI, p . 273. Il ne semble pas exister de tradition manuscrite indépendante pour la traduction arabe. La
première édition, fondée sur l'ouvrage de Miskawayh et accompagnée d'une traduction latine, a été donnée par Johannes Elichmann en 1640 (voir les réfé rences dans 3 F . Rosenthal, « Some Pythagorean Documents transmitted in Arabic » , Orientalia 10, 1941, p . 105 -106 ). Certaines leçons empruntées à la
traduction latine d 'Elichmann furent signalées par Karl Praechter dans l'apparat critique de sa propre édition du texte grec (4 Cebetis Tabula, coll. BT, Leipzig 1893). Comme la traduction arabe dépend d 'un manuscrit antérieur d 'au moins
quatre siècles au plus ancien manuscrit grec conservé (Parisinus gr. 858 = le ms. A de Praechter, du XIe s .) et comme elle semble présenter des variantes signi ficatives, il importerait de réexaminer le texte grec à la lumière d'une nouvelle édition critique de la traduction arabe conservée parMiskawayh .
Dans la tradition arabe, le Pinax n 'a exercé que très peu d'influence et semble n 'avoir fourni que l'occasion d 'une brève analyse de son contenu par le chrétien Abū -l-Farağ Ibn -at- ſayyib († 1043), prêtre et érudit. Rosenthal 2, qui a édité et traduit cette étude, considère que « cette présentation est manifestement l'euvre de Ibn -at- Țayyib lui-même et qu 'elle ne dépend d 'aucun ouvrage
littéraire [grec ou arabe) antérieur» (p. 275). DIMITRIGUTAS.
CEIONIUS → ALBINUS (CEIONIUS RUFIUS -) CEIONIUS → VOLUSIANUS (CEIONIUS -)
CELER (C.ARTORIUS -)
| ép.imp.
Le philosophe épicurien C . Artorius Celer, mort à 32 ans, ne semble connu
que par son épitaphe, que porte un cippe de la région du Kef, en Tunisie ( A .Merlin , Inscr. lat. Tunisie, n° 401) . Sa famille devait posséder des propriétés sur le territoire de Sicca Veneria : un Artorius Celer Munatianus est en effet
enterré auprès du tombeau du philosophe et un L . Artorius C . f. Florentinus a
252
CELER (C . ARTORIUS -)
son tombeau dans la même région (cf. L . Poinssot, Bull. arch. du Comité des Travaux Historiques 1936 - 1937, p. 205). BERNADETTE PUECH .
64 CELER (P. EGNATIUS -) RE Egnatius 16 PIR ? E 19 Stoïcien , originaire de Beyrouth (Dion Cassius LXII 26 ), mais qui fit sans
doute ses études à Tarse (Juvénal III 116). Dans les sources anciennes, P . Egnatius Celer ne nous est connu que par son intervention dans le procès de Barea Soranus, stoïcien , lui aussi, accusé de lèse-majesté avec sa fille en 66 ( Tacite, Annales XVI 32, 3-4 ; Juvénal et Dion Cassius, loc. cit.); il figure comme témoin à charge, bien qu 'il fût le client et l'ami de Barea Soranus (contrairement à tous les usages de la morale romaine); et, s'il faut en croire le scholiaste de Juvénal (VI 552), ce fut même lui qui poussa la fille de Barea
Soranus vers la magie . En 69, sous le règne de Vespasien , il est accusé pour cette raison par Musonius Rufus, qui lui reproche le faux témoignage qui avait accablé Barea Soranus (Tacite , Histoires IV 10), et il est condamné (IV 40 ),
mais c'est un autre philosophe, Démétrios (3- D 43), qui avait pris sa défense . Une telle conduite paraît surprenante ; des explications diverses en ont été proposées (M . Billerbeck, Der Kyniker Demetrius. Ein Beitrag zur Geschichte der frühkaiserzeitlichen Populärphilosophie , Leiden 1979 ; J. F . Kindstrand , « Demetrius the Cynic » , Philologus 124 , 1980, p. 83-98 ; J. Moles, « "Honestius quam ambitiosius” ? An exploration of the Cynic 's Attitude to moral corruption in his fellow men », JHS 103, 1983, p. 103- 123). A ce titre , Egnatius Celer est donc souvent cité , bien que ces analyses n'apportent guère d'éléments nouveaux le concernant. Il faut plutôt souligner que dans les textes antiques, et surtout
chez Tacite , il appartient à un type bien précis: l'hypocrite qui se fait passer pour un philosophe sans en avoir les qualités humaines. « Il se parait du crédit dont jouissait la secte stoïcienne , s'étant exercé à la droiture morale , mais il
restait perfide, traître , dissimulant son avidité et son goût du plaisir » (Annales XVI 32, 4 ).
Cf. H . von Arnim , art. « Egnatius» 16 , RE V 2 , 1905, col. 1996 . MICHÈLE DUCOS. 65 CELSINOS DE CASTABALA RE PLREI:2
« Celsinos, fils d'Eudore , de Castabala ( en Cappadoce), philosophe. Il écrivit un Recueil des doctrines de chaque école philosophique ( Συναγωγή δογμάτων TTáong aipłoewç birooópou ) et d 'autres ouvrages» (Souda, s. v . Keroīvos, K 1305 ; t. III, p. 93, 2-3 Adler). On a parfois identifié Celsinos au Celsus dont Augustin (De haeresibus, prol., PL 42, col. 23) rapporte qu'il aurait rassemblé en six livres - et sans prendre parti – les opiniones
omnium philosophorum jusqu'à son temps; on a d 'autre part identifié ce dernier ouvrage avec la section philosophique de l' encyclopédie de Cornelius Celsus ( C73).
Il peut être utile de citer ici le passage d 'Augustin qui a servi à ces diverses tentatives d 'identification : « Opiniones omnium philosophorum , qui sectas varias condiderunt, usque ad tempora sua (neque enim plus poterat), sex non parvis voluminibus quidam Celsus absolvit.
253 CELSUS Nec redarguit aliquem , sed tantum quid sentierent aperuit, ea brevitate sermonis, ut tantum
adhiberet eloquii, quantum rei nec laudendae, nec vituperandae, nec affirmandae aut defendendae, sed aperiendae indicandaeque sufficeret ; cum ferme centum philosophos
nominasset: quorum non omnes instituerunt haereses proprias ; quoniam nec illos tacendos putavit, qui suos magistros sine ulla dissensione secuti sunt» .
On a reconnu également Celsinos dans un Celsinusmentionné par Augustin . Voir notice suivante.
RICHARD GOULET.
66 CELSINUS
IV
Augustin , s'adressant à son mécène Romanianus, écrit en Contra Academicos II 2, 5 : « Cum ecce tibi libri quidam pleni, ut ait Celsinus, bonas res arabicas ubi exhalarunt in nos. .. » . L 'éditeur de cette cuvre, P . Knöll, CSEL 63, index, propose d ' identifier Celsinus à la personne qui fournit à Augustin les Libri
platonicorum (Conf. VII 9, 13). C 'est aussi la suggestion que fait A . Solignac,
BA 13, p . 103, n . 2, en observant qu 'Augustin parle de ce Celsinus comme d'un hommebien connu de Romanianus, et en précisant qu 'il pourrait être (1) le frère
de Symmaque : Celsinus Tatianus, qui fut en 380 vicarius Africae, ou (2) Clodius Celsinus Adelphius, père d'Hermogenianus, destinataire de la lettre 1 d'Augustin (cf. BA 14 , 535). En revanche, selon P . Courcelle (Les lettres grecques en Occident, p. 179-181), suivant une hypothèse de M . Schanz (cf. notice sur Cornelius Celsus, C 73) , ce Celsinus ne serait
autre que Celsinos de Castabala (™C 65 ), dont Augustin aurait lu la Evvaywyn doyuátwy mớons aipéoewC blooópov , en une traduction latine due à Mallius Theodorus : ouvrage qu'Augustin aurait exploité dans ses résumés d'histoire de la philosophie (par exemple dans le Contra Academicos III 17 , 37 sq., et les premiers chapitres du De ciuitate Dei VIII), « jusques et y compris Plotin , Porphyre et Jamblique » ( p . 180 ). Augustin ferait aussi référence
au même auteur dans le prologue du De haeresibus, en se trompant de nom , écrivant Celsus au lieu de Celsinus, « lapsus » « qui peut être dû à l'altération de la mémoire des noms chez ce vieillard » (p. 181 n. 3). Selon P . Courcelle encore : « Si Augustin , dans le De haeresibus,
remarque que l'auteur de ce catalogue est allé usque ad sua tempora, c'est parce que ce catalogue englobait même les Néo -platoniciens» (p. 180) : ce Celsinus grec, postérieur à
Jamblique, serait « le gendre de Julien l'Apostat,mentionné par plusieurs lettres de Libanius et qui eut une activité littéraire à Beyrouth » (p . 181 n . 2). Mais l'incise plaisante qui suit la
formule usque ad sua tempora : neque enim plus poterat, paraît bien impliquer que les six livres réclamaient une suite pour l'époque ultérieure à celle de cet auteur. L 'ensemble de
l'argumentation de P. Courcelle semble donc reposer sur des bases fragiles. GOULVEN MADEC .
67 CELSUS cf. RE 19
DM II
A . Épicurien ayant vécu sous Hadrien (117-138 ) « et plus tard » , qu'Origène, Contre Celse I 8, distingue d 'un homonyme ayant vécu sous Néron (54-68). Il pourrait être, selon Origène qui s'interrogeait beaucoup sur l'identité de son adversaire , l'auteur du Discours véritable. Le Celse du Discours véritable aurait en effet dissimulé dans son ouvrage un épicurisme reconnaissable « à ses autres
écrits » . Mais il est possible que cette hypothèse d 'Origène repose sur une confusion de son auteur, vraisemblablement platonicien (- C 70 ) et non
épicurien , avec un auteur épicurien dumêmenom .
254
CELSUS
Il pourrait d 'autre part être identique avec Celse (- C 68), l'amiépicurien de Lucien et le dédicataire du pamphlet Alexandre (d'Abonotique) ou le faux devin
(publié après 180), personnage qu'on a également cherché à identifier à l'auteur du Discours véritable . Sur ces différentes questions, voir la notice suivante . B . Galien (129- 199) signale parmi d 'autres écrits qu 'il a consacrés à la
philosophie épicurienne une 'EnLoton Tipos Kéoov 'EnllxoÚPelov (De propr. libr. 16 ; t. II, p. 124, 4 Müller .
RICHARD GOULET. FII 68 CELSUS cf. RE 19 Dédicataire du pamphlet de Lucien , Alexandre [d'Abonotique ) ou le faux devin (publié après 180), qui fut d 'ailleurs écrit à sa demande. Lucien le présente comme son compagnon et son ami (Étałpoç xai piros), loue sa sagesse, son amour de la vérité, la douceur et la bonté de son caractère , la sérénité de sa vie et son affabilité à l'égard de son entourage (§ 61). C ' était, comme l'auteur du dialogue, un épicurien (ibid .), qui avait écrit un ouvrage Katá uárwv, dans lequel il révélait les tours de passe -passe mis en æuvre par les devins (§ 21), notamment les procédés utilisés par les prophètes comme Alexandre pour défaire les sceaux et les reconstituer après avoir lu les questions adressées secrètement aux dieux .
L ' Elenchos attribué à Hippolyte contient une longue section (IV 28 -42) consacrée a la technique des mages (cf. την των μάγων πανούργον και Novotatov tégvnv , $ 42), dont s'inspireraient les hérétiques. Le paragraphe 34 concerne les artifices pour défaire et refaire les sceaux. 1 C . F . Hermann
(« Wahrscheinliches Bruchstück des Celsus» ,GGA Suppl. 1852, p . 108 sq.) a proposé d 'y retrouver le traité de Celse. 2 R . Ganschinietz , Hippolytos' Capitel gegen die Magier : Refut. Haer. IV 28 -42, coll. TU 39, 2 , Leipzig 1913, 77 p., a critiqué cette identification. Dans son édition récente , 3 M . Marcovich, Hippo lytus Refutatio omnium haeresium , coll. PTS 25, Berlin 1986 , reprenant une suggestion de Ganschinietz, propose comme source de IV 28 -42 le traité (Téxvn )
demagie de Thrasymède évoqué en VI 7 , 1. L'auteur signale en effet qu'il avait plushaut utilisé cet ouvrage (cf. tpónu övwDev ēEEDéueda ). On sait qu'Origène a cru , au moins au début de son ouvrage, que Celse (- C 70 ), l'auteur du Discours véritable, était un épicurien , même si, de l'aveu d'Origène lui-même, l'auteur ne fait pas ouvertement profession d'épicurisme dans son traité (I 8) et exprime plutôt des vues platoniciennes (wai yap év Todois ałatwviÇELV OÉNEL, IV 83). Or, à propos d ’un développement où son adversaire semble admettre l'existence de la magie , Origène se demande s'il est identique à l'auteur (manifestement homonyme) de « plusieurs livres contre la magie » (168). Il semble légitime de voir dans ce passage une allusion au Celse de Lucien . Cette identification de l'ami de Lucien et de l'auteur du Discours
véritable apparaît déjà chez un scholiaste chrétien de Lucien (p . 180 Rabe) qui voit dans le dédicataire de l’Alexandre « le Celse qui a écrit contre nous ces huit
longs traités de sottises, lesquels ont été splendidement réfutés par le pieux
CELSUS
255
Origène » ( cité par 4 M . Borret [édit.), Origène, Contre Celse, t. V , coll. SC 227 , Paris 1976 , p. 135 n . 2). Sur cette identification, défendue par 5 Theodor Keim , Celsus' Wahres Wort. Älteste Streitschrift antiker Weltanschauung gegen das
Christentum vom Jahre 178 n . Chr., Zürich 1873, p. 275-293, voir 6 H . Chadwick (édit.), Origen : Contra Celsum . Translated with an introduction & notes, Cambridge 1953, p . XXIV (pour qui l'adversaire d'Origène n ' était pas
épicurien , mais médio -platonicien ), Borret 4 , p . 134- 136 (qui cite p . 135 n . 2 ,
une liste des autorités favorables ou opposées à cette identification), et 7 C . P. Jones, Culture and Society in Lucian , London 1986 , p . 20 . Voir, entre autres prises de positions favorables récentes, 8 J . Schwartz , Biographie de Lucien de
Samosate, coll. « Latomus » 83, Bruxelles 1965, p . 23-24, et 9 Id., « Du “ Testa ment de Lévi" au “ Discours véritable” de Celse » , RHPR 1960, p . 126 - 145. Dans
une étude encore inédite , S . Follet a récemment suggéré de reconnaître dans le compliment adressé par Lucien à son amiépicurien, dont il célèbre l' amour pour la vérité (Alex. 61 : åvôpi étaipw xai piaw xai öv éru uáriota Oavuáoas
ŠXW Éní te oopia xal tĄ após åndelqu Épw tl), une sorte de para
phrase du titre de l'ouvrage de Celse, l’’Annons hóyoç. Il semble toutefois que la fréquence du nom de Celse à l' époque impériale et l'orientation philo sophique de l'adversaire d 'Origène, en qui l'on reconnaît plus volontiers un
platonicien qu 'un épicurien , rendent cette identification incertaine. Examinant l'identité de l'auteur du Discours véritable, Origène envisageait
pour sa part deux candidatures: « J' ai entendu dire qu'il y eut deux Celse épicuriens, l' un sous Néron, celui-ci sous Hadrien et plus tard » (Contre Celse I 8 (trad. Borret]). Le second pourrait correspondre au dédicataire de Lucien , car l' Alexandre a été publié après 180 .
RICHARD GOULET. MI 69 CELSUS cf. RE 19 Épicurien ayant vécu sous Néron (54-68) qu'Origène, Contre Celse I 8 , distingue d 'un homonyme ayant vécu sous Hadrien (117 -138) et plus tard
( - C67).
70 CELSUS RE 20
RICHARD GOULET.
fl. ca 177-180
Polémiste antichrétien, fortementinfluencé par le platonisme de son époque. Auteur d' une critique acharnée du christianisme intitulée 'Aanons hoyos, publiée vers 177-180, que nous ne connaissons qu'à travers la réfutation détail lée qu ’Origène a donnée des arguments de Celse dans son Contra Celsum , composé quelque 70 ans plus tard . A part ce qu'on peut déduire des citations de Celse, plus ou moins exactes, chez Origène et des commentaires de ce dernier,
on ne sait rien de Celse . Origène, quimanquait lui-même d'informations sûres au sujet de son adversaire , croyait qu 'il étaitmort depuis longtemps ( C . Cels., Praef. 4 ). Dans un premier temps il a même pensé que Celse était épicurien et
qu'il avait exercé une activité philosophique à Rome sous Néron ou bien sous Hadrien (C . Cels. I 8). Étant donné les évidentes sympathies platoniciennes du
256
CELSUS
polémiste , il est certain qu'Origène s 'est trompé. Il a lui-même reconnu plus tard ( C . Cels. IV 83) que Celse Év noroic Tłatwvíceiv Okrel. On ne connaît donc
ni le pays d 'origine de Celse , ni le lieu ou les lieux où sa carrière s 'est déroulée . De l'ignorance d 'Origène à son égard , on peut pourtant conclure avec proba bilité que Celse n ' était pas né à Alexandrie et qu 'il n ' y avait pas vécu . Il n 'est
pas nécessaire de supposer qu'il avait été philosophe de profession ou qu 'il avait exercé une carrière de professeur. Sur l'identité de Celse et la datation de son ouvrage, voir 1 H . Chadwick (édit.), Origen : Contra Celsum , Cambridge 1965, p . XXIV -XXIX. Sur son plato nisme, voir 2 H . Koch, Pronoia und Paideusis : Studien über Origenes und sein
Verhältnis zum Platonismus, Berlin /Leipzig 1932 (réimpr. New York 1979) , p . 276 -280 ; 3 A .-J. Festugière, La révélation d 'Hermès Trismégiste, t. IV : Le dieu inconnu et la gnose, Paris 1954, p. 115- 123 ; 4 H . Dörrie , « Die platonische
Theologie des Kelsos in ihrer Auseinandersetzung mit der christlichen Theo logie aufGrund von Origenes c. Celsum 4, 42ff.» , NAWG Phil.-Hist. Kl. 1967,
Nr. 2, p . 19-55, repris dans Id., Platonica Minora,München 1976 , p .229- 262. Éditions critiques. 5. 0 . Glöckner (édit.), Celsi Alethes Logos excussit et restituere conatus est 0 . G ., coll. « Kleine Texte» 151, Bonn 1924 ; 6 R . Bader (édit.), Der AAHOHE moroE des Kelsos, coll. « Tübinger Beiträge zur Alter tumswissenschaft » 33, Stuttgart/Berlin 1940 ; 7 M . Borret (édit.), Origène :
Contre Celse, t. I- V , coll. SC 132 , 136 , 147, 150 et 227, Paris 1967- 1976 . Pour ce qui concerne l' établissement du texte du C . Cels., l' édition magistrale de Borret remplace toutes les précédentes.
Traductions: - française : Borret 7 ; – allemande: 8 P .Koetschau, Des Ori genes acht Bücher gegen Kelsus, aus dem Griechischen übersetzt, coll. « Biblio thek der Kirchenväter» 52-53,München 1926 - 1927 ; - anglaises : Chadwick 1 ; 9 R . J. Hoffmann , Celsus : On the True Doctrine, Oxford 1987; - italienne :
10 G . Lanata, Celso : Il Discorso vero,Milano 1987; 11 S . Rizzo, Celso Contro i Cristiani,Milano 1989. Études d'orientation . 12 P. de Labriolle , La réaction païenne. Éude sur la polémique antichrétienne du per au Vre siècle, Paris 1934 (réimpr. 1948), p . 111 169; 13 Ph .Merlan , art. « Celsus» , RAC II, 1954 , col. 954 - 965, repris dans Id .,
Kleine philosophische Schriften,hrsg. von F. Merlan, coll. « Collectanea » 20 ,
Hildesheim New York 1976 , p . 352-357 ; 14 C . Andresen, Logos und Nomos. Die Polemik des Kelsos wider das Christentum , coll. « Arbeiten zur Kirchen geschichte » 30, Berlin 1955 ; Lanata 10 , p. 9-57 ; 15 G . Watson, « Celsus and
the philosophical opposition to Christianity » , IThQ 58, 1992, p . 165-179. Bibliographies. Andresen 14, p. 401-407 ; Chadwick 1, p. XXXV- XL ; Borret 7 , t. V , p . 141- 182 ; 16 K . Pichler, Streit um das Christentum . Der Angriff des Kelsos und die Antwort des Origenes, coll. « Regensburger Studien zur Theo
logie » 23, Frankfurt am Main/Bern 1980, p. 344-350 ; 17 L . Deitz, « Biblio graphie du platonisme impérial antérieur à Plotin : 1926 -1986 » , ANRW II 36 , 1, Berlin 1987, p. 145 - 147 ; Lanata 10, p. 163-173. JOHN WHITTAKER .
CELSUS (AULUS CORNELIUS -)
257
FIV 71 CELSUS RE 16 PLREI:4 Philosophe athénien, fils d 'Archétimos ( A 313), qui vint enseigner à Rome
en 384. Symmaque écrit une Relatio aux empereurs qui recommande de l'adjoindre au Sénat (Rel. V , 2 ; MGH , Auct. Ant. VI, 1, p . 284, 2 – 285 , 1) . PIERRE MARAVAL.
72 CELSUS D ’ANTIOCHE RE 15 PLRE 1:3
MIV Fils d'un certain Hesychius d 'Antioche, il fut parentpar alliance du sophiste
Libanius (cf. PLRE stemma n° 14 ), dont il fut également l' élève à Nicomédie
(avant 348). Il étudia ensuite la rhétorique à Athènes, où il connut Basile de Césarée et le futur empereur Julien, mais aussi la philosophie à Sicyone (d'après Libanius, Epist. 86 , t. X , p . 85 -86 Förster ). Le nom de son maître à Sicyone n 'est pas connu, mais Julien, Discours II (III), Éloge d 'Eusébie, § 12 , 44 -54 , p . 92-93
Bidez, confirme que Sicyone était l'un des centres philosophiques importants en Grèce, lorsqu 'il y passa vers 356 -357. Sur ce passage, voir H . D . Saffrey et L .G . Westerink, introduction à Proclus, Théologie platonicienne, CUF, Paris 1969,
t. I, p . XL -XLI. Thémistius (Or. 23, p . 90 , 13-14 Downing-Norman ) connaissait dans cette ville un philosophe « qui avait été l'auditeur du vieil homme de
Chalcis (Jamblique) et cultivait non pas la voie nouvelle (le christianisme?), mais celle, antique et ancestrale , de l'Académie et du Lycée » . Celsus, que Libanius présente comme philosophe et rhéteur (Epist. 85 et 1507) , enseigna lui-même la rhétorique latine à Antioche (Epist. 366 , 693 ; cf. 138). En 359, il devint sénateur de Constantinople (Epist. 84 ) et étudia avec
Thémistius (Libanius, Epist. 86 , cf. 1477). Païen convaincu, il se vit confier par Julien , son ancien condisciple à Athènes, des fonctions importantes en Cilicie
(praeses en 362), puis en Syrie (consularis en 363- 364). Leur amitié est également évoquée par Ammien Marcellin XXII 9, 13. Pour les détails de sa carrière politique, on se reportera à O . Seeck , art. « Celsus » 15, RE III 2 , 1899, col. 1883 - 1884 , et à la notice de la PLRE. Voir
aussi A . J. Festugière, Antioche païenne et chrétienne. Libanius, Chrysostome et les moines de Syrie , coll. BEFAR 194 , Paris 1959, p . 527 (“ Celsus I” ), et
P . Petit, Les étudiants de Libanius. Un professeur de faculté et ses élèves au Bas Empire, coll. « Études prosopographiques» 1, Paris [1957], index, s.v. “ Celsus I” , p . 198. PIERRE MARAVAL et RICHARD GOULET.
73 CELSUS (AULUS CORNELIUS - ) PIR2 C 1335
DI
Encyclopédiste latin de l'époque de Tibère . Éditions. 1 F . Marx , CML I (totalité de l'œuvre conservée) ; 2 E . Pfeiffer,
Leipzig 1937 (Demedicina); 3 W . Krenkel, Leipzig 1955 (De medicina) ; 4 W .C . Spencer, London 1935-1938 (De medicina); 5 S. Contino , Bologna 1988 (Demedicina, livre VIII). Cf. 6 M . Wellmann , art. « A . Cornelius Celsus » 82, RE IV 1 , 1900 ,
col. 1273- 1276 ; 7 Id ., A. Cornelius Celsus, Berlin 1913 ; 8 W . Krenkel, « A .
CELSUS (AULUS CORNELIUS -)
258
Cornelius Celsus », dans Argentea aetas (Mélanges E. V . Marmorale), Genova 1973, p. 17-28 ; 9 S. Contino, Aulo Cornelio Celso , Palermo 1980.
Composition générale de l'ouvrage. 10 W . Krenkel, « Zu den Artes des Celsus», Philologus 103, 1959, p. 114-129; 11 K . Barwick, « Die Enzyklopädie des Cornelius Celsus» , Philologus 104, 1960, p. 236 -249 ; 12 U . Capitani, « La
produzione letteraria di A . Cornelio Celso » ,Maia 18, 1966 , p. 138-155 . Rapports avec la philosophie . 13 A . Dyroff, « Der philosophische Teil der
Encyclopädie des Cornelius Celsus» , RHM 88, 1939, p. 7 -18; 14 F. Stok, « Un topos platonico nel De medicina di Celso », dans I testi di medicina latini antichi, « Coll. Fac.Lett. Macerata » 28,Roma 1985, p. 113-129. Publiée sous le titre Artes, l'encyclopédie composée , dans la tradition de Caton et de Varron, par Cornelius Celsus traitait d'agriculture, de médecine, de tactique, de rhétorique, de philosophie et de droit. Seuls nous sont parvenus les huit livres consacrés à la médecine et quelques fragments des volumes traitant
d 'agriculture et de rhétorique. Augustin écrivait à propos de l'encyclopédiste : « cogor interdum Cornelio Celso assentiri, qui ait summum bonum esse sapientiam , summum autem malum
dolorem corporis» (Soliloquia I 12, 21 ; PL 32, 881). H . Diels, Doxographi Graeci, Berlin 1879 , p. 184 , considère que c'est du
même auteur qu'Augustin parle dans son De haeres. pr., 5 , PL 42, 23 : « Opiniones omnium philosophorum qui sectas uarias condiderunt usque ad tempora sua – neque enim plus poterat – sex non paruis uoluminibus quidam
Celsus absoluit.Nec redarguit aliquem , sed tantum quid sentirent aperuit... cum ferme centum philosophos nominasset quorum non omnes instituerunthaereses proprias; quoniam nec illos tacendos putauit qui suos magistros sine ulla dissensione secuti sunt ». Ce Celsus aurait donc consacré six gros volumes à une
histoire de la philosophie où, s'abstenant de prendre parti, il donnait un résumé des thèses des principaux représentants de chaque école philosophique. (Selon M . Schanz, « Über die Schriften des CorneliusCelsus» , RAM 36 , 1881, p . 369-371, le De haeresibus ferait référence à un catalogue d 'hérésies chrétiennes ; il faudrait lire Celsinus et non Celsus; et il s'agirait de la Synagogè de Celsinos de Castabala. C 'est l'hypo
thèse reprise par P . Courcelle, Les lettres grecques, p . 179- 181 (voir la notice consacrée à Celsinos, C 65), à ceci près qu 'il admet qu 'il s'agit d 'un traité sur les sectes philosophiques et non d'un ouvrage d 'hérésiologie chrétienne. L 'identification à Cornelius Celsus est, au
contraire , défendue par L . Schwabe, « Die Opiniones philosophorum des Celsus » , Hermes 19, 1884, p . 385-392 , et Dyroff 13. C 'est aussi l'avis d 'A . Solignac, « Doxographies et manuels dans la formation philosophique de saint Augustin » , Recherches Augustiniennes 1, 1958 , p . 125- 126 et 141. G . M .)
Mais Celsus avait par ailleurs exprimé des positions plus personnelles : Quintilien (X 1, 124 ) y fait une allusion assez élogieuse (non sine cultu et nitore) et précise que les écrits de Celsus reflétaient l'enseignement de ses
maîtres, les Sextius.
Car Cornelius Celsus était un « nouveau philosophe » : ilavait fait partie de la « nouvelle secte » fondée à l' époque d ' Auguste par les Sextius (Sextiorum nova
et romani roboris secta , Sénèque, Nat. Quaest. VIII 32 ; sur les Sextius, voir
CENSORINUS
259
I. Lana, « Sextiorum nova et Romani roboris secta », RFIC 31, 1953, p . 1-27). La publication de ses ouvrages se situe donc au plus tôt à la fin du règne d'Auguste et sous Tibère : l'encyclopédie était déjà connue de Iulius Graecinus, mort sous Caligula (Pline, Nat. Hist. XIV 3). Peut-être est-ce à l'auteur des Artes qu 'il faut attribuer l' inscription funéraire CIL VI 36285, trouvée près de Rome, qui porte le nom Aulus Cornelius Celsus ; il s'agit certainement, en tout cas, d'un membre de sa famille . BERNADETTE PUECH .
74 CENSORINUS RE 7
III
Grammairien , auteur du De die natali, composé en 238 de notre ère (sous les consuls Pius et Pontanus, 21, 6 ), ex philologis commentariis (1, 6 ), notamment ceux de Varron , dont sont formellement cités l’Atticus ou De numeris (2, 2) et le Tubero ou Deorigine humana (en 9, 1), de même que le De scaenicis originibus
(17, 8) et les Antiquitates humanae (17, 15). Édition critique. 1 Fr. Hultsch, coll. BT, Leipzig 1862. A corriger sur de nombreux points par 2 M . Giusta , « Osservazioni sul testo del De die natali di Censorino » , AAT 110 , 1976 , p. 181-209. Voir maintenant les éditions de
3 N . Sallmann, Censorinus, De Die natali liber ad Q. Caerellium , accedit Anonymicujusdam Epitoma disciplinarum (Fragmentum Censorini), coll. BT, Leipzig 1983, XXXVIII-106 p., 2 pl. phot., et de 4 C . A . Rapisarda, Censorini De Die natali ad Q. Caerellium , Bologna 1991.
Traduction française récente. 5 Censorinus, Le jour natal. Traduction annotée par G . Rocca-Serra, coll. « Histoire des doctrines de l'Antiquité clas sique » 5, Paris 1980, XII-83 p. Traduction allemande. 6 Betrachtungen zum Tag der Geburt. De die natali,
mit dt. Übers. & Anm .hrsg. von Kl. Sallmann , Leipzig 1988 , 142 p. Rocca-Serra 5 , p. V , résume ainsi le contenu de l'ouvrage : « Un obscur grammairien du IIIe siècle offre à son puissant protecteur, de nous aujourd 'hui (par ailleurs) inconnu, un petit livre surle thème du dies natalis, qui désigne tout à la fois le jour de la naissance et le jour anniversaire . Il y réunit un ensemble de questions relatives d'une part à la naissance - origine de l'homme, modalités et durée de la gestation - et d'autre part à l'établissement de la date – observation des cycles naturels du temps et constitution des calendriers civils -, ces deux
parties étant articulées autour d 'un chapitre qui définit la durée infinie (aevum ) par rapport au temps mesurable ( tempus). » La première partie de l'ouvrage a conservé un riche matériel doxographique, utilisé notamment par Diels et Kranz (cf. t. III , Stellenregister, p. 588, où on relève 48 références à Censorinus). Sur les sources de Censorinus, voir l'étude de 7 A . Hahn , De Censorini fontibus (Diss .), Iena 1905. L 'ouvrage,mentionné chez Sidoine Apollinaire (Carm . 14, praef. 3, v. 28 ) et
Cassiodore (Inst. 2, 5), est dédié à Q . Caerellius (RE 4 ; C 7 ), dont Censorinus loue les vertusphilosophiques (voir la notice consacrée à ce personnage).
260
CENSORINUS
Censorinus était également connu par d 'autres ouvrages (notamment un De
accentibus) chez les grammairiens latins postérieurs. Cf. 8 G . Wissowa, art. « Censorinus» 7, RE III 2, 1899, col. 1908- 1910 ; G . Freyburger, « Un païen du IIIe siècle : Censorinus, auteur du De die natali » ,
REL 70, 1992, p. 215-227 (l' auteur analyse les idées et les convictions reli gieuses exprimées dans le De die natali; il insiste, en particulier, sur l'impor tance du pythagorisme chez Censorinus). 9 Id ., « Le savoir philosophique du grammairien Censorinus » , Ktèma 13, 1988, p. 149-154 . Pseudo-Censorinus. La perte d 'un ou de plusieurs feuillets dans l'archétype
nous prive de la fin de l'ouvrage de Censorinus. Une compilation encyclo pédique, dont la même lacune a fait perdre le titre, l'auteur et le commencement, suivait dans le manuscrit. Ce texte , qui dans les manuscrits s'enchaîne directe ment à la fin conservée du De die natali, est connu sous le nom de Fragmentum
Censorini,mais n'a rien à voir avec notre auteur. G . Rocca-Serra, qui a revu la présente notice, nous a communiqué la note suivante : Il comprend quinze chapitres qui peuvent s'ordonner en quatre sections : cosmologie , géométrie, musique, métrique. Le chapitre I, De naturali institutione, contient une brève doxographie stoïcienne et cite Cléanthe (= SVF I 499 ) et Chrysippe. Il a été analysé par 10 M . Lapidge,
« Stoic Cosmology and Roman Literature » , ANRW II 36 , 3 , p. 1425- 1427.
RICHARD GOULET. Іта 75 CENSORINUS (L .MARCIUS -) REM 46 Consul en 149a, il contribua au déclenchement de la troisième guerre punique
et dirigea les opérations militaires en Afrique. Il fut censeur en 1479 avec L . Cornelius Lentulus Lupus. Son nom intéresse la philosophie , car l'académicien Clitomaque ( C . 149) lui dédia (comme au poète Lucilius) un ouvrage où il exposait le probabilisme de l'Académie (Cicéron, Acad. Pr. II 32 , 102). Si la réalité de cette dédicace n 'est pas discutée, sa date , en revanche, pose quelques problèmes: on considère en général que le livre n 'a pu être dédié à L . Marcius Censorinus qu 'avant 149, c'est-à-dire avant le début de la troisième guerre punique, puisque Clitomaque était d'origine carthaginoise (voir C . Cichorius, Untersuchungen zu Lucilius, Berlin 1908 , p. 40 -42 ; F. Münzer, art. « Marcius >>
46 , RE XIV 2 , 1930 , col. 1552- 1554, notamment col. 1554; N . Terzaghi, Lucilio, Torino 1934, p . 90 ; G . Garbarino , Roma e la filosofia greca, Torino 1973, p . 470). Toutefois la faiblesse de cette hypothèse a été démontrée par J.-L . Ferrary, Philhellénisme et impérialisme, Rome 1988, p. 429 -433. Selon lui, la rédaction de cet ouvrage serait à placer vers 140 . Ce traité constitue le plus ancien ouvrage de philosophie dédié à un Romain . MICHÈLE DUCOS.
76 CENSORINUS, fils de Censorinus, d'Athènes (?)
MF II
Platonicien, absent de PIR , RE, KP.
Dans une inscription attique gravée sur un hermès ou une base de statue honorifique, publiée par J. Kirchner (IG II 4200 /01) et complétée par M . Th.
CENSORINUS
261
Mitsos, ArchDelt 27, 1970, n° 3, p. 30 et pl. 14, on lit le nom de Ce[n ]sorinus, fils de Censo [r]inus,w
ar (WVLXOV Ivoixóoodov ] (S . Follet, Athènes au 11° et
au Ilie siècle. Études chronologiques et prosopographiques, Paris 1976 , p. 124 n. 5) plutôt queMat[aléa; ] (Mitsos) ; le bas de l'inscription ainsi complétée se trouve dans SEG 26 , 1976 -1977, nº 260 , p. 80 -81, daté d'avant 212. Le formu
laire (ÉTepárnua de l'Aréopage) permet de l'attribuer de préférence au troisiè me quart du II s.: voir D .J. Geagan, The Athenian Constitution after Sulla , coll.
« Hesperia Suppl.» 12, 1967, p.45-47 et 148-149. Si le zacore d'Asclepios Censorinus, fils de Ménandros, du Phalère ( IG II²3189 ; SEG 18, n° 82, époque
d'Hadrien ) est de la même famille (père du philosophe ?), le philosophe peut avoir été inscrit dans ce dème. L . Moretti,« Epigraphica 21 » ,RFIC 109, 1981, p. 259 n. 3 (= Tra epigrafia e storia . Scritti scelti e annotati, coll. « Vetera » 5, Roma 1990 , p . 381), a proposé
avec raison de l'identifier à l'académicien homonyme cité par Alexandre d'Aphrodise dans ses Problèmes physiques I 13 (voir notice suivante). SIMONE FOLLET.
77 CENSORINUS RE 8
MF II
Académicien mentionné par Alexandre d 'Aphrodise dans ses Problèmes
physiques I 13 (p. 25- 26 éd . I. Bruns, « Supplementum Aristotelicum » II 2, Berlin 1892). Le chapitre 13 porte le titre suivant: "Otlun) duoiwç xatá te tàc άλλας αιρέσεις και κατ' 'Επίκουρον εισάγεται τα χρώματα, ως έλεγες
Knvowpīvoç ó 'Axaðnuaïxós, « que les couleurs ne sont pas introduites de la même manière dans les autres écoles que chez Épicure, à ce que disait Censo rinus l'Académicien » . La dernière partie de la phrase est amphibologique :
L .Moretti (voir notice précédente ) comprend qu 'Alexandre combat Censorinus ;
il nous semble plutôt qu'il polémique contre un épicurien anonyme en s'appuyant sur une remarque de Censorinus. Il vaut la peine de traduire ce texte, le seul qui fasse connaître quelque peu ce philosophe. « Que les couleurs ne sont pas introduites selon Épicure de la même façon que selon les autres sectes, comme le disait un adepte de sa doctrine. Épicure en effet dit qu 'aucune couleur n 'existe dans les éléments qu 'il pose par hypothèse comme origines de tout; au contraire , ceux qui supposent les quatre éléments admettent que ces couleurs aussi sont dans les éléments. C 'est pourquoi, selon eux , des couleurs naissent de couleurs préexistantes, tandis que pour le philosophe qui n 'admet pas les couleurs dans ses éléments leur genèse se fait sans couleurs préexistantes. Par conséquent, si quelqu 'un admet par hypothèse qu 'il existe des corps insécables (atomes) à l'origine de ce qui est, ayant non seulement forme, extension ,
résistance mais aussi couleur,la genèse des couleurs ne se fait pas pour luide la même façon (puisqu 'il part d 'une couleur préexistante qui se trouve dans les éléments) que chez celui pour qui ces éléments insécables (atomes) n 'ont pas de couleur; ainsi, même si au lieu de parler d' éléments insécables on parlait de quatre éléments, du fait qu 'ils ont en eux les couleurs comme les autres qualités,mêmealors on n 'introduirait pas la nature des couleurs de la même façon qu 'Epicure. En effet, de même que ce qui provient des éléments ne saurait avoir de résistance s ' il n ' existait non plus absolument aucune résistance dans les éléments , de même
aucune chose venant à naître ne saurait avoir de couleur si les éléments n 'avaient aucune couleur. Chercher d'où proviennent les couleurs dans les éléments – le feu , par exemple – reviendrait à chercher d'où proviennent les formes dans les atomes. Le fait que celles -ci soient, selon certains, sujettes à naissance et à destruction alors que ceux qui utilisent les
262
CENSORINUS
atomes comme éléments considèrent qu'ils ne naissent pas ne change rien : chez ceux en effet qui tiennent ces éléments pour soumis à naissance et destruction, c'est par le nombre qu'ils possèdent cette possibilité de naître et d' être détruits , mais ils sont, en tant qu 'espèce, indestructibles et inengendrés ; car ils se transforment les uns dans les autres et naissent les
uns des autres, de sorte qu 'au moment de leur genèse la genèse se fait à partir de ce qui préexistait; il en va donc pour les couleurs commepour les autres qualités. » Il est difficile de dire, d'après ce passage seulement, si Censorinus était un académicien engagé dans la lutte
contre les épicuriens ou seulementun doxographe ou historien de la philosophie, analysant les différences entre Épicure et les autres écoles sur le problème de la genèse de la couleur. Voir aussi la traduction anglaise de R . W . Sharples (édit.), Alexander of Aphrodisias, Quaestiones
1. 1 - 2 .15, London 1992, p . 56 -58 (référence amicalement communiquée par C . Dalimier).
L . Moretti identifie à juste titre cet académicien au platonicien Censorinus, fils de Censorinus, connu par une inscription athénienne que l'on peut dater du
troisième quart du II s. de notre ère . Voir notice précédente . SIMONE FOLLET.
78 CÉPHALOS DE CLAZOMÈNES
V
Narrateur principal du Parménide de Platon. Céphalos, arrivant à Athènes avec quelques concitoyens de Clazomènes « très épris de philosophie » (uára Diaboodoi, 126b), rencontre sur l’agora Adimante (» A 23) et Glaucon , frères de Platon , et s'enquiert de leur demi- frère Antiphon (» A 210 ), fils de Pyri lampès, qu' il avait connu enfant lors d 'un voyage plusieurs années auparavant. (Voir l'arbre généalogique de la famille de Platon dressé par L . Brisson dans la notice consacrée à Adimante d' Athènes, DPhA , t. I, p. 55). Céphalos et ses amis souhaitaient entendre de la bouche d'Antiphon le récit d'un entretien survenu (vers 450a) dans la maison de Pythodore (hors les murs, au Céramique) entre
Zénon d' Élée, Parménide et Socrate (126 a -127 d). Antiphon connaissait les détails de cet entretien parce qu'à titre d 'élève de Pythodore, fils d'Isolochos
(Alcib. 119 a ), il l'avait appris par ceur dans son adolescence. Une Scholie sur l'Alcibiade de Platon (p . 96 Greene), retenue comme un fragment de la partie perdue du commentaire de Proclos sur ce dialogue (fr. 7
Segonds), établit une sorte de diadochè de Zénon d'Élée (DK 29 A 4), disciple de Parménide : « Il a eu pour élève Pythodore , dont il est aussi question dans le Parménide, comme étant celui qui transmet à Antiphon un récit de cette célèbre rencontre . C 'est auprès d 'Antiphon que Céphale de Clazomènes a étudié avant de devenir, à son tour, professeur (didáoxaroc)» (trad. Segonds). Cette scholie
semble faire d ’Antiphon un philosophe ou un professeur analogue à Zénon ou Parménide.
Comme, de l'avis de ses demi- frères, Antiphon ne s'intéressait plus guère qu'aux chevaux lorsque Céphalos vint écouter son récit (126 c), on peut se demander si le scholiaste ne l'a pas confondu avec un homonyme, Antiphon d' Athènes ( A 209). L 'activité didactique de Céphalos en serait d 'autant sujette à caution et pourrait s 'expliquer par une confusion
conséquente du disciple d' Antiphon avec le démagogue et rhéteur athénien Céphalos de
Collytos (RE 3). Proclos, In Parmenidem I, p.625, 15- 36 Cousin , retrace la généalogie du
récit rapporté dans le Parménide (dialogue originel – Pythodore – Antiphon -
CÉPHALOS DE SYRACUSE
263 Céphalos). Il fait d' autre part de Céphalos et de ses concitoyens de Clazomènes des disciples d 'Anaxagore ... de Clazomènes (p. 625, 11 -14). Ce personnage est absentde la RE . RICHARD GOULET .
79 CÉPHALOS DE SYRACUSE RE 2 MV Riche citoyen de Syracuse quis' était installé à Athènes “par amour pour cette ville" à l'invitation de Périclès (Lysias, Discours XII Contre Ératosthène 4 ; Pseudo-Plutarque, Vitae decem oratorum , III (Lysias), 835c), sans doute pas avant que ce dernier ne vînt aux affaires, vers 459a. D ' autres sources préten
daient qu 'il avait été banni de Syracuse pendant la tyrannie de Gélon. Il était le fils de Lysanias, lui-même fils de Céphalos (Platon, Rép. 330b ), et il était le père du logographe Lysias (RE 13), de Polémarque (RE 1), d'Euthydème (RE 12) et d ' une fille qui épousa un certain Brachyllos (Pseudo-Demosthène, Contre Néèra
21-22). (A tort, le Pseudo -Plutarque, 835 d , fait de Brachyllos un frère de Polémarque, Lysias et Euthydème). Selon Lysias, XII 4, il vécut à Athènes en homme respecté pendant trente ans. Il assura à ses fils la formation que recevait l'élite athénienne (Pseudo- Plutarque, 835 c ). Après sa mort, ses trois fils émi
grèrent à Thourioi, d 'où ils furent chassés à cause de leur amitié pour Athènes
après l'expédition athénienne en Sicile en 413. Arbre généalogique de la famille de Céphalos. Céphalos Lysanias Céphalos
Polémarque Lysias Euthydème fille ~ Brachyllos Cf. 1 F. Blass, Die attische Beredsamkeit , t. I: Von Gorgias bis zu Lysias, Leipzig 1892, p . 331-343 ; 2 U . Schindel, « Untersuchungen zur Biographie des Redners Lysias » , RhM 110, 1967, p . 32 - 52 ; 3 K . J. Dover, Lysias and the
“ Corpus Lysiacum " , coll. « Sather Classical Lectures » 39, Berkeley/Los Angeles 1968, p . 28 -46 ; 4 L . Brisson , Platon. Phèdre. Traduction inédite ,
introduction et notes,coll.GF, Paris 1989, p. 23-27. C 'est dans la maison de Polémarque au Pirée que commence la République de Platon. En arrivant avec Polémarque, Socrate, accompagné d 'Adimante et de Glaucon, les frères de Platon , trouve Céphalos, alors parvenu à un âge très
avancé, la tête ceinte d 'une couronne parce qu 'il allait célébrer un sacrifice domestique, les deux jeunes frères de Polémarque, Lysias et Euthydème, qui ne
prendront pas la parole , ainsi que Nicératos, fils de Nicératos (qui sera mis à mort par les Trente comme Polémarque en 404 ), Thrasymaque de Chalcédoine,
Charmantidès de Péanée (RE 1) et Clitophon (-- C 175), fils d' Aristonymos.
Après un premier échange entre Socrate et Céphalos concernant la vieillesse (développement qui inspirera Cicéron dans son De senectute), c'est Polémarque,
264
CÉPHALOS DE SYRACUSE
l'héritier, qui prend la relève de son père et doit affronter les interrogations de Socrate sur la nature de la justice, avant que Thrasymaque ne vienne défendre un troisièmepoint de vue. Céphalos commence par reprocher à Socrate de ne pas venir lui rendre visite plus souvent. Il prend maintenant d 'autant plus plaisir aux choses de l' esprit que déclinent pour lui les plaisirs de la vie corporelle. Socrate se réjouit d'avoir l'occasion d 'interroger sur la vieillesse
et la mort quelqu'un de plusâgé, qui a parcouru un chemin que tous doivent suivre. Contrai rement à nombre des amis de son âge, Céphalos ne regrette pas les plaisirs de sa jeunesse et ne se lamente pas sur les malheurs de la vieillesse. Il éprouve , en effet, comme une libération l'apaisement de ses désirs. Mais, objecte Socrate, n 'est-ce pas sa fortune considérable qui
permet à Céphalos de supporter si vaillamment la vieillesse ? Sans elle, reconnaît Céphalos, l'homme de bien (ÉTTLELXKS) aurait peine à supporter la vieillesse, mais elle ne rendrait pas la
vieillesse facile à celui qui ne serait pas homme de bien. Socrate fait ensuite observer à Céphalos que, s'il est si intensémentattaché à sa fortune, c'est parce qu 'il a beaucoup peiné pour la faire fructifier. Et quel est le principal avantage retiré de cette fortune au moment de quitter la vie ? C 'est, répond Céphalos, d 'affronter le jugement de l'Hadès en ayant le senti
ment d'avoir réglé ses comptes avec les hommes et les dieux, de ne pas laisser de dettes, d 'avoir rendu à chacun ce qu 'on a reçu de lui. Socrate observe qu 'une telle conception de la
justice est critiquable : faudra-t- il donc rendre ses armes à l'ami quinous les a confiées s 'il est
devenu fou entre temps ? Céphalos reconnaît son embarras et demande à son fils Polémarque
de continuer la discussion pendant qu'il sortaccomplir son sacrifice . La situation dramatique du dialogue a reçu des dates fort différentes (voir 5 W . K . C . Guthrie, A History of Greek Philosophy, vol. IV , Cambridge 1975 , p. 437-438 ) ; elle est directement liée à la datation de la mort de Céphalos et
celle-ci à la datation de l' émigration de ses fils à Thourioi, survenue après la mort du père.Malheureusement, cette chronologie n'a rien d'assuré. Elle repose sur les dates fournies par la Vie de Lysias du Pseudo- Plutarque.
On y apprend en effet que Lysias serait né à Athènes sous l'archontat de Philo clès, qui succéda à Phrasiclès, en Ol. 80 , 2, soit en 459/8. (Cette date est confir mée par la Vie d 'Isocrate du même auteur : cet orateur, né sous l'archontat de
Lysimaque en Ol. 86 , en 436 /5, serait plus jeune que Lysias de 22 ans (836f). Mais le passage semble avoir été corrigé par les éditeurs. De même la Vie d 'Andocide (835 a) situe la naissance de l'orateur sous l'archontat de
Théogénidès, soit en Ol. 78 , 10 ans (Westermann ) ou 8 ans (Taylor) avant celle de Lysias. Le chiffre transmis par les manuscrits est cent, Exatóv ...] On
sait d'autre part par Lysias que Céphalos avait vécu à Athènes les trente der nières années de sa vie . Comme il était déjà à Athènes lors de la naissance de son fils Lysias en 45978 , il faut logiquement situer sa mort en 429/8 (429 est l'année de la peste d' Athènes) et le cadre dramatique du premier livre de la
République dans les années qui ont précédé. Cette datation est cependant peu compatible avec un autre détail chronologique fourni par la Vie de Lysias. Ce
dernier aurait quitté Athènes pour Thourioi, après la mort de son père, lorsqu 'il avait 15 ans, sous l'archontatde Praxitèle, soit en 444 /3 (01. 84 , 1). Il y resta 33 ans, jusqu 'à l'archontat de Cléocritos, en 413/2 (01. 91, 4 ). Le retour à Athènes est daté de l'année suivante , sous l'archontat de Callias, en 412 /1 (Ol. 92 , 1). Céphalos serait donc mort avant 444/3. Son arrivée à Athènes, trente ans plus
tôt, devrait être située en 474/3, à une époque où il n'est plus possible de
CÉPHALOS DE SYRACUSE
265
concevoir une invitation de Périclès. On voit donc que l'ensemble n 'est pas parfaitement cohérent et il n 'est pas facile de départager les données biogra phiques authentiques (par exemple les 30 années de Céphalos à Athènes, selon le témoignage de Lysias lui-même, le départ de Lysias pour Thourioi à l'âge de 15 ans), les tentatives de datation par synchronismes (par exemple le départ à
Thourioi est situé dès la fondation de cette colonie athénienne (chez Denys d'Halicarnasse aussi, qui situe l'événement 11 ans avant la guerre du Pélopon nèse ]), et les conclusions chronologiques tirées des datations établies (à partir de
deux dates on peut préciser l'âge de la personne à telmoment de sa vie,mais ces dates peuventégalement être déduites de l'âge transmis par la tradition pour tel ou tel événement). Selon Blass 1, p . 333, toute cette chronologie reposerait sur la synchronisation erronée du départ de Lysias à Thourioi à l'âge de 15 ans avec la
fondation de Thourioi. Cette construction chronologique a d'autre part été contestée, parce qu 'elle amène à faire commencer la carrière d'orateur de Lysias à un âge beaucoup trop avancé (57 ans).
Dover 2 , p . 28-46, notamment p .42, propose en conséquence une chrono logie différente. Céphalos se serait installé en Attique dans les années 450 -445 ; Lysias serait né vers 445 ; Céphalos serait mort vers 420-415 ; le contexte dramatique du premier livre de la République devrait être situé dans les années 420 -415 . Le problème est compliqué par des variantes dans la tradition , directe et indirecte , et par le manque de rigueur des éditeurs. Ainsi H . N . Fowler dans l'édition Loeb édite en 835 d
ÉEnxovta tpia , mais traduit « thirty-three years» , qui correspond à une correction de Taylor. A propos de l'archontat de Callias en Ol. 92 < ,l > , en 412/1, il commente « The ninety -second
Olympiad is the date of the archonship of another Callias, 406 -405 B .C . » (p . 363 n. d). Mais le Callias de 406/5 correspond à Ol. 93, 3 !
Schindel 4 croit au contraire que la chronologie traditionnelle mérite d'être respectée. Céphalos serait arrivé à Athènes avant 465 , avant que Périclès, qui
n ' était peut- être que son prostatès, n' entame sa carrière politique. Lysias serait né dès le début des années 50 et la situation dramatique de la République devrait être considérée commeanachronique (p. 42 -43). Céphalos expose dans la République 330 b l'évolution du patrimoine familial:
le grand-père , qui s'appelait déjà Céphalos, avait fait fructifier un patrimoine honorable ,mais Lysanias son fils l'avait fait tomber bien bas et le Céphalos de la République se félicitait d'avoir réussi à ramener ce patrimoine au niveau de celui dont son grand -père avait originellementhérité... Polémarque et Lysias héritèrent en effet d'une fabrique de boucliers où travaillaient 120 esclaves (Lysias XII 8 et 19). La confiscation dont les deux frères firent l'objet sous le régime des Trente en 404 permet de se faire une idée de cette richesse. Lysias disposait chez lui au moment de son arrestation de trois talents d 'argent, 400 cyzicènes, 100 dariques, 4 coupes
d'argent (XII 11). Les deux frères avaient trois maisons (XII 18), en plus de leur fabrique de boucliers et de son personnelde 120 esclaves. On saisit 700 boucliers, de l'argent et de l'or en quantité, du cuivre, des bijoux, desmeubles et des vêtements de femme (XII 19).
Il semble que la figure de Céphalos ait inspiré les auteurs de dialogues socratiques. Diogène Laërce II 124 attribue à Glaucon d'Athènes un dialogue intitulé Céphalos. Les titres de ses autres dialogues invitent à voir dans le
CÉPHALOS DE SYRACUSE
266
personnage l'amide Socrate et non le héros mythologique (RE 1), éponyme du dèmede Céphalè . Speusippe (D . L . IV 4 ) avait de même écrit un Céphalos, à
rapprocher du Κλεινόμαχος ή Λυσίας α ' qui le suit, mais aussi un Προς Képarov a ' (ibid.), qui pourrait viser le rhéteur Céphalos de Collytos (RE 3) . RICHARD GOULET.
80 CÉPHISODÔROS (Knoloodwpoç) RE 6
Iva
Rhéteur,auteur d'un ouvrage (perdu) contre Aristote . Cf. 1 F . Blass, Die attische Beredsamkeit, t. II, 2e éd., Leipzig 1892, p . 451 453 ; 2 K . Gerth , art. « Kephisodoros » 6 , RE XI 1, 1922, col. 227 -229 ;
3 F . Solmsen, Die Entwicklung der aristotelischen Logik und Rhetorik, coll. « Neue philologische Untersuchungen » 4, Berlin 1929, p . 205- 207 ; 4 E . Bignone, L'Aristotele perduto e la formazione filosofica di Epicuro, t. I, Firenze 1936 , p . 58-65 ; 2e édit., Firenze 1973, p . 53-59 ; 5 P . Moraux, Les listes anciennes des ouvrages d 'Aristote, Louvain 1951, p . 32, 128-129, 334-337 ; 6 L . Radermacher (édit.), Artium scriptores (Reste der voraristotelischen Rhetorik ), SAWW 227, 3, Wien 1951, p . 197 - 198 ; 7 I. Düring, Aristotle in the Ancient Biographical Tradition, coll. « Studia Graeca et Latina Gothoburgensia » 5 ,
Göteborg 1957, p . 389-391 ; 8 V . Décarie, L 'objet de la métaphysique selon Aristote ,Montréal Paris 1961, p . 9 - 11 ; 9 E . Berti, La filosofia del primo Aristo tele, coll. « Università di Padova, Pubblicazioni della Facoltà di lettere e
filosofia » 38, Padova 1962, p . 183- 185; 10 G .Kennedy, The Art of Persuasion in Greece, Princeton 1963, p . 83 ; 11 A .-H . Chroust, « Aristotle's First Literary Effort : The Gryllus, a Lost Dialogue on the Nature of Rhetoric » , REG 78, 1965 , p . 588 ; 12 H .Gärtner, art. « Kephisodoros» 3, KP III, 1969, col. 191 ; 13 É . des Places, c . r. de J. Pépin , Idées grecques sur l'homme et sur Dieu, dans RPh 48,
1974 , p . 341-342. Céphisodôros était athénien ( D . Hal., Isocr. 18, 4) et contemporain d 'Iso
crate, dont il fut l'élève (runolútatoç åxovoths, D . Hal., ibid . ; uaonths, Ath . II, 60d; III, 122b ; Eus., P . É . XV 2 , 7) . Il devint lui-même un ontwp (Eus.,
P . É . XIV 6 , 9 ), et son style imitait celui d'Isocrate (D . Hal., Isée 19, 4 ). Denys d 'Halicarnasse le range dans une liste de rhéteurs qui composèrent des traités et prononcèrent des discours, et il faut apparemment comprendre qu'il fut à la fois théoricien et praticien de la rhétorique (D .Hal., Amm . I 2 , cf. Gerth 2 , col. 229 ; avec moins de vraisemblance, Radermacher 5 , p . 197, nº 1, estime qu 'il fut seu lement un théoricien). Mais les auvres de Céphisodôros nous sont inconnues, à l'exception d' une seule , qui a fait toute la notoriété de cet auteur: la Réplique à Aristote .
Cet ouvrage comptait quatre livres (Ath . II,60 e). Son titre n 'est pas sûr, car il nous est donné sous des formes diverses : Év rats tpos ’ APLOTOTÉAnv avtl
ypadałç (D .Hal., Isocr. 18 , 4) ; Év TẬ Tpítw Tõv repòs ’AplotOTÉANU (Ath . III, 122 b ) ; Év toīç xatà ’Aplototénovs (Id., II, 60 d ). La formulation avec após paraît mieux adaptée que celle avec xatá (cf. Blass 1 , p .451 n . 4 ; Gärtner
12), dans la mesure où il s'agissait à proprement parler d'une réplique plutôt que
CÉPHISODÔROS 267 d 'une accusation . En effet, Céphisodôros n 'avait pas engagé le premier la polémique,mais il prenait la défense de son maître Isocrate , attaqué par Aristote (D . Hal., Isocr. 18, 4 ; Eus., P . É . XIV 6 , 9 ). On s 'est demandé dans quelle circonstance Aristote avait porté cette attaque, qui ne se lit pas dans ses œuvres conservées. Selon toute vraisemblance, elle figurait dans une cuvre publiée (Gerth 2 , col. 228 ). En ce cas, le meilleur candidat paraît être le Gryllos, ce
dialogue de jeunesse qui s 'en prenait à la rhétorique dans un esprit encore platonicien : cf. Blass 1, p . 451 ; Solmsen 3 ; Moraux 5, p . 32 ; Düring 7 ; Berti 9 ,
p. 185 ; Kennedy 10 ; Chroust 11. S'il est vrai que l'ouvrage de Céphisodôros répondait au Gryllos, il doit être postérieur à 360a (date approximative de ce dialogue), mais probablement de peu, puisqu'il paraît naturel que la réplique ait suivi rapidement l'attaque. D 'où la datation vers 360- 357, couramment admise depuis Solmsen 3 . D 'autres ont voulu placer la composition un certain nombre d 'années plus tard , après le
Protreptique d ’Aristote, pendant le second séjour du philosophe à Athènes ou après la mort d’Isocrate (voir notamment Blass 1, p. 452 [453] n .4 ; Bignone 4, p . 60 n . 1 -2 ). Il sera question plus loin du Panathénaïque d 'Isocrate et du recueil de proverbes d 'Aristote ( infra, b et d ),mais sans qu ' on puisse en tirer argument pour la datation .
Des arguments soutenus par Céphisodôros dans sa réplique, cinq sontparve nus à notre connaissance. Ils montrent que l'ouvrage associait la défense (a , b ) et la contre - attaque (c, d , e) :
(a ) Aristote ayant affirmé que les plaidoyers d'Isocrate circulaient en librairie par liasses entières (assertion perfide, puisque l'auteur du Panegyrique, on le sait, préférait oublier qu' il avait commencé sa carrière comme logographe),
Céphisodôros répondait que ces plaidoyers étaient en réalité peu nombreux ( D . Hal., Isocr. 18 , 2 -4 ). Denys loue cette réponse, qu 'il considère comme exacte et mesurée (elle est d 'ailleurs conforme à l' état actuel du corpus isocratique). (b ) Au livre III de son ouvrage, Céphisodôros expliquait que chez tous les
poètes et les sophistes il est possible de trouver une ou deux expressions Trovnpaç eipnuéVA , c 'est-à -dire , d 'après les exemples allégués, « répréhensibles moralement » (Ath . III, 122 b -c ). Si ce développement tendait à disculper
Isocrate – Athénée ne le dit pas expressément -, on peut supposer qu'Aristote avait taxé d' immoralité certains passages de l'orateur (Solmsen 3, p . 206 ). Selon
Reinhardt, Aristote pouvait viser en particulier Isocr., Panath. 117 (cf. Blass 1, p . 452 n . 1 ; Gerth 2 , col. 228) , ce qui impliquerait une datation basse pour la polémique entre Aristote et Céphisodôros, puisque le Panathénaïque date de
339; mais l'indignation du Stagirite a pu trouver à s' alimenter ailleurs, et plus tôt, dans l'æuvre d ' Isocrate .
(c) Au titre de la contre-attaque, Céphisodôros « traitait Aristote de viveur, de glouton, et autres calomnies» (Aristoclès apud Eus., P. E . XV 2, 7 ; le scepti
cisme de Düring 7 , p . 389,est infondé).
268
CÉPHISODÔROS
(d)KnoLoodwpos (...) énityuõ tą piooóow GG où noinoavti óyou [LOV TÒ Tapolulaç đOpotoal ( Ath . II, 60 e). Cette phrase a donné lieu à deux
interprétations contradictoires : « Céphisodôros reproche au philosophe d'avoir faitæuvre sans intérêt en recueillant des proverbes» (trad . Desrousseaux-Astruc dans la CUF ; de même Blass 1, p. 452 ; Gerth 2 , col. 228 ; Bignone 4, p.61; Moraux 5, p. 128 ; Düring 7, p. 390 ; Gärtner 12); ou au contraire : « Céphi sodôros reproche au philosophe de n 'avoir pas jugé bon de faire une collection de proverbes » (trad . Gulick dans la coll. Loeb ; de même Décarie 8 , p. 10 n .6 ; Berti 9 , p . 184 n . 309). Du point de vue linguistique, les deux interprétations sont défendables, encore que la seconde donne à troinoavti un sens (« consi dérer comme» ) quiest rare à la voix active (cf. LSJ, S. V. TOLÉW A V ; Lys., or. I 26 codd.). Mais quant au fond, le reproche de ne pas avoir fait un recueil de proverbes serait en soibien curieux, et il s'appliquerait particulièrement mal à Aristote , qui a justement composé un tel recueil et exprimé à plusieurs reprises son intérêt pour cette forme de sagesse populaire . On peut évidemment arguer que Céphisodôros écrivait avant que cet intérêt se fût déclaré, ou bien qu 'il l'ignorait (Décarie 8, p . 11). Mais il est plus raisonnable de suivre la première interprétation du passage d 'Athénée : Céphisodôros blâmait donc l'intérêt
qu 'Aristote avait manifesté – on ne sait à partir de quelle date – pour les proverbes. (e) Enfin , dans cet ouvrage dirigé contre Aristote, Céphisodôros s'en prenait
également à Platon et à la théorie des Idées (Numénius apud Eus., P . É. XIV 6 , 9- 10 ; voir aussi D . Hal., Pomp. 1). Numénius présente cet argument comme une marque d'ignorance et de confusion : Céphisodôros aurait sottement cru que la doctrine d'Aristote était identique à celle de Platon. Ce jugement a été repris par certains modernes (Blass 1, p. 452 -453 ; Gerth 2, col. 228 ; Décarie 8 ). Mais d'autres considèrent que Céphisodôros ne s'est pas trompé, quoi qu'en dise Numénius, et qu 'à l'époque de la polémique Aristote soutenait encore des positions très proches, effectivement, de celles de Platon , en ce qui concerne la rhétorique (Kennedy 10 ) et en ce qui concerne les Idées (Solmsen 3, p. 205 ; Bignone 4 ;Moraux 5, p. 335 ; Radermacher 6 , p. 197, nº 2 ; voir aussi Düring 7,
p. 390 -391). Le texte de Numénius pourrait également signifier que lorsque Céphisodôros critiquait la théorie des Idées, il ne l'attribuait pas à Aristote ,mais qu 'il la critiquait chez Platon (des Places 13; interprétation reprise dans 14 Id . [édit.], Numénius, Fragments, CUF, Paris 1973, p. 114 - 115 n . 18 du fr. 25 ). Ce passage d ’Eusébe-Numénius soulève donc une question très importante pour
l'évolution de la pensée d 'Aristote,mais il n'autorise pas de conclusion sûre. Au total, il apparaît que la tradition n'a retenu, dans l'ouvrage de Céphiso dôros, que des points particuliers, d'interprétation parfois douteuse, et qu 'elle ne nous renseigne pas sur les idées maîtresses qui pouvaient être développées dans cette Oavuaoth anooyia (D . Hal., Isocr. 18, 4 ). Cependant l'ouvrage est intéressant par son existence même, à titre de jalon dans l'histoire des relations conflictuelles entre rhétorique et philosophie .
CERCIDAS DE MÉGALOPOLIS
269
Énumérant des auteurs qui ont attaqué Aristote , Thémistios cite Knololdópouç xal
Eůbourídac xt . (or. XXIII, 285 c). Il s'agit certainement de l'auteur de la Réplique ; cf. Ath . VIII, 354 c.Knploidupouç est une erreur, due à l'auteur ou à un copiste, pour Knoloo búpouc. En revanche, l'identification de notre Céphisodôros avec l'auteur homonyme d'un ouvrage historique Sur la guerre sacrée paraît improbable : cf. K .Gerth , art. « Kephisodoros»
7 , RE XI 1, 1922, col. 229 ; Jacoby, FGrHist 112 (Komm . p . 350- 351) ; Gärtner 12 . On a rapproché également un fragment comique et un passage d'Harpocration dans lesquels apparaît le nom de Céphisodôros,mais rien ne suggère l' identification : Timoclès, fr.
18 (Poetae comiciGraeci, t. VII, p . 768 -769 Kassel-Austin ); Harp., t. I, p. 177, 3-4 Dindorf (cf. Jacoby, FGrHist 401 c, fr. 8, Komm . p. 213).
[Voir également 15 R . Laurenti, Aristotele. I frammenti dei dialoghi,Napoli 1987, p . 398 433 et 443-460 ; T. Dorandi, « La polemica fra Aristotele e Isocrate nella testimonianza filode
mea » , dans E. Berti et L . M . Napolitano Valditara ( édit.), Etica, politica e retorica in T. D .) Aristotele, L 'Aquila 1989, p . 201-205.
LAURENT PERNOT.
81 CÉPHISOPHON Épicurien, dont le nom revient plusieurs fois dans Philodème, PHerc. 1780,
fr.6b 7, 8g 4, 1 14 et 7m 15 . Cf. A . Tepedino Guerra, CronErc 10 , 1980, p. 17 24, notamment p . 23. TIZIANO DORANDI.
82 CÉRAMBOS DE LEUCADE
Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique,
V.pyth. 36, 267; p. 145,12 Deubner BRUNO CENTRONE.
83 CERCIDAS DE MÉGALOPOLIS RE 2 Ambassadeur, général, législateur et poète (cynique ?).
ca 290a-après 217a
Sur les deux graphies Kepxidãç et Kepxidas, voir 1 G . A . Gerhard, art. « Kerkidas» , RE XI 1, 1921, col. 292 -293 (sur notre auteur, voir Id., art. « Kerkidas » 2 , col. 294 -308 , avec un supplément de W . Kroll, col. 308) ; 2 L .Robert, Noms indigènes dans l'Asie Mineure Gréco Romaine, t. I, coll. « Bibliothèque Archéol. et Hist. de l' Institut Français d'Archéologie
d'Istanbul» 13, Paris 1963,p. 187-191; 3 O.Masson,« Quelques nomsdemétier grecs en -as et les noms propres correspondants » , ZPE 11, 1973, p. 1- 19 , notamment p. 10 -14. Sources biographiques anciennes
A . Sources conservées: (1) Polybe (mégalopolitain comme Cercidas), Histoires II 48 -50 ;65 .
( 2) P.Oxy. 1082, édité pour la première fois dans 4 A . Hunt, « P. Oxy. 1082. Cercidas,Meliambi », The Oxyrhynchus Papyri VIII, London 1911, p. 20 -59 .
Nouvelles éditions, signalées plusbas, de Livrea etLópez Cruces.
( 3) Élien , Histoire variée XIII 20 , qui rapporte l'anecdote selon laquelle Cercidas, à l'heure de sa mort, affirma qu'ilmourait avec plaisir dans l'espoir de rencontrer le philosophe Pythagore, l'historien Hécatée, le musicien Olympos et le poète Homère. L 'anecdote provient peut-être d'une collection d'histoires sur
CERCIDAS DE MÉGALOPOLIS
270
les législateurs, éventuellement le Tepi vouodetőv d 'Hermippe le Callima quéen , contemporain de Cercidas ; cf. 5 F . Williams, « Two notes on Cercidas of
Megalopolis » , Apophoreta philologica Emmanueli Fernández -Galiano a Soda libus oblata (= EClás XXVIn° 87) ,Madrid 1984, p. 351-357, notamment p . 351 n .1.
(4 ) Diogène Laërce, Vies VI 76-77. (5 ) Athénée, Deipnosophistes VIII, 347 e ; XII, 554 d . (6 ) Grégoire de Nazianze, De virtute 595 -600 . (7) Étienne de Byzance, 'EOVixá, s. v. Merárn Móriç . B . Sources perdues: ( 1) Ptolémée Héphestion (Chennos), Histoire nouvelle (dans Photios,
Bibliothèque, cod. 190 , 151a; t. III, p.65 Henry), raconte que Cercidas aurait ordonné qu' on enterrât avec lui lesdeux premiers chants de l' Iliade.
(2) Porphyre transmis par Eustathe, Commentaire sur l'Iliade II 494 (t. I, p . 401 van der Valk ), rapporte que Cercidas aurait dicté une loi qui obligeait les
élèves à apprendre le Catalogue des Vaisseaux d'Homère à cause de son intérêt géographique. Dans les manuscrits d 'Eustathe, on lit Kepdías au lieu de Kepxidaç; la correction fut proposée par Cuperus (G . Cuper), dans son Apotheosis vel consecratio Homeri, publiée à Amsterdam en 1683, p . 130 sq., et elle a été acceptée par tous les spécialistes de Cercidas,
bien qu 'elle ne figure pas dans les éditions d 'Eustathe ;cf. Williams5, p. 352 et n . 5.
(3 ) Helladios, Chrestomathie, ap. Photios, Bibliothèque, cod. 279 , 533b ;
t. VIII, p. 180 Henry . Il faut bien distinguer ce Cercidas d 'un autre Cercidas, contemporain de
Diogène le Chien , originaire également d 'Arcadie (mais on ignore s'il était de Mégalopolis), qui vécut au IVe siècle et qui était aussi un homme politique et un
général, à qui Démosthène, Sur la Couronne 295, reprochait, de même qu'à deux autres Arcadiens, Hiéronymos et Eucampidas, d 'avoir jeté son pays dans les bras de Philippe deMacédoine en 3449. C 'est à tort qu ' on a proposé de les identifier, par exemple 6 A . Meineke, « Kerkidas, der Dichter und Gesetzgeber
von Megalopolis » , APAW 1832,nº 1, p.91-97,notamment p. 91-93 (repris dans Analecta Alexandrina, Berlin 1843, réimpr. Hildesheim 1964, p. 385-394, notamment p . 385-387) et 7 G . A. Gerhard , Phoinix von Kolophon. Texte und Untersuchungen, Leipzig /Berlin 1909, p . 205-210 , en particulier p . 205-207. La mention, dans P.Oxy. 1082, de Zénon , qui ne peut avoir été célèbre avant le début du lile siècle , et de son disciple Sphaïros interdit désormais une telle identification . Peut-être y avait- il un lien de parenté entre les deux Cercidas, étant donné que ce nom est très particulier , qu 'il apparaît attesté surtout en Arca
die , et ce à une époque déterminée; cf. 8 U . von Wilamowitz -Moellendorff, « Kerkidas» , SPAW 1918, p. 1138 - 1164 (repris dans Kleine Schriften II, Berlin 1941, p . 128 - 159, notamment p . 129- 130 ) et 9 E . A . Barber, « Cercidas » , dans
J. U . Powell et E . A . Barber (édit.), New Chapters in the History of Greek Literature, Oxford 1921, p . 2 -12 ,notamment p . 4 .
CERCIDAS DE MÉGALOPOLIS
271
Diogène Laërce VI 76 emploie l'expression Kepxldas ó Meyadonorling ñ Kons.
10 C . G . Cobet ( édit.), Diogenis Laertii De clarorum philosophorum vitis, dogmatibus et apophthegmatibus libridecem , Paris 1862, p. 151, supprime ñ Kons ; 11 A . D . Knox (édit.), Herodes, Cercidas and the Greek Choliambic Poets (except Callimachus and Babrius), coll.
LCL, London/Cambridge (Mass.) 1929, p . 187-239, notamment p. 218, propose de remplacer l'expression par ávtexpus et 12 W . Crönert, « Cercidae fragmentum » , RHM 62, 1907 , p. 311 312, suggère de lire Kepxidaç 'Apxac Meyarono ime ou Kepxidaç Meyarotoims tñs
Apxadlaç.Mais 13 F .Rühl, « Varia » (n . 16 ), RHM 67, 1912, p . 167- 170, établit un parallele entre Cercidas et le jeune Philopoemen , compatriote de ce dernier, qu 'on rencontre, comme lui, à la bataille de Sellasie en 222 et dont on sait qu 'il fit deux longs séjours en Crète . Il n 'est pas impossible en effet que Cercidas ait lui aussi séjourné un temps en Crète, que d 'une façon
ou d'une autre il s 'y soit fait remarquer et qu 'il ait de ce fait mérité le qualificatif de « Crétois » ainsi que peut- être le droit de citoyen d'une ville crétoise .
Chronologie - Cercidas est le Eévoç du père d'Aratos (Polybe II 48, 4). Or Aratos étant né
en 271/270, on peut penser qu'en 226a, au moment de l'ambassade auprès d'Antigone Doson, Cercidas avait déjà un certain âge. - Il attaqua le stoïcien Sphaïros du Bosphore , qui fut le maître du roi de Sparte Cléomène, avant que celui-ci devînt roi en 236a; cf. 14 A . Mayer , « Zu Kerkidas Fr. 5 » , BPhW 45, 1911, col. 1421- 1422 .
- En 2222 il est, lors de la bataille de Sellasie, à la tête du contingent de Mégalopolis. - Sans fournir d'indication chronologique précise, le fr. 3, col. VII Livrea,
mérite d' être signalé dans la mesure où Cercidas, s'adressant à lui-même, fait allusion à son grand âge et à l'approche de la mort. - Datation proposée : 290 -après 217 (Gerhard 1 , col. 294 -297, qui situe l'acmè du personnage au milieu du IIIe siècle, alors que Hunt 4 , p. 26 , la situe dans la seconde moitié de ce même siècle, suggère comme dates 290 -220 , car
c'est en 235a qu'il place les lois de Cercidas, au moment où Aratos obtint que le tyran Lydiadas abandonnât volontairement la tyrannie et que Mégalopolis adhérât à la Ligue achéenne, et non en 2179, après l'échec du code de lois de Prytanis ; cf. infra ).
Données biographiques. En 229/8, Cléomène de Sparte, soucieux d 'enlever à son rival, le stratège Aratos de Sicyone, le commandement de la Ligue achéenne et la suprématie sur le Péloponnèse , attaqua Mégalopolis, membre de la Ligue achéenne, ce qui suscita l'intervention des Achéens. CommeMégalopolis était la cité de la Ligue la plus directement menacée par Sparte et qu 'elle avait par ailleurs de vieilles
relations avec la Macédoine, Aratos suscita en 22776 une ambassade mégalo politaine auprès d 'Antigone Doson , le roi de Macédoine, neveu d ’Antigone
Gonatas, qui, depuis la mort de son oncle, assurait la régence , le fils d’Antigone étant encore très jeune. Officiellement, une telle ambassade ne concernait que Mégalopolis ; en réalité Cercidas et Nicophanès, qu'Aratos avait chargés de cette mission , devaient surtout exposer à Antigone Doson les inquiétudes du stratège de la Ligue achéenne et le sonder sur la possibilité d'une alliance éventuelle
272
CERCIDAS DE MÉGALOPOLIS
entre la Macédoine et la Ligue contre Cléomène et Sparte. En 225/4 , Aratos envoya à Doson une ambassade achéenne, officielle cette fois, lui offrant, en échange de son alliance contre Cléomène, l'Acrocorinthe. En 223/2 , Cléomène attaqua encore Mégalopolis , la principale cité d ' Arcadie, qui fut alors rasée ; ce
fut le dernier succès de Cléomène. Beaucoup de citoyens, dont probablement Cercidas, durent s 'enfuir et réussirent à gagner Messène. Mais en 222, à Sellasie, Antigone Doson réussit à exterminer les Lacédémoniens. Au cours de
cette bataille , Cercidas était à la tête du contingent deMégalopolis qui comptait mille hommes, armés à la macédonienne, mais Polybe, pour des raisons certai nement politiques, ne donne pas de précisions sur ce que fit Cercidas au combat, alors qu 'il souligne la conduite du jeune Philopoemen. Cléomène put gagner la
mer et se réfugier à Alexandrie auprès de Ptolémée III Évergète , mais il fut assassiné quelques mois plus tard sur l'ordre de Ptolémée IV . De ces événe ments historiques racontés par Polybe se dégage la figure d 'un Cercidas, ambas
sadeur et général, homme politique et hommede guerre . Les habitants de Mégalopolis durent reconstruire leur cité , mais ils n 'étaient pas d 'accord entre eux. Antigone désigna commenomothète Prytanis, un mem bre éminent de l'école péripatéticienne (Polybe, Histoires V 93). Mais la législation que proposa celui- ci souleva tellement la controverse qu'en 217 on se disputait encore à Mégalopolis à propos de ce code de lois. Ce fut probablement
à cette occasion que Cercidas, désigné selon toute vraisemblance par son ami Aratos, se distingua comme nomothète . C 'est pourquoi on pense que l'activité législatrice de Cercidas se situe plutôt en 217 (15 D . R . Dudley, A History of Cynicism from Diogenes to the 6th Century A . D ., London 1937, réimpr.
Hildesheim 1967, p . 78 et 92-93) qu 'en 235 (voir par exemple Gerhard 1, col. 296 ). Sur les partisans de l'une ou l'autre date , cf. López Cruces 30 , p . 6
n . 16 et 17. La qualification de nomothète est attribuée à Cercidas par Ptolémée Héphestion : 0 MÉVTOL vouodérns ’Apxádwv, Porphyre : vouodetőv tỉ
natplôi, et Étienne de Byzance : aplotoc vouodérns. Homme politique, homme de guerre et nomothète , Cercidas fut, semble -t-il, également poète. Deux expressions le désignent dans cette fonction : uero TTOLÓS, faiseur de chants (Helladios), et uehláußwv troinths (Étienne de
Byzance ). Mais curieusement la tradition biographique, à l'exception d 'Étienne de Byzance qui est une source tardive (VIe siècle ), ne réunit jamais en un même témoignage toutes ces fonctions de Cercidas. Ce fait laisse donc planer un doute ,
ne serait-ce qu’un doute méthodique, sur l'identification de Cercidas, homme politique et homme de guerre, avec Cercidas, poète cynique. On peut distinguer
en effet dans la biographie du personnage deux traditions indépendantes. La première regroupe les témoignages concernant l'homme public . Elle se scinde en deux sous-groupes:
- l'un qui fait état de Cercidas législateur (Ptolémée Héphestion, Porphyre et sûrement la source d'Élien ) et de sa passion pour la poésie homérique ;
CERCIDAS DE MÉGALOPOLIS
273
- l'autre , due à Polybe, qui évoque l'ambassadeur à la cour deMacédoine et le général de Sellasie . La seconde tradition nous informe sur le poète (Diogène Laërce VI 76 ) et
plus précisément sur le poète cynique (P. Ory. 1082). Les deux traditions ne se trouvent réunies que tardivement chez Étienne de
Byzance . Euvres :
- les " laubou. Leur existence est attestée par Athénée XII, 554d. Un seul vers choliambique en est conservé dans ce même passage d ' Athénée et il
concerne les deux seurs callipyges de Syracuse. – les Meriaubou (ce titre, qui a été transmis de façon correcte par Diogène
Laërce VI 76 et par P . Oxy. 1082, se trouve corrompu chez Stobée IV 16 , 7 : Kepxida MuucáußwvMA, et chez Étienne de Byzance : unaláußwv R ,ulau βων AV, μιμιάμβων X ; Livrea 49 a defendu la conjecture μελιάμβων au lieu
de nucáußwu dans un fragment de Cléanthe d ’Assos chez Stobée II 6 , 5).Les Méliambes sont écrits en dialecte dorien , avec de nombreux épicismes et atti cismes. Les savants ne sont pas d 'accord sur la signification du mot lui-même (Hunt 4 , p . 27 : combinaison de formes lyriques uel- et de thèmes satiriques :
Taußos; 16 P . Maas , c. r. de Hunt 4 dans BPhW 39, 1911, col. 1214 -1217, notamment col. 1214 : Jen - renverrait aux parties dactyliques et laußoc aux parties iambiques ; cette poésie ne serait donc pas chantée, mais déclamée, récitée ; 17 M . Croiset, « Kerkidas de Mégalopolis » , JS 9, 1911, p . 481-493, notamment p . 491-493, et Wilamowitz -Moellendorff 8 , p . 135 : uen- renverrait à l'exécution , c'est- à -dire au chant, et lauboiau contenu satirique). - Une Anthologie morale , de laquelle on conserve deux textes écrits en cho liambes et transmis par trois papyri (Londinensis 155 verso, Bodleiana ms. gr. class. f. I [P ] et Heidelbergensis 310 ; les deux premiers datent du IIe siècle av. J .- C . et le dernier du IIIe ou du II® ; voir editio princeps dans Gerhard 7 ), a été attribuée à Cercidas par 18 A . D . Knox, The First Greek Anthologist, with notes on some Choliambic Fragments, Cambridge 1923, notamment p . 3 -10 . Cercidas aurait été aussi l'auteur du traité Kat' aloxpoxepdelaç, conservé également dans ces trois papyri, qui pourrait peut-être constituer l'introduction de cette
anthologie morale ; cf. 19 A . Peretti, Teognide e la Tradizione Gnomologica = SCO 4 , 1953, p. 48 n. 1. La suggestion de Knox, reprise seulement par 20 Q . Cataudella , « Kepxidaç Qataroc (Gregorio Nazianzeno, De Virtute 598 ) » , Convivium Dominicum . Studi sull'eucarestia nei Padri della Chiesa
antica e Miscellanea patristica, Catania 1959, p. 277-286 (repris dans Intorno ai Lirici Greci, Roma 1972, p . 370- 377), a été dans l' ensemble repoussée ; voir
21 E. A . Barber, « Knox’ Cercidas », CQ 39, 1925, p. 28 -29 ; 22 J. Sitzler , c .r. de Knox 18 dans BPW 45, 1925, col. 722-736 ; Knox 11, p. 228 ; 23 O . Guéraud et P . Jouguet, Un livre d 'écolier du IIIe siècle avant J.- C ., Le Caire 1938, p . XIX
XXXI, notamment p . XXIX sqq.; 24 J. Barns, « A New Gnomologium : with some Remarks on Gnomic Anthologies, II » , CQ 45, 1951, p . 1-21, notamment p . 16
CERCIDAS DE MÉGALOPOLIS 17. Ce qui est clair, comme le signale Knox 11 , p. 228, c'est que le traité Kat'
274
aloypoxepôelaç fut attribué à Cercidas au plus tard à la fin du IVe siècle et que Grégoire de Nazianze le considérait comme cercidéen .
Éditions des fragments.
- Antérieurement à la découverte du P . Oxy. 1082 : 25 T. Bergk, Poetae de
LyriciGraeci, Leipzig 1866, réimpr. 1914, t. II, p . 798-800 ( 9 fragments ). - Postérieurement: Hunt 4 ; 26 P.Maas, « Cercidae cynici meliambi nuper inventi xwrouetpią instructi » , BPhW 32, 1911, col. 1011- 1016 ; 27 E . Diehl, Anthologia lyrica Graeca III : lamborum scriptores, 3e éd., Leipzig 1952 , p. 141- 152 (1re éd. ibid . 1925 , t. I, p . 305 -314 ) ; 28 I.U . Powell, Collectanea
Alexandrina, Oxford 1925 ; réimpr. 1970 , p. 201-213; Knox 11 ; 29 E . Livrea, Studi Cercidei (P . Oxy. 1082), coll. « Papyrologische Texte und Abhandlungen » 37, Bonn 1986 ; 30 J. L . López Cruces, Cércidas de Megalópolis. Hombre de
estado, legislador, poeta y filósofo cínico, Thèse de l'Université de Grenade 1990 , III- 322 p. On attend une prochaine édition avec commentaire de
L . Lomiento , Roma 1993. Traductions. Anglaise : Knox 11 ; italienne: Livrea 29 ; espagnole : López Cruces 30, p . 74 -121. Traductions partielles: allemande: 31 W . Nestle , Die Sokratiker, in Auswahl übersetzt und herausgegeben , Jena 1922, réimpr. Aalen
1968, p. 150-152; française: 32 L. Paquet, Les cyniques grecs. Fragments et témoignages, coll. « Philosophica » 4, Ottawa 1975, p. 135-138 ; 2e éd ., coll. « Philosophica» 35, Ottawa 1988, p. 133-137; nouvelle édition dans Le livre de poche, Paris 1992, p. 201-204.
Études d'ensemble.Meineke 6 ; 33 C . Cessi, « De Cercida Megalopolitano Meliamborum Scriptore » , RSA 9, 1905, p . 413-420 ; Maas 16 ; Croiset 17 ; 34 H . von Arnim , « Zu den Gedichten des Kerkidas» , WS 34 , 1912, p. 1-27 ;
35 G . Fraccaroli, c .r. de Hunt 4 dans RFIC 40, 1912, p. 124 -129 ; 36 K . F . W .
Schmidt, c .r. de Hunt 4 dans GGA 11, 1912, p.634-641 ; 37 A . Körte , « Lite rarische Texte mit Ausschluß der Christlichen » , APF 5 , 1913, p . 553-556 ;
38 J. Sitzler, « Bericht über die griechischen Lyriker (mit Ausnahme des Pindar und Bakchylides), die Bukoliker, die Anthologia Palatina und die Epigramm sammlungen für 1905 - 1917 », JAW 174, 1916 , p. 91-96 ; Wilamowitz -Moellen dorff 8 ; 39 G . Pasquali, Orazio lirico, Firenze 1920 (réimpr. 1964), p. 210 -236 ;
Gerhard 1 ; Barber 9 ; 40 A . D . Knox, « The Kerkidas Papyrus» , I, CR 38 , 1924 ,
p. 101-104 ; II, CR 39, 1925, p. 50 -55 ; 41 M . Lenchantin de Gubernatis, art. « Cercida » , Encicl. Ital. IX , 1931, p. 786 ;42 É . Cahen , chapitre complémentaire
à A . Couat, Alexandrian Poetry under the first three Ptolemies, 324-222 BC , London 1931, p. 596 -612, notamment p. 609 -612 ; Dudley 15, p . 74 -84 et 92 -94 ;
43 A . Pennacini, « Cercida ed il secondo Cinismo », AAT 90, 1955 -56 , p .257 283 ; 44 T . B . L . Webster, Hellenistic Poetry and Art, London 1964, p . 230 -234 ; 45 P . Händel, art. « Kerkidas» , LAW , col. 1521 ; 46 R . Keydell,art. « Kerkidas» , KP III, 1969, col. 200- 201 ; 47 I. M . Nachov, « La poésie de la protestation et de la colère (Sotade, Phénix , Cercidas)» , VKF 5, 1973, p. 5 -67 (en russe ),
CERCIDAS DE MÉGALOPOLIS
275
notamment 33-67 ; 48 J.Roca Ferrer, Kynikòs trópos. Cinismo y subversión literaria en la Antigüedad = BIEH 8, 1974, p. 187 - 191; Livrea 29 ; 49 Id ., « Un
frammento di Cleante ed i Meliambi di P. Oxy. 1082 » ,ZPE 67, 1987, p. 37 -41 ; 50 J. A . Martín García, « Los Meliambos Cercideos (P.Oxy. 1082). Intento de reconstrucción » ,Minerva 4, 1990, p. 105 -129 ; López Cruces 30 ; 51 J.L . López Cruces et J. Campos Daroca, « TheMetre of Cercidas » (sous presse). Études de détail. Méliambe I Livrea (1 Diehl, 4 et 13 Powell, I-II Knox ): 52 H . von Arnim . « Miszellen zu Kerkidas I. v . 64 f. ) , WS 34 , 1912, p . 370 ; 53 J. U . Powell,
« Cercidas» , CR 27, 1913, col. 264 ; 54 G . A . Gerhard, « Cercidaea » , WS 37 , 1915, p . 1 -26 , notamment p. 19 -26 ; 55 0 . Immisch , « Zu kerkidas » , BPW 25, 1919 , col. 598 -600 ;
56 G . Vollgraff, « Teovoxoxarxidaç », Mnemosyne 5, 1923, p. 179 ; 57 M . Arco Magri, « Cercidas fr. 1, 1-4 D . » , dans E . Livrea et G . A . Privitera (edit.), Studi in onore di Anthos Ardizzoni, coll. « Filologia e critica» 25, Roma 1978 , t. I, p. 13-24 ; 58 J. A .Martín García, « Anotaciones al Meliambo 1 Diehl de Cércidas. Problemática y datación » , AMal 4 , 1981,
p . 331- 354 ; 59 J.L . López Cruces, « Cercidas I, 1-4 Livrea », ZPE 89, 1991, p. 31-32 ; 60 J. Campos Daroca et J. L . López Cruces, « Koivoxpampoonudos: Comensalidad y
política en la poesía cercidea », Fortunatae 2, 1991, p.23-36 ;61 L .Lomiento , « Note testuali
a Cercida (frr. 1,1-4 ; 6 ; 7 ; 15 sg.; 28- 30 ; 5 ,8- 9 ;66,7 Livrea)», QUCC (sous presse ). Méliambe II Livrea (2 a-6 D , 5 et 2 P, III Kn): 62 G .M . Lee, « The order of words in of tuun DeWv (Aeschylus, Ag. 637) » , StudClas 16 , 1974, p . 217 ; 63 J. A .Martín García , « Restitución de los frs. 47 y 17 -51 de Hunt a las porciones perdidas del Meliambo 2 D . de
Cércidas », AMal 5, 1982, p. 117-125 ; 64 L . Lomiento, « Nota a Cercida, fr. 2, 11-12 D . (= 2, 11- 12 Livrea) » , QUCC 27, 1987, p . 97 -100 ; 65 F. Williams, « Cercidas : a Cynic Poet ? » ,
conférence faite au colloque Poetry and Philosophy in the Graeco -Roman World (Leeds, 6 May 1988) (inédite ; nous remercions l'auteur de nous avoir permis d'accéder au contenu de ce travail).
Méliambe III Livrea (4 D , 7 P, IV Kn): Powell 53 ;66 L. Lomiento, « Cercida, fr. 3 Livrea ; problemi di interpretazione testuale e metrica », QUCC 29, 1988 , p . 95 -109; 67 J. Lens Tuero , « Cercidas, fr. III Livrea » , Florllib 1, 1990 , p. 211 ; 68 J. Campos Daroca et J.L . López Cruces, « Cércidas sobre la creación poética (Mel. III Livrea)», Emerita 60 , 1992, p . 21- 29 .
Fragment IV Livrea (IV ? Kn) 69 L . Lomiento, « Cercida frr. 4 Livrea (IV [?] Knox) e 5 Livrea (3 Diehl): due proposte di supplemento » , QUCC 35, 1990, p. 61-63, notamment p.61 62.
Méliambe V Livrea (3 D ,6 P, V Kn): 70 L. Deubner,« Kerkidas und Epicharm », Hermes 47, 1912, p. 480 ; 71 A . Platt, « Cercidas, fr. 2, II. 12 » , CQ 6 , 1912, p. 43 ; Powell 53 ;
Lomiento 69, p.62-63; 72 ead., « Addendum . A proposito di Cerc. fr. 5 ,9 Li. = 3,8 -9 D .» , QUCC 39, 1991, p. 119- 120 ; Lomiento 61. Méliambe VI a-b Livrea (3a et 9 D , 8 et 9 P, VI et VI ? Kn) : Mayer 14 ; Powell 53; 73 E . Livrea, « Ad Cercidae carmen restituendum » , Atti del XVI Congresso Internazionale di
Papirologia, Napoli 1984,t. II, p. 305 -312 ; Lomiento 61.
Fragment 54 Livrea (6 D , 1 P, I Kn): Williams 5, p. 354-357 ; 74 G .Giangrande, « Cercidas, fr. 1 Powell» , REA 76 , 1984, p . 213 -216 ; Lomiento 61 ; 75 E . Livrea , « Lamorte
di Diogene Cinico » , dans l'ouvrage collectif Filologia e Forme Letterarie . Studi offerti a Francesco Della Corte , Urbino 1987, t. I, p . 427-433 ; 76 H . Häusle, Sag mir, o Hund – WO
der Hund begraben liegt. Das Grabepigramm für Diogenes von Sinope. Eine komparative literarisch -epigraphische Studie zu Epigrammen auf theriophore Namensträger, coll. « Spu dasmata » 44 , Hildesheim /Zürich /New York 1989, notamment p. 31-36 (mais l'inscription de Venise est un faux comme l'a rappelé G . Petzl: voir S. Follet, « Les Cyniques dans la poésie
épigrammatique à l'époque impériale » , dans M .- O . Goulet-Cazé et R . Goulet (édit.), Le Cynisme ancien et ses prolongements, Paris 1993, p . 362 n. 13]; 77 J. L. López Cruces , « El
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CERCIDAS DE MÉGALOPOLIS
epitafio de Diógenes de Sinope y Cerc. fr. 54 Livrea (Consideraciones en torno a un estudio reciente sobre el tema) », Epos 7, 1991, p.609-614.
Fragment 55 Livrea (7 D, 3 P , ad IV ? Kn): 78 W .Headlam , « Various Conjectures. II» , JPh 21, 1893, p . 78-80 ; Gerhard 54, p . 6 - 14 . Fragment 58 Livrea (10 D , 14 P , 3 Kn) : Gerhard 54, p . 1-6 . Fragment (59) Livrea (11 a,b D , 16 P , 4 Kn) : 79 A . Meineke, « Miscellanea (n . 68): Ein Fragment des Kerkidas aus Megalopolis », JKPh 87, 1863, p . 387 ; 80 A . Nauck , « Kritische Bemerkungen V » , Bulletin de l'Acad. Imp. des Sciences de St. Petersbourg 12, 1868, p. 520 523 (repris dansMélanges gréco-romains 3 , 1869- 1874 , p. 65 -68) ; 81 M . Haupt, « Varia (n . 83) » , Hermes 5 , 1871, p . 183- 184 ; 82 J. Sitzler, « Zu den griechischen Iambographen » ,
JKPh 125, 1882, p. 155 -159 ; Gerhard 54, p. 15- 18 ; 83 L . Deubner, « Kerkidas bei Gregor von Nazianz » , Hermes 54, 1919, p .438-441 ; 84 L . Sternbach , « Cercidea » , Eos 30, 1927, p. 347 - 366 ; 85 H . M . Werhahn (edit.) , Gregorii Nazianzeni EúyxpiouS Blwy, coll.
« Klassisch-philologische Studien » 15, Wiesbaden 1953,notamment p. 75-85; Cataudella 20 ; 86 E. Degani, « Cerc . fr. 16 Powell (11 Dieh13 )» , QUCC 13, 1983, p. 127-128.
Cercidas, poète cynique ? Depuis la découverte en 1911 de P.Oxy. 1082
avec sa souscription KEPKIAA |KYNOE I(ME)AIAMBOI, on admet que Cercidas, l'homme de guerre et l'homme politique, était également cynique,même si la part active qu 'il prit à la vie politique de sa cité ne s'harmonise pas très bien
avec l'attitude abstentionniste adoptée généralement par les cyniques en matière politique. A l' appui du cynisme de Cercidas, on avance, outre la souscription du
papyrus, les arguments suivants concernant la thématique desMéliambes: - au fr. 54 Livrea (Diogène Laërce VI 76-77), Cercidas fait un éloge de Diogène le cynique, « chien céleste », dont il évoque la mort. Depuis l'apparition
du P . Oxy. 1082 on accepte qu'il s'agit d'un éloge et non pas d 'une plaisanterie , comme l'ont soutenu Meineke 79 et Gerhard 7, p. 206 n. 6 , face, par exemple , à
87 G . Süpfle , « Zur Geschichte der cynischen Secte. III : Ist Cercidas aus Megalopolis ein Cyniker ?», AGPM 4 , 1891, p.422-423, et Cessi 33, p.418 -419. - Dans Athénée VIII, 347 e, le cynique Théodore-Cynulcus emploie l'ex pression xatd TÒV Éudu MeyarotonímuKepxldav, ce quise conçoit très bien
si Cercidas est également cynique (mais il est vrai que ce n'est pas la seule explication possible et qu 'on peut y voir tout aussi bien le signe d'une commu nauté de patrie entre Cynulcus et Cercidas ou de l'admiration de Cynulcus pour la poésie de Cercidas ; cf. Cessi 33, p .417).
- Au méliambe I Livrea, Cercidas critique ouvertement les dieux tradition nels : Dikè, Phaéthon , Thémis et Zeus lui-même, et, en raison de la situation économique et sociale dans laquelle se trouve alors Mégalopolis, il invoque une
nouvelle triade : Péan,Métadôs etNémésis. Cette critique est dans la droite ligne de la remise en cause de la religion par les cyniques. De même, dénonçant
violemment l'inégalité sociale , il s' attaque à un usurier qu'il traite de « sac de richesses» et il semet du côté des pauvres contre les riches. Dudley 15, p. 79 81, voit dans ces données une preuve évidente du cynismede Cercidas.
– Au méliambe II Livrea, Cercidas distingue deux sortes de brises qu'Éros souffle sur les mortels : l’une, celle qu 'il préfère, douce et bienveillante, qui
aboutit à un amour capable d'obéir à Persuasion et de se soumettre à Sagesse , l'autre en qui se déchaînent l'ouragan et la violence impétueuse des désirs. Or ce
CERCIDAS DE MÉGALOPOLIS
277
schéma s 'harmonise assez bien avec la conception cynique de l'amour qui, en aucun cas, ne doit faire obstacle à l’ånádela . C ' est d' ailleurs dans ce même fragment (ligne 26) qu'on rencontre une expression tirée de deux vers de Cratès cités par Diogène Laërce VI 86 : xal to un [Ok ]vos MÉRELV. - Au méliambe VI Livrea, col. XII, Cercidas attaque les préoccupations
dialectiques des stoïciens, ce qui conviendrait bien à un cynique sensible au TūQoç qu 'il peut y avoir dans de telles préoccupations ; d 'autre part, il oppose
(col. XIII) l'amour tel que le concevait Zénon ("Epwç ZavwVIXÓC), c'est-à-dire une homosexualité sublimée (cf. D . L . VII 129), à l'homosexualité dégénérée des stoïciens contemporains, tel Sphaïros du Bosphore , le conseiller du roi de Sparte Cléomène. Or on sait que les cyniques, notamment Diogène et Cratès, étaient défavorables à l'homosexualité .
- Au fr. 59 Livrea , Grégoire de Nazianze souligne la frugalité du personnage, précisant qu' il attaquait les gloutons succombant à la tpuoń , que lui-même se contentait de sel et qu 'ilméprisait la volupté.
Il est sûr que tous ces détails concordent assez bien avec une interprétation cynique du personnage. Dans cette optique, Cercidas serait un représentant de la
seconde phase du cynisme, celle qui s'épanouit au Ihre siècle ; cf. Gerhard 1 ,
col. 296 -297 ; Pennacini 43.Néanmoins il faut bien admettre qu'en dehors de la souscription,aucun argumentn ' est en tant que tel une preuve. C 'est pourquoi récemment ce cynisme a été remis en cause (cf. López Cruces 30 , p . 149-240 ). La souscription , seul élément à première vue indubitable ,
pourrait être due à l'erreur d'un copiste qui se serait laissé abuser par l'éloge de Diogène du fr. 54 quiaurait bien pu figurer dans les premières colonnes perdues du P . Oxy. 1082. Quantaux thèmes philosophiques abordés par Cercidas, ils ne
sont pas propres au cynisme, mais présentent autant de connexions avec le Pythagorisme, le Péripatos et la Stoa ; même la dénonciation des vices humains que l' on rencontre chez lui n 'est pas un trait exclusif des cyniques, elle est
présente tout aussi bien chez les poètes ; il faut également faire la part des influences littéraires qu ' a pu subir Cercidas. Par ailleurs il n 'est pas juste de dire que les procédés littéraires et la thématique des Méliambes relèvent du genre littéraire de la diatribe, vu que les seuls traits qui font penser à des coordonnées scolaires et à une relation maître-disciples sont l' utilisation de sujets moraux
ainsi que l'intention parénétique et pédagogique ; or ces traits sont également
caractéristiques d'une bonne partie de la littérature grecque. La poésie de Cerci das pourrait s'entendre d 'une autre façon si nous pensions au symposion comme contexte de présentation de cette poésie ; en fait, les sujets sont symposiaux, et plusieurs procédés formels signalentune oralité d 'exécution. De même la poésie cercidéenne ne saurait participer du XUVLXOS Tpónoç; celui-ci est une construc tion tardive, des premiers siècles de notre ère , qui a le tort d ’assimiler tous les
iambes hellénistiques au cynisme. Il vaudrait mieux dire que la littérature cyni
que et la poésie cercidéenne ont toutes deux des sources littéraires communes: la lauß .xn idéa et la tradition des genres destinés au symposion, c 'est-à -dire, l'iambe , l' élégie et la lyrique. Enfin , comme nous l'avons déjà souligné, l' atti
IS CERCIDAS DE MÉGALOPOL tude patriote de Cercidas à l'égard de Mégalopolis s 'harmonise mal avec le cosmopolitisme diogénien et, de façon plus générale, l' attitude de Cercidas en 278
matière politique et sociale traduit des principes positifs, alors que Diogène était
apolitique et avait une attitude négative à l'égard de la société. Cercidas n ' aurait donc pas été cynique ; le qualificatif de « cynique» qu'on applique à la poésie cercidéenne serait apparu aux premiers siècles de notre ère, dans le contexte
d 'un intérêtrénové pour la personnalité et l'auvre des cyniques anciens. En tout cas, il est indiscutable que Cercidas fait preuve d' une bonne connais sance de la tradition littéraire idéalisée qui rapidement se forma autour des premiers cyniques, manifestant de la sympathie à leur égard ; il est, pour la mort de Diogène le Chien , la seule source nommée par Diogène Laërce (VI 76 ), et probablement la plus accréditée ; cf. 88 K . von Fritz , Quellenuntersuchungen zu
Leben und Philosophie des Diogenes von Sinope, coll. « Philologus-Supple ment» 18, 2 , Leipzig 1926 , p . 29 sqq. ; Livrea 75, p . 428 ; 89 R . Giannattasio
Andria, I frammenti delle « Successioni dei filosofi » , coll. « Università degli Studi di Salerno, Quad. del Dip . di sc . dell'antichità » 5 , Napoli 1989, p . 45 -48 ,
et 90 M .-O .Goulet-Cazé, « Le livre VI de Diogène Laërce: analyse de sa structure et réflexions méthodologiques» , ANRW II 36 , 6 , 1992, p. 3880-4048,
notamment p. 3900 -3901 et 3913-3914. En outre, les méliambes de Cercidas présentent d' autres intérêts philo
sophiques, amples et variés : - Dans le fer méliambe, la proposition d 'une juste répartition des richesses répond à la doctrine évergétique de « partager avec les indigents » , que défendent
Platon (cf. Lois 736c-e ), Isocrate et Aristote , et peut-être antérieurement Démo crite d' Abdère et Archytas de Tarente ; cf. 91 A . Fuks, « Tots atopovuÉVOLS
XOLVWVETV : The Sharing of Property by the Rich with the Poor in Greek Theory and Practice » , SCI5 , 1979- 1980, p. 46 -63 (= Social Conflict in Ancient Greece, Leiden 1984, p. 172- 189). - On a détecté des traits épicuriens dans le Ife méliambe, où Cercidas donne un commentaire du passage d'Euripide sur les deux souffles d' Éros : l'oppo
sition des deux souffles correspond à l'antithèse épicurienne qui oppose la tempête de l'âme (ó tñs quxñs xequúv; cf. Épicure III, p.62, 18 Usener) et le calme (rarnvn ) ; cf. 92 G . C . Fiske, Lucilius and Horace. A Study in the Classi cal Theory of Imitation, coll. « University ofWisconsin Studies in Language and
Literature » 7,Madison 1920, réimpr. Hildesheim 1966, notammentp .268. - Dans l'attaque contre la tpuoń qu'on lit au Ve méliambe, une influence pythagoricienne est très probable ; nous devons nous rappeler que, selon le témoignage d ' Élien , Cercidas, à l'heure de sa mort, déclara qu 'il mourait
heureux dans l'espoir de voir, parmi d 'autres personnalités , le philosophe Pythagore.
- Dans le Vieméliambe Cercidas interprète correctement l'amour stoïcien tel que Zénon le défendit ; cf. supra . On a pensé aussi à une influence stoïcienne dans la divinisation du partage (Metáowç apud Cerc . I, 31) ; cf. 93 M . Pohlenz,
279 CERCIDAS DEMÉGALOPOLIS Die Stoa. Geschichte einer geistigen Bewegung, t. II, 4e édition ,Göttingen 1972, p . 86 - 87 (trad. ital., Firenze 1967, notammentt. I, p . 340 ). Nous pouvons supposer que Cercidas a conjugué son admiration envers les
premiers cyniques avec un intérêt pour les doctrines politiques des principaux
théoriciens de la cité : Pythagore, Solon, Platon et Aristote, intérêt propre à un législateur età un homme préoccupé par le devenir de sa cité . La poésie de Cercidas: métrique et poésie symposiale Les méliambes sont composés de dactylo -épitrites et ils sont astrophiques,
comme la plupart de ceux de l' époque hellénistique. L 'interprétation métrique de Maas 26 fut contestée par Fraccaroli 35 et par Wilamowitz -Moellendorff 8 ,
contestation reprise actuellement par Lomiento 61,64, 66,69 et 72 et par López Cruces et Campos Daroca 51, qui défendent une plus grande variété de séquen ces métriques en accord avec le texte transmis par le P. Oxy. 1082. A travers un
mélange de genres propre à la poésie hellénistique, Cercidas imite et unifie dans
ses Méliambes, d'une façon probablement artificielle, les formesmétriques des vers Nouvápmntoi d 'Archiloque avec celles de ce qu'on a appelé la « lyrique chorale » ( d ' Alcman et Stésichore à Pindare). Sur la base de ressemblances métriques, le fragment de Stratonicos d 'Athènes chez Athénée IV , 163e (Cerc . fr. 10 « Dubium » Powell, 5 Knox = Stratonicus Atheniensis 737 Lloyd-Jones et
Parsons) fut incorrectement attribué à Cercidas par Crönert 12 ; cf. 94 C . Cessi, « Epimetrum Cercideum » , RSA 12, 1908, p . 78 -82 et Gerhard 7 , p. 208 et n . 3.
Il est tout à fait possible que Cercidas aitcomposé sa poésie pour la présenter dans des symposia face à des membres de sa faction politique (cf. Wilamowitz Moellendorff 8 , p . 135 , López Cruces 30 , p. 241- 271, et Campos Daroca et
López Cruces 60) dans un temps où, avec la diffusion de l'écriture et les chan gements dans la structure politique des cités, le symposion perdait son rôle de lieu privilégié de la création poétique. On ne peut donc écarter l'hypothèse que cette poésie ait été artificielle , auquel cas le symposion n ' aurait pas été le contexte réel, mais le contexte littéraire qu 'il faudrait présupposer pour inter
préter correctement la production littéraire cercidéenne. Postérité de Cercidas. La diffusion de la poésie cercidéenne, indépendante jusqu 'au VIe siècle des témoignages sur sa vie (cf. supra), paraît avoir été rapide, si l'on en juge par l'influence qu 'il exerça probablement sur trois écrivains qui
développèrent leur activité entre la fin du IIIe siècle et la première moitié du II°. Le premier d 'entre eux, Alcée de Messène (fin mesiècle-moitié 11e siècle) était proche de Cercidas par son style et ses attitudes politiques : son oivoxapwv
(A . P . XI 12 , 3) semble être une imitation du deßntoyapwv cercidéen (fr. 11 Powell) ; cf. 95 F . Susemihl,GGLA, t. II, p .546 n. 140, et 96 F .W . Walbank, « Alcaeus ofMessene, Philip V and Rome» , CQ 37, 1943, p . 1-13, notamment p. 10- 12 . 97 K . Strecker, « Zu Erotian » , Hermes 26 , 1891, p. 262 -307 , notam
ment p . 276 -277, a suggéré qu 'à cette même époque Aristophane de Byzance
avait pu déjà recueillir l'information qu'Helladios fournit sur l'utilisation cerci déenne du termeuavis (fr. 57 Livrea) ; cf. Hunt 4 , p. 26 . Il est possible aussi
280
CERCIDAS DE MÉGALOPOLIS
qu ' Antisthène de Rhodes ait tenu compte de la version cercidéenne de l' épitaphe
de Diogène (fr. 54 Livrea) quand il raconte dans ses Alaðoyal (fr. 7 Giannat tasio Andria , ap. Diogène Laërce VI 77 = SSR V B 97) que les proches du « chien » croyaient que celui-ci était mort pour avoir retenu sa respiration ; cf. Giannattasio Andria 89. La possibilité d 'une influence cercidéenne sur l'auteur
du traité Kat' aloxpoxepoeias (cf. supra) a été défendue par Knox 11 , p. 228, et elle suppose que l'on accepte une chronologie basse pour le Papyrus Heidel bergensis 310 ; cf. Gerhard 7 , p . 216 . Vers le jer siècle av. J.- C . on retrouve le langage du passage cercidéen sur la mort de Diogène (chez D .L . VI, 76 -77 = fr. 54 Livrea) dans la Lettre pseudépigraphe nº 7 de Diogène (SSR V B 537) . Par ailleurs l'influence exercée par Cercidas sur Horace a été très débattue. La
défense de la satisfaction facile des appétits sexuels par le recours à l'amour des prostituées, que nous lisons chez Cerc . II 26 sqq., trouve son « parallèle» dans Horace, Sat. I 2, 119 sqq. Une influence directe fut suggérée par Fraccaroli 35 , p . 128 - 129, et affirmée par Wilamowitz-Moellendorff 8 , p . 136 , et 98 A .
Kiessling et R . Heinze (édit.), Q. Horatius Flaccus Satiren erklärt von A . K . ; sechste Auflage erneuert von R . H ., Leipzig 1921, réimpr. Berlin 1957, p . 23 .
Mais 99 M .Lenchantin de Gubernatis, « De Horatio Cercidae imitatore » , BFCI 19 , 1912, p . 52-56, et Pasquali 39, p.226 -236 , ont présenté des arguments à l'encontre d 'une connaissance directe du Mégalopolitain par Horace; 100 V . Ussani, « Nuove spigulature Oraziane» ,RFIC 42, 1914, p. 33- 34 , propose une diffusion proverbiale de ces vers cercidéens dans des cercles de courtisanes, ou bien dans le milieu familial. La médiation de l'épicurien Philodème a été propo sée principalement par 101 Q . Cataudella , « Filodemo nella Satira I 2 di Orazio » , PP 5 , 1950 , p . 18 -31, et par 102 M . Gigante, « Cercida, Filodemo e
Orazio » , RFIC 33, 1955, p. 286 -293 (repris dans ses Ricerche Filodemee , Napoli 1983, 2e éd., p . 235-243). Directement ou indirectement, Lucilius aussi bien qu 'Horace, semble -t- il, auraient connu la poésie cercidéenne; cf. 103 F . Leo , Geschichte der römischen Literatur, Berlin 1913, t. I, p .410 et Fiske 92 ,
p. 250 sqq. Entre le lle et le vie siècles ap. J.-C . on détecte chez plusieurs auteurs une connaissance de la poésie cercidéenne : à Oxyrhynchos on recopie une
édition des Méliambes (P. Oxy. 1082) ;Galien (Method.med., t. X , p .406 Kühn = fr. 56 Livrea) et Athénée (VIII, 347 e = fr. 11 Powell) incorporent à leurs æuvres des mots composés de Cercidas ; Pollux ( III 27 = natpwóc apud mél. I 27) et Helladios (Chrestomathie, apud Photios, Bibliothèque, cod. 279 , 533b =
fr. 57 Livrea ) commentent des usages linguistiques particuliers de sa poésie ; Diogène Laërce (cf. supra ) cite une fois Cercidas par intérêt philosophique (fr. 54) ; Athénée cite le seul vers choliambique conservé du poète au sujet de l'his toire des sæurs callipyges de Syracuse (XII, 554 d = fr. 58 Livrea) ; Grégoire de
Nazianze (De virtute 595-600 = fr. [59 ] Livrea) inclut dans ses vers une idée du poème Kat' aloxpoxepoeias, qu 'il attribue à son « très cher Cercidas » , Kepxl dãç o piatatos ; Stobée reprend dans son Anthologium deux fragments de caractère gnomique (IV 16 , 7 = mél. II 30 - 32 et III 4, 41 = fr. 55 Livrea ). Posté
rieurement on ne sait plus grand -chose de la fortune de la poésie cercidéenne: au
CÉSAIRE DE CAPPADOCE
281
IXe siècle Photius connut au moins un fragmentpar l'intermédiaire d 'Helladius,
et au XII° Théodore Prodrome utilise le terme xploutens (Amarant., p .434), construit sur le xplóuubos cercidéen (fr. 56 ). MARIE -ODILE GOULET-CAZÉ et JUAN LUIS LÓPEZ CRUCES.
84 CERCOPS REX (Suppl.4K ) Pythagoricien, auteur, selon Aristote (fr. 7 Rose3 = Cicéron , De natura deorum I 38, 107) , d 'un Carmen Orphicum . Selon Épigénès (apud Clément,
Stromata I 131 = II 81, 11 Stählin ), il faudrait attribuer à Cercops le ‘ lepog royos et la Eic " Aldov xarabaolç. Dans la Souda ( s. v. 'Oppeúc), il est dit que certains attribuaient à Cercops les ‘ Iepol nóyou en 24 chants attribués par d' autres à Orphée ou à Théognète de Thessalie . Le Cercops que Diogène Laërce
II 46 présente comme un contemporain et un rival d'Hésiode est, selon DK I, p . 106 , 1 , et Timpanaro Cardini, p . 69 n ., Cercops de Milet, auteur du poème épique Aigimios; il faudrait donc le distinguer de Cercops le pythagoricien. Voir cependant W . Burkert, Weisheit und Wissenschaft. Studien zu Pythagoras,
Philolaos und Platon , Nürnberg 1962 p . 107 n .65 : l'attribution de poèmes théogoniques orphiques, distincts de la Théogonie d 'Hésiode, à un rival
d'Hésiode, s'inscrit dans une tentative pour expliquer l'existence d'une littéra ture orphique ; puisque le contenu des 'Oppixá est conçu comme pythagoricien ,
on a fait de Cercops un pythagoricien . Témoignages.DK 15 [5 ]; M . Timpanaro Cardini, Pitagorici. Testimonianze
e frammenti, fasc . I, Firenze 1958, p.68-69. BRUNO CENTRONE .
CÉSAIRE DE CAPPADOCE RE 3 PLREI: 1
MIV
Né en Cappadoce, frère puîné de Grégoire de Nazianze. Après des études de géométrie , astronomie , mathématiques etmédecine, il devientmédecin à la cour
de Julien (qui le renvoie parce que chrétien ), puis sans doute comes thesaurorum en Bithynie . Mort à la fin de 368 (cf. Grégoire de Nazianze, Oratio 7 , éd. F .
Boulenger, Paris 1908 ). Un ouvrage lui a été attribué, des Dialogues sous forme de Questions et réponses dont Photios (Bibl. 210 , t. III, p. 115 Henry) déclare que l'auteur est « en pleine force aussi bien dans les productions littéraires que dans l'érudition
en matière de philosophie profane et chrétienne » . L'ouvrage s'intéresse entre autres à des questions de sciences naturelles et de cosmologie, qu'il essaie d 'accorder avec la Bible . Personne aujourd'hui n 'en attribue plus la paternité à
Césaire ,mais on le tient pour une production du milieu du VIe siècle. Cf. CPG III, n° 7482 ; R . Riedinger , Pseudo-Kaisarios. Überlieferungs geschichte und Verfasserfrage, coll. « Byzantinisches Archiv » 12, München 1969. Le même auteur en a publié une édition critique : R . Riedinger ( édit.) ,
Pseudo-Kaisarios. Die Erotapokriseis, ersmals vollst. hrsg. von R . R ., coll.GCS, Berlin 1989, XV -312 p . PIERRE MARAVAL.
282
86 CHABRIAS RE 1
CHABRIAS DM IV
Le célèbre général athénien est davantage connu pour ses nombreuses victoires et son rôle politique que pour sa contribution à l'histoire de la philo
sophie. Mais Plutarque, Contre Colotès, 1126c, rappelle qu'il « venait de l'Aca démie » et le cite au nombre des philosophes platoniciens qui ont rendu de grands services à leur patrie . Chabrias, fils de Ctèsippos, d 'Aixonè, était considéré dès l'Antiquité comme l'une des grandes figures de l'histoire athénienne, ainsi que le prouve l'hermès de Rome IG XIV 1222. Il avait joué un rôle de premier plan dans la constitution de la Seconde Confédération athé nienne. Pour le récit détaillé de son activité militaire et diplomatique et les références des
sources antiques, voir J. Kirchner, RE III 2, 1899, col. 2017-2021, et pour l'histoire de cette période J. Cargill, The Second Athenian League, Berkeley 1981 (notamment, à propos de Chabrias, p. 100 -101 ; 152-153 ; 171 ; 190- 191). Stratège lors de l'expédition de Thrace en 390 /89, il avait pris l'initiative d'une alliance avec les rois thraces Seukès etMardokos (IG N12 21 ; cf. A . Fol dans Studia in honorem Veselini Besevliev, Sofia 1978, p .429 -434 ). Il remporta ensuite plusieurs victoires dans le Péloponnèse contre les Lacédémoniens (389/8 ; cf. W . E . Thompson , GRBS 26 , 1985 , p . 51-57), puis à Chypre contre les Perses (387 ). Il défendit
Thebes contre les attaques de Cléombrote et d 'Agesilas (378 -377). Une série de victoires lui permit de ramener dans l'alliance athénienne plusieurs îles de l'Égée et cités de Thrace (IG II2 1606 , 1607 ; cf. A . G . Woodhead, « Chabrias, Timotheus and the Aegean Allies » , Phoenix 16 ,
1962, p. 258-266 ). C 'est à cette occasion que les Athéniens lui élevèrent sur l'agora une statue dont la dédicace a été republiée par A . P . Burnett et C . N . Edmonson , Hesperia 30 , 1961,
p . 74 -91 (voir aussi AJA 67, 1963, p . 411-413 ; Hesperia 41, 1972, p. 466 -474). Après d 'autres succès, dans le Péloponnèse contre les Thébains puis à Céos, il mena sans résultat une expédition dans l'Hellespont (359/8). Les rares années qu 'il n 'avait pas passées à la tête
des troupes athéniennes n 'avaient pas été oisives: à deux reprises, vers 386 et vers 360, il s' était mis au service du roi d 'Égypte et avait fortifié dans ce pays des places qui gardèrent
son nom (Strabon XVI 760 et XVII 803). Ilmourut en 357 dans un combat naval près de Chios.
Ni cette activité trépidante, ni ce que les sources antiques nous laissent
entrevoir de sa personnalité (goût du luxe; caractère « instable et excessif » selon Plutarque) ne correspondent à l'image traditionnelle du philosophe. On a voulu pourtant relier le rôle politique de Chabrias à ses préférences philosophiques :
d'après S. Dušanič, « The opxlov tõv oixlorhpwv and the fourth century Cyrene», Chiron 8, 1978, p . 55 -76 , l'Académie de Platon aurait inspiré l' éta
blissement à Cyrène, vers 363- 361, d'un régime démocratique et Chabrias aurait servi d'intermédiaire entre les milieux philosophico -politiques d'Athènes et ceux de Cyrène. Mais c'est là une hypothèse à laquelle la confirmation des documents fait totalement défaut pour le moment.
L'amitié qui liait Chabrias et Platon (voir à ce sujet A . Capizzi, Platone nel suo tempo, Roma 1984, p . 118 -127) est illustrée par une anecdote dont Diogène Laërce (III 24 ) ne garantit pas l' authenticité (voir Riginos, Platonica, p . 153 154 ). En 366 , Oropos avait été annexée par les Thébains dans des conditions telles que Chabrias futaccusé de trahison. Aucun autre Athénien , dit-on , n 'ayant
osé prendre sa défense , Platon lui-même aurait plaidé en faveur de son ami, qui fut acquitté . Aelius Aristide (p . 249 Dindorf) mentionne également l'amitié de Platon et Chabrias ; les noms des deux hommes sont aussi associés dans un
passage d'Himèrios (27, 41 Colonna). Comme l'a marqué A . Wörle , Die
CHAIRÉDÈMOS DE GARGETTOS
283 politische Tätigkeit der Schüler Platons, Darmstadt 1981, p. 55- 56 , il est peu probable qu' il y ait jamais eu entre eux une relation de maître à disciple : plus que le souci de l'exactitude historique, c 'est sans doute son zèle de propa gandiste qui amène Plutarque, toujours désireux d ' enrôler sous la bannière de Platon le plus grand nombre possible d 'hommes illustres, à le rattacher à l'Académie . BERNADETTE PUECH .
87 CHAIRÉAS
MII
Personnage fictif du dialogue satirique de Lucien , Le Banquet ou Les Lapithes. Fils unique du banquier (PAVELOTIXÓC) Eucritos ( 8 5 ) et disciple du platonicien Ion , surnommé " la Règle ” (8 7), il fut choisi comme époux de
Cléanthis, fille d'Aristénète, parce qu'il s' était converti à la philosophie (tipos ploooplav wpunuévov, 5), ou plutôt, selon lesmauvaises langues, parce qu'il était riche de la fortune paternelle . C 'est en l'honneur des futurs époux qu 'est donné ce banquet qui regroupe et oppose les philosophes des différentes écoles. RICHARD GOULET.
88
CHAIRÉAS D ’ALEXANDRIE Homme cultivé (TWv ÅTÒ Taldelac) dont Philon, Quod omnis probus 125,
cite en exemple la liberté de langage (parrhèsia )manifestée en présence du roi Ptolémée qui le menaçait. Il lui aurait répondu par une citation légèrement
modifiée d 'Iliade IX 180-181 : « Règne donc sur les Égyptiens (sur les Myrmi dons chez Homère ]. Je n' ai cure de toi, IJe ne fais aucun cas de ta colère » (trad.
Madeleine Petit). On n 'a pas de preuve formelle qu'il s'agisse d'un philosophe. RICHARD GOULET.
89
CHAIRÉCRATÈS DE SPHETTOS RE
fya
Frère de Chéréphon ( C 109),disciple commelui de Socrate (cf. Xénophon, Mémorables I 2, 48), il était présent au procès de Socrate (Platon , Apologie de Socrate, 21 a ), alors que son frère était déjàmort. Dans les Mémorables de Xénophon (II 3 ), Socrate intervient pour apaiser une querelle entre les deux frères, en rappelant quelle valeur il faut accorder à la
relation entre frères. Selon Diogène Laërce (II 120), Stilpon aurait écrit un Χαιρεκράτης, Comme il aurait écrit un Καλλίας ( MC 16).
Cf. Kirchner, PA II 15131 ; P. Natorp , art. « Chairekrates» , RE III 2, 1899, col. 2024 . LUC BRISSON .
IV - III 90 CHAIRÉDÈMOS DE GARGETTOS RE 3 Frère d'Épicure. Épicure eut trois frères: Néoclès, Chairédémos et Aristo boulos (» A 362), qui « philosophaient avec lui à son instigation » (OUVEDIO
obdovv 8' aútm npotpePauévụ , D .L . X 3, d 'après le dixième livre de la EÚvtačiç tõv pihooooww de Philodème) et qu'il honora en empruntant leurs
CHAIRÉDÈMOS DEGARGETTOS nomspour le titre de trois de ses ouvrages (X 27-28 ). Dans son testament, Épi 284
cure demandait que l'on veillât à assurer les offrandes funèbres (évaylouara )
pour son père , sa mère et ses frères (X 18 ). Un jour du mois de Posidéion était consacré à leur souvenir déjà du vivant d'Épicure ( ibid .). Ses trois frèresmouru rent avant lui. Plutarque, De latenter vivendo 3 , 1129 a , mentionne « les dizaines
de milliers de lignes écrites en l'honneur deMétrodore , d'Aristobule , de Chairé
dèmos, et composées sans crainte de l'effort afin qu'ils ne soient pas oubliés mêmeaprès leur mort » (ai tooAŪTAI UUPLádeg otixwv Érì Mntpódwpov, ért ' Αριστόβουλον, επί Χαιρέδημον γραφόμεναι και συνταττόμεναι φιλο
TIÓvuç iva undè åtto avóvTES Náowolv ). Dans un fragment de son lepi
nepovolas conservé par la Souda (E 2405, t. II, p . 363, 3 -4 Adler ), Élien (fr. 39 Hercher) met en rapport avec l'athéisme supposé d'Épicure les infirmités et la fin lamentable que connurent ses trois frères.
Arbre généalogique de la famille d 'Épicure Néoclès oo Chairestratè Épicure Néoclès II Chairédemos Aristoboulos La Souda, s. v. 'Enixoupoç, E 2404, t. II, p. 362, 20 -21, du moins dans certains de ses manuscrits, donne au troisième frère le nom d '« Aristoboulos ou Aristodemos » .
RICHARD GOULET.
91 CHAIRÉMON D ’ALEXANDRIE RE 7
MI
Philosophe stoïcien . Édition des fragments. 1 H .-R . Schwyzer, Chairemon, coll. « Klassisch philologische Studien » 4, Leipzig 1932 ; 2 P .W . van der Horst, Chaeremon . Egyptian priest and stoic philosopher. The fragments collected and translated with explanatory notes, coll. EPRO 101, Leiden 1984, XX -80 p. (bibliographie, p . XIX ). Cette édition regroupe 12 testimonia , 14 fragments nominaux et 14 fragments “ douteux” (non attribués expressément à Chérémon ). On trouve éga lement les fragments de Chérémon dans FGrHist 618 , t. III C , p. 145-153.
Cf. 3 E . Schwartz , art. « Chairemon » 7,RE III 2, 1899, col. 2025 -2027 ; 4 A . Barzanò, « Cheremone di Alessandria », ANRW II 32, 3 , 1985, p. 1981-2001 (bibliographie : p. 2000 -2001) ; 5 M . Frede, « Chaeremon » , ANRW II 36 , 3,
1989, p . 2067-2103.
Chérémon est présenté par la Souda, s.v. Alovúolog ’Anetav peúç ( 1173, t. II, p . 109, 32 - 110, 2 Adler = test. 4 van der Horst) comme un philosophe et
comme le maître du grammairien Dionysios d 'Alexandrie (- D 175) « qui lui succéda à Alexandrie » , on ne sait à quel poste. Selon van der Horst 2, p. IX , « he had been head of the Alexandrian school of grammarians (and perhaps also keeper of the famous Museum in Alexandria ) » . Schwartz 3 , col. 2026 , écrit pour sa part : « Chairemon . .. war wahrscheinlich Vorsteher des alexandrinischen Museion
nach Apion und vor Dionysios Glaukos Sohn ... » Voir aussi Barzand 4 , p . 1986 - 1987 .
CHAIRÉMON D 'ALEXANDRIE
285
Il fut, avec le péripatéticien Alexandre d ' Aigai (> A 111 (S . Follet]), le maître de Néron (57 -68 ), peut-être , comme le supposent Friedländer , Schwyzer
et van der Horst, avant que Sénèque, en 49, ne se voie confier l'éducation du futur empereur, à moins que Néron n 'ait eu auprès de lui, comme le suggère 6 M . A . Levi, Nerone e i suoi tempi, coll. « Biblioteca storica universitaria » II 1,
Milano /Varese 1949, p. 155- 161, « plusieurs philosophes, de tendances diverses voire opposées, entre la date de son adoption par Claude, 48, et son avènement, 54, et peut-êtremême encore au delà de 54 » (S . Follet, DPhA , t. I, p . 125 ). S ' il est le Chérémon, fils de Léonidas, mentionné, avec Tiberius Claudius
Balbillus (- B 6 ), Apolloni(u )s, fils d 'Artémidore , et d 'autres, dans la lettre de Claude aux Alexandrins (en 41 : cf. 7 V . A . Tcherikover et A . Fuks (édit.),
Corpus Papyrorum Judaicarum , Jerusalem /Cambridge (Mass.) 1960, t. II, nº 153, p. 39-41), li. 14-21 (test. 5), il participa à l'ambassade envoyée par les Alexandrins à Rome. On sait que Philon d' Alexandrie faisait partie de la section
juive de l' ambassade, qui soumit à Rome le problème de la discorde « ou pour dire le vrai: la guerre » (Claude) qui opposait à Alexandrie les Juifs et les Grecs.
Dans plusieurs passages, Chérémon est présenté comme stoïcien : Porphyre, Contra Christianos, fr. 39 Harnack (= test. 9 ), Martial, Épigrammes XI 56 (= test. 10 ), Origène, Contra Celsum I 59 (= fr. 3), Porphyre , De abstinentia IV 6 -8 (= fr. 10 ) (passage repris par Jérôme, Adv. Jovinianum II 13 (= fr. 11)] et
Apollonios Dyscole , De coniunctionibus 6 (= fr. 14). Il est également présenté ailleurs comme un prêtre égyptien , de la classe des hiérogrammates : Porphyre, Epistula ad Anebonem II 9 (= fr. 4 ), Tzetzès, schol.
sur l'Iliade (test. 6 ), Exegesis in Iliadem I 97 (fr. 12), Chiliades V 395-398 (= fr. 13).
Titres attestés. (1) 'lepoyauoixá (Hiéroglyphes): Souda, s.v. Xaipnuwv et ‘ lepoyauoixá (test. 1 et 2). Selon Tzetzès (test. 6 ), il aurait écrit un livre entier sur les « caractères éthiopiques » , « It is most probable that authors like Clement of Alexandria and Horapollo drew upon it, and it is certain that the Byzantine polymath Johannes Tzetzes still did so in the twelfth century » (van der Horst 2 ,
p . X ) . Voir sur ce traité 18 E . Zeller 4 , « Die Hieroglyphiker Chäremon und yphena-Buche um Hieroglyphen t Berlin 1910 , p. 175 - 178 ; 9 C . Wendel, « ZZum Chaire
876 ,, pp..430 30--433, reprisH dans Kleine Schriften, t. I, eš 11, 11, 1876 Horapollo » , Hermes ierogl ecret he ssecret mons » , Hermes 75 , 1940, p . 227 -229 ; 10 P. W . van der Horst, « TThe hieroglyphs in classical literature » , dans J. den Boeft et A . H . M . Kessels (édit.), Actus. Studies in honour of H . L . W . Nelson, Utrecht 1982, p . 115-123.
(2 )Ayuntiaxá (Études égyptiennes): Cosmas Indicopleustès, Topographie chrétienne XII 4 ( = test. 8 ). Selon Flavius Josèphe, Contre Apion I 288 (= fr. 1), Chérémon prétendait écrire l'histoire de l'Égypte (Alyuntiaxnv... iotoplav) . Comme Manéthon , Apollonius Molôn , Lysimaque et Apion le grammairien , il
mentionnait Moïse et l'exode des Juifs d'Égypte. Sur la perspective antisémite de Chérémon, voir 11 P. W . van der Horst, « Chaeremon , Egyptisch priester en
286
CHAIRÉMON D 'ALEXANDRIE
antisemitisch Stoïcijn uit de tijd van het Nieuwe Testament » , Nederlands Theologisch Tijdschrift 35, 1981, p. 265- 272 . C ' est peut- être dans cet ouvrage que Chérémon donnait la description des prêtres égyptiens qui a été conservée
par Porphyre, De abstinentia IV 6 - 8 (= fr. 10). Sur ce passage, voir 12 P . W . van der Horst, « The way of life of the Egyptian priests according to Chaere mon » , dans M . Heerma van Voss et alii ( édit.), Studies in Egyptian Religion
dedicated to Prof. Jan Zandee, Leiden 1982, p.61-71 (traduction annotée du passage ).
(3) Hepi xountőv (Des comètes ): Origène, Contra Celsum I 50 (= fr. 3). Chérémon y montrait que les comètes apparaissent souvent lorsque d'heureux
événements vont se produire. Chérémon le stoïcien et Cornutus (- C 190) seraient, selon Porphyre (Contra Christianos, fr. 39 = test. 9), les auteurs chez qui Origène le chrétien aurait appris la méthode d 'interprétation allégorique des mystères célébrés chez les
Grecs ; il l'aurait ensuite appliquée aux Écritures judaïques. Dans sa Lettre à Anébon II 12-13 (= fr. 5 ), Porphyre reproche d 'ailleurs à Chérémon de ne
donner des légendes égyptiennes qu’une interprétation physique (caractéristique du stoïcisme), en ignorant les référents incorporels recherchés par l' interpré tation néoplatonicienne. Les deux passages sont commentés par 13 J. Pépin , Mythe et allégorie . Les origines grecques et les contestations judéo -chrétiennes,
"nouvelle édition, revue et augmentée” , Paris 1976 , p . 462- 466 . D 'après Tzetzès, Exegesis in Iliadem I 97 (= fr. 12), les hiéroglyphes permettaient aux scribes de cacher leur théorie physique en ce qui concerne les dieux (TÒV nepi Beõv bootoxov Aprov). Un certain Chérémon est présenté dans le Commentaire de Galien sur le De victu acutorum d 'Hippocrate (I 15 = test. 11) comme un auteur célèbre en matière d 'oionistique (la divination à partir du comportementdes oiseaux) : il est associé dans ce passage à Pollès (RE 1 et 2), Athénée et Artémidore, le fils de Phocas (> A 429).
Chérémon était connu également comme grammairien et c 'est sans doute à un ouvrage de grammaire que se rapporte le passage d 'Apollonios Dyscole, De
coniunctionibus 6 (= fr. 14 ), qui concerne les ouvõEOMOL Tapatanpwuatixol. D ' autres fragments (par exemple, le fr. 2 emprunté à Michel Psellos) semblent provenir d 'un ouvrage consacré à l'astrologie égyptienne. RICHARD GOULET. 92 CHAIRON DE PELLÈNE RE 4
Iva
Disciple de Platon etde Xénocrate, tyran de Pellène.
Cf. 1 J. Kaerst, RE III 2 , 1899, col.2032-2033 ; 2 M . Isnardi Parente, Studi sull 'Accademia platonica antica, Firenze 1979, p . 290 sq.; 3 E . Culasso
Gastaldi, « Ps. Dem . XVII: Appunti di cronologia » , Prometheus 6 , 1980, p. 235-236 ; 4 A . Wörle , Die politische Tätigkeit der Schüler Platons, Lauter burg 1981, p. 105- 111 ; 5 E . Culasso Gastaldi, Sul trattato con Alessandro (polis,
CHAMAILÉON D 'HÉRACLÉE
287
monarchia macedone e memoria demostenica ), Padova 1984, p . 54 -61; 6 K . Gaiser, Philodems Academica, Stuttgart/Bad Cannstatt 1988 , p . 123- 128, 216
227, 494-501; 7 T . Dorandi ( édit.), Filodemo: Platone e l'Academia , p .48-50 .
Chairon, lutteur fameux, après avoir été l'élève de Platon et de Xénocrate, avait abandonné les études philosophiques et, avec l'aide du généralmacédonien Corragos, s'était emparé du pouvoir dans sa patrie , devenant tyran de Pellène. Les sources les mieux informées sont l' Ind. Acad. Herc. de Philodème, col. 11
12 , qui s'en remet à l'autorité d 'Hermippe (fr. 89 Wehrli) et de Phainias d 'Érèse , ainsi qu ' Athénée XI, 509 a -b : Chairon instaura une tyrannie fondée sur la
terreur, tuant les meilleurs citoyens et contraignant leurs épouses à contracter mariage avec des esclaves. Pausanias VII 27, 7 , à la différence de Philodème et d 'Athénée, parle de la tyrannie de Chairon comme imposée par Alexandre le
Grand et non par Corragos (voir aussi Pseudo-Démosthène, Or. XVII 10 ). La date de la prise du pouvoir par Chairon peut être fixée en 331a d 'après un passage du XVIIe Discours du Pseudo -Démosthène (cf. Culasso Gastaldi 3 , p . 235 -236 ; Gastaldi 5 , p. 165 sq.). Il est plus difficile d' en déterminer la durée (cf. les observations de Wörle 4 , p . 111). Nous ne savons rien non plus de la cité
de Chéronée que Chairon , au témoignage de certains (cf. Ind . Acad . Herc.,
col. 12 , 7 sq.), aurait fondée en lui donnant son proprenom . TIZIANO DORANDI. 93 CHAMAILÉON D 'HÉRACLÉE RE 1 RESuppl. XI
IV -III
Péripatéticien originaire d 'Héraclée du Pont (il est appelé tantôt 'Hpa
xłeórns, tantôt lovtixóc). Éditions. Témoignages et fragments ont été réunis par 1 E . Köpke, De Chamaeleonte Heracleota , Jahresbericht des Friedrichs-Gymnasiums, Berlin
1856 . Éditions plus complètes: 2 V . Steffen, Chamaeleontis fragmenta , Varso viae 1964 ; 3 Fr. Wehrli, Chamaileon , coll. « Die Schule des Aristoteles» 9 ,
Basel/Stuttgart 19692 (semble ne pas avoir connu l' édition précédente ); 4 D . Giordano, Chamaeleontis Heracleotae fragmenta, Bologna 1977 (avec tra duction italienne ; sur cette édition , cf. 5 A . Lorenzoni, « Chamaeleontea »,
QUCC 35, 1980, p . 137-149), 2e édit. Bologna 1990 ; 6 I. Gallo, « Un nuovo frammento di Cameleonte e il problema della biografia grammaticale alessan drina » , Vichiana 2 , 1973, p. 241- 246 ; 7 A . Lorenzoni, « Chamael. fragm .
novum » ,MCr 13/14, 1978/ 1979 , p. 321-322 (= Hesychiuss.v. Außuxoi dóyoi). Études. 8 E . Wendling, art. « Chamaileon » 1 , RE III 1899, col.2103 -2104 ;
9 G . Scorza, « Il peripatetico Cameleonte » , RIGI, 18 , 1934 , p. 1-48 ; 10 Fr. Wehrli, « Chamaileon » , RESuppl. XI, 1968, col. 368-372 ; 11 G . Giangrande , « Two passages of Chamaileon and a fragment of Aristotle » , EEAth 25, 1974
1977, p . 162 - 166 ; 12 Fr. Wehrli, « Der Peripatos bis zum Beginn der römischen
Kaiserzeit », GGP Antike 3, p. 555-557. Cf.Gallo 6 . Vie. Les renseignements sur sa vie sont rares. On sait qu 'il avait accusé son compatriote Héraclide du Pont, né au plus tard vers 380 av. J.-C . (13 Fr. Wehrli,
Herakleides Pontikos, coll. « Die Schule des Aristoteles» 7, Basel/Stuttgart
CHAMAILÉON D 'HÉRACLÉE 19692, p. 59; le même auteur, 12, p . 555, propose la date d 'env. 390a, 14 H . B . Gottschalk , Heraclides of Pontus, Oxford 1980, p . 4 , indique « au plus tard vers 288
le milieu des années 380 » ), d 'avoir plagié son ouvrage (ou ses ouvrages) sur Hésiode et sur Homère (Diogène Laërce V 92 = fr. 46 Wehrli) . D 'autre part, une information transmise par l'historien Memnon d 'Héraclée ( env. II° s. ap. J.-C .)
dans sa monographie sur Heraclée ( Περί Ηρακλείας) dont les livresIX a XVI ont été partiellement conservés par Photios (Bibliothèque, cod. 224, t. IV , p . 48 99 Henry ; pour la mention de Chamailéon, cf. p . 59), permet de proposer un
terminuspost quem pour la date de sa mort, à condition que le Chamailéon dont parle Memnon soit bien le péripatéticien : un personnage du nom de Chamailéon
participa en effet à une ambassade de sa ville auprès de Séleucus jer Nicator, après la bataille de Couroupédion en 281a (fr. 1 Wehrli; cf. 15 Éd.Will, Histoire politique du monde hellénistique, t. I, Nancy, 19792, p . 101 et 103). Si l'identi fication de l'ambassadeur d 'Héraclée et du péripatéticien est correcte et si Chamailéon est à peu près contemporain d 'Héraclide (mais l'anecdote rappelée
plus haut n' interdit pas qu'il soit plus jeune ; de fait, Wehrli 12 , p . 555 envisage la date de 350 , tout en plaçant Chamailéon environ une génération après Héraclide), il faut admettre que Chamailéon avait atteint un très grand âge. Les
dates proposées par 16 O .Gigon (« Chamaileon von Herakleia », LAW ,col. 571) ne sont pas justifiées (env. 340-270). Dans sa jeunesse, il semble s' être rendu à Athènes pour étudier au Lycée sous Aristote (17 E . Zeller- R . Mondolfo , La filo sofia dei Greci nel suo sviluppo storico , Parte seconda, vol. VI a cura di A .
Plebe, Firenze 1966 , p. 491 n . 4 ; Wehrli 12, p . 555) ou , de façon moins vraisem blable, sous Théophraste (Köpke 1, p . 3 ). Wehrli 10, col. 369, suppose qu'il a été introduit au Lycée par son compatriote Héraclide, ce qui est difficile à admettre si Héraclide a bien quitté Athènes après avoir échoué dans sa tentative pour
succéder à Speusippe en 339 (cf.Gottschalk 14 , p . 4 ; la fondation du Lycée date de 335). On ne sait quand il est retourné dans sa patrie . Euvres. Les æuvres dont on connaît les titres se répartissent en deux
catégories. I. Monographies sur des questions d ' éthique. Les sujets traités portent la marque du Péripatos : les quatre titres se retrouvent dans la liste des écrits de
Théophraste ; les trois premiers figurent aussi parmiles ouvrages d 'Aristote . Il
est probable que Chamailéon avait adopté pour cette catégorie d' ouvrages la forme dialoguée (Wehrli 10 , col. 369).
(1) Protreptique (Ilpotpentixóc fr. 3 ; 4 -6 ? Wehrli). Les références à cet ouvrage portent sur la valeurmorale de la musique. ( 2) Sur le plaisir (Ilepi ń dovñs, fr. 7 -8 ). (3) Sur l'ébriété (ſlepiurons, fr. 9 - 13). (4) Sur les dieux (ſlepi De@ v , fr. 2). Selon Clément d 'Alexandrie (Strom . I 14 , 60), Chamailéon attribuait la maxime « Connais -toi toi-même» à Thalès ,
Aristote, à la Pythie, d'autres à Chilon (voir ma notice sur Cléarque de Soles, “ Écrits” nº 10). On sait, par ailleurs, qu' Aristote avait traité de cette question
289 CHARAX DE PERGAME (AULUS CLAUDIUS -) dans le llepioooopías (fr. 3 Ross ; fr. 28 et 29 Gigon et 18 A . J. Festugière ,
La Révélation d 'Hermès Trismégiste , t. II, Paris 1949, p . 224).
II. Monographies d'histoire littéraire , embrassant tous les genres poétiques: poésie épique, lyrique, tragique et comique. Les fragments des ouvrages de cette
catégorie sontplus nombreux : Sur l'Iliade, Sur l'Odyssée (vraisemblablement), Sur Hésiode (?), Sur Alcman (?), Sur Sappho, Sur Stésichore (cf. 19 M . Doria , « Le due palinodie di Stesicoro » , PP 18 , 1963, p. 81-93), Sur Lasos, Sur Simo nide, Sur Anacréon , Sur Pindare, Sur Thespis, Sur Eschyle, et peut-être sur les
deux autres grands tragiques du Ve siècle, Sophocle et Euripide (Wendling 8 , col. 2104 ; Wehrli 10, col. 372, qui envisage que les références aux tragiques
appartenaient à un ouvrage général sur la tragédie ), Sur la comédie, Sur les drames satyriques (Ilepi Eatúpwv). Ces monographies littéraires devaient contenir quantité d ' anecdotes sur la vie des poètes, tirées en partie des æuvres elles-mêmes, et des interprétations de passages particuliers ( cf. 20 A . Momi
gliano, The development of Greek biography, Cambridge (Mass.) 1971, p.69 73) . (Voir aussi CPF11* ,nº 29.)
JEAN -PIERRE SCHNEIDER. 94
CHARAX DE PERGAME (AULUS CLAUDIUS -) RE 19 PIR2 C 831 M II
Historien (et philosophe ?),dont l'acmè se situe sous le règne d'Antonin . Fragments. F. Jacoby (édit.), FGrHist II 103, p . 482-493. Sources biographiques anciennes . - littéraires : ( 1 ) Souda s.v . Xápat; ( 2) Marc -Aurèle , Eic Éaut. VIII 25, 2 ; – épigraphiques : (3 ) IG V 1, 71, col. III, li. 5 , 18 , 25 (Sparte) ; (4 ) AvP VIII 3, n° 8 (Pergame) ; (5) AvP VIII 3 ,
n° 141 (Pergame) ; (6 ) IGR IV 494, corrigée par H . Hepding, MDAI( A ) 32, 1907, p . 354 (Pergame) ; (7) IGR IV 283, corrigée par Chr. Habicht, MDAI(I) 9 /10, 1959/60 , p . 119 (Pergame) ; (8 )MDAI(I) 9/ 10 , 1959/60, nº 1, p . 110 (SEG
XVIII 557: Pergame); (9) Not. Scav. 15, 1939, p. 363 (A . Degrassi, Fasti consolari, Roma 1952, p . 42: Rome).
Cf. 1 E. Schwartz, RE III 2 , 1899, col.2122-2123; 2 F. Jacoby (édit.), FGrHist II, Berlin 1926 , Komm . nº 103, p . 312-319 ; 3 Chr. Habicht, « Zwei neue Inschriften aus Pergamon » , MDAI(1 ) 9 /10, 1959/60, p . 109- 127 ; 4 R . Hanslik , RESuppl. XII, 1970, col. 148 ; 5 W . Eck, RESuppl. XIV , 1974 , col. 99
100 ; 6 H .Halfmann, Die Senatoren aus dem östlichen Teil, Göttingen 1979, a 1162 nini ar ddiiPPergamo. olop.gn161te anti ergamo. InInteressi egli AntoCharax 984,; 71807. Andrei, e nell'etAà. dClaudius Gn°nb73, quari e antichità cittadine nell'età degli Antonini, coll. « Opuscula philologica» 5, Bologna 1984, 187 p .; 8 W . Ameling, compte rendu de Andrei 7 dans Gnomon 58 , 1986 , p. 465 -468 ; 9 A . Chaniotis, Historie und Historiker in den
griechischen Inschriften , Stuttgart 1988, p .318 -320 . Vie . Pour la biographie de Charax comme pour l' analyse de son æuvre , on se reportera à l' étude approfondie d 'Andrei 7 . Issu d 'une famille de notables pergaméniens, l'historien fut membre du Sénat romain et les inscriptions, en
290
E US CHARAX DE PERGAM (AULUS CLAUDI -)
mentionnant les principales étapes de son cursus, permettent de situer son activité à la fin du règne d'Hadrien et sous celui d 'Antonin . Questeur de Sicile
en 137 au plus tard (voir 10 G . Alföldy, Konsulat und Senatorenstand, Bonn 1977, p . 295 et 335), il accéda au consulat ( suffect) en 147. La faveur impériale
avait dû être pour quelque chose dans son avancement relativement rapide . Habicht 3 et 11 M . Le Glay, « Hadrien et l'Asklepieion de Pergame» , BCH 100 , 1976 , p . 369, ont supposé qu 'une rencontre avec Hadrien , lors de la visite impé
riale de 129, avait pu donner l'impulsion décisive à son ascension.Mais c 'est à Antonin que le sénateur éleva une statue à l'Asclépieion de Pergame (4), où il honorait l' empereur comme son évergète personnel en même temps que celuide la cité et du monde. Dans sa patrie , Charax avait naturellement dû exercer
diverses fonctions publiques, dont une prêtrise : le titre de prêtre est le seul qu'il revendique dans une épigramme citée par la Souda (1 ). Il avait fait construire des propylées à l'Asclépieion , peut-être dès le règne d'Hadrien , avant son entrée au Sénat (voir Le Glay 11). Une série de tuiles estampillées à son nom et les
fragments d'inscriptions (6 ) et (7) prouvent que sa ville natale lui devait encore d 'autres édifices. Il dut séjourner en Achaïe, où il joua un rôle dans la vie politique de deux cités : à Sparte, il exerça le patronomat,magistrature éponyme, vers le milieu du IT s.; la cité de Patras lui éleva à Pergame une statue dont la dédicace (8 ), si elle détaille sa carrière sénatoriale, met en valeur sa qualité d 'écrivain : c 'est par son activité littéraire que Charax s' était acquis la recon naissance de la ville. Il avait en effetmené de pair son æuvre d 'historien et son
cursus de sénateur, et l'orientation de son travail pouvait présenter un intérêt politique et diplomatique certain pour les cités dont il était amené à traiter. Charax dut mourir sous Antonin . Aucune autre fonction n 'est attestée après
son patronomat, qui se place aux environsde 150 (151/2 selon la chronologie de K . M . T . Chrimes, Ancient Sparta, Manchester 1952, p. 466) etMarc -Aurèle ( 2) le cite au nombre de personnages célèbres « morts depuis longtemps» . A
Pergame au moins, sa célébrité se maintint jusqu 'à la fin du siècle : la dédicace de la statue élevée par la cité à un A . Iulius Charax lui attribue comme titre de
gloire, unique et apparemment suffisant, d ’être le descendant (arrière-petit- fils ?) de l'historien (voir Habicht 3, p . 126 -127). Euvre. D 'après la notice de la Souda, l'æuvre historique de Charax comptait 40 livres. Les auteurs qui nous en ont transmis des fragments donnentdes titres divers, si bien qu 'il est difficile de distinguer comment se décomposait l'ensemble . Andrei 7, p. 26 -27, suppose qu' il s'agissait d 'un seul ouvrage en 40 livres, publié sous le titre ' EXnvixai xai ’Itarixai 'Iotopiar, dont auraient
ete tirés par la suite des extraits ou des résumés intitules Ελληνικά et Χρονικά. Ameling 8 a fait valoir une autre interprétation possible: Charax aurait composé deux ouvrages différents , l'un d 'histoire grecque et l'autre d 'histoire romaine, qui auraient été réunis ultérieurement en un seul ensemble de 40 livres. Cette
hypothèse permettrait de mieux s 'expliquer que l'historien, selon la Souda ( fr. 11 Jacoby), ait pu évoquer Auguste dans un livre II.
CHARAX DE PERGAME (AULUS CLAUDIUS - )
291
Outre les commentaires de Jacoby 2 et l'analyse détaillée d'Andrei 7 (chap. II et III), quelques fragments ont fait l'objet de remarques plus ou moins développées. Les fr. 33, 34 et 37 sont considérés par Schwartz 1 comme des faux d 'époque byzantine. 31 a été analysé par 12 P . Veyne, « Le indLeépefragment Traicités» ndan fra des ritti p . 88 -90 ; ano e A,gnRPh et l'l'indépendance a,dan35sI, di1961, Marsyas colonialIet
13 F .Grelle , L'autonomia cittadina fra Traiano e Adriano, Napoli 1972 , p. 141 ; 14 S .Mazzarino, Jus italicum e Storiografia moderna , dans I diritti locali nelle provincie romane, Roma 1974 , p . 366 - 368. Sur les fragments 28 et 31, voir
Ameling 9 ; sur l'interprétation d 'Andrei pour le fr. 14 , voir 15 A . Spawforth,
JRS 76 , 1986 , p. 327. Les fragments témoignent d 'une attention très précise portée par Charax aux traditions locales, aux variantes régionales desmythes et aux légendes de fonda
tion . L ' analyse d ’ O . Andrei montre comment ce travail s'insère dans un courant idéologique qui baigne l'ensemble de l'Empire et rappelle la signification politique de ce recours au passé . Sur l'importance de cesmythes, établissant les liens de parenté entre cités, pour les relations diplomatiques de la Grèce impé riale, voir aussi 17 A . Spawforth et S . Walker, « The world of the Panhellenion » ,
JRS 75 , 1985, p . 78 -104, et 76 , 1986 , p. 88-105. Sans doute cet intérêt pour l'antiquité permet-il d 'affirmer la pérennité de la tradition hellénique, mais Andréi précise à juste titre qu 'il ne constitue nullement une réaction de fuite
devant le présent: il est le fait d ' élites grecques parfaitement intégrées à l'Empire et attachées à son unité (mais non pas, même avec des guillemets, la manifestation « eines “ römischen" Bewußtseins» , comme le dit Ameling 8 ) ; à
leurs yeux Rome est, au même titre que les provinces grecques, l'héritière de ce passé glorieux, annonciateur d' un présent serein .
L 'æuvre de Charax est donc porteuse d 'une idéologie précise, mais les frag ments conservés répondent davantage à la définition d ' Eustathe (fr. 3), åvopos Oopo✓ DepanteúOAVTOS MÚdous npòs iotoplav, qu 'à celle de plaóoodos indiquée par la Souda. Andrei en conclut que le mot doit être pris au sens le plus
général, celui d 'homme de culture . Le jugement de Marc -Aurèle ne contredit pas cette appréciation : il mentionne Charax en même temps que le platonicien
Dèmètrios ( - D 62) mais le classe parmi les esprits brillants mais superficiels dont l'euvre est promise à l'oubli. Sans doute reste -t-il possible que Charax ait
composé des ouvrages plus spécifiquement philosophiques ou se soit rattaché à une école précise, comme l'ont objecté Ameling 8 et Chaniotis 9, invoquant l'exemple d 'Arrien. Mais, tandis que textes littéraires et inscriptions assurent qu ' Arrien (> A 425) était considéré par ses contemporains comme un philo sophe, nous n 'avons aucun témoignage analogue dans le cas de Charax. Rien ne prouve qu 'il ait jamais lui-même revendiqué ce titre : il ne paraît ni dans
l'épigramme de la Souda ni dans les inscriptions, et le choix de ovrypapeús dans la dédicace de Patras, alors que le nom de philosophe est si généreusement distribué dans ce type de documents, est certainement significatif. Il est donc
peu probable que Charax ait répondu à l'idée que ses contemporains se faisaient d'un philosophe, idée qui était pourtantbien moins restrictive que la nôtre (voir
292
CHARAX DE PERGAME (AULUS CLAUDIUS - )
DPhA, préface de P. Hadot, t. I, p . 11-13). Reste l'appréciation de la Souda : trop brefs et trop peu nombreux , les fragments conservés ne permettent pas de
décider si elle est ou non justifiée . BERNADETTE PUECH .
95 CHARÈS RESuppl. X : 12
IV - IIIa
Poète gnomique, auteur d 'un ouvrage en vers iambiques dont il ne subsiste que de maigres fragments. On a pu y voir l'influence d 'Euripide et des philo sophes du IVe s.; cf. 1 M . Bonaria , art. « Chares » 12, RESuppl. X , 1965, col. 125 ; 2 F . Stoeßl, art. « Chares » 3, KP I, 1975, col. 1132, et surtout
30 .Hense, « Chares und Verwandtes » , RHM 72, 1917-1918, p . 14 - 24 . Durant longtemps, Charès n 'est guère resté plus qu 'un nom : on le prenait
pour un poète tragique, d 'après les trois fragments qu'en cite Stobée, Flor. III, 17, 3 ; 33, 4 ; 38, 3 , et qui ont été publiés par 4 A . Nauck, Tragicorum Grae corum Fragmenta , 2e éd. Leipzig 1889, p. 826 . Le premier fragment (5 vers) a
trait au yaotpos xpateīv, le deuxième (3 vers) au raboong upateīv, le troisième (un tétramètre trochaïque) à l'absence d 'envie . 5 U . von Wilamowitz ,
« Lesefrüchte XL » (à propos de Ioh . Lydus, De mensibus IV 113, qui cite nommément Charès), Hermes 34, 1899, p. 608 -609, a , le premier, soupçonné
que ces fragments ne devaient pas être attribués à un auteur tragique,mais qu'ils appartenaient à un poèmeparénétique en iambes relevant du même genre que le Hepi tanelvoppooúvns de Grégoire de Nazianze, lequel précisément cite une partie du fragmentde Charès relatif au yaotpoç mpatetv.
La justesse de cette intuition de Wilamowitz s' est trouvée peu après confir mée par la publication du P .Heidelberg 434 , par un excellent papyrologue grand découvreur d 'inédits : 6 G . A . Gerhardt, « Xápntos ro @ ual» , SAHW 1912, 13.
Abh. ( éd . avec commentaire, 34 p. et une pl.]. Quarante -quatre vers , plus ou moins complets, de caractère gnomique, ont ainsi pu être restitués à Charès: si le nom de l'auteur n 'apparaît pas dans les fragments du papyrus publié par Gerhardt, la paternité de Charès est néanmoins hors de doute en raison des recoupements avec les fragments que cite Stobée, lesquels sont attribués
nommément à Charès. D 'autre part, six de ces vers étaient déjà connus par le recueil de Ivõual uovóotiyoidu Pseudo-Ménandre .
Comme P .Heidelberg 434 remonte au début du III° s. av. J.-C ., Charès doit encore appartenir au IVe s. (Wilamowitz le datait, à tort,“ après Apollodore "). Éditions. Gerhardt 6 , et les comptes rendus de cette éd. : 7 R . Philippson , BPhW 1914, col. 801-802 ; 8 A . Körte, APF7, 1924, p . 119, n° 452; 9 E . Diehl, Anthologia Lyrica Graeca, Supplementum , coll. BT , Leipzig 1942, p . 13 -18 (cette éd . reproduit le texte de Gerhardt 6 ). Voir aussi 10 D . Young (édit.), Theognis, Ps.- Pythagoras, Ps. -Phocylides, Chares, Anonymi aulodia ,
Fragmentum teliambicum , post E . Diehl edidit D . Y., coll. BT, Leipzig 1961 (les yvõual de Charès: p . 113 -118), et 11 S. Jäkel (édit.),Menandri Sententiae (accedunt Charetis Sententiae ), Comparatio Menandri et Philistionis, edidit
S. J., coll. BT, Leipzig 1964 (Xápntos ro@ uai: p .26-30).
CHARIDÉMOS DE MESSÈNE
293
Études. Du fait de leur caractère gnomique, ces fragments ont été mis en rapport avec les doctrines de philosophes du IVe s., en particulier Platon et Aristote (ainsi Hense 3 ) ; on les a aussi rapprochés du traité Ad Demonicum
placé sous le nom d' Isocrate : ainsi J. U . Powell dans 12 J. U . Powell & A . E . Barber (édit.), New chapters in the history of Greek literature . Recent disco veries in Greek poetry and prose of the fourth and following centuries B . C .,
Oxford 1921, p . 18. Pour la place de Charès dans l' ensemble de la littérature iambographique et gnomique, cf. 13 G . A . Gerhardt, art. « Iambographen » , RE IX
1, 1914, col.662 ; 14 R . Keydell, art. « Iambographen » , KP II, 1979,
col. 1307-1308; 15 W . Spoerri, art. «Gnome 2» , KP II, 1979, col.823-829. JEAN -MARIE FLAMAND .
96 CHARICLÈS RE 6 L ’unique témoignage sur ce philosophe, dont Usener, Epicurea, p. 420 (suivi par Susemihl, GGLA , t. I, p. 106 n . 495, et par von Arnim , RE III 2 , 1899 ,
col.2140), avait cru lire le nom dans Philodème, PHerc. 1005, fr. 109, 1 Angeli, a été rejeté par W . Crönert, Kolotes und Menedemos, p . 176 . F . Sbordone ( édit.), Philodemi Adversus ( Sophistas) e pap. Herc. 1005 in lucem protulit F . S.,
Napoli 1947, p .69, avait supposé que Chariclès était le nom de l'archonte. Voir cependant A . Angeli (édit.), Filodemo. Agli amici di scuola (PHerc 1005),
Napoli 1988, p . 229-230 . TIZIANO DORANDI.
97 CHARIDÉMOS DE MESSÈNE RE 8
DII ?
Disciple de Dion Chrysostome. Le Discours XXX (Charidémos), attribué à Dion Chrysostome (mais dont l'authenticité est contestée par P . Desideri, DPhA D 166), raconte sous forme d 'un dialogue la rencontre du maître avec le père et le frère cadet de Chari démos, l'un et l'autre portant le nom de Timarque, peu après la mort du jeune
disciple à Messène (év Meoonvn). Cf. J.W . Cohoon (édit.), Dio Chrysostom with an English translation, coll. LCL 339, Cambridge (Mass.)/London, t. II,
1939, p . 400-435,avec une introduction , p .395-398. Sur le problème de l'authenticité, voir P. Desideri, Dione di Prusa. Un intellettuale greco nell'impero romano, coll. « Biblioteca di cultura contemporanea » 135 ,Messina/Firenze 1978, p . 185 n . 19 (« è quasi certamente apocrifo » ) et p . 248 n . 42. Selon H . von Arnim , Dio von
Prusa mit einer Einleitung : Sophistik, Rhetorik, Philosophie in ihrem Kampf um die Jugend bildung, Berlin 1898, p. 283, Charidémos serait un personnage réel et Dion aurait simplement inséré un discours authentique de ce personnage dans le cadre d'un dialogue.
Charidémos est présenté comme un disciple (étalpos, § 3 ) fort doué, vivant dans l'admiration de son maître et imitant entre autres choses son silence et sa démarche ( $ 4 ). Au moment de mourir, à l'âge de 22 ans (§ 6 ), il avait dicté à un serviteur, dans un état d 'enthousiasme ( Onep évoovolőv), un discours de consolation (napáxinouc ) destiné à sa famille. C ' est ce discours que le père lira
à l'intention du maître de son fils défunt ($ 8-44).
294
CHARDÉMOS DE MESSÈNE
Le discours est constitué de trois représentations de la vie humaine susceptibles de dédramatiser la mort. Elles sont ordonnées de la plus difficile à accepter (PuoYEPÉOTATOV,
$ 9) à la plus optimiste ... La première explication (§ 10-24) présente la vie humaine comme un châtiment infligé par les dieux ; la mort est donc, au terme, une sortie de la prison de la vie . Cette section comprend divers développements qui ne sont pas totalement homogènes, dont
l'un au moins aurait été entendu de la bouche d'un mendiant. Mais cette conception pessimiste, attribuée à un esprit amer ( voapeotos), est finalement rejetée . Les deux autres explications sont empruntées à un paysan pieux , pour qui les hommes ne
descendraient pas des Titans, mais bien des dieux ( § 26 ). L 'homme aurait été envoyé dans
l'univers comme dans une colonie qui reproduit imparfaitement la république des dieux . Après avoir dans un premier temps secondé les hommes en leur envoyant des harmostes comme Héraclès, les dieux les auraient ensuite laissés s'organiser eux -mêmes du mieux qu 'ils pouvaient. C 'est à partir de ce moment que l'injustice aurait pénétré dans le monde ( 26 - 27) .
Enfin , une troisième explication (§ 28-44) fournie par le même paysan présente l' univers comme une merveilleuse maison où les dieux ont convié les hommes à un splendide festin , au terme duquel ils peuvent choisir ceux qui se sont comportés intelligemment pour en faire leurs compagnons.
Seule une analyse littéraire approfondie permettrait de situer ces différents morceaux par rapport à l'ensemble de l'æuvre de Dion et de rechercher les
sources philosophiques éventuelles. Des noms comme Antisthène, Bion ou Cléanthe ont été proposés, mais aussi celui de Posidonius, et on a souligné les liens avec le pythagorisme et l'orphisme, le cynisme, Xenophon et Platon ... Cf. F . Dümmler, Akademika. Beiträge zur Litteraturgeschichte der sokra
tischen Schulen , Gießen 1889, p. 90 -94 ; Fr. Wilhelm , « Zu Dion Chrys. Or. 30 (Charidemos) », Philologus 75, 1918, p. 363- 383. RICHARD GOULET. NII 98 CHARILAMPIANÈ OLYMPIAS (AURELIA -) A la suite des épitaphes de ses parents, Aurelius Thrasymèdianos Héra
kleidès, d'Héraclée du Pont, avait fait graver de son vivant sur le tombeau de famille sa propre épitaphe et celle de son épouse, Aurelia Charilampianè Olym
pias (BCH 22, 1898, p. 495). Outre les épithètes traditionnelles plaav poç et σώφρων, illui attribue celle de φιλόσοφος. Il ya de fortes chances pour que le mot désigne ici une sagesse pratique traduite dans le comportement quotidien plutôt qu'une activité intellectuelle précise.La généralisation du nomen Aurelius
situe le document après 212. BERNADETTE PUECH .
99 CHARISIUS (FL. SOSIPATER -) RE 8 PLREI:3
I
Grammairien latin .
Cf. 1 H . Keil (édit.), Grammatici latini, t. I, Leipzig 1857, p. LV-LVI;
2 H . Usener, « Vier lateinische Grammatiker» , RAM 23, 1868 , p .490 -507 ;
3 L . Jeep, Zur Geschichte der Lehre von den Redetheilen bei den lateinischen Grammatikern ,Leipzig 1893, p . 1 -13 ; 4 Id., « Die jetzige Gestalt der Grammatik des Charisius» , RHM 51, 1896 , p .401-440 ; 5 G . Goetz, art. « Charisius» 8 , RE III 2, 1899, col.2147-2149 ; 6 J. Tolkiehn, « Die Lebenszeit des Grammatikers Charisius », I: BPW 30 , 1910, col. 1054- 1055, II : ibid ., 35 , 1915, col. 188- 189 ;
295 CHARISIUS (FL. SOSIPATER -) 7 K . Barwick , Remmius Palaemon und die römische Ars grammatica, coll. « Philologus Suppl. » 15, 2 , Leipzig 1922; réimpr.Hildesheim 1967; 8 Id., « Zur Geschichte und Rekonstruktion des Charisius- Textes» , Hermes 59, 1924 ,
p. 322-355, 420-429 ; 9 Id . (édit.), Fl. Sosipatri Charisii Artis grammaticae libri V , Leipzig 1925 ; réimpr. avec des Addenda par F . Kühnert, Leipzig 1964 ; 10 W . Strzelecki, art. « Charisius» 3 , KP 1, 1964, col. 1134- 1135 ; 11 L . Holtz, « Sur les traces de Charisius» , dans J. Collart et alii, Varron, grammaire antique
et stylistique latine, coll. « Publicationsde la Sorbonne, Études» 14 , Paris 1978, p. 225-233 ; 12 Id., Donat et la tradition de l'enseignement grammatical. Étude sur l'« Ars Donati » et sa diffusion (IV -IXe siècle ) et édition critique, Paris 1981, p . 84 -86 ; 13 M . de Nonno (édit.), La Grammatica dell'Anonymus Bobiensis (GL
I 533- 565 Keil), coll. « Sussidi eruditi » 36 , Roma 1982, Appendice: « In margine al capitolo carisano de interiectione (311, 4 - 315,21 B .) » , p . 57- 76 ; 14 R . H . Rouse, art. « Charisius » , dans L . D . Reynolds (édit.), Texts and
transmission, Oxford 1983, p .50-53 ; 15 R . A . Kaster, Guardians of language. The Grammarian and Society in Late Antiquity, coll. « The Transformation of
the Classical Heritage » 11, Berkeley 1988, Prosopography nº 200, p. 392-394. Datation. Un terminus ante quem pour Charisius est fourni par les citations de son Ars chez Priscien (fin du ve s. - débutdu VIe s.). Les artes de Diomède et de Charisius ont beaucoup en commun, mais la date de Diomède est inconnue
(IVe-ve siècles) et il n 'est pas absolument certain que Diomède a directement utilisé Charisius, comme l' a soutenu Barwick 7 , p . 8 sq. (voir Kaster 15 , p . 270
272). L 'opinion générale cependant a été (Goetz 5 , col. 2147) et reste que Charisius a vécu vers le milieu du IVe s. de notre ère . L 'un des arguments réside dans son nom Flavius (voir 16 J. G . Keenan , « The names Flavius and Aurelius as status designations in later Roman Egypt» , ZPE 11, 1973, p. 33-63), associé à
la désignation d'une dignitas impériale (magister dans le titre de l'Ars), ce qui ne permet pas de le dater avant le deuxième quart du IVe s. (Kaster 15, p . 393) . Un autre argument, le plus convaincant, repose sur l'utilisation d' exemples qui ne figurent pas dans les autres artes : magnus lulianus Augustus dans un
paradigme de la seconde déclinaison (GL 1 , p . 44, 28 sq . = p . 54, 5 -6 B .) et Heliopolis (avec Scythopolis, Neapolis et Chrysopolis, p . 39, 20 sq. = p . 45, 15
17 B ., cf. p .47, 14 = p . 58, 9 B .). A cause de ces marques d'hommage portées à
Julien , Tolkiehn 6 conclut que Charisius a écrit son Ars pendant le règne de cet empereur ou peu après.
Origines. La praefatio montre que Charisius n 'était pas romain de naissance
(quod originalis patriae natura denegavit).Usener 2, p. 492, voudrait faire dire à Jérôme, Chron. sub anno 358, que cette année -là Charisius se rendit d 'Afrique à Constantinople afin de prendre la succession du grammairien Évanthius. Il se fonde sur la présence dans un manuscrit du nom Charistus – les autres ont C ( h )re( s )tus -, qu'il corrige en Charisius. D 'un point de vue paléographique, on
peut trouver une interprétation plus vraisemblable (voir Kaster 15 , p. 253). L 'editio princeps de G . P . Ciminio (Napoli 1532) ajoute à la suite du nom natione Campan (us), à cause du passage hodieque nostri per Campaniam sic
296
CHARISIUS (FL. SOSIPATER -) locuntur (p. 215, 22 sq . Keil = p. 279, 1-2 B.), mais ce renseignement a été
emprunté par Charisius à sa source en cet endroit.
Profession. Comme Charisius est l'auteur d'une Ars grammatica , il est pro
bable qu'il exerçait la profession de grammairien . Kaster 15 , p. 393, suggère cependant qu 'il était plutôt un amateur instruit, parce qu 'il a compilé son ars sous l' impulsion de sa responsabilité de père de famille et qu ' il a dédié son ouvrage à son fils (praefatio ). L 'argumentmérite considération . Charges civiques . A la suite du nom de Charisius, le principal manuscrit a v.p. magister. Vir perfectissimus indique que Charisius appartenait très proba blement à l'ordre équestre (voir 17 W . EnBlin , art. « Perfectissimus» , RE XIX
1, 1937, notamment col.680-683). Le titremagister a été interprété en référence à sa profession (mais voir plus haut) et sa forme complète devait être, dans cette perspective, ou bien magister urbis Romae (Keil 1, ad loc.) ou bien magister studiorum (cf. Kaster 15 , p. 392 et 314 ). Si le titre correspond à une fonction , on peut penser à celle de magister scrinii (ainsi PLRE).
Euvre. L 'Ars comprend cinq livres. Certaines parties sont perdues, comme le montre la table des matières qui suit la praefatio . La plus récente édition (Barwick 9 ) donne comme une section du livre V des passages qui figuraient ailleurs dans l' édition précédente (Keil 1) ou n 'apparaissaient pas du tout. On a mis en doute l'authenticité des additions éditées par Barwick , qui les a emprun tées au principalmanuscrit, où ces passages ne sont pas attribués à Charisius (voir De Nonno 13, p . 59, avec bibliographie antérieure, et 18 A . C . Dionisotti , « On Bede, Grammars and Greek » , RBen 92 , 1982, p. 115 -121). Sur la tradition manuscrite , voir Barwick 8 et 9, p . V -XXVI, à compléter par Holtz 11, de Nonno 13 et Rouse 14. Dans le livre I, Charisius examine quelques notions grammaticales essen tielles comme vox, littera, et le nomen . Le livre II semble reprendre les choses du début en présentant à nouveau des notions essentielles, qui ne sont cependant pas les mêmes : par exemple definitio ou bien l'opposition entre species et genus. Il étudie ensuite les huit partes orationis. Le livre III traite de façon
exhaustive du verbum , tandis que le livre IV offre un équivalent à l'étude des vitia et virtutes orationis qui est traditionnelle dans les artes latines. Le dernier
livre est consacré aux idiomata et aux differentiae (cf.Goetz 8 et Strzelecki 10). Dans sa préface, Charisius souligne lui-même le caractère de compilation que présente son ouvrage (artem grammaticam sollertia doctissimorum virorum politam ... studia mea ex variis artibus inrigata ) et c'est en tant que compilation qu 'il a souvent été lu , sinon condamné (cf. Goetz 6 , col.2148) . Des sections entières ont en effet été reprises, sans doute sans aucune modification , de sour
ces antérieures (Cominianus, Palaemon et Iulius Romanus sont expressément cités - seul Palaemon est connu par d'autres sources -, les autres références sont du genre alii dicunt, etc .). Cela explique que l'ars de Charisius conserve des informations inestimables sur les études grammaticales plus anciennes à Rome. On constate cependant une certaine activité éditoriale de la part de Charisius, par
297
CHARMADAS
exemple dans la disposition des différentes parties : tout d 'abord un traitement général, puis une étude plus détaillée du même sujet et un examen des exemples empruntés au latin archaïque (cf. Jeep 3 et 4 , ainsi que Barwick 8). De plus, il lui arrive d'interrompre le développement de sa source parce que le sujet a été traité ailleurs . Il y a ainsi plus de soixante -dix renvois à des sections qui se trouvent à plus ou moins grande distance. On peut voir là une préoccupation que Holtz 11, p . 84-85,met à juste titre en rapport avec une perspective pédagogique. A la suite d 'essais antérieurs , Barwick 8 utilise l'ars de Charisius, avec
d'autres artes, pour reconstruire la grammaire scolaire latine, ainsi que ses liens avec la grammaire grecque et notammentavec des originaux stoïciens. Plusieurs de ses conclusions ne sont plus acceptables, bien que ses vues aient orienté les études sur la grammaire ancienne pendant longtemps (cf. 19 D .J. Taylor, « Rethinking the history of language science in classical Antiquity » , HSF 13, 1986 , p. 175 -190 , et 20 D . M . Schenkeveld , « Studies in the history of ancient Linguistics, III: The Stoic TEXNH NEPI ONNHE » , Mnemosyne 43, 1990, p. 86 108 ) .
Influence. L 'Ars de Charisius a été beaucoup utilisée par les grammairiens postérieurs, mais les limites précises de cette utilisation ne peuvent être établies à cause du caractère traditionnel du matériel en cause . Il est souvent cité sous le nom de Cominianus, l'une de ses sources (voir Kaster 14, p. 259 et 425 pour les références).
Lexiques. Le texte de l’Ars de Charisius, demême que ceux des autres traités rassemblés dans les Grammatici latini de Keil, a maintenant été lexicalisé par ordinateur dans 21 Index Grammaticus. An Index to Latin Grammar Texts
compiled by V. Lomanto & N. Marinone, Hildesheim 1990. (Voir récemment Scriptores Latini de re metrica : Concordantiae, indices, dir. por J. LuqueMoreno, t. VI: Charisius, por C . López Delgado,Granada 1989, XVII- 198 p.)
Charisius et la philosophie. Comme l'ouvrage est une compilation, les
déclarations qui présentent un quelconque intérêt philosophique proviennent des sources utilisées, notamment Iulius Romanus. Cet auteur est le premier qui fasse
référence à une conception stoïcienne des adverbes (p . 190, 25 sq. K . = p. 247, 13 sq. B .) et le seul qui transmette une définition de la dialectique empruntée au philosophe Aquila (» A 295). (Sur ce philosophe néoplatonicien, voir maintenant D . M . Schenkeveld , « The philosopher Aquila : (Charisius, Ars Gramm . p. 251. 22 ff. Barw .) » , CQ 41, 1991, p. 490 -495. R.G.)
DIRK M .SCHENKEVELD . 100 CHARMADAS RE 1
ІІала
Académicien , disciple de Carneade ( » C 42). Cf. 1 H . von Arnim , art. « Charmadas» , RE III 2, 1899, col. 2172 -2173 ; 2 H . Blum , Die antike Mnemotechnik, coll. « Spudasmata » 15, Hildesheim / New
York 1969, p . 118- 121; 3 M . Dal Pra, Lo scetticismo greco, 2e éd .,Roma/Bari 1975, p. 295-296 ; 4 J. Glucker , Antiochus, p . 109-111 ; 5 T. Dorandi, La 'Cronologia ' di Apollodoro nel PHerc. 1021, Napoli 1982, p . 30 -31 ;
298
CHARMADAS
6 H . Tarrant, Scepticism or Platonism ? The philosophy of the Fourth Academy, Cambridge 1985 , p. 2 -3 , 34 -40 ; 7 T. Dorandi (édit.), Filodemo : Platone e
l'Academia , p. 75-76 . Pour la reconstitution de sa vie, on peutmettre à profit un long extrait de la Chronologie d 'Apollodore conservé dans l’Ind. Acad. Herc. de Philodème, col. 31,33 - 33, 10 (= FGrHist 244 F 59 ; voir aussi col. 23, 7- 9, où il est men tionné avec Agathoclès de Tyr, et col. 25 , 21, où l'on ne trouve que son nom , isolé dans un contexte corrompu ). Les sources grecques (voir Sext. Emp., A . M .
II 20, et H . P . I 220 ; Eusébe, P . E . XIV 4 , 16 ) transmettent pour son nom la formeXapuíons /-as , tandis que dans les sources latines (Cicéron , De orat. II
88, 360 ; Tusc. I 24, 59; Quint. XI 2 , 26 , et Pline, N . H . VII 24, 89) est attestée la forme Charmadas. Fait exception l' Index Acad. où on lit Xapuádac.
um o décrit comme L 'identification avec Charmadas is'Apollodore ndu personnagephqu e
hil z Gry , Ron 2,« p.Academicorum pphilosophorum púbel urnuwu remonte aàsmBücheler, index
Herculanensis » , dans Ind. Schol. Univ. Litt. Gryphiswald ., sem . hib ., Gryphis waldiae 1869, p. 19 , suivi par Blumas 2 , p. 120 ; les doutes de 8 J.- L . Ferrary,
tad , vo1988, ir Ć p :. 447 q sont injustifiés. Sur les 19. D 'auRome 447 ssq., e Philhellénisme et impérialisme, lablem ,mnémoniques e e cCharmadas, bfacultés N . H. v .ques dde voir Cicéron , De orat. II 360 ; Tusc . I 59 et Pline, N . H . VII 24, 89. D 'autres identifications possibles, moins vraisem
blables, sont énumérées par Jacoby, FGrHist II D , p. 743. La chronologie de Charmadas est difficile à établir. Il est né en 168 /7 . A 22 ans, sous l'archontat d 'Aristophante (146 / 5), il vint à Athènes, où il fut pendant 7 ans l'auditeur de
Carneade. Il vécut plus longtemps que Clitomaque (mort en 110 /9 ). On a déduit avec vraisemblance du témoignage de Cicéron , De orat. II 360 , qu ' en 91° il était
déjà mort (cf. Ferrary 8, p. 472 n . 122 ; pour les dates des archontes, j'adopte les conclusions de 9 Chr. Habicht, « The eponymous archons of Athens from 159/8
to 141/0 B .C . », Hesperia 57, 1988, p. 137-147, notamment p . 244). Il enseigna à Athènes après avoir ouvert une école au Ptolemaion et eut de nombreux disci
ples (dans l’Ind. Acad. Herc ., col. 35, 35 sq., sont mentionnés Diodore (- D 125), stratège d 'Adramyttion , et un certain Apollodore de Tion (» A 251]). Sextus Empiricus (H .P. I 220, cf. Eusèbe, P . E. XIV 4, 16 ) l'associe à Philon de
Larisse comme fondateur de la « Quatrième Académie » (cf. Glucker 4 , p. 109 111,et Tarrant 6 , p . 34 sq .). Cicéron, qui connaissait bien sa pensée, est utile pour reconstruire ses idées concernant la rhétorique (Cic., De orat. I 84-93. Voir Dal Pra 3 , p . 296 , Tarrant 6 , p . 34-40) : Charmadas était du côté de Clitomaque [- C 149 ] dans la lutte
contre la rhétorique courante au profit d'une rhétorique philosophique. L 'hypo thèse de Glucker 4 , p. 110 , et n . 4 , qui propose de suivre en Cicéron, De fin. V 4 , la conjecture de Valesius Charmadas plutôt que la leçon manuscrite Carneades
adoptée à partir de Madvig , a été rejetée par Ferrary 8 , p . 472 n. 122. (Voir aussi l' étude récente de E . Schütrumpf, « Cicero De Oratore I and Greek philo sophical tradition » , RHM 133, 1990 , p. 310 -321.
S . F .)
TIZIANO DORANDI.
CHARMIDÈS
299
101 CHARMANDROS RE2
Sénèque cite, dans ses Questions naturelles (IV (VII) 5, 3), un certain Charmander qui rapportait dans un ouvrage consacré aux comètes (de cometis ) qu '« Anaxagore (DK 59 A 83] observa dans le ciel une lumière considérable et insolite , de la grandeur d'une grosse poutre , et que ce météore brilla pendant plusieurs jours» (trad . P. Oltramare). L 'ouvrage semble s'inscrire dans la tradi tion philosophique de réflexion sur les comètes plutôt que dans la tradition purement astrologique. Cf. H . Gundel, art. « Kometen » , RE XI 1, 1921, col. 1143- 1193, notamment, sur Charmandros, col. 1144 ; voir aussi A . Rehm , « Das siebente Buch der Naturales Quaestiones des Seneca und die Kometen theorie des Poseidonios » (1921), repris dans G . Maurach (édit.), Seneca als
Philosoph, coll. « Wege der Forschung » 414, Darmstadt 1975, p. 228 -263. 0 . Gruppe, Die griechischen Culte und Mythen in ihren Beziehungen zu den orientalischen Religionen , Leipzig 1887, t. I, p. 433 n . 2 , a proposé d 'identifier cet auteur à Chérémon (- C 91), auquel Origène, Contre Celse I 59 (fr. 3 van der Horst), attribue un Mepi xount@ v . L ' identification est rejetée par H .-R . Schwyzer, Chairemon, coll. « Klassisch philologische Studien » 4 , Leipzig 1932, p .63, et par P . W . van der Horst, Chaeremon,
Egyptian Priest and Stoic Philosopher. The fragments collected and translated with expla natory notes, coll. EPRO 101, Leiden 1984, p. 53. En revanche, un rapprochement mérite d ' être envisagé, même si l'identification reste indémontrable , avec un mathématicien Char
mandros cité par Pappus, Synagogè VJI 24 (t. II, p .664, 9 Hultsch).
RICHARD GOULET.
102 CHARMIDÈS RE 2
Fya
Charmide (Davies, APF, n° 8792 IX ) est le fils que Glaucon eut avec la scur
de Pyrilampès (celui qui deviendra le second époux de la mère de Platon) ; c 'est donc le frère de Périctionè, la mère de Platon qui épousa son oncle maternel ( A . S. Henry, « Charmides, son of Glaucon » , RhM 117, 1974, p. 360-362), et l'oncle de Platon.
Arbre généalogique de la famille de Charmide. Critias (520?) Glaucon (489) o (fille)
Callaischros (490 )
Pyrilampès oo Périctionè
Critias (460-403) Ariston oo Périctionè (459) Charmide(450²-403) le tyran
Platon (427- 348)
Cf. 1 J. Kirchner, PA II, 15512 ; 2 W . Judeich, art. « Charmides » 2 , RE III 2 , 1899, col. 2174 ; 3 H . Dörrie, art. « Charmides» 1, KP I, 1969, col. 1138 ; 4 0 . Aurenche, Les groupes d 'Alcibiade, de Léogoras et de Teucros. Remarques sur
la vie politique athénienne en 415 av. J.-C ., Paris 1974, p .89- 90 , 104, 106. Les témoignages sur Charmide sont commodément rassemblés dans G . Giannantoni,
SSR VI B 22-28, t. II, p.633.
300
CHARMIDÈS
Charmide, qui intervient dans plusieurs dialogues de Platon et chez Xéno phon , est qualifié de « beau » (xarós, Platon, Charmide 155 a) en 432 ou peu
après (date dramatique du Charmide) et pourrait, le terme ne pouvant désigner dans le contexte qu ’un très jeune homme, être né vers 450 . Puisque son cousin ,
Critias , est son tuteur en 432 (Platon , loc. cit. 155 a ), cela signifie , semble- t-il, que Glaucon est déjà mort à cette époque. Par ailleurs, le fait que Critias s'ac quitte de cette charge, et non son père Callaischros, pourrait être l'indice que
Callaischros était mort avant 432 ;mais on ne comprend pas très bien pourquoi Pyrilampe n 'est pas mentionné. En dépit des exhortations que lui prodigue Socrate (Xénophon , Mémorables III 7 ), Charmide n 'intervient dans les affaires
de la cité que vers l'âge de 45 ans, lorsqu 'il est l'un des Dix qui, au Pirée en
404-403, appuient l'action des Trente , au nombre desquels se trouve Critias. Il trouve la mort en pleine guerre civile en 403, au combat de Mounychie
(Xénophon, Helléniques II 4 , 19). Dans le Protagoras, Charmide fait partie du groupe quientoure Protagoras: « Quand nous fûmes entrés , nous trouvâmes Protagoras qui se promenait sous
les portiques, accompagné et suivi dans sa promenade, d'un côté par Callias ( - C 16 ), le fils d ’Hipponicos, par le frère que Callias avait de sa mère, Paralos, fils de Périclès, par Charmide, le fils de Glaucon, et, de l'autre côté, par Xanthippe, l'autre fils de Périclès, par Philippide, le fils de Philomélos, par
Antimoïros de Mendé, qui est précisément le plus réputé des élèves de Protagoras» (Protagoras 314e - 315a). Cela dit, à la fin de l' éloge qu 'il fait de Socrate dans le Banquet, Alcibiade ( - A 86 ) insiste sur l' attachement dont fit preuve Charmide à l'égard de Socrate : « Voilà , messieurs, en quoi je loue
Socrate , et pour ce quiest, d 'autre part, demes griefs envers lui, je les ai entre mêlés, en vous disant ses insolences envers moi; dontmoi-même je n 'ai pas été
la seule victime, mais aussi Charmide, le fils de Glaucon , et Euthydème, le fils
de Dioclès, et d 'autres en très grand nombre, que cet homme-là a dupés en se donnant pour leur amant, alors que, lui, c 'est plutôt, au lieu du rôle d 'amant, celui de bien -aimé qu 'il a pris ! » (Banquet 222 a-b). Le Charmide illustre à merveille lesmots d ’Alcibiade. Dans le Charmide, les interlocuteurs sont au nombre de quatre : Charmide, Critias, Chéréphon ( C 109) et Socrate. Mais Chéréphon, souvent mentionné
parmi les familiers de Socrate , n 'apparaît ici brièvement que dans le préambule
(153 a-b ), avec ses traits distinctifs: son attachement à Socrate et sa nature impulsive. Il bondit pour exprimer à Socrate sa joie de le voir revenir sain et sauf du siège de Potidée : la ville de Potidée, colonie corinthienne entrée dans la confédération attique, qui avait refusé de se plier à certaines exigences d 'Athè nes, était alors assiégée. L 'armée athénienne, commandée par Callias, y rem porta une victoire coûteuse, au cours de laquelle périt Callias (- C 15 ), fils de
Calliadès ( Thucydide I 62 -63). Socrate y sauva la vie d 'Alcibiade (Banquet
221 a).
Le Charmide porte sur la owopooúvn, terme que nous pourrions traduire en français par « tempérance » , « modération » , « retenue» . Au cours du préambule
CHARMIDÈS
301
( 153 a - 155b ) est mentionné le lieu de la scène, la palestre de Tauréas, et sont présentés les divers interlocuteurs . Après une causerie préliminaire (155 b
158 e) où se révèle la modestie charmante de Charmide, la discussion propre
ment dite s'engage. Pressé par Socrate, Charmide donne en rougissant trois définitions de la ow pooúvn : agir posément (159 a - 160d), la réserve (160d - 161b ) et faire les choses qui sont nôtres ( 161b - 162b ) . Cette dernière définition est de toute évidence celle de Critias. Voilà pourquoi, comme Socrate la réfute encore,
Charmide jette à Critias un regard l'invitant à se défendre lui-même. Piqué au vif , Critias entre dans la discussion ( 162c- 173 a ). La discussion devient plus
savante, plus pénétrante , car Critias, qui est dans la trentaine,met en évidence son assurance d 'homme qu'ilmêle à son aisance d'homme politique. Comme la dernière définition s 'est écroulée sous les critiques de Socrate , il propose alors deux autres définitions : se connaître soi-même (164c- 166b ) et la connaissance
des autres et de soi-même ( 166b - 173 a ). Au cours de sa critique de cette dernière définition , Socrate soulève des problèmes de première importance sur le plan de l'épistémologie : comment
peut-on savoir qu'on sait ou qu'on ne sait pas ? peut-il y avoir un savoir du bien et du mal ?
L 'entretien s'achève sur une conclusion négative , en apparence en tout cas (173 a - fin ). Aucun des trois interlocuteurs n 'a été en mesure de définir la
owopooúvn. Cependant, Socrate estime que Charmide possède cette vertu. Et Critias, après toutes ces disputes, est le premier à conseiller à Charmide de ne jamais abandonner la compagnie de Socrate . Charmide n'a pas besoin qu'on l’y oblige pour se conformer au conseil de son tuteur. On a souvent fait remarquer qu 'il était pour le moins paradoxal de mettre dans la bouche de l'un des Trente à Athènes (Critias) et de l'un des Dix au Pirée (Charmide) cette discussion sur la vertu qui doit caractériser l'ensemble des
citoyens non seulement dans la République, mais aussi dans tous les autres dialogues où le problème politique est abordé, une vertu qui est une vertu du temps de paix , par opposition au courage qui est une vertu du temps de guerre , comme on le voit dans le Politique.
En faisant de Charmide un participant à son Banquet, Xénophon aurait commis, par ailleurs , une double confusion qui présente un certain intérêt. Voici ce qu 'il fait dire à Charmide, qui vante la pauvreté qui est maintenant la sienne :
« Mais maintenant que je suis privé des biens que je possédais à l' étranger, que je n ' ai plus les récoltes de mes propriétés d 'Attique et que mon mobilier a été vendu, je goûte , bien allongé surma couche, un délicieux sommeil ; j' ai gagné la confiance de la cité. (...) Naguère aussi je payais un tribut au peuple , maintenant
c 'est la cité qui me paye tribut et m 'entretient» (Banquet IV 31-32). Comme il doit s'agir là d 'une référence au désastre de 414 , et comme la date dramatique du Banquet est 421, il y a anachronisme; de plus, suivant J. K . Davies, APF , le Charmide qui fut condamné en 414 n ' était pas le cousin de Critias, mais un autre
Charmide, le fils d'Aristote ; avis qui n 'est pas partagé par Aurenche (4 , p. 89
302
CHARMIDÈS
90) , lequel croit que les problèmes évoqués par Charmide résultent pour une
bonne part de cette condamnation . On trouve des mentions de Charmide dans deux dialogues attribués à Platon . Dans le Théagès (128 d - 129 a ), Socrate donne comme exemple du fait que son « daimonion » n 'intervient que pour détourner d'un projet soit lui-même soit un de ses amis, une question posée par Charmide : doit-il s 'exercer pour participer au jeux Néméens ? Et dans l'Axiochos ( 364a), Damon (- D 13) , le musicien , et
Charmide accompagnent Clinias, dont le père , Axiochos, est mourant, et qui court dans la direction de la fontaine de Callirrhoé, lorsque Socrate qui se trouve près de l' Ilissos va à leur rencontre .
LUC BRISSON .
103 CHARMIDÈS (Xapuloas)
Miva ?
Philosophe, destinataire d 'une lettre pseudépigraphe de Diogène le Cynique [- D 147 ] (Epist. 50). Diogène lui reproche indirectement les sophismes et les énigmes dans lesquels se complaît son élève Eurémôn , qui vient de se lancer sans grande vertu philosophique dans un conflit l'opposant à son père sur une question de biens de famille . Texte grec et traduction anglaise de B . Fiore dans
A .J. Malherbe (édit.), The Cynic epistles. A Study edition , coll. « Society of Biblical Literature - Sources for Biblical Study » , 12,Missoula [Montana) 1977, p . 180 -181. MARIE -ODILE GOULET-CAZÉ.
104 CHARMIDÈS RE 3
Iva/IIIa Philosophe épicurien , ami d 'Arcesilas (~ A 302), au témoignage de Cicéron ,
De fin . V 95 (= Arcésilas T 24 Mette ). L 'autre témoignage que H . Usener,
Epicurea, p. 151 sq. (fr. 170. Cf. H . von Arnim , RE III 2 , 1899, col. 2175), avait cru retrouver dans un passage du De libertate dicendi de Philodème (PHerc. 1471, fr. 49, p . 23 Olivieri), provient d ' une falsa lectio.
TIZIANO DORANDI. via 105 CHARONDAS DE CATANE RE 1 Législateur, selon Aristote , Politique 1274 a 22-25 , de Catane et des autres cités chalcidiennes d ' Italie et de Sicile.
Témoignages et fragments : 1 H . Thesleff, The Pythagorean Texts, p . 59,20 -67,37. Selon Aristote (1274 b5-8), il n 'y avait rien de spécial dans les lois de Charondas, qui brillaient quand même par leur précision , sinon dans les dispo
sitionsrelatives aux procès pour faux témoignage. L 'antique constitution aristo cratique de Rhégium est attribuée à Charondas (Héraclide, FHG II 219). Chez Porphyre, Vie de Pythagore 21, et Jamblique, V . pyth . 7, 33 ; p. 19,22 - 20, 4 Deubner, il est dit que Pythagore aurait donné des lois aux cités de l'Italie méridionale par l'intermédiaire de Charondas et de Zaleucos. Selon Diodore de
303
CHARONDAS DE CATANE
Sicile XII 11, Charondas aurait été choisi comme législateur par les habitants de Thourioi (fondée en 444 av. J.-C .). Il est mentionné parmi les jeunes disciples du vieux Pythagore chez
Jamblique, V. pyth . 23, 104 ; p .60, 4 Deubner , et il est dit pythagoricien en 27,
130 ; p. 73, 22-24 ; voir aussi Diogène Laërce VIII 16 (Aristoxène, fr. 43 Wehrli); Sénèque, Epist. 90, 6. Son nom figure dans le Catalogue de Jamblique, V . pyth . 36 , 267 ; p . 146 , 12 Deubner. La tradition qui fait de Charondas un
pythagoricien n 'est cependant probablement pas antérieure à l'époque hellé
nistique. Voir 2 M .Mühl, « Die Gesetze des Zaleukos und Charondas», Klio 22, 1929, p . 105 , 432 . Un intermédiaire en ce sens est Aristoxène ; cf. fr. 43 (voir F .
Wehrli, Aristoxenos, coll. « Die Schule des Aristoteles» 2 , Basel, 2e éd ., 1967, p . 51).
Aristote (Politique 1274 a ) fait état d'une succession de maîtres à disciples entre Onomacritos, Thalès, Lycurgue et Zaleucos, Charondas ; Charondas serait dans cette perspective le disciple de Zaleucos. Pour des raisons chronologiques,
Aristote exprime toutefois des réserves sur l'authenticité de cette succession.
Diodore XII 19 (p. 67,29-37 Thesl.) raconte les circonstances de sa mort : Charondas fut surpris en train de se promener avec un couteau, contrevenant
ainsi à ses propres lois ; accusé par ses adversaires, il se serait donné la mort en
se transperçantavec le couteau. Sous le nom de Charondas a été transmis , chez Stobée IV 2, 24 , des Ilpoolula vouwv apocryphes ( p . 60 ,7 -63, 7 Thesl.), dont le premier paragraphe est en dialecte dorien. Traduction française et commentaire dans 3 A . Delatte ,
Essai sur la politique pythagoricienne, Liège/Paris 1922, p. 195-202. Traduction anglaise partielle de T . Taylor dans The Pythagorean Sourcebook and Library. An Anthology of ancientwritings which relate to Pythagoras and Pythagorean philosophy. Compiled and translated by K . S . Guthrie with additionnal transla tion by T . Taylor and A . Fairbanks, Jr. Introduced and edited by D . R . Fideler, with a foreword by J. Golwin , Grand Rapids (Michigan ) 1987, p. 231-233, et
philosoph. Taylor ang.Golwin
Navon, p.64-65. Date : V -IV selon Delatte 3, p. 182-188. Selon 4 H . Thesleff, An Introduction to the Pythagorean Writings of the Hellenistic Period, Åbo 1961, p. 111, le caractère superficiel de la coloration dialectale dorienne mon trerait qu 'il devait exister une version antérieure des Ilpoolula dans la langue de la koinè, remontant au IV - III s. av. J.- C ., tandis que la réécriture en dialecte dorien serait postérieure à la guerre entre les Romains et Hannibal.
Cicéron , De legibus III 2, 5, cite un précepte emprunté à la constitution de Charondas, stipulant qu 'il faut non seulement obéir aux magistrats,mais encore les honorer et les aimer ; il est probable que la source était le traité transmis par Stobée (cf. p .61, 16 -19 Thesl.)
Chez Diodore XII 11- 18 (p. 63, 13 -67,37 Thesl.), on trouve un extrait tiré d 'un corpus de lois attribué à Charondas, probablement une version hellénistique
de ses Lois. BRUNO CENTRONE.
304
CHEILAS DE MÉTAPONTE
106 CHEILAS DE MÉTAPONTE Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique ,
V . pyth . 36 , 267 ; p. 144, 2 Deubner. Il faudrait lire Meanolaç selon C . Keil, Analecta epigraphica et onomatologica , Lipsiae 1842, p. 228 sqq .
BRUNO CENTRONE. 107 CHEILON DE SPARTE Père de la pythagoricienne Cheilonis, selon le Catalogue de Jamblique, V. pyth . 36 , 267 ; p. 146 ,21 Deubner. Il faut sans doute l'identifier avec l' éphore spartiate Ch(e )ilon qui figure parmi les sept Sages . BRUNO CENTRONE.
108 CHEILONIS RE 2 Pythagoricienne, fille de Cheilon de Sparte. Son nom figure dans le Cata logue de Jamblique, V . pyth. 36 , 267 ; p . 146, 21 Deubner. BRUNO CENTRONE.
109 CHÉRÉPHON DE SPHETTOS (Xaipep@ v) RE 2
Fya
Chéréphon d 'Athènes était du dème de Sphettos. Ce fut un contemporain et un compagnon de Socrate , un ami d ' enfance même (Apologie 21a). Démocrate concaincu , il dut, en 404, partir en exil pour échapper aux Trente , mais il revint en 403. Lors du procès de Socrate en 399, il n ' était plus en vie .
Comme son frère Chérécrate [- C 89] (Xénophon, Mémorables I 2 , 48), Chéréphon , qui avait un caractère emporté (Charmide 153a -b , cf. Apologie 21 a ), fut un ami et un admirateur de Socrate (Gorgias 447 b - d , 458c) . Il est d' ailleurs surtout connu comme celui qui aurait interrogé l’Oracle de Delphes sur Socrate (sur l'historicité de cette consultation , cf. M . Montuori, « Nota sull'oracolo a Cherefonte » , QUUC 39, 1982, p . 113 -118 ; la controverse remonte à l' Antiquité, cf. Plutarque, Adv. Col. 17, 1116e; Athénée V , 218c; Scholie à Aristophane, Nuées 144). Aristophane le met en scène dans les Nuées (144 -164) : on le retrouve discutant avec Socrate des performances et de cer taines caractéristiques de la puce et du cousin (l' insecte ). Lorsqu 'il évoque son physique, Aristophane assimile habituellement Chéré phon à une « chauve- souris » . Dans l'Odyssée XXIV 6 , le cri de la chauve- souris
est comparé aux sons que profèrent les fantômes et son vol à leur mode de déplacement. Or, par son teint blême (Nuées 104 ; Oiseaux 1296 ) , Chéréphon devait faire penser à un fantôme. Continuant sur cette lancée, le poète comique
compare, dans les Guêpes (1408 -1413), le teint d'une marchande blême de colère au teint de moribond de Chéréphon .
Chéréphon était d 'un tempérament impétueux. Voici d 'ailleurs comment en parle Socrate lors de son procès, après avoir précisé que c 'est un ami de jeunesse
et surtout que sa fidélité à la cause démocratique lui avait valu l' exil : « Vous savez également quelle sorte d 'homme était Chéréphon, quelle impétuosité
CHION D 'HÉRACLÉE
305
(opodpóc) il mettait dans tout ce à quoi il se portait » (Apologie 21 a, cf. aussi Xénophon , Apologie 14 ). Au début du Charmide, Platon décrit ainsi l'accueil
fait par Chéréphon à un Socrate quirevient du siège de Potidée : « Enme voyant à l'improviste y pénétrer (scil. dans la palestre de Tauréas), aussitôt, chacun de sa place, ils me faisaient bonjour à distance.Mais Chéréphon , comme un fou qu 'il est (uavixóc ), bondissant hors de son cercle, courait vers moi: " Socrate , me dit- il en me prenant la main , comment as-tu pu sortir, sain et sauf, de la
bataille ?”' » (Charmide 153 b). Dans le Gorgias, Chéréphon paraît représenter la partie de l'opinion publique athénienne favorable aux thèses les moins paradoxales de Socrate . Le dialogue se tient dans la demeure de Calliclès (~ C 17), où réside Gorgias, le rhéteur
sicilien . C ' est donc chez lui qu'arriventSocrate et Chéréphon, où ils retrouvent Gorgias, Polos et Calliclès. Leur intention est de s'entretenir avec Gorgias et d'apprendre de lui en quoi consiste la rhétorique qu ' il prétend enseigner. Chéréphon pose les questions,mais Gorgias n 'a pas le temps d'y répondre , car Polos, lui aussi orateur et grand admirateur de Gorgias, s'interpose. Il se met à faire l'éloge de l'art enseigné par Gorgias. Socrate intervient et critique Polos ; il demande à Gorgias de répondre en personne. Polos et Chéréphon se retirent. La discussion commence entre Gorgias et Socrate . Chéréphon n 'interviendra que deux autres fois ; en 458c, pour exprimer son désir de voir la discussion se poursuivre ; et en 481b, lorsque Calliclès s'adresse à lui pour lui demander :
« Dis-moi, Chéréphon, est-ce que Socrate parle sérieusement ? est-ce qu 'il plaisante ?» Dans sesMémorables (II 3), Xénophon nous décrit l'intervention de Socrate qui apaise une querelle entre Chéréphon et Chérécrate en rappelant quelle valeur
il faut accorder à la relation entre frères. Le corpus pseudépigraphe des lettres des socratiques comprend une lettre dans laquelle Socrate recommande à Xénophon (lettre 2 ) le philosophe Chéréphon , choisi par Athènes comme ambassadeur dans le Péloponnèse. Texte grec et traduction anglaise par S . Stowers
dans A . J.Malherbe (édit.), The Cynic Epistles. A study edition, coll. « Society of Biblical Literature - Sources for Biblical Study » 12 ,Missoula (Montana) 1977, p . 226 -227.
Cf. J. Kirchner,PA II 15203 ; P.Natorp, art. « Chairephon » 2, RE III 2, 1899, col. 2028 ; H . Dörrie, art. « Chairephon », KP I, 1964, p. 1121; tous les témoi
gnages sont commodément rassemblés dans G . Giannantoni, SSR VI B 11 -21, t. II, p .632-633. LUC BRISSON .
110 CHION D 'HÉRACLÉE RE 2 mort en 3528 Philosophe académicien ,mort en 352, en assassinant le tyran d'Héraclée -du Pont, Cléarque ( C 140) .
Sources biographiques . Elles ont été commodément regroupées par 1 I. Düring, Chion of Heraclea. A novel in letters. Edited with introduction and commentary, Index verborum , Index nominum , coll. « Acta Universitatis Goto burgensis » 57, 1951 (5 ), p. 9- 13. Parmi celles-ci, un fragment important de Memnon , FHG III 526 , rapporte que Chion estmort en assassinant son parent, le
CHION D 'HÉRACLÉE tyran Cléarque, ancien disciple de Platon et d 'Isocrate . Chion, fils de Matris, lui même disciple de Platon , fut aidé dans sa tâche par Léon et Euxénon ( selon Élien, fr. 86 Hercher = Souda s.v. Kéapxos, par Léonidès et Antithéos [~ A 219]). École philosophique. Chion est cité dans l'Ind. Acad. Herc., col.6 , 13 306
(p . 135 Dorandi) ; les sources le désignent unanimement comme disciple de Platon . Euvre. Sous son nom nous est parvenue une collection de dix-sept lettres,
toutes adressées à Matris, à l'exception des Lettres 9, 16 et 17. Les destinataires de ces lettres sont un certain Bion , Cléarque et Platon . Édition . L' édition de référence est celle de Düring 1. Ce corpus de lettres est généralement considéré commeun roman épistolaire (voir Düring 1, p. 7, et 2 I. Lana, « La lotta al tiranno nel Epistolario apocrifo di Chione di Eraclea » , PPol 7, 1974, p . 265-275, surtout p. 265). Mis à part 3 Q . Cataudella , « Sull'autenticità delle Lettere di Chione di Eraclea » , MAL 24 ,
6 , 1980, p.649-751, les philologues voient dans cette æuvre un écrit apocryphe du jer s. ap. J.-C . (cf. Düring 1, p. 16 , et Lana 2, p . 265).
L 'orientation philosophique des Lettres est plus discutée . Selon Düring 1, p .21, « the philosophy of these letters is essentially Platonism » , tandis que pour Lana 2, p. 270 -275, l' influence du stoïcisme impérial est prédominante. Pour Chion la philosophie est inséparable de la politique, et peut conduire au tyran
nicide. Lana 2 , p. 267, dégage bien la pensée philosophique des Lettres. Les Lettres peuvent fournir quelques indications biographiques supplémen taires. Chion aurait rencontré Xénophon à Byzance et aurait découvert en lui un
modèle (Ep. 3). Il aurait doté d 'un talentla nièce de Platon qui épousa Speusippe
(Ep. 10 ). Son séjour à l'Académie aurait duré cinq ans (Ep. 11). Voir aussi K . Gaiser, Philodems Academica, Stuttgart/Bad Cannstatt 1988, p. 448 ; A . Billault, « Les Lettres de Chion d 'Héraclée » , REG 90 , 1977, p . 29 -37 ; D . Konstan et Ph .
Mitsis, « Chion of Heraclea : a philosophicalnovel in letters » , Apeiron 23, 1990 , p . 257-279 ; P . Robiano, « Cotys le Thrace : Anachronismes, onomastique et fiction dans les Lettres de Chion d'Héraclée » , REG 104 , 1991, p . 568 -573.
PATRICK ROBIANO.
111 CHIONÈ
Μ ΙΙΙ
Chione (Porphyre, Vie de Plotin 11, 3), veuve respectable qui, avec ses enfants , habitait sous le même toit que Plotin , c'est-à-dire chez une certaine
Gémina, en qui on a proposé récemment de reconnaître Afinia M . F . Gemina Baebiana, veuve de l'empereur Trébonien (cf. H . D . Saffrey, « Pourquoi Por phyre a-t-il édité Plotin ?» , dans L . Brisson et alii, Porphyre, La Vie de Plotin , t. II, Paris 1992, p . 32).On peut dès lors penser que cette Chione fait partie de ce groupe dont Porphyre dit : « Il y avait autour de lui (= Plotin ) des femmes fort
attachées à la philosophie » ( V. P. 9, 1-2), même si ne sont mentionnés que les noms deGémina mère , Gémina fille et Amphicléia .
CHONUPHIS DE MEMPHIS
307
Pour illustrer les dons de clairvoyance du maître , Porphyre , dans ce chapitre (V . P ., 11, 1 -8 ), raconte comment Plotin élucida le vol d'un collier de prix qui
appartenait à Chionè.
Cf. L . Brisson, « Prosopographie » , dans L . Brisson et alii, Porphyre, La Vie de Plotin, t. I, Paris 1982, p . 113.
LUC BRISSON . 112 CHONUPHIS DE MEMPHIS
DIV
Prêtre égyptien connu par quatre mentions d 'auteurs grecs (une de Diogène
Laërce VIII 90 , lequel cite Favorinus ; une de Clément d' Alexandrie , Strom . I 15 , 69 ; deux de Plutarque : De Iside et Osiride 10 , 354e, et De genio Socratis 7, 578f- 579 a ). Les trois premiers textes sont des témoignages qui présentent Chonuphis comme le maître (ou plutôt l'un des maîtres) d'Eudoxe de Cnide : à ce titre, ils figurent parmiles testimonia qui ouvrent l'ouvrage de 1 Fr. Lasserre, Die Fragmente des Eudoxos von Knidos, coll. « Texte und Kommentare» 4 ,
Berlin 1966 (Diog. Laert. = T 7, Plut., De Is. et Os. = T 17 , Clem . Alex. = T 18 ). Le quatrième texte , partiellement repris (dans 1, p . 21: D [ = Doctrina] 26 ) parmi les Tewletpoúueva d 'Eudoxe, est examiné ici-même, plus bas. De Chonuphis , Clément dit seulement qu 'il était égyptien ; Favorinus ( cité par Diogène Laërce)
le présentait comme originaire d 'Héliopolis ; selon Plutarque, il était originaire de Memphis.
Le nom de " Chonuphis”, résultat de la transposition en langue grecque d 'un anthroponyme égyptien , apparaît sous des formes diverses: Kovovois (ainsi dans les mss de Clément d 'Alexandrie ), KÉvovous , Xóvovois (cf. 2 K . Sethe ,
art. « Chonuphis » , RE III 2 , 1899, col. 2373). Mais il est bien établi que ces formes correspondent à un nom authentiquement égyptien ; on sait, en outre, que ce maître d 'Eudoxe pouvait effectivement être originaire deMemphis, puisque l'existence de ce nom dans cette ville est attestée sur une stèle datant peut- être de la période de domination perse sur l'Égypte : sur cette question, cf. 3 J.Gwyn Griffiths, Plutarch ' s De Iside et Osiride. Edition , with introd ., transl. & commentary , Univ . of Wales Press, 1970, p . 286 et les références données dans la n . 3 .
On doit considérer séparément le passage de Plutarque, De gen . Socr. 7 , 578f- 579 a , où Chonuphis est présenté comme un « prophète » , mais où il n 'est
fait aucune mention d’Eudoxe : dans ce texte, les souvenirs que Plutarque prête à Simmias montrent Chonuphis employant son temps, à Memphis, en des entre tiens philosophiques, en compagnie de Simmias lui-même, de Platon et d 'Hello pion de Péparèthos (ovuoioOODOŪVTES OLETplBoyev évà xai nạátwv xai ‘Emoniwv ó Tetapnouoc ). Dans le cadre de ces entretiens, Chonuphis aurait été consulté sur la signification de signes d 'écriture qu 'un émissaire , le Spartiate
Agétoridas, lui avait apportés à Memphis de la part du roi Agesilas. Il se serait alors montré capable non seulement de reconnaître l' alphabet qui permettait de
déchiffrer l'inscription (un alphabet « en usage sous le règne de Protée , et connu d 'Héraclès» ),mais aussi d 'en comprendre la signification cachée : cette inscrip
308
CHONUPHIS DE MEMPHIS
tion prescrivant aux Grecs de célébrer des concours en l'honneur des Muses, Chonuphis leur dit qu' il fallait y voir une invitation à déposer les armes et à ne
plus user que de joutes philosophiques. C ' est en prenant exemple sur la perspi cacité manifestée par Chonuphis en cette circonstance que Platon , à son retour d 'Égypte, aurait expliqué aux Déliens un oracle (lié au problème de la dupli cation du cube) dont la signification leur restait obscure à cause de leur igno rance en matière de géométrie. En dehors de cette anecdote, qui n 'est peut-être qu 'une fiction tardive desti née à illustrer la sagesse de Chonuphis, on ne connaît aucune doctrine précise
qui soit attribuable à ce personnage. S'il doit être réellement compté au nombre des maîtres d 'Eudoxe, on peut se demander quel a pu être le contenu de son " enseignement" auprès de celui-ci. On sait qu ’Eudoxe, s'il est resté célèbre surtout comme astronome et mathématicien , avait aussi composé une æuvre de
géographe et d 'ethnographe intitulée rñs neplodoç (= fr. 272-373 Lasserre , dans 1 p . 96 - 127), dans laquelle il décrivait et expliquait divers phénomènes naturels relatifs à l'Égypte , telles les crues du Nil, et où il traitait de certaines
croyances religieuses des Égyptiens : cf. 4 G . Méautis, « Eudoxe de Cnide et l'Égypte » , RPh 43, 1919, p. 21– 35 ; 5 F. von Bissing, « Eudoxos von Knidos : Aufenthalt in Ägypten und seine Übertragung ägyptischer Tierfabeln » , Forschungen und Fortschritte 25, 1949, p. 225 -230 ; 6 J. Gwyn Griffiths, « A translation from the Egyptian by Eudoxus (Diog. Laert. 8.89) » , CQ 15 , 1965,
p. 75-78. Sur ces sujets (géographie et surtout religion de l'Égypte ), la source d'information d 'Eudoxe a pu être, entre autres, Chonuphis. Il est à remarquer que, dans les trois témoignages grecs présentant Chonuphis comme le maître d'Eudoxe, la relation demaître à disciple entre ces deux figures s' inscrit à l'inté rieur d'un ensemble quiprésente plusieurs grandes figures de la pensée grecque comme étant venues puiser leur sagesse auprès des prêtres égyptiens : chez Plutarque, Eudoxe précède Solon et Pythagore (Solon est donné comme élève de
Sônkhis de Saïs, Pythagore comme élève d'Oinouphis d'Héliopolis ; sur le fait qu'il s'agit bien là de formes correspondant à des noms authentiquement égyptiens, cf. J. Gwyn Griffiths 3, p. 75) ; chez Clément, Eudoxe vient après Pythagore et Platon (Pythagore est donné comme l'élève de Sônkhis, « le grand
prophète des Égyptiens» , Platon comme l' élève de Sechnouphis d 'Héliopolis). Il semble donc que la relation entre Chonuphis et Eudoxe de Cnide doive être appréciée dans le cadre de ce que l'imaginaire des Grecs s 'est plu à rapporter à
la “ sagesse” égyptienne, notamment en matière d'eúpnuata utiles à l'humanité et de connaissances se rapportant aux choses divines; à ce sujet, cf. 7 Chr. Froidefond , Le mirage égyptien dans la littérature grecque, d'Homère à Aristote (thèse Univ. de Paris, 1967],Gap 1971: voir en particulier les p . 159
161 sur la tradition du “ voyage d'étude” en Égypte qu'auraient accompli les grands penseurs de la Grèce (Solon, Thalès, Pythagore ), tradition qui remonte au
moins au livre II d'Hérodote ; y ajouter les références données par 8 Chr. Froidefond, note à son édition de Plutarque, de Is. et Os. 10 (= note 2 p. 185,
reportée p. 261), CUF, Paris 1988.
JEAN -MARIE FLAMAND .
CHOSROÈS
309
VI 113 CHOSROÈS PLRE II : Vingtième souverain de la dynastie sassanide de l'Iran (531-578/9 ): modèle
du roi juste et sage selon la tradition arabo -persane unanime et dans l'historio graphie syriaque nestorienne, protecteur de philosophes et savants de toutes origines et confessions, dédicataire d'au moins trois traités (conservés) de philo sophie grecque. Graphies et transcriptions de son nom : lat./gr. Chosroes/ Xoopóns ; mp. Hwslwy, Husraw , « le renommé» ; syr.Kosro, Kõsro ; ar. Hosro,
Kisrā ; persan : Xosro/Xosrow . Sources biographiques et cuvres attribuées. Fils et successeur de Kavād (498/ 9 – 531), contemporain de deux empereurs
byzantins : Justinien (527 -565) et Justin II (565 – 578 ), Chosroès, qu 'on sur nomma Anõšervān , « à l'âme immortelle » , pour le distinguer de son petit-fils, Chosroès (II) dit Parvēz, mp. Abarvēz, « le victorieux » (591 -628), ouvre la période la plus brillante des rois sassanides.
Aperçus sur le règne et la personnalité du Roi dans l'iranologie moderne : 1 Th. Nöldeke, Geschichte der Perser und Araber zur Zeit der Sassaniden, Leiden 1879, p. 160 n. 3 (« certainement un des rois les meilleurs et les plus capables que les Perses aient jamais eus » ) ; 2 A . Christensen , L 'Iran sous les Sassanides, Copenhague et Paris 1936 , p . 358 -435 ; 2e éd ., ibid ., 1944 , p . 363 440 (« la grande époque de la civilisation littéraire et philosophique en Iran » ; exposé d'ensemble non remplacé) ; 3 R . C . Zaehner, Zurvan . A Zoroastrian Dilemma, Oxford 1955, p . 47-50 (« seeking a via media between religion and philosophy or science » ) ; 4 J. Duchesne-Guillemin , La religion de l'Iran ancien , Paris 1962, p . 286 - 291 (« à la fois clérical et libéral» ); 5 R .N . Frye, « The political history of Iran under the Sasanians » , dans The Cambridge History of Iran , vol. 3 (1), The Seleucid , Parthian and Sasanian Periods, Cambridge 1983, p. 153- 162 (« a tolerantmonarch in regard to religions » ). Ces jugements de l'iranologie sont dans la continuité des affirmations anciennes, selon les sources arabo -persanes. D 'après Țabari, qui tient sa docu mentation d 'un lettré iranien traducteur des chroniques pehlevies, Ibn al Muqaffa' (ob . 142 H ./759), Chosroès « chercha à répandre la justice, la bonne administration et la culture » (Ta 'rih al rusul wa-l-mulūk , t. I, p.896 -899 éd . de Leyde = t. II, p . 101-103 éd . du Caire ; Nöldeke 1, p . 160 - 167; adaptation per sane du Ta 'rih par Belami, trad . H .Zotenberg, t. II, Paris 1869, p. 219 -232). Roi modèle qui inspire la littérature apocryphe, contemporaine de son règne, mise sous le nom d' Ardašīr (voir 6 A . Christensen, Les Gestes des rois dans les traditions de l'Iran antique, Paris 1936 , p. 75- 106 ), Chosroès devient roi idéal dans le Sāhnāmede Ferdowsi, qui lui consacre 4468 distiques. Point de vue
systématiquement inverse du côté occidental: « mauvais par nature » , ntovnpòs TÒ ňooc (Procope, Anecdota XVIII 28 ; également Bella I 23, 1 et surtout II 9, 8 : « l'homme le plus cauteleux qui soit, ... par appât du gain empressé à avilir son
âme en toutes sortes de crimes» ), ainsi que dans l'historiographie jacobite : « un jeune homme bouillant, cruel et de peu de cervelle, orgueilleux et faible d'esprit» (Michel le Syrien , Chronique, X 15 , t. II/3, p. 336 Chabot).
310
CHOSROÈS
Son génie politique consista à bâtir un État fort et centralisé (qui servira de modèle au califat ‘abbaside) en entreprenant une longue série de réformes dans l'armée, l'impôt et l'administration (étude approfondie de cette dernière : 7 M . Grignaschi, « La Riforma tributaria di Hosro I e il feudalismo sassanide » ,
dans Atti del Convegno Internazionale sul Tema: La Persia nelMedioevo, coll. « Problemiattuali di scienza e di cultura » 160 , Roma, Accademia Nazionale dei
Lincei, 1971,p. 87-147). Cette politique de réformes fait l'objet d 'une énorme littérature de sagesse (en pehlevi, arabe et persan ) attribuée à Chosroès, où s'entremêlent pièces authentiques et mémoires apocryphes et qui se présente sous forme de Conseils
de la couronne, Discours royaux, Miroirs de princes, Recueils de dits dispersés
chez les écrivains arabo-persans. Étude et traduction du Kārnāmag de Chosroès, transmis dans les Tağārib al 'umam wa- 'awāqib al-himam de Miskawayh : 8 M . Grignaschi, « Quelques
spécimens de la littérature sassanide conservés dans les Bibliothèques d' Istan
bul» , JA 254, 1966, p . 1-45; Livre de la Couronne de Chosroès d'après Ibn al Muqaffa', titre mentionné par Ibn al-Nadim ( al-Fihrist, p . 132, 16 Tağaddud = Dodge, t. I, p . 260 ) et texte retrouvé dans le mss Koprülü 1608 par Grignaschi 8 ,
p. 103- 108 et 129 -135 ; version pehlevie des Conseils de Chosroès: édition et traduction (en persan ) chez 9 M . Navvâbi, « Andarz -e Xosrow -e Qobādān » , Revue de la Faculté des Lettres de Tabriz, 12, 1960 , p. 127- 144 ; dépouillement exhaustif et analyse des Recueils sapientiaux attribués à Chosroès dans la littéra ture persane classique: 10 Ch .-H . de Fouchécour, « Le Testament moral de Chosroès» , dans Ph . Gignoux et A . Tafazzoli (édit.), Mémorial Jean de
Menasce, Louvain 1974, p. 419-431 ; 11 Id.,Moralia . Les notions morales dans la littérature persane du 3°/9€ au 7°/1 ze siècle, Paris 1986, p . 38-57.
Chosroès et la philosophie. Chosroès est, à la fin du monde antique, l'uni que cas de souverain dit « barbare » , curieux de philosophie grecque et ayant des relations avec des philosophes. Une curiosité en sens inverse n 'existe pas chez
les deux empereurs-philosophes, tant vantés, de l'Empire romain : Marc Aurèle et Julien .
L 'engouement de Chosroès pour la philosophie est attesté par les sources les plus diverses. Selon Jean d' Asie , « prudent et sage, il fut toute sa vie durant
assidu à l' étude de la philosophie » (Hist. Eccl., IIIe partie , VI 20, CSCO 105 ,
p. 316 , 9- 10 Brooks) ; pour la Chronique de Séert, « c' était un savant en philosophie » , 'aliman bi-l-falsafa (II 24 ; PO , t. VII, p . 147 Scher); Michel le Syrien : « il avait lu tous les livres des philosophes » (Chronique, X 16 ; t. II/ 3 ,
p . 339 Chabot). Ces dires hyperboliques des historiens syriaques sont confirmés par Agathias (Hist., II 28 ; chap. recopié dans la Souda X 418, t. IV , p . 816 , 9- 36 Adler ), qui n ' a pourtant que mépris à l'égard de ce souverain « parlant une langue fruste et
ennemie des Muses» , et « menant depuis l'enfance un genre de vie qui repré sente ce qu'il y a de plusbarbare en la matière et qui n 'a pour objectif constant
CHOSROÈS
311
que la guerre et la technique des combats » . Le prestige de Chosroès, reconnaît Agathias, est immense en Perse mais plus encore chez les Romains, avec cette restriction : chez « quelques-uns » (ĚVLOL tõv 'Pwualwv), autrement dit seule
ment chez les intellectuels païens opposants de Justinien . Selon leurs vues, Chosroès serait « un passionné des lettres (2órwv épaotńs), parvenu jusqu'au faîte de la philosophie de chez nous après s'être fait traduire en langue perse des ouvrages grecs » . Pour illustrer ces propos et surtout tourner en dérision les
admirateurs byzantins du Roi, Agathias accumule alors les prétendues prouesses de la formation philosophique de Chosroès : « Il a dévoré tout Aristote » ; « il s 'est gavé des théories de Platon fils d 'Ariston » ; « même le Timée ne l'aurait
pas rebuté..., ni le Phédon, ni le Gorgias,nimême aucun autre de ces dialogues finement ciselés mais aussi passablement entortillés comme l'est, à mon avis, le Parménide » . Au terme de son cursus autodidacte , le Roi serait devenu « un
sage » (00góc), « bien supérieur aux philosophes de jadis pour ce qui est de discerner principes et causes de l'art (Téxvn ) tout entier et de la science
(Énlothun) » . Et Agathias de conclure sa diatribe par cette constatation , qui est
l'opinion des admirateurs de Chosroès mais qu'il estime être totalement invrai semblable et scandaleuse puisque Chosroès en tant quemonarque perse , c 'est- à dire à la fois roi barbare et ennemi héréditaire, ne peut accéder à la paideia :
« Les Péripatéticiens le tiennent pour quelqu'un de très cultivé» (TÓv ärav TTETTALOEVUÉVov). Une telle constatation est pourtant bien la réalité. Comme l'avait fait avant lui
Šābuhr I (voir 12 M . Tardieu , « L 'arrivée des Manichéens à al-Hira » , dans P . Canivet et J.-P. Rey-Coquais (édit.], La Syrie de Byzance à l'Islam , Damas 1992, p. 22), Chosroès encouragea la traduction d 'ouvrages philosophiques et médicaux grecs, mais aussi indiens. Il reconnaît lui-même dans son autobio graphie que ces deux cultures, entre lesquelles se situait un Iran sans tradition médicale et philosophique propre (voir 13 Ph . Huyse, « Die persischeMedizin auf der Grundlage von Herodots Historien » , AncSoc 21, 1990, p . 141-148), sont « les ornements de son pouvoir » (Kārnāmag XI; Grignaschi 8 , p . 28 ). Discours
et sentences du Roi font découvrir également un immense talent de réflexion
politique, joint au désir de s'instruire dans la connaissance des lois et règles de conduite des non - Iraniens, en particulier dans celles du voisin occidental. Dans le domaine du savoir philosophique grec proprement dit, il semble bien que
Chosroès ne se soit intéressé, comme le montrent les Solutiones de Priscianus Lydus, qu' à des questions de physique et de médecine, et qu ' en matière de
métaphysique ou théologie le scepticisme ait été de bon ton à la cour : il y a accord sur ce point entre Burzoy et Paul le Perse, deux protégés de Chosroès
(voir 14 P . Kraus, « Zu Ibn al-Muqaffa'» , Rivista degli StudiOrientali 14 , 1933,
p . 17 -19; 15 Fr. de Blois, Burzoy's Voyage to India and the Origin of the Book ofKalilah wa Dimnah, London 1990, p .28-32). Chosroès n 'eut accès à Platon et à Aristote , au mieux, que par l'intermédiaire d 'introductions à la lecture de leurs
@ uvres ou par des epitomai (voir infra : Traités de philosophie dédiés à Chosroès).
312
CHOSROÈS
L 'admiration que le Roi vouait aux gens de science est un phénomène tout à fait remarquable et un fait bien établi. Ainsi que le note Țabari, probablement d 'après Ibn al-Muqaffa', en conclusion de sa notice sur Chosroès, « il fut plein
de respect à l'égard des savants» , wa-kāna mukriman li-l- 'ulamā' (Ta'rih , t. I, p . 899 éd . de Leyde = t. II, p . 103 éd . du Caire ). L ' inventaire , dressé ci-dessous, des ‘ulamā' qui eurent des relations avec Chosroès et/ou qui bénéficièrent de sa
protection corrobore l'assertion de Țabari et ce que dit Chosroès lui-même dans son autobiographie : « Nous n 'avons repoussé personne parce qu 'il était d 'une
autre religion et d 'un autre peuple » (Kārnāmag XI; Grignaschi 8, p. 28). La totalité des savants que mentionne l'inventaire sont desmédecins ayant de ce fait reçu une formation philosophique, ou des philosophes intéressés par la médecine, voire l'exerçant à l'occasion . Ces deux disciplines constituent à cette
époque un savoir unique ; leur caractère indissociable a été bien observé à propos de Sergius de Rêš-'Aynā par 16 H . Hugonnard -Roche (JA 277, 1989, p . 1 - 16 ). En tant que philosophes, les protégés de Chosroès apparaissent comme les miroirs de son pouvoir de prince ; ils répondent, en tant que médecins, à la
nécessité de soigner le corps d'un souverain « malade par nature » , voowong Dúoel (Procope, De bellis VIII 10, 11) ; en tant que témoins d 'une culture non iranienne, ils sont pour le Roi une manière de s’ instruire et pour la cour une occasion de se divertir : Xóyou du philosophe Quranios sur la génération et la
nature ( γενέσεώς τε και φύσεως πέρι) qui se déroulerent en présence de Chosroès et d'une assemblée de prêtres mazdéens (uáyou), ca 532/3 (source : Agathias, Hist. II 29) ; débat contradictoire en présence du Roi entre Aḥūdemmā
(ob. 575), évêque monophysite de Tagrit (ar. Takrit), et le catholicos des nestoriens (sources : Jean d 'Asie, Hist. Eccl. IIIe partie , VI 20, CSCO 105, p . 316 -317 ; CSCO 106, p . 240 -241; Michel le Syrien, Chronique, IX 30 , t. II/2 , p . 251 ; X 16 , t. II/3 , p . 339).
Philosophes etmédecins ayant eu des relations avec Chosroès et/ou ayant bénéficié de sa protection . 1. Barşaumă de Qardou. Était évêque de Cardou (la ropdunun des
géographes grecs, act. région de Cizre , rive orientale du Tigre, Kurdistan turc ) et, à ce titre, signataire du synode du catholicos Joseph (n° 8 ) en 554 (Synodicon Orientale , p. 336 Chabot). Selon la Chronique de Séert, c' est auprès de lui que « Kisrā Anūširwān , durant son séjour dans la région ( = à l'occasion de la seconde guerre contre Justinien ), a appris , dit-on , la philosophie » ( II 24 ; PO VII, p. 147) ; il fit partie ensuite d 'une délégation de Maîtres (ar.malāfana = syr.
malpânē, titre honorifique nestorien ) envoyés par Chosroès à Justinien (Chronique de Séert II 33, p . 187 ; étude de ce passage dans 17 L . Sako, Le rôle de la hiérarchie syriaque orientale dans les rapports diplomatiques entre la Perse et Byzance aux Ve- Vire siècles, Paris 1986 , p . 92-95, qui place cette ambassade en 546 /7 ). Le fait que la Chronique de Séert mentionne de conserve
Barşaumā de Qardou et Paul le Perse (infra nº 11) comme ayant enseigné la philosophie au Roi laisse à penser que le premier devait avoir écrit également un traité connu de philosophie dédié à Chosroès.
CHOSROÈS
313
2. Birwai (BYRWY, translittération syriaque du nom moyen -perse Biroy) ; médecin iranien (non-chrétien) attaché au service de Chosroès après le départ de Tribunus (nº 13). Source : Zacharie le Rhéteur, Hist. Eccl. XII 7 , CSCO 84 , p . 217 , 19-20 Brooks.Mentionné sous une graphie arabe fautive (BYRWN ) dans
la Chronique de Séert II 25 ; PO VII, p . 149 et p. 152. 3. BurzÕy.Médecin iranien, originaire d ’Abaršahr (act.Nišāpūr) ou de Marw , le plus célèbre drustabed de Chosroès, qui adapta en pehlevi des histoires tirées du Pañcatantra et du Mahābhārata indiens, sous l' intitulé *Karirak ud
Damanak, ar. Kalila wa-Dimna ( étude exhaustive du dossier : de Blois 15 ; bibliographie complémentaire : 18 Dj. Khaleghi-Motlagh , art. « Borzūya » ,
Encyclopaedia Iranica, t. IV , London New York 1990, p . 381-382). L ' ancienne version syriaque de ce texte (vre s.) est due au médecin (peryodūțā, gr. TEPLO @ eutńs) nestorien , Būd ( - B 69), d 'après le Catalogue de 'Abdišõ' de
Nisibe (XIVe s.) auteur d'une epitomé (non conservée ) de philosophie grecque (aristotélicienne ?) – voir de Blois 15, p. 1-11 et surtout p . 2 -, lequel pourrait être placé également dans l' entourage du Roi. La version arabe, due à Ibn al Muqaffa', est précédée d'une « Vie de Burzoy » , æuvre du médecin lui-même, et non du traducteur (voir de Blois 15, p . 24 -33) . Le nom de Burzoy ne figurant pas dans la liste des médecins de Chosroès transmise par Zacharie le Rhéteur (Hist. Eccl. XII 7 ), son activité est à situer, à mon avis, dans les deux dernières
décennies du règne (558-578) ; il est mentionné, sous une graphie arabe fautive
(NWRWZY ), par la Chronique de Séert (II 36 ; PO VII, p. 192- 193), avec son titre (ra ’is al-ațibbā', «médecin -chef » = mp. drustabed) ainsi que son ethnique (al-Marwazi). 4 . Damascius le Syrien (MD 3 ), Simplicius le Cilicien, Eulamios (ou Eulalios) le Phrygien, Priscianus le Lydien, Hermias et Diogène, tous deux de
Phénicie, Isidore de Gaza. Philosophes païens hellénophones qui bénéficièrent de l'hospitalité de Chosroès à la suite des mesures prises contre eux par Justi nien ; source unique : Agathias, Hist. II 30- 31 ; traduction et analyse du texte
avec bibliographie : 19 I. Hadot, Le problème du néoplatonisme alexandrin . Hiéroclès et Simplicius, Paris 1978, p .20-27 ; 20 Ead., « La vie et l'æuvre de Simplicius d 'après des sources grecques et arabes » , dans I. Hadot (édit.), Simplicius: sa vie , son æuvre, sa survie, coll. « Peripatoi» 15 , Berlin New York 1987, p . 7 - 9 .
Le début du récit d’Agathias montre que ces philosophes païens ont de Chosroès une image positive, celle - là même transmise par l'historiographie arabo -iranienne : estimant que « le régime politique des Perses était bien meil
leur » (s.e.: que celui de Justinien ), « ils étaient persuadés que les dirigeants chez ceux-là étaient parfaitement justes» , nap ' éxeivoLg Olxalótatov uÈN TÒ õpxov,
image qui correspondait pour eux au portrait platonicien du roi-philosophe (Rep. V , 473 d). Dans la suite de son récit, Agathias cherche à réfuter ce type d 'exégèse
appliqué à un monarque oriental commeChosroès. Au cours d 'un entretien avec
CHOSROÈS
314
le Roi, ils auraient découvert que Chosroès « se faisait gloire sans doute d 'être philosophe, mais qu 'il n ' entendait aucune des doctrines plus profondes » (II 31) .
Désillusionnés, les philosophes auraient « dit au revoir à l'hospitalité du Barbare » et seraient rentrés « le plus vite possible » dans leur pays, non sans avoir tout de même obtenu du Roi l'assurance de sa protection : une clause de
l' accord de paix , signé entre Perses et Romains (532), garantissait qu'à leur retour ils pourraient « vivre sans crainte, le restant de leur vie, selon leur choix » , βιοτεύειν αδεώς το λοιπόν έφ' εαυτοίς. L 'œuvre écrite de Simplicius, qui renferme plusieurs traits spécifiques à la Syrie nord -orientale (coutumes de navigation , toponymie, calendriers civils, onomastique religieuse ), ne livre en revanche aucun élément matériel indiquant qu'il soit jamais allé en Perse. La réalité d 'un exil collectif des philosophes grecs païens en Iran reste donc douteuse (21 M . Tardieu , Les Paysages reliques.
Routes et haltes syriennes d ' Isidore à Simplicius, Paris 1990, p. 128 -132). Le noyau historique du récit, autour duquel l'historien byzantin a brodé pour jeter le discrédit sur Chosroès et les philosophes, aurait été d 'abord une audience
accordée par le nouveau Roi des rois à leur chef de file (Damascius) ou à leurs émissaires (peut-être des médecins), ensuite un compromis, trouvé entre les
ambassadeurs de Justinien et Chosroès au momentde la signature des accords de paix (532 ), concernant la sécurité de ces philosophes païens réfugiés en Syrie du
Nord (Harrān, épargnée par Chosroès lors de sa campagne de 544 et exemptée de payer tribut parce que restée païenne) et en Phénicie (Baalbek ). Cette protec tion accordée par Chosroès à des gens qui n 'étaient pas ses sujets, mais qui
étaientdes savants et aussi des opposants au régime de Justinien , fait apparaître l'habileté du souverain iranien : il confortait par là son image de prince juste et libéral, en même temps qu 'il portait et entretenait la contestation chez son voisin . 5. Ézéchiel de Zābē.Médecin nestorien , qui était « versé dans les sciences » et
connaissait la langue perse ; devenu évêque de Zābē (Babylonie du Sud, rive droite du Tigre), déposé par le catholicos Joseph (n° 8 ) vers 560, puis attaché au
service de Chosroès. Celui-ci l' envoya à al-Bahrayn (îles et côte de l'Arabie nord -orientale) pour y chercher des perles rares, puis dans la Yamāma (Arabie centrale ) pourune raison non précisée (Chronique de Séert II 32 et 36 ; PO VII, p . 178 et 192). Élu catholicos en 569/70, il accompagna deux ans plus tard
Chosroès dans le Tūr ‘Abdin et à Nisibe à l'occasion de la guerre contre Justin II, au cours de laquelle les Perses s 'emparèrent de Dara , le 15 novembre 573 (Chronique de Séert II 36 ; p. 193-194).
6 .Gabriel de Nisibe.Médecin nestorien, attaché au service de Chosroès après le départ de Tribunus (n° 13). Source : Zacharie le Rhéteur, Hist. Eccl. XII 7 , CSCO 84, p. 217, 20 -21.
7. Jean de Beth -Rabban. Enseignant à l'École de Nisibe vers 540 , il fréquen tait la Porte (= le palais de Chosroès à Ctésiphon ) pour les affaires de l'École. Il écrivit un mêmrā en l'honneur de Chosroès lors d 'une victoire de son armée sur
CHOSROÈS
315
les Arabes de Nağrān. Source : Barḥadbšabbā de Hulwān, Cause de la fondation des écoles, PO, t. IV , p. 388, 10- 11 Scher. Mort de la peste en 566 /7 .
8 . Joseph de Nisibe. Médecin nestorien qui avait reçu sa formation dans l'Empire romain (balad al-Rūm ), puis attaché comme médecin au service du
marzbān de Nisibe, qui était un Nabat, « Araméen » ; appelé par Chosroès en 548 / 9 comme médecin personnel. Élu catholicos en 551/2 avec l'appui de
Chosroès et déposé par lui en 566 /7 (Chronique de Séert II 32 ; PO , t. VII, p . 176 - 177). La Chronique dite de Zacharie le Rhéteur le mentionne parmi les médecins qui succédèrent à Tribunus (nº 13) et signale les bonnes relations qu 'il entretenait avec le plus haut dignitaire religieux mazdéen, syr. rêš magūšē, c 'est à- dire le möbadan mõbad (Hist. Eccl. XII 7 , CSCO 84, p. 217 , 24 -26 ). Bar hebraeus place l 'activité de Būd ( s.v . Burzoy, nº 3 ) et de Paul le Perse (n° 11)
sous le patriarcat de Joseph (Chron . Eccl. II, col. 95-97).
9 . Moïse de Nisibe, dit aussi Narsaï de Nisibe.Médecin nestorien qui prit la tête d'une députation de notables chrétiens pour demander à Chosroès la
déposition du catholicos Joseph (n° 8 ) en 566/ 7. Bibliographie : 22 J.- B . Chabot, Recueil de synodes nestoriens, Paris 1902, p . 352 n . 1 ; 23 J. Labourt, Le christianisme dans l'Empire perse sous la dynastie sassanide, Paris 1904 , p . 195- 196 .
10. Ouranios (Oůpávloc). Médecin et philosophe aristotélicien d'origine palestinienne. Source unique : Agathias, Hist. 29 - 30 et 32 , qui le présente
comme un imposteur et un hurluberlu , ånaredv xai xódopvoc, peu au fait des théories d'Aristote, tõu ’APLOTOTÉNOUç boyuátwv oỦÔÈN ÉS TÒ åxpıbès éyi ruwoxev . Il fréquentait à Constantinople le Portique de la Basilique (BaoineLOS otoá ) et les boutiques de libraires pour y entretenir les badauds de sujets philo sophiques. Il fit partie de la suite de l' ambassadeur Aréobindos à Séleucie Ctésiphon , peu après la signature des accords de paix de 532. Il se présenta devant Chosroès revêtu de l'habit d'apparat des maîtres de l' éloquence et des
professeurs de rhétorique (Tõv Nórwv xaOnuntai xal 018áoxalol); impres sionné par le costume, Chosroès le fit disserter devant la cour sur « la génération
et la nature » (voir supra : Chosroès et la philosophie ). 11. Paul le Perse . Chrétien nestorien qui dédia à Chosroès au moinsdeux de ses commentaires sur Aristote (voir infra). Appelé « Paul, le philosophe perse » dans la Chronique de Séert (II 24 ; PO , t. VII, p . 147), « Paul le Perse » en tête du traité syriaque édité par Land , ainsi que chez Barhebraeus qui connaissait ce
traité (Chron. Eccl., t. I, col. 97 Abbeloos et Lamy), « Paul» (Būlus) chez Miskawayh , il aurait, selon la Chronique de Séert, enseigné la philosophie à
Chosroès puis abjuré le christianisme parce qu'« il ne put obtenir le siège métropolitain du Pārs » . Barhebraeus reprend l'information en ajoutant que Paul
le Perse serait alors devenu mazdéen .
L'affirmation de la Chronique de Séert, selon laquelle Chosroès aurait appris la philosophie auprès de lui, est très probablement une extrapolation tirée de la dédicace à Chosroès dudit traité de logique. Quant à l'abjuration du christia
316
CHOSROÈS
nisme et à la conversion au mazdéisme, elles apparaissent peu crédibles, car on voit mal comment Paul le Perse , protégé d'un Roi qui faisait et défaisait à sa guise les dignitaires nestoriens, n 'aurait pu obtenir, s'il l'eût désiré , le siège métropolitain du Pārs. La Chronique semble bien, sur ce point, aussi suspecte qu 'à propos de Tribunus (n° 13) et pourrait faire preuve d 'une malveillance
analogue.
Les citations bibliques et néotestamentaires sur lesquelles Paul le Perse fonde sa définition de la philosophie, dans le prologue du compendium de logique édité par Land, montrent que Paul le Perse était chrétien . Le colophon du même traité signale qu 'il était natif de DYRŠR , toponyme que H . H . Schaeder a proposé d' identifier avec Rēv -Arsašir, l'emporium du Pārs (ap. Kraus 14, p. 16 n . 2 ). Le milieu de formation de Paul le Perse, ainsi que les dates et le milieu d ' élabo
ration de ses commentaires aristotéliciens, reste inconnu. Barhebraeus place son activité sous le catholicos Joseph (n° 8), datation non confirmée par d'autres sources. La question de l' identification de ce Paul le Perse philosophe avec ses
homonymes théologiens n 'a pas été reprise depuis la thèse (inédite) de 24 N . Alexandre , Paul le Perse et les Instituta Regularia de Junilius Africanus, Paris 1955 (principales conclusions dans: 25 W . Wolska, La Topographie chrétienne
de Cosmas Indicopleustès. Théologie et science au Ve siècle. Paris 1962, p.67 n . 3), pour qui le philosophe n 'a pas à être confondu avec le(s) théologien (s) du même nom . L 'opinion de 26 J. Teixidor, Bardesane d 'Édesse. La première philosophie syriaque, Paris 1992, p . 128 , selon qui « Paul le Perse fit partie peut
être du groupe de philosophes qui se réfugièrent à Séleucie -Ctésiphon lorsque
Justinien ferma l' école d 'Athènes», reste une hypothèse gratuite . 12. Qišwaï (QŠWY, translittération syriaque d'un nom moyen-perse à suffixe d 'hypocoristique -Õy). Médecin iranien , probablement non chrétien , qui fut drustabed de Chosroès après le départ de Tribunus (Zacharie le Rhéteur, Hist.
Eccl. XII 7 ; CSCO 84, p. 217 , 20). Il fut destinataire d'une lettre écrite par Paul de Başra , évêque de Nisibe, et relative à la mission des Maîtres nestoriens à
Constantinople ( supra n° 1 : Barşaumā de Qardou). Sur cette lettre, voir 27 A . Guillaumont, « Justinien et l'Église de Perse» ,DOP 23- 24 , 1969- 1970 , p. 52. 13. Tribunus (Tp .boŨvos). Médecin et philosophe aristotélicien d 'origine palestinienne, comme Ouranios (supra, nº 10 ). Sa qualité de médecin est attestée par Procope, Zacharie le Rhéteur et la Chronique de Séert. Il est mentionné comme philosophe parmi « les plus utiles» d 'entre les commentateurs d 'Aristote
dans la liste publiée , entre autres, par Kroehnert et examinée par 28 R .Goulet, notice « Atocius» , DPhA Suppl. I, A 499a. Selon Procope (De bellis VIII 10 , 12 ; passage et la suite recopiés par la Souda, T 952, t. IV , p.587, 15 -27 Adler ), Tribunus était exemplaire par ses qualités scientifiques (« lettré » , abylos ; « n ' étant inférieur à personne pour ce qui concerne l'art médical» ) et morales (chaste, ou pwv ; aimé des dieux , Deogiańs; « parvenu au faîte de la bonté » , ÉTTLEÍXELA ), tout vocabulaire indiquant que Procope, à la fois chrétien et helléno phile , parle ici en païen d 'un païen. Chosroès tenait Tribunus en grande estime.
Il fut soigné par lui une première fois, au début de son règne (Procope, De bellis
CHOSROÈS
317
II 28 , 9 ). Il le rappela en 545 lors de la signature du second accord de paix avec Justinien . Selon les termes de cet accord , Justinien devait payer 2000 livres d 'or
à Chosroès et lui laisser Tribunus pendant une année. Au terme de sa mission , en 546 /7 , Tribunus obtint de Chosroès, en plus de nombreux présents, de pouvoir ramener chez eux plus de 3000 captifs (Procope, De bellis II 28, 8 et 10 ; VIII ;
10 , 13- 16 ). La Chronique monophysite dite de Zacharie le Rhéteur (Hist. Eccl. XII 7 , CSCO 84 , p . 217-218 ; trad. lat. CSCO 88, p . 147) ajoute les précisions
suivantes: Tribunus (transcrit de façon fautive : Tribūnianā) portait le titre d 'ārkyațrūs, gr. ápxíatpoç ; il occupait donc dans l' étiquette de la cour la fonc tion de drustabed du Roi, et soigna effectivement Chosroès pour des troubles digestifs chroniques. L 'histoire nestorienne, dite Chronique de Séert, fournit sur la mission de Tribunus auprès de Chosroès une version quelque peu déformée et
malveillante à l'égard du médecin . Celui-ci, dont le nom est translittéré de facon fautive ( Țrīhūmā), est envoyé par Justinien à Chosroès qui le réclame; Tribunus guérit le roi de son embonpoint; la reine, une chrétienne (probablement l'épouse de Chosroès, qui fut la mère d 'Anõšāzād ), conseille au médecin de ne pas
accepter d 'or en guise d'honoraires et de demander, à la place, que le Roi renvoie chez eux les captifs chrétiens d 'Antioche ; par cupidité, Tribunus préfère recevoir de l'or en récompense ; furieuse , la reine fait absorber à Tribunus l'or
fondu jusqu'à ce que mort s' ensuive (II 27 ;PO, t. VII, p . 161- 162). 14 . Vuzurgmihr. Personnage , légendaire ou semi-légendaire, indissociable de Chosroès comme figure du sage par excellence, secrétaire et conseiller du Roi, dans les traditions arabo -persanes. Distinct de Burzoy (n° 3 ), selon de Blois 15 , p. 48-50 . La littérature de sagesse mise sous son nom a été répertoriée et analysée par de Fouchécour 11, p . 27 -29 et 57 -69. Bibliographie complémen
taire : 29 Dj. Khaleghi-Motlagh , art. « Bozorgmehr-e Boktagān » , Encyclopaedia
Iranica, t. IV , 1990, p . 427-428 . Traités de philosophie grecque dédiés à Chosroès. Manuels d 'initiation à la philosophie , ces traités sont les hommages de gratitude des philosophes au
Roi qui était leur protecteur et qu'ils considéraient, peut-être non sans quelque flatterie ,comme l'un d 'entre eux. Deux de ces textes émanent d' un chrétien , sujet de Chosroès : Paul le Perse
( supra : Philosophes et médecins, nº 11), Traité (mêmrā ) sur l'æuvre logique d 'Aristote le philosophe, pour le roi Kosrő. Mss: British Library Add. 14660, f° 554-67' (= 30 W . Wright, Catalogue of the Syriac Manuscripts in the British
Museum acquired since the Year 1838, t. II, London 1872, p . 1160-1162) ; édition du texte syriaque : 31 J . P . N . Land , Anecdota syriaca, t. IV , Leiden 1875, p . 1 * -32 * ; traduction latine : ibid ., p . 1 -30 ; commentaire : ibid., p . 99 - 113. En plus de ce traité, introduction à l'Organon et compendium de logique, Paul le Perse a écrit pour Chosroès un autre traité , sorte d 'introduction générale à la
lecture des æuvres d 'Aristote , dont le titre n 'est pas conservé et qui est connu seulement par une version arabe transmise dans la seconde partie du Tartib al sa 'ādāt wa manāzil al- 'ulūm de Miskawayh ; analyse, identification et
reconstitution : 32 M . Arkoun, Contribution à l' étude de l'humanisme arabe du
318
CHOSROÈS
Ivere siècle : Miskawayh (320/325 -421) = (932/936 – 1030 ), philosophe et
historien , Paris 1970, p . 226 -233; 33 Sh . Pines, « Ahmad Miskawayh and Paul the Persian », Iran -Senâsi 2, 1971, p. 121- 129 ; 34 D . Gutas, « Paul the Persian
on the classification of the parts of Aristotle 's philosophy : a milestone between Alexandria and Bağdād » , Der Islam 60, 1983, p . 231- 267. La datation et la
localisation de cesdeux traités de Paul le Perse restent indéterminées.
L 'unique traité connu, dédié à Chosroès et provenant d'un philosophe païen ressortissant de l'Empire romain , est celui de Priscianus le Lydien (supra : Philosophes et médecins, nº 4), transmis seulement par une version latine: Solutiones eorum de quibus dubitauit Chosroes Persarum rex. Édition critique :
35 I. Bywater, CAG , Supplementum Aristotelicum , t. I/2 , Berlin 1886, p. 41- 104. Bibliographie : 36 M . Tardieu, « Şābiens coraniques et 'Şābiens' de Harrān », JA 274, 1986, p. 23 n . 105. Il s'agit cette fois d'une introduction à la philosophie sous la forme de neuf exposés de psychologie et de physique : nature de l'âme ( 1) , sommeil et songes ( 2 -3 ), climats et saisons ( 4), pronostics et remèdes (5 ),
régime des marées en mer Rouge – l’Érythrée des anciens, i.e. act.mer Rouge et golfe Arabo -persique (6 ), phénomènes atmosphériques de pesanteur (7 ) , trans formation des végétaux et des animaux selon les pays (8 ), le cas des reptiles ( 9).
Les passages de l'ouvrage relatifs à la Perse sont tirés de la littérature grecque. L ' auteur, censé avoir bénéficié de l'hospitalité de Chosroès en Perse, ne connaît
visiblement pas ce pays.Les questions posées, auxquelles répond Priscianus de façon livresque, donnent, me semble-t-il, une idée juste des préoccupations de Chosroès philosophe. L 'ouvrage, postérieur à 532, est à situer dans le milieu
néoplatonicien païen de la Syrie du Nord. Autres traités dédiés à Chosroès:mêmra de Jean de Beth -Rabban (supra : Philosophes etmédecins, n° 7); probablement aussi Barşaumăde Qardou (nº 1). Le fait que tous ces ouvrages sont dédiés à Chosroès n ' implique nullement
qu'ils aient été écrits à la cour du souverain et, a fortiori, dans la langue du Roi. Le Sābuhragān, dédié par Mani au deuxième souverain de la dynastie , a été
rédigé en araméen puis traduit à l'intention du Roi. De la même façon , Chosroès pouvait se faire traduire en moyen-perse ce qui était censé l'intéresser dans les savants hommages de ses protégés (fait signalé par Agathias, Hist. II 28 ; voir
supra Chosroès et la philosophie ). MICHEL TARDIEU .
114 CHRÉMONIDÈS D 'ATHÈNES RE
| f1. ca 250A Fils d 'Étéoclès, du dème des Aithalides, philosophe stoïcien, disciple de Zénon de Kition, puis homme politique. Sources. D . L . VII 17 (SVF I 286 , p .65, 30-33 ). Ajouter IG 112 687, daté par J. Kirchner de 266 /5 , mais par B . D . Meritt, « Athenian Archons 34776 -48 /7
B .C .» Historia 26 , 1977, p. 174 , de 265/4 (archonte Peithidémos). Cf. J. Kirchner, art. « Chremonides» , RE III 2 , 1899, col. 2446 - 2447; W . S . Ferguson , Hellenistic Athens. An historical essay, London 1911 ; W . W . Tarn ,
319 CHRISTODOROS DE COPTOS Antigonos Gonatas, Oxford 1913, p . 275-310 ; T. C . Skeat, The reigns of the
Ptolemies, München 1954 ; F. Sartori , « Cremonide : un dissidio fra politica e
filosofia » , dansMiscellanea di studi alessandrini in memoria di A . Rostagni, Torino 1963, p . 117- 151 ; P. Jouguet, L 'impérialismemacédonien et l'helléni sation de l'Orient, Paris 1972, p. 199 ; E . Will, Histoire politique du monde
hellénistique (323- 30 av. J.- C.), 2e éd .,Nancy 1979, t. I,p . 219 -233 (« La guerre chrémonidéenne » ). Chrémonidès fut le condisciple de Cléanthe ( C 138) et jouissait de la grande faveur de son maître Zénon de Kition (D . L . VII 17 = SVF 1 286 ). Encore très jeune, il devint un homme politique athénien très important. Il fit voter un
décret d 'entente entre Athènes et Sparte, vers 2629, afin de combattre les ambi tions d 'Antigone Gonatas, pourtant lui aussi ami de Zénon . Cela entraîna la guerre dite chrémonidéenne (cf. Athénée VI, 250 f, quicite Hégésandre). L 'aide
apportée à Athènes par Ptolémée Philadelphe fut insuffisante et, vers 262 , Chrémonidés dut s'enfuir en Égypte, où il devint plus tard amiral de la flotte égyptienne. (A propos de la “ guerre chrémonidéenne", cf. l'étude récente de Luisa Prandi, « Perchè " guerra cremonidea" ? Egesandro di Delfi (FHG IV , p . 415 frg. 9 ) e la fortuna di un nome» , Aevum 63, 1989, p . 24– 29 . Nouvel examen des témoignages historiographiques anciens sur la
guerre dite chrémonidéenne (267– 262 av. J.- C .). L 'expression, due à l'historien Hégésandre
(1 ère moitié du Ile s. av. J.-C.), ne fait référence qu'au responsable nominal de la guerre, l'Athénien qui proposa le décret constituant une déclaration officielle d 'hostilité d 'Athènes contre la Macédoine d 'Antigone Gonatas. Cette définition restrictive de la guerre peut s'expli quer parce que l'information historique d 'Hégésandre était puisée à des sources antigonides. J.-M . F .).
CHRISTIAN GUÉRARD .
FV -D VI 115 CHRISTODOROS DE COPTOS RE PLRE II: Un des « Wandering Poets » de l'Égypte byzantine, poète de cour sous le règne de l'empereur Anastase (491-518). Il a composé diverses pièces de circonstance : sur les guerres d'Anastase, les Isaurica en six livres, les Patria de Constantinople , Thessalonique, Milet, Aphrodisias, etc ., sur les statues décorant
le Bain de Zeuxippe à Constantinople, une Ecphrasis conservée dans le livre II de l’Anthologie grecque. Cf. Souda, s. v. Xplotó wpoç, X 525, t. IV , p . 827, 2- 9 Adler.
Enfin , il a écrit un poème en hexamètres Sur les élèves de Proclus, qui est cité par Jean Lydus, De magistratibus populi Romani III 26 , p. 113, 12-20 Wünsch , qui rapporte ceci: « Christodoros le poète dans son monobiblos " Sur
les auditeurs du Grand Proclus” (Év TẬ Nepi tõv (åxpojatõv toŨ ueyárov Ilpoxhov uovo low) parle ainsi :
Agapius, le derniermais non le moindre de tous.
['Ayários) TÓMATOG MÉv, åtdp npótiOTOÇ & NÁVtwv.» Jean Lydus, originaire de Philadelphie en Lydie, avait été lui-même à l'âge de vingt-et-un ans, à Constantinople, « la ville bienheureuse » (113, 9), où il attendait un poste de secrétaire
320
CHRISTODOROS DE COPTOS (sténographe) à la Cour, l'élève de ce philosophe Agapius, disciple de Proclus (** A 31). C ' était en 511, sous le consulat de Secundianus.
Cf. F . Baumgarten, art. « Christodoros» , RE III 2, 1899, col. 2450 -2451 ;
A . C . Bandy, loannes Lydus, On Powers or the Magistracies ofthe Roman State, Philadelphia 1983, p . 172- 175 (texte et traduction ) et 313-314 (notes) ; Alan Cameron , Literature and Society in the Early Byzantine World , London ,
Variorum Reprints, 1985, Index s.v. “Christodorus ofCoptus” . HENRI DOMINIQUE SAFFREY. MIV 116 CHRYSANTHIOS DE SARDES RE PLREI: Philosophe néoplatonicien , disciple d 'Aidésius ( - A 56),maître de l'empe
reur Julien, ainsi que d 'Eunape de Sardes. Cf. 1 W . Kroll, art. « Chrysanthios» , RE III 2, 1899, col. 2483 ; 2 R . Penella , Greek philosophers and sophists in the Fourth century A . D . Studies in Eunapius of Sardis, coll. ARCA 28, (Leeds) 1990 , p. 75 -78 ; 3 P . Chuvin , Chronique des derniers païens. La disparition du paganisme dans l'Empire romain , du règne de Constantin à celui de Justinien , coll. « Histoire », Paris 1990, p . 53-54 ; 240 241. Eunape consacre un chapitre de ses Vies des philosophes et des sophistes à son maître , non pas à l' intérieur de la section consacrée aux philosophes, mais,
sans doute par marque de reconnaissance, à la toute fin de l'ouvrage, après la section consacrée aux sophistes et aux médecins (chap. XXIII, p . 90,21 - 101, 16 Giangrande). Il présente d'ailleurs Chrysanthe comme l'inspirateur (aitios) de son ouvrage (p . 90, 21). Le nom Chrysanthios est attesté à Sardes, où l'on célébrait d'ailleurs des Chrysanthina. Voir 4 P. M . Fraser, « A Note on the Chrysanthina of Sardis » , JHS 101, 1981, p. 136 . On a découvert en 1976 à Sardes la tombe d 'un ducenarius fabricensis chrétien du IVe s. du nom de
Flavius Chrysanthius. Voir 5 C . H . Greenewalt Jr , « The Sardis Campaign of 1977 », BASOR
233, 1979, p. 4-9 ; 6 C . Foss, « The Fabricenses Ducenarii of Sardis » , ZPE 35, 1979, p. 279 283; Penella 2 , p. 75 n . 87.
Chrysanthe appartenait à la plus haute aristocratie sénatoriale de Sardes (91, 1-2). Il était le petit-fils d'un certain Innocentius (RE 1), qui avait été l'auteur
d'ouvrages juridiques importants en grec et en latin (91, 2-10). Orphelin de père alors qu 'il était véoc, Chrysanthe partit étudier à Pergame auprès du philosophe Aidésius, disciple de Jamblique (91, 10 -13). La description des études de Chrysanthe fait état non seulement de Platon et d'Aristote, mais aussi d 'une formation rhétorique poussée, ainsi que de la théurgie et de la divination (91, 13
92,12 ; voir aussi 43, 7-9).
A Pergame, au début des années 350, Chrysanthe fut, avec Eusébe de Myndos, pendant quelque temps le maître de Julien , avant que ce dernier ne se rende à Éphèse pour suivre l'enseignement d'orientation plus théurgique de
Maxime (43, 5 -45, 1). A l'invitation de Maxime, il vint lui aussi à Éphèse contribuer à la formation du jeune prince (45, 2-5). Sous le règne de Julien, Chrysanthe, comme son condisciple Maxime d 'Éphèse , fut appelé à la cour.Mais, contrairement à Maxime qui, par fidélité à
CHRYSANTHIOS DE SARDES
321
son devoir d 'Hellène cultivé ('Exvwv... TENTALOEVLÉVwv), s'efforça de contraindre la puissance divine à donner un signe favorable , Chrysanthe se soumit immédiatement aux signes divinatoires et il en tira une conclusion pru
dente : « Cher Maxime, il me faut non seulement rester ici, mais encore me terrer » (47, 19-20 ; 92, 13- 93, 19 ). L ' épisode est résumé dans la Souda, s.v. Xpuoávolos 555, t. IV , p . 830, 2-6 Adler, où il faut, selon nous, reconnaître un fragment jusqu ' ici négligé de la Chronique d 'Eunape (dont on retrouve chez cet auteur de nombreux fragments formellement identiques : voir les fr. 35, 39, 40 , 47 , 70 , 76 , 77, 80 Müller) et non un résumédes Vies, qui n 'apparaissent pas ailleurs dans
la Souda (les deux testimonia cités par Giangrande, p . XXXVIII-XXXIX , proviennentmani festement de la Chronique, comme il est dit explicitement dans le second cas, à propos de
Rufinus (fr. 63 Müller ]).
Chrysanthe ne put cependant empêcher l'Empereur de les nommer, lui et son épouse Mélitè, grands-prêtres de Lydie (50 , 6 -7 ; 93, 20 -21). La suite des événe ments est extrêmement éclairante sur la mentalité d 'un païen perspicace sous le
règne de Julien : « Ayant reçu la charge de Grand-Prêtre de la nation tout entière (des Lydiens) et sachant parfaitementet clairement ce qui allait ensuite arriver, Chrysanthe n 'usa pas avec lourdeur de son pouvoir, n 'édifiant pas de temple, entreprise dans laquelle tous s' étaient précipités d 'un mêmemouvement avec ardeur et avec flamme, et ne faisant tort inutilement à aucun chrétien .
La simplicité de ses mæurs était telle qu 'en Lydie la restauration des temples passa presque
inaperçue. De fait, lorsque les pouvoirs changèrentde direction , il semblait à ce moment- là que rien de neuf n 'avait été accompli et aucun changement considérable et subit ne se manifesta . Au contraire, tout redevint calme dans la douceur et s 'installa dans un état
d 'équilibre et de repos. Seul Chrysanthe provoqua de l'admiration , alors que tous les autres étaient ballottés comme dans les vagues, les uns se tenant accroupis subitement, les autres,
naguère humiliés, se redressant. De fait, on l'admira pour cette raison qu 'il avait su non seulement prédire l'avenir, mais aussi tirer parti de cette connaissance » (93, 20 - 94, 6 ).
Cetémoignage permet sans doute de comprendre l' attitude de certains païens lucides, conscients du véritable rapport de forces et de la prépondérance socio logique du christianisme, des païens qui n ' étaient d' ailleurs pas nécessairement tièdes en matière religieuse, qui étaient peut- être au contraire trop conscients de la noblesse de leurs convictions pour les compromettre irrémédiablement dans une aventure politique sans lendemain .
Eunape illustre de même la piété et la perspicacité de Chrysanthe par le récit d 'une consultation divinatoire, présidée par le vicarius (õpxwv) du diocèse
d'Asie Justus dans les années 370 ou 380, au cours de laquelle, contrairement aux autres consultants, le philosophe se refusa à définir l'avenir avant d 'avoir clarifié d ' importants points de méthode (96 , 18 - 98 , 11). Pour la date du vicariat de Justus, voir Penella 2 , p . 128 - 129, et 7 Id., « Did a Hilarius govern Lydia in the Fourth century A . D . ? » ,AJPh 106 , 1985, p. 509-511.
Chrysanthe eut pour épouse Mélité, dont il eut un fils (- A 57 ), auquel il donna le nom de son maître Aidésius (98, 23-25). A la mort prématurée de ce
fils très doué ( 98 ,25 - 99 ,13) vers l'âge de vingt ans, Chrysanthe montra la constance d 'un vrai philosophe et sa mère sut s 'élever au -dessus de sa nature
féminine... (99, 13-20).
322
CHRYSANTHIOS DE SARDES
Eunape était parent de Chrysanthe par alliance, puisque Mélité était la cousine d'Eunape (49 , 10 - 11). Chrysanthe fut d'abord le maître d'Eunape “ enfant", c 'est-à -dire jusqu 'à quinze ans (18 , 10- 11 ; 90, 22 ; 96 , 16 - 17). Le philosophe semble s'être chargé, peut- être à titre purement privé, de la forma tion que dispensait habituellement le grammatikos aux enfants de cet âge. C 'est auprès de lui qu 'Eunape dut étudier et mémoriser les textes essentiels des poètes et des autres auteurs classiques (64, 27 -65, 1). Eunape partit ensuite étudier cinq ans à Athènes dans l'école du sophiste Prohérésius, mais retrouva à son retour son ancien maître (96 , 14 ): tout en enseignant la rhétorique à ses propres élèves durant la matinée, il se précipitait dès le début de l'après-midi chez Chrysanthe
pour y apprendre « les discours plus divins de la philosophie » (96 , 11- 15 ). Comme tous les philosophes de l'école de Jamblique, Chrysanthe respectait à l'égard des doctrines du maître « un silence mystérique et un arcane hiéro phantique » (18, 8 - 9). Aussi ne jugea-t-il Eunape, qu'il connaissait donc depuis longtemps, digne des « vérités supérieures » que lorsqu 'il fut dans sa vingtième année, à son retour d'Athènes (18 , 10- 12). Eunape évoque les promenades que le vieux maître faisait avec ses disciples dans les rues de Sardes après la classe.
Ses propos étaient si captivants, raconte le biographe, qu 'on en oubliait les ampoules aux piedset la fatigue (95,26 - 96, 3 ). Dans le portrait intellectuel détaillé qu'il trace de son maître , Eunape souli gne entre autres sa simplicité , son affabilité , le charme de son discours, son
habileté dans la discussion philosophique, son refus de la polémique stérile, sa franchise à l'égard des autorités, son excellente connaissance des auteurs anciens et sa facilité à citer de mémoire ( 94 , 7 - 95, 14) . Pour une part, ces traits
étaient hérités de l'enseignement XOLVOÇ xai onuotixóc d 'Aidésius (57, 8 58, 3). Il eut comme élève et amiHellespontius de Galatie , déjà âgé, qui recom manda, avant de mourir, à son propre disciple Procope la fréquentation de
Chrysanthe (98, 14 -21 ; 99,25 - 101, 2). Chrysanthe atteignit un âge avancé – plus de quatre-vingts ans (95, 22) - et ne s'intéressa pas aux affaires humaines, sinon pour assurer une honnête gestion
de sa maison et de ses terres (95, 14 -17). Eunape rapporte qu'il fréquentait rare ment les bains (95, 96 - 3), ne mangeait jamais de porc et rarement de la viande
(95, 18- 20 ). Il écrivit jusqu' à sa vieillesse de nombreux livres (dont aucune trace n 'est par ailleurs conservée ), si bien qu 'il avait tout crochus les doigts dont il se
servait pour écrire (95, 23-25). Eunape resta aux côtés de Chrysanthe jusqu 'à la mort de ce dernier. Il lui sauva même la vie, un an avant sa mort, en ordonnant d'arrêter une saignée prescrite au vieillard par desmédecins imprudents (100, 7 -12). Eunape explique à cette occasion qu 'il n ' était pas « un profane dans les choses de la médecine » (100, 12-13 ), ce qui explique pourquoi Chrysanthe avait exigé qu 'il fût présent
( 100, 9 ). Un an plus tard , au début de l' été ,ou plutôt, selon Penella 2, p.6 n . 11, à la saison suivante dans la même année, malgré les ordres qu 'Eunape avait donnés au médecin qui devait l'attendre « comme à l'habitude >> avant de faire
quoi que ce fût, on imposa à Chrysanthe une nouvelle saignée qui fut cette fois
CHRYSAORIUS
323
fatale,malgré le traitement que prescrivit alors Oribase ,appelé en catastrophe au chevet du mourant ( 101, 3- 15). Chrysanthe eut comme diadoques dans son enseignement philosophique
Épigonos de Sparte et Béronicianus de Sardes (- B 25). Sur la succession de l' école de Jamblique, voir DPHA A 56. On peut donc tirer du témoignage d 'Eunape un portrait extrêmement vivant
du philosophe,mais les données chronologiques et prosopographiques précises sont rares. Puisque Chrysanthe a vécu plus de 80 ans et qu 'il était mort au moment de la rédaction des Vies à la toute fin du IVe siècle ou au début du ve, on
peut très grossièrement situer sa naissance vers 310 et sa mort vers 390. La PLRE, t. II, dans sa notice « Hilarios» n° 10, date gratuitement la mort de Chrysanthe en 396 /7 . Chuvin 3 , p . 54, le fait pour sa part mourir à quatre- vingts ans : Eunape dit seulement que le philosophe écrivait encore, à quatre-vingts ans passés, plus de livres que
d 'autres plus jeunes n 'auraient pu en lire (95, 22- 24 ).
RICHARD GOULET. 117
CHRYSAORIUS RE
MF III Disciple de Porphyre et dédicataire de plusieurs de ses ouvrages, dont
l'Isagogè. Il nous est connu principalementpar les commentateurs de ce traité,
qui dépendent apparemment d 'une même tradition au sein de laquelle ilest pour nous difficile de distinguer les éléments originaux des paraphrases ou des interprétations erronées qui en ont été tirées.
.
Sénateur romain en vue (avopa tà ripőta pépovta tñs év ‘Póun repov olaç, Élias, In Porph. Isag., p . 93, 17 -18 Busse), homme d'action engagé dans
la vie politique de son temps (htepi tà nohtiXÒ ÉTTOnuévov, ibidem , p . 93, 18 19) et peut-être dans la vie militaire (o Xpvoaópios užov otpatnylacs intep
Tóyouç oxoraçwv oủx ħv noyexos trávu, David, In Porph. Isag., p. 107, 26 27), ce Chrysaorios occupa la charge de consul, vraisemblablement suffect
(Unatov 'Póuns, David , ibidem , p. 92, 18 ; cf. p . 93, 14 ). Sur le terme Únatos, voir 1 H . J. Mason, Greek terms for Roman Institutions, coll. « American Studies in Papyrology » 13, Toronto 1974, p. 165-171.
Π appartenait a la famille des Symmague (ούτος ο Χρυσαόριος τίμιος ήν TOTS 'Pwualouç ÈX TOV YÉVOUÇ Ou tõv Evquâxwv, Pseudo -Élias, in Isag. 27,
12 , p. 58 (ed . L .G . Westerink, Pseudo Elias, Lecture on Porphyry's Isagoge, Amsterdam 1967 ]) et il était le descendant (ånóyovoc) d 'un Symmaque célè
bre : Evpuaxou éxelvov (mais inconnu par ailleurs pour nous), sur qui circulait ce vers: Etupaxe Evuuaxion, novoúduaxe, oúumaxe ‘Pouns (Élias, Ibidem , p. 39, 9 - 10 ; Pseudo-Élias 27, 12, p. 58 Westerink ).
Antiquité classigtformes littérairesdespa and Literature in Latelius Symma
A propos de la famille des Symmaque, notamment de Q . Aurelius Symmachus qui fut consul en 391, voir 2 A . Cameron, « Paganism and Literature in Late Fourth Century Rome», dans Christianisme et formes littéraires de l'Antiquité tardive en Occident, coll. « Entretiens
sur l'Antiquité classique» 23,Genève 1977, p. 17 - 18 .
Porphyre était a Rome le mattre de Chrysaorius: διδάσκαλος ήν του
Xpuoaoplov xal é Enyoúuevoç aŭtą tà uaońuata (Ammonius, In Isag. procem ., p.22, 13- 14 Busse ); il lui enseignait les mathématiques, si l'on en juge
324
CHRYSAORIUS
par le parallèle qu'on rencontre chez Élias, In Isag., p . 39 , 9 Busse : TALDEVOV
Toç yòp toŨ Topoupiou év 'Póun töv Xpvoaópiov td uaenuatixá .Après le départ en 268 de Porphyre en Sicile à Lilybée, Chrysaorius, qui voulait étudier les Catégories d ' Aristote et se heurtait à des problèmes de compréhension ,
écrivit à son maître, lui demandant de revenir au plus vite pour lui expliquer le traité ou, sinon, de lui écrire un commentaire (Únouvnua ), solution qu'adopta Porphyre (Élias, ibidem , p . 39, 15 -19; cf. Pseudo -Élias, 27, 13, p . 58 Westerink ). C 'est ainsi qu' il dédia son Isagogè à Chrysaorius.
On sait, par Élias, ibidem , p . 39, 7 - 8, que le sénateur fut le dédicataire d' autres ouvrages (cf. aussi ibid ., p. 92, 19). Élias cite celui Sur le dissentiment entre Platon et Aristote ( TÒ Ilepi diaothoews IIXátwvog zal 'AplOTOTÉRouc) , tandis que Stobée II 8 , 39, p . 163, 17 Wachsmuth , donne tout un développement
du traité de Porphyre Sur le libre arbitre (Tepi toŰ ÉP ' ñuñv) où celui-ci s' adresse à Chrysaorius au vocatif, ce qui indique que ce dernier en est bien le dédicataire. Dans ce passage encore (li. 17- 18), Porphyre fait allusion à des
Entretiens (Olahétenç) qu'il eut naguère avec Chrysaorius sur le choix des genres de vie . Une scholie sur les Catégories, p . 11 a 34 Brandis , pose un problème d ' interprétation : els tñs év 'Póun éxxinolaç. 3 A . von Harnack, Porphyrius, Gegen die Christen 15 Bücher. Zeugnisse, Fragmente und Referate, APAW , Jahrgang 1916 / 1 , Berlin 1916, p . 41, a compris que Chrysaorius « faisait partie de l'Église de Rome» et donc qu 'il était chrétien . Le fait qu'il y eut à l' époque de Porphyre des sénateurs chrétiens est certes attesté par Eusèbe, Histoire Ecclésiastique VII 16 - 17, qui parle d 'un sénateur romain chrétien du nom d 'Astyrius qui se distingua sous le règne de Gallien , mais il est douteux que Porphyre ait eu pour ami et disciple un sénateur chrétien . Comment alors inter
préter autrement la formule de la scholie ? Il faut certainement la mettre en rapport avec le témoignage d ' Élias (In Porph . Isag., p . 93, 17- 18 Busse) selon lequel Chrysaorius faisait partie du Senat romain ( άνδρα τα πρώτα φέροντα
tñs év ' Póun yepovolas) . Le scholiaste byzantin a -t-il vraiment voulu présenter Chrysaorius comme un membre de l'Église de Rome? Certes, à la différence de yepovola, le terme éxxAnoia n 'est pas un équivalent grec attesté
de senatus (voir Mason 1),mais le scholiaste a pu vouloir proposer un équiva
lent plus générique de yepovola , en méconnaissant la nature exacte de l'institu tion .
Cf. 4 R . Beutler, art. « Porphyrios », RE XXII 1, 1953, col. 290 ; 5 W . Kroll,
art. « Chrysaorios» , RE III 2 , 1899, col. 2485 ; 6 J. Bidez, Vie de Porphyre, le philosophe néoplatonicien , Gand/Leipzig, 1913 (réimpr. Hildesheim 1964), p . 58-59; 7 H . D . Saffrey, « Pourquoi Porphyre a-t-il édité Plotin ?» , dans Porphyre, La Vie de Plotin , t. II, Paris 1992, p. 34 et p .40 . MARIE-ODILE GOULET-CAZÉ.
CHRYSIPPE DE CNIDE
325 MF IIa
118 CHRYSERMOS D ’ALEXANDRIE RE 2
Stoïcien , mentionné dans l' Ind. Stoic. Herc. col. 52, 4-6 (p. 102 Dorandi, avec Apollonidés de Smyme ( A 260) et Dionysios de Cyrène le géomètre ( D 180 ) : Xpúoepulos l ’ ANetav peus tñs mpos | Aſyuntoy . Ce passage (SVF Diog. fr. 12 = fr. 153 Hülser ) fournit apparemment une liste de disciples de
Diogène de Babylone (mort vers 1509: » D 146 ). RICHARD GOULET.
119 CHRYSIPPE DE CNIDE RE 15
DM IV
Médecin , disciple d'Eudoxe de Cnide. L 'analyse de l' ensemble des témoi gnages relatifs à plusieurs médecins de ce nom ayant vécu entre la fin du Ive siècle et le début du IIIe a opposé au début du siècle Wellmann et Susemihl dans une querelle qui ne semble pas avoir été définitivement tranchée. Il est impos sible d 'entrer ici dans tous les détails de cette controverse qui intéresse principa lement l' histoire de la médecine antique. Un survol des témoignages donnera au
moins une idée de la complexité du problème prosopographique. Cf. 1 R . Helm , « Über die Lebenszeit der Ärtzte Nikias, Erasistratos, Metrodor und Chrysipp » , Hermes 29, 1894, p . 161- 170 ; 2 F. Susemihl, « Die Lebenszeit des Eudoxos von Knidos » , RAM 53, 1898, p. 626 -628 ; 3 M . Wellmann , « Zur Geschichte der Medizin im Alterthum » , Hermes 35 , 1900, p . 349-384 , notamment 371-379 ; 4 F. Susemihl, « Chrysippos von Knidos und
Erasistratos» , RHM 56, 1901, p. 313-318 (contre Wellmann 3] ;5 M . Wellmann, art. « Chrysippos» 15 , RE III 2, 1899, col.2509-2510 ; RESuppl. I, 1903, col. 299 (bibliogr.). 6 H . von Staden , Herophilus. The art of medicine in early
Alexandria . Edition, translation and essays, Cambridge 1989, cite la plupart des fragments de Chrysippe. Signalons également 7 I. Garofalo , Erasistrati frag menta collegit et digessit I.G ., coll. « Biblioteca di Studi Antichi» 62, Pisa 1988, XII-217 p ., notamment p .21, et 8 P . M . Fraser, « The career of Erasistratus of
Ceos» , RIL 103, 1969, p .518-537. Selon Diogène Laërce VIII 89, Eudoxe aurait eu comme “ auditeur” un
certain Chrysippe, fils d 'Érineus ( 'Epivew ), de Cnide qui, en médecine, aurait été le disciple de Philistion le Sicilien (comme Eudoxe lui-même, d 'après Callimaque, cité par D . L . VIII 86 ). Cf. 9 M . Wellmann (édit.), Die Fragmente
der sikelischen Ärtzte Akron, Philistion und des Diokles von Karystos, coll. « Fragmentsammlung der griechischen Ärtzte » 1 (seul volume paru de la collec tion ), Berlin 1901, fr. 3. Auprès d 'Eudoxe, ce Chrysippe (I) aurait étudié tà περί θεών και κόσμου και των μετεωρολογουμένων. La suite (xatéinte xt .) concerne toujours ce médecin ( et non Eudoxe,
comme le comprend Hicks; voir aussi la division des paragraphes dans l' édition Long) : il laissa des útrouvnuata xárlota et eut un fils du nom d 'Aristagoras, lui-même père d 'un Chrysippe (II), disciple d ' Aéthlios, qui écrivit sur la
thérapie de l’æil. Ce témoignage est important en ce qu'il établit une distinction (pour la première fois reconnue par Wellmann ) entre un Chrysippe fils d'Érineus et un Chrysippe fils d' Aristagoras.
CHRYSIPPE DE CNIDE
326
Garofalo 7, p. 21, corrige le passage de D . L . VIII 89, en déplaçant les mots tāU PUOLXWV Dewpnuátwv TWV ÚTIÒ tñ ÔLávolav aŭtoŨ TEOOVTWV comme complémentde Únouvnuata xaraiota . Il désigne par erreur Chrysippe, le fils d 'Aristagoras et le disciple d 'Aethlios, comme le fils d'Aethlios...
Une liste de médecins reconstituée par Wellmann 3 distingue comme Diogène Laërce d'un Chrysippus Erinei filius Cnidius un autre Chrysippus en qui l'on pourrait reconnaître le fils d 'Aristagoras. C 'est sans doute déjà de ce médecin Chrysippe (I), disciple d'Eudoxe, que
Diogène raconte (VIII 87) qu'il accompagna, pour un séjour d 'un an et quatre mois, Eudoxe en Égypte, lorsque celui-ci, après un séjour de deux mois à
Athènes, à l'âge de 23 ans, revint dans son pays. 10 F . Lasserre, Die Fragmente des Eudoxos von Knidos, herausgegeben, übersetzt und kommentiert von F . L., coll. « Texte und Kommentare » 4 , Berlin 1966 , p. 139-140, date ce séjour en Egypte des années 373-371.
Chrysippe faisait peut-être partie du grand nombre de disciples qu 'Eudoxe, après avoir enseigné à Cyzique et dans la Propontide et avoir fréquenté la cour
de Mausole, ramena avec lui à Athènes (D . L. VIII 87). Dans sa section habituelle consacrée aux homonymes (VIII 90), Diogène
Laërce annonce et énumère trois Eudoxe, dont le premier est le philosophe de Cnide. Il enchaîne, dans une digression qui rompt l'enchaînement de la phrase (cf. xalá onolv ’Anoodwpoc év XpovixOTG... ' O dè attóc onol tov Kvídov EÚdočov åxuáoal xtX.): « Nous avons cependant découvert un autre médecin de Cnide, dontparle Eudoxe dans sa rñs nepíodos (fr. 339 Lasserre)» . 11 U . von Wilamowitz -Möllendorf, Antigonos von Karystos, coll. « Philolo gische Untersuchungen » 4, Berlin 1881, p. 324 -326 , a bien vu qu' il ne s'agissait pas d'un autre Eudoxe, mais d 'un autre Chrysippe. C 'est à tort que Lasserre 10 ,
p. 143, rejette comme inutile cette interprétation. Selon Eudoxe, dans l'ouvrage cité , ce médecin prescrivait « de constamment se mouvoir les articulations par toutes les formes de gymnastiques, et semblablement pour les organes des sens» .
Puisque Diogène a retrouvé ici un homonyme de Chrysippe, il n 'est pas
inutile de se reporter à la liste des homonymes de Chrysippe de Soles qu'il donne en VII 186 . On y retrouve quatre Chrysippe, dont trois furentmédecins:
(1) un médecin de Cnide, « dont Érasistrate dit qu 'il a tiré le plus de profit» ; (2 ) le fils de ce premier Chrysippe, qui fut médecin de Ptolémée [RE 17 ]; (3) un disciple d'Érasistrate [RE 18 ]; (4) un auteur de
Georgica (RE 20). A propos du médecin de Ptolémée , Diogène écrit : « Calomnié , il fut amené et puni de la peine du fouet» . Ce Chrysippe est égalementmentionné dans une Scholie sur Théocrite XVII
128, p . 324 -325 Wendel: « A Ptolémée Philadelphe fut unie tout d 'abord Arsinoè, le fille de Lysimaque, dont il eut comme enfants Ptolémée, Lysimaque et Bérénice. Ayant découvert qu'elle était compromise dans un complot qui impliquait également Amyntas et le médecin Chrysippe de Rhodes, il fit périr ces deux derniers et envoya son épouse à Coptos en Thébaïde. Il épousa sa propre sæur Arsinoé et lui attribua à titre adoptif les enfants qui étaient nés de la première Arsinoé, car la Philadelphemourut sans enfant. » 12 M . Wellmann , art. « Chrysippos» 17, RE III 2 , 1899, col. 2511, à propos du deuxième Chrysippe de Diogène
CHRYSIPPE DE CNIDE
Charynicke wu X327V lt tdere. alsTT RhodiererCh ( rysippos),
Laërce, commente : « Er ist demnach identisch mit dem Leibartzt des zweiten Ptolemaios in den Sturz seinerGemahlin Arsinoë verwickelt wurde und
im Anfang der siebziger Jahre des 3. Jhdts. v . Chr. ums Leben kam (Schol. Theocr. XVII 128) » . On date généralement le mariage de Ptolémée avec sa seur Arsinoè II de 278, le complot et l'exil à Coptos de la première épouse de Ptolémée , Arsinoe I, des années
précédentes. Cf. 13 H . Volkmann,art.« Ptolemaios » 19, RE XXIII 2, 1959,col. 1658. Le médecin mentionné par Eudoxe dans sa rñs neplodoc dans la première moitié du IVe siècle (D .L . VIII 90 ) ne peut être aucun desmédecins de D .L . VII 186 , dont le plus ancien (1) devait être actif au début du IIIe s., puisqu 'il
enseigna à Érasistrate (né vers 300). Il s'agit donc plus probablement du propre compagnon d'Eudoxe. Le maître d 'Érasistrate (1) pourrait en revanche être le fils d 'Aristagoras, Chrysippe II (que Wellmann a distingué du contemporain d'Eudoxe). Dans ce
cas,nous connaîtrions cinq générationsde la même famille : Érineus Chrysippe I, disciple d 'Eudoxe Aristagoras
Chrysippe II, disciple d'Aéthlios (et peut-êtremaîtred'Érasistrate) Chrysippe III,médecin de Ptolémée (II) Cette reconstitution est cependant contestée par Susemihl, qui estime que l'écart
chronologique entre le disciple d 'Eudoxe et le médecin de Ptolémée n ' est pas suffisant pour laisser place à un Chrysippe intermédiaire. La distinction des deux Chrysippe semble en tout
cas fortement suggérée par le nom du père attribué à chacun par Diogène Laërce.
Si maintenant nous nous tournons vers les sources médicales, nous rencon
trons, chez Pline et chez Galien principalement, une figure importante, Chrysippe de Cnide, auquel se rattachent plusieurs disciples, dont Érasistrate. Porphyre , Quaestionum Homericarum ad Iliadem pertinentium reliquiae ad A 514 (ed . Schrader), lui attribue pour sa part, à côté d'Hérodicos, Hippocrate et Praxagoras, un rôle important dans le développement de la diététique. Cf. 14 H . Grensemann , Knidische Medizin , Teil I: Die Testimonien zur ältesten knidischen Lehre und Analysen knidischer Schriften im Corpus Hippocraticum , coll. « Ars Medica : Texte und Untersuchungen zur Quellenkunde der Alter Medizin » , II .
Abteilung: Griechisch -lateinische Medizin , Band 4, 1, Berlin 1975, test. 8a, 14 et 15 . Galien n 'a pas une connaissance très précise des théories de Chrysippe et d' Érasistrate , parce que leurs œuvres n 'avaient pas été conservées (XI, 221 Kühn ). En XI, 151, à propos de la condamnation totale ou partielle de la phlebotomie, il présente les condisciples d'Érasistrate comme les disciples de Chrysippe qui avait le premier adopté cette position dans toute sa rigueur. A la page suivante , il associe Érasistrate et les autres disciples de Chrysippe (...une' ÚT 'Epaolotpátov uno' Ún ' annou TIVOS tõv Xpvolntov uaontāv, XI, 152) . Pline
mentionne et ex Chrysippo discipulus eius Erasistratus (XXVIII,5).
Deux autres disciples célèbres de Chrysippe étaient Aristogène de Cnide (RE 5) etMédios (RE 5). Ce médecin Mèdios était également, d'après la Souda (s.v.
328
CHRYSIPPE DE CNIDE ’Epaolotpatos, E 2896 , t. II, p . 402, 25 -27 Adler ), le frère de Crètoxénè, épouse du médecin Cléombrote (RE 5), et mère desmédecins Cléophante (RE 2)
et Érasistrate ! Le testament de Théophraste (D .L . V 53) nous apprend encore que ce Mèdios futle troisième époux de Pythias, la fille d'Aristote de Stagire, et le père du jeune Aristote (»* A 408, RE 19), dont Théophraste, vers 286a, pré
voyait qu 'il allait « philosopher » avec les autres membres du Péripatos. Aristote
Cléombrote oo Crètoxénè
Mèdios (Métrodore ) -- Pythias Aristote
Cléophante Érasistrate Mèdios (ou Meidias ?) est le texte des manuscrits, corrigé (par Long par exemple) en Métrodôros, par souci de concordance avec le témoignage de Sextus que nous allons voir tout de suite.
Sextus (Adv. Gramm . 258 ) nous parle pour sa part d'un Chrysippe de Cnide qui fut le maître du médecin Métrodore (RE 26 ), lui-mêmemaître d 'Érasistrate et troisième époux de Pythias, la fille d'Aristote . Selon Sextus, deMétrodore et Pythias naquit Aristote, petit- fils du Stagirite. Le médecin Métrodore était donc
(a ) disciple de Chrysippe, (b ) époux de Pythias, (c) maître d 'Érasistrate. Le Mèdios de Galien était disciple de Chrysippe et au moins condisciple d'Éra sistrate. Qu'il ait été aussi son maître n 'est pas affirmé par Galien ,mais n ' est pas exclu non plus. Quant au Mèdios du testament de Théophraste , il est époux de Pythias. On sait d 'autre part que Théophraste lui-même enseigna à Érasistrate
(D .L . V 57 et Galien IV , 729). Tout invite donc à rapprocher Métrodore et Mèdios. Quant à corriger dans le testament de Théophraste Mèdios par Métro
dôros (qui n ' est attesté que chez Sextus), c'est là un choix que les témoignages invitent à inverser.
Reste à savoir de quel Chrysippe ce Mèdios-Métrodôros a pu être le disciple. Wellmann a pensé à Chrysippe I, le disciple d 'Eudoxe. Comme Pythias n 'était pas encore mariée à la mort d'Aristote (3224) et comme le jeune Aristote , le fils de son troisièmemari, était, semble -t-il, un adolescent à la mort de Théophraste
(286a), la mariage de Pythias et de Métrodore s' est sans doute situé dans les années 310 -300. A moins que Métrodore ait déjà été un homme âgé, il n 'a pas dû étudier avec Chrysippe avant les années 330. L 'ami d'Eudoxe devait à cette époque être déjà très âgé et Eudoxe lui-même était mort depuis plus de 10 ans. Sans être totalement exclue par la chronologie, l'identification retenue par
Wellmann est donc risquée. Il faut plutôt identifier ce maître à Chrysippe II, le disciple d 'Aéthlios, s' il est vrai que le maître deMèdios est le célèbre médecin ,
connu par Galien, qui exerça une profonde influence sur Érasistrate: il devait
être encore en activité dans la deuxièmedécennie du me siècle , ce que confirme le fait que son fils exerça à la cour de Ptolémée II Philadelphe vers 277a. On trouvera dans les notices de Wellmann sur Chrysippe RE 15 et 16 les différentes références tirées de la littérature médicale ancienne. Le même auteur
CHRYSIPPE DE SOLES
329
est revenu sur les rapports entre ces différents personnages dans l'article qu 'il a consacré à Érasistrate (RE VI 1, 1907, col. 333- 350). Après avoir situé la naissance d'Érasistrate vers 304a et son acmè en 258a, Wellmann (col. 334 ) laisse Érasistrate suivre à Athènes les cours de Métrodore, « der die Schule des älteren
Chrysipp in Athen vertrat » . Mais sa formation essentielle, Érasistrate l'aurait reçue à
Alexandrie du jeune Chrysippe de Cnide, le petit- fils du disciple d'Eudoxe. C 'est sans doute par erreur que Wellmann identifie ensuite (col. 335) Chrysippe II ,
disciple d' Aéthlios, avec le médecin de la cour de Ptolémée, qui était plutôt son fils, Chrysippe III : « Demnach unterliegt es keinem Zweifel, daß der Lehrer des E (rasistratos) der Schüler des Aethlios gewesen ist, der Verfasser der Departeúuara Spatizá, dem Interesse für naturwissenschaftliche Untersuchungen (buolxd Dewpnuata ) nachgerühmtwird (Diog.
Laert. VIII 89), der Hofartzt der Ptolemaeer in Alexandreia , der Vertraute der ersten
Gemahlin Ptolemaios II., der um 277 getötet wurde (Diog. Laert. VIII (lire VII] 186 . Schol. Theocr. XVII 128)» . RICHARD GOULET.
120 CHRYSIPPE DE CORINTHE Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique, V . pyth . 36 , 267 ; p. 146 , 13 Deubner . BRUNO CENTRONE. Ilja 121 CHRYSIPPE DE SOLES RE 14 Troisième scholarque de la Stoa. Son importance dans le développement de l'École stoïcienne est reconnue par un ancien dicton : Eiun ràp ñv Xpúolttoç, ουκ αν ην Στοά.
L 'ancienneté de la formule est attestée par la parodie qu' en fit l'académicien Carnéade (mort en 129/8 ) : El un rap nv XpúountOS, oủx Qv tu éró .
Fragments et témoignages. 1 H . von Arnim (édit.), Stoicorum Veterum
Fragmenta collegit Ioannes ab Arnim , coll. « Sammlung Wissenschaftlicher Commentare» , t. II, Stuttgart 1903 : Chrysippi fragmenta logica et physica, t. III, Stuttgart 1903 : Chrysippi fragmenta moralia . A noter aussi, dans le t. I,
Stuttgart 1905, p. V -IX , quelques compléments papyrologiques. Les fragments logiques: 2 K . Hülser, Die Fragmente zur Dialektik der Stoiker. Neue Samm
lung der Texte mit deutschen Übersetzung und Kommentar, Stuttgart 1987, 4
vol. ; 3 M . Baldassari, La logica stoica. Testimonianze e frammenti. Testi origi nali con introduzione e traduzione commentata , t. I: Introduzione alla logica stoica ; t. II: Crisippo. Il catalogo degli scritti e i frammenti dai papiri, Como 1985, 136 p.; t. III : Diogene Laerzio, Dalle Vite dei Filosofi VII, Como 1986 , 59
p. (= VII 38b-83). Fragments poétiques dans 4 H . Lloyd- Jones & P . Parsons ( édit.), Supplementum Hellenisticum . Indices in hoc Supplementum necnon in Powellii Collectanea Alexandrina confecit H .-G . Nesselrath , coll. « Texte und
Kommentare » 11, Berlin New York 1983, Chrysippus Soleus, nos 336 -338 (Athénée I,8c; VIII, 335 e). Traduction italienne par 5 R . Anastasi, I frammenti degli Stoici antichi, t. III : I frammenti morali di Crisippo, trad . da R . A ., coll. « Pubbl. Ist. Univ. di
Magisterio di Catania » , Ser. fil. Testi et doc. 8 , Padova 1962, 244 p . ;
330
CHRYSIPPE DE SOLES
6 M .Maddei Carbonara, « Crisippo . Vita opere e prolegomeni alla filosofia secondo Arnim II » , AAN 40, 1979, p . 463 -484 ; 6a M . Isnardi Parente , Stoici Antichi, coll. « Classici della Filosofia », Torino 1989, t. I, p. 325-595 ( voir aussi le t. II, qui regroupe les fragments et les témoignages rapportés à la Stoa en général).
Cf. 7 H . von Arnim , art. « Chrysippos » 14 , RE III 2 , 1899, col. 2502- 2509, complété par 8 H . Dörrie , RESuppl. XII, 1970 , p . 148- 155 ; 9 M . Pohlenz, Die
Stoa, t. I, p.28-30 ; t. II, p . 17 - 18 .Monographies: 10 É. Bréhier, Chrysippe et l'ancien stoïcisme, nouv. éd. rev., Paris 1951, 295 p . ; 11 J. B . Gould, The
philosophy of Chrysippus, coll. « Philosophia antiqua» 17, Leiden 1970, VIII 216 p .
Études d 'orientation. Nous ne citerons ici qu'un certain nombre d 'études (en général récentes) expressément consacrées à Chrysippe, à l'exclusion des études plus générales dédiées à l'ancien stoïcisme, où Chrysippe tient toujours
une place importante; 12 M . Pohlenz, « Zenon und Chrysipp » , NGG I 2 , 9 (1938 ), p . 173-210 , repris dans Kleine Schriften hrsg. von H . Dörrie , Hildesheim 1965, t. I, p . 1 -38 ; 13 A . Glibert- Thirty , « La théorie stoïcienne de la passion
chez Chrysippe et son évolution chez Posidonius» , RPHL 75, 1977, p . 393-435 ; 14 M . Gigante , « Il panlogismo stoico e il testo di Diogene Laerzio » , PP 15, 1960 , p . 415-427 ( correction et interprétation de D . L . VII 83 et D . L . VII 189 =
SVF II 685); 15 R . Westman , « Chrysipp III, 761 und der Dialog Kleitophon » , Eranos 59 , 1961, p . 89- 100 [Plut., De repugn. Stoic. 14 , 1039d- e et Clitophon
407 e 4 ); 16 F. W . Kohnke, « Taomno épraotholov PúcewÇ. Ein Chrysipp zitat » , Hermes 93, 1965, p . 383-384 ; 17 J. B . Gould Jr, « Chrysippus: on the criteria for the truth of a conditional proposition » , Phronesis 12, 1967, p . 152 161; 18 A .M . Ioppolo , « La dottrina della passione in Crisippo » , RSF 27, 1972 ,
p . 251- 268; 19 P .L . Donini, « Crisippo e la nozione del possibile » , RFIC 101,
1973, p . 333-351 ; 20 R . B. Todd, « Chrysippus on infinite divisibility (Diogenes Laertius VII, 150 ) » , Apeiron 7 , 1973, p. 21- 30 ; 21 Id., « The Stoic common notions. A re -examination and reinterpretation » , SO 48 , 1973, p . 47-75 ; 22 P . L . Donini, « Fato e volontà umana in Crisippo » , AAT 109, 1975, p. 187 -230 ; 23 P .
Pachet, « La deixis selon Zénon et Chrysippe» , Phronesis 20, 1975, p. 241-246 ; 24 H . Barreau, « Cléanthe et Chrysippe face au Maître Argument de Diodore » , dans Les Stoïciens et leur logique. Actes du Colloque de Chantilly (18- 22 septembre 1976 ), Paris 1978, p . 21-40 ; 25 P . Hager, « Chrysippus' theory of pneuma », Prudentia 14 , 1982, p . 97 -108 ; 26 C . Gill, « Did Chrysippus under
stand Medea ? » , Phronesis 28, 1983, p . 136 -149 ; 27 L . Couloubaritsis, « La psy chologie chez Chrysippe » , dans Aspects de la philosophie hellénistique, coll. « Entretiens sur l'Antiquité classique » 32, Vandoeuvres/Genève 1985, p . 99- 146 ;
28 T . Dorandi, « Crisippo o Speusippo ? » , Prometheus 12, 1986, p . 282 ; 29 W . Görler, « “ Hauptursachen” bei Chrysipp und Cicero ? PhilologischeMarginalien zu einem vieldiskutierten Gleichnis (De fato 41-44) » , RHM 130 , 1987, p . 254
274 ; contra, 30 St. Schröder, « Philosophische und medizinische Ursachen systematik und der stoische Determinismus» , Prometheus 15, 1989, p . 209-239 ;
CHRYSIPPE DE SOLES
331
16 , 1990, p. 5 - 26 et 136 - 154 ; 31 Keimpe Algra , « Chrysippus on virtuous abstention from ugly old women (Plutarch , SR 1038E - 1039A) », CQ 40 , 1990 ,
p. 450 -458.
Bibliographies. Von Arnim 1, col. 2509; Dörrie 2 , col. 154-155. Sources biographiques anciennes. Diogène Laërce cite les auteurs suivants :
( 1) Alexandre (Polyhistor), év taic Alaðoyals (VII 179) = fr. 7 Giannattasio Andria ;
(2 ) Apollodore , év XpOvIxOTC (VII 184 ) = FGrHist 244 F 46 ; (3) Apollodore d'Athènes, év tñ Euvaywyō tōv doyuátwV VII 181). Une
comparaison avec D .L . X 26 montre que cet auteur épicurien était cité dès VII 180 (-- A 243) ; ( 4) Démétrios (de Magnésie ), év 'Ouwvúuolç (VII 185) = fr. 24 Mejer ; (5) Dioclès (de Magnésie ) (VII 179 et 181) ;
(6 ) Hécaton (de Rhodes) (VII 181); (7) Hermippe (VII 184 ) = fr. 59 Wehrli;
(8 ) Sotion, livre VIII (VII 183) = fr. 22 Wehrli. Certaines de ces sources sont introduites dans le texte à titre d'additions secondaires (ainsi Alexandre et Dioclès en VII 179). Le texte de Diogène porte les traces d 'un remaniement. Après avoir cité une première anecdote sur la mort
de Chrysippe, avoir exposé la chronologie d 'Apollodore et cité son épigramme, Diogène devrait terminer son chapitre par la liste d'homonymes qu'on lit en VII 186. C 'est évidemment l'élément le moins personnel d'une biographie et celui
qu'il garde généralement pour la fin .Mais l'épigramme et le paragraphe sur les homonymes sont séparés par une nouvelle version de la mort de Chrysippe et par un autre développement sur l'arrogance du philosophe (VII 185). Dans ce dernier passage, Démétrios est cité deux fois. Il est possible qu 'en consultant cet auteur pour lui emprunter la liste d'homonymes qu 'il entendait citer, Diogène ait
trouvé quelques renseignements complémentaires qu'il n 'a pas voulu laisser perdre. Les homonymes sont d ' ailleurs suivis pardeux blocs additionnels : d 'une part une série de syllogismes (VII 186 -187), puis un long développement consa cré aux critiques adressées à Chrysippe (VII 187-189). A noter, dans ce passage, les références aux lignes de certains traités cités. On ne trouve chez Diogène Laërce de telles références qu 'en VII 33, où une citation ( d ' inspiration appa remment hostile ) de la République de Zénon est semblablement introduite , dans le cadre d 'un
développement emprunté à Cassius le sceptique (- C 53). La Traité sur la république de Chrysippe est de même l'un des traités attaqués en VII 188 et elle est citée en VII 33 en
faveur de l' authenticité de l'ouvrage homonyme de Zénon . Au moins trois des ouvrages cités de Chrysippe en VII 187 -189 apparaissent également dans le De Stoicis de Philodème: Nepl
Olxalooúvns, Mepi noalteias, Nepi tõv url Ol' autà aipetớv. Cf. la liste élaborée par
31 T. Dorandi (édit.), « Filodemo. Gli Stoici (PHerc . 155 e 339)» , CronErc 12, 1982, p. 131.
Même le long catalogue des ouvrages de Chrysippe nous est présenté comme
un apport personnel de Diogène (VII 189 : ÉDoct yol...) et pourrait être lu comme une addition à un état antérieur de la vie de Chrysippe.
332
CHRYSIPPE DE SOLES
La section de l' Index Stoicorum Herculanensis consacrée à Chrysippe est fort mutilée. On y citait (col. 46 ) les Xpvolnitrov tapai de son neveu Aristocréon ( A 374 ) et peut-être Diaphanès de Temnos (- D 93). Biographie et chronologie . On sait relativement peu de choses sur la vie de
Chrysippe, ce qui est peut-être le résultat d'une vie entièrement consacrée à la
recherche et à la production d'une æuvre philosophique gigantesque. La seule donnée chronologique ferme est le témoignage de la Chronique d'Apollodore d 'Athènes (D . L . VII 184), selon lequel Chrysippe seraitmort au
cours de la 143€ Olympiade (le passage résulte d'ailleurs d'une correction des éditeurs d 'après la Souda : xatà trv tolmv xal tettopaxootiv < xal éxa TOOTIV> 'Onuuttiáða ), soit entre 208/7 et 205/4 , à l'âge de 73 ans. Si cette information est exacte, sa naissance devrait être située entre 281/0 et 278 /7. Il faut toutefois noter que le Pseudo-Lucien ,Macrob . 20 (SVF II 1), lui attribue 81
ans à sa mort et que, selon Valère Maxime, VIII 7 ext. 10 (SVF II 19 ), le philosophe aurait commencé le 39e tomede ses Aoyixá alors qu'il était âgé de 80 ans. Il s'agissait peut-être du dernier des 39 livres de " recherches logiques" signalées à la fin de la section du catalogue des œuvres de Chrysippe relative à
la logique (VII 198). Chrysippe était originaire de Soles ( en Cilicie ). Selon Strabon (XIV , 671 C .= SVF II la), son père, Apollonios (D .L . VII 179) ou Apollonidès (Souda X 568; t. IV , p . 830, 22 Adler ), venait de Tarse, ce qui pourrait expliquer qu 'Alexandre (Polyhistor) dans ses Successions ait fait de Chrysippe un citoyen de cette ville (D . L . VII 179 = fr. 7 Giannattasio Andria ). Contrairement à Zénon et à Cléanthe qui refusèrent la citoyenneté athénienne par fidélité à leur patrie d 'origine, selon Antipatros (apud Plutarque, De Stoic. repugn . 4 , 1034a), Chrysippe l'accepta, mais ne semble pas avoir joué de rôle politique. D .L . VII 179 rapporte qu 'avant de se convertir à la philosophie - peut-être à
la suite de la confiscation par " le roi” du patrimoine qu 'il avait reçu en héritage, s'il faut en croire Hécaton de Rhodes (VII 181) -, Chrysippe « s'entraînait à la
course de fond » (86dıxov ňoxei), tout commeCléanthe (VII 168) était boxeur à l'origine (ntúxıns). Il n 'est pas chronologiquement impossible que Chrysippe ait pu suivre, comme le prétend Diogène Laërce, les enseignements de Zénon (VII 179), car à
la mort du fondateur de la Stoa, en 262/ 1, Chrysippe avait entre 15 et 20 ans. Mais Diogène reconnaît que Dioclès (de Magnésie ) et d'autres sources attribuent à Cléanthe la première formation philosophique de Chrysippe. En tout cas, Chrysippe n'est pas mentionné dans la liste des élèves de Zénon conservée en D . L . VII 37- 38 . On y rencontre cependant un Athénodore de Soles (> A 496 ), que l'on identifie au frère du poète Aratos et qui pourrait être à l'origine des liens entretenus par l' école stoïcienne d 'Athènes avec Soles : outre Chrysippe et Aratos (» A 298) , il faut en effet mentionner Aristocréon ( > A 374 ) et Philocratès, deux neveux de Chrysippe dont il assura la formation à
Athènes (D .L . VII 185), ainsi qu'un certain Hyllos de Soles, qui avait d'ailleurs étudié avec Sphaïros avant de devenir le disciple de Chrysippe (Ind. Stoic . Herc., col. 46 , 1-5 ; p. 96
333 CHRYSIPPE DE SOLES Dorandi). L ' Athénodore dedicataire d 'un traité de Chrysippe ( A 486) pourrait se rattacher au même groupe, mais doit sans doute être situé une génération après l'élève homonyme de Zénon .
Un apophtegme rapporté par D .L . VII 182 laisse entendre qu' en suivant Cléanthe Chrysippe se démarquait de la foule des étudiants, qui préféraient à
l'époque l'enseignement d'Ariston de Chios (- A 397). Ses rapports avec Cléanthe n 'allaient pas sans conflits, qui l'amenaient à s'éloigner des vues des
deux premiers scholarques,non sansmauvaise conscience d'ailleurs (VII 179). Il aurait souhaité qu'on lui enseignât les doctrines de l'école sans les démonstra tions (átodelEelc ), qu 'il se chargeait d'élaborer sur nouveaux frais... Ce souci
d'indépendance intellectuelle - confirmé par l'existence d'un traité d'Antipatros de Tarse („ A 205 ) Hepi tñs Kreávoouçxal Xpvolnnou dlapopãs (SVF III, Antipatros, fr. 66 ) – l'aurait amené à se séparer de son maître (Cléanthe ou
Zénon, si l'on conçoit la mention de Cléanthe en D . L . VII 179 comme une
incise) du vivant de celui-ci (Éti te çûvtoç ånborn aŭtoū ), provisoirement peut-être . On rappelle ailleurs (VII 185) que Chrysippe tint école au gymnase du Lycée, en plein air (oxoanv Éxelv ÚTTALOpov Év Auxelw ). Cette prise de distance, à une époque où le stoïcisme venait de connaître d'autres sécessions (Hérillos, Ariston , Denys), ne l'empêcha pas de succéder à Cléanthe. Un des
récits de la mort de Chrysippe, emprunté à Hermippe (fr. 59 Wehrli) comme souvent (VII 184), fait état d 'un enseignement à l'Odéon (év TQ 'Qldelw
oxorácovta ). Voir également Plutarque, De Stoic. repugn. 2, 1033 c ; De exilio 14 , 605 a. Sotion d'Alexandrie, dans son Commentaire sur les Silles de Timon de Phlionte, rapportait des vers de l''AowToOldáoxalog d ' Alexis (poète de laMoyenne comédie, ca 372-270), dans
lesquels l' esclave Xanthias évoquait, dans le cadre d'un “ protreptique” épicurien (npotpetó HEVOV Én ndunáDELAV: cf. E . Bignone, L 'Aristotele perduto e la formazione filosofica di Epicuro, t. I, Firenze 1936 , p . 35 sq .) l'enseignement philosophique dispensé au Lycée, à l'Académie et « aux Portes de l'Odéon » (Athénée VIII, 336 e = PCG II, fr. 25). Ce dernier site suffisait vraisemblablement à désigner l' école stoïcienne , à côté des deux autres grandes
écoles. Comme Alexis n 'a pas pu connaître Chrysippe, si cette pièce est authentique (le convive du banquet d'Athénée en doute , car elle ne figurait pas dans les catalogues réper toriant les pièces de la Moyenne comédie ), elle attesterait que l' école stoïcienne entretenait des liens avec l'Odéon dès avant Chrysippe. Comme l'Odéon n 'est cependant jamais men
tionné comme lieu d'un enseignement philosophique à l'époque d' Alexis, on voit généra lement dans ce détail un anachronisme qui, ajouté à d 'autres éléments de caractère linguisti que, conduit à rejeter l'authenticité de ces vers. Voir W . G . Arnott, « The Asotodidaskalos attributed to Alexis » , CO 49, 1955 , p . 210 -216 ; H . Wankel, « Alle Menschen müssen sterben . Variationen eines topos der griechischen Literatur » , Hermes 111, 1983, p . 129 - 154 , notam
ment p . 151 n. 58 . En ce qui concerne les Portes de l'Odéon , on pense généralement qu 'il
s'agirait des propylées qui en constituaient l'entrée .
D .L . VII 183-184 évoque également, à la suite du huitième livre des Succes
sions de Sotion (fr. 22 Wehrli), des études de Chrysippe à l'Académie avec Arcésilas (mort en 244/3) et Lacydès (mort en 208/7). Ces études expliqueraient, selon Diogène, la pratique de Chrysippe d'argumenter successivement pour et contre l'usage (xatd tñs ouvndelaç xai útèp aŭtñs érteyeipnoe) et l'utilisa tion qu ' il faisait de la méthode ou de la tactique académicienne dans l'examen
334
CHRYSIPPE DE SOLES
des grandeurs et des pluralités ( htepi yeyeOőv xai tandWv tñ tõv ’Axaon μαϊκών συστάσει χρησάμενος). Sur l'utilisation et la finalité de l' argumentation académique selon Chrysippe, il faut lire les extraits conservés par Plutarque, De Stoic. repugn. 10. Le catalogue des æuvres de Chrysippe comprend un Kat: tñs ouvndelaç tpos Mntpoowpov s' (cf. aussi Plutarque, De Stoic. repugn., 1036 f) et un ‘ YTèp (conj. Cobet: Nepimss ) tñs ouvndelas após ropylat
Trionv 6', que précède un Moos TÒ 'Apxeondov LEDÓÔLOV Tpoc Epaipov a ' (D . L . VII 198).
Comme le témoignage de Sotion reste isolé, ces études académiciennes de Chrysippe ne sont pas historiquement garanties. Si le témoignage doit être
retenu, l'association des noms d 'Arcésilas et de Lacydès ne permet pas en tout cas de limiter à une brève période initiale de la vie de Chrysippe ce séjour d'étu
des. D .L. VII 183-184 (qui suit Sotion) le situe même au terme (TÉRoc) d'une évolution intellectuelle. Ces études ont pu être conçues comme une formation
complémentaire, alors que le philosophe était déjà un stoïcien confirmé. On s' étonnait dans l'Antiquité qu'aucun ouvrage de cet auteur prolifique n 'eût été dédié à un souverain (D . L . VII 185 ). De fait, chez un philosophe qui
enseignait que le Sage pouvait choisir de devenir roi ou de vivre à la cour des rois (Ilepi Biwv a ', chez Plutarque, De Stoic . repugn . 20 , 1043 c = SVF III691), l'absence de toute dédicace pouvait équivaloir à une condamnation implicite des souverainetés qui se partageaient l’Orient méditerranéen . Chrysippe aurait
d' ailleurs refusé, contrairement à Sphaïros, de se rendre à la cour de Ptolémée (II Philadelphe) à Alexandrie (D .L . VII 185).
Plutarque (De Stoic. repugn. 20, 1043 f) a conservé un extrait de Chrysippe relatif à la façon de faire payer aux élèves leurs frais de scolarité (SVF III 701).
L ' Index Stoicorum (col. 38, p . 90 Dorandi) témoigne de la ponctualité du philo Sophe : και τάλλ' ομοίως έπ[ ρ] ατίτεν, αλλά και επί τηνΤσχολήν αιεί την
aýmu ópav Elxai duollwç åređúeto,Gote un'[G ]va oladeúdeodal TÕu I [ru ]wpluwv ... Le même document (col. 47, p . 98 Dorandi) a conservé une liste fort lacunaire d 'élèves de Chrysippe; plusieurs noms (ici en italiques) se retrouvent parmi les dédicataires d 'ouvrages philosophiques connus par la liste de D . L . VII (les numéros indiquent les traités dédiés à chaque destinataire dans la liste qui suivra ). INDEX STOICORUM (Ana]xigé[nès) Apelles Arcé[ph )on
( A ) ristoboulo [s ] Aristo (cllès
A [mara ]nteu [s] Clé [on ] Dioſclès) Dio [do ]ros
DIOGÈNE LAËRCE VII Agathon 66 Alexandros41, 92 Apollas/Apellas 54, 103
Apollonidès 34 Aristagoras 5, 10 ,68
Aristoboulos 109 Aristoclès 128 Aristocréon 94, 96 , 98, 102, 103, 105, 151, 155, 159 Athénadès 9, 84, 110
CHRYSIPPE DE SOLES Héracleidès
Athénodoros 11
Héſréas) L[aoda]mas [N ]oèt[os]
Cleitos 22 Cléon 154 Dioclès 136 , 137 Diodoros 141, 156 Dion 13, 42
(Nym ]phis
Dionysios 45 , 47, 134
Sph ( aïlros Th [6 ]on
Épicratès 59, 113
( Ti]mostrat[os]
Gorgippidès 17, 18, 19 , 20 ?, 21 118 , 132
-x [ is]tratos
Héracleidès 114
[ M ] énéc ( ratlès
Mé[trodoro)s
335
Dioscourides 6 ,61, 101, 115 , 131, 153
Laodamas 93, 130, 144 Leptinės 149 Méléagros 87, 88 Ménécratès 111
Métrodoros 3 , 32, 117, 123, 124, 125, 126 , 127, 129 Nicias 51 Onetor 108
Pasylos 35, 77, 100, 112 Philarchos 33
Philippos 50 Philomathès 73, 83, 122, 139 Pollis 114, 158
Pythonax 145
Sosigénès 41 Sphaïros 116 Stésagoras 38,63, 107 Théaros 12 Théoporos 120 Timocratès 73 Timonax 142
Timostratos 72 Zénodotos 138
Zénon 4, 74, 75, 79, 80,83, 150
Les circonstances de la mort de Chrysippe sont diversement rapportées. Selon Hermippe (VII 184 ), l'absorption de vin doux non coupé d'eau l'aurait plongé dans un étourdissement qui l'aurait emporté en cinq jours. Selon d'au
tres, il seraitmort d'une crise de rire en voyant un ânemanger ses figues. On ne peut pas récupérer grand- chose de la version donnée par l’Ind. Stoic. (col. 40). Selon Démétrios deMagnésie (D . L. VII 185), Chrysippe n 'avait cure de l'assentimentdes rois et se contentait du jugement d 'une vieille femme (npxettó Te ypaïdiw uovą ). C 'est apparemment de la même personne que viendrait l'information , transmise par Diocles de Magnésie (D . L . VII 181), selon laquelle Chrysippe aurait écrit chaque jour 500 lignes. Elle
336
CHRYSIPPE DE SOLES est désignée dans ce passage par l'expression : 5 OÈ TapeOpeúovoa tpeo būtic aútą ). Enfin , c 'est à « la vieille » ( tņ ypat) que sont adressées les dernières paroles de Chrysippe dans l'une
des versions de sa mort (VII 185).
Les cuvres de Chrysippe. Chrysippe avait dans l'Antiquité la réputation d'un auteur prolifique (D .L . I 16 ). On le comparait volontiers à Épicure sur ce point (X 26 ) et l'épicurien Apollodore d'Athènes observait, non sans malice,
que ses ouvrages , à la différence des traités d'Épicure, étaient artificiellement gonflés par d 'innombrables citations (VII 181). Dans un traité de Chrysippe la tragédie Médée d 'Euripide était citée presqu 'en entier (VII 180).
Selon D . L . VII 180, la liste complète des ouvrages de Chrysippe comprenait « plus de 705 livres» . Dans la liste conservée par Diogène, une indication à la fin de la section consacrée à la logique (VII 198) fait état de 311 livres. Si l'on
fait le décompte des cinq Tónou regroupant les traités de logique, on obtient un total de 119 titres différents pour 300 livres. Cette légère divergence peut résul
ter d'erreurs dans la transmission du nombre de livres de certains traités ou de lacunes dans le répertoire des titres. Quant à la partie éthique, incomplètement conservée, elle fournit 43 titres pour un total de 122 livres. La liste devait donc
comprendre environ 283 autres livres relevant de l' éthique et de la physique. Au premier siècle de notre ère, dans la bibliothèque du poète Perse , léguée en héritage au philosophe Cornutus ( C 190 ), figuraient sept cents livres de Chrysippe ( Vita Persi 4, p. 31 Clausen ).
Strabon (XVI 2, 24 ) connaissait également un ſívač tây áno Zúvwvos φιλοσόφων και των βιβλίων compile par Apollonios de Tyr ( » Α 286). RICHARD GOULET. LISTE COMMENTÉE DES EUVRESDE CHRYSIPPE (D . L. VII 189-202).
Ce catalogue incomplet (une partie des écrits de morale et tous les écrits de physique ont disparu ) ne nous fait pas connaître l'ordre chronologique ou systé
matique dans lequel Chrysippe lui-même aurait rangé ses différents traités. Il nous renseigne seulement sur le cursus de l'enseignement stoïcien au jer s. av .
J.-C et la manière dont on étudiait alors les écrits de Chrysippe. On a pensé
longtemps que cette liste était l'æuvre d'Apollodore de Séleucie. Mais, comme l' a montré M . Baldassarri dans la très intéressante introduction qu ' il a écrite à
son édition et traduction du catalogue (1 M . Baldassarri [édit.), Crisippo. Il Catalogo degli Scritti e I Frammenti dai Papiri, dans La Logica Stoica.
Testimonianze e Frammenti...,t. II, Como 1985, p . 15), il est possible que celui ci ait été rédigé par Apollonios de Tyr, un disciple d 'Apollodore. Le catalogue, comme le montre M . Baldassarri, présente de nombreux renseignements très précieux : on remarquera les expressions techniques qui apparaissent dans les titres de Chrysippe , celles qui apparaissent dans les divisions et subdivisions introduites par le rédacteur de cette liste , les nomsdes dédicataires (les élèves de Chrysippe) ou des adversaires réfutés (souvent desmégariques). Sur l'ensemble
du catalogue ou sur tel ou tel titre, on pourra consulter également 2 R . Nicolai, De logicis Chrysippi libris tam colligendis quam ad doctrinae rationes accom modatae disponendis commentariis, Programm des K .Gymnas., Quedlinburg
CHRYSIPPE DE SOLES
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1859 ; 3 R . Hirzel, « De logica stoicorum » , dans Satura philologica (Mélanges H . Sauppe), Berlin 1879, p .61-78 ; 4 A . Dyroff, Über die Anlage der stoischen Bücherkataloge, Programm des K . Neuen Gymnasiums zu Würzburg (1895
1896 ), Würzburg 1896 , 55 p.; 5 W . Crönert, Kolotes und Menedemos, Leipzig 1906 ; 6 M . Frede, Die stoische Logik , AAWG, Dritte Folge, n° 88, Göttingen 1974 ; 7 K . Hülser, Die Fragmente zur Dialektik der Stoiker, Bd. I, Konstanz 1982, p. 168-169 et 172-190 ; 8 J. Brunschwig, « On a Book -title by Chrysippus :
“On the fact that the Ancients Admitted Dialectic along with Demonstra tions” » , dans H . Blumenthal and H . Robinson (édit.), Aristotle and the Later
Tradition, coll. « Oxford Studies in Ancient Philosophy » , Suppl. Vol. 1991, Oxford 1991, p. 81-96 . Les traités ont été numérotés de façon continue pour faciliter les renvois internes. Les chiffres entre crochets droits renvoient aux numéros de paragraphes dans D . L . VII. Les
chiffresenenCar chiffres caractères gras italiques renvoient aux numéros attribués aux différents traités dans la présente liste .
[189] 'Enei 8° ¢vôotótata tà Bibaia totiv QÚTĄ , Ž8066Mol xaltuapos είδος αναγραφήν αυτών ενταύθα καταχωρίσαι, και έστι τάδε Puisque les écrits de Chrysippe sont très célèbres, il m 'a semblé bon d 'en
consigner la liste ,mise en ordre selon les différentes parties de la philosophie .
Lemot eidos désigne chez Chrysippe lesparties de la philosophie (D. L. VII39). I. AoyixoỞ TÓTTOU .
Écrits se rapportant au " lieu” logique.
La désignation des parties de la philosophie par le terme “ lieu" (topos) remonte à Apollodore de Séleucie (D . L . VII 39). Le mot “ logique”, pour désigner l'une des trois parties de la philosophie, n 'apparaît, semble -t-il, qu 'avec les stoïciens, cf. 9 P . Hadot, « Les divisions
des parties de la philosophie dans l'Antiquité » , MH 36 , 1979, p . 207-208. Les six écrits qui sont placés sous le titre « Écrits se rapportant au lieu logique » représentent des cuvres de
portée générale :manuels, vocabulaires techniques, introductions à la philosophie .
(1) OÉDELS Noyixal, Thèses logiques. Il existait aussi, de Chrysippe, des theseis physikai (SVF II 128 = n° 207) et des theseis
ethikai (SVF II 16 = n° 121): parle mot thesis,on désignait ou bien la proposition dialectique, mise sous forme de question , contre laquelle on peut argumenter ou bien l'exercice lui-même d ' argumentation , pour ou contre cette proposition (cf . 10 H . Throm , Die Thesis, Paderborn
1932 , p . 183). Il s'agit donc probablement ou de recueils de propositions pouvant servir à des exercices dialectiques, donc de thèmes d 'exercice (cf. 11 P . Moraux, Les listes anciennes des
ouvrages d 'Aristote , Louvain 1951, p . 71 et 94 -95), ou bien de recueils d 'argumentations pour et contre des « thèses» (cf. SVF II 128) .
(2 ) TWV TOŨ diooóbov oxeULÁTwv, Des thèmes de recherche du philo sophe. Il s'agit probablement d'une étude générale sur les trois parties de la philosophie . Cornutus parle , lui aussi, des trois « thèmes de recherche » (skemmata ) qui constituent le
discours sur la philosophie (De natura deorum 15, 4 et 37, 15) .
( 3) "Opwv dlaneXTIXWV Tpoç Mntpodwpov s', Des définitions se rappor tant à la dialectique, à Métrodore, en six livres. Identique peut-être aux « Définitions se rapportant à la dialectique » (Horoi dialektikoi) citées par D . L . VII 65 = SVF II 193.Remarquer aussi, dans la section éthique du catalogue, le n° 129 : « Sur les définitions, à Métrodore , en sept livres» .
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(4 )Lepi tõv xarà thu OlahexTLICHU Óvouátwv após Zhuwva a', Sur les termes que l'on emploie en dialectique, à Zénon, en un livre. Chrysippe y expliquait le sens des termes techniques qu'il avait introduits en dialectique,
ainsi qu'il apparaît clairementdans Galien, Dedifferentia pulsuum II 4 (VIII, p. 579 Kühn). (5) (190 ] Téxin Olałextlah após 'Aplotayópav a', Art dialectique, à
Aristagoras, en un livre. Titre très fréquentchez les stoïciens, cf. les listes des cuvres de Cléanthe, Crinis, Diogène
de Babylone, Sphaïros, Zénon. Sur Aristagoras, oublié dans le premier tome, voir DPHA Suppl. I, A 336a.
(6 ) EunkuÉVW Tidavõv nepos Aloxovpionu 8', Collection d 'arguments persuasifs, à Dioscouridès (- D 200), en quatre livres. A la suite de Baldassarri 1, j'interprète ouvnuévwv en ce sens non-technique, comme en 60 et 73 ; voir aussi 122. Mais voir 12 D . Sedley, « The negated Conjunction in Stoicism » , Elenchos, 5 , 1984, p. 311-316 et la critique de 13 J. Barnes, « NIOANA EYNHMMENA» , Elenchos 6, 1985, p . 453-467. Sur le sens de nedavá , cf. Sextus Empiricus, Adv. Math . VII 242 = SVF II 65 .
II. Aoyixoð tónov toð nepl od npayuata. Écrits se rapportant au lieu logique, concernant les 'unités de sens'. Sur cette interprétation du motpragma, cf. 14 P . Hadot, « Sur divers sens du mot pragma dans la tradition philosophique grecque » , dans P . Aubenque (édit.), Concepts et Catégories dans la pensée antique, Paris 1980, p . 313-316 . Tous les écrits ici rassemblés se rapportent en
effet aux unités de sens, complètes ou incomplètes, que sont les propositions ou les prédicats.
úvtabic mpám . Première série. Cette série contient des traités se rapportant aux propositions simples (« il fait jour » ) ou non -simples (« s' il fait jour, il y a de la lumière » ) et qui peuvent être vraies ou fausses. Voir 15 R . Goulet, « La classification stoïcienne des propositions simples selon Diogène Laërce VII69-70 » , dans J . Brunschwig (edit.), Les Stoïciens et leur logique, Paris 1978 , p . 171-198 . Parmi les propositions simples ne sont évoquées ici que la négative ( 10 ), la privative (12), la définie (11), l'indéfinie (13 et 14 ), cf. D . L . VII 69 = SVF II 204. Parmi les propositions non
simples, ne sont évoquées que les copulatives (9 , cf. D . L . VII 72 = SVF II 207). Par ailleurs, deux traités (15 et 16 ) sontconsacrés aux conditions de vérité des propositions en fonction du
temps (Cf. SVF II 206).
(7 ) Tepi đFluÁTwv a', Des propositions, en un livre . La proposition est définie par Chrysippe (D . L . VII 65 = SVF II 193), dans les « Définitions se rapportant à la dialectique » (= 3 ?), comme un pragma complet, c'est-à -dire comportant sujet et prédicat.
(8 ) Mepi tõv oủx ånőv å flwhátwv a', Sur les propositions qui ne sont pas simples, en un livre . Voir, surla notion , D . L. VII 71 = SVF II 207. (9) Lepl toŨ OUUTETNEYMÉvov nepoc 'Aonvádnu a ' B ', Sur les propositions copulatives, à Athénadès (~ A 473), livres I, II. Une des sortes de propositions non -simples:« Etil fait jouret il fait nuit». (10) Tepi åropatix @ V mpoc 'Aplotayópav r', Sur les propositions néga tives, à Aristagoras, en trois livres.
339 Une des sortes de propositions simples, cf. D . L . VII 69 = SVF II 204 : « Il ne fait pas CHRYSIPPE DE SOLES
jour» . Cf. Goulet 15 , p. 178-186. Faut-il identifier cet écrit avec le nepi đnopatixWV
conservé dans le Papyrus de Letronne ( SVF II 180 ; Baldassarri 1, p .67-108) ? [Sur le papyrus de Paris (PPar 2 = PLouvre inv. 2326 ) : 16 M . Cristina DonniniMaccid et M . Serena Funghi, « Il papiro Parigino N . 2 » , dans l'ouvrage collectif Studi su papiri greci di logica e medicina, coll. « Accademia Toscana di scienze e lettere " La Colombaria " - Studi>>
74, Firenze 1985, p . 127 -172, avec , en Appendice (p . 85- 126) , le texte, la traduction et le commentaire de PParis 2 (photographie de l'ensemble du papyrus sur dépliant) ; 17 W .
Cavini, « I sillogismi ipotetici del papiro parigino attribuito a Crisippo » , SicGymn 31, 1978,
p . 281-285 ; 18 W . Cavini, « La negazione di frase nella logica greca» , dans l'ouvrage collectif Studi su papiri greci di logica e medicina, coll. « Accademia Toscana di scienze e
lettere “ La Colombaria" - Studi» 74, Firenze 1985, p. 7-126. Voir aussi 19 C . Donnini Maccid , CPF, t. I 1 *, p. 430 . Voir également J. Irigoin , « Chrysippe, Sur les propositions
négatives », dans H.-J. Martin et J. Vezin (édit.), Mise en page etmise en texte du livre R.G.) manuscrit, Paris 1990, p. 34 - 36 . (11) Tepi tõv xarayopevTIXÕV nepos 'Aonvoowpov a ', Sur les propo sitions définies, à Athénodore (- A 486 ), en un livre . Une des sortes de propositions simples, du type : « celui-ci marche» , composées du
nominatif d 'un pronom démonstratif, qui désigne un individu précis (deixis), et d 'un prédicat, cf. D . L. VII 70 = SVF II 204 ; Frede 6, p.68 n. 15 .
(12) Tepi Tõv xatà otÉpnol deyouévwv tpos Oéapov a', Sur ce qui est dit demanière privative, à Théaros, en un livre . Une des sortes de propositions simples, constituée par une proposition à laquelle on ajoute une particule privative (à « amical est celui-ci » , on ajoute « in » ; « inamical est celui-ci» (cf.
D . L . VII 70 = SVF II 204.). Traité cité par Simplicius, In Categ., p. 396 , 20 Kalbfleisch, qui note qu'il y a beaucoup d 'irrégularités dans la signification des particules privatives, puisque certaines n 'évoquent pas une privation,mais au contraire la présence d 'une qualité positive,
comme l'innocence et que Chrysippe avait examiné à fond ces irrégularités Év TOTC Tepi TỐv
OTEPNtixWv deYOUÉVOLG . Voir Frede 6,p . 72 ;Goulet 15, p. 186- 187.
(13) Nepi tõv åoplotwv & [ WHÁTWV Tipos Alwva a' B' r', Sur les propo sitions indéfinies, à Dion (»- D 161), livres I, II, III. Une des sortes de propositions simples, formée d'une ou plusieurs particules indéfinies et d 'un prédicat : « Quelqu'un se promene» (D . L . VII 70 = SVF II 204), cf. Frede 6 , p.62 n. 13. (14 ) Hepi tñs diagopaç tõv åoplotwv a' B ' Y' 6', Sur la différence entre
les indéfinies, livres I, II, III, IV . Il s'agit probablement d'une recherche destinée à définir la notion de particule indéfinie ; il ne s 'agit pas seulement de pronoms indéfinis comme « quelqu 'un » , mais d 'autres pronoms
utilisés par exemple de la manière suivante : « Si quelqu 'un se promène, celui- là se meut» (cf.
Frede 6 , p . 62 -66 ).
(15) Tepi tõu xatà XPóvouç heyouévwv a' B', Sur ce quiestdit en relation avec les différents temps, livres I, II. Il s'agit probablementdu rapport entre le temps grammatical d'une proposition, l' écoule ment du temps réel et la vérité ou la fausseté de cette proposition.
(16) Hepi OUVTEA.Xv åEwuátwv B', Sur les propositions qui se rapportent à des faits passés, en deux livres. Le mot quiteAixóc est relativement rare . Il a habituellement le sens technique de « parfait » , attesté par les grammairiens, cf. Quintilien , Inst. orat. III 6 , 47, où ce terme désigne
l' état de cause conjectural, c'est-à -dire se rapportant à un fait passé. Baldassarri traduit ce
terme par ‘aoriste ', en s'appuyant sur Apollonios Dyscole, Synt., p . 97, 1 Uhlig .
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EÚvtaELS DEUTÉpa .
Deuxièmesérie .
Cette deuxième série comprend des traités consacrés aux conditions de vérité de deux types de propositionsnon -simples, la disjonctive (17) et l'implicative (18), cf. SVF II 208-213 et 217-220, à l'argumentation syllogistique (21), aux conditions de vérité et de fausseté (24 ). Ces thèmes sont très proches de ceux de la première série . S 'y ajoutent des réfutations de
traités de différents adversaires (20 et 23 ) etdel'argumentdu dominateur(22 ).
( 17 )Hepiårndoms OLECEUYUÉVOV TpÒç Topyinníonn a', Sur la proposition disjonctive vraie, à Gorgippidès, en un livre . Une des sortes de propositions non -simples, D .L. VII 72 = SVF II 207 : « Ou il fait jour ou il fait nuit» . Frede 6 , p . 92 n . 20, 95.
(18) Iepi åandoũs ouvNUMÉVou mpos ropyltnionv a' B' r' 8', Sur la
proposition implicative vraie, à Gorgippidès, livres I, II, III, IV . Une des sortes de propositions non-simples, D .L. VII 71 = SVF II 207 :« S'il fait jour, il y a de la lumière» . Frede 6 , p . 81.
(19) [191] ALPEOLS Tpoç Topyinnionv a ', Choix, à Gorgippidès, en un livre. Ce titre est probablement corrompu. On a cherché à l'expliquer en supposant qu'il s'agit du choix entre lesmembres de la disjonctive. Voir le titre suivant.
(20 ) Ipòs to nepì axolotowy a', Contre le traité « Sur ce qui suit logi quement», en un livre . Réfutation d'un traité d'un adversaire, consacré à la consécution logique. On peut se demander si l'on ne doit pas réunir ensemble le n° 19 et le n° 20, car la formule employée dans le titre suivant, « encore à Gorgippides» , laisse supposer que notre titre comprenait aussi
la mention du destinaire Gorgippidès, et elle apparaît précisément aussi au n° 19. Peut-être faut- il lire diairesis au lieu d 'hairesis: le titre serait alors : « Division, dédiée à Gorgippidès,
contre le traité 'Sur ce qui suit logiquement'» .
(21) Hepi toŨ Old Tplőv Táruv tipoç Topyinníonn a ', Sur la question des raisonnements qui se font à l'aide de trois propositions (hypothétiques ), encore à Gorgippidès, en un livre. On peut interpréter ce titre en deux sens: ou bien il s'agit des raisonnements dia triôn dont parle Alexandre d'Aphrodise , In Analyt. prior., p . 374, 24 Wallies (il donne l'exemple : « Si rien n 'est, il n 'y a pas non plus de nuit ; mais s'il n 'y a pas de nuit, il fait jour ; donc si rien
n 'est, il fait jour» ); ou bien il s'agit des raisonnements dia triôn tropikon dont parle Galien , De plac. Hipp. et Plat. (Corpus Medicorum Graecorum , V 4 , 1, 2 , Berlin 1980 ) II 3, 18 ,
p . 114, 1 De Lacy (= SVF II 248). Sur ce problème, cf. Frede 6 , p. 182- 183 ; 20 O . Becker, Zwei Untersuchungen zur antiken Logik , coll. « Klassische Philologische Studien » 17 , Wiesbaden 1957, p. 36 -37. Pour le sensdenáliv , comp. n° 88.
(22) Hepi Duvat@ V TiposKeltov 8 ', Sur les possibles, à Cleitos (2 +C 150), en quatre livres. Cet ouvrage est probablement cité par Épictète (Entretiens II 19, 9), qui parle du premier livre du traité des possibles dans lequel, selon lui, Chrysippe traitait de l'argument appelé le Dominateur, et cité aussi par Plutarque (De Stoic, repugn. 44 , 1054 c ; De defectu orac. 28 ,
425 e ), qui rapporte des extraits du quatrième livre, qui ont trait au problèmede la place du monde dans le vide (ce qui laisse supposer que ce traité de logique abordait aussi des
problèmes physiques).
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(23) Ipoç tò nepi onuaolőv Qlawvoç a', Contre le traité de Philon « Sur les significations», en un livre . Ce Philon est probablement Philon le Mégarique ou le Dialecticien, qui fut sans doute l'élève de Diodore Cronos. Son traité « Sur les significations» défendait peut-être les posi tions de son maître, qui affirmait que chaque mot n 'avait qu 'une signification , celle qu 'on voulait lui donner ; il n 'y avait donc pas de mot ambigu , ni d 'homonyme ; cf. 21 K . Döring, Die Megariker, Amsterdam 1972 , fr. 144 et fr . 111- 115 ; 22 G . Giannantoni, SSR II F 7.
Chrysippe s 'opposait à cette doctrine (Aulu -Gelle , Nuits Attiques XI 12 , 1- 3 ; SVF II 152).
(24 ) Hepi toŨ tiva łoti tà qevôñ a', Sur la question : Quelles sont les propositions fausses ?, en un livre . Probablement un ouvrage consacré aux conditions de fausseté des propositions.
Eúvtatiç tpltn . Troisième série. Cette série a pour thème les unités de sens (lekta , pragmata ) complètes qui ne sont ni vraies ni fausses, comme l'ordre , l'interrogation, la demande d'information (25, 26, 27, 28 ) et les problèmes liés à ce type de formules ,la réponse (29 et 31), la recherche (30 ), cf. D .L . VII 66 = SVF II 186 .
(25) Nepi nepootayuátwv B', Sur les ordres, en deux livres. (26) Iepi épwthoewÇ B ', Sur l'interrogation, en deux livres. Il s'agit de l'interrogation à laquelle on ne peut répondre que par oui ou par non (« Est-ce qu 'il fait jour ?» ), donc qui est propre à la dialectique, dont la règle consiste précisément à
poser des questions auxquelles on ne peutrépondre que par oui ou par non (SVF II 186).
(27) Lepì neúpewÇ 8 ', Sur la demande d 'information, en quatre livres. Il s' agit cette fois d'une question à laquelle il ne suffit pas de répondre par un geste, indiquant approbation ou désapprobation (oui ou non), mais à laquelle il faut répondre par un autre discours (« Il habite à tel endroit » par exemple ), SVF II 186 .
(28 ) 'Entoun) ttepi épwrňoewg zal neúpewç a ', Résumé au sujet de l'interrogation et de la demande d 'information, en un livre . (29) 'Entitoun nepi ånoxploewç a', Résumé, au sujetde la réponse, en un livre .
Ce traité a peut-être pour objet la différence entre la réponse qu'il faut faire d 'une part à l'interrogation, de l'autre à la demande d 'information (cf. 26 et 27).
(30) < Zlepis (nthoews B ', Sur la recherche, en deux livres. Cf. SVF II 102- 104 . (31) Tepiåttoxpioews 8', Sur la réponse, en quatre livres.
Probablementmême contenu que 29. Súvta &LC teráptn .
Quatrième série.
Cette série a pour objet une des sortes d'unités de sens (lekta , pragmata ) incomplètes, à savoir les prédicats (32-35 ).
(32) Tepi tõv zatyopnuátwv Tipos Mntpóówpov i', Sur les prédicats, à Métrodore, en dix livres. Pour les stoïciens, dans la proposition ,le prédicat est « ce qui se dit de quelque chose» , cf. D . L . VII 63-64 = SVF II 183 ; c'est en général un verbe qui exprime une action ou une passion , et non un attribut lié au sujet par la copule.
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(33) Tepi òpobv xal Untlwv nepoc Dúhapxov a ', Sur les prédicats directs et inversés, à Phylarque, en un livre. Il s'agit des verbes actifs (avec un complément d 'objet à un cas oblique) et des verbes passifs, cf. D . L . VII 64 = SVF II 183 et 185.
(34) llepì tõv ovußauátwv nepos ’Anorwvíonn a', Sur les événements ' qui adviennent au sujet, à Apollonidès (** A 255 ), en un livre. Il faut ici, avec Nicolai 2 et Baldassarri 1 , corriger ouvayuátwv, attesté par les mss mais qui ne donne aucun sens, en ovußauátwv . Selon Porphyre (Ammonius, In De Interpreta tione, p . 44 , 24 Busse = SVF II 184 ) , xammyópnua et ouubaua ont le même sens. Esubaua
implique à la fois la notion d 'accident qui advient à un sujet, et d 'événement qui advient à une substance. 23 U . Egli, Zur stoischen Dialektik (Inaugural- Dissert. der Univ. Bern ), Basel
1967, p . 34, propose une restitution du contenu de la lacune dans le texte de D . L . VII 64 (= SVF II 183) se rapportant à la notion de ouubaua . Sur cette notion , voir aussi
24 L .Marrone, « Proposizione e predicato in Crisippo » , CronErc 14, 1984, p. 135 -136 .
(35) Ilpos Máovhov nepi xatnyopnuátwv 8', A Pasylos, au sujet des prédicats, en quatre livres.
[192] Etvtatic TÉUNT . Cinquièmesérie. Cet ensemble de traités se rapporte à la manière dont les mots signifient, par leur forme grammaticale et leur place dans la proposition (c'est la théorie des cas : 36), par le rapport qui s'instaure entre sujet et prédicat (37), par le phénomène de la connotation (38 ) ; se rapporte
également à ce thème la différence entre les mots qui désignent un individu (Socrate) et les
mots qui désignent une notion : les nomscommuns(39).
(36) Tepi TÕV TÉVTE NTWOEWV a ', au sujet des cinq cas, en un livre . (37) Tepi tõv xatd TÒ ÚTOxEluEVOV GOLOMÉVWV Éx opWv a', au sujet des expressions définies parrapport au sujet, en un livre. Il s 'agit probablement des dextà aútote , ñ , 'contenus intelligibles' (ou ‘unités de sens')
complets, dont l' expression (Expopáv) est complètement définie (åtmotiouÉVNU), comme dit
D .L . VII 63 = SVF II 181, c'est-à-dire, dans l'exemple de Diogène Laërce, qui ont un sujet (Socrate écrit) et qui correspondent exactement à ce sujet; cf. 25 O . Rieth , Grundbegriffe der
stoischen Ethik, Berlin 1933, p. 24 n. 1.
(38 ) Hepi napeubáoewç npoç Ernoayópav B', Sur la connotation, à Stèsagoras, en deux livres. Cette notion paraît avoir appartenu au vocabulaire technique de la logique stoïcienne
(Alexandre d 'Aphrodise, In Analyt. pr., p. 402 , 36 et 404 , 33 Wallies ; Simplicius, In Categ.,
p . 395, 12 Kalbfleisch ) et désigner une signification annexe impliquée dans un terme; voir Les Stoïciens et leur logique, Actes du Colloque de Chantilly , 18-22 sept. 1976 , Paris 1978, p .437–440.
(39) Tepi tēv nepoonyopex @ B', Sur les noms communs, en deux livres. Cf. Simplicius, In Categ., p. 389, 22 Kalbfleisch (en opposition aux définitions') = SVF II 174 .
ΙΙΙ. Λογικού τόπου περί τας λέξεις και τον κατ' αυτάς λόγον. Écrits se rapportant au lieu logique, concernant les mots et le discours considéré du point de vue des mots . Le groupe précédent se rapportait au signifié (pragma, lekton ), celui-ci a trait au signifiant,
c'est-à-dire aux mots en tant que sons et que formes grammaticales. Les problèmes propre ment grammaticaux prédominent.
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CHRYSIPPE DE SOLES EÚvtaELc Tpám . Première série.
Ce groupe d'écrits se rapporte aux mots eux -mêmes (41, 47), à leurs formes gramma ticales : singulier ou pluriel (40 ), à leur formation (42 ), aux règles grammaticales et d'usage
qui leur sont appliquées (44-46), et peut- être aux problèmes que posent les rapports entre signifiant et signifié (43).
(40) Ilepi tõv Évexőv xai anduvTixőv éxpop @
s', Au sujet des
expressions au singulier et au pluriel, en six livres. Cf. 27 L . Marrone, « Il problema dei “ singolari' e dei “plurali' nel PHerc. 307 » , dans Atti del XVII Congresso Internazionale di Papirologia (Napoli, 19 -26 maggio 1983),Napoli 1984, p . 419-427.
(41) Nepi RÉFeWV nepoc Ewolyévny xal 'ANÉbavôpov E', Au sujet des mots, à Sosigène et Alexandre (» A 106 ), en cinq livres. (42) Tepi tñs xarà tác hÉEelg åvwuaríac tpos Alwva 8', au sujet de l'anomalie dans les mots, à Dion , en quatre livres. On sait que, dans la querelle entre Aristarque et Cratès de Mallos ( - C 203) sur l'analogie et l' anomalie , ce dernier, partisan de l'anomalie , s'appuyait sur Chrysippe (cf. Varron, De Lingua Latina IX 1 = SVF II 151).
(43) Ileon cũ Toặc các postc ooOIõv AóY
Y , Au sujet des sorites se
rapportantaux mots, en trois livres. Baldassarri ( 1, p . 38) remarque l'obscurité de ce titre et pense que cet ouvrage réfutait l'objection (Sextus Empiricus, Adv. Math. VIII 80 -84) qui affirmait la non-existence de la parole, à cause de la non- coexistence de ses éléments, lorsqu 'ils sont proférés. Peut-être pour rait-on penser aussi à ce qui est dit dans les Recherches Logiques de Chrysippe (cf. Marrone
24, p. 138-140) au sujet des ‘passés de passés' et des 'pluriels de pluriels', qui entraîneraient une régression à l' infini. Or on considérait le sorite comme un argument qui peut entraîner à
une régression à l'infini, cf. Simplicius, In Phys., p . 1175, 26 Diehl.
(44) Lepi oooLxLouWv a', Au sujet des solécismes, en un livre . Sur ce sujet, cf. SVF II 298 et III (Diog. Babyl.) 24. (45 ) Ilepi oooix ( OVTwv Nóywy após ALOVÚOlov a ', Des manières de parler qui sontdes solécismes, à Dionysios (- D 170 ), en un livre.
(46) Aóyou napd taç ouvndelaç a ', Desmanières de parler qui vont contre l'usage commun, en un livre .
(47) AÉELÇ Tpos ALOVÚOLOV a', Le mot à Dionysios, en un livre. Lúvtatic DEUTépa. Deuxième série. Série consacrée à l'étudedes partiesdu discours et de la syntaxe. (48) Hepi tõv Otolyelwv toũ Nóyou xal rõv deyouévWV E', Au sujet des éléments du discours et des énoncés, en cinq livres. Cf. D .L. VII 57 = SVF II 147 et 148. Sur ce titre et les titres suivants et sur la place exacte de ces traités dans le système stoïcien , cf. 28 J. Mansfeld, « Zeno of Citium . Critical Obser vations on a Recent Study », Mnemosyne, 31, 1978, p. 136 - 143.
(49) Tlepi tñs ouVTÁĘEWS TÕV de youévwv 8', Sur l'arrangement (syntaxe) des énoncés, en quatre livres.
344
CHRYSIPPE DE SOLES Peut- être identique à l'ouvrage cité par Denys d 'Halicarnasse, De compos. verb ., p . 22
Usener-Radermacher, sous le titre lepi tñs ouvrageWG TÕV toũ Nóyou depWv (ou uoplwv), cf. SVF II 28 et 206 a.
(50) [193] Περί της συντάξεως και στοιχείων των λεγομένων προς Diantov Y ', Sur l'arrangement et les éléments des énoncés, à Philippe, en trois livres.
(51) Tepi tõv OtoixeiWV TOŨ Móyou nepoc Nixlav a', Sur les éléments du
discours, à Nicias, en un livre . (52) Tepi toở tpos Étepa de youévov a ', Sur ce qui est prononcé en rapport à autre chose, en un livre.
Il s'agit probablementdes relatifs. Xúvtačiç tpim . Troisièmesérie. Série consacrée entièrement au problème de l'ambiguïté des expressions.
(53) Ipós toùc un OlalpovuÉVOUS B ', Contre ceux qui ne veulent pas
distinguer (les significations ? ), en deux livres. Il s' agit probablement des mégariques qui, affirmant que chaque mot n 'a qu'une signi fication, refusaient de distinguer les significations différentes dans les expressions ambiguës, cf. 23.
(54) Tepi dupißołeWV npoc ’Anemãv 8 ', Sur les ambiguïtés, à Apellas, en quatre livres.
Surles graphies : Apellas ou Apollas,voir DPHA A 231. (55) Tepi tõv tpottix @ v dupißolov a ', Sur les ambiguïtés des 'majeures' qui déterminent le mode des syllogismes, en un livre. Tropikôn pourrait signifier ce qui a rapport aux figures demots et de style,mais ce sens ne semble apparaître qu 'au jer s. av. J.- C . chez Denys d 'Halicarnasse , par exemple. Il faut donc admettre que le mot correspond à l'expression technique par laquelle les stoïciens désignaient la première proposition (la 'majeure ') des indémontrables, formée par exemple, dans le cas
des syllogismes conditionnels, de l' antécédent' et du 'conséquent'. La forme de ces propositions détermine le mode (tropos) des syllogismes, cf. SVF II 254 , et 265. A ma connaissance, on ne trouve pas de textes faisant allusion au problème de l'ambiguïté éven tuelle de ces propositions, sauf peut-être chez Sextus Empiricus, Adv.Math . X 136 (mais il ne
s'agit pas d 'indémontrables).
(56 ) Tlepi ouvnuuévng tpottixñs auoißoriac B ', Sur l'ambiguïté de la ‘majeure ' conditionnelle, en deux livres.
(57) Ipós to nepi audißorov Navooldov B', Contre le traité « Sur l'ambiguïté » de Panthoïdès, en deux livres. Panthoïdès est un mégarique, cf. Döring 21,p. 139. (58) Tepi tñs eis tèc auoißorias eioaywyñs E', Sur l'introduction à l' étude des ambiguïtés, en cinq livres.
(59) 'Entitoun tõv npòç 'Entlypárnv áudißoneõv a ', Résumédes ambi guïtés, adressé à Épicratès, en un livre.
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( 60) Συνημμένα προς την εισαγωγής των εις τας αμφιβολίας β',
Collection de matériaux pour servir à l'introduction aux enseignements qui se rapportent aux ambiguïtés, en deux livres. Cf. 6 et 73.
IV . Λογικού τόπου προς τους λόγους και τους τρόπους. Écrits se rapportantau lieu logique, concernant les arguments et les modes des arguments.
Cf.SVF II 231-287. Etvtale tipom . Première série. Les deux premières séries rassemblent les écrits se rapportant à la théorie générale des raisonnements.
(61) Téxun Norwv xai tpotwV Tpos Alcoxovpíonv E ',Manuel de l'art des arguments et desmodes des arguments, à Dioscouridès, en cinq livres. Voir 63. (On croit retrouver ce titre dans un catalogue d 'ouvrages philosophiques et littéraires conservé dans PRossGeorg I 22 (début du lile s .) : [Xp ]u [o ]inn(ou Téxing Norwv x ]a [i ]
t [po ]ntwv a '. Le papyrus est édité et commenté par 29 Alessandro Linguiti dans CPF , t. I 1 * , nº 2 , p . 85-93. Deux autres ouvrages de Chrysippe étaient cités plus loin ,mais les titres n 'ont R . G .) pas été conservés.
(62) [194 ]Tepi tõv Norwv y ', Sur les arguments, en trois livres. (63) Hepi tpónwV OVOtáoewÇ mpos Emoayópav B ', Sur la constitution desmodes desarguments, à Stésagoras, en deux livres. Le mot tropos était employé proprement par les stoïciens à propos des ‘figures ' des syllogismes, c 'est -à -dire des formules numériques symbolisant les propositions, par exemple : « Si le premier, le second , or le premier, donc le second » , cf. D . L . VII 77 ; voir aussi Sextus Empiricus, Adv. Math. VIII 237 ; SVF II 242 ( p. 81, 20 ) et 245 (p . 82, 21) et Frede 6, p. 136 138 .
(64) Eúyxplong tõv tportlxőv åčlwuátwv a ', Comparaison entre les pro
positions quidéterminent lemode des arguments, en un livre.
Sur ces propositions, cf.55 et 56 . (65) [ ɛpl å tlotPEPÓVtWV Móywv xai ouvnuévwv a ', Sur les arguments et les conditionnelles convertibles, en un livre. Il s'agit probablement de la conversion entre l'antécédent et le conséquent à laquelle fait allusion Sextus Empiricus, Adv. Math . VIII 110, cf. Frede 6 , p . 136 .
(66 ) Mpòc 'Ayáowva ñ nepi TÕVÉEns apoßinuatwv a ', Contre Agathon (- A 41) ou sur les problèmes se rapportant aux conséquences logiques, en un livre .
Sur la traduction de teñs par conséquence logique', cf. Épictète, Dissert. 17,22 et 28.
(67) Tlepi toŨ tiva outdoyloTIXÁ TIVOS MET' örou te maidet' ärrwva', Sur la question : Quelles prémisses permettent d'obtenir de manière syllo gistique une conclusion par leur association avec une autre ou avec d 'autres prémisses ? en un livre .
CHRYSIPPE DE SOLES
346
Sur les raisonnements syllogistiques,cf. SVF II 238 et 253. ( 68) Περί των επιφορών προς ' Αρισταγόραν α ', Sur les conclusions, &
Aristagoras, en un livre. Sur le sens du mot epiphora, cf. SVF II235-236 .
(69) Περί του τάττεσθαι τον αυτόν λόγον εν πλείοσι τρόπους α ', Sur le fait que le même argument peut être présenté sous plusieursmodes, en un livre . Sur ce problème, cf. Frede 6, p. 144-145.
(70) Προς τα αντειρημένα τω τον αυτόν λόγον εν συλλογιστική και ασυλλογίστη τετάχθαι τρόπο β', Contre les objections faites a la doctrine selon laquelle le même argument peut être présenté sous un mode syllogistique et sous un mode non -syllogistique, en deux livres. Sur le sens de ce titre, cf. Frede 6, p. 144-145. ( 71) Προς τα αντειρημένα ταϊς των συλλογισμών αναλύσεσι γ', Sur les
objections faites aux analyses des syllogismes, en trois livres. Sur l'analyse des syllogismes, cf. Sextus Empiricus, Adv. Math. VIII 231-233; voir Frede 6, p. 168.
(72) Προς το περί τρόπων Φίλωνος προς Τιμόστρατον α', Contre le traité « Sur les modes » de Philon, à Timostrate, en un livre . Cet écrit est dirigé contre un traité du mégarique Philon (cf. 23) consacré aux différents modes de raisonnement, dont Sextus Empiricus nous a peut-être conservé quelques éléments
( Pyrrh. Hyp. I 110-111 ; Adv. Math. VIII 112-117 et VIII 332-333; cf. Dring 21, fr. 140 143).
(73) Λογικά συνημμένα πρός Τιμοκράτης και Φιλομαθής εις τα περί λόγων και τρόπων α', Collections de matériaux logiques, a Timocrate et Philo mathès : pour une introduction à la théorie des raisonnements et des modes, en un livre.
Cf. 6, 60.
[195] Σύνταξις δευτέρα . Deuxième serie.
(74) Περί των περαινόντων λόγων προς Ζήνωνα α', Sur les arguments concluants, à Zénon, en un livre .
Sur les arguments concluants (ou simplement valides), cf. SVF II 238 et Frede 6, p. 121 124 .
(75) Περί των πρώτων και αναποδείκτων συλλογισμών προς Ζήνωνα α ', Sur les syllogismes premiers et indémontrables, à Zénon, en un livre. Sur les cinq indémontrables, cf. SVF II 241-245 et Frede 6, p. 127-136 .
(76) Περί της αναλύσεως των συλλογισμών α', Sur l'analyse des syllo gismes, en un livre . Voir 71.
(77) Περί των παρελκόντων λόγων προς Πάσυλον β', Sur les arguments redondants, à Pasylos, en deux livres. On opposait aux stoïciens que leurs arguments indémontrables étaient redondants, cf. Sextus Empiricus, Pyrrh . Hyp. II 159-162. Le présent traité répond probablement à ces objections.
CHRYSIPPE DE SOLES
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(78) Slepi tõv eic toùç ouMoylouous Dewpnuárwv a', Sur les théorèmes se rapportant aux syllogismes, en un livre.
(79) Tepi outroylouõv eloaywylx @
Tipoc Závwva a ', Sur les syllo
gismes introductifs, à Zénon, en un livre. On peut supposer qu'il s'agit de la théorie des syllogismes présentée d 'une manière élémentaire en guise d' introduction, cf. 80. Il y a peut-être un rapport entre cet ouvrage et l'écrit intitulé nepi outroy ouwv eloaywy mpúrn cité par Sextus Empiricus, Adv. Math . VIII 223 = SVF II 242.
(80 ) Tāv npòs eloaywyniu tpónwV npòs Zhvwva r', Des modes d'argu ments, pour une introduction , à Zénon, en trois livres. (81) Iepi tõv Xatà qevớn oxhuara ouMoylouðve', Sur les syllogismes construits sur de fausses figures, en cinq livres.
(82) Aóyou outroylotixol xat' avárvolV Év tots åvanodeixtolç a ', Arguments syllogistiques considérés du point de vue de la réduction (analyse) en indémontrables, en un livre.
Cf. SVF II 242 (p. 81, 29) = Sextus Empiricus, Adv.Math. VIII 229.
(83) Τροπικά ζητήματα προς Ζήνωνα και Φιλομαθή α' (τούτο δοκεί VEUÔeniypadov), Recherches sur les modes, à Zénon et Philomathès, en un livre (cet écrit paraît être pseudépigraphe). Lúvtatic tplm . Troisième série. Série consacrée aux arguments qui changent de valeur de vérité et aux syllogismes disjonctifs.
(84) Nepi tõv METANLATÓVtwv Nóywv npòs 'Aonvádnu a ' (Jeudeni Ypapov), Sur les arguments qui changentde valeur, à Athénadès ( ~ A 473), en un livre (pseudépigraphe). Ce changement de valeur est dû notamment à l'écoulement du temps, cf. D .L . VII 76 ; voir Frede 6 , p . 44-48.
(85) (196 ) AóyolMetaTÍNTOVTEC Mpòs TuMeoórnta y' (Vevoeniypapa ),
Arguments qui changent de valeur en fonction de l'adverbe, en trois livres (peudépigraphes).
Il s'agit évidemmentde l'adverbe de temps. (86 ) Ipós toùç 'Auelvíov dlaCEUXTIYOÙÇ ', Contre « Les syllogismes dis
jonctifs » d 'Ameinias (»* A 134 ), en un livre. Auteur inconnu. Sur les syllogismes disjonctifs, cf. SVF II 261.
EtvtaELc tetaptn .
Quatrième série.
On pourrait penser que ce groupe d 'écrits ne se trouve pas à sa place dans l'ensemble des
écrits (61-118 ) consacrés aux arguments. Car ces sept traités se rapportent non pas aux arguments, mais à deux ‘unités de sens complètes' (npáyuara ), qui pourtant ne sont pas des propositions susceptibles de vérité ou de fausseté : il s 'agit, en un sens très technique et très particulier, des 'hypothèses' (« Supposons que la terre est au centre de la sphère du soleil » ,
Ammonius, In Pr. Anal., p . 2 , 31-32 Wallies) et des 'ekthèses' (« Posons que ceci est une
droite », Ammonius, ibid ., SVF II 189). Hypothèses et ekthèses sont formulées de préférence à
348
CHRYSIPPE DE SOLES l'impératif ; elles ne peuvent donc être vraies ou fausses. Ces traités devraient normalement se situer après le traité 31. Sur leur rapport avec la réfutation du sophisme du Menteur, qui peut expliquer leur place au milieu des écrits se rapportant aux arguments , cf. Frede 6 , p. 44. Sur les raisonnements utilisant les hypothèses, cf. Épictète , Dissert. I 7, 22. Il est possible aussi que certains de ces écrits sur les arguments hypothétiques soient en rapport avec l'étude des
mathématiques ( 90 ).
(87) Hepi útoDÉOEWV TPÒçMertaypov r', Sur les hypothèses, à Méléagre, en trois livres. (88) Λόγοι υποθετικοί εις τους νόμους προς Μελέαγρον πάλιν α', Arguments hypothétiques considérés du point de vue de leurs lois, à nouveau à Méléagre, en un livre . Cf. Épictète, Dissert. I 26 , 1 :« C'est une loi (vouos) des arguments hypothétiques...» Sur le sens de nálev , voirnº 21.
(89) Abyou ÚTODeTlxoà npòs eloaywyniv B', Arguments hypothétiques : pour une introduction , en deux livres. (90) Abyou Únodetixol Dewpnuátwv B', Arguments hypothétiques dans les théorèmes, en deux livres.
Ils'agit peut-être des théorèmes mathématiques.
(91) Abouç tūv 'HÔúlov ÚTodetixőv B', Solution des arguments hypo thétiques d 'Hédylos, en deux livres. Ces arguments hypothétiques devaient avoir un rapport avec le sophisme du Menteur, car un titre analogue se retrouve dans le contexte de la réfutation de ce sophisme: 103.
(92) Abouç TÕV ’Aretávopov Únodetixūv r' (Qev eniypada ), Solution des arguments hypothétiques d'Alexandre, en trois livres (pseudépigraphes).
(93) Tepi €xOÉOEwV tpoç Aaodáuavta a ', Sur les positions, à Laodamas, en un livre.
úvtaELS TÉUNT .
Cinquième série.
La cinquième série , la sixième, et le premier traité de la septième série (94- 104) se rapportent aux différentes manières de réfuter le sophisme du Menteur, sophisme inventé par le mégarique Eubulide. Sa formulation la plus complète semble avoir été : « Celui qui dit : " Je dis le faux ”, dit en même temps le faux et le vrai. Il est donc faux de dire qu 'il n 'est pas possible en même temps de dire le vrai et le faux » (cf. Pseudo- Alexandre d 'Aphrodise, In Sophist. El., p . 171, 17 -20 Wallies, cité par Döring 21, p . 109 -110 ; Cicéron , Lucullus 26 , 95 =
SVF II 196 ; Aulu-Gelle XVIII 2, 10 et voir 97).
(94 )Hepi tñs elç töv bevoÓLevov Eloaywyñs apòc 'AplotoxPÉovta a', Sur l'introduction au Menteur, à Aristocréon (> A 374), en un livre . (95) Aóyou PevOÓLevol mpos eloaywriv a ', Arguments du type du Men teur: pour une introduction, en un livre . (96 ) Tlepi toŨ bevôOLÉVov nepos ’Aplotoxpéovta s', Sur le Menteur, à Aristocréon, en six livres.
Cité par Épictète II 17, 34.
CHRYSIPPE DE SOLES
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Etvtatic Exm . Sixièmesérie. (97) Mpòç tous vouicovtaç xai devon xal ånnon Elval a ', Contre ceux
quipensent que ce qui est faux peut en même temps être vrai, en un livre . C 'est la définition même du sophisme du Menteur, cf.plus haut (à propos de la cinquième série ) et Chrysippe, Logika Zetemata , col. IX , 25-26 et X , 12 - 16 (SVF II 298 a , p . 106 , 15 et
34 -36). Voir 30 L .Marrone, « Il Mentitore nel PHerc. 307 (Questioni logiche di Crisippo) » ,
dans Proceedings of the XVIIIth International Congress of Papyrology, Athens 25-31May 1986, Athens 1988,t. I, p. 271-276 .
(98) [197) Προς τους διά της τομής διαλύοντας τον ψευδόμενον λόγον npòs ’ Aplotoxpéovta B ', Contre ceux qui réfutent l'argumentdu Menteur par lemoyen de la distinction , à Aristocréon, en deux livres. Ce titre , comme les deux suivants, fait allusion à uneméthode de réfutation du sophisme, que Chrysippe n 'admettait pas. Plutarque (De audiendo, 43 a) y fait allusion en parlant de nepi tñs tõv dopiotwv rouns (cf. 100). Sur la réfutation du Menteur par Chrysippe et les
discussions qu'elle provoquait au sein même de l'École, cf. Plutarque, De comm . notit. 2, 1059 d - e , avec le commentaire de 31 H . Cherniss , coll. LCL 470 , p . 666 -668. Voir aussi
32 Cl. Imbert, Phénoménologies etlangues formulaires, Paris 1992, p . 224-225 et p. 366 - 367.
(99) ’ ATODELEELS TIPOS tò un deTv TÉUVELV Tà áoplota a ', Démonstrations pour prouver qu 'il ne faut pas diviser les indéfinis, en un livre. (100) Προς τα αντειρημένα τους κατά της τομής των αορίστων προς Máovrov r', Contre les objections faites à ce qui a été dit contre la division des indéfinis, à Pasylos, en trois livres. Cf. 98.
( 101) Avois xatà toùç đpxalouç tpos Alooxovpíonn a ', Solution (du Menteur) selon les Anciens, à Dioscouridès, en un livre . (102) Hepi tñs to✓ PEVOOLÉVOU Núoewç npòs ’ Aplotoxpéovta Y ', Sur la solution du Menteur, à Aristocréon, en trois livres.
(103) Aúoiç twv 'H8úlov únodetixőv após ' Aplotoxpéovta vai 'Anomãv a', Solution des arguments hypothétiques d'Hédylos, à Aristocréon et Apollas, en un livre. Cf. 91. Sur les graphies Apollas ou Apellas, cf. 54.
úvtaELS ÉBBóun. Septième série. Les septième, huitième et neuvième séries (104- 116) se rapportent aux différents sophismes , pour la plupart inventés par l' École de Mégare. Au sujet de ces sophismes, on
trouvera l'essentiel, avec la bibliographie , dans le commentaire de 33 Alain Le Boulluec
(édit.), Clément d'Alexandrie, Les Stromates,t. II, coll. SC 279, Paris 1981, p. 72,à Clément, Strom . V 1, 11, 6 .
(104) Προς τους φάσκοντας τα λήμματα έχειν ψευδή τον ψευδόμενον
hóyov a ', Contre ceux qui disent que l'argument du Menteur a des prémisses fausses, en un livre.
( 105) Tepì åtopáoxovtog npòs tóv ’AplotoxPÉOVTA B ', Sur l'argument du Négateur, à Aristocréon, en deux livres. L 'argument du Négateur est appelé par Clément d 'Alexandrie ( Strom . V 1 , 11, 6 , cf. le commentaire de Le Boulluec 33, p . 72) PEUỔatopáoxwv. Selon Dexippe, In Categ., p . 25, 23
CHRYSIPPE DE SOLES Busse, il était formulé de la manière suivante : « Le prédicat 'homme n'est pas le sujet 350
'Socrate ', or Socrate est un homme, donc Socrate n 'est pas Socrate ».
(106 ) Aóyou åtopáoxOvTES mpos yuuvaolav a', Arguments du type du Négateur : pour l'exercice, en un livre.
( 107) Hepi toŨ napà dixpòv Nóyou mpos Emoayópav a ' B ', Sur l'argu ment du Peu à peu, à Stésagoras, livres I, II. Même dénomination de l' argument dans les Logika Zetemata de Chrysippe, SVF II 298 a (p. 106 , 9), cf. 108. Il s'agit d'un sophismedes mégariques, communémentappelé Sorite (cf.
Döring 21, p. 111-112 ): si on ne lui enlève qu'un grain à la fois (= peu à peu), le tas reste un tas,mais, lorsqu 'il ne reste plus qu'un grain , est- ce encore un tas ?
(108) IIsot T0v Eig coc DTTON DELL AóYou can coraovtvToặc ºOoh topa B ’, Sur les arguments qui se rapportent à des opinions imprécises et qui font rester silencieux, à Onétor, en deux livres. Il s 'agit ici probablement de l'argument du Peu à peu, et de l'attitude de Chrysippe à son égard, telle qu 'elle est décrite par Cicéron , Lucullus 29, 93 (= SVF II 277 ) : d 'une part (29,
94 ), l'argument s 'appuie sur l'imprécision et l'obscurité de la définition de la notion qui est en cause, d 'autre part (29, 93) la seule chose que l'on peut faire dans l'argumentation où est utilisé ce type d'argument, c 'est de s'arrêter, de ne pas se laisser entraîner dans la discussion , de se taire (SVF II 275 - 276 ; Döring 21, p . 112 ). Il y a probablement une allusion à cette
attitude dans les Logika Zetemata de Chrysippe, SVF II 298 a (p . 106 , 11), où il est question de la réponse que l'on fait à cet argument. Le Silencieux ( Hovyátwv), dont parlent Épictète
(II 18, 18) et Aulu Gelle (I 2 , 4 ), comme s'il s'agissait d 'un argument sophistique particulier,
n 'est probablementrien d'autre qu'une autre dénomination du Sorite (Döring 21, p. 112 ).
(109) [198 ] Tepi toŨ éyxexaupuévou nos ’Aplotóſovrov B', Sur
l'argument du Voilé, à Aristobule (» A 363), en deux livres. Cf. SVF II 274 et 287.
(110 ) Tepi ToŨ Glareandotoç TPOS 'Aonváonv a', Sur l'argument de Celui qui reste ignoré, à Athénadès, en un livre. Cf. D . L . VII 82 = SVF II 274 ; A . Le Boulluec 33, p . 72; Döring 21, p . 112. L ' allusion à ce traité dans Index Stoic. Hercul., col. 11, 4 -6 , p . 64 Dorandi, est signalée par Hülser 7 ,
fr. 195 F1
Euvrablc oydon . Huitième série. (111) ſepì toő OŰTLOOÇ mpos Mɛvexpárnu n ', Sur l'argument du 'Per sonne', à Ménécratès, en huit livres. Cf. D . L . VII 82 = SVF II 274 : « L ' argument du ‘ Personne' est un raisonnement condi tionnel (correction de Frede 6, p. 57 n . 2 ), qui est formé d'une proposition indéfinie et d 'une proposition définie » . Sur la formulation exacte de ce sophisme, cf. Frede 6 , p. 56 -57 (à ce sujet, voir D . L . VII 187 : « S 'il y a quelqu 'un à Mégare, il n 'est pas à Athènes ; or il y a un
homme à Mégare ; donc il n 'y a pas d'homme à Athènes» et Simplicius, In Categ., p. 105, 12 Kalbfleisch ).
(112 ) Tepi tõvě doplotov xai Golouévov Nórwv tpos Máovlov B ', Sur l'argument formé d'une proposition indéfinie et d 'une proposition définie, à Pasylos, en deux livres. Cf. la définition de l'argument du ‘Personne', 111.
(113) Tepi oótidos Móyou tpos 'Enllxpámv a '. Sur l'argument du 'Per
sonne', à Épicratès, en un livre .
CHRYSIPPE DE SOLES
351
Euvrablc évám . Neuvième série . (114 ) lepi tõv goblouátwv npòs 'Hoaxheiðnv xai Nórniv B ', Sur les sophismes, à Héraclide et Pollis, en deux livres.
(115) Tepi tõv ånópwv OlałextixWv (26ywv) mpos Aloxovpíônv E ', Sur les insolubles dialectiques, à Dioscouridès, en cinq livres. Cf. D . L . VII 44 et 82 ; SVF II 274 et 286 .
(116 ) Mpòc tò ’Apxeolháov je Obolov tpos Epalpov a ', Contre l'artifice d'Arcesilas, à Sphaïros, en un livre. Il est difficile d'admettre que Chrysippe vise ici un ouvrage écrit, car il semble bien qu 'Arcésilas n 'ait rien écrit (D . L . IV 32 et Plutarque, De Alexandri Magni fortuna, 328 a). Il
est probablement question ici, soit de la méthode d' Arcésilas en général (désignée par un diminutif péjoratif) , soit d 'une argumentation plus ou moins sophistique de celui-ci
(methodion peut avoir le sens péjoratif d'artifice, de ruse).
Etvtatic dexám . Dixièmesérie. Elle comprend deux traités, argumentant in utramque partem , pour et contre l''expérience
quotidienne', c'est-à-dire l'habitude de faire confiance à l'évidence des sens à laquelle nous sommes habitués, traités auxquels font allusion Cicéron , Lucullus 24, 75 et 27, 87 ; Plutarque,
De Repugn. Stoic. 10 , 1036 c-e ( voir le commentaire ad loc. de Cherniss 31, où l'on trouvera la bibliographie se rapportant au sujet et au problème historique posé par l'existence de ces
deux traités), cf. SVF II 109; D .L . VII 184 ; voir aussi Plutarque,De comm . not. 2, 1059 d;
Épictète I 17, 15 -20. (117) Kard tñs ouvndelaç rpos Mntpodwpov s ', Contre l'expérience quotidienne, à Métrodore, en six livres. (118 ) ‘Ynèp tñs ouvndelaç nos ropyinnionv 5', En faveur de l'expé rience quotidienne, à Gorgippide, en sept livres. V. Λογικού τόπου τα των προειρημένων τεττάρων διαφορών
εκτός όντα και περιέχοντα σποράδην και ου σωματικές ζητήσεις λογικής περί των καταλεγομένων. Écrits se rapportant au lieu logique,mais qui restent en dehors des quatre distinctions énumérées jusqu 'ici ou qui rassemblent les recherches logiques qui se rapportentaux thèmes déjà énumérés,mais sont isolées, et ne
s'insèrentpas dans le corpus (didactique). Il s'agit donc d 'écrits si l'on peut dire extra -scolaires, soit que le sujet traité n 'appartienne pas au programme du cours de logique, soit que le traité lui-même n 'ait pas été intégré dans le
corpus desmanuels d'enseignement.
(119) Zntuátov ÉVVÉa xal tpláxovta , Trente -neuf livres de Recherches (logiques). Valère Maxime VIII 7, 10 semble y faire allusion lorsqu'il raconte que Chrysippe a composé le trente -neuvième livre de ses écrits de logique à 80 ans. Il n'est pas sûr que l'expression Év TOTG hoyixős IntovuÉVOLS employée par Galien, Quod animimores 11,
p . 78, 5 Müller, se rapporte à ces livres. Il est extrêmement probable que les doyixd Inmuata conservés dans le Pap. Hercul. 307 sont des fragments de cette cuvre .
352
CHRYSIPPE DE SOLES
(Sur les hoyixà (nthuata (PHerc. 307): bibliographie dans 34 M . Gigante (édit.), Catalogo dei Papiri Ercolanesi, Napoli 1979, p . 123 ; pour la suite, voir 35 M . Capasso ( édit.), « Primo supplemento al Catalogo dei papiri Ercolanesi » , CronErc 19, 1989, p . 220 sq. ; 36 L . Marrone, « Nuove letture nel PHerc. 307 (Questioni logiche di Crisippo) », CronErc . 12 , 1982, p. 13-18 ; Marrone 27, p. 419-427 ; voir aussi Sedley 12, p. 311-316 et
Barnes 13, p . 453-467 (critique de Sedley).
R. G .)
'Ouoð td návra tou Roy.xoð tia '. En tout, le totaldes livres du lieu logique s'élève à 311. Dans la liste qui précède, il y a quelques hésitations, dans lesmanuscrits, sur le nombre de
volumes qui composent chaque cuvre (parfois il n 'y a aucune indication sur ce nombre ). Ce chiffre de 311 ne nous permet pas de savoir s'il manque quelque chose dans la liste en question .
VI. [199] Ηθικού λόγου του περί την διάρθρωσιν των ηθικών ÉVVOL @ v . Écrits se rapportant au discours de l'éthique, concernant l'articulation des
notions éthiques. On s'attendrait à lire Tónov et non abyou, étant donnée la présence de Tónov dans tous les autres titres, mais cette nuance est peut-être voulue: il s'agit effectivement dans ces écrits de
tout ce qui se rapporte au discours éthique. Sur l'articulation systématique des notions, cf.
37 V . Goldschmidt, Le système stoïcien et l'idée de temps, Paris, 3e éd ., 1977, p . 161- 162.
Evrtabic mpám . Première série. Les quatre premières séries concernent presque exclusivement les définitions et les notions
‘logiques' se rapportant au discours éthique. (120) ‘Ytoypad toŨ Tóyou tpos Deontopov a ', Introduction au discours de l' < éthique > , à Théoporos, en un livre . On peut se demander si l'addition par Arnim du mot < éthique est indispensable, car cet ouvrage est cité par Jean Stobée (Anthol. II, p . 116 , 14 Meineke) sous la forme év mn Únoypaoñ toũ Nóyou, soit que le qualificatif éthique soit sous-entendu, soit que nóyou signifie le discours rationnel.
(121) OÉDelç noixai a', Thèses éthiques, en un livre . Cf. 1.
(122) Ildavà anyuata eic tà dóruata npòç Oloua )ñ r', Prémisses persuasives pour introduire auxdogmes, à Philomathès, en trois livres. Cf.6.
( 123) "Opwv Tõv toũ đotelov npòs Mntpódwpov B ', Définitions de l'homme vertueux, à Métrodore, en deux livres.
(124) " Opwv tõv toŨ patrov npòç Mntpódwpov B ', Définitions de l'homme méchant, à Métrodore, en deux livres. (125) " Opwv Tõv åvaukowV tpos Mntpódwpov B', Définitions des inter médiaires, à Métrodore, en deux livres. Il s 'agit sans doute des indifférents.
CHRYSIPPE DE SOLES
353
(126) “ Ορων των πρός Μητρόδωρον κατά γένος ζ', Definitions, a Metro dore , des notions générales, en sept livres. Galien , De plac. Hipp. et Plat. IV 4 , 2, p . 250, 8 De Lacy = SVF III 464, rapporte que dans le huitième livre των κατά γένος όρων, Chrysippe donnait la definition de l'όρεξις.
(127) “Ορων των κατά τας άλλας τέχνας πρός Μητρόδωρον α' β', Définitions des notions relatives aux autres arts, à Métrodore, livres I, II. Σύνταξις δευτέρα.
Deuxième serie.
(128) Περί των ομοίων προς 'Αριστοκλέα γ', Sur les notions semblables, α Aristoclès (»- A 366), en trois livres . (129) Περί των όρων πρός Μητρόδωρον ζ', Sur les définitions, & Metro dore, en sept livres. Cf. 3.
Σύνταξις τρίτη. Troisième serie . (130) Περί των ουκ ορθώς τοις όροις αντιλεγομένων προς Λαοδάμαντα 5', Sur les objections qui sont faites à tort aux définitions, à Laodamas, en sept livres.
(131) [200] Πιθανά εις τους όρους πρός Διοσκουρίδης β ', Considérations
persuasives pour introduire aux définitions, à Dioscouridès, en deux livres. Sur le sens de πιθανά, cf. 6. (132) Περί ειδών και γενών πρός Γοργιππίδην β ', Des espèces et des genres, à Gorgippidès, en deux livres.
(133) Περί διαιρέσεων α', Sur les divisions, en un livre. (134) Περί εναντίων προς Διονύσιον β', Sur les contraires, a Dionysios, en deux livres.
(135) Πιθανά προς τας διαιρέσεις και τα γένη και τα είδη και < τά» περί TÕV évavtiwv a ', Considérations persuasives concernant les divisions, les
genres, les espèces et ce qui a rapport aux contraires, en un livre. Cf. 131.
Σύνταξις τετάρτη. Quatrième serie. (136) Περί των ετυμολογικών πρός Διοκλέα ζ', Sur les définitions etymo logiques, à Dioclès ( D 111), en sept livres.
(137) Ετυμολογικών πρός Διοκλέα δ', Definitions etymologiques, α Diocles, en quatre livres. Cité probablement par Galien, De plac. Hipp. et Plat. III 5 , 25, p. 206 , 8 De Lacy.
Σύνταξις πέμπτη.
Cinquieme serie.
Elle traite des notions communes et opinions générales concernantl'éthique.
(138) Περί παροιμιών πρός Ζηνόδοτον β', Sur les proverbes, & Zenodote, en deux livres.
354
CHRYSIPPE DE SOLES
Sur cet ouvrage, cf. les citations et extraits dans SVF III,Appendix II,XLV, p. 202, 5-36 . (139) Hepi toinuátwv mpoc Oinouaoñ a ', Sur les poèmes, à Philomathès, en un livre .
(140) Hepi toŨ TIWC OET TĀv Tolnuárwv åxOÚELV B ', Sur la manière dont il faut écouter la lecture des poèmes, en deux livres. (141) Mpós toùÇ XpLTIXOÙÇ repòs Albowpov a ', Contre les critiques litté raires, à Diodore (- D 122 ), en un livre .
Probablement dirigé contre les philologues, comme Aristophane de Byzance peut-être, qui interprètent ‘scientifiquement les poèmes au lieu d' en dégager la signification morale et allégorique.
VII. [201] 'HOLXO0 TOTOV Tepl tov xoLvov abyov xal tdc éx τούτου συνισταμένας τέχνας και αρετάς. Écrits se rapportantau lieu éthique, concernant la raison commune et les arts et vertus qui se constituent à partir d 'elle . Il s'agit de la raison commune à la nature raisonnable et donc à tous les hommes. úvtaELc apám . Première série . Tous les écrits se rapportent au problème de la connaissance et de la raison.
(142) Ipós tác áva (wypadnoelg npòs Twóvaxta a ', Contre les repré sentations imaginatives, à Timonar, en un livre . Sur ce sens dumot, cf. Philon d 'Alexandrie, De Josepho 126 ; De spec . leg. I 27 ; Sextus
Empiricus, Adv.Math . VII 222; Galien , De plac. Hipp . et Plat. V 6, 25, p. 330 , 28 De Lacy ;
Alcinoos, Didaskalikos IV ,p. 155, 16 Hermann, p.6 Whittaker, avec la note 52 . (143) lepi toŨ TWC Exaota Néyouev xai Slavooúueda a', Sur la question de savoir comment nous énonçons et concevons chaque chose, en un livre. Ouvrage commenté , en quatre livres, par le philosophe stoïcien Aristoclès de Lampsaque (Souda, s. v . « Aristoclès» A 3917, t. I, p. 356 , Adler) ; cf.Hülser 7, p. 188. Voir DPHA A 368 . (144) Hepi tõv ÉVVOLWV nepos Aaodáuavta B', Sur les notions, à Laoda
mas, en deux livres .
(145) lepi útoańHewç npòc Ivoúvaxta Y', Sur l'opinion, à Pythonar, en trois livres.
(146 ) ’ AnodelEELÇ Tpós tò un do Fáceiv TÒV Oopov a ', Démonstrations pour prouver que le sage n 'aura pas que de simples opinions, en un livre.
Cf. SVF II 131 (p.40,21) (147) Iepi xatardewç xai étlothuns xai åyvolaç 8 ', Sur la compré hension, le savoir et l'ignorance, en quatre livres. (148) Tepi Tóyou B', Sur la raison, en deux livres. Cf. D .L VII 39 et 54 = SVF II 37 et 105;Galien , De plac. Hipp. et Plat. V 3, 1, p. 304, 34 et 306 , 2 De Lacy = SVF II 841.
(149) Hepl tñs XPhoewÇ TOũ Nóyou npòs Mentivnv, Sur l'usage de la raison, à Leptinès. Cf. Plutarque, De stoic. repugn. 9 , 1035 e, et 10, 1037 b . Peut-être faut-il traduire comme Cherniss 31 : « Sur l'usage du discours » .
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355
Σύνταξις δευτέρα. Deuxieme serie. Dialectique et rhétorique .
(150) Περί του εγκρίνειν τους αρχαίους την διαλεκτικήν συν ταϊς αποδείξεσι προς Ζήνωνα β', Sur le fait que les anciens ont admis la dialecti que avec les démonstrations, à Zénon, en deux livres. Cf. Brunschwig 8, p.81-95. (151) 202 Περί της διαλεκτικής πρός ' Αριστοκρέοντα δ', Sur la dialecti
que, à Aristocréon, en quatre livres. Cf.Plutarque, De stoic. repugn. 24 , 1045 f= SVF II 126 . (152) Περί των αντιλεγομένων τοίς διαλεκτικούς γ', Sur les objections
que l'on fait aurdialecticiens, en trois livres. (153) Περί της ρητορικής πρός Διοσκουρίδην δ', Sur la rhetorique, &
Dioscouridès, en quatre livres. Cf. Ρlutarque, De stoic. repugn. 5, 1034 6 (= SVF II 698), 28, 1047 a- b (= SVF II 297 298 ) et Pseudo-Plutarque, De nobilitate 17 , Plutarchi Opera, t. VII, p . 258 , 14 Bernardakis (= III 148).
Σύνταξις τρίτη. Troisieme serie. (154) Περί έξεως πρός Κλέωνα γ ', Sur la disposition, a Cléon ( MC 166) , en trois livres. Probablement consacré à la notion de disposition stable ', qui fait partie de toutes les
définitionsdes vertus. Cité par Plutarque, De stoic. repugn. 43, 1053 f = SVF II 449.
(155) Περί τέχνης και ατεχνίας προς ' Αριστοκρέοντα δ', Sur l'art et la privation de l'art, à Aristocréon, en quatre livres. (156) Περί της διαφοράς των αρετών προς Διόδωρον δ', Sur la difference entre les vertus, à Diodore , en quatre livres. Contre Ariston de Chios, cf. Rieth 25, p . 84. Cet ouvrage est cité par Galien, De plac. Hipp. et Plat. VII 1, 10 , p. 430, 18 De Lacy = SVF III 256 et 259.
(157) Περί του ποιάς είναι τας αρετάς α ', Sur le fait que les vertus sont de l'ordre de la qualité, en un livre. Et non de la relation, contre Ariston de Chios également, cf. Galien, De plac. Hipp. et Plat. VII 1 , 15, p. 432, 3 De Lacy = SVF ΠΙ 256 et 259. Cf. Rieth 25, p. 84.
(158) Περί αρετών πρός Πόλλιν β', Sur les vertus, a Pollis, en deux livres. Cf. D . L . VII 125 (= SVF III 295), VII 127 (= SVF III 49) ; et voir Pseudo-Plutarque, De nobilitate 12, p . 236 , 1 Bernardakis ( = SVF III 350 ).
VII. Ήθικού τόπου περί αγαθών και κακών. Écrits se rapportant au lieu éthique, concernant les biens et les maux. Σύνταξις πρώτη. Premiereserie. (159) Περί του καλού και της ηδονής πρός 'Αριστοκρέοντα ι', Sur le bien moral et le plaisir, à Aristocréon, en dix livres.
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Voir les quinze fragments conservés, dans SVF III, Appendix II, XXVIII, p . 197, 45 - 200,
37. Y ajouter Philodème, De Stoicis XVI, 16 , et fr. 12, 7 , dans 38 T . Dorandi, « Filodemo. Gli Stoici (PHerc. 155 e 339) » , CronErc 12, 1982, p. 102 et 104.
( 160) ’ AnodelĘELS nepos tò un Elval tu ndovnu téhoc 8', Démonstrations pour prouver que le plaisir n 'est pas la fin morale, en quatre livres .
( 161) ’Atodelčelg npoc tò un Elval tu ndovnu åyadov 8', Démonstra tions pour prouver que le plaisir n'est pas le bien , en quatre livres. (162) llepi tõv de youévWV ÚTIÈp tñs ** *, Sur ce qui est dit au sujet de... PIERRE HADOT.
Autres titres attestés. L 'Appendice II du tome III de SVF répertorie les traités de Chrysippe auxquels on peut rattacher des fragments. Certains de ces traités ne figurent pas dans la partie conservée de la liste de Diogène Laërce.
Nous reproduisons ici ces titres supplémentaires et ajoutons quelques titres absents du répertoire de von Arnim .
( 163) Tepi ayaOWv ou lepi dyaboð , Sur les biens ou Sur le bien. Quatre fragments (SVF III, Appendix II, nº I, p. 194 : SVF III 25, 137, 148 et 418). Au moins trois livres.
(164) Tlepi ávouoroylas, Sur le désaccord. Un fragment (SVF III, Appendix II, nº II, p. 194 : SVF III 390). Le traité, relevant de la
morale, devait se rapporter au principe stoïcien de la vie en accord avec la nature.
(165) Hepi aveavouévou, Sur (l'argument de) la croissance (? ). Un fragment (SVF III,Appendix II,nº VI, p. 194 : II 397). ( 166 ) Hepi Biwv, Sur les genres de vie. Dix fragments (SVF III, Appendix II, nº VII, p. 194 : SVF II 42 et 270 ; III 685, 691, 693 697, 701, 702, 703, 716 ). Au moins quatre livres.
(167) Hepi tõv Ôlaútd aipetõv, Sur les choses choisies pour elles-mêmes. Trois fragments (SVF III, Appendix II, nº ix , p . 194-195: SVF III 148, 704 et un troisième fragment ajouté par von Arnim ,t.III, p. 195 , 1-7).
(168) Tepi tõvun Ol' aŭtà aipet@ v , Sur les choses non choisies pour elles mêmes. Deux fragments (SVF III, Appendix II, nº X , p. 195 : SVF III 744, et un deuxième fragment ajouté par von Arnim , t. III, p. 195, 11- 16 ). Il faut ajouter Philodeme, De stoicis XVI 4 , dans
Dorandi 38,p. 121. ( 169) Tepi toŨ Oixá ( elv , Sur le juger. Deux fragments (SVF III, Appendix II,nº XI, p. 195: SVF II 1125 et III 699). (170) Tepi OLXALOOÚVNS, Sur la justice. Neuf fragments (SVF III, Appendix II, nº XII, p. 195 : SVF II 30 , 1175, 23, 367, 345, 705, 747 (Tepi Olxalou ), 748, et un autre fragment ajouté par von Arnim , t. III, p . 195 , 21-25 ).
Allusion dans l'Index Stoicorum (SVF II, p . 3 , 10 ). Aumoins trois livres. Voir aussi les titres
suivants. Ajouter Philodème, De Stoicis XVI 20, dans Dorandi 38, p. 102.
(171) Tepi OLXALOOÚVng npòclátwva , Sur la justice contre Platon . Peut-être une section de 170. Quatre fragments (SVF III, Appendix II, nº Xlla , p. 195 : SVF
III 157, 288, 313, 455).
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(172) Tepi OLXALOOÚvns mpoc ’AplotoTÉAnv, Sur la justice contre Aristote. Peut-être une section de 170. Un fragment (SVF III, Appendix II,nº XIIb, p. 195 : SVF III 24 ).
(173) Tepi OLXOLOOÚvns &TO ELEELS , Démonstrations sur la justice. Deux fragments (SVF MI, Appendix II,nº XIII,p.195:SVF III 289, 297). (174) Hepi toŰ ALÓS, Sur Zeus.
Deux fragments (SVF III, Appendix II,nº XIV,p. 196: SVF III211,226). (175) Tepieiuapuévns, Sur le destin. Huit fragments (SVF III, Appendix II, nº XVI, p. 196 : SVF II 913, 915, 925, 927, 939, 998, 999 , 1049) . Essai de reconstruction de l'ouvrage dans 39 A . Gercke, « Chrysippea » , JKPh Suppl. 14 , 1885, p. 689-781, notamment p . 715-747 . 40 M . Isnardi Parente , « Diogeniano, gli
Epicurei e la túxn », ANRW II 36 , 4, 1990 ,p.2424 - 2445. (176 ) Eloaywy tñs nepi ayaOőv xai xax@ V npayuatelas, Introduction
au traité sur les biens et lesmaux. Trois fragments (SVF III, Appendix II, nº XVII, p . 196 : SVF III 667 et deux fragments ajoutés par von Amim , t. III, p. 196, 20 -41). Allusion probable à cet ouvrage dans SVF II 30, t. II, p. 11, 45.
(177) Tepi évunviwv, Sur les visions obtenues dans le sommeil. Trois fragments (SVF III, Appendix II, nº XIX , p. 196 : SVF II 1187, 1204+ 1205, 1206). Mentionné par Cicéron, De divinatione 1 6 (de somniis).
(178 ) Slepi ÉFEwv, Sur les forces de cohésion (?). L 'ouvrage (dont le fragment conservé concerne plutôt la physique) serait distinct, selon von Amim , du traité 154 (Tepi Eews mpos Katwva r ') qui appartient à la section éthique.
Un fragment (SVF III, Appendix II, nº XX, p. 197 : SVF II 449).
(179) 'Epwtixal ÉTELOTONAI, Lettres d'amour. Un fragment (SVF III, Appendix II, nºXXI, p . 197 : SVF II 1072). Selon Diogène Laërce X 3 , qui suit une source épicurienne, des lettres de Chrysippe, de contenu sans doute licencieux, avaient été éditées sous le nom d 'épicure afin de le calomnier. Il est possible qu 'il s'agisse de ce corpus. Le fr. SVF II 1072 concerne le tableau de Zeus et Héra situé à Argos (ou Samos
selon d 'autres sources). Selon D . L . VII 187 -188 , la description que Chrysippe donnait de ce tableau mythologique dans son traité Sur les anciens physiciens (cf. n° 209 ) était choquante,
même si l'enseignement qu'on en dégageait était une allégorie physique. Cf. 41 J. Pépin , Mythe et allégorie. Les origines grecques et les contestations chrétiennes, Nouvelle édition , revue et augmentée, Paris 1976 , p. 454 n . 40 . Diogène semble douter de l'existence du tableau commenté : il n 'aurait jamais été recensé par les auteurs ayant écrit sur les tableaux (napde
TOTS TEPI miváxwv yoápaol), comme Polémon, Hypsicratès ou Antigone. Chrysippe l'aurait inventé pour les besoins de la cause . Le passage estmal traduit par Hicks, qui ne semble pas y avoir vu une allusion à un tableau.
[En D . L . VII 188, plutôt qu'Hypsicratès, 42 R . Köpke, De Antigono Carystio, Berlin 1862 , p . 25, approuvé par 43 U . von Wilamowitz -Möllendorff, Antigonos von Karystos,
Berlin 1881, p . 8 et 145, a proposé de lire Xénocratès (RE 10).
T .D .)
(180) Iepi ÉpWTOS, Sur l'amour. Deux fragments (SVF III,Appendix II, nº XXII,p. 197: SVF III 716 et 718 ).
(181) Lepi @ v, Sur les dieux. Douze fragments (SVF III, Appendix II, nº XXIII, p. 197: SVF II 687, 1022, 1049, 1068 , 1076- 1078, 1125, III 212, 326 ). Au moins trois livres.
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( 182) Iepinòovñs, Sur le plaisir. Von Arnim le distingue du traité 159 du catalogue (ſlepi toở xaroơ xal tñs ndovñs
apos ’Aplotoxpéovta 1').Un fragment (SVF III, Appendix II,nº XXIV , p. 197: SVF III 156).
(183) ’HOLXőv (ntnuátwv, Recherches éthiques. Quatre fragments (SVF III, Appendix II,nº XXV, p. 197 : SVF III 23, 210 , 243, et un autre fragment ajouté par von Arnim ,t. III, p. 197, 29-33). Au moins dix livres.
( 184) TlepizaOnxovtoS, Sur le devoir. Trois fragments (SVF III, Appendix II,nºXXVI,p. 197 : SVF III 174,688, 752). Aumoins sept livres. Ajouter Philodeme, De Stoicis XVI 26 (livre sept) et fr. 12 , 5 (livre cing), dans
Dorandi 38, p. 102 et 104. Au moins sept livres.
( 185) Hepi toở xaloő , Sur le beau. Von Arnim le distingue du traité 159 du catalogue (Ilepi toở xaroở xal tñs noovñs nepos ’ Aplotoxpéovta 1'). Quatre fragments (SVF III, Appendix II, nº XXVII, p. 197 : SVF III
29, 30, 308, 709a).
(186 ) Ilepizatopowuátwv, Sur les actions droites. Un fragment(SVF III, Appendix II,n° XXIX,p. 200 : SVF III674+672). Plus d'un livre.
(187) Tepi ToŨ XEVOŨ, Sur le vide. Deux fragments (SVF III, Appendix II, nº XXX, p. 200 : SVF II 518 et 543).
(188) Tepi xivňoews, Sur le mouvement. Deux fragments (SVF III, Appendix II, nº XXXI, p.200 : SVF II 434 et 550). Au moins deux livres.
( 189) Tepixóquov, Sur le monde. Deux fragments (SVF III, Appendix II, nº XXXII, p. 201 : SVF II 624 et 913). Au moins deux livres.
(190) Tepi toở xupiwç xexeñodal Zúvwva toîç óvouaoiv, Que Zénon a bien usé des noms. Un fragment (SVF III, Appendix II, nº XXXIII, p. 201: SVF II 617). Il est possible que l'ouvrage soit cité dans un passage corrompu du De Stoicis de Philodème: fr. 13, 2, dans
Dorandi 38 , p . 104. (191) Iepi uavtixñs, Sur la divination. Quatre fragments (SVF III, Appendix II, nº XXXVI, p. 201: SVF II 1183, 1187, 1191,
1216 ). Au moins deux livres. (192) Hepi tõv uep @ v, Sur les parties. Un fragment (SVF III, Appendix II, nº XXXVII, p. 201 : SVF II 517). Au moins cinq livres.
(193) Tepi vóuov, Sur la loi. Deux fragments (SVF III, Appendix II, nº XXXVIII, p . 201 : SVF II 175 et 314 ).
(194) Ilepi duovolas , Sur la concorde.
Un fragment (SVF III, Appendix II,nº XXXIX ,p.201: SVF III 353). Au moins deux livres. (195) Tepi Spuñs, Sur l'impulsion .
Un fragment (SVF III,Appendix II, nº XL, p.201: SVF III, p.201, 30-31). (196 ) lepi ojoias, Sur la substance. Deux fragments (SVF III, Appendix II, nº XLIII, p. 201 : SVF II 412 et 1178). Au moins trois livres.
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(197) lepi naoWV 8', Sur les passions, en quatre livres. Nombreux fragments (SVF III, Appendix II, nº XLIV , p. 202). Essai de reconstruction dans
SVF III 456 -490 ; t. III, p . 110 , 38 –133, 26 .
(198 ) HepiTolteias, Sur la république. Six fragments (SVF III, Appendix II, nº XLVII, p . 202-203 : SVF II 30 , III 706 , 714 , 728, 744, 745, et un fragment ajouté par von Arnim , t. III, p. 203, 3 -4 ). Ajouter Philodeme, De Stoicis XV 32 et fr. 12 (septièmelivre), dansDorandi 38, p. 102 et 104. Aumoins sept livres.
(199) Iepi nepovolaç, Sur la providence. Douze fragments (SVF III, Appendix II,nº XLVIII, p. 203 : SVF II 604,605,623,633,634, 644 ,687, 1000 , 1023, 1049, 1169, 1170). Au moins quatre livres. Essai de reconstitution dans Gercke 39 , p. 705 -714 . Le Nepi nepovolac est partiellement conservé dans deux papyri fort
détériorés d'Herculanum (PHerc. 1038 et 1421). Voir Gercke 39 , p . 710 -711 et SVF I, P. VI, qui en reprend quelques vestiges. Bibliographie dans Gigante 34, p. 238 et 315 . [Il faut également tenir compte du traité de Philodème conservé dans PHerc. 1670. Voir 44 M . Ferrario, « Filodemo sulla provvidenza ?» (PHerc. 1670)», CronErc 2, 1972, p.67-94. T.D.)
(200) Iepi toũ TPOTPÉTEODAL ou IlpotpentIXÁ , Protreptique. Cinq fragments (SVF III, Appendix II, nº XLIX, p. 203: SVF III 69, 139, 167, 753, 761). Plus d 'un livre .
(201) llepi outroylou@
eioaywy npørn , Première introduction aux
syllogismes. A rapprocher peut-être du traité 79 du catalogue (ſlepi ouMoylouwv eloaywyıxőv tpos Zhvwva a ').Un fragment (SVF III, Appendix II, n° LII p . 203 : SVF II 242).
(202) Hepi témouc ou lepi terāv, Sur la fin ou Sur les fins. Cinq fragments (SVF III, Appendix II, nº LVI, p. 204 : SVF II 4, 30, 85, 178, 223). En deux livres.
(203) Iepi pixlas, Sur l'amitié. Un fragment (SVF III, Appendix II,nºLVIII, p. 204 : SVF III 724). Au moins deux livres.
(204) Hepi PúoEWS, Sur la nature. Peut-être identique au traité suivant. Onze fragments (SVF III, Appendix II, nº LIX A ,
p . 204 : SVF II 579, 636 , 937, 1049, 1163, 1181, III 153, 526 , 754, 760). Aumoinscinq livres. (205 ) Dvoixá ou peut-être puolxaż (Bilol), Physique. Peut-être identique au traité précédent. Huit fragments (SVF III, Appendix II, nº LIX B , p . 204 - 205 : SVF II 105 , 140, 300 , 479, 580 , 581, 741, 867) . Aumoins trois livres.
(206) Ovoixà (ntuata, Recherches physiques. Trois fragments (SVF III, Appendix II, nº LX, p. 205 : SVF II 429, 480, 665). Plus d'un livre .
(207) Ovoixal OÉoels, Thèses physiques.
Trois fragments (SVF III,Appendix II, nº LXI,p . 205 : SVF II 128, 763, III 68). (208) QUOLZAI TÉxvai,Manuel de physique. Trois fragments (SVF III, Appendix II, nº LXI (lire : LXII), p . 205 : SVF II 435, 543, 683).
Plus d'un livre. (209) Περί των αρχαίων φυσιολόγων οι Περί της αρχαίας φυσικής, Sur
les anciensphysiciensou Sur l'ancienne physique. Deux fragments (SVF III, Appendix II,nºLXIII, p. 205 : SVF II 748 et 1071).
CHRYSIPPE DE SOLES
360
(210) Tepi tõv yapítwv, Sur les bienfaits. Deux fragments (SVF III,Appendix II,nº LXIV ,p.205 : SVF II 1081 et 1082). (211) llepixenouðv , Sur les oracles. Cinq fragments (SVF III, Appendix II, nº LXV, p . 205 : SVF II 1187, 1202, 1203, 1205, 1206 ). Selon 45 V . Longo, « Addendum Chrysippeum ? » , dans In memoriam A . Beltrami. Miscellanea philologica , Univ. di Genova, Fac. di Lett., Ist. di Filol. class . 1954, p . 147- 172,
l'Oracle cité sous le nom d' Enomaus (fr. 12 Hammerstaedt) par Eusébe, P .E . V 35, 3 et sous le nom d 'Élien (fr. 46) par la Souda serait tiré du lepi xonguõv de Chrysippe.
(212) Tepi Puxñs, Sur l'âme. Plusieurs fragments (SVF III, Appendix II, nº LXVI, p. 205 : SVF II 55 et 743). Au moins deux livres. Reconstruction de l'ensemble des fragments dans SVF II 879-911, t. II, p . 235 , 19 - 263, 18 .
Quelques autres titres, connus grâce à Philodème, doivent être ajoutés au répertoire de von Arnim .
(213) Tepi TÓNewç xal vóuov, Sur la cité et la loi. Cité par Philodeme, De Stoicis XV 26 , dans Dorandi 38, p. 102.
(214 ) Tepi (Kata Pap.) ToŨ XATd Púolv Blou, Sur la vie selon la nature. Cité par Philodeme, De Stoicis XVI 12,dansDorandi 38, p. 102. Un ouvrage de Zénon porte ce titre (D . L . VII 4).
(215 ) lepi tous äraç vooŰVtacmuppóvnouv, Sur ceux qui conçoivent différemment la prudence. Cité par Philodème, De Stoicis XVI 11, dans Dorandi 38 , p . 102.
(216 ) Un nouvel écrit éthique de Chrysippe a été retrouvé avec d 'autres
traités stoïciens de Boèce, Diogène de Babylone, Antipatros et Posidonius dans
PMilVogliano 11 (lettre du IIe s.): Xpvolnnou ſlepi yovéwv Xpňoews a ' B ', Comment traiter ses parents, livres I et II. Cette lettre de Théon à son " ami" (Étalow ) Héraclide le "philosophe" commence par la formule platonicienne (D . L. III61, Lucien , Laps. 4) mpáTTELV . La lettre est éditée, traduite et commentée par 46 A . Linguiti, dans CPF , t. I 1* , nº 6 , p. 110-114, qui rappelle qu'un extrait du Nāc xonotkov TOTS yovelov du stoïcien Hiéroclès est conservé par Stobée IV 25, 53.
(217) Sur PHerc. 1020 (Chrysippi opus incertum ): bibliographie dans Gigante 34, p . 231; 47 M . Capasso , « Il saggio infallibile (PHerc. 1020 col. I)» , dans La regione sotterrata dal Vesuvio , Studi e prospettive. Atti del Convegno internazionale, 11- 15 novembre 1979, Napoli 1982, p. 455-470 ; cf.48 A . A .
Long et D . N . Sedley, The Hellenistic philosophers, Cambridge 1987,41 D . Attribution denouveaux fragments : 49 A . M . Colombo, « Un nuovo frammento di Crisippo ?» , PP 1954, n° 38 ,
p. 376- 381. La présence dans PMilVogliano inv. 1241 d 'une comparaison de l'aphrôn avec l'aveugle et des allusions à la doctrine de la prokopè ont amené l'auteur à rapporter le fragment à Chrysippe. Mais cette attribution est rejetée par F . Decleva Caizzi, dans CPF, t. I 1 * , p. 430.
[Voir également 50 M . Gigante , « Dossografia stoica » , dans l'ouvrage collectif Varia Papyrologica, Firenze 1991, p . 123- 127, et 51 F . Decleva Caizzi
CHRYSIPPE DE SOLES
361
et M . S . Funghi, « Dossografia stoica. Risposta a Marcello Gigante » , ibid., p. 127 - 134 ; 52 F . Vendruscolo ,RFIC 120, 1992, p . 232 sq . T.D .) 53 J. Mansfeld , « Techne. A new fragment of Chrysippus » , GRBS 24, 1983, P . 57-65. 54 R . Goulet, « Un nouveau fragment stoïcien chez Sévérien de Gabala » , Les
Études philosophiques 1985, p .251-255. Fragments papyrologiquesmineurs :
CPF , t. I 1* , regroupe les textes suivants : 3T : PBerol. inv. 9780 : extrait d'Hiéroclès ; 4T : POslo inv. 1039 : fragment d 'un texte philosophique; 5T : PMed inv. 210 : discussion de vers homériques ;
6 : PAnt61. RICHARD GOULET. Iconographie . L 'iconographie de Chrysippe a fait récemment l'objet de
débats qui portent sur l'interprétation des témoignages littéraires et l'identi
fication du type statuaire . Les auteurs anciens mentionnent deux statues du philosophe à Athènes.
Cicéron, Fin . I 39, rappelle une statue assise , la main tendue, au Céramique : « statua est in Ceramico Chrysippi sedentis porrecta manu » . Diogène Laërce VII
182 fait allusion à la même effigie, « qui est presque cachée par la statue équestre voisine » , ce qui fournit à Carnéade matière à plaisanterie: il le sur nommait Kpúblnnoc. L 'autre statue athénienne est située par Pausanias I 17 , 2 , dans le Gymnase de Ptolémée, prèsde l'Agora d 'Athènes.
Le portrait présente deux caractéristiques : d 'après la statue du Céramique, « son apparence physique était insignifiante » , au dire de Diogène Laërce VII 182 , et sa main était tendue. Le geste des doigts était remarquable, d 'après Sidoine Apollinaire, Ep. IX 9 , 14 , qui caractérise ainsi Chrysippe dans une longue liste de philosophes, en le
distinguant d 'Euclide et de Cléanthe : Chrysippus digitis propter numerorum indicia constrictis, Euclides propter mensurarum spatia laxatis, Cleanthes propter utrumque corrosis . La phrase latine décrit une attitude typique du
philosophe qu'avait fixée la statuaire . A cause de cette mention , on attribue au sculpteur Euboulidès la création de
ce portrait : Pline XXXIV 88 , mentionne en effet Eubulidis digitis computans, « d 'Euboulidès, un Homme qui compte sur ses doigts » : voir le commentaire de
1 H . Gallet de Santerre et H . Le Bonniec ( édit.), Pline l'Ancien , Histoire natu relle XXXIV , CUF, Paris 1953, p . 275-277. Le rapprochement est possible,mais
on s'étonnera que Pline n 'ait pas reconnu explicitement que la statue repré sentait Chrysippe. Le portrait était d 'autre part posthume: on peut l' attribuer au sculpteur Euboulidès II , actif dans les années 130 (sur ce sculpteur, voir G . Despinis, « Zu einigen Künstlern der späthellenistischen Zeit » , dans Akten
des XIII. internationalen Kongresses für klassische Archäologie, Berlin 1988,
362
CHRYSIPPE DE SOLES
Berlin 1990, p. 151). On préférera cependant l'attribuer à un Euboulidès anté rieur, qui l'aurait sculpté juste après la mort de Chrysippe : 2 A . Stewart, Attika .
Studies in Athenian Sculpture of the Hellenistic Age, coll. « Hellenic Studies Supplementary Paper» 14, London 1979, p . 10 , 29 n . 41, pl. 8 a . L 'analyse stylistique permet en effet de dater le portrait conservé des années 200 : voir ci dessous.
La statue attribuée à Euboulidès serait la plus célèbre, celle du Céramique: 3 A . Milchhoefer, « Zu griechischen Künstlern » , dans A . Furtwängler, G . Körte,
A . Milchhoefer ( édit.), Archäologische Studien ihrem Lehrer Heinrich Brunn ,
Berlin 1893, p. 37- 39 . On a cependant remarqué que le geste suggéré par Cicéron pour cette statue ne correspond pas aux mentions de Sidoine Apolli naire, ni à celle de Pline ; les deux derniers auteurs feraient allusion à la statue du Ptolemaion : 4 L . Bacchielli, « Arato o Crisippo ? Nuove ipotesi per un vecchio
problema» , Quaderni di archeologia della Libia 10, 1979, p .42.
Plutarque, De stoicorum repugnantiis II 1033 e, cite le distique qui était gravé sur la base d 'une statue en bronze du philosophe. Comme Plutarque pour suit en insistant sur la vieillesse de Chrysippe, on a proposé de corriger le début du texte : voir 5 S . Follet, art. « Aristocréon » , DPHA A 374, p . 387 ; 6 A . Thiele
mann, dans A . Thielemann, H . Wrede, « Bildnisstatuen stoischer Philosophen » , MDAI( A ) 104, 1989, p . 127 n . 108. Je crois que l'on peut cependant conserver le texte transmis par certains manuscrits, une fois écartée , pour des raisons liées à
la métrique, la leçon TÓv véov ; il convient en effet de bien comprendre le sens de véov, qui signifie « nouveau » , non pas « jeune » ici, comme l'a déjà indiqué 7 H . Ingholt, « Aratos and Chrysippos on a lead medallion from a Beirut collection » , Berytus 17, 1967- 1968 , p . 175 :
Τόνδε νέον Χρύσιππον 'Αριστοκρέων ανέθηκε , των Ακαδημιακών στραγγαλίδων κοπίδα.
« Aristocréon a consacré ce nouveau Chrysippe, couperet tranchant les noeuds embrouillés des Académiques. » Il n 'est donc pas nécessaire d' adopter la correction d 'Adolf Wilhelm , tov
VÉVVOV , « l'oncle » .
Une fois comprise la pointe, qui est ici placée au début du distique, on saisit mieux l' allusion : la statue est étonnante, car elle rappelle un instrument tran
chant; sansaucun doute la main tendue en avant évoque cette comparaison . Où se trouvait cette statue dédiée par Aristocréon ? 8 M . Baldassarri ( édit.),
Plutarco, Gli opuscoli contro gli Stoici, 1, Trento 1976 , p. 147, croit qu 'elle était placée dans la smaison même iden La matière de l'effigie , le bronze, im d'Aristocréon.
agenit àune exposition emble-t-il, tifier cettesen plein air. Le geste auquel fait plutôt, mee semble -t-il, imaginer le distique fait allusion amènerait à identifier cette statue avec cepecelle prCéra ndantduproposé opos mique, comme le propose Thielemann 6 , p . 126 n. 106 . oOnn aa cependant de replacer l'original dans la cité d' Aristocréon, à Soles, ou encore à Tarse : Ingholt 7 , p. 173- 174, suivi par 9 J. et L . Robert, BE 1969, nº 184, et Follet 5 .
CHRYSIPPE DE SOLES
363
La diffusion et le succès des portraits du philosophe à l'époque impériale sont
attestés par Juvénal II, 4 -5, qui dénonce l'ignorance prétentieuse de ses adver saires, « quamquam plena omnia gypso Chrysippi inuenias», « bien qu'on trouve partout chez eux le plâtre de Chrysippe » . Il s'agit sans doute de moulages pris sur un original célèbre , peut-être la statue du Céramique. Les documents figures présentent une difficulté d 'interprétation . Il convient d 'examiner des monnaies de Soles (Pompeiopolis ), quimontrent, notamment sous Marc -Aurèle et Lucius Verus, les portraits de deux philo
sophes: 10 Schefold , Bildnisse , p. 172- 173, n° 27, fig., p. 221. On a proposé avec vraisemblance de reconnaître sur ces documents deux illustrations stoï ciennes de la ville , Aratos et Chrysippe ; selon Ingholt 7 , p . 175, la frappe de
163- 164 , qui présente pour la première fois les bustes des deux philosophes, est en rapport avec le 500e anniversaire de la naissance de Zénon de Cition. L 'un a la barbe courte , l'autre plus longue, mais surtout l'un est chauve et l'autre a des cheveux fournis sur le crâne. On retrouve les deux profils, opposés, sur un médaillon en terre cuite : Ingholt 7 , p. 143- 177, pl. XXXVIII 2 ; 11 G .M . A .
Richter, The Portraits of the Greeks. Supplement, London 1972, p. 7, fig. 1659 a . La trouvaille à Athènes d ’un buste inscrit au nom de Chrysippe, acéphale ,
assure que le philosophe n ' avait pas une barbe bien longue. Ainsi se trouverait
identifié le portrait de Chrysippe, à la barbe courte,alors qu'Aratos aurait eu une barbe plus longue. Il subsiste une série abondante de portraits quireproduisent le type monétaire chauve à la barbe courte (fig. 2 ), alors qu'un seul buste , conservé à la Villa Albani, se rapprocherait de l' autre type : ainsi seraient identifiés les deux philo
sophes, car Chrysippe était plus célèbre qu'Aratos. Selon 12 N .Himmelmann , « Antisthenes » , dans Phyromachos – Probleme. Mit einem Anhang zur Datie rung des grossen Altares von Pergamon, Mainz am Rhein 1990, p. 16 n . 16 , une observation sur un double hermès d 'Athènes, faite par R . von den Hoff, assu
rerait cette identification , car Chrysippe est associé à Zénon sur ce document. Cependant ces identifications ont été remises en cause par Bacchielli 4 , p . 27
48, qui défend une ancienne interprétation, résumée notamment par 13 J.J. Bernoulli, Griechische Ikonographie, mit Ausschluss Alexanders und der Diadochen ,München 1901, 1,Münztafel II 12, 14 ; 2 , p. 154- 160. Un tissu copte
des Ir -IIIe siècles représente en effet, avec le nom d'Aratos, un philosophe à la barbe assez courte , mais fournie , le regard tourné vers le ciel, en compagnie de Muses. Il me semble que ce témoignage conforte en fait l'identification tradi tionnelle : sur le tissu copte , le philosophe n 'est pas chauve et ressemble fort aux
images monétaires d 'Aratos (voir 14 F . Queyrel, art. « Aratos» , DPA Suppl. I). Le rapprochement du portrait à la barbe courte avec une statue de Perse du petit ex -voto attalide sur l'Acropole assure que la création du Chrysippe remonte
à la fin du IIIe siècle , si cette dédicace est, comme il semble , due à Attale rer : 15 F . Queyrel, « Art pergaménien, histoire, collections : le Perse du musée d 'Aix
et le petit ex -voto attalide » , RA 1989, p . 285, 288-289, fig. 27-28 . Indépendam
364
CHRYSIPPE DE SOLES
ment de ce rapprochement, l'analyse stylistique permet de dater la tête des années 200 : voir 16 B . Andreae, « Fixpunkte hellenistischer Chronologie » , dans
Festschrift für Nikolaus Himmelmann, coll. « Bonner Jahrbücher Beiheft» 47, 1989, p. 241, nº 18 . On a cependant aussi invoqué des critères de style pour abaisser la création de ce portrait dans la première moitié du IIe siècle ou même après : 17 K . Fittschen , « Griechische Porträts, Zum Stand der Forschung» , dans
K . Fittschen (édit.), Griechische Porträts, Darmstadt 1988, p . 26, 37 n . 157, pl. 134, 1-3. La plus ancienne représentation de ce portrait est conservée sur une gemme du Ire ou de la première moitié du 1er siècle av. J.-C .: 18 H . Luschey, « Eineneue Chrysipp -Gemme» , dans Wandlungen . Studien zur antiken und neueren Kunst. E . Homann -Wedeking gewidmet,Waldsassen 1975, p . 202-204, pl. 38- 39. Le geste de la main droite a permis d 'identifier le type statuaire de l'effigie
qui était érigée au Céramique.Une statue acéphale du Louvre , de la collection Borghèse, présente le corps avachi d’un vieillard assis, qui tend la main droite posée sur le genou , paume vers le ciel (fig. 3). Alors que la statue avait encore une tête étrangère , son attitude faisait penser à Posidonius ou , déjà , à Chrysippe , comme l'indiquait 19 Clarac, Description du musée royal des antiques du Louvre, Paris 1830, p. 46 , n° 89, qui écartait des interprétations invraisemblables (un Galle ou prêtre de Cybèle demandant l'aumône, selon Winckelmann , ou Bélisaire réduit à la mendicité) . Si l'on accepte l' identification traditionnelle de
la tête à la barbe courte (voir ci-dessus), on est certain qu'il faut la replacer sur ce corps : le mouvement du petit manteau , ou tribonion , est identique sur les
bustes et sur le haut de la statue du Louvre ; le moulage de la tête que l'on a maintenant placé sur la statue du Louvre convainc, s' il en était besoin , de la justesse de cette reconstitution. Le type statuaire est reproduit par deux petites
statues, également acéphales, l'une à Rome, l'autre à Cyrène (Bacchielli 4 , p. 28 -29 , fig. 1-3).
Milchhoefer 3, p. 38, a vu dans le geste de compter que fait la main droite une allusion au owpeims. Le geste de la main gauche cachée par le manteau est également remarquable : le poing fermé signifie la xataandis, comme l'a
reconnu H . Wrede, dans Thielemann et Wrede 6 , p . 134 -137. Cf. 20 J. Frel, Greek Portraits in the J. PaulGetty Museum , Malibu 1981, p . 26 , fig. 74 ; 21 A . Giuliano , art. « Crisippo » , EAA 2, 1959, p . 938 -939, fig. 1202 -1203 ; 22 Richter , Portraits II, p. 190 - 194, fig . 1111- 1148 ; Richter 11, p . 7, 20 ; 23 Ead., The Portraits of the Greeks, éd. abrégée par R .R . R . Smith , Oxford 1984 , p. 101-108, fig . 67-71 ; 24 L . A . Scatozza Höricht, il volto dei
filosofi antichi, Napoli 1986 , p. 190 -196 , fig . 78-82 ; Schefold 10, p. 124- 125, n° 3, fig., p. 126 -127, 129, fig .; 25 Id., « Ariston von Chios » , dans Eikones.
Studien zum griechischen und römischen Bildnis. Mélanges H . Jucker, coll. « Ant. Kunst. Beiheft » 12, Basel 1980, p. 160- 162,pl.55, 4 . [Voir récemment P. R. Franke, «"... TWW 'Axadnulaxav otpayyaríowv Xonic ” : zu einem Münzbildnis des Stoikers Chrysippos » , dans K .- O . Apel et R . Pozzo ( édit.), Zur
365 CICERO (MARCUS TULLIUS -) Rekonstruktion der praktischen Philosophie : Gedenkschrift für K.-H . Ilting, coll. « Spekula tion und Erfahrung » 2, 5 , Stuttgart/Bad Cannstatt 1990, p. 377-388.)
FRANÇOIS QUEYREL.
122 CHYTRON RE PLRE 1:58
MIV
Chytron appartient à un groupe de cyniques venus à Constantinople trouver le nouvel empereur Julien en 362 ; ce groupe comptait entre autres Asclépiade
(~ A 443), Sérénianus, Héracléios, ainsi qu 'un « garçon blond et tout en longueur» (Julien , Discours VII contre Héracleios 18 , 224 d ).
0 . Seeck, art. « Demetrius» 63, RE IV 2, 1901, col. 2804, a suggéré qu ' on pourrait identifier Xútpwv avec Démétrius d' Alexandrie surnommé Cythras (- D 47 a ), philosophe païen torturé, pour avoir offert des sacrifices, sous Constance à Scythopolis en 359. Mais
Cythras était déjà d'un âge fort avancé à l'époque et Ammien , qui souligne sa vigueur physique et spirituelle , ne le présente pas comme un cynique (Ammien Marcellin XIX 12, 12) .
MARIE -ODILE GOULET-CAZÉ.
123 CICERO (MARCUS TULLIUS -) père RE 29
106 - 43
Homme politique, orateur et écrivain connu pour ses traités philosophiques. Cicéron fera l'objet de plusieurs notices préparées par des rédacteurs différents et présentant une certaine indépendance les unes par rapport aux autres, tant dans leur conception que dans leur bibliographie . Un certain nombre seulement a pu être mis au point pour le présent tome du Dictionnaire. On
trouvera la suite dans un ou plusieurs Suppléments. BIOGRAPHIE
Testimonia . Consulter l'euvre de Cicéron lui-même, et plus particulièrement le Brutus pour sa formation intellectuelle et oratoire , et la correspondance. Il subsiste une Vie de Cicéron par Plutarque. Cf. l' édition de R . Flacelière et E .
Chambry, CUF, Paris 1976 , et J.L . Moles (édit.), Plutarch. The Life of Cicero, with introduction, translation and commentary, coll. « Classical Texts » , Warminster 1988, IV -210 p . Études. 1 M .Gelzer, art. « Tullius» 29 [« Cicero als Politiker » ), RE VII A 1,
1939, col.827-1091 ; 2 Id ., Cicero. Ein biographischer Versuch, Wiesbaden 1969 ; 3 K . Büchner , Cicero. Bestand und Wandel seiner geistigen Welt,
Heidelberg 1964 ; 4 G . Radke (édit.), Cicero , ein Mensch seiner Zeit, Berlin 1968 ; 5 K . Kumaniecki, Cicerone e la crisi della repubblica romana, Roma 1972 ; 6 T. N . Mitchell, Cicero. The ascending years, New Haven 1979 ; 7 Id .,
Cicero. The Senior statesman,New Haven /London 1991. Cicéron est né le 3 janvier 106 à Arpinum . Il appartient à une famille de
chevaliers,mais alliée à Marius et en relations avec les plus grands juristes et orateurs de Rome ( cf. 8 C . Nicolet, « Arpinum , Aemilius Scaurus et les Tullii
Cicerones» , REL 45, 1967, p . 276 - 304). Des dons intellectuels hors du commun se manifestent de façon précoce chez le jeune Cicéron (Plutarque 2 , 2 ) et très tôt
366
CICERO (MARCUS TULLIUS -)
il poursuit ses études à Rome avec son frère et ses cousins. Il se forme à la pratique de la rhétorique avec L . Licinius Crassus (Brutus 143-144), qui exer cera une forte influence sur lui jusqu'à sa mort en septembre 91; il est aussi en contact avec l'orateur Antoine. A partir de 90 , il apprend le droit avec Q . Mucius Scaevola l'Augure , en fréquentant sa demeure, en assistant à ses consul tations. C 'est parmi ses élèves qu'il rencontra T. Pomponius Atticus et se lia d'amitié avec lui. Il fit également la connaissance de P. Sulpicius Rufus, le tribun de 88, et de Ser. Sulpicius Rufus, le consulde 51 (Leg. I 13). Il faut égale ment placer à cette époque la rencontre avec le poète Archias. A la mort de Q . Mucius, en 87, Cicéron continue ses études juridiques avec P.Mucius Scaevola . Cette sérieuse formation de juriste explique sans doute l'importance du droit dans la pensée cicéronienne ; en outre, cette discipline figure selon notre auteur
dans les connaissances indispensables de l'orateur. En 89, plutôt qu 'en 90 , il sert sous le commandement de Cn . Pompeius
Strabo ; il fait partie de sa cohors praetoria et y rencontre Pompée, ainsi que L . Aelius Tubero. A son retour à Rome en 88, Cicéron poursuit ses études juridi ques et rhétoriques; il déclame avec M . Pupius Piso, il assiste aux procès et aux réunions politiques (contiones ). En 87, il fait la connaissance de l'orateur Apollonios Molon (> A 267) de Rhodes, envoyé en ambassade à Rome, qui l'aidera plus tard à se perfectionner dans l'art oratoire . En même temps Cicéron découvre la philosophie avec Phèdre l'épicurien (Fam . XIII 1 , 2 ),mais surtout il se « prend d 'un amour incroyable pour elle » (Brut. 306 ) en écoutant l'acadé micien Philon de Larissa, dont l'influence sur sa pensée sera constante et puissante . Il faut aussi mentionner durant cette formation des contacts avec le
stoïcien Posidonius, venu à Rome en 86 , et la rencontre avec le stoïcien Diodote (Brut. 309), qui restera chez lui jusqu 'à sa mort et, dans le domaine philo sophique, l'initie surtout à la dialectique. Cicéron ne participe pas à la vie du
forum en ces années troublées et ce retrait est peut-être volontaire (Mitchell 6 , p. 54),mais son activité intellectuelle est importante (Brut. 306 ): rédaction du De inuentione, traduction de l' Économique de Xénophon , des phénomènes d 'Aratos, et peut-être de plusieurs dialogues de Platon, dont le Protagoras, comme en est convaincu 9 P .Grimal, Cicéron, Paris 1986 , p . 49.
C ' est aussi le moment des premières plaidoiries. Le premier plaidoyer que nous possédions est celui quifut prononcé en 81 pour la défense de P . Quinctius, mais peut-être y en eut- il d'autres auparavant (Brut. 311). L 'année suivante (80 ),
le jeune avocat assure la défense de Sex.Roscius d'Amérie, accusé de parricide ; c'est son premier procès public . La cause était délicate parce que parmi les
accusateurs figurait Chrysogonus, l'un des affranchis du dictateur Sylla . Cicéron procède avec habileté en suggérant qu 'à cause du nombre et de l'importance des affaires dont il s'occupe, le dictateur ne peut connaître tous les abus commis par
son entourage ($ 130). Ce procès valut à Cicéron un grand succès et il est
désormais chargé d 'affaires nombreuses (Plut. 3, 6 ; Brut. 312), mais sur lesquelles nous n 'avons que peu de renseignements .
CICERO (MARCUS TULLIUS -)
367
Cicéron se consacre à cette activité pendant deux ans avant de partir pour la Grèce. Plutarque ( 3, 6 ) explique ce voyage par la situation délicate où l'avait placé le procès de Sex. Roscius, mais l'intervalle qui s'écoule entre ce dernier et
le départ rend cette explication peu plausible (Grimal 9, p.69) ; il vaut mieux s'en tenir aux explications données par Cicéron lui-même, c'est-à-dire une santé fragile (Brut. 313- 314 ). Le voyage dura deux années, de 79 à 77 ; Cicéron passa
six mois à Athènes, où il écouta Antiochos d'Ascalon (Acad . I 13 ; Tusc. V 22), ainsi que les épicuriens Phèdre et Zénon . Il se fit aussi initier aux mystères
d'Éleusis. En Asie mineure , il rencontra P . Rutilius Rufus, le stoïcien exilé à Smyrne, mais il cherche à connaître les grands orateurs de l'Asie. Surtout, il retrouve Molon de Rhodes, qui l' entraîne par de nombreux exercices et lui permet d 'améliorer sa technique (Brut. 315-316 ). A son retour, en 77, Cicéron reprend son activité d'avocat et intervient dans
de nombreux procès. Vraisemblablement c 'est aussi l'année où a lieu son mariage avec Terentia, qui appartenait à une famille riche et importante. Mais c'est aussi à ce moment que débute sa carrière politique. Cicéron est élu à la
questure parmi les premiers en 76 et entre en charge le 5 décembre 76 . Il est envoyé en Sicile à Lilybée, auprès du procurateur Sex. Peducaeus . Maints témoignages laissent voir combien il était convaincu de l'importance de ses fonctions (Verr. II 5, 35) et de son action (Planc. 64-66 ). En tout cas, il se lie avec de nombreux Siciliens et le titre d'ancien questeur lui permet d'entrer au sénat, même s' il n 'y occupe qu ’un rang modeste . A son retour, il intervient à
nouveau dans des procès, mais le seul témoignage de cette activité qui subsiste actuellement est le Pro Tullio de 71 (pour les discours perdus, voir de façon générale 10 J. W . Crawford, M . Tullius Cicero. The lost and unpublished
Orations, coll. « Hypomnemata » 80,Göttingen 1984). C 'est le procès de Verrès en 70 , où il accuse l'ancien gouverneur de l'île à la demande des Siciliens, qui contribue à asseoir définitivement sa renommée et à légitimer ses ambitions politiques. Les cités siciliennes avaient demandé à Cicéron de déposer en leur nom une accusation de repetundis contre l'ancien préteur (janvier 70 ) que défendait Hortensius. Des maneuvres compliquées eurent lieu pour retarder le plus possible l'ouverture du procès ; il ne commence que le 5 août, après les élections, et la défense espère encore le renvoyer à une
date ultérieure, mais le discours de la première action, la suite de témoignages accablants firent que Verrès n 'attendit pas la fin du procès et s'exila à Marseille. L 'orateur publia néanmoins les cinq discours de l'Actio secunda qui ne furent pas prononcés. Deux questions se posent à propos de ce procès : l'importance des crimes commis par Verrès, car il a trouvé des défenseurs qui ont excusé sa conduite , et la portée des attaques lancées par Cicéron , mais l'écrivain montre déjà son intérêt pour la question de l' impérialisme, ainsi que celle du pouvoir et de ses abus, questions qui ne cessent d ' être présentes dans son æuvre. Plus délicate à saisir est l'interprétation politique qui aboutit à des conclusions variées : Cicéron s'oppose évidemment à une partie de la nobilitas, dont les Metelli qui soutiennent Verrès, mais il reste proche des modérés et il est excessif
368
CICERO (MARCUS TULLIUS -)
de le classer parmi les populares, comme l'a déjà montré 11 R . Heinze , « Ciceros politische Anfänge » , Abh. Akad. Lpz., 1909, repris dans Vom Geist des Römertums, 3e éd., Stuttgart 1960, p . 59 -141; mais ses rapports avec Pompée à
cette date sont très discutés (et niés par 12 L .Ross Taylor, La politique et les partis à Rome au temps de César, trad. franç., Paris 1977, p. 195 , et Mitchell 6 , p . 109, où figure la bibliographie récente ). Tous les savants s 'accordent
néanmoins pour souligner l'extrême popularité que valut à Cicéron ce procès. Sa renommée s 'étendit à l'Italie et lui créa bien des partisans dans les municipes qui lui apportèrentun soutien actif pour le consulat et dans toute son existence.
En 69, Cicéron exerça les fonctions d' édile ; il a été élu à cette charge malgré l'opposition et les maneuvres de Verrès et de ses amis (Verr. I 24-25). [Pour la nature de sa charge - édilité curule ou plutôt édilité plébéienne - , voir 13 L .
Ross Taylor, « Cicero's Aedileship » , AJPh 60, 1939, p. 194 -202 , dont les conclusions sont reprises dans les études plus récentes.] C 'est aussi l'époque où il défend M . Fonteius, accusé de repetundis. En 67, il est élu à la préture pour 66 , le premier de tous (Leg. Man . 2 ) , et préside alors le tribunal chargé des procés de concussion . Cette année marque aussi sa première intervention publique dans la politique, puisqu 'il soutient dans une contio le projet du tribun Manilius, qui prévoyait de confier à Pompée un imperium extraordinaire en
Orient pour lutter contre Mithridate.Nous savons également qu 'il plaida dans plusieurs procès, en particulier le Pro Cluentio, où il défendit un chevalier
accusé à tort de plusieurs crimes, plaidoyer qui pouvait lui apporter le soutien de l'ordre équestre . Cicéron peut ainsi s'assurer de nombreux appuis et se préparer
à la magistrature la plus haute : le consulat ; certes de nombreux obstacles peu vent se présenter , car c'est un homo nouus, mais il possède aussi de nombreux soutiens; tel est le bilan, au demeurant positif, que trace son frère Quintus dans
le manuel du parfait candidat qu'il écrit pourMarcus : le Commentariolum peti tionis. En même temps, les Lettres à Atticus, que nous possédons depuis 68 , nous apportent des renseignements plus précis sur ses espoirs et ses soucis. A cette date , le soutien de la nobilitas ne lui fait pas défaut et il ne faut sans doute pas s'exagérer l'importance des populares (Gelzer 2, p. 64). Ainsi Cicéron fut
élu au consulat en juillet 64 (pour l'année suivante ); cette année constitue un élément important dans la formation de ses idées politiques, tandis que les pro blèmes délicats auxquels il dut faire face constituent une référence constante
dans son cuvre ; mais la référence est peut- être déformée ou amplifiée : il est difficile de le savoir exactement, puisque nous n 'avons aucun témoignage de la
correspondance permettant d 'opérer une comparaison avec les discours par exemple .
Dès le début l'année est délicate : en janvier le nouveau consul doit lutter contre un projet de loi agraire déposé par le tribun Rullus, et en démontre le caractère pernicieux devant le sénat et devant le peuple dans les trois discours Sur la loi agraire que nous avons conservés (pour la loi elle-même et ses problèmes, cf. 14 E . S. Gruen , The last generation of the Roman Republic ,
Berkeley/Los Angeles 1974, p. 390-395). Dans un second temps, le tribun
369 CICERO (MARCUS TULLIUS -) T. Labienus accuse le sénateur C . Rabirius de perduellio pour avoir mis à mort en 100 , 37 ans plus tôt, le tribun Saturninus, au moment où le sénat avait voté le sénatus-consulte ultime. Il use d 'une procédure archaïque particulièrement com
plexe (cf. Gruen 14, p .277-279). Ce procès, évidemment politique, est dirigé contre la nobilitas ; il s'inscrit dans un débat sur le sénatus-consulte ultime et la prouocatio et invite à respecter cette garantie majeure du citoyen romain , quelles
que soient les circonstances. C 'est aussi un avertissement adressé aux consuls au moment où se précise la menace que constitue Catilina. C 'est par les Catilinaires (et par les allusions répandues dans l'euvre de
Cicéron ), ainsi que par la monographie de Salluste , que nous connaissons la conjuration de Catilina : il est ainsi malaisé d' apprécier le danger qu 'elle repré sentait. L . Sergius Catilina, membre de la nobilitas, battu au consulat en 64 et
63, réunit les mécontents et les endettés dans une conjuration ayant pour but de s'emparer du pouvoir par la force ( 15 A . Kaplan , Catilina, New York 1968 ). Cicéron, informé de ce projet dès septembre, le fait connaître à un sénat qui ne
réagit pas ; il faut attendre la fin du mois d'octobre pour qu 'il réussisse à faire
voter par le sénat le sénatus-consulte ultime qui donne pleins pouvoirs aux consuls « pour veiller à ce que la république ne subisse aucun dommage » . Le 8
novembre, dans un violent discours au sénat (Première Catilinaire ), il somme Catilina de quitter Rome, et le lendemain informe le peuple de son action
(Seconde Catilinaire). Puis la lutte semble se faire moins vive, mais le consul n ' en est pas moins actif et doit défendre Murena, l'un des consuls désignés,
accusé de malversation électorale par Caton. Catilina, bloqué en Cisalpine, tente pendant ce temps d' entrer en relation avec les Allobroges, mais ceux -ci trahis sent. L 'affaire est dévoilée devant le peuple (Troisième Catilinaire, prononcée le 3 décembre). Le 5 décembre on débat au sénat du châtiment des complices de Catilina ; ils sontmis à mort le soir même, tandis que la foule acclame le consul
comme le sauveur de Rome; on lui décerne le titre de pater patriae. Pour Cicéron , c ' est le grand moment de sa vie , l' épisode auquel il se réfère le plus
volontiers ; en outre l’union des sénateurs et des chevaliers ( concordia ordinum ), qui a rendu possible la victoire sur Catilina, constitue l'un des fondements de sa
théorie politique. Pourtant, dès la fin de cette année , des critiques se font jour contre le consul qui a fait condamner les complices de Catilina en donnant une
trop grande extension au sénatus- consulte ultime. Ces critiques continuent dans les années suivantes: ainsi son activité d 'avocat
est grande,mais son influence politique décroît. Ses tentatives de rapprochement avec Pompée n ' aboutissent pas vraiment. A la fin de l' année 62 éclate le scandale de la Bona Dea : P . Clodius, déguisé en femme, a assisté à la cérémonie en l'honneur de cette déesse , d' où les hommes étaient exclus ( cf. 16 Ph . Moreau , Clodiana religio . Un procès politique en 61 avant J. C ., Paris 1982) ; Cicéron
hésite, mais apporte finalement un témoignage accablant pour Clodius (cf. Plut. 29, 3) et se fait un nouvel ennemiparmiles populares. C ' est l' époque où s'opère le rapprochement entre Pompée , César et Crassus qui deviendra le premier triumvirat, tandis que la concordia ordinum se défait et qu 'augmente l'isolement
370
CICERO (MARCUS TULLIUS -)
de Cicéron (cf.Mitchell 7 , p . 96 -97). César, qui obtient le consulat en 59 , paraît avoir un temps cherché son appui (Att. 2 , 3, 3 -4),mais l' orateur ne le lui accorde pas et reste éloigné de la vie politique et de Rome pendant cette année, cependant que César favorise le passage de Clodius, originaire d'une famille patricienne, à la plèbe, puis son élection au tribunat. Dès son entrée en charge, Clodius déposa plusieurs projets qui affaiblissaient le pouvoir du sénat, puis fit
voter sa rogatio de capite ciuium qui concernait toutmagistrat ayantmis à mort un citoyen sans jugement et visait Cicéron sans le nommer ( pour la date de cette loi et la chronologie des événements, voir 17 P . Grimal, Études de chronologie
cicéronienne, Paris 1967). Ce dernier s'inquiète, hésite et, ne recevant qu 'un faible soutien de la nobilitas, quitte Rome au moment où Clodius s 'apprête à
afficher une seconde loi qui l'exilait nommément. L 'exil est pour Cicéron une
épreuve difficile , comme en témoigne la correspondance . La question de son retour est posée au sénat dès 58 , peu de temps après son
départ,mais elle rencontre bien des oppositions et il faudra plusieurs tentatives avant d 'arriver au vote qui le rend possible au début du mois d 'août 57. Cicéron est aussitôt de retour à Brindes et regagne Rome au milieu de l'enthousiasme
populaire en retrouvant les habitants des municipes qui sont ses fidèles partisans.
Il est de retour à Rome début septembre et commence par prononcer plusieurs discours « pour remercier le peuple et le sénat» , puis pour retrouver ses biens
confisqués par Clodius (De domo sua ). Il témoigne aussi sa reconnaissance à Pompée en proposant un sénatus-consulte qui lui confie des pouvoirs étendus.
En 56 , il prononce un important discours politique pour défendre P. Sestius, l'un des tribuns qui avaient proposé son retour : il s'oppose à la violence en politique
et cherche à réunir tous les modérés dans un consensus omnium bonorum . Tel est son nouveau programme politique, mais l'ancien consul ne retrouve pas vrai
ment son influence. Et ainsi Cicéron se trouve progressivement conduit à se rapprocher de Pompée, de Crassus, puis de César, c 'est-à-dire du premier trium virat: il parle en faveur de César comme le montre le discours Sur les provinces consulaires, ou défend ses partisans. La longue lettre à P . Lentulus (le consul de
57) écrite en décembre 54 (Fam . I 9) justifie cette « palinodie » par les cir constances (cf. 18 M . C . Mittelstadt, « Ciceros political velificatio mutata 54-51
B . C .: Compromise or Capitulation ? » ,PP 40, 1985, p. 13-28), mais ce choix n 'empêche pas Cicéron de répéter dans ses lettres : « Il n 'y a plus de républi que » . C 'est alors qu 'il commence à se tourner vers la philosophie avec le De oratore d 'abord, écrit en 55 , puis de façon plus nette encore avec le De repu
blica (54 ) et le De legibus (52) qui lui est étroitement lié .
Dans cette période troublée qu 'est la fin de la république, il défend en 52 Milon , accusé pour le meurtre de Clodius, et, impressionné, semble-t-il, par ce forum entouré de soldats (cf. Plut. 35 , 5 ), ne réussit pas à obtenir l'acquittement de son client. En 53, il fut coopté dans le collège des augures, fonction à laquelle
il ne cessa d' attacher une grande importance (De leg. II 12 , 13). En 51, Cicéron
doit quitter Rome pour exercer les fonctions de proconsul, puisqu'il n 'a pas encore exercé de charge de ce type, et il part pour la Cilicie . Il y restera jusqu 'en
CICERO (MARCUS TULLIUS - )
371
50 . Son action concerne d 'abord les provinciaux, dont il cherche à améliorer le sort en s'inspirant de l'édit de Scaevola (19 A . J. Marshall, « The structure of Cicero 's edict » , AJPh 85, 1964, p . 185-191) ; en second lieu, un combat victo rieux contre des montagnards favorables aux Parthes lui vaut le titre d 'impe rator,mais le proconsul ne réussit pas à obtenir le triomphe et doit se contenter de supplications aux dieux.
A son retour – il est fin novembre à Brindes et début janvier à Rome -, la guerre civile entre Pompée et César commence. Cicéron quitte Rome comme
l'ont fait Pompée et le sénat, et s'installe à Formies, puisque le commandement du territoire de Capoue lui a été confié . La correspondance échangée avec Atticus permet en même temps de comprendre ses angoisses et ses hésitations. Faut- il suivre Pompée ? écouter César qui souhaite sa neutralité ? Cicéron débat longuement avec lui-même et pose la question de façon générale , c'est-à-dire
philosophique, pour définir où se trouve son devoir et quel est le choix le plus honorable , honestum (cf. Att. IX 4 , et 20 A .Michel, Rhétorique et philosophie chez Cicéron . Essai sur les fondements philosophiques de l'art de persuader, Paris 1960, p . 589 ; 21 P. A . Brunt, « Cicero 's officium in the civil war» , JRS 76 ,
1986 , p . 12-32). Finalement, plusieurs mois après le départ de Pompée, il se décide à le rejoindre en Épire (7 juin 49), mais il ne semble pas avoir été accueilli avec beaucoup d'enthousiasme par ses partisans (Plut. 38). Après la défaite de Pompée à Pharsale , il ne souhaite pas continuer la lutte (Plut. 39) et attend à Brindes, non sans inquiétude, le pardon de César (oct. 48-sept. 47); il regagne alors Rome où il retrouve des amis comme Brutus ou Varron , mais c'est aussi la période où ses rapports avec sa femme Terentia se détériorent au point d'aboutir à un divorce en 46 . Dans une ville où l'activité politique et judiciaire est des plus restreintes, Cicéron multiplie les écrits, il ne renonce pas à l'action politique, mais la continue par ses traités: le Brutus, histoire de l'éloquence romaine, en mars -avril 46 ; les Paradoxa Stoicorum en avril (sur leur aspect
politique et la place de la liberté dans cette cuvre , voir 22 K . Kumaniecki, « Ciceros “Paradoxa Stoicorum " und die römische Wirklichkeit» , Philologus 101, 1957, p. 133 -134 ), suivis d'un éloge de Caton après Thapsus. Il continue
les écrits sur la rhétorique avec l'Orator, portrait de l'orateur idéal, et les Parti tiones Oratoriae, dédiées à son fils Marcus, qu 'il rédige également pendant l' été. Avec le retour de César à Rome en septembre 46 , il plaide publiquement la
cause d'exilés comme M . Claudius Marcellus, le consul de 51, et l'ennemi
acharné de César.Mais c'est la philosophie qui constitue l’occupation principale de Cicéron. Au début de janvier 45 – ou peut-être dès l'automne 46 (Mitchell 7,
p . 283) -, il commence la série de ses traités : l'Hortensius, protreptique qui ne nous est parvenu qu'à travers des témoignages indirects et quelques fragments
(voir 23 A .Grilli, Hortensius,Milano 1962).Mais la mort de Tullia, sa fille, en février, avec le bouleversement et le désespoir qu 'elle suscite , interrompt ce programme; Cicéron se retire à Astura , lit, médite , compose une Consolation
(aujourd 'hui perdue) et finit par retrouver quelque équilibre. Il continue ses
travaux philosophiques par les Premières Académiques, dialogue achevé en mai,
372
CICERO (MARCUS TULLIUS - )
complété et repris par les Secondes Académiques. En même temps, il travaille au De finibus bonorum et malorum , achevé en juillet, et entreprend, à partir de la fin mai, une série de débats sur des questions générales : les Tusculanes, ache
vées à la fin du mois d 'août. A cette activité déjà impressionnante s'ajoutent des traductions comme celle du Timée de Platon . C 'est peut-être l'étude de ce dialo gue qui amène l’ écrivain à se tourner vers les questions de philosophie reli
gieuse, comme le montrent les traités qu'il écrit ensuite : le De natura deorum dont la rédaction est commencée fin août 45 et sans doute achevée avant la mort de César, le De diuinatione commencé vers février 44 et publié après mars, puis le De fato quelques mois plustard. Enfin Cicéron aborde les questions demorale pratique avec le De senectute , écrit lui aussi avantmars 44, où il met en scène
Caton l'Ancien. Cette intense activité intellectuelle s' accomplit dans une cité où la vie politique est des plus restreintes; César exerce seul le pouvoir et il est manifeste qu 'il cherche à devenir roi. Au moment où il est abattu , le jour des Ides de mars 45 , les conjurés, Brutus et Cassius, crient le nom de Cicéron , qui
les a peut- être encouragés. Pourtant les semaines et les mois qui suivent n 'apportent pas de véritable satisfaction à Cicéron , comme le laisse voir sa correspondance : il ne cesse de
répéter que le tyran est mort,mais que la tyrannie n 'a pas disparu, faisant ainsi allusion au consulMarc -Antoine, dont l' influence sur la politique est grande. En
même temps, il regrette l'indécision manifeste des conjurés. Aussi reste-t-il éloi gné de Rome et se consacre-t- il à nouveau à la rédaction de ses euvres. Outre le De fato , il écrit fin juin un De gloria, aujourd 'hui perdu, et entreprend le De amicitia . Son intention est avant tout de quitter l' Italie , même si ce n 'est pas possible immédiatement. Officiellement Cicéron souhaite rendre visite à son
fils , alors étudiant à Athènes. Le départ a lieu le 21 juillet et l'embarquement quelques jours plus tard . C 'est pendant ce trajet que sont rédigés les Topiques, ouvrage dédié au juriste Trebatius. Mais le vent rejette le navire sur les côtes d'Italie et Cicéron se décide à rester dans la péninsule . Pendant son absence , la
situation s'est tendue à Rome. Le consul Antoine a convoqué le sénat pour le 1er septembre afin de décerner à César les honneurs divins. Cicéron , qui vient de
regagner Rome s'abstientde paraître à cette séance et Antoine s 'en prend vive ment à lui. Le lendemain , 2 septembre, Cicéron répond tout aussi vivement :
c'est la Première Philippique. Elle entraîne une violente riposte d'Antoine et
Cicéron se retire à Pouzzoles: il y prépare sa réponse, la Seconde Philippique, qui sera publiée et, en même temps, il y rédige le De officiis, dédié à son fils Marcus. Il est de retour à Rome début décembre et prononce en cette fin d'année 44 et en 43 la série des Philippiques, adressées tantôt au sénat tantôt au peuple. Dans ces discours Cicéron cherche d 'abord à convaincre de mener la lutte contre
Antoine, puis à soutenir Brutus et Cassius; il accorde en même temps son appui au jeune Octave, le fils adoptif de César et le futur Auguste (voir 24 M . Bellincioni, Cicerone politico nell'ultimo anno di vita , Brescia 1974 ). Malgré le
manque d'énergie du sénat, la guerre commence fin mars autour de Modène, mais si Antoine s'enfuit, les deux consuls sont tués . On parle d'un nouveau
CICERO (MARCUS TULLIUS -) 373 consulat de Cicéron avec le jeune Octave commecollègue,mais sans succès, et finalement ce dernier marche sur Rome avec ses légions et obtient le consulat (19 août). Ultérieurement (fin octobre) Octave, Antoine et Lépide se retrouvent et concluent une alliance (le second triumvirat), mais établissent une liste de proscrits sur laquelle figure Cicéron (ainsi que son frère ). Il tente de s 'embar quer pour la Macédoine,mais il est rattrapé par les soldats et assassiné par eux le
7 décembre 43. La scène resta longtemps célèbre chez les écrivains de l'empire ( Tite -Live, fr. 120 ; Sénèque le Père , Suas. VI 17) . C 'est alors qu'Antoine décla ra : « Les proscriptions sontmaintenant terminées » (Plut. 49, 1) , reconnaissant
ainsi la grandeur de son ancien ennemi et l'ardeur du combat qu'il mena pour la
liberté. MICHÈLE DUCOS. LE PROBLÈME DES SOURCES CHEZ CICÉRON
C 'est Cicéron lui-même qui a fourni un prétexte à la recherche systématique des sources en écrivant à Atticus (Att. XII 52) : ånóypapa sunt, minore labore fiunt ; uerba tantum adfero, quibus abundo. Pourtant la lecture attentive de cette
lettre même, qu 'ils ont citée à satiété ,aurait dû inciter les Quellenforscher à une plus grande prudence . La phrase dont ils ont fait l' emblème de leur recherche est en effet précédée d 'une crux interpretationis (cf. Beaujeu ad loc.), ce qui fait que l'on ne sait pas à quoi s'applique exactement ce terme d 'anóypada . S 'agit
il des Academica et du De finibus, alors en cours d' élaboration ? C 'est probable, mais il n 'est nullement exclu qu'il désigne des travaux secondaires auxquels il se serait consacré en même temps. A supposer même que le terme d 'anóypada qualifie les deux grandes œuvres philosophiques, il doit être nuancé. En effet,
dans cette lettre , Cicéron cherche à rassurer Atticus, inquiet de la qualité de la langue latine dans ces æuvres philosophiques, et il a donc, pour le rassurer, valorisé le travail sur la forme au détriment du travail sur le fond. Par ailleurs ,
dans le De finibus même, Cicéron souligne qu'il n 'est pas esclave du texte grec , mais qu'il utilise celui-ci en fonction de son iudicium (I 6 ). Quels qu 'aient été les antécédents de la Quellenforschung, c 'est dans la
préface de l' édition 1 Madvig du De finibus, København 1839, que l'on trouve exposés pour la première fois avec une rigueur systématique les principes qui pendant près d'un siècle vont guider la recherche des sources : il faut considérer Cicéron à la fois comme un moyen et comme un obstacle dans la connaissance de la philosophie grecque. Il s 'agit donc d 'extraire la pensée grecque de sa
gangue cicéronienne. La Quellenforschung cicéronienne fut primitivement
germanique et elle trouva son expression la plus achevée dans l’æuvre de 2 R . Hirzel, Untersuchungen zu Ciceros philosophischen Schriften , 3 tomes, Leipzig 1871, 1872 et 1883. Elle connut un certain succès en Italie ( 3 E . Bignone, « Qua fide quibusque fontibus instructus moralem Epicuri philosophiam interpretatus sit Cicero in I de finibus libro » , RFIC 37, 1909, p . 54 -84 ; 4 I. Galbiati, De
finibus M . Tulli Ciceronis librorum quimanserunt De re publica et De legibus
374
CICERO (MARCUS TULLIUS -) fontes, Milano 1916 ) et eut un émule en France en la personne de 5 C . Thiaucourt, Essai sur les traités philosophiques de Cicéron et leurs sources grecques, Paris 1885.
Un siècle après la préface de Madvig , un article de 6 P . Boyancé (« Les méthodes de l'histoire littéraire. Cicéron et son æuvre philosophique » , REL 14 , 1936 , p . 288 - 309) allait mettre en évidence tous les presupposés de la Quellen forschung et dresser le constat d ' échec. La réhabilitation de la culture philo sophique de Cicéron , la mise en évidence de sa passion sincère pour cette disci pline, conduisent à une approche différente du processus d 'élaboration , dans
lequel une part importante est reconnue à la personnalité de Cicéron . Une approche nouvelle du problème des sources philosophiques de Cicéron est due à 7 M . Giusta, I dossografi di etica, Torino , t. I, 1964; t. II, 1967. Pour
Giusta, la source quasiment unique de la philosophie morale cicéronienne serait un ouvrage doxographique composé par Arius Didyme (»- A 324 ) en suivant la « division » du philosophe alexandrin Eudore. Le caractère invraisemblable de
cette thèse a été souligné notamment par 8 P . Boyancé, c. r. du t. I, Latomus 26 , 1967, p. 246 -249. Malgré cela, l'euvre de M . Giusta est un instrument incom
parable pour la connaissance des doctrines morales de l'époque hellénistique et romaine.
Principales hypothèses de sources. (a ) Le De finibus.
La Quellenforschung s'est accordée à voir en Antiochos (> A 200) la source des livres IV et V . Cette hypothèse s 'appuie sur les nombreuses mentions de ce
philosophe au livre V et sur la présence du thème, quilui était cher, d'un accord entre péripatéticiens et stoïciens. Elle s'est, en revanche, divisée sur les autres livres .
En ce qui concerne le livre I, l'allusion faite au § 31 à des épicuriens récents, avec lesquels Torquatus dit être d'accord , a été diversement interprétée : pour Thiaucourt 5 , p. 76 , il s'agirait de Zénon, lemaître épicurien de Cicéron , nommé au § 16 ; en revanche, pour Hirzel 2, t. II, 1882, p .690 , et pour 9 R . Philippson , art. « Tullius » , RE VII A 1, 1937, col. 1136 sq ., la source épicurienne serait plutôt Philodème, nomméau $ 119 du livre II.
Pour le livre II, Thiaucourt 5 , p . 79, a proposé Posidonius et Panétius, qui est mentionné au $ 24, mais cette hypothèse est fragile d 'un point de vue philo
sophique. 10 M . Pohlenz, Grundfragen der stoischen Philosophie, Göttingen 1940, p . 71, et Philippson 9 , col. 1137, ont, de manière argumentée, avancé le nom d'Antiochos, ce qui expliquerait certaines similitudes, notamment doxo
graphiques,entre le livre II et les livres IV et V . En ce qui concerne le livre III, aucune hypothèse n 'est vraiment satisfaisante . La mention au § 57 des successeurs de Chrysippe et de Diogène de Babylone fixe un terminus post quem , ce qui a permis à 11 M . Pohlenz, Die Stoa, t. II, 40
édition , Göttingen 1972, p . 10 , de suggérer le nom d 'Antipatros (~ A 205).
CICERO (MARCUS TULLIUS -)
375
(b) Les Tusculanes. En règle générale, la Quellenforschung s'est refusée à considérer cette æuvre comme un tout et elle l'a perçue comme l'expression de divers courants stoï ciens. La seule exception est Hirzel 2 , t. III, p . 342 sq ., qui, à partir d 'une asser
tion fausse (Cicéron se serait inspiré d'un livre sur l' éthique écrit par son maître Philon de Larissa ), a défendu la thèse la plus vraisemblable : les Disputationes
ont une cohérence dont la source doit être recherchée dans l' inspiration acadé micienne de Cicéron . 12 P . Corssen, dans sa dissertation De Posidonio Rhodio M . Tulli Ciceronis
in libro I Tusculanarum Disputationum et in Somnio Scipionis auctore , Bonn 1878 , attribua Posidonius comme source au premier livre des Tusculanes, affir
mation qui fut souvent reprise par la suite . Cette thèse fut critiquée de manière définitive par 13 R . Miller Jones, « Posidonius and Cicero's Tusculan Disputa tions I, 17-81» , CPh 18 , 1923, p. 202-228 , qui a montré le caractère académi
cien etpéripatéticien de ce livre. 14 O . Gigon , « Die Erneuerung der Philosophie in der Zeit Ciceros» , dans Recherches sur la tradition platonicienne (Entretiens de 1955 ), coll. « Entretiens sur l'Antiquité classique » 3, Vandæuvres/Genève 1957, p . 25 -59, est également allé dans ce sens et a proposé comme source
immédiate Antiochos, hypothèse qu 'avait déjà critiquée Philippson 9, col. 1144. En ce qui concerne le livre II, Panétius a été proposé comme source par 15 M . Pohlenz, « Das zweite Buch der Tusculanen » , Hermes 44, 1909, p . 23-40 , car dans Fin ., IV 23, il est dit que ce philosophe avait légèrement atténué la
doctrine stoïcienne sur la douleur. Mais la critique que fait Cicéron du stoïcisme
dans ce livre va bien au delà des nuances panétiennes. La tonalité générale des livres III et IV explique que leur aient été attribuées diverses sources stoïciennes ou stoïcisantes, cf. 16 M . Pohlenz, « Das dritte und vierte Buch der Tuskulanen » , Hermes 41, 1906 , p . 321-355 ; 17 P . Finger, « Die
beiden Quellen des III Buches der Tuskulanen Ciceros» , Philologus 14 , 1889, p . 51-81; 18 R . Philippson , « Das dritte und vierte Buch der Tuskulanen » , Hermes 67, 1932, p . 245-294.
Le livre V a été généralement divisé en deux parties, l'une stoïcienne, l'autre épicurienne, par la Quellenforschung: les sources le plus souvent proposées ont
été les épicuriens Phèdre et Zénon, et le stoïcien Posidonius (cf. notamment, Philippson 9 , col. 1148). (c) Le De officiis. C 'est l'æuvre pour laquelle le problème des sources se présente de la manière plet dedesla indications ition simple, l'é Cuetatencomraison indications données données par Cicéron lui-même. On la dplus
trouvera un état completde la question dans l'introduction de 19 M . Testard à l'édition CUF, Paris 1965, p . 25-49. Pour les livres I et II, le témoignage de Cicéron lui-même (De off. II 60 ; III 7 ; Att. XVI 11, 4) indique que la source principale est le lepi xaonxovtoç de Panétius. Mais Panétius avait omis de
traiter certains aspects du thème, et la Quellenforschung a proposé Posidonius
376
CICERO (MARCUS TULLIUS - )
comme source secondaire pour la comparaison des honesta (I 152- 161). Cf. Hirzel 2 , t. II, p . 722- 724. En ce qui concerne le livre III (comparaison de l'utile et de l'honestum ,
problèmenon traité par Panétius), Cicéron affirme au $ 34 avoir travaillé avec ses propres armes (Marte nostro ), en raison du caractère décevant des ouvrages écrits après Panétius. Néanmoins Athénodore de Tarse (mentionné dans Att.
XVI 11, 4 ) et Hécaton (cité textuellement dans De off. III 89 sq ., mais désap prouvé par Cicéron) ont été proposés comme sources de ce livre (cf. 20 M .
Pohlenz, « Cicero de officiis III», NGG 1934, p . 1- 39 ), tandis que l'hypothèse d 'une utilisation de Posidonius a été défendue notamment par 21 O .Gigon, « Bemerkungen zu Ciceros De officiis » , dans Politeia und Res Publica, Wies
baden 1969, p. 273. On trouvera une défense et illustration de la méthode de la Quellenforschung dans l' article de 22 P. Fedeli, « Il De officiis di Cicerone. Problemi et atteggiamenti della critica moderna » , ANRW I 4 , p . 361-376 .
(d ) Le Denatura deorum . Pour une énumération presque exhaustive des différentes solutions proposées par la Quellenforschung, voir 23 A . Kleywegt, Ciceros Arbeitsweise im zweiten
und dritten Buch der Schrift De natura deorum , Groningen 1961, p. 1 -9 ; voir également 24 l'introduction de A . S. Pease à son édition, Cambridge (Mass.) 1955, p . 38 -50. L ' identification des sourcesdu livre I a donné lieu à de multiples hypothèses : pour le discours de Torquatus ont été proposés Zénon de Sidon
(Hirzel 2 , t. I, Leipzig 1877, p . 25-32), Phèdre (25 M . van den Bruwaene, intr. éd., coll. « Latomus » , Bruxelles 1970 , p . 15 -32) et Philodème (Philippson 9 ,
col. 1153-1154). Pour la critique de l' épicurisme par Cotta (= C 193), deux thèses sont en présence: une source néo-académicienne (Clitomaque (> C 149], car Carnéade lui-même n 'avait rien écrit, cf. Hirzel 2 , p. 32 -43), une source stoïcienne (Posidonius, selon Thiaucourt 5 , p . 217-220).
En ce qui concerne le livre II, la source la plus probable est Posidonius, cité aux § 32 et 88 (cf. 26 K .Reinhardt, Poseidonios,München 1921, p. 224 -239). Pour le livre III, son inspiration carnéadienne est évidente et le nom le plus souvent avancé est celui de Clitomaque (cf. 27 C . Vick, « Karneades Kritik der
Theologie bei Cicero und SextusEmpiricus» ,Hermes 37, 1902, p .228- 248). (e) Le Dedivinatione. Le problème des sources de cette cuvre a été traité dans le détail par 28 A . S . Pease , dans l' introduction à son édition, parue à Darmstadt en 1973, p. 18 -28 . En ce qui concerne le livre I, Posidonius, plusieurs fois mentionné (cf. au § 6 la mention de son ouvrage en cinq livres sur la divination ), est unanimement reconnu comme source principale. En revanche, les controverses ont porté sur la présence de Cratippe [» C 208 ] (mentionné au $ 60 ) comme source secondaire :
y a-t-il eu utilisation directe ou indirecte ? En ce qui concerne le livre II, la fréquence des allusions à Carnéade a conduit
la Quellenforschung à proposer comme source principale Clitomaque. Panétius,
CICERO (MARCUS TULLIUS - )
377
adversaire de l'astrologie et seul stoïcien à rejeter l'astrologie, est directement cité au $ 47, ce quipermet de le considérer comme source secondaire.
(f) Le De fato .
Cicéron avait hébergé longtemps chez lui le philosophe stoïcien Diodote (RD 134) et il avait discuté avec lui sur le problèmedes possibles (cf. Fam . IX
4 ). Comme l'a souligné Philippson 9 ,col. 1162, ces entretiens ont sans doute été une source importante du De fato . Posidonius,mentionné aux $ 5 et 7, a pu être considéré parfois comme une source secondaire.Mais , dans le De fato aussi,
l'inspiration de Cicéron est académicienne et l'on trouve au § 39 le thème du consensus, cher à Antiochos d'Ascalon ( A 200 ), d'où l'hypothèse que ce philosophe serait la source directe de l’æuvre (cf. 29 A . Yon , introduction à l' édition CUF, Paris 1933, p. XLV).
CARLOS LÉVY. I. LES ACADEMICA. Éditions. L 'édition de référence est celle de 1 J. S . Reid , M . Tulli Academica, London 1885 , dont l'introduction et les notes sont encore des instruments
précieux . On se reportera également à l'édition de 2 0 . Plasberg, coll. BT, Leipzig 1922. En France, les Académiques n 'ont fait jusqu 'à présent l'objet d 'aucune édition scientifique. Les Academica posteriora ont été édités avec une
brève introduction et des notes par M . Ruch, coll.« Érasme», Paris 1970. Élaboration de l'euvre : les différentes versions. En dehors de quelques fragments des livres perdus, il ne nous est parvenu que le second livre des
Academica priora (le Lucullus) et le premier des quatre livres des Academica posteriora (appelé par certains le Varron ). L 'existence de ces deux versions
résulte d'une élaboration complexe. Certaines allusions dans la correspondance
laissentpenser que c 'est à partir de mars 45 que Cicéron s'estmis à rédiger la première version des Academica. Pour toute cette période, voir la chronologie établie par 3 J. Beaujeu dans son édition de la Correspondance de Cicéron ,
CUF, t. VIII, Paris 1983, p. 301-328. Le 13 mai, il annonce à son amiqu'il vient de terminer duo magna ouvtáyuata , selon toute vraisemblance les deux livres des Academica. Cf. 4 M . Ruch , Le prooemium philosophique chez Cicéron , Strasbourg 1956 , p . 265- 266 , et 5 J. Glucker, Antiochus and the late Academy, coll. « Hypomnemata » 56 , Göttingen 1978, p . 407 . Atticus ( A 505 ) recevra
peu de temps après le Catulus et le Lucullus avec des noua prohoemia, cf.Ruch 4 , p . 154 - 155 . L 'histoire de l'élaboration de l'euvre se serait arrêtée là si Cicé
ron ne s 'était aperçu qu'il avait attribué à des aristocrates romains cultivés,mais non érudits, des connaissances philosophiques qu'ils n 'avaient jamais eues (cf. Att. XIII 16 , 1). Il décida donc de substituer à Catulus (~ C 60) et à Lucullus, Brutus (- B 63) et Caton ( ~ C 59), authentiques philosophes. C 'est alors qu 'il
reçut une lettre d'Atticus lui suggérant de donner un rôle à Varron dans un de ses dialogues. Cicéron , bien que reprochantau grammairien de ne pas avoir tenu
la promesse faite deux ans auparavant de lui dédier un livre important, accepta
378
CICERO (MARCUS TULLIUS -)
de modifier l'æuvre et de confier à Varron la défense de la philosophie d 'Antio chos d ’ Ascalon , et le 25 juin il écrivait à Atticus (Att. XIII 13, 1) : « J' ai retiré
toute l'Académie aux membres de la haute noblesse pour l'attribuer à notre confrère et de deux livres j'en ai fait quatre . L 'ensemble est plus imposantmal gré de nombreuses suppressions» . Le court intervalle qui sépare la première et
la dernière version permet de penser que les transformations auxquelles procéda l'auteur furent surtout formelles. Les différents livres . Le Catulus, premier des deux livres des Academica priora, ne nous est pas parvenu. Il devait contenir une discussion sur l'histoire
de la philosophie , dans laquelle Catulus, défenseur de l'Académie « sceptique » d 'Arcesilas (> A 302) et de Carnéade (» C 42), s'opposait au dogmatisme en général, et aux interprétations dogmatisantes de Platon en particulier. Dans ce livre, le problème de la connaissance n 'était pas abordé en profondeur, comme le montre le fait que c'est dans le Lucullus que Cicéron entreprend pour la pre mière fois de traduire le vocabulaire grec de la connaissance, tel qu 'il avait été élaboré par les stoïciens. Le Lucullus comporte un prooemium (1-9) consacré à l'éloge des qualités de cet aristocrate romain , et notammentde son intérêt pour la culture. Cicéron cher
che ainsi à rendre plausible la présence de Lucullus dans un texte aussi difficile. Mais le dialogue à proprement parler commence par le récit que fait Lucullus de l'épisode du Sosus (11- 12). Antiochos d 'Ascalon (> A 200), qui avait quitté la Nouvelle Académie pour défendre un platonisme dogmatique, avait reçu à
Alexandrie un ouvrage en deux livres de son ancien maître Philon de Larissa, dans lequel celui-ci introduisait certaines innovations par rapport à l'orthodoxie
néoacadémicienne de Carnéade. Antiochos répliqua en écrivant un ouvrage aujourd'hui perdu, le Sosus. Le dialogue cicéronien n 'a pas pour centre les inno vations philoniennes ; il peut être défini comme une disputatio in utramque partem à propos du critère stoïcien de la connaissance, la « représentation compréhensive » (pavtaola xatannntixń ), qui se caractérise par une évidence particulière et qui livre immédiatement au moins une partie de la réalité de l'objet. Le discours de Lucullus (13-62) est précisément une "défense et
illustration" de la théorie stoïcienne de la connaissance. Il vise à prouver que l'existence de la représentation « compréhensive » est la condition de toute connaissance, à la fois sensorielle et intellectuelle. Lamémoire, l'assentiment, les artes, la science du sage elle-même, ont pour fondement l'harmonie première entre l'homme et la nature, dont cette représentation est un des aspects. A partir du $ 40, Lucullus entreprend d'exposer et de réfuter les arguments des Acadé miciens, en montrant que toutes leurs critiques se réfèrent à des situations
exceptionnelles et ont pour conséquence de rendre impossible toute action . Comme l'a montré 6 M . Ruch , « La disputatio in utramque partem dans le Lucullus et ses fondements philosophiques » , REL 47 , 1969, p . 310 -335 , le discours de Cicéron reprend en chiasme les deux moments du discours de Lucullus : la partie dialectique y précède l'exposé de doctrine. Cicéron, après avoir critiqué Antiochos et énuméré les auctores de la suspension de l'assen
CICERO MARCUS ( TULLIUS - )
379
timent, l'étoxo (69-76 ), entreprend de montrer pourquoi il ne peut exister de
représentation qui nous livrerait avec une certitude absolue un fragment de réalité. La démonstration s'appuie sur des exemples d' erreurs sensorielles, puis, à partir du $ 91, sur les apories de la raison , et notamment sur le sorite. Au $ 98, Cicéron annonce qu 'il en a fini avec la partie dialectique de son discours et qu 'il va désormais exposer la Carneadis sententia , c'est-à -dire la théorie du probable. A partir du $ 112 commence l'examen du dissensus des philosophes, construit selon la division tripartite physiqueléthique/logique. Le dialogue s'achève par un passage malheureusement corrompu (§ 138 ), dans lequel Cicéron essaie de concilier les deux thèses en présence, celle de l'assentiment ferme et celle de la suspension généralisée de l'assentiment. Du premier livre des Academica posteriora - issu au moins partiellement de la réfection du Catulus – nous sont parvenus le dialogue préliminaire (1- 14 ), le
discours de Varron (15-42) et une partie du discours de Cicéron (43 -46 ). Pour Varron , porte -parole d'Antiochos d ’Ascalon, Platon et ses successeurs de
l'Ancienne Académie créèrent un système philosophique insurpassable dont les péripatéticiens et les stoïciens reprirent les grands thèmes. Pour Cicéron, au contraire , l'Académie a donné sa forme la plus achevée à une orientation scepti
que présente déjà chez lesprésocratiques. Les Académiques jouent un double rôle dans l'æuvre philosophique de
Cicéron. Ils constituent le traitement de l'une des trois parties traditionnelles de la philosophie hellénistique, la logique, autrement dit le problème de la connais sance.Mais ils servent aussi d'introduction aux autres parties, l' éthique (cf. 7 A . Michel, « Doxographie et histoire de la philosophie chez Cicéron (Luc., 128 sq.)» , dans Studien zur Geschichte und Philosophie des Altertums, Budapest 1968 , p . 113-120) et la physique. Comme on s'estaccordé à voir dans Antiochos d'Ascalon la source du discours de Lucullus, les études de sources ont porté pour l'essentiel sur l'importance respective du probabilisme carnéadien et des
innovations philoniennes dans le discours de Cicéron . Cf. 8 A . B . Krische,
« Über Cicero 's Akademika » ,Göttingen Studien 1845, p . 126 -200 ; 9 R . Hirzel, Untersuchungen zu Ciceros philosophischen Schriften , t. III, Leipzig 1883, p. 251-341; 10 A . Lörcher , Das Fremde und das Eigene in Ciceros Büchern “ De finibus bonorum et malorum " und den “ Akademika ", Halle 1911, p. 240 324 ; Glücker 5 , p. 406 -420. On trouvera une intéressante synthèse des problè mes philosophiques posés par le dialogue dans 11 A . M . Ioppolo , Opinione e scienza, coll. « Elenchos » 12, Napoli 1986 .
L ' influence des Académiques dans l'histoire de la pensée occidentale a été considérable . Signalons ici deux moments particulièrement importants du devenir de cette cuvre : la rédaction par saint Augustin , après sa conversion , du
Contra Academicos (cf. 12 M . Testard, Saint Augustin et Cicéron, coll.« Études Augustiniennes » , t. I, Paris 1958, et 13 G . Reale , « Agostino e il Contra Academicos» , dans L 'opera litteraria di Agostino tra Cassiciacum e Milano, coll. « Augustiniana» 2, Palermo 1987, p. 13-30) ; sur l'intérêt des philosophes
380
CICERO (MARCUS TULLIUS -) de la Renaissance pour le Cicéron néoacadémicien , voir 14 C . Schmidt, Cicero
Scepticus, La Haye 1972 . Remarques sur quelques études récentes .
15 John Glucker, Antiochus and the late Academy, coll. « Hypomnemata >> 56,
Göttingen 1978,510 p. L 'importance de cet ouvrage novateur a été unanimement saluée et il est rapidement devenu le livre de référence pour tout ce qui concerne l'Académie , et plus généralement pour l'histoire des écoles hellénistiques. La thèse centrale peut se résumer en quelques mots : contrairement à l'opinion généralement acceptée selon laquelle il n ' y aurait pas eu de rupture dans l'histoire de l'Académie entre la fondation de l'école et sa fermeture par Justinien en 529, J. Glucker montre que le départ du scholarque Philon de Larissa pour Rome en 88 av. J.- C . marqua la disparition de cette école. Antiochos d ' Ascalon, son frère Aristos, Théo mneste , ne furent donc pas des scholarques de l'Académie, mais des professeurs dont l'ensei gnement n 'avait plus le caractère institutionnel de l' école platonicienne. A l'appui de sa thèse, l'auteur peut avancer comme argument le fait que - à l'exception d 'une référence dans Philon d'Alexandrie, Quaest. Gen. III 33, qu 'il ne cite pas – les sources n 'évoquent plus de philo sophe “ académicien " après Théomneste. La floraison d 'études platoniciennes du IIe siècle ap. J .-C ., notamment en Asie mineure , prouve le développement d 'un platonisme sans cadre
institutionnel, non une permanence de l'Académie. Dans ce livre d'une foisonnante richesse une importance toute particulière est accordée à l'affaire du Sosus, qui illustra le conflit opposant Antiochos d 'Ascalon à son ancien maître, Philon de Larissa. Cicéron ayant été l'élève de ces deux philosophes, J . Glucker a dont été amené à étudier très précisément le problèmedes sources des Académiques. Dans ce domaine il a proposé une solution que l'on s'accorde à trouver peu vraisemblable, celle d 'une réponse de Philon de Larissa au Sosus écrit par Antiochus. Demême, son interprétation du § 34 du
Lucullus comme exprimant une des innovations philoniennes dans le domaine de la connais sance pose le problème du statut de l'évidence chez Arcésilas et Carneade. J. Glucker a annoncé la parution d 'un livre consacré aux problèmes philosophiques de l'Académie , ainsi
que d'une édition des fragments de Carnéade. 16 Anna Maria Ioppolo , Opinione e scienza. Il debattito tra Stoici e Acca
demicinel III e nel II secolo a. C., coll. « Elenchos» 12,Napoli 1986 , 254 p. Ce livre est consacré à l'un des débats les plus importants de l'époque hellénistique, celui qui a opposé stoïciens et académiciens sur le problème de la connaissance. L 'originalité de cette recherche consiste en ce qu 'elle prend le contre-pied de la thèse soutenue par P. Couissin
dans deux articles parus en 1929, dans lesquels il s'efforçait de montrer que les concepts fondamentaux du scepticisme néo -académicien, ceux notamment d' énoxý , d’eðoyov et de Tilavóv, étaient originairement stoïciens et qu'ils avaient été utilisés dialectiquement par la Nouvelle Académie. Pour A . M . Ioppolo , au contraire, la suspension du jugement et la proba bilité furent des apports conceptuels d'Arcesilas et de Carnéade qui ne devaient pour ainsi dire rien au stoïcisme et qui constituaient réellement la philosophie personnelle de ces scho
larques. Le livre d ' A . M . loppolo met en lumière de manière convaincante certaines insuffi sances de la thèse de Couissin et il éclaire d 'un jour nouveau certains textes de Cicéron et de Sextus Empiricus. On peut cependantregretter une systématisation excessive, qui a pour effet l'occultation des aspects incontestablement dialectiques de la philosophie néo -académicienne.
Par ailleurs, la détermination de l'origine des concepts se heurte à une difficulté considérable , celle du petit nombre - en tout cas par rapport aux traités dont les titres nous sont connus - de fragments stoïciens que nous possédons. Enfin le problème subsiste de savoir dans quelle mesure le débat sur la connaissance peut être isolé des controverses concernant les autres
parties de la philosophie.
381 CICERO (MARCUS TULLIUS -) 17 Jonathan Barnes, « Antiochus of Ascalon » , dans M . Griffin et J. Barnes
(édit.), Philosophia togata. Essays on philosophy and Roman society, Oxford 1989 , p. 51- 96 . Ce long article constitue la première monographie consacrée depuis fort longtemps à la philosophie d 'Antiochos d 'Ascalon , dont la personnalité est au cœur des discussions sur la
pensée platonicienne au jer siècle av. J.- C . L ' analyse des positions philosophiques d' Antio
chus est précédée d'une utile mise au point sur la biographie et d'une rapide évocation du problème des sources dans les Académiques. En ce qui concerne la querelle du Sosus, J. Barnes affirme à juste titre que le problème essentiel concernait l' interprétation de ce
qu 'avait été l'histoire de la Nouvelle Académie. On peut cependant discuter la pertinence du
terme de " syncrétisme” par lequel l'auteur caractérise la philosophie d'Antiochos, dans la mesure où il ne rend pas compte de la violence polémique inhérente à cette pensée : contrai rement à ce qu 'il affirme, la préoccupation majeure d 'Antiochus n 'était pas de faire de Platon , Aristote et Zénon « un triumvirat philosophique (...) contre les attaques barbares des scepti
ques et des hédonistes» , mais de dépouiller le stoïcisme de toute originalité . On se demande également sur quoi se fonde l'auteur pour affirmer que le discours de Lucullus est autant péripatéticien que stoïcien , alors qu 'il est si purement stoïcien que Cicéron avait pensé l'attribuer à Caton ! En ce qui concerne l' éthique antiochienne, telle qu 'elle peut être reconsti tuée notamment à travers le dernier livre du De finibus, l'auteur souligne à juste titre le mélange d'éléments péripatéticiens et stoïciens, mais il est pour le moins excessif de parler de " réconciliation " entre l' Académie et le Portique , quand on sait avec quelle virulence Cicéron
Antiochos attaque la morale stoïcienne dans le livre IV du même traité. On ne peut, enfin ,
prétendre que l'intérêt d 'Antiochos pour la théorie des Formes était "purement historique" , alors que le projet de cet académicien était précisément de revenir à cette histoire-là, avec des
concepts de son temps, qu 'il utilisait et subvertissait à la fois.
CARLOS LÉVY. (Carlos Lévy a récemment publié un ouvrage sur les Academica : 18 Cicero Academicus. Recherches sur les Académiques et sur la philosophie cicéro nienne, coll. BEFAR 162, Rome 1992. A notre demande, il a bien voulu en
résumer les positions essentielles dans les lignes qui suivent.
R . G .)
La philologie classique a étudié les Académiques comme un document sur les controverses entre stoïciens et académiciens à propos de la théorie de la connais sance . De ce fait, elle s'est surtout attachée à identifier les sources d 'une æuvre
qui nous est parvenue trèsmutilée, et elle a souvent considéré Cicéron comme l'obstacle qui empêcherait de percevoir dans leur pureté originelle la pensée de Carnéade, de Philon de Larissa ou d' Antiochos d'Ascalon .La thèse sur laquelle ce livre a été construit est différente de l'approche traditionnelle . Pour son auteur, les Académiques sont un livre à part entière , que l'on se doit d ' étudier
dans la totalité de ses aspects , c'est-à -dire à la fois dans la diachronie et dans son environnement culturel et politique. Du point de vue de l'histoire de la philo sophie , les Académiques contiennent les différentes strates du débat qui, pendant près de deux siècles, opposa stoïciens et académiciens. Ce débat ne se limita pas
aux problèmes gnoséologiques. Il fut, au contraire, la confrontation , dans toutes
les parties de la philosophie , d'un dogmatisme essentiellement immanentiste et d'une pensée critique, celle de la Nouvelle Académie , qui apparaît platonicienne en ceci au moins qu 'elle rejette sans aucune nuance l'idée que la vérité ou le
bien puissent s'enraciner dans la sensation et l'instinct. Ce que montre égale
382
CICERO (MARCUS TULLIUS - )
ment ce livre, c'est que, dans l'œuvre philosophique de Cicéron et dans les Aca démiques en particulier, coexistent demanière inextricable les débats du passé et les solutions de l'avenir, autrement dit la dialectique néoacadémicienne et les prémices du moyen platonisme: la discussion sur le critère de la connaissance
s'enrichit de prolongements doxographiques concernant l' éthique ou la physi que, dans lesquels est esquissée , en filigrane du dissensus, une orientation plato
nicienne qui sera confirmée dans les œuvres suivantes, parfois interprétées à tort comme stoïcisantes. On a trop souventnégligé, cependant, le fait que les Acadé miques sont aussi,malgré les apparences, enracinés dans la réalité romaine, et ce
à double titre. Ils témoignent d'abord d'un moment où la philosophie romaine parvient à maturité , en créant grâce à Cicéron sa propre langue, celle dont hériteront, entre autres, Descartes et Spinoza.Mais ces dialogues sont également
l'expression en termes philosophiques de la révolte de Cicéron contre le système politique césarien , fondé sur la toute puissance d'un seulhomme. Ainsi donc les
différentes lignesde force des Académiques convergent vers cette idée qui, chez Cicéron , participe à la fois du mos maiorum et de la philosophie : le rejet de l'homme-dieu , qu 'il s'agisse du sage stoïcien ou du dictateur romain .
II. DE NATURA DEORUM ,DE DIVINATIONE, DE FATO. Le De natura deorum , le De diuinatione et le De fato constituent, dans l'æuvre philosophique de Cicéron, un ensemble indissociable. Dressant la liste de ses ouvrages, achevés ou projetés (diu . II 1-4 ), l'auteur lui-même souligne les liens unissant ces trois traités, qui abordent différents aspects d 'une seule et même question . Un passage du De natura deorum (III 19) annonce, indirecte ment, le De diuinatione et le De fato . Le De diuinatione (I 8 -9) se présente comme la suite du Denatura deorum , et contient plusieurs annonces du De fato
(I 127 ; II 3 ; II 19). Au début de ce dernier traité (fat. 1), Cicéron rappellera ses précédents ouvrages sur les dieux et sur la divination. Avec cette trilogie , Cicéron se propose de faire connaître au public romain
l'attitude des principales écoles philosophiques face à la question des dieux, de la divination, du destin . Toutefois il ne se limite pas à un exposé doxographique :
dans l'esprit de la Nouvelle Académie, il confronte les arguments que l'on peut faire valoir pour ou contre chaque doctrine, en vue de faire apparaître, à défaut
de certitude, tout au moins des opinions probables. Lui-même indique assez
nettement ses préférences doctrinales, tout en respectant la liberté de choix du lecteur (sur la méthode académique, voir surtout nat. deor. I 11- 12 ; diu . II 150 ; fat. 1). Le De natura deorum
Éditions et traductions. 1 J. B .Mayor (édit.), M . Tullii Ciceronis de natura deorum libri tres, with introduction and commentary by J.B . M ., t. I, Cambridge
1880, LXXI-228 p.; t. II, Cambridge 1883, XXIII-319 p.; t. III, Cambridge 1885, LXXXVIII-247 p. (commentaire ancien , mais de haute qualité ); 2 O . Plasberg
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383
W . Ax ( édit.), M . Tulli Ciceronis scripta quae manserunt omnia , fasc. 45 : De
natura deorum , post O . P. edidit W .A ., coll. BT, ed. stereotypa ed. secundae (1933), Stuttgart 1980, XX -240 p .; 3 H . Rackham (édit.), Cicero, De natura deorum , Academica , with an English translation by H . R ., coll. LCL , Cambridge (Mass.)/London , “ first printed ” 1933, XIX -664 p . ; 4 Ch . Appuhn (édit.),
Cicéron, De la nature des dieux, traduction nouvelle avec notice et notes par Ch. A ., coll. « Classiques Garnier » , Paris s.d . ( 1935 ), 425 p. ; 5 A . S . Pease (édit.), M . Tulli Ciceronis de natura deorum libri III, edited by A . S. P ., t. I,
Cambridge (Mass.) 1955, VIII-537 p.; t. II, Cambridge (Mass.) 1958, p. 538 1257 ; réimpr. Darmstadt 1968 ; 6 É . Bréhier (trad.), Cicéron, De la nature des dieux, Livre II, traduction par É. B ., revue par P . Aubenque, dans Les Stoïciens,
coll. « Bibliothèque de la Pléiade» , Paris 1962, p . 405-468 ; 7 M . van den Bruwaene (édit.), Cicéron, De natura deorum , Livre premier, coll. « Latomus » , Bruxelles 1970 , 191 p .; Livre II, Bruxelles 1978 , 224 p . ; Livre III, Bruxelles
1981, 212 p. ; Tables, Bruxelles 1986 , 175 p. (texte, trad. française et notes ; le volume de Tables contient aussi une abondante bibliographie ) ; 8 W . Gerlach K . Bayer (édit.), M . Tullius Cicero , Vom Wesen der Götter, lateinisch -deutsch, herausgegeben , übersetzt und erläutert von W .G . und K . B ., coll. « Tusculum » ,
2e éd.München 1987, 894 p . (p . 781-859 : étude sur le De natura deorum dans la
littérature européenne). Pease 5 , p .62-82 et 88-106 , donne une liste des manuscrits, ainsi que des éditions et traductions anciennes . Date . Le De natura deorum a été écrit dans la seconde moitié de 45a et prend place entre les Tusculanes et le De diuinatione (voir diu . II 3). Pease 5 , p . 20 -21,
a réuni divers passages des lettres à Atticus quipeuvent concerner la rédaction de ce traité . Le 9 juin (Att. XIII 8), Cicéron demande à Atticus l'abrégé que Brutus avait tiré de l'historien Coelius Antipater (Coelius est cité en nat. deor. II
8) et le llepi nepovolaç de Panétius. Aux environs du 16 août (Att. XIII 39, 2), il réclame à son ami le traité Des dieux de l'épicurien Phèdre . Il semble donc que dès le mois de juin Cicéron ait l'intention d ' écrire un De natura deorum ,mais la rédaction proprement dite n'a sans doute commencé qu 'au mois de septembre, une fois achevées les Tusculanes (voir sur ce point 9 J. Beaujeu [édit.], Cicéron, Correspondance, tome VIII, CUF, Paris 1983, Appendice II, p. 313-315 ).Le De natura deorum était terminé lorsque Cicéron a entrepris le De diuinatione
(commencé sans doute dans les premiers jours de 44a). Analyse. Le De natura deorum met en scène les représentants des trois principales sectes philosophiques: un épicurien , C . Velleius, un stoïcien, Q . Lucilius Balbus, et un disciple de la Nouvelle Académie , C . Aurelius Cotta . Cicéron lui-même assiste en simple auditeur à leur dialogue, que l' on situe
d 'ordinaire entre 77 et 75 . C . Aurelius Cotta , consul en 75, pontife (voir
E . Klebs, art. « Aurelius» 96,RE II 2 , 1895, col.2482- 2484) était déjà l'un des interlocuteurs du De oratore (en III 145 apparaît sa sympathie pour la Nouvelle Académie ) ; lemême traité mentionnait aussi, en III 78, l'épicurien Velleius et le stoïcien Balbus (plus exactement “ les deux Balbus”, stoïciens).
CICERO (MARCUS TULLIUS -) Le premier livre s'ouvre par une dédicace à Brutus et un vaste préambule d 'auteur : Cicéron montre l'importance et la difficulté du sujet qu ' il aborde (§ 1 5, 13-14) ; il expose , d 'autre part, les motifs qui l'ont amené à composer son 384
@ uvre philosophique et justifie son adhésion à la Nouvelle Académie (§ 5 -12).
Puis vient l'introduction du dialogue et la présentation des personnages ($ 15 17). Velleius prend le premier la parole : il commence par attaquer la théologie de Platon (Timée ) et celle des stoïciens ($ 18 -24 ); il présente ensuite une doxographie, de caractère polémique ($ 25-41 : vingt- septphilosophes sont cités , de Thalès au stoïcien Diogène de Babylone); il donne enfin un exposé, assez bref, de la théologie épicurienne ( 43-56 ). Son discours est alors longuement réfuté par l'académicien Cotta ($ 57- 124). Au livre II, Balbus expose en détail et de manière systématique la théologie
stoïcienne. Son discours comprend quatre points : l'existencedes dieux (§ 4- 44 ), leur nature ($ 45 -72), l'action qu 'ils exercent sur le monde (§ 73- 153), leur intervention dans les affaires humaines (8 154 - 167). D 'après la seconde partie, les dieux , pour Balbus, sont le monde lui-même ($ 45 -49), les planètes ($ 49 53), les étoiles fixes ( 54-57), auxquels il faut joindre les divinités tradition nelles ( 60 -72). La troisièmepartie , la plus développée, évoque avec beaucoup de lyrisme et de ferveur l'action de la Providence, reconnaissable à travers tout le cosmos : la terre (8 98- 101), le ciel et les constellations ($ 102- 119, avec citations d 'Aratos traduit par Cicéron), les plantes et les animaux ( $ 120 -133), le
corpshumain ( 134- 146 ), l'intelligence humaine (§ 147-153). Au livre III , c'est de nouveau Cotta qui a la parole. Après avoir affirmé son respect pour la religion romaine traditionnelle ( $ 5 ), il procède à un examen critique de la théologie stoïcienne, reprenant point par point le discours de Balbus : l'existence des dieux ($ 7- 19), leur nature ( 20 -64), l'intervention de la Providence dans les affaires humaines ($ 65- 93). Une lacune des manuscrits nous a privés de la troisième partie (sur l'action des dieux dans le monde). Le livre III se termine par une brève conclusion ($ 94 -95), importante ,mais quelque peu énigmatique : l'exposé de Balbus paraît “plus vraisemblable” (ad ueritatis similitudinem ... propensior) à Cicéron , tandis que celui de Cotta paraît “ plus
vrai” (uerior) à Velleius. Sans doute l'auteur entend-il suggérer par là qu'il admet l' existence des dieux et de leur Providence, sans lui reconnaître, comme
font les stoïciens, un caractère de certitude. Sources. La question des sources du De natura deorum est loin d'être résolue,malgré les nombreux travaux qui lui ont été consacrés , malgré l'ingé niosité et l'érudition des chercheurs. En effet, les modèles dont Cicéron a pu s'inspirer ne nous sont que très mal connus. Voir les mises au point de Pease 5, p . 36 -50 , et de van den Bruwaene 7, t. I, p. 15 -32.
On a relevé certaines ressemblances entre la doxographie du premier livre et le De pietate de Philodème (voir 10 H . Diels , Doxographi Graeci, 2e éd.,
Berlin /Leipzig 1929, p. 529-550).Mais cela ne suffit pas à prouver que Philo dème est,même pour ce passage, la “ source” de Cicéron . Pour le discours de Velleius, Cicéron a probablement utilisé le llepi Deõv de Phèdre (voir Att. XIII
385 CICERO (MARCUS TULLIUS -) 39, 2), mais il est bien difficile de préciser exactement ce qu 'il lui doit. On
invoque parfois aussi Zénon de Sidon , autre maître épicurien de Cicéron ,
mentionné en I 59, 193, et connu pour son ardeur polémique. Tout cela reste hautement conjectural. Même incertitude en matière de sources stoïciennes. Le livre II contient des
références précises à la pensée de Zénon , Cléanthe, Chrysippe. Cicéron les connaît-il de première ou de seconde main ? On ne peut exclure la première hypothèse,mêmesi la seconde a longtemps régné presque sans partage. Panétius et Posidonius, quant à eux, ne sont cités que de manière incidente ( II 118 ; II 88 ). Cicéron a pu consulter et utiliser leurs ouvrages (sur le lepi tipovoias de
Panétius, voir Att. XIII 8 ; sur le llepi De@ w de Posidonius, voir nat. deor. I 123) ; mais il n 'est pas facile de déterminer leur influence avec précision . Pour ce qui est de la Nouvelle Académie , Cicéron se réclame à plusieurs reprises de Carneade (I 4 ; II 162 ; III 29 ; III 44 : tous ces passages concernent la
critique du stoïcisme, non de l' épicurisme).Mais comment connaît-il la pensée de ce philosophe ? par les ouvrages de Clitomaque ? par les livres, ou les cours , de son maître Philon de Larissa ? - Sur ce point aussi, la recherche aboutit à un non liquet.
Orientation bibliographique. Une part très importante de la bibliographie , surtout à date ancienne, concerne la recherche des sources (voir le relevé de Pease 5 , p . 37 n . 3 ). D 'autres chercheurs utilisent le De natura deorum ,
confronté aux autres sources antiques, pour reconstituer la théologie des diffé
rentes écoles philosophiques. Pour l'épicurisme, voir surtout les travaux de 11 K . Kleve, Gnosis theon. Die Lehre von der natürlichen Gotteserkenntnis in der epikureischen Theologie (Ausgangspunkt der Studie : Cicero, De natura deorum I), Oslo 1963, 142 p ., Ouvrage complété par des articles parus dans les Symbolae Osloenses de 1977 à 1979 . Voir aussi 12 D . Lemke, Die Theologie Epikurs. Versuch einer Rekonstruktion , coll. « Zetemata » 57, München 1973,
118 p. Sur la théologie stoïcienne, l'ouvrage le plus important est celui de 13 M . Dragona -Monachou , The Stoic arguments for the existence and providence of the gods, Athènes 1976 , 330 p. Certains aspects de l'argumentation stoïcienne
ont été étudiés aussi par 14 M . Schofield , « Preconception, argument, and God », dans M . Schofield , M . Burnyeat et J. Barnes (édit.), Doubt and dogmatism . Studies in Hellenistic epistemology , Oxford 1980 , p. 283-308 ; 15 Id ., « The syllogisms of Zeno », Phronesis 28 , 1983, p. 31-58. Sur les fragments d'Aristote contenus dans le De natura deorum , signalons les articles récents de 16 A . P .
Bos, « A double theology in Aristotle De philosophia , fr. 26 Ross (= Cic ., De natura deorum 1.13.33)» , Prudentia 20, 1988, p. 43-64 , et de 17 D . J. Furley,
« Aristotelian material in Cicero 's De natura deorum » , dans 18 W . W . Fortenbaugh et P. Steinmetz ( édit.), Cicero's knowledge of the Peripatos, New
Brunswick /London 1989, p. 201-219. Plus rares sont les auteurs qui tentent d'interpréter pour lui-même le texte cicéronien . 19 P . Boyancé, « Les preuves stoïciennes de l'existence des dieux
d'après Cicéron , De natura deorum , Livre II» , Hermes 50 , 1962, p.45-71
CICERO (MARCUS TULLIUS -)
386
(= Études sur l'humanisme cicéronien , coll. « Latomus» , Bruxelles 1970 , p. 301-334), analyse en détail les $ 4 -44 et 81-97 du livre II. 20 A .J. Kleywegt, Ciceros Arbeitsweise im zweiten und dritten Buch der Schrift De natura deorum , Groningen 1961, 234 p ., procède lui aussi à une analyse précise du texte , atten
tive à l'enchaînement des idées. Comme P . Boyancé , A . J. Kleywegt souligne l'unité et le caractère homogène du livre II et s'oppose à la théorie de K .
Reinhardt (en dernier lieu RE XXII 1 , 1953, col. 697 -719), selon laquelle Cicéron aurait maladroitement “ contaminé" deux sources : un ouvrage de Posi
donius et un recueil de thèses de l'ancien stoïcisme. Pour l'interprétation d'ensemble du De natura deorum , et notamment de sa conclusion (III 94 -95 ), voir maintenant 21 L . Tarán , « Cicero 's attitude towards Stoicism and Skepticism in the De natura deorum » , dans K . L . Selig et R . Somerville (édit.), Florilegium Columbianum . Essays in honor of P . O .
Kristeller, New York 1987, p . 1-22.
Le De diuinatione Éditions et traductions. 22 A . S. Pease ( édit.), M . Tulli Ciceronis de diuinatione libri duo, edited by A . S. P ., Univ . of Illinois Press, Urbana 1920 1923, réimpr. Darmstadt 1977, 656 p . (instrument de travail fondamental par la
richesse de son commentaire) ; 23 W . A . Falconer (édit.), Cicero, De senectute, De amicitia, De diuinatione, with an English translation by W . A . F., coll. LCL, Cambridge (Mass.)/London , “ first printed” 1923, 568 p . ( p. 213-539 : De diui
natione) ; 24 Ch. Appuhn ( édit.), Cicéron, De la divination, Du destin, Acadé miques, traduction nouvelle avec notice et notes par C . A ., coll. « Classiques Garnier» , Paris s. d. ( 1937 ?),623 p. ( p . 1 -253: De diuinatione) ; 25 O . Plasberg
W . Ax (édit.), M . Tulli Ciceronis scripta quae manserunt omnia , Fasc. 46 : De
diuinatione, De fato, Timaeus, O . P. schedis usus recognouit W . A ., coll. BT, Ed. stereotypa ed. primae ( 1938), Stuttgart 1977, XIV-214 p . (p . 1-129: De diuina tione) ; 26 R . Giomini, M . Tulli Ciceronis scripta quae manserunt omnia , Fasc .
46 : De diuinatione, De fato , Timaeus, edidit R .G ., coll. BT, Leipzig 1975, XLVII-237 p . (p . 1-148 : De diuinatione ); 27 S . Timpanaro (édit.), Cicerone, Della divinazione, con testo a fronte , a cura di S. T., Milano 1988 , CI-417 p .
(texte et traduction italienne ; introduction et commentaire importants) ; 28 J. Pimentel Alvarez (trad.), Cicerón, De la adivinación, Introducción , traducción y notas de J.P . A ., coll. « Bibl. scriptorum Graecorum et Romanorum Mexicana » , Mexico 1988, CLI- 149 p. ( p. 1- 149 doubles) ; 29 C . Schäublin (édit.), M . Tullius Cicero, Über die Wahrsagung , lateinisch -deutsch , herausgegeben, übersetzt und
erläutert von C . S ., coll. « Tusculum » ,München 1991, 420 p .
Pour une liste des manuscrits, des éditions et traductions anciennes, voir Pease 22, p .604-634 . Le De diuinatione contient plusieurs allusions à la mort de César (I 119 ; II 7 ; II 23 ; II 99 ; II 110 ). D 'autres passages, en revanche, paraissent avoir été écrits du vivant du dictateur (voir surtout I 11 ; II 142). Selon 30 R . Durand , « La date
CICERO (MARCUS TULLIUS -)
387
du De diuinatione» , dans les Mélanges Boissier, Paris 1903, p . 173- 183, le De diuinatione a été composé pour l'essentiel dans lesmois qui ont précédé la mort
de César (sans doute à partir de janvier 44a), puis achevé et publié après les Ides demars. La datation de Durand a été admise par la majorité des savants. Récem ment, toutefois , Timpanaro 27 , p. LXVI-LXXIV , a repris (avec quelquesmodifi cations) la thèse de 31 W . A . Falconer, « A review of Durand's La date du De
diuinatione » , CPh 18, 1923, p. 310-327 : au moment des Ides demars, Cicéron avait commencé le De diuinatione et était parvenu aux alentours de I 119 (premier passage à mentionner la mort du dictateur) ; la fin du livre I et le livre
II, qui contient la plupart des références au tyrannicide, auraient été écrits dans la période suivante , avant que Cicéron n 'aborde le De fato (commencé, semble t-il, peu après la mi-mai). S . Timpanaro ne suit pourtant pas Falconer dans sa thèse d'une publication posthume, qui lui paraît contredite par De fato 1 : in iis (libris) quos de diuinatione edidi.
Date. La datation de R . Durand reste, à mon sens, préférable, en raison surtout de diu . II 142 (voir en particulier propter intermissionem forensis operae. .., à rapprocher de I 11 : hoc autem tempore, cum sit nihil aliud quod
lubenter agere possim ...): ce passage ne prend tout son sens que s'il a été écrit du vivant de César. Analyse. Le De diuinatione a la forme d'un dialogue entre Cicéron lui-même et son frère Quintus. Au livre I, Quintus présente les arguments stoïciens en faveur de la mantique ; il étaye son discours de nombreux exemples empruntés à l'histoire grecque ou romaine, voire à l'expérience personnelle des deux frères. Au livre II, Cicéron, du point de vue de la Nouvelle Académie , réfute les argu ments et critique les exemples de son frère,tout en justifiant, rei publicae causa ,
la divination romaine officielle. Le second livre , clairement composé , passe en revue les différentes formes de divination . D 'abord ce que les stoïciens appe laient diuinatio artificiosa : l'haruspicine, subdivisée en extispicine ($ 28-41),
étude des foudres ($ 42-49) et étude des prodiges ($ 49-69), les auspices ( 8 70 83), les omina ou présages verbaux (8 83 -84 ), les sorts ($ 85 -87) et l'astrologie ($ 87 -99). Puis la diuinatio naturalis : vaticinations ($ 110- 114 ), oracles ($ 115
118) et songes (8 119-147). Le plan du livre l est beaucoup moins net et les digressions y sont fréquentes. On peut cependant faire apparaître la disposition suivante : dans un premier temps (8 11-108), Quintus s'appuie sur l'expérience
et le consensus omnium (il faut reconnaître le fait de la divination même si le pourquoi nous échappe); puis , dans un second temps, il s'efforce de donner à la mantique un fondement rationnel (8 109- 131). Les exemples de la première par tie concernent la divination " naturelle ” (8 37 -71), puis la divination “ artificielle ” (8 72 -79 ; 97-108). Chaque livre commence par un préambule d 'auteur : celui du livre I contient une doxographie ( 8 5 - 7 : opinions des philosophes sur la divi
nation) ; celui du second livre dresse une liste des ouvrages philosophiques de Cicéron ( § 1 -4 ).
Orientation bibliographique. La bibliographie du De diuinatione est
dominée par la Quellenforschung: pour les travaux anciens, voir 32 D .
388
CICERO (MARCUS TULLIUS -)
Heeringa, Quaestiones ad Ciceronis de diuinatione libros duos pertinentes,
Groningen 1906 , p. 1-5 ; Pease 22, Introd. p. 18-28. Comme la plupart des cher cheurs, Pease attribuait à l' influence de Posidonius la majeure partie du livre I, et à celle de Clitomaque, disciple de Carneade, la critique de la divination au
livre II, saufla critique de l'astrologie, pour laquelle Cicéron lui-même renvoie à Panétius (II 88 ; II 97). La question a été renouvelée par les travaux de 33 K . Reinhardt, Poseidonios, München 1921, p . 422-471 ; 34 Id., Kosmos und Sym
pathie, Neue Untersuchungen über Poseidonios, München 1926 , p. 214-275 ; 35 Id ., art. “ Poseidonios” , RE XXII 1, 1953, col.792-805. Reinhardt considérait comme assez limitée l'influence de Posidonius sur le livre I; en revanche, il
attribuait de longs passages au péripatéticien Cratippe, contemporain de Cicéron , cité en 15, I 70 -71, I 113 , II 100- 101, II 107 - 109. Pour ce qui est de Cratippe, les hypothèses de Reinhardt n 'ont guère été suivies; elles ont été critiquées notamment par M . Pohlenz, I. Heinemann , W . Theiler, qui accordent
davantage à l'influence posidonienne. Ces discussions sont clairement exposées par 36 F . Pfeffer, Studien zurMantik in der Philosophie der Antike,Meisenheim am Glan 1976 , p . 44 -53 . Sans doute conviendrait-il de reprendre maintenant la question en tenant davantage compte de l'initiative et de l'autonomie de la
pensée cicéronienne. A la différence du De natura deorum , le De diuinatione contient des réfé rences précises à la doctrine de Posidonius (voir surtout I 64 ; I 125-131), pour lesquelles on dispose maintenant des commentaires de 37 W . Theiler (édit.), Poseidonios, Die Fragmente , Berlin /New York 1982, t. I : Texte, p . 295 -306 ;
t. II : Erläuterungen , p . 289- 307, et de 38 L. Edelstein et I.G . Kidd (édit.), Posidonius, vol. II, 1, Cambridge 1988, p. 149-150, 423-436 . Quant aux frag ments de Cratippe, ils ont fait l'objet d'une étude très approfondie de 39 P. Moraux , Der Aristotelismus bei den Griechen, t. I, Berlin New York 1973, p . 229 -256 : selon Moraux, la théorie cratippienne de la divination repose sur
une psychologie de tradition platonico -aristotélicienne; mais l'explication de la
divination “naturelle” par Cratippe n'est ni celle de Platon, ni celle d'Aristote ; elle est proche, en revanche, d 'une des explications fournies par Posidonius. Laissant de côté l'étude des" sources” , la recherche de ces dernières années a pris des directions diverses. Avant de publier son édition , C . Schäublin a consa cré au De diuinatione plusieurs articles qui abordent surtout des difficultés ponctuelles (en dernier lieu, 40 C . Schäublin , « Weitere Bemerkungen zu Cicero , De diuinatione » , MH 46 , 1989, p .42-51). Importants pour l'interprétation d 'ensemble du traité sont les articles, publiés conjointement, de 41 M . Beard,
« Cicero and divination : the formation of a Latin discourse » , JRS 76 , 1986 , p . 33 -46 , et 42 M . Schofield , « Cicero for and against divination » , JRS 76 , 1986 ,
p. 47-65. Selon 43 N .Denyer, « The case against divination. An examination of Cicero 's De diuinatione » , PCPMS 31, 1985, p . 1- 10, la polémique cicéronienne du livre II méconnaît la véritable théorie stoïcienne de la mantique. Pour une
confrontation de Cicéron et de l'Aristote des Parua Naturalia , voir 44 J. Kany
389 CICERO (MARCUS TULLIUS -) Turpin et P . Pellegrin , « Cicero and the Aristotelian theory of divination by
dreams» , dans 18 , p . 220-245 .
Plusieurs tentatives ont été faites pour mettre le De diuinatione en rapport avec la situation politique des années 45-44 : voir 45 J. Boes, « A propos du De diuinatione : ironie de Cicéron sur le nomen et l'omen de Brutus» , REL 59, 1981, p. 164-176 ; 46 J. Linderski, « Cicero and Roman divination » , PP 37, 1982, p . 12 -38 ; 47 A . Momigliano, « The theologicalefforts of the Roman upper
classes in the first century B . C .» , CPh 79, 1984, p . 199-211 ; et les réserves (à mon sens justifiées) de Timpanaro 27, p . LXIX , p . LXXXI-LXXXIII.
Sur la divination dans les autrescuvres de Cicéron (discours, lettres, traités), voir 48 F . Guillaumont, Philosophe et augure. Recherches sur la théorie cicéro nienne de la divination, coll. « Latomus» , Bruxelles 1984, 214 p.
Le De fato Éditions et traductions. 49 A . Yon (édit.), Cicéron, Traité du destin, texte établi et traduit par A . Y ., CUF, Paris 1933, LXIV-49 p . [p . 1- 25 doubles ); O . Plasberg- W . Ax 25, p . 130 -153: De fato ; 50 H . Rackham (édit.), Cicero, De
oratore Book III, De fato, Paradoxa Stoicorum , De partitione oratoria , with an English translation by H . R ., coll. LCL, Cambridge (Mass.)/London, “ first printed ” 1942, VI-438 p . ( p. 187 -249 : De fato ) ; 51 M . Paolillo , Cicerone, De
fato , introduzione e commento di M . P ., Firenze 1957, 91 p .; 52 É . Bréhier (trad .), Cicéron, Traité du destin , trad. par É . B . revue par P . Aubenque, notice et notes par P . A ., dans Les Stoïciens, coll. « Bibliothèque de la Pléiade , Paris 1962, p . 469-491 ; 53 K . Bayer ( édit.), Marcus Tullius Cicero, Über das Fatum ,
lateinisch-deutsch, herausgegeben von K . B .,coll. « Tusculum » ,München 1963, 168 p. (p . 119- 165 : parallèlement à son propre commentaire, Bayer reproduit l'essentiel du commentaire de Turnèbe (1552 )) ; 54 A . J. Cappelletti (trad.) ,
Cicerón , Sobre el destino, introducción , traducción y notas de A . J. Cappelletti, Rosario 1964, 111 p .; Giomini 26 , p . 149- 176 : De fato .
Date. Comme l'indique Cicéron lui-même (fat. 1-4 ), le De fato marque une rupture avec la méthode suivie dans le De natura deorum et le Dediuinatione, et
un retour à la méthode des Tusculanes : au lieu de faire exposer séparément, par plusieurs personnages, le point de vue des différentes écoles, Cicéron parle seul,
en abordant l'un après l'autre les divers aspects du problème. Le texte que nous lisons serait la mise par écrit d 'une schola , ou disputatio , tenue par Cicéron dans sa villa de Pouzzoles en présence d 'Hirtius.
Nous savons par la Correspondance que Cicéron a fait un long séjour à Pouzzoles (et dans les environs) du 17 avril au 17 mai 44a. Hirtius se trouvait
alors dans la région et venait prendre auprès de lui des leçons d'éloquence (voir Att. XIV 12, 2, du 22 avril 44). On pense généralement que le De fato a été rédigé peu après, c 'est- à -dire à la fin de mai ou au début de juin 44 (voir Yon
49, p . II- V ; Bayer 53, p. 112 ; Giomini 26 , p . VII).
390
CICERO (MARCUS TULLIUS - )
Analyse. Le De fato ne nous est parvenu qu 'avec des lacunes, dont certaines
peuvent être considérables . Cet état de mutilation , joint à la complexité du sujet, fait que la suite des idées est parfois difficile à saisir. § 1 -4 : introduction . Le début du traité est perdu . Dans le texte conservé,
Cicéron affirme d 'abord que la question du destin concerne la morale et la logi que. Puis il annonce un changement de méthode, pour des raisons fortuites, par rapport au De natura deorum et au De diuinatione. Il ne donnera pas un exposé continu de chaque thèse en présence. En effet Hirtius, venu le voir dans sa villa de Pouzzoles, a souhaité l'entendre parler de philosophie selon la méthode des
Tusculanes, qui consiste à réfuter une proposition donnée.
§ 5-11: la “ sympathie" et le destin . L 'exposé reprend après une lacune sans doute très importante : divers faits allégués par Posidonius en faveur du destin
s'expliquent soit par la “ sympathie ” naturelle, que Cicéron n 'exclut point, soit par le hasard . Inutile donc d’invoquer le destin ( 8 5-6 ). On ne peut fonder sur la
“ sympathie” l'existence du destin comme le voudrait Chrysippe.La nature des lieux, la disposition des astres peuvent influer sur notre temperament, mais non
pas déterminer nos actes particuliers ($ 7-11). § 11-20 : Chrysippe et Diodore. Chrysippe, qui admet les “ théorèmes” de la divination (par exemple : si Fabius est né au lever de la Canicule, il ne mourra
pas en mer), partage,malgré qu'il en ait, la thèse de Diodore sur les possibles : cela seul est possible qui est vrai ou qui le deviendra ; tout ce qui arrive est nécessaire ; tout ce qui n ' arrive pas est impossible ( 8 11- 17) . Cicéron montre
alors qu 'on peut échapper à l'argumentation de Diodore sans renoncer pour autant au principe de contradiction : de ce qu'une proposition concernant l'ave nir a toujours été vraie , on ne peut conclure que l' événement à venir soit néces
saire et pris dans un enchaînement fatal de causes ($ 17-20). § 20-38 : Chrysippe, Épicure, Carnéade (destin et principe de contradiction). Cicéron part d'un raisonnement de Chrysippe, qui vise à établir l'existence du destin à partir des principes de causalité et de contradiction (§ 20 -21). Puis il expose le point de vue d 'Épicure : pour éviter le fatalisme, celui-ci renonce au principe de contradiction , et admet, d 'autre part, un mouvement sans cause, la
“ déclinaison” des atomes ($ 21-23). Cicéron préfère la solution de Carnéade: on peutmaintenir le principe de causalité tout en échappant au fatalisme, si l'on
distingue des causes externes les causes internes que sont les mouvements volontaires de l'âme. Le principe de contradiction n ' entraîne pas non plus néces sairement le fatalisme. La proposition " Scipion prendra Numance" a toujours été vraie ; mais cela ne veut pas dire que l'événement lui-même soit déterminé
depuis toujours par des causes immuables et éternelles ($ 23-28) . Cicéron expose alors l'argument “ paresseux" et la réponse de Chrysippe (théorie des
confatalia). § 31-33 : Carnéade n 'employait pas contre Chrysippe l'argument " paresseux” ,mais lui opposait les données de l'expérience : quelque chose est en
notre pouvoir. Cicéron ne développe pas cette objection, mais revient au pro blèmede la mantique: les stoïciens sont obligés d'admettre toutes les formes de divination , tandis que les disciples de Carnéade bénéficient d'une plus grande
CICERO (MARCUS TULLIUS - )
391
liberté d'esprit. § 34-37 : il est indispensable de définir plus clairement ce qu'on entend par " cause” . « Ce n 'est pas ce sans quoi quelque chose ne se fait pas qui est une cause , mais ce qui, survenant, produit nécessairement ce dont il est la
cause » (trad. Yon ). § 37- 38 : conclusion du développement commencé au $ 20 . Il faut maintenir, contre Épicure, le principe de contradiction,mais Chrysippe a tort de vouloir en faire découler l'existence du destin .
$ 39 -45 : la question de l'assentiment. Les anciens philosophes se parta geaient entre deux opinions : ou bien tout est soumis au destin et à la nécessité, ou bien il y a des mouvements volontaires de l' âme, excluant la fatalité . Chry sippe a voulu prendre une position intermédiaire, conciliant destin et liberté ( § 39 ). Cicéron revient alors à la question de l'assentiment, déjà abordée dans une partie aujourd'hui perdue du traité . Pour éviter la nécessité tout en conservant le destin , Chrysippe introduit une distinction entre les causes : causes
parfaites et principales, causes auxiliaires et prochaines. L'assentimentne peut avoir lieu que sous le choc d 'une représentation . Mais celle -ci est la cause prochaine, non la cause principale . Elle est comparable à l'impulsion donnée au
cône ou au cylindre, sans laquelle ils ne peuvent se mouvoir. Mais l'impulsion une fois donnée, le cylindre roule et le cône tourne en vertu de leur nature propre. De même notre assentiment se meut par sa force et sa nature propres
(§ 40-43).
A ce point de son exposé, Cicéron constate que Chrysippe se révèle proche des adversaires du fatalisme: leur différend porte sur les mots plus que sur les
idées. Une nouvelle lacune vient alors interrompre la discussion (§ 44-45).
§ 46 -48 : conclusion (?). Cicéron condamne à nouveau la solution épicu rienne. La fin de l'auvre est perdue. Sources. Étant donné la difficulté du sujet et le peu de temps dont Cicéron disposait, on a longtemps cru que le De fato reposait sur une source unique : un traité Du destin écrit par un philosophe de l'Académie , Clitomaque, Philon de Larissa ou Antiochos d' Ascalon ( Yon 49, p . XLV-XLVI, penche pour ce dernier auteur; de même, plus récemment, 55 J. Dillon , The Middle Platonists, A study of platonism 80 B. C . to A . D . 220, London 1977 , p . 85-88 ). Selon Bayer 53 ,
p. 113 , Cicéron aurait suivi d'abord Carneade-Clitomaque , puis, à partir du $ 40,
Antiochos d ’Ascalon. Pourtant, comme l'a fait remarquer 56 P. Boyancé, « Les méthodes de l'histoire littéraire : Cicéron et son æuvre philosophique» , REL 14, 1936, p. 288- 309 (= Études sur l'humanisme cicéronien, Bruxelles 1970, p . 199 221), le sujet du De fato était depuis longtemps familier à Cicéron : dans un billet adressé à Varron (Fam . IX 4 , de l'année 46a), il plaisante en effet sur la question des possibles, sur le différend entre Chrysippe et Diodore, et il rappelle
les discussions qu 'il avait sur ces matières avec son maître et ami, le stoïcien Diodote, mort treize ans plus tôt (voir Att. II 20, 6 ). Il n 'est donc pas invrai semblable que, dans le De fato , Cicéron présente de manière personnelle la
pensée des philosophes grecs. Dans lemême sens, voir maintenant 57 J. Barnes, « Cicero 's De fato and a Greek source » , dans J. Brunschwig, C . Imbert et A .
392
CICERO (MARCUS TULLIUS -)
Roger (édit.), Histoire et structure . A la mémoire de V . Goldschmidt, Paris 1985 ,
p . 229-239. Il n 'en demeure pasmoins légitime de s'interroger sur l' inspirateur principal du traité : Carnéade ou Antiochos ? 58 P.L . Donini, Ethos, Aristotele e il deter
minismo, Alessandria 1989, p . 139- 143, a récemmentmontré qu 'il n 'y avait pas lieu de penser à Antiochos: l'attitude conciliante à l'égard du stoïcisme que Cicéron paraît adopter au § 44 évoque bien ce que nous savons de ce philo sophe ; mais elle n 'est pas le dernier mot du traité, elle n ' est qu 'un moment de la
discussion,menée tout entière du pointde vue de la Nouvelle Académie .
Orientation bibliographique. Plusieurs ouvrages importants permettent de situer le De fato dans l'histoire de la pensée antique. 59 A . Magris, L 'idea del
destino nel pensiero antico, I: Dalle origini al V secolo a. C ., Udine 1984, 369 p. ; II : Da Platone a S. Agostino , Udine 1985, p . 370 -940, replace “ la
polémique sur le déterminisme” (p. 479-607) dansun cadre très vaste , depuis les figures du destin dans la mythologie jusqu 'à la doctrine chrétienne de la prédestination . 60 P .- M . Schuhl, Le dominateur et les possibles, Paris 1960,
99 p ., présente très clairement l' argument "dominateur" de Diodore Kronos et les controverses qu'il a suscitées dans les différentes écoles philosophiques. Sur le même sujet, voir maintenant l'étude fondamentale de 61 J. Vuillemin , Nécessité ou contingence. L 'aporie de Diodore et les systèmes philosophiques,
Paris 1984, 446 p. 62 D . Amand, Fatalisme et liberté dans l'Antiquité grecque. Recherches sur la survivance de l'argumentation morale antifataliste de Carnéade chez les philosophes grecs et les théologiens chrétiens des quatre premiers siècles, Louvain /Paris 1945, 608 p ., se limite à l'aspect moral de la polémique carnéadienne, qui n 'apparaît plus guère dans l'état actuel du De fato ;
son livre n ' en fournit pas moins une documentation utile pour comprendre le traité de Cicéron .
Le De fato offre un témoignage sur la pensée épicurienne et stoïcienne en matière de destin , de causalité, de libre-arbitre : de ce point de vue, les princi paux textes sont cités, traduits et commentés dans le recueil de 63 A . A . Long et
D . N . Sedley, The Hellenistic philosophers, 2 vol., Cambridge 1987 (textes 20 E , 20 H , 38 E , 38 G , 55 Q , 55 S, 62 C , 70 G ; voir aussi leur très riche biblio graphie , p . 489, 499, 505 ). Dans l' étude de 64 J.-J. Duhot, La conception
stoïcienne de la causalité , Paris 1989, 302 p., il est également fait appel au
témoignage du De fato (p. 169-174, 193-210). Sur ce sujet, voir aussi (dans un sens différent) 65 W . Görler , « Hauptursachen bei Chrysipp und Cicero ? Philologische Marginalien zu einem vieldiskutierten Gleichnis (De fato 41-44) » ,
RHM 130, 1987, p. 254 -274 (contra, 65a St. Schröder, « Philosophische und medizinische Ursachensystematik und der stoische Determinismus », Prome theus 15 , 1989, p. 209-239 ; 16 , 1990, p . 5 - 26 et 136 -154. T.D .). Si le Traité du destin est souvent cité par les historiens de la philosophie antique, il a été relativement peu étudié pour lui-même. Le cours du philosophe
66 O . Hamelin Sur le De fato , publié et annoté par M . Conche, Villers-sur-Mer, Éditions de Mégare, 1978, X -106 p ., conserve toute sa valeur ; Hamelin (1856
CICERO (MARCUS TULLIUS - )
393
1907) donne un commentaire suivi du texte (p . 17- 54), puis une étude systé
matique sur “ la nécessité mégarique et la fatalité stoïcienne" (p . 55-103).67 H . Eisenberger, « Zur Frage der ursprünglichen Gestalt von Ciceros Schrift De fato » , GB 8 , 1979 , p. 153- 172, souligne l'inspiration néoacadémique du traité et cherche à reconstituer le contenu des parties perdues (p . 154 n . 2 , p . 159 n . 15 : contre les éditeurs Yon et Bayer, ilmontre qu'il n 'est pas possible de déterminer
exactement la longueur des lacunes ). 68 J. Talanga, Zukunftsurteile und Fatum . Eine Untersuchung über Aristoteles' De interpretatione 9 und Ciceros De fato , mit einem Überblick über die spätantiken Heimarmene-Lehren , Bonn 1986, 186 p., analyse en détail le De fato (p. 83- 139) et esquisse une comparaison avec le chap . IX du De interpretatione (p . 159- 166 ). Cherchant à expliquer le jugement
inattendu de Cicéron sur Aristote (De fato 39 : Aristote est classé parmi les déterministes intransigeants), P. L . Donini 58, p. 124 -145, a récemment consacré au De fato des pages très éclairantes (notamment pour l'interprétation des § 39 45) . FRANÇOIS GUILLAUMONT. Iconographie. Dans sa jeunesse , Cicéron était d ' une grandemaigreur, selon son propre témoignage : Cicéron , Brut. 313 : « Erat eo tempore in nobis summa
gracilitas et infirmitas corporis, procerum et tenue collum » , « J'étais alors très maigre et très délicat de corps, avec un cou long et mince » (trad. J. Martha
[édit.], Cicéron, Brutus, CUF, Paris 1923). Plutarque, Cicero 3 , 7, reprend ce tableau : « il était, de complexion , maigre et décharné» (trad. R . Flacelière ,
É . Chambry [édit.), Plutarque, Vies XII, CUF, Paris 1976 ). Cette maigreur juvénile passera avec l'âge : voir Cicéron , Brut. 316 ; Plutarque, Cicero 4 , 4 . Les propos injurieux tenus par Calenus sur le compte de Cicéron stigmatisent la recherche excessive de la parure et la déchéance physique de l'orateur à la fin de
sa vie , selon Dion Cassius, 46, 18 , 2 - 3. Comme l' a remarqué 1 F . Johansen , « Ritratti antichi di Cicerone e Pompeo Magno » , ARID 8 , 1977, p . 39 -69, les témoignages littérairesne permettent pas de cerner la physionomie de Cicéron . On connaît l'opposition de Cicéron à l' érection de statues en son honneur lors
de sa légation en Cilicie : Cicéron , Ad Attic. V 21, 7 . Cependant l'orateur rappelle qu'une statue en bronze doré fut érigée en son honneur à Capoue après la conjuration de Catilina : Cicéron, In Pisonem 11, 25. On a retrouvé la base d 'un groupe familial, dédié à Samos en l'honneur de
Cicéron, de sa femme et de son fils, ainsi que de Q . Tullius Cicero , de son fils Q . Tullius Cicero et de sa femme Pomponia : 2 M . Schede, « Aus dem Heraion von Samos » , MDAI( A ) 44 , 1919, p . 33 - 34 , n° 19 (SEG 1, 381 ; IGR IV 1713) (inscription de Cicéron ) ; 3 F . K . Dörner , G . Gruben, « Die Exedra der Cice ronen » ,MDAI( A ) 68 , 1953, p .63-76 , Beilagen 11- 12 B (ensemble de l' exèdre) ;
cf. P. Herrmann, « Die Inschriften römischer Zeit aus dem Heraion von Samos» ,
MDAI(A ) 75, 1960, p. 149, c. Comme l'a remarqué 4 Schefold , Bildnisse, p . 202 , les statues de l' écrivain , non plus de l'homme d ' État, sont posthumes : l'Empire l'honore comme un des
394
CICERO (MARCUS TULLIUS -) plus grands noms de la littérature latine. Le succès de l' écrivain à l'époque
moderne explique aussi l'abondance des copies de types antiques où l' on a voulu reconnaître Cicéron .
On écartera d 'emblée un portrait des Offices, qui reçut à la Renaissance le nom de Cicéron : 5 A . Hekler, Die Bildniskunst der Griechen und Römer,
Stuttgart 1912, pl. 146 a, p . 318 ; voir 6 V . Poulsen, Les portraits romains, 1.
République et dynastie julienne, « Publications de la Glyptothèque Ny Carlsberg » 7, Copenhague 1962, p. 43 ; 7 F. Queyrel, art. « Atticus» , DPhA Suppl. I, A 505.
Le document important serait un petit buste conservé à Apsley House , le Cicéron « Mattei » , qui est inscrit au nom de Cicéron. Ce portrait est privilégié dans l' étude de Johansen 1, p. 42, fig. 5, qui estime que l' inscription est antique,
comme l'est la tête. Ainsi se trouve constituée une liste de répliques du même type, où quelques originaux antiques côtoient des faux modernes. Parmi les répliques antiques, il signale notamment le Cicéron « Chiaramonti » du Vatican
(Johansen 1, p .43, fig . 6 ) et une tête de provenance romaine conservée à la Glyptothèque Ny Carlsberg (Johansen 1, p . 45 -46, fig . 11 ; voir notre fig. 4 ), que
Poulsen 6 , n° 16 , p . 52-53, pl. XXVI, n'identifiait pas. La série comprend également une tête en terre cuite de provenance romaine, conservée à Munich (Johansen 1 , p . 46 -47, fig . 12), qui daterait du vivant du philosophe. On men tionnera aussi un beau portrait du XVIe siècle au musée Getty : 8 S . K .Morgan , K . P . Erhart, J. Frel, Sh . Nodelmann , dans Roman Portraits : Aspects of Self and
Society, first century B . C .-third century A . D . (cat. d 'expos., Santa Cruz, 20 février - 9 avril 1980, Los Angeles, 14 octobre-10 novembre 1980 ), Los Angeles
1980, nº 20 , p . 95 -97 ; 9 J. Frel, avec la collaboration de S. K . Morgan , Roman Portraits in the Getty Museum (cat. de l'expos. « Caesars and Citizens » ,
Philbrook Art Center, Tulsa, Oklahoma, 26 avril- 12 juillet 1981, Archer M . Huntington Art Gallery, The University of Texas at Austin ), n° 96 , p . 116 - 117,
133; 10 J. Chamay, J. Frel, J.-L . Maier,Le monde des Césars, Portraits romains (cat. d' expos.,Musée d' art et d'histoire de Genève, 28 octobre 1982-30 janvier 1983) , « Hellas et Roma» 1, Genève 1982, p. 32-33, fig. 26 . Dans la liste des
portraits sculptés conservés on dénombre huit répliques antiques et quatre copies
modernes : 11 H . R . Goette, « Zum Bildnis des 'Cicero ' » ,MDAI(A ) 92, 1985, p . 292 -294. La popularité de ce type iconographique est attestée aussi sur les gemmes : 12 M .- L . Vollenweider , Die Porträtgemmen der römischen Republik , Mainz am
Rhein 1972-1974, p . 94-100, pl.61-64 ; Johansen 1, p . 40 -41, fig . 2 - 3. D 'après l' étude de Johansen 1, p. 47 -49, le modèle en bronze des répliques
sculptées date du vivant de l'orateur. La création a été influencée par les statues grecques drapées dans l'himation, comme le portrait de Démosthène. L ' identification traditionnelle du type a cependant été contestée par Goette
11, p . 291-318, pl. 116 -125, qui remarque que l'inscription du buste d ' Apsley House remonte au XVIe siècle (p . 294-300, fig . 1- 3 , pl. 120 -121; 125, 1). L ' ori
395
CICERO (MARCUS TULLIUS -)
ginal de ce type daterait du règne d 'Auguste et représenterait un proche de l'empereur, peut- être Horace. L 'iconographie de l'orateur se réduirait à un profil monétaire de Magnésie du
Sipyle , avec la légende M . Tullius Cicero , comme le fait remarquer D . Salz mann , dans Goette 11, p . 294-295 n . 10- 11 ; on reconnaît d 'ordinaire dans cette
image monétaire le fils du célèbre Cicéron : Johansen 1, p .40, fig. 1. La critique de Goette me paraît fragile : même si le type statuaire est posthu me, il peut fort bien représenter Cicéron , faute d 'autre candidat sérieux pour l'identification. La valeur iconographique de la seule représentation inscrite antique est mince, car le buste de Cicéron figuré sur une mosaïque de Trèves au IIIe siècle
ap. J.- C . est très restauré : 4 Schefold , p . 168- 169, fig . 4, p . 217. Cf. 13 A . Giuliano, art. « Cicerone » , EAA 2 , 1959, p. 581 ; 14 F . Johansen ,
« Antike portraetter afMarcus Tullius Cicero » , Meddelelser fra Ny Carlsberg Glyptothek 29, 1972, p. 120-138 (en danois avec résumé en français, p . 134 ) ; 15 Sh . Nodelmann, « The portrait of Brutus the Tyrannicide » , dans Ancient Por
i file as 1,1«9 Occasional olto deMuseum apers oonn Antiquities » 4 , 1. vGetty a-b : Pal PPapers traits in the J. Paul
poli 19866,, p.p . 15-16 ticha-bi,N;aPoulsen 15-16;; 1166 L*L . A* . - 175fig,f.ig.,p. Malibu 1987, p. 64-67, 18 a-c ,an19
Scatozza Höricht, Il volto dei filosofi antichi, Napoli 1986 , p . 202-206 , fig . 85 87 ; 4 Schefold , p. 174- 175 , fig ., p . 222 ; 17 J. M . C . Toynbee, Roman Historical Portraits, « Aspects ofGreek and Roman Life » , London 1978, p. 28-30, fig. 22 23 . FRANÇOIS QUEYREL .
124 CICERO (MARCUS TULLIUS - ) fils RET 30 Fils de Cicéron . Cf. 1 R . Hanslik , art. « Tullius » 30 , RE VII A 2 , 1948, col. 1281- 1286 ; 2 M .
Testard , « Le fils de Cicéron , destinataire du De officiis» , BAGB 1962, p. 198 213. Le jeune Cicéron , né en 659, est souventmentionné dans la correspondance et les œuvres de son père : dans une envolée pathétique, ce dernier le confie au
peuple romain au moment de la conjuration de Catilina (Cat. IV 23) ou verse des larmes en le quittant à son départ pour l'exil. Surtout, c 'est sa formation qui retient l'attention de son père (Ad Quint. III 1, 14 ). En 51, lorsqu 'il est proconsul
de Cilicie , le jeune Marcus l'accompagne avec son cousin et tous les deux font un séjour à la cour du roi Deiotarus. Lorsqu'ils sont de retour à Rome en janvier
49, Cicéron songe à envoyer son fils faire un séjour en Grèce pour y compléter ses études comme c'était l'usage. Mais la situation politique ne le permet pas: Marcus prend la toge virile à Arpinum fin mars (Att. IX 19 , 1) . Lorsque son père
quitte l'Italie pour suivre Pompée en juin 49, il l'accompagne et reçoit de Pompée le commandement d 'une unité de cavalerie (Off. II 13, 45). Après la
défaite de Pharsale, c'est toujours en compagnie de son père qu'il regagne l' Italie puis Rome. L 'orateur le fait nommer édile à Arpinum en 46 (Fam . XIII
396
CICERO (MARCUS TULLIUS -)
11, 3) et lui dédie les Partitiones Oratoriae, mais le jeune homme paraît surtout désireux de combattre dans l'armée de César ou de s'installer à Rome ou encore
de séjourner à Athènes. Telle est finalement la solution choisie : fin mars ou début avril 45, le jeune Marcus quitte Rome pour s'installer à Athènes et y continuer ses études: son père veille à lui assurer une large aisance, et les lettres
à Atticus datant de cette période montrent à quel point il se préoccupe de la situation matérielle de son fils. Mais il se soucie aussi de ses études et de ses progrès : le jeune homme suit les leçons du péripatéticien Cratippe et se per fectionne en rhétorique . Il aurait également profité de ce séjour pour « s 'adonner aux plaisirs et à la boisson », si l'on en croit Plutarque (Cicéron 24, 8 ), mais aucun détail de ce genre n 'apparaît dans la correspondance. En 44, après les Ides
demars, Cicéron envisage de lui rendre visite (Att. XV 13a),mais reste finale ment en Italie ; en novembre , il lui dédie le De officiis, qu' il vient de composer. Mais son fils, qui n 'est sans doute pas très attiré par les études et la philosophie , les interrompt pour s 'enrôler dans l'armée de Brutus (Ad Brut. II 3, 6 ) ; il combat, toujours dans la cavalerie , à la bataille de Philippes (42), puis rejoint
l'armée de Sextus Pompée . En 39, au moment de la paix deMisène, il profite de l'amnistie pour regagner Rome. Dès lors, il se tourne vers Octave et vers la
politique. En 30 , il est consul suffect avec Octave à partir du 13 septembre 30 (Pline l’Ancien, XXII 13; Plutarque, Cicéron 49, 6 ; Sénèque, De ben. IV 30, 2 ). Il est ensuite legat d 'Auguste en Syrie (sans doute après 27, bien que la date exacte soit discutée), puis proconsul d'Asie (Sénèque le Rhéteur, Suas. VII 13). La postérité a souligné qu 'il n ' eut aucun des mérites de son père, sauf l'affabilité (Sénèque le Rhéteur, loc. cit.). MICHÈLE DUCOS.
125 CICÉRON (QUINTUS TULLIUS -) RET31 Frère de Marcus Tullius Cicéron. Testimonia. Consulter essentiellement la correspondance de Cicéron et plus particulièrement les lettres à Quintus, ainsi que la Vie de Cicéron par Plutarque (éd. R . Flacelière et E . Chambry , Paris 1976).
Cf. 1 F .Münzer,art. « Tullius» 31, RE VII A 2, 1948,col. 1286 -1306 . Né entre 105 et 102 à Arpinum , Quintus se trouve étroitement associé à la vie
de son frère, si bien qu'on ne se soucie pas toujours de marquer son originalité propre et que rares sont les études qui lui sont consacrées. Il reçoit en effet la
même formation que son frère, sans doute avec les mêmes maîtres à Rome puis à Athènes, où il séjourne avec Marcus en 79 (Fin . V 1, 3 ), et il est ainsi à peu
près sûr qu'il fréquenta des orateurs et des philosophes comme Antiochos d'Ascalon et rencontra le stoïcien P .Rutilius Rufus à Smyrne (Rep . I 13). Nous n 'avonsplus d'autres informations sur Quintus avant les années soixante,même s 'il est possible qu 'il se soit durant cet intervalle consacré à des activités mili taires (2 W . C . MacDermott, « Q . Cicero » , Historia 20, 1971, p . 702 -717). Par la
suite, il est peut- être questeur en 68, et sans aucun doute édile plébéien en 65 ( Quint. fr. I 3 , 8 ). A partir de 64, il apporte un soutien actif à son frère, qui
CICÉRON (QUINTUS TULLIUS - )
397
prépare sa candidature au consulat ; nous en avons conservé le témoignage dans le manuel de campagne électorale qu 'il a rédigé pour lui: le Commentariolum petitionis, dont l'authenticité a été discutée mais est actuellement admise (3 J.M . David , S . Demougin , E . Deniaux, D . Ferey, J. M . Flambard, C . Nicolet, « Le
Commentariolum petitionis de Q . Cicéron . État de la question et étude prosopo graphique » , ANRW I 3 , Berlin 1973, p . 239-277). Et Quintus lui apporte le
même soutien pendant l'année 63 ; en 62, il est préteur; à ce titre, il est envoyé pour éliminer les derniers restes de la conjuration de Catilina ; il siège aussi comme juge dans le procès intenté au poète Archias, que défend Cicéron. En 61,
il exerce les fonctions de propréteur en Asie, fonctions qui seront prolongées en 60 et 59. C 'est alors que son frère, sans doute pour répondre au Commen tariolum petitionis, lui envoie une longue lettre sur les devoirs du parfait gouverneur (Quint. fr. I 1). Quintus regagne Rome en 58, au moment où Marcus,
exilé, a déjà quitté l'Italie ; dès ce moment il multiplie visites et interventions pour obtenir le retour de son frère. Les discours prononcés par ce dernier à son retour contiennent de nombreux éloges et bien des remerciements pour son action , son dévouement et sa pietas (Post red. in sen . 37). L ' étroite association qui existe entre les deux frères à cette date et se prolonge pendant les années
suivantes se traduit sur bien des plans. Dans le domaine littéraire , le De oratore
(55) lui estdédié, ainsi que le De re publica (54), c 'est-à -dire les deux grands traités philosophiques rédigés à cette époque, et il figure comme interlocuteur
dans le De legibus. Sur le plan politique, il bénéficie de l' action menée par son frère : il est légat de Pompée en Sardaigne de la fin 57 à juin 56 , au moment où Pompée exerce la charge de curator annonae que Cicéron a contribué à lui faire
obtenir. Ultérieurement c' est sans doute grâce au rapprochement de Cicéron avec les triumvirs que Quintus se trouve en 54 légat de César en Gaule et participe à d ' importantes actionsmilitaires. Il n 'est pas exclu qu 'il ait prévu de
se présenter un peu plus tard au consulat (4 T . P . Wiseman, « The ambitions of
Quintus Cicero », JRS 56 , 1966, p. 108-115). En 51,il accompagne son frère en Cilicie comme légat, contribue sans doute à ses succès militaires et il regagne avec lui l' Italie en 49 au début de la guerre civile . Il attend aux côtés de Marcus
- alors que son fils, le jeune Quintus, est, de sa propre initiative, entré directe ment en contact avec César - et quitte l'Italie en même temps que lui. C 'est après Pharsale (août 48) que les tensions se manifestent entre les deux frères,
lorsque se pose la question du retour en Italie : César accorde cette possibilité à Marcus,mais Quintus accepte mal de devoir rester en Grèce, et il envoie même son fils plaider sa cause devant le dictateur. Toutefois il ne réussira qu'en 47 à
regagner l'Italie ; les relations demeurent donc tendues avec Marcus. Mais la réconciliation intervient après les Ides de Mars 44 , lorsque Quintus se range
parmiles adversaires d 'Antoine. Eten 43, il est proscrit avec son frère et meurt au mêmemoment que lui.
Quintus n 'avait pas souhaité être un orateur, « estimant que c' en était assez
d 'un dans une famille » (De orat. II 3 , 10 ), mais il éprouvait une véritable passion pour la poésie et ne cessait de composer des vers ; nous sont parvenus
398
CICERO (MARCUS TULLIUS - )
les fragments d 'un poème sur le zodiaque (Anth. lat. I 2 , 2 , 642), une épigramme contre les femmes dont l'attribution est plus discutée (Anth . Lat. 268; Baehrens,
P .L . M . IV 359 ; cf. Schanz-Hosius,Geschichte der röm . Literatur,t. I, p .552). Il fut également l'auteur de tragédies: quatre furent composées en seize jours pendant son séjour en Gaule (Quint. fr. III 5 , 7). Fut-il également un passionné de philosophie ? Il est difficile de le savoir. Bien qu'il apparaisse dans le De diuinatione comme le porte -parole de la thèse stoïcienne, il faut se garder de tirer des conclusions trop peu nuancées de cette attribution, que justifie surtout le nécessaire équilibre du dialogue. Il est tout aussi peu sûr de le présenter comme un épicurien , mais c 'est lui néanmoins qui fait connaître à son frère les poemata d' un certain Lucretius, en qui on admet aujourd'hui qu ' il faut voir
l'auteur du De rerum natura (Quint. fr. II 10 , 3). On ne sait si cet intérêt était d 'ordre philosophique ou littéraire, mais Quintus contribua ainsi à faire connaître une cuvre philosophique essentielle. MICHÈLE DUCOS.
126 CINCIUS RE 4
DI ?
Stoïcien. Dans l’A. P. XI 28 (Couronne de Philippe), l'épigrammatiste Marcus Argentarius, peut-être identique au rhéteur grec Argentarius, disciple de
l'asianiste Lucius Cestius Pius de Smyrne, plusieurs fois cité par Sénèque le Père , invite un certain Cincius (non Quinctius), non identifié, vivant peut-être à Rome, à boire et à profiter de la vie .
Πέντε θανών κείση κατέχων πόδας, ουδε τα τερπνά (wñs oùd' aủyaç oleal neriové
ώστε λαβών Βάκχου ζωρόν δέπας έλκε γεγηθώς, Κίγκιε, καλλίστην αγκάς έχων άλοχον. Ει δέ σοι αθανάτου σοφίης νόος, ίσθι Κλεάνθης
και Ζήνων 'Αΐδην τον βαθύς ως έμολον. « Une foismort, tu n 'occuperas, gisant, que cinq pieds de terre ; les charmes de la vie , les rayons du soleil, tu ne les verras plus. Prends donc une coupe de vin pur de Bacchos et siffle - la gaiment,
Cincius, en étreignant dans tes bras une superbe compagne. Mais si tu vises une sagesse immortelle, sache que Cléanthe et Zénon sont allés dans l'Hadès profond» .
Le nom est d 'origine étrusque (voir R . Syme, « Senators, tribes, and towns» , Historia 13, 1964, p. 114 = Roman papers, t. II, p . 592). L 'allusion à Cléanthe et Zénon prouve que Cincius est stoïcien . S. G . P. Small (voir ci-après) suppose
qu ’ A. P . IX 270, où le même poète se flatte de régler sa vie sur le xóquos – comme les stoïciens –, peut être aussi adressée à Cincius. Voir R . Reitzenstein ,
art. « Argentarius » , RE II 1, 1895, col. 712 ; S. G . P . Small, « Marcus Argen tarius: a poet of the Greek Anthology » , YCIS 12 , 1951, p .67-145 (surtout p . 67 68 , 107, 109, 135- 136 , 140 - 141) ; R . Del Re, «Marco Argentario » , Maia 7 ,
1955, p. 184-215 (surtout p. 185 et 200 -201) ; A . S . F. Gow - D .L . Page, The Greek Anthology. The Garland of Philip and some contemporary epigrams,
399
CINNA CATULUS
Cambridge 1968, t. I, p. 162 - 165, n° XXVI et XXX ; t. II, p. 166 - 167 et 180 182 .
SIMONE FOLLET.
127
CINÉAS (Kivéac) RE3 II- II Thessalien , conseiller du roi Pyrrhus. C 'est un orateur brillant que le roi envoie comme ambassadeur (Plutarque, Pyrrhos 14) et sans doute un écrivain ( FGrHist603). Il est aux côtés de Pyrrhus lorsque celui-ci rêve à ses conquêtes (Plutarque, ibid.) et l'accompagne dans son expédition en Italie (280-275) ; c 'est
lui qui sert d'ambassadeur et présente au sénat romain les premières pro positions de paix , venues du roi, qui sont rejetées. Cinéas intervient également au moment des négociations de paix menées en 280 par C . Fabricius Luscinus pour le rachat des prisonniers: au cours du dîner, Cinéas expose des théories épicuriennes devant Fabricius qui s'indigne mais souhaite que ses ennemis adoptent de telles doctrines, qui les rendraient plus aisés à vaincre. Plusieurs auteurs font état de cette anecdote avec quelques variantes: chez Cicéron (De senectute XIII 43 ; cf . Valère -Maxime IV 3, 6 ), Cinéas parle d'un Athénien soutenant qu 'il fallait rapporter tous nos actes au plaisir. Selon Plutarque
(Pyrrhus 20 ), « Cinéas fit par hasard mention d'Épicure et rapporta ce que les Épicuriens disent des dieux, de la politique et de la fin de l'homme, plaçant cette fin dans le plaisir, fuyant la politique qui gâte et trouble le bonheur, et reléguant les dieux très loin dans une vie oisive et pleine de félicité où ils n 'éprouvent ni bienveillance ni colère et ne s 'occupent pas de nous» (trad . R . Flacelière ). Il
s'agit donc d 'un résumé rapide des principales thèses épicuriennes, alors que les témoignages précédents se limitent à un seul aspect: le plaisir. Mais cette modification peut provenir de Plutarque lui-même et Cicéron , pour sa part, n ' a cessé de réduire l'épicurisme à la doctrine du plaisir. A elle seule, cette anecdote, dont la valeur historique est discutée (P . Lévêque, Pyrrhos, Paris 1957, p. 343),ne saurait suffire à faire de Cinéas un épicurien , c'est tout au plus un homme bien informé des doctrines philosophiques.Mais il existe d'autres indices un peu moins fragiles: au cours de la conversation où Pyrrhus rêve à ses
futures conquêtes, il invite le roi à jouir du moment présent et souligne l'inanité des conquêtes ainsi que les fatigues qu'elles entraînent. Le véritable bonheur est lié au repos et à l'absence de tourments; ces notions restent inséparables de l'épicurisme. De même, il faut noter la franchise avec laquelle il s'adresse au souverain ; cette conduite caractérise aussi nombre d'épicuriens.
Cf. Fr. Staehelin , art.« Kineas» 3, RE XI, 1, 1922, col.473-476. MICHÈLE DUCOS.
128 CINNA CATULUS RE Cinna 7 PIR2 C 737
DM II
Philosophe stoïcien .
Énumérant les maîtres de Marc -Aurèle, l'auteur de la Vita Antonini (3, 2) cite, après Apollonios de Chalcédoine, « les stoïciens Sextus de Chéronée, neveu de Plutarque, Junius Rusticus, Claudius Maximus et Cinna Catulus » . Il rappelle
CINNA CATULUS
400
ensuite que l'empereur honora grandement ses maîtres, au point d'avoir leurs portraits dorés dans sa chapelle privée et plus tard de rendre hommage à leurs tombeaux .
Dans ses Pensées (I 13), Marc- Aurèle précise ce qu 'il tient de chacun : « De Catulus : ne pas négliger un ami qui se plaint de nous, même si la plainte , en l'occurrence, n 'est pas fondée, mais essayer même de rétablir nos rapports accoutumés ; dire volontiers du bien de ses maîtres, ainsi que faisaient, à ce qu 'on rapporte , Domitius et Athénodote ; et chérir véritablement ses enfants >> ( trad. A . I. Trannoy) . Ce passage semble indiquer que Cinna Catulus avait des
enfants et s'intéressait à la morale sociale. Sur les ascendants de rang sénatorial que suggèrent ses cognomina, voir H .-G . Pflaum , « La valeur de la source inspiratrice de la Vita Hadriani et de la Vita Marci Antonini à la lumière des personnalités contemporaines nommément
citées» ,Bonner Historia-Augusta - Colloquium 1968/1969, coll. « Antiquitas» 4, 7 , Bonn 1970 , p. 210 -211, et E . Champlin , Fronto and Antonine Rome, Cambridge (Mass.)/London 1980, p. 118- 119 et p. 174 n . 10 (« ...from his names alone, the otherwise unknown Cinna Catulus [...] looks like a senator» ).
Cf. A . Stein , art. « Cinna» 7, RE III 2, 1899, col. 2562; Id., PIR ? II, 1936, C 737, p. 160 ; P .Hadot, La citadelle intérieure, Paris 1992, p . 29-30. SIMONE FOLLET.
129 CIS [SOS Épicurien dont le nom a été restitué par Crönert, Kolotes und Menedemos, p. 83, dans un passage des plus incertains d 'un ouvrage de Philodème contenu
en PHerc. 1780 , fr. 7mb 10 :Klo [oov ( ?). TIZIANO DORANDI. MI 130 CLARANUS RE 1 PIR2 C 745 Stoïcien , ancien condisciple de Sénèque (Epist. 66 , 1). Selon Pohlenz, Die
Stoa, t. II, p. 143, leurmaître commun était peut-être Attale (»- A 501). Sénèque laisse entendre qu'une partie des thèmes qu'il développera pour Lucilius, dans la longue lettre 66 , mais peut-être aussi dans la lettre 67 qui lui est apparentée, remonte aux entretiens récents qu 'il eutavec Claranus (ibid., 4), maintenant fort âgé, pendant les quelques jours de leurs retrouvailles survenues après bien des années ($ 1). Le sujet débattu le premier jour est formulé par Sénèque de la façon suivante (5) : « Comment les biens peuvent-ils être égaux si on les répartit en trois classes ?» (trad. Noblot).
La grandeur de l'âme de ce philosophe brillait dans un corps chétif et, apparemment, disgracieux (1-4) : « Claranus a été , je crois , mis au monde, pour nous faire comprendre par son exemple que la laideur du corps n 'entache pas l'âme,mais que de la beauté de l'âme le corps reçoit un ornement » ( $ 4 ; trad .
Noblot). Une identification a été envisagée avec un grammairien (RE 2) mentionné par Martial X 21, 2 comme un commentateur (cf. PIR2 C 746) dont la perspicacité, pas plus que celle de
CLAUDIANUSMAMERTUS
401
Modestus (cf. J. Tolkiehn , art. « Iulius » 363 Modestus, RE X 1, 1918 , col.680 -681), ne saurait percer les énigmes de la poésie de l'obscur Sextus (apparemment absent de la RE). Mais le rapprochement ne repose que sur l'homonymie . Ausone, Epist. XVIII 27 sq. ; Porphyrion, ad Horat. Sat. II 3, 83, p. 254 Meyer; Servius, Aen . XI 316 (où on lit Clanarius). On connaît également un Claranus avunculus par une inscription romaine d' époque
néronienne (voir CIL VI (4, 3) 36850). cf. A . Stein, RE III 2 , 1899, col. 2627) .
RICHARD GOULET.
131 CLAUDIANUS PLRE I:2
MF IV
Philosop , frère du philosophe Maxime d'Éphèse (mort en 371) et du sophiste Nymphidianus de Smyrne, selon Eunape de Sardes, V. Soph. XVIII 1 ; p. 86, 5-6 Giangrande. Il enseignait à Alexandrie , ibid., VII 1, 4 ; p. 41, 10 -11. PLRE I, s.v . « Claudianus» 2 , considère comme une possibilité qu'il ait été le père ou plutôt le grand-père du poète Claudien (Claudianus d 'Alexandrie, selon la Souda K 1707 ; t. III, p . 125 , 13 -14 Adler), qui vécut sous les empereurs Arcadius etHonorius. O . Seeck , Die
Briefe des Libanius, Leipzig 1906 , p. 107, y reconnaît le destinataire de deux lettres de Libanius. RICHARD GOULET.
132 CLAUDIANUS MAMERTUS RE 10
V
Le nom de ce néoplatonicien chrétien du ve s. est attesté par des références contemporaines et par la tradition manuscrite de ses euvres.
Les rares détails biographiques dont nous disposons proviennent de ses propres déclarations et de quelques témoignages chez Sidoine et Gennade. Né à une date inconnue, il semble avoir vécu dans la région de Vienne où son frère
devint évêque (vers 461-475). Selon son propre témoignage, il étudia avec Eucherius de Lyon. Des passages de Sidoine permettent de fixer le terminus ad quem de sa mort vers 474 -475.
1 A . Engelbrecht, CSEL 11, Wien 1885, a fourni une édition critique de son cuvre principale , le De statu animae, et de plusieurs de ses lettres. Les titres donnés à Sidoine, le dédicataire, dans la dédicace montrent que l'ouvrage fut achevé autour de 468-471. Il prend la forme d 'une polémique adressée contre la thèse de la corporalité de l'âme soutenue dans un texte anonyme alors en circulation . 2 E . L . Fortin , Christianisme et culture philosophique au cinquième siècle . La querelle de l'âme humaine en Occident, Paris 1959, p. 44- 45 , a montré que l'adversaire était Faustus de Riez et que Claudien connaissait
probablement son identité. L 'ouvrage est remarquable par l' étendue des sources qu 'il cite explicitement, notamment des auteurs chrétiens de langue grecque Grégoire de Nazianze – ou latine - Ambroise , Hilaire de Poitiers, Jérôme, Augustin -, des païens de langue grecque - de nombreux pythagoriciens, Platon , Porphyre – ou latine – Varron . Augustin , dont le De origine animae est cité en De statu animae II 9 , p. 133, est la source de la plupart des doctrines enseignées
par Claudien . Signalons entre autres, pour leur importance, l'application des catégories aristotéliciennes à Dieu et à l'âme, les analogies trinitaires à l'inté rieur de l'âme humaine et le contraste établi entre l'intellection et la sensation .
Claudien fait appel à des sources païennes pour apporter à de tels enseignements
CLAUDIANUSMAMERTUS un témoignage « indépendant», une façon de faire tout à fait étrangère à 402
Augustin . Deux questions secondaires, reliées entre elles, ont concentré l'attention des spécialistes : ( 1) Est-ce que Claudien lisait ses sources grecques dans leur langue
originale ? ( 2) Avait-il une connaissance directe de Platon et de Porphyre ? La discussion porte principalement sur De statu animae II 7, p . 122-128 , qui comprend une traduction latine du Phédon de Platon (666-67 a ), une liste des dialogues de Platon ( qui inclut le Lachès, le Protagoras, le Gorgias, le Banquet et le Timée) et une citation de l'enseignement de Porphyre sur les premiers principes. 3 T. Alimonti, « Apuleio e l'arcaismo in Claudiano Mamerto » , dans Forma Futuri [Mélanges M . Pellegrino), Torino 1975 , p . 189 -228 , et
4 F . Boemer, Der lateinische Neuplatonismus und Neupythagoreismus und Claudianus Mamertus in Sprache und Philosophie, Leipzig 1936 , soutiennent
que Claudien a utilisé des traductions latines - alors en circulation - du Phédon provenant d'Apulée et peut-être de Marius Victorinus. 5 P. Courcelle, Les lettres grecques en Occident de Macrobe à Cassiodore, Paris 1948, p. 225-234, et 6 E . Hårleman, « La littérature gallo -romaine vers la fin de l'Empire d 'Occi dent » , Eranos 76 , 1978, p . 157- 169, maintient qu 'il a traduit directement le
texte grec de Platon ou un extrait du De regressu animae de Porphyre. Certains de ces problèmes semblent insolubles dans l' état actuel des connaissances. Il est
clair cependant que les citations « porphyriennes» peuventtoutes être rapportées au matériel cité dans la Cité de Dieu d 'Augustin . STEPHEN GERSH . CLAUDIOS → CHARAX DE PERGAME (CLAUDIOS -) CLAUDIUS → AELIANUS (CLAUDIUS - )
CLAUDIUS → AESIMUS (CLAUDIUS -) CLAUDIUS → AGATURINUS(CLAUDIUS -) CLAUDIUS → ALEXANDER ( TIBERIUS CLAUDIUS -)
CLAUDIUS → APOLLINARIS (CLAUDIUS - )
CLAUDIUS — ARISTOCLES (TIBERIUS CLAUDIUS -) CLAUDIUS → AURELIANUS (SEXTUS CLAUDIUS - )
CLAUDIUS → AUTOBOULUS (SEXTUS CLAUDIUS -) CLAUDIUS → BALBILLUS (TIBERIUS CLAUDIUS - ) CLAUDIUS ► IULIANUS AUGUSTUS (FLAVIUS CLAUDIUS -)
CLAUDIUS → LEPIDUS (TIBERIUS CLAUDIUS -)
CLAUDIUS → MARCELLUS (CLAUDIUS -) CLAUDIUS ► MARCELLUS (M . CLAUDIUS -) CLAUDIUS → MAXIMUS (CLAUDIUS -)
CLAUDIUS CAECUS (APPIUS -)
403
CLAUDIUS → NICOSTRATUS (CLAUDIUS - ) CLAUDIUS → PAULINUS I (TIBERIUS CLAUDIUS - ) CLAUDIUS → PAULINUS II (TIBERIUS CLAUDIUS -)
CLAUDIUS → PTOLEMAEUS (CLAUDIUS -) CLAUDIUS — SEVERUS (CLAUDIUS -) CLAUDIUS → SEVERUS (CN . CLAUDIUS - ) CLAUDIUS → SOSPIS (TIBERIUS CLAUDIUS -) CLAUDIUS + THRASYLLUS (TIBERIUS CLAUDIUS - )
CLAUDIUS — VICTOR (CLAUDIUSMARIUS -) CLAUDIUS + XENOPHON (CLAUDIUS -) IV -III CLAUDIUS CAECUS (APPIUS -) RE 91 Il est relativementaisé de retracer la carrière de ce fameux patricien ,même si
quelques données chronologiques nous échappent, grâce à l'elogium qui nous est parvenu (CIL I 2 , p. 192) : censeur en 312a, consul en 307, interroi en 299,
consul pour la seconde fois en 296 , préteur en 295, dictateur, préteur une seconde fois. Mais le sens de son action politique est beaucoup plus difficile à comprendre (cf. 1 R . Develin , The Practice of Politics at Rome 366 -167 B . C ., coll. « Latomus » 188, Bruxelles 1985, p. 221-224 ): il transforme le culte d'Her cule en un culte public ; pendant sa censure, il ouvre le sénat aux fils d'affran
chis (Tite -Live IX 29- 30 ), puis, au lieu de cantonner le bas peuple dans les quatre tribus urbaines, il l'inscrit dans toutes les tribus ( Tite -Live IX 46 ) ; son affranchi, Cn. Flavius, publie la liste des jours fastes et les formules d'action en justice. Mais il s 'oppose à la lex Ogulnia de 300 , qui ouvrait les sacerdoces aux plébéiens (Tite -Live X 7 , 1) ;mais, à la fin de sa censure, il refuse de mettre fin à ses fonctions au bout de dix -huit ans, comme l' imposait la loi, mais, en 296 , il
s 'efforce de faire élire deux patriciens au consulat. Ainsi Appius Claudius paraît tantôt comme un opposant à la politique sénatoriale, tantôt commeun défenseur de ses privilèges. De telles contradictions s'expliquent sans doute par les déformations qu 'a introduites la tradition annalistique, mais laissent également
deviner la complexité du personnage . Appius Claudius Caecus a également laissé une place importante dans la culture : le discours qu 'il prononça pour rejeter la paix avec Pyrrhus était encore
connu du temps de Cicéron (Sen . 6 , 16 ; Brutus 14, 55 ; cf. Plutarque, Pyrrhus 19, 1). C 'est lui qui introduisit le rhotacisme à Rome; il écrivit aussi un traité de
droit De usurpationibus (Pomponius, Digeste I 2 , 2 , 36 ; cf. 2 F . D 'Ippolito , Giuristi e sapienti in Roma arcaica, Bari 1986 , p. 50-61). A cette activité s'ajoute une activité littéraire qui fait d 'Appius Claudius le premier des écrivains latins. Fut-il également un philosophe ? La question est plus difficile à résoudre .
Certes, le témoignage de Cicéron dans les Tusculanes (IV 2 , 4) invite à le croire : « A mon avis, le poème d'Appius Claudius, dont Panétius fait un vif éloge dans
404
CLAUDIUS CAECUS (APPIUS –) une lettre adressée à Q . Tubéron, est aussiepythagoricien ». Toutefois, les rares don ,nous H. Barqui pport nt pas une confirmation éclatante à Los sont bien parvenues que les av nn'a'apportentpas citations ce point de vue si bien que les avis restent partagés et les réserves fréquentes ( 3 H . Bardon, La littérature latine inconnue, Paris 1952, t. I, p . 23- 25 ; 4 G .
Garbarino , Roma e la filosofia greca, Torino 1973, p . 224-226 ). Nous ne possédons en effet que trois fragments (Baehrens, PLM , p . 36 ). Le premier (Priscien 8, 18 = Grammatici Latini [Keil], II, p. 384) concerne l'amitié : « Quand tu vois ton ami, tu oublies tes malheurs ; quand tu vois un ennemi, ce n ' est pas aussi facilement que tu le fais » . Le second (Festus 418 L ) porte sur la maîtrise de soi: « Sois maître de ton âme pour éviter que l'emportement ne fasse
naître quelque fourberie ou turpitude» . Le troisième (Salluste , Ad Caesarem
senem I 12 ) précise : « Chacun est l'artisan de son destin ». Des analyses poussées (Bardon 3, p. 24 ; 5 P. Lejay, « Appius Claudius Caecus» , RPh 44, 1920 , p . 92- 141) ont fait apparaître une ressemblance générale entre ces vers et
des vers de Philémon, sans que l'on puisse toutefois donner véritablement une référence précise, et ainsi suggéré qu 'ils appartiennent à un fonds de sagesse
populaire. D 'autres (6 L . Ferrero , Storia del pitagorismo nel mondo romano, Torino 1955) se sont livrés à des tentatives plus précises : l'amitié est une valeur
importante pour les pythagoriciens, ainsi que la maîtrise de soi (6 , p . 170) et même la fortuna que chacun se crée évoquerait le droit proportionnel cher aux
disciples de Pythagore, tandis que la forme gnomique serait un rappel des aurea uerba du philosophe grec. Dans ces conditions le pythagorisme ne serait pas une
création de Cicéron, qui dans les Tusculanes IV insiste sur son rôle à Rome, bien que les analyses de L . Ferrero soient souvent forcées et peu convaincantus. Sans
envisager l'action d ’Appius Claudius, dont les interprétations varient selon qu 'on le croit pythagoricien ou non (voir l' intéressant article de 7 C . Nicolet, « Appius Claudius et le double forum de Capoue» , Latomus 20, 1961, p .683 720), il faut se souvenir que c'est l'époque où les Romains élèvent au Comitium
une statue à Pythagore , le plus sage des hommes (Pline l’Ancien, Nat. hist. XXXIV 26 ) . Dans ces conditions, Appius Claudius, qui paraît imprégné de culture grecque
et proche de la Campanie , n 'a pu manquer d'être fortement en contact avec cette sagesse : c'est elle qui marque la littérature latine à ses débuts, comme le montre l'euvre d 'Ennius, mais en même temps s 'adapte aux valeurs romaines et
s 'intègre à la disciplina Romana. Cf. 8 F . Münzer, art. « Claudius» 91 (Ap. Claudius Caecus), RE III 2 , 1891, col. 2681- 2685 ; 9 A . Garzetti, « Appio Claudio Cieco nella storia politica del
suo tempo » , Athenaeum 25, 1947, p. 175-224 ; 10 E. S. Staveley, « The political aims of Appius Claudius Caecus » , Historia 8 , 1959, p .410 -432 ; 11 E . Ferenczy, From the Patrician State to the Patricio -Plebeian State, Budapest/ Amsterdam 1976 , p . 120 -217. MICHÈLE DUCOS.
CLÉA
405
134 CLÉA I- II Parmi les esprits cultivés qui se groupaient autour de Plutarque à Chéronée ou à Delphes, et dont les Euvres morales ont gardé le souvenir, plusieurs figures féminines font une apparition discrète. Mais l'une d'elles a été parti
culièrement distinguée par l'écrivain , au point de se voir dédier deux de ses ouvrages. On pouvait s'attendre, il est vrai, à ce que Plutarque adressât à une
femme son traité Sur les vertus des femmes, mais la dédicace précise (242 e) qu'il avait été écrit à la demande de Cléa, ce qui suppose de la part de l'écrivain une considération toute particulière . C 'est à la même Cléa qu 'est adressé le traité Isis et Osiris : elle avait en effet été initiée, dès sa jeunesse, aux mystères d'Isis (364 e ); peut-être même était-elle prêtresse de ce culte , comme le supposait 1 K .
Ziegler, art. « Plutarchos », RE XXI 1, 1951, col.677, bien que les termes employés par Plutarque ne l'impliquent pas absolument : voir à ce sujet le
commentaire de 2 Ch . Froidefond dans son édition du traité (Cuvres morales,
CUF, t. V 2, Paris 1988), p. 253 n. 1. Elle était par ailleurs, à l'époque du De Iside, présidente du collèges des Thyades (archèis ) de Delphes, ce qui implique à la fois qu' elle appartenait à une grande famille delphienne et qu'elle n' était plus une toute jeune femme. La confirmation en est donnée par une série d'inscriptions delphiques. Une Flavia Cléa, fille de Memmia Eurydike, fut archèis sous Antonin . 3 G . Bowersock, « Some Persons in Plutarch 's Moralia » , CQ 15, 1965, p. 267- 270 , l' identifiait à l'amie de Plutarque. La même position a été récemment adoptée par Froidefond 2, p. 18 -23. La chrono logie s' oppose pourtant tout à fait catégoriquement à cette identification , comme l'avait déjà signalé 4 E . Kapetanopoulos, « Klea and Leontis : Two ladies from Delphi», BCH 90, 1966 , p . 119 - 130 . L ' archèis du règne d 'Antonin n 'a pu naître, en effet, avant les dernières années du jer siècle. Il est déjà plus que douteux qu 'elle ait pu accéder du vivant de Plutarque, donc avant l'âge de trente ans, à une dignité aussi considérable. Mais il est surtout manifestement
impossible qu 'elle ait pu soutenir un entretien philosophique avec Plutarque à la mort de Léontis, soit dans les premières années du IIe siècle au plus tard (Léontis , dont le fils fut tribun
militaire vers 75, a pu naître vers 25-30 : voir B. Puech, « Prosopographie des amis de Plutarque » , ANRW II 33, 6 , s.v.), et qu 'elle ait eu suffisamment d'autorité, peu après, pour suggérer à Plutarque la rédaction d 'un traité. Mais si l' identité des deux homonymes est certainement exclue, il est tout aussi certain qu 'elles étaient apparentées, non seulement à cause du nom et de la fonction delphique qu 'elles ont en commun , mais aussi parce qu 'Eurydice , mère de Flavia Cléa, était elle aussi bien connue de Plutarque : elle avait été son élève à Delphes avant son mariage . Comme l'avait déjà vu Kapetanopoulos 4 , l'archèis
contemporaine de Plutarque ne peut être que la grand-mère de celle de l'époque d' Antonin .
Cléa devait donc être à peu près contemporaine de Plutarque. Elle était apparemment une proche parente de Memmia Léontis , dont la mort avait été l' occasion d 'un entretien philo
sophique avec l'écrivain. Comme elle avait épousé un Memmius, ainsi que le prouve le gentilice de sa fille Eurydice, j'avais supposé (5 , p . 4857) qu ' il s 'agissait d 'un fils de Léontis. Mais Delphes comptait plusieurs familles de Memmii, et Cléa pouvait également être issue de l' une d 'elles et être la fille de Léontis. Dans ce cas, sa qualité de fille et petite - fille de prêtres
d' Apollon l'aurait tout naturellement destinée à la fonction d 'archèis, et tout aussi naturelle aurait été l'allusion de Plutarque au rôle joué par les parents de Cléa dans son initiation aux mystères d ' Isis : il connaissait Léontis et avait dû connaître Memmius Critolaos, l'un de ses
prédécesseurs au service d'Apollon. Au delà de son amitié avec Plutarque et de l'intérêt qu 'elle partageait avec lui
pour les questions religieuses, Cléa avait manifesté son intérêt pour la philo
CLÉA
406
sophie , non seulement en suggérant à Plutarque de prolonger par écrit les réflexions amorcées dans leurs entretiens, mais aussi en lui confiant l' éducation
de sa fille Eurydice, qui elle -même se verra dédier, avec son mari Pollianos, fils d'un intime de l' écrivain , les Préceptes conjugaux. Kapetanopoulos 4 a proposé dereconnaître l'amie de Plutarque dans l'inscription IG IX 1, 61, qui fait connaître une Cléa , propriétaire de plusieurs terrains près de Daulis, sur le versant
Est du Parnasse , au début du ſie siècle . Tout à fait plausible, le rapprochement, qui ne peut s 'appuyer que sur l'homonymie, reste cependant fragile , vu l' absence de gentilice. S 'il pouvait être vérifié , il donnerait pour les traités de Plutarque dédiés à Cléa un terminus ante
quem assez précis, car la propriétaire de Daulis était morte en 115 au plus tard, et sans doute pas avant 114 . BERNADETTE PUECH .
135 CLEAICHMA Pythagoricienne, seur d'Autocharidas de Laconie . Son nom figure dans le
Catalogue de Jamblique, V . pyth . 36 , 267; p. 147, 5-6 Deubner. BRUNO CENTRONE.
136 CLJÉANDRE Épicurien dont le nom a été restitué par Crönert, Kolotes und Menedemos, p. 82 , dans un passage des plus incertains d'un ouvrage de Philodème contenu
en PHerc. 1780,pz 41:Kaleávopwl. TIZIANO DORANDI.
137 CLÉANOR DE SPARTE Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique, V. pyth. 36 , 267; p. 145, 16 Deubner. BRUNO CENTRONE.
138 CLÉANTHE D ’ASSOS RE2
331/0 – 230/29a
Philosophe stoïcien , né à Assos en Troade, fils de Phanias, disciple puis successeur de Zénon de Citium à Athènes. Fragments et témoignages. SVF I 463-619 ; t. I, p. 103-137 . Il faut ajouter (a ) dans les SVF : I 26 -28 ; I 44 ; I 107 ; I 125 ; I 139 ; I 141; I 166 ; I 178 ; I 301 ; I 333 -334 ; I 449; I620 -621 ; 1 624 ; II 1 ; II 9 ; II 21; II 101; II 283 ; II 285 ; II 790 ; II 836 ; II 1069 ; III657, III Zen . 1 ; III Diog. 126 ; III Ant. 66 ; (b ) Diogène Laërce VII 142; Arrien, Dissert. d 'Epictète , II 19, 5 (qui fait suite à SVF II 283) et III 26 , 23 ; et, selon 1 F . Solmsen , « Cleanthes or Posidonius ? The basis of Stoic Physics » , MALKAW 24, 9 , 1961, Cicéron , De nat. deorum II 23 – 32. En revanche, supprimer : SVF I 545 (= FGrHist 84 F 9 ) qui, comme SVF I 593
(= FGrHist 84 F 29), concerne Néanthe de Cyzique et non Cléanthe. Pour les éditions séparées des fragments conservés de Cléanthe, voir la rubrique « Euvres philosophiques» .
Traduction d' ensemble. 2 N . Festa, I frammenti degli stoici antichi, Bari 1935, t. II, p. 75-176 (traduction italienne et notes) ; réimpr. Hildesheim /New
407 CLÉANTHE D ’ASSOS York 1971, en un seul volume; 3 J. Brun, Les stoïciens, Paris 1957 (traduction française de certains fragments groupés par thèmes). Pour les traductions de
fragments séparés de Cléanthe, voir la rubrique « Euvres philosophiques » ; 4 M . Isnardi Parente , Stoici antichi, Torino 1989, p . 211-262. Études d 'orientation . 5 H . von Arnim , art. « Kleanthes » 2 , RE X 1 , 1921,
col. 558 -574 ; 6 G . Verbeke , Kleanthes van Assos, Bruxelles 1949 ; 7 G . Rodier, Études de philosophie grecque, Paris 1957, p . 231-233; 8 P .-M . Schuhl, Les stoïciens, Paris 1962, p . XXXII-XXXIV ; 9 P . Hoven, Stoïcisme et stoïciens face au problème de l'au-delà , Paris 1971, p . 31-53 ; 10 A . Grilli, « Lo stoicismo antico : Zenone, Cleante , Crisippo » , dans La filosofia ellenistica e la patristica cristiana dal III secolo a . C . al V secolo d . C ., Milano 1975, p .63-101.
Bibliographies. 11 H . Dörrie, art. « Kleanthes » , RESuppl. XII, 1970 , col. 1705- 1709 (la bibliographie s 'arrête en 1968) ; sur l’ Ind. Stoic. Herc., voir
12 I.Gallo , « Un frammento di dramma ellenistico ?» , QUCC 27, 1978, p. 161 179, et 13 Id ., « Commedia e filosofia in età ellenistica. Batone » , Vichiana 5 , 1976 , p . 206 - 242. Ces deux dernières études ont été reprises dans 14 Id., Teatro ellenistico minore, Roma 1981, p . 15 -67 (Baton ) et p . 157 -178 (Sosithéos). Pour les fragments des æuvres de Cléanthe, voir la rubrique « Euvres philo sophiques » . Sur la langue et le style de Cléanthe. 15 A . W . James, « Tradition and
originality in the language of the Hellenistic poets » ,Monash Univ. Aulla 1970, p . 87-89 ; 16 É . des Places, « Épithètes et attributs de la sagesse » , Biblica 57, 1976 , p .414 -419 ; 17 A . Bridoux, Le stoïcisme et son influence, Paris 1966 ,
p. 31; voir égalementRodier 7, p. 233. Sources biographiques anciennes. Les colonnes 18 -29 de l’Index Stoicorum de Philodème sont consacrées à Cléanthe. Bien que lacunaires, elles mettent à profit un matériel biographique plus riche que celui de Diogène Laërce. Ce
dernier pour sa part cite les sources suivantes: (a ) Antisthène (de Rhodes), Aladoxal, en VII 168 (= SVF I 463 ; fr. 9 Giannattasio - Andria ) ; (b) Démétrios de Magnésie, lepi ouwvúuwv, en VII 169 ( = SVF I 463 ; fr. 23 Mejer) ;
(c) Timon de Phlionte, < E (Mou> , en VII 170 (= SVF I463) : deux vers (fr.24 Wachsmuth = PPF 41 = fr. 815 Lloyd- Jones & Parsons). Voir 18 M . Pohlenz, Die Stoa“ , Göttingen 1972, t. II, p. 87.
( d ) Hécaton de Rhodes, Xpetai, VII 172 (= SVF I613) ; (e ) Dioclès de Magnésie, < 'Etiòpoun tõv pihoobowv> , en VII 179 (= SVF II 1) .
< Chronologie. 19 T. Dorandi, Ricerche sulla cronologia dei filosofi elle nistici, coll. « Beiträge zur Altertumskunde » 19, Stuttgart 1991, p . 23-28 . Pour la datation des archontes cités, voir maintenant 20 T. Dorandi, « Gli arconti nei papiri ercolanesi » , ZPE 84, 1990 , p. 121-138. Pour l' interprétation de D . L . VII
176 , relatif à la mort de Cléanthe, voir également 21 T . Dorandi, « Zu Diogenes
CLÉANTHE D 'ASSOS
408
Laertios VII 176 », Philologus 134, 1990, p. 161- 162. Des données contra dictoires sont fournies par les sources antiques. Dorandi a cependant réussi à établir un certain nombre de dates apparemment cohérentes entre elles : CLÉANTHE
ARCHONTES
DATATION
SOURCES
Naissance Scholarcat à la mort de Zénon
Aristophane
Ind. Stoic. 29, 1-5 De Stoicis 5, 9- 14
Mort
Jason
331/0 262/1 230/29
Ind. Stoic. 28 , 9-11
D .L . VII 176 rapporte d 'autre part que Cléanthe fut pendant dix -neuf ans le disciple de Zénon (il serait donc arrivé chez Zénon vers 281/0) et l’ Index Stoi
corum , col.29, 1- 5 lui attribue un scholarcat de trente -deux ans. Selon divers témoignages (Pseudo-Lucien ,Macrob. 19 = SVFII 475 ; Valère Maxime VIII 7 ext. 11; Censorinus, De die natali 15, 3), ilne serait pas mort à 101 ans, comme le suggèrent les dates fournies par l'Index Stoicorum , mais à 99 ans. D . L . VII
176 précise qu'il seraitmortau même âge que Zénon,mais ce renseignement est douteux, car, si D .L . VII 28 attribue 98 ans à Zénon à sa mort (voir de même Pseudo -Lucien ,Macrob . 19), en revanche, selon Persaios (ibid . = SVF I 458 ), son disciple, le philosophe serait mort à 72 ans, information elle aussi contesta
ble, dans la mesure où D . L . VII 8 -9 cite une lettre à Antigone dans laquelle Zénon déclare avoir 80 ans.
R .G .>
Personnalité. Avant de venir à Athènes, Cléanthe était pugiliste (D .L . VII 168 = SVF I 463, qui cite Antisthène de Rhodes). A bien plus de 50 ans, il avait gardé son corps d'athlète , qui suscita l'admiration des Athéniens (D .L . VII 169 = SVF I 463, qui cite Démétrios de Magnésie ), et toute sa longue vie il conserva une santé de fer (cf. D .L . VII 168 = SVF I 463, et VII 174 = SVF 1 601).
A Athènes, on vantait son courage et son amour du travail (D .L . VII 168- 169 = SVF I 463). D 'un naturel doux, Cléanthe supporta toute son existence les moqueries sans rien dire et sans rancune (D . L . VII 170 = SVF I 463, qui cite
Timon de Phlionte, fr. 815 Lloyd-Jones & Parsons; D . L . VII 173 = SVF I603, qui cite le poète Sosithée ( TGF I F 4 Kannicht-Snell ; Plutarque, De adul. et
amico 11, 55 c = SVF I 470 ; Ind. Stoic. Herc., col. 22 = SVF I471 ; sur Sosithée , voir Gallo 12 , p . 19 sq., 22 sq.). Il était également timide et modeste ; se contentant de peu etméprisant la richesse (D . L . VII 171 = SVF I 598, 600 et
602), il se vouait totalement à la philosophie , ce quiprovoquait aussi l'admira tion de tous (D .L . VII 169 = SVF 463).
Il manquait, dit-on, de dons naturels : lourd dans ses propos, il était, paraît-il, exagérément lent. Ses condisciples auprès de Zénon le traitaient d'âne. Son
maître lui-mêmele comparait à « ces tablettes dures, où l'on n 'écrit pas facile ment, mais qui conservent ce qu 'on y écrit » ( D . L . VII 37 = SVF I 301; comp. Plutarque, De audiendo 18, 47 e = SVF I 464).Mais il se donnait tant de peine
qu 'on le disait un second Héraclès (D . L . VII 170 = SVF I 463 et 599). En tout cas, il nous a laissé la preuve de la qualité de son style (cf. D . L . VII 174 = SVFI 481).
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409
Formation philosophique. Diogène Laërce rapporte que Cléanthe serait arrivé à Athènes avec quatre drachmes en poche. Cela se passait probablement
en 281/0 . Afin de pouvoir étudier le jour auprès de Zénon, l'ancien pugiliste puisa la nuit l'eau pour arroser les jardins (D . L . VII 169 = SVF I 597 ; Sénèque, Epist. 44 , 3 = SVF I 466 ; Arrien, Dissert. d ' Épictète III 26 , 23). On le
surnomma pour cette raison Dpeávtans,mais il cuisait aussi le pain (Plutarque, De vitando aere alieno 7, 830 d = SVF I 465). Les Athéniens furent intrigués par son manque apparent de ressources et il dut comparaître au tribunal. Les témoignages de ses employeurs non seulement le disculpèrent ( D . L . VII 168 =
SVF I 463),mais forcèrent l'admiration de l' Aréopage qui lui vota un don de dix mines (1000 drachmes), don que Zénon lui déconseilla d 'accepter. Antigone Gonatas, le roi de Macédoine qui fréquentait l'école de Zénon , lui aurait à son
tour offert 3000 mines (D . L . VII 169 = SVF I 463). Trop pauvre pour acheter du papyrus, il prenait ses notes de cours sur des tessons ou des omoplates de beufs
(D . L . VII 174 = SVF I 463) ; et, sans doute pour éprouver sa vocation , Zénon lui faisait même payer une contribution d'une obole (D . L. VII 169 = SVF I 597). Il étudia 19 ans avec Zénon (D . L . VII 176 = SVF I 474) et eut pour condisciples Ariston de Chios (Cicéron, Denatura deorum I 37 = SVF I 530 ; voir aussi D . L . VII 171 = SVF I 602) et Denys d 'Héraclée (Cicéron, Tusc . II 60 = SVF I 432) qui, tous deux, deviendront des stoïciens hétérodoxes, mais également presque tous les autres élèves de Zénon .
Scholarcat. Bien que Zénon eût beaucoup de disciples de grande valeur, Cléanthe prit assez d 'autorité pour lui succéder à sa mort ( D . L . VII 37 = SVFI
301, et VII 174 = SVF I 463). Sa fidélité à la pensée de son maître ( D . L . VII 168
= SVF I 463; et voir 22 A . Jagu, Zénon de Cittium , Paris 1946, p .46) n 'empêcha pas une certaine originalité tant en éthique (voir 23 G . Mancini, L 'etica stoica
da Zenone a Crisippo, 2e éd., Padova 1940; 24 J. M . Rist, « Pleasure , 360-300
B .C .» , Phoenix 28, 1974, p. 167-179 ; 25 A .M . Ioppolo , Aristone di Chio e lo Stoicismo antico, coll. « Elenchos» 1 , Napoli 1980) qu 'en politique (voir
26 P . A . Brunt, « Aspects of the social thought of Dio Chrysostom and of the Stoics» , PCPHS 19, 1973, p. 9-34; cf. Sénèque, De tranq. animi I 10 = SVF I 28 ), en physique (voir Solmsen 1, et Pohlenz 18, t. I, p . 162), en théologie (voir 27 P . Boyancé, « La religion astrale de Platon à Cicéron » , REG 65 , 1952,
p . 312 - 350 ; 28 Id., « L 'Apollon solaire » , dans Mélanges J. Carcopino, Paris 1966 , p. 166 sq .; 29 M . Dragona-Monachou , « Calcidius as an authority on Cleanthes' Theodicy », Philosophia 3, 1973, p . 262-306 ), mais aussi en rhétorique et en dialectique (voir 30 A . A . Long, « Dialectic and the Stoic Sage» , dans J. M . Rist [édit.), The Stoics, Berkeley/Los Angeles/London 1978, p . 106) : les six parties de la philosophie selon Cléanthe (D .L . VII 41 = SVF I 482).
Durant les 30 ou 31 ans de son scholarcat, Cléanthe dut à la fois préciser la doctrine orthodoxe du stoïcisme contre Ariston de Chios (D . L . VII 163 = SVF I 333, qui cite un Ipos Keavonv, auquel on a attribué un caractère polémique, ce que conteste Ioppolo 25 , p. 50 ) et Hérillus (D . L . VII 174 = SVF I 481, qui
cite le Mpdc " Homov de Cléanthe = le n° 8 dans la liste des æuvres qui suit) et
CLÉANTHE D ’ASSOS répondre aux attaques d'Arcesilas, le maître de l'Académie (cf. Sextus, Adv.
410
Math. VII 150 sq. = SVF II 90). Vers 2474, Ptolémée (Philadelphe ou Évergète, mais non Philopator, comme
l'indique D .L . VII 177 = SVF I620; voir en effet 31 T. C . Skeat, The reigns of the Ptolemies, München 1954 , et 32 A . E . Samuel, Ptolemaic chronology, München 1962), le roi d'Égypte , demanda à Cléanthe de venir à Alexandrie ou
de lui envoyer un de ses disciples. Cléanthe choisit Chrysippe (D .L . VII 179 = SVF II 1, qui cite Dioclès de Magnésie, et D .L . VII 182 = SVF II 9), qui dédai gna la proposition, et ce fut Sphaïros (cf. D . L . VII 37 = SVF I 301), auparavant élève de Zénon, qui, après une préparation intensive, partit (D . L . VII 177 = SVF 1 620). A un âge fort avancé, Cléanthe eut une tumeur (Galien, De qualit. incorp. 2 = SVF I 478) à la gencive (D .L . VII 176 ) ou à la lèvre (Pseudo -Lucien ,Macrob. 19 = SVF I 475 ; Ind . Stoic . 26 , 1-6 ). Sur l'avis des médecins, il s'abstint de nourriture pendant deux jours,mais, la santé recouvrée, il se trouva fort bien de
ce jeûne et se laissa mourir de faim , disant qu'on lui avaitmontré le « chemin » (D . L . VII 176 = SVF I 474 ). Pseudo -Lucien , Macrob. 19, précise qu 'il inter
rompitmomentanément son jeûne, le temps de rendre service à des amis qui lui avaient écrit. L ' Ind. Stoic. 26 -28 rapporte , dans un passage extrêmement lacu
naire, les derniers moments du philosophe, entouré d'un certain Denys (qui n 'est pas Denys d'Héraclée ) et de ses propluol.
C 'est Chrysippe qui lui succéda à la tête de l'École, bien qu'il se fût séparé
de Cléanthe autrefois, en divergeant sur bon nombre de points de doctrine avec Zénon et son maître (D . L . VII 179 = SVF II 1; Plutarque, De stoic. repugn. 1034 a = SVF III Ant. 66 , qui cite le llepi tñs Keávdous xai Xpuointov
diapopaç d'Antipatros de Tarse ; cf. Cicéron , Acad. priora II 143 = SVF II 285 ).
Euvres philosophiques. Diogène Laërce VII 174 - 175 (SVF I 481) nous a conservé une liste de 50 titres, apparemment groupés selon le genre : les nºs 1-14 traitent de la physique, les nºs 15 -45 de l'éthique, et les cinq derniers de la
logique. Voir von Arnim 5, col.561-562. (1 ) Hepi xpóvov , Sur le temps. (2) Hepi tñs Zhvwvog prololoylac B ', Sur la science de la nature de Zénon en deux livres.
(3) Tõv 'Hpaxleitou énynoelg 8 ', Exégèses d 'Héraclite, en quatre livres. Cf. SVF I 519, et voir 33 J. D . Meerwaldt, « Cleanthes I » Mnemosyne 4 , 1951, p. 40
69; 34 A . A .Long, « Heraclitus and Stoicism » , Philosophia 5 -6 , 1975- 1976, p. 133 156 .
(4 ) ſepìaloOnoEWS, Sur la sensation (cf. SVF I 484).
(5) lepì téxung, Sur l'art (cf. SVF I490). (6 ) Moos Anuóxputov , Contre Démocrite . Il s'agit du Nepi tõv åróuw ( Sur les atomes) signalé par D .L. VII 134 = SVF I493, p . 110 , 29 : cf. von Arnim , SVF I, p . 138, 4 et 139, 10, suivi par Pohlenz 18, t. II, p. 41.
CLÉANTHE D ’ASSOS
( 7) Πρός ' Αρίσταρχον, Contre Aristarque. Voir la notice « Aristarque de Samos », DPhA A 345. ( 8) Προς Ηριλλον, Contre Herillos. ( 9) Περί ορμής β ', Sur l'impulsion, en deux livres.
(10) Αρχαιολογία, Les temps anciens. (11) Περί θεών, Sur les dieur (SVFI 543).
(12) Περί γιγάντων, Sur les géants. (13) Περί υμεναίου, Sur l'hyménée.
(14) Περί του ποιητού, Surle Potte (SVF1526; 535 ; 549; 592). (15) Περί του καθήκοντος γ', Sur le devoir, en trois livres.
(16) Περί ευβουλίας, Sur le bon conseil. (17) Περί χάριτος, Sur la faveur.
SVF1578-580; voir Pohlenz 18, t. I, p. 73 et 76.
(18) Προτρεπτικός , Protreptique (cf. SVF1567). (19) Περί αρετών, Sur les vertus ( cf. SVF1564 -569 ). (20) Περί ευφυΐας, Sur le talent naturel.
(21) Περί Γοργίππου, Sur Gorgippe. (22) Περί φθονερίας, Sur la disposition engieuse. (23) Περί έρωτος, Sur l'amour.
(24) Περί ελευθερίας, Sur la liberté. Voir Pohlenz 18, t. Π, p. 84 .
(25) Έρωτική τέχνη, Art d ' aimer (SVF I 585). (26) Περί τιμής, Sur la consideration sociale.
(27) Περί δόξης, Sur la reputation (cf. SVF1559-560). (28) Πολιτικός, Le politique ( cf. SVF 1587-588). (29) Περί βουλής, Sur le Conseil.
(30) Περί νόμων, Surles lois. (31) ( 32) ( 33) (34) (35)
Περί του δικάζειν, Sur l'activité judiciaire. Περί αγωγής, Sur l'éducation. Περί του λόγου γ ', Sur la raison, en trois livres. Περί τέλους, Sur la fin (cf. SVF1552-556). Περί καλών, Sur les choses ( moralement) belles.
(36) Περί πράξεων, Sur les actions. (37) Περί επιστήμης, Sur le savoir. Peut-être identique au n° 53 = SVF I 590.
(38) Περί βασιλείας, Sur la royaute. (39) Περί φιλίας, Sur l'amitie. (40) Περί συμποσίου, Sur le banquet.
411
CLÉANTHE D ’ASSOS (41) Hepi toŰ Óti ń aút åper åvopos xal yuvaixós, Que la vertu est la même pour l'homme et pour la femme.
412
(42) Iepi toŨ TOV OOPÒN OODLOTEÚELV, Que le sage peut être sophiste.
(43) Tepi xpelāv, Sur les chries. (44) Alatpibūv B ', Diatribes, en deux livres. (45) Hepi ndovñs, Sur le plaisir. Cf. SVF I 530 , 552 et 558 ; voir Rist 24 . (46 ) Tepi idlwv, Sur les affaires privées.
(47) Hepi tõv ånópwv, Sur les difficultés insolubles. (48) Iepi diałextixñs, Sur la dialectique (cf. SVF I488). (49) Tepi TpónWV, Sur les modes d 'expression.
(50) Iepi xatnyopnuátwv, Sur les prédicats (cf. SVF I488). (51) ſepìxarxoŰ, Sur le bronze . Ce traité est cité par D .L . en VII 14 = SVFI589. En outre , il faut ajouter: (52) Hepiperannyewç, Sur le changement de termes. Le traité est cité par Athénée XI,467 d et 471 b = SVF I 591.
(53) Iepiotoñs, Sur l'habillement. L 'ouvrage est mentionné par Philodème, De stoicis XV 21-22 = SVF I 590 . Cf. 35 T . Dorandi (édit.), « Filodemo. Gli Stoici (PHerc. 155 e 339) » , CronErc 12 , 1982, p . 102, avec commentaire, p. 120. Von Arnim (fr. 590 ), qui éditait le texte (erroné) Περί στήλη]ς, envisageait un rapprochement avec le Περί επιστήμης ( n° 37).
(54) ‘ Ytrouvnuata puolxá, Notes relatives à la physique. Cité par Plutarque, De stoic. repugn . 1034 d = SVF I563 ;voir Verbeke 5 ,p. 221-224. (55) < Téxun ontoplacń > (?), (Art rhétorique). Mentionné par Cicéron, De finibus IV 7 = SVF I 492 . Voir également Quintilien, Inst. Or. II 15 , 34– 35 = SVF I 491.
(56) < Hlepì toŨ XUPLEÚOVTOC> (?), (Sur le maître argument). Évoqué par Arrien, Dissert. d 'Épictète II 19, 9 = SVF II 283. Voir 36 P .- M . Schuhl, Le dominateur et les possibles, Paris 1960 ; 37 R . L . Purtil, « The master argument» ,
Apeiron 7 , 1973, p . 31- 36 ; 38 H . Barreau , « Cléanthe et Chrysippe face au Maître
Argument de Diodore » , dans Les stoïciens et leur logique, Paris 1978, p . 30 -39 ; 39 G .
Giannantoni, Elenchos 2 , 1981, p . 239-271. Enfin : (57) des euvres en vers, notamment :
(a) quatre vers conservés par Arrien , Epictet. Encheiridion 53 = SVF I527 ; cf. 40 J.U . Powell, Collectanea Alexandrina, Oxford 1924, p. 229, nº 2. Adaptation latine de Sénèque, Epist. 107, 10 = SVF I 527 ; traductions françaises par 41 A .- J. Festugière,
La Révélation d 'Hermès Trismégiste, t. II, Paris 1949, p. 329, et 42 J. Pépin , dans P . M . Schuhl (édit.), Les Stoïciens, Paris 1962, p. 1132 ; traduction allemande par Pohlenz 18 , t. I, p. 106 . Sur ces vers, voir 43 E . Neustadt, « Der Zeushymnos des Kleanthes >>, Hermes 66 , 1931, p. 387-401 ; Meerwaldt 33 ; Pohlenz 18 ; 44 F . Magi, « La tromba di Cleante » , RPAA 48, 1975 - 1976 , p. 159 - 164 ; 45 A . Setaioli, « La traduzione senecana dei versi di Cleante a Zeus e al fato » , dans Studi Traglia, Roma
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413
1979, p. 719-730. Sur le cinquième vers, présent chez Sénèque, voir 46 J. Dalfen, « DasGebet des Kleanthes an Zeus und das Schicksal », Hermes 99, 1971, p. 174 -183 ;
47 H .Dahlmann, « Nochmals,“ Ducunt volentem fata, nolentem trahunt” », Hermes 105 , 1977, p. 342 -351. (b) L' Hymne à Zeus (trente -neuf vers conservés par Stobée, Eclog. I 1 , 12, p. 25, 3 Wachsmuth , mais le v . 14 serait à supprimer selon 48 A . C . Pearson , The fragments of
Zenon and Cleanthes, London 1891, fr. 48, et Powell 40, p. 227) = SVF I 537 ; 49 K . Sier, « Zum Zeushymnos des Kleanthes » , dans P . Steinmetz (édit.), Beiträge zur helle
nistischen Literatur und ihre Rezeption in Rom , coll. « Palingenesia » 28, Stuttgart
1990, p. 93- 108 (avec bibliographie et nouvelle édition critique du texte). Autres éditions: 50 U . von Wilamowitz , Hellenistische Dichtung in der Zeit des Kallimachos, Berlin 1924 , t. II, p. 258-261 ;51 C . J. de Vogel, Greek Philosophy,
Leiden 1959, t. III, n° 943, p. 82-83. Traductions : italienne par Festa 2, p. 78, Isnardi Parente 4 , p . 247 -250 ; allemande par Pohlenz 18 , t. I, p . 109-110 ; françaises par Festugière 41, t. II, p . 311-313 ; Brun 3 , p . 64 -65 ; Schuhl 8 , p . 7 –8 ; Bridoux 15 ,
p. 31-33 ; 52 A . Virieux-Reymond, Pour connaître la pensée des stoïciens, Paris 1976 , p. 90 -91 ; anglaises par 53 M . Balkwill, « Hymn to Zeus », Athene 25 , 1, 1964, p. 48 ;
54 A . de Rossi, « Cleanthes's Hymn to Zeus » , CB 53, 1976, p. 1-2. A la bibliographie rassemblée par Schuhl 8 , p. 6, ajouter Neustadt 43 ; 55 M .Maykovska, « Hymn to Zeus » ,Meander 1, 1946 , p. 526 -527 ; Verbeke 6 ,
p. 235-251 ; Meerwaldt 33, p. 58-69 ; Pohlenz 18, t. II, p. 235; 56 É. des Places, « Hymnes grecs au seuil de l'ère chrétienne » , Biblica 38 , 1957, p. 113- 129 ; 57 M . Dragona-Monachou, « 'O " Yuvos oro Ala xai tà Xpvoã "Em » , Philosophia 1, 1971, p. 339-378 ;58 A . W . James, « The Zeus Hymns of Cleanthes and Aratus» , Antichthon 6 , 1972 , p . 28 -38 ; 59 M . Gigante , « Varrone, Furio Bibaculo e Cleante » ,
RAAN 49, 1974, p. 193-202 ;60 I.C . Cunningham , « The hexameters of fragmentary Hellenistic poets » , QUCC 25 , 1977, p . 95 -100 ; 61 A . Dikswager, « Ein Abbild der
Gottheit haben und weiteres zum Kleanthes-Hymnus » , RHM 123, 1980, p. 359-360 ; 62 M . Simon , « Prière du philosophe et prière chrétienne» , dans L 'expérience de la
prière dans les grandes religions, Louvain -la-Neuve 1980, p. 205-224.
Études de détail. Outre Pohlenz 18 ,t.II, p.62–63, voir : - v. 4 : Powell 40 lit yevóueda ... Deoû ; 63 M . Marcovich, « Zum Zeus-Hymnos des Kleanthes» , Hermes 94, 1966 , p . 254 -307, lit loov tiunua ; 64 K . Gaiser, « Das Besondere uiunua des Menschen bei Kleanthes » ,Hermes 96 , 1968, p . 243-247 , lit hov ou oyou ; 65 P . Collaclidès, « "Hyou uiunua » , Glotta 46 , 1968, p . 58 -60 , expli
que que cela signifie ovoua ou onuaīvov ; 66 G . Giangrande, « Émendation d'une
crux dans l'Hymne à Zeus de Cléanthe», AC 42, 1973, p. 181-184, lit oxov . Voir également 67 M . D . Petruševski, « stih Kleantove Hymne Zevsu » , ZAnt 16 , 1966 ,
p. 342 ; 68 R . Renehan, « A correction », Hermes 97, 1969, p. 380 ; 69 G . Zuntz , « Vers 4 des Kleanthes Hymnus» , RhM 122, 1979, p. 97- 98 .
- v. 7 : 70 G .Zuntz, « Zum Hymnos des Kleanthes », RHM 94 , 1951, p. 337, propose de lire : Con vào mặc.
- v. 11: Wilamowitz 49 lit špplyɛv änavta ; Powell 40 lit Špya Béonxev ; 71 M . Pohlenz, « Kleanthes'Zeus Hymnos », Hermes 75, 1940, p . 1123, lit Épya némnye.
- v. 14 : Wilamowitz 49 lit ôc tóoooc. - v. 11– 14 : Pearson 48 ; Powell 40 ; 71 D . Holwerda, Zu den Versen 11-14 des Zeus
Hymnus des Stoikers Kleanthes, Groningen 1978. - v . 30 : Wilamowitz 49 propose A 405] sur le style d 'Épicure (fr. VII Nauck = fr. 404 Slater).Mais on peut également penser que Diogène Laërce, qui ne donne aucune précision, fait allusion à l'homme politique athénien du ve siècle av.J.-C . RICHARD GOULET. II - III 168 CLÉONIDÈS Musicien , auteur d 'une Eloaywy åpuovexń (Introduction à l'harmonique),
généralement publiée avec la Sectio canonis d ’Euclide, à qui elle a été autrefois attribuée (dans certains manuscrits le traité est attribué à Pappus ou à Zosime). C 'est une source importante pour la connaissance de la théorie harmonique
d 'Aristoxène. L 'ouvrage a été édité par 1 Ch . de Jan ,Musici scriptores graeci, p . 167 -207 ; édition plus récente par 2 L . Zanoncelli, La manualistica musicale greca, Milano 1990 , p . 76 - 109, avec traduction italienne ; introduction, p. 73-75 ;
commentaire, p. 110 -132. Traduction française dans 3 C . E . Ruelle , L'intro duction harmonique de Cléonide, dans Collection des auteurs grecs relatifs à la
musique, t. III, Paris 1884, p . 1- 15 (avertissement) et 16 -41 (traduction française faite sur le texte grec de Meybaum ( 1652 ]) .
Jan 1, p. 174, est favorable à l'attribution à Cléonidès ; il considère que le traité a été attribué à Euclide parce que le nom de ce dernier jouissait d 'une plus grande notoriété .Zanoncelli 2, p. 73-74, accepte cette explication.
Selon Ruelle 3, p. 10, l'auteur serait contemporain de l' auteur du De musica, faussement attribué à Plutarque. Pour Zanoncelli 2 , p. 73- 74 , Cléonidès est
antérieur à Alypius et à Aristide Quintilien ( A 354). Son ouvrage devrait être daté de la fin du Irę s. ou du début du III . BRUNO CENTRONE.
169 CLÉONYME D 'ATHÈNES « Homme assidu aux discussions philosophiques» , dont la mort et la résur
rection étaient racontées dans un passage du dialogue llepi útvov (fr. 8 Wehrli) de Cléarque de Soles ( - C 141) conservé par Proclus, In Remp. t. II, 113, 26 115 , 7 Kroll. S ' étant évanoui à la mort d 'un ami, il revint à la vie au bout de
trois jours et raconta ce que son âme avait vu dans l'au-delà .
RICHARD GOULET. 170 CLÉOPHRON DE CROTONE
Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique, V . pyth . 36 , 267 ; p. 143, 23 Deubner . BRUNO CENTRONE. 171 CLÉOSTHÈNE DE CROTONE RE 3
Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique, V . pyth . 36 , 267; p .143,20 Deubner. BRUNO CENTRONE .
442
CLÉOSTRATE DE TÉNÉDOS CLÉOSTRA 172 TE DE TÉNÉDOS RESuppl. IV :7
FVIS
Astronome et poète, postérieur à Anaximandre. Il aurait effectué ses obser vations sur le mont Ida (en Troade), d'après Théophraste, De sign. 4 (DK 6 A 1), qui le mentionne avec Matricétas de Méthymne (absent de la RE), Pha(e) inos d 'Athènes (RE 1) etMéton d' Athènes (RE 2) . On a signalé que certains témoignages situaient la mort de Thalès (DK 11 A 8 ) à Ténédos (au large de la Troade ), vestige possible d 'un état de la tradition ayant fait de Cléostrate un
disciple de Thalès.
Son poème se serait intitulé Dalvóueva (A 3), ou plus probablement ' Aotpołoyla , titre qui aurait inspiré la Taotporoyia d 'Archestratos (selon Athénée VII, 278 a). Selon Censorinus, De die natali 18 , 5 (DK 6 B 4 ), il aurait
calculé une octaétéride ultérieurementmodifée par Harpale (RE 5), Nautélès (RE) et Ménestrate (absent de la RE) . Fragments et témoignages . DK 6 ; t.I, p .41-42. Voir aussi H . Diels, PPhF
nº 2, p. 19. Cf. W . Kroll, art. « Kleostratos» 7, RESuppl. IV , 1924, col.912-913 ; K . Freeman , The Pre -Socratic Philosophers. A Companion to Diels, “ Frag mente der Vorsokratiker" , Second edition, Oxford 1966 , p . 34 -35.
RICHARD GOULET. 173 CLEUCR [ATÈS
IT (?) Épicurien de l'école de Nicasicratès (?) ,mentionné dans un passage obscur
de PHerc. 1746 , pz Im :Kevxo [árns. Cf. W . Crönert, Kolotes und Mene
demos, p. 92-93. TIZIANO DORANDI.
174 CLINIAS DES SCAMBONIDES (Kleivlac ) REK 5 APF 600 V
F Va
Clinias est un jeune aristocrate athénien appartenant au groupe des auditeurs de Socrate. C 'est le fils d' Axiochos, du dème des Scambonides, lequel est le fils d ' Alcibiade l'ancien et l'oncle du jeune Alcibiade (> A 86 ). C ' est l' amant de
Ctésippe (» C 227), le bien -aimé de Charmide (MC 102) et de Critobule (~ C 217) [Xénophon, Banquet 4 , 12 sq.; Mémorables I 3 , 8 , 10 ; Euthydème 271b, 273 a, 274b ). Suivant Diogène Laërce II 49, il aurait été aimé par Aristippe (» A 356 ). Dans l’Euthydème, dont on pourrait repousser la date dramatique vers 4164, il est représenté comme un tout jeune homme (veavíoxos 275 a ), comme un adolescent (uelpáxlov, tranche d 'âge qui va du début de la puberté jusqu 'à l'entrée dans l'éphébie vers 18 ans, 271 b) qui traîne à sa suite
un cortège d 'admirateurs (273a) : si on accepte cette hypothèse, sans cependant être trop rigoureux sur les termes, il serait né entre 440 et 430 .
Au début du dialogue, on trouve même ce trait sur son physique: « Entre vous (Socrate et Euthydème), était le jeune fils d ’Axiochos ( = Clinias). Il m 'a paru , Socrate , avoir beaucoup grandi, et être presque du même âge que notre
Critobule.Mais l'un (= Clinias ?) est fluet,l'autre (= Critobule ?) bien développé et de bonne mine» (271 a-b ). C 'est l'un des familiers de Socrate , car, en
CLINIAS DES SCAMBONIDES
443
l'apercevant, il vientavec empressement s'asseoir à sa droite (273b ). Et Socrate
exprime l'affectueuse sollicitude dont l'adolescent est entouré par ses amis, qui désirent le voir devenir un homme accompli.
Dans la première discussion (273c - 282e), Clinias démontre que, en dépit de son âge, il a déjà l'habitude de la discussion et qu 'il maîtrise la méthode dialec
tique. Pourtant sa timidité est extrême; dès la première question d’Euthydème, il perd contenance (275 d - e). En revanche, quand il est encouragé par Socrate, il fait preuve d 'une certaine justesse d 'esprit. Encore un peu naïf, il s ' étonne d ' en
tendre Socrate dire que la oopla implique l'eútuxla et en représente une forme (279d).Mais il n 'hésite pas à affirmer que la oopla peut s'enseigner, et Socrate le félicite, peut-être ironiquement, d 'être si bien entré dans sa doctrine (282c).
Dans la seconde discussion (288d -290d), il a déjà réalisé des progrès sur prenants. Il ne se borne plus à acquiescer ; il prend délibérémentparti ; il invoque l'expérience pour soutenir que les faiseurs de discours , c'est-à -dire les profes sionnels qui écrivent des plaidoyers à l'usage de clients, sont incapables d 'utili
ser leurs propres productions (289d). Bien plus, il n 'hésite pas à se prononcer contre le maître . En présence de Socrate exprimant l'opinion que l' art du général est capable plus que tout d' assurer le bonheur, il se lance, avec une singulière assurance , dans une démonstration devant laquelle Socrate éprouve une surprise
mêlée d ' admiration, et qui arrache à Criton un cri d 'incrédulité. Se peut-il qu'un si jeune homme ait tenu de pareils propos ? Il faut admettre en ce cas que la méthode socratique, employée comme moyen d ' éducation , réalise des miracles.
Mais Criton reste incrédule et il laisse entendre que l' être supérieur par qui a été
tenu ce langage est Socrate lui-même. Dans l'Axiochos, un dialogue apocryphe, Clinias n 'intervient que dans l'introduction ( 364 a - 365 a ). Socrate se promène sur les rives de l' Ilissos, quand viennent à sa rencontre Clinias avec ses deux amis, Damon ( D 13) et Char mide. Axiochos, le père de Clinias, est dangereusement malade; il va peut- être mourir. Or il supporte difficilement cette idée. Clinias prie Socrate de se rendre auprès du mourant pour le consoler et lui redonner courage. Le philosophe se
détourne de sa route et suit ses compagnons.Axiochos a repris quelques forces, mais il est toujours moralement déprimé. Il se lamente sur sa fin prochaine (364 d - 365b ). Le dialogue qui s'engage entre Socrate et le malade est constitué par une série d 'arguments qui tendent tous à prouver qu 'on ne doit pas redouter
la mort,mais qu' on peut, au contraire, la désirer et la souhaiter. Le fait que Xénophon appelle par deux fois Clinias « fils d 'Alcibiade » (Mémorables I 3, 8 et 10) résulte, selon J.K . Davies, APF, nº 600 (VII), p . 17, d 'une erreur de mémoire et n 'appelle pas une correction comme le voudrait Cobet.
Cf. J. Kirchner, PA I 8511 ; H . Swoboda, art. « Kleinias » , RE XI 1, 1922, col. 616 -617 ; K .Wickert, art. « Kleinias » , KP III, 1969, p . 232 ; Monique Canto
(édit.), Platon, Euthydème. Traduction nouvelle, introduction et notes par M .C ., coll. GF 492 , Paris 1989.
LUC BRISSON.
444
CLITOPHON
Fva 175 CLITOPHON (KRELTODWV) RE 2 os en nym e Athéni , fils d'Aristo , ce fut un homme politiqu qui joua un rôle
important dans des circonstances graves. Aristote le cite deux fois dans la Constitution d 'Athènes (XXIX 2 et 3). Après le désastre de Sicile , en 411, les Athéniens décidèrent, dans des circonstances particulièrement discutables, de modifier la constitution démocratique et d' établir le régime des Quatre -Cents ,
qui remplaçait le Conseil (Boulè) des Cinq -Cents tiré au sort par un Conseil coopté, souverain , mais irresponsable ; cela revenait à limiter les pouvoirs du
démos athénien . Clitophon réussit à faire modifier le décret de réforme, qui avait été rédigé par Pythodore dans un sens inspiré des idéaux de Solon . Après la défaite de 405-404, qui assura la suprématie de Sparte et l'avènement des Trente à Athènes , il constitua , sous la conduite de Théramène, et aux côtés d’ Archinos (Ménexène 234b ), d 'Anytos (Apologie 18b, » A 227) et de Phormion, un parti
qui, adoptant une voie moyenne entre la démocratie et l'oligarchie (Aristote , Constitution d 'Athènes XXXIV 3 ), était attaché à la « constitution des ancêtres » ,
telle que l'avait voulue Solon . On notera que, dans l' entourage politique de Clitophon, on trouve deux ennemis de Socrate. Théramène se fit l'accusateur des généraux athéniens dans l'affaire des Arginuses, au cours de laquelle Socrate s' opposa seul au jugement illégal du peuple (Apologie 32b -c ). Par ailleurs , on sait qu ' Anytos fut l'un des
principaux accusateurs au procès qui allait aboutir à la condamnation à mort de Socrate . Clitophon appartenait donc à ce milieu de politiciens, rhéteurs et philo sophes que raille Aristophane dans les Grenouilles. Le poète comique associe Clitophon à Théramène, en les qualifiant tous deux d 'habiles et de subtils manieurs de mots (956 -971 et la scholie à ce passage). L 'Euripide que met en scène Aristophane les revendique d 'ailleurs tous deux comme ses disciples (967), comme gens ouverts à toutes les connaissances et particulièrement habiles à ruser.
Au premier livre de la République, Platon ne paraît donc pas s'être trop écarté de la tradition en faisant de Clitophon un satellite de Thrasymaque et surtout son
avocat( 340 a ). Cette attitude d'hostilité à l'égard de Socrate, l'auteur du dialogue intitulé le Clitophon l'accentue encore,reprenant là un thème dont se fait l'écho Plutarque (Fortune d 'Alexandre 5 , 328 a- c), lorsqu 'il associe Clitophon à Critias et à Alcibiade, comme exemples de disciples qui ont renié la doctrine de leurmaître. L ' Antiquité ne semble pas avoir mis en doute l' authenticité de ce dialogue,
maintenant considéré comme particulièrement suspect. Thrasylle (D . L . III 60) place le Clitophon en tête de la huitième tétralogie et le fait suivre de la
République, du Timée et du Critias. Dans le dialogue quiporte son nom , c'est toujours à la société des rhéteurs qu 'appartient Clitophon . Il vient d'avoir avec Lysias une conversation au cours
de laquelle il blâmait les discussions (Platpibas) philosophiques de Socrate et vantait la société (ouvovola ) de Thrasymaque (406 a ). Il se montre sensible aux
CLODIUS SEXTUS
445
effets oratoires et aux discours soignés (408b). Les thèses qu 'il avance peuvent être mises en parallèle avec celles qu'expose Thrasymaque au premier livre de la République . Après avoir amorcé la discussion Socrate écoute, muet, les repro ches que lui adresse Clitophon. ( 1) Clitophon (Clit. 409b -c ) blâme Socrate
d'exhorter à la pratique de la justice, sans définir ce qu'elle est (cf. Rép. I, 336d). (2 ) De plus, il n ' est pas satisfait de la définition que donne Socrate de la justice (Clit. 409d- e ) comme réalisation de l'amitié dans les cités (cf. Rép . I,
351d). (3 ) Socrate finit par répondre (Clit. 410a-b ) que la justice consiste à nuire à ses ennemis et à faire du bien à ses amis, mais rapidement il tombe dans la contradiction (cf. Rép. I, 332d- 336 a).
Cf. Kirchner, PA II 8546 ; J. Stenzel, Art. « Kleitophon » 2 ,RE XI 1, 1921, col.660 -661; K . Wickert,art.« Kleitophon » , KP III, 1964, p .236 ; S. R . Slings, A commentary on the Platonic " Clitopho ” , Amsterdam 1981. LUC BRISSON.
176 CLODIUS SEXTUS REC 13 A . Rhéteur originaire de Sicile, contemporain de Cicéron. On dispose de deux témoignages sur Clodius Sextus. Le plus développé se trouve chez Suétone, De grammaticis 5 , qui lui consacre une notice spécifique et
le décrit comme « Latinae simul Graecaeque eloquentiae professor». Un autre témoignage se lit chez Cicéron , Philippicae II 42, qui le présente comme l'un des maîtres de Marc Antoine et qui (par conséquent) en brosse un portrait bien peu flatteur. Cicéron lui reproche en particulier d 'avoir dû à la faveur de Marc Antoine un domaine de 2000 jugères, exempt de charges, sur le territoire de Léontium en Sicile . Sur ces témoignages, cf. 1 J. Brzoska, art. « Clodius» 13,
RE IV 1, 1900, col.66 -67. Voir aussi 2 N . Pirrone, « Il retore Sesto Clodio », Athenaeum 2 , 1914 , p . 443-449, qui notamment cite plusieurs témoignages épigraphiques à l'appui de sa thèse d 'une origine palermitaine de Sex . Clodius. Euvres. La notice de Suétone cite quelques bonsmots illustrant l' esprit de Clodius et fait allusion à des ouvrages rhétoriques: aucun de ces ouvrages ne nous est parvenu . Mais, comme l'écrit 3 H . Bardon , La littérature latine inconnue, I: L 'époque républicaine, Paris 1952, p . 305, « les rhéteurs de cette
époque ont participé au mouvement de curiosité métaphysique qu 'illustra Nigidius» . On peutdonc penser que c' est bien le protégé de Marc Antoine qui est l'auteur d 'un traité Sur les dieux, ouvrage écrit en grec et qui comptait au moins six livres : ce traité est cité par Arnobe, Adv. nat. V 18 (et déjà I 36 , 2 : à
propos de Bona Dea, mais le nom de Sextus Clodius n 'apparaît pas expressé ment) et par Lactance, Instit. diuinae I 22 , 11. B . On doit certainement aussi voir en Clodius Sextus l'auteur d 'un ouvrage rempli d 'arguments contre le régime végétarien que cite abondamment Por phyre , De abstinentia I 13-26 , en les attribuant à un certain Clodius de Naples
( Κλώδιός τις Νεαπολίτης προς τους απεχομένους των σαρκών βιβλίων xateBáleto : Porphyre, De abst. I 3 , éd . Bouffartigue-Patillon (CUF 1977]
446
CLODIUS SEXTUS
p . 44 ). L ' identification a été proposée par 4 J. Bernays, Theophrastos' Schrift
Über Frömmigkeit: ein Beitrag zur Religionsgeschichte, Berlin 1866 , p . 10 -11 et p . 141. Elle semble avoir été unanimement admise par la suite: ainsi 5 J. Haussleiter, Der Vegetarismus in der Antike, coll. « Religionsgeschichtliche Versuche und Vorarbeiten » 24, Berlin 1935, qui analyse de près (p. 288-296 ) le texte de Porphyre et s'en sert pour reconstituer le traité perdu de Clodius de Naples, et 6 J . Bouffartigue (édit.), Porphyre , De l'abstinence, Livre I, CUF,
Paris 1977, p .25-26 (« Sources du livre I» ). A la fin de son exposé des arguments antivégétariens, Porphyre, De abst. I 26 , associe le nom de Clodius à celui d 'Héraclide le Pontique : « l'ouvrage de Clodius consulté par Porphyre devait donc contenir de larges extraits d 'Héra clide nommément attribués à cet auteur » (Bouffartigue 6 , p . 25). A date récente , les arguments développés par Clodius contre le végétarisme ont été présentés et discutés par 7 D . A . Dombrowski, « Porphyry and vegeta
rianism : a contemporary philosophical approach » , dans ANRW II 36 , 2, 1987, p . 774 -791. Voir aussi 8 Id ., The philosophy of vegetarianism , Amherst (Univ .
ofMass . Pr.) 1984. JEAN -MARIE FLAMAND .
CLODIUS — THRASEA PAETUS (P. CLODIUS -) CLOIOS -> HÉGÉSIAS DE SINOPE 177 CLYTOS DE MILET RE K 8
IIIa
Historien et philosophe péripatéticien, disciple d 'Aristote .
Cf. 1 FHG III, p. 333 ; 2 FGrHist III B 490 (fragments); 2a FGrHist III b 490 (commentaire ); 2b FGrHist IIIb 490 (notes); 3W . Christ-O . Stählin -W . Schmid , Geschichte der griechischen Litteratur, München 1920, II 1, p . 218 ; 4 F. Jacoby, art. « Klytos von Milet » , RE XI 1 , 1921, col. 897 ; 5 W . Spoerri, art.
« Klytosvon Milet», KP III, 1969, col. 259. Données biographiques. Clytos de Milet, d 'après le témoignage d 'Athénée (XIV 71, 655 b ), le seul auteur ancien qui le cite, a été disciple d 'Aristote . Il écrivit au moins deux livres Iepi Muantov (Id ., XII 57, p . 540c). Il faisait probablement partie du groupe de disciples qui, selon 6 W . Jaeger, Aristotele . Prime linee di una storia della sua evoluzione spirituale , Firenze 1935 , p . 445 -446 , collaboraient au projet aristotélicien de recherche sur les constitu tions de cent cinquante -huit cités, projet visant l'établissement d' un corpus (dont
on ne conserve que la Constitution des Athéniens) de références (cf. Ethica
Nicomachea X 9 , 23, 1181 b 18 : £x TÕU OUVNYMÉVWVTOMTELőv Oewpñoal tà nota oýGel xai poeipel taç noleiç ) permettant de dégager les concepts théoriques qu’Aristote développera dans sa Politique (1181621: DewpnDÉVTWV γάρ τούτων τάχ' αν μάλλον συνίδοιμεν και ποία πολιτεία αρίστη. Voir Jaeger 6 , p. 356 -357). Euvre. Il est possible que les informations rapportées par Aristote dans sa
Politique sur les tyrannies de Milet (cf. Politique 1305 a 17 ) dérivent de Clytos,
CLYTOS DE MILET
447
de même que la réponse de Périandre à Thrasybule (1283 a 27 ; 1311 a 20) ou le contenu du fr. 557 (Rose ) d 'Aristote , selon lequel l'noovn et la tpuoń auraient
produit la décadence de Milet, ce qui expliquerait le sens du proverbe náral ποτ ' ήσαν άλκιμοι Μιλήσιοι.
On sait que les histoires locales avaient acquis dès le début de l'époque hellénistique un caractère très érudit, renseignant sur les monuments, les lieux de culte, les légendes et les événements historiques. En outre, les histoires de ce type, dont le titre coïncide avec celui de certains récits romanesques (Elxenixá,
POLVLXLXá ), ont contribué, en fournissant des matériaux importants, à la création
du roman comme genre littéraire (sur les « histoires ioniennes» , voir 7 E . Schwartz , Fünf Vorträge über den griechischen Roman , Berlin 1896 , p . 74 , et,
en général, 8 M . Braun , Griechischer Roman und Hellenistische Geschichts schreibung , Frankfurt 1934). Il est par conséquent facile de voir en Clytos l'un des auteurs de Mianolaxá que Parthénios associe à Aristote (iotopet ’APLOTO téans xai oi tà Mianolaxá : 496 F 1 Jacoby = Parthénios, Les souffrances de
l'amour 14 ) parmiles sources du récit des amours d'Anthée et Cléoboea à la cour de Phobios, tyran de Milet. Mais rien de cela , comme le fait remarquer Jacoby, n 'est sûr. C 'est à tort qu'on a attribué à Clytos un fragment rapportant que Thalès
affectionnait la vie tranquille dans la retraite (D .L . I 25 = FHG III p . 333), car cette attribution s'appuie sur une lecture erronée de xai ajtós en Kutóc (cf. DK I, p . 68 , et Héraclide du Pont, fr. 45 Wehrli). N 'est pas convaincante non
plus, d'après Jacoby 4 , l'identification de Keltop @ u avec Klettoç (Kautóc) comme l'auteur de l'histoire de Nélée rapportée dans la scholie A Gen . I sur
Iliade XX 404 = FHG IV , p . 368. Le fr. 1, qui décrit la pintade, Numida Meleagris (cf. 9 W . D 'Arcy Thompson , A Glossary of Greek Birds, Oxford 1936 , p. 197- 200), présente une richesse de détails qui dénonce l' élève curieux du grand biologiste (Aristote
mentionne cet oiseau dans Historia animalium VI 2, 559a 24). Le début fait référence au caractère sacré de cet oiseau dans l'île de Léros, un sujet rattaché à
la légende de la métamorphose des sæurs de Méléagre que l'on retrouve chez
d 'autres auteurs (D 'Arcy Thompson 9, p . 199). Le fr. 2 de Clytos présente davantage d'intérêt : il y est fait référence à la touon de Polycrate , le tyran de Samos, quiaurait introduit à Milet de meilleures
espèces de certains animaux. Le fait qu 'on retrouve ce thème dans un fragment
d'un auteur postérieur, Alexis de Samos (FGrHist 539 F 2 ), où figure aussi la référence à Polycrate , ainsi que le fait que ces deux fragments sont rapportés dans le livre XII d 'Athénée sur la tough, permet de formuler l'hypothèse que
l'œuvre historique de Clytos pouvait appartenir au mouvement de l'historio graphie grecque du IVe siècle caractérisé par un intérêt moralisant (cf. 10 G . Bonamente , « Criteri moralisticinella storiografia del IV secolo a . C .» , dans Tra
Grecia e Roma. Temiantichi e metodologie moderne, Roma 1980, p. 147-154 ). La projection du jugement éthique individuel sur une société fait de la tauon
(mot- clef de cette historiographie moralisante) quelque chose de plus qu'un
448
CLYTOS DE MILET
simple lieu commun, celle -ci ayant laissé une empreinte profonde dans l'histo riographie de l' époque hellénistico-romaine : cf. 11 A . Passerini, « La tpvoń nella storiografia ellenistica » , SIFC 11, 1934, p. 35 -56 ; 12 U . Cozzoli, « La tpuoń nella interpretazione delle crisi politiche » , dans Tra Grecia e Roma. Temi antichi e metodologie moderne, Roma 1980 , p . 133- 145. Traduit de l'espagnol et adapté par Pedro Pablo Fuentes González .
JESÚSMARÍA GARCÍA GONZÁLEZ. 178 COIRANOS RE Coeranus 2 PIRC 1255 Philosophe d 'origine grecque cité par Pline l'Ancien dans l' index des sources du livre II et par Tacite (Ann . XIV 59, 1) : au moment où Rubellius Plautus va
être mis à mort, « certains rapportent que... deux maîtres en philosophie ,
Coeranus d 'origine grecque etMusonius d 'origine toscane, lui auraient conseillé la fermeté dans l'attente de la mort plutôt que l' incertitude et l'agitation de la
vie » . Il peut s'agir d'un stoïcien (cf. M . Pohlenz, Die Stoa, t. I, p. 284 ; t. II ,
p . 145). Cf. E . Stein , art. « Coeranus» , RE IV 1, 1901, col. 201. MICHÈLE DUCOS.
179 COIRANOS RE Koiranos 7 PLREI:
fl.MIV
Philosophe égyptien torturé et mis à mort par Festus en 372 (d 'après Ammien
Marcellin XXIX 2 , 25) ; il est appelé Coeranius par Ammien (Coheraneum , Coerraneum mss.), Kolpavos par la Souda, s. v. Oñotos (= Eunape, Chron., fr. 39 Müller). PIERREMARAVAL.
COLLEGA → MACEDO (CALPURNIUS COLLEGA -)
at ECKO vonLAMPSAQUE An Amédi . RRE 180 COLOTÈS DE (K ) 1
IV */IIT
Épicurien, disciple immédiat d 'Épicure . Cf. 1 H . von Arnim , art. « Kolotes » , RE XI 1 , 1921, col. 1120 -1122 ; 2 W . Crönert, Kolotes und Menedemos, p . 1- 16 , 162-172 ; 3 R . Westman ,
Plutarch gegen Kolotes, coll. « Acta philosophica Fennica » 7 , Helsinki 1955 ;
4 B . Einarson et Ph.H . De Lacy (édit.), Plutarch 's Moralia XIV (Reply to Colotes in defence of other philosophers (Adversus Colotem ]) , London / Cambridge (Mass.) 1967, p. 151-315 ; 5 A . Concolino Mancini, « Sulle opere polemiche di Colote » , CronErc 6 , 1976 , p .61-67 ; 6 M . Gigante , Scetticismo e
Epicureismo. Per l'avviamento diun discorso storiografico , Napoli 1981, p. 66 70 ; 7 G . Giannantoni , SSR, t. II, p. 588-589 (= V N ) ; t.IV, p .581-583 ; 8 M . Isnardi Parente (édit.), Opere di Epicuro , 2e éd ., Torino 1983, p . 70- 72 et 569-584 ; 9 G . Giannantoni, « I Socraticiminori nei papiri ercolanesi» , dans Atti
XVII Congr. Intern . Papirologia, Napoli 1984, t. II, p. 522-523; 10 A . M . Ioppolo , Opinione e scienza. Il dibattito tra Stoici e Accademici nel III e II secolo a. C., Napoli 1986 , p. 183- 185.
COLOTÈS DE LAMPSAQUE
449
Colotès (Kwróms, et non Karórns, cf. Crönert 2 , p . 15 ) naquit probable ment en 320a à Lampsaque et fut l' auditeur d 'Épicure durant le séjour de ce dernier dans cette cité entre 310 et 306 ; le jeune âge du disciple peut également se déduire des diminutifs qu 'emploie le maître à son endroit : Kolotaras et
Kolotarion . Dans les années qui suivirent, il a pu également diriger l'école de
Lampsaque. Il resta en contact avec Épicure, comme le montrent certaines des lettres de ce dernier (cf. Épicure, fr. [62 ], [63], [64 ], [65 ], [66 ] et [119 ] Arrighetti; les passages avaient déjà été rassemblés par Crönert 2 , p . 14 - 15 . Sur le fr . [64 ), voir 11 A . Angeli, CronErc 11, 1981, p .66 et 87). Titres attestés :
(1) Περί του ότι κατά τα των άλλων φιλοσόφων δόγματα ουδε ζην έστιν ( Qu 'on ne saurait même pas vivre selon les doctrines des autres philosophes).
L 'ouvrage perdu peut être reconstruit à partir des critiques formulées par Plutarque dans l'Adversus Colotem (1107 d - 1127 e) : cf. Westman 3 et Einarson -De Lacy 4 , p . 156 -187. Il fut écrit pour combattre l'Académie d ' Arcé silas, probablement après 268a, et était dédié au roi Ptolémée II (282- 246 ). Colotès considère que les autres philosophes sont en fait dépassés par le scepti cisme de l'Académie . Avec minutie, il passe cependant en revue afin de les réfuter les opinions de Démocrite, Parménide, Empédocle , Socrate , Mélissos, Platon, Stilpon , les cyrénaïques et précisément celles d' Arcesilas. Les critiques dirigées contre Démocrite (cf. 12 G . Arrighetti, CronErc 9 , 1979, p . 5 - 10 , et Gigante 6 , p . 66 -70 ), Socrate (cf. 13 A . Carlini, Maia 21, 1969, p. 274 - 277) et Platon revêtent un intérêt particulier. Arcésilas est attaqué pour sa doctrine de
l'étoxń, à laquelle Colotès oppose celle de l'Évápyela . Cf. Ioppolo 10 , p . 183 185, 14 P . A . Vander Waerdt, « Colotes and the Epicurean refutation of skepticism » , GRBS 30, 1989, p. 225 - 267, et 15 E . Acosta Méndez et A . Angeli
(édit.), Filodemo. Testimonianze su Socrate, Napoli 1992, p . 53-91. (2 ) Grâce à Macrobe (In Somn. Scip. I 1, 9– 2 , 4 ) et Proclus (In Plat. Remp.
t. II, p . 105, 23- 106 , 14 ; 109, 8 - 12 ; 111, 6 - 9 ; 113 , 9 - 13 ; 116 , 19-21 et 121, 19 25 Kroll), nous savons que Colotès avait écrit un ouvrage contre lesmythes de
Platon dans le Xe livre de la République. Crönert 2, p. 12, propose comme titre Περί των παρά Πλάτωνα μυθικώς πεπλασμένων ου Πρός τους Πλάτωνος uúdous ( cf. Isnardi 8 , p . 581-582, qui attribue au même ouvrage deux passages de Diogène d 'Oinoanda, fr. 5 I 10 sq. et 5 II 9 sq. Chilton = fr. 7 Casanova ). Colotès, à ce qu 'il semble , reprochait à Platon de dispenser la paideia à travers
les mythes, c 'est-à-dire dans une formenon scientifique, irrationnelle. (3 ) Ipoc tou laatwvoç Atolv (Contre le “ Lysis ” de Platon ). L 'ouvrage est conservé de façon fragmentaire dans PHerc. 208 (après Crönert 2, p. 163
167, 170 -171, cf. Concolino Mancini 5 etGigante 6 ) .
(4) Mods ļ[d ]v [1[ ]TWV[OS] Eůbúðnuov (Contre l’" Euthydème" de Platon ). L 'ouvrage est conservé de façon fragmentaire dans PHerc. 1032 (après Crönert 2 , p . 167-170, 171 sq ., cf. Concolino Mancini 5 et Gigante 6 ). Il est postérieur à (3) qui y est mentionné ( T VI, p. 10 d 4 -6 ). Dans ces deux ouvrages
450
COLOTÈS DE LAMPSAQUE
Colotès réfute les concepts de dotacóuevov ou de doça sur la base de l' évaprés, traite de l' interprétation des poètes, rejette la validité de la poésie en
soi quand elle ne possède aucune utilité. Dans le cadre de cette polémique, il fait référence avec mépris à la Politeia de Zénon de Cittium et dirige surtout ses
critiques contre son disciple Ménédème, qui était passé au cynisme (qu'il s'agisse de Ménédème le cynique et non de Ménédème d'Érétrie, comme l' a
soutenu Concolino Mancini 5 , a été rappelé parGiannantoni 7 et 9 . Cf. 16 M .
Gigante, Cinismo e Epicureismo, Napoli 1992, p. 74-78). (5) Hepi vouwv xai 86Ens (Sur les lois et la considération sociale ). Le titre est transmis par Philodème, De adul., PHerc. 1457 , col. 10 , 16 -17 (cf. Crönert 2 ,
p. 130 n . 542, et 17 E . Kondo, CronErc 4 , 1974, p. 54 sq.). Crönert 2, p. 130 n . 542, et Einarson -De Lacy 4 , p . 155 n . b , rapprochent ce titre d 'un passage de l’ Adv. Col. de Plutarque (1127 d = Épicure, fr. 61 Arrighetti = Idoménée, fr. 15 Angeli), où Épicure invite Idoménée à ne pas vivre esclave des lois et des
opinions des hommes (cf. Angeli 11, p . 84- 86 , et 18 R .Müller, « Konstituierung und Verbindlichkeit der Rechtsnormen bei Epikur » , dans Syzetesis. Studi M . Gigante, Napoli 1983, t. I, p . 152 sq.).
TIZIANO DORANDI. Iconographie. 1 Schefold , Bildnisse, p . 116 -117, nos 3 -4 , fig., p . 209, propose , à titre d 'hypothèse , de reconnaître le philosophe épicurien dans une
série qui compte maintenant dix répliques: 2 Richter, Portraits II, p . 206 -207, fig . 1325 -1339 ; 3 E . Weski, dans E. Weski, H . Frosien -Leinz (édit.), Das Antiquarium der Münchner Residenz. Katalog der Skulpturen ,München 1987,
p . 201 n . 2 . L 'original, proche des portraits de Ménandre et de Métrodore, daterait des premières années du IIIe siècle av. J.-C . : Weski 3 , p . 200-201, n° 78, pl. 118 . On avait proposé le nom de Zénon pour identifier ce type, mais il faut l'écarter, car l' iconographie du fondateur de la Stoa est bien connue : 4 G . Traversari, Museo archeologico di Venezia . I ritratti,Roma 1968 , p. 17 -18, n° 3, pl. 3 a- b . En revanche, le nom d 'Aristippe pourrait convenir : 5 K . A . Esdaile ,
« A bronze statuette in the British Museum and the ' Aristotle ' of the Palazzo
Spada», JHS 34, 1914 , p .53 ; voir 6 F. Queyrel, art. « Aristippe » ,DPA A 356 , p. 375. G . Dontas (EixovlotiXá B ', ArchDelt 26 , 1971, p . 16 -33 (en grec), 319 (résumé en français ), pl. 7 -8) a proposé de reconnaître le disciple d'Épicure dans
une statue trèsmutilée trouvée dans le Jardin à Athènes, quifut réaménagé au Ire siècle ap. J.- C . ; cette effigie appartenait à un ensemble de cinq statues de
philosophes assis, dont deux représentaient Épicure.
Cf. 7 J. Frel, Contributions à l'iconographie grecque, Praha 1969, p. 41 n. 46 ; 8 L . A . Scatozza Höricht, Il volto dei filosofi antichi,Napoli 1986 , p. 173 177, fig .69-72. FRANÇOIS QUEYREL.
CONSENTIUS DE NARBONNE
451 III
181 COMMODIEN RE2 Poète chrétien et apologiste, peut-être d 'origine syrienne, qu'on date soit du III , soit du Ve siècle (la première de ces dates semblant aujourd'huis'imposer). On a conservé de lui deux poèmes, les Instructiones et le Carmen apologeticum (ou Carmen de duobus populis ). Le second est une grande fresque historico
théologique s' achevant sur la description des temps eschatologiques. Le premier est un ouvrage d'apologétique comportant une assez longue critique des dieux
païens et de leurs adorateurs ; l'auteur s'y présente comme un maître qui, « bien
instruit moi-même, enseigne la vérité aux ignorants» (1, 8 - 9). On y trouve aussi des thèmes renouvelés de la diatribe, ainsi une description de la vie de vanité des riches ( 1, 34, 5 - 15). Édition critique. B . Dombart, CSEL 15, 1-112 . Cf. A . di Berardino , Initiation aux Pères de l'Église , IV : Du concile de Nicée
(325) au concile de Chalcédoine (451). Les Pères Latins, Paris 1986 , p . 337 345.
PIERRE MARAVAL. ja 182 COMOSICUS Dans le rôle du philosophe conseiller des rois (ou du héros civilisateur de tout un peuple), Comosicus succéda, chez les Goths, à Dicineus (- D 100). Il exerça,
commeDicineus, une grande influence dans les domaines politique, religieux et
juridique, selon le témoignage de Jordanès, Getica XI 73 (Monumenta Germa niae Historica, Auctores Antiquissimi, V 1, Berlin 1882, p . 75, 3 Mommsen ).
JEAN -MARIE FLAMAND. CONCORDIA → EXUPERANTIA (CONCORDIA - )
183 CONSENTIUS DE NARBONNE (père) RE 1
IV - V
Poète, père de Consentius fils (RE 2 ), lui-même poète , homme politique et amide Sidoine Apollinaire. Cf. 1 A . Loyen, Sidoine et l'esprit précieux en Gaule aux derniers jours de
l'Empire, « Collection d'Études Latines – série scientifique » 20, Paris 1943, p. 78 -81 ; 2 Id . (édit.), Sidoine Apollinaire, Poèmes. Texte établi et traduit par
A . L ., CUF, Paris 1960 ; 3 K . F. Stroheker, Der senatorische Adel im spätantiken Gallien , Tübingen 1948, p . 161, nº 95. Dans le chant XXIII de ses Poèmes (daté par Loyen de 463- 466 , à cause d' un
éloge de Théodoric II aux v. 69 -73), dédié à Consentius fils , Sidoine célèbre Consentius père, « un homme en qui un esprit brillant et la rigueur romaine
s'alliaient à la grâce attique » (trad . Loyen ), et l'élève au-dessus de toutes les
gloires littéraires d'Athènes et de Rome (v. 97- 169). Il écrivit des livres (v. 177) qui faisaient l'honneur de son fils et Sidoine le désigne comme sophista (v . 174 ) . Loyen 2 , p . 148 n . 8 , croit qu 'il était « professeur de morale et d' éloquence ou même simplement rhéteur » . Loyen 1, p. 79, lui attribue des
études d 'astronomie , de géométrie, de musique, de dialectique. 4 O . Seeck,art.
452
CONSENTIUS DE NARBONNE
« Consentius » 1, RE IV 1, 1900 , col. 911, le qualifie de philosophe, mais c 'est beaucoup tirer de la liste de références littéraires servies par Sidoine dans son poème. Il épousa une descendante (fille ou petite -fille ) de Jovin , l'usurpateur
gaulois (RE 5 ) de 411-413 (v. 170- 177), à moins qu'ilne s'agisse du consul de 367 (RE 1), comme le pense Seeck (ibid., et 5 Id., art. « Jovinus» 1, RE IX 2, 1916 , col. 2011-2012) et le suggèrent l'expression de Sidoine (prisci... lovini) et
l'allusion aux fastes consulaires ( v. 177). A cette famille gauloise devait appartenir le grammairien homonyme, « vir clarissimus », dont deux traités ont été édités par H . Keil (Gramm . Lat., t. V , 1868 ) : le De duabus partibus orationis nomine et verbo (p . 338- 385) et le De barbarismis et metaplasmis (p. 386 -404 ). Cf. 6 G . Goetz, art. « Consentius » 3,
RE IV 1, 1900, col. 911-912 . Loyen 2, p. 196 n . 16 , attribue à Consentiusmaior les textes conservés; voir aussi Loyen 1, p. 80 -81. RICHARD G ULET.
184 CONSTANTIN PORPHYROGÉNÈTE
905-959
Commanditaire plutôt qu'auteur des 1 Excerptorum Constantini de natura animalium libri duo. Aristophanis historia animalium epitome..., ed. S .
Lambros,dans Supplementum Aristotelicum , t. I 1, Berlin 1885, XX -282 p . Contenu. Ce choix de textes, incomplet, qui ne compte plus que deux livres sur trois ou quatre, se divise en deux parties, dont le contenu se présente dans un ordre comparable à celui des livres de l'H . A . dans le Corpus aristotélicien
(morphologie , reproduction ,modes de vie et caractères des animaux). Le livre I contient en abrégé les principales définitions terminologiques de la zoologie (1
27), une présentation de la reproduction des animaux et de celle de l'homme (28 - 105), ainsi qu'une série de généralités et d'exceptions sur les caracté ristiques précédentes (106 - 154 ). Le livre II concerne les modes de vie et les caractères des animaux. Il débute par une description du corps humain et par celle de la vie de certains peuples aux conditions d'existence exceptionnelles (1 67). A la suite vient la présentation du type zoologique, du mode de vie et du
caractère d'une vingtaine d' animaux, fissipèdes (no VOYloeīs ), à pied fourchu
(Pixná) et solipèdes (uóvuxa ) : 68-132 : éléphant
387- 389: fouine
133- 166 : lion
390 -408 : renard 409-418 : lièvre 419-423 : taupe
167 -206 : chien
207-244 : loup 245 -282 : panthère 283-294 : chacal 295 - 307 : chat
308-325 : hyène 326 -344 : ours 345 - 373 : rats
374- 375 : musaraigne 376 -386 : belette
424 -435 : hérisson 436 -443: chauve- souris 444 -445 : boeuf 446 -475 : chameau 476 -517 : cerf
518- 560: mouton et chèvre
561-572: porc et sanglier 573-625 : solipede.
CONSTANTIN PORPHYROGÉNÈTE
453
Les sources. Pour l'essentiel, elles sont indiquées dans le titre et le début des
extraits. Le fonds primitif du recueil provient de l'Epitome des euvres d'Aristote sur les animaux par Aristophane de Byzance ( » A 405) (IT s. av. J. C.), également conservé par l'intermédiaire de Sôpatros (IVe s. ap. J.-C .) dans Photius (cod. 161, ed. Henry , t. II, CUF, Paris 1960). On doit à V . Rose d'avoir mis en évidence ce texte et son importance dans la transmission indirecte des enseignements de la zoologie d 'Aristote (cf. V . Rose [édit.), 3 Aristoteles
Pseudepigraphus, Leipzig 1863, p . 283- 285 ; 4 Anecdota graeca et graeco latina , Berlin 1870, t. II, p. 3 - 14 : Einleitung ; p . 17-40 : Text, Lib . I). Avant V .
Rose , on note l' édition, devenue aujourd'hui très rare, par C .F. Matthaei, d'une compilation analogue dédiée à l'empereur Constantin Monomaque (XI s .):
5 Brevis historia animalium scriptoris anonymi..., Moscou 1811, ainsi que la description par 6 R . Curzon (Visits to the monasteries in the Levant,New York 1849, p . 360 ) du manuscrit qui deviendra le Parisinus graecus Suppl. 495. Dans 7 Aristotelis qui ferebantur librorum fragmenta , coll. BT, Leipzig 1886 ,
V .Rose, qui avait prélevé quelques passages d 'Aristophane concernant la repro duction humaine (fr. 285), renvoie le lecteur (dans l'avant-propos des fragments des Zoika , p . 215-216 ) à l'édition , alors toute récente , de Lambros 1, dont il se
borne à donner le schéma. Malgré l'intérêt de cet Epitome (cf. 8 E. L . De Stefani, « Per l'epitome de animalibus di Aristofane di Bisanzio » , SIFC 12 , 1904 , p. 421-445), les fragments zoologiques d 'Aristote n ' ont guère retenu
l'attention des historiens de la philosophie qui ont orienté leurs recherches vers la reconstitution des æuvres de jeunesse du Stagirite ou vers les fragments
d'euvres philosophiques. Il faudra attendre la reconstitution de 90. Gigon , Aristotelis Opera, volumen tertium , Librorum deperditorum fragmenta , collegit et annotationibus instruxit 0 . G ., Berlin 1987, fr. 269, p . 442 -464, pour
bénéficier de la reproduction des extraits de l'Epitome d 'Aristophane (malheu reusement sans loci similes) et considérer ce document au milieu des autres témoignages attestant la survie de l'euvre zoologique d 'Aristote. Dans le choix
de Constantin , les extraits d' Aristophane occupent toute la première partie et le début de la seconde (I 1 - II 39) de façon pratiquement continue. Pour la suite (II 68 sq.), ils figurent en tête de groupes de textes d'autres auteurs portant sur la vie et le caractère des animaux présentés, dont ils rappellent le type zoologique. Par une technique proche de celle du centon ou du patchwork , Aristophane puise dans le corpus zoologique la matière de petites monographies. Cette présentation séparée de profils d'animaux pris un à un - infidèle au souci d' Aristote (cf. P . A .
I 1, 639 a 13 sq.) de procéder comparativement - est rendue indispensable par l' établissement de lexiques spécialisés. L' Epitome d 'Aristophane est la source documentaire d 'un certain nombre de textes d 'auteurs plus tardifs (pour un premier coup d 'ail, cf. par exemple le fr. 280 Rose), pour lesquels il faut égale ment tenir compte du fait que certains, comme Athénée , connaissent aussi le
texte de l' H . A . (sur le fait de la double tradition de l'œuvre zoologique d 'Aristote , cf. 10 I. Düring, « Notes on the transmission of Aristotle ' s writings » ,
Göteborg Högskolas Årsskrift 56 , 1950, p . 37-70) . L ' étude des écarts entre
454
CONSTANTIN PORPHYROGÉNÈTE l'Epitome et les textes du corpus aristotélicien mériterait une description détail lée. Ainsi, l'apparition d 'un terme comme audiblog (I 11), SloLXDelç (II 12), appliqué au crâne humain et qui suggère la pratique inusitée ou inavouée d 'une dissection avant l'époque alexandrine, et (1 68) l'affirmation de l'origine externe
de la faculté de percevoir chez l'embryon. Le compilateur utilise à plusieurs reprises un opuscule du corpus aristoté licien intitulé De mirabilibus auscultationibus ( II 325 : Hyène ; 342-343 : Ours ;
369-372 : Rats ; 435 : Hérisson ; 444 : Bæufs de Péonie ; 557- 560 : Chèvres), qui
est un recueil de 178 faits extraordinaires (cf. J. Bertier, art. « Aristote .Opuscu les » , DPhA Suppl. I). Il a emprunté à Agatharchide (II 43-60 ), géographe péripatéticien du II° s. av.
J.-C ., qu'il connaît sans doute par Photius ( cod. 250, éd. Henry, t. VII, CUF, Paris 1974 ), des passages de son traité Sur la Mer Rouge où sont présentés des peuples dont le mode de vie a déconcerté et fasciné le regard des Grecs depuis
Hérodote (cf. 11 R . Goulet, art. « Agatharchidès de Cnide» , DPHA A 32; ajouter une récente trad. en anglais : 12 S . Burstein , Agatharchides of Cnidus, On the Erythrean Sea , London 1989, X -202 p .). Remarquable est, dans ces extraits, la
désignation de certains de ces peuples par leur mode d ' alimentation ( II 43: ixovopáyos; 50 Uopáros; 53: éneDavropayos; 56 : Otpovdogayos; 57: åxpidopáros). Et non moins que les parallèles avec Strabon (XVI 4 ) ou
Diodore de Sicile (III 29-30), ou avec des traditions plus anciennes, ce qui peut frapper le lecteur du texte grec de l' H . A . (VIII- IX ) est la parenté de ces appel lations avec les termes employés par Aristote pour signifier le mode d'alimen tation des animaux. Dans l'Epitome, les extraits d 'Aristophane en gardent la
trace (II 78 : l'éléphant xapropayos, nonpáros; 212 : le loup oopxopáros ; 334 : l'ours naudáyos), mais prélevée sur un ensemble de termes beaucoup plus étendu (cf. 13 J. Bertier , « Introduction à la lecture de l'Histoire des Ani
maux » , dans J. Bertier, L . Brisson, J. Combès, J. Trouillard , Recherches sur la tradition platonicienne (Platon , Aristote , Proclus, Damascius), coll. « Histoire des Doctrines de l'antiquité classique » 1, Paris 1977, p . 31- 100 (voir particuliè
rement les p . 79-82). Dans le livre II, tous les extraits d ' Aristophane de Byzance sont suivis d 'extraits d 'Élien (14 A . F . Scholfield [édit.), De natura animalium , coll. LCL,
Cambridge/Mass 1958, 3 vol. ; sur l'auteur, cf. 15 S. Follet, art. « Ailianos de Préneste » , dans DPHA A 62). La comparaison des textes montre que la conci sion et la parcimonie des passages de l' Epitome sur le caractère et le mode de
vie des animaux présentés appelait un complément que le N . A . fournissait abon
damment, et, qui plus est, provenant d 'un auteur dont l' aristotélisme doit beau coup à Aristophane (comparer par exemple Epitome I 2 sq. et N . A . XI 37 pour les principales définitions zoologiques).
La zoologie post-aristotélicienne s'est enrichie de toute la réflexion théorique des philosophes sur l'intelligence animale. Celle -ci a inspiré de nombreuses Quvres dans lesquelles la description du mode de vie des bêtes alimente les tentatives d 'expliquer ce que font les animaux, sans l'avoir appris (ådidáxtwc),
COR - - - DE PERGAME
455
en vue de leur survie. A ce courant se rattache 16 Basile de Césarée, Homélies sur l'Hexaemeron , éd. et trad . par S. Giet, coll. SC 26bis, Paris 19682 ; cf. aussi 17 J . Levie, « Les sources de la septième et de la huitièmehomélie de saint
Basile sur l'Hexaméron », Musée Belge 19 -24, 1920, p . 113- 149 (intéressante analyse “ critique" , bien que portant sur les poissons et les oiseaux et non sur les quadrupèdes). Basile, pour qui la splendeur du monde se passe de toute exégèse allégorique (In Hexaem . IX 80 b -c, p. 480 -481 Giet : 'Eyu de Xóptov åxoúoac,
Xóptov VoW , xai futóv, xai ixoúv, xai Anplov, xai xtñvoç, návra ás είρηται ούτως εκδέχομαι), emprunte a la Zoologie de tradition aristotelicienne et stoïcienne de quoi expliquer la création des animaux dans la Genèse. Le compilateur lui a emprunté sept passages ( II 131 : Éléphant; 206 : Chien ; 344 :
Ours; 408 : Renard ; 442-443 : Chauve- souris; 445 : Bæuf; 475 : Chameau). A la même tradition se rattachent les 16 extraits de Timothée de Gaza (ve s.) dont 13 lui sont nommément attribués , mais avec une rédaction moins concise
que celle des extraits du Codex Augustanus (18 M . Haupt, « Excerpta ex Timothei Gazaei libris de animalibus» ,Hermes 3, 1869, p. 1- 30 = Opuscula III, Berlin 1876 , p . 272 -302 ; Lambros 1, Praef., p . XII-XIII, et note de Diels ; 19 F . S . Bodenheimer et A . Rabinowitz [édit.), Timotheus of Gaza, On animals. Frag ments of a Byzantine paraphrase of an Animal-Book of the 5th cent. A . D ., transl., comm . and introd. by F . S. B . et A . R ., Leiden 1958 , 54 p .). Pour appré
cier dans quelle mesure la cohorte d' animaux présentés en II 68-625 ne ressemble en rien à celle des figures d 'un bestiaire à laquelle on pourrait hâtivement la comparer, cf. 20 M . Wellmann , « Der Physiologos : eine
religionsgeschichtlich -naturwissenschaftliche Untersuchung » , Philologus Suppl. Bd. XXII 1, 1930 , p . 1- 116 . JANINE BERTIER .
COPONIUS MAXIMUS +MAXIMUS ( T . COPONIUS -)
II ? Le rapprochement de deux fragments provenant du théâtre de Pergame, désormais invérifiable à cause de la perte de l'un d 'entre eux , mais plus que
185 COR - - - DE PERGAME
vraisemblable vu les traits caractéristiques de l'écriture, aboutit à un texte encore très lacunaire (AvP VIII 2 , 484 ) : il atteste l'existence d 'un philosophe apparenté
à une prêtresse Pia. Seules les trois premières lettres de son nom sont conservées. Fränkel proposait Cor[nèlios), ce qui impliquerait que le personnage ait été désigné par ce seul nomen, car il n 'y a pas de place à la suite pour restituer un cognomen. Dans cette gravure soignée, où la composition des lignes
devait être précisément étudiée , Cor[nèlianos) serait peut-être trop long,mais l'on pourrait songer aussi à Cor[noutos). Sans le raccord d 'autres fragments, on ne peut se hasarder à aucune hypothèse sur la personnalité de ce philosophe, que
l'écriture de la dédicace , élégante et un peu maniérée , situe sous le Haut-Empire. BERNADETTE PUECH .
456
CORINTHOS LE SOCRATIQUE
186 CORINTHOS LE SOCRATIQUE
B
A Argos, ce philosophe aurait appris au juif Tryphon, rencontré par Justin « dans les allées du Xyste » (Év TOTS TO✓ EvoTOŨ TEPITÁTOLC), à marquer du
respect pour ceux qui portent le manteau de philosophe et à rechercher leur conversation (Justin , Dialogue avec Tryphon, prol. 1, 1-2). RICHARD GOULET. МІya Académicien , mentionné, avec son compatriote Érastos (RE 3), dans la liste
187 CORISCOS DE SCEPSIS
des disciples de Platon transmise par Diogène Laërce III 46 : " Epaotoç xal Κορίσκος Σκήψιοι .
Selon Strabon XIII 1, 54, « de Scepsis (en Troade) étaient originaires les socratiques Érastos et Coriscos, ainsi que le fils de Coriscos, Nélée , un homme
qui fut également l'auditeur d 'Aristote et de Théophraste et qui reçut en héritage la bibliothèque de Théophraste dans laquelle était (intégrée ) celle d 'Aristote ...» Coriscos est, avec Érastos et Hermias, tyran de la ville voisine d'Atarnée à
partir de 351a environ , l'un des destinataires de la Lettre VI de Platon . Voir 1 L . Brisson (édit.), Platon. Lettres. Traduction inédite , introduction, notices et notes par L . B ., coll. GF, Paris 1987, p . 127 -128 . Cette lettre , adressée par un
Platon âgé (il mourra en 348/7) comme une sorte de pacte devant lier les trois amis et voisins, présente , face à Hermias que Platon prétend ne pas connaître
encore (322 e ) et en qui il voit apparemment un “ pur politique” , Érastos et Coriscos comme experts dans « la science des formes », mais peu expérimentés
en politique, du fait qu 'ils avaient « passé une longue partie de leur vie avec nous qui sommes des gens modérés et inoffensifs» (trad. Brisson ). Platon demande que sa lettre soit lue régulièrement par les trois amis réunis et qu 'en cas de conflit on prenne la peine de le consulter. L . Brisson expose trois éléments suspects qui jettent « le plus grand doute sur l'authenticité de cette lettre » ; « ( 1) Suivant Strabon (XIII 1, 57), Hermias aurait suivi à Athè nes les cours de Platon et d 'Aristote ; or, on lit ici (322 e ) que Platon ne connaît pas le tyran . ( 2 ) L 'usage de la formule la science des " formes” (322 d ), pour caractériser la compétence
d'Érastos et de Coriscos, surprend ; on ne la retrouve dans aucun écrit authentique de Platon . ( 3 ) La conclusion de cette lettre, qui évoque deux divinités énigmatiques, rappelle le fameux
passage de la Lettre II sur les " trois rois" (312 e) » . « Ces caractéristiques et même l'allusion au serment (en 323 d ) inclinent à penser que cette lettre provient du même milieu néo
pythagoricien que les Lettres II et XIII notamment, sans toutefois qu 'il soit possible de dire si leur auteur est le même ou non » .
2 A . Wörle, Die politische Tätigkeit der Schüler Platons, Darmstadt 1981, p . 128-139, notamment p . 130 , suppose que Platon ne connaissait pas Hermias, parce que ce dernier était
venu étudier à Athènes au cours d 'une des absences de Platon .Mais le témoignage de Strabon évoque bien des études auprès de Platon et d'Aristote et non simplement à l'Académie.
3 A . Brinckmann, « Ein Brief Platons»,RM 66 , 1911, p. 227-230, notamment p . 226 sqq.) et 4 W . Jaeger (Die Entstehungsgeschichte der Metaphysik des Aristoteles, Berlin 1912, p . 34 sqq.) ont cependant soutenu l'authenticité de cette lettre et, même comme pseudépi graphe, il est vraisemblable qu ' elle transpose, comme c 'est souvent le cas dans ce genre de littérature, un contexte historique connu du lecteur potentiel.
CORISCOS DE SCEPSIS
457
On connaissait dans l' Antiquité une lettre adressée à Platon par oi trepi
"Epaotov xal Koploxov (Pollux, Onomasticon X 150, t. II, p. 235, 10 -13 Bethe) qui était peut-être conçue comme une réponse à la lettre VI (et pourrait éventuellement provenir du même corpus épistolaire pseudepigraphe...).
Sur le rôle d'Érastos et de Coriscos auprès du tyran d'Atarnée , voir 5 W . Jaeger , Aristotle. Fundamentals of the history of his development. Translated with the author's correctionsand additionsby R .Robinson, 2e éd ., Oxford 1962, p. 111- 123. Jaeger (p. 112) fait appel à une inscription éditée par 6 A . Boeckh
(« Hermias von Atarneus und Bündniss desselben mit den Erythräern » ,APAW 1853, p . 133-157, repris dans Gesammelte kleine Schriften, t. IV , Leipzig 1872, p. 185 -210, notamment p . 189), où apparaît plusieurs fois la formule ' Epulaç xai oi étapol pour désigner les signataires d 'une alliance avec la cité
d'Érythrée en Ionie. Sur cette inscription , voir 7 H . Dittenberger, Sylloge Inscriptionum Graecarum , Leipzig 19153, t. I, n° 229 ; 8 IBM IV 2 , 1916 , n° 1017 ; 9 M . N . Tod , A Selection ofGreek Historical Inscriptions, t. II : From 403 to 323 B. C ., Oxford 1948 , n° 165, p . 188 - 190 ; 10 H . Bengtson , Die Verträge der griechisch -römischen Welt von 700 bis 338 v. Chr., München 1962 , n° 322
(t. I, p. 299-301). Que les deux amis mentionnés dans la Lettre VI aient figuré parmi les proches conseillers du tyran , on en a également la preuve dans un passage du commentaire de Didyme sur les Philippiques de Démosthène conservé dans
PBerol. inv. 9780 (II-III s.), où Crönert a restitué le nom de Coriscos à côté de celui d' Érastos. La plus récente édition est celle de 11 L . Pearson et S . Stephens (édit.), Didymi in Demosthenem commenta , coll. BT, Stuttgart 1983 , XX-87 p . (col. 5 , 51-63) ; voir aussi 12 Gabriella Messeri Savorelli, dans CPF, t. I1 * , 24 (Aristote) 59 T , p . 383 -385. Cf.
13 D . E . W . Wormell, « The Literary Tradition concerning Hermias of Atarneus » , YCIS 5, 1935, p . 57 - 92 ; 14 K . Gaiser, Theophrast in Assos. Zur Entwicklung der Naturwissenschaft zwischen Akademie und Peripatos, AHAW , Heidelberg 1985 /3 , p . 11- 13 ; 15 J. Rusten , CPh 82, 1987, p . 267 -268. Voir aussi 16 F . Lasserre, De Léodamas de Thasos à Philippe d 'Oponte , p . 105 - 109 (texte), p. 317 -322 (traduction ) et p . 539 -542 (commentaire). 17 K .
Gaiser, PhilodemsAcademica , cite (p. 380) et traduitégalement (p. 384) ce passage. Le passage, lourdement et diversement reconstitué par ses divers interprètes,
peut être ainsi traduit : « (...) dans les environs, il faisait des expéditions; [il appela d 'Athènes Coris]c[os], Érastos et Aristote (pour qu 'ils vivent en commu
nauté avec lui); c'est aussi pourquoi tous ceux-ci (vinrent à Assos);mais par la suite , comme d'autres arrivaient, il leur donna (un territoire ]. A la mort
d'Eubule, étant passé à la tyrannie, il usait d 'une tyrannie plus douce. C 'est
pourquoi il régna sur toute la région voisine jusqu'à Assos » (col. 5, 52-60 Pearsons & Stephens). On croit lire dans les lignes suivantes qu 'il donna « aux
philosophes mentionnés la cité d'Assos» (5,60-62). 115 F 250) que l'on peut reconstituer ainsi: « [Il était en effet eunuque,mais tout de même) agréable et cultivé (xapleLç xal DialoxarJoc) et, bien qu'il fût (un
barbdare, il s'adonnait à la philosophie avec les p [lato ]niciens» (col. 5, 23-25 Pearson & Stephens). En venant à Assos, Aristote et Xénocrate , qui avaient
CORISCOS DE SCEPSIS quitté l'Académie à la mort de Platon , pouvaient donc retrouver « une petite
458
colonie de platoniciens» ( 18 W . K . C . Guthrie , A History ofGreek philosophy, t. VI, Cambridge 1981, p. 27). « It is clear that, at least from the time when Aristotle and Xenocrates joined Erastus and Coriscus, there was a regular little school or community of philosophers there , engaged in discussion , teaching and
research » (Guthrie 18, p.29). L 'Index Academicorum (col. V, p. 129 Dorandi) évoque précisément ce peripatos d'Assos: napayevou [Élvong 8' aŭ)tołS ÇÁ TE
&Aa Tava | $ [óng ] xong[ à x ]al TÓv Z80xỆy | oix[ sĩy { [ ]o }
v
'Ao[6 ]v, év ħL ÉXEīvol țe I OLA [ tp [bo ]VTEC Éoloobcovy elç 1 Šva (nepi] natov OUVLÓVTEC xal (tráv ]lta (tà déo ]vo' 'Epuiac on [Trov ) rợpet[e]lon [XEL). « Avec ceux qui étaient venus auprès de lui, (Hermias) mit tout en commun et il leur donna une cité pour qu 'ils y habitent, celle d'Assos, cité dans laquelle ceux -ci vécurent et philosophèrent en se réunissant dans une même école , et tout ce qui était nécessaire Hermias le mit à leur disposition » . Sur l'influence politique exercée par Érastos et Coriscos sur le tyran, voir Wörle 2, p. 139 : « (es) ist doch zu ersehen , daß sie , die im Gegensatz zu Hermias im wörtlichen Sinne Schüler
Platons waren , sich aktiv für eine Verwirklichung platonischer Staatsgedanken eingesetzt haben . Da sie zuerst und am längsten mit Hermias zusammenarbeiteten , darf man ihnen
vielleicht sogar die eigentliche Initiative zu dem Reformversuch zuschreiben » . Dans un grand nombre de traités d'Aristote (voir l'Index Aristotelicus de Bonitz ), puis chez les commentateurs de ces textes, Coriscos est cité comme exemple d 'individu , parfois à côté de Socrate . Il est difficile de savoir si les qualificatifs qui apparaissent dans ces exemples évoquent des traits historiques :
Coriscos est dit UOVOLXÓÇ (Anal. post. 85 a 24-25, Soph. Elench. 175b 19), Ó TÕU Év åyopã werávtatoç (Eth . Eud . 1220 a 19, mais il est mis en rapport avec le blanc en Phys. 227b32), Onoudatoç (Eth. Eud. 1240b25 ), Sixaloc (Metaph. 1015b 20 ), on évoque sa présence au Lycée (Phys. 219b21). Dans plusieurs de
ces passages, Aristote met les formules où le nom de Coriscos apparaît dans la bouche d'adversaires sophistes (Phys. 219b21 : oi ooolotai naubávovoLV
ÉTepov tÒ Koploxov Év Auxeiw xal tÒ Koploxov év åyopă ; Soph. Elench . 166b32 ; 175b 19- 20 ), ce qui pourrait laisser entendre qu'il ne fut pas le premier à recourir à ce nom propre. En dehors des commentateurs d 'Aristote , le nom de Coriscos est cité en exemple à côté de Dion , Socrate et Théon par Galien , De
methodo medendi libri XIV , t. X , p. 135 , 16 Kühn. Selon Jaeger (5, p. 46 n. 3), le nom de Coriscos serait apparu dans l'ouvre d'Aristote au cours de la période de son séjour à Assos: « the point of the frequent use of his nameas an
example becomes clear when one imagines the lectures in Assos, at which he was present». Voir aussi p . 441 n. 1 , où Jaeger fait observer que l'utilisation du nom de Nélée, le fils de Coriscos, dans la Grande Éthique interdit de dater cet écrit avant l'époque de Théophraste . « Aristotle 's habit of citing Coriscus as an example obviously goes back to the time when Coriscus was himself present at the lecture, which was soon after Plato ' s death and in Assos
and Scepsis, whither Coriscus had returned according to Plato 's sixth letter a considerable
time previously . Particularly do the witty allusions of the Eudemian Ethics to Coriscus give the most vivid impression of actuality and presuppose that the listeners have personal acquaintance with the man. (...) The isolated mention of Neleus can be explained only by the assumption that the use of his father Coriscus as example had at some earlier time been common form in Aristotle' s school. And that fits into the post- Aristotelian period only >>
CORNIFICIUS LONGUS
459
(ibid .). A propos des passages de l'Éthique à Eudème, Jaeger écrit encore (5 , p . 256 n . 3) : « Coriscus of Assos (sic ), who is purposely omitted or erased from the Nicomachean Ethics,
appears as a conventional example in II. 1, 1220 a 19, and VII. 6, 1240 b 25, in each place obviously with a humorouspurpose. There is nothing in the train of thought that
obliges Aristotle to call him “ the darkest man in the market-place” . It can be explained only by the situation in which he uttered these words» . Coriscos figure chez Photius, Bibliothèque cod. 167, 114 b5, dans une liste
d'auteurs cités par Stobée (où Kuploxov est sans doute une simple coquille).Un apophtegme de Coriscos est conservé par Stobée III 7 , 53; t. III, p. 324,15 325, 2 Hense.
(19 G . Pasquali, Le lettere di Platone, 2e édit., Firenze 1967, p. 210 -219 ; 20 M . Isnardi Parente, Studi sull'Accademia platonica antica, coll. « Saggi filo sofici» 1, Firenze 1979, p . 286 -288. T.D .)
RICHARD GOULET. CORNELIA → URBANILLA (CORNELIA -) DM II
188 CORNÈLIANOS (M . SEXTIUS -) DE MALLOS
En compagnie de trois autres philosophes de la même école, Bacchios de Paphos (- B 2), Zosimos et Nicostratos d 'Athènes, ce platonicien originaire de Mallos (Cilicie ) reçut le droit de cité à Delphes vers le milieu du Ire s. (FD III 4 , 94 ). BERNADETTE PUECH .
CORNELIUS → CELSUS (CORNELIUS -)
CORNELIUS → FRONTON (M . CORNELIUS -)
CORNELIUS → LABEO (CORNELIUS -) CORNELIUS → LUPUS (CORNELIUS - ) CORNELIUS → NEPOS (C . CORNELIUS -) CORNELIUS → SISENNA (L . CORNELIUS -)
CORNELIUS → TACITUS (P. CORNELIUS -) 189 CORNIFICIUS LONGUS RE 11
Fra
Cornificius Longus est cité comme autorité pour les définitions de deux noms de lieux par Servius “Danielis” , In Aen . III 332. Les savants ont généralement
supposé que ce nom était le nom complet du Cornificius cité deux fois par Macrobe et une fois par Priscien le grammairien comme auteur d 'un traité sur
l'étymologie. On l'a traditionnellement distingué de Q .Cornificius, un poète du cercle néotérique, correspondant de Cicéron. Voir cependant E . Rawson , « The
Identity Problems of Q . Cornificius » , CQ 28, 1978, p . 188-201.
Le titre exact et l'ambition de l'ouvrage étymologique de Cornificius sont incertains.Macrobe (Sat. I 17 , 62) cite Cornificius in etymis, et (I 9 , 11) Corni
ficius etymorum libro tertio ; Priscien , Inst. Gramm . VI 73 (GL II, p. 257, 6 ),
mentionne Cornificius in I de etymis deorum . G . Wissowa, art. « Cornificius»
CORNIFICIUS LONGUS 11, RE IV 1, 1900, col. 1630- 1631, conclut du fait que la seconde référence de
460
Macrobe rattache à un troisième livre l'étymologie d 'un nom divin , que l'ou
vrage entier s'intitulait De etymis deorum . Mais certaines des explications
conservées ne comportent aucun lien avec la religion et ilest donc possible que le traité de Cornificius ait été un De etymis de portée plus générale.
Le traité doit être daté après 44a, puisqu'il citait apparemment le De natura deorum de Cicéron publié cette année -là (voir Macrobe, Sat. I 9 , 11) . Selon H . Willers, De Verrio Flacco glossarum interprete, Halle 1898 , p . 26 sqq.,
Festus cite Cornificius à travers le De verborum significatu de Verrius Flaccus. Ce traité fut écrit vers la fin du ret siècle av. J.-C . Les 16 fragments conservés de Cornificius Longus sont édités dans GRF, p. 473-480 .
Les fragments sont trop brefs pour nous renseigner sur la méthode de Cornificius. Il semble cependant avoir suivi les pratiques stoïciennes en asso ciant l' étymologie à des allégories physiques ou astronomiques. Voir en parti
culier les fr. 2 , 3 , 5 , 6 et 9 . Dans le fr. 6 , il citait Posidonius et Cléanthe à propos de l' interprétation allégorique de Jupiter comme étant le soleil.
STEPHEN GERSH . 190 CORNUTUS RESuppl. V PIR2 A 609
Philosophe stoïcien , grammairien et rhéteur du fer s. ap.J.-C ., qui utilisa pour son æuvre aussi bien le latin que le grec et dont il nous est parvenu en cette
dernière langue un Abrégé des traditions de la théologie grecque. Il est connu notamment comme le maître des poètes latins Lucain et Perse.
Cf. 1 G . J. Martini, De L. Annaeo Cornuto philosopho stoico , Disp . lit. inaug. Leiden 1825 ; 2 H . von Arnim , art. « Annaeus » 5 , RE I 2 , 1894 , col. 2225 ;
3 R .Reppe, De L . Annaeo Cornuto , Diss. inaug. Leipzig 1906 ; 4 W . Schwering, art. « Cornutus » (c 2 ), Thesaurus Linguae Latinae, Onomasticon II C , Leipzig
1907 - 1913, col.649 ; 5 A . D . Nock, art. « Kornutos» , RESuppl. V , 1931, col. 995-1005 ; 6 L . Wickert, art. « L . Annaeus Cornutus» (n°609), PIR ? A 609, p . 100 ; 7 M . Schanz - C . Hosius, Geschichte der römischen Literatur bis zum
Gesetzgebungswerk des Kaisers Justinian , Zweiter Teil, München 19354 , réimpr. 1967, p . 676 -679 ; 8 M . Geymonat, art. « Cornuto », Enciclopedia Virgi liana, dirigée par F . Della Corte , I, Roma 1984, p . 897 -898 ; 9 A .Mazzarino,
Grammaticae Romanae Fragmenta aetatis Caesareae, Torino 1955, p. 167-205 ; 10 J. Tate , « Cornutus and the Poets » , CQ 23, 1929, p. 41-45 ; 11 G . Rocca Serra , « Exégèse allégorique et idéologie impériale : l'Abrégé de Cornutus» ,
dans J.- M . Croisille & P . M . Fauchère (édit.), Neronia 1977. Actes du 2e collo que de la Société Internationale d 'Études Néroniennes, Clermont-Ferrand, 27 -28
mai 1977, Clermont-Ferrand 1982, p .61-72 ; 12 Id., Cornutus: Abrégé des traditions relatives à la théologie grecque, Introduction , traduction et commen
taire , Thèse inédite Paris 1988 ; 13 G .W .Most, « Cornutus and Stoic Allego resis : A Preliminary Report » , ANRW II 36 , 3, 1989, p . 2014-2065 ; 14 V .
CORNUTUS
461
Paladini, « Il maestro di Persio » , dans Scrittiper il XIX centenario della nascita di Persio , coll. « Biblioteca della “Rassegna volterrana" » 3, a cura dell'Acca
demia dei Sepolti, Volterra 1936 , p .49-78 ; 15 G . Rocca-Serra ,art. « Cornutus» , Encyclopédie philosophique universelle, III : Les æuvres philosophiques, Paris
1992, t.I, p. 104. Les témoignages fondamentaux sur Cornutus nous sont fournis par les
lexicographes. En premier lieu, il faut placer la notice succincte mais précise d'Hésychius de Milet, s. v. KopvoĀTOS , Onomatologium 123, 16 - 19 Flach . L ' article correspondant de la Souda ( K 2098 , t. III 159, 13 -15 Adler) comporte déjà une visible confusion : on y parle d 'un historien (Caecilius ?) Cornutus, qui
est décrit défavorablement face à Tite -Live (cf. Élien, fr. 83 Hercher), et auquel sont rapportées par erreur les données concernant notre philosophe (voir Hésy
chius) : cf. 16 C . Cichorius, « Ein neuer Historiker und die Anfänge von Livius'
schriftstellerischer Tätigkeit» , Römische Studien . Historisches, Epigraphisches, Literargeschichtliches aus vier Jahrhunderten Roms, Leipzig /Berlin 1922, p . 261- 269, notamment p . 261 sq. Il est possible, d 'ailleurs, que ce témoignage
lexicographique provienne de la documentation ancienne utilisée par Diogène Laërce dans sa notice perdue, attestée par l'index ancien conservé dans le Pari sinus graecus 1759 et ses descendants . On apprend ici, en effet, que Cornutus figurait, en dernière place, après Areios (Arius Didyme), dans la partie finale ,
perdue, du livre VII sur les stoïciens. Cf. 17 V .Rose , « Die Lücke im Diogenes Laërtius und der alte Übersetzer » , Hermes 1, 1866 , p . 367-397, notamment p . 370 - 372, et plus récemment: 18 T . Dorandi, « Considerazioni sull’ index locu
pletior di Diogene Laerzio » , Prometheus 18 , 1992, p . 121-126 . On dispose aussi, de façon indirecte , d'une seconde source : la Vita Persi, que
transmettent certains manuscrits des Satires de ce poète , qui la présentent comme tirée du commentaire de Valerius Probus, grammairien contemporain de Cornutus (= Suétone, Rell. 72-75 Reifferscheid ).Mais, quoi qu'il en soit de cette question , on peut soupçonner que les informations concernant notre auteur ont
été altérées et parfoismême interpolées. Finalement, on trouve d'autres témoignages sur Cornutus, plus circonstan ciels mais parfois aussi significatifs, ainsi qu 'un nombre considérable de frag ments , chez des auteurs divers tels qu 'Aulu -Gelle, Porphyre, Dion Cassius,
Jamblique, Eusébe, Macrobe, Augustin , Charisius, Syrianus,Nicolaus, Simpli cius et Cassiodore. Nom . Le prénom « Lucius» est attesté seulement (une fois) chez Charisius (Instit. gramm . I 127, 19 Keil) . Selon Mazzarino 9 , p. 167, l'auteur appelé
Marcus Cornutus chez Fulgence, Expositio sermonum antiquorum 20 , p . 117,
16 -17 Helm , n' a rien à voir avec notre Cornutus. La dénomination commune pour celui-ci est « Annaeus Cornutus» ('Avvaloç KopvoŨTOS ; on trouve une fois l'ordre inverse , « Cornutus Annaeus» , chez Aulu -Gelle , Noctes Atticae II 6 , 1 = fr. 22 Mazzarino ), ou simplement « Cornutus» (Kopvoûtos). Si le cogno
men apparaît souvent dans les manuscrits de l'Abrégé comme DopvoĀTOS
(« Phornutus» ), DovpvoŨTOÇ OU OPOUVOŪTOS, ce n'est que par une étrange cor
462
CORNUTUS
ruption de la graphie au XIIIe siècle.Le nom enfin nous indique son rattachement à la puissante gens Annaea . Biographie. Cornutus naît à Leptis Magna en Libye : Souda III 158, 13- 15
Adler = Hesych ., Onom . 123, 16 - 19 Flach (s.v. AÉTTIC ) = Eudocie, Viol. 448, 8 11 Flach ; cf. Étienne de Byzance, Ethnica, 617, 1 Meineke (s.v. Tépris , dans une phrase que l' éditeur supprime « ut aliena ab h. I.» ), et 312, 13 Meineke (s.v. ÉOtic ), où Cornutus est présenté à tort comme Ocotimns (dans une phrase à propos de laquelle l' éditeur dit: « non dubium igitur quin haec aut ab imperito glossatore illata sint, aut scriptor in vitiosum codicem inciderit, in quo OÉOTIS scriptus erat pro Aéntic » ). On ignore la date de sa naissance comme celle de sa
mort,mais si avant 48 ap. J.-C . ou au moins avant 41 (Mazzarino 9, p . 172: cf. infra ) il avait déjà composé un ouvrage grammatical (De orthographia ) et si on
admet que le destinataire de son De Vergilio est Silius Italicus, après que celui-ci eut commencé à écrire ses Punica dans les années 80 , on peut situer sa vie tout
au long du premier siècle ap. J.-C .: ca entre 10 /20 et 80/90. Il passe la plus grande partie de son existence à Rome, où il arrive peut-être
comme esclave sous Claude (sous Néron, selon les témoignages lexicographi ques) et en tout cas où il est l'affranchi d ’un membre des Annaei, famille dont il prit le nom : on pense sans grand fondement au philosophe Sénèque (cf. 19 F .Marx, art. « Annaeus » 9, RE I 2, 1894, col.2227 ; Schanz-Hosius 7, II, p .677 ; 20 P. Moraux, Aristotelismus, II, p. 592) ou à Méla , le père de Lucain
(cf. Nock 5 , col. 996 ; 21 N . Festa , « Persio e Cleante » , Scritti per il XIX centenario della nascita di Persio , coll. « Biblioteca della “Rassegna volter rana” » 3, a cura dell'Accademia dei Sepolti, Volterra 1936 , p. 15 -30 , notam ment p. 21). Il professe à Rome la doctrine stoïcienne, en exerçant comme maître de philosophie et de rhétorique. En tant que professeur il fut sans doute remarquable , car son enseignement a été très suivi et a su attirer l'élite intel lectuelle. Si on pense que le plus grand poète épique de l'époque, Lucain , de la famille des Annaei, est passé par son école , de même que Perse, le satiriste érudit et raffiné, on s'aperçoit que Cornutus exerça une profonde influence sur la littérature latine de l'époque de Néron , trèsmarquée par le goût de l'innovation . La Vita Persi (5 , 6 , p. 32 Clausen ) nous donne le nom d 'un certain nombre de
personnages qui fréquentaient ce qu 'on a appelé le « cercle » de Comutus: outre les poètes mentionnés, un médecin dont le nom correct semble être Agathinos
(Osann ( cf. infra nº 29), 'Ayadeīvoc; « Agaturnus» , « Agaturthinus» , « Agatur rinus» Mss ; Agathéméros, d'après les sources épigraphiques) de Sparte (» A 34 ), l'un des représentants les plus notoires de l'École pneumatique, et sans doute un autre médecin , Petronius Aristocratès (Pithoeus, « Aristotegrates >> mss) de Magnésie (» A 372). On a beaucoup trop spéculé (c'est l'opinion de Rocca -Serra 11, p. 63 ; Rocca-Serra 12 , I, p . 137 sq.) sur l'appartenance d'autres personnages à ce groupe, ainsi que sur les tendances littéraires ou politiques du
groupe : cf. en particulier 22 E . Cizek , L'Époque de Néron et ses controverses idéologiques, coll. « Roma Aeterna» 4, Leiden 1972, p. 349 -358 , 64 sq., 254 ;
CORNUTUS
463
23 Id ., Néron , Paris 1982, p . 220 sq., 236 -238 (rééd. coll. « Marabout Univer sité », Paris 1988 ).
Perse devient l'élève de Cornutus dès l'âge de seize ans, en 50 ap. J.-C .: Vita Persi 4 (p. 31 Clausen = Suétone, Rell. 73, 5 Reifferscheid ); cf. Perse , Sat. V 30 sq. ; Schol. Bern . Pers. V 30 ; Jérôme, Chron. d 'Eusébe I 184 [h ] Helm . D 'après
cette biographie, il n 'a pas seulement appris auprès de lui la philosophie (en faisantconnaissance dans son école avec d 'autres disciples, notamment Lucain ), mais il s'est pris aussi pour son maître d'une tendre amitié , au point qu 'il ne se séparait jamais de lui (cf. Schol. Bern . Pers. V 22) et qu' il avait chargé sa mère dans son testament de lui donner à sa mort, qui arriva prématurément le 24 novembre 62, une somme d 'argent considérable (« HS XX , aut ut quidam , C ; ut alii uolunt, et argenti facti pondo uiginti » , p. 33 Clausen ), ainsi que toute sa
bibliothèque (« et libros circa septingentos Chrysippi siue bibliothecam suam omnem » ). Cornutus, laissant l'argent aux sæurs de Perse, n 'accepte que les livres, parmilesquels tous les manuscrits des propres compositions satiriques du poète , dont il prépare l'édition posthume : il révise et corrige légèrement la partie
finale du livre , « ut quasi finitus esset» ; ilmodifie aussi un vers (Sat. I 121) qui pouvait sembler contenir des allusions injurieuses à Néron , même si celui-ci était déjà mort (Schol. ad Pers. I 120 sq.), mais il charge de la publication proprement dite du manuscrit des Satires Caesius Bassus, ami du poète , sur la
demande de celui-ci. D 'autre part, il conseilla à la mère la destruction de cer
tains ouvrages composés par Perse dans son adolescence (Vita Persi 8 , 10 , p . 33 Clausen ; cf. Schanz-Hosius 7, II, p. 478). De l'amitié et de l'admiration sincère que Perse éprouva pour Cornutus, on rencontre un témoignage éloquent dans le fait qu 'il lui dédie la Sat. V (cf. Schol. V 1, 22), la plus longue et la plus
élaborée de la collection , dans laquelle il développe l'idée qu'il est possible d'obtenir la liberté intérieure par le seul exercice d'une vie vertueuse , une idée
tout à fait chère au rigorisme stoïcien : on découvre ici, en effet, le plus grand hommage à la vertu de Cornutus. Il y a, naturellement, beaucoup d' idéalisation dans ce portrait du maître (« laudes Cornuti » ), que l'on peut cependant, pour
l' essentiel, considérer comme fidèle à la figure de l'homme tel qu 'il fut ( cf . Rocca-Serra 12 , I, p. 136 sq.). Sur la relation Cornutus/Perse nous renvoyons aussi à l'article de 24 G . Runchina, «Magister Artis » , AFMC 7, 1, 1983, p. 5 -36 , notamment p. 26 -28 , où sont confrontées à ce sujet les conclusions intéressantes de deux auteurs: 25 K . J. Reckford, « Studies in Persius» , Hermes 90 , 1962, p. 476 -504, qui découvre dans le début de la Sat. V « The metaphorical equation , Persius : Cornutus : Horace : Mecenas» (p.490); et 26 A . Bartalucci, « Presenza diMecenate nelle Satire di Persio », Studidi poesia latina in onore di Antonio Traglia , t. II, Roma 1979, p .669-692, qui observe plus précisément une double opposition CornutusMécène, Perse/Horace, car, selon lui, le poète veutmani
fester que sa relation à l'égard de Cornutus est bien différente de celle d'Horace à l'égard de Mécène: dans la première, « è il poeta che sceglie Cornuto ; in Orazio , invece, è Mecenate che sceglie l'amico, dopo una lunga pausa di rifles sione. Eppoi, mentre nell'uno il risultato della dulcis amicitia sarà l'iniziazione
CORNUTUS
464
ad una dottrina filosofica che rende l'uomo libero , nell'altro fu, invece, l'inizio di un patronatus » (p . 686 ).
Il est très vraisemblable, d 'autre part, de penser que notre philosophe a joui pendant quelques années de la faveur de Néron , peut-être à travers son élève Lucain , quibénéficiait lui-mêmede cette faveur par l'intermédiaire de son oncle Sénèque. Grâce à Dion Cassius LXII 29 , 2-4 (cf. Jean d'Antioche fr. 90 , FHG
IV, p. 575 = Exc. de virt., 1, 183 Büttner-Wobst; Petrus Patricius, Exc. de sent. 64 , p. 213 Mai = p. 195, 10 - 16 Dindorf), on connaît un épisode qui met notre philosophe en rapport avec l'empereur et rend compte de sa disgrâce finale dans le milieu de la cour. Il aurait été invité à une espèce de conseil où Néron voulait exposer son projet d' écrire une histoire versifiée de Rome et consulter les assistants notamment sur le nombre optimum de livres que devrait comporter cet ouvrage. Au cours de la discussion , où « certains estimaient qu 'il devait écrire quatre cents livres, Cornutus avait dit que c'était beaucoup , et que personne ne les lirait ; puis, comme quelqu 'un lui avait répliqué : “Cependant Chrysippe , que tu loues et que tu cherches à imiter, en a composé bien davantage !”, il avait répondu : “Oui, mais ces livres- là sont utiles à la vie de l'homme" » . Ce com mentaire peu heureux de Cornutus, preuve cependant d'une grande parrhèsia ,
lui aurait enlevé la faveur de Néron, qui, selon Dion Cassius, le condamna à l'exil dans une île (et « peu s' en fallut qu 'il ne le fîtmettre à mort » ): « Quant à Lucain , défense lui avait été faite de cultiver la poésie, à cause des grands éloges
que son poème lui attirait» (ibid. ; trad. E. Gros légèrementmodifiée). On situe le passage en question parmi les événements de l'année 65,mais les sources ne s'accordent pas sur la date de l'exil de Cornutus: 64 (Eusébe, Chron.
armen., p. 215 Karst), 67 (Jérôme, Chron. Eusébe, I, p . 184 [h ], 24-26 Helm ). Rocca-Serra 12, 1, p. 135, considère que l'année 63 fut probablement celle de l'exil de Cornutus: « Nous pouvons en effet rappeler que c'est en 63 que Lucain fut l'objet d 'une interdiction de publier ,mais aussi de lire ses vers en public . On
notera en outre que Néron prend cette mesure contre l'auteur à succès d 'une épopée sur l'histoire romaine au moment où il entreprend lui-même un travail du même type et qu ’un reproche à l'encontre du projet impérial pouvait apparaître comme un soutien apporté à Lucain , dont il était notoire que Cornutus était le maître de philosophie mais aussi de littérature.» D 'autre part, les témoignages cités des lexicographes affirment que Cornutus fut mis à mort par ordre de
Néron avec Musonius (Tpoc aútoở åvalpeDelç oùv tQ Movowviw ),mais cela est erroné. Quant au parallèle avec ce stoïcien, qui fut banni après la conjuration
de Pison en 65 pour avoir enseigné la philosophie (Tacite, Annales XV 71), sans doute « les auteurs de chronique lièrent par la suite l'exil de Cornutus et celui de Musonius, ce qui peut traduire le souvenir d'une similitude entre l'appartenance philosophique et l'action éducative de ces deux personnages» (Rocca-Serra 12, ibid .).
Les événements postérieurs de la vie de Cornutus nous sont inconnus,mais il ne lui a sans doute été possible de retourner à Rome qu 'après le suicide de Néron (9 juin 68 ). Rocca-Serra 12, I, p. 136 ,met à contribution , pour compléter
CORNUTUS
465
le portrait du philosophe, un fragment tiré du grammairien Charisius, Instit. gramm . ( S.V. « civitatium » ) I 125 , 16 -18 Keil = 159, 27 Barwick = fr. 35 Mazza
rino, et qu'il interprète comme la dédicace que Cornutus fait à (Silius) Italicus de son commentaire De Vergilio (cf. infra): « iamque exemplo tuo etiam princi pes civitatium , o poeta , incipient similia fingere » (« Et désormais , suivant ton exemple , même les premiers des cités, poète , se mettront à forger des fictions poétiques semblables (à celles de Virgile ) » , trad. Rocca -Serra ). On a déjà
signalé la possibilité que Cornutus ait dédié son De Vergilio à Italicus après que celui-ci eut commencé à écrire ses Punica, dans les années 80, mais en réalité il est impossible de préciser la date : Cornutus s 'adresse-t-il au consulde Néron en
68 (cf. princeps civitatis) ou au poète stoïcien ?Rocca-Serra essaie d'éclairer du moins le sens de ce geste de Cornutus envers celui qui, tout en étant un néronien
convaincu et fidèle, a cependant continué à occuper des charges après la mort de
Néron , pour finir sa vie dans une retraite consacrée à l'amour des arts et de la littérature et à écrire son poème inspiré de Virgile. Voici donc les liens que Rocca -Serra voit entre les deux personnages : « convergence des convictions philosophiques, amère nostalgie de l'époque néronienne, intérêt commun pour
Virgile » ( 12 , 1, p . 135). Il souligne, en plus, la possibilité que Cornutus se soit trouvé à l'origine de la formation philosophique d 'Italicus et, dans ce même sens, Most 13, p . 2057-2059, observe dans les Punica des réminiscences de la théologie de l’Abrégé. On ne peut donc pas ne pas mettre en relief le fait que Cornutus pouvait à la fois avoir fréquenté (etmême alimenté ) l'esprit d'un Italicus, enthousiaste serviteur de Néron , et celui d 'un Lucain , qui prit part à la
conspiration contre le Prince: sur la dimension politique de l'Abrégé, et sur l'idéologie même de Cornutus (apologie, subversion ?), cf. Rocca-Serra 11 ; Most 13, p . 2034 sqq. 26bis F. Bücheler, « Coniectanea de Silio, Iuvenale , Plauto , aliis poetis latinis» , RHM 35, 1880, p. 390 -407, notamment p. 390 sq., avait déjà souligné la proximité philosophique entre le poème de Silius et la philosophie de Cornutus.
Pour en terminer avec le profil biographique de Cornutus, il nous reste à rendre compte de la lecture vraisemblable que fait 27 J. Stroux, « Vier Zeugnisse zur römischen Literaturgeschichte der Kaiserzeit » , Philologus 86 , 1930- 1931,
p. 338 - 368 [« III. Cornutus, Vater und Sohn » , p . 355 - 363] d 'un témoignage qu'on lit chez Charisius, Instit. gramm . I 201, 12 Keil = 261, 21 Barwick = fr. 37 Mazzarino, dont l'obscurité a bien sûr permis des interprétations très diverses (cf. Nock 5 , col. 1004 ; Mazzarino 9 , apparat). Or, selon Stroux, il faut lire ici : « Caecilius quoque, ut T. Annaeus Cornutus libro tabularum ceratarum patris sui» (« ut tanneus cornutus lib ta5 castañ » Ms. N , Neapolitanus IV A 8 , s. VII /VIII). Cette interprétation concerne aussi bien la vie que l'æuvre de notre philosophe : Cornutus, en effet, aurait eu un fils appelé Titus, qui aurait édité un écrit de contenu grammatical de son père à partir des notes laissées par lui. Cette
lecture a été bien accueillie par Mazzarino 9, p . 207 sq., Wickert 6 , p. 100, et Rocca-Serra 12, I, p . 231. Faut- il tenir compte aussi du fait que certains
manuscrits (deteriores) de l'Abrégé transmettent comme titre : Kopvoútov Tipos
466
CORNUTUS
Tov vidv Tɛúpylov nepi Dewv, et que dans ces mêmes manuscrits on trouve au
début du texte l'invocation & naidlov Teúpyle ? Selon Paladini 14 , p.49 sqq., elle est a corriger en & παιδίον Πέρσιε, et il faudrait donc considerer que
Cornutus s'adresse à son disciple le poète. Mazzarino 9, p . 170 , pense plutôt à une glose marginale de forme yewyo (= yewypapixá ): « de rebus enim ad geographiam (cosmographiam ) pertinentibus Cornutus initio operis agit » ...
Écrits. Le témoignage des lexicographes évoque un Cornutus très fécond dans les domaines de la philosophie et de la rhétorique : Éypaqe nomà dió ooda te zal ontopixá (Hésychius, la Souda , ll. cc.). De toute cette production ,
en grec et en latin comme on le sait (le bilinguisme de notre auteur a été expli qué par ses origines, car en Libye ce phénomène était commun : cf. Reppe 3 , p . 17 sq.; sur la question du bilinguisme à Rome, voir 28 M . Dubuisson , « Le grec à Rome à l' époque de Cicéron . Extension et qualité du bilinguisme» ,
Annales (E. S. C.) 47, 1992, p. 187-206), ne nous sont parvenus qu 'un seul ouvrage complet ainsi qu 'un petit nombre de très courts fragments . Nous
suivons ici la classification plus précise de Schanz-Hosius 7, II, p .678 sq .: écrits philosophiques, écrits grammaticaux, écrits rhétoriques. A . Écrits philosophiques : Le seul ouvrage conservé de Cornutus, qui
appartient au domaine de la philosophie, est écrit en grec: 'Entlopoun tūv xatà Thy 'Elnvexnv Deologlav (Oewplav mss) napadedouévwv. Édit. 29 F . Osann, De natura deorum , ex schedis Iohannis Bapt. Casp . d 'Ansse de Villoi son, Göttingen 1844 ; 30 C . Lang, Cornuti theologiae graecae compendium ,
Leipzig 1881. Trad. anglaise : 31 R . S .Hays, Lucius Annaeus Cornutus' Epi drome (Introduction to the traditions ofGreek theology) : Introduction, transla tion and notes, Diss. Univ . of Texas at Austin 1983. Trad. française : Rocca Serra 12, II, p . 1 -79. L 'édition Teubner de ce petit traité, due à Lang, en dépit de
ses qualités, est insuffisante (cf. déjà 32 G . Vitelli, « Imanoscritti di Palefato » , SIFC 1, 1893, p . 240 -379) , et les philologues n 'ont pas cessé de rappeler la nécessité de la remplacer (cf. par ex. Nock 5 , col. 998 ; 33 G . Rocca-Serra ,
« Pour une édition de Cornutus», BAGB 1963, p . 348-350 ). En effet, elle dépend d ' un examen partiel et erroné d ' une tradition manuscrite complexe ( voir
34 P . Krafft, Die handschriftliche Überlieferung von Cornutus' Theologia graeca, coll. « Bibliothek der klassischen Altertumswissenschaft » N . F., R . 2, Bd. 57, Heidelberg 1975) et elle est viciée par l'idée que le texte a été l'objet de
nombreuses interpolations tardives (idée déjà réfutée par 35 B . Schmidt, De Cornuti theologiae graecae compendio , Diss. Leipzig 1912). Aujourd 'hui, après le travail décisif de Krafft, la nouvelle édition attendue paraît plus proche :
Most 13, p . 2016 n . 17 , l'annonce pour la même collection Teubner. Ajoutons qu 'une édition de l'ensemble des fragments de Cornutus serait souhaitable et
qu'elle faciliterait le commentaire intégral et approfondi de son æuvre . Quant à l’Abrégé, il ne s'agit pas (comme c' était la thèse de 36 O . Jahn, Auli Persii Flacci satirarum liber cum scholiis antiquis, Leipzig 1843, réimpr. Hildesheim 1967, p. XII sq.) de l' épitomé (Jahn propose Étitouń au lieu d 'Énlopouń ) d 'un traité antérieur de Cornutus, mais d 'une composition due à
CORNUTUS
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Cornutus lui-même. Le titre éttlopouh semble bien original et on peut le rappro cher, par exemple, de l’ 'Etiòpoun) tõv plooodwv de Dioclès de Magnésie (Diogène Laërce VII 48 ; X 11 ; - D 115). Quant au genre littéraire, il n 'est pas
difficile de percevoir dans cet écrit un ton pédagogique (cf. notamment les invocations naſ, naidlov, TéxVov) et, en effet, il faut le considérer comme un « livre scolaire » ; cf. Nock 5 , col. 1003; 37 G . Rocca-Serra, « Anachorèse et paideia » , dans Neronia III. Actes du IIIe Colloque International de la Société
Internationale d ' Études Néroniennes, Varenna, juin 1982 = Atti del Centro di
ricerche e documentazione sull'antichità classica 12 , N . S . 2, Roma 1982-1983, p. 11- 19, notamment p . 12 ; Hays 31 , p . 38 sqq. ; et surtoutMost 13, p . 2029 sqq., quidéfend etmet pleinement à contribution cette perspective. Pour comprendre , en général, l'activité littéraire de Cornutus, il ne faut peut-être pas oublier qu 'il
était bien un professeur. L ''Etiopouń rassemble , d 'une façon résumée , « les enseignements des philo sophes anciens sur les symboles et les énigmes par lesquels les hommes primitifs
concurent et exprimèrent la nature de l'univers » (Rocca-Serra 33, p. 349, cf. Abrégé, chap. XXX , p . 76 Lang). Cornutus recherche ainsi la sagesse primitive
des «mythologies des Mages, Phrygiens, Égyptiens, Celtes, Libyens et autres peuples», en appliquant une critique fondée sur l' étymologie aux poètes (Homère, Hésiode) qui ont transmis cette sagesse largement contaminée au
cours des temps (Abrégé, chap. XVII, p. 26 sq . Lang ; cf. Tate 10 , p .41). Tout cela s' insère à l'intérieur d 'une riche tradition stoïcienne : cf. 38 J . Pépin , Mythe
et allégorie. Les origines grecques et les contestations judéo - chrétiennes, Paris 19762, p. 125- 167 ; 39 P . Steinmetz , « Allegorische Deutung und allegorische Dichtung in der alten Stoa » , RHM 129, 1986 , p . 18 -30. Et c 'est pour notre connaissance de l' interprétation physique (ratio physica ) de la mythologie anti que dans le Portique que l’Abrégé acquiert une valeur exceptionnelle , compa rable à celle des Problèmes homériques du stoïcien Héraclite : Most 13, p . 2018
2029, voit en Cornutus, en effet, l'illustration la plus éclairante des motivations, objets et méthodes de cette pratique stoïcienne. Quant aux sources de Cornutus, c 'est une simplification de n ' invoquer (dans la ligne par ex. de Schmidt 35 ,
p. 44 -101) que le llepi deāv d 'Apollodore d'Athènes (~* A 244). Derrière l’Abrégé, il y a sans doute une réalité plus complexe (Cratyle de Platon, De mundo du Pseudo-Aristote, Zénon, Cléanthe, Iepi De@ u de Chrysippe... ?) qu'il faut analyser avec soin , sans oublier les compendia antérieurs du même genre :
cf. Nock 5 , col. 999 ; Rocca-Serra 33, p . 349 sq. ; Rocca-Serra 12, I, p . 1 sq.; Most 13, p. 2015 sqq. Sur les parallèles entre l'ouvrage de Cornutus et le Nouveau Testament : cf. 40 P . W . van der Horst, « Cornutus and the New Testa ment. A contribution to the Corpus Hellenisticum » , NT 23 , 1981, p . 165 - 172 ;
Rocca-Serra 12, I, p . 225-229. Appartenant au champ de la philosophie nous sont parvenus aussi des frag ments (voir Reppe 3 , p . 18 -25) d ’un ( ?) commentaire de Cornutus, de nouveau en grec, sur les Catégories d' Aristote , intitulé Ipós 'Aonvóówpov årtiypaon
chez Porphyre (In Arist. categ., p. 86 , 23-24 Busse), Ipoc ’AÖnvádwpov xai
468
CORNUTUS
'APLOTOTÉAny chez Simplicius (In Arist. categ., p .62, 24 Kalbfleisch = p . 47b
22 Brandis). A cause de la mention d'Athénodore (de Tarse : » A 497), cet écrit a été interprété (Reppe 3, p . 76 ; 41 B .L .Hijmans, « Athenodorus on the Catego ries and a pun on Athenodorus» , dans J.Mansfeld et L . M . De Rijk (édit.),
Kephalaion. Studies in Greek philosophy and its continuation offered to C . J. de Vogel, coll. « Philosophical texts and studies » 23, Assen 1975, p . 105 -114,
notamment p . 106 ; Schanz-Hosius 7 , II, p .677) comme ayant un caractère polé mique, mais il s'agit plutôt (42 M . Pohlenz, c. r. de Reppe 3, BPhW 5, 1908, col. 132- 136 , notamment col. 134 ) d 'une simple réponse à certaines opinions
d 'Athénodore ,un autre stoïcien ,auteur luiaussi d 'un Ilpos tác ’APLOTOTÉROUS xatnyoplaç, et avec lequel Cornutus semble s'accorder sur la plupart des points (cf. Simplicius, In Arist. Categ., p . 18, 28 ; 187, 31 Kalbfleisch). L ' étude minu tieuse des fragments a été réalisée par Moraux 20, II, p . 592-601. Rappelons ici seulement, avec Rocca-Serra 12 , I, p. 168, que c 'est un préjugé de nature gram
maticale qui explique la critique de notre philosophe aux Catégories d'Aristote , qui ne seraient pas, selon Cornutus, genres de l'être mais catégories gramma
ticales: « de ce fait, si les catégories se réfèrent aux modes d 'expression (AÉFELS ), elles sont évidemment d'un plus grand nombre que celles que propose Aristote » . Enfin , y a -t-il lieu de rattacher à ce commentaire un fragment contenu chez Syrianus, In Metaph ., p. 106 , 5 Kroll, ainsi que le titre Iepi ExTĀV conservé par le P . Oxy. 3649, de la fin du II s. ou du début du IIIe (édit. 43 E . G . Turner, POxy. 62, 1984 , p . 12 sq. = CPF 35, 1 T ; cf. 44 Id ., « Oxyrhyn
chus and Rome» , HSPh 79, 1975, p. 1-24), d 'un ouvrage par ailleurs inconnu de Cornutus, comportant au moins deux livres ? Quant à ce dernier, on le met en
relation avec la discussion stoïcienne sur la qualité. Rocca-Serra 12, I, note complémentaire n° 3, souligne le fait que cette problématique était très liée à celle des catégories aristotéliciennes et suggère la possibilité que l'ouvrage en question de Cornutus ait été une partie de son commentaire sur Aristote .
Un autre aspect de l'intérêt philosophique de Cornutus est révélé par un fragment tiré du traité Sur l'âme de Jamblique, cité par Stobée I 49, 43, p. 383, 28 Wachsmuth . Il y est question de l' idée selon laquelle , quand la mort survient,
l'âme est détruite , soit avant le corps, soit en même temps que lui (cf. 45 A .J. Festugière, La Révélation d 'Hermès Trismégiste, t. III, Paris 1953, p . 232 sq.). Depuis 46 E . Zeller, Die Philosophie der Griechen “, t. III 1, Leipzig 1923, p. 718, on a vu comme un problème la contradiction de cette doctrine avec un passage de l'Abrégé (chap. XV) où Cornutus semble accepter une survie , au moins provisoire, de l'âme après la mort du corps, mais Rocca -Serra 12, I, p . 186 , croit résoudre facilement cette difficulté dans la mesure où l’Abrégé « paraît refléter davantage un stoïcisme commun , tandis que les indications
fournies par Jamblique s'accorderaient davantage avec ce que Cornutus pensait lui-même, sous l'influence, probablement, de la médecine stoïcienne de son
temps» . Rocca-Serra 12, 1, p . 187 sq., considère qu'il est nécessaire de tenir compte du contexte dans lequel cette doctrine se trouve citée, un passage concernant les causes de la mort, plus précisement de la mort par empêchement
CORNUTUS
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du souffle (ftveõua ) ou relâchement de la tension (tóvos), et il rappelle à ce sujet le fait que Cornutus avait auprès de lui au moins un médecin de l'école pneumatique. Cf. aussi 47 G . Rocca-Serra, « Notations médicales dans l’Abrégé de Cornutus» , RPhilos 154, 1964 , p . 245 -248.
B . Écrits grammaticaux. Les fragments grammaticaux de Cornutus ont été édités par Mazzarino 9, p . 172-209. Sa terminologie grammaticale (notamment pour la métrique et la prosodie) est à consulter , dans le cadre d 'une concordance, dans 48 P . R . Díaz y Díaz, Varro , Bassus, luba, ceteri antiquiores, coll. « Scrip tores Latini de re metrica » 7, Granada 1990. En tant que grammaticus (terme qui évoque aussi bien l' étude des mots, de leur sens et de leur forme, que la « critique littéraire » ), Cornutus nous est déjà connu comme un écrivain latin ,
inscrit dans la tradition varronienne. Il apparaît d 'abord comme commentateur de Virgile (fr. 20 -34 Mazzarino). On s 'est demandé si les deux titres qu 'on trouve chez Charisius, « De Vergilio » (Instit. gramm . I 125, 16 Keil = 159, 27 Barwick = fr. 35 Mazzarino ) et « Maronis commentarii Aeneidos » (op. cit., I
127 , 19 -21 Keil = 162, 9 Barwick = fr. 33 Mazzarino ; cf. Aulu -Gelle , Noctes Atticae II 6 , 1 = fr. 22 Mazzarino ), font référence au même ouvrage, ou s'il faut
distinguer deux ouvrages, comme c'est la thèse de 49 F . Leo , « Didymos Ilepi AnuooOÉvovç » , NGG 1904, 3, p . 254- 261, notamment p . 259, repris dans Aus gewählte kleine Schriften , édit. E . Fraenkel, t. II, Roma 1960 , p . 392 -393. Leo,
en effet, considere que le premier était un σύγγραμμα, le second un υπόμνημα: dans le premier (dédié à Silius Italicus), Cornutus aurait exposé un commentaire
suivi de Virgile, tandis que dans le second il se serait borné à rédiger des notes ponctuelles sur des vers choisis des Bucoliques, des Géorgiques et de l'Énéide
(cf. aussiReppe 3 , p . 28 sqq.). Quant à la critique littéraire pratiquée par Cornu tus sur le poète, elle était parfois d ' une intolérance tatillonne, peu compré hensive à l'égard du génie virgilien : les deux fois qu' Aulu -Gelle cite Cornutus, il lui reproche ce genre de critique, que le grammairien appliqua aussi dans son
traité rhétorique De figuris sententiarum (cf. infra ) ; le grand ouvrage de Servius sur Virgile est en partie une défense du poète contre Cornutus (cf. Mazzarino 9 ,
commentaire passim ). Sur l'importance de Cornutus dans la critique littéraire de l'époque de Néron , voir 50 W . H . D . Suringar, Historia critica scholiastarum Latinorum , t. II, Leiden , 1834 , p. 116 - 124 , et 51 J. E .G . Zetzel, Latin textual
criticism in antiquity , New York 1981, p . 38 -41 ; Geymonat 8 , p . 897 sq.
(d 'autres références dans Most 13, p .2017 n . 26 ). De Cornutus grammairien nous possédons également, grâce à Cassiodore (De orthographia , VII 147-154 Keil = p. 172-194 Mazzarino), des extraits d 'un traité De enuntiatione vel orthographia, largement inspiré de Varron. La thèse de 52 L .Mackensen , De Verrii Flacci libris orthographicis, coll. « Comm . phil.
Jenens.» 6 , Leipzig 1899, p. 18 , selon laquelle Cornutus n'avait pas écrit sur l'orthographe un livre particulier, mais ici et là dans ses ouvrages grammaticaux des remarques qui auraient été ensuite réunies dans un compendium par un grammairien (au milieu du II° s. ap. J.- C . au plus tôt), compendium scolaire dont les aurait tirées Cassiodore, n ' a pas convaincu. Il suffit de rappeler avec Mazza
470
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rino 9 , p . 172 (cf. d 'ailleurs Reppe 3, p. 61 sqq.) que l'invocation « Aemili amice » du début des extraits parle d 'un livre spécial adressé par Cornutus à son
amiAemilius. Mazzarino essaie d' en établir la chronologie relative à partir de l'observation suivante : si le fr. 2 correspond bien à ce que Cornutus avait écrit sur le digamma, on en déduit qu 'il a dû composer son ouvrage sur l'orthographe avant l'année en laquelle Claude publia son livre sur les lettres, c' est- à-dire
avant 41 ap. J.-C ., ou du moins avant 48, date à partir de laquelle on commence à voir dans les inscriptions le digamma renversé introduit par Claude ; Cornutus en effet ne semble pas être informé de cette innovation (cf.Mazzarino 9 , p .61
68 ). [Peut-être aussi pourrait-on penser que l'initiative de Claude (sur cette réforme, voir 53 F . Desbordes, Idées romaines sur l'écriture, Presses Universi taires de Lille 1990 , p . 141, 188 - 190 ) provenait de la lecture de Cornutus.
G .R -S.) Mazzarino insiste en tout cas sur le fait qu 'on ne peut pas déterminer le degré de fidélité des extraits , car il est sûr qu' il y a eu de la part de Cassiodore
des ajouts et des suppressions. C . Écrits de rhétorique. On a déjà vu Cornutus philosophe écrivant en grec , grammairien en latin , et on le trouve maintenant rhéteur en grec et en latin .
Porphyre, In Arist. categ., p. 86 , 23 Busse, mentionne ses Téxval ontoplxal (Manuel de rhétorique), peut-être un ouvrage scolaire, où Cornutus divisait les discours selon leur matière dans les trois classes traditionnelles : OxAVLXóv , oubov EUTIXOV, navnyupuxov (cf. Nicolaus, Progymnasmata 9, II 631, 6 Walz = 55 sq. Felten ; Reppe 3 , p . 58 ). En latin , Aulu -Gelle , Noctes Atticae IX
10, 5 , cite un autre traité rhétorique de notre auteur intitulé De figuris senten tiarum , comprenant au moins deux livres (cf. fr. 36 Mazzarino ), dont il y a
vraisemblablement un deuxième fragment chez Julius Rufianus, De schem . dian. 1 = Rhetores Latini minores 60, 9 Halm . Ce fragment contient des idées qui ressemblent beaucoup à celles qu 'exprime Quintilien IX 2 , 65 sqq.: cf. 54 C . von Morawski, Quaestiones Quintilianeae, Diss. inaug. Berlin 1874, p . 68.
Selon Reppe 3, p .47, 82, la source principale de cet écrit aurait été le traité sur les figures de Caecilius de Calè-Actè. Attributions fausses ou douteuses. On a voulu à tort reconnaître la Rhétori que de Cornutus dans l'Anonymus Seguerianus intitulé Téxvn TOŨ TOALTIXOŨ
abyov . Cette attribution est l'æuvre de 55 J.Graeven, Cornuti artis rhetoricae epitome, Berlin 1891 ; réimpr. Dublin/Zürich 1973 ; pour le texte, voir plutôt RhetoresGraeci I, p . 427-460 Spengel (app. crit. P . XXVIII- XXX); l'anonyme fut découvert dans le manuscrit Parisinus Graecus 1874 par Séguier de Saint
Brisson , qui en fit la première édition , très déficiente, dans l'opuscule « Notice du manuscrit grec de la bibliothèque royale portant le No. 1874 » , Paris 1840, extrait de Notices et extraits des manuscrits de la bibliothèque du roi, XIV 2 , Paris 1843, p . 183 -212 . Son auteur est en réalité postérieur à Cornutus et on doit
le dater de la deuxième moitié du ir siècle ap . J.-C . (cf. 56 W . Christ
W . Schmid -O . Stählin ,Geschichte der griechischen Literatur, II 2, München, 19246, p. 928 ; Schanz-Hosius 7, p .677 ;Reppe 3, p.60).On a voulu reconnaître aussi la Rhétorique de Cornutus dans la Rhetorica ad Herennium (voir
CORNUTUS
471
57 L . Herrmann , « L . Annaeus Cornutus et sa rhétorique à Herennius Senecio » , Latomus 39, 1980, p . 144 - 160 ), en vain , selon Most 13, p . 2017 n. 26 . Voir en dernier lieu 58 G . Achard (édit.), La Rhétorique à Hérennius, Paris 1989, p. XIII n . 33. Dans la ligne de ces fausses attributions, il fautmettre en doute ou rejeter
complètement aussi la paternité de Cornutus concernant ce qui suit: A . Trois fragments en prose contenus dans les Schol. Bern. à Lucain ( « in
Cornuto » III 375, 381; « Cornutus vero » I 214), qui semblent appartenir au Cornutus historien que la Souda préente comme contemporain de Tite -Live : selon Cichorius 16 , p. 261, il s'agit du préteur homonyme de 57 av. J.- C et cet
historien aurait été une des sources de Lucain . B. Le livre mentionné par Charisius, Instit. gramm . I 201, 12 Keil = 261, 21 Barwick = fr. 37 Mazzarino , a été déjà commenté d 'après l'interprétation de
Stroux 27 (cf. supra). Pour les autres lectures de la phrase « Caecilius quoque, ut
tannęus cornutus lið tað castar » du Ms. N , cf. références ibidem . Cichorius 16 , p . 267 sq., pense qu 'il s'agit ici d 'un autre Cornutus, M . Caecilius Cornutus, préteur en 43 av. J.-C , le père de l'ami de Tibulle (cf. Elégies II 2, 9 ; 3, 1), « ut Annaeus » étant expliqué comme corruption d 'une note marginale « vel Annaeus » .
C . Si Jean Lydus, De ostentis chap. 10-156, p. 28, 4 -45,21 Wachsmuth ,appa raît dans le Laurentianus LVIII 13 avec le titre Opovoútov nepi DeWv xal xountwv, ce n 'est que par une erreur due au fait qu 'il suit l’Abrégé de Cornutus ( cf. édit. 59 C . Wachsmuth , Leipzig 1863, p. XVI). D . N 'ont rien à voir avec notre Cornutus les commentaires à lui attribués au Moyen -Âge sur Perse (Cornuti Commentum , probablement d' époque carolin
gienne: cf. Schanz-Hosius 7 , II, p. 482 sq.) ainsi que sur Juvénal (Cornuti expositio super toto libro luvenalis : cf. Schanz-Hosius 7, p. 577). Cf. Nock 5 , col. 1004.
E. Demême pour les Disticha Cornuti, un traité scolaire contenantdes gloses transmis dans plusieurs manuscrits , parmi lesquels l' Erlangensis 264 et le
Monacensis latinus 21566 , tous les deux du XIVe s. (cf. 60 H . Liebl, Die Disticha Cornuti, auch Cornutus oder Distigium des Jo. v. Garlandia genannt,
und der Scholiast Cornutus. Mit dem Text des Cornutus antiquus und novus, Programm der kgl. Studien-Anstalt Straubing, Straubing 1888). F. Certains ont voulu ajouter au Cornutus philosophe, grammairien et rhéteur,
un Cornutus poète tragique. Le point de départ de cette hypothèse se trouve dans la Vita Persi, 31, 10 - 32,22, en particulier dans la phrase suivante : « cognovit (scil. Persius) per Cornutum etiam Annaeum Lucanum , aeque tum auditorem Cornuti. Nam Cornutus illo tempore tragicus fuit sectae poeticae, qui libros
philosophiae reliquit ». Cette thèse a entraîné notamment l'attribution à Cornutus de l'Octavia : cf. par ex. Jahn 36 , p. 239, Cizek 22, p. 361, Cizek 23, 1982, p . 237 ; et surtout 61 V . Ciaffi, « Intorno all'autore dell'Octavia » , RIFC 15 ,
1937, p . 246 -265.Mais il y a eu aussi une autre approche critique de la phrase
472
CORNUTUS
citée. A propos des corrections dont elle a été l'objet, cf. Most 13, p. 2044 sq ., qui lit, pour sa part, « nam Cornutus illo tempore criticus fuit sectae Porticus (vel Stoicae ), qui libros philosophiae reliquit» , et en propose, p . 2046, l'explication suivante : « It was added to the preceding sentence (in the ultimate source of the
' Vita ' or by a later interpolator) in order to explain how it was that Cornutus was, on the one hand, literary enough to have mediated the acquaintance of Persius and Lucan , but, on the other hand, philosophical enough to have left
various Stoic writings. Cornutus was not a tragedian ; the 'Octavia’ is an adespoton » (p. 2046). Cf. Rocca -Serra 11,p .63;Rocca-Serra 12 , I, p .234 . G . On a imaginé aussi un Cornutus auteur satirique, à partir de Fulgence,
Expositio sermonum antiquorum 20 , p. 117, 16 -17 Helm , s.v. « tittivilicium » : « nam et M . Cornutus in satyra sic ait: tittiviles Flacce do tibi » . En effet,
62 F . Ramorino, « De duobus Persii codicibus qui inter ceteros Laurentianae
Bibliothecae servantur», SIFC 12 , 1904, p . 229-260, notamment p . 230, a reconnu dans ce témoignage un fond de vérité (cf. la Vita Persi contenue dans le manuscrit Laurentianus XXXVII 19 : « et postea apud Cornutum poetam , qui tunc temporis satyricus erat» ), et l'idée d 'un Cornutus satiriste est arrivée
jusqu'à Cizek 23, p . 237 . Mais Cichorius 16 , p . 268, a considéré déjà la citation
comme une falsification, et nous avons dit aussi plus haut que, selon Mazza rino 9, p. 167, l'auteur appelé Marcus Cornutus chez Fulgence n 'a rien à voir avec notre Cornutus.Nock 5 , col. 1004 ,maintientune position sceptique.
Postérité de Cornutus. La fortune ou la “ réception ” de notre auteur a fait l'objet d 'un chapitre dans la thèse de Rocca -Serra 12, I, p.230 -235 , auquel nous empruntons la plupart des données qui suivent. C ' est un fait indéniable que Cornutus jouit d 'une grande réputation dans l' Antiquité : cf. Aulu -Gelle , Noctes Atticae II 6 , 1 = fr. 22 Mazzarino : « non indoctus neque imprudens» ; Macrobe, Saturnalia V 19, 3 = fr. 29 Mazzarino : « tantus vir, Graecarum etiam doctissi
mus litterarum » ; Dion Cassius LXII 29, 2 : eúdoxyu @ V TOTE ÉTÈ Taidela . Mais, comme l' ont souligné Rocca- Serra 12, I, p . 230 , ainsi que Most 13, p . 2015, cette réputation et les vifs éloges de Perse dans sa Satire V ne correspondent
pas, paradoxalement, au jugementqu'on peut tirer du seul ouvrage conservé de Cornutus, car les critiquesmodernes partageraient plutôt l'opinion de Jahn 36 ,
p . XII, sur l’’Entlopouń : « exilis quaedam sterilitas, qua hic liber compositus est» . Or, bien que notre sentiment actuel soit plutôt la déception, il nous faut reconnaître la fortune de cet abrégé scolaire. En effet, il a été largement utilisé
par les tenants de l'interprétation allégorique des poèmes homériques,même au delà du stoïcisme, en particulier par le néoplatonisme, si on considère que Porphyre a pu s 'en inspirer dans son opuscule (aujourd 'hui fragmentaire) Lepi åyanyátwv ( édité par 63 J. Bidez , dans Vie de Porphyre, le philosophe néo platonicien. Avec les fragments des traités Iepi ayarlátwv et De regressu animae, coll. « Recueil de travaux de la Faculté de philosophie et Lettres de Gand » 43, Gent/Leipzig 1913, réimpr. Hildesheim 1964, p . 1 * -23* ) et qu'il
reproche à Origène de l'avoir fait lui-même dans un ouvrage perdu (Eusébe, Historia Ecclesiastica VI 19 = Porphyre, Contra Christianos, fr. 39 Harnack ; cf.
COSMAS INDICOPLEUSTÈS
473
la Souda III 182 Adler ). Le texte a continué à être connu dans l'Antiquité tardive (cf. Théodoret de Cyr, Thérapeutique II 95) et à l'époque byzantine, toujours avec la plus grande estime (cf. au XIIe siècle Tzetzès, Allegoriae in Iliadem XVIII 658, 1, p . 166 Matranga ; Allegoriae in Odysseam , préface 35 sq ., I, p . 225 Matranga ; Scholia in Lycophrona v . 177, I, p . 455 Müller; Etymologicum Magnum , s.v.Zeus, p. 408, 52 Gaisford). La cinquantaine de manuscrits qui nous l'ont transmis s' étendent d'une façon surprenante du XII° jusqu'au XVIII siècle. A la Renaissance a été faite l'édition princeps (Alde Manuce, Venise
1505), mais pour le premier établissement critique du texte il faut attendre le XVII s. (édit. 64 Th. Gale , Cambridge 1671). Et c'est surtout au XVIII° s. que les
travaux de J. B . C . d'Ansse de Villoison , publiés et complétés par Osann 29, ont jeté les fondements scientifiques de l'étude de Cornutus jusqu'à nos jours. Les considérations de Cornutus sur les Catégories d'Aristote sont parvenues, à partir de Porphyre, aux commentateurs postérieurs , notamment Jamblique et Simplicius (cf. 65 C . Luna, « La relation chez Simplicius » , dans I. Hadot ( édit.),
Simplicius. Sa vie, son auvre, sa survie. Actes du colloque international de Paris, 28 sept.- 1er oct. 1985, coll. « Peripatoi» 15, Berlin /New York 1987, p . 113- 147, notamment p . 113 n . 4 sq.; 66 Ph. Hoffmann, « Les catégories Trou et noté chez Aristote et Simplicius» , dans P . Aubenque ( édit.), Concepts et
catégories dans la pensée antique, coll. « Bibliothèque d 'Histoire de la Philo sophie » , Paris 1980 , p . 217-245 , notamment p . 241 sqq.). Quant à la production grammaticale de Cornutus, son fils a peut-être assuré l' édition posthume d 'un ouvrage (cf. Stroux 27 , supra ) et, en tout cas, les écrits de Cornutus dans ce
domaine ont été connus et appréciés: le commentaire de Virgile était encore considéré par Augustin , De util. cred . 17, à l'instar des grands commentaires d'Asper et de Donat. D 'autre part, le Cornutus grammairien a été une source de Charisius, Cassiodore et Placidus, probablement aussi de Curtius Valerianus et Papirianus (cf.67 M . Schanz-C . Hosius, Geschichte der römischen Literatur bis zum Gesetzgebungswerk des Kaisers Justinian, Vierter Teil, II Band, München
1920 ', réimpr. 1959, p. 105 sq., 218 sq., 258 sq., 346). Nous remercions G . Rocca -Serra, qui a accepté de relire cette notice et de nous faire part de ses suggestions.
PEDRO PABLO FUENTES GONZÁLEZ .
VI 191 COSMAS INDICOPLEUSTÈS RE 3 PLRE MIA : 2 Écrivain chrétien nestorien , contemporain de l'empereur Justinien . Originaire d ' Alexandrie , ce polygraphe autodidacte , qui fut aussi marchand d 'épices et
voyageur, a surtout été lié aux milieux nestoriens d 'origine perse. Des diverses productions de Cosmas, seul subsiste un ouvrage en dix livres intitulé Χριστιανική Τοπογραφία ( Topographie chrétienne) et dédie a un certain Pamphile , ce que nous apprend le témoignage de Photius, Bibl. cod. 36
(éd. R . Henry, t. I, Paris 1959, p . 21-22). L 'auteur y développe un système cosmologique qui, entièrement déduit de conceptions religieuses – une stricte fidélité à l'autorité de la Bible -, embrasse aussi bien le monde physique que le
COSMAS INDICOPLEUSTÈS
474
monde spirituel. Considérée dans son ensemble , la Topographie chrétienne développe plusieurs thèmes dont deux sont à retenir comme fondamentaux. On y trouve d 'abord un thème cosmologique, qui repose sur l'idée que le tabernacle de Moïse est la copie (éxuayelov) et le type révélé de l'univers : celui-ci est
donc conçu par Cosmas sous la forme d 'un édifice à deux étages ayant pour fondement une terre plate et rectangulaire. En conséquence, Cosmas rejette vigoureusement les théories grecques d'un univers sphérique en rotation perpé
tuelle, et s'oppose avec encore plus de véhémence à l'aristotélisme christianisé adopté notamment par Jean Philopon dans le De opificio mundi. La Topographie développe aussi un thème prophétique, qui donne à la conception de ces deux espaces superposés de l'univers un fondement spirituel: c'est la doctrine des
deux « conditions» (xataotáoelc), présente et future, par lesquelles passe successivement l'humanité. Ce principe des deux catastases remonte à l'école théologique d 'Antioche et à Théodore deMopsueste , dont les doctrines furent
condamnées par le concile æcuménique de 553 : elles accentuaient jusqu'au dualisme l'opposition entre la condition terrestre et la condition céleste , par les quelles tout homme est amené à passer à la suite de l'ouvre rédemptrice accomplie par le Christ.
Études. L 'ouvrage de référence sur Cosmas est aujourd'hui la thèse de 1 W .
Wolska, Recherches sur la “ Topographie Chrétienne” de Cosmas Indico pleustès: Théologie et science au vre siècle , coll. « Bibliothèque Byzantine.
Études » 3, Paris 1962. Cette remarquable étude est la première à avoir analyse l'œuvre étrange qu'est la Topographie en adoptant un point de vue d'ensemble, qui s 'efforce d'intégrer la multiplicité des sujets abordés par l' auteur (cosmo graphie, géographie , théologie , exégèse scripturaire ) sous un principe unifica teur. Ce principe est l'idée , fondamentale pour Cosmas, des deux catastases (cf. Wolska 1, Introd., p . 31, et Conclusion, dont nous citons ces lignes (p . 274]) : « C 'est la théorie des deux conditions qui confère à la Topographie sa remarquable unité . Le thème cosmologique traite de l'univers réparti en deux espaces : le premier, réceptacle de tout ce qui perit et passe, correspond à l' état de mortalité et d 'imperfection ; le deuxième,
siège de tout ce qui est éternel, est réservé à l' état d 'immortalité et de perfection . Le titre, Topographie, peu conforme à l'acception moderne du mot, doit être compris dans ces limites. »
Au delà des études partielles qui ont pu être consacrées à Cosmas ( et qui
portent soit sur des sujets géographiques isolés, soit sur des questions particu lières, comme les inscriptions axoumites (cf. infra ]), W . Wolska a délibérément adopté un point de vue d 'ensemble , de façon à rendre manifestes l'unité et la
cohérence de la Topographie, souvent dissimulées dans l'œuvre elle-même par d 'innombrables digressions. C 'est ainsi qu'elle a pu d 'abord situer très claire ment les positions doctrinales de Cosmas à l' égard de l'Orient (par rapport à
l'École théologique de Nisibe (p .63-85) et au nestorianisme (p. 105-110]). Elle a ensuite caractérisé la polémique de Cosmas contre Jean Philopon (p. 147-192): dans cet adversaire omniprésent qu 'il évite pourtant de nommer, Cosmas vise à la fois le monophysite et le promoteur de la christianisation de l'aristotélisme à Alexandrie . W . Wolska a enfin analysé l'hostilité de Cosmas à l'égard de la
COSMAS INDICOPLEUSTÈS 475 cosmologie grecque (p. 193-218): sans doute l'aspect le plus nouveau de cette étude est-il constitué ici par l'hypothèse, à première vue paradoxale ( soutenue
notamment aux p. 219 -244), de « l'hellénisme de la Topographie ». Voici en quoi consisterait cet hellénisme: tout en opposant son défi à la tradition scien tifique grecque, Cosmas aurait fait, inconsciemment et comme malgré lui, de
nombreux emprunts à la cosmologie d 'Aristote, des stoïciens et des ioniens. Il connaissait – probablement plus par ouï-dire que par des études méthodiques – les controverses des savants de son époque (Proclus, Philopon , Simplicius) et il a d'autre part utilisé des recueils de doxographes: à partir de toutes ces sources d 'information , Cosmas a retenu, afin de combattre la cosmologie sphériste, des arguments et des schémas conceptuels qui sont ceux - là mêmes de ses adver
saires. Il a puisé chez eux des notions qu 'il a pu déformer ensuite, allant parfois jusqu 'à les rendre méconnaissables, mais il a aussi, dans certains cas, été capable d'en découvrir les points faibles, avec une intuition étonnante. Le résul tat, explique W . Wolska, c'est « une vision du monde unique en son genre : un univers en forme d'édifice, avec une terre dépourvue de tout espace au-dessous
d' elle, régi par les lois de la cosmologie sphériste » (p. 244). « ... tout en attaquant la science grecque, Cosmas lui emprunte quelques axiomes et les applique à son système. Pour assurer l'équilibre de son univers en formede cube, il recourt simultanément à la théorie d 'Aristote établissant qu 'aucun mouvement n 'est possible dans le vide, et à la théorie stoïcienne du mouvement tonique. Pour expliquer le phénomène des jours
et des nuits, Cosmas applique la théorie de l'inclinaison du disque terrestre à celle de l' élévation progressive, du sud au nord, de la surface de la terre habitée. Et c 'est encore en recourant à l'astronomie grecque qu 'il s'efforce d 'expliquer les éclipses de lune, ou de déterminer la grandeur du soleil au moyen des ombres dont les changements réguliers ne se
conçoivent que sur une sphère . La même tendance à appliquer des principes régissant l'univers sphérique à son univers en forme de cube transparaît dans la géographie de Cosmas. Il fait dériver sa terre habitée de l'oikouménè grecque conçue pour la sphère, deux fois plus longue que large, elle aussi, et pareillement bornée par l'océan au delà duquel se trouve une autre terre, antichtone. Cosmas
semble s'inspirer particulièrement de la disposition des continents imaginée par les stoïciens. Ceux -ci avaient jadis essayé de transposer la terre plate d'Homère sur une sphère (allusion aux travaux de Cratès de Mallos). Huit siècles plus tard, Cosmas retransporte l'oikouménè sphériste sur une surface plane . Les deux tentatives marquent des étapes dans l'histoire des
théories de la sphéricité . Dans le cas des stoïciens, le fait est révélateur de la force avec laquelle la sphéricité du monde s 'imposait aux esprits ; dans le cas de la Topographie, il témoigne de la régression de la science grecque. Phénomène d' autant plus surprenant qu 'il se produit à une époque encore en possession d 'un appareil spéculatif relativement riche, dans
une ville où la tradition scientifique offre une remarquable continuité , et chez un écrivain qui
n 'ignore pas les systèmes grecs, plus accomplis que la cosmologie qu'il propose. » (p. 277).
Pour une bibliographie complète , cf.Wolska 1, p. XII-XV, qui fournit tous les éléments utiles, à compléter par Wolska-Conus 7a (cf. infra ), p . 247 -248.Men tionnons, pour mémoire, certaines des études antérieures aux travaux de W . Wolska : 2 A . J . Letronne, « Des opinions cosmographiques des Pères de l'Église
rapprochées des doctrines philosophiques de la Grèce » ,Revue des DeuxMondes 1, 1834, p.601-633 ; 3 O . Wecker, art. « Kosmas» 3, RE XI 2, 1922, col. 1487 1490 ; 4 H . Leclercq, art. « Kosmas Indicopleustes », dans DACL VIII 1, 1928 , col. 820 -849. A signaler enfin , sur l'oikouménè, une étude récente de 4a K .
COSMAS INDICOPLEUSTÈS
476
Kitamura , « Cosmas Indicopleustès et la figure de la terre » , dans A . Desreu
maux et F . Schmidt (édit.), Moïse géographe. Recherches sur les représen tations juives et chrétiennes de l' espace, Paris 1988, p. 79-98 .
Texte, éditions et traductions. Le texte grec des dix livres de la Topo graphie chrétienne a été transmis par trois manuscrits (Vatic. gr. 699, du IX° s.; Laurentianus Plut. IX 28, du XIe s.; Sinaïticus gr. 1186 , du XI s.), qui compor tent tous trois de magnifiques illustrations. A ces dix livres ont été ajoutés plus
tard un onzième et un douzième livre, qui ne sont pas dans le Vaticanus, et qui proviennent peut-être d'un ouvrage perdu , composé antérieurement par Cosmas sur la géographie .
L 'éd. princeps est celle de Montfaucon (Paris 1706 , avec traduction en latin ), dont le texte a été reproduit par Migne (PG 88 , 1860, col. 49-475 ). A signaler la
traduction anglaise de 5 J. W .McCrindle, The Christian Topography of Cosmas, an Egyptian monk, The Hakluyt Society nº 98 , London 1897, et l'édition de
6 E . O . Winstedt, The Christian Topography of Cosmas Indicopleustes, edited with geographical notes, Cambridge 1909. Ces travaux restent utiles,mais l' édi tion de référence est désormais celle de W . Wolska -Conus, publiée à Paris de 1968 à 1973. Cette édition , fondée sur une nouvelle collation des manuscrits , est
aussi la première à fournir une traduction française de l'ensemble de l'ouvrage
et à reproduire, sous forme de dessins au trait, les illustrations des manuscrits : en sont étudiés les états successifs et signalées les principales variantes. 7 W . Wolska-Conus (édit.), Cosmas Indicopleustes, Topographie chrétienne, texte établi et traduit par W . W . - C ., en trois volumes : 7a I : Livres I à IV , coll. SC
n° 141, Paris 1968, 570 p. (dont 251 d'introduction) ; 7b II : Livre V, coll. SC n° 159, Paris 1970, 374 p .; 7c III : Livres VI-XII, coll. SC nº 197 , Paris 1973
( contient six index, p. 393-483, notamment un précieux « Index synoptique des matières» , p . 395 -416 , et deux pages d'Errata , p . 485-486 ).
L 'auteur et l'æuvre. La Topographie fut publiée anonymement: son auteur, qui se présente seulement comme « un chrétien » , n 'a été désigné du nom de
Cosmas Indicopleustès qu'à partir du XIe siècle dans les mansucrits qui repro duisent des fragments exégétiques et profanes de son æuvre . Le nom même de Cosmas pourrait venir de xoouos, comme celui de Jean Climaque vient de xatuag (« échelle » ). Sur l'auteur que, par commodité, on continue d 'appeler Cosmas, cf. Wolska 1, Introduction p. 28 -29 et Wolska-Conus 7a, p. 15 - 19 .
Cosmas affirme lui-même qu'il a exercé la profession d'importateur d'épices, et qu 'il fut amené à voyager pour ses affaires. Ces voyages l'ont conduit dans les
trois golfes (mer Méditerranée , mer Rouge et golfe Persique), ainsi qu 'en Palestine, auprès du Sinaï; il a longé l'île de Dioscoridès (Socotora ); il a aussi recueilli deux inscriptions axoumites à Adoulis, entre 522 et 525 : cf. Topo graphie II 58-63, et la bibliographie sur cette question dans Wolska -Conus 7a ,
p. 121-123. Sur la légende de son voyage en Inde (d'où lui serait venu le surnom d ' Indicopleustès, qui n 'est cependant donné par aucun des trois manuscrits ), cf.
Wolska 1 , Introduction, p. 11 : « La légende du voyage de Cosmas aux Indes,
COSMAS INDICOPLEUSTÈS
477
son surnom d' Indicopleustès, répondent au romantisme médiéval épris de merveilleux et de lointain » . Cosmas n 'a pas reçu d'éducation systématique : c 'est un autodidacte qui a
beaucoup lu . Son seul maître , celui auquel il se dit redevable de toutes ses connaissances, estMar Aba, katholikos de l'Église nestorienne de Perse (540
552). C 'est à Alexandrie que Cosmas a rencontré ce personnage, qui portait aussi le nom grec de Patrikios (cf. Wolska 1 , p .65-66 , et n . 3 p. 66 ). Mar Aba a notamment été l'informateur de Cosmas au sujet de la géographie et de l'astro
nomie des Babyloniens. Après tous ces voyages, Cosmas a peut-être enfin été moine: le ms. Laurentianus le nomme Koguãç uovaxóc. Mais son insertion dans une communauté religieuse bien déterminée n ' a jamais pu être établie. De
solides arguments historiques ont, en tout cas, montré que la plus grande partie de la Topographie a été composée entre 547 et 549 à Alexandrie : cf. 8 M . V . Anastos, « The Alexandrian origin of the Christian Topography of Cosmas Indicopleustes » , DOP 3, 1946 , p . 74-80 . Avant de publier la Topographie chrétienne, Cosmas avait composé d' autres
æuvres dont on ne connaît plus que les titres. Il les cite lui-même dans le Prologue de la Topographie ; et quelques fragments en sont conservés dans les
livres XI-XII. On connaît ainsi : - un Livre de géographie ou Description de la terre , euvre adressée à son ami Constantin : l'ouvrage, mentionné dans la Topographie , Prologue, $ 1 , traitait de toutes les régions du monde, des dimensions du soleil et de la zone torride inhabitable ; - une Image de l'univers et du mouvement des étoiles, imitant la sphère
artificielle des païens, adressée au diacre Homologus et mentionnée dans la Topographie , Prologue, $ 2 : c ' était un ouvrage d 'astronomie , accompagné d'un
dessin de l'univers et du cours des astres; - un Commentaire sur le Cantique des Cantiques, que mentionne la Topo
graphie VIII 3. A Cosmas, on a aussi attribué, à tort, une Exposition des Psaumes.
Les illustrations. Les illustrations de la Topographie sont de deux sortes: soit de type scientifique ( forme de l'univers, de la terre , représentations astrono
miques, cartes locales, animaux), soit de type scripturaire (thèmes de l'Exode,
des révélations sinaïtiques, de l'itinéraire, des deux « conditions» ). Sur la tradi
tion manuscrite de l'illustration,cf. Wolska-Conus 7a, p. 124-231. Contenu et plan de l'ouvrage. Voici les principales articulations de la Topographie : un plan détaillé donnant le contenu de l'ouvrage se trouve dans Wolska 1, p . 12- 26 , repris et complété dans Wolska-Conus 7a, p. 19- 36 . Livre I: polémique contre les « faux chrétiens» , qui soutiennent que le ciel
est sphérique. (Ces doctrines sont analysées par Wolska 1, p. 193-218). Livre II : théories chrétiennes, fondées sur l'Écriture, relatives à la structure de l'univers .
COSMAS INDICOPLEUSTÈS
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Livre III : autorité et cohérence des enseignements de l'Écriture sur le mode de formation de l'univers . Livre IV : brève récapitulation , avec illustrations, des formes de l'univers, et réfutation de la sphère . (Ce livre contient la plupart des dessins cosmographi ques de la Topographie sur la structure de l'univers, la marche des astres, la sphère des païens). Livre V : description du tabernacle de Moïse. Exposé de la doctrine des deux
« catastases» . Exposé de l'économie divine (le dualisme des conditions et des espaces), et histoire du peuple de Dieu : depuis Adam , en passant par les pro
phètes, jusqu 'aux apôtres et aux évangélistes. (Ce livre , de beaucoup le plus étendu , constitue le pendant théologique à la cosmologie des livres II-IV ).
L'ouvrage de Cosmas s'arrêtait primitivement à la fin du livre V . Les livres suivants sont surtoutdestinés à répondre à des critiques adressées à Cosmas. Livre VI: polémiques sur deux questions d'astronomie. (1) Sur les dimen sions respectives du soleil et de la terre. (2 ) Sur la théorie de l'ombre conique projetée dans l'espace par la sphère terrestre . Livre VII : sur l'indestructibilité du ciel: tabernacle indestructible, le ciel est
la demeure des hommes ressuscités. Ce livre développe donc divers arguments en faveur de la résurrection .
Livre VIII : commentaire sur le Cantique d'Ézéchias, d'après Isaïe 38, et sur la rétrogradation du soleil.
Livre IX : sur le cours des astres. Livre X : florilège de citations patristiques interprétées dans un sens favorable aux positions de Cosmas. Sont notamment cités de nombreux extraits des Lettres
pascales d 'Athanase, du deuxième Sermon de Pâques de Grégoire de Nazianze, des Lettres pascales (I et X ) de Théophile d 'Alexandrie , de l'Hexaéméron de
Sévérien de Gabala. Livres XI et XII : recueils d'extraits d 'ouvrages aujourd'hui perdus de Cosmas. Ces livres contiennentnotamment divers dessins et descriptions relatifs
à l'Éthiopie, à l'île de Taprobane (auj. Ceylan) et à l'Inde, et des fragments d'intérêt historique. JEAN-MARIE FLAMAND . IV -V 192 Cosmogonie de Strasbourg On désigne sous ce nom un fragment de poésie néo -épique, écrit sur un papyrus (datable par l'écriture de la fin du IVe ou du début du Ve siècle ap . J.- C .) que R . Reitzenstein a eu l'occasion d'acquérir à Gizeh en 1900 et dont la prove nance exacte est inconnue. Sur ce document, aujourd 'hui conservé à Strasbourg
(P . Argent. 481), se lisent les restes de 46 hexamètres au recto et de 45 au verso (côté plus lacunaire ) ; le début et la fin du texte manquent. Il s'agit d 'un récit
cosmogonique, qui offre un exemple tout à fait significatif du syncrétisme philosophico -religieux propre à la culture gréco-égyptienne de la fin de
l'antiquité .
COSMOGONIE DE STRASBOURG
479
Éditions. 1 R . Reitzenstein , Zwei religionsgeschichtliche Fragen nach unge druckten griechischen Texten der Strassburger Bibliothek, Strasbourg 1901,
p. 53-58 . C 'est l' édition princeps. Reitzenstein avait, en réalité, acquis deux feuilles de papyrus (à présent P. Argent. 480 et 481) provenant d 'un même codex et qui étaient sans doute assez voisines l'une de l'autre : dans les deux
feuilles, les parties endommagées et manquantes coïncident, et l' écriture est la même. Le papyrus 480 contient les restes d 'un poème épique sur Dioclétien, le papyrus 481 la cosmogonie ; selon Reitzenstein , les deux poèmes pourraient être
du même auteur. Son édition , qui ne comportait pas de transcription diplo matique, a été reproduite sans modifications notables par 2 D . L . Page, Greek literary papyri, coll. LCL, London /Cambridge (Mass.) 1962, t. I, p . 544-551
(texte et traduction en anglais). Le texte de Reitzenstein a également été repro duit par 3 F . Jacoby, FGrHist 637. Ce texte n'a été amélioré qu 'avec la deuxième édition de 4 E . Heitsch (édit.), Griechische Dichterfragmente der römischen Kaiserzeit, I, Göttingen 1963 (la première édition date de 1961, et le compte rendu critique qu 'en a donné 5 M . L . West, GGA 215, 1963, p . 164- 172 ,
a permis à E . Heitsch d'apporter de grandes améliorations dans sa deuxième
édition ). Désormais, on utilisera la belle édition critique de 6 D . Gigli Piccardi, La 'Cosmogonia di Strasburgo ', coll. « Studi e testi » 10, Firenze 1990 , 205 p . : cet ouvrage comporte une introduction ( qui donne notamment la description
complète du papyrus), une transcription diplomatique et une édition munie d'un apparat critique qui reflète les différentes éditions ou lectures antérieures, une
traduction en italien, un commentaire détaillé, une bibliographie et un Index verborum complet.
Contenu. Le début et la fin du poème manquent. La partie centrale, qui subsiste , contientun épisode narratif qui raconte la création de l'univers .
Dans les quelques vers qui manquent au début, l'auteur du poème devait présenter les quatre éléments et Zeus, un Zeus ayant résolu de constituer un
xoouoc à partir des éléments. A l'endroit où commence le texte conservé, Zeus crée, à partir de lui-même, un second dieu , Hermès, auquel il confie le soin de créer ce κόσμος: il lui donne pour cela la ράβδος, qui servira a Hermes a établir l'ordre entre les éléments. Suit une mystérieuse transformation du dieu en un sens cosmique ( dans laquelle Gigli Piccardi 6 , p . 14, voit une allusion à un
rituel d'avaotoLyelwOLC) et une diffusion de la lumière. Le Nous-démiurge ,
identifié au cosmos et s 'étant assimilé à la divinité suprême, adresse aux élé ments (qui sont en conflit entre eux ) des paroles impérieuses, afin que cessent
les différends et que l'harmonie survienne. L 'effet de ces paroles est immédiat. Hermès peut alors commencer la création véritable : il crée d'abord le ciel et les sept planètes, puis la terre et la mer, avec la configuration des côtes.
Les vers suivants sont lacunaires: ils contenaient une description géogra phique. La narration reprend pour nous au verso : le monde n 'est que faiblement
éclairé par la lueur des étoiles,manquent encore les astres plus lumineux, soleil et lune. Afin de remédier à cette situation , Hermès, en compagnie du Logos, son
480
COSMOGONIE DE STRASBOURG
fils, descend sur la terre pour y chercher un lieu propre à la fondation d'une cité qui sera la première à recevoir la lumière du soleil. Il ne retient à cette fin ni les deux zones froides de la terre, ni la région trop chaude,mais la zone tempérée.
Le poète se laisse aller ici à une véritable description géographique des cinq zones terrestres, qui s'achève sur la mention de l'Océan qui entoure tout de ses
eaux et sans doute sur l'évocation des différents nomsdes mers.
Les derniers vers sont d'interprétation difficile : le poète intervient à la première personne pour célébrer la gloire de la cité ou de son fondateur. Le ton
devient alors celui d 'une prière. Analyse. Dans ce poème, le thème cosmogonique n 'est pas traité comme une fin en soi, il est étroitement lié à celui de la fondation d 'une cité . La ‘Cosmo gonie de Strasbourg ' se rattache ainsi au genre littéraire des trátpla , genre intermédiaire entre histoire et poésie , qui connut son sommet aux IVe-ve siècles
ap. J.-C .,mais dont nous possédons plus de témoignages indirects que d 'exem ples concrets. Les auteurs de ces poèmes faisaient l'éloge d 'une cité en vantant
son antiquité ; un lien pouvait être établi entre le thème de l'antiquité d'une cité et le thème cosmogonique. Sur le genre littéraire des trátpla , voir les diverses études de Louis Robert citées dansGigli Piccardi 6 , p . 15 n . 1.
Pour une étude de lamétrique, des choix lexicaux, du style ,cf.Gigli Piccardi 6 , p. 47 -56 . L 'analyse des sources montre que, en dehors d'æuvres proprement poétiques, l'auteur de la ‘Cosmogonie de Strasbourg ' connaissait et a utilisé le
Timée de Platon , ainsi que certains textes hermétiques (le Poimandrès, sans aucun doute ) et divers textes magiques. Datation . L 'euvre est assurément antérieure à Nonnos de Panopolis : elle s ' insère dans le renouvellement du goût qui est déjà présent chez Triphiodore et
qui trouvera sa plus haute expression avec Nonnos. Elle a donc dû être
composée entre la secondemoitié du IVe s. et le début du ve s. Grégoire de Nazianze a-t-il connu et imité ce poème (cf. PG 37, col. 526 , 58 sq.) ? C 'est une question très délicate (cf. 7 B . Wyss , « Gregor von Nazianz. Ein griechisch -christlicher Dichter des 4. Jahrhunderts », MH 6 , 1949, p. 177-210 ), examinée par Gigli Piccardi 6 , p . 57-59, qui adopte une position prudente : une imitation par Grégoire est peu probable.
L'auteur. Plusieurs noms ont été successivement proposés : celui de Sotéri chos d'Oasis, par 8 J. Bidez, « Fragments nouveaux de Sotérichos ?» , RPh 27, 1903, p .81-85 ; celui d'Antimachos d'Héliopolis, par Wyss 7, p. 194 n . 45 . Arguments en faveur d 'Andronicos d 'Hermoupolis dans Gigli Piccardi 6 , p . 61 63, qui reste néanmoins très prudente et ne propose ce nom qu 'à titre d 'hypo thèse vraisemblable. JEAN -MARIE FLAMAND .
193 COTTA (C . AURELIUS -) RE 96
124-74
Né en 124a (cf. 1 J.Malitz , « C . Aurelius Cotta cos. 75 und seine Rede in Sallusts Historien » , Hermes 100 , 1972, p . 356 -386 , et 2 G . V . Sumner, The
CRANAOS DE PAESTUM
481
orators in Cicero 's Brutus, coll. « Phoenix Suppl.» 11, Toronto 1973 , p. 110 ), appartenant à une importante famille plébéienne, C . Aurelius Cotta est le neveu de P . Rutilius Rufus et participe d'ailleurs à sa défense aux côtés de Q .Mucius
Scaevola en 92 (De oratore I 53, 229; Brutus 30, 115). Il faut aussimentionner ses liens d'amitié avec M . Livius Drusus, le tribun de 91°, et avec P. Sulpicius
Rufus (De oratore I 7 , 25), mais, cette année -là, il ne réussit pas dans sa candidature au tribunat. L 'année suivante, jugé et condamné en vertu de la Lex Varia demaiestate , il doit s'exiler. Son retour à Rome s'effectue en 82, après la
victoire de Sylla. Cotta reprend alors une carrière d'homme politique et d'ora teur: préteur en 81, propréteur en Espagne ultérieure (80 ?). C ' est là qu'il aurait subi un échec contre Sertorius, qui pourrait expliquer la date tardive à laquelle il parvint au consulat (cf. Sumner 2): il est en effet consul en 75 et fait voter la lex
Aurelia qui redonne aux tribuns certains pouvoirs que Sylla leur avait ôtés. L 'année suivante, Cotta est proconsul en Gaule (Brutus 318 ) et meurt à son retour en Italie . Outre ses fonctions politiques, Cotta appartenait également au
collège des pontifes,même si l'on ne sait à quelle date situer son élection . Cotta était sans aucun doute imprégné de philosophie : la tradition familiale l'avaitmis en contact avec le stoïcisme et il faut aussi signaler dans ce domaine
ses liens avec L . Aelius Stilo Praeconinus (Brutus 56 , 205). En outre, il déclare à Crassus : « Tu m 'as jeté entièrement dans les bras de l'Académie » (De oratore III 36 , 145). Mais, au moment de ce dialogue (914), Cotta n 'apparaît pas vérita blement comme un philosophe et il est probable , comme le suggère 3 J.-L . Ferrary , Philhellénisme et impérialisme, p .606 n.67, que ses connaissances ont pour l'essentiel été acquises à Athènes pendant son exil : elles ne se sont d'ailleurs pas limitées à l'Académie puisque, selon les paroles que Cicéron lui
prête dans le De natura deorum (I 21, 59), il avait suivi les leçons de Phèdre l'épicurien sur les conseils de Philon ; il connaît en outre Posidonius (ibid ., I 123). La solidité et la profondeur de cette culture ne peuvent être mises en doute : Atticus avait d'ailleurs suggéré de faire de Cotta l'un des interlocuteurs des Académiques (Att. XIII 9, 5). Mais c'est dans le De natura deorum qu 'il apparaît comme le porte-parole de l'Académie ( celle de Carnéade: II 168). A ce titre , il réfute les thèses de l' épicurien Velleius et, sans oublier qu' il est pontife, tout en se voulant fidèle à la religion transmise par les ancêtres, prétend corriger sur quelques points les dires du stoïcien Balbus (cf. De diuinatione I 5, 8), avec une habileté et une efficacité remarquables.
Cf. 4 E. Klebs, art. « Aurelius» 96 , RE II 2, 1896 , col.2482-2484 ; 5 R. D . Meyer, Literarische Fiktion und historisches Gehalt in Ciceros De oratore,
Diss. Stuttgart 1970, p. 186 -193. MICHÈLE DUCOS.
194 CRANAOS DE PAESTUM Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique,
V. pyth . 36 , 267 ; p. 145, 9 Deubner. BRUNO CENTRONE .
482
CRANTOR DE SOLES
195 CRANTOR DE SOLES RE (K )
IV /IIT
Académicien , disciple de Xénocrate , Cratès et Polémon . Cf. 1 F.Kayser, De Crantore Academico, Heidelberg 1841; 2 H . von Arnim , RE XI 1 , 1922, col. 1585- 1588 ; 3 H . J. Mette, « Zwei Akademiker heute :
Krantor von Soloi und Arkesilaos von Pitane» , Lustrum 26, 1984, p. 8 -40. A la bibliographie de Mette (p. 8 -10 ) on doit ajouter au moins 4 P. Boyancé, « L'apo théose de Tullia », REA 46 , 1944, p. 179-184 ; 5 A . Cameron , « Crantor and Posidonius on Atlantis » , CQ 33, 1983, p. 81-91 ; 6 H .J. Krämer, « Die Ältere
Akademie » , dans GGP, Antike 3, 1983, p. 151 sq., 161- 164, 167-174 ; 7 A . M . Ioppolo, Opinione e scienza. Il dibattito tra Stoici e Accademici nel III e II secolo a. C., Napoli 1986 , p. 151- 152 ; 8 K . Gaiser, Philodems Academica, Stuttgart/Bad Cannstatt 1988, p . 129- 131, 248 -254, 524 -531; 9 T . Dorandi,
« Filodemo e l'Academia Nuova (PHerc . 1021, XVIII-XXVI) » , CronErc 17, 1987, p . 121 ; 10 T . Dorandi (édit.), Filodemo : Platone e l'Academia , p . 54 -56 , et 11 Id ., « Il quarto libro delle “ Vite " di Diogene Laerzio : l' Academia da
Speusippo a Clitomaco » , ANRW II 36 , 5, 1992, p. 3774-3777. Les principales sources pour la reconstruction de la vie de Crantor sont D . L . IV 24-30 et 32 (= T 1a Mette ), et Philodème, Ind. Acad. Herc., col. 16 - S et 18,
34-41 (= T 16 Mette ). L 'un et l'autre se réfèrent à Antigone de Caryste (cf. Mette 3 , p . 30 n . 1, et Gaiser 8 , p . 129- 131). D 'autres témoignages sont rassemblés parMette ( T 1c- 7). Sur la possibilité demettre également en rapport avec Crantor la col. Q , que Gaiser 8 , p . 129 -131, 258 ,534 -535, rattache à Cratès,
voir 12 T . Dorandi, Cronologia, p . 4 -6.
Crantor naquit à Soles en Cilicie. De là il vint,encore jeune, à Athènes, où il suivit avec Polémon les cours des académiciens Xénocrate et Cratès. Crantor devint ensuite l'amant d' Arcésilas. D . L . IV 29 (= T la Mette ) raconte que Crantor s 'adressa à Arcésilas en citant un vers de l'Andromède d 'Euripide ( fr. 129 Nauck ? = 181 a 1 Mette) et qu 'Arcésilas lui répondit en citant le vers suivant pour marquer son consentement (fr. 132 Nauck2 = 181a 2 sq.Mette ). Ils vivaient dans la même maison , comme Polémon et Cratès, et faisaient table commune ( D . L . IV 22 = T 2 Mette ). A sa mort Crantor laissa en héritage à
Arcésilas la somme de 12 talents . A Arcésilas qui lui demandait où il voulait
être enseveli, il répondit en citant un vers d 'une tragédie (adesp . 281 Kannicht Snell) : « Il est beau de reposer dans le giron de la terre bien - aimée » ( cf. Gaiser
8 , p. 252 sq., 527-531). Crantor mourut d 'hydropisie. Un certain poète du nom de Théétète écrivit pour lui une épigramme funéraire (App. Anth . II 28 . Cf.
E . Livrea ,« Teeteto , Antagora e Callimaco », SIFC 7, 1989, p.24-31); D .L . écri vit également un poème à son sujet (App. Anth. II 381). Nous n 'avons aucune information sur une élection éventuelle comme scholarque de l'Académie, peut être parce qu'ilmourut prématurément (cf. Dorandi 11).
Selon le témoignage de Diogène Laërce, il admirait parmi les poètes Homère et Euripide : il avait coutume de citer d ’Euripide un vers du Bellérophon (fr. 300 Nauck ? = 366 a Mette ). Diogène rapporte encore deux anecdotes sur Crantor :
CRANTOR DE SOLES
483
l'une sur la voix d'un mauvais acteur et une autre sur les thèses de Théophraste « écrites avec la couleur pourpre » . Titres attestés: D . L. IV 24 (cf. Philodème, Ind. Acad. Herc., col. 16 , 12 sq.) affirme que Crantor aurait laissé des écrits contenant un total de 30 000 lignes, quelques-uns attribués par certains à Arcésilas. Dans sa production poétique, qu'il avait déposée dans le temple d 'Athéna à Soles (cf. D . L . IV 25), il y avait un poème en sept hexamètres sur Éros qui circulait sous le nom du poète
Antagoras de Rhodes (cf.Mette 3, p . 31). On attribue également à notre acadé micien les trimètres transmis par Stobée (fr. 12 et 13 Mette ) avec un lemme corrompu.Mais les ouvrages les plus importants furent le lepinévēOvç (Sur le deuil) et un Commentaire sur le Timée de Platon. (1) Tepi Trévous, Sur le deuil (fr. 1-6c Mette ) : l'æuvre , fort admirée dans l'antiquité , fut imitée par Cicéron dans la Consolation qu 'il écrivit à l'occasion de la mort de sa fille Tullia. Le contenu se laisse reconstituer à partir de quelques passages cicéroniens (notamment dans les Tusculanes) et surtout grâce au
NapauvAntixòc npòs 'Atomóvlov (Consolation à Apollonios) du (Pseudo- ?) Plutarque (cf.Mette 3, p . 32 -36). L 'ouvrage était dédié à un certain Hippoclès pour la mort de ses fils (Ps.-Plut., Cons. 6 = fr. 4 Mette ).
(2) Els tov Mátwvog Tiyalov ŠEńynois, Commentaire sur le " Timée " de Platon (fr. 8 -11Mette ) : c 'est le premier d 'une longue série de commentaires sur les dialogues de Platon . Le contenu peut être reconstruit partiellement à partir des écrits de Plutarque (De animae procreatione in Timaeo ) et de Proclus (In
Tim .) : cf.Mette 3, p. 37-40. (3) Au lepì trévous (Sur le deuil), 12 F.G . B . van Bleeck van Rysewyk , Dissertatio literaria de Crantore Solensi, Arnheim 1837, IV - 119 p., rattachait également un fragment conservé par Sextus Empiricus (Adv. math . XI 51-59 = fr . 7a Mette . Cf. 7 bc), qui contient un extrait d 'une dispute entre levia et TOūtoç au sujet de l'àpeth véritable (cf. Mette 3 , p. 32-33). La thèse a été
combattue par Kayser 1, p. 49 n. 1, qui rapporte le fragment à une æuvre inconnue. TIZIANO DORANDI.
Iconographie. Le poète-philosophe apparaîtrait au revers d'une émission de Pompeiopolis (Soles) en 240 /1, sous Gordien III (notre fig. 6) : 1 J.J. Bernoulli,
Griechische Ikonographie, mit Ausschluss Alexanders und der Diadochen , München 1901, 2 , p. 102, évoquait cette possibilité pour l'écarter aussitôt à cause du grand âge du philosophe; voir 2 H . Ingholt, « Aratos and Chrysippos on a lead medallion from a Beirut collection » , Berytus 17, 1967 -1968, p. 156 157, fig. 3. A l'appui de son interprétation , Ingholt remarque que le profil moné taire est imberbe pour souligner l'activité du poète dans sa ville natale. Cette identification paraît très probable si l'on rappelle le goûtdes monétaires de Soles pour la représentation de gloires locales (voir F . Queyrel, art. « Aratos » , DPŁA Suppl. I, A 298, et plus haut art. « Chrysippe » , C 121).
484
CRANTOR DE SOLES
Bildnisse,! hefolétéd,identifié même profil pron,monétaire sur la foicavait Lemême Le , avec moins de vraisemblance , comme Philémon , sur la foi d 'un texte de Strabon qui lui assigne Soles pour
patrie, au lieu de Syracuse : 3 Schefold , Bildnisse, p . 172 -173, n° 29 , fig., p . 221 ; 4 Richter, Portraits II, p . 236-237, fig. 1651.
FRANÇOIS QUEYREL. fl. V 196 CRANUS PLRE II : é Un des sept philosophes qui auraient accompagn , en 421, la future impéra
trice Eudocie (Athénaïs ) d 'Athènes à Constantinople (Patria Constant. II, p . 192-193 Preger. Cf. aussi I, p .61-64, qui rapporte les mêmes anecdotes). Voir
aussi les notices consacrées à Apelles , Carus, Curbus, Nervas, Pelops et Silvanus . PIERRE MARAVAL .
197 CRASSICIUS PASICLÈS (L . -) RE 2 PIR ? III 389
ја
Affranchi, orginaire de Tarente , qui changea son surnom en Pansa (pour ses origines, voir 1 T . P . Wiseman , « Who was Crassicius Pansa ? » , TAPHA 115 ,
1985, p . 187-196 ), il commença par « aider les mimographes » , sans doute , comme le suggère 2 P. Frassinetti (« La conversione di L . Crassicio Pasicle » ,
GIF 4, 1951, p. 307-318 ), en leur fournissant le matériel linguistique nécessaire à l' élaboration de leurs æuvres; il s'occupa aussi d' enseignement, tout en écrivant un commentaire de la Smyrna, le poème écrit par Cinna le contem porain de Catulle, et peut-être s 'attacha-t-il également à la rédaction d 'un traité
de grammaire (cf. 3 J. Tolkiehn , « L . Crassicius Pasicles, später Pansa zube
nannt» , BPhW 31, 1911, col. 312-416 ). Ces activités lui valurent une grande célébrité : il eut pour élève lullus Antonius, le fils du triumvir, et sa renommée
en fit l'égal de Verrius Flaccus, mais il abandonna finalement l' enseignement pour la philosophie en se joignant à Sextius et à ses disciples. Tels sont les renseignements donnés par Suétone (Gramm . 18 ). Les contradictions qu 'ils contiennent n 'ont pas manqué d 'être relevées: c 'est seulement vers 10a que la célébrité de Crassicius peut égaler celle de Verrius Flaccus, et il n 'a pu à cette
date avoir pour élève Iullus Antonius, qui est né vers 449. Si celui-ci a été son disciple , c 'est vers 30a, mais à un moment où l'affranchi est à peu près inconnu ,
comme le souligne Frassinetti 3. S'il y a eu des liens entre les deux hommes, ce ne sont pas des liens de maître à élève. Le savant italien montre aussi l' intérêt de Crassicius Pasicles pour la morale ( p. 316 ),mais les explications qu 'il donne sur sa « conversion » et son inquiétude restent plus discutables. 4 I. Lana (« Sextio
rum nova et Romani roboris secta » , RFIC 81, 1953, p. 217 -224 ) a repris ces indications et souligne que Crassicius a pu avoir pour élève Iullus Antonius le père vers 304, mais surtout, lullus Antoniusminor, le fils de ce dernier: Suétone
aurait confondu les deux personnages. Cette protection lui est évidemment retirée en 2a, au moment du scandale causé par Julie et de l'exécution de Tullus
Antonius. Il doit sans doute fermer son école : c 'est alors qu 'il se tourne vers la
CRASSUS (L. LICINIUS -)
485
philosophie et s'attache à une école qui s'éloigne de la politique, en une ultime affirmation de liberté.
Cf. G .Goetz ,art. « Crassicius» 2 , REIV 2, 1901, col. 1681. MICHÈLE DUCOS. 140 -91 198 CRASSUS (L . LICINIUS -) RE 55 Orateur et homme politique romain , Crassus fut l'un des plus renommés pour
son talent oratoire pendant cette période. Né en 140a (Brutus 161), il se fit
connaître dès 119a en accusant C . Papirius Carbo (De oratore I 10 , 40 ; III 20, 74), puis en défendant contre le sénat le projet d 'installer une colonie à Narbonne (Brutus 160) – il fut d ' ailleurs l'un des duoviri deducendae coloniae. La date de ce discours est discutée, mais se situe probablement vers 119 -118 (cf.
1 N . Haepke, art. « Licinius» 55, RE XIII 1, 1927, col. 252-267, et 2 G . V . Sumner, The orators in Cicero 's Brutus, coll. « Phoenix Suppl.» 11, Toronto 1973 , p. 94- 97). Demême, il est malaisé de préciser la date à laquelle Crassus fut questeur en Asie (De oratore III 20, 75) ; sans doute entre 111 et 109, puisqu 'il parvint au tribunat en 107. L 'année suivante , dans un discours resté célèbre, il défend la lex Servilia Caepionis, qui proposait de faire entrer les
chevaliers dans les jurys. Sa carrière politique se poursuit,mais seule nous est connue avec certitude la date à laquelle il parvint au consulat avec le juriste Q . Mucius Scaevola : 95a ; ils firent d'ailleurs voter ensemble la lex Licinia Mucia sur les Italiens qui usurpaient la citoyenneté romaine (De officiis III 11, 47; Brutus 163). Par la suite , Crassus est proconsul de Gaule en 94, puis censeur en
92 avec M . Domitius Ahenobarbus : nous avons conservé l'édit qu 'ils prirent contre les rhéteurs latins (Suétone, De grammaticis et rhetoribus 25, 1 ; Aulu
Gelle XV 11, 2). En 91, il soutient Livius Drusus avec M . Aemilius Scaurus et s'oppose au consul L .Marcius Philippus ; ilmeurt en septembre 91. Crassus joue un rôle important dans l'æuvre cicéronienne, par l'influence
qu'il exerça sur Cicéron (3 E . Rawson , « L . Crassus and Cicero : the formation of a statesman » , PCPHS 17, 1971, p. 75 -88) et par la place qu 'il occupe dans ses écrits, surtout dans le De oratore, dont il est un des interlocuteurs essentiels.
L' importance des thèses que Cicéron lui fait développer, l'autorité qu'il attribue à celui qui est le plus souvent son porte -parole , laissent parfois penser que le portrait est idéalisé ou embelli (cf. les remarques de Cicéron lui-même, De oratore II 1, 1-5, et 4 R . D .Meyer, Literarische Fiktion und historisches Gehalt in Ciceros De oratore, Diss . Stuttgart 1970 , p. 24 -97). Mais l'orateur, qui insistait sur la nécessité d 'un savoir universel, n 'a pas négligé la philosophie . Lors de son séjour en Asie comme questeur, il écouta Métrodore de Scepsis (De oratore II 88, 360 ; III 20 , 75) ; à son retour, il s'arrêta à Athènes pour écouter
Charmadas et Clitomaque,mais aussi Mnésarque le stoïcien et le péripatéticien Diodore (De oratore I 11, 45).La culture philosophique de Crassus ne s'est sans doute pas réduite à ces brefs contacts ,mais sa formation reste pour nous très imprécise . Il faut cependantnoter que son intérêt le porte essentiellement vers
l'Académie ,malgré les réserves de celle -ci envers l'activité oratoire.
486
CRASSUS (L . LICINIUS -)
Une Vie de Crassus a été écrite par Plutarque. Voir l'édition de R . Flacelière
et É. Chambry , CUF, t. VII, Paris 1972.
Fragments. 5 E .Malcovati,Oratorum Romanorum Fragmenta, 4e édition, Torino 1966. MICHÈLE DUCOS.
199 CRATÈS va ? Diogène Laërce IX 12 rapporte , à la suite du grammairien Séleucus, qu 'un
certain Croton, dans son Kataxonuuonths (“Le Plongeur” ?), racontait que Cratès (Kpárntá tlva FPPC : Kpám tiva BPac ) aurait été le premier à intro duire (xouioal) le livre d'Héraclite (22 A 1 Diels-Kranz) en Grèce. Comme permet de l'établir le parallèle en II 22, la suite s'enchaîne avec l'anecdote que Diogène avait commencé à rapporter juste avant : à Euripide qui lui avait fait lire l' ouvrage
d'Héraclite, Socrate aurait déclaré qu 'il fallait un plongeur délien pour ne pas s 'y noyer. En IX 12 , l'histoire est dite empruntée à Ariston de Céos, sans doute dans sa Vie de Socrate (fr. 29 Wehrli).
Comme la notule entend corriger ou préciser l'anecdote mettant en cause la découverte d'Héraclite à Athènes à l'époque d'Euripide et de Socrate, il faut comprendre que selon les sources antiques ce Cratès vivait à la même époque ou même avant. Le premier livre du Nepipoooplaç de « Séleucus le grammairien » est cité par Diogène Laërce en III 109, à propos des homonymes de Platon : ilmentionnait un Platon de Rhodes, disciple de Panétius. Il s'agit sans doute de Séleucus d'Alexandrie « l'homérique » (RE 44), un grammairien qui exerçait à Rome à l'époque de Tibère .
RICHARD GOULET.
200 CRATÈS RE7
« Philosophe péripatéticien » d' époque inconnue,mentionné comme cinquiè mehomonymede Cratès de Thria (MC 206 ) par Diogène Laërce IV 23. RICHARD GOULET.
FIV 201 CRATÈS Académicien , élève de Xénocrate , mentionné dans l'Ind. Acad. Herc. de Philodème, col. 4, 12. Cf. M . Isnardi Parente , Senocrate -Ermodoro . Frammenti ,
coll.« La Scuola di Platone » 3,Napoli 1981, p .272. TIZIANO DORANDI.
Іта Académicien ,mentionné avec Bion de Borysthène (» B 32) dans l’Ind. Acad .
202 CRATÈS D 'ATHÈNES
Herc. de Philodème, col. S 35 (= Bion, T 21 Kindstrand), comme disciple de Cratès de Thria (MC 206 ): tov l'Ajjonvatov Kpárta. Cf. K . Gaiser, Philo dems Academica, Stuttgart/Bad Cannstatt 1988 , p .530 ; T. Dorandi (édit.), Filodemo : Platone e l'Academia , p . 55-58. TIZIANO DORANDI.
CRATÈS DE MALLOS
487
203 CRATÈS DEMALLOS OU DE PERGAME
fl. ca 160 Philosophe, grammairien et surtout critique littéraire grec , principale figure de ce qu'on a appelé " l'école de Pergame” . Il est présenté comme dióoodoc Erwixóc par la Souda (t. III, p. 182 Adler), qui précise qu 'il est resté célèbre
comme « critique homérique » (ÔC ÉTexanon 'Ounpixòç xai xpitixòç Oià mu
και περί τους γραμματικούς και ποιητικούς λόγους αυτού επίστασιν). La recherche récente a rendu à l'œuvre de Cratès une cohérence et une estime qui luiavaient longtemps été refusées, Cratès étantméprisé au profit de son rival Aristarque. Elle tend aussi à mieux définir les positions de Cratès à l'égard du stoïcisme, par la reconnaissance d 'influences philosophiques diverses qui,
s 'ajoutant à un noyau incontestablement stoïcien, se sont également trouvées mêlées dans son æuvre.
Études. Restent utiles les travaux de 1 K . Wachsmuth , De Cratete Mallota , Leipzig 1860 (présentation de Cratès et premier essai d 'édition des fragments) et de Ibis Fr. Susemihl, GGLA , t. II, p . 4 - 12. Exposé fondamental: 2 W . Kroll, art. « Krates » 16 , RE XI 2, 1922, col. 1634- 1641. Études d ' intérêt historique dans
3 E . V . Hansen , The Attalids of Pergamon , coll. « Cornell Studies in Classical Philology » 36 , 2e éd. revue et augmentée , Ithaca/London 1971, 532 p . ( biblio
graphie , index) ( 1re éd . 1947), lire le chap. IX (« Attalid patronage of learning » , p . 390 -433 (sur Cratès : p . 409-418 ]) ; brève présentation dans 4 P . M . Fraser, Ptotemaic Alexandria , Oxford 1972, t. I, p . 465 -466 (à propos de la rivalité entre
l'école d 'Aristarque et celle de Cratès). Un excellent exposé situe très clairement Cratès dans l'histoire de la philologie : 5 R . Pfeiffer, A History of Classical Scholarship , t. I: From the Beginnings to the end of the Hellenistic Age, Oxford
1968, p . 234-251 (chap. VIII : « Pergamum : Scholarship and Philosophy. A new
Antiquarianism » ). Dans une perspective semblable d'histoire de la philologie, on trouve une présentation de Cratès plus traditionnelle , mais riche en infor mations dans 6 J. E . Sandys, A History of Classical Scholarship, 3rd ed . rev., 1920 ( reprintNew York 1958 ), t. I, p . 156 - 160. Enfin , pour une vue d 'ensemble
très brève et synthétique, cf. 7 E . B . Holtsmark, dans D . C . Bryant ( édit.),
Ancient Greek and Roman Rhetoricians: a Biographical Dictionary, Columbia (Missouri) 1968, p. 33 (s.v. “ Crates ofMallus” ).
Éléments biographiques. D 'après la Souda (t. III, p. 182 Adler), Cratès était le fils d 'un certain Timocratès.Né à Mallos, en Cilicie , il reçut un premier ensei gnement philosophique à Tarse, puis fut peut-être à Athènes l' élève de Diogène
de Séleucie, dit le Babylonien (- D 146). Il se rendit ensuite à Pergame, où avaient su l'attirer des souverains ambitieux, entreprenants et amis des lettres, Eumène II, le constructeur de la bibliothèque (cf. Strabon XIII,624), et Attale II : sur ce point, voir Hansen 3 , p . 397 -409, Pfeiffer 5, p . 235 -237, et surtout l'étude (ancienne mais encore non remplacée) de 8 C . F . Wegener, De aula
Attalica litterarum artiumque fautrice, Diss. Copenhagen 1836 . Cratès devint ainsi le fondateur d 'une école critique et grammaticale à Pergame ; il reçut la direction de la grande bibliothèque qui, récemment fondée en cette ville , devait
en faire pour plusieurs siècles – au moins jusqu'à Galien - un important pôle
CRATÈS DEMALLOS
488
d 'attraction intellectuel. L 'école de Pergame devint célèbre, et rivalisa avec celle d' Alexandrie .
Selon le témoignage de Suétone, De grammaticis 2, Cratès fut envoyé en ambassade à Rome auprès du sénat, peu après la mort d' Ennius (169 av. J.-C .). Sur les arrière -plans politiques de la mission confiée à Cratès par Attale II Philadelphe, cf. Hansen 3 , p . 121; voir aussi 4 F . Della Corte , « L 'ambasceria di
Cratete a Roma» , RFIC 12 , 1934, p . 388-389 [article repris dans Opuscula II, Genova 1972, p . 49-50 ]. Il est possible qu 'en réalité Cratès ait seulement accom
pagné Attale , qui aurait été lui-même envoyé à Rome par son frère aîné Eumène II, en compagnie du médecin Stratius : c'est du moins ce que laisse entendre le témoignage de Tite -Live XLV 19. Suétone raconte que, peu après son arrivée à
Rome, Cratès se serait cassé la jambe alors qu 'ilmarchait aux abords du Palatin : contraint de prolonger son séjour, il ouvrit alors un cours public qui connut auprès des Romains un vif succès. C 'est ainsi qu 'aurait été introduite à Rome l'étude de la grammaire et de la littérature , et le séjour de Cratès marquerait donc l'acte de naissance de la philologie romaine. La valeur historique de cette anecdote rapportée par Suétonemériterait un sérieux examen critique: c'est – en partie – ce qu 'a entrepris 9 J. Blänsdorf, « Cratès et les débuts de la philologie
romaine» , Ktèma 13, 1988, p. 141- 147. Cette étude montre qu'on ne peut accep ter sans réserves le témoignage de Suétone: d'abord, parce qu' il ne mentionne
pas la xpions TronMátwv parmi les activités de Cratès (alors que cet aspect devait constituer l'essentiel de son enseignement) ; ensuite, parce que Suétone
présente comme déterminées par l'influence de Cratès les pratiques propres aux premiers philologues romains (retractatio, lectio , commentatio ), alors que la première philologie romaine, caractérisée surtoutpar la glossographie , était très éclectique et qu 'elle a été marquée par l'influence alexandrine autant que pergaménienne.
Quoi qu 'il en soit, l'influence exercée par Cratès sur la vie intellectuelle de Rome semble avoir été importante : elle est notamment attestée par Varron , De
lingua latina VIII (seconde moitié) et IX (in extenso ), texte qui constitue une source d 'une valeur considérable sur Cratès, car Varron semble avoir cité
verbatim certains passages de Cratès, mêmes 'il n 'a eu accès à son æuvre qu'à travers un intermédiaire : cf. Hansen 3, p.410-411 ; voir aussi 10 F . Della Corte ,
La filologia latina dalle origini a Varrone, 2a ed. riveduta, Firenze 1981 ( 1a ed.
Torino 1937), p . 19-45. Selon Sandys 6 , p. 159- 160, Cratès aurait pu donner aussi à Q . Metellus une description de l'architecture de la bibliothèque de Pergame, que caractérisait la présence de colonnades autour d'un temple . Cette
disposition de bâtiments fut adoptée par le général quand il construisit le Porticus Metelli, et reprise par Auguste quand celui-ci érigea des bibliothèques
sur le Palatin (à ce sujet, cf. aussi Hansen 3, p .421-422). On sait que, revenu à Pergame après cet épisode romain , Cratès y exerça un brillant enseignement et qu 'il contribua, en particulier par l'établissement de nívaxes (v. infra ), à l'organisation de la bibliothèque, mais les éléments biogra
phiques plusprécis manquent.
CRATÈS DE MALLOS Les cuvres de Cratès et la cohérence de sa doctrine.
489
Aucune cuvre de Cratès n'est parvenue intégralement jusqu'à nous. Cratès avait probablement beaucoup écrit,mais il n 'existe pas de liste ancienne de ses Quvres, et l'on ne dispose pas davantage d'une édition moderne complète des
fragments. Une édition satisfaisante devrait aujourd 'huitenir compte de l'apport que représentent les découvertes papyrologiques, notamment de l'importance du
témoignage de Philodème, Lepì troinuátwv, chap. 5 , sur Cratès (v. infra). Dès le début du XXe siècle, l'érudition allemande s'est toutefois montrée convaincue
que les restes de la critique homérique de Cratès méritaient d'être étudiés atten tivement: les études pionnières en ce domaine ont été réalisées par 11 Ioannes Helck , De Cratetis Mallotae studiis criticis quae ad Iliadem spectant, diss.
Leipzig 1905, et 12 Id ., De CratetisMallotae studiis criticis quae ad Odysseam spectant, Dresden 1913- 1914. Helck a analysé avec beaucoup de précision les corrections proposées par Cratès au texte des poèmes homériques. Il a reconnu
que certaines corrections introduites par Cratès ne reposaient que sur des raisons de convenance ou de goût,mais il a aussi montré que l'effort principal de Cratès avait consisté à accorder le texte homérique avec les connaissances reçues, dans les milieux stoïciens, en matière d'astronomie, de cosmographie et de géogra phie . Helck a ainsi ouvert la voie aux importants travaux de Hans Joachim Mette , dont le premier fut sa dissertation : 13 H . J .Mette , De Cratete Mallota s. Pergameno , Berlin 1931. Ont ensuite été édités, par les soins de ce même
savant, de nombreux textes de Cratès, dans deux ouvrages qui sont d'une impor tance fondamentale parmi les études sur Cratès : 14 Id ., Sphairopoiia . Unter suchungen zur Kosmologie des Krates von Pergamon mit einem Anhang : Texte , München 1936 , XX -315 p. (p . 112 -298 : témoignages et fragments nº 1-51), et 15 Id ., Parateresis. Untersuchungen zur Sprachtheorie des Krates von Perga
mon , Halle 1952, V -206 p. (p. 65 -185 : témoignages et fragments nºs 52-86 ). Enfin , H . J. Mette a pu encore donner, à date récente , des addenda à ces deux
ouvrages : 16 Id., « Krates von Pergamon », Lustrum 26 , 1984, p. 95-104. Grâce
à tous ces travaux,l'on peut aujourd'hui beaucoup mieux apprécier la cohérence et la valeur de l'æuvre de Cratès ; avant Helck et Mette , Cratès avait longtemps été tenu dans une sorte de mépris, corollaire de l'admiration accordée sans partage à Aristarque . Dans Sphairopoiia , H . J. Mette a pris pour point de départ l'idée suivante : Cratès prête à Homère des représentations du cosmos et de la terre habitée qui forment un ensemble cohérent, et cet ensemble constitue un schéma cosmologique qui est, en réalité , le reflet des
conceptions propres de Cratès. Mette a montré qu 'il s'agit d 'une représentation du monde qui est l'aboutissement (observable effectivement chez Cratès, mais aussi - et sans doute plus encore – chez d 'autres auteurs, commeGéminos) d 'un long développementdont le cours peut être retracé, depuis ses premières manifestations dans l'euvre de Platon (d ' abord dans le
Phédon , puis dans la République et le Timée), à travers Eudoxe, Aristote , Eudème, Pythéas et
Ératosthène, jusqu 'aux vues de Zénon et des premiers stoïciens; on doit admettre toutefois qu 'avec Cratès l'exégèse homérique s'est trouvée plus imprégnée de significations cosmiques qu 'elle ne l'avait été par Cléanthe et Chrysippe. C ' est donc en prenant appui sur cette base que H . J.Mette a rassemblé et annoté tous les passages illustrant les conceptions scientifiques
impliquées par l'exégèse faite par Cratès de la cosmographie homérique : ont ainsi été publiés et annotés scrupuleusement 51 fragments de Cratès relatifs à la sphairopoiia. Mette a
490
CRATÈS DE MALLOS poursuivi cette tâche dans Parateresis, s'appliquant à rassembler, cette fois, tous les frag
ments illustrantles conceptions linguistiques de Cratès. Ces conceptions accordent une place fondamentale à l'observation empirique (napathonous ) et à l'expérience pratique du langage (ouvñoela ). S ' il est vrai que, pour la cosmologie , Cratès s'inscrivait dans une longue lignée de théoriciens, il semble au contraire avoir apporté beaucoup d ' innovations en matière de théorie linguistique. L 'idée fondamentale de Mette , c'est que les théories linguistiques de
Cratès manifestent un empirisme qui trouve des parallèles nombreux et frappants chez les médecins qui furent ses contemporains. Les deux tiers de Parateresis constituent un recueil de
fragments qui se rapportent à la pensée de Cratès dans les domaines de la grammaire , de l' étude des dialectes, et de la critique de la poésie ; les principaux textes sont puisés chez
Varron , Sextus Empiricus et Athénée. La numérotation adoptée par Mette est continue, de Sphairopoiia à Parateresis (témoignages et fragments 1-51 dans Sphairopoiia , 52- 86 dans Parateresis). Cependant,Mette a pris soin de préciser que son intention n 'était pas de donner avec ces deux ouvrages une édition complète des fragments de Cratès, mais seulement de rassembler, pour la commodité du lecteur, tous les textes relatifs à la cosmologie et à la
théorie du langage.
C'est en tout cas le grand mérite de Mette d'avoir, à partir de données très fragmentaires, montré la cohérence et l' intérêt de l'æuvre de Cratès, qui peut apparaître aujourd 'hui comme organisée autour de ces deux pôles principaux. Malgré l'absence de liste ancienne d 'ouvrages de Cratès, nous savons que son enseignement s'était développé surtout dans des études consacrées à la poésie,
principalement à l' épopée homérique, et nous connaissons les titres des ouvra
ges composés sur Homère par Cratès : - Albpowols 'Iniádoç xai 'Odvooelaç, Amendement de l'Iliade et de l'Odyssée: ce commentaire en 9 livres, mentionné par la Souda , s.v. Kpárns
(t. III, p. 182 Adler), traitait de questions de critique de textes et proposait un grand nombre de lectures nouvelles. Cet ouvrage est peut-être le même que celui
qui est connu sousle titre Περί διορθώσεως ου Διορθωτικά ( mentionné par les
Scholies à l'Od. 12, 89). - ' Ounpixá , Études homériques (A -Sch . Il. 14, 189) : ce commentaire, qui comprenait au moins deux livres, traitait notamment de sujets géographiques, et
comportait sans doute aussi des prolégomènes sur la vie et sur “ l'époque" d'Homère. La plupart des fragments de ces ouvrages sont dispersés dans les scholies à
l' Iliade et à l'Odyssée : cf. Wegener 8 , p. 132-144 ; Pfeiffer 5 , p . 239-240. D 'autre part, si la xplois Tomnuátwv de Cratès a porté principalement sur Homère , on trouve aussi des citations de Cratès dans les Scholies à Hésiode (cf. Wegener 8, p. 144 - 145 ; Pfeiffer 5, p. 241), à Euripide (cf. Wegener 8, p. 145
147 ; cf. aussi Pfeiffer 5, p. 241- 242 : sur le Rhésus), à Aristophane (Wegener 8 , p . 147), et dans un Commentaire sur les Phénomènes d 'Aratos. Un traité Tepi ’Attixñs diałextov (ou 'Attic ) diáłextoc) estmentionné
par Athénée 497 e , qui le présente comme l'œuvre d 'un certain Cratès d 'Athènes (cf. FGrHist 362 ( III B ] F6 - 11) : souvent rejeté comme inauthentique, il a été restitué par Mette 15 (p . 48 -55) à Cratès de Mallos (Parateresis, fr. 65 -70 ).
Cratès a pu composer également des ouvrages sur l' étymologie, qui pou vaient s'inscrire à la suite des traités llepi Étuuodiylxőv dont Chrysippe s' était
CRATÈS DE MALLOS
491
fait une spécialité. On lui devait encore des catalogues (ntivaxes) d 'auteurs de la bibliothèque de Pergame (cf. Athénée VIII, 336e): il n 'en subsiste que les
notices relatives aux poètes Alcman (cf. Souda, s.v. 'Anxudu Aáxwv, t. I, p. 117 Adler ) et sur Stésichore (cf. Élien, De nat. animal. XVIII 37) : sur ce point, cf. Hansen 3 , p . 409, Pfeiffer 5, p . 236 , et Sandys 6 , p . 158.
Enfin , une épigramme de l'Anthologie Palatine est attribuée à un certain
Cratès : elle est formée de deux distiques dans lesquels des expressions de critique littéraire servent à dissimuler des sous-entendus scabreux, à propos du
poète Choirilos qui est décrit comme très inférieur à Antimaque. L 'authenticité de cette épigramme est très discutable (cf. 17 R . Aubreton [édit. ), Anthologie
grecque. Première partie : Anthologie Palatine, t. X (livre XI), CUF, Paris 1972, p. 149 (et notes p. 267- 268]): il pourrait s'agir de Cratès le Cynique; cf. aussi Pfeiffer 5, p. 236 , qui refuse de faire endosser à Cratès de Mallos la paternité d'une telle pièce. Doctrine. - La controverse analogie /anomalie. De la réflexion linguistique de Cratès, on n' a longtemps retenu qu 'une seule idée : contemporain et rival d 'Aristarque, Cratès a soutenu le système de l’ åvwuaria contre celui de l’åvaroyla que
défendait l'école d'Alexandrie. C 'est essentiellement par Varron que nous est connue cette controverse : cf.Hansen 3 , p .410 -411 ; Della Corte 10, p .21-22 (et la n . 3 de la p . 21, sur les étapes qui ont pu conduire à la doctrine de l'anomalie, à partir de la synonymique de Prodicos) ; et surtout 18 H . Dahlmann, Varro und
die hellenistische Sprachtheorie , coll. « Problemata » 5, Berlin 1932, p . 52 -70 .
Les racines de l'opposition entre analogie et anomalie se trouvaient déjà chez
Aristophane de Byzance (partisan de l'analogie ) et Chrysippe de Soles (partisan de l'anomalie). D 'après Varron, De lingua latina IX 1, c'est à Chrysippe, auteur d'un traité en trois (ou quatre ?) livres Sur l'anomalie que Cratès aurait emprunté son système grammatical. Sur cette question , et sur son importance dans
l'histoire de la critique et de la grammaire antiques, cf. 19 J. Collart, Varron, grammairien latin , Paris 1954 (passim ) ; et 20 Id ., « Analogie et anomalie», dans Varron , coll. « Entretiens de la Fondation Hardt», 9, Vandæuvres/Genève 1963, p . 119 -132 ( discussion p . 133-140 ).
Collart 20, p. 119, présente ainsi le débat: « Si nous lisons Varron , [le débat]nous apparaît sous forme d'une querelle fondamentale qui, depuis Cratès et Aristarque, semble avoir divisé les grammairiens en deux camps au sujet de la morphologie . Les uns, philologues analogistes , ou école alexandrine d 'Aristarque, attentifs aux déclinaisons, conjugaisons et dérivations, posent des modèles types et des règles générales . Les autres, les anomalistes, généralement
confondus avec les philosophes stoïciens, attentifs aux disparates du langage, affirment la
vanité des principes généraux et déclarent que variétés et irrégularités pèsent sur le langage .» Sans doute le sens et l'importance de cette controverse , qui ne doit cependant pas être surestimée, peuvent-ils être mieux mesurés si l' on tient compte des liens
de la position anomaliste avec l'empirisme. Ces liens ont été fortement soulignés par Mette 17 : la défense de l'anomalie s 'appuie , en effet, sur une valorisation de l'observation empirique, méthode que Mette a désignée sous le titre embléma
tique de mapamonois . Selon Mette, la position anomaliste consisterait en une
492
CRATÈS DE MALLOS
application à la grammaire des procédés expérimentaux utilisés par les médecins
et les physiciens grecs des III et II° siècles. Ainsi, la défense de la doctrine de l'anomalie par Cratès ne se serait donc pas réduite à une position négative ( consistant à nier la validité des régularités analogiques dans le langage), elle
aurait été l'application positive, dans le domaine linguistique, d 'une méthode de plus vaste portée, fondée sur l'observation des faits , sur la reconnaissance de
leur pluralisme et de leur irréductibilité mutuelle. - Le stoïcisme de Cratès et la xploic toinuátwv. Parmi les différents Cratès qu 'énumère Diogène Laërce (IV 23), homonymes de Cratès l'Académi cien , Cratès de Mallos, cité en septième lieu , est désigné comme ypaypatixóc. Le même Diogène Laërce (VII 41-44) rapporte que les stoïciens considéraient dialectique et rhétorique comme les deux principales branches de la logique, et
qu'ils divisaient à son tour la dialectique en étude des sons et étude des significations : cf. 21 M . Baratin , « Aperçu de la linguistique stoïcienne» , p . 193
216 dans 22 P . Schmitter (édit.), Geschichte der Sprachtheorie , 2 : Sprach theorien der abendländischen Antike, Tübingen 1991. Dans quelle mesure Cratès a -t-il été un “ grammairien ” , et un grammairien “ stoïcien ” ? L 'apprécia
tion de chacun de ces deux termes offre matière à discussion . Pour un examen
nuancé de la position de Cratès, cf. 23 W . Ax, « Sprache als Gegenstand der alexandrinischen und pergamenischen Philologie » dans Schmitter 22 , p . 275 301. Il semble, en tout cas, que ce soit surtout dans la spionc noinuátwv que la recherche a tendance aujourd 'hui à reconnaître l'apport essentiel de Cratès. Lui même se définissait commexpitixóc : sur l'opposition établie par Cratès entre ces deux termes (κριτικός et γραμματικός), le texte fondamental est celui de
Sextus Empiricus, Adu. math . 179 : xal tov Mèv xpitixòv traons, anoi (scil. Crates ], δεί λογικής επιστήμης έμπειρον είναι, τον δε γραμματικών απλώς γλωσσών εξηγητικών και προσωδίας αποδοτικών και των τούτοις παρα πλησίων ειδήμονα : παρό και έoικέναι εκείνον μεν αρχιτέκτονι, τον δε
ypapuatixòv Únnpétn . On voit que, pour Cratès, le xpitixós, qui « a l'expé rience de toute la science du langage », est bien supérieur au ypaqeuatiXÓS, lequel n'est qu'un spécialiste capable d 'expliquer les usages linguistiques rares ou la prononciation desmots. Sur la signification du terme xpitixóc, cf. l' étude
de 24 G . M . A . Grube, The Greek and Roman Critics, London 1965 (notamment p . 132 et 136 ). Les exigences de la xplois noinuárwv avaient conduit Cratès à développer une véritable théorie de la poésie et du style, dont les pièces
mattresses étaient constituées par les notions de σύνθεσις των ονομάτων et d'eúdwvía : de ces deux notions, la première , en tout cas, était au cœur de la problématique stoïcienne du langage. Il est possible de reconstituer une partie des doctrines de Cratès en ce domaine grâce à Philodème de Gadara, qui, dans le chap . V . de son trepi tounuárwv, a soumis à une sévère critique plusieurs
aspects de la poétique de Cratès et d 'Ariston de Chios. Le texte a été édité par 25 C . Jensen (édit. et trad.), Philodemos. Über die Gedichte , Fünftes Buch , Berlin 1923 (voir en particulier p .49-59 : col. N XXI 23 - N XXVI 24, et le
chap . III : « Zur Poetik des Krates von Pergamon » , p. 146-174 ); sur le nepì
CRATÈS DEMALLOS
493
troLNUÁTwv de Philodème, se reporter à l'exposé très clair de Grube 24, p. 195 199. Cf. aussi 26 D .M . Schenkeveld ,« Oixpitixol in Philodemus» ,Mnemosyne 21, 1968 , p. 176 -214 (en particulier p. 177- 179 sur la signification du terme XPLTLXÓS pour Cratès) ; et 27 A . Ardizzoni, TOIHMA. Ricerche sulla teoria del linguaggio poetico nell'antichità , Bari 1953 (voir surtout les p . 79-90 : « La
λέξις poetica come σύνθεσις ονομάτων : Stoici e κριτικοί » [en particulier, sur Cratès, p . 84-87]). Ce qui ressort du témoignage de Philodème, c' est d 'abord que, pour Cratès, la fonction propre du critique était de « juger» (xplvelv ) si un poème était bon ou mauvais. Une telle xplorç devait reposer sur une étude systématique des « éléments » phonétiques : sur l' étude
des OtolyeTa faite par Cratès, voir notamment le fr. 52 a Mette , étudié par 28 W . Ax, Laut, Stimmeund Sprache. Studien zu dreiGrundbegriffen der antiken Sprachtheorie, coll. « Hypo mnemata » 86 , Göttingen 1986 , p. 218-223. D 'autre part, Cratès admet, conformément à la réflexion stoïcienne sur le langage, que chaque mot a deux fonctions : affecter l'oreille par un son, et désigner un objet pour la compréhension . Dès lors, la critique de la poésie consiste à sélectionner et à juger (- sélectionner : un bon poème doit répondre au critère d 'euphonie , et seule l'écoute permet de décider sur ce point ; - juger : le jugement qui porte sur des poèmes
ainsi choisis doit suivre la loi de raison de l' art dialectique). La critique de la poésie s'appuie donc sur des considérations relatives à l'effet du son : nature des mots, quantité des syllabes prises en elles -mêmes et dans leur contexte. Le critique Androménides (contemporain de
Cratès ou de peu antérieur à lui, » A 174 ), avec lequel Cratès se déclare souvent en accord,
était lui aussi un partisan de l' euphonie : le poète doit choisir seulement " ce qui sonne beau ”, qu ' il s'agisse de sons, de mots ou d'arrangements de mots .
Pour une analyse détaillée des thèses de Cratès discutées par Philodème, cf.
29 E . Asmis, « Crates on poetic criticism » , Phoenix 46, 1992, p . 138- 169 (qui entreprend de définir les positions dans ce contexte polémique). Voir aussi 30 James I. Porter, « Philodemus on material difference » , CronErc 19, 1989,
p. 149-178 : à partir de l' étude de deux passages du lepi tounuátwv (PHerc 994, fr. 18[ fin )-20 Nardelli et PHerc 1425, col.XXIII (fin ) - col. XXV 13), Porter propose une nouvelle interprétation de la oúvoeolç et entreprend de montrer que les théories poétiques de Cratès discutées par Philodème portent la marque d 'un matérialisme qui pourrait vraisemblablement remonter à Démocrite .
- L 'exégèse allégorique. C ' est dans l'exégèse allégorique de la poésie que le rôle du critique, tel que le concevait Cratès, trouvait son couronnement. De fait, si Cratès a abondamment lu et corrigé le texte d'Homère, c'est, en fin de compte , pour pouvoir en donner une interprétation . Il serait important de par venir à situer correctement tous ces travaux dans la longue lignée historique des
commentaires interprétatifs apparentés: car Cratès a dû avoir des devanciers ; sans doute a-t-il, en particulier, largement puisé dans les æuvres de Stésimbrote de Thasos, personnage que mentionnent le Socrate du Banquet de Xénophon (III
6 ) et Platon , Ion 530 c. De son côté, Cratès lui-même a été utilisé : ainsi par Héraclite l' allégoriste , qui le cite souvent etmentionnemême son nom une fois. Pour Cratès, l'omniscience d'Homère constituait une sorte d'axiome: épurer le texte était donc une nécessité qu 'imposait non la seule philologie , mais le souci de donner au texte d'Homère sa " véritable ” signification . La critique du
texte devenait ainsi indissociable d 'une vaste entreprise herméneutique, condui
494
CRATÈS DE MALLOS
sant à voir en Homère une source universelle de connaissances "scientifiques” en matière d'astronomie , de cosmologie et de géographie . Cratès, en effet, ne doute pas qu 'Homère ait eu l'intention d 'instruire son lecteur, par le biais de l'allégorie , sur le cosmos, les étoiles, la terre (dontHomère enseignerait la sphé ricité et la division en zones), sur l'Océan (qu 'Homère savait être une grande
mer , et non pas un fleuve). C 'est ainsi que la description du bouclier d'Aga memnon (Iliade XI 32 -37) et celle du bouclier d'Achille (II. XVIII 483-608 ) fournissent en raccourci, selon Cratès, des représentations du cosmos, de ses
éléments constitutifs, de ses divisions. L 'intérêt de Cratès en ce domaine a été particulièrement illustré par la construction d 'un globe terrestre que mentionne Strabon , Geogr. II 5, 10. Ce globe, d 'une dimension considérable (10 pieds de
diamètre), était en particulier utilisé par Cratès afin d'expliquer l'Odyssée: cf. 31 G . Aujac ( édit.), Strabon, Géographie ,t. I, 2e partie , CUF, Paris 1969, p. 90 (et n . 3 p. 160 ). Selon Géminos XVI 22-24, Cratès y avait tracé les cercles fixes et avait entrepris de reconstituer le périple d'Ulysse (mais Géminos lui reproche
d'avoir situé l'océan entre les tropiques selon un raisonnement qui se voulait “mathématique", mais qui ne trouve en réalité aucun appui chez les mathé maticiens anciens). Enfin ,Homère n'étant pas seulement géographe,mais devant aussi (déjà pour Cratès) être considéré comme un théologien , Cratès a proposé de nombreuses interprétations de figures divines en termes physiques : c'est ainsi que le Zeus d'Homère n 'est autre , pour Cratès, que la personnification du ciel et de l' éther. Sur les interprétations théologiques d'Homère proposées par Cratès, cf. 32 K . Reinhardt, De Graecorum theologia capita duo, Diss. Berlin 1910 , p. 59-80 , et
33 Fr. Wehrli, Zur Geschichte der allegorischen Deutung Homers in Altertum , diss. Basel, Borna/Leipzig 1928, p. 40-52 . Il s'agit là d 'un domaine qui pourrait s 'avérer fécond pour des recherches futures. Qu'il s'agisse, en tout cas, d'interprétations " scientifiques” ou théologiques, il faut reconnaître que la méthode allégorique de Cratès a souvent suscité ,même chez les auteurs modernes, de sérieuses réserves. Significative est, par exemple, la sévérité que manifeste 34 F . Buffière, Les mythes d 'Homère et la pensée grecque, Paris 1956 (notamment p. 163-164 et p. 204-206 ) à l'égard des excès auxquels l'a priori allégoriste a conduit Cratès dans sa lecture d 'Homère : « Pour accorder Homère à la science de leur temps, Cratès et les siens [...] doivent sou vent faire violence au texte, etmême le modifier. Ce qu 'Homère ne dit pas, on le lui fait dire, et si un passage semble une hérésie scientifique, on le corrige ingé nieusement pour l'accorder à l'orthodoxie . » Et Buffière oppose à cette attitude
« l' intelligente critique d ’Aristarque et de l'école d'Alexandrie » , qui « ne demande pas à Homère d'être en avance sur les connaissances scientifiques de son temps» . Ce jugement rejoint certaines critiques déjà formulées contre Cratès dans l'antiquité : ainsi Géminos reprochait-il à Cratès « d'interpréter avec des arguments modernes des expressions anciennes, critique qu 'avait également adressée Strabon au même Cratès » (35 G . Aujac (édit.), Géminos, Introduction
aux Phénomènes, CUF, Paris 1975, p. 81 n. 1). De son côté , 36 J. Pépin ,Mythe
CRATÈS DE TARSE
495
et allégorie : les origines grecques et les contestations judéo-chrétiennes, Paris
19762, p. 152- 155, désigne Cratès, parmi les tenants de l'allégorisme stoïcien ,
comme « l'allégoriste le plus intempérant» (p . 153),mais il souligne que cette allégorie est bien représentative de l'héritage stoïcien , « puisqu 'elle reprend l' interprétation physique et morale , servie par d 'aventureuses étymologies, dont
le stoïcisme faisait plus grand cas que de l'allégorie historique » (p . 152-153). Sur l'usage de l' étymologie effectivement fait par Cratès, cf. supra ; voir aussi Pfeiffer 5, p . 241. L ' école de Cratès. L' influence immédiate de Cratès fut considérable, ses disciples, nombreux et féconds, furent nommés Kparń telol: cf. Kroll 2 , col. 1640 - 1641. Selon 37 M . L . West, The Orphic Poems, Oxford 1990, p . 247
248, l'influence de Cratès serait décelable jusque dans la composition des rhapsodies orphiques. Le plus célèbre des Kpatntelol fut le stoïcien Panétius (ca 185 -110 av . J.- C .), qui, si l'on en croit Strabon XIV , 16 , se serait d' abord proclamé disciple de Cratès ; il abandonna pourtant la méthode d'interprétation
allégorique de son maître pour adopter celle d'Aristarque. Mais la doctrine de Cratès, et en particulier ses positions sur l' anomalie, furent défendues contre l'école d 'Alexandrie par plusieurs autres disciples : les plus importants furent
Tauriscos et Hérodicos (sur ce personnage, cf. 38 I. Düring, Herodicos the Cratetean : a Study in Antiplatonic Tradition , Stockholm 1941). Autres élèves: Artémon de Pergame (auteur d 'un Commentaire sur les Odes
de Pindare) ; Zénodote de Mallos (auteur de travaux de critique homérique où il défendait certains passages d'Homère rejetés par Aristarque) ; Asclépiade de Myrléa ( A 448 ), en Bithynie (né entre 130 et 80 av. J.- C ., auteur d 'une mono graphie savante sur la coupe de Nestor, de commentaires sur Homère et Théo crite, d 'une histoire de la Bithynie et d 'une histoire des " grammairiens” ), et
Héracléon de Tilotis ( en Égypte ), auteur d'un Commentaire sur l'Iliade et l'Odyssée. JEAN -MARIE FLAMAND .
204 CRATÈS DE TARSE REK9
IIa
Philosophe académicien , successeur de Carneade le jeune (2+ C 43) comme scholarque . Nos informations proviennent de l' Ind. Acad. Herc. de Philodème,
col. 25,43 - 26 ,4 ; col. 30, 5-8 (= FGrHist 244 F 55), et D .L . IV 23 (liste des homonymes). Les témoignages sont rassemblés dans H . J. Mette, Lustrum 27, 1985, p . 142. Le témoignage de la col. 24, 30 -32 est incertain . Cratès dirigea
l'Académie quatre ans, de 131/0 à 12776 , puis il eut comme successeur Clito maque. Cf. H . von Arnim , RE XI 2, 1922, col. 1633. Sur les événements liés à son scholarcat et sur ses rapports avec Clitomaque, cf. T. Dorandi (édit.),
Filodemo : Platone e l'Academia , p. 73-75, et Id ., Cronologia , p. 11- 16 . TIZIANO DORANDI.
496
CRATÈS DE THÈBES
205 CRATÈS DE THÈBES RE 6
ca 368/365 - 288/285
Philosophe cynique, disciple de Diogène de Sinope. Sources biographiques anciennes A . Sources conservées: Télès, au moins sous forme d 'un épitomé.
B . Sources perdues: Julien , Discours IX , 200b et le Catalogue de Lamprias nº 37 mentionnent
une Vie de Cratès, aujourd 'hui disparue, due à Plutarque et utilisée par Sopater
(Photius, Bibl. 104b3). Sources citées par Diogène Laërce : ( 1) Ménandre , Alovuar VI 93 = fr. 117 , 118 Kock = fr. 104 Koerte . ( 2) Zénon de Cition , Xpełal VI 91; 'Anouvnuoveúuata Kpártoç VII 7. ( 3) Philémon le comique VI 87= fr. 146 Kock .
(4) Ératosthène VI 00 88., (5 ) Hippobote VI85 = fr. 8 Gigante .
(6 ) Antisthène < de Rhodes> , Aladoyal VI 87 = fr. 8 Giannattasio Andria. (7) Démétrios deMagnésie VI 88 = fr. 21Mejer.
(8 ) Dioclès VI87 et 91. (9) Favorinus au De caelo d 'Aristote est l'objet d'une délicate discussion philologique
(voir : 150 J. L . Heiberg, « Handschriftliches zum Commentar des Simplicius zu Aristoteles de caelo » , SPAW 1892, p . 59-76 ; J. L . Heiberg (édit.), Simplicii in Aristotelis de caelo commentaria , CAG VII, Berlin 1894, p . V -XVI. Deux thèses dactylographiées (inédites), dues à 151 F . Bossier (1975) et 152 Ph. Hoffmann (1981), ontnotamment étudié cette question : voir Combès 4 , p . XXXVII-XXXIX ,
quireprend l'exposé de Westerink 3, p. 11-12). Aucun des manuscrits grecs les plus anciens (XIII -XIVe siècles) n 'attribue le premier livre du Commentaire à Simplicius, alors que pour le livre II l'attri bution à Simplicius est celle qui s' impose, sur la base du témoignage du manuscrit A (Mutinensis a . M .5 . 25 ( gr . 161, olim III. E . 8]) ; pour les livres III et IV le nom de l'auteur n 'est pas mentionné. Les manuscrits A et C (Parisinus Coislin . 169) attribuent le livre I à Damascius, tout comme la série de manuscrits contenant la collection des Mapex oral ånd ToŨ Aquaoxlov eis to
TpWTOV ’AplotoTÉÃOuç nepi oủpavoû, et dont le plus ancien - et la source – est le Marcianus graecus 257 (Ruelle 1 , p. 57 -63, accepte sans hésitation
l' attribution de ces Tlapexbożai à Damascius). Le Vaticanus gr. 499, du XIII siècle, contient une introduction au De caelo intitulée Aquaoxlov npolleyó ueva Eic tò mp @ tov ’APLOTOTÉROUç trepi oúpavoû. Les manuscrits D (Parisi nus Coislin . 166 ) et E (Marcianus graecus 491) ne donnent aucune indication
d'auteur. Le ms. B (Vaticanus Ottobonianus graecus 83, fin du XVe s.), qui constitue un groupe avec A , J et le manuscrit de Pérouse (cités infra ), attribue le
livre à Simplicius, tout comme la traduction latine " intégrale ” de Guillaume de
Moerbeke, achevée à Viterbe le 15 juin 1271 et exécutée d 'après un manuscrit grec sans aucun doute antérieur aux plus anciens exemplaires grecs conservés : ce qui lui donne, raisonnablement, une bonne autorité (voir 153 F . Bossier,
« Traductions latines et influences du Commentaire In de caelo en Occident (XIII -XIVe s.)» , dans Hadot 72, p. 289-325 ). B a été copié à la fin du XVe siècle par un scribe anonyme à qui l'on doit aussi le Taurinensis C . I. 13 ( sigle J) , qui
ne semble pas être une copie de B – contrairement à ce que pensait Heiberg ,
suivi parWesterink et Combès – et qui ne porte aucun titre au début du livre I (voir 154 Ph. Hoffmann, « Un mystérieux collaborateur d ' Alde Manuce : l'Anonymus Harvardianus » , MEFRM 97 , 1985 , p. 45- 143 ( voir p . 83 - 94 ]). L 'observation de Heiberg (p . IX n . 1) selon laquelle le titre de B a été ajouté
postérieurement à l'encre rouge et a une autorité moindre est d'interprétation
délicate : ce titre est de premièremain et l'Anonyme a, parallèlement, corrigé en ouunal[xlov ( sic ) le titre originel (Aauaoxlov ...) d 'un autre manuscrit, copié
578
DAMASCIUS
sur A , le Perusinus 51 (A 51), pour rétablir ce qu 'il considérait (mais sur quelle base ?) comme l'attribution correcte (155 Ph . Hoffmann , « La collection de manuscrits grecs de Francesco Maturanzio , érudit perugin (ca 1443- 1518] »,
MEFRM 95, 1983, p. 105-110 [voir fig. 4 p. 106, et p. 108 n .69]). En dépit de quelques incertitudes, la tradition manuscrite offrirait donc des raisons plausibles d'attribuer à Damascius le premier livre du Commentaire. Une confirmation indirecte du fait qu 'un exemplaire ancien de ce Commentaire portait le nom de Damascius pourrait être offerte par le témoignage deMichel
Psellos (XIe siècle ) qui, dans son Abyog nepi quxñs (Vaticanus graecus 2231, f. 264"- 265" : voir 155a (J.M . Duffy et] D .J. O 'Meara [édit.),Michaelis Pselli Philosophica Minora , vol. II, Leipzig 1989, p.77, 22 -78, 5), mentionne Damascius comme un “ aristotélicien ”, en compagnie d'Alexandre d'Aphrodise, Porphyre, Ammonius, Simplicius, Priscianus, Jean Philopon et Théophraste ; à ces “ physiciens” et “ physiologues” il oppose Proclus, Syrianus, Plotin , Jam blique et tous les “ platoniciens" : voir Westerink 3, Introduction , p. 17- 18 et n. 29, et 155b P . Gautier (édit.), Michaelis Pselli Theologica, vol. I, Leipzig
1989, p. 185, qui suggère, à propos de l'Opuscule 49, lignes 158-159, que Psellos distinguait peut-être entre un Damascius commentateur d 'Aristote et un
* Dapsamios métaphycisien et platonicien . Le nom de Damascius apparaît toutefois aussi dans une liste byzantine de commentateurs de Platon transmise
par le Parisinus Coislin . 387 (f. 154", fin du Xe siècle selon Charles Astruc) et le Bodleianus Auct. T .2. 11 [f. 359), et citée par 156 J. Whittaker, « Parisinus graecus 1962 and the writings of Albinus », Phoenix 28 , 1974, p. 456 n. 29 (voir
aussi p.454 n. 22) ; lire aussi Combès 4 , p. XXVIII et n. 3. D 'un autre côté, l'attribution du Commentaire à Simplicius, dans la rédaction qui nous a été transmise, semble prouvée par la parenté des termes et des arguments employés contre le chrétien Jean Philopon dans la polémique instruite contre lui par Simplicius dans l'In de caelo et dans son commentaire postérieur In Physicam , p. 1129- 1169 et 1326 - 1336 Diels. Voir la remarque de H . Diels à
J. L . Heiberg (CAG VII, Berlin 1894, p. IX n. 1), et Hoffmann 71, p. 183-221. Dans l' état actuel de nos connaissances, la solution la plus prudente est celle que suggère Westerink (à la suite de Kroll 6 ) : un cours de Damascius sur Aristote pourrait avoir été édité , et en même temps considérablement développé, par Simplicius.Mais puisque le Commentaire de Simplicius doit être situé, chrono logiquement, après 532, et si l'on suppose qu 'il a été écrit à Harrān (voir Hadot 78, p. 22 , et Tardieu 8 , p. 135 [l'excursion aux sources du fleuve Hābūr
(Aboras),mentionnée dans l’ In de caelo, doit s' être produite entre 532 et 538 ]), deux hypothèses doivent être formulées : ou bien Simplicius reprendrait une rédaction déjà ancienne d 'un cours de Damascius (donné par exemple à Athè nes ?), ou bien - ce qui serait plus vraisemblable – il rédigerait et développerait
" à chaud" des leçons de son maître, ce quinous obligerait à supposer aussi que
celui-ci vécut et enseigna au moins quelque temps à Harrān ... Il nous faut ajouter une précision bibliographique. Le Catalogue général des livres imprimés de la Bibliothèque nationale , t.XXXV, Paris 1908, col. 385 ,
DAMASCIUS
579
signale , au nom de Damascius, une édition vénitienne des Quaestiones Natu rales et Morales d 'Alexandre d'Aphrodise donnée en 1536 par Victor Trinca velli et imprimée chez Bartolomeo Zanetti (cotes B. N .: R 112 et Rés. g.R . 8) : la page de titre mentionne, outre les æuvres d'Alexandre , trois textes (« Meta phrasis ex Damascio in primum librum de caelo et mundo . - ...- Theophrasti
liber de sensu . – Prisciani Lydi metaphrasis in libros Theophrasti de sensu et phantasia ») pour lesquels il semble que le modèle retenu ait été un manuscrit copié par Jean Rhosos pour Bessarion , le Marcianus graecus 263. On ne connaît aucun exemplaire contenant toutes les œuvres décrites par cette page de titre , et cette “ édition -fantôme” – dont le programme pourrait avoir été inspiré par le dédicataire , l'humaniste français Pierre Danès – aurait offert, si elle avait été réalisée, la collection de Mapexbonai déjà mentionnée. Voir Ruelle 1, p.62-63 et n . 35 ; 157 Ph. Hoffmann , « Sur quelques manuscrits vénitiens de Georges de
Selve, leurs reliures et leur histoire» , dans D . Harlfinger et G . Prato (édit.), Paleografia e codicologia greca. Atti del II Colloquio internazionale (Berlino Wolfenbüttel, 17-21 ottobre 1983), coll. « Biblioteca di Scrittura e civiltà » 3, Alessandria 1991, t. I, p. 455-456 ; et 157a M . Sicherl, Die griechischen Erstausgaben des Vettore Trincavelli, coll. « Studien zur Geschichte und Kultur des Altertums» Neue Folge, 1. Reihe, 5. Band, Paderborn München /Wien /
Zürich 1993, p.62-67. (8) Ouvrage écrit sur le premier livre des Météorologiques d 'Aristote : plusieurs citations de ce livre de Damascius - qui n ' était pas nécessairement un commentaire – dans le Commentaire de l'alexandrin Jean Philopon , édité par M . Hayduck , loannis Philoponi In Aristotelis Meteorologicorum Librum Primum
Commentarium (CAG XIV 1), Berlin 1901, p. 44, 21- 36 (cf. Aristote ,Meteor. I
3 , 341 a 17 sqq.: sur la causalité des corps célestes ( D . dit que les corps célestes ont des puissances actives sui generis, que reçoivent les corps inférieurs sur le mode de qualités passives correspondantes]) ; p. 97, 20 -21 (cf. Aristote ,Meteor. 17, 344b8- 17 : sur les comètes (elles ne sont pas un phénomène atmosphérique, et leur mouvement est surnaturel]) ; p . 116 , 36 -117, 39 (cf. Aristote ,Meteor. I 8 , 346 a 31-b3: sur la nature de la Voie Lactée (celle-ci n 'est pas une exhalaison , elle n 'appartient pas au monde sublunaire, mais elle est un système immuable de
corps célestes : la route des âmes qui se purifient en traversant l'Hadès céleste , conformément à l'opinion d'Empedotimos, c'est-à-dire Héraclide le Pontique).
Philopon critique ces opinions de Damascius.
Voir les analyses de Westerink 3, p . 12 , et Combès 4 , p. XXVII et p. XXXIX XLI, qui situent ces spéculations de physique mythologique et théologique par rapport à l'inspiration “ merveilleuse" des Paradoxa , et y reconnaissent le projet
de maintenir, en critiquant des opinions d'Aristote, une cosmologie platoni cienne dans la tradition du Timée (pour laquelle les corps célestes, divins, constituent unemédiation entre le monde sublunaire et le monde transcendant).
DAMASCIUS
580
COMMENTAIRES SUR LES DIALOGUES DE PLATON APPARTENANT AU “ CANON ” NÉOPLATONICIEN
(9 ) Commentaire du Premier Alcibiade: l'existence de ce commentaire , qui ne nous a pas été transmis, est assurée par le témoignage d'une dizaine d'allu
sions contenues dans le commentaire d'Olympiodore (ca 495/505-ca 565), édité par 158 L . G . Westerink , Olympiodorus, Commentary on the First Alcibiades of
Plato , Amsterdam 1956 . Les traits saillants de l'exégèse de Damascius, violem ment critique - en ce qui concerne notamment la détermination du oxotóg - à l'égard du commentaire de Proclus, ont été analysés et rassemblés par Segonds
7 , p . LIII-LXIX ( cette introduction remarquable offre, p. X -CIV , un tableau complet de la fortune antique de ce dialogue platonicien et de sa place dans les cursus d ' études). Le oxonós du Premier Alcibiade est, selon Damascius, de se
connaître soi-même notixőç (Olympiodore, In Alc., p . 4 , 15–5 , 16 ), « sur le
plan des vertus politiques» ou « commeil convient à des citoyens» : c 'est-à-dire en tant qu 'âme rationnelle usant du corps, ou de ses passions, comme d'un instrument. Sur ce texte très important, voir : Dalsgaard Larsen 120 , p. 343;
Hadot 18 , p. 158- 160, et 159 I.Hadot, Simplicius. Commentaire sur les Caté gories, fasc. I: Introduction, Première partie (p. 1 -9, 3 Kalbfleisch ), coll. « Philosophia Antiqua » 50 , Leiden 1990 , p. 136 - 137 . Olympiodore cite à
plusieurs reprises Damascius - qui est sa source fondamentale – et dans la majorité des cas il l'oppose à Proclus (Segonds 7 , p .LXX-LXXVI sqq., notam ment p . LXXV n . 3 [liste des passages où Olympiodore cite conjointement
Proclus et Damascius]). On ne peut déterminer si Olympiodore avait suivi personnellement un cours de Damascius (à Alexandrie ? à Athènes ?), s'il a utilisé les notes d ' un autre étudiant – une simple reportatio comme celle dont il
disposait pour le Phédon -, ou s'il avait en mains une rédaction éditée par Damascius lui-même. Olympiodore (p . 209, 15- 19) nous apprend que l'exégèse de Damascius a supplanté celle de Proclus, et c'est d'ailleurs sur elle que s 'appuie un passage de la préface du Commentaire de Simplicius au Manuel
d 'Épictète (voir Segonds 7 , p . LXVI-LXIX ). – Voir aussi Westerink 3 , p. 11; et Combès 4, p. XLVI-XLVIII. (10) Commentaire ou leçon sur la République (?) : une référence probable dans l'In Phaedonem , I, § 114, 2 - 3 (éd . Westerink, p .72-73, avec note ad loc. : Damascius pourrait renvoyer à une explication de République VII, 5206 5 -6 , critique à l'égard de Proclus). – Voir Westerink 3, p . 11, et Combès 4 , p . XXXIV
et n. 1.
(11) Commentaire ou leçon sur les Lois (?) : deux passages du Commentaire de Damascius au Phédon pourraient ( ?) renvoyer à un commentaire ou à un cours sur les Lois, mais cela ne peut être considéré comme certain . Ce sont (dans l'édition Westerink ) : In Phaedonem , I, § 198, 2 ( à moins que Damascius ne renvoie directement à Platon , Lois X , 904 a 8 -9 [lire aussi la note de Westerink ,
ad loc., p. 120 ]) et II, § 44, 2 (à moins que la référence ne soit faite à Proclus –
ce qui semble moins probable : voir la discussion de Westerink, p . 312-313, qui
DAMASCIUS
581
rappelle une conjecture de Norvin ; le passage de Platon concerné est Lois III,
690 a 1-c9). – Voir Westerink 3, p. 11, Westerink 16 , p.LXXIII n .45, et Combès 4 , p . XXXIV et n . 5. (12) Leçons sur le Phédon (sous forme de deux séries de reportationes rédigées par des auditeurs ) : on doit attribuer à Damascius des commentaires au
Phédon et au Philèbe transmis de manière anonyme dans la deuxième partie du
Marcianus graecus 196 (ff. 242-337 ) à la suite des commentaires d 'Olympio dore au Gorgias, à l’ Alcibiade et au Phédon . Ce ms. appartient, tout comme le
Marcianus graecus 246 (Traité des premiers principes et In Parmenidem ), à la
Collection philosophique du IXe siècle . L 'on peut envisager queMichel Psellos, au XIe siècle, ait lu l’In Phaedonem de Damascius, comme le suggèrent plusieurs parallèles signalés dans ses opuscules philosophiques par [Duffy et ] O 'Meara
155a , vol. II, 1989, Index locorum , p. 166 , et par Gautier 155b , vol. I, Index auctorum , p . 452. - Sur l' attribution à Damascius de ces commentaires sur Platon , voir la démonstration de 160 L . G . Westerink , Damascius. Lectures on the Philebus wrongly attributed to Olympiodorus, Amsterdam 1959 ; deuxième
édition 1983: l'introduction philologique (p. IX -XX ) présente notamment, et discute, les travaux antérieurs de W . Norvin (1913 et 1915), corrigés par J.L . Heiberg et 161 R . Beutler, art. « Olympiodoros» 13, RE XVIII 2 , 1939, col. 207
227 (lequel a démontré, dans son remarquable article, que ces textes anonymes remontaient à l'enseignement de Damascius, et non d’Olympiodore). L 'édition critique à utiliser est celle de 162 L .G . Westerink , The Greek Commentaries on Plato 's Phaedo, II. Damascius, Amsterdam -Oxford -New York 1977 (voir p . 15 18) . Elle remplace l'édition de 163 W . Norvin , Olympiodori philosophi in Platonis Phaedonem Commentaria , Leipzig 1913, repr. Hildesheim 1968
(ensembles BCD = , aux p. 84-244 ]). Dans son étude des traces
laissées par le commentaire perdu de Jamblique au Phédon, Dalsgaard Larsen 120 , p . 348 -353, ne fait pas encore la distinction entre le commentaire d'Olym piodore lui-même et * Olympiodore BCD = . - Voir aussi, pour le contenu , la présentation de Combès 4 , p. XLVIII-LII : il s 'agit donc de « deux
séries de notes (...), dues à des étudiants différents , rapportant des leçons don nées en des temps également différents, à partir sans doute d 'un même cours de
base , qui a été ensuite revu et retouché » . Le cycle des explications du Phédon avait déjà commencé lorsque le second reportator (Ph. II) – à qui l'on doit
également l' édition des leçons sur le Philèbe – commença à prendre des notes; pour éditer le cours de Damascius, il aura ajouté en tête la reportatio antérieure (Ph. I, plus longue et plus complète), et à ces deux versions il faut en ajouter une
troisième, encore différente , utilisée par Olympiodore pour rédiger son propre commentaire . A l'intérieur de la première série (Ph. I, § 207-252) s'intercale une Monographie sur l'argument des contraires qui n 'est pas une reportatio : elle a
été écrite par Damascius lui-même pour apporter des compléments au traité correspondant de Syrianus inclus dans le commentaire de Proclus, que selon sa
méthode habituelle Damascius résume et discute.
582
DAMASCIUS
Lire les articles de 164 J. Pépin , « Le plaisir du mythe (Damascius, In Phaedonem I 525 -526 ; II 129- 130 ) » , dans 165 Néoplatonisme = Mélanges
offerts à Jean Trouillard , coll. « Les Cahiers de Fontenay » 19-22, Fontenay aux Roses (E . N . S .), 1981, p . 275 -290 ; et 166 L . Brisson , « Le corps " dionysiaque” . L 'anthropogonie décrite dans le Commentaire sur le Phédon de Platon (1 , par.
3 -6 ) attribué à Olympiodore est-elle orphique ? » , dans EOQIHE MAIHTOPEE, « Chercheurs de sagesse » . Hommage à Jean Pépin , Paris 1992, p . 481-499
(plusieurs renvois à l'œuvre de Damascius, surtout l'In Phaedonem ),notamment p. 482. (13) Commentaire ou leçon sur le Sophiste : une seule allusion, d 'interpré tation délicate , dans l' In Parmenidem (éd . Ruelle , t. II, p . 197 , 4 - 5) ; elle a été signalée par Westerink 3 , p . 11 (= Combès 4 , p . XXXIV et n . 3 ). Voir aussi
Saffrey etWesterink 37, t. V , Paris 1987, p . LVI (dans le cadre d'une analyse du commentaire de Damascius sur la deuxième hypothèse du Parménide). — Damascius demande (t. II, p . 193, 5 -6 Ruelle ) si les non -un (tà un év) dont
parle Platon « dans ce passage » de la deuxième hypothèse du Parménide (évtaỹoa = 146d - 147b ) ont le même caractère que le non -être (to un ov) du Sophiste (257 b ), qui est défini « selon la différence » (xatd mv ÉTepótta ). Il
répond (t. II, p. 196 ,24 - 197,5 ) que Platon , dans le Sophiste, a appelé « non être » (TÒ un ov) la « différence » (ếtepoms), laquelle se rencontre dès le niveau
des intelligibles ( και εν τοις νοητοίς),tandis que ενταύθα (= dans ce passage du Parménide), par « les non -un » Platon désigne « les autres » (tà ära), qui sont engagés dans la matière : et « c' est pourquoi Platon ne les appelle même pas
le non-un (TÒ un év), mais les non -un (tà un év), en employant le pluriel (Tanduvtex @ c) ». Damascius suggère qu'en réalité, « ÉXET (= dans le Sophiste ), le non -être , si l'on comprend bien ce terme, ne saurait se trouver dans les intelli
gibles, car au contraire c'est dans la matière que réside précisément le non -être :
si bien qu'en ce sens du moins il sera analogue au non-un. Car d 'une manière générale nous avons montré ÉV ÉXELVOLS (= dans les commentaires consacrés au Sophiste ) que ce mot de non - être ne peut coexister avec les étants (rai yap όλως τούτο το μη όν όνομα εδείκνυμεν εν εκείνοις ου δυνάμενον είναι
OÙv ToTç oŮolv )» . L 'interprétation des expressions èxeſ et év éxe vous est liée à la compréhen
sion de Évtaūda. Chaignet (cité infra sous le n° 179, t. III, p. 42-43) y voyait, non la distinction de deux textes (le Sophiste et le Parménide), mais l'opposition de deux ordres ontologiques (« là -haut» , « dans les intelligibles » , et « ici-bas » ),
ce qui interdisait de soupçonner un renvoi à des explications du Sophiste . (14) Commentaire ou leçon sur le Phèdre (? ) : deux allusions ( ?) dans l' In
Phaedonem I, § 392, 3 -4 (lire la note de Westerink ad loc., p . 213: renvoi à Platon (Phèdre 250b5-c4, ou 247c6 -e4, 249c1-6 ...? ) ou bien au commentaire de Damascius ?) et $ 527 , 3- 4 (Damascius utilise le futur...nepi WV év Daídow
Ønonoetai: il doit s'agir de l'annonce d 'un cours sur le Phèdre , postérieur à l'étude du Phédon selon le cursus néoplatonicien ; dans sa note ad loc.,
Westerink , p. 268, souligne que Damascius présente un point de doctrine – la
DAMASCIUS
583
correspondance des douze dieux du Phèdre (246e4 - 247a4 ] avec les douze faces de la OwoexCOXUTOC obalpa ( = la Terre ) du Phédon 1106 6 - 7 - qui est absent du commentaire d 'Hermias, comme de la Théologie platonicienne de
Proclus). – Voir Westerink 3, p . 11, et Combès 4 , p . XXXIV et n. 2. (15) Leçon sur le Philèbe : on a conservé une reportatio d 'un cours dont Beutler 161 a reconnu avec raison que l'auteur était Damascius. Édition critique donnée par Westerink 160 en 1959, voir l'Introduction, p . IX -XXII (notamment
p. XX -XXII) [2e éd . 1983, avec des addenda). Le commentaire de Damascius s'appuie sur celui de Proclus, qu' il critique (voir Westerink 3, p. 10 -11) et que
l'on ne connaît que par ces leçons (dans la Vie d'Isidore (Zintzen p.66 -67 : passages parallèles chez Photius cod. 242 § 42 et la Souda, III, 324, 16 -25 s.v. Mapīvog = p. 27 ,31 - 28 ,8 Asmus), Damascius nous raconte que Marinus avait brûlé son propre commentaire au Philèbe, après qu 'Isidore lui eut fait remarquer
que « l'æuvre du maître (= Proclus) était suffisante » – ce qui témoigne de son autorité ). L 'auteur de la reportatio est le même auditeur qui a aussi rédigé la deuxième version du commentaire sur le Phédon (= Ph. II : voir Westerink 160, P . XXI, et Westerink 3 , p . 16 - 17) . Comme pour le commentaire au Phédon, le
manuscrit fondamental est le Marcianus graecus 196 , qui appartient à la Collection philosophique (troisième quart du IXe siècle ). — Pour le contenu philosophique, voir la présentation de Combès 4 , p . LII-LVI (« Les notes qui concernent (la constitution du mixte )... révèlent une structure de pensée quasi contemporaine de celle du Traité des Premiers Principes » et le Philèbe est interprété dans le sens d 'une « théorie de la constitution métaphysique de toute réalité » explicitée dans le Traité ). Selon Damascius, le oxonÓS qu 'il a essayé
de déterminer avec plus d 'exactitude que ses devanciers – est le bien qui convient aux seuls vivants, la vie bonne commemixte d 'intellect et de plaisir, et non le Bien universel, immanent ou transcendant (TÒ Olà távtwv Cówv Delwv
τε και μέχρι τών εσχάτων, είπερ εκ νου και ηδονής συνίστησι το μικτόν τέλος, όπερ εστί του ορεκτικού και γιγνώσκοντος, et περί του [ μικτού) εκ
νου και ηδονής, άπερ οράται εν τοίς πεφυκόσι γιγνώσκειν τε και ópéyeodal: $ 6 , 1 -15, p . 5 Westerink ). Damascius s 'écarte résolument sur ce
point de la définition du oxotós donnée avant lui par Jamblique, Syrianus et Proclus (voir Dalsgaard Larsen 120, p. 374-377). On lit en effet au § 5 , 1-5 , p. 5 Westerink : ότι ο σκοπός κατά Ιάμβλιχον και τους περί τον Συριανόν και τον Πρόκλον περί του τελικού αιτίου πάσι τοίς ουσιν, ό εστι περί του διά πάντων διήκοντος αγαθού. Ουχ απλώς δε ούτως· ου γάρ δήπου του
εξηρημένου, αλλά του κατ' αυτά τα όντα θεωρουμένου και εφ' δ σπεύδει
τα πάντα και ου εφικνείται: το γαρ εξηρημένον ανέφικτον. Une étude ponctuelle a été donnée par 167 M . Hirschle, Sprachphilosophie und Namenmagie im Neuplatonismus. Mit einem Exkurs zu 'Demokrit' B 142, coll. « Beiträge zur klassischen Philologie » 96 , Meisenheim am Glan 1979,
notamment p .57-58 (Damascius et la doctrine néoplatonicienne du langage) et p .63-65 (In Philebum , § 24 (p. 15 Westerink), à propos des noms des dieux désignés comme åráruata OwVnevta : mais l'attribution à Démocrite
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DAMASCIUS
d' Abdère [68 B 142 DK ), qui a donné lieu à de nombreuses études, n' est pas fondée et doit être une erreur de l' étudiant qui a rédigé le cours). Signalons enfin pour mémoire un article de portée très limitée : 168 T . N . Pelegrinis, « Damascius: symmetry as a means towards man ' s perfection » , Diotima 7 , 1979, p . 147 - 151 (Damascius serait le dernier penseur grec à attribuer, contrairement à la doctrine plotinienne,
un rôle essentiel à la symétrie en l'associant étroitement à l' idée du Beau). Cf. 169 Id., ' H EvvoLa ToŨ xarious OTÒV Aquaoxio, Athènes 1977, 131 pages.
( 16 ) Commentaire du Timée : son existence est certaine. Damascius le cite dans son In Phaedonem I, § 527, 2- 3 (voir l'édition Westerink , p. 268-269, avec
les notes ad loc.: il s'agit du passage où l'on doit peut-être reconnaître aussi l'annonce d'un cours sur le Phèdre) et $ 531, 3 (?) [éd. Westerink, p. 270 -271 et note ad loc. ); II, § 36 , 10 [éd.Westerink, p . 308- 309 et note ad loc.) et $ 132, 4
5 [éd. Westerink, p. 358-359]) et dans son Commentaire au Parménide (éd. Ruelle , t. II, 216 , 11-17 ; 236 , 13- 18 ; 251, 22-23; 252, 7 -13 ; 269, 1 -2 et 15-17). - Westerink 3 , p. 11 et n . 11, estime que ce commentaire avait été « presque certainement» publié par Damascius lui-même, car ces fréquentes références impliquent qu'un livre était disponible, et en outre en deux endroits (In Phae donem I, § 527 , 3 et II, § 36 , 10) le renvoi se fait au présent. Nombre de remarques sont dirigées contre Proclus, sur le commentaire duquel devait
prendre appui le commentaire de Damascius. – Voir aussi Ruelle 1 , p.69, et Combès 4 , p. XXXIV et n . 4 .
(17) Traité des Premiers Principes (Ilɛpi åpx@ v) et (18) Commentaire sur le Parménide Une question longtemps débattue a été celle de l'unité ou de la distinction de ces deux auvres. La première thèse était défendue par Ruelle et Chaignet. Elle
est aujourd 'hui abandonnée, au profit de la seconde (de Kroll à Westerink). Les deux textes se font suite – et sont séparés par une lacune – dans le Marcianus graecus 246 , manuscrit de la deuxièmemoitié (troisième quart) du
IXe siècle appartenant à la célèbre “ Collection philosophique" et l'un des fleurons, au XVe siècle, de la bibliothèque du cardinal Bessarion (1399/1400 1472). Voir les articles "historiques" de Ch. E . Ruelle : 170 « Notice du Codex Marcianus 246 contenant le Traité du philosophe Damascius sur les premiers
principes» , dans Mélanges Graux, Paris 1884, p. 547-552 ; 171 « Notice des manuscrits de Damascius Iepi ápxõv » , dans RPh 14 , 1890 , p . 135 - 145 ; 172 « Damascius. Son traité des premiers principes » , dans AGPh 3, 1890 ,
p . 379-388 et 559-567 (où Ruelle (qui sera suivi par Zeller) défend sa thèse de l'unité des deux cuvres contenues dans le Marcianus, contre 173 Em . Heitz , « Der Philosoph Damascius » , Straßburger Abhandlungen zur Philosophie .
Eduard Zeller zu seinem siebenzigsten Geburtstage, Freiburg im Brisgau / Tübingen 1884, p . 1-24, qui était favorable au " dédoublement" ). L'introduction de L .G . Westerink, dans Combès et Westerink 181, cité infra, t. I, p. LXXIII CXV, offre une magnifique synthèse sur la Collection philosophique, ainsi que
l'étude paléographique et philologique de la tradition du Nepi apgāv.
DAMASCIUS
585
Sur la Collection philosophique, voir aussi Wilson 66 , p. 86 -87, et Westerink 114, notam
ment p. 105- 106 (Marciani gr. 196 et 246); Westerink pense (p . 108 et 122-123) que ces manuscrits sont des copies, probablement les copies de translittération , des épaves de la bibliothèque de l'École philosophique d 'Alexandrie, transportée à Constantinople. Dans cet article , le dernier qu 'il ait publié avant sa mort, il essaie d'expliquer la contradiction que l' on ne peut manquer de relever entre la réalisation, dans la deuxième moitié du IXe siècle, de la série de manuscrits calligraphiés constituant la Collection philosophique, et l'absence de traces laissées par ces textes “ platoniciens” dans la littérature byzantine. Il exclut une perma nence “ secrète " du néoplatonisme, qui aurait été dictée par la prudence : les formes caracté
ristiques de la pensée néoplatonicienne se manifesteraient. Il récuse aussi l'hypothèse, avancée par A . Dain et H . Hunger, selon laquelle le phénomène de la translittération aurait
revêtu , au delà d'initiatives et de choix particuliers, un caractère systématique: il croit bien plutôt à l'intérêt personnel de quelques érudits pour la bibliothèque d' Alexandrie , qui aurait encore subsisté au Xe siècle . Parmices érudits sans doute faut- il compter le copiste principal de ce groupe de manuscrits, qui était plus qu ' un calligraphe de métier, comme le montrent le
soin et l' intelligence avec lesquels il a revu et corrigé le texte de Damascius. De même, le
scholiaste devait être très cultivé en matière de néoplatonisme. Très tôt la collection serait entrée dans une bibliothèque impériale (d'où l'absence de marques de possession ?), où elle aurait été abandonnée et oubliée pendant très longtemps, vraisemblablement jusqu 'à sa redé
couverte par Michel Psellos au XIe siècle : ainsi s 'expliquerait l'absence d 'écho de ces textes
néoplatoniciens dans la littérature byzantine avant cette date. Voir Westerink -Combès 4, t. I, p. XXVI-XXIX (La destinée de l'æuvre ), et 174 E . V . Maltese, « Damascio in Psello », dans
SIFC 80, Terza Serie, vol. V , 1987, p. 66 , qui indiquent des textes de Psellos citant Damascius. Plusieurs citations du Traité des premiers principes, ainsi que des parallèles
pouvant suggérer une lecture de l'In Phaedonem (?), sontmentionnés dans les Indices récents de Duffy et O 'Meara 155a, vol. I, Leipzig 1992, p . 287 , et vol. II, Leipzig 1989 , p . 166 , et Gautier 155b , vol. I, p . 451-452. Dans l'Opuscule 49, lignes 158 - 159 (p. 190 Gautier), à
l'occasion d'une citation du ſepi & px@ v, le nom de Damascius apparaît déforméen Aapá
ULOS ; il peut s'agir soit d'une faute de copiste soit d'une erreur due à Psellos lui-même: on ne peut exclure en effet qu 'il ait considéré qu 'il s 'agissait de deux auteurs différents , et qu 'il ait
distingué ce *Dapsamios du Damascius rangé par lui au nombre des philosophes « aristo téliciens » dans son Abyog nepi QuyÕs (mentionné supra , dans la section consacrée au Livre
I du commentaire In de Caelo de Simplicius, attribué à Damascius par une partie de la tradition manuscrite ). La question est évoquée par Gautier 155b , p. 185, qui souligne la rareté des mentions du ſlepi ápxõv chez Psellos : « mirum etiam videtur quod homo librorum Platonicorum studiosissimus huius operis insignis non saepius mentionem fecerit » . Psellos
n 'aurait-il eu de l'ouvre qu'une connaissance partielle ou incomplète, expliquant la méprise sur le nom de l'auteur ? On remarquera que les passages relevés dans les Indices cités plus haut sont compris dans les huit premières pages de l'édition Ruelle. Quoi qu' il en soit de la connaissance que Psellos a pu avoir de Damascius, l'opinion
séduisante de Westerink suggère plusieurs autres observations par les perspectives qu'elle offre sur la circulation des textes entre Athènes, Alexandrie et peut-être aussi la Mésopotamie.
S' il ne fait aucun doute que les commentaires d 'Olympiodore sur Platon (Marcianus graecus 196 ) - qui citent Proclus et Damascius - ont été écrits à Alexandrie , et si l'on admet que le titre Iloitetal donné dans le Parisinus graecus 1807 à la République de Platon est un indice de provenance alexandrine (175 L . G . Westerink, « The Title of Plato 's Republic » , dans ICS
VI, 1, 1981, p. 112-115), il n 'en demeure pasmoins que Damascius a certainementprononcé à Athènes ses leçons sur Platon (il utilise d'ailleurs le singulierMolteia ), dont certaines sont transmises sous forme de reportationes par le Marcianus graecus 196 , que c'est à Athènes aussi qu 'il faut vraisemblablement situer la rédaction du Traité des premiers principes et du
Commentaire sur le Parménide (Marc. gr. 246 ), tandis que le Commentaire de Simplicius à la
Physique d'Aristote (Marcianus graecus 226) pourrait avoir été rédigé, si l'on suit Michel Tardieu dans ses conclusions, en Mésopotamie , à Harrān : il semble d 'autre part que l'alexan drin Jean Philopon , durement attaqué dans ce commentaire (ainsi que dans le Commentaire au
586
DAMASCIUS traité Du ciel), n ' ait jamais eu connaissance à Alexandrie de la polémique menée contre lui par Simplicius (en revanche, nous l'avons vu , il critique des opinions de Damascius relatives
au premier livre des Météorologiques d'Aristote ). La thèse de Westerink conduit donc à postuler le rassemblement dans la bibliothèque de l' école néoplatonicienne d ' Alexandrie - et
à une date impossible à préciser – de textes fondamentaux dont certains provenaient des autres centres néoplatoniciens.
(17) Le traité Des premiers principes (titre : Aauaoxlov dladóyou åtopíal και λύσεις περί των πρώτων αρχών) C 'est l'æuvre maîtresse de Damascius, et sans doute l'un des textes les plus difficiles de la philosophie antique. Il ne relève pas du genre littéraire du commentaire. Damascius ne suit pas le texte de Platon . Contrairement à son
habitude, il ne dialogue pas avec Proclus ;mais il pose et discute les questions pour elles-mêmes. Résumer la métaphysique de Damascius n 'aurait aucun sens. Il suffira d 'en mentionner le trait le plus saillant: le dédoublement du principe premier, en Indicible et un -tout-avant- toutes-choses (voir la bibliographie donnée infra ).
Éditions anciennes. Il faut mentionner, en raison de leur importance pour l'histoire des études sur Damascius, l'édition partielle donnée par 176 J.Chr.
Wolf, Anecdota Graeca , sacra et profana, Hambourg 1722- 1724, IV , p . 195
262 (correspondant à Ruelle, t. I, p. 1- p. 2, 20 et p .284,22 - p.323), et surtout la première édition complète du Tepi åpxõv donnée par 177 J. Kopp, Damascii philosophi platonici quaestiones de primis principiis, Francfort sur le Main 1826 , 408 pages (sévèrement critiquée par Ruelle 1, p. 82-86 ); Kopp avait déjà réuni dans sa Préface les principales références qui constituent les sources
historiques pour la vie de Damascius et brossé un panorama de son œuvre. (Sur l'histoire des travaux consacrés à Damascius depuis la Renaissance, les
éléments sont rassemblés par Ruelle 1 et Combès 4 , p. XXIX -XXXIII). Première édition complète des deux cuvres: 178 Ch.-E . Ruelle, Damascii successoris Dubitationes et solutiones de primis principiis, In Platonis Parme nidem , 2 vol., Paris 1889 et 1899 (réimpression anastatique Bruxelles 1964).
Une première traduction en a été donnée par 179 A .-Ed. Chaignet, Damascius le Diadoque. Problèmes et solutions touchant les premiers principes, avec le tableau sommaire des doctrines des Chaldéens de Michel Psellus..., 3 vol., Paris 1898 (réimpression anastatique, Bruxelles 1964). Traduction seule du Traité des premiers principes: 180 Marie-Claire Galperine, Damascius. Des premiers principes. Apories et résolutions, Lagrasse 1987 , 813 pages. Précieuse introduction aux thèmes philosophiques de l'æuvre
de Damascius, analyse très précise de la composition (p . 19-145), traduction
complète accompagnée de nombreux titres courants formant une explication continue, et index final. En raison de sa très grande clarté dans le découpage d'un texte difficile , ce travail est un complément indispensable à la traduction publiée dans la Collection des Universités de France.
Édition critique, introduction historique, philologique et philosophique, et traduction annotée : 181 L . G . Westerink -J. Combès (édit.), Damascius. Traité
DAMASCIUS
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des premiers principes, I (De l'ineffable et de l'un), CUF, Paris 1986 ; II (De la triade et de l'unifié), Paris 1989; III (De la procession de l' unifié ), Paris 1991. Ce travail exemplaire est celui qui fait désormais autorité. (18 ) Le Commentaire sur le Parménide (souscription finale dans le Marc. gr. 246 : Δαμασκίου διαδόχου εις τον Πλάτωνος Παρμενίδην απορίαι και επιλύσεις αντιπαρατεινόμεναι τοίς εις αυτόν υπομνήμασιν του φιλοσόφου ( = Proclus]) n ' est pour l' instant accessible que dans l'édition Ruelle (t. II, p . 5
322) et la traduction de Chaignet (à partir du t. II, p . 138).
Des analyses de l'In Parmenidem de Damascius, avec le relevé de toutes les références et allusions critiques à la partie perdue du commentaire de Proclus, sont données par 182 H . D . Saffrey et L . G . Westerink, Proclus. Théologie
platonicienne, t. III, Paris 1978 , p . LXXVIII-XCIV ; t. IV , Paris 1981, p .XLVI LXIII ; t. V , Paris 1987, p. XXXVIII-LVI.
Études sur la doctrine de Damascius. (a) Les exposés de Zeller (dans Zeller-Mondolfo 58 , p . 210 -219) et de Chaignet (132, p . 321-357 ; 183 Id., « Damascius. Fragment de son commentaire sur la 3e hypothèse du Parménide » , dans Comptes rendus de l'Académie des sciences morales et politiques, 1897 , novembre, p . 3 -42 ; et Introduction de Chaignet 179) ont vieilli,mais témoignent de l'intérêt suscité par Damascius à la fin du XIXe siècle après les travaux de
Kopp et de Ruelle . (b ) Pour pénétrer dans l'univers métaphysique de Damascius et le situer dans l'évolution générale du néoplatonisme, on pourra lire, outre les Préfaces de Westerink et de Combès déjà mentionnées : 184 É . Bréhier, « L 'idée du néant et le problème de l'origine radicale dans le néoplatonisme grec » , RMM 1919, p . 443-475 (repris dans Études de philosophie antique, Paris 1955, p . 248-283)
(comparaison entre les diverses pensées de l'Un chez Plotin , Proclus et Damascius), l' Introduction de Galperine 180 , et 185 ead., « Damascius et la
théologie négative » (résumé de communication ), dans Le Néoplatonisme 125, p . 261-263 (« On peut supposer que la nature même des réflexions que le texte
de Platon (sur les deux premières hypothèses) suggérait à un penseur aussi conscient des difficultés du néoplatonisme que le fut Damascius ne lui a pas permis de faire rentrer son exégèse dans le cadre d 'un commentaire suivi. Et on s'expliquerait ainsi que ce commentaire ne nous soit pas parvenu. Sans doute n 'a-t-il jamais existé , sinon sous la forme d' Apories sur les premiers prin cipes » ] ; 186 J. Trouillard, « L ' âme du Timée et l'un du Parménide dans la
perspective néoplatonicienne » , RIPh 24, 1970, p. 236 -251; 187 Id ., « Rencontre du néoplatonisme» , RThPh 22, 1972, p. 1-13 (mise en perspective générale ), et 188 « Le Parménide de Platon et son interprétation néoplatonicienne » , RThPh 23 , 1973, p. 83-100 ; 189 S. Breton , « Actualité du néoplatonisme», RThPh 23, 1973, p . 184 -200 (diversité des tempéraments philosophiques de Plotin (stade intuitif du néoplatonisme: le mystère du « demeurer» ], de Proclus (stade logico formel de la pensée discursive, c'est-à -dire le « moment discursif par lequel le
néoplatonisme accède à sa conscience axiomatique » ) et de Damascius (règne de l'aporétique)) ; 190 A . Bonetti, « Dialettica e religione nell'interpretazione
588
DAMASCIUS
neoplatonica della prima ipotesi del Parmenide », RFN 72, 1980, p. 3- 30 et 195 223 (notamment p. 213-223). (c) Études plus approfondies sur la “théologie” de Damascius: P. Hadot 128, passim ; 191 J. Trouillard, « La notion de AYNAMIE chez Damascios» ,REG 85, 1972 , p. 353-363; Hadot 18, p. 47 -65 (chap. III: La théologie de Simplicius dans le commentaire sur le Manuel d'Épictète) (notamment p. 53 sqq.: l'un toutavant toutes choses selon Damascius ; le système théologique de Simplicius est celui
de son maître Damascius); 192 C .G . Steel, The changing self. A study on the soul in later Neoplatonism : lamblichus, Damascius and Priscianus, coll. « Verhandelingen van de Koniklijke Academie voor Wetenschappen , Letteren
en Schone Kunsten van Belgie. Kl. Lett.» 40, 1978, n° 85, Bruxelles 1978 (voir p. 77 -119 : Damascius, et notamment p. 116 - 119 : « The influence of Iambli chus» ) ; 193 A . Linguiti, L 'ultimo platonismo greco . Principi e conoscenza, coll. « Accademia Toscana di Scienze e Lettere “La Colombaria" » , Studi 112 ,
Firenze 1990, passim ; et surtout les nombreux travaux de 194 J. Combès, « Damascius, lecteur du Parménide », ArchPhilos 38 , 1975, p. 33-60 ; 195 Id.,
« Négativité et procession des principes chez Damascius» , REAug 22, 1976 , p . 114- 133, repris dans 196 l'ouvrage collectif [J. Bertier , L . Brisson, J. Combès,
J. Trouillard ), Recherches sur la tradition platonicienne (Platon, Aristote, Proclus, Damascius), coll. « Histoire des doctrines de l' Antiquité classique » 1, Paris 1977 , p . 119- 141; 197 Id., « Damascius et les hypothèses négatives du
Parménide. Du phénomène, des simulacres, des impossibles » , RSPT61, 1977, p. 185-220 ; 198 Id., « L 'un humain selon Damascius. L 'objet de la troisième hypothèse du Parménide » , RSPT62, 1978, p. 161- 165 (cf. 199 Id ., « L 'avopá
TTELOV Šv selon Damascius» , Diotima 8, 1980, p . 25 -29); 200 Id., « La théologie aporétique de Damascius » , dans Néoplatonisme 125 , p . 125- 139 ; 201 Id ., « Damascius, ou la pensée de l'origine » , dansGonimos. Neoplatonic and Byzan
tine Studies presented to Leendert G . Westerink at 75, Buffalo New York 1988, p . 85 -102. Tous ces articles ont été repris dans: 202 J. Combès , Études néopla toniciennes, Grenoble 1989. On lira aussi, du même auteur, 203 « Symbolique de l'intellect dans l’In Parmenidem de Damascius» , dans EOQIHEMAIHTOPEE, « Chercheurs de sagesse » . Hommage à Jean Pépin , Paris 1992, p. 433-450 .
Mentionnons une étude assez superficielle,mais qui peut suggérer des pistes de recherche : 204 L . H . Grondijs, « Sur la terminologie dionysienne » , BAGB
1959, p. 438 -447 ( sur le vocabulaire métaphysique des néoplatoniciens et la formation des composés).
L 'euvre de Damascius contient de nombreuses références aux théologies orientales, aux Oracles chaldaïques et à l'Orphisme, et l'ensemble des témoi gnages relatifs à l’Orphisme a donné lieu à une excellente synthèse de Brisson
85, p. 157-209 (voir p . 167- 168 , 190 et 203). Damascius cite et interprète le plus souvent les « Discours sacrés en 24 rhapsodies» (version la plus courante , à son époque, de la doctrine orphique : composée à la fin du jer siècle ou au début du IIe siècle ap. J.- C .), mais il connaît aussi la version ancienne (la théologie citée par Eudème de Rhodes), ainsi que la théogonie de Hiéronymos et Hellanicos
(voir 205 L . Brisson, « Orphée et l’Orphisme à l'époque impériale. Témoignages et inter
DAMASCIUS
589
prétations philosophiques, de Plutarque à Jamblique » , dans ANRW II 36 , 4 , 1990, p . 2867 2931 [aux p. 2875-2914, où le témoignage de Damascius est plusieurs fois mentionné]). Damascius utilise les exemplaires - conservés dans la bibliothèque de l' école néoplato nicienne - des ouvrages de Syrianus intitulés « Sur la théologie d 'Orphée » (Eic mu 'OppéWS Deodoylav) et « Accord d'Orphée, Pythagore, Platon avec les Oracles Chaldaïques »
(Evuowvia 'Opbéwç, Iudayópov ,Mátw OS, mpoç tà nórla ), dont les marges devaient être remplies par des commentaires de Proclus rédigés à la demande de Marinus; sur cette
question , voir 206 L . Brisson, « Proclus et l’Orphisme» , dans J. Pépin et H .D . Saffrey (édit.), Proclus lecteur et interprète des Anciens. Actes du Colloque international du C . N . R . S . (Paris, 2-4 octobre 1985 ), Paris 1987, p. 43-104 , notamment p . 48 -51 : la source est Marinus, Vie de Proclus, chap . 27, où le verbe trapaypápeiv semble bien signifier " écrire (des notes) en marge d'un texte (principal]” ; voir aussi Saffrey 99, p . 35-50, notamment p. 36 -37 (le titre « Accord d'Orphée, Pythagore , Platon avec les Oracles Chaldaïques» résume ce qui devien dra , sous l'impulsion de Syrianus et de Proclus, « une partie importante du programme de
toute l'École néoplatonicienne d' Athènes » jusqu'à Damascius) et p . 48 -49 (Damascius hérite de cette méthode théologique). - Plusieurs passages de la Vie d 'Isidore illustrent l' importance de l'Orphisme - et des Oracles Chaldaïques - dans les cercles néoplatoniciens où Damascius reçut sa formation , notamment à Alexandrie dans le milieu d 'Isidore (textes signalés par
Brisson 206 , p. 52-53, et 85, p . 166 - 167 : témoignages sur Héraïscos et Asclepiade (maîtres
d ' Isidore : » A 446), Sarapion et Asclépiodote ( »- A 453]). Cf. aussi Burkert 17 , p . 78 et note 120 (sur l'interprétation du mythe du démembrement dionysiaque); voir aussi note 117).
Signalons pour finir quatre études de détail, de portée limitée : 207 R . Pettazzoni, « Alle origini della scienza delle religioni» , Numen 1, 1954, p. 136 137 (Damascius (Princ. 124- 125] aurait eu accès au TÕV Tepi tò Detov iotopia d'Eudème); 208 J. Lewy, « Old Assyrian husârum and Sanchunyâtôn 's Story about Chusor » , IEJ 5 , 1955, p. 154 - 162 (cf. Princ. I 323, 9. 10. 14 Ruelle [le
nom du dieu Xovowpóc fils d'Oulômos, dans la théogonie phénicienne, peut être identifié à l'ancien assyrien hysârum ]); 209 E.G . Schmidt, « Straton -Zitate
bei Damaskios », ΜΗ 19, 1962, p.218-222 (fr. du περί του όντος et du περί Xpovou ) ; et 210 Ida Paladino, « Cosmic Order according to an Orphic Theo gony : Damascius, de princ. 123 bis (Kern O . F . 54 ) », dans René Gothóni et Juha Pentikäinen (édit.), Mythology and cosmic order, coll. « Studia Fennica (Review of Finnish Linguistics and Ethnology) » 32, Helsinki (Finn . Lit. Soc.)
1987, p . 37-44. LEÇON SUR LES ORACLES CHALDAÏQUES Projet de cours, auquel Damascius fait allusion dans l’In Parmenidem ( éd .
Ruelle, t. II, p.9, 21-22 ; p. 11, 11- 15 ; p. 132, 9- 10). – Voir Westerink 3, p. 11, et Combès 4, p. XXXIV etn. 6. Les Oracles Chaldaïques, invoqués comme autorité dans les exégèses de
Platon , pouvaient aussi faire l'objet de commentaires spécifiques, après la lecture du Parménide, au terme du cursus. Damascius, comme Proclus (voir : Marinus, Vie de Proclus 26 et 38 ; Brisson 206, p. 48 ; Saffrey 99, p. 41 et 46 -49), accordait en effet une place éminente aux Oracles, qu'il préférait encore aux révélations orphiques parce que ce sont les dieux eux -mêmes qui parlent dans les oracles - et ceux -ci ont de ce fait une autorité supérieure à toutes les autres - ; et c'est la plupart du temps dans un contexte où il est aussi question des Oracles que Damascius fait allusion aux Rhapsodies orphiques, dans la perspective - dégagée par Syrianus et suivie par
Proclus : voir supra – de l'accord d 'Orphée, Pythagore, Platon avec les Oracles Chaldaïques
590 DAMASCIUS (Brisson 85, p . 168 et 203). — Pour comprendre l'importance d 'un tel cours sur les Oracles Chaldaïques, lire aussi par ex. H . D . Saffrey, « La théurgie comme pénétration d ' éléments extra -rationnels dans la philosophie grecque tardive » , « La théurgie comme phénomène culturel chez les néoplatoniciens (IVe -Ve siècles) » , « Les Néoplatoniciens et les Oracles
Chaldaïques » , études reprises dans Saffrey 69, p. 33-79. D . LA DERNIÈRE EUVRE LITTÉRAIRE DE DAMASCIUS Nous avons vu que la première euvre littéraire de Damascius, encore
HELPáxlov, avait été l' éloge funèbre d'Aidesia veuve d'Hermias . Par un effet de symétrie , son ultime production semble avoir été une épigramme funéraire en l'honneur de l'esclave Zosimè, composée en Syrie en 538. Il avait alors entre 75
et 80 ans. L 'inspiration du distique résonne comme un ultime acte de foi platonicien : Ζωσίμη η πριν εούσα μόνω τω σώματι δούλη | και τω σώματι VŨv nupov & Evdepinv : « Moi, Zosimè, qui naguère n ' étais esclave que de
corps, j'ai maintenant, pour mon corps aussi, trouvé la liberté ». Il s'agit d'une épitaphe gravée sur une dalle de basalte , sans nom d 'auteur, conservée depuis
1925 à la Municipalité de Hims (Émèse: ville de Syrie située à 167 km au nord de Damas). Sa provenance précise est, semble -t-il, inconnue. Datée du mois de
Peritios 849 de l' ère Séleucide (pour la correspondance avec les mois du calen drier julien , voir infra ), elle a été éditée par 211 L . Jalabert et R .Mouterde , Inscriptions grecques et latines de la Syrie , coll. « Institut français d'archéologie de Beyrouth . Bibliothèque archéologique et historique » 66 , t. V , Paris 1959 ,
p. 155, n° 2336 ; cf. 212 W . Peek ,Griechische Versinschriften, I, Berlin 1955, p.513 n° 1714 ( = SEG VII 121). Le même distique élégiaque est transmis, à une variante près (utilisation de la troisième personne εūpev), sous le nom de
"Damascius le Philosophe" par l'Anthologie Palatine (VII 553) (= P . Waltz , Anthologie grecque, jère partie: Anthologie Palatine, t. V , Paris 1941, p. 90 ), au sein de laquelle il appartient probablement au Cycle d'Agathias – et dans cette
hypothèse il n 'est pas indifférent de rappeler que c'est au même Agathias que nous devons le récit de l'aventure perse, qui doit dériver au moins partiellement
d'une relation faite par l'un des " philosophes” exilés, et qui nous semble traduire plus d'admiration que de dérision à leur endroit (cf. Alan Cameron 60 , p. 21-22 , et61, p . 287). Sur cette épigramme et le Cycle d 'Agathias, lire: 213 Averil et Alan Cameron, « The Cycle of Agathias » , JHS 86, 1966 , p . 6 -25 (Agathias n 'a rassemblé que des æuvres de poètes contemporains, de l'âge de Justinien , même si le Cycle fut publié non pas dans les dernières
années du règne de Justinien , mais dans les premières années du règne de son successeur Justin II, et Agathias rassemble des poèmes inédits : tà ápriyevñ xal veøtepa , dlanav Oávovta Étl xai xuônv outwoi trap ' évious ÚNOQLOUPLCÓueva ); et 214 R . C . Mac Cail, « The Cycle of Agathias: new identifications scrutinised » , JHS 89, 1969, p . 94 n . 28 [l'appartenance de l' épigramme A . P . VII 553 au Cycle d'Agathias est possible , voire probable,mais n'est pas tout à fait certaine]).
On s'accorde généralement à voir dans cette concordance entre tradition
manuscrite et témoignage épigraphique une preuve de la présence de Damascius en Syrie en 538 (donc après le retour de l'exil perse) : voir Hadot 18, p .28 -29, et Hadot 78 , p. 22 -23 ; Combès 4 , p. XXIV et n . 1 et 2 ; Tardieu 79, p. 22-23 et n . 103, et Tardieu 83 , p. 51 et n .41 (l'épigramme « doit être reportée au onzième
DAMASCIUS
591
mois du calendrier des Arabes, c 'est-à- dire entre le 16 janvier et le 14 février juliens » ) ; Chuvin 9 , p. 142. E . SPURIA
Il est utile de clore cette présentation des æuvres de Damascius par une mise au point sur deux “ faux” commis au XVI° siècle par André Darmarios. Pour satisfaire la soif d 'inédits qui caractérisait alors le marché des manuscrits, ce copiste n 'a pas hésité , à plusieurs reprises, à falsifier les titres (et les noms d 'au teurs ) de certains textes, dont il multipliait les copies (voir 214a Ángel Escobar
Chico , Codices CaesaraugustaniGraeci. Catálogo de los manuscritos griegos de la Biblioteca Capitular de la Seo (Zaragoza), Zaragoza 1993, p. 26 -32, notamment p . 31). Dans le cas présent, le choix du nom de Damascius pour des
« inédits » médicaux pourrait être interprété comme un moyen d 'en relever le prix (intellectuel et financier ) et donc comme un indice indirect de la faveur dont
jouissait Damascius auprès des humanistes de la Renaissance. 1º) Un Commentaire sur les Aphorismes d 'Hippocrate est attribué à Damascius (titre : 'Epunvela eic toùç å oplouous toŨ 'Intoxpátouc ÚTÒ ( sic ) Dwvñs Aquaoxlov piiooopov ) par trois manuscrits : Parisinus graecus 2150, Monacensis graecus 227 et Parisinus Suppl. gr. 682 (voir 215 H . Diels ,
Die Handschriften der antiken Ärzte, APAW , I. Teil: Hippokrates und Galenos, Berlin 1905, p . 13 [mss d 'Hippocrate ), et II. Teil : Die übrigen griechischen Ärzte ausser Hippokratesund Galenos , 1906, p . 26 (s.v. Damascius) et 216 A . G .
Costomiris, « Études sur les écrits inédits des anciensmédecins grecs» ,REG 2 , 1889, p . 357-358 (ne doute pas de l'attribution à Damascius des scholies éditées
par Dietz , cité infra]). Ce texte a été édité par 217 F . R . Dietz, Apollonii Citien sis, Stephani, Palladii, Theophili, Meletii, Damascii, Ioannis, aliorum Scholia in Hippocratem et Galenum ..., II, Regimontii Prussorum ( = Kænigsberg) 1834 ;
réimpr. Amsterdam 1966 , p . 236 (250) -544 (voir aussi l'introduction, p . XII-XIII, où Dietz exprime des doutes sur l'attribution du commentaire à Damascius). Le
Paris. gr. 2150 a été copié à Strasbourg en 1584 (date d' achèvement donnée par une souscription : 29 juillet) par le faussaire André Darmarios (voir : 218 0 .
Kresten , « Der Schreiber und Handschriftenhändler Andreas Darmarios» , dans D . Harlfinger ( édit.),Griechische Kodikologie und Textüberlieferung, Darmstadt 1980 , p . 406 -419 [notamment p. 411 ] ; 219 E . Gamillscheg- D . Harlfinger,
Repertorium der griechischen Kopisten, 800-1600, 2 . Frankreich . A . Verzeichnis der Kopisten, coll. « Österreichische Akademie derWissenschaften . Veröffentli chungen der Kommission für Byzantinistik » III/ 2 A , Wien 1989, p. 32, nº 21).
Darmarios avait achevé quelques semaines plus tôt (1er juin 1584) le Mona censis, qui fut acheté à Tübingen le 8 septembre de la même année par Martin Crusius pour la bibliothèque du duc Louis de Würtemberg (voir 220 Gregorio de Andrés , « Una venta desconocida de códices griegos hecha por Andrés Darmario
en España en 1587 » , La Ciudad de Dios 178 , 1965, p . 118 -127 (voir p . 124
n° 8 ]; et Escobar Chico 214a, p .21-23 et p . 128). Le Parisinus Suppl. gr. 682 (ff. 85 - 123) est une copie du Paris. gr. 2150 , réalisée au xixe siècle par le
592
DAMASCIUS
célèbre chercheur de textes et de manuscrits Minoïde Mynas (sur lequel voir la bibliographie donnée dans 221 Scriptorium 41, 1987, p. 115 n. 2). - Malgré les
doutes déjà émis par Kopp 177 (p. XV-XVI),Ruelle 1, p. 74-75, hésitait encore sur l'authenticité de ce commentaire , dont le titre cité plus haut est une falsifi
cation évidente de Darmarios : pour des raisons commerciales, celui-ci voulait donner du lustre à ses manuscrits en attribuant la paternité de ce texte médical à Damascius, qui jouissait au XVIe siècle d 'une grande renommée (voir Westerink 3, p . 18, et Combès 4 , p . XXIX ). Darmarios a également copié des exemplaires du Traité des premiers principes (voir Westerink 4 , p. CI-CIII) : notamment l'actuel Vaticanus Barberinianus graecus 60, qu' il a achevé le 16 mars 1584, et dont le titre commence par Aquaoxlov blooógov – et non diadóxov - , conformément à la leçon présentée par le chef de file de cette branche de la tradition (B = Marc. gr. 247). Il est sûr qu 'il a puisé dans ce travail l'idée du faux , et jusqu 'à un détail significatif dans la rédaction du titre (voir aussi De Andrés 220 , p . 124 n° 2 (un ms. disparu dans l'incendie de l' Escurial en 1671 ?)).
Mlle Caroline Magdelaine nous a libéralement communiqué les résultats suivants:
Ce texte n 'est pas autre chose qu 'une compilation abrégée qui ramène – tant pour les lemmes que pour le commentaire lui-même – au commentaire de Galien . L 'auteur en est inconnu : sans doute s'agit-il d'un lecteur désireux de rendre plus pratique etmoins touffue l'æuvre, immense (750 pages de l'édition Kühn !) de Galien , en ne conservant que l'essentiel. Ainsi, tous les passages concernant les variantes textuelles ont été abandonnés. L 'attribution à Damascius est le fait du seul Darmarios, car d'autresmanuscrits encore trans mettent ce commentaire - avec de sensibles variations -, mais de manière anonyme. Parmi eux le ms. de Londres, Wellcome HistoricalMedical Library 354, ff. 1- 18", daté de 1585 , qu 'il faut rattacher au cercle de Darmarios: en dépit de cette circonstance, et bien que ses variantes et omissions rejoignent celles du Monac. 227 et du Paris. gr. 2150, ce manuscrit nementionne pas dans le titre le nom de Damascius (åpoplou @ ' Inttorpátouc). Il faut remarquer tout de suite qu 'aux ff. 22'- 107° de ce Wellc. Hist.Med. Libr. 354, Darmarios lui-même a copié sous le nom de Damascius le commentaire d'Étienne d'Athènes
(d 'Alexandrie ) au Prognosticon , dont il va être question ci-après. 2º) Un Commentaire sur le Prognosticon d ’Hippocrate (Diels 215, t. II, p. 26 ) est une autre mystification (titre : Aquaoxlov ploobcov Enymouc els tò apoyvwoTIXOV TOŨ ' Intoxpátovo) de Darmarios, qui en a copié trois manuscrits : - le Vaticanus graecus 2154 (voir : 222 Marie Vogel et V .
Gardthausen, Die griechischen Schreiber des Mittelalters und der Renaissance, coll. « Zentralblatt für Bibliothekswesen » Beiheft 33, Leipzig 1909, p. 26 -27 ; 223 G . Mercati, « Minuzie .-22-23. Altre correzioni ed Aggiunte all'opera Die
Handschriften der antiken Ärzte » , Bessarione 33, 1917, p .334-335 [= Opere Minori, IV , p . 38 -39), qui a discuté l'attribution du texte à Damascius) ; – le ms.
qui appartint jadis à la Bibliothèque du Pilar à Saragosse et que Diels 215, t. II,
DAMIANÈ D ’APHRODISIAS
593
p . 26 , cite sous la cote « Pilar 1115 (olim 1427)» : il est effectivementdécrit sous un numéro 1427 par 224 Ch. Graux et A . Martin , « Rapport sur une mission en
Espagne et en Portugal. Notices sommaires des manuscrits grecs d 'Espagne et de Portugal» , Nouvelles Archives des Missions scientifiques et littéraires, t. II, Paris 1892, p . 218 ) et il est à présent conservé à New Haven (voir : 225 C . U .
Faye- W . H . Bond, Supplement to the Census of Medieval and Renaissance Manuscripts in the United States and Canada , New York 1962, p . 63 ; 226 A . Karpozilos, « The Yale University Manuscripts of Andreas Darmarius » , Helle nica 26 , 1973, p .67 -71 ; 227 J.-M . Olivier, « Les manuscrits grecs de l'Archivo Biblioteca del Cabildo metropolitano (La Seo) de Saragosse (Ancienne collection du Cabildo de la Santa Iglesia Mayor del Pilar) » , Scriptorium 30 , 1976 , p. 53-54 et 56 (cotes : Pilar 1427 = La Seo 5 -55 = New Haven , Yale
Medical Library , 50) ; Escobar Chico 214a, p . 31 n . 73, p. 85 et 154 ); – lems. de Londres, Wellcome HistoricalMedical Library 354 (voir supra ). L ' auteur est en
réalité Étienne d'Athènes (ou d 'Alexandrie) : voir 228 J.M . Duffy (édit.), Stephani Philosophi in Hippocratis Prognosticum Commentaria III, coll. CMG XI, 1 , 2 , Berlin 1983, p . 13 , 16 -20 ; Wolska-Conus 64 , p. 5 -89 (surtout p. 18- 19,
p . 33-47 et p. 71) ; et la notice de Westerink 16 , p. XXXIX -XLII. PHILIPPE HOFFMANN .
4
DAMASIPPUS RE Iunius 72
Ce personnage figure dans l'une des Satires d 'Horace (II 3). Il se livrait à la
spéculation sur les terrains et les æuvres d 'art, puis, ruiné,au moment où il allait se jeter dans le Tibre (II 35-39), il fut retenu par le stoïcien Stertinius, qui le convertit à la philosophie du Portique. C 'est bien un exposé stoïcien en forme de
diatribe que propose cette satire, fondé sur le paradoxe bien connu que tous les hommes déraisonnent, et illustré par de nombreux exemples. Si les convictions stoïciennes de Damasippe ne font ainsi aucun doute, son identité est plus difficile à établir. Les satires d 'Horace n 'apportent aucune précision sur ce
point. En revanche, les lettres de Cicéron en 46 (Fam . VII 23) et 45 (Att. XII 29 ; XII 33) mentionnent un Iunius Damasippus, qui sert d ' intermédiaire dans des transactions immobilières : il n 'est pas exclu qu 'il puisse s 'agir du même personnage et F .Muenzer, art. « Iunius » 72, RE X 1 , 1918, col. 1034 , l'affirme
sans hésiter , ainsi que les commentateurs d 'Horace, même si l'identité de ce personnage n 'est pas encore clairement établie . MICHÈLE DUCOS. MF V 5 DAMIANÈ D ’APHRODISIAS PLRE II: Fille d'Asclepiodote d 'Aphrodisias (~* A 454) et épouse d’Asclepiodote
d 'Alexandrie (» A 453). Damascius la présente comme une femme pudique au delà de ce qui est raisonnable (napà nóyov ?): « Asclépiodote fit d ' elle une compagne pleine de bon sens et de détermination virile pour la gestion de sa
maison , tout comme elle était sage et modeste dans la vie commune » (Epit. Phot. 130 ). C 'est peut-être d ' elle que l'Epit. Phot. 262 dit qu '« il mit sur
DAMIANÈ D ’APHRODISIAS
594
l'épousée le manteau de la philosophie , parce qu 'elle était philosophe » . On se reportera à la notice consacrée à son époux , « Asclépiodote d' Alexandrie » ( » A 453) .
RICHARD GOULET. 6
DAMIANUS RE 3
V ? VI?
Auteur d'un traité d'optique intitulé Kepárala tōv ÓntixWv ÚTORÉOEWV (Abrégé des présupposés de l'optique). Il était vraisemblablement un platonicien
de second ordre de l'Antiquité tardive ,mais il semble impossible de déterminer avec certitude sa date et le milieu philosophique dans lequel il évoluait. Dans la plupart des manuscrits, le traité porte comme attribution AqulavoŨ
Toũ ‘Hacoðúpou aplooalov (« de Damien (fils ou disciple ?] d'Héliodore de Larissa » ). Sur la nature exacte des rapports entre Damien et Héliodore, voir plus bas.
Édition critique. 1 R . Schöne, Damianos Schrift über Optik , Berlin 1897 (nous citerons ci-après les numéros des pages et des lignes de cette édition). Voir aussi le compte rendu de 2 F . Hultsch , BPhW 46 , 1898, col. 1413 -1417.
L ' édition de Schöne remplaçait celle du cartésien danois du XVIe siècle 3 Érasme Bartholin ( 1626 - 1698 ), Damiani Philosophi Heliodori Larissaei De Opticis Libri II, Paris 1657 , fondée sur le Vatic . Barb . gr. 131 (s. XVI). Cette
édition à son tour avait remplacé l'editio princeps procurée par 4 Egnazio Danti ( 1536 -1586 ), Heliodori Larissaei Capita Opticorum , Firenze 1573, fondée sur un manuscrit perdu dont le titre ne portait pas le nom de Damien. 5 P . Tannery , « Rapport sur une mission en Italie » , Archives et Missions scientifiques et littéraires, ze série, 13, 1888, p. 405-455, notamment p . 446 -449 = Mémoires scientifiques, t. II, Toulouse/Paris 1912, p . 269-331, notamment p. 319-323, a démontré que le second livre de Damien édité par Bartholin 3 était en vérité une
recension byzantine de l'Optique d 'Euclide ajoutée sans justification par le copiste Ange Vergèce . La fortune du traité de Damien aux XVI et XVIIe siècles sera examinée par R . B . Todd dans un article à paraître dans le Catalogus
Translationum et Commentariorum . Schöne 1 connaissait 10 des 26 manuscrits conservés, mais il a fondé son édition sur le manuscrit le plus ancien , le Paris. gr. 2342 ( s. XIV ), corrigé par
deux manuscrits du XVI° s., le Vatic. Barb . gr. 20 et le Monac. gr. 165, et aussi par ses propres emendations, celles de son fils, H . Schöne, et celles de 6 J. G .
Schneider, Eclogae Physicae, lena/Leipzig 1801, t. II, p. 235 -240 et 250 -254. Un nouvel examen de la tradition manuscrite a été entrepris par R . B . Todd . On peut espérer qu 'il conduira à une amélioration du texte . 7 M . Decorps-Foulquier , « Un corpus astronomico-mathématique au temps des Paléologues » , RHT 17, 1987, p . 15 - 54 , a montré que deux des manuscrits de Damien font partie d 'une
collection d 'origine byzantine de la fin du XIIIe siècle.
Schöne 1, p . 22, 9 - 30 , comme Bartholin 3 , a incorporé dans son édition un texte qu'il intitule « Extrait de Géminos » . Sur cet auteur du fer siècle av. J.- C .,
DAMIANUS
595 voir Schöne 1, ad p. 26 , 2. On trouve souvent ce texte dans les manuscrits d'Héron, mais sa présence dans certainsmanuscrits de Damien (Schöne 1, p. XI) ne permet aucune déduction concernant la forme originelle de cette æuvre. Ce
morceau ajouté par un copiste avisé comprend (p. 24, 7-20) une analyse , entièrement absente du traité de Damien , de la relation entre l'optique et la physique, ainsi que l'exposé de trois théories différentes de la vision . L 'impar tialité de ce dernier exposé contraste avec le dogmatismede l'exposé de Damien
lui-même (voir plus bas “ Platonisme”). (L 'extrait de Géminos sur les rapports entre l'optique et la physique pourrait être un fragment de l'ouvrage que cite Proclus dans l'In Euclidem à propos de la classification des
sciences mathématiques.
A. Ph. S.]
Traductions – latines: Danti 4 ; Bartholin 3 ; – italienne: 7 Egnazio Danti, La Prospettiva di Eliodoro Larisseo, Firenze 1573; – allemande: Schöne 1, p. 3-23. Commentaires. Danti 5 fournit des scholies sur l'optique géométrique. Le commentaire de Bartholin 3 reste le plus riche et le plus érudit. Schöne 1 ne
rassemble que les passages parallèles anciens dans un apparat séparé. Contenu. Quatorze propositions sur l'optique et la théorie de la vision sont
suivies par une série de brefs paragraphes. Récemment, 8 W . R .Knorr, « Archi medes and the Pseudo-Euclidean Catoptrics: early stages in the ancient geome tric theory ofmirrors» , AIHS 35, 1985, p. 28 -105 , a décrit le style de Damien
comme étant « discursive, unsystematic and nontechnical» (p. 89) et il a caractérisé le traité comme une « low -level, carelessly organized and inaccu rately executed compilation ofmaterials » (p . 92). Il critique également (p. 89) le manque de rigueur dans la présentation du sujet et l'absence de constructions et
de preuves géométriques. Néanmoins, ce traité reste représentatif du genre littéraire des manuels élémentaires destinés à l'enseignement.
Datation. Certains passages chez Damien (p . 8 , 13-14; 10 , 12-13) ressem blent à des développements de l'Optique d 'Euclide dans la recension de Théon d' Alexandrie (deuxièmemoitié du IVe siècle ). Damien mentionne également l'empereur romain Tibère (p . 4 , 10 -11); il cite les Catoptriques d'Héron le mécanicien (p . 20, 12- 13) et l'Optique de Claude Ptolémée (p. 4, 17 sqq.). Ce dernier passage est très important, dans la mesure où il se rapporte au premier livre perdu de l'ouvrage de Ptolémée. Voir 9 A . Lejeune, L 'Optique de Claude Ptolémée, 2e édition , Leiden 1989, p. 13, 272 ; voir aussi les nombreuses références à Damien dans 10 Id ., Euclide et Ptolémée. Deux stades de l'optique géométrique grecque, Louvain 1948, et 11 Id ., Recherches sur la Catoptrique grecque d 'après les sources antiques etmédiévales, Bruxelles 1957 .
Il est donc certain que le traité de Damien ne peut être daté avant le IIIe siècle
et les savants penchent généralement pour le IVe siècle. Voir Knorr 8, p. 90, et 12 F . Hultsch , art. « Damianos» 3, RE IV 2, 1901, col. 2055. Knorr 8, p. 89- 96 , a soigneusement examiné les relations entre Damien et la recension théonienne de l'Optique d'Euclide; il suggère de façon convaincante que des modifications par rapport aux idées de Théon sur la vision interdisent de considérer Damien comme la source de Théon, ainsi que l'avait proposé 13 J. L . Heiberg (édit.),
596
DAMIANUS
Euclidis Optica, coll. BT, Leipzig 1895 , p . XXXI-XXXII.Knorr 8 , p . 95 , croit que le traité a mis à contribution « excerpts of Theon and other sources for the purposes of expounding a theory of vision different from Theon 's ». Il propose comme datation le ve ou le vre siècle (Knorr 8, p. 95 -96 ). Nous allons voir que
le platonisme de Damien peut confirmer cette datation. Platonisme. On a jusqu 'ici négligé le caractère philosophique de la théorie de la vision exposée par Damien . Cette représentation implique une justification téléologique du mécanisme de la vision (6 , 4 -8 ; 8, 2-4; cf. 20 , 16 -17) et surtout le recours à une exégèse de Platon . 14 J. L . Heiberg, Literaturgeschichtliche
Studien über Euklid, Leipzig 1882, p. 138 -139, n 'a que brièvement examiné cet aspect de la théorie et la discussion la plus élaborée reste celle de Bartholin 3, p . 99- 102. Les remarques qui suivent n ' abordent que sommairement une
question quimériterait de plus amples investigations.
Selon Damien, la vision résulte de l' émission d'une lumière interne (p. 2, 2 5) qui peut, sous certaines conditions, rendre possible la vision en l'absence de
toute source externe de lumière (p. 4, 2- 15). Cette théorie avait déjà été ridicu lisée dans un texte attribué à Alexandre d 'Aphrodise (De anima librimantissa , p . 127, 27 - 130 , 12 Bruns). Damien (p. 20, 5 -7) se fonde sur un passage platonicien célèbre (République
VI, 508b3-4) où la vue est décrite commele sens « le plus semblable au soleil» ( ALOELÔÉOTatoc) et il développe longuement une analogie entre les yeux et le soleil (p. 14, 16 - 20 ,7).Mais il néglige le principe selon lequel la lumière solaire est essentielle pour la vision (République 508c4 - d 2) et la théorie platonicienne plus nuancée (Timée 45 d3- 7) qui enseigne que le feu n 'est émis par les yeux que lorsqu 'il y a une lumière extérieure . Damien offre donc une interprétation superficielle de la théorie platonicienne de la vision. Alors que, selon le compte
rendu doxographique de la théorie de Platon chez Aétius (IV 13, 11; p . 404, 7- 15 Diels), une « co-illumination » (ouvavyela ) est produite par la lumière de l'ail et la lumière extérieure, pour Damien (p. 10 , 2 -3) la lumière oculaire peut par
elle-même « illuminer» (ouvavyáčelv , p . 10 , 2 ) l'air intermédiaire entre l'ail et son champ visuel. Cette exégèse est également confuse. Damien ne précise pas si cette vision autonome assurée par l'eil lui-même est un phénomène anormal constaté dans la vision nocturne de certains animaux ou dans des cas pathologiques comme
chez l'empereur Tibère (p. 4, 10-11), ou bien , comme la théorie l'exigerait, s'il s 'agit d 'un processus général chez les animaux jouissant de la vue, processus résultant de la similitude entre notre vil et le soleil (cf. 4, 14 - 15 qui anticipe sur 14 , 16 -20 , 7).
Bien que l'optique de Damien soit fondée sur une exégèse déficiente , la conjonction d 'une exégèse platonicienne avec une connaissance de la littérature
scientifique est caractéristique de la vie intellectuelle des ve et vie siècles de notre ère , bien que cette conjonction soit ordinairement réalisée à un niveau supérieur dans les æuvres de Proclus, Jean Philopon ou Simplicius. En revanche,
DAMIPPOS
597
elle n 'est plus attestée par la suite , si bien qu 'il faut considérer comme douteuse l'opinion finale de Knorr 8 , p. 96 , qui voit en Damien « a Byzantine scholar writing considerably later.»
Damien et Héliodore. On a supposé entre Damien etHéliodore une relation de fils à père ou de disciple à maître (voir les références chez Knorr 8, p. 90 ), ou encore, comme le suppose Knorr lui-même (8 , p. 91), d 'éditeur à auteur. Mais
on ne peutpas déduire du génitif qui apparaît dans le titre une relation définie entre les deux hommes. Damien a-t-il fait une révision intentionnelle des ensei gnements d'Héliodore ou bien les a-t-il simplifiés par simple incompréhension ? On ne sait pas non plus si le traité de Damien est le compte rendu (ånò bwvñs)
des cours donnés par Héliodore ou, ce qui est moins vraisemblable , s'il a été rédigé à la suite d'une étude de son traité. On peut voir en Héliodore un platonicien mineur du ve ou du vre siècle dont
les vues sont reflétées, mais non nécessairement transmises avec précision , dans le traité de Damien . En conséquence, il est difficile de savoir s'il était un mathé maticien accompli ou principalement un philosophe soucieux de présenter un exposé superficiel des théories optiques. On ne peut que difficilement l'iden
tifier, comme le propose Knorr 8 , p. 95, avec Héliodore d 'Alexandrie (cf. 15 F . Boll, art. « Heliodoros» 13, RE VIII 1, 1913, col. 18 -19), astronome et frère cadet d'Ammonius (» A 141), le commentateur d' Aristote . Rien n' invite à ratta
cher Héliodore d'Alexandrie à Larissa . Plus important encore: l'optique et la théorie de la vision qui avaient cours à Alexandrie au Ve siècle étaientbeaucoup plus élaborées que ce qu 'on lit dans le traité de Damien . Songeons par exemple
à la théorie de la vision que l'on trouve dans le commentaire de Jean Philopon sur le De anima, commentaire fondé sur les cours d ' Ammonius et dans lequel
on relève l'assimilation d'idées propres à Galien. Voir 16 R . B . Todd , « Philo
sophy and medicine in John Philoponus' Commentary on Aristotle 's De Anima» , DOP 38, 1984, p. 103-110 , notamment p . 106 -108. Damien et Domninus. Il ne faut pas identifier Damien avec le mathéma ticien célèbre Domninus de Larissa (- D 219). L ' identification a été envisagée par Heiberg 15 , p. 137, et 18 P. Tannery, « Domninos de Larissa » , Bulletin des
sciencesmathématiques, 2° série, 8, 1884, p. 288-298 = Mémoires scientifiques, t. II, Toulouse/Paris 1912, p . 105- 117; elle est rejetée par Knorr 8, p . 96 . ROBERT B . TODD. 7 DAMIPPOS Sous le nom de Damippe (le lemme porte Kpítuvos [- C 221] Ktou Aquintov ) sont transmis en dialecte dorien, chez Stobée III 3,63 et 64 Hense ,
deux fragments d'un llepi $ povňoewçxaieutuylac (p . 68, 1-69, 19 Thesleff) : dans la vie morale , la phronesis, vertu primordiale et mère de toutes les autres, est un principe d 'ordre et de limite qui exerce son action sur l'eutychia , élément d ' irrationalité et de désordre. L 'ouvrage appartient au groupe des pseudopytha gorica , même si le nom de Damippe ne figure pas dans le Catalogue de
Jamblique, ni dans les autres témoignages sur les pythagoriciens. Date : IIIa
DAMIPPOS
598
d 'après H . Thesleff, An Introduction to the Pythagorean Writings of the Hellenistic Period, Åbo 1961, p. 115 ; 16 -1 selon d'autres auteurs. BRUNO CENTRONE.
8 DAMIS RE 3
п
Philosophe épicurien ,personnage du Jupiter tragédien (§ 4 ) de Lucien . Il est généralement considéré comme fictif (mais 1 H . von Arnim , art.
« Damis» 3, RE IV 2, 1901, col. 2056 , affirme qu'il s'agit d'un contemporain de Lucien ). 2 C . P. Jones, Culture and Society in Lucian , Cambridge (Massa
chusetts) 1986 , p. 27, le définit comme « urbane rationalist and critic of religion » . Damis s'oppose au philosophe stoïcien Timoclès dans une longue dispute sur la Providence qui se serait déroulée à Athènes, au portique Poecile, devant une assistance nombreuse (§ 16 ). Sa supériorité sur son adversaire ne fait aucun doute (cf. les propos prêtés à Zeus § 53 !). Il soutient à propos des dieux des thèses globalement conformes à l' orthodoxie épicurienne (§ 35 - 52). Jones 2, p . 39 -40, situe rapidement les idées de Damis par rapport à la doctrine épicurienne.
Récemment, 3 G . Anderson , Philostratus. Biography and Belles Lettres in the third century A. D ., London 1986 , p. 155- 173, a cru pouvoir montrer qu'il
peut être rapproché du Damis biographe d'Apollonios de Tyane (voir notice suivante) et qu'il réapparaît, sous le nom de Dini, dans le conte médiéval persan Marzuban -nameh . Il ne s'agirait donc pas d'un personnage de fiction . Cette
hypothèse a été accueillie avec intérêt par 4 E . Koskenniemi, Der philostra
teische Apollonios, coll. « Commentationes Humanarum Litterarum » 94, Helsinki 1991, p. 83-84, et par 5 M .J. Edwards, « Damis the Epicurean » , CQ 41, 1991, p. 563-566 ,mais n 'a pas emporté l'entière conviction de ces savants.
PATRICK ROBIANO. I 9 DAMIS DE NINIVE RE 4 L 'existence de Damis de Ninive, auquel Philostrate , V. Apoll. I 3 , attribue un
recueil de souvenirs (únouvnuata) sur la vie d'Apollonios de Tyane, est niée par la majorité des philologues ; voir 1 E .L . Bowie, « Apollonius of Tyana : Tradition and Reality » , ANRW II 16 , 2, 1978 , qui rappelle les données du problème, p. 1653 - 1655, et attribue à Philostrate « the invention of Damis » ,
p. 1663- 1667. Cependant, certains savants essaient de prouver la thèse de l'existence de Damis. La démonstration la plus convaincante est celle de 2 F. Grosso , « Fonti e cronologia della Vita di Apollonio di Tiana » , Acme 7, 1954 , p . 333 -364 . Des textes sanskrits mentionnant Apalūnya et Damisa , s 'ils
s'avéraient indépendants de la tradition philostratéenne, permettraient de
trancher (voir 3 D . Del Corno, Vita di Apollonio di Tiana, Milano 1978, p . 30 n. 24). Pour une synthèse récente et complète des hypothèses élaborées à propos
de Damis,on peut consulter 4 E . Koskenniemi, Der philostrateische Apollonios, coll.« Commentationes Humanarum Litterarum » 94,Helsinki 1991, p. 9- 15 . D 'après Philostrate, V . Apoll. I 3 , Damis de Ninive, homme oủx ãoopos, fut le fidèle disciple d' Apollonios dont il relata les voyages et conserva par écrit « les pensées, les discours
599
DAMOCLÈS DE MESSÈNE
et toutes les prophéties ». Un parent de Damis découvrit à Julia Domna l'existence des tablettes qui contenaient ces mémoires. Comme le récit de Damis était « clair» , mais
« maladroit» , l'impératrice chargea Philostrate de le récrire et de le publier.
Damis partagea la vie d'Apollonios de Tyane à partir de leur rencontre à Ninive (V. Apoll. I 19 ). Cette vie commune prit fin quand Apollonios, avant de disparaître, envoya son disciple
à Rome, auprès de Nerva (V. Apoll. VIII 28 ). L'index de 4 F.C . Conybeare (édit.), Philostratus, The Life of Apollonius of Tyana, coll. LCL, London 1912 , 2 vol., permet de repérer commodément tout ce qui concerne Damis .
PATRICK ROBIANO.
10 DAMÔ Dans une lettre pseudépigraphe de Lysis à Hipparque (Hercher, Epistolo graphi graeci, p. 601-603; Thesleff , The Pythagorean texts of the Hellenistic
period, p . 111, 14 - 114, 12 ; A. Städele [ édit.), Die Briefe des Pythagoras und der Pythagoreer,Meisenheim am Glan 1980, p. 154-159 ; un extrait en D .L . VIII 42), il est dit que Pythagore confia à sa fille Damô ses hypomnemata , en lui recommandant de ne les confier à personne en dehors de sa maison . Damô
respecta la recommandation, bien qu'elle eût pu vendre les livres pour en tirer des bénéfices importants, et elle préféra être réduite à la pauvreté plutôt que de manquer à la parole donnée. Selon d'autres, continue la lettre, Damô, au
moment de mourir, confia la même charge à sa fille Bi(s)talè (- B 34). Jamblique, V. pyth. 146, rapporte qu'après la mort de Damô les hypomnemata passèrent à sa fille Bitalè, puis à Télaugès, fils de Pythagore et mari de Bitalè.
Voir à ce propos Städele, p . 210 n. 20 : Damô, qui (comme Bistalè) n 'apparaît pas dans les autres témoignages sur la famille de Pythagore ni dans le Catalogue
de Jamblique, est un personnage fictif inventé par l'auteur de la lettre ; cette fiction d'une femme héritière du legs de Pythagore a pour but de renforcer l'injonction adressée par “Lysis” au faible Hipparque qui philosophe en public , en l'opposant diamétralement au comportement exemplaire que “même une femme” a su tenir. BRUNO CENTRONE. 11 DAMOCLÈS DE CROTONE
Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique, V. pyth . 36 , 267; p. 143, 24 Deubner. BRUNO CENTRONE.
FIIa Stoïcien , disciple de Panétius,mentionné dans l'Ind. Stoic. Herc. de Philo dème, col. 76 , 4 -5 (p . 124 Dorandi = Panétius, fr. 164 van Straaten) : Aquoxrñs
12 DAMOCLÈS DE MESSÈNE RE 7
Meolonvioç. Cf. H . von Arnim ,RE IV 2 , 1901, col. 2068, et M . Pohlenz,Die Stoa, t. II, p. 98. TIZIANO DORANDI.
600
DAMON D 'ATHÈNES
13 DAMON D 'ATHÈNES RE 4 Musicien et philosophe.
Mva
Il ne doit pas être confondu avec Damon de Syracuse (- D 15 ), pythagoricien persécuté par le tyran Denys et amide Phintias (cf.DK 55 (42),t. I, p . 444).
Témoignages et fragments: 1 U . von Wilamowitz -Moellendorff, Griechische Verskunst, Berlin 1921, p. 59 -66 , dans un premier essai pour réunir
témoignages et fragments, en recensait dix ; 2 DK 47 (25 a), t. I, p. 381-384 , 5e éd ., Berlin 1934 (= p. XXXIV -XXXVIII, 4e éd ., 1922), comporte dix références pour les témoignages et autant pour les fragments ; 3 trad. française de DK 2 , par
D . Delattre dans J.-P.Dumont, Présocratiques, p.455 -460 (avec notice et notes, p. 1337- 1340 ) ; 4 F . Lasserre, « L ' Éducation musicale dans la Grèce antique,
Appendice au chap. VI: Damon d 'Athènes» , p .74-79, dans son Plutarque, De la musique. Texte, traduction, commentaire, Olten/Lausanne 1954, offre sous le titre « fragments de l' Areopagitique » une collection sensiblement complétée par rapport à l' édition de référence de DK , avec 20 rubriques, dont certaines
regroupent plusieurs passages d 'auteurs différents et où les « réminiscences probables de l'Aréopagitique » sont distinguées, par l'usage de caractères plus petits, de ce que l' éditeur tient pour fragments véritables. Néanmoins, la notion
de « fragment» a ainsi beaucoup perdu en rigueur, Lasserre élargissant parfois de façon excessive le contexte des fragments retenus dans DK 2 . Il ajoute les références nouvelles suivantes, qu' il traduit au fil des p . 53 -73 : (1) Élien , Nat. anim . II 11 (= Aristoxène, fr. 69 d Wehrli), où le nom de Damon ouvre une liste
d ' excellents connaisseurs de la musique, qui compte également Spintharos , Aristoxène et Philoxène. (2 ) Isocrate, Aréop. 37, qui, sans mentionner nommé ment Damon , rappelle aux Athéniens que leurs « ancêtres se sont tant passionnés pour la tempérance qu 'ils ont chargé le conseil de l'Aréopage de se préoccuper
du bon ordre et de la décence (etxoquia )» . Comme ce dernier terme renvoie vraisemblablement à Damon ( cf. 5 H . Ryffel, « Eukosmia . Ein Beitrag zur Wiederherstellung des Areopagitikos des Damons » , MH 4, 1947, p . 23 -38 ), il
paraît clair par là même qu'Isocrate, près d 'un siècle plus tard (vers 355 ), inscrivait son discours homonyme dans la lignée de celui de Damon , où il avait
pu puiser une partie de son inspiration touchant à l' éducation ancienne. (3 ) Cornelius Nepos, Epamin . 2 , où Damon et Lampros sont pris comme exemples de musiciens très fameux. (4 ) Proclus, In Rempubl. I 61 éd . Kroll (à
propos de Rép. III 398 d ), à propos des harmoniai, des rythmes et des mètres que Socrate rapporte à Damon . (5 ) Simplicius, In Phys., p. 184 éd . Diels . (6 ) Martianus Capella , Nupt. Philol. 9, p. 130 - 131 (texte ) et 272-273 ( commen taire) éd. L . Cristante , Padova 1987, qui reprend en latin l'anecdote contée par
Galien (= fr. B VIII DK ). (7) De plus, le bannissement dont Damon fut l'objet est confirmé expressément par Plutarque en deux autres passages des Vies d'Aristide 1 , 7, et de Nicias 6 , 1 (cf. Lasserre 4 , p . 73 n . 2 ). 6 M . Timpanaro Cardini, Pitagorici. Testimonianze e frammenti, fasc . III, Firenze, 2e éd. 1969, p . 346 -365 (notice, 346 -350 ; texte grec , traduction italienne et commentaire, 352-365) . Faute de place, l'éditrice italienne, qui utilise le travail de Lasserre 4 ,
DAMON D 'ATHÈNES
601
a laissé de côté les témoignages A I- VII, dont elle résume cependant la
substance dans sa notice introductive. Elle n 'a pas repris non plus le fr. B I (Cicéron , De orat. III 32, 132), par lequel était introduite la rubrique de DK 2 « B . Areopagitikos» , le jugeantprobablement trop allusif. On signalera aussi que 7 G . M . Rispoli, « Filodemo Sulla musica » , CronErc 4 , 1974, p . 57 -87 , a
proposé pour les fragments B II à IV un texte grec établi par ses soins, avec apparat critique et traduction italienne (p . 59 -60 ; notice développée sur Damon, p . 59 n . 11) . Pour une esquisse des problèmes textuels posés par ces fragments
conservés par Philodème, cf. Dumont 3, p . 1338 -1339 (n. 4 et 6 à la p.458).
Enfin , la liste des témoignages antiques pourrait être complétée par (8) Démé trios de Phalère, De eloc. 42, mis en rapport par 8 L . Radermacher, « Ein Bruchstück des Damon » , WS 56 , 1938, p . 110 - 111, avec Platon , Rép. III 400 b ,
et (9 ) Andocide, Myst. 16 , 3, où est mentionnée « la femme d'Alcméonidès, autrefois aussi celle de Damon , du nom d ' Agaristé » : selon 9 R . W . Wallace, « Charmides and Damon . Andocides 1. 16 » , résumé dans AAPhA 1989, p . 24 ,
dans ce passage Damon serait à identifier avec notre musicien. D 'où il ressort que Damon aurait été marié à une Agaristé . Un recueil complet des témoignages et fragments de Damon reste donc encore à constituer. (Voir récemment R . W . Wallace, « Damone di Oa ed i suoi successori : un'analisi delle fonti » , dans R . W . Wallace et B . MacLachlan (édit.), Harmonia Mundi : musica e filosofia nell'antichità, coll. « Biblioteca di Quaderni Urbinati di Cultura Classica » 5, Roma 1991,
p. 30-53.]
Sources anciennes sur la doctrine de Damon . ( 1) Aristophane, Nuées 637-651 et 961-971;Gren. 729 et 1491- 1499. (2 ) Platon, Rép. III, 398d -400a ; IV , 424c; Lois VII, 814d, 815b, 816b. (3 ) Isocrate, Aréop. 37, 39 et 43.
(4 ) Aristote, Polit. IV 3 , 1290 a 19 sqq.; VIII 6 , 1340 a40 sqq.; 1341 a 39 sqq.; et Const. Ath.,p . 27, 4 .
(5) Aristoxène selon Porphyre, In Ptol.Harm .,p .3 Düring. (6 ) Diogène de Babylone à travers Philodème,Mus. IV , col. 17 éd . Delattre en préparation, 1- 15 (= I fr. 18 éd. Rispoli) ; col. 100, 37 -45 (= III, fr. 70 éd .
Kemke) ; col. 147, 34 -42, et 148, 1-5 (= IV , col. 33-34 éd. Kemke). (7 ) (Pseudo-)Plutarque,Mus. 1140 b . (8 ) Athénée XIV , 628c (mêmeanecdote que chez Hérodote VI 129). (9 ) Aristide Quintilien II 14 .
École et élèves. Commemusicien, Damon a suivi les leçons d'Agathoclès ( » A 37) , soit directement (Platon , Lach . 180d), soit par l'intermédiaire d'un
disciple de celui-ci, Lamproclès (Scholie à Platon , Alc. Maj. 118c). Au dire de Plutarque (Péricl. 4), Aristote (fr. 401 Rose) lui attribuait commemaître l'aulète
Pythoclidès de Céos (désigné par Platon , Protag. 316e, comme un « grand philosophe » (uéyaç oogloths). Ce pythagoricien , inventeur de la musique
602
DAMON D 'ATHÈNES
noble (uovoln oeuvń), aurait lui-même enseigné la musique à Agathoclès (Scholie à Platon déjà citée). Cette « généalogie spirituelle » a toutefois été discutée par Th. Reinach (dans 10 R . Weil- Th . Reinach , Plutarque, De la musique, Paris 1900, p. 67 n. 158 ), qui proposait finalement d'admettre que Lamproclès et Agathoclès ont appartenu tous deux à une même génération , tandis que Pythoclidès et Damon ont dû appartenir à la génération suivante .
Signalons au passage que, chez Plutarque (Mus. 1136e), les noms de Damon et de Pythoclidès se retrouvent en concurrence pour l'invention du trope lydien relâché. Mais cette attribution paraît aussi peu vraisemblable dans l'un et l'autre cas à 11 A . Barker, Greek Musical Writings, I, Cambridge 1984, p. 222 n . 114 , qui, tenté d' identifier ce trope avec l'hypolydien , préférerait ainsi en faire remonter l'invention à un musicien du VIe s., Polymnestos (Plutarque, Mus. 1141 b ). Parmi ses élèves les plus illustres, Damon compta Périclès (Plutarque, Péricl. 4 , 2 et Aristid . 1, 7) , Socrate (D . L . II 19 ), le musicien Dracon d 'Athènes
(Olympiodore , V. Plat. 2; » D 228) et le maître de ce dernier, Mégillos (ou Métellos ?), et peut-être aussi le fils de Nicias s'il faut en croire Platon (Lach., 180 d). A ces disciples attestés, il conviendrait d'ajouter sans doute beaucoup d 'autres fils de bonnes familles d 'Athènes. Mais il semble indiscutable pour Platon (Alc.Maj. 118c), Plutarque (Péricl. 4 , 2-3) et Diogène Laërce (II 19) que
l'enseignement de la lyre, et plus largement de la musique, que prodiguait Damon n 'était qu'un masque destiné à couvrir un enseignement philosophique de nature en grande partie sophistique. Bien que, pendant longtemps, on se soit unanimement accordé à voir en
Damon un adepte du pythagorisme, il convient en toute rigueur de souligner que la mention expresse de son appartenance à cette école ne figure pas dans les sources antiques. Aussi émet-on aujourd'hui certaines réserves sur cette question . De fait, Timpanaro Cardini 6 , p. 346 , a finalement écarté Damon du cadre des pythagoriciens reconnus comme tels, pour le ranger dans la rubrique « Risonanze pitagoriche » du fasc . III. Par ailleurs, 12 A . Barker, Greek Musical Writings, II, Cambridge 1989, p. 29, note que dans ce qui nous reste de l'æuvre de Damon ne figure aucune trace d'une analyse harmonique qui ait été
développée dans le style mathématique des pythagoriciens; et pour L . E . Rossi, 13 Metrica e critica stilistica. Il termine « ciclico » e l’agogé ritmica, Roma 1963, p . 29, et 14 « La dottrina dell' 'ethos'musicale e il simposio » dans La Musica in Grecia , a c. di B . Gentili e R . Pretagostini, Roma/Bari 1988 , p. 240 , si
Damon a bien en commun avec les pythagoriciens de considérer que les inno vations musicales entraînent inévitablement des changements politiques, il s'en distingue radicalement en ce qu 'il établit le lien de la musique et des affections de l'âme non sur une base abstraite , mais sur une base empirique, celle de la perception (aisthésis) et de l'expérimentation (peira) des différentes musiques, de sorte que sa classification des genres musicaux, harmoniai, rythmes, etc ., reposait non sur des a priori mathématiques,mais sur l'expérience vécue. Quoi qu 'il en soit, l'aspect fondamentalement pythagoricien de son éthique musicale continue à paraître une évidence à tous les commentateurs modernes.
DAMON D 'ATHÈNES
603
En revanche, le rapport de Damon avec Prodicos, Protagoras et la sophistique est explicitement souligné par Platon (Lach . 197d, et Protag. 316d- e, où
Protagoras, sans toutefois nommer Damon , présente ses maîtres, Agathoclès et Pythoclidès « et beaucoup d'autres» , comme ayant cherché à dissimuler leur exercice de la sophistique sous le couvert de l'enseignement musical) ; cf.
15 A . C . Cassio , « Laso e Damone sofisti e novatori », PP 26 , 1971, p.275-280. De plus, son rôle politique de conseiller de Périclès est parfaitement attesté par des sources anciennes (Isocrate , Ech. 235 ; Aristote, Const. Ath . 27, 4 ; Plutar que , Péricl. 4 , 2 et 9 , 2 ). A noter toutefois que ces deux derniers auteurs parlent d 'un Damonidès ou Démonidés d ' é , non de Damon ; sur cette confusion , cf. contre 16 A . E . Raubitschek , « Damon » , C & M 16 , 1955 , p . 78 -83, qui veut voir
ici le père du musicien et non Damon lui-même, l'argumentation de 17 K .
Meister, « Damon , der politische Berater des Perikles» , RSA 3, 1973, p. 29-45. D 'ailleurs , selon Aristote , c' est précisément ce lien privilégié avec Périclès qui
lui aurait valu d' être ostracisé, au double motif (peu original) d 'ambition personnelle excessive et de sympathie pour la tyrannie. Biographie et chronologie . Athénien , fils de Damonidès – comme le confirme un ostrakon découvert en 1914 lors des fouilles de la rue du Céra mique, près de l’agora d 'Athènes, publié par 16 A . Brückner, MDAI( A ) 40 , 1915 , p . 20 -21 - , il était originaire du dème d ' é (Étienne de Byzance, s.v. Eé)
et aurait été marié à une certaine Agaristé (cf. Wallace 9). Pour des raisons évidentes de chronologie, il convient assurément de la distinguer de l'Agaristé mère de Périclès et nièce (et non petite- fille, comme le dit Plutarque, Péricl. 3 ,
2 -3 ) de l'Alcméonide Clisthène. Il fut à peu près contemporain de Péricles ( ca 495 -429) et de Socrate (470 -399), et sans doute leur aîné de quelques années, puisqu 'il fut leurmaître. Son heure de gloire dut coïncider avec l' apogée
politique de Périclès . C 'est donc vers le débutde la seconde moitié du Ve siècle qu'il faut situer son floruit, aux environs de 450 . Quant à sa condamnation à l'exil, dont la date reste difficile à préciser dans le cours du troisième quart du ve siècle , elle est indiscutable malgré 19 J. Carcopino, L'Ostracisme athénien, Paris
1909, 2e éd. 1935, p . 125- 142 (reprise de REG 18, 1905, p .415), qui, tout en reproduisant (pl. III, 4 , p . 128) l'ostrakon signalé plus haut, continuait curieu sement à soutenir que Damon ne fut jamais ostracisé. Cet ostrakon (IG ,
n° 912), qui porte la mention Aamov Aamovido, est un tesson provenant d 'un beau cratère dont le type de fabrication ne remonterait pas à une date antérieure à 450 : cela implique assurément que le bannissement de Damon ait été posté
rieur au milieu du Ve siècle . 20 G .Glotz,Histoire grecque II, Paris 1931, p. 186 , qui considérait comme définitivement hors de discussion la décision populaire concernant Damon, a proposé , non sans raisons, de la dater des quelques mois précédant l'ostracisme de Thucydide, obtenu par Périclès contre ses adversaires
en 443 ; cela la situerait en 444 ou 443, en tout cas avant441. Lasserre 4, p . 54, supposait en outre que l'Odéon était alors achevé et que son inauguration par un concoursmusical – qui a pu se dérouler dans le cadre des Panathénées et dont le règlement pourrait bien avoir été fixé par Damon (Plutarque, Péricl. 13, 9 -11) -
S
DAMON D 'ATHÈNE
604
avait déjà eu lieu ; mais la datation de ces derniers événements n 'est pas absolument certaine. 21 F. Schachermeyr (« Damon » , dans Beiträge zur alten Geschichte und deren Nachleben . Festschrift für F . Altheim zum 6 . 10 . 1968,
hrsg. von R . Stiehl und H . E . Stier, I, Berlin 1969, p. 192-204) estimait possible d' établir un rapport de cause à effet entre la composition de l'Areopagitique, qu 'il datait des années 440-435, et le bannissement du musicien. Cependant,
Meister 17 a depuis rejeté l'idée d'un tel lien causal, supprimant du même coup tout repère chronologique pour le discours. Si l'on accepte les indications (toujours à prendre avec précaution ) que fournit le dialogue platonicien l’Alcibiade majeur, qui met en scène un Alci biade d 'une vingtaine d'années, l'action s'en déroulerait vers 430a, soit peu avant la mort de Périclès . Or, il y est dit clairement (118c) que l'illustre Périclès continuait à cette époque à fréquenter Damon, dans sa quête de la sagesse . Cela
impliquerait que le musicien soit revenu à Athènes après ses dix ans de bannissement (soit vers 433). On pourrait trouver une confirmation implicite de son retour dans le fait que le surnom de « Chiron » , que Platon le Comique dans une cuvre perdue (PCG VII, fr. 207, p . 523) applique à Damon , est à mettre en relation avec la comédie de Cratinos, Les Chirons (de 434 ou 433) . Cela signifie que Damon se trouvait bien alors à Athènes et fréquentait encore Périclès. La date de sa mort, en revanche, reste aussi indéterminée que celle de sa naissance ;
toutefois,à l'époque à laquelle Platon situe l'action du Lachès (425), ilaurait été encore en état de se charger de l'éducation musicale du fils de Nicias. En outre, si c 'est par suite d 'un veuvage (et non d 'un divorce) que sa femme Agaristé se
serait remariée avec Alcméonidès (cf. Wallace 9 ), la mort de Damon serait sensiblement antérieure à 415 , année de l'affaire de la mutilation des hermès
dont s'occupe Andocide. Euvre. Si le titre d ’Aréopagitique, retenu par tous les éditeurs depuis U . von
Wilamowitz 1, semble se déduire implicitement du témoignage de Philodème (Mus. IV , col. 33- 34 éd . Kemke), commentant de façon critique un ouvrage éthique perdu du stoïcien Diogène de Babylone, il n 'est nulle part formellement attesté dans les sources anciennes. Il s'explique très simplement parce qu 'il
s'agissait d'un discours censé s'adresser au tribunal athénien de l'Aréopage. Timpanaro Cardini 6 , p . 349, exprimait des doutes sur le contenu de ce discours tel que le concevait U . von Wilamowitz -Moellendorff 1, p. 59 -66 . En effet, ce
dernier, le considérant – sans doute à juste titre – comme l'unique ouvrage de Damon, lui rapportait sans hésiter le peu qui nous est parvenu de la doctrine damonienne. L 'érudite italienne semble , pour sa part, convaincue de l' existence d 'un autre ouvrage de Damon qui aurait été intitulé Aquávios aípeois. Elle fonde sa thèse sur un passage de Porphyre (In Ptol. Harm ., p. 3 éd. Düring), où
sont évoquées les « options musicales concernant l'harmonisé » (aipédelc év
MOVOLXņ nepi toŨ npuoouévov), dont les deux plus importantes, dit-il, sont celles de Pythagore et d ' Aristoxène; et il rappelle que, parmi celles qui sont
antérieures à Aristoxène, il convient de mentionner, entre autres, celle de Damon . S 'il est clair qu 'il s'agit bien ici de Damon le Musicien , rien n 'autorise
DAMON D 'ATHÈNES
605
toutefois à affirmer que le terme désignerait un traité de théorie musicale, car cet emploi n 'est pas attesté dans les textes ; tout au plus pourrait- il revêtir le sens
d'« étude » ou d ' « école» (musicale ), comme le comprend d 'ailleurs Lasserre 4 ,
p . 58 n . 2 .Néanmoins, Timpanaro Cardini 6 , p. 348-349, a voulu voir là le titre d 'un second ouvrage où Damon aurait exposé de manière systématique sa théo rie métrique etmusicale , au contenu beaucoup plus théorique et technique, à son avis, que le discours destiné aux archontes sortis de charge qui constituaient
l'Aréopage. Mais rien n'empêche de considérer que cette référence de Porphyre à Damon (absente de DK 2 ) peut tout aussi bien renvoyer à la substance du
discours adressé aux Areopagites. De quand daterait cet Areopagitique ? Bien qu'il contestât l'authenticité du
discours, 22 F. Bücheler, « Oi nepi Aauwva » , RHM 40, 1885, p . 309-312, estimait qu 'il ne pouvait être postérieur à 423. De plus, Lasserre 4 , p . 54 -55 ,
tenant pour évident que le discours de Damon était pour quelque chose dans son ostracisme, prenait en compte deux données : d'une part, c 'est le musicien Damon qui avait incité Périclès à faire verser sur le Trésor public un salaire aux héliastes; d 'autre part, la réforme d 'Éphialtès (461), tout en réduisant considé
rablement les attributions politiques de l'aristocratique Aréopage, lui avait confié une mission éducative ; aussi l'érudit faisait-il remonter la composition de l'Areopagitique avant 450 . Quoi qu 'il en soit, il est plus que vraisemblable que la composition du discours a précédé l' exil de son auteur, et non l'inverse .
Que cette cuvre ait eu non seulement un objet théorique à la fois musical et pédagogique, mais aussi un but éthique et politique, cela a été très justement montré par Ryffel 5 . Il est probable en effet que le discours de Damon allait dans
le sens d 'une politique favorable au peuple. Il portait, en tout cas, une attention particulière à la jeunesse (cf. DK 2, fr. A VIII, B IV et VII), considérant que la musique est l'occasion de faire l'apprentissage de presque toutes les vertus, elle qui rend l'âme harmonieuse et rythmée (fr. B IV ) . Lasserre 4 , p .57, souligne
non sans vraisemblance que,æuvrant dans le sens de Péricles, Damon cherchait délibérément, à travers un tel discours , à faire reculer la tradition aristocratique qui, jusqu'alors, privilégiait absolument la gymnastique dans l'éducation ; autre ment dit, en portant ainsi le débat devant l'autorité morale qu ' était l'Aréopage, il n 'aurait eu d 'autre but que d '« officialiser l' enseignement de la musique » à côté de celui de la gymnastique .
Quel pouvait en être plus précisément le contenu ? Lasserre 4 , p . 55-69, en a esquissé une présentation d 'ensemble séduisante , en s' aidant de l'auvre homo nyme d ' Isocrate et surtout de l'ensemble des témoignages et fragments conser
vés, en particulier ceux de Platon, d 'Aristote et d'Aristide Quintilien. Toutefois, cette reconstruction reste éminemment hypothétique. On en retiendra au moins
les éléments suivants. D 'abord la nécessité d 'une éducation de l'âme par la musique, impliquant un choix attentif des tonalités musicales à adopter
(dorienne surtout, ce qui sous- entendrait un éloge de Sparte par Damon , p. 66 ) et à bannir , pour mener à la vertu et détourner des vices ( p . 58 ), et une sévère
sélection des instruments de musique qui les mettent en æuvre , ainsi que
606
DAMON D 'ATHÈNES
l'adoption d 'un système de quatre types de gammes (ou harmoniai): lydien , iastien, phrygien et dorien , privilégiant les deux derniers modes aux dépens des
premiers ( p . 59). Devait y être développée aussi l' idée fondamentale que, en
imitant les sons propres à chacune des activités humaines et aux sentiments qui les accompagnent, chaque harmonie provoque dans l'âme un mouvement correspondant (p . 60 ). D 'où il découle que le modèle donné par l'imitation
musicale détourne l'âme des mauvais exemples et parvient à la corriger en l'entraînant en sens inverse (p. 63 ; cf. également 23 H . John , « Das muzik erzieherische Wirken Pythagoras' und Damons. Ein Beitrag zur Ethoslehre der Griechen » , Altertum 8 , 1962, p . 67-72). Damon développait probablement aussi
dans son discours une étude des rythmes, complétée par une métrique dont il ne
reste que quelques bribes ( cf. 24 L . Radermacher, «Metrisches» , WB 1941, p. 1 11 ; 25 C . Del Grande, « Damone metrico » , GIF 1, 1948, p . 3 - 16 ; et 26 D .
Holwerda, « De artis metricae vocabulis quae sunt δάκτυλος et ενόπλιος », Kwuwdotpaynuata. Studia Aristophanea W . J. M . Koster in honorem , édit. R . E . H . Westerndorp Boerma, Amsterdam 1967, p . 51-58). Sur ces deux
derniers aspects, cf. Lasserre 4, p. 66 -72, vues reprises, discutées ou nuancées par 27 E . Moutsopoulos, La musique dans l'ouvre de Platon, Paris 1959, 1re partie, chap. III, « Eurythmia et euarmostia » , p .67-80 ; 28 C . Del Grande, La
metrica greca, 1re partie, chap. 3, II,« L'insegnamento di Damone» , p . 216 -229, dans Enciclopedia Classica , sez . II : Lingua e letteratura, vol. V , t. II, Torino 1960 ; 29 W . D . Anderson , Ethos and education in Greek music . The evidence of
poetry and philosophy, Cambridge (Mass.)/London 1966, réimpr. 1968, p. 38 42 ; et Barker 11, p . 128-136 et 163- 169. Enfin , une théorie éthique, d'inspi ration pythagoricienne, devait accompagner cette théoriemusicale et métrique, à laquelle elle donnait tout son sens (cf. Anderson 29, p . 189- 191). Elle se laisse
deviner à travers l'anecdote contée par Athénée (XIV , 628c) de la danse indécente qui disqualifia Hippoclidès comme prétendantde la fille de Clisthène ( cf. Lasserre 4 , p . 70 ). A signaler que Damon , à l'occasion , n 'hésitait pas, en sophiste , à user d 'arguments de mauvaise foi, comme l'épicurien Philodème (Mus. IV col. 33 -34 éd . Kemke) le dit explicitement. Ce dernier en effet, sans
mettre en cause l'authenticité de l'ouvre, s'interrogeait seulement sur la possi bilité effective que le véritable Aréopage ait été le destinataire de ce discours, et semblait disposé à voir dans cette æuvre, plutôt qu 'un discours réellement prononcé, une æuvre de fiction - à l' instar de l’Aréopagitique d 'Isocrate , dont le
but était, à l'inverse, de rendre ses anciens pouvoirs à l'assemblée conservatrice.
Enfin, sur l'éventualité d'un rapport entre la théorie damonienne et la thèse éthico -musicale conservatrice attaquée dans le PHibeh 13 (The Hibeh Papyri,
part I, éd .Grenfell-Hunt, London 1906 , p .45-48), on consultera 30 M . Unter steiner, I Sofisti. Testimonianze e frammenti, fasc. III, Firenze 1954, 2e éd .. 1967, p. 208-211; trad. franç. par A . Tordesillas, coll. « Bibliothèque d'Histoire de la philosophie » , Paris 1993, t. II, p. 153-154 ; Barker 11, chap. 12 : The Hibeh Papyrus on music, p . 183- 185 ; et aussi 31 M .L . West, « Analecta musica , II. Alcidamas (?) xatà Tây ápUOVLXÕU » , ZPE 92, 1992, p . 16 -23 .
DAMON DE SYRACUSE
607
Études d 'orientation . 32 A . J. Janssens, « De muziekpsycholoog Damoon von Oa », TPh 3, 1941, p. 499- 566 et 649-712 ; 33 K . Ziegler, art. « Damon » 2,
KP I, 1964, p . 1376 ; Lasserre 4 , chap. VII, « La postérité de l' éthique damo nienne » , p. 80 -87 ; 34 E . A . Lippman , « The sources and development of the ethical view ofmusic in Ancient Greece » , The Musical Quarterly 49, 1963,
p. 188-209; 35 C .Lord , « On Damon and music education » ,Hermes 106, 1978, p. 32 -43 ; 36 W . D . Anderson , « Damon » , dans S. Sadie (édit.), The new Grove
Dictionary of Music and Musicians V , London 1980, p. 173-174 ; 37 K . Ioannides, « L 'éthos musical chez Platon », Philosophia 15- 16 , 1985, p. 254-265. DANIEL DELATTRE. [ Ꭰ Ira 14 DAMON DE CYRÈNE RE 19 Académicien, mentionné dans l’Ind. Acad. Herc. de Philodème, col. M 12, parmi les disciples de Lacydès : Anuova Kupnvaſov (= Lacydès, T 2b 11 Mette ). C .J. Classen , « Zu zwei griechischen “ Philosophiehistorikern ” », Philo logus 109 , 1965, p. 178- 181, a proposé, avec de bons arguments, de l'identifier avec le Aáuwv ó Kupnvaſos signalé par D . L . I 40, auteur d 'un llepi tõv Qiaooopwv, ainsi qu 'avec le personnage cité par Suidas, Lex., s.v.Tátov
(II 1707, t. IV , p. 141 Adler) dans une liste de disciples de Platon : 'Apxeol haos, Maxúông, Eűavôpoc Dwxaeus, Aauwv, AEOVTEÚS, Mooyiwv xt1. Cf. J. Glucker, Antiochus, p. 346 n . 35, T. Dorandi, La 'Cronologia ' di Apollodoro nel PHerc. 1021, Napoli 1982 , p. 20 sq., et T. Dorandi (édit.), Filodemo :
Platone e l'Academia, p. 229. TIZIANO DORANDI. 15
DAMON DE SYRACUSE RE 18
Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique, V . pyth . 36 , 267 ; p . 146, 1 Deubner.
Témoignages. 1 DK 55 [42 ] (= Diodore de Sicile X 4, 3) ; t. I, p. 444 ;
2 M . Timpanaro Cardini, Pitagorici. Testimonianze e frammenti, fasc . II, Firenze 1962, p . 434 -435.
Jamblique, V. pyth. 33, 234-236 ; p. 125, 22- 127, 11 Deubner, Diodore X 4, 3 , et Porphyre , V . Pyth . 59-61 (voir aussi Cicéron, infra , et ValèreMaxime IV 7, 7 ext. 1), racontent, de diverses façons, l'épisode de la caution sur la vie, dont les protagonistes sont Damon et Phintias. Le récit provient de la Vita pythagorica d'Aristoxène ( fr. 31 Wehrli = Jamblique, V . pyth . 233-236 ), lequel disait l'avoir entendu de Denys en personne. Denys, qui entendait mettre à l'épreuve la loyauté et l'amitié dont on louait les pythagoriciens, fit appeler Phintias, le fit accuser de conspiration et le condamna à mort. Phintias demanda à Denys un
jour de répit pour mettre de l'ordre dans ses affaires et il offrit la caution de Damon, lequel se présenta de bon gré . Au coucher du soleil, Phintias revint pour affronter la mort, contre toute attente des personnes présentes. Denys alors embrassa les deux amis et demanda à être admis dans leur compagnie , mais reçut un net refus. Dans la version de Diodore, Phintias aurait effectivement
DAMON DE SYRACUSE
608
comploté contre Denys. On ne peut savoir quelle était la version originale . Voir à ce propos 3 F . Wehrli, Aristoxenos, coll. « Die Schule des Aristoteles» 2 ,
Basel, 2e éd ., 1967, p . 57 (Diodore ); 4 W . Burkert,Weisheit und Wissenschaft. Studien zu Pythagoras, Philolaos und Platon , Nürnberg 1962, p. 93 n . 36 (Aristoxène).
Cicéron, Tusc. V 22, 63 (voir aussi De off. III 45 ; De fin . II 24, 79) situe l'épisode à l' époque de Denys l'Ancien . BRUNO CENTRONE .
16 DAMOPHANÈS
Épicurien ( ?),mentionné dans un passage du PHerc. 1577/1579, fr. 10, 18 -21 (cf. W . Crönert, Kolotes und Menedemos, p . 189 s.v.). Le papyrus conserve les restes d 'un écrit où l' on devine une polémique épicurienne relative à des
questions théologiques et dirigée contre les stoïciens (cf. SVF II639-640). TIZIANO DORANDI. 17 DAMOPHILE DE BITHYNIE RE 7 PIR2D4
Philosophe et sophiste qui s' est occupé d'histoire.
Cf. 1 E. Schwartz , art. « Damophilos» 7, R E IV 2 , 1901, col. 2076 ; 2 A . Stein , « Damophilus » , PIR ? III, 1943, p. 1 ; 3 C . Müller, FHG III, Paris
1849, p. 556 . Données biographiques. L ' empereur Julien , Misopogon 29, 358c, parle d'un Damophile de Bithynie, « l'auteur de ces traités où , grâce à des glanes prises dans bien des livres, il a composé des récits qui font les délices des jeunes curieux comme des hommes d'un certain âge » (trad. Chr. Lacombrade). Julien dit emprunter à Damophile une anecdote concernant une visite de Caton le Jeune à Antioche : en arrivant dans la ville , Caton est reçu par un comité d 'accueil prestigieux , mais il découvre que ce n 'est pas lui qu 'on attendait, mais un certain Démétrios, affranchi de Pompée. Julien ne cache pas que la source était Plutarque (Cato minor 13 ; voir aussi Pompée 40, 1-5 ). Par dérision , Julien feint de croire que les Antiochiens ne s ' intéresseront dans ce récit qu 'à un détail : le montant de la fortune de ce Démétrios, et c 'est sur ce point précis qu 'il
renvoie à Damophile.
Ce Damophile estsans doute lemême à qui la Souda, s.v.Aquódios (A 52, t. II p. 5, 11- 15 Adler), consacre une notice, brève mais substantielle , par laquelle on sait qu 'il était le fils adoptif d'un « Julianus, consul sous Marc(-Aurèle )» , à savoir P. Salvius Julianus (consul en 175 ap. J.-C .: cf. Stein 2). Le Démophile ( sic ) cité chez Jean Lydus, De mensibus IV 2 , est probablement le même
personnage que Damophile. En revanche, l'identification avec le Damophile de Julien et la Souda du Démophile ( sic ) auteur (cf. RE 10 ; » D 76) de deux compilations de maximes pythagoriciennes, Δημοφίλου Εκ των Πυθαγορείων όμοια ή βίου θεραπεία et Γνώμαι Ilveayopixal ( cf. 4 F .G . A .Mullach, FPMG I, Paris 1875, p .485-499; pour le deuxième recueil, voir l'édition récente de 5 A . R . Sodano , Le Sentenze « pitagoriche » dello pseudo Demofilo, coll. « Bollettino dei classici» Suppl. 12, [Roma) 1991, 147 p .; 6 E .Wellmann, art. « Demophilos» 10, REV 1, 1903, col. 147 ; Schwartz 1) n'est qu 'une simple possibilité liée à la similitude du nom et à la pratique de la compilation littéraire . D ' ailleurs, l'attribution du
609 DAMOPHILE DE BITHYNIE second recueil cité à Démophile remonte à Holstenius (Lucas Holste ). Seul le premier, dédié à un certain Asclepiadès (cf. DPha Suppl. I, A 443a), est transmis par la tradition sous le nom
de Démophile.
Euvre. La Souda désigne Damophile (l'ethnique n'est pas précisé ) comme Diaboodoc et oogloms et le qualifie de polygraphe (ypáfaç tauroma), lui
attribuant, entre autres ouvrages: (1 ) un Φιλόβιβλος, avec le sous-titre Περί αξιοκτήτων βιβλίων (Sur les livres quiméritent d'être achetés). La Souda, qui reprend les informations d 'Hésychius, présente l'ouvrage sous le titre Oloßißłoç np @ TOS (Le bibliophile, livre I): selon Schwartz 1, col. 2076 , seul le premier
livre aurait été disponible chez les libraires ou dans les bibliothèques (cf. TAŰTÁ UOL EÚpntal ÉTTU taīs tõv Bubaiwv Onxauc) . Les mots qui suivent: npos Allov MaEwuov, peuvent être interprétés comme la dédicace du premier ouvrage (ainsi dans l' édition Adler), comme le
début du titre suivant (ainsi Schwartz qui écrit Mpos Abrilov MáEquov nepi Blov åpxalwv) oumême, à la rigueur, comme un titre indépendant. (2) un autre ouvrage intitule Περί βίου αρχαίων (le titre Περί βίων αρχαίων chez (la Pseudo- )Eudocie , Violarium 134 , cache, de toute évidence, une corrup tion ), dédié à un certain Lollius Maximus (PIR² L 318 ). On peut rattacher à cet ouvrage les références à Damophile chez Évagre , Historia ecclesiastica VI 1 : « Damophile dit, en racontant ce qui concerne Rome, que Plutarque de Chéronée a été sage, lorsqu 'il affirme que seule Rome avait harmonisé la vertu et la fortune » (cf. Plutarque, De fort. Rom . 2, 317 a); chez Jean Lydus, De mensibus
IV 2, où il est rapporté que Damophile ( écrit Démophile ) prétend que Janus a construit le premier des maisons et des entrées, et que le nom de Januarius dérive de celui de la porte d'entrée ; il est rapporté de même que selon Damo
phile Janus eut une sœur appelée Casamène ; et, enfin, chez Étienne de Byzance, s.v. Uttáxlov : « Psittace, ville près du Tigre, dans laquelle pousse l'arbre à pistaches, d'aprèsDamophile » . La bibliographie restreinte consacrée à cette cuvre enferme des équivoques importantes. Nous faisons référence à l'article de Schwartz 1, où l'on lit ceci: « nach Euagrios handelt es über Rom - apyalwv wird auf die republicanische Zeit gehen – » et « nach jenem (scil. l' empereur Julien ) war es eine Sammlung von Citaten und Excerpten » . En effet, cette deuxième déclaration est carrément incorrecte, comme le démontre la juste traduction que Lacombrade fait du passage de Julien (cf. plus haut). Quant à la première, si elle n 'est pas
incorrecte, elle peut induire en erreur, lorsque Schwartz met en rapport le témoignage fourni par Evagre, selon lequel Damophile s 'était occupé de Rome, avec la partie du titre qui fait
référence aux « anciens» , en suggérant que l'æuvre embrassait la période républicaine.
A partir de l'ensemble des témoignages sur cet écrit (cf. un parallèle intéressant chez Polybe IX 4 ; 7 F . W . Walbank, A historical commentary on Polybius II, Oxford 1967, p. 116 sq.) on arrive à la même conclusion que celle
qui est suggérée par le titre, à savoir qu'il s'agissait sans doute d 'une histoire de la culture, qui s'occupait, par conséquent, de la vie humaine dans les temps anciens. Bref, l'euvre appartenait au genre que Dicéarque (- D 98) avait illustré avec son Bloc 'Exados (cf. 8 R . Pfeiffer, A History of Classical Scholarship I, Oxford 1968, p. 112 ; 9 F. Wehrli, art. « Dikaiarchos » , RESuppl. XI, 1968,
col. 526 -534, notamment p. 530 sq.), ouvrage dans lequel il traitait des inven tions et des inventeurs. De ce point de vue, on peut répondre aux réserves de
DAMOPHILE DE BITHYNIE
610
Müller 3, p.556, sur l'opportunité d 'accorder à Damophile une place parmi les historiens. En effet, il a pu appartenir à un type intellectuel très enraciné en Grèce : celui du philosophe qui s'intéresse à l'histoire des temps anciens de
l'humanité. Dans ce sens, la dénomination de piãoooooc et oogloths que la Souda lui applique semble bien être juste .
Traduit et adapté de l'espagnol par Pedro Pablo Fuentes González.
JESÚS LENS TUERO.
18 DAMOTAGÈS DE MÉTAPONTE Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique, V. pyth . 36 , 267 ; p . 144, 6 Deubner. BRUNO CENTRONE. IIIa
19 DANAÉ RE 4
Fille de Léontion, hétaïre qui fut la maîtresse d'Épicure. Elle fut elle-même une courtisane entretenue par Sophron (absent de la RE ), le commandant d 'Éphèse. D 'après le témoignage du XIIe livre des Histoires de Phylarque (FGrHist 81 F 42, textuellement cité par Athénée , Deipnosophistes XIII, 593b
d ), elle fut la trápeopoc de Laodice (RE 13), épouse du roi Antiochos II. Ayant eu vent d 'un guet-apens tendu par la reine contre Sophron , elle parvint à le sauver , suscitant ainsi la colère de Laodice, qui la fit jeter du haut d 'une falaise
en 274a. Ses dernières paroles ont une certaine résonance philosophique, pour ne pas dire épicurienne. Elle aurait déclaré que c 'est à juste titre que la multitude méprisait le divin , quand on voyait la punition qu 'elle subissait de la part des
dieux (ntapd toŨ daqovlov) pour avoir sauvé son ancien amant et les honneurs dont était entourée Laodice qui, elle, avait tué son époux. Cf. H . Willrich, art. « Danae » 4, RE IV 2 , 1901, col. 2087 ; A . Angeli (édit.),
Filodemo. Agli amici di scuola (PHerc. 1005),Napoli 1988, p . 274. TIZIANO DORANDI.
20 DANDAMIS (ou MANDANIS ) RE
Iva
Sage indien , qui serait entré en contact avec les Grecs lors du séjour des troupes d' Alexandre à Taxila , au débutde l' année 326 . Cf. 1 J. André, « Échos poétiques d 'un brahmane » , REL 60 , 1983, p. 43-49;
2 B . Berg, « Dandamis, an early Christian portrait of Indian asceticism » , C & M 31, 1970, p . 269- 305 ; 3 Id., « The letter of Palladius on India » , Byzantion 44 , 1974, p . 5 - 16 ; 4 J. D . M . Derrett, « The Theban Scholasticus and Malabar in
c . 355- 360 » , JAOS 82, 1962, p. 21-32 ; 5 G .Ch . Hansen , « Alexander und die
Brahmanen » , Klio 45, 1965, p. 351-380; 6 C. Morelli, « Sulle tracce del romanzo e della novella . I, Alessandro e Dandamis », SIFC 1, 1920 , p . 25 -75 ; 7 U . Wilcken , « Alexander der Große und die indischen Gymnosophisten » , SAWB 1923, p. 150 - 183.
Les témoignages les plus anciens sur Dandamis, celui d'Onésicrite , philo sophe cynique compagnon d ' Alexandre (cf. 8 P . Pédech, Historiens compa
DANDAMIS
611
gnons d 'Alexandre, Paris 1984) et celui de Mégasthène, ambassadeur de
Séleucos Nicator auprès de Candragupta dans les années 304-297, ne nous sont parvenus qu'à l' état d'extraits cités ou résumés par Strabon, Plutarque et Arrien . Selon ces témoignages, Dandamis ne s'est pas entretenu avec Alexandre, mais avec son (ou ses) émissaire ( s). D 'après Strabon XV 1, 64-65 et Plutarque, Vita
Alexandri 65, 1-3, Onésicrite affirmait avoir été envoyé par Alexandre auprès de
Dandamis et d' autres gymnosophistes « pour entendre parler de leur sagesse» . Dans le récit de Mégasthène (cf. Strabon XV 1, 68 ; Arrien, Anab. VII 2, 2-4),
des messagers anonymes invitent le sage à suivre le roi. Dans un récit du dr s. de notre ère, de coloration cynique, partiellement conservé dans le Pap. Genev. inv. 271 (publié par 9 V .Martin, « Un recueil de
diatribes cyniques. Pap. Genev. inv. 271 », MH 16, 1959, p. 77-115 ; cf. aussi 9a P . Photiadès, « Les diatribes cyniques du papyrus de Genève 271, leurs traductions et élaborations successives » , MH 16 , 1959, p. 116 - 139 ; 10 W . H . Willis & K . Maresch , « The encounter of Alexander with the Brahmans. New fragments of the Cynic Diatribe P. Genev. inv. 271», ZPE 74, 1988 , p. 59-83), Dandamis dialogue avec Onésicrite , puis avec Alexandre. Le texte de cet entretien a ensuite constitué la deuxième partie du Récit sur la vie des Brah manes que Palladios, évêque d 'Hélénopolis, a composé dans les années 408 -410
(cf. 11 J. D .M . Derrett, « The History of Palladius on the races of India and the
Brahmans» , C & M 21, 1960, p. 64-135 ; et 12 W . Berghoff ( édit.), Palladius. De gentibus Indiae et Bragmanibus, coll. « Beiträge zur klass. Philologie» 24 , Meisenheim am Glan 1967, p . 1-55. Sur l'attribution (peu problable) de ce traité à Arrien , voir 13 S . Follet, « Arrien de Nicomédie >>, DPLA A 425.
Cette seconde partie de la narratio de vita Bragmanorum de Palladios a elle
même été réemployée dans différentes versions du Roman d'Alexandre, notam ment dans le manuscrit A (Ps.-Kall. A Parisinus gr. 1711), dans la recension y (14 H . Engelmann , Der griechische Alexanderroman ,Rezension y, Buch II, coll.
« Beiträge zur klass. Philologie » 12, Meisenheim am Glan 1963, p. 248-299) et dans la traduction latine du Pseudo-Ambroise (15 C .Müller, Ps.-Callisthenes III 11- 16 (dans l' éd . Dübner d 'Arrien , Paris 1877 ), p . 106 - 120 ; 16 S . V .
Yankowski, The Brahman episode, St Ambrose's version of the colloquy between Alexander the Great and the Brahmans of India , Ansbach 1962).Mais le texte de Palladios ne se trouve pas interpolé dans la recension ß du Roman d 'Alexandre, où Dandamis a pour seul interlocuteur Alexandre (17 L . Bergson ,
Der griechische Alexanderroman, Rezension B , Uppsala 1965, III 6 ; voir aussi
18 H . van Thiel ( édit.), Der griechische Alexanderroman nach der Handschrift L , Darmstadt 1974, III 6 , 9-16 ). (Voir récemment J. P. Oliver Segura , « Diálogo del rey Alejandro con el brahmán Dándamis : (PGen. 271), dans F. Gascó et J. Alvar (édit.), Heterodoxos, reformadores y
marginados en la antigüedad clásica, Sevilla 1991, p. 107-136 . Traduction et étude d'après un papyrus du Caire , le Pseudo-Callisthène et Palladius.]
Nom . Aucune étymologie satisfaisante n 'a été donnée pour le nom de Dandamis, que l'on trouve sous les formes “Mandanis” chez Strabon et “Dindi
612
DANDAMIS mus” dans la collatio Alexandri et Dindimi (19 B . Kübler [ édit.), Alexandri Magni, regis Macedonum , et Dindimi, regis Bragmanorum , de philosophia per litteras facta collatio , Leipzig 1888). A ne pas confondre avec Damadamis, ambassadeur indien de l'époque impériale, mentionné par Bardesane (cf.
Porphyre, De abstinentia IV 17). Activités. Selon le témoignage d 'Onésicrite conservé par Strabon, Dandamis,
« le plus âgé et le plus sage des sophistes » indiens, était à la fois un maître entouré de ses disciples, un savant qui faisait « de nombreusesrecherches sur les signes annonciateurs des pluies, des sécheresses, des épidémies » et un conseiller politique capable de persuader Taxila d'accueillir Alexandre . Ces activités sont typiques des brahmanes de l'Inde ancienne,mais seuls le Roman d 'Alexandre et la lettre de Palladios présentent explicitement Dandamis commele « maître des Brahmanes» (cf. Roman d 'Alexandre , ß, III 6 ; Y, II, 35A , 13 ; Palladios II 14 ).
Biographie. Les textes grecs et latins n 'ont retenu de la vie de Dandamis qu 'un seul événement: sa rencontre avec les Grecs. Dans la quasi- totalité des récits, Dandamis forme avec le gymnosophiste Calanos (voir la notice « Cal(l)a nus» ) une paire antithétique : quand Calanos se moque de son interlocuteur, Dandamis fait preuve de douceur (cf. Plutarque, Vita Alex. 65 , 1-3) et manifeste sa volonté de dialogue par des questions sur la sagesse grecque (cf. Strabon XV
1, 64 -65 , et Plutarque, loc. cit.). De plus, au moment où Calanos accepte l'invitation d'Alexandre , Dandamis ne se laisse fléchir ni par les menaces, ni par les promesses, et témoigne par là de la liberté du sage face au tyran (cf. Strabon , loc. cit.). Dans les textes plus tardifs, Dandamis apparaît comme un maître de sagesse qui honore la divinité , aime les hommes,méprise l'or et les plaisirs , si bien que ce sage indien réunit en lui toutes les vertus que traditionnellement les
Grecs n 'attribuaient qu 'à eux-mêmes. Euvre. Il va de soi que nous ne possédons aucune cuvre de Dandamis, si ce
n 'est deux lettres apocryphes, en latin , du début du IVe s. ap. J.-C ., qui s'insèrent dans une correspondance fictive entre « Alexandre, roi de Macédoine, et
Dindime, roi des Brahmanes » (voir Kübler 19, p. 171-175, 178, 183, reprises et traduites par J. André dans 20 J. André et J. Filliozat, L 'Inde vue de Rome, Paris 1986 , p. 164- 169). Dans ces lettres, “Dindime" décrit « la vie pure et innocente >> du peuple des Brahmanes, qui ignorent la chasse, la guerre , le luxe et la débauche. Il précise qu'ils ne fréquentent pas « les écoles des philosophes aux
doctrines discordantes, aux définitions instables et incertaines, aux principes toujours infirmés par les suivants , qui placent le bien tantôt dans la vertu , tantôt dans le plaisir et ne peuvent indiquer l'origine de leurs propres affirmations >> (trad. J. André). CLAIRE MUCKENSTURM .
21 DAPHNOS D 'ÉPHÈSE
L 'un des « deipnosophistes» du banquet d'Athénée (1e). Il est présenté
comme un médecin solidement formé aux doctrines de l'Académie. Athénée le décrit comme iepos Tu Téxinv xaixatà td non.
613
DARDANOS D 'ATHÈNES
C . B . Gulick (éd. Loeb, t. I, p . XIV) remarque qu 'un autre médecin du banquet s'appelle Rufin de Nicée et que les deux ensemble pourraient servir de masque au célèbre médecin
Rufus d'Éphèse. Dans le même sens, A . M . Desrousseaux (CUF, t. I, p. XVIII) écrit : « Il n 'est que la moitié d 'un Rufus d'Éphèse, dont l'autre moitié fournit le deuxièmemédecin Rufin de
Nicée ». Pour la liste de ses interventions dans le banquet, voir par exemple l' index de Gulick,
t. VII, p. 403. Aucune n 'offre d'intérêt philosophique particulier. RICHARD GOULET. 21a
*DAPSAMIOS
Déformation probable du nom de Damascius (- D 3 ) apparaissant chez Psellos, Opuscule théologique 49, lignes 158 -159, à l'occasion d'une citation du llepi apyőv. Elle peut être due à un copiste ou à Psellos lui-même. Voir
P .Gautier (édit.),Michaelis Pselli Theologica , vol. I,Leipzig 1989, p. 190 (et
p. 185). Voir la notice consacrée à Damascius, p. 518 et 525. PHILIPPE HOFFMANN .
22 DARDANOS D 'ATHÈNES RE 12
MF II-DI
Stoïcien , fils d'un certain Andromachos,mentionné dans l'Ind. Stoic . Herc .,
col. 51, 5-7 , p. 102 Dorandi: Aápda (voc ] l' Avopoukyou ’A [Onvat]los, dans ce qui semble une liste des disciples de Diogène de Babylone ( D 146). Dans la traduction latine de l' édition Traversa (p.69), restituer à la ligne 5 : sis ; < Dardanus IAndromachi Atheniensis ; > .
Un peu plus loin (col. 53, 3 -7, p. 104 Dorandi), on avait cru lire que Dardanos était présenté comme successeur de Panétius de Rhodes (ainsi Comparetti ,
Traversa et van Straaten ),mais le texte édité à la suite d'un nouvel examen du papyrus par Dorandi n'autorise plus cette interprétation : dlaXxóel x [al) diá Polyog éyéYETO [sc . Panétius) tñs 'Avtiņátpov oxorñs. Aápldavoc 'Avopo
uaxoy [’ A ]lon [v]atos, zal oŮ (oç 'Avititá] tpw ! ÉoYÓX[acev ’AOnly [n ]ol. Dardanos fut donc aussi disciple d'Antipatros de Tarse. Voir 1 T . Dorandi, Ricerche sulla cronologia dei filosofi ellenistici, Stuttgart 1991, p. 29-34 . Dans un autre passage, un certain Apollonios de Ptolémaïs, que l' auteur de
l’Index (vraisemblablement Philodème) ou sa source (Stratoclès de Rhodes ), présente comme ami (plaos nuôv), est cité comme disciple de Dardanos et de Mnésarque : xal 'AnouvLog Ito EUALEUC ploc nuôv l dlaranxouç xai Aapdálvov (xal)Mvnoápxov (ibid., col. 78, 1-5, p. 126 Dorandi). Cet Apollonios est désigné comme d uerd Aapdavov et présenté comme le maître d'un certain Apollo < s > de Nicée dans une notice sur Nicée, métropole de Bithynie , placée par un érudit byzantin du xe ou du XIe siècle en marge de son exemplaire de la Notitia episcopatuum . La notice est publiée par 2 R . Merkelbach , « Nikaia die Rankenreiche (EAIKOPH ) : Ein
übersehenes Fragment aus Arrians Bithyniaka », EA 5, 1985, p . 1 -3 . Voir S . Follet, notices « Apollonios de Ptolémaïs » et « Apollo < s > de Nicée » , DPLA A 282 et 293, et 3 J.- L . Ferrary,
Philhellénisme etimpérialisme, Paris 1988, p . 463 n . 93.
Cicéron , Acad. II 22, 69, fait de Mnesarque et de Dardanos les principes Stoicorum à Athènes lorsqu 'Antiochos d'Ascalon fonda son école , l'« Ancienne Académie » (vers 100 -90 selon 4 J. Glucker , Antiochus, p. 19 -20 ). Dardanos faisait l'objet d'une section biographique dans la partie finale perdue du livre VII de Diogène Laërce, comme l'atteste un index ancien
DARDANOS D 'ATHÈNES
614
conservé dans le Parisinus graecus 1759 (cf. éd . Long, p. 392). Sur cette liste ,
voir 5 T . Dorandi, « Considerazioni sull'index locupletior di Diogene Laerzio » , Prometheus 18, 1992, p. 121- 126 . Selon Glucker 4 , p . 19 , Mnésarque et Dardanos auraient exercé une sorte de « joint headship » de l' école stoïcienne à Athènes. Selon Ferrary 3, p . 459, « Mnesarque prit très tôt son indépendance après la mort de Diogène de Babylone et (...) Dardanos fit probablement de même à la mort d 'Antipater de Tarse, Panétius se trouvant ainsi à la tête d' un Portique déjà
éclaté ». Ferrary fait remarquer que Mnesarque est cité seul comme maître d'Antiochos (Numénius, fr. 28 des Places apud Eusèbe, P . E . XIV 9 , 3); v. aussi Augustin , Contra Acad. III 41 ; c 'est Mnésarque seul qui est également cité comme stoïcien à Athènes lors de la visite de Crassus vers 110a (Cicéron , De orat. I 11, 45 et 18 , 82-94 ).
Sur la datation de Dardanos, voir 6 J. Barnes, « Antiochusof Ascalon » , dans M . Griffin et J. Barnes, Philosophia Togata , Essays on Philosophy and Roman Society , Oxford 1989,
p .69-70.
RICHARD GOULET. VI 23 DAVID L ' INVINCIBLE PLRE II: 2 Selon la tradition arménienne, David , originaire du village de Nergin , dans le
Tarawn, disciple de Maštoc', l'inventeur de l'alphabet arménien au début du ve siècle, aurait étudié la philosophie à Athènes et à Constantinople, où ses victoires dans les discussions philosophiques lui valurent le surnom d' Invinci ble. Selon cette même tradition, David aurait traduit en arménien divers
ouvrages philosophiques grecs (notamment l'Organon d 'Aristote), ainsi que ses
propres commentaires desæuvres de Porphyre et d 'Aristote ; il aurait également composé des Scholies sur la grammaire (de Denys le Thrace ) et un Panegyrique
de la Croix . Cette légende, dont il existe plusieurs variantes dans la littérature arménienne (elles sont reprises dans 1 B . Kendall et R . W . Thomson, Definitions and Divisions of Philosophy by David the Invincible Philosopher. English
translation of the Old Armenian version with introduction and notes, Chico (California ) 1983), n 'est pas attestée avant le XI s.
Des études plus modernes et qui prennent en compte la tradition manuscrite grecque, on peut conclure que le philosophe David , élève d 'Olympiodore le Jeune à Alexandrie, a écrit des Prolégomènes à la philosophie, des commen taires sur l’Isagogê de Porphyre, sur les Catégories et l'Analytique d'Aristote (= Premiers Analytiques, par opposition à l’Apodictique = les Analytiques
postérieurs). Euvres philosophiques . Mis à part le commentaire sur l'Analytique, dont
seule la version arménienne est connue, ces æuvres sont conservées en grec et en arménien .
(1) Prolégomènes à la philosophie et Commentaire sur l'Isagogê de Porphyre. 2 A . Busse ( édit.), Davidis Prolegomena et in Porphyrii Isagogen commentarium , coll. CAG XVIII 2, Berlin 1904. Édition des versions armé niennes : 3 S.S. Arevšatyan ( édit.), Sahmank ' imastasirut'ean (Définitions de la philosophie ), Érévan 1960 , édition critique du texte arménien (reproduit par Kendall et Thomson 1 ), avec une traduction russe ; 4 Id ., Verlucut'iwn
DECIANUS D 'ÉMÉRITA
615
'Neracut'eann ' Porp'iwri (Analyse de l'Isagogê de Porphyre ), Érévan 1976 , avec une traduction russe.
(2) Commentaire sur les Catégories d'Aristote. 5 A . Busse (édit.), Eliae in Porphyrii Isagogen et Aristotelis Categorias commentaria , coll. CAG XVIII 2 , Berlin 1900 . Cette attribution par Busse du commentaire sur les Catégories à
Élias est contestée par 6 S. S. Arevšatyan , « Davit Anhalt" žarangut'yunə nor lusabanut'eamb » (L 'héritage de David l’Invincible sous une lumière nouvelle), Banber Matenadarani (Érévan ] 9, 1969, p. 7-22, dont la démonstration est reprise par 7 J.- P . Mahé, « David l’ Invincible dans la tradition arménienne» , dans I. Hadot (édit.), Simplicius. Commentaire sur les Catégories, coll.
« Philosophia Antiqua » 50, t. I, Leiden 1990 , p. 189-207 (bibliographie, p . 205 207). Édition de la version arménienne: 8 S .S . Arevšatyan (édit.), Erkasirutʻiwnk' p 'ilisop'ayakank' (Cuvres philosophiques), Érévan 1989, pour le commentaire sur les Catégories, p . 193-300 (le reste du volume reprend Arevšatyan 4 ). (3 ) Commentaire sur l'Analytique d ’Aristote. Édition de la version armé nienne (seule conservée ) : 9 S .S . Arevšatyan ( édit.), Meknut'iwn i Verlucakann Aristotēli (Commentaire sur l’Analytique d 'Aristote), Érévan 1967, avec une traduction russe.
« Correctement éditée, grâce aux efforts de plusieurs savants du XX° s., la version armé nienne de ses commentaires sur l'Organon a été encore très insuffisamment comparée aux
textes grecs qui nous sont conservés. Cette comparaison pourrait, dans l'avenir, se révéler assez instructive pour l'histoire de la tradition de ces textes» (Mahé 7, p . 205).
Les œuvres de David , dont 10 M . Rapava, « Traditions et innovations dans l'École néoplatonicienne d ' Alexandrie (Ammonius Hermias et David l' Invin
cible) » , BK 40, 1982, p .216 -227, met en évidence les liens de parenté avec l’æuvre d'Ammonios, fils d'Hermias, ont été probablement traduites soit par David lui-même, qu 'il faut alors considérer comme arménien (tel est l' avis de
11 A . Terian, « The Hellenizing School. Its Time, Place and Scope of Activities Reconsidered » , dans N . Garsoïan , Th. F . Mathews et R . W . Thomson (édit.), East of Byzantium : Syria and Armenia in the Formative Period, Washington
1982, p. 175 - 186 ), soit par une ou plusieurs personnes, à la fin du vie ou au débutdu VIIe siècle (cf. 12 Y . Manandean, Yunaban dproc'ə ew nra zargac'man šrjannerə ( L 'école hellénisante et les époques de son développement), Wien 1928 ).
Un colloque a été consacré à David à Érévan en 1980 : 13 David the Invin cible – The Great Philosopher of Ancient Armenia , Érévan 1983 (commu
nications en allemand, anglais, arménien et russe). AGNÈS OUZOUNIAN .
24 DECIANUS D ’ÉMÉRITA RE 1 PIR2 D 20
FI
Ami de Martial et dédicataire du second livre des Épigrammes (Épître préliminaire). Originaire d 'Émérita Augusta (1 61, 10), ville de Lusitanie, aujourd 'hui Mérida (Espagne), il habitait à 2000 pas deMartial, qui le présente
616
DECIANUS D 'ÉMÉRITA comme un de ses meilleurs amis (I 39 ; II 5). Martial le loue (I 8 ) de suivre les
dogmata de Thraséa et de Caton - ce qui invite à le considérer commestoïcien (ainsi M . Pohlenz, Die Stoa, t. II, p . 246 ) – « sans cesser de tenir à la vie, en ne courant point (se) jeter, la poitrine nue, sur des épées dégaînées» (trad. Izaac).
Le poète le décrit ailleurs (I 39) comme « imprégné des arts de la Minerve attique et latine, honnête en toute simplicité de ceur, gardien de l'honneur,
admirateur de la vertu » , s'abstenant d 'adresser aux dieux des prières secrètes. (trad . Izaac). Martial lui reproche amicalement de s'enfermer parfois chez lui
pour préparer une plaidoirie (II 5) et de refuser toute visite .
L' attribution à Decianus d'un passage cité par Servius, In Aen. I 637 sq ., proposée par J. J. H . Savage, « A poetic fragment by Decianus of Emerita » , Emerita 26 , 1958 , p. 197 sqq., est jugée sans fondement par M . Citroni, M .
Valerii Martialis Epigrammaton liber I, coll. « Biblioteca di Studi Superiori » 61, Firenze 1975 A . Stein ,art. « Decianus» 1, RE IV 2, 1901, col. 2270, propose de l'identifier avec Lucius Silius (RE 14 ) Decianus (RE 2), consul suffect en septembre 93 ap . J.-C. E. Groag, art. « L . Silius Decianus » 14 , RE III A 1, 1927, col. 77 -79, rejette cependant cette identification et
identifie le consul au fils aîné de Tiberius Catius Silius (RE 17) Italicus; dans le huitième livre des Épigrammes, publié en 93, Martial félicite Silius Italicus pour le consultat de son fils (VIII 66 ). Outre les commentaires de Friedländer et Citroni, on consultera P . Howell, A Commentary
on Book One ofthe Epigrams ofMartial, London 1980, et R . Syme, Roman papers, t. IV , ed . by A . R . Birley, Oxford 1988, p . 105 et 109. RICHARD GOULET.
25 DEINARCHOS (DINARQUE ) DE CORINTHE REI
MIV -D III
Dinarque, le dixième des orateurs attiques, né à Corinthe vers 360a, vint
s'établir à Athènes durant sa jeunesse et y exerça le métier de logographe. A son arrivée dans la ville, selon ses biographes antiques, il entra en relations avec Théophraste et Démétrios de Phalère (- D 54): DeodpáoTW TE OUVEZÉVEto xal Anuntpiw to Darnpet (D . Hal., Din . 2) ; áxpoaths Lèv ÉYÉVETO Oeoppáotou
(...), Guianos dè xai Anuntpiu to Danpet (Ps.-Plut., Vit. X or., Din . 850 c ; cf. Phot., Bibl. cod . 267, 496 b 10 -13). D 'après le contexte , il s'agissait de relations de type scolaire, et la version du Pseudo-Plutarque, plus précise que celle de Denys, est la plus plausible : selon toute probabilité, Dinarque fut l'élève de Théophraste (né vers 372) et le condisciple de Démétrios de Phalère (né vers 350a et lui-même élève de Théophraste ). Le Pseudo- Plutarque (l.c.) place ce fait à l'époque de l'expédition d'Alexandre en Asie (334- 323), datation
qui s'accorde bien avec l'âge des protagonistes et avec la chronologie de la carrière de Dinarque. Il en découle des conclusions - ou du moins des confirmations - intéressantes pour l'enseignement de Théophraste. D 'une part, nous voyons que ce philosophe avait déjà des élèves avant 322, date à laquelle il prendra la direction du Lycée . D 'autre part, il est probable que son enseignement portait en partie sur la rhétorique : tel était vraisemblablement le contenu des leçons suivies par
DEINIAS
617
Dinarque. En tout cas, les discours conservés de notre logographe ne portent nulle trace de philosophie . Par la suite , Dinarque semble avoir gardé quelques liens avec l'école péri patéticienne, au moins par le biais de la politique. Ces liens ont sans doute joué
un rôle dans la décision qu 'il prit de s 'exiler, en 307, quand Démétrios de Phalère fut renversé à Athènes. Quinze ans plus tard , Théophraste intervint
encore dans la biographie de Dinarque, lorsque celui-ci fit partie des exilés que Démétrios Poliorcète autorisa à rentrer à Athènes en 292 : en effet son retour, comme celui des autres exilés, avait été ménagé notamment, disent les biogra
phes, par l'intervention de Théophraste (D . Hal., l.c.; Ps.-Plut., 1. c. 850d ; Phot., l. c. 496b28 -29) .
Cf. F. Blass, Die attische Beredsamkeit,t. III 2, 2e éd., Leipzig 1898 , p .294 ; T. Thalheim , art. « Deinarchos» 1 , RE IV 2 , 1901, col. 2386 ; W . von Christ W . Schmid, Geschichte der griechischen Literatur, coll. « Handbuch der Alter
tumswissenschaft » 7, t. II 1,6e éd .,München 1920,p.61 n.66 ; O . Regenbogen , art. « Theophrastos» 3 , RESuppl. VII, 1940, col. 1358 ; F . Wehrli, Die Schule des Aristoteles, t. IV , 2e éd ., Basel/Stuttgart 1968, p . 49 -50 ; G . Marenghi (édit.), Dionisio di Alicarnasso , Dinarco , coll. « Classici greci e latini, sezione Testi e commenti » 5 , Milano 1970, p. 77 -78. Les discours de Dinarque ont été récem ment édités par M . Nouhaud et L . Dors-Méary (édit.), Dinarque, Discours,
CUF, Paris 1990 , XXVIII-68 p . ( 1-55 doubles). LAURENT PERNOT.
26 DEINARCHOS DE PAROS Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique, V . pyth . 36 , 267 ; p. 145, 5 Deubner. Chez Jamblique, V. pyth . 35, 257 ; p. 138 ,20 - 139 ,8 , Deinarchos figure , en compagnie d 'Alcimaque (~* A 89), Méton et Démocédès (~ D 64 ), parmiles pythagoriciens qui s'opposèrent, après la victoire de Crotone sur Sybaris, à la modification de la constitution proposée
par certains membres du conseil desMille, qui désiraient la participation de tous les citoyens aux carrières publiques et à l'assemblée. BRUNO CENTRONE.
27 DEINIAS (DE SICYONE ?) RE 8
M
III
Assassin , avec Aristote le dialecticien (» A 410), du tyran Abantidas de
Sicyone (2* A 2). Plutarque, Aratos 3, 4 : « Deinias et Aristote le dialecticien, profitantdu fait qu'Abantidas avait l'habitude d 'assister à chacun des entretiens philosophiques qu 'ils avaient ensemble à l'agora et de se mêler à la discussion
(ειωθότα τοίς λόγοις αυτών κατ’ αγοράν σχολαζόντων εκάστοτε παρεϊναι xai ovuqlovcxeTV ), l'engagèrent dans un débat de ce genre et, ayant préparé un
guet-apens, le tuèrent. Paséas, père d'Abantidas, se saisit alors du pouvoir,mais il fut traîtreusement assassiné par Nicoclès, qui se proclama tyran » (trad. Flacelière et Chambry ). C 'est évidemment parce qu 'Aristote est dit « dialecti
618
DEINIAS
cien >> que son collègue Deinias est considéré comme philosophe et que leurs
entretiens sont qualifiés de philosophiques dans la traduction. On ne doit sans doute pas l'identifier, comme le font Susemihl, GGLA , t. I, p.633, etMüller, FHG III 24, avec l'historien Deinias d'Argos (RE 7 ), bien que Plutarque mentionne également ce dernier (Aratos 29, 5). Selon Pausanias II 8, 2, les meurtriers d'Abantidas étaient eux -mêmes des « hommes du pays » (ävēpes TÕV ÉTTIxwpiwv) et donc des Sicyoniens (cf. Flacelière , note sur Aratos 3, 4 ). E . Schwartz , art. « Deinias » 7 , RE IV 2 , 1901, col. 2389 -2390 , refuse
également cette identification. Il date l'assassinat d'Abantidas des années 255
250. Zeller II 14, 1889, p. 250 n. 3, le rattache sans raison à l'école mégarique, comme son collègue Aristote le dialecticien (- A 410). Dans Ch. H . Skalet, Ancient Sicyon. With a Prosopographia Sicyonia, coll. « The Johns Hopkins University Studies in Archaeology >> 3, Baltimore 1928, (VI)-223 p ., Aristote et Deinias ne sont pas considérés comme Sicyoniens.
RICHARD GOULET.
28 DEINÔ Chez Jamblique, V. pyth. 27, 132 ; p . 75, 1-12 Deubner, on lit que les femmes de Crotone s'adressèrent à Deinô, épouse du pythagoricien Bro (n )tinos (- B 61),
en la priant d 'intercéder auprès de Pythagore pour qu'ilobtienne desCrotoniates d'être fidèles à leurs épouses. Il en fut ainsi et l'incontinence fut bannie de Crotone. Aelvú est la leçon retenue par Scaliger et Deubner, tandis que le manuscrit Fa AeLvwVÁ , leçon reprise par 1 M . von Albrecht (édit.), lamblichos.
Pythagoras. Legende, Lehre, Lebensgestaltung, griechisch und deutsch . Herausgegeben, übersetzt und eingeleitet, Zürich/Stuttgart 1963. Dans le Catalogue de Jamblique, on ne trouve aucune pythagoricienne du nom de Deinô et par ailleurs il est dit que l'épouse de Bro (n )tinos était Théano. Cf. V. pyth . 36 , 267; p. 146 ,22 - 147, 1 Deubner (selon la tradition la plus répan due, Théano était l'épouse de Pythagore ) ; cela pourrait amener à penser qu'il faut lire Θεανώ a la place de Δεινώ.
Selon Jamblique ( $ 132), c'est à Deinô que remonterait le précepte que d'autres attribuent à Théano (D .L . VIII 43), selon lequel la femme doit offrir un sacrifice le jour même où elle sort du lit de son propre mari (mais la sentence attribuée à Théanô est différente : la femme est immédiatement purifiée du rapport sexuel si elle était avec son propre époux, elle ne l'est jamais si elle était avec un autre homme). Un précepte analogue est attribué à Pythagore par Jam blique, V. pyth . 11, 55 ; p. 30 , 5-8 ; voir 2 C . de Vogel, Pythagoras and early
Pythagoreanism , Assen 1966 , p. 111 n. 3 . BRUNO CENTRONE.
29 DEINOCRATÈS DE TARENTE Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique,
V . pyth . 36 , 267; p.144, 15 Deubner. BRUNO CENTRONE.
DEINOSTRATOS
619
30 DEINOMACHOS RE IIIa ? Ira ? s n o i t Philosophe de date et d'école fini associé illiphon sur le TÉà MunOC :Calliphon de leur détoujours paraît eninconnues, ( - C 28) également obscur, dont il partageait les vues sur le témoc: ils asso ciaient le bien moral et le plaisir dans leur définition du bien suprême. Chez
Cicéron, Deinomachos apparaît en De finibus V 21, De officiis III 119 et Tusculanes V 84. Voir également Clément d 'Alexandrie , Stromates II 21, 127, 3. Sur tous ces passages, voir la notice « Calliphon » . C 'est parce que son adversaire Julien accordait à cette secte ses préférences qu 'Augustin (Contr. Iulian. VI 16 , 50 , PL 44 , col. 852) évoque la secte de Deinomachos qui associe honnêteté et volupté , doctrine monstrueuse compa
rable au monstre sylléen à la fois homme et animal (comp. Cicéron, De officiis III 119).
RICHARD GOULET. IV - III 31 DEINOMACHOS Cynique, destinataire peut-être fictif de la lettre pseudépigraphe n° 36 de Cratès de Thèbes ( ~ C 205). Comme Cratès, se référant à l' enseignement de
Diogène, lui recommande de ne quêter qu'auprès du sage, il faut supposer que ce personnage était, dans l'esprit de l'auteur de cette lettre pseudépigraphe, un
philosophe cynique. Texte grec et traduction anglaise de R . F.Hocks dans A . J. Malherbe (édit.), The Cynic epistles. A Study edition, coll. « Society of Biblical Literature - Sources for Biblical Study» 12 ,Missoula (Montana) 1977, p. 88 89 .
MARIE-ODILE GOULET-CAZÉ.
32 DEINOMACHOS Personnage fictif, philosophe stoïcien, dans le dialogue satirique de Lucien , Philopseudès 6 et passim .
RICHARD GOULET. FIva Frère du mathématicien réputé Ménaichmos (RE 3), élève d 'Eudoxe de Cnide (RE 8 ), un collègue de Platon. Proclus (in Eucl., p . 67, 11 Friedlein ), à la suite
33 DEINOSTRATOS RE 2
d 'Eudème de Rhodes, le loue en même temps que son frère « d 'avoir porté l'ensemble de la géométrie à un point d 'encore plus grande perfection » . Pappus (Coll. IV , chap. 10 ) lui attribue le mérite d'avoir appliqué la courbe appelée TetpaywviCovoa (quadratrix), conçue par le sophiste Hippias d 'Élis, au
problèmede la quadrature du cercle .
Cf. T. L. Heath,History of Greek Mathematics, Oxford 1921, t. I, p. 225-230 ; B . L . van der Waerden, Science Awakening, p . 314 sq. ; Fr. Hultsch , art. « Deinostratos » 2, RE IV , 2 , 1901, col. 2396 -2398 ; I. Bulmer- Thomas, art. « Deinostratus » , DSB IV , 1971, p . 103- 105 ; F . Lasserre, De Léodamos de Thasos à Philippe d 'Oponte , p . 125- 129, 337 -340 et 561-565 (texte , traduction
française et commentaire ).
JOHN DILLON .
620
DÉLIOS D 'ÉPHÈSE
34 DÉLIOS D ’ÉPHÈSE RE 2
MIV
Dans une liste de disciples de Platon ayant joué un rôle politique important, Plutarque , Adv. Colotem 32 , 1126 d ,mentionne cet étałpoç Mátwvos comme ayant été envoyé à Alexandre par les Grecs d 'Asie pour l' inciter à « la guerre
contre les barbares » . Cf. A . Wörle , Die politische Tätigkeit der Schüler Platons, coll. « Göppinger akademische Beiträge » 112 , Darmstadt 1981, p. 121-124. Zeller II 14, 1889, p. 420 n . 1, a voulu l'identifier à Dias d'Éphèse ( D 94) , un académicien auquel Philostrate , V . Soph. I 3 , prête un comportement poli tique semblable dans une ambassade cette fois dirigée vers Philippe. Il faudrait
alors supposer qu'un des deux noms est déformé. Il semble impossible de déci der si c 'est Plutarque ou Philostrate qui a conservé la forme originelle du nom .
Wörle croit pour sa part que les témoignages de Plutarque et de Philostrate feraient référence à deux ambassades d 'un même Délios.
Cf. H . Berve, Das Alexanderreich auf prosopographischer Grundlage, t. II, München 1926 ,n° 251.
RICHARD GOULET.
35 DÉMARATOS RE 2 (Damaratos)
fl. D IIIa
Péripatéticien , « ami» (plaoc ) de Théophraste (mort en 2864) et l'un des dix
héritiers solidaires du « jardin , du peripatos et de toutes les maisons attenantes au jardin » , selon les veux du testament de Théophraste , qui leur laisse ces biens pour qu'ils puissent y étudier et y philosopher en commun (ovogoráčelv xal ovuoooodeīv ), D . L . V 52-53. Il n 'apparaît pas dans la liste des sept exé
cuteurs testamentaires (επιμεληται των εν τη διαθήκη γεγραμμένων ) dressee plus loin par Théophraste (V 56 ). Il était, selon Sextus, Adv. math . I 258 (test. 18, 4 Fortenbaugh ), avec Proclès ( 2), l'un des deux fils issus du second mariage de Pythias, la fille d' Aristote , avec Proclès ( 1), un descendant du roi de Sparte Démaratos (RE 1). Voir l'arbre
généalogique dans la notice « Aristote de Stagire – Prosopographie » (DPhA , t. I, nº 414, p. 421). Les deux frères, qui étaient donc petits-fils d 'Aristote , auraient
« philosophé» auprès de Théophraste . RICHARD GOULET.
36 DÉM [ARJATOS DE CHIOS W . Crönert, Kolotes und Menedemos, p. 174, lisait en PHerc. 1005, de Philodème, col. 13, 5 -6 ( = Zénon de Sidon , fr. 3 Angeli-Colaizzo) Anu [ á ]patov ( tov Kia ] vóv (un représentant du cercle épicurien de Chios ?). Sur le papyrus,
on lit en réalité : Anu [áplatov [..].[..] vov 'Eftixoúpe ![ ov . Cf. A . Angeli (édit.), Filodemo, Agli amici di scuola (PHerc. 1005), coll. « La Scuola di Epicuro » 7 , Napoli 1988 , p . 307, et J.-L . Ferrary, Philhellénisme et impérialisme romain , p . 479 sqq. TIZIANO DORANDI.
621
DÉMÉTRIOS
37 DÉMÉLATA Nom prêté à une hétaire du Jardin d'Épicure , qui futmaîtresse d'Hermarque, en vertu d 'une restitution erronée opérée par Usener, Epicurea, p. 402 ( s. v.) en Philodème, PHerc. 1005 , col. 6 , 16- 17 (= Idoménée, fr. 10 Angeli = Hermarque, fr. 3 Longo ).La bonne leçon fut restituée par Crönert, RhM 56 , 1901, p. 618 , qui conjecture Anunltplía . Cf. A . Angeli, CronErc 11, 1981, p . 80 sq. ; ead. (édit.),
Filodemo. Agli amici di scuola (PHerc. 1005), coll. « La Scuola di Epicuro » 7,
Napoli 1988, p.277, etla notice « Démétria » ( D 38). TIZIANO DORANDI. Iva/lara
38 DÉMÉ[TRJIA Nom d'une hétaire du Jardin d 'Épicure ,maîtresse d'Hermarque , correcte
ment restitué par Crönert, RhM 56 , 1901, p. 618, en Philodème, PHerc . 1005,
col. 6, 16 -17 (= Idoménée , fr. 10 Angeli = Hermarque, fr. 3 Longo), à la place de « Démélata » d 'Usener, Epicurea , p . 402 ( s.v.). Le nom ne figure pas dans la liste
des hétaïres épicuriennes transmise par Plutarque et Diogène Laërce. Cf. A . Angeli, CronErc 11 , 1981, p . 80 sq., et la notice « Démélata » (- D 37) . TIZIANO DORANDI.
39 DÉMÉTRIOS
IIIa
Fils de Démétrios Poliorcète, il fut aimé par Arcesilas ( A 302), au témoignage de D . L . IV 41. Cf. J.Kaerst, art. « Demetrios» 35, RE IV 2 , 1901, col. 2793-2794. TIZIANO DORANDI. IIa ? 40 DÉMÉTRIOS RE 119 Chez Pline XXVIII 64 estmentionné un certain Démétrios comme l'auteur d 'un livre où était expliqué pourquoi le nombre quatre est consacré à Hercule
(Herculaneus numerus quaternarius) et pourquoi il ne faut pas boire quatre cyathes ou quatre setiers. Ce Démétrios devait donc s'intéresser aux questions arithmologiques et à la tétraktys. L 'euvre de Démétrios doit probablement être
datée du [T® s. av . J.- C .
Cf. F . Hultsch, art. « Demetrios » 119 ,RE IV 2, 1901, col.2850. BRUNO CENTRONE. MI 41 DÉMÉTRIOS Philosophe péripatéticien qui accompagna Caton (- C 59) à Utique et,
comme le stoïcien Apollonidès ( A 257), l' assista au moment de son suicide en
46a (cf. Plutarque, Caton le Jeune 65, 11 ; 67, 3 ; 69, 1). Le soir qui précéda la mort de Caton (en 46 %), « on s 'entretint agréablement, en buvant, de nombreuses questions philosophiques, et les discussions se succédèrent jusqu'à en arriver à ce qu 'on appelle les paradoxes stoïciens , à ceci par exemple que l'homme de bien est seul libre et que les méchants sont esclaves (to uovov Elval tov
åyaddy theúDepov , doúhovç oè tous paúdovc anavtac). Sur ce point,natu
622
DÉMÉTRIOS
rellement, le péripatéticien apporta la contradiction : alors Caton l'attaqua avec violence...» (67, 2-3). Les deux philosophes acceptèrent de rendre à Caton l'épée que son fils , par précaution , lui avait enlevée (70 , 1). Caton leur avait demandé de convaincre de s'embarquer avec les autres le jeune Statyllius, qui voulait rester à Utique pour imiter l'impassibilité de Caton devant l'avance de
l'armée de César (65, 10-11). Ils ne purent le contraindre à partir (66, 6- 8 ), mais l'empêchèrent de se tuer comme Caton . Démétrios est inconnu par ailleurs et aucun élément ne permet de préciser qui il fut ni d'expliquer sa présence aux côtés de Caton . L 'identification proposée par la RE avec le péripatéticien Démétrios de Byzance (- D 51) (D . L. V 83), antérieur au milieu du 1a, est tout à fait gratuite. VoirZeller III” 1, p . 779, note .
MICHÈLE DUCOS. 42 DÉMÉTRIOS cf. RE 92
ма
Platonicien ([INATW VLXÓC),mentionné par Lucien , Calumn. 16 , comme ayant fait partie de la cour de Ptolémée « Dionysos » (sans doute Ptolémée Aulète , père de Cléopâtre , qui mourut en 514). Il aurait été calomnié par un courtisan malveillant comme étant un « buveur d ' eau » qui refusait de revêtir des habits de
femme lors de la fête de Dionysos , ce qui l' amena à s'enivrer rapidement, à
revêtir une robe et à danser afin de sauver sa vie. J. Glucker (Antiochus, p . 213 et 218), impressionné par la désignation employée par Lucien qui l'appelleMatwVixóc plutôt qu ’’Axadnuaïxós, vou
drait en faire un spécialiste de Platon plutôt qu'un véritable philosophe,mais la pointe de l'anecdote est certainement qu 'on lui reprochait de manifester un
dédain « philosophique » à l'égard des coutumes antiquisantes de la cour. Il faut cependant reconnaître que l'épithète est insolite pour un platonicien de cette
époque. On ne sait rien des œuvres qu'il a pu écrire ou des opinions qu'il pouvait soutenir.
Cf. J.Glucker, Antiochus, p. 213 et 218 ; P .M . Fraser, Ptolemaic Alexandria , Oxford 1972,t. II, p. 344 n. 112 et p. 715 n . 140 .
Il est peu probable que le Démétrios « Platonicien» (- D 62), évoqué par Marc -Aurèle VIII 25 , soit ce personnage, contrairement à ce que laisse supposer H . von Arnim , art. « Demetrius » 92 , RE IV 2, 1901, col. 2844 .
JOHN DILLON . 43 DÉMÉTRIOS RE91 PIR² D 39
Cynique, amide Sénèque le philosophe. L ' identification avec Démétrios de Sounion (OD 56 ) n'est guère justifiée. L 'origine de Démétrios reste inconnue : il est probable qu 'il s'installa à Rome sous le règne de Tibère. Sont attestées des rencontres avec les empereurs Cali gula (Sénèque, Ben . VII 11, 1-2 ), Néron (Épictète I 25 , 22) et Vespasien (Suétone, Vesp. 13), qui en 71 (?) l'expulsa du pays par relegatio in insulam (Dion Cassius LXVI 13, 2). Démétrios paraît avoir fréquenté le cercle aristo
623 DÉMÉTRIOS cratique de Thrasea Paetus, mais joua un rôle douteux dans le procès intenté
contre le philosophe stoïcien P .Egnatius Celer (B -C 64 ), l'ami et le dénonciateur
de Barea Soranus, selon Tacite , Hist. IV 40, 3 : diversa fama Demetrio Cynicam sectam professo, quod manifestum reum ambitiosius quam honestius defen disset. Voir 1 J. Moles, « "Honestius quam ambitiosius" ? An exploration of the
Cynic' s attitude to moral corruption in his fellow men » , JHS 103, 1983, p. 103 123. Bien que rien ne soit connu de sa formation philosophique, il passa pour un
adhérent du cynisme (Sénèque, Ben. VII 1 , 3 ; Vit. 18, 3 ; Suétone, Vesp. 13, Tacite, Ann. XVI 34, 1, et Hist. IV 40, 3 ; Lucien , Ind. 19 ; Dion Cassius LXVI 13). Quant à son admiration pour Apollonios de Tyane, décrite en détail par Philostrate ( V . Apoll.), la fiction romanesque l'emporte sur l'historicité du récit, puisque le portrait du cynique sert avant tout à faire contraste avec la figure idéalisée du thaumaturge ; voir aussi 2 R . J. Penella , The Letters of Apollonius of Tyana, coll. « Mnemosyne Suppl. » 56 , Leiden 1979, p . 132 sq. Il est peu
probable que Démétrios ait fondé une école, mais bien plutôt suivait-il la tradition du philosophe populaire qui enseigne sa doctrine à l'occasion, soit par
le bon mot ou en dialoguant avec ses amis, soit par l'exemple de son ascèse ou son comportement ostentatoire de cynique. Telle est l' impression que nous
fournissent les témoignages de Sénèque, notre source principale . Témoignages et fragments. 3 M . Billerbeck , Der Kyniker Demetrius. Ein
Beitrag zur Geschichte der frühkaiserzeitlichen Popularphilosophie, coll. « Philosophia Antiqua» 36 , Leiden 1979 (recueil de tous les témoignages connus
avec introduction, trad . et discussion ). Nous ne disposons que de témoignages indirects , qui consistent surtout en anecdotes, en apophtegmes et en extraits de
diatribes rédigés par Sénèque lui-même. L 'authenticité de la courte diatribe (dialogue entre Courage et Lâcheté ) transmise sous le nom de Anuntplov chez Stobée III 8 , 20 ( p . 345 , 11 sqg . Hense) est fort contestée ; voir Billerbeck 3,
p . 57-60.
La doctrine de Démétrios s'inscrit dans la tradition du cynisme pratique et pourra être réduite aux aspects suivants : (1) l'ascèse, (2 ) les maximes mises en
pratique, (3) la vertu à l'épreuve, (4) le franc-parler. Comparé aux autres témoignages, le portrait que Sénèque dresse de son amicynique apparaît idéalisé et semble porter, avant tout, à l' encouragement d 'un stoïcisme rigoureux.
Études d'orientation. Billerbeck 3 ; 4 J.F . Kindstrand, « Demetrius the Cynic» , Philologus 124, 1980 , p. 83-98 ; 5 M . Billerbeck, « La réception du cynisme à Rome» , AC 51, 1982, p . 151- 173 ; version revue en anglais : « Greek
Cynicism in Imperial Rome» , dans M . Billerbeck (édit.), Die Kyniker in der modernen Forschung, coll. « Bochumer Studien zur Philosophie > 15 , Amster
dam 1991, p. 147 -166 ; 6 M .- O . Goulet-Cazé, « Le cynisme à l'époque impé
riale » , ANRW II 36, 4, 1990, p .2727-2731, 2753-2756 et 2768-2773. MARGARETHE BILLERBECK.
DÉMÉTRIOS
624
44 DÉMÉTRIOS J. Baillet, Inscriptions grecques et latines des tombeaux des rois ou syringes,
n° 319, p. 76 , avait cru trouver la trace d'un certain xúwv Anuntploc saluant les nymphes de la rive escarpée du Nil, mais G . Seure (« Les impromptus tou
ristiques aux tombeaux des rois » , REA 29, 1927, p . 372-374) et E. Bernand (Inscriptionsmétriques de l'Égypte gréco - romaine. Recherches sur la poésie épigrammatique des Grecs en Égypte, coll. « Annales littéraires de l'Université de Besançon » 98 , Paris 1969, nº 138, p . 531-532 et pl. XCIV ) ont écarté cette lecture : la pierre porte axéwv Anuntploc.
SIMONE FOLLET. 45 DÉMÉTRIOS Auteur, par ailleurs inconnu, ayant écrit sur les comètes et les météores (htepi xountāv xai
oxidwv), selon le témoignage de l'Introduction à Aratos
d 'Achille 32, p .69, 2 -3 Maass. Cf. H .Gundel, art. « Kometen » , RE XI 1 , 1922, col. 1143- 1193, notamment col. 1144 . Le seul homonyme dont on pourrait à la
rigueur le rapprocher est l' épicurien Démétrios Lacon (- D 60). RICHARD GOULET .
46 DÉMÉTRIOS D 'ALEXANDRIE RE 88 ca 3000 Cynique, disciple de Théombrote , lui-même disciple de Cratès de Thèbes (Diogène Laërce VI 95). Sur la liste de disciples donnée dans ce passage, tradi tionnellement rapportée à Métroclès et qui concerne en fait Cratès le cynique,
voir la notice « Cléomène » , DPHA C 163. MARIE -ODILE GOULET-CAZÉ .
47 DÉMÉTRIOS D ’ALEXANDRIE
MII
Académicien , disciple de Carneade ( C 42),mentionné dans l'Ind. Acad. Herc. de Philodème, col. 24, 3 sq. (= Carnéade, T 3b 17 Mette). TIZIANO DORANDI.
472 DÉMÉTRIOS D ’ALEXANDRIE dit Cythras RE 63 PLREI:4
359
Selon Ammien Marcellin XIX 12 , 12 , ce philosophe païen , corpore durus et animo, fut torturé sous Constance à Scythopolis en 359, alors qu' il était déjà âgé. On lui reprochait d 'avoir à plusieurs reprises offert des sacrifices à Bésa, un
dieu qui rendait son oracle à Abydum , une place forte reculée de Thébaïde en Égypte (cf. XIX 12, 3 ) . Il expliqua qu 'il sacrifiait à Bésa depuis sa prime jeunesse afin de se rendre favorable cette divinité et non pour obtenir , par ses consultations, une situation plus élevée. Comme il maintenait ses positions, on le
laissa finalement rentrer à Alexandrie , sa ville natale .
O . Seeck, art. « Demetrius» 63, RE IV 2 , 1901, col. 2804, a proposé de l' identifier avec le philosophe Chytron ( ~ C 122). Mais cette identification ne
repose que sur la similitude relative des deux noms Cythras et Chytron . MARIE -ODILE GOULET-CAZÉ.
DÉMÉTRIOS DE BYZANCE
625
48 DÉMÉTRIOS D ’AMPHIPOLIS RE 93 Mentionné dans une liste des disciples de Platon chez D .L . III 46.
MIva
Un Démétrios figure comme exécuteur testamentaire (Énltpontos) du testa ment de Platon (D .L . III 43). L' identification est possible (cf. Zeller II 14, 1889, p . 982 n . 1), bien que, parmi les exécuteurs testamentaires, seul Speusippe soit par ailleurs connu comme philosophe. RICHARD GOULET.
49 DÉMÉTRIOS D 'ASPENDOS RE 86
Cinquième homonyme de Démétrios de Phalère [PD 54 ] (D . L. V 83). Il s'agirait d'un disciple d'Apollonios de Soles (» A 283), par ailleurs inconnu. Rien ne nous assure qu 'il s'agisse de philosophes. Si la liste est empruntée à Démétrios de Magnésie (1 ), comme le pense J. Mejer, « Demetrius of Magne
sia :On poets and authors ofthe samename» ,Hermes 109, 1981, p.462 [fr. 17 ), il s'agirait de personnages d'époque hellénistique. Cf. aussi G . A . Scheurleer,
Disputatio philologica de Demetrio Magnete, LugduniBatavorum 1858, p. 56 . RICHARD GOULET. 50 DÉMÉTRIOS DE BITHYNIE RE 90 FII-DI Stoïcien , fils du stoïcien Diphilos (- D 211), mentionné comme treizième homonyme de Démétrios de Phalère chez D .L . V 84 (= Panétius, fr. 153 van Straaten). Il y est présenté commeun disciple de Panétius de Rhodes (mort vers 110a). Il apparaît également dansune section apparemment consacrée à des disciples de Panétius dans l'Ind. Stoic. Herc., col. 75, 4 -6 (p. 124 Dorandi) : Anluntplos
και Λύκανδρος | εκ Βιθυ[ νίας. L 'autopsie du papyrus a permis à Dorandi de confirmer la conjecture deMerkelbach qui, à la place de [NC]xavopos (ainsi Traversa ), proposait de lire Abxavopos, nom d'un stoïcien de Nicée en Bithynie , attesté par un fragment des Bithyniaca d 'Arrien conservé en marge d 'un
exemplaire de la Notitia episcopatuum . Voir R . Merkelbach, « Nikaia die Rankenreiche (EAI KOPH ) : Ein übersehenes Fragment aus Arrians Bithyniaka » , EA 5 , 1985 , p . 1 - 3 , et S . Follet,
notices « Apollonios de Ptolémaïs » et « Apollo < s> de Nicée» , DPA A 282 et 293. R . Reitzenstein , art. « Demetrios von Bithynien » 72,RE IV 2 , 1901, col. 2805, propose d ' identifier à ce philosophe le poète Démétrios de Bithynie , dont une épigramme est conser
vée dans l'Anth . Pal. IX 730 . L'identification est rappelée par Beckby (t. IV , p. 757 : « viel leicht» ), mais le nom de Démétrios n 'a certainement jamais été suffisamment rare, en Bithynie ou ailleurs, pour que de tels rapprochements aient valeur de preuve.
RICHARD GOULET.
51 DÉMÉTRIOS DE BYZANCE RE 87 Péripatéticien ,auteur d'un Tepi noinuátwv qui comprenait au moins quatre livres.
Cf. 1 E . Martini, art. « Demetrios » 87, RE IV 2, 1901, col. 2481-2482 ; 2 Chr.
Jensen , Philodemos über die Gedichte fünftes Buch, Berlin 1923, p. 97; 3 A . Rostagni, Scritti minori, I: Aesthetica, Torino 1955, p. 408 -414, 438 ; 4 F .
626
DÉMÉTRIOS DE BYZANCE
Sbordone, Contributo alla poetica degli antichi, 2e éd., Napoli 1969, p . 55 ; 5 F .
Wehrli, « Der Peripatos bis zum Beginn der römischen Kaiserzeit» , dans GGP, Antike 3, 1983, p.594. Il semble certain qu'il faut le situer au ra (cf.Martini 1 et Rostagni 3 , p . 413 n . 2 , avec la bibliographie antérieure ; F. Zucker , Philologus 82, 1927, p . 246 ;
Wehrli 5, p. 594) et non au IIIa, comme l'avaient suggéré Jensen 2, p. 97 n . 2 , suivi par Sbordone 4 , p . 55 (il serait à identifier avec l'historien du même nom :
cf. FGrHist 162, Susemihl, GGLA, t. I, p.620, et E . Schwartz , art. « Demetrios » 76 , RE IV 2 , 1901, col. 2806 ). L 'identification avec ce Démétrios du philosophe
homonyme mentionné par D .L . II 20-21 à propos des rapports de Socrate et de Criton semble sûre , mais je ne crois pas qu 'il faille supposer commeWehrli
l'existence d'un llepi pihoobowv. Titres attestés : lepi toinuárov (Sur les ouvres poétiques). L 'æuvre , en au
moins quatre livres, citée par Athénée X , 452d, XII, 548d et XIV ,633 ab , était prise en considération et critiquée par Philodème, De poematis V (PHerc. 1425 /1538, col. 9, 34 - 10 ,32). Pour Démétrios, une composition poétique devait
répondre aux exigences de la belle forme, en présentant un contenu qui corresponde et une expression bien construite . Les déductions ultérieures de Wehrli 5 , p . 594, sur la présence de Démétrios de Byzance dans d 'autres papyri d 'Herculanum sont insoutenables (les rouleaux
mentionnés contiennent des écrits de Démétrios Lacon ). Cf. C . Romeo (édit.),
Demetrio Lacone. La poesia (PHerc. 188 e 1014),Napoli 1988, p. 21-25. TIZIANO DORANDI.
52 DÉMÉTRIOS DE MAGNÉSIE RE 80 Auteur de deux cuvres de caractère lexicographique, ( 1) Hepi tõv ouw νύμων ποιητών τε και συγγραφέων, Sur les poetes et les auteurs ayant pote
le même nom (le titre complet est cité par Diogène Laërce I 112 et V 3) et
(2) Hepi ouvwvúuwv Trólewv, Sur les cités homonymes, ainsi que d 'un traité philosophique intitulé (3) lepi duovolas, Sur la concorde. Les fragments de l'ouvrage sur les auteurs homonymes sont rassemblés et commentés dans 1 J.Mejer, « Demetrius ofMagnesia : On Poets and Authors of the same name» , Hermes 109, 1981, p . 447-472 , avec les testimonia de Cicéron et une liste des
références à l'ouvrage sur les cités portant le même nom . Sur la possibilité d' ajouter aux fragments d'autres passages de Diogène Laërce (source principale
de la reconstitution ) où le nom de Démétrios n 'est pas mentionné, notamment IV 15 , voir 2 M . Gigante, « Demetrio di Magnesia e Cicerone » , SIFC 77, 1984,
p. 98 - 106 . Études d 'orientation. 3 F. Leo, Die griechisch - römische Biographie nach ihrer literarischen Form , Leipzig 1901, p . 39 -45 ; 4 E . Schwartz , art. « Deme trius » 80, RE IV 2 , 1903, col. 2814 -2817, repris dans Griechische Geschicht schreiber, Leipzig 1957, p. 235 -239 ; 5 J. Janda, « D ’ Antisthène, auteur des Successions des philosophes » , LF 89, 1966 , p. 341-364, en particulier p . 351
355 ; 6 J. Mejer , Diogenes Laertius and his Hellenistic Background, coll.
DÉMÉTRIOS DEMAGNÉSIE
627
« Hermes Einzelschriften >> 40, Wiesbaden 1978 , p. 19 -21 et 38-39 ; 7 F . Aronadio , « Due fonti laerziane : Sozione e Demetrio di Magnesia » , Elenchos 11, 1990 , p . 203-255, notamment p . 235-255 . La datation de Démétrios est assurée par Cicéron qui le mentionne quatre fois
(55 et 49 av. J.- C .) dans ses lettres à Atticus ( T 1 -4 ). Nous ignorons de quelle Magnésie il venait. Démétrios semble avoir dédié son ouvrage Sur la concorde (dont il ne reste rien ) à Atticus et Cicéron a utilisé cet ouvrage dans une tentative
pour réconcilier César et Pompée . On ne sait rien de son contenu. Sur les poètes et auteurs dumême nom était une œuvre de caractère lexico graphique, très utile dans l'Antiquité, car la brièveté des noms d'auteur et les façons très diverses de citer un même ouvrage rendaient très difficile la tâche d ' identifier et de distinguer deux personnalités homonymes. Nous pouvons nous
faire une idée de l'ouvrage grâce à la citation et à la critique qu 'en fait Denys d 'Halicarnasse dans son Dinarque (= F 1), bien que Denys nous fasse savoir que cet article n 'est pas caractéristique de l'æuvre de Démétrios : il commence avec l'énumération de quatre auteurs nommés Dinarque, chacun caractérisé par son
effort littéraire , puis il est suivi par un développement détaillé sur chaque auteur. Seul le passage sur l’orateur Dinarque est cité par Denys: il comprend une
exposition des qualités littéraires de Dinarque comparé avec Hypéride et Démosthène, ainsi qu 'une remise en cause de l'authenticité du discours contre
Démosthène (Dinarque, Or. 1), que Démétrios condamnait pour des raisons stylistiques; sa critique ne fut pas acceptée par Denys (Din . 10 ) et le style du discours ne semble pas différer des deux autres discours conservés. La position de Démétrios dans la critique littéraire antique est bien définie par Schwartz 4 , col. 2815 : « die Mustergültigkeit der attischen Redner, die Schlagworte von der
xápis des Hypereides und dem tovog des Demosthenes, der schon an die erste Stelle gerückt ist, die Forderung des Tildavov und xúplov, offenbar im Gegensatz zum nenhaguévov hellenistischer Stilarten weisen auf den sich
anbahnenden Classicismus ...» L ' absence de toute information biographique
dansce passage est exceptionnelle dans l’æuvre de Démétrios, ainsi que Denys le fait remarquer (Din. 2) et commeles autres fragments le confirment. Les listes d'homonymes chez Diogène Laërce que l' on peut avec certitude attribuer à Démétrios (I 38 et 79 ; V 83-85) correspondent à l'exemple conservé par Denys
d 'Halicarnasse,mais l'ordre n 'est pas toujours chronologique ; c 'est aussi le cas avec les listes d 'homonymes en général chez Diogène Laërce ,mais il n ' est pas
possible de dire si Diogène reproduit Démétrios dans tous les cas. Cf.Mejer 1, p . 450 -451, et Mejer 6 , p. 38-39. Bien que Diogène semble avoir eu accès à
l'œuvre, il a pu utiliser d'autres auteurs lexicographes comme Callimaque et il s 'est toujours servi de Démétrios comme d 'une source accessoire dans ses biographies. Comme on peut s' y attendre dans le cas d 'une œuvre de ce type,
l'information bibliographique dans l'ouvrage de Démétrios était importante (cf. F1, 10 , 14 , 24 - 26 ). Denys espérait trouver des renseignements sur la famille, la chronologie et la vie de Dinarque en consultant Démétrios et c 'est effectivement ce que nous rencontrons dans la plupart des fragments ; anecdotes (F 11, 15, 22,
628
DÉMÉTRIOS DE MAGNÉSIE 23, etc.) et descriptions des circonstances de la mort (F4, 18, 28) sont courantes. La longueur des fragments 18 (sur Héraclide le Pontique) et 29 ( sur Démocrite )
prouve que l'ouvrage de Démétrios était considérable et comprenait proba blement plusieurs volumes (cf. F 6a, 10 , 15). Malgré l'épithète roaviotwp
(« polymathe » ) dont se sert Denys pour caractériser Démétrios, son information biographique ne diffère pas de celle qui est courante dans la tradition hellé nistique et les cas où il manifeste son désaccord avec d 'autres sources
(Hermippe et Satyros en F 4 , 5 , 6a, ou Antisthène en F 29-30) ne sont pas plus significatifs que les cas où il donne son assentiment, comme par exemple il le fait pour Hippobote (F 18 et 30 ). Il n 'y a que dans la biographie de Xénophon que Démétrios semble avoir joué un rôle plus important pour la tradition biographique. Il semble en effet que Xénophon n 'avait pas été rangé parmi les philosophes avant Démétrios. Cf. 8 U . von Wilamowitz-Moellendorff , Anti
gonos von Karystos, coll. « Philologische Untersuchungen » 4 , Berlin 1881, p. 330 -335 , etMejer 6 , p. 39 n. 82. Pour évaluer la tradition relative à Xénophon, il est intéressant de constater que Démétrios a utilisé un discours de Dinarque ( D 25) comme fondement de sa biographie (cf. D . L . II 52 et Denys d'Halicar nasse, Din . 12 ). Démétrios n 'est pas plus digne de foi que les autres sources biographiques; son æuvre est à comparer avec les rivaxec d'autres auteurs du
jer s. av. J.- C . comme Apollonios de Tyr (» A 286 ), Artémon (~ A 434) ou Andronicos de Rhodes ( A 181). JØRGEN MEJER .
53 DÉMÉTRIOS (AURELIUS -) DE NICOMÉDIE
III
Une statuette de Zeus fut consacrée à Nicomédie par le philosophe Aurelius Démétrios, bouleute de sa cité (ZPE 47, 1982, p. 43-44). La dédicace « à Zeus, père de ce monde » , quine semble pas avoir de parallèle dans les inscriptions, ne peut guère constituer un indice suffisant pour rattacher Démétrios à une école philosophique précise : peut-être était-il stoïcien , comme le suggère S. Şahin , éditeur de l'inscription ; mais serait-elle inconcevable de la part d'un plato nicien ? BERNADETTE PUECH .
54 DÉMÉTRIOS DE PHALÈRE RE 85 + Suppl. XI PA 3455
FIV - D III
Philosophe péripatéticien et homme d 'État athénien ; fils de Phanostratos, originaire du dème attique de Phalère. Il suivit les cours de Théophraste , où il
rencontra le poète comique Ménandre. Si l'on en juge d'après le silence de nos textes, Démétrios n'a pas été l'élève d 'Aristote .
Édition. Les restes de l'œuvre immense de Démétrios sont rares. L ' édition la
plus complète et la plus récente est celle de 1 Fr. Wehrli, Demetrios von Phaleron, coll. « Die Schule des Aristoteles » 4, Basel/Stuttgart 19682. Pour les collections de fragments plus anciennes, voir 2 E . Martini, art. « Demetrios» 85 , RE IV 1901, col. 2829. On trouve aussi les témoignages relatifs aux æuvres historiques dans 3 F. Jacoby , FGrHist II B (1929/30), fr. 228 et 956 -973, qui
DÉMÉTRIOS DE PHALÈRE
629
remplace 4 C . Müller, Fragmenta Historicorum Graecorum , t. II, Paris 1848, p . 362- 369.
Études. Pour les monographies et les articles anciens (jusqu' en 1943) , cf. Wehrli 1 , p. 47,Martini 2 , col. 2817-2841, à quoi il faut ajouter les compléments et corrections de 5 Fr. Wehrli, art. « Demetrios von Phaleron » , RESuppl. XI, 1968, col.514-522 ; 6 Id ., « Der Peripatos bis zum Beginn der römischen Kaiser
zeit » ,GGP, Antike 3 , p. 559-566 . Sur la vie et l'activité politique de Démétrios de Phalère, voir 7 J. Kirchner PA, t. I, 3455 ; 8 P .M . Fraser, Ptolemaic Alexandria , 3 vol., Oxford 1972 , passim (notamment p . 314 - 315, 321) ; 9 J. M . Williams, « The Peripatetic school and Demetrius of Phalerum ' s reforms» , AncW 15, 1987 , p . 87-98. Sur les rapports entre sa philosophie et sa politique,
voir 10 H . J. Gehrke, « Das Verhältnis von Politik und Philosophie in den Werken des Demetrios von Phaleron » , Chiron 8, 1978, p . 149- 193. Vie . Pour la vie de Démétrios de Phalère, les principales sources anciennes sont: Diogène Laërce V 75 -85, qui dépend pour une part importante des Blou
d'Hermippe et de Favorinus (cf. 11 U . von Wilamowitz-Moellendorff, Anti gonos von Karystos,coll. « Philologische Untersuchungen » 4 , Berlin 1881, p. 46 et p . 78 ; Martini 2 , col. 2828) et la notice de la Souda (s.v. Anuntploc), qu'il fautmanier avec prudence, parce que s'y trouvent intégrés des faits qui concer nentDémétrios Poliorcète . Les dates de la vie de Démétrios (ca 350 -après 283) sont sujettes à approximations. On fonde le calcul de sa naissance sur la mention
de sa participation comme ambassadeur auprès d'Antipatros et de Cratère après la bataille de Crannon (322), quimarque la fin de la guerre lamiaque et le début d'une nouvelle période de domination macédonienne sur la Grèce (cf. 12 E. Will, Histoire politique du monde hellénistique, t. I, Nancy 19792, p . 29-33) .
Comme on sait d 'autre part qu'il a été nommé gouverneur d'Athènes en 317, on conclut le plus souvent qu'il a dû naître vers 350 (13 Christ, Schmid , Stählin , Geschichte der griechischen Literatur, t. VII 2, 1, München 1920“, p. 76 ; 14 Susemihl, GGLA, t. I, p . 135 ; 15 O . Gigon, art. « Demetrios» 17 , LAW , col. 713 ; Wehrli 1, p . 49), plus rarement vers 360 (Wehrli 5, col. 514 ; mais cf.
Wehrli 1, p. 49) ou , de façon plus vague, avant 344 (Martini 2, col. 2818 ; 16 O . Hiltbrunner, art. « Demetrios» 25 , KP I, 1975, col. 1468 - 1469). Après le soulè
vement d'Athènes contre la domination macédoniennne à l'annonce de la mort d 'Antipatros, Démétrios, qui s'était rangé dans le camp pro-macédonien , échappe à la mort en s'exilant. Lorsque le successeur d 'Antipatros, Cassandre ,
reprend Athènes, Démétrios revient d'exil et est appelé à gouverner la ville au nom du Macédonien , avec, du moins en sa qualité de législateur (vouodéms), l'aval du " peuple” (318 /7 ; cf. Diodore de Sicile XVIII 74 , 2 = fr. 13 Wehrli et
IG 112 1201 = fr. 12 Wehrli : ai]peoeic ÚTIÒ toŨ onuo [u ). Il substitue à la démocratie un régime censitaire. Il gouverne Athènes avec le titre officiel d 'επιμελητής της πόλεως, tout en remplissant la fonction de général ( στρατη yóc) qu 'il avait certainement déjà exercée à partir de 325/4 (cf. 17 S . Dow et A . H . Travis, « Demetrios of Phaleron and his lawgiving » , Hesperia 12 , 1943,
p . 149). Il réforme les lois en suivant des principes platonico -péripatéticiens : il
630
DÉMÉTRIOS DE PHALÈRE nommeun collège de gardiens des lois (vouobúnaxes ; fr. 32 Wehrli (comm . et
bibliogr. Wehrli 1, p. 51-52 ]), établit des lois somptuaires concernant le culte desmorts , transforme l'éphébie en une institution pédagogique, etc . (cf.Wehrli 5, col.515-517 ). Il permet au successeur d'Aristote , Théophraste, d 'acquérir un terrain (sans doute le Lycée lui-même qui était jusque là seulement loué), ce qui, en tant quemétèque , lui était interdit par le droit athénien (Diogène Laërce V 39 = fr. 5 Wehrli ; 18 J. P .Lynch , Aristotle 's school, Berkeley /Los Angeles/London 1972 , p. 98 -99 ; 19 F . Grayeff, Aristotle and his school, London 1974, p. 38 -39
et p. 50 ; 20 A . R . W . Harrison , The law of Athens. The family and property , Oxford 1968, p. 119 et 237-238). En 309/8 il est archonte éponyme. Mais en
307, ildoit fuir Athènes, que vient de prendre par surprise Démétrios Poliorcète (qui se présente en libérateur, cf. Plutarque, Démétr. 8, 7) et, avec l'aide du Poliorcète qui lui vouait, semble-t- il, une grande admiration (Plutarque, Démétr.
9 , 3]), se réfugie quelque temps à Thèbes, où il se lie d'amitié avec le cynique Cratès, puis se rend en Égypte, sans doute à la mort de Cassandre (297), à la cour de Ptolémée jer Soter. Le roi le prend comme conseiller. Démétrios jouera un rôle dans la fondation du Musée et de la Bibliothèque d'Alexandrie (cf. Fraser 8 , p. 314 -315 ; 21 L . Canfora , La biblioteca scomparsa , Palermo 1986 , p . 28 -33). Lorsque Ptolémée II Philadelphe, fils de Ptolémée Soter, monte sur le trône (sans doute immédiatement après la période de règne commun avec son père (285 -283 ]), Démétrios tombe en disgrâce pour avoir proposé une autre succession et est placé en résidence surveillée à la campagne. Il meurt en 283 ou peu après d'une morsure de serpent (accidentellement: Hermippe dans Diogène
Laërce V 78 = fr. 69, ou par suicide: Cicéron, Pro Rab. Post. IX 23 = fr. 71). L 'anecdote rapportée dans la Lettre à Philocratès du pseudo-Aristéas (concer nant le rôle que Démétrios aurait joué dans la traduction grecque de l'Ancien Testament (Septuaginta]) est considérée généralement comme inauthentique (cf. Fraser 8 , p . 689 -690 ; 22 O .Murray, art. « Aristeasbriefe » , RAC Suppl. 4, 1986 , col. 573 -587 (la notice est de 1981) et 23 W . Spoerri, art. « Hekataios von
Abdera » ,RAC XIV , 1988, col. 289-290). Euvres. Grâce à Diogène Laërce (V 80), on connaît une liste de 45 titres (en fait 44 , puisque le llepi vouwv est cité deux fois ; cf. Wehrli 1, p. 56 ). Il faut y
ajouter quelques autres titres, mentionnés par d 'autres sources (en particulier le fragment d'un Catalogue de bibliothèque trouvé à Rhodes, datant d'environ 1008 (24 P. Roussel, « Bulletin épigraphique » , REG 39, 1926 , p. 277 -278 ; fr. 76
Wehrli]). Pour le détail, on se reportera à la liste donnée par Wehrli 6, p. 560 561 (a laquelle il faut ajouter le Περί δοκού [ ου δόκου] de la liste de Diogene Laërce ; cf. fr. 187 Wehrli) et aux commentaires qui suivent, Wehrli 6 , p. 561 564. Les ouvrages intéressant la philosophie traitent essentiellement de morale
pratique. Nous ne possédons aucun témoignage sur des écrits concernant la philosophie de la nature, la logique ou la métaphysique. Nous reproduisons la liste de Diogène Laërce avant de la commenter brièvement.
DÉMÉTRIOS DE PHALÈRE (1) ( 2) ( 3) ( 4)
Περί της Αθήνησι νομοθεσίας α' β' γ' δ' ε', Περί των 'Αθήνησι πολιτειών α ' β', Περί δημαγωγίας α' β', Περί πολιτικής α', β',
(5) Περί νόμων α ', ( 6) Περί ρητορικής α' β', ( 7) Στρατηγικών α' β', ( 8) Περί Ιλιάδος α' β',
(9) Περί Οδυσσείας α' β' γ' δ', (10) Πτολεμαίος α', (11) (12) (13) (14) (15) (16)
(17) (18) (19) (20) (21) (22 )
Έρωτικός α', Φαιδώνδας α ', Μαίδων α ', Κλέων α', Σωκράτης α', 'Αρταξέρξης α',
Ομηρικός α', ' Αριστείδης α', 'Αριστόμαχος α', Προτρεπτικός α ', “Υπέρ της πολιτείας α ', Περί της δεκαετίας α ',
(23) Περί των Ιώνων α', (24) Πρεσβευτικός α', (25) Περί πίστεως α',
(26) Περί χάριτος α ', (27) Περί τύχης α ',
(28) Περί μεγαλοψυχίας α', (29) Περί γάμου α', (30) Περί του δοκού α',
(31) Περί ειρήνης α', (32) Περί νόμων α', ( 33) Περί επιτηδευμάτων α', (34) Περί καιρου α ',
(35) Διονύσιος α', (36) Χαλκιδικός α ',
( 37) 'Αθηναίων καταδρομή α',
631
RIOS E HALÈRE D P
DÉMÉT
632
(38) Hepi’Avtipávouç a', (39) (40) (41) (42)
Moooiulov iotopixòv a', 'Entlotohai a ', 'Exxinola Évopxoc a ', Kepi mnowç a ',
(43) Aixala a ', (44) Alownelwv a ',
(45) Xpelőv a', I.Monographies portant sur des questions relevant de l'éthique: Protrep tique, Sur la grandeur d 'âme (Tlepi ueyaroguylas; il s 'agit, chez celui qui est capable de grandes choses, de la conscience de sa propre valeur, cf. Aristote , Eth . Nicom . IV 7- 9), Sur la confiance ou la fidélité (Ilepi niotews; Wehrli 1 , p .60-61, pense que l'ouvrage relève de l'éthique plutôt que de la rhétorique ou de l'épistémologie ), Sur la gratitude (Ilepi yapitoc), Sur la fortune (Ilepi
Túxns ; Wehrli 1, p. 57, croit pouvoir induire du fr. 81 (= Polybe XXIX 21) la date de rédaction de l'ouvrage : vers 280 ; mais le texte de ce fragment ne nous
oblige pas à adopter une telle date, comme le remarque 25 F . W . Walbank, A
historical commentary on Polybius, Oxford, t. III, 1979, p. 395), Sur l'occasion (Ilepi xalpoő), Sur l'amour, Sur le mariage, Sur la vieillesse , Sur les occupa
tions (Ilepi Étiltndevuátwv), Socrate , sans doute identique à l’Apologie de Socrate (fr. 91- 98 Wehrli, commentaire p .63-64), Maximes des sept sages (cf.
26 H . Diels, Sylloge , p. 394-397,et 27 W . Bühler, « Zur handschriftlichen Über lieferung der Sprüche der sieben Weisen » , NAWG 1989, p. 3- 36 ), Recueil de fables ésopiques (il s'agit sans doute de la première collection des fables qui circulaient sous le nom d 'Ésope ; cf. 28 F .R . Adrados « Les collections de fables à l'époque hellénistique et romaine » , dans La fable , coll. « Entretiens sur
l'Antiquité classique» 30 , Vandæuvres/Genève 1984 , p . 137-195, et 29 M .
Nøjgaard , La fable antique,t. I, Copenhague 1964, p.467-468 et p. 477-479), Bons mots (Xpetai), Apophtegmes, Sur les rêves ( concerne plus particulièrement la psychologie ), Sur la paix .
II. Traités de philosophie politique: entre autres: Sur la justice (Aixala ), Sur les lois, Défense de la démocratie tempérée (“ YTèp tñs noitelas, cf. Wehrli
6 ,p . 563). III. Traités politico-historiques: Sur la démagogie, Sur les dix années (de son
gouvernement), Critique adressée aux Athéniens, Liste des archontes, etc . IV . Rhétorique: un traité Sur la rhétorique (Ilepi ontopixñs, cf. 30 K .Gaiser, Philodems Academica , Stuttgart/Bad Cannstatt 1988, p . 471-472 [sur le fr. 158 Wehrli) et p .473 (sur le fr. 159 Wehrli]),des discours politiques, judiciaires et épidictiques .
V .Ouvrages philologiques: Sur l'Iliade, Sur l'Odyssée, Sur Antiphane (le poète comique athénien ). VI. Lettres.
DÉMÉTRIOS DE PHALÈRE
633
[Démétrios est mentionné dans un fragment en prose, non identifié , retrouvé dans PLille 88. Le passage a été publié par C .Meillier, Cahiers de recherches et
de l'Institut de papyrologie et d 'égyptologie de Lille 5 , 1979, p. 366 - 368 , et par R .G .) A . Linguiti, dans CPFI 1 * * , n° 42 1 T, p . 3-5. Pseudépigraphe. Le traité Sur le style (ſlepi Épunvelac), attribué à Démétrios de Phalère par le manuscrit qui est à la base de toute la tradition manuscrite (Parisinus gr. 1741 du XIe s. ; en fait, le démotique n 'apparaît à côté
du nom de Démétrios que dans le titre , mais non dans la souscription ), est considéré aujourd 'hui comme apocryphe . La date de ce texte est controversée : on le place au IIIe siècle si on met l'accent sur les ressemblances avec la rhéto
rique d ’Aristote et les ouvrages de mêmenature de Théophraste , ou au 1/11° siècle ap. J.- C ., si on souligne sa parenté avec Denys d 'Halicarnasse et Ps. Longin (ſlepi govc). Voir en particulier : 31 G . M . A . Grube, A Greek critic : Demetrius On style, Toronto 1961, p . 39- 56 (l'auteur place la rédaction du traité vers 270a, à Alexandrie ) et 32 Id ., « The date of Demetrius On Style » Phoenix 18, 1964 , p . 294 -302 ; 33 D . M . Schenkeveld , Studies in Demetrius On Style ,
Amsterdam 1964, p . 135 -148 (le lepi Epunveiac est rédigé au fer s. ap. J.-C . à partir de matériaux remontant au II° ou au début du jer s. av . J.- C .) ; 34 J.M . Rist, « Demetrius the Stylist and Artemon the Compiler » , Phoenix 18 , 1964, p . 2 -8 (le
traité doit dater de la seconde moitié du rer siècle av. J.-C .). Cf.Wehrli 6 , p. 564 565 et, pour la bibliographie (sélective), ibid ., p . 565-566 (ajouter l' étude de
35 G .Morpurgo -Tagliabue, Demetrio : Dello stile ,Roma 1980). Voir mainte nant P . Chiron (édit.), Démétrios, Du style. Texte établi et traduit par P . C .,
CUF, Paris 1993, CXXXIX -179 p . (p . 1-84 doubles). JEAN -PIERRE SCHNEIDER . Iconographie. Démétrios, célèbre pour sa beauté, était surnommé Xapito
BRÉPapos xai Aaunitá , d 'après Diogène Laërce V 76 . Il soignait particuliè rement son apparence, teignant ses cheveux en blond et se mettant du rouge sur
le visage : Athénée XII, 542 d . Le poète Castorion de Soles l'appelait dans un cheur naibuopdos : Athénée XII, 542e. L 'homme d 'État reçut 360 statues
honorifiques en bronze, la plupart équestres ou en char: Diogène Laërce V 75 ; voir 1 J.-C . Carrière (édit.), Plutarque, Euvres morales XI 2 : Préceptes politiques, CUF, Paris 1984, p . 203 n. 1 ad p . 134 . A Athènes, une seule sub
sistait sur l’Acropole , après sa damnatio memoriae : D . L . V 77. [Sur la décou verte de morceaux d'une base de statue équestre de Démétrios élevée par les habitants du dème de Sphettos, voir J. et L . Robert « Bulletin épigraphique » REG 83, 1970, 264. J.-P .S .) On reconnaît souvent Démétrios en face de Monimos sur un des gobelets de
Boscoreale : 2 Richter, Portraits II, pr.i163, ps fig.ut1704 ; 3 eFn. Baratte, Le trésor ier
i .,»,p .m91. bo ,, po.65, e par l'insc Parisde1986 ais Le n nénfig rem le ppremier d 'orfèvrerie romaine de mBoscoreale, squelette est désigné par l'inscription « Monimos l'Athénien » , mais le nom de l'autre a disparu . On a reconnu Démétrios, debout, qui porte dans la main droite abaissée un serpent désigné par l'inscription A [0 ]III[s ] : 4 A. Héron de Ville
634
DÉMÉTRIOS DE PHALÈRE
fosse , « Le trésor de Boscoreale » , Monuments Piot 5 , 1899, p. 66 -67 ; 5 Id., L 'argenterie et les bijoux d 'or du trésor de Boscoreale. Description des pièces conservées au Musée du Louvre, coll. « Petite bibliothèque d 'art et
d 'archéologie » , Paris 1903, p. 56 -57, qui rappelle le rapprochement proposé par P . Tannery avec Diogène Laërce V 78 : le péripatéticien mourut en Haute
Égypte de la morsure qu 'un aspic lui fit à la main pendant son sommeil. Cependant 6 K . Gaiser, Das Philosophenmosaik in Neapel. Eine Darstellung der platonischen Akademie , AHAW 1980 , 2 , p . 115- 118 , pl. VIII 3 ,met en doute
cette identification : il est, selon lui, peu vraisemblable de représenter une figure en faisant allusion aux circonstances de sa mort; le squelette figurerait Héraclide
du Pont avec le serpent qui symboliserait Aiôn . 7 K . M .D . Dunbabin , « Sic erimus cuncti... The Skeleton in Graeco-Roman Art » , JDAI 101, 1986 , p . 227, fig . 42, p . 228 n . 159, a fortifié ces doutes sur l'identification traditionnelle :
l'examen ne permettrait même pas de discerner un serpent, non plus que
l'inscription que lisait Héron de Villefosse 4. L ' identification de Démétrios dans le groupe de l'exèdre du Sérapieion de Memphis n 'est rien moins qu' assurée; elle est avancée par 8 U . Wilcken, « Die griechischen Denkmäler vom Dromos des Serapeums von Memphis » , JDAI 32 , 1917, p . 164- 165, nº 2 , fig . 5 , Beilage; 9 Ch. Picard , dans J. Ph . Lauer, Ch. Picard, Les statues ptolémaïques du Sarapieion deMemphis, coll. « Publications de l'Institut d 'art et d 'archéologie de l'Université de Paris » 3 , Paris 1955, p .69
89, pl. 8 -9 . Une statue acéphale debout,appuyée sur un hermès à tête de Sarapis, représenterait le philosophe: la figuration de la tête du dieu rappellerait que Démétrios avait été guéri de sa cécité par Sarapis. La tête du philosophe, au visage imberbe très mutilé , aurait été retrouvée : Picard 9, p. 84- 86 , fig . 41-42,
pl. 9. L 'argument principal avancé en faveur de l'identification de l'hymnologue est la date assignée au groupe par Picard , qui suppose que l'ensemble a été dédié
lors de la faveur de Démétrios à la cour de Ptolémée fer, entre 297 et 285. Le raisonnement est circulaire : la datation repose sur l'identification du portrait acéphale de Démétrios, qui repose elle -même sur la date du groupe statuaire. Il
convient en effet d 'écarter les comparaisons avancées par Ch . Picard avec des représentations hypothétiques de l'hymnographe. La datation du groupe me paraît trop haute , si on le rapproche d'un ensemble , voisin dans le Sérapieion, de fauves et d'animaux fantastiques, que je date de la fin du liº siècle av. J.- C . : F . Queyrel, « Le décor sculpté » , dans E . Will et F . Larché (édit.), 'Iraq al-Amir,
Le château du Tobiade Hyrcan, coll. « Bibliothèque archéologique et historique » 132 , Paris 1991 (1992), p . 217 n .613. Le rapprochement tenté avec le philosophe debout à gauche sur la mosaïque des « Sept Sages» de la Villa Albani ne fait pas pencher pour l' identification
défendue par Picard 9, p. 79-81, fig . 38. Reconnaissant, à la suite de 10 G . W . Elderkin , « Two mosaics representing the Seven Wise Men » , AJA 39, 1935,
p. 96, un serpent dans la main droite de cette figure, Picard la rapproche du squelette de Boscoreale, qui figurerait Démétrios (voir ci-dessus). En fait, Gaiser
635 DÉMÉTRIOS DE TARSE 6 , p. 53-55, a montré que le philosophe au serpent de la mosaïque représente
Héraclide du Pont.
Picard 9, p. 88, fig . 43, p. 89 n. 2, est plus prudent sur l'interprétation d'un philosophe du vase en bronze d'Herstal, au musée de Bruxelles, qui s'appuie plutôt sur un bâton que sur un serpent, comme le remarque Gaiser 6 , p. 116 n . 20 .
L ' identification comme Démétrios d'un portrait barbu , proposée par 11 K . A . McDowall, « Some Greek portraits » , JHS 24 , 1904, p . 93-98, pl. IV , doit être abandonnée, comme elle l' a reconnu ensuite : 12 K . A . Esdaile , « A bronze statuette in the British Museum and the 'Aristotle ' of the Palazzo Spada » , JHS
34 , 1914, p . 53.
Cf. 13 Schefold, Bildnisse, p . 166- 167, fig., p. 216 ; 14 M . Gigante , Civiltà delle formeletterarie nell'antica Pompei,Napoli 1979, p. 111 sq. FRANÇOIS QUEYREL. 55 DÉMÉTRIOS DE PHOCÉE F III Académicien , élève de Lacydès, mentionné dans l’Ind . Acad . Herc . de Philodème, col. M 12 (= Lacydès, T 26 11Mette ). TIZIANO DORANDI.
56 DÉMÉTRIOS DE SOUNION
I-II Philosophe populaire professant le cynisme. C 'est à Alexandrie chez le « fameux sophiste de Rhodes» Agathobule (?) (> A 36 ) qu'il s'exerça à un ascétisme rigoureux (Lucien , Tox. 27). Après son retour en Égypte, il se rendit chez les Brahmanes en Inde (Lucien , Tox. 34 ). L ' identification avec Démétrios
(> D 43) l'ami de Sénèque (voir A . Caspari, De Cynicis, qui fuerunt aetate imperatorum Romanorum , Progr. Chemnitz 1896 , p . 4 ; M .- O . Goulet-Cazé, L 'ascèse cynique. Un commentaire de Diogène Laërce VI 70 -71, coll. « Histoire des doctrines de l'Antiquité classique » 10 , Paris 1986 , p . 233-234 ) est sans appui dans les sources antiques (chez Apollonius de Tyane, Ep. 77 e Penella
[ = 111 Hercher), EOUVLET semble être une conjecture d 'humaniste attestée par un
seulmanuscrit du XVe s.) et a été rejetée à juste titre par D . R. Dudley, A History of Cynicism , London 1937, p. 175 n . 3. MARGARETHE BILLERBECK .
57 DÉMÉTRIOS DE TARSE
MFI
S 'il s'était davantage spécialisé en grammaire qu'en philosophie ,Démétrios de Tarse , l'un des interlocuteurs du De defectu oraculorum de Plutarque, avait
néanmoins une certaine prédilection pour le stoïcisme. C 'est du moins ce que paraît impliquer son allusion à l'ecpyrosis en 415f, qui ne suffit pourtant pas à faire de lui, comme le pensait 1 R . Hirzel, Der Dialog , t. II, Leipzig 1895, p . 195 - 196 , un champion de l'orthodoxie stoïcienne: voir à ce sujet 2 D . Babut, Plutarque et le stoïcisme, Paris 1969, p. 242 -243. Peut- être ne faut-il voir dans
DÉMÉTRIOS DE TARSE
636
ses propos qu’un témoignage de plus du stoïcisme diffus qui baigne la culture du jer s .
Démétrios arrive à Delphes pour les concours pythiques de 83 : la date, proposée déjà par H . Pomtow , a été établie par 3 R . M . Ogilvie, « The date of the
De defectu oraculorum », Phoenix 21, 1967, p. 108-119,avec une argumentation solide qui trouverait encore confirmation dans les rares éléments de chronologie delphique assurés pour cette époque. Les objections formulées à ce sujet par 4 D . Paola Orsi, « Scribonio Demetrio e Demetrio di Tarso » , AFLB 19/20 ,
1976 /77, p. 173- 178, ne sont pas fondées. Le grammairien revenait alors de Bretagne, où il avait participé à une mission officielle d'exploration (419e) ; vu la date , elle est certainement à mettre en rapport avec les expéditions de recon naissance organisées par Agricola , qui avait pris soin par ailleurs d'attirer à Eburacum (York ) des hommes de culture, susceptibles de donner aux jeunes princes bretons la meilleure éducation (voir Tacite , Agr. 10 , 4 et 38 , 4 ; Dion
Cassius 39, 50 et 66 , 20 ; Juvénal, Satires XV 112). Dans l'entourage d'un tel gouverneur, Démétrios avait tout à fait sa place . Aussi a-t-on proposé depuis longtemps de l'identifier à un Scribonius Démétrios, auteur de deux dédicaces grecques gravées sur des tablettes de bronze trouvées à York (IG XIV 2548 ; Rom . Inscr. Britain I 662 et 663). Le rapprochement, proposé par 5 H . Dessau , « Ein
Freund Plutarchs in England », Hermes 46 , 1911, p. 155- 160, a été retenu par 6 K .Ziegler, art. « Plutarchos » , RE XXI 1 , 1951, col.672 ; 7 1. J. Richmond, « A forgotten exploration of the
Western Iles » , Antiquity 14, 1940, p. 193, et Ogilvie 3. Il a été rejeté sans examen par 8 P. Roussel, REG 26, 1913, p. 487. La position de 9 R . Flacelière, Plutarque : Dialogues
Pythiques, Paris 1974, p. 88, est plus nuancée et plus prudente. L 'absence d'ethnique rend en effet l'identification aléatoire. Par ailleurs les inscriptionsne sont pas datées et aucun élément
ne permet d 'en définir l'époque avec certitude. Le premier éditeur, 10 S . Lewis, RA 33, 1877, p. 264, les plaçait au lle ou au IIIe s. « d'après la forme des lettres et la grossièreté du poin tage » ;mais l'analyse paléographique et stylistique de documents d 'un type assez rare et que
la rouille rendait difficilement lisibles peut-elle donner des résultats assez précis pour exclure la fin du jer s. ? La formule de l'une des dédicaces, Ocotc toŐ NYELOVLXOỹ npaltwplov, pourrait également faire préférer une date plus tardive, si elle devait être considérée comme
l'équivalent de genio praetorii consularis. Comme l'indique Orsi 4 , après 11 H .J. Mason, Greek terms for Roman institutions, Toronto 1974, p. 145 -146, cette formule latine ne semble pas apparaître dans les inscriptions avant les 110/111e siècles. Mais il est possible aussi que l'adjectif nyeUOVLXOō réponde à l'usage littéraire grec, qui désigne habituellement par
nyeuov le gouverneur d'une province. Faute de pouvoir déterminer l' époque et l'origine du dédicant, on ne peut donc exclure ni qu 'il soit le stoïcien du De def. or., ni qu 'il s'agisse d 'un
homonyme, officier grec de l'armée romaine, comme le comprend Orsi 4. Sans doute pourrait-on s'étonner, vu la rareté des inscriptions grecques en Bretagne, qu'un officier de l'armée romaine,même d'origine hellénique,ait choisi la langue grecque pour une dédicace aux dieux du prétoire . Ce choix au contraire s 'expliquerait très naturellement si l' on
avait davantage d 'éléments pour pouvoir adopter l' interprétation d'Ogilvie 3 pour la seconde inscription . Car cette dédicace à Océan et Téthys pourrait être un rappel conscient des autels élevés par Alexandre, parvenu au point extrême de son expédition , dans les îles du delta de l'Indus. Dans ce cas cette référence historique et symbolique serait évidemment le fait d 'un homme de culture ; elle rejoindrait tout à fait l'esprit de la biographie d 'Agricola , où Tacite présente l'action de son beau -père comme une œuvre de civilisation autant que de conquête ;
elle résonnerait enfin comme un troublant écho à la présentation de Démétrios dans le De defectu, où son aventure prend de même une dimension symbolique. En un mot, les dédicaces, plates ou légèrement incongrues de la part d'un quelconque officier romain , se
DÉMÉTRIOS LACON
637
mettraient à être intelligentes si Démétrios de Tarse en était l'auteur. C 'est une constatation qui n ' autorise malheureusementpas à trancher en faveur de la seconde hypothèse : il faut donc
bien conclure que rien ne confirme ni n 'infirme cette identification .
Auteur ou non des dédicaces d ’York , Démétrios de Tarse était un vivant symbole, et c'est bien dans cet esprit que le salue Plutarque, qui ne pouvait porter un mince intérêt à la présence active, dans les régions nouvellement
reconnues et conquises par Rome, d 'un représentant de la culture grecque : tel l'aigle de Zeus parti des extrémités de la terre et venu se poser auprès de
l'omphalos, Démétrios revient des confins du monde connu et, avant de regagner sa patrie , s'arrête un moment au « centre de l'univers » , qui est aussi le foyer de la civilisation grecque. Ce Cilicien qui, dans le cadre d'une mission officielle romaine, a participé à l'exploration des îles bretonnes et y a apporté la
langue et la culture grecques est à la fois le dépositaire de la tradition hellénique et l'annonciateur du monde nouveau : avec lui toute une civilisation , qui a désormais trouvé dans l'ordre romain son meilleur agent de diffusion , affirme sa
présence « aux extrémités de la terre » .
Cf. B . Puech, « Prosopographie des amis de Plutarque » , ANRW II 33, 6 , 1992, p . 4844-4845. BERNADETTE PUECH .
58 DÉMÉTRIOS DE TRÉZÈNE RE 106 Son Kard OODLOTĀV est cité par Diogène Laërce VIII 74. Il évoquait la mort
d 'Empédocle en pastichant Od . XI 278 (DK 31 A 1; FHG IV 383) . Il est peu
probable que le caractère général de l'ouvrage ait relevé de l'histoire de la philosophie . Démétrios est également cité par Athénée, Deipnosophistes I, 29 a (sur le titre des Thesmophoriazousai d 'Aristophane) et IV , 139c (sur un surnom
de Didyme le grammairien ). RICHARD GOULET.
MII
59 DÉMÉTRIOS DE THYATIRE
Académicien , disciple de Carnéade (2C 42), mentionné dans l' Ind. Acad .
Herc. de Philodème, col.24,2 (= Carnéade , T 3b 16 Mette ). TIZIANO DORANDI.
60 DÉMÉTRIOS LACON (ou le Laconien ) RE 89+ Suppl. III:89
ca 150 -75
Philosophe épicurien ,contemporain de Zénon de Sidon. Cf. 1 H . von Arnim , art. « Demetrios» 89 , RE V 2 , 1901, col. 2842 ; 2 W . Crönert, Kolotes und Menedemos, p. 100 -125 ; 3 W . Kroll, art. « Deme
trios» 89, RESuppl. III, 1918, col. 330 ; 4 V . De Falco , L'epicureo Demetrio Lacone, Napoli 1923 (Garland reprint 1987) ; 5 A . Angeli et T . Dorandi, « Il
pensiero matematico di Demetrio Lacone», CronErc 17, 1987, p. 89-103; 6 E . Puglia (édit.), Demetrio Lacone. Aporie testuali ed esegetiche in Epicuro
(PHerc. 1012), Napoli 1988, précédé d'un recueil des témoignages sur Démé trios Lacon rassemblé par M .Gigante ; 7 C . Romeo ( édit.), Demetrio Lacone. La poesia (PHerc. 188 e 1014 ), Napoli 1988.
638
DÉMÉTRIOS LACON Bibliographies détaillées. 8 Catalogo dei Papiri Ercolanesi, sotto la
direzione di M . Gigante , Napoli 1979 ; 9 E . Puglia et C . Romeo , « Demetrio
Lacone » , dans Syzetesis. Studi M . Gigante, Napoli 1983, t. II, p . 529-549. Biographie . Les informations biographiques sont rares. D . L . X 25 -26 ( T 9 Gigante )mentionne Démétrios Lacon parmiles épicuriens illustres (ÉMóyvuol), Strabon XIV 20 ( T 2 ) le présente comme un élève de Protarque de Bargylia ,
tandis que Sextus Empiricus (Pyrrh . Hypoth . III 137 = T 6 , Adv. Math . VIII 348 353 = T 7, et X 219 = T 8 ) compte Démétrios parmi les auteurs qu 'il combattait (cf. 10 M . Gigante , Scetticismo e Epicureismo. Per l'avviamento diun discorso storiografico, Napoli 1981, p . 164 - 169). Il n 'est pas sûr que le rhéteur Démé trios, cité par Philodème (Ind. Stoic . Herc., 52, 6 sq.) comme adversaire du
stoïcien Dionysius de Cyrène (- D 180), soit le Laconien (cf. Puglia 6 , p . 38 n . 6 ). La chronologie qui mérite le plus de considération est celle qui fait de Démétrios un contemporain de Zénon de Sidon ( 150-75), ce que confirmentdes témoignages internes dans son æuvre (PHerc . 1012 et 1013) et externes dans le
De signis de Philodème. Que la date de sa mort doive être ramenée vers 75 plutôt que vers 90 , comme le voulait Crönert 2 , p . 123 , a été rappelé par 11 H . Dahlmann , « Bemerkungen zu den Resten der Briefe Varros », MH 7 , 1950 , p . 206 -208 (cf. Puglia 6 , p . 37 -41, Romeo 7 , p . 26 -28, et 12 T . Dorandi,
Cronologia , p . 51-52). S' il est exclu que Démétrios ait été scholarque du Jardin tout de suite après
Apollodore ( - A 243] (cf. Puglia 6 , p . 45 sq., et Romeo 7 , p . 28), il ressort en revanche de la conclusion de ses deux ouvrages (PHerc. 1013, col. XXII
Romeo , et PHerc . 1055, col.XXIV Renna), qu'il donnait des cours, entre autres,
à Milet (Puglia 6 , p . 41-43). On a également démontré qu'il était faux d'interpréter l'intérêt porté par Démétrios à la poétique, à la rhétorique et aux mathématiques, comme des manifestations de sa dissidence intellectuelle par rapport à l'orthodoxie épicu
rienne (cf. Romeo 7, p . 29 sq.). La présence, dans les cuvres du Laconien , de dédicaces à des personnages
romains, Néron (PHerc. 1014 , col. LXVI 12) et Quintus (PHerc. 1055, col. XXIV 9) , n 'est pas la preuve suffisante d' un séjour éventuel en Italie
(Crönert 2 , p . 124, et Dahlmann 11, p . 206 -208): les rapports avec Néron et Quintus peuvent s 'expliquer par des contacts survenus pendant que Démétrios vivait en Asie mineure, à Milet, ou à Athènes (cf. Puglia 6, p . 47, et Romeo 7,
p . 30 -32). Titres attestés. Il revient à Crönert 2 , p. 100- 125, d'avoir distingué dans la bibliothèque d'Herculanum un ensemble de papyri qu'il faut, de manière certaine, attribuer à Démétrios Lacon. A la suite de Romeo 7 , p . 33 -40 , je
regroupe les titres d 'après les sujets: (1 ) Ouvrage sur la physique: PHerc. 124. La subscriptio de l'ouvrage a conservé le nom de l'auteur, mais non le titre . Le contenu est obscur. De Falco
DÉMÉTRIOS LACON
639
4 , p . 57 sq., y apercevait également une allusion à la théorie épicurienne de
l' anthropomorphisme divin . (2 ) Ouvrage sur la cosmologie : PHerc. 1013. Publié par 13 C . Romeo, « Demetrio Lacone sulla grandezza del sole (PHerc. 1013) » , CronErc 9 , 1979, p . 11- 33, le livre traite du problème de la grandeur du soleil, qui était, selon Épicure, de la taille même qu 'il apparaît. Démétrios défend la thèse épicurienne
contre des adversaires stoïciens, Dionysios de Cyrène et Posidonius. Au sein de la discussion est insérée une digression sur la peur de la mort (col. XVIII). 14 J. Barnes, « The size of the sun in antiquity », ACD 25, 1989, p. 29 -41, notamment
p . 33-41, a récemmentremis en question l'idée que l'ouvrage serait dirigé contre Posidonius et que son auteur serait Démétrios Lacon. (3 ) Ouvrages de théologie . (a) L 'existence d 'un hypomnema sur les dieux se
déduit de la col.XXIV de PHerc. 1055. Le sujet devait en être le problème théologique en général. (b ) PHerc . 1055 : un écrit polémique dirigé contre des adversaires stoïciens et péripatéticiens. L 'ouvrage, dédié à un certain Quintus, discute du problème spécifique de l' anthropomorphisme divin. Cf. 15 E . Renna, « Nuove letture nel PHerc . 1055 (Libro incerto di Demetrio Lacone)» , CronErc
12 , 1982, p.43-49 ; 16 Id ., « Per la teologia epicurea in Demetrio » , CronErc 13, 1983, p . 25-28, et 17 Id., « Considerazioni sulla concezione antropomorfica degli dei nel PHerc. 1055 » , dans Atti del XVII Congresso Intern . di Papirologia ,
Napoli 1984, t. II, p. 447-451 (cf. aussi 18 Id ., « Un spunto polemico contro la teologia astrale nel PHerc. 1055 » , dans M . Capasso, G . Messeri Savorelli et R . Pintaudi (édit.), Miscellanea Papyrologica, Firenze 1990, p . 23 -25 , et 19 Id ., « Il ruolo del Noylouóç in Ippocrate et Demetrio Lacone (PHerc . 1055)» , dans
M . Capasso [édit.), Papiri letterari greci e latini, Galatina 1992, p . 161- 164). (4 ) Ouvrages de contenu éthique. (a ) PHerc. 1006. Concernant le titre, 20 W . Schmid , « Aus der Arbeit an einem ethischen Traktat des Demetrios Lacon » ,
dans Epicurea E. Bignone, Genova 1959, p . 189 n . 21, envisage une double restitution : trepi TiVwV Oučnınévtwv [T ]a [p ]à dialtav ou bien [x ]a [t ] à
dialtav. Dans les rares vestiges de l'ouvrage reviennentdes allusions à l'ndový , à l'opuntixóv et au poboç OEõv (cf. Crönert 2 , p . 112, et De Falco 4 , p .61). Cf. E . Renna, « Per l' interpretazione del PHerc . 1006 , Anuntplov nepí tivWV ountdévtwv [w ] a [ t]ą dlaltav » , dans Proceed . XVIII Intern . Congr. of Papyrology, Athènes 1988, p . 277-281. (b ) PHerc. 1786 . La subscriptio a conservé le nom de l'auteur, mais non le titre du livre . La meilleure édition est
celle de 21 E . Puglia, CronErc 10, 1980, p . 49-52. (c ) PHerc. 831. L 'attribution
à Démétrios a été établie par 22 R . Philippson , « Papyrus Herculanensis 831» , AJPh 64, 1943, p. 148-162, qui suggère comme titre Iepi MetewpLOUoŨ. L'ou vrage avait été auparavant attribué de façon erronée à Métrodore (23 A . Körte , « Metrodori Epicurei fragmenta » , JKPh Suppl. 17, 1890, p. 571-591, 594-597) ou à un auteur du premier Jardin ( 24 E . Bignone, L 'Aristotele perduto e la
formazione filosofica di Epicuro, Firenze 1936 , 2e éd ., 1973, t. I, p . 134 -139). Sur le ton d'un protreptique, Démétrios s'adresse à un jeune homme et lui présente la philosophie et la physiologie comme le moyen de combattre les
DÉMÉTRIOS LACON troubles et les excitations. Cf. 25 W . Schmid, « Die Netze des Seelenfängers. Zur Jagdmetaphorik im philosophischen Protreptikos des Demetrios Lacon (PHerc. 831) » , PP 45, 1955, p.440 -447 ; Schmid 20, p . 179 - 195 ; 26 Id .,
640
« Lexikographisches aus herkulanensischen Texten », CronErc 1, 1971, p . 58 sq.,
et Gigante 10, p. 71-73.
(5 ) ’Exempídlov, Manuel: le titre est transmis par Démétrios lui-même (PHerc. 1013, col. XVII 6 -10 ). Le sujet de l'ouvrage était probablement la physique et l'éthique ( cf. Romeo 13, p. 26 ). 27 E . Puglia , « L ' Enchiridion di
Demetrio Lacone » , CronErc 16 , 1986 , p . 45 -51, rapporte au même ouvrage la col. LII du PHerc. 1012, les citations de Sextus Empiricus ( T 6 -8 Gigante ) et la section du De signis de Philodème ( T 1) où l'opuscule serait désigné comme
Anuntplaxóv (mais voir Romeo 7 , p . 37 sq. ; J. Barnes, « Epicurean Signs» ,
OSAPh, Suppl. Vol. 1988, p .91-134 , et A .A . Long, ibid., p . 135 - 144). (6 ) Ouvrages de philologie philosophique. Il n 'est pas possible d 'attribuer,
avec De Falco 4, p. 8 , 11 - 13 , à l'activité philologique de Démétrios les citations que l'on trouve chez Érotien, Photius et chez le Scholiaste aux Theriaca de Nicandre. Seuls les témoignages d'Érotien font référence au Laconien (= T 4 - 5 Gigante ) : ils ne suffisent cependant pas à prouver l'existence d 'un ouvrage intitulé Gloses hippocratiques. Tous les autres témoignages peuvent avec plus de vraisemblance être attribués à Démétrios Chlorus (Romeo 7 , p . 38 ). L 'activité
philologique de Démétrios Lacon peut cependant être illustrée par le traité conservé dans PHerc. 1012 et édité par Puglia 6 . Démétrios discutait de certains
passages difficiles et contradictoires du texte d 'Épicure et en offrait une inter prétation , après avoir examiné la valeur des leçons transmises, les variantes et
les corrections plausibles. Il ne s'agissait ni d 'un commentaire continu ni d 'un ouvrage s'arrêtant sur un unique aspect particulier de la doctrine du maître. Pour
justifier l'usage linguistique d 'Épicure, Démétrios signalait des passages parallèles empruntés aux textes poétiques. Cf. 28 A . Roselli, « Appunti per una storia dell'uso apologetico della filologia : la nuova edizione di Demetrio Lacone (PHerc . 1012 )» , SCO 40, 1990, p . 117-138. ( 7) Ecrits surles εγκύκλια μαθήματα.
(a) Hepi tounuátwv, Sur les æuvres poétiques: en deux livres, publiés par Romeo 7. Du premier livre n 'est conservée qu 'une petite section concernant de façon particulière les présupposés nécessaires à la formulation d 'un jugement critique sur les textes poétiques. Les adversaires sont des péripatéticiens, en particulier Androménides (~ A 174 ). Dans le second livre (PHerc. 1014) ,
Démétrios entend définir la méthode épicurienne de recherche, afin de l'appli quer au domaine de la critique littéraire . Pour appuyer ses propres positions, Démétrios cite de nombreux extraits poétiques ( d'Homère, Eschyle, Euripide,
Sophron, Alcée, ainsi que de poètes lyriques ettragiques anonymes). Les adver saires sont à nouveau les péripatéticiens. On ignore si ce volume contenait la fin
de l'ouvrage entier ou bien s'il était suivi par d'autres livres.
DÉMÉTRIOS LE GÉOMÈTRE
641
(b ) A la Rhétorique de Démétrios, 29 C . Romeo, « Il PHerc. 128 » , dans Atti Conv. Intern . : Ercolano 1738/1988: 250 anni di ricerca archeologica,
Roma 1993, p . 285-287, rattache PHerc. 128, un papyrus du 11 s. av. J.- C ., jusqu' alors attribué par erreur à la Poétique de Philodème. On y lit le nom du philosophe mégarique Eubulide et une discussion sur une téxvn máyia qui
présente de remarquables analogies avec les colonnes XLVII-XLVIII du second livre de la Rhétorique de Philodème. (c ) Le traité Sur la géométrie (PHerc. 1061) était destiné à réfuter
certains théorèmes du premier livre des Éléments d 'Euclide (au moins I 3, 9 et 10), en rapport avec la doctrine épicurienne des minima (cf. Angeli-Dorandi 5 ,
p . 91-99). (d ) Les fragments nombreux, mais maigres, des Apories de Polyen
( IIoặc các Ilokoniwoo ^ AToofac: PHerc. 1083, 1258, 1929, 1642, 1647, 1822 olim 1696 ) ne peuvent être rapportés à des livres précis et distincts ; la seule donnée certaine est que PHerc. 1429 contenait le cinquième et dernier livre de l'ouvrage. Démétrios écrivit cet ouvrage pour défendre , contre le stoïcien
Dionysios de Cyrène, les critiques soulevées par Polyen dans ses Apories contre les Éléments d 'Euclide. Le point central devait concerner, dans ce cas égale ment, les rapports entre la géométrie euclidienne et la théorie épicurienne des minima. Cf. Angeli- Dorandi 5 , p. 99 -103. C 'est à Philodème et non à Démétrios Lacon que doit finalement être attribué
PHerc. 1696 . Cf. 30 M . Capasso - T. Dorandi, « PHerc. 1696 e 1822 » , CronErc
9, 1979, p. 37 -45. TIZIANO DORANDI. M III 61 DÉMÉTRIOS LE GÉOMÈTRE RE 118 Personnage présent à une célébration de l' anniversaire de Platon (td
Matávela ) chez le philosophe Longin à Athènes, d'après un fragment du premier livre de la Philologos Akroasis de Porphyre cité par Eusébe de Césarée, P . E . X 3 , 1. La présence de Porphyre parmi les convives permet de dater l'événement de l'époque de ses études auprès de Longin , c 'est -à -dire avant 263 ,
date à laquelle il est allé étudier chez Plotin à Rome (Vita Plotini 4 , 1) .
Dans sa XII°dissertation consacrée au discours des Muses sur le changement des constitutions politiques dans la République de Platon (VIII, 546 a sq.),
Proclus, in Remp. II, p . 23, 14 -22 Kroll (t. II, p . 128 Festugière ), présente le géomètre Démétrios comme un maître de Porphyre . Proclus cite l' interprétation mathématique qu 'il donnait d 'un détail du texte de la République : « Le géomètre Démétrios, maître de Porphyre, ramène toute la doctrine des Muses à la
conjonction des semblables et dit qu 'il est montré à partir des nombres que, dans la nature aussi, quand il y a mélange des dissemblables, c 'est l'inférieur qui l'emporte. Les nombres impairs enfantent en effet des nombres contraires (aux
impairs) : car le nombre issu d 'un nombre pair est un nombre pair. Or les nombres issus des deux ont ressemblance avec les nombres inférieurs: en effet
le nombre issu d 'un nombre pair et d 'un impair est un nombre pair. Ainsi donc
642
DÉMÉTRIOS LE GÉOMÈTRE
le nombre est susceptible de montrer qu'il y a motion vers l'inférieur quand se conjoignent les bons et les non bons.» (trad. Festugière). PIERRE MARAVAL et RICHARD GOULET.
62 DÉMÉTRIOS LE PLATONICIEN RE 92
DII ?
Marc -Aurèle VIII 25 (vers 176 ) évoque la disparition , déjà lointaine, de « ces
esprits pointus » ( pluets) que furent Charax, Démétrios le Platonicien , Eudaimôn et leurs semblables » . Le contexte se prête très bien à une identi
fication de ce Démétrios avec Démétrios le Cynique (- D 43). C 'est l' identi fication retenue par 1 A . S .L . Farquharson , The Meditations of the Emperor Marcus Antoninus, Oxford 1944 , t. II, p. 763. Elle est également considérée
comme probable par 2 Osvalda Andrei, A . Claudius Charax di Pergamo. Interessi antiquari e antichità cittadine nell'età degli Antonini, coll. « Opuscula
Philologa » 5 , Bologna 1984, p . 13 n . 17. Le nom est cependant très fréquent et les manuscrits deMarc - Aurèle ont Anuntploc o MaatwVLXÓC . On connaît ainsi un Démétrios que Lucien désigne comme « platonicien » (- D 42), mais il est
très peu probable que Marc -Aurèle fasse ici référence à ce philosophe, contraire ment à ce que laisse supposer 3 H . von Arnim , art. « Demetrius » 92, RE IV 2 , 1901, col. 2844 . On peut également supposer que MłatwVixóc est une faute de copiste pour KUVIXÓC,mais il reste sans doute préférable d'accepter l'existence d 'un Démétrios platonicien par ailleurs inconnu. L 'identification des deux autres
personnages est mal assurée et ne fournit donc pas de répère chronologique précis. On a pensé - ainsi 4 Chr. Habicht, « Zwei neue Inschriften aus
Pergamon »,MDAI(I) 9 - 10 , 1959- 1960, p. 109- 127 – à l'historien Charax de Pergame ( * + C 94 ) et à Eudaimôn (RE 4 ), ami d 'Hadrien . Il s'agirait alors de personnages du début du II s. de notre ère . Mais Andrei 2 , p. 13, ne considère
pas ces identifications comme certaines .
Cf. J.Glucker, Antiochus, p . 341. JOHN DILLON.
63 DÉMÉTRIOS TULLIANOS
III ?
Dans la plaine cilicienne d 'Issos, près du site d'Épiphaneia , avaient été élevées à l' écart de la ville , par les deux mêmes dédicants dont seul l'un des noms, Vettilianos, est conservé, deux statues honorifiques. Dans la dédicace, publiée par D . Feissel dans G . Dagron et D . Feissel, Inscriptions de Cilicie, Paris
1987, p . 211, nº 125 et pl. Li, les noms de l'un des personnages ont été martelés. L ' autre était un philosophe, Démétrios Tullianos. L 'éditeur, qui place à la
troisième ligne la mention du patronyme (fils d 'Hèras), remarque néanmoins que la ligne peut être incomplète à gauche et avoir porté plutôt un troisième nom . Cette solution paraîtrait préférable . Il propose [Ep]èratos ; peut-être [Niklèratos ne serait- il pas non plus à exclure . BERNADETTE PUECH .
643 DÉMOCLÈS 64 DÉMOCÉDÈS DE CROTONE RE 10 Via Médecin, fils de Calliphon de Crotone selon Hérodote et la Souda, de Bloson
selon une inscription d 'Abydos. D 'après Hérodote III 125, Démocédès aurait
laissé Crotone pour Égine, où il acquit une grande réputation comme médecin ; par la suite il passa chez les Athéniens, puis à Samos auprès de Polycrate . Les sources racontent qu 'il fut fait prisonnier par les Perses et conduit auprès de
Darius, où il aurait guéri le Roi d 'un mal de pied et l' épouse du Roi, Atossa, d 'une affection au sein. Il obtint en conséquence de retourner en Grèce. Selon Himérius, Orat. XXXIV, p . 145, 33- 37 Colonna, Démocédès aurait été disciple de Pythagore. Un apophtegme conservé par Stobée IV 50, 80 et 81, est attribué à Démo cédès par Heimsoeth et Zeller, sur la base d 'un rapprochement avec Hérodote III
134 (dans lesmanuscrits il apparaît sous le nom de Démocrite). Chez Jamblique, V . Pyth . 35, 257, p . 138, 22– 139, 6 Deubner, on lit que les pythagoriciens Démocédès, Alcimaque ( > A 89), Dinarque ( - D 25 ) et Méton s'opposerent, après la victoire sur Sybaris , à la participation de tous les citoyens aux carrières publiques et à l'assemblée. Après l' attaque conduite contre les
pythagoriciens, Démocédès s'enfuit avec les éphèbes à Platées, tandis que les citoyens promulguèrent un décret mettant à prix la tête de Démocédès ( V. Pyth.
35, 261, p . 140, 17 - 141, 2) ; celui-ci fut peu après vaincu par Théagès dans un combat en armes. Témoignages. DK 19 [9 ] ; t. I, p . 110 , 38 - 112 ,28 ; M . Timpanaro Cardini, Pitagorici. Testimonianze e frammenti, fasc . I, Firenze 1958, p . 106 -113 ; Souda A 442 ; t. II, p .42, 31 -43, 31 Adler.
Études d 'orientation. 1 R . Houdry , La vie d 'un médecin du VIe siècle a . Ch.: Démocédes de Crotone, Paris 1921; 2 Id ., « Démocédes de Crotone,
médecin du roi Darius» , Aesculape 1923, p. 16 -25 ; 3 A . Olivieri, « Democede di
Crotone» , dans Civiltà greca dell'Italia meridionale,Napoli 1931, p. 99- 105. BRUNO CENTRONE .
65 DÉMOCLÈS RE 11 Iva Élève de Théophraste, connu pour avoir plaidé en faveur des enfants de Lycurgue lors de leur procès , en 323 av. J.-C .: Ps.- Plut., Vit. X or., Lyc. 842 e :
Δημοκλέους του Θεοφράστου μαθητού υπέρ αυτών ( scil. των Λυκούργου naldwv) ånoroyoquévov . Comparer le cas de Dinarque, qui fut lui aussi élève de Théophraste et orateur (- D 25). On ne sait rien d 'autre de ce
Démoclès ; l'identification avec Démocleidès, proposée autrefois par Ruhnken , paraît gratuite.
Cf. T . Thalheim , art. « Demokles » 11, RE V 1 , 1905, col. 133; W . Sontheimer, art. « Demokles» 2, KP I, 1964, col. 1477 ; M . Cuvigny (édit.), Pseudo- Plutarque, Vies des dix orateurs, dans Plutarque, Euvresmorales XII 1, CUF, Paris 1981, p . 216 n . 6 . LAURENTPERNOT.
644
DÉMOCRATÈS
66 DÉMOCRATÈS Le « philosophe Démocratès» est mentionné dans les scholies de Perse (ad III
39, ed . O . Jahn, Leipzig 1843, p .299- 300). Pour éclairer les vers du poète qui évoque le taureau de Phalaris et l'épée menaçant le tyran Denys, le scholiaste
écrit: An maior sollicitudo Democratem philosophum torsit, quem Dionysius tyrannus opus et felicitatem mirantem inuitauit ad cenam , appositoque apparatu
omni eum magnis epulis frui iussit sed ita ut gladius ligatus seta ex laquearibus supra ceruices eius penderet... Présentée en ces termes, l'anecdote ne se distingue guère du récit quimet en scène Damoclès : même présence du tyran Denys, même festin splendide que vient gâcher l'épée suspendue au-dessus de sa tête ( cf. B . Niese, art. « Damokles », RE IV 2 , 1901, col. 2068). Elle offre même une parenté si évidente avec elle que l'on peutpenser à une confusion du scholiaste ou de la tradition manuscrite, même si l'on s'explique mal pourquoi
Damoclès est ici qualifié de philosophe. La leçon Democritum donnée par certains manuscrits (voir l'édition citée ) n 'est pas plus satisfaisante . MICHÈLE DUCOS.
67 DJÉMOCRATÈS Nom restitué par Crönert, Kolotes und Menedemos, p . 103 n . 498 dans Philodème, PHerc. 1003, 427, 18 O : Alnuoxpárnu (ou bien Alquoxpámv?). Crönert proposait en même temps de l'identifier avec l'anonyme originaire de Patara combattu par Philodèmeen PHerc. 1389 (cf. la notice « Actos de Patara » ,
» A 16 , ainsi que A . Angeli et M . Colaizzo, CronErc 9, 1979, p. 128). L 'hypo thèse paraît plus vraisemblable que d' autres suggestions de R . Philippson, art. « Philonides» 5, RE XX 1, 1941, col. 70. TIZIANO DORANDI.
68 DÉMOCRATÈS RE 12 Le manuscrit Vatican, Bibl. Apost. Vatic., Barb . Gr. 279 [auj. 333], du XVII siècle , contient un recueil de 86 sentences, écrites en ionien et dont le contenu Diogóestdointitulé caractère éthique. estdede caractère ousrecueil uno odrCe est qui, ayant d'puor du philosophe u HolstLes e), sentences Démocratès (Anuorpátouc Oloobcov yuõual XpvoaT). L ' editio princeps en
a été donnée par L . Holstenius (Lukas Holste), qui, ayant pu disposer de ce manuscrit, a publié ces sentences en même temps que d 'autres contenues dans deux recueils semblables : 1 Demophili, Democratis et Secundi veterum philo sophorum sententiae morales nunc primum editae a L . H ., Romae 1638 (p . 52 71 : Democratis philosophi aureae sententiae [texte grec et trad . latine ); p . 118 120 : Notae et emendationes... ad Democratem ). Un peu moins de deux siècles plus tard, Johann Conrad von Orelli a publié à son tour ce recueil de sentences, en s'appuyant sur le manuscrit Heidelberg, Palatinus gr. 356 , du XIVe siècle ,
(ms revenu à Heidelberg après avoir séjourné à Rome de 1623 à 1797), qui contenait également ces sentences regroupées sous le titre de ro @ ual Anuo xpátouc : 2 J .C . von Orelli, Opuscula Graecorum veterum sententiosa et mora
lia , I, Leipzig 1819. Cf. 3 E . Wellmann, art. « Demokrates» 12, RE V 1, 1903,
645 DÉMOCRATÈS col. 134. Pour la description détaillée de ces deux mss, cf. les titres n° 93 et 95
de la notice « Démocrite d’Abdère» ( D 70). Sur l'origine, la composition et l' attribution des sentences qui constituent ce corpusculum Democratis pèsent de lourdes incertitudes : en effet, 31 de ces 86 puãual se retrouvent présentes chez Stobée , qui les a placées tantôt sous le nom de “ Démocratès ”, tantôt sous celui de Démocrite . Ce sont (dans la numérotation de Diels-Kranz : cf. infra n° 6 ) les sentences DK 68, B 36 , 39, 41, 42, 44, 46 , 47, 48 , 49, 51, 52, 53a, 55, 57 , 58, 59, 60,61,62,63,64, 73, 75, 77, 78 , 81, 85, 86 , 88 , 108, 111. Il faut rappeler que l'Anthologie de Stobée nous a transmis environ 150 fragments de Démocrite . J. C . von Orelli, qui fut le premier à tenter de rassembler les fragments de Démocrite, a rangé l'ensemble du corpusculum Democratis sous le nom de Démocrite . A la suite d 'Orelli, les éditeurs successifs
de Démocrite ont enrichi de ces sentences le corpus des fragments de Démo crite . Ainsi F . W . A .Mullach : 4 Democriti Abderitae operum fragmenta collegit recensuit vertit explicuit ac de philosophi vita scriptis et placitis commentatus est F. G .A . M ., Berlin 1843 ; 5 P. Natorp , Die Ethika des Demokritos, Text und
Untersuchungen, Marburg 1893 (Fragmente : p .6 -29). C 'est également ce qu'a fait 6 H . Diels (DK 68, B 35 -B 115, t. II, p. 153- 165). C 'est sur le texte de l'édition Diels que reposent les traductions dont on dispose aujourd 'hui: en
allemand , dans 6 DK , t. II, p. 153 -165 ; en français: 7 «Maximes de Démo crate » , dans J.- P . Dumont, Les Présocratiques, p . 862-873.
Le corpus des fragments éthiques de Démocrite, qui - constitué lui-même à partir de sources disparates – n 'offre guère d 'homogénéité, ni sur le plan formel, ni le plan du contenu, s 'est donc trouvé grossi du corpusculum Democratis. Toute étude d' ensemble de la doctrine éthique de Démocrite doit tenir compte de cette source et notamment tenter d 'en apprécier, selon des critères à la fois
formels et doctrinaux, l'authenticité et la valeur : la plus récente entreprise de ce genre est celle de 8 J.F . Procopé, Democritus the moralist and his contem
poraries, Ph . D . Diss. (inédite ) King's College, Cambridge 1971, Prolegomenon, p. XX -XXIII, qui, après avoir examiné les différentes sources, les classe par ordre de valeur décroissante , du point de vue des garanties formelles d 'authenticité. Le corpusculum Democratis est placé plus bas que les citations faites par Stobée de l'Abdéritain , mais il vient avant celles de plusieurs autres anthologies (en
particulier celles du Gnomologium Byzantinum éx Tõv Anuoxpitou , ’looxpátous, 'Enixthtov (DEJ) reconstitué par Wachsmuth à partir de plusieurs ouvrages de ce type) et bien avant les données que fournit la tradition arabe représentée par Sharastani. Selon Procopé (Prolegomenon , p. XVII et n. 1),
l'Anthologie de Stobée est donc une meilleure source pour les fragments éthi ques de Démocrite que le corpusculum Democratis , mais rejeter l'ensemble des rvõual xavoat reviendrait à rejeter du même coup beaucoup de citations de
Stobée : or, F . Lortzing (cf. infra nº 11) a montré que Stobée lui-même a dû utiliser les pvõual xpuoat dans une version plus complète que celle dont nous disposons.
DÉMOCRATÈS Toutes les sentences de ce recueil de põuai sont brèves (de cinq mots à trois lignes) et de forme épigrammatique. Par leur contenu, certaines sont
646
conformes à l'idée traditionnelle que l'on peut se faire de l' éthique de Démo
crite ; mais d 'autres semblent correspondre à une inspiration éthique de type
ortées pares xpugge de ces
platonicien ou trahissentmême des influences plus tardives: elles font assuré
ment figure de pièces rapportées parmiles fragments de Démocrite . La question fondamentale que pose le recueil des xouoat yvõual est donc celle de l'origine et, partant, de l'authenticité démocritéenne de ces sentences. Sous le nom de “ Démocratès " , est- il possible d' identifier un auteur précis ? Depuis les travaux
de 9 J. F . W . Burchard , Commentatio critica de Democriti Abderitae de sensibus philosophia , Progr.Minden 1830 et 10 Id ., Fragmente d . Moral. des Demo kritos, Minden 1834, on voit dans le nom de “ Démocratès” l'effet d'un pur et
simple lapsus calami, qui aurait été commis par des copistes d 'époque médié vale : une confusion a pu se produire dans les manuscrits entre les noms de
Δημοκράτης et de Δημόκριτος. La position de Burchard est a present devenue la communis opinio : elle se retrouve chez 11 F . Lortzing, Über die ethischen Fragmente Demokrits , Progr. Berlin 1873 (v. notamment les p. 9- 11 où le corpusculum Democratis est constamment appelé “ die pseudodemokratische Sammlung ” ), comme aussi chez Diels 6 , t. II , p . 153- 154 (qui, dans une longue
note, donne notamment la bibliographie sur la question de la confusion graphi que entre Δημοκράτης et Δημόκριτος). Pratiquement, on peut estimer que se
rattachent aussi à cette position 12 H . Langerbeck ,AOEIE EMPYEMIH : Studien zu Demokrits Ethik und Erkenntnislehre , coll. « Neue philologische Unter suchungen » 10, Berlin 1935, et Procopé 8 , p . XVI (« The Democrates collection
is usually -and rightly , I think – taken for the genuine work of Democritus, albeit in a somewhat impure form » ). Cette position a toutefois été sérieusement contestée par 13 H . Laue, De Democriti fragmentis ethicis, Diss. Göttingen 1921, 132 p . Laue a fondé sa thèse
sur une solide étude formelle : il a d 'abord procédé à un examen attentif des procédés de citation utilisés par Stobée, et en particulier de la manière dont sont introduits les lemmes. Ce problème pose la question des limites formelles d 'un fragment dans le cas de citations en séries (on sait que, lorsque Stobée fait en
série deux ou plusieurs citations d'un même auteur, le nom de l'auteur cité est souvent omis, et parfois – mais pas toujours – remplacé par les mots toð aŭtoð ). Laue s'est particulièrement intéressé à la question, d 'interprétation très délicate ,
que constitue l'emploi de l'abréviation onuos (qui peut représenter le génitif Anuoxpátouç ou le nominatif Anuóxpltos), attestée 7 fois dans le ms S , le plus ancien ms de Stobée. De façon générale , plutôt que d'admettre une confu sion entre les formes Anuoxpárns et Anuóxpitos , Laue estime, inversement,
que c'est le nom obscur de Anuoxpams qui a pu être facilement corrompu en un nom bien connu , celui de Anuóxpltos (ce qui le conduit à soupçonner la possibilité d 'une restitution à “ Démocratès ” d 'un grand nombre des fragments édités dans DK , au -delà même des sentences du corpusculum Democratis : il ne
resterait alors comme fragments authentiques de Démocrite que 47 - ou au
DÉMOCRATÈS
647
mieux 49 – des fragments de DK ). Laue, p. 11, formule en ces termes son argumentfondamental: « Neque vero quisquam (nisi somnians) nomen notissimum in ignobile mutavit. Ad causam nostram ut hanc legem transferam : nemo tam facile nomen Democriti, philosophi clarissimi, in Democratis mutabit, cum nomen Democratis obscuri in Democriti facillime corrumpatur. »
Selon Laue, s'il n 'y a pas de raison d' éliminer le nom de “ Démocratès", on doit aussi restituer à cet auteur une identité ainsi que les fragments de son æuvre : on distinguera donc, parmi les fragments de DK , les œuvres de deux
auteurs différents. En usant de critères doctrinaux, on peut répartir ces fragments entre Démocrite d' Abdère (à qui reviendront tous les fragments qui, s'ils lui sont déjà formellement attribuables, sont l'expression d'une philosophie atomiste et hédoniste , et en particulier tous ceux qui se rattachent à la notion d 'eúduula ), et Démocratès, auteur plus tardif, dont les maximes brèves sont l'expression d'une éthique qu 'on peut dire , par commodité , plus “ idéaliste ”. H . Laue avait d 'abord
pensé qu'on pouvait identifier ce Démocratès avec Démocratès d'Aphidnai (RE 4 ), rhéteur et homme politique athénien du IVe s. av. J.-C ., suivant une sugges
tion déjà proposée par Holstenius; il a ensuite abandonné cette idée dans 14 Id., « Die Ethik des Demokritos » , Sokrates, Jahresbericht des Philologischen
Vereins ( Berlin ) 49, 1, 1923, p. 21-28, et 49, 2, 1924, p. 49-62. La tentative de Laue s'est heurtée aux objections de 15 R . Philippson , « Demokrits Sittensprüche» , Hermes 59, 1924, p. 369-419, qui a soumis à un examen critique détaillé toute son argumentation formelle, reprenant notamment
le problème de l'introduction des lemmes et des abréviations dans lesmanuscrits de Stobée . Philippson a renouvelé la thèse du glissement, commis par des copistes médiévaux, de la forme Anuóxpitoç vers la forme Anuoxpárns. Il a aussi montré le caractère discutable des critères doctrinaux invoqués par Laue pour sa répartition entre les fragments de Démocrite et ceux de “ Démocratès” . A cette critique fait écho Langerbeck 12 , p. 3-4. Les objections de Philippson
ont été reprises brièvement par Diels 6 ,DK t. II, p. 153-154 (note ). JEAN-MARIE FLAMAND. 69 DÉMOCRATÈS “Gnomicus ” – Témoignages arabes.
Dans les textes arabes qui ont transmis un matériel littéraire grec, on constate de fréquentes confusions, dues à la difficulté qu'il y a à transcrire en arabe les voyelles grecques, entre les noms d'auteurs grecs comme Démocrite , Démo
cratès et Damocratès. Les dits de Démocrite conservés en traduction arabe (on lira la notice de C . Baffioni sur la tradition arabe de Démocrite d 'Abdère , à paraître dans DPHA
Suppl. I) semblent remonter à la même source d 'où proviennent les sentences démocritéennes du gnomologium grec attribué à Démocratès (DK B 35- 115 ) ou
du moins à une source similaire.
La nom de Démocrite dans les gnomologia arabes apparaît sous la forme Dimuqrāļ(i)s, quirend le grec Anuoxpárns, et non Anuóxpitos (cf. 1 P . Kraus,
648
DÉMOCRATÈS
Jābir ibn Hayyān. Contribution à l'histoire des idées scientifiques dans l’Islam , coll. « Mémoires de l'Institut d'Égypte » 45 , t. II : Jābir et la science grecque, Le
Caire, Institut Français d 'Archéologie Orientale , 1942, réimpr. dans la coll. « Sciences et Philosophie Arabes (Études et Reprises)» dirigée par J. Jolivet et R . Rashed , Paris 1986 , p.43 n . 2, et l'addendum , p. 339, et à sa suite 2 M . Ullmann , Die Natur- und Geheimwissenschaften im Islam , Leiden 1972 , p. 159). Les plus anciennes attestations de cette forme du nom (D /Dimuqrāt) apparais sent dans le gnomologium de Hunayn († 873) et dans les citations faites par son contemporain , le littérateur al-Gāḥiz († 868/9): 3 'A . Badawi (édit.), Hunayn b .
Isḥāq, Adāb al-falāsifa , Kuwait 1985, p . 147, 9, reproduisant correctement la forme fournie par les mss de l' Escurial 760 , f. 58 " (= 59'), et de Munich 651, f. 156V ; 4 Ch. Pellat (édit.), Gāḥiz, at-Tarbi' wa-t-tadwir, p. 98, 5. Il ne faudrait pas pour autant supposer que la forme du nom offerte par les gnomologia a
influencé et corrompu la façon dont le nom apparaît dans d'autres contextes ; le nom de Démocrite d'Abdère , le père de l'atomisme, apparaît également sous la
forme Dimuqrāțis chez l'historien al-Yā'qūbi,un jeune contemporain de Hunayn et de Gāḥiz, qui dépendait apparemment de sources antérieures à Hunayn (voir
l' édition de 5 M . Th.Houtsma,Leiden 1883, p. 135, 10 ). De plus, les noms du Pseudo-Démocrite (6 U . Rudolph ,Die Doxographie des Pseudo- Ammonios. Ein Beitrag zur neuplatonischen Überlieferung im Islam , coll. « Abhandlungen für die Kunde des Morgenlandes » 49, 1, Stuttgart 1989, p. 41-42, 148 -152), de Démocrite , auteur pseudépigraphe de traités de caractère principalementmagique et alchimique (Bolus Democritus ? cf.Kraus 1, p . 43,61 et index) et du médecin Damocratès cité par Galien , dans son De theriaca ad Pisonem (t. XIV , p . 260 Kühn ; pour la version arabe, voir l'édition de 7 L . Richter-Bernburg, Eine arabische Version der pseudo-galenischen Schrift De theriaca ad Pisonem , diss. Göttingen 1969, p. 120 b 10, ainsi que 8 H . Daiber, « Democritus in Arabic and Syriac Tradition » , dans Proceedings of the First
International Congress on Democritus, Xanthi 1984, p. 255 n. 21 et 29), appa raissent en arabe sous la forme de Dimuqrāțis. Seul Ibn -al-Qifti, dans son dictionnaire biographique des grands érudits, distingue deux entrées pour le médecin Dimuqrāțis et Dūmuqrāțis le philosophe (cf. l'édition de 9 J. Lippert, Ta 'rih al-ḥukamā ', Leipzig 1903, p. 181- 182). Cette distinction reflète sans doute les sources différentes auxquelles Ibn -al-Qifti a puisé son information .
Dans ces sources, la transcription correcte originale des différents noms en arabe pouvait avoir été conservée,mais, à cause de leur grande similitude, ces diffé rents noms ont pu être ultérieurement uniformisés sous la forme familière, mais erronée de Dimuqrāțis dans les copiesmanuscrites qui nous sont parvenues. A cause de ce fait, dans l' état actuel de nos connaissances, il est difficile d 'établir dans les passages où le nom Dimuqrāțis apparaît en arabe à quel auteur il faut attribuer le matériel transmis, comme l'a signalé Ullmann 2, p. 159 ; le matériel transmis en arabe sous le nom de Dimugrāțis doit être étudié minutieusement.
De façon générale , on peut considérer avec une relative certitude que les sen tences aphoristiques doivent être attribuées à Démocratès, les passages
DÉMOCRITE D 'ABDÈRE
649
alchimiques au (Pseudo -) Démocrite d ’Abdère, les ouvrages sur la magie sympathique et l'agriculture à Bolos (- B 53) Démocritos et les prescriptions
médicales ou pharmaceutiques à Damocratès (cf.Ullmann 2, p. 402). DIMITRIGUTAS. 70 DÉMOCRITE D 'ABDÈRE RE 6 (+ Suppl. IV et XII)
Auteur, avec Leucippe, du système atomiste repris par Épicure.
PLAN DE LA NOTICE I. Patronyme
II. Lieu d'origine 1. Abdère 2 . Milet 3. Cos 4 . Mégare
III. Chronologie 1. Témoignages d' Aristote et d'Apollodore 2 . « Jeune au temps de la vieillesse d 'Anaxagore »
3 . Date de la prise de Troie 4 . Témoignage de Thrasylle 5 . Comparaison avec la date de naissance de Socrate Les“ âges” et les “ années " 7. Le dies natalis de l'empereur
8. “ Confusion ” du cardinal et de l'ordinal 9. La date de célébration des Délies 10. Conséquences du témoignage de Thrasylle 11. La date du décès 12. Conclusions
IV. Anecdotesbiographiques 1. Témoignages rassemblés par Diogène Laërce
2. Le “plagiat” d’Anaxagore 3. Disciples
V. Euvres 1. Le catalogue de Thrasylle
2. Le "Grand système du monde”, le “ Petit systèmedu monde" 3 . Sources secondaires 4 . Déformations dans les sources secondaires
5. Fragments éthiques VI. Style et vocabulaire
1. Jugements formulés par Denys d 'Halicarnasse et par Cicéron 2. L'ouvrage de Callimaque
3 . Controverses portant sur l'ouvrage de Callimaque 4 . Les yaõooal de Démocrite
5. L 'ouvrage d'Hégésianax
650
DÉMOCRITE D'ABDÈRE VII. Orientation bibliographique 1. Recueils des fragments, commentaires, études 2. Questions de chronologie 3. La thèse de H . Diels 4 . La thèse de J. Mansfeld
I. PATRONYME
Diogène Laërce, dans sa biographie de Démocrite (IX 34 -49 [DK 68 A 1 ]), énumère trois noms (IX 34 ) : Démocrite serait fils ou bien d'Hégésistrate ('Hynolotpatoc), ou bien (« selon d'autres ») d 'Athénocrite ('AOnvoxptoc), ou bien encore (« selon certains » ) de Damasippe (Aapuaolinos) . L 'auteur de la Souda reprend, dans l'ordre, les trois nomsmentionnés par Diogène (s.n . Anuó XpLTOS (A 447, t. II, p. 44 , 5 ed. Ada Adler, Suidae lexicon , 5 vol., Stuttgart
1928 -1938 ; DK 68 A2]).Comment expliquer cette multiplicité de noms? Théophraste, dans les fragments rassemblés par 1 H . Diels, Doxographi graeci, Berolini 1879, p . 473-495, sous l' intitulé Physicorum opiniones, fait suivre très souvent le nom d 'un “ physicien ” à la fois par son patronyme et par
une mention de son lieu d 'origine ( suivant en cela une pratique bien attestée à
l' époque; voir 2 E . Fraenkel, art. « Namenwesen » , RE XVI 2, 1935, col. 1615 1616 , A , $ 2). Ainsi en est-il pour Thalès, Anaximandre, Anaximène, Parmé nide, Anaxagore (voir fragments 1 , 2 , 4 , 6 et6a dans le recueil de Diels). Pour d 'autres auteurs , Théophraste , dans les textes rassemblés par Diels, ne précise
que le lieu d'origine. Ainsi en est-il pour Hippasos, Héraclite, Empédocle, Archélaos, Xenophane (voir fragments 1, 3, 4 et 5 Diels). Ainsi en est-il également pour les trois “ atomistes” ,Leucippe, Démocrite,Metrodore , dans un
passage du même ouvrage recopié par Simplicius (fr. 8 Diels ; Simplicius, in
Phys., p. 28 , 4 -31 ed. H .Diels, CAG IX - X , 1882-1895 (DK 67A8 ; 68A38 ; 70 A 3 ]).
La lecture des auteurs tributaires de la tradition doxographique instaurée par Théophraste permet de combler quelques-unes de ces lacunes. Hippolyte donne les patronymes d 'Archélaos et de Xénophane (Ref. 19, 1 et 14, 1 ; voir Diels 1 , p . 563 et p . 565). Épiphane donne, en plus, les patronymes d 'Empédocle et d'Héraclite (Épiphane, De fide ( supplément à son traité Panarion ou Adversus
haereses] IX 9 , 13, 23 et 24 ; voir Diels 1, p . 589-591 (III 5, 9 , 19 et 20 ]). Et ces deux auteurs citentpour patronyme de Démocrite le nom de Damasippe (Hippo lyte , Ref. I 13, 1 ſt. III, p . 16 , 25 ed. P . Wendland, GCS 26 , 1916 ; Diels 1 , p . 565, 5 ; cf. DK 68 A 40 ]; Épiphane, De fide IX 18 [t. III , p. 506 , 9 -10 ed .
K . Holl,GCS 37, 1933 ; Diels 1, p. 590, 30 -31 = III 14 ; cf. DK 68 A 166 ]). Même phénomène dans le recueil de textes publié par Diels 1 , p . 267- 444 , sous le nom d 'Aétius. Nous retrouvons, dans ces textes, les patronymes
d' Archélaos (Aétius I 3, 6 (Diels 1, p. 280 ]) et d'Empédocle (Aétius I 3, 20 [Diels 1 , p . 286 -287]). Stobée , l'un des témoins principaux de l'épitomé
d 'Aétius, tel qu'il est reconstitué par Diels, ajoute le patronyme deMétrodore (Ecl. I 10 , 14 = Aétius I 3 , 17 (Diels 1, p. 285]). Et Théodoret, puisant, selon
DÉMOCRITE D 'ABDÈRE 651 Diels , à la même source (Graec. affect. cur. IV 9 (p. 205 , 11- 13 ed . P . Canivet,
SC 57, 1958 ; Diels 1 , p . 285 ; cf. DK 68 A 3 ]), donne, comme patronyme de Démocrite, le nom de Damasippe. Enfin Élien (Var. hist. IV 20 [p .72, 1-13 ed. M .R . Dilts, coll.BT 1974 ; DK 68 A 16 ]), racontant une anecdote sur l'héritage que Démocrite aurait reçu de
son père (cf. D . L . IX 35 [DK 68 A 1]), mentionne, lui aussi, le nom de
Damasippe. Ce patronyme (Damasippe) bénéficie donc d 'une tradition doxographique indépendante de l'ouvrage de Théophraste tel que l'a transcrit Simplicius (in Phys., p. 28 , 4-31 Diels ; voir ci-dessus).La valeur de cette tradition reste pour tant à déterminer. Théophraste a-t- il négligé de recopier certains éléments dans les documents dont il disposait ? Ou bien des auteurs postérieurs avaient-ils
accès à des documents que Théophraste,lui, ignorait ? Ou bien encore, troisième hypothèse, Théophraste a-t- il mentionné le patronyme de Démocrite , soit dans
un ouvrage différent de celui qui est cité par Simplicius, soit dans un passage différent du même ouvrage ? Même à supposer que l'on puisse résoudre ce problème, encore faudra -t-il expliquer l'adjonction, au nom de Damasippe, des deux autres patronymesmen
tionnés par Diogène. Chez quel(s) auteur(s) Diogène a-t-il puisé ces variantes ? Et qu' en est-il de l'auteur de la Souda ? Adler croit reconnaître dans cette notice (s.n. Anuóxpltos (A 447, t. II, p. 44, 5- 17 Adler]) un extrait de l'Ono matologos d'Hésychius de Milet (vie siècle après J.-C .; voir 3 H . Schulz , art. « Hesychius» 10 , RE VIII 2, 1913, col. 1322- 1327), cité par l'auteur de la Souda
plus loin dans son ouvrage (s.n. 'Hoúylos (H 661, t. II, p. 594, 16 -17 Adler ]). Hesychius est-il ici tributaire de Diogène, ou bien a-t- il bénéficié d'informations
indépendantes de son illustre prédécesseur ? Autant de questions auxquelles on ne saurait répondre qu 'à la suite d'un examen approfondi des documents . Examen quidépasserait de loin les bornes de
cette Notice, et qui pourrait très bien se révéler ( sans l'apport de textes nou veaux) infructueux. J' écris bien (quatrième alinéa ci-dessus) que le patronyme « Damasippe » ne se trouve pas dans l'ouvrage de Théophraste « tel que l'a transcrit Simplicius» . En général, Simplicius recopie fidèlement les textes de ses prédécesseurs. Mais les passages tirés de l'ouvrage de
Théophraste ne sont présentés qu'exceptionnellement sous formede citations (voir in Phys., p . 26 , 7 -8 Diels ; cf. in Phys. , p . 22, 28 -29 ; p. 23, 30 -31 ; p . 25, 6 -7 ; p . 27, 11- 12 Diels). Qui plus est, dans les quelques citations proprement dites (indiquées dans l'édition de H . Diels par des lettres espacées), Simplicius prend la liberté d ' intercaler paraphrases, incises, commen
taires. Dans de telles circonstances, nous ne pouvonsmanifestement pas exclure la possibilité qu'en tel ou tel endroit Simplicius ait laissé de côté un détail dont l' importance a dû lui sembler minime. Il est donc possible (mais à mon avis peu probable ) que, dans le passage en question (in Phys., p . 28, 4 -31 Diels), Simplicius ait négligé de recopier, d'après son exemplaire de l'ouvrage de Théophraste , les patronymes de Leucippe, de Démocrite et de Métrodore.
652
DÉMOCRITE D 'ABDÈRE II. LIEU D 'ORIGINE
1. ABDÈRE
Démocrite est dit « abdéritain » par Aristote en plusieurs endroits (De caelo III 4, 303a4 ;Meteor. II 7, 365 a 18-19 ; Parva nat. (De resp. ] 2 , 470b28 ; De gen . anim . II 6 , 742 b 20 ; IV 1, 764 a 6 -7), ainsi que par Théophraste dans un fragment de l'ouvrage déjà mentionné (Théophraste , Phys. op. fr. 8, ap.
Simplicius, in Phys., p. 28 , 15 - 16 Diels [Diels 1, p.484 , 2 ; DK 68 A 38]). Le même lieu d 'origine est attesté par de nombreux auteurs plus tardifs : Élien ,
Diogène Laërce, Censorinus, Cyrille d'Alexandrie , Théodoret, l'auteur de la Souda, le pseudo-Plutarque, auteur des Stromates... (voir DK 68 A 1, 2 , 3 , 4, 6 , 10 , 10 a, 16 , 39). Abdère, ville de Thrace, fut fondée par des exilés de Téos en 543 avant J.-C ., une fonda tion antérieure par Timésios de Clazomènes ayant échoué ; voir Hérodote, I 168 . A l' époque
où naquit Démocrite (470 ou 460 avant J.-C ., voir III), la ville était devenue très prospère. En témoigne le montant de ses contributions à la Ligue de Délos : à partir de 454 , le tribut annuel est de 15 talents ou de 10 talents, sommes bien au -dessus de la moyenne. Voir 4 Corpus inscriptionum atticarum , vol. I ( = Inscriptiones graecae, vol. I), Berolini 1873, p . 226 - 234
(= Index II: Tributorum laterculus ; pour les Abdéritains, voir p . 229). Le texte des inscrip tions se trouve aux p . 94 - 143 du même ouvrage ; voir aussi « editio minor » , Berolini 1924 ,
p . 79- 110 . Cf. 5 G . Hirschfeld, art. « Abdera » 1 , REI 1, 1894 , col. 22-23. Pour de plus amples
renseignements, voir 6 B . D .Meritt, H . T .Wade-Gery, M . F .McGregor, The Athenian tribute lists, 4 vol., Cambridge (Massachusetts) / Princeton (New Jersey), 1939 -1953 ; voir surtout
vol. I, p. 216 -217; vol. II,p. 84 ; vol. III,p. 20 , 45, 270, 311-312 , 325. 2.MILET
Des auteurs anonymes, cités par Diogène Laërce, font exception à ce consensus : Démocrite serait pour « quelques-uns» (« Ç ÉVLOL...) citoyen , non pas d 'Abdère,mais de Milet (D . L . IX 34 [DK 68 A 1]). Il est pourtant fort peu probable qu ’Aristote et Théophraste se soient, tous deux , trompés sur ce point. Selon toute probabilité, la mention de Milet est une fiction savante, destinée soit
à rapprocher Démocrite des premiers “ Milésiens” ( Thalès, Anaximandre , Anaximène ), soit à le faire concitoyen de Leucippe, dont il était, selon Théo
phraste (Phys. op. fr. 8 , ap. Simplicius, in Phys., p.28, 15 Diels (Diels 1, p .484, 1 ;DK 68 A 38]), le « compagnon » (Étalpos). Il est vrai que Leucippe est dit non seulement « milésien » (Théophraste, Phys. op. fr. 8 (DK 67 A 8]; M Aétius D I 3, 15 [DK 67 A 12 ]; D . L . IX 30 (DK
ian . ielsle 1Mħaloc en Mianolog ,p. 67 A 1), si l'on corrige en des manuscrits; Épiphane, De
fide IX 17 [t. III, p. 506 , 5 Holl; Diels 1, p. 590, 26 = III 13 ; DK 67 A 33 ]),mais aussi (úc DÉ TIVES...) « abdéritain » (D . L . IX 3030 [DK (DK 67 A 1]). Il est toutefois fort possible que la provenance « abdéritaine » de Leucippe et la provenance « milésienne» de Démocrite relèvent d 'un même phénomène. Pour les auteurs
anonymes cités par Diogène dans sa biographie de Démocrite (úç ŠvLOL..., IX 34), ce dernier, « compagnon » de Leucippe, en serait aussi le concitoyen, donc « milésien » . De façon à la fois inverse et parallèle, pour les auteurs cités dans le
DÉMOCRITE D 'ABDÈRE
653
chapitre précédent (ÓÇ OÉ TIVEÇ..., D . L . IX 30), Leucippe serait concitoyen de son « compagnon » Démocrite, donc « abdéritain » . Théophraste, Diogène et Épiphane, dans les passages déjà mentionnés ( Théo
phraste, Phys. op. fr. 8 ; D . L. IX 30 ; Épiphane, De fide IX 17 ), font état aussi d'un Leucippe « éléate ». Théophraste refuse de prendre position (à la rubrique
AEÚXLTITOG OÈ Ó 'Eneamng ñ Mianolos, il ajoute simplement: dupotépws yòp RéYetal Tepi aủTOū ). Si Théophraste ne pouvait trancher, nous ne le pouvons
pas non plus. Il semble pourtant assez probable que la mention d 'Élée ne soit
rien d' autre qu'une conclusion tirée, abusivement, de la filiation éléatique de la doctrine atomiste proposée par Aristote , De gen. et corr. I 8 , 324b35 - 325 b 11 (cf.DK 67 A 7 ). S'il en est ainsi, la provenance milésienne de Démocrite et la provenance abdéritaine ou éléatique de Leucippe seraient le fruit d 'une déduction savante .
En réalité , Démocrite était citoyen d 'Abdère, Leucippe, peut-être, citoyen de Milet. 3 . COS
Les erreurs signalées jusqu 'ici ne sont pas les seules. Dans son Histoire
ecclésiastique , Sozomène parle d'un philosophe Démocrite, originaire de Cos, qui aurait visité de nombreuses villes, en s' enquérant sur les climats, les régions, les peuples (Hist. eccl. II 24 , 4 (p. 82, 22-25 ed . J. Bidez, G . C . Hansen , GCS 50 , 1960 ]). Il aurait ainsi passé 80 ans à l'étranger. Et Sozomène d 'ajouter (p. 82,
24 -25 Bidez): « Ainsi dit-il, quelque part, sur lui-même» (ajtós nou tepi EAUTOŨ onolv ). Cette formule est empruntée à Clément (Strom . I 69, 5 [t. II, p. 43, 17 ed . O . Stählin , L . Früchtel, U . Treu , 4e éd., GCS63, 1985 ; voir DK
68 B 299] : vaiuniv xalnepiautoū [...] onoi trov), qui cite textuellement (t. II, p .43, 18 -44, 3 Stählin ), sous le nom de Démocrite ,mais d'un ouvrage peut-être
apocryphe,le passage quedevait résumer Sozomène. En citant ce passage, Clément ne souffle mot de Cos. Cet ajout est selon toute probabilité le fait de Sozomène, qui aurait ainsi confondu Démocrite et Hippo crate . Non seulement ces deux savants sont souvent rapprochés dans les sources (voir ci-après IV . 1 ; voir aussi, par exemple, la Vie d 'Hippocrate, conservée dans les manuscrits sous le nom de Soranus (ed. J. Ilberg, CMG IV , Lipsiae/
Berolini 1927, p . 173-178 ]) ; bien plus, les propos résumés par Sozomène font indubitablement penser au traité d'Hippocrate Sur les airs, les eaux, les lieux (ed. É . Littré, Euvres complètes d'Hippocrate, t. II, Paris 1840 , p . 12 -93), où l'auteur parle précisément des villes de l'Europe, de l'Asie , de l' Égypte , ainsi
que de l'influence qu'exerce sur les habitants de ces villes la diversité des climats et des régions. On croira volontiers que Sozomène, lisant le passage rapporté par Clément et se souvenant de ce traité , prête à Démocrite l'épithète
(KQoc) qui revenait en propre à Hippocrate . Le texte recopié par Sozomène est repris aussi par Eusèbe, Praep . evang. X 4 , 23-24 (t. I, p . 572 , 1 - 9 ed . K . Mras, GCS 43, 1 - 2 , 1954 -1956 = Eusebius Werke, Band VIII, Teile 1 - 2 ).
Puisque Clément n 'est cité nulle part ailleurs par Sozomène (voir l'index de Hansen ), on se
demande : Sozomène n 'est-il pas ici tributaire de Clément par l'intermédiaire d 'Eusébe ?Une
DÉMOCRITE D 'ABDÈRE telle hypothèse ne ferait pourtant que remplacer un mystère par un autre : si, en effet, Sozo
654
mène s' inspire fréquemment de la Vie de Constantin et de l'Histoire ecclésiastique d ' Eusébe (voir 7 G . Schoo, Die Quellen des Kirchenhistorikers Sozomenos, coll. « Neue Studien zur Geschichte der Theologie und der Kirche» 11, Berlin 1911, p . 32- 36 ), il ne fait aucune allu
sion à la Préparation évangélique du mêmeauteur. Sozomène n 'est pas seul à penser à Hippocrate en parlantde Démocrite. Le même phéno mène (à moins que ce ne soit l' inverse, et que l'on pense à Démocrite en parlant d 'Hippo crate) se laisse percevoir si nous mettons en parallèle les documents concernant l'âge de ces deux personnages au moment de leurmort. Hippocrate est décédé « à l'époque où l'on dit que Démocrite , lui aussi, estmort» (Vita Hippocratis secundum Soranum XI (p . 177, 4 -7 Ilberg ]) ;
au moment de son décès, il aurait atteint l'âge de 85 , de 90, de 104 ou de 109 ans ( suivant les divers témoignages rapportés par l'auteur de la Vie). De ces quatre possibilités, trois se retrou vent dans les testimonia portant sur la mort de Démocrite (voir ci -après III . 11) : Démocrite
seraitmort à l'âge de 90, de 100, de 104 ou de 109 ans.
4.MÉGARE
Dans sa Xesatire, Juvénal fait allusion à Démocrite pourmontrer à quel point des hommes illustres peuvent avoir pour « patrie » des endroits dont l' air
« épais » serait peu propice à la naissance d'esprits cultivés (Sat. X 48-50 : « ... cuius prudentia monstrat I summos posse uiros etmagna exempla daturos ! ueruecum in patria crassoque sub aere nasci» ). Un scholiaste anonyme, com mentant dans ce texte l'expression ueruecum in patria (littéralement : « la patrie
des moutons»), allègue comme « patrie » de Démocrite les deux possibilités: Abdère et Mégare . Voir 8 O . Jahn, D . Iunii luvenalis Saturarum libri V cum scholiis veteribus, recensuit et emendavit 0 . I., Berolini 1851, p . 317 : « apud Abderam (Apterim codices ; Abderam correxit K . S . Schurzfleisch, Spicilegium animadversionum in D . Iunii luvenalis Satyras XVI... cura
H . L. Schurzfleischii, Vinariae (Weimar) 1717, p. 131), uelMegarim (codex “ Pithæanus” , i.e. codex Montepessulanus bibliothecae medicae 125 , saec. IX ; om . codex Sangallensis 870 ,
saec . IX ), quae fuit patria Democriti. » Cf. 9 P. Wessner, Scholia in luvenalem vetustiora collegitrecensuit illustravit P . W ., coll. BT 1931, p. 165, 14 .
Lamention de Mégare laisse ici, de prime abord , perplexe. On aura du mal à croire que, dans un tel contexte , il soit question d'un Démocrite de Mégare,
vainqueur aux Jeux Olympiques en 172 avant J.-C . Démocrite de Mégare (Ol. 152) : voir 10 A . Schoene (édit.), Eusebii Chronicorum liber prior, Berolini 1875, col. 210 , 21. Cf. 11 L . Moretti, « Olympionikai, i vincitori negli antichi
agoni olimpici » ,MAL 8, 1959, p. 144 (n°614); 12 J. Kirchner, art. « Demokritos » 3, REV 1, 1905, col. 135 .
Cherchons plutôt une erreur d'origine livresque. Se peut-il que le scholiaste (ou l'un de ses copistes : voir la divergence dans lesmanuscrits cités ci-dessus) ait eu présent à l'esprit ce vers d'Horace où l'air « épais » de la Béotie produit,
lui aussi, des esprits hébétés (Epist. II 1, 244 : « Bæotum in crasso jurares aëre natum » ) et qu 'il ait considéré la ville “ philosophique " de Mégare comme étant suffisamment proche de la Béotie pour qu 'elle soit soumise au même climat ? L 'air « épais » de la Béotie (dans l'épître d'Horace) se substituant ainsi à l'air « épais » de la Thrace (dans la satire de Juvénal), Démocrite devient citoyen soit
d'Abdère, soit de Mégare.
DÉMOCRITE D 'ABDÈRE
655
III. CHRONOLOGIE
Les documents relatifs à la chronologie de Démocrite sont complexes et parfois contradictoires. Deux dates se dégagent avec un peu plus de crédibilité que d'autres : 470 /69 (naissance), 380/79 (mort). 1. TÉMOIGNAGES D 'ARISTOTE ET D 'APOLLODORE
Aristote, passant en revue les opinions de ses prédécesseurs sur l'explication des tremblements de terre, affirme qu 'Anaximène était « antérieur» à Anaxa gore , alors que Démocrite lui était « postérieur» (Meteor. II 7, 365 a 17- 19 [DK 68 A 7 ]). Les termes ici employes ( πρότερος, ύστερος) peuvent certes revetir un sens non pas
chronologique (« antérieur» , « postérieur» ),mais “ évaluatif” (« supérieur» , « inférieur» , voir L .S .J., s. v ., A , II et III). Mais puisqu'Aristote déclare , dans le mêmepassage, que la théorie
d 'Anaxagore est « formulée de façon trop simpliste » pour que l'on se donne la peine de la réfuter (365 a 25 -26 : ...uç alav ånç elpnuévnu) et qu'elle se fonde sur une conception « naïve » du mouvement des éléments ( 365 a 29 : EŰndes), il est fort peu probable que la théorie de Démocrite soit ici désignée comme « inférieure » à celle d ' Anaxagore. Retenons
donc le sens le plus obvie de ce texte : Anaximène est « antérieur» à Anaxagore, Démocrite est « postérieur ».
Diogène Laërce, au commencement de sa Vie de Démocrite (IX 34 [DK 68 A 1]), citant sans doute , comme il en a l'habitude, Apollodore d' Athènes
(» A 244), mais sans le nommer, assigne une valeur précise à cette “ postério rité ” : Démocrite était de 40 ans plus jeune qu ’Anaxagore . Puisque le même Diogène, dans sa Vie d'Anaxagore (II 7 [DK 59 A 1]), citant maintenant expressément Apollodore, situe la naissance d' Anaxagore en Ol. 70 (500-497 ; d'après R . Goulet, dans une étude encore inédite, Apollodore dési gnerait de la sorte , par une convention tacite que l'on peut dégager de la pratique
de plusieurs historiens, la première année de l'olympiade, donc 500/499) et qu 'une source anonyme (Néyeral OÉ..., D .L . loc. cit.) lui donne 20 ans « lors de l'entrée de Xerxès (scil. en Grèce)» (480 ), le calcul est simple : Démocrite (de 40 ans plus jeune qu 'Anaxagore) est né en 460 . Et cette date est attribuée
expressément à Apollodore par Diogène plus loin dans sa Vie de Démocrite (IX 41 (DK 68 A 1]): Démocrite serait né en Ol. 80 (460-457; ici encore, d'après
R . Goulet, Apollodore désignerait ainsi la première année de l'olympiade, donc 460/59). Diogène Laërce fait état d 'un troisième auteur dans les lignes qu'il consacre à la date de naissance d 'Anaxagore (II 7) : Démétrios de Phalère ( D 54 ), gouverneur d 'Athènes de 317 à
307 avant J.-C . et auteur d'un Registre des archontes où il était question des Sept Sages et de Thalès (voir 13 E . Martini, art. « Demetrius» 85 , RE IV 2 , 1901, col. 2817 -2841). Selon Démétrios, tel qu 'il est cité dans les manuscrits de Diogène, Anaxagore entama ses études philosophiques (OpEato blOOODETV...) à l'âge de 20 ans « sous < l'archontat de > Callias » . La date ainsi visée sera celle même qui est attestée par Apollodore (ap . D . L . II 7 ) et par une
source anonyme (ap. D . L . ibid .: NéyetaL DÉ...) pour peu que l'on admette l'identité de
Callias (D . L . II 7 ) et de Calliadès (D . L . II 45), ce dernier archonte en Ol. 75, 1 (480/79 : voir
Diodore de Sicile XI 1, 2 ;Marmor Parium , FGrHist 239 A 51). 14 F . Jacoby, Apollodors Chronik, eine Sammlung der Fragmente , coll. « Philologische Untersuchungen » 16 , Berlin 1902, p . 244 n. 1, plaide en faveur de cette identité, mais semble
DÉMOCRITE D 'ABDÈRE
656
ne plus souscrire à la même thèse trente ans plus tard : 15 id., commentaire sur FGrHist (1930) 228 F2 (Démétrios de Phalère ) ; cf. commentaire sur FGrHist 244 F 31 (Apollodore).
Si l'on en croit 16 H . Diels, « Chronologische Untersuchungen über Apollodors Chro nika » , RHM n. F. 31, 1876 , p. 1-54 , surtout p. 28 -29 et p . 36 -37, Apollodore est tributaire de Démétrios pour la date de naissance d 'Anaxagore (voir ci-après III . 10, sub finem ). Le témoi gnage d'Apollodore reste pourtant indispensable , même à supposer que l'autorité de Démé trios soit la seule dont nous bénéficions réellement. L 'olympiade retenue par Apollodore pour la naissance d'Anaxagore (Ol. 70 , donc 500 -497 ) permet en effet d ' inférer que l'archontat mentionné par Démétrios est bien celui de Calliadès (480 / 79) , et non pas celui de Callias (456 / 5 ).
La date de naissance assignée à Démocrite par Apollodore (460-457, ap. D .L . IX 41 [DK 68 A 1]) laisse toutefois quelque peu incrédule: une différence d'âge de « 40 ans» a tout l'air d'être un chiffre arrondi, destiné à fixer la naissance de Démocrite au moment de l'acmé d 'Anaxagore . Pour Apollodore , 40 ans sépa rent en effet Parménide (D .L . IX 23 : acmé en Ol. 69 [504-501]) de Zénon (D . L . IX 29 : acmé en Ol. 79 (464 -461]), alors qu 'en réalité , si l'on fait confiance à Platon (Parm . 127 A -B ), la différence d 'âge était plutôt d 'environ 25 ans. La
date de naissance de Démocrite que Diogène attribue à Apollodore (D .L . IX 41 [DK 68 A 1]) a pu n 'avoir pour fondement qu 'une estimation similaire : puis
qu'Anaxagore est né en 500, Démocrite est né 40 ans plus tard,en 460. Apollodore n 'est pas expressément nommé dans les textes mentionnés ci-dessus, tirés des Vies de Parménide (D . L . IX 23) et de Zénon d' Élée (D . L . IX 29), mais il est fort probable
que Diogène soit tributaire de la Chronique d'Apollodore, dans ces deux textes comme très souvent ailleurs dans ses Vies des philosophes. (Ainsi Diels 16 , p . 33- 36 ; F . Jacoby, FGrHist 244 F 341 [Parménide ) et F 30b [Zénon ).)
Pour la méthode de datation adoptée par Apollodore, voir Jacoby 14 , p . 47-48. Ces pages contiennent pourtant plus d 'une erreur. ( 1 ) Quarante ans séparent la naissance de Phérécyde, non point de la naissance de Thalès, mais de son acmé (voir D . L . I 37 (naissance de Thalès en
01. 39, 1 = 624 /3] ; I 121 (naissance de Phérécyde en Ol. 59 = 544-541) ; cf. Jacoby, p. 175- 183 et p . 210 -215). (2 ) La publication par Démocrite du Petit système du monde à l'âge de 40 ans
n 'est pas attestée par Apollodore dans les documents dont nous disposons (il s'agit d'une simple conjecture de Jacoby, p . 291, commentant un texte de Diodore ; voir ci-après III. 11) .
( 3) Enfin , qu 'Anaxagore ait eu 20 ans (la “ moitié " d 'un acmé) quand il entama ses études
philosophiques n ' est pas une simple supputation d'Apollodore ; ce détail est attesté par un historien bien antérieur, Démétrios de Phalère (ap. D . L . II 7, mentionné ci-dessus). - Quan
doquebonusdormitat Homerus. La Chronique d 'Apollodore fait l'objet d'une étude plus récente: 17 A . A .Mosshammer , The “ Chronicle " of Eusebius and Greek chronographic tradition, Lewisburg/London 1979. Lire surtout chap. 3, p. 113-127 : « Excursus: the chronologicalmethod of Apollodorus» .
2.« JEUNE AU TEMPS DE LA VIEILLESSE D 'ANAXAGORE »
Passonsdonc à d' autres témoignages. Si l'on en croit Diogène Laërce (IX 41 [DK 68 A 1 ]), l’écrit de Démocrite intitulé Petit système du monde (Mixpos
diáxoguos, voir ci-après V) comportait deux précisions chronologiques, l'une concernant l'âge de son auteur, l'autre fixant la date de composition du traité .
Selon Diogène, Démocrite lui-même affirme ( ç aútóc onoiv...) avoir été « jeune au temps de la vieillesse d'Anaxagore » (VÉOÇ xatá tpeoßúrny
'Avacayópav). Et, toujours selon Diogène, il affirme aussi (de nouveau onol...)
avoir rédigé son écrit 730 ans après la prise de Troie. Quelle conclusion peut-on tirer de ces deux informations ?
DÉMOCRITE D 'ABDÈRE
657
Reprenons, par ce nouveau biais, la comparaison proposée avec Anaxagore.
Ce dernier serait mort à l'âge de 72 ans, d'après la source anonymedéjà men tionnée (Néyeral de..., ap. D . L . II 7 [DK 59 A 1 ]). Puisque la même source lui donne 20 ans « lors de l'entrée de Xerxes (scil. en Grèce )» (480 ), le calcul est simple . Anaxagore , né en 500 , estmort en 428.
Apollodore , nous l'avons vu, situe, lui aussi, la naissance d 'Anaxagore au
début du siècle (500-497, ap. D . L . II 7 [DK 59 A 1]).Mais, si l'on s'en tientaux manuscrits de Diogène (loc. cit.), la Chronique d'Apollodore donnait ol. 78, 1 (468 / 7 ) pour la date de la mort. Anaxagore n 'aurait eu alors (si l'on en croit le
même Apollodore pour la date de sa naissance ) qu'une trentaine d 'années. Les éditeurs corrigent par conséquent les manuscrits : la date de décès fixée (selon D . L . II 7 [DK 59 A 1 ]) par Apollodore serait non pas Ol. 78, 1 (468/7), mais Ol. 88 , 1 (428 /7). Au prix de cette correction , l'harmonie est rétablie. Tant pour Apollodore que pour la source anonyme, Anaxagore , né au début du siècle , meurt 72 ans après cette date , en 428/7. (Cette concordance suppose que, pour
Apollodore , la date de naissance est la première année de l'olympiade : 500/499, voir ci-dessus.)
Qu 'en est-il maintenant de Démocrite ? Supposons qu'Anaxagore ait été “ vieux ” à partir de sa 60e année (440-428); quel âge Démocrite devait-il avoir pour être “ jeune" à cette époque (cf. D .L . IX 41 (DK 68 A 1 ]) ? Diogène (ou sa source) répond à cette question , reprenant (IX 41), à un seulmot près (l'omis sion du participe), la formule déjà employée au début de son chapitre : Démo crite était jeune au temps de la vieillesse d'Anaxagore , étant « de 40 ans son
cadet» (cf. IX 34 [DK 68 A 1] : ÉTEOLV Öv aŭtoŨ VEÚTEPOS tetrapáxovta ). Cette formule, nous l'avons déjà remarqué, laisse entendre la voix du chroni queur. On croira volontiers que Démocrite, dans ses divers écrits , se situe par rapport à son prédécesseur à la fois sur le plan doctrinal (voir ci-après IV . 2 ; voir aussi Sextus Empiricus, VII 140 [DK 59 B 21a )) et du point de vue de la chronologie (citant les mots « jeune au temps de la vieillesse d' Anaxagore » , Diogène écrit expressément, IX 41: 05 ajtós anoiv ... (voir ci-dessus)).Mais la formule qui suit dans le texte de Diogène (« de 40 ans son cadet » ) est selon toute probabilité une glose d 'Apollodore (ou d'un auteur s' inspirant de lui), fixant à la période canonique de 40 ans la différence d'âge séparant les deux philosophes. Si nous nous en tenons, non pas à une différence de 40 ans, mais à la pre mière partie seulement de l'affirmation prêtée par Diogène à Démocrite (IX 41 (DK 68 A 1]: « jeune au temps de la vieillesse d'Anaxagore » ), cette conclusion
(coïncidence de la naissance de Démocrite et de l'acmé d 'Anaxagore, donc naissance en 460-457) devient manifestement fort précaire. Démocrite a pu avoir 20 ans quand Anaxagore en avait 60 (hypothèse que nous venons de prêter
à Apollodore).Mais il a pu aussi avoir 20 ans quand Anaxagore en avait 70 ; et, dans cette hypothèse , Démocrite serait né 10 ans plus tard , en 450 . Inversement, Démocrite , “ jeune ” à 20 ans, le serait (peut-être) toujours 5 ou 10 ans plus tard . La date de sa naissance pourrait alors remonter à 470 (Démocrite aurait eu 30
ans quand Anaxagore en avait 60 ).
DÉMOCRITE D 'ABDÈRE En somme, à la date indiquée par Apollodore pour la naissance de Démocrite (460 -457, ap. D . L . IX 41 (DK 68 A 1]), la formule prêtée par Diogène à Démo
658
crite lui-même (D . L . loc. cit.: « jeune au temps de la vieillesse d ’Anaxagore » )
permet d'ajouter ou de retrancher 10 ans. La naissance de Démocrite (même à supposer que l'on puisse faire confiance aux témoignages cités pour la datation d' Anaxagore ) peut ou bien remonter aux années 470 (Démocrite aurait eu 30 ans quand Anaxagore en avait 60 ), ou bien descendre aux années 450 (Démocrite
aurait eu 20 ans quand Anaxagore en avait 70). Je me suis contenté d 'une traduction conventionnelle de la formule citée (D . L . IX 41 (DK 68 A 1]) : véoc xatà npeoßúrnu ' Avacayópav, « jeune au temps de la vieillesse d 'Anaxa gore » . Cette traduction risque pourtant de provoquer des malentendus. Dès que l' on traduit VÉOS par " jeune” , il est certes difficile de ne pas traduire trpeoßúrns par “ vieux " (ou par
“ vieillesse " ). Et pourtant, du fait qu 'Anaxagore soit vieux, il ne s 'ensuit pas qu 'il soit un
vieillard . “ Mpeoßúms" n 'est en effet pas synonyme de " répwv" . Les rapports de ces deux mots (ftpeoßúrns, répwv) sont toutefois assez complexes et
même, parfois, contradictoires. Pour certains auteurs, apeoßúrns se situe entre avắp et répwv. Pour d'autres, on est répwv avant de devenir nupeoßúms. (L 'article d 'Estienne est, sur ce point, plus éclairant que celui de L .S .J. Voir H . Stephanus (Henri Estienne), Thesaurus
graecae linguae, vol. VI, Parisiis 1842- 1847, s.v. tepeoßúms (col. 1589).) Encore faut-il tenir compte des contextes où la connotation n'est pas, si l'on peut dire, simplement matérielle (l'âge de quelqu 'un ), mais plutôt formelle (il s'agit de la dignité, des privilèges, des pouvoirs. . .).
Il n 'est manifestement pas possible d'entrer icidans lesméandres et dans les complexités
de cette question. Le lecteur qui souhaiterait s'en informer prendra comme point de départ les nombreuses publications et les centaines de textes signalées par 18 G . Bornkamm , dans
G . Kittel, G . Friedrich , Theologisches Wörterbuch zum Neuen Testament, Band VI, Stuttgart 1959, s.Vv. mpéoßuç, x .t .n . (p .651-683). Signalons notamment la longue étude de 19 F . Boll,
« Die Lebensalter, ein Beitrag zur antiken Ethologie und zur Geschichte der Zahlen, mit
einem Anhang ‘Zur Schrift Tepi ébrouádwv ' » , JKPh 31, 1913, p . 89- 145 (imprimé par erreur ‘ 154 '), repris dans Kleine Schriften zur Sternkunde des Altertums herausgegeben und
eingeleitet von V. Stegemann, Leipzig 1950, p. 156 -224. Pour la question quinous occupe, les différences d 'âge proposées ci-dessus (différence de 30 ans : Démocrite avait 30 ans quand Anaxagore en avait 60 ; différence de 40 ans : Démocrite avait 20 ans quand Anaxagore en avait 60 ; différence de 50 ans: Démocrite avait
20 ans quand Anaxagore en avait 70) recouvrent, je l'espère, la gamme des possibilités. 3. DATE DE LA PRISE DE TROIE
Pour essayer de rétrécir cet intervalle (470-450), passons au deuxième élé ment dans les informations prêtées par Diogène à Démocrite (IX 41 (DK
68 A 1 ]) ; au dire même de son auteur, le traité intitulé (plus tard ?) le Petit système du monde fut rédigé 730 ans après la prise de Troie. Comment préciser
cette date ? Hérodote laisse entendre (II 145) que la guerre de Troie s'est déroulée plus de 800 ans avant son époque. Né peu avant les guerresmédiques (donc avant 492), Hérodote est encore vivant dans les premières années de la guerre du Pélopon
nèse (431-404). (Ainsi Denys d'Halicarnasse, De Thucydide V 5 [ p. 50, 1-3 ed . Germaine Aujac, Denys d'Halicarnasse, Opuscules rhétoriques, t. IV , CUF, Paris 1991]: yevóuevoç óhiyw npótepov tõv lepoix @ v, Tapextelvac OÈ
MÉXPL Tõv lleonovunOlax@ v. Cf. 20 F.Jacoby,art.« Herodotos» 7,RESuppl.
DÉMOCRITE D'ABDÈRE 659 II, 1913, col. 205 -520.) La guerre de Troie remonterait donc pour lui à une date
bien antérieure à la fin du XIIe siècle. Il est impossible que Démocrite ait rédigé son traité 730 ans seulement après cette époque ; on serait à peine sorti du vre siècle .
Thucydide, de quelque trente ou quarante ans plus jeune qu 'Hérodote (âgé de
20 ou de 25 ans au commencement de la guerre du Péloponnèse ,ilestmort dans les dernières années du siècle ; voir 21 O . Luschnat, art. « Thukydides» 1,
RESuppl. XII, 1970, col. 1085- 1354), précise (I 12, 3) que les Doriens ont occupé le Péloponnèse (on parle dans l' Antiquité du “ retourdes Héraclides") 80 ans après la prise de Troie. Plus loin dans son Histoire (V 112, 2), les Méliens affirment, en 416 , avoir été en possession de leur île depuis 700 ans. On peut légitimement situer l'occupation de Mélos par les Doriens dans les années qui suivirent leur occupation du Péloponnèse (cf. Thucydide, I 12, 4). Si l'on adopte le témoignage d'un historien bien plus tardif (Conon : 22 E .Martini, art. « Konon » 9, RE XI 2, 1922, col. 1335 -1338 ; son cuvre est dédiée à Archélaos ( III) Philopatris, roi de Cappadoce, décédé à Rome en 17 après J.-C .), l'inter valle a été de trois générations (FGrHist n° 26 , Narrationes, fr. XXXVI 2). Admettons pour un tel intervalle un minimum de soixante ou de soixante -dix ans (mais des estimations pareilles sontmanifestement fort sujettes à caution). Nous aboutissons de la sorte à une date très rapprochée de celle qu'adoptait Hérodote : la période de 850 ans à laquelle semble avoir pensé Thucydide (80 + 70 + 700) est
en effet de 50 ans plus longue que celle qu 'adoptait Hérodote, pour un terminus
ad quem d'une cinquantaine d'années plus tard (416 ). Cette date, nous l'avons vu, ne peut fonder la chronologie adoptée par Démocrite . 23 N . G . L . Hammond, Cambridge ancient history, vol. II, part 2, 3e éd ., Cambridge 1975, p . 690 (lire aussi p .695), prête à Thucydide une date de la prise de Troie sensiblement plus
basse que celle adoptée par Hérodote. D 'après Hammond, Thucydide situait en 1200 la prise de Troie, l'occupation du Péloponnèse par les Doriens, 80 ans plus tard ( Thucydide I 12 , 3 ;
voir ci-dessus), en 1120 , précédant ainsi de très près l' invasion de Mélos en 1116 .Mais, en réduisant à 4 ans seulement (1120 -1116 ) l' intervalle séparant l' occupation du Péloponnèse de
l'invasion de Mélos, Hammond semble ignorer (malgré le titre apposé à cette partie de son
étude, p.678 : « The literary tradition for the migrations») le témoignage de Conon qui,lui, fixait à trois générations le même intervalle.
Dans les derniers vers des Posthomerica (761-780), Tzetzès fait allusion à la date de la prise de Troie adoptée par Hellanicos. (Contemporain de Thucydide et d'Hérodote, Hellanicos fut l'auteur de nombreux ouvrages, qui n 'ont pas été conservés. Voir 24 F . Jacoby , art .
« Hellanikos » 7, RE VIII 1, 1913, col. 104 - 157.) Si l'on en croit Tzetzès, la « grande année calamiteuse » de la chute de Troie serait, pour cet auteur, celle de « la prêtresse Callisto à Athènes » ( Posthomerica 776 -777 : Karriots 8 ' lépela xhelvats nv Év ’Anvalg i Oixtpo TÁTOV yeyárou auxábavtoc ). On peut légitimement se demander si, en cet endroit comme ailleurs (voir FGrHist 4 F 74 -84 ), Hellanicos n 'aurait pas donné comme référence la prêtresse d 'Héra à Argos, plutôt qu 'une prêtresse d 'Athènes. Dans la pratique, cette correction ne sert
pourtant à rien :mêmela chronologie de la prêtresse Callisto d 'Argos (date de sa nomination ,
année de sa mort ) ne nous est pas connue. Voir FGrHist 323 a F 20 -21 (commentaire ) ; cf. FGrHist 4 F 152b (dans ce fragment, lire olxtpotátov ( voir ci-dessus : Posthomerica 777 ),
et non pas oixpotátov). Voir aussi 25 id., « Die attische Königsliste » , Klio 2 , 1902, p . 406 439 .
Dans le mêmecontexte, Tzetzès parle à la fois de Douris (v . 779 ) et de Diodore de Sicile
(v . 766 ), attribuant à ce dernier une date de la prise de Troie antérieure de 490 ans à la
660
DÉMOCRITE D 'ABDÈRE
première olympiade (disons 490 + 776 /5, donc 1266 /5). En réalité, Diodore adoptait une date bien plus tardive (I 5, 1 ; XIV 2, 4 ; XIX 1 , 10 ), celle qu 'avait proposée Ératosthène (1184/3 ; voir ci-après). Si l'on prêtait à Hellanicos la date assignée, par erreur, à Diodore (1266 / 5 ), les trois plus grands historiens de l'époque où vécut Démocrite (Hérodote , Hellanicos, Thucy dide) seraient d 'accord pour situer la prise de Troie au milieu du XIIIe siècle . Mais toute hypothèse fondée sur les renseignements hétéroclites et contradictoires de Tzetzès est mani
festement aléatoire.
Il se trouve pourtant un troisième auteur, de vingt ou trente ans seulement
plus jeune que Thucydide, et qui fait baisser d'une centaine d 'années la date de la prise de Troie . Dans trois discours tardifs (Archidamos 11-12 ; Sur la paix 95 ;
Panathénaïque 204- 205), Isocrate (436 -338 ; voir 26 K .Münscher,art. « Isokra tes » 2, RE IX 2, 1916 , col.2146 -2227) assigne une période de 700 ans à l'histoire de la ville de Sparte . Cette période se prolonge ou bien jusqu 'à la bataille de Leuctres en 371 (ainsi s 'expliquerait l'allusion à l'effondrement de Sparte dans le passage indiqué du discours Sur la paix), ou bien jusqu 'au congrès tenu à Sparte en 366 (date dramatique de l'Archidamos), ou bien jus qu 'aux années 342 -339 (date de composition du Panathénaïque ). Supposons que
l'histoire de Sparte ait commencé, pour Isocrate , par le retour des Héraclides” (négligeant ainsi les origines plutôt mythiques de la ville telles que les raconte Pausanias, III 1, 1-2). Retenons un intervalle de 80 ans pour la période séparant la prise de Troie de ce “ retour des Héraclides” (voir ci-dessus : Thucydide I 12 ,
3 ). Nous arrivons de la sorte à une date située entre 1150 (à une année près : 80 + 700 + 371) et 1120 (à deux ou trois ans près: 80 + 700 + 342/39) pour la prise de Troie , telle qu'aurait pu l'envisager Isocrate .
Les « 700 ans» de l'histoire de Sparte sont, bien entendu, un chiffre arrondi; ainsi s'expliquerait que, pendant plus de 15 ans (Isocrate rédige Sur la paix autour de 355 ; il achève la rédaction de son Panathénaïque en 339, une année
seulement avant sa mort à l'âge de 98 ans), ce chiffre n 'ait pas changé. Éphore de Cymé (27 E . Schwartz , art. « Ephoros » 1, RE VI 1, 1909, col. 1-16 ), auteur d 'une Histoire universelle en 30 livres (dontle dernier fut rédigé par son fils ) et souvent présenté dans les textes comme élève d'Isocrate, s'exprime avec plus de
précision. Si l'on suit les manuscrits de Clément (Strom . I 139, 4 [t. II, p . 86 , 18 19 Stählin ) ; FGrHist 70 F 223), Éphore fait remonter le “ retour des Héraclides"
à 735 ans avant l' archontat d 'Euainétos en 335/4 , donc à 1070 /69, date qui coïncide, à peu de chose près, avec l'estimation donnée par Isocrate dans son discours Sur la paix (voir ci-dessus : 700 + 371 = 1071). Il est vrai que les sources ne sont pas unanimes sur ce point. Si l'on suit les manuscrits de Diodore (XVI 76 , 5 (FGrHist 70 T 10 ) ; cf. Diodore IV 1, 3
[FGrHist 70 T 8 ]), Éphore , commençant son histoire avec le “ retour des Héraclides ” et allant jusqu'au siège de Périnthe en 340, embrassait une période
de 750 ans. D 'après ce calcul, le “ retour des Héraclides” doit remonter, pour Éphore, à l'an 1090 . Mais, s'il en est ainsi, la date citée par Clément ( 1070 /69) et celle qui est citée par Diodore (1090 ) ne sont pas les mêmes. Retenons donc
l'hypothèse d'une corruption dans les manuscrits. Admettons même la nécessité
DÉMOCRITE D 'ABDÈRE
661
d'un amendement du texte. Mais comment savoir s'il faut corriger le texte de Clément en fonction de celui de Diodore, ou inversement ? Constatons simplement que la date implicite du “ retour des Héraclides ” que prêtent à Éphore lesmanuscrits de Diodore (750 + 340 = 1090) dépasse de 20 ans
la date la plus reculée adoptée par Isocrate pour le commencement de l'histoire de Sparte (celle que l'on définit à partir de son discours Sur la paix :
700 + 371 = 1071). Si nous refusons d'opposer de la sorte Isocrate à celui qui est censé être son élève et si nous ne retenons que la date (1071 + ) commune à Isocrate (dans son discours Sur la pair ) et à Éphore ( suivant les manuscrits de
Clément), la prise de Troie remonterait pour ces deux auteurs au milieu du Xire siècle (estimant toujours à 80 ans l'intervalle séparant la prise de Troie et l'inva
sion par les Doriens du Péloponnèse ; voir ci-dessus). La rédaction par Démo crite de son petit système du monde 730 ans après cette date (1150 -730 = 420 ) ne
devient plus impossible . Né en 470 , Démocrite aurait eu alors 50 ans. Né en 450 ,
il aurait eu 30 ans. Je fais de grands efforts poursimplifier la présentation de cette partie de la Notice, surtout en prêtant à Isocrate et à Éphore la période de 80 ans établie par Thucydide (I 12, 3) pour séparer la prise de Troie du “ retour des Héraclides” . Ce détail est en réalité fort contesté par les spécialistes; voir, par exemple , F . Jacoby, FGrHist 70 F 223 (commentaire ); cf. Jacoby 13 , p. 79. Il est en effet possible que l'on doive prêter à Éphore ( et aussi à Isocrate ?) une période plus limitée de 60 ou de 65 ans. (Ainsi 28 E . Meyer, Forschungen zur alten Geschichte, Band I : Zur älteren griechischen Geschichte , Halle a. S . (Halle-an -der-Saale ) 1892 , p . 178 - 179 ; cf. Strabon XIII 1, 2 - 3.) La prise de Troie ne remonterait alors qu 'aux années 1130 . Déduisons de cette date 730 ans; nous arrivons aux dernières années du ve siècle. Né en 450, Démocrite aurait été alors dans sa maturité . Né en 470 , il aurait été déjà dans sa vieillesse .
29 R . Laqueur, «Zur griechischen Sagenchronographie », Hermes 42, 1907, p. 513 532 (voir surtout p . 520 -521), essaie de donner raison à la fois aux manuscrits de Clément (Strom . I 139, 4 (t. II, p. 86 , 18- 19 Stählin )) et aux manuscrits de Diodore (XVI 76 , 5). La date rapportée par les manuscrits de Clément (1070 /69) supposerait un intervalle de 80 ans pour séparer la prise de Troie du " retour des Héraclides " . La date rapportée par les manuscrits de Diodore (1090 ) supposerait, au contraire, une période de 60 ans seulement pour
le même intervalle . On aboutirait de la sorte ,malgré la divergence dans lesmanuscrits, à une seule etmême date pour la prise de Troie, telle que l'aurait envisagée Éphore : celle qui a été
retenue ci-dessus (milieu du XIIe siècle).
Dès que nous passons à la période postérieure à Isocrate et à Éphore, nous rencontrons une multiplicité d'auteurs qui se sont efforcés de préciser la date de la prise de Troie (ou la date du “ retour des Héraclides” ) : Phainias d' Érèse
(élève d' Aristote, fl.Ol. 111 (336 -333]; 30 R . Laqueur, art.« Phainias», RE XIX 2, 1938, col. 1565 - 1591), Timée de Tauromenium (de ca 356 à ca 260 ; 31 R . Laqueur, art. « Timaios » 3, RE VI A 1, 1936 , col. 1076 - 1203), Douris de Samos (son contemporain ; 32 E . Schwartz, art. « Duris » 3, RE V 2, 1905 , col. 1853- 1856 ), Sosibios de Lacédémone ( s 'occupant de l'histoire de Sparte , il reprend les méthodes de Timée ; 33 R . Laqueur, art. « Sosibios» 2 , RE III A 1, 1929, col. 1146 - 1149), l'auteur du Marmor Parium (gravé en 264/3 ; 34 R . Laqueur, art. « Marmor Parium » , RE XIV 2 , 1930 , col. 1885 -1897),
Ératosthène (de ca 284 à ca 204 ; 35 G .Knaack, art. « Eratosthenes » 4 , RE VI 1, 1909, col. 358 -388 )...
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DÉMOCRITE D 'ABDÈRE
Pour tous ces auteurs, et d'autres encore , voir les références données par 36 H . F. Clinton , Fasti hellenici, the civil and literary chronology of Greece, from the earliest accounts to the
death of Augustus, vol. II : ... from the Lyth to the CXXIV Olympiad (i.e. 560-280), 1re éd ., Oxford 1824 , 3e éd. « with additions» , 1841, p. iii- ix, et vol. I: .. . from the earliest accounts to the Lyth Olympiad , Oxford 1834, p. 123-140 . (L 'ouvrage de Clinton est certes ancien ; mais je n 'en connais pas d 'autre qui présente de façon aussi claire un si grand nombre de docu ments.) Voir aussi la discussion de 37 K . Müller, dans son commentaire sur le Marmor Parium , FHG I 568-574 ; lire surtout, p . 568 : « Quod attinet aeram Trojanam , tot obruimur et tam diversis veterum scriptorum computationibus, ut singulas enumerare negotium sit taedii plenum ... »
La plupart de ces estimations sont incompatibles avec la date de composition du Petit système du monde donnée par Démocrite. Par exemple , pour l'auteur du Marmor Parium , la prise de Troie remonterait à 945 ans avant 264 /3 (FGrHist 239 A 24 ), donc à 120978 . Déduisons de cette date 730 ans ; nous arrivons à l'an 479/ 8 . D 'après les calculs adoptés jusqu ' ici, Démocrite n 'est pas encore né. Il n 'en va pasmieux de l'estimation d 'Ératosthène. Clément d' Alexandrie (Strom .
I 138 , 1- 2 [t. II, p . 85, 20-24 Stählin )) résume le début ( ?) des Chronographies d 'Ératosthène (FGrHist 241 F 1) ; l'auteur fait remonter la prise de Troie à 407 ans avant l'année qui précède la première olympiade (777/6), donc à 1184 /3. Ce calcul fut adopté par Apollodore, Denys d 'Halicarnasse, Diodore, Tatien , Clément, Eusébe, l'auteur de la Souda, ainsi que par de nombreux auteurs latins.
(Voir Clinton 36 , vol. II, p. iii-iv ; vol.I, p . 125-128.) Si, de cette date (1184/3), nous déduisons 730 ans, nous arrivons à l'an 454 /3.Même si nous adoptons la première des deux dates extrêmes mentionnées ci-dessus pour la naissance de
Démocrite (470/69), l'auteur n'a pas encore 20 ans lorsqu'il rédige son traité ... Il existe, bien entendu , des exceptions, et notamment Sosibios. Dans un pas sage où il s'inspire peut-être d 'Ératosthène, Censorinus (De die natali XXI 1- 3 ; voir FGrHist 241 F1c, ainsi que le commentaire de Jacoby) affirme (XXI 3 [p. 51, 13 -14 ed . N . Sallmann , coll. BT 1983]) que Sosibios fixait à 395 ans seulement l'intervalle séparant la prise de Troie et la première olympiade (776 /5 ), à la différence d 'Ératosthène, qui estimait à 407 ans la même période.
L ' estimation de Sosibios fait descendre la prise de Troie à 1171/70 (cf. FHG II 625 -626 ). Déduisons de cette date 730 ans ;nous arrivons à l'an 441/40. D 'après
ce calcul, et si l'on retient 470 pour la date de naissance, Démocrite s'appro cherait de l'âge de 30 ans quand il rédige son écrit.
Mais sans doute est-il téméraire d'asseoir sur tel ou tel témoignage postérieur la date adoptée par Démocrite pour la prise de Troie. Avouons plutôt notre igno rance. Si nous nous en tenons aux seuls témoignages cités jusqu 'ici, la reconsti
tution de la chronologie de Démocrite reste suspendue à deux éléments qui échappent à notre contrôle (même si nous jugeons crédibles les témoignages relatifs à la datation d'Anaxagore). Nous ignorons la date que Démocrite , lui, aurait assignée à la prise de Troie. Et nous ignorons la différence d'âge par rapport à Anaxagore ( si nous mettons de côté le chiffre arrondi de « 40 ans » mentionné par Diogène).
DÉMOCRITE D 'ABDÈRE
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4. TÉMOIGNAGE DE THRASYLLE Fort heureusement, dans les lignes suivantes de sa biographie de Démocrite
(IX 41 (DK 68 A 1]), Diogène Laërce fait état d'un témoignage nouveau et différent, postérieur en date à celui d'Apollodore, mais d'une valeur probable
ment supérieure. Thrasylle , un astrologue et érudit du jer siècle de notre ère , répartit en tétralogies non seulement l'æuvre écrite de Platon ,mais aussi celle de
Démocrite (D .L . IX 45-49 [DK 68 A 33 ); voir ci-après V ). Amiintime de l'empereur Tibère, Thrasylle estmort en l'an 36 après J.- C ., quelquesmois seulement avant l'empereur ; voir 38 W . Gundel, art. « Thrasyllos >> 7 , RE VI A 1, 1936 ,
col. 581-584. Pour la répartition en tétralogies des dialogues de Platon, voir Albinus, Introductio in Platonem , cap. IV (p . 149, 5 - 17 ed. K . F. Hermann, Appendix platonica, coll. BT 1875 ); D . L .
III 56 -61 ; cf. Prolegomena in Platonis philosophiam (d 'un auteur inconnu) X 24 -26 (p. 44-49 ed. L . G . Westerink, Amsterdam 1962).
Qu 'un seul etmême Thrasylle ait réparti en tétralogies à la fois les œuvres de Démocrite et celles de Platon est affirmé expressément par Diogène, IX 45 (DK 68 A 33). Que ce Thrasylle, éditeur de Démocrite et de Platon , soit aussi le Thrasylle , astrologue et amide Tibère, n ' est
pas attesté expressis verbis dans les documents dont nous disposons; cette identité repose sur le témoignage d 'un scholiaste qui, pour commenter l'allusion faite à l'astrologue Thrasylle dans un vers de Juvénal (Sat. VI 575 - 576 : la femme adonnée à l' astrologie « castra uiro
patriamque petente I non ibit pariter numeris reuocata Thrasylli » ), réunit en un seul etmême
personnage Thrasylle, amide Tibère, et Thrasylle , adepte de la philosophie de Platon (p . 111, 15 - 18 Wessner) : « Thrasyllus multarum artium scientiam professus postremo se dedit Platonicae sectae ac deinde mathes < i> , in qua praecipue uiguit apud Tiberium , cum quo sub
honore eiusdem artis < in > familiaritate uixit.» Cf. FHG III 501-505. Il existe des traces d 'une répartition en tétralogiesde l'œuvre de Platon antérieure à celle
de Thrasylle : voir 39 O . Regenbogen, art. « Õlivat», RE XX 2, 1950, col. 1408- 1482 (lire surtout col. 1441- 1442) ; 40 A . Carlini, Studi sulla tradizione antica e medievale del
« Fedone » , coll. « Bibliotheca Athena » 10 , Roma 1972, p . 24-26 et p. 47 n . 25. Le témoi gnage de Diogène (IX 45 (DK 68 A 33]: Thrasylle répartit en tétralogies l'œuvre écrite de Démocrite et de Platon ) n'est pas de ce fait renversé : on conçoit bien que Thrasylle ait tiré profit des travaux de ses prédécesseurs, tant pour son édition de Platon que pour celle de Démocrite. Pour Démocrite en effet, comme pour Platon , la liste des œuvres dressée par
Thrasylle ne fut pas la première (voir ci-après VI. 2 ).
Pour la plus grande commodité de ses lecteurs, Thrasylle a rédigé une préface à son édition , l'intitulant Introduction à la lecture des livres de Démocrite (D .L .
IX 41 [DK 68 A 1]: Tà npò tñs & vayvúcewç tõv Anuorpitou Bibhiwv). Pour accomplir un tel travail, Thrasylle a manifestement eu accès à une grande partie , sinon à l'ensemble de l’æuvre de Démocrite . Il est donc fort possible qu'il ait eu
connaissance de la date assignée par ce dernier à la prise de Troie. Il est même possible qu 'il ait eu connaissance de l'âge de son auteur. Et Thrasylle (propos rapportés par D . L . IX 41 (DK 68 A 1]) est formel : Démocrite estné en Ol. 77, 3
(470 /69).
Qui plus est, pour combler de bonheur l'historien et pour éviter toute possi bilité d'erreur dans la transmission des chiffres, Thrasylle ajoute expressément (témoin le onoi dans le texte de Diogène) que Démocrite était l'aîné de Socrate d 'une année. Or la naissance de Socrate est située en Ol. 77, 4 (469/8 ), tant par
Apollodore (ap. D . L . II 44 ) que par Démétrios de Phalère (ibid .). Conclusion :
DÉMOCRITE D 'ABDÈRE les deux indications données par Thrasylle se rejoignent. Démocrite est né en Ol.
664
77, 3 (470/69), Socrate une année plus tard , en Ol. 77, 4 ( 469/8). 5. COMPARAISON AVEC LA DATE DE NAISSANCE DE SOCRATE
Il est vrai que ce dernier détail (l'âge de Démocrite par rapport à celui de Socrate ) prête à controverse. Nous savons par ailleurs que Socrate est mort en
399 (voir les témoignages conjugués de Démétrios de Phalère et d'Apollodore , ap. D . L . II 44 ; voir aussi Diodore de Sicile , XIV 37, 7) à l'âge de 70 ans (Platon , Apol. 17D2-3 ; voir aussi Criton , 52 E3). De ces divers témoignages
W . K . C .Guthrie infère, pour Socrate , une date de naissance en 01. 77, 3 (470/69). Démocrite devient ainsi l'exact contemporain de Socrate. Et Guthrie d' en déduire que le témoignage de Thrasylle est incohérent. Voir 41 W .K . C.Guthrie, A history ofGreek philosophy, vol.II: The presocratic tradition from Parmenides to Democritus, Cambridge 1965, p. 386 n . 2 . Lesmanuscrits de l'Apologie
ne sont pas unanimes. Nous lisons (17D 2-3) ĚTN yeyovuç Èßdounxovta ,cod. Bodleianus, ms. E. D . Clarke 39 (= B ),mais ěm yeyovuçTeiw Éßbounxovta , cod. VenetusMarcianus, Appendix, Classis IV , 1 (= T) . La leçon du manuscrit d 'Oxford se retrouve dans une scholie sur le traité De statibus (Ilepì rõv otáoewv) d'Hermogène, p . 318 , 32 ed . C . Walz, Rhetores graeci IV , Stuttgartiae et alibi 1833. Pour l' absence de dans l'expression rapportée par le manuscrit de Venise (Thelw Eboounxovta , « plus de 70 » ), voir L . S .J ., s. v . Telwv ,TEWV,
A , II 2 , b . Je reviendrai par la suite à cette différence de notation (voir ci-après III. 9).
Ce jugement est sûrement précipité . En affirmant à la fois que Démocrite est né en Ol. 77, 3 (470/69) et qu 'il est, de ce fait, l'aîné de Socrate d 'une année, Thrasylle laisse certes entendre que Socrate est né en Ol. 77, 4 (469/8 ).Mais, même à supposer que ce soit là une erreur, Thrasylle n 'est pas seul à se tromper.
Tout aussi bien Apollodore que Démétriosde Phalère (ap. D . L . II 44,mentionné
ci-dessus) assignent à Socrate une date de naissance en Ol. 77, 4 (469/8 ). On peut donc fort bien supposer que Thrasylle a suivi sur ce point l'opinion de ses deux prédécesseurs, sans que l'on soit obligé de refuser son témoignage sur la
naissance de Démocrite, une année plus tôt. Qui plus est, on peut légitimement se demander si Démétrios de Phalère et
Apollodore se sont, tous deux, trompés en fixant en Ol. 77, 4 (469/8 ) la date de naissance de Socrate . Cette question est plus complexe qu'elle n 'en a l'air. Retenons, pour com mencer, la communis opinio dont se fait l'écho Guthrie : Socrate a 70 ans " com plets ” ou “ révolus " au moment de son trépas. Distinguons deux hypothèses.
Première hypothèse : Socrate arrive à son 70e anniversaire au cours de l'année précédant celle de son trépas (400). Deuxième hypothèse: Socrate atteint son 70 anniversaire l'année même de sa mort (399), mais avant le jour de son décès.De ces deux hypothèses, c'est la seconde qui est exacte si nous faisons confiance à Apollodore et à Plutarque pour l'anniversaire de Socrate. Pour Apollodore (ap. D . L . II 44) comme pour Plutarque (Quaest. conv. VIII 1, 717B), l'anniversaire de Socrate tombe en effet le 6e jour de Thargélion (mai/juin ). Ce mois est aussi le mois des Délies, si nous en croyons 42 Th. Homolle, art. « Delia » , DAGR II,
1892, p . 55-60 (lire surtout p. 56 ). Et la mort de Socrate n 'aura lieu que « long
DÉMOCRITE D 'ABDÈRE
665
temps» après ce festival (voir Platon, Phaedo 58C ; l' intervalle est de trente
jours , selon Xénophon, Mem . IV 8, 2). Conclusion : arrivant à son 70° anniver saire le 6e jour de Thargélion 399, et donc âgé de 70 ans au moment de son trépas plusieurs semaines plus tard, Socrate est né le 6e jour de Thargélion en 469.
Or il est bien vrai que, d'après cette hypothèse ,on n' arrive pas à distinguer la date de naissance de Socrate de la date de naissance assignée par Thrasylle à Démocrite. Si, en effet, Socrate est né le 6e jour de Thargélion de l'an 469, sa naissance doit être incluse dans la troisième année de la 77€ olympiade. Rappe lons en effet que les Jeux Olympiques ont lieu pendant l'été et que le mois de
Thargélion se situe au printemps (voir ci-après). Le mois de Thargélion de l'an 469 faisant ainsi partie de l' année “ olympique” qui va de l' été 470 à l'été 469, la naissance de Socrate le 6e jour de Thargélion de l'an 469 devient incluse dans la mêmeannée “ olympique” que celle de Démocrite : 01. 77, 3 (470/69). Les Jeux Olympiques avaient lieu pendant l'été , le mois de Thargélion se situait au prin temps : pour ces deux détails, voir 43 A . E . Samuel, Greek and Roman chronology, calendars and years in classical antiquity, coll. « Handbuch der Altertumswissenschaft» , Abteilung I, Teil 7 , München 1972, p . 57 -64 et p . 191- 194 ; cf. 44 E . J. Bickerman , Chronology of the
ancient world , « revised edition » , coll. « Aspects of Greek and Roman life » , London 1980
(dernière “ émission " en date d 'un ouvrage dont la première édition remonte à 1933), p. 16 -21 et p . 75- 76 .
Si l'on veut situer la naissance de Socrate dans l' année “ olympique ” suivant celle de la naissance de Démocrite, et que l'on veuille retenir le 6e jour de Thar gélion pour le jour de son anniversaire, force est de supposer qu 'il est né en 468 (Ol. 77, 4 = 469/8). Mais comment alors expliquer qu'il ait 70 ans au moment de son trépas en 399 ? Né le 6e jour de Thargélion 468 , Socrate aurait atteint son 69€ anniversaire le 6e jour de Thargélion 399, il n 'aurait eu alors que 69 ans
“ révolus” au momentde son trépas... Rappelons pourtant que, dès qu' il a franchi son 69e anniversaire, Socrate se trouve déjà dans sa 70° année. Or il est fort possible qu ’Apollodore et Démétrios de Phalère aient compris de la sorte les expressions qu 'emploie Platon dans le Criton (52E3) et dans l’Apologie (17D2-3) : le 6e jour de Thargélion 399,
Socrate aurait atteint son 69€ anniversaire et se trouverait, à partir de ce jour, dans sa 70° année. Relisons, à ce propos, les divers témoignages portant sur l'âge de Jules César au moment de sa mort. Assassiné aux ides de mars de l'an 44 avant J.-C ., donc avant son anniversaire (Quintilis = juillet, voir Appien , Bella civilia II 16 , 106 ),
Jules César est alors « dans sa 56€ année » selon Suétone (Vitae caesarum I 88 : « periit sexto et quinquagesimoaetatis anno » ). Des écrivains grecs disent tantôt qu' il estmort Étog ávwv Éxtov ÉTừ TEVTÁKOVTA (Appien, Bella civilia II 21,
149), tantôt qu'il est mort td uèv trávta yeyovuç ĚTN nevThxovta vai Ég (Plutarque, Caesar LXIX 1). La formule qu 'emploie ici Plutarque est celle - là même que Platon prête à
Socrate dans l'Apologie, 17D2-3 (selon le manuscrit B ; voir ci-dessus):črn yeyovus éßdounxovta . Si l'on adopte pour Socrate la formule de Suétone ou
666
DÉMOCRITE D'ABDÈRE
d' Appien , Socrate est alors “ dans sa 70° année” , formule qui laisse entendre qu ' il n ' a pas encore atteint son 70° anniversaire. L 'année de sa naissance devient
par conséquent 468, à savoir Ol. 77, 4. 6 . LES “ AGES " ET LES “ ANNÉES” Il est vrai que, présentés de la sorte , les documents relatifs à la mort de Jules César laissent subsister une ambiguïté, voire une incohérence : d'après Suétone (Vitae caesarum I 88) et Appien (Bella civilia II 21, 149), César est dans sa 56€ année en mars 44, alors que, selon Plutarque (Caesar LXIX 1) , il est déjà âgé de 56 ans au moment de son trépas. Ces deux notations sont, pour nous, contra
dictoires. Si, en mars 44, César est dans sa 56° année (Suétone, Appien ), il n 'a
pas encore atteint son 56° anniversaire et il n'a donc pas encore 56 ans. Si, au contraire , il est âgé de 56 ans (Plutarque), il a dépassé son 56° anniversaire et se trouve déjà , par conséquent, dans sa 57e année. Cette contradiction explique, en partie, les controverses portant sur la date de naissance de César. D ' éminents spécialistes, se fondant sur les témoignages de Suétone et d’Appien ,
supposent que César, dans sa 56e année au momentde son trépas (15 mars 44 ), est mort avant d ' atteindre son 56e anniversaire (juillet 44 ), si bien que l'année de sa naissance ne peut être
que l' an 100 (56 + 44). (Voir, par exemple, 45 A. Klotz, art. « Iulius» 131, RE X 1, 1919, col. 186 -275 ; lire col. 187 .) J. Carcopino se réclame, au contraire, du témoignage de Plutar que . César serait mort à l'âge de 56 ans “ complets ” ou “ révolus " . Son 56 annniversaire se
situerait donc dans l'année précédant celle de son trépas. Et la date de sa naissance remon terait, par conséquent, à l'an 101 (56 + 45). (Voir 46 J. Carcopino, « La naissance de Jules
César» , dansMélanges Bidez, [t. I] = AIPhO 2, 1934, p. 35-69 (lire surtout p. 49 ].) Tout autre encore est l'hypothèse de 47 Th. Mommsen (Römische Geschichte, 8e Auflage, Band III, Berlin 1889, p. 16 -18 ) : pour qu'il soit nommé édile en 65, préteur en 62 et consul en 59, César a dû avoir respectivement 37, 40 et 43 ans ; l'année de sa naissance serait donc
102. (Cf. 48 W . A . Becker, Handbuch der römischen Alterthümer nach den Quellen bear beitet, Theil II , Abtheilung 2, Leipzig 1846 , p . 24 - 26 ; 49 B . Kübler, art. « Consul » , RE IV 1,
1901, col. 1112-1138 ; lire surtout col. 1114 -1115.) Pour l'exemple de Jules César, ainsi que pour les deux textes d'Aulu -Gelle cités ci-après
(Noctes atticae XV 7, 3 et XV 28), voir 50 R . Goulet, « Le système chronologique de la Vie de Plotin » , dans Porphyre, La Vie de Plotin , t. I: Travaux préliminaires et index grec complet, coll. « Histoire des doctrines de l'antiquité classique » 6 , Paris 1982, p. 187-227 ; lire
surtout $ VII, p . 208-210 : « Quelques parallèles anciens à l'identification porphyrienne du cardinal à l'ordinal» .
Aussi bizarre que cela puisse paraître au lecteurmoderne, les témoignages de
Suétone et d ’Appien , d'une part, et de Plutarque, d'autre part, ne sontpourtant pas contradictoires. Les auteurs de l'Antiquité ne conjuguent pas en effet des “ années” et des “ âges" conformément à la distinction qui nous est devenue familière du cardinal (" avoir 20 ans") et de l'ordinal (“ être dans sa 20e année" ). Relisons, par exemple, ce passage d'Aulu -Gelle où l'auteur s'occupe de l'âge
qu'a dû avoir Cicéron quand il prononçait ses premiers discours. Né le 3e jour avant les nones de janvier, sous les consuls C . Atilius Serranus et Q . Servilius Caepio , donc le 3 janvier 106 avant J.-C ., Cicéron a défendu Sextus Roscius contre une accusation de parricide sous les consuls L . Cornelius Sulla et
Q . CaeciliusMetellus Pius, en 80 avant J.-C . Aulu-Gelle affirme qu'en cette année, 80 avant J.-C ., Cicéron avait 27 ans (Noctes atticae XV 28, 3): « neque
667 DÉMOCRITE D'ABDÈRE dubium est, quin [...] Sex. Roscium reum parricidii defenderit annos iam septem atque uiginti natus» ; et il refuse expressément l'estimation selon laquelle Cicéron ne serait alors que dans sa 26€ année (XV 28, 4): « in qua re etiam Fenestellam errasse Pedianus Asconius animaduertit, quod eum scripserit sexto
uicesimo aetatis anno pro Sex. Roscio dixisse.» Quand il défend Sextus Roscius,
Cicéron est, au contraire, « dans sa 27e année» (cf. XV 28, 6 : « ... Septimoque et uicesimo (scil. anno ) pro Sex. Roscio »).
Dans ce passage d'Aulu -Gelle, nous bénéficions de deux dates “ absolues” : Cicéron est né le 3 janvier 106 , et il prononce son discours en 80. D 'après le calculmoderne, Cicéron doit avoir, en 80, 26 ans et se trouver dans sa 27e année.Mais Aulu -Gelle est formel: en 80, Cicéron , dans sa 27e année (XV 28, 6 ), est âgé de 27 ans (XV 28, 3).
A la lumière de ce passage, nous comprenons que les témoignages relatifs à la mort de César ne soient pas forcément contradictoires. Si nous suivons le calcul
d 'Aulu -Gelle quand il parle de Cicéron,nous comprenons en effet que Plutarque puisse fort bien prêter à César l'âge de 56 ans au moment de sa mort (Caesar LXIX 1), sans de ce fait contredire Suétone (Vitae caesarum I 88) et Appien (Bella civilia II 21, 149), qui affirment, tous deux, que César se trouvait alors dans sa 56° année.
Suivant toujours le mêmemodèle , nous comprenons également que Socrate puisse avoir 70 ans dès qu 'il se trouve dans sa 70e année. Né le 6e jour de Thargélion de l'an 468 (01. 77, 4 ), Socrate atteint son 69€ anniversaire le 6e jour
de Thargélion de l'an 399, et sera donc, à partir de ce jour, dans sa 70€ année, âgé de 70 ans (“ annos iam septuaginta natus”, pour reprendre , en l'adaptant, la formule employée par Aulu-Gelle quand il parle de Cicéron ,Noctes atticae XV 28, 3). Pour la correspondance des années consulaires et des années calculées “ avant J.-C . " et
" après J.-C .” , voir Bickerman 44, Table VII (p . 140- 162). Je laisse ici de côté quelques diffé rences dans les praenomina et dans les nomina des consuls , tels qu 'ils sont rapportés par Aulu -Gelle et tels qu 'ils se retrouvent dans les listes établies par Bickerman . Les cognomina
suffisent en effet pour établir les correspondances signalées ci-dessus. En affirmant qu'en 80, au momentde son plaidoyer pro Sexto Roscio , Cicéron est à la fois dans sa 27e année et âgé de 27 ans, Aulu-Gelle ne contredit pas seulement Fenestella. (Voir ci-dessus, Noctes atticae XV 28, 4 : pour Fenestella , Cicéron était dans sa 26e année au
moment de son plaidoyer, « sexto uicesimo aetatis anno » .) Il s'oppose aussi à Quintilien .
Cicéron, dans l'Orateur, condamne le style adopté plus de trente ans auparavant dans son discours pro Sexto Roscio (Cicéron, Orator XXX 107). Quintilien , rappelant ce passage, précise que Cicéron prononça le discours en question à l'âge de 26 ans (Institutio oratoria XII
6 , 4 : « sex et uiginti natus annos » ).
Nous disposons de la sorte de quatre notations différentes pour un seul et même événement. Quand il prononce son plaidoyer pro Sexto Roscio , Cicéron est dans sa 27e année
et âgé de 27 ans (Aulu -Gelle , Noctes atticae XV 28, 3 et 6 ). Il est dans sa 26e année
(Fenestella, tel qu'il est rapporté par Pedianus Asconius, cité par Aulu -Gelle, Noctes atticae XV 28, 4). Et il estâgé de 26 ans (Quintilien , Institutio oratoria XII 6 , 4 ). Nous reviendrons par la suite à cette multiplicité de datations. Soulignons, pour l'instant, que l'âge “ réel" de Cicéron quand il prononça son discours n 'estpas ici en question . Qu 'il ait
tort ou qu 'il ait raison sur ce point, Aulu-Gelle laisse clairement entendre que, dans l'optique
668
DÉMOCRITE D 'ABDÈRE
qui est la sienne, Cicéron est à la fois dans sa 27e année et âgé de 27 ans dès qu'il franchit son 26e anniversaire (80 avant J.-C .). S 'il en est de même pour Socrate, ce dernier est à la fois
dans sa 70e année et âgé de 70 ans dès qu'il franchit son 69e anniversaire le 6 Thargélion 399 , si bien que sa naissance remontera au 6 Thargélion 468 (Ol. 77, 4 ), conformément aux
témoignages rapportés par Diogène (II 44 ).
7.LE DIESNATALIS DE L'EMPEREUR
Pour approfondir ce système de calcul, relisons, chez le mêmeAulu -Gelle, la lettre envoyée par l'empereur Auguste à son petit- fils Gaius. Rédigeant cette lettre le jourmêmede son 64°dies natalis, l'empereur se félicite d'avoir traversé
impunément la période critique de sa 63° année. Il écrit en effet (ap. Aulu -Gelle , Noctes atticae XV 7, 3): « spero (scil.te) laetum et bene ualentem celebrasse quartum et sexagesimum natalem meum . Nam , ut uides, xquaxtñpa commu nem seniorum omnium tertium et sexagesimum annum euasimus.» Auguste est né le 23 septembre 63 avant J.-C. ; voir 51 K . Fitzler et O . Seeck, art. « Iulius>> 132, RE X 1, 1919, col. 275 -381. Il est décédé le 19 août 14 après J.-C . (Fitzler et Seeck 51, col. 380 ), « dans sa 76e année » (Monumentum Ancyranum VI 35 ). Les périls de la 63e année sont évoqués par Censorinus, De die natali XIV 14 - 16 (p. 29, 5 -16 Sallmann ). Cf. 52 F. Boll, art. «xvaxtñpes (anni climacterici) » , RE XI 1, 1922, col. 843-844 . Voir aussi Aulu -Gelle , Noctes atticae III 10 .
Le petit- fils de l'empereur: il s'agit de Gaius Iulius Caesar, fils de Julie et d' Agrippa, donc petit-fils (nepos) d'Auguste. Né l'année 20 avant J.-C ., et considéré pendant de longues années comme l'héritier de l'empereur, il est mort prématurément en 4 après J.- C . Voir
53 V .Gardthausen, art. « Iulius» 134,REX 1, 1919, col. 424- 428.
Plus d'un commentateur prend le 64 dies natalis de l'empereur pour son 64€
anniversaire, fixantainsi la rédaction de cette lettre en l'an 2 après J.-C . Voir, par exemple, 54 J. Gronovius (Johann Friedrich Gronov, 1611- 1671), Auli Gellii Noctes atticae ex editione J. G . cum notis et interpretatione in usum Delphini..., vol. II, Londini 1824 , ad loc. (p . 796 ). Ce dernier écrit, note c : « Hanc epistolam scripsit Augustus anno Christi secundo, quo tempore natus erat jam annos LXIV . ut hinc facile est colligere :
obiit enim anno LXXVI. aetatis, qui secundum optimas chronologorum epochas in annum Christi XIV . incidit. » Estimant qu 'Auguste a rédigé sa lettre à l'âge de 64 ans, 12 ans avant sa mort en l'an 14 après J.-C ., Gronovius arrive à l'an 2 pour la date de rédaction . Ce faisant, il prend manifestement le 64e dies natalis de l'empereur pour le jour de son 64e anniversaire. (Né le 23 septembre 63 (voir ci-dessus), Auguste arrive à son 64e anniversaire le 23 septembre
de l'an 2 après J.-C .)
Le procédé est en quelque sorte parallèle et inverse dans un article de 55 J.Béranger, « Pour une définition du principat : Auguste dans Aulu -Gelle, XV, 7, 3 » , REL 20, 1942, p . 144 - 154 . Commentant longuement cette lettre, J. Béranger ne lui prête pas une date
absolue,mais, au fil de son commentaire, Béranger parle expréssement du 64e anniversaire de l' empereur. (Voir p. 148- 149 : « Voilà comment en son soixante -quatrième anniversaire l'empereur définit le pouvoir qu 'il lègue à ses petits -fils. » ) La date de rédaction de la lettre
devient ainsi, pour Béranger comme pour Gronovius, l'an 2 après J.-C .
Mais, dans cette hypothèse, comment expliquer que, le jour même de son 64 anniversaire , Auguste considère qu 'il vient de traverser sa 63€ année ? Doit-on alors supposer qu 'à partir de son 64° anniversaire il se trouvera dans sa 640 année ?
Et comment expliquer que, pour Aulu -Gelle quand il parle de Cicéron, ce soit tout le contraire ? Cicéron atteint son 26e anniversaire le 3 janvier 80. Si l'on
DÉMOCRITE D 'ABDÈRE
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suivait le système d'Auguste , tel que l'interprètent les commentateurs cités ci dessus, Cicéron , à partir de ce jour, se trouverait dans sa 26° année. Pour Aulu
Gelle , au contraire , Cicéron est déjà dans sa 27° année à partir de son 26€ anniversaire...
Pour éviter cette contradiction , cessons de prendre le 64€ dies natalis de l'empereur pour le jour de son 64° anniversaire . (Je dois cette solution du pro
blème à l'ingéniosité de R . Goulet.) Si l'empereur arrive à la fin de sa 63° année le jour de son 64€ dies natalis, c 'est que le 64 dies natalis, à la différence du 64€ anniversaire , marque, non pas la fin, mais le commencement de sa 64° année . Son premier dies natalis deviendra de la sorte le jour même de sa naissance,
précédant ainsi de douze mois son premier anniversaire qui, lui, n 'interviendra qu'à la fin d'une première année “ révolue” ou “ complète”. Le 64° dies natalis coïncidant, d 'après cette hypothèse ,avec le jour de son 63° anniversaire ,l' empe reur arrive, le jour de son 64€ dies natalis, à la fin de sa 63€ année . Interprétés de la sorte , les deux “ systèmes” , celui d'Auguste et celui d'Aulu
Gelle quand il parle de Cicéron, n 'en font qu'un seul. Auguste, né le 23 septem bre 63, arrive à son 63e anniversaire , qui est aussi son 64€ dies natalis, le 23
septembre de l' an 1 après J.-C .Jusqu'à ce jour, ilse trouve dans sa 63e année. A partir de ce jour il se trouvera dans sa 64° année. Il en est de même pour Cicéron.Né le 3 janvier 106 , l'orateur arrive à son 26° anniversaire le 3 janvier 80 . A partir de ce jour il est dans sa 27° année. Ce “ décalage" d'une année (le 20e anniversaire est le 21e dies natalis) entraînera une date différente et nouvelle pour la lettre adressée par l'empereur à son petit- fils Gaius. Né le 23 septembre 63 avant J.-C ., Auguste arrive à son 63e anniversaire et à son 64e dies natalis le 23 septembre de l'an 1 après J.- C . Ce jour-là , il se félicite d'avoir traversé impunément l'année climatérique de sa 63e année . Le 23 septembre de l'an 1 après J.-C ., il arrive en effet à la fin de sa 63e année, celle qui a commencé le jour de son 62e anniversaire et de son 63e dies natalis.
Cette date (1 après J.- C.) est adoptée à la fois par V. Gardthausen et par Enrica Malcovati. Voir 56 V . Gardthausen , August und seine Zeit, Leipzig 1891-1904, Theil I, Band 3 , 1904,
p . 1138 -1139 ; Theil II, Band 3, 1904, p. 750 (= n . 22) ; cf. REX 1, 1919, col. 426 ; 57 Enrica Malcovati, Caesaris Augusti imperatoris operum fragmenta collegit, recensuit, praefata est, appendicem criticam addidit Henrica Malcovati, coll. « Corpus scriptorum latinorum Para vianum » 38, Augustae Taurinorum ( Turin ) 1921, « Epistulae ad res privatas pertinentes>> nº XIX (p . 11) . (Je regrette de ne pas avoir eu accès à la 3e éd . de cet ouvrage , 1948 (National
Union Catalog :NA 0500553].) Enrica Malcovati écrit dans son commentaire , p . 70 : « Hanc elegantem atque dulcis tenerique amoris plenam epistulam ad Gaium nepotem tum in Oriente contra Parthos bellantem scripsit Augustus [.. .] quartum et sexagesimum aetatis annum ingressus ( a. 1 p.
Chr.)...» En s 'exprimant de la sorte , cet auteur laisse bien entendre que le 64e dies natalis est le jour où l'empereur entame sa 64e année. Doit-on alors supposer que, pour E .Malcovati, le
64e dies natalis de l'empereur est aussi le jour de son 63e anniversaire ? 8 . “ CONFUSION ” DU CARDINAL ET DE L 'ORDINAL
Il n 'en reste pas moins que, dès qu'il se trouve dans sa 27° année , Cicéron est âgé de 27 ans si l'on suit le calcul d 'Aulu -Gelle , alors que, pour nous, Cicéron ne sera âgé de 27 ans que lorsqu'il aura terminé sa 27° année.
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L 'hypothèse émise ci-dessus permet toutefois de mieux cerner cette “ confu sion ” du cardinal etde l'ordinal. Si nous prenons, comme point de départ, non pas l'anniversaire ,mais le dies natalis, les “ chiffres” deviennent en effet tou
jours les mêmes: à partir de son 27e dies natalis (3 janvier 80), Cicéron se trouve à la fois dans sa 27°année et âgé de 27 ans.
Mais nous risquons de trop nous éloigner de Démocrite et de Socrate . Lais sons donc les dies natales de Cicéron et de l'empereur. Revenons à l'âge de Socrate. Né le 6e jour de Thargélion 468, Socrate atteint son 69€ anniversaire le 6e jour de Thargélion 399. A partir de ce jour, il est dans sa 70e année. Et du fait qu' il est dans sa 70e année, il est déjà âgé de 70 ans une trentaine de jours plus tard, au moment de son trépas, si nous suivons le système de calcul adopté par Aulu-Gelle quand il parle de Cicéron (Noctes atticae XV 28 , 3 et 6).
Interprétée de la sorte, la date assignée par Apollodore et par Démétrios de Phalère (ap. D .L . II 44 ) à la naissance de Socrate, Ol. 77, 4 (469/8 ), se montre
en parfaite conformité avec la date attestée par Thrasylle (ap. D .L. IX 41 (DK 68 A 1]) pour la naissance de Démocrite , une année plus tôt, en Ol. 77, 3 (470/69). Socrate , né le 6e jour de Thargélion de l'an 468 (01. 77, 4 ), atteint son 69€ anniversaire (sa 70° Yevéoloc nuépa ) le 6e jour de Thargélion de l'an 399, et sera donc, à partir de ce jour, dans sa 70° année, âgé de 70 ans. Je ne dois pas laisser mon lecteur se bercer de faux espoirs : le systèmede calcul proposé ci-dessus (décalage d'une année de l'anniversaire et du dies natalis, sibien qu'à partir de son
20e dies natalis, qui est aussi son 19e anniversaire, un jeune homme est à la fois dans sa 20e année et âgé de 20 ans) ne résout pas tous les problèmes qu 'il trouvera dans les textes. Par
exemple, Pompée, né le 29 septembre 106 avantJ.-C . (58 F .Miltner, art.« Pompeius» 31,RE XXI 2 , 1952 , col. 2062-2211), atteint son 34e anniversaire le 29 septembre 72. Au printemps de l'année suivante, 71 avant J.-C ., il se trouve pourtant dans sa 34e année si l'on en croit
Appien (Bella civilia I 14, 121: ... ŠTOS TE ÉXwV tétaptov Énù tots tpiáxovta ). Doit-on alors conclure que, dans ce texte, Appien a passé, non pas , comme Aulu -Gelle pour l'âge de Cicéron , de l'ordinal au cardinal (dans sa 27e année, Cicéron est âgé de 27 ans), mais du
cardinal à l'ordinal (âgé de 34 ans, Pompée est dans sa 34e année ) ? Telle est la solution du problème (passage du cardinal à l'ordinal) proposée par Carcopino 46 (p . 45 -49), qui interprète de la même façon le témoignage du même Appien sur l'âge de César au moment de sa mort. Né en juillet 101 et arrivant à son 56 anniversaire en juillet 45 ,
César est âgé de 56 ans en mars 44 (cf. Plutarque, Caesar LXIX 1) ; pour Appien (Bella
civilia II 21, 149), commepour Suétone (Vitae caesarum I 88), il se trouve ainsi dans sa 560 année le jour de son décès (15 mars 44 ).
Suivant la même hypothèse (passage du cardinal à l'ordinal), on pourrait même revenir à l'identité de l'anniversaire et du dies natalis. (Cf. Aulu -Gelle, Noctes atticae XV 7 , 3 .) Auguste , à partir de son 64e dies natalis qui est aussi son 64e anniversaire (l'an 2 après J.-C .), serait à la fois âgé de 64 ans et dans sa 64e année.
Et l'on pourrait expliquer de la même manière (passage du cardinal à l'ordinal) les témoignages de Quintilien (Institutio oratoria XII 6 , 4 ) et de Fenestella (ap. Aulu -Gelle , Noctes atticae XV 28, 4 ) portant sur l'âge qu 'a dû avoir Cicéron quand il prononça son
discours pro Sexto Roscio. Né le 3 janvier 106 , Cicéron arrive à son 26e anniversaire le 3 janvier 80. A partir de ce jour il est à la fois âgé de 26 ans (si l'on en croit Quintilien ) et dans
sa 26e année (selon Fenestella, tel qu'il est rapporté par Pedianus Asconius, cité par Aulu Gelle ).
A moins que l'on ne veuille supposer que les témoignages conjugués de Quintilien (Insti
tutio oratoria XII 6 , 4 ) et de Fenestella (ap. Aulu -Gelle, Noctes atticae XV 28, 4) doivent
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l'emporter sur le seul témoignage, plus tardif, d 'Aulu -Gelle , et que ce dernier (Noctes atticae XV 28, 3) se soit trompé sur la date " absolue " du discours. (Aulu -Gelle est en effet le plus tardif de nos trois témoins. Fenestella a vécu ou bien de 52 avant J.-C . à 19 après J.- C ., ou bien de 35 avant J.- C . à 36 après J.- C . ; voir 59 G . Wissowa, art. « Fenestella » , RE VI 2 , 1909 ,
col. 2177 -2179. Quintilien publie son Institutio oratoria vers 95 après J. -C ., dans la cinquan taine avancée ; voir 60 L . von Schwabe , art. « Fabius » 137 , RE VI 2, 1909, col. 1845 -1864.
Aulu -Gelle vit au siècle suivant: voir 61 C . Hosius, art. « Gellius » 2, RE VII 1, 1912, col. 992-998 ; DPHA A 509.) Nous pouvons alors revenir à notre système primitif (passage de l'ordinal au cardinal) : à partir de son 25e anniversaire (3 janvier 81), Cicéron , dans sa 26e année (selon Fenestella ), est âgé de 26 ans (d 'après Quintilien ). ..
Admettons donc qu 'une ambiguïté certaine plane sur la chronologie des Anciens. Rete
nons simplement ce constat : pour certains auteurs et dans certains textes (en l'occurrence pour Aulu -Gelle, quand il parle de Cicéron, Noctes atticae XV 28, 3 et 6 ), être dans sa 20e année, c'est aussi avoir 20 ans. Ainsi pourra-t-on comprendre que Socrate , à la fois dans sa 70e année et âgé de 70 ans au moment de sa mort, 30 jours plus ou moins après son anni
versaire le 6 Thargélion 399, ait pu avoir pour date de naissance le 6 Thargélion de l' an 468, donc la quatrième année de la 77e olympiade, conformément aux dires de Démétrios de
Phalère, d'Apollodore et de Thrasylle . 9.LA DATE DE CÉLÉBRATION DES DÉLIES
Il est vrai que cette hypothèse est suspendue à la date de célébration des Délies par rapport à l'anniversaire de Socrate. Il est vrai aussi que cette date est fort sujette à caution . Celle que nous avonsmentionnée ( Thargélion [mai/ juin );
voir ci-dessus III. 5) n 'est pas en effet la seule retenue par les spécialistes. Il est possible que cette fête ait eu lieu plusieurs semaines plus tôt, au mois
d'Anthestérion (février/mars). Si la célébration précédait de plus de 30 jours l'anniversaire de Socrate , ce dernier , né le 6e jour de Thargélion de l'an 468, n 'aurait pas atteint sa “ 70° année " au moment de son trépas, en 399. La fête des Délies est située au mois d'Anthestérion (février/mars) par 62 C. Robert, « Bei träge zum griechischen Festkalender » , Hermes 21, 1886 , p. 161- 178 (81, p . 161-169 : « Die Festzeit der Delien » ). La thèse de Robert est reprise par 63 I. R . Arnold , « Local festivals at
Delos » , AJA 37, 1933, p. 452-458 (voir surtout p . 453). Arnold souligne pourtant la précarité de nos connaissances. 64 K . Praechter, « Die Zeit der Hinrichtung des Sokrates » , Hermes 39, 1904, p . 473-476 , plaide en faveur d'une date intermédiaire , le mois d 'Élaphebolion (mars/ avril). 65 P . Bruneau, « La date de célébration des Délia » , dans Recherches sur les cultes de Délos à l'époque hellénistique et à l' époque impériale, coll. BEFAR 217, Paris 1970 , p . 87
88, conclut (p . 88 ): « Avouons que, dans l'état actuel des choses, nous ignorons la date de célébration des Délia.»
Une deuxièmehypothèse est pourtant tout à fait concevable. Pour calculer la date de la naissance de Socrate , il est en effet très possible qu 'Apollodore et Démétrios de Phalère n 'aient pas tenu compte du jour de son anniversaire. Prenant comme point de départ l'année olympique 400 /399, ces deux auteurs
auraient tout simplement compté 70 ans, pour arriver à l'an 469/8 (retenant comme des unités à la fois l'année de départ, 400 /399, et l'année d'arrivée , 469/8), aboutissant de la sorte à la date de naissance dont fait état Diogène (D . L . II 44 ): 01. 77, 4 (469/8). Telle est en effet l'hypothèse adoptée par Jacoby 14, p. 284-289, et par 66 J. Stenzel, art. « Sokrates » 5, RE III A 1, 1929, col.811-890 ; lire surtout col.811-812. Pour ce type de calcul, voir aussi Goulet 50 , surtout & V , p. 206 -207 : « Les durées », et 67 R . Goulet, art.
« Aristote de Stagire » , DPhA , t. I, p. 417-418. Aulu -Gelle, dans le passage cité ci-dessus
DÉMOCRITE D ' ABDÈRE (Noctes atticae XV 28, 3), adopte exactement cette forme de calcul. Cicéron aurait prononcé
672
un discours pro Quinctio l' année qui précédait sa défense de Sextus Roscius, sous les consuls M . Tullius Decula et Cn . Cornelius Dolabella , donc 81 avant J. -C . De la naissance de Cicéron
en 106 jusqu 'à l'année indiquée (81), Aulu -Gelle compte 26 ans, « sex et uiginti anni repe riuntur » . Pour arriver à ce chiffre, Aulu -Gelle tient pour des unités à la fois l'année de départ
(106 ) et l'année d 'arrivée (81).
Même interprétée de cette façon (pour nous) plutôt laxiste , la date assignée par Apollodore et par Démétrios de Phalère (ap. D . L . II 44) à la naissance de Socrate , 01. 77, 4 (469 /8), reste en parfaite conformité avec la date attestée par Thrasylle (ap. D .L . IX 41 [DK 68 A 1]) pour la naissance de Démocrite, une année plus tôt, Ol. 77, 3 (470/69). Soulignons pourtant, une fois de plus, que la date “ réelle ” de la naissance de Socrate n'est pas ici en cause . Pour expliquer la date de naissance de Socrate adoptée par Démétrios de Phalère et par Apollodore, nous avons jusqu 'ici privilégié, dans le texte de l'Apologie cité ci dessus (17D 2 - 3), la leçon du manuscrit d 'Oxford (ms. B : ĚT yeyovùc Boounxovta ).Mais ne doit-on pas ici préférer la leçon rapportée par lemanuscrit de Venise (ms. T : Ém yeyovas thelw ÉBoouhxovta ) ? Il est en effet très possible que cette différence dans les manuscrits (Em yeyovusnew Èßbounxovta , ms. T ; ET YEYOVUS ÉBoounxovta , ms. B ) ne soit pas le fruit du hasard . Le drame a pu se dérouler en deux actes. Premier acte : Démétrios de
Phalère et Apollodore, retenant du texte de Platon (Apol. 17D 2 - 3 ; Crito , 52 E 3) le chiffre 70, fixent en Ol. 77 , 4 (469/8 ) la date de naissance du philosophe. (Ainsi pourrait s'expliquer que, dans le texte de Diogène , II 44 , Socrate n 'aurait eu que 70 ans au moment de son trépas :
ÉTENEÚTOE... Yeyovùc étőv Éßbouhxovta. Voir aussi Marmor Parium , FGrHist 239 A
66 .) Deuxième acte : un copiste érudit et scrupuleux, lisant de plus près le texte de l'Apologie, se croit obligé de supprimer dans son exemplaire le mot nedelw (Apol. 17D 2- 3 ,ms. T : Érn yeyovas ahelw Eboouhxovra ). Corrigés de la sorte, les propos de Socrate, tels qu 'ils sont
rapportés par Platon, ne s'opposeront plus à l'orthodoxie historique, telle qu 'elle fut établie par Démétrios de Phalère et par Apollodore (et telle que la transmet Diogène).
Dans cette hypothèse , Socrate, ayant« plus de 70 ans» le jour de son procès (Apol. 17D 2 3 ,ms. T : ěm yeyovac Thew ÉßBounxovta ) et a fortiori le jour de son trépas (cf. Crito 52 E 3), serait né un an au moins avant la date indiquée par Diogène (D . L . II 44 : 01. 77 , 4 ; cf.
D . L . IX 41 (DK 68 A 1 ]), donc au plus tard dans la première moitié de l'an 469 (Ol. 77, 3 ).
Mais qu 'une telle hypothèse soit ou non fondée n 'est pas ici pertinent. En précisant (ap. D .L . IX 41 [DK 68 A 1]) que Démocrite est l'aîné de Socrate
d'une seule année, il est fort possible que Thrasylle ait simplement retenu la date de naissance de Socrate déjà établie par ses deux prédécesseurs, Apollodore et
Démétrios de Phalère (ap. D .L . II 44). Pour ces deux chronographes, Socrate est né en Ol. 77, 4 (469/8 ). Démocrite , né (selon Thrasylle ) en Ol. 77, 3 (470/69), devient, de ce fait même, l'aîné de Socrate d'une année .
10 . CONSÉQUENCES DU TÉMOIGNAGE DE THRASYLLE Cette datation (naissance de Démocrite en Ol. 77, 3 [470/69 ]) peut s'harmo niser avec la date de naissance d'Anaxagore rapportée par Apollodore et par une source anonyme (500 ou 500-497 ; voir ci-dessus D .L . II 7 [DK 59 A 1 ]) : Démo crite aurait eu 30 ans quand Anaxagore en avait 60. Admettons pourtant que 30 ans constituentbien un écart minimal pour que Démocrite soit encore « jeune au
temps de la vieillesse d’Anaxagore» (D .L . IX 41 (DK 68 A 1]). On se deman dera par conséquent: faut-il toujours faire confiance à Apollodore et à son confrère anonyme (mais il s'agit peut-être d 'une seule et même personne) pour
DÉMOCRITE D'ABDÈRE 673 la date de naissance d'Anaxagore (500 ou 500-497, D .L . II 7 [DK 59 A 1]) ? Ou
bien doit-on prêter plus de crédit au témoignage de Thrasylle sur la date de naissance de Démocrite (470 /69) qu ’à celui d'Apollodore sur la date de nais sance d'Anaxagore (500 -497) ? Dans cette seconde hypothèse, la date mention née par Apollodore pour la naissance d'Anaxagore ne deviendra qu 'un terminus ante quem . Pour que Démocrite, né en 470/69 ( Thrasylle , ap. D .L . IX 41 [DK 68 A 1 ]), soit « jeune au temps de la vieillesse d 'Anaxagore » (D .L . ibid .), ce dernier serait né, au plus tard, dans les premières années du siècle . Quant à la date de la prise de Troie , l'adoption du témoignage de Thrasylle contraint à son tour d'adopter, pour Démocrite, une date postérieure à celle qui est devenue classique à partir du ir siècle et bien postérieure à celle qu'ont
retenue Hérodote et Thucydide. Si, en effet, nous supposons que Démocrite, né en 470 , n 'aura rédigé son Petit système du monde qu'à partir de l'âge de 30 ou de 40 ans, la prise de Troie , antérieure de 730 ans à sa rédaction du traité , n 'aurait eu lieu , d'après ce calcul, qu 'en 1170 ou 1160, quelque 10 ou 20 ans après la date fixée, deux siècles plus tard, par Ératosthène (1184 /3), et quelque 60 ans ou plus après la datation adoptée par Hérodote et par Thucydide (une date
bien antérieure à la fin du XIIe siècle). De telles divergences n'ont pourtant rien d'invraisemblable. Les témoignages d' Isocrate et d'Éphore (milieu du IVe siècle ) et de Sosibios (au siècle suivant) prouvent en effet que, pour un auteur antérieur à Ératosthène, une datation tardive de la prise de Troie (1171/70 pour Sosibios; 1150 + pour Isocrate et pour Éphore ) ne fut pas impossible . En osantdemander (deuxième alinéa ci-dessus) si l'on ne doit pas prêter plus de crédit au témoignage de Thrasylle sur la date de naissance de Démocrite qu 'au témoignage d 'Apollo
dore sur la date de naissance d 'Anaxagore , je risque de m 'attirer les foudres de F . Jacoby, qui
refuse expressément la possibilité même d 'une telle hypothèse. Il écrit en effet (14, p . 291) : « Es heisst die dinge aufden kopf stellen, wenn man behauptet, dass umgekehrt die chrono logie des Anaxagoras von der Demokriteischen abhinge.» Pour appuyer ce refus, il affirme que la date de naissance d'Anaxagore rapportée par Diogène ( II 7 [DK 59 A 1 ]) se fonde sur une déclaration personnelle du philosophe. « Dass Anaxagoras 49978 geboren war, stand für die alten chronologen fest, wohl mit recht, da dieses geburtsjahr auf einem verständlichen selbstzeugnis zu beruhen scheint. » (Ibid .) En s'exprimant de la sorte , ce grand érudit, ici comme ailleurs (voir ci-dessus III. 1, sub finem ), transforme en certitudes les intuitions qui lui sont venues spontanément à l'esprit au fil de son commentaire : cinquante pages plushaut, le
selbstzeugnis d 'Anaxagore n 'est présenté que sous formede simple hypothèse (Apollodors Chronik , p . 246 : « Ich möchte eher glauben , dass er auf einem selbstzeugnis des Anaxagoras beruht... » ). Cette hypothèse est retenue dans Die Fragmente der griechischen Historiker, à cette diffé rence près que seul le témoignage de Démétrios de Phalère se fonde maintenant sur une déclaration personnelle d 'Anaxagore (FGrHist 244 F31 commentaire : « Demetrios v. Phale ron [ ... ] sich möglicherweise auf ein selbstzeugnis stützte » ). Au contraire, la date de nais sance d 'Anaxagore « mit der sich alle historischen nachrichten vereinigen lassen, wird für
Apollodorosdurch F 36 gesichert» (ibid .). Or « F 36 » n ' est rien d 'autre que le paragraphe de Diogène consacré à la naissance de Démocrite (D . L . IX 41 (DK 68 A 1 ]) . Apollodore s'est-il donc fondé sur la date de naissance de Démocrite en 460 /59, pour fixer la date de naissance
d ' Anaxagore 40 ans plus tôt, au début du siècle ? Mais comment alors expliquer: « Es heisst die dinge auf den kopf stellen , wenn man behauptet, dass umgekehrt die chronologie des
Anaxagoras von der Demokriteischen abhinge » (Jacoby 14, p. 291) ? A trente ans d' inter valle, F . Jacoby dit manifestement une chose et son contraire...
DÉMOCRITE D'ABDÈRE
674
Essayons donc de voir les choses avec un peu plus de lucidité. En réalité , rien n 'autorise à croire que la date de naissance d ' Anaxagore rapportée par Diogène (II 7 [DK 59 A 1]) ait pu se fonder sur une affirmation personnelle du philosophe. Qui plus est, il est fort loin d 'être
évident que le témoignage d 'Apollodore , quand il parle d' Anaxagore et de Démocrite, ait plus de valeur que celui de Thrasylle, quand il précise la date de naissance de l'auteur dont il a
édité les écrits. Il est, certes, fort possible qu 'en fixant en Ol. 70 (500- 497) la naissance d 'Anaxagore (ap . D . L . II 7) Apollodore soit tributaire du Registre des archontes de Démétrios de Phalère. (Ainsi Diels 16, surtout p . 28-29 et p . 36 - 37. Démétrios (ap . D . L . II 7 ] donne 20 ans à Anaxagore en 480 /79 , si nous admettons l'identité de Callias et de Calliadès,
ce dernier archonte en Ol. 75, 1 ; voir ci-dessus III . 1.) Il est également fort possible que, se fiant à Démétrios pour la date de naissance d'Anaxagore, Apollodore situe 40 ans plus tard , en Ol. 80 (460- 457 ), la naissance de Démocrite (D . L . IX 41 [DK 68 A1]), faisant ainsi coïncider la naissance de Démocrite et l'acmé de son prédécesseur. Il ne s 'ensuivra pas pour autant que le témoignage de Démétrios, repris par Apollodore, ait plus de valeur que celui de Thrasylle, nonobstant les trois siècles qui séparent le gouverneur d' Athènes (Démétrios,
préposé à la ville d' Athènes 317 à 307 ; voir ci-après IV . 1) de l'astrologue, amide Tibère (Thrasylle, ob. 36 après J.- C . ; voir ci-dessus III. 4 ). Thrasylle a lu les æuvres de Démocrite .
Nousne savons pas si Démétrios a lu l'œuvre d' Anaxagore . Soulignons pourtant que les deux témoignages, celui de Démétrios, repris (peut-être ) par Apollodore, et celui de Thrasylle, ne sont pas forcément contradictoires. Rappelons en effet
l'imprécision des termes rapportés par Diogène (D .L . IX 41 (DK 68 A 1 ]) : véoc xatà npeo Búrny 'Avacayópav, Démocrite serait « jeune au temps de la vieillesse d 'Anaxagore » . (Voir
ci-dessus III . 2 , sub finem .) Les deux termes (véos , īpeoßútns) peuvent en effet ne rien signifier d 'autre que la différence d'âge séparant un père de son fils. Un intervalle de trente ans suffit largement pour que Démocrite soit plus jeune qu 'Anaxagore d 'une génération . Nous
pouvons donc fort bien faire confiance à Démétrios pour l'âge d'Anaxagore (20 ans en 480/ 79), sans de ce fait refuser le témoignage de Thrasylle sur la date de naissance de
Démocrite (470/69).
11. LA DATE DU DÉCÈS De la naissance du philosophe passons brièvement à son trépas. Hermippe (ap. D.L . IX 43 (DK 68A1]) affirme qu'il est mort « à un âge très avancé» (Únépympus, voir aussi Lucrèce, III 1039 : « matura uetustas» [DK 68 A24 ]). Les estimations de cet âge sont pourtant fort divergentes : 90 ans selon Diodore (XIV 11, 5 [DK 68 A 5 ]) ; 100 ans selon le rédacteur de la Chronique pascale
(Chronicon paschale, p. 317, 5 ed. L. Dindorf, Bonnae 1832 [PG 92, 416B; DK 68 A4]) ; plus de 100 ans, selon Antisthène (de Rhodes ? » A 214 ; ap. D . L . IX 39 [DK 68 A 1 ]) ; 104 ans d'après (un pseudo ?) Lucien (Macrobii 18 (t. I, p . 78 ,
17 -18 ed. M . D .Macleod, OCT 1972 ; DK 68 A6]) ; plus de 108 ans si l'on en croit Censorinus (De die natali XV 3 [ p . 30, 10- 13 Sallmann ; DK ibid .)) ; 109
ans, selon Hipparque (ap. D . L . IX 43 (DK 68 A 1]).
Parmices diverses attestations,une seule retientl'attention . En précisant que Démocrite est décédé à l'âge de 90 ans, Diodore (ou sa source) donne pour date de sa mort Ol. 94 , 1 (404/3 ; voir Diodore, XIV 11, 5 (DK 68A5]; cf. XIV 3, 1). Cette date est fort peu vraisemblable , sinon impossible . Elle ferait remonter la naissance de Démocrite aux premières années du siècle, contredisant de la sorte le témoignage de Thrasylle (Démocrite est né en 370 /69; D . L . IX 41 [DK
68 A 1]). Et elle ferait naître Anaxagore au moins trente ans plus tôt, donc au plus tard dans les années 525 (cf. D . L . IX 41 [DK 68 A 1 ]: Démocrite était
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« jeune au temps de la vieillesse d'Anaxagore » ), bouleversant de la sorte les rapports chronologiques d'Anaxagore et de Parménide. Socrate, encore « très jeune » (opodpa véoc), aurait rencontré Parménide à Athènes lorsque ce dernier « avait dans les 65 ans » si nous en croyons Platon , dans les premières
pages de son dialogue le Parménide (127 A -C ; DK 28 A 5). Athénée exprime des réserves sur l'historicité de cette rencontre , Deipnosophistae XI 505 F (DK ibid.) : ... uónico narxla
ourXwpet, oủx uç xai TOLOÚTOUS Einetv ħ axonoal Nóyous. Mais Platon y fait allusion aussi dans le Théétète , 183 E , et dans le Sophiste , 217C. On admettra volontiers (donnant ainsi raison à l'auteur des Deipnosophistes) que les propos du Parménide sontbien fictifs ; Platon semble pourtant tenir à la possibilité historique d 'une telle rencontre . Puisque Socrate est mort en 399 quand il avait 70 ans ou plus (voir ci-dessus III. 5 ainsi que III. 9 , sub finem ), cette rencontre ne se situerait pas plus tard que les années 450 (Socrate , pour être encore « très jeune» , ne doit pas avoir dépassé ses 20 ans), si bien que la naissance
de Parménide remonterait aux années 515 . Si Anaxagore était né, au plus tard, dans les années 525, il deviendrait de la sorte l' aîné de Parménide d 'une dizaine d'années, alors que sa philo
sophie est certainement postérieure à celle de Parménide. Il se peut toutefois que le témoignage de Diodore ne soit pas privé de toute valeur historique. De la date de la prise de Troie établie par Ératosthène (1184 /3)
déduisons 730 ans ; nous aboutissons à l'année 454/3. Adoptons cette année pour l'acmé du philosophe, à l'âge de 40 ans. Ajoutons 50 ans pour arriver à
l'âge de 90 ans (l'âge que Démocrite aurait eu, selon Diodore, au moment du trépas). Nous parvenons de la sorte à la date indiquée par Diodore : 404/3. Il est donc fort possible, comme le croyait Jacoby (FGrHist 244 F 36 [commentaire ,
p. 732]), reprenant,mais sans la mentionner, la thèse déjà formulée par Diels 16 (surtout p. 32), que ce chiffre ne soit pas le fruit du hasard , mais qu' il soit, au contraire , le résultat d'une estimation fondée sur la coïncidence de l'acmé du
philosophe et de la 730e année après la date de la prise de Troie , telle que
l'établit Ératosthène. Or, une telle reconstitution suppose que Diodore ou sa source aura connu non seulement la référence à la prise de Troie fournie (selon Diogène) par Démocrite lui-même, mais aussi, comme donnée supplémentaire si l'on peut dire, la mort de Démocrite à l'âge de 90 ans. Diodore, ou sa source, a-t-il bénéficié de quel que connaissance pour fixer à cet âge la disparition du philosophe ? Si la réponse est affirmative, le témoignage de Diodore devient un élément important dans la reconstitution de la chronologie de Démocrite . Nous devons certes refuser la conjonction rapportée par Diodore de l'âge de Démocrite (90 ans) et de la date de sa mort (404 /3 ). Mais peut-être serait-il légitime de retenir sa précision sur
l'âge du philosophe au moment de sa mort, tout en refusant la date absolue du décès. Démocrite, né ( selon Thrasylle ) en 470/69, serait mort 90 ans plus tard (en témoigne Diodore ). Démocrite aurait ainsi vécu de 470/69 jusqu 'en 380/79. Les informations apportées par des auteurs tardifs sont privées de toute utilité, que ce soit pour confirmer ou pour infirmer cette conclusion . La Souda (s.n.
Anuóxpitos (A 447, t. II, p .44, 6 - 7 Adler; DK 68 A 2 ]) ne fait que reprendre, pour la naissance du philosophe, les deux estimations rapportées par Diogène
Laërce (IX 41 (DK 68 A 1]) : celle de Thrasylle (470 /69 ; l'auteur de la Souda
reprend cette estimation en citant l'olympiade entière: 472-469 [Ol. 77]) et celle
DÉMOCRITE D 'ABDÈRE
676
d'Apollodore (460-457 (Ol. 80]). Pour Eusébe, Démocrite serait, en 500-497 (Ol. 70), contemporain d'Anaxagore et d 'Héraclite (ap . Cyrille d 'Alexandrie, Contra Julianum I (p. 13 ed. E . Spanhemius, Lipsiae 1676 ; PG 76 , 521B ; DK
68A4]), ou bien, en 436 -433 (01. 86 ), contemporain d'Empédocle, d'Hippo crate , de Prodicos, de Zénon et de Parménide (ibid.). Et des à-peu -près similaires
se retrouvent chez une foule d ' auteurs postérieurs (voir DK 68 A4; S . Luria, cité
plus loin sous le n° 122,p. 385-386). J' ai cité les propos d'Eusebe tels qu'il sont rapportés par Cyrille d 'Alexandrie. A quelques variantes près, lesmêmes rapprochements (Démocrite, contemporain d 'Anaxagore et d'Héra clite ; Démocrite, contemporain d'Empédocle, d' Hippocrate, de Prodicos, de Zénon et de Parménide ) sont conservés dans la traduction arménienne du Chronicon d 'Eusebe (sub anno
Abrahae 1514, p. 191 ed . J. Karst,GCS 20, 1911; sub anno Abrahae 1581, p. 194 Karst) ainsi que dans la version de Jérôme (Hieronymi Chronicon , p. 107 , 15- 18 , et p . 1140, 7 -10 ed .
R . Helm , 2e éd., GCS 47, 1956 = Eusebius Werke, Band VII). Parmi les témoignages postérieurs , notons simplement que la date de naissance adoptée
par Apollodore (460 - 457 , ap. D . L . IX 41 (DK 68 A 1]) est reprise implicitement par le
rédacteur de la Chronique pascale (loc. cit.) quand il fixe en Ol. 105, 2 (359/8 ) la date de décès à l'âge de 100 ans. Contre l'hypothèse proposée ci-dessus (Démocrite serait mort en 380 / 79 , à l'âge de 90 ans), on pourrait objecter : si l'on accepte de dissocier , dans le témoignage de Diodore (XIV 11, 5 DK 68 A51), la date du décès (404 /3 ) et l'âge qu 'aurait eu Démocrite au moment de son trépas (90 ans), pourquoi ne pas retenir la date absolue du décès et refuser la précision sur l'âge du philosophe au moment de son trépas ? On conclurait alors : Démocrite , né en 470/69
(selon Thrasylle) ou en 460/59 ( selon Apollodore), seraitmort en 404/3 ( selon Diodore ). Cette conclusion est pourtant fort peu vraisemblable : dans cette hypothèse , Démocrite n'aurait eu , si l'on accepte le témoignage de Thrasylle sur la date de naissance, que 66 ans au
moment de son décès (56 ans si l'on préfère le témoignage d' Apollodore ), contrairement à l'avis unanime des auteurs cités ci-dessus (Lucrèce, Antisthène, Lucien ...), qui lui donnent tous un âge très avancé au moment de son trépas.
Qui plus est, rappelons l'essentiel du raisonnement proposé ci-dessus. La date absolue du décès proposée par Diodore (404 /3) semble bien être le fruit d 'une déduction savante (Démo crite aurait eu 40 ans 730 ans après la date de la chute de Troie telle que l' établit Eratosthène), à la différence de la précision portant sur l'âge du philosophe au momentde son décès. Cette précision est indépendante de la date assignée à la prise de Troie , indépendante aussi de la
" norme" chronographique fixant à 40 ans l'acmé du philosophe.Nous ne pouvons donc pas retenir la date " absolue " du décès ; mais nous ne sommes pas contraints d 'abandonner, du
même coup, la précision portant sur l'âge du philosophe au moment de son trépas. 12. CONCLUSIONS
Laissons donc de côté cette multiplicité d'informations et de conjectures. Revenons aux seuls documents aptes à inspirer un tant soit peu confiance. Date de naissance. D ’Aristote (Meteor. II 7, 365a17 -19 (DK 68A7]), retenons la
postériorité de Démocrite par rapport à Anaxagore . De Démocrite lui-même (tel qu 'il est rapporté par D .L . IX 41 (DK 68 A 1]), retenons, un peu plus précisé ment, que le philosophe était « jeune au temps de la vieillesse d 'Anaxagore » . Et de Thrasylle (ap . D .L . IX 41 [DK 68A1]) retenons la date de naissance fixée en
470/69, une année seulement avant la date établie par Apollodore et par Démétrios de Phalère pour la naissance de Socrate (cf. D . L . II 44 ). Rapport chronologique avec Anaxagore . De ces diverses informations il s'ensuivra
DÉMOCRITE D 'ABDÈRE
677
qu'Anaxagore, l'aîné de Démocrite de 30 ans au minimum (Démocrite ayant, dans cette hypothèse “ minimaliste ” , 30 ans quand Anaxagore en avait 60), a dû
naître au plus tard dans les premières années du siècle. Date de la mort. Enfin , si nous accordons quelque crédit à Diodore (XIV 11, 5 (DK 68 A 5 ]) ou à sa source, Démocrite est mort à l'âge de 90 ans. Il aura donc vécu de 470/69
jusqu' en 380/79. Il est certes fort regrettable que rien ne permette de préciser la date assignée
par Démocrite à la prise de Troie et que nous ignorions par conséquent la date de composition du Petit système du monde (cf. D . L . IX 41 (DK 68 A1]). Mais ici, comme très souvent ailleurs, l'historien de l'Antiquité doit savoir reconnaître son ignorance. IV .ANECDOTES BIOGRAPHIQUES
1. TÉMOIGNAGESRASSEMBLÉS PAR DIOGÈNE LAËRCE De multiples anecdotes sont rapportées par Diogène dans le chapitre consacré à sa Vie de Démocrite ( IX 34 -43 (DK 68 A1]). On y trouvera des historiettes sur
l'enfance du philosophe (le jeune garçon aimait à se retirer dans une maisonnette
qu'il s' était construite de ses propresmains dans le jardin de son père ) et sur ses rapports familiaux (Démocrite dilapida son héritage, si bien que l'un de ses frères dut subvenir par la suite à ses besoins), l'énumération de ses voyages
(Égypte , Perse, Inde, Éthiopie,mer Rouge ), des récits illustrant ses pouvoirs de prédiction et de clairvoyance (Hippocrate lui rend visite accompagné d'une jeune fille ; Démocrite la salue le premier jour d 'un : « Bonjour, Mademoiselle » , et le lendemain d 'un : « Bonjour, Madame» ; Diogène, ou sa source, met les
points sur les “ i” : xal ħu ni xoon tñs vuxtoç OLED apuévn ), enfin, la relation de sa mort (pour que sa seur puisse célébrer convenablement la fête des Thesmophories, Démocrite aurait repoussé pendant trois jours le moment du
trépas, en se nourrissant seulement de l'odeur de pains chauds). Pour rassembler de telles richesses, Diogène met à contribution les auteurs déjà cités abondam
ment au fil de son ouvrage : Favorinus, Démétrios (de Magnésie : - D 52) , Antisthène (de Rhodes ? » A 214), Démétrios (de Phalère : » D 54 ), Hippobote ,
Aristoxène (> A 417), Athénodore (» A 487), Hermippe et l' inévitable Timon ,
ainsi que deux auteurs cités moins fréquemment: Glaucos de Rhégium (contem porain de Démocrite ; voir 68 F. Jacoby, art. « Glaukos» 36 , RE VII 1, 1912, col. 1417 -1420 ) et Apollodore de Cyzique (auteur dont la date est inconnue : » A 247). Ces anecdotes et d 'autres encore sont ressassées par des auteurs postérieurs
qui, tant dans l'Antiquité que de nos jours, se mettent à broder sur le texte de Diogène (dernier exemple en date 69 Michel Onfray, L 'art de jouir. Pour un matéralisme hédoniste , Paris 1991, p. 109- 111, qui, citant l'histoire de la jeune
fille (voir ci-dessus), se plaît à parler longuement de l'importance philosophique de l'olfaction , détail dont on ne trouve aucune trace dans le texte de Diogène, IX
42 [DK 69 A 1 ]).
678
DÉMOCRITE D 'ABDÈRE
Et pourtant, même si nous nous en tenons strictement à ce que nous lisons chez Diogène, il ne faut pas se faire d' illusions : nous ne disposons d'aucun moyen pour vérifier le bien -fondé de la plupart des anecdotes qu ' il a racontées. Pis encore, dans les cas, assez rares, où nous bénéficions d 'informations com plémentaires, les résultats sont le plus souvent décevants. Ainsi, au début de son récit (IX 34 [DK 68 A 1]), Diogène affirme que Démocrite apprit, encore enfant, la théologie et l'astronomie grâce à la présence dans la maison paternelle de mages et de Chaldéens, installés comme précepteurs par Xerxés quand ce dernier « fut accueilli» (ÉEevioon) par le père du philosophe. Et Diogène d'ajouter : « ainsi que le dit Hérodote » . (Une histoire similaire est racontée à
propos de Protagoras par Philostrate, Vitae sophistarum I 10, 1 (DK 68 A9; 80 A 2].) Or Hérodote dit bien (VIII 120 ; cf. VII 109) que Xerxès « se lia avec les Abdéritains par un lien d'hospitalité » ( Eelvínv [...] OUvokuevoc); mais il ne
souffle mot du père de Démocrite. En d'autres endroits , le texte même de Diogène laisse deviner la fragilité de son récit. Il en est ainsi de la célèbre visite de Démocrite à Athènes. Démétrios (deMagnésie » D 52 ; voir 70 E . Schwartz , art. « Demetrios » 80 , RE IV 2, 1901, col. 2814 -2817) , dans son recueil d' « homonymes» (villes et hommes) , raconte
les circonstances de ce voyage (ap . D .L . IX 36 (DK 68 A1]) : venu à Athènes,
Démocrite n 'aurait pris aucun soin pour s'y faire reconnaître, tant il aurait méprisé la gloire. Il aurait même rencontré Socrate ,mais Socrate, lui, l'aurait ignoré. Et Démétrios de citer la parole même du philosophe: « Je suis venu à Athènes, et personne ne m 'a connu .» Cette belle histoire est reprise par d'autres auteurs (voir DK 68 A 11 ; ad B 116 ), et la citation est admise par Diels-Kranz parmi les fragments de Démocrite (fr. 116 ). Mais, quelques lignes seulement plus loin (cap. 37), Diogène fait état d'un auteur bien antérieur à Démétrios de Magnésie ( contemporain de Cicéron ): à savoir, Démétrios de Phalère, gouver neur d' Athènes pendant dix ans vers la fin du IVe siècle (317 à 307), auteur de nombreux ouvrages d'histoire, de politique et de critique littéraire (MD 54 ).
Dans son Apologie de Socrate , Démétrios de Phalère nie formellement que Démocrite soit jamais venu à Athènes... 2. LE “ PLAGIAT” D 'ANAXAGORE
Exceptionnellement, d'autres documents viennent confirmer tel ou tel élé ment dans les informations prodiguées par Diogène. Ainsi en est-il de l'accu
sation de plagiat portée par Démocrite contre Anaxagore. Dans un extrait recopié par Diogène des Miscellanées historiques de Favo rinus (de ca 80 à ca 150 après J.-C .; voir 71 W . Schmid , art. « Favorinus » , RE
VI 2, 1909, col. 2078-2084), Démocrite affirme que les théories d’Anaxagore sur le soleil et sur la lune ne sont pas de lui (D . L . IX 34 [DK 68 A 1 ; FHG II
582 ; fr. 76 ed. A . Barigazzi, Favorino de Arelate , Opere, introduzione, testo critico et commento a cura di A. B ., coll. « Testi greci e latini con commento
filologico » 4 , Firenze 1966 , p. 233]). Anaxagore (selon Démocrite , tel qu 'il est
DÉMOCRITE D 'ABDÈRE
679
rapporté par Favorinus) se serait approprié des théories plus anciennes (D .L . ibid .).
A peu de choses près, la même critique est formulée par Socrate dans le Cratyle (409 A - C (DK 59 A 76 ]) : la théorie « récemment» exprimée par Anaxa gore selon laquelle la lune reçoit sa lumière du soleil serait bien plus ancienne
(nahalótepov). Et Plutarque, commentant ce passage, abonde dans le même sens (De E apud Delphos 15, 391 A -B ): Anaxagore aurait présenté comme sa
théorie propre une explication de l'illumination de la lune qui était en réalité « fort ancienne» (raunáralov ). Transmis en tradition directe , les textes de
Platon et de Plutarque rendent éminemment plausible le témoignage de Favo rinus (ami personnel de Plutarque) : Démocrite (le premier ?) a reproché à Anaxagore de s'être approprié des théories plus anciennes sur la lumière de la lune et du soleil.
Plutarque, racontant les derniers jours de l'expédition de Sicile dans sa Vie de Nicias, laisse entrevoir l'enjeu de cette critique. Il s'agit de l' explication d 'une éclipse : l'obscurcissement inopiné de la lune sème la panique et la terreur dans l'armée athénienne, parce qu 'on ignorait toujours, à l'époque, cette théorie de l' illumination et de l'occultation de la lune qu ' Anaxagore, le premier, avait
couchée par écrit « de la façon la plus claire et la plus courageuse » (Nicias 23 [DK 59 A 18 ]). Il est vrai que ce passage stimule la curiosité plus qu' il ne l'apaise . Qu'Anaxagore , le premier, ait expliqué des éclipses (tant lunaires que solaires)
est certes attesté dans la tradition doxographique (Hippolyte , Ref. 1 8 , 8 -9 (DK
59 A42]: Anaxagore, le premier, aurait « défini » des éclipses). Mais comment expliquer qu'il l' ait fait « de la façon la plus claire et la plus courageuse » ? Cette
curieuse formule fait inévitablement penser aux critiques déjà prononcées par Démocrite et par Platon (voir ci-dessus), critiques qui se comprennent d 'autant plus aisément que Parménide, lui aussi, fait dériver la lumière de la lune de celle du soleil (en témoigne ce vers cité par Plutarque, où la dépendance de la lune par rapport au soleil est alléguée pour illustrer la différence entre l'original et son image, Adversus Colotem 15, 1116 A , fr. 14 : « ... claire dans l'obscurité de la nuit, errante autour de la terre, lumière venue d 'ailleurs » ). Comment en effet
distinguer la théorie de Parménide de celle d'Anaxagore si, dans les deux théories, la lune reçoit sa lumière du soleil ? Plutarque laisse entrevoir la possibilité d 'une solution à ce problème quand il passe en revue les théories lunaires de ses prédécesseurs et de ses contemporains
(De facie quae in orbe lunae apparet). Lucius, l'un des orateurs principaux de ce dialogue, énumère trois possibilités (cap . 16 , 929 B - E ; voir aussi cap . 18 ,
931 A - B ) : la lune tient sa lumière du soleil ou bien par réflexion, ou bien par une absorption de la lumière du soleil, ou bien encore parce qu 'elle s'enflamme
sous l'effet des rayons solaires. Cette multiplicité d'hypothèses permettrait de comprendre l'accusation de plagiat: Anaxagore , le premier, aurait expliqué les éclipses par l'occultation d 'une lumière réfléchie ; l' idée selon laquelle la
E DÉMOCRIT D ' ABDÈRE
680
lumière de la lune provient de celle du soleil (que ce soit par “ absorption " ou par “ inflammation " ) serait pourtant bien antérieure à lui. Je laisse ici de côté plusieurs témoignages de l'Antiquité portant sur la lune et sur la façon dont elle reçoit sa lumière du soleil. Anaximène serait à l'origine de ces théories si l'on en
croit Eudeme, tel qu 'il est rapporté par Théon de Smyrne (Eudeme, fr. 145 ed . F . Wehrli, Die Schule des Aristoteles, Texte und Kommentar, Heft VIII, 2e éd., Basel/Stuttgart 1969 (ap. Théon de Smyrne, Expositio rerum mathematicarum ad legendum Platonem utilium ,
p . 198, 18 - 199, 2 ed. E. Hiller, coll. BT 1878 ; DK 13 A 16 ]). Cléomède, de même que Plutarque, prend à son compte le passage du Cratyle : des auteurs « fort anciens » (iałaló Tatoi) font dériver la lumière de la lune de celle du soleil. Voir Demotu circulari corporum caelestium II 5 , p. 200 , 24 -202, 4 ed . H . Ziegler, coll. BT 1891 (= Caelestia II 5, 81-86 ed . R . Todd, coll. BT 1990). Le même auteur consacre plusieurs lignes à une théorie de 1'“ absorption " ; voir De motu II 4, p. 182, 20 - 184, 3 Ziegler (= Caelestia II 4, 21- 30 Todd). Pour de plus amples renseignements, voir 72 D . O 'Brien, « The relation of Anaxagoras and
Empedocles» , JHS 88, 1968, p . 93-113 ; 73 id ., « Derived light and eclipses in the fifth century » , JHS 88, 1968, p. 114 -127.
3. DISCIPLES (On rencontre dans les textes anciens plusieurs philosophes désignés comme
" démocritéens”. Sans que cette liste soit nécessairement exhaustive, mention nons, dans l'ordre alphabétique, Apollodore (~ A 247a), Bion d'Abdère (»» B 31), Bolos deMendès (- B 53), Diotimos de Tyr (MD 208),Nausiphane (Souda,
s.n . 'Enixovpos) et Théognôstos ( qui interpréta à 98 ans un oracle delphique concernant Démocratès d 'Athènes, selon Alexandre de Tralles , Therapeutica I, p. 569, 15 Puschmann). Il faut ajouter Épicure qui, du moins au début de sa carrière, s'est présenté
comme démocritéen, d'après le témoignage d 'une lettre de Léonteus à Lyco phron rapportée par Plutarque, Adversus Colotem 3, 1108E.
R .G .]
V . CEUVRES
1.LE CATALOGUE DE THRASYLLE
A la fin de sa Vie de Démocrite (IX 46-49 [DK 68 A 33]), Diogène recopie les titres répartis par Thrasylle en tétralogies. Celles-ci sont regroupées suivant un ordre systématique : éthique (2 tétralogies), physique (4 tétralogies), mathé matiques (3 tétralogies), musique (2 tétralogies), traités sur les arts et sur les techniques (2 tétralogies). Ce regroupement n 'a pas suffi pour ranger tous les
traités conservés dans l' édition de Thrasylle : une liste de neuf livres « non classés » (åbúvtaxta ) est intercalée entre les livres de physique et les livres de
mathématiques. Et une liste supplémentaire de neuf titres est accolée à la fin de l'ensemble. Nous aboutissons de la sorte au catalogue que l'on trouvera ci-après (D . L. IX 46 - 49). Le texte , cité ici en abrégé, est celui de H .S . Long (OCT t. II , 1964 ); tout imparfait qu 'il est, ce texte est tout de même le plus récent et se fonde sur une nouvelle collation des manuscrits.
DÉMOCRITE D 'ABDÈRE
681
Le texte est cité « en abrégé » : par exemple , au commencement du catalogue, pour " EoTL δε ηθικά μεν τάδε , j' écris simplement Ηθικά, et a la fin des deux tetralogies ethiques je laisse tomber και ταύτα μεν τα ηθικά. Εt ainsi de suite.
Les chiffres indiquant les tétralogies ainsi que la numérotation des livres à l'intérieur de chaque tétralogie ne se trouvent pas dans les manuscrits ; je les ai copiés d 'après l'édition de
Diels-Kranz (DK 68 A 33). En IV 4 , H . S . Long écrit όμου. Je corrige en oμού .
Ήθικά
Ι. 1. Πυθαγόρης 2 . Περί της του σοφού διαθέσεως
3 . Περί των εν "Αιδου 4. Τριτογένεια (τούτο δε έστιν ότι τρία γίνεται εξ αυτής, και πάντα ανθρώπινα συνέχει). ΙΙ. 1. Περί ανδραγαθίας ή περί αρετής 2 . ' Αμαλθείης κέρας
3. Περί ευθυμίης 4 . Υπομνημάτων ηθικών ή γάρ Ευεστώ ουχ ευρίσκεται. Φυσικά
III. 1 . Μέγας διάκοσμος (δν οι περί Θεόφραστον Λευκίππου φασιν είναι)
2. Μικρός διάκοσμος
3. Κοσμογραφία
4. Περί των πλανήτων. ΙV. 1 . Περί φύσεως, πρώτον 2. Περί ανθρώπου φύσιος (ή Περί σαρκός), δεύτερον 3 . Περί νού
4 . Περί αισθησίων (ταύτά τινες ομου γράφοντες Περί ψυχής επιγράφoυσι). V . 1 . Περί χυμών
2 . Περί χροών 3. Περί των διαφερόντων ρυσμών
4. Περί αμειψιρυσμιών. 1. Κρατυντήρια ( όπερ έστιν επικριτικά των προειρημένων) 2 . Περί ειδώλων ή περί προνοίας 3 . Περί λογικών κανών α' β ' γ '
4. Απορημάτων.
DÉMOCRITE D 'ABDÈRE
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'Aσύντακτα
1 . Αιτίαι ουράνιαι 2 . Αιτίαι αέριοι 3 . Αιτίαι επίπεδοι
4 . Αιτίαι περί πυρός και των εν πυρί
5. Αιτίαι περί φωνών 6. Αιτίαι περί σπερμάτων και φυτών και καρπών
7. Αιτίαι περί ζώων α' β' γ ' 8. Αιτίαι σύμμικτοι 9. Περί της λίθου. Μαθηματικά VI. 1 . 2. 3. 4.
Περί διαφορής γνώμης 1 ή Περί ψαύσιος κύκλου και σφαίρης Περί γεωμετρίας Γεωμετρικών ' Αριθμοί.
VIII. 1 . Περί αλόγων γραμμών και ναστών α ' β' 2 . Έκπετάσματα 3 . Μέγας ενιαυτός ή Αστρονομία, παράπηγμα 4. "Αμιλλα κλεψύδρας scribitur Xeypoxuntwv (Xelposcuntőv correxit Salmasius, loc. cit. ; χειροτομητον uel χειροτομετoν uel χειρτομητον afferunt codices quos contulit
J. Soubiran , Vitruve, De l'architecture livre IX , texte établi, traduit et commenté, CUF, Paris
1969, ad loc. (p . 8 ])» ; Plinius, Naturalis historia XXIV 102 (= 160): « Democriti certe Chirocmeta esse constat » ; Columella , Res rustica VII 5 , 17 : « Bolus Mendesius, cuius
commenta , quae appellantur graece Xelpoxunta , sub nomine Democriti falso produntur.,. » (Xelpoxunta correxit J. G . Schneider, Scriptorum rei rusticae veterum latinorum , t. II, Lipsiae 1794 , ad loc . [p . 362 ] ; XEIPOKIMHTA codex Sangermanensis Petropolitanus/
Leningradiensis olim 207,nunc codex F[olio ) v[élin ) Classicus latinus n° 1 [nº LXV in Dom A . Staerk , Les manuscrits latins du Ve au XIIIe siècle conservés à la Bibliothèque impériale de Saint-Pétersbourg, t. I, Saint-Pétersbourg 1910 , p . 219 -220 ), saec. IX , cuius lectiones
reperiuntur in V .Lundström , L. IuniModerati Columellae Rei rusticae libri VI- VII, recensuit V. L., Collectio scriptorum veterum Upsaliensis, fasc. 4, Gotoburgi (Göteborg ) 1940 (vide ad
loc., p. 127]). H F, P. om . B . En d 'autres endroits aussi, les corrections et les amendements qu 'ont propo
sés, au fil des années, les éditeurs et les commentateurs sont fort séduisants. VI 1: ÉTTLXPITIXÒ B , P (codicis F lectionem silentio praeteriit H. S.Long). ÉTLXPITIXDV Souda (s.v. KpaTuvtúpla (K 2348, t. III, p. 183, 8 -9 Adler ): Kpatuvthpla Éypade Anuó κριτος ο ' Αβδηρίτης βιβλίον, όπερ έστιν επικριτικόν πάντων των γραφέντων αυτώ Bibhiwv). ÉTlxpatuvTixà coniecit I. Bywater (ap. H . S . Long, OCT t. II, 1964, ad loc.
[p.461, 12 ,apparatus criticus]). XI 1 : ñ codd. del. W .O . Friedel (De Sophistarum studiis homericis, in Dissertationes philologicae Halenses, Halis (Halle ) 1873, p. 137 n . 23), quem secutus est W . Fronmüller (Demokrit, seine Homer-Studien und Ansichten , « Inaugural-Dissertation » , Erlangen 1901, p. 9).
XIII 1 : TewuETPLXÓv B , F, P. YEWLETPLXőv coddices deteriores. Tewpyixóv coniecit Aegidius Menagius (op. cit., p. 416 , col. b ), quem secutus est H . Diels (op. cit., p. 414 ). Tewprixov coniecit M . Wellmann (« Die Georgika des Demokritos » ,APAW , Jahrgang 1921, nº 4, Berlin 1921, p. 3). Tewpylxá fortasse scribendum ; vide DK 68 B 26f (II 149, 16 ). Cf.
Columella, Res rustica XI 3, 2 (DK 68 B 28): « Democritus in eo libro , quem Georgicon appellauit...» (georgicon, georgica, georgiam codices quorum lectiones afferuntur in V . Lundström , L. Iuni Moderati Columellae Rei rusticae liber XI, recensuit V. L., Collectio
scriptorum veterum Upsaliensis, fasc. 7,Upsaliae/Lipsiae 1906 [vide ad loc.,p. 43]). Tituli sub finem adducti nº 2 : add. Hieronymus Frobenius, Nicolaus Episcopius (loc. cit.), quos secutus est H . Kees ( art. « Meroë » 2 , RE XV 1, 1932, col. 1048 -1054, spec. col. 1051).
685 DÉMOCRITE D 'ABDÈRE Si je n'aipas adopté ces amendements (et d'autres encore), c'est par un excès
de prudence, et non point parce que les leçons rapportées par les manuscrits et retenues par l'éditeur d'Oxford emportent la conviction dansmon esprit.
Inévitablement (vu la disparition des ouvrages originaux), la signification précise de tel ou tel titre est souvent fort peu claire . Par exemple, l'emploi du génitif TewuETPLXWv (VII 3) laisse inférer l'existence d'une lacune : ce titre a dû précéder la mention d'un ou plusieurs livres.Mais même si l'on restitue, comme
titre de l'ouvrage,le nominatif (donc Tewustpixá ), on voitmal comment distin guer ce titre de celui qui le précède (VII 2) Iepi yewletpins. Au simple
adjectif (YEWLETpixá ) ajoutons, pour la commodité du français, un substantif :
principes, problèmes, questions (à moins que l'on ne veuille traduire par “ géométriques ", de même que l'on parle , de nos jours, de “ politiques" et de “ théologiques”). En l' absence de toute connaissance du contenu de ce traité , de
tels ajouts sont pourtant totalement arbitraires. Même les " explications” ajoutées ici et là par Thrasylle (ou par Diogène ?) ne sont pas toujours d 'une grande utilité. Nous comprenons mieux (I 4 ) qu'un
traité soit intitulé Toitoyévela , épithète traditionnelle de la déesse Athéna, quand nous apprenons que Démocrite voyait dans cette épithète un dérivé de
tpełc/tpitos, « trois »l« troisième» (d 'autres étymologies possibles sont énumé rées par L .S .J., s. v.).Mais la précision d'après laquelle les Kpaturthpla (VI 1) seraient des écrits ÉTTLXPLTIXá rend encore plus obscure la signification précise de ce titre. Doit-on prêter à ÉTTLXPLTIXá , dans ce contexte , un sens synonyme de xpatutpla ? Ce sens n 'est pourtant pas attesté dans les dictionnaires (d 'où l'amendement proposé par Bywater, voir ci-après). Ou bien doit-on supposer que Démocrite s'est érigé en critique, voire en arbitre, des idées exposées dans
ses écrits antérieurs ? Voulant ne pas trancher, nous traduisons: « Ce sont des écrits où sont passés en revue les propos déjà énoncés.» Traduction dont le seul mérite (à moins que ce ne soit un défaut) est le manque de précision . Pour la correction ÉtrixpatUVTLXá, nous lisons, dans l' édition de H . S . Long, coll. OCT t. II, 1964, p. 461, 12 , apparatus criticus (ad D . L . IX 47) ; « coni. Bywater. » Deux ouvrages
de I. Bywater sont mentionnés dans le premier tome de l' édition de Long, p . v : Heracliti Ephesii reliquiae, recensuit I. B. (...), appendicis loco additae sunt Diogenis Laertii Vita Heracliti. .., Oxonii 1877, xiii + 89 p ., et ’APLOTOTÉROUS Blog Éx tớv aeptlov, Aristotelis Vita scriptore Laertio cum adnotatione critica et fragmentis antiquae versionis latinae ,
Oxonii 1879, 23 p. (Ce dernier ouvrage est publié sans indication de l' éditeur et sans le nom
de l' auteur. C 'est pourtant Bywater qui l'a rédigé ; voir W . W . Jackson, Ingram Bywater, the memoir of an Oxford scholar, 1840- 1914, Oxford 1917, p. 140 : « In 1879 Bywater published privately a text of the Life of Aristotle from Diogenes...» ) La correction en question ne se trouve certainement pas dans le premier de ces deux ouvrages , et ne se trouve pas non plus
dans la photocopie du deuxième ouvrage mise à ma disposition par la bibliothèque Bodléienne. Pour vérifier la paternité de cette correction , doit-on chercher dans d'autres publications
de Bywater ? Ou bien H . S. Long a-t-il eu accès à des recherches inédites du même auteur ? Je laisse volontiers au grand érudit qui voudra bien un jour se charger d 'éditer à nouveaux frais le texte de Diogène le soin de répondre à ces deux questions. (J 'écris bien « à nouveaux frais » : l'absence de référence précise à l' ouvrage de Bywater n 'est en effet qu 'un exemple
parmiplusieurs de l' à-peu -près qui caractérise l'édition de H . S . Long.)
686
DÉMOCRITE D 'ABDÈRE
On peut certes résoudre quelques-uns des problèmes posés par ce texte si l'on accepte de s'éloigner des manuscrits. Relisons, par exemple, les deux premiers
titres de la IVetétralogie . H .S. Long écrit ici:
1. Tepi Púcewç, TPĒTOV 2.Hepi avopunov Dúolog ( Nepi odpxóc), dettepov Telle qu'elle est imprimée par Long, la numérotation des livres n 'a pas beau coup de sens. Doit-on comprendre que, pour le premier titre de la tétralogie ,
Thrasylle a signalé un “ premier " livre qui ne fut pas suivi d'un “ deuxième” ? Inversement, au titre suivant, Thrasylle a -t-il indiqué un “ deuxième" livre qui
ne fut pas précédé d 'un livre “ premier " ? Pour éviter ce double contresens, on peut envisager plusieurs solutions. Celle qui est proposée par H . Diels, fort auda cieuse, est aussi fort séduisante (DK II 138 , 16 - 19 = 68 B 5c et 5d):
1.Hepi púoewç a ' < ñ lepixoouou DÚOLOG >
2. Περί φύσεως β' ή Περί ανθρώπου φύσιος ή Περί σαρκός . (Je transcris le texte tel qu'il est imprimé par Diels, qui fait l'économie de crochets angulaires dans sa présentation nouvelle du second titre.) Reconstitué de la sorte , le texte devient tout à fait clair. Un ouvrage, en deux livres, intitulé De la nature , comportait, pour chacun de ses deux livres, un ou plusieurs sous titres : pour le premier livre, De la nature du monde (pour ce titre, voir ci-après
V . 2 ), et pour le deuxième, De la nature de l'homme ou De la chair. Nous lisons, dans l'apparat correspondant à deutepov (IV 2): B' F, P ; ñ B . La “ cor rection ” adoptée par Long (dettepov) n'en est pas vraiment une: le sigle B' désigne en effet, indifféremment, le nombre cardinal ( « deux » ) et le nombre ordinal (« deuxième» / « second » ,
voir L. S.J., s.v .). On peut certes se demander si l'on ne devrait pas plutôt conserver le ß ' des manuscrits, et transposer le nprov des manuscrits en a ', pour aboutir à deux titres indépendants. Premier
titre : lepi púoews, a '. Deuxième titre : Nepi avopánov qúolos (ñ Hepi odpxóc), B '. Le sens devient alors, premier titre : « De la nature , en un livre » , deuxième titre : « De la nature
de l'homme (ou De la chair ), en deux livres» . Constatons pourtant qu' en d 'autres endroits du même catalogue, si l'on se fie aux manuscrits, Thrasylle (ou Diogène), pour s 'exprimer de la
sorte, fait précéder le sigle B' par le sigle a ', écrivant, par exemple , en VI 3 : Nepi Noyıxmv xavùv a ' B ' r'. (Voir aussi ’Agúvtaxta 7 ; VIII 1.)
Pour l'agencement de titres et de sous-titres proposé par Diels, nous pouvons comparer les troisième et quatrième titres de la même tétralogie, que « certains» voulaient réunir sous un
seul et même intitulé : 3. Tepi voŨ
4. Περί αισθησίων (ταύτα τινες ομου γράφοντες Περί ψυχής επιγράφoυσι). Présenter ces deux titres comme les “ livres” successifs d 'un seul et même ouvrage supposerait sans doute une disposition similaire à celle qui est proposée par Diels, à savoir: 3. Περί ψυχής α' ή Περί νού 4. Nepi puxñs B ' ñ Mepi aloonolwv.
On comprend pourtant que H . S. Long ait reculé devant de si multiples interventions dans le texte rapporté par les manuscrits (pour les deux titres IV 1
DÉMOCRITE D ' ABDÈRE
687
et 2 , tels qu 'ils sont imprimés dans les Fragmente der Vorsokratiker, sept mots sur dix -sept sont ajoutés par Diels ). Qui plus est, on se demande : en intervenant si brutalement dans la tradition desmanuscrits, Diels veut-il simplement restau
rer le texte de Diogène,ou bien prétend-il remonter au catalogue de Thrasylle et suppose - t- il, pour ce faire , que les titres recopiés par Diogène comportaient déjà des erreurs ? On comprend que l'éditeur de Diogène refuse toute correction
fondée sur cette dernière hypothèse ...
Restituer soit le texte de Diogène, soit le catalogue de Thrasylle dépasserait pourtant de loin les bornes de cette Notice .Nous nous en tenons ici au texte de
Diogène tel que l' établit H . S . Long dans son édition d 'Oxford (voir ci-dessus), et nous essayons d 'en donner une traduction des plus littérales :
Traités éthiques I. 1. Pythagore 2. De la disposition du sage 3 . De ce qu'il y a dans le royaume d 'Hadès 4 . La déesse de la triple naissance (c'est- à-dire qu' elle est à l' origine de trois choses qui embrassent toutes les affaires humaines).
II. 1. De l'excellence d'un homme ou de la vertu 2. La corne d 'abondance
3. De la bonne humeur 4 . Notes sur l'éthique ; car Le bien- être ne se trouve pas. Traités physiques III. 1. Grand système du monde (que l'école de Théophraste dit être de Leucippe)
2. Petit système du monde 3 . Description du monde 4 . Des astres errants.
IV . 1. Dela nature , livre premier 2 . De la nature de l'homme (ou De la chair ), livre deux
3. De l'esprit 4. Des sens (certains réunissent ces traités dans un même écrit, l'intitu lant De l'âme).
V . 1. Des saveurs 2 . Des couleurs
3. Des différences de forme 4 . Des changements de forme.
688
DÉMOCRITE D 'ABDÈRE VI. 1. Arguments à l'appui (ce sont des écrits où sont passés en revue les
propos déjà énoncés) 2. Des images ou de la providence 3. Des principes logiques, canon , livres 1 , 2 , 3 4 . Questions à débattre. Traités hors série 1 . Causes de ce qui se passe dans le ciel 2 . Causes de ce qui se passe dans l'air 3. Causes de ce qui se passe sur la surface de la terre 4 . Causes relatives au feu et aux choses qui se trouvent dans le feu
5 . Causes relatives aux sons 6. 7. 8. 9.
Causes relatives aux graines, aux plantes et aux fruits Causes relatives aux animaux, livres 1, 2 , 3 Causes diverses De l'aimant
Traités mathématiques VII. 1. De la différence [...), ou De la tangence d 'un cercle et d 'une sphère 2 . De la géométrie 3. Questions géométriques 4 . Nombres.
VIII. 1. Des lignes irrationnelles et des solides, livres 1, 2 2 . Projections 3 . La grande année , ou Astronomie, calendrier 4 . Concurrence de la clepsydre < et du ciel> .
IX . 1. Description du ciel 2 . Description de la terre 3 . Description du pôle 4 . Description des rayons lumineux.
Traités demusique X . 1. Des rythmes et de l'harmonie
2 . De la poésie 3. De la beauté des vers 4 . De lettres consonantes et dissonantes.
DÉMOCRITE D 'ABDÈRE XI. 1. D 'Homère ou de la justesse de la diction et desmots insolites
689
2 . Du chant
3. Des mots 4. Recueils de mots.
Traités techniques
XII. 1. Prévision 2 . Du régime ou diététique 3. Connaissance médicale 4 . Causes relatives à ce qu 'il y a d ' inopportun et d 'opportun. XIII.
1 . De l'agriculture , ou De l'arpentage
2. L 'art de peindre d 'après nature 3. La tactique et 4 . L 'art du combat aux armes lourdes. Certains tirent aussi de ses Notes les traités suivants, auxquels ils assignent une
place à part: 1. Des écrits sacrés qui se trouvent en Babylone 2 . De ce que l'on trouve à Méroe
3 . Voyage autour de l'Océan
4 . De la recherche 5. Discours chaldéens 6 . Discours phrygiens 7. De la fièvre et de ceux qui toussent sous l'effet de la maladie 8 . Causes relatives aux lois
9 . Problèmes relatifs aux objets fabriqués à la main . De ces 70 titres, il ne reste aujourd 'hui que de fragments épars, conservés tantôt par Sextus (fragments 6 -11) ou par Clément (fr. 18 ; cf. fragments 30 -33), tantôt par Plutarque ou par Stobée (fr. 3 ). (Voir pourtant ci- après V . 5 .) Les quelques renseignements que l'on peut glaner dans les sources secondaires sont
regroupés par Diels ; voir DK 68 B0a - 28a (t. II, p . 130, 9 - 150, 9). Les titres énumérés par Thrasylle ne sontpas les seuls que l' on rencontre dans
la littérature de l' Antiquité. Des écrits où il est question des puissances secrètes des plantes, des arts du sourcier, de la prévision du temps, sont attribués à
Démocrite par Pline, Tatien et d 'autres (DK 68 B 300 (t. II, p. 210, 14 - 221,21]; voir 74 I. Hammer-Jensen, art. « Demokritos » , RESuppl. IV , 1924 , col. 219 223; 75 H . Steckel, art. « Demokritos» , RESuppl. XII, 1970 , col. 197 - 200 ) .
Diogène (ou Thrasylle ) nous met en garde (ap. D .L . IX 49 (DK 68A33]) : à part les titres retenus dans l'édition de Thrasylle , les ouvrages portant le nom de Démocrite, s' ils ne sont pas des extraits, sont bien des apocryphes. On le croira volontiers ; on ne prête en effet qu 'aux riches.
690
DÉMOCRITE D 'ABDÈRE (Pour ces apocryphes, voir aussi les notices « Bolos» et « Démocratès Gnomicus» . Un
inventaire systématique de cette vaste littérature pseudo -démocritéenne, prenant en compte les
traditions orientales, devrait faire l'objet d 'une notice complémentaire . Signalons, outre
Hammer-Jensen 74 et Steckel 75, à titre provisoire, quelques indications bibliographiques : Pour la tradition arabe : F . Sezgin , Geschichte des Arabischen Schrifttums, t. III : Medizin Pharmazie - Zoologie - Tierheilkunde bis ca. 430 H ., Leiden 1970, p. 23 ; t. IV : Alchimie Chemie - Botanik - Agrikultur bis ca. 430 H ., Leiden 1971, p . 310 - 312 ; t. V :Mathematik bis
ca. 430 H ., Leiden 1974, p . 427 ; t. VII : Astrologie - Meteorologie und Verwandtes bis ca.
430 H ., Leiden 1979, p . 308- 309.
Pour la tradition alchimique, voir J. Letrouit, « Datation des alchimistes grecs », dans D . Kahn et S. Matton ( édit.), Alchimie : art, histoire etmythes. Actes du jer colloque interna tional de la Société d 'Étude de l'Histoire de l'Alchimie, Paris , Collège de France, 14 - 16 mars
1991, coll. « Textes et Travaux de Chrysopcia » 1, Paris 1994, p. 80 -98, notamment section 21. 2 , p . 71-77. R.G .) 2 . LE “ GRAND SYSTÈME DU MONDE”, LE “ PETIT SYSTÈME DU MONDE ”
Même les titres énumérés par Thrasylle ne sont pas tous au -dessus de tout soupçon ; deux en particulier posent à l'historien d' inextricables problèmes. Les deux premiers livres de la première tétralogie de traités “ physiques " s'intitulent le Grand système du monde et le Petit système du monde. Thrasylle (ou Dio
gène ?) précise que « l' école de Théophraste » ( oi nepi Deo Paotov) attribuait à Leucippe le premier de ces deux titres (D .L . IX 46 (DK 68 A33]). L 'auteur de la Souda affirme pourtant exactement le contraire. Deux ouvrages, dit-il dans sa notice sur Démocrite (s.n. Anuóxpitos (A 447, t. II, p. 44, 15- 16 Adler; DK 68 A2]), sont authentiques: le Grand système du monde et De la nature du monde. De ces deux titres, le deuxième ne se trouve pas dans le catalogue de
Thrasylle. Et le premier est celui-là même que « l'école de Théophraste » prête à Leucippe. D 'autres témoignages ne font que rendre ce problème plus épineux encore , car ils font état de la même contradiction . Achille , dans son introduction aux
Phénomènes d’Aratos (mais dans ce passage précis s'inspirant, semble -t-il, d'Eudore (philosophe et commentateur du jer siècle avant J.-C .; voir 76 E .Mar tini, art. « Eudoros » 10 , RE VI 1, 1909, col.915 -916 ]), attribue, lui aussi, le Grand système du monde à Démocrite (Isag . in Aratum I 13 (Commentariorum
in Aratum reliquiae, ed. E.Maass, Berolini 1898, p . 40, 26 -27 ; DK 67B 1] : « Que les astres soient des êtres vivants ne plaît ni à Anaxagore ni à Démocrite dans le Grand système du monde » ). Et d 'autres auteurs font allusion à ce titre
quand ils relatent une anecdote sur la vie de Démocrite : mis en accusation par les Abdéritains pour avoir dilapidé l'héritage reçu de son père (ou craignant de
l'être), Démocrite (ou ses proches) aurait donné une lecture publique du Grand
système du monde. Ainsi Athénée , Deipnosophistae IV 168 B (DK 68 B 0c) ; ainsi également, selon Diogène ( IX 39-40 [DK 68 A 1]), Antisthène,Démétrios (de Magnésie ), Hippobote . Et Antisthène d'ajouter (loc. cit.) que « ce fut le meilleur de ses traités» . Mais dans un papyrus retrouvé dans les ruines d'Herculanum les spécialistes croient pouvoir restituer une référence au même titre, assortie de la mention « qu 'ils disent être de Leucippe ».
DÉMOCRITE D'ABDÈRE
691
Pour le papyrus dont il est ici question, voir 77 E .Martini, Catalogo generale dei papiri ercolanesi, dans D . Comparetti, G . de Petra, La villa ercolanese dei Pisoni, i suoimonumenti e la sua biblioteca. Ricerche e notizie per D . C . et G . de P., Torino 1883, p. 144 (nº 1788 ). L ' état brut du papyrus est reproduit dans 78 Herculanensium voluminum quae supersunt, collectio altera, t. VIII, Neapoli 1873, p . 58 , fr . 1. Le texte est restitué par 79 W . Crönert,
Kolotes und Menedemos, Texte und Untersuchungen zur Philosophen - und Literatur . geschichte, coll. « Studien zur Palæographie und Papyruskunde » 6 , Leipzig 1906 , p . 147.
Voir aussi DK 67 B 1a.
L'auteur de la Souda est donc appuyé par Achille (et par Eudore), ainsi que par toute une constellation d ’historiens et d'essayistes (Athénée , Antisthène, Démétrios, Hippobote ): le Grand système du monde est bien de Démocrite . Et
Thrasylle (ou Diogène) est appuyé par l'auteur du papyrus : « l'école de Théo phraste » ( selon Thrasylle), des auteurs anonymes (selon l'auteur du papyrus) attribuent le même titre, non pas à Démocrite ,mais à Leucippe.
Non pas la solution ,mais l'explication du problème se trouve, peut- être, dans les lignes suivantes du papyrus, où les spécialistes reconstituent une vingtaine de mots (sur 95 lettres, 45, donc la moitié, sontajoutées par les soins des éditeurs ): l'auteur du Petit système du monde aurait recopié ce qu 'il avait lu dans le Grand
système du monde. On se demande : l'enseignement de ces deux traités a-t-il donc été le même ? Ainsi pourrait s'expliquer la naissance de deux hypothèses contradictoires. Première hypothèse. On comprendrait en effet que, pour bon nombre d'historiens et de doxographes, la même doctrine doit être formulée par un seul et même auteur : Démocrite , auteur du Petit système du monde, ne pouvait pas ne pas être également l'auteur du Grand système du monde. Et l'on
comprendrait aussi – seconde hypothèse – que l' existence de deux traités portant sur le même thème et exposant une seule etmême doctrine ait fait penser aux
nombreux passages où Aristote attribue la doctrine atomiste à la fois à Leucippe et à Démocrite : quoi de plus naturel, si le Petit système du monde revient à Démocrite, que de prêter le Grand système du monde à Leucippe ?
Mais comment alors choisir entre ces deux hypothèses ? On ferait volontiers confiance à Théophraste , auteur d 'un livre Sur Démocrite (D .L . V 49) et d'un autre consacré à son astronomie (D .L . V 43; voir ci-après V . 3), d'avoir su distinguer les deux auteurs. Mais peut-on en dire autant de son « école » ? (Cf. D .L . IX 46 (DK 68 A33]: oi nepi Ocoopaorov. Les deux expressions, ó Deo
φραστος et οι περί Θεόφραστον, ne sont pas en effettoujours synonymes; voir L . S.J., s.v. Trepi, C , I 2.) Quelle que soit la réponse à cette question, on s' étonnera de lire, dans le recueil de Diels -Kranz, de longues citations présentées comme des extraits ou
comme des résumés de ces deux ouvrages. Sous la rubrique « Auszug aus dem Méyaç diáxoquos » , Diels imprime en effet, dans son chapitre sur Leucippe
[DK 67 A 24 ),un texte tiré de ses Doxographi graeci (Aétius I4, 1- 4) et un autre provenant d'Épicure, Lettre à Pythoclès 88- 90 (= D . L . X 88 -90 ). Dans son cha
pitre sur Démocrite, le même auteur reprend, sous l'intitulé Mixpós diáxoquos (68 B 5), un ensemble plus généreux encore de textes divers : deux beaux mor ceaux de Diodore de Sicile , I 7, 1-6 et 8, 1-9 ; un long extrait de l'auteur
DÉMOCRITE D 'ABDÈRE anonyme d'un traité intitulé Hermippus de astrologia , II 1, 4-13 (p. 33,15
692
35,22 ed. W . Kroll, P. Viereck , coll. BT 1895); enfin , deux pages de Ioannes Tzetzès, Scholia in Hesiodum (p . 58, 11 - 59,20 [ad Hes., Opera et dies I42] ed.
T.Gaisford, Poetae minores graeci,t. III, Oxonii 1820). Signalons par parenthèse tout l'à-peu -près quicaractérise ici, comme très souvent ailleurs, les références que donnent H . Diels et W . Kranz, mêmedans les éditions les plus récentes des Fragmente der Vorsokratiker. (1 ) Les deux extraits de Diodore de Sicile comprennent, du chapitre 7, les paragraphes 1 à 6 (etnon pas seulement 1 à 5 ) et, du chapitre 8 , les paragraphes 1 à 9 (et non pas seulement 1 à 7). (2 ) Diels et Kranz n 'ont pas indiqué le vers d'Hésiode qui fait l'objet de la scholie de Tzetzès. (3) L 'ouvrage de Gaisford où se trouve cette scholie s'intitule Poetaeminores graeci, et non pas, comme l'ont indiqué Diels-Kranz, Poetae graeci minores. (4 ) Enfin , le texte censé reprendre la doctrine de Démocrite dépasse , et de très loin ,
la seule page qu'ont indiquée à cet endroit nos deux éditeurs (p . 58 ). - On attend avec impa
tience une nouvelle édition des Fragmente der Vorsokratiker qui soit digne de ce nom . Pour l'auteur du traité Hermippus de astrologia , voir 80 W . Kroll, art. « Hermippos » 9, RE VIII 1, 1913, col. 854-857 . Je regrette de ne pas avoir eu accès à une thèse de 81 F . Jürss, intitulée Studien zu spätbyzantinische Dialog Hermippus de astrologia , Berlin 1964. (Cf.
82 Emilie Boer, art. « Hermippos» 4 , KP II, 1967, col. 1080.)
L 'attribution de tous ces textes à nos deux atomistes est en réalité fort
précaire . Les cosmogonies présentées par Diodore, par l'auteur du traité Hermip pus de astrologia et par Tzetzès possèdent indubitablementplusieurs traits com muns, mais rien ne permet d'affirmer que Démocrite en soit l'inspirateur. Il n 'estmême pas certain que les thèses exposées relèvent d'une théorie atomiste . Le texte d'Aétius, cité dans le chapitre sur Leucippe (Aétius I 4, 1-4 (DK
67 A 24 ]), comprend deux fois le mot “ atome" (åtóuwv, Diels 1, p. 289, 9 [= DK II 77, 7 );atquoi, Diels 1, p. 290 , 4 (= DK II 77, 17]). Mais rien n 'oblige à croire que l'auteur des Placita ait ici recopié un texte qui puisse se prévaloir de
la paternité de Leucippe. Pour revenir aux inexactitudes qui déforment les éditions successives des Fragmente der Vorsokratiker : j'écris bien que le texte d 'Aétius cité par Diels dans son chapitre surLeucippe
(Aétius I 4 , 1-4 (DK 67 A 24 ]) ne comprend que deux fois le mot “ atome" . Une troisième occurrence de ce mot dans DK II 77, 12 (åtouwv, Aétius I 4 , 2) est écrit owuatwv à la fois
dans le texte imprimé par Diels 1 , p . 290 , 3 (voir aussi la nouvelle édition des Placita philo sophorum du pseudo -Plutarque, ed. J.Mau, Plutarchi Moralia , vol. V , fasc . 2, pars 1, coll. BT
1971, ad loc. (p. 60, 6 ]), etdans le passage parallèle d'Eusebe, Praep. evang. XV 32, 2 (t. II, p . 405 , 11 Mras). (Je m 'abstiens de citer ici l'édition des Placita philosophorum parue cette année dans la collection Guillaume Budé ; voir G . Lachenaud , Plutarque, Cuvres morales,
t.XII, partie 2, Opinions des philosophes, texte établi et traduit par G . L., CUF, Paris 1993. Lors d 'une première consultation , cette édition inspire au lecteur fort peu de confiance.Nous lisons en effet, sur la première page de la Notice [p . 5 ] : « Le manuscrit M de Moscou donne le
titre complet précédé de la mention du " philosophe Plutarque " et comprenant le terme de " résumé ”. » Le lecteur désireux de s' informer sur la leçon du manuscrit deMoscou cherchera pourtant en vain dans l'apparat correspondant au titre grec de l'ouvrage (p . 68 ]; il n 'y trou vera aucunemention de la leçon conservée dans le manuscrit deMoscou . Qui plus est, l'appa rat ne peut être ici simplement “ négatif ", car le titre, tel qu 'il est imprimé par Lachenaud , ne comporte aucune mention du “ philosophe Plutarque " et ne comprend non plus aucun terme qui puisse se traduire par le mot “ résumé" . Sans doute serait-il injuste de porter un jugement
défavorable sur l'ensemble de cette édition à partir de ce seul détail ; jusqu'à plus amples renseignements sur la qualité de cette édition , j'ai pourtant jugé plus prudent de m 'en remettre à l' édition de J.Mau , mentionnée ci-dessus.)
DÉMOCRITE D 'ABDÈRE
693
Il est vrai que les manuscrits d'Eusebe présentent iciune variante . Par l'apparat de Mras,
nous apprenons en effet que la première main du ms. N ( codex Neapolitanus Borbonicus II.A .16 , saec. XV) écrit otouátwv (Praep. evang. XV 32, 2 [t. II, p. 405, 11Mras]), leçon qui se retrouve dans le ms. D (cod. Parisinus graecus 467, saec. XVI), recopié, d 'après Mras (Teil I, p . XLVI), d 'un archétype commun à ces deux manuscrits. Cette leçon est pourtant
corrigée en owhátwv par une deuxième main dans le manuscrit N . Rien ne permet de substituer, à cette correction , le mot atouwv.
Diels 1, p. 290 , 3, écrit owuátwv (Aétius I 4 , 2) ; mais, sans rien indiquer dans son appa rat, il écrit átouwv dans la première édition de ses Fragmente der Vorsokratiker, Berlin 1903, p . 362, 11 (cap. 54 A 24 ). Cette leçon est retenue dans toutes les éditions postérieures du
même ouvrage (cf. DK II 77, 12). Elle est pourtant le fruit d 'une simple bévue. En recopiant ce chapitre d'Aétius dans ses Fragmente der Vorsokratiker, Diels suit en effet, non pas le
texte d 'Aétius qu'il avait lui-même établi dans ses Doxographi graeci,mais le texte rapporté par Usener dans son édition des fragments d 'Épicure (83 H .Usener, Epicurea, Lipsiae 1887, fr. 308 ( p. 215, 23 : atouwv]). Le texte d'Usener n 'aurait pourtant d 'autre fondement que l' édition d 'Aétius publiée par Diels dans ses Doxographi graeci. La notation åtóuwv est donc une simple erreur de transcription. Cette erreur de transcription est pourtant le symptôme d 'une erreur plus grave encore. Si
Usener prête à Épicure ce chapitre d 'Aétius (I 4 , 1 -4 ), c 'est qu 'il fait confiance à Diels qui, dans les Prolegomena de son édition des doxographes, affirme que cette page d'Aétius est une pièce rapportée, où sont exposées les doctrines de Démocrite telles que les aurait remaniées Épicure. Diels 1, p. 58, écrit en effet : les propos de ce chapitre « neque ab Aëtio ipso profecta neque ex genuina Placitorum consuetudine dicta sunt. inest enim unius Epicuri ex Democrito
conformata doctrina. » Vingt ans plus tard (Fragmente der Vorsokratiker , 1re éd., Berlin 1903, cap. 54 A 241), Diels attribue le même texte, non pas à Épicure, pas plus d 'ailleurs qu'à Démocrite ,mais à Leucippe. Qu'est-ce pourtant qui autorise cette nouvelle attribution ?
3 . SOURCES SECONDAIRES
Plutôt que de se fier à des textes livrés sansmention de nom , l'historien avisé se penchera sur les auteurs qui citent expressémentDémocrite. De telles sources sont en effet assez nombreuses. Aristote renvoie fréquemment soit à Leucippe et à Démocrite, soit à Démocrite seul (plus de 150 références dans l'Index de Bonitz ). Théophraste , dans son De sensibus, expose (cap. 49-50 ; 55 -56 ; 58 ;61
67 ; 73-78) et critique longuement (cap.51-54 ; 57; 68-72 ; 79-82) les théories de Démocrite sur la perception (Diels 1, p. 513,10 -515 , 27 et516 ,25 - 524, 20 [DK 68 A 135 ]). Simplicius recopie un extrait précis et très détaillé d'un traité consacré par Aristote à Démocrite (in De caelo , p. 294, 33 sqq. ed. J.L . Heiberg, CAG VII, 1894 ( fr. 208 ed. V . Rose , coll. BT 1886 = fr. 642 ed . O . Gigon , Berolini/Novi Eboraci - Berlin New York 1987 ; DK 68 A37 ]: óriya éx TÕV
AplotOTÉROUÇ tepi Anuospítov napaypaQÉVTA...). Les deux recueils doxo graphiques réunis par H . Diels sous le nom d'Aétius (Diels 1 , p. 267-444 ) renvoient fréquemment soit à Démocrite soit à Démocrite et à Leucippe (plus de
70 entrées). Enfin, plusieurs auteurs de l'Antiquité s'intéressant de près à la philosophie (Plutarque, Cicéron ,Galien , Sénèque...) font abondamment allusion à telle ou telle doctrine des Atomistes. D 'après 84 P .Moraux, Les listes anciennes des ouvrages d 'Aristote, coll. « Aristote, traductions et études » , Louvain 1951, p. 120 -121, l'extrait recopié par Simplicius sous la
rubrique briya Éx TÕV ’APLOTOTÉROUç nepì Anuoxpltou napaypapevta... proviendrait de l'ouvrage intitulé Mpoßanuata Éx tõv Anuoxpítov B ', signalé par Diogène (D . L . V 26 ; voir ci-après).
694
DÉMOCRITE D 'ABDÈRE Il se peut que P .Moraux ait raison sur ce point. J'ai pourtant du mal à concevoir que
l' intutilé Mpoßanuata soit apte à désigner l'exposé détaillé du mouvement des atomes et de la cosmogonie dont fait état Simplicius dans le passage en question (in De caelo , p. 294 , 33
sqq. Heiberg). Je préfère par conséquent supposer que l'ouvrage recopié par Simplicius et l 'ouvrage dont le titre est conservé par Diogène Laërce sont deux écrits différents, suivant en
cela l'opinion de 85 O . Gigon , Aristotelis opera , vol. III : Librorum deperditorum fragmenta collegit et annotationibus instruxit O . G ., Berolini/Novi Eboraci (Berlin /New York ) 1987,
p. 540-541 (commentaire sur le titre conservé par Diogène); p. 730 -731 (fr. 642 = l'extrait
recopié par Simplicius). Cette richesse n 'est pourtant que toute relative : nombreux en effet sont les titres d 'ouvrages consacrés à Démocrite qui n 'ont pas laissé de trace dans la littérature de l'Antiquité (voir DK , t. II, p . 92,29 - 93, 5). Ainsi l'ouvrage
d'Aristote en deux livres intitulé Problèmes tirés de Démocrite (IIpoßanuata Èx tőv Anuoxpítov B', D .L . V 26 ), Théophraste , De Démocrite, en un livre (Ilepì Anuospitov a', D .L . V 49), et De l'astronomie de Démocrite, en un livre
( IIepi tñs Anuoxpítov åotporoylas a', D .L. V 43), enfin , Héraclide du Pont, A propos de Démocrite (Ilepi Anuóxpitov, D .L . V 87) et Exposés contre
Démocrite, en un livre (IIpoç töv Anuóxputov ÉENYHoelg a', D .L. V 88). V . Rose interprète Ipoßanuata Èx tōv Anuoxpítov B' (D . L . V 26 ) comme Deux problèmes tirés de Démocrite. (Voir 86 V . Rose , Aristotelis qui ferebantur librorum frag menta , coll. BT 1886 , ad loc. (p . 8 ) ; voir aussi 87 id., Aristotelis opera edidit Academia regia
borussica , vol. V : Aristotelis qui ferebantur librorum fragmenta collegit V . R ., Berolini 1870, ad loc. (p. 1465].) Moraux 84, p. 120 -121, ne prend pas position . Le titre correspondant d'Hesychius ( Ilpoßanuátwv Anuoxepitelwv B ’, voir DPhA, t. I, p.428) plaide pourtant en
faveur de la traduction adoptée ci-dessus (Problèmes tirés de Démocrite, en deux livres). Héraclide du Pont, A propos de Démocrite, Nepi Anuóxpitov, D .L. V 87. Ainsi l'écrit H . S . Long, dans son édition de Diogène (OCT t. I, 1964). On corrigera spontanément, soit en
Ilpos Anuóxpitov (correction adoptée par F. Wehrli, Die Schule des Aristoteles, Texte und Kommentar, Heft VII, 2e éd ., Basel/Stuttgart 1969, fr. 36 ), soit en ſepi Anuospitou .
Pour revenir à Aristote : le titre Mpoç Anuóxpitov a' signalé par Diogène plus loin dans sa liste des æuvres d 'Aristote (D . L . V 27 ) s 'inscrira sans doute sous la rubrique ÉTTlotohai.
Si l'on fait confiance à Moraux 84 , p. 141- 142 , le destinataire en serait un Démocrite d' Athè nes, envoyé comme ambassadeur à Philippe de Macédoine dans les années 340. Les deux
passages allégués par Moraux , tirés de Démosthène, De corona 76 (i.e. 75) et 77, correspon dent pourtant, le premier à un décret de la Boulé d ' Athènes, le second à une lettre adressée par
Philippe aux Athéniens ; l'authenticité de ces deux documents est fort sujette à caution . (Plusieurs autres destinataires sont des hommes politiques macédoniens. C 'est à tort que R . D .
Hicks, LCL 1925,t.I, p. 475,traduit ce titre « In reply to Democritus, one book». R.G.)
Le titre Contre Démocrite (Ilpos Anuóxpitov) est atfesté pour Épicure, Métrodore et Cléanthe. Le traité d'Épicure estmentionné par Philodeme, De libertate dicendi (ſlepi naponolac, titre appose a l' un des livres de son ouvrage Περί ηθών και βίων κατά επιτομήν εκ των Znvwvog oxov , voir 88 M . Gigante , « Philodème: Sur la liberté de parole » , Association Guillaume Budé, Actes du VIIle Congrès, Paris 1969 [1970 au verso de la page de titre ),
p . 196 -217), fr. 20 ed. A . Olivieri, coll. BT 1914, p. 10- 11. Cf. Épicure , fr. 11, Epicurea, ed . H . Usener, Lipsiae 1887, p. 97.Métrodore : D . L . X 24 . Cf.Métrodore de Lampsaque, fr. 2, Metrodori Epicurei fragmenta , ed . A . Körte, JKPh, Supplementband 17 , 1890, p. 537, 539. Cléanthe : D . L. VII 174. Cf. Cléanthe, fr. 481, SVF I 107, 1.
DÉMOCRITE D 'ABDÈRE
695
Et l'on peut flairer l'existence d 'autres livres encore qui n 'ont même pas laissé de titre (voir, par exemple, Plutarque, Adversus Colotem , cap. 3-4, 1108 E 1109 C (cf.DK 68 B 156 ]). De toutes ces æuvres nous ne savons rien , ou presque.
4.DÉFORMATIONSDANS LES SOURCES SECONDAIRES Revenons donc aux auteurs dont nous avons encore aujourd'hui quelque connaissance, ne serait-ce que sous une forme fragmentaire : Théophraste , Sim plicius, Aétius, Plutarque... Ces divers témoignages, comme on pouvait s'y
attendre, sont émaillés de contradictions et de contresens, issus le plus souvent d'une " projection ” (à moins que l'on ne veuille parler d'une “ rétrojection ”, voire d'une “ rétroprojection ") sur les théories des premiers atomistes (Leu
cippe, Démocrite ) des doctrines formulées, plus d'un siècle plus tard, par Épicure . Ainsi en est-il, par exemple, de la question de la taille des atomes. Aétius affirme qu 'il peut y avoir, pour Démocrite, un atome « aussi grand qu 'un
cosmos » (xogulatos, Aétius I 12, 6 (DK 68 A47 ); ce mot est un hapar; nous citons le sens adopté par L .S.J., s.v.). Pour Aristote, au contraire, les atomes sont trop petits pour qu 'ils puissent dépasser le seuil de la perception (sur Leucippe :
De gen. et corr. I 8, 325 a 30 (DK 67 A 7 ); sur Démocrite : ap. Simplicius, in De caelo, p. 295 , 5-6 Heiberg [fr. 208 Rose = fr. 642 Gigon ; DK 68 A 37 ]). La contradiction est flagrante ; comment l'expliquer ? Selon Aristote, les différences de taille dans les atomes, pour Démocrite
comme pour Leucippe, sont finies, les variétés de forme infinies. Pour Épicure , au contraire , les variétés à la fois de taille et de forme sont finies. Les différences de taille sont finies. Voir les deux passages mentionnés ci- dessus (sur Leucippe, Aristote, De gen . et corr. I 8 , 325 a 30 [DK 67 A 7 ) ; sur Démocrite, Aristote , ap. Simplicius, in De caelo, p . 295 , 5 -6 Heiberg (DK 68 A 371). Les variétés de forme sont
infinies. Pour Leucippe, voir Aristote, De gen . et corr. I 8 , 325 b 27 -28 (DK 67 A 7 ). Pour Leucippe et Démocrite , voir Aristote, ibid . I 1, 314 a 21- 23 (DK 67 A 9). Pour Épicure, les
variétés de taille et de forme sont finies ; voir Ep. ad Her. 55 -59 (grandeurs ) ; ibid . 42 (formes) .
Cette modification de la théorie primitive est la conséquence d'une innova tion plus radicale encore, à savoir la division conceptuelle des atomes en “ par
ties” (Épicure, Ep. ad Her. 55-59 ; cf. Lucrèce, De rerum nat. I 599 -634). Pour les épicuriens, une variété de forme ne saurait en effet se produire qu'à la suite d'une nouvelle collocation de ces “ parties” , si bien que des variétés infinies de
forme entraîneraient, pour certains atomes, un nombre infini de “ parties”, donc une augmentation très grande, voire “ infinie ” , de grandeur (ce raisonnement est
élaboré par Lucrèce, De rerum nat. II 478-499 ; cf. I 599-634). Or voilà la conclusion que prête à Démocrite l' auteur des Placita , lorsqu 'il affirme qu 'il peut y avoir, pour Démocrite , un atome « aussi grand qu'un cosmos» (voir ci-dessus : I 12, 6 (DK 68 A47]). En s'exprimant de la sorte , cet
auteur tire parti du raisonnement formulé par Lucrèce (De rerum nat. II 478 499, mentionné ci-dessus) : une variété infinie de formes ne saurait se produire
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DÉMOCRITE D 'ABDÈRE
que s'il existe , pour certains atomes, un nombre infini de “ parties ”, donc une
augmentation “ infinie " de grandeur. Ce raisonnement est pourtant parfaitement anachronique en ce qui concerne Démocrite . La conception de “ parties” atomi ques est en effet une innovation d'Épicure , destinée à contourner les critiques
adressées par Aristote aux premiers atomistes (voir Simplicius, in Phys., p . 925, 13-22 Diels (DK 67 A 13) ; cf. Épicure, Ep. ad Her. 55 -59).
Même déformation dans le témoignage apporté par Aétius, relatif à la théorie de la pesanteur des atomes. Les épicuriens adoptent une conception aristoté licienne de la pesanteur, imprimant par conséquent aux atomes un mouvement “ naturel" vers le bas (Lucrèce, II 80 -332 ; cf. Épicure, Ep. ad Her. 43 ; 60 -62).
L ' absence d'un tel mouvement dans la théorie primitive (Aristote, De caelo III 2 , 300 b 8 -11 ; Met. A 4, 985 b 19-20 ;A6, 10716 31-34 ) induit à penser que les
atomes de Démocrite sont privés de pesanteur. Cette opinion est rapportée par Aétius (I 12, 6 (DK 68 A47 ]), l'auteur des Placita s ’opposant, ici encore, à Aristote , qui écrit expressément que chaque atome est plus ou moins lourd qu'un autre (De gen . et corr . I 8, 326 a 9 (DK 68 A 60 ) ; cf. De caelo IV 2, 308 b 28 309 a 11 [DK ibid .)), ainsiqu'à Simplicius, qui prête aux atomes un mouvement « selon la pesanteur » (in Phys., p . 1318 ,30 - 1319, 5 Diels (cf. DK 68 A 58 ]), sans
leur imposer un mouvement vers le bas (cf. in De caelo, p.583, 20-22 Heiberg [DK 67 A 16 ] ; in Phys., p. 42, 10-11 Diels (DK 68 A 47]). D 'autres témoignages laissent de prime abord perplexe. Ainsi Aristote , lors
qu'il affirme (De anima II 7 ,419 a 15 - 17 (DK 68 A 122 ]) que, dans la théorie de
Démocrite, « si l'intervalle devenait vide, on verrait clairement même une fourmi qui serait dans le ciel » . Un passage d 'Alexandre (in De sensu , p . 56 , 8
58,22 ed . P. Wendland, CAG III 1, 1901) donne pourtant le mot de cette énigme: dans la théorie atomiste , l'image provenant de l'objet « pousse en avant» l'air qui se trouve entre l'objet et l'œil, cet air permettant la perception de l' intervalle (voir aussi Lucrèce, De rerum nat. IV 244 -255). Ainsi s'expli
querait qu' en l'absence d' air (« si l'intervalle devenait vide ») on verrait l'objet sans percevoir l'intervalle : la fourmi se promenant sur la voûte céleste se
présenterait à la perception comme si elle se situait tout juste devant l'eil. Les problèmes évoqués ci-dessus font tous l'objet de publications antérieures de l'auteur de cette Notice . Pour l'atome d 'Aétius « aussi grand qu 'un cosmos » , voir 89 D . O 'Brien , « La
taille et la forme des atomes dans les systèmes de Démocrite et d'Epicure : " préjugé ” et “ pré
supposé ” en histoire de la philosophie », RPhilos 172 , 1982, p . 187-203. Sur la pesanteur des atomes, voir 90 id ., Theories of weight in the ancient world. Four essays on Democritus, Plato and Aristotle . A study in the development of ideas, vol. I : Democritus : weight and size.
An essay in the reconstruction of early Greek philosophy, coll. « Philosophia Antiqua » 37 et « Collection d'études anciennes » , Paris/Leiden 1981 ; cf. 91 id ., « Heavy and light in Demo critus and Aristotle : two conceptions of change and identity » , JHS 97, 1977, p. 64-74. Enfin , pour la théorie de la vision , voir 92 id., « Théories atomistes de la vision : Démocrite et le
problème de la fourmi céleste », dans L . G . Benakis (édit.), Proceedings of the 1st Interna tional Congress on Democritus (Xanthi,6 -9 octobre 1983), t. II, Xanthi (Grèce) 1984, p. 27 61.
DÉMOCRITE D 'ABDÈRE
697
5. FRAGMENTS ÉTHIQUES
La reconstitution de ces doctrines (et d 'autres encore) relève d 'un examen approfondi et nuancé des sources secondaires. Il ne s 'agit pourtant que des
doctrines “ physiques ”. De tout autre nature sont les documents ayant trait aux doctrines éthiques de Démocrite. Le recueil de Diels -Kranz comprend en effet
plus de deux cents fragments où s'expriment des préceptes ou des jugements d'ordre moral. Bien plus d'une centaine de ces fragments (numérotés 169-297 dans le recueil de Diels-Kranz) sont assignés à Démocrite dans les manuscrits de Stobée . Et de nombreux fragments (numérotés 35 - 115 Diels-Kranz) sont regroupés dans plusieurs manuscrits, se répartissant en deux familles, l'une représentée par un manuscrit du XIVe siècle de l'université de Heidelberg (codex Palatinus Heidel bergensis 356 ), l'autre représentée par un manuscrit du XVIIe siècle ayant appar
tenu au Cardinal Barberini (1597- 1679) et conservé aujourd 'hui au Vatican (codex Barberinianus 333 (olim 279 ]). Le manuscrit de Heidelberg (codex Palatinus Heidelbergensis 356 ) ayant séjourné pendant de longues années à Rome (1623- 1797), on en trouvera la description détaillée dans 93 H . Stevenson , Senior, Codicesmanuscripti Palatini graeci Bibliothecae Vaticanae, Romae
1885, p. 203-207. Fol. 143 verso-144 recto : « Democratis, philosophi Pythagorei, senten tiae » . Les variantes sont rapportées par 94 P . Natorp, Die Ethika des Demokritos, Text und Untersuchungen ,Marburg 1893.
Pour le manuscrit du Vatican (codex Barberinianus 333 (olim 2791), voir 95 J. Mogenet, J. Leroy, P . Canart, Codices Barberiniani graeci, t. II, Bibliotheca Vaticana 1989, p . 131 (cod. 279, § XVII) et p . 167 (Addenda et emendanda : « codex Democratis de quo agitur est hodiernus Barb. gr. 333 » ). Editio princeps par le bibliothécaire du Cardinal, L .Holstenius (Lukas Holste, 1596 - 1661) Demophili Democratis et Secundi veterum philosophorum Senten tiae morales nunc primum editae a L. H ., Romae 1638. P. 52-71 : « Democratis philosophi Aureae Sententiae » (texte grec et traduction latine) ; p . 118- 120 : « Notae et emendationes [...] ad Democratem » .
Le recueil de fragments conservé dans ce dernier manuscrit est pourtant intitulé Les sentences d 'or du philosophe Démocrate (Anuoxpátouc Olo
oopou yo@ ual Xproat, d'où le titre de l'editio princeps citée ci-dessus ; dans le manuscrit de Heidelberg nous lisons Ivõual Anuoxpátouc). S'agit-il d'une simple erreur d'orthographe (Démocrite/Démocrate : erreur que l'on trouve, par exemple , dans la notice de la Souda consacrée à Callimaque ; voir ci-après VI.
2 ; voir aussi DK 68 B 160, B 161, B 178), ou bien d 'un philosophe inconnu par ailleurs ? Que Stobée ait cité sous le nom de Démocrite une trentaine de ces fragments fera pencher pour la première hypothèse , mais l'authenticité de l'ensemble n 'est pas pour autant incontestée. Sur ce problème, voir la notice « Démocratès» (> D 68). VI.STYLE ET VOCABULAIRE
1. JUGEMENTS FORMULÉS PAR DENYS D 'HALICARNASSE ET PAR CICÉRON Si nous ne disposons d'aucun texte qui soit indubitablement de Démocrite, nous pouvons tout de même nous faire une idée de son style , grâce aux juge ments formulés par des auteurs de l' Antiquité (cf. DK 68 A 34).
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DÉMOCRITE D ' ABDÈRE
Démocrite, Platon , Aristote : ces trois auteurs (avec Homère , Sophocle , Hérodote et Démosthène) sont censés illustrer un style « intermédiaire » ou
« mélangé» (åpuovia eŭrpatoc), s 'opposant de la sorte, d 'une part aux auteurs pratiquant un style « rugueux » (åpuovia ajornpa : Empédocle , Pindare , Thucydide, Eschyle ...), d ' autre part à ceux dont le style est plutôt « léché » ou « poli » (åpuovia raapupá : Sappho, Euripide, Isocrate...). Tels sont les propos
développés par Denys d 'Halicarnasse dans son traité De la composition
stylistique (De compositione verborum , cap. 21-24 ( cf. DK 68A34 ]). Et Denys de conclure, au grand dam des lecteurs modernes de son traité : « Point n 'est besoin , je pense, de citer des exemples de ces auteurs (scil. Démocrite , Platon ,
Aristote ) qui sont très connus et se passent de commentaire . » (De comp. verb.,
cap. 24, 6 (p. 189, 20-25 ed . H . Usener, L . Rademacher, coll.BT 1904 ): napa δείγματα γάρ τούτων ουκ οίομαι δείν φέρειν, φανερών πάνυ όντων και ουδέν δεομένων λόγου. Je cite la traduction de Germaine Aujac et de
M . Lebel, Denys d 'Halicarnasse, Opuscules rhétoriques, t. III, CUF, Paris 1981, ad loc. (p . 173 ].) En s'exprimant de la sorte , Denys ne pouvait imaginer qu 'un beau jour les lecteurs de son traité seraient privés, non seulement des æuvres
“ exotériques ” d'Aristote , mais de l'ensemble de la production littéraire de Démocrite . Cicéron fait état d 'éloges réservés « par plus d 'un lecteur » (cf. « non nullis » ) au style de Démocrite . « Pour plus d'un lecteur, écrit-il, le style de Platon et de
Démocrite , bien qu'éloigné du vers , doit cependant, du fait qu 'il a plus de mouvement et qu' il utilise la plus brillante ornementation verbale, être considéré
comme poétique plus que celui des poètes comiques, chez lesquels, si ce n 'est qu 'ils écrivent en vers, rien ne diffère par ailleurs du langage de tous les jours.» (Cicéron , Orator XX 67 (cf. DK 68 A 34 ]: « itaque uideo uisum esse non nullis Platonis et Democriti locutionem , etsi absit a uersu , tamen , quod incitatius
feratur et clarissimis uerborum luminibus utatur, potius poema putandum quam
comicorum poetarum ; apud quos, nisi quod uersiculi sunt, nihil est aliud coti dianidissimile sermonis .» J'adopte , à une seule nuance près, la traduction de ce
passage donnée par A . Yon , CUF, Paris 1964 , ad loc. [p . 24 ).) Les disciples de Démocrite , comme ceux de Pythagore, sont en effet « des gens éloquents et graves » . (Cicéron , De oratore I 10 , 42: « Pythagorei omnes atque Democritii [... ] ornati homines in dicendo et graues. » ) Le terme d '“ éloquent" (cf. « ornati» ) revient au chapitre 11 du même traité . Démocrite s 'exprime « avec
éloquence » ; telle serait l'opinion générale ; telle serait également l'impression qu 'en a retenue Cicéron . (De oratore I 11, 49 (DK 68 A43] : « si ornate locutus est, sicut et fertur et mihi uidetur, physicus ille Democritus. .. » ) Enfin , une
comparaison succincte , et pourtant très révélatrice : « Héraclite est fort obscur; Démocrite l’est fort peu .» (Cicéron , De divinatione II 64 , 133 (DK ibid.) :
« ualde Heraclitus obscurus,minime Democritus.» ) Mais si le style de Démocrite était clair, son vocabulaire ne l' était pas. Déjà Aristote se voit obligé de gloser les termes qu 'employaient les premiers atomistes. Les atomes (je résume Met. A 4 , 985 b 10 - 19 (DK 67 A6 ]) accusent
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des différences de figure , d' ordre, de position. Différence de figure: ainsi A par rapport à N . Différence d'ordre: ainsi A N par rapport à NA. Différence de position : ainsi N par rapport à Z . Dans le grec attique que connaît Aristote, ces différences s'exprimentpar les trois termes: oxñua, táis, Okolc . Ceux qu 'em ploient Leucippe et Démocrite sont, tous les trois, différents : dvouós, blaðlyn ,
Tpom . A la lumière de ce texte de la Métaphysique, on comprend que, dès l’Anti quité, la terminologie des atomistes ait fait l'objet de deux ouvrages, l'un de Callimaque, l'autre d'Hégésianax .
2 .L 'OUVRAGE DE CALLIMAQUE Auteur (d'après la notice de la Souda, s.n. Karriuayos (K 227, t. II,
p . 19 , 12 - 20 , 2 Adler ]) de plus de huit cents livres,dont un catalogue raisonnéde la bibliothèque d 'Alexandrie, Callimaque (de ca 310 à ca 240 avant J.-C .; voir 96 H . Herter, art. « Kallimachos» 6, RESuppl. V , 1931, col. 386 -452, et 97 RESuppl. XIII, 1973, col. 184 -266 ) a rédigé un écrit intitulé Ilívať tõv
Anuoxpltou riwooőv xal OuvraYuátwv (t. III, p. 19, 30 -31 Adler (DK 68 A 32 ]: Anuoxpitou , Chalcondyles, editio princeps,Mediolani (Milan ) 1499 ;
Δημοκράτους vel Δημοκράτ codd.; Δημοκράτους retinet Adler). Quel était l'objet de cet ouvrage ? « Significat enim riõooa omnino Vocabulum sive propter peregrinitatem
sive propter vetustatem inusitatum aut obscurum .» Cette définition de T. Hemsterhuys, recopiée par A .F .Didot dans son édition de H . Stephanus, Thesaurus graecae linguae (vol. II, Parisiis 1833, s.v . ya @ ooa ( col.661 A ]), est reprise fidèlement par L .S .J. (s.v . rốood, II 2 : « obsolete or foreign word , which needs explanation » ). Elle se comprend aisément, dans ce contexte, dès
que l'on se souvient du passage d'Aristote indiqué ci-dessus (Met. A 4, 985 b 10
19 [DK 67 A6]) : Callimaque s'est donné pour tâche d 'expliquer les mots rares ou insolites qui risquaient d'échapper à l' intelligence des lecteurs d 'Alexandrie
au IIIe siècle avant notre ère . Pour le sens de raốooa , lire surtout Aristote , De arte poetica , cap. 21, 1457b 1-6 : änav δε όνομά εστιν ή κύριον ή γλώττα [... ] λέγω δε κύριον μεν και χρώνται έκαστοι, γλώτταν δε ώ έτεροι ώστε φανερόν ότι και γλώτταν και κύριον είναι δυνατόν το αυτό, un totc aỦTOTS DÉ' tò ràp olyuvov (« épieu de chasseur» ] Kunploug uÈv xúplov, huiv oè YAõtta . « Tout nom est ou nom courant ou nom insigne [...] Or j'appelle nom courant celui dont se sert chacun de nous, nom insigne celui dont se servent d 'autres hommes, de sorte qu'évidemment le même nom peut être et nom courant et nom insigne, mais pas pour les mêmes hommes ; ainsi olyvov est nom courant pour les habitants de Chypre et nom insigne
pour nous.» (Je cite la traduction de J.Hardy, Aristote, Poétique, CUF, Paris 1932, ad loc. (p .61].) C 'est pour ne pas avoir compris cet aspect “ subjectif ” dans la définition d 'une yawood que plusieurs exégètes se trompent sur la signification de ce mot. Ne retenant que le deuxième élément dans la définition de T. Hemsterhuys (« Vocabulum [...] propter vetustatem inusita tum aut obscurum » , voir ci-dessus), ils cherchent dans les fragments de Démocrite des mots " désuets ” ou “ anachroniques” ; n 'en trouvant pas, ils vont jusqu 'à remettre en cause
l'existence de yaWooal chez Démocrite. (Voir ci-après IV . 3 et 4.) Procéder de la sorte , c 'est pourtant se méprendre sur la nature même d 'une yawooa. La “ vétusté " n ' est en effet qu 'une
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raison parmiplusieurs permettant de comprendre que les cúpla des unsdeviennent les yawo oal des autres.
Le second élément du titre de Callimaque (ouvrayuátwv) peut revêtir un sens grammatical plutôt technique : « a word in a grammatical construction ,
syntactical element». (L .S.J., s.v., 7, alléguant Apollonios Dyscole, De adver biis, p. 122, 17 ed . R . Schneider, Grammatici graeci, I 1, Lipsiae 1878.) Et le
titre est traduit en ce sens par 98 P.M . Fraser, Ptolemaic Alexandria, Oxford 1972 , vol. I, p. 455 (« A List of Rare Words and Construcions ( sic ) in Demo critus » ). J'ai pourtant du mal à concevoir que Callimaque ait consacré un pinax à la “ syntaxe ” de Démocrite . Il me semble , par conséquent, bien plus probable que σύνταγμα s'emploie comme simple synonyme de σύγγραμμα, ici comme dans le titre d'un ouvrage en dix livres rédigé par Soranus et intitulé, selon la notice de la Souda (s.n . Ewpavóc (E 852, t. IV , p. 407, 23 -24 Adler]), « Les
Vies, les écoles et les cuvres des médecins», Blous latpūv xai aipłoenç xal συντάγματα βιβλία ι'. Pour cet emploi de ouvrayua , voir L . S.J., s.v., 4 : « treatise, work, book » . Ce sens du termecorrespond à OuvtáoOW , L .S.J., s.v., II 3 . Cf. L. S.J., s.Vv. oúrypauua , I; ovvypadw , II 1. Les deux verbes (ouyypáow , Ouvtárow ) expriment l'acte de composition, les deux substantifs (oúrypaypa, ouvrayua ) désignant l'objet ainsi produit. • Définis de la sorte, tant le substantif (ouvrayua ) que le verbe (ouvracow ) se rencontrent dans un contexte “ démocritéen ” . Pour ouvrayua , voir l'expression qu'utilise Apollonios
Dyscole pour indiquer les « ouvres conservées» de Démocrite, De pronominibus, p .65, 17 ed. R . Schneider (Grammatici graeci, I 1 , Lipsiae 1878 [DK 68 B 13]) : Év totG ÚTONELTO UÉVOLG Ouvtáruaol. Et pour l'emploi correspondant du verbe, voir le passage de Diogène déjà cité (D . L . IX 41 [DK 68 A 1] ; voir ci-dessus III. 2 ): Démocrite affirme avoir écrit son
Petit système du monde 730 ansaprès la prise de Troie , OUVTETOXOAL BÉ ANO.... Osera -t- on caresser l'espoir que ce dernier emploi du terme remonte à Démocrite lui même ? Qu 'un tel espoir soit ou non fondé n 'est pas ici pertinent. Son emploi par Diogène,
ainsi que les textes cités ci-dessus d 'Apollonios Dyscole (De pronominibus) et de Soranus, suffisent largement à étayer ce sens (banal) du terme dans le titre de Callimaque. Soulignons que les ouvtáquata dont parle Apollonios Dyscole dans son De adverbiis (p . 122 , 17 Schneider) ne constituent pas une classe délimitée de mots spécifiques. Si l'on
s'en tient à la définition proposée par les lexicographes d 'Oxford (voir ci-dessus), les
Ouvtáyuata sont, au contraire, tous les mots dont la fonction est déterminée par la syntaxe de la phrase dont ils font partie. On aurait donc bien du mal à constituer un pinar des
Ouvtáruata propres à Démocrite , car chaque mot devientun ouvrayua dès qu 'il s'emploie dans un contexte syntaxique déterminé.
Qui plus est, la définition de oúvtayua proposée par L .S.J. (voir ci-dessus) est-elle exacte ? Si l'on examine de plus près le passage indiqué, on en vient à se demander si le sens
n 'est pas plutôt, tout simplement, « fonction syntaxique » . Apollonios écrit, De adverbiis,
p . 122, 17 Schneider : Étl pouèv oỞtwç, xarāç o ovopwntos ypápel,xaż łoti xatarindos Ó Móyos. ÉXAO TOV ydp rõv popiwv ovu DÉPETAL TV idiw ouvtáruati. Le sens en est : « Nous affirmons: “ L 'homme écrit d'une belle écriture (xarāc) ” ; la phrase est bien
construite. Car chacun des membres de la phrase correspond à la fonction syntaxique qui lui est propre ( rø idiw ouvrayuati).» Définis de la sorte, les ouvrayuata ne pourraient jamais faire l'objet d'un inventaire: énumérer les « fonctions syntaxiques» serait tout simplement écrire une syntaxe de la langue grecque. Et même si l'on pouvait supposer que Callimaque se soit donné pour tâche de rédiger une syntaxe de la langue grecque telle que la pratiquait Démocrite , un tel ouvrage ne s'intitulerait jamais pinax.
DÉMOCRITE D 'ABDÈRE
701
Revenons donc au titre de Callimaque que nous lisons dans la Souda : Nivač tőv Anuo xpitov yawooőv xal ouvraYuátwv. Plutôt que de chercher un sens grammatical, technique de oúvtayua , contentons- nous du sens bien attesté de “ livre ” , “ composition ", " écrit" . Σύνταγμα s'emploie comme simple synonyme de σύγγραμμα, ici comme dans les deux textes cités ci-dessus d 'Apollonios Dyscole (De pronominibus, p. 65, 17 Schneider) et de la Souda (s.n . EwPavós (E 852, t. IV, p . 407, 23- 24 Adler )).
J' en conclus que Callimaque, en bon bibliothécaire, a dressé une liste des
æuvres de Démocrite (tel est le sens de ouvrayuátwv) et l'a fait accompagner d'un glossaire (tel est le sensde pawooőv). Se peut- il que l'on voie une trace de cet ouvrage dans la liste des æuvres de
Démocrite dressée par Thrasylle (voir ci-dessus V ) ? Après le titre Notes sur l' éthique (' Yntouvnuátwv ňoix v , dernier livre de la deuxième tétralogie “ éthique" ), nous lisons, dans le texte de Diogène (IX 46 (DK 68A33]): n yap
Eủeotw oủx euploxetal. « Le Bien -être ne se trouve pas.» Comment Thrasylle a -t- il eu connaissance du titre d'un ouvrage dont il n'a pas retrouvé le texte ?
Hypothèse la plus simple : bénéficiant de l'inventaire de Callimaque, Thrasylle n 'a pas su retrouver l'un des ouvrages énumérés par son illustre prédécesseur,
deux ou trois cents ans plus tôt. R . Blum propose, sur ce point, une hypothèse bien plus complexe. (Voir 99 R . Blum , « Kallimachos und die Literaturverzeichnung bei den Griechen , Untersuchungen zur Geschichte der Bibliographie » , Archiv für Geschichte des Buchwesens 18 , 1977, col. 1- 360 ; lire surtout $ 4 .3 , col. 208 -224 : « Sein Verzeichnis der Schriften Demokrits» . Voir aussi 100 id ., « Die Literaturverzeichnung im Altertum und Mittelalter , Versuch einer Geschichte
der Biobibliographie von den Anfängen bis zum Beginn der Neuzeit» , ibid., 24 , 1983, col. 1 . 256 ; lire surtout $ 2.2 , col. 19 -28 : « Die alexandrinische Bibliothek, Kallimachos' Schrift
stellerkataloge» .) Les deux titres, lepi eủovuins et ' H EủEOTÓ , se rapporteraient à un seul et même ouvrage, qui s'intitulerait lepi eủovuins Ñ EỦEOTÁ . (Ainsi H . Diels, DK II 132, 11.) Thrasylle aura doncmal lu son exemplaire de Callimaque, ou bien aura disposé d 'un exem
plaire défectueux . (Blum 99, col. 223 : « Wenn Thrasyllos nun die Konjunktion ē (oder ) übersah oder diese in seiner Kopie von Kallimachos' Pinax fehlte, musste er glauben, es han
dele sich um zwei verschiedene Werke. » )
Le “ double ” intitulé proposé par Diels (llepi eúduuins ñ EủEOTÁ , DK II 132, 11) est certes possible, dans la mesure où, si l'on en croit Clément, les deux termes en question ,
Eudouin et củEOTÁ , sont, pour Démocrite, synonymes. (Voir Clément, Strom . II 130, 4 [t. II, p . 184 , 12 Stählin ; DK 68 B 4 ]: ... Thv eủOvulav, nv xai eủeOTÒ tipoonyOpEVOEV .) On s'étonne simplement que Thrasylle ait cherché un ouvrage différent si, dans l'écrit dont il
disposait, Démocrite parlait tout aussi bien de eủeotá que de eủOvuin . Je préfère donc,
personnellement, m 'en tenir à l'hypothèse la plus simple proposée ci-dessus (Thrasylle ne retrouvait pas un écrit correspondant au titre mentionné par Callimaque, Eủeotó ou ' H
EủEOTÁ ). Certes, rien n 'interdit d 'envisager des possibilités plus complexes. Reconnaissons simplement que nousne disposons d'aucun élément permettant de les fonder.
3. CONTROVERSES PORTANT SUR L 'OUVRAGE DE CALLIMAQUE Que Callimaque ait consacré tout un traité à l'æuvre de Démocrite suscite l'incrédulité de plus d'un commentateur. O . Schneider va jusqu 'à subodorer, dans la notice de la Souda , une erreur de transcription . (Voir 101 O . Schneider,
De Callimachi operum tabula quae extat apud Suidam commentatio , Gothae 1862, p.6 -7 ; voir aussi 102 id ., Callimachea, vol. II, Lipsiae 1873, p . 13- 14 .)
Recopiant l'Onomatologos d'Hésychius de Milet (pour cet ouvrage, voir ci
702
DÉMOCRITE D'ABDÈRE dessus I), l' auteur de la Souda aurait abrégé un titre plus général, à savoir ſivat «και αναγραφή των φιλοσόφων, εν οις και περί > των Δημοκρίτου γλωσ Oőv xai ouvrayuátwv. Raisonner de la sorte, c'est pourtant se méprendre sur ces deux particularités de l'euvre de Démocrite que sont le nombre très consi
dérable de ses écrits et le caractère insolite (pour les contemporains de Calli maque) de son vocabulaire. Cela dit, on accordera volontiers à Schneider (101 p. 10 ; 102, vol. II, p. 20 21) que la « liste » ( ttivat) des euvres de Démocrite doit être mise en rapport,
d 'une façon ou d'une autre, avec les « listes» (tivaxec) indiquées deux lignes
plus haut dans la notice de la Souda (t. III, p . 19 , 27-29 Adler ):Iivaxec TÕU Év πάση παιδεία διαλαμψάντων, και εν συνέγραψαν, έν βιβλίοις κ' και ρ '. Non pas que le pinax des œuvres de Démocrite soit un simple extrait de l'ou
vrage plus important (hypothèse de Schneider); Callimaque n'aurait pas rédigé un glossaire de tous les auteurs dont il a recensé les ouvrages. On conçoit pour tant fort bien qu'à la suite de son étude encyclopédique (120 livres !) sur les esprits les plus illustres de l'humanité, Callimaque ait réservé à Démocrite une
place à part, tantpour le nombre de ses écrits que pour la difficulté de sa termi nologie.
La thèse de Schneider est corrigée par Herter 96 , col. 401-402 ; cf. Herter 97 ,
col. 188. Voir aussi 103 R . Pfeiffer, History of classical scholarship from the beginnings to the end of the hellenistic age, Oxford 1968, p . 131-132. Pfeiffer, de même que Schneider, se trompe pourtant sur l'aspect des écrits de Démocrite qui a dů provoquer le traité de Callimaque. Il écrit en effet expressément, p. 132 : « It can hardly be said that his own language (à savoir le langage de Démocrite ]
is distinguished by obsolete words.» C 'est pourtant tout le contraire qui est vrai :
le passage indiqué ci-dessus de la Métaphysique d 'Aristote (Met. A 4, 985b 10 19 (DK 67 A6]) prouve en effet que la terminologie de Démocrite a pu fort bien
appeler des commentaires, non pas tellement qu'elle fût « désuète », mais tout simplement parce qu'elle relevait d'une tradition linguistique différente de celle
des autres philosophes de son époque, différente surtout de la tradition philo sophique établie à Athènes par Platon et par Aristote . J' ai cité le passage principal où Aristote s'occupe de la terminologie des Atomistes (Met. A 4 , 985 b 10 - 19 (DK 67 A 6 ]). Il revient sur la question dans un passage ultérieur de la Méta
physique ( H 2, 1042 b 11-15), et il emploie les deux termes tporn et Glaoir dans les critiques qu 'il adresse aux Atomistes dans sa discussion de l'alloiosis (De generatione et corruptione I 2, 315b 33 - 316 a 2 ;19, 327 a 14 -22). Tous ces passages (et d'autres encore, de la Physique et du De anima ) font l'objet des commentaires d' Alexandre (in Met., p. 36 , 3-12 et p . 548, 3 -6 ed. M . Hayduck, CAG I, 1891), d' Asclepius (in Met., p. 33, 19 -29 ed. M . Hayduck , CAG VI 2 , 1888), de Philopon (in De gen . et corr., p . 26 , 8- 15 , p. 127 , 20 -22 et p. 186 , 1- 7 ed . H . Vitelli, CAG XIV 2, 1897 ; in Phys., p. 177, 10- 13 ed. H . Vitelli, CAG XVI,
1887 ; in De anima, p.68, 3 -18 ed. M . Hayduck, CAG XV, 1897) et de Simplicius (in Phys., p . 28, 18-19 et p . 180, 18 -25 Diels ; voir aussi Sophonias, in De anima, p . 11, 16 - 18 ed. M .
Hayduck CAG XXIII 1, 1883). Asclépius et Philopon ont bien compris que les termes employés par les Atomistes font
partie du “ parler" des Abdéritains, d 'un langage plutôt provincial. Philopon écrit expressé ment, in De gen . et corr., p . 26 , 8 Vitelli: Puouos tpom ) OlaOly RÉEELG Elolv ’AB8npuxal. Voir aussi NÉELS [...] 'Abonpixch (Philopon, in De anima, p . 68, 3 Hayduck), 'ABônpixats
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703
DwvaTc (Philopon, in Phys., p. 117, 11 Vitelli ; cf. 'AbonpaltixaTC bwvals , Asclépius, in Met., p. 33, 26 Hayduck) et pwvaTs [...] Érxwpiaus (Philopon, in De anima, p.68, 10 -11 Hayduck ). Ces formules correspondent exactement à la définition donnée par Aristote d 'une
rawooa (Dearte poetica , cap. 21, 1457b1-6 , voir ci-dessus VI. 2).
4. LES YAWooal DE DÉMOCRITE La nécessité d'une explication de la terminologie qu 'employait Démocrite est
confirmée par Plutarque. Ce dernier reproche en effet à Colotès de ne pas avoir compris la lexis de Démocrite , et notamment la formule où le philosophe affirme l'existence à la fois du den (le “ quelque chose ” , à savoir le corps, en l'occur rence les atomes) et du meden (le “ rien ” , à savoir le vide). Nous lisons (Adver
sus Colotem 4, 1109 A [DK 68 B 156]): 0 Kwłórns éopárn nepi RÉELV TOŨ ανδρός ( scil. του Δημοκρίτου), εν και διορίζεται μή μάλλον το δέν” ή το 'undév ’ elval, 'Gév' uèv óvouácwv TÒ oõua, 'undev ' SÈ TÔ XEVÓV. (Le jeu de
mots est intraduisible ; il repose sur une étymologie erronée , qui ferait de oțdels ou de undelç (« personne » ) un composé dont le deuxième élément serait le pronom deis, dév, voir L .S.J., s.vv. Dels, oỦdeíc.) On pourrait certes tenir cette formule pour exceptionnelle ; n 'importe quel auteur peut se livrer, de temps en temps, à des jeux d 'esprit qui sont aussi des jeux de mots. Mais même la terminologie habituelle de Démocrite créait des
difficultés pour les lecteurs de l'Antiquité. En témoigne le passage d ' Aristote
cité ci-dessus (Met. A 4, 985b 10 - 19 [DK 67 A6]). En témoignent également les mots insolites et même bizarres (dont certains sont probablement des néo logismes) conservés sous le nom de Démocrite dans le dictionnaire d'Hésychius
(voir DK 68 B 130- 137 ; cf. B 138 -141), ainsi que par Apollonios de Citium (DK
68 B 29 ; » A 275), par Érotien (DK 68 B 120 ) et par l'auteur de l'Etymologicum genuinum (DK 68 B 122, 122 a, 123). J'énumère ci-après, dans l'ordre alphabétique, les “ gloses ” démocritéennes, rapportées dans les textes mentionnés ci-dessus. (Lemot de “ glose ", je le sais bien , a changé de sens et désigne de nos jours , non plus le mot qui a besoin
d'explication,mais, inversement, le mot qui sert d 'explication.) Je cite le commentaire d'Apollonios de Citium sur Hippocrate , De articulis, à partir de l'édition de 104 H . Schöne, Apollonius von Kitium , illustrierter Kommentar zu der hippo
kratischen Schrift Nepi ápopwv, herausgegeben von H . S ., Leipzig 1896 . Les entrées d'Hesychius sont citées à partir de Hesychii Alexandrini lexicon , A - 0 , ed . K . Latte , vol. I- II,
Hauniae (Copenhague) 1953-1956, 1 -2 , ed. M . Schmidt, vol. III-IV , Ienae 1861- 1862. Les citations de l' Etymologicum genuinum sont reprises de Diels -Kranz ; elles se retrouvent, mais
en partie seulement, dans l'Etymologicum Gudianum , ed . F . W . Sturz , Lipsiae 1818 (voir aussi l'édition inachevée de E . A . de Stefani, Lipsiae 1919 -1920, fasc. I [ A - B ), fasc. II (B Zelal]), et dans l' Etymologicum magnum , ed . Th . Gaisford, Oxford 1848. (Il existe des éditions partielles de l' Etymologicum genuinum , mais qui ne recouvrent pas les trois mots
cités ci-après ; cf. 105 K . Alpers, « Bericht über Stand und Methode der Ausgabe des Etymo logicum Genuinum (mit einer Ausgabe des Buchstaben A ) » , Kongelige danske videnska bernes selskab , historisk - filosofiske meddelelser, vol. 44 , n° 3, 1969, 57 p. La citation de
Bekker est tirée de I.Bekker (édit.), Anecdota graeca, 3 vol., Berolini 1814-1821 ; vol. I, p. 317-476 : Euvaywyn REFEWv Xonoluwv éx oladópwv 0opWv te xai Öntópwv norðv.
704
DÉMOCRITE D ' ABDÈRE
Le texte d ' Érotien est tiré de son ouvrage Vocum hippocraticarum collectio , ed . E . Nach
manson ,Gotoburgi/Upsaliae (Göteborg Uppsala ] 1918. En affirmant que tel ou tel mot est un
hapar, je me suis contenté de l'autorité de L . S.J.
äußnu. Le rebord d'une roue ou d'un bouclier. Apollonios de Citium (p. 6, 29-34 Schöne), citant le Glossaire hippocratique de Baccheios (voir 106 M . Wellmann, art. « Bakchios » 8 , RE II 2 , 1896 , col. 2789-2790 ). Ce sens du mot
n 'est pas attesté par ailleurs . QUELQLVOLETV . « Changer de forme» . Hesychius, s.v. ( A 3563, t. I, p . 125
Latte ). Hesychius n 'a pas cité sous ce mot le nom de Démocrite. Voir pourtant, dans le catalogue de Thrasylle , V 4 , lepi Lelblovoulõv, « Des changements de forme» . Mot très rare (cf. É . Littré ( édit.), Euvres complètes d 'Hippocrate,
t. IX , Paris 1861, Epistula XVIII 10 = p. 382, 1 : QUELQLOVOLéovta (conjecture dans la lettre d'un pseudo -Démocrite]).
Les deuxmots suivants (Qweldixoouin, duelpixpov), cités par Hésychius sans nom d 'auteur, peuvent aussi fort bien remonter à Démocrite . QUELQlxoquin . « Changement de monde » , « changement d 'ordre » . Hesychius, s.v. ( A 3562, t. I, p. 125 Latte ).Hapar.
Quelqixpov. « Qui change de couleur ». Hesychius, s.v. (A 3564 , t. I, p. 125 Latte). Hapar.
duploñttlow . Hesychius,s.v. (A 3988, t. I, p. 139 Latte). Hapax. ånámtov. « Non frayé» (å + faréw ), donc « rugueux » , « irrégulier» . Hésy chius, s.v. ( A 5840 , t. I, p . 200 Latte ). Ce sens du terme n ' est pas attesté par ailleurs .
đoxannpés (àoxarnvés ?). « Aux côtés égaux ». Hesychius, s.v. (A 7691, t. I, p. 260 Latte ). Hapax . Bpoxubong. « Humide» , « mouillé » , dérivé de Bpéxw (« tremper» , « mouil ler» ).Hesychius, s. v. (B 1215 , t. I, p . 350 Latte). Hapax.
Bpóxoc. Plusieurs sens possibles, peut- être employé par Démocrite pour désigner les articulations d 'un bras ou d 'une jambe.Hesychius, s. v. ( B 1218 , t. I, p . 350 Latte ).
yovń. « Semence », employé par Démocrite comme synonyme de yuva (« femme» ). Etymologicum genuinum , s.v. Ce jeu de mots est repris par Platon
dans le Cratyle, 414 A .
deixemov. « Image formée par des effluves » . Etymologicum genuinum , s. v. Emploi technique ou quasi-technique d 'un mot peu connu par ailleurs. dév. « Quelque chose » , les atomes. Plutarque (Adversus Colotem 4 , 1109 A [DK 68 B 156 ]). Invention par Démocrite à partir d 'une fausse étymologie (voir ci-dessus).
Detapeval. « Veines» , synonyme de PRÉßeç. Hesychius, s.v. (A 631,t. I, p. 418 Latte ). Ce sens du mot n 'est pas attesté par ailleurs.
OlaOlyn . L ' « ordre» dans lequel se mettent les atomes, synonyme de tátic . Aristote (Met. A 4 , 985 b 10 -19 (DK 67 A6]), et alibi (voir VI. 3, sub finem ). Hapar.
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Ovoyoi. « Recouvre d 'un couvercle » , synonyme de nwuati( el. Hesychius, s.v. (A 2498, t. I, p . 483 Latte ). Hapax.
ranálovç. « Fosse recouverte de branches pour prendre des animaux sau vages » . Etymologicum genuinum , s.v. åranagar. Voir aussi Bekker, I 374, 14 17 ( s.v. åranatai). Pour ce sens du mot, la forme au masculin n 'est pas attestée par ailleurs. ououoc. La « figure » des atomes, synonyme de oxõua . Aristote (Met. A 4 , 985b 10 -19 [DK 67A 6 ]) . Emploi technique ou quasi-technique d'un mot dont le sens de « figure » est assez souvent attesté par ailleurs, mais qui n 'est plus usité
en ce sens par des auteurs contemporains d 'Aristote (voir L .S .J., s.v. Øvouós, V ). ouryovń . L 'acte de rassembler, ou le produit d 'un rassemblement: donc
« structure» , « agencement» , « composition » , synonyme de oúOTAOLÇ . Hésy
chius, s.v. (E2156,t. IV ,p .90 Schmidt). Hapax. tporn. La « position » des atomes, synonymede déolç . Aristote (Met. A 4 , 985b 10 -19 (DK 67 A 6 ]). Emploi technique d ' un mot très fréquemment
employé dans d 'autres contextes. Dreßotarínv. « Battement du pouls» , composé de ré4 (« veine » ) et de
Tairw («mettre en mouvement» ). Érotien (Vocum hipp. coll. 03 (p .90, 18 -20 Nachmanson ]). Mot rare, dont les emplois postérieurs (Épicure , Deperditorum librorum reliquiae ed. G . Arrighetti, Epicuro, Opere, a cura di G . A ., 2e éd ., coll. « Biblioteca di cultura filosofica » 41, Torino 1973, p. 159-418 : nº 36 ,
fr. 21, 4 -5 (p. 378 Arrighetti :
onariav]; nº 36 , fr. 22, 6 -7 (p. 378 Arri
ghetti : Pre < Bon > ariav ] ; voir aussi Galien , Synopsis librorum suorum de pulsi
bus ed . K . G . Kühn, Claudii Galeni opera omnia, t. IX , Lipsiae 1825, p .431 533, voir p . 499, 1) peuvent remonter à Démocrite . Dès que l'on tient compte de cette multiplicité de témoignages attestant le caractère difficile et insolite de la terminologie de Démocrite (Aristote , Plutar que, Hesychius.. .), toute tentative de correction du titre de Callimaque devient manifestement superflue.
Ainsi en est-il de la correction proposée par 107 M . L . West, « The sayings of Democritus» , CR , n .s . 19, 1969, p . 142. Se laissant influencer par les réserves
qu 'exprimait R . Pfeiffer (voir ci-dessus 103), M . L . West suggère de changer
γλωσσών en γνωμών. Le titre de l' ouvrage de Callimaque deviendra de la sorte Tivat tõv Anuospitov rowuāv xal ouvrayuátwv. Un tel amendement est pourtant tout à fait inutile. Prenant des rõooal pour des mots « désuets » ou anachroniques et s 'étonnant de l' absence de tels mots dans les fragments de
Démocrite , Pfeiffer néglige simplement de prendre en considération la multi plicité de mots bizarres et insolites, mais non pas anachroniques, énumérés ci dessus, - des mots sur lesquels devait achopper plus d 'un lecteur de l'époque, et qui pouvaient donc fort bien suggérer, à cet esprit érudit et tatillon que fut
Callimaque, la nécessité de faire accompagner sa bibliographie d 'un glossaire.
706
DÉMOCRITE D 'ABDÈRE West 107 écrit expressément: « Democritus was notnoted for raooai.» Dès qu'on relit
les textes cités ci-dessus, d'Aristote, de Plutarque, d 'Hesychius et d 'autres, on comprend d'emblée que c 'est tout le contraire qui est vrai. La terminologie de Démocrite comportait très certainement un nombre important de “ gloses" , c'est-à-dire de mots qui se dérobaient à l'intelligence des lecteurs de l'Antiquité et pouvaient donc très bien faire l'objet d 'un glossaire. Pour de plus amples renseignements sur l'activité lexicographique de Callimaque et des Alexandrins, on lira avec profit 108 J. Tolkiehn, art. « Lexikographie » , RE XII 2 , 1925,
col. 2432-2482 (Callimaque, col. 2438 -2439). Voir aussi 109 L. Cohn, Griechische Lexiko graphie , dans K . Brugmann et A . Thumb, Griechische Grammatik. Lautlehre, Stamm bildungs- und Flexionslehre, Syntax, 4e éd ., coll. « Handbuch der klassischen Altertums
Wissenschaft, » Band II, Abteilung 1, München 1913, p .679 -730 ; lire surtout § 1, p . 681 705 : « Geschichte und Literatur der griechischen Lexikographie im Altertum und im Mittel
alter » ( ces pages contiennent de nombreuses informations sur γλώσσαι et λέξεις). Pour les travaux bibliographiques de Callimaque, voir 110 F . Schmidt, Die Pinakes des Kallimachos, coll. « Klassisch -philologische Studien » 1, Berlin 1922 ; 111 O . Regenbogen , art. « Mívat » , RE XX 2 , 1950, col. 1408- 1482 ($ 3, a, col. 1418- 1425 : « Kallimachos » ). On lira aussi avec profit les deux articles de R . Blum (99 et 100) signalés à la fin d 'une section précédente de cette Notice (IV . 3). Blum 99 s'évertue à montrer l'antériorité de l'écrit
de Callimaque sur Démocrite par rapport à son Catalogue général. S'opposant à la thèse de Schneider mentionnée ci-dessus, il affirme (99 , col. 212) ; « Eher ist anzunehmen, dass Kalli machos' Demokrit- Pinax vor seiner allgemeinen Pinakes entstanden ist; denn wären diese schon vorhanden gewesen, so hätte Kallimachos darauf verzichten können, seinem Demokrit Glossar eine Bibliographie des Philosophen beizufügen. » (Blum revient à la même thèse à la
fin de cette partie de son article, col. 223-224.) Une telle hypothèse est pourtant totalement arbitraire .On peut certes supposer que la liste des cuvres deDémocrite, préalablement rédigée, fut ensuite intégrée dans les Pinakes de tous
les auteurs jusqu 'alors connus (ainsi R . Blum ). Mais on peut tout aussi bien concevoir que
Callimaque ait repris la liste qu'il avait déjà rédigée des euvres de Démocrite, pour y ajouter le glossaire qui faisait cruellementdéfaut. Je vois mal, dans l'état actuel de nos connaissances,
que l'on puisse choisir entre ces deux possibilités.
5. L'OUVRAGE D 'HÉGÉSIANAX Étienne de Byzance, dans son dictionnaire des nomsde villes et de peuples, fait état d'un Hégésianax de Troade, « grammairien », auteur d'un ouvrage, en un livre unique, sur la lexis de Démocrite. Comment situer dans l'histoire cet auteur ? Voir Stephanus Byzantinus, Ethnica, s.n . Towac (p. 640, 3-6 ed . A . Meineke, Berolini 1849 [DK 68 A32 ]).Meineke entoure par des guillemets la phrase ayant pour objet Hégé
sianax, mais sans en préciser l'auteur, p . 640, 5-6 : « 'Hynolávat ypaupatixos, ypápas περί της Δημοκρίτου λέξεως βιβλίον εν και περί ποιητικών λέξεων. ήν δε Τρωαδεύς. »
Diels-Kranz font suivre cette citation par la mention « aus Hesych. ». Qu 'Étienne de Byzance
(vre siècle denotre ère ) ait ici recopié un extrait de l'Onomatologos d'Hésychius deMilet est certes possible ; cette filiation ne relève pourtant que d 'une simple conjecture.
Nous connaissons par ailleurs un Hégésianax, « fils de Diogène, citoyen de la ville d'Alexandrie en Troade » , nommé proxène de Delphes en 193 avant J.-C . Nous connaissons également un Hégésianax , envoyé comme ambassadeur d 'Antiochos (III) le Grand (roi de Syrie, 223 à 187 avant J.-C .) à Corinthe en
196 et à Rome en 193. Nous connaissons aussi un Hégésianax, citoyen de la ville d'Alexandrie en Troade, ami personnel d'Antiochos et auteur (selon Athé
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née, citantDémétrios de Scepsis) d'« histoires » et de « poèmes » .Nous connais sons, en outre, un Hégésianax d'Alexandrie, auteur (toujours selon Athénée) d'une histoire (romancée) de Troie . Nous connaissons, enfin , un Hégésianax (ou
« Agésianax »), auteur d'un poème astronomique dont quelques vers sont cités par Plutarque au commencement de son dialogue De la figure qui apparaît dans l'orbe de la lune. Pour Hégésianax, proxène de Delphes, voir 112 W . Dittenberger, Sylloge inscriptionum graecarum , vol. II, 3e éd ., Leipzig 1917, nº 585, 18 (p. 92 ; cf. p. 102): 'Hyolávať ALOYÉ vous 'Adebav peùG Éx tāç Towiádoç. Pour Hégésianax, ambassadeur d’Antiochos III, voir
les passages de Polybe et de Tite -Live cités par Jacoby, FGrHist 45 T 4 et 5. Pour Hégé sianax, auteur d'« histoires » et de « poèmes» , voir Athénée, Deipnosophistae IV , 155 A -B
(FGrHist 45 T 3), citant Démétrios de Scepsis (IIe siècle avant J.-C . ; voir 113 E . Schwartz , art. « Demetrios >> 78 , RE IV 2, 1901, col. 2807-2813). Pour Hégésianax, auteur d'une histoire de Troie , voir Athénée, Deipnosophistae IX , 393D - E (FGrHist 45 F 7 ). Pour l'Hégésianax
cité par Plutarque, voir De facie , cap. 2, 920 D - E ; cap. 3, 921 B ; cf. 114 J. U . Powell, Collectanea Alexandrina, Oxonii 1925, p . 8 - 9 ; 115 H . Lloyd-Jones et P . Parsons, Supple mentum hellenisticum , coll. « Texte und Kommentare » 11, Berolini/Novi Eboraci (Berlin/ New York ) 1983, p. 237-239. Je regrette de ne pas avoir eu accès au recueil des fragments préparé par 116 R . Gaede,
Demetrii Scepsii quae supersunt, Greifswald 1880. (Cf. Schwartz 113, col. 2807 : « vor treffliche Sammlung der Fragmente » .)
Les spécialistes, faisant preuve d 'un certain optimisme, rapportent à une seule et même personne ces divers témoignages, si bien qu'Hégésianax « grammai rien » , auteur d 'une étude sur Démocrite, devient à la fois poète , historien et homme politique. Ainsi 117 F . Jacoby, art. « Hegesianax » 1,RE VII 2, 1912, 2604 -2606 (la première partie de la notice est signée F. Stähelin , col. 2602- 2604), et FGrHist 45 (lire surtout son commen taire, p . 524 -526 ). Voir aussi 118 F . Susemihl, GGLA, t. II, Leipzig 1892 , p. 31-33 ;
119 W . von Christ, O . Stählin , W . Schmid , Geschichte der griechischen Litteratur, Teil II, Hälfte 1, 6e éd ., coll. « Handbuch der klassischen Altertums-Wissenschaft » , Band VII, Hälfte 1, München 1920, p . 163- 164 et p . 217-218 ; 120 L .Robert, Bibliothèque Nationale, Départe ment des médailles et des antiques, Collection Froehner, (t.] I, Inscriptions grecques, Paris 1936 , p. 29-30. On accordera facilement l' identité d 'Hégésianax , proxène de Delphes, d 'Hégésianax, ambassadeur d 'Antiochos à Rome et à Corinthe, et d'Hégésianax, amipersonnel d'Antiochos mentionné par Athénée en Deipnosophistae IV , 155 A -B . Que cet homme politique soit aussi l'Hégésianax auteur d'une histoire de Troie est suspendu à l'identité des « histoires» mention nées par Athénée en IV , 155 A -B , et des Towixá qu'Athénée a cités en IX , 393 D -E . Cette identité est certes possible, et mêmeassez probable dans la mesure où, dans le premier de ces
deux passages, Athénée fait appel à Démétrios de Scepsis, auteur lui-même d 'un Tpwixos
Blaxoquoç. Mais que l'auteur des Towixá soit aussi l'auteur des vers cités par Plutarque et le « grammairien » mentionné par Étienne de Burzance relève plutôt d 'un acte de foi. Quel aspect de l'æuvre de Démocrite a pu susciter l'intérêt de cet homme polyvalent ? Étienne de Byzance, dans la notice déjà citée (Ethnica, s.n. Towac
[p.640, 3-6 Meineke ; DK 68 A32]), fait état d'un second titre du mêmeauteur, Περί ποιητικών λέξεων. Cet emploi du pluriel renvoie indubitablement aux « mots » poétiques; l'ouvrage en question est un “ glossaire " (voir L .S .J., s.v. RÉELS , II 3). Est-on en droit de prêter le mêmesens au singulier du même terme (Ilepi tñs Anuoxpitov NÉEEWs, voir ci-dessus) ? Hégésianax a-t-il rédigé un
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glossaire des œuvres de Démocrite, de même qu'il a rédigé un glossaire de mots poétiques ? Telle serait l'hypothèse la plus simple.Mais cet emploi du singulier n 'est pas attesté chez L .S.J. Pour l'emploi au singulier de lexis on trouve, au contraire, dans le dictionnaire d 'Oxford (L .S.J., s.v . RÉELS , I 2), le titre d'un traité d'Éphore (Ilepi NéEEwc) qui avait pour objet des questions, non pas (ou non pas seulement) de vocabulaire, mais de style. Si l'on adopte cet emploi du
mot, Hégésianax a dû s'intéresser, non pas au vocabulaire, mais au style de Démocrite . L 'ouvrage d'Éphore est rappelé par Théon d' Alexandrie, Progymnasmata , cap. 2 (p. 71, 22 -25 ed . L . Spengel, Rhetores graeci, vol. II, Lipsiae 1854). Théon nous apprend, loc. cit., que dans cet écrit Ephore (sans doute l'historien Ephore de Cymé, disciple d' Isocrate ,
mentionné plusieurs fois par Théon dans le même contexte ) condamnait l'emploi de rythmes poétiques dans un ouvrage en prose.
La distinction du singulier et du pluriel dans l'emploi du mot lexis est pour tantmoins claire que ne le croirait l'helléniste qui s'en tiendrait aux exemples
cités par les lexicographes d 'Oxford ( voir les deux rubriques déjà mentionnées, s.v . NÉES, I 2 ; II 3 ). Par exemple, Érotien, dans l’Introduction à son glossaire
des œuvres d 'Hippocrate, énumère, parmi ses nombreux prédécesseurs, Eupho rion (IIIe siècle avant J.-C ., bibliothécaire d'Antiochos (III ) le Grand ; voir
121 O . Skutsch, art. « Euphorion » 4, RE VI 1, 1909, col. 1174-1190), lequel nãoav łonoúdade NÉELV Enynoaodai Old Bußaíwv 5' (Érotien , Vocum hippo craticarum collectio, p. 5, 16 - 17 Nachmanson). Cet ouvrage d 'Euphorion fut indubitablement un glossaire : en témoigne le contexte où il est mentionné par
Érotien ; en témoignent également les deux fragments conservés, où l'auteur
s 'emploie à expliquer des termes rares ou insolites (Baix @ @EÇ, ap. Erotien, Vocum hipp. coll. B 8 (p. 28, 11-12 Nachmanson ) ; yoyypôval, ap. Érotien , fr. 29 (p. 107, 13-15 Nachmanson ]). Pour résumer cette activité d'Euphorion ,
Érotien emploie au singulier lemotlexis (voir le passage cité) ; on ne peut donc refuser a priori le même sens du terme au titre d 'Hégésianax, lepi tñs Anuo zpitov RÉFewÇ. Ce titre peut fort bien désigner un glossaire. Pour l'emploi au singulier du mot lexis, voir aussi le passage de Plutarque cité ci-dessus (Adversus Colotem 4, 1109 A (DK 68 B 156 ]) : en se méprenant sur le sens de la formule un
Mārov to '86v' ħ tó 'undévelvai, Colotès se seraitmépris sur la lexisdu philosophe. Laissons donc planer une certaine ambiguïté sur le sens que nous devons prêter au titre de l'ouvrage d 'Hégésianax. Il est possible qu 'Hégésianax , comme
aussi Denys d 'Halicarnasse , se soit intéressé au beau style de Démocrite.Mais il est aussi possible, et à mon avis bien plus probable , qu 'Hégésianax, de même que Callimaque, se soit occupé, non pas du style,mais de la terminologie de son auteur.
Que l'on me comprenne bien : une étude sur le style d'un auteur comprendra inévita blement une étude sur sa terminologie. Mais l'inverse n'est pas vrai : on peut fort bien étudier la terminologie d 'un auteur (en établissant, par exemple , un glossaire des mots rares ou
techniques qu 'il emploie ), sans s'intéresser à d'autres aspects de son style . C 'est en ce sens restreint que j' interprète le mot lexis dans le titre d 'Hégésianax (ſlepi tñs Anuoxpitou
RÉEews). Hégésianax, de même que Callimaque, se serait intéressé à la terminologie de Démocrite.
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VII. ORIENTATION BIBLIOGRAPHIQUE
1. RECUEILS DES FRAGMENTS, COMMENTAIRES, ÉTUDES Le recueil le plus autorisé des fragments et des sources secondaires est celui
de Diels -Kranz (Démocrite occupe les pages 81 à 230 du deuxième tome). Il existe pourtant, même s'il est moins fréquemment cité, un corpus de textes bien plus considérable , rassemblé par Salomo Luria (ainsi translittéré sur la page de titre ; voir aussi, dans les catalogues des principales bibliothèques, Solomon Yaklovlevich Lur'e ), publié sous un double intitulé (latin et russe ), 122 Demo
critea collegit, emendavit, interpretatus est Salomo Luria , Leninopoli – C . A . Jypbe, Demokpum . Tekcmol, nepebod, uccnedobanua, Jehuurpan – 1970, 664 p . Cet ouvrage comprend de nombreux textes en grec et en latin (127
témoignages sur « la vie et l'œuvre » , 825 entrées consacrées aux doctrines, les
entrées individuelles souvent constituées de plusieurs citations), suivis d 'une traduction et d'un commentaire en russe , l'ensemble complété par 40 pages d' index. La consultation de cet ouvrage s'impose pour toute recherche appro fondie sur la vie et les doctrines de Démocrite. Constatons pourtant que même ce colosse ne comprend pas tous les témoignages de l'Antiquité portant sur
Démocrite . (Pour ne citer que deux exemples : il lui manque une bonne partie des allusions faites à Démocrite dans la Vie d 'Hippocrate d 'un pseudo -Soranus
(voir ci-dessus II. 3), ainsi que le passage d'Alexandre consacré à la perception de l'intervalle dans la théorie de la vision chez Démocrite (voir ci-dessus V . 4 ].) Un nouveau recueil de textes, avec traduction et commentaires en italien , est
actuellement préparé par Walter Leszl, de l'université de Pise. [Les témoignages papyrologiques relatifs à Démocrite ont été rassemblés dans R . G .] CPFI 1* * , n°43 et 43 a (Pseudo-Démocrite ), p . 6 -29.
Des références bibliographiques aux nombreux ouvrages et articles portant sur la vie de Démocrite et la doctrine atomiste sont rassemblées par 123 Y .
Lafrance, L . Paquet, M . Roussel, Les présocratiques : bibliographie analytique (1879- 1980 ), 2 tomes, « Collection Noêsis » et « Collection d' études anciennes » , t. II : D ’Alcméon aux auteurs de la Collection hippocratique, Montréal/Paris
1988-1989, p. 219-286 (369 notices). Un troisième volume est en préparation pour la période antérieure à 1879. Des publications plus récentes sont signalées
dans les volumes successifs de l'Année philologique. Pour une orientation générale sur la pensée de Démocrite, on lira avec profit (ordre chronologique de parution ): en français, 124 P .- B . Lafaist (Pierre Benjamin Lafaye), Dissertation sur la philosophie atomistique, Paris 1833, 118 p. ; en latin , 125 F . W . A . Mullach, Democriti Abderitae operum fragmenta
collegit, recensuit, vertit, explicuit, ac de philosophi vita , scriptis et placitis commentatus est F. G . A. M ., Berolini 1843, XVI+ 438 p . ; en anglais , 126 C .
Bailey, The Greek Atomists and Epicurus, a study by C . B ., Oxford 1928 , viii +619 p . ; en italien , 127 V .E . Alfieri, Gli Atomisti, frammenti e testimo
nianze, traduzione e note di V. E. A., coll. « Filosofi antichi e medievali, Collana
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DÉMOCRITE D 'ABDÈRE ditesti e di traduzioni» , Bari 1936 , XVIII + 410 p . ; en allemand, 128 W . Schmid , « Demokritos» , dans W . Schmid , O . Stählin , Geschichte der griechischen Lite ratur, Teil I: Die klassische Periode der griechischen Literatur, Band V : Die
griechische Literatur zur Zeit der attischen Hegemonie nach dem Eingreifen der Sophistik , Hälfte 2 , Abschnitt 2 , coll. « Handbuch der Altertumswissenschaft » Abteilung VII, Teil 1, Band V , München 1948, p .236 -349. Parmiles ouvrages plus récents, signalons les deux tomes de 129 L . G . Benakis ( édit.), Proceedings of the 1st International Congress on Democritus (Xanthi, 6 - 9 octobre 1983) ,
Xanthi (Grèce) 1984,[t. I), 544 p . ; [t. II), 388 p. La philosophie morale de Démocrite a fait l'objet d 'une thèse encore inédite de l'université de Cambridge (1971) : 130 J. F . Procopé, Democritus the moralist and his contemporaries, xlii + 366 p . L 'auteur a bien voulu mettre à ma dispo
sition un exemplaire de cette thèse , où se trouve notamment un examen détaillé des fragments 3 et 191. Les conclusions générales en sont reprises fidèlement par 131 M . Schofield dans G . S . Kirk , J. E .Raven, M . Schofield , The Presocratic
philosophers. A criticalhistory with a selection of texts, 2e éd ., Cambridge 1983, p . 429-433. Voir aussi les études rassemblées par 132 G . Casertano, Democrito , dall'atomo alla città, coll. « ExéYLS , Collana di testi e studi di filosofia
antica» 1,Napoli 1983, 192 p . Sur le style de Démocrite, on lira 133 Th . Birt, « Über den Stil der Ethika » ,
Anhang de l'ouvrage de Natorp 94 (Die Ethika des Demokritos, Textund Unter suchungen, Marburg 1893), p . 180 -197 , et, pour les fragments “ physiques ” ,
134 G . Ammon, « Der Philosoph Demokrit als Stilist» , Xenien der 41. Versammlung deutscher Philologen und Schulmänner vom 20.-23. Mai 1891 in
München dargeboten vom historisch -philologischen Verein München ,München 1891, p. 3 -11. 2 . QUESTIONSDE CHRONOLOGIE La chronologie de Démocrite a suscité une littérature considérable, dont la rigueur scientifique laisse pourtant beaucoup à désirer. Rappelons, par exemple,
la façon dont W . K . C .Guthrie a présenté le témoignage de Thrasylle (voir ci dessus III. 4-5): en contestant la comparaison établie avec la date de naissance de Socrate, W . K .C .Guthrie semble ne pas se souvenir que l'année de naissance de Socrate adoptée par Thrasylle est aussi attestée par Apollodore et par Démétrios de Phalère. L ' erreur" de Thrasylle, si erreur il y a , sur la date de
naissance de Socrate ne peut donc en rien infirmer le témoignage du même Thrasylle sur la date denaissance de Démocrite. La même comparaison a provoqué l'incrédulité de 135 J. Ferguson , « On the date of Democritus » , SO 40, 1965, p . 17-26 : à l'en croire (p . 18 ; cf. p . 25 ), Thrasylle aurait fait remonter jusqu 'en 470 /69 la naissance de Démocrite pour
que ce dernier devienne, de ce fait, ne serait-ce que d 'une seule année, un “ pré socratique " ! J'ai du mal à prendre au sérieux de tels arguments. Mais cet auteur est-il sérieux ? Pour les diverses datations de la prise de Troie adoptées dans l'Antiquité, il renvoie son lecteur, p. 26 , à « Forsdyke,Greece before Homer, 62 ff. » ; or
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136 J. Forsdyke, Greece before Homer, ancient chronology and mythology, London 1956 , n 'est en réalité qu 'un ouvrage de simple vulgarisation ; l'auteur s'est même dispensé de préciser les textes des auteurs anciens qu'il a mentionnés au cours de son étude.
L 'essentiel du raisonnement de Ferguson remonte à Jacoby 14, p. 293-294.
Pour ce dernier, Thrasylle se serait laissé influencer par les divers passages où Aristote parle d'une certaine priorité de Démocrite par rapport à Socrate dans la recherche d 'une “ définition " (De part. anim . I 1, 642 a 24 -31 [DK 68 A36 );
Met. M 4 , 1078b 17-25 (cf. DK ibid .) ; cf.Met. A 6 , 987b1-6). Selon Jacoby ,
Thrasylle se croirait obligé de faire en sorte que cette priorité philosophique corresponde à une priorité chronologique. Il aurait donc fait remonter la nais sance de Démocrite à une date antérieure à la naissance de Socrate, suivant en
cela (toujours selon Jacoby) l'exemple de Cicéron qui, lui aussi, aurait tiré des propos d'Aristote la nécessité d 'une priorité chronologique de Démocrite par rapport à Socrate (De finibus V 29, 87-88 ; Academica I 12 , 44 ; pour ces deux textes, voir aussi 137 E . Zeller, Die Philosophie der Griechen , 6e éd., Teil I,
Hälfte 2, Leipzig 1920 , p. 1043 n. 1 (= p. 1045 ]). Cet appel à l'autorité de Cicéron est pourtant totalement arbitraire . Dans les
deux passages allégués (De finibus V 29, 87-88 ; Academica I 12, 44), Cicéron laisse certes entendre que la doctrine de Démocrite est antérieure à celle de
Socrate , mais ne souffle mot de la différence d'âge séparant ces deux philo sophes. Quant à Thrasylle, rien n 'incite à penser qu 'il ait fondé sa chronologie sur les dicta d'Aristote. Et,même à supposer que Thrasylle soit sur ce point tributaire d'Aristote , doit-on alors vraiment croire que la différence d'âge d'une
seule année ait suffi, dans son esprit, pour fonder la priorité chronologique des doctrines philosophiques de Démocrite ? Tout est possible. Une telle hypothèse
me semble pourtant fort peu vraisemblable . 3. LA THÈSE DE H . DIELS
Plus inquiétant (vu l'éminence de son auteur) est le jugement émis par Diels 16 : Thrasylle aurait été un simple dilettante en chronologie. Thrasylle croirait en effet ( selon Diels) que la date de naissance de Démocrite fixée par Apollodore
dépendait de la date de la prise de Troie établie par Ératosthène et adoptée par Apollodore. Et puisque, à la suite d'une « fantaisie personnelle » , Thrasylle aurait fixé la date de la prise de Troie en 1193, donc 10 ans avant la date établie
par Ératosthène (voir ci-dessus III. 3), il aurait fait remonter la naissance de Démocrite jusqu ' en 470, pour qu 'il puisse conserver l'intervalle (723 ans) déjà adopté par Apollodore pour séparer la date de la prise de Troie de la naissance
du philosophe. Nous lisons (Diels 16 , p. 31) : « Ob Apollodor noch Kunde von dem Datum dieser Aera [i. e. la date de la prise de Troie adoptée par Démocrite ) hatte, wissen wir nicht, fest steht, dass er sie von der seinigen zu unterscheiden wusste. Dagegen ist Neueren wie Wesseling und Corsini (...) das Missverständniss begegnet, als ob hier der Eratosthenische Ansatz zu Grunde läge. Ja selbst im Alterthume hat der freilich in Chronologie nur dilettierende Thra
syllos dieselbe Confusion begangen , wie IV zeigt (i.e. D . L . IX 41 (DK 68 A 1) : la date de la naissance de Démocrite et la comparaison avec Socrate ). Erkannte die Epoche des Demokrit aus Apollodor, dem er ja auch für Sokrates Geburt blindlings folgte, glaubte aber diese aus II
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DÉMOCRITE D 'ABDÈRE
[i.e. la rédaction par Démocrite de son traité 730 ans après la prise de Troie, D . L . ibid.] vermittelstder gewöhnlichen Aera berechnet. Da er nun, wie wir wissen, aus irgend welcher
Marotte den Fall Trojas 10 Jahre vor 1184/3 angesetzthatte, so dachte er nun consequent zu handeln , wenn er auch Demokrits Epoche ohne weiteres um soviel zurück rückte. Daraus resultierte die Angabe Ol. 77, 3 (470).»
Ce raisonnement est plus complexe qu 'on ne pourrait le croire de prime
abord ; la date de la prise de Troie mise au compte de Thrasylle (voir, par exemple, Jacoby 14 , p.78-79) est en réalité assez précaire. L 'auteur d 'un traité Sur les fleuves, conservé dans les manuscrits sous le nom de Plutarque, fait allusion (De fluviis XI 4 (= De fluviorum et montium nomi nibus et de iis quae in illis inveniuntur IX 4, ed . K . Müller, Geographi graeci
minores, vol. II, Parisiis 1861, p.651, 4 -5 ]) à un écrit Sur les pierres (il en a cité un « troisième» livre ), rédigé par un Thrasylle originaire de Mendès (ville située dans le Delta du Nil). Le nom de Thrasylle revient quelques chapitres plus loin dans le même traité (De fluviis XVI 2 [t. II, p. 655 , 3-4 Müller]), à cette diffé rence près que le lieu d 'origine n 'est plus indiqué et que l' écrit cité s 'intitule
maintenant Tà Aiyuntlaxá. Dans ce dernier traité il est pourtant de nouveau question de pierres ; on est donc amené à supposer que le Thrasylle de Mendès, auteur d'un écrit Sur les pierres, est aussi celui qui parle de pierres dans un
ouvrage consacré à l'Égypte. Et si l'on croit que notre Thrasylle , astrologue et ami de Tibère, a bien pu s'intéresser aux pouvoirs occultes des pierres (ainsi Gundel 38 , col. 583), il s'ensuivra qu ' il fut l'auteur de ces deux traités, y
compris celui qui est consacré à l'Égypte . Passons maintenant à la chronologie. Clément, dans le premier livre de ses Stromates, fait état d'une chronologie qui prendrait comme point de départ la période “ sothique" du calendrier égyptien (Strom . I 136 , 3- 137, 4 [t. II,
p. 84,22 -85, 19 Stählin ]), pour aboutir par la suite à la prise de Troie et à l'histoire de la Grèce. (La date assignée à la prise de Troie ne se trouve plus dans les manuscrits de Clément; mais on comblera aisément cette lacune en s'appuyant sur les dates qui précèdent et qui suivent: voir Strom . I 137, 3 [t. II, p . 85, 15 Stählin ).) K .Müller (FHG III 503-504) attribue la préparation de cette
chronologie à Ptolémée de Mendès (138 A . Dihle , art. « Ptolemaios » 74, RE XXIII 2, 1959, col. 1861; cf. FHG IV 485-486 ), dontun ouvrage sur la chrono logie est mentionné quelques pages auparavant par Clément (Strom . I 101, 4
[t. II, p .65, 6-9 Stählin ). Dans cette chronologie, rapportée par Clément, se trouve pourtant le nom de Thrasylle (Strom . I 136 , 5 (t. I, p. 85 , 4 Stählin ]). Müller suppose , par conséquent (ibid .), que Thrasylle de Mendès, s' inspirant dans son histoire de l'Égypte de la chronologie de son concitoyen , Ptolémée , l'aurait adaptée à l'histoire de la Grèce, et serait par conséquent l'auteur de la
datation de la prise de Troie que l'on peut restituer à ce document. Or, la date de la prise de Troie restituée à ce passage des Stromates (1193) précède de 10 ans la date adoptée par Ératosthène (1184/3). Et Müller de pro
poser (FHG III 504; voir aussi Jacoby, FGrHist 253 [ commentaire ]) l'argument retenu par Diels: Thrasylle aurait adopté le même intervalle (10 ans) pour faire remonter la naissance de Démocrite de 460 (date proposée par Apollodore , ap.
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D . L. IX 41 [DK 68 A 1 ]) jusqu'en 470 (date proposée par Thrasylle, ap. D .L . ibid .). Je laisse volontiers à mes lecteurs le soin de décider si l'auteur de la chrono
logie recopiée par Clément est bien Thrasylle l' auteur des Aegyptiaca, si l'auteur des Aegyptiaca est bien Thrasylle de Mendès, auteur d 'un ouvrage Sur les
pierres, et si Thrasylle de Mendès, auteur d'un ouvrage Sur les pierres, est bien
la même personne que l'éditeur de Platon et de Démocrite... Mais, même si nous admettons que toutes ces diverses indications concernent un seul et même
personnage, pourquoi lui imputer l'erreur formulée par Diels: celle de ne pas avoir distingué la date de la prise de Troie calculée par Démocrite et la date
établie par Ératosthène, reprise par Apollodore , et corrigée par lui-même ? Que la prise de Troie remonte à 1184 /3 (Ératosthène, suivi sur ce point par Apollodore) ou bien à 1193 (selon l'auteur de la chronologie rapportée par
Clément) est en réalité parfaitement indifférent pour la date de naissance de Démocrite. Car si nous déduisons 730 ans de l'une ou de l'autre de ces deux dates (1184 /3 , 1193), nous arrivons à des années (463 ou 453) bien antérieures à
la maturité de Démocrite, tantpour la datation d'Apollodore (460/59) que pour celle de “ Thrasylle ” (470 /69). Nous n 'avons donc aucune raison de croire que
l'un ou l'autre de ces deux auteurs ait pris, comme point de départ de son esti mation de la naissance de Démocrite, la date que chacun aurait assignée à la prise de Troie . Et il est tout à fait arbitraire et même quelque peu absurde de supposer, comme le fait Diels, que le Thrasylle auteur de la chronologie rappor tée par Clément ait pu ne pas s 'apercevoir de l'impossibilité de prêter à Démo
crite lui-même la date de la prise de Troie adoptée par Ératosthène et Apollo dore, et se soit par conséquent fondé sur la date de la prise de Troie adoptée par Apollodore pour établir la date de naissance de Démocrite ... La conclusion que l'on doit tirer des documents rassemblés par Müller est en réalité tout autre : si Thrasylle , éditeur de Platon et de Démocrite , est vraiment
l'auteur de la chronologie recopiée par Clément, il devient (avec Éphore, Ératosthène et Apollodore) l'un des " chronologues" les plus savants de son époque, si bien que nous pouvons lui faire davantage confiance pour connaître la
date de naissance de l'auteur qu'il a édité . 4 .LA THÈSE DE J.MANSFELD
Pour le passage de Diogène Laërce portant sur la date de la prise de Troie et le témoignage d 'Apollodore (IX 41 (DK 68 A 1 ), voir ci-dessus III), la dernière discussion en date est celle de 139 J.Mansfeld , « Apollodorus on Democritus » ,
Hermes 111, 1983, p. 253-258 . L 'hypothèse de Mansfeld est passablement com plexe. D 'après ce spécialiste , Apollodore aurait fixé la naissance de Démocrite 40 ans après la naissance d 'Anaxagore (donc 460 /59) , et la composition de son écrit le Petit système du monde 40 ans encore plus tard, lors de son acmé (donc
421/20). Un auteur postérieur à Apollodore mais antérieur à Diogène aurait exprimé cette année (421/20) en termes de la date de la prise de Troie établie par Ératosthène: (420 ans , comptant à partir de 1183, donc) 763. Et un deuxième
714
DÉMOCRITE D'ABDÈRE
auteur, postérieur à ce dernier, mais toujours antérieur à Diogène Laërce, aurait
déforméce chiffre , écrivant non pas « soixante -trois » mais « trente » ( tpla κοντα ou bien τρία και εξήκοντα devenant, par “haplographie ”, τριά xovta ). Cette erreur serait à l'origine du calcul donton voit la conséquence chez Diodore (XIV 11, 5 (DK 68 A 5 ]) : Démocrite serait mort à l'âge de 90 ans, en
404/3 (voir ci-dessus III. 11). Enfin , Diogène Laërce, recopiant sa source, aurait mal compris le onoi dans le document dont il disposait, prêtant abusivement à
Démocrite lui-même l'affirmation qui, dans le document qu'il recopiait, fut présentée comme celle d'Apollodore . Cette cascade d'hypothèses est peu convaincante. Rien n 'oblige à croire qu 'un auteur antérieur à Diogène ait transposé la référence chronologique donnée par Apollodore en une datation fondée sur l'estimation établie par
Ératosthène de la prise de Troie. (Les “ parallèles” cités par Mansfeld pour appuyer une telle transposition ont tous pour objet des personnes ou des événe ments antérieurs au ve siècle .) Rien ne laisse supposer que Diodore (ou sa source) et Diogène Laërce soient, tous deux , victimes d 'une erreur dans la transmission des chiffres. (L 'appel à une erreur d'“ haplographie " pour expli
quer la déformation de 763 en 730 est peu contraignant, le saut du même au même ne s'appuyant que sur la répétition d'une lettre unique (voir les deux formules citées ci-dessus).) Enfin , rien n 'invite à penser que Diogène Laërce ait
confondu Apollodore et Démocrite, au point d'attribuer au second une affir
mation provenant en réalité du premier. (Diogène cite Apollodore bien plus de trente fois au cours de son ouvrage, ne serait -ce qu 'implicitement (voir l' Index nominum dans l'édition de H . S. Long , OCT t. II, 1964 , p. 570, s.n . 'Anono
owpoç 'Aonvalos ); pourquoi se serait-il ici trompé ?) Revenons donc au texte, tel qu 'il est rapporté dans les manuscrits : Diogène Laërce attribue expressément à Démocrite la rédaction de son écrit 730 ans après la prise de Troie (IX 41 [DK 68 A1] : Ouvretáxoai dé onoi...). Cette infor
mation n'a rien de suspect. Il est simplement regrettable que nous ne disposions d 'aucune information permettant de préciser l'année assignée par Démocrite à l'événement qu' il a cité comme référence. J.Mansfeld s'en prend également à l'authenticité de la première formule que met Diogène sur le compte de Démocrite (IX 41 (DK 68 A 11) : dans son petit système du monde ,
Démocrite lui-même affirme (as aútóc onolv...) avoir été « jeune au temps de la vieillesse d ' Anaxagore » (VÉOs xarà apeoßútny 'Avacayópav ). Non seulement la précision qui suit
(D . L . ibid . : « de 40 ans son cadet » ), mais la forme même de comparaison avec l'âge d'Anaxagore relèveraient du « jargon » des chronographes , l' opposition de véos et de peoßúms représentant une différence d'âge précise : Démocrite aurait eu 25 ans quand Anaxagore en avait 64 . (Voir p . 254 de l' article cité . Voir aussi, du même auteur, 140 « The
chronology of Anaxagoras' Athenian period and the date of his trial, Part I» ,Mnemosyne,
series IV , vol. 32, 1979, p . 43 ; « Part II », ibid., vol. 33, 1980 , p . 85.) En argumentant de la sorte , Mansfeld affaiblit la crédibilité de son analyse de l'ensemble de ce passage. Car l'opposition de véos et de npeoßúrns ne relève absolument pas du « jargon » des chronographes. En témoignent les trois passages déjà mentionnés (III . 11), où Socrate « très jeune» rencontre Parménide déjà « très vieux » . Dans ces trois passages revient
l'opposition de véoc et de ntpeoßúms. (Parménide, 127 A -C : EŬ uára Kon npeoßúmv... opóópa véov . Théétète, 183E : TÁVU VÉOS Trávu npeoßútn . Sophiste, 217C : Éyu véos Öv,
DÉMOCRITE D 'ABDÈRE 715 Éxelvou uára 81 TÓTE ÖVTOG npeoßútov.) Cette opposition est tout ce qu'il y a de plus naturel. Seul un esprit hypercritique et contourné se croirait obligé d 'y entendre le « jargon »
des chronographes. Revenons donc au texte de Diogène, sans nous méfier aveuglément de tout ce que nous y
trouvons. Prima facie, la comparaison avec l'âge d 'Anaxagore et la référence à la prise de Troie n 'ont rien de suspect sur le plan historique ou littéraire . Jusqu'à preuve du contraire , nous pouvons légitimement faire confiance à Diogène (ou à sa source ) quand il affirme
rapporter, sur ces deux points, les propos mêmes de Démocrite . (D . L . IX 41 (DK 68 A 1]: réYOVE OÈ TOTS XPOVOLG , WC aŭtos Anoiv ... Ibid. : OUVTETAXOAL SÉ onol...) [Mes remerciements les plus chaleureux vont à des amis dont les critiques, les commen taires, les conseils m 'ont permis de beaucoup améliorer la présentation et le contenu de cette
Notice : Simone Follet, Richard Goulet, Charles Ramond, Danielle Visneux-Chanet.) DENIS O'BRIEN . Iconographie . Malgré de multiples recherches, le portrait du grand Démo crite reste un desmystères de l'iconographie grecque. Les textes anciens ne nous
disent pas qu 'on lui éleva des statues; il existait pourtant une peinture qui le représentait risu labris apertis, par opposition au triste Héraclite (Sidoine Apollinaire, Epist. IX 9, 14 ), et une satire de Juvénal donne le ton : Perpetuo risu pulmonem agitare solebat Democritus (X 33-34 ). C 'est pourquoi une tête de bronze conservée au Musée de Naples (inv. 5602), trouvée dans la Villa dei Papiri à Herculanum , fut longtemps rapportée à Démocrite en raison de son
expression jugée plus souriante que celle d 'un autre bronze de même prove nance, que l'on a pris sans argument valable pour un portrait d'Héraclite. Mais cette identification date d'une époque où l'art du portrait était un jeu d 'esthète ou d ' amateur cultivé et, de l'avis des spécialistes actuels, l'iconographie de Démocrite demeure dans une impasse : voir Richter, Portraits, t. I, p. 120 , l'opi
nion de J.-Ch . Balty, BMAH 48, 1976 , p. 9 et notes 25 - 26 , et de L . Scatozza Höricht, Il volto dei filosofi antichi, Napoli 1986 , p. 78-79 (le fait que la galerie des philosophes de la Villa dei Papiri paraisse dédiée à l'épicurisme n 'étant pas
non plus un argument suffisant).
On ne peut toutefois passer sous silence la tentative de certains auteurs, dont J. Frel (Contributions à l'iconographie grecque, Prague 1969, p. 25-26), de voir Démocrite dans le type sculptural jusqu 'alors dit « Sophocle III » par les
spécialistes: exposé du problème dans W . Gauer, JDAI 83, 1968, p. 164 -169. L 'identification part du profil visible sur les monnaies d'Abdère marquées
« Pythagoras» – soit le magistrat monétaire, et non le philosophe -, qui doivent représenter Démocrite, pour aboutir au groupe de têtes en pierre rassemblées
hypothétiquement sous le nom de Sophocle III, alors qu 'elles ne ressemblent guère aux autres images assurées du grand tragique. Ces têtes nousmontrent un homme d'âge mûr, avec une barbe courte et des traits équilibrés, voire une cer taine douceur rappelant la fameuse sérénité épicurienne. Il n 'y a naturellement là rien qui permette une identification assurée, en dehors du fait que la monnaie d'Abdère doit sans doute bien se rapporter à Démocrite, natif du lieu (mais le dessin est peu précis ). Tout aussi séduisante et non assurée apparaît la récente analyse de B . Freyer-Schauenburg, « Zum Bildnis des Demokrit» , MDAI(R ) 96 ,
716
DÉMOCRITE D 'ABDÈRE 1989, p. 313-331 : elle propose en effet de reconnaître Démocrite dans un groupe
homogène de 14 têtes représentant un homme à cheveux bien bouclés, une petite
barbe soignée , des yeux enfoncés, une mine à la fois concentrée et tranquille . Ces têtes avaient fait jusqu 'à présent l'objet d 'attributions diverses,mais d'après leur style , elles doivent être les répliques d 'un original qui se situerait immé diatement dans la lignée du portrait de Platon , donc peu après le milieu du IVe s.
av. J.- C . Le nom de Démocrite vient alors très vite à l'esprit, d' autant plus que la mine du personnage représenté trahirait – selon l'auteur - l'adhésion à la
philosophie épicurienne. MARIE -CHRISTINE HELLMANN .
70a DÉMOCRITE DE NICOMÉDIE
FII-D MI ? Un des “ deipnosophistes” d'Athénée (I, 1d). Il fait partie, avec son compa
triote Pontianus, des philosophes présents au banquet. Les deux hommes
« l'emportaient sur tout le monde par l'étendue de leurs connaissances (nou uadela ) » . Athénée lui confie plusieurs interventions, longues et érudites, sur les
sujets les plus divers. RICHARD GOULET. MIII 71 DÉMOCRITOS RE 7 A . Platonicien du milieu du IIIe siècle que Longin , dans la préface de son livre Sur la fin , classe parmi les philosophes qui ontmis leurs opinions par écrit,
mais qui n 'ont pas fait preuve d 'originalité, se contentant de réunir et de transcrire ce qui avait été écrit par leurs prédécesseurs. Cette préface est citée
par Porphyre , Vie de Plotin 20, 31, 37, 60. B .Un Démocrite est cité par plusieurs néoplatopniciens tardifs. Il est tentant de l'identifier au platonicien mentionné par Longin. Syrianus (In Met., p . 105 , 36 sq . Kroll) cite l'opinion de Démocrite sur les formes intelligibles, opinion partagée par Atticos et Plutarque. Olympiodore nous informe que Démocrite avait composé un commentaire sur l'Alcibiade de Platon (In Alc ., p. 70 Weste rink ). Damascius cite son commentaire sur le Phédon (In Phaed. I § 503, 3
Westerink ). Dans son De anima, Jamblique résume (chez Stobée, Ecl. I, 49, p . 370, 1 sq.Wachsmuth ) la doctrine de Démocrite sur l' âme; d 'après ce témoi gnage, la doctrine de Démocrite a dû avoir une certaine influence. Pour sa part,
Proclus, dans son Commentaire sur le Timée de Platon ( II, 33, 13 sq . Diehl), traite de cette difficulté soulevée par Démocrite : comment peut-il être dit que, pour deux surfaces, il n 'y a qu'une seule moyenne proportionnelle (cf. Timée 32 b - c) ?
Récemment, le cas de ce Démocrite a été réexaminé par deux historiens de la
philosophie antique : M .Hirschle et H . D . Saffrey . Dans une digression (Exkurs zu « Demokrit » B 134 ) à Sprachphilosophie und Namenmagie im Neuplatonismus, Meisenheim am Glan , 1979, p. 63 -65 , M . Hirschle a démontré (1) que le fragment (DK 69 B 142 = Damascius, In
Phileb. 24 , p. 15 Westerink ) ne devait pas être attribué au présocratique, parce
717 qu 'il contredit un autre fragment (DK 68 B 26 = Proclus, In Crat. 6 , 20 sq . DÉMODOCOS
Pasquali); (2 ) que ce fragment pouvait difficilement être attribué au Démocrite médio -platonicien qu'évoque Longin , dans la mesure où il mentionne la théorie ovoua - ayarua, laquelle ne sera véritablement développée qu 'au cours du Ve s.
dans le cadre du néoplatonisme. Voilà pourquoi H . D . Saffrey (« Nouveaux liens objectifs entre le pseudo-Denys et Proclus » , RSPT 30, 1979, p . 8 - 9, repris dans Recherches sur le néoplatonisme après Plotin , Paris 1990, p . 240 -241) estime
que ce Démocrite ne serait ni le présocratique ni le médio -platonicien ,mais un néoplatonicien du début du ve s., celui que mentionnent Damascius et Olym piodore (cf. supra).Mais aucun autre élément ne vient étayer cette hypothèse séduisante.
Cf. W . Kroll, art. « Demokritos» 7 , RE V 1 , 1903, col. 140 ; H . Dörrie, art. « Demokritos » 2 , KP I, 1964 , col. 1479- 1480 ; L . Brisson , « Prosopo graphie » , dans L . Brisson et alii, Porphyre , La Vie de Plotin , t. I, Paris 1982, p. 78 -79. LUC BRISSON .
72 DÉMODOCOS RE 9 Dans le corpus platonicien, on trouve un écrit apocryphe qui porte pour titre Démodocos. Par rapport aux autres écrits platoniciens, celui- ci est particuliè
rement atypique. Il comprend quatre pièces, dont les sujets n 'ont aucun rapport entre eux. La première (380 a - 382e), la plus longue, qui porte sur la « délibéra tion » et qui s 'adresse à Démodocos, a donné son titre à l'ensemble de l'ouvrage. Voici comment est introduite cette première partie : « Tu me pries, Démodocos, de te donner mon avis sur les questions que vous voulez discuter dans votre
réunion .Mais il m ' est venu à l'idée d'examiner ce que peut bien signifier votre assemblée, le zèle de ceux qui prétendent vous donner leur avis et le suffrage que chacun de vous pense apporter» (380 a , trad. J. Souilhé). Ces quelques
lignes suscitent un certain nombre de questions qui restent sans réponse . Ce Démodocos est- il celui qui intervient dans le Théagès ? De quelle assemblée s 'agit- il : d'une assemblée publique (Assemblée du Peuple , Tribunal) ou d 'une
assemblée privée ? Quel est le sujet de la délibération ? Toutes ces questions restent sans réponse . Dans l’Apologie (33 e ), Socrate cite parmi ceux qui sont venus le soutenir : « Paralos, fils de Démodocos et qui avait pour frère Théagès » . Or, ce Démodocos, du dème d 'Anagyrunte ('Avayupaolwv, Théagès 127e), est tout
naturellement l'un des interlocuteurs du Théagès, un dialogue apocryphe. Démo docos rencontre Socrate à qui il communique ses préoccupations concernant son fils Théagès, qui veut acquérir le savoir et désire , à cette fin , fréquenter les sophistes , qui se prétendentdétenteurs du savoir universel (121a - 122e). Socrate s ' informe donc auprès de Théagès pour savoir quelle science ce dernier veut
acquérir . Après quelques questions, il ressort que Théagès veut acquérir la
science politique ou la tyrannie (122 e - 125b). A quels maîtres faut-il s'adresser pour acquérir une science aussi difficile ? Mais, comme il l'a souvent constaté,
718
DÉMODOCOS
les hommes politiques ne peuvent former même leur propre fils (125b - 127a). Dans l'embarras où il se trouve, Théagès propose à Socrate de devenir son maître, et Démodocos appuie cette requête. Socrate hésite , car il ne sait rien et surtout il n 'est pas sûr que la « voix divine » l'autorisera à prendre Théagès en
charge (127 a - 130e). Théagès se soumettra à la décision de la « voix divine» , mais il se déclare prêt à tenter l'expérience (131 a -fin ).
Cf. J. Kirchner, PA I, 3464 ; H . v . Geisau , art. «Demodokos» 9, RESuppl. X , 1965, col. 136 (2 lignes); R . Develin , Athenian Officials 684 -321 B. C ., Cambridge 1989, Appendix V, p . 188. LUC BRISSON .
73 DÉMON DE SICYONE Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique, V . pyth . 36 , 267 ; p . 146 , 7 Deubner. BRUNO CENTRONE.
DÉMON — DAMON 74 DÉMONAX DE CHYPRE RE 1
ca 70 - 170
Cynique connu principalement par la biographie que lui a consacrée Lucien , mais aussi par un certain nombre d 'apophtegmes et de sentences morales que lui attribuent Antoine Mélissa (PG 136 ), Maxime le Confesseur (PG 91), le Gnomologium Parisinum (cf. « Gnomologium Parisinum ineditum » , ed . L .
Sternbach , Rozprawy Akademii Umijętności, [Wydzial Filologiczny , Series II, Vol. 5 ), Krakow [Nakladem Akademii Umijętności ], 1894, p. 135 - 171) et Stobée. Sur l'ouvrage de Lucien , voir 1 D . Clay, « Lucian of Samosata : Four
philosophical Lives (Nigrinos, Demonax , Peregrinos, Alexander Pseudo mantis )» , ANRW II 36 , 5, p . 3406 -3450, notamment p . 3425 -3429 ; 2 C . P. Jones, Culture and Society in Lucian, Cambridge (Mass.)/London 1986 , p. 95 -98 , notantles grandes similitudes entre le personnage de Démonax et la peinture que Lucien donne ailleurs de lui-même, considère la Vie de Démonax comme « a
kind of indirect autobiography » (p. 98). Né à Chypre (Démonax 3), d'origine sociale aisée (ibid .), Démonax se convertit à la philosophie et passa sa vie à Athènes. Épictète, Timocrate d'Héra clée, Agathobule (- A 36 ) et Démétrios furent sesmaîtres, et Lucien son élève. Les nombreux apophtegmes rapportés par Lucien mettent en scène Démonax et
des contemporains, philosophes, hommes politiques, athlètes, personnages connus . . .
Il étudia les poètes de façon approfondie (§ 4 ), mais ne laissa aucune æuvre
écrite. Bien qu'il ait eu au début, à cause de sa liberté de langage, quelque peine à se faire accepter à Athènes ($ 11), Démonax réussit à s'y imposer comme une figure reconnue : quand il s 'arrêtait dans une maison pour manger et dormir, les
gens voyaient en lui une « épiphanie divine » et « un bon démon » ($ 63). Sa seule apparition à l'assemblée suffisait à faire cesser les dissensions (8 64 ) et il
DÉMOPHANÈS
719
savait réconcilier les frères et les époux en désaccord (8 11). Athènes lui fit des
funérailles officielles quand il eut, âgé de presque cent ans, quitté la vie après s' être laissé mourir de faim ($ 65). Ce sont les autres philosophes qui portèrent
sa dépouille pour l'amener jusqu'à la tombe (§ 67) . Apparemment, même s 'il imitait Diogène dans sa façon de se vêtir et ses manières (8 5), il pratiquait un cynisme adouci qui lui permettait de vénérer Socrate , d' admirer Diogène et d 'aimer Aristippe ( $ 62). Lucien souligne son
éclectisme ( $ 5 ), ainsi que le caractère « doux, civilisé et joyeux » de sa philosophie (§ 9 ). Une épigramme de Nicarque, poète d 'époque flavienne, conservée dans
l'Anthologie Palatine XI 329, est dirigée contre un Démonax qui pourrait être le maître de Lucien . Cette épigramme est citée, traduite et commentée par 3 S .
Follet, « Les cyniques dans la poésie épigrammatique à l'époque impériale » , dans M .-O . Goulet-Cazé et R . Goulet (édit.), Le cynisme ancien et ses pro longements, Paris 1993, p . 376-377. Follet 3 , p . 377 n. 60, rappelle qu ' on a retrouvé près de Salamine de Chypre la stèle et l' épigramme d'un Démonax, mort en mer à vingt-huit ans, qui pour
rait être un parent du philosophe (W . Peek ,GVI 1833 ; J. Pouilloux, P. Roesch , J. Marcillet-Jaubert, Salamine de Chypre, XIII 2, Paris 1987, nº 191, p . 74 ).
L 'inscription est datée du Ire s. av. J.-C . (Peek) ou du ser ap. (Kaibel, Epigr. Gr. 256 ) . Cf. 4 H . von Arnim , art. « Demonax » 1, RE V 1, 1903, col. 143-144 ; 5 K .
Funk, Untersuchungen über die lucianische Vita Demonactis, coll. « Philo logus» Supplementband 10 , Leipzig 1907, p. 558-674 ;6 M .-O . Goulet-Cazé, « Le cynismeà l'époque impériale » , ANRW II 36 , 4, p . 2763-2764 et passim .
MARIE -ODILE GOULET-CAZÉ. 75 DÉMOPHANÈS RE ( s. v. « Mégalophanès» )
IIIa
Élève d'Arcésilas ( A 302), fréquemment cité dans les sources en compagnie d 'Ecdélos (cf. Polybe X 22 , 2 ; Plutarque, Philop. 1 ; Pausanias VIII 49, 1, et Suidas, Lex., s.v. Diorroiunv, Ø 409, t. IV , p. 731 Adler). K . Ziegler
(RhM 83, 1934, p. 228-233) a démontré que la forme correcte des deux noms était Démophanès et Ecdélos, et non pas Mégalophanès et Ecdémos. On ne peut séparer la reconstruction de la biographie de Démophanès de celle d 'Ecdélos. Ils étudièrent ensemble auprès d 'Arcesilas, qui fut scholarque de l'Académie à
partir de 268 -264, et ils furent les maîtres de Philopoemen . Contraints à l'exil, ils organisèrent un complot contre Aristodémos, le tyran de Mégalopolis , et par ticipèrent à l'entreprise d ' Aratos contre Nicoclès, le tyran de Sicyone (selon Plutarque, Aratos 4 - 9 , seul Ecdélos intervint dans ce dernier épisode). Ils furent
enfin invités à Cyrène pour préparer une nouvelle constitution et réorganiser la cité .
La succession chronologique des deux premiers événements est controversée
(entre 251 et 250). Polybe et Plutarque mentionnent la libération deMégalopolis
720
DÉMOPHANÈS
avant celle de Sicyone, mais la valeur de ce renseignement a été mise en doute
par Beloch, Porter et Will, qui intervertissent les deux dates (voir les indications bibliographiques dans le commentaire de D . P. Orsi, dans M . Manfredini, P .Orsi
et V . Antelami [édit.), Plutarco, Vita di Arato e di Artaserse, Milano 1987, p . 198 ). Le séjour à Cyrène est postérieur (J. Beloch , Griech . Gesch. t. IV 2 ,
Berlin/Leipzig, 2e éd., 1927, p.615 sq., suggère l'année 249). Études d'orientation. W . Capelle, art. «Megalophanes» , RE XV 1 , 1931, col. 143; H . von Arnim , art. « Ekdemos » , RE V 2 , 1905, col. 2159 ; H . Dörrie , art. « Megalophanes» , KP III, 1975, col. 1142, et art. « Ekdemos » , KP III , 1975, col. 221; K . Ziegler, « Plutarchstudien » , RAM 83, 1934, p. 228-233 ; P . Pédech ,
Laméthode historique de Polybe, Paris 1964, p . 222 et 250. TIZIANO DORANDI.
76
DÉMOPHILE RE 10
Sous le nom de Démophile, personnage par ailleurs totalement inconnu, on trouve dans le Vaticanus graecus 743 deux collections de sentences, la première (58 sentences) avec le lemme Anuoplov éx tōv Iudayopetwv uola ñ Blou Depanela , dédiée à un certain Asclépiadès (DPhA Suppl. I, n° 443a) ( fol. 1-3 ),
la seconde (45 sentences par ordre alphabétique) intitulée par L . Holstenius [Lucas Holste ) (Rome 1638) Anuoplov yu @ ual Mudayopixal (fol. 3V -61). Les collections sont éditées dans Mullach , FPhG I, 1860, p . 485 -487 et 497 -499. La plupart de ces sentences se retrouvent sous d 'autres noms dans d 'autres gnomo logia .
Édition critique, traduction et commentaire du recueil alphabétique, tenant compte des versions syriaque et arabe, par A . R . Sodano, Le Sentenze « pitago riche » dello pseudo- Demofilo, coll. « Bollettino dei classici» Suppl. 12, (Roma)
1991, 147 p. Sodano (p . 12-13) montre que l'attribution à Démophile a été
déduite par Holstenius du fait que ces sentences suivaient le recueil des Simili tudes de Démophile dans le Vaticanus. Le recueil est en fait anonyme et c 'est ainsi qu' il figure dans d 'autres recensions.
BRUNO CENTRONE.
77 DÉMOSTHÈNE DE MÉGALOPOLIS
MITI Académicien , disciple d 'Arcésilas (> A 302), mentionné dans l' Ind. Acad. Herc. de Philodème, col. 20 , 37 , en compagnie d 'un certain Apollonios (» A 279), l'un et l'autre originaires de Mégalopolis en Arcadie. Cf. Arcésilas, T 1b 69Mette. TIZIANO DORANDI.
78 DÉMOSTHÈNE DE RHÉGIUM Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique,
V. pyth . 36 , 267; p . 145, 18 Deubner. BRUNO CENTRONE.
DENYS D 'ALEXANDRIE
721
79 DÉMOSTRATOS
Selon Porphyre (Porphyre, Vie de Plotin 16 , 1- 9), Alexandre de Libye (» A 115), Philocomus, Démostratus (ibid ., 16 , 4 ) et Lydus avaient composé un très grand nombre d 'ouvrages, dont étaient en possession des Gnostiques chré tiens, qui venaient de l'ancienne philosophie (c 'est-à -dire très probablement du platonisme) et qui étaient disciples d'Adelphius (> A 18) et d 'Aquilinus
(» A 297), que Plotin réfuta dans son traité Contre les Gnostiques (III 8, V 8 , V 5 et II 9).
Cf. C . Elsas, Neuplatonische und gnostiche Weltablehnung in der Schule Plotins, Berlin New York , 1975, p . 50 n . 192 et 193, et surtout p . 51; L . Brisson, « Prosopographie » , dans L . Brisson et alii, Porphyre, La Vie de Plotin, t. I, Paris 1982, p . 79. Sur ce gnostique, voir maintenant M . Tardieu, « Les Gnostiques dans la Vie de Plotin » , ibid., t. II, Paris 1992, p . 516 -517. LUC BRISSON.
80 DÉMOTIMOS RE
fl. D III Péripatéticien , « ami» (olhoc) de Théophraste (mort en 286 %) et l'un des dix
héritiers solidaires du « jardin , du peripatos et de toutes les maisons attenantes au jardin » , selon les væux du testament de Théophraste , qui leur laisse ces biens
pour qu'ils puissent y étudier et y philosopher en commun (ovoxona (elv xal OvuolOOODETU ), D . L . V 52-53. Théophraste lui lègue aussi son esclave Cariðn
(V 55). Démotimos apparaît également dans la liste des sept exécuteurs
testamentaires (επιμεληται των εν τη διαθήκη γεγραμμένων) dressée plus loin par Théophraste (V 56). Selon la Souda (K 240 ; t. III, p . 20, 23 Adler), Callisthène d 'Olynthe
( - C 36) était le fils d 'un certain Démotimos (ou, selon d' autres, d'un Callisthène). Il pourrait s'agir d'un ancêtre du disciple de Théophraste. Démo timos pourrait dans cette hypothèse avoir été apparenté au Callisthène qui
fréquentait la même école (- C 34) et qui figure lui aussi comme héritier et exécuteur testamentaire de Théophraste. Voir l' arbre généalogique de la famille d 'Aristote , DPHA A 414, t. I, p . 422. RICHARD GOULET.
DENYS → AUSSI DIONYSIOS 81 DENYS D 'ALEXANDRIE RE 153 Évêque d 'Alexandrie , adversaire de l'épicurisme.
† ca 265
Témoignages et fragments. Sur la vie et l'activité de Denys, voir Eusébe de
Césarée, Histoire ecclésiastique VI- VII, et Jérôme, De viris illustr. 69. Pour l' édition critique des fragments qui subsistent, cf. en premier lieu 1 C . L . Feltoe ,
AIONYEIOY AEIVANA. The Letters and other remains of Dionysius of Alexan dria , Cambridge 1904 (avec une précieuse annotation ) ; 2 Id., St. Dionysius of
Alexandria. Letters and Treatises, London 1918 (traduction anglaise ) ; 3 W . A .
Bienert, Dionysius von Alexandrien . Das erhaltene Werk, coll.« Bibliothek der
722
DENYS D 'ALEXANDRIE
griechischen Literatur» 2, Stuttgart 1972 (traduction allemande); 4 Id ., « Neue Fragmente des Dionysios und des Petrus von Alexandrien aus Cod . Vatop . 236 » , Kleronomia 5 , 1973, p. 308 -314 ; 5 S. Leanza, « Pour une réédition des Scolies à l'Ecclésiaste de Denys d'Alexandrie » , dans ALEXANDRINA.
Hellénisme, judaïsme et christianisme à Alexandrie. Mélanges offerts à Cl.Mondésert, Paris 1987, p . 239-246 ; 6 M . van Esbroeck, « Nouveaux frag ments arméniens de Denys d'Alexandrie », OCP 50, 1984, p. 18 -42.
Cf. L 'article de 7 W . A . Bienert, « Dionysius von Alexandrien » , TRE 8, 1981, p. 767-771, présente la mise à jour et la bibliographie les plus récentes ; on doit à ce même auteur l'ouvrage de référence sur Denys : 8 Id ., Dionysius von Alexandrien . Zur Frage des Origenismus im dritten Jahrhundert, coll. PTS 21,
Berlin /New York 1978 (avec bibliographie ); dans sa recension de cette mono graphie , 9 M . Simonetti, RSLR 16 , 1980, p. 453-455 , critique l'hypothèse que
Denys ait résolument adopté une attitude polémique à l'égard des enseignements d'Origène. Les indications chronologiques sur Denys sont rares. On sait qu'il succéda à Héraclas, d'abord à la tête de l'école catéchétique d'Alexandrie en 231/2 , puis
comme évêque d 'Alexandrie en 247/8. Vers 264 , invoquant son âge et son état de santé, il décline l' invitation qui lui est faite de participer à Antioche au
synode quidevait juger l'évêque Paul de Samosate . Sans doute meurt-il très peu après cette date. On ignore quasiment tout de lui avant son épiscopat.La qualité de ses écrits prouve qu'il a acquis une solide formation littéraire et philosophique, vraisem blablement avant sa conversion au christianisme. Selon Eusébe, Hist. eccl. VI
29, 4 , et Jérôme, De viris illustr. 69, il aurait été élève d 'Origène. Son activité en tant qu'évêque estmieux connue. Elle est notamment associée à quatre problèmes majeurs de l'époque : l'attitude à adopter durant la persécu tion, la réintégration de ceux qui ont eu un comportement contestable durant
cette période de crise , la validité du baptême conféré au sein de cercles schisma tiques et la question trinitaire. Mis en cause pour s' être caché en 249 lors d 'une persécution locale et avoir choisi de prendre la fuite durant la persécution de Dèce (250 -251) , Denys sera amené à se justifier (cf.
Eusébe, Hist. eccl. VI 40 et VII 11). Dans son souci de l'unité de l'Eglise, il sera partisan d 'une réintégration dans la communauté, après pénitence, des chrétiens qui avaient failli
durant la persécution. Lors du schisme qui oppose à Rome l'évêque Corneille, également
favorable à une attitudemodérée, au rigoriste Novatien, Denys prendra logiquement position pour le premier ( cf. Eusebe, Hist. eccl. VI 45 ). Ce mêmesouci d'unité l'amènera , après 254 , à considérer commenul le baptêmeadministré par les schismatiques novatiens; avec Cyprien de Carthage , il contestera l' attitude de l' évêque Etienne, successeur de Corneille à Rome, qui
estimait que les novatiens pouvaient être intégrés à la communauté au moyen d 'une simple imposition des mains (cf. Eusébe, Hist. eccl. VII 2- 5 et 7) . Par ailleurs, Denys dénoncera le sabellianisme (confusion des personnes de la Trinité ) qui se développait à Ptolémaïs, en Pentapole (cf. Eusèbe, Hist. eccl. VII 6 ). Les chrétiens incriminés porteront l'affaire, en 259 ou peu après, devant l' évêque de Rome, qui portait lui aussi le nom de Denys. Celui-ci, dans une lettre à l'Eglise d ' Alexandrie, attaquera la position trinitaire de Denys d ' Alexandrie , l'accusant en particulier de marquer une séparation entre le Père et le Fils au point d 'appeler
celui-ci une « créature » , noinua (cf. Athanase, De sententia Dionysii 4 et 21). L ' évêque
DENYS D 'ALEXANDRIE
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d' Alexandrie se défendra dans une importante Réfutation etapologie en 4 livres (dont on ne possède plus que des extraits cités par Athanase, ainsi que par Eusébe de Césarée et Basile de Césarée), où il recourra notamment au terme duoDúolos pour décrire l'unité de nature entre le Père et le Fils (cf. Athanase , De sententia Dionysii 18).
Surnommé « le Grand » par Eusébe, Hist. eccl. VII, préface, Denys est le plus important des évêques d' Alexandrie du II s., en tout cas par son euvre . Celle ci, selon le calcul de 10 A . von Harnack , Geschichte der altchristlichen Lite ratur bis Eusebius, t. I/1, Leipzig 1893, p. 409-427, devait comporter 47 ouvra
ges. Il n 'en reste que des fragments (liste dans CPG nº 1550- 1612), transmis principalement par Eusebe (dans Histoire ecclésiastique VI et VII, ainsi que dans Préparation évangélique VII 19 et XIV 23-27), mais aussi par Athanase auteur d'un De sententia Dionysii (éd. H .G . Opitz, Athanasius Werke, t. II/ 1, 4 ,
Berlin/Leipzig 1936 , p . 46-67) -, Basile, les chaînes et des florilèges. Composée en majeure partie de textes se rattachant au genre épistolaire ,l'æuvre de Denys incluait aussi des ouvrages exégétiques, notamment un Commentaire sur l' Ecclésiaste (voir
Leanza 5 ) et un ouvrage Sur les promesses (cf. Eusebe , Hist. eccl. VII 24 - 25 ), dans lequel
Denys défendait l'idée que l'Apocalypse de Jean n'appartenait pas au corpus johannique, mais qu 'elle avait été composée par un autre Jean . Dans sa Préparation évangélique, Eusébe cite à deux reprises des fragments qui témoignent de la culture et des intérêts philosophiques de Denys. La première citation (P . E . VII 19 ; édition par 11 E . des Places et traduction
par G . Schroeder dans SC 215, p. 266 -271), indiquée comme provenant d'un Contre Sabellius (qui ne fait peut-être qu 'un avec la Réfutation et apologie ), est une brève critique de l'idée que la matière est inengendrée. Si Dieu et la matière
étaient l'un et l'autre inengendrés, il faudrait postuler l'existence d'un principe qui leur soit antérieur et supérieur. La seconde (P. E. XIV 23 -27 ; édition et traduction par 12 E . des Places dans SC 328, p. 188-221) est constituée de sept extraits du traité Tepi púoews (De la
nature), titre vraisemblablement emprunté à Épicure dans une perspective polé mique. De fait, Denys, dans les extraits conservés, attaque vivement le maté rialismedes épicuriens, négateurs de la providence. Il s'agit de la première réfu tation chrétienne de l'épicurisme qui soit aussi ample et détaillée. La théorie des
atomes d'Épicure et de Démocrite est dûmentdénoncée. Les exemples humains montrent que nul ouvrage ne se fait au hasard. Le Tout aussi bien que la nature humaine possèdent une structure et un ordre, à la façon d'une armée ; ils ont non seulement une utilité, mais une beauté , qui témoignent de l'activité de la Provi
dence. Enfin , il est ridicule d'imaginer que le souci du monde représente une peine pour les dieux ; la tradition païenne n'a-t-elle pas reconnu dans l'action des
dieux une preuve de leur existence ? Le seul Dieu, affirme enfin Denys, est bel
et bien le créateur et le démiurge universel. Sur ces citations, émaillées de références (païennes et bibliques), voir 13 G . Roch , Die Schrift des alexan drinischen Bischofs Dionysius desGroßen “Über die Natur”. Eine altchristliche Widerlegung der Atomistik Demokrits und Epikurs, Leipzig 1882, 14 Ph .S . Miller, Studies in Dionysius the Great of Alexandria , Erlangen 1933, et Bienert 11, p. 109 -115. ERIC JUNOD.
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DENYS D'HÉRACLÉE
82 DENYS D 'HÉRACLÉE RE 119
fl. ca 290a Philosophe stoïcien hétérodoxe, fils de Théophante ,originaire d'Héraclée sur
le Pont-Euxin en Bithynie , d ' abord disciple de Zénon, puis cyrénaïque ou épicurien . Fragments et témoignages. SVF I 422-434 . Il faut ajouter SVF I 38 (= D . L . VII 37) ; SVF I 39 (= Ind. Stoic. Herc., col. 10 , 2 ) ; SVF I 446 (Ind. Stoic. Herc.,
col. 31) ; Athénée X , 437 f (texte omis par von Arnim , faisant suite à SVF I 428). Traduction italienne par N . Festa, I frammenti degli stoici antichi, Bari 1935 ; réimpr. en un seul volume, Hildesheim /New York 1971, t. II, p . 45-53 ; M . Isnardi Parente , Stoici antichi, (trad. ) a cura di M . I.P ., Torino 1989, p . 278 283 . (Voir aussi Vita I Arati, p . 8 , 18 Martin et Vita IV Arati, p. 19, 5 : Denys,maître d 'Aratos;
Vita II Arati, p . 11, 7-9 Martin : Aratos enseigne lesmathématiques à Denys.
T. D .)
Sources biographiques anciennes. Diogène Laërce (VII 166 = SVF I 422) cite l''Etiopoun) Tāv pihooóbwv de Dioclès de Magnésie. Athénée (VII, 281 d
e = SVF I 430) cite deux vers des Elaroi de Timon de Phlionte (fr. 59 Wachsmuth = PPF 188 Diels ; fr. 791 Lloyd-Jones & Parsons = fr. 17 DiMarco
(Roma 1989, avec commentaire, p . 150 sq.) ; le second vers est également cité dans l'Anthologie Palatine X 38, qui l'attribue à un certain Dionysios), puis (X ,
437 e = SVF I 428 ) le lepi toŨ Alovvolov Blou toŨ ' HpaxłeÚTOV TOŨ ÉTTIXANDévtoç MetaDeLÉVou d ’Antigone de Carystos ( vraisemblablement un chapitre des Vies: voir 1 U . von Wilamowitz -Möllendorff, Antigonos von
Karystos, coll. « Philologische Untersuchungen » 4 , Berlin 1881, p . 126) et les Aladoxal (= Hepi tõv Ploobowv iotopía ) de Nicias de Nicée (= fr. 3 Giannattasio Andria ) ; l’Ind. Stoic. Herc ., col. 10, 2 (= SVF I 39), cite également
Antigone de Carystos.
Cf. 2 H . von Arnim , art. « Dionysios von Herakleia » , RE V 1, 1903, col. 973 974 ; 3 G . Rodier, Études de philosophie grecque, Paris 1926 , p . 234 ; 4 M . Poh
lenz, Die Stoa, 3e éd ., Göttingen 1964 ,t. II, p. 16 . Selon Dioclès de Magnésie , que cite Diogène Laërce (VII 166 = SVF I 422), Denys d 'Héraclée aurait d 'abord eu pour maître son compatriote Héraclide du
Pont. Celui-ci était très âgé et Denys très jeune : il est donc possible de penser que c' était à Héraclée (cf. Pohlenz 4 ). C 'est à cette époque que Denys composa une tragédie, WapdevotaTOS, sous le nom de Sophocle qui trompa Héraclide, et dontDenys prouva qu 'il en était bien l'auteur en dévoilant le nom de son favori,
Pancalos, qui y était inscrit en acrostiche (D . L. V 92-93 = SVF I 425 = TGrF I 40 T 3 ).
Denys suivit ensuite l'enseignement d 'Alexinos d 'Élis et de Ménédème
d'Érétrie ; enfin , celui de Zénon de Citium à Athènes. D .L . VII 23 (SVF I 423) rapporte que Denys était le seul à n ' être pas corrigé par Zénon. Comme il en demandait la raison , Zénon luiaurait répondu que c' était parce qu 'il n 'avait pas
confiance en lui. Au bout d 'un certain temps, Denys délaissa la philosophie . Il écrivit des poèmes et s' attacha à Aratos de Soles ( D . L . VII 167 = SVF I 422 ;
Vie anonyme d 'Aratus = SVF I 424), qui avait été son condisciple chez Zénon .
DENYS D 'HÉRACLÉE
725
C 'est à la suite d 'une grave maladie des yeux (D . L . VII 37 = SVF I 38, comp. D . L . VII 166 ; Cicéron, De finibus V 94 = SVF I 431 ) ou des reins (Cicéron ,
Tusculanes II 60 = SVF I 432) qu'il abandonna définitivement la philosophie stoïcienne en se refusant à considérer la douleur comme un « indifférent» (Cicéron , Tusc. III 18 = SVF I 434). L ' Ind. Stoic., col. 32, 1- 3 (p . 84 Dorandi), rapporte la doctrine à laquelle il se rangea : (tov] Ilmóvov DEUXTOV [el]hvai,mv
8 ' noovnu ail(pe] xal tédoc. Il passa à l' école cyrénaïque (D .L . VII 167 = SVF I 422) ou à l'épicurisme (Athénée VII, 281 e = SVF I 430 ). De là le surnom
• MetalÉuevoç etles attaques de Persée de Citium (Ind. Stoic. Herc., col. 31 = SVF I 446 ) : « j' aurais préféré entendre dire qu 'il était tombé du haut de l'acro
pole... ». Cela se passait par conséquent vers 2709. Dès lors, Denys s'adonna systématiquement à la débauche (Athénée X , 437 e-f = en partie SVF I 428) et se serait laissé mourir d'inanition à près de 80 ans (D .L . VII 167 = SVF I422). D . L . VII 92 (= SVF I 425) nous apprend que certains l'appelaient aussi • Enivoapos (« l'Étincelle » ). L ' Ind. Stoic. Herc., col. 32 (= SVF I 427 ) le qualifie de nohvypáboç et estime son cuvre à 80 000 lignes (otiyo ).
Outre la tragédie intitulée lapdevontaTOS, Parthénopée, D . L . VII 167 (SVF I 422 ) nous a conservé les titres de neuf ouvrages: ( 1) Nepi ånadeias B ', Sur l'impassibilité, en deux livres. H . von Arnim ,
t. I, p. 96, 15 , y rattache Cicéron, Tusculanes III 18 -21 = SVF I 434 , mais les extraits font suite au développement sur le chagrin (III 14 -21) que von Arnim attribue à Chrysippe (SVF I, p. XX ). L 'emprunt à Denys pourrait se limiter au commentaire d ’ lliade IX 646 -647 sur le gonfle
ment du cæur sous l' effet de la colère. (2 ) Tepi đouchoewÇ B ’, Sur l'entraînement, en deux livres. (3 ) Nepindovñs 8 ', Sur le plaisir, en quatre livres. (4) Nepi Thútov xai < htepi> xápitoç xal touwplaç, Sur la richesse et < sur > la reconnaissance et le châtiment (cf. von Arnim , t. I, p . 93,
note à la ligne 22). (5 ) Mepi åvopúrwv yońoewG, Sur la manière d 'en user avec les hommes.
(6 ) Iepi €útuxlaç, Sur le succès. (7 ) Iepi đpxaiwv Baoikéwv, Sur les rois antiques.
(8) Tepi TÕV ÉTALVOVLÉVWV, Sur les choses approuvées . (9 ) Tepi Bapßapixőv ļo v , Sur les coutumes barbares .
Datation. H . von Arnim 2 , col. 119 , propose 330 -325 pour la naissance de Denys ; OCD? donne 328-248 . Compte tenu de l'âge d'Héraclide, le premier
maître de Denys, il semble qu 'il faut plutôt dater la naissance vers 330a. CHRISTIAN GUÉRARD .
726
DENYS DE CHALCÉDOINE
83 DENYS DE CHALCÉDOINE RE 118 MF IVa (?) Philosophe mégarique, originaire de Chalcédoine en Bithynie , maître de
Théodore l'Athée . C 'est lui qui aurait le premier proposé d 'appeler les philo sophes de Mégare « dialecticiens» , terme par lequel ils sont souvent désignés dans nos sources, parce qu 'ils disposaient leurs arguments sous la forme de questions et de réponses. Trois courts témoignages dans 1 K . Döring, Die Mega riker: fr. 31 (D .L .), 45 (Strabon ) et 46 (D . L ., qui cite les Successions de philosophes d ' Antisthène) ; commentaire et bibliographie , ibid ., p . 99- 100, ainsi
que dans 2 G . Giannantoni, SSR II P 1- 3. Si l'on admet la thèse d 'une École dialectique distincte de l'École de Mégare (cf. 3 D . Sedley, « Diodorus Cronus
and Hellenistic philosophy » , PCPHS 23, 1977, p .74- 78 ), on considérera plutôt Denys comme appartenant à la première, puisqu'il est par deux fois appelé « le dialecticien » (fr. 45 et 46). Sur ce problème, cf. Giannantoni 2 , t. IV , p . 47-49, et notice « Diphilos du Bosphore » (- D 213). ROBERT MULLER.
Iva 84 DENYS DE SYRACUSE LE JEUNE RE 2 Fils de Denys l'ancien , le tyran de Syracuse, et de Doris, son épouse locrienne, Denys le jeune prend le pouvoir à la mort de son père , qui, semble t- il, survint au début de 367 av. J.-C .
A la mort de Denys l'ancien , Dion écrit à Platon pour lui demander de reve nir en Sicile ; par son enseignement, il pourrait faire du jeune Denys, qui accède
au pouvoir alors qu'il n 'est âgé que de 30 ans (ce qui place sa naissance vers 397 av. J.- C .) et qui est totalement inexpérimenté, puisque son père l'a toujours
tenu à l'écart des affaires, un véritable philosophe et ainsi réaliser son idéal politique (Lettre VII, 327 b -d ), exposé notamment dans la République . Après en avoir longuement délibéré, Platon décide de revenir à Syracuse, par égard pour
Dion et pour la philosophie, non sans une certaine réserve toutefois (Lettre VII, 327d- 328 c ). A son arrivée, il trouve la cour de Denys le jeune pleine de calom
nies portées auprès du tyran sur le compte de Dion : on racontait notamment que ce dernier était intervenu , auprès de Denys l'ancien quiagonisait, en faveur des fils d 'Aristomaque, sa seur, l'épouse syracusaine du tyran . Dion est bientôt
exilé,mais,pour ne pas perdre la face ,Denys le jeune empêche Platon de partir. Certes, il apprécie Platon , mais il hésite à se faire l'auditeur de son enseigne
ment philosophique, par peur de jouer le jeu de Dion, qui, prétend-on , complote
contre la tyrannie (Lettre VII, 328c- 330b). Accusation qui, somme toute, n 'avait rien que de très vraisemblable . Platon arrive à convaincre Denys le jeune
de le laisser partir, à condition que, après la guerre qui,à ce moment-là, fait rage en Sicile, il les rappelle lui, Platon , et Dion (Lettre VII, 337e - 338b). La paix revenue, Denys II rappelle bien Platon, mais non Dion, à qui il demande d' attendre encore un an . Constatant que l'un des termes de l'accord
n 'est pas respecté, Platon commence par refuser. Mais de multiples pressions s'exercent sur lui. Dion pense que Denys le jeune peut encore changer, Archytas
et les Pythagoriciens de Tarente avancent des raisons politiques, et Denys le
727 DENYS L 'ARÉOPAGITE (PSEUDO - ) jeune promet d 'accéder à tous les désirs de Platon s'il vient (Lettre VII, 338c 340 a ). Platon décide alors de revenir (361- 360 av. J.- C .), résolu toutefois à
soumettre Denys le jeune à un test destiné à vérifier si sa passion pour la philo
sophie est sincère. Ce test, auquel fait allusion la digression philosophique de la Lettre VII (342a- 345c), montre ce en quoi consiste la philosophie et l'étendue
des difficultés et du labeur qu 'elle implique, tout en insistant sur le fait qu'on ne peut être philosophe sans adopter un régime de vie sobre (Lettre VII 340 a 341 a ).
Le résultat est catastrophique. A la suite de cet unique entretien , où Platon n 'explique pas les choses dans le détail, Denys le jeune revendique la compo sition d 'un écrit qui, assure-t-il, ne doit rien à Platon ni à personne d 'autre
(Lettre VII 341b -e ). La chose montre bien qu'il n 'a rien compris. Qui plus est, peu après cet entretien , Denys le jeune, prétendant que ces biens appartiennent au fils de Dion , Hipparinos, dont lui, son oncle paternel, est le tuteur, interdit
que soient envoyés à Dion les revenus qu'il tirait de ses biens, lesquels n ' avaient pas encore été confisqués. Le tyran cherche toutefois à empêcher Platon de partir, en le maintenant en résidence surveillée dans le jardin de son palais et surtout en lui faisant, au sujet des biens de Dion , des propositions dont Platon
flaire le manque de sincérité. Aussi, après avoir beaucoup délibéré , le philo sophe décide-t-il de rester un an de plus, mais en exigeant qu 'une lettre soit envoyée à Dion , pour savoir si les termes de l'accord conclu entre lui, Platon , et le tyran satisfont l'exilé. La lettre n 'est pas plus tôt partie que le tyran se met à
vendre les biens de Dion . Entre -temps, une rébellion éclate parmi les merce naires, dont le tyran a voulu réduire la solde. Platon intervient en faveur d 'un certain Héraclide, qu' on accuse d 'avoir fomenté la rébellion . Denys le jeune n 'hésite pas à violer une fois de plus les promesses qu'il avait faites à Platon . Le philosophe, expulsé de la citadelle , se trouve alors en danger. Mais Archytas, à qui il avait fait appel, réussit à convaincre Denys le jeune de laisser partir Platon
(Lettre VII, 345c- 350b). Chassé de Syracuse par Dion au printemps de 356 av. J. -C ., Denys le jeune
réussira à reprendre le pouvoir de 346 à 344. Quelques mois après le débar quement de Timoléon en Sicile , Denys le jeune capitula ; et il put partir pour
Corinthe, la métropole de Syracuse (Plutarque, Vie de Timoléon 14 -15). Durant ses années d'exil, il aurait donné le triste spectacle d 'un comportement déplo rable.
Sur Denys le jeune, Dion et Timoléon, l'ouvrage le plus récent est celui de M . Sordi, La Sicilia 368/7 [sic pour 368/6 ) a. C., Roma 1983. LUC BRISSON . 85 DENYS L 'ARÉOPAGITE (PSEUDO - ) RE 154 FV-D VI Auteur patristique (voir CPG III 6600-6635), peut-être d 'origine syrienne, élève de Proclus et de Damascius à Athènes.
I. La question dionysienne. On ne connaît pas l'identité de celui qui, sous le
nom de Denys l'Areopagite (Act. 17, 34 ), composa l'ensemble des écrits connu
728
DENYS L 'ARÉOPAGITE (PSEUDO -) comme Corpus Dionysiacum (ou Areopagiticum ). Malgré la forte hésitation
manifestée par l'évêque d 'Éphèse Hypatius lors de la rencontre entre les catho liques chalcédoniens et les monophysites sévériens qui eut lieu à Constantinople
en 532 (p . 173, 12- 18 Schwartz, ACO IV 2 (1914 ]) et les doutes exprimés par quelques auteurs postérieurs (cf. 1 J. Hausherr, « Doutes au sujet du divin
Denys » , OCP 2, 1936 , p. 484-490), pendant tout le Moyen Âge l'auteur du Corpus fut effectivement vénéré comme le disciple de saint Paul et ses écrits regardés comme l'expression de la véritable théologie chrétienne de l'âge
apostolique. On doit attendre jusqu 'à la Renaissance pour voir détruite par 2 Érasme, In Novum Testamentum ... Annotationes item ab ipso recognitae, Basileæ 1522 , p . 260-261, et 3 L . Valla , In Novum Testamentum annotationes apprime utiles, Basileæ 1526 , p. 184, la légende de l'appartenance du Corpus à
l'âge apostolique. Bien que les défenseurs de l' attribution du Corpus au disciple de s. Paul n 'aientpas tout à fait disparu à l'âge moderne (voir la liste chez 4 S. Lilla, « Introduzione allo studio dello ps. Dionigi l'Areopagita» , Augustinianum 22, 1982, p . 268 -269), la majorité des spécialistes ne met pas en doute aujour d 'hui les résultats atteints par 5 H . Koch , « Proklus als Quelle des Pseudo
Dionysios Areopagita in der Lehre vom Bösen » , Philologus 54, 1895, p.238 454, et 6 J. Stiglmayr, « Der neuplatoniker Proklos als Vorlage des sog. Dionysius Areopagita in der Lehre vom Übel» , HJ 16 , 1895, p. 253 -273 : ayant amplement utilisé l'euvre Demal. subsist. de Proclus († 485) dans la deuxième
partie du chapitre IV de son traité D. n., le pseudo-Denys doit être postérieur à Proclus ou du moins son contemporain , et ne peut donc pas avoir écrit avant la deuxièmemoitié du Ve siècle . Toutefois, même après la parution simultanée de
ces deux articles, certains savants ont essayé de situer l'auteur du Corpus dans la
période comprise entre le II° siècle et la première moitié du ve (voir la liste chez Lilla 4 , p . 570-571). Dans un autre travail important, 7 J. Stiglmayr, « Das Aufkommen der pseudo-dionysischen Schriften und ihr Eindringen in die christliche Literatur bis zum Lateranconcil 649. Ein zweiter Beitrag zur Dionysios-Frage » , dans IV . Jahresbericht des öffentlichen Privatgymnasiums an der Stella matutina zu Feldkirch, Feldkirch 1895, p. 21-25 et 34-55, a eu le mérite de préciser ulté rieurement la chronologie du Corpus : d 'une part, il est postérieur au concile de Chalcédoine (451), à l'introduction du credo dans la messe par le patriarche monophysite Pierre le Foulon (476 ) et à l'Henotikon de l'empereur Zénon (482) ; d 'autre part, il est antérieur à certains auteurs du début du VIe s., qui le connaissent ou l'ont ouvertement utilisé (il suffit ici de rappeler l' Apoc. d 'André de Césarée et l'épître à l'abbé Jean de Sévère d 'Antioche ) ; sur les conclusions de Stiglmayr, voir aussi 8 O . Bardenhewer, Geschichte der altchristlichen
Literatur, t. IV , Freiburg im Breisgau 1924, p. 294 .
Les essais d 'identification de l'auteur du Corpus avec l'un ou l'autre person nage historique n 'ont pas manqué : on a ainsi voulu voir dans le pseudo-Denys Ammonius Saccas, Denys évêque d 'Alexandrie , un disciple de saint Basile ,
Pierre le Foulon , Pierre l'Ibérien , Denys de Gaza, Sévère d'Antioche, Serge de
DENYS L' ARÉOPAGITE (PSEUDO -)
729
Reshaina ou un membre de son entourage, un ami de Jean de Scythopolis, Sté phane bar Sudaili, Heraïscus, ami et disple de Damascius; pour les détails voir les listes chez 9 R . F . Hathaway, Hierarchy and the Definition of Order in the Letters of pseudo-Dionysius, The Hague 1969, p .31-35 (c 'est à lui que l' on doit
l'identification avec Heraïscus, op. cit., p.28 -29) et Lilla 4 , p .569-570. Même si l'on exclut les identifications avec les personnages des siècles précédents, on ne peut pas dire que les essais d' identification avec des person nalités du ve ou du VIe siècle aient abouti à des résultats convaincants ou qu 'ils soient plus que de simples hypothèses (voir à ce propos le légitime scepticisme
de 10 H . D . Saffrey, « Nouveaux liens objectifs entre le pseudo-Denys et Proclus» , RSPT 63, 1979, p . 3 -4, repris dans Recherches sur le néoplatonisme après Plotin , Paris 1990, p .235-236). Par contre, les points suivants sont assez sûrs.
1) L 'auteur du Corpus était probablement d'origine syrienne. Comme 11 J. Stiglmayr, « Eine syrische Liturgie als Vorlage des pseudo-Areopagiten » , ZKTH 33, 1909, p . 383-385, l'a bien montré , la section concernant l'ordination de
l'évêque, du prêtre et du diacre dans E .h. V 7, 509A9-B11 = p. 110, 10-19 Heil (PTS 36 [1991]) a pour modèle le paragraphe De ordinationibus de la liturgie
syrienne promulguée par le patriarche d 'Antioche Ignace Éphrem II Rahmani; voir aussi 12 I. M . Hanssens, « De patria pseudo-Dionysii Areopagitae » , Elit 38 ,
1924, p . 284 -285, qui reste toutefois sceptique quant à l'origine syrienne du
pseudo-Denys, ibid ., p. 290-292. Sur la probable origine syrienne, voir aussi Bardenhewer 8 , p. 294, et 13 E . Boularand, « L 'eucharistie d 'après le pseudo Denys l'Areopagite » , BLE 58, 1957, p. 199 et 203. Quoi qu'il en soit, un fait semble être incontestable . Le Corpus, peu après son apparition , a connu une
grande fortune dans le milieu syrien : il a été traduit en syriaque par Serge, archiatre de Reshaina (+536 ), voir 14 J. M . Hornus, « Le Corpus Dionysien en syriaque » , PO 1, 1970, p .69-75, 15 P . Sherwood , « Sergius of Reshaina and the Syriac Versions of the Pseudo- Denys » , SEJG 4 , 1952, p . 174- 184, et 16 B . R . Suchla , Corpus Dionysiacum I (PTS 33 [1990 ]), p . 57 et 61; un traité astro nomique en syriaque a été composé sous le nom de Denys l' Areopagite au
milieu du VIe siècle, CPG III 6634, et 17 M . A .Kugener, « Une autobiographie syriaque de Denys l'Areopagite » , OC 7, 1907, p . 293 ; et on peut dater de la fin du vie siècle ou du début du VIIe une autobiographie du pseudo-Denys qui s 'inspire de ce traité astronomique et dont le texte a survécu en syriaque, CPG III, 6633, et Kugener 17 (avec édition , p . 294- 329) . Il faut également citer
17a U . Riedinger, « Pseudo- Dionysios Areopagites, Pseudo-Kaisaros und die
Akoimeten » , BZ 52, 1959, p . 276-296. 2 ) Il y a eu des relations très étroites entre le pseudo-Denys et Proclus : elles ne se limitent pas à l'emprunt de nombreuses doctrines et expressions (voir la affi SSaffrey, section II), mais, comme 18 H . D . « Un lien objectif entre le pseudo o r a
he Studia rudi Patristica IX , coll. TU 94, Berlin 1966, p . 98 Denys et Proclus»,ecdans
105, repris dans Recherches sur le néoplatonisme après Plotin , Paris 1990,
p . 227-234, et 10, p. 3- 16 (= p. 235- 248), n 'a pas manqué de le souligner,
730
DENYS L 'ARÉOPAGITE (PSEUDO -) concernent aussi des termes précis (Oeavôpixóc, Dewivulxd åyáruata , Deovprixd põra , avon xal úttepoúola p @ ra , évác), qui témoignent de l'existence de “ liens objectifs" entre les deux auteurs ; ces liens, en effet, «ne dépendent ni d'une hypothèse sur l'identité de l'auteur du Corpus dionysien ni d'une interprétation doctrinale » (Saffrey 10 , p. 3). Mais on peut aller plus loin dans cette direction en tenant compte de deux faits : (a) dans D . n. II 9,648 B 8 -9
= p . 134, 6 Suchla, le pseudo-Denys attribue à son maître Hiérothée les co hoyixal oTOLYELÚOELÇ , titre qui correspond parfaitement à celui d 'une euvre célèbre de Proclus ; (b) le portrait que le pseudo-Denys nous donne de Hiérothée dans D . n . III 2, 681D 3-684 A3 = p. 141, 8- 14 Suchla – il chante les hymnes avec beaucoup d 'enthousiasme et semble se détacher de son corps – doit être comparé avec la description analogue contenue dans les chapitres 20-21 de la Vita Procli de Marinus, p . 76 ,494 - 77,500 ; 77,515-516 Masullo (coll. « Specu lum . Contributi di Filologia classica » , Napoli 1985). Très vraisemblablement, le
pseudo-Denys a voulu dissimuler Proclus sous le masque de Hiérothée. Je crois que cette identification de Proclus avec Hiérothée doit être acceptée, bien qu 'elle ait été rejetée par 19 I. P. Sheldon -Williams, « The ps.-Dionysius and the holy Hierotheus» , dans Studia Patristica VIII, coll. TU 93, Berlin 1966 , p. 108 -117
(voir p. 109), qui préfère voir en Hiérothée un auteur chrétien qui a vécu au IVe siècle et a subi l'influence des Pères cappadociens et du néoplatonisme de Porphyre et de Jamblique (voir p . 116 ). 3 ) Certaines analogies entre le pseudo -Denys et Damascius ont été relevées par 20 R . Roques, L'univers dionysien. Structure hiérarchique du monde selon le pseudo-Denys, coll. « Théologie » , Paris 1954, p. 74 n . 1, réimpr. Paris 1983, 21 L . D . Grondijs, « Sur la terminologie dionysienne » , BAGB, 4 série , 38 , 1959, p. 438 -447 (voir p. 446 -447), et Hathaway 9, p. 18 - 19, 25 -27. Il est possible d 'ajouter ici trois correspondances très étroites que, en adoptant l' expression
employée par Saffrey (voir 10 et 18 ), on pourrait nommer " liens objectifs” : dans
D . n. II 10 , 648C9- 10 = p . 134, 12 -13 Suchla, le pseudo-Denys, en citant les Θεολογικαι στοιχειώσεις de Hierothée , definit Jesus comme ουσία της όλης oủolas (mon émendation de tałç orals oủolais) åxpávtwÇ ÉTibatejovOA, cf. Damascius, Pr. princ. 88, II, p. 198 , 2 Westerink (CUF, Paris 1989) : tò ràp tñs ojolac êvénibateŪov olov otoia łotiv Éviaia ; à la fin du chapitre V du même traité , 825C2 = p . 190, 1 Suchla , il emploie l'expression év ärious EÚXALPótepov, celle même qu 'on trouve chez Damascius, Pr. princ. 46, II, p. 11, 19 Westerink ; et dans D .n . XIII 3, 980C7-9 = p. 228 , 19-20 Suchla , il dit à propos de l’Un qu 'il est npo ... Tavtoç TÉpatos xai tñs ånreipias, cf.
Damascius, Pr. princ. 45, II, p. 9 , 19 Westerink :npò toŰ népatoç xai åttelplaç tÒ Év (voir aussi Lilla 4 , p. 536 n . 17). On peut donc supposer que le pseudo - Denys connaissait les écrits de Damascius et qu 'il a été son élève à
l' école d'Athènes après la mort de Proclus; V . aussiHathaway 9 ,p . 19 . Si l'on rapproche ces trois points, on peut conclure raisonnablement que le pseudo-Denys était un chrétien d 'origine syrienne qui, pendant les dernières
décennies du ve ou même au début du VIe siècle, séjourna à Athènes, où il suivit
DENYS L'ARÉOPAGITE (PSEUDO - )
731
les leçons de Proclus et de Damascius. Comme Hathaway 9 l'a montré, vers la
fin du ve siècle, l'école d 'Athènes était fréquentée par de nombreux Syriens (voir aussi Lilla 4 , p. 536 ). Le choix , par l'auteur du Corpus, du pseudonyme de Denys l'Areopagite, l'Athénien converti par saint Paul, semble confirmer sa
prédilection pour Athènes, la ville où il reçut sa formation philosophique (v . Lilla 4 , p . 536). On peut trouver des exposés détaillés de la « question dionysienne» chez
22 W . Völker,Kontemplation und Ekstase bei Pseudo-Dionysios Areopagita, Wiesbaden 1958, p . 1-11, 23 E . Corsini, « La questione areopagitica. Contributi alla cronologia dello pseudo-Dionigi» , AAT II Classe di scienze morali, storiche e filologiche 93, 1958 -1959, p . 128 -227 ; 24 M . Schiavone, Neoplatonismo e
Cristianesimo nello ps. Dionigi, coll. « Pubblicazioni dell'Istituto di filosofia dell'Università di Genova » 26 , Genova 1963, p . 9 -43; 25 B . Brons, Gott und die
Seienden. Untersuchungen zum Verhältnis von neuplatonischer Metaphysik und christlicher Tradition bei Dionysius Areopagita , coll. « Forschungen zur Kirchen - und Dogmengeschichte » 28, Göttingen 1976, p . 9 -28 ; 26 P . Scazzoso et E . Bellini (édit.), Dionigi Areopagita. Tutte le opere. Traduzione di P . Scazzoso. Introduzione, prefazioni, parafrasi, note e indici di P . Bellini, coll.
« I classici del pensiero. Sezione I. Filosofia classica e tardo antica », Milano 1981, p . 7 -17. II. Formation philosophique. Déjà l'auteur de la scholie éditée dans PG 4, col. 21 D 1 - 3, s' était aperçu des très fortes analogies doctrinales et termino logiques entre le pseudo -Denys et Proclus, bien que, en situant l'auteur du
Corpus à l'âge apostolique, il considérât le philosophe néoplatonicien comme dépendant du disciple de saint Paul. En tenant compte des résultats atteints par plusieurs études (voir la bibliographie à la fin du paragraphe), on ne peut pas
douter aujourd'hui de l'étroite dépendance de l'auteur du Corpus vis -à-vis du
dernier néoplatonisme; cependant, cela ne permet pas d 'exclure l'utilisation par le pseudo-Denys des auteurs patristiques précédents - particulièrementdes Pères alexandrins et cappadociens, à qui on devrait ajouter Théodoret de Cyr – et de toute la tradition platonicienne plus ancienne, à partir de Platon lui-même jusqu 'à Plotin , Porphyre et Jamblique. Comme je l' ai fait remarquer dans
27 « Dionigi » , dansLa mistica . Fenomenologia e riflessione teologica I, Roma 1984, p . 361-398 (voir p . 362), celui qui lit les æuvres du pseudo-Denys en ayant déjà une familiarité suffisante avec la tradition platonicienne et patristique
ne peut pas s' empêcher de constater que le texte dionysien est comme une mosaïque de mots , de termes techniques, d 'expressions communes et de
doctrines où les représentants de la tradition platonicienne (de Platon jusqu 'à Damascius) se mêlent très étroitement à Clément d 'Alexandrie, Basile de Césa
rée , Grégoire de Nysse, Grégoire de Nazianze et Théodoret (à ces auteurs patristiques on pourrait ajouter occasionnellement d 'autres noms). C 'est donc une des premières tâches de l' éditeur du Corpus de signaler dans l'apparatus fontium les correspondances, très souvent verbales, entre le texte dionysien et les sources qu 'il réussit à déceler : voir 28 S . Lilla, « Zur neuen kritischen Ausgabe
732
DENYS L 'ARÉOPAGITE (PSEUDO -)
der Schrift Über die göttlichen Namen von ps. Dionysius Areopagita » , Augusti nianum 31, 1991, p . 450 -457. Comme il est impossible d 'illustrer ici en détail la
dépendance du pseudo-Denys vis-à -vis des auteurs néoplatoniciens et patristi ques, nous nous bornerons à rappeler les points importants de la pensée du
pseudo-Denys où les emprunts sont plus évidents (pour une liste précise de correspondances entre le pseudo-Denys et la tradition platonicienne et patristi que sur ces points, voir Lilla 4, p . 541- 565) : ( 1) la uovń , la npoodoc et l'énil otpoon ; (2 ) les “ unions" (ÉvớOELC) et les " distinctions” (Olaxpioecc); (3 ) les
trois personnes de la Trinité ; (4 ) la théologie positive et la négative, mises respectivement en rapport avec l'interprétation donnée par Syrianus et Proclus de la deuxième et de la première hypothèse du Parménide, c'est-à -dire avec la
πρόοδος et la μονή ; (5 ) la préférence manifestée pour la théologie negative
lorsque l'intelligence humaine essaie de s'approcher de la uovń ; (6) la réso lution des négations dans l'excellence ou l'accentuation des attributs ; (7 ) les définitions négatives de la divinité , qui doivent toutefois être interprétées selon le point 6 ; (8 ) l' immanence de la npoodoç divine dans l'univers sensible ; (9 ) les traits caractéristiques de son æuvre créatrice ; (10 ) les lois qui règlent la hiérarchie céleste et, par reflet, la hiérarchie ecclésiastique, en tant que celle -ci
est l'image de la première ; (11) le symbolisme concernant l'Écriture , les sacre ments et la liturgie ; (12 ) l'emploi de termes empruntés aux mystères ; (13) la
“ tradition secrète” (xpupla napádooig); (14) la doctrine du mal; (15) l’union mystique supérieure à l'intelligence (ÚTÈO VOūv Évwois ), ayant comme condi tions préalables la pleine identité entre la connaissance et l'ignorance de Dieu (c 'est le résultat de la théologie négative) et la cessation de toute activité noétique.
Études d 'orientation (par ordre chronologique). a ) Sur les relations entre le pseudo -Denys et la tradition platonicienne:
29 J. G . V . Engelhardt, Dissertatio de Dionysio Areopagita plotinizante, Erlan gen 1820 ; 30 Id ., Die angebliche Schriften des Areopagiten Dionysius übersetzt
und mit Abhandlungen begleitet, Sulzbach 1823 ; 31 K . Vogt, Neuplatonismus und Christentum . Untersuchungen über die angeblichen Schriften Dionysius des
Areopagiten , Berlin 1836 ; 32 A . Jahn,Dionysiaca. Sprachliche und sachliche platonische Blüthenlese aus Dionysios dem sog. Areopagiten , Altona/Leipzig 1889 ; Koch 5 ; 33 Id ., « Der pseudepigraphische Charakter der dionysischen Schriften » , ThQ 77, 1895, p. 353 -420 ; 34 Id ., Pseudo-Dionysius Areopagita in
seinen Beziehungen zum Neuplatonismus und Mysterienwesen , coll. « Forschun
gen zur christlichen Literatur- und Dogmengeschichte » I 2- 3,Mainz 1900 (livre fondamental, encore aujourd 'hui) ; Stiglmayr 6 ; Stiglmayr 7 ; 35 H . Weertz , « Die Gotteslehre des sog. Dionysius Areopagita » , Th & G 4 , 1912, p .637-659, 749-760 ; 6 , 1914 , p .812-831 ; 36 H . F .Müller, Dionysios, Proklos, Plotinos. Ein historischer Beitrag zur neuplatonischen Philosophie , coll. « Beiträge zur
Geschichte der Philosophie des Mittelalters » 20, 3 -4 , Münster 1918 ; 37 E . von Ivánka, « Der Aufbau der Schrift De divinis nominibus des Pseudo-Dionysios» ,
Scholastik 15 , 1940, p . 386-399, réimpr. dans 38 Plato Christianus. Übernahme
DENYS L ’ARÉOPAGITE (PSEUDO - )
733
und Umgestaltung des Platonismus durch die Väter, Einsiedeln 1964, p . 228
242 ; 39 Id ., « Teilhaben , Hervorgang und Hierarchie bei pseudo-Dionysios und bei Proklos. Der Neuplatonismus des Pseudo-Dionysios», dans Actes du Xre Congrès international de philosophie , Amsterdam /Louvain 1953, p. 153-158, réimpr. dans 38, p . 254 - 261 ; 40 Id ., « Zum Problem des christlichen Neupla tonismus. II. In wie weit ist Ps. Dionysios Neuplatoniker ? » , Scholastik 31, 1956 ,
p . 384-403, réimpr. dans 38, p . 262 -289 ; 41 G . della Volpe , La dottrina dell' Areopagita e i suoi presupposti neoplatonici, Roma 1941; 42 R . Roques, « Le primat du transcendant dans la purification de l' intelligence selon le pseudo
Denys » , RAM 23, 1947, p. 142-170 ; 43 Id., section « Le pseudo-Denys l'Aréo pagite » de l'article « Contemplation » dans DSp II, 1953, col. 1785-1787 ;44 Id ., section « Contemplation , extase et ténèbre chez le pseudo -Denys » de l'article « Contemplation » , ibid ., col. 1885 - 1911 ; 45 Id ., « De l'implication des métho des théologiques chez le pseudo-Denys » , RAM 30, 1954, p. 268 -274 ; Roques
20 ; Grondijs 21 ; 46 E . Corsini, Il trattato De divinis nominibus dello pseudo Dionigi e i commenti neoplatonici al Parmenide, coll. « Università di Torino Pubblicazioni della Facoltà di lettere et filosofia » 13, 4, Torino 1962 (livre très
important, en tant qu'il souligne la dépendance de l'interprétation du Parménide adoptée par le pseudo-Denys vis-à -vis de celle de Syrianus et de Proclus) ; 47 A . Dempf, « Der Platonismus des Eusebius, Victorinus und Pseudo-Dionysius» , SBAW 1962, 3 ; Schiavone 24 ; Saffrey 10 ; Saffrey 18 ; 48 I. P. Sheldon
Williams, « The Pseudo-Dionysius», dans A. H . Armstrong (édit.), The Cam bridge History of later Greek and early medieval Philosophy, Cambridge 1967, p . 457 -472 ; 49 Id ., « Henads and Angels , Proclus and the pseudo- Dionysius » , dans Studia Patristica XI, coll. TU 108, Berlin 1972, p. 65 -71; Hathaway 9 ;
50 S . Lilla , « Alcune corrispondenze tra il De divinis nominibus dello pseudo Dionigi l' Areopagita e la tradizione platonica e patristica » , dans Studi in memoria di C. Ascheri, coll. « Differenze » 9 , Urbino 1970 , p. 149- 177 ; 51 Id .,
« The Notion of Infinitude in ps. Dionysius Areopagita » , JTHS 31, 1980, p. 93 103 ; Lilla 4 ; Lilla 27 ; 52 Id ., « Note sulla gerarchia celeste dello ps. Dionigi l'Areopagita » , Augustinianum 26, 1986 , p . 519-573 ; 53 Id ., « Die Lehre von den
Ideen als Gedanken Gottes im griechischen patristischen Denken » , dans 'Epunveúuata. Festschrift für Hadwig Hörner zum sechzigsten Geburtstag, coll. « Bibliothek der klassischen Altertumswissenschaften » Neue Folge, 2 . Reihe, 79, Heidelberg 1990 , p. 27 - 50 (voir p. 48 -50 ) ; Lilla 28 ; 54 P. Courcelle ,
« Le " Connais -toi toi-même” chez les Néoplatoniciens grecs» , dans Le Néopla tonisme, coll. « Colloques internationaux du C . N .R . S.» , Paris 1971, p. 153- 166 ( voir p. 165) ; 55 É . des Places, « Denys l' Areopagite et les Oracles chaldaï ques » , FZPhTh 24 , 1977, p . 187-190 ; 56 Id ., « Le pseudo -Denys, ses précur
seurs et sa postérité» , DHA 7, 1981, p. 323-332 ; Brons 25 ; 57 Id., « Pronoia und das Verhältnis von Metaphysik und Geschichte bei Dionysius Areopagita » ,
FZPhTh 24, 1977, p. 165- 186 ; 58 S.Gersh, From lamblichus to Eriugena. An Investigation of the Prehistory and Evolution of the Pseudo- Dionysian Tradi tion , coll. « Studien zur Problemgeschichte der antiken und mittelalterlichen
734
DENYS L 'ARÉOPAGITE (PSEUDO - )
Philosophie » 8 , Leiden 1978 ; 59 M . Ninci, L'universo e il non-essere. I. Trascendenza di Dio e molteplicità del reale nel monismo dionisiano , coll .
« Temi e Testi» 30 , Roma 1980 ; 60 P . Rorem , Biblical and liturgical Symbols within the pseudo -Dionysian Synthesis, coll. « Studies and Texts » 71, Toronto/ Leiden 1984.
b ) Sur les relations entre le pseudo-Denys et la tradition patristique : 61 C . Pera, « Denys le mystique et la théomachie », RSPT 25, 1936, p. 1-75 ; 62 Id ., « I teologi e la teologia nello sviluppo del pensiero cristiano dal III al IV secolo » , Angelicum 19, 1942, p. 39 -95 ; 63 H . Ch . Puech , « La ténèbre mystique chez le pseudo-Denys l' Areopagite et dans la tradition mystique » , EC 23, 1938, p. 33-53, réimpr. dans En quête de la gnose, coll. « Bibliothèque des sciences humaines » , tome 1, Paris 1978, p. 119- 141; 64 V . Lossky, « La théologie néga tive dans la doctrine de Denys l'Areopagite » , RSPT 28, 1939, p . 204 -221 ; Roques 44 ; 65 E . von Ivánka, « Ps. Dionysios und Iulian » ,WS 70, 1957, p. 168 178, réimpr. dans 38 , p. 243-254 ; 66 Id ., art. « Dunkelheit », RAC IV , 1959, col. 350 -358 ; Völker 22 (sans doute le travail le plus important sur les relations entre le pseudo-Denys et les Pères alexandrins et cappadociens); Lilla 50 ;67 Id ., « Terminologia trinitaria nello pseudo -Dionigi l'Areopagita. Suoi antecedenti e sua influenza sugli autori successivi» , Augustinianum 13, 1973, p .609-623; Lilla 51 ; Lilla 4 ; Lilla 27 ; Lilla 52 ; Lilla 53 ; Lilla 28 ; 68 D . Louis-Silvestre ,
« Recherche concernant les affinités éventuelles entre le pseudo-Denys et Apolli naire de Laodicée» , AEHE ve sect., 84 , 1976 -1977, p. 365 - 369. c ) Sur la doctrinemystique du pseudo-Denys, les études les plus récentes sont celles de 69 A . Louth , The Origins of the Christian mystical tradition, Oxford 1981, p . 159- 178, et Lilla 27 ; mais on doit tenir compte aussi des importantes contributions citées dans les aperçus bibliographiques de Lilla 4 ,
p. 574 et Lilla 27, p. 397-398. On peut ajouter 70 J. D . Jones, « The Character of
the negative (mystical) Theology for Pseudo-Dionysius Areopagita », PACPA 51, 1977, p. 66 -74.
III. Euvres conservées. Le Corpus Dionysiacum qui nous a été transmis se compose de la Hiérarchie céleste , la Hiérarchie ecclésiastique, les Noms divins, la Théologie mystique et un recueil de 10 Lettres. a) La Hiérarchie céleste, en 15 chapitres, encadre dans un système hiérar chique très rigide les classes des anges mentionnées par l'Ancien Testament et saint Paul, en décrivant leurs fonctions et les lois qui règlent leurs relations
mutuelles. Les représentations des anges qu'on trouve dans l'Écriture sont seule ment des symboles sensibles que la divinité a employés pour se conformer aux
capacités restreintes de l'intelligence humaine et pourcacher la plus haute vérité aux profanes; mais en réalité les anges sont intelligences pures et puissances immatérielles. C 'est la tâche de l' intelligence humaine qui veut s' élever de dépasser les symboles sensibles au moyen de l'interprétation allégorique (ou philosophique) de l'Écriture. La hiérarchie a pour but la réalisation dans ses
membres de l'idéal platonicien de la ressemblance à Dieu. C 'est à cette fin que
l'ordre angélique le plus élevé reçoit la lumière directement de Dieu et la
DENYS L'ARÉOPAGITE (PSEUDO-)
735
transmet à l'ordre immédiatement inférieur, en produisant les trois effets de la purification , de l'illumination et de l'initiation (ou perfection ). De la même façon les ordres intermédiaires agissent sur les ordres inférieurs et l'ordre le plus bas sur l'ordre supérieur de la hiérarchie ecclésiastique : les ordres intermé diaires reçoivent la lumière de l'ordre supérieur et la transmettent à l'ordre inférieur. Dans sa descente le long de l'échelle hiérarchique, la lumière divine semble s'affaiblir ; cependant cela ne se produit pas par sa faute , mais est un effet des capacités plus limitées des ordres inférieurs de recevoir les illumina tions. Les sources principales auxquelles le pseudo -Denys puise sa description des lois qui régissentle systèmehiérarchique des anges sont Clément d 'Alexan
drie (Stromates VII, Ecl. proph., Exc. ex Theod.), les Pères cappadociens (notammentGrégoire de Nazianze) et Proclus (El. théol., In Alc. pr., In Cratyl.).
Études. 70 R. Roques, « La notion de hiérarchie selon le pseudo-Denys», AHMA 17, 1949, p. 183-222; 18, 1950 -1951, p . 5-44 ;Roques 20 (fondamental); Völker 22; Lilla 4, p. 554-557 ; Lilla 52. b ) La Hiérarchie ecclésiastique, en sept chapitres, décrit les différentes fonctions liturgiques (entrée d'un nouvel adepte dans la communauté chrétienne, messe , eucharistie , consécration de l'huile sainte , ordination , rites funéraires), en donnant en même temps leur interprétation allégorique (Dewpía ) ; elle examine
aussi le système hiérarchique de l'Église , réglé par les mêmes lois qui gouver nent la hiérarchie céleste, en tant que la hiérarchie ecclésiastique est l'image de celle -ci, C. h. 13, 121C2-4 = p . 8, 14- 15 Heil (PTS 36 [1991]) ; le chef de toutes les deux est toutefois Jésus, E . h . I 1, 372 A 10 -12 = p . 63, 12 -64 , 1 Heil, I 2 ,
373 B 11-13 = p.65, 20-21 Heil. Le systèmehiérarchique de l'Église comprend
les initiateurs (évêques, prêtres, diacres) et les initiés (les purifiés, les illuminés, les parfaits ou moines). Les évêques, qui dirigent les moines, exercent les trois fonctions de l'initiation , de l'illumination et de la purification ; les prêtres, qui dirigent les illuminés (ou peuple saint), exercent les deux fonctions de l'illumi nation et de la purification ; les diacres, quidirigent les purifiés, peuvent exercer
seulement la fonction de la purification , E. h . V 7, 508 C 1-8 = p. 109, 13- 18 Heil .
c) Les Noms divins, la plus longue des æuvres du Corpus, se compose de treize chapitres. Le traité veut être un examen des noms divins, en tant qu 'ils
sont la manifestation (ou procession ,mpóodoc) de Dieu dans la réalité. En effet, on peut nommer et connaître Dieu seulement par le moyen de ses processions
(qui correspondentà l'un-multiplicité de la deuxièmehypothèse du Parménide) ; leur source, c 'est- à -dire Dieu même considéré dans sa povs (et correspondant à l'un négatif de la première hypothèse du Parménide), en tant qu'elle est non -être et au -delà de l' être , reste au contraire absolument cachée, inaccessible à toute connaissance rationnelle et au delà de tous les noms. Cela explique pourquoi Dieu en même temps est sans nom (uovń) et possède tous les noms (ntpoodos, chap. I). Tous les noms divins doivent être appliqués sans aucune distinction aux trois personnes de la Trinité divine, qui représentent la distinction (dláxplolc ) au -dedans de l'unité (ÉvwOLC) de la uovń : en effet, tout en demeurant distinctes
736
DENYS L ’ARÉOPAGITE (PSEUDO-)
et en n 'admettant aucune confusion entre elles-mêmes, elles forment l'unité
supérieure de Dieu (Évwolc), l'Év indivisible et sans parties de la première hypothèse du Parménide et des néoplatoniciens ; cet “ un ” reste absolument
inaltérable et inépuisable , malgré la procession des êtres qui dérivent de lui même (chap . II). Après avoir souligné l' importance de la prière, le lien qui unit
l'homme à Dieu, et expliqué le caractère de son traité , qui est seulement une exposition des enseignements trop concis de son maître Hiérothée (chap. III), le pseudo-Denys passe à l'explication des noms divins : le bien, la lumière, le beau , l'amour (chap. IV , dont la deuxième partie est réservée à la discussion du
problème du mal), l'être (chap. V ), la vie (chap . VI), la sagesse, l'intelligence (chap. VII), la puissance, la justice, le salut, l'inégalité (chap . VIII), la grandeur, la petitesse , l'identité, la diversité , la ressemblance, la dissemblance , le repos, le mouvement, l'égalité ( chap. IX ), le temps et l'éternité (chap . X ) , la paix (chap. XI), le Saint des saints, le Roi des rois, le Seigneur des seigneurs, le Dieu des dieux (chap . XII), l'un (chap . XIII). Même cette énumération très sommaire
permet aisément de voir que les noms "bien " , " lumière” , “beau” , “amour" (chap. IV ) sont des idées fondamentales dans toute la tradition platonicienne ; que la succession être-vie-intelligence (chap . V -VI-VII) correspond pleinement à la triade du néoplatonisme tardif (de Porphyre jusqu'à Proclus); que le nom “ puis
sance" joue un rôle considérable dans la métaphysique néoplatonicienne; que les noms “ inégalité” ( chap. VIII), “ grandeur” , “petitesse” , “ identité” , “ diversité” , “ ressemblance", " dissemblance” , “ repos", "mouvement” , “ égalité” (chap. IX ) sont des concepts amplement traités dans les deux premières hypothèses du
Parménide et dans les commentaires néoplatoniciens quiles concernent; que les notions " temps " , "éternité” (chap. X ) et " un" (chap. XIII) sont aussi fonda mentales dans le néoplatonisme. Études. Koch 5 ; Stiglmayr 6 ; von Ivánka 37 ; Corsini 46 ; 71 J. M . Rist, « Mysticism and Transcendence in later Neoplatonism » , Hermes 92 , 1964 , p . 213-225 (voir p. 219-220 ); 72 Id ., « A Note on Eros and Agape in pseudo Dionysius» , VChr 20 , 1966 , p . 235 -243 ; Lilla 50 ; Lilla 51 ; 73 S. Lilla,
« Osservazioni sul testo del De divinis nominibus dello ps. Dionigi l'Areo pagita » , ASNP 10 , 1980, p. 125-202 ; Lilla 53, en particulier p . 48-50 ; Lilla 28. d ) La Théologie mystique est le plus bref des traités du Corpus (elle se compose seulementde cinq chapitres). Le chap. I souligne que l'union mystique avec Dieu est un état qui transcende toute activité sensorielle et intellectuelle , réaffirme la validité de la théologie positive (ou cataphatique) et de la négative (ou apophatique), situe Dieu au delà de toute affirmation et négation , interprète la montée de Moïse sur le mont Sinaï (Ex. 19, 3 - 20,21) comme l' élévation de l'intelligence humaine vers Dieu et affirme l'identité complète entre la connais sance intellectuelle de Dieu qu 'on peut atteindre et l'ignorance absolue. Le chap .
II considère la ténèbre d'Ex. 20, 21 comme l' expression de l'ignorance intel lectuelle de Dieu et précise le rôle de la théologie positive (ou cataphatique) et de la négative (ou apophatique) : l'une descend du haut vers le bas, tandis que l'autre s'élève du bas vers le haut. Dans le chap. III, l'entrée de Moïse dans la
DENYS L 'ARÉOPAGITE (PSEUDO-)
737
ténèbre (Ex. 20, 21) devient l'expression de l'absence totale de mots et de pensées, caractéristique de l'union mystique avec Dieu . Les chapitres IV et V caractérisent la transcendance de Dieu par rapport à tous les objets possibles et tous les concepts intelligibles. L ' interprétation donnée par le pseudo -Denys de la
montée de Moïse sur le mont Sinaï et de son entrée dans la ténèbre est en substance celle qu 'on retrouve chez les Pères grecs et Philon , voir Puech 63 et Lilla 27, p. 385 -387 ; les deux images de la descente et de la montée appliquées
respectivement à la théologie positive et à la négative, Myst. II, 1025 B 4 -9 = p . 145, 7- 11 Ritter (PTS 36 (1991]), dépendent de formulations analogues de Proclus ( In Parm ., t. VI, p .67, 24 -68, 3 ; 68, 18 -21 Cousin ; Theol. plat. II 5 , p . 38 , 8- 11 Saffrey -Westerink , CUF, Paris 1974 ), de Syrianus (In Metaph. [996 a 9 ), p. 12, 11- 12 Kroll, CAG VI 1 (1902 ]) et de Platon (Rep. VI, 511b6-8 ), ce que A . M . Ritter, dans l'apparatus fontium de sa récente édition (voir p. 145) ,
a omis de signaler . Études. Les études auxquelles nous renvoyons dans notre notice biblio
graphique concernantla doctrine mystique du pseudo-Denys (voir II, c) tiennent naturellement compte dans une large mesure de la Théologie mystique. On peut ajouter 74 B . Forte , « L 'universo dionisiano nel prologo della Mistica Teo
logia » ,Medioevo 4 , 1978, p. 1 -57, et 75 P. Rorem , « The Place of theMystical Theology in the Pseudo-Dionysian Corpus » , Dionysius 4, 1980 , p . 87-97. e ) Les Lettres traitent de diverses questions. Dans l'ép . I, on rencontre de
nouveau l'identification entre l'ignorance et la connaissance intellectuelle de Dieu . Dans l' ép . II, le premier principe est présenté comme étant au delà de la divinité et du Bien lui-même. L 'ép . III souligne que la nature divine de Jésus
reste cachée même après son incarnation . L 'ép. IV , tout en admettant la vraie humanité de Jésus après l'incarnation , souligne le caractère supra - essentiel de sa
nature divine,démontré par son activité : Jésus estDieu devenu homme. L 'ép. V traite de nouveau le sujet de la ténèbre divine. L 'ép . VI exhorte à s'abstenir de toute réfutation des erreurs des autres, la ferme adhésion à la vérité étant suffi sante . L 'ép. VII est une polémique contre le sophiste Apollophane (cf. 76 Y . de
Andia , art. « Apollophanès », DPHA A 290 ) - qui ne semble pas reconnaître la présence de la loi divine dans le monde – et fait mention de l' éclipse du soleil observée par le pseudo -Denys à Héliopolis. L ' ép. VIII adresse des reproches
sévères au moine Démophile, qui, par sa critique d 'un prêtre, a montré qu'il ne respectait pas l'ordre qui doit toujours régler le système hiérarchique de l'Église . L 'ép. IX a pour sujet le symbolisme de l'Écriture et de la divinité, qui demeure cachée tout en se manifestant au moyen des symboles. L 'ép. X prédit à saint
Jean l'évangéliste la fin de sa détention à Patmos. L 'authenticité des épîtres VI
X a été déniée par 77 B . Brons, « Sekundäre Textpartien im Corpus Pseudo
Dionysiacum ? Literarkritische Beobachtungen zu ausgewählten Textstellen » , NAWG 1975 , 5 , p . 119- 139. Études. 78 J. Stiglmayr, « Ein interessanter Brief aus dem kirchlichen
Altertum », ZKTI 24 , 1900 , p.657-671 (sur l'épître VIII); Hathaway 9 ; Brons 77 .
738
DENYS L 'ARÉOPAGITE (PSEUDO -) Outre les lettres dont le texte grec s'est conservé, trois autres lettres apocry
phes nous sont parvenues en versions latines ou orientales. ( 1) Une épître à
Apollophane (CPG III 6630 et oubliée dans l'article d' Y . de Andia 76 ), à l'ori gine rédigée en grec dans la période comprise entre le milieu du Vie et la fin du Vrie siècle , et traduite en latin par Hilduin , abbé de saint-Denys ; voir surtout
79 P . Canart, « En marge de la question aréopagitique: la lettre XI de Denys à Apollophane » , Byzantion 41, 1971, p. 18 -27. Le texte grec est perdu ; la version latine éditée dans PG 3 , col. 1119- 1122, est celle de P . Halloix (voir CPG III 6630 ). (2 ) Une épître à Timothée sur la passion des apôtres Pierre et Paul, qui a
survécu dans différentes versions (latine, syrienne, arménienne, géorgienne, éthiopienne ; voir CPG III 6631). (3 ) Une épître à Tite , conservée en arménien (voir CPG III 6632) .
IV . Euvres perdues et apocryphes. Dans les traités qui nous sontparvenus, le pseudo-Denysmentionne les sept écrits suivants : (1) Sur les intelligibles et les objets des sens (Ilepi vont V te xai aloOnt@ v ); (2 ) Esquisses théologiques (Ocoloyixal ÚTOTUTIÓDELS); (3 ) Théologie symbolique (Evu bouch) Deoroyla ); (4 ) Hymnes divins (Oetou ýuvoi); (5 ) Sur les propriétés et les ordres des anges
(Ilepi tõv åyyelixõv idlothTwv xal tágewv); (6 ) Sur le tribunal juste et divin (Ilepi Olxalov xai Delov ÔLXALwTnplov ); ( 7) Sur l'âme (Ilepi puxñs). Pour les références exactes aux passages du Corpus où ils sontmentionnés, voir Lilla 4 ,
p. 541. Il est difficile d ' établir s'il s'agit d 'écrits réellement composés ou d 'au vres factices. Études. 80 R . Roques, art. « Denys l'Areopagite » , DSp III, 1957, col. 259 262 ; 81 H . U . von Balthasar, Herrlichkeit. Eine theologische Ästhetik , t. II,
Einsiedeln 1962, p . 157- 167 ; Hathaway 9 , p . 79, qui identifie les oeoloyixal ÚNOTUTÓDELS avec les lettres I- IV , thèse qui, à mon avis , ne peut pas être
défendue, voir Lilla 4, p . 541. Outre les trois lettres déjà mentionnées (voir III e), trois autres écrits nous
sont parvenus sous le nom de Denys l'Areopagite en rédactions orientales : (1) une autobiographie dont le texte grec est perdu ,mais qui est conservée dans plusieurs versions orientales (syriaque, copte , arabe, géorgienne, arménienne,
voir CPG III 6633) ; (2 ) un traité astronomique en syriaque (voir CPG III 6634) ;
(3) une profession de foi en arabe ( voir CGP III 6635).
V . Éditions. a ) Éditions de tout le Corpus. 82 Édition luntina, Florentiae 1516 ;
83 P . Lanssel, Lutetiae Parisiorum 1615 ; 84 B . Cordier, Antverpiae 1634 ; 85 Id., Lutetiae Parisiorum 1644 (réimpr. dans PG 3 ) ; 86 B . R . Suchla, coll. PTS 33, Berlin 1990 ; 87 G . Heil et A . M . Ritter, coll. PTS 33 et 36 , Berlin 1990 et 1991.
b ) Éditions d 'æuvres particulières. Hiérarchie céleste : 88 G . Heil, coll. SC 58, Paris 1958 ; 89 Id ., coll. SC 58 bis, Paris 1970. Hiérarchie ecclésiastique : 90 M .Gitlbauer, « Die Überreste griechischer Tachygraphie im Codex Vaticanus graecus 1809» , DAW philol.-histor. Kl. 34, 2, 1884 , p . 1 -48 (transcription du
DENYS L 'ARÉOPAGITE (PSEUDO - )
739
texte brachygraphique conservé dans le codex Vat. gr. 1809). Noms divins: 91 C . Pera , S. Thomae Aquinatis... In librum beati Dionysii de divinis nominibus expositio , Taurini 1950 ; 92 S. Lilla , Il testo tachigrafico del De divinis nomi nibus, coll. « Studi e Testi » 263, Città del Vaticano 1970, p . 35-95 (transcription du texte brachygraphique conservé dans le codex Vat. gr. 1809). VI. Manuscrits grecs et histoire du texte. Des listes incomplètes de
manuscrits grecs qui ont conservé le Corpus ont été fournies par 93 G . Turturro, « Il trattato tepi Delwv óvouátwv dello ps. Areopagita nei MSS Laurenziani» ,
Bessarione 12 , 1907-1908, p. 99 -111 ; 94 P . G . Théry , « Recherches pour une édition grecque historique du pseudo-Denys» , NSchol 3 , 1929, p . 353-443 (tra vail important pour les renseignements qu 'il donne sur les manuscrits cités et pour l' identification des manuscrits grecs dont les versions latines médiévales dérivent); Pera 91, p . XXXVII-XLII ; 95 P . Scazzoso, « Note sulla tradizione
manoscritta della “ Teologia mistica” dello pseudo -Dionigi l'Areopagita » , Aevum 32, 1958, p . 222 -239 ; Heil 88 (voir aussi 89 ). Une liste de 129
manuscrits se trouve chez Lilla 4, p. 566 -567 ; mais la liste la plus complète, comprenant 157 manuscrits, est maintenant celle de Suchla 86, p. 14 -35 ; Lilla 28 , p .426 , y a apporté trois petites additions. Sur quelques manuscrits parti culiers , voir 96 H . Omont, «Manuscrit des æuvres de s. Denys l'Areopagite envoyé de Constantinople à Louis le Débonnaire en 827 » , REG 17, 1904,
p. 230 -237 (sur le Paris. gr. 437) ; 97 P . G . Théry , « Lemanuscrit Vat. gr. 370 et s. Thomas d 'Aquin », AHMA 6 , 1931, p . 5 -23 ; 98 R . Barbour, « A Manuscript of
ps.-Dionysius copied for R .Grosseteste », BLR 6 , 1958, p.401-416 (sur l'Oxon. Can. 97) ; Lilla 92 (sur les mss Vat. gr. 1809 et Brit. Libr. Add. 18231); 99 P . Canart, « Le patriarche Méthode de Constantinople copiste à Rome» , dans Palaeographica Diplomatica et Archivistica. Studi in onore diGiulio Battelli, t. I, coll. « Storia e Letteratura » 139, Roma 1979 , p. 343- 373 (sur le Brit. Libr.
Add. 36821). Pour la première phase de l'histoire du texte du Corpus, voir notamment 100 B . R . Suchla , « Die Überlieferung des Prologs des Johannes von Skythopolis
zum griechischen Corpus Areopagiticum » , NAWG 1984, 4 ; 101 Ead., « Eine Redaktion des griechischen Corpus Dionysiacum im Umkreis des Johannes von Skythopolis , des Verfassers von Prolog und Scholien », NAWG 1985 , 4 ; Suchla
86 , p . 55-57,61-63, 66 -69. Suchla fait remonter la tradition manuscrite grecque du Corpus à un exemplaire comportant prologue, scholies et variae lectiones
interlinéaires ou marginales, qui fut mis au point dans le milieu de Jean de Scythopolis dans le deuxième quart du VIe siècle Pour l'histoire postérieure , voir
Théry 94 et 102 Id ., « L ' entrée du pseudo-Denys en Occident» , dansMélanges Mandonnet. Études d 'histoire littéraire et doctrinale du moyen-âge, coll.
« Bibliothèque Thomiste » 14 , t. II, Paris 1930, p .22-30 ; 103 H . Dondaine, Le Corpus Dionysien de l'Université de Paris au Xiire siècle, coll. « Storia e Letteratura » 44 ,Roma 1953 ; Canart 99.
740
DENYS L'ARÉOPAGITE (PSEUDO -) VI. Les commentaires médiévaux (grecs, syriaques, latins). a ) Les commentaires grecs. Les scholies et le prologue qui, dans plusieurs
manuscrits grecs, accompagnent le texte du Corpus ont été composés par Jean de Scythopolis : voir 104 H .U . von Balthasar, « Das Scholienwerk des Johannes von Skythopolis » , Scholastik 15 , 1940, p . 16 - 38 ; 105 Id ., Kosmische Liturgie,
Einsiedeln 1962, p . 644 -672 ; 106 B . R . Suchla , « Die sogenannten Maximus
Scholien des Corpus Dionysiacum Areopagiticum » , NAWG 1980 , 3. Ils sont édités dans PG 4 . Ils représentent la source principale de la paraphrase de Geor ge Pachymère , éditée dansPG 3 après chaque chapitre des æuvres dionysiennes,
à l'exception de la paraphrase des Lettres, qui se trouve dans PG 4 , col. 433 508. Sur ces scholies de Jean de Scythopolis, voir encore 106a W . Beierwaltes
et R . Kannicht, « Plotin - Testimonia bei Iohannes von Skythopolis », Hermes 96 , 1968, p . 247-251, et 106b W . Beierwaltes, « Johannes von Skythopolis und Plotin » , dans Studia Patristica , t. XI, coll. TU 108, Berlin 1972, p . 3- 7 . b ) Les commentaires syriaques. Voir Hornus 14 , p. 79-82 ; 107 G . Wiessner, « Zur Handschriftenüberlieferung der syrischen Fassung des Corpus Diony
siacum » , NAWG 1972, 2 , p. 173-197; 108 Id., « Beobachtungen an zwei syrischen Handschriften mit Kommentaren zum syrischen Corpus Dionysia
cum » , dans R . Fischer (édit.), A Tribute to Arthur Vööbus, Chicago 1977, p. 73 82 ; 109 W . Strothmann , Das Sakrament der Myron -Weihe in der Schrift De ecclesiastica hierarchia des Pseudo- Dionysios Areopagita in syrischen Über setzungen und Kommentaren , coll. « Göttinger Orientforschungen » I. Reihe:
Syriaca 15 , 1-2 , Wiesbaden 1977- 1978. Voir aussi CPG III 6627.
c) Les commentaires latins. Pour une première orientation, voir les sections concernant ce sujet du long article sur le pseudo-Denys dans 110 DSP III, 1957, col. 318 -386 : elles sont l'ouvre de nombreux spécialistes (Ph. Chevallier, H .Weisweiler , G . Dumeige, M .-A . Fracheboud, S . de St. Anthonis, J. Turbessi, M . de Gandillac, A . Ampe, A . Combes, R .Marcel) ; voir aussi 111 M . Cappuyns
dans DHGE XIV , 1960, col. 292-296 . Sans prétendre être complet, nous nous bornerons ici à citer quelques études et éditions : 112 J. Durantel, Saint Thomas et le pseudo -Denys, Paris 1919 ; 113 P .G . Théry, Grand commentaire sur la
Théologie mystique (vers 1242) édité pour la première fois, Paris 1934 ; 114 Id., « Catalogue des manuscrits dionysiens des bibliothèques d 'Autriche » , AHMA 10, 1935 - 1936 , p . 163-259; 11, 1937- 1938, p. 87- 131; 115 U . Gamba, « Com
menti latini al “ De mystica Theologia" del pseudo-Dionigi Areopagita fino al Grossatesta » , Aevum 16, 1942, p . 251-271 ; 116 Id ., Il commento di Roberto Grossatesta al “ De mystica Theologia ” del pseudo -Dionigi l'Areopagita ,
Milano 1942; Pera 91 ; Dondaine 103; 117 J. Walsh, « The Expositions of
Ma erti Magnijbesti Magni .. Super Dionysieri gniwereldes
Thomas Gallus on the pseudo-Dionysian Letters » , AHMA 30, 1963, p. 199- 220 ; 118 P . Simon, Alberti Magni... Super Dionysium De Divinis nominibus, coll. « Sancti doctoris ecclesiae Alberti Magni... opera omnia » 37, 1, Monasterii
Westfalorum 1972 ; 119 Id., AlbertiMagni... Super Dionysium Mysticam theo logiam et epistulas, coll. « Sancti doctoris ecclesiae Alberti Magni... opera
omnia » 37, 2 , Monasterii Westfalorum 1978 ; 120 W . Fauser, Die Werke des
DENYS L 'ARÉOPAGITE (PSEUDO - )
741
Albertus Magnus in ihrer handschriftlichen Überlieferung, coll. « Sancti doctoris
ecclesiae Alberti Magni... Opera omnia » , Tomus subsidiarus I, Monasterii Westfalorum 1982, t. I, p. 297-313 ; 121 J. Barbet, Johannis Scoti Eriugenae Expositiones in lerarchiam coelestem , coll. « Corpus Christianorum . Series latina. Continuatio medievalis » 31, Turnhout 1975 ; 122 B . Faes de Mottoni, Il
Corpus Dionysiacum nel medioevo . Rassegna di studi 1900-1972, coll. « Pubblicazioni del Centro di studio per la storia della storiografia filosofica » 3 ,
Bologna 1977 ; 123 F . Gastaldelli, « La traduzione del De divinis nominibus
dello pseudo-Dionigi nel commento inedito di Guglielmo di Lucca (†1178) », Salesianum 39, 1977, p . 56 -76 , 221-254 ; 124 Id ., « Il manoscritto Troyes 1003 e il commento diGuglielmo di Lucca al De divinis nominibus » , Salesianum 41,
1979, p. 37 -42 ; 125 F . Gastaldelli (édit.), Wilhelmus Lucensis. Comentum in
tertiam ierarchiam Dionisii, que est de divinis nominibus, coll. « Corpus philosophorum medii aevi- Testi e Studi» 3, Firenze 1983. VII. Les traductions médiévales.
a ) Traductions syriaques. Voir Hornus 14 , p . 69-93; Sherwood 15 , p . 174
184 ; Wiessner 107, p. 165-216 ; Strothmann 109 ; Suchla 86 , p. 57-64 ; voir aussi CPG II 6615.
b ) Autres traductions orientales (arméniennes, géorgiennes, arabe, paléo
russe). CPG III 6616 -6619; 126 H . Golz, « Notizen zur Traditiongeschichte des Corpus Areopagiticum Slavicum », dans J. Dummer et J. Irmscher ( édit.), Byzanz in der europäischen Staatenwelt. Eine Aufsatzsammlung, coll. « Berliner byzantinistische Arbeiten » 49, Berlin 1983, p . 133- 148 ; 127 R . W . Thomson,
« The Textof the Armenian Version of Pseudo-Dionysius the Areopagite », dans
International Symposium on Armenian Linguistics - Yerevan, September 21-25, 1982, Yerevan 1984 , p. 307-317. (Voir maintenant R . W . Thomson (édit.), The Armenian version of the works attributed to Dionysius the Areopagite, ed. and transl. by R . W . T ., coll. CSCO 488-489, « Scriptores
Armeniaci» 17 - 18 , Louvain 1987,XVII-258p.; XII-190 p.) c) Traductions latines. Pour une première orientation, voir Roques dans 110 ,
col. 263 ; Cappuyns 111, col. 291-292; 128 M .Grabmann, « Ps. Dionysius Areo pagita in lateinischen Übersetzungen des Mittelalters » , dans Festgabe A . Ehrhard , Bonn /Leipzig 1922, p . 190 - 199. Voir aussi 129 P .G . Théry, Scot
Erigène, traducteur de Denys, Paris 1931 ; 130 Id., Études dionysiennes, t. I :
Hilduin traducteur de Denys, Paris 1932, t. II, Paris 1937. On peut trouver une édition synoptique des diverses traductions latines chez 131 Ph . Chevallier,
Dionysiaca. Recueil donnant l'ensemble des traductions latines des ouvrages attribués à Denys de l’Aréopage, 2 tomes, Paris 1938 et 1950 .
VIII. Lexiques. Chevallier 131, t. II, p. 1585-1606 ; 132 A . van den Daele , Indices pseudo-Dionysiani, coll. « Université de Louvain . Recueil des travaux
d'histoire et de philologie » , ze série , 3e fasc., Louvain 1941; Heil-Ritter 87, p . 268 - 300 .
IX . Bibliographies. Pour des introductions générales sur le pseudo-Denys, voir 133 P . Godet, DTC IV , 1911, col. 429-436 ; 134 A . Jülicher, art. « Diony
742
DENYS L'ARÉOPAGITE (PSEUDO - )
sios » 154 , RE V 1, 1903, col. 996 -998 ; 110, col. 244 -429 (très long article, Quvre de nombreux collaborateurs; la première partie concernant la " question
dionysienne” , la pensée du pseudo-Denys et ses æuvres, col. 244-286 , est l'œuvre de R . Roques) ; 111, col. 264-310 (la première section , col. 264 -290 , est l'œuvre de R . Roques) ; 135 R . Roques, RAC III, 1957, col. 1075- 1121; 136 G .
O 'Daly , TRE VIII, 1981, col. 772-780. Les aperçus bibliographiques les plus importants sont cités chez Lilla 4 ,
p. 568 ; on peut ajouter Lilla 4 , p.568-577 ; Suchla 86 , p. XVII-XXIV (voir aussi les additions à la bibliographie de ce volumedans Lilla 28 , p. 422-424 ). SALVATORE LILLA .
86
DENYS dit LE THRACE RE 134
па
Grammairien, auteur d'une Téxun ypapuatiach . Sources anciennes et fragments. 1 M . Schmidt, Philologus 8, 1853, p. 232 236 , recense les mentions anciennes de Denys le Thrace ; voir aussi 2 K . Linke,
Die Fragmente des Grammatikers Dionysios Thrax, coll. SGLG 3, Berlin/ New York 1977, p . 1 -77. Mais l'ouvrage de référence demeure la collection des Grammatici Graeci, Leipzig 1878- 1910 (réimpr. Hildesheim 1965) .
Éditions. 4 1.A . Fabricius (édit.), Bibliotheca Graeca, vol. VII, 1715 , p.26 34 ; 5 I. Bekker (édit.), Anecdota Graeca, vol. II, 1816 , p . 629 -643 ; apparat critique dans le vol. III, p. 1127 - 1136 ; 6 G . Uhlig (édit.), dans Grammatici Graeci I 1 , Leipzig 1883; 7 A . Hilgard ( édit.), Scholia in D . T . artem gramma
ticam , dans Grammatici Graeci I 3, Leipzig 1901 (réimpr. Hildesheim 1965) ; 8 G . B . Pecorella (édit.), Dionisio Trace, Téxın ypauuatixń , Testo crit. e comm ., Bologna 1962 ; 9 J. Lallot, La grammaire de Denys le Thrace, trad .
annotée, Paris 1989. (Sur ce dernier ouvrage, voir M . Patillon, « Contribution à la lecture de la Technê de Denys le Thrace » , REG 103, 1990 , p . 193- 198 .)
Versions orientales. Dès la fin du ve siècle ou au début du VIe siècle , la Téxvn a été traduite en syriaque et en arménien (cf. Uhlig 6, Prolegomena,
p. XLIII-XLVI;Addenda et corrigenda in quibus insuntSyrii interpretis lectiones, p . LXXVII-C , ainsi que 10 N . Adontz, Denys le Thrace et les commentateurs
arméniens, Louvain 1970 [1915]).
L ' édition Uhlig 6 est munie d 'un index grec exhaustif (p . 133- 182) ; la traduction de Lallot 9 est suivie d'un index français de la traduction et des notes
(p. 261-281). Biographie. Sa vie est peu connue, sa chronologie incertaine. D 'après 11 L . Cohn, art. Alovúolos ó Opač, RE V 1, 1903, col. 977- 983, et 12 M . Schmidt, Philologus 7, 1852 , p. 360 - 369, sa vie semble s 'être écoulée entre 170 et 90 av. J .-C . D 'après la Souda ( 4 1172 ; t. II, p. 109, 27-31 Adler) et les plus anciens
témoignages (Varron , Reliquorum de grammatica librorum fragmenta, fr. 84 Goetz -Schöll, et Strabon XIV , 655), il serait, malgré l'ethnique accolé à son
nom , né à Alexandrie. Selon 13 R . Pfeiffer, History of classical scholarship
DENYS LE THRACE
743
from the beginnings to the end of the Hellenistic Age, Oxford 1968, p . 266 , il devrait d 'être ainsi qualifié à la consonance thrace du nom de son père, Thons. Linke 2 et 14 A . Traglia, « La sistemazione grammaticale di Dionisio Trace » ,
SCO 5 , 1955, p. 38 -78, se rallient à cette hypothèse. Les Scholia Vaticana à la Téxin ypaumatisch de Denys le Thrace ( p. 124, 7 Hilgard) proposent en revanche d 'autres explications : Denys devrait son surnom
soit à une origine effectivement thrace, soit à la rudesse de sa voix, soit enfin au hasard. Un autre passage des scholies (p . 158, 17 Hilgard) suggère qu ' il était
natif de Byzance (το μεν γένος ήν Βυζάντιος, εκαλείτο δε Θραξ τω μείζονι xoquoúuevoç tñs xópaç óvóuati). Schmidt 12 et Cohn 11 soutiennent cette
hypothèse d'une origine thrace de Denys. A Alexandrie , il fut l'élève d 'Aristarque (p . 160 , 32 Hilgard ) jusqu 'aux années 144 -143 av. J.-C . De cette relation nous est restée une anecdote fameuse (cf. p . 160, 24 Hilgard , et aussi Linke 2 , T 6 , p . 7 ) : Denys le Thrace avait représenté Aristarque vêtu d'un habit orné sur la poitrine (év Tø othoei) d 'une représentation de la tragédie , pour signifier qu 'Aristarque connaissait par ceur
(åttooTNOLÇELV) toute la tragédie . A la suite des troubles consécutifs à la prise de pouvoir par Ptolémée VIII, commeAristarque lui-même et ses disciples, Denys fuit Alexandrie et se réfugie à Rhodes. Ainsi que nous l'apprend la Souda ( T 1184, t. IV , p .607, 19-20 Adler), il y est le maître de Tyrannion l' Ancien ; cette information est d 'ailleurs
k
contradictoire avec l'article de la Souda sur Denys : AlovÚOLOS (...) xal hoaco Towavít cũ Tooléo . 15 A . Hillscher, JKPh Suppl. 18, 1892, p . 361, propose de corriger de la façon suivante : ALOVÚOLOS (...) (Oç étaidev
σεν εν Ρόδω) και εξηγήσατο Τυριαννίωνι το προτέρω, δς έσοφίστευσεν εν 'Póun énè Mounniou TOŨ yeyárov (pour les détails, cf. Schmidt 12, p . 364
369, Cohn 11 , p. 977, ainsi que Linke 2, p .9 ). Denys fut probablement aussi le maître d 'Aelius Stilo, qui avait accompagné
Q .Metellus Numidius dans son exil à Rhodes (cf. Rhet. ad Herenn., éd . F .Marx 1894, p. 139 , et Pfeiffer 13, p. 266 ) et qui fut un des pionniers de la grammaire à Rome.
Alexandrie désertée par cette secessio doctorum , le centre de la philologie devient Rhodes, depuis longtemps déjà refuge de la philosophie et de la rhéto
rique. Denys le Thrace y apporte le contrepoids alexandrin à l'influence des doctrines de Pergame: il y fonde sa propre école et enseigne la philologie alexandrine, telle qu'elle fut inaugurée et pratiquée par Zénodote , Aristophane de Byzance et Aristarque. Euvres. Denys le Thrace eut pour activité principale , au même titre d'ail
leurs que tous les disciples d 'Aristarque, le commentaire d 'Homère. D 'après la Souda , Denys aurait écrit non seulement des textes grammaticaux,mais aussi des traités et des commentaires suivis (Ovvétate oÈ Tetota ypauuatixá te
και συνταγματικά και υπομνήματα). Des preoccupations philologiques et grammaticales de Denys nous sont restés des fragments édités par Linke 2. On
744
DENYS LE THRACE
lui attribue également un traité sur l'orthographe ( Tlepi òpdoypadias, Linke 2,
T 4 , p. 5), un traité sur les quantités (Ilepi tooothtwv, fr. 14 Linke), sur l'Eu faoic (Clément d'Alexandrie, Stromates V 8, p .45, 4 ; fr. 52 Linke), des décla mations (Mexétai, fr. 36 Linke) et un Contre Cratès (Ilpos Kpárnta , fr. 15 Linke). Notons enfin que Varron (fr. 84, p. 214 , 2 Goetz -Schöll; Linke 2 , p . 5) salue en Denys un grand connaisseur de la poésie lyrique et que ce dernier est mentionné dans les scholies hésiodiques (fr. 48 -49 Linke); l'attribution à Denys
d'une Téxvn ontopexh et d'un commentaire à Hésiode demeure cependant incertaine.
Mais Denys le Thrace doit sa celebrite a la Τέχνη γραμματική qui lui est attribuée. Ce texte , accompagné de scholies (Hilgard 7 ; description dans Lallot 9, Introduction , p. 31-35 ), est considéré comme l'ouvrage inaugural de la disci pline et de la tradition grammaticales. Reprenant en se les réappropriant certai nes des analyses que sophistes, philosophes ou philologues avaient consacrées au langage, il est le seulmanuel de grammaire alexandrine qui nous soit par venu. Il ne s'agit pas en effet d'un ouvrage savant, mais d'un bref compendium scolaire qui, à partir du Xe siècle, servit d'introduction (eloaywrn ) aux Canons
de Théodose d' Alexandrie ( édition dans GrammaticiGraeci, t. IV 1, p. 3-99), ces deux ouvrages constituant la source quasi exclusive de tout le commentaire médiéval. « L 'art grammatical dont la Technè se veut le compendium est, d'une part, un art de lire , d 'autre part et principalement, un art de parler du mot écrit, c ' est-à -dire de nommer les signes qui le composent - lettres et signes diacritiques -, d ' en distinguer les syllabes et de donner la quantité de chacune, de classer le mot lui-même dans l' une des parties de la phrase en précisant éventuellement la sous-classe dont il relève et en énumérant les accidents dont il est
affecté» (Lallot 9, p . 18).
La Téxvn est composée de vingt chapitres. Après une définition de la gram
maire , l'exposé de ses six parties (§ 1) et quelques considérations sur la lecture (§ 2-6 ), elle propose successivement une description phonétique de la langue grecque (§ 6- 10) et un exposé des huit parties de la phrase , ce dernier consistant
en une liste de définitions des classes de mots (nom , verbe, participe, article , pronom , préposition , adverbe, conjonction ), de leurs accidents ( cas, genre , nombre, personne, etc .) et de leurs sous- classes. Dès l'Antiquité, elle fut accom
pagnée de Suppléments qu'Uhlig , 6, p. 105-132, a classés de la manière sui vante: I. Des signes diacritiques, II. De l'art, III. Des pieds, IV . Paradigme complet de la conjugaison du verbe τύπτω.
Authenticité de la Téxvn. Dès l'Antiquité, l'authenticité de cette œuvre a été mise en doute . Sur trois points , en effet, la Téxin diffère de la doctrine que la tradition reconnaissait à Denys le Thrace (cf. p. 124, 7 et 160, 24 Hilgard ): les TEXVLxol rappellent en effet que Denys le Thrace, disciple d'Aristarque, séparait,
conformément à la distinction stoïcienne, le nom propre (ovoua) du nom com mun ou appellatif (Tipoonyopia ); selon le modèle stoïcien , il aurait également
réuni article (õp pov) et pronom (avtwvvula ). Enfin la définition du verbe que propose la Téxın ne correspond pas à la définition du verbe de Denys le Thrace,
telle qu'Apollonios Dyscole la rapportait dans son 'Pnuatixóv (aujourd 'hui
DENYS LE THRACE
745
perdu ) ; la première , en effet, définit le verbe comme « un mot non casuel, qui
admet temps, personnes et nombres, et qui exprime l'actif ou le passif » , alors que la seconde est d ' inspiration stoïcienne (cf. Diogène Laërce VII 58) : « le verbe est un mot qui signifie un predicat » ( ρήμά εστι λέξις κατηγόρημα
onualvovoa ).
Selon le scholiaste, il y aurait donc eu deux Denys, l'un disciple d'Aristar que, l'autre auteur de la Téxvn . Le témoignage de Sextus Empiricus (Adv. Math . I 57) apporte un argument supplémentaire : quand Sextus Empiricus cite textuel lement, à un mot près, la définition que Denys le Thrace donne de la grammaire,
ce n'est pas à la Téxvn qu'il fait référence, mais à un ouvrage qu'il appelle
Préceptes (Tlapayrénuata). A ces arguments, issus de la comparaison entre le contenu de la Téxvn et les témoignages dont nous disposons sur Denys le Thrace, vient s'ajouter l'absence d 'organicité de l'ouvrage. Après avoir en effet distingué les six parties de la grammaire (§ 1), celui-ci développe la première, consacrée à la lecture ( $ 2 ), et poursuit sur les conditions d'une lecture correcte. La place du § 5 , qui traite de
la rhapsodie, est incongrue, même si son thème est justifiable (cf. Pfeiffer 13, p. 270) .Mais l'organicité de l'æuvre apparaît surtout compromise quand l'exa
men des parties de la grammaire se trouve interrompu au profit de la présen tation des huit parties de la phrase. Le débatmoderne sur l'authenticité de la Téxvn a été inauguré, peu après la
publication des scholies par Bekker, par K . W . Göttling, qui émit le soupçon que l'æuvre ne soit qu'une compilation byzantine (cf. Pfeiffer 13 , p. 271). La contro verse fut tranchée en faveur de Denys par Schmidt 12, ainsi que par Uhlig 6 , l' éditeur de la Téxvn . Le débat n 'est repris qu ' en 1958 par 16 V . Di Benedetto (« Dionisio Trace e la Techne a lui attribuita », ASNP 27, 1958, p. 169-210, et 28, 1959, p . 87-118 ; voir aussi 17 Id ., « La Techne spuria » , ASNP 3, 1973 , p . 797 -814 ). Selon lui, la Téxin « n 'est pas le premier traité systématique de grammaire, ouvre d 'un disciple d 'Aristarque, mais un modeste manuel, composé , comme d 'autres petits traités, et les Canons de Théodose , vers le IVe siècle de notre ère (plus précisément entre le IIIe et le Ve siècle ). C 'est un témoin de la culture grammaticale de ces siècles -là , dépourvue désormais de l'esprit créatif et réduite à
de pures compilations» .
L'argumentation de Di Benedetto repose essentiellement sur l'absence de toute citation ancienne de la Téxvn , et ce jusqu'au Ve siècle de notre ère, tant dans les papyrus grammaticaux que dans l’æuvre d 'Apollonios Dyscole. S 'ap
puyant sur le témoignage de Sextus Empiricus, qui permet d'assigner les § 1 à 5 de la Téxvn à une æuvre de Denys le Thrace intitulée Préceptes, Di Benedetto
propose de distinguer ceux-ci d 'une deuxième partie ('la Techne vera e pro pria ') , composée des § 6 à 20 et attribuable à un compilateur tardif qui aurait su
tirer profit des grandes synthèses grammaticales élaborées, notamment, par Apollonios Dyscole et Hérodien. L 'attribution de ces deux textes à Denys le
Thrace ne serait pas nécessairement imputable au compilateur lui-même,mais peut- être aux premiers lecteurs de la compilation , qui l'auraient prise pour une
746
DENYS LE THRACE
æuvre d'un seul tenant. Enfin les Suppléments à la Téxvn n 'auraient plus à être considérés comme des ajouts tardifs.
C 'est à partir du travail de Di Benedetto que les interprètes se répartissent en partisans, toujours nuancés, de l'authenticité ou de l'inauthenticité de la Téxin de Denys le Thrace. 18 J. Pinborg ( « Historiography of Linguistics: Classical
Antiquity : Greece », dans Current Trends in Linguistics 13, 1, La Haye/Paris 1975, p. 103- 114 ) admet la thèse de l'inauthenticité de la Téxvn . Certains (Pfeiffer 13, p. 271; 19 M . Frede, « The origins of traditional grammar » , Essays
in Ancient Philosophy, Minneapolis 1987, p. 359) soutiennent que Denys le Thrace a pu changer d'avis sur les trois points qui attestent une divergence entre
la position de la Téxvn et celle de Denys le Thrace, disciple d' Aristarque. Il est alors étonnant qu 'aucune source ne mentionne ce changement (cf. Lallot 9 , p . 23). Contrairement au jugement de Pfeiffer, il paraît difficile en effet de considérer un changement de position sur ces trois thèses, ouvertement stoïciennes, comme un point de détail.
20 H . Erbse (« Zur normativen Grammatik der Alexandriner », Glotta 58,
1980, p . 236 -258) reprend, à propos du traitement des pronoms comme sous classe de l' article , l'examen d'un texte des Pronoms d'Apollonios Dyscole (5 , 18 ) et suggère que le scholiaste (p. 160, 24 Hilgard) n'a pas compris la pensée d ' Apollonios Dyscole. Si enfin la Téxvn est postérieure à la Syntaxe d 'Apol
lonios Dyscole, c'est au compte d 'un archaïsme certain qu 'on doit mettre le silence de la Téxvn sur les pronoms démonstratifs (cf. Pecorella 8 , p . 9 ) . 21 A . Traglia (« Le parti del discorso nei 'Capitoli grammaticali' di Quinti
liano » , dans Studia Florentina Alexandro Ronconi sexagenario oblata , Roma 1970, p . 483 -495) induit des chapitres grammaticaux de Quintilien (Inst. Orat.
I 5 ) l'existence,au premier siècle de notre ère, d 'un texte qui correspondrait aux § 11 à 20 de la Téxvn. Le commentaire des papyri grammaticaux est repris par 22 A . Wouters d'une
part (The grammatical Papyri from Graeco -Roman Egypt. Contributions to the Study of the 'Ars grammatica ' in Antiquity , Bruxelles 1979), par Erbse 20 d 'autre part (p . 248 -252). Faisant fond sur les analyses d'Erbse, Lallot 9, p . 25
26 , propose une nouvelle partition de la Téxvn. Même si Sextus Empiricus ne mentionne pas alors Denys le Thrace, les correspondances qui existent entre les
§ 100- 103 et 121- 122 du Contre les Grammairiens et les § 6 (De l' élément) et 8 (De la syllabe longue) de la Téxin engagent à croire que « la matière des chap. 6 à 10 remonte , en partie au moins, au disciple d' Aristarque » (Lallot 9, p . 25). Importance philosophique. (Euvre de grammairien (Denys le Thrace ou compilateur tardif), la Téxvn , sans faire mention d 'aucun philosophe ni se
laisser rattacher à une école philosophique déterminée, n 'en est pas moins d 'une grande importance philosophique, dans la mesure où elle se présente comme une
réélaboration et une modification des réflexions philosophiques, aristotéli ciennes ou stoïciennes, sur le langage, que les scholiastes rappellent parfois (cf. par exemple , p . 515 , 19 ; p . 517, 33 Hilgard) . Ces déplacements semblent
pouvoir s'expliquer par l'amalgame des deux traditions, péripatéticienne et
DERCYLLIDÈS
747
stoïcienne, qui présida à la naissance de la grammaire commediscipline séparée . On peut trouver une illustration exemplaire de cet amalgame dans l'analyse que
23 M . Baratin, La naissance de la syntaxe à Rome, Paris 1989, p. 31-41, propose de la définition de la conjonction. Plus encore, comme l'attestent les trois discordances qui ont fait douter de l'authenticité de la Téxin , cette dernière
remploie dans une perspective qui lui est propre des éléments de logique stoï cienne détachés de leur contexte systématique originel. Sans nier la spécificité de la discipline grammaticale dont la Téxvn atteste l'autonomie , corrélative
d'une mise à distance de la philosophie (cf. l'introduction de 24 V . Bécares Botas à sa traduction de la Syntaxe d 'Apollonios Dyscole ,Madrid 1987, p . 10 25), il apparaît que cet ouvrage, jusque dans les modifications qu'il propose de son héritage stoïcien (cf. par exemple § 20 ), témoigne de la supériorité de la
systématisation stoïcienne et de sa reconnaissance par l' école alexandrine (cf. Pfeiffer 13, p . 270 ). Enfin si les trois points de litige, points de théorie stoïcienne, exprimaient bel et bien la position de Denys le Thrace et si l'on doit
marquer la coupure entre l'æuvre originale (§ 1 à 11) et la compilation apo cryphe ( § 12 à 20 ), on pourrait conclure que l'évolution de la grammaire, des Préceptes de Denys le Thrace à la Syntaxe d' Apollonios Dyscole , s'est faite dans le sens d 'un éclectisme stoïco -péripatéticien toujours plus indifférent aux
nuances philosophiques (cf. Pfeiffer 13 , p . 271). FRÉDÉRIQUE ILDEFONSE.
87 DERCYLLIDÈS RE 2
II -I? Platonicien , ou du moins commentateur de Platon , sans doute antérieur à
Varron (116 -27 av. J.-C .). Sa division des dialogues platoniciens semble avoir précédé la division mieux
connue de Thrasylle (RE 7), si du moins l'on suppose qu'Albinus, Prol. 4, les mentionne dans l'ordre chronologique. Il écrivit un ouvrage qui comprenait au moins onze livres Sur la philosophie de Platon (Év TQ la ' tñs NátwVOS
bioooplas), donton sait seulement que dans le onzième livre il citait l'inter prétation , proposée par Hermodore « le disciple de Platon » (RE 5 ), de la conception platonicienne de la matière (Simplicius, in Phys., p . 247, 31 sq. ;
p. 256 , 31 sq. Diels). On trouve d 'autres citations de Dercyllidès chez Théon de Smyrne, Expos., p . 198, 11 - 207 , 7 Hiller (un long extrait comprenant une exégèse de Rep. X ,
6160 sq .), Proclus, in Remp. II, p . 24 , 6 -15, et 25, 14 - 16 Kroll (une discussion sur le nombre nuptial dans Rep. VIII, 545d sq .) et Proclus, in Tim . I, p . 20, 9 Diehl (un examen de l' identité du quatrième interlocuteur, anonyme, du dia
logue [17a]: Dercyllidès pense qu'il s'agit de Platon lui-même!). Toutes ces références pourraient se rapporter au grand ouvrage mentionné plus haut. La citation de Théon est donnée comme provenant d 'un traité Sur ce que dit Platon
αu sujet du fuseau et des pesons dans la République (εν τω περί του ατράκτου και των σφονδύλων των εν τη Πολιτεία παρά Πλάτωνι λεγομένων, p . 198, 11-13 Hiller ), mais il pourrait bien s'agir d 'un chapitre de l'ouvrage général.
748
DERCYLLIDÈS
Proclus (in Remp. II, p . 25, 14 Kroll) emploie l'expression oi tepi A . qui pourrait signifier qu 'il était le chef d 'une école ,mais cela n 'est pas obligatoire. La contribution la plus importante de Dercyllidès aux études platoniciennes devait être sa conception d'une répartition des dialogues en tétralogies (qui se substituait à la distribution alexandrine en trilogies), si vraiment cette découverte
est bien la sienne. H . Alline (Histoire du texte de Platon, Paris 1915, p . 112-121) se fonde sur un passage de Varron, De lingua lat. VII 37, dans lequel Varron semble faire référence au Phédon 112 a - 114b : « Platon in IIII ( sc . quarto ) de fluminibus apud inferos quae sint, in his unum Tartarum appellat, quare Tartari
origo Graeca » . Or, le Phédon est le quatrième dialogue de la première tétra logie, dans la distribution attribuée à Dercyllidès par Albinus, et, si nous admettons que Dercyllidès est antérieur à Thrasylle , alors il doit être antérieur à
Varron, ou au moins son contemporain (116 -27 av. J.-C .). Cela reste cependant pour Varron une façon étrange de faire référence au Phédon et on a proposé de corriger le texte ; à défaut d 'une autre solution convaincante, il faut toutefois le
conserver,me semble-t-il. Il est impossible de savoir si la disposition proposée par Dercyllidès était déjà celle de Thrasylle . Peut-être la seule contribution de Thrasylle était-elle à vrai dire de fournir une édition fondée sur le découpage des tétralogies . Cf. H . Alline, Histoire du texte de Platon, Paris 1915, p . 112-121: W . Kroll, art. « Derkyllides » 2 , RE V 1, 1903, col. 242 ; J.Glucker, Antiochus, p. 123 . JOHN DILLON . IV 88 DEXIPPE RE 6 PLRE 1:1 Philosophe néo -platonicien qui enseigna au cours du IVe siècle. Décrit par
Simplicius dans son Commentaire des Catégories (p . 2 , 9 Kalbfleisch) comme disciple ou élève de Jamblique, il est le destinataire d'une lettre de son maître sur la dialectique dont un fragment nous est conservé par Stobée (Anth ., II,
p. 18 , 12 - 19, 11 Wachsmuth ). Le seul ouvrage connu de Dexippe est un Commentaire des Catégories d 'Aristote en trois livres. Les deux premiers livres sont complets, mais le troisième livre, qui offre quarante rubriques représentantdes questions à traiter, ne compte que dix exposés complets. Pour les trente derniers , nous ne possédons
que l'intitulé des rubriques. Ce commentaire était connu de Simplicius qui, de toute évidence, l'utilise souvent, bien qu 'en général il lui préfère celui de
Jamblique. Pour Simplicius, Dexippe « n 'a presque rien ajouté à Porphyre et Jamblique ». Il est vrai que Dexippe emprunte beaucoup aux commentaires de Jamblique et de Porphyre, qu'il ne cherche pas à dépasser; il le reconnaît au
début de son commentaire (1, p . 5, 9 Busse ). Ce commentaire est rédigé sous forme de dialogue par questions et réponses ; l'interlocuteur est un élève de
Dexippe, Séleucos. Le contenu du commentaire correspond à un exposé de questions difficiles . Le livre I contient un Prologue et quarante rubriques sur la nature des catégories.
Dexippe y mentionne les interprétations des stoïciens (4, p . 11, 1 - 16 ,14) et le
749 discours d'Archytas (6 ) ; il discute principalement les problèmes de l'homo nymie et de la substance. Le livre II contient quarante -deux rubriques; pour DEXIPPE
l' essentiel, Dexippe y expose les objections de Plotin (Ennéades VI 1- 3) et il cherche à leur apporter une réponse qui puisse harmoniser des postulats plato niciens et des concepts aristotéliciens. Le livre III poursuit la discussion des
objections de Plotin , notamment sur la qualité et la quantité,mais il s'interrompt après la dixième rubrique. La mutilation du commentaire est sans doute inter venue tardivement, puisque Simplicius semble disposer de la totalité des trois livres. Il n 'est pas exclu que le commentaire ait traité l'ensemble des matières des Catégories.
Éditions et traductions. Le Commentaire nous est connu par une tradition constituée de vingt manuscrits.Une traduction latine, due à G . B. Feliciano, a été publiée à Venise en 1546 et réimprimée à Paris en 1549 et à Venise en 1566 . La première édition moderne fut publiée par L . Spengel (Monumenta saecularia I. Klasse hrsg. von der königlich Bayerischen Akademie der Wissenschaften , München 1859), à partir d 'un seul manuscrit (Paris. Coislin . 332). Une nouvelle édition , fondée sur quatre manuscrits, fut publiée par A . Busse dans les Com
mentaria in Aristotelem Graeca (vol. IV 2 ,Berlin 1888). Traduction moderne en langue roumaine par C . Noica (Bucarest 1968) et en langue anglaise , avec intro
duction et notes, par J. Dillon (London/Ithaca/New York 1990). A . Busse a montré que Dexippe le philosophe ne pouvait être confondu avec l'historien du même nom (RE 5) et il date le commentaire vers 350 ; voir « Der
Historiker und der Philosoph Dexippos », Hermes 23, 1888, p. 402 -409. Dans trois articles, P . Henry a tenté de montrer que la discussion de Dexippe dans son commentaire nous permettait de restituer une portion significative de l'ensei gnement oral de Plotin , relayé par Porphyre : « Vers la reconstruction de l'ensei gnement oral de Plotin », BAB 23, 1937, p. 310- 342 ; « Trois apories orales de Plotin sur les Catégories d 'Aristote » , dans Zetesis. Mélanges offerts à E . de
Strycker pour son 65ème anniversaire , Antwerpen /Utrecht 1973, p. 234 -267, et
« The Oral Teaching of Plotinus» , Dionysius 6, 1982, p. 4 -12. Demanière plus probable , on peut penser que la discussion de Dexippe reflète les commentaires
de Porphyre . Voir là -dessus le grand article de P .Hadot, « L 'harmonie des philo sophies de Plotin et d'Aristote selon Porphyre dans le Commentaire de Dexippe sur les Catégories» , dans Plotino e il neoplatonismo in Oriente e in Occidente , coll. « Problemi attuali di scienza e di cultura » 198 , Roma 1974, p. 31-47 ;
traduction anglaise dans R. Sorabji ( édit.), Aristotle transformed, London 1990 .
Voir également P.Aubenque, « Plotin et Dexippe, exégètes des Catégories d' Aristote », dans Aristotelica. Mélanges offerts à Marcel de Corte, coll. « Cahiers de philosophie ancienne » 3,Liège/Bruxelles 1985 , p. 7 -40. GEORGES LEROUX.
750
DEXITHÉOS DE PAROS
89 DEXITHÉOS DE PAROS Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique,
V. pyth. 36 , 267 ; p. 145, 4 Deubner. BRUNO CENTRONE. 90 DIADOUMÉNOS Philosophe platonicien, qui sert de porte -parole à Plutarque dans le De communibus notitiis adversus Stoicos : voir B . Puech , « Prosopographie des amis
de Plutarque», ANRW II 33, 6 , 1992, p. 4845. Il est présenté de façon très allusive, ce qui semblerait indiquer qu'il intervenait dans un autre traité , aujourd 'hui perdu. Voir D . Babut, Plutarque et le stoïcisme, Paris 1969, p . 36 , et J . Glucker, Antiochus and the Late Academy, p . 280. Glucker suppose que le cadre dramatique du dialogue pourrait avoir été situé à la fin du Ire siècle ou au
début du jer siècle av. J.-C . : Diadouménos serait dans ce cas l'un des derniers représentants de l'Académie sceptique. L 'hypothèse est séduisante , mais natu rellement invérifiable . BERNADETTE PUECH .
91 DIAGORAS DE MÉLOS RE 2
va
Originaire de Mélos , Diagoras, fils de Téléclytos ou de Télécleidès ( T 9 A ),
aurait composé des poèmes lyriques et des dithyrambes; il serait l' auteur d'un éloge (éyxáulov ) de Mantinée et, dans ses poèmes, il aurait chanté Arianthe d 'Argos et Nicodore de Mantinée, auquel il aurait dédié une ode et qu' il aurait
aidé vers 425a à doter sa cité d'une nouvelle législation. D 'autres sources asso cient Diagoras aux plooogol Quoixoí ( T 1 A , T 2 , T 3 dans l'édition de 1 M . Winiarczyk [édit.], Diagorae Melii et Theodori Cyrenaei reliquiae, coll. BT, Leipzig 1981, XXX -64 p .) ou à différents philosophes pré -socratiques, dont Démocrite , et une anecdote en fait même le disciple et l'esclave de ce dernier (T
9 A ). Vers 415 av. J.- C ., Athènes aurait mis à prix pour impiété la tête de Diagoras, qui aurait dû s 'enfuir à Pellène en Achaïe, une cité particulièrement
hostile à Athènes. Il serait mort à Corinthe, à moins que le rédacteur de la notice de la Souda ne l' ait confondu avec Diagoras d 'Érétrie. Bref, Diagoras serait un poète mineur, dont la biographie reste incertaine, et qui, associé à un certain nombre de philosophes, se serait fait dans l' Antiquité une réputation comme
figure emblématique de l'impie (koebńs), de l'athée (aleoc). Que penser de tout cela ?
Dans les Oiseaux (1071- 1073), comédie qui fut représentée en 414 av. J.-C ., Aristophane écrit : « En ce jour plus que jamais on proclame: " Celui de vous qui
tuera Diagoras de Mélos recevra un talent...” » Un scholiaste en profite pour apporter des précisions sur l'événement auquel fait allusion le poète comique dans ces vers. « Après la prise de Mélos, Diagoras, qui habitait Athènes, aurait
déprécié les Mystères d 'Éleusis au point de détourner beaucoup de gens de l' initiation. Aussi les Athéniens firent-ils proclamer ceci par le héraut et graver le décret sur une stèle de bronze, comme le dit Mélanthios dans son livre Sur les
DIAGORAS DE MÉLOS
751
Mystères (d'Éleusis).» (Scholia in Aristoph. Aves 1073 = T 7 A ). Évoquant une autre source, le scholiaste prétend que le décret fut recopié par Cratéros
(FGrHist 342) dans son Recueil de décrets (T 8). Cette scholie a le mérite de citer ses sources : Cratéros (321 -ca 295 ), le fils de Cratéros, officier d 'Alexan
dre le Grand, et de Phila, fille d 'Antipatros, joua un rôle politique important sous Antigone II, son demi- frère, et réunit en un recueil des décrets athéniens qu' il aurait commentés ; pour sa part Mélanthios est un historien du IVe siècle ( FGrHist 326 ). Et elle est intéressante à deux autres titres au moins : elle nous révèle les motifs de l'accusation portée contre Diagoras et elle apporte des précisions chronologiques sur l'affaire . Il n 'en reste pas moins qu 'elle demande
à être interprétée avec beaucoup de prudence . La prise de Mélos par les Athéniens se situe en 415, au tout début de la guerre du Péloponnèse. Seule île de la mer Égée à être restée à l'écart de l'influence athénienne, Mélos fut contrainte en 426 de payer tribut à Athènes. Mais la paix de Nicias (421) rendit les Méliens à leur neutralité . Pour une raison
obscure, les Athéniens envoyèrent en 416 une expédition exiger la soumission de l' île. Thucydide prit prétexte d'une discussion entre les adversaires pour composer le fameux « dialogue deMélos» (V 84- 113) qui demeure le plus cruel réquisitoire contre l'impérialismeathénien . Les Méliens se rendirent au débutde 415 : les hommes furent tués, les femmes et les enfants asservis et l' île colo nisée. Rien n 'indique que Diagoras se soit réfugié à Athènes par suite de ce désastre , et rien n 'autorise à établir un rapport entre l'impiété de Diagoras et la prise de cette cité par les Athéniens, comme le suggèrent certaines sources ; il n 'en demeure pas moins que, vers 416 , la situation d'un Mélien à Athènes ne
devait pas être facile . Abstraction faite des sentiments qu'il pouvait susciter, cet événement historique doit être considéré exclusivement comme un point de repère chronologique aisé, mais approximatif; le décret contre Diagoras fut promulgué avant414 , en 415 ou un peu plus tôt.
A la suite de Jérôme, Eusébe donne deux dates pour l'åxuń de Diagoras. Dans un cas (T 1 A = Eusebius, Chronicon , p. 109, 3 Helm ), il l'assimile aux
« philosophes de la nature» (physici philosophi) et le situe en 4829, date que 2 F . Jacoby (« Diagoras Ó " Adeoc», APAW , Kl. f. Sprachen, Literatur und Kunst, Berlin 1959, nº 3, p. 15 ) rapporte à la naissance de Diagoras. Dans l'autre (T 5 A = Eusebius, Chronicon, p. 110, 4 Helm ), il en fait un contemporain de Bac chylide et propose pour date 4688. Ces deux dates, la seconde plus vraisemblable que la première , semblent n 'être que le résultat de déductions faites en fonction de considérations idéologiques ou purement chronologiques à partir du décret athénien .
Pour se convaincre de la chose , il suffit de relire ce qu' écrit dans une Vie de
Zénon d’Élée (T 10) Al-Mubaššir Ibn Fatik (Muhtār al-ḥikam wa-maḥāsin al kalim ). Mon collègue Maroun Aouad a bien voulu préparer une traduction du passage et nous fournir les indications suivantes:
752
DIAGORAS DE MÉLOS < DIAGORAS LE RÉNÉGAT, SELON AL-MUBASŠIR B. FATIK
Éditions. 3 F .Rosenthal, « Arabische Nachrichten über Zenon den Eleaten » , Orientalia 6 , 1937, p. 21-67, aux p. 30 , 7-31, 4 ; 4 'A . Badawi (édit.), Abū al Wafā ' al-Mubaššir b . Fātik ,Muhtar al-hikam wa -maḥāsin al-kalim (Los bocados
de oro ), coll. « Publicaciones del Instituto Egipcio de estudios islámicos » ,
Madrid 1958, 68 et 372 p ., aux p .40, 7 -41,6 . Traductions - allemande: Rosenthal 3, p. 33, 6 -23 ; Jacoby 2, p. 4 , 40 - 5, 52 ; - anglaise : 4 FGrHist III b Suppl. 1, p. 198, 24- 39; - latine: Winiarczyk 1, p. 5, 19 - 6, 5 . Toutes ces traductions dépendent manifestement de l'édition et de la traduction de Rosenthal 3. En revanche, le passage sur Diagoras n'est pas rendu dans la traduction espagnole éditée et annotée par 5 Hermann Knust, Mittheilungen aus dem Eskurial, « Los Bocados de Oro » ,
coll. « Bibliothek des Litterarischen Vereins in Stuttgart » 141, Tübingen 1879, p. 66 -497 , 518 -686 . La notice sur Zénon de l'original arabe s ' y trouve amputée de son début (Knust 5 ,
p . 121, 17, correspondant à Badawi 4, p.41, 7) Or c'est dans cette partie amputée qu'il est fait mention de Diagoras.
Les informations bibliographiques les plus complètes sur Diagoras dans la tradition arabe se trouvent dans 6 H . Daiber, Das theologisch-philosophische
System des Mu'ammar ibn 'Abbād as-Sulami (gest. 830 n. Chr.), coll. « Beiruter Texte und Studien » 19, Beirut 1975, p. 161-162 n. 8, auquel on ajoutera 7 H . Daiber (édit. et trad .), Aetius Arabus. Die Vorsokratiker in arabischer Über
lieferung, coll. « Akademie der Wissenschaften und der Literatur. Veröffentli chungen der orientalischen Kommission » 33, Wiesbaden 1980 , p. 114, 16 - 18 ; 115; 347. Pour la traduction française du passage d'al-Mubaššir sur Diagoras, je m 'appuie sur le texte de Rosenthal, mais je signale en note les différences significatives entre celui- ci et le texte de Badawi.
Ce passage sur Diagoras apparaît au sein de la notice consacrée à “ Zénon le Grand ” (l'Éléate), plus exactement dans la partie biographique de celle -ci, l' autre partie étant doxographique. Selon Badawi4, p . 41 n . 3, le passage à partir de «à leur époque» ne serait qu'une digression sans rapport avec Zénon. « Lāwqibūs? [Leucippe) le sophiste , était un disciple de Zénon , le sage. Celui
ci (Leucippe),Héraclite l'obscur, Empédocle, Mélissos, Protagoras, Anaxagore, Socrate etDémocratès étaient des contemporains de Zénon le sage. A leur époque vécut Diagoras le rénégat; il résidait dans la cité Attica. Comme il persévérait dans la duplicité, l'incroyance et le sacrilège , le sultan , les sages et les gouvernants d'Attica le poursuivirent pour le tuer et le sultan , qui était Charias, l'archonte”, proposa une récompense et ordonna de proclamer en publict: “ Celui quimettra la main sur Diagoras deMélos et le tuera aura pour
récompense beaucoup d'or". Diagoras apprit cela, il émigra alors vers la terre d'Achaia dans une cité appelé Pellène, qu 'il habita . Or une guerre eut lieu entre les habitants d'Attica et ceux de Laconie et elle dura longtemps. Ils furent tellement pris par la guerre qu' ils ne s'occupèrent plus de lui. Il vécut encore après cela cinquante - quatre ans. On trouva, après sa mort, un livre lui appar
753 DIAGORASDEMÉLOS tenant écrit dans la langue des habitants de Phrygie et rempli d' abominations sur les choses divines » .
Remarques: 1. Badawi4 , p .40, 7: Lāwqinūs. 2 . « Le texte arabe emploie ici des termes islamiques: nifāq,kufr et ta 'țil, dont on n 'a pas besoin de rendre ici le sens propre de la manière la plus fine. Cf. les articles y afférents dans El» (Rosenthal 3 , p. 33 n. 2). 3. 415 /414.
4 . Le texte de Badawi 4 , p. 41, 1-2 , plus bref, donnerait: « Le sultan, qui était Charias, l'archonte , le poursuivit; on proclama en public » . A en juger par l'apparat de Rosenthal 3 , p . 30 , il doit s 'agir d 'un homéotéleute du ms. L .
5. Badawi 4, p. 41, 4,suit le ms. L: « Des guerres» . 6 . Lesmss (voir Rosenthal 3, p. 31, h ) et Badawi4 , p. 41, 6 , ontIfriqya . Rosenthal 3 , p. 33 n . 4 , remarque que les mss, et peut-être aussi déjà al-Mubaššir, ont bien pu comprendre ici « Afrique » ,
MAROUN AQUAD . > En le mettant en rapport avec Zénon d ' Élée, Leucippe, Héraclite , Empédocle , Mélissos, Protagoras, Anaxagore , Socrate et Démocrite ,Mubaššir, qui pourrait s'inspirer de la Olbooboç iotopía de Porphyre , range Diagoras dans le groupe
des philosophes qui furent considérés comme des athées parce qu 'ils proposaient une explication purement mécaniste de la nature ; on notera par ailleurs que Mubaššir connaît la date du décret promulgué par les Athéniens contre Diagoras (archontat de “ Charias ” = Chabrias, 415/4 ).
En ce qui concerne les rapports qu'il aurait pu entretenir avec Nicodore de Mantinée, ilest aussi très difficile d'arriver à des conclusionsprécises: « Nicodore le champion de boxe fut l'un des hommes en vue de Mantinée , mais ce n 'est qu' à un âge avancé et après avoir mis fin à sa carrière sportive qu 'il devint le législateur de sa
cité. Il se rendit de cette manière bien plus utile à sa patrie qu 'il ne l'était lorsqu 'on le procla mait vainqueur dans les stades. On dit que Diagoras deMélos, devenu son amant, rédigea les lois en collaboration avec lui. J' aurais même d'autres renseignements à donner à propos de Nicodore, mais pour que je n 'aie pas l'air ainsi de faire également l' éloge de Diagoras, que l'histoire s'arrête là. Diagoras était en effet un ennemides dieux, et il ne m 'est pas agréable de
l'évoquer davantage.» (Élien, Histoire variée II 23, trad. par A. Lukinovich et A .-F .Morand.)
Diagoras, comme on le verra , avait composé une ode en l'honneur de Nico dore, dont il est difficile de savoir si elle fut écrite à l'occasion d 'une victoire à la boxe ou lorsque Mantinée se dota d'une nouvelle législation (T 13- 14 ), vers
425 . On notera que les Mantinéens, qui étaient démocrates, qui travaillaient à édifier leur propre hégémonie sur l' Arcadie et étaient pour cette raison hostiles à
la paix de Nicias, se rangèrent en 418 aux côtés des Argiens et des Athéniens ; cette coalition connut une grave défaite face à Sparte dans la plaine de Mantinée
dans l’été 418 .
Un grand nombre d'auteurs affirment que Diagoras ne croyait pas en l'existence des dieux ou ne reconnaissait pas leur providence ( T 38 -68 ). Plu sieurs anecdotes illustrent cette attitude. Voici les trois plus célèbres. Diagoras aurait utilisé une statue d 'Héraclès comme combustible pour achever la cuisson d'un plat de lentilles en disant: « En plus de ses douze travaux, voilà que le divin
DIAGORASDE MÉLOS
754
Héraclès en a accompli un treizième» (T 27-33). L 'épisode est ailleurs mis en
rapport avec Diogène le cynique ( T 29) ou Euripide ( T 30 ). « Une autre fois que s'était rendu à Samothrace Diagoras, celui qu 'on appelle l'athée, un ami lui demanda: " Toi qui penses que les dieux ne s'occupent pas des affaires humai
nes, ne vois-tu pas, d 'après toutes ces peintures, combien nombreux sont ceux qui, grâce à des væux, ont échappé à la fureur de la tempête et sont parvenus au port sains et saufs ” – “Non , répondit-il, car nulle part on n 'a peint tous ceux qui ont fait naufrage et péri en mer " » (T 36 = De natura deorum III 89). On notera
que Diogène Laërce (VI 59 = T 37) attribue la même anecdote à Diogène le Cynique. Et Cicéron poursuit : « Le mêmeDiagoras se trouvait en pleine tempête et les hommes d ’équipage, saisis de frayeur, disaient que cela ne leur arrivait pas
injustement, puisqu'ils avaient embarqué cet homme sur leur navire . Il leur montra beaucoup d'autres embarcations quipeinaient sur le même trajet et leur demanda s'ils voyaient que Diagoras était aussi le passager de ces bateaux.» (T34 = De natura deorum III 89). Mais l'hostilité de Diagoras à l'égard des dieux se traduisait surtout par des
actes visant le culte. Il aurait vulgarisé le fameux 'Opblxoc Nóyoc et divulgué les mystères des Cabires et ceux d'Éleusis. Non content de profaner les mystères en les imitant, il
s'employait à dissuader les gens qui voulaient se faire initier (T 15 -24). Diony sos, lui non plus, n'aurait pas trouvé grâce devant les railleries de l'impie (Scholia in Aristoph . “Ranas” 320). A la lecture de ce dossier, on est amené à s'interroger sur la réalité et surtout
sur la nature de l'athéisme de Diagoras. A cet égard, le témoignage d'Aristoxène, le disciple d' Aristote, relayé par Philodème, présente un intérêt tout particulier : « (les Stoïciens) les considèrent < pas> ( scil. les dieux) comme des êtres à ressem blance humaine, mais comme des airs , des vents, des éthers, de sorte que je pourrais dire réso lument qu ' ils (= les Stoïciens) sont plus coupables que Diagoras. Ce dernier s'est moqué (des dieux ), à supposer que le renseignement soit sain , mais il ne (les) pas attaqués, comme le rapporte Aristoxène dans ses Coutumes des Mantinéens (fr. 127 a Wehrli). Au contraire, dans
la seule poésie qui, selon toute vraisemblance, a réellement été écrite par lui, il ne dit absolument rien d 'impie, mais comme poète il parle avec respect du divin , ainsi qu 'en porte
témoignage entre autres ce qu'il a écrit en l'honneur d 'Arianthe d 'Argos:
C' est un dieu,un dieu vraiment, qui avant toute cuvre mortelle accorde un esprit élevé, (mais le talent que l'on acquiert de soi-mêmene
parcourt péniblement qu 'un court trajet ). (F 1 [la deuxième partie du fragment est en fait citée ici d'après le De Trinitate de Didyme: T 70 ])
Et à l'égard de Nicodore deMantinée : C 'est selon la divinité et le destin (xatd Baquova xal túžav) que tout ce que font les mortels s'accomplit.» (F2) On peut maintenant lire le passage de Philodème dans l'édition de 8 A . Schober (reprise
d'une dissertation de 1923),« PhilodemiDe pietate Pars prior», CronErc 18, 1988,p.67- 125, en particulier p. 122-123. Voir également 9 A . Henrichs, « Die Kritik der stoischen Theologie
755 DIAGORAS DE MÉLOS im PHerc . 1428 », CronErc 4, 1974, p. 5-32, en particulier, p. 21-22 (avec traduction alle
mande du passage) et p. 28 pour le commentaire. Philodème évoque ensuite l'éloge en l'honneur des Mantinéens (F 3), avant de critiquer plus directement les stoïciens. L 'athéisme ne pouvait trouver place dans des compositions comme l'éyXGulov, qui devait être récité au cours des
fêtes religieuses. Frappés de la contradiction qui existait entre le caractère pieux de la poésie qui subsistait de Diagoras et sa réputation d 'athée, les Anciens racontaient cette
anecdote qui résolvait la contradiction. Un jour, un disciple , ou simplement un poète, lui aurait volé un péan et aurait affirmé par serment n 'avoir rien dérobé. Plus tard , voyant que son voleur n ' en était pas moins heureux, Diagoras aurait
été amené à rejeter la providence et l'existence des dieux ( T 9A et T 26 ) .
L 'histoire du péan volé était racontée dans un ouvrage intitulé ’Anonupyl COVtec abyol et attribué à Diagoras.Cet ouvrage, dont il est impossible d'inter préter avec certitude le titre, où l'on trouve le terme núpyos « tour» , devait
avoir pour autre titre Opúylou Nóyou : la Grande mère des dieux phrygienne n ' était-elle pas ordinairement représentée portant sur la tête d 'une couronne de tours ? On racontait par ailleurs que Diagoras avait été l' esclave de Démocrite, à
qui on attribuait notamment un Opúyloc Móyos, et que le philosophe avait acheté Diagoras pour le prix de 10 000 drachmes ( T 9 A - B ). Tout cela laisse peu
de doute sur le caractère apocryphe de l'ouvrage. Selon la Souda (T 9 A -B et67 A -B ), les 'Antonupy"COUTEÇ Nóyol de Diagoras exposaient son abandon de la croyance aux dieux à la suite d 'une expérience personnelle remettant en cause la juste retribution des bons et des mechants (αναχώρησιν αυτού και έκπτωσιν της
περί το θείον δόξης) . Selon Tatien ( T 68), les Φρύγιοι λόγοι devoilaient les mysteres célébrés à Athènes.
Mais alors que conclure ? Il est certain que la tête de Diagoras futmise à prix à Athènes en 415 ou un peu avant pour impiété. On offrait un talent à qui le ramènerait mort et deux à qui le ramènerait vivant. Dans le Contre Andocide ( V )
17, composé en 399, Lysias déclare : « Voyez pour tout combien l' impiété d ' Andocide surpasse celle de Diagoras deMélos : celui-ci n 'avait commis qu 'un délit de paroles contre les objets sacrés et les cérémonies d'une cité étrangère ; Andocide fut impie en acte et contre la religion de sa patrie. » On sait en effet qu 'en 415 Andocide fut impliqué dans la fameuse affaire de la mutilation des
Hermès, qui éclata en même temps que celle de la parodie des Mystères d' Éleusis dont se rendit coupable un groupe auquel appartenait Alcibiade. Or, lorsqu ' il parle des « cérémonies d'une cité étrangère », lorsqu 'il évoque Diago ras, Lysias fait probablement allusion aux Mystères d 'Éleusis . Dans cette
perspective, son témoignage recoupe celui d 'Aristoxène cité par Philodème. Le décret contre Diagoras aurait aussi mis hors la loi les Pelléniens auprès desquels se serait réfugié Diagoras, ce qui est très vraisemblable : Pellène aurait été en effet la seule cité d ' Achaïe à avoir pris part aux côtés des Spartiates à la
campagne de 418 (Thucydide V 8 , 4 ) et aurait en 413 fourni des bateaux à la
flotte péloponnésienne (Thucydide VII 3, 2).
DIAGORASDE MÉLOS
756
Bref, Diagoras aurait pu être victime de deux événements. L 'un politique ,
l'attaque d'Athènes contre Mélos (416-415); l'autre religieux et judiciaire , l'affaire de la profanation des Mystères d'Éleusis et la mutilation des Hermès (avant juin 415). On aurait allégué quelques vers moqueurs à l'endroit de rites
mystériques pour se débarrasser de lui. Puis l'« expansion of the evidence » , phénomène si habilement décrit par Cherniss en ce qui concerne les doctrines non écrites de Platon, aurait fait de Diagoras la figure emblématique de l'athée
et aurait permis d'associer son nom à celui de tous les « philosophes» qui pro posaient une explication mécaniste de la nature. On notera même que, dans les
Nuées, comédie représentée pour la première fois en 423, mais dont nous ne possédons que la version révisée qui date de 418 -416 , Aristophane qualifiait Socrate de "Mélien ”, assimilant par là son athéisme à celui de Diagoras (en ce
sens Schol. in Aristoph.“ Nubes” 830 a = T 6 A): Strepsiade - Eh bien, vois -tu comme il est bon d'apprendre ? Il n' y a pas de Zeus, Phidippide.
Phidippide – Mais qui? Strepsiade - C 'est Tourbillon qui règne, après avoir chassé Zeus. Phidippide - Fi donc ! Quelle blague ! Strepsiade - Sache que la chose est ainsi. Phidippide - Qui dit cela ?
Strepsiade - Socrate le Mélien et Chéréphon qui connaît les foulées despuces.
(Aristophane, Nuées 826 -830 , trad. Van Daele). Le propos est drôle ,mais les conséquences seront graves pour Socrate , auquel
sera intenté un procès pour impiété. En 399, au cours de son procès, Socrate fait sur la notion d'athéisme des remarques tout à fait éclairantes, notamment lorsqu 'il met Mélètos en contra
diction avec lui-même sur ce point : - Alors,Mélètos, au nom de ces dieux mêmes dont il est présentement question, parle -moi avec plus de clarté encore, ainsi qu 'aux juges de ce tribunal. Je ne puis en effet comprendre ceci : est-ce que, d 'après toi, j 'enseigne que je crois à l'existence de certains dieux (auquel cas
je crois personnellement à l'existence de dieux et ne suis pas du tout un négateur des dieux , ni coupable non plus du crime d'athéisme), lesquels à la vérité ne sont pas ceux mêmes de la cité, mais des dieux différents (alors c 'est de cette différence que tu me fais grief) ? ou bien est-ce que tu soutiens que personnellement je ne crois pas du tout aux dieux et que c'est là ce
que j'enseigne aussi aux autres ?
- Ce que je dis, c'est que tu ne crois pas du tout aux dieux - Qu 'est-ce qui te fait dire cela, ô prodigieux Mélètos? Est-ce donc que je ne crois pas, comme le croit le reste des hommes, que le soleil est un dieu et aussi la lune ?
- Par Zeus ! il ne le croit pas, juges, puisqu'il dit du soleil que c' est une pierre , de la lune, que c 'est une terre.
- C ' est Anaxagore , cherMélètos, que tu te figures accuser !
(Platon, Apologie 26 b -d, trad.Robin légèrementmodifiée). Dégagées de leur contexte philosophique, les remarques montrent bien à quel
point les accusations d'athéisme étaient ambiguës et imprécises. En dépit de cette ambiguïté et de cette imprécision , elles pouvaient être particulièrement
dangereuses: Diagoras dut s'exiler à Pellène et Socrate boire la ciguë.
DIALOGOS
757
Dans l'ouvrage de Winiarczyk 1, on trouve une édition des témoignages concernant Diagoras deMélos et des quelques fragments qui subsistent de son @ uvre, ainsi qu 'une bibliographie complète sur les éditions antérieures et les travaux d ' interprétation . Voir aussi 10 M . Winiarczyk, « Ergänzungen zu
Diagoras und Theodoros » , Philologus 133, 1989, p . 151- 152. D 'un point de vue prosopographique, l'étude récente la plus importante est
celle de 11 L . Woodbury , « The date and atheism of Diagoras of Melos» , Phoenix 19 , 1985, p. 178-211. Voir également l' étude classique de Jacoby 2 .
Le radicalisme des vues de Diagoras mérite d' être situé dans le cadre de l'histoire des origines de l' athéisme chez les Grecs. Sur ce sujet, voir 12 W . Fahr, Oeous voui( elv. Zum Problem der Anfänge des Atheismus bei den
Griechen, coll. « Spudasmata » 26 , Hildesheim 1969, X -211 p .; sur Diagoras, p . 89 -92. Diagoras est inévitablement cité dans les catalogues d 'athées célèbres que l'on rencontre dans les æuvres antiques. Voir 13 M . Winiarczyk , « Der erste Atheistenkatalog des Kleitomachos» , Philologus 120, 1976 , p . 32-46 .
LUC BRISSON .
92 DIALOGOS
II ?
Dialogos est connu seulement par un monument d'Athènes, trouvé près du Lycabette , qui porte un relief et deux épigrammes (IG II ” 11140 = W . Peek , GVI
1971).
1.
Ενθάδε Διάλογος καθαρώ πυρί γυία καθήρας ασκητής σοφίης ώιχετ'ες αθανάτους. « C 'est ici que Dialogos, après avoir purifié sesmembres, L 'homme qui s'entraînait à la sagesse ,est parti chez les immortels. » 2. Eve458 Augh roto saoºoooOC ỏơnóa xe ( )
γυμνά, δς αμφ' αρετήν έπλετο και σοφίην. ' Αλλά τα μεν κεύθει μικρά κόνις αμφιχυθείσα, ψυχήν δ' εκ μελέων ουρανός ευρύς έχει.
« Ici gisent les os du sage Dialogos, Mis à nu ; il s'exerçait à la vertu et à la sagesse.
Mais si un peu de poussière répandue recouvre ses os,
L 'âme qui a quitté sesmembres, c'est le vaste ciel qui l'abrite .» Kεύθει, ν. 1 , doit etre un lapsus pour κείται. On a parfois corrige Γυμνά en Γυμνά < p > , v . 2 , interprété comme un féminin désignant le gymnase (Jacobs) ou un masculin apposé à Dialogos ou attribut de ôs (éditeursmodernes).
L 'appartenance philosophique n 'est pas précisée (voir les commentaires de Boeckh , CIG 938 , et de Kaibel, Epigr. Gr. 104) ; ni la crémation ni le dualisme âme-corps ni l'expression ảoxning oopins ne sont propres à une école :
G . Wolff, dans son édition de Porphyre, De philosophia ex oraculis haurienda,
758
DIALOGOS
Berlin 1856 (réimpr. Hildesheim 1962), p . 178 -180, cite de nombreux parallèles. Le nom Dialogos, pourtant, fait supposer plutôt un platonicien . SIMONE FOLLET.
93 DIAPHANÈS DE TEMNOS RE Diophanès 7
MF III
Stoïcien ,mentionné dans une section de l'Ind. Stoic. Herc., col. 46, 5 -6 (p. 96 Dorandi), consacrée aux disciples de Chrysippe : Alapáv[n ] s | [ T ]nuvítns Ó TWI. Susemihl, GGLA, t. I, p . 82 n . 351, écrit par erreur Diophanès (voir de
même RE ). Pour le nom , voir W . Crönert, « Eine attische Stoikerinschrift » ,
SBAW 1904, p. 471-472, qui propose de l'identifier avec un certain Diaphénès de Temnos, fils de Pollès, hôte d 'un souverain non identifié (Platpibwv napà TÕL Baolet), honoré par un décret gravé sur une stèle de marbre à Ilion .
L ' identication n 'a pas été retenue par le dernier éditeur de l'inscription ,
P . Frisch, Die Inschriften von Ilion, coll. IK 3, Bonn 1975, p. 111-112 (n° 40), qui date le document du début du IIIe siècle , mais elle est réaffirmée par
T . Dorandi, « Epigraphica Philosophica» , Prometheus 15, 1989, p . 37. Si ce
Diaphénès est l'élève de Chrysippe (281/77 – 208/4), l'inscription devrait être datée de la seconde moitié du lire siècle av. J.-C ., et il faudrait reconnaître dans le Baoileúc le roi Attale ſer de Pergame (241- 197). Dorandi rappelle , à la suite
d ' O . Masson, RPh 39 , 1965, p . 236 , que l'inscription conserve la forme éolienne
originelle du nom , Alapévns, normalisée en Alapávns par la tradition postérieure . RICHARD GOULET.
MIV 94 DIAS D 'ÉPHÈSE RE 6 Académicien, connu seulement par Philostrate, V. Soph. 13: « Dias d 'Éphèse tenait de l'Académie la force persuasive de sa philosophie ,mais fut considéré comme un sophiste pour la raison que voici : voyant que Philippe traitait dure ment les Grecs, il le persuada de partir en expédition contre l'Asie et tint un long discours aux Grecs, affirmant que c' était un devoir de le suivre dans son expé
dition, car il était noble de subirmême l'esclavage à l'étranger si l'on sauve gardait ainsi la liberté de sa patrie » (xarov ydp elval xai tò ĚEW COUNEVELV
επί τω οίκοι ελευθερούσθαι). L 'expédition de Philippe II de Macédoine en Asie, qui aboutit à la « libé
ration » d 'Éphèse , fut préparée en 337 et réalisée à partir du printemps 336 ; le discours de Dias se place dans l'une de ces deux années, avant la mort de Philippe .
Même si quelques manuscrits ont des variantes (ylac PalatinusHeidelb. 132, Alaç Marcianus 391 = 856 , lac Ambrosianus C 47 sup., Blaç Parisinus gr.
1760 et Oxoniensis Collegii Novi 261), le nom Dias, donné par tous les manuscrits anciens, est assuré . Sous les formes Diès (ionien) ou Dias (koinè), il se trouve dans plusieurs inscriptions d 'Éphèse (voir l'index du Repertorium ,
S.V.).Malgré P. Natorp ,art. « Delios von Ephesos» ,RE IV 2, 1901,col. 2446 , et A . Wörle, Die politische Tätigkeit der Schüler Platons, coll. « Göppinger
DICAIOS DE TARSE
759
akademische Beiträge » 112, Darmstadt 1981, p . 121-124 , ce philosophe ne paraît pas devoir être identifié au Délios d'Éphèse (~ D 34 ), disciple de Platon, attesté seulement chez Plutarque, Adv. Col. 32 (1126 d), envoyé par les Grecs
d 'Asie en ambassade auprès d'Alexandre et l'incitant à combattre le Grand Roi. SIMONE FOLLET.
95 DICAIOCLÈS DE CNIDE RE F IIIa ? Écrivain d'époque mal déterminée, auteur de Alatpibal, qui pouvaient être un ouvrage fort étendu puisqu'une information extraite du 91° livre se trouve chez Athénée (XI, 508 f): Eủaiwv 8' ó Aaugaxnvós, 6c onoiv Eúpútulog
και Δικαιοκλής ο Κνίδιος ενενηκοστή και πρώτα Διατριβών, « Il y eut ensuite (comme scholarque à l'Académie ) Évaion de Lampsaque, selon ce qu 'affirment Eurypylos (RE 15 , peut-être Eurypylos de Cos, disciple de Crantor ( - C 195), mentionné dans l' Index Academicorum S 34, p. 150 Dorandi) et Dicaioclès de Cnide dans le 91° livre des Entretiens» . A noter, toutefois, que,
contre le ms. A (Marcianus gr. 447, Xe s.), Musurus (ed. princeps d'Athénée , Venise 1514) lisait εν είκοστω και πρώτω au lieu de εν ενενηκοστω και
πρώτω. Comme Évaion de Lampsaque est un disciple de Platon (cf. Diogène Laërce III 46) , Dicaioclès pourrait être situé au plus tôt à la fin du IVe siècle . Si l'on en croit U . von Wilamowitz, Antigonos von Karystos, Berlin 1881, Excursus 3 , p . 313 n . 23, c' est à ce Dicaioclès qu 'il faudrait identifier le Dioclès
de Cnide (- D 114 ) dont Numénius récuse le témoignage à propos de la suspension du jugement chez l'académicien Arcésilas ( » A 302] (Numénius, fr. 25 des Places, cité par Eusébe de Césarée , Praep. Ev. XIV 6 , 6 , 5 ). Numénius, en tout cas, attribue à ce Dioclès une cuvre intitulée Entretiens (Alatpibal). Si
l'on retient la suggestion de Wilamowitz , Dicaioclès serait donc postérieur à Arcesilas (qui estmort en 241/0 ). Cf. H . von Arnim , art. « Dikaiokles» , RE V 1 , 1903, col. 563-564, qui date
cet auteur du me siècle av. J.- C . Ni le passage d 'Athénée ni le fragment de Numénius n 'autorisent, à vrai dire , de datation précise . JEAN -MARIE FLAMAND.
96 DICAIOS DE TARSE
F IIa
Stoïcien, disciple de Panétius de Rhodes ou de son assistant Paramonos de Tarse, selon l'Ind. Stoic. Herc., col. 77, 1-5 (p . 126 Dorandi): JII _TTEV OÈ TÒ TQ Παναιτίω Παράμονον προιεξάγειν και το Δίκαιον Ταυτού Ταρσέα
yeyovéval 1 [ua]on [t ]hv... Dans sa nouvelle édition de l'Index Stoicorum , T . Dorandi traduit le passage de la façon suivante: « (permise ) che Paramono tenesse corsi introduttivi alla scuola di Panezio e che Diceo di Tarso fosse suo discepolo » . RICHARD GOULET.
760
DICAS DE TARENTE
97 DICAS DE TARENTE
Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique, V . pyth . 36 , 267 ; p . 144, 19 Deubner. Selon A . von Blumenthal, «Messa pisches », Glotta 17, 1929, p . 104 - 106 , la formemessapienne originelle du nom
serait Eaixaç. Voir aussi la notice « Dikaïs » . BRUNO CENTRONE.
98 DICÉARQUE DE MESSINE RE 3 RESuppl. XI
MIV
Péripatéticien, élève direct d 'Aristote .
Éditions. 1 Fr. Wehrli, Dikaiarchos, coll. « Die Schule des Aristoteles» 1, Basel/Stuttgart 19672 . Pour les collections de fragments antérieures, cf. ibid ., p . 41. Ajouter 2 K . Gaiser, « La biografia di Platone in Filodemo. Nuovi dati dal P. Herc. 1021», CronErc 13, 1983, p . 53 -62 ; 3 Id., Philodems Academica ,
Stuttgart/Bad Cannstatt 1988, p . 144-157 (texte de PHerc. 1021) et p. 307- 366 (commentaire ). Études. 4 E . Martini, art. « Dikaiarchos» 3, RE V , 1905, col. 546-563 ; 5 W . Spoerri, « Dikaiarchos » , LAW , col. 734-735 ; 6 Fr. Wehrli, art. « Dikaiarchos» ,
RESuppl. XI, 1968 , col. 526 -534 ; 7 Fr. Wehrli, « Der Peripatos bis zum Beginn der römischen Kaiserzeit » , GGP, Antike 3, p . 535-539 (bibliographie, p .539) . Vie. Les renseignements sur la vie de Dicéarque sont rares. La Souda nous apprend (fr. 1 Wehrli) qu 'il était fils d 'un certain Phidias et originaire de la cité sicilienne de Messine (Meoonvn ). Comme contemporain d ' Aristoxène de Tarente (fr. 2 Wehrli), il a dû naître vers 376 av. J. -C . (cf. 8 B . Centrone, art. « Aristoxène de Tarente » , DPHA A 417) . Il fut en relation avec Aristoxène, comme en témoignent une lettre (fr. 70 Wehrli) et la parenté de leurs théories
sur l'âme, où se fait sentir l'influence du pythagorisme. On suppose que les deux philosophes ont fréquenté des cercles pythagoriciens en Grande Grèce, en Sicile ou dans le Péloponnèse avant leur entrée au Lycée (Wehrli 7, p . 535 ; Dicéarque a vécu dans le Péloponnèse : fr. 20 Wehrli). Des voyages scientifiques dans le
Péloponnèse (fr. 1 et 106 ) et en Thessalie (fr. 105) sont attestés.
Euvres. Nous ne possédons aucun catalogue des ouvrages de Dicéarque. Mais, grâce aux références d 'auteurs divers, on peut dresser la liste suivante , qui est sans doute loin d 'être exhaustive (cf. Wehrli 7 , p . 535 -536 ) .
I. Psychologie : (1) Sur l'âme (Ilepì quxñs ; fr. 5 -12 Wehrli). Écrit composé sous forme de dialogue comprenant au moins deux parties principales, les Dialogues corin thiens (Kopvēlaxoi Tóyou) et les Dialogues lesbiens (Acoblaxoi Nóyou).
ei der Griechen I 4, 407 b 27-ad'âme-harmo
Dicéarque défend la doctrine " pythagoricienne" de l'âme-harmonie , pourtant
condamnée par Aristote (De Anima I 4 , 407 b 27 - 408 a 29 ; cf. 9 P .Moraux,
Der Aristotelismus bei der Griechen,t. II, Berlin /New York 1984, p. 782-783 ; cf. aussi la thèse de Simmias dans Platon , Phaed. 85e- 86d) . Il partage cette
DICÉARQUE DE MESSINE
761
thèse avec son contemporain Aristoxène de Tarente (10 Fr. Wehrli, Aristoxenos,
coll. « Die Schule des Aristoteles » 2, Basel/Stuttgart 19672, fr. 119 -120) et,
peut-être , avec Cléarque de Soles (cf. 11 Fr. Wehrli, Klearchos, coll. « Die Schule des Aristoteles» 3, Basel/Stuttgart 19692, fr. 9 ). Comme chez Simmias et chez Aristoxène, la conséquence de cette doctrine est la négation de
l'immortalité de l'âme (commele rapporte Cicéron (Tusc. I 10, 21 = fr. 7 ), l'âme ne serait qu 'un nom ne correspondant à aucune réalité ; à vrai dire cette thèse
était défendue par un des personnages du dialogue. Les auteurs postérieurs ont apparemment considéré que Dicéarque lui-même s'exprimait par sa bouche, cf.
fr. 8 ). Pour cette raison, le caractère " pythagoricien ” de cette thèse est sujet à caution (cf. 12 W . K . C . Guthrie, A History ofGreek philosophy, t.I, Cambridge 1962, p. 306 -319, et 13 W . Burkert, Weisheit und Wissenschaft. Studien zu Pythagoras, Philolaos und Platon , Nürnberg 1962, p . 251-252 (trad. angl. avec
corrections: Lore and science in ancient pythagoreanism , Cambridge (Mass.) 1972, p . 272-273]). Sur la psychologie de Dicéarque, cf. 14 G .Movia , Anima e intelletto , Padua 1968, p. 71-93 (chapitre intitulé « L ' armonismo” psicologico
di Dicearco di Messina e di Aristosseno di Taranto » ). II. Éthique : (2) Sur le sacrifice fait à Troie (Ilepl tñc év ’ Iniw Ovolac ; fr. 23). Le titre de cet ouvrage fait allusion aux cérémonies religieuses accomplies par Alexan dre le Grand au début de sa campagne d 'Asie , à Ilion , en l'honneur des héros de la guerre de Troie et en particulier d 'Achille (cf. Plutarque, Alex. 15, 7 -9,672 c).
Dicéarque adopte, semble -t-il, une attitude critique à l'égard d 'Alexandre. (3 ) Sur la destruction des hommes ( Ilepì åvopórwv 800pãs ; fr. 24).
L 'auteur défend la thèse selon laquelle l'homme est le plus grand danger pour l'homme. Wehrli 7, p . 536 , suppose que Dicéarque fonde sa réflexion sur la thèse aristotélicienne selon laquelle l'homme est capable du pire comme du
meilleur, en tant qu 'il est le seul animal doué de libre arbitre (cf. Pol. I 2 , 1253 a 31- 37). (4 ) Sur les genres de vie ou Biographies (Ilepi Biwv ; fr. 25-46). Dicéarque semble s'être intéressé avant tout aux vies des philosophes et des sages de la
Grèce : les Sept Sages (fr. 30-32 Wehrli etMoraux 9 , p. 118), Pythagore (fr. 33 36 ), Socrate (fr. 29), Platon (fr. 40-45 et surtoutGaiser 3, p . 144- 157), peut-être Héraclite (fr. 118). En opposition avec Aristote et Théophraste , il place la vie
pratique ou politique (ripAXTIXÒÇ Bloc ) au -dessus de la vie contemplative (fr. 25- 28), ce qui s'accorde avec sa théorie de l'âme, dans laquelle l' intellect ne semble jouer aucun rôle (cf.Wehrli 1, p . 50 ). Il semble vouloir faire de Platon le représentant-type du genre de vie contemplatif (Gaiser 3 , PHerc. 1021, col. Y ,
24-27 et commentaire p. 351- 357). III. Collection de proverbes (fr. 100 -103) : (5 ) Proverbes (Tlapoquial ou Nepi napoljc@ v , le titre exact n 'est pas conservé). En réunissantdes proverbes de toute provenance, Dicéarque s'inscrit dans une tradition inaugurée par Aristote (Diogène Laërce V 26 ) et bien
762
DICÉARQUE DE MESSINE représentée dans le Péripatos (cf. entre autres, Théophraste (Diogène Laërce V 45] et Cléarque de Soles (Wehrli 11, fr.63-83]). IV . Politique (fr. 67-72) :
(6 ) Constitution de Sparte (Ilohitela Enapriat@ v ; fr. 1). ( 7) Tripolitique ou Constitution mixte (Tplnohtixos ; fr . 70 et 72 ). Cet ouvrage est peut-être identique au précédent, ou en forme une partie , puisqu 'on y trouve une défense de la constitution spartiate considérée comme formant un mélange proportionné de monarchie , d 'aristocratie et de démocratie . Sur la
différence entre la théorie de Dicéarque, influencée par les Lois de Platon, et celle d 'Aristote , cf. 15 G .J.D . Aalders, Political thought in Hellenistic times, Amsterdam 1975, p. 6 -8 . Sur Dicéarque et la constitution dite mixte , cf. 16 F . W .
Walbank, A Historical commentary on Polybius, t. I, Oxford 1957, p.639-641; 17 G . J. D . Aalders, Die Theorie der gemischten Verfassung im Altertum , Amsterdam 1968, p . 72-81 ; 18 I. G . Taifakos, « Il De republica di Cicerone e il modello dicearcheo della costituzione mista » , Platon 31, 1979, p . 128 - 135 ;
19 G . Fiaccadori, « Intorno al Anonimo Vaticano lepi nohtiXñS Énlothung » , PP 34, 1979, p . 127- 147. (8 ) Constitution de Pellène [en Achaïe ] ( Ilexnvaiwv Toliteia ? ; fr. 69). Cette constitution ainsi que les deux suivantes ne sontmentionnées que par
Cicéron (Ad Att. II 2 , 2 ). Fr. Wehrli se demande s'il ne faut pas les identifier à trois des nombreuses constitutions rédigées par Aristote (Wehrli 1, p. 64 -65 ).
(9 ) Constitution de Corinthe (Kopivoiwv Toalteia ? ; fr. 69). (10) Constitution d 'Athènes ('Aonvalwv Tolitela ? ; fr.69). V . Histoire culturelle :
(11) Vie de la Grèce (Bloc 'Exados ; fr. 1 et 47-66 ). Il s'agit d 'une histoire culturelle de la Grèce en trois livres comportant des considérations sur l'origine
de l'humanité. Dicéarque y affirmait que l'espèce humaine avait existé de tout
temps, ce qui présuppose sans doute que le monde n 'a pas eu de commencement (Censorinus, De die nat. 4 , 2 -4 = fr. 47). Il faisait une apologie de l'âge d'or, où les hommes vivaient une vie bienheureuse sans connaître le besoin , la maladie,
la guerre et les dissensions. Il brossait le tableau de l'évolution dégressive de l'humanité, à partir de cet âge d'or jusqu 'à son époque, en insistant sur les deux moments que forment la vie pastorale (vouadixóc Bloc), qui voit les hommes étendre leurs possessions au delà du nécessaire, s 'en prendre aux animaux et se
faire la guerre , et l'invention de l'agriculture (Varron, De re rustica II 1, 3 - 5 = fr. 48 etPorphyre, De abstin . IV 2 = fr. 49). VI. Mantique:
(12) Descente dans le sanctuaire de Trophonios (Eic Tpodwvlov xatá baois ; fr. 13-22). Dialogue comportant trois livres au moins. Dicéarque y critique le faste (fr. 19) de l'oracle de Lébadée en Béotie , et peut-être l' imposture des prêtres (cf.Martini 4 , col. 559). Seuls les fragments 18 à 21
mentionnent le titre de cet ouvrage. Dicéarque avait peut-être écrit d 'autres
DICÉARQUE DE MESSINE
763
textes sur la mantique, auxquels pourraient appartenir certains des autres frag ments concernant le sujet (Martini 4, col. 558 ). Sur Dicéarque et la mantique, cf.
20 A . S. Pease (édit.), M . Tulli Ciceronis Dedivinatione, Darmstadt 1963, note à I 5 , p. 58-59 (réimpr. de l'édition parue en deux livraisons dans University of
Illinois Studies in language and literature, 6 , 1920, p. 161-500 et 8, 1923, p. 153-474 ).
VII. Fêtes et concours (fr. 73-89) : (13) Sur les concours littéraires (Ilepi uovoLXőv åyóvwv ; fr. 88 ). Dicéar
que traitait en particulier des concours littéraires des Dionysies ; dans le fr. 75, la référence à un livre intitulé Sur les concours dionysiaques (Ilepi OlovvolAx@ v
årúvwv ) doit renvoyer à une partie de cet ouvrage, cf.Wehrli 1, p . 67. Lamen tion de Dicéarque dans plusieurs ÚTodłoelç d 'auteurs tragiques et comiques (fr. 76 -84) se rapporte sans doute à cette partie de l'ouvrage ( cf. Wehrli 1 , p .67 et 21 A . W . A . M . Budé, De hypotheseis der griekse tragedies en komedies. Een
onderzoek naar de hypotheseis van Dicaearchus, Thèse de Lettres de l'Univer sité de Nimègue, 's -Gravenhage 1977, résumé en allemand, p . 209-218 ; cette thèse est critiquée par 22 J . Rusten , « Dicearchus and the tales from Euripides » ,
GRBS 23 , 1982, p . 357 -367). Voir 23 CPF I 1 * * , nº 44, p . 32 sq., et 24 P . Car
rara, ZPE 90, 1992, p . 35 -44. ( 14 ) Discours panathénaïque (TlavaOnvaixóc; fr. 86). ( 15 ) Discours olympique ('Olyurtlaxóc ; fr. 87). VIII. Philologie :
( 16 ) Commentaires sur Homère (fr. 90-93). Le titre de l'ouvrage n 'a pas été conservé. A l'intérieur du Péripatos, on peutmentionner des ouvrages de même
nature comme les Difficultés homériques ('Atrophuata ' Ounpixá ) attribuées à Aristote et les Solutions homériques (Aúoeic 'Ounpixal) d 'Héraclide Pontique (cf.Wehrli 1, p . 71).
(17) Sur Alcée (Ilepi 'Arxaiov ; fr. 94-99). IX .Géographie (fr. 104- 115) : (18) Description de la terre (Ilepíodos yñs; fr. 113). Dicéarque défend la thèse de la rotondité de la terre (cf. fr. 105 , 108 , 109) . Des cartes géographiques
accompagnaient, semble-t-il, l' ouvrage ; cf. fr. 20 (Cicéron, Ad Att. VI 2, 3) ,où sont mentionnées des Cartes (tabulae = Ilívanec). (19) Mesure des montagnes du Péloponnèse (KatauetPHOELS TÕV év lleno
novvhow ópőv ; fr. 1). Il ne s'agit peut-être pas d 'un ouvrage indépendant du précédent (cf. Wehrli 1 , p. 75 ;mais le même auteur notera , 7 , p . 538, que ce titre n 'a pas de rapport immédiat avec le précédent). Sur la géographie “mathé
matique” de Dicéarque, cf. 25 P . Pédech, La géographie des Grecs, Paris 1976 , p . 96 - 100.
X . Lettre( s). (20 ) Epistola ad Aristoxenum . Cicéron (Ad Att. XIII 32) mentionne une lettre de Dicéarque à Aristoxène (fr. 70 ), sans en préciser le contenu.
764
DICÉARQUE DEMESSINE
Pseudépigraphes. La description de la Grèce ('Avaypaon) tñs ' Exádoc) en trimètres iambiques, éditée par 26 C .Müller,GeographiGraeciminores, t. I, Paris 1855, p . 238- 243, est faussement attribuée à Dicéarque par la souscription du Parisinus Graecus suppl. 443 ; c'est l'æuvre d 'un certain Denys fils de Calliphon (date incertaine, jer s. av. J. -C . ou plus tard), comme l'indique la
signature acrostiche des vers 1-23 (fr. 117 Wehrli). Sur trois fragments d 'une description de villes et de contrées grecques attribués autrefois à Dicéarque, cf.
Martini4 , col.562. JEAN -PIERRE SCHNEIDER .
99 DICÉARQUE DE TARENTE Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique, V . pyth . 36 , 267; p . 144, 14 Deubner.
BRUNO CENTRONE. 100 DICINEUS RE (s.v. Decaeneus)
ја
A la fois mage , " philosophe” , théologien et juriste, ce personnage énigma tique et complexe doit être surtout considéré comme un héros civilisateur du
peuple des Gètes. Études . 1 C . G . Brandis, art. « Decaeneus, Gr. Aexalveoç » , RE IV 2 , 1901, col. 2244-2245 ; 2 R . Vulpe, « Décénée, conseiller intime de Burebista » , in
Studia Thracologica , Bucarest 1976, p.62-68 ; 3 R . Iordache, « Portrait de Décé neus dans les Getica de Jordanès ou Remarques sur le processus d 'éducation chez les Géto -Daces du temps de Burebistas» , dans Mediterraneo medievale :
scritti in onore di Francesco Giunta, Soveria Mannelli 1989, t. II, p.619-628 .
Pour tenter de connaître le rôle historique joué par ce personnage, on dispose de deux sources antiques : le témoignage de Strabon VII 3 , 5 et 11 (et acces soirement XVI 2 , 39), et le récit de Jordanès, Getica XI67-73, qui lui-même
repose sur une Histoire des Gètes (aujourd 'hui perdue) de Dion Chrysostome. Strabon VII 3, 5 : il s'agit d'un passage consacré à “ Zalmoxis” (que Strabon appelle “ Zamolxis” , comme le font aussi Lucien et Diogène Laërce ; la forme
“ Zalmoxis” se trouve chez Hérodote , Platon , Apulée, Porphyre, Jordanès). Selon Strabon , “ Zamolxis” était un Gète qui fut esclave de Pythagore . Strabon indique que, de retour chez les Gètes, Zamolxis devint conseiller du roi et fut même
appelé dieu . Sous le règne du roi Burébistas ( sur ce souverain , voir 4 R . Vulpe, « Le Gète Burébista , chef de tous les Géto -daces» , dans Studia Thracologica , Bucarest 1976 , p . 39-61 (cf. notamment p . 40 n . 1, sur les différentes graphies du
nom de “ Burebistas” : Bolpeblotac, Buperlotas, Bupabelotas, et les transcriptions latines Burvista , Burbista, Byrebistas...]), cette haute dignité fut occupée par Dékainéos. Strabon ajoute : « Quant à la tradition pythagoricienne, due à Zamolxis, de s'abstenir de la chair des animaux, elle s 'est maintenue à peu
près jusqu'à maintenant. » Le végétarisme des Daco-Gètes constitue donc pour Strabon une preuve de la continuité entre “Zalmoxis ”, esclave de Pythagore, et
Dékainéos: cf. 5 M . Eliade, De Zalmoxis à Genghis -Khan. Études comparatives
DICINEUS
765
sur les religions et le folklore de la Dacie et de l'Europe orientale, Paris 1970, p . 64-67 et 69-72. En VII 3 , 11, Strabon raconte que Burebistas, « pour obtenir la parfaite docilité de son peuple, s'assura le concours d 'un mage nomméDékainéos, qui
avait parcouru l'Égypte en tous sens; il était passé maître dans la connaissance de certains signes prémonitoires où il lisait la volonté des dieux (ouvaYWVLOTIV έσχε Δεκαίνεον άνδρα γόητα, πεπλανημένον κατά την Αίγυπτον και
Tipoonuaolaç Éxueuanxóta Tivás, ol' OV ÚTtExplveto Tà Oeta ), et en peu de temps il fut tenu pour dieu lui-même, comme nous l'avons dit en parlant de
Zamolxis.» (trad . R . Baladié, CUF, Paris 1989). Strabon XVI 2, 39,n' est qu 'une reprise sommaire de VII 3, 5. Chez Strabon , Dékainéos apparaît donc comme un « grand-prêtre des Daces, à la fois prophète et associé au trône » . Il est « passé, avec Zalmoxis , dans l'histoire et dans la légende, comme héros civilisateur des Gètes » (6 R . Baladie
[ édit.), Strabon, Livre VII, CUF, Paris 1989, p. 95 n . 5).
Sur “Dékainéos”, on dispose d 'autre part du récit de Jordanès, Getica XI67 73 (Monumenta Germaniae Historica,Auctores Antiquissimi, V 1, Berlin 1882, p. 74 -75 Mommsen), qui nomme ce personnage “Dicineus" . Jordanès ne donne aucune précision sur son origine,mais il affirme que, venu chez les Goths « vers
l'époque où Sylla dominait à Rome», Dicineus fut reçu par le roi Goth Sitalcus
et acquit sur ce peuple une autorité presque royale : son influence s'exerça dans les domaines politique, religieux et juridique. Mais surtout, ayant reconnu
l' « intelligence naturelle » desGoths (et naturalem eos habere ingenium , p . 74, 3 Mommsen ), Dicineus leur aurait donné une formation « philosophique » com
plète : omnem paene philosophiam eos instruxit. Erat enim huius reimagister (XI69, p . 74, 3 -4 Mommsen ). Jordanès souligne qu'il jouissait auprès des Goths
d 'un prestige considérable et admire qu'il soit parvenu à amener des hommes essentiellement belliqueux à déposer quelquefois pendant quatre jours leurs
armes pour se livrer à l'observation du ciel et des astres. Dans sa description de l'enseignement « philosophique » donné par Dicineus
à tout un peuple, Jordanès reprend la distinction classique de la philosophie en trois parties (éthique, physique et logique), puis ilmentionne la division entre practice et theorice (on observera la translittération faite par Jordanès (p . 74, 7 -8 Mommsen ) des termes grecs). Ce procédé montre qu 'il se réfère sans doute aux
articulations de la philosophie de l'époque où il écrit (le milieu du Vie siècle), et non de l'époque où il place Dicineus: cf. 7 P . Riché, Éducation et culture dans l 'Occident barbare : Vre -viire siècles, coll. « Patristica Sorbonensia » 4 , Paris
1962 (voir notamment p . 85, avec la n. 213, qui rappelle que chez Boèce la robe de la philosophie porte les lettres O et nt, et qui renvoie aussi à Fulgence,Mythol. II 1, p . 36 , 1-5 Helm ). Mais l'abandon de la culture philosophique dans l'Occi dent latin du VIe siècle était tel qu 'il faut assurément entendre dans un sens très restrictif le contenu éducatif de chacune de ces branches, comme le souligne
P. Riché: « Pour lui (scil. Jordanès), la philosophie se réduit à la connaissance
766
DICINEUS
des phénomènes physiques : douze signes du zodiaque, révolutions de la lune et du soleil, étude de la végétation . Telles sont les doctrinae philosophiae dont les anciens Goths auraient été instruits » (p . 85 -86 ).
Il est donc probable que la “philosophie” de Dicineus, si elle a bien existé, se réduisait à une physique et à des observations astronomiques rudimentaires: peut- être se ramenait- elle même à une simple curiosité pour des phénomènes
naturels étranges. Toutefois, le nom de Dicineus est resté chez les Goths entouré
d 'un grand prestige, et ce prestige a pu être ultérieurement exploité . Il le fut notamment par Théodoric : dans son désir de se faire passer pour un roi philo sophe, celui-ci a voulu non seulement imiter les érudits romains, mais aussi
invoquer la tradition de ses ancêtres Goths, qui, formés à la philosophie par Dicineus, seraient devenus « les plus instruits de tous les Barbares et presque semblables aux Grecs » (Jordanès, Getica V 39 -40 , p .64, li. 10 - 11Mommsen : pene omnibus Barbaris Gothi sapientiores semper extiterunt Grecisque pene
consimiles ut refert Dio (il s'agit de Dion Chrysostome, auteur lui aussi de Getica ]). Selon Jordanès, l'influence de Dicineus s'exerça encore dans le domaine
religieux, par la création de fonctions sacerdotales nouvelles et de temples nou
veaux : sur cette facette religieuse du personnage, cf. Eliade 5 . Dicineus aurait enfin exercé un important rôle juridique, en donnant aux Goths des lois écrites
appelées belagines: Dicineus eos naturaliter propriis legibus vivere fecit quas usque nunc conscriptas belagines nuncupant (Jordanès,Getica XI69, p. 74, li. 5 -6 Mommsen ). Du fait de l'existence de ces lois écrites, qui devaient consister en recueils de nombreux points de droit municipal, les Goths constituent une exception au milieu des autres peuples Barbares, qui n 'ont longtemps connu
qu'une transmission orale de leurs coutumes: sur ce point, cf. Riché 7 , p . 112 sq. Pour un examen critique du témoignage de Jordanès sur “ Dicineus”, cf . Eliade 5 , p. 70 -71.Mircea Eliade estime que Jordanès , qui utilise des sources comme Cassiodore et Dion Chrysostome, décrit l'œuvre civilisatrice de ce personnage « en termes extravagants » . En admettant que Jordanès poursuivait surtout la glorification de ses “ ancêtres” les Gètes, « il est permis de déchiffrer
dans l' enseignement encyclopédique de Decaeneus, décrit en termes enthou siastes par Jordanès, l'essor culturel des Daces à la suite de l'unification politi que réalisée par Boerebista et son apogée pendant le régime de Décébale »
(Eliade 5, p .71). JEAN -MARIE FLAMAND .
Iva 101 DICON DE CAULONIE Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique ,
V. pyth. 36 , 267 ; p. 146, 4 Deubner. D 'après I. Cazzaniga, « Dikon da cauloniate a siracusano » , dans Studia Florentina Alexandro Ronconi sexagenario oblata , Firenze 1970, p . 77-80 , il
s'agirait de l'Olympionique (RE 10), fils de Callibrotos, qui, selon Pausanias VI
DIDYMOS D 'ALEXANDRIE
767
3, 11, avait remporté de nombreuses victoires aux concours Pythiques, Néméens, Isthmiques et Olympiques, et qui se fit ensuite proclamer syracusain ,
alors qu'il était cauloniate d'origine. BRUNO CENTRONE .
DIDYMOS → AREIOS DIDYMOS
102 DIDYMOS RE 11 (b ) Auteur, selon Clément d'Alexandrie , Stromates I 16 , 80, d'un ouvrage lepi
Ilvdaroplucns pioooplaç. C ' est probablement le même spécialiste du pytha gorisme qui estmentionné par Porphyre, in Ptol. harm . I 6 = Archytas 47 A 17 DK ).
Ce Didyme est, selon L . Cohn (RE V 1, 1903, col. 473-474), le grammairien et musicien vivant à Rome au temps de Néron, dont parle la Souda, A 875, t. II, p. 81, 11- 13 Adler.
BRUNO CENTRONE. I- II 103 DIDYMOS RE 5 Cynique, contemporain de Plutarque. Philosophe itinérant, ce qui lui vaut le
surnom de Planétiadès, il vient jouer les perturbateurs dans la conversation feutrée du De defectu oraculorum , en fustigeant à grand bruit la corruption
générale des meurs. Il n'y a pas de raison de le tenir pour un personnage fictif (ainsi Dudley, History of Cynicism , p. 183 n. 1), d'autant plus qu'il est présenté commeune vieille connaissance (413 b ).
Cf. B . Puech , « Prosopographie des amis de Plutarque» , ANRW II 33, 6 ,
1992, p . 4845. BERNADETTE PUECH . 104 DIDYMOS (ATEIUS – Ou ATTIUS - ) RE 6
« Philosophe académicien » , d'époque inconnue, auteur de libavá , de Eoplouatwv TÚCelç en deux livres,« et de nombreux autres ouvrages » (Souda, A 871 ; t. II, p . 80, 30-31 Adler). On l'a identifié à tort avec Arius Didyme. H . von Arnim , art. « Didymos» 6, RE V 1, 1903, col. 6 -7 , y reconnaît plutôt le grammairien Didyme le Jeune d 'Alexandrie (RE 9), qui exerça à Rome et écrivit lui aussi des Tidavá. Voir déjà Diels, DoxographiGraeci, Berlin 1879 , p. 86 , etZeller IV4 1, 1909, p .636 n . 2. Mais dans l'article qu 'il a consacré à ce gram mairien (RE V 1, 1903, col. 472 -473) , L . Cohn signale que les titres évoqués à propos de l'académicien par la Souda trahissentun contenu philosophique etnon grammatical.
RICHARD GOULET. 105
DIDYMOS D 'ALEXANDRIE
DM I
Didymos, fils de Hiérax, du dème d 'Althéa, était stratège de l’Arsinoïte en 38 ap. J.-C . et avait reçu à ce titre la pétition de l'un de ses administrés (Pap.Ryl. II
n° 143, p. 140 - 141). Le document nous apprend qu'il étaitmembre du Musée :
T V év Movoelwi DELTOVUÉVWv Oloo bbwv åteWV (li. 2 -3). Il faut prendre
768
DIDYMOS D 'ALEXANDRIE
garde cependant que l'expression peut être utilisée, au sens large, pour tout pensionnaire du Musée d' Alexandrie, qui ne comptait pas, il s'en faut, que des
philosophes (voir à ce sujet N . Lewis, « The non scholar members of the Alexandrian Museum » ,Mnemosyne 16 , 1963, p .257). BERNADETTE PUECH . 634- 10 106 DIDYMOS CHALCENTEROS RE 8 Critique et grammairien , quienseigna á Alexandrie et peut- être aussi à Rome.
L ' énorme abondance de sa production ( 3500 volumes selon la Souda, 4000 volumes, si l' on en croit Sénèque, Ep. ad Luc. 88, 37, qui raille une telle intem perantia dans l'érudition ), lui valut le surnom de XarxÉVTEPOS (Souda : « aux
entrailles de bronze» , à cause de toutes les questions livresques qu'il avait digé rées) , mais les contradictions qu ' on pouvait relever de l'un à l'autre de ses ouvrages lui ont valu également celui de Biblioradac (par exemple chez
Démétrios de Trézène, cité par Athénée IV , 139c: « oublieux de (ses propres) livres » ).
Didyme, qui vécut environ une génération après Cicéron, avait commenté presque toute la littérature grecque existant à son époque : les principaux poètes
épiques ( en particulier Homère ), lyriques et dramatiques, les orateurs attiques, et de très nombreux historiens. Son exégèse tendait à éclaircir sous tous leurs aspects les æuvres de ces écrivains, dans la forme commedans le contenu : criti que du texte , interprétation littérale, analyse rhétorique, explication des allusions mythologiques ou historiques. Outre cette æuvre de commentateur, Didyme s'était fait théoricien de la grammaire, avec des études sur la diction comique et tragique, l'orthographe, l'analogie chez les Romains, la lexicographie, la théorie
et l'histoire de certains genres littéraires. Son æuvre occupe une position cen trale dans l'histoire de la philologie antique : sans doute Didyme n 'avait-t-il guère apporté de vues ou de méthodes nouvelles, mais il avait certainement su faire la synthèse des résultats acquis par les travaux antérieurs des philologues de l'école d' Alexandrie . On peut ainsi voir en lui le principalmédiateur entre les
grammairiens alexandrins et les scoliastes tardifs, qui remontent en grande partie à lui.
Présentations d 'ensemble : 1 R . Pfeiffer, A history of classical scholarship ,
t. I : From the beginnings to the end of the Hellenistic age, Oxford 1968, p. 274 279 ; 2 J.E . Sandys, A history of classical scholarship, 3e éd . 1920 , réimpr. New
York 1958, t. I, p. 140- 143 ; 3 L. Cohn , art. « Didymos » 8 , RE V 1, 1903, col. 445 -472 ; 4 H . Gärtner, art. « Didymos 1 » , KP II, 1967, col. 11- 13 ; 5 A .Momi gliano , art. « Didimo » , Enciclopedia Italiana, XII, 1931, col. 775 -776 ;
6 Susemihl,GGLA, t. II,p . 195 -210 . Éditions. De cette ouvre gigantesque, presque tout a disparu . Les fragments ont été recueillis par 7 M . Schmidt, Didymi Chalcenteri grammatici Alexandrini fragmenta quae supersunt omnia , collegit et disposuit M . S., Lipsiae 1854, X
423 p . (réimpr. Amsterdam , 1964 ]: édition vieillie mais non remplacée. Aucun ouvrage complet n ' y est contenu .
DIDYMOS CHALCENTEROS
769
Didyme n ' était pas philosophe et n 'a guère commenté de textes philosophiques. Parmi l' ensemble de ses euvres connues, on peut toutefois signaler qu 'il était l'auteur: - d 'une collection commentée de proverbes (Ilepi napoque@ v ), ouvrage en 13 livres,
onnues,on petroverbes (Ilepie couped'originepen,p. 279;
compilé à partir de recueils plus anciens, qui étaientsans doute d'origine péripatéticienne. Des traces de cette cuvre se trouvent dans le recueil de Zénobios : cf. Pfeiffer 1, p . 279 ; Susemihl
6 , p . 208 ; Schmidt 7 , p. 396 -398 .
- d'un ouvrage intitulé Eupyurtá ou Evuntoolaxá: cf. Pfeiffer 1, p. 279 ; Schmidt 7, p . 368-384 . - d 'un ouvrage “sur les expressions difficiles chez Platon” : texte publié par E . Miller ,
Aldúyou nepì Tõv åttopOULÉVWV napà Mátwvl NÉEEwv,Mélanges de littérature grecque, Paris 1868 (réimpr. Amsterdam 1965) , p . 399-406 . Sur cet ouvrage ( et les ouvrages du même genre dans l'antiquité ), cf. 8 A . R . Dyck, « Notes on Platonic lexicography in antiquity » ,
HSPh 89, 1985, p . 75-88.
Les études sur Didyme connurent un tournant important lorsque, en 1904 , H . Diels et W . Schubart publièrent un papyrus d'Hermoupolis (P. Berol. 9780 ), datant du commencement du IT s. et contenant le premier ouvrage de quelque
étendue de Didyme: il s 'agit d'un commentaire sur les Philippiques de Démosthène (discours IX , X , XI et XIII). La partie gauche du papyrus a disparu , mais il subsiste quinze colonnes du papyrus, certaines présentant toutefois des lacunes considérables. Dans ce commentaire, Didyme se réfère abondamment
aux historiens, en particulier aux atthidographes (Phanodémos, Androtion , Démon et surtout Philochoros) : son texte contient ainsi des informations histo
riques minutieuses qui ont permis d'éclaircir un grand nombre de points, jus qu 'alors restés obscurs, de l'histoire grecque du IVe siècle . Première publication :
9 H . Diels et W . Schubart (édit.), Didymos, Kommentar zu Demosthenes (Papyrus 9780 ), nebst Wörterbuch zu Demosthenes' Aristocratea (Papyrus
5008), bearbeitet von H . D . und W . S ., Berlin 1904, in -4°, LIII-95 p . (2 fasc.) ; editio minor, par 10 H . Diels, Didymide Demosthene commenta, cum anonymi in Aristocrateam lexico, post editionem berolinensem recognoverunt H . Diels et W . Schubart, Lipsiae 1904, 56 p . Le texte a reçu des améliorations de 11 W .
Crönert, « Neue Lesungen des Didymospapyrus », RHM 62, 1907, p. 380 -389, et
de 12 A . Körte , « Zu Didymos' Demosthenes-Kommentar» , RhM 60, 1905, p. 388-416 . Compte rendu important par 13 Fr. Leo , « Alduoc nepi Anuo ORÉVOUÇ » , NGG 1904, p . 254- 261, repris dans Ausgewählte kleine Schriften, t. II, Roma 1960, p. 387-394 . Examen critique détaillé du contenu historique du papyrus dans la riche monographie de 14 P . Foucart, « Étude sur Didymos
d'après un papyrus de Berlin » , Mémoires de l'Institut National de France , Acad. des Inscriptions et Belles lettres 38 , 1, 1909, p. 27-218. Tous ces travaux datentdes premières années du siècle,mais on dispose désormais d 'une nouvelle
édition du texte, procurée par 15 L . Pearson et S. Stephens (édit.), Didymi in Demosthenem commenta , coll. BT, Stuttgart 1983, XX-87 p. (avec Index nomi num , Index verborum , numeri): cet ouvrage rassemble (p. XV-XVIII) une bonne partie de la bibliographie antérieure. Comptes rendus: Wankel, Gnomon 59,
1987, p. 213-223 ;Rusten, CPh 82, 1987, p. 265-269. Le Comm . sur Démosthène intéresse l'histoire de la philosophie en raison
d'un important passage du commentaire sur la Xe Philippique (col. 4 ,47 -6,62,
770
DIDYMOS CHALCENTEROS
p . 10-22 Pearson -Stephens, particulièrement 5 , 51-63) qui se rapporte au tyran
Hermias d ’Atarnée et évoque ses relations avec les philosophes. On sait en effet que ce personnage, qui avait d 'abord suivi les leçons de l' Académie , invita , lorsqu'il fut parvenu au pouvoir, plusieurs philosophes à venir s'établir dans sa
principauté d 'Atarnée , et s'en fit le bienfaiteur: Aristote, en particulier, jouit de la faveur d 'Hermias, et il épousa une femme de sa famille. Didyme cite plu sieurs auteurs qui avaient raconté l'histoire d 'Hermias et sa fin tragique ; il cite même un fragment d 'Aristote (col. 4 , lignes 14 - 16 , mais le papyrus est en ce
point très mutilé) qui nous apprend qu'Aristote avait traité des coutumes des Scythes dans le troisieme livre de ses Νόμιμα βαρβαρικά. Sur la figure d 'Hermias telle qu 'elle se dessine à partir des ouvrages divers que cite Didyme,
voir Foucart 13 , p . 64-67, p. 124- 127 (Théopompe), p. 128- 137 ( Théopompe , Aristote , Anaximène, Callisthène), p . 154 - 159 (Hermippe et un auteur inconnu ). Sur la figure d 'Hermias et le rôle qu'il a joué auprès des philosophes d 'Assos,
cf. 15 E .Macher, Die Hermiasepisode im Demosthenerkommentardes Didymos, Lundenburg 1914 ; 16 D . Wormell, « The literary tradition concerning Hermias
of Atarneus» , YCIS 5 , 1935 , p. 57-72. Les informations historiques fournies par le texte de Didyme ont été remarquablement exploitées par 17 W . Jaeger, Aristotle. Fundamentals of the history of his development, transl. R . Robinson, Oxford 1948 (2e éd., considérée comme " l'édition de référence” ) : dans son chap . V , intitulé « Aristotle in Assos and Macedonia » , W . Jaeger n 'hésite pas à parler de l'installation d'une véritable “ colonie de l'Académie d 'Athènes" orga nisée à Assos sous la direction d 'Aristote , quiavait quitté Athènes en 347 , après
la mort de Platon . Selon W . Jaeger, c'est grâce à la faveur du tyran Hermias que
se serait ainsi constituée , sous sa première forme, ce qui allait devenir l' école d' Aristote . Une discussion radicale de la thèse de W . Jaeger ( et notamment de son interprétation du séjour d 'Aristote à Assos) a été récemment proposée par
18 D .R . Lachterman , « Did Aristotle 'develop ' ? Reflections on Werner Jaeger's
thesis» , RPHA 8 , 1990, p. 3-40 ; 19 Id ., « Aristotle, Xenocrates and Hermias: notes on Jaeger's account» , donné comme “ forthcoming" dans 18 (p. 13 n . 2). Sur ce séjour des philosophes en Troade, voir aussi 20 K .Gaiser, Theophrast in Assos. Zur Entwicklung der Naturwissenschaft zwischen Akademie und Peri patos, Heidelberg 1985, notamment p . 11- 13, et 21 Id ., Philodems Academica,
Stuttgart 1988, p . 380-386. JEAN -MARIE FLAMAND .
107 DIITRÉPHÈS Personnage du Banquet des Cyniques de Parméniscus, cité par Cynoulcos dans Athénée , Deipnosophistes IV , 156 f. Il pourrait être un des six “ Chiens” ,
menés par Carneios deMégare (-+ C 45), qui assistent au banquet. Devant les plats de lentilles différemment apprêtés que leur fait servir le maître des lieux Cébès de Cyzique (»- C 61), Diitréphès en prend dans ses mains et s' exclame: « Ô Zeus, qu'il ne t'échappe pas celui à qui nous devons ces lentilles» (cf. Euripide, Médée 332).
MARIE -ODILE GOULET-CAZÉ.
DIOCLÈS
108 DIKAÏS
771
м пга
Le médecin Dikaïs appartenait, ainsi qu'une douzaine de ses confrères au moins, à un établissement médical de Métaponte , sorte d'hôpital dont une
defixio grecque, publiée par F .G . Lo Porto , « Medici pitagorici in una defixio greca diMetaponto » , PP 193, 1980 , p. 282- 288, a révélé l'existence . L' éditeur, qui constate dans la liste de médecins de troublantes homonymies avec des pythagoriciens attestés à Tarente à la même époque, propose un rapprochement
avec le philosophe Dikas de Tarente ( D 97), pythagoricien qu'il situe aux Ive
et me siècles, d'après P . Wuilleumier, Tarente des origines à la conquête romaine, Paris 1939, p.608 -609 et 718.Mais le nom , fréquemment attesté , rend l' identification hasardeuse. BERNADETTE PUECH .
109 DIOCLÉIDÈS DE MÉGARE RE 4
DM IV
Philosophe (?) mégarique,maître de Pasiclès de Thebes (qui eut lui-même Stilpon comme élève). Peut-être auditeur direct d 'Euclide. Il n ' est cité qu 'une seule fois, dans la Souda, s. v. Etiatov (cf. K . Döring, Die Megariker, fr. 148
A ; voir aussi fr. 148 B). ROBERT MULLER.
110 DIOCLÈS RE 51
IIIa Ce nom figure parmi les neuf épimélètes du testament de Straton (mort vers
2684) en Diogène Laërce V 62. Il n 'est pas dit expressément qu'il s'agit de disciples au sein de l'école péripatéticienne ,mais la phrase qui suit stipule que la
diatribè est léguée à Lycon (huitième exécuteur testamentaire dans la liste ) parce que les autres sont trop âgés ou trop occupés (xoxooi). W . Jaeger, « Diocles of Carystus, a new pupil of Aristotle» , Philosophical Review 49, 1940 , p. 393-407, repris dans Aristotle . Fundamentals of the history of his development
(1934 ), Second edition , Oxford 1962, p. 407-425, a reconnu dans ce Dioclès le médecin Dioclès de Carystos (
D 113), dont il a fait un membre du Péripatos. Même en acceptant
l'acmè proposée par Jaeger (fin du IVe s.), il faudrait que Dioclès ait eu environ 80 ans à l'époque du testament de Straton. Il est vrai que le Dioclès du testament peut être l'un des disciples « âgés » évoqués par Straton, mais le nom est très fréquent à Athènes et Dioclès est également le nom d 'un des serviteurs affranchis par disposition testamentaire quelques lignes plus bas (V 63). Contre l'identification de ce personnage avec un auteur homonyme de scholies sur Homère (Schrader ), voir E . Martini, art. « Diokles» 51, RE V 1 , 1903, col. 801.
RICHARD GOULET.
111 DIOCLÈS MF III A . Dédicataire de deux ouvrages de Chrysippe: Ilepi tõv étuuooyix @ v tpos Aloxhéa S' et 'Etuuooyixõv tipos Aloxhéa Ó' (D .L . VII 200). On a déjà fait observer que ces titres et ceux qui les entourent figurent dans la section éthique du Catalogue, mais qu'ils relèvent apparemment de la logique ou de la grammaire. Voir U . Egli, Zur stoischen Dialektik, Inauguraldissertation Bern ,
Basel 1967, p. 3.
DIOCLÈS B. C 'est sans doute ce stoïcien qui est mentionné dans une liste de disciples de Chrysippe dans l' Ind . Stoic . Herc., col. 47, 8 (p . 98 Dorandi) : ALO [włñs ). La 772
restitution du nom est due à Crönert. RICHARD GOULET.
112 DIOCLÈS (POMPEIUS - )
Που ΙΙ Dans l'inscription gravée sur son sarcophage, trouvé à Rome (IGUR 1309),
Pompeius Dioclès se présente comme un sage (TÉpuat' čxwv | oopins) et un homme de culture (c 'est par une citation de l' Iliade que sa profession est indiquée) tout autant qu 'un médecin . D 'après le décor du sarcophage, il doit avoir vécu au II ou au III° s. BERNADETTE PUECH .
Iva 113 DIOCLÈS DE CARYSTOS RE 53 Médecin , souvent cité dans les doxographies médicales anciennes, par exemple chez Galien, comme l'un des principaux représentants de la tradition dogmatique. Il apparaît généralement aussitôt après Hippocrate . Quelle que soit son importance dans l'histoire de la médecine antique, il n 'y aurait pas lieu de
consacrer une notice à ce médecin, si Werner Jaeger n'avait cherché à le rattacher aux études médicales pratiquées au Lycée . Édition des fragments. 1 M . Wellmann (édit.), Die Fragmente der sike lischen Ärzte Akron, Philistion und des Diokles von Karystos, coll. « Fragment sammlung der griechischen Ärzte » 1 (seul volume paru de la collection ), Berlin
1901, p. 117-207 (193 fragments), complété par le fragment de Vindicianus, p . 208-234. Les 16 titres attestés des écrits de Dioclès sont rassemblés dans Wellmann 1, p . 17.
Dioclès, fils d’ Archidamos (fr. 1), originaire de Carystos en Eubée , fut apparemment le premier médecin à adopter le dialecte attique. Les Athéniens l'auraient appelé le nouvel Hippocrate (fr. 2 ). La plus ancienne attestation de Dioclès se trouve dans le De lapidibus de Théophraste V 28, si vraiment le Dioclès dont il est fait mention à propos de l'utilisation médicale de la pierre avyyoúplov (cf. Pline XXXVII 52) est bien notre médecin .
Les vues de Dioclès sont résumées minutieusementpar 2 M . Wellmann, art. « Diokles» 53, RE V 1, 1903, col. 802-812. Wellmann voyait en Dioclès un disciple de Philistion de Locres et retrouvait une influence de son enseignement médical, inspiré du pneumatisme sicilien , chez Aristote et chez le médecin
Praxagoras de Cos. Dioclès connaissait également plusieurs traités du Corpus hippocratique (Wellmann 2, col. 812 ; cf. aussi 2a L . Bourgey, Observation et expérience chez les médecins de la collection hippocratique, Paris 1953, p . 29 30 , qui relève « des allusions à au moins dix des livres hippocratiques» ) et il aurait constitué un relais important dans la constitution de ce corpus. Selon
Bourgey 2a, p . 29 n . 4 , Dioclès ne serait cependant pas le premier assembleur de la Collection hippocratique. Cette datation haute ( premier tiers du IVe s. av.
J.-C .) amenait Wellmann, après d 'autres, à rejeter comme apocryphe une lettre
DIOCLÈS DE CARYSTOS
773
" prophylactique" ('Enriotoan) npopuraxtixh ) de Dioclès au roi Antigone conservée dans les extraits de Paul d'Egine (VIIe siècle ).
3 W . Jaeger, Diokles von Karystos. Die griechische Medizin und die Schule
des Aristoteles, Berlin 1938 , réimpr. 1965, VIII-244 p., a remis en question cette datation et a proposé, grâce à une analyse terminologique et à des rapproche ments subtilement interprétés, de voir en Dioclès un disciple direct d'Aristote (à l'époque du Lycée : 334 -322), influencé par les recherches menées au Lycée et encore actif vers 300 av. J.-C . Cette interprétation , qui reprenait des observa tions de P . Maas et K . Deichgräber (cf. 4 K . Deichgräber, Die griechische Empirikerschule . Sammlung der Fragmente und Darstellung der Lehre , Berlin 1930 , « Um Zusätze vermehrter anastatischer Neudruck » Berlin /Zürich 1965, p. 274 n . 3), a été complétée et partiellement révisée dans 5 W . Jaeger,
Vergessene Fragmente des Peripatetikers Diokles von Karystos. Nebst zwei Anhängen zur Chronologie der dogmatischen Arzteschule , APAW 1938, nº 3, p . 1-46 , et le tout commodément résumédans 6 Id ., « Diocles of Carystus, a new pupil of Aristotle », PhR 49, 1940, p. 393-407, article repris dans 7 Id ., Aristotle.
Fundamentals of the history of his development. Translated with the author's corrections and additions by A. Robinson (1934 ), Second edition, Oxford 1962, Appendix I, p . 407 -425, ainsi que dans Scripta minora, Roma 1960 ,t. II, p. 186 241; version allemande intitulée 8 « Diokles von Knidos. Ein neuer Schüler des Aristoteles » , ZPhF 5, 1951, p. 25 -46.
Jaeger 5, p . 13, a précisé cette chronologie en essayant de montrer que Dioclès a dû mourir vers 260. Il faudrait en effet l'identifier au péripatéticien mentionné dans le testament de Straton (mort vers 2684) en Diogène Laërce V
62, l'un des exécuteurs testamentaires auxquels aurait pu être confiée l'école s'ils n 'avaient été trop âgés ou trop occupés. L 'incertitude qui plane sur la chronologie de Dioclès et l'extrême fréquence du nom , notamment à Athènes, invitent à marquer la plus grande réserve devant cette hypothèse supplémentaire : il est significatif qu 'un autre Dioclès figure dans le testament de Straton , un
esclave quisera affranchi (cf. Jaeger 5, p. 11 n . 5). Mêmeen lui donnantun âge avancé à cette époque, on ferait ainsi de Dioclès un contemporain, pour ne pas dire un successeur, des autres
grands médecins « anciens» comme Praxagoras, Hérophile ou Érasistrate . D 'autres arguments exploitent des détails repérés dans des fragments dont la tradition n 'est pas des mieux assurées. Ainsi, le fr. 125 Wellmann , tiré d 'Athénée II, 59 a ,mentionne
Antioche (sur l'Oronte), fondée en 3005, et la Galatie, nom qui, selon Jaeger, n 'a pas pu être employé avant 270a (Jaeger 5 , p . 16 -17). Mais les mots xal rahatla , qui apparaissent au milieu de noms de villes, ont été considérés comme corrompus (Kaibel) ou interpolés (Jacoby). Voir 9 H . von Staden, Herophilus. The art of Medicine in Early Alexandria . Edition ,
translation and essays, Cambridge 1989, p. 44-46 .
Cette révision de la chronologie permet à Jaeger (3, p. 70 -113) de considérer comme authentique le vade mecum médical, sous forme de lettre, adressé à Antigone (Iet le Borgne ?) et conservé dans les extraits de Paul d'Égine (ve
siècle). Des doutes sur l'authenticité de cette lettre ont cependant été élevés par 10 F . Heinimann , « Diokles von Karystos und der prophylaktische Brief an
König Antigonos»,MH 12, 1955, p. 159-172 , qui a fait remarquer que la tradi tion connaissait plusieurs dédicataires différents.
774
DIOCLÈS DE CARYSTOS
Elle autorise l'identification du Pleistarchos, dédicataire d 'un traité de Dioclès (' Yylelvá ) avec un des fils d ’ Antipatros, homme de confiance d'Alexandre et ami d 'Aristote . Elle lève (cf. Jaeger 3, p . 33-37) enfin un obsta
cle ayant amenéWellmann à refuser d'attribuer à Dioclès les fragments papyro logiques d 'un traité médical en dialecte attique concernant la thérapie de l'eil (cf. 11 G . A . Gerhard , « Ein dogmatischer Arzt des vierten Jahrhunderts y .
Chr.», SHAW , 4 , 1913, Abhandlung 13, 87 p.). (Le traité est constitué par les documents suivants : PGrenf. 2 , 7b + PRyl. 1, 39 +
PHeidelb . inv. 401 + PHib. 2, 190 (Pack2 342). Voir à ce sujet M .-H . Marganne, Inventaire T.D.) analytique des papyrus grecs de médecine, Genève 1981, p.40-46 (n° 27).
Malgré l' érudition déployée par Jaeger, il semble qu 'en l'absence de témoi gnage plus explicite , son argumentation , construite sur une chaîne de déductions qui s'appuient les unes sur les autres, n 'ait pas convaincu tous les historiens de la médecine antique, notamment 12 F . Kudlien , « Probleme um Diokles von Karystos » , Sudhoffs Archiv 47 , 1963, p . 456 -464 .
RICHARD GOULET. 114 DIOCLÈS DE CNIDE
F IIIa ?
Philosophe ou historien de la philosophie, auteur de Alatpibal dont Numé nius, dans son Iepi tñs tõv ’Axaðnuaïxőv tpos Mátwva Olaotádews
( fr. 25 des Places, cité par Eusèbe, Praep . Ev. XIV 6 , 6 , 5 ), cite un extrait relatif à la suspension du jugement chez Arcésilas de Pitane (» A 302) : « Alors qu 'en raison de ses pyrrhonismes on l'aurait dit pyrrhonien, le respect de son amant
(Crantor) lui fit continuer d'accepter l' étiquette d 'académicien . Il était donc pyrrhonien, sans le nom ; il n'était pas académicien , sauf cette appellation . Car je ne crois pas ce que Dioclès de Cnide rapporte dans l'æuvre intitulée Entretiens ;
selon lui, c'est par crainte , quand les disciples de Théodore (l' Athée ) et Bion le Sophiste (de Borysthène (- B 32) ] fondaient sur les philosophes et n 'hésitaient pas à les réfuter par tous les moyens, qu ' Arcesilas, pour prévenir les difficultés, n 'aurait avancé aucune opinion voyante mais lancé devant lui, comme la seiche
son encre, la “ suspension de jugement” (TV ÉTOX v ). C 'est donc là ce que je ne
crois pas » (trad. É. des Places). U . von Wilamowitz -Möllendorff, Antigonos von Karystos, Berlin 1881,
Excursus 3, p . 313 n . 23, a proposé d'identifier cet auteur avec Dicaioclès de Cnide (- D 95), auteur lui aussi de Alatpisal, dont un passage du quatre -vingt onzième livre est cité par Athénée XI, 508f, à propos de la tyrannie de l'acadé
micien Euaiôn de Lampsaque, disciple de Platon (D . L . III 46 ). Cette correction du nom de Dioclès est considérée comme certaine par H . von Arnim , art. « Dikaiokles» , RE V 1, 1903, col. 563- 564 : « An beiden Stellen ist eine der platonischen Schule feindliche Tendenz bemerkbar» . Selon von Arnim , cet auteur pourrait être daté du III s. av. J.- C ., mais ni le fragment de Numénius ni le passage d' Athénée ne permettent de datation précise.
Selon M . Lancia , « Arcesilao e Bione di Boristene», dans Lo scetticismo antico, t. I, Napoli 1981, p . 165 n . 1, il s'agirait plutôt de Dioclès deMagnésie (- D 115), dont Diogène
DIOCLÈS DE MAGNÉSIE
775
Laërce cite l''Endpoun TỐv Quooopwv (VII 42 ; 162). Ce rapprochement fondé sur la seule
homonymie fait bon marché de l'origine diverse des deux auteurs. JEAN -MARIE FLAMAND.
115 DIOCLÈS DEMAGNÉSIE RE 50
Source de Diogène Laërce, dont les fragments conservés n 'autorisent pas de datation précise. Études d 'orientation. 1 (E .Martini), art. « Diokles» 50, RE V 1, 1903, col.
798-801 ; 2 J. Mejer, Diogenes Laertius and his Hellenistic background, coll. « Hermes-Einzelschriften » 40 , Wiesbaden 1978 , p. 5 -8 , 42 -45, 80 -81, 91-93 ; 3 U . Egli, Das Diokles- Fragment bei Diogenes Laertios, Konstanz 1981; 4 V .
Celluprica , « Diocle di Magnesia fonte della dossografia stoica in Diogene Laerzio » , Orpheus 10, 1989, p. 58 -79 ; 5 K . Hülser , Die Fragmente zur Dia lektik der Stoiker, t. I, Stuttgart 1987; 6 K . Gaiser, Philodems Academica, p. 110- 113 ; 7 M .- O . Goulet-Cazé, « Le livre VI de Diogène Laërce : analyse de
sa structure et réflexionsméthodologiques », ANRW II 36 , 6 , 1992 , p. 3933-3941 et passim . Titres attestés.
(1) 'Enllopoun tūv ploobowv, Étude sommaire des philosophes : D .L . VII
48.Un troisième livre est cité par D .L . X 11. (2 ) Biou tõv bioobowv, Vies des philosophes : D .L . II 54. C 'est sans doute
le meme ouvrage que designe le titre Περί βίων φιλοσόφων: D . L . I 82 . Ces deux ouvrages sont-ils identiques (commebeaucoup l'ont pensé depuis Nietzsche)? Le premier est-il un abrégé du second ? Mejer 2, p . 80-81 les distin gue nettement en conformité avec sa thèse d 'ensemble d 'une distinction des
genres littéraires de la doxographie et de la biographie avant Diogène Laërce : la
doxographie introduite par Diogène Laërce en VII 148, empruntée à l'Epidromè, consacrerait l'appartenance de cet ouvrage aux traités Iepi aipéoewv. Mais le
passage tiré du livre III de cet ouvrage (en D . L . X 11) n' a rien de doxo graphique.
Dioclès est également cité, sans indication d'auvre, en VI 12 -13, 13, 20, 36 , 87, 91, 99, 103 ; VII 162, 166 , 179, 181 ; IX 61, 65 ; X 12. Gaiser 6 , p. 110-118, suggère d' attribuer à Dioclès quelques sections de l’Index Academicorum .
Identification. 8 E .Maass, De biographis Graecis quaestiones selectae, coll. « Philologische Untersuchungen » 3, Berlin 1880 , p. 8-23 ; 9 Susemihl, GGLA , t. I, p. 47 et 509-510 (« ein Liebling des Meleagros von Gadara, mit dem er wahrscheinlich in Kos verkehrte, als er selbst Jüngling, Meleager aber Greis
war ... » ); 10 D .R . Dudley, A History of cynicism , p. 122 (« Diocles of Magne sia , the friend to whom Meleager dedicated the Garland » ) ; 11 R . Helm , art.
« Menippos» 10 , RE XV 1, 1931,col. 888;Mejer 2 , p .43. L 'identification – généralementacceptée - de Dioclès avec le dédicataire de la Couronne deMéléagre et la datation de Dioclès qui en résulte (jer s. av. J.-C .) reposent sur une interprétation subtile et discutable de D . L . VI 99 .
776
DIOCLÈS DE MAGNÉSIE Diogène commence ainsi sa Vie de Ménippe : « Ménippe, lui aussi cynique, était Phénicien
d 'origine - esclave, comme le dit Achaïcos dans ses Ethiques. Dioclès cependant (ajoute ) que
son maître était de la région du Pont et qu 'il s 'appelait Baton . Mais en quêtant de façon vile (ámpotépov) par amour de l'argent il parvint à devenir Thébain . En vérité (ouv ), il n 'offre rien de sérieux (ortovôatov ) : ses ouvrages regorgent d 'une colossale dérision et sont un peu
du niveau (xal ti loov) de ceux de Méléagre qui vivait de son temps (TO ) Xat' Aútóv ). » Ce passage , ici traduit de la façon la plus littérale, qui présente comme des contemporains Ménippe ( 111 ) et Méléagre (ca 100 ), reposerait, selon Maass, sur une méprise de Diogène Laërce, qui se serait approprié une affirmation de sa source, Dioclès, cité juste avant. Diocles
disait : notre contemporain Méléagre . Diogène aurait transposé: son contemporain ! « Laertius illud xao' nuãc temere in xat' aŭtów transmutando ipse corrupit » (Maass 8 , p . 18 ). Or, la Couronne de Méléagre (une compilation d'épigrammes) était dédiée à un certain Dioclès (cf.
Anth . Pal. IV 1, 3 ; voir aussi XII 257) et Méléagre lui-même reconnaît une certaine dette à l'égard deMénippe (cf. Anth . Pal. VII 417, 3 et 418, 6 ). Dioclès serait donc un contemporain de Méléagre . On voit immédiatement la fragilité de cette construction ! A supposer que Diogène Laërce
ait été assez stupide pour commettre cette bévue et que le xat' aútov ne soit que le vestige d 'un xao' nuãs qui n 'avait de sens que pour sa source, il resterait à établir que cette source
était bien Dioclès. L 'affirmation qui lui est explicitement attribuée (le nom du maître de Ménippe ) se présente en effet comme l'une de ces additions ponctuelles dont le texte de Diogène fourmille. Plusieurs des interventions de Dioclés dans les Vies – on peut dire la
plupart - présentent d'ailleurs ce caractère de variantes ou d 'insertions (voir en ce sens Mejer
2 , p. 42). Étendre son autorité à l'ensemble du passage est donc une pratique illégitime qui a trop souventbrouillé l'interprétation des sources de Diogène Laërce.
Dioclès et DiogèneLaërce. Mejer 2, p.45 (« Diocles was not a main source for Diogenes' book »). 12 H . von Arnim , SVF , t. I, Leipzig 1905, P.XXX-XLIII ; 13 J. Mansfeld, « Diogenes Laertius on Stoic Philosophy » , Elenchos 7, 1988, p . 297-382, notamment p. 351-373 ; 14 D . E. Hahm , « Diogenes Laertius VII : On the Stoics » , ANRW II
36, 6, 1992, p.4076 -4182, notamment (sur Dioclès) p.4147-4151 ; indices: p. 4404-4411.
Dans la vingtaine de citations de Dioclès qui parsèment le texte de Diogène,
la plupart des passages concernent, comme nous l'avons dit, desdétails biogra phiques et se présentent souvent comme des variantes ou des insertions (cf.
Mejer 2, p. 42). On trouve cependant en VI 12 -13 (jusqu'à noylouoTc) sous l'autorité de Dioclès une série de sentences d' Antisthène (qu'il faut distinguer de la doxographie qui précède). En VII 48, Diogène introduit comme exposé détaillé de la logique stoïcienne une citation de l' Epidromè dont l'extension
exacte a été beaucoup discutée : faut-il la limiter au paragraphe 49 ou l' étendre (tout en faisant la part d'additions éventuelles) jusqu 'à la fin de 53 (quimarque la conclusion d 'une section ) ou même la fin de 82, voire à l'ensemble de la
doxographie logique : 41-83? On trouvera dans Celluprica 4 , p. 58 -59, un exa men des positions tenues précédemment par les philologues. Hahm 14 , p.4147
4151,montre que des interprétations encore plus subtiles sont possibles. A partir de ce noyau de fragments nominaux, on a parfois été tenté de retrou ver Dioclès ailleurs dans l'ouvrage. 15 U . von Wilamowitz -Möllendorff (Epist.
ad Maass, p. 154-158) retrouve ainsi sa trace dans la doxographie cynique générale de D . L . VI 103- 105 (voir également 16 W . Crönert, Kolotes und
DIOCLÈS L'ÉRISTIQUE
777
Menedemos, p . 135 ; Goulet-Cazé 7, p. 3941 et 3949) ou dans une notice sur la République de Zénon en VII 4 (cf. Susemihl 9, I, p. 509 n . 94 ). Crönert 16 ,
p. 135 ,est encore plus généreux. Dioclès a connu son heure de gloire philologique avec Nietzsche, qui a consi
déré que Diogène n'avait guère fait plus que résumer cet auteur en le complétant par des insertions ponctuelles. Cf. 17 F .Nietzsche, « De Laertii Diogenis fontibus» , RAM 23, 1868, p.632-653, 24, 1869, p . 181-228 (p . 201 : « Laertius est Dioclis Énitoun » ) ; 18 Id., « Analecta Laertiana» , RhM 25 , 1870, p . 217 -231 ; 19 Id ., Beiträge zur Quellenkunde und Kritik des Diogenes Laertius, Basel
1870 ; ces études sont reprises dans F. Nietzsche, Werke, edd. F . Bornmann et M . Carpitella, Berlin 1982, p . 77-245. Sur cette position de Nietzsche, voir 20 J. Barnes, « Nietzsche and Diogenes Laertius » , Nietzsche- Studien 15 , 1986 , p . 16 -40 ; 21 M . Gigante , Classico e mediazione, Roma 1989, p . 21- 53. Cette thèse a été critiquée par 22 J. Freudenthal,
Hellenistische Studien, III, Breslau 1879, p. 305 sqq., 23 H . Diels, DoxographiGraeci, Berlin 1879, p. 161- 163.
On a mis en rapport avec Dioclès les Réfutations diocléennes de Sotion , dont le douzième des vingt-quatre livres est cité par Diogène Laërce en X 4 , parmi d 'autres sources hostiles à Épicure (xai Ewrlwv ÉV TĄ OwdexáTW TÕV Éttlypa pouévwv Aloxhelwv énérxwv, å éoti 8 tipos torc x '). Cf. 24 F . Wehrli, Sotion, p . 8. Rien ne prouve que Dioclès deMagnésie soit le personnage visé par
Sotion , encore moins que le titre corresponde aux Successions des philosophes de Sotion , commele suppose Crönert 16 , p. 135. RICHARD GOULET.
Iva 116 DIOCLÈS DE PHLIONTE RE 49 ns Le nom de Dioclès de Phlionte figure dans un groupe de pythagoricie de la
dernière génération (Xénophile , Phanton , Échécrates , Polymnastos = DK 53, TC 27), qu’ Aristoxène de Tarente ( > A 417) aurait connus personnellement ; cf. D . L . VIII 46 (= Aristoxène, fr. 19 Wehrli) et Jamblique , V. pyth . 35 , 251; p . 135 , 3-6 Deubner (= Aristoxène , fr. 18 Wehrli ). Ces pythagoriciens auraient conservé les doctrines et les coutumes originelles de l'école (cf. fr. 18 ). En D .L .,
loc. cit., ces pythagoriciens sont présentés comme des auditeurs de Philolaos et d'Eurytos de Tarente . Voir à ce sujet F. Prontera , « Gli ultimi pitagorici» , DArch
9 - 10 , 1976 - 1977 , p. 308-311. Son nom figure dans le Catalogue de Jamblique, V. pyth . 36 , 267; p . 146, 6 Deubner.
BRUNO CENTRONE. 117 DIOCLÈS DE SYBARIS
Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique,
V. pyth . 36 , 267; p. 145, 1 Deubner. BRUNO CENTRONE. 118 DIOCLÈS l'éristique FII Péripatéticien, candidat malchanceux à une chaire impériale de philosophie péripatéticienne à Athènes en 178 . Il concourait contre un autre péripatéticien ,
DIOCLÈS L'ÉRISTIQUE l'eunuque Bagôas (- B 4 ). Les péripéties de l' élection font l' objet du dialogue satirique de Lucien , L'eunuque. Il était âgé à l'époque (§ 4 ). 778
RICHARD GOULET.
119
FV DIODOROS RE 41bles e t i e pécuniaiémdeoraSocrateII ,10qui s v n n e r l'aidCompagnon a a n o , a cl'invite,, ddans uune cconversation rapportée par Xénophon , Mémorables II 10 , à se faire un ami d'Hermogène (RE 21) grâce à
l'aide pécuniaire qu'il lui apporterait. Cf. G . Giannantoni, SSR VI B 54 , p. 636 . RICHARD GOULET.
120 DIODOROS
A . Philosophe mentionné dans l'Ind. Acad. Herc. de Philodeme, col. T 1 -4 . Mekler et Crönert ont pensé que Diodore était cité à propos de Polémon ( cf.
L . Tarán , Speusippus of Athens, Leiden 1981, p . 419 sq .) ; mais M . Gigante , Polemonis Academici fragmenta , Napoli 1977, p . 15 , a démontré que la colonne
du papyrus est étrangère à la biographie de Polémon . K . Gaiser, Philodems Academica, Stuttgart/Bad Cannstatt 1988, p. 118- 119, 188 - 189, 453-458, sug gère plutôt que Diodore était un disciple de Speusippe et que la phrase citée se
rapporterait au maître . B . En ce cas se verrait valorisée l'hypothèse d 'une identification avec
Diodore, l'auteur d’’Anouvnuoveúuata, mentionné en D . L. IV 2, à nouveau à propos de Speusippe. Cf. T. Dorandi (édit.), Filodemo : Platone e l'Academia , p. 40 sq., et W . W . Fortenbaugh et alii (édit.), Theophrastus of Eresus. Sources
for his life, writings, thought and influence, Leiden/New York /Köln 1992, ad fr. 740 .
TIZIANO DORANDI. па 121 DIODOROS Épicurien , mentionné en rapport avec Mithrès dans une lettre d 'Épicure conservée par Philodème, Tractatus (PHerc. 1418 ), col. 31, 16 sq. (fr. 177 Usener = 78 Arrighetti). Sur les identifications envisagées pour ce personnage
(un fils de Mithrès ?), voir G . Arrighetti, Epicuro. Opere, 2e éd., Torino 1973, p . 676. C 'est à tort que C . Diano a cru retrouver un témoignage sur ce Diodore
dans la col. 34 de ce même ouvrage (= fr. 74 Arrighetti; cf. L. Spina, CronErc 7 , 1977, p . 68 ad col. 35 ). TIZIANO DORANDI.
122 DIODOROS
MF IIIa
Stoïcien , disciple de Chrysippe (cf. Philodème, Ind. Stoic. Herc., col. 47, 7 , p . 98 Dorandi) et dédicataire d 'un de ses écrits relatifs à la logique : IIpoc tous
XPLTIXOUS TPDC Albowpov a ' (D .L . VII 20 = SVF II, p. 16 ). TIZIANO DORANDI.
DIODOROS CRONOS
779
DM I 123 DIODOROS cf. RE 43 Épicurien dont Sénèque, De vita beata 19 , 1, évoque le suicide récent ( en 58 ? ) : « Le philosophe épicurien Diodore , il y a quelques jours, a mis fin à sa vie
de sa propre main ; il n 'a pas agi, prétend- on , suivant les préceptes d'Épicure en se coupant la gorge : les uns voient dans son suicide un coup de folie, les autres un acte irréfléchi; pourtant cet homme, heureux et la conscience pure, s'est rendu lui-même témoignage au sortir de la vie ; il a loué la tranquillité de son existence passée au port et à l'ancre et il a dit ce mot que vous avez entendu à contre-ceur, comme si vous étiez obligés d'en faire autant: " J'ai vécu , j' ai fourni la course que le sort m ' a tracée” (Énéide IV 653) » (trad. Bourgery). RICHARD GOULET.
MIV -D II 124 DIODOROS, dit CRONOS RE 42 Philosophemégarique,célèbre surtout pour son activité de dialecticien . Témoignages et fragments. 1 K . Döring, Die Megariker, fr. 96 -143, p. 28
44, soit: données biographiques (fr. 96 - 108) ; arguments attribués à Diodore (fr. 109-110 ) ; le problème du langage et de la signification (fr. 111-115) ; les « corps
sans parties » , Quepñ, et le problème du mouvement (fr. 116 -129) ; la doctrine du possible et la théorie de l'implication, ouvnuuévov (fr. 130 - 143). Il faut ajouter: fr. 76 et 77, fr. 220 ; Sextus, Adv. Math . X 102 (suite du fr. 123 ) ; Cicéron, De fato 6 -7 , 9 (i.e. ensemble du contexte du fr. 132 A ). 2 G . Giannan
toni, SSR , fr. II F 1 -33. Les témoignages sur Diodore proviennent pour l'essentiel de Diogène Laërce et de Sextus. Quelques textes importants chez
Cicéron , Alexandre d' Aphrodise et Simplicius. Mais il faudrait citer aussi
Épictète, Aulu -Gelle , Calcidius, Plutarque, Boèce..., en tout vingt-cinq auteurs différents. Les autorités anciennes invoquées à l' occasion par ces auteurs sont Callimaque (fr. 96 et 128), Hippobote (fr. 103), Timon de Phlionte (fr. 106 , 107
et 104, si l'hypothèse de Döring, p . 126 n . 6 , sur le 60ev de la li. 2 est fondée), Ariston (fr. 107, 108 ) et Philon de Mégare (fr. 101- 102).
Traductions : - italienne par 3 L . Montoneri, I Megarici, Catania 1984,
p .275-299; - française par 4 R . Muller, Les Mégariques, p. 38 -53. Noter que certains textes importants (fr. 117 C , 123, 124, 127 , 130 A , 131, 132 A , 134, 141) sont extraits d 'ouvrages dont il existe des traductions bien connues par
ailleurs (Aristote , Épictète, Plutarque, Sextus). Datation . Une allusion de Callimaque (fr. 96 ; voir Döring 1, p . 125 : l'épi gramme de Callimaque a été écrite au plus tôt dans les années 80 du IIIe siècle
av. J.- C et elle doit, pour conserver tout son sel, viser un vivant), ainsi que des polémiques probables avec Aristote invitent à situer la vie de Diodore entre le milieu du IVe siècle et le début du MI® ; néanmoins le fr. 99 (un échec dialectique
de Diodore face à Stilpon , en présence de Ptolémée , entraînant la mort par dépit
du premier) obligerait à placer sa mort peu après 307a (occupation de Mégare par Ptolémée). Les polémiques avec Aristote ne sont pas attestées ; mais, en ce qui concerne le mouvement, comparer Phys. VI 1 et VI 10 ; 240b 20 - 241 a 14,
avec les fr. 123 et 129 (dans le même sens voir 5 F . Caujolle-Zaslawsky, « Le
780
DIODOROS CRONOS
temps épicurien est-il atomique ? » , EPh 1980, p . 301); pour ce qui est du possible , voir les fr. 130 A (et tout le contexte, i. e. Metaph. IX 3 -4 ), 135, 137 ,
139, et peut-être De interpr. 9. Euvres. Bien que Diodore soit le philosophe mégarique sur la doctrine
duquel les témoignages sont les plus abondants ( quatorze pages dans l'édition de Döring 1),aucune cuvre déterminée ne lui est attribuée (cf. le titre de Döring 1, p . 31 : « Lehre » , au lieu de « Schriften und Lehre » pour les autres grandsméga riques), si l' on excepte l'allusion de Cicéron à une « discussion » Tepl Duvatőv (fr. 132 A , li. 14).
École d 'appartenance, disciples , influence. Comme plusieurs autres
« mégariques » (Euphante, Eubulide, Alexinos, Apollonios), Diodore n 'était pas Mégarien de naissance : originaire d’Iasos (fr. 96 et 98) en Carie , et sans doute attiré à Mégare par la réputation des philosophes du lieu, il y eut pour maître Apollonios Cronos ( - A 276 ] ( fr. 96 -98 ), dont il hérita le surnom (vraisem blablement laudatif à l'origine, tant pour Apollonios que pour Diodore, avec le sens de « rusé, retors comme Cronos » ; la plaisanterie de Ptolémée, fr . 99, consisterait à retourner ce surnom en mauvaise part, en lui donnant le sens plus
courant de « vieux radoteur» : cf. Aristophane, Nuées, v. 929). Diodore enseigna vraisemblablement à Mégare (cf. plus haut la joute dialectique avec Stilpon , fr. 99, qui a pu avoir lieu non en Égypte, Stilpon ayant refusé d' y suivre Ptolé mée , fr. 150, mais sans doute à Mégare même, quand Ptolémée occupait la ville,
en 308/7) ; pourtant aucun document formel ne permet de l' établir. Ce point en lui-même secondaire n 'est pas sans rapport avec le problème de l' école à
laquelle il convient de rattacher Diodore. La tradition recueillie par Diogène Laërce (II 111- 112 = fr. 96 , 99, 109) le range parmi les mégariques, avec les successeurs d'Euclide et avant Stilpon. A l'encontre de cette tradition commu
nément acceptée, 6 D . Sedley, « Diodorus Cronus and Hellenistic philosophy» , PCPHS 23, 1977, p. 74- 120 (et notamment p. 74 -78 ), fait de Diodore le principal représentant d 'une École dialectique distincte de l'École de Mégare (ses autres membres connus étant Denys de Chalcédoine et Philon ). Son argumentation repose sur l'hypothèse d'une confusion entre la notion de diadochè, sorte d 'ar
bre généalogique construit par les biographes hellénistiques, et celle de hairesis, véritable école unifiée et reconnue comme telle par ses membres. Ainsi, lorsque Diogène Laërce dit que les « successeurs » (oi ånó) d 'Euclide ont été appelés mégariques, puis éristiques et finalement dialecticiens (fr. 31), il ne s'agirait pas d 'une même école mais d 'une généalogie . Pour preuve, la rivalité entre
mégariques et dialecticiens à l'époque de Stilpon , puisque ce dernier enlève des élèves aux dialecticiens (fr. 164 A ). Contre Sedley, 7 K . Döring, « Gab es eine
dialektische Schule? » , Phronesis 34, 1989, p. 293-310, maintient que les dialecticiens dont il est ici question sontbien des mégariques : d 'abord parce que ces derniers sont souvent soit désignés par les Anciens commedialecticiens, soit clairement visés pour leur pratique éristique et négative de la dialectique ; ensuite parce que la notion d ’école n 'a , en l'occurrence, qu ’un sens très relatif (voir les notices « Diphilos du Bosphore » et « Clinomaque » ) et que par suite la
781
DIODOROS D 'ALEXANDRIE
rivalité entre philosophes ne prouve pas qu 'ils appartenaient à des écoles diffé rentes. On ajoutera que certaines affinités doctrinales (notamment sur la notion de possible , cf. Döring 7 , p . 300 -301) rapprochent de toute manière Diodore des mégariques et invitent à maintenir l'affiliation traditionnelle. Il eut commedisci
ples, outre ses cinq filles (fr. 101-102), Philon de Mégare (conjecture d 'après le fr. 104 ), Zénon le jeune ou de Sidon (fr. 104 - 105), personnage distinct de
l'épicurien de même nom , et surtout Zénon de Citium (fr. 103-105), dont on nous dit qu 'il étudia notamment la dialectique auprès de Diodore. Cette préci sion n 'est pas sans signification pour l'histoire de la logique, les spéculations des mégariques en la matière, et celles de Diodore en particulier (fr. 140- 143),
devant être considérées comme la source et la première ébauche de ce que nous désignons ordinairement par le nom de « logique stoïcienne» (cf. 8 R . Blanché, La logique et son histoire d 'Aristote à Russell, Paris 1970, p. 91).
Études d'orientation et bibliographie . Aux articles déjà anciens de 9 P .Natorp, RE V 2, 1903, col. 705 -707, et de 10 K . von Fritz , art. « Mega riker» , RESuppl V , 1931, col. 707-724, on préférera désormais les mises au point et bibliographies de Döring 1 , p . 124 -138 , de Giannantoni 2 , t. IV , p. 73
81, ainsi que l'article de Sedley 6, p. 74- 120 (dont une petite partie seulement a pour objet le problème de l'école dialectique, le reste constituant une mono
graphie très complète sur Diodore ). Il faut en outre signaler l' existence d'un très grand nombre d'articles (ou chapitres, ou paragraphes) consacrés à ce qui passe - en partie à tort - pour la contribution la plus fameuse de Diodore à la logique, l'argument Souverain (XUPLEÚwv Móyos) et la doctrine des modalités ( fr. 130 139).Mais la plupart de ces travaux relèvent plus de la logique que de l'histoire
de la philosophie . Étude d ' ensemble dans Muller 4 , p. 141-158 , et 11 Id.,
Introduction à la pensée desMégariques, Paris/Bruxelles 1988. ROBERTMULLER .
125 DIODOROS D 'ADRAMYTTION RE 28
Італа
Académicien, élève de Charmadas (2- C 100 ), et rhéteur. Il fut stratège d 'Adramyttion et allié de Mithridate. Le témoignage de l' Ind. Acad. Herc. de
Philodème, col. 35 , 39 -42, complète celui de Strabon XIII 66 . Cf. H . Willrich, RE VI 1, 1903, col. 660, T . Dorandi, CronErc 16 , 1986 , p . 117, et T. Dorandi (édit.), Filodemo: Platone e l'Academia , p . 82. TIZIANO DORANDI.
126 DIODOROS D 'ALEXANDRIE Académicien, disciple de Téléclès (?), dont l'existence est déduite par Crönert, Kolotes und Menedemos, p. 180 , d 'un passage du Lexique de Suidas, A
1150 (t. II, p . 103 Adler): Albowpoç, d Oủaréploc ÉTTLXAndels, piłboodoç, μαθητής Τηλεκλέους, Αλεξανδρεύς, υιός Πωλίωνος του φιλοσόφου του
γράψαντος την Αττικήν λέξιν γεγονώς επί του Καίσαρος 'Αδριανού, passage où, selon ce savant, seraient confondus à cause de leur commune origine
ethnique deux personnages: le grammairien de l'époque d'Hadrien (cf. W .
782
DIODOROS D 'ALEXANDRIE
Schmid, art. « Diodoros » 46 , RE V 1, 1903, col. 708) et le philosophe, disciple de Téléclès (il est utile de comparer avec Suidas, Lex. s. v. Iwiwv, II 2166 , t. IV , p . 185 Adler). TIZIANO DORANDI.
127 DIODOROS D 'ALEXANDRIE RE 53
Ta
Mathématicien que l'on peut situer entre Posidonius (dont il semble
prolonger l'enseignement) et Eudore d'Alexandrie (qui le cite ). Selon 1 J. Martin , Histoire du texte des “ Phénomènes" d 'Aratos, Paris 1956 , p . 90 , « il écrivit très probablementun commentaire des phénomènes» qui aurait
été vulgarisé par Eudore. 2 E. Maass, Aratea, coll. « Philologische Unter suchungen » 12 , Berlin 1892, p . 159, le désigne comme stoïcien. Il faut le distin guer de son homonyme, destinataire du Ilpos Albowpov de l'astronome du IIIe s. av. J.- C . Dosithéos (Théon, Vita Arati III, p . 149, 6 - 7 Maass = p . 16 , 18 -19 Martin ). Voir 3 Fr. Hultsch , art. « Diodoros » 55 , RE V 1, 1903, col. 713.
Il est cité nommément quatre fois dans le commentaire d ’Achille sur les Phénomènes d 'Aratos.
1. Achille, Isagoga excerpta 2 (p. 30, 20 -29 Maass ), rapporte, à travers « Eudore le philosophe », l' enseignement de Diodore d 'Alexandrie, « le mathé maticien » , sur les rapports entre la « physiologie » et les mathématiques. « Les
mathematiques ont pour objet de recherche τα παρεπόμενα τη ουσία, par exemple la cause et le fonctionnement des éclipses, tandis que la physiologie
s'intéresse à l'oủoia , se demandant quelle est la nature du soleil, s'il est une masse incandescente comme le veut Anaxagore, du feu comme le veulent les stoïciens, ou , comme chez Aristote, une quinte essence n 'ayant rien de commun avec aucun des quatre éléments , essence inengendrée, incorruptible et im muable. (Il disait) de fait que ces disciplines différentes étaient liées entre elles
(ÉTTITETNÉXOai), chacune ayantbesoin de l'autre .»
2. Ibid ., 5 (p . 35 , 29– 36 , 7) : Diodore produisait six significations différentes du motxoquoc. 3 . Ibid ., 10 (p. 39, 6 - 9) : Définition d 'åorno proposée par Diodore. Achille commente : « C 'est la même définition qu 'avant lui (npò aútoð ) avait donnée Posidonius le stoïcien » (p . 39, 9- 10). Voir Posidonius, fr. 128 Edelstein -Kidd;
Diels, DoxographiGraeci, p. 19-22. 4. Ibid., 14 (p. 41, 17-20): à propos de la différence entre åorno (astre ) et Gotpov (constellation), Achille rappelle que « Diodore et les autres mathéma ticiens » en appelaient à l' exemple de Platon ( Timée 40b) qui employait cotpa
pour désigner les sept planètes. Voir aussi p. 179, 4 -5 Maass = p.48,17 -49,5 (Lat.) Martin : « Zenodotus Aetolus et Diodorus» . « Les attributs du Zeus naturel, considéré comme une force physique, peuvent parfaitement convenir au Zeus de la mythologie tradi
tionnelle » (Martin 1, p. 30 -31). Des explications aux vers 59-60, 223 et 254-255
783
DIODOROS D 'ASPENDOS
d 'Aratos sont empruntées à Diodore: p . 97, 4 -5 Martin (o manuatixOS Albdwpos) ; p. 97, 12-13 ; p . 184, 2 ; p . 203, 9. Diodore avait écrit un ouvrage présenté comme un 'Avárnuva : Pappus, Synagoge IV 27, 40, t. IV , p . 246, 1 Hultsch ; Proclus, Hypot. astron. IV 54
(103), p . 112, 2 Manitius (cf. Ptolémée, t. IV ) : oi td åvarnuuata np @ TOL YpábavTES, GOTTep Albdwpoç. Anaritius, In decem libros priores elem . Euclid .
(suppl. à l'édition Heiberg etMenge 35, 1 ;65, 23 Curtze). Un passage sur la voie lactée a été conservé par Macrobe, In Somn. Scip. I 15 , 4 = Posidonius, fr. 130 Edelstein -Kidd. Pour d'autres références de caractère astronomique, voir 4 F . Hultsch, art. « Diodoros» 53 , RE V 1, 1903, col. 710 -712. Cf. Susemihl, GGLA, t. I, p. 776 .
RICHARD GOULET. 128 DIODOROS D 'ASPENDOS RE 40
Iva
Il est dit chez Jamblique , V . pyth . 36 , 266 ; p . 143, 4 - 7 Deubner, qu 'auprès d ' Arésas de Leucade ( - A 326 ) , scholarque pythagoricien , vint Diodore d 'Aspendos, qui fut accueilli dans l' école parce que les pythagoriciens étaient peu nombreux . Revenu en Grèce , Diodore aurait divulgué les sentences pytha goriciennes. La venue de Diodore chez Arésas est datée par 1 A . Rostagni, « Le
vicende della scuola pitagorica secondo Timeo » , AAT 49, 1914 , p. 562-563 (repris dans Scritti minori, II 1 : Hellenica e Hellenistica, Torino 1956 , p. 38, 41 sq.), vers 350 av. J.- C . Diogène Laërce VI 13 cite le témoignage du troisième livre des Aladoxal de Sosicrate (fr. 15 Giannantasio Andria ), selon lequel la coutume de doubler son manteau remonterait à Diodore d ' Aspendos. Celui-ci se serait également laissé pousser la barbe et aurait porté le bâton et la besace (cf. aussi Athénée IV , 163 f
164 a ). Hermippe (fr. 24 Wehrli = Athénée IV , 163 e) rapporte lui aussi que l'habitude de porter les cheveux longs fut introduite par Diodore. Athénée encore une fois (IV , 163 e- f) cite le xie livre des Histoires de Timée (FGrHist 566 F 16 ), où l'on rapporte que Stratonicus avait envoyé à Diodore un
message ainsi adressé : à l’acolyte de Pythagore qui a , grâce à la folie de son costume de peau et son arrogance, un portique plein d 'auditeurs. Archestratos
(fr. 23, 18 sqq. Brandt) présentait Diodore comme un pythagoricien pratiquant le végétarisme. Ces traits permettent de reconnaître en Diodore un représentant typique de la tendance acousmatique du pythagorisme, qui fut ensuite confondue avec le
cynisme ; voir 2 W . Burkert, Weisheit und Wissenschaft. Studien zu Pythagoras, Philolaos und Platon, Nürnberg 1962, p . 196 (et n .61)- 198 .
D 'après Claudien Mamert, De statu animae 2 , 7 , Diodore aurait soutenu l'incorporéité de l'âme. BRUNO CENTRONE .
DIODOROS D 'ÉPHÈSE
784
129 DIODOROS D 'ÉPHÈSE Source de Diogène Laërce en VIII 70 . Il rapportait, à propos d 'Anaximandre (DK 12 A 8 ), qu'Empédocle (DK 31 A 1) imitait son arrogance théâtrale et sa façon solennelle de se vêtir. Comme l'ont déjà vu Croenert, Kolotes und Menedemos, p. 3, et Mejer,
Diogenes Laertius, p. 26 , il est probable que le nom d'Anaximandre a été écrit par erreur pour celui d' Anaxagore . Il s'agirait d' une mauvaise lecture d 'une
abréviation du nom , comme le phénomène se produit ailleurs chez Diogène Laërce (cf. Mejer, p . 26 , qui signale une erreur semblable entre ces deux noms en II 1). En VIII 56 , Diogène écrit en effet qu 'Empédocle fut l'auditeur
d ' Anaxagore et de Pythagore: « il imita la solennité (OeuvÓTnta ) du premier dans le mode de vie et l'habillement, la physiologie du second » .
RICHARD GOULET. 130 DIODOROS D 'ÉRÉTRIE
Personnage mentionné par Hippolyte dans le chap. 2 du premier livre de l'" Eleyxoc (ou Refutatio ), chapitre entièrement consacré à Pythagore: men
tionné par cette unique source, Diodore d 'Érétrie n'est guère qu 'un nom , et le personnage qu'il désigne est particulièrement difficile à situer et à dater.
Hippolyte s'appuie sur le témoignage de Diodore d 'Érétrie, qu'il associe à celui d' Aristoxène (Albowpos oè ó 'EpETOLEÙS xal 'ApLOTÓEEVOC O UOVOLXOS
paol ...) pour affirmer que Pythagore serait allé suivre l'enseignement de Zaratas ( scil. Zoroastre). Celui-ci aurait transmis à Pythagore une doctrine consistant en une cosmogonie dualiste (articulée selon des couples opposés : père/mère, lumière/ombre, chaud /froid , sec/humide, léger/lourd, rapide/lent) et lui aurait enseigné que l'organisation d 'ensemble du monde sensible dépend des
deux principes fondamentaux que sont le “mâle ” et le “ femelle” . Zoroastre aurait aussi enseigné à Pythagore la doctrine de l'harmonie cosmique.
Pour le texte (Hippolyte, " Enerxoç I 2, 12-13), voir 1 M . Marcovich (édit.), Hippolytus, Refutatio omnium haeresium , coll. PTS 25, Berlin 1986 , p. 60 , lignes 47 -60 . Ce texte est également cité et commenté par 2 J. Bidez et F . Cumont, Les Mages hellénisés, Paris 1938 , t. II, p . 63 -66 . On peut encore le trouver dans les fragments d 'Aristoxène édités par 3 Fr. Wehrli, Aristoxenos, coll. « Die Schule des Aristoteles » 2 , Basel 1945 (rééd. 1967), p . 11, fr. 13.
L'identité de ce Diodore d'Érétrie est, jusqu 'à présent, demeurée une énigme. Voir 4 Isidore Lévy, Recherches sur les sources de la légende de Pythagore, coll. « Bibl. de l'École des Hautes Études, sc. relig.» 42, Paris 1926 , p. 82 :
« Nous ne savons rien de Diodore d 'Érétrie, qui reste, avec Alexandre Poly histor, le plus ancien témoin de la légende de Pythagore élève de Zaratas. » Diverses identifications ont été suggérées : Lévy 4 , p . 82 n . 6 : « Faut-il l'iden tifier au Diodore ( D 120 ), auteur d 'Apomnèmoneumata dont Diogène Laërce
II 2 transcrit une appréciation sur Speusippe, ou avec le Diodore d 'Éphèse ( - D 129), qui, suivant Diogène Laërce VIII 70 , a écrit sur Anaximandre ? »
Bidez et Cumont 2 , p. 64 n . 1 : « Serait-ce le Diodore cité chez Porphyre, In
DIODOROS D 'ÉRÉTRIE
785
Ptolem . Harmon ., p . 92.26 Düring ? » 5 J. Bidez, Eos ou Platon et l'Orient, Bruxelles 1945 , p . 16 -17 (avec la note 19, reportée p . 159 ), croit pouvoir trouver dans « le contexte » d 'Hippolyte des raisons pour interpréter l'épithète 'Epe TPLEús comme désignant « la secte de Diodore et non son pays d 'origine » : si l'on suivait cette fragile hypothèse , on pourrait voir en Diodore un représentant de l'École d 'Érétrie fondée par Ménédème. Le texte d 'Hippolyte doit, certes, être compté parmiles témoignages dont nous disposons sur les relations entre le pythagorisme ancien et l'Orient.Mais il
s'agit manifestement d' une compilation, qu'Hippolyte lui-mêmea dû constituer sur la base d'une compilation antérieure, ce qui en rend l'interprétation très délicate. Pour une étude et une interprétation approfondies du texte , cf. 6 W . Spoerri, « A propos d 'un texte d'Hippolyte » , REA 57, 1955, p . 267-290 (article muni d 'une riche bibliographie ) : le texte est examiné depuis les premiers mots du § 12 jusqu 'au début du § 14 , avec les lignes quimentionnent l'interdiction pythagoricienne de manger des fèves et la rapportent à Zoroastre, puis qui
évoquentla démonstration par Pythagore de la nature particulièrement vénérable des fèves et de leur parenté avec l'homme. A propos de Diodore , la question fondamentale , qui n 'a toujours pas été tranchée , est d 'ordre chronologique: doit-on comprendre le texte d 'Hippolyte en supposant qu'Aristoxène a cité Diodore, ou est-ce l'hypothèse inverse qui est la plus plausible ? Pour l'antériorité de Diodore sur Aristoxène, cf. 7 R . Reitzen stein , Die Göttin Psyche in der hellenistischen und frühchristlichen Literatur,
Heidelberg 1917, p. 35; Bidez 5, p . 16 . Les partisans de l'antériorité d'Aristoxène sur Diodore semblent cependant plus nombreux et leurs arguments
plus solides. Ainsi, Lévy 4 , p . 82 : « Il faut admettre qu ’Hippolyte a transcrit
Diodore citant Aristoxène, ou plutôt encore – l'écrivain chrétien devant mani festement son information à une compilation savante – qu 'il a trouvés rassem
blés des matériaux provenant de Diodore d 'Érétrie et d ' Aristoxène, et qu 'il les a amalgamés. La part d ' Aristoxène dans le mélange semble minime et se réduit sans doute à la phrase elval Dé ... évapuóVLOV » ; la même hypothèse est défendue par Wehrli 3 , p . 51, et par 8 A . Delatte, Faba Pythagorae cognata ,
dans Serta Leodiensia.Mélanges de philologie classique publiés à l'occasion du Centenaire de l'Indépendance de la Belgique, coll. « Bibliothèque de la Faculté de Philosophie et Lettres de l'Université de Liège» 44, Paris 1930, p . 33-57
(voir particulièrement p . 34 et 42-43) ; Spoerri 6 penche, lui aussi, pour l'anté riorité d'Aristoxène par rapport à Diodore, « car il serait curieux que ne fût pas mieux connu un auteur qui, avant Aristoxène déjà, eût traité du pythagorisme> (p . 270 n . 4 ). « Il y a des chances pour que ce soit Diodore qui ait cité Aristoxène ou que des matériaux provenant et de Diodore et d ' Aristoxène aient été amalgamés par Hippolyte ou par un compilateur inconnu » (p . 272 et n . 8 ) .
JEAN-MARIE FLAMAND .
786
DIODOROS DE SICILE
131 DIODOROS DE SICILE RE 38
Historien de l'époque de Jules César, auteur de la seule histoire universelle en langue grecque (intitulée Bibliothèque historique) qui nous soit parvenue en assez bon état de préservation .
Éditions. Quant aux éditions de l'ensemble de la Bibliothèque, celle de
1 P . Wesseling, Bibliothecae historicae libri qui supersunt, Amsterdam , 2 vol. in -fol. 1746, reste fondamentale . En effet, elle est encore aujourd 'hui la seule édition commentée de l'ensemble de la Bibliothèque . A son époque fut très utile celle de 2 L . Dindorf , Diodori Siculi Bibliothecae historicae quae supersunt,
Leipzig , Weidmann, 4 vol., 1826 , qui a connu une deuxième édition ( 3 Leipzig, Hartmann , 5 vol., 1828 - 1831) et qui a été la base de l'édition réalisée par
4 C .Müller pour la collection Didot: Diodori Siculi Bibliothecae historicae quae supersunt, ex nova recensione Ludovici Dindorfii, graece et latine, Paris, 2 vol., 1842 - 1844 ; elle est connue souvent comme la 3e édition de Dindorf. Son
intérêt principal réside dans la traduction latine qui l'accompagne. Ces éditions, avec celle de 5 I. Bekker (Leipzig, Teubner, 4 vol., 1853- 1854) et la 4°de
6 Dindorf (Leipzig , Teubner, 1866-1868), ont servi de base à l'édition de la Bibliothèque qui reste encore aujourd 'hui la plus importante , celle de 7 F . Vogel
et C . T . Fischer chez Teubner (Leipzig, 5 vol., 1887- 1906), qui contientles livres 1 -20 (le vol. VI, qui complète la réimpresion de l'édition Vogel-Fischer parue à Stuttgart en 1964, ne fait que reproduire le vol. V de la 4e édition de Dindorf). D 'autre part, l'édition de la « Loeb Classical Library » , en 12 vol., London /
Cambridge (Mass.) est remarquable, notamment par la traduction anglaise qui l'accompagne: 8 C .H . Oldfather (vol. 1, 1933; 2, 1935 ; 3, 1939 ; 4 , 1946 ; 5 , 1950 ; 6 , 1954) - 9 C . L . Sherman (vol. 7, 1952) - 10 .C .B .Welles (vol. 8 , 1953) 11 R . M .Geer (vol. 9 , 1947 ; 10 , 1954) - 12 F . R . Walton (vol. 11, 1957 ; 12 , 1967, avec un index très utile de Geer). Enfin , dans la « Collection des Univer sités de France » , Paris, ont été déjà édités les livres I (13 P . Bertrac et Y . Vernière , 1993), III (14 B . Bommelaer, 1989), XII ( 15 M . Casevitz, 1972 ), XV ( 16 C . Viai, 1977), XVII (17 P . Goukowsky, 1976 ) , XVIII (18 P . Goukow
sky, 1976 ) et XIX (19 F . Bizière, 1975). Le t. I, outre l' édition du livre I de Diodore , contient une riche introduction générale de F . Chamoux et P . Bertrac.
Le premier s 'occupe de l'auteur et de son œuvre , tandis que le deuxième présente une étude détaillée du texte . Il faut rappeler aussi 20 M . Casevitz , Diodore de Sicile. Naissance des dieux et des hommes. Bibliothèque Historique, Livres I et II. Introduction, traduction et notes, coll. « La roue à livres » , Paris 1991. Études. 21 E . Schwartz, art. « Diodorus » 38, RE V 1, 1903, col.663-704
(repris dans Griechische Geschichtschreiber, Leipzig 19592, p . 35-97, avec la mise à jour de quelques références) ; 22 G . Busolt, « Diodors Verhältnis zum
Stoicismus» , JKPh 139, 1889, p . 297-315 ; 23 J. Palm , Über Sprache und Stil des Diodoros von Sizilien. Ein Beitrag zur Beleuchtung der hellenistischen
Prosa, Lund 1955 ; 24 W . Spoerri, Späthellenistische Berichte über Welt, Kultur und Götter, coll. « Schweizerische Beiträge zur Altertumswissenschaft » 9 , Basel
DIODOROS DE SICILE
787
1959 ; 25 R . Drews, « Diodorus and his sources» , AJPh 83, 1962, p . 383- 392 ;
26 A . Burton , Diodorus Siculus. Book I. A commentary , coll. EPRO 29, Leiden 1972 ; 27 K . S. Sacks, Diodorus Siculus and the first century, Princeton 1990 ;
28 F . Chamoux, Diodore de Sicile. Bibliothèque historique. Introduction géné rale, CUF, Paris 1993, p. VII-LXXVI. Les seuls témoignages dignes de foi que l'on possède sur la vie de Diodore sont ceux que l'on peut tirer de son cuvre. Dans un passage du proème général ( I 4 , 4), Diodore rapporte que son lieu de naissance a été Agyrion en Sicile et,
dans un autre passage (I 4, 1), il affirme que, pour la réalisation de son œuvre, il a dû accomplir plusieurs voyages importants. Certaines erreurs géographiques évidentes ont poussé de nombreux chercheurs à douter de la réalité de tels
voyages, lesquels, d'après la plupart des auteurs, se seraient réduits à une visite en Égypte vers 56 av. J.-C .ainsi qu'à un long séjour à Rome. 29 J.Hornblower, dans un livre d 'une très grande importance, Hieronymus of Cardia , Oxford 1981, p . 25 , tire de la présence dans d'autres æuvres historiques de ce même
motif des longues années de préparation la conclusion qu'il s'agit d'un lieu commun . La nature conventionnelle du proème général de la Bibliothèque historique avait été déjà reconnue auparavant, notamment par 30 A . D . Nock ,
« Posidonius» , JRS 49, 1959, p . 1 -15, notamment p. 5 (repris dans Id ., Essays on
religion and the ancient world , édit. par Z. Stewart, t. II, Oxford 1972, p. 853 876 , notamment p . 860 ). Une allusion au séjour en Égypte effectué au cours de
la 180€ Olympiade (60/59 -57/56 av. J.-C .), de même que le témoignage de la version latine faite par Jérôme de la deuxième partie de la Chronique d'Eusébe
(p . 155 Helm ) qui place le floruit de Diodore dans l' année 49 av. J.-C ., permet tent de situer la date de naissance de notre historien vers 90 av. J.- C. L'événe
ment historique le plus récent mentionné par Diodore (en XVI 7, 1) est la fondation par Octave d' une colonie romaine à Tauroménion (Taormine), que
l'on place couramment en 36 av. J.-C .; on en conclutgénéralement que Diodore serait mort vers 30 av. J.-C . (Sacks 27, p . 16 sqq.)
L 'euvre. Hornblower 29 a cherché à voir dans certaines particularités de la Bibliothèque historique des indications au sujet de sa nature véritable , à com mencer par une réflexion importante sur le titremême. Elle constate notamment (p . 22), à la suite de 31 B . Farrington, Diodorus Siculus, universal historian , Swansea 1937, p . 5 , que le titre Bibliothèque est étrange, ou du moins excep
tionnel, pour une œuvre historique. Il ne fait cependant pas de doute que le mot « Bibliothèque » faisait partie du titre de l'euvre de Diodore, car on possède, à ce sujet, le témoignage incontestable de Pline l'Ancien ( N .H . praef. 25) : apud
Graecos desiit nugari Diodorus et Bißioonwens historiam suam inscripsit. Les deux ouvrages de l'Antiquité gréco-romaine qui portent le titre de Bibliothèque, l'un faussement attribué à Apollodore , l'autre dû au patriarche Photius, présen tent un caractère de compilation . Étant donné que tel est le caractère des autres
ouvrages cités par Pline lorsqu'il fait référence à la Bibliothèque historique, Hornblower 29 , p. 23 sq., conclut que Diodore a donné de propos délibéré à son
ouvrage un titre modeste et que dans l'Antiquité on considérait la Bibliothèque
788
DIODOROS DE SICILE
comme une compilation . Mais le problème est loin d' être résolu et, en ce qui concerne la question de la modestie, Hornblower elle-même reconnaît (p. 24 ) que les prétentions de Diodore dans son proème sontbeaucoup plus élevées. Laméthode la plus indiquée pour aborder l' étude de la Bibliothèque est de suivre le fil que l'auteur lui-même nous a laissé dans son Proème général (I 1
9). Burton 26 , p. 37, souligne le fait que l' éloge du genre historique offert par ce proème est marqué par une éloquence qui l'emporte sur les autres éloges de l'histoire légués par l'Antiquité (cf. Vernière 13, p. 3) et sur les autres sections de l'euvre de Diodore. Burton , suivant 32 F. Jacoby, FGrHist IIc, Berlin 1926 , p. 43 (commentaire du fragment 8 d'Éphore), distingue trois thèmes principaux : (a ) l'histoire offre à tout le genre humain le fruit de l'expérience d'autres hommes sans l' épreuve des malheurs; (b ) elle pousse les hommes vers la vertu ,
dans la mesure où elle leur inspire le désir de l'immortalité et leur offre la possibilité de l'acquérir (I 2, 1-4 ); (c) elle contribue au pouvoir de la parole ,
puisqu 'elle est, pour Diodore, la forme idéale de littérature (I 3, 1-8 ). 33 M . Kunz, Zur Beurteilung der Proemien in Diodors historischer Biblio
thek, Zürich 1935 , qui a fait l'examen détaillé de cette partie de la Bibliothèque (p . 73 sqq.), en arrive à la conclusion (p. 77 sq.) que Diodore n'apporte rien de nouveau, mais qu 'il s'est borné à employer des lieux communs de l'historio graphie hellénistique ; il reconnaît, en revanche, une influence concrète de Polybe, mais tout en soutenant que la composition globale est l'affaire de Diodore lui-même. A son tour, Burton 26 , p. 38 , ajoute un argument intéressant
d 'ordre psychologique: le fait qu'il semble bien improbable que Diodore ait utilisé une source concrète dans les chapitres initiaux de son introduction . Il faut, en effet, à son avis, lui reconnaître au moins une certaine originalité au début de son ouvrage monumental. 34 D . Earl, « Prologue-form in ancient historio graphy » , dans ANRW II, 1972, p . 843, met l'accent à nouveau sur le caractère traditionnel de certains éléments du proème général. La tendance aujourd 'hui est
bien de considérer que dans la plus grande partie de ce proème Diodore a réélaboré personnellement une suite de topoi consolidés depuis longtemps. D 'ailleurs, cette interprétation a été appuyée par les résultats du travail de Palm 23 (cf. le c.r. de 35 A . Debrunner, Gnomon 28, 1956 , p. 586 -590 ), où l'auteur présente , en effet, des arguments de poids en faveur de l'homogénéité stylistique de l'euvre de Diodore. On peut se demander si cette analyse est correcte en ce qui concerne le thème
de la Divine Providence, lié à celui de la parenté de l'espèce humaine comme
justification de l'entreprise des auteurs d 'histoire universelle , tel que l'expose Diodore dans I 1, 3 : « Au contraire , la compréhension des échecs et des succès
d'autrui que permet l'histoire comporte un enseignement sans l'épreuve des malheurs . Ensuite , ces auteurs (scil. les auteurs d 'histoire universelle ) se sont
efforcés de réunir sous un ordre unique tous les hommes, qui participent à une mutuelle parenté ,mais sont distants par les lieux et les époques: ils sont devenus pour ainsi dire des serviteurs de la divine providence » (trad. Casevitz 19, p. 9). Au moins depuis Busolt 22 , on a souvent reconnu une influence directe de
DIODOROS DE SICILE
789
Posidonius sur ce passage. Cette opinion a bénéficié notamment du soutien de 36 K . Reinhardt, Kosmos und Sympathie. Neue Untersuchungen über Posei
donios,München 1926 , p. 184, ainsi que de celle de 37 M . Pohlenz, Die Stoa, Geschichte einer geistigen Bewegung, t. I, Göttingen 1948 ', p. 213, et t. II,
1949), p. 105, 122,tandis que Jacoby 32, p . 163 (commentaire des fragments de Posidonius), préfère laisser la question ouverte. 38 R . Laqueur, « Diodorea » , Hermes 86 , 1958, p . 257- 290, notamment p . 289, a tendance à accréditer la thèse de l'origine posidonienne de I 1, 3, alors qu 'il avait précédemment considéré, en
général, Éphore comme la source d 'inspiration du proème (cf. 39 Id., « Ephoros :
Die Proömien » , Hermes 46 , 1911, p. 161-206 , notamment p. 161 sq.). En revanche, l'hypothèse de Reinhardt 36 a été sévèrement critiquée par Nock 30 ,
p. 5 ( = Essays..., p .860), qui rejette l'influence de Posidonius, non seulement dans ce passage mais dans le proème en général, avec la phrase , devenue célè bre : « it is the proem style of a smallman with pretentions» . Comme l'observe à juste titre Sacks 27 , p . 80 n . 18, Nock n 'était arrivé à l'idée que Diodore lui même pouvait être l'auteur du proème que lorsqu 'il s ' était persuadé que la qualité de ce développement n ' était pas aussi remarquable qu 'il le croyait
auparavant.
Du passage I 1 , 3 s 'est occupé en détail 40 K . Schmidt, Kosmologische Aspekte im Geschichtswerk des Poseidonios, coll. « Hypomnemata » 63, Göttin
gen 1980, p. 73-75, qui défend l'hypothèse de Reinhardt 36 face à l'objection la plus grave posée par Nock, à savoir qu'unedéclaration de caractère universaliste
analogue à celle de I 1, 3 cadrerait mal dans l'euvre historique de Posidonius, qui n 'était pas une histoire universelle mais une histoire contemporaine, cou vrant à peu près une soixantaine d 'années. Schmidt41, p . 74, répond que s' il est
vrai que Posidonius commençait son ouvrage là où Polybe avait fini le sien, en 146/5, il n 'est pas moins vrai qu'il rattachait les grands mouvements politiques de son époque à leurs origines.Notons enfin que I 1, 3 a été inclus comme fr. 80 de Posidonius dans l'édition de 42 W . Theiler , Poseidonios. Die Fragmente, I:
Texte , Berlin New York 1982, p .82 (commentaire dans le t. II, p .84 sq.), qui rejette également les objections de Nock . Pareillement 43 J.Malitz, Die Histo
rien des Poseidonios, München 1983, p . 38 et 413 sq., estime que dans ce passage on peut entendre encore la voix de Posidonius, même si Diodore a abrégé et obscurci cette source. Et en vérité il faut bien affirmer , face à la criti
que mordante de Nock, que si une influence concrète de Posidonius ne peut être démontrée, la teneur stoïcienne du passage est incontestable . Telle est la posi tion , moins engagée, de 44 R . Hirzel, Untersuchungen zu Ciceros philo
sophischen Schriften, t. II, Leipzig 1882, p . 907, ainsi que celle de 45 P . Burde, Untersuchungen zur antiken Universalgeschichtsschreibung, München 1974, p. 45 et n . 336 . Du point de vue de l'histoire de la pensée antique, il faut accorder une signi
fication spéciale aux chapitres 7-8 du livre I, qui présentent les résultats des efforts faits par l'historien d 'Agyrion pour commencer son histoire universelle avec le récit des origines de l'univers et de la vie humaine primitive. La recher
790
DIODOROS DE SICILE
chemoderne sur ces chapitres remonte à un autre travail célèbre de 46 K . Rein hardt, « Hekataios von Abdera und Demokrit », Hermes 47, 1912 , p. 114-132 (reproduit dans Vermächtnis der Antike. Gesammelte Essays zur Philosophie und Geschichtsschreibung, Göttingen 1960 , p . 412-513), où la question est envi
sagée par rapport à une autre, celle de l'utilisation d 'Hécatée d ' Abdère, source
principale de Diodore en ce qui concerne l'histoire de l'Égypte . En effet,Rein hardt soutient que le contenu des chapitres mentionnés aurait fait partie inté grante des développements consacrés à la religion égyptienne par Hécatée
d' Abdère, lequel aurait adapté à son récit égyptien les réflexions de caractère généralmises en æuvre par Démocrite . Diodore , à son tour, sur la base du récit d 'Hécatée, aurait éliminé de ce récit les aspects spécifiquement égyptiens, tout en le transformant en un exposé général sur les origines de l' univers et sur la vie
primitive de l'humanité.
Par conséquent, d 'après cette interprétation, la doctrine de Démocrite à ce sujet aurait fait l'objet, successivement, d'un processus d ' « égyptianisation » de
la part d 'Hécatée d 'Abdère, puis d 'un processus de « dé-égyptianisation » de la part de Diodore. Reinhardt considère que les coïncidences doctrinales entre le texte de Diodore et d 'autres textes (notamment Lucrèce V 195 sqq.) qui présen tent les idées de l'école épicurienne sur la question fournissent la preuve du
premier processus. Face à l'opinion traditionnelle, qui reconnaissait aussi le caractère épicurien de la doctrine exprimée par Diodore dans les chapitres en
question ,Reinhardt suppose une dépendance commune à l'égard de Démocrite. Il s'appuie en outre sur la recherche de 47 E . Schwartz , « Hekataeos von Teos» , RHM 40 , 1885, p . 223-262, qui, à partir du fait que l'on trouve Hécatée inclus
dans une liste des membres de l'école d'Abdère fournie par Clément d'Alexan drie (Stromates II 130, p . 184 ), s 'est efforcé de découvrir des traits de doctrine
atomiste dans le récit égyptien du livre I de la Bibliothèque. Quant au deuxième processus, celuide « dé-égyptianisation » , dont serait responsable Diodore , Rein hardt affirme en avoir trouvé la preuve dans le texte même de la Bibliothèque,
qui permet encore de reconnaître clairement, à son avis, la fracture que Diodore a introduite dans un texte dont l'unité peut être reconstituée si l'on rattache les chapitres 7-8 aux chapitres 10 et suivants. L ' ensemble de la construction complexe de Reinhardt a été accepté par plusieurs autorités, tels que 48 E . Norden , Agnostos Theos, Leipzig 1913,
p. 379 sq., et 49 W . Uxkull-Gyllenband, Griechische Kultur-Entstehungslehre, Berlin 1924, p . 25 sqq. Il a été contesté, en revanche, par 50 J. H . Dahlmann, De philosophorum Graecorum sententiis ad loquellae originem pertinentibus, Diss.
Leipzig 1928, p. 23 sq., qui s'est inspiré , paradoxalement, de Schwartz . Schwartz, en effet, bien qu'il se soit occupé de chercher les traits d' atomisme dans le livre I de la Bibliothèque, ne les trouvait justement pas dans les chapitres I 7- 8, qu 'il considérait comme le résultat d 'un amalgame d' éléments hétéro gènes ; notammentdans I 7 il remarquait, au contraire , l'absence des conceptions
atomistes qui caractérisent la pensée de Démocrite.
DIODOROS DE SICILE
791
51 R . Philippson, une autorité de grande renommée dans le domaine des étu des épicuriennes, a abordé le problème dans son compte rendu de l'ouvrage de
Dahlmann (WKPh 49, 1929, col.666 -676). Il reprend ici la thèse traditionnelle d'une origine épicurienne des idées développées dans ces passages et il essaie
d'expliquer la difficulté détectée par Schwartz et reprise par Dahlmann. Selon lui, les traits spécifiquement atomistes de la doctrine de Démocrite relative aux origines du cosmos et de la vie humaine avaient été éliminés par Hécatée d 'Abdère dans le processus d '« égyptianisation » de cette doctrine, car son but était de présenter la conception des phases de la civilisation que la pensée
égyptienne distinguait. L 'hypothèse de Reinhardtredevenait ainsi possible. En revanche, 52 J. S.Morrison, « The place of Protagoras in Athenian public life » , CQ 35, 1941, p . 1- 16 , notamment p. 9 , s'est rangé à l'avis de Dahlmann (tout en ignorant le c.r. de Philippson ) et, à partir des analogies entre le chapitre I 8 de la Bibliothèque et le récit de Protagoras sur les origines de la vie humaine et ses stades initiaux, il arrive à cette conclusion : l'un et l'autre reviennent à une même source ionienne pré-atomistique.Mais c'est 53 G . Vlastos, « On the pre history in Diodorus» , AJPh 67 , 1946 , p.51-59, qui a repris avec le plus de détermination l'hypothèse de Reinhardt. En effet, il entend confirmer cette hypothèse en tirant parti du fait que Diodore I 8, 7 présente une théorie géné tique selon laquelle la Nécessité serait la cause première des origines culturelles de l'homme (p. 56 ) ; il constate de même que Démocrite fut le premier auteur à expliquer par le seul concept de Nécessité aussi bien l'évolution biologique de
l'homme que ses origines culturelles (p. 57). Vlastos allègue en outre que la théorie du langage exposée chez Diodore I 8, 3-4 se révèle en partie différente (et peut-être antérieure ) de celle des épicuriens.
A son tour, 54 I. Lana, « Le dottrine di Protagora e di Democrito intorno all'origine dello stato » , RAL 8 , 5, 1950, p. 184 -211 ( reproduit dans Studi sul
pensiero politico classico, Napoli 1973, p. 157-194 ), accepte pour l'essentiel l'hypothèse de Reinhardt,mais il n'en souligne pasmoins les différences nota
bles qui séparent l'exposé que l'on lit chez Lucrèce de celui de Diodore, ainsi que la nécessité de ne pas oublier l'influence pythagoricienne. Par la suite, 55 A . Grilli, « La posizione di Aristotele , Epicuro e Posidonio nei confronti della
storia della civiltà », RIL 86 , 1953, p. 3-44, reprend aussi l'hypothèse de Rein hardt. De son côté , 56 W . K . C . Guthrie , In the Beginning , London 1957, p . 74
78, avait tendance plutôt à rattacher les passages de Diodore à la doctrine de Dicéarque ( D 98 ). Quelques années plus tard , Spoerri 24 a soutenu que le but de Diodore dans les chapitres I 7-8 était d'exposer une doctrine qui, sur ce sujet, était l'apanage commun des personnes cultivées de son époque. Il a soutenu
également (p . 162) que certaines parties (par exemple I 8 ) ne semblent pas tout à
fait homogènes. Parallèlement, 57 G . Pfligersdorffer, Studien zu Poseidonios, coll. SAWW 232 /5, Wien 1959, prend parti sans hésitation en faveur d 'une ori gine posidonienne de ces chapitres. Dans une autre contribution, 58 W . Spoerri,
« Zu Diodor von Sizilien I, 7/8 » ,MH 18 , 1961, p .63-82, reprend son interpré tation , s'opposant cette fois -ci à Pfligersdorffer. 59 O .Gigon s'est occupé aussi
792
DIODOROS DE SICILE
de l'ouvrage de Pfligersdorffer dansun compte rendu remarquable de Spoerri 24 (Gnomon 33, 1961, p . 771-776 ). Il observe en particulier l'imprécision qui
résulte chez Spoerri du remplacement de sources concrètes par des traditions anonymes (p . 773 ) et le peu de progrès que représente l'introduction d' étiquettes comme « Bildungsgut » et « Handbuchweisheit » . Conformément à son exigence de précision , Gigon a tendance, sur ce problème concret, à accréditer l'hypo
thèse posidonienne, bien qu'il ne passe pas sous silence quelques critiques envers Pfligersdorffer. Dans cette même ligne s' est maintenu , de toute évidence,
60 O . Gigon dans son compte rendu proprement dit de l'euvre de Pfligers
dorffer (AGPh 44, 1962, p. 90- 98 , reproduit dans Id., Studien zur antiken Philosophie, Berlin New York 1972, p. 259- 267). 61 R . Drews (c.r. de Spoerri 24, AJPh 83, 1962, p . 107-108) s' avoue convaincu par l'argumentation de Spoerri contre l'origine démocritéenne de Diodore I 7 - 8 et il se montre critique
en particulier envers ceux qui voient une influence de Posidonius. De son côté ,
62 L . Edelstein , The idea of progress in classical antiquity, Baltimore 1967 (édition posthume par H . Cherniss), tenait pour couramment acceptée l'utilisa
tion d'Hécatée dans ces passages de Diodore, même s'il ne croyait pas pouvoir choisir, à propos de l'origine ultimement démocritéenne de I 8 , entre la position
de Reinhardt et celle de Spoerri.63 T. Cole , Democritus and the sources of Greek anthropology, coll. « Philological monographs published by the American Philological Association » 25, Hartford 1967 (réimpr. 1990 , avec un « post script» en p. 207 -213, des notes supplémentaires p . 215 -222, et un ajout biblio
graphique p . 227 sq.), défend une origine commune pour les récits de l'histoire de la culture transmis , outre Diodore, par Posidonius (passage tiré de Sénèque, Lettre XC ), Lucrèce (livre V), Vitruve (XXXIII 16 -23) et Tzetzès dans son commentaire sur Les travaux et les jours d 'Hésiode (DK II 137, 36 - 138, 13). Cole trouve l'explication la plus satisfaisante ( sinon probante ) de cette coïnci dence dans l'hypothèse formulée par Reinhardt d 'une dépendance commune à l'égard de Démocrite . Il reprend aussi l'argument de Reinhardt selon lequel Diodore , afin d 'intégrer les chapitres 7 - 8 dans un contexte de caractère général, aurait repris le contenu de réflexions générales de Démocrite , lesquelles avaient été employées par une source intermédiaire dans un contexte égyptien .
Le livre de Cole a été , en général, bien accueilli. Ainsi 64 N . Gulley le loue
dans son compte rendu (CR 18 , 1968, p . 281-282), en remarquant cependant que l'hypothèse d 'une influence de Démocrite s'appuie sur une documentation insuffisante. Dans la même ligne, avec un ton plus critique, on peut rappeler 65 D . Furley, JHS 90, 1970, p. 239-240, qui met en évidence le fait que Cole sous-estime les textes épicuriens. La thèse de Cole a obtenu l'appui aussi de
66 O .Murray, « Hecataeus of Abdera and pharaonic Kingship » , JEA 56 , 1970 , p . 141-171, un travail de grand retentissement qu 'il faut toujours citer lorsque l'on parle d 'Hécatée. De l'avis de Murray, Cole a démontré que les analogies entre Diodore I 7-8 et les parties de ce même livre dérivées clairement d'Héca tée sont tellement notables (en ce qui concerne non seulement la théogonie mais aussi les premières étapes de la vie humaine ) que l'on ne peut les expliquer
DIODOROS DE SICILE 793 qu 'en supposant que les chapitres 7-8 reviennent à Hécatée. Dans le commen taire de Burton 26 , p.47-51, on peut trouver un aperçu sur l'état de la question , sans que l'auteur se prononce en faveur de la thèse de Spoerri ni de celle de Cole .
L 'hypothèse selon laquelle Posidonius serait la source des chapitres du proème de Diodore a été reprise par 67 P. M . Fraser, Ptolemaic Alexandria, I, Oxford 1972, p.497, et d'une façon très prudente par 68 J.Malitz , Die Historien des Poseidonios, coll. « Zetemata » 79,München 1983, p. 38 n. 32 et p.68 n. 76 , qui invoque l'autorité de Gigon . Enfin, si 69 H . Diels avait inclus le texte de 1 7
8 en relation avec Démocrite (DK 68 B 5 ) dans la 5e édition des Fragmente der Vorsokratiker, Berlin 1934, à son tour Theiler 42 le cite plus partiellement, en relation avec Posidonius (fr. 306 = Diodore I 7, 3-6 ; voir le commentaire dans le t. II, p. 183 -185).
Sacks 27 a de nouveau examiné ces chapitres dans le cadre d'une réflexion générale sur la façon de faire de Diodore . En effet, Sacks soutient que l' on peut détecter, tout au long de la Bibliothèque, quelques principes méthodologiques
que Diodore a adoptés comme le support intellectuel de son œuvre . Ces principes, d'ailleurs,ne sont pas des conceptions singulières de Diodore et ils ne correspondent pas non plus à la doctrine d 'une école concrète , mais ils reflètent les idées courantes à son époque, c'est-à -dire à la fin de la période hellénistique. De la sorte , Sacks arrive, en ce qui concerne I 7-8, à la même conclusion que Spoerri et, dans cette ligne, il fait un effort pour montrer la cohérence de la
Bibliothèque, dans son ensemble, avec des conceptions méthodologiques déve loppées, entre autres passages, dans I 7-8. La nature de l'euvre. L 'intérêt le plus notable du livre de Sacks 27 réside bien dans le
fait que sa réflexion sur des passages concrets (comme I 7-8) appartient à un effort global de compréhension de la Bibliothèque. Le début de la recherche moderne autour de cette question
peut être reconnu dans le travail, brefmais décisif, de Drews 25 . Drews remarque le caractère résolumentmoralisateur du programme de Diodore et il estime que la réalisation du projet de
l'historien a été conditionnée par l'adaptabilité diverse de ses sources à un tel programme. Il arrive à la conclusion que les traits d ' ordre moral que l'on trouve tout au long de la Biblio
thèque sont tantôt des développements tirés de la source principale , tantôt des emprunts que Diodore fait à une autre source (qui n 'est pas forcément historique ), tantôt, enfin , des inno
vations de Diodore lui-même. A des résultats analogues ont abouti le rédacteur de cette notice ainsi que ses disciples dans des travaux publiés en 1986 et détaillés par 70 J. Lens Tuero , « Historiografía hele nística » , dans J. A . López Férez (édit.), Historia de la literatura griega, Madrid 1988, p . 907 948. C 'est aussi la ligne de recherche suivie par Chamoux 28 .
Ces diverses recherches se rencontrent dans le souci de laisser à Diodore lui-même la responsabilité de la détermination de son but ainsi que de la mise en œuvre de sa méthode, mais les différences sont notoires en ce qui concerne l'évaluation de la Bibliothèque. Il y a peut-être à ce sujet une certaine confusion , dans la mesure où l'on fait dépendre , semble - t- il ,
l'importance de l'euvre de la réhabilitation de son auteur. A ce sujet, il convient de dire que la valeur de l'information fournie par Diodore est en tout cas assurée , étant donné son statut de témoignage unique, décisif, ou simplement remarquable . Aussi bien Sacks que Chamoux
sont allés loin dans leur tentative respective pour réhabiliter Diodore à partir de l'examen des
fondements idéologiques de sa conception de l'histoire . Ainsi, Sacks 27, p . 204 sq ., conclut que Diodore est responsable de la plupart des éléments subjectifs de la Bibliothèque, ainsi que
794
DIODOROS DE SICILE des idées qu 'il exprime, en tant que représentatives de la fin de la période hellénistique. De la sorte , comme il ne nous est parvenu de cette époque que très peu de documents grecs en prose, les opinions de Diodore prennentune valeur particulière . De façon générale, on ne peut plus accepter la tendance (en vigueur encore il y a quelques décennies) à sectionner la Bibliothèque en unités isolées dont la source serait responsable aussi bien de l'information historique transmise que des interprétations proposées. L 'explica tion et l'évaluation des faits sont essentiellement la responsabilité de Diodore et répondent à
des schémas conceptuels qui sont sous- jacents dans les différentes parties de la Bibliothèque, y compris dans les récits mythologiques.
Mais il entre une grande part de raisonnement circulaire dans l'hypothèse de Sacks 27, p. 204 sq., selon laquelle le systèmeconceptuel de Diodore ne fait que reproduire celui de la classe intellectuelle de la période hellénistique et compléterait donc notre connaissance de l'atmosphère idéologique de cette époque, très mal connue d 'ailleurs, du moins en ce qui
concerne la prose écrite en grec. En revanche, Drews avait raison, à notre avis, lorsqu'il distinguait le moralisme comme la caractéristique qui peut le mieux définir la Bibliothèque. Ce n 'est que très rarement que l'on a accès aux sources de Diodore par un relais autre que la
Bibliothèque, mais, lorsque cela est possible , on en peut tirer des enseignements dignes d 'intérêt. 72 B . Bommelaer, Diodore de Sicile. Bibliothèque historique. Livre III, Paris 1989,
p. XXIII sqq., a ainsi établi une comparaison détaillée entre les versions d'une partie de l'œuvre d'Agatharchide de Cnide (cf. DPHA A 32) sur la Mer Rouge qui sont rapportées indépendamment par Diodore et par Photius. Même s' il faut se méfier de l'impression que
Photius est toujours plus proche de l'original, la comparaison est assez éloquente , d 'après Bommelaer 72 , p.XXX : « Quelques additions intéressantes et une mise à jour ne peuvent masquer que cette partie du livre III reste avant tout le produit d 'une compilation imparfaite, dans la mesure où la science qui nous y est transmise n 'est pas, en général, celle du temps de
Diodore » . Cette comparaison permet, donc, d'observer la tendance de Diodore à transformer
en des catégories éthiques les catégories ethnographiques ou anthropologiques qu'il trouvait dans ses sources. AinsiDiodore ne serait pas un représentantde la société intellectuelle de la fin de la période hellénistique en langue grecque, mais plutôt d'un mouvement particulier à l'intérieur de l'historiographie gréco -romaine. Il s'agit de l'orientation moralisante qui a son premier représentantbien connu chez Xénophon, dont l'euvre présente des analogies remar quables non seulement idéologiques mais aussi formelles avec celle de Diodore. Mais dans le cas de Diodore il manque encore des études littéraires semblables à celles qui ont été consa
crées à Xénophon dans les dernières décennies. Ces recherches (on peut rappeler par ex. 73 R .Nickel, Xenophon, Darmstadt 1979) ontmis en évidence que, pour Xénophon, l'impor tance des faits réside notamment dans leur valeur paradigmatique ou exemplaire. On a noté aussi à juste titre que cet historien n 'hésite pas à disposer les faits un peu artificiellement afin de créer l' illusion de l'atmosphère historique. Demême dans la Bibliothèque on trouve subor données à une finalité moralisatrice non seulement l'introduction ou non de tel ou tel événe mentmais aussi la façon de le présenter. Comme Xénophon et d'autres historiens, Diodore (et Diodore en réalité à plus juste titre, en tant qu 'auteur d 'une histoire universelle ) n 'avait pas pour objectif de fournir un compte rendu exhaustif des faits, mais de les présenter de façon à montrer leur sens.
Postérité. Le moralisme piétiste de la Bibliothèque historique de Diodore a
assuré son accueil enthousiaste chez les chrétiens: le sujet a été bien étudié par 74 G . Zecchini, « La conoscenza di Diodoro nel Tardoantico », Aevum 61, 1987, p. 43- 52 . Eusebe (Praeparatio evangelica I 6 , 9) admirait Diodore non seule
ment par simple sympathie idéologique, mais aussi parce qu'il avait abordé un projet similaire : cf. 75 G . Bounoure , « Eusébe citateur de Diodore », REG 95 ,
1982, p. 433-439. Il n 'est pas étonnantnon plus que Diodore ait été l'historien favori des auteurs byzantins d'excerpta , parce qu'il était un écrivain facile . Photius a donné de son style la définition que voici: « Il use d'une langue claire,
DIODOROS CALLIMÉDÈS (M . AURELIUS - )
795
sans apprêt, parfaitement adaptée au genre historique» (Bibliothèque, cod. 70, 35 a sq . ; trad . Chamoux 28 , p .LXIX ). 76 Henri Estienne, auteur de la première
édition complète du texte grec (Genève 1559), parle de Diodore avec enthou siasme; Diodore, à son avis, tient le premier rang parmi tous les historiens qui nous sont parvenus (H . Estienne, « De Diodoro et eius scriptis brevis tractatus» , essai qui faisait partie de son édition souvent imprimée : cf. Dindorf 6 , t. V , p . 331; Chamoux 28, p .LXVIII). Farrington 31, p .6 sq., a pu affirmer que, tout
au long des XVI et XVIIe siècles, Diodore a exercé une grande influence sur la
pensée anglaise et, en général, les traductions de son cuvre en latin et dans les différentes langues européennes ont été nombreuses: cf. Hornblower 29, p . 18 sq.; Burde 45 , p. 43. La première fois que l'on a imputé à Diodore une relation servile par rapport à un devancier a été probablement en 1670, quand 77 J. H . Boeller publia dans ses Lectiones Polybianae une étude dont le titre était « Diodori Siculi imitatio Polybiana» : cf. Hornblower 29, p . 19. Avec cette étude, entre autres, a commencé l'analyse de la Bibliothèque quiculmine à la fin
du XIXe siècle et qui est en train d'être corrigée et nuancée depuis quelques décennies .
Traduit et adapté de l'espagnol par Pedro Pablo Fuentes González. JESÚS LENS TUERO .
132 DIODOROS DE TYR RE 44
fl. 110a
Péripatéticien , disciple de Critolaos de Phasélis ( C 219), et son successeur à la tête du Lycée à Athènes.
Fragments et témoignages. F . Wehrli, Hieronymos von Rhodos. Kritolaos und seine Schüler. Rückblick : Der Peripatos in vorchristlicher Zeit. Register,
coll. « Die Schule des Aristoteles » 10 , Basel/ Stuttgart 1959, « Zweite, ergänzte und verbesserte Auflage » 1969, p. 85 -91 [Texte : 87-88 ; Kommentar : 91).
Cf. E .Martini, art. « Diodoros» 44, REV 1, 1905, col. 707. « Auditeur» de Critolaos (fr. 4 c et 6 ), auquel il est associé dans la doxo graphie (fr . 2 ), et son successeur (fr. 1) , Diodore enseignait à Athènes, lorsque
L . Licinius Crassus, de retour d'Asie où il avait été questeur, y séjourna dans les années 110-108 (fr. 6) . Les fragments ne concernent guère que sa définition du téhoş (fr. 3 -5 ) et son opposition à la rhétorique (fr. 6 ), dans un fragment qui amène Wehrli à refuser
de l'identifier, comme l'envisageait Martini (voir aussi Susemihl, GGLA, t. I, p . 154 n. 810 ), au Diodore mentionné par Nicolas, Progymn. III, 451 Spengel (RE 45). Selon J.-L . Ferrary , Philhellénisme et impérialisme, p . 469, le Péripatos aurait connu un net déclin et serait tombé pratiquement en déshérence à la mort de Diodore de Tyr. RICHARD GOULET.
133 DIODOROS CALLIMÉDÈS (M .AURELIUS -)
F II ou D III
D 'après l' inscription gravée sur son sarcophage (MAMA VIII n° 400 , p . 109
110 et pl. 20), M . Aurelius Diodoros Callimédès d 'Aphrodisias était un
796
DIODOROS CALLIMÉDÈS (M .AURELIUS -)
« véritable philosophe » (TOV ÖVTwc Dióoopov: sur les inscriptions de ce type,
voir L . Robert, Hellenica XI/XII, 1960 , p . 551). Il appartenait à une famille de petits notables qui exerçaient régulièrement des responsabilités politiquesmais
qui n 'étaient pas citoyens romains avant la génération de Diodoros. Comme cette accession à la civitas se traduit par les nomsMarcus Aurelius, elle n 'est sûrement pas antérieure au dernier tiers du II s. et pourrait bien être l'effet de la constitution de Caracalla : l'activité de Diodoros se place donc vers la fin du Ire siècle ou dans la première moitié du me. BERNADETTE PUECH .
134 DIODOTOS RE 11 Stoïcien, il fut l'un des maîtres de Cicéron ( C123) dans sa jeunesse. Plus tard, devenu vieux et aveugle , il habita dans la demeure de son élève et y mou
rut, sans doute en 59 (cf. Att. II 20, 6 ), en lui léguant tous ses biens. C 'est donc grâce au témoignage de Cicéron que nous connaissons Diodote : nombreux sont en effet les passages de son œuvre qui font allusion à un homme qu 'il appréciait manifestement. Il admire sa science (Fam . XIII 16 , 4), il a décrit sa vieillesse active où il continuait à pratiquer la philosophie car on lui faisait jour et nuit la lecture , où il « jouait de la lyre à la façon des pythagoriciens» et réussissait même à enseigner la géométrie à ses élèves (Tusc . V 39, 113).Mais les goûts de Diodote l'ont surtout porté vers la dialectique : c'est lui qui l' a enseignée à Cicéron (Brutus 90, 309) et ce dernier lui doit sans doute une bonne partie de son savoir en ce domaine. Son adhésion aux thèses de Chrysippe est évoquée dans une lettre à Varron (Fam . IX 4 ), son mépris pour les thèses d 'Antiochos dans les Académiques (Acad. Pr. II 115). Ainsi, en l'absence d'autres témoi gnages ou d'études plus précises, Diodote paraît avoir été un stoïcien fidèle aux thèses de son école, intéressé surtout par la géométrie et la dialectique. Il n 'a probablement pas laissé d'écrits : on lui a attribué quelquefois un lepi xóquou , en se fondant sur le témoignage de Diogène Laërce (VII 139) et les remarques de M . Pohlenz, Die Stoa, t. II, p. 224 (cf. P . Boyancé, « Le stoïcisme à Rome» , Actes du Vire Congrès de l'Association Guillaume Budé, Aix en Provence 1963, p . 237), mais , d 'après le contexte , ce traité est manifestement l'æuvre d ’ Anti patros de Tarse. Ainsi Diodote a surtout contribué à faire connaître le stoïcisme
par son enseignement. Cf. H . von Arnim , art. « Diodotos » , RE V 1, 1905 , col.715. MICHÈLE DUCOS.
135 DIODOTOS RE 15
Grammairien , commentateur d'Héraclite d 'Éphèse ,mentionné en Diogène Laërce IX 15. La liste rapportée par Diogène, qui comprend Antisthène (l'Héra
clitéen » , » A 218), Héraclide le Pontique, Cléanthe (»- C 138), Sphaïros, Pausa nias l'héraclitiste,Nicomédès et Dionysios ( - D 169), ne permet pas d' attribuer une date précise à Diodotos. Selon Diodote, l'ouvrage d'Héraclite portait non sur la nature (nepi
Dúoews), mais sur la constitution politique (htepi roditelac) et les développe
797
DIOGÈNE (ANTONIUS - )
ments physiques avaient dans le contexte valeur d'exemples (Tà
trepi
φύσεως εν παραδείγματος είδει κείσθαι). Le nom de Diodotos apparaissait un peu plus haut chez Diogène Laërce (IX 12), à propos du titre de l'ouvrage d 'Héraclite: « Les uns lui donnent comme titre Les Muses, d 'autres Sur la nature , mais Diodote ( voyait dans cet ouvrage)
“ un pilotage de précision pour mettre la vie de niveau” (TGF2 287). D ' autres (l'intitulaient ou y voyaient) une " équerre des mæurs” » . Cette approche politique d'Héraclite a été récemment reprise dans différentes études où le témoignage de Diodotos est mis à profit. Voir A . Capizzi, La Reppublica cosmica. Appunti per una storia non peripatetica della nascita della
filosofia in Grecia, coll. « Filologia e critica » 43, Roma 1982, 595 p . (notam ment p. 116 , 320 et 327); voir déjà Id.,Heraclito e la sua leggenda. Proposta di una diversa lettura dei frammenti, Roma 1979 ; M . V . García Quintela , El rey melancólico. Antropología de los fragmentos de Heráclito , coll. « Humanidades/
Filosofía » ,Madrid 1992, 298 p . (notammentp . 22). (Ces diverses références m 'ont été communiquées par J. Brunschwig , Cristina Viano et S .Mouraviev.) L ' identification proposée par L . Cohn, art. « Diodotos» 15 , RE V 1, 1903, col. 715, avec Diodotos de Sidon (RE 12 : voir notice suivante ) est sans fondement. E . Maass, Aratea , coll.
« Philologische Untersuchungen » 12, Berlin 1892 , p. 159 n . 72 , le distingue de Diodotos de
Sidon,mais l'identifie au maître de Cicéron ( C 134). RICHARD GOULET. 136
ra
DIODOTOS DE SIDON RE 12
Philosophe , frère du péripatéticien Boéthos de Sidon (- B 48), le maître de Strabon . Ce dernier écrit en effet: « Originaires de Sidon , parminos contempo rains, furent les célèbres philosophes Boéthos , avec qui nous avons étudié
(ovvediooophoquev) les doctrines aristotéliciennes, et Diodotos, son frère » (XVI2 , 24, p . 757 C .). Susemihl, GGLA, t. II, p. 322, le range un peu gratuitement, à cause de son frère, parmiles péripatéticiens.
Cf.E .Martini,art. « Diodotos», RE V 1, 1903, col.715. RICHARD GOULET. 137 DIOGÈNE (ANTONIUS -) RE A 49 Auteur d'un roman grec intitulé Les merveilles incroyables d 'au delà de
Thulé en vingt-quatre livres (TWV ÚTÈp Ootanv åniotwv Róyol xo'). L 'ouvrage est perdu, mais nous possédons un long résumé de l' ensemble établi par Photius, Bibliothèque cod. 166 , et des extraits concernant Pythagore conservés dans la Vie de Pythagore de Porphyre.
Cf. W . Schmid, art. « Antonius» 49,RE I 2, 1894, col. 2615 -2616 . Cf. aussi PSI 1177 (Papiri greci e latini (Pubblicazioni della Società italiana per la ricerca dei papiri greci e latini in Egitto ), vol. X , Firenze 1932). Diogène est également mentionné chez Servius, Georg. I 30, et Jean Lydus, De mens. IV 29.
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DIOGÈNE (ANTONIUS-)
Édition de la notice de Photius (accompagnée de la traduction latine de A . Schott (1606 ]), des fragments PSI 1177 et POxy XLII, 3012, et des citations figurant dans la Vie de Pythagore par Porphyre : M . Fusillo (édit.), Le incredibili avventure al di là di Tule, (trad. & note) a cura di F . M ., testo greco a fronte ,
trad. latina di Andreas Schottus, coll. « La città antica » 4 , Parmo 1990, 107 p .
Porphyre le cite à deux reprises sous le nom de Diogène (10 et 32). Photius cite d'abord son ouvrage comme l'æuvre d'Antonios Diogénès (109 a 6 ; voir
aussi 110 b 16-17 , 111 b 31), puis il l'appelle Aloyévns o xai 'AVTÁVLOG (111 a 30 ) et Aloyévns ó 'AVTÁVLOG (112 a 2). La datation de ce roman peut s'appuyer sur le fait qu' il a apparemment été parodié par Lucien (né entre 115 et 125) dans son Histoire vraie, dépendance
littéraire déjà perçue par Photius (111b36). Cf. F. Boll, « Zum griechischen Roman », Philologus 66, 1907, p. 1-15 , notamment p. 11 sqq .
L 'ouvrage mérite d' être répertorié dans le présent dictionnaire pour deux raisons: il a été accepté par Porphyre comme témoignage sur la vie de Pythagore
et il a été interprété par des historiensmodernes comme un « roman pythago ricien » . Il importe ici de rappeler la structure littéraire du roman , telle que Photius la précise. Le
roman était précédé d'une lettre à un certain Faustinus, dans laquelle Diogène expliquait avoir emprunté les merveilles qu'il exposait à des paradoxographes plus anciens ( comme Anti phanès: 112 a 5). L'ouvrage était dédié à Isidora (ououad㢠Éxoúon), qui était la seur de Diogène. Mais Diogène ne faisait que rapporter ce qu'un certain Balagros, à l' époque d'Alexandre le Grand, avait écrit à sa femme Phila, fille d' Antipatros, à propos d'une décou verte effectuée par Alexandre et ses compagnons à l'occasion de la prise de Tyr (en 322a). Dans des chambres souterraines, ils avaient en effet retrouvé les cercueils de pierre de plu sieurs des héros du récit qui fera l'objet principal du roman et, dans celui de Deinias d 'Argos, un coffret contenant des tablettes de cyprès consignant les souvenirs que deux siècles plus tôt,
à Tyr, Deinias avait racontés à Cymbas d 'Argos. Ces souvenirs avaient été écrits par Érasi nidès d 'Athènes, texvims hoywv, sur des tablettes fournies par Dercyllis , qui était apparem
ment la femme de Deinias. Une copie avait été confiée à Cymbas et l'autre déposée par Dercyllis dans le cercueil de Deinias où elle avait été retrouvée. Ce récit de Deinias constitue le cadre littéraire central du roman ,mais il intègre lui-même toute une cascade de récits. La trame principale était formée par les aventures de Deinias lui même et les voyages qu 'il avait effectués autour du monde avec Carmanès, Méniscos et Azoulis. C ' est dans ce cadre qu ' étaient évoquées les merveilles d 'au delà de Thulé , de même qu 'était raconté ce que ces voyageurs avaient vu sur la lune. Au vingt-quatrième livre, le récit
d 'Azoulis, pour un temps séparé du groupe, était intégré dans celui de Deinias. Mais Deinias avait rencontré à Thulé, avant de revenir avec elle à Tyr, Dercyllis, fille de Mnason de Tyr et sæur de Mantinias. Les aventures du frère et de la seur, telles qu ' elles avaient été racontées par Dercyllis à Deinias lors de leur rencontre à Thulé, constituaient une
composante essentielle du roman. Le récit de Dercyllis n ' était cependant pas le cadre ultime du récit, car il incorporait lui même d 'autres récits ! D 'une part, Dercyllis avait un jour rencontré, avec Astraios et Céryllos,
son ancienne servante Myrtô, revenue de l'Hadès, qui lui avait rapporté ce qu 'elle avait vu dans l'au -delà. D 'autre part, après avoir été séparée de lui par le hasard des événements, elle avait retrouvé en Sicile , chez Énésidème de Léontini, son frère Mantinias qui lui avait fait un compte rendu de ses propres aventures, dont certaines s' étaient déroulées dans le soleil et dans
la lune ! Enfin , à travers le récit de Dercyllis, on atteignait le récit d' Astraios, fils adoptif de
DIOGÈNE (ANTONIUS - )
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Pythagore. Ce récit, qui livrait « sur Pythagore et (son père ) Mnésarque » (109 b 14-15) des renseignements importants que Porphyre a souhaité intégrer à sa vie de Pythagore, incorporait
lui-même ce qu 'une certaine Philotis (comp. la pythagoricienne Philtys, chez Jamblique, V . pyth . 267) avait raconté à Astraios . ..
On peut résumer cet emboîtement complexe de récits dans le stemma suivant: Philotis
Myrôi Astraios
Mantinias
Dercyllis
Azoulis
Deinias (à Cymbas)
Érasinides (tablettes de Cyprès) Balagros (à Phila )
Diogène
Il n 'est pas facile de déterminer l' extension exacte des passages de la Vie de
Pythagore par Porphyre qui dépendent de Diogène. Cf. E . Rohde, Der griechische Roman und seine Vorläufer, 2e éd ., Leipzig 1900 , p. 269-309 : 10 -17
et 32-45 ! Cf. H . Jäger, Die Quellen des Porphyrios in seiner Pythagoras biographie, Diss. inaug. Zürich , Chur 1919, p. 36 sqq. et 43 sqq. Klaus Reyhl, Antonios Diogenes. Untersuchungen zu den Roman-Fragmenten der "Wunder
jenseits von Thule " , Diss. Tübingen 1969: 10 - 14 (15 -17) ; 31-47 (54-55). L 'autre raison de mentionner le roman de Diogène dans ce dictionnaire est le
fait qu'on y a vu un roman pythagoricien . Cf. Karl Bürger, Studien zur Geschichte des griechischen Romans, II. Teil : Die literaturgeschichtliche Stellung des Antonius Diogenes und der Historia Apollonii, Programm Blankenburg 1903 ; R . Merkelbach, Roman und Mysterium
in der Antike, München /Berlin 1962, p. 225-233. Tout en contestant la thèse de Merkelbach sur l'origine religieuse du roman grec et la portée mystérique qu 'il
lui attribue, B . P. Reardon, Courants littéraires grecs des IP et lire siècles après J.-C ., coll. « Annales littéraires de l'Université de Nantes» 3, Paris 1971, p . 371, reconnaît que le ton du roman est « surtout religieux , et plus spécifiquement
néopythagoricien » . Cette interprétation est difficile à vérifier dans le détail, étant donné qu 'on ne dispose plus que du résumé très superficiel de Photius.
Merkelbach souligne cependant de nombreux détails pythagoriciens dans le
roman et il établit un lien éclairant avec l'exposé cosmologique et géographique
DIOGÈNE (ANTONIUS -)
800
du Carthaginois Sylla dans le De facie de Plutarque (chap. 26 -30). Cf. l'analyse du passage dans H . Görgemanns, Untersuchungen zu Plutarchs Dialog De facie
in orbe lunae, coll. « Bibliothek der klassischen Altertumswissenschaften » 2 . Reihe, 33, Heidelberg 1970, p . 155-156 .
RICHARD GOULET. 138 DIOGÈNE RE 47b Philosophe épicurien d' époque inconnue. Cf. 1 R . Philippson, art. « Diogenes » 47b, RESuppl. V , 1931, col. 170 -172 ;
2 G . Giannantoni, SSR, t. IV , p.530-531. Philippson 1 , col. 170 - 172, a reconstruit sa personnalité à partir de trois extraits transmis par Stobée dans les chapitres Περί δικαιοσύνης et Περί Eudaqovías (III, 9 , 46 et IV 39, 20 -21 ; t. III, p . 360 et t. V , p . 906 Wachsmuth
Hense ). Il a réfuté (col. 171) à juste titre l'hypothèse d'Usener, Epicurea, Leipzig 1887, p . 396 , selon laquelle il s 'agirait du démocritéen Diogène de Smyrne, mais il hésite à l' identifier à l'un des deux Diogène épicuriens jusqu 'à présent connus : Diogène d 'Oinoanda et Diogène de Tarse. Voir aussi 3 R .
Höistad, Cynic Hero and Cynic King, Uppsala 1948, p . 110 n. 5. L 'hypothèse formulée par 4 E . Zeller, Die Philosophie der Griechen, t. II 1, 5e éd ., Leipzig 1922, p . 310 n . 3 , et reprise par 5 A . Brancacci, Le orazioni
diogeniane di Dione Crisostomo, dans G .Giannantoni (édit.), Scuole socratiche minori e filosofia ellenistica , Bologna 1977, p . 150 -157 , et 6 Id., « Democrito e la tradizione cinica » , dans F . Romano (édit.), Democrito e l'atomismo antico,
Catania 1980, p. 417-425, selon laquelle il faudrait identifier le Diogène mentionné par Stobée avec Diogène le cynique est moins vraisemblable. Voir
également 7 E. Weber, LS 10 , 1887, p. 81, et 8 P .Natorp , art. « Diogenes » 44, RE V 1, 1903, col. 771. Des réserves fondées ont été émises par Giannantoni 2 , p . 530 -531.
Le premier passage cité par Stobée concerne la justice ; la terminologie et la pensée sont épicuriennes, mais présentent de remarquables similitudes avec le Hepi eủOvuins de Démocrite (Philippson 1 , col. 170 sq., établit des rappro chements ponctuels entre le fr. 426 Usener et les Ratae sententiae 31 et 34
d'Épicure , ainsi qu'avec les fr. 84, 174, 189, 235, 244-245 et 246 DK de Démocrite ). L 'auteur du passage ne peut cependant pas avoir été Démocrite lui
même, mais plutôt un partisan d'Épicure qui puisait dans le lepi euovuins de Démocrite . En fait, il est probable que Stobée a tiré le passage d 'une auvre qui n 'était pas dédiée expressément à la seule OLXALOOÚVN. Au même épicurien Philippson 1 , col. 171, a attribué les deux autres fragments qui concernent l'eúbaluovia et qui présentent, eux aussi, d 'étroites
affinités de langue et de contenu avec Démocrite (Philippson 1 , col. 171, n 'hé site pas à évoquer une transcription presque littérale du fr. 189 DK ). Mais déjà Zeller 4 les avait restitués, avec plus de vraisemblance, à Diogène le cynique (V
B 300- 301, et Giannantoni 2 , p .529).
DIOGÈNE D ' APOLLONIE
801
Philippson n 'exclut pas la possibilité que les trois fragments proviennent d 'un
même traité ſlepi ejovuins écrit par un Diogène épicurien inconnu , lequel, comme son homonyme d 'Oinoanda, avait lu l'ouvrage de Démocrite qui porte le même titre (voir encore 9 R . Philippson , art. « Diogenes » 47a, RESuppl. V ,
1931,col. 164). TIZIANO DORANDI.
va 139 DIOGÈNE D 'APOLLONIE RE 42 + Suppl. XII Un des derniers « physiciens » présocratiques, fils d 'Apollothémis (D . L . IX , 57 = DK 64 A1).
Sources biographiques anciennes. (1) D .L . IX , 57, qui cite Antisthène, probablement l'historien de Rhodes, auteurdes Olhooooww oladoxal (FGrHist 508, fr. 15 ) et la EwXpáTOUS & nonoyla de Démétrios de Phalère (fr. 91 Wehrli). Pour la localisation d ' Apollonie : (2 ) Élien, Histoire variée, II 31 (p . 31
sq. Dilts); (3) Stéphane de Byzance, Ethnica (t. I, p . 105 sq.Meineke). Éditions et traductions. 1 DK 64, t. II, p. 51,35 -69,5 ; édition, traduction française et commentaire des témoignages et des fragments dans 2 A . Laks, Diogène d 'Apollonie. La dernière cosmologie présocratique, coll. « Cahiers de Philologie » 9, Lille /Paris 1983; 3 J.- P . Dumont, Présocratiques, p . 699 -721;
4 G . S. Kirk , J. E . Raven & M . Schofield , The Presocratic Philosophers, A criti
cal history with a selection of texts, 2e éd ., Cambridge 1983, p. 434-452 ; 5 A . J. Cappelletti, Los fragmentos de Diogenes de Apolonia, Caracas 1975. Biographie et chronologie. Les témoignages divergent sur la question de savoir de quelle Apollonie Diogène est originaire (Crète , Thrace, Phrygie ?). Antisthène, qui rattache Diogène à Anaximène pour la doctrine de l'air-principe,
le situe chronologiquement « à l'époque d' Anaxagore » . En fait, la doctrine de Diogène (théorie de l'intelligence, vónous, immanente à l' air ) presuppose certai nement celle d' Anaxagore (théorie du voûc). La datation relative est étayée à la
fois par le témoignage de Théophraste (« le plus jeune pratiquement de ceux qui ont professé sur ces matières» – il s'agit des enquêtes « sur la nature » -, Opinions des physiciens, fr. 2, p. 477, 5 Diels ) et par la parodie qu’ Aristophane fait de sa doctrine dans les Nuées ( représentées en 423). L 'activité de Diogène peut donc être située au début du dernier tiers du ve siècle . Sur l'histoire de la controverse relative à la datation de Diogène, cf. Laks 2 , p .XXII sqq.
En dépit d'un intérêt évident pour la physiologie (fr. 6 DK = 10 Laks), rien ne prouve que Diogène ait été médecin . Selon Démétrios de Phalère (fr. 91
Wehrli), il aurait été, comme d 'autres philosophes (Héraclite, Démocrite , et naturellement Socrate ), en danger à Athènes. Un procés d 'impiété lui a -t-il été intenté, comme à Anaxagore?
Transmission des témoignages et fragments. Théophraste avait composé une « synthèse » des opinions de Diogène en un livre (TWV ALOYÉVOUS OUV aywyn a ', D . L ., V , 43), dont dérive sans aucun doute une grande partie de la
doxographie postérieure ; cependant, sur le principe retenu par Diogène, Nicolas
802
DIOGÈNE D 'APOLLONIE
de Damas soutenait une opinion hétérodoxe : il se serait agi non de l'air, mais de « l'intermédiaire » (Ilepi Deāv = T4, p. 8 sq. Drossaart-Lulofs ). Sur la théorie de la sensation et de la connaissance , centrale chez Diogène, nous sommes bien
informés par l'exposé du De sensibus de Théophraste ( $$ 38-45). Si l'on excepte la description détaillée des canaux du corps humain citée par Aristote (Hist. anim . III, 2 , 511b31 - 513b11), tous les fragments importants (moins
d'une dizaine) sont cités par Simplicius dans son Commentaire de la ‘Physique' d'Aristote , p. 151,20 - 153,22 Diels. S 'y ajoutent quelques formules ou termes isolés, dont une forme ionienne exceptionnelle mentionnée par Hérodien (fr. 10
DK = 12 Laks). Sur les raisons qu 'a Simplicius de citer Diogène, cf. Laks 2 , p . 3 - 13.
Euvres. Il ressort d 'un passage de Simplicius (p . 151, 24 -28 Diels) que Diogène aurait composé plusieurs livres : outre le traité connu sous le nom de llepì púoewç (il n 'est pas exclu que le titre dans ce cas soit original), et qui réunissait les preuves de l'intelligence du principe (l'air ), Diogène aurait écrit une Météorologie et un traité Sur la nature de l'homme. Il ne semble pas s 'agir de subdivisions d'un seul et mêmeouvrage. L 'existence d 'une pluralité de livres expliquerait que Théophraste ait procédé à une « synthèse» (cf. supra). Cf. 6 G . Geil, « Die schriftstellerische Tätigkeit des D . v . A . », PhM 26 , 1890, p . 257 -270.
Influence. Diogène, qui n 'est certainement pas le naïf éclectique que Diels a
voulu faire de lui (cf. la mise au point dans Laks 2 , p . XXIX sqq.), était, comme le souligne expressément D . L ., « célèbre» . Raillé par Aristophane, qui prête au Socrate des Nuées des éléments caractéristiques de sa doctrine ( 7 H . Diels, « Über Leukipp und Demokrit » (1880 ), dans Kleine Schriften, Darmstadt 1969,
p . 195 sq .), il a sans doute été utilisé par les médecins ( comme l'auteur du lepi Quo @ v; voir cependant les réserves de 8 J. Jouanna [édit.), Hippocrate , Des Vents, De l'Art, Paris 1988, p. 27 -29). Le Papyrus de Derveni porte aussi sa
marque (9 W . Burkert, « Orpheus und die Vorsokratiker», A & A 14 , 1968, p. 97 sq.). Son monisme, et les aspects téléologiques de sa pensée, expliquent que son
influence puisse être tracée jusque dans le stoïcisme. Une étude d 'ensemble sur
cette postérité fait actuellementdéfaut. Études d 'orientation . 10 W . K . C . Guthrie , A History of Greek Philosophy,
t. II, p. 362-381; 11 H . Diller, « Die philosophiegeschichtliche Stellung des Diogenes von Apollonia » , Hermes 76 , 1941, p . 359- 381, repris dans ses Kleine Schriften , München 1971, p. 162 - 186 ; 12 W . Theiler, Zur Geschichte der teleo
logischen Naturbetrachtung bis auf Aristoteles, Zürich 1925; 2e éd. Berlin 1965. Bibliographie. Laks 2 , p . 281 sqq. (jusqu 'en 1983) ; 13 L . Paquet, M . Rous sel et Y . Lafrance, Les Présocratiques. Bibliographie analytique (1879- 1980 ), coll. « Noêsis » , t. II, MontréalParis 1989, p .213-218 .
ANDRÉ LAKS. 140 DIOGÈNE D 'ARGOS PLRE 1:3 fl.MIV A . Philosophe d'Argos qui, avec son compatriote Lamprias remplissait pour sa ville , à l'occasion, les fonctions d'orateur, d 'homme politique, d 'ambassa
DIOGÈNE D ’OINOANDA
803
deur : « Ils dépensent leur fortune sans compter, ils font par leurs actes l'apologie de la philosophie outragée, ils démontrent l'erreur de l'opinion qui représente ses adeptes comme des gens inutiles aux cités» (Julien , Epist. 198, 410 b- c d'authenticité douteuse selon Bidez). B . Est- il à identifier au Diogène (RE 31 PLRE I:4) mentionné par Libanius comme un philosophe, frère d 'Hiérius et oncle d ' Aristophane de Corinthe, et comparé avec son frère à Maxime d' Éphèse et Priscus (Libanius, Orat. XIX 7 , t. II, p. 90 Förster) ? Ce Diogène était déjà mort en 362 (Libanius, Orat. XIX 32, p . 99 ).
PIERREMARAVAL .
141 DIOGÈNE D ’OINOANDA RESuppl. 47A MF 1a ? VIIP ? Philosophe épicurien, auteur de plusieurs traités qu'il fit graver - ainsi que certains textes d' Épicure – sur lemur d'un portique de sa cité en Lycie. Texte des fragments. Depuis les éditions de 1 A . Grilli, Diogenis Oenoan densis Fragmenta ,Milano 1960, et de 2 C . W . Chilton, Diogenis Oenoandensis Fragmenta, coll. BT, Leipzig 1967, XX- 108 p., qui rassemblaient les 88 frag
ments découverts au XIXe siècle , l'exploration du site sous la direction de M . F. Smith a permis, de 1968 à 1983, l'apport de 121 nouveaux fragments. Une édition provisoire , avec traduction, de tous les fragments connus en 1982, a été donnée par 3 A . Casanova, I frammenti di Diogene d 'Enoanda , coll. « Studi e Testi » 6 , Firenze 1984, en attendant la parution de ce qui sera désormais
l'édition de référence: 4 M . F. Smith ( édit.), Diogenes of Oinoanda. The Epicurean inscription. Edited with Introduction , translation , and notes, coll. « La Scuola di Epicuro » Suppl. 1, Napoli 1993, 660 p ., avec 18 planches photo graphiques et des index des noms et desmots grecs (p. 631-660) ; bibliographie complète, p. 18- 32 . Cette édition , fondée sur un examen direct des pierres découvertes ou redécouvertes ou au moins des empreintes et des relevés des
pièces disparues et non plus seulement sur l'étude des publications intermé diaires, prend en compte les 212 fragments actuellement connus, dont 29 ont
disparu depuis leur publication à la fin du siècle dernier. Smith a imposé une nouvelle numérotation de tous les fragments en fonction de l'ordre de sa reconstitution , mais les numérotations anciennes sont rappelées dans l'édition . La séparation , habituelle dans la collection , du texte, de la traduction et du
commentaire en trois sections différentes de l'ouvrage rend peu commode l'utilisation de cette édition par ailleurs remarquable. Les numéros de fragments cités dans cette notice sont ceux de cette récente édition. Études d 'orientation . Outre l' étude exhaustive de M . F . Smith 4 , on trouvera
une synthèse utile , et sur certains points des conclusions différentes, dans 5 D . Clay, « The Philosophical Inscription of Diogenes of Oenoanda : New Disco veries 1969- 1983 » , ANRW II 36 , 4 , 1990, p. 2446 -2559. La discussion sur la date de l'inscription et l' identification de l'auteur n 'a encore permis d'aboutir à aucune certitude (voir ci-dessous) : on se reportera aux argumentations diver
gentes de Grilli 1, Casanova 3 et Smith 4, ainsi qu 'à 6 A .S. Hall, « Who was
804
DIOGÈNE D 'OINOANDA Diogenes of Oenoanda ?» , JHS 99 , 1979, p. 160- 163, 7 D . Clay, « A Lost Epicu
rean Community » , GRBS 30, 1989, p. 313-335, et 8 L . Canfora, « Diogene di Enoanda e Lucrezio » , RFIC 120, 1992, p . 39-66. L 'orientation philosophique de l'œuvre a été analysée par 9 A . Barigazzi, « Nuova luce su Democrito in Dio
gene d'Enoanda », Emerita 49, 1981, p. 1- 15 ; 10 A . Casanova, « La critica di Diogene d'Enoanda alla metempsicosi empedoclea » , dans Studi in onore di A . Barigazzi, Roma 1986 , p. 110- 130 ; 11 D . Clay, « An epicurean interpretation of
dreams» , AJPh 101, 1980, p . 342- 360 ; 12 Id., « The cults of Epicurus» , CronErc 16, 1986 , p. 11-28 ; 13 A . Laks et C . Millot, « Réexamen de quelques fragments de Diogène d' Enoanda sur l'âme, la connaissance et la fortune » ,
dans J. Bollack et A . Laks (édit.), Études sur l'épicurisme antique, coll. « Cahiers de philologie » 1, Lille 1976 , p. 319-357. Biographie . L 'époque et l'identification de Diogène ont donné lieu à des
appréciations divergentes. Smith 4 , p. 38 -48, montre la fragilité de la datation traditionnellement reçue (fin du ire siècle de notre ère) et propose de dater l'inscription vers 120 , par comparaison de l'écriture des fragments de Diogène
avec celle d'une longue inscription concernantun festival musical à Oinoanda institué en 124 -125 . Cette nouvelle datation a pour conséquence d'interdire
l'identification , proposée par Grilli et souvent reprise par la suite, de Diogène avec le Flavianus Diogénès connu par une inscription d'Oinoanda du début du IIIe siècle ou avec Diogénès, fils de Marcus, qui dédia à Septime Sévère (193 211) un établissement sportif à Oinoanda, et invite à chercher plutôt du côté
d'un des trois ancêtres connus de Flavianus Diogénès. Smith penche pour le grand-père de Flavianus Diogénès, qui fut chargé par la cité de soumettre au gouverneur de la province le décret relatif au festival musical institué par C . Iulius Démosthénès.
Mais cette identification repose à son tour sur des bases extrêmement fra giles, puisqu 'elle s'appuie uniquement sur une analyse paléographique. On sait
les dangers de cette méthode pour les époques hellénistique et impériale , où les différents styles de gravure peuvent, au gré des modes ou des conservatismes locaux, se maintenir pendant plusieurs siècles ou être abandonnés d'une année à
l'autre pour revenir en faveur un ou deux siècles plus tard. Précisément, celui de l'inscription, relativement proche de l'écriture cursive avec ses lettres de forme lunaire, pouvait, quel que fût le goût du jour, paraître le mieux adapté à la longueur et au caractère du document. On pourrait lui trouver des parallèles à des dates fort
diverses, comme l' a montré Canfora 8 , qui rappelle qu 'aucune particularité stylistique
n 'oblige ni n ' autorise à restreindre la fourchette chronologique aux IIe et IIIe siècles ap. J.-C . De fait, la datation qu 'il propose pour sa part, dans les années 30 av. J.- C ., paraît également plausible. Sans doute les quelques documents lyciens de style comparable dont la date peut être appréciée appartiennent-ils au lle ou au lile siècle de notre ère, d 'où la datation habituel
lement retenue pour l'inscription philosophique; mais c'est que précisément la grandemasse des inscriptions de la région date de cette période, alors qu'elles sont extrêmement rares dans le dernier tiers du jer siècle av. J.- C . : la documentation épigraphique est donc trop inégale
ment répartie dans le temps pour que l'on puisse espérer trouver dans la paléographie des indices chronologiques décisifs . Reste la parenté stylistique, indéniable , entre la gravure de
l'inscription philosophique et celle de la fondation de Démosthénès. Il paraît difficile d 'en rendre compte en supposant, comme le propose Canfora 8, une restauration du portique au IIe
DIOGÈNE D ’OINOANDA
805
siècle , au cours de laquelle aurait été gravée à nouveau la partie du texte endommagée . Il existe bien deux écritures distinctes dans l'inscription philosophique mais leurs différences sont trop peu significatives pour autoriser (et moins encore obliger, comme le suggère Canfora p .62) à situer leur gravure à des époques différentes, surtout distantes d'un siècle et
demi. Par ailleurs, si les citésmettaient leur point d'honneur à relever les bâtiments publics en ruine, recommencer la gravure d'un texte de cette ampleur, dont l'auteur ne semble pas avoir acquis une célébrité immortelle, impliquerait une foi militante en la philosophie épicurienne dont rien n 'assure qu 'elle ait particulièrement animé les gens d' Oinoanda. Du reste cette
hypothèse n 'est peut-être pas la seule compatible avec la datation que propose Canfora . Ne pourrait-on envisager par exemple qu 'au moment de la gravure de l' inscription des Démosthé.
neia qui, avec ses 117 lignes, représentait elle -même une commande peu banale , on se soit inspiré de ce qui devait être, pour les lapicides de la région , une réalisation de légende et qui,
avec son style indémodable, constituait un modèle aussi commode que prestigieux ?
Le contenu du document n'offre pas d'indices chronologiques plus solides que sa présentation matérielle. Smith 4 a souligné que le texte du fragment 22, où l'évocation de populations décimées avait étémise en rapport avec les pestes de 166 ou 189, est trop mutilé et trop allusif pour autoriser des conclusions
chronologiques. Il pourrait également s'appliquer aux conséquences dramatiques des guerres civiles romaines sur les populations grecques, selon Canfora 8 qui évoque à ce propos la prise de Xanthos par Brutus et les massacres qui l'accom pagnèrent. Vu la diversité des identifications proposées, on ne peut non plus espérer trouver un indice dans la mention du nom Avitus au fragment 70 . La seule conclusion certaine à laquelle aient permis d'aboutir les directions de recherche suivies depuis un siècle est donc la suivante : l'épicurien Diogénès vivait à Oinoanda et enseignait à Rhodes entre le jer siècle av. et le lle siècle ap . J.- C .
Il est dès lors légitime de se demander, avec Canfora 8, si l'on n 'a pas trop longtemps négligé le seul élément qui pourrait se révéler décisif et si l'« admi rable Carus » , salué avec déférence par l'épicurien Diogène, ne serait pas le plus
célèbre des Romains de ce nom et le plus célèbre propagandiste de l'épicurisme, le poète Lucrèce (voir la notice « Carus» » C 49). Cette hypothèse présenterait notamment l'avantage de situer Diogène à une époque où la présence à Rhodes d'une communauté épicurienne est attestée par ailleurs , ce qui n 'est pas le cas au IIe siècle de notre ère. A tous les arguments réunis par Canfora 8, on pourrait peut-être ajouter, à l'appui de cette solution, l'observation suivante : l'image de Rhodes qui se dessine dans le texte de Diogène est celle d'un centre culturel important, qui attire non seulement les intellectuels de la région mais aussi les Romains cultivés (Avitus, Carus); sans aucun doute , cette image est bien plus en
accord avec le rôle joué par l'île jusqu'au début de notre ère qu'avec les réalités du IIe siècle, où son prestige culturel paraît bien affaibli. Diogène était en contact non seulement avec la communauté épicurienne de Rhodes, où il passait l'hiver, mais avec celles d'Athènes, de Chalcis et de
Thèbes de Béotie . C 'est dans sa vieillesse, affaibli par la maladie et sentant approcher la mort, qu'il avait imaginé de faire graver son œuvre, pour apporter à l'humanité présente et future, frappée par la peste des idées fausses, le remède
porteur de guérison et de salut que constituait l'enseignement d'Épicure.
806
DIOGÈNE D 'OINOANDA
L 'inscription qui s 'étendait sur un mur d'au moins 80 mètres était située sur une esplanade qui devait constituer l'ancienne agora de la cité. Oinoanda connut un tremblement de terre en 140 / 1, une nouvelle agora fut construite plus tard dans le lie siècle et plusieurs blocs de l'inscription de Diogène furent utilisés
dans la construction de nouvelles fortifications à la fin du IIIe siècle. D 'autres blocs furent réemployés dans des villages voisins (Kemerarası et Zorban ) au
cours des siècles. BERNADETTE PUECH .
Euvres. L 'inscription contenait, répartis sur sept niveaux, certains textes d'Épicure (KúplaL 86 Eai, inscrites sous le traité éthique de Diogène, Lettres à sa mère, à un élève des rhéteurs (Hermarque ? ], à Dosithéos (~ D 224 ) : fr. 125 128 ) et les abrégés d 'au moins trois ouvrages de Diogène lui-même: un traité de physique (Smith reconstitue le titre de la façon suivante : (AloyÉVOUS TOV
Ol]vol[avēéwç nepì alo ]o l(gewç xal Dúoews] | [ćnitoun ]: fr. 1-27), un traité d' éthique ([Tepi tõv ] I nadwv xai (npáčewv ) Énitou [n ]: fr. 28 -61) et un traité sur la vieillesse (fr. 137-179 ). Diogène avait également tenu à porter à la connaissance du public des maximes , directement inspirées d'Épicure (fr. 97 116 ), des conseils aux parents et amis - plutôt qu 'un testament comme on l'avait pensé – (fr. 117- 118) et des lettres par lui adressées à des amis épicuriens, comme Mennéas ( fr. 120 - 122), Dionysios (fr. 68 -74 ) ou Antipatros (fr. 62 -67). La lettre à Antipatros ( ~ DPhA Suppl. I, n° 202a) rapportait un entretien récent
de l'auteur avec Théodoridas de Lindos sur l'infinité épicurienne des mondes (nepi åttelplaç xbouwv, fr. 16 , I, 4 -5 ) . D ' autres textes ne peuvent être identi
fiés (fr. 129-136 ). On trouvera dans l' étude de Clay 5, p. 2465-2478, et dans Smith 4, p. 76-108, une revue des différentes reconstitutions proposées pour la disposition de ces textes sur le mur du portique.
RICHARD GOULET.
142 DIOGÈNE DE NICOMÉDIE
м ІІa
Académicien , élève de Carneade (2C 42),mentionné dans l'Ind. Acad. Herc. de Philodème, col. 23, 36 = 32 , 34 (= Carnéade, T 36 12 Mette ). TIZIANO DORANDI.
143 DIOGÈNE DE PHÉNICIE PLRE III :2
D VI
Avec Damascius de Syrie (- D 3), Simplicius de Cilicie , Eulamius (ou Eulalius) de Phrygie , Priscus de Lydie , Hermias de Phénicie et Isidore de Gaza,
ce philosophe païen quitta l'empire byzantin après 529 (date à laquelle Justinien interdit l'enseignement aux païens et ferma l'école d' Athènes) pour se rendre en Perse, qu 'il croyait être le pays du roi-philosophe de Platon. Déçus par la conduite des Perses, ces philosophes obtinrent de rentrer chez eux , malgré le désir de Chosroès (- C 113) de se les attacher. Ce dernier obtint toutefois de
Justinien qu'ils ne soient pas inquiétés pour leur religion (Agathias, Hist. II, 30 , 3 - 31, 4 ). PIERREMARAVAL .
DIOGÈNE DE SÉLEUCIE
807
144 DIOGÈNE DE PTOLÉMAÏS RE 48 Stoïcien d 'époque indéterminée , dont la particularité était de commencer l'enseignementde la philosophie par l'éthique, selon D . L . VII 41. RICHARD GOULET.
145 DIOGÈNE DE SÉLEUCIE RE 47 MIT Philosophe épicurien à la cour d 'Alexandre Balas (150- 146) en Syrie . Athé née V , 211 a -d , raconte que ce philosophe talentueux (ÉELV ÉXwv ixavnu év olc
METEXELPICEto Nóyouc ) était reçu à la cour d'Alexandre, bien que ce dernier, friand d ' entretiens érudits ( pióroyos év tałc ouihiais, 211d), se soit plutôt délecté des doctrines stoïciennes (tots ånó tñs otoãs nóyouc). C ' était un
dépravé et une mauvaise langue. Il demanda et obtint l'autorisation de porter une tunique de pourpre et une couronne d 'or où figurerait au centre le visage de la Vertu , dont il se voulait le prêtre. Diogène fit par la suite don de ces attributs à une actrice qui jouait des rôles masculins et dont il était épris . Le roi qui avait
appris la chose invita le philosophe à un symposion où étaient rassemblés d 'autres philosophes et diverses personnalités. Comme le roi lui demandait de prendre place sur le lit avec le vêtement et la couronne qu 'il lui avait donnés,
Diogène répondit que cela était inopportun (äxalpov). Le roi fit alors entrer tà áxououata , « les artistes» , parmi lesquels figurait l'actrice revêtue de la tuni
que de pourpre et couronnée de la couronne de la Vertu . Malgré les rires qui éclatèrent, Diogène ne cessa pas de faire l'éloge de l'actrice. Sous le règne d ' Antiochos VI Épiphane (mort en 139/8 ), Diogène eut la gorge tranchée à
cause de sa zaxooyia . A l'occasion de cette anecdote, Athénée rappelle , par l'intermédiaire d 'un de ses deipnosophistes, qu' il avait personnellement écrit un ouvrage Tepi tõv Év
Eupla BaoınevoÁVtwv, Sur les rois de Syrie (FGrHist 166 F 1), où il parlait d 'Alexandre Balas. L 'anecdote pourrait être empruntée à Posidonius selon J. Malitz, Die Historien des Poseidonios, coll. « Zetemata » 79, München 1983, p . 9 n. 42 et 272 ; test. 16 , p . 433-434 . Voir aussi le commentaire de I.G . Kidd,
Posidonius, t. II b, p . 977.
Cf. W . Crönert, « Die Epikureer in Syrien » , JOeAI 10 , 1907, p. 145-152, notamment 149. 146
DIOGÈNE DE SÉLEUCIE dit le Babylonien
RICHARD GOULET. ca 240a-ca 151a
Philosophe stoïcien , fils d'Artémidore , disciple de Chrysippe puis de Zénon de Tarse , auquel il succéda à la tête de l'École , à Athènes . Fragments et témoignages : SVF Diog., fr. 1-126 , t. III, p . 210, 2 - 243, 35 .
Traduction italienne dans M . Isnardi Parente, Stoici antichi, Torino 1989, p. 600 -642. Supprimer: D .L . VII 62 (= fr. 23) citant Dioclès deMagnésie, A 260), Chrysermos d ’Alexandrie (2C 118 ) et le mathématicien Dionysios de Cyrène [2D 180] (Ind. Stoic. Herc., col. 52, 6 - 7 = fr. 12 ). En outre , Diogène avait enseigné la dialectique à Carnéade ( C 42] (fr. 13). Les Athéniens, ayant pillé la ville d 'Orôpos, avaient été condamnés à une amende de 500 talents par le Sénat romain (fr. 8 ). En vue d 'une remise de peine,
ils envoyèrent en 156 -155a les diadoques des trois grandes Écoles philosophi ques à Rome : Carnéade pour l' Académie , Critolaos (- C 219 ] pour le Lycée et Diogène pour la Stoa. Les trois ambassadeurs en profitèrent pour donner des
conférences (fr. 7 ; 9 -10). A cette occasion donc, Diogène fut vraisemblablement l'introducteur du stoïcisme à Rome : voir P .-M . Schuhl 7, p. XXXVII, et 21 A . Bridoux, Le stoïcisme et son influence, Paris 1966 , p . 133. Les témoignages sur l'ambassade à Rome sont rassemblés par H . J. Mette , « Weitere Akademiker
heute. Von Lakydes bis zu Kleitomachos » , Lustrum 27, 1985, fr. 7 a -k .
Euvres philosophiques : Les nos 1 et 2 concernentla logique; les nºs 3-5 , la physique et la théologie ; les nºs 6 -8 , l' éthique et la politique; les nºs 9 et 10 , la musique et la rhétorique. D 'autres ouvrages nous sont inconnus.
(1) Nepi pwvñs (Sur la voix, fr. 17 -25),
(2) Alałextix ) TÉXUN (Artdialectique),
(3) Hepi toŨ tñs quxñs NYEUOVIZOŨ (Sur la partie directrice de l'âme), (4) Hepi 'Aonvāç (Sur Athéna ),
(5 ) Hepi uavtiucñs (Sur la divination ),
(6) 'HOL ch (Éthique ), (7 ) Nepi e ' yeveias (Sur la naissance noble ),
(8) lepi vouwv (Sur les lois),plusieurs livres,
DIOGÈNE DE SÉLEUCIE (9) llepi UovoLXNS (Sur la musique, fr. 54- 90 ), ( 10 ) lepi øntopluñs (Sur la rhétorique, fr. 91- 126). [Un catalogue d 'ouvrages philosophiques et littéraires conservé dans
810
PRossGeorg I 22 (début du III s.) a conservé la référence suivante : (Aloy ]é Vous Nepì å unías (Sur l'absence de chagrin ), qui concerne, selon Vogliano
(dans son édition du papyrus signalée au paragraphe suivant), Diogène de Babylone, et non Diogène d 'Oinoanda comme l'ont envisagé Zetereli et Krüger. Le papyrus est édité et commenté par Alessandro Linguiti dans CPF, t. I 1 * , nº 2, p. 85- 93.
Ce Περί αλυπίας est également signale avec un ouvrage du meme auteur sur
le mariage et d'autres traités stoïciens de Boèce, Chrysippe, Antipatros et Posidonius dans PMilVogliano 11 (lettre du II s.) : ALOYÉVOUÇ Hepi ránov (Sur
le mariage) I ALOYÉvous lepi årunlac. Cette lettre de Théon à son " ami" (Étaipw ) Héraclide le " philosophe" commence par la formule platonicienne ( D . L . III 61, Lucien , Laps. 4 ) Eů npártelv . La lettre est éditée, traduite et
commentée par A . Linguiti, dans CPF , t. I 1 * , nº 6 , p . 110 -114 . Une quvre de Diogène apparaît également dans une autre liste d'ouvrages
conservée dans PVars 5V (III s.): ( ] Aloyévo(uc) Baburw ( vlov) a '. Le papyrus est édité et commenté par M . Manfredo Manfredi, Isabella Andorlini et Alessan R .G .) dro Linguiti dans CPF, t. I 1 *, nº 4 , p. 99- 105 .
[ L 'attribution par Festa de PVat. 8 (Pack ? 2572) à Diogène est rejetée notam T . D .) Postérité : Après sa mort, Diogène conserva de fervents zélateurs, les « Dio
ment par M . S. Funghi,CPF I 1 * *, p.88.
génistes» (Athénée V , 186 a = SVF III Ant., fr. 3), et fut considéré comme un des plus grands philosophes stoïciens. CHRISTIAN GUÉRARD. Une édition des témoignages et fragments rapportés à Diogène de Babylone est actuellement en préparation par l'équipe de recherches « Catégories de la pensée antique » de l'Université de Lille III , sous la direction de Jean -Paul Dumont et avec le concours de Daniel Delattre , plus directement responsable de
la tradition papyrologique. Ces travaux, entrepris en 1979, sont sur le point d 'aboutir à publication . L ' étude du corpusmontre que, si SVF II- III concèdent à
Chrysippe une importance par trop exagérée (voir 22 J. B . Gould , The philo sophy of Chrysippus, Leiden 1970), il est en même temps nécessaire de rééva luer l'apport de Diogène à l' élaboration des thèses du Portique. Si en effet Dio gène se situe à l'articulation de l'ancien et du moyen stoïcisme, il convient de le tenir lui-même pour le responsable singulier de ce renouvellement. Non seule ment il inspire à son élève Panétius une conception nouvelle des kathèkonta ou
officia, mais il développe les recherches grammaticales dont il doit être tenu pour le véritable fondateur, les recherches logiques et les analyses portant sur la rhétorique et l' esthétique, notamment la musique. L 'histoire de la postérité immédiate de Diogène se confond avec celle de la vie culturelle de son temps :
parce que Carnéade est son élève, il peut renouveler l'Académie . En outre,
811 DIOGÈNE DE SÉLEUCIE Diogène va , par ses écrits, devenir l'interlocuteur privilégié de l'épicurien Philo dème, témoin de l'intérêt original qu'il porte à la musique et à la rhétorique.
C 'est pourquoi l'approche de Diogène ne peut se passer d'une attention soutenue prêtée au études philodémiennes. Ainsi, outre 23 M . Schäfer, « Diogenes als
Mittelstoiker », Philologus 91, 1936 , p. 174 -196 , on devra aussi consulter 24 Th. Gomperz , « Philodem und die ästhetischen Schriften der Herculanischen Biblio thek », SAWW 123, 1890, p. 1-88 ; 25 E .Gros, PhilodemiRhetorica ex Hercula nensi papyro lithographice Oxonii excussa, Paris 1840 ; 26 H . M . Hubbell, « The
Rhetorica of Philodemus» , Transactions of the Connecticut Academy of Arts and Sciences 23, 1920 , p. 243 -382 ; 27 D . A . van Krevelen , Philodemus. De Muzik .Met Vertaling en commentaar, Hilversum 1939 ; 28 F .Longo Auricchio ,
« Oloðnuov lepi 'Pntopixñs libri primus et secundus», dans F. Sbordone (édit.), Ricerche sui Papiri Ercolanesi, t. II, Napoli 1977 ; 29 O . Luschnat, Zum Text von Philodems Schrift de musica, Berlin 1953 ; 30 A . J. Neubecker , Philodemus. Über die Musik IV. Buch. Text, Übersetzung und Kommentar,
Napoli 1986 ; 31 R . Philippson, art. « Philodemos », RE XIX 2, 1938, col. 2444 2482 ; 32 G . M . Rispoli, « Filodemo sulla musica », CronErc 4, 1974, p. 57-87 ; 33 G .M . Rispoli, « Il primo libro del Mepi uovolxñs di Filodemo » , dans F.
Sbordone (édit.), Ricerche sui Papiri Ercolanesi, t.I,Napoli 1969, p. 25-287 ; 34 A . Plebe, Filodemo e la musica, Torino 1957; 35 S. Sudhaus, Philodemi Volumina Rhetorica, t. I, Leipzig 1893; reimpr. Amsterdam 1964 ; 36 S. Sudhaus, Philodemi Volumina Rhetorica, t. II, Leipzig 1896 ; réimpr. Amster dam 1964 ; 37 S . Sudhaus, « Neue Lesungen zu Philodem (de rhetor. I. I, II) » ,
Philologus 53, 1894, p. 1-12 ; 38 S . Sudhaus, Philodemi Volumina Rhetorica. Supplementum , Leipzig 1895 ; réimpr. Amsterdam 1964 ; 39 L . P. Wilkinson , « Philodemus On “ Ethos” in Music» , CQ 32, 1938 , p. 174 -181. JEAN -PAUL DUMONT et DANIEL DELATTRE .
D . Obbink et P.A . vander Waerdt, « Diogenes of Babylon : the Stoic Sage in the city of the fools » , GRBS 32, 1991, p. 355 -396 , annoncent eux aussi une nouvelle édition des fragments de Diogène. Dans de nombreux domaines (linguistique, éducation musicale , psychologie philosophi que, rhétorique, éthique, philosophie politique), Diogène de Babylone, qui était le cinquième scholarque de la Stoa, a reformulé les positions des premiers scholarques, de telle sorte que ce sont ses positions qui sont devenues l'expression du stoïcisme orthodoxe durant les fle et fer
sièclesav. J.-C ., comme le montre l'usage étendu de Diogène de Babylone que fait Cicéron.
C 'est ce que montre aussi le nombre extraordinaire de citations explicites de Diogène que font les papyrus d 'Herculanum : d'après CPF I 1 * , 38 sq., on compte plus de 105 passages identifiés comme étant de Diogène de Babylone dans cette bibliothèque (certains ouvrages n 'étant pas de Philodeme). Diogène de Babylone se trouve ainsi être, après Épicure, le philo
sophe le plus souvent cité par les papyrus d 'Herculanum . L 'article de Obbink et vander Waerdt consiste à donner la publication, la traduction et le commentaire (papyrologique et philosophique) d 'un fragment du PHerc. 1506 col. 8 (II 211 Sudhaus = SVF III 117), texte extrait du lepi ontopañs de Philodème, qui cite Diogène de
Babylone sur la question de la compétence politique de l'orateur tel que le conçoivent les stoï ciens. Le débat s'organise autour d'une question centrale, celle de l'origine de la loi naturelle
(XOLVÓS Vóuoc), qui était chez Chrysippe identifiée à la raison du Sage : seul le Sage peut
812
DIOGÈNE DE SÉLEUCIE
s'accorder à la loi naturelle. La nouveauté de Diogène de Babylone consiste à soutenir que le Sage est capable de remplir toutes les fonctions au sein de la cité. On retiendra également P . A . vander Waerdt, « Politics and philosophy in Stoicism » , OSAPh 9 , 1991, p . 185 -211 : dans cet article , notamment aux p. 205-210, l'auteur amontré le rôle important joué par Diogène de Babylone dans l'évolution des conceptions stoïciennes en
matière de philosophie politique. (Voir également T. Tieleman , « Diogenes of Babylon and stoic embryology : Ps. Plutarch , Plac. V 15, 4 reconsidered » , Mnemosyne 44, 1991, p . 106 -125.) JEAN -MARIE FLAMAND .
147 DIOGÈNE DE SINOPE, surnommé le Chien RE 44 4127403 - 324 /321 (Premier ?) philosophe cynique. Sources. Parmi les nombreuses sources qui nous renseignent sur Diogène, il convient de faire une place à part au De Stoicis de Philodème, qui nous a trans mis les théories exprimées par le philosophe dans sa Politeia , et aux chapitres du livre VI de Diogène Laërce consacrés à Diogène. Les passages de la Politeia ont été édités par 1 T. Dorandi, « Filodemo. Gli Stoici (PHerc 155 e 339)», CronErc 12, 1982, p. 91- 133. Ce texte nous livre un condensé de l'ouvrage de Diogène,
d 'où son importance. Quant au livre VI de D .L ., il est notre principale source à la fois sur le cynismeet sur Diogène, mais il pose de nombreux problèmes. Le plus épineux est certainement celui des sources utilisées par D .L .: cyniques contemporains de Diogène et Cratès (Métroclès,Ménippe de Gadara , Cléomène, un certain Eubule auteur d'une Vente de Diogène,mais nous ignorons à quelle époque il vivait et même s'il s'agissait bien d 'un cynique), cyniques postérieurs
(Cercidas de Mégalopolis), auteurs contemporains du cynisme ancien (Ménan dre, Philémon , Théopompe de Chios, Théophraste, Phanias d'Érèse, Timon de Phlionte, Zoïlos de Pergé), stoïciens contemporains de Zénon (Denys le Stoïcien, Eratosthène de Cyrène), stoïciens postérieurs (Hécaton de Rhodes, Athénodore, Apollodore de Séleucie), auteurs de Aladoxal (Sotion , Antisthène
(de Rhodes], Sosicrate de Rhodes), d 'ouvrages lepi aipédew (Hippobote), biographes (Néanthe de Cyzique, Hermippe, Satyros, Dioclès de Magnésie, aux
quels on peut joindre Démétrios de Magnésie, auteur d'un ouvrage intitulé llepi tõv ouwvúuwv TOINTÕV te xai ovyypapéwv). Sur les Bloi et l’ 'Etilopoun
των φιλοσόφων de Diocles de Magnésie considérés comme source immediate probable du livre VI et sur l'influence également probable exercée sur Dioclès par l'ouvrage Eiç tà dóyuata eloaywyal d 'Apollodore de Séleucie , voir 2 M . O . Goulet-Cazé, « Le livre VI de Diogène Laërce : analyse de sa structure et réflexions méthodologiques » , ANRW II 36 , 6 , p. 3880 -4048 (notamment p . 3922-3951).
Dion Chrysostome a consacré cinq discours à Diogène : IV (Sur la royauté), VI (Sur la tyrannie), VIII (Sur la vertu ), IX (Discours Isthmique) et X (Sur les serviteurs ). Sur ces discours et leur valeur comme source documentaire concer nant Diogène, voir 3 G . Giannantoni, SSR , t. IV , note 53, p. 553 -559 ; 4 M .
Szarmach, « Les discours diogéniens de Dion de Pruse », Eos65, 1977, p. 77-90 ; 5 A . Brancacci, « Le orazioni diogeniane di Dione Crisostomo », dans G .Gian
DIOGÈNEDE SINOPE
813
nantoni (édit.), Scuole socratiche minori e filosofia ellenistica , (Roma) 1977, p . 141- 171 ; 6 Id., « Tradizione cinica e problemi di datazione nelle orazioni diogeniane di Dione di Prusa » , Elenchos 1, 1980 , p. 92- 122 ; 7 F . Jouan, « Le
Diogène de Dion Chrysostome» , dans 8 M .- O . Goulet-Cazé et R . Goulet (édit.), Le cynisme ancien et ses prolongements, Actes du colloque international du
C .N .R .S . (22- 25 juillet 1991), Paris 1993, p . 380-397. On se reportera également à la notice de P . Desideri, « Dion Cocceianus de Pruse dit Chrysostome>> ( - D 166 ).
La tradition diogénienne, telle qu'elle nous est parvenue,notamment grâce à Diogène Laërce, reposechessentiellement sur des chries et des apophtegmes. A es par les travau os 7, 1986, p. 210 Strand , « Diogen
propos de ces deux notions voir 9 J. F . Kindstrand, « Diogenes Laertius and the
Chreia Tradition » , Elenchos 7 , 1986, p .219- 243; sur les perspectives nouvelles ouvertes par les travaux de E . Schwartz et R . Bultmann concernant le traitement
des chries, voir Goulet-Cazé 2 , p. 3997-4039. Chronologie. Nous disposons d 'un certain nombre de données chronologi ques, mais qui ne s 'harmonisent pas toutes ensemble. Nos références aux frag ments sont celles de l'édition Giannantoni 3 , SSR V B , t. II, p . 227 -509.
- Souda, A 1142 (fr. 91) : Diogène serait né au moment de la chute des
Trente (soit en 4034). - Eusébe de Césarée , Chronique ( version latine de Jérôme), p. 118 , 7 Helm , Ol. 96 , 1 = 396 av. J.-C . (fr. 89) : « Diogenes cynicusagnoscitur » . - Diogène Laërce VI43 (fr. 27) : d ' après Denys le Stoïcien , Diogène fut fait
prisonnier à la suite de la bataille de Chéronée en 338a. - Censorinus, De die natali 15 , 2 (fr. 90 ) : il serait mort à 81 ans.
- Diogène Laërce VI 76 (fr. 90 ): Il serait mort poc tà éveVÍXOvta, vers les 90 ans.
- Diogène Laërce VI 79 (fr. 92): « Démétrios (de Magnésie ) affirme que sont morts le même jour Alexandre à Babylone et Diogène à Corinthe (soit le 13 juin 323a ; cette coïncidence est signalée aussi par Plutarque, Quaest. conv. VIII 1, 1,
717c). Diogène était un vieillard au cours de la 113e olympiade [328 -325] » . L 'indication de l'olympiade tendrait à prouver que cette donnée vient de la
Chronique d 'Apollodore. - Souda, A 1143 (fr. 92) : « Diogène cessa de vivre au cours de la 1130 olympiade, le jour même où mourut à Babylone le Macédonien Alexandre » . La
Souda semble avoir à tort amalgamé les deux données de D .L . VI 79. Contradictions:Diogène ne peut pas être né en 403 et avoir été connu en 396 , alors qu 'il n 'avait que 7 ans. C 'est pourquoi Giannantoni 3 , t. IV , note 42, p . 422, date sa naissance des années 412-403. Diogène a pu être impliqué dans
l'histoire de la falsification de la monnaie évoquée par D . L . VI 20-21, alors qu'il n 'avait que seize ans, et de ce fait son nom a pu être connu dès 396 . Les 81 ans indiqués par Censorinus ne coïncident pas avec le nombre approximatif de 90 ans que l'on rencontre dans D . L . VI 76 . En revanche, que
DIOGÈNE DE SINOPE
814
Diogène ait été âgé durant la 113e olympiade ne contredit pas la date de mort
présentée par Démétrios, c 'est-dire 323. La fourchette proposée par Giannan toni: 412/403 - 324 /321 semble donc raisonnable. Données biographiques. Les témoignages biographiques sont rassemblés dans Giannantoni 3, t. II, p . 227 -280 (nºs 1- 116 ) et commentés au tome IV ,
p . 421-441 (ce commentaire constitue la note 42 de l'ouvrage). Voici les données biographiques que l'on trouve, pour la plupart, dans le livre
VI 20-81 de Diogène Laërce. - Diogène est né à Sinope (une importante colonie de Milet sur le Pont
Euxin ). Il était le fils de celui qui gérait la banque publique ( tpanelling) : Hicésios.
A partir d 'ici, il est impossible de départager la vérité historique et la
légende. - Son père passe pour avoir falsifié la monnaie (VI 20 -21) et Diogène aurait été d 'une façon ou d 'une autre associé à cette falsification. Voici les différentes
versions de l'épisode: Diogène doit s 'enfuir parce que son père a falsifié la monnaie (Dioclès); Diogène aurait lui-même accompli cette falsification et il aurait erré en exil avec son père (Eubulide); dans une de ses euvres, Le Por
dalos, il déclare avoir personnellement falsifié la monnaie ; selon une source anonyme, les ouvriers qui fabriquaient la monnaie auraient eux-mêmes persuadé Diogène, qui serait devenu l'administrateur de la monnaie (étiueantńs), de falsifier la monnaie ; alors intervient l' épisode de l'oracle : venu à Delphes ou à
Délion , Diogène demande à Apollon s'il doit agir comme on cherche à l' en convaincre . Apollon lui « concéda la monnaie publique » ; Diogène, qui ne saisit pas le sens de l'oracle , altéra la monnaie et fut pris en flagrant délit; selon une
autre source, anonyme elle aussi, le père de Diogène aurait remis à celui-ci la monnaie et c 'est Diogène qui l'aurait corrompue. Son père serait mort en prison et Diogène, lui, serait venu à Delphes pour demander à l'oracle ce qu 'il devait faire afin de devenir célèbre . Apollon lui aurait dit alors de falsifier la monnaie .
Le témoignage du Pordalos a plus de poids que les autres, puisqu'il s'agit d'une œuvre de Diogène lui-même. Deux interprétations sont possibles :
Diogène a réellement falsifié la monnaie , et l'une des versions évoquées, peut être celle de Dioclès, qui ne fait pas intervenir un oracle dont la portée symboli que est peut-être trop manifeste pour être vraie, a rapport avec la réalité ; ou bien
Diogène aurait, dans son ouvrage, employé au sens figuré la notion de « falsifi cation de la monnaie » , compte tenu du second sens du terme vouloua : « la coutume» . On peut concevoir qu 'à partir de cet emploi figuré se soit alors développée toute une légende de la falsification , qui, il faut le noter, n 'est
évoquée ni par Dion Chrysostome, ni par les lettres pseudépigraphes. Sur les différentes versions et les multiples interprétations qui en ont été proposées, en lien avec les découvertes numismatiques faites dans la région de Sinope et qui, selon les uns, confirment, selon les autres, infirment l'hypothèse d 'une falsi fication réelle de la monnaie à l' époque où le père de Diogène était banquier,
815 DIOGÈNE DE SINOPE voir Giannantoni 3, t. IV , note 42, p . 423-433. La dernière étude en date, celle de 10 H . Bannert, « Numismatisches zu Biographie und Lehre des Hundes Dio
genes » , LNV 1 , 1979, 49-63, conclut que le père de Diogène està identifier sans aucun doute avec le magistrat monétaire IKELIO dont on rencontre le nom sur
des monnaies de Sinope datant de l'époque 360-320 , et que, si Diogène a été exilé , c 'est dans les années 370 - 365 , non pour une action criminelle de falsi
fication , mais pour des raisons politiques, liées à la prise du pouvoir à Sinope par le satrape Datames. Ainsi Diogène aurait pu fréquenter à Athènes pendant quelques années Antisthène dont on sait qu 'il était âgé en 366 . Selon Bannert, ce
serait Diogène lui-même qui aurait choisi la métaphore de la falsification de la monnaie , parce qu 'elle était bien adaptée à sa pratique du renversement des coutumes. Par la suite , on aurait forgé les anecdotes qui laissaient croire à une
falsification réelle de la monnaie. - A l'épisode de la falsification de la monnaie est donc lié celui de l'exil de Diogène à Athènes. Diogène Laërce (VI20) fait état de deux explications sur la cause de son départ : selon certains, il fut pris en flagrant délit de falsification
monétaire et contraint à l'exil; selon d'autres, c'est de son plein gré, sous l'effet de la crainte, qu 'il prit la route de l'exil. Arrivé à Athènes, a- t-il pu , chrono
logiquement, fréquenter Antisthène, le disciple de Socrate , comme le prétend la
tradition des Successions (VI21 fin -23), autrement dit faut-il attribuer un rôle à Antisthène dans la fondation de l'école cynique (voir DPHA A 211, p . 247) ? La
question a été posée dès l'Antiquité (cf. (Enomaos de Gadara cité par Julien, Disc. IX 8 , 187c). On distingue dans le blog d' Antisthène, tel qu 'il est transmis par Diogène Laërce, deux traditions: l'une qui range Antisthène parmi les socra tiques ; l'autre qui, en outre, le présente comme le fondateur du cynisme, ce qui permettait d ' instaurer une succession Socrate » Antisthène » Diogène » Cratès >
Zénon, que souhaitaient certains Stoïciens soucieux de légitimité socratique (cf. Goulet 2, p . 3951-3970 ). Contre la thèse d 'une relation maître-disciple entre Antisthène et Diogène, voir les arguments avancés par 11 D . R . Dudley, A
History of Cynicism , chap. I, p. 1- 16 ; Giannantoni 3, t. IV , note 24, p. 223-233, et 12 G . Giannantoni, « Antistene fondatore della scuola cinica ? » , dans Goulet Cazé 8 , p . 15 -34 ; en faveur de la possibilité chronologique d 'une fréquentation
d'Antisthène par Diogène, voir Bannert 10 , p . 52-53. Même si les versions divergent sur la façon dont Diogène devint un philo sophe cynique ( D . L . VI 21 fin - 23), il ne fait point de doute que c' est à Athènes
qu'il prit l'accoutrement: besace, bâton et tribôn, et qu'il se mit à pratiquer la vie de frugalité caractéristique des Cyniques. - A la mort d 'Antisthène (si du moins l'on suit l'hypothèse d 'une fré quentation d'Antisthène par Diogène, comme le fait par exemple Dion Chryso
stome VIII 4), le philosophe quitta Athènes. Au cours d 'un voyage vers Égine, il fut pris par des pirates, emmené en Crète et vendu en esclavage (D .L . VI29-30 et 75) . Un riche Corinthien , Xéniade, l'acheta et en fit le précepteur de ses
enfants. Sur les divergences que présente la tradition de « la vente de Diogène», voir Giannantoni 3 , t. IV , note 44, p. 453- 460 , et pour une interprétation des
816
DIOGÈNE DE SINOPE
motifs à l'œuvre dans la fabrication des apophtegmes concernant cette vente,
voir Goulet-Cazé 2 , p. 4000-4025. On ne sait si Diogène vécutalors uniquement à Corinthe ou si, comme c' est dit dans les Discours de Dion Chrysostome, il partageait son temps entre Athènes et Corinthe. On ne sait pas non plus s 'il
vivait vraiment chez Xéniade ou s'ilhabitait une jarre sur la colline du Cranéion.
A considérer l'ensemble des témoignages, on constate que la présence de Diogène est évoquée en divers lieux, ce qui laisse supposer qu 'il voyagea : Mégare (D .L . VI 41), Olympie (VI 43), Myndes (VI 57), Samothrace (VI 59), Lacédémone (VI 59), Égine (VI 74 ), Rhodes (Lettre pseudépigraphe 37 de
Diogène), Milet ( Lettre pseudépigraphe 35 ), Cyzique (Lettre pseudépigraphe
36), Salamine et Éleusis (Dion Chrysostome VI6 ). - Diverses versions circulent sur l'endroit (Corinthe, Athènes, ou Olympie au moment des concours ?) et les circonstances de la mort de Diogène (fr. 92- 105) : il aurait mangé un poulpe cru qui lui aurait donné le choléra ; il aurait pratiqué
l'asphyxie volontaire, en retenant sa respiration (version que l'on rencontre dans les Méliambes du poète cynique Cercidas de Mégalopolis) ; un chien à qui il disputait un poulpe l'aurait mordu mortellement; enfin il aurait été pris de fièvre, alors qu' il se rendait aux Jeux olympiques. C 'est à la version de Cercidas,
adoptée par Antisthène (de Rhodes), un auteur de Successions, qu 'il semble raisonnable d'accorder le plus de crédit.
La sépulture de Diogène a fait elle aussi l'objet de multiples variantes: fut-il enterré à Corinthe, près de la porte qui conduit à l' Isthme ? Le laissa -t-on , com me il le souhaitait lui-même, sans sépulture, afin que les bêtes sauvages pussent le manger ? Est-ce qu'on se contenta de le recouvrir d 'un peu de poussière ou est-ce qu'on le jeta dans l'Ilissos, près d 'Athènes ? La biographie de Diogène fait état aussi des rencontres du philosophe avec
Philippe de Macédoine et surtout avec le fils de celui-ci, Alexandre. Voir Giannantoni 3, t. IV , note 43, p . 443-451.
Les disciples de Diogène. En D .L . VI 75 sont mentionnés « un certain Onésicrite d 'Égine» et ses deux fils : Androsthène (» A 182) et Philiscos, et en
VI 76 sont également cités l'homme politique bien connu Phocion Chrestos, le philosophe mégarique Stilpon et « bien d 'autres hommes politiques» . Une autre liste commence en VI 82 ; elle fait intervenir successivement Monime, puis en VI 84 un second Onésicrite, celui qui prit part à l'expédition d 'Alexandre en Orient (certains le disent d 'Égine, mais Démétrios de Magnésie
le dit d ' Astypalaea), enfin Ménandre surnommé« Bois de Chêne » , Hégésias de Sinope surnommé « Collier de chien » , Philiscos d 'Égine déjà mentionné en VI
75, et en VI 85 Cratès de Thèbes, le cynique le plus connu après Diogène (» C 205). Il faut ajouter encore les enfants de Xéniade, dont Diogène fut le précepteur et à qui il faisait apprendre par ceur des passages de ses propres æuvres. Faut-il compter, parmises disciples, Anaximène de Lampsaque (» A 167) , le rhéteur présenté par la Souda s. v. comme disciple de Diogène le Chien et de
DIOGÈNE DE SINOPE
817
Zoilos d' Amphipolis ? Deux anecdotes rapportées par D .L . VI 57, mettant en scène Diogène et Anaximène, ne semblent pas aller en ce sens. Les contemporains qui furent en relation avec Diogène. Les témoignages qui nous sont parvenusmontrent Diogène en relation avec d'autres philosophes : Platon, avec lequel il ne s' entend pas du tout, à qui il reproche d'être orgueilleux
(D . L . VI 26) et de pratiquer depuis longtemps la philosophie sans avoir jamais inquiété personne (Plutarque, An virtus doceri possit 452 d ); Speusippe, dont il se moque (IV 3); Aristote (V 18) ; Théophraste qui parlait de Diogène dans son Mégarique (VI 22) ; Aristippe qui, comme lui, fréquente la courtisane Laïs (D .L .
II 64 ; Athénée , Deipn. XIII, 588e-f) et à qui il reproche sa présence à la cour des tyrans ( D . L . Π 68); Euclide ( VI 24), dont il qualifie la σχολή (1' école) de χολή (bile ); le mégarique Ichthyas, dont le nom sert de titre à un de ses dialogues (VI 80 ), et Polyxénos le dialecticien , qui s'indignait que l'on traitât Diogène de
« Chien » ( Gnom. Vat. 743, n° 194). Il est aussi en relation avec des orateurs, ainsi Démosthène qu 'il qualifie de
démagogue (D .L . VI 34) et Anaximène dont il se moque (VI 57), et avec des hommes politiques, tels Philippe (fr. 25 - 30 ), Alexandre (fr. 31-49), Denys de
Syracuse et son fils Denys le Jeune (fr. 53-54 et 359), Antipatros, Cratéros et Perdiccas (fr . 50-52).
Euvres. L' authenticité desæuvres de Diogène a soulevé des discussions dès l'Antiquité. Sosicrate de Rhodes et Satyros prétendaient qu'aucune des æuvres attribuées au philosophe ne lui revenait. Cependant Diogène Laërce VI 80 cite deux listes différentes d'écrits du philosophe, en précisant que la seconde est
indiquée par Sotion au septième livre de ses Diadochai (fr. 19 Wehrli). Voici cesdeux listes, dont la première est anonyme. LISTE ANONYME Διάλογοι:
LISTE DE SOTION
Κεφαλίων
Περί αρετής
Ιχθύας
Περί αγαθού Έρωτικόν
Κολοιός Πόρδαλος
Πτωχόν
Δήμος Αθηναίων Πολιτεία
Πόρδαλον
Τέχνη ηθική Περί πλούτου
Έρωτικός Θεόδωρος Υψίας ' Αρίσταρχος
Περί θανάτου Επιστολαί
Τραγωδίαι επτά Ελένη Θυέστης
Τολμαίον Κάσανδρον Κεφαλίωνα Φιλίσκον 'Αρίσταρχος Σίσυφον
Γανυμήδην Χρείας
Επιστολάς.
DIOGÈNE DE SINOPE
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“ Ηρακλής
'Αχιλλεύς Μήδεια Χρύσιππος
OiDinOUS.
Les tragédies traitaient des grands mythes grecs; elles mettaient en scène Hélène, Thyeste, qui permet à Diogène d'aborder le problème de l'anthropo phagie , Héraclès, le héros cynique par excellence, modèle d'endurance face aux ponoi, Achille, Médée , dont il interprète de façon allégorique les tours de magie , Chrysippe, fils de Pélops, Edipe , dont le parricide et l'inceste ne présentent rien
de scandaleux aux yeux du philosophe. Au IIIe siècle ap . J.-C ., ces tragédies
étaient encore accessibles à Clément d 'Alexandrie (V B 135) et au IVe siècle à l'Empereur Julien (Discours VII 6 et IX 7). Grâce à Philodème, nous connaissons partiellement le contenu de la Politeia. Elle offre des prises de position qui parurent tellement scandaleuses sur la famille , la sexualité, les pratiques sociales et politiques, que des stoïciens contemporains de Philodème n'hésitèrent pas à la déclarer inauthentique
(Philodème, De stoicis, col. XV 12-XVII Dorandi). Le Pordalos comportait, semble-t-il (cf. D . L . VI 20), des données autobiographiques et le dialogue Ichthyas devait être dirigé contre le disciple d'Euclide du même nom . Enfin , à l'époque d 'Athénée (cf. Deipnosophistes IV , 164 a ), le Céphalion était une
æuvre bien connue. Quant aux Chries, on peut se demander s'il s'agit de chries dues à Diogène lui-même, comme celle que cite D . L . V 18 , ou de chries sur
Diogène écrites par quelqu 'un d'autre, par exempleMétroclès (cf. D .L . VI 33). Si l'on compare les deux listes , on constate que seuls quatre titres de dialo gues subsistent dans la seconde liste. 13 K . von Fritz , Quellenuntersuchungen zu
Leben und Philosophie des Diogenes von Sinope, coll. « Philologus» Supple mentband 18, 2, Leipzig 1926 , 97 p., notamment p. 54 -60 , a émis l'hypothèse séduisante que la liste de Sotion pourrait être d'inspiration stoïcienne et qu 'elle aurait expurgé de l'ensemble des écrits de Diogène tous ceux qui paraissaient trop audacieux aux stoïciens, en y insérant en outre des ouvrages de facture stoï cienne, faussement attribués à Diogène. L 'hypothèse d'une rédaction stoïcienne de la seconde liste permet de rendre compte de façon satisfaisante de l'absence de la Politeia , particulièrement scandaleuse , et des tragédies. Il semble raison nable en tout cas de considérer comme authentiquement diogéniens les quatre écrits communs aux deux listes, à savoir Céphalion, Pordalos, Aristarque, l'Érotique, ainsi que la Politeia, dont on sait par Philodeme, qui s'appuie sur le témoignage de Cléanthe, de Chrysippe et d'Antipatros de Tarse, qu 'elle est bien de Diogène, et les Lettres, qui n'ont rien à voir avec les Lettres pseudépigraphes conservées sous le nom du philosophe. Sur les écrits de Diogène, sur le rôle éventuel joué par Philiscos et par Pasiphon dans la rédaction des tragédies du
philosophe, voir Giannantoni 3, t. IV , note 45, p .461-484 ; 14 M .- O . Goulet
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Cazé, L'ascèse cynique. Un commentaire de Diogène Laërce VI 70 -71, coll.
« Histoire des doctrines de l' Antiquité classique» 10, Paris 1986 , p . 85-90,
Excursus II : « L 'activité littéraire de Diogène ». Édition des témoignages et des fragments. L 'édition de référence est celle de Giannantoni 3 , t. II, section V B . Cette section compte 592 numéros pouvant regrouper chacun plusieurs passages. Un apparat critique accompagne le texte. Éditions séparées. Fragments des tragédies édités par A .Nauck, puis par B . Snell, Tragicorum Græcorum Fragmenta , t. I, Göttingen 1971, p . 253-258 ; fragments de la Politeia de Diogène tels que les transmet le De Stoicis de Philodème dans Dorandi 1 ; voir aussi 15 R . Giannattasio Andria , « Diogene
Cinico nei papiri ercolanesi», CronErc 10 , 1980, p. 129- 151 ; Lettres pseudépi graphes de Diogène traduites par B . Fiore dans 16 A . J. Malherbe, The Cynic Epistles. A Study edition, « Society of Biblical Literature . Sources for Biblical
Study » 12, Missoula (Montana), p. 91- 183. Les fragments biographiques concernant Diogène et contenus dans des papyri sont rassemblés par 17 I. Gallo , Frammenti biografici da papiri, t. II: La biografia dei filosofi, Roma 1980 ,
p . 239-390 . Dix textes provenant également des papyri sont édités et commentés dans 18 CPF I 1* * , Firenze 1992, n° 48, p . 89-143. On trouvera 194 passages conservés par des gnomologia arabes et traduits en anglais par 19 D . Gutas,
« Sayings by Diogenes preserved in Arabic », dansGoulet-Cazé 8, p .475-518. Traductions. Un grand nombre de textes sont traduits en français dans 20 L .
Paquet, Les Cyniques grecs. Fragments et témoignages (1975), nouvelle édition revue, corrigée et augmentée, coll. « Philosophica » 35, Ottawa 1988, p. 49- 100 . Une version allégée de cet ouvrage est parue en 1992 dans le « Livre de poche» . Bibliographies. Consulter la bibliographie sur les socratiques contenue dans
le t. III de Giannantoni 3, celle de Paquet 20, p. 312- 315 , et de 21 M . Billerbeck, Die Kyniker in der modernen Forschung, coll. « Bochumer Studien zur Philo
sophie » 15 , Amsterdam 1991, p . 303-317. Études d 'ensemble. 22 P . Natorp , art. « Diogenes von Sinope » 44, RE V 1,
1903, col.765-773; 23 G . A .Gerhard , « Zur Legende vom Kyniker Diogenes» , Archiv für Religionswissenschaft 15, 1912 , p. 388 -408 ; von Fritz 13 , 97 p.; Dudley 11, p. 17 -39; 24 F . Sayre , Diogenes of Sinope. A Study of Greek Cynicism , Baltimore 1938, 142 p .; 25 V . E . Emeljanow , The Letters of Dio
genes, Diss. Stanford University , 1968 (microfilm ) ; 26 H . Niehues-Pröbsting, Der Kynismus des Diogenes und der Begriff des Zynismus, coll. « Humanistische Bibliothek » , Reihe I : « Abhandlungen » 40, München 1979, 320 p. ; 27 J. M . Garcia González , La filosofía del primer cinismo : Diógenes de Sínope y sus inmediatos seguidores, Thèse de l'Université de Grenade 1976 ; résumé dans
« Tesis doctorales de la Universidad de Granada » 245, Granada 1979, 28 p . ; Goulet-Cazé 14 ; les notes 41 à 53 du tome IV , p. 413- 559, de l'édition Giannantoni 3 sont consacrées à Diogène ( structure du Bíos laërtien ; biogra
phie ; Diogène et Alexandre le Grand; la vente et l'esclavage; les écrits ; les disciples et la pédagogie ; l'épithète « chien» ; l'accoutrement cynique ; la mission
du cynique; la philosophie de Diogène et l'idéal du sage cynique ; Diogène et le
DIOGÈNE DE SINOPE
820
thème du plaisir ; ses idées sur la politique et sur la religion ; les lettres pseudo diogéniennes et les discours de Dion ).
Études de détail. 28 Th . Gomperz , « Eine verschollene Schrift des Stoikers Kleanthes, der Staat und die sieben Tragödien des Cynikers Diogenes » , Zeit schrift für die österreichischen Gymnasien 29, 1878, p . 252 -256 ; 29 A . Barta
lucci, « Una probabile ricostruzione dell'Eracle di Diogene di Sinope», SCO 19 20, 1970-1971, p. 109-122; 30 M .-O .Goulet-Cazé, « Un syllogisme stoïcien sur la loi dans la doxographie de Diogène le cynique. A propos de Diogène Laërce VI 72 » , RHM 125, 1982, p . 214 -245 ; 31 K . Herding, « Diogenes als Bürger
held » , Boreas 5 , 1982, 232- 254 ; 32 J. M . Meilland, « L 'anti-intellectualisme de Diogène le Cynique» , RThPh 115 , 1983, p .233-246 ; 33 M . Schofield, The Stoic idea of the city, Cambridge 1991, notamment p. 3 -21 ; 34 T . Dorandi, « La
Politeia de Diogène de Sinope et quelques remarques sur sa pensée politique», dans Goulet-Cazé 8 , p . 57-68 ; 35 M .- O . Goulet-Cazé, « Les premiers Cyniques
et la religion », dans 8, p. 117 -158; 36 J.Moles, « Le cosmopolitisme cynique » , dans 8, p .259-280 ; 37 B . Branham , « Diogenes' Rhetoric and the Invention of Cynicism » , dans 8 , p. 445-473 ; 38 H . Niehues-Pröbsting, « Die Kynismus Rezeption der Moderne : Diogenes in der Aufklärung » , dans 8 , p. 519-555 ; 39 K . Döring, « ,,Spielereien, mit verdecktem Ernst vermischt.” Unerhaltsame
Formen literarischer Wissensvermittlung bei Diogenes von Sinope und den frühen Kynikern » , dans W . Kullmann und J. Althoff ( édit.), Vermittlung und Tradierung von Wissen in der griechischen Kultur, Tübingen 1993, p . 337 -352;
40 D . Krueger, « Diogenes the Cynic among the Fourth Century Fathers », VChr 47, 1993, p . 29-49. MARIE -ODILE GOULET -CAZÉ.
TÉMOIGNAGES ARABES Diogène était une figure populaire dans la sagesse aphoristique de l'Antiquité tardive et les gnomologia grecs de cette époque, conservés ou perdus, comportaient de nombreux dits attribués à ce philosophe. Les traductions arabes de ces gnomologia qui furent effectuées entre le VIII et le xe siècle reflètent cet
état de choses. Les principales collections arabes contiennent un total d ' environ 200 apophtegmes différents attribués à Diogène. Ils sont présentés en traduction anglaise, accompagnée de brèves remarques, dans 1 D . Gutas, « Sayings by Diogenes preserved in Arabic » , dans M .- O .Goulet-Cazé et R . Goulet (édit.), Le cynisme ancien et ses prolongements (Actes du colloque international du C . N .R . S.), Paris 1993, p . 475-518 . Sur ce nombre, 38 dits sont également attestés en grec d'une façon ou d'une autre, 6 sontmanifestement attribués à Diogène de façon erronée et 24 sont d 'authenticité douteuse , dans la mesure où ils ont probablement été attribués par erreur à Diogène au cours de la tradition arabe. Le reste des apophtegmes (environ 125 ), qui ne sont pas attestés dans les
sources grecques et qui, selon toute probabilité, furent traduits en arabe sous le nom de Diogène, représente un accroissement d'environ 20 % du nombre total de
textes attribués à Diogène, toutes langues confondues.
DIOGÈNE DE SINOPE
821
La grande majorité des apophtegmes arabes se laisse classer sous les mêmes
rubriques que celles qui ont permis à 2 G .Giannantoni, Socratis et Socraticorum Reliquiae, Napoli 1990, de ranger le matériel diogénien . Outre qu 'ils accroissent le corpus des textes disponibles pour l'étude de Diogène et son Nachleben dans la tradition cynique ultérieure, les apophtegmes arabes présentent également une
importance philologique et offrent les caractéristiques suivantes. Certains sont manifestement des traductions littérales de l'original grec perdu ; d'autres reprennent la formulation originale , classique, de dits qui ne sont conservés en
grec que dans une version plus tardive, éventuellement d' époque byzantine; d'autres constituent des variantes, non attestées en grec, de l’apophtegme connu ; d 'autres enfin trahissent des développements ultérieurs des anecdotes, comme
par exemple l'amalgame de deux apophtegmes en un seul. Certains des apophtegmes arabes de Diogène ontété étudiés en détail par 3 G . Strohmaier, « Diogenesanekdoten auf Papyrus und in arabischen Gnomologien », APF 22, 1973, p. 285-288, et 4 Id ., « TO KAKON YNO KAKOY. Zu einem weiber feindlichen Diogenesspruch aus Herculaneum », Hermes 95, 1967, p. 253-255. Dans l'une des branches de la tradition arabe concernant Socrate, la personnalité de ce dernier est confondue avec celle de Diogène, apparemment parce qu 'elle fut transmise au monde arabe, peut-être à travers le syriaque, par le biais de
canaux cyniques ; cette question sera examinée plus loin dans la notice consa crée à Socrate . Voir 5 G . Strohmaier, « Die arabische Sokrateslegende und ihre
Ursprünge » , dans Peter Nagel (édit.), Studia Coptica, Berlin 1974, p. 121-136 . DIMITRIGUTAS. Iconographie. La personnalité hors-norme de Diogène a suffisamment
frappé les Anciens pour qu'il fût l'objet de nombreuses représentations. Sa tombe, à l'orée de Corinthe, était surmontée d'un chien symbolique sur une colonne, le tout en marbre de Paros : ÉTÉOTOáv i' aúto vlova xai én ' aŭto
aidov laplov xúva (Diogène Laërce VI 78 ; voir aussi Pausanias II 2, 4 ). Par la suite ses concitoyens l'honorèrent aussi avec une statue de bronze, agrémentée d'une épitaphe versifiée résumant sa philosophie de la vie : Γηράσκει και χαλκός υπό χρόνου, αλλά σον ούτι κύδος ο πάς αιών, Διόγενες, καθελεί μούνος γάρ βιοτας αυτάρκεα δόξαν έδειξας θνατοϊς και ζωάς οίμον ελαφροτάταν. Mêmele bronze subit le vieillissement du temps, Mais ta gloire, Diogène, l'éternité ne la détruira point. Car toi seul as montré aux mortels la gloire d 'une vie
Autonome et le sentier de l'existence le plus facile à parcourir.
(Diogène Laërce VI 78 ; trad. M .-O .Goulet-Cazé).
Même en l'absence d'une inscription, Diogène est un personnage relative ment facile à identifier. Si ses traits individuels ne nous sont pas connus avec précision (Sidoine Apollinaire , Epist. XI 9, 14 , parle seulement de sa longue barbe, barba comante), son allure générale et certaines particularités suffisent à le distinguer : on sait qu 'il ressemblait à un clochard , allant pieds nus (Philo
822
DIOGÈNEDE SINOPE
strate , Epist. 18 [22], à propos de peintures où il est représenté avec Cratès ), avec un bâton et une besace, et surtout il vivait dans un tonneau (Diogène Laërce VI 23). D 'où il ressort qu’un vieil hommebarbu, avec des traits évoquant
plus ou moins l'animalité, et ayant à côté de lui bâton , besace, tonneau et/ou chien , tout en conversant parfois avec quelqu'un, est généralement reconnu pour être Diogène, encore qu' il y ait quelquefois des confusions avec son disciple Cratès (voir la section iconographique de la notice « Cratès de Thèbes » ). Sur cette base ont pu être établies les identifications suivantes, toutes
d 'époque romaine: - six figures de pierre en ronde-bosse (quatre signalées dans la notice de Richter , Portraits , t. II, p. 181- 185, fig. 1057- 1070 , auxquelles il faut joindre celles relevées par J. Frel, Portraits Getty Museum , n° 46 et fig . 105, du Musée d' Afyon en Turquie ), ainsi qu 'un hermès acéphale inscrit Aloyévo (u ) s (Vatican ,
nº 16251) ; – trois reliefs de Diogène dans son tonneau (deux notés par Richter, et le troisième à Malibu, Frel, n° 47) ;
- la figure centrale d'unemosaïque de Cologne (Schefold , Bildnisse, p. 154) ; - de nombreuses gemmes (à celles qui sont mentionnées par Richter, on peut ajouter le n° 356 de M . Maaskant-Kleibrink, Catalogue of the engraved gems in the Royal Coin Cabinet The Hague, The Hague 1978 : Diogène avec Hermès) ;
- des figurines de bronze (ainsi chez R . von Schneider, Album der Antiken Sammlung, Wien 1895, p . 10 , pl. XXV, 4 ) ;
- des terres cuites, principalement des lampes: Diogène dans son tonneau est le décor de médaillons de lampes du fer s. (voir D . M . Bailey, A Catalogue of the
Lamps in the British Museum , t. II, London 1980, n°S Q 797 et 837), tandis qu’une lampe égyptienne du Ve siècle (?), assez grossière, en ronde-bosse, inscrite fautivement AHORENIE , montre le philosophe accroupi à la droite d 'une lanterne ; ce serait la seule illustration connue de la célèbre anecdote : « Je cher che un homme» ( ancienne collection P . Graindor, nº 82 de son recueil Terres
cuites de l'Égypte gréco- romaine, Anvers 1939 ; localisation actuelle inconnue) ; - des monnaies de Sinope, sa ville natale (sans doute d 'après des statues) : sur
des petits bronzes romains, on trouve son effigie inscrite de son nom ; voir J. Babelon , « Diogène le Cynique » , RN 18, 1914, p. 14- 19. La chose nemanque pas de piquant quand on sait que son père fabriqua de la fausse monnaie et que
lui-même, d 'après Athénée IV , 159 c, proposa de remplacer la monnaie par des osselets ; voir à ce sujet J. Babelon , « Diogène et la monnaie » , Démaréteion I, 1935 , p. 63- 66 , et H . Bannert, « Numismatisches zur Biographie und Lehre des
Hundes Diogenes » ,Mélanges R.Goebe = LNV 1, 1979, p.49-63. Contrairement à celles des autres philosophes, les représentations de Diogène ne semblent pas tant chercher à nous conserver ses traits (il faut toutefois noter qu'il est généralement chauve, avec un front élargi) qu 'à traduire , dans son allure et ses actes, dans sa personne tout entière, la philosophie cynique poussée
à l'extrême. A l'époque romaine, c 'est surtout Diogène dans son tonneau qui eut
DIOGÈNE DE TARSE
823
la faveur d'un public porté de toute façon sur les « reliefs pittoresques» en général, pour leur valeur très décorative ; nous dépassons là le cadre philo sophique. MARIE -CHRISTINE HELLMANN .
DM IVa 148 DIOGÈNE DE SMYRNE RE 43 DK 71 Disciple de l' élève de Démocrite Métrodore de Chios (qui prétendait ne
même pas savoir qu'il ne savait rien ) etmaître d' Anaxarque d ’Abdère [- A 160 ]
(D . L . IX 58 ; Eusébe , P. E . XIV 17, 10 ; Clément, Stromates I 14, 64, 4). Épi
phane (Adv. haer., p. 591, 3-4 Diels) le connaît également comme Cyrénéen et lui prête lesmêmes doctrines que celles qui étaient professées par Protagoras (et non Pythagore , comme le traduit J.-P . Dumont, Les Présocratiques, p. 948 et notice, p. 1506 ). Théodoret de Cyr, Thérapeutique II 11, ajoute seulement que Diogène de Smyrne, commeMétrodore de Chios et Zénon d'Élée, supposait à l'Univers des principes divers (diapopovs åpxas ). Une doxographie sur les sensations (chez Aétius IV 9, 8 = Stobée I 50, 24 = p. 397 Diels ), attribuée à
Diogène de Smyrne par E. Wellman< n>, art. « Diogenes» 43, RE V 1, 1903, col. 765, doit appartenir plutôt à Diogène d'Apollonie (DK 64 A 23). André Laks, Diogène d 'Apollonie . La dernière cosmologie présocratique . Édition , traduction et commentaire des fragments et des témoignages, coll. « Cahiers de philologie » 9, Lille 1983, p. 236 -237, range ce passage parmi les Spuria (n° 3).
Diadochè de l'école d'Abdère CLÉMENT
EUSÈBE
DIOGÈNE LAËRCE
SOUDA s.v. Núppwv
Parménide Mélissos
Zénon Leucippe
Démocrite
Démocrite
Protagoras d 'Abdère
Protagoras et
Métrodore ( ?) d 'Abdère
et
Nessas
Nessas de Chios/ Démocrite
Métrodore Diogène
Métrodore de Chios
Diogène de Smyme Anaxarque
Anaxarque
Anaxarque
Pyrrhon
Pyrrhon
Métrodore de Chios
Métrodore de Chios
Diogène de Smyrne Anaxarque
Pyrrhon
Nausiphane Épicure RICHARD GOULET.
149 DIOGÈNE DE TARSE RE 46 + 37 A . Épicurien d'époque imprécise. Les renseignements que nous possédons sur ce philosophe proviennent exclusivement de Diogène Laërce qui cite les 'En (Nextol oyorai en au moins 20 livres (D .L . X 26 , 97, 119, 136 et 138) et
824
DIOGÈNE DE TARSE
l 'Entitoun) tõv 'Errixoúpou noux @ v doyuátWV (D . L. X 118). Cf. H . von Arnim , art. « Diogenes >> 46 , RE V 1, 1903, col. 776 sqq . B . On a envisagé, non sans vraisemblance ( par exemple Susemihl, GGLA , t. II, p .258 sq .), d 'identifier le Diogène épicurien avec son homonyme, un philo sophe de Tarse, auteur de Mointixà (ntuata , que mentionne D . L . VI 81
parmileshomonymes de Diogène de Sinope, également connu par Strabon XIV 5 , 15 principalement comme auteur de tragédies (cf. A . Dieterich , art. « Dio genes » 37 , RE V 1 , 1903, col. 737). Cette hypothèse obligerait à reporter la
datation de ce personnage à la deuxièmemoitié du le siècle av . J.-C . Sur le problème de l'« orthodoxie » de Diogène (D . L . X 26 ), voir, en dernier lieu, F . Longo Auricchio et A . Tepedino Guerra, « Aspetti e problemi della dissidenza
epicurea » , CronErc 11, 1981, p . 26 sq . TIZIANO DORANDI.
150 DIOGÈNE LAËRCE RE 40 ca 200 ? Sous le nom de Diogène Laërce est transmise dans les manuscrits médiévaux une æuvre intitulée Oloob wv Biwv xal boyuátwv ouvaywy eis déxa (ms. Β ) ou Βίοι και γνωμαι των εν φιλοσοφία ευδοκιμησάντων και των εκάστη
αιρέσει αρεσάντων των εις δέκα ( ms. L , ce qui correspond plus ou moins au texte des autres manuscrits). Dans cette æuvre Diogène cite 52 épigrammes et poèmes de sa propre collection de poésie , intitulée Náujetpos, dont nous
parlerons plus bas. (1) Les Vies et doctrines des philosophes. Éditions complètes . 1 H . S . Long (édit.), Diogenis Laertii Vitae Philo sophorum , coll. OCT, Oxford 1964 , 2 vol. Sur la valeur de cette édition , voir DLZ 86 , 1965, p . 101- 105 ; AGPh 47, 1965, p. 313 -318 ; Gnomon 45, 1973 ,
p . 546-550. On peut aussi consulter 2 R . D . Hicks, Lives of Eminent Philo sophers, with an English Translation, coll. LCL, London New York 1925,
2 vol.,plusieurs fois réimprimée . Éditions partielles.
II 83-93 & X 117-154 : 3 J. Bollack, La pensée du plaisir. Épicure ; textes moraux, commentaires, Paris 1973.
II 125-144: 4 D . Knoepfler, La vie de Ménédème d 'Érétrie de Diogène Laërce. Contribution à l'histoire et à la critique du texte des " Vies des
philosophes”, coll. « Schweizerische Beiträge zur Altertumswissenschaft » 21,
Basel 1991, 214 p., 6 planches photographiques. L' édition critique (avec traduction française et notes de commentaire) est précédée par une minutieuse étude de la tradition manuscrite de Diogène Laërce.
IV 46-58 : 5 J .F . Kindstrand, Bion of Borysthenes. A Collection of the Fragments with Introduction and Commentary, coll. « Studia Græca Upsalien sia » 11, Uppsala 1976 , p . 103- 105 , commentaire, p . 176 -186 .
V 1 -35 : 6 I. Düring, Aristotle in the Ancient Biographical Tradition, coll. « Stud. gr. et lat.Gothob .» 5 , Göteborg 1957 ; réimpr.New York London 1987, p. 13 -79 .
DIOGÈNE LAËRCE
825
V 36 -57 : 7 M . Sollenberger, « Diogenes Laertius 5 . 36 -57 : The Vita Theophrasti » , dans W . W . Fortenbaugh , P . M . Huby et A . A . Long (édit.), Theophrastus of Eresus : On his Life and Work , coll. « Rutgers University
Studies in ClassicalHumanities» 2, New Brunswick 1985, p . 1 -61. VII 48-83 : 8 K . Hülser, Die Fragmente zur Dialektik der Stoiker I-IV,
Stuttgart 1987. VIII 1 -50 : 9 A . Delatte , La Vie de Pythagore de Diogène Laërce : édition critique avec introduction et commentaire, coll. « Académie Royale de Belgique.
Mémoires de la Classe des Lettres» , IIe série, tome XVII, Bruxelles 1922 ; réimpr.New York 1979 (avec une importante introduction ).
X : 10 G . Arrighetti ( édit.), Epicuro, Opere, Torino 1960 ; deuxième édition 1973 ; 11 J. et M . Bollack et H . Wismann , La Lettre d 'Épicure , Paris 1971; 12 A . Laks, « Édition critique et commentée de la Vie d 'Épicure dans Diogène
Laërce (X 1- 34 )» , dans Études sur l'Épicurisme antique, coll. « Cahiers de Philologie » 1, Lille 1976 , p . 1 - 118 ; 13 J. Bollack et A . Laks, Épicure à Pythoclès, coll. « Cahiers de Philologie » 3, Lille 1978. Lexique. 13a K . Janáček , Indice delle Vite dei filosofi di Diogene Laerzio ,
coll. « Accademia Toscana di Scienze e lettere " La Colombaria” » Studi 123 , Firenze 1992.
Éditions commentées. La plus complète édition commentée de toute l'ouvre est 14 M . Meibomius, Diogenis Laertii De Vitis, Dogmatibus et Apophthegma tibus Clarorum Philosophorum Libri X . Graece et Latine 1 -2 , Amsterdam 1692 , avec les commentaires d 'I. et M . Casaubon , Aldobrandini, Ménage et Kühn . Mais plusieurs des traductions suivantes ont des notes utiles :
Traductions. La traduction italienne de 15 M . Gigante, Diogene Laerzio : Vite dei Filosofi, Roma/Bari 1962 ; éditions révisées 1976 , 1983, réimpr. 1987, est toujours à consulter, également pour le texte. Elle comporte une introduction
importante ,une bibliographie étendue etune riche annotation . - allemande : 16 0 . Apelt (édit.), D . L., Leben und Meinungen berühmter Philosophen , übers. von O . A ., Leipzig 1921; réimpr. Berlin 1955 ; avec révi sions de K . Reich et H . G . Zekl, Hamburg 1967. espagnole : 17 J. Ortiz y Sanz (édit.), D . L ., Vidas Opiniones y Sentencias de
los Filósofos mas ilustres, trad. por J. O . y S ., coll. « Biografos Griegos» , Madrid 1964 ; réimpr. 1973, 1982.
- française : 18 R. Genaille (trad.), D . L., Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres, traduction , notice et notes par R . G ., Paris 1933 ; réimpr. 1965 .
- roumaine : 19 C . I. Balmus et A . M . Frenkian (édit.), D . L., Despre Vieţile şi doctrinele filozofilor, traduction de C . I. B ., introduction et notes de A . M . F .,
coll. « Scriitori Grecisi Latini» 4 , Bucarest 1963. - russe : 20 M . L . Gasparov, (Vies, doctrines et sentences des philosophes célèbres], 2e éd. corr., Moskva 1986 , 572 p .
826
DIOGÈNE LAËRCE - slovaque : 21 M . Okál ( édit.), D .L., Zivotopisy slavnych filozofov, traduc
tion, introduction et notesde M . O ., Bratislawa 1954. – tchèque : 22. L. Swoboda et A . Kolar (edit.), D . L., Zivoty, nazory a vyroky proslulych filosofu , traduction de L . S ., introduction et notes de A . K ., Prague 1964.
Études d 'orientation . 23 E. Schwartz , art. « Diogenes» 40, RE V 1, 1903, col. 738 -763 ; 24 R . Hope, The Book of Diogenes Laertius, its Spirit and its Method , New York 1930 ; 25 J.Mejer , Diogenes Laertius and his Hellenistic Background , coll. « Hermes Einzelschriften » 40 , Wiesbaden 1978 ; 26 Actes du
colloque Diogene Laerzio, Storico del Pensiero Antico, dans Elenchos 7, 1986 ; 27 B . A . Desbordes, Introduction à Diogène Laërce. Exposition de l'Altertums
wissenschaft servantde préliminaires critiques à une lecture de l'auvre, Thèse Utrecht 1990 , 2 vol.; 28 R . Goulet, « Des Sages parmi les philosophes. Le premier livre des Vies des philosophes de Diogène Laërce » , dans EOQIHE MAIHTOPEE - Chercheurs de sagesse. Hommage à Jean Pépin , Paris 1992 , p. 167- 178 ; 28a H . Temporini et W . Haase (édit.), ANRW II 36 , 5 , 1991, et II 36 , 6 , 1992, contientplusieurs articles sur Diogène : J. Mejer, « Diogenes Laertius and the transmission ofGreek philosophy » , p . 3556 - 3602 ; G . Giannantoni, « Il secondo libro delle “ Vite" di Diogene Laerzio » , p. 3603- 3618 ;
L . Brisson, « Diogène Laërce,“ Vies et doctrines des philosophes illustres”, livre III : Structure et contenu » , p. 3619 - 3760 , avec indices, p. 2 * -25 * ; T. Dorandi, « Il quarto libro delle “ Vite" di Diogene Laerzio : l'Academia da Speusippo a Clitomaco » , p. 3761-3792 ; M . G . Sollen
berger, « The Lives of the Peripatetics : An Analysis of the Contents and Structure of
Diogenes Laertius' Vitae Philosophorum Book 5 » , p . 3793- 3879 ; M .-O . Goulet-Cazé, « Le livre VI de Diogène Laërce : analyse de sa structure et réflexionsméthodologiques» , p. 3880 4048: A . Brancacci, « I κοινή αρέσχοντα dei Cinici e la κοινωνία tra Cinismo e Stoicismo
nel libro VI (103 -105) delle “ Vite " di Diogene Laerzio » , p. 4049-4075 ; D . E . Hahm , « Diogenes Laertius VII : On the Stoics » , p .4076 -4182 , indices, p . 4404 -4411 ; B . Centrone,
« L ' VIII libro delle “ Vite” di Diogene Laerzio » , p . 4183-4217 ; F . Decleva Caizzi, « Il libro IX delle “ Vite dei filosofi” di Diogene Laerzio » , p . 4218 -4240 ; J. Barnes, « Diogenes
Laertius IX 61-116 : The Philosophy of Pyrrhonism » , p . 4241-4301 ; M . Gigante, « Das zehnte Buch des Diogenes Laertios : Epikur und der Epikureismus» , p . 4302-4307.
Toutes les æuvres citées contiennent une ample information bibliographique. La tradition manuscrite. Les plus importants et plus anciens manuscrits sont B = Neapolitanus Burbonicus III B 29 du XII° s., F = Laurentianus 69 .13 du XII° s. et P = Parisinus Gr. 1759 du XII -XIII s.; F et P ont un grand nombre des corrections et variantes, mais il y a deux bonnes copies de P , faites avant les
altérations : Q = Parisinus Gr. 1758 du XIV° s. et Co = Constantinopolitanus Veteris Serail 48 du XIVe-XVe s. BFP dérivent du même archétype, mais les relations exactes entre ces trois manuscrits sont discutées. BFPQCo constituent une classe et sont le fondement du texte . Une autre classe consiste en deux familles, l'une representée par W et l'autre par V , tous les deux dérivés, sinon de P, du moins d'un manuscrit similaire ; tous lesmanuscrits de la deuxième classe sont postérieurs à BFP et offrent un texte inférieur. Il y a de nombreux extraits de l'æuvre de Diogène dans d 'autres manuscrits. Pour la tradition manuscrite ,
voir Düring 6 , p. 13-27, Sollenberger 7, p. 1- 7, et pour l'histoire des études
DIOGÈNE LAËRCE
827
manuscrites et la tradition des extraits, 29 A . Biedl, Zum Textgeschichte des
Diogenes Laertios. Das grosse Exzerpt 0 , « Studi e Testi» 184, Vatican 1955, p. 7 -40. L ' étude la plus importante est maintenant celle de Knoepfler 4. Sur la liste des philosophes stoïciens traités dans la partie finale , perdue, du livre VII,
voir 29a T. Dorandi, « Considerazioni sull'index locupletior di Diogene Laer zio » , Prometheus 18 , 1992, p. 121- 126 .
Caractère général de l'euvre. Si le titre « Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres» semble bien connu, cela résulte de la popularité de l'euvre de Diogène Laërce, car en fait ce titre , qui caractérise de façon exacte
l'æuvre de Diogène Laërce , est unique dans l'historiographie philosophique de l'Antiquité . Néanmoins, si l'on prend en considération la structure de l'ouvrage et les sources citées par Diogène, il faut rattacher le livre au genre historio graphique des “ Successions" . Après une introduction consacrée à l'origine et au
nom de la philosophie , ainsi qu 'aux différentes classifications de la philosophie et des philosophes (I 1-21, cf. 30 O . Gigon , « Das Prooemium des Diogenes Laertios: Struktur und Probleme» , dans Freundesgabe für W . Wili, Bern 1960 , p. 37-64), Diogène présente deux séries de philosophes, une qui conduit des sept Sages aux stoïciens à travers Socrate et les socratiques, Platon et les péri patéticiens (livres I- VII), l'autre de Pythagore aux sceptiques et à Épicure à
travers Héraclite , les Éléates et les atomistes (livres VIII- X ). L 'histoire de l'Académie est conduite jusqu'à Clitomaque, celle de l'école aristotélicienne jusqu'à Lycon, celle de la Stoa seulement jusqu 'à Chrysippe dans l'état actuel
de l'ouvrage ,mais atteignait originellement Cornutus au jer siècle de notre ère (cf. l'apparat critique à la fin du livre VII de l'édition d 'Oxford ; on ne peut savoir de façon certaine si Diogène donnait ces noms dans le cadre d' une simple liste ou s'il leur avait consacré des biographies indépendantes). Diogène nomme
les épicuriens les plus célèbres jusqu'à Zénon de Sidon , Démétrios Lacon , Diogène de Tarse et Orion , par conséquent jusqu 'au premier siècle av . J .- C .
Seule la succession sceptique est conduite jusque vers 200 ap. J.- C . Cette pro gression historique est exclusivement biographique : à l'exception des stoïciens, Diogène décrit toujours les opinions philosophiques du fondateur, mais non celles des successeurs. L 'ouvrage de Diogène rassemble, réparti en diverses couches, un très riche matériel de provenance et de caractère différents. A côté de biographies pro prement dites, il offre des collections d'apophtegmes, des listes d 'ouvrages, des listes d'homonymes, des documents (par exemple des testaments et des lettres),
etc ., sans parler d'informations de tradition douteuse provenant de lectures
érudites. On doit ajouter des développements doxographiques remontantà Théo phraste et à d 'autres traditions. L 'unification de ce matériel n 'a pas été conduite
de façon à ce qu 'une seule et même tradition ait incorporé des éléments d 'ori gine étrangère. Chaque livre est différent des autres par sa structure et ses
références littéraires ; pour les sections biographiques de son æuvre , Diogène a utilisé une série de sources, mais il en a utilisé une toute différente pour les
parties doxographiques. Le contenu dans son ensemble a plutôt été constitué de
828
DIOGÈNE LAËRCE pièces de caractère différent. Ne serait-ce que pour cette raison, il faut rejeter l'hypothèse selon laquelle Diogène aurait utilisé une unique source à laquelle il aurait personnellement ajouté de rares éléments.Mais l' ensemble du matériel a été disposé selon le principe de la littérature des successions. Pour nous
l'ouvrage de Diogène est l'ouvrage fondamental sur l'histoire antique de la philosophie et la recherche s 'appuie constamment sur les explications et les
jugements de Diogène ; de nombreuses sources hellénistiques sont connues principalement grâce à Diogène ou même uniquement grâce à lui. En outre,
l'analyse de l'ouvrage de Diogène du point de vue de la composition et des sources pose une série de problèmes spécifiques dont la solution n 'est devenue
possible qu'avec l' édition moderne procurée par H . S. Long dans la collection
« Oxford Classical Texts » , même si cette édition ne donne pas complète satisfaction . On a défini l'æuvre de Diogène comme « un recueil de citations sans ordre >> (Burnet), et il est certes remarquable que l'ouvrage soit si peu homogène: certaines biographies ne sont pratiquement rien d 'autre que des anecdotes et des
apophtegmes (par exemple Thalès i 22-44 ou Polémon IV 16 -20), d 'autres presque uniquement un compte rendu doxographique (par exemple Anaxi
mandre II 1 - 2 ou Leucippe IX 30 -33) ; certaines biographies contiennent des
sections doxographiques longues et détaillées (par exemple les stoïciens VII 38 160 ), d'autres de très courtes (par exemple Aristote V 28-34 ). En général Diogène ne cite pas les ouvrages originaux des philosophes et ne donne pas l'impression d 'avoir lu de tels textes, mais dans son livre X il transmet litté
ralement quatre textes importants d'Épicure. Son utilisation des sources n 'est pas uniforme et nous ne pouvons que rarement identifier une source principale (par exemple Antigone de Caryste pour quelques académiciens du livre IV ).
Bien qu 'un certain nombre de points (comme la naissance, les parents, le nom , la chronologie , les rapports avec d'autres philosophes, les voyages, la manière
de vivre , la plupart du temps illustrée par des anecdotes, l'apparence physique, la mort) soient abordés dans la plupart des biographies, on ne retrouve aucun ordre préétabli ni aucune structure ferme dans la façon de traiter la biographie (voir Delatte 9, p . 54-63).
Doxographie . Les sections philosophiques, ou plus exactement doxo graphiques, sontde caractère très différent (voir Mejer dans Temporini et Haase 28a, p . 3560- 3564, avec d'autres références bibliographiques). A la différence
des sections biographiques où les références aux sources abondent, les sections doxographiques sont la plupart du temps dépourvues de telles références, et nous
ne pouvonspas en général identifier les sources. Chacune des écoles philosophi ques les plus connues comprend une doxographie développée qui est toujours présentée dans le cadre de la biographie du fondateur de l'école et, pour cette
raison , seules les idées du fondateur sont traitées et non les développements ultérieurs . La biographie de Platon contient de brefs développements sur le caractère des ouvrages platoniciens (III 48 -52), sur l'argumentation de Platon (III 53-55) et sur la division et l'ordre des dialogues ( III 57 -62), des remarques
829 DIOGÈNE LAËRCE sur le langage, les principes d'interprétation et les signes critiques utilisés dans
les éditions hellénistiques de Platon (III 63-66) ; on trouve ensuite une doxo graphie qui traite principalement de la psychologie , de la théorie de la connais sance et de la physique (III 67-80), enfin les Divisiones Aristoteleae, un recueil
de 30 définitions de concepts platoniciens, quiprovient sans doute des premières générations qui ont suivi Platon (III 80-109). Même si ces développements sont tout à fait insuffisants pour rendre compte de la philosophie platonicienne, ils
offrent de nombreuses similitudes avec d'autres sources platoniciennes du II s. de notre ère (par exemple les Prolegomena d 'Albinus et le Didaskalikos d 'Alci noos) et les remarques sur le langage de Platon et sur le corpus platonicien
montrent que Diogène a écrit en pensantà un public érudit. La doxographie aristotélicienne semble rassembler trois parties distinctes
( V 28- 29 ; 30 -31; 32- 34 ; cf. P .Moraux, « Diogène Laërce et le Peripatos» , dans 26 , p . 245 -294) et n 'offre pas la même qualité que la doxographie platonicienne ; le texte donne également l'impression que Diogène ne connaît pas bien Aristote
ou ne l'a pas bien compris. Chacune des trois parties doit remonter, de même que la liste des ouvrages d 'Aristote (V 22-27), à l' époque qui a précédé Andronicos de Rhodes. La doxographie stoïcienne (VII 38 - 160 ; cf. J.Mansfeld, « Diogenes Laertius on Stoic Philosophy» , dans 26 , p . 295 -382) est la meilleure présentation antique de la philosophie stoïcienne que nous possédions et la section sur l' éthique présente des affinités avec d'autres exposés comme l'Epitome d 'Arius Didyme;
l'exposé sur la logique stoïcienne est particulièrement important. Diogène semble avoir combiné trois sources ; une considération particulière doit être
portée à l’'Enlopoun de Dioclès (VII 49 -53). La doxographie présente un caractère singulier en ce qu 'elle est la seule à enregistrer les opinions de stoïciens particuliers (nommées laudationes), bien que Diogène l'ait présentée
comme un exposé de la philosophie stoïcienne en général. A l'intérieur de la biographie de Zénon, sont présentées également les biographies de trois dissi dents stoïciens, avec des remarques doxographiques (VII 161- 167). La doxographie sceptique (IX 79 - 105 ; cf. J. Barnes, « Diogene Laerzio e il Pirronismo» , dans 26 , p . 383-427) fournit sur les tropes sceptiques et d'autres
arguments un bon aperçu, qu'il est possible de comparer avec l'exposé de Sextus Empiricus, même s'il estbeaucoup plus court ; Sextus et Diogène doivent avoir utilisé la même source, et à cette source doivent sûrement appartenir les verbes à
la première personne du pluriel qui sont employés ici et là . L 'aperçu fourni par Diogène sur la philosophie épicurienne consiste essen
tiellement dans la citation des trois lettres et des « Sentences capitales» d' Épi cure ; ces textes sont complétés par quelques brèves synopses doxographiques sur les critères de la vérité (X 29-31), le sage épicurien (X 117-121, où il faut attribuer à Diogène le bouleversement du texte transmis ), ainsi que sur la
comparaison entre les vues épicuriennes et cyrénaïques sur la vertu ( X 136 -138, comp. II 87-89). Les trois lettres ne sont que rarement citées dans l'Antiquité et nous les devons à l'effort de Diogène pour retrouver des livres rares et anciens.
830
DIOGÈNE LAËRCE En ce qui concerne les autres écoles post-socratiques, l'école cynique ne fait
l'objet que d'un bref développement doxographique (VI 11 et 103- 105). Cela ne doit pas nous étonner, puisque le rôle des cyniques dans la doxographie antique
semble avoir été très limité , et on pourrait soutenir que les cyniques ne consti tuaient pas une école philosophique (VI 103). Les nombreuses anecdotes que Diogène raconte à propos des cyniques donnent un aperçu de leur façon de
vivre,mais la courte doxographie est d'autant plus importante que Diogène s'est
efforcé d'établir un lien entre la philosophie cynique et la philosophie stoï cienne, comme on le voit par la position affirmée à la fin du livre et par l'orien
tation de la doxographie cynique. L 'école cyrénaïque semble avoir été morcelée en plusieurs tendances et la doxographie cyrénaïque fournie par Diogène (II 86 -99) donne une bonne image de ce fait. Comme les cyrénaïques ne semblent pas avoir fait l'objetde beaucoup de discussions dans la tradition hellénistique, il est importantde noter qu' ils sont également nommés par d 'autres auteurs de l' époque de Diogène (Sextus Empi
ricus, Aristoclès, Clément d 'Alexandrie ). La source appartenait apparemment au type des traités Περί αιρέσεων.
Pour la doxographie présocratique, Diogène a utilisé dans la plupart des cas une source qui s'inscrivait étroitement dans la tradition de Théophraste . A deux reprises les doxographies sont divisées en une section générale et une section détaillée (Héraclite IX 7-11, voir 31 K . Deichgräber, « Bemerkungen zu Diogenes' Bericht über Heraklit » , dans Philologus 93, 1938 , p . 12 -30 , et 32 J. Janda, « Die Bericht über Heraklits Lehre bei Diogenes Laertios » , LF 92 ,
1969, p. 97-115 , et Leucippe IX 30-33),mais il n 'est pas nécessaire de supposer en ces endroits l'utilisation d 'une double source. En plusieurs endroits Diogène semble avoir modifié son modèle ou ne l'avoir utilisé que de façon sélective, et
en tout cas dans certaines doxographies c'est à une erreur de Diogène qu 'il faut
attribuer les points qui sont contredits par le reste de la tradition .Dans sa vie de Pythagore, cependant,Diogène cite, dans le cadre d' un extrait des Successions d'Alexandre Polyhistor, un exposé de l' enseignementpythagoricien tiré d'Hypo mnemata pythagoriciens qu 'on peut dater du début de l'époque hellénistique
(VIII 24-33 ; voir 33 A .-J. Festugière ,« Les “Mémoires pythagoriques" cités par Alexandre Polyhistor » , dans REG 58, 1945 , p . 1 -65 , repris dans Études de
philosophie grecque , Paris 1971, p. 371-436); ce document figurait à côté d 'un extrait d 'Aristote (VIII 34 -35 ). Commedans d 'autres cas, Diogène semble avoir extrait ces textes parce qu 'ils étaient très anciens et sûrement antérieurs à d 'au tres écrits néopythagoriciens, par exemple Modératus ou Nicomaque. Comme
pour la philosophie post-socratique, Diogène n 'entretient pour la philosophie presocratique aucun rapport fermement établi avec ses sources.
Si l'on examine les sections doxographiques, il est évident que Diogène a consciemment cherché ou bien à présenter des exposés contemporains ou bien à faire connaître des sources anciennes de grande valeur. Les sources sont beau
coup plus rarement directement nommées dans les sections doxographiques, mais le fait que ces références ne soient pas du tout les mêmes que dans les
DIOGÈNE LAËRCE
831
sections biographiques et que Diogène ait ici aussi modifié lematériel amène à se demander dans quelle mesure nous avons le droit de supposer que l'ouvrage
de Diogène correspond formellement à ses sources biographiques et doxogra phiques d' époque hellénistique. Puisque nous ne trouvons que de rares rensei
gnements doxographiques (le plus souvent rattachés au thème du npūtos Eůpetńs) dans les fragments des ouvrages biographiques et des successions,
puisque d'un autre côté nous ne rencontrons que rarement des données biogra phiques en contexte doxographique, il est peu vraisemblable que la combinaison de la biographie et de la doxographie que l'on trouve chez Diogène ait déjà été caractéristique de la tradition hellénistique. Composition . Nous pouvons maintenant revenir au problème de la compo sition et du manque d'homogénéité de l'ouvrage de Diogène. Les innombrables tentatives pour expliquer le manque d'homogénéité et le caractère singulier du texte de Diogène grâce à des sources primaires ou secondaires n'ont pas conduit à des résultats évidents, ce qui n 'est pas étonnant quand on pense que tant de sources ne nous sont transmises que par Diogène (voir Mejer 25 et Desbordes 27). Un chemin plus praticable semble offert par l' analyse du texte de Diogène à
la lumière des méthodes de travail des érudits antiques, notamment la technique des extraits (cf. Mejer 25, p. 16 -29). Cette technique, dont la meilleure descrip tion dans l'Antiquité se trouve chez Pline le Jeune (Epist. III 5 ), est liée étroi tement à la forme du livre antique ; elle était également liée à la grande difficulté qu 'il y avait à se procurer et à conserver de nombreux livres. En conséquence, on se confectionnait au cours de la lecture des résumés, des extraits des passages importants ; lorsque par la suite on souhaitait relire ces sources, par exemple pour écrire un nouvel ouvrage, on utilisait ses propres extraits plutôt que l'euvre originale . Aux ire et le siècles ap. J.-C . notamment, les recueils d 'extraits étaient courants (par exemple Favorinus, Élien et Athénée), et dans le texte de Diogène comme ailleurs on trouve des bizarreries qui s'expliquent par la tech nique des extraits : extraits utilisés sans considération du contexte de l'original ; deux ou plusieurs extraits de la même source cités l'un après l'autre sans transi tion ; utilisation directe aussi bien qu 'indirecte de la même source; d 'autres indi
ces encore pourraient suggérer le recours à la technique des extraits. Diogène doit donc être considéré commeun collectionneur appliqué qui portait intérêt à la personnalité des philosophes et à leur mode de vie , un collectionneur qui n ' était cependant pas toujours en mesure de maîtriser son immense matériel, ce qui explique les nombreuses erreurs et les inexactitudes historiques que l'on
remarque dans son œuvre . Nom et datation . Malheureusement, nous ne pouvons pas identifier ou
décrire Diogène Laërce de façon plus précise . Son appellation semble composée
du nom Diogène et d 'un surnom dérivé d 'une formule homérique qui concernait le père d 'Ulysse, Laërte, mais au moins un texte ancien suggère que le nom Laërce dérive de la cité de Laërte en Carie . Comme Diogène en IX 109 caracté rise un certain Apollonidès de Nicée par une formule qui pourrait indiquer qu'ils étaient compatriotes (le sens de l'expression ó nap ' nuõv n 'est pas sûr, cf.
832
DIOGÈNE LAËRCE
Mejer 25 , p.46 n. 95, etMansfeld dans 26 , p . 301 n .4 ),il est tentant de supposer que Diogène vivait et écrivait à Nicée en Bithynie ou dans quelque ville de province du même genre où il avait accès à certaines, mais non à toutes les
sources qu'il mentionne. Son allégeance philosophique (sceptique, épicu rienne ?) est discutée , mais Diogène « non appartenne a nessuna scuola filo sofica, ma fu uomo di molti libri» (Gigante 15, p .XV) . Sa datation dépend de celle de Sextus Empiricus et des autres personnalités du ir siècle de notre ère qu 'ilmentionne (cf. Mejer 25 ). L 'ouvrage dans son ensemble était dédié à une dame quimarquait de l'intérêt pour Platon (III 47), mais il est impossible de
l'identifier. Pour la datation de l' ouvrage, il est très important de constater que Diogène ne montre aucune connaissance du néoplatonisme ou du néopythago
risme. Il a pu vivre vers 200 ap . J.-C . Personnalité. Il ne faut cependant pas méconnaître la personnalité de Diogène (cf.Gigante 15 etMejer 25, p. 46 -59). Le fait qu 'il ait écrit des poèmes sur des hommes célèbres (cf. plus bas) correspond à son attitude générale, dans
la mesure où son livre traite de la personnalité des philosophes plus que de l'histoire de la philosophie . En conséquence, les biographies sont illustrées par d 'innombrables anecdotes, apophtegmes et détails sur le mode de vie et elles
comportent beaucoup plus de références que les sections doxographiques. Pour Diogène la philosophie était une invention des Grecs - c'est pourquoi il ne traite
pas comme Sotion des Barbares, insiste sur le thèmedu npūTOS EÚpets et fait arrêter son exposé à l'entrée des Romains dans l'histoire de la philosophie,
c ' est-à - dire avec la fin du premier siècle av. J.- C . Bien que Diogène mentionne à titre individuel des philosophes des fer et II° siècles de notre ère, son intérêt prin cipal porte sur les écoles philosophiques de l'époque hellénistique. Tout comme il présente dans ses poèmes des bizarreries sur le plan métrique et linguistique, demême il cherche à souligner les curiosités antiques et à citer des documents et
des sources inhabituelles. Par là il apparaît comme un authentique représentant de la seconde sophistique . Tradition indirecte. Diogène n 'est mentionné que rarement dans les sources grecques tardives (cf. Schwartz 23, col. 738 , et Hicks 2 , p . XLVI-L ) . Si la Vita Hesychii d 'Aristote (voir DPhA, t. I, p .414) provient des biographies du lexico
graphe Hesychius (VI° s. ap. J.-C .), ce dernier n 'a pas utilisé Diogène directe ment, mais il a évidemment connu les mêmes sources que Diogène ; la Souda (Xe s. ap . J.-C .) a copié plusieurs passages de Diogène ; un examen systématique
de la relation textuelle de Diogène et de la Souda reste à faire . Comme le compilateur de l'Anthologie Palatine a aussi utilisé Diogène, son livre devait être disponible dans l'Orient byzantin . En Occident, l'euvre de Diogène fut
connue par le De vita et moribus philosophorum de Walter Burleigh (ca 1300), et Diogène fut le modèle de la plupart des histoires de la philosophie jusqu 'à la fin du XVIIIe siècle (cf. 35 L . Braun , Histoire de l'histoire de la philosophie ,
Paris 1973, p. 33- 36 ). La popularité de Diogène dans cette période est attestée par Montaigne : « le suis bien marry que nous n 'ayons une douzaine de Laertius,
ou qu 'il ne soit plus estendu, ou plus entendu : car ie suis pareillement curieux
DIOGÉNIANOS
833
de cognoistre les fortunes et la vie de ces grands precepteurs du monde, comme
de cognoistre la diversité de leur dogmes et fantasies» (Essais II. 10). (2 ) Pammetros. Parsemés à travers son ouvrage se trouvent 52 poèmes écrits par Diogène sur des philosophes célèbres et en particulier sur les circonstances de leur mort. Diogène renvoie à un recueil antérieurement publié (en deux ou plusieurs livres) de poèmes en mètres variés (Tláujetpos, cf. I 39 et 63; il n 'est pas possible de déterminer si le titre se rapporte à l'æuvre complète ou seulement au premier livre), et les poèmes de Diogène représentent effectivement un tour de force : certains mètres ne sont utilisés que par lui dans la poésie grecque. D 'un autre côté , ses poèmes semblent suivre la tradition poétique hellénistique, mais ils révèlent clairement son propre point de vue critique sur la personnalité de
certains philosophes, parfois avec une remarquable sévérité, comme dans la condamnation de Bion de Borysthène (IV 55 -57) . Presque tous les poèmes traitent des circonstances de la mort des philosophes (exceptions : II 58 sur
Xénophon et VIII 36 , 44 et 45 sur Pythagore).Même si Diogène n ' était pas un poète de génie, il connaissait bien la poésie et la littérature grecque en général, avec une préférence pour les termes inusités. Nous lui devons plusieurs passages de poésie lyrique et dramatique, qui autrement seraient perdus. Sur sa poésie,
voir Mejer 25 , p . 46-50, et 34 M . Gigante , « Diogene Laerzio : da poeta a prosatore » , Sileno 10 , 1984 , p. 245 -248. JØRGEN MEJER .
151 DIOGÈNE LE SOPHISTE RE 25 PIR2 D 97
I
En 75, ce philosophe cynique pénétra au théâtre à Rome, alors que celui-ci était rempli, et il proféra de nombreuses insultes contre Titus et Bérénice, laquelle se comportait comme la femme de Titus et espérait le mariage. Diogène fut fouetté (Dion Cassius LXVI 15, 5). MARIE -ODILE GOULET-CAZÉ.
152 DIOGÉNIANOS RE 3
П
Philosophe épicurien. Les seuls témoignages dont nous disposions sur sa
doctrine proviennent d 'Eusébe, P. E . IV 3 (p. 169-172 Mras) et VI 8 (p . 321-328 Mras), qui cite de longs extraits d 'une polémique de Diogénianos contre la doc trine du destin de Chrysippe (cf. SVF II 914, 925, 939, 998 -999, et III 324 , 668 ). Eusébe le définit comme « péripatéticien » ; le mérite revient à 1 A . Gercke,
« Chrysippea » , JKPh Suppl. 14 , 1885, p. 701-702 , d'avoir montré son rattache ment à l' école épicurienne. La tentative de 2 H . B . Gottschalk (« Aristotelian
Philosophy in the Roman World from the Time of Cicero to the End of the
Second Century B . C .» , ANRW II 36 , 2 , 1987, p. 1142-1143) pour mettre en va leur l'inspiration péripatéticienne de sa pensée est peu convaincante . On ignore à
quelle époque il a vécu,mais on peutpenser avec une certaine vraisemblance au IIe siècle ap. J.-C ., lorsque reprirent avec vigueur les attaques académiciennes contre Chrysippe . Cf. 3 H . von Arnim , RE V 1, 1903, col. 777 sq., 4 H . O .
834
DIOGÉNIANOS
Schröder, art. « Fatum (Heimarmene) », RAC VII, 1969, p . 550 sq., et 5 M . Isnardi Parente , « Diogeniano , gli epicurei e la tux » , ANRW II 36 , 4 , 1990 , p . 2424-2445. Les fragments ont été rassemblés par Gercke 1, p. 748 -755, et
partiellement dans 6 A .A . Long et D . N . Sedley, The Hellenistic Philosophers, Cambridge 1987, t. I, 55 P et 62 F (p. 338, 389), t. II, p. 339 et 385. Traduction
italienne par 7 M . Isnardi Parente, Stoici antichi, Torino 1989, p . 381-384, 577 , 587 sq. TIZIANO DORANDI.
153 DIOGÉNIANOS DE PERGAME
I- II
Cet ami de Plutarque, qui intervient à plusieurs reprises dans les Quaest. conv. (VII 7 et 8 ; VIII 1 et 2 ; VIII 9), n 'était pas nécessairement un philosophe « de profession » , mais ses interventions traduisent un intérêt certain pour les questions philosophiques et particulièrement pour la doctrine platonicienne, à laquelle il se réfère volontiers.
Son fils homonyme appartenait lui aussi au cercle de Plutarque (voir notice suivante). Cf. B . Puech , « Prosopographie des amis de Plutarque » , ANRW II 33 , 6 ,
1992, p . 4846 . BERNADETTE PUECH .
154 DIOGÉNIANOS DE PERGAME
fl. II A . Fils du précédent. Il fut peut-être un élève de Plutarque, qui le met en scène dans le De Pythiae oraculis et fait de lui un portrait flatteur (394f-395a ).
Zeller, IV », p . 779, qui le confondait avec son père, proposait de l'identifier avec le philosophe Diogénianos (RE 3, » D 152), adversaire déclaré du stoïcisme, dont Eusébe nous a conservé des fragments ; mais ce dernier était épicurien , ce que l'on ne saurait affirmer de l'ami de Plutarque, et l'on ignore tout de son origine et de son époque ; cf. M . Isnardi Parente, « Diogeniano , gli epicurei e la túyn » , ANRW II 36 , 4, 1990 , p. 2424 -2426 .
B . On pourrait plus légitimement rapprocher le personnage du De Pyth. or. de ce Diogénianos, « amoureux de la vérité », à qui Galien dédie le De succe
daneis (XIX 722 Kühn) : les liens de Galien avec Pergame et la concordance approximative des époques pourraient appuyer ce rapprochement, qui reste
cependant aléatoire. Cf. B . Puech , « Prosopographie des amis de Plutarque » , ANRW II 33, 6 ,
1992, p. 4846. BERNADETTE PUECH .
155 DIOGNÈTE RE 17 PIR ? D 98 Peintre ,maître de Marc -Aurèle .
DM II
D 'après l'Histoire Auguste (V. Ant. 4 , 9), Marc-Aurèle s'est initié à la peinture sous la direction de Diognète (operam praeterea pingendo sub magistro
DIOGNÈTE (LETTRE A -)
835
Diogneto dedit). Dans les Pensées (I 6 ), il reconnaît ce qu'il lui doit: « De Diognète : l'aversion pour les futilités ; l'incrédulité à ce que racontent les
faiseurs de prodiges et les charlatans sur les incantations et les moyens de se
préserver des démons et autres sornettes; ne pas s'adonner à l' élevage des cailles , ni s' engouer de pareilles manies; supporter la franchise ; m 'être fami liarisé avec la philosophie et avoir suivi les leçons d 'abord de Bacchius ( B2), puis de Tandasis et de Marcianus ; avoir composé des dialogues dans mon enfance ; avoir désiré le lit de camp recouvert d 'une simple peau et toutes les
autres disciplines qui se rattachent à l' éducation hellénique » (trad. A . I. Tran
noy). H . von Arnim ,art. « Diognetos» 17, RE V 1, 1903, col.785-786 , souligne avec raison qu'il n ' était pas nécessairement lui-même philosophe et stoïcien ; voir aussi P . Hadot, La citadelle intérieure. Introduction aux Pensées de Marc Aurèle, Paris 1992 , p. 18-20 .
Rien n 'autorise à identifier ce Diognète au païen dédicataire de l'apologie du christianisme connue sous le nom de Lettre à Diognète : voir la discussion de
H .-I. Marrou dans son édition (coll. SC 33 , Paris 1951, p . 254-268) et la notice suivante .
Cf. A . Stein , PIR2 III, 1943, D 98 , p .24 ; H . Volkmann,art. « Diognetos» 3, KP II, col.49 ; M . Pohlenz, Die Stoa, t. II, p . 148. SIMONE FOLLET. 156 DIOGNÈTE (LETTRE A -) La disproportion est flagrante entre ce que l'on connaît avec certitude de ce petit texte de l'Antiquité grecque chrétienne et la masse des travaux auxquels il a donné lieu. Parmi les inconnues: 1° Le titre. Lettre à Diognète est un choix , dépourvu de justification , du
premier éditeur Henri Estienne (1592) ; il s'agirait bien plutôt d 'un logos, « Discours » , dédié à un certain Diognète .
2° La date . Simplement, des rapprochements convaincants avec les apolo gistes du IIe siècle et le Protreptique de Clément d'Alexandrie (cf. 1 H . G .Mee cham , The Epistle to Diognetus, texte grec avec introd ., trad. et notes,
Manchester 1949, p. 58-64; p. 148- 152 pour le cas particulier de l'Apologie de Quadratus, dont le texte, perdu, a été supposé identique à celui de la Lettre à
Diognète par 2 P. Andriessen , « L 'apologie de Quadratus conservée sous le titre d ' Épître à Diognète » , RTAM 13, 1946 , p . 5-39, 125 - 149 et 237 -260 ; et 3 Id ., « The Authorship of the Epistula ad Diognetum », VChr 1, 1947, p . 129 -136 ) ont amené à proposer avec vraisemblance la fin du IIe siècle ou le débutdu III°. 3° L ' auteur. Parmi différentes identifications proposées, on peut signaler,
outre Quadratus, Pantène, fondateur du didascalée d 'Alexandrie. Cette hypo thèse, qui ferait droit à une certaine saveur alexandrine du texte , a été avancée par 4 H . I.Marrou ( édit.), A Diognète, introd., édition critique, trad. et commen
taire , SC 33, Paris 1951 ( 2e éd . augmentée, SC 33 bis, 1965), p . 266 -267
836
DIOGNÈTE (LETTRE A -) (ouvrage de référence, d 'une érudition historique minutieuse, et débordant
d 'enthousiasmepour son sujet ; à ce titre, on peut confronter , sur le même texte , les pages décapantes de 5 R . Joly , Christianisme et Philosophie. Études sur
Justin et les Apologistes grecs du deuxième siècle, Bruxelles 1973, p . 199-226). 4° Le dédicataire. 6 H . Lietzmann, Histoire de l'Église ancienne, t. II, trad . française , Paris 1937 , p . 189 , pensait au Diognetus (- D 155), professeur de
philosophie de l'empereur Marc Aurèle. Marrou 4 , p . 267-268, propose de façon raisonnable le procurateur Claudius Diognetus, haut fonctionnaire de l'Égypte romaine autour de l' an 200 et intéressé par les religions. Bibliographie. La Lettre est rattachée, dans la tradition manuscrite , aux euvres de l'apologiste Justin ; elle figurait dans un unique ms., aujourd 'hui disparu, mais très soigneusement collationné. Le texte en est très abîmé; il a donné lieu à une infinité de corrections plus ou moins heureuses. Inutile d 'en
répertorier ici les multiples éditions et traductions, pour lesquelles on verra , outre les manuels d' Altaner -Stuiber, de Quasten et de Geerard, Marrou 4 , p . 33
42 (pour la période antérieure à 1951), et aussi 7 M . Rizzi, La questione dell' unità dell'« Ad Diognetum » , coll. « Studia Patristica Mediolanensia » 16 , Milano 1989, p. XI-XXIII (bibliographie à peu près exhaustive, y compris la littérature
secondaire). Parmi les éditions, outre celles deMeecham 1 et de Marrou 4 lui même, on rappellera celle , toujours indispensable de par ses notes et sa traduc tion latine, de 8 I. C . T . Otto dans Corpus Apologetarum Christianorum saeculi
secundi, III 2 : Opera lustini addubitata ” , lenae 1879, p . 158 -211. Contenu . Traditionnellement, la Lettre à Diognète fut décriée pour la banalité de son contenu en même temps qu'appréciée pour la qualité de son style (au point que Wilamowitz l'incorpora dans l'écrin de son Griechisches Lese
buch). On n ' est pas pour autant dispensé d' en examiner les idées, ce que l'on peut faire rapidement en découpant dans le texte quelques blocs. 1° 1 1 contient une liste de questions que Diognète est censé se poser et poser à l'auteur sur le christianisme: elles sont exemplaires de la curiosité des païens de l' époque. 9 J. Schwartz, « L ' Épître à Diognète» , RHPR 48, 1968, p . 46 -53, a
décelé des ressemblances entre ces questions de Diognète et Lucien, De morte Peregrini 11 et 13, dont le vocabulaire religieux viendrait de Celse ; d 'autre part,
l'une de ces questions, relative au pourquoi de la venue tardive du christianisme, avait été aussi posée par Celse, cf. Origène, Contra Celsum IV 7 et VI 78 ; conclusion : la Lettre à Diognète serait une sorte de Contra Celsum antérieur à
celui d'Origène.
2° 1 1 et II 1 sur la « nouveauté» du christianisme (race nouvelle, nouveau genre de vie, hommenouveau, nouvel enseignement). Ce thème traditionnel de beaucoup d 'apologies (Epître de Barnabé, Kérygme de Pierre, Protreptique de Clément, etc .) provient en définitive des épîtres pauliniennes, dont la doctrine est au cæur de la Lettre ; cf. 10 R . Brändle , Die Ethik der « Schrift an Diognet » .
Eine Wiederaufnahme paulinischer und johanneischer Theologie am Ausgang des zweiten Jahrhunderts, coll. « Abhandlungen zur Theologie des Alten und
DIOGNÈTE (LETTRE A -)
837
Neuen Testaments » 64 , Zürich 1975 ; 11 A . Lindemann , « Paulinische Theo
logie im Brief an Diognet» , dans Kerygma und Logos, Festschrift für C .
Andresen ,Göttingen 1979, p . 337- 350. 3° Après une attaque sans originalité contre le culte païen des idoles maté rielles ( II 1- 10), la Lettre s'en prend au judaïsme, à sa pratique des holocaustes, à son ritualisme excessif, à son orgueil de la circoncision et des jeûnes (III- IV ) ; sur ce développement, cf. 12 P .- H . Poirier , « Éléments de polémique anti-juive dans l’ Ad Diognetum », VChr 40, 1986 , p.218 -225.
4° V et VI sont à tous égards le cæur de l' opuscule. Ils décrivent la situation paradoxale des chrétiens dans la cité, à la fois pleinement insérés et totalement dégagés ; cf. 13 F . Blanchetière, « Au cæur de la cité : le chrétien philosophe
selon l' A Diognète 5-6 » , RSR 63, 1989, p. 183- 194. En VI 1 se trouve la for mule célèbre : « ce que l'âme est dans le corps, les chrétiens le sont dans le mon de » , dont la signification est non pas cosmique, mais sociale ; selon le célèbre thème johannique (cf. 10), « les chrétiens habitent dans le monde, mais ils ne
sont pas du monde ». Viennent ensuite (VI 2-10) des considérations du même ordre fondées sur les conceptions philosophiques des rapports de l'âme et du corps (l'âme répandue dans tout le corps, l'âme prisonnière du corps, l'âme maintient la cohésion du corps, le corps comme tente de l'âme, interdiction du suicide) ; on reconnaît là des images et des thèses où se conjuguent le platonisme et le stoïcisme, selon la philosophie de l'époque (moyen platonisme), comme l'a
bien montré 14 R . G . Tanner, « The Epistle to Diognetus and Contemporary Greek Thought» , dans Studia Patristica XV , TU 128, Berlin 1984, p .495-508. Ces emprunts avérés n 'empêchent pas l'auteur de se livrer en VIII 2 -4 à une vive attaque, d 'ailleurs banale , contre les philosophes. Sur ces passages, sans doute les plus intéressants du texte , on verra les pages 199 -226 de 5 R . Joly,
intitulées d' ailleurs «Les chrétiens, âme du monde» . 5° VII-X contiennent un résumé de la foi chrétienne, sans originalité particulière ; le souvenir des philosophes n 'en est d 'ailleurs pas absent: en X2 par exemple , dans un éloge de l'homme comme centre de la création , l'on
trouve mention du thème, popularisé par les stoïciens, du status rectus, sur quoi cf. 15 M . Pellegrino, « Il “ topos” dello “ status rectus" nel contesto filosofico e biblico (A proposito di Ad Diognetum 10 , 1- 2)» , dans Mullus. Festschrift Th . Klauser, JAC Ergänzungsband 1,Münster Westf. 1964, p. 273-281. Après VII X , qui contiennent un résumé de la foi chrétienne, viennent, dans l'état actuel du texte, deux derniers chapitres que la grande majorité des historiens ont de tout temps tenus pour interpolés, tant ils diffèrent des précédents à toutes sortes de points de vue (destinataires, exégèse, niveau doctrinal, attitude à l'égard des Juifs , et surtout vocabulaire et style ).Néanmoins,Martou 4 et Rizzi 7 ne pensent
pas que cet épilogue provienne d 'une intervention extérieure, et ils s' efforcent d 'en montrer la solidarité avec le reste .
JEAN PÉPIN .
DIOMÉDÈS
838
157 DIOMÉDÈS PLRE II : 2
MFV
Ce personnage n 'estmentionné qu 'une seule fois dans un fragment de la Vie
d 'Isidore de Damascius (fr. 358 Zintzen) conservé par la Souda, s.v. Eủnellos, E 3650 ,t. II, p. 464 , 32 -465 , 9 Adler. Le contexte , assez obscur, semble concer
ner les deux fils d'Hégias, Eupeithios et Archiadas (> A 315), et il est difficile de déterminer avec précision ce qui concerne Diomédès. Damascius semble le
dire « doué pour la philosophie » . On trouvera une traduction allemande de ce passage par R . Asmus, Das Leben des Philosophen Isidoros von Damaskios aus Damaskos, coll. « Die philosophische Bibliothek » 125 , Leipzig 1911, p . 128, 36 - 129, 19.
RICHARD GOULET.
158 DIOMÉDON DE TARSE
MIT
Académicien , élève de Carneade (- C 42),mentionné dans l' Ind. Acad. Herc . de Philodème, col. 23, 41 = 32, 38 ( = Carnéade, T 3b 14 Mette). TIZIANO DORANDI.
159 DION RE 15
? Ira
Philosophe stoïcien cité par Cicéron , De leg. III 13, qui lui attribue des études
précises et approfondies sur les magistratures . Ce personnage étant inconnu par ailleurs , la question est de savoir s'il ne s 'agirait pas en fait de Diogène de Séleucie dit de Babylone (RE 45 et » D 146) : voir 1 H . von Arnim , art. « Dion » 15, RE V 1, 1903, col. 847 ; et art. « Dio
genes » 45, RE V 1, 1903, col. 776 . 2 M . Pohlenz, Die Stoa, Göttingen 1980%, t. II, p . 96 , propose également de lire : « a Dio< ge> ne Stoico » et de voir une allusion à son llepi vouwv (Des lois )mentionné par Athénée XII, 526d (= SVF
III Diog. fr. 53, p.221, 17). C ' est ce que suggère de même 3 G . de Plinval (édit.), Cicéron, Traité des Lois, Paris 1968 (2e tirage), p .88 et note complé
mentaire p . 127. CHRISTIAN GUÉRARD. 160 DION
Ce personnage figure dans une lettre de Cicéron (Fam . IX 26, 1 et 3), écrite fin octobre ou début novembre 46 et adressée à L . Papirius Paetus, un jeune ami de Cicéron , sans doute épicurien . Dans le premier paragraphe, il est fait allusion au « philosophe Dion » . Il ne faut sûrement pas le confondre avec l'ami d ' Antiochos d 'Ascalon (- D 162] (cf. 1 H . von Arnim , art. « Dion » 14 , REV 1 ,
1903, col. 847). La correction Siron proposée par 2 T. Frank, CP 15 , 1920, p . 107, et approuvée par 3 M . Gigante , « I frammenti di Sirone » , Paideia 45, 1990 , p. 180 - 182 (fr . 2 ), n 'est pas admise par tous les éditeurs contemporains
(4 D . Shackleton -Bailey, Cambridge 1977, t. II, p. 379, et 5 J.Beaujeu, CUF, Paris 1980, p . 292) et elle n 'est pas acceptable à cause du respect que Cicéron témoigne à Siron, tandis qu 'il se moque de Dion et le traite de baro : « N 'as-tu pas été , écrit-il à son correspondant, jusqu 'à rire d 'un philosophe ? Celui-ci
DION D 'ALEXANDRIE
839
ayant demandé si quelqu 'un avait une question à poser, tu lui as répondu que tu te posais depuis le matin la question du dîner. Ce crétin s'attendait à la question de savoir s'il existe un seulmonde ou des mondes innombrables. Ceci t'est bien
égal » (trad. Beaujeu ). En l' absence d 'autres indications, on peut simplement conclure qu' il s'agit d 'un épicurien : l' allusion à la pluralité des mondes consti tue l'une des thèses caractéristiques du Jardin . Mais même si Dion prétend
répondre à toutes les questions qu' on lui pose, Cicéron le tientmanifestement en piètre estime. Il n 'apprécie guère ces conférenciers mondains (De oratore I 102) qui veulent impressionner leur auditoire. Et, bien qu 'il se soit paré du titre de philosophe, Dion n ' était pas un personnage renommé ni une figure de premier plan . MICHÈLE DUCOS.
MF III
161 DION
Dédicataire de deux ouvrages de Chrysippe concernant la logique : Hepi tõv kopiotwv åčlwuátwv tpos Alwva a ' B ' r ' (D . L . VII 190 ; p . 384, 3 Long),
Tepi tñs xarà tàc hÉEelç åvwuariaç rpos Alwva 8' (D . L . VII 192 ; p. 385, 12 Long). De tels ouvrages ne pouvaient guère être dédiés qu 'à des collègues ou à des élèves à l'intérieur de l'école stoïcienne.
RICHARD GOULET. 162 DION D 'ALEXANDRIE RE 13+ 14 Académicien, disciple et amid ' Antiochos d ’Ascalon, mentionné dans l'Ind. Acad. Herc. de Philodème, col. 35, 8 sq. et par Cicéron , Acad . II 12 . Il vint à
Rome en 57 av. J.-C . à la tête d 'une ambassade visant à empêcher la restauration de Ptolémée Aulète , qui par la suite le fit empoisonner (cf. Cicéron, Pro Cael. 23, 24, 51-55 ; Strabon XVII 1, 11, et Dion Cassius XXXIX 12 -13). Du passage de l'Ind. Acad . Herc ., col. 35, 2 sqq. : TN
De Ol< a > tolony aŭtoŨ OLEDÉEato |
đồ bộc bv [ x]ại ua[ 0]ng1 ” Aotatoc, dows[ t]ớc đề xuí£o | đoxo λούμενος έσχε πλείους και δη και συνήθεις ημών ' Αρίστωνά τε και
Aíwlva ’Aletav pełç xal Kpátlitinov Tepraunvóv, @ [v ] l ’Aplotwv [uèv] xai Kpát[ i ]noç én [. .. ]va [..... Kllxovoa [V .....]noLợ(....) | éyévov [to ) Ilepitto ( Inti]lxoà åttoota ]moa (vtec tñs ] 'Alxaðnuelaç, il ne me semble pas que l'on puisse déduire, avec J. Glucker , Antiochus, p. 96 et 113, que Dion passa au Péripatos.
Il est probablement l'auteur d'une anecdote sur l'ivresse des Égyptiens (cf. Epitome Athen . II, 34b ). Plutarque, Quaest. conv. 612 d -e , lui attribue Noyous napà notOV YEVOLÉVouc. Signalons l'hypothèse intéressante de 1 O . Crusius (RE V 1, 1903, col. 847) , qui propose de l' identifier avec le philosophe alexan
drin homonyme signalé par Stobée (Flor. 19, 17, t. III, p. 537 Hense ) en rapport avec le proverbe tò toŨ Alwvos ypũ (cf. Pseudo-Plutarque, Prov. Alex. 29
Crusius ; Pseudo-Zénob. 454 ; Suidas etApostolius). Cf. 2 H . von Arnim , art. « Dion » 14, RE V 1 , 1903, col. 847 ; 3 P . M . Fraser,
Ptolemaic Alexandria, Oxford 1972, t.I, p. 489 sq.; II, p.707 n. 91 et p. 709
840
DION D 'ALEXANDRIE n . 104-106 ; 4 J. Glucker, Antiochus, p . 94-97 ; 5 T . Dorandi, CronErc 16 , 1986 ,
p . 115 ; 6 T . Dorandi (édit.), Filodemo : Platone e l’Academia , p. 81 sq.
163 DION D 'ÉPHÈSE
TIZIANO DORANDI. FIV /D III
Une base appartenant à une série aujourd 'hui perdue, vue autrefois à la Villa Mattei (IGUR IV 1491), portait la statue d'un philosophe Dion d 'Éphèse , qui ne semble pas connu par ailleurs. Le seul élément qui permette de le situer est la signature du sculpteur Sthennis : l' activité de cet artiste se place entre le règne d ' Alexandre et les environs de 280a; voir G . Richter, Portraits, t. II, p . 244. Le
philosophe que Sthennis avait représenté devait être l'un de ses contemporains, tombé ensuite dans l'oubli. La base était d 'époque impériale mais, d 'après
G .Richter, elle devait porter non pas une copie mais l'æuvre originale de Sthennis. BERNADETTE PUECH .
Iconographie . L 'iconographie du philosophe est représentée seulement par une inscription et un buste inscrit acéphale.
Une inscription trouvée à Rome attribue la statue au sculpteur Sthennis, un
contemporain de Lysippe (IG XIV 1149 = IGUR IV 1491):
Alwv DiabooDoc 'EDÉOLOG. I DOÉvveç vac. Énolel. Un buste trouvé à Pergame nomme simplement « Dion le Philosophe » ; d ' après la découpe du buste drapé dans le manteau et la forme du piédouche, l'euvre date du lire siècle ap. J.- C . Il convient, avec 1 G . de Luca, Altertümer von Pergamon XI 4 : Das Asklepieion 4 Via Tecta und Hallenstraße, die Funde, 1984 , p . 105 , S 27, pl. 48 , de reconnaître Dion d 'Éphèse, plutôt que Dion de Pruse, comme le proposait 2 Chr. Habicht, Altertümer von Pergamon VIII 3 Die
Inschriften des Asklepieions, 1969, p. 162. Voir notice « Dion de Pruse » (- D 166 ).
Cf. 3 Richter, Portraits II, p. 244. FRANÇOIS QUEYREL .
164 DION D'HÉRACLÉE
I
Personnage de l'Hermotime de Lucien . Il avait été longtemps, de même qu 'Hermotime, l' élève d 'un stoïcien âgé qui l'avait traîné en justice parce qu'il
n 'avait pas payé ses leçons ( 9). Lucien lui applique les qualificatifs de « rou quin » et de « disputailleur » (ÉPLOTIXOS).
RICHARD GOULET .
165 DION DE GAZA
MI
Académicien , élève de Carneade (»* C 42), mentionné à deux reprises dans l' Ind. Acad. Herc. de Philodème, col. 23, 15 et col. 24, 6 - à cet endroit avec son
compatriote Olympiodore, également originaire de Gaza (= Carneade, T 3b 18 Mette ).
TIZIANO DORANDI.
DION CHRYSOSTOME
841
166 DION COCCEIANUS DE PRUSE dit CHRYSOSTOME RE 18 I- II Philosophe et rhéteur, ayant vécu entre l'ère des Flaviens et celle de Trajan , auteur d 'un corpus de 80 discours (logoi) qui présente un grand intérêt pour
l'histoire de la philosophie et de la vie culturelle et politiquede cette époque. Études d 'orientation . L ' étude fondamentale sur l'homme et l'œuvre reste celle du premier grand éditeur moderne de Dion : 1 H . von Arnim , Leben und
Werke des Dio von Prusa, Berlin 1898. Toujours importants également: 2 W . Schmid , art. « Dion » 18 , RE V 1, 1903, col. 848-877, et le chapitre sur Dion dans 3 R . Hirzel, Der Dialog. Ein literarhistorischer Versuch, Leipzig 1895, t. II, p. 84-119. Nom . Seul Pline, Lettres X 81, 1 et 82, 2 , donne le nom sous la forme Dion Cocceianus qui atteste la citoyenneté romaine. Selon 4 N . Sherwin -White , The
Letters of Pliny. A Historical and Social Commentary, Oxford 1966, p.676 , le nom complet devait être Titus Flavius Dion Cocceianus. Sur les circonstances qui ont pu éventuellement lui valoir la citoyenneté romaine, voir plus bas. Le surnom “ Chrysostome” lui est attribué parMénandre le rhéteur (cf. Rhet. Gr. III ,
p . 389, 32 Spengel),mais, selon Photius, Bibl. 209, Dion était déjà appelé ainsi de son vivant. Biographie. Dion était originaire de Pruse en Bithynie. Sur cette cité et l'histoire de l'organisation de la province romaine de Bithynie , voir 5 C . P . Jones, The Roman World of Dio Chrysostom , Cambridge (Mass.) London 1978,
p. 1-6. La plus grande partie des renseignements dont nous disposons sur la vie de Dion provient du corpus de ses discours ,mais d 'autres informations, empruntées à des auteurs de sa génération ou des générations immédiatement postérieures, montrent que nous avons affaire à un personnage assez connu à son époque et
dont la célébrité ne s'est pas éteinte à sa mort. Ces témoignages sont rassemblés , de façon plus ou moins exhaustive, en appendice dans les trois éditions moder nes de Dion (voir plus bas la section “ Éditions” ) . Ce matériel est examiné dans
6 P . Desideri, Dione di Prusa. Un intellettuale greco nell' impero romano, Firenze/Messina 1978 , p. 1-60 ; 7 A . Brancacci, Rhetorike philosophousa . Dione Crisostomo nella cultura antica e bizantina, Napoli 1985. Brancacci 7, p . 202 313, a souligné comment l'œuvre de Dion a constitué pour la culture byzantine
un point de référence important, comme le montre notamment le rôle essentiel de personnages comme Photius, Aréthas, Tzetzès, Théodore Métochite , etc .,
dans l'histoire du texte dionéen . Dans cette notice nous nous bornerons à rappeler les éléments essentiels de la
biographie de Dion. Né vers le milieu du jer siècle ap. J.- C . (de façon plus pré cise peut-être vers l'an 40 selon 8 J. L . Moles, « The Career and conversion of Dio Chrysostom » , JHS 98, 1978 , p . 79 - 100 , notamment n . 27) , Dion apparte
nait, par son père comme par sa mère, à l'une des plus influentes familles de Pruse (voir en particulier XLIV 3 -5 ; pour une reconstruction de l'histoire de cette famille , voir 9 G . Salmeri, La politica e il potere. Saggio su Dione di
842
DION CHRYSOSTOME
Prusa, Catania 1982, p . 10-18). Son père, de même que son grand-père maternel et sa mère, avaient été honorés de la citoyenneté de la cité voisine d'Apamée, distinction qui fut ensuite accordée à Dion . Son grand -père maternel et sa mère avaient en plus reçu d'un empereur la citoyenneté romaine (XLI 5-6), tandis que son père, Pasicratès (Phot., Bibl. 209, 165 a), fut probablement un peregrinus (Sherwin -White 4, p.676 ; Moles 8, p . 82 ; d'un avis contraire : Jones 5, p. 7 ; voir à ce sujet Desideri 6 , p . 411-412 et les notes). Le prestige dont avait joui sa mère est attesté par le fait que la cité lui avait dédié un temple et une statue (XLIV 3). Le père n 'aurait pas légué au fils un riche patrimoine : Dion déclare qu 'il ne fut pas facile pour lui de faire face dignement aux charges que lui imposait sa position sociale (XLVI 5 -6 ; cf. II 4 ); mais il est clair que sa riches se sortait de l'ordinaire (Jones 5 , p. 7). En tout cas, Dion reçut une formation littéraire et rhétorique adéquate , comme le montrent, outre le surnom "Chryso stome” déjà évoqué, la qualité stylistique de ses discours (cf. à ce sujet le jugement deMénandre, dans Rhet. Gr. III 390 , 2-4 Spengel; Photius, Bibl. 209 init.; et, à l'époque moderne, l'analyse exhaustive conduite par 10 W . Schmid , Der Atticismus in seinen Hauptvertretern von Dionysius von Halikarnass bis auf
den zweiten Philostratus, Stuttgart, t. I, 1887, p .72-191), les jugements positifs portés sur l' art oratoire et sur son utilité qu'on rencontre à maintes reprises dans les discours (cf.Moles 8, p. 89, 91-92) et enfin la présence dans son æuvre de la
littérature grecque (on ne constate en revanche aucun intérêt pour la littérature latine, qu 'il ne semble pas connaître : cf. 11 P. Desideri, « Dione di Prusa fra ellenismo e romanità » , ANRW II 33, 5 , 1991, p. 3883-3902, notamment p . 3884 ) , qui constitue un élément fondamental de toute sa production littéraire
(cette caractéristique se manifeste de façon pour ainsi dire systématique dans
son discours XVIII Sur l'entraînement oratoire ; sur ce discours, voir Desideri 6, p. 137 - 142). Il exerça probablement pendant quelque temps dans sa patrie la profession d 'avocat (cf. l'allusion en XLVI 7 - 8) et écrivit peut- être un traité de
théorie rhétorique (cf. Quintilien, Inst. orat. III 3, 8 ; sur ce traité, voir en parti culier Brancacci 7, p. 25 sqq.), à moins que le Dion de Quintilien ne soit plutôt le grand-père maternel de notre Dion (de qui il aurait reçu le nom ): Dion dit en effet que son aïeul s'était en son temps enrichi grâce à la paideia et à la faveur
des empereurs (XLVI 3 ;cf. XLIV 5 ).
Mais la vocation propre de Dion le portait vers l'éloquence politique ou l'exhortation morale et c'est à cette catégorie de discours qu'appartiennent prati quement tous les textes qui nous sont conservés (cf. plus bas la section “ Eu vres" ). A un certain moment de sa vie , qu ' il n 'est pas possible de déterminer de
façon précise,mais que l'on peut situer avec vraisemblance avant la mort de Néron (voir l'argumentation de Moles 8, p. 86 -87 ; Jones 5, p. 13-14 ), Dion se
rendit à Rome. C 'est là , à ce qu 'il semble, qu'il fut introduit dans la meilleure société et qu 'il fit sa première véritable rencontre avec la philosophie (les
témoignages sont rassemblés par 12 A .Momigliano, dans son compte rendu de
l'ouvrage de C . Wirszubski, Libertas as a Political Idea at Rome during the Late Republic and Early Principate, coll. « Cambridge Classical Studies » ,
DION CHRYSOSTOME
843
Cambridge 1950, compte rendu réimprimé en italien en appendice à l'édition italienne du livre de Wirszubsky, Bari 1957, p. 279-284). Fronton écrit (p. 133 van den Hout; le passage est étudié dans Desideri 6 , p. 6 sqq.) que Dion fut l' élève, avec Euphratès, Timocrate et Athénodote (sur ce dernier personnage, voir maintenant 13 S. Follet, art. « Athénodote >>, DPA A 499), de Musonius Rufus, le fameux « Socrate romain » , qui fut également le maître d 'Épictète (sur les rapports entre les deux philosophes, voir maintenant 14 R . Laurenti, « Muso
nio , maestro di Epitteto » , ANRW II 36 , 3, 1989, p. 2105 -2146 ). Cette infor mation semble confirmée par le fait que deux lettres du petit corpus de lettres de Dion (à ce sujet, cf. 15 P . Desideri, « Tipologia e varietà di funzione comuni
cativa degli scritti dionei », ANRW II 33, 5, 1991, p . 3909-3959, notamment 3925 -3926), par ailleurs d 'authenticité contestée, sont adressées à un certain Rufus, ainsi que par une allusion transparente dans le discours Rhodien (XXXI 122 ; pour la date de ce discours, cf. Momigliano 12 , p. 273 -279), et par des passages de la Vie d 'Apollonios de Philostrate (sur toute cette question , cf. Moles 8, p. 82 sqq.). Du passage de Fronton , il résulte de façon manifeste qu 'à
la différence d'Épictète, pourtant élève de Musonius, Dion et les autres person nages mentionnés ne considéraient pas la philosophie comme incompatible avec une formation rhétorique et avec la capacité à s 'exprimer d'une façon qui soit stylistiquement correcte. Peu après, la même opinion fut partagée par Philostrate
qui, dans ses Vies de sophistes, range Dion, ainsi que nous le verrons (voir plus bas la section “Dion et la philosophie" ), dans la catégorie des « philosophes qui jouirent de la réputation de sophistes» . Le fait que Dion, selon ce que rapporte deux siècles plus tard Synésius (Dion 37 Petavius), ait écrit, à une époque imprécise, sans doute contemporaine de la campagne anti-philosophiquemenée par Vespasien en 71 ( cf. 16 P . A . Brunt, « Stoicism and the Principate » , PBSA
43, 1975, p. 7-35 , notamment p. 28 -31; Desideri 6 , p . 27 -30, 61-64 ; et en dernier lieu 17 J.Malitz , « Helvidius Priscus und Vespasian . ZurGeschichte der “ stoischen ” Senatsopposition » , Hermes 113, 1983, p. 231-246 ) , un libelle
Contre les philosophes et, contre son maître présumé, un A Musonius (qui ne nous est connu que par la citation du même Synésius) pourrait être le signe d'un regrettable moment de faiblesse en face des pressions politiques exercées dans son entourage romain (cf.Momigliano 12, p . 282-283 ; Desideri 6 , p . 30, 62 -63 ;
Moles 8 , p . 85 -87 ; Jones 5 , p . 16 ), mais n 'implique pas ( comme le voudrait
Synésius) l'adhésion à une quelconque idéologie de la sophistique (enseignant de « vivre selon les opinions communes » :Dion 37 P.), opposée à la philo sophie , en des termes qui rappelleraient la polémique de Platon contre les sophistes de son temps. On trouvera un examen de la signification historique et
politique de cette interprétation de Dion par Synésius dans 18 P. Desideri, « Il Dione e la politica di Sinesio » , AAT 107, 1972 -1973, p . 551-593 ; pour l'aspect
plus proprement philosophique, cf. 19 A . Brancacci, « Filosofia e retorica nel dibattito tardoantico da Filostrato a Sinesio » , Elenchos 6 , 1985, p . 379 -408 ,
notamment p .400-408. Même si l'on ne veut pas accepter, pas plus que ne le fait Synésius, l' idée que dans ces écrits Dion se livrait à un exercice de caractère
844
DION CHRYSOSTOME
rhétorique (Dion connaissait manifestement des tenants de cette interprétation ), on pourrait se borner à conclure que Dion se serait rangé du côté de Vespasien et du pouvoir à une époque de radicalisation de l'opposition entre le pouvoir impé rial et une aristocratie sénatoriale qui avait trouvé dans la philosophie , et tout particulièrement dans le stoïcisme, une sorte de légitimation idéologique de sa propre résistance à la tyrannie de l'empereur.
Selon une hypothèse formulée par E .L . Bowie , grâce aux bons offices du futur empereur Cocceius Nerva (présenté comme un « ami de vieille date » dans
le discours XLV 2), Dion obtint alors la citoyenneté romaine (Moles 8 , p . 86 ; Sherwin -White 4 considérait déjà que la citoyenneté lui avait été concédée sous les Flaviens, mais pensait à Domitien ).Même si on ne peut pas prendre au pied
de la lettre le récit de Philostrate , Vie d' Apollonios V 27 -28, concernant la « rencontre à Alexandrie » des philosophes Dion , Euphratès et Apollonios avec Vespasien (cf. Desideri 6 , p. 21-35 ; Jones 5, p. 14), il est en effet probable que Dion a bénéficié des faveurs de la dynastie flavienne dès le début. Il est par ailleurs certain que dès le règne de Vespasien (de même que sous celui de Trajan ) Dion voyagea dans la partie orientale de l'Empire , en faisant auprès de la population citadine l'æuvre d'éducation éthique et politique conçue dans un sens favorable à Rome et à l'empereur, dont témoigne un discours comme celui
qu'il adressa Aux Alexandrins (XXXII; Desideri 6 , p.68-75 ; 97-110 ; Jones 5 , p . 36 -44 ; pour la datation cf. 20 M . Rostovtzev, Storia economica e sociale dell' impero romano, trad. ital., Firenze 1933, p. 132, et de façon plus particulière 21 C . P . Jones, « The Date of Dio of Prusa ' s Alexandrian Oration » , Historia 22, 1973 , p . 302 -309 , en accord sur ce point; pour une datation sous le règne de
Trajan,déjà soutenue par von Arnim 1,p .435-438, cf. en dernier lieu Salmeri 9 , p. 97-98). C 'est à la même époque, à mon avis, qu'il faut situer, outre le Discours Rhodien (XXXI; Desideri 6 , p. 110- 116 ; Jones 5 , p. 26 -35), le premier discours
Tarsien (XXXIII ; Desideri 6 , p. 122 -129) et l’A Célènes de Phrygie (XXXV ; Desideri 6 , p. 129- 131), qu ’inversement Jones 5, p . 65 -82 (cf. 22 J.L . Moles, « Dion Chrysostom : exile, Tarsus, Nero and Domitian » , LCM 8, 1983, p. 130
134, notamment p. 132) préfère situer à l'époque de Trajan : dans tous ces discours Dion se présente sous les traits d 'un philosophe et fait montre pourtant
de façon cohérente d'une acceptation de l'Empire romain (qui n'exclut pas par ailleurs la revendication orgueilleuse de la supériorité culturelle grecque: cf. Desideri 11 ; 23 G . Salmeri, « Dalle province a Roma: il rinnovamento del Senato » , dans A .Momigliano et A . Schiavone (édit.), Storia di Roma, II : L 'im
pero mediterraneo , 2 : 1 principi e il mondo, Torino 1991, p.553-575, notam ment p . 559) . Les bons rapports entretenus avec les Flaviens sont également attestés par les deux Melancomas (XXVIII et XXIX : Jones 5 , p . 17), dans
lesquels Dion exprime ses condoléances pour la mort du fameux athlète aimé par Titus (Thémistius, Or. X , p. 139), de même que par l'écrit déjà mentionné
Sur l'entraînement oratoire (XVIII), si l'on accepte mon hypothèse (Desideri 6 , p . 137 - 139) selon laquelle le destinataire serait le même Titus avant son acces
DION CHRYSOSTOME
845
sion au trône. Ce n 'est que sous le règne de Domitien (probablement entre 85 et 88 ) qu 'après la disgrâce de son plus puissant ami romain (on considère généralement qu 'il s'agissait de Flavius Sabinus, gendre de Titus et cousin de Domitien : von Arnim 1, p. 229 ; Jones 5, p.46 ; Salmeri 9, p. 27 ; mais récem
ment 24 B . W . Jones, « Domitian and the exile of Dio of Prusa » , PP 254, 1990, p. 348 -357, a pensé à Arrecinus Clemens), Dion perdit la faveur de l'empereur et fut frappé d'une mesure d'expulsion de sa cité , Pruse, et peut-être de la province de Bithynie (mais non de Rome ni de l'Italie : cf. Desideri 6 , p. 192 194 et n . 50). C 'est Dion lui-même qui raconte les événements, sans donner de noms, dans un discours prononcé à Athènes, A Athènes sur l'exil (XIII). Ce discours est fortement marqué par une volonté d'idéalisation et a fourni à Synésius (comme nous le verrons plus en détail dans la section “ Dion et la philosophie ”) la base de sa théorie d'un passage de Dion de la sophistique à la philosophie , mais il serait imprudent d 'en contester le témoignage en ce qui concerne les données originelles (Dion fait également référence à son exil ailleurs dans des discours publics : 1 50 ; XIX 1 ; XXXVI 1 ; XI 2 , 12 ; XLV 1, 2 , 12 ; Philostrate cependant dit que ce ne fut pas un décret formel et il affirme que
Dion s'est simplement « soustrait à la vue et aux oreilles de tous » ). A cette période peuvent être rattachés les discours « Diogéniens» (cf. plus loin la section
“ Dion et la philosophie"). L 'exil dura jusqu 'à la mort de Domitien (en septembre 96 ). Selon Philostrate (V . Soph . 488 ), la nouvelle parvint à Dion alors qu 'il se trouvait dans un camp romain , peut-être celui de Viminacium en Mésie (von Arnim 3, p. 305 ; voir encore 25 C . Vielmetti, « I “Discorsi bitinici” di Dione Crisostomo » , SIFC 18 , 1941, p . 89- 108, notamment p. 90 et n . 5) ; Jones 5, p. 51-52 (partiellement suivi
par 26 A. R . R . Sheppard, « Dio Chrysostom : the Bithynian Years » , AC 53, 1984, p . 157-173, notamment p. 158) conteste la crédibilité du récit de Philo strate à cause de l'exorde du Discours borysthénien (XXXVI 1), mais ce n' est pas là une raison suffisante pour supprimer ou discréditer un témoignage de ce genre (cf. Desideri 6 , p . 361 n . 1 ; Salmeri 9, p . 28-29). L 'accession au trône de Nerva, son vieil ami (XLV 2), et la fin de son exil (sur la révocation par Nerva des décrets d 'expulsion de Domitien , cf. Jones 5 , p. 176 n .61) offrirent à Dion de nouvelles perspectives, dont il ne put cependant pas profiter immédiatement, à cause d 'une maladie qui l'immobilisait et l'empê
cha de se rendre auprès de Nerva lui-même (j'accepte sur ce point, avec les
réserves définies dans Desideri 15, n. 88, les observations critiques que 27 J. Moles, « The Adressee of the Third Kingship Oration of Dio Chrysostom » , Prometheus 10, 1984, p.65-69, a adressées à Desideri 6 , p. 279). Même si la suite des déplacements de Dion postérieurs à la fin de son exil ne peut être
reconstituée avec exactitude ( cf. Desideri 6 , p. 262- 264 ; Jones 5, p. 52-53 ; Sheppard 26 , p. 158 - 162), il me semble probable qu 'il ne revint pas dans sa patrie avant 100 , c'est-à-dire avant de s'être assuré de l'appui d'un empereur, Trajan , dans sa confrontation avec une classe politique municipale qui devait lui être hostile .
DION CHRYSOSTOME Alors s'ouvrit pour Dion une période d' intense activité politique et culturelle . D 'une part, il composa et prononça en divers lieux les quatre discours Sur la
846
royauté (I-IV ), qui demeurèrent pour toute l' Antiquité tardive et l' époque byzantine l'exposé le plus important de la théorie du pouvoir impérial en langue grecque (Desideri 6 , p. 287-318 ; Jones 5, p.115- 123 ; 28 J.L .Moles, « The Date and Purpose of the Fourth Kingship Oration of Dio Chrysostom » , CLAnt 2 , 1983, p. 251-278 ; voir maintenant l'excellente analyse littéraire et idéologique de l'ensemble des discours publiée par le même savant: 29 J.L . Moles, « The Kingship Orations of Dio Chrysostom » , dans Papers of the Leeds International Latin Seminar 6 , 1990, p . 297-375) ; d 'autre part, il se lança activement, fût-ce avec des résultats modestes, dans la politique dans sa petite patrie, Pruse , comme le montrent ses discours Bithyniens (de XXXVIII à LI ; seul le discours XLVI, Avant de philosopher dans sa patrie , remonte à la jeunesse de Dion ; sur cette période, cf.Desideri 6 , p . 382-422 ; Jones 5, p. 83 -114 ; Salmeri 9, p. 30-40 , 47-66 ). En confirmation des difficultés politiques attestées par plusieurs de ces
discours, deux lettres du livre X de la correspondance de Pline (81 et 82) révè lent que Dion fut finalement accusé publiquement devant le tribunal romain du crime de maiestas (parce qu'il avait fait ensevelir son épouse et un fils à proxi mité d 'une statue de Trajan ) et de malversations dans l'exercice de fonctions relatives à la construction de certains édifices publics (à mettre évidemment en
rapport avec son activité dans le domaine de la construction, amplement attestée par les discours Bithyniens). Ces lettres constituent l'ultime témoignage daté de façon sûre concernant la vie de Dion : la mission de Pline en Bithynie se situe en
effet dans les années 109- 110. Monuments. Au cours de la campagne de fouilles conduites par la Mission
allemande à Pergame en 1965 a été retrouvé, le long de la grande avenue à porti que conduisant à l’Asclépieion , un buste acéphale portant inscrite sur sa base la mention Alwvog ploobcov (30 R . Horn et E . Böhringer, « Die Ausgrabungs
arbeiten zu Pergamon im Jahre 1965 », AA 81, 1966, p .459-475, notamment p. 473 et Abb. 55). Désigné par les éditeurs comme « un travail caractéristique de l'époque d'Hadrien » , ce buste représente un personnage entièrement recou vert d 'un manteau , dont ressort uniquement la main droite à demi découverte, posée sur la poitrine. Commeme l' a suggéré Vincenzo Saladino, un geste simi laire caractérise l'image d'Apollonios de Tyane, telle qu 'on peut la reconstituer à partir d 'un contorniate et éventuellement d 'un buste conservé chez des
antiquaires milanais (cf. 31 S. Settis, « Severo Alessandro e i suoi Lari (S . H .A ., S . S., 29, 2-3] », Athenaeum 50 , 1972, p. 237-251, notamment 244- 245 et figs.). Buste et inscription ont été ensuite reproduits par 32 C . Habicht, Altertümer von Pergamon , t. VIII 3 : Die Inschriften des Asklepieions, Berlin 1969, p. 162, lequel ne discute pas l'expertise des premiers éditeurs et confirme l' identifi cation avec Dion . Plus récemment, le buste a été examiné par 33 M . Wegner , « Bildnisbüsten im 3. Jahrh . n. Chr.» , dans Festschrift für G . Kleiner, Tübingen 1976 , p. 105 - 146 , notamment p . 123 : l'auteur date l'ouvrage de la fin de l' époque sévérienne et identifie le personnage représenté à Dion Cassius. Il me
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847
semble cependant difficile d'admettre que Dion Cassius ait pu être défini commepubOopos, tandis que je trouve assez attrayant le rapprochement pro posé entre Dion et Apollonios (mais je ne puis ici approfondir cette question ). Voir la notice « Dion d'Éphèse » (D 163). Euvres. Le corpus des œuvres de Dion se compose, avec la seule exception
de la lettre Sur l'entraînement oratoire (XVIII), des textes de discours, ou du moins d'écrits composés en vue d'une performance oratoire, éventuellement prononcés à plusieurs occasions, avec ou sansmodifications, selon des principes
et des modalités que j'ai cherché à analyser (Desideri 15, p . 3926 -3929). Il s'agit d 'un corpus de 80 pièces, qui correspondent exactement à celles que connaissait
Photius au IX siècle . Quelques siècles auparavant, Synésius disposait d 'une édition beaucoup plus riche, qui contenait les textes de notre corpus et d 'autres textes typologiquement apparentés ;mais il connaissait également d 'autres édi tions, dont l'une (qu 'il jugeait meilleure que celle dont il disposait) situait l’ Euboïque (VII) immédiatement après le dernier discours Sur la royauté ( IV ) ,
de sorte que le discours apparaissait de façon plus manifeste comme la proposition d 'un modèle de vie (Dion 39 P .). C 'est plus ou moins de la même époque ( fin du IVe s.) que provient un petit ensemble de fragments papyro
logiques conservant des textes de Dion, tirés en partie de discours conservés dans notre corpus, en partie de discours perdus ; ils appartenaient donc à une édi tion semblable à celle dont disposait Synésius. Mais, au début du IIIe siècle, Philostrate déclare connaître de Dion , en plus des textes de ce genre (discours), un ouvrage de caractère littéraire et plus précisément historique, les Getica ( V .
Soph. 487) , dont il a été conservé effectivement quelques extraits. Ce fait invite à ne pas rejeter gratuitement le témoignage tardif de la Souda qui prétend que
Dion avait également écrit des textes de caractère plus systématique sur des sujets d 'intérêt philosophique et littéraire : aucune trace de ces écrits n 'a cepen dant été conservée, tandis que Stobée et une anthologie de Maxime le Confes seur ont transmis de brefs extraits que l'on imagine facilement provenir de textes
« moraux » de Dion. Enfin , Dion lui-même fait allusion à ses propres discours et, une fois au moins, à ses propres écrits (XLV 1), mais ne fait aucune mention
d ' une production (philosophique et) littéraire (cf. Desideri 15 , p . 3914 -3916 ).
Tradition directe. Les 80 logoi du corpus sont, comme on l'a dit, les mêmes que ceux que connaissait Photius (Bibl. 209), mais dans un rameau de la tradition ils sont disposés dans un ordre différent (VII figure chez Photius après l'actuel discours XIII, et XIV -XXX après LXXX ; l'ordre de Photius est celui qui est suivi dans l' édition de von Arnim , à partir des résultats fournis par une recherche antérieure sur l'histoire de la transmission du corpus : 34 J. von Arnim , « Entstehung und Anordnung der Schriftensammlung Dions von Prusa » , Hermes 26 , 1891, p . 366 -407) . On reconnaît certainement dans le codex de
Photius un critère générique de classification en fonction du contenu (critère qui ne pouvait évidemment pas respecter intégralement la diversité des sujets
abordés) : les quatre premiers discours ont pour thème la Royauté (I-IV ) ; le ve (Le mythe libyen) est une sorte d' appendice au quatrième discours (cf. IV 73
848
DION CHRYSOSTOME
74) ; VI, VIII, IX et X constituent les discours Diogéniens; XI (Troyen ), XII (Olympique), XIII ( A Athènes sur l'exil), VII (Euboïque), constituent un groupe
de discours important,mais pour lesquels il est difficile de retrouver des motifs de regroupement (sinon qu 'en XIII et VII le sujet est le choix d 'un mode de vie ) ; XXXI-LI sont des discours politiques : on peut distinguer dans ce groupe les discours prononcés dans des cités de Bithynie, en particulier à Pruse (les
discours Bithyniens: XXXVIII-LI) ; XXXI (Rhodien ), XXXII (Aux Alexandrins), XXXIII et XXXIV (Premier et Deuxième discours Tarsiens), XXXV (A Célènes de Phrygie ), XXXVI (Borysthénien ), XXXVII (Corinthien ), XXXVIII (Aux
Nicomédiens, sur la concorde avec les Nicéens), XXXIX (Sur la concorde à Nicée, après l'arrêt de la contestation civique), XL (Dans sa patrie, sur la concorde avec les Apaméens), XLI (Aux habitants d 'Apamée, sur la concorde), XLII (Discours dans sa patrie), XLIII (Discours politique dans sa patrie ), XLIV (Discours de remerciement à sa patrie pour honneurs reçus), XLV (Apologie sur son comportement envers sa patrie ), XLVI (Avant de philosopher
dans sa patrie ), XLVII (Harangue dans sa patrie ), XLVIII (Discours politique à l'Assemblée ), XLIX (Refus d 'une charge au conseil), L (Sur les travaux au
conseil), LI( A Diodore); et enfin de LII à LXXX, avec l'addition du groupe XIV -XXX (qui ne figurent, comme nous l'avons vu, que depuis Photius à la
place où ils se trouventdans un rameau de la tradition) viennent des discours sur des thèmes moraux spécifiques ; là aussi on peut isoler un groupe particulier rassemblant des discours sur les poètes ou sur des passages ou des personnages poétiques (de LII à LXII) : LII (Sur Eschyle, Sophocle et Euripide ou Sur l'arc
de Philoctète ), LIII (Sur Homère ), LIV (Sur Socrate ), LV (Sur Homère et Socrate), LVI (Agamemnon ou Sur la royauté ), LVII (Nestor), LVIII (Achille ), LIX (Philoctète), LX (Nessus ou Déjanire), LXI (Chryséis ), LXII (Sur la
royauté et la tyrannie ),LXIII (Sur la fortune I), LXIV (Sur la fortune II),LXV (Sur la fortune III), LXVI (Sur la renommée I), LXVII (Sur la renommée II),
LXVIII (Sur la renommée III), LXIX (Sur la vertu), LXX (Sur la philosophie ), LXXI (Sur le philosophe), LXXII (Sur le costume), LXXIII (Sur la loyauté ),
LXXIV (Sur la déloyauté ), LXXV (Sur la loi), LXXVI (Sur la coutume), LXXVII (Sur la jalousie I), LXXVIII (Sur la jalousie II), LXXIX (Sur la
richesse), LXXX (Sur la liberté ),XIV (Sur la servitude et la liberté I), XV (Sur la servitude et la liberté II), XVI(Sur la douleur), XVII (Sur la violence), XVIII (Sur l'entraînement oratoire), XIX (Sur l'attirance pour les discours), XX (Sur l'anachorèse), XXI (Sur la beauté), XXII (Sur la paix et sur la guerre ), XXIII
(Le sage est heureux), XXIV (Sur le bonheur), XXV (Sur le démon ), XXVI (Sur la délibération ), XXVII (Diatribe sur ce qui arrive dans les banquets ), XXVIII et XXIX (Melancomas II et I), XXX (Charidémos).
En fonction d'un doute émis par Niebuhr, Emperius (auteur de la meilleure considéré comme inauthentiques les discours XXXVII (Corinthien : qu 'il attri
buait pour sa part à Favorinus), LXIII et LXIV (Sur la fortune I et II); son avis fut suivi par von Arnim 1, p . 158- 160 (le discours Corinthien est présenté
DION CHRYSOSTOME
849
comme Anonyme dans l' édition,mais dans sa Praefatio von Arnim se prononce en faveur d'une origine favorinienne ; 35 A . Barigazzi, Favorino di Arelate, Firenze 1966 , p. 298 -302 , réexamine à fond la question et publie sans hésitation le Discours Corinthien parmi les œuvres de Favorinus), et Schmid 2 , col. 870 .
On a également contesté la paternité dionéenne du Charidémos (XXX ; cf. Desideri 6 , p . 248 n. 42, et Desideri 15 , p. 3922 n . 100 ).
Papyri. Neuf fragments d 'un même codex de papyrus de moyenne qualité
remontant au IVe siècle, publiés pour la première fois par 36 H .J.Milne, « Papyri of Dio Chrysostom andMenander» , JEA 16 , 1930, p. 187-192, et maintenantde façon irréprochable par 37 M . T. Luzzatto , « Dio Prusaensis » , dans CPF I 1* * ,
Firenze 1992, p .34-85, restituent d'une part de façon partiellement lacunaire (fr. A , B , C , D ) des passages des discours XV et XIV (dans cet ordre ), d'autre part (fr. E , F, G , H , I) des passages de discours non conservés . Par rapport au texte
conservé dans le corpus, A B C D donnent en général des leçonsmeilleures (Luzzatto 37, p. 39-45 ). Quant aux fragments E -I, la paternité dionéenne semble assurée, d 'un côté par la présence de tournures stylistiques et de thèmes chers à Dion (cf. section suivante ), de l'autre par le fait qu 'ils appartiennent au même codex que les fragment A -D : sur tout cela , cf.Luzzatto 37 , p . 56 -60 .
Témoignages relatifs à des œuvres perdues. A part les Getica (voir pour ce titre la section suivante ), Philostrate (V . Soph. 487) mentionne un Éloge du perroquet, qui relève du genre des « textes relatifs à des thèmes de peu d'impor tance, caractéristiques d'un sophiste » , et enfin le discours que Dion aurait pro noncé devant les soldats du camp romain dans lequel il se trouvait au moment
d'apprendre la nouvelle de la mort de Domitien. Synésius mentionne, comme on l'a déjà vu , un Contre les philosophes (Karà rõv plooópwv) et un A
Musonius (Ilpos Movoúvlov), qui aurait contenu de violentes attaques contre les philosophes (Dion 37 P .; cf. aussi 40 P .), et d'autres écrits, parmi lesquels nous signalerons ceux quine font pas partie du corpus: un éloge des Esséniens, « une communauté tout à fait heureuse située sur la Mer Morte en Palestine, à
proximité de Sodome» (Dion 39 P.), un Tempé et un Memnon ( sans doute des descriptions de la localité et du monument fameux : Dion 39 et 40 P.), un Discours à l'Assemblée et un Discours au conseil (Dion 40 P .: il pourrait s'agir de deux de nos discours Bithyniens), et enfin un Éloge de la mouche (Dion 41
P .). Lorsqu'il mentionne les « Diogène et les Socrate qui apparaissent dans plusieurs discours » (Dion 39 P .), on suppose qu 'il fait référence à des textes qui figurentdans le corpus, comme les Discours Diogéniens. Enfin la Souda signale les titres suivants : Si le cosmos est corruptible (El poaptóc ó xóquoc), Éloge
d 'Héraclès et de Platon ('Eyxbulov 'Hpaxhéouç xaiMátwvoc), Pour Homère contre Platon (‘YTèp ‘Ouńpov nepoc Hátwva ) en quatre livres, Sur les vertus d’Alexandre (Ilepi tõv ’ANEEávopov åpetőv) en huit livres. En ce qui concerne le premier titre, outre les points de contact qu 'on a déjà établis avec la finale stoïcisante du Discours Borysthénien (cf. Desideri 6 , p. 363 n. 12), Luzzatto 37, p. 59 -61, a maintenant découvert une thématique analogue dans le discours inconnu dont provient le fragment papyrologique E (cf. section
850
DION CHRYSOSTOME
“ Papyri' ). Les autres titres rappellent eux aussi des thèmes qui sont présents de diverses façons dans l'æuvre de Dion (cf. la recherche analytique de Brancacci
7 , ainsi que Desideri 15 , p . 3922-3925) ; même en supposant une éventuelle
différence de qualité de ces textes perdus par rapport à ceux qui sont conservés dans le corpus, il serait donc prudent d 'accepter, fût-ce avec certaines réserves,
ce témoignage de la Souda. Extraits et fragments d 'euvres perdues. Comme nous l'avons dit, Philo
strate mentionne un ouvrage historique, les Getica : « en effet il se rendit égale ment chez les Gètes au cours de ses pérégrinations» (V . Soph. 487). Des extraits de cette æuvre sont conservés en version latine dans le De origine actibusque Getarum de Jordanès, qui les aurait trouvés dans l' Historia Gothorum perdue de Cassiodore , lequel, pour sa part, dépendrait d 'Ablabius. Ils sont rassemblés dans
la Praefatio au t. II de l'édition de Dion publiée par von Arnim (p. IV - IX ; voir aussi F . Jacoby, FGrHist III C 707, et Brancacci 7 , p . 261- 262). Jacoby (707 F 1) accepte l'hypothèse de Küster et Mommsen selon laquelle les Getica attribués
par la Souda à Dion Cassius (s.v.) seraient en réalité de Dion de Pruse . Synésius a en outre conservé en appendice à son Éloge de la calvitie un Eloge de la chevelure qu 'il attribue à Dion (von Arnim l'a publié comme Appendix 1 du
tome II de son édition, p . 307 -308 ; cf. Brancacci 7 , p . 140, 190 n . 115) . Éditions. 38 H . von Arnim (édit.), Dionis Prusaensis quem vocant Chry
sostomum quae extant omnia edidit apparatu critico instruxit J. de Arnim , Berlin , t. I: 1893, t. II : 1896 ; 39 Guy de Budé (édit.), Dionis Chrysostomi, coll. BT, Leipzig , t. I : 1916 , t. II : 1919 ; 40 J. W . Cohoon (édit.), Dio Chryso stom with an English Translation, coll. LCL, London /Cambridge (Mass.) 1932 1951, 5 volumes. Le tome IV a bénéficié de la collaboration de H . Lamar
Crosby, qui est l'éditeur unique du tome V . On trouvera maintenant une biblio graphie très utile des éditions récentes (accompagnées ou non de traductions en langues modernes) de discours séparés ou de groupe de discours de Dion dans
41 B . F. Harris, « Dio of Prusa : a Survey of recent work » ,ANRW II 33, 5 , 1991, p. 3853-3881, notamment p . 3854-3855. Traductions. La meilleure traduction complète est la traduction anglaise de la LCL déjà mentionnée (40). On dispose également d'une traduction allemande réalisée par 42 W . Elliger, Zürich 1967. Pour les traductions en diverses langues
des plus importants discours de Dion, cf. Harris 41. Index. 43 J. F . Kindstrand a publié récemment An Index to Dio Chrysostom ,
Uppsala 1981, compilé par R .Koolmeister et T. Tallmeister dans les années qui ont suivi la seconde guerre mondiale.
Dion et la philosophie. La personnalité et l'ouvre de Dion intéressent à plus d ' un titre l'histoire de la culture antique, comme l'ontdéjà bien mis en évidence les études de von Arnim 1, Schmid 2, Schmid 10 et Hirzel 3 , à la fin du XIX siècle et au début du XXe, études renouvelées par les recherches récentes que
nous avons eu l'occasion de signaler. En ce qui concerne en particulier la dimension philosophique, l'intérêt de Dion ne réside certainement pas dans une
851 DION CHRYSOSTOME quelconque originalité ou profondeur spéculative, qui sontinexistantes – Syné
sius déjà (Dion 37 P .) relevait ce “ défaut" chez Dion. On ne peut que souscrire
sur ce point aux jugements expéditifs formulés par 44 E . Zeller, Die Philosophie der Griechen in ihrer geschichtlichen Entwicklung, III 13, Leipzig 1880, p .817 820, jugementqui n'est pas démenti par les pages consacrées au personnage en général et à des sections importantes des Discours Borysthénien et Olympique (où du reste les concepts philosophiques sont subordonnés aux fins diverses de l'argumentation ) par 45 M . Pohlenz, La Stoa. Storia di un movimento spirituale,
trad . ital., Firenze 1967, t. II, p . 183-187 ; t. I, p .481, 152- 157. Il est certain que le corpus dionéen s 'est prêté et se prête encore à d' utiles recherches visant à
reconstruire des éléments perdus de la réflexion philosophique grecque « classi
que », notamment en ce qui concerne l' éthique et la politique (cf. les études signalées dans la bibliographie de Harris 41, p. 3872- 3881) ; dans ce domaine, on peut d 'ailleurs encore espérer découvrir de nouveaux éléments , comme nous le verrons plus loin . Il convient cependant de dire, comme il est du reste naturel
pour une époque où l'on avait la conviction que « les options philosophiques fondamentales étaient déjà définies» et que le problème n 'était pas de trouver de
nouvelles bases théoriques, mais de concrétiser les doctrines du passé (46 G . Cambiano, « Le filosofie tra l' impero e il cielo » , dans Storia di Roma, 2 :
L' impero mediterraneo, III : La cultura e l'impero , Torino 1992, p . 321- 360 , notamment p . 322), que c'est le rôle même du philosophe et son mode de pré sence chez les hommes qui constituaient le centre de la réflexion de Dion , comme de beaucoup d'autres « intellectuels» de Sénèque à Marc-Aurèle (sur cette question, on peut toujours lire avec profit les réflexions de 47 L . Fried länder, Darstellung aus der Sittengeschichte Roms in der Zeit von Augustus bis
zum Ausgang der Antonine, t. III, 9e éd., Leipzig 1920, p. 243-297, et celles de 48 S. Dill, Roman Society from Nero to Marcus Aurelius, London 1905, p . 287
440 ; en dernier lieu voir 49 J.Hahn, Der Philosoph und die Gesellschaft. Selbst verständnis, öffentliches Auftreten und populäre Erwartungen in der hohen Kaiserzeit, Stuttgart 1989). On peut dire cependant que chez Dion , par comparai son avec la majeure partie de ses contemporains, on est frappé par l' intense sentiment de responsabilité dont il se sentait investi, comme philosophe, à l' égard de la société humaine : la société universelle comprenant tous les hom mes, même les barbares, et la société plus restreinte formée par sa modeste
patrie. C 'est ainsi que nous le voyons, dans un de ses plus fascinants discours, l'Olympique (XII), interpréter la fameuse statue de Zeus sculptée par Phidias à Olympie comme un message de paix universelle , embrassant tout à la fois Grecs
et Barbares: c'est là un discours empreint d 'une polémique courageuse contre l'esprit impérialiste des Romains, « hommes qui pour obtenir la suprématie et la puissance combattent contre d 'autres hommes (scil. les Daces) qui se battent pour la liberté et la patrie» (20 ). C ' est à la même logique que se rattachent les
fréquents développements théoriques (surtout dans les Discours Bithyniens) sur le devoir du philosophe de s 'engager dans la politique de sa cité (cf. XLIX 3 , 6 , 11, 13 ; XXII 1 - 2 ; XXV ; cf. Desideri 6 , p . 378 -380 ) : on doit y reconnaître la
DION CHRYSOSTOME persistance tenace de l'esprit civique grec (cf. encore les invectives du Discours
852
Rhodien XXXI 100- 165, et les polémiques prusiennes de XL 10 ; XLV 6 ), esprit
dont sont par ailleurs dénoncés des aspects très négatifs (XXXIV ; XXXVII). A la même logique appartient l'insistance sur le devoir du philosophe de conseiller et de guider le roi, lequel a de son côté le devoir de l'écouter : son pouvoir s'en trouvera par là légitimé ou , à l'inverse, désavoué en cas de manquement (à ces principes est évidemment liée l'inspiration des quatre discours Sur la royauté ; mais voir également LVI, LVII, LVIII, LXII, et la théorie élaborée en XLIX ).
C 'était là une conception d'origine pythagoricienne, puis académicienne (cf. maintenant les mises au point de 50 G . Casertano, « I Pitagorici e il potere » , dans G . Casertano [ édit.), I filosofi e il potere nella società e nella cultura antica, Napoli 1988, p . 15- 27, et de 51 M . Isnardi Parente , « L 'Accademia antica e la politica del primo Ellenismo» , dans le même ouvrage, p . 89-117), qui avait trouvé à Rome une large application déjà depuis la fin de l' ère républicaine (cf.
maintenant52 E . Rawson, « Roman Rulers and the Philosophic Adviser» , dans M . Griffin et J. Barnes [édit.], Philosophia Togata . Essays on Philosophy and
Roman Society, Oxford 1989, p . 233-257), et avait été acceptée par des philo sophes de tendance stoïcienne, comme Sénèque, et par Musonius, qui joua un
rôle significatif dans la formation de Dion (cf. fr. VIII Hense ). Ce n 'est que sur la toile de fond de cette sensibilité marquée que l'on peut comprendre le souci de Dion, manifesté dans sa vie et dans ses écrits, développé en plusieurs endroits dans le cadre d 'une réflexion théorique, de trouver les
formes susceptibles de diffuser le message philosophique de la façon la plus large possible parmi les hommes. Le problème consistait d'abord et avant tout à définir le type de discours le plus facilement compréhensible qui puisse conser
ver la capacité de véhiculer des idées élevées. Il fallait également soigner son image, puisque le philosophe devait circuler chez les gens et être accepté par eux, s'il voulait instaurer un échange avec les autres (j'ai essayé d 'insister sur ce
point dans Desideri 6 , p.68-96 ; 469-523, et plus récemment dans 15 ). C 'est sur ce terrain , fort concret, que se situe le conflit entre sophistique et philosophie ; il est clair en réalité qu 'une bonne préparation rhétorique est essen tielle pour s'adonner à une activité philosophique comme celle que Dion envisa
geait. Ce n 'est pas par hasard que Dion a été considéré par Philostrate comme « un philosophe jouissant de la réputation de sophiste » (surcette catégorie dans
laquelle Philostrate range également pour l'époque impériale Favorinus d'Arles, élève de Dion , cf. V . Soph. 479, 484, 492 ; pour une analyse détaillée du passage
de Philostrate et des rapports qu 'il faut établir avec la présentation de Dion dans la Vie d 'Apollonios, voir maintenant 53 G . Anderson, Philostratus. Biography and Belles Lettres in the Third Century A . D ., London 1986 , p . 99 -102), c 'est- à dire, commeon le définit communémentdepuis la fin du siècle dernier, comme un Halbphilosoph ( sur ce concept, voir 54 P . Wendland, La cultura ellenistico romana nei suoi rapporti con giudaismo e cristianesimo, trad . ital., Brescia
1986 , p. 104-105 ; 55 B .P. Reardon, Courants littéraires grecs des IP et lire siècles après J.- C ., Paris 1971, p . 199-205 ; Brancacci 7 , p . 11 ; et en dernier lieu
DION CHRYSOSTOME
853
56 G . Anderson , « The pepaideumenos in Action : Sophists and their Outlook in
the Early Empire » , ANRW II 33, 5, 1989, p . 79-208, pour qui (p. 118 ] « le second siècle est l'ère du Halbphilosoph » ). Mais cette exigence fondamentale d 'une large diffusion du message , de même que l'utilisation de la rhétorique à
cette fin , pouvait prêter le flanc à diverses accusations, la première de toutes étant celle de trahir les devoirs propres de la philosophie et de céder aux requêtes
de la sophistique (c' est là l'accusation adressée à Dion par son condisciple Épictète , Diatr. III 23, 17 ; 19). En réalité, si Dion s'est abaissé à un moment particulier (cf. plus haut la section “ Biographie ”) jusqu 'à renier son maître et la philosophie , ce fut par simple peur et non pour affirmer un modèle sophistique de vie et d 'action culturelle. Et s 'il est vrai que depuis la fin de la dynastie flavienne on avait tendance généralement à confondre de plus en plus le sophiste
et le philosophe (cf. 57 G . W . Bowersock ,Greek Sophists in the Roman Empire, Oxford 1969, p . 11-12; 58 G . R . Stanton, « Sophists and Philosophers: Problems of classification » , AJPh 94, 1973, p . 350- 364 ; Jones 5 , p . 9 ; 59 G . Anderson , « The Second Sophistic : Some problems of perspective » , dans D . A . Russell [ édit.), Antonine Literature, Oxford 1990 , p. 91- 110 , notamment p . 92 -94 ), Dion, qui dans ses écrits conservés emploie presque toujours le terme " sophiste ”
comme une injure (Stanton 58, p . 354; Desideri 6 , p. 242- 243 n .65a; Moles 8 , p. 88 -93), est sûrement l'un de ceux qui établissaient une distinction . Sur un discours fameux et très souvent discuté, le discours A Athènes sur l'exil (XIII) déjà mentionné, Synésius a construit au contraire la théorie d'une « transformation » (uetánTwoic : Dion emploie en XIX i la formule ueraſoan TOŨ Blov , mais ne parle que des conditions matérielles de vie ) chez Dion de la condition de sophiste à celle de philosophe, transformation entraînée par la condamnation à l'exil infligée par Domitien . Cette théorie est acceptée par von
Arnim qui emploie ( 1 , p . 228) le terme de « conversion » (Bekehrung ), ensuite repris par 60 A . D . Nock (Conversion . The Old and the New in Religion from Alexander the Great to Augustine of Hippo, Oxford 1933, p . 173- 174. Dill 48 ,
p. 367 sqq., en faisait déjà un usage abondant, sans connaître von Arnim : voir maintenantMoles 8, p . 79-81).Mais Momigliano 12 a soulevé à l'égard de cette théorie les plus grands doutes. En tenant compte également des observations de
Moles (8, p. 96 sqq.) concernant la portée littéraire et idéologique du récit du discours A Athènes sur l'exil (en substance, l'intention de Dion aurait été de conférer aux événements de sa vie une dimension providentielle , en en accen
tuant les aspects religieux), je crois que l'on peut sereinement renoncer à cette théorie (même s 'il faut admettre que Dion lui-même en a posé les fondements ) ; on peut dire plus justement que l'exil a fourni à Dion une conscience plus profonde de sa mission culturelle et politique, en lui permettant de l' identifier
sans plus comme philosophie (cf.maintenant les réflexions de61 M . M . Sassi, « Il viaggio e la festa . Note sulla rappresentazione dell' ideale filosofico della
vita » , dans G . Camassa et S . Fasce [ édit.], Idea e realtà del viaggio. Il viaggio nelmondo antico , Genova 1991, p. 17- 36 ,notamment p. 28).
854
DION CHRYSOSTOME
Le cynisme fut la doctrine et le mode de vie qui s'avéra pour Dion le plus approprié, et cela non seulement au cours de son exil: une expérience, celle de l'exil, qui représente de toute façon une idée-force du cynisme, en tant qu ' éloi gnement de la civilisation et des conventions de la vie sociale et qui permet à l' individu de faire l' expérience “ authentique" de la nature (cf. chez Dion lui même VI 1 ; VIII 1 ; IX 12). Si l' on tient compte de la « tonalité cynique qui
marque le stoïcisme romain » (Laurenti 14, p . 2117 ; 2144-2145 ), le fait qu'il ait été disciple deMusonius fournit la plus simple explication du rôle fondamental
joué par le cynisme dans la pensée de Dion dès l'origine :même si elles ont été reniées un certain temps pendant la persécution de Vespasien, les idées acquises chez ce maître lui revinrent à l'esprit au cours de la période difficile de l'exil . Du reste le cynisme est en général un phénomène fort complexe, présent en
beaucoup de domaines au cours de la première période de l'Empire. L ' exposé classique est celui de 62 D .R . Dudley, A History of Cynicism . From Diogenes to the 6th century A. D ., London 1937, p. 125 - 201, mais aujourd 'hui sont dispo
nibles des mises à jour et de nouvelles interprétations importantes, parmi les
quelles je me borne à signaler l'ample synthèse de 63 M .-O . Goulet-Cazé, « Le cynisme à l'époque impériale », ANRW II 36 , 4 , 1990, p . 2720-2833, et les études de 64 M . Billerbeck, Der Kyniker Demetrius. Ein Beitrag zur Geschichte der frühkaiserzeitlichen Popularphilosophie, Leiden 1979, et de 65 J. L . Moles,
« "Honestius quam ambitiosius” ? An exploration of the Cynic's attitude to moral corruption in his fellow men » , JRS 103, 1983, p . 103 -123. Je rappelle
également qu 'à ce sujet ont été consacrées plusieurs des conférences données au
Colloque international du C . N . R .S . sur Le cynisme ancien et ses prolonge ments, tenu à Paris du 22 au 25 juillet 1991, dont les Actes ont paru en 1993. Ce
qui dans le cynisme devait plaire à Dion , outre la doctrine, c ' était son caractère prononcé de « philosophie de la praxis » , qui correspondait bien à sa propre exi
gence fondamentale de faire de la philosophie un instrument d'action culturelle .
Les philosophes cyniques menaient une vie simple et irrespectueuse des conven tions ; ils aimaient se déplacer librement d 'un bout à l'autre de la société et du monde romain , affichant leur liberté de parole dans leurs rapports aussi bien avec les puissants qu 'avec les humbles et la masse . C 'était naturellement une
opinion répandue que parmi eux, sous le couvert de leur habit philosophique, se rencontraient des êtres purement et simplement subversifs qui exerçaient une
action démagogique, avaient leur responsabilité dans les soulèvements popu
laires ou en tout cas troublaient l'ordre social. Je crois que l'on peut dire que l'idée de Dion fut de libérer le cynisme de ce qu 'il percevait commeune tache et de redéfinir la figure d 'un « vrai cynique » , c 'est-à - dire d 'un philosophe qui descendait parmi la foule pour exercer en cet endroit également une æuvre de prédication morale et politique dont il avait perçu l'extrêmeurgence. En tout cas, déjà dans le Discours aux Alexandrins ( sous le règne de Vespa
sien), Dion se présente vêtu du tribônion (XXXII 22 ; sur ce passage voir Desideri 6 , p . 73-75 ; Jones 5, p. 49 ;Moles 8 , p . 88) et emploie des arguments de
facture cynique (Desideri 6 , notamment p . 150 n . 22 a). Par conséquent il n 'est
855 DION CHRYSOSTOME pas possible d'interpréter l'allusion à l'habit miséreux qu'il aurait endossé
durant son exil avant d 'entreprendre son voyage vers les confins de la terre (XIII 10 ) comme le signe d 'une option pour une vie de type cynique, ne serait-ce que parce qu' à l'époque ce vêtement est de façon plus générale l'accoutrement du philosophe (avec la barbe et les cheveux non coiffés , etc .), comme le montrent
d 'autres passages de Dion (LXXII 1-2 , 11 ; XII 9; voir aussi XLIX 11) et d 'autres témoignages (Goulet-Cazé 63, p. 2738). Le cynisme de Dion n 'est cependant pas seulement un mode de vie . Sa dimension intellectuelle peut être appréciée dans le contexte des discours Diogéniens (VI- X ) , qui rappellent des
moments de la vie et de l'action éducative du héros du cynisme: dans la mesure où ces discours mettent en évidence les aspects les plus radicaux de la critique des conventions humaines et de l'alternative proposée par Diogène, il paraît
sensé de les dater de la période de crise grave traversée par Dion à l' époque de son exil. Lesmêmes remarques valent encore pour le Discours IV sur la royauté (qui reste selon moi le premier de la série ; cf. Desideri 6 , p. 335 -337), dans
lequel Diogène apparaît impliqué dans un réquisitoire contre Alexandre, réquisi
toire destiné à montrer que l'opinion que l'on se fait communément d'un bon roi est totalement privée de fondement; même si au cours du dialogue entre les
deux hommes le philosophe finit par assumer petit à petit un comportement plus conciliant en face du roi de Macédoine effrayé. Une empreinte cynique se laisse facilement découvrir dans le Discours I sur la royauté, mais (comme l'a fait
justement remarquerMoles 29, p . 330),Dion était en train d 'évoluer en direction du stoïcisme, une philosophie qui était certainement dotée d 'une plus grande respectabilité sociale : avec Trajan , Dion tendra à assumer la fonction de théori
cien du régime (sur les liens que l'on peut établir entre ce discours et d 'impor tants aspects idéologiques, religieux et culturels du règne de Trajan, cf. 66 G . W . Bowersock , « Greek Intellectuals and the Imperial Cult in the Second Century A . D . », dans Le culte des souverains dans l'Empire romain , coll. « Entretiens sur l' Antiquité classique » 19, Vandæuvres/Genève 1973, p. 177 -206 , notamment
p . 191- 195 ; Jones 5, p. 117- 119 ), et commence à faire partie du cercle des amis du nouvel empereur (Moles 29 , p . 332 -334 ). Même si l'on ne peut pas dire que
ce discours, de même que les deux derniers discours Sur la royauté, revêtent
l'allure d'un pur et simple encômion (je suis sur ce point tout à fait d 'accord avec Moles 28, p. 252 ; 29, p. 304 et passim ), naturellement l'accusation d'adula tion le guettait (I 15 ; III 3, 12 - 25) et Dion devait se défendre en faisant appel à des témoins attestant de son passé de résistant à l'égard de Domitien (III 12- 13 ;
cf. XLV 1-2 ). Reste le fait que les discours Sur la royauté (notamment le pre mier et le troisième) sont des textes objectivement importants pour l'histoire de la pensée politique ; ils constituent le premier ensemble organique ( si on laisse de côté la mise en forme diatribique, typiquement dionéenne ) de réflexion sur le
pouvoir impérial romain et, même s' il est difficile de préciser de façon exhaustive les dettes que Dion avait certainement contractées à l'égard des théo ries monarchiques grecques antérieures (sur ce point, voir ce qui ressort, par
comparaison avec Dion , du matériel rassemblé par 67 J.R . Fears, Princeps a
856
DION CHRYSOSTOME
Diis electus. The divine election of the Emperor as a political conceptat Rome, Roma 1977, p . 19-33, malgré les justes réserves exprimées par 68 P . A . Brunt,
« Divine elements in the Imperialoffice » , JRS 69, 1979, p. 168- 175, sur la thèse
de fond de ce travail), il semble probable qu'il s'y trouve également d 'impor tants éléments originaux. La figure de Diogène disparaît cependant de l'imaginaire de Dion (pour une analyse approfondie des données relatives à l'imaginaire chez Dion , voir 69 M . H . Quet, « Rhétorique et politique. Le fonctionnement du discours idéologique chez Dion de Pruse et dans les Moralia de Plutarque » , DHA 4, 1978, p.51-117 , et 70 Ead., « Remarques sur la place de la fête dans les discours desmoralistes grecs et dans l'éloge des cités et des évergètes aux premiers siècles de l'Empire » , dans La fête , pratique et discours, coll. « Ann . litt. de l'Univ. de Besançon » 262, Paris 1981, p .41-84 ) dans cette dernière période de sa vie , et elle est remplacée par celle de Socrate ou celles d 'autres personnages moins scandaleux : mais le philosophe cynique continue à exercer sur les places de la
cité d'Asie son action de prédicateur politique et moral (XXXIV 2 ; cf.LXXX). PAOLO DESIDERI.
167 DION DE SYRACUSE RE 2
Iva
Vers 388/7 av. J.-C ., Platon part pour l'Italie du Sud et pour la Sicile .Le spectacle de la luxure et du désordre qui règnent dans les cités grecques et notamment à Syracuse renforce sa conviction : aucune cité ne peut être bien gouvernée, si ceux qui la gouvernent ne sont pas des philosophes (Lettre VII,
324 b-326 b ), conviction qu'il réussit à faire partager à un jeune homme important,Dion, le beau-frère du tyran de Syracuse, Denys l'Ancien (Lettre VII, 326 b - 327 b ). Entre le philosophe, qui avait autour de la quarantaine (Lettre VII 324 a ), et Dion – le frère d ' Aristomaque, l'épouse syracusaine de Denys l' an cien, et l'époux d'Arétè, l'une des filles du tyran -, qui avait alors environ vingt
et un ans ( ce qui place sa naissance vers 409), des liens très forts s' établissent, que Platon décrit en ces termes: « Dans mes relations avec Dion , qui était alors
jeune, je risque fort de n'avoir pas compris qu' en lui faisant connaître à travers mes enseignements ce quime semblait être le meilleur pour l'humanité, et en lui conseillant demettre cela en pratique, je travaillais sans le savoir à assurer d 'une certaine manière le renversement de la tyrannie . Dion , c 'est sûr, avec l'extrême
facilité qu 'il avait à assimiler aussi bien les enseignements que je lui donnais alors que toute autre forme de savoir, mit à m 'écouter une attention et une ar
deur que n 'égala jamais aucun des jeunes gens que j'ai rencontrés, et il consentit à passer le reste de son existence à vivre autrement que la plupart des Italiens et des Siciliens, faisant plus de cas de la vertu que du plaisir et de ce qui, par ailleurs , relève de la luxure. Par suite, il vécut en butte à l'opposition toujours plus affirmée de ceux qui vivaient en se conformant aux mæurs du tyran et cela ,
jusqu 'à la mort de Denys l'Ancien » (Lettre VII 327 a-b ). Cette mort survint vingt ans plus tard, au début de 367, semble-t-il.
DION DE SYRACUSE
857
A la mort de Denys l'Ancien, Dion écrit à Platon pour lui demander de revenir en Sicile ; par son enseignement, il pourrait faire du jeune Denys, le fils du tyran et de Doris, son épouse locrienne, qui vient de succéder à son père, un véritable philosophe, et ainsi réaliser son idéal politique (Lettre VII, 327 b -d),
exposé notamment dans la République. Après en avoir longuement délibéré, Platon décide de revenir à Syracuse, par égard pour Dion et pour la philosophie , non sans une certaine réserve toutefois (Lettre VII, 327 d-328 c ). A son arrivée,
il trouve la cour de Denys le Jeune pleine de calomnies portées auprès du tyran sur le compte de Dion : on racontait notamment que ce dernier était intervenu , auprès de Denys l'Ancien qui agonisait, en faveur des fils d 'Aristomaque, sa seur, l'épouse syracusaine du tyran. Dion est bientôt exilé , mais, pour ne pas perdre la face, Denys le Jeune empêche Platon de partir. Certes, il apprécie
Platon ,mais il hésite à se faire l'auditeur de son enseignement philosophique, par peur de jouer le jeu de Dion , qui, prétend -on, complote contre la tyrannie
(Lettre VII, 328 C-330 b ). Accusation qui, somme toute, n'avait rien que de très vraisemblable. Platon arrive à convaincre Denys le Jeune de le laisser partir, à
condition que, après la guerre qui, à ce moment-là, fait rage en Sicile , il les
rappelle, lui, Platon, et Dion (Lettre VII 337 e- 338 b ). La paix revenue, Denys II rappelle bien Platon , mais non Dion , à qui il demande d'attendre encore un an . Constatant que l'un des termes de l'accord n 'est pas respecté , Platon commence par refuser . Mais de multiples pressions s'exercent sur lui. Dion pense que Denys le Jeune peut encore changer . Archytas et les Pythagoriciens de Tarente avancent des raisons politiques ; et Denys le Jeune promet d'accéder à tous les désirs de Platon s'il vient (Lettre VII, 338 C 340 a). Platon décide alors de revenir (361-360 av. J.-C .), résolu toutefois à soumettre Denys le Jeune à un test destiné à vérifier si sa passion pour la philosophie est sincère. Le résultat est catastrophique. Quiplus est, peu après cet entretien, Denys le Jeune interdit que soient envoyés à Dion les revenus qu'il tirait de ses biens - non encore confisqués -, prétendant que ces biens appar tiennent au fils de Dion , Hipparinos, dont lui, son oncle paternel, est le tuteur. Mais il cherche à empêcher Platon de partir , en le maintenant en résidence surveillée dans le jardin de son palais et surtout en lui faisant, au sujet des biens
de Dion , des propositions dont Platon flaire le manque de sincérité. Aussi, après avoir beaucoup délibéré, le philosophe décide-t-il de rester un an de plus, mais
en exigeant qu 'une lettre soit envoyée à Dion , pour savoir si les termes de l'accord conclu entre lui, Platon , et le tyran satisfont l'exilé. La lettre n 'est pas plus tôt partie que le tyran se met à vendre les biens de Dion . Entre temps, une rébellion éclate parmi les mercenaires, dont le tyran a voulu réduire la solde. Platon intervient en faveur d 'un certain Héraclide, qu'on accuse d 'avoir fomenté la rébellion . Denys le Jeune n 'hésite pas à violer une fois de plus les promesses
qu'il avait faites à Platon. Le philosophe, expulsé de la citadelle, se trouve alors en danger.Mais Archytas, à qui il avait fait appel, réussit à convaincre Denys le Jeune de laisser partir Platon (Lettre VII, 345 c - 350 b ).
DION DE SYRACUSE
858
Exilé, Dion, si on en croit Plutarque dans sa Vie de Dion, s'était d'abord rendu en Italie , puis à Corinthe, la métropole de Syracuse , ensuite à Athènes, où
il vécut auprès de Platon et de Speusippe dans le cadre de l'Académie, et enfin dans plusieurs autres villes de Grèce , notamment à Mégare et à Sparte ; partout sa personnalité et ses richesses lui avaient acquis estime et honneur.Mais, après le dernier échec de Platon , et après que le tyran se fut emparé de ses biens et qu'il eut même rompu toute alliance familiale avec lui, il ne restait à Dion qu'une solution : la guerre. C 'est ce que Dion annonce à Platon , qu 'il rencontre lors des Jeux Olympi
ques (ceux de 360 av. J.-C . très probablement). Platon refuse de se joindre à l'expédition que prépare Dion contre Denys II, en faisant valoir, outre son âge, le fait que le tyran n 'avait toutde même pas attenté à sa vie ; il propose plutôt de faire euvre de conciliation (Lettre VII, 350 b - d ).Mais en vain . N 'ayant pu convaincre plus de vingt-cinq ou trente exilés syracusains ( sur
mille ) de se joindre à lui, Dion obtint l'appui d 'un certain nombre de membres de l'Académie , dont Timonide de Leucade, lequel aurait pris sur l'expédition
des notes qu'il aurait envoyées à Speusippe, et Eudème de Chypre , ami et disciple d' Aristote , qui perdit la vie en 353, lorsque les partisans de Dion, repliés à Léontinoi, tentaient de chasser Callippe (» C 31) de Syracuse (Cicéron , De Div . I 25), et en l'honneur duquel Aristote aurait composé son dialogue Sur
l'âme. Persuadé que les Syracusains lui feraientbon accueil et assuré, semble t-il, de la neutralité des Carthaginois, Dion fit secrètement recruter huit cents mercenaires aguerris qu ' il réunit sur l'île de Zacynthe. C 'est là qu' il s'embarqua en août 357 ; Plutarque raconte l'expédition avec un luxe de détails quine lui est pas habituel. La reconquête de Syracuse par Dion n 'est pas facile. Les intrigues de Denys le Jeune et les maladresses de Dion , dont plusieurs traits de caractère décon certent ou rebutent les citoyens de Syracuse, n 'arrangent pas les choses. Après
bien des péripéties, Dion s 'empare définitivementde Syracuse en 356 / 5 .Mais il se trouve amené à faire assassiner Héraclide, que venge Callippe. En juin 354 , Dion est assassiné. Sa seur, sa femme, etmême l'enfant que celle -ci venait de mettre au monde sont « liquidés » .
C 'est dans ce contexte dramatique que, peu de temps après, Platon adresse une lettre (la fameuse Lettre VII) aux « proches et aux partisans de Dion » .
Cf. H . Berve, Dion, AAWM /GS n° 10, Wiesbaden 1956 ; L . Brisson (trad.), Platon, Lettres, Traduction inédite, introduction , notices etnotes par L . B., coll. GF 466 , Paris 1987 ; M . Sordi, La Sicilia 368/7 [ sic pour 368/6] a. C., Roma 1983.
LUC BRISSON . 168 DION DE THRACE
FII ( ?)
Académicien, disciple de Théris et maître de Dionysodoros de Smyrne ( ~ D 193) ,mentionné dans l' Ind. Acad . Herc. de Philodème, col. N 18 (= Lacy
dès , T 26 33 sq. Mette ). W . Crönert, Kolotes und Menedemos, p. 76 n . 364 ,
DIONYSIOS
859
suppose qu'avec d 'autres disciples de Théris mentionnés dans la même colonne Dion fut un représentant d'une école académicienne à Alexandrie (cf. Ind . Acad. Herc., col. 23, 2 sq. à propos de Zénodore de Tyr). L 'existence d'une école académicienne à Alexandrie a toutefois été mise en doute , avec de bons argu
ments, par P . M . Fraser, Ptolemaic Alexandria , Oxford 1972,t. II, p. 707 n . 92, suivi par J. Glucker, Antiochus, p. 95. Encore plus improbable est l'hypothèse du
même Crönert, selon laquelle le Alwv ó Opãę ici mentionné serait à identifier avec le fameux philologue de l'école d 'Aristarque Alovúolos ó Opãe: cf. C . Romeo , CronErc 9, 1979, p . 25, T. Dorandi (édit.), Filodemo : Platone e l'Academia , p.67, et J. Barnes, « The size of the sun in antiquity » , ACD 25 ,
1989, p. 34-35. TIZIANO DORANDI.
169 DIONYSIOS RE 122 Un des trois commentateurs (autrement inconnus) d 'Héraclite – Pausanias
l'Héraclitiste, Nicomède et Dionysios – que Diogène Laërce (ou sa source, Démétrios de Magnésie ?) cite dans sa Vie d 'Héraclite (IX 15) après Antisthène
l'Héraclitéen (> A 218 ), Héraclide le Pontique et les stoïciens Cléanthe (MC 138) et Sphaïros, mais avant le grammairien Diodote ( D 135 ). Bien que les héraclitéens fussent antérieurs aux stoïciens et Cléanthe plus âgé que Sphaï ros, il n ' en découle pas nécessairement que ces commentateurs vinssent chrono logiquement après les Stoïciens, mais seulement, peut-être , que Dionysios était le plus jeune des trois. Absolument insoutenable est l'opinion émise par 1 A . Capizzi, Eraclito e la sua leggenda, Roma 1979, p. 120, selon laquelle Diogène aurait divisé les écrits exégétiques sur Héraclite en deux séries, la plus ancienne allant de son disciple Antisthène au stoïcien Sphaïros, et la seconde ( « successiva, dato che viene introdotta con " repòs Dé" » ) comprenant les noms des
grammairiens Denys de Thrace et Diodote ... En fait, ( 1) il y a non pas deux,mais trois séries : Diodote fait bande à part; (2 ) tpos dé est à prendre au sens logique (copulatif-adversatif) d' « en outre », « de plus »> ; (3) l'identifications de ce Dionysios avec Denys de Thrace est
totalement exclue par le contexte (les mots tõv oề ypapuatixõv qui introduisent la troisième série ).
Aucun élémentne permet de l' identifier avec l'un ou l'autre des homonymes
connus, philosophes ou autres. SERGE MOURAVIEV.
170 DIONYSIOS
MF III
Dédicataire de plusieurs ouvrages de Chrysippe concernant la logique : lepi
OoOXICÓVTWV Móvwv tpos Alovúolov a' (D .L . VII 192; p .385, 15 Long), AÉELS npòs Alovúolov a ' ( D . L . VII 192 ; p . 385, 17 Long), Iepi évavtiwv
repòs Alovúolov B ' (D .L . VII 200 ; p. 390, 13 Long), ce dernier traité classé dans la section consacrée aux écrits éthiques. De tels ouvrages ne pouvaient
guère être dédiés qu 'à des collègues ou à des élèves à l'intérieur de l' école stoïcienne. La fréquence de ce nom ne recommande pas de procéder trop
facilement à une identification avec l'un ou l'autre des stoïciens homonymes. RICHARD GOULET.
DIONYSIOS
860
171 DIONYSIOS
MI
Académicien (?), mentionné par Apollodore dans l’ Ind. Acad. Herc. de Philodème, col. 26 , 36 = 29, 10 en , rapport avec Boéthos de Marathon (- B 45 ), dont il fut peut-être le disciple . TIZIANO DORANDI. 172 DIONYSIOS
Mentionné par Aristote (Top. VI 10, 148 a 27-28 ) comme l'auteur d'une pseudo -définition de la vie : « mouvement appartenant, à titre de propriété constante et innée, au genre d'êtres qui se nourrit » (xivnois TÉVouc OpenTOÙ σύμφυτος παρακολουθούσα). Cette definition est citée par Aristote comme l'exemple d 'une définition commune à des objets homonymes: s 'appliquant de la même façon à tout ce qui reçoit le nom de vie , aussi bien aux animaux qu'aux plantes, comme s'ils constituaient un genre unique, elle ne définit en propre aucun vivant.
On ne sait par ailleurs rien de ce Dionysios. H . Bonitz , Index Aristotelicus, Berlin 1870, p . 199 a 53-54 , l'identifie, sans donner de justification , au « Diony
sios le sophiste » ( - D 184) mentionné dans les Physiognomoniques attribués à Aristote (3, 808 a 16 ).
MICHEL NARCY. 173 DIONYSIOS
Ila ou la
Un jeune étudiant athénien est l'auteur d'une dédicace à Hermès, trouvée à
Délos dans la Salle hypostyle (ID 1801). La consécration était faite au nom de son kathègètès Dionysios et de ses compagnons d'étude. Dionysios était donc un
de ces professeurs privés qui tenaient école sous les portiques des cités. Le document datantde l' époque de la colonie athénienne, l'activité de Dionysios se place soit vers la secondemoitié du II s. av. J.-C ., soit vers le premier quart du jer. BERNADETTE PUECH. IV 174 DIONYSIOS RE 149 Musicien , auteur d 'un traité musical concernant la musique des pythago riciens. L 'ouvrage commence par les mots tñ MOVOLMÍ téxvn et est transmis dans les manuscrits à la suite de l'Introduction de Bacchius Géron ( B 3)
auquel il a par le passé été attribué par erreur.Mais le Neap. III C 4 porte à la fin le lemme Alovvolov, deux manuscrits Vaticani (1364 et Urb . 77) ont ce lemme
au début. Voir C . Jan,Musici scriptores Graeci, p . 285-286.
A la fin du traité, on trouve quelques trimètres où il est précisé que Dionysios a traité de sujets qui rejoignent ceux de Bacchius, lequel a fait l'éloge de Constantin . Dionysios serait donc de l'époque de Constantin et cette datation est confirmée par l'influence de Ptolémée et peut-être de Porphyre que l'on relève dans l'ouvrage. Voir L . Zanoncelli, La manualistica greca, Milano 1990, p. 247 251. Édition par J. F . Bellermann , Anonymi scriptio de musica, Berlin 1841,
DIONYSIOS (T . POMPEIUS -) D 'ATHÈNES
861
p. 101-108. Quelque perplexité peut surgir du fait que Bacchius et Dionysios ont des noms qui évoquent l'un et l'autre le même dieu (Zanoncelli, p . 247). BRUNO CENTRONE. I Ce grammairien , fils de Glaucos, fut, selon la Souda, s. v. ALOVÚOLOS
175 DIONYSIOS D 'ALEXANDRIE RE 138
'Aretav peúc ( 4 1173, t. II, p. 109, 32 - 110 , 2 Adler), le disciple du philosophe Chérémon ( C 91), auquel il aurait succédé à Alexandrie , à un poste qui n 'est
pas précisé. Il vécut depuis l' époque de Néron jusqu'à l' époque de Trajan . Il aurait été directeur des bibliothèques et aurait tenu des fonctions d 'ab epistulis,
a legationibus et a responsis. Il fut le maître du grammairien Parthénius (RE 16 ).
Cf. P . W . van der Horst, Chaeremon, Egyptian priest and stoic philosopher. The fragments collected and translated with explanatory notes, coll. EPRO 101,
Leiden 1984, p . 47 (Chérémon, test. 4 ). RICHARD GOULET.
DM III 176 DIONYSIOS ( T. POMPEIUS -) D 'ATHÈNES A l'expiration de son mandat d'archonte -roi, la cité d'Athènes éleva au sanctuaire d 'Asclepios une statue de Titus Pompeius Dionysios , de Péania , pour le remercier « de sa piété envers les dieux et de sa bienveillance envers sa patrie » (IG II 3810). Le magistrat honoré était aussi, précise la dédicace , tõv
årò Movoelov oiboopov . C 'est l'une des expressions consacrées pour dési
gner les pensionnaires du Musée d'Alexandrie (voir à ce sujet 1 N . Lewis, « Literati in the service of Roman Emperors. Politics before culture » , dans Numismatic and other studies in honour of B . L. Trell, Detroit 1981, p . 149- 166 , qui donne une liste des membres connus du Musée , où Dionysios n 'est cepen
dant pas pris en compte). J. H . Oliver en a déduit l'existence à Athènes d 'un
Musée, conçu comme une structure universitaire rassemblant les chaires de philosophie et de rhétorique : cette thèse, réaffirmée à plusieurs reprises (2 Hesp. 3 , 1934, p. 191-196 ; 3 Marcus Aurelius, coll. « Hesp . Suppl.» 13, 1970, p . 106 ; 4 AJPh 98, 1977, p. 166 ), a été sérieusement ébranlée par les remarques de 5 P .
Graindor, « Le nom de l'Université d' Athènes sous l’Empire » , RBPH 17, 1938, p . 207-212, et 6 J .P . Lynch , Aristotle 's school, p . 174- 176 . Il est impossible
d' entrer ici dans le détail de ce débat. Rappelons simplement que le seul autre document qui pourrait appuyer la thèse de J. H . Oliver est une dédicace pour l'archonte des Panhellènes Casianos Antiochos TOVÉn toŨ Movolo [v ] (Oliver
3, p. 105- 107). C 'est bien peu pour une institution qui aurait rassemblé nombre de rhéteurs et philosophes célèbres, dontbeaucoup sont présents dans la docu mentation épigraphique . L 'expression énì ToŨ Movolov n 'implique pas néces sairement l'existence d'un collège du type de celui d' Alexandrie : ne pourrait - il
s' agir par exemple de la direction d 'un sanctuaire des Muses, dont le culte , civique ou non , était associé à toutes les activités culturelles (voir DPha , t. I,
p . 742-743) ? Oliver 3 établit lui-même un parallèle avec le prêtre des Muses
862
DIONYSIOS (T . POMPEIUS -) D 'ATHÈNES
Flavianus Pantainos, qui précisément ne paraît pas avoir eu de responsabilités universitaires.
Tant que la documentation n 'aura pas fourni d 'éléments plus indiscutables
pour prouver qu'il existait à Athènes une structure universitaire imitée de celle d 'Alexandrie, comme elle existait à Éphèse , Smyrne et Pergame (cf. AvP VIII 3 , 152 ), on ne pourra donc exclure - et il paraît même plus probable - que l'Athé
nien Titus Pompeius Dionysios ait été membre du Musée d'Alexandrie . Son acmè se place vers le premier quart du IIIe s.: il est nommé dans une liste de prytanes des environs de 220 (IG II? 1826 : voir S. Follet, Athènes au IP et au IIP siècle , Paris 1976 , p .518) . BERNADETTE PUECH .
177 DIONYSIOS (Denys) D 'ÉGÉE (Aigéai) RE 124 Photius, Bibl. codd. 185 et 211 (cf. 1 R. Henry [édit.), Photius, Bibliothèque, « Collection byzantine» , Paris t. II, 1960 , p . 200-203, et t. III, 1962, p . 116 - 118), recense par deux fois l'ouvrage de Dionysios d ’Égée intitulé Dictyaca , et, note
Henry (t. III, p. 118 n . 1) à propos de la seconde notice , « le patriarche semble bien avoir complètementoublié sa première rencontre avec Denys d 'Égée» . Dans la note sur le codex 185 (Henry 1, p. 203 n. 1), lire « codex» 211 etnon 217. Commentaire moderne. 2 K . Deichgräber, Die griechische Empiriker schule. Sammlung der Fragmente und Darstellung der Lehre , Berlin /Zürich 1965 (reprod. de l' édition de Berlin 1930 , avec des compléments), 425 p . Die
AIKTYAKA des Dionysios von Aigai: p . 335 - 340 (Appendice 3 du recueil) ; voir aussi p . 283 et 288. Comme Photius ne donne aucune indication explicite que Denys d 'Égée ait été un médecin ou un Empirique, c 'est vraisemblablement la
façon dont sa seconde notice (Codex 211) présente les AlXTVAxá qui a conduit Deichgräber à intégrer ce texte à son recueil des fragments empiriques. Contrai rement à ce qu 'il a fait dans sa première notice ( sans doute rédigée d 'après une table un peu différente : t. III, p . 242 Henry), Photius, dans la seconde, présente les cent chapitres constituant l'ouvrage et dont cinquante sont des démonstra
tions, les cinquante autres étant les réfutations correspondantes, en regroupant deux par deux les propositions contradictoires dont chacune est l'objet d 'une démonstration et d 'une réfutation successives. Le schéma général de cette
présentation a la forme, traditionnelle dans la rhétorique sceptico- empirique, OŰtwc- oủx oŰtwc. Photius souligne d 'ailleurs que l'ouvrage de Denys est à usage didactique et dialectique (t. III , p. 116 Henry = 168 b 32 -33 Bekker : χρήσιμον δε το βιβλίον τοίς την διαλεκτικής τριβήν ασκουμένοις) : notons
que cela a toujours été le cas des ôloool Nóyol, schéma de discussion bien
antérieur au scepticisme. Ce qui nous donne l'occasion de rappeler un trait caractéristique de l'art médical en Grèce et à Rome: la place qu 'il a accordée à
l'argumentation , et qui est d 'autant plus frappante s'agissant de la médecine
empirique, si soucieuse de prendre ses distances par rapport aux “ raisonneurs” (aoyixol) dogmatiques.
863 DIONYSIOS D 'ÉGÉE Études d ' orientation . 3 H . von Arnim , art. « Dionysios» 124, RE V 1 , 1905,
col. 975, présente Dionysios ó Aiyeúc comme un médecin empirique et scepti que, ce qui n 'est ni évident ni démontré : il peut avoir été, simplement, un rhé teur au service d 'une secte médicale , empirique ou non . Le jumelage de thèses contradictoires étant une figure banale chez les dialecticiens de tous bords, son
usage n 'implique par soi ni le Scepticisme,ni l'Empirisme.
Datation. Aucun élément ne nous permet de situer cet auteur plus préci sément qu' entre le mie et le jer siècle avant J.- C . (von Arnim 3).
Nom . Désigné comme Denys d 'Égée par Henry 1 (t. II, p . 200, t. III, p . 211), Denys est enregistré sous le nom de Dionysius Aegeates par J. Schamp, auteur
de l'index (Bibliothèque, t. IX , 1991, 525 p.), cependant qu'il est appelé Diony sius d 'Égine par V . Brochard (Les Sceptiques Grecs, Paris 18871, p . 240, n .), et
Dionysios von Aigai par Deichgräber 2. Photius mentionne le nom au génitif : Alovolov Alyéwç, ce qui laisse supposer la forme : Alovúoloç Alyeús, au nominatif. (Donc Dionysius d ' Égine” en tout cas ne semble pas correct). Denys était-il médecin ? Schamp enregistre Denys avec la mention Medicus (Index , « Table des œuvres profanes» , p . 450). Notons que l' évidence, pour cette identification, se fonde exclusivement sur la phrase de Photius (t. II, p . 202 203) : « Telles étaient les questions traitées par le petit ouvrage des Dictyaca de Denys. Il ne manque pas d' utilité pour l'exercice de la dialectique et la connais sance de certaines opinions propres à la discipline médicale .»
Vu ce que nous savons de la médecine grecque, il n 'est pas évident que de connaître « quelques opinions» (éviwv 806Wv) « propres (oixeiwv) à la méde cine (latpixñ Oewpią ) » suffise à faire d 'un éventuel rhéteur un médecin , en tout
cas pas un praticien (voir la notice « Cassius l’iatrosophiste » , C 54). Quand Photius écrit ensuite : « Il semble aussi qu 'il (Denys) porte un juge ment sur ces opinions; toutefois, il ne le développe pas à propos de toutes de
façon ferme et sans reproche » , sa phrase ne signifie pas nécessairement que Denys, dès l'instant qu'il « semble bien » ( OXET) émettre un jugement sur (Sixá ÇELV ; autre leçon : d0FáÇelv, « prendre parti » ) ces opinions médicales et même s 'il se montre inégal dans ce rôle , est nécessairement un praticien. En fait, la
remarque de Photius indique plutôt l'embarras du patriarche devant un texte, les Dictyaca , structuré selon un mode typiquement dialectique, peu plausible à ses yeux . Aussi est-il porté à réintroduire un ordre spontanément dogmatique (en
vertu duquel, entre deux opinions qui s'opposent, il est impératif de trancher et impossible de ne pas le faire ) au sein d 'une perspective « neutre» (dialectique : un examen logique, voire formel, de la contradiction comme telle, impliquant
une mise à distance par rapport au contenu des propositions affrontées) ou anti
dogmatique (sceptique, notamment). Bref, en l'absence de toute autre évidence (l'ouvrage de Denys « nenous est connu que par Photius et nous n 'avons aucun élément qui permette de situer son
auteur» , Henry 1, p .200, n . 1), nous pouvons seulement retenir que, sur le
DIONYSIOS D 'ÉGÉE
864
modèle dialectique des dissoi logoi, Denys a établi une liste d 'opinions médicales contradictoires. FRANÇOISE CAUJOLLE -ZASLAWSKY.
178 DIONYSIOS (AELIUS -) D 'HALICARNASSE RE 142 MII Une plaque de marbre publiée par B . Haussoullier, BCH 4, 1880 , p. 405, provenait d'un monument funéraire d'Halicarnasse appartenant à Aelius Diony sios, philosophe du Musée, et à sa femme. Le Musée doit être celui d'Alexan
drie, ce qui laisse supposer que Dionysios était parvenu à une certaine célébrité. L 'identification proposée par N . Lewis, « Literati in the service of Roman
Emperors. Politics before culture » , dans Numismatic and other studies in honour of B. L . Trell, Detroit 1981, p. 155 , avec le sophiste Denys de Milet
(- D 182) est évidemment exclue : celui-ci n 'était pas d'Halicarnasse et ne s'appelait pas Aeliusmais Claudius (PIR2 D 105).Mais, pour s' en tenir unique
ment à l' époque qui peut convenir au propriétaire du tombeau, on connaît au ITC siècle deux Dionysios d'Halicarnasse . L'un était un grammairien atticiste qui
portait, comme notre philosophe, le gentilice Aelius ; il est cité par Photius et Eustathe, et des fragments de son ouvre sont conservés (PIR2 A 169). La Souda ne lui consacre pas de notice mais, à propos du célèbre homonyme de l'époque
augustéenne, précise qu'il était un ancêtre de l'« atticiste de l' époque d'Ha drien » . C 'est une notice entière, en revanche, qui concerne le sophiste Denys d'Halicarnasse, de l'époque d'Hadrien , surnommé « le Musicien » : plusieurs
titres d'ouvrages sont cités, qui témoignent tous effectivement d'une spécialisa tion très affirmée en musicologie . Déconcertés par l'identité des ethniques et des époques des deux homonymes, les savants de la fin du XIXe s. ont cru devoir soulever la question de leur éventuelle identité. La notice
embarrassée de Cohn dans la RE traîne comme un boulet le souvenir de ce débat: à force de torturer les sources antiques (on était allé jusqu'à restituer, dans la notice de la Souda consacrée au musicien , le titre du lexique du grammairien ), on était parvenu à une confusion telle que Cohn , manifestement convaincu d'avoir affaire à deux auteurs différents, n 'ose pour
tantpas conclure clairement. En réalité, les témoignages anciens définissent la situation avec une clarté inespérée, vu la banalité du nom auquel on a affaire. Les deux auteurs qu 'ils nous font connaître ontmanifestement exercé leurs talents dans des domaines différents et sont bien évidemment distincts. Il faut n 'avoir jamais parcouru l'index d 'un recueil d'inscriptions
pour s' étonner que deux Dionysios puissent apparaître dans la même cité à la même époque ; et le surnom donné au « Musicien » tendait sans doute, précisément, à le distinguer de son homonyme. A Halicarnasse ont donc vécu, vers l' époque d 'Hadrien , un grammairien Aelius
Dionysios, spécialisé dans l' étude du vocabulaire attique, et un sophiste Dionysios, dit « le Musicien » .
Malgré l'absence de gentilice dans la notice de la Souda , le Musicien a
probablement plus de chances que son homonyme d' être le philosophe de l'inscription . En effet, parmi les titres de ses ouvrages figure celui d'un com
mentaire, en cinq livres, des passages de la République quiont trait à la musi que : cela suffit pour faire de lui un prétendant tout à fait légitime au titre de philosophe. En tant que musicologue, il devait également bien connaître la pensée pythagoricienne : c'est d' ailleurs à ce sujet que le cite Porphyre, In Ptol. Harm . (Wallis, Op. math . III 219, 267-270, 277), en se référant sans doute à ses
DIONYSIOS DE CYRÈNE
865
' Puduixà ÚTrouvnuata. Si, à la différence du grammairien, il n 'est pas désigné avec son gentilice dans les sources littéraires, c'est qu 'il n 'avait pas besoin
comme lui d ' être distingué d'un homonyme encore plus célèbre qui avait écrit dans le même domaine: la spécialisation de ses travaux écartait tout risque de confusion . S 'il est bien le philosophe du Musée, le gentilice Aelius pourrait signifier qu 'il appartenait lui aussi à la famille issue du premier Denys
d'Halicarnasse. Outre le commentaire de la République déjà mentionné, Dionysios avait écrit un traité d'Éducation musicale et surtout une Histoire de la musique en 36 livres, citée par Stéphane de Byzance, s. v. ' YOpéa , par la Souda, s. v. 'AVTl
pávns, 'OpDeus, 'Odpoons, laudian, Ewmpídac, par l' auteur anonyme de la Vie d 'Eschyle (p . 381 Kirchhoff) et par une scholie à Aelius Aristide (p. 537 Dindorf). Il a fait l'objet d'une dissertation de C . Scherer, De Aelio Dionysio musico, Bonn 1886 .
BERNADETTE PUECH . IT 179 DIONYSIOS DE COLOPHON Académicien , élève d'Arcesilas (> A 302), mentionné dans l'Ind. Acad . Herc. de Philodème, col. 20 , 9 sq. (= Arcésilas, T 1b 65 Mette ), avec un certain Zopyre , l'un et l'autre originaires de Colophon . Il est également associé en D .L .
VI 100 à Zopyre comme auteur d 'ouvrages attribués à Ménippe le cynique. Cf. T . Dorandi, « Filodemo e l'Academia Nuova (PHerc . 1021, XVIII-XXVI) » ,
CronErc 17, 1987, p. 122 n. 23. TIZIANO DORANDI.
180 DIONYSIOS DE CYRÈNE RE 122
Ija
Stoïcien , disciple de Diogène de Babylone (~ D 146 ) et d ’ Antipatros de Tarse [~ A 205 ] (cf. Philodème, Ind. Stoic. Herc., col. 52, 6 sqq., p. 102 Dorandi. Le passage est d'interprétation difficile, à cause d'une lacune. On y fait
également allusion aux rapports entre Dionysios et un Démétrios appelé Ó
øntwp. Cf. Traversa, p . 73 sq . et E . Puglia [édit.], Demetrio Lacone. Aporie testuali e esegetiche in Epicuro , Napoli 1988 , p . 38 n .6 ). Il fut contemporain de Panétius et plus jeune que Posidonius (sur les incertitudes de la chronologie , cf. A . Angeli et M . Colaizzo, CronErc 9, 1979, p. 54 n. 71). Il devait occuper un poste de première importance dans le cadre de l'école stoïcienne, si l'on en juge d'après le rôle qu 'il exerça dans les controverses entre la Stoa et le Jardin . On peut dégager des traces de polémique sur des questions mathématiques dans un
passage du Πρός τάς Πολυαίνου Απορίας de Demetrios Lacon (PHerc. 1642,
fr. 4, 5 sq . Cf. A. Angeli et T.Dorandi, CronErc 17 , 1987, p . 102 n . 129). Peut-être faut-il l'identifier au Dionysios que Philodème cite dans le premier livre du llepi DeWV (col. 9 a et 9 b . Cf. W . Crönert, Kolotes und Menedemos,
p. 123 n. 512) dans un contexte polémique.
866
DIONYSIOSDE CYRÈNE
Mais la controverse la plus importante fut sans aucun doute celle qui l'opposa
à Zénon de Sidon sur des problèmes de logique : en particulier Dionysios avait attaque le principe epicurien de la μετάβασις καθ' ομοιότητα. Les détails du débat peuvent être reconstitués à partir du compte rendu qu 'en donne Philodème dans le De signis (cf. Angeli et Colaizzo, p. 54 sq. et, de façon plus générale ,
D . Sedley, « On signs» , dans J. Barnes et al. [édit.), Science and Speculation , Cambridge 1982, p . 239-272 ; J. Barnes, « Epicurean Signs», OSAPh, Suppl. Vol., 1988, p . 91-134, notamment p . 93-95, et A . A . Long, ibid ., p. 135- 144). Deux autres témoignages dégagés par W . Crönert, Kolotes und Menedemos, p . 114 et 183, chez Démétrios Lacon , PHerc. 1013, col. 17, 4 Romeo (cf.
C . Romeo , CronErc 9, 1979, p. 25, ainsi que Angeli et Colaizzo, ibid ., p .55
n . 81) et dans PHerc 168, col. 2 , 17 , sontdes falsae lectiones. TIZIANO DORANDI.
181 DIONYSIOS DE LAMPTRES RE 120
III°/IT
Épicurien, troisième successeur d'Épicure , après Polystrate, mentionné par D . L . X 25 et dans PHerc. 1780, æuvre de Philodème. Il fut scholarque de 220/ 19 à 201/0 . Cf. H . von Arnim , RE V 1, 1903, col. 974 , Chr. Habicht, Studien zur Geschichte Athens in hellenistischer Zeit, Göttingen 1982, p . 163- 165, et
T. Dorandi, Cronologia, p . 49-51. Pour les témoignages du PHerc. 1780 , cf. A . Tepedino Guerra , CronErc 10, 1980 , p . 17-24 .
TIZIANO DORANDI. DM II 182 DIONYSIOS DE MILET RE 126 PIR ? D 105 T . Claudius Flavianus Dionysios de Milet, rhéteur et sophiste, à distinguer de
l'historien homonyme (iotopixóc) connu par la Souda, s.v. A 1180 (t. II, p . 110 Adler ). Sources (a ) littéraires : Philostrate, V. soph. I 22 (1 ); I 20, 2 (2 ) ; II 4 , 2 (3 ) ;
II 5, 4 (4 ); II 10 , 6 (5) ;Dion CassiusLXIX 3, 3 -5 ; 4 , 1 (6 ),en partie cité dans la Souda, s. v. ‘Adplavós, A 527 (t. I, p. 54 -55 Adler); Photios, Bibl. cod. 61, t. I, p. 60 Henry (7).
(b ) épigraphiques : Inscription de Milet (A . Rehm , dans Milet, I 7 : Der Südmarkt und die benachbarten Bauanlagen, Berlin 1924, n° 231, p . 312, où son nom complet, T .Kavdiov OraovlavoŰ ALOvvolov , est cité comme celui de l'un des archontes sur la base d 'une statue de l'empereur Hadrien, datée de 126 à peu près par la mention de sa dixième puissance tribunicienne, un autre archonte cité peu après , M . Claudius Flavianus Nicias, pouvant être son parent, peut-être son frère, comme on l'a supposé ( 8) ; Inscription d 'Éphèse (IK 17. 1 ,
1981, nº 3047, p .47), sur une base trouvée près de l’Agora et qui portait jadis une statue de bronze : « Le Conseil et le Peuple honorent [T. Cl.] F[lavian Jos Dionysios, rhéteur et sophiste, deux fois procurateur impérial » ([tov] ontopa
xai ooplotnv xal [8 ]!S ÉTÍTpontov ToŨ EɛßaotoŨ), la statue étant élevée à son « patron » (tátpwva ) par Cl. Eutychos (9 ) ; Epitaphe gravée sur un grand
sarcophage demarbre, trouvé à Éphèse entre la voie dallée et la bibliothèque de
DIONYSIOS DE MILET
867
Celsos, et qui contenait encore son revêtement intérieur en plomb et un squelette
(IK 12 , 1979, n° 426 , p . 151) : T.Kaúdloç Oraovlavóc Alovúoloc ontwp; voir le plan et les photographies publiés par E . Atalay, J @ AI 52, 1978 -1980 ,
Beiblatt, col. 53-58, avec la légende: « Philosophensarkophag» , clairement contredite par la photographie de l'inscription ( 10 ). Il paraît possible que le Panhellène « Dionysios le rhéteur », honoré à Méthana (Argolide) par son neveu Hermogène d'une statue consacrée « aux dieux » (Isis et Sérapis ), soit Denys de Milet. L ' inscription , IG IV 858 , reprise avec une correction d’ A . Wilhelm li. 1 par J. H .
Oliver,Marcus Aurelius, coll. « Hesperia Suppl.» 13, 1970, n° 43, p. 122-123, aujourd 'hui au musée de Poros (voir Arch . Delt. 34, 1979, Chronika, p . 110 et pl. 24 B ), est ainsi libellée : [Θεο]ίς. Διονύσιον πάσαν πολιτείαν πολε[i]τευσάμενον, γενόμενον δε Πανέλληνα, “ Ερμογένης τον θείον κατά την βούλησιν του πατρός, τον ρήτορα. Οη connait la modestie ostentatoire des grands sophistes de l' époque antonine , assez illustres pour négliger
de faire graver prénom , gentilice, patronyme, ethnique. Denys, selon Philostrate, avait beau coup voyagé et reçu partout de grands honneurs. Il a pu accepter de représenter sa patrie d 'adoption , Éphèse, au Panhellénion , dont le siège était à Athènes (voir la liste des repré sentants connus jusqu 'ici dans A . J. Spawforth et S . Walker, « The world of the Panhellenion ,
I : Athens and Eleusis », JRS 75, 1985, p. 80 et 84-86 ). La banalité du nom interdit toutefois
de tenir cette hypothèse pourdémontrée . Cf. 1 W . Schmid , art. « Dionysios » 126 , RE V 1, 1903, col. 975 ; 2 A . Stein ,
PIR2 III, 1943, D 105, p. 25 ; 3 J. Keil, « Vertreter der zweiten Sophistik in Ephesos », JEAL 40 , 1953, p. 5- 7 ; 4 H .-G . Pflaum , Les carrières procurato riennes équestres sous le Haut Empire romain , Paris 1960 -1961, t. III, p. 1100 ; 5 G . W . Bowersock ,Greek sophists in the Roman Empire, Oxford 1968, p. 12, 18 , 20, 22, 52-53 ; 6 H . Blum , Die antike Mnemotechnik , coll. « Spudasmata » 15 , Hildesheim 1969, p. 40 et 144 ; 7 1. Avotins,« Prosopographical and chrono logical notes on someGreek sophists of the Empire » , CSCA 4, 1971, p.67-71; 8 L . Robert, « Documents d'Asie Mineure », BCH 101, 1977, p. 125 ; 9 F .Millar,
The Emperor and the Roman world, London 1977, p. 279-282 et 505 -506 ; 10 C . P. Jones, « Prosopographical notes on the second sophistic », GRBS 21, 1980, p. 373- 374 ; 11 E. L . Bowie , « The importance of sophists» , YCIS 27, 1982, p . 48 et 57 ; 12 G . Anderson, Philostratus. Biography and Belles Lettres in
the Third Century A . D ., London /Sydney/ Dover 1986, passim (v. index). Biographie . Philostrate (1) ignore si Denys était de naissance illustre ou tout juste libre. Ce sont les inscriptions qui nous ont livré son nom romain complet. Jones 10 considère que son prénom est Titus), l'abréviation T. indiquant généralement ce prénom . Mais le rapprochement fait dans le commentaire de (9)
avec l'épitaphe de Ti. Cl. Eutychos (IK 15, 1980, n° 1635) donne à penser que son prénom était plutôt Tiberius), car l'affranchi Eutychos a dû adopter le praenomen et le nomen de son « patron » . Disciple d'Isée l’Assyrien , d'après (1) et (2), qui lui reprochait son asianisme (« Jeune homme d'Ionie, je ne t'ai pas appris à chanter » , lui disait-il), il devint un sophiste illustre . Il enseigna dans l'île de Lesbos au début de sa carrière , puis
à Éphèse jusqu'à sa mort. Il fut enseveli, non exactement sur l’agora, comme l'indique Philostrate ( 1),mais près de la bibliothèque de Celsos ( 10 ). Il visita de nombreuses cités et de nombreux peuples et reçut partout de grands honneurs
868
DIONYSIOS DE MILET
(1). L 'empereur Hadrien le fit entrer dans l'ordre des chevaliers , l'admit au
Musée d 'Alexandrie (1) – pour la valeurde ces distinctions, voirMillar 9 - et lui confia au moins deux procuratèles: voir à ce sujet ( 1), moins précis que (9 ). Dion Cassius (6) dit qu'Hadrien, jaloux de tous ceux quimanifestaient quelque supériorité, voulut abaisser Denys et son confrère Favorinos (on sait que ce dernier fut exilé à Chios), notamment en honorant des rivaux nuls ou médiocres;
nous n 'avons aucune autre précision surune éventuelle disgrâce de Denys. Chronologie. D 'après (1), Denys était déjà un vieillard illustre quand Polémon de Smyrne ( ca 88- 144) atteignait son acmè; il doit donc être né avant 78. Polémon le raille comme une gloire déclinante en citant le vers passé en
proverbe : 'Hoav tot' ħoav ärxiuau Meanolol (« Jadis, oui, jadis ils étaient vaillants , les Milésiens» . D 'après (3 ), il eut pour disciple à Éphèse le sophiste Antiochos d'Aigéai,alors adolescent; si ce dernier est identique à un procurateur attesté sous Sévère Alexandre, il faut accorder à Denys une grande longévité: sur ce problème chronologique, voir Avotins 7 et Robert 8 . Pflaum 4 admet que Denys a pu vivre jusqu 'à la fin du règne d 'Antonin .
Amis et ennemis. Selon Philostrate (1), il avait pour hôte à Sardes le critique
littéraire Dorion (absent de RE et PIR2) et il entendit pour la première fois dans cette ville Polémon plaider puis déclamer. Denys dut rencontrer aussi Aristaios, de qui Philostrate ( 1 ) dit tenir ses informations sur de nombreux sophistes et
notamment sur Denys. Il eut pour ennemi pendant toute sa vie un certain Celer, certainement Caninius Celer, ab epistulis Graecis d 'Hadrien , maître de Marc Aurèle et de Lucius Verus (PIR ? C 388). Selon Dion Cassius (6 ), il avait eu pour
disciple Avidius Heliodorus, futur ab epistulis Graecis et préfet d 'Égypte,mais il le raillait en disant: « César peut t'accorder argent et honneurs, mais il ne saurait faire de toi un orateur » .
Disciples. Outre Avidius Heliodorus (6 ), il eut pour disciples Alexandre dit Pèloplaton (- A 121), qui dut le quitter « à moitié formé» , et (P . Anteius)
Antiochos d' Aigéai (- A 199).
Mémoire. Un point évoqué par Philostrate (1) et (5) à propos de Denys est celui des techniques de mémoire . Déjà son maître Isée était doté, selon Pline le
Jeune (Ep. II 3, 3-4 ), d 'une incredibilis memoria , acquise à force de travail et d'exercice. Les disciples de Denys se distinguaient aussi par une excellente mémoire, ce qui le fit, comme Apulée (voir son Apologie ou De magia ) et Hadrianos de Tyr (Philostrate, V . soph . II 10 ), accuser de magie. Philostrate repousse cette accusation , d 'une part parce qu' il n 'existe aucune technique de
mémoire , la mémoire étant un don de la nature ou une aptitude de l'âme immor telle , d 'autre part parce qu 'un homme sage ne saurait recourir à des techniques magiques au risque de discréditer l'ensemble de son enseignement. Les disciples de Denys avaient seulement plaisir à entendre et répéter ses discours (c 'est la reprise de l'explication de Platon , Phèdre 228 a ). Sur ces techniques de
mémoire , développées dans l'Antiquité même si Philostrate nie leur utilisation par Denys, voir Blum 6 .
DIONYSIOS DE RHODES
869
Euvres. Voir (1). (a) Discours juridiques et moraux. (b) Déclamations, en particulier : un thrène sur Chéronée, avec adresse pathétique à Chéronée, à la
Béotie , aux héros de Platées (on trouve dans le fragment cité par Philostrate un écho d’Eschine, Contre Ctésiphon 259, ce qui invite à identifier « Denys le sophiste » , cité dans (7) comme admirateur passionné d'Eschine, à Denys de
Milet); un discours de défense des Arcadiens, auxquels on reproche d 'être deve nus desmercenaires (Philostrate cite deux phrases de cette déclamation ). [Sur l'admiration éprouvée par la Seconde Sophistique pour Eschine, voir J. F . Kindstrand , The stylistic evaluation of Aeschines in Antiquity , coll. « Acta Universitatis Upsaliensis Studia Graeca Upsaliensia » 18, Uppsala 1982 , p . 44 -45 . R .G .)
Toujours selon ( 1), certains,méconnaissant le style et les rythmes de Denys, lui attribuent Araspe amoureux de Panthée, æuvre en fait du rhéteur Celer (voir ci-dessus). La répartition des épigrammes de l'Anthologie grecque ayant un Dionysios
pour auteur ou visant un Dionysios est notoirement difficile : voir A . S. F. Gow et D .L . Page, Greek Anthology, Hellenistic epigrams, t. II, Cambridge 1965, p. 231; H . Beckby (édit.), Anthologia Graeca, t. IV , 2e éd.,Müchen 1958 , p.610 et 758. Un à quatre distiques amoureux (A . P. V 81, 82 , 83, 84), attribués à « Denys le sophiste » ou « Denys » dans une partie au moins de la tradition manuscrite , pourraient être de Denys de Milet, ainsi peut-être qu'un autre
distique (A . P . XI 182), transmis dans l'Anthologie après une série d' épigrammes d'Ammien, simple calembour sur le mot youpídlov, « cochonnet ». On peut aussi penser à Denys de Milet en lisant trois épigrammes de Straton
de Sardes (floruit sous Hadrien), l'une visant un professeur qui déclame avec de brusques changements dans la hauteur et le volume de la voix (A . P . XII 197), l'autre évoquant dans un style fleuri un Denys entouré de beaux jeunes gens, parmilesquels brille un certain Milèsios ou un jeune homme de Milet (A. P. XII 195), la troisième reprochant à un certain Denys, peu ami de la foule (áxová intoc ), d 'accepter des jeunes gens déjà grands et de ne pas se contenter des
enfants (A . P . XII 255).Mais aucune certitude n'est possible . SIMONE FOLLET. DII ? 183 DIONYSIOS DE RHODES Cet ami de Diogène d'Oinoanda [» D 141] (fr. 122 : Alovvolov toŰ I nuerépou ) faisait partie de la communauté épicurienne de Rhodes. Il estmen tionné dans ce fragment, apparemment tiré d 'une lettre à un certain Mennéas, avec un certain Carus (- C 49) et il était également le dédicataire d'une autre lettre – de contenu philosophique – de Diogène (fr. 68-74 Smith ). Lors d 'un de ses séjours à Rhodes, Diogène avait été soigné par une dame à qui il avait été
recommandé par Carus etDionysios. Dans sa récente édition des fragments, M .F. Smith (édit.), Diogenes of Oinoanda. The Epicurean inscription. Edited with Introduction, translation , and notes, coll. « La Scuola di Epicuro » Suppl. 1, Napoli 1993, 660 p., date
l'inscription vers l'an 120 de notre ère (p . 35-48).
BERNADETTE PUECH .
870
DIONYSIOS LE SOPHISTE
184 DIONYSIOSLE SOPHISTE Sophiste mentionné dans les Physiognomoniques attribués à Aristote (3, 808 a 16 ). Il apparaît dans ce passage comme exemple de débauché (xivaldos ). H . Bonitz , Index Aristotelicus, Berlin 1870, p. 199 a 53 -54 , l'identifie , sans donner de justification , au Dionysios (- D 172), également mentionné par
Aristote (Top. VI 10, 148 a 27-28) comme l'auteur d'une pseudo-définition de la vie .
MICHEL NARCY. 185 DIONYSIOS LE STOÏCIEN cf. RE 123
Source de Diogène Laërce pour un bon mot de Diogène le cynique (VI 43). Cf. H . von Arnim , art. « Dionysios» 123, RE V 1, 1903, col. 974- 975, où l'on
corrigera la référence “ Diog. Laer. IV 43” en “ VI43” . RICHARD GOULET.
186 DIONYSIOS LE STOÏCIEN RE 123
MI
A . En Cicéron , Tusc. II 11, 26 (la scène se passe en 44a), un jeune inter locuteur de Cicéron (Atticus, selon Susemihl, GGLA, t. II, p . 244 ) évoque
l'enseignement de ce philosophe athénien qui introduisait souvent des vers dans son discours. Cicéron l'avait lui aussi connu (en 79-77 ?), puisqu 'il compare la
manière de ce stoïcien à celle de Philon de Larisse : Sed is (i.e. Dionysius) quasi dictata , nullo dilectu, nulla elegantia, Philo et proprium numerum et lecta poëmata et loco adjungebat. B . H . von Arnim , REV 1, 1903, col. 974-975, envisage de l' identifier avec le personnage dont la théologie tripartite est évoquée par Tertullien, Adv. Nat. II 2, 14 (et II 14 , 1). Le passage est traduit et commenté par J. Pépin , Mythe et
allégorie. Les origines grecques etles contestations judéo -chrétiennes, Nouvelle édition, revue et augmentée, Paris 1976, p. 279, qui voit en Dionysios un maître de Posidonius. L 'origine du passage de Tertullien serait Varron (fr. I, 12b
Agahd). RICHARD GOULET.
fya 187 DIONYSIOS O ypajipatioths Plutarque, Maxime cum principibus philosopho esse disserendum 1, 776b,
associe ce personnage à Simon le cordonnier comme des disciples de Socrate d'humble origine et il les oppose à des figures comme Périclès ou Caton . Cf. Giannantoni, SSR VI B 90 . Le passage a été corrigé sur divers points. Voir R . F. Hock, « Simon the Shoemaker as an
Ideal Cynic » ,GRBS 17 , 1976 , p .41-53, repris dans M . Billerbeck (édit.), Die Kyniker in der modernen Forschung. Aufsätze mit Einführung und Bibliographie, coll. « Bochumer Studien zur Philosophie » 15 , Amsterdam 1991, p . 259-271, notamment p . 43-44/261- 262.
Ce Dionysios pourrait être le maître qui, selon D . L . III 4 , avait enseigné les
Ypáupata à Platon et serait «mentionné dans (le dialogue pseudo-platonicien ) Amatores » (132 a). Cf. A . S. Riginos, Platonica , p . 39 n. 1, qui attribue gratui
871
DIONYSIUS EXIGUUS
tement le passage à Alexandre Polyhistor, cité quelques lignes plus bas à propos
de l'origine du nom original de Platon : Aristoclès.Ce dialogue se situe en effet dans « la maison de Denys le grammatiste » , où des adolescents discutent des doctrines astronomiques d’Anaxagore ou d'Oinopidès sous le regard de leurs admirateurs. D 'après Riginos, p .40 n . 8 , on aurait fait du grammairien de
l'Amatores un maître de Platon , en présupposant que Platon avait mis en scène dans ce dialogue un de ses anciensmaîtres. Témoignages parallèles à celui de Diogène dans Apulée, De Platone et eius dogmate I 2 ; Porphyre, Hist. phil., livre IV , fr. 14 Nauck = FGrHist 260 F 13 ; Olympiodore, in Plat. Alc. (Vita Plat.] 2, 32 -34 Westerink (p. 1, 23-26 Wester mann (éd. Didot 1850 ]) ; Anon., Proleg. in Plat. philos. 2, 30 - 32 Westerink
Trouillard-Segonds; Souda, s.v.Mátwv, II 1707, t. IV , p. 141, 8 -9 Adler.
Dans le passage des Prolégomènes anonymes, on pourrait corriger l'affir mation apparemment erronée oŬ uvnunu TIOLETTAL ÉV TATS ’Erlotohats en év tots ’Avtepaotais, sur le modèle de Diogène Laërce et d'Olympiodore.
Riginos, p. 40 n. 8, croit plutôt à une confusion – qui nous paraît peu vrai
semblable – avec Denys le tyran de Syracuse. Ce personnage semble absent de la RE. RICHARD GOULET.
188 DIONYSIUS EXIGUUS (Denys le Petit) RE 155
V -VI
Moine polygraphe : canoniste ,computiste et traducteur. Études de base. L 'exposé synthétique le plus complet sur les différents aspects de l'euvre de Denys le Petit est fourni par l'article de 1 J. Rambot Buhot, art. « Denys le Petit » . Dictionnaire de Droit Canonique, t. IV [Paris 1949] col. 1131- 1152 : c'est une excellente vue d'ensemble, qui dispense désor mais de recourir aux diverses présentations plus anciennes. Restent néanmoins toujours utiles : 2 A . Jülicher, art. « Dionysius Exiguus » , REV 1, 1903, col. 998 999 ; 3 C . Verschaffel, art. « Denys 9 » , DTC IV 1 , 1910 (2e éd. 1939), col. 448 449 ; ainsi que de courtes notices : 4 G . Bon , art. « Dionigi il Piccolo » , Enci clopedia Italiana XII , 1931, col.937 ab ; 5 A . Bride, art. « Denys le Petit » ,
Catholicisme III, Paris 1952, col.619-620 . Brèves,mais pertinentes indications dans6 0 . Hiltbrunner , art. « D . Exiguus» , KP II, 1979, col.67-68 . Sur la place occupée par Denys le Petit dans la tradition des “ lettres grecques en Occident” , lire les pages que lui consacre 7 Walter Berschin , Griechisch lateinisches Mittelalter. Von Hieronymus zu Nikolaus von Kues, Bern München 1980 , en particulier p. 102- 105 (à signaler qu 'il a paru de cet ouvrage deux traductions, l'une en anglais, l'autre en italien, assorties de compléments inédits :
7a W . Berschin, Greek Letters and the Latin Middle Ages. From Jerome to Nicholas of Cusa , rev. & expanded ed ., transl. by J. C . Frakes.Washington , The Catholic Univ. of America Press , 1988 ; 7b W . Berschin , Medioevo greco -latino, da Gerolamo a Niccolò Cusano, edizione italiana a cura di E . Livrea , coll.
« Nuovo Medioevo » 33,Napoli 1989).
872
DIONYSIUS EXIGUUS
Vie. On admet généralement que Denys est né en Petite -Scythie (l'actuelle Dobroudja ) dans le dernier quart du ve s., qu'il est venu jeune à Rome, peu avant 500, et qu'il y a mené la vie d ' un moine jusque vers 540. (Sur l'origine et sur la formation de Denys, des hypothèses toutes différentes ont été avancées - mais non démontrées – par Wilhelm M . Peitz : cf. infra 10 ). Il semble qu 'il ait pris
lui-même le surnom d'Exiguus, par humilité monastique, à moins qu'il n 'ait dû ce surnom à sa petite taille. Le témoignage antique le plus important à son sujet
est celui de son ami Cassiodore , avec lequel il avait étudié la philosophie
dialectique. D 'après les Institutiones de Cassiodore (éd.Mynors, Oxford 1937, p . 62, 13 et 63, 7 ), Denys était dialecticae peritus (Institutiones I, 23 : PL 70 ,
col. 1137) et sa parfaite connaissance des langues latine et grecque lui permettait de traduire à la lecture un ouvrage « du latin en grec ou du grec en latin avec une parfaite aisance et une rigoureuse exactitude» : cf. 8 P . Courcelle , Les Lettres grecques en Occident, de Macrobe à Cassiodore, nouvelle éd . revue et augmen
tée , coll. BEFAR 159, Paris 1948, p. 313-315. Pareille compétence linguistique, à la fin du ve et au début du Vie s., constituait une valeur rare, particulièrement recherchée par les papes, qui rencontraient des difficultés croissantes à assurer l'unité entre l'Église d 'Orient et celle d 'Occident ; sur ce contexte historique, cf.
9 H . Steinacker, « Die römische Kirche und die griechischen Sprachkenntnisse des Frühmittelalters » ,MIEG 62, 1954, p.28-66. Euvre. Denys s'est rendu célèbre à plusieurs titres: comme canoniste , comme computiste , comme traducteur.
Quoique considérable, l'æuvre de canoniste réalisée par Denys (notamment sa publication de collections de canons synodaux et de décrétales pontificales ) n 'intéresse pas directement l'histoire de la philosophie . Sur cette æuvre de cano
niste , on se reportera aux importants travaux de 10 W . M . Peitz , Dionysius Exiguus-Studien. Neue Wege der philologischen und historischen Text- und Quellenkritik , (postum ) hrsg. v. H . Foerster, Berlin 1960 . Mais il est nécessaire de signaler que la méthode très originale de Peitz , ainsi que les résultats " révo
lutionnaires" de ses travaux, n 'ont guère emporté la conviction : en témoignent les réserves de 11 Ch .Munier, « L 'œuvre canonique de Denys le Petit, d'après les travaux du R . P. Wilhelm Peitz , S .J .» , SEJG 14, 1963, p . 236 -250 .
En raison de ses travaux de computiste , on a pu voir en lui « le fondateur de
l' ère chrétienne» : Denys a insisté , dans ses ouvrages chronologiques (De ratione Paschae, PL 67, col. 19- 28 ; Cyclus decemnouennalis, ibid . col. 483 494 ; Argumenta paschalia , ibid . col. 497-508 ), sur l' idée de l'adoption du cycle
pascal alexandrin de 19 ans. Il a continué, en particulier,dans ces ouvrages, les tables pascales de s. Cyrille d' Alexandrie pour une durée de 95 ans, à partir de l'an 525. C 'est dans ce travail que, rompant avec l' ère de Dioclétien (ou des martyrs) (29 août 284 ), il a compté pour la première fois les années à partir de la
naissance de Jésus-Christ. On sait qu 'il a, du reste, placé à tort la naissance de
Jésus-Christ l’an 754 de Rome, alors que des calculs plus exacts situent cet événement quelques années plus tôt, probablement à la fin de l'an 749. Pour un
873
DIONYSIUS THRAX
examen critique des travaux de computiste réalisés par Denys, cf. 12 Gustav Teres, « Time computations and Dionysius Exiguus» , JHA 15 , 1984, p. 177- 188. Denys a été, enfin , un traducteur de grande importance. Il a traduit en latin de nombreuses puvres grecques que l'on peut répartir selon les catégories sui vantes : (a ) ouvrages hagiographiques ; (b) textes théologiques, concernant
principalement les hérésies; (c) textes philosophiques. Pour les traductions relevant des catégories a et b , cf. Rambot-Buhot 1, col. 1133 - 1136 .
La catégorie c, la seule à intéresser le DPHA, est représentée par la traduction d'un unique ouvrage, le lepi xataOXEvñs åvopántov de Grégoire de Nysse, accomplie par Denys sur la demande du prêtre Eugippius, qui dirigeait le monastère de Lucullanum , près de Naples.La version de Denys ne se lit, encore
aujourd 'hui, que dans Migne, PL 67, col. 345-408, où elle est éditée sous le titre De creatione hominis liber (ou Libri de creatione hominis interpretatio ). Cette traduction de Denys a fait l'objet d 'une étude méticuleuse de 13 P . Levine, « Two early versions of St. Gregory ofNyssa 's trepà xataOXEUDS ảvopántov » , HSPh 63, 1958 , p. 473-492. Examinant la traduction de Denys et celle , entiè
rement indépendante, que réalisa trois siècles plus tard Jean Scot Érigène, Philip Levine montre que ces deux traductions obéissent à des tendances diamétra
lement opposées: il en conclut que, par rapport à la liberté intelligente de la technique deDenys, le littéralisme de Jean Scot est un indice de la décadence de la culture entre le milieu du VIe s. et le IXe s. Denys, dans la préface qui précède sa traduction, avoue avoir eu beaucoup de
mal à rendre en latin la langue de la philosophie grecque. Les difficultés qu'il a rencontrées n 'étaient probablement pas seulement d 'ordre linguistique ; c'est
aussi que l'ouvrage de Grégoire de Nysse contenait plusieurs théories platoni ciennes qui lui paraissaient suspectes : ce point a bien été mis en lumière par Courcelle 8, p. 315 , lequel précise toutefois que l'euvre de Grégoire se recom
mandait surtout parce qu 'elle continuait le Commentaire sur l'Hexaemeron de s. Basile , déjà traduit par Eustathe d’Antioche. Ajoutons enfin que Courcelle a
attiré l'attention (8 p. 315 n. 6) sur une longue interpolation faite au chap. 24, et intitulée De natura coeli, quod non sit ex quattuor elementis secundum Aristo telem : l'auteur y expose notamment (PL 67, col. 388 A ) les théories de Thalès,
Anaximène,Héraclite, Hipparque, construisant le monde à partir d 'un seul élé ment : eau , air ou feu . JEAN -MARIE FLAMAND. ja 189 DIONYSIUS THRAX (M . POMPONIUS RE 14 a - ) Esclave puis affranchi d 'Atticus, comme le prouve son nom de Pomponius ,
mais son prénom Marcus est un hommage d'Atticus à son ami Cicéron (Att. IV 15). Son nom est souvent présent dans les lettres qu 'échangent les deux amis,
car Cicéron a fréquemment recours à ses services pour instruire son fils et son neveu (Att. IV 10 ; VI 1, 12 ; VIII 4 , 1 ; XIII 2 , 3) ; pourmettre en ordre sa biblio
thèque avec Ménophile , lui aussi esclave d' Atticus (Att. IV 18 ), et aussi pour
874
DIONYSIUS THRAX
discuter de questions savantes : le Pirée est-il une localité ou une ville (Att. VII
3, 10) ? Peut-on qualifier les cités du Péloponnèse de maritimes (VI 2 , 3) ? Nombreuses sont les lettres où il loue ses qualités (même si la guerre civile de
49 porta quelque ombrage à ces bonnes relations, à cause de la conduite de Dio nysius). Manifestement, Cicéron apprécie sa science qui est grande (VI 1, 12 ; VII 4, 1 ; VIII 7, 1) : Dionysius connaît Dicéarque et sans doute bien d'autres philosophes. Il faut ainsi le considérer comme l'un de ces esclaves savants qu 'appréciaient et qu’utilisaient les Romains les plus cultivés. Cicéron semble
même parfois le mettre aussi haut que les plus grands philosophes: « on eût dit que je sollicitais la venue d 'un Dicéarque ou d 'un Aristoxène » (Att. VIII 4 , 1) : « il fut chez moi plus honoré que Panétius chez Scipion » ( IX 12 , 2 ). Mais de
telles paroles traduisent avant tout l'amertume de Cicéron, profondément blessé par la conduite de l'affranchi. Elles ne sauraient faire considérer comme un maître de philosophie un homme qui fut sans doute un savant et un bon
connaisseur des doctrines grecques. Cf. E . Bernet, art. « Pomponius» 14 a, RE XXI2 , 1952, col. 2328 -2330. MICHÈLE DUCOS.
190 DIONYSODOROS (FLAVIUS MAECIUS SE [VEROS] -) MF II Une inscription d’Antinooupolis (Sammelbuch III 6012 ; IBM IV 1076 ) nous a conservé la dédicace de la statue d 'un bouleute de la cité, FlaviusMaecius Se[- - - -] Dionysodoros, philosophe platonicien et pensionnaire du Musée d ' Alexandrie . L 'écriture permet de situer le document dans la seconde moitié du
II° s. ou la première moitié du III . Une étude de P. Cauderlier et K . A . Worp, « Unrecognized evidence for a mysterious philosopher » , Aegyptus 62, 1982, p. 72-79, démontrant l'impossibilité des solutions précédemment proposées, a
établi le nom du philosophe : Fl.Maecius Se[veros) Dionysodoros. La restitution a été retenue dans la publication la plus récente du document par A . Bernand, Les portes du désert, Paris 1984,n° 14 , p . 96 -97. C ' est sous son premier cogno men que devait être connu le philosophe et son apppartenance au Musée autorise
à supposer qu'il avait acquis en effet une certaine notoriété . Il est donc très vraisemblablement identique, comme l'ont indiqué P . Cauderlier et K . A . Worp, au médio -platonicien Sévèros (RE 47) , traditionnellement situé à une époque qui s 'accorde bien avec le style de l'inscription, « near the end of the second century
or the beginning of the third » (J.M . Dillon , The Middle Platonists, p. 262), et dont la vie et la personnalité étaient auparavant totalement inconnues. Envisa gées isolément, ni sa qualité de pensionnaire du Musée ni celle de bouleute
d'Antinooupolis n'impliquent automatiquement que Sévèros ait résidé de façon permanente en Égypte , mais leur rapprochement suggère qu 'il y avait mené au moins une partie de sa carrière. P. Cauderlier et K . A .Worp font remarquer qu 'il avait pu trouver dans sa cité d 'origine, centre renommé d ' étudesmathématiques,
l'occasion de développer son goût pour cette science , dont témoignent les fragments conservés de son æuvre . BERNADETTE PUECH .
DIONYSODOROS DE CHIOS
191 DIONYSODOROS DE CAUNOS RE 21
875 Ija
Mathématicien , originaire de Caunos dans le sud de la Carie , il fut contem porain d' Eudème de Pergame. Dans la Vita Philonidis (PHerc. 1044 ) il est mentionné à plusieurs reprises : fr. 1, 3 (?) ; 7, 11- 12 (Philonidès rassembla ses leçons); 25, 4-8 (il fut le maître de Philonidès, déjà élève d'Eudème); 32, 1. Sur
ses recherches mathématiques nous sommes informés par Eutocius (In Archim ., De sphaera et cylindro , p. 130 sq. et 152 -160 Heiberg = p. 88, 100 - 104 Mugler), qui rapporte la solution proposée par Dionysodore pour un problème soulevé par Archimède, De sph . et cyl. II 4, et Héron , Mech . II 13, lequel lui attribue un
llepi tñs oneipaç. Avant la publication du PHerc. 1044, on avait coutume d' identifier le Dionysodore mentionné par Eutocius avec le mathématicien
homonyme originaire d'Amisos dontparle Strabon XII 3, 16. Cf. 1 F. Hultsch , art. « Dionysodoros » 21, RE V 1, 1903, col. 1006 ; 2 W . Schmidt, « Über den griechischen Mathematiker Dionysodoros» , Bibl. Math . III 4, 1903, p . 321- 325 ; 3 T. Heath , The History ofGreek Mathematics, 2e éd.,
Oxford 1960 , p.218 -219 ; 4 P.M . Fraser, Ptolemaic Alexandria, Oxford 1972 , t. II, p .611 n. 378 ; 5 1. Bulmer- Thomas, art. « Dionysodoros» , DSB IV , 1971, p. 108-110. TIZIANO DORANDI.
va Sophiste, interlocuteur de Socrate , en compagnie de son frère Euthydème,
192 DIONYSODOROS DE CHIOS RE 16
dans l'Euthydème de Platon . Sur lui et son frère , Platon livre un certain nombre de détails biographiques. Des deux frères, Dionysodore est l'aîné (283 a). On apprend au début du dialogue (271c) que les deux frères, originaires de Chios,
se sont expatriés à Thourioi, qu'ils ont par la suite été contraints de quitter (peúYOVTES OÈ Éxemdev ): allusion au bannissement de trois cents membres du
parti athénien (et donc, démocratique) qui suivit l’échec de l'expédition athé nienne en Sicile et le ralliement de Thourioi aux Péloponnésiens ? Les deux frères vivent désormais depuis bien des années, indique Socrate , « dans ces régions-ci » : faut-il entendre par là la Grèce métropolitaine tout entière , par
opposition à la Grande Grèce, ou l'Attique, par opposition au Péloponnèse ? En tout cas, comme tous les sophistes évoqués dans les dialogues de Platon , ils sont itinérants : de deux indications données plus loin (272b, 273 e) par Socrate , on doit conclure qu' ils ne font à Athènes que des séjours temporaires : leur premier séjour remonte à « l'année dernière ou la précédente ». Les positions classiques dans la controverse sur l'historicité de chacun des deux frères sont rapportées par 1 A . Levi, Storia della Sofistica, a cura di D . Pesce, Napoli 1966 , p . 52 65. Une des hypothèses qui ont été avancées est absente de son exposé : du fait qu 'Euthydème est le nom d'un des frères de Lysias, et que la biographie de Lysias présente un certain nombre d 'analogies avec les renseignements donnés par Platon sur Dionysodore et son frère,
2 G . Teichmüller, Literarische Fehden im vierten Jahrhundert vor Chr., Berlin 1881, p . 27 48 , a supposé que Dionysodore serait en réalité Lysias. Cette théorie , accueillie avec faveur par 3 E . H . Gifford , The Euthydemus of Plato , Oxford 1905 , réimpr., coll. « Philosophy of
Plato and Aristotle » , New York 1973, p. 47-48, a été rajeunie par 4 L . A . Post, « Plato 's Euthydemus and Lysias» , CW 19, 1925, p. 29-31. 5 R . S . W . Hawtrey, Commentary on
876
DIONYSODOROS DE CHIOS Plato 's Euthydemus, Philadelphia 1981, consacre un appendice (p . 196 - 198) à cette hypo
thèse, pour la rejeter. Aux arguments mis en avant contre elle, on peut ajouter que, même si Lysias est lui aussi un banni de Thourioi, sa résidence permanente à Athènes, entre son exil de Thourioi et le régime des Trente , est en contradiction avec l'activité itinérante des deux
sophistes.
Les deux frères sont présentés par Platon comme des spécialistes des arts de la lutte , sous toutes ses formes : ils n 'enseignent pas seulement à lutter dans les tribunaux (Euthd. 272 a ), mais aussi à combattre sous les armes (271d, 273 e ). Socrate déclare même à Clinias qu 'ils connaissent tout ce que doit savoir le futur
stratège, c 'est-à -dire, outre le combat en armes, l'ordonnancement et la conduite des armées (273c). On trouve une indication convergente dans Xénophon,Mem . III 1, qui évoque Dionysodore comme un professeur itinérant de stratégie . Si Xénophon est ici indépendantde Platon , on peut en conclure que Dionysodore a réellementexisté.Les témoignages d'Athénée XI, 506b, et de Sextus Empiricus,
Adv. Math. VII 64, qui dépendent clairement de Platon, n 'apportent aucune information complémentaire. La scène racontée dans l’Euthydème prend place à un moment où les deux frères, déjà âgés, ont délaissé leurs spécialités antérieures pour se tourner vers l’éristique (272b) : la rapidité avec laquelle ils sont devenus capables de l'ensei gner est soulignée avec une visible ironie par Socrate. Ce récit, où l'apparte
nance de l' éristique aux arts de combat est prise au pied de la lettre, fait des deux frères des personnages presque trop symboliques pour être réels. Inverse
ment, cet argument n 'est pas non plus suffisant pour conclure que ce sont des personnages purement imaginaires. Le luxe assez inhabituel de détails donnés sur eux par Platon peut s'expliquer au contraire par le fait que, grâce aux traits particuliers de leur biographie (les tribulations que leur avaient values leur soli darité avec le parti athénien de Thourioi, leur existence de professeurs itinérants, leur intérêt pour toutes les formes d 'agonistique), il trouvait en eux des prête noms idéals de la sophistique. 6 F .G .Welcker, « Prodikos von Keos, Vorgänger des Sokrates » , RAM 1, 1832 ; 4, 1834 , article repris dans Id ., Kleine Schriften zur griechischen Literaturgeschichte , t. II, Bonn 1845, p. 393 -541, a supposé (p . 443-444) que peut-être seul Euthydème enseignait l’éristique, et Dionyso dore l'art militaire : Platon pourrait avoir tiré parti des spécialités distinctes des deux frères pour fabriquer, à partir de données réelles, ce couple symbolique. Levi 1, p. 54, voit une contradiction entre la prétention des deux frères à enseigner la vertu mieux que personne (273d) et le fait qu 'ils font démonstration seulement de leurs talents éristiques. Pour cette raison, il les écarte (p .63-64 , 65) de la liste des sophistes authentiques ou de leurs représentants, et ne veut voir en eux que des « pseudo- sophistes» . L'argumentdoit être rejeté, car il repose sur une mésinterprétation du terme apeth , dont rien n 'indique que
dans la bouche d 'aucun des sophistes, y compris Protagoras, il ait désigné une excellence morale.
Platon n ' attribue en propre aucune doctrine à Dionysodore, qu 'on considère
en général purement et simplement comme un double caricatural de son frère . Hawtrey 5 , p . 14 , signale cependant que Dionysodore est « particulièrement bon » dans l'art de couper court au triomphe d 'un adversaire en s'emparant d'un
mot qu'il vient de prononcer pour « entamer un nouveau bord » . Pour une
DIOPHANTOS
877
analyse suggérant un comportement éventuellement différent des deux frères dans le cours du dialogue, cf. aussi 7 M . Narcy, Le Philosophe et son double . Un commentaire de l'« Euthydème» de Platon, Paris 1984, p. 100 . Étant donné que rien , sur le plan doctrinal, ne paraît distinguer Dionysodore de son frère , on se reportera à la notice consacrée à Euthydème pour les données relatives à l'attribution des doctrines qui leur sont prêtées par Platon .
MICHEL NARCY .
FIla Académicien, élève de Dion le Thrace (- D 168 ), mentionné dans l'Ind.
193 DIONYSODOROS DE SMYRNE
Acad. Herc. de Philodème, col. N 18 (= Lacydès, T 36 33 sq .Mette). TIZIANO DORANDI.
194 DIOPEITHÈS D' ILION
MIT
Académicien , élève de Carneade ( C 42),mentionné dans l’Ind. Acad. Herc.
de Philodème, col. 24, 4 (= Carnéade, T 3b 17Mette).
TIZIANO DORANDI. 195 DIOPHANE LE RHÉTEUR
Μ ΙΙ
Au chapitre 15 (6 - 17) de sa Vie de Plotin , Porphyre raconte que, au cours d'une réunion à laquelle assistait Plotin , Diophane le rhéteur lut une « Défense
d'Alcibiade » tel qu'il apparaît dans le Banquet (212 d -222 c) de Platon , pour justifier le commerce sexuel entre le disciple et le maître (qu 'Alcibiade dit avoir
recherché avec Socrate , cf. Banquet 217 a-220 e). Plotin , choqué, chargea Por phyre de réfuter le rhéteur. Ayant reconstitué de mémoire les arguments de Dio phane, qui refusait de lui communiquer son texte , Porphyre charma Plotin par sa réfutation . John Rist (Plotinus : The road to reality, Cambridge 1976 , p. 14- 15) a émis l'hypothèse que Diophane aurait pu être un Gnostique, dans la mesure où ,
souvent, le gnosticismemenait à un rejet radical des règles morales. Cf. Luc Brisson , « Prosopographie» , dans L . Brisson et alii, Porphyre, La Vie de Plotin , t. I, Paris 1982 , p . 79. Sur cette anecdote, voir maintenant la note d ’ A .
Ph. Segonds ibid., t. II, Paris 1992, p. 267-269. LUC BRISSON .
DIOPHANÈS → DIAPHANÈS 196 DIOPHANTOS PRLEI: 2
MF IV
Égyptien, prêtre des mystères et philosophe. En 362, Libanius lui recom mande un de ses élèves, qui a préféré « la beauté de la philosophie » au métier
d'avocat (Epist. 720 , t. X , p .647-648 Förster). PIERRE MARAVAL .
DIOPHANTOS → ECPHANTOS
878
DIOS
197 DIOS RE 11 Avec le lemme Alov Iudayopelov sont transmis , en dialecte dorien chez Stobée IV 21, 16 et 17, deux fragments d'un lepi xarovñs, Sur la beauté
(p . 70 ,5 -71,14 Thesleff). Ces fragments ne présentent pas de traits pythago riciens remarquables, et le dorien dans lequel ils sont écrits est extrêmement artificiel et riche en archaïsmes ; voir 1 H . Thesleff, An Introduction to the Pythagorean Writings of the Hellenistic Period , Åbo 1961, p. 13, 89-90, 110. La date de composition est difficile à établir selon Thesleff (p. 114) ; ces textes peuvent provenir de n 'importe quelle région non dorienne de Grèce à l'époque post-classique (p. 110 ). Il est possible , selon 2 H . Thesleff, The Pythagorean Texts, p. 70 , que le nom de Dios ait été employé par l'auteur pseudépigraphe en
pensant à Dios, le père d'Hésiode, qui, selon Hellanicos (FGrHist 4 F 5), descendait d'Orphée. BRUNO CENTRONE. 198 DIOSCORIDES
1
Philostrate, V.Ap. IV 11, signale l'existence, parmi les compagnons d 'Apollonios de Tyane, des Dioscorides et des Phaedimoi. Ils mettent le sage en
garde contre l'apparition d'Achille . PATRICK ROBIANO.
199 DIOSCORUS PCBE I, p. 279-280
Correspondant d 'Augustin (Ep. 117-118 dans PL 33, 431-449, CSEL 34, p. 663-698, et 1 J. H . Koopmans, Augustins' briefwisseling met Dioscorus, Inlei ding , text, vertaling, commentar, Amsterdam 1949). Dioscorus est un jeune Grec , frère de Zénobius qui vient d'accéder au poste de « magister memoriae >> (Ep. 117, CSEL p . 664, 21). Contrairement à 2 L . Wankenne, « A propos de Dioscorus, correspondant d’Augustin . Ep. CXVII -CXVIII » , RBen 84 , 1974,
p. 167-177, 3 A . Solignac (« Il circolo milanese al tempo della conversione di Agostino », dans Agostino a Milano. Il battesimo. Agostino nelle terre di Ambrogio (22-24 aprile 1987), Palermo 1988, p . 43-56 ) estime probable que ce
Zénobius est le dédicataire du De ordine d'Augustin (comme le soutenait déjà Koopmans 1, p. 12). Dioscorus a étudié la rhétorique à Rome et à Carthage (cf. Ep. 118, 9, p.673, 2 et 17) ; il s'apprête à retourner en Grèce (Ep . 117 , p. 664 ,11-20), en attendant probablement d'entrer dans la carrière militaire (Koopmans 1, p. 10 - 11).Mais on ne sait rien de ce qu ' il fit et devint après l’ été 410, date de cette correspon
dance (Koopmans 1, p. 16 -40, qui critique, p. 19-21, l'argumentation de Gold bacher (CSEL 53, p. 33-35 ), suivant qui les lettres 117 et 118 dateraient de
l’hiver 410 -411. Notons aussi que l'ouvrage de Koopmans est ignoré par O . Perler et J.-L .Maier, Les voyages de saint Augustin, Paris 1969, p. 280-286). Dioscorus a relevé, au cours de ses lectures philosophiques, un certain nom
bre de difficultés sur lesquelles il voudrait être éclairé, afin de pouvoir répondre aux questions éventuelles de ses compatriotes grecs. Alypius (- A 128 ) lui a
DIOSCORUS
879
promis d' y répondre en compagnie d' Augustin ( > A 508) : « Pollicitus erat tecum respondere dialogorum pauculis interrogatiunculis » (Ep . 117, p. 664 , 1
2). Il est remarquable que Dioscorus ne précise pas de quel auteur sont ces « dialogues» . Peut-être le faisait-il dans la liste des questions jointe à sa lettre : « in ipsis membranis in quibus eas (quaestiones) misisti » (Ep . 118, 34 ). Cette
liste n 'a malheureusement pas été conservée. Augustin nous apprend qu 'il s'agit bien de Cicéron : « dialogorum Tullianorum questiunculas » (Ep. 118 , 2, p .666 , 17) ; « ut tibi exponant Ciceronem » (Ep . 118, 3, p. 668 , 6 ). A la fin de sa réponse , il déclare avoir délibérémentnégligé les questions portant sur l' Orator et le De oratore (Ep . 118, 34, p .697, 22 -23). Mais il précise aussi qu 'il a, au
cours de sa lettre , répondu à presque toutes les autres questions de Dioscorus (ibid ., p .697, 18- 19) . On sait donc que celui-ci l'avait interrogé notamment sur Anaximène (cf. Ep. 118 , 23, p .686 , 16 -687, 14 ), Anaxagore (ibid., 24 -27 ,
p. 687, 15 -691, 18), Démocrite et Épicure (ibid ., 28 -31, p.691, 19 -695,8 ), et, par conséquent, que ses difficultés portaient principalement sur le De natura deorum (I 10 , 26 - 43, 120 ); peut- être aussi sur le De finibus bonorum et malorum , à en juger par la dissertation sur le « summum bonum » de l'homme
qu 'Augustin développe aux $$ 14- 16 de sa lettre (cf. Koopmans 1, p. 96 ).
Bien qu'Augustin ait jugé la requête de Dioscorus importune et qu'il ne se soit pas privé de tancer le jeune homme (Ep. 118, 1-11), sa longue réponse constitue l'un des documents les plus intéressants (avec la fin du Contra acade
micos (III 17,37 - 20,43), le débutdu De uera religione (1, 1 -5 ,8 ) et les livres VI- X du De ciuitate Dei) concernant ses vues relatives à l'histoire de la philo
sophie antique, surtout au platonisme et à son rapport au christianisme (§ 16 -21 et 33).
Selon Koopmans (1 , p. 11 ),Dioscorus était lui-même chrétien .Wankenne (2, p . 174 ) le nie ,mais reconnaît qu 'il « sympathise avec la doctrine chrétienne » .La
thèse de Koopmans paraît plus probable, non seulement parce que la préférence
de Dioscorus pour la doctrine chrétienne est connue: « Christianam discipli nam ..., quam te omnibus praeponere nouimus et in ea sola esse praesumere
spem salutis aeternae » (Ep. 118 , 11, p .676 , 1), mais aussi parce qu'Augustin n 'éprouve nulle part le besoin d'appeler Dioscorus à se convertir au Christ ; il
l'engage seulement à s'adonner avec résolution à l'humilité chrétienne: « Huic (Christo ) te , miDioscore, ut tota pietate subdas uelim nec aliam tibi ad capes
sendam et obtinendam ueritatem uiam munias, quam quae munita est ab illo qui gressuum nostrorum tanquam deus uidit infirmitatem » (Ep. 118, 22, p .685, 9),
c'est-à-dire à renoncer à toute vaine érudition : « imperitissima scientia, dum nos
scire gaudemus quid Anaximenes, quid Anaxagoras, quid Pythagoras, quid Democritus senserit» (Ep. 118 , 23, p .686 , 6). La notice de la PCBE est trop vague à ce sujet. Elle est du reste inexacte lorsqu'elle affirme que « Dioscorus se voit concéder (par Augustin ) que la seule justification d 'une connaissance des philosophies païennes se trouve dans le ren fort qu 'elles peuvent éventuellement apporter aux hérésies» (p . 280) . Augustin dit seulement que, s'il est besoin de connaître les erreurs d 'autrui, il faut
DIOSCORUS
880
désormais s' occuper, non de celles d 'Anaximène et d 'Anaxagore ou de celles
des stoïciens et des épicuriens, qui n 'ont plus cours,mais bien de celles des donatistes, des maximianistes, des manichéens, ou de celles des ariens, des eunomiens, des macédoniens, des cataphrygiens que Dioscorus pourra rencon
trer en Orient: « ad quorum greges turbamque uenturus es» (Ep. 118, 12 , p .676 ). GOULVEN MADEC .
200 DIOSCOURIDÈS RE9 MF M A . Dédicataire de plusieurs ouvrages de Chrysippe relevant de la logique : EuvnuuévWV ridavõv npòs Alcoxovpionv 8' (D . L . VII 190 ; p . 383, 18
Long), Téxvn Tóywv xal tpółw mpos Alcoxovpíônv ' (VII 193 ; p . 386 , 12 Long) ; Tepiabywv xal tpónwV Tpdc Alcoxovpíonn ' (VII 194 ; p . 386 , 12 Long), Avolg xatà tous đpxalouç nepos Alooxovplônv a ' (VII 197 ; p . 388,
15 Long),lepi tõv ånópwv diałextix @ V [Róywv] npoç Alcoxovplônv (VII 198 ; p. 389, 7 Long), ou de l'éthique :Ildavd eic tous pouç nepos Alcoxovpíonv ' (VII 200 ; 390, 10 Long), llepì tñs ontopluñs após Aloxovpíônv 8 ' (VII 202 ; 391, 17 Long). De tels traités ne pouvaient guère
être dédiés qu'à des collègues ou des disciples à l'intérieur de l'école stoïcienne. B . H . von Arnim , art. « Dioskurides » 9 , RE V 1, 1903, col. 1129, l'identifie sans hésitation à Diosco (u )ridès de Tarse, père , selon la Souda (Z 80 ; t. II , p . 507 , 19 -20 Adler), du stoïcien Zénon de Tarse ou de Sidon (RE 4 ), élève et successeur de Chrysippe. L 'identification n 'a rien de sûr, mais mérite d 'être
sérieusement considérée . RICHARD GOULET.
201 DIOSCOURIDÈS
MFI Philostrate, dans sa Vie d 'Apollonios de Tyane V 43, raconte qu ’Apollonios, au momentde quitter Alexandrie pour aller rendre visite aux Gymnosophistes de l'Égypte , refusa d 'emmener ce disciple , parce qu'il voyait qu'il n 'avait pas la force nécessaire pour entreprendre ce voyage. RICHARD GOULET.
202 DIOSCO (U )RIDÈS RE 7
II-I ?
Historien et polygraphe. Éditions. Les fragments qui subsistent de son ouvre ont été publiés par 1 C . Müller, FHG [coll. Didot], Paris 1878, t. II, p . 192-196 ; puis dans 2 F . Jacoby, FGrHist 594 . Cf. 3 E . Schwartz , art. « Dioskurides» 7, RE V 1, 1903, col. 1128 -1129. Nous possédons les titres de plusieurs ouvrages attribués à un Dioscouridès, mais il n 'est pas sûr qu 'ils soient d 'un même auteur. D 'un autre côté , à supposer qu 'ils le soient, leur proximité thématique rend envisageable qu' ils n 'aient pas tous été distincts les uns des autres :
881 DIOSCOURIDÈS - Iepi tõv nap' 'Ouñou vouwv : cf. Souda, s.v."Ounpoc o 251, t. III, p. 526 ,13 -527,23 Adler. Chez Athénée I, 8e- 9 a , le même développement figure, sans indication de source (peut-être parce que l'abréviateur du livre I
d 'Athénée ne l'a pas conservée) au commencement d 'une longue section intitu
lée lepi toŨ Tõv ňpówv xal' " Ounpov Biov ( Sur le mode de vie des héros selon Homère). Le nom de Dioscourides apparaît plus loin dans le développe ment (11 a), mais uniquement à propos du texte de l'Niade IX , 119 -120 : il aurait cité le passage de la même façon que la source principale et établi peut-être un
rapprochement avec Iliade I 225. Dioscouridès est présenté à cet endroit comme « disciple d ' Isocrate» (Alooxovpions ó ' looxpátous uaOntńs). Sur cette
section d 'Athénée et ses sources, voir 5 A . Brunk, De excerptis nepì toŨ TÕV ń powv xao' " Ounpov Blov ab Athenaeo servatis, Diss. Greifswald 1887, et
6 R .Weber, « De Dioscuridis nepi tõv nap' 'Ouńow vóuwv libello », LS 11,
1888, p. 87- 196 . Les conclusions de Weber sont largement résumées et reprises par 7 Susemihl, GGLA, t. I, p . 347-351, qui voit en Dioscouridès ou bien « ein philologisch gebildeter Philosoph » , stoïcien ou péripatéticien éclectique, ou bien « ein philosophisch und philologisch gebildeter Rhetor» (p . 347-348 ), qui se serait proposé de révéler en Homère un apôtre de la tempérance (owbpo oúvn ), soucieux d'enseigner aux jeunes gens les vertus d'une vie simple et
indépendante (EÚteiñ ...xai aŭtápxn ). A partir de son étude des fragments transmis par Athénée, Weber a attribué à Dioscouridès de nombreux passages, chez Plutarque (ou le Pseudo -Plutarque) et Dion Chrysostome, qui s' inspirent de la même perspective exégétique (voir les références rappelées par Susemihl 7 , t. I, p . 348, notes 521-524). Mais il est
probable que ce mode de lecture d 'Homère débordait largement l'ouvrage de Dioscouridès et une dépendance littéraire est donc chez ces auteurs difficilement démontrable .
L 'analyse des fragments conservés par Athénée révèle une dépendance à l'égard d' Aristarque et interdit donc de voir dans le disciple d'Isocrate évoqué par Athénée l'auteur de tous ces développements. Selon Schwartz 3, col. 1129, il s'agirait d'une compilation d'explications aristarquéennes d'Homère , sous for
me de questions et réponses, associées à des idées morales cyniques et stoï ciennes. Une identification a été suggérée par 8 B . Keil, MDAI( A ) 20, 1895, p . 441 (elle est implicitement reprise par 9 A . M . Desrousseaux, dans son édition des livres I et II d ' Athénée , CUF, Paris 1956 , p . 19 n . 2 ), avec le grammairien Dioscouridès, fils de Dioscourides et par
adoption d' Asclépiodore , de Tarse , honoré par un décret honorifique de Cnossos trouvé à Délos (cf. BCH IV 354, daté du ile s. av. J.- C . ; Dittenberger, Sylloge3 722) : il aurait composé un éloge de Cnossos et l'aurait fait réciter par son disciple le poète Myrinos d 'Amisos. Cf. 10 J. Kirchner, art. « Dioskurides» 3, REV 1, 1903, col. 1125. L 'identification a été rejetée
par 11 Wilamowitz , Hermes 35, p . 542 sq . et Schwartz 3, col. 1129.
- MaxwVIX ) Toliteia (Constitution de Sparte ), citée par Plutarque, Lycur gue 11, 9 , à propos de l' attentat d' Alcandre (Lycurgue n 'aurait pas eu l'eil crevé et il aurait élevé un sanctuaire à Athéna en reconnaissance de sa guérison ).
On trouve aussi mention du livre II de cet ouvrage dans Athénée IV , p. 140b (cf.
882
DIOSCOURIDÈS
140f),à propos des syssities spartiates (év B ' Toditelaç, mais Athénée cite dans la meme phrase la Λακωνική πολιτεία de Persaios [SVFI455] et la Λακώνων Tohitela d 'Aristoclès ( cf. RE 18 , mais Schweighäuser a corrigé en Nicoclès ),
mentionnée en 140 d et 141a). On peut rattacher au même ouvrage une référence à Dioscouridès chez Plutarque, Agésilas 35, 1, sur la façon dont Épaminondas fut tué à Mantinée par le Spartiate Anticratès. Cf. 4 F . Ollier, Le mirage spartiate, t. II, p . 58 sqq. L 'intérêt que l'on portait au IVe s. av .
J.-C . aux institutions spartiates invite à reconnaître dans cet auteur le disciple d' Isocrate dont parle Athénée . Cf. Schwartz 3, col. 1128. - llepi vouluwu (Sur les coutumes): ouvrage cité par Photius, Lex ., s. v . Exútarn , repris dans Souda, £ 718, t. IV , p . 391, 7 -10 Adler. Le passage décrit une coutume spartiate concernant les reconnaissances de dette.
- 'Anouvnuoveúuata : (1) Diogène Laërce I 63 cite ses ’Anouvnuoveúuata (FHG II 196 : fr. 6 Müller) : il rapporte un mot de Solon pleurant la mort de son fils. (2 ) Une autre citation des ’Anouvnuoveúuata (FHG II 196 : fr. 7 Müller ), provenant d 'Athénée (XI, 507 d), prétend rapporter un mot de Platon. Ce texte s'inscrit dans une tradition très défavorable à la personnemêmede Platon : outre
Sa κακοήθεια, il est reproche a Platon d 'etre φιλόδοξος ( “ami de la vaine gloire " ). Platon aurait en effet déclaré: Šoyatov TÓv tñs 86Eng yıtõva Év TQ θανάτω αυτό αποδυόμεθα, εν διαθήκαις, εν εκκομιδαίς, εν τάφους. Ce mot ne figure nulle part dans l'œuvre conservée de Platon. Mais quand bien même
Platon l'aurait écrit (ou prononcé), 86 Ens peut signifier “ opinion fausse", et non “ vaine gloire" . Ce mot, d'ailleurs, s'inscrit dans une vaste série d ' attaques sur la prétendue xaxon Dela de Platon : tournées à la fois contre l'homme et contre sa doctrine, ces attaques sont
tirées des ‘Ynouvnuara d 'Hégésandre de Delphes, que cite longuement Athénée (à partir de XI, 507 b , l'extension de la citation est difficile à déterminer).
Sur les deux graphies (Διοσκορίδης et Διοσκουρίδης), la seconde étant la meilleure, cf. Weber 6 , p . 121 n . 1.
JEAN -MARIE FLAMAND et RICHARD GOULET.
203 DIOSCOURIDÈS DE CHYPRE RE 8 MII Sceptique d'orientation pyrrhonienne, disciple de Timon de Phlionte . Une source ancienne, unique : Diogène Laërce mentionne par deux fois un Dioscouridès dans sa Vie de Timon IX 115 : Alloxovpions et Alcoxovpions
Kúpios; selon toute vraisemblance, il s'agit du même homme, puisqu'il aurait été l'élève de Timon de Phlionte. Sur ce dernier point, Diogène Laërce rapporte
deux témoignages opposés (fr. 9 Deichgräber ): celui de Ménodote (de Nico médie ), d 'une part, selon qui Timon n 'aurait pas eu de successeur (dládoxos),
l'orientation pyrrhonienne (åywyn ) disparaissant jusqu' au moment où Ptolémée de Cyrène la fit revivre ; celui d 'Hippobote (fr. 22 Gigante ) et de Sotion (fr. 33 Wehrli), d 'autre part, quimentionnent Dioscouride de Chypre - avec Nicolochos de Rhodes, Euphranor de Séleucie et Praylos de Troade -, comme disciple direct de Timon . La diadochè qui suit chez Diogène Laërce ne provient pas d 'Hippo
bote etde Sotion, puisqu 'elle descend jusqu 'à un disciple de Sextus Empiricus.
DIOTIMA
883
Diadochè de l'école empirique d 'après D . L . IX 115 -116 . Timon dePhlionte Dioscouridès de Chypre Euphranorde Séleucie Nicolochos de Rhodes Praylos de Troade
Eubule d'Alexandrie Ptolémée de Cyrène
vers 100 av . J.-C.
Sarpédon Héraclide de Tarente Énésidèmede Cnossos Zeuxippos Zeuxis
Antiochos de Laodicée du Lycos Ménodote de Nicomédie Theiðdas de Laodicée
vers 125 ap. J .- C .
Hérodote de Tarse Sextus Empiricus
vers 200 ap.J.-C.
Satorninos “Kythènas” Si Dioscouride de Chypre est bien identique au Dioscouride disciple
(uaonths) de Timon cité par Diogène un peu plus haut dans le même passage (IX 114 - 115), il était borgne comme son maître Timon. Voir E. Zeller, Philosophie der Griechen, IV3, p . 483 n. 2; V3, p. 2 n. 1. FRANÇOISE CAUJOLLE-ZASLAWSKY.
Mya 204 DIOTIMA RE 1 Le discours qu 'il tient dans le Banquet, Socrate en rapporte l'origine à
Diotime en ces termes : « Et voici le discours sur Éros que j'entendis un jour de la bouche d'une femme deMantinée, Diotime, qui était savante en ce domaine comme en beaucoup d'autres. C 'est elle qui jadis, avant la peste , fit faire aux Athéniens les sacrifices qui écartèrent pour dix ans le fléau .» (Banquet 201 d, trad . P . Vicaire ). Si la peste qu 'évoque Socrate est bien celle de 430 , celle qui éclata au début de la guerre du Péloponnèse et dont Périclès fut l'une des victi mes, cela implique que Socrate a entendu Diotime en 440 , alors qu 'il n 'avait que trente ans; et comme le Banquet a pour date dramatique 416 , cela signifie que
Socrate rappelle un événement qui se situe 24 ans plus tôt. Qui plus est, dès 440 , cette prêtresse décrit (210 a -212 a) la remontée systématique qui mène de l'admiration éprouvée devant de belles personnes ou de belles choses particu
lières, qui sont perçues par les sens, vers la contemplation intellectuelle et l'appréhension de la beauté universelle , qui échappe à tout changement, qui est indépendante , éternelle , et dont participent toutes les personnes et les choses qui sont belles dans le monde sensible périssable. Or ce vocabulaire et surtout la
DIOTIMA
884
doctrine métaphysique qu 'il exprimene se retrouvemêmepas dans les premiers dialogues de Platon écrits après 399. Ces difficultés, liées au fait qu 'on ne sait
pratiquement rien de concret sur Diotime, amènent à douter de la réalité histo
riquede ce personnage énigmatique. Le nom masculin Diotimos était commun (p. ex. Kirchner,PA I, 4364-4396 ) ; mais on connaît beaucoup moins d'exemples du nom féminin Diotima, et cela mêmesi le nom Diotima est attesté en Béotie au début de l' époque classique. Si Platon a inventé le personnage de Diotime, il a pu en faire une femme de Manti née en raison de la ressemblance linguistique entre Mantinée et le termeuátic . En fait, « Diotima» semble devoir être analysé comme « honorée par Zeus» (par analogie avec Deótquoc chez Bacchylide et chez Pindare, ou comme « honorant Zeus» par analogie avec Eevótlog chez Eschyle. Des experts féminins en théo logie n 'étaient pas inconnus en Grèce ancienne, comme en témoignent Platon (Ménon 81 a) et surtout Démosthène (18, 259 sq.) qui présente la mère d'Eschine (parodiquement) comme pratiquant des initiations. On peut penser que ce genre de culte , fréquent, était le fait de femmes ; d 'où l'usage par Diotime d 'un vocabulaire propre aux Mystères. Mais d'autres rai sons ont été avancées pour expliquer pourquoi Platon a mis dans la bouche d 'une femme ce discours sur Éros qui fait la synthèse de la doctrine métaphysi que qu'il soutenait à l'époque. Platon aurait voulu dissocier cette doctrine méta physique d 'une approche purement homosexuelle , comme celle qui se manifeste partout ailleurs dans le Banquet. On notera par ailleurs que, dans le Ménexène
(235c -236b, 249d-e), Platon déploie beaucoup d 'efforts pour exploiter l' idée que Périclès avait été le disciple d'Aspasie [MA 460] (cf. le poète comique Callias [fr. 15 , CAF I, p .697 Kock, FAG I, p. 174 -175 Edmonds) et Plutarque,
Vie de Périclès 24, 2- 7). Ainsi le plus grand orateur et le plus grand philosophe auraient, chacun de son côté, été les disciples d'une femme. Ironie ou façon de rappeler fortement le postulat suivant lequel l'homme et la femme sont égaux
(République 451c- 457b), il est impossible de le savoir.Mais on notera que les deux femmes s 'opposent: l'une est une prêtresse , l'autre, une « courtisane » . Quoi qu 'il en soit, il semble qu 'il conviendrait de dissocier le caractère histo rique du personnage de Diotime et l'usage philosophique qu'en fait Platon . Il se peut que Diotime ait vraiment existé et qu ' elle ait effectivement, vers 440 ,
exhorté les Athéniens à offrir des sacrifices pour éviter un fléau . Pourquoi alors Platon n 'aurait-il pas voulu annexer ce personnage en mettant dans sa bouche la
doctrine des Formes, qu'il décrit en faisant usage du vocabulaire propre aux Mystères ?
Cf. P. Natorp, art. « Diotima» 1, RE V , 1905, col. 1147 ; H . Dörrie, KP II,
1967, p . 94-95; P . Vidal-Naquet, « La société platonicienne des dialogues: esquisse pour une étude prosopographique» (1984 ), repris dans La démocratie grecque vue d 'ailleurs, Paris 1990, p. 104 - 105 principalement; W . Theiler, « Diotima neuplatonisch » , AGPh 50, 1968, p . 29-47, repris dans Unter
suchungen zur antiken Literatur, Berlin 1970, p.502-518 . LUC BRISSON .
DIOTIMOS DES SÈMACHIDES
205 DIOTIMOS (THÉOTIMOS?) RE 20
885 F II - D Ia
A . Philosophe stoïcien , hostile à Épicure, qui chercha , selon Diogène Laërce X 3, à le calomnier en citant comme étant de ce philosophe cinquante lettres licencieuses (kocayetc ). Cf. le commentaire de Kidd sur le fr. 288 de
Posidonius, t. II b , p. 976 -978. B .Moyennant une correction , on croit retrouver un témoignage sur ce philo sophe chez Athénée, Deipnosophistes XIII,611b , lequel, dans un développement
destiné à montrer que oỦdèv (ráp) łoti tõv xarovuévwv dioootwv åbio 0006repov (611 d), rapporte , sur la foi des Homonymes de Démétrios de
Magnésie (fr. 7 Mejer ), qu ’un certain « Théotimos qui avait écrit des ouvrages dirigés contre Épicure fut exécuté après avoir été poursuivi (en justice) par Zénon l'Épicurien » . Puisque l'épicurien Zénon de Sidon fut scholarque du
Jardin à Athènes de 110 à 75 environ, et que la formulation d 'Athénée implique que Théotimos était un contemporain , il faudrait dater cet adversaire d 'Épicure de la fin du 11 s. av. J. - C . ou du premier quart du jer s. Cf. Anna Angeli et Maria
Colaizzo, « I frammenti di Zenone Sidonio » , CronErc 9, 1979, p. 47 -133, notamment le commentaire au fr. 4 (p . 90 ). Zénon, qui avait dû établir le caractère pseudépigraphe de cette correspondance, était connu pour ses travaux philologiques : voir Philodème, Ilpos tous [...), dans l'édition de A . Angeli, Filodemo, Agli amici di scuola (PHerc. 1005 ), coll. « La Scuola di Epicuro » 7,
Napoli 1988, col. X -XI (= Zénon, fr. 12 et 25) et le commentaire, p . 280-299; voir aussi E . Puglia, « La filologia degli Epicurei», CronErc 12, 1982, p. 19-34, notamment p . 22 pour le fr. 4 de Zénon. Depuis Jönsen , on corrige chez Athénée Oeótquos en AlÓTŲLoç pour retrouver le stoïcien de Diogène Laërce,mais une correction en sens inverse seraitméthodologiquement tout aussi acceptable. Quant à la formule faltndeis åvnpton , W . Crönert, Kolotes und Menedemos, p. 22 n. 120 , la trouve invraisemblable (« es ist .. . ganz ungeheuerlich , daß ein Schriftsteller seine Angriffe auf einen schon vor zwei Jahrhunderten gestorbenen Privatman , mit dem Tode
sollte gebüßt haben ») et propose de la corriger en ¿ EENEYxoeis åvnupéon . On doit objecter
que le contexte chez Athénée suggère qu'il s'agit de beaucoup plus qu 'une simple réfutation. Zeller IV3, p. 373 n . 2, qui accepte le texte transmis, suppose que l'événement se situe sous la tyrannie d 'Aristion ( A 355) ou d 'Athénion (> A 485 ) à Athènes (vers 88a). Voir J.- L .
Ferrary , Philhellénisme et impérialisme, p . 481 n . 146 . Dans son édition des fragments de Démétrios de Magnésie, J. Mejer (« Demetrius of Magnesia : On poets and authors of the samename», Hermes 109, 1981, p . 457, sur le fr. 7) écrit à tort: « According to DL 10. 3 (...) Diotimus published a collection of lewd letters by Epicurus to Chrysippus and others » . Il semble y avoir là une confusion avec la phrase
suivante ou Diogene evoque un autre adversaire d ' Epicure : και ο τα εις Χρύσιππον
åvapepóUEVA ÉTiotóala áç 'Enllxoúpov OUVtágaç. (Mejer rapporte également de façon erronée la conjecture de Crönert : Égenerosiç åvevońon.)
RICHARD GOULET.
206 DIOTIMOS DES SÈMACHIDES
IIIa Épicurien athénien , du dème des Sèmachides, élève de Polystrate (?),men tionné par Philodème, PHerc. 1780 , à propos d'un pacte qu 'il avait établi avec
Dionysios de Lamptres sous l'archontat de Ménécratès: Érì Mevę[xpálto ]y ápxovtoç (220/19). Le pacte en question ne peut pas être mis en relation avec
886
DIOTIMOS DES SÈMACHIDES
les problèmes de succession au scholarcat; l'épisode laisse toutefois penser qu ' à cette époque Polystrate , le prédécesseur de Dionysios, était déjà mort. Cf.
A . Tepedino Guerra, CronErc 10 , 1980, p . 17 -24, et T . Dorandi, Cronologia , p . 50 . TIZIANO DORANDI.
207 DIOTIMOS DE TYANE Ce personnage, auquel est adressée la Lettre 48 d 'Apollonios de Tyane, est
vraisemblablement un disciple que lemaître avait obligé. PATRICK ROBIANO. Iva 208 DIOTIMOS DE TYR RE 21 DK 76 Démocritéen , cité par Aétius (II 17 , 3), dont la personnalité a été mise en lumière par H . Diels, DoxographiGraeci, p. 346 , qui l' a distingué de son homo nyme stoïcien (- D 205). R . Hirzel, « Der Demokriteer Diotimos » , Hermes 17 ,
1882, p. 326-328, l' a identifié avec le Diotimos mentionné par Clément d 'Alexandrie , Strom . II 130 (t. II, p. 184, 16 Stählin ) et avec celui que Sextus Empiricus, Adv.math. VII 140, présente comme un exposant de la théorie de la connaissance de Démocrite. A ces trois témoignages, rassemblés en DK 76 , on
peut en ajouter un quatrième en PHerc. 176 , fr. 5 , col. 26 , 10 sqq. (p . 52 Vogliano = Polyaenus, fr. 15 Tepedino ), et peut- être un cinquième en Philo dème, Tractatus, PHerc. 1418, col. 20 , 10 sq. (cette dernière identification est
due à M . Gigante, Scetticismo e Epicureismo. Per l'avviamento di un discorso storiografico, Napoli 1981, p . 84 sq. ; contra D . P . Fowler, OSAPh 2 , 1984 ,
p . 243).
Cf. H . von Arnim ,RE V 1, 1903, col. 1150, Gigante , op. cit., p . 82-85, et A . Tepedino Guerra ( édit.), Polieno. Frammenti,Napoli 1991, p . 152- 153, 193. TIZIANO DORANDI.
209 DIOTOGÈNE RE 10 Sous le nom de Diotogène sont transmis en dialecte dorien , chez Stobée IV 7 ,
61 e 62, deux fragments d 'un llepi Baodelaç, Sur la royauté, et chez Stobée III 1 , 100 ; IV 1 , 96 ; IV o1, 133, trois fragments d 'un Tepi dolÓTNTOS, Sur la to 8 52- et6 ; Sthénidas, Liège 1942 (contient de la Royauté d 'Ecphante, Diotogène l' édition , p . 37-45, la traduction, p . 52-56 , et un commentaire, p . 245-273) ; 2 H . Thesleff, The Pythagorean Texts, p . 71, 15 – 75, 16 . Datation : I-II selon
ns du sainteté (Thesl.). Éditions du Tepi : 1 L . Delatte ( édit.), Les Traités Dio Baoielas 5
Delatte 1 , p . 282-290 , notamment p . 285 ; IIIa selon 3 H . Thesleff, An Intro
duction to the Pythagorean Writings ofthe Hellenistic Period, Åbo 1961, p.65 70, 100-101, 109, 115. Éditionsdu lepi dolÓTTOÇ : Thesleff 2, p. 75, 17 - 77, 9 . Datation : Ina selon Thesleff 3 , p. 115, et 4 G . Giannantoni, « Il pensiero politico greco dopo Alessandro magno » , dans L . Firpo ( édit.), Storia delle idee politiche, economiche e sociali, vol. I, Torino 1971, p . 31. BRUNO CENTRONE.
887
DIPHILOS DU BOSPHORE
210
пта DIPHILOS RE 14 Philosophe stoïcien hétérodoxe, disciple d 'Ariston de Chios (~ A 397), mentionné en D . L . VII 161 (SVF I 333) .
Cf. H . von Arnim , art. « Diphilos » , RE V 1, 1903, col. 1155 ; K . Döring, Die Megariker, Amsterdam 1972, p . 145 et n . 4 .
D 'après le témoignage de D .L. VII 161, il est probable que Diphilos suivait les cours d'Ariston au Cynosarges, le gymnase où autrefois Antisthène
(» A 211) avait tenu école. Il était, en tout cas, un tel sectateur de son maître que, comme son condisciple Miltiade, on l'appelait « Aristonéen » .
CHRISTIAN GUÉRARD. 211 DIPHILOS RE 15
м Іта
Stoïcien mentionné comme père de Démétrios de Bithynie (- D 50 ), disciple de Panétius de Rhodes (mort vers 1104) et treizième homonyme de Démétrios de
Phalère (-- D 54) chez D . L . V 84. La chronologie semble interdire de l'identifier avec l'« aristonéen » de D . L . VII 161 (voir notice précédente), qui est probable ment un stoïcien du III° s . av. J.- C . RICHARD GOULET.
212 DIPHILOS, dit le Labyrinthe MII Personnage fictif, un des deux stoïciens présents au banquet donné par Aristénète à l'occasion du mariage de sa fille Cléanthis dans le dialogue satiri que de Lucien Le banquet ou Les lapithes 6 . Aristénète l'avait choisi, de préfé
rence à un autre stoïcien , Hétoimoclès, commemaître de son fils Zénon. Dans une lettre adressée à Aristénète et lue au banquet où il n 'avait pas été invité , Hétoimoclès reproche à Diphilos de lui avoir enlevé deux disciples et d ' être
l'amant de son élève Zénon, ce que semble confirmer par la suite le silence confus du maître et du disciple (§ 26 et 29). RICHARD GOULET.
213 DIPHILOS DU BOSPHORE RE 13
FIV - D III (?)
Philosophe mégarique (?). Son nom figure dans un passage de Philippe de Mégare (cité par D . L . II 113) qui énumère ceux que le mégarique Stilpon a enlevés à d'autres maîtres (en l'occurrence à un « dialecticien » , soit sans doute un mégarique, dont le nom est perdu) et s 'est attachés comme disciples. Telle est du moins l'interprétation de ce texte de Diogène Laërce, qui paraît corrompu , dans 1 K . Döring, Die Megariker, fr. 164 A , et commentaire , p . 145. Texte non corrigé chez 2 G . Giannantoni, SSR II O 3 (p . 450) ; critique de l'interprétation
de Döring et lecture différente du texte dans 3 M . Gigante , c.r. de Döring 1, PP 29, 1974, p. 292-293. Dans son argumentation destinée à établir l'existence d 'une École dialectique distincte de l'École de Mégare, 4 D . Sedley, « Diodorus Cronus and Hellenistic philosophy» , PCPHS 23, 1977, p. 75, attachebeaucoup
d 'importance à ce fr. 164 A : le fait que Diphilos et d 'autres aient été enlevés par Stilpon aux dialecticiens prouverait, selon lui, qu 'il est question ici de deux
888
DIPHILOS DU BOSPHORE
écoles rivales. En réponse à Sedley, 5 K . Döring, « Gab es eine dialektische Schule ?» , Phronesis 34, 1989, p. 293-310, fait notamment valoir la relativité de la notion d'école appliquée aux mégariques, qui n'étaient unis ni par des institu tions communes ni même par un ensemble clairement établi de dogmes, et refuse en conséquence de considérer les « dialecticiens» comme un groupe
distinct. ROBERTMULLER .
214 DISSOI LOGOI
Texte anonyme, publié pour la première fois par H . Estienne en appendice à son édition de Diogène Laërce ( 1 H . Stephanus, Diogeni Laertii Opera I, Paris 1570 , p.470 -482), sous le titre de Dialexeis. Dissoi Logoi, titre sous lequel on le désigne aujourd 'hui, ne sont que les premiers mots du texte transmis. Dans la tradition manuscrite qui nous est parvenue, les Dissoi Logoi appartiennent exclusivement aux manuscrits de Sextus Empiricus. Ce texte pose une série d ' énigmes, la plupart d'ailleurs liées entre elles :
l'auteur et la date à laquelle le texte fut écrit sont inconnus ; dans certains manuscrits , il ne comporte que quatre ou cinq chapitres, dans d'autres neuf, les chapitres supplémentaires étant dépourvus de la structure antilogique caracté ristique des premiers, de sorte qu'on a pu douter que le texte soit tout entier de même provenance ; écrit dans un dialecte dorien , il comporte cependant un nombre important d'ionismes et d 'atticismes, ce qui interdit une localisation certaine de son auteur; l'intention dans laquelle le texte futrédigé n'est pas plus déterminée : s'agit-il d 'un recueil d 'exercices, de notes prises aux leçons d 'un
sophiste , d'une compilation de « lieux » empruntés à différents auteurs, ou enfin
l'ouvrage obéit-il à un plan d 'ensemble ? Sur l'histoire des conjectures proposées pour résoudre toutes ces questions, on se reportera à 2 T . M . Robinson (édit.), Contrasting Arguments. An Edition of
the Dissoi Logoi by T. M . R ., New York 1979, réimpr. dans la coll. «Greek Texts and Commentaries» , Salem (New Hampshire) 1984, p. 1- 93. Postérieurement à cette édition , 3 T.M . Conley, « Dating the So -called Dissoi Logoi: A Cautionary Note » , AncPhil 5 , 1985, p. 59-65 , a contesté la datation
sur laquelle s'accordent aujourd'huiles commentateurs. L 'auteur écrivant, à pro pos de « la victoire des Spartiates sur les Athéniens» ; « je parlerai d'abord des
événements les plus récents » (1, 8 ), on en conclut généralement que le texte est écrit peu après la guerre du Péloponnèse , soit aux environs de 4008 . Mais Conley 3, p.62, observe que « la victoire des Spartiates sur les Athéniens » n'est que le premier d'une série d'exemples, qui va du plus récent au plus ancien, de
sorte que, à quelque date que l'auteur écrive, le premier est de toute façon le plus récent : même s 'il est réellement fait allusion à l' issue de la guerre du
Péloponnèse, le texte peut être écrit beaucoup plus tard. S 'appuyant sur le fait
que les Dissoi Logoi n'apparaissent dans aucun manuscrit antérieur à la fin du XVe siècle, suggérant que leur parenté avec les thèmes débattus dans la sophisti que, la philosophie et la littérature du V / va pourrait être d 'origine purement
DISTICHA CATONIS
889
livresque, T . M . Conley incline pour une date beaucoup plus tardive, jusqu 'à
l'époque byzantine,où de tels exercices pouvaient être pratiqués dans les écoles. Éditions. La première véritable édition critique est celle de 4 E . Weber, « Δισσοί Λόγοι : Eine Ausgabe der sogenannten Διαλέξεις » , dans Philolo gische-historische Beiträge C . Wachsmuth überreicht, Leipzig 1897, p . 33-51. Le texte standard a été ensuite pendant longtemps celui de 5 H . Diels, Die
Fragmente der Vorsokratiker, 5e éd ., Berlin 1935 (6e éd., « verbesserte Auf lage » ), hrsg. v. W . Kranz, t. II, p . 405-416 , et repris par 6 M . Untersteiner (édit.), Sofisti. Testimonianze e frammenti, fasc . III, Firenze 1954, p . 148 -191.
L' édition de référence est désormais celle de Robinson 2 , comportant texte et traduction (p . 96 -143), introduction (p . 1-93), commentaire (p . 147- 240 ), biblio
graphie (p . 240-248) et deux index (p . 249-257) . Traductions. Latine : J. North , dans 6 Th. Gale, Opuscula Mythologica Physica et Ethica , Cambridge 1671, 2e éd . Amsterdam 1688, p . 704-731, reprise
dans 7 J. A . Fabricius, Bibliotheca Graeca, t. XII, Hamburg 1724, p.617-635 ; 8 J. C . von Orelli, Opuscula Graecorum Veterum Sententiosa et Moralia 2 , Leipzig 1821, p . 210-233 ; cette traduction a été remaniée par 9 F . W .Mullach ,
Fragmenta Philosophorum Graecorum I, Paris 1875, p. 544-552. Allemande : 10 G . Teichmüller, Literarische Fehden im vierten Jahrhundert
vor Chr. 2 , Breslau 1884, p. 205-224. Italienne: 11 M . Timpanaro Cardini, I Sofisti, Bari 1954, p . 213-227 ;Unter steiner 6 .
Anglaise : 12 R . K . Sprague, « Dissoi Logoi or Dialexeis. Two- fold Argu ments » ,Mind 77, 1968, p. 155 - 167, reprise dans Ead. (édit.), The Older
Sophists, edited by R . K . S., Columbia 1972, p. 279 -293 ; Robinson 2 , p . 99- 143. Française: 13 J.-P . Dumont, « Les Double -dits» , dans Les Sophistes. Frag ments et témoignages, traduits et présentés par J.-P . D ., Paris 1969, p . 232-246 ; 14 J.- L . Poirier , « Doubles dits » , dans Les Présocratiques, p . 1167-1178 (cette traduction reste fondée sur le texte de Diels 5 ). Bibliographies. La bibliographie qui figure dans Robinson 2 peut être com
plétée à l'aide de 15 C . J. Classen , « Bibliographie zur Sophistik » , Elenchos 6 , 1985 (Dissoi Logoi: p . 112-113). MICHEL NARCY.
215 DISTICHA CATONIS Recueil anonyme comprenant des maximes morales, des sentences ou des proverbes, le plus souvent rédigés sous forme de distiques.
Éditions. 1 E . Baehrens, Poetae Latini Minores, t. III, Leipzig 1881, p .205 222 ; 2 J. et A . Duff, Minor Latin Poets, coll. LCL, Harvard University Press ,
1935, p . 585-639 (avec traduction anglaise ) ; 3 M . Boas (édit.), Disticha Catonis,
Amsterdam 1952 (importante pour le texte). Cf. 4 Fr. Skutsch, art. « Dicta Catonis» , RE V 1, 1903, col. 358 -370 .
890
DISTICHA CATONIS
Certaines de ces maximes sont connues dès le second siècle ,mais c 'est sur tout au IIIe siècle que l'ensemble prend forme et est attribué à Caton l’Ancien , en gardant le souvenir des instructions qu 'il adressa à son fils, à une époque où se
multiplient les æuvres apocryphes. Son influence fut extrêmement importante au Moyen Age où les Disticha sont lus, traduits et fréquemment imités ; c'est pourquoi la plupart des travaux portent actuellementsur leur présence et leur rôle durant cette période. Il paraît bien difficile de mentionner la philosophie devant ces sentences de proverbes ou ces maximes inspirées par la sagesse des nations : « Ne te soucie pas des propos des méchants » (III 2), « Cesse de craindre la mort » (I 3). Seul Skutsch 4 , col. 365, y a vu l'écho d 'une philosophie aux origines diverses :maxi mes des sept sages, stoïcisme, mais on pourrait aussi découvrir un épicurisme vulgarisé dans l'invitation à ne pas oublier les gaudia uitae par crainte de la mort. Et force est de reconnaître que cette sagesse philosophique, si elle a existé ,
s'est simplifiée et affaiblie au point d'être difficilement reconnaissable. MICHÈLE DUCOS.
216 DOGMATIQUES Le termene désigne pas une école dont lesmembres se seraient nommés eux mêmes ainsi,mais un ensemble de médecins post-hippocratiques, énumérés sous ce chef, par des auteurs plus récents, allant de Celse à Galien, en vue de les
opposer aux médecins empiristes,méthodiques ou pneumatiques. Sur l'ensem ble des médecins de la période hellénistique, voir 1 M .Wellmann dans F . Suse mihl, GGLA , t. I, p. 777-828 : Die Medizin bis in die zweite Hälfte des zweiten Jahrhunderts (1891), p. 777 -828 ; t. II, Leipzig 1892 : Die späteren Ärzte . Sur
l'école , voir 2 F. Kudlien, art. « Dogmatische Ärzte » , RESuppl. X , 1965, col. 179 -180 ; 3 Ph . Mudry , La préface du “ De medicina ” de Celse, coll. « Bibliotheca Helvetica Romana » , Institut suisse de Rome, 1982 : texte , trad. franç. p . 18 -23, comm . p . 83 -111 (la préface du De medicina est le premier témoignage sur la répartition des médecins en « écoles» ) ; 4 Ph . Mudry et J. Pigeaud (édit.), Les écoles médicales à Rome, Actes du IIe Colloque inter national sur les textes médicaux antiques, coll. « Public . de l'Univ . de Lau
sanne » , Genève 1991. Un trait commun à tous cesmédecins est d'avoir renoué le lien de la médecine et de la quolooyía , ce qui n 'exclut pas la diversité de leurs attaches théoriques (Ps.-Galien , Introductio ..., t. XIV , p .676 sq . Kühn ). Les noms qui reviennent le plus souvent dans les énumérations sont, par exem ple, ceux d'Hérophile , Philotime, Praxagoras, Érasistrate, Dioclès, Mnésithée, Dieuchès, Philistion , Pleistonikos (Galien , De meth. medendi, t. X , p . 27-28 Kühn ). Les cuvres sont perdues, il n 'en subsiste , au mieux, que des citations ou
des résumés faits par des auteurs plus tardifs,médecins ou encyclopédistes.
Repères bibliographiques. En plus des instruments traditionnels, on trou vera de précieuses et récentes indications interdisciplinaires dans la Lettre d 'information du Centre Jean Palerne, Université de Saint-Étienne, du nº I (nov.
1982) au nº XXI (décembre 1992) ; et la Newsletter éditée par la Society of
DOGMATIQUES
891
Ancient Medicine and Pharmacy (en 1991 : Department of Classical Studies,
Univ. of Pennsylvania, Philadelphia ), du n° 1 (juin 1978) au n° 17 (novembre 1989 (rééd . en 3 volumes), ... n° 20 (1992), avec un résumé des articles et livres recensés.
Recueils de fragments. Dioclès de Carystos : 5 M . Wellmann (édit.), Die Fragmente der sikelischen
Ärzte, Akron, Philistion und des Diokles von Karystos, Berlin 1901, 254 p .La datation de Dioclès au IVe s. av. J.-C . a été contestée par W . Jaeger, qui a cru pouvoir en faire un disciple d 'Aristote : cf. W . Jaeger, Diokles von Karystos,
Berlin 1938, 236 p. Mnésithée et Dieuchès: 6 J. Bertier (édit.), Mnésithée et Dieuchès, coll. « Philosophia antiqua » 20 , Leiden 1972 , XI-292 p . (introd., fragm ., trad. fr. et notes, index des citations).
Praxagoras de Cos: 7 F . Steckerl (édit.), The fragments of Praxagoras of Cos
and his school, ed . and transl. by F .S ., coll. « Philosophia antiqua» 8 , Leiden 1958 , VI-132 p .
Hérophile : 8 H . von Staden (édit.), Herophilus. The art ofmedicine in early Alexandria , ed., transl. and essays by H . v. S ., Cambridge 1989, 666 p . (la
seconde partie du recueil est consacrée aux hérophiléens). Érasistrate : 9 I.Garofalo ( édit.), Erasistrati fragmenta , coll. et dig . I. G ., coll. « Biblioteca di Studi antichi» 62, Pisa 1988, 215 p . (sans traduction ). Asclépiade de Bithynie : voir 10 R . Goulet, art. « Asclépiadès de Pruse » , DPA
A 450. Il n 'existe pas d 'édition récente des fragments. Voir 11 Ch .
Gumpert, Asclepiadis Bithyni Fragmenta , Vimariae 1794, 183 p. Pour une récente analyse, cf. 12 J. T. Vallance, The lost theory of Asclepiades of Bithynia ,
Oxford 1990, 176 p. Voir aussi 13 D . Gourévitch , « La pratiqueméthodique : définition de la maladie , indication et traitement» , dans 4 , p. 55 -59, qui présente une bibliographie asclépiadienne différente de celle de Vallance 12 , ce qui
montre bien l'état du chantier des recherches à propos des auteurs dès lors qu'il s'agit de fragments d ’æuvres perdues. Les Dogmatikoi et la philosophie. Dans l'histoire si complexe des rapports entre la médecine et la philosophie ancienne, il convient de retenir pour les auteurs cités plus haut la question controversée de la date de Dioclès et celle de
sa place virtuelle dans l'école d 'Aristote , ou encore celle des rapports de l'ensei gnement de Mnésithée avec le platonisme. En dépit des homologies et des
parallélismes conceptuels qui facilitent, au bon et au mauvais sens du terme, les passages d’un domaine à l'autre , la médecine n 'est pas la philosophie et les Dogmatikoi se situent d 'abord dans un champ hippocratique et cnidien sans la référence auquel bien des fragments importants n 'auraient aucun sens.Mais, s'il est vraisemblable que la philosophie de l'éducation prônée par Platon et Aristote a joué un rôle dans la médicalisation de la puériculture, inversement les progrès
de l'anatomie à l' époque alexandrine ont renouvelé pour longtemps les termes de la mise en facteurs de grandes questions philosophiques. Ainsi, l'anatomie du
DOGMATIQUES
892
système nerveux pour la représentation de la vision et celle des conditions de l'acte volontaire ; ainsi, les progrès de l' embryologie pour la question de l'ori gine de l'âme et pour celle de son unité : sur ce dernier sujet, voir 14 T.
Tieleman , « Diogenes of Babylon and Stoic embryology. Ps.-Plutarch, Plaſcita ) V 15 , 4 reconsidered » ,Mnemosyne 44, 1991, p. 106 - 125. JANINE BERTIER .
217 DOGMATIUS D 'après 1 P . Brown, The World of Late Antiquity , London 1971, p. 76 , fig . 54 , un buste de la fin de l'Antiquité, conservé dans la Collection Mansell, repré senterait ce philosophe inconnu par ailleurs.Nous n 'avonsmalheureusement pas pu retrouver la trace de ce portrait.
FRANÇOIS QUEYREL. 218 DOMITIO [S ]
époque impériale
Avec réserve , J . Baillet, Inscriptions grecques et latines des tombeaux des
rois ou syringes, Le Caire 1926 , fasc . 2, nº 1825, proposait la restitution x [uwv] à la suite de la signature Domitios, apposée dans le tableau de la Porte de l'Enfer du tombeau de Ramsès VI. Même si les cyniques furent nombreux à
visiter le monument, l'hypothèse est très hasardeuse : la longueur du mot ne peut être déterminée, car le texte peut s' être prolongé au -dessous du nom et avoir été
effacé par une gravure postérieure. L 'écriture, d' un style très courant, ne peut donner d 'indication sur la date de l'inscription. BERNADETTE PUECH .
DOMITIUS → FRONTON (DOMITIUS -)
219 DOMNINUS DE LARISSA RE 4 PLRE II :4
MV
Philosophe et mathématicien .
Le peu que nous savons de la vie de Domninus vient du milieu néoplatoni cien athénien : Marinus, dans son Proclus, et Damascius, dans sa Vita Isidori, sont les seuls auteurs à nous transmettre quelques maigres données à son sujet,
car il n 'y a rien à tirer de la Pseudo- Eudocie , Violarium , vi 331, p. 239, 6 - 10 Flach , faux de date récente qui remonte entièrement, par l'entremise de l'Onomatologos d'Hésychius de Milet, à Damascius. Par Damascius (V. Isid . éd .
C . Zintzen , Hildesheim , 1967, fr. 227, p . 191, 1- 9), nous apprenons qu'il était « professeur de philosophie (pinooogoc), syrien de race (Cúpos to yévoc ), de Laodicée et Larissa, ville de Syrie (από τε Λαοδικείας και Λαρίσσης πόλεως
Συρίας), eleve de Syrianus et condisciple de Proclus (μαθητής Συριανού και TOŨ Mpóxou ovu olmnths).» C 'est là à peu près tout ce que nous pouvons savoir de sa biographie, plus quelques anecdotes qui ont survécu dans le milieu néoplatonicien . Son lieu d 'origine, pour commencer, fait difficulté: l'étrange expression de
Damascius από τε Λαοδικείας και Λαρίσσης πόλεως Συρίας ( «[originaire)
DOMNINUS DE LARISSA
893
de Laodicée et de Larissa, ville de Syrie ») a souvent été interprétée comme indi quant qu'il serait né à Larissa, un faubourg de Laodicée , ville de Syrie ; malheu reusement, ce faubourg n 'est attesté nulle part et ce n 'est là qu 'une hypothèse ad hoc. Mieux vaut, avec 1 E . Honigmann , art. « Laodikeia » 1, RE XII 1, 1924 , col. 716 , 3-12 , comprendre qu' il vient de Laodicée et de Larissa , et qu 'une de ces deux villes est sa cité de naissance (Larissa en Thessalie), l'autre celle où il a
vécu (Laodicée, en Syrie, où Asclépiodote l'a rencontré, à la fin de sa vie, cf. infra). Concernant son origine, il y a quelque difficulté : Damascius le déclare « syrien de race » (voir aussi V. Isid . fr. 218, p. 183, 9 : tô Eúpw Aouvivæ , et 185, 4-5), alors qu 'une anecdote transmise par le même Damascius laisse enten dre qu 'il était juif : « L 'Asclépios d' Athènes prescrivit en songe le même traite ment à Plutarque d'Athènes et au Syrien Domninus, alors que ce dernier crachait souvent le sang et avait même reçu un surnom évoquant cette maladie [le sur nom n 'est pas attesté par ailleurs ), tandis que l'autre souffrait de je ne sais quelle maladie . Le traitement consistait à se goinfrer de viande de porc. Plutarque
n 'accepta pas ce traitement, bien qu 'il ne lui eût pas été contre -indiqué par les lois de ses ancêtres, mais s'éveillant de son sommeil et se mettant sur son coude ,
il regarda la statue d 'Asclépius (de fait il était en train de dormir dans l'enceinte du temple ) et lui dit : " Seigneur! Qu'aurais-tu ordonné à un juif qui souffrirait de cette maladie ? tu n 'aurais tout de même pas pu lui prescrire, à lui aussi, de se
goinfrer de viande de porc .” [...] Mais Domninus, sans respecter la loi syrienne ni suivre l'exemple de Plutarque, obéit au songe : il mangea alors – et il l'a toujours fait – de la viande (de porc ]. On raconte que, si jamais il laissait passer
un jour sans manger de cette viande, sa maladie l'attaquait inévitablement, jus qu 'à ce qu'il s'en goinfre » (V. Isid ., fr. 218 , p. 183, 8 -185, 8 : je suis le texte de Zintzen, qui a décelé dans le passage une « faute de Brinkmann » ). Pour que
l'historiette puisse s'appliquer à Domninus, il faut donc que Domninus ait été juif et que Plutarque l'ait su , et si Damascius l'appelle « syrien » à plusieurs reprises, c'est parce qu 'il savait qu'il avait vécu à Laodicée et qu'il en déduisait qu' il était syrien ; en outre , la prohibition de la viande de porc était quasi géné rale dans l’Orient sémitique. Je prendrais donc « syrien » pour un équivalent d'« oriental» . On a cependant mis en doute le fait qu 'il ait été juif, cf. 2 M . Stern , Greek and Latin Authors on Jews and Judaism , 2 vol., Jerusalem , 1974
1980, t. II, n° 549, p.675-678 : la mention de la prohibition du porc ne suffirait pas. Maintenant que, né à Larissa (en Thessalie ), il fût juif ne doit pas surpren
dre, puisque nous savons par Philon d 'Alexandrie (Legatio ad Gaium , § 281) qu 'il y avait des colonies juives en Thessalie, attestées d 'ailleurs par des inscrip tions grecques ( voir 3 Enc. Judaïca, s.v . « Greece» , VII, 1971, col. 868-871; sur
la colonie de Larissa, cf. 4 [F. Stählin ), art. « Larisa» 3 , RE XII 1, 1924,
col. 845-871, cf.en part.col.865, 17 sqq.). Qu 'il ait été élève de Syrianus et condisciple de Proclus, comme le dit Damascius (en s'appuyant probablement sur le récit de Marinus , Proclus 26 ; Proclus l'appelle lui-même, dans l’ In Tim . I, p . 110 , 1 ó étapos nuôv), va nous
fournir un repère chronologique: puisque nous savons que Syrianus enseignait
894
DOMNINUS DE LARISSA ca 430 -432 à Athènes, il sera donc né au plus tard ca 412 . Le texte cité plus haut de Damascius suppose une certaine intimité entre Domninus et Plutarque ; or
Plutarque s' était retiré depuis un certain temps de l'enseignement; nous suppo serons donc qu' il était depuis plusieurs années à Athènes, et donc qu'il était un peu plus âgé que Proclus. On peut sans doute le faire naître au début du ve siècle. Aucun indice ne permet de dater exactement sa mort : tout au plus doit-on supposer qu'il a vécu assez vieux, puisque Damascius décrit ainsi sa rencontre avec Asclépiodote (» A 453), à Laodicée (V. Isid . fr. 221), alors que ce dernier rentrait en Orientaprès ses études à Athènes: « Alors qu'il était déjà fort avancé en âge (npoysynpaxóti ), Asclépiodote , tout jeune homme (veøtepos ), le ren contra , dit-on ; il disait avoir vu un homme qui présentait quelque chose d'extra ordinaire et d' inflexible, qui ne voulait guère parler à ceux qui venaient le trou ver, familiers aussi bien qu 'étrangers , spécialement ceux qui se vantaient de
l'emporter en quelque chose ; quoi qu'il en soit, il [Asclépiodote ) s 'était com porté avec lui d'une manière très audacieuse, un jour que, discutant de quelque théorème d'arithmétique, en jeune homme qu 'il était, il n'avait pas voulu s'en tendre avec lui ni faire de concession ,mais qu 'il avait réfuté son argument avec tantde dureté , que désormais Domninus n'avait plus voulu le recevoir » (V. Isid .
228 ) ; or Asclépiodote est né au plus tôt ca 450 : on peut donc supposer qu'ils n 'ont pu guère se rencontrer avant ca 465 -470 et l'on peut sans doute placer sa mort ca 470 -475 . Marinus (Proclus 26 ) rapporte que, lorsque Syrianus mourut, il venait de proposer à Domninus et à Proclus le choix de l'auteur à expliquer en cours : ou les Poèmes orphiques ou les Oracles chaldaïques, Proclus choisissant les Ora cles et Domninus, les Poèmes orphiques. Ce même passage de Marinus présente une difficulté : le texte nomme Domninus plooóow xai diadóxw , et 5 Fr. Hultsch , art. « Domninus>> 4 , RE V 1, 1903 , col. 1521- 1525 (cf. 1522, 31-38) , a
déjà montré que cette expression était étrange dans le contexte d 'un ouvrage consacré à Proclus, qui est le seul Philosophe et diadoque au sens plein , sans compter qu 'il n ' y a pas de place dans la succession diadochale pour Domninus ;
mieux vaut supprimer ces mots et les considérer comme une interpolation : cf. 6 H . D . Saffrey et L .G . Westerink (édit.), Proclus, Théologie platonicienne, t. I, Paris, 1968, p .XVII-XVIII. De l’æuvre philosophique de Domninus on ne sait que très peu de choses : selon Damascius (V . Isid . fr. 227, 4 -8 ), « en ce qui concerne les doctrines philo sophiques, il était excessivement superficiel. C 'est pourquoi il avait détourné
avec ses propres opinions la plupart des doctrines de Platon. Etaprès les avoir notablement ruinées, il dut néanmoins rendre des comptes à Proclus, qui écrivit
contre lui un ouvrage entier, destiné, comme dit le titre, à purifier les opinions de Platon. D ' ailleurs dans son genre de vie , il n 'était pas non plus si bon qu 'on puisse l'appeler au vrai sens du terme philosophe.» On ne sait pas exactement en quoi consistait le dissentiment entre Proclus et Domninus sur l'interprétation de Platon : dans toute l'euvre de Proclus, on ne trouve que deux citations de
Domninus à propos d'une interprétation de Platon. Dans l’In Tim ., I, p. 109,30
DOMNINUS DE LARISSA
895
110 ,22 (interprétation physique du mythe de Phaéthon , explication évidemment
inférieure , aux yeux de Proclus, à l'interprétation ‘philosophique qui suit et qu 'il adopte ), et I, p. 122, 18 (où l'interprétation de Domninus, rapprochée de celle des uannuatixol, cette fois, n 'est pas rejetée). Sur ces faibles indices, on
peut estimer que Domninus avait cru pouvoir proposer des interprétations de
textes de Platon , qui tinssent compte des données scientifiques, et qu 'il avait écarté l' interprétation métaphysique néoplatonicienne, seule goûtée de Proclus :
c 'est bien ce que semble vouloir dire Damascius, quand il le traite de « super
ficiel» , évidemment parce qu'il n' était pas capable de comprendre la profondeur métaphysique des néoplatoniciens. On verra plus bas que ses ouvrages mathé
matiques semblent attester la mêmeattitude. Cependant, ce qui lui a assuré son renom ,même au sein de l'École néoplato nicienne, c 'est sa compétence en mathématiques. A preuve Damascius, V. Isid .
fr. 227 : « En matière de mathématiques, il s'y entendait» (voir aussi fr. 228). Nous avons précisément conservé quelques ouvrages de Domninus en ce domaine.
( 1) Toute sa réputation repose sur son Manuel d 'introduction à l'arithmétique (’Eyxelpídlov åplountians Eloaywrñs), petit ouvrage élémentaire d'arithmé tique, publié pour la première et unique fois par 7 J. F . Boissonade dans ses Anecdota Graeca , t. IV , Paris 1832, p. 413-429, pour lequel P . Tannery a publié des corrections dans 8 « Notes critiques sur Domninus » dans RPh 9 , 1885 ,
p . 129-137 (= Mémoires scientifiques, t. II, Paris/Toulouse 1912,p .211-222). Le même P . Tannery avait préparé une traduction française , qui a été publiée après sa mort (9 « LeManuel d' introduction arithmétique du philosophe Domninus de
Larissa » , REG 19, 1906 , p. 360 -382 = Mémoires scientifiques, t. III, Paris/ Toulouse 1915, p . 255- 281). L 'essentiel de notre appréciation de Domninus commemathématicien vient d ' un autre article de 10 P . Tannery (« Domninus de Larissa » , Bulletin des Sciencesmathématiques, 2e série, 7 , 1884, p . 288-298 =
Mémoires scientifiques, t. II, p . 105 -117), où Tannery montre l'originalité de Domninus, qui s'écarte clairement de Nicomaque de Gérase et de ses compli cations peu mathématiques, pour revenir à la tradition euclidienne. Il sera peut
être intéressant de rappeler ici que Proclus se croyait la réincarnation de l'âme de Nicomaque : on remarquera en tout cas que c'est la tradition nicomaquienne qui a triomphé dans l'École néoplatonicienne. Domninus a peut-être donc fait en mathématiques la même chose que ce qu 'il a fait dans le domaine de la philo sophie : il s'est notablement écarté de l'orthodoxie néoplatonicienne. La plupart
des histoires desmathématiques font une place à Domninus, sans aller beaucoup plus loin que Tannery (cf. par ex. Hultsch 5 , col. 1522-1525, qui donne un excellent sommaire ; 11 Th . Heath , A History of Greek Mathematics, Oxford 1921, t. II, p. 538 ; 12 P.H . Michel, De Pythagore à Euclide, Paris 1950, p. 126
128 et passim ); en dernier lieu, voir 13 J. Klein ,Greek Mathematical Thought and the Origin ofAlgebra, Engl. transl.,Cambridge (Mass.) 1968, p . 32- 36 ; voir encore 14 I. Bulmer- Thomas, art. « Domninus » , DSB IV , 1971, p . 159- 160 .
896
DOMNINUS DE LARISSA
( 2) On a conservé un autre court texte de Domninus intitulé « Comment tirer un rapport d 'un autre rapport» (Iloc éoti Nóyov Éx Nóyou åpeneīv), publié par 15 C . E . Ruelle et O . Riemann (« Texte inédit de Domninus de Larissa sur
l' arithmétique avec traduction et commentaire » , dans RPh 7, 1883, p. 82-92 (et un appendice mathématique, p. 92 -94 ); on trouvera dans Tannery 8 quelques
corrections à ce texte (Mém . scient., t. II, p. 220-222). (3) A la fin de son Enchiridion, Domninus annonce son intention de compo ser une 'Aplountix ) OTOlxeiwolç , qui sera particulièrement consacrée à la génération de chaque sorte de nombres (sujet également traité dans l’Intro duction de Nicomaque) ainsi qu 'à plusieurs sujets utiles à la compréhension de
Platon (l'écho de Théon de Smyrne est ici évident). On a supposé que le fragment cité en (2 ) pourrait provenir de cet ouvrage : conjecture invérifiable ,
puisque l'on ne saitmêmepas si l'ouvrage a été composé. On a voulu identifier Domninus avec deux autres personnages et l'on trouve
encore souvent des assertions qui dépendent de ces identifications sans aucun fondement, commeon va le voir. Depuis Fabricius-Harles, on veut quelquefois attribuer à Domninos un ouvrage d'optique intitulé (dans l'interprétation la plus vraisemblable) : “ De Damianos (édition ) d 'extraits des hypothèses optiques d'Héliodore de Larissa" ( 16 Damianos ' Schrift ueber Optik , éd . R . Schöne, Berlin 1897 ): en dehors du fait qu 'un des auteurs est originaire de Larissa, et d'une certaine similitude entre les deux noms, il n ' y a aucune connexion à établir entre Domninus et Damianos,
auteur du IVe siècle au plus tôt ( et peut- être même beaucoup plus tardif encore),
comme vient de le rappeler 17 W . Knorr, « Archimedes and the pseudo- Eucli dean Catoptrics. Early Stages in the ancient geometric theory of Mirrors », AIHS 35, 1985, p. 28- 105 (voir p. 89- 96 ). On rapproche, par ailleurs, souvent Domninus du maître de Gessius, men tionné chez Damascius, V. Isid ., § 335, p. 265, 8, “Domnos, médecin , juif” : sans
raison , puisque toute la base du rapprochement est le fait qu'il était juif et que les noms se ressemblent. Identification à refuser elle aussi, puisqu 'elle mène à
des impossibilités chronologiques : commentDomninus pourrait-il être le maître de Gessius, qui vivait au début du vie siècle ? ALAIN SEGONDS. 220 DOMNULUS RE 2
MF V
Ami de Sidoine Apollinaire qui, dans sa lettre dédicatoire de l'Épithalame philosophique composé pour les noces de Polémius [RE 5 ; PLRE II : ) et d'Ara néola (RE ; PLRE II : ), avant 460, se réclame de ce « questeur honoraire » (quaestorius vir), ainsi que de Magnus [RE 20 : PLRE II : ) et de Léon , pour affirmer que « la musique et l'astronomie (astrologia ), branches de la philo sophie qui viennent après l'arithmétique, ne peuvent en aucune façon être
rendues intelligibles» sans des termes grecs comme « centre, proportion, inter valles, inclinaisons et segments » (Carm . XIV , § 2 ).
897
DOROS L 'ARABE
Sidoine lui adresse de Lyon sa lettre IV 25 (que Loyen date de 469-470 ), alors qu'il séjournait dans les monastères du Jura (8 5 ), pour lui raconter l'élec
tion mouvementée du nouvel évêque de Châlon-sur-Saône, l'archidiacre Jean . Dans une lettre à Tonantius junior [RE 2) (IX 13, 4), datée par Loyen des années 479, Sidoine raconte comment, dans un repas donné par un ami, lui même et ses compagnons Domnulus, < Iulius> Severianus [RE 14 ] et Lampridius
[RE 2 ] (voir aussi sur ce personnage Epist. IX 13, 2 et 21; Carm . IX 314 ) improvisèrent des poèmes, chacun en vers d 'un type différent, sur un livre poétique de Petrus,magister epistularum de l'empereur Majorien (457-461). D 'après Loyen , la scène se passait à Arles (v . 114), siège de la préfecture du prétoire des Gaules , vers 459 (annonce de l'expédition d 'Espagne en 460 au v . 115 ?). Encore vers 480 -482 , dans une lettre de Sidoine ( IX 15) à Gélase (RESuppl.
VIII, n° 7f], les dons poétiques de Domnulus, comme ceux de Léon [RE 5 ] ( v. 20 ), de Consentius junior (v. 22), de Sévérianus (v. 37), de Pétrus (v. 40 ) ou de
Proculus (RE 22] (v. 45), sont célébrés (v. 38). Il y est présenté comme un « Africain avisé » (Afer vaferque). Domnulus est associé à Eusébius, probablement le professeur de philosophie de Sidoine et de Probus (Epist. IV 1, 1), dans la Vie de saintHilaire d 'Arles 14
(PL 50, 1859, col. 1231 C - 1232 A ): ejusdem praeclari auctores temporis, qui
suis scriptis merito claruerunt Silvius, Eusebius, Domnulus. A . Jülicher, art. « Domnulus» 2 , RE V , 1903, col. 1526 , le distingue du poète
(Fl.) Rusticus Helpidius (Domnulus) [RE Domnulus 1], dont le De Jesu Christi beneficiis est conservé. Cf. M .Manitius, Geschichte der christlich -lateinischen Poesie, bis zur Mitte des 8. Jahrhunderts, Stuttgart 1891, p. 237 et surtout 380 .
L ' article « Helpidius » auquel renvoie l'article « Domnulus» 1 semble absent de la RE. RICHARD GOULET.
221 DOROS L 'ARABE RE 7 PLRE II:
FV
Philosophe néoplatonicien d'origine arabe (Apoç ó årò tñs 'Apabíac), disciple d 'Isidore, qui le fit évoluer de l'aristotélisme dans lequel il avait été
formé depuis son enfance vers « le vaste océan de vérité» de la dialectique platonicienne, selon Damascius, Vie d 'Isidore, fr. 338 Zintzen = Souda A 1476 (ce passage est omis dans l'index nominum de Zintzen, s.v. “Dorus” ) .
Selon Michel Tardieu, Les paysages reliques. Routes et haltes syriennes d 'Isidore à Simplicius, coll. « Bibliothèque de l'École des Hautes Études –
section des Sciences religieuses » 94, Louvain /Paris (1990 ), p .28-29, plusieurs renseignements transmis par Damascius dans sa Vie d ’Isidore , concernant la ville de Bostra en Arabie ( son histoire, l'étymologie de son nom et les noms des dieux locaux ), auraient été communiqués par Doros l’Arabe, rencontré à l' occa sion d'une visite de Damascius et d ' Isidore à Bostra (voir Epit. Phot. 196 - 198 et le fr. 342 Zintzen ).
898
DOROS L 'ARABE Un extrait de l' Epitomè Photiana (§ 131) raconte la descente du “philosophe"
Doros et de Damascius [ - D 3 ] (et non d ’ Isidore , comme l'écrit PLRE) dans le
Ploutônion du temple d'Apollon à Hiérapolis (auj. Pamukkale ) en Phrygie . Sur cet épisode, voir Tardieu , op. cit., p. 152 -153. RICHARD GOULET. M III 222 DOROTHÉOS D ' A [MISJOS é ien s Académic , disciple d'Arcésila ( A 302), mentionn dans l’Ind . Acad.
Herc . de Philodème, col. 20, 40 (= Arcésilas, T 1b 70 Mette ): Awpódeos ’ A [uijon ]vós. TIZIANO DORANDI.
223 DOROTHÉOS DE TELPHOUSA RE 16
ІІІa
Académicien, disciple d'Arcesilas (- A 302), mentionné dans l'Ind. Acad. Herc. de Philodème, col. 20, 8 sq. (= Arcésilas, T 1b 65 Mette ). Cf. H . von Arnim , REV 2, 1905 , col. 1571.
TIZIANO DORANDI. DOROTHEUS → HIERAX (SILVANUS DOROTHEUS - )
224 DOSITHÉOS RE 7
FIV -D II
Une lettre d 'Épicure , écrite à l'occasion de la mort d 'un certain Hégésianax, était adressée à Dosithéos, le père d'Hégésianax, et à Pyrson , qui était le frère du disparu. Dosithéos pouvait n'être qu 'un sympathisantproche du Jardin .La lettre est mentionnée par Plutarque, Non posse suaviter vivi secundum Epicurum , 20 ; 1101 a -b (fr. 46 Arrighetti?, fr. 167, p. 120 Usener). Épicure attribuait la volonté de supprimer les peines, les larmes et les lamentations à la mort des êtres chers sous prétexte d' atteindre à l'impassibilité à un mal encore plus grand : la cruauté ou la recherche de la notoriété. Cette lettre que l'interlocuteur de Plutarque,
Aristodème, avait lue peu de temps auparavant en parcourant la correspondance d'Épicure (Tàç ÉTlotolàs ... AŭtoŨ ), était également gravée sur la stoa de Diogène d'Oinoanda (- D 141), comme l'a récemment révélé la découverte d'un nouveau fragment : NF (-New Fragment') 110. Voir M . F . Smith , « Eight new fragments of Diogenes of Oenoanda » , AS 29, 1979, p .69-89, notamment p. 79-81. Le fragment porte maintenant le numéro 128 dans la nouvelle édition
de M . F . Smith (édit.), Diogenes ofOinoanda. The Epicurean inscription . Edited with Introduction , translation , and notes, coll. « La Scuola di Epicuro » Suppl. 1, Napoli 1993. Contre la suggestion de Smith de rattacher également à cette lettre
les NF 3 et 24 , voir D . Clay, « The philosophical Inscription of Diogenes of Oenoanda : New Discoveries 1969- 1983» , ANRW II 36 , 4, 1990 , p. 2542-2543.
Sur le NF 110 , voir encore l’Épilogue rédigé par Clay en 1980, p. 2550. Pour l'emplacement de la lettre parmi d'autres lettres d'Épicure reproduites sur le
mur, voir Clay, p . 2477, fig . 7 . La citation de Diogène d'Oinoanda (le nom de Dosithéos apparaît en II 1 : Awol[Dec]) permet de trancher entre les leçons des manuscrits de Plutarque, qui ont Ewoldeov et Aoolokov (Pohlenz, demême que B . Einarson et Ph .H . De Lacy, avaient choisi Ewoldeov).
899 DOURIS DE SAMOS [Trois témoignages sur des lettres d 'Épicure à Pyrson ou Phyrson sont conservés (fr. 93
95 Arrighetti2).Dans le fr. 95 (Philodème,Mepà evoeßelas, p . 125 Gomperz ), on apprend que Phyrson était de Colophon (Tipos P [updow [va ) tov Koło [ÓVLOV ]) . La lettre mentionnée
dans le fragment 93 était datée de l'archontat d 'Ar[ist]onymos (289/8 selon Dorandi), celle mentionnée dans le fragment 94 de l'archontat de Diotimos (285 /4 ).
S . F.]
RICHARD GOULET.
225 DOSSENNUS RE Dossennus est l'un des personnages de l'atellane avec ses traits caracté ristiques : bossu, gourmand, parasite . Il n 'aurait ainsi rien à voir avec la philo sophie si Sénèque ne mentionnait dans l'une des Lettres à Lucilius (89, 6 ) la « sagesse » ( sophia ) de Dossennus avec l'inscription figurant sur son tombeau : « Arrête -toi, étranger, et lis la sagesse de Dossennus » .
Ce n 'est pas seulement le contraste entre l'épitaphe de style populaire et le terme grec qui suggère une sagesse d'origine philosophique, un examen plus précis du personnage laisse penser qu'il représentait une caricature de philosophe (cf. G . Manganaro , « La “ sophia ” di Dosseno », RFIC 37 , 1959, p. 395 -402), et plus
précisément d' un épicurien , même s'il se réduisait à une forme sommaire, à l'invitation à profiter du plaisir,bien différente des thèses du Jardin . Cf. F . Skutsch , art. « Dossennus », RE V 2, 1905, col. 1609-1610 ; P. Frassi
netti, Fabula Atellana. Saggi sul teatro popolare latino,Genova 1953. MICHÈLE DUCOS.
226 DOURIS DE SAMOS RE 3
IV -III
Auteur polygraphe, en particulier un des principaux historiens hellénistiques ;
élève sans doute de Théophraste (Athénée IV 1, p. 128 a = FGrHist 76 T 1, selon une correction vraisemblable de Coraïs ; conjecture différente suggérée par 1 G . Kaibel [édit.), Athenaei Naucratitae Dipnosophistarum libri XV , coll. BT, I,
Leipzig 1887, p. 291), comme le fut son frère le prosateur et comique Lyncée (Avyzeúc), qui concourut victorieusement avec Ménandre (ca 342/ 1– 292/1 ; né en 342/1, Épicure , synéphèbe de Ménandre, vécut jusqu 'en 271/0), auquel il consacra un livre , et composa aussi des ouvrages gastronomiques, ainsi qu 'un
recueil d'anecdotes et de bons mots. D 'après Athénée VIII 18, p. 337d (= FGrHist 76 T 2) et la Souda, s.v. AvyxeùÇ Eaulos, A 776 , t. III, p. 292 Adler (selon A . Adler , tiré de l'épitomé d'Hesychius de Milet), qui indiquent également que Lyncée fut un élève de Théophraste (cf. Athénée III 58 , p. 100 e ; IV 1, p . 128 a ; 5, p. 130 d) et nous apprennent que Douris était son frère, Douris aurait exercé la « tyrannie » à Samos. Sur la question de critique textuelle, posée – ce qu 'on semble oublier souvent – par FGrHist 76 T 1, seul témoignage exprès de l'appartenance de Douris au Péripatos, voir 2 H . Adams, « Die Quellen des Diodoros im sechzehnten Buche» , JKPh 33, 1887 , p . 370
n . 25 ; 3 A . Dalby, « The Curriculum Vitae of Duris of Samos» , CQ 41, 1991, p. 539-541, qui invoque de faux arguments contre le texte de Coraïs. Pour plus de détails sur Lyncée de Samos, cité de nombreuses fois chez Athénée, voir FHG , t. II, p . 466 n . 1 ; 4 Susemihl, GGLA, t. I, p . 487 -490 , 880 -882 ; t. II, p . 749 ; 5 A . Körte ,
900
DOURIS DE SAMOS
art. « Lynkeus» 6 , RE XIII 2 , 1927 , col. 2472-2473 ; FGrHist613 F 4 ; 6 L . Ferrero , « Tra
poetica ed istorica : Duride di Samo» , dansMiscellanea diStudi alessandrini in memoria di A. Rostagni, Torino 1963, p . 71-75 ; 7 R . Kassel et C . Austin (édit.), Poetae Comici Graeci,
t. V , Berlin /New York 1986 , p. 616 -617 ; 7a H .-G .Nesselrath , Die attische Mittlere Komödie. Ihre Stellung in der antiken Literaturkritik und Literaturgeschichte, coll. « Untersuchungen
zur antiken Literatur und Geschichte » 36 , Berlin /New York 1990, p. 66 -67 (et n. 6 ), 165- 168; 8 W . W . Fortenbaugh et al. (édit.), Theophrastus of Eresus. Sources for his Life, Writings,
Thought and Influence, coll. « Philosophia Antiqua» 54, 1-2, Leiden /New York /Köln 1992, 18, 10 (t. I, p.68-69), dans la liste des élèves et auditeurs de Théophraste , d 'où, sans doute en
raison de l'article de Dalby 3,le nom de Douris est désormais absent, alors qu'Hippolochos y figure sous le n° 9 .
Pour une discussion des problèmes soulevés par la chronologie de Ménandre, qui fut l'élève de Théophraste, lui aussi , ainsi qu 'un ami de Démétrios de Phalère (D . L . V 36 et 79 = Théophraste 18 , 12, t. I, p . 68 -69 Fortenbaugh 8 ; Démétrios fr. 57 Wehrli), voir 9 F . Jacoby, Apollodors Chronik , coll. « Philologische Untersuchungen >> 16 , Berlin 1902, p . 358- 361
(fr. 77) ; 10 Id ., FGrHist 244 F 43 et Komm ., p . 734-736 . D 'après le comput alexandrin rapporté par IG XIV 1184, Ménandre serait né sous l'archontat de Sosigénès (342/ 1) etmort,
à l'âge de 52 ans, sous celui de Philippos, dans la 32e année de Ptolémée fer. On a daté l'archontat de Philippos de 293/2 (Jacoby 9 , p . 360 ; 11 A . Körte, art. « Menandros » 9 , RE XV
1, 1931, col. 708 -709 ; 12 A . Lesky, Geschichte der griechischen Literatur, 3e éd., Bern / München 1971, p . 718-719 ; 13 A . W . Gomme et F. H . Sandbach ,Menander. A Commentary,
Oxford 1973, p . 1 ; etc.) ou de 291/0 (Jacoby 10, loc. cit.); mais les spécialistes de la chrono logie des archontes athéniens le placent aujourd'hui en 292/ 1 ; cf. déjà 14 K . J. Beloch ,
Griechische Geschichte, t. IV 1, 2e éd., Berlin /Leipzig 1925, p.499 ; t. IV 2, 1927, p. 53-54 ; puis, par exemple, 15 B . D .Meritt, « Athenian Archons 34776 -48/7 B . C . » , Historia 26, 1977, p. 172 ; 16 Chr. Habicht, Untersuchungen zur politischen Geschichte Athens im 3. Jahrhundert v. Chr., coll. « Vestigia » 30 ,München 1979, p. 27. Pour la chronologie d ' Épi
cure, voir Jacoby 9, p. 354-358 (fr. 76) ; Id . 10 , F 42 et Komm., p . 733-734 ; 10a T. Dorandi, Ricerche sulla cronologia dei filosofi ellenistici, coll. « Beiträge zur Altertumskunde >> 19 , Stuttgart 1991, p . 45-47.
Témoignages et fragments. 17 J. G . Hulleman, Duridis Samii quae super sunt, Utrecht 1841; 18 C . Müller, FHG , t. II, p. 466 -488 (avec traduction latine) ; 19 F. Jacoby, FGrHist 76 (Text : t. II A , p. 136 -158 ; Kommentar :t. II C , p . 115 - 131 ; addenda et corrigenda : t. II B (Texte ), p. 1234 ; III B , p. 745-746 ,
750 ); cf. H .J. Mette, Lustrum 21, 1978, p. 13-15; 27, 1985, p. 36 . Cf. Susemihl 4, t. I, p. 514 , 585 -592 ; t. II, p. 677 -678, 736 ; 20 C . Wachs
muth, Einleitung in das Studium der alten Geschichte, 1895, p. 101-102, as hreinLeipzig
543-546, Ed. "Schwartz hichtsc 38 , RE VV 1,1, 1903, TZ 583 22 , ;p.2127 .2; Duris » 3,, art. Ree«scDiodoros» 1903 col.687
688 , repris dans 22 Id ., Griechische Geschichtschreiber, 2e éd., Leipzig 1959 , p . 71-72 ; 23 Id ., art. « Duris » 3, RE V 2, 1905, col. 1853 -1856 , repris dans
Schwartz 22, p. 27-31 ; 24 R . Schubert, Die Quellen zur Geschichte der Diado chenzeit, Leipzig 1914 ; 25 W . von Christo- W . Schmid (-0 . Stählin ), Geschichte
der griechischen Litteratur, t. II 1,München 1920, p. 205-206, 208-209, 214, 217, 235 ; 26 M .J. Fontana, « Le lotte per la successione di Alessandro Magno dal 323 al 315 » ,AAPal, ser. IV , 18 , 2 (1957/8), Palermo 1959 -1960 , p. 249-250 ,
253-258 ; 27 J. P. Barron , « The Tyranny of Duris of Samos » , CR 12, 1962, p . 189- 192 ; 28 H . Berve, Die Tyrannis bei den Griechen, Darmstadt 1967, t. I,
p. 423-424, 448, 456, 488-489, 498 ; t. II, p. 720, 728, 744-745 ; 29 KI.Meister, Die sizilische Geschichte bei Diodor von den Anfängen bis zum Tod des Agatho
DOURIS DE SAMOS
901
kles. Quellenuntersuchungen zu Buch IV -XXI, Diss. München 1967, p. 12-14 ; 30 Id., Die griechische Geschichtsschreibung. Von den Anfängen bis zum Ende des Hellenismus, Stuttgart/Berlin /Köln 1990 , p . 95- 100, 222 -223 ; Lesky 12 , p . 1008 s. v . « Duris von Samos» ; 31 L . A . Okin , Studies on Duris of Samos,
University of California , Los Angeles, Ph . D ., 1974, Ann Arbor 1983 (biogra phie , le milieu péripatéticien , les ouvragesmineurs non -historiques, mythologie et religion , les Eauiwv * 2poi); 32 R . B . Kebric , In the Shadow ofMacedon : Duris of Samos, coll. « Historia. Einzelschriften » 29, Wiesbaden 1977 (c. r. par
33 J. Malitz , Gnomon 52, 1980 , p . 384-386 ) ; 34 F . Wehrli, dans GGP, Antike 3, p . 556 -558 ; 35 J. Seibert, Das Zeitalter der Diadochen , coll. « Erträge der
Forschung » 185, Darmstadt 1983, p . 9 - 19 ; 36 G . Shipley, A History of Samos, 800 - 188 BC, Oxford 1987, p . 175 - 181, 277, 308 -309, 311, 338 s. v . « Douris
(1)» ; 36a H .-D . Richter, Untersuchungen zur hellenistischen Historiographie .
Die Vorlagen des Pompeius Trogus für die Darstellung der nachalexandri nischen hellenistischen Geschichte (lust. 13-40 ), coll. « Europäische Hochschul schriften » II 333 , Frankfurt a .M ./Bern /New York/Paris 1987, p . 38 -42 et
passim ; 37 J. A . López Férez (édit.), Historia de la literatura griega,Madrid 1988, p. 908 , 914 -915 , 943; 38 P . Pédech , Trois historiens méconnus. Théo
pompe-Duris-Phylarque, « Collection d 'Études anciennes» 119, Paris 1989, p. 9- 15 , 257 -389 ; 39 O .Lendle, Einführung in die griechische Geschichts schreibung. Von Hekataios bis Zosimos, coll. « Die Altertumswissenschaft» , Darmstadt 1992, p . 181- 189, 298 ; 39a B . Meißner, Historiker zwischen Polis und Königshof. Studien zur Stellung der Geschichtsschreiber in der griechischen
Gesellschaft in spätklassischer und frühhellenistischer Zeit, coll. « Hypomne mata » 99, Göttingen 1992, passim .
Bibliographies. Historique de la recherche dans Seibert 35, p . 9 - 19 ; cf. 40 Id., Untersuchungen zur Geschichte Ptolemaios' I., coll. « Münchener Beiträge zur Papyrusforschung und antiken Rechtsgeschichte » 56 , München
1969, p . 58. Pour une rapide information bibliographique surtout récente, voir 41 S . N . Consolo Langher, « La vicenda storiografica e letteraria di Duride di
Samo. Poetica e teoresi storica » , Studi Tardoantichi 2 , 1986 (= Hestiasis. Studi di tarda antichità offerti a Salvatore Calderone 2), p. 347- 348 , n . 3 ; Meister 30 ,
p. 222-223. 42 J.M . Alonso-Núñez, « Historiographie hellénistique pré-poly bienne» , REG 102, 1989, p . 162, 164- 165, présente de graves lacunes et nombre
d'inexactitudes. Vie . Ce que l'on sait de la vie de Douris, qui, lui-même, déclarait descendre d'Alcibiade (Plutarque, Alcib . 32, 2 = FGrHist 76 T 3 ; F 70 ; cf. 43 Davies, APF, p . 19 ; Okin 31, p . 6 -15 , 248 - 254 (n . 3- 46 ) ; Shipley 36 , p . 124 n . 56 ) – rappelé de l'exil par la flotte athénienne, Alcibiade vint à Samos en 4119 – , en
fait se ramène à peu de chose . Les Modernes font naître Douris entre ca 3500,
terminus extrême pour un élève de Théophraste ( scholarque depuis 322a), et ca 330a, soit dans la période du long exil des Samiens: entre ca 3508 et 340a (Fontana 26 , p . 253-254 ; 44 E . Manni, « Timeo e Duride e la storia di Aga
tocle » , Kokalos 6 , 1960, p. 168- 169, 171, repris dans 45 Id., Elxenixà rai
902
DOURIS DE SAMOS
'Itarixá. Scritti minori di storia antica della Sicilia e dell'Italia meridionale ,
coll. « Supplementi a Kokalos» 8, Roma 1990, t. II, p.526 -527, 529), ca 3402 (Müller 18, t. II, p. 466 ; Susemihl 4, t. I, p . 585-586 ; Wachsmuth 20, p. 543;
46 R . Schubert, Geschichte des Agathokles, Breslau 1887, p. 13 ; 47 Id ., Geschichte des Pyrrhus, Königsberg 1894, p. 11; Beloch 14 , t. IV 1, p. 479 ; Lesky 12, p. 861; Wehrli 34, p. 556 ; 48 F . W . Walbank, dans CAHP, t. VII 1, 1984 , p . 3 ;Meister 30 , p. 96 ; etc .), ca 330a (Kebric 32, p. 4 ; Shipley 36 , p. 178).
Jacoby 19,Komm ., p. 115 : « das geburtsjahr ist nicht zu errechnen » . L 'installation de clérouques athéniens à Samos, après que Timothée se fut emparé de l'île en 366 /5 (Beloch 14 , t. III 2 , 1923, p . 246 : début 365 /4 ), avait entraîné l'expulsion des
Samiens. La restauration définitive des exilés ou de leurs descendants n 'eut lieu qu 'en 322/ 1, quand Perdiccas, assumant en fait la fonction de prostatès des « rois » successeurs d 'Alexan
dre, appliqua la décision de ce dernier - postérieure sans doute au décret plus général de l'été 324a sur le retour des bannis -, qui rendait expressément Samos aux Samiens , clérouque athénien , Néoclès, père d ' Épicure, dut quitter alors l' île avec sa famille et trouva refuge à
Colophon . Cf. 49 J. K . Davies, « The Date of IG 112 1609 » , Historia 18, 1969, p . 328 -331 ;
50 J. Seibert, Die politischen Flüchtlinge und Verbannten in der griechischen Geschichte, coll. « Impulse der Forschung» 30, Darmstadt 1979, p . 125 -126 , 145 , 158- 160, 164 - 169, 488
489,507-508, 513-516 ; Seibert 35, p. 96 - 98 ,251; Shipley 36 ,p. 138-143, 168. Se fondant en particulier sur certains textes épigraphiques samiens, dont un décret proposé, sans doute vers la fin du IVe siècle avant J.-C ., par Lysagoras, fils de Kaios ou Skaios (51 Chr. Habicht, « Samische Volksbeschlüsse der helle nistischen Zeit», MDAI(A ) 72 , 1957, p. 190 - 192, nº 23) et comme tel appa remment un – second – frère de Douris (Barron 27 , p. 191), Kebric 32, p. 3-4 , suggère de situer en Sicile (Héraclée Minoenne) le séjour d'exil de la famille de Douris. Une statue, vue à Olympie par Pausanias (VI 13, 5 -6 = FGrHist 76 T 4 ), commémorait la victoire que – sous réserve toutefois d 'une restitution différente du texte , gâté, de Pausanias - Skaios (Kaios), fils de Douris - ce dernier étant
selon toute apparence le grand -père, homonyme, de l'historien (Schwartz 23,
col. 1853), et Skaios (Kaios) son père -, avait remportée, durant la période de l'exil, aux Jeux Olympiques en pugilat dans la catégorie « jeunes» ; c'est, tou jours avec la même réserve, aussi chez Pausanias (loc. cit.) que se trouve la
seule allusion à une tyrannie exercée à Samos, dans la période postexilique, par Skaios (Kaios) déjà , que Barron 27 , p. 191, et Kebric 32, p. 4, font naître ca
360/50 , pendant l'exil. Nous avons suivi l'interprétation du texte gâté de Pausanias (loc. cit.), communément admise aujourd 'hui dans les travaux sur Douris. C 'est la confrontation avec l'inscription publiée par Habicht qui a encore amené à remplacer, dans Pausanias, le « Skaios » , plus que centenaire,de Schubart-Walz (correction de xai os, après omans; l'anthroponyme Skaios est bien attesté ) par « Kaios » , plus proche de xai ôc (Barron 27 , p . 190 ) ; mais, selon Habicht 51, p . 191 et 271, le « Kaios » épigraphique serait originellement « Skaios » , avec chute de l'ini tiale par haplographie après Avoayópas, et pour O . Masson , que nous avons pu consulter à ce sujet, un nom grec Katos n 'existerait pas, forme accueillie maintenant toutefois par
52 P . M . Fraser et E .Matthews ( édit.), A Lexicon of Greek Personal Names, t. I, Oxford 1987, p . 242. D 'après la lecture du passage de Pausanias adoptée par 53 M .H . Rocha -Pereira ( édit.), Pausaniae Graeciae Descriptio , coll. BT, t. II, Leipzig 1977 (2e éd . 1990 ), p . 107, qui semble ignorer entièrement les remarques critiques de Schwartz 23, col. 1853, Jacoby 19, Text, T 4 , et Barron 27 - même reproche à adresser à 54 F . Eckstein (édit.), Pausanias, Reisen in
903 DOURIS DE SAMOS Griechenland.Gesamtausgabe in drei Bänden auf Grund der kommentierten Übersetzung von Ernst Meyer hrsg. von F . E ., t. II, Darmstadt 1987, p. 108 et 287 n . 43 -, l'athlète victorieux aurait été, au contraire, le futur historien Douris lui-même et non Skaios ou Kaios, ce nom
disparaissant d 'ailleurs complètement du texte à la suite de la suppression de xai ôc. Dans le même sens, xai os ayant aussi été corrigé en tats , voir déjà , parmi d 'autres, Müller 18 , t. II,
p . 467, qui n 'écarte toutefois pas la possibilité d 'une mention de Skaios comme père de
Douris ; Susemihl 4 , t. I, p. 586 et n . 323 (avec la bibliographie encore plus ancienne) ; Schubert 47 , p. 11 ; 55 H . Hitzig (édit.), Des Pausanias Beschreibung von Griechenland. Mit
kritischem Apparathrsg . von H . H .,mit erklärenden Anmerkungen versehen von H .H . und H . Blümner, t. II 2, Leipzig 1904, p. 486 -487, 594, et, plus récemmentencore, Christ-Schmid 25, t. II 1, p . 208 ; 56 L . Moretti, « Olympionikai, i vincitori negli antichi agoni olimpici » , MAL ser. VIII, 8, 2, 1957, p . 128 (n°471).
La date à laquelle Douris séjourna à Athènes pour y suivre l' enseignement de Théophraste est incertaine. On manque également de toute précision sur la tyrannie de Douris et celle de son père (Okin 31, p. 32 -59 ) ; après s' être trouvée
sous la dépendance des Antigonides sans doute depuis ca 320a (Okin 31, p. 255 257 (n . 55 ]: ca 314a), Samos passa sous l'autorité de Lysimaque (ca 2958 ?), puis, après Couroupédion (2814), aux mains des Lagides. On ignore notamment à quelle date et dans quelles circonstances Douris, l'aîné sans doute des fils de Skaios (Kaios), devint tyran à son tour ( continuité de régime ?), et quelles ont pu être les conséquences à Samos de l'écrasement des Antigonides à la bataille d 'Ipsos (3014), donnée souvent comme terminus post pour l'accession de Douris
à la tyrannie : Susemihl 4 , t. I, p . 586 ; Wachsmuth 20, p . 543-544 ; Christ Schmid 25 , t. II 1, p. 208 ; Beloch 14, t. IV 1, p. 479 ; Habicht51, p. 156 ; Ferrero
be
6 , p. 76 -77 ; 57 J. P. Barron, The Silver Coins of Samos, London 1966 , p. 136 138 , 140 ; Pédech 38, p. 264 ; etc. Alors que Kebric 32, p.6-9, placerait volon tiers le début de la tyrannie de Kaios dans les années consécutives au retour d 'exil des Samiens, la faisant durer jusqu' au moins vers la fin du siècle , Shipley 36 , p. 178 -181, date les deux tyrannies de la période lysimaquéenne. Il paraît
peu probable que Douris eûtpu exercer ou conserver la tyrannie sous la domi nation lagide. La date de sa mort est inconnue ; terminus post: la fin de Lysima que, avant-dernier des Diadoques, tué à la bataille de Couroupédion , en 2818 ( F 55 J.). Douris ne figure pas parmiles Maxpoblol. Sur l'histoire de Samos au début de l'époque hellénistique, voir aussi Okin 31, p . 36 - 37, 41-44 , 255-257 (n . 55), 272-276 (n . 140 - 143) , 282- 285 ( n . 188 -205 ) ; 58 W . Transier, Samiaka. Epigraphische Studien zur Geschichte von Samos in hellenistischer und römischer Zeit, Diss . Mannheim 1985, p . 19 -26 , 163- 166 . Admettant que Douris et Lyncée ont été condisciples à l'école péripatéticienne - hypothèse qui n 'a pas de fondement suffisamment solide dans les textes d 'Athénée allégués – et que, fils du tyran de Samos protégé par les Antigonides, ils n 'ont pas dû venir à Athènes avant la chute du régime oligarchique de
Démétrios de Phalère (317-307), patronné par Cassandre , et la « libération » de la ville par Démétrios Poliorcète (3074), arguant en plus de ce que Lyncée connaît, pour y avoir participé, des événements gastronomiques athéniens postérieurs à 307a (banquet d'Antigonos aux
Aphrodisies, festin offert au Poliorcète par sa maîtresse Lamia ), Kebric 32, p. 5 -6, suppose
que les deux frères sont entrés au Lycée entre 304a et 302a. Plus attentif aux détails de la datation supposée du numéraire samien qui révèle Douris, qu'on identifie avec l'historien , comme « magistrat monétaire » (Barron 57 , p . 125 , 132 , 217 ; pl. XXV, 4 ; p. 138, 214 : « c. 300 » ; 122 , 139- 140 : « ? 306 /5 »> ; Okin 31, p . 24 -26 , 46 -48 ), mais sans cependant exclure,
il est vrai,une date plus basse , différente de celle de Barron, Shipley 36 , p . 178, suggère appa
904 DOURIS DE SAMOS remment de placer le séjour athénien de Douris, alors « probably in his late teens» , sous le
gouvernement encore de Démétrios de Phalère. Concluant à une date de naissance haute de Douris , Fontana 26 , p . 253 et n . 22 , pour prétendue cause de déclin du Lycée sous les Antigo
nides, ne prend en considération que la première moitié du scholarcat de Théophraste, avant 307 /6 ; admettant la même limite inférieure pour des raisons politiques,Manni 44, p. 168- 169,
marque une préférence pour l'époque de Démétrios de Phalère, favorisée aussi par Okin 31, p . 23 -24 , 63, 172 , qui n 'écarte toutefois pas la période 307 - 301. Ferrero 6 , p . 75 , ne descen
drait pas au delà des premières années du gouvernement de Démétrios de Phalère . On a
supposé que Douris etLyncée ont été en contact avec Épicure (Kebric 32, p . 20, 27, 42). Le contexte général dans lequel Plutarque, Démétrios 27, 3, évoque le banquet offert par Lamia, capturée dans le butin que Démétrios avait fait à Chypre (3062), et décrit dans une
épître dînatoire de Lyncée à Hippolochos de Macédoine (Athénée III 59, p. 101 e ; IV 1, p. 128 a-b ), suggère de placer l'événement dans la période d 'avant Ipsos, la date précise de
304/3 indiquée par Okin 31, p. 17, 20, 172 et 258 (n. 58) n ' étant cependant pas la seule possi ble ; 59 U . von Wilamowitz-Moellendorff, « Lesefrüchte » , Hermes 44, 1909, p . 472, avançait
toutefois une date de peu postérieure au retour d'Athènes, en 294a (Habicht 16, p. 1-8), sous la domination de Démétrios Poliorcète . Quant au banquet d 'Antigonos aux Aphrodisies,
décrit également dans une lettre de Lyncée à Hippolochos (Athénée III 59, p . 101 e -f; IV I , p . 128 b ) et évoqué bien fugitivement par Kebric 32 , p . 5 , il doit s 'agir d 'Antigonos Gonatas ;
il semble donc qu 'il n ' ait pu avoir lieu que dans la période 294 -287 (date encore plus basse chez Okin 31, p . 260 -261, n . 72 ) ; cf. Habicht 16 , p . 72 -73. Alors que l' épître en question ne
date pas nécessairement du vivant de Théophraste (aliter, Habicht 16 , p. 73), à l' époque du banquet de noces du Macédonien Karanos, décrit dans une épître d'Hippolochos à Lyncée et ignoré de Kebric , Lyncée était auditeur de Théophraste (Athénée IV 5 , p . 130 d = Théophraste
76 , t. I, p. 134 -135 Fortenbaugh 8 ; Okin 31, p. 18 et 259 n . 66 : après ca 3004).
Euvres. L 'æuvre littéraire de Douris ne subsiste plus que dans des frag
ments ; plus de la moitié de la centaine de textes réunis par Jacoby 19 provient de Plutarque, d 'Athénée et de scholies. Homme de lettres et d 'action d 'une curiosité multiple, nourri du brillant héritage culturel de Samos et conduit à l'érudition par la fréquentation de l'école péripatéticienne, Douris, outre ses
ouvrages historiques, a produit des écrits divers, particulièrementmal connus, sur la littérature (Problèmes homériques, Sur la tragédie , Sur Euripide et Sopho cle ), les arts plastiques et les artistes, la musique ( si tant est que le titre lepi
vouwv (F 27 J.) se rapporte à l'histoire des modes musicaux et des instruments correspondants plutôt qu 'aux lois et aux coutumes), les jeux et les concours
(årõveç). Dans son æuvre historique majeure , les MaxEDOVLXá, désignée également sous le titre d '' Iotopiai, voire d''EXnvixá , et qui débutait, en
370/69 – une année après l' effondrement de l'hégémonie spartiate à Leuctres (371a) -, de toute apparence par la mort d'Amyntas III de Macédoine, père de Philippe II (FGrHist 76 T 5), la même année voyant aussi la fin du roi de Sparte
Agèsipolis II et celle de Jason de Phères, Douris racontait, en plus de 23 livres, l'histoire de la conquête macédonienne et des Diadoques, quasiment tous des Macédoniens, l'événement le plus récent auquel un fragment de l'euvre (F 55 J .) fasse allusion étant la mort de Lysimaque (2814) ; on admet que l'ouvrage s 'arrêtait à la guerre entre Séleucos jer et Lysimaque ou au meurtre, en 2818 également, de Séleucos, dernier survivant des Diadoques, mais on ne peut
exclure entièrement la possibilité qu'il englobait encore l'histoire de Pyrrhus, mort en 272a, à partir de son « passage » en Italie , en 280a (Schubert 47 , p. 13 ,
49 ; Jacoby 19 , t. II C , p. 116 -117 , 133). Une monographie d 'au moins 4 livres
DOURIS DE SAMOS
905
était consacrée à l'histoire d'Agathoclès, le fameux roi-tyran de Syracuse (317 289). A côté de la grande histoire, la chronique locale était représentée par les Eauiwv ' S2pol, en au moins 2 livres, dont le contenu ne se limitait toutefois pas étroitement à Samos (histoire athénienne, Alcibiade, etc .) ; cf. FGrHist III b
(Text), p.456 -457. Sur les sources d'information possibles de Douris, cf. Kebric 32, p. 36 -48, 74-75, 79 ; Richter 36a, p. 39-40 ; Pédech 38 , p. 275-277, 302-304, 338 - 346 , 366 - 367. Douris n 'a pas uniquement exploité une documentation livresque, fournie par ses prédécesseurs ; il a pu, pour
narrer l'histoire contemporaine, être à la source des événements. On admet aujourd'hui en général que les Maxedovixá sont antérieures à l' « Histoire » de Hiéronymos de Cardia,
censée être l'ouvrage le plus important et le mieux documenté sur l'époque des Diadoques (et Epigones), à laquelle l'auteur fut intimement mêlé, aux côtés de plusieurs protagonistes, et qu 'il aurait décrite en réaction contre Douris; mais l'antériorité – partielle, le cas échéant - de Hiéronymos, soutenue jadis par C . G . F . E . Rössler (1876 ), Susemihl 4 , t . I, p . 562, 589-590 ,
Wachsmuth 20 , p. 583, Schubert 24 , p. 96 -97 , 286 , et d 'autres, a encore été défendue assez récemment par Fontana 26 , p . 334 -335 . Cf. Kebric 32 , p . 46 -48 ; Seibert 35 , p . 3 - 4 , 7, 11- 13 ;
Richter 36a, p. 39-40 ; Pédech 38 , p . 344 -346 . Quant à l'histoire d 'Agathoclès, elle a inspiré, outre Douris , trois autres historiens contemporains, tous Siciliens, eux , à savoir Antandros, le
frère du tyran (FGrHist 565), Callias de Syracuse, qui appartenait à son entourage et écrivit tout à sa louange, en 22 livres (FGrHist 564), ainsi que Timée (5 livres), ennemipersonnel du
tyran et son détracteur passionné (FGrHist 566 ) ; cf.Meister 29, p. 131-133 ; Richter 36a, p . 89 -94. La suggestion d'attribuer à Douris le P . Oxy. 2399, publié en 1957 , n ' a pas trouvé
une grande audience ; cf. Kebric 32, p . 70 -71; 60 M . A . Cavallaro , « Un “ tendency"
industriale e la tradizione storiografica su Agatocle» , Historia 26, 1977, p . 53-59. Le péripa téticien Phainias d'Érésos, contemporain de Théophraste, fut l'auteur d 'un Nepi tõv Év
Elxeria tupávvwv (fr. 11- 13 Wehrli). Vieille de plus d 'un siècle et demi et traitée déjà assez largement dans les
dissertations, aujourd'hui plus que centenaires, de A. Haake (Bonn 1874), puis de A . F. Roesiger (Göttingen 1874) et de C .G . F. E. Rössler (Göttingen 1876 ), la question de savoir dans quelle mesure les écrits historiques de Douris ont pu être utilisés, directement ou à travers des intermédiaires, par des auteurs postérieurs , encore conservés , Diodore de Sicile (XV -XXI (XXII ]) et Plutarque (Vies de Périclès, Alcibiade, Lysandre, Agésilas, Démosthène, Alexandre, Phocion , Eumène, Démétrios Poliorcète , Pyrrhus) en particulier, mais aussi Cornélius
Népos (Vies de Phocion et d ’Eumène), Trogue Pompée - Justin , Quinte -Curce, Arrien , Polyen , Pausanias, etc., a suscité une bibliographie volumineuse ; pour plus de détails, voir Schubert 46 , p.21-25 ; Schubert 47, p. 12- 13 ; Schubert 24 , p . 285 -288 ; Susemihl 4 , t. I, p. 589-590 ; Wachsmuth 20 , p. 101-102, 543-544 , 582; 61 H . Berve, « Die Herrschaft des Agathokles» , SBAW 1952, 5 , p. 4-21;
Meister 29, p. 133 -136 ; Kebric 32 , p. 13, 22 -23, 53, 55 -67, 70 -79 ; 62 P . Goukowsky ( édit.), Diodore de Sicile, Bibliothèque Historique. Livre XVIII. Texte établi et traduit par P . G ., CUF, Paris 1978 , p . IX -XXIV ; 63 J. Hornblower,
Hieronymus of Cardia , Oxford 1981, p. 295 (General Index, s.v. « Duris of Samos » ) ;64 G . Forni et M .G . Angeli Bertinelli, « Pompeo Trogo come fonte di
storia », ANRW II 30 , 2 , 1982, p. 1330- 1343 ; Seibert 35 , p. 3, 6 -7, 10 -14, 32 -37 ,
40 -53, 267 ; Richter 36a ; Pédech 38, p. 302-304, 351-359. Parmiles Vies de Plutarque, celle de Démétrios est censée s'inspirer toutparticulièrement des Maxedovixá de Douris, et l'on a relevé qu 'une destinée aussi théâtrale que celle du
906
DOURIS DE SAMOS
Poliorcète, alternant les succès éclatants et les défaites lamentables dansune suite pathétique, convenait admirablement à la vision proprement dramatique que Douris avait de l'histoire ; cf. Kebric 32, p . 55 -60 . Quant à la question des sources de Diodore , on a largement accepté l'idée qu 'il a eu recours à l'ouvrage correspondant de Douris pour l'histoire d'Agathoclès,
aux livres XIX -XXIde la Bibliothèque, Timée étantsa source accessoire (Haake; Wachsmuth 20 , p. 101, 544 ; Schwartz 21, col. 687 -688 ; Jacoby ; Pédech , etc.) ; on a également soutenu que Timée était la source principale , Douris restant source secondaire (Schubert 46 , p. 14 - 15 ,
23 ; Berve; Meister 29, p. 134-165, 192-197 ;65 Meister, dans CAHP, t. VII 1, 1984, p. 384, 574 -575 ; 66 Id., « Agatocle in Diodoro : interpretazione e valutazione nella storiografia moderna» , dans67 E . Galvagno et C .Molè Ventura (édit.), Mito - Storia - Tradizione. Dio doro Siculo e la storiografia classica. Atti del Convegno Internazionale Catania -Agira 7- 8 dicembre 1984, coll. « Testi e Studi di storia antica » 1, Catania 1991, p . 187 - 192 ; Walbank 48, p. 3 ; etc.). Les autres scénarios imaginés comportent un partage différent des sources (Callias, abrégé, et surtout Timée, selon R . Laqueur) ou supposent une source directe unique de Diodore , à savoir Douris (Roesiger), Antandros, Timée (68 L . Pearson, The Greek Histo
rians of the West. Timaeus and His Predecessors, coll. « Philological Monographs of the American Philological Association » 35 , Atlanta 1987, p. 225-259, 272) ou un écrivain intermédiaire (Silénos, Agatharchide, etc .) ayant utilisé lui-même un ou plusieurs des auteurs contemporains d 'Agathoclès, dont, le cas échéant, Douris ; pour plus de détails , cf.Meister
29, p. 133-134 ; Kebric 32, p. 75 ; 69 S. N . Consolo Langher, « Il problema delle fonti di Diodoro per la storia di Agatocle. Diodoro e Duride» , dans E . Galvagno et C . Molè Ventura
67, p. 153-156 (Diodore s'inspirerait principalement de Douris). Admettant que le récit de Diodore est essentiellement tiré de Douris, Pédech 38 , p . 303 -304, reproche à Meister, tout
comme à Laqueur, dontMeister 29, p . 15 -19, critique d'ailleurs la méthode, d'attribuer à Diodore une oscillation perpétuelle entre deux sources, « comportement étranger à tout auteur de bon sens » ; cf. déjà Schwartz 21, col.688. Les hypothèses selon lesquelles Diodore se serait inspiré des MaxedOvixá de Douris pour la totalité ou une partie de l'histoire des
Diadoques, aux livres XVIII-XXII (Roesiger ; Rössler ; Susemihl 4 , t. I, p . 562, 589-590 ; Fontana 26 , p. 284), généralement considérée comme « hiéronymienne » – selon Beloch 14,
t. IV 2, p. 5, Douris serait un des auteurs qui ont conflué dans la synthèse opérée par la source directe de Diodore (Agatharchide ?) -, voire pour l'histoire d ' Alexandre le Grand, au livre
XVII (Ed. Meyer (1888 ]; Fontana 26 , p. 284), ou pour les livres XV ou XVI (Haake ; A .Momigliano (1932]),ont, en définitive, rencontré beaucoup moins d'audience que la thèse de l'utilisation de l'« Agathoclès» de Douris par Diodore ; cf. 70 J. Seibert, Alexander der Große, coll. « Erträge der Forschung » 10 , Darmstadt 1972, p. 28, 243; 71 P. Goukowsky ( édit.), Diodore de Sicile, Bibliothèque Historique. Livre XVII. Texte établi et traduit par P . G ., CUF, Paris 1976 , p . XVIII et n . 3 ; Goukowsky 62, p. XIII-XIV ; Kebric 32 , p .60-66 ;
72 T. Alfieri Tonini, « Problemi di fonti nei libri XVI e XVII di Diodoro » , dans E .Galvagno et C . Molè Ventura 67, p. 65 -75. 73 A . M . Prestianni Giallombardo, « Diodoro, Filippo II e
Cesare » , ibid ., p. 37-43, suggère Douris comme source de la partie finale de Diodore XVI.
Philosophes et autres sages n'ont pas dû manquer de retenir l'intérêt d 'un historien marqué par le péripatétisme, qui, attentif aux caractères et sentiments des personnages, à leur comportement et leur attitude en face des vertus et des
vices, affectionnait les détails anecdotiques et, curieux de « Kulturgeschichte », s'égarait volontiers dans des digressions de toutes sortes (y compris récits étiolo giques et allusions aux fables et aux mythes),multipliait les remarques érudites, les citations, les dictons et les proverbes, etc . Si les fragments de Douris nom ment Thalès, Pittacos, Bias, Cléobule (D . L . I 22 , 74 , 82 , 89 = F 74 -77 J.; 74 B .
Gentili et C . Prato (édit.), Poetae elegiaci. Testimonia et fragmenta, coll. BT,
t. II, Leipzig 1985, p. 31: Pittacos, Test. 3; p. 46 : Bias, Test. 1),ainsi que Phéré cyde de Syros, Pythagore, la gloire de Samos, et son prétendu fils Arimnestos (D .L . I 119- 120 et Anth . Pal. VII 93; Porphyre , V. Pyth. 3 = F 22 -23 J., attribués
DOURIS DE SAMOS
expressément aux Eauiwy
907
poi; DK 7 A 1, p . 44 , 9; 36 B 4, p . 380, 11- 16 ;
14 , 6 , p. 98 , 6 -17), il s'agit, à l'exception d ’Arimnestos, de figures que l'on
comptait au nombre des Sept Sages (cf. D .L . I 41-42 = DK 10 , 1, p.61, 14- 30 ; Hermippe fr. 6 Wehrli), souvent évoqués dans les travaux biographiques de
l'école d'Aristote et dont la désignation ne faisait d'ailleurs pas toujours l'unani mité ; divers péripatéticiens ont parlé plus particulièrement de Pythagore. Au sujet de Démétrios de Phalère, auquel l'opposaient sans doute aussi des raisons
d'ordre politique, Douris (Athénée XII 60, p. 542 b -e = F 10 J.; Démétrios fr. 34 Wehrli) rapporte , en les tons les plus vifs, les prodigalités, le luxe et la luxure de l'ancien élève de Théophraste, expression de son intempérance naturelle (ÉUQUtoç åxpaola ). On reconnaît chez Douris également une tendance à la détraction tant à l'égard de Socrate (D . L . II 19 = F 78 J.) - Démétrios de Phalère , au contraire, consacra une ’Anooyia à Socrate (fr. 91-98 Wehrli) – que de Platon (Proclus, In Tim ., t. I, p . 90 , 20 -26 Diehl = F 83 J.), qui rappelle
Aristoxène (cf.Wehrli 34, p. 542); le fragment F 72 J. (Athénée XI 111, p . 504 b ) pourrait se situer dans un même ordre d 'idées. D . L . I 22 (F 74 J.; DK 11 A 1, p .67, 7 -15 ; cf. FGrHist III b , Text, p. 403, 408 ; Noten, p . 242 n. 47-48) cite Douris, à côté d'Hérodote et de Démocrite, au nombre des auteurs attribuant à Thalès une ascendance phénicienne (Agénor, Cadmos ; 75 R . B . Edwards, Kadmos the Phoenician , Amsterdam 1979, p . 92 - 93, n . 84 ; 76 M . A . Tiverios, art. « Kadmos » I, LIMC
V 1, 1990 , p . 863-882) ; pour les questions soulevées par ce texte , cf. 77 E . Zeller et R .Mondolfo, La filosofia dei Greci nel suo sviluppo storico, t. I 22, Firenze 1950 , p . 103 n . 1 ; 78 Guthrie , History, t. I, p. 50 ; 79 A . Maddalena (édit.), Ionici. Testimonianze e frammenti. Introduzione, traduzione e commento a cura di A . M ., Firenze 1963, p . 18 -21 ; 80 C . J.
Classen, art. « Thales» 1, RESuppl. X , 1965, col. 930 -931 ; Okin 31, p. 176 - 179. Quant à Pittacos et Cléobule (F 75, 77 J.), Douris leur connaît respectivement une origine thrace et carienne ; pour Bias (F 76 J.), cf. Okin 31, p. 194, 196 , qui donne toutefois une importance exagérée à la question des influences étrangères sur la pensée grecque (p. 194 -197). Les notices de Douris sur Pythagore portaient la marque de son patriotisme local (81 W . Burkert,
Lore and Science in Ancient Pythagoreanism , Cambridge (Mass.) 1972, p . 105 et n. 39 ; p. 112 n. 14 ).Dans l'épigramme qu'il disait apparemment être l'épitaphe de Phérécyde, celui ci célèbre le génie de son élève Pythagore (F 22 J.; 82 M . Timpanaro Cardini (édit.), Pitagorici. Testimonianze e frammenti, t. I, Firenze 1958, Pyth . 8, p. 20 ; 83 H . S. Schibli, Pherekydes of Syros, Oxford 1990, F 57, p . 162 ; Schibli, p. 12 , attribue les hexamètres à Douris lui-même); pour la question du rapport entre Phérécyde, qu'une tradition faisait mourir à Samos, et Pythagore , cf.Schibli 83, p. 6, 11- 13, 15 n. 5 (p. 16 ) et p. 106 , 126 - 127, 131, 179. Évoquant l'offrande consacrée dans l'Héraion de Samos par Arimnestos, fils de Pythagore, au retour de son exil, Douris rapportait l'épigrammedédicatoire (F 23 J.; Timpa
naro Cardini 82 , t. I, Pyth. 6 , p. 28 ; 84 D . L . Page ( édit.), Further Greek Epigrams, Cam bridge 1981, anon . CI, p. 405 -406 ) ; en présentant Arimnestos commemaître de Démocrite , il
rattachait ce dernier au pythagorisme (cf.Guthrie 78, t. II,p. 387 ; Zeller etMondolfo 77, 15 , a cura di A . Capizzi, Firenze 1969, p. 153- 154 ; Burkert 81, p . 530 s.v. « Democritus : and the
Pythagoreans » ). Sur Arimnestos et en particulier le prétendu plagiat, par le musicologue Simos (DK 56 , 2 ; Timpanaro Cardini 82, t. II, 1962 , p .436 -439 ), d 'une des oogial pytha goriciennes inscrites à l' origine sur l' offrande (rôle de Douris dans l' élaboration de la tradi tion ?), voir Burkert 81, p . 529 s. v. « Arimnestus>> ; Okin 31, p . 203- 206 ; 85 B . Centrone, art. « Arimnestos >>, DPLA A 333 . Pour certains, tels 86 E . Diehl, art. « Ion » 11, RE IX 2, 1916 ,
col. 1867, et 87 K . von Fritz , art. « Pherekydes» 4, RE XIX 2, 1938, col. 2027,Douris (F 22 J.) aurait également rapporté les distiques élégiaques (éviter le terme d' « épigramme» !) d 'Ion de Chios, évoquant un personnage, que D . L . I 120, qui les cite , identifie à Phérécyde, et
Pythagore (= DK 36 B 4, p. 380 , 17-21 ; Timpanaro Cardini82, t. I, Pyth. 8, p. 20 ;Gentili et
908
DOURIS DE SAMOS
Prato 74, t. II, p .66 -67: Ion fr.4 ; F 56 Schibli; cf. Okin 31, p. 201; Schibli 83, p. 12). A propos de l'explication d 'un proverbe que les uns mettaient en rapport avec Pythagore ou un autre Samien de ce nom , et qui a pu figurer chez Douris même, la tradition parémiographique citait l'historien (Proverb. cod . Paris. suppl. gr. 676 = F 62 J.) pour avoir évoqué les aven tures du jeune athlète Pythagoras de Samos, remportant, aux Jeux Olympiques, la victoire en pugilat dans la catégorie « hommes » après avoir été écarté du concours des jeunes» ; malgré l'apparence, il n ' y a pas unanimité sur la question de savoir si Douris et Ératosthène, qui indiquait la 48e olympiade, soit 5884, comme date de l' événement (Cod. Paris. suppl. gr. 676 ,
loc. cit.; D .L . VIII 47, citant Favorinus, fr. 27 Mensching, 59 Barigazzi: FGrHist 241 F 11 a. b ), ont également identifié l'athlète cité à propos du proverbe au philosophe; cf. 88 G . H . Förster, « Die Sieger in den olympischen Spielen » I, dans Progr. Gymn. zu Zwickau, 1890
1891, Zwickau 1891, p. 7 (nº 92); 89 R . Laqueur, « Zur griechischen Sagenchronographie » , goras» 1 (A ),RE XXIV , 1963, col. 184-185 ; 91 K . Ziegler, art. « Pythagoras» 2,RE XXIV , 1963, col. 300-301; 92 E.Mensching (édit.), Favorin von Arelate. Der erste Teil der Frag
Hermes 42, 1907, p. 531-532 ;Moretti 56 , p. 68 -69 (n° 88 ); 90 K . von Fritz, art. « Pytha
mente :Memorabilien und Omnigena Historia , hrsg . und kommentiert von E . M ., coll. « Texte
und Kommentare » 3, Berlin 1963, p. 47, 87, 110 -114 ; 93 A . S. F.Gow and D .L . Page (édit.), The Greek Anthology. Hellenistic Epigrams, t. II, Cambridge 1965, p. 524 (Theaet. VI, ap . D . L . VIII 48 ) ; 94 A . Barigazzi (édit.), Favorino di Arelate . Opere. Introduzione, testo critico e commento a cura di A . B ., Firenze 1966 , p . 221- 223 ; Burkert 81, p. 110 et n . 5 ; Okin 31, p . 197 -200 ; 95 A . A . Mosshammer, The Chronicle of Eusebius and Greek Chronographic
Tradition , Lewisburg/London 1979, p. 117 et 283; Page 84 , anon. XCIII (ap. D . L . VIII 49), p. 398. La datation, très haute, du philosophe Pythagore qu 'impliquait l'identification de
l'olympionique de 588a au philosophe n'a en tout cas pas été acceptée par Apollodore (Jacoby 9, p. 37, 218, 222-223 ; Jacoby 10, Komm ., p. 806 ); elle est aussi inconciliable avec
l'assertion de Douris faisantdeDémocrite un élève d'Arimnestos. Sur la tendance du curieux fragment F 78 J. (= 96 J. Overbeck [édit.), Die antiken Schrift quellen zur Geschichte der bildenden Künste bei den Griechen , Leipzig 1868, réimpr. Hildesheim , texte n° 913 ; 97 G . Giannantoni, SSR , t. I, fr . ID1, p . 212 ) qui rapporte que Socrate aurait été esclave et tailleur de pierre (Guthrie 78 , t. III, 1969, p . 378 et n . 2) , voir 98 O . Gigon , Sokrates. Sein Bild in Dichtung und Geschichte , Bern 1947 , p. 105 - 110 ; 99 Id .,
« Antike Erzählungen über die Berufung zur Philosophie »,MH 3, 1946 , p. 8-9. On se méfiera
en particulier d'une idée chère à Kebric 32, p. 69 n. 10 (cf. p. 22 n. 27, p. 78 ), teintée d 'une certainemodernité, à savoir que des notices biographiques de ce type sont signe d'une attitude favorable de Douris envers « greatmen who had overcome theirmodest beginnings » , dans le même sens que Kebric, Consolo Langher 69, p. 159. Dans le cas d'Eumène, mis spécialement
en vedette par Kebric , Hornblower 63, p.66 -69, 154, 160 (n.239), 163, 235 , attribue au contraire à Douris des sentiments hostiles à ce Diadoque ; cf. Adams 2, p. 374 ; 100 E . M . Anson , Eumenes of Cardia , University of Virginia , Ph . D ., 1975, Ann Arbor 1986 , p. 77 n . 9 , fait la part du goût du sensationnel et du napádoEov et des narrations théâtrales chez Douris ;
cf. Cavallaro 60 , p. 42 et n. 38, p. 47-50 ; Consolo Langher 41, p. 379-380. Pour les origines de Démétrios de Phalère, voir Wehrli 34 , p. 559. Quant aux notices de Douris sur Platon , d 'après Proclus, Douris (F 83 J.) et Callimaque (fr. 589 Pfeiffer) auraient refusé au philosophe
des compétences en matière de critique des poètes ; affirmant au contraire l'excellence de Platon comme juge de l'art poétique, Proclus évoque, sous forme d'une citation d 'Héraclide
du Pont, l'admiration que Platon portait au poète Antimaque de Colophon, qu'il aurait préféré à Choirilos de Samos – alors en pleine renommée - et dont il aurait fait recueillir à Colophon les œuvres par Héraclide (Héraclide fr. 6 Wehrli; Antimaque, Test. 1 Wyss ; Gentili et Prato
74 ,t. II, p. 108 -109 : Ant., Test. 3 ; 100a Lloyd- Jones et Parsons, Supplementum Hellenisticum 328, p. 151 (Choerilus Samius); 100b A . Bernabé ( édit.), Poetarum Epicorum Graecorum
Testimonia et Fragmenta , coll. BT,t. I, Leipzig 1987, p. 189 : Choiril., Test. 9). Cf. Ferrero 6 , p. 85-96 (l'auteur seméprend toutefois sur une partie du contexte proclien ); 101 R . Pfeiffer, History of Classical Scholarship . From the Beginnings to the End of the Hellenistic Age, Oxford 1968, p.93-94, 136 ; Okin 31, p. 54 -56 ; 102 Riginos, Platonica, p. 167-168, 179, 199 ,
909 DOURIS DE SAMOS 202, 205-206, 212. Selon Pfeiffer 101, loc. cit. - cf. déjà Schwartz 23, col. 1854 -, ce serait l'engouement de Platon pour Antimaque qui aurait suscité les critiques de Callimaque (et de Douris ), alors qu 'en réalité , d 'après les déclarations expresses de Proclus, In Tim . (21 b 7 -d 3 ), t. I, p . 90 , 16 - 19 Diehl (cf. In Remp., t. I, p . 43 , 10 - 13 ; 65 , 1 - 15 Kroll) , c 'est l' éloge des
poèmes de Solon dans le Timée qui est en cause, et que l'admiration de Platon pour Antimaque est précisément l'argument opposé par Proclus aux détracteurs du philosophe. Sur
l'allusion de Douris (F 72 J.) à la fréquentation constante par Platon des Mimes – en prose – de Sophron de Syracuse, cf. Ferrero 6 , p . 78 -85 ; Pfeiffer 101, p . 265 ; Riginos 102, p . 174 ,
176 , 178 - 179 , 199 -200 (n . 5 ), 202, 205 -206 , 209. Il y a lieu de se demander dans quelle
mesure les jugements critiques de Douris sur Platon reflétaient l'enseignement péripatéticien.
Dès l'Antiquité, Douris a été critiqué pour sa tendance à la broderie tragique et sa recherche des peintures théâtrales et des épisodes dramatiques chargés de sensation (T 7 et 8 ; F 36 , 66 ,67, 70 J. [Didyme, Plutarque, Photius]) ; cepen dant, Cicéron le qualifiait de « homo in historia diligens» (T 6 ; F 73 J.). A l' époque moderne, si Beloch 14 , t. IV 1, p. 480, compte au nombre des plus remarquables réalisations de l'historiographie antique l'œuvre du Samien , qui a d 'ailleurs dû pouvoir bénéficier de son expérience d'homme politique et d 'une connaissance immédiate de certains événements contemporains et de leurs protagonistes, acquise tant à Athènes qu ’à Samos, fenêtre ouverte à la fois sur l'Europe et sur l'Asie, beaucoup d 'autres, tel déjà , très vigoureusement,
Schubert (46 , p. 15-21; Schubert 47, p. 15-25 ; Schubert 24, p .60-83), qui lui reproche le recours continuel à l'imagination et à l' invention, ont émis des réserves sérieuses sur la valeur de la prestation historique de Douris ; aperçu commode de la question chez Seibert 35 , p. 9- 14 , 17- 19 ; cf. Seibert 40, p. 58. Face aux jugements récents, à nouveau bien plus favorables, de 103 H . Stras burger (« Die Wesensbestimmung der Geschichte durch die antike Geschichts schreibung» , Sitzungsberichte der Wissenschaftl. Gesellschaft an der Johann
Wolfgang Goethe-Universität Frankfurt/Main 5, 1966 , 3, Wiesbaden 1966 , p . 78 -88, repris dans 104 Id., Studien zur Alten Geschichte, hrsg. von W . Schmitthenner und R . Zoepffel, coll. « Collectanea » 42 , t. II, Hildesheim /New
York 1982, p. 996 - 1006 ; cf. p. 584-585 ; important compte rendu par 105 K . von Fritz , Gnomon 41, 1969, p. 586 -588), Seibert (40, p. 58 n. 12), Okin 31 et Kebric 32 , qui tend à mettre en valeur le côté moralisateur, « puritain » de Douris, et
maintenant aussi de Consolo Langher 69, p. 183- 186 , et de Lendle 39, p. 189, Meister 30 , p . 97 -99 (cf.Meister 29, p. 165 ; 106 Id., Historische Kritik bei Polybios, coll. « Palingenesia » 9, Wiesbaden 1975, p. 117-125), considère que les fragments de Douris justifient pleinement une critique sévère. Pédech 38 ,
p . 389, souligne les talents de grand artiste de Douris. Une citation capitale , malheureusement fort courte , tirée du livre I des Maxedovizá de Douris (Photius, Bibl., cod. 176 [ Théopompe ), 121 a 41-b 3 ;
t. II, p . 176 Henry, avec traduction fautive, = F 1 J. ; cf. Cavallaro 60, p .49 n. 67) et provenant selon toute vraisemblance de la préface de l'auvre, où
l'auteur devait exposer sa conception du genre historique, nous apprend que, désapprouvant la manière, isocratique sans doute, d'Éphore et de Théopompe et leur reprochant de rester au-dessous de la réalité historique et de ne se soucier que de la pure forme (aŭtò tò ypápelv) et de ne prendre en compte, dans leur
910
DOURIS DE SAMOS
narration ( to Dpáoai), ni la uiunoiç ni l'ndovń - expressions-clés qui évoquent tout particulièrement la fameuse théorie aristotélicienne du plaisir tragique produit par la uiunouc (Poétique 14 , 1453 b 10 - 14 ; pour l' épopée, 23, 1459 a
17-21; cf. 4 , 1448b8-9,17-19), selon Aristote condition essentielle de la « poé sie» d 'une manière générale -, Douris prétendait apparemment chercher avant tout l'expression exacte , voire plus dramatique et plus colorée , de la vérité de la
vie intégrale par le moyen de la uiunoks ; souvent discuté , ce fragment a suscité des exégèses multiples. Ed. Schwartz (107 Fünf Vorträge über den Griechischen Roman , Berlin 1896 , p. 113-116 ; 2e éd., munie du sous-titre Das Romanhafte in der erzählenden Literatur der Griechen et publiée par les soins d ’ A . Rehm ,
Berlin 1943, p. 122 - 125 ; 108 Id ., « Die Berichte über die catilinarische Ver schwörung» , Hermes 32 , 1897, p . 560 - 563, repris dans 109 Id ., Gesammelte Schriften , t. II, Berlin 1956 , p. 282-285 ; Schwartz 21, col.687-688 , se fondant sur l'Histoire d 'Agathoclès chez Diodore ; Schwartz 23 , col. 1855) voyait en Douris un représentant de l'historiographie « péripatéticienne » , qu 'il définit
comme une adaptation de la stylistique et de la poétique d’Aristote à l'histoire et dont les principes théoriques auraient sans doute été consignés dans les écrits TIepi (otopías, aujourd 'hui perdus, de Théophraste (727, 8 , t. II, p. 584-585 Fortenbaugh 8 ) et de Praxiphane (fr. 18 Wehrli): l'histoire doit représenter la vie comme la tragédie au théâtre (évápyela : 110 G . Avenarius, Lukians Schrift zur Geschichtsschreibung, Meisenheim am Glan 1956 , p . 130 - 140) et susciter Táboç, pobos et éneos. Précisant l'exégèse du fr. 1 J. de Douris, 111 P . Scheller, De hellenistica historiae conscribendae arte , Diss. Leipzig 1911, p .68-71, 79, tout en rattachant cette conception de l'histoire à des théories péripatéticiennes ( Théophraste), y releva cependant aussi une tradition plus ancienne. Après avoir été généralement acceptée, avec des modifications de détail, pendant plusieurs décennies, la théorie de Schwartz , cherchant dans le péripatétisme l'explication de l'historiographie dite « tragique » ou « drama tique » , que Polybe (II 56 -63) a combattue violemment en la personne de Phylar que notamment, a suscité de graves objections de différents côtés: B . L . Ullman ( 1942) , F . Wehrli (1947 ; cf. Lesky 12 , p . 856 -858 ), F . W . Walbank (1955 ) ,
Avenarius 110 (p . 20 -21, 65 n. 31, p. 130 - 140, 183), etc . Revenant à l'origine péripatéticienne de la théorie de Douris, 112 K . von Fritz , « Die Bedeutung des Aristoteles für die Geschichtschreibung », dans Histoire et historiens dans
l'Antiquité, coll. « Entretiens sur l'Antiquité classique » 4 (Vandæuvres/Genève 1956 ), Genève 1958, p . 106 - 128 (discussion : p. 129- 145) s'attacha à expliquer comment la pensée d'Aristote (Poétique 9, 1451 a 36 -b 11), qui, quant à lui, oppose l'histoire à la « poésie » (dans la suite du texte d 'Aristote, il s'agit en fait surtout de la poésie dramatique tragique) et soutient que celle -ci est « plus philo sophique » et d 'un genre plus élevé que celle -là (113 K . von Fritz, « Entstehung und Inhalt des neunten Kapitels von Aristoteles' Poetik » , dans Festschrift Ernst Kapp, Hamburg 1958, p .67- 91, repris dans 114 Id ., Antike und moderne Tragödie, Berlin 1962, p.430 -457, 495 -496 ; 115 R .Weil, Aristote et l'histoire. Essai sur la « Politique », Thèse Lettres Paris 1958 , coll. « Études et Commen
DOURIS DE SAMOS
911
taires » 36 , Paris 1960 , p. 163- 178 ; 116 Id., « Philosophie et histoire. La vision de l'histoire chez Aristote » , dans La “ Politique " d 'Aristote, coll. « Entretiens sur l'Antiquité classique » 11 (Vandæuvres/Genève 1964), Genève 1965, p. 162 163 ; 117 H . van Effenterre , L 'Histoire en Grèce, coll. « U2» , Paris 1967, p . 39 41, 48 , 187 -188 ; pour d 'autres travaux, voir 118 B . Zucchelli, « Echi della poe
tica di Aristotele in Polibio ? A proposito di storiografia e tragedia » , dans Sapienza antica. Studi in onore di Domenico Pesce, Milano 1985, p. 298 n . 4 ; 119 G . Schepens, « Polemic and Methodology in Polybius' Book XII » , dans
120 H . Verdin, G . Schepens et E . De Keyser [édit.), Purposes of History. Studies in Greek Historiography from the 4th to the 2nd Centuries B . C. Proceedings of the International Colloquium , Leuven , 24 -26 May 1988, coll. « Studia Helle nistica » 30, Leuven 1990 , p. 40 n. 3 ;Meister 30 , p. 222 n . 20 ; cf. 121 K . von Fritz , Gnomon 49, 1977, p. 345-349 , repris dans 122 Id ., Beiträge zu Aristoteles,
Berlin /New York 1984, p. 185-190), a pu, après la mort sans doute du Stagirite , être dépassée, voire infléchie dans un sens contraire à ses intentions par certains
de ses élèves, inspirateurs de Douris, voire par Douris lui-même; cf. 123 K . von Fritz , Aristotle's Contribution to the Practice and Theory of Historiography, coll. « University of California Publications in Philosophy » 28 , 3, Berkeley /Los
Angeles 1958 , p. 131-134, repris dans von Fritz 122, p. 119- 121. D ' après 124 N . Zegers, Wesen und Ursprung der tragischen Geschichtsschreibung, Diss. Köln 1959, qui à son tour donna une interprétation du difficile chap. 9 de la Poétique d 'Aristote, la conception nouvelle de l'historiographie serait une création de
Théophraste (Ilepi iotopías), prolongeant de manière originale la doctrine
d 'Aristote et inspirateur à son tour de Douris. La question controversée de la définition de l'« historiographie tragique » et de ses origines est restée au centre des discussions des dernières décennies. Rattachant cette conception de l'his toire à des pratiques déjà anciennes, assez diffuses, plutôt qu'à une théorie , spécifique et bien constituée, aux origines nettementcirconscrites dans le temps
et l' espace ,une partie de la critique conteste qu 'elle provienne du péripatétisme, auquel Douris aurait tout au plus emprunté la terminologie . Cf. 125 F . W . Walbank – dans son compte rendu d ' Avenarius 110 -, Gnomon 29, 1957, p .417-419 ; 126 Id., Polybius, coll. « Sather Classical Lectures » 42 , Berkeley/ Los Angeles/London 1972, p. 34 -40 ; 127 Id ., Selected Papers. Studies in Greek and Roman History and Historiography, Cambridge 1985 , p . 86 -89, 211-213,
224- 241, 243 -244 , 265 ; Meister 106 , p. 109 -126 , 185 -187 ; Meister 30 , p. 95 100 ; Kebric 32, p . 15 -18, 39-41; 128 K . Sacks, Polybius on the Writing of History, coll. « University of California Publications in Classical Studies» 24 ,
Berkeley /Los Angeles/London 1981, p. 144 -170 ; Zucchelli 118, p. 297-300 ; etc . D 'autres critiques, au contraire, continuent à penser que Douris se rattache, d 'une manière ou d 'une autre, à Aristote ou son école, même si certains aspects et tendances de sa conception du genre historique sont déjà attestés à un stade antérieur dans l'historiographie grecque. Cf. 128a C . O . Brink, « Tragic History
and Aristotle 's School» , PCPHS 6 , 1960, p. 14 - 19 , qui, tout en affirmant l’ori gine postaristotélicienne de l' « histoire tragique» , laisse cependant ouverte la
912
DOURIS DE SAMOS
question de savoir s'il s'agit d'une « Peripatetic history » ; Ferrero 6 , p. 97 -99 ; Strasburger 103, p.81-82, repris dans Strasburger 104, t. II, p. 999- 1000 (cf. p.817-818, où l'on note encore la marque de Walbank ; 1092- 1093) ;129 D . Flach , Tacitus in der Tradition der antiken Geschichtsschreibung, coll. « Hypo mnemata » 39, Göttingen 1973, p . 14 - 24 ; Consolo Langher 41, p. 362- 386 ; Consolo Langher 69, p. 168-172 , 183 -185 ; 130 L . Torraca, Duride di Samo. La
maschera scenica nella storiografia ellenistica, coll.« Università degli Studi di Salerno . Quaderni del Dipartimento di Scienze dell’Antichità » 3, Salerno 1988 ,
p. 59-67 (cf. 131 P. Pédech,Gnomon 61, 1989, p. 556 -557); 132 G . Zecchini, « La storiografia lagide » , dans Verdin et alii 120, p. 221-222 et n . 31 ; Lendle
39, p. 185 -189. Pour une discussion de la question , voir aussi 133 Ch. W . Fornara , The Nature of History in Ancient Greece and Rome, Berkeley /Los Angeles/London 1983, p. 123-134. On n 'a pasmanqué de souligner notre igno rance en matière de théorie historiographique péripatéticienne ; cf. Okin 31, p. 103 et n. 232 (p. 311). Pour un aperçu de la vaste bibliographie de la question, voir aussi Seibert 35, p . 15 -19 ; Meister 30 , p. 222 -223, n. 22 ; cf.Meister 106 , p. 109 - 113. On ignore généralement que, dès avant Schwartz, Haake (1874 ) et surtout Adams 2, p . 370 -376 , rapportaient l'historiographie « dramatique » à des conceptions péripatéticiennes (Théophraste ) ; cf. aussi Wachsmuth 20 , p . 544 -545 . Schwartz 108 , p . 560 -561 (134 Id ., « Die Zeit des Ephoros » , Hermes 44 , 1909, p . 491-492, 494 ) voyait d 'ailleurs en Callisthène l'initiateur de l'historiographie « péripaté
ticienne » ; sur les difficultés chronologiques impliquées par cette thèse, voir von Fritz 112 , p . 130 - 131, 142. Suggérant en même temps de modifier la terminologie traditionnelle ,Meister
distingue entre la théorie à proprement parler, légitime, de Douris,uiunols y signifiant l'imi tation de la réalité historique, la représentation objectivement fidèle des événements (« mime
tische Geschichtsschreibung » ), et la mise en pratique, contestable,du programme, qui conduit Douris à faire souvent appel à l' invention , à développer les épisodes dramatiques, chargés de sensation (« Sensationshistorie » ). De son côté, corrigeant ses vues antérieures à la suite de l'article de 135 V . Gray, « Mimesis in Greek Historical Theory » , AJPh 108 , 1987, p . 467-486 , qui, à partir d 'un examen du concept chez Denys d 'Halicarnasse, le Ps.-Démétrios et l'auteur Mlepi úlous, définit la ulunois de Douris F1 J. (cf. F 89 J., souvent négligé) comme un
procédé concernant, plutôt que le contenu , essentiellement le style et son appropriation au sujet (on se trouve à l'opposé du style épidéictique, livresque et artificiel), le rapport de la théorie de Douris - qui a bien pu être inspirée par Théophraste – avec l'histoire dite « tragi que » restant « problematic » , 136 F . W . Walbank , « Profit or Amusement: Some Thoughts on
the Motives of Hellenistic Historians», dans Verdin et alii 120, p. 257- 260, n 'admet plus que la recherche du sensationnel et la prédilection de Douris pour des scènes hautement
émouvantes soient impliquées dans sa théorie mêmede la uiunous ; voir aussi 137 T. Orlandi, « Duride in Diodoro XIX -XXI» , PP 19 , 1964, p . 225 ; Pédech 38 , p . 371 -372. On s'accorde à
voir l'écho des idées de Douris chez Diodore XX 43, 7 , déplorant que l'histoire n ' ait pas le pouvoir de présenter simultanément les événements que la réalité réunit dans un même temps :
la uiunoiç des événements que présente la narration (åvaypapń) reste bien loin de la vérité de la vie intégrale (ń årñdela tõv Terpayuévwv, ń annons Oládeolc ), qui produit le Táboç. Cf. Adams 2, p. 376 ; Wachsmuth 20 , p. 544 -545 ; Schwartz 21, col. 687; Schwartz
23, col. 1855 ; Scheller 111, p. 59,69 ; Jacoby 19 , Text, p. 138 n .; Avenarius 110 , p . 134-135, n . 80 ; Orlandi 137, p. 224 -225 ; Strasburger 103, p . 85 ; Walbank 126 , p . 35 n . 18 , p . 103 n. 29 ;Meister 106 , p. 112, 114 ; Meister 30, p. 97 (Meister 29, p. 152 se prononçait pour l'attribution à Timée) ; Kebric 32, p. 40 , 77 ; Sacks 128 , p. 146 n . 55 ; 138 B . Gentili et G . Cerri, Storia e biografia nelpensiero antico, coll. « Biblioteca di Cultura Moderna» 878, Bari/Roma 1983, p. 12 n. 29 ; Consolo Langher 41, p. 367- 368 ; Consolo Langher 69, p. 168 171 ; Gray 135, p .481-482 ; Pédech 38 , p. 388-389. En revanche, l'attribution , entière ou
913
DRACON D 'ATHÈNES
partielle, de la préface du livre XX de Diodore à Douris (Adams 2 , p . 375-376 ;Zegers 124, p . 37 -41; Flach 129, p. 16 - 17 ; Fornara 133, p . 147- 151; etc .; cf. Walbank 127 , p . 247) reste plus incertaine ; cf. Jacoby 19, Komm ., p . 117-118. La tentative, faite par Gentili et Cerri 138 , p . 12 - 19, 111- 112, de déceler chez Douris F 1 J. l' opposition entre le discours oral (opáoal)
et l'écrit (ypápelv ) ne convainc pas ; cf. 139 A .Momigliano, Gnomon 51, 1979, p . 393.
Il est vraisemblable que la túxn, dont les coups subits se prêtaient aux effets dramatiques et pathétiques, ait tenu une place importante chez Douris ; cf. Zegers 124, p . 29-33, 74-75 ; Orlandi 137, p . 225 ; Kebric 32, p . 30 -31, pour lequel toutefois Douris aurait été plutôt conservateur en matière religieuse ; Fornara 133, p. 126 - 128 (cf. Walbank 136 , p. 257 -258) ; Consolo Langher 41, p. 375 ; Consolo Langher 69, p. 167. Fournissant un témoignage de première importance pour l'histoire du culte des souverains dans l'Antiquité , Douris
rapportait que le Spartiate Lysandre, vainqueur d'Athènes en 404a, fut le premier Grec à recevoir des honneurs divins de la part de Grecs (Samos) ; cf. 140 Chr. Habicht, Gottmenschentum und griechische Städte, coll. « Zetemata » 14, 2e éd .,
München 1970, p. 3- 7, 243-245, 269, 271. WALTER SPOERRI.
227 DOUSAREIOS DE PÉTRA Dans son commentaire sur le De interpretatione d' Aristote (p . 38, 23-28 Busse), le philosophe alexandrin Ammonius (- A 141) cite une opinion d 'un certain Dousareios de Pétra en faveur du caractère naturel (qúoel) des noms. C 'est grâce à une brillante conjecture de Jacob Bernays, « Ein nabatäischer Schriftsteller» , RhM 17, 1882 , p. 304 -305, repris dans Gesammelte Abhand
lungen hrsg. von H . Usener, II. Bd, Berlin 1885, p . 291-293, que ce nom a pu être retrouvé dans un texte corrompu. Le nom Dousareios est théophore , formé
sur le nom du dieu nabatéen, Dousarès, assimilé par lesGrecs à Dionysos. On a retrouvé ce nom dans les inscriptions de Bostra (voir aussi Damascius, Vie d 'Isidore, fr. 342 Zintzen ). Le problème traité par Ammonius dans ce passage du De interpretatione est celui de l'origine naturelle ou conventionnelle des
noms. Ayant déjà cité des auteurs favorables au caractère conventionnel des noms, il amène l'opinion « des autres » de la manière suivante : « Les autres, comme Dousareios de Pétra, entreprennent d ' éliminer le caractère conventionnel du domaine des noms, en mettant devant nos yeux les prières et les malé
dictions, dans lesquelles les noms prononcés ou bien profitent d'une manière évidente à ceux qui sont nommés, ou bien leur font du tort, et pourtant, si convention il y avait, elle ne peut lier que des hommes entre eux, mais de convention entre les hommes et les dieux il ne peut en exister même en
imagination ». Où l'on voit que ce Nabatéen usait d'un argument relevant de la philosophie de la religion . HENRIDOMINIQUE SAFFREY.
V - IV 228 DRACON D 'ATHÈNES RESuppl. III: 18 Musicien . Avec un certain Métellos d’Agrigente (nom latin qu'on a corrigé en Mégyllos ou Mégillos), il aurait assuré l'excellente formation musicale de
DRACON D 'ATHÈNES
914
Platon (Pseudo -Plutarque, Demusica 17, 1136f). Dans ce passage, Wyttenbach avait suggéré de lire Aduwvog au lieu de Apáxovtos, mais cette correction est inutile , car ces étudesmusicales de Platon chez Dracon sont également attestées
par Olympiodore, in Alc. [Vita Platonis) 2 , 43-44 Westerink = 1, 38-39 Wester mann , qui précise également que Dracon était lui-même disciple de Damon d ' Athènes (- D 13) : MovoixñS OÈ Oldáoxarov čoxe ApáxovTA TÓv Aduwvos
μαθητών μέμνηται δε αυτού εν τη Πολιτεία. Les Prolégomènes anonymes à la philosophie de Platon 2, 36 -37, donnent la même information dans un passage malheureusement corrompu : « Après ces maîtres (Dionysios et Ariston ), Platon alla chez un professeur de musique , Dracon , ôc yéyovev téx yeutawut to✓ ÅTÒ Aduwvoc. (lequel Damon est
mentionné dans le Théétète) » (trad. Trouillard).Dans cette édition de Westerink Trouillard -Segonds (CUF, Paris 1990), le passage cité en grec est corrigé et traduit de la façon suivante : « qui appartenait à l'école de Mégyllos (cf. Pseudo Plutarque), disciple de Damon » . Voir aussi la note 29 ( p . 48) qui propose : « qui
était fils de Mégyllos, disciple de Damon » .La référence finale de l' Anonymeau Théétète serait « une des erreurs si nombreuses dans les Prolégomènes » . Voir aussi sur ce passage F. Lasserre ( édit.), Plutarque, De la musique. Texte, traduc
tion et commentaire, Lausanne 1954, p.54 n . 1, qui considère que le maître de Dracon serait le pythagoricien Mégyllos, nom qu'il faudrait également restaurer dans le passage du Pseudo-Plutarque.
On peut donc supposer que ce fut par l'intermédiaire de Dracon que les idées de Damon parvinrent à Platon et que Dracon était un pythagoricien ou du moins avait des tendances pythagoriciennes. Voir en ce sens R . Maux, art. « Drakon >>
18 ,RESuppl. III, 1918, col. 414 : « Es ist anzunehmen, daß er Pythagoreer war oder wenigstens dieser Richtung nahe stand. Denn die Anfänge derMusikethik
sind mit der pythagoreischen Lehre aufs innigste verknüpft ». Si Mégillos mérite d' être restitué dans les textes du Pseudo-Plutarque et des Prolé gomènes, il faut le rapprocher moins de Mégillos de Sparte, interlocuteur dans les Lois et
l'Epinomis, que de l'auteur pseudo-pythagoricien d ' un lepi đplouõv cité par Jamblique, Theol. arithm ., p. 34, 22 de Falco .
Cf. A . Swift Riginos, Platonica , p. 39-40. BRUNO CENTRONE et RICHARD GOULET .
229 DRYMON DE CAULONIE Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique, V. pyth . 36 , 267; p. 146, 4 Deubner. BRUNO CENTRONE.
230 DYMAS DE CROTONE Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique, V. pyth. 36 , 267 ; p . 143, 19 Deubner. BRUNO CENTRONE.
DYSCOLIUS
915
IV 231 DYSCOLIUS PLREI: (1 ? et) 2 Dédicataire d 'un livre de Jamblique (dont Stobée donne deux fragments) et
sans doute un de ses disciples (Stobée, Eclog. IV 5, 74 et 75, p. 222 Hense). Faut- il l'identifier au Dyscol(i)us (on n'a le nom qu 'au génitif Dyscoli) cité dans le PStrasb. Lat. 1 (Arch. Pap. III, p. 168) et le PRyl. IV 623 (date : entre
317 et 324), que l' éditeur des Pap. Ryl. suppose avoir été praefectus praetorio per Orientem (cf. PRyl. IV , p . 104) ? Le fragment cité par Stobée décrit les
qualités du bon άρχων. [PStrasb. Lat. 1 a fait l'objet d 'une nouvelle édition par A . Moscadi, « Le lettere dell'archivio di Teofane » , Aegyptus 50 , 1970 , p. 88 -154 , notamment p . 101-104 . Pour PRyl. IV 623, voir ibid ., p . 107. PStrasb . Lat. 1 a été également
édité dans H . Atsma, J. Vezin et R . Marichal (édit.), Chartae Latinae Anti quiores, t. XIX : France VII, Dietikon /Zürich 1987, n°687, p.68-69, repro T. D .) duction photographique p. 70 -71. PIERREMARAVAL .
232
D [ ... ]OS
Auteur d'un ouvrage intitulé lepi t]oŨ undév[a
]ęíloolv å [petails
(...xonodai ?),mentionné par Philodème, De Stoicis, PHerc. 155, pz. XI 1, 16 .
Crönert,Kolotes und Menedemos, p.63 n. 304 a, qui lisait Aļ.....TOC a suggéré la possibilité de restituer Διόφαντος οι Δημόστρατος (cf. T. Dorandi, CronErc 12, 1982, p. 123 n . 207). TIZIANO DORANDI.
ANNEXE LE CYNOSARGES
Histoire,mythes et archéologie
PLAN DE LA NOTICE I. Histoire de Cynosarges A . Une trame historique très lâche
B . Textes relatifs aux établissements de Cynosarges C . Textes relatifs au fonctionnement et à l'aménagementdu sanctuaire d 'Héraclès II. Mythes et cultes de Cynosarges A . Lemythe fondateur du sanctuaire d'Héraclès B . Les autres cultes de Cynosarges III. Topographie A . Textes B . Les sites possibles C . La porte Diomèis D . Héraclès et les tanneurs
Deux philosophes sont associés à Cynosarges : Antisthène aurait enseigné au gymnase vers la fin du ve et dans la première moitié du IVe siècle (Diogène
Laerce VI 13), et le stoïcien Ariston de Chios à Cynosarges, sans autre préci
sion, vers 250 av. J.-C . (Diogène Laërce VII 161).Mais Cynosarges n'est pas le siège durable d 'une école, nous n 'y connaissons ni succession de scholarques ni transmission de biens fonciers ou immobiliers (1 K . Von Fritz , Quellenunter suchungen zu Leben und Philosophie des Diogenes von Sinope, coll. « Philolo gus », Suppl. Bd. XVIII 2 , Leipzig 1926 , p. 47-48 ; 2 D .R . Dudley, A History of Cynicism , London 1937 , p. 1- 16 ; 3 F . Sayre , « Antisthenes the Socratic » , CJ43,
1948, p . 237-244; 4 J. P .Lynch , Aristotle 's school, A Study of a Greek Educa tional Institution, Berkeley-Los Angeles-London 1971, p. 50-51;5 G .Giannan toni, « Antistene fondatore della scuola cinica ?» , dans M .- 0 . Goulet-Cazé et R . Goulet (édit.), Le cynisme ancien et ses prolongements. Actes du Colloque international du CNRS (Paris , 22 -25 juillet 1991), Paris 1993, p. 15- 34 ). Rien même ne nous assure que ç'ait été l'un des lieux privilégiés de l'enseignement philosophique, pas plus en tout cas que bien d'autres établissements publics d ' Athènes.
Les textes, plus redondants que diserts , n 'en donnent qu 'une image floue et une localisation imprécise . Comme trop souvent en pareil cas, ils rafraîchissent la mémoire de contemporains bien informés ou peu curieux, mais ils ne guident
918
ANNEXE
guère l' archéologue sur le terrain . Nous les lirons de trois points de vue,
l'histoire, les mythes et les cultes, la topographie, etmettrons en regard sous ces trois rubriques les documents complémentaires, textes et données archéologi ques (pour plus de détails, voir 6 M -Fr. Billot, « Le Cynosarges, Antiochos et les
tanneurs. Questions de topographie », BCH 116 , 1992, p. 119 - 156 ; 7 M .-Fr. Billot, « Antisthène et le Cynosarges dans l' Athènes des ve et IVe siècles » , dans M .- O . Goulet-Cazé et R . Goulet (édit.), Le cynisme ancien et ses prolongements. Actes du Colloque international du CNRS (Paris, 22 -25 juillet 1991), Paris 1993, p .69-116 ). Le grec fait un usage rare et précis de l'article défini devant le toponyme Kuvóoapyes. C ' est à tort que l'on parle trop souvent, en français, du Cynosar ges. Les Anciens disaient Kuvóoapyes, év Kuvooápyel, eis ou és Kuvó
oapreç. Sauf emplois exceptionnels de l'article défini lorsqu 'il ne s'agit que du gymnase, Cynosarges est d'abord un lieu -dit. Du reste La Souda donne deux notices s. v. Kuvóoapyes, l'une consacrée au gymnase ( K 2720 ), l'autre au lieu dit, situé dans le dème des Dioméia , de la tribu Aigèis (K 2721). I. HISTOIRE DE CYNOSARGES
A . UNE TRAME HISTORIQUE TRÈS LÂCHE Lus dans leur ordre chronologique, les textes évoquent quelques épisodes et surtout la renommée des lieux.
Cynosarges est connu très tôt par un Héracléion célèbre. D 'après Hérodote
( V 63), le Spartiate Anchimolios, chef malheureux de l'expédition lacédémo nienne suscitée par les Alcméonides contre les Pisistratides, fut enterré à Alo pèkè, près de l'Héracléion qui se trouve à Cynosarges. Cette indication topo
graphique peut être suggestive à l' époque d 'Hérodote , sans signifier pour autant qu' il existait un Héracléion à Cynosarges dans les années 520 -510. Mais Héro
dote nous apprend aussi qu ’immédiatement après la bataille de Marathon, les Athéniens, partis à marche forcée de l'Héracléion de Marathon , campèrent à l'Héracléion de Cynosarges et prirent ainsi de court la flotte perse qu ' ils dissuadèrent de débarquer à Phalère (VI 115). Dans un bel effet de style , Héro dote nomme ainsi les deux sanctuaires principaux d 'Héraclès en Attique, deux
sanctuaires qui s'avèrent très liés.
Peu avant415 , Andocide fait du cheval à Cynosarges et s 'y casse un jour la clavicule (Mystères61). Cela ne suffit pas pour affirmer qu 'il y existe alors un gymnase (Xénophon conseille aux cavaliers de ne pas s'en tenir aux sols régu
liers et aux espaces restreints des gymnases et des hippodromes, mais de s 'entraîner sur les terrains accidentés de la campagne: Hipparchikos I 16 et 18
20 ; Cyropédie VIII 1, 34- 36 ),mais on peut le supposer puisque quelques années
plus tard, d 'après Diogène Laërce (VI 13) et La Souda (s.v. 'Avriodévns), Antisthène choisit d 'enseigner au gymnase de Cynosarges. Encore faudrait-il
être certain que Diogène Laërce ne prête pas à Cynosarges un monument qui n 'y
n
Stadio .
IN
7: Athènes etvonsesenvirons(régionsEst extraitde E.CurtiusJ.A -Fig. .Kaupert,Karten Attika,Berlin 1881,Blattet ISud), (ClichéEFA,Ph.Collet).
ΙΧ ιη η ΑΔΕΣ ΠΥΛΑΙ ΠΥΛΑΙ ΑΙΓΙΟΣ - ΔΙOMCIAI ΠΥΛΑ! Η Ι Π ΠΑΛ Π ΠΟΙΟΙ
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8 ΔΙΚΑΣΤΗΡΙοΝ επι ΠΑΛΛΑΔΙΟ
ΙΕΡΟΝ ΚΟΔΡΟΥ ΝΗΛΕΩΣ ΚΑΙ ΒΑΣΙΛΗΣ ΠΑΛΑΙΣΤΡΑ ΤΑΥΡΓΟΥ ΔΙΟΝΥΣΙΟΝ ΕΝ ΛΙΜΝΑΙΣ 12 ΠΥΘιο και
ΒΑΛΑΝΕΙΟΝ 11οΜΟΝΙΚΟΥ ΑΦΡΟΔΙΤΗ ΕΝ ΚΗΠοιΣ ΆΡΔΗΤΤΟΣ 14ΚΑΙ ΑΡΧΑκοΝ ΓΥΜΝΑΣΙΟΝ
16 ΓΥΜΝΑΣΙΟΝ ΑΔΡΙΑΝΟΥ 1 Τ)
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17 "ΔΡΟΜΟΣ »
στο
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20 ΑΝΑΓΛΥΦοΝ ΠΑΝΟΣ 21 ΘΩΜΟΣ ΓΟΡΓΟΥ . ΔΙΑΒΑΣΙΣ
23 ΜΗΤΡΩΟΝ ΕΝ ΑΓΡΑΙΣ ΝΑΟΣ ΑΡΤΕΜΙΔΟΣ ΑΓΡΟΤΟΡΑΣ 24 ο.
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- Fig. 8 : Région de Cynosarges d 'après un plan de J. Travlos de 1970 , complété par Y. Rizakis (EFA): BCH 94, 1970, p.889, fig. 12.
CYNOSARGES
919
aurait été installé que plus tard , et que la tradition , trop belle pour être crédible ,
des trois branches principales de l'héritage socratique ne s'accompagne pas d 'un parallélisme trop parfait entre les trois gymnases principaux d 'Athènes, qui attri buerait celui de Cynosarges à Antisthène parce que Platon s'est établi à l' Aca
démie et Aristote au Lycée. Car si nous pouvons faire remonter le gymnase de
l'Académie au Vie siècle, le Lycée , que l'on prête à Pisistrate ou à Péricles (Harpocration , Hesychius, La Souda tous trois s.v . Aúxelov ), peut avoir été l'æuvre de Lycurgue (Ps.-Plutarque, Vie des dix orateurs 841 c -d , 843f, 852c ;
Pausanias I 29, 16 ) et nous ne savons pas de source explicite quand le gymnase de Cynosarges a été aménagé. Nous verrons cependant que les circonstances historiques confèrent beaucoup de vraisemblance à l'information transmise par
Diogène Laërce . Du témoignage d ’Andocide et du renseignement de Diogène Laërce, nous
pouvons inférer , avec plus de précautions encore, que les sources de Plutarque pourraientêtre fiables lorsqu 'il raconte au débutde sa Vie de Thémistocle (I 3-4 ) que le jeune homme fréquentait le gymnase de Cynosarges : celui-ci pouvait
exister dès la seconde moitié du VIe siècle,mais ce n 'est nullementassuré. En revanche, la loi de Solon que cite Démosthène dans le Contre Timocratès
114, loi qui punit de mort le volde vêtements, d'objets personnels et d 'équipe ments dans les trois principaux gymnases d' Athènes, celui de l' Académie , le Lycée et celui de Cynosarges, ne prouve nullement que ce dernier existait déjà au début du VIe siècle : à l'époque de Démosthène, la référence au grand législa
teur est presque de règle et l'æuvre qu 'on lui prête est déjà truffée d ' anachro nismes,même si l'intérêt de Solon pour les sports et les concours paraît indé niable ( de mêmeau sujet de l'Académie: 8 M .-Fr. Billot, DPhA I, 1989, p . 705
706 ).Mais il est évident que l'orateur ne citerait pas cette loisi le Cynosarges ne comptait au IVe siècle , et depuis assez longtemps déjà , parmi les trois grands établissements du genre. En tout cas, c 'est sous sa plume que l' on en trouve
mention pour la première fois et à deux reprises, dans le Contre Timocratès donc
(114), et dans le Contre Aristocratès (213). Pour le IVe siècle , nous disposons de trois autres témoignages, relatifs à la
période qui couvre la fin de la vie d 'Antisthène et les années suivantes. - Selon Hégésandre de Delphes, Hypomnèmata , ap. Athénée VI, 260 a -b
( = FHG IV , p. 413 Müller) et Téléphanès, La Ville (sc. d 'Athènes ), ap. Athénée XIV , 614d (= FHG IV , p. 507), un groupe d'humoristes, « Les Soixante » , que Philippe de Macédoine aurait payés un talent pour qu 'ils lui envoient copie de leurs plaisanteries et de leurs railleries, se réunissait à l'Héracléion de Cyno sarges. 9 D . Whitehead (The Demes of Attica, 508 - ca. 250 B . C . A political and social study, Cambridge Univ. Press 1986 , p . 333 n . 45 ) y verrait un phénomène et un groupe plus anciens, auxquels renverraient ironiquement les Diomeialazo nes du v . 605 des Acharniens d'Aristophane. Mais Aristophane semble désigner
plutôt des vantards, des fanfarons, et non les humoristes que paraissent avoir été « les Soixante » , sorte de chansonniers à l'esprit de critique très développé. Il se
pourrait que Philippe II n ' ait pas seulement cédé à son goûtbien connu pour les
920
ANNEXE
bateleurs, bouffons et auteurs de chansons obscènes (par ex. Démosthène, Olyn thienne II 19), mais cherché à s'informer auprès d 'eux sur l'opinion athénienne.
Il régnait donc en ce lieu une certaine activité intellectuelle.
- Dans le Protreptique (IV 54, 5), Clément d'Alexandrie prétend que les Athéniens décrétèrent « de se prosterner au Cynosarges devant Philippe de Macédoine, fils d'Amyntas, qui “ avec la clavicule brisée et une jambe estro piée ", eut encore un cil crevé », citant ainsi le portrait que Démosthène dresse du Macédonien dans le Discours sur la couronne (67) . Aucun texte officiel de
cette teneur ne paraît attesté, et l'on s'interroge encore sur l'authenticité , la nature et la forme des hommages rendus à Philippe II, que Clément d 'Alexan drie (ou sa source, manifestement polémique) rapporte ou ne sait imaginer que
sous la forme d'une « proskynèse » perse ou chrétienne Voir les opinions diverses de 11 L . Ross Taylor, The Divinity of the Roman Emperor, Middleton 1931, p. 12 ; 12 A . Momigliano, Filippo il Macedone, Firenze 1934 , p . 174 ; 13 G . De Sanctis , RFIC 18, 1940, p. 9 n . 2 ; 14 F . Taeger, Charisma. Studien zur Geschichte
des antiken Herrscherkultes, I, Stuttgart 1957, p. 174 n . 18 ; 15 L . Cerfaux et J. Tondriau , Un concurrent du christianisme, le culte des souverains dans la civilisation gréco -romaine, Paris Tournai 1957, p . 124 n . 4 ; 16 Ch. Habicht, Gottmenschentum und griechische Städtem,
München 1970 , p. 11- 13 ; 17 M . P . Nilsson , Geschichte der griechischen Religion , 112, München 1971, p . 142 ; 18 Cl. Préaux, Le monde hellénistique, I, La Grèce et l'Orient ( 323 . 146 av. J.- C .), Paris 1978 , p. 238 - 245 ; 18a A . E . Fredriksmeyer, « Divine Honors for Philip II » , TAPHA 109, 1979, p . 39 -61, en particulier p . 47-50 ; 18b id ., « On the Background of the
Ruler cult» , dans AncientMacedonian Studies in honor of Charles F . Edson , Thessalonique
1981, p . 146- 147 ; contra 18c E . Badian, « The deification of Alexander the great » , ibid ., p . 27 -71, en particulier p . 67-71 ; 18d E . A . Fredriksmeyer, « On the Final Aims of Philip II », dans W . Lindsay Adams et E . N . Borza (édit.), Alexander the Great and the Macedonian Heritage, Lanham /New York /London 1982, p . 94 -98 ; 18e P . Carlier, Démosthène , Paris
1990, p. 230 ; 18f E . N . Borza, In the shadow of Olympus, Princeton 1992, p . 249-251. Mais si l'on peut douter de la réalité d'un culte athénien de Philippe II, il est certain qu 'il avait sa statue à Cynosarges, très probablement à l'Héracléion , sanctuaire de l'ancêtre des Argéades, la dynastie macédonienne (Nilsson 17, p . 142 ; 19 J . Bremmer, « EL KYNOEAPTEE » ,Mnemosyne 30 , 1977, p . 369- 374 ). En revanche, il est impossible d 'admettre que la statue ait été à la fois élevée en
l'honneur de Philippe II et intentionnellement placée, par dérision pour l' étran ger, dans le lieu prétendûment réservé aux étrangers et comme tel «mal consi
déré » , comme le croit 20 H .S . Versnel, « Philipp II and Kynosarges» ,Mnemo syne 26 , 1973, p. 274-279 : nous verrons que la réputation de Cynosarges n 'a pas à souffrir de la fréquentation des nothoi, bien au contraire, et encore moins de celle des Cyniques (p. 277)... qui ne le fréquentent pas ! Bremmer 19 a donc
tort de surenchérir sur Versnel 20 en rappelant que l'expression qui envoie quelqu 'un « au Cynosarges !» signifie qu' on l'envoie « aux corbeaux !» (p. 372): il y voit lui aussi un rapport avec les nothoi et les cyniques, mais il oublie qu' elle ne tient tout son sens que des vastes nécropoles de Cynosarges (infra ). La politique et l'opinion athéniennes de l'époque infirment leur argumentation :
après Chéronée, Philippe reçoit la citoyenneté (Hypéride, Contre Démade, fr.77 Blass ; Plutarque, Démosthène 22, 4 ; Scholie à Aristide, Panathénaïque, 178, 16 , Dindorf), normalement accordée à tout évergète étranger ; et les statues de
CYNOSARGES
921
Philippe et d 'Alexandre se dresseront sur l'Agora (Pausanias I 9, 4), honneur re
jusqu 'alors réservé aux évergètes athéniens, presque exclusivement des stratèges (21 Ph . Gauthier, Les cités grecques et leurs bienfaiteurs ( Ive-persiècle av. J.- C .).
Contribution à l'histoire des institutions, coll. BCH Suppl. XII, p . 7-53 et 92
112). L 'une des questions que pose le passage de Clément d'Alexandrie tient aux formes extérieures que pouvait prendre un éventuel culte de Philippe II, par ailleurs sûrement attesté à Amphipolis, Érésos et Éphèse (Habicht 16 , p . 12 -16).
Or il est possible que les Grecs se soient inclinés devant leurs dieux dès le Ive siècle (22 F . T . van Straten , « Did the Greeks kneel before theirs Gods ? » ,
BABesch 49, 1974, p . 159-189). Par ailleurs, on ne peut exclure que le culte de Philippe Il n 'ait été institué qu'en 324, lorsque furent votées en l'honneur d'Alexandre , avec l'appui de Démosthène, des tuual lobDeol (Hypéride, Contre Démosthène XXII et XXXI). En tout état de cause, on ne saurait oublier que
l'ascendance héroïco-divine des Argéades est célébrée par Isocrate, notamment dans le Philippe (32-33, 77 et 109-115 ), où il propose avec insistance au roi de Macédoine le modèle d'Héraclès conquérant et victorieux (voir aussi Isocrate , Evagoras 72 ; A Nicoclès 5) . Le vieil orateur, sur le point de mourir, franchit un
pas de plus dans la lettre qu'il adresse à Philippe au lendemain de sa victoire de Chéronée (338 av. J.- C .) ; non seulement il l'encourage de nouveau à conquérir le monde et à imposer sa volonté au Grand Roi,mais il en tire les conséquences ultimes: « Il ne te restera plus qu ' à devenir dieu . Or il est bien plus facile d' y
arriver en partant de ton état présent que de s'élever, de la puissance royale qui était primitivement la vôtre , à la puissance et à la gloire que tu possèdes main
tenant» (Lettre III 5 , p . 412-413, trad. G . Mathieu, CUF, Paris 1962/1972). Pour accueillir la statue du puissant de l' époque, Philippe II, il faut que l'Héracleion
de Cynosarges ait alors été véritablement, de tous les sanctuaires athéniens d 'Héraclès, le plus important.
- La même année 338, le jourmême où les Grecs célèbrent les funérailles officielles des morts de Chéronée, Isocrate est enterré à Cynosarges, sur « la hauteur à gauche » , nous dit l'auteur de la La vie des dix orateurs (838 b , c et d) . Il repose parmi ses parents et ses proches, dans un somptueux enclos funéraire familial où se multiplient tables funéraires, stèles, colonnes et statues.
Dans la première moitié du IIIe siècle, Ariston de Chios, fondateur du stoï cisme, aurait enseigné à Cynosarges, probablement au gymnase (Diogène Laërce VII 161). Au IIIe siècle encore, le périégète Héraclide le Critique ( I 1 , Pfister, p. 72-73 = Ps.-Dicéarque, GGM I, p. 98, Müller) décrit les trois grands gymnases
d'Athènes comme « couverts d'arbres et de prairies verdoyantes et fleuries. Les
fêtes y sont de toutes sortes. Et des philosophes de toutes sortes y trouvent les plaisirs et le repos de l'âme; les écoles (sc. de philosophie) y sont nombreuses,
les spectacles incessants » . Le propos sur les écoles de philosophie semblerait valoir plus pour l'ensemble des trois gymnases que pour le Cynosarges en
particulier,mais après tout, des philosophes mineurs ou dont l'activité nous est moins bien connue ont pu y exercer. Quant aux spectacles, il s'agit sans doute
922
ANNEXE
des parades équestres et autres manifestations de prestige, souvent assurées par les éphèbes, et attestées à l'Académie et au Lycée (Xénophon, Hipparchikos III
1 et 6 ), mais non au Cynosarges . En 200 av. J.-C ., Philippe V de Macédoine établit son camp à Cynosarges
lors du siège d'Athènes : Cynosarges, nous dit Tite-Live (XXXI 24 , 17-18), est un temple d'Hercule et un gymnase entourés d ' un bois sacré. Philippe V ne respecte rien , brûle et Cynosarges et le Lycée, et tout ce qui était sacré ou agréa
ble aux environs de la ville, détruisantmaisons et tombeaux. Source possible de Tite-Live, Diodore (XXVIII 7) dit aussi que Philippe V détruit les tombeaux et profane les sanctuaires. Nous gagnons à ces récits succincts une évocation un peu plus précise des lieux : dans un bois sacré, un sanctuaire , peut-être même un temple d 'Héraclès, et un gymnase ; aux alentours ,maisons et nécropoles dans un paysage de collines, l' image classique d 'un faubourg agréable , comme l' était aussi l'Académie et commedevait l' être Cynosarges dès le ve siècle .
Suivent, dans les testimonia , trois siècles et demi de silence. Nous n 'enten
dons plus parler de Cynosarges jusqu'à ce que Pausanias le Périégète (I 19 , 3) en fasse le nom d 'un sanctuaire d 'Héraclès; il y a vu les autels d 'Héraclès, de son épouse Hébé, d' Alcmène et d' Iolaos. Il ne signale ni temple – qui manifestement n 'existe pas ou n 'existe plus -, ni gymnase. D 'où l' on a conclu qu 'après avoir
été dévastés par Philippe V , ni l' un ni l'autre n 'avaient été reconstruits. Par la suite , Cynosarges n ' est plus sauvé de l'oubli que par les scholiastes, les lexicographes et les paroemiographes.
Dans une scholie au Contre Timocratès 114 (Dilts), le Cynosarges est pré senté comme un gymnase où se trouve un sanctuaire d 'Héraclès.
Parmiles notices et proverbes, - certains ne retiennent que le sanctuaire (Hésychius, s.v. Kuvóoapyes), surtout lorsqu 'elles lui sont spécifiquement consacrées (Harpocration, s. v. 'Ev
Alouelong 'Hpáxhelov et 'Hpáxhela ; Photios, s.v. ALOUETC ); - d'autres mentionnent un lieu -dit (topos) et un sanctuaire d 'Héraclès :
Photios, s. v. Kuvóoapres ; La Souda, s.v. Kuvóoaprec 2721 ; - d 'autres, à l'instar de DiogèneLaërce VI 13 et VII 161, ne connaissent que
le gymnase : Harpocration, s.v.Kuvóoapyes; Étienne de Byzance , s.v. Kuvo gapyes; La Souda, s.v. Kuvóoaprec (2720 ) et ’AVtionévns ; AÉEELS Ønto pixal (= Lexicon seguerianum n° 5 , 23 I. Bekker, Anecdota graeca, I, Berlin 1814), p . 274 s. v. Kuvoodpyes (cf. 24 J. Tolkiehn, art. « Lexikographie » , RE XII 2 , 1924 , col. 2478 -2479) ;
- selon d 'autres enfin ,ce n 'est qu'un lieu -dit d 'Athènes, ou voisin d'Athènes, ou d ' Attique : Pausanias l’Atticiste , s.v . Eiç Kuvoo apyes , H . Erbse , p . 176 ,
d ' où la scholie à l'Axiochos 346 a, I. Bekker ; Euvaywy REEEWV Xonoiuwv éx
Olapópw OODWv te zai öntópwv Torrőv (= Lexicon seguerianum n° 6 , 25 L . Bachmann, Anecdota graeca I, Leipzig 1829 ), p. 285, s.v. Kuvooapyes (cf. Tolkiehn 24 , col. 2466 -2467) ; proverbes: Ps.-Diogénianos V 94 ; Apostolios VI
CYNOSARGES
923
66 et X , 22 ; Grégoire de Chypre, cod . Leidensis II 56 (Leutsch - Schneidewin ) ;
Eustathe, Ad Hom . Od., II 11, p . 1430 , 57. Mais, hormis Harpocration , s.v.Kuvóoapyes, toutes ces notices qui ne men tionnent qu'un gymnase ou un lieu -dit racontent par ailleurs, avec plus ou moins
de brièveté et de clarté, le mythe qui explique l' étymologie supposée du toponyme « Cynosarges» , et qui est aussi le mythe fondateur de l'Héracléion (infra II A ).
Ainsi, bien que la tradition continue à compter Cynosarges au nombre des trois grands gymnases d 'Athènes (Héraclide le Critique I 1, Pfister, p. 72 -73 = Ps.-Dicéarque, GGM I, p . 98 , Müller; scholie à Démosthène, Contre
Timocratès 114 Dilts ; La Souda, s.v. rouvaola ; Harpocration, Photios et La Souda, s.v. 'Axadnuía ), elle maintient le souvenir du sanctuaire aussi vivace que celui du gymnase . Cela pour trois raisons : (1) commenous l'apprend Pausa nias le Périégète (I 19, 3), au delà de la destruction de 200 av. J.- C ., le sanctuaire
a subsisté au moins jusqu'au Ire siècle ap. J.-C .; (2) l'histoire et, à travers ces notices, la tradition historique lient les nothoi qui fréquentèrent Cynosarges au nothos par excellence qu'était Héraclès, et l'Héracléion de Cynosarges apparaît comme le plus important d' Athènes, avec celui de Marathon ; (3 ) un mythe
étymologique et fondateur soutient l'intérêt des érudits. De l'histoire réelle ne subsistent donc que peu de souvenirs : il y avait à
Cynosarges un Héracléion au plus tard au début du Ve siècle ; nous pouvons tenir pour vraisemblable l'existence d 'un gymnase au moins à partir de la seconde moitié du Ve siècle ; l' ensemble a été dévasté par Philippe V en 200 av. J.- C .; il
en subsistait au moins le sanctuaire au milieu du IIe siècle ap. J.-C .; Cynosarges fut un temps fréquenté par les nothoi.
Les textes évoquent à peine la configuration des lieux (infra III A ). Nous ne savons quel établissement, du sanctuaire ou du gymnase, précède l'autre ou s 'ils
sont contemporains. Faut-il nécessairement déduire du passage où Hérodote (VI 115) met en parallèle les deux plus célèbres Héracléia d 'Attique, que celui de
Cynosarges jouissait dès l'époque archaïque d 'une grande notoriété ? Ne l'aurait-il pas justement acquise, tout comme celui de Marathon (Pausanias I 15 ,
3 et 32, 4 . IG 13 3 : 26 E . Vanderpool, Hesperia 11, 1942, p. 333-337, fig . 4 ; 27 E . Vanderpool AJA 70 , 1966, p . 319-323; 28 S. Woodford, « Cults of Heracles in Attica » dans D . G . Mitten [édit.), Studies presented to George M . A . Hanfmann , Mainz 1971, p . 217-218 ; 29 P . Amandry, BCH 95, 1971, p . 602-614 , fig. 9- 14 et p. 619 -625 ; 30 S . Marinatos, PraktAE 1972, p . 6 , pl. 1 b ; 31 S . Kou
manoudis , AAA 11, 1978 , p. 232 -244 ; plus particulièrement sur le culte funéraire en l'honneur desmorts à Marathon , 32 L . Deubner, Attische Feste ?, Hildesheim 1966 , p. 230 ; sur l' ensemble, voir aussi 33 Ch. W . Clairmont, Patrios Nomos, Public burial in Athens during the Fifth and Fourth centuries B . C ., coll. « BAR
International Series» 161, I et II,London 1983, p. 23 et n . 23, p. 97-98 et n. 5), à la suite de cet épisode final de la première guerre médique qui aurait tout à la
fois renforcé son éclat et permis à Hérodote un bel effet de style ?
924
ANNEXE
Il reste à combler les vastes lacunes de cette trame à peine historique en examinant séparément, autant que faire se peut, les traditions textuelles plus spécifiquement relatives d 'une part à la fréquentation de Cynosarges, de son
gymnase et de son sanctuaire – ce qui intéresse directement le statut politique et l'activité d'Antisthène -, d 'autre part au fonctionnement et à l'aménagement de
l'Héracléion,manifestement très fréquenté aux ve et IVe siècles. B . TEXTES RELATIFS AUX ÉTABLISSEMENTS DE CYNOSARGES Rappelons qu 'Harpocration , s. v. Kuvóoopyec, passe sous silence le
sanctuaire pour ne retenir que le gymnase. En effet, celui-ci a joui pendant quel que temps d 'un statut particulier: il était fréquenté par des nothoi, des bâtards
aux yeux du corps civique. La question concerne de très près Antisthène, les cyniques et le culte d'Héraclès. En 451/0 , sur proposition de Périclès, Athènes vote une loi privant de la citoyenneté les enfants nés d 'un citoyen et d 'une mère étrangère (Aristote , Const. Ath . 26 , 4 et 42, 1 ; Pol. 1275b 21-22; 1278 a 26 -34 et 131966 - 11; Plutarque, Périclès 37, 3 ; Élien, V . H . VI 10, XIII 24 et fr. 68 Hercher). Après
avoir subi quelques entorses dans les dernières années de la guerre du Pélopon nèse , la loi est réactivée en 403/2 , puis rendue plus rigoureuse par des amendes infligées d 'une part aux conjoints d 'un mariagemixte , d 'autre part aux citoyens qui auront donné une étrangère en mariage à un autre citoyen , autrement dit à
ceux qui se serontmensongèrement portés garants de l'origine athénienne d 'une femme étrangère en réalité . Nous ne savons pas exactement combien de temps cette loi est appliquée. Toujours est- il qu 'à partir de 450 , Athènes oppose aux
punolol, les citoyens athéniens de pure souche, deux catégories de bâtards, de vodou, - l'une, ancienne, de ceux qui sont nés d'une union libre entre Athéniens,
d'un adultère ou d'une union illégitimeavec une esclave ou une prostituée et qui sont écartés des droits politiques et de plusieurs droits privés depuis une loi de Solon qui paraît bien authentique (34 E . Ruschenbusch , EOASNOE NOMOI. Die
Fragmente des solonischen Gesetzwerkesmit einer Text- und Überlieferungs geschichte, coll. « Historia , Einzelschriften » 9 , Wiesbaden 1966 , F 48 a et 48 b ,
49 a , 50 b et 58b ; 35 W . K . Lacey, The Family in Classical Greece, London 1968, p. 103- 104 et 112 ; 36 A . R . W . Harrison , The Law of Athens, I.: The
Family and Property, Oxford 1968, p .63-65 ; 37 D . M . MacDowell, « Bastards as Athenian citizens » , CQ 26 , 1976 , p . 88 -91; 38 P . J. Rhodes, « Bastards as Athenian citizens » , CQ 28, 1978, p . 89-92 ; 39 A . Maffi, « Matrimonio, concu
binatio e filiazione illegitima nell' Atene degli oratori », Symposium 1985, Vor träge zur griechischen und hellenistischen Rechtsgeschichte, Köln /Wien 1989,
p. 179-181), – l' autre ,nouvelle , de ceux qui sont nés du mariage d'un citoyen et d 'une femme libre,mais étrangère,les untpótevol. Les historiens discutent encore de la teneur, des motifs, des objectifs et des effets de cet ensemble législatif, ainsi que des droits politiques et successoraux
dont les nothoi des deux catégories pouvaient encore jouir ou qu'ils ont progressivement reconquis .
CYNOSARGES
925
Voir par ex. 40 A . J.Wolff, « Marriage law in ancient Athens» , Traditio 2, 1944, p. 75-91; 41 A . Aymard , « Les étrangers dans les cités grecques aux temps classiques (ve et Ive
siècles) » , Recueils de la Société Jean Bodin , IX , 1, Bruxelles 1958, p. 129-130, repris dans Etudes d 'histoire ancienne, Paris 1967 , p. 306 - 307 ; Lacey 35 , p . 100 - 101, 104 - 105, 112 et
282 n . 15; Harrison 36 , p. 24-70 ; 42 S. C. Humphreys, « The Nothoiof Kynosarges», JHS 94, 1976 , p . 89 ;MacDowell 37, p. 88 -91 ; 43 J. M . Hannick , « Droit de cité et mariages mixtes dans la Grèce classique », AC 1976, p. 133-148 ; 44 W . Whitehead, The Ideology of the Athenian Metic, PCPSSuppl. IV , 1977, p. 149-151 ; Rhodes 38, p. 89-92 ; 45 D . M .Mac Dowell, The Law of Athens, London 1978, p .67-70 et 87 -90 ; 46 P. J. Rhodes, A Commentary on the Aristotelian « Athenaion Politeia », Oxford 1981, p . 331- 335 et 496 -497 , avec une
abondante bibliographie ; 47 C . Patterson , Pericles Citizenship Law of 451/50 B . C ., New York 1981 ; 48 D . Lotze, « Zwischen Politen und Metöken : Passivbürger im klassischen
Athen ?» , Klio 63, 1981, p. 159-178 ; 49 R . Sealey, « On lawful concubinage in Athens» , ClAnt 3 , 1984, p. 111- 133 ; 50 L . Prandi, Richerche sulla concessione della cittadinanza ateniese nel V sec. a. C .,Milano 1982 , p . 33-55 ; 51 J. M . Osborne, Naturalization in Athens,
Vol. III-IV , Bruxelles 1983, p . 142-144 ; Whitehead 9 , p . 99;Maffi 39, p . 177- 214).
Du moins est-il certain que les nothoi qui fréquentaient Cynosarges apparte naient surtout, sinon même exclusivement à la catégorie la plus récente. En effet, l'association du gymnase de Cynosarges et du statut demètroxénoi nous est attestée à partir des années 430 -420 av. J.-C . par de très nombreux
témoignages et documents. 1. D 'abord par un décret de la Boulè, recueilli au début du Ile siècle av. J.-C .,
dit-on , par le périégète Polémon d’ Ilion (fr. 18, L . Preller = FHG III, 108, fr. 78
Müller, p. 137-138 , ap. Athénée VI, 234 e ), mais proposé par Alcibiade alors qu'était secrétaire Stéphanos fils de Thoukydidès d' Alopékè, lui-même fils de Milèsias (52 J. Kirchner, Prosopographia attica (PA ), Berlin 1901-1903, nº 12884 ; 53 J. K . Davies, Athenian Propertied Families, 600 -300 B . C . (APF ),
Oxford 1971, n° 7268, III ( B) p.232-233 et n° 12884 ; 54 R . Develin , Athenian Officials 684 -321 B. C., Cambridge Univ . Press 1989, p. 195, nº XLI). Le décret est affiché sur une stèle à Cynosarges, dans l'Héracléion . La copie , manifeste ment fidèle , ne nomme pas l'archonte comme il devient progressivement de règle à partir de 421, ce qui, recoupé avec ce que nous savons de la carrière
politique d'Alcibiade, permet de dater le décret dans les années 430 -415. Quant
à la date de la copie , elle pourrait être antérieure à la destruction de Cynosarges par Philippe V en 200 av. J.- C ., à moins que Polémon d ' Ilion ne soit allé visiter
les ruines et n 'ait voulu sauver un texte qu 'il jugeait intéressant. En voici la traduction : « Le prêtre accomplira les sacrificesmensuels avec les trapaoltoi. Ceux -ci seront choisis parmi les nothoi et leurs fils selon la loi
ancestrale. Celui qui ne veut pas être parasite, qu'il soit assigné à ce sujet devant le tribunal». Les nothoi, par l'intermédiaire des parasitoi choisis parmi eux, assurent donc, doivent assurer une partie du culte d'Héraclès à Cynosarges. Certains y
paraissent réfractaires puisque des mesures contraignantes sont prévues. 2 . Le terme de nothos réapparaît associé à Cynosarges sous la plume de
Démosthène, en 352, dans le Contre Aristocratès (213),au sujet de Charidèmos d 'Oréos, dont la mère est citoyenne de cette cité et le père, étranger ; il y est
926
ANNEXE
patroxénos, si l'on veut forger ce néologisme sur le modèle demètroxénos. Dans la cité d'Oréos, il est donc rangé parmi les nothoi; littéralement il « s'acquitte
d'une obligation auprès des nothoi» d'Oréos comme jadis à Athènes les nothoi « s'acquittaient d'une obligation à Cynosarges» : sic tous vódous éxet
OUVTENET, xaðanep Tot' Évdade eic Kuvóoapreç ol vádol. En effet, l'expres sion technique OUVTERETV Eiç suivie d 'un nom de communauté signifie que « s'acquittant d'une obligation envers» cette communauté, on en fait partie ipso
facto . A Athènes, OUVTENETU Eiç toùç vódouc et OUVTENETU Eiç Kuvóoapres
signifient la même chose.La comparaison entre Athènes et Oréos concerne bien les nothoi fils d 'un parent étranger, avec cette différence qu'Oréos, comme beaucoup d 'autres cités qu 'Athènes, les mettait au rang de nothoi, que l' étranger fût le père ou la mère , confirmant ainsi une assertion d 'Aristote , Politique III ,
1275 b 1. Au passage, Démosthène nous indique qu'un siècle après la loi proposée par Périclès, l'institution de Cynosarges dont il est question – gymnase et/ou Héracleion – n 'était déjà plus propre aux nothoi d 'Athènes, soit qu ' ils aient perdu l'habitude de la fréquenter, soit qu'ils aient été admis aussi ailleurs. S ' il s 'agit du gymnase comme le laisse entendre Plutarque (infra I B 3) , la
fondation de cet établissement dans la seconde moitié du Ve siècle gagne encore beaucoup de vraisemblance.
3 . Le troisième témoignage nous est en effet donné par Plutarque au début, déjà cité , de sa Vie de Thémistocle (I 3 -4 ; cf. Libanios, Déclamation X 11,
Themistoclis antilogia ). Fils d 'un père athénien et d 'unemère étrangère, thrace probablement (APF 53, n° 6669, p . 213 -214 ; 55 L . Piccirilli dans Plutarco, Le vite di Temistocle e di Camillo , a cura di C . Carena, M . Manfredini et L . Piccirilli, Milano 1983, p . 221-222 ), le futur stratège fréquente le gymnase de Cynosarges parce que c 'est celui que fréquentent les jeunes gens de son état
(Tõv voowv elç Kuvóoapyeç OUVTENOÚVtwv). Ce gymnase semble attribué
aux nothoi à l'exclusion des autres gymnases,mais inversement les jeunes gens « bien-nés », de pur sang athénien (TWV EŬ yeyovÓTWV veavíoxwv), n'en sont pas exclus. Thémistocle convainc certains d' entre eux de « descendre au Cyno sarges » pour s' y entraîner avec lui et parvient, par cette ruse, à abolir la
distinction entre nothoi et gnèsioi. Au reste, précise Plutarque, le Cynosarges est, hors les murs , « le gymnase d 'Héraclès » puisque lui aussi n 'était pas pur
parmi les dieux, n ' était pas purement un dieu , mais nothos, sa mère étant mortelle .
On s'accorde à reconnnaître (1) que cette anecdote hagiographique tend à faire valoir l'intérêt précoce de Thémistocle pour la sociologie politique de la cité et pour les opinions démocratiques, ( 2) que le qualificatif de nothos est anachronique. Car avant la loi de Périclès, les enfants de citoyens et de mères
étrangères étaient considérés comme citoyens à part entière, pourvu que l'union de leurs parents eût été légitime (par ex. Harrison 36 , p. 61-62 et 65 avec n . 2 ; 56 Fr. J. Frost, Plutarch 's Themistocles. A Historical Commentary, Princeton 1980 , p . 62-63 avec bibliographie antérieure ; 57 L . Piccirilli dans Studi in onore
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927
di A . Biscardi I, Milano 1981, p . 383 ; Rhodes 46 , p . 279 et 332 ; Prandi 50,
p .32- 34 ; Piccirilli 55 , p. 221 et 223), ainsi Clisthène ou Cimon. Faut-il dès lors douter aussi que le gymnase de Cynosarges ait existé dès 520 510, quand Thémistocle était en âge de fréquenter un gymnase ? 58 J. Delorme y
est enclin (Gymnasion. Étude sur les monuments consacrés à l'éducation en Grèce, des origines à l'Empire romain , coll. BEFAR 196 , Paris 1960 , p. 45 -46 ),
les deux passages d'Hérodote (V 63 et VI 115) ne mentionnant pas de gymnase à la fin du VIe siècle . En réalité, ni l'extrapolation de Plutarque ni les silences d'Hérodote ne donnent par eux-mêmes motif d' affirmer ou de nier l'existence
d'un gymnase archaïque.Mais s'il y en eut un , et si Thémistocle le fréquenta , ce fut commefutur citoyen ou citoyen à part entière .
Quant à Héraclès, Aristophane analyse sa vodeía en 414 , dans les Oiseaux ( 1650 - 1669) : Héraclès est même doublement nothos, - à la fois untpótevos
puisque né d 'une mère étrangère, Eévns TuvalXÓÇ ( 1652), étrangère aux dieux car mortelle , comme le précisera Plutarque -, et proprement bâtard selon la loi de Solon puisque conçu de l'union illégitime de Zeus et d'Alcmene (1655 1669) .
Les seuls vers d ' Aristophane suffisent à faire soupçonner que c 'est très intentionnellement que le gymnase dévolu aux nothoi fut choisi ou établi dans
les parages d 'un sanctuaire du nothos par excellence , Héraclès, en l'occurrence le plus célèbre avec celui deMarathon, si l'on en croit Hérodote (VI 115) qui justement recueille et élabore les matériaux de l'histoire athénienne à l'époque même où Athènes vote la loi sur les nothoimètroxénoi et doit prendre les
dispositions pratiques qui en découlent. Il est donc très possible que le gymnase ait été construit près de ce sanctuaire prestigieux, peu après 451/0 , tout exprès
pour les nothoi (contra Delorme 58, qui suppose, p. 33 et 46 , une construction à l' époque des Pisistratides, une destruction par Xerxès, et la reconstruction d 'un
gymnase plus grand et plus beau après les guerres médiques ). Il est en tout cas certain que l'on a amplifié , dans le discours politique et sur les lieux , cet aspect
du statut social et « civique» du héros. Des développements justificatifs sur ce thème, l'écho retentit non seulement dans le théâtre contemporain d 'Aristo phane, mais à l'époque d 'Hadrien chez Plutarque (Thémistocle I 3 -4 ) et chez
Pausanias l’Atticiste, s.v. Eiç Kuvoo pyes ([...] 'Eť où xal toùc vodouc ÉXET OUVTEAETV, oti xal 'Hpaxiñs vodoç Öv 'loa DeoTc étquãto), dont la formu lation est reprise dans certains recueils de proverbes (E .-L . Leutsch - F . G . Schneidewin , I, Appendix proverbiorum II 24, p. 398 ; II, Apostolios X 22 ,
p. 491) et dans la scholie à l'Axiochos 364 a. Au ve ou vle siècle, la notice de la Euvaywyn MEEEWv Xonoiuwv, s. v. Kuvóoapres, reproduite par Photios, s. v. Κυνόσαργες ( Έπειδή ούν και ο Ηρακλής δοκεί νόθος είναι, διά τούτο ÉxEī of vódou éteOŪVto ), transmet encore la même expression technique héri tée de l'époque classique, avec, peut-être , la signification simultanée « de rendre
un culte » , sur laquelle nous reviendrons (infra IC 1). Les AEEELS LEO' Loto Plőv Éx tőv Anuoоdévouc Nóywv ( = « Lexique de Patmos» , Sakellion ) à propos du Contre Aristocratès 213, et La Souda, s. v. Kuvóoapyes 2721
928
ANNEXE
enregistrent le meme echo sous une forme un peu plus triviale : Επειδή ούν και
ο Ηρακλής δοκεί νόθος είναι, διά τούτο εκεί οι νόθοι εγυμνάζοντο. Il n ' est pas surprenant que Pausanias ait vu, parmiles autels du sanctuaire, un
autel dédié à Alcmène, par qui Héraclès est né nothos et grâce à qui les nothoi ont trouvé un protecteur.
Ainsi, le décret des années 430 -415 copié par Polémon d'Ilion, un autre décret relatif à l'Héracléion de Cynosarges, également proposé par Alcibiade et
exposé à l'Acropole, IG I? 134, mais malheureusement trop abîmé pour qu 'on en puisse déterminer l'objet, les Oiseaux d'Aristophane et plusieurs vers de Sophocle (Les Aléades, fr. 84 Nauck2 = fr. 87 dans TGrF IV , S. Radt), d' Euri
pide (Andromaque, 638 ; Andromède fr. 141 Naucka; Antigone, fr. 168 Naucka; Eurysthée, fr. 177 Nauck ?) et, plus tard, de Ménandre (La Samienne 140 -142) sur l'égalité naturelle des gnèsioi et des nothoi que seule la pratique des vertus peut distinguer, prouvent combien étaient présents à l'esprit des Athéniens, dès la deuxièmemoitié du ve siècle , la réflexion sur les nothoi, surtoutmètroxénoi,
l'importance de leur culte spécifique, leur place et leurs droits dans la société. Le débat continue en effet au IVe siècle, après que la loi eut été réactivée en 403/2 . Plusieurs plaidoyers le confirment, qui traitent notamment du statut politique des nothoi en général, de leur intégration dans le corps civique et de leurs droits successoraux. Mais il n 'y est plus question de Cynosarges, sans doute parce que les institutions réservées aux mètroxénoi y sont progressivement
tombées en désuétude. Mais l'écho de ces problèmes législatifs, civiques et moraux, largement débattus au théâtre et dans les tribunaux, retentira encore dans le discours XV de Dion de Pruse sur l' Esclavage et la liberté (infra I B 6 ). L 'Héracleion de Cynosarges a donc assurément pris à partir de 450 une importance, plus exactement une dimension , une signification politiques et
sociales qu 'il n 'avait pas à la fin du VIe siècle ni même après les guerres
médiques. Plusieurs autres textes, en effet, viennent confirmer la fonction des établis sements de Cynosarges et le statut de ceux qui le fréquentent à l'époque classi que, ainsi que les souvenirs célèbres qui en sont restés dans les esprits.
4. Antisthène, fils d’un Athénien et d'une Thrace, était un mètroxénos (Diogène Laërce II 31 et VI 1 ; Sénèque, De const. sap. 18, 5 ; Épiphane, Adv.
haeres. III 26 ; La Souda, s. v. 'Avtlodévns). Deux anecdotes rapportées par Diogène Laërce laissent entendre qu 'il en tirait une certaine fierté . A un inter locuteur qui croyait bon de l'avertir qu ' Antisthène était de mère thrace, Socrate avait répondu vertement que les gens bien nés n ' étaient pas nécessairement nés de deux Athéniens (D .L . II 31, cf. VI 1) ; et à qui lui reprochait ses origines étrangères, Antisthène répondit que même la Mère des dieux était phrygienne (D . L . VI 1). Quelle que soit leur authenticité, on parlait donc de cette nothéia , et Antisthène, apparemment né vers 440, a nécessairement dû fréquenter Cyno sarges vers 420, bien avant de décider d 'y pratiquer un enseignement; c ' était justement l'époque où Alcibiade rappelait le nécessaire recrutement des parasitoi parmiles nothoi (supra II A ).
CYNOSARGES
929
Cette fréquentation juvénile de Cynosarges est certainement la raison pre mière pour laquelle Antisthène devait, plus tard, y enseigner au gymnase (Diogène Laërce VI 13 ; Pseudo- Eudocie , Violarium XCVI Flach ; La Souda , s. v. 'AUTLOOévns). Certes, il suivit la pratique déjà bien établie , notamment par les Sophistes, d'investir les lieux publics.Mais en Grèce, les hommes faits conti nuaient à fréquenter le gymnase, ne serait-ce que pour se rencontrer. C 'est peut-être donc très progressivement que des conversations informelles se sont transformées en un enseignement plus régulier , avant de passer aux yeux de la
postérité pourun enseignement d'école, par analogie anachronique avec celui de
Platon à l'Académie ou d 'Aristote au Lycée. Analogie doublement anachronique puisque « l'école d 'Antisthène » devenait par ce raisonnement la première du
genre.Un côté informel, et progressivement plus habituel que codifié des entre tiens d ’Antisthène, en un lieu et au milieu d'un public qui lui étaient depuis
longtemps familiers, pourrait être l'une des raisons pour lesquelles nul ne prit sa succession à la tête d'une prétendue école du Cynosarges, tout simplement parce qu 'il n 'y avait pas d 'héritage de ce genre à recueillir, pas de succession structu relle à assurer. De surcroît, il est probable que la législation interdisait à Antisthène le nothos ce qu 'allait faire Platon à l' Académie , acquérir aux confins du gymnase une propriété privée dont ses disciples auraient pu hériter. Rien
donc ne confirme qu'Antisthène ait enseigné au Cynosarges, mais rien ne s 'y oppose , tout au contraire. 5. Plutarque encore, dans l'Erôtikos (750f), qualifie d'efféminé et de bâtard , confiné au gynécée comme s 'il était assigné à Cynosarges – Contep siç Kuvo oapreç OUVTENOŨ Ta – l'attachementméprisable qu ’un homme, pour le seul
plaisir des sens, nourrit à l'endroit d'une femme détestable quine le paye pas de retour. A cet amour manquent l'admiration pour la beauté physique et surtout morale de l'épouse et la réciprocité des sentiments , comme peut manquer à l'épouse d 'un Athénien d 'être née à Athènes et donc à leurs fils éventuels d ' être
citoyens athéniens. 6. Dion de Pruse dit Chrysostome introduit son XVe discours Sur l'Esclavage et la Liberté (3), en se demandant si le fils d'une mère libre et athénienne et d 'un père esclave n'a pas le droit d'aller s'entraîner au Cynosarges, puisqu 'aussi bien la pénurie de citoyens a souvent contraint les femmes à épouser soit des étrangers soit même des esclaves, ce qui n 'entraîne pas que leurs enfants soient des esclaves, mais seulement qu 'ils ne soient pas athéniens, c'est-à-dire qu 'ils soient privés des droits de citoyens. Il s'agit donc bien de comparer deux sortes de nothoi, ceux qui sont nés d 'une union sinon légitime, du moins « tolérée » avec un ou une étrangère et qui sont admis au Cynosarges, et ceux qui sont nés d 'une union illégitime avec un ou une esclave. Ainsi, les situations vécues aux
ve et IVe siècles restent-elles un sujet d 'exercice d ' école aux ler et 11e siècles de notre ère.
7. Selon Pausanias l’ Atticiste , s.v. Eiç Kuvóoapres, Cynosarges était un endroit d'Attique où l'on « plaçait » , installait (Étattov) ceux des enfants qui étaient des nothoi (cf. scholie à l'Axiochos 364 a Bekker): le verbe comporte une
930
ANNEXE
notion de classification des jeunes gens, d 'ordre technique également. Il est d' ailleurs relayé en fin de notice par l'expression classique tous vóBouç EXET OUVTENETU (supra I B 3). 8 . Dans la notice des AÉEELÇ Öntopixal, s. v. Kuvóoapyes, Cynosarges est
défini comme un gymnase d 'Athènes où étaient inscrits aussi les nothoi qui étaient athéniens « par l'autre côté» : povuváo lóv tl ’AOń noixaro 'uevov Eis Ô éve ypápovto xal oi vodou éx TOŰ ÉTÉpov uépous kotoi. Avec le discours de Dion Chrysostome, ce texte laisserait entendre que la notion de nothos a pu s 'élargir à un moment donné de l'histoire d ' Athènes pour inclure les fils de mère athénienne et de père étranger, comme il en allait dans d 'autres cités selon
l'affirmation d'Aristote, Politique 1275b1, et comme nous l'avons vu à Oréos au IVe siècle . Si tel fut vraiment un jour le cas, il n 'était déjà plus coutume que
les nothoi nés de père ou de mère étrangers fréquentent le gymnase de Cyno sarges à l'exclusion de tout autre. Mais il est plus probable que Dion Chryso
stome et les AÉEELÇ Öntopixal confondent les lois athéniennes et celles des autres cités.
Par ailleurs, cette notice reproduit aussi une expression technique : les nothoi étaient inscrits , éveypádovto , au gymnase de Cynosarges, bel et bien enre gistrés.
9. Enfin , deux scholiastes à Grégoire de Nazianze, un anonyme dit Nonnos (I. D . Moutsoulas et K .G . Papachristopoulos) et Cosmas de Jérusalem (I. D . Moutsoulas et K . G . Papachristopoulos) donnent sur le Cynosarges à peu près la
même notice : TÒ Kuvóoapyes TÓNOS DU Šv ’AOńvais évoi vódol éxpl VOVTO, el toŨde réyovev viós (Ps.-Nonnos) et Tónoc ráp nu év ’AOńvanç Κυνόσαργες ούτω λεγόμενος, εν ώ οι νόθοι εκρίνοντο, ει του δέοντος réyovev viós (Cosmas de Jérusalem ). Cette deuxième version est reproduite
dans La Souda, s.v. Eiç Kuvoo apyes, A . Adler proposant la lecture [...] ei τούδε όντως γέγονεν υιός. Les troistextes ajoutent qu 'on appelait aussi mothoi à Athènes les affranchis, le Ps.-Nonnos et Cosmas de Jérusalem précisant qu'ils
étaient également, en vue d 'une libération totale, soumis à enquête (ěxpivovto ) et à dokimasie (ÉDoxluáGovto ), probablement à Cynosarges sous-entendu. Le verbe éxpivovro est aussi employé dans les recueils de proverbes : Ps.- Diogé nianos V 94 , Apostolios X 22 et Grégoire de Chypre, cod. Leidensis II 56
(Leutsch - Schneidewin) définissent Cynosarges comme tónoc év & oi vodou ( +E)expivovto. Laissons de côté la question des affranchis, le Ps.-Nonnos, Cosmas de Jéru salem et La Souda ne trouvant pas confirmation dans ce que nous savons des affranchissements et des affranchis athéniens (Harrison 36 , p. 181- 186 ).
Ce corpus retracerait ainsi trois opérations successives, toutes supposées se passer à Cynosarges: 1) L 'examen de l'ascendance des nothoi arrivés à l'âge de l'éphébie. Cette
première phase n 'est relatée que par des notices récentes, à l'aide des deux verbes εκρίνοντο et surtout εδοκιμάζοντo, qui designent tres précisément les
CYNOSARGES
931
deux enquêtes auxquelles sont soumis les jeunes gens atteignant l'éphébie , celle des dèmotes qui vérifientleur âge et s'ils sont de condition libre et de naissance légitime (Aristote , Const. Ath . 42, 1, ce qui a pu susciter chez le Ps.-Nonnos et chez Cosmas de Jérusalem une éventuelle confusion avec la procédure d'affran
chissement), et la dokimasie effectuée par la Boulè (Const. Ath . 42, 2) (Rhodes 46 , p . 495 -503 ; Whitehead 9 , p . 34-35, 97 - 109 et 259 ; 59 P . J. Rhodes, The Athenian Boule , Oxford 1972, p . 173. Sur l'extension du terme dokimasia à
l'examen effectué d'abord par les dèmotes, Whitehead 9 , p. 102 n . 83). Toute fois , appliquées aux nothoi déjà identifiés comme tels, ces opérations - tout au moins la deuxième d 'entre elles – n'auraient aucun sens: ces textes tardifs
démarquent donc la constitution d' Athènes, vraisemblablement d 'après le texte d'Aristote ,mais dans une grande confusion. 2) Le résultat de l'authentique enquête des dèmotes se traduisait par une classification et une inscription sur des listes différentes (Pausanias l’Atticiste,
s.v. Eiç Kuvboapyes: Étattov; AÉFelç Ôntopixai, s. v. Kuvooapreç : Éveypá povto). Aristote (Const. Ath . 42, 1) ne retient que la partition entre les jeunes gens de condition libre et de naissance légitime qui sont alors inscrits sur la liste des dèmotes, et les fils d'esclaves et peut-être d'affranchis ; mais l' établissement d'une troisième liste , celle des nothoi, coule de source ; quant aux métèques, qui
devaient s'acquitter de certaines obligationsmilitaires et financières, ils étaient aussi enregistrés au dème (Rhodes 59, p . 497). Pour ce qui est des nothoi, l'expression éveypápovto eic to youváolov calque très exactement celle,
technique aussi, qu ’Aristote et d 'autres emploient pour l'enregistrement des fils de citoyens, à leur éphébie ,sur les registres du dème: évypábovtal 8 'els tous onuótaç ÓxTwxaldexa Ém YEYOVÓTES (Const. Ath . 42, 1) . (D 'autres emplois
d'égypapelv pour l'admission dans la phratrie ou le dème dans Rhodes 59, p . 497, et Whitehead 9 , p . 102 n. 85). Ainsi, à l'âge où les nothoi et les éphèbes
futurs citoyens devaient être identifiés et enregistrés, le registre de Cynosarges tenait lieu à la fois des registres des dèmes et de la liste annuelle des éphèbes établie après la dokimasie et dressée devant le Bouleutérion (Const. Ath . 53, 4) .
Aussi bien , les nothoi ne subissaient-ils pas de dokimasie avant de commencer
leur formation. 3) En consequence les mothoi devaient εις τους νόθους συντελεϊν (Démosthène , Contre Aristocratès 213), ou bien elç Kuvooqpreç OUVTERETV
(ibid .; Plutarque, Thémistocle I 4 ; Erôtikos 750f; Pausanias l’Atticiste , s.v. Eiç Kuvooapyes ; Apostolios X 22 ; Appendix proverbiorum II 24 ), ou bien encore
év Kuvooápyel téheo Dau (Photios, s.v. Kuvóoapres; Euvaywy RÉCEW Xpnojuwv, s.v. Kuvooaprec). L . Prandi met ces formules en parallèle avec
OUVTENETU Eiç uetoixouç qui définit un métèque (50, p. 35). Le prosaïque trouváčovto de La Souda, s.v. Kuvóoaprec 2721, ne signale que l' une des conséquences pratiques de la procédure , l' entraînement au gymnase évoqué par Plutarque, Thémistocle I 3 -4 . Cet ensemble de textes indique donc clairement que lesmètroxénoi ne pouvant être enregistrés dans les dèmes sur les listes de citoyens, Cynosarges
932
ANNEXE
fut, quelques décennies durant, le lieu et le cadre institutionnel où, au même âge, ils étaient enregistrés, éve ypápovto, où leur existence était désormais officiel lement reconnue - OUVTENOVOL, ÉTENOŪVTO - et leur formation assurée.
En effet, à une époque où la formation des jeunes gens était devenue l'une des grandes préoccupations de la Cité, il était impensable que celle -ci se désin téressât du sort de non -citoyens souvent issus d ' illustres génè, de familles hono
rablement connues, qui conservaient quelques droits publics et plusieurs droits privés, et qui participaient activement à la vie économique, et peut-être , à l'occa sion , à la défense de la Cité (Humphreys 42, p . 93-94 ). Un fragment du Contre
Théozotidès (P. Hib . 1, nº 14 ) de Lysias prouve qu'à la même époque, la Cité s'était engagée à élever à ses frais les fils illégitimes des citoyens morts à la guerre (décret retrouvé et publié par 60 R . S. Stroud, Hesperia 40, 1971, p. 280 301; cf. par ex . Lotze 48 , p. 164 - 167). Au demeurant, l'historiette de Thémisto cle laisse entendre que du jour où le gymnase de Cynosarges fut dévolu aux nothoi ou construit pour eux, les citoyens n 'en ont pas été pour autant exclus et ne l'ont, en fait, jamais été. Pour toutes ces raisons, il devait être un établisse ment de la Cité , géré par la Cité et par elle construit ou affecté, à partir de 451/0 , à l'enregistrement et à la formation des nothoi, sans que les citoyens fussent pour autant empêchés de le fréquenter.
Il est donc difficile de croire à ce que S. C . Humphreys présente comme une sorte de « privatisation » du gymnase de Cynosarges au profit des nothoi, ou d '« une utilisation privée » du gymnase par les nothoi (42, p. 92 -95 ). Tous les textes indiquent au contraire que nous avons affaire à un ensemble législatif de la Cité , auxquels les nothoi devaient se soumettre (Billot 7, p. 78 - 102 ). Du reste, si les nothoi étaient privés de la citoyenneté, les lieux qui leur étaient réservés n 'étaient pas pour autant dépréciés. L 'Héracléion de Cynosarges était le plus prestigieux avec celui de Marathon , et il faut souligner, avec S . C . Humphreys, qu 'aucun mépris, aucune déconsidération n ' était attachée à Cyno sarges ni à son gymnase. Certes , sous l' empire de la colère , on pouvaitmaudire son adversaire en l'envoyant siç Kuvooapyes !: selon Pausanias l’Atticiste (s. v .), la scholie à l'Axiochos 364 a (Bekker) et certains paroemiographes ( Apostolios X 22 ; Appendix proverbiorum II 24 , Leutsch - Schneidewin ), l'expression eipntal én ☺ pel xai apă . Parce qu 'elle nous est transmise par
des notices qui, nous l'avons vu, font état de la fréquentation de Cynosarges par les nothoi, H . S. Versnel (20, p. 273-279) et J. Bremmer (19, p. 369-374) ont pensé que celle -ci contribuait à faire de Cynosarges un lieu mal famé au sens propre du terme. Or toutes ces notices dressent le bilan des connaissances sur le site . Le mythe fondateur du culte d'Héraclès y tient une part tout aussi large, et aucune notice n 'établit de lien logique entre la malédiction et le statut des
nothoi. En revanche, Eustathe (Ad Hom . Od. II 11, p . 1430 , 57) donne à la malédiction le même sens que 'Es xópaxac !, qui expédie l'adversaire « aux
corbeaux» ! Plus clair encore, le Ps.-Diogénianos IV 86 nous dit qu 'elle l'envoie
eis åvnalov núhaç, « aux portes du monde privé de soleil». Envoyer son adversaire à Cynosarges n 'est donc pas, ou pas seulement, l'injurier en doutant
CYNOSARGES
933
de la légitimité de sa naissance,mais bien plutôt le vouer à la mort, l'expédier dans ce que tout un chacun connaissait aussi comme l'une des plus grandes nécropoles d'Athènes, celle de Cynosarges. Il ne faut rien en déduire de la
réputation ni du gymnase ,ni de la nécropole. Reste incertain l'établissement exact où les nothoi étaient officiellement enre gistrés comme tels. Seule la notice des AÉEELS Ôntopixal, s.v. Kuvooqpyes, précise qu'ils étaient inscrits au gymnase . Tout dépend de la qualité des sources de ce lexique d 'époque byzantine. Il peut confondre dans unemême expression
le lieu d ' enregistrement et celui de l'entraînement. Il n 'est pas exclu que les listes officielles aient été déposées à l'Héracleion, surtout dans le cas où le gymnase n 'aurait été construit qu'après 450. C . TEXTES RELATIFS AU FONCTIONNEMENT
ET À L'AMÉNAGEMENT DU SANCTUAIRE D 'HÉRACLÈS 1. Il s'agit d 'abord du décret de la Boulè proposé par Alcibiade dans les années 430 -420 et affiché à l'Héracleion , où il a été copié par le périégète Polé mon d' Ilion ou par sa source (supra I B ). En voici à nouveau la traduction : « Le prêtre accomplira les sacrifices mensuels avec les parasitoi. Ceux -ci seront choisis parmi les nothoi et leurs fils selon la loi ancestrale. Celui qui ne veut pas être parasite , qu 'il soit assigné à ce sujet devant le tribunal» . Les pratiques cultuelles sont évoquées par, entre autres, Pausanias l’ Atticiste, s.v. Eiç Kuvóoapyes, lorsqu 'il conclut du mythe fondateur de l'Héracléion de Cynosarges : 'Eť oŭ xal tous vódous éxET OUV
TeleTv, oti xal ‘Hpaxiñs vodoç Öv loa DeoTc étquãto , ou bien encore par la notice de la Euvaywy Récewv xenoiuwv, s.v. Kuvóoapyes, reproduite par
Photios, s.v. Kuvóoapyes: ’ETTELON Oův xai ó 'Hpaxiñs doxeữ vódog Elvai, διά τούτο εκεί οι νόθοι ετελούντο. Grace a l'adverbe εκεί, ces textes jouent sur deux constructions grammaticales de OuvTEREğv et donc sur deux signifi cations : la construction intransitive συντελείν εις Κυνόσαργες (ici εκεί) au sens technique et politique hérité de l'époque classique, et la construction transitive qui signifie « accomplir » , en particulier un culte , là même, éxet, à
Cynosarges où se trouve le sanctuaire du nothos Héraclès (cf. Humphreys 42, p . 92). Le décret lui-même est une mise à jour et un rappel à l'ordre ; l'expression
traditionnelle xatà tà trátpla , selon la tradition ou la loi ancestrale , le prouve, quirenvoie à des dispositions plus anciennesmais identiques ; et des infractions ont été commises à cette loi déjà ancienne, puisque des mesures judiciaires sont
désormais prévues pour les contrevenants. Mais jusqu 'où faut-il faire remonter la « tradition » ou la « loi ancestrale » ?
Jusqu 'à Solon qui aurait promulgué la première loi sur les nothoi, écartant de la vie publique tous ceux qui étaient nés hors mariage ou d'un parent esclave, et qui auraient donc eu, depuis longtemps, leur culte propre à Cynosarges ? Ou
seulement jusqu 'à 451/0 , ce que je croirais plus volontiers, de même que S. C .
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ANNEXE
Humphreys (42, p . 94 ) ? Ce décret concerne en effet les nothoi et leurs fils ; or
dans les années 430 -420, c 'est déjà la deuxième génération de mètroxénoi qui fréquente le Cynosarges, à qui s'ajoutent les fils de la première génération .
Celle- ci devait donc déjà fournir les parasitoi du culte mensuel d 'Héraclès, et il était déjà prévu que les fils leur succéderaient dans leur fonction. En tout cas, il paraît clair que dès après que la loide 451 eut défini le statut desmètroxénoi, on
s'est préoccupé de réglementer non seulement leur vie publique, « fixée » en
quelque sorte à Cynosarges, où nous avons déjà vu qu'ils se faisaient enre gistrer, mais aussi leur culte spécifique. Reprenant le réflexion de J. Rudhardt,
M . Detienne écrivait récemment: « c 'est la participation à un groupe social ou à une communauté politique qui autorise la pratique du sacrifice et y trouve en retour de quoi confirmer la cohésion du groupe » (61 M . Detienne et J.- P. Vernant, La cuisine du sacrifice en pays grec , Paris 1979, p . 25, d'après 62 J. Rudhardt, Notions fondamentales de la pensée religieuse et actes consti tutifs du culte dans la Grèce classique, Genève 1958, p. 295 -296 ). Cette convic
tion inspirait certainement un premier règlement religieux promulgué peu après
451. Manifestement, les mètroxénoi de la deuxième génération n 'en sont plus imprégnés. N 'oublions pas que la loi de 451 connaît des entorses dans les
dernières annéesde la guerre du Péloponnèse . La fonction politique et religieuse des parasitoi est mal connue ; l'exposé le plus complet et le plus clair de la question reste celui de 63 L . Ziehen , art.
« Parasitoi» 1, RE XVIII 4, 1949, col. 1377-1381. Leur fonction religieuse n 'est attestée qu' en Attique, essentiellement grâce au développement que leur consa cre Athénée (VI, 234 d - 235c et 239d), qui rapporte le décret copié par Polémon et qui cite aussi Thémison , Cratès, Philochore et Aristote. Les parasites desser
vent les cultes d'Héraclès à Cynosarges et à Marathon, d'Apollon Délien , d'Athéna à Pallènè (64 R . Schlaifer, « The cult of Athena Pallenis (Athenaeus VI 234-235 ]» ,HSCP 54, 1943, p . 35-67), des Dioscures et peut-être d 'Apollon à Acharnes (Athénée VI, 234 f et 235 b , c, d ; cf. IV , 147 e ; voir Schlaifer 64 , p .41,
57-58 et61-66 ). L . Ziehen a remis en valeur deux fonctions déjà suggérées dans des études antérieures, deux fonctions originellement identiques : d 'une part, les parasitoi étaient les convives du dieu lors de théoxénies qui justement sont attestées dans le culte d ' Apollon (65 L . Bruit, « Sacrifices à Delphes : sur deux figures d 'Apol
lon » , RHR 201, 1984, p . 339- 367), de Dionysos, d 'Héraclès (66 C . Robert, Die griechische Heldensage, München 1920 - 1923, p. 636 ; Deubner 32 , p . 226 ;
67 H . W . Parke, Festivals of the Athenians, London 1977, p . 51) et des Dioscures
(68 et69 F. Pfister, art. « Eodalola », RESuppl. V , 1934, col. 1711, et art. « Theoxenia » , col. 2256 -2257 ; 70 L . Bruit, « Les dieux aux festins des mortels : théoxénies et xeniai» , dans A .-Fr. Laurens ( édit.), Lire les polythéismes 2 . Entre
hommes et dieux. Le convive, le héros, le prophète, coll. « A . L .U . B .» 391, Centre de Recherches d'Histoire Ancienne, vol. 86 , Paris-Besançon 1989, p . 13 25 ; 70a A . Verbanck -Piérart, « Le double culte d'Héraclés : légende ou réalité » , ibid., p . 53 ; 71 L . Bruit, « The Meal at the Hyakinthia » , dans O .Murray [édit.),
CYNOSARGES
935
Sympotica , A Symposium on the Symposion , Oxford 1990 , p . 170-172 ; 71a A . Verbanck -Piérart, « Herakles at feast in attic art: a mythical or cultic icono graphy ? » , dans R . Hägg [édit.), The iconography of Greek cult in the archaic and classical periods, coll. « Kernos Suppl. » 1, Athènes/Liège 1992, p . 92 -97). En effet, le prêtre ne pouvait seul tenir compagnie au dieu lors du banquet sacré (cf. Athénée VI, 234d et 235 b ). D 'autre part, les parasites pourraient manifester la survivance du caractère originellement et fondamentalement convivial du
sacrifice, caractère encore sensible dans les grandes fêtes ou au contraire dans le culte privé, mais qui n 'est peut-être plus perçu dans les actes quotidiens ou rou
tiniers du culte , et d 'autant moins perçu que le sacrifice est présenté moins
comme un banquet des dieux et des hommes (Hésiode, Théogonie 535-549 ; Pausanias VIII 2 , 4 ) que comme une offrande aux dieux. Dès lors, les parasites deviennent les représentants attitrés, voire appointés, de tous ces convives potentiels que devraient être les membres de la communauté au nom de laquelle le prêtre sacrifie . Ces deux fonctions possibles, loin de s'exclure mutuellement,
sont complémentaires. Il est intéressant d 'observer dans le recrutement des parasites parmi les nothoi l'une des dernières manifestations du lien fondamental de ces deux fonc tions que traduit bien le sens premier du mot parasitos: il n 'y a pas de meilleurs
convives que les mètroxénoi aux théoxénies du mètroxénos par excellence qu 'est Héraclès; il n 'y a pas meilleurs représentants des nothoi au sacrifice en l'hon neur du patron des nothoi que des parasites recrutés parmi les nothoi.
Il ressort aussi de ce décret que le prêtre , qui se distingue des parasites recru tés parmi les nothoi, est nécessairement un gnèsios (Humphreys 42, p. 92). Ainsi, la Cité , par décrets de la Boulè, légifère aussi sur le culte local, men suel de Cynosarges (probablement célébré le quatrième jour de chaque mois ,
jour dédié à Héraclès, Hermès, Aphrodite et Éros : 72 J. D .Mikalson , The Sacred and Civil Calendar of the Athenian Year, Princeton 1975, p. 16 -17), accompli par un prêtre recruté parmi les citoyens de bonne souche, à qui elle associe les nothoi qui seront néanmoins conduits devant le tribunal de la Cité s'ils ne s' acquittent pas de leur obligation. On a peine à croire qu 'il puisse s 'agir là d 'un
culte quasi privé. Ajoutons que presque toutes les études qui citent la participation des nothoi
comme parasites aux cultes de Cynosarges ometttentde distinguer – quand elles ne confondent pas – ce culte mensuel et la grande fête des Héracléia de Cyno
sarges célébrée par la cité tout entière, où les nothoine peuvent pourtantremplir la fonction de parasites. En effet, Harpocration et La Souda, s.v. ' Hpáxhela , nous apprennent qu'il y a deux grandes fêtes de ce nom à Athènes, les Héracléia deMarathon et celles de Cynosarges. D 'après Aristote , Constitution d 'Athènes 54 , 7, et Pollux VIII
107, les Héracléia font partie des quatre fêtes pentétériques dont l'organisation est confiée à dix hiéropes annuels tirés au sort. Sont assurément pentétériques les Héracléia de Marathon, très probablement célébrées au début du mois Héka
936
ANNEXE
tombaion, et assorties de concours athlétiques en l'honneur des morts aux guerresmédiques qui supposent donc l'existence d'un gymnase (Pindare, Ol. IX 134-137 ; Ol. XIII 157 ; Pyth . VIII 112 ; Schol. Pindare Ol. IX 134 e et 137a; Pausanias I 15 , 2 et 32, 4. 73 A . Mommsen , Feste der StadtAthen im Altertum , Leipzig 1898 , p. 160 - 162; Deubner 32 , p . 227. IG 1 3 : Vanderpool 26 , p . 333
337, fig . 4 ; Woodford 28 , p. 217-218 ; Amandry 29, p.602-614 , fig. 9- 14 et p . 619-625 ; Marinatos 30, p . 6 , pl. 1b ; Koumanoudis 31, p. 232-244 ; Clairmont 33, p. 23 et n. 23, p. 97 -98 et n. 5). Nous ne connaissons pas la périodicité des
Héracléia de Cynosarges célébrées au mois Métageitnion, et ne savons donc pas si elles étaient de la compétence des dix hiéropes annuels (Deubner 32, p . 226 et
248 -254, pl. 40 , n° 37 ; Woodford 28, p . 215-216). Mais nous savons que des parasites participaient au culte d'Héraclès à Marathon (Philochore , FGrHist 328
F 73 ap. Athénée VI, 235 d -e). S 'il y avait des parasites aux fêtes pentétériques de Marathon et au sacrifice mensuel du Cynosarges, il devait y en avoir aussi
aux Héracléia , pentétériques ou annuelles, de Cynosarges. Or Athénée (VI, 239 d ) observe que lorsque la Cité fête Héraclès en grande pompe, célébrant des
sacrifices dans tous les dèmes, elle ne choisit pas les parasites par simple tirage au sort, et ne les choisit pas non plus parmi n 'importe quels citoyens ordinaires, mais « elle dresse une liste de citoyens en sélectionnant soigneusement douze hommes fils de parents athéniens, ayant des propriétés et menant une vie décente » (cf. aussi Athénée VI, 235c). Dès lors, les nothoi sont nécessairement exclus des fonctions de parasite lors des grands Héracléia de Marathon et de
Cynosarges. En clair, à Marathon comme à Cynosarges et dans d' autres dèmes, des para sites assistent traditionnellement les prêtres pour les sacrifices à Héraclès. Lors
des Héracléia pentétériques deMarathon et des Héracléia de Cynosarges et des autres dèmes, les parasites sont choisis parmiles citoyens de bonne souche. Lors des sacrifices mensuels de Cynosarges, les nothoi sont tenus de remplir cette fonction .
C 'est donc la Cité, et non les nothoi à titre privé, qui réglemente soigneuse ment les deux sortes, les deux niveaux du culte (Billot 7 , p . 93-99) . 2. Les documents de gestion de l'Héracléion prouvent aussi que la Cité
exerce sur le sanctuaire de Cynosarges une tutelle , un contrôle qui ne sont pas différents de ceux qu 'elle exerce sur les autres sanctuaires.
a . Deux inscriptions enregistrentdes mouvements de fonds sur la fortune du sanctuaire .
- D 'après IG 13 383 (= IG 12 310 ), li. 53-54, la contribution de l'Héracleion de Cynosarges aux fonds recueillis en 429/8 par les « Trésoriers des Autres
Dieux » s'élève à un certain nombre , malheureusement illisible, de statères d'or de Cyzique (74 T. Linders , The Treasurers of the Other Gods in Athens and their functions,Meisenheim am Glan 1975, en particulier p . 19-32), des ressour
ces réelles sur un an et qui ne sont manifestement pas négligeables.
- D 'après IG 13 369 (= IG 12 324), qui récapitule sur quatre ans les prêts consentis à la Cité sur les fonds des sanctuaires (Linders 74 , p. 34 - 35 ;
CYNOSARGES
937
75 R . Meiggs et D . Lewis, A Selection of Greek Historical Inscriptions to the End of the Fifth Century B. C .", Oxford 1988, n° 72 ), ceux de l'Héracléion ont été sollicités par deux fois en 423/2, d'abord pour 20 dr. (li.69-70 ), puis pour 80 dr. (li. 83). Ces sommes sont faibles, mais ne représentent de toute manière qu 'une fraction de la totalité du prêt consenti sur les fonds provenant de plusieurs sanctuaires, prêt lui-même ajusté aux besoins de l'emprunteur, la Cité . Certes, nous ne pouvons évaluer la fortune mobilière totale du sanctuaire
d'après ces deux éléments annuels, isolés et très différents. Mais c'est proba blement à tort que S. C . Humphreys (42, p. 91) déduit de IGP 369 que le
gymnase de Cynosarges n 'était pas riche et suppose que l'État, ou même les prêtres, pouvaient éventuellement le louer à des particuliers ou des associations privées, en l'occurrence aux nothoi, pour améliorer ses ressources. Effecti vement, nous verrons la Cité se charger de louer les terres du sanctuaire, mais tout en faisant de même pour tous les sanctuaires dotés de biens fonciers. De
plus, rien ne prouve que les finances du sanctuaire et celles du gymnase propre ment dit n 'étaient pas distinctes. Enfin , ces deux textes montrent que pour la collecte des fonds et pour les prêts, l'Héracléion de Cynosarges n ' était pas traité différemment des autres sanctuaires.
b . De même pour les propriétés foncières du sanctuaire, qui paraissent assez étendues . Plusieurs inscriptions complétées, revues et republiées récemment par M . Walbank ( 76 « Leases of sacred properties in Attica » , Hesperia 52, 1983, p . 100 - 135 , 177-231 ; cf. 77 SEG 33, 1983, nºs 167- 171 ; 78 Hesperia 53, 1984 , p . 361- 368 ; 79 Hesperia 54, 1985, p . 140 ; cf. 80 SEG 34, 1984, n° 124 ; 80a The Athenian Agora, vol. XIX : M . B . Walbank , Leases of public lands, Princeton
1991, p. 145 - 147) dressent la liste des propriétés de sanctuaires louées par l'État, pour le compte des autorités religieuses, à des particuliers, Athéniens ou métè ques , épaulés par un garant. Ces inscriptions enregistrent une rationalisation de ces locations dont les baux devaient être périodiquement révisés. Divinité après divinité, et pour chacune, sanctuaire après sanctuaire, les baux sont enregistrés avec, successivement, la désignation du terrain , le nom du locataire, le montant du loyer et le nom du garant: - une inscription datée de 343/2 par l'archontat de Pythodotos enregistre la location d'au moins trois telévn (parcelles de terrain : Walbank 76 , p. 117 et n . 24, p. 212 et n .67, et Whitehead 9, p. 153 et n. 21;Walbank 80a ,L6, p. 179 184, li. 102-110) d'Héraklès à Cynosarges, à trois locataires différents et pour des sommes équivalant à celles de belles à très bellesmaisons athéniennes.
- Une autre inscription de la fin du Ive ou du début du IIIe siècle (Walbank 78, p . 361- 368 ; 79 , p . 140 ; 80 n° 124 ; 80a, L 14 , p . 195 - 196 ) enregistrerait, d'après les restitutions et s 'il s'agit bien de Cynosarges et non de Cynosoura sur l'île de Salamine, la location de cinq téménè, en mentionnant le nom du locataire
précédent. Il faut donc croire qu'à période régulière, des listes analogues soit enregistraient de nouveaux baux, soit dressaient l'état des baux à un moment donné, et que les baux, régulièrement renouvelés, étaient d'un rapport substan tiel.
938
ANNEXE 3. Enfin , un « cahier des charges » de la première moitié du IVe siècle , trouvé
au Sud de l' Ilissos, dans une région où pouvait se trouver l'Héracléion de Cynosarges ( infra III B 7 a ), l'inscription IG II 1665 (81 M . Holleaux,
MDAI( A ) 31, 1906, p. 134-150 ; 82 W . Dörpfeld , ibid ., p . 145- 150 ; 83 H . Latter mann, ibid ., p . 359- 362; 84 D . M . Robinson, AJPh 18, 1907, p . 424-430 ; 85 H .
Lattermann,MDAI(A ) 33, 1908, p. 75- 80 ; 86 H . Pomtow , Klio 9, 1909, p. 155 ; 87 B . Leonardos, ArchEph 1911, p. 128 ; 88 IG II?, 1665 ; 88 G . Klaffenbach, MDAI(A )63-64, 1938- 1939, p . 111-113 ; 89 P . Guillon, Les trépieds du Ptoïon,
II, Dispositionsmatérielles etsignification historique et religieuse, coll. BEFAR 153 bis , Paris 1943, p. 20 - 22 ; 90 H . Riemann , art. « Lysikratesmonument» ,
RESuppl. 8, 1956 , col. 305-306 ; Delorme 58, p. 49 ; Billot 6, p. 136 -137), prescrit en détail, à l'attention de l'architecte Xénophon du dème des Périthoi dai, les travaux de mise en place de trépieds à Cynosarges, vraisemblablement dans le sanctuaire , bien que ce ne soit pas précisé. La prescription est faite pour
chaque trépied » , mais nousne savons ni leur nombre, ni les circonstances dans lesquelles ils ont été érigés, ni par qui. L ' installation d 'une série de trépieds, dont une partie de la fabrication est de surcroît décrite , donne à penser qu 'ils étaient purementvotifs plutôt que commémoratifs de victoires agonistiques. Ils devaient néanmoins donner belle allure au gymnase ou , plutôt, à l'Héracléion de
Cynosarges, sur l'apparence duquel nous resterions autrement tout à fait ignorants . En conclusion , loin d' être des monuments de seconde zone livrés à une
catégorie d'Athéniens écartés de la vie sociale et politique, le gymnase et l'Héracléion de Cynosarges retiennent toute l'attention de la Cité à l'époque
classique, et probablement jusqu 'à leur destruction par Philippe V en 200 av . J.-C . Quels qu 'aient été lesmotifs , quinous échappent, de la réduction du corps
civique en 451, la Cité ne peut se désintéresser d'un groupe nombreux qui compte des familles aisées et des notables, un groupe indispensable à la vie éco nomique et sociale , susceptible d' exercer de fortes pressions politiques, et de toute façon demandeur de compensations. Il est clair qu 'elle réglemente la vie
de ce groupe, clair aussi qu 'elle ne le défavorise pas, tout au contraire. L 'Héra cléion ayant déjà revêtu , et pour longtemps, la gloire de la victoire des Athé
niens sur les Perses (qui profita bien plus encore à l'Héracléion deMarathon), le sanctuaire et le gymnase tirent grand bénéfice de la loi de 451, qui leur donne
une impulsion décisive et durable et fait du gymnase l'un des trois grands d' Athènes. Il est très probable que les familiers de Cynosarges, souvent aisés, actifs, ouverts sur l'extérieur, offrent à l'un des leurs, Antisthène, dans un cadre agréable , un milieu très favorable, puis un public de choix .
CYNOSARGES
939
II.MYTHES ET CULTES DE CYNOSARGES
A .LE MYTHE FONDATEUR DU SANCTUAIRE D'HÉRACLÈS C 'est, à dire vrai, le seulmythe de Cynosarges qui nous soit connu. Il nous
est rapporté par - une scholie à Démosthène, Contre Timocratès 114 (Dilts) ; - Pausanias l’Atticiste, s.v. Elç Kuvóoapyes ; d 'où la scholie à l'Axiochos 364 a Bekker;
- Pausanias le Périégète I 19, 3 ; - Hesychius, s.v.Kuvóoapres ;
- la Euvaywy NÉEWV xonoluwv (Lexicon seguerianum n° 6 ), s. v. Κυνόσαργες . – le Ps.-Nonnos et Cosmas de Jérusalem , loc. cit. supra I B 9 ;
- plusieurs recueils de proverbes, par ex. Ps.-Diogénianos V 94, Apostolios VI66 et X 22, Appendix proverbiorum II 24 Leutsch - Schneidewin ;
– Étienne de Byzance , s.v.Kuvóoapyes ; – Photios, s.v. Kuvóoapyes ; – La Souda, s.v.Kuvóoapreç 2721 et ’EÇ Kuvóoapres;
- les AÉFELÇ uel' iotoplõv Éx tōv Anuodévouç hóywv, s.v. Kuvo oapres ;
– Eustathe, ad Od. XIII 408, p . 1747 ; cf. ad Od. II 11, p . 1430 . Il se déroule toujours à peu près de même. Alors que l'on sacrifie , un chien passe qui s'empare de la viande du sacrifice et la dépose à l' endroit où sera fondé le gymnase (Schol. Dem . ; Étienne de Byz.; RÉEELC Med' (otoplőv), ou bien le sanctuaire d 'Héraclès (Pausanias l' Atticiste ; Hesychius; Evvayor Régewv Xonoluwv, Photios), ou sa statue de culte, agalma (Apostolios X 22), ou son autel (Hesychius ; Euvaywy NÉEEwv Xonoluwv; Photios ; La Souda, s.v. Kuvóoaprec 2721), ou un temple (Ps.-Nonnos, Cosmas de Jérusalem , Appendix proverbiorum II 24, La Souda, s.v. 'EÇ Kuvoo apyes). D 'où l'étymologie indéfendable du toponyme, qui coupe le mot en deux, le génitif Kuvoç- après lequel on attendrait un substantif, et une deuxième partie -apres que les anciens font dériver de l' adjectif áprós, lequel signifie « blanc » ou « brillant» mais aussi « rapide » , notamment chez Homère où, dans cette deuxième signification, il s'applique justement aux chiens. Pour Pausanias
l'Atticiste , Hesychius et Apostolios VI66 , et selon l'Appendix proverbiorum II 24, l' étymologie du toponyme proviendrait soit de la blancheur soit de la vitesse
du chien . Mais, selon Pausanias le Périégète et, bien plus tard , Eustathe, qui traite de Cynosarges à propos de toponymes dérivant de noms d' animaux , le chien était blanc. La plupart du temps, la deuxième partie du toponyme passe sans explication dans le récit : « un chien blanc vola la viande...» . Dans certaines
notices (par ex . Apostolios X 22), l'adjectif est tout simplement oublié, et la
première partie du toponyme, de ce fait, seule expliquée. Le Ps.-Nonnos,
940
ANNEXE
Cosmas de Jérusalem et, à leur suite , La Souda (s.v. 'EÇ Kuvooapyec) soutien
nent une autre étymologie, également indéfendable, Xuvoo -oqpxes (« les mor ceaux de viande du ( volés par le ] chien » ), en arguant d 'un passage du kappa au
gamma. (D 'après 91 F. Decleva Caizzi, Antisthenis fragmenta , Milano 1965 ,
p. 120, n°136 , 92 C . Müller, Ant. vita , p. 10 -11 (non vidi), pense aussi à Kúwu Évaprós, « Cerbère à la lumière » .Mais on voit encore moins quelle transfor
mation phonétique permettrait d'aboutir à Kuvóoapyes, et il est peu probable
que dans ce site de nécropoles, la mention de Cerbère ait été perdue de vue.)
C 'est évidemment l’étymologie , quelle qu'elle soit, quisuscite le récit, lequel n ' est pas toujours sans ombres ni incohérences,mais recueille des éléments qui appartiennent à la réalité profonde du sanctuaire et de son histoire. Nous n 'en retiendrons ici que les principaux. - Le sacrificateur d'abord. Il arrive qu'il ne soit pas nommé (scholie à Démosthène, Pausanias l’ Atticiste et Pausanias le Périégète , Ps.-Nonnos, Cosmas de Jérusalem , les paroemiographes, La Souda, s.v. 'EÇ Kuvóoapres,
Eustathe), et il s'appelle Didymos dans la Euvaywy NÉEEwv Xonoluwv et La
Souda, s.v. Kuvóoapyec 2721. Partout ailleurs, ilse nommeDiomos et d 'autres scholies et notices lexicographiques nous expliquent qu 'il a donné son nom au dème des Dioméia ou des Diomeis, de la tribu Aigèis (infra III A ), où se
déroulent les Héracléia , les fêtes d 'Héraclès à Cynosarges. Il est fréquent que
l'anthroponyme dérive en fait du toponyme. Ici, l'inverse serait aussi possible . En réalité, Diomos n 'existe manifestement que pour enraciner le culte d'Héraclés dans le dème des Dioméia . Son ascendance le prouve : selon Hésy
chius (s. v. AloueTC ) et Étienne de Byzance (s.v. ALÓLela ), son père estCollytos, manifestement héros éponyme du dème du même nom , de la même tribu Aigèis également, l'un des dèmes les plus peuplés de l'Attique, si l'on en juge par sa représentation à la Boulè . Héraclès, un jour qu'il était reçu chez Collytos, se prit d 'amour pour Diomos (Étienne de Byzance , s.v. Albuela ). Une scholie à
Apollonios de Rhodes I 1207 b (Wendel) compte Diomos parmi les nombreux éromènes d 'Héraclès : bien qu 'il n 'implique pas Collytos, le procédé est au fond
le même. Or les deux dèmes sont voisins, Collytos intra muros, Les Dioméia ou
Diomeis hors les murs, et en raison de la situation géographique, quasi urbaine des Dioméia , ils pourraient avoir appartenu, dans un premier temps, à la même
trittyie urbaine de la tribu Aigèis, avant que les Dioméia ne fassent partie de la trittyie côtière (Billot 6 , p . 124 -129). A moins que des relations très anciennes,
préclisthéniennes, entre ces deux dèmes justifient cette généalogie , elle est donc au plus tôt contemporaine de la réforme de Clisthène ; et si jamais le dème des Dioméia ou Diomeis est une création clisthénienne, l'invention de Diomos et
son introduction dans le mythe ne peuvent être plus anciennes. Mais il est difficile de se prononcer sur l'ancienneté relative du mythe proprement dit, du
moins dans ses grandes lignes : plus ancien que l' invention de Diomos, ou contemporain ?
Enfin , Diomos paraît avoir été héroïsé. Dans le cadre du culte d 'Héraclès que le génos des Mésogéioi célèbre près de la porte d' Acharnes ( IG II 1244 , 1245 et
CYNOSARGES
941
1247 ; 93 S . Solders , Die ausserstädtischen Kulte und die Einigung Attikas, Lund 1931, p . 78 , n°S 11- 13 ; 94 R . O . Schlaifer, « The Attic Association of the Mesogeioi», CPh 39, 1944 , p. 22-27 ; 94 S . Dow et D . H . Gill, AJA 69, 1965,
p . 114 ; Woodford 28 , p . 223 -224 ; 95 D . Roussel, Tribu et cité, coll. « A .L . U . B . » 193, Besançon -Paris 1976 , p .69-70 , 73 et 134 ; Whitehead 9 , p . 210 ), il honore un jour diverses personnalités, dont le personnel religieux de
son propre sanctuaire et un prêtre de Diomos (IG II? 1247, li. 19) qui en fait
partie ou quia été invité. Ce qui atteste l'importance relative de l'Héracléion de Cynosarges et ses relations avec d 'autres sanctuaire du héros. - La nature du sacrifice : les textes sont unanimes, et nous l'avons déjà signalé , c'est une thysia . Sauf dans un récit tardif et très explicatif (Appendix proverbiorum II 24 ) où la thysia est adressée à Héraclès, ce sacrifice ne s'adresse à aucune divinité particulière mais anticipe évidemment sur tous ceux
qui seront offerts une fois le sanctuaire fondé : on y sacrifiera à Héraclès,moins en tant que héros qu’en tant que dieu (voir 96 J. Casabona, Recherches sur le vocabulaire des sacrifices en grec, des origines à la fin de l'époque classique,
Aix -en-Provence 1964 , p .69-154 , en particulier p. 126 -139 où la signification
très générale du mot thysia est cependant soulignée, et, avec elle , son emploi assez fréquentdans des cultes purementhéroïques ; 97 A . Verbanck-Pierart, « Le double culte d 'Héraclès : légende ou réalité ? » , dans Entre hommes etdieux (cf.
supra 70 ), p .43-65 qui conclut à la légende. Dans le même sens, 98 A .-Fr. Laurens et Fr. Lissarague, « Le bûcher d 'Héraclès : l'empreinte du dieu » , ibid., p. 81-98 ; 98a P . Lévêque et A . Verbanck-Piérart, « Héraclès héros ou dieu ? », dans C . Bonnet et C . Jourdain -Annequin (édit.), Héraclès d 'une rive à l'autre de la Méditerranée. Bilan et perspective, coll. « Institut historique belge de Rome,
Études de philologie, d'archéologie et d'histoire anciennes» 28, Bruxelles/Paris 1992, p . 43-65, en particulier p . 62 -63 ; rappelons ici les commentaires de Pausa
nias l’ Atticiste et de certains paroemiographes sur les honneurs isothéoi conférés
à Héraclès à Cynosarges), comme dans tous les sanctuaires d'Héraclès d'Attique lorsque la nature du sacrifice est précisée , notamment à Marathon (Diodore IV 39, 1 ; Pausanias I 15, 3 et 32, 4 ). Au sanctuaire de Porthmos à Sounion , le génos des Salaminioi lui offre un bæuf chaque année lors d'Héracléia célébrées au
mois de Mounichion (99 W .S . Ferguson , « The Salaminioi of Heptaphylai and Sounion » ,Hesperia 7, 1938, p. 5, li. 87, p .7 , 22-23 et 67); on lui en offre aussi un à Cynosarges, semble-t-il, si l' on en juge par le relief votif Musée Épigra phique inv. 3942 qui paraît en provenir (autrefois Musée de l'Agora inv. S. 1249 : 100 D . M . Robinson, « A New Heracles relief», Hesperia 17 , 1948, p. 137 -140, pl. 34 ; 101 J. Boardmann , LIMC IV , s.v. Herakles, Zürich München 1988, n° 1388 avec ill.; Billot 6 , p . 137- 138 et 144 , fig. 4 ), à Cynosarges où
l'autel d'Hèbè évoque l'apothéose d'Héraclès. - Reste le chien, åpyóc pour les besoins de l' étymologie , rapide ou blanc, voleur de toute façon et énigmatique. L 'antiquité reconnaît toutes leurs qualités au chien de chasse et au chien de garde. Autrement, il passe pour un animal impur, l'accès aux sanctuaires lui est normalement interdit et la fondation du
942
ANNEXE
sanctuaire de Cynosarges est certainement une purification du site . Au demeu rant, il arrive que le chien soit sacrifié en victime expiatoire, dans des rites de purification ( 102 P . Stengel, Die griechischen Kultusaltertümer (Handbuch der klassischen Altertumswissenschaft V , 3 ), München 1920 , p. 18 et 133 -134 ). Il
est aussi, de multiples façons, associé à la mort, charognard, familier des Enfers et d 'Hécate , ou triple Cerbère gardant les Enfers. Il figure fréquemment sur les
stèles funéraires où il n 'est pas toujours le compagnon sympathique du mort (103 D . Woysch -Meautis, La représentation des animaux et des êtres fabuleux
sur les monuments funéraires grecs de l' époque archaïque à la fin du Ve siècle, Lausanne 1982, p. 53-60 , catalogue p . 124 - 130 ; 104 C . Mainoldi, L 'image du loup et du chien dans la Grèce ancienne, d 'Homère à Platon , Paris 1984, p . 37 93 , 104- 120 et 143- 186 . Sur les chiens qui figurent seuls sur les stèles funéraires, Woysch -Meautis 103, p . 53-54 et 128 (catégorie D ), pl. 47, et Mainoldi 104,
p . 38). Or textes et fouilles (infra III B 4 et III B 10 c) montrent le sanctuaire de Cynosarges environné de nécropoles. Peut-être Héraclès n 'a -t-il pour seule relation avec le chien que d'avoir tué Cerbère.
– Enfin , les conditions de la fondation. Selon plusieurs textes, un oracle y a présidé. Pausanias le Périégète mentionne un xonguós, que tout un chacun peut lire attentivement, s'il veut connaître le mythe de la chienne blanche (I 19 , 3). Selon Pausanias l’Atticiste et Apostolios X 22, les participants au sacrifice, qui avaient vu le chien voler les cuisses de la victime, interrogent les dieux qui leur
délivrent un oracle , xonduós encore. L 'Appendix proverbiorum II 24 propose un récit très drôle : le chien vole la viande ;Héraclès, réduit à la portion congrue et abandonné des fidèles, se rend lui-même chez l' oracle (xonotplov) qui lui
répond (uavtetov) de fonder un temple là où le chien aura posé la viande ; après quoi Héraclès subit bien des mésaventures avant de découvrir enfin cet endroit.
Photios et La Souda, qui taisent la divinité à qui Diomos sacrifie, la font inter venir anonymement pour lui delivrer un Oracle de fondation : έχρησε δε αυτώ ο
θεός , ότι εις εκείνον τον τόπον, ου το ιερείον επέθετο, Ηρακλέους βωμών ó Eldel iSpúoaodai. La tentation est grande de voir ici l'intervention d 'Apol lon , protecteur indéfectible d 'Héraclès et des Héraclides qui ont séjourné si longtemps en Attique avant de reconquérir le Péloponnèse (Sur Apollon de Del
phes protégeantHéraclès et les Héraclides dans leur retour et à la reconquête de leurs droits, par ex . Pindare, Pythique V 69-72 ; Isocrate, Archidamos 17- 18 ; Ps.-Apollodore II 8 , 2 - 4 . Sur l'ensemble des oracles delphiques qui auraient « présidé » au retour des Héraclides et sur la littérature antique relative à ce sujet,
par ex . 105 M . P . Nilsson, Cults,Myths, Oracles and Politics in AncientGreece , Lund 1951, p .70- 72 ; 106 H .W . Parke et D. E . W . Wormell, The Delphic Oracle, vol. I, The History, Oxford 1956 , index, s.v. Heraclidae, en particulier p. 340 343 ; vol. II, The Oracular Responses, nºs 287 à 299, supposés dater du IVe siè
cle ;mais Pindare, Pythique V 69-72, évoque déjà l'aide d 'Apollon,de sorte que des oracles relatifs à ce sujet ont dû circuler dès le vie siècle ; 107 J. Fontenrose, The Delphic Oracle , Univ . of California Press 1978 , index , s.v . Heraklids, en particulier p . 100- 103, et Q 13 p . 273, L 15 p . 361- 362 et L 60 à 67 p . 378 -380 ).
CYNOSARGES
943
B . LES AUTRES CULTES DE CYNOSARGES
Or, outre l'autel d 'Héraclès, Pausanias le Périégète a vu ceux d'Hèbè, d'Alcmène et d' Iolaos (I 19, 3). En toute rigueur théorique, son témoignage ne
vaut pas nécessairement pour les ve et IVe siècles. Mais l'environnement reli gieux des cultes héracléens d ' Attique à cette époque invite cependant à penser que les cultes secondaires de l'Héracléion de Cynosarges remontent au moins au ve siècle . Car, incontestablement, la famille du héros – certains membres étant eux -mêmes des héros d 'origine sûrement béotienne comme Alcmène et surtout Iolaos – y tient autour de lui, en raison de la légende des Héraclides, une très
large place. Néanmoins, chaque membre de cette famille ou presque a des fonctions politiques propres, irréductibles aux seuls liens de parenté .
1. Alcmène. Sur l'origine très probablement béotienne d'Alcmène et sur son culte à Haliartos et à Thèbes, mais aussi à Mégare (Pausanias I 41, 1) et à Sparte , 108 K . Wernicke, art. « Alkmene » , RE I, 1894, col. 1572- 1577 ; 109 A . Schachter, Cults of Boiotia , I, coll. BICS, Suppl. 38, 1, London 1981, p. 13- 16 ; 110 K . Hanell, Megarische Studien, Lund 1934, p . 30 -31; 111 L . Piccirilli,
METAPIKA, Testimonianze et frammenti, Pisa 1975, p. 89 n .20 et p. 119 - 120. Nous avons vu qu' elle trouve sa place naturelle dans un Héracléion fréquenté par des nothoi. Mais elle est aussi vénérée par le génos des Salaminioi dans l'Héracléion de Porthmos à Sounion , où on lui sacrifie un mouton de 12 dr. au
mois de Mounichion qui voit célébrer des Héracléia et sacrifier à Iolaos (Fergu son 99 , p. 5, li. 86 -87, p. 7 et 22). A Thoricos, dans les années 430 , au mois d 'Élaphébolion, elle reçoit un culte avec ou à la suite de celui des Héraclides (112 G . Daux, « Le calendrier de Thorikos au musée J. Paul Getty » , AC 52, 1983, p . 150 - 174 , li. 36 -38 ; correction , li. 36 , qui rétablit les Héraclides en lieu
et place d 'Héraclès par 113 R . C . T. Parker, ZPE 57, 1984, p . 59 ; cf. Whitehead
9, p. 207 et n . 82 ; 114 R . Parker, « Festivals of the Attic Demes» , dans T. Lin ders et G . Nordquist [édit.], Gifts to the Gods, Proceedings of the Uppsala
Symposium 1985, coll. « Boreas» 15 , Uppsala 1987, p . 138, 145 et 146 ). Et dans le dème d 'Aixonè, aux environs de 325/4 , Hèbè et Alcmene ont une prêtresse
commune (IG IIP 1199, li. 24 -25 ; Whitehead 9 , p. 182- 183). Euripide avait écrit une Alcmène dont la teneur nous échappe ( TGrF Nauck ?,
fr. 88 à 104 ; 115 T. B . L . Webster, The Tragedies of Euripides, London 1967,
p. 92 -94 et 298). Il en fait, avec Iolaos, l'un des deux personnages principaux des Héraclides qui se déroulent à Marathon , où lolaos reçoit un culte. Il est très possible qu’ Alcmène y ait été aussi vénérée (sur la place et le caractère
d'Alcmène dans le cycle héracléen d'Euripide, 116 R . Aelion , Euripide héritier d 'Eschyle , Paris 1983, 1, p . 165, 167 et 173 ; II, p. 22, 300 -301, 303 et 319).
Elle est représentée sur la céramique d' Athènes au Ve siècle , puis d ' Italie méridionale au IVe siècle dans des illustrations de tragédies. Mais surtout, dans
un tableau sensiblement contemporain des Héraclides d'Euripide aux environs de 430, le peintre athénien Apollodore avait représenté les Héraclides avec
944
ANNEXE
Alcmène et la fille d'Héraclès en suppliants auprès d 'Athéna (scholie à Aristo phane, Ploutos, 385 : 117 J. Overbek , Die antiken Schriftquellen zur Geschichte der bildenden Künste bei den Griechen , Leipzig 1868/1871, nº 1642; 118 A .
Reinach , Textes grecs et latins relatifs à l'histoire de la peinture ancienne, Recueil Milliet, introduction et notes par A . Rouveret, Paris 1985, n° 197, p. 188 -189), sujet repris vers 400 par le peintre Pamphilos, de l'école sicyo
nienne (scholie à Aristophane, Ploutos 385 : Overbeck 117, n° 1752. Recueil Milliet 118, n° 322, p . 254-255), dont l'œuvre était exposée à Athènes. De son côté, Zeuxis faisait d'Alcmène le sujet d 'un tableau qu' il offrit à Agrigente (Pline, N . H . 35, 62 ; Recueil Milliet 118, n° 225, p. 198 -199) et la représentait aussi dans un autre tableau ayant pour sujet Héraclès au berceau étouffant les
serpents (Pline , N . H . 35 ,63; RecueilMilliet 118, n° 224, p . 198-199) .
Tragédies, céramique et grande peinture, intimement liées (119 A . D . Tren dall, LIMC I, s.v. Alkmene, Zürich/München 1981, p. 552-556), attestent ainsi tout l'intérêt porté à Alcmène dans la deuxièmemoitié du Ve siècle . Il est donc très possible que son autel du Cynosarges remonte à cette époque.
2 .Hèbè, déesse des adolescents et des hommes jeunes, n 'est, à ce titre, pas plus étrangère aux gymnases qu 'au sanctuaire d 'Héraclès (120 A . F . Laurens,
LIMC IV , s.v. Hébè, Zürich -München 1988 , p. 458 ). Son nom sert de mot de passe entre Grecs et loniens à la bataille du Cap Mycale , l'un des derniers épiso
des des guerres médiques (Hérodote IX 98) dont le souvenir est célébré à l'Héracléion de Marathon , c'est donc un lien supplémentaire entre Marathon et
Cynosarges. Toujours dans les Héraclides d 'Euripide, c' est en sa compagnie qu 'Héraclès confère la jeunesse à Iolaos qui l' a implorée de Zeus et d 'Hèbè (v. 796 et 849- 866 , en particulier 854-857) . Elle est aussi, en épouse fidèle , garante de la légitimité des mariages et des filiations. C 'est Hèbè qui, avec et après Athéna, introduit dans l'Olympe Héra clès, le nothos qu 'Héra finit par adopter (Diodore IV 39, 2 -3), et dont elle fait son gendre puisqu 'elle lui donne Hèbè en mariage (Pindare , Isthmique IV 55 60). Hèbè est donc attachée au double thème de l'apothéose d'Héraclès et de son adoption qui en résulte, sur le modèle du fonctionnement des institutions athé niennes : devenu dieu, Héraclès, dont on « efface » ainsi la double nothéia originelle (sans complètement l'oublier), devient adoptable , de même que, pour être adopté, il faut être fils de père et de mère athéniens (Harrison 36 , p. 87 -89). Etcitoyen au monde des dieux, il devient épousable par une déesse. Il semble qu 'au IVe siècle , vers 325 /4, Hèbè reçoive sinon le culte principal
du dème d ' Aixonè, du moins un culte très important que desservent quatre hiéropoioi annuels, une prêtresse qu 'elle partage avec Alcmene (supra ) et deux
sophronistes (IG II? 2492, li. 22 -23 [345/4 ) ; 1199 , li. 1, 2, 6 -7 , 17 -20 , 24- 25 [325/ 4 ) ; 1035 , li. 58 : Whitehead 9 , p . 143 n . 136 , p . 182 n . 28 , p . 183 et n . 35 ,
p. 207 et 250 n . 132). Le même dème rend un culte aux Héraclides (IG II” 1199,
li. 22-24), vénérés aussi à Erchia, Kydathenaion , Prasiai, Thoricos (supra ) et
CYNOSARGES
945
Marathon ( scholie à Sophocle, Edipe à Colone 701 = Istros FGrHist 334 F 30 ; Pollux VIII 107). 3 . Iolaos enfin , neveu, compagnon indéfectible , amant et cocher d 'Héraclès, en est fréquemment le symbômos d 'après Plutarque, qui affirme qu 'ils sont
souvent invoqués ensemble (De l'amour fraternel 492c). Cocher hors pair, premier vainqueur de la course de chars à Olympie sur le char d 'Héraclès (Pausanias V 8 , 3 ), il a toutes les qualités d 'un héros des gymnases. Sur son hérôon , à Thèbes, érastes et éromènes se juraient un amour éternel (Aristote fr. 97 Rose ap. Plutarque, Erôtikos 761 d - e et Pélopidas 18, 5 ) ; à côté de cet hérôon , un stade et un gymnase où l'on célébrait les lolaéia , très probablement
remplacées par des Héracléia (Schachter 109, I, p . 30-31 ; II, p. 17-18, 25-27 , 64-65 ; 121 P. Angeli Bernardini, « Il proemio della Pitica XI di Pindaro e i culti
tebani », BOINTIKA, Vorträge von 5. Internationalen Böotien Kolloquium zu Ehren von Professor Dr. Siegfried Lauffer, München, 13.- 17. Juni 1986,Munich 1989, p . 46 -47; 122 P . Angeli Bernardini, « lolao in Pindaro : un Eracle
minore ? » , dans A . Schachter ( édit.], Essays in the Topography, History and Culture of Boiotia , coll. « Teiresias» Supplement 3 ,Montreal 1990, p . 119 -123). Il tient toute sa gloire athénienne, bien attestée par les images de vases (123 M . Pipili, LIMC V , s. v. lolaos, Zürich München 1990 , p . 686 -696 ), de ce vieux compagnonnage avec Héraclès, et plus précisément, au Ve siècle, du rôle
éminent que lui prêtent les tragiques, Eschyle peut- être dans ses Héraclides malheureusement perdus (TrGF III, S. Radt, fr. 73b à 77), en tout cas Euripide qui, dans les Héraclides (v. 1 à 52 ), lui confie , ainsi qu 'à Alcmène, la protection des enfants d 'Héraclès et le combat final contre Eurysthée, un thème thébain à
l'origine, de même que celui de son rajeunissement temporaire (Aelion 116 , I, p . 172 -173 ; II, p . 21-31 passim , 35 et 44).
Il reçoit un mouton de 15 dr. en holocauste à l'Héracléion de Porthmos à Sounion au même mois de Mounichion où l'on y célèbre des Héracléia et où l'on sacrifie à Alcmene (Ferguson 99, p . 5 , li. 86 , p . 7 , 22 et65 ; l'holocauste est traditionnel dans les cultes héroïques), et un sacrifice annuel du dème de Mara thon au cours duquel lui est offert un mouton de 12 dr. au mois de Gamélion (Calendrier de Marathon , IG II 1358 , col. II, li. 14 : Whitehead 9 , p . 193) .
Euripide place à Pallènè l' épisode de son rajeunissement temporaire et de sa victoire sur Eurysthée (Héraclides 796 et 843- 866 ); il est donc possible qu'il y ait reçu un culte .
De même que ceux d'Alcmène et d'Hèbè, son autel de Cynosarges peut remonter à la seconde moitié du ve siècle , tant il est fréquent que les tragiques amplifient les moments religieux de leur époque. En somme, les cultes secondaires de l'Héracléion de Cynosarges tiennent en
priorité à leur implantation dans un sanctuaire d 'Héraclès et secondairement,
pour les cultes d'Hèbè et d' Iolaos, à la proximité du « gymnase d 'Héraclès>> selon les termes de Plutarque (Thémistocle I 3), gymnase où le héros devait être aussi vénéré (supra, I B ). Vision à géométrie variable : sur le versant d'Héraclès
héros nothos et de ses Travaux se trouvent Alcmène, Iolaos peinant, les
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ANNEXE
Héraclides à la reconquête de leurs droits, les parasites mètroxénoi, les cultes mensuels de Cynosarges ; sur le versant d'Héraclès en gloire, son apothéose, Hèbè, la jeunesse qu'ils confèrent à lolaos, les parasites gnèsioi, les Héracléia
de Cynosarges. Car ces cultes secondaires tiennent aussi aux relations que tous les sanctuaires héracléens ethéraclidéens d ’Attique entretiennent entre eux, celui de Cynosarges avec ceux de la porte d ' Acharnes, d 'Aixonè, de Porthmos à Sou nion , de Thoricos, et plus particulièrement de Marathon , sur fond légendaire du
séjour d 'Héraclès et des Héraclides en Attique. Héraclès apparaît depuis trop longtemps sous la protection d 'Athéna pour que sa présence en Attique ne soit pas très ancienne et ses sanctuaires nombreux. D 'où la conviction des Athéniens rapportée par Diodore, IV 39, 1 : « Les Athé niens sont les premiers à avoir honoré Héraclès comme un dieu par des thysiai,
et après avoir donné en exemple leur piété envers le dieu , ils convertirent
d' abord tous les Grecs , puis tous les autres hommes de la terre habitée à honorer Héraclès comme un dieu » ; ou par Pausanias (I 15, 3 et 32, 4 ) qui, rappelant que
Marathon s'appelle aussi Héracléa , en donne pour explication que les Grecs affirmentavoir été les premiers à considérer qu'Héraclès était un dieu. La thysia que Diomos offre avant même que le sanctuaire soit fondé en l'honneur d 'Héraclès ne signifie rien d 'autre .
L 'amitié de Thésée et d 'Héraclès, héros parallèles et compagnons d 'aventure dans les mythes, la peinture et la sculpture depuis le haut archaïsme, héros interchangeables puisque Thésée est dit « second Héraclès» ( Isocrate , Éloge d 'Hélène 21-25 ; Plutarque, Thésée VI 8 - 9 et VII 2 ), n 'est certainement pas
étrangère à l'idéologie de Cynosarges . Dans l'Héraclès furieux d 'Euripide, Thésée promet à Héraclès, qu 'il arrache à Thèbes (v. 1322 -1334 ), purification , demeure, une part de ses biens mobiliers et immobiliers et, après sa mort, des sacrifices, thysiai, accomplis par tous les Athéniens. D 'où peut- être l'affirmation de Philochore (FGrHist 328 F 18 ap. Plutarque, Thésée XXXV 3), selon
laquelle Thésée aurait dédié à Héraclès tous les téménè qui lui avaient été autre
fois accordés, sauf quatre , et qu'il changea leur nom de Théséia en Héracléia. Incontestablement, dans les premières années de la guerre du Péloponnèse, Euripide célèbre, depuis les Héraclides composés entre 430 et426 (datés de 430 avec de bons arguments par 124 E . Delebecque, Euripide et la guerre du Pélo
ponnèse , Paris 1951, p. 74 -94 , et par 125 G . Zuntz , The Political Plays of Euripides, Manchester 1955, p . 81-88, la pièce l'est de 427 ou 426 par 126 Ph . Vellacott, pour qui les réfugiés du début de la pièce évoqueraient les Platéens: Ironic Drama. A Study of Euripides'Method and Meaning , Cambridge Univ .
Press 1975, p. 156 et 182-186 ), une nouvelle impulsion officiellement donnée aux cultes héracléens et héraclidéens d' Attique : de même que Thésée a fait
venir Héraclès en Attique, les cultes d'Héraclès, d 'Alcmène, d ’lolaos, d'Hèbè et des Héraclides s' y multiplient. Et de même que les Héraclides ont vaincu
Eurysthée , Athènes vaincra Sparte .
CYNOSARGES
947
Néanmoins, Euripide et Philochore transmettent en la rénovant une tradition
plus ancienne et continue. Plus encore qu'à l' époque archaïque et sur ses vases, Héraclès confirme à Marathon qu'il partage avec Thésée, depuis la guerre contre les Amazones, le rôle de défenseur de la Cité et d'artisan de son unité . Si les
Héracléia de Marathon deviennent le cadre des « concours en l'honneur des morts à la guerre » (médique), c 'est que la victoire de Marathon passe pour
acquise sous la protection conjointe des deux héros : « Le nom de Marathon était déjà associé à un exploit commun d'Héraclès et de Thésée : c' était là que le taureau ramené de Crète par Héraclès avait été une deuxième fois dompté par Thésée. La bataille de Marathon a scellé l' amitié des deux héros. Les images des exploits de l'un et de l'autre voisinaient aux métopes du trésor élevé par les
Athéniens à Delphes. Au Portique Peint de l'Agora d 'Athènes, Thésée était représenté à côté d'Athéna et d'Héraclès dans le tableau de la bataille de Mara thon , émergeant à mi-corps du sol (Pausanias I 15, 3), comme à demi prisonnier
encore des puissances infernales auxquelles Héraclès l'avait arraché » , écrit P . Amandry (29 , p . 622), qui rappelle aussi l'apparition de Thésée au cours de la bataille de Marathon (Plutarque, Thésée XXXV 8). Or nous avons vu l'Héra cléion de Cynosarges rendre à l'armée grecque lesmêmes servicesmatériels et spirituels que celui de Marathon , d 'où l' importance des fêtes de Cynosarges
(Hérodote VI 115 ; Aristote, Const. Ath. 54, 7 ; Pollux VIII 107). Vers 450, les métopes de l'Héphaistéion se partagent encore les exploits des deux héros, auxquels se réfèrent plus subtilement celles du Parthenon (voir par ex. 126 H . Knell, Mythos und Polis, Bildprogramme griechischer Bauskulptur, Darmstadt 1990 , p. 95- 108, fig. 144- 159 et p. 127 -133, fig. 195 -207 ; 127 M . Oppermann ,
Vom Medusabild zur Athenageburt, Bildprogramme griechischer Tempelgiebel archaïscher und klassischer Zeit, Leipzig 1990). De l'unité de la cité , les mètroxènoi de Cynosarges ne peuvent donc certainement, pas plus qu'Héraclès,
être exclus. Enfin , c'est dans la Tétrapole, plus précisément à Marathon , que la légende des Héraclides se greffe sur celle d 'Héraclès, puisqu 'ils y ont trouvé refuge. La tradition est sûrement ancienne (scholie à Sophocle , Edipe à Colone 701 =
Istros FGrHist 334 F 30 ; Pausanias I 32, 6 ), mais ce n 'est pas un hasard si la première évocation littéraire est liée aux guerresmédiques : d'après Hérodote IX 27, les Athéniens rappellent l'appui qu 'ils ont apporté aux Héraclides lorsqu 'ils disputent aux Tégéates le droit de commander une des ailes de l'armée grecque à la bataille de Platées. Euripide fait de Marathon le lieu de sa tragédie des Héraclides qui, à son tour, laisse un souvenir concret dans la toponymie à la fontaine de Macaria , la fille d'Héraclès qui s'est volontairement sacrifiée (Stra
bon VIII 6 , 19 ; Pausanias I 32, 6). Dès lors, l'accueil et l'appui offerts par Athènes aux Héraclides deviennent un thème, un argument politique fréquents
des historiens et des orateurs attiques à partir de la fin du ve siècle (sur l'idéo logie politique véhiculée par le mythe des Héraclides au théâtre, Zuntz 125 ,
p. 81-88 ; 128 V . Di Benedetto , Euripide : teatro e società, Torino 1971, p. 105
123 ; chez les historiens et les orateurs : Thucydide I 19 ; Lysias, Epitaphios 11 ;
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ANNEXE
Isocrate, Panégyrique 59-60 ; Archidamos 42; Philippe 34 ; Panathénaïque 194 ; Démosthène, Epitaphios 8 ; Sur la Couronne 186 ; Platon , Ménexène 239b ).
Ainsi, après l'essor des sanctuaires héracléens consécutif aux guerres médi ques, Héraclès, ses enfants, sa famille voient leur rôle politico - religieux encore
renforcé dans la seconde moitié du ve siècle. Il nous suffit de rappeler la série ininterrompue des nombreuses représentations d 'Héraclés sur les vases de style sévère , dans la grande peinture (Stoa Poikilè ) et dans la sulpture monumentale ( Trésor des Athéniens, Héphaistéion, Parthénon, pour ne citer que les édifices
les plus importants), Les Héraclides d 'Eschyle, Les Héraclides d'Euripide entre 430 et 426 et son Héraclès en 424 /3 (selon Delebecque 124, p. 129- 146) dans le souvenir des guerres médiques et le contexte de la guerre du Péloponnèse,
l'inspiration immédiate que la grande peinture tire de ces tragédies (Apollodore, Zeuxis, Pamphilos),l'hommage appuyé qu'Aristophane rend à Héraclés dans les Nuées (v. 1048 -1050), jouées en 423, la réorganisation du culte de Cynosarges intervenue à peu près à même époque sur proposition d' Alcibiade, la grande
diffusion des sanctuaires d 'Héraclès (Solders 93, p . 77-81; Woodford 28 ;
Whitehead 9 , p .207 et n. 183 ; Verbanck -Pierart 97, p. 43 et 51-53) et des sanctuaires des Héraclides (Aixonè, Erchia , Kydathenaion , Marathon, Prasiai, Thoricos) dans toute l'Attique. Telles sont l' image que la Cité se donne d'elle-même, et l'ambiance propre
ment politique - y inclus religion, théâtre, philosophie et arts figuratifs, comme toujours à Athènes – où se développent la méditation du nothos Antisthène et bientôt celle de Diogène de Sinope sur Héraclès, héros humain et divin (129 A . Bartalucci, « Una probabile ricostruzione dell' Eracle di Diogene di Sinope » ,
SCO 19 -20, 1970-1971, p . 109-122 ; 130 M .-O .Goulet-Cazé , L 'ascèse cynique. Un commentaire de Diogène Laërce VI, 70-72 , Paris 1986 , p . 114 -155). Aucun
argument solide ne peut écarter l'information de Diogène Laërce (VI 13), reprise par La Souda (s.v. ’Avtionévns), sur un fait précis et important : Antisthène a « enseigné » au gymnase de Cynosarges. Car , à défaut, hélas, de document positif, donc décisif, tout le contexte politico -religieux, toutes les vraisemblan ces, et du meilleur aloi, rendent plausible l'activité d 'Antisthène au Cynosarges
et contribuent à authentifier sa réflexion philosophique sur Héraclès. Faits et vraisemblances sont d'autant plus fiables qu 'ils ont, justement, suscité les appa rences trompeuses qui, à leur tour, fondèrent la tradition, désormais ruinée,
d'une école cynique à Cynosarges. Car c' est au gymnase et à l'Héracleion de Cynosarges, semble-t-il, qu'il faut chercher quelques-unes des racines les plus tenaces, une grande partie des origines de la tradition incriminée , fallacieuse
certes,mais compréhensible. Le culte officiel et populaire d 'Héraclès est resté trop vivace, ses sanctuaires trop nombreux pour ne pas avoir suggéré au Sino péen immergé en milieu athénien de reprendre un thème de réflexion qui, bien évidemment, peut être redevable à d ' Antisthène sans attester pour autant d 'improbables relations de « disciple » à « maître » .
CYNOSARGES
949
III. TOPOGRAPHIE
A . TEXTES 1 . Une première série de textes permet de situer Cynosarges dans le
paysage athénien par précisions successives. a . Cynosarges est hors les murs. Plutarque ( Themistocle I 3) et Eustathe (Ad
Homeri Od. XIII 408, p . 1747) l’écrivent explicitement. On le déduirait en outre de plusieurs faits et textes:
- il s ' y trouve une nécropole, puisqu'en 338 av. J.-C . Isocrate y est enterré « sur la colline de gauche» dans un somptueux enclos funéraire familial (Ps.
Plut., Vie des Dix Orateurs 838 b -d) ; la colline est donc aisément reconnaissable
à qui vientde la ville.
La nécropole s'étend aussi sur le territoire d ’Alopékè, puisque le Spartiate Anchimol(i)os y est enterré, près de l'Héracléion de Cynosarges (Hérodote V 63 ; cf. Aristote, Ath. Pol. 19, 5 , et scholie à Aristophane, Lys. 1153 Dübner ou Stein ).
- en 200 av. J.-C ., Philippe V y établit son camp pour assiéger Athènes (Diodore XXVIII 7 ; Tite Live XXXI 24, 17 -18; supra I A ). - Dans le Discours sur l'Ambassade (86 et 125), Démosthène rappelle que les Athéniens, par deux fois effrayés par les entreprises de Philippe , prirent des mesures pour célébrer les Héracléia à l' intérieur des murs , en 353 par le décret de Diophantos, et en 346 par le décret de Callisthénès. Harpocration et La
Souda, tous deux s. v. 'Hpáxhela , précisent qu'il y a beaucoup de sanctuaires, ou que l'on célèbre beaucoup de fêtes d'Héraclès en Attique, et se demandent quels Héracléia célèbres Démosthène évoque en l' occurrence, ceux de Marathon ou ceux de Cynosarges. L 'Héracléion de Cynosarges est donc bien hors les murs .
b . Cynosarges, hors les murs , se trouve au Sud de la ville : immédiatement après la bataille de Marathon, les Athéniens quittent l'Héracléion pour aller
camper à celui de Cynosarges et prendre ainsi de court la flotte perse; ils l'ont vue contourner Sounion et s 'attendent donc à ce qu 'elle débarque au Sud
d 'Athènes. Les Perses jettent effectivement l'ancre à Phalère (Hérodote VI 115 ; supra I A ). On peut aussi déduire la situation méridionale de Cynosarges des indications
topographiques que donne Aristophane sur la région où se jouent Les Gre nouilles, entre l'Héracléion de Cynosarges dans le dème des Dioméia ( infra III
A 2), le Dionysion en Limnais et le sanctuaire de Dèmèter, Corè et lacchos à Agra (i), où Héraclès se serait fait initier aux « Petits Mystères » (interprétations
diverses de 131 J. E . Harrison , Primitive Athens as described by Thucydides, Cambridge Univ . Press 1906 , p . 146 - 147 ; 132 G . T . W . Hooker, « The Topo
graphy of the Frogs» , JHS 80, 1960, p. 112-117 ; 133 M .Guarducci, « Le Rane di Aristofane e la topografia ateniese » , Studi in onore di Aristide Colonna, Perugia 1982, p . 167- 172. Dionysion en Limnais : 134 J. Travlos, Bildlexikon zur
950
ANNEXE
Topographie des antiken Athen, Tübingen 1971, p . 274 et 332, fig . 219, 379 et
435, n° 184 ; ici fig. 8 nº 11. Mètrôon d 'Agra(i): Bildlexikon 134, p. 112 et 335, fig. 154 et 379, n° 152 ; ici fig . 8 nº 23).Or le lieu- dit Agra (i) est depuis toujours assez précisément localisé au Sud de la ville , sur la rive gauche de l'Ilissos, où il semble comprendre ou jouxter le lieu -dit Ardettos (Platon , Phèdre 229 c-d ;
Strabon IX 1, 24 ; Pausanias I 19, 6 ; Harpocration, s.v. ' Aponttós ; Travlos 134,
p. 112-115 , fig . 130 et 379 ; ici fig. 8 ). Au delà, vers l'Est, se trouve le lieu-dit Ardèttos ; il englobe la colline qui porte actuellement ce nom (fig. 7 et 8) mais
ne s'y limite pas. c. Cynosarges, hors les murs, au Sud de la ville , n 'est pas très éloigné de
l'Ilissos, car le début de l’Axiochos (364 a) met Socrate en scène dans les termes suivants : « J'étais sorti pour me rendre à Cynosarges et je me trouvais près de l’Ilissos quand j'entendis une voix qui criait « Socrate , Socrate !» . Je me retour nai pour voir d'où elle venait et j'aperçus Clinias, le fils d'Axiochos, qui courait dans la direction de Callirrhoè avec le musicien Damon et Charmide, fils de Glaucon (...).Medétournant alors de mon chemin , je crus bon d'aller à leur rencontre pour les joindre plus vite » (trad. J. Soulhé, CUF, Paris 1930 /1962). Ils
partent tous quatre le long des murailles, par l'extérieur du rempart semble -t-il, jusqu' aux Portes Itôniai tout près desquelles habite le père de Clinias, à côté de la Stèle des Amazones (364c-d). Plus tard , Axiochos réconforté, Socrate conclura le dialogue en annonçant qu 'il repart pour Cynosarges (372), mais sans précision sur son nouvel itinéraire .
Callirrhoè, dans le lit de l'Ilissos, est une barre rocheuse que les eaux fran chissent en cascade, accompagnée d'une importante source qui justifie le topo nyme (fig. 8 , nº 19). Un pont très court et un gué permettent d 'y franchir l'Ilissos (Bildlexikon 134, p. 112 et 204, fig. 130 , 154, 155 , 268 et 379, n° 155 pour Callirrhoè, n° 156 pour le gué ; 135 R . Tölle -Kastenbein , « Kallirrhoe und Enneakrounos » , JDAI 101, 1986 , p . 55-73). Il est certain que Socrate se trouve
hors les murs entre le rempart et l' Ilissos lorque Clinias l'interpelle .
Pausanias (I 2, 1) et Plutarque (Thésée XXVII 6 ) nous permettent de situer les Portes Itôniai et la Stèle de l'Amazone à quelque distance de l'angle Sud Ouest du mur de soutènement de l'Olympieion , vers le Sud -Ouest, dans la région où la route de Phalère, par laquelle Pausanias gagne Athènes (I 1, 5), débouche dans la ville. Plusieurs motifs invitent à identifier les Portes Itôniai avec le débouché de la route de Phalère, l'emplacement nº XII qui n 'a pas encore été fouillé (Bildlexikon 134 , fig. 217 et 379 ; ici fig . 8) comme
136 J. Travlos lui-même l'avait fait dans un premier temps (Iloheodoulan) ÈEENELÇ Tõv ’AOnvāv, Athènes 1960, carte pl. III,en dépit d 'imprécisions dues à l'époque de sa réalisation ; voir Billot 6 , p. 123, fig . 1). Le début de l’Axiochos est susceptible de deux interprétations : - Ou bien Clinias, prévenu de l'état de son père, se rend à la maison pater nelle en compagnie de Damon et Charmide. Courant vers Callirrhoè dans la direction générale des Portes Itôniai au moment où il aperçoit Socrate , il vient nécessairement de l'amont de la vallée du fleuve ou de la région qui se situe au
CYNOSARGES
951
Nord/Nord-Est de son cours et de Callirrhoè (Bildlexikon 134, fig. 379). Dès
lors, Socrate, qui vient de croiser l'itinéraire prévu par Clinias puisque celui-ci est derrière lui, et qui vient d 'atteindre l'Ilissos ou presque, se trouve aussi, nécessairement, en amont de Callirrhoè.
- Ou bien Clinias, parti de la maison paternelle à la recherche d 'un ami capable de réconforter son père, vient des Portes Itôniai et se rend vers Callir
rhoè par un chemin que Socrate a déjà croisé. Socrate se trouve alors près de l’ Ilissos, mais en aval de Callirrhoè, et tous quatre refont en sens inverse le
trajet d ' abord parcouru par Clinias, Damon et Charmide. d . Enfin , nous savons par Diogène Laërce (VI 13) que le gymnase est à faible
distance des portes de la ville, μικρόν απωθεν των πυλών, ce qui confirme que Socrate n 'est pas loin de l’Ilissos lorsque Clinias l'interpelle .
Le peu que nous sachions des intentions et de l'itinéraire de Socrate impose trois remarques importantes: ( 1) Socrate se rend à Cynosarges, sans autre précision ; il ne va pas nécessai
rement au gymnase de Cynosarges. (2 ) Il n 'est pas dit que pour se rendre à l'endroit voulu de Cynosarges, il ait à franchir l'Ilissos. Il peut le longer sur la rive droite . (3 ) S' il doit le franchir, les deux mêmes passages s 'offrent à lui pour chaque interprétation du texte , mais dans un ordre différent: d'amont en aval, le gué de Callirhoé et l'endroit (probablement un pont) où la route venant de Sounion
franchit l’Ilissos ; d 'aval en amont, les mêmes points dans l'ordre inverse . Ainsi, la région où il faut situer Cynosarges peut commencer au Sud de la muraille classique, et doit comprendre au moins une partie de la chaîne de
collines situées au Sud de l'Olympiéion , sur la rive gauche de l' Ilissos, le plus près possible ou assez près du rempart, plus précisément et par rapport au
téménos de l'Olympiéion, du Sud-Est jusqu 'au Sud/Sud -Ouest de celui-ci, sur la
rive gauche de l' Ilissos, soit d 'un peu en amont de Callirrhoè jusqu'à l'aplomb de l'emplacement probable de la porte nº XII ( Travlos 134, fig . 379 ; ici fig . 8 ). En étendant cette zone vers le Sud -Ouest, on s ' éloignerait peut-être par trop du rempart. Le relief de cette région est assez précisément reproduit sur le plan I
des deux éditions de 137 -138 W . Judeich , Topographie von Athen (Handbuch der Altertumswissenschaft III, III, 2 ), München 1907 et 1931, et sur le plan publié par 139 R . E . Wycherley, « Pausanias at Athens II. A Commentary on
Book I, Chapters 18 -19» ,GRBS 4, 1963, p. 164. 2 . Une deuxième série de textes localise Cynosarges dans le dème des
Dioméia appelé aussi Les Diomeis ou Dioméia. Aristophane, au v . 651 des Grenouilles, nous informe que l'Héracleion de Cynosarges se trouve aux Dioméia. Une scholie à ce vers le confirme et précise que Les Dioméia sont un dème de la tribu Aigèis, ce que nous indiquent aussi Harpocration ( s. v. 'Ev Alouelous ' Hpáxelov ), Étienne de Byzance et La Souda (tous deux s. v. ALOUELA ).
952
ANNEXE
Selon Hégésandre de Delphes, Hypomnèmata (ap. Athénée VI, 260 a-b = FHG IV , p. 413 Müller) et Téléphanès, La Ville (d'Athènes) (ap. Athénée XIV ,
614 d = FHG IV , p . 507), les « Soixante » (supra I A ) se réunissaient à l'Héracléion des Dioméia.
Hesychius, Étienne de Byzance et Photios (tous trois s.v. Kuvóoapyes) affirment que ce dème tient son nom de Diomos, protagoniste du mythe fonda
teur de l'Héracleion de Cynosarges (supra II A ). Étienne de Byzance précise en outre que le nom du dème est du genre neutre.
Mais Hesychius et Photios (Theodoridis), tous deux s.v. ALOUETS , connaissent aussi un doublet du toponyme-nom de dème au masculin pluriel - en réalité soit une abreviation de Διομ( ει )είς, le pluriel du démotique Διομειεύς ( par ex. 140 The Athenian Agora , XV, B . D . Meritt et J. S. Traill, Inscriptions, The
Athenian Councillors, Princeton 1974, n° 38, p. 48, li. 70 (341/0 av. J.-C .), soit,
plus simplement encore, le pluriel du démotique ALOUEÚS -, dème d'Athènes lui aussi nommé d'après Diomos, fils de Collytos (Hésychius), manifestement éponymedu dèmedu même nom , de la tribu Aigèis également. Or Héraclès se prit d'amour pour Diomos (cf. Étienne de Byzance, s.v. Albuela ; scholie à
Apollonios de Rhodes I 1207 b Wendel; supra II A ). La glose d'Hésychius suggère le voisinage immédiat des deux dèmes, tous deux de la tribu Aigèis (II). D 'autres indices placent Collytos intra muros, Les Dioméia ou Les Dioméis hors les murs (au moins pour le lieu -dit Cynosarges). En raison de la situation
géographique, quasi urbaine, des Dioméia (ou Dioméis), ils pourraient avoir appartenu, dans un premier temps, à la même trittyie urbaine de la tribu Aigèis ( II), avant que les Dioméia ne fassent partie de la trittyie côtière . Sur la localisation et l'importance relative du dèmedes Dioméia ou des Diomeis, Judeich 138 , p . 169 -172 ; 141 E . Kirsten , « Beiträge zur historischen Landeskunde in Attika und
Megaris » , dans A . Philippson , Die griechischen Landschaften , eine Landeskunde, 1 3 , Frankfurt 1952, p. 1002, pl. I; 142 E . Kirsten , Westermanns Atlas zur Weltgeschichte , Braunschweig 1956 , p . 12, VI; 143 E . Kirsten , « Der gegenwärtige Stand der attischen Demenforschung », Atti del Illo Cong. Intern . di Epigrafia Greca et Latina, Roma 1958 , p . 158 et 166 , pl. XXVI = 143bis E . Kirsten , Landschaft und Geschichte in der antiken Welt,
ausgewählte kleine Schriften, Bonn 1984, p. 134 et 142, pl. IX ; 144 J. Traill, The Political Organization of Attica, coll. « Hesperia » Suppl. 14 , Princeton 1975 , p . 39-40 , tableau II
(Aigèis ), cartes 1 à 3 ; 145 J. Traill, Hesperia 47, 1978, p . 103- 104 ; 146 P . Siewert, Die Trittyen Attikas und die Heeresreform des Kleisthenes, coll. « Vestigia, Beiträge zur alten
Geschichte » 33, München 1982, p . 88 -89, cartes 1 et 4 ; 147 J. Traill, Demos and Trittys, Epigraphical and Topographical Studies in the Organization of Attica , Toronto 1986 , à
propos du catalogue des dèmes IG 112, 2362, p. 55 (li. 21), 66 , 69, 77, 126 n . 13 et 128. Sur l'appartenance, seule attestée, des Dioméia à la trittyie côtière (question déjà soulevée par 147 W . E . Thompson , « Kleisthenes and Aigeis » , Mnemosyne 22 , 1969, p . 141 - 148) , Traill
145 et 147 a corrigé ses premières conclusions, mais Siewert 146 n 'en a pas tenu compte : 148 D . M . Lewis, Gnomon 55, 1983, p . 433. Voir aussi Develin 54 , p. 539 -540, et pour Collytos p . 526 . A ces ouvrages qui rappellent le voisinage des Dioméia et de Collytos, ajouter, sur leur proximité , leur population et leurs cultes, Whitehead 9 , p. 26 , 28 , 83 -84, 128,
187 n. 58, 207 -210, 216 n. 235, 220, 222 n. 274 et 370. Sur Collytos plus particulièrement, Traill 144, p. 40, 59 et 68, tableau II (Aigèis) ; 147, p. 55 (li. 16 ), 66 et 69 ; Siewert 146 , p. 29 et n . 139 , p. 56 et 89 ; Whitehead 9, p . 26 -28 , 83, 370.
CYNOSARGES
953
A moins que des relations très anciennes, préclisthéniennes, entre ces deux dèmes voisins justifient cette généalogie, elle est donc au plus tôt contemporaine de la réforme de Clisthène; et si jamais le dème des Dioméia ou Dioméis est une création clisthénienne, l' invention de Diomos et son introduction dans le mythe
ne peuvent être plus anciennes (Cf. Aristote, Ath. Pol. 21, 4 et 5 ; Rhodes 46, p . 257-258). Ajoutons que la visite d 'Héraclès chez Collytos constitue sans doute tout ou partie du mythe fondateur d 'un sanctuaire héracléen situé à
Collytos, et que les deux dèmes devaient être liés par le culte d 'Héraclès . D 'après l'Etymologicon Magnum 277, 24 , s. v. Alouos, la fête d'Héraclès se serait appelée ALOUELÓG Éopt .
Le démotique est Aloue(t)eúç ou Aloueúç (Cf. 140 Agora XV, indices, p . 471 s.v. ALOUEEÚc). Le dème des Dioméia ou des Diomeis ne paraît pas avoir été jamais localisé
par des documents archéologiques trouvés in situ , borne ou sanctuaire de dème
par exemple .Mais si le tombeau d'Anchimol(i)os se trouve à Alopéke, près de l'Héracleion de Cynosarges, Alopékè jouxte les Dioméia (cf. Billot 6 , p . 126
127). Divers indices et un passage d 'Eschine (Contre Timarque 99), qui évalue la distance de la propriété de Timarque située sur Alopékè, à 11 ou 12 stades du rempart ( env. 2 km ), ont permis de localiser ce dèmeau Sud d 'Athènes, à l'Est de l'antique route de Phalère et à l'Ouest de l'antique route de Sounion , à
l'emplacement de ce qui était autrefois le village ou lieu -dit Katsipodi ou Katsipodou ou Koutsopodi, sur les plusbas contreforts de l'Hymette et sur l' un des chemins conduisant à ses carrières. 149 W . Dörpfeld, MDAI(A ) 20, 1895, p. 507 ; Judeich 137, p . 158 et 160, carte fig . 18 ; Judeich 138, p. 169-172 passim , 175 et carte fig . 14 ; Kirsten 141, p. 1002, pl. I et II ; Kirsten 142, p . 13 ; Kirsten 143, p. 160 = Kirsten 143bis, p. 136 ; 150 D .M . Lewis, Hesperia 28, 1959, p. 231 à propos de la col. II, li. 98 ; 151 E. Meyer, art. « Alopeke» , RESuppl. X , 1965, col. 17 ; Traill 144, p . 22-23 et 53, tableau X (Antiochis ), cartes 1 à 3; 152 P .J. Bicknell, Historia 27, 1978, p . 373-374 ; Siewert 146 , p. 14 , 44, 102, cartes 1 et 4 ; Whitehead 9, p . 23, 83, 315 , 373, carte p. XXIII ; Traill 147, p . 96 , 101-102, 115, 139 ; Develin 54, p . 518 -519 ;
153 S . C . Humphreys, ZPE 83, 1990 , p . 243; 154 Ch. W . Hedrick , Jr., Hesperia 60, 1991, p. 247-248 et 264- 265. Le village est noté Koutsopodi dans 155 E . Curtius et J. A . Kaupert,
Karten von Attika, Berlin 1881, BI. IV (« Athen -Hymettos» ), carte commentée par 156 A .
Milchhöfer, Heft II, Berlin 1883, p. 20-22 et 29). Les Dioméia ou les Diomeis étaient donc le dème immédiatement voisin au Nord -Est; il s'étendait vers le Nord au moins jusqu'à l'Ilissos , sinon même jusqu 'aux portes de la ville . Son extension vers l'Est et le Nord-Est est mal connue. A l'EstNord-Est se trouve le lieu - dit Agra (i), assez bien localisé ( supra
III A 1 b) grâce à la célébrité de deux de ses sanctuaires, le Mètrôon (fig. 8 nº 23) où se célèbrent des Mystères, et le sanctuaire d'Artémis Agrotéra ( fig. 8 n° 24 ), à quoi s'ajoutent celui d 'Eilithyie et l'autel de Poseidon Héliconios (Travlos 134, p. 112 - 120 , fig . 154 et 379 ; ici fig . 8 nº 25 ).Mais aucun texte , à
dire vrai, ne dit à quel dème appartient Agra (i) ni même ne permet de l' attribuer sûrement à Agrylè (Contra 157 K . Wachsmuth ,art. « Agrai» , RE I, 1894), sinon
par un argument e silentio ; aucun texte relatif aux Dioméia ou Diomeis ne
954
ANNEXE
mentionne ni Agra(i) ni ses cultes.Dans la mesure où le gymnase de Cynosarges n 'est pas loin des portes de la ville , on peut estimer que Cynosarges et donc les
Dioméia jouxtent Agra(i) au Nord Est.
A raison de 10 bouleutes pour Alopèkè, de la tribu Antiochis (X ), et d 'un seulement pour les Dioméia , l'un des plus petits dèmes de la tribu Aigèis (II), les différences de surface et du nombre d 'habitants devaient être considérables entre
les deux dèmes. Toutefois, pour évaluer l'étendue des Dioméia , la densité de sa
population me paraît devoir être d 'autant plus prise en compte que le lieu -dit Cynosarges accueillait l'une des grandes nécropoles d 'Athènes (supra III A 1a ;
infra III B 4 et III B 10 c ).
3. Beaucoup de textes traitent séparément du gymnase et de l'Héracleion de Cynosarges et n 'aident apparemment en rien les recherches topographiques. Ils sont en effet d 'intérêt spécifique. Ainsi pour le gymnase : Démosthène, Contre Timocratès 114 ; Héraclide le Critique I 1 F . Pfister = Ps.-Dicéarque, GGM I, p . 98 Müller; Athénée 260 a -b et 614 d -f ; Harpocration , s. v. Kuvó
oopyes ; Diogène Laërce VI 13 et VII 161; La Souda, s.v. 'AvTioNévns, et presque tout le corpus relatif aux nothoi ( supra I B ). Et pour l'Héracléion : Hérodote V 63 et VI 115 ; Diodore de Sicile XXVIII 7 ; Pausanias I 19, 3 ; Harpocration , s.v. 'Ev Alquelouç 'Hpáxhelov ; Photios, s. v. Alouets ; Hésy
chius, s.v.Kuvóoapyec. 4 .Mais quelques textes lient le gymnase et l'Héracléion - sur le mode énumératif : Tite-Live XXXI 24, 17-18 ; La Souda, par deux notices distinctes s. v. Kuvóoapres, l'une consacrée au gymnase , l'autre à
l'Héracléion ; - en présentant le Cynosarges comme un gymnase où se trouve un sanctuaire d 'Héraclès : scholie à Démosthène, Contre Timocratès 114 (Dilts); - ou , au contraire, comme un sanctuaire d 'Héraclès où se trouve un gymnase :
Photios, s.v. Kuvooapyeç et, semble-t-il, La Souda , dans la deuxièmenotice s.v.
Kuvogapyeç, consacrée à l'Héracleion ; - en suggérant un lien entre le gymnase dévolu aux nothoi, et la fonction de parasite confiée aux nothoi pour le culte d 'Héraclès à Cynosarges, selon un
décret de la Boulè proposé par Alcibiade dans les années 425-420, et recopié
peu avant 200 av . J.- C . par le Périégète Polémon d'Ilion (fr. 78 Preller = FHG III, 108, fr. 78 Müller , supra I A et I C ). Aucun de ces textes ne nous permet de conclure à la disposition relative du gymnase et du sanctuaire : distincts comme le suggère Tite -Live ? Ou imbri qués ? Et si oui, comment ? Le gymnase semble bien avoir été détruit par
Philippe V de Macédoine en 200 av . J.- C . Il est peu probable qu'il ait été reconstruit ; au fil des siècles, ses ruines ontdû devenir méconnaissables puisque Pausanias n ' a plus vu qu 'un Héracléion (I 19, 3 ). Or le culte d 'Héraclès étant,
avec celui d 'Hermès, des plus habituels dans les gymnases, le scholiaste de Démosthène a pu trop facilement croire que le grand Héracleion de Cynosarges
CYNOSARGES
955
était inclus dans le gymnase. Le notice de Photios, reprise par La Souda, ne s'appuie , à notre connaissance, sur aucun témoignage plus ancien : ces textes tardifs sont-ils crédibles? Ne seraient- ils pas influencés par l'antériorité des témoignages sur l'Héracléion (Hérodote V 63 et VI 115) ? Il est vrai qu 'à
l'époque de Photios, le début de la Vie de Thémistocle par Plutarque, qui prête abusivement une fréquentation active du gymnase au futur homme d'État, nothos mètroxénos avant la lettre, pouvait aussi faire croire à l'antériorité du
gymnase ; celle-ci est, au demeurant, possible, mais nullement démontrée. Aucun texte enfin ne situe l'Héracléion à proximité du rempart. Nous n 'avons donc pas les moyens de décider lequel, du gymnase ou du sanctuaire, était le plus ancien ou s' ils étaient contemporains, ni s ' ils étaient imbriqués ou distincts.
On a pris l'habitude de les considérer comme un ensemble étroitement lié. Or
l'hypothèse d'une certaine distance spatiale reste plausible. B . LES SITES POSSIBLES.
1. En 1829, W .M . Leake accrédite pour longtemps, jusqu'au début de ce
siècle, l'hypothèse improbable que le Cynosarges – gymnase et sanctuaire devait se situer au Sud/Sud -Est du Lycabette, à l'emplacementdu Monastère des Asômatôn , et le dème d ' Alopéké au lieu -dit Ambelokipi, à l'Est Nord- Est de ce monastère .
158 W . M . Leake, The Topography of Athens, London 1829, p . 149- 150 ; 159 W . M . Leake, The Topography of Athens and the Demi, vol. I, Topography of Athens, London 1841, p . 276 -277 et 442 , pl. II et V ; 160 C . Wachsmuth , Die Stadt Athen im Alterthum , t. I, Leipzig
1874, p . 231-232 ; Curtius et Kaupert 155 , Bl. I (ici fig. 7), la et IV , commentée par Milchhöfer 156 , p. 20 -21 ; 161 E . Curtius, Die Stadtgeschichte von Athen, Berlin 1891, p. 21 et 287, pl. IV ; 162 A . Milchhöfer, art. « Alopeke » 4 , REI, 1894, col. 1597 ; 163 H . Hitzig et H . Bluemner, Des Pausanias Beschreibung Griechenlands. Pausaniae Graeciae Descriptio, I,
Leipzig 1896 , p. 221 ; 164 J. G . Frazer, Pausanias's Description ofGreece II,London 1898, p . 193 ; 165 E . Gardner, Ancient Athens, London 1902, p. 528 ; 166 C . Watzinger, MDAI( A )
29, 1904, p . 241.
2. Mais dès 1873, 167 Th.H . Dyer (Ancient Athens, its history, topography and remains, London 1873, p. 105 - 107, pl. glissée aux p. 86 -87, et p. 285 -288 )
attire l'attention sur le début de l'Axiochos. Se fondant par ailleurs sur un itiné raire qui conduirait Pausanias (I 19, 1-6) du Delphinion au Stade en passantpar le sanctuaire d'Aphrodite en kèpois, Cynosarges, le Lycée, puis , après la traver
sée de l' Ilissos, le temple d 'Artémis Agrotéra d'où le Périégète gagne le Stade, il
propose de situer Cynosarges au Sud de l'Olympiéion, sur la rive droite, entre le rempart et la rivière. Notons dès maintenant que cette hypothèse n 'a jamais été définitivement infirmée par la découverte assurée de l'Héracléion ou du gym nase de Cynosarges, et qu 'elle reste plausible : aucun texte, ni l'Axiochos, ni la
Périégèse, ni, dans sa brièveté, la localisation du gymnase de Cynosarges Mixpdv anweV TÕV Tunőv par Diogène Laërce (VI 13) n 'impose que Socrate , Antisthène et Pausanias aient dû franchir l'Ilissos pour gagner Cynosarges. Et même si la Vie des Dix Orateurs (838b-d) place l'enclos funéraire d ’Isocrate et
de sa famille à Cynosarges dans une région de collines, rien en réalité n'impose
que le gymnase, l'Héracléion et la nécropole, trois entités célèbres de Cyno
956
ANNEXE
sarges, aient été réellement voisines ou associées dans l'espace, surtout dans l'hypothèse, toujours actuelle, que les Dioméia s' étendaient jusqu 'au rempart d 'époque classique. Certes, les fouilles dirigées dans le secteur délimité par le téménos de l’Olympiéion et l' Ilissos sous la direction de M . Mitsos en 1939, puis de J. Travlos de 1956 à 1967 – notamment avant que l'Ilissos ait été cana lisé et couvert pour laisser place aux nouvelles rues Ardittou et Callirrhois , à un nouvel accès au boulevard de Vouliagméni, et à des établissements modernes de
sport et de loisirs installés entre l'avenue Vas. Olgas, la zone de l'Olympiéion et la rue Ardittou (Travlos 134 , fig . 379) – ne semblent avoir révélé de vestiges ni d'un gymnase , ni d 'un Héracléion antique, ni d 'une nécropole . Mais quelles traces pouvaient laisser dans cette région très remaniée à l'époque impériale un
gymnase détruit en 200 av. J.- C . et un sanctuaire réduit à quelques autels ? En tout cas, il y avait théoriquement place pour le sanctuaire et le gymnase dans l'espace extra muros, très peu fouillé, qui s' étend d'Est en Ouest de la porte XI à la région de la porte XII, à la route et au Mur de Phalère , et vers le Sud jusqu'à la rive droite de l'Ilissos. En outre , l'hypothèse de Th . H . Dyer présente , à son époque, l'immense mérite d'écarter la perspective – que les textes vouent d'emblée à l'échec – d 'une recherche à l'Est d'Athènes, au pied du Lycabette . Ses arguments en faveur de la région Sud d'Athènes et de la rive droite de l'Ilissos sont assez convaincants pour être adoptés par la très perspicace J. E .
Harrison ( 168 J. E. Harrison et M . de G . Verrall, Mythology and monuments of ancient Athens, London 1890, p. 216 ). 3. En 1893, A .N . Skias dirige, dans le cours de l'Ilissos, des fouilles impor tantes qui le conduisent à observer ses divagations: dans l'antiquité, il aurait coulé plus au Nord et plus à l'Ouest, et traversé le téménos de l'Olympiéion
( 169 A. N . Skias, PraktArchEt 1893, p. 111-136 ; 170 A .N . Skias, ArchEph
1893, p . 103). En 1894, il reprend dans cette optique des questions de topogra phie générale et conclut très logiquement que le Cynosarges n 'est pas à chercher sur la rive droite, puisqu 'il y avait là l'Olympiéion,mais sur la rive gauche de l’Ilissos. Donnant de l' Axiochos la deuxième interprétation possible (supra III A 1 ), il propose de situer le gymnase de Cynosarges au -dessus de Callirhoè, derrière le repli de terrain qui porte les derniers vestiges du temple d'Artémis
Agrotéra, transformé en église de la Panaghia tis Petras (171 A . N . Skias, Hestia, 1894, p. 289-291 ; cf. Travlos 134 , fig. 154, 219 et 379 , nº 154 et p. 112- 120 ; ici fig. 8 nº 24), ce qui revient en fait à le situer aux lieux-dits Agra(i) ou Ardèttos, dans un relief inadéquat: aucun vestige non plus ne viendra confirmer l'hypo thèse . Quant au cours de l' Ilissos, J. Travlos constatera plus tard qu 'il est resté
pratiquement inchangé dans ce secteur, au moins depuis l' époque mycénienne (Travlos 134 , p. 290 ).
Mais A . N . Skias ayant ainsi fait passser la quête du Cynosarges de la rive droite à la rive gauche de l'Ilissos, c'est de toute évidence à lui que dès 1894 1895, W . Dörpfeld (149) doit de situer les Dioméia sur la rive gauche et de
déplacer Alopéké d'Ambelokipi à Koutsopodi, puis de conseiller l'École
CYNOSARGES
957
anglaise d 'Athènes dans le choix d 'un site de fouilles qui, sur cette même rive, devraientdécouvrir l'Héracléion et le gymnase de Cynosarges. 4 . Dès 1896 et 1897, en effet, sur la suggestion de W . Dörpfeld quisuppose que le Cynosarges est à chercher très exactement près d'Haghios Pantélèimôn , C . Smith met au jour, à l'Est Nord-Est de cette église , au pied de deux collines (alt.65,3 m et 64,3 m ), outre une nécropole , deux grands édifices placés de part
et d 'autre de l'antique route de Sounion qui passe entre ces collines. L 'ensemble est dominé du Sud-Ouest par une autre colline (alt. 76 ,4 m ) qui se dresse immédiatementau Sud d 'Hag. Pantélèimôn (fig . 8 ) ; elle porte un moulin à vent et paraît en tirer son nom (Curtius et Kaupert, Bl. I [ici fig . 7 ) et la. Actuelle ment, la « Place de Cynosarges » , aménagée sur son sommet et bordée des rues Tymphristou et Photomara , laisse visibles, dans un square central, les rochers et l'emplacement du moulin à vent; au pied de cette colline et à l'Est de l'Hag.
Pantélèimôn , la fouille anglaise, si tous ses vestiges subsistent encore, est recou verte en partie par les squares de la place Hag. Pantélèimôn , en partie par les immeubles). A l'Ouest de la route de Sounion , un quadrilatère de 33 m x 10 m (fig. 8, n° 15) , jugé d 'époque archaïque ou classique, en partie réoccupé à l'époque impériale par des thermes (Travlos 134, thermes F , p . 180 , fig. 221;
172 I. Nielsen, Thermae et balnea, The Architecture and Cultural History of Roman Public baths, Aarhus 1990, p . 105 n.68), puis surmonté par une église à l' époque byzantine, paraît pouvoir être le gymnase de Cynosarges. Toutes les apparences sont favorables. Du sommet des collines, les Athéniens pouvaient surveiller les mouvements de la flotte perse et la route de Phalère .Mais aucune inscription ne confirme l'interprétation . A l'Est de la route , un autre quadrilatère ,
d'au moins 230 pieds de côté, d 'époque impériale (fig. 8 n° 16 ), ressemble beaucoup par la technique de construction à la Bibliothèque d 'Hadrien ; le long
des portiques ouverts sur la cour intérieure, des regards régulièrement disposés donnent accès à une conduite d 'eau , suivant un dispositif quipourrait convenir à
un gymnase ; C . Smith propose d' identifier cet édifice au Gymnase d'Hadrien , que Pausanias mentionne (I 18 , 9 ) sans le localiser, disant seulement qu'il comporte cent colonnes de marbre libyen . Là encore, pas d 'inscription . C . Smith et W . Dörpfeld sont néanmoins persuadés d 'avoir trouvé ce qu 'ils cherchaient, et plus encore , puisqu 'ils croientavoir mis au jour, en même temps que le gymnase
de Cynosarges, celui d'Hadrien (173 C . Smith , ABSA 2, 1895-1896 , p . 23-25 ; 174 C . Smith , ABSA 3 , 1896 - 1897, p . 232- 233 ; 175 P . Rodeck , « The Ionic
Capital of the Gymnasium of Kynosarges» , ABSA 3, 1896 -1897, p. 89- 105, pl. VI-VIII ; 176 W . Dörpfeld ,MDAI(A ) 21, 1896 , p .463-464). La nécropole envi ronnante , avec des tombes allant de l' époque géométrique à l'époque hellénisti que, puis d 'époques impériale et byzantine, « illustre » la localisation de la tombe d ' Anchimolios (Hérodote V 63) et celle de l'enclos funéraire d' Isocrate (Vie des
dix Orateurs, 838b -d ) (177 J. G . C . Anderson, « Inscriptions from the Kynos arges» , ABSA 3 , 1896 -1897, p . 112- 120 ; 178 J. P . Droop, « Dipylon vases from
the Kynosarges site » , ABSA 12, 1905- 1906, p. 80 -92 ; 179 S . Karouzou, CVA
958
ANNEXE
Athènes, Musée National, 2, 1954, p.3 -4). Rien de plus n'est publié, pas même
le plan relevé au moment des fouilles par Ch. Clarke et R . C . Bosanquet. 5. W . Judeich reporte sommairement le quadrilatère archaïque ou classique et mentionne l'édifice impérial sur son plan général d 'Athènes; il situe lui aussi les Dioméia sur la rive gauche de l' Ilissos, ce qui ne sera plus contesté (cf. déjà
Harrison 131, p . 142 et 145 -147, fig. 49). Il admet que le prétendu gymnase
d'Hadrien soit de cette époque, sans toutefois se prononcer sur sa fonction.Mais il ne reconnaît pas le prétendu gymnase de Cynosarges comme tel, car situé près de la route de Sounion alors qu 'il aurait dû se trouver près de celle de Phalère pour que les Athéniens puissent contrôler efficacement cette dernière (Hérodote VI 115). Il propose de le localiser plus loin au Sud -Ouest, à l'endroit où la chaîne de collines qui s ' étend et s'abaisse en arc de cercle du stade antique
jusqu 'aux abords du boulevard Syngrou, rejoint presque celui-ci. Cette zone
serait plus dégagée pour un gymnase, et la possibilité subsisterait évidemment que la tombe d'Isocrate fût « sur la colline de gauche » ou « sur la colline à gauche » (137, p . 158 et fig . 18 , et p . 372-373, plan I, carré G 8 ; 138, plan I carré
G 8, à l'origine directe de Travlos 134, fig. 379 ; le repère principal, la colline du
Moulin à vent, est la dernière à figurer à l'angle inférieur gauche ou au bas des
plans donnés par Travlos 136 , pl. I à IX ; Wycherley 139, fig. p . 164 ; 180 J. Travlos, « TÒ rouvádlov ToŨ Kuvooápyouç » , AAA 3 , 1970, p . 7, dessin nº 1 ( d 'où notre fig. 8 ), plus récent que Travlos 134 , fig. 379). Désormais, cartes et
plans, par commodité, font toujours figurer le nom du dème des Dioméia sur la rive gauche de l' Ilissos. Pour autant, on ne saurait oublier que, selon toute vrai semblance, le dème s'étendait aussi sur la rive droite jusqu 'à la muraille classique. 6. Or dès 1906 , on découvre au n° 5 de la rue Théophilopoulou , à proximité
immédiate du prétendu gymnase d 'Hadrien, une inscription qui reproduit une
lettre d 'Hadrien, datée de 129 ou 132, par laquelle il donne aux paides des Athé niens un édifice dont le nom se termine en - lov. La restitution de pouváolov
immédiatement proposée par Th. Sauciuc, puis combattue par P . Graindor, serait tout de même la moins mauvaise , donc acceptable selon J. Oliver (Athènes, Musée Épigraphique inv. 372 : 181 Th. Sauciuc, « Ein Hadriansbrief und das Hadriansgymnasium in Athen » ,MDAI(A ) 37, 1912 , p . 183 -189, avec photo graphie ; 182 E . Nachmanson , Historische attische Inschriften, s. 1. 1913, n° 81; 183 IG II? 1102 ; 184 P . Graindor, BCH 38, 1914, p . 392 -396 ; 185 P . Graindor, Album d 'inscriptions attiques d ' époque impériale, Gand -Paris 1924, pl. 40 ; 186 P . Graindor, Athènes sous Hadrien, Le Caire 1934 , p . 230 -231 et 245 ;
Delorme 58, p. 48 et 250 n . 1; 187 S . Follet, Athènes au Ire et au life siècle. Études chronologiques etprosopographiques, Paris 1976 , p . 122 n . 11; 188 F. Martin , La documentación griega de la cancillería del emperador Adriano ,
Pamplona 1982, n° 45 , p. 199-201 ; 189 J. H . Oliver, Greek Constitutions of
Early Roman Emperors from Inscriptions and Papyri, coll. « Memoirs of the American Philosophical Society » 178, Philadelphia 1989, nº 85, p .215 -216) .
CYNOSARGES
959
Cette inscription semble donc confirmer l'identification du bâtiment d 'époque impériale proposée par C . Smith et W . Dörpfeld.
7. Toutefois, deux documents trouvés par l'Américain D . M . Robinson parais sent de primeabord étayer plutôt les hypothèses de W . Judeich ; aucun n'est par lui-même un indice suffisant, mais ils se confortentparce que découverts dans la même région . a . L ' inscription IG II? 1665, relative à l'installation de trépieds à Cynosarges ( supra I C 3), trouvée la même année 1906 au Sud -Ouest de la Colline du Moulin à vent (et non , comme l'affirme Delorme 58, p. 49, dans une maison du boulevard Syngrou où elle a été transportée et remployée dans l'année qui suivit sa découverte . C 'est donc à tort que J. Delorme tire argument de ce deuxième emplacement, assez éloigné du lieu de trouvaille , pour localiser le Cynosarges), à peu près au Sud d'Hag. Pantélèimôn, donc presque à l'opposé de cette église
par rapport à cette colline (fig. 8), dans une région de petites collines et de vallons (alt.moyenne 60 -70 m ), selon toute apparence aux environs du carrefour des actuelles rues Inglesi et Sekhou . Il y a là, en altitude, une zone de replats et de pentes, qui justifient que l'on prescrive d'aménager le terrain pour établir les pierres Érì tò ainów (voir le débat entre Holleaux 81 et Lattermann 83 et 85 ) ; elle est bordée de hauteurs à l'Est et domine très largement les environs Sud Ouest-Nord, avec vue plongeante sur les avenues Callirhois et Syngrou.
Nous ne connaissons ni le (s) dédicant(s), ni le nombre des trépieds, ni l'endroit exact où ils doivent être érigés, au gymnase ou dans l'Héracleion . Fréquents dans les sanctuaires, les trépieds, pourtant symboles de victoire, ne paraissent pas l'être dans les gymnases ou leurs abords. Il ne semble pas non
plus que l'on en ait souvent offert à Héraclès. Le cas ne se présenterait qu'à Thèbes, par deux fois (Pausanias X 7, 4 et 6 ; Phanodicos, FGrHist 397 F 4 b). Mais un ou plusieurs citoyens des Dioméia ou de la tribu Aigèis ont pu orner de trépieds simplement votifs un grand sanctuaire de la tribu Aigèis et le principal sanctuaire du dème. La piété des autres Athéniens n 'est du reste pas à écarter. Il se peut aussi que des athlètes victorieux qui s'étaient entraînés au gymnase, ou la tribu Aigèis victorieuse de concours qui sollicitaient les tribus tout entières (les lampadédromies par exemple), aient dédié soit au gymnase soit plutôt au sanctuaire des trépieds commémoratifs de leurs victoires. b . Un relief votif du IVe siècle, trouvé en 1947 dans le même secteur par le
même D . M . Robinson, représente Héraclès à qui un personnage court vêtu familial composé d'un homme amène un beuf, suivi d 'un groupe e riéeapparemment
e hm (la mère ?) et d 'une jeune fille (la barbu (le père ?), d 'un enfant, (autr d 'une.sfemme fille ?) portant une corbeille voilée. Sur l'architrave de l'édifice, la dédicace DANIE AICIPIOE HPKAEI (autrefois Musée de l'Agora inv. S . 1249, maintenant
Musée Épigraphique inv. 3942: 190 D .M . Robinson, « A new Heracles relief» , Hesperia 17 , 1948, p . 137 - 140, pl. 34 ; 191 M . Th. Mitsos, Polemôn 4 , 1949, p. 32- 33, cf. 192 J. et L . Robert, Bull. ép. 1950, n° 83 p. 153 ; 193 J. Boardmann , s.v. Herakles, LIMC IV , Zürich München 1988 , n° 330 = nº 1388 avec ill.).
960
ANNEXE
8. En 1924 , surinterprétant W . Judeich, 194 E . Honigmann (art. «Kyno sarges », RE XII 1, 1924, col. 33) propose de situer Cynosarges encore plus loin au Sud/Sud -Ouest, là où une carte de W . Judeich (137 , en regard de la p . 112)
relève des Grundmauerspuren . Ces vestiges semblent se trouver plutôt sur le
dème d'Alopékè. 9. W . Judeich tient compte de l'inscription IG 112 1665 dans la nouvelle édition de son ouvrage en 1931, qui ne marque par conséquent aucun change
ment dans ses convictions, bien au contraire (138, p .422-424) : sur le plan I, carré F 8 , l'indication de la direction de Cynosarges vers l'aval de l'Ilissos montre que, renforcé dans ses certitudes comme il l'affirme lui-même ( et peut
être déjà par E . Honigmann ), il est partisan d 'une localisation plus éloignée encore vers l'Ouest/Sud-Ouest, au pied des dernières collines méridionales, près de l' Ilissos. Il ne fait pour lui aucun doute que les trépieds doivent être érigés au gymnase . Il ne tient donc aucun compte de l'endroit où l'inscription a été trouvée : or il est rare que les pierres remontent.
10 . Depuis, les trois thèses restent en présence , les trois régions inégalement possibles. a . D . M . Robinson , que la découverte du relief votif Mus. Ép . 3942 a conforté
dans la conviction tirée de celle de IG II? 1665 (supra IC 3 et III B 7), est resté le seul partisan de la région située au pied Sud-Ouest de la Colline du Moulin à vent (fig . 7 et 8 ). Il est regrettable qu'aucune fouille n 'y ait été effectuée. Car
elle pouvait fort bien accueillir le sanctuaire et, loin des regards, en hauteur, dans les nombreux replis du terrain , le camp des Athéniens; des sommets voi sins, ceux -ci pouvaientobserver tous les mouvements des Perses; si nécessaire, la route de Phalère leur était très vite accessible. En revanche, cette région ne convient guère à un gymnase à cause de son altitude, et surtout de son relief accidenté ; en outre , elle est très éloignée du rempart. b . Les partisans d 'une localisation très méridionale , à 400 ou 500 m au Sud de la fouille anglaise, en bordure de l’Ilissos et de la route de Phalère , W . Judeich ( 137-138, supra III B 5 et 9 ) et E . Honigman ( 194 , supra III B 8 ), ont reçu l'assentiment de J. Delorme (58, p . 48 ) et plus récemment de R . E .
Wycherley (195 R . E . Wycherley, « Peripatos: the Athenian philosophical scene» , G & R 9 , 1962, p. 12-13; 139, plan p . 164 ettexte p . 170, du reste contra dictoires ; 196 R . E . Wycherley, The stones of Athens, Princeton 1978, p . 229 231) . Toutefois leurs arguments ne sontpas décisifs : - on n ' établit pas nécessairement un camp à découvert ni sur les lieux d' un
affrontement probable . Le camp athénien pouvait être mieux abrité en retrait de la route de Phalère, voire dans les collines, dont les sommets permettaient de surveiller toute la contrée, tous les accès côtiers , et la route de Sounion comme
celle de Phalère. A supposer même qu'il se soit établi sur le site fouillé par les Anglais, les troupes auraient été mieux protégées et n 'auraient eu que quelques
centaines de mètres à parcourir pour barrer celle de Phalère.
CYNOSARGES
961
- La région proposée par W . Judeich est déjà très éloignée du rempart et du
site probable des Portes Itôniai (nº XII), beaucoup plus éloignée que la fouille anglaise, et ne répond plus au renseignement de Diogène Laërce (VI 13) qui situe le gymnase à petite distance des portes.
– R . E . Wycherley (195, 139, 196 ) attribue au cahier des charges IG II? 1665 et au relief votif à Héraclès Mus. Ép. 3942 une provenance plusméridionale que les sites où D . M . Robinson les a trouvés : or s'il arrive que les pierres soient
déplacées (cf. supra III B 7 a), elles n 'ont guère dû quitter ou gagner cette région quasi déserte au début de notre siècle, et moins encore dans le sens défa
vorable des pentes. Par principe inacceptable, l'argumentmanque de réalisme. - J. Delorme (58 ) et R. E . Wycherley (195, 139 et 196 ) ont surtout tiré argu ment des inscriptions et reliefs découverts en 1922 dans le quartier Dourgouti (aujourd 'hui Néos Kosmos), à 400 m au Sud de la brasserie Fix , par 197 Ch . Karouzos, « ' ATO TO 'HpáxXELOV TOV Kuvooápyouç » , AD 8 , 1923, p . 85- 102 . Abusé par un relief qui associe Antiochos à son père Héraclès, l' inventeur a cru que ces documents avaient été apportés tous ensemble là où il les a trouvés en
provenance de l'Héracleion de Cynosarges, et que les principaux établissements de Cynosarges devaient être donc cherchés à proximité . Il ne s 'est pas rendu
compte que les inscriptions autant que les reliefs, loin d 'avoir été transportés ,
indiquent le site même du sanctuaire d 'Antiochos, éponyme de la tribu Antio chis ( X ), sanctuaire héroïque et tribal donc, établi sur le dème d' Alopèkè, le plus important dème urbain de la tribu. Or l'Héracléion de Cynosarges est établi dans le dème, voisin certes, mais distinct des Dioméia , de la tribu Aigèis (II) (voir
Billot 6 , p . 145- 154). Il n 'y a donc pas lieu d 'utiliser l'interprétation de Ch . Karouzos pour localiser Cynosarges. c. Le plus ardent partisan du site fouillé par les Anglais au bord de l'Ilissos, au Nord- Est de la Colline du Moulin à vent, à l'Est de l’Hag. Pantélèimôn , reste
J. Travlos (136 , p. 54 et 91-92, pl. IV ; Travlos 134, p. 340 -341 et 579, fig . 219 , 220 et 379 ; 181, p. 6 - 14 ), suivi par 198 R . E . Wycherley durant une courte période (ABSA 55, 1960 , p . 66 n . 23) et par 199 W . Zschietzschmann , art. « Athenai», RESuppl. XIII, 1973, VII. Das Gebiet des Ilissos, col. 134 . Depuis
1960 , J. Travlos a défendu ce site - qui selon lui s'étend sur près de 400 m de l'église Hag. Pantélèimôn à l'église Hag. Phôteini, c 'est-à -dire jusqu 'à Callir rhoè – pour diversmotifs dont aucun n 'est décisif et plusieurs sont contestables ;
nous les discuterons, si nécessaire , au fur et à mesure de leur présentation .
Notons d'emblée que la fouille anglaise a mis au jour un candidat au gymnase de Cynosarges et un candidat au gymnase d 'Hadrien, mais non l'Héracléion près duquel le camp athénien s'est établi. Elle ne permet donc pas de raisonner en termes de stratégie .
Les arguments de J. Travlos sont les suivants : (1) Le bâtiment archaïque ou classique, réoccupé par des thermes impériaux, puis par une église byzantine répond aux conditions requises de dimensions, de date et de situation pour avoir été le gymnase de Cynosarges. Le site , hors les
962
ANNEXE
murs comme le sont le gymnase de l'Académie et le Lycée , autorise l'extension
des deux grands quadrilatères qui y ont été construits. Or aucun texte n 'assure la date du gymnase de Cynosarges : nous avons vu
que si l'on peut le supposer archaïque, il pourrait n 'avoir été fondé que vers 450 av. J.- C . ( supra I A et I B 3); il apparaît pour la première fois dans les textes vers 360 av. J.-C ., sous la plume de Démosthène ( supra I В 2 ). Par ailleurs, l'une des dimensions (10 m ) de l'édifice paraît courte pour un gymnase ; toutefois, nous ne savons pas s'il a été presque entièrement ou très partiellement fouillé. ( 2 ) Selon J. Travlos, l'inscription IG II 1665 relative à l'installation de trépieds à Cynosarges et le relief votif à Héraclès Mus. Ép. 3942 n 'ont pas été
retrouvés si loin qu'ils ne puissent, à l'origine, provenir de ce site.
C 'est à nouveau abuser de l'hypothèse du déplacement des pierres, cette fois ci dans la direction Nord -Sud. Si les pierres ne montent guère, encore moins
franchissent-elles escarpements et hauteurs... (3 ) La nécropole de ce secteur, particulièrement étendue, dense et durable (de l'époque géométrique au VIIIe siècle ap. J.- C .) correspond aux indications des textes ; depuis plusieurs années, on continue à la mettre au jour dans les rues Vouliagmenis, Trivonianou, Eupompou , Vourvachi, Lembesi, Théophilopoulou ,
Margariti, Paraskevopoulou , Peraivou , Kokkini, Kallirhoïs, Diamantopoulou (Billot 6 , p . 134 et 139 ). Notons qu 'elle s'étend du Sud-Est au Nord -Est du site
fouillé par l'École anglaise . (4 ) J. Travlos rapproche la dédicace, très mutilée, de l'Acropole n° 318, du deuxième quart du VIe siècle av. J.-C . (200 A . E . Raubitschek, Dedications from
the Athenian Acropolis, CambridgeMass. 1949, n° 318, p . 340-342) qui, selon lui, rappellerait une victoire au stade (otádlov ) d 'Agra (i), de l'inscription IG 112
2119, de 191/2 ap. J.-C . (201 Ch . Pelekidis, Histoire de l' éphébie attique, des origines à 31 av. J.- C ., Paris 1962, p. 220 ; Follet 187, p. 76 , 81, 94 , 285, 318
326 passim et 341), qui, toujours selon lui,mentionnerait li. 126 - 127 la victoire
de tous les éphèbes « au dromos qui va vers Agrai» , tov nepos "Aypaç Opóuov. Apóuoc peut désigner la piste de course, un élément essentiel d'un gymnase. Agra (i) , proche du site fouillé par les Anglais, est un lieu-dit où les éphèbes se rendaient pour le sacrifice à Artémis Agrotéra . Pour J. Travlos, il n 'y a pas de
doute que ce dromos ait été celui du gymnase de Cynosarges, proche d 'Agra (i). Il en propose un tracé hypothétique sur les divers plans restitués qu'il a donnés
de la région (ici fig . 8 , n° 17) . Or l'argumentation est tout à fait contestable du quadruple pointde vue de l'épigraphie (restitution de la dédicace de l'Acropole ),
de la compréhension des textes (stadion et dromos ne désignent pas des installa
tions sportives,mais des courses), de l'histoire et de la topographie (Billot 6 , p . 139 -141).
(5) Dernier argument de J. Travlos, le gymnase supposé d'Hadrien (fig. 8, nº 16 ). Parmi les réalisations athéniennes de l'empereur, Pausanias mentionne, sans le situer, un gymnase à cent colonnes de marbre de Libye ( I 18 , 9). Par
963 ailleurs, il visite Cynosarges (I 19, 3) et Agrai (I 19, 6 ) sans mentionner de CYNOSARGES
gymnase.
C . Smith et W . Dörpfeld pensaient l'avoir reconnu dans le quadrilatère à portiques d'époque impériale construit à l'Est de la route de Sounion (supra III
B 4 ) et la lettre d'Hadrien IG II 1102 (III B 6 ) semble confirmer cette interpré tation. Depuis, l' édifice a été partiellement remis au jour dans les années 1970 à 1980 ; il atteindrait 64 ,50 m dans la direction Nord/Sud et 78 m environ d'Est en Ouest ; sur le côté Ouest, dans l'axe, s 'ouvre une salle de 14 ,60 m x 8 m ;
dimensions, plan et aménagements en font effectivement un bon candidat aux fonctions de gymnase. J. Travlos considère qu 'il est bien le gymnase d 'Hadrien , et qu 'il a remplacé en quelque sorte celuide Cynosarges détruit par Philippe V : Travlos 181, p . 9-14 , dessins 1 et 2, fig . 1-4 ; Travlos 134 , p . 579 ; 202 A . Kok
kou, « 'A & piávela Špra elç taç ’Anvac» , AD 25, 1970, A ', p . 165 - 167, dessin nº 5 , pl. 53 b . D 'autres secteurs de la partie Nord de l'édifice ainsi que des tombes ont été découvertes plus récemment au carrefour des rues Kokkini et
Peraivou (203 AD 27, 1972, B ’ 1, p.65, n° 40, plan nº 31) et dans l'ilôt bordé par les rues Callirrhois, Diamantopoulou et Peraivou (204 AD 29, 1973-1974 , B ’ 1, p . 128 - 131, dessin n° 23, pl. 101 d ). 205 D . Willers, Hadrians panhelle
nisches Programm . Archäologische Beiträge zur Neugestaltung Athens durch Hadrian , coll. « AntKunst » Suppl. 16 , Basel 1990 , p. 15 -16 , admet, sans la discuter, la restitution gymnasion dans IG II 1102 ; il admet aussi la localisation
proposée par J. Travlos, mais se demande si le gymnase mentionné par la lettre d 'Hadrien est un nouvel édifice (celui qui a été construit à l'époque impériale à l'Est de la route de Sounion, fig . 8 , n° 16 ) ou une réfection de l'ancien gymnase
de Cynosarges (construit à l'Ouest de la même route, fig. 8, n° 15). Une réfection après trois siècles et demi d 'abandon me paraît peu probable. Séduisant sous ces deux variantes, le scénario serait beaucoup plus convain cant sans les silences de Pausanias et de IG II? 1665, qui ne disent pas où se trouvent l'Héracléion et le gymnase de Cynosarges, sans les lacunes de la lettre
d 'Hadrien, qui n 'assurent pas définitivement la restitution youváolov, et sans la concision des secrétaires de chancellerie qui ne précisent pas où Hadrien exerce son évergétisme : cela ne va -t-il pas sans dire pour les Athéniens familiers des
lieux et renseignés par l'inscription ? De toute manière, admettre ou refuser le plus vraisemblable – à savoir que
l'édifice impérial découvert au Nord-Est d 'Hag. Pantélèimôn, à l'Est de l'anti que route de Sounion, est le gymnase d'Hadrien – ne change rien, en fait, au problème de l'identification du gymnase archaïque ou classique de Cynosarges. Car si l'on admet que la lettre d'Hadrien mentionne bien un gymnase et concer ne bien l' édifice impérial auprès duquel elle fut trouvée, rien n 'impose qu' il ait
« remplacé» le gymnase de Cynosarges détruit trois siècles et demi plus tôt. Le bilan des recherches dans les textes et sur le terrain est donc en net retrait
par rapport aux dernières conclusions de J. Travlos, généralement admises. Il ouvre plutôt de nouvelles perspectives de recherche, que l'urbanisme actuel, à dire vrai, n ' encourage guère :
964
ANNEXE
( 1) Au cours des recherches sur le territoire probable des Dioméia, l'indé
pendance, au moins spatiale, du gymnase et de l'Héracleion paraît devoir rester une hypothèse de travail. Tite-Live les énumère, La Souda (donc ses sources) les traite séparément, les autres textes tardifs qui les présentent imbriqués sont contradictoires, et l'emplacement des vestiges où l'on peut (ou pouvait) espérer
les reconnaître invite à maintenir,peut-être provisoirement, cette indépendance : - il n 'y a pas lieu de supposer systématiquement que IG II 1665 et le relief votif à Héraclès Mus. Ép. 3942 ont été apportés d'ailleurs et ensemble là où ils ont été trouvés ; que l'Héracléion se soit établi là n 'est nullement invraisem
blable et ne contredit pas les textes relatifs au sanctuaire ; – il n 'est nullement assuré que le quadrilatère archaïque ou classique mis au
jour par l'École Anglaise à l'Est d’Hag . Pantélèimôn et à l'Ouest de la route de Sounion soit un gymnase ; - il est très possible que le gymnase n 'ait pas existé avant le milieu du ve siècle, et donc que le sanctuaire d'Héraclès ait été édifié en hauteur, dans un environnement de collines, mais que l'on ait cherché plus tard un espace plan et
plus vaste pour construire un gymnase. (2) Le cahier des charges pour l'érection de trépieds IG II? 1665 et le relief dédié à Héraclès Mus. Ép. inv. 3942 invitent à vérifier, autant qu 'il est possible, si l'Héracleion de Cynosarges ne se trouvait pas là où ces documents ont été découverts, ou dans les environs immédiats, dans un secteur qui convient parfai tement à l'installation du camp athénien en 490 av. J.-C .
(3) Située au pied de collines couvertes par une grande nécropole, directe ment accessible par la route de Sounion ou par le « gué » de Callirrhoè ( sans
compter d 'autres ponts antiques que nous risquons fort d'ignorer), proche enfin du rempart, la région du probable gymnase d 'Hadrien est aussi propice soit à la découverte d'un gymnase beaucoup plus ancien , soit à l'authentification indubi table du quadrilatère archaïque ou classique commepartie du gymnase de Cyno sarges. Ce qui suppose soit l'apparition de documents décisifs aux endroits déjà fouillés ou dans leurs environs immédiats (très limités par le relief tout proche et souvent abrupt en arrière de la rive gauche), soit la découverte d'un véritable gymnase dans cette même région .Mais il ne faudrait pas exclure des recherches une région voisine qui répond aux mêmes exigences des textes, à savoir le secteur délimité par l'enceinte urbaine au Nord , la rive droite de l' Ilissos au Sud , le Pythion à l'Est, et à l'Ouest le Mur de Phalère ou tout au moins la route de Phalère (supra III B 2). C. LA PORTE DIOMÈIS
Ce bilan appelle aussi des conclusions prudentes sur la place hypothétique de la Porte Alounic. Attestée mais non localisée par Alciphron , Lettres III 3 , 3 (Toặc rõ Anouníôn Toàn) et III 51, 4 (Toặc rõ Anountoc món, A. Rogers
Benner et Fr. H . Fobes), et par Hesychius (s.v. Anucãou nulais), elle a pu
disparaître en 86 av. J.-C . avec la plus grande partie du rempart classique, ou
CYNOSARGES
965
bien elle n ' a pas été dégagée par les fouilles, ou bien encore elle n 'a pas été
sûrement identifiée parmi les portes fouillées (cf. fig. 8). Nousne savons d'où venait Socrate (supra III A 1 c). En outre, il n 'était pas obligé de sortir par la Porte Diomèis, et pouvait emprunter n 'importe quelle porte de la partie méridionale de la section Est du rempart, la porte IX (qui n 'est
pas la Porte Équestre: 206 Y .Garlan, BCH 93, 1969, p. 152-158 ; 207 F. Alabe, REG 100 , 1987, p . 135 - 140) ou même la porte VIII dont le nom exact reste à trouver (Travlos 134, p. 160, fig . 130 et 379 et 380). Dans les deux cas, il aurait
d 'abord longé la section Est du rempart vers le Sud . Il peutmêmeêtre passé par une porte hypothétique qu 'aurait remplacée la porte X du mur « de Valérien »
(Travlos 134, p . 83, 112 et 160, fig . 130, 154, 217 , 219 et 379, nº X ). Il peut
aussi avoir emprunté une porte de la partie orientale de la section Sud du rempart, par exemple les Portes Itôniai (région nº XII), ouvertes sur la route de Phalère qui desservait Alopèkè mais d 'où l'on pouvait bifurquer vers les
Dioméia, ou la porte nº XI (dans son état classique), par où la route de Sounion conduisait au centre des Dioméia . Par ailleurs , indépendamment de toute hypothèse sur la topographie de cette région extra muros et sur l' itinéraire de Socrate , il est logique de croire que la
Porte Diomèis , jusqu 'ici non identifiée, desservait directement le dème des Dioméia , donc le gymnase de Cynosarges (cf. Diogène Laërce VI 13 : Ulupov
änwev tõv nu @ v), par l'itinéraire le plus court, d'autant plus court que le territoire du dème ne pouvait que jouxter l’ Ilissos ou même le rempart.
Dès lors, le choix se restreint. On peut songer à une porte hypothétique qu 'aurait remplacée, sous un même nom , la porte nº X du mur « de Valérien » ;
mais elle aurait plutôt desservi, peut- être sous le nom de Porte d 'Égée , Agra(i) et Ardèttos par le gué de Callirrhoè (Travlos 134, p . 83 et 160, fig . 130, 217, 219, 379 et 435 ; Wycherley 139, p . 167- 168 ; 208 U . Kron , Die zehn attischen Phylenheroen , Geschichte, Mythos, Kult und Darstellungen , coll. MDAI( A ) Suppl. 5 , Berlin 1976 , p . 124 - 127 ; 209 U . Kron , LIMC I, s. v. Aigeus, Zürich / München 1981, p . 359 ; Billot 6 , p . 122 -123, 143 et 145, fig . 1).
Il faut donc chercher la Porte Diomèis plus à l'Ouest, soit à la porte nº XI, soit à toute autre porte éventuelle située entre celle -ci et l'emplacement nº XII.
Nous avons vu qu 'en tous les cas ce dernier convient parfaitement pour les Portes Itôniai (supra III A 1c). Ainsi rendue à l'anonymat, la porte nº XI, ouverte à la route de Sounion (Travlos 134, fig . 213 nº 234, 217 et 379), reste ,
peut- être provisoirement, la meilleure candidate au nom de Diomèis, car elle conduit directement aux nécropoles des Dioméia . Pour d'autres conclusions d'ordre topographique sur la limite entre les Dioméia et Alopèkè, les environs des Dioméia et de Cynosarges, et Collytos, voir Billot 6 , p . 152-154 .
966
ANNEXE
D . HÉRACLÈS ETLES TANNEURS
L 'inscription IG I 1 257 trouvée près du Monument de Lysicrate , et porteuse d'une prescription qui doit être affichée sur les deux rives de l'Ilissos interdisant aux tanneurs de laver les peaux et de jeter les restes des sacrifices dans l'Ilissos
en amont du téménos d 'Héraclès (en dernier lieu 209 H . Lind, ZPE 69, 1987, p. 15 - 19), a été rapportée au sanctuaire héracléen de Cynosarges et par les
tenants de la localisation la plus méridionale possible (Karouzos 197 , p. 96 -98 fig . 5 ; Delorme 58, p . 47 ; Wycherley 195 , p. 13 ; 139, p. 170 ; 196 , p. 230 ), et par J. Travlos, défenseur du site fouillé par C . Smith (Travlos 134, p. 340 -341, fig . 442 ; Travlos 180 , p. 8). S 'agissant d'une pierre déplacée loin de la vallée de l' Ilissos, elle pourrait tout aussi bien provenir du sanctuaire d'Héraclès Pan kratès situé au bord de l' Ilissos, en amont de Callirhoé et du stade, dans une
région où des tanneries fonctionnaient encore au XIXe siècle (Travlos 134 ,
p. 278- 280, fig . 356 - 361 et 379,n° 209; Billot 6, p . 155-156 ). MARIE -FRANÇOISE BILLOT.
Index des nomspropres Cet index contient les noms de tous les personnages historiques mentionnés dans les
notices. Les noms des auteurs des sources primaires anciennes ne sont pas pris en compte. En règle générale , nous avons évité d 'identifier les personnages homonymes connus par des sources distinctes, lorsque l'identification n 'apparaissait pas comme certaine. Une brève caractérisation du personnage n 'a été ajoutée que là où elle semblait nécessaire, notamment pour distinguer les homonymes. Il arrive que la translittération des noms propres retenue dans
l'index ne soit pas celle qui a été utilisée dans les notices. Comme cet index entend compléter
la séquence des notices, lorsque le personnage bénéficie d'une notice dans le présent tome, aucune référence n 'est faite à la notice correspondante. Les numéros renvoient aux notices (pour les lettres B - C - D de l'alphabet) et un seul renvoi est indiqué pour une même notice,
même si le nom figure à plusieurs endroits. Toutefois, pour les notices qui comprennent plusieurs pages, on a ajouté un renvoi aux pages ou à la section de la notice où le nom propre apparaît. Les numéros de notices sontséparés par des points-virgules, les numéros de pages ou de sections par des virgules. Exemple : Alcibiade C 16 ; 17; 102; 174; 175; 216 , p. 516 , 520 ; D 13, p . 604 ; 91; 195 ; 226 , p . 901, 905 ;
Ann., p. 925, 928 , 933, 948. Cette référence doit se lire de la façon suivante: On trouvera le nom d'Alcibiade dans les notices C 16 , C 17... C 216, puis D 13, D 91, D 195, D 226 . Pour la notice C216 , un renvoi
complémentaire est fait aux pages 516 et 520. Demême pour D 226 aux pages 901 et 905. De plus, le nom figure en quatre passages de l'Annexe sur le Cynosarges. L ' identification des noms propres relevant de la tradition syriaque et arabe a été assurée
parMaroun Aouad . Sont indiqués, d'abord, une appellation usuelle, puis, entre parenthèses,
les autres éléments du nom , ce qui permet d'identifier les personnagesdésignés différemment et d 'éviter la confusion entre ceux qui ontdes noms voisins. Quand il existe un nom équiva
lent (transformation par les Latins...), il est indiqué entre crochets. Pour le classement alphabétique de ces noms, il n'est pas tenu compte de l'article défini français ou arabe (al-, 1-), ni de b. Abdiso de Nisibe C 113, p . 313.
Acoreus, prêtre égyptien C 36 , p. 202. Actosde Patara D 67.
Abenner B 12, p. 63-64. Abertius B 11, p. 55 .
Adamantios C 54.
Abantidas de Sicyone D 27 .
Adelphius (Clodius Celsinus -) C 66. Adelphius, gnostique D 79. Adimante, frère de Platon C 78. Abulpharagius Abdalla Benattibus, voir Ibn Adraste , péripatéticien C 12. al- Tayyib . Aelius, voir Aristide, Praeconinus, Tubero.
Abgar d 'Édesse B 11, p.56. Ablabius D 166, p.850.
Achille Tatius, romancier D 3, p . 566.
ami et dédicataire de Cornutus Achille, commentateur d'Aratos D 70, sect. Aemilius, C 190, p. 470. V .2 .
Acilius, voir Caninus.
Aemilius, voir aussi luncus, Scaurus.
968
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
Aethlios, père de Chrysippe (II) de Cnide Alcimaque, pythagoricien D 26; 64 . C 119 . Alcinoos D 150, p.829. Aétius D 70, sect. V .2, V.4 .
Alcman C83, p. 279; 203.
Afinia, voir Gemina.
Alcméon de Crotone B 22 ;61.
Agapius, disciple de Proclus C 115. Alcméonidès D 13, p. 601, 604. Agaristé , épouse de Damon D 13, p .601, Alexandre Balas D 145. 603-604 . Alexandre d 'Abonotique C 68. Agaristé,mère de Périclès D 13, p .603. Alexandre d'Aigéai C 9; 91; D 3, p. 574.
Agatharchidès de Cnide C 36 , p . 197-198; Alexandre d'Aphrodisias B 11, p . 55; C 54; 184; D 131, p. 794 ; 226 , p . 906 .
579; 6 . B 49 . D3, p . 574, Agathias C 113, p . 310 - 311, 313-314 ; D 3, Alexandre de Damas p . 559 -563, 590 .
Agathinos C 190, p.462. Agathobule , cynique D 56 ; 74.
Agathoclès de Tyr C 100. Agathocles , maître de Damon le musicien
D 13, p.601-602. Agathoclès, tyran de Syracuse 226, p. 905 906 , 910.
Alexandre de Jérusalem C 154, p.427. Alexandre de Libye D 79. Alexandre le Grand B 26, p. 95, 98 ; C 14 ; 36 ,
194 Dsqq., psqq.; . 183,92;186549;214 205,192, 141;187, 20 ; 3, p.202, p. 497; 25; 34 ; 57; 91; 94; 113; 137; 147, p . 813,
816 -817; 166 , p . 855; 226, p. 902; Ann., p. 921.
Agathon , dédicataire de Chrysippe C 121, Alexandre Péloplaton D 182. p . 334, 345 (66 ) .
Agésianax, poète D 70, sect. VI.5 . Agésilas de Sparte C 86; 112. Agésipolis II D 226 , p. 904. Agétoridas de Sparte C 112.
Agricola D 57.
Alexandre Polyhistor B 26, p. 98-99, 102, 104; C 121, p. 331; D 130; 150, p .830. Alexandre , dédicataire de Chrysippe C 121, p. 334. Alexandre, logicien critiqué par Chrysippe (peut- être le précédent) C 121, p. 348 (92)
Agrippa, époux de Julie D 70, sect. III. 7.
Alexinos d 'Élis D 82; 124.
Agrippine B 6 , p . 50, 52.
Alexis de Samos C 177.
Ahala, voir Servilius.
Alexis, poère comique C 36, p. 212; 121,
Ahenobarbus (M . Domitius -) C 198.
p. 333.
Aħūdemmā C 113, p. 312. Aidésia D 3, p. 544, 564, 590 .
Alypius, ami d 'Augustin D 199. Alypius, musicien C 168.
Aidésius de Pergame B 25; C 116 . Aidésius, fils de Chrysanthe C 116 .
Amaranteus, disciple de Chrysippe C 121,
Ainéas, voir Énée. Aischinès, voir Eschine. Aischylos, voir Eschyle. Aisopos, voir Ésope. Alaric D 3 , p . 554.
Albinus D 150, p . 829. Alcandre D 202.
Alcée de Messène, poète C 83, p. 279. Alcée de Mytilene, poète D 60 .
p . 334.
Ambivius, voir Turpio. Ambroise C 132. Ameinias C 121, p. 347 (86 ). Amélius B 11, p. 55; C 48 ; 223. Amitraghata D 1.
Amitrochadès D 1. Ammon B 37, p. 113.
Ammonios (Pseudo -) C 14 (trad. ar.). Ammonios d' Alexandrie, fils d 'Hermias D 3, p. 544 -546 , 556 , 564, 568, 575;6 ; 227.
Alcibiade C 16 ; 17; 102; 174; 175; 216 , Ammonios d'Athènes,maître de Plutarque p . 516 , 520 ; D 13, p. 604 ; 91; 195 ; 226 ,
B2;42.
p. 901, 905; Ann., p. 925, 928, 933, 948. Alcibiade l’Ancien , père d 'Axiochos C 174.
Ammonios Saccas D 85, p.728. Amphicléia C 111.
Alcidamas C 225.
Amyclas,pythagoricien C 145.
INDEX DES NOMS PROPRES 969 Antigénès, amide Philodeme B la . Amyntas III de Macédoine D 226 , p. 904. Amyntas, bèmatiste d' Alexandre C 36 , Antigénès, père de Cratèsde Thria C 206. p . 209-211
Amyntas, impliqué dans un complot contre Ptolémée II Philadelphe C 119.
Antigone de Carystos C 121, p. 357 (179);
195; 206; 225; D 82; 150, p.828. Antigone per le Borgne D 113.
Anacharsis D 1.
Antigone II Gonatas B 32; C83, p. 271; 114; Anacréon C 216 , p . 514 , 516 . 138, p .408 -409; 225; D 91; 226 , p. 903 Anakyndaraxès, père de Sardanapale C 36 , 904. p . 210 . Antigone III Doson C83, p.271-272. Anastase, empereur C 115. Antimaque d'Héliopolis C 192. Anaxagore de Clazomènes B 26 , p. 103; Antimaque de Colophon, poète C 203; C 36 , p. 198, 205; 41; 78 ; 143; D 1; 70, D 226 , p.909. sect. I, III.1 - 3, III. 10 - 12 , IV .2 , VII.4 ; 91; Antimoïros de Mendé C 16 ; 102.
127 ; 129; 139; 187; 199. Antiochos (Casianos -) D 176 . Anaxarque d 'Abdère C 36 , p. 186 - 188, 196 , Antioc Antiochos Cauléas B 12, p.67. 219 ; 141; D 148 .
Antiochos d'Aegéai (P . Anteius -) D 182. Anaxigénès, disciple de Chrysippe C 121, Antiochos d 'Ascalon B 8; 63; C 28; 123, p . 334. Anaximandre de Milet B 26, p. 103; C 172;
p. 367, 374-375, 378-381, 391; 125 ; 208; D 22; 134 ; 160; 162.
D 70 , sect. II.2; 129; 150 , p.828. de Séleucie, ami de Iulius Canus Anaximène de Lampsaque , rhéteur et histo Antiochos C 37 .
147, Antiochos Ier Soter B 26,p. 97 - 98 ; D 1. rien C 36 , p. 186, 213-214; D 1; 106; 00; 141, p . 816 -817 . Anaximène de Milet D 70, sect. II.2, III.1; Antiochos II D 19. Antiochos III le Grand D 70, sect. VI.5. 139 ; 188; 199 . Antiochos IV de Commagène B 6 , p.50-51; Anaxis, historien D 1 . Anchimol(i)os de Sparte Ann., p. 918, 949,
C24.
Andocide C 16 ; D 91; Ann., p.918-919 .
Antiochos VI Épiphane D 145. Antipater (Coelius -), historien C 123, p. 383.
André de Césarée D 85 , p . 728 .
Antipatros de Tarse, stoïcien B 15 ; 40; 47 ;
953, 958.
Andromachos, père de Dardanos D 22.
C 121, p . 333, 360 (216 ) , 374; 138 , p . 410 ;
Androménidès, critique C 203; D 60. Andron, fils d ’Androtion C 17. Andronicos d'Hermoupolis C 192.
D 22; 134; 146; 180 .
Andronicos de Constantinople, ami du
Antipatros de Tyr, stoïcien C 59. Antipatros, ami de Diogène d 'Oinoanda D 141.
Antipatros, général macédonien et ami cynique Cléomène C 164. Andronicos de Rhodes B 48 , p. 126 -127; d'Aristote C 36 , p . 187, 215; D 54 ; 91; 113; 137; 147, p. 817. C 208; D 52; 150 , p.829.
Antiphanès, paradoxographe 137. Androsthène D 147, p . 753. Antiphanès , poète comique D 54. Androtion , fils d'Andron , atthidographe Antiphon d'Athènes C 78. D 106 . Antiphon, demi-frère de Platon C 78. Androtion , père d'Andron C 17. Annius, voir Milo. Anosazad C 113, p. 317 .
Antisthène (de Rhodes) C 83, p. 279; D 52; 70, sect. III.11, IV .1; 139, 147, p.812.
Antagoras de Rhodes, poète C 195. Antalcidas de Sparte C 36 , p. 188.
Antisthène l'Héraclitéen D 135 ; 169. Antisthène , disciple de Socrate C 16 ; 36 ,
Antandros D 226 , p. 905-906 .
Anteius, voir Antiochos d’Aegeai. Anticratès de Sparte D 202.
p. 206 -207 ; 97; 210, p . 508 -509; 217; D 147, p . 815; 210; Ann., p.917-919, 924 , 928-929, 938, 948, 956 .
Antoine, orateur romain C 123, p. 366 .
970
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
Antoine, voir Marc- Antoine.
Apollonios deMégalopolis D 77.
Antonin le Pieux, empereur B 11, p. 58; 12, Apollonios deMyndos C 36 , p. 193. p . 81; C 94; D 3, p. 549. Antoninus, voir Pythodôros.
Apollonios de Pergé B 16 .
Apollonios de Ptolémaïs D 22.
Antonius (lullus - ), fils de Marc -Antoine Apollonios de Soles D 49. C 197 . Apollonios de Tyane (Pseudo -) C 14 (trad. Antonius minor (lullus -), fils du précédentar.).
C 197.
Apollonios de Tyane B 20; D 8 ; 9; 43; 166 ,
Antonius, voir Diogène. p. 844, 846; 198 ; 201; 207. Anytos, accusateur de Socrate C 16 ; 175; Apollonios de Tyr C 121, p . 336 ; D 52. 233.
Apalūnya D9.
Apellas, dédicataire de Chrysippe Ci p. 334.
Apion, grammairien C 91.
Apollonios Dyscole D 86 . Apollonios, fils d'Artémidore C 91. Apollonios, voir aussiMolon (Apollonios - ) Apollophanès de Pergame B 1a.
amide Philodeme B la. Apollas, dédicataire de Chrysippe C 121, Apollophanès, lu par Origène C 223. Apollophanès, p . 334 .
Apollinaire, voir Sidoine.
Apollophanès, sophiste D 85, p . 737. Apollothémis D 139.
Apollo < s > de Nicée D 22. philosophe C 99. Apollodore d 'Athènes, (Pseudo-) D 131, Aquila, Aquilinus D 79. p . 787. Apollodore d ' Athènes, chronographe B 45 : Araches B 12, p. 64 . C 100 ; 121, p . 332 ; 190 , p . 467: 206 : D 70.
Aranéola D 220.
sect. III. 1-2 , III.4 -5 , III.8 -10, III.12, VII. 2
Aratos de Sicyone C 83, p . 271-272; D 75.
4 ; 146 ; 147, p. 813; 171; 226 , p . 908.
Aratos de Soles B 47; C 22; 121, p . 332, 363;
Apollodore de Cyzique D 70,sect. IV .1. 123, p. 366 , 384; 162; D 82. Apollodore de Séleucie B 15 ; 47; C 121, Arcéphon, épicurien C 222. p . 336 -337; D 146 ; 147, p . 812 .
Apollodore de Tion C 100.
Arcéphon, disciple de Chrysippe C 121, p. 334.
Apollodore, adversaire de Callippe d'Athè- Arcésilas B 24; 32; C 104; 121, p. 333-334, nes C 31.
Apollodore,compagnon de Socrate C 217. Apollodore, démocritéen D 70, sect. IV .3. Apollodore, peintre Ann., p. 943-944, 948.
351 (116 ); 123, p. 378, 380 ; 138 , p .410 ; 141; 149; 180 ; 195 ; 206 ; 225 ; D 39; 75; 77 ; 95 ; 114 ; 179; 222; 223.
Archédemos de Tarse C 212; D 146.
Archédémos, amide Criton C 220. Apollodore , scholarque épicurien C 121, Archélais (Varia -) C 9 . p. 331, 336 ; D60. Archélaos (III) Philopatris de Cappadoce Apollonides de Nicée D 150, p. 831. D 70 , sect. III. 3. Apollonidès de Smyrne, stoïcien C 118; Archélaos le Physicien B 54; D 70, sect. I. D 146 . Apollonidès, dédicataire de Chrysippe C 121, Archestratos deGéla C 172; D 128 . Archétimos, père de CelsosC71.
p . 334 .
Archiadas D 157. Apollonidès, père de Chrysippe C 121, Archias, poète C 123, p . 366 ; 125. p . 332. Apollonidès, stoïcien, ami de Caton d'Utique C 59; D 41.
Apollonios (Avianius -) B 17 . Apollonios (Cronos),mégarique D 124. Apollonios de Chalcédoine B 14 ; C 128. Apollonios de Kition D 70, sect. VI.4.
Archidamos, père de Dioclès de Carystos D 113.
Archiloque C83, p.279; 216 , p.516 . Archimède B 41, p. 118; C 47; 224 ; D 191. Archinos, hommepolitique athénien C 175. Archytas de Tarente C 58 ; 83, p . 278; D 84 ; 88; 167.
971 Aristodémos = Aristoboulos, frère d'Épicure
INDEX DES NOMS PROPRES
Ardašir C 113, p. 309. C 90 . Arellius, voir Fuscus. Aréobindos, ambassadeur C113, p. 315; D3, Aristodémos deMégalopolis D 75. p. 560, 562. Aristodémos, archonte D 224.
Aréobindos, maître des milices d'Afrique Aristogénès de Cnide,médecin C 119 . D 3, p.562. Aristomachos, titre d'une ouvre de Démé Aréobindos, Préfet du Prétoire d'Orient D3, trios de Phalère D 54. p. 562. Aristomaque, épouse de Denys le Tyran et sæur de Dion de Syracuse D 84 ; 167. Aresas de Leucade D 128. Ariston d 'Alexandrie C 36 , p . 200, 208. Arétè, fille de Denys l'Ancien D 167. Ariston d'Éphèse B 45. Argentarius (Marcus -) C 126 .
Arianthe d'Argos D 91.
Ariston de Céos B 32; C 199; 219.
Ariarathès V , roi de Cappadoce C 42 et icon.
Ariston de Chios B 32; C 28; 121, p. 333;
Arimnestos D 226 , p.906 -908.
138 , p.409; 203; 210 ; Ann., p. 917 , 921.
Aristagoras, dédicataire de Chrysippe C 121, Ariston le Jeune, péripatéticien C 219. p . 334 .
Ariston,maître de Platon D 228 .
Aristagoras, fils de Chrysippe de Cnide Aristonicos B 40. C 119.
Aristaios (Pseudo-) D 54. Aristaios, source de Philostrate D 182.
Aristonymos, père de Clitophon C 79; 175 . Aristophane de Byzance C 22; 83, p. 279; 167; 184 ; 203; D 86 .
Aristarque d'Alexandrie, grammairien C 203; Aristophane de Corinthe D 140. D 86 ; 168 ; 202 . Aristophane, archonte C 138, p.408. Aristarque, amide Philodeme B la . Aristophane, poète comique B 50 ; C 16 ; 109; Aristénète, père de Cléanthis C 87; 158; D 212 .
175; D 58. Aristophante, archonte C 100.
Aristide (Aelius -) C 39.
Aristos d'Ascalon B 63; C 123, p . 380-381;
Aristide d'Athènes B 12, p.63-64 , 80-83. Aristide le Juste C 36 , p. 206 -207. Aristide Quintillien B 3; C 168.
208. Aristote de Cyrène C 147.
Aristide, père de Lysimaque C 36 , p. 206 207 .
Aristide, titre d'une cuvre de Démétrios de Phalère D 54.
Aristion D 205. Aristippe de Cyrène C 138, p. 414 ; 161; 174 ; D 74 ; 147 , p.817. Aristoboulos de Cassandreia , compagnon d'Alexandre C 36 , p . 187, 208 -210 , 212 , 214 .
Aristoboulos, dédicataire de Chrysippe C 121, p . 334.
Aristoboulos, frère d'Épicure C 90.
Aristote de Stagire B 3 ; 11, p.63; 12, p. 83; 13, p. 87-88; 31; 41, p. 118 ; 48, p . 127-129; 49; 69; C 28; 33; 36, p. 183, 185-189, 191, 193- 194 , 196 - 199, 206 , 214 sqq.; 62 ; 80 ; 83, p. 278 -279; 84 ; 93; 95 ; 113, p. 311; 116 ; 119; 121, p. 357 (172 ); 123, p . 381, 385, 388. 393; 141: 146 ; 177: 184 ; 187;
191; 210, p. 503, 505; 219; D 2a; 3, p.555, 571, 574 - 579 ; 23; 35 ; 54 ; 70, sect. II.1 , III.1. III. 12, V .3 -4 , V1. 1, VI. 3-4 , VII.2 ; 91;
98; 106 ; 113; 124 ; 127 ; 139 , 147, p.817; 150 , p. 828 -830, 833; 167; 172; 184; 216 ; 226 , p . 907, 910; Ann., p. 919, 929, 934.
Aristote le dialecticien D 27.
Aristote le Jeune C 119. Aristoclès (de Rhodes?) D 202. Aristote, père de Charmide C 102. Aristoclèsde Pergame D 150, p. 830. Aristocles, dedicataire de Chrysippe C 121, Aristoxène de Tarente B 3; C 62; 141; 145 ; p. 334 .
Aristoclès, nom originel de Platon D 187. Aristocratès (Petronius -) C 190, p. 462.
168; D 13, p. 600 , 604 ; 15 ; 70, sect. IV .1;
91; 98 ; 116 ; 130 ; 189; 226 , p. 907 . Aristyllos,mathématicien B 47.
Aristocréon de Soles C 28; 121, p.332, 334, Arius Didyme C 123, p.374 ; D 105 ; 150 , 362. p . 829.
972
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES Arrecinus, voir Clemens. Athanase, “ secrétaire " de sainte Catherine C 55 . Arthénidès, archonte C 138, p.408 . Athénadès, dédicataire de Chrysippe C 121, Arrianos (T. Avianius -) B 17 . p. 334. Arrien de Nicomédie C 95; 155. Athénagoras, ami de Philodème B la . Arrien , nom de deux consuls C 155. Athénagoras, dédicataire d'un lexique lu par Arsinoé I, fille de Lysimaque C 119. Arsinoé II Philadelphe, seur et seconde
épouse de Ptolémée II Philadelphe C 119. Artaxerxes D 54 .
Artaxerxès III Ochos C 36 , p.204. Artemidore de Parion C 36 , p. 193. Artémidore, amide Philodème B la. Artémidore , fils de Phocas C 91. Artémidore, père d'Apollonios C 91.
Photios B 44. Athénagoras, épicurien B la . Athénaïs, voir Eudocie. Athénée de Naucratis D 150, p. 831. Athénée, auteur sur l'oionistique C 91.
Athénion D 205. Athénocrite D 70 , sect. I.
Athénodore Calvus de Tarse C 123, p. 376 . Cordylion de Tarse C 59; 190 Artémidore, père de Diogène de Séleucie Athenodore p. 468. D 146 . Athénodore de Soles, disciple de Zénon de Artémon de Pergame C 203 .
Artémon, pinacographe D 52. Artorius, voir Celer, Florentinus. Asclépiade d'Alexandrie D 3 , p . 569, 589. Asclepiade de Bithynie D 216 . Asclepiade de Myrléa C 203.
Asclépiade de Phlionte C 205, p .499. Asclépiade, cynique C 122.
Kition C 121, p. 332. Athénodore, auteur de Peripatoi D 70, sect. IV .1; 147, p.812.
Athénodore, dédicataire de Chrysippe C 121, p. 333, 335. Athénodote , mentionné par Marc -Aurèle C 128; D 166, p. 843.
voir Serranus. Asclépiade, dédicataire des Sentences de Atilius, Atossa D 64 . Démophile D 17; 76 . Asclépiodore, père adoptif de Dioscouridès Attale jer C 121, p. 363; D 93. D 202 .
Attale II C 42; 203.
Asclepiodote d'Alexandrie D 3 , p . 544, 569, Attale,maître de Sénèque C4; 130 . 572,589; 5.
Asclépiodote d'Aphrodisias D 5 . Asclépiodote de Nicée B 15 .
368, 371, 373, 377, 383; 124 ; 193; D 52; 186 ; 189 .
Asclépiodote , disciple de Posidonius C 36 , Atticus, platonicien C 36 , p . 213; D71. p. 192-193. Aufidius, voir Bassus.
Asclépius, rhéteur C 152.
, voir Octave (Octavien ).
Auguste Ascondas, père de Cratès de Thèbes C 205, Augustin B 41, p. 118; C5; 66 ; 123, p. 379; p.496 . 132; D 199. Asconius (Pedianus -) D 70, sect. III.6, III.8. Aulu -Gelle D 70, sect. III.6- 9. Asdroubas = Clitomaque C 149. Aulus, voir Celsus.
Aspasie D 204. voir Cotta , Symmachus, Thrasymé Asper, commentateur de Virgile C 190 , Aurelius, dianos . p . 473.
Asteios, archonte C 36 , p. 190 . Astraios D 137.
Autocharidas de Laconie C 135. Autolycos, amide Callias III C 16 , p . 167.
Astyrius,sénateur chrétien C 117.
Auxentios D 3, p. 543.
Athalaric C 52. Athanase d'Alexandrie C 191.
Avianius, voir Apollonios, Arrianos, Vale rius.
Athanase II, patriarche d'Alexandrie D 3. Avidius, voir Heliodorus. Avitus D 141. p. 568.
INDEX DES NOMS PROPRES
973
Axiochos, père de Clinias C 102; 174; Ann., Bibulus C 8, p. 152. p . 950.
Azoulis D 137. Bacchios de Paphos C 188; D 155. BacchiusGéron D 174 . Bacchylide D 91. Baebiana, voir Gemina. Bagoas, eunuque D 118. Balagros D 137.
Bilawhar B 12, p. 72. Bindusāra D 1. Bion, correspondant de Chion d'Héraclée C110 .
Bion d'Abdère D 70, sect. IV .3 .
Bion de Borysthène B 30; 31; 33; C 97; 202; 206 ; D 114; 150 , p. 833.
Balbilla (Iulia -) B 6 , p. 50, 52.
Birwai C 113, p. 313. Bi(s)talè D 10.
Balbillus ( Tiberius Claudius -) C 91.
Bithus B 37, p. 114 .
Balbus (L. Lucilius -), élève de Scaevola B 7 . Biton de Soles B 35. Bitos B 37, p. 115. Balbus (L . Lucilius -), gouverneur de Priène Bloson D 64. B 7. Balbus (Q . Lucilius -), stoïcien C 123, Bodhisattva B 12 , p. 72. Boéthos de Marathon D 171. p . 383-384; 193.
Bar Kokhba B 13 , p. 85.
Boéthos de Sidon, aristotélicien B 43; 47;
Barachias B 12, p.64. Bardesane B 13, p. 89; D 20.
Boéthos de Sidon , stoïcien B 43; 48 , p . 130 ;
Barea, voir Soranus . Barkabba B 13, p . 87 . Barkoph B 13, p. 87 .
Boéthos, lexicographe C 151. Bolos de Mendès D 70,sect. IV .3.
Barlaam B 12 , p . 63-64 .
Bouddha B 12 , p. 71-72.
D 3, p. 574; 136 . C 121, p . 360 (216 ); D 146.
Boulon C27 . Barşaumăde Qardou C 113, p. 312, 318. Bourikhios d’Ascalon, platonicien B 29. Basile de Césarée C72; 184; D 85, p. 728,
731 ; 188. Basilide de Scythopolis B 15.
Brachyllos C 79.
Basilide du Pirée B 14 .
Bro(n)tinos B 22; D 28. Bruttius (L . -), eques Romanus B 62 .
Basilide le Gnostique B 14.
Brahman C 14 (trad . ar.).
Brutus (L. Iunius -), consul en 509a B 63. (M . Iunius -) C 8, p . 153; 52a; 59; Bassus (Caesius -), ami de Perse C 190, Brutus 123, p . 371-372, 377, 383, 389; 124 ; 208 ;
Basilide, poète comique athénien B 15. p . 462.
Bassus (Iulius -),médecin B 18 .
D 141.
Bassus (L . Aufidius -), à Athènes B 18.
Brutus (M . Iunius -), père de M . Iunius
Bassus (Pomponius -) B 19. Bassus, amide Galien B 19. Bata B 37, p. 114.
Bryson d'Achaïe B 68; C 146; 205, p. 496.
Brutus B 63.
Bathyllos B 61.
Bryson d'Héraclée B 66 . Būd C 113, p. 315 .
Baton de Sinope, historien B 24.
Burebistas D 100.
Baton,maître deMénippe D 115. Battos B 37, p. 114 .
Būdāsf B 12, p. 72.
Burzoy C 113, p. 311, 313.
Bérénice, fille de Ptolémée II Philadelphe et Bwdysf, voir Būdāsf. Bydis B 37, p. 113. d'Arsinoe IC 119; D 151. Bylwhr, voir Bilawhar. Béronicianus de Sardes C 116 . Bèsarion B 28.
Bèsas de Panopolis B 57. Bèsas, cynique B 27.
Bias D 1; 226, p. 906 -907.
Caecilius de Calè- Actè C 190, p . 470. Caecilius, voir aussi Cornutus, Metellus.
Caepio (Q. Servilius -), consul en 1062 D 70, sect. III.6 .
974
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
Caepio ( Q . Servilius - ), demi-frère de Caton C 59.
Caerellius (Q . -) C 74 . Caesar, voir Gaius et César (Jules -). Caesius, voir Bassus. Calanos D 20 .
Callistó d' Argos D 70, sect. III.3 .
Callisto , prêtresse à Athènes D 70 , sect. III.3. Callistrate C 31. Calvenus, voir Taurus. Candragupta C 14; D 1 ; 20.
Caninius, voir Celer.
Calenus (Q . Fufius -) C6; 123, p. 393 (icon.). Caninus (M . Acilius -), correspondant de
Caligula C 37; D 43.
Cicéron B 62.
Callaischros, fils de Critias C 102 ; 216 , Capito (Titinius -) C 59. p . 513. Carbo (C. Papirius -) C 198. Calliadès, archonte D 70, sect. III.1, III. 10 . Cariôn D 80. Calliadès, père de Callias d’Aixônè C 15; Carnéade de Cyrène B 11, p .61; 16 ; 21; 35 ; 102 ; 210, p . 504. 36 ; 45; 46 ; C 2; 18; 28; 43; 58; 60; 100; Callias de Syracuse C 225; D 226 , p. 905 121, p. 329, 361; 123, p. 376, 378 -380, 385, 906 .
Callias I, père d'Hipponicos IC 16 .
388, 390 -391; 149; 218 ; 219 ; D 47; 59;
142; 146; 158; 165; 194.
Carnéade le Jeune, fils de Polémarque C 42; 149; 204. Callias III, fils d'Hipponicos IlII de (le Riche) Riche ) Callias II C 16 ; 36 , p. 189.
Carnéius de Mégare C61; D 107. C 17; 102 ;. Callias, archonte C 79; D 70, sect. III.1, Carnéophantidas, variante pour Carophan tidas C 46. III. 10 . Callibrotos, père de Dicon de Caulonie Carus, ami de Diogène d 'Oinoanda D 141; D 101.
Calliclès, personnage du Gorgias C 109. Callicrate = Callippe d 'Athènes? C 31. Callicratidas, navarque spartiate C 19. Callicratidès, frère d 'Empédocle C 19.
183. Carus, voir Lucrèce. Casamène D 17 .
Casianos, voir Antiochos.
Cassandre, fils d'Antipatros C 36 , p . 215;
D 54 ; 226 , p. 903. Calliétès C 20 . Callimaque de Cyrène C 161:03. p. 544: 52: Cassiodore B 41, p. 117 ; C 190, p.473;
70, sect. V .5, VI.2-4 ; 124; 226, p. 908.
D 166, p . 850; 188.
Callinicos D 3, p .543.
Cassius (Dion -) D 166 , p . 846 , 850 .
Callinos d 'Hermione, disciple de Lycon B 56 ; C 26 . Callinos, disciple de Théophraste C 27.
Cassius, voir aussi Longinus.
Calliphon de Crotone D 64.
Cassius le sceptique C 121, p. 331.
Castorion de Soles D 54 (icon.). Catherine B 12 , p.65.
Calliphon, connu pour ses idées sur le télos Catilina (L . Sergius -) C8, p. 151; 59; 123,
D 30 . Calliphon , père de Denys (poète) D 98 . Callippe de Corinthe, historien C 32. Callippe de Syracuse D 167.
p. 369; 124; 125.
Catius, voir Italicus, Miltiades.
Caton d 'Utique B 63; C8; 123, p. 371, 377 ; 161; D 17; 24; 41.
Callisthène d'Olynthe C 34 ; D 1; 80; 106 ; Caton l'Ancien C 59; 73 ; 123, p. 372; D 187; 226 , p . 912.
215.
Callisthène, élève de Théophraste C 36 , Catulle,poète C 197 . p. 184; D 80. Catulus ( Q . Lutatius -), chef des optimates C 8, p . 151;60; 123, p. 377. Callisthène, fils de Dados C 35. Callisthène, père de Callisthène d' Olbia Cébès de Cyzique C 45; 62; D 107. C 35. Cébès de Thèbes, compagnon de Socrate
Callisthène, père de Callisthène d'Olynthe C 36 , p . 184 ; D 80 .
C 220
Celer (Caninius-) D 182.
INDEX DES NOMS PROPRES Celer (P . Egnatius-) D 43. Charidemos d'Oréos, Ann., p. 925-926 . CelerMunatianus (Artorius -) C 63. Charisius C 190, p.473. Celsinos de Castabala C 66 ; 73. Charmadas, académicien C 198; D 125. Charmandros,mathématicien C 101. Celsinus,mentionné par Augustin C 65. Charmantidès de Péanée C 79. Celsinus, voir aussi Adelphius, Tatianus. Celsus (Aulus Cornelius -), dans une inscrip Charmidas, voir Charmides . tion C 73.
Celsus (Aulus Cornelius -), médecin C 65;
975
Charmides (Charmidas) C 100 . Charmides , fils d' Aristote C 102.
D 216 .
Charmidès, fils de Glaucon C 16 ; 174 ; 216, Celsus d'Éphèse D 182. Ann., p. 950-951. p. 513,voir 518aussi ; 217;ChairCelsus, auteur du Discours Véritable C 67; Chér-, . 68; 69 ; D 156 . compagnon de Chérécratès Sphettos, de Celsus, dédicataire de Lucien C67. Socrate C 109. Censorinus (LuciusMarcius -), dédicataire Chérémon d'Alexandrie B 6, p.51; 37, de Clitomaque C 149. p. 115 ; C 101; D 175. Censorinus, grammairien C7. Chéréphon de Sphettos C 17;89; 102; D 91.
Censorinus,père de Censorinus C 76 . Censorinus,zacore d'Asclépios C 76. Céphalos de Collytos C 78; 79. Céphalos, le potier C 16 .
Chéréphon , auteur d'un Artculinaire C 22. Chilon, Chilonis, voir Ch (e)ilon , Ch (e)ilonis. Chion d'Héraclée C 140. Chiron , surnom de Damon D 13, p.604.
Céphalos, père de Lysanias C 79. Choiricius deGaza D3, p . 561. Céphisidôros, variante pour Céphisodôros Choirilos de lasos C 36 , p . 209-212. C 80. Céphisios, sycophante C 16 .
Choirilos de Samos C 36 , p. 209-212; D 226 , p . 908 .
Céphisodôros, historien C80. Choirilos, poète C 203. Chosroès II dit Parvēz C 113, p. 309. Cercidas d'Arcadie, général C 83, p. 270. Cercidas deMégalopolis D 147, p. 812, 816 . Chosroès (Kisrā Anūširwān ] B 12a; D 3, Cercops de Milet C 84. Cerdon B 13, p . 86 .
p . 558 , 560-562; 143. Chrestos de Byzance, sophiste C 13.
Céryllos D 137. Chrysanthe de Sardes B 25. César (Jules -) B 63; C4; 36 , p . 202; 52a; 59; Chrysanthius (Flavius -) C 116 . 123, p. 369-371, 386 -387; 125; 208 ; D 41; Chrysermos d 'Alexandrie D 146 . 52; 70, sect. III.5 -6, III.8. Chrysilla , épouse de Callias III C 16 .
Cestius, voir Pius. Chabrias, archonte D 91. Ch (e)ilon, le Sage C 93; 107; 108. Ch (e)ilonis C 107.
Chair-, voir aussi Chér-.
Chrysippe de Cnide, maître d'Érasistrate C 119.
Chrysippe de Rhodes, médecin de Ptolémée (II Philadelphe) C 119. Chrysippe de Soles B 47; C 28; 36 , p .211,
Chairestratè C 90 .
218; 42; 53; 59; 74; 119; 123, p. 374, 385,
Chaméléon d'Héraclée C 145 .
390 -391; 138 , p . 410 ; 150 ; 166 ; 190, p. 463; 203; D 3, p. 574 ; 93; 111; 122 ; 134;
Charax (A . Iulius -) C 94. Charax de Pergame D 62. Charax,mentionné par Marc-Aurèle D 62. Charès de Mytilène, chambellan d 'Alexandre C 14, 36 , p. 187, 214 . Charias = Chabrias, archonte D 91 .
146; 150, p . 827; 152; 161; 170; 200 ; 205. Chrysippe,auteur de Georgica C 119 . Chrysippe, disciple d' Aethlios C 119. Chrysippe, disciple d'Érasistrate C 119.
Chrysis, femme de Déméas C 159. Chrysogonus, affranchi de Sylla C 123,
Chariclès d'Athènes,fils d'Apollodore C 17 . p . 366 . Charicles de Carystos C 225. Chytron D 47a.
976
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
Cicero (M . Tullius -), l'orateur B 41, p . 120; Cléon, dédicataire de Chrysippe C 121, 62;63; C 4 ; 6; 8, p. 151-153; 28; 36 , p. 220- p. 335. 221: 59 ; 60 ; 79 ; 100 ; 198 ; 208 ; D 52 ; 70,
Cléon, homme politique athénien C 167 .
sect. III.6 -9, VI.1; 134 ; 186 ; 189; 199.
Cléon, titre d 'un ouvrage de Démétrios de
Cicero (M . Tullius -), fils de Cicéron C 123,
p . 393 (icon .); 124 ; 125; 208 Cicero (O . Tullius -), frère de Cicéron C 36 ,
p . 220; 123, p. 368, 373, 387, 393 et icon. Cicero (Q . Tullius -), neveu de Cicéron C 123, p. 371-372, p .393 (icon.); 125. Cimon d 'Athènes C 36 , p . 189. Cinna (Gaius Helvius -), poète C 197 . Cinna (L .Cornelius -) C 8 . Clanarius = Claranus C 130 . Claranus, grammairien C 130.
Phalère D 54 .
Cléonyme d 'Athènes C 141. Cléopâtre D 42 .
Cléophante ,médecin C 119 . Cléophantidas, variante pour Carophantidas C 46 .
Cli-, voir aussi Clei-.
Clinias, fils d'Axiochos C 102; 217; 227;
D 192; Ann., p.950 -951.
Clisthène C 220 ; D 13, p. 603, 606 ; Ann., p. 940, 953. Claude, empereur B6, p.50 -52 ;C91; 190, Clitarque d 'Alexandrie, historien B 26 , p . 470. p. 104; C 36, p.208, 211, 218; 147. Claudianus d 'Alexandrie, poète C 131. Clitarque, glossographe C 141. Claudius, voir Balbillus, Diognetus, Euty - Clitomaque C 42; 43; 75; 100; 123, p. 376 , chos, Marcellus, Maximus, Nicias, Ptolé- 385, 388, 391; 198 ; 204; D 150 , p. 827. mée, Pulcher, Thrasyllos.
Cléa (Flavia - ), fille de Memmia Eurydike C 134.
Cléa, propriétaire à Daulis C 134. Cléanôr de Sparte C 207.
Cléanthe B 24; C 74; 83, p. 273; 97; 114 ; 121, p . 333, 361; 123, p . 385; 126 ; 189;
190, p . 467; 205, p . 498; D 70, sect. V . 3; 135 ; 169.
Cléanthis, fille d'Aristénète C87; D 212. Cléarque d'Héraclée C 110.
Cléarque de Soles C 36 , p.208, 210; 169; D 98.
Clei-, voir aussi Cli-. Cleidémos d 'Athènes, atthidographe C 143. Cleinias le Crétois C 145. Cleitos le Noir C 36 , p. 187, 214 .
Clitophon, fils d'Aristonymos, compagnon de Socrate C79.
Clodius Pulcher (P . -) C 59; 123, p . 369-370. Clodius, voir Adelphius. Cluentius C 123, p. 368. Cocceius, voir Nerva. Coelius, voir Antipater. Colotes D 70, sect. VI.4 . Cominianus C 99. Conon D 70, sect. III.3. Consentius junior C 183; D 220. Consentius, grammairien C 183. Constantin , dédicataire de Cosmas Indico pleustès C 191.
Constantin , empereur B 3; D 174. Corneille, évêque D 81. Cornelianus deMallos B 2.
Cleitos, dédicataire de Chrysippe C 121, Cornelius, voir Celsus, Cinna, Dolabella , p . 335. Lupus, Sylla.
Clemens (Arrecinus -) D 166, p . 845.
Clément d'Alexandrie D 85, p.731; 150,
Cornificius ( Q . -), poète , correspondant de Cicéron C 189.
p. 830.
Cornutus (Caecilius ? -), historien C 190, Cléobule D 226 , p. 906 - 907. p. 461. Cléocritos, archonte C 79. Cornutus (M . Caecilius -) C 190, p .471. Cleombrote ,médecin C 119. Cornutus (Marcus -), connu par Fulgence Cléomène, cynique C 205, p. 498; D 147, C 190, p .461, 472. p . 812.
Cléomène I, roide Sparte C83, p. 271, 277. Cléomène II, roi de Sparte C 86.
Cornutus, stoïcien C 91; 121, p. 336; D 150, p . 827. Corragos, généralmacédonien C 92.
INDEX DES NOMS PROPRES
Cotta ( C . Aurelius -), consul en 758 C 123, p. 376 , 383-384. Crantor B 32; C 149; 206; D 95; 114 . Crassus (L . Licinius -), l'orateur B 7; C 123, p. 366 ; D 22; 132.
977
Dados C 35 . Dalion, explorateur C 36 , p.204. Damadamis D 20.
Damas de Tralles D 2a. Damascius C 113, p. 313; D 2a; 21a; 85 ,
Crassus Dives (M . Licinius -), triumvir C8, p. 727, 729, 731; 143; 157; 219; 221. p . 151- 152; 59; 123, p. 369-370 ; 193. Damasippe, père de Démocrite D 70, sect. I. Cratéros, officier d 'Alexandre D 54 ; 91; 147, Damasippus (Iunius -) D 4 . p . 817. Damianos D 219. Cratéros, père du précédent D 91. Damippos, pythagoricien C 221. Cratès deMallos C 191; D 86. Damisa D 9.
Cratès de Tarse C 149. Damô B 34 . Cratès de Thebes B 67; C 36, p. 211; 83, Damoclès D 66. p . 277 ; 163; 203; D 31; 46 ; 54; 147, p. 812 Damocratès D 69. et icon.
Cratès de Thria . académicien B 32: C 195: Damon d'Athènes, musicien C 102; 174 ; D 228 ; Ann., p. 950 - 951. 200 ; 202.
Cratinos D 13, p.604.
Damon de Syracuse D 13, p.600 .
Cratippe de Pergame, péripatéticien B 63; Damonides d ' €é D 13, p . 603. C 123, p . 376 , 388 ; 124 .
Crésus D 1. Crètoxénè, épouse de Cléombrote C 119. Crinis, stoïcien D 146 . Critias IC 216 , p. 513.
Critias II C 216 , p. 513. Critias III C 102; 216 , p.513.
Dandamis C 14 . Dapsamios, platonicien D 3, p. 578, 585. Dardanus d' Athènes, stoïcien B 15; D 146 . Darius D 64 .
Datames, satrape D 147, p. 815. Davus, esclave C 214 .
Dèce, empereur D 81.
Critias IV , compagnon de Socrate C 16 ; 102; Décébale D 100. Decianus (Lucius Silius-) D 24 . 175; 220 ; 216 , p . 513. Critobule d 'Alopéke, compagnon de Socrate Decius junior (Flavius -), consul en 529a D 3, C 16 ; 174 ; 220 ; 227.
Critolaos (Memmius - ) C 134. Critolaos de Phaselis C 42; 58; D 132; 146 . Critolaos, historien C219.
p. 556 .
Decula (M . Tullius -) D 70 , sect. III.9 . Deinias d 'Argos, historien D 27.
Deinias d'Argos, personnage d'Antonius
Criton d 'Alopékè, compagnon de Socrate Diogène 137. Deino B61. C 174 ; 217 ; 227; D 51. Deinomachos, connu pour ses idées sur le Criton , personnage de Lucien C 158. télos C 28 . Croton C 199. Délios d'Éphèse D 94.
Ctésias B 26, p. 101, 104; C 36 , p. 207; 211.
Démaratos, roi de Sparte D 35.
Ctésippe de Péanée C 174; 217; 220.
Déméas C 159.
Ctésippe, père de Chabrias C 86.
Démétrios (Scribonius -) D 57. Démétrios Chlorus D 60 .
Curtius, voir Valerianus.
Cymbas d 'Argos D 137. Cynulcus C 45;61. Cyprien de Carthage D 81. Cyrillos, fils de Flavius Boethus B 49.
Cyrina,mère de Théodora D 3, p. 568. Cyrinos (Kyrinos) D 3, p. 569.
Démétrios Cythras d'Alexandrie C 122. Démétrios d'Alexandrie, évêque C 154, p . 427. Démétrios de Bithynie, poète D 50; 211. Démétrios de Byzance D41. Démétrios de Magnésie C 121, p. 331, 335; D 49; 70 , sect. IV .1 ; 147, p. 812, 816 ; 205.
978
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
Démétrios de Phalère C 36 , p. 203, 206, 216 ; Démotimos, père de Callisthène d'Olynthe 205, p.496 , 500 (icon.); D 25; 49; 50; 70, C36 , p. 184; D 80. sect. III. 1. III.4 -5, III.8 - 10 , III.12, IV .1,
Denys , voir Dionysios .
VII.2; 139; 226 , p . 900 , 903-904, 907-908.
Dercyllis D 137. Dexippe, historien D 88. Diagoras d'Érétrie D 91. Démétrios Lacon D 45; 51; 150, p . 827; 180. Diaphanèsde C 121, p. 332; D 93. Démétrios le Cynique, amide Sénèque C 40; Dias d'Éphèse Temnos 34. D 64 ; 205 , p.498; 209; D 62; 74. de Cnide D 114. Démétrios Poliorcète C 206 ; D 25; 39; 54; Dicaioclès Dicéarque de Messine C 62; 36 , p .216 ; 141; Démétrios de Scepsis D 70, sect. VI.5. Démétrios de Sounion D 43.
226 , p. 903-906 .
D 17; 131, p.791; 189. Dicineus C 182. Démétrios, exécuteur testamentaire de Platon Didymele Grammairien D 58. D 48. Didymele Jeune d' Alexandrie , grammairien Démétrios, le Platonicien C 94; D 42;62. Démétrios,mentionné parMarc-Aurèle D 62. D 104. Démétrios, péripatéticien , ami de Caton Dieuchès D 216 .
Démétrios, affranchide Pompée D 17.
d'Utique C 59.
Démétrios, rhéteur D 60 ; 180. Démocédès, fils de Calliphon C 29. Démocédès, pythagoricien D 26 . Démocleidès D 65 . Démocratès = Démocrite ? C 22. Démocratès D 70 , sect. V.5 . Démocratès d'Aphidnai D 68.
Dikas de Tarente D 108.
Dinarque, orateur C 22; D 52;65. Dinarque, pythagoricien D 64. Dindimus D 20. Dini D 8 .
Dioclès, dédicataire de Méléagre D 115 .
Dioclès, père d 'Euthydème C 102. Diocles de Carystos D 110 ; 216 .
Démocrite B 26 , p. 103; 31; 53; C 22; 36 , Dioclès de Cnide D 95. p. 204-206 ; 56 ;C83, p. 278; 145; 180; 203; Dioclès de Magnésie C 121, p. 331-332, 335; 216 , p . 518;D3, p. 583-584; 52; 64 ;68; 69;
190, p . 467; 205, p.497; 212; D 82; 114 ;
70 . sect. I; 81; 91; 131, p . 790 -793; 71; 138; 146 ; 147, p.812. Dioclès, serviteur affranchi par Straton 139; 199; 208 ; 226 , p. 907 -908 .
Démocrite de Cos D 70, sect.II.3.
D 110 ; 113.
Démocrite de Mégare , vainqueur olympique Dioclès l'Éristique B 4 . D 70, sect. II.4 . Dioclès, dédicataire de Chrysippe C 121, p. 334-335. Démocrite, var. pour Démocratès D66. Dioclès, exécuteur testamentaire de Straton Démon, atthidographe D 106 . D 113 . Démonax D 74 .
Dioclès, scholiaste D 110 . Démonides d' Eé D 13, p .603. Démophile , compilateur des sentences pytha Diodore Cronos C 123, p. 390- 391; 146. goriciennes D 17. Démophile ,moine D 85, p. 737.
Démos, fils de Pyrilampe C 17 . Démosthénès (C . Iulius -) D 141.
Diodore d'Adramyttion C 100. Diodore d'Éphèse D 130. Diodore de Sicile D 70, sect. III.3, V .2 ; 226 , p. 905.
de Tyr, péripatéticien C 28; 198; Démosthénès, fausse lecture pour Calligénès Diodore 219 . C 21. Demosthénès, orateur athénien C 123, p. 394 Diodore, auteur d 'Apomnèmoneumata D 130. (icon.); 225 : D 3. p. 564: 52 : 106 : 147 . Diodore, dedicataire d'un discours de Dion
p.817; 204 . Démostratos, gnostique D 79; 232. Démotimos, élève de Théophraste C 36 . p . 184.
Chrysostome D 166 , p. 848.
Diodore, dédicataire de Chrysippe C 121, p. 335 .
Diodore , dédicataire de Dosithéos D 127.
INDEX DES NOMS PROPRES
Diodore ,musicien D 130. Diodore , rhéteur D 132. hthoe B .48 Diodote de Sidon , frère de Boéthos B 48 ,
p . 126 ; D 135 .
Diodote le Stoïcien C 123, p. 366, 377, 391; D 135 .
979
Dionysios d'Alexandrie, grammairien C 91. Dionysios d'Halicarnasse, atticiste B 44; D 178. Dionysios d'Halicarnasse, historien D 52; 54; 70 , sect. VI.1.
Dionysios d'Halicarnasse ,musicien D 178.
Diodote ,le grammairien D 169. Diogène (Antonius -) D 3, p. 566.
Dionysios d'Héraclée B 47; C 121, p . 333; 138, p. 409-410; D 147, p. 813. Diogène d 'Apollonie C 36 , p. 192; 143; Dionysios de Chalcédoine D 124. D 146 ; 148 .
Dionysios de Cyrène, le géomètre C 118 ;
Diogène d'Oinoanda C 49; 165; 180; D 138 ;
D 60; 146. Dionysios de Gaza D 85, p. 728. Diogène de Babylone B 47; C 36 , p. 217; 42; Dionysiosde Lamptres B 16 ; D 206 . 58 ; 118; 121, p. 360 (216 ); 123, p. 374, DionysiosdeMilet, historien D 182. 183 ; 224 .
384; 203; 219; D 13 , p.604; 22; 180. Dionysios de Milet, sophiste D 178. Diogène de Phénicie C 113, p. 313; D3, Dionysios de Rome D 81. p. 560. Dionysios l'Ancien ou le Tyran B 55; C 31; Diogène de Séleucie D 159. Diogène de Sinope le Cynique C 53; 83,
D 13, p . 600 ; 15 ; 66 ; 84 ; 147, p .817; 167;
187.
p . 276 -277; 103; 163; 205, p. 496 ; 210, Dionysios l'Areopagite B 12 , p.80. p. 509; 230 ; D 31; 74; 91; 138 ; 166 , p . 849, Dionysios le Jeune C 31; 141; D 147, p. 817;
855-856 ; 185; Ann., p. 948. Diogène de Smyrne D 138.
Dionysios le Petit C 52.
Diogène de Tarse D 138; 150, p. 827.
Dionysios le sophiste D 172.
167 .
Diogène, fausse lecture pour Calligénès C 36 , Dionysios le Thrace D 23; 168; 169. p . 218.
ami de Diogène d 'Oinoanda Diogène, nom restitué dans un papyrus B 16 ; Dionysios, D 141. C21. D 70 , sect. VI.5. Dionysios, attaqué par Crispinus C 213. Diog , père d'Hégés
ène ianax Diogène, père de Théodora D 3, p. 568. Diogénès (Flavianus -) D 141. Diogénès, fils de Marcus D 141.
Dionysios, commentateur d'Héraclite D 135. Dionysios, dédicataire de Chrysippe C 121, p . 335.
Dionysios, disciple de Cléanthe (?) C 138,
Diogénianos dePergame,fils D 153. Diogénianos de Pergame, père D 154.
Dionysios, fils de Calliphon, poète D 98 .
Diogénianos, ami de Galien D 154. Diogénianus d 'Héraclée B 44.
Dionysios, titre d'une cuvre de Démétrios de
Diognète,maître de Marc -Aurèle D 156 .
p. 410. Dionysios,maître de Platon D 228. Phalère D 54 .
Diognetus (Claudius-) D 156 .
Dionysodore (de Thèbes),historien D 1.
Diomède, grammairien C 99 .
Dionysodore d 'Amisos D 191. Dionysodore de Chios, sophiste C 217; 227.
Dion Chrysostome C 97.
Dion d' Alexandrie, élève d' Antiochos Dionysodore de Smyrne D 168. d 'Ascalon C 208 .
Diophanèsde Temnos D 93.
Dion de Syracuse C 31; D 84.
Diophantos D 232. Dion le Thrace D 193. Dios, père d 'Hésiode D 197 . Dion, dédicataire de Chrysippe C 121,p. 335 . Dioscouridès, dédicataire de Chrysippe Dion , voir aussi Cassius.
Dionysios (de Thèbes), historien Di.
C 121, p. 335.
Dioscouridès, grammairien D 202.
Dionysios d'Alexandrie, évêque D 85, Dioscouridès, père du précédent D 202. Diotimos de Tyr D 70,sect. IV .3. p. 728.
980
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES Diotimos, archonte D 224 . Épératos D 63. Éphialtes D 13,p.605. Diphilos de Sinope, poète comique B 50 . Diphilos, auteur de choliambes B 50.
Éphippos C 42 (icon.).
Diphilos, stoïcien chez Lucien C 158.
Éphore de Cymé, historien C 36 , p. 189-190 ,
Diphilos. stoïcien . père de Démétrios de
Bithynie D 50 .
193, 205, 218; D 1; 70 , sect. III.3, III .10 .
VI.5 ; 131, p. 789; 226, p . 909.
Dolabella (Cn. Cornelius -) D 70,sect. III.9.
Ephrem B 11, p.57.
Domitien D 166 , p . 844-845, 849, 853.
Épicomos, père de Carnéade C 42.
Domitius,mentionné par Marc -Aurèle C 128. Épicratès, dédicataire de Chrysippe C 121, p. 335. Domitius, voir aussi Ahenobarbus. Épictète D 3, p. 555, 567; 74; 166, p. 843, Domna (Iulia -) D 9. 853. Domnos,médecin juif D 219. Épicure B 18; 42; C 28; 37; 44; 56 ; 77; 90 ; Domnulus, voir Helpidius. Domnus, dans le titre d 'un ouvrage de 121, p. 336 , 357 (179); 123, p. 390 ; 127; Bardesane B 11, p. 61.
Donat C 190, p . 473.
Dorion, critique littéraire D 182. Doris D 84 ; D 167.
Dorothée ,lexicographe 44. Dorus d’Arabie D 3, p. 546 . Dosithéos, astronome D 127. Dosithéos, correspondant d'Épicure D 141. Douris de Samos C 36 , p. 217; 220; D 70,
154, p. 429; 165 ; 167; 180 ; 222; 226 ; D 19;
37 ; 38 ; 60; 70, sect. IV .3 , V.2 -4 ; 81; 115 ; 121; 123; 141; 150, p. 828 -829; 181; 199; 205; 224 ; 226 , p. 899-900, 902, 904 .
Épigénès de Byzance (astrologue) C 36 , p . 194.
Épigénès, fils de Criton C 217; 220; 227.
Épigénès, grammairien 84. Épigonos de Sparte B 25; C 116 . Épilycos C 16 .
sect. III. 3 . Épiménide D 1. Douris, grand -père du précédent D 226 , Érasinides d'Athènes D 137.
p . 902.
Érasistrate, dans l'Éryxias C 216 , p.519.
Dracon d 'Athènes D 13, p .602. Dropidès IC 216 , p. 513.
Érasistrate,médecin C 119; D 113; 216 . Érastos de Scepsis C 187 .
Dropidès II C216, p. 513.
Eratosthène de Cyrène B 32; C 22; 36 , p . 200 , 203; D 1 ; 70, sect. III.3 , III.10 -11,
Drusus ( M . Livius -), tribun en 91a C 59;
193; 198.
VII.3-4 ; 147, p.812; 226, p . 908.
Érineus, père de Chrysippe I de Cnide C 119. Érotien D 70, sect. VI.4 . Ecdélos D 75. Éryxias de Styria C 216 , p. 519. Ecdémos D 75. Échéclès d 'Éphèse , cynique C 163; 205, Eschine de Sphettos C 16 ; 36 , p. 206 -207; Eccelos de Leucade B 70.
p. 498. Échécratès C 62; D 116 .
210, p . 504; 216 , p. 518; 220. Eschine le rhéteur D 182; 204 .
Egnatius, voir Celer.
Eschyle C 216 , p . 514; D 60.
Élien C 184; D 150, p . 831. Elpinicè , épouse de Callias II C 16 .
Ésope D 54. Étienne d 'Athènes D 3 , p . 592.
Empédocle B 26 , p. 102;61; C 19; 180; D 58; Étienne, évêque D 81.
70, sect. I, III.11; 129. Empédotimos D 3 , p . 579.
Énée de Gaza D 3, p. 555. Énésidème, sceptique C 208. Énésidème de Léontini D 137 .
Étienne , voir aussi Stephanus.
Euainétos, archonte D 70, sect. III.3. Euaiôn de Lampsaque, disciple de Platon C31; D 114 ; 95 .
Euboulidas, adversaire d'Aristote C 80 .
Ennius, poète C 3 ; 58 ; 133.
Euboulidès, archonte B 2.
Épaminondas C 36 , p. 189; D 1; 202.
Euboulidès, sculpteur C 121, p. 361.
INDEX DES NOMSPROPRES Eubule ,académicien B 45. Eubule , source pour la biographie de Dio gène de Sinope D 147, p. 812.
981
Eusebius Flavianus D 3, p. 568 . Eusebius, maître de Sidoine D 220 . Eustathe d ’Antioche D 188 .
Eubulide,mégarique D 124 . Euthydème de Chios, sophiste C 174 ; 217; D 192 . Eucampidas d 'Arcadie C 83, p. 270. Eucherius de Lyon C 132. Euthydème, fils de Céphalos C 79; D 192. Euclide deMégare B 68; C 146 ; 205, p . 496 ; Euthydème, fils de Dioclès C 102. D 109; 124 .
Euthyme l’Hagiorite B 12, p.64-67, 74, 76 .
Euclide, mathématicien B 41, p. 118-119; Eutocius D 191. C 121, p. 361; 168;D60; 147, p.817-818. Eutolmius, voir Tatianus. Eucratès, personnage de Lucien C 159. Eutychès B 41, p . 121. Eucritos C 87. Eutychos ( Ti. Cl. -) D 182. Eudaimôn D 62.
Eudaimôn , ami d 'Hadrien D 62. Eudèmede Chypre D 167.
Euxénon, amide Chion d'Héraclée C 110 . Euxithéos,néoplatonicien D 3, p. 555.
Eudème de Pergame D 191.
Euxithéos, pythagoricien C 141. Evanthius, grammairien C 99.
Eudème de Rhodes B 49 ; C33 ; D 2a; 3 ,
Ézéchiel de Zābē C 113, p. 314 .
p. 588 -589; 33; 70, sect. V.2. Eudocie (Athénaïs), impératrice C 50 : 196 : 228 .
Fabianus (Papirius -) B 39. Fabius, voir Maximus.
Eudore d'Alexandrie C 36 , p. 197, 200; 123, Fabricius Luscinus (C. -) C 127. p. 374 ; D 70, sect. V .2; 127.
Eudore , père de Celsinos C65.
Faustinus D 137. Faustus de Riez C 132.
Eudoxe de Cnide B 31; C 22; 33; 36 , p. 204 205 ; 112; 119 ; 222; D 33.
Favorinus D 70, sect. IV .1-2; 166 , p. 848, 852; 182.
Fenestella D 70 , sect. III.6 -8 . Eugippius D 188. Eulalios ou Eulamios le Phrygien C 113, Ferdowsi, voir Firdawsi.
p. 313; D 3, p. 560; 567. Eumaque, archonte B 45.
Festus, abréviateur de Verrius Flaccus 189. Festus, officier impérial C 179.
Eumène de Cardia C 36 , p. 218 ; D 226 , Firdawsi (Ferdowsi) C 113, p. 309. p. 908. Flaccus (L. Valerius -) C 58. Eumène II de Pergame C 203. Eunape de Sardes B 25; C 116 .
Flaccus (Verrius -), auteur du De significatu verborum C 189; 197 .
Eupeithios D 157. Euphante D 124.
Flavia, voir Cléa. Flavianus, voir Nicias, Pantainos.
Euphorion, lexicographe D 70,sect. VI.5. Euphraeus d'Oréos, disciple de Platon C 31.
Flavius (Cn. -), affranchi d'Appius Claudius
Euphranor de Séleucie D 203.
Flavius, voir aussi Chrysanthius, Decius,
Euphratès, stoïcien B 20; C 153; D 166 ,
Glaucos, luncus, Sabinus, Tatianus. Florentinus (L . Artorius -) C63. Fonteius (M .-) C 123, p. 368. Fronton D 166 , p. 843.
p. 843-844.
Eupolis, comique B 50.
Eurémôn,disciple de Charmidas C 103.
Caecus C 133 .
Euridike (Memmia -) C 134. Fufius, voir Calenus. Euripide C 36 , p. 198 ; 95; 121, p. 336 ; 175 ; Fuscus (Arellius -) B 39. 195 ; 199; 216 , p.516 ; D 60 ; 91. Eurypylos de Cos, disciple de Crantor D 95. Gabriel de Nisibe C 113, p. 314 . Eurypylos, source d'Athénée D 95. Gaius Iulius Caesar, petit-fils d'Auguste Eurytosde Tarente, pythagoricien D 116 . D 70, sect. III.7. Gaius, le Platonicien B 2; C 39. Eusèbe de Myndos C 116 .
982
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
Gaius, père adoptif de Bacchios de Paphos Hédylos, logicien C 121, p . 348 (91), 349 B 2. Gaius, père de Callinicos de Pétra C 24. Galien B 49; D 3, p. 592 ; 6 ; 154; 216 . Gallien, empereur C 24.
Gartidas, pythagoricien B 55. Gélase D 220. Gélon, tyran de Syracuse C 79. Gemina Baebiana (Afinia M . F . -)C111. Gemina, fille C 111. Gemina,mère C 111.
Géminos B 47; C 47; 162. George Pachymère, voir Pachymère. Germanicus B 18 .
Gessius D 219 . Geta (Osidius -) C 62.
Glaucias, disciple de Cléodème C 159. Glaucon du Céramique C 16 . Glaucon, fils d 'Ariston C 78; 79; 102.
(103). Hédylos, poète 224 . Hégésandre de Delphes, historien C 114; D 202; Ann., p. 919,951. Hégésianax d'Alexandrie D 70 , sect. VI.5. Hégésianax de Troade C 22; D 70, sect. VI.5. Hégésianax, fils de Dosithéos D 224. Hégésianax , poète D 70 , sect. VI. 5
Hégésias d'Alexandrie C 161.
Hégésias de Sinope D 147, p .816 . Hégésinos, académicien C 42. Hégésistrate D 70, sect. I. Hégias D 3, p. 555,574; 157. Héliodore d'Alexandrie D 3, p. 544 -545, 564. Héliodore de Larisse D 6 ;219. Héliodore, romancier D 3 , p. 566. Heliodorus (Avidius -) D 182.
Hellanicos de Lesbos, historien C 36 , p. 207 212-213; D 3, p.588; 70 , sect. II.3; Glaucon , fils de Critias C 216 , p. 513; Ann., 208, D 197. p. 950. Glaucos de Marathon (T. Flavius -), philo Hellespontius de Galatie C 116 . Hellopion dePéparèthos C 112. HelpidiusDomnulus (Fl. Rusticus -) D 220. Glaucos de Rhégium D 70, sect. IV .1. Helvius, voir Cinna. Glaucos, père de Dionysios d'Alexandrie Héraclas D 81. sophe C 13.
Glaucos deMarathon, hiérophante C 13. D 175 .
Glaukias, interprète de Pierre B 13, p. 87. Gorgias, sophiste C 17 ; 109; 141.
Héracleidès,dédicataire de Chrysippe C 121, p . 335 .
Héracléios, cynique C 122.
Gorgippidès, dédicataire de Chrysippe C 121, Héracléon de Tilotis C 203. p. 334, 335. Héraclide du Pont C 36 ,p. 191; 93; 141; 176 ; 205, p. 500 (icon.); 210, p. 508 -509; D3, Gracchus (Tiberius -) B 40. p. 579; 52; 54 (icon.); 70 , sect. V.3; 82; 98 ; Graecinus (Iulius -) C 73. 135; 226 , p. 908. Gratidianus (M .Marius -) C 60. Héraclide, de Denys le Jeune Grégoire de Nazianze C 85; 132; 191; D 85, C 31; D 84 adversaire ; 167. p. 731. Héraclide, philosophe, ami de Théon , B 47; Grégoire de Nysse D 85, p. 731; 188. C 121, p. 360; D 146. Gryllos C 80. Héraclidès, voir Thrasymédianos. Hadrianos de Tyr D 182. Héraclite d'Éphèse C 138, n° 3; 198;210, Hadrien, empereur B 12, p. 81-82; C 9; 94 ; p. 503, 505, 508 ; D 70, sect. I, III.11, VI. 1, D 182 .
(icon.); 98; 135; 139, 150, p.827,830; 188 ; 169.
Hagnothéos, archonte C 149. Harpale C 172. Harpocration C 223.
Héraïscos D 3, p. 569, 589; 85, p. 729.
Hécatée (deMilet?), historien C 83, p. 269.
Héras D 63.
Héraclite, l'Allégoriste C 203; 190, p. 467.
Hécatée d'Abdère B 26, p. 104; D 131, Héréas,disciple de Chrysippe C 121,p. 335. p. 790 -792 .
Hérillos B 47; C 28; 121, p. 333; 138, p. 409.
Hécaton de Rhodes C 121, p. 332; D 147, Hermagoras, père de Boéthos de Marathon p. 812 .
B 45.
INDEX DES NOMS PROPRES Hermarque, épicurien C 226 ; D 37; 38; 141.
983
Hiéroclès, stoïcien C 121, p . 360.
Hermias d 'Alexandrie, néoplatonicien D 3, Hiéronymos d'Arcadie C 83, p. 270. p. 544-545, 564, 583, 590. Hiéronymos de Cardie D 226, p. 905. Hermias d’ Atarnée C 36 , p . 185; 187; 194 ; Hiéronymos de Rhodes C 28; 36 , p . 206 -207. 214 ; D 106. Hiéronymos, auteur sur l'orphisme D 3 ,
Hermias de Phénicie C 113, p. 313; D3, p . 560 ; 143.
Herminos D 3, p. 574.
p. 588.
Hiérothée D 85, p. 730, 736 .
Poitiers C 132. D 85, p . 738. Hermippe C 36 , p. 214, 219; 83, p . 270 ; 92 ; Hilaire Hilduin ,deabbé de Saint-Denys
121, p. 333, 335; D 52; 70, sect. II.11, Hipparchia B 67; C 205, p.497-498, 500 IV .1-2; 106 ; 128; 147, p. 812 . (icon ). Hermocrate C 216 , p . 515. Hipparétè, fille de Callias d’Alopékè C 16 . Hermodore , disciple de Platon D 87. Hermogène, bâtard d 'Hipponicos II et amide Hipparinos,fils de Denys l'Ancien C 31. Hipparinos,fils de Dion D 84; 167. Socrate C 16 ; 210 , p. 504; 227; D 119. Hermogène, dedicataire de Balbillus B 6 , Hipparque, pythagoricien B 34; D 10 . p . 49. Hermogène , fils de Criton C 217; 220 .
Hermogène de Tarse, le rhéteur D 3, p. 564.
Hipparque, source de Diogène Laërce D 70, sect. III.11; 188. Hippasos,maître d'Empédocle B 61.
Hermogène , neveu de Dionysios le rhéteur Hippias d'Élis, sophiste C 16 ; D 33. D 182.
Hermogenianus, fils de Clodius Celsinus
Hippobote B 67; C 32; 205, p. 496 ; D 70, sect. IV .1 ; 147, p . 812; 203.
Hippoclès, dédicataire de Crantor C 195 . Tatianus C 66 . Hermolaos, page d 'Alexandre C 36 , p . 187. Hippoclidès D 13, p.606 . Hippocrate de Cos C 119; 138, p. 414 ; D3, Hermon, épicurien C 158. p. 591-593; 70, sect. II.3, III.11; 113. Hermotime D 164. Hippocrate , compagnon de Socrate C 16 ; 17 . Hérô , mère de Callisthène d'Olynthe C36 , Hérodicos le Cratétéen C 203. Hérodicos,médecin C 119.
Hippolochos de Macédoine, disciple de Théophraste D 226, p. 900, 904. Hipponicos I, père de Callias II C 16 .
Hérodien D 86 .
Hipponicos II, père de Callias III d'Alopékè
p . 185 .
Hérodore ,historien B 68.
C 16 ; 102; 210, p . 504 .
Hérodote B 26 , p. 104; C112 ; D 70 , Hipponicos III, fils de Callias III C 16 . Hippothalès C 227. sect. III.3, III.10, IV .1 ; 226, p. 907. Hirtius C 8, p. 154 ; 123, p. 389-390. Héron d ' Alexandrie, le mécanicien C47; 224 ;D6; 191. Hérophile D 113; 216 .
Homère B 47; C 36 , p. 195- 196 , 199; 83,
p. 269; 93; 190, p . 467; 195 ; 203; 223; D 54 ;60; 70, sect. V.1 ; 86; 98; 106 ; 202. Homologus diacreC 83. C 191. Hesychius d'Alexandrie, lexicographe D 70, Horace B ,32: p. 280; 208; D 70
Hésiode B 47; C 93; 190, p. 467; D 85; 197. sect. VI.4 .
sect. 11. 4 .
Hesychius d’Antioche, père de Celsus C 72.
Hortalus, voir Hortensius.
Hesychius de Milet D 70, sect. I, VI.3; 219; Hortensius (Q . [H ]ortalus -) C 59; 123, 226 , p. 899.
p . 367, 371.
Hétoimoclès D 212. Hyllos de Soles C 121, p.332. Hicésios, père de Diogène de Sinope D 147, Hypatie D 3, p . 569. p . 814 .
Hiérax, père deDidymos D 105 .
Hierius, frère de Diogène d'Argos D 140. Hiéroclès d'Alexandrie D 3, p. 574.
Hypatius, évêque d'Éphèse D 85,p.728 . Hypéride D 52. Hypsiclès, astronome B 16 . Hypsicratès C 121, p. 357 (179).
984
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
Ibn al-Muqaffa ' ('Abd Allāh) C 113, p. 309, 09, Jacques de Billy B 12, p.77. 312-313. Ibn al- Tayyib (Abū l-Farağ 'Abd Allāh al Jacquesde Venise B 41, p. 120. de Chalcis B 11, p. 55; 25 ; 41, 'Irāqi) (Abulpharagius Abdalla Benattibus) Jamblique p . 118 ; C 66 ; 72 ; 116 ; D3, p. 554, 568 , C 62 (trad. ar.). Ichtyas,mégarique C 146 ; D 147, p. 817-818. 572-574, 583; D 85, p. 731; 88; 231. Idoménée de Lampsaque B 23; C 180; 220. Jamblique, romancier D 3 , p .566 . Ignace Éphrem II Rahmani, patriarche d 'An Janus D 17. Jason de Phères D 226 , p. 904. tioche D 85 , p . 729 . Jason, archonte C 138 , p.408. Inaros C 36 , p .205. lolas (lolaos), grand échanson d'Alexandre Jean Jean d'Asie C 113, p. 310. Jean Damascène B 12, p.66 -67, 74. C 36 , p . 215. Jean de Beth -Rabban C 113, p. 314 -315, 318. lon de Chios D 226 , p. 907. Jean de Billy B 12, p. 77. Ion dit “la Règle ”, platonicien C 87. loulianos, platonicien B 29.
Jean de Scythopolis D 85, p. 729, 739.
Iphicratès de Rhamnos C 36 , p. 198.
Jean Lydus, voir Lydus.
Isauricus (P . Servilius - ) C 6 .
Jean Malalas, voir Malalas.
Ischomachos, époux de Chrysilla C 16 . Isée l'Assyrien C 13; D 182.
Jean Pédiasimos, voir Pédiasimos.
Isidora D 137.
Jean Philopon, voir Philopon . Jean, abbé D 85, p . 728 .
Isidore d 'Alexandrie B 6 . p. 50 ; D 3. p. 543 -
Jean , archidiacre D 220 .
547, 556 , 559, 566 , 568, 572-574, 583, 589; Jean, l'Évangéliste D 85, p. 737. 221.
Jérôme C 132.
Isidore de Gaza C 113, p. 313; D 3, p.560; Jordanès D 166, p. 850. 143.
Josaphat B 12, p.63-64.
Isidore le Gnostique, fils de Basilide B 13, Joseph de Nisibe B 12a; C 113, p. 315, 316 . p. 84, 86 -89.
Jovin , consul en 367 C 183. , usurpateur gaulois C 183. Isocrate, orateur B 54; C 36 , p. 188, 195; 58; Jovin 80 ; 83, p . 278; 140 ; 225; D 3, p . 564; 13, Juba deMauritanie B 26 , p. 104. p .600, 605; 70, sect. III.3 , III.10; 202; Judas, disciple de Jésus B 13, p . 87. Jugurtha C2. Ann., p. 921, 949, 957. Jules l’Africain B 26, p. 104. Isolochos, père de Pythodoros C 78. Isocrate, archonte B 16 .
Italicus (Silius -) C 190, p.462,465,469. Italicus (T . Catius Silius -) D 24. Iulia, voir Balbilla, Domna.
Iulianus (P. Salvius -), consulen 175 D 17 . Iulianus, voir aussi loulianos et Julien . Iulius Africanus B 11, p.56.
Julie, fille d 'Auguste D 70, sect. III.7 . Julie, fille de César C 8 , p . 152; 197 .
Julien l'Empereur C 66 ; 72; 85; 99; 116 . Julien, frère de Damascius D 3, p. 543-544. Justin II, empereur C 113, p. 309, 314 . Justin , apologète B 12, p.81-82; C 186 ; 211;
Iulius, voir aussi Antonius, Bassus, César, D 156 . empereur B 12a; C 113, p . 309, Charax, Démosthénès, Gaius, Graecinus, Justinien, D3, p. 556 -558 ; 143. 312-314, 317; Modestus, Pythodôros, Romanus, Severia Juvénal D 70, sect. II.4 . nus.
Tullus, voir Antonius minor. luncus (Flavius-) C9. Iuncus (L . Aemilius -) C 9.
Kaios, frère de Douris D 226, p. 902. Kaios, père de Douris D 226, p. 902-903. Karanos D 226 , p . 904.
Iuncus, auteur d'un lepimowę C 9.
Kavād C 113, p. 309.
Iunius, voir Brutus, Damasippus, Rusticus. lustus, vicarius du diocèse d ' Asie C116 .
Kénouphis C 112 . Kolanthos, père de Bèsas B 29.
INDEX DES NOMS PROPRES
Konouphis C 112. Kyrinos, voir Cyrinos. Labienus ( T. -), tribun C 123, p . 369.
Lacydès B 24 ; C 121, p. 333-334; D 14 ; 55 . Lamia D 226 , p. 903-904 .
Lampon d'Alexandrie B 6, p . 50. Lamprias d 'Argos D 140. Lampridius D 220. Lamproclès D 13, p.601-602.
985
Lucius, interlocuteur d 'un dialogue de Plutar que D 70, sect. IV .2. Lucius de Patras D 3, p. 566 .
Lucius Verus D 182. Lucius, voir aussi Censorinus. Lucrèce (T . Lucretius Carus) C 49; 56 ; 125 ; D 70 , sect. V . 4; 131, p . 791; 141.
Lucullus C 123, p. 377-379, 381. Lupus (L . Cornelius Lentulus -) C75. Luscinus, voir Fabricius.
Lampros D 13, p .600 . Lutatius, voir Catulus. Laodamas, dédicataire de Chrysippe C 121, Lycandros D 50. p . 335. Laodicée D 19.
Léaidès C 216 , p. 513. Lècythion C 37a. Lentulus (P . -), consul de 570 C 123, p. 370. Lentulus, voir aussi Lupus.
Lycinus C 209. Lycon, péripatéticien B 56 ; C 26 ; 27; 219; D 150, p. 827.
Lycophron, correspondant de Léonteus D 70, sect. IV .3.
Lycurgue, élève de Thalès (le Crétois) C 105.
Léon , amide Chion d'Héraclée C 110 . Lycurgue, l'orateur D 65 ; 202; Ann., p. 919. Léon , dédicataire d’Alcméon de Crotone Lydiadas, tyran deMégalopolis C 83,p. 271. B 22;61. Lydus (Jean -) C 115. Léonidas, père de Chérémon C 91. Lydus, gnostique D 79 . Léonidès, amide Chion d'Héraclée C 110. Lyncée D 226 , p. 899, 903- 904.
Léonteus D 70, sect. IV . 3.
Lysagoras D 226 , p. 902. Lysandre , spartiate D 226 , p . 913.
Léontion C 222; D 19 . Léontis (Memmia -) C 134 . Lépide, triumvir C 123, p . 373. Leptinès de Syracuse C 31.
Lysanias C 79.
Libanios C 72; 152; 164. Licinius, voir Crassus .
D 226 , p. 903-904. Lysimachos, fils d' Aristide, personnage du
Livia ,mère de Caton d 'Utique C 59.
Lysimachos, fils de Ptolémée II Philadelphe
Lysias, logographe C 79; 175; D 91; 192.
Lysicrate, Ann., p. 966 . Leptinès, dédicataire de Chrysippe C 121, Lysimachos d 'Alexandrie C 91. p . 335 . Lysimachos, archonte C 79. pe Leucip D 70, sect. I, II.2, V. 1-2, V.4, VI.1; Lysimachos, diadoque C 36 , p. 219; 119 ; 91; 150 , p . 828 , 830 .
Livius, voir Drusus . Lollius , voirMaximus.
Longin (Pseudo -) D 54. Longin C 20 ; 157;223; D61.
Lachès C 36 , p. 206 -207. et d'Arsinoé IC 119.
Lysimachos, père de P. Avianius Valerius B 17 .
Lysimachos, platonicien B 29. Longinus Cassius (Gaius -) B 63; C8, p . 153- Lysippe, sculpteur C 138, p. 414; D 163. 154; 52a; 123, p. 372. Lysis, pythagoricien B 34; D 10 .
Lucain C 36 , p. 202-203; 190, p.460, 462 46
Magnus D 220.
Lucien C 68 ; D 3, p. 566 ; 74 ; 137.
Maidôn D 54 .
4.
Lucilius (C. -), poète C 75; 83, p. 280. Majorien D 220. Lucilius, correspondant de Sénèque C 130; Malalas (Jean -) D 3, p. 556 -557. 149 . Mallius, voir Theodorus.
Lucilius, voir aussi Balbus. Lucillien ,martyr C 215.
Manéthon d 'Égypte B 26, p. 98 , 104; C 91. Mani B 11, p.57; 13 ,p. 86 ; C 113, p. 318.
986
IRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
DICTIONNA
Manilius, tribun C 123, p. 368.
Mélèsias, correction pour Cheilas C 106 .
Mantinias D 137.
Mélétos C 233; D 91. Mélissos C 180 .
Mar Aba, alias Patrikios C 191.
Marc-Antoine (Marcus Antonius) B 63; Mélitè, épouse de Chrysanthe C 116 . C 125; 176. C 52a; 123, p. 372 Memmia, voir Euridike, Léontis. Marc -Aurèle, empereur B 2 ; 14 ; C 94; 128 ; Memmius, voir Critolaos.
D3, p. 549;62; 155 ; 166 , p .851; 182.
Memnon d'Héraclée C 93; 110 . Ménaichmos D 33. Marcellus (M . Claudius -), consul en 512 Menandre " Bois de Chêne” D 147. 0. 816 . B 63; C 123, p. 371; 208. Ménandre (Pseudo -) C 95 . Marcia, épouse de Caton d'Utique C 59. Ménandre du Phalère, père de Censorinus
Marcella D 3, p. 544.
Marcianus D 155.
Marcion B 11, p. 57; 13, p . 86, 87; 69.
Marcius, voir Censorinus, Philippus. Marco Polo B 12, p. 71. Marcus, fils de Caton C 58. Marcus, père de Diogénès D 141.
Marcus, voir aussi Argentarius, Cornutus. Mardokos, roi thrace C 86 .
C76 .
Ménandre, maître de Basilide le Gnostique B 13, p. 86 .
Ménandre, poète comique C3; 180 (icon.); 205, p. 497; D 54; 147, p . 812; 226, p. 899 900 .
Ménécratès, archonte D 206. Ménécratès, dédicataire de Chrysippe C 121,
p . 335 . Marinus D 3, p. 543-546 , 555, 568, 583, 589; Ménédème d' Érétrie B 30 ; 32 ; C 36 , p . 218 ; 219 .
Marius C 2 ; 8, p . 151; 60 ; 123, p . 365.
Marius, voir aussiGratidianus. Martial D 24 .
Maštoc' D 23.
Matricétas deMéthyme C 172. Matris, père de Chion d'Héraclée C 110 . Matthias, disciple de Jésus B 13, p . 87. Mausole C 119.
Maxime d'Éphèse C 116 ; 131; D 140. Maxime de Tyr B 14 . Maximus (C. Vibius -) C 25. Maximus (Claudius -) C 128 . Maximus (Fabius -) C 58. Maximus (Lollius -) D 17 .
Mécène C 190, p.463. Mèdios,médecin C 119.
Mégalophanès D 75. Mégasthène, historien C 14; 141; D 1; 20. Mégillos D 13, p. 602; 228. Mégyllos de Sparte D 228. Mégyllos, pythagoricien D 228. Méla C 190, p . 462.
Mélancomas D 166 , p. 844 . Mélantas B 44 . Mélanthios D 91.
Méléagre de Gadara D 115 .
180; 205, p . 499; 225; D 82; 130 . Ménédème de Lampsaque C 180 ; 225. Ménéstrate C 172. Ménéxène, compagnon de Socrate C 227. Ménippe de Gadara C 205, p.498; D 115 ; 147 , p.812; 179. Ménippe de Lycie C 40;
Mennéas D 141; 183. Ménodote de Nicomédie C 53; D 203.
Ménophantès, père de Capiton C 39. Ménophile D 189. Mentor de Bithynie, disciple de Carnéade C 42.
Métagénès, poète comique C 16 . Métellos d’Agrigente D 13, p.602; 228. Metellus Macedonicus ( Q . Caecilius -),
consul en 143a C 203, p.488.
Metellus Pius (Q . Caecilius -) B 7a; D 70, sect. III.6 .
Metellus, voir aussi Nepos, Numidius, Sci pion.
Méton d'Athènes, astronome C 33. Méton, pythagoricien D 26; 64.
Métroclès de Maronée C 163; 205, p. 497 498 ; D 46 ; 147, p . 812, 818 . Métrodore de Chios D 70, sect. I; 148.
Méléagre, dédicataire de Chrysippe C 121, Métrodore de Lampsaque, épicurien B 23; C 90; 180 (icon.); 222; D 60 ; 70, sect. V .3. p. 335.
INDEX DES NOMS PROPRES
Métrodore de Scepsis, académicien C 198. Métrodore de Stratonicée B 16 . Métrodore, dédicataire de Chrysippe C 121, p. 334-335.
987
Myropnous C 37a. Myrtô , épouse de Socrate C 36 , p. 206 -207. Myrtô, servante de Dercyllis D 137. Myson D 1.
Métrodore , médecin , époux de Pythias Nabonasar B 26 , p 98. C119. Nachor B 12, p .64 . Michel le Syrien C 113, p. 310 . Narsaï de Nisibe C 113, p . 315 . Michel Psellos, voir Psellos. Nausicydès de Cholarges C 17. Milésias, Ann., p. 925. Milésios D 182.
Nausiphane D 70, sect. IV .3. Nautélès C 172.
Milo (Titus Annius -) B 63; C 123, p . 370. Néanthe de Cyzique C 138, p. 406 ; D 147, Milon de Crotone C 229. p. 812 . Miltiade, homme politique athénien C 16 ; Néarque, historien d 'Alexandre C 14 . D3, p. 551. Néarque, pythagoricien C 58. Miltiadès, stoïcien D 210. Nébridius, oncle d'Andronicus de Constanti Miltiades (Catius -) C 57. nople C 164 . Minucius, voir Thermus. B 26, p. 96. Miskawayh, Abū 'Ali Aḥmad b . Muḥammad Néchepso Nélée de Scepsis C 187. b . Ya'qūb C 62 (trad. ar.). C 90. frère d'Épicure Néoclès, Mithrès C 222; D 121. Néoclès, père d'Épicure C 90; D 226,p. 902. Mithridate C8, p. 152; 123, p. 368; D 125. Nepos ( Q.Metellus -) C8, p. 151; 59. Mnason de Tyr D 137. Néron, dédicataire de Démétrios Lacon D 60. Mnémarque, pythagoricien B 55. Néron, empereur B 6 , p. 50 -52; C 91; 190 , Mnésarque d'Athènes C 198; D 22; 146 . p. 464; D43. Mnésarque, personnage d 'Antonius Diogène Nerva (Cocceius -) D 166 , p. 844 -845 D 137 .
Modératus C 223; D 150,p. 830 .
Nerva, empereur D 9. Nestor B 15 .
Modestus (Iulius -) C 130 . Moeris, lexicographe B 44 .
Nestorius B 41, p. 121; C 234 . Nicagoras de Chypre C 36 , p. 204-205.
Mnésithée D 216 .
Nicagoras, platonicien B 29. Nicandros D 50. Moïse de Nisibe C 113, p. 315 . Molon de Rhodes (Apollonios -) C 8, p . 151; Nicarque, poète D 74. Nicasicratès B 16 ; C 173. 91; 123, p. 366 - 367. Molpis, dédicataire de Parméniscus C 45. Nicératos, à Épiphaneia D 63. Monime de Syracuse C 205, p .498 ; D 147, Nicératos, fils C 79. p . 816 . Nicératos, père C 79. Moïse C91.
Monime, héros syrien , ancêtre de Théodora Nicias (M . Claudius Flavianus -), archonte à
D 3, p. 568.
Milet D 182.
Monimos “ d'Athènes” C 205, p. 500 (icon.); Nicias, général athénien D 91. D 54 (icon.). Nicias de Nicée D 82. Al-Mubaššir, Abū 1-Wafā' al-Mubaššir b.al Nicias, dédicataire de Chrysippe C 121, Fātik D 91. Mucius, voir Scaevola.
p . 335 .
Munatianus, voir Celer.
Nicoclès, correction pour Aristoclès 202.
Murena C 59; 123, p. 369. Musonius Rufus C 40 ; 64: 153; 178: 190. p. 464; D 166 , p. 843, 849, 851, 854. Myrinos d'Amisos D 202 .
Nicoclès, tyran de Sicyone D 27; 75. Nicodoros deMantinée D 91. Nicolas de Damas D 139. Nicolochos de Rhodes D 203.
988
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
Nicomaque de Gérasa B 41, p. 118 ; C 223; Ortalus, voir Hortensius. D 150, p . 830; 219. Osius de Cordoue C 12. Nicomédès, commentateur d 'Héraclite Ouranios C 113, p . 312, 315-316 ; D 3, p. 560. D 135 ; 169.
Nicophanès, ambassadeur d’Aratos de Pachymère (George -) D 85, p.740. Paetus (L . Papirius -) D 160. Sicyone C 83, p . 271. Paetus, voir aussi Thraséa. Nicostratos d'Athènes B 2 ; C 188. Nigidius (Figulus) C 176 .
Nigrinus, platonicien C 223. Ninus B 26 , p. 101.
Palaemon C 99 . Palladios D 20. Pamphile d 'Alexandrie B 44.
Noéthos, disciple de Chrysippe C 121, Pamphile, dédicataire de Cosmas Indico pleustès C 191. p . 335. Pamphilos, peintre Ann., p . 948. Nonianus (Servilius -), historien B 18 . Pancalos D 82. Nonnos de Panopolis C 192. Panétius de Rhodes B 47; C 3; 28 ; 36 , p. 206 Novatien D 81. 207, 217; 59; 123, p . 374 -376, 383, 385, Numénius d'Apamée B 11,p.55; C 80; 223. Numidius (Q .Metellus - ) D 86 .
Numonius, voir Vaala. Nymphidianus de Smyrne C 131.
388 ; 133; 199; 203; D 12 ; 22; 50 ; 96 ; 146 ; 180 ; 189; 211. Pansa C 197.
Pantainos (Flavianus -) D 176 .
Nymphis , disciple de Chrysippe C 121, Pantène C 154, p.427; D 156. p . 335 .
Nymphis, historien C 140. Occellos de Leucade B 70. Ocellos, variante pour Caecilius C 2.
Panthoïdès,mégarique C 121, p. 344 (57). Papirianus C 190 , p.473. Papirius, voir Carbo, Fabianus, Paetus. Paralos, fils de Démodocos D 72.
Octave, (Auguste) B 48, p . 126 ; C 52a; 94 ; Paralos, fils de Périclès C 16 ; 102. 123 , p. 373 ; 124 ; 203 ; D 70, sect. III.7 -8 ; Paramonos de Tarse D 96 . 131, p . 787. Parchôr, prophète B 13, p .88. Octavien (nom pris par Octave, après son Parménide C 78 ; 180 ; D 70, sect. I, III. 1, adoption par César) B 63; C 123, p. 372 III.11, IV . 2 . 373.
EnomaosdeGadara C 121, p. 360 (211). Oinopidès D 187.
Parménion , père de Philotas C 36 , p.214. Parméniscus C 45;61; D 107. Parthénius, grammairien D 175.
Oinouphis d'Héliopolis C 112 . Paséas D 27. Olympia ,mère de Bion de Borysthène B 32 . Pasicles Olympiodore d'Alexandrie D 3, p. 556 , 580, D 109. de Thèbes,mégarique C 205, p.496 ;
585; 23. Olympiodore de Gaza D 165. Olympos, musicien C 83, p. 269.
Pasiclès, fils de Cratès de Thèbes C 205,
Onomacritos C 105.
Paul de Samosate D 81.
p . 497.
Pasicratès D 166 , p. 842. Onésicrite d'Astypaléa, ou d'Égine D 147, Pasylos, dédicataire de Chrysippe C 121, p. 816 . p . 335. Onésicrite d'Égine D 147, p. 816 . Patrikios, aliasMar Aba C 191. Onésicrite, historien d'Alexandre C 14 ; D 20. Patrocle , auteur l'Inde D 1. Onétor, dédicataire de Chrysippe C 121, Paul de Başra C sur 113, p . 316 . p. 335 . Origène le Chrétien C 70; 91; 190, p.472; Paulde Tarse B 6, p.52; D 85, p . 731, 738. 223; D 81. Paul le Perse B 12a; C 113, p. 311-312 , 315 Orion D 150 , p . 827 .
Orphée C 84; D 3 , p . 589; 197.
317.
Pausanias l'Héraclitiste D 135; 169.
INDEX DES NOMSPROPRES 989 Pausanias, lexicographe B 44 . Philémon, poète comique C 133; 195 (icon.);
Pausanias, périégète Ann., p. 954-955. Pedianus, voir Asconius. Pédiasimos (Jean -) C 162.
205, p. 497; D 147, p. 812 . Philippe deMégare C 147; D 213. Philippe II de Macédoine C 36 , p. 183, 189,
Peducaeus (Sex.-) C 123, p. 367.
194 ; 83, p. 270 ; D 34 ; 94 ; 147, p. 816 -817 ;
Peirithoos B 61.
226 , p . 904; Ann., p . 919, 921.
Peithidémos, archonte C 114 .
Pélage,moine C5.
Pélopidas C 36 , p. 189. Perdiccas D 147, p .817; 226, p. 902. Peregrinus (Proteus) C 14; 37a. Périandre C 138 , p.414 (icon.); 177. Périclès C 16 ; 79; 102; 210, p. 504; D3, p. 551; 13, p.602-605; 187; 204; Ann., p. 919, 924 , 926 . Périctionè C 102; 216, p.513.
Philippe V de Macédoine Ann., p . 922-923, 925 , 938 , 949, 954 , 963.
Philippidès, fils de Philomélos C 16 ; 102. Philippos,archonte D 226 , p. 900. Philippos, dédicataire de Chrysippe C 121, p. 335. Philippus (L .Marcius - ) C 198.
Philiscos d'Égine, fils d 'Onésicrite d'Égine D 147, p . 816 . Philistas C 44 .
le Sicilien , médecin C 119; D 113; Persaios de Kition B 32; C 138, p. 408; D 82; Philistion 216 . 202. Perse, le poète C 121, p. 336 ; 190, p.460, Philistos de Syracuse C 36 , p. 220. Philochore , Ann., p.934 . 462; D 66 . Pétosiros B 26, p . 96 .
Petronius, voir Aristocratès .
Philochoros, atthidographe D 106 . Philoclès, archonte C 79.
Petrus, magister epistularum D 220. Pha (e )inos d' Athènes C 172. Phaidondas D 54.
Philocomos, père de Carnéade C 42; D 79.
Phalaris C 141.
Philomathès, dédicataire de Chrysippe C 121,
Philocratès de Soles C 121, p . 332.
Philodème de Gadara B la ; C83, p. 280 ; Pha(i)nias d ’Érèse C 92; D 70, sect. III.3; 123, p. 374 , 376 , 384 ; 138, p. 407; 203 ; 219 ; D 22;60; 146; 180. 226 , p. 905; 147, p .812. Philolaos,pythagoricien C 62; 145; D 116 . Phaisippos, père de Callias IC 16 . p . 335.
Phanias, père de Cléanthe d’Assos C 138, Philomélos,père de Philippidès C 16 ; 102. p . 406 . rie B 47; C91. Phanodémos, atthidographe C 36, p . 213 Philonn d'Alexand os Bybl B 26, p. 103. Philo de 214 ; D 106 . Phanostratos, père de Démétrios de Phalère D 54 .
Phanton D 116 .
; 60 ; 100 C 18 Philon de Larissaac 200, 100.; 123, 18:00; 12.), pPs. 366 375, 378 , 380 -381, 385 , 391; 193 ; D 186 .
Philon de Mégare C 121, p. 341 (23), 346
(72 ) ; D 124 . Pharnabaze C 36 , p. 198. Philon , explorateur C 36 , p. 204. Phéax, C 216 , p. 519. Phèdre l'Épicurien C 123, p. 366- 367, 375 Philon, fils de Callippe C 31.
Philonidès, épicurien B 16 .
376 , 383 -384; 193. Phérécyde de Syros B 13, p . 88 ; D 1 : 70. sect.
Philonidès, stoïcien B 32 ; D 191.
III. 1; 226, p . 906 - 907. Phidias, père de Dicéarque D 98.
Philopoimène, stratège C 83, p . 271-272; D 75.
Phidias, sculpteur D 3, p. 549, 555; 166, Philopon (Jean -) C 191; D 3, p. 578-579, 585 ; 6 . p . 851. Phila, fille d'Antipatros de Macédoine D 91; Philostrate D 9; 166,p.843, 845,849,852. 137 .
Philostrate, frère de Callippe d'Athènes C 31.
Philarchos, dédicataire de Chrysippe C 121, Philotas, compagnon d ' Alexandre C 36, p . 335 . p . 214 .
990
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
Philotime D 216. Philotis D 137 .
Platon de Rhodes C 199.
Platon le Comique D 13, p .604.
Philoxène D 13, p.600 . Plautus (Rubellius-) C 178. Philtys, pythagoricienne B 70 ; D 137. Pleistarchos, dédicataire de Dioclès de Phintias, amide Damon de Syracuse D 13, Carystos D 113. Pleistarchos, fils d'Antipatros de Macédoine p. 600 ; 15 . D 113. Phobios, tyran deMilet C 177. Pleistonikos D 216 . Phocas, père d'Artémidore C 91. Pline l' Ancien B 18; C 121, p. 361; D 70 , Phocion Chrestos D 147, p. 816 . sect. V .1. Phormion, homme politique athénien C 175. Pline le Jeune C 153; D 150, p. 831. Phornutus C 190, p.461. Plotin B 11, p. 55; 25; 41, p. 118 ; C 48 ; 66 ; Photius D 3, p.571; 131, p. 787. 111; 223; D 3, p. 573, 587; 61; 79; 85 ,
Phrasiclès, archonte C 79. p. 731; 88 ; 195. Phrynichos, titre d'un dialogue de Cébès de Plutarque d'Athènes D 3 , p.550-551, 554 ; Thèbes C 62. 219.
Phylarque, historien D 19; 226 , p.910 . Pia, prêtresse C 185. Pierre l' Ibérien D 85, p. 728.
Pierre le Foulon D 85, p. 728. Pierre, apôtre D 85, p.738.
Plutarque de Chéronée B 2; 42; C 134 ; 160;
205, p. 496 ; D 90; 103; 153; 154; 226 , p. 905.
Polémarque, disciple d 'Eudoxe C 33.
Polémarque, fils de Céphalos C 79.
Pindare C 17 ; 83, p. 279.
Polémarque, père de Carnéade le Jeune C 42; 43; 149. Pisistrate , Ann., p. 919. Piso (Gaius Calpurnius -), adversaire de Polémius D 220. Néron B6, p. 51; C 190, p. 464. Polémon d'Ilion C 121, p. 357 (179); Ann., Piso (M . Pupius -) C 123, p. 366 . p. 925, 928, 933. Piso Caesoninus (L. Calpurnius -), épicurien Polémon de Smyrne D 182. romain C8, p . 154. Polémon , académicien C 28; 195; 206 ; Pithus B 37, p. 114. Pittacos D 1; 226, p.906 -907 . Pius de Smyrne (LuciusCestius -) C 126 . Pius, consul C 74. Pius, voir aussiMetellus.
Placidus C 190 , p.473.
D 120 ; 150, p . 828 .
Pollès, auteur sur l'oionistique D 93. Pollès, père de Diaphénès de Temnos C 91.
Pollianos, époux de Memmia Eurydike C 134 .
Pollis, capitaine lacédémonien C 36 , p. 191.
Planétiadès D 103. Pollis, dédicataire de Chrysippe C 121, Platon B 11, p.60 -61; 12, p. 82 -83; 25; 29; p. 335. 41, p. 118; 44; 49; 57;68 ; C 12; 13; 17 ; 20; Polos, personnage du Gorgias C 109.
21; 31; 33; 36 , p . 185 , 191; 59; 62 ; 78 ; 80 ; Polybe, B 63; D 131, p . 788 ; 226 , p. 910 .
83, p. 278 -279 ; 86 ; 92; 95; 97; 102; 110 ; Polycrate, homme politique athénien C 17 ; 112 , 113, p. 311; 116 ; 121, p . 356 (171); Da 123, p . 366 , 378 , 381, 384, 388 ; 132 ; 140 ; 141; 145 , 146 ; 154 , p .429; 161; 167; 175; Polycrate de Samos C 141; 177.
180; 187; 192; 210, p. 503-505; 216 , Polycritè, fille de Lysimachos C 36, p . 206 p . 512 ; 217 ; 223; D 1; 3, p. 544 -546 , 555,
207.
572 -574 , 580 -589; 33; 344;; 48 48;; 61; 70, 70, Polyen, épicurien D 60. sect. III. 1 , III. 4 - 5 , III. 9 , III.11, IV . 2 , VI. 3 ; Polymnastos, pythagoricien D 116 . 84; 85, p. 737; 87; 94 ; 95; 98 ; 106 ; 114 ; Polymnestos,musicien D 13, p.602. 127; 143; 147, p. 817; 150, p .827-828 , 833; 166 , p. 843; 167; 187; 192; 195 ; 202; 204; Polyperchon, assassin de Callippe d'Athènes 216 ; 219; 226 , p. 907-908; 228; Ann., C 31. Polystrate D 181; 206 . p . 919 , 929.
INDEX DES NOMS PROPRES 991 Polyxenos, ami ou élève de Bryson d'Héra - Promachos ou Promathos de Samos C 36 , clée B 68; D 147, p. 817. p . 205 . Pompée (Gn. Pompeius Magnus) B 4 ; 63 ; Proros de Cyrène C 145. C8, p . 151- 152 ; 59 ; 123, p . 366 , 368 -371; Prosénès , péripatéticien C 20. 124 ; 125 ; 208 ; D 17 ; 52. Protagoras, sophiste C 16 ; 17; 102 ; 216 ,
Pompée (Sextus -), fils de Pompée C 52a; 124 .
Pcmpeius, voir Strabo.
p. 518 ; 233; D 13, p .603; 70, sect. IV .1; 131, p. 791; 148; 192. Protarque de Bargylia D 60.
Pomponia, épouse de Q . Cicéron C 123, Protarque, fils de Callias III C 16 . p . 393 (icon.).
Pomponius, voir Atticus, Bassus. Pontanus, consul C 74 . Pontianus de Nicomédie D 70a. Porcia, fille de Caton d'Utique B 63.
Proxène, fils de Callippe C 31. Prytanis, péripatéticien C 83, p. 272. Psellos (Michel -) D 3, p. 578, 585. Ptolémée Aulète D 42; 162.
Ptolémée de Cyrène D 203.
Porphyre B 11, p .63 ; 25; 41, p. 118 ; 43; Ptolémée Dionysius D 42. C 12 ; 20 ; 48 , p . 130 ; 66 ; 117 ; 132; 157 ; Ptolémée jer Soter C 36 , p. 118-119; 203; 176 ; 190, p. 472 -473; D 3, p . 544, 573-574 ; 208; 212; 214 ; 224 ; D 54; 124; 226, p. 900. 23; 61; 85, p. 731, 736 ; 88; 91; 137; 174 ; Ptolémée II Philadelphe B 26 , p . 98; C 114; 195 . 119 ; 121, p . 334 ; 138 , p. 410 ; 180 ; D 54.
Posidonius d'Apamée B 8; 11, p. 55 ; 31; 47; Ptolémée III Évergète C 83, p. 272; 138, C 36 , p . 192 -193, 198 -200, 204; 36 , p . 205 ; p. 410. 97 ; 121, p. 360 (216 ); 123, p. 366 , 374 -377, 385 -386 , 388, 390; 162; 189; 193; D 60;
Ptolémée IV C 83, p.272.
127; 131, p . 789, 791-793; 145 ; 146 ; 180 ; Ptolémée VIPhilométor C 24. 186 .
Praeconinus (L. Aelius Stilo -) C 193.
Ptolémée VIII D 86 . Ptolémée, astronome B 41, p. 118 -119; C 33;
Praxagoras de Cos, médecin C 119; D 113;
D3, p. 544-546 ; 6 ; 54 ; 124 ; 174. Ptolémée , roi C88. Praxiphane de Mytilène ou de Rhodes C 22; Pulcher (Ap. Claudius -), beau-père de M . 216 .
44 ; 219; D 226 , p . 910.
Iunius Brutus B 63.
Praxitele de Chalcis B 20.
Pulcher, voir aussi Clodius. Praxitèle, archonte C79. Pupius, voir Piso . Prajlos de Troade D 203. Pyrilampès, second époux de Périctioné Priscianus de Lydie C 113, p. 311, 313;D3, C 17 ; 78; 102. p. 560. Pyrrhon B 68; C 28 ; 36 ,p. 186 . Priscien , grammairien C 99. Pyrrhus, roi d'Épire C 127; 133; D 226 , Priscus (de Thesprotie) D 140. Priscus de Lydie D 143.
Probus, disciple d'Eusebius D 220.
p. 904.
Pyrson D 224 . Pythagoras de Samos, athlète D 226, p. 908.
Proclès, fils D 35. Pythagoras, explorateur C 36 , p . 204. Proclès, père D 35. Pythagoras, magistrat monétaire à Abdère D 70 (icon .). Proclus C 115 ; 191; 210 , p. 506 ; D 3, p. 542546 , 548 , 550-556 , 559, 564, 572 -574 , 580 Pythagore de Samos B 34 ;41, p. 118; 61; 66 ; 583, 585 -587, 589; 6 ;61; 85, p. 727-733, 68; C 14 (trad. ar.); 29; 83, p . 269, 278-279; 737 ; 219. 105; 112; 133; 142; 161; 223; 229; D 1; 3,
Procope, disciple d'Hellespontius C 116 .
p. 573, 589; 10 ; 13, p.604 ; 28 ; 64 ; 70,
Proculus D 220. Prodicos, sophiste C 16 ; 22 ; 203; 233; D 13,
sect. V .1; 98 ; 100 ; 128 ; 129; 137; 150, p . 827, 830, 833; 226 , p. 906 -908 .
p.603; 70, sect. III.11. Prohérésius C 116 .
Pythias, fille d 'Aristote C 119; D 35.
Pythoclès, épicurien C 165; 222;226 .
992
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES Sandrocottos D 1. Pythoclidès de Céos D 13, p .601-602. Sappho C 141. Sapricius B 57. Sarapion d 'Alexandrie D 3, p. 569, 589. Sarapion , stoïcien C 13. Pythodoros, homme politique athénien Sardanapale C 36 , p. 207 -213; 141. C 175 . Satornilos B 13, p . 86 . Pythodotos, archonte Ann., p. 937. Satorninos B 13, p. 86 . Pythodoros (Sextus Iulius Major Antoni nus-), dévot d 'Asclepios C 39. Pythodoros, fils d 'Isolochos, disciple de Zénon d'Élée C 15; 78.
Pythonax, dédicataire de Chrysippe C 121, Saturninus (Lucius Appuleius -), tribun C2; p. 335. 123, p . 369.
Qišwaï C 113, p. 316 . Quadratus B 12, p. 82; D 156 . Quinctius (P. -) C 123, p. 366 .
Satyros de Callatis C 36 , p. 206 -207; D 52; 147, p.812 ,817. Satyros, explorateur C 36 , p. 204. Scaevola (P .Mucius -) C 123, p . 366.
Quintilien D 70, sect. III.6, III.8. Quintus, dédicataire de Démétrios Lacon Scaevola l'Augure (Q .Mucius -) B 7; C 123, D 60.
Rabboula , évêque d'Édesse B 11, p.58.
p. 366 .
Scaevola le Pontife (Q .Mucius -) C 193.
Rabirius (C . -), sénateur C 8; 123, p. 369.
Scaevola (Q .Mucius -), juriste, fils du précé
Rectus, amide Iulius Canus C 37.
Scaurus (M . Aemilius-) C 198.
dent C 198.
Regulus C 153.
Scipion (Q .Metellus -) C 59. Rhodopè, amie de Théanô la pythagoricienne Scipion l'Africain (P . Cornelius Scipio Afri C 167. canus) C 58; D 189. Rhynton B 38 . Scribonius, voir Démétrios. Romanianus C 66 . Sechnouphis d'Héliopolis C 112 . Romanus (Iulius -) C 99. Secundos, hérétique B 13, p.88. Romulus C 59. Séleucos d'Alexandrie, grammairien C 199. Roscius d'Amérie (Sex. -) C 123, p. 366 -367; Séleucos Jer Nicator B 26 , p.97; C 14; 93; D 70 , sect. III.6 , III.9 . Rubellius, voir Plautus.
Rubrius (M . -) C 59. Rufin de Nicée D 21.
D 20 ; 226 , p. 904.
Séleucos, disciple de Jamblique D 88. Sémiramis B 26, p. 101.
6 , p.51-52; C 36 , p. 192- 193, Rufus (P. Rutilius -), stoïcien C 123, p. 367; Sénèque 201-203;B 130 ; 190 , p. 462; D 43; 56 ; 166, 125 ; 193.
p . 851-852. Rufus (P . Sulpicius -), tribun en 88a C 123, Sennacherib C 36 , p. 213. p. 366 ; 193. Sérénianus, cynique C 122. Rufus (Ser. Sulpicius -), consul de 51a C 123, Sergius de Reš'aina B 11, p. 62; C113, p. 366 . p. 312; D 85, p. 728 -729.
Rufus d'Éphèse D 21.
Sergius, voir Catilina.
Rufus, voir aussi Musonius.
Serranus (C . Atilius -) D 70, sect. III.6 .
Rullus, tribun C 123, p. 368.
Sertorius B 7a ; C 193 .
Rusticus (lunius -) C 128 . Rusticus, voir aussi Helpidius.
Servilia,mère de M . Iunius Brutus B 63. Servilius Ahala B 63. Servilius Isauricus (P.-) C 6 . Servilius, voir aussi Caepio , Isauricus, No
Rutilius, voir Rufus.
Sabinus (Flavius -) D 166 , p . 845. Šābuhr Ier C 113, p. 311. Saikas D 97 .
nianus.
Servius, juriste B 7.
Salvius, voir lulianus.
Sestius (P . -), tribun C 123, p. 370.
Sampsigéramus D 3, p . 568.
Seukes, roi thrace C 86 .
993 INDEX DES NOMS PROPRES Sévère d'Antioche D 85, p. 728. Soranus,médecin D 70, sect. VI.2. Sévérianos de Damas D 3 , p . 543-544, 564. Sosibius de Lacédémone, historien D 70,
Severianus (Iulius -) D 220.
sect. III.3, III. 10 .
Sévérien deGabala C 121, p. 361; 191.
Sosicrate de Rhodes D 128; 147, p . 812, 817.
Sévéros,médio -platonicien D 190. SextiusNiger B 19 .
Sosigénès, archonte D 226 , p. 900. Sosigénès, dédicataire de Chrysippe C 121,
Sextius, philosophe romain B 39; C 73; 197. p. 335. Sosigénès,maître d'Alexandre d’Aphrodisias Sextusde Chéronée C 128. Sextus Empiricus C 154, p. 429; D 150 , C 33. Sosithéos, poète C 138 ,p.408 . p . 829-830, 833; 203; 214. Sosithéos, variante pour Dosithéos D 224 . Sextus, compilateurde Sentences C 148. Sextus, poète C 130.
Sôsthénès, fausse lecture pour Calligénès
C21. Sextus, voir aussi Pompée, Pythodoros, Sostrate, disciple de Cléodème C 158. Roscius. Sosus d’Ascalon C 123, p. 378. Sidoine Apollinaire C 183; D 220 .
Silénos D 226 , p. 906 . Silius, voir Decianus, Italicus. Simmias de Thèbes C62; 220; D 98.
Sosylos, amide Philodème B la.
Sôtérichos d'Oasis C 192.
Sotion C 121, p. 333, 334; D 115; 147,
Simon le Cordonnier D 187.
p. 812 , 817; 150, p. 833; 203. Spartacus C 59.
Simon le Magicien B 13, p. 86 ;89.
Speusippe C21; 79; 93; 110 ; D 48; 120; 130;
Simmias, personnage de Plutarque C 112 .
Simos D 226 , p. 907.
Simplicius B 43; 48, p. 130; C 113, p. 313;
147, p.817; 167. Sphaïros du Bosphore, stoïcien C83, p. 271;
121, p. 332, 334; 138, p.410; 277 ; D 135; C 191; D 3, p. 555-556 , 560, 563, 567, 574 169. 575, 577-578, 580, 586 , 588; 6 ; 70, sect. I, Sphaïros, dédicataire de Chrysippe (peut-être V .3-4; 143. identique au précédent) C 121, p. 334-335. Siron D 160. Sphinès, nom véritable de Calanos l’ Indien Skaios, frère de Douris D 226 , p. 902. C 14 . Skaios, père de Douris D 226 , p. 902- 903. Spintharos,musicologue D 13, p. 600. Skiras B 38. Spintharos, source de Jamblique C 145.
Smikriôn C 210 , p. 504. Socrate B 2; 50; 68; C 11; 13, p. 88; 15; 16 ; 17; 36 , p. 206 - 207; 62; 78; 79; 89; 102; 109; 161; 174; 175; 180; 199, 210 , p. 504; 216 , p. 518 ; 217 ; 220 : 227 ; 233 ; D 13 .
Statyllius D 41. Stéphanos bar Sudaili D 85, p. 729. Stéphanos d'Alexandrie D 3, p. 571. Stéphanos d'Alopéke, Ann., p. 925 .
p. 600, 602 -603; 51; 54 ; 70, sect. III.4 -6 , Stéphanos, voir aussi Étienne.
III.8-9, III.11, IV .2, VII.2; 72; 74; 91; 98; Stertinius, stoïcien D 4. 119 ; 139; 150, p. 827; 166 , p. 849, 856 ; Stésagoras, dedicataire de Chrysippe C 121, 187 ; 192; 204; 226 , p . 907 -908; Ann., p. 335. p. 928, 950-951, 955, 965. Stésichore C 83, p. 279; 203. Solon C83, p .279 ; 112 ; 175 ; 216 , p .513; Stésimbrote de Thasos 203. C
D1; 202 , 205, p. 499 ; 226 , p . 909 ; Ann., Sthennis D 163.
p. 919 , 924, 927, 933.
Sônkhis de Saïs C 112. Sopatros C 184; 205, p .496 . Sophocle D 3, p. 551; 82.
Stilo (L . Aelius -), grammairien C2; D 86 . Stilo , voir Praeconinus. Stilpon B 68; C 16 ; 89; 147; 180; 205, p. 499;
Soranus (Barea -) C 64 ; D 43.
Stratius,médecin C 203.
D 109;
124 ; 147, p.816 ; 213. Sophron de Syracuse, mimographe D 60; Strabo (Cn. Pompeius -) C 123, p. 366 . 226 , p. 909. Sophron, commandant d'Éphèse D 19. Strabon B 48, p. 126 ; D 1; 136 .
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES Thalès C 36 , p. 205; 93; 112; 123, p . 384; Stratoclès de Rhodes D 22.
994
Straton de Lampsaque C 219; 224; D 110; 113 .
Straton de Sardes D 182.
172; 177; D 1; 70, sect. II.2 , III. 1; 150 , p. 828; 188 ; 226 , p . 906 - 907. Théagès d'Athènes D 72. Théagès de Crotone D 64.
Straton, fils D 3, p. 550. Théano, épouse de Pythagore ou sa fille Straton, père D 3, p. 550. Stratonicos d' Athènes, poète C 83, p. 279; B 61. D 128 .
Théano, pythagoricienne C 167; D 28.
Stroibos, lecteur de Callisthène C 36, p . 199, Théaros, dédicataire de Chrysippe C 121, 214 .
p . 335.
Sulpicia, seconde femme de Cicéron C6.
Théétète, poète C 195.
Sulpicius, voir Rufus.
Thémison Ann., p . 934 .
Sylla (L . Cornelius Sulla Felix ) C8, p. 151; Thémistios C 72. 123, p . 366 ; 193; D 70, sect. III.6 .
Sylla, le Carthaginois D 137.
Syméon Métaphraste B 12, p.64.
Thémistocle D 3, p. 551; Ann., p. 926 , 932, 955 .
Théodas de Laodicée,médecin C 53.
Symmachus ( Q . Aurelius - ) B 10; C66 ; Théodora D 3 , p . 543, 568 . Théodore de Merw B 11, p.62. 71; 117.
Symmachus B 41, p . 117.
Théodore de Mopsueste C 191.
Symmachus, ancêtre de Chrysaorios C 117. Synésius D 166, p. 843, 849-850, 853. Syrianus D 3, p.551, 573-574, 581, 583, 589; 85, p. 732-733, 737; 219. al- Tabari (Abū Ga'far Muhammad b.Garir b.
Théodore l'Athée B 32;68; D 83; 114 . Théodore,abréviateur de Télès C 205, p. 499. Théodore-Cynulcus C 83, p. 276 .
Yazid ) C113, p . 309, 312. Tacite B 18 ; C 64.
Théodoret de Cyr D 85, p . 731.
Théodoric B 41, p. 118 ; C 52; 183; D 100 . Théodoridas de Lindos D 141. Theodorus (Mallius -) C66 .
Théodose d 'Alexandrie D 86. Tandasis D 155. Théodote, adversaire de Dion de Syracuse C 31. Tarasios, frère de Photios D 3, p .570. Tatianus (Celsinus -), frère de Symmaque Théogénidès,archonte C 79. C 66 . Théognète de Thessalie C 84.
Tatianus (Flavius Eutolmius - ), gouverneur de Thébaïde B 27 ; 28.
Tatien C 211; D 70, sect. V.1. Tauriscos C 203.
Taurus (Calvenus -) B 2. Taxila D 20 .
Télaugès B 34 ;61; D 10.
Théognis C 216 , p.516 .
Théognôstos D 70, sect. IV .3.
Théombrotos = Cléombrotos C 161. Théombrotos, cynique C 163; 205, p .498; D 46 .
Théomnestos, académicien B 63; C 123, p . 380.
Télécleidès D 91.
Théon , ami d'Héraclide B 47; C 121, p. 360;
Téléclès,académicien C 156 ; D 126.
Théon, disciple de Chrysippe C 121, p. 335 .
Téléclytos D 91.
Théon, maître de Damascius D 3, p. 543-544 ,
Téléphanès Ann., p. 919, 952. Télès B 32; C 205, p. 498 -499.
D 146 . 546 .
Théophante D 82.
Térée , père de Denys le Thrace D 86. Théophile d'Alexandrie C 191. Terentia , épouse de Cicéron C 123, p. 367, Théophile, empereur D 3,p.571. 393 (icon.). Théophraste B 32; 33; 48, p . 130 ; C 22; 26 ; Thalès (ou Thalétas) le Crétois, maître de 27; 34 ; 36 , p. 185, 193, 196- 197, 200-201, 203, 205-206 , 208, 215 -216 ; 60; 93; 119; Lycurgue C 105.
INDEX DES NOMS PROPRES
995
141; 172; 187 ; 195; 205, p. 498; 219; D 25; Timée de Tauroménion , historien C 36 , 35; 54; 65; 70, sect. I, II.1, V .1- 3; 80 ; 98; p. 217-218, 220 ; D 1 ; 70, sect. III.3 ; 128 ;
139; 147, p . 812; 150, p. 827; 226 , p . 899-
226 , p. 905-906, 912 .
900 , 903-905, 907, 910 -911. Timée, lexicographe B 44; C 151. Théophraste, professeur à Athènes D 3 , Timésios de Clazomènes D 70, sect. II.1. p . 555.
Timoclès, stoïcien D 8 .
Théophylacte Simocatta D 3, p. 566 . Timocratès d'Héraclée D 74; 166 , p. 843. Théopompe de Chios C 36, p. 213-214; Timocratès, dédicataire de Chrysippe C 121, C 140; 187; D 1; 106 ; 147, p. 812; 226 , p. 335 . p. 909. Théoporos, dédicataire de Chrysippe C 121, p. 335 . Théotimos D 205. Théramène B 54; C 17; 175; 216 , p. 519. Théris D 168.
Thermus (M . Minucius -) C 8 .
Thespis, épicurien B 16 .
Timocratès, père de Cratès de Mallos C 203. Timolas d'Athènes, disciple de Platon C 21.
Timoléon D 84. Timomachos C 31. Timon de Phlionte C 121, p. 333; 138 , p.408 ; 205, p.499; 225 ; D 70, sect. IV .1; 82; 147, p. 812 ; 203. Timonax, dédicataire de Chrysippe C 121, p. 335.
Thespis, tragique C 62. Theudas B 12, p. 64. Timonide de Leucade D 167. Thoukididès d 'Alopeke Ann., p. 925. Timosthénès de Rhodes, explorateur B 31; Thrasea Paetus C 37 ; 59; D 24 ; 43. C 36 , p. 204. Thrasyalkèsde Thasos C 36 , p. 199, 204 -206 . Timostratos, dedicataire de Chrysippe C 121, p. 335. Thrasyboulos C 177. Timothée de Gaza C 184. Thrasylle de Mendès D 70, sect. VII.3. Thrasylle, astrologue B 6 , p. 50 ; C 175; 223; Timothée le Chat C 234. D 70, sect. III.4 -5 , III.8 - 12 , V . 1- 2, VI.2, Timothée, compagnon de Paul de Tarse D 85 , p . 738 . VII.2 -3;87. Timothée, général athénien D 226, p . 902. Thrasyllos (Tib. Claudius -) B 6 , p. 50 -51. Tirsandre de Cholarges C 17. Thrasymaque de Chalcédoine C 79; 175. Titinius, voir Capito . Thrasymède C 68.
Thrasymédianos Héraclidès (Aurelius -) Titus, compagnon de Paul de Tarse D 85, C98 .
p . 738.
Thucydide D 1; 13, p.603; 70, sect. III. 3, Titus, empereur D 151; 166, p.844. III. 10 ; 91. Thucydide, voir aussi Thoukididès.
Titus, fils de Cornutus ? C 190, p. 465.
Tonantius D 220. Tibère, empereur B 6 , p . 50; 18; D 6; 70, Torquatus C 123, p. 374, 376 . sect. III.4. Trajan D 166, p. 844, 846, 855. Tiberius, voir Balbillus,Gracchus. Trebatius, juriste C 123, p. 372. Trebonius, correspondant de Cicéron C 208. Timagene, historien C 140. Timarque d'Alexandrie, cynique C 163; 205, Triballos D 3, p.550.
Tribunus, médecin et philosophe C 113, p. 314, 316 -317. C 97. Triphiodore C 192. Timarque, père de Charidémos de Messène Tryphon le Juif C 186 . C97. Tubero (L . Aelius -) C 123, p . 366 . marque, propriétaire à Athènes, Ann., Tubero (Q .-), correspondant de Panétius C 133. p.953. p . 498 .
Timarque, frère de Charidémos de Messène
Timasagoras B 16 . Timée de Cyzique, disciple de Platon C 31.
Tullia , fille de Cicéron C 123, p. 371; 195. Tullius, voir Cicero, Decula .
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES Zacharie de Chalcédoine D 3, p . 570. Turpio (Ambivius -), acteur C 3. C 105. Zaleucos Tyrannion l'Ancien D 86.
996
Vaala (Numonius -) C 59 (icon.). Valentin B 11, p. 58; 13, p . 86 -87, 89.
Valerianus (Curtius -) C 190, p.473. Valerius (P. Avianius -) B 17. Valerius, voir aussi Flaccus.
Varia, voir Archélais.
Zalmoxis D 100 .
Zaratas D 130. Zardan B 12 , p . 64. Zarmanochegas C 14 .
Zenobius, frère de Dioscorus D 199. Zénodore de Tyr D 168. Zénodote d 'Étolie D 127.
Varron C 73; 74 ; 123, p. 371, 377, 379, 391; Zénodote de Mallos C 203. 132; 190, p.469; 203; D 134; 186 . Vatinius (P . -) C8, p . 152.
Zénodote , grammairien à Alexandrie C 22;
D 86 . Velleius (C . -), épicurien C 123, p. 383-384 ; Zénodote , maître de Damascius D 3, p. 544 , 193. Vercingétorix C8, p . 152.
Verrès C 123, p . 367 - 368 .
Verrius, voir Flaccus.
545, 547, 556 ; 146.
Zénon d'Alexandrie C 42. Zénon d 'Élée C 15 ; 78; D 70 , sect. III.1, III.11; 91; 148.
Vespasien , empereur B 6 , p. 50, 52; D 43; Zénon de Kition C 32; 53; 59; 83, p .271, 166 , p . 843, 854. 277 , 278; 114; 121, p. 331-332, 358 (190 ) , Vettilianos D63. 363; 123, p. 381, 385; 126 ; 138, p. 406, Vibius, voir Maximus. Virgile B 5; C 190, p . 469.
Virgile de Toulouse B 5. Vuzurgmihr C 113, p. 317 . Xanthias, esclave C 121, p. 333.
408-409, 410 (2); 180 (icon .); 190, p. 467;
205,p. 498; D 82; 115 ; 124 ; 150 , p. 829. Zénon de Sidon le Jeune D 124.
Zénon de Sidon, épicurien C 123, p. 367, 374-375, 385; D 60; 150, p.827; 180; 205. Zénon de Tarse (ou de Sidon) D 146; 200.
Xanthippe, épouse de Socrate C 36 , p.206 Zénon, dédicataire de Chrysippe C 121, 207 ; 220 . p . 335 .
Xanthippe, fils de Péricles C 16 ; 102. Xanthippe, père de Péricles C 16.
Xéniade de Corinthe C 163; D 147, p.816 .
Zénon, empereur D 85, p. 728. Zénon, fils d'Aristénète D 212.
stoïcien C 158. Xénocrate, académicien B 25; 32; C 36 , Zénothémis, lis C 225. d ’Amphipo Zéthos p. 218 ; 92; 160; 195; 201; 205, p .499. p. 944, 948. Ann., peintre Zeuxis, Xénocrate, peintre C 121, p. 357 (179). C 225 ; D 147, p.817. d'Amphipolis Zoilos Xénophane de Colophon B 54 ; D 70, sect.I. p.812. D 147, Pergé Zoilosde Xénophile D 116 . 61. B Zopyre d'Héraclée Xénophon B 54; C 58 ; 97; 110 ; 123, p . 366 ; D 52; 131, p. 794; 150, p. 833.
Xerxes D 70, sect. III.1-2, IV .1. Xouthos B 59.
Zopyre de Colophon D 179.
Zopyre, dédicataire de Carnéiscus C 44. Zoroastre B 11, p.55; D 130.
-xistratos, disciple de Chrysippe C 121, Zosimè, esclave D 3, p .563, 590. p. 335.
Zosimos d 'Athènes B 2 ; C 188.
Index des mots-vedettes figurant
dans les titres d'ouvrages des philosophes Cet index devrait permettre de retrouver d 'après leurs mots principaux les ouvrages attribués aux philosophes qui ontbénéficié d 'une notice dans le deuxième tome de ce diction
naire . Un mêmemot peut renvoyer à plus d 'un titre dans la même notice ou la même section de notice. Comme les notices ne rapportent pas toujours en grec le titre des ouvrages, on a complété l' index grec par une liste demots français ou latins, tels qu 'ils apparaissent dans la notice . Tous les titres attribués aux auteurs ne sont pas nécessairement des titres d ' ouvrages
philosophiques. Les commentaires, traductions et paraphrases sont regroupés sous le nom du philosophe qui fait l' objet de ces travaux érudits . Lorsque la liste des cuvres comporte une
numérotation, on renvoie à ces numéros. Pour les notices longues, on renvoie également à la page où le titre apparaît. Pour les œuvre de Démocrite , les chiffres renvoient à la liste de
Thrasylle reproduite aux pages681-683. Pour lesdiscours de Dion Chrysostome, le renvoiest
faitau numéro traditionnel des discours. 'Αγάθων C121, n° 66. 'Αγαμέμνων D 166, disc . 56. "Αδης C84; D70, 1.3. 'Αθηνά D 146, n° 4.
' Αθήναι D 166, disc. 13.
Γανυμήδης D 147. Γεργίθιος C141, n° 9.
Γόργιππος C135, n° 21. Δηϊάνειρα D 166, disc. 60.
Αιτωλός Β 24.
Δημοκράτης C22. Δημόκριτος C135, n° 6. Διογένης D 166, disc . 6, 8-10. Διόδωρος D 166, disc. 51. Διονύσιος D 54, n° 35. Ελένη D 147. "Έλλας D98, n° 11 et pseud.
'Αλεξανδρεύς D 166, disc. 32. 'Αλέξανδρος C 36, p. 194; 121, n° 92.
'Επίκουρος D 149.
'Αλκαίος D98, n° 17.
Ευβοϊκός D 166, disc. 7. Ευθύδημος C 180, n° 4 .
' Αθηναίος D 54, n° 37; 98, n° 10; 147. ' Αθήνησι D54, n° 1, n° 2 . 'Αθηνόδωρος C190, p. 467. Αίγυπτιακός C91. Αισχύλος D 166, disc. 52. Αισώπειος D 54, n° 44.
' Αμαλθείη D 70, .2. 'Αμείνιας C121, n° 86. 'Αντιφάνης D 54, n°38. 'Απαμεύς D 166, disc. 40-41. 'Αρίσταρχος C135, n°7; D 147.
'Αριστείδης D 54, n° 18.
Ελληνικός C 36, p.188; 94; 190, p.466.
Ευριπίδης D 166, disc . 52. Ζεύς C121, n°174.
Ζήνων C121, n° 190; 135, n° 2. “Ηδύλος C121, n° 91, n°103. “ Ηράκλειτος C135 , n° 3.
' Αριστόμαχος D54, n° 19.
Ηρακλής D 147. 'Αριστοτέλης C 80; 121, n° 172; 190, “ Ήριλλος C135, n° 8. p. 468. ' Αρκεσίλαος C 121, n° 116; 141, n° 12. Θεόδωρος D 147. 'Αρταξέρξης D54, n° 16.
Βαβυλών D 70, XIV.1 . Βαβυλωνιακός Β 25, passim.
Θυέστης D 147. Ιλιάς D 54, n° 8 . "Ίλιον D 98, n° 2 ; 166, disc. 11. Ινδικός D 1.
Βορυσθενιτικός D 166, disc. 36.
Ίσθμικός D 166, disc. 9.
'Αχιλλεύς D 147; 166, disc. 58.
998
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
Ισίδωρος D3, p. 568.
Πρωταγόρας C220, n° 12.
Ιταλικός C94 . Ιχθύας D 147. "Ίων D54, n° 23.
Πτολεμαίος D54, n° 10. Πυθαγόρης D 70, I.1.
Κάσανδρος D 147. Κελαιναι D 166, disc. 35. Κεφαλίων D 147.
Ροδιακός D 166, disc. 31 .
Πυθαγορικός D 102.
Κορινθιακός D 98, n° 1; 166, disc . 37.
Σάτυροι C93. Σίσυφος D 147. Σοφοκλής D 166, disc. 52. Σπαρτιάτης D 98, n° 6. Σωκράτης D54 , n° 15; 166, disc. 54-55.
Κορίνθιος D 98, n°9. Λακωνικός D 202 .
Ταρσικός D 166, disc. 33-34. Τίμαιος C195, n° 2.
Κιλικία D 166, disc. C80. Κλέων D54, n° 14.
Κολοιός D 147.
Λεσβιακός D 98, n° 1 . Λιβυκός D 166, disc . 5. Λύσις C 180, n° 3 . Μάγοι C68.
Μαίδων D54, n° 13.
Τολμαίος D 147. Τριτογένεια D70, 1.4. Τροφώνιος D 98, n° 12. Τρωϊκός D 166, disc. 11.
Μελαγχόμας D 166, disc. 28-29.
Υψίας D 147.
Μερόη D 70, XIV.2 . Μήδεια D 147.
Φαιδώνδας D54, n° 12. Φιλίσκος D 147.
Μίλητος C177 . Νέσσος D 166, disc. 60 .
Φιλίστα D44.
Νέστωρ D 166, disc. 57. Νίκαια D 166, disc. 39. Νικαεύς D 166, disc. 38.
Νικομηδεύς D 166, disc.38.
Φιλοκτήτης D 166, disc. 52, 59. Φίλων C121, n°23, n° 72. Φρυγία D 166, disc. 35. Φρύγιος D 70, XIV. 6; D91. Φρύνιχος C62.
Οδύσσεια D 54, n° 9.
Χαλδαϊκός D 70, XIV.5.
Οιδίπους D 147. Όλυμπιακός D 98, n°15.
Χαλκιδικός D 54, n°36. Χαρίδημος D 166, disc . 30.
Ολυμπιακός D 166, disc. 12.
Χρυσηίς D 166, disc . 61. Χρύσιππος D 147.
“ Ομηρικός D 54, n° 17. “ Ομηρος D 70, ΧΙ. Α ; 166, disc. 53, 55; 202. Παναθηναϊκός D 98, n° 14. Πανθοΐδης C121, n° 57. Παρθενοπαίος D 82.
Παρχώρ Β 13, p. 88 .
Ωκεανός D 70, XIV.3. αγαθός C121, n° 161, n° 163 , n° 176; 220, n° 1; D 147.
άγειν Β 53. Πελληναίος D 98, n° 8. αγνοία C121, n° 147. Πελοπόννησος D 98, n° 19. αγωγή C 135, n° 32. Πλάτων Β 44; C121, n° 171 ; 141, n° 1 , n° 2 ; αγών D 98, n° 13. 180, n° 2, n° 3, nQ4; 195, n° 2; D87; 106. αέριος D 70, ασυντ.. 2. αίρεσις C65; 121, n° 19; 149; D 150. Πλατωνικός Β 44. αιρετός C121, n° 167, n° 168. Πολιτεία D 87. αίσθησις C135, n° 4; 141; D 70, IV.4. Πολύαινος D 60. αισχροκέρδεια C83. Πόρδαλος D 147.
INDEX DES TITRES
999
αιτία D 70, ασυντ. 1, ασυντ. 2, ασυντ . 3, απόκρισις C121, n° 31. ασυντ, 4, ασυντ. 5, ασυντ. 6, ασυντ. 7, απολογισμός D 166, disc. 45. ασυντ. 8, ΧΙΙ. 4. αίτιον D 70, XIV . 8.
απομνημόνευμα D 202. αποπυργίζειν D91 .
άκαιρία D70, ΧΙ.4. ακόλουθος C121, n° 20. ακούειν C121, n° 140. ακτινογραφίη D 70, ΙΧ. 4. αληθής C70; 121, n° 17, n° 18, n° 97.
απορεϊν Β 44; D 106. απόρημα D 70, VΙ.4.
αλίσκεσθαι D 166, disc. 11.
απορία C54; D 60.
άπορος C121, n° 115; 135, n° 47. αποφάσκειν C121, n°105 , n° 106 . αποφατικόνC121, n° 10. αρέσκειν D 150. αρετή C121, n° 156, n° 157, n° 158; 135,
άλλος C121, n° 67 , n° 127; 180, n° 1 . άλλως C121, n° 215. άλογος D 70, VΙΙΙ.1 . n° 19, n° 41; D 70, I.1 ; 147; 166, disc. 8, 69. αλυπία D 146. αριθμητικός D 219, n°1, n° 3. αμειψιρυσμίαι D 70, V.4 . άμιλλα D 70, VΙΙΙ.4. αριθμός Β 58; D3, p.575 ; 70, VΙ.4. αμφιβολία C121, n° 54, n° 55, n° 56, n° 57, άρκτος Β 53. n° 58, n° 59, n° 60. αρμονίη D 70, X .1 . ανάγνωσις Β 53. αρμονικός C 168 . αναγραφή D 98, pseud. αρχαιολογία C135,n°10. αναζωγράφησις C121, n° 142. αρχαίος C121, n° 101, n° 150, n° 209; D17; ανάλημμα D 127. 82, n° 1. ανάλυσις C121, n°71 , n° 76, n° 82 . αρχή D 3, p.584-587; 166, disc .49. ανάμεσος C121, n° 125. άσκησις Β 47, n° 4; D 82 , n° 2; 166, disc . 18. αναπόδεικτος C121, n° 75, n° 82. αστείος C121, n° 123. αναχώρησις D 166, disc .20. C 180, n° 1. αστρολογία ανδραγαθία D 70, ΙΙ.1. C47. αστρολογικός άνδροφόνος Β 24. αστρονομίη D70, VIII.3. ανήρ C135, n° 41. C121, n° 70. ασυλλόγιστος άνθρωπος D 70,IV.2 ; 82, n° 5; 98, n° 3 . C121, n° 155. ατεχνία ανομολογία C121, n° 164. αντιγραφή C 80; 190, p. 467. αντιλέγεσθαι C 121, n° 70, n° 71, n°100,
n° 130, n° 152. αντιπάθεια Β 53. αντιστρέφειν C121, n° 65 . ανωμαλία C121, n°42. αξιόκτητος D 17. αξίωμα C121, n° 7 , n° 8, n° 13, n° 16, n° 64 . αοιδή D70, ΧΙ.2. αόριστος C 121, n° 13, n° 14, n° 99, n°100, n° 112.
απάθεια D 82, n° 1. άπειρία C141. απιστία D 166, disc . 74. απλούς C121, n° 8. απόδειξις C 121 , n° 99, n° 146, n° 150, n° 160, n°161, n°173, n° 29.
άτρακτος D 87. αυξανόμενον C121, n° 165.
αφαιρείν D219, n° 2. βαρβαρικός D 82, n° 9.
βαρύς C 162. βασιλεία C135, n° 38; D 166, disc. 1 -4, 56, 62; 209.
βασιλεύς D 82 , n°7. βελοποιϊκός C224. βήσσειν D 70, XIV.7. βιβλίον D 17.
βιογραφία D3, p. 568. βίος C 121, n° 166, n° 214; 141, n° 8; D3, p. 568; 17; 98, n° 4 , n° 11; 115; 150; 202.
βουλεύεσθαι D 166, disc. 26.
βουλή C135 , n° 29; D 166, disc.49, 50.
1000
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES γάμος D 54, n° 29; D 146. δικάζειν C121, n° 169; 135, n° 31. γένος C121, n° 126, n°132, n° 135. δίκαιος D 54, n° 43. δικαιοσύνη C121, n°170, n° 171 , n° 172, γεωγραφία D 70,ΙΧ .2 . γεωμετρίη D 70, VII.2 .
n° 173.
γεωμετρικός D 70, VII .3, ΧΙΙΙ.1. γεωργίη D 70, ΧΙΙΙ.1.
δικτυακά D 177.
γή D98, n° 18. γήρας D54, n°42.
δόγμα C65 ; 121, n° 122; 180, n° 1; D 149;
γίγας C135, n° 12.
δοκός (δόκος) D 54, n° 30. δόξα C 135, n° 27; 180, n° 5 ; D 166, disc . 66
γιγνώσκειν C220, n° 16.
γλώσσα 22; D 70, ΧΙ.1. γνώμη D 70, VI.1, XII .3 ; 150. γονεύς C121, n° 216. γράμμα C220, n° 13; D 70, XIV .1.
γραμματικός D 86. γραμμή D 70, VIII.1, Χ .4. γρίφος C 141, n° 11. γυμνασία C121, n°106.
γυνή C 135 , n° 41. δαίμων D 166, disc. 25. δείν C 121, n° 99, n° 140.
δεκαετία D 54, n° 22. δημαγωγία D54, n° 3. δημηγορία D 166, disc. 47. δήμος D 147. διά τριών C121, n° 21. διαζευκτικός C 121, n° 86. διάθεσις D70, 1.2. διαιρείσθαι C121, n° 53. διαίρεσις C 121, n° 133, n° 135. δίαιτα D 60; 70, X1.2. διαιτητικός D70, XII .2. διάκοσμος D 70, IΙI.1 , ΠΙ.2 . διαλάμπειν C22. διαλανθάνειν C121, n° 110. διαλεκτικός C121, n° 3, n° 4, n° 5, n° 115, n° 150, n° 151, n° 152; 135, n° 48; 212; D 146, n° 2.
διάλεξις D 166, disc . 42. διαλύειν C 121, n°98. διανοείσθαι C 121, n° 143. διάνοια Β 61. διατριβή C 135, n° 44; D 95 ; 114; 166, disc. 27.
διαφέρειν D 70, V.3. διαφορά C121, n° 14, n° 156; D 70, VΙΙ.1. διεζευγμένον C121, n° 17.
δίκτυον Β 61. 150. 68.
δοξάζειν C121, n° 146. δουλεία Β 32; D 166, disc. 14-15.
δυναμερός Β 53. δυνατός C121, n° 22.
δύσφωνος D70, X.4. έβδομος C62. εγκεκαλυμμένος C121, n° 109. εγκρίνειν C121, n° 150. εγκώμιον C141, n° 1; D 166. εγχειρίδιον D 60; 219, n° 1. έθος D 82, n° 9; 166, disc. 76. είδος C121, n° 132, n° 135. είδωλον D 70, VI.2 . ειμαρμένη Β 47, n° 2; C121, n°175. ειρήνη D 54, n° 31; 166, disc. 22. εισάγειν D 166, disc . 44. εισαγωγή Β 3; C121, n° 58, n° 60, n° 80, n° 89, n° 94, n° 95, n° 176, n°201; 168; D 219, n° 1 .
εισαγωγικός C 121, n° 79. έκαστος C121, n° 143. έκθεσις C121, n° 93. εκκλησία D 54, n° 41; 166, disc. 48. εκπέτασμα D 70, VII.2 . εκτός C190, p. 468.
εκφορά C121, n° 37, n°40.
ελευθερία C135, n° 24; D 166, disc. 14-15, 80.
εναντίος C121, n° 134, n° 135. ενιαυτός D 70, VIII.3. ενικός C121, n° 40. εννοία C121, n° 144; D 166, disc. 12.
ένορκος D54, n° 41. ένυδρος C 141, n° 14. ενύπνιον C121, n° 177 . εξηγητικός Β 13, p. 88.
εξήγησις C 135, n° 3; 195 , n° 2; D3, p. 564 .
INDEX DES TITRES
1001
εξής C121, n° 66.
ηγεμονικόν D 146, n° 3 .
έξις C 121, n° 154, n° 178. επαινείν D 82, n° 8. επιδρομή C190, p. 466; D 115. επικαιρία D70, ΧΙΙ.4. επίλεκτος D 149. επίπεδος D70, ασυντ. 3 . επίστασθαι C 220, n° 17. επίστασις Β 53. επιστήμη C 121, n°147; 135, n° 37; 220,
ηδονή C93; 121, n° 159, n° 160, n° 161, nº 182; 135, nQ 45; D 82, nQ 3.
ηθικός Β 13, p. 88; C121, n° 120, n° 121, n° 183; D 70, Π.4; 146, n° 6; 147; 149. ήλιος Β 53.
ήρως D 202. ησυχάζειν C121, n° 108. θάνατος D 147. θείον C 220, n° 8. n° 16. θεολογία C190, p. 466. επιστολή C 121, n° 179; D 54, n° 40; 98, θεός C93; 121, n° 181; 135, n° 11; 176; n° 20; 147; 166. D 166, disc . 12. επιτήδειον C 220, n° 3 . θέσις C121, n° 1, n° 207. επιτήδευμα D 54, n°33. θεώρημα C121, n° 78, n° 90; 224. επιτομή C121, n° 28, n° 29, n° 59; 141 ; θεωρία C 162. D 149 . Θίς C141, n° 13. επιφορά C121, n° 68. θυσία D 98, n° 2. έπος D70, X .3 . ίαμβος C83. εποχή C 149. ιατρικός Β 53; C54. έργον D 166, disc.50. ίδιος C135, n°46. έρως C121, n° 180; 135, n° 23. ιερογλυφικός C91. ερώτησις C121, n°26, n° 28.
ερωτικός C121, n° 179; 135 , n° 25; 141, ιερός C36, p. 194; 84; D 70, XIV.1. η°7; D 54, n° 11; 147.
έτερος C121, n°52. ετυμολογικός C121, n° 136, n° 137. ευβουλία C135, n° 16. ευγένεια D 146, n° 7. ευδαιμονία C19; D 166, disc. 24. ευδαίμων D 166, disc. 23. ευδοκιμείν D 150. ευεργέτης Β 24.
ητρικός D70, ΧΙΙ.3. Ιρις Β 53.
ιστορία Β 53; C94; D3, p. 568; 70, XIV.4. ιστορικός D54, n° 39. καθήκον Β 63; C121, n° 184; 135, n° 15. καιρός D 54, n° 34. κακός C121, n°176. κακουργείν C 220, n° 5. καλλονή 197.
εύεστώ D70, Π.4.
κάλλος D 166, disc . 21.
ευθημοσύνη C 220, n° 6. ευθυμίη D 70, Π.3.
καλλοσύνη D 70, X .3.
ευσέβεια D1. ευτυχία D 82, n° 6. ευφυΐα C 135, n° 20. εύφωνος D 70, X .4. έχειν C121, n° 104; 220, n° 2; D 166,
καλός C 121, n° 159, n° 185; 135, n° 35; 220, n° 4 , n° 14 .
κανών D70, VI. 3. καρπός D 70, ασυντ. 6. κατάβασις C84; D98, n° 12. καταγορευτικός C121, n°11. disc . 45. καταδρομή D 54, n° 37. κατάληψις C121, n° 147. ζήν C 180, n° 1. ζήτημα C121, n° 83, n° 119, n° 183, n° 206; καταμέτρησης D 98, n° 19. D 149. κατηγόρημα C121, n° 32, n° 35; 135, n° 50. ζήτησις C121, n° 30. κατόρθωμα C121, n°186. ζωγραφίη D 70, ΧΙΙΙ.2. κενόν C121, n°187. ζώον D 70, ασυντ. 7.
1002
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
κέρας D 70, Π.2.
μετεωρισμός D 60.
κεφάλαιον D 6. κίνησις C121, n° 188.
μικρός C121, n° 107; D70, ΠΙ .2. μουσικός Β 3; D 98, n°13; 146, n° 9. μύθος C 180, n° 2; D 166, disc. 5. νάρκη C141, n° 15.
κλεψύδρα D 70, VΙΙ.4. κόμη D 166. κομήτης C91. κοσμογραφίη D 70, ΙΙΙ.3 . κόσμος C 121, n° 189; 141. κρατυντήριος D 70, VI.1 .
κριτικός C121, n° 141. κυκλικός C162.
κύκλος D 70, VI.1 . κυνηγός D 166, disc . 7. κυριεύειν C 135, n°56.
ναστός D70, VΙΙΙ.1 . νοείν C121, n° 215.
νομίζειν C121, n° 97. νομικός D70, XIV. 8. νόμιμος D 202 . νομοθεσία D 54, n° 1. νόμος C105 ; 121, n° 88, n° 193, n° 214; 135, n° 30; 180, n° 5 ; 220, n°7; D54, n° 5.
n° 32; 146, n° 8; 166, disc . 75; 202.
κυρίως C121, n° 190.
νόσος D 70, XIV. 7.
λέγειν C 121, n° 12, n° 15. n° 48. n° 49. no 50 , n° 52, n° 143, n° 162; 141, n° 2 ;
νους Β 61; D70, V . 3 . οικέτης D 166, disc . 10.
D 87.
οικονομικός Β 66; D 166.
C121, n° 41, n° 42, n°47, οίκος C19. λέξις Β 44; n° 10 , nQ 122; D 106.
όμοιος C121, n° 128. ομόνοια C121, n° 194; D52; 166, disc. 38
λίθος D 70, ασυντ. 9.
λογικός C121, n°1, n° 73; D 70, VI.3. λόγος C70; 84; 121, η° 48, n° 51, n° 61, n° 70, n° 73, n° 74, n° 85, n° 88, n° 89,
41.
n° 43, n° 45, n° 46, ομώνυμος D52. n° 62, n° 65, n° 69, όνομα C121,, n° 4, n° 190. n° 77, n° 82, n° 84, ονομάζTZI n° 90, n° 95, n° 98. ονομαστικός D 70, ΧΙ. 4.
n° 104, n° 106, n° 107, n° 108, n° 112, οπλομαχικός D 70, ΧΙΙΙ.4. n° 113, n°115, n° 120, n° 148, n° 149; 135, οπτικός D6. n° 33; D 70, XIV.5 , XIV.6 ; 91; 98, n° 1; οργή Β 32. 166, disc. 18; 219, n° 2 .
ορθοέπεια D70, ΧΙ.1.
λύπη D 166, disc . 16.
ορθός C121, n°33. λύσις C 121, n° 91 , n° 92, n° 101, n° 102 ορθώς C121, n° 130. n° 103; D 104. ορμή C121, n° 195; 135, n° 9. λυχνίoν Β 53. όρος D 98, n° 19. όρος C121, n° 3, n° 123, n° 124, n° 125. μαθηματικώς C 141, n° 2 . n° 126, n° 127, n° 129, n° 130, n° 131. μανθάνειν C220, n° 1 , n°15. οσιότης D 209. μαντικός C121, n° 191; D 146, n° 5. ουράνιος D70, ασυντ. 1. μεγαλοψυχία D 54, n°28. ουρανογραφίη D 70, IX.1 . μέγας D 70, II.1 , VIII.3. D 70, VΙΙΙ.4 . ουρανός μέθη C93. ουσία C121, n° 196. μεθόδιον C121, n° 116. μελίαμβοι C 83.
ούτις C121, n° 111, n° 113.
μέρος C121, n°192. μέσος C 162. μεσότης C121, n° 85 . μετάληψις C135, n° 52.
παιδαγωγικός C163.
μεταπίπτειν C121, n° 84, n° 85. μετέωρος C 162.
παθός C121, n° 197;141. παιδαγωγός C154.
παιδεία 22; C141, n° 5. παλιγγενεσία C223.
παμμετρος D 150.
INDEX DES TITRES
πανικόν C141, n° 4.
πρόγνωσις D70, ΧΙΙ.1.
παραδίδοσθαι C190, p.466 .
πρόνοια C121, n° 199; D 70, VI.2. . προοίμιον C 105; D54, n° 39.
1003
παράδοξος D3, p. 565 . παραίτησις D 166, disc . 49. παραμυθητικός C149. παράπηγμα D 70, VIII.3. παρέλκειν C121, n° 77.
πρός τι Β 48, p. 129. πρός τι πως έχοντα Β 48, p. 129. πρόσταγμα C121, n° 25.
παρέμφασις C 121, n° 38.
προσφυής Β 13, p. 88.
παροιμία C121, n° 138.; 141, n°10; D98,
πένθος C 195 , n° 1 .
προτρέπεσθαι C121, n° 200 . προτρεπτικός C93; 121, n° 200; 135, n° 18; 154; D54, n° 20. προφήτης Β 13, p. 88. πρώτος C 121, n° 75, n° 201; D 166,
πέντε C121, n° 36. πέπλος Β 61.
πτώσις C121, n° 36.
n° 5 .
πατρίς D 166, disc. 40, 42-47. παύεσθαι D 166, disc . 39.
περαίνειν C 121, n° 74.
περίοδος D 98, n°18. περίπλους D 70, XIV. 3. πεύσις C121, n° 27, n° 28. πήρα C205 .
προσηγορικός C121, n° 39.
disc . 12.
πτωχός D 147. πυρ D70, ασυντ. 4. πυρετός D 70, XIV. 7.
πώς C121, n° 140, n° 143.
ρημα D 70, ΧΙ.3. 135; πιθανός C121, n° n°131, 6,n°122, n° ρητορικός C121, n° 153; 135 , n° 55; 190, D 104 .
πίναξ C22; 62. πίστις D54, n° 25; 166, disc. 73. πλανήτης D 70, ΙΠΙ.4 . πλέον C220, n° 2 . πλεονεξία D 166, disc. 17. πληθυντικός C121, n° 40.
p. 470; D3, p. 564; 54, n° 6 ; 146, n° 10.
ρυθμικός D 178. ρυθμός D70, X.1.
ρυσμός D 70, V.3. σάρξ D 70, IV .2. σελήνη Β 53.
πόλεμος C 36, p. 194; D 166 , disc.22.
σημασία C121, n° 23. σημείον Β 53. σκελετός C141, n° 16. σκέμμα C121, n° 2 . σολοικίζειν C121, n° 45. σολοικισμός C121, n° 44. σοφία C220, n° 11. σόφισμα C121, n° 114; D 104.
πολιορκητικός D1. πόλις C121, n°213; D52.
σοφός C121, n°146; 135, n° 42; D 70, 1.2;
πλούτος D 82, n° 4; 147; 166, disc. 79. πνευματικός C224. ποίημα C121, n°139, n° 140; D51; 60. ποίησις D70, X .2. ποιητής C135, n° 14; D 52.
ποιητικός C220, n° 14; D 149. ποιός C121, n° 157.
σοφιστεύειν C135, n° 42 .
πολιτεία C121 , n° 198; 141, n° 2; D54, 166, disc. 23. n° 2 , n° 21; 98, n° 6, n° 8 , n° 9 , n°10; 147; σπείρα D 191. 202 .
σπέρμα D 70, ασυντ. 6.
πολιτικός C135, n° 28; 220, n° 3, n° 12; στάσις D 166, disc. 39. D 54, n° 4; 166, disc. 43, 48.
στέρησις C121, n°12.
πoλoγραφίη D70, ΙΧ.3.
στοιχείον Β 44; C121, n° 48, n° 50, n° 51.
πραγματεία C47; 121, n° 176.
πρεσβευτικός D54, n° 24.
στοιχείωσις D 219, n° 3. στολή C 135, n° 53. στρατηγικός D54, n° 1.
πρόβλημα C121,n°66;D70, XIV .9.
στρώμα C154.
πράξις C36, p.194; 135, n° 36; 141.
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES υμέναιον C135, n° 13. συγγράφειν C 22. ύπνος C141, n° 3. συγγραφεύς D52. υπογραφή C121, n° 120. σύγκρισις C121, n° 64. υπόθεσις C121, n° 87; D6. ν συζητεί D 60. συλλογισμός C 121, n° 71, n° 75, n° 76, υποθετικός C121, n° 88, n° 89, n° 90, n° 91, n° 92, n° 103. n° 78, n° 79, n° 81, n° 201. υποκείμενον C121, n° 37. συλλογιστικός C121, n° 67, n° 70, n° 82. υπόληψις C121, n° 108, n° 145. σύμβαμα C121, n° 34. υπόμνημα C135, n° 54; 178; 224; D1; 70, σύμμικτος D 70, ασυντ. 8.
1004
συμπάθεια Β 53. συμπεπλεγμένον C121, n° 9. συμπόσιον C135, n° 40; D 166, disc.27. συναγωγή Β 44; C65; D 150. συνεξαπατών Β 24.
συνήθεια C121, n° 46, n° 117, n° 118.
Π .4.
υποτύπωσις C154.
ύπτιος C121 , n° 33. φαινόμενα C172. φάσκειν C121, n° 104 .
C121, n° 124. συνημμένον C121, n° 18, n° 56, n° 60, φαύλος φθονερία C135, n° 22. n° 65 , n° 73, n° 6. φθόνος D 166, disc . 77- 78. συνουσία C220, n° 10. φθορά D 98, n° 3. σύνταγμα C22. φιληκοΐα D 166, disc. 19. σύνταξις C121, n° 49, n° 50. φιλία C121, n° 203; 135, n° 39; 141, n° 6. συντελικός C121, n°16. φιλόβιβλος D 17. συνώνυμος D 52. D 166, disc. 46. φιλοσοφείν σύστασις C121, n° 63. φιλοσοφία D 87; 102; 150; 166, disc . 70. σφαίρη D 70, VΙΙ.1. φιλόσοφος C65 ; 121, n° 2; 180, n° 1; D 3, σφόνδυλος D 87. p. 568; 115; 150; 166, disc. 71. σχήμα C121, n° 81; D 166, disc . 72. φιλοσοφούμενα B 25, p. 101. σχολή D 149. φιλοφρονητικός D 166, disc . 44. σώμα C162. φρόνησις C121, n° 215. σωρίτης C121, n° 43. φυγή D 166, disc . 13. φυσικός Β 53; 61; C121, n° 205, n°206, τακτικός D 70, ΧΙΙΙ.3. n° 207, n° 208, n° 209 ; 135, n° 54. τάττεσθαι C 121, n°69, n° 70. φυσιολογία C135, n° 2. τέλος C121, n°160, n°202; 135, n° 34. φυσιολόγος C121, n° 209. τέμνειν C121, n° 99. τέχνη Β 3; 53; C 68; 121, n° 5 , n° 61, n° 127, φύσις Β 47, n° 1 ; C121, n° 204, n° 214; 139;
08,13135, 8 12n°1,n5 ,on°s 25, n° 55 : 190. 70,27no32208: Βη 4155, p. 470; 212; 220, n° 9 ; D 86; 146, n° 2; 147.
τιμή C135, n° 26; D 166, disc . 44 . τιμωρία D 82, n° 4. τομή C121, n° 98, n° 100. τόξον D 166, disc. 52.
141; D 70, IV.1 , IV . 2 ; 81.
: φυτόν D 70, ασυντ . 6 . φωνή C121, n° 43; D 70, ασυντ. 5; 146, n° 1.
φωρά C162.
χαλκός C 135, n°51. χάρις C121, n° 210; 135, n°17; D54, n° 26; 82, n° 4. D 98, n°7. τριπολιτικός τροπικός C121, n° 55, n° 56,n° 64, n° 83. χειρόμητος Β53; D70, XIV .9. τρόπος C121 , n° 61 , n° 63, n° 69, n° 70, χρεία C 135, n° 43; D54, n° 45; 166. n° 12, n° 73, n° 80; 135, n° 49. χρήσθαι C121, n° 190. χρήσις C121, n° 149, n° 216; D 82, n° 5. τυραννίς D 166, disc. 6, 62. χρησμός C121, n° 211. τύχη D 54, n° 27; 166, disc. 63-65.
τόπος D3, p.575 .
INDEX DES TITRES
XpOvixóc C 94.
1005
Hippocrate
xpóvoç C 121,n° 15; 135,n° 1; D 3, p.575.
- Aphorismes (pseudépigraphe), commen
xoóc D70, V.2. Xuuós D 70, V .1 .
taire D 3, p. 591-592. - Prognosticon, commentaire D 3 , p . 592
pañolç D 70, VII.1. PEVÓÓUEVOS C 121, n°94, n°95, n° 96 , nº 98, n° 102, n° 104 .
PEVðóç C 121, n° 24 , n° 81, nº 97. Puxh B 13, p. 88 ; C 121, nº 212; D 70, IV .4; 98, n° 1; 146, n° 3. PlouéVOG C 121, nº 37, nº 112. Aidésia D3, p. 564. Alcibiade D 195. Alcman C 93. Anacréon C 93. Aratos
593. Homère
- commentaires D 98, n° 16 .
Iliade C 93. Lasos C 93.
Lucullus C 123, p. 377. Manichéens B 69. Marcionites B 69.
Nestorius B 41, nº 24 . Odyssée C 93.
Oracles Chaldaïques - Phénomènes, traduction C 123, p. 366; - Cours sur les - D 3, p. 589-590. commentaire B 47,n° 3; D 127 . Peirithoos C 216 . Areopagitique D 13, p.604 . Pindare C 93 . Aristote Platon C 180, nº 2 . - Organon, traduction D 23. - Alcibiade (Premier), commentaire D 3, - Catégories, traduction B 41, n° 6 ; commen 580; D71. taire B 41,n° 7 et 8; 48, p. 128; C 190 ; D 3, -p.Euthydème, critique C 180, n° 4 . p . 574 -575 ; 23 ; 88. Lois, commentaire D 3, p. 580 -581. - De Interpretatione, traduction B 41, nº 9; - Lysis, critique C 180, n°4. commentaire B 41, nº 10 et 11. - Parménide, commentaire D3, p. 584, - Topiques, traduction B 41, nº 13. - Premiers Analytiques, traduction B 41,
587.
n° 12; commentaire B 48, p. 129; D 23. - De caelo D 3, p . 577 -579.
71.
- Météorologiques, commentaire D 3, p . 579.
Athéniens C 216 . Caton B 63.
Catulus C 123, p . 377. Cicéron - Topiques, commentaire B 41, nº 14. Denys le Thrace
- Scholies sur l'Ars grammatica D 23.
- Phédon, commentaire D 3, p. 581-582; - Phèdre, commentaire D 3, p.582-583. - Philèbe, commentaire D 3, p. 583-584. - Protagoras, traduction C 123, p. 366 .
– République, commentaire C 141, nº 2 ; 223; D 3, p .580 ; 178; critique C 180,nº 2: - Sophiste, commentaire D 3, p . 582. - Timée, traduction C 123, p. 372; com mentaire C 12; 195 ; D 3, p. 583; 71.
Polybe
- abrégé B 63. Porphyre
Eschyle C 93. Eutychès B 41, nº 24 .
Getica D 166,p.850. Héraclite - commentaire D 135; 169. Hesiode C 93.
- Isagogè, traduction B 41, nº 3; commen
taire B 41,n° 4 et 5; D 23. Pythionique C 36 , p. 186; 194 .
Rhadamante C 216. Sappho C 93.
1006 Simonide C 93. Sisyphe C 216 .
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
Stésichore C 93.
questions grecques B 69.
Tennès C 216 . Thespis C 93. Varro C 123, p. 377.
vertu C 216. vieillesse D 141.
Virgile C 190, p.462.
academica C 123, p . 377 - 380. agricultura C 58. analogia C8.
Xénophon
- Économiques, traduction C 123, p. 366. Zosimè D 3, p. 590 -591. abrégé (de Polybe) B 63. aleph migin (= Métaph . A ?) B 69. amour C 216 . aphorisme C 216 . apophtegme C 36 , p . 194.
politique C 216 .
prolégomènes D 23.
anima C 52; 132. arithmeticus B 41, nº 1. ars C 73; 99.
bonus B 41, nº 22. categoricus B 41, nº 15 et 16 . catholicus B 41, nº 23.
consolatio B 41, nº 25.
astrologoumena B6, p . 49.
definitio C5.
catalogue C 36 , p . 186 ; 194. comédie C 93.
deus C 123, p. 382-386.
constitution C 216 .
dies C 74 . differentia B 41, nº 19 .
conversation C 216 .
divinatio C 123, p. 386 -389.
destin B 11, p. 58 .
divinitas B 41, nº 21.
discours C 216 .
divinus C 52. divisio B 41, nº 17.
élégie C216 . éloge B 63.
enuntiatio C 190, p. 469.
éloge funèbre D 3, p . 564. flatterie B 71. foudre C4. géométrie D 60.
fatum C 123, p . 389-393. fides B 41, nº 23.
figura C 190, p. 469. Filius B 41, nº 21.
loi(s) B 11, p .60.
grammaticus C 52; 99. hebdomades B 41, nº 22. humanus C 52. hypotheticus B 41, nº 18. institutio B 41, n° 1; 41, n° 2 ; C 52. introductio B 41, nº 16 .
météorologie D 139. mythes C 180, nº 2.
litterae C 52.
nature C 216 ; D 139 .
motusC8. musicus B 41, nº 2.
homme D 139. jeux satyriques C 93. lettres D 141. livre B 11, p. 60 .
origines C 58. natalis C 74.
pays B 11, p.60. périple C 36 , p . 194. philosophie D 23.
natura C 123, p. 382- 386. orthographia C 52; 190, p.462,469.
INDEX DES TITRES Pater B 41, nº 21. patientia B 63. philosophia B 41, nº 25. praedicere B 41, nº 21. quomodo B 41, nº 22.
substantia B 41, nº 22. substantialis B 41, nº 22. substantialiter B 41, nº 21.
syllogismus B 41, n° 15, n° 16, n° 18 . topicus B 41, nº 19.
sententia C 190, p. 469.
Trinitas B 41,nº 20.
sidus C 8 .
utrum B 41, nº 21.
Spiritus Sanctus B 41, nº 21. status C 132.
virtus B 63.
1007
ADDENDA
12 Le roman de Barlaam et Josaphat A la page 70, après la référence à Geerard (80 ), il conviendrait de signaler
de
qu 'une traduction française annotée de la rédaction brève de la version
Balo Par géorgienne vient d'être publiée par A . et J.-P .Mahé, La Sagesse de Balahvar. Une vie christianisée du Bouddha, coll. « Connaissance de l'Orient» 60, Paris 1993 , 154 p .
136
CALLISTHÈNE
A la page 213, avant 240a J. Boncquet, ajouter une référence à H . Wankel, « " Alle Menschen müssen sterben .” Variationen eines Topos der griechischen
Literatur» ,Hermes 111, 1983, p. 149- 153. Pour la théorie de Callisthène sur la crue du Nil (FGrHist 124 F 12c), voir encore O . Wenskus, Astronomische Zeitangaben von Homer bis Theophrast,
coll. « Hermes. Einzelschriften » 55, Stuttgart 1990,p . 165. A la page 221, après Pfister 92, concernant l'attribution du Roman d 'Alexan dre grec à Callisthène , ajouter une référence à ses Kleine Schriften zum
Alexanderroman , coll. « Beiträge zur klassischen Philologie » 61, Meisenheim
am Glan 1976 , p . 31 et 34. 190
CORNUTUS
A propos de l'allégorie stoïcienne de Cornutus (p. 467), voir maintenant A . A . Long, « Stoic Readings of Homer» , dans Homer's Ancient Readers. The Hermeneutics ofGreek Epic 's Earliest Exegets, edited by R . Lamberton and J . J.
Keaney, Princeton University Press 1992, chap . IV , p. 41-66. 224 CTÉSIBIOS D 'ALEXANDRIE L 'influence de l'atomisme démocritéen était probablement très sensible dans les Ilvevuatixà Dewphuata de Ctésibios (qui devaient contenir des discussions
sur le vide et une reprise de la conception corpusculaire de la structure de la matière ). Ctésibios lui-même a certainement pris connaissance directement de la
doctrine de Démocrite, car les milieux scientifiques d'Alexandrie ont joué un rôle considérable dans la préservation , la discussion et le renouvellement des conceptions atomistes de Démocrite . Sur cette question , voir A . Stückelberger,
Vestigia Democritea : Die Rezeption der Lehre von den Atomen in der antiken Naturwissenschaft und der Medizin , coll. « Schweizerische Beiträge zur Altertumswissenschaft» 17, Basel 1984 (chap. V : « Atomische Vorstellungen
bei antiken Technikern : Ktesibios-Philon -Heron », p. 125-142, en particulier sur Ctésibios p. 139-142).
1010
ADDENDA
3 DAMASCIUS A la page 568, ajouter à la bibliographie sur la Vie d 'Isidore : Polymnia Athanassiadi, « Persecution and response in late paganism : the evidence of Damascius » , dans JHS 113, 1993, p . 1-29.
A la page 590, ajouter à la bibliographie sur la théurgie : Polymnia Athanas siadi, « Dreams, Theurgy and Freelance Divination : The Testimony of Iambli
chus », JRS 83, 1993, p. 115 -130.
68 DÉMOCRATÈS Sur le problème de la place qu'il convient d'accorder aux fr. 35-115 DK (corpusculum Democratis) dans l'ensemble des fragments éthiques de Démo crite, une étude systématique a été menée par 16 F. K . Voros, « The ethical fragments of Democritus: the problem of the authenticity » , Hellenica 26 , 1973, p . 193- 206 . Après avoir examiné le style et le contenu des deux collections de
fragments, celle qui a été transmise par Stobée (DK 169-297) et celle qui a été transmise sous le nom de Démocratès, Voros conclut : « . ..there are strong
grounds for recognising Stobaeus' collection as the genuine work of Democritus in style and content. And there are strong grounds for the suspicion that Democrates' collection , at least in the form we know , is not genuine work of Democritus, although mirroring Democritus’ ideas» (p . 205).
Cette position qui conduit à préconiser, pour toute étude d 'ensemble sur l'éthique de Démocrite , une prudence de principe à l' égard du corpusculum
Democratis, est toutefois assez éloignée du scepticismeintégral qu'avait adopté 17 W . K . C . Guthrie, A History of Greek philosophy, t. II, Cambridge 1965, p . 489 -492 (cf. Voros 16 , p . 201-202, pour une critique de Guthrie). La même
prudence caractérise l' étude de 18 Ch. H . Kahn, « Democritus and the origins of moral psychology » ,AJPh 106 , 1985, p . 1-31 (sur “Democrates ”, voir en parti culier p . 2 -5 ), qui écrit : « Any interpretation that relies primarily or exclusively on brief maximsof the “ Demokrates” type is bound to rest on shaky ground »
(p. 5).
83 DENYS DE CHALCÉDOINE Récemment, O . Primavesi, « Dionysios der Dialektiker und Aristoteles über die Definition des Lebens» , RM 135 , 1992, p . 246 - 261, a identifié à Denys le dialecticien l'auteur homonyme d 'une définition de la vie citée par Aristote ,
Topiques VI 10 , 148 a 27-28 (- D 172 ). 111a
DIOCLÈS
| ép. imp.
Cynique. mbeau de de Ramsès Quatre signatures gravées sur les murs du tombeau Syr VI (J. Baillet,
inges; fasc nom . d2e, Inscriptions grecques et latines des tombeaux des rois ou Syringes, nºs 1542, 1611, 1721, 1735 ) appartiennent à un philosophe cynique du nom de Dioclès . Dans la première inscription, ce nom est précédé du mot luoions, que
ADDENDA
1011
Baillet interprétait comme le nom d'un compagnon de voyage de Dioclès: il estimait que s'il s'était agi d'un ethnique celui-ci aurait été répété dans les autres
inscriptions. Mais bien d' autres visiteurs, qui ont laissé plusieurs graffiti, n 'ont mentionné qu 'une fois leur ethnique, et le verbe au singulier prouve bien qu'il s'agit d'un seul personnage. L 'ordre des mots pourrait être une " recherche de
style ”, destinée à souligner l'importance du voyage entrepris. Par ailleurs, Baillet attribue les quatre graffiti à la même main ; pourtant, sur ses copies apparaissent quelques différences d'écrituresnon négligeables entre la première inscription et les trois autres (la forme du delta et du sigma notamment). Il n 'est
donc pas impossible que deux philosophes cyniques homonymes (le nom est banal) aient visité le monument. Il n 'y a pas en tout cas à établir de rapport avec
le grammairien de même nom qui a lui aussi laissé sa signature dans le même
tombeau (nº 1187). Aucune de ces gravures n 'offre d 'élément de datation. BERNADETTE PUECH .
150 DIOGÈNE LAËRCE Remarques complémentaires sur la tradition médiévale. La question de la traduction médiévale de Diogène Laërce reste mal éclaircie . V . Rose (« Die Lücke in Diogenes Laërtius und der alte Übersetzer» , Hermes 1, 1866 , p. 367
397) a affirmé que circulait au Moyen Age une version latine.Dans le prologue à sa traduction du Ménon de Platon, Henri Aristippe († 1162) explique en effet que pour traduire ce dialogue il avait repoussé la traduction de Diogène Laërce qu ' il s'apprêtait à effectuer (Cf. Plato Latinus, I: Meno, interprete Henrico Aristippo. Edidit Victor Kordeuter, recognovit et praefatione instruxit Carlotta Labowsky, London 1940 , p. 6 : « Rogatus item a Maione magno Sicilie admira
bili atque ab Hugone Epanormitane sedis archipontifice Laertium Diogenem De vita et conversatione dogmateque philosophorum in Ytalicas transvertere silla
bas parabam . Quibus ad tempus postpositis tuo potiusacquievi consilio » ). Rose a par ailleurs remarqué que Diogène Laërce fut effectivement utilisé par des
écrivains médiévaux qui le citent parfois littéralement, tel le Pseudo-Caecilius Balbus dans son De nugis philosophorum (éd. E. Wölfflin , Basel 1855), Jérémie de Montagnone dans son Compendium moralium notabilium (1285) ou le
pseudo -Walter Burley dans son De vita et moribus philosophorum (éd. H . Knust, Tübingen 1886 ), composé vers 1315 - 1320, par un anonyme italien. Contre l'attribution du De vita et moribus philosophorum à Walter Burley, voir M . Grignaschi, « Lo pseudo Walter Burley e il “ Liber de vita e moribus philosophorum " » , Medioevo 16 , 1990 , p . 131- 190 , et « “ Corrigenda et addenda " sulla questione dello ps. Burleo » , ibid ., p . 325 - 354. Les arguments sont les suivants : ( 1 ) Il n 'est guère possible de
soutenir que la présence privilégiée du De vita etmoribus philosophorum dans lesmanuscrits du nord de l' Italie et du sud de la France s'expliquerait par les voyages de W . Burley, puisque
le manuscrit Wolfenbüttel Hab, Gud. lat. 200 fut copié à Bologne en 1326, donc bien avant 1341, date du séjour de Burley dans cette ville. (2 ) La première attribution du De vita et moribus philosophorum à Burley est fournie par un manuscrit postérieur d 'une trentaine
d 'années à ce premier témoin . (3 ) Jean Colonna, contemporain de Burley, cite l'ouvrage comme s'il en ignorait l'auteur.
1012
ADDENDA
L 'utilisation de Diogène Laërce est plus douteuse dans le cas de traités comme le Compendiloquium de vitis illustrium philosophorum (ca 1270/85) de Jean de Galles. Celui-ci mentionne bien un Dogma philosophorum et un Tracta
tus de dictis philosophorum , qui pourraient désigner le traité de Diogène Laërce (cf. Compendiloquium , X : « Et de hoc eodem Diogene narrantur plura in quo dam tractatu de dictis philosophorum » ; voir aussi A .G . Little, Studies in English Franciscan History, Manchester 1917, p. 181 n . 1); mais il pourrait
aussi s'agir du Liberphilosophorum moralium antiquorum ou Dicta et opiniones philosophorum , traduction faite dans les dernières décennies du XIIIe siècle , peut-être par Giovanni da Procida († 1299), de la version espagnole, intitulée Bocados de oro (av. 1257), du Muhtar al-hikam d'Abū l-Wafā' al-Mubaššir b . Fātik . Le texte arabe a été publié par A . Badawi,Madrid , Instituto Egipcio de Estudios Isla micos, 1958. La première édition de la version espagnole fut procurée par H . Knust, Mittheilungen aus dem Eskurial, coll. « Bibliothek des Litterarischen Vereins in Stuttgart » 141, Tübingen 1879 ; une nouvelle édition en a été récemment donnée par M . Cromach ,
“ Bocados de oro ". Kritische Ausgabe des altspanischen Textes, coll « Romanisches Seminar der Universität Bonn , Bonn 1971. L 'édition de la version latine a été procurée par E . Franceschini, « Il “Liber philosophorum moralium antiquorum ”, Testo critico », Atti del Reale
Istituto Veneto di scienze, lettere ed arti 91, 1931- 1932, p. 393-597). Mais, ainsi que l'a fait observer J. T. Muckle (« Greek works translated
directly into Latin before 1350 (Continuation )» , Medieval Studies 5, 1943, p. 110), il ne nous reste aucune trace directe de la traduction médiévale de Diogène Laërce, tous les manuscrits qui lui attribuent un texte de ce genre contenant en réalité soit la traduction d'Ambrogio Traversari (XVe s.), soit le
Compendiloquium de vitis illustrium philosophorum de Jean de Galles, soit le Liber philosophorum moralium antiquorum de Mubaššir, soit encore des extraits du De vita et moribus philosophorum du pseudo -Burley. Si cette traduction a
bien existé, il est probable qu 'elle n'a pas dépassé le livre V : cela expliquerait que le pseudo-Burley par exemple soit très loin d 'utiliser systématiquement
Diogène Laërce ( ainsi il l'ignore pour les philosophes cyniques Antisthène, Diogène, Cratès).
SYLVAIN MATTON. 172 DIONYSIOS Récemment, O . Primavesi, « Dionysios der Dialektiker und Aristoteles über
die Definition des Lebens» , RHM 135, 1992, p. 246 -261, l'a identifié avec Denys de Chalcédoine le dialecticien ( D 83).
Liste des notices du tome II LETTRE B
| BABÉLYCA D 'ARGOS la BACCHIOS 2 BACCHIOS DE PAPHOS 3 BACCHIOSGÉRON
4 5 6 7 Ta
BAGOAS BALAPSIDUS DE NICOMÉDIE BALBILLUS (TIB . CLAUDIUS -) BALBUS (L.LUCILIUS -) BALBUS (L. THORIUS -)
8 9 10 11
BALBUS (Q . LUCILIUS -) B (ANJNON BARACHUS BARDESANE DE SYRIE
47
BASILIDE DE SCYTHOPOLIS BASILIDE DU PIRÉE BASILIDE LE SYRIEN BASSOS POLYAINOS (T. AVIANIUS -) BASSUS (AUFIDIUS --)
19 BASSUS
20 BASSUS DE CORINTHE 21 BATACÈS DE NICÉE 22 BATHYLAOS DE PAESTUM 23 BATIS 24 BATON
25 BÉRONICIANUS DE SARDES 26 BÉROSE DE BABYLONE 27 BESARION 28 BESAS
29 30 31 32
BÈSAS DE PANOPOLIS BÈTION BION D 'ABDÈRE BION DE BORYSTHÈNE
33 BION LE PÉRIPATÉTICIEN 34 BI(S)TALE
112 113
38 BLAESUS DE CAPRI 39 BLANDUS (RUBELLIUS -)
115
40 BLOSSIUS DE CUMES (C. -)
116 117 122
41 BOETHIUS 42 BOÉTHOS
12 Barlaam et Josaphat BARȘAUMA DE QARDOU BASILIDE LE GNOSTIQUE
12a 13 14 15 16 17 18
35 BITON 36 BITON DE SOLES 37 BITYS
43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56
BOÉTHOS BOÉTHOS BOÉTHOS DEMARATHON BOÉTHOS DE PAROS BOÉTHOS DE SIDON BOÉTHOS DE SIDON BOÉTHOS (FLAVIUS -) BOIDAS (Boídas) BOÏDION BOIÓ D 'ARGOS BOLOS DE MENDÈS BOTÔN D 'ATHÈNES BOULAGORAS BOULÔN
57 58 59 60 61 62
BOURIKHIOS D 'ASCALON BOUTHÉROS DE CYZIQUE BOUTHOS DE CROTONE BROMIOS BROTINOS BRUTTIUS
63 BRUTUS (M . IUNIUS -) 64 BRYAS DE CROTONE 105 106
65 BRYAS DE TARENTE 66 BRYSON
67 68 69 112 70 1121 71
107 108 108
BRYSON D 'ACHAIE BRYSON D 'HÉRACLÉE BUD BYNDACOS OU RHYNDACOS -BJOULOS
113 116
122 123
123 123 123
126 130 132
132 132 133 135 135 135
135 136 137 137 137 139 141 141 141
142 142 144 144 145
LETTRE C I CAECILIUS 146 2 CAECILIUSMETELLUS NUMIDICUS 146 3 CAECILIUS STATIUS 147
4 CAECINA (AULUS -) 5 CAELESTIUS
149
6 CAERELLIA
149
148
7 CAERELLIUS (QUINTUS -) 8 CAESAR (C . IULIUS -) 9 CAILIANOS (T. VARIUS -) 10 CAINIAS DE TARENTE 11 CALAIS DE RHÉGIUM 12 CALCIDIUS
ISO
150 155 156 156 156
1014
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
13 CALLAISCHROS (T.FLAVIUS -)
64 CELER (P . EGNATIUS -)
252
14 CAL (L )ANUS
157
65 CELSINOS DE CASTABALA
252
15 CALLIAS D 'AIXÔNÈ 16 CALLIAS D ' ALOPÉKE 17 CALLICLES 18 CALLICLÈS 19 CALLICRATIDAS DE SPARTE 20 CALLIÉTÈS 21 CALLIGÉNÈS 22 CALLIMAQUE DE CYRÈNE
162
66 CELSINUS
23 CALLIMBROTOS DE CAULONIE 24 CALLINICUSSUETORIUS 25 CALLINICUS 26 CALLINOS 27 CALLINOS D 'HERMIONE 28 CALLIPHON
29 CALLIPHON DE CROTONE 30 CALLIPPE 31 CALLIPPE D 'ATHÈNES 32 CALLIPPE DE CORINTHE 33 CALLIPPE DE CYZIQUE 34 CALLISTHÈNE 35 CALLISTHÈNE D 'OLBIA 36 CALLISTHÈNE D 'OLYNTHE 37 CALLISTRATE
37a CANTHAROS DE SINOPE 38 CANUS (IULIUS -) 38a *CAPION ou *CAPIONOS 39 CAPITO (SEXTUS IULIUS ? -) 40 CARNÉADE 41CARNÉADE D 'ATHENES 42 CARNÉADE DE CYRENE 43 CARNÉADE LE JEUNE 44 CARNÉISCOS 45 CARNEIOS DEMÉGARE
169 170
170 170
171 174 174 174 175 175
176 177 177
177 179 179 182 182 183 221
221
222 223 223
224
224 224
227 227
228
46 CAROPHANTIDAS DE TARENTE
228
47 CARPOS D 'ANTIOCHE 48 CARTERIUS 49 CARUS 50 CARUS 51 CASSIEN (JEAN -) 52 CASSIODORE
230 230 231
52a CASSIUS PARMENSIS (C . -)
53 CASSIUS L'EMPIRIQUE 54 CASSIUS L 'IATROSOPHISTE
55 CATHERINE D 'ALEXANDRIE 57 CATIUS
228
67 CELSUS 68 CELSUS
253
69 CELSUS 70 CELSUS 71 CELSUS 72 CELSUS D 'ANTIOCHE 73 CELSUS (AULUS CORNELIUS -) 74 CENSORINUS 75 CENSORINUS (L .MARCIUS -) 76 CENSORINUS, fils de Censorinus 77 CENSORINUS 78 CÉPHALOS DE CLAZOMÈNES 79 CÉPHALOS DE SYRACUSE 80 CÉPHISODÔROS 81 CÉPHISOPHON 82 CÉRAMBOSDE LEUCADE 83 CERCIDAS DE MÉGALOPOLIS 84 CERCOPS 85 CÉSAIRE DE CAPPADOCE 86 CHABRIAS
255
87 CHAIRÉAS 88 CHAIRÉAS D 'ALEXANDRIE 89 CHAIRÉCRATÈS DE SPHETTOS 90 CHAIRÉDÈMOS DEGARGETTOS 91 CHAIRÉMON D 'ALEXANDRIE
92 CHAIRON DE PELLÈNE 93 CHAMAILÉON D 'HÉRACLÉE 94 CHARAX DE PERGAME 95 CHARES 96 CHARICLÈS 97 CHARIDÉMOS DE MESSÈNE 98 CHARILAMPIANE OLYMPIAS 99 CHARISIUS (FL. SOSIPATER -) 100 CHARMADAS 101 CHARMANDROS 102 CHARMIDÈS 103 CHARMIDÈS
104 CHARMIDÈS 105 CHARONDAS DE CATANE 235 106 CHEILAS DEMÉTAPONTE 235 107 CHEILON DE SPARTE
231 232
236 108 CHEILONIS 238 109 CHÉRÉPHON DE SPHETTOS
56 CATIUS L 'Insubre
239 110 CHION D 'HÉRACLÉE (PONT) 239 111 CHIONE
58 CATO (M . PORCIUS - CENSORIUS)
240 112 CHONUPHIS DE MEMPHIS 241 113 CHOSROES 245 114 CHRÉMONIDES D 'ATHENES
59 CATO UTICENSIS (M . PORCIUS -) 60 CATULUS (Q . LUTATIUS - ) 61 CÉBÈS DE CYZIQUE 62 CÉBÈS DE THÈBES
63 CELER (C. ARTORIUS -)
115 CHRISTODOROS DE COPTOS 246 | 116 CHRYSANTHIOS DE SARDES 251 117 CHRYSAORIUS
246
257 257 257 260 260
261 262
263 206
269
269 281 281 282 283 283
283 283 284
286 287 289 292 293 293 294 294 297 299 299 302 302 302 304
304 304 304
305 306 307
309
318 319 320 323
LISTE DES NOTICES DU TOME II 118 CHRYSERMOS D 'ALEXANDRIE 119 CHRYSIPPE DE CNIDE 120 CHRYSIPPE DE CORINTHE
325 325
329
172 CLÉOSTRATE DE TÉNÉDOS 174 CLINIAS DES SCAMBONIDES
173 CLEUCR[ATÈS
121 CHRYSIPPE DE SOLES 329 175 CLITOPHON 365 176 CLODIUS SEXTUS 123 CICERON (MARCUS TULLIUS -) père 365 177 CLYTOS DE MILET 122 CHYTRON
124 CICERON (MARCUS TULLIUS -) fils 125 CICERON (QUINTUS TULLIUS -) 126 CINCIUS 127 CINÉAS 128 CINNA CATULUS 129 CISSOS 130 CLARANUS
396
179 COIRANOS 181 COMMODIEN 182 COMOSICUS
448 448 451 451 451 452 455 456 456
398 399 399
180 COLOTÈS DE LAMPSAQUE 183 CONSENTIUS DE NARBONNE
131 CLAUDIANUS
132 CLAUDIANUS MAMERTUS
401
143 CLEIDÉMOS
403 405
415 41
191 COSMAS INDICOPLEUSTES 192 Cosmogonie de Strasbourg 193 COTTA (C . AURELIUS -) 194 CRANAOS DE PAESTUM
420
195 CRANTOR DE SOLES
421
197 CRASSICIUS PASICLÈS (L . -) 198 CRASSUS (L . LICINIUS -)
199 CRATÈS 423 200 CRATÈS 423 201 CRATÈS 424 202 CRATÈS D 'ATHÈNES 426 203 CRATÈS DEMALLOS 426 204 CRATÈS DE TARSE 422
153 CLEMENS (ATTIUS -) 154 CLÉMENT D'ALEXANDRIE 155 CLÉMENTIANÈ (FLAVIA -)
426 426 426 431
156 CLÉOCRITOS
431
157 CLÉODAMOS 158 CLÉODÈME 159 CLÉODÈME 160 CLÉOMBROTOS 161 CLÉOMBROTOS D 'AMBRACIE 162 CLÉOMÈDE 163 CLÉOMÈNE 164 CLÉOMÈNE 165 CLÉON 166 CLÉON 167 CLÉON DE TARENTE 168 CLÉONEIDÈS 169 CLEONYME D 'ATHÈNES 170 CLÉOPHRON DE CROTONE 171 CLÉOSTHÈNE DE CROTONE
459 459 460 473 478
480 481 482
420 196 CRANUS 421
149 CLEITOMAQUE DE CARTHAGE
188 CORNÈLIANOS DE MALLOS (M .
406
440606
145 CLEINIAS DE TARENTE 146 CLEINOMAQUE DE THURIUM 150 CLEITOS 151 CLEMENS 152 CLEMENS
185 COR - - - DE PERGAME 186 CORINTHOS LE SOCRATIQUE 187 CORISCOS DE SCEPSIS SEXTIUS -) 189 CORNIFICIUS LONGUS 190 CORNUTUS
406
144 CLEINAGORAS DE TARENTE 147 CLEITARQUE 148 CLEITARQUE
446
448
184 CONSTANTIN PORPHYROGÉNÈTE
135 CLÉAICHMA 136 CLJÉANDRE 137 CLÉANOR DE SPARTE 138 CLÉANTHE D 'ASSOS 139 CLÉARATOS DE TARENTE 140 CLÉARQUE D 'HÉRACLÉE 141 CLÉARQUE DE SOLES 142 CLÉEMPOROS
445
178 COIRANOS
400 401
134 CLÉA
442 442 444
395
400
133 CLAUDIUS CAECUS (APPIUS -)
1015 442
205 CRATÈS DE THÈBES 206 CRATÈS DE THRIA 207 CRATÉSICLÉIA DE SPARTE 208 CRATIPPOS DE PERGAME
209 CRATON 431 210 CRATYLOS (D 'ATHÈNES ?) 431 211 CRESCENS 432 212 CRINIS 432 213 CRISPINUS
433 214 CRISPINUS (PLOTIUS -) 215 CRISPUS 439 216 CRITIAS 439 217 CRITOBULE D 'ALOPÉKÈ 436
441
218 CRITOLAOS D 'AMISOS 219 CRITOLAOS DE PHASÉLIS 220 CRITON D ’ALOPÉKE 221 CRITON D 'ARGOS 222 CRONIOS 223 CRONIOS
441
224 CTÉSIBIOS D 'ALEXANDRIE
440 440
440 441 441
485 486 486 486 486 487 495 496 500 501 501 503 503 510 511 511 511 512 512 520 521 521
522 526 526 527 529
1016
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
225 CTÉSIBIOS DE CHALCIS 226 CTÉSIPPE 227 CTÉSIPPE DE PÉANÉE 228 CURBUS 229 CYLON DE CROTONE
531 230 CYNISCUS 532 231CYRILLOS (P . AELIUS - ) 532 232 CYRION (P. AELIUS -)
534 534
533 533
534 $ 35
233 CYRSAS DE CHIOS 234 CYRUS D 'ALEXANDRIE
534
LETTRE D 1 DAIMACHOS DE PLATÉES
2 DAMARMÉNOS DEMÉTAPONTE 2a DAMAS
3 DAMASCIUS 4 DAMASIPPUS
5 DAMIANÈ D 'APHRODISIAS 6 DAMIANUS 7 DAMIPPOS 8 DAMIS
9 DAMIS DE NINIVE 10 DAMO
11 DAMOCLÈS DE CROTONE 12 DAMOCLES DE MESSINE 13 DAMON D 'ATHÈNES 14 DAMON DE CYRÈNE 15 DAMON DE SYRACUSE 16 DAMOPHANÈS
17 DAMOPHILE DE BITHYNIE 18 DAMOTAGÈS DEMÉTAPONTE 19 DANAE
20 DANDAMIS (OU MANDANIS)
21 DAPHNOS D 'ÉPHÈSE 22 DARDANOS D 'ATHENES 23 DAVID L ' INVINCIBLE 24 DECIANUS D 'ÉMÉRITA 25 DEINARCHOSDE CORINTHE 26 DEINARCHOS DE PAROS 27 DEINIAS (DE SICYONE ?) 28 DEINO
21a *DAPSAMIOS
29 DEINOCRATÈS DE TARENTE 30 DEINOMACHOS
31 DEINOMACHOS 32 DEINOMACHOS 33 DEINOSTRATOS 34 DÉLIOS D 'ÉPHÈSE 35 DÉMARATOS 36 DÉM [ARJATOS DE CHIOS 37 DÉMÉLATA 38 DÉMÉTRIA 39 DÉMÉTRIOS 40 DÉMÉTRIOS 41 DÉMÉTRIOS
42 DÉMÉTRIOS 43 DÉMÉTRIOS 44 DÉMÉTRIOS
537 | 45 DÉMÉTRIOS 46 DÉMÉTRIOS D 'ALEXANDRIE 47 DÉMÉTRIOS D 'ALEXANDRIE 47a DÉMÉTRIOS D 'ALEXANDRIE 593 48 DÉMÉTRIOS D'AMPHIPOLIS 593 49 DÉMÉTRIOS D 'ASPENDOS 594 50 DÉMÉTRIOS DE BITHYNIE 597 51DÉMÉTRIOS DE BYZANCE 598 52 DÉMÉTRIOS DE MAGNÉSIE 598 53 DÉMÉTRIOS DE NICOMÉDIE 599 54 DÉMÉTRIOS DE PHALÈRE 599 55 DÉMÉTRIOSDE PHOCÉE 599 56 DÉMÉTRIOS DE SOUNION 600 57 DÉMÉTRIOS DE TARSE 607 58 DÉMÉTRIOSDE TRÉZÈNE 607 59 DÉMÉTRIOS DE THYATIRE 608 60 DÉMÉTRIOS LACON 608 61 DÉMÉTRIOS LE GÉOMÈTRE 610 62 DÉMÉTRIOS LE PLATONICIEN 610 63 DÉMÉTRIOS TULLIANOS 610 64 DÉMOCÉDÈS DE CROTONE 612 65 DÉMOCLÈS 613 66 DÉMOCRATÈS 613 67 DÉMOCRATÈS 614 68 DÉMOCRATES 614 69DÉMOCRATÈS “Gnomicus” 616 70 DÉMOCRITE D 'ABDÈRE 617 70a DÉMOCRITE DE NICOMÉDIE 617 71 DÉMOCRITOS 618 72 DÉMODOCOS 618 73 DÉMON DE SICYONE 619 74 DÉMONAX DE CHYPRE 619 75 DÉMOPHANÈS 619 76 DÉMOPHILE 619 77 DÉMOSTHÈNE DE MÉGALOPOLIS 620 78 DÉMOSTHÈNE DE RHÉGIUM 540 540 541
620 620 621 621 621
621 621 622 622
624
79 DÉMOSTRATOS 80 DÉMOTIMOS
624 624 624 624 625 625 625 625
626 628 628 635
635 635
637 637 637 641 642 642 643 643
644 644 644 647 649 716
717176 718 718 719
720 720 72
721 721
81 DENYS D 'ALEXANDRIE 721 724 82 DENYS D 'HÉRACLÉE 726 83 DENYS DE CHALCÉDOINE 726 84 DENYS DE SYRACUSE LE JEUNE 85 DENYS D 'ARÉOPAGITE (PSEUDO -) 727 742 86 DENYS dit LE THRACE 87 DERCYLLIDES 88 DEXIPPE
747 748
LISTE DES NOTICES DU TOME II 750 | 142 DIOGÈNE DE NICOMÉDIE 89DEXITHÉOS DE PAROS 750 143 DIOGENE DE PHÉNICIE 90 DIADOUMÉNOS 91 DIAGORAS DEMÉLOS 750 144 DIOGÈNE DE PTOLÉMAIS 757 145 DIOGÈNE DE SÉLEUCIE 92 DIALOGOS 758 146 DIOGÈNE DE SÉLEUCIE 93 DIAPHANÈS DE TEMNOS 94 DIAS D 'ÉPHÈSE 758 147 DIOGÈNE DE SINOPE 759 148 DIOGÈNE DE SMYRNE 95 DICAIOCLÈS DE CNIDE 759 149 DIOGÈNE DE TARSE 760 150 DIOGÈNE LAËRCE 760 151 DIOGÈNE LE SOPHISTE 764 152 DIOGÉNIANOS 99 DICÉARQUE DE TARENTE 764 153 DIOGÉNIANOS DE PERGAME 100 DICINEUS 766 | 154 DIOGENIANOS DE PERGAME 101 DICON DE CAULONIE 102 DIDYMOS 767 155 DIOGNÈTE 103 DIDYMOS 767 156 Diognète (Lettre à ) 767 157 DIOMÉDÈS 104 DIDYMOS (ATEIUS - OU ATTIUS -) 105 DIDYMOS D 'ALEXANDRIE 767 158 DIOMÉDON DE TARSE 106 DIDYMOS CHALCENTEROS 768 159 DION 770 160 DION 107 DIITRÉPHÈS 771 161 DION 108 DIKAIS 771 162 DION D 'ALEXANDRIE 109 DIOCLÉIDÈS DEMÉGARE 110 DIOC 771 163 DION D 'ÉPHÈSE 111 DION 771 164 DION D 'HÉRACLÉE 111a DIO Addenda 165 DION DE GAZA 772 166 DION COCCEIANUS DE PRUSE 112 DIOCLÈS (POMPEIUS -) 772 167 DION DE SYRACUSE 113 DIOCLES DE CARYSTOS 774 168 DION DE THRACE 114 DIOCLES DE CNIDE 775 169 DIONYSIOS 115 DIOCLÈS DEMAGNÉSIE 116 DIOCLES DE PHLIONTE 777 170 DIONYSIOS 117 DIOCLES DE SYBARIS 777 171 DIONYSIOS 777 172 DIONYSIOS 118 DIOCLÈS l’éristique 778 173 DIONYSIOS 119 DIODOROS 120 DIODOROS 778 174 DIONYSIOS 778 175 DIONYSIOS D 'ALEXANDRIE 121 DIODOROS 122 DIODOROS 778 176 DIONYSIOS D 'ATHÈNES 779 177 DIONYSIOS D ' ÉGÉE 123 DIODOROS 779 178 DIONYSIOS D 'HALICARNASSE 124 DIODOROS dit CRONOS 781 179 DIONYSIOSDE COLOPHON 125 DIODOROS D 'ADRAMYTTION 781 180 DIONYSIOS DE CYRÈNE 126 DIODOROS D 'ALEXANDRIE 127 DIODOROS D ' ALEXANDRIE 782 181 DIONYSIOS DELAMPTRES 783 182 DIONYSIOS DE MILET 128 DIODOROS D 'ASPENDOS 784 183 DIONYSIOS DE RHODES 129 DIODOROS D 'ÉPHÈSE 784 184 DIONYSIOS LE SOPHISTE 130 DIODOROS D 'ÉRÉTRIE 786 185 DIONYSIUS LE STOICIEN 131 DIODOROS DE SICILE 795 186 DIONYSIUS LE STOÏCIEN 132 DIODOROS DE TYR 133 DIODOROSCALLIMÈDÈS 795 187 DIONYSIUS Ó Ypaupations 796 188 DIONYSIUS EXIGUUS 134 DIODOTOS 796 189 DIONYSIUS THRAX 135 DIODOTOS 797 190 DIONYSODOROS 136 DIODOTOS DE SIDON 797 191 DIONYSODOROS DE CAUNOS 137 DIOGENE (ANTONIUS -) 800 192 DIONYSODOROS DE CHIOS 138 DIOGENE 801 193 DIONYSODOROS DE SMYRNE 139 DIOGÈNE D 'APOLLONIE 140 DIOGÈNE D 'ARGOS 802 194 DIOPEITHÈS D 'ILION 141 DIOGENE D 'OINOANDA 803 | 195 DIOPHANE LE RHÉTEUR 96 DICAIOS DE TARSE 97 DICAS DE TARENTE 98 DICÉARQUE DE MESSINE
1017 806
806 807 807 807 812
823 823
824 833 834 834 834 838385 838 838 838 839 833
839 840 840 840
841 856 858 859 859 860 860 860 860 861 861
862 864 865 865 866
866 869
870 870 870 870 871
873 874 875
875 877 877 877
1018 DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES 196 DIOPHANTOS 877 215 Disticha Catonis 197 DIOS 878 216 DOGMATIKOI 198 DIOSCORIDES 878 217 DOGMATIUS 199 DIOSCORUS 878 218 DOMITIO [S] 880 219 DOMNINUS DE LARISSA 200 DIOSCOURIDÈS 201 DIOSCOURIDES 880 220 DOMNULUS 202 DIOSCOURIDÈS 880 221 DOROS L 'ARABE 203 DIOSCOURIDÈS DE CHYPRE 882 222 DOROTHÉOS D 'A (MISJOS 204 DIOTIMA 883 223 DOROTHÉOS DE TELPHOUSA 205 DIOTIMOS (THÉOTIMOS?) 885 224 DOSITHÉOS 206 DIOTIMOS DES SÈMACHIDES 885 225 DOSSENNUS 207 DIOTIMOS DE TYANE 886 226 DOURIS DE SAMOS 208 DIOTIMOS DE TYR 886 227 DOUSARÉIOS DE PÉTRA 209 DIOTOGÈNE 886 228 DRACON D 'ATHÈNES 887 229 DRYMON DE CAULONIE 210 DIPHILOS 887 230 DYMAS DE CROTONE 211 DIPHILOS 887 231DYSCOLIUS 212 DIPHILOS dit le Labyrinthe 213 DIPHILOS DU BOSPHORE 887 232 D [I...TJOS
214 Dissoi Logoi
888
889
890 892
892 895
896 897
898 898 898 899 899 913
913 914 914 915 915
ILLUSTRATIONS
- Fig . 1: Carnéade de Cyrène. Bâle , Antikenmuseum Basel und Sammlung Ludwig , Inv . Kä 210 . Photo D . Widmer (Basel).
- Fig . 2 : Buste de Chrysippe de Soles. Florence , Musée des Offices. Cliché Brogi-Giraudon . - Fig. 3 : Chrysippe de Soles. Paris,Musée du Louvre, statue Ma 80. Photo
Réunion des Musées Nationaux. - Fig . 4 : Cicéron « Chiaramonti » . Rome,Musée du Vatican, XXX. 11.41.
- Fig. 5: Cléanthe d 'Assos. Londres, British Museum , Walters, Cat. of Bronzes, nº 848 ; SelectBronzes, pl. LXV. - Fig. 6: Crantor de Soles. Paris, Bibliothèque Nationale ,monnaie du Cabinet
des Médailles, collection Waddington, sous Gordien III, 240 (revers): Babelon, Revue numismatique, 1898, p . 181, n° 4525, pl. 6 , 18 . - Fig. 7 : Athènes et ses environs (régions Est et Sud ), extrait de E . Curtius -
J. A .Kaupert, Karten von Attika, Berlin 1881, Blatt I (Cliché EFA, Ph. Collet). - Fig. 8 : Région de Cynosarges d 'après un plan de J. Travlos de 1970 , complété par Y . Rizakis (EFA) : BCH 94 , 1970, p . 889, fig. 12.
TABLE DESMATIÈRES
AVANT-PROPOS ..... Auteurs des notices du deuxième tome
Abréviations
17
..........
NOTICES
LETTRE B
.........
537
917
ANNEXE : Le Cynosarges. Histoire,mythes et archéologie
Index des noms propres ..... Indes des titres ...........
Addenda Liste des notices du tome II.......... Table des illustrations ......
47
............. 146
LETTRE C ... ... ...... . LETTRE D .. ....
............. 967 .............. 997
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1009
........ 1013 1019
La composition, la mise en page et le tirage originel de cet ouvrage ont été entièrement réalisés surmicro -ordinateur Macintosh TM et imprimante LaserWriter
ProTM (Apple ) avec le logiciel de traitement de texte WordTM de Microsoft. Pour bon nombre de notices le travail a pu être effectué à partir des textes saisis par les
auteurs eux-mêmes. D 'autres contributions ont été digitalisées sur Scanner AppleTM et traitées au moyen du logiciel de reconnaissance des caractères OmniPage ProTM Les polices de caractères Éleusis, Samarqand, Erzurum et
Bangalore ont été créées au moyen des logiciels FontographerTM , Fontastic PlusTM ,Metamorphosis ProTM et Family BuilderTM de la société Altsys.
Achevé d' imprimer en août 2000
dans les ateliers de Normandie Roto Impression s.a . 61250 Lonrai N° d 'imprimeur : 001824
Dépôt légal : août 2000