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French Pages 846 [849] Year 1989
DICTIONNAIRE DES
PHILOSOPHES ANTIQUES
B4
122
D52
1994
v .
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© Centre National de la Recherche Scientifique • Paris 1994 ISBN 2-271-05193-2
grad 41406151 philo 02/25/04
Milan na wilinthalisa L'Académie de Platon . Mosaïque de Pompéi . Musée archéologique national de Naples nº inv . 124545. Photographie Pedicini (Napoli).
PRÉFACE
L'ouvrage que Richard Goulet vient d'achever est le premier tome, déjà monumental, d'une gigantesque entreprise qui non seulement comblera une lacune de la recherche française dans le domaine de l'histoire de la philo sophie et, plus généralement, de l'Antiquité, mais encore , et surtout, repré sentera pour la communauté scientifique internationale un instrument de travail extrêmement précieux. Le premier intérêt de cette cuvre est son exhaustivité , en un double sens : exhaustivité dans la liste des philosophes, exhaustivité dans la présen tation des sources. Aucun manuel de philosophie ni aucune encyclopédie ne nous avait procuré jusqu'ici un index complet des philosophes de l'Antiquité. Un tel index complet est pourtant indispensable à une histoire intégrale de la philosophie antique, comme nous aurons l'occasion de le redire . D'autre part, R. Goulet ne s'est pas contenté de recourir aux sources littéraires grecques, mais aussi aux documents iconographiques, papyrologi ques et épigraphiques et même aux sources arméniennes, géorgiennes , hébraïques, syriaques et arabes. De ce point de vue , des articles comme ceux qui sont consacrés à Aratos, Alexandre d'Aphrodise, à Ammonios, fils d'Hermias, à Aristide d'Athènes, à Aristote , sont extrêmement intéressants. On trouvera donc ainsi réunies commodément des indications que l'on ne trouve pas habituellement rapprochées dans les encyclopédies et manuels et que l'on doit souvent chercher dans des ouvrages différents, quand ce n'est pas dans des bibliothèques différentes! Pour réaliser ce projet, R. Goulet s'est entouré de 80 universitaires et chercheurs, tant français qu'étrangers, le plus souvent spécialistes éprouvés des auteurs traités ou de l'époque où ces auteurs ont écrit, et de nombreuses notices ne sont pas seulement un état de la question, mais le résultat de recherches personnelles et très originales. L'ouvrage permettra de distinguer des philosophes trop souvent confondus, par exemple Albinos- Alkinoos, les deux Athénodores de Tarse, et de faire disparaître des fantômes, comme Actoridès, Ainésidamos, nés de fausses lectures ou de conjectures hasardeuses commises par les papyro logues. Mais on y trouvera aussi les noms de personnages de roman comme Alcidamas , Aristainétos, Arignotos, qui apparaissent chez Lucien . Des tableaux synoptiques nous présentent la famille d'Aristote, celle de Platon , la succession des professeurs de l'école fondée par Jamblique. On saluera aussi avec reconnaissance les notices consacrées aux gnostiques (notamment Apelle) et aux platoniciens chrétiens hétérodoxes (notamment Aristocrite ) qui nous introduisent dans un domaine de recherche souvent peu exploré par les historiens de la philosophie, jusqu'ici, mais qui se révèle tous les jours
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plus important pour comprendre à la fois le christianisme et le néo platonisme. Nous l'avons déjà entrevu , R. Goulet nous donne un merveilleux instrument de travail pour l'étude des textes philosophiques. Les notices consacrées, par exemple, aux traités d’Aristote sont à cet égard tout à fait exemplaires. Elles sont des guides précieux qui nous orientent admira blement dans le dédale des traditions grecques , syriaques, arabes , nous révélant ainsi l'extraordinaire complexité de la diffusion de l'ouvre aristo télicienne, le nombre impressionnant de commentaires qu'elle a suscités , les divers classements qu'elle a subis . Ces notices révisent sur beaucoup de points les idées reçues et renouvellent ainsi l'état de la question . Un remar quable ensemble d'études fait le point notamment sur cet écrit mystérieux que l'on a traditionnellement appelé la « Théologie d'Aristote ». De la même manière, la remarquable notice consacrée à Alexandre d’Aphrodise est d'autant plus utile qu ' « il est peu d'auteurs anciens dont l'æuvre soit aussi dispersée : tradition directe et indirecte ; versions syriaques, arabes, hébraï ques, latines ; de nombreux titres enfin , attestés par les biobibliographes arabes, mais dont l'authenticité est parfois remise en question par les spécialistes » . A ce sujet, on ne saurait trop insister sur l'importance capitale des listes de titres des ouvrages philosophiques de tel ou tel auteur, qui nous ont été conservées par les historiens antiques, surtout par Diogène Laērce. Il faut bien se représenter en effet que la plus grande partie de la production philosophique de l'Antiquité a été perdue. Nous ne connaissons qu'une infime, qu'une minuscule partie de cette production . Le stoicien Chrysippe avait écrit 700 ouvrages. Tous sont perdus . Dans le présent volume , nous constatons par exemple , pour en revenir à Alexandre d’Aphrodise, que dix commentaires que cet auteur avait consacrés aux æuvres d'Aristote et dix neuf cuvres “personnelles " ont totalement disparu . De même , nous le constatons dans le présent volume , les æuvres d'Amélius, d'Antiochos d'Ascalon , d'Antipatros de Tarse , d'Antipatros de Tyr, d'Antisthène ( 65 ouvrages), d'Aristippe de Cyrène, d'Ariston de Chios , pour ne citer que quelques exemples de philosophes importants, ont fait totalement naufrage. Il est probable que si nous connaissions la totalité de cette production , par exemple les cuvres de Xénocrate, de Speusippe , de Chrysippe, l'idée que nous nous faisons de la philosophie antique serait totalement bouleversée. C'est ainsi que le trop court fragment de dialogue découvert à Ai-Khanoun nous laisse deviner l'existence d'auvres, maintenant perdues, qui traitaient de sujets métaphysiques avec une rigueur, dans l'argumentation, égale à celle de Platon ou d'Aristote. Pour compenser cette perte irréparable, il nous reste au moins ces listes de titres d'ouvrages, qui sont reproduites dans les notices du présent volume.
1. Cf. Cl. Rapin et P. Hadot, « Les textes littéraires grecs de la Trésorerie d'Ar-Khanoun » , BCH 111 , 1987 , p. 244-249.
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Ces listes pourraient être la matière d'une étude ultérieure consacrée à la littérature philosophique perdue . Montesquieu ' avait déjà pensé à une Quvre de ce genre : « A présent qu'on est dans le goût des collections et des bibliothèques, il faudrait que quelque laborieux écrivain voulût faire un catalogue de tous les livres perdus qui sont cités par les anciens auteurs. Il faudrait un homme libre des soins et des amusements mêmes. Il faudrait donner une idée de ces ouvrages, du génie et de la vie de l'auteur, autant qu'on pourrait le faire sur les fragments qui nous restent et les passages cités par d'autres auteurs qui ont échappé au temps et au zèle des religions naissantes. Il semble que nous devions ce tribut à la mémoire de tant de savants hommes . Une infinité de grands hommes sont connus par leurs actions et non pas par leurs ouvrages. » Ces remarques de Montesquieu sont très justes, mais on peut penser légitimement, je crois, qu'il ne voyait peut être pas toute la portée et la signification de cette entreprise. En fait, ces listes de titres demandent une étude très détaillée . Tout d'abord , les titres eux-mêmes contiennent souvent des termes techniques qui peuvent nous éclairer sur la philosophie de leur auteur. C'est le cas notamment de la liste des æuvres de Chrysippe où l'on voit apparaître par exemple tout le vocabulaire logique propre à l'école stoicienne. Ils nous permettent aussi de connaître les questions qui étaient soumises à examen dans les écoles , les thèmes habituels que les " thèses ” ( c'est- à -dire les discussions scolaires) prenaient pour sujet, par exemple la royauté , l'amitié, le plaisir, les passions. Les listes sont classées, soit selon l'ordre alphabétique des ouvrages (par exemple, pour une partie, les ouvres de Théophraste ), soit selon l'ordre des parties de la philosophie ( comme on le voit très clairement à propos de Chrysippe ). Dans ce dernier cas, on peut obtenir de précieux renseignements en examinant l'ordre des questions à l'intérieur de chaque partie. Les cuvres d'Aristote sont présentées selon un ordre qui mêle les considérations de critique littéraire ( opposition entre euvres pleinement élaborées et construites littérairement et simples recueils de notes ; opposition entre les Quvres où l'auteur fait dialoguer des personnes autres que lui et les cuvres dans lesquelles il parle lui-même) et les classifications scolaires ( logique , physiologie, mathématique) ? Ces listes de titres nous renseignent donc , à la fois, sur les préoccupations de ceux qui ont choisi les titres et sur celles de ceux qui ont établi les listes . D'une part, il est très intéressant, en examinant les titres de livres où elles apparaissent, de recenser les questions qui étaient posées et discutées dans les écoles philosophiques et auxquelles ces ouvrages étaient destinés à répondre. D'autre part, en considérant l'ordre dans lequel les titres sont classés dans les listes, la systématisation forcée qui a présidé à ces classements, on est parfois
1. Ch . de Montesquieu, Cahiers ( 1716-1755), Paris 1941 , p. 92. 2. Ilsetraut Hadot , « La division néoplatonicienne des écrits d'Aristote », dans Aristoteles – Werk und Wirkung (Mélanges Paul Moraux ), t. II, Berlin 1987 , p. 249-285 .
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stupéfait de la manière dont les différentes scolastiques ont déformé radica lement la pensée du fondateur d'école . Un recensement méthodique, une classification raisonnée des questions posées pourrait conduire à une recherche plus vaste qui aurait pour objet les " questions philosophiques " en général, c'est - à -dire la philosophie comme interrogation . Les historiens de la philosophie, à quelques exceptions près , s'intéressent moins aux questions elles-mêmes, qu'à l'architecture des monu ments construits par les philosophes pour répondre à ces questions. Mais on pourrait concevoir aussi une histoire de la philosophie qui serait une histoire des problèmes, qui recenserait toutes les questions que se sont posées les philosophes de l'Antiquité, et qui se demanderait pourquoi ils les ont posées, sous quelle forme ils l'ont fait, de quelle manière aussi la position des problèmes a évolué . Dans cette recherche, l'étude des titres de livres vien compléter très utilement les renseignements que l'on pourrait tirer des différents ouvrages philosophiques ( et notamment des Topiques d'Aristote ). Grâce au titre des ouvrages , comme le pressentait Montesquieu , on pourrait se faire une certaine idée de leur contenu, en le comparant avec le contenu d'ouvrages d'autres auteurs, qui portent le même titre. Car , dans l'Antiquité, d'une manière générale, on ne cherche pas à attirer le lecteur par un titre étrange et surréaliste , comme La cantatrice chauve, La danseuse et le chatterton, La cuisinière et le mangeur d'hommes. Mais , au contraire, par le titre, on indique à l'avance le contenu du livre, qui se conformera en général aux thèmes qui sont utilisés habituellement lorsqu'il s'agit de traiter le sujet en question . Une « Consolation » , un « Protreptique», un traité « De la royauté » ou « De la tranquillité de l'âme » , contiennent toujours à peu près les mêmes arguments, dans chaque école , ou même d'une école à l'autre. Comme Vauvenargues, les auteurs antiques pensent qu ' «un livre bien neuf et bien original serait celui qui ferait aimer de vieilles vérités?». Il est très intéressant de constater qu'une tendance à inventer des titres alléchants : « Rayons de miel » , « Corne d'Amalthée » , « Prairies» , « Lampes », « Tapis » , « Le Pré » , « Le Verger », se fait jour à l'époque hellénistique et impériale. C'est ce que l'on remarque dans l'article « Aulu -Gelle », où l'on apprend que cet auteur donne à son ouvrage le titre « Nuits attiques » et fait allusion à cette mode . Il faut bien remarquer d'ailleurs que ces titres sont propres à un genre littéraire bien précis : celui des recueils de souvenirs de conversation ou de notes prises au cours. Quoi qu'il en soit, une histoire de la manière d'intituler les livres serait, elle aussi, extrêmement intéressante. Pour compenser les immenses lacunes qui résultent du naufrage de la littérature philosophique , il y a aussi les ressources, limitées , mais extrê mement prometteuses de la recherche papyrologique. Il faut citer à ce sujet les remarquables études des deux centres italiens de Florence ( Corpus dei Papiri filosofici greci e latini) et de Naples ( Centro internazionale per lo studio dei papiri ercolanesi ). Les recherches menées dans ces deux centres ont fait faire des progrès gigantesques à la connaissance du stoïcisme et de
1. Vauvenargues, Réflexions et maximes, $ 400.
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l'épicurisme. Les résultats de ces travaux sont amplement utilisés dans le présent volume et il est souhaitable qu'à cette occasion les chercheurs français prennent conscience de l'importance de ce domaine d'investigation. Le caractère exhaustif du recensement entrepris par R. Goulet ne permettra pas seulement d'accéder plus aisément aux textes philosophiques, mais il fournira aussi les matériaux indispensables pour une étude du phénomène historique que représente la philosophie dans tout son ensemble. On s'étonnera peut-être en effet de rencontrer, dans cette liste de philo sophes, des personnages que l'on n'a pas l'habitude de voir apparaître dans les manuels de philosophie , non seulement des médecins (comme Acron d'Agrigente, Adraste de Myndos, Aiphicianos, Apollonios d’Antioche et Apollonios de Citium , Asclépiadès), mais aussi des musiciens ( comme Agathoclès, Agénor de Mytilène ), ou des mathématiciens ( Athénaios de Cyzique, Andréas, Andron ), des grammairiens ( Aristophane de Byzance ). Mais il faut bien se représenter que l ' "extension " du concept de “philo sophie " est tout à fait différente dans l'Antiquité et de nos jours. A un moment ou à un autre de l'histoire de la philosophie antique, les disciplines dites libérales, comme la grammaire, ou la musique ou les mathématiques, ont été considérées, soit comme des parties de la philosophie, soit comme une propédeutique indispensable à la philosophie ?. Mais or. trouve aussi, dans le présent volume, des personnages qui ne sont ni des savants, ni des professeurs de philosophie , ni des auteurs d'ouvrages relevant de cette discipline : des femmes comme Arria maior, Arria minor ( et Arria la platonicienne, amie de Galien ) , des hommes politiques comme Agrippinus, Aristion, un roi, Antigonos Gonatas, et enfin des défunts honorés du nom de philosophe sur leurs stèles funéraires. La présence de ces personnages dans le présent ouvrage me paraît cor respondre à une saine réaction contre les conceptions traditionnelles de l'histoire de la philosophie. Nous venons de dire que le concept de philosophie (et de philosophe) n'a pas la même “ extension ” dans l'Antiquité et de nos jours. Nous pouvons ajouter qu'il n'a pas non plus la même " compréhension ". On peut dire en effet que le philosophe contemporain est en général un universitaire ou un écrivain , la plupart du temps, les deux à la fois. Comme universitaire, il est un spécialiste, un professionnel, qui forme d'autres spécialistes. Écrivain , il produit des livres, des objets, dans lesquels il propose son interprétation du monde , ou de l'histoire, ou du langage , et il s'identifie en quelque sorte à ces objets qui sont son æuvre . Universitaire, il interprète les œuvres des autres ou commente sa propre production. On peut donc dire avec P. Valéry que a la philosophie, définie par son œuvre qui est ceuvre écrite , est objecti vement un genre littéraire particulier, caractérisé par certains sujets et par la fréquence de certains termes et de certaines formes » et qui , ajoute- t- il, « destitué de toute vérification extérieure » , n'aboutissant « à l'institution d'aucun pouvoir » , est à ranger « non trop loin de la poésie ... » Quoiqu'il en
1. Isetraut Hadot, Arts libéraux et philosophie dans la pensée antique, Paris 1984. 2. P. Valéry, Variété (@uvres, « Bibl. de la Pléiade » , Paris, t. I, 1957), p. 1256.
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soit, il n'est pas étonnant, dans ces conditions, que l'histoire de la philo sophie , telle qu'on la pratique en général, consiste essentiellement dans l'analyse de la genèse et des structures des æuvres littéraires qui ont été écrites par les philosophes, notamment dans l'étude de l'enchaînement rationnel et de la cohérence interne de ces exposés systématiques. On se demandera pourtant si une telle conception de la philosophie et de l'histoire de la philosophie peut rester valable , lorsqu'on veut l'appliquer à la philosophie antique. Dans l'Antiquité, en effet, le concept de philosophie a un contenu tout autre que celui qu'il a dans le monde moderne . Sans doute sous l'influence de la sophistique, la philosophie antique a eu tendance, très tôt, à être elle aussi professorale, scolaire et écrite . Pourtant, par une démar che constamment renouvelée, elle s'est toujours efforcée d'être plus une parole vivante qu'un écrit, et plus encore une vie qu'une parole. On connaît la célèbre fin du Phèdre ?, dans laquelle Platon laisse entendre que seul le dialogue vivant est durable et immortel parce qu'il s'écrit dans des âmes vivantes et non dans des pages mortes . Et que la philosophie antique soit avant tout une forme de vie, c'est la conclusion que l'on peut tirer de beaucoup de textes de l'Antiquité. Je n'en citerai qu'un seul , tiré de Plutarque : « Il y a des gens qui pensent que ce sont ceux qui dissertent du haut d'une chaire et qui font leurs cours sur des textes, qui philosophent. Mais que la vie quotidienne dans la Cité, soit, elle aussi, une philosophie, qui se révèle de façon continue et égale dans les æuvres et les actions, voilà ce qu'ils ignorent. Et, comme l'a dit Dicéarque , ils disent que ceux qui vont et viennent sous les portiques donnent une “leçon philosophique en déam bulant ” ( peripatein ), mais ils ne le disent plus quand il s'agit de ceux qui marchent pour aller à leur champ ou pour voir un ami. La vie quotidienne dans la Cité est tout à fait semblable à la philosophie. Socrate par exemple ne faisait pas disposer des gradins pour les auditeurs, il ne siégeait pas sur une chaire professorale ; il n'avait pas d'horaire fixe pour discuter ou se promener avec ses disciples. Mais c'est en plaisantant parfois avec ceux-ci, en buvant, en allant à la guerre ou à l'Agora avec certains d'entre eux et finalement en allant en prison et en buvant le poison , qu'il a philosophé . Il fut le premier à montrer que, en tout temps et en tout endroit, absolument, dans tout ce qui nous arrive et tout ce que nous faisons, la vie quotidienne peut faire place à la philosophie. » Dans l'Antiquité, le philosophe n'est donc pas nécessairement un profes seur ou un écrivain . C'est avant tout un homme ayant un certain style de vie, qu'il a choisi volontairement, même s'il n'a pas enseigné ou écrit, tel Diogène le cynique ou Pyrrhon , ou tels ces célèbres hommes politiques romains que furent Caton d'Utique, Rutilius Rufus, Quintus Mucius Scaevola Pontifex , Rogatianus ou Thrasea, qui furent considérés comme de vrais philosophes par leurs contemporains.
1. P. Hadot, Exercices spirituels et philosophie antique, 2e éd ., Paris 1987 . 2. Platon, Phèdre 276-277. 3. Plutarque, An seni res publica gerenda sit 26, 796 d.
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Ces personnages vivent dans le monde , avec leurs concitoyens, et pour tant ils ne vivent pas comme les autres. Ils se distinguent des autres par leur conduite morale, leur franc parler, leur manière de se nourrir ou de se vêtir, leur attitude à l'égard des richesses et des valeurs conventionnelles. Ici encore Socrate est le type même du philosophe. S'il a montré que la vie quotidienne peut faire place à la philosophie , il a prouvé aussi, très
clairement, par sa vie et sa mort, qu'il y a une opposition radicale entre la vie habituelle des hommes et la vie du philosophe. Ce n'est pas sans raison que les dialogues platoniciens? qualifient Socrate d'atopos, c'est- à -dire d'" inclassable ", de personnage ne rentrant pas dans les cadres habituels de la vie quotidienne. Tel est le paradoxe de la vie philosophique antique : au sein de la vie quotidienne, elle est une rupture , plus ou moins profonde, avec la vie quotidienne. Adhérer à l'une des écoles philosophiques de l'Antiquité: le platonisme, le pythagorisme souvent difficile à distinguer du platonisme, l'aristotélisme, le stoicisme, l'épicurisme, le cynisme et le scepticisme, c'était donc choisir une certaine forme, un certain style de vie, un certain comportement dans la vie quotidienne. Il est donc bien évident que pour comprendre la philosophie antique, il ne suffira pas d'analyser la structure de la pensée qui s'exprime par exemple dans les dialogues de Platon ou les écrits d'Aristote . A cette recherche , absolument indispensable , il faudra ajouter un effort pour saisir la démarche philosophique dans toute sa réalité vécue , concrète et existen tielle, dans toutes ses dimensions, non seulement littéraires, mais sociales, politiques, religieuses, institutionnelles, juridiques , géographiques , anthropologiques. Si l'on veut comprendre un phénomène qui engage toute la vie humaine, on est bien forcé d'étudier ce phénomène dans tous ces aspects concrets. Comment décrire, par exemple, le mouvement monastique, sans parler de la vie conventuelle, des exercices de piété, du régime alimentaire ? Or le mouvement philosophique, dans l'Antiquité, présente beaucoup d'analogies avec le monachi ne (cela n'a rien d'étonnant, car le monachisme chrétien est, en partie, l'héritier de la philosophie antique et se présente d'ailleurs lui même comme une philosophia ?). Il est vrai que le philosophe antique ne vit pas cloîtré . Il est “ dans le monde ”. Il a même très souvent une action politique. Mais, s'il adhère avec ferveur à une école, il a dû se convertir , il a dû faire un choix qui l'oblige à transformer toute sa manière de vivre dans le monde, il est entré dans une communauté, sous la direction d'un maître spirituel: il va examiner sa conscience , peut-être confesser ses erreurs comme c'est l'usage, par exemple, dans l'école épicurienne ", vénérer le fondateur, participer souvent à des repas communs avec les autres membres de l'école4.
1. Platon , Banquet 215 a ; Phèdre 229-230 ; Alcibiade 106 a . 2. Cf. P. Hadot, Exercices spirituels, p. 62. 3. Cf. W. Schmid , art. « Epikur» , RAC V, 1962, col. 741 . 4. Sur la vie de l'école de Plotin , voir l'étude très importante de M.-O. Goulet-Cazé, « L'arrière -plan scolaire de la Vie de Plotin » , dans Porphyre , La Vie de Plotin , t. I, Paris 1982, p. 231-280.
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Et s'il n'est qu'un sympathisant, il s'efforcera quand même de devenir meilleur, et il vivra d'une autre manière que les autres hommes. On peut ainsi esquisser les questions qui se posent à l'historien de la philosophie antique s'il veut prendre pour objet le phénomène de la philo sophie dans sa totalité. Il doit considérer le philosophe sous trois rapports : le philosophe vivant au sein de son école, le philosophe vivant dans la Cité , le philosophe vivant avec lui-même ( et avec ce qui le transcende ). Pour étudier le philosophe vivant au sein de son école, il faudra examiner le statut juridique des écoles dans le monde ancien , leur organisation interne , les problèmes que pose leur fonctionnement et qui apparaissent par exemple dans les très intéressants testaments (notamment celui d'Épicure) qui nous ont été conservés par Diogène Laërce !. Il faudra également s'interroger sur l'activité du professeur. Comment se déroulait le cours de philosophie ? En quoi consistait son rôle de directeur spirituel?? Quels étaient les rapports entre sa production écrite et son enseignement oral ? Par ailleurs, quelle était la situation du disciple au sein de l'école ? Y avait -il toujours une distinction entre adeptes fervents et sympathisants ? Quelle était la vie à l'intérieur de l'école, les rapports entre maître et disciples, les réunions, les fêtes, l'amitié, la liberté de parole ? Quels étaient les programmes d'enseignement? Quelle place était réservée aux disciplines libérales? A propos du philosophe vivant dans la cité , il faut tout d'abord définir les rapports entre l'école et la cité en reconnaissant le fait, souvent perdu de vue, que les écoles philosophiques ne renoncent jamais à exercer une action sur leurs concitoyens. Les moyens utilisés pour parvenir à cette fin sont différents sans doute . Certains philosophes essaient d'exercer une action politique directe, songent à prendre le pouvoir. D'autres se contentent de conseiller les dirigeants. D'autres se mettent au service de la cité en donnant un enseignement aux éphèbes ou en essayant de la secourir par des ambas sades. D'autres espèrent faire comprendre à leurs concitoyens ce qui est la vraie vie en leur proposant l'exemple de leur propre vie. Tous, en fait, pen sent à changer la manière de vivre de leurs concitoyens. Quel a été le résultat global de cette action ? Quelle a été exactement l'influence que les philosophes, et la philosophie en général, ont exercée sur la vie politique et sur l'évolution des meurs dans l'Antiquité ? Pour étudier le rapport du philosophe à lui-même, c'est tout le domaine des exercices spirituels ( examen de conscience, méditations pensées ou écrites) et de la vie intérieure et mystique qui demande à être exploré attentivement. Enfin , les cuvres philosophiques doivent être interprétées en tenant compte de ces différentes données. faut replacer l'écrit dans le cadre de l'école dans laquelle et pour laquelle il est composé, dans la perspective des élèves auxquels il peut être destiné. C'est dans l'école d'ailleurs que l'écrit est
1. Cf. J.P. Lynch, Aristotle's School, Berkeley/London 1972 (modèle du genre de recherche que j'esquisse ici). 2. I. Hadot, « The Spiritual Guide », dans World Spirituality, vol. 15 : Classical Mediterranean Spirituality, New York 1986, p. 444-459.
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conservé, classé dans un corpus et commenté à l'aide de règles d'inter prétation traditionnelles. Il faut penser aussi que sa forme et son contenu peuvent être déterminés par des préoccupations politiques: par exemple un portrait de roi idéal peut être tracé pour conseiller ou pour critiquer un souverain . La recherche récente a montré le rôle important que les préoccupations et les craintes politiques ont joué dans l'élaboration de l'œuvre de Platon ?. Et finalement il ne faut jamais oublier que la théorie n'est jamais totalement séparée de la pratique spirituelle, que les auvres philo sophiques visent plutôt à former qu'à informer, que le discours philoso phique n'est qu'un moyen destiné à conduire à un mode de vie qui n'est autre que la philosophie elle-même. Nous venons d'esquisser très imparfaitement le programme de recherches d'une histoire de la philosophie, prenant pour objet le phénomène de la philosophie dans son intégralité. C'est précisément le programme que le présent ouvrage met en oeuvre . Il apporte déjà une précieuse contribution à cette recherche et il fournit un matériel très abondant qui pourra être utilisé dans des études ultérieures. J'insisterai tout particulièrement sur un exemple significatif: les renseigne ments que nous pouvons puiser dans le présent ouvrage , à propos des rapports entre philosophie et activité politique, chez les tenants de l'école d'Epicure. Nous y rencontrons en effet plusieurs épicuriens qui, contraire ment à la représentation que l'on se fait habituellement des membres de cette école, ont eu une activité politique. Il y a tout d'abord deux Romains: Albucius, propréteur de Sardaigne, et Atticus, l'ami de Cicéron , qui se mêle plusieurs fois de politique. L'auteur de l'article Atticus remarque avec raison que ses rares interventions dans la vie politique ne permettent pas de mettre en doute l'authenticité de son épicurisme. Mais il est intéressant de constater qu'il ne s'agit pas là seulement d'une attitude propre à l'épicurisme romain , car nous trouvons, dans l'épicurisme grec, deux philosophes que leur cité a honorés d'une statue, en récompense des services qu'ils lui avaient rendus et notamment en remerciement pour une ambassade à Rome : Amynias de Samos et Apollophanès de Pergame. Il faut peut-être leur ajouter, bien que cela ne soit pas aussi assuré, le tyran d'Athènes qui résista à Sylla, un certain Aristion ( selon Appien , Mithridate 28 ) . On voit que la question est complexe et que, d'une manière générale, les philosophes dans leur ensemble, même les sectateurs d'une école qui prônait l'abstention des affaires publiques, n'ont pas hésité à rendre service à leur cité. On entrevoit ici également tout ce que les données épigraphiques peuvent apporter à l'étude du phénomène de la philosophie dans son intégralité. J. et L. Robert écrivaient dans le Bulletin épigraphique de 1958 (n° 84, à propos de l'intéressant article de M.N. Tod, JHS 1957 : « Sidelights on Greek philo sophers» ): « Il resterait, en partant des fiches rassemblées par Tod , à reprendre ces inscriptions de philosophes en les étudiant d'une point de vue historique ou sociologique: classement chronologique ; centres géographiques
1. Cf. entre autres K. Gaiser, « Plato's enigmatic lecture “On the Good ” » , Phronesis 25, 1980, p. 5-37.
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qui nous les font connaître, où ils se sont rassemblés et où ils furent honorés ; surtout leur place dans la vie des cités aux différentes époques et dans les familles riches de magistrats et d'évergètes; leur participation à la vie civique . » Le présent ouvrage, qui accorde une attention particulière à ces inscriptions, à ces décrets honorifiques souvent si instructifs, fournira un matériel précieux pour ces recherches ultérieures. Il y aura notamment toute une étude à faire sur la géographie de la philosophie : par exemple la permanence de traditions philosophiques dans certaines villes comme Tarse, Apamée, ou Cyrène, ou Pergame, sans parler d'Alexandrie et d'Athènes, les relations entre ces centres, les itinéraires des philosophes. C'est grâce à cette vaste enquête dont le présent ouvrage rassemble les éléments et qui porte à la fois sur les écrits et sur la vie des philosophes que l'on parviendra peut-être à se faire une idée plus précise de ce que fut réellement la philosophie antique. Mais pour l'historien de la philosophie, la tâche ne sera pas terminée pour autant : ou plus exactement, il devra céder la place au philosophe, au philosophe qui doit toujours rester vivant dans l'historien de la philosophie. Cette tâche ultime consistera à se poser à soi-même, avec une lucidité accrue , la question décisive : « Qu'est-ce que philosopher ? »
PIERRE HADOT Professeur au Collège de France.
1. Anaxarque ( ? ) . Musées de Cyrène.
999 2. Antisthène . Buste trouvé Villa Hadriana. Musée du Vatican , nº inv. 2888 .
breathe
3. Ariston, Aristippe ou Aristote ( ?) . Musée Spada, Roma. n° 2743 .
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De 4a et b. Aristote. Stèle . Musée archéologique national d'Athènes , nº inv. 3772 .
INTRODUCTION
Si le seul document philosophique légué par l'Antiquité était les Vies et doctrines des philosophes illustres de Diogène Laërce, nous ne pourrions nous faire de l'histoire de la pensée antique qu'une représentation bien étriquée. Mais quel malheur pour l'historien s'il n'avait pas Diogène Laërce ! Non seulement les présocratiques seraient amputés de leurs plus riches fragments, les cyniques privés de leurs plus importants passages doxographiques, Épicure réduit à quelques morceaux de papyrus et à des testimonia le plus souvent hostiles, mais surtout nous serait enlevée une large partie de ces détails biographiques, de ces anecdotes, de ces listes bibliographiques, de ces références érudites qui font que pour nous la philosophie antique a une histoire marquée par des courants et des traditions, jalonnée de faits datés, enracinée dans des institutions qui avaient une place reconnue dans la société. Ce coup d'eil vraiment universel sur le mouvement philosophique dans l'Antiquité, ce répertoire systématique des figures qui l'ont illustré et des œuvres dans lesquelles il s'est exprimé, personne , depuis Diogène Laërce , n'en a eu l'ambition . L'historien de la philosophie antique, tel un géographe sans atlas ou encore tel un chimiste sans table des éléments, est dépourvu de cet inventaire fondamental qui semble prérequis à toute construction scientifique d'envergure. Combien connaissons-nous de philosophes grecs ou romains ? Dans un réper toire fort utile publié dans le cinquième tome de son histoire de la philosophie antique, Giovanni Reale en a dénombré sept cents . C'est beaucoup par rapport aux index des histoires traditionnelles de la philosophie. Mais les dépouillements que nous avons effectués nous invitent à porter le chiffre de ces philosophes ou de ces disciples de philosophes à près de quatre mille noms, sans compter de très nombreux philosophes anonymes. C'est un tel répertoire alphabétique de tous les philosophes grecs ou romains connus, et cela non seulement par les æuvres philosophiques conservées ou par des témoignages littéraires, mais aussi par les inscriptions ou les papyri, que voudrait offrir le présent dictionnaire . L'utilité d'un tel inventaire exhaustif de la production littéraire et des vestiges non littéraires qui constituent l'expression du mouvement philosophique dans l'Antiquité sera immédiatement perçue par les historiens de la philosophie antique. Imaginons le désarroi d'un chercheur dont l'objectif serait de retracer systématiquement (et non pas intuitivement ou à partir d'une documentation de seconde main , comme c'est souvent le cas)
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l'histoire d'un terme ou d'un concept à travers toute la littérature philosophique antique, ou encore qui se proposerait d'étudier l'évolution d'un genre littéraire ou d'un traité thématique ( Sur la royauté, Sur l'exil, etc.) à travers la pensée antique, ou enfin qui entreprendrait d'évaluer l'importance sociologique du mouvement philosophique, pour une époque et une région donnée . Certaines études ne paraissent pas et ne sont même pas conçues simplement parce que la documentation est trop dispersée pour être exploitable. L'expérience acquise progressivement par le chercheur comble partiellement cette carence , mais l'explosion de la bibliographie scientifique que symbolise l'accroissement annuel d'une publication comme l'Année philologique, ne permet plus de connaître de façon compétente qu'un secteur étroit de la philosophie antique ; pour le reste et surtout pour nombre de philosophes d'importance secondaire , il faut s'en remettre à des articles d'encyclopédies de conceptions parfois différentes et de valeurs diverses, ainsi qu'à des manuels dont les plus érudits sont malheureu sement les plus anciens. La prise de conscience d'un besoin similaire a permis dans des disciplines apparentées la création d'instruments remarquables devenus rapidement l'objet d'une consultation quotidienne de la part des spécialistes. Songeons, pour ne mentionner que les plus récents, à la Clavis Patrum Latinorum et à son équivalent grec la Clavis Patrum Graecorum , à la Bibliotheca Hagiographica Graeca, à la Prosopographia Imperii Romani saec. I II III, à la Prosopography of the Later Roman Empire, à la Prosopographie Chrétienne du Bas Empire ou à la Clavis Scriptorum Graecorum et Latinorum . Notre projet de publier un dictionnaire biobibliographique des philosophes de l'Antiquité été soumis à l'automne 1981 au Comité national du Centre National de la Recherche Scientifique qui a recommandé à la Direction scientifique du C.N.R.S. la création du programme de recherche nécessaire à la mise en place des cadres de cette opération. La R.C.P. 674 , Clavis Philosophorum Antiquo rum , nous a permis , pendant six ans, de solliciter et d'obtenir la collaboration d'une équipe internationale et pluridisciplinaire de près de quatre -vingts universitaires et chercheurs . Nous espérions, au départ, publier l'ensemble de l'ouvrage en une seule fois. L'extension progressive de la liste de philosophes à prendre en compte et la difficile coordination du travail d'un si grand nombre de collaborateurs nous ont rapidement contraint à adopter un mode de publication moins ambitieux et à envisager la préparation successive de plusieurs tomes. Si on le compare aux instruments de travail existants, le présent dictionnaire correspond à trois genres littéraires encyclopédiques distincts : la prosopo graphia , la bibliotheca et la clavis. Les notices offrent tout d'abord une section prosopographique, c'est- à -dire une fiche d'identité du personnage, nous renseignant sur son nom exact, ses origines, sa formation , sa carrière, les lieux de son activité professionnelle, sa chronologie, les charges et les honneurs publics qu'il a connus, les sources biographiques anciennes, perdues ou conservées, dont dépend notre information .
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C'est sans doute ici qu'il convient de signaler que des dépouillements systéma tiques opérés dans les recueils d'inscriptions par Bernadette Puech et dans les papyri par Tiziano Dorandi nous ont permis d'inclure dans ce dictionnaire plusieurs dizaines de noms de philosophes jusqu'ici inconnus. C'est à la prosopo graphie que l'on peut rattacher les notices iconographiques préparées par Marie Christine Hellmann et François Queyrel, tous deux anciens élèves de l'École d'Athènes. Nous avons choisi d'ailleurs de reproduire certains portraits remar quables ou peu connus, car ce matériel n'intéresse pas que l'histoire de l'art et la facture de ces portraits répond souvent à des conceptions philosophiques bien identifiables. Un second secteur de la notice tente de répertorier pour chaque philosophe tous les titres d'ouvrages philosophiques attestés, même si aucun fragment n'en a été conservé . Lorsque les fragments et les témoignages n'ont jamais été commo dément regroupés, on en donne éventuellement les références. Un titre suffit souvent à révéler des préoccupations philosophiques déterminées à telle époque ou dans tel milieu, il permet d'établir l'existence de traditions littéraires autre ment inconnues, il recommande enfin à l'historien la plus grande modestie en lui rappelant que la documentation qui lui a été transmise n'est qu'une infime partie de la littérature philosophique produite dans l'Antiquité. A la fin de l'ouvrage et sans attendre le dernier tome où les différents index seront repris sous mode cumulatif, nous avons ajouté un index des mots -vedettes figurant dans ces titres innombrables ; ainsi pourra -t -on retrouver rapidement tous les Banquets ou les Protreptiques, tous les traités sur la royauté ou l'exil, tous les commentaires du Timée ou des Catégories. Pour les auvres conservées, nous avons tenté d'établir une bibliographie des éditions, traductions, commentaires, études d'orientation et index utiles pour une recherche de première main sur l'auteur ou le traité en question. Ces biblio graphies sont délibérément sélectives et parfois critiques. Leur but est de fournir au chercheur les clefs de l'information précise que seule la pratique prolongée d'un auteur permet généralement d'acquérir. Là encore , nous n'avons pas cherché à refaire ce qui a été bien fait ailleurs et nous nous sommes bornés à diriger le lecteur vers les bibliographies existantes partout où cela semblait suffisant. Ce qu'en revanche il ne faudra pas chercher ici , c'est une présentation de la pensée ou du contenu des æuvres de ces philosophes: notre dictionnaire n'est ni une histoire de la philosophie, ni une histoire de la littérature philo sophique ancienne. Grâce à la collaboration de plusieurs orientalistes, spécialistes de la littérature arménienne, géorgienne, syriaque ou arabe, nous avons tenté de signaler la survie des textes philosophiques antiques dans les versions, paraphrases ou commentaires d'époque médiévale. C'est un domaine où il a parfois fallu rassembler et examiner une documentation fort dispersée. Pour ce premier tome, notamment pour Aristote, nous n'avons pu mettre au point qu'un certain nombre de contributions et nous espérons publier comme annexes aux tomes ultérieurs d'autres notices, y compris sur des auteurs dont la survie arabe n'a été
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qu'évoquée dans les présentes notices. Quelques notices ont été consacrées à des noms de philosophes anciens transmis par la tradition arabe ( Aganis, Allinus, Ankabitus, Atawalis), mais c'est là un domaine que nous ne pouvions pas explorer systématiquement. Plusieurs notices donnent, sous la plume de Jean -Pierre Mahé, des indications sur les traductions arméniennes et géorgiennes de philosophes grecs. J.-P. Mahé tient à préciser que, dans ce domaine encore peu exploré, il a dû se contenter, pour les documents inédits, de descriptions faites par des bibliographes et des philologues, dans des ouvrages généraux consacrés à la littérature des langues concernées, sans pouvoir accéder lui-même à l'intégralité des textes ni, à plus forte raison , en faire une lecture approfondie. Les renseignements ainsi recueillis sont donc nécessairement indirects et fragmentaires, plus signalétiques qu'analytiques. Fallait-il renoncer à certaines notices ou leur donner, comme on l'a fait, un caractère en quelque sorte exploratoire ? On ne perdra pas de vue également que les traductions de fragments ou d'incipit de textes philosophiques, isolés de leur contexte , devront sans doute être révisées quand on accédera au document tout entier. Enfin , beaucoup de fonds manuscrits étant encore insuf fisamment catalogués, les informations proposées ne peuvent prétendre à l'exhaustivité . Marie - Françoise Billot, de l'Institut de recherche sur l'architecture antique (C.N.R.S.), a rédigé quelques notices sur l'archéologie et la topologie des écoles philosophiques antiques. Son importante étude sur le site de l'Académie à Athènes sera complétée ultérieurement par une étude sur l'histoire de l'école de Platon qui sera rédigée par Tiziano Dorandi, dont la nouvelle édition de l'Index Academicorum Herculanensis est en voie d'achèvement. Si le cadre chronologique de ce dictionnaire pouvait être assez clairement défini, s'étendant des philosophes dits presocratiques aux derniers néo platoniciens du VIe s. ap. J.-C., il était beaucoup plus difficile de déterminer qui devait être inclus dans la liste des philosophes. Nous avons cru devoir adjoindre aux philosophes attitrés un certain nombre de personnages que l'on peut considérer comme des témoins directs de la tradition philosophique, c'est - à -dire les disciples reconnus des philosophes, dont on ne peut pas toujours garantir qu'ils ont fait ensuite de la philosophie leur profession , les dédicataires d'ouvrages techniques de philosophie, les auteurs de Vies de philosophes ou de Diadochai, certains hommes de science qui, outre leur production scientifique, ont rédigé des ouvrages philosophiques, comme Ptolémée , ou dont l'æuvre a directement influencé la tradition philosophique, comme Euclide. Il fallait également faire place à des rhéteurs qui ont développé des thèmes philosophiques ou qui ont conçu leur activité comme une philosophie . Quelques auteurs chrétiens ont également bénéficié de notices : ceux qui ont défendu le christianisme contre les attaques des philosophes (par exemple les Apologètes du second siècle ), ceux qui ont introduit dans leur théologie ou leur « philosophie >> chrétienne des argumentations philosophiques plus ou moins techniques (pensons à Origène ou à Augustin ), ceux qui ont cité des textes philosophiques à des fins
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apologétiques (ainsi Clément ou Eusebe ), ceux enfin qui ont écrit des traités qui s'inscrivaient dans le cadre d'une tradition philosophique ( comme Basile ou Augustin ). Évidemment, ces diverses notices n'ont pas généralement la même ampleur que celles dont bénéficient les philosophes : elles se limitent aux rapports que le personnage a entretenus avec la philosophie. D'autres noms enfin n'ont été pris en compte que pour être éliminés, lorsqu'ils avaient déjà été précédemment enregistrés à tort comme ceux de philosophes. Chacun trouvera que certains noms auraient pu être laissés de côté au profit d'autres noms que nous avons oubliés . Nous ne manquerons pas de réparer dans les tomes suivants les oublis que l'on nous aura signalés. Aristote tient une grande place dans ce premier tome. Toutes les cuvres de ce philosophe n'ont cependant pas encore bénéficié d'une notice. Pour ne pas retarder la publication de l'ouvrage, nous avons préféré reporter dans le tome suivant plusieurs notices qui auraient demandé plusieurs mois de préparation. Bien que nous ayons visé une certaine homogénéité, la forme et la longueur des notices peut varier selon les philosophes traités, selon l'état actuel des connaissances sur le personnage et, il faut bien le dire, selon la conception que chaque rédacteur s'est faite d'une telle contribution . Notre premier objectif n'était pas de dupliquer ou de compiler l'information existante, mais plutôt d'y renvoyer le lecteur. Nous n'avons cependant pas hésité à inclure des notices beaucoup plus développées lorsque le sujet s'y prêtait et lorsque le rédacteur était disposé à reprendre la question sur nouveaux frais. La transcription française des noms propres grecs et latins est toujours chose délicate . La tendance traditionnelle est de donner une forme française quand c'est possible , ce qui peut entraîner des problèmes d'ordre alphabétique. Fallait - il adopter Aischinès, Aeschines, Eschine ? Nous avons tenté de respecter dans pareil cas la forme la plus proche du grec , au moins dans l'intitulé de la notice, quitte à rappeler entre parenthèses la forme courante connue par le lecteur français et à utiliser cette dernière dans le corps de l'article . Nous avons également essayé de ne pas transcrire différemment les homonymes, mais il a semblé impossible d'appliquer des règles immuables. L'intitulé de chaque notice indique le numéro attribué par la Realencyclo paedie aux différents homonymes . On ne s'étonnera pas de trouver des indications comme RE ou RESuppl. IV : (sans numéro ), lorsque les articles de cette encyclopédie de comportent pas de numéro . Quand l'article de la Realen cyclopaedie n'offrait aucune information supplémentaire par rapport à ce que l'on peut lire dans notre notice , nous n'avons pas fourni une référence biblio graphique complète : le renvoi initial suffira à rappeller qu'il existe un article consacré à ce philosophe. De façon générale, nous avons résisté à la tentation courante d'identifier les personnages homonymes. Même là où l'identification nous semblait probable, nous avons regroupé les informations en blocs distincts à l'intérieur de la notice. L'un des enseignements des dépouillements que nous avons effectués est la récurrence constante de certains noms . Seule une étude statistique, prenant en
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compte les corpus épigraphiques et papyrologiques, pourrait établir si cette homonymie correspond parfois à une tradition, familiale ou professionnelle, dans certains milieux culturels (ce pourrait être le cas pour le nom Ariston dans la tradition platonicienne ). Pour simplifier le système de référence bibliographique à l'intérieur des notices , nous avons choisi de numéroter en chiffres gras les références successives et d'y renvoyer dans la suite de la notice . Par exemple, on trouvera 3 V. Brochard, Les sceptiques grecs, 2e éd . , Paris 1923 , p . 303 n. 2, puis , plus loin dans la notice une simple référence à Brochard 3, p. 300. Ce système n'a pas été employé pour les très courtes notices où il n'y avait pas de renvoi interne. Dans l'indication des siècles, un petit a en exposant signale une date antérieure à l'ère chrétienne (IV signifie « IVe siècle avant Jésus- Christ » ). La lettre p sert de même à indiquer une date de notre ère. Ce n'est pas sans une certaine angoisse que l'on signe le bon à tirer d'un ouvrage où est rassemblée une telle quantité d'informations et de références. Chaque lecteur découvrira certainement des lacunes, des imprécisions et des erreurs qui auraient pu être évitées par quelques mois de travail supplémentaires. Bon nombre de notices pourraient servir de point de départ pour une recherche plus poussée qui contredirait sans doute souvent ce qui y est affirmé. Notre travail aurait été plus facile s'il s'était agi de réviser et de développer un ouvrage existant, plutôt que de rassembler et de mettre en forme une documentation souvent très dispersée. Nous espérons avoir fourni un instrument de travail utile , même si cet outil porte en lui-même le gène de sa propre destruction. Mes premiers remerciements doivent être adressés au Comité national de la section de Philosophie du C.N.R.S. , qui a toujours accueilli avec bienveillance les diverses demandes de création et de renouvellement de ce programme de recherche, ainsi qu'à la Direction scientifique du C.N.R.S. qui a soutenu le projet d'une aide matérielle appréciable. Ce soutien a été récemment confirmé par l'affectation, en commun à l'Année philologique et à notre équipe de recherche, de Jean -Marie Flamand. Je dois également une reconnaissance particulière à M. Pierre Hadot, Professeur au Collège de France, qui m'a inspiré par son enseignement l'idée de cet ouvrage, et à M. Jean Pépin , directeur de recherche au C.N.R.S. , qui m'a incité à concrétiser ce projet et à solliciter l'appui du C.N.R.S. , à un moment où déjà l'ampleur de la tâche pouvait me dissuader d'entreprendre les démarches nécessaires. Mes remerciements s'adressent aussi à l'ensemble des collaborateurs, français et étrangers, qui ont bien voulu m'accorder leur confiance en s'engageant dans un projet qui a pu paraître au départ d'une ambition démesurée. A certains qui ont rédigé, parmi les premiers, des notices qui ne paraîtront que dans un troi sième ou quatrième tome, il me faut en plus adresser des excuses. Ils compren dront la nécessité où je me suis trouvé de modifier la plan initial de publication . Je ne puis, sans risque d'en oublier plusieurs, remercier individuellement tous les collaborateurs qui ont accepté de relire et de réviser les notices de leurs
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collègues. Pour la correction finale des épreuves, je dois une gratitude particulière à Simone Follet, dont l'érudition infinie et l'acribie " infaillible ont permis de réparer de nombreuses bévues, à Tiziano Dorandi qui nous a fait bénéficier de sa connaissance incomparable des papyri philosophiques et de leur histoire , à Luc Brisson enfin , qui nous a, lui aussi, fait profiter de l'expérience qu'il a acquise dans la mise au point de sa bibliographie platonicienne. Maroun Aouad qui m'a toujours apporté une aide indispensable dans la conception et la révision des notices consacrées à la tradition philosophique arabe, a collaboré à la mise au point de l'index des noms propres. Nombre de fautes ont pu enfin être corrigées in extremis par la relecture finale de l'ouvrage effectuée par mon épouse. Pour l'établissement de la liste des philosophes qui devaient figurer dans le dictionnaire, une aide précieuse m'a été apportée par des " listings " gracieu sement communiqués par le P. Rodrigue La Rue qui anime à l'Université du Québec à Trois - Rivières le projet informatique de bibliographie sur les auteurs antiques. Ces listes de philosophes m'ont permis de combler nombre de lacunes dans mes propres recensements et de clarifier parfois les rapports entre plusieurs personnages homonymes. Depuis lors, une première édition de la liste des auteurs est parue à Trois -Rivières en 1984 sous le titre Clavis Scriptorum Graecorum et Latinorum . La saisie sur micro -ordinateur d'une partie des notices et la mise en page finale ont été assurées par Arlette Chancrin . Son expérience et sa compétence dans la préparation des ouvrages d'érudition m'ont été précieuses lorsqu'il a fallu définir nombre de points de présentation typographique et bibliographique. Je lui suis fort reconnaissant du soutien et des encouragements qu'elle m'a toujours prodigués. L'emploi de ce procédé d'édition a entraîné une diminution importante des coûts de fabrication de l'ouvrage, mais il a surtout assuré une grande liberté dans la préparation progressive d'un texte difficile, préparé par plus de quarante rédacteurs. Le lecteur voudra bien pardonner les imperfections dans la typographie et la mise en page liées aux limites actuelles de ce procédé. Les dimensions de ce premier tome laissent deviner la somme de travail qu'il faudra fournir avant d'atteindre les Sextus, les xénophane et les Zénon (dont les notices furent parmi les premières à être rédigées...). Même si l'on peut espérer que l'expérience acquise dans la mise au point du premier tome simplifiera le travail à venir, l'entreprise ne pourra être menée à terme qu'en obtenant une plus large collaboration internationale. J'invite les chercheurs et les universitaires disposés à prêter leur concours à prendre contact avec moi . Comme ce fut le cas pour ce premier tome, les contributions en langues étrangères seront traduites en français par nos soins et soumises pour vérification à leur auteur. On me permettra de terminer par une seconde requête. Même si nous n'avons pas l'ambition de fournir des bibliographies exhaustives, nous souhaitons ne pas oublier les publications les plus récentes. Sur ce point, une aide pourrait nous
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être apportée par les auteurs, s'ils nous communiquaient en tirés à part les études susceptibles d'être mentionnées dans les notices de cet ouvrage . Ce serait pour eux une garantie supplémentaire de voir leurs publications les plus récentes prises en compte, même si la responsabilité de signaler ou d'ignorer telle ou telle référence est laissée au rédacteur de la notice . RICHARD GOULET.
Toute correspondance pourra être adressée à Richard Goulet 4, rue de l'Abbaye F - 92160 ANTONY
AUTEURS DES NOTICES DU PREMIER TOME
Monique ALEXANDRE Maroun AQUAD
Université de Poitiers C.N.R.S. (Paris)
Marie - Françoise BILLOT
Institut de recherche sur l'architecture antique (C.N.R.S. ) C.N.R.S. (Paris ) Université de Paris I C.N.R.S. (Paris) Perugia ( Italie ) C.N.R.S. (Paris)
Luc BRISSON Jacques BRUNSCHWIG Barbara CASSIN Bruno CENTRONE Ysabel DE ANDIA Tiziano DORANDI Michèle DUCOS Abdelali ELAMRANI- JAMAL Jean -Marie FLAMAND Simone FOLLET Jean FRÈRE Marie - Odile GOULET-CAZÉ Richard GOULET Christian GUÉRARD Marie -Christine HELLMANN Philippe HOFFMANN Henri HUGONNARD -ROCHE Brad INWOOD Jan Fredrik KINDSTRAND Goulven MADEC Jean - Pierre MAHÉ Pierre MARAVAL Aubert MARTIN Robert MULLER Michel NARCY Michel PATILLON
Pierre PELLEGRIN Jean PÉPIN Laurent PERNOT Bernadette PUECH François QUEYREL
Centro Internazionale per lo Studio dei Papiri Ercolanesi (Napoli) Université de Nancy C.N.R.S. (Paris Ingénieur au C.N.R.S. (Paris) Université de Paris X (Nanterre ) Université de Strasbourg C.N.R.S. (Paris ) C.N.R.S. (Paris) C.N.R.S. (Paris ) C.N.R.S. (Paris) École Pratique des Hautes Études, Section des sciences religieuses C.N.R.S. (Paris) University of Toronto Université d'Uppsala C.N.R.S ( Paris) École Pratique des Hautes Études, Section des sciences historiques et philologiques Université de Strasbourg Université de Liège Université de Nantes C.N.R.S. (Paris ) Institut de Recherche et d'Histoire des Textes (C.N.R.S. ) C.N.R.S. (Paris) C.N.R.S. (Paris) Université de Lyon MI Professeur agrégé de lettres classiques Université de Paris IV
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DICTIONNAI
RE
Patrick ROBIANO Ulrich RUDOLF Henri Dominique SAFFREY Alain - Philippe SEGONDS Michel TARDIEU
André VILLEY André WARTELLE John WHITTAKER Françoise CAUJOLLE - ZASLAWSKY
DES PHILOSOPHES ANTIQUES Professeur agrégé de lettres classiques Université de Göttingen C.N.R.S. (Paris) C.N.R.S. (Paris) École Pratique des Hautes Études, Section des sciences religieuses Professeur agrégé de lettres classiques Institut Catholique (Paris) Memorial University of New Foundland C.N.R.S. (Paris)
ABRÉVIATIONS1 I. Revues et périodiques
A&A
Antike und Abendland. Beiträge zum Verständnis der Griechen und Römer und ihres Nachlebens. Berlin .
A & R
Atene e Roma . Rassegna trimestrale dell'Associazione Italiana di Cultura classica. Firenze .
AA AAA AAHG
Archäologischer Anzeiger. Berlin . Αρχαιολογικά Ανάλεκτα εξ Αθηνών. Αthenes. Anzeiger für die Altertumswissenschaft, hrsg. von der Österreichischen Humanistischen Gesellschaft. Innsbruck . Atti dell'Accademia Pontaniana, Napoli. Atti e Memorie dell'Accademia Patavina di Scienze, Lettere ed Arti, Classe di Scienze morali, Lett. ed Arti. Padova. Atti della Accademia delle Scienze di Torino , Classe di Scienze morali, storiche e filologiche. Torino. Ati e Memorie dell'Accademia Toscana “ La Colombaria " . Firenze. Abhandlungen der Akademie der Wissenschaften in Göttingen. Philologisch - historische Klasse. Göttingen . 3. Folge, 27, 1942 (Auparavant AGWG ) Abhandlungen der Akademie der Wissenschaften (und der Literatur), Mainz, Geistes , und sozialwissenschaftliche Klasse. Wiesbaden . Abhandlungen derAkademie der Wissenschaften (und der Literatur ), Mainz, Klasse der Literatur. Wiesbaden . Abhandlungen der Bayerischen (-1920 : Königl. Bayer .) Akademie der Wissenschaften, Philosophisch -historische Klasse. München. Annual of the British School at Athens. London . L'Antiquité Classique. Louvain -la -Neuve. Acta Classica Universitatis Scientiarum Debreceniensis. Debrecen , Univ . Kossuth . Annuaire du Collège de France. Paris. Acme. Annali della Facoltà di Filosofia e Lettere dell'Università statale di Milano . Milano.
AAP AAPat
AAT AATC AAWG
AAWMIGS AAWMIL
ABAW ABSA AC ACD
ACF Acme
1. Ces listes ont pour but de faciliter l'identification des sigles et des abréviations utilisés dans l'ouvrage. Il ne s'agit donc pas d'une bibliographie générale sur la philosophie antique. On n'y cherchera pas non plus une description bibliographique complète des périodiques et des collections qui y sont recensées. Les sigles adoptés sont le plus souvent ceux de l'Année philologique. On a retenu dans d'autres cas les usages établis dans les publications spécialisées (orientalisme, archéologie ). Nombre de revues ontconnu des changements dans leur titre, leur sous- titre, leur système de tomaison et leur lieu de publication. Il nous était impossible de rendre compte de toutes ces variations. Certaines revues ont paru en plusieurs séries succes sives ayant chacune leur tomaison propre. Dans nos notices, nous n'avons pas précisé à quelle série correspondait la tomaison d'une référence lorsque la date de publication permettait facilement de la retrouver.
28 AD ADMG AE Aegyptus AEHE, je sect. AEHE, ve sect. Aevum AFLB AFLL AFLM AFLN AGM AGPh AGWG
AHMA Abstriran
AIV AJA AJAH AJPh AK
Al-muktataf Altertum (Das) Ambix
AN AncPhil AncSoc AncW AnnEpigr Anregung ANRW Antichthon
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES Αρχαιολογικόν Δελτίον. Αthenes . Abhandlungen der Deutschen Morgenländischen Gesellschaft. Leipzig. voir Έφημερίς . Aegyptus. Rivista italiana di Egittologia e di Papirologia. Milano. Annuaire de l'École pratique des Hautes Études, Sciences historiques et philologiques. Paris. Annuaire de l'École pratique des Hautes Études, Sciences religieuses. Paris. Aevum . Rassegna di Scienze storiche, linguistiche e filologiche. Milano. Annali della Facoltà di Lettere e Filosofia di Bari, Bari. Annali della Facoltà di Lettere di Lecce . Lecce . Annali della Facoltà di Lettere e Filosofia , Università di Macerata . Padova . Annali della Facoltà di Lettere e Filosofia della Università di Napoli. Napoli. Sudhoffs Archiv für Geschichte der Medizin und Naturwissenschaften . Wiesbaden. Archiv für Geschichte der Philosophie. Berlin . Abhandlungen der (- 1921 : Königl.) Gesellschaft der Wissenschaften zu Göttingen , ( à partir de 1893 :) Philologisch -historische Klasse. [ Berlin , puis) Göttingen. 1 , 1838/1842 - 40, 1894/1895 ; N.F. 1 , 1896/1897 - 25 , 1930 31 ; 3. Folge 1 , 1932 – 26, 1940. Pour la suite, voir AAWG . Archives d'Histoire doctrinale et littéraire du Moyen Age. Paris. Abstracta Iranica . Revue bibliographique pour le domaine irano -aryen publiée en Supplément à la revue Studia Iranica. Institut Français d'Ira nologie. Téhéran et Leiden . Atti dell'Istituto Veneto di Scienze, Lettere ed Arti, Classe di Scienze morali e Lettere . Venezia. American Journal ofArchaeology. New York , American Journal ofAncient History, Cambridge (Mass .). American Journal ofPhilology. Baltimore . Antike Kunst, hrsg. von der Vereinigung der Freunde antiker Kunst in Basel. Olten. Al-muktataf. An Arabic scientific review . Le Caire. Das Altertum , hrsg. vom Zentralinstitut für Alte Geschichte und Archäologie der Deutschen Akademie der DDR. Berlin . Ambix . The Journal of the Society for the study of alchemy and early chemistry. Cambridge. Aquileia Nostra. Bollettino dell'Associazione nazionale per Aquileia. Aquileia. Ancient Philosophy. Pittsburgh. Ancient Society. Louvain . The Ancient World . Chicago. L'Année Épigraphique. Paris. Anregung. Zeitschrift für Gymnasialpädagogik . München. Aufstieg und Niedergang der römischen Welt. Geschichte und Kultur Roms im Spiegel der neueren Forschung. Berlin . Antichthon . Journal of the Australian society for classical studies. Sydney .
ABRÉVIATIONS Antiquitas APAW
Apeiron AQ Arabica ArchClass
Archeion ArchivPhilos ArchPhilos AS AsiatStud ASNP
Athena Athenaeum Augustinus
BAB BAGB BAR
BAug BCAI BCH BE Berytus BHM BIAO BICS
BIE BLE BO BollClass BonnerJb
Boreas BPhW
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Antiquitas. Rivista trimestrale di antichità classica. Salerno. Abhandlungen der (-1870 : Königl .; 1871-1917 : Königl. Preuß ., 1918 44 : Preuß .; puis:) Deutschen Akademie der Wissenschaften zu Berlin, Philosophisch -Historische Klasse. Berlin . Apeiron, publ. by the Dept. of Classical Studies of Monash University. Clayton, Victoria, Australia. Al- Qantara. Revista de estudios árabes. Madrid. Arabica . Revue d'études arabes. Leiden . Archeologia Classica. Rivista della Scuola naz. di Archeologia, pubbl. a cura degli Ist. di Archeologia e Storia dell'arte greca e romana e di Etruscologia e antichità italiche dell'Univ . di Roma. Roma. Archeion. Archivio di storia della scienza. Roma. Archivfür Philosophie. Stuttgart. Archives de Philosophie. Recherches et documentation. Paris. Anatolian Studies. Journal of the British Institute of Archaeology at Ankara. London . Asiatische Studien . Études Asiatiques. Berne. Annali della Scuola Normale Superiore di Pisa , Classe di Lettere e Filosofia . Pisa. 'Αθηνά. Σύγγραμμα περιοδικών της εν Αθήναις επιστημονικής traipeiac. Athènes. Athenaeum . Studi periodici di Letteratura e Storia dell'Antichità. Pavia . Augustinus. Revista publicada por los Padres Agustinos recoletos. Madrid . Bulletin de la Classe des Lettres de l'Académie Royale de Belgique, Bruxelles, Bulletin de l'Association Guillaume Budé. Paris. Bulletin de l'Académie des sciences de l’U.R.S.S. Leningrad, puis Moscou . « Bulletin Augustinien » dans REAug. Bulletin critique des Annales Islamologiques. Supplément aux Annales Islamologiques. Institut français d'archéologie orientale. Le Caire . Bulletin de Correspondance Hellénique. Paris. « Bulletin épigraphique» dans REG . Berytus. Archaeological Studies publ. by the Museum of Archaeology of the American University of Beirut. Beirut. Bulletin of the History ofMedicine.Baltimore. Bulletin de l'Institut français d'Archéologie Orientale. Le Caire . Bulletin of the Institute of Classical Studies of the University of London. London , Bulletin de l'Institut d'Égypte. Le Caire. Bulletin de Littérature Ecclésiastique. Toulouse. Bibliotheca Orientalis, uitg. van het Nederlandsch Instituut voor het Nabije Oosten. Leiden . Bollettino dei classici, a cura del Comitato per la preparazione dell'Edizione nazionale dei Classici greci e latini. Roma. Bonner Jahrbücher des Rheinischen Landesmuseums in Bonn und des Vereins von Altertumsfreunden im Rheinlande. Kevelaer. Boreas. Münstersche Beiträge zur Archäologie. Münster. Berliner Philologische Wochenschrift, Leipzig/Berlin. (Suite: PhW ).
30 BRGK BSOAS BWPT
Byrsa Byzantion ByzJ ByzS ByzZ C & M
Caesarodunum CCC CCM СЕ Chiron CJ CPh ce COR CR CRAI CRASR CronErc CSCA СТ CW DA Dacia DArch Diálogos
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES Bericht der Römisch -Germanischen Kommission des Deutschen Archäologischen Instituts. Berlin. Bulletin of the School ofOriental and African Studies. London . Winckelmannsprogramm der Archäologischen Gesellschaft zu Berlin . Berlin . Cahiers de Byrsa. Musée Lavigerie ( Carthage, Tunisie ). Paris. Byzantion . Revue internationale des études byzantines. Bruxelles. Byzantinisch -neugriechische Jahrbücher. Athènes. Byzantinoslavica . Revue internationale des études byzantines. Praha. Byzantinische Zeitschrift. München. Classica et Mediaevalia . Revue danoise d'histoire et de philologie publiée par la Société danoise pour les études anciennes et médiévales. Köbenhavn . Caesarodunum . Institut d'études latines de l'Université de Tours. Civiltà classica e cristiana. Genova . Cahiers de Civilisation Médiévale. Poitiers. Chronique d'Égypte. Bruxelles. Chiron. Mitteilungen der Kommission für alte Geschichte und Epigra phik des Deutschen Archäologischen Instituts. München . The Classical Journal. Athens (Georgia ). Classical Philology. Chicago. Classical Quarterly. Oxford. Church Quarterly Review . London Classical Review . Oxford . Comptes Rendus de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Paris. Comptes Rendus de l'Académie des Sciences de Russie. Leningrad. Cronache Ercolanesi. Bollettino del Centro internazionale per lo studio dei Papiri Ercolanesi. Napoli. California Studies in Classical Antiquity. Berkeley . Les Cahiers de Tunisie . Tunis. Classical Weekly. New York . Dissertation Abstracts. International abstracts of dissertations available in microfilm or as xerographic reproductions. Ann Arbor (Mich .). Dacia . Revue d'archéologie et d'histoire ancienne. Bucarest. Dialoghi di Archeologia. Roma. Diálogos. Revista del Departamento de Filosofía. Universidad de Puerto Rico .
Diotima DLZ
Diotima. Revue de recherche philosophique. Athènes. Deutsche Literaturzeitung für Kritik der internationalen Wissenschaft. Berlin .
EA
Epigraphica Anatolica. Zeitschrift für Epigraphik und historische Geographie Anatoliens. Bonn. Estudios Eclesiásticos. Revista trimestral de investigación e información teológica. Madrid .
EEa EEAth EHR Eirene Elenchos
Επιστημονική Επετηρίς της φιλοσοφικής Σχολής του Πανεπιστημίου 'Aonvőv. Athènes. English Historical Review . London . Eirene. Studia Graeca et Latina. Praha. Elenchos. Rivista di studi sul pensiero antico . Roma, Napoli.
ABRÉVIATIONS EMC Emerita Eos EPh Ephemeris Eranos Erasmus G & R GCFI GFF GIF Glotta Gnomon
GRBS Gymnasium Hebraica Helikon Hephaistos
Hermeneus Hermes Hesperia Historia HJ Homine ( De) Horos HSCP HSP HTER ICS IJMES IL Isis Isi IsCult JA Janus JAOS JAW JBAC JHAS
31
Échos du Monde Classique. Classical Views. Calgary ( Alberta ). Emerita . Revista de Lingüística y Filologia clásica. Madrid. Eos. Commentarii Societatis Philologae Polonorum . Wrocław . Études Philosophiques. Paris. Αρχαιολογική Εφημερίς (-1909 : Έφ. Αρχ .) εν Αθήναις (' Αρχαιο loyixh traipeia ). Athènes. Eranos. Acta Philologica Suecana. Uppsala. Erasmus. Speculum Scientiarum . Bulletin international de la science contemporaine. Wiesbaden. Greece and Rome. Oxford . Giornale Critico della Filosofia Italiana . Firenze. Giornale Filologico Ferrarese. Ferrara. Giornale Italiano di Filologia. Rivista trimestrale di cultura. Roma. Glotta. Zeitschrift für griechische und lateinische Sprache. Göttingen. Gnomon . Kritische Zeitschrift für die gesamte klassische Altertums wissenschaft. München . Greek, Roman and Byzantine Studies. Durham (N.C.). Gymnasium . Zeitschrift für Kultur der Antike und humanistische Bildung. Heidelberg. Hebraica. A quarterly journal in the interest of Hebrew study. New Haven (Conn .), puis Chicago. Helikon . Rivista di tradizione e cultura classica. Roma. Hephaistos. Kritische Zeitschrift zur Theorie und Praxis der Archäo logie, Kunstwissenschaft und angrenzender Gebiete . Bremen . Hermeneus. Tijdschrift voor de antieke Cultuur. Culemborg. Hermes. Zeitschrift für klassische Philologie. Wiesbaden . Hesperia. Journal of the American school of classical studies at Athens. Athens. Historia. Zeitschrift für alte Geschichte. Wiesbaden . Historisches Jahrbuch . München . De Homine. Roma. “ Όρος. “ Ένα αρχαιογνωστικό περιοδικό. Αthenes . voir HSPh. Harvard Studies in Classical Philology. Cambridge (Mass . ). Harvard Theological Review . Cambridge (Mass. ). Illinois Classical Studies. Chico (California ). International Journal ofMiddle East Studies. Cambridge . L'Information Littéraire, Paris. Isis. An international review devoted to the history of science and its cultural influences. Washington. Der Islam . Berlin , Islamic Culture. An English quarterly. Hyderabad. The Islamic Quarterly. London . Journal Asiatique. Paris. Janus.Revue internationale de l'histoire des sciences, de la médecine, de la pharmacie et de la technique. Amsterdam . Journal ofthe American Oriental Society. Baltimore . Jahresberichtfür die Fortschritte der Altertumswissenschaft. Leipzig. Jahrbuch für Antike und Christentum . Münster i. W. Journal for the History ofArabic Science. Alep.
32 JHI JHPh JJP JKPh
JNES JNG JEAL JP JPakHS JRAS JRS JS JThS JWCI Kairos Klio Koinonia Ktèma
Latomus LEC LF Litteris Lustrum LS LZB Maia MAL
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES Journal ofthe History ofIdeas. Ephrata, Penna & Philadelphia. Journal of the History ofPhilosophy. Berkeley. Journal ofJuristic Papyrology. Warszawa, Jahrbücher für klassische Philologie . Leipzig. Le périodique s'est intitulé diversement à différentes périodes de son histoire, de 1826 à 1943 : Neue Jahrbücher für Philologie und Pädagogik. Neue Jahrbücher für das klassische Altertum , Geschichte und deutsche Literatur und für Pädagogik, Neue Jahrbücher für Wissenschaft und Jugendbildung, Neue Jahrbücher für deutsche Wissenschaft, Neue Jarhbücher für Antike und deutsche Bildung. Journal of Near Eastern Studies. Chicago. Jahrbuchfür Numismatik und Geldgeschichte, Kallmünz. Jahreshefte des Österreichischen Archäologischen Instituts. Wien . Journal of Philology .London /Cambridge. Journal ofthe Pakistan Historical Society. Karachi. Journal of the Royal Asiatic Society. London. Journal ofRoman Studies. London . Journal des Savants. Paris. Journal ofTheological Studies. Oxford . Journal ofthe Warburg and Courtauld Institute. London. Kairos. Zeitschrift für Religionswissenschaft und Theologie. Salzburg. Klio. Beiträge zur alten Geschichte. Berlin . Koivwvla. Organo dell'Associazione di Studi tardoantichi. Napoli. Ktema. Civilisations de l'Orient, de la Grèce et de Rome antiques. Strasbourg, Centre de recherche sur le Proche - Orient et la Grèce antique et Groupe de recherche d'histoire romaine. Latomus. Revue d'études latines. Bruxelles. Les Études Classiques. Namur. Listy Filologické. Praha. Litteris . An international critical review of the humanities published by the New Society of Letters at Lund . Lund. Lustrum . Internationale Forschungsberichte aus dem Bereich des klassischen Altertums. Göttingen . Leipziger Studien . Leipzig. Literarisches Zentralblatt für Deutschland. Leipzig. Maia. Rivista di letterature classiche. Bologna. Atti della (-1946 : Reale) Accademia (depuis 1921 :) nazionale dei Lincei . Memorie della Classe di Scienze morali e storiche dell'Accademia dei Lincei. Roma.
MALKAW
Mededelingen der Koninklijke Nederlandse Akademie van Weten schappen. Afdeling Letterkunde. Amsterdam .
MCr
Museum Criticum . Quaderni dell'Ist. di Filologia classica dell'Univ. di Bologna. Roma.
MDAI ( A )
Mitteilungen des Deutschen Archäologischen Instituts ( Athenische Abteilung ). Berlin .
MDAI(I )
Mitteilungen des Deutschen Archäologischen Instituts ( Abteilung Istanbul). Tübingen.
MDAI( R )
Mitteilungen des Deutschen Archäologischen Instituts (Römische Abteilung ). Heidelberg. Miscelánea de estudios árabes y hebraicos. Granada.
MEAH
ABRÉVIATIONS Meander MEFRA MH
MHJ MIDEO MME Mnemosyne MRS MSLC MSR Muséon ( Le ) MUSJ NAWG Neue Jahrbücher ... NGG
NRL NSchol NumChron
OC OLP OLZ OM Oriens Orientalia Orpheus OSAPh PAA PAAH Paideia Pallas PAS PCPhS Pensamiento Ph & R Philologus PhilolRschau Philosophia
33
Meander. Revue de civilisation du monde antique. Warszawa. Mélanges d'Archéologie et d'Histoire de l'École Française de Rome. Rome. Museum Helveticum . Revue suisse pour l'étude de l'Antiquité classique. Båle. Medizin -historisches Journal. Stuttgart. Mélanges de l'Institut Dominicain d'Études Orientales. Le Caire. Manuscripts of the Middle East. A Journal devoted to the study of handwritten materials of the Middle East. Leiden . Mnemosyne. Bibliotheca Classica Batava. Leiden . Mediaeval and Renaissance Studies. London. Miscellanea di Studi di Letteratura Cristiana antica. Catania. Mélanges de Science Religieuse. Lille. Le Muséon . Revue d'Études Orientales. Louvain . Mélanges de l'Université Saint- Joseph. Beyrouth. Nachrichten von der Akademie der Wissenschaften in Göttingen , Philologisch -historische Klasse. Göttingen. (Avant 1941 : NGG ) cf. JKPh . Nachrichten von der Gesellschaft der Wissenschaften zu Göttingen. Philologisch -historische Klasse . 1894-1940 . Göttingen . (Pour la suite, voir NAWG ). Nouvelles de la République des Lettres, Napoli. The New Scholasticism . Baltimore. Numismatic Chronicle and Journalof the Royal Numismatic Society. London , Oriens Christianus. Hefte für die Kunde des christlichen Orients, Wiesbaden. Orientalia Lovaniensia Periodica . Louvain . Orientalistische Literaturzeitung. Berlin . Oriente Moderno . Roma. Oriens. Journal de la Société internationale d'études orientales. Leiden . Orientalia. Commentarii periodici Pontificii Instituti Biblici. Roma. Orpheus. Rivista di umanità classica e cristiana. Catania. Oxford Studies in Ancient Philosophy. Oxford . cf. PraktAkadAth . Πρακτικά της εν Αθήναις Αρχαιολογικής Εταιρείας. Αthenes. Paideia. Rivista letteraria di informazione bibliografica. Roma. Pallas. Revue interuniversitaire d'études antiques. Toulouse. Proceedings of the Aristotelian Society. London . Proceedings of the Cambridge Philological Society. Cambridge. Pensamiento . Revista de investigación e información filosófica. Madrid. Philosophy and Rhetoric. University Park, Pennsylvania. Philologus. Zeitschrift für klassische Philologie. Berlin . Philologische Rundschau . Bremen . Φιλοσοφία. Έπετηρίς του Κέντρου Ερεύνης της ελληνικής φιλοσοφίας . Athènes .
PhM Phoenix
Philosophische Monatshefte. Berlin , Leipzig, Heidelberg. The Phoenix . The Journal of the Classical Association of Canada. Toronto .
Phronesis
Phronesis. A Journal for ancient philosophy. Assen.
34 PhStud PhW Physis POC Polemôn PP PraktAkadAth Prometheus QIS OS QUCC RA RAAN
RAL
RBi RBNum RBPH RCr REA REAug RecSR REG REISI REJ REL Reng Revue RF RFIC RFN RUM RHPR RHR RHT RIDA RIGI RIL RIMA Rinascimento RIPh RMAL RMM
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES Philosophische Studien. Leipzig Philologische Wochenschrift, Leipzig. Physis. Rivista di storia della scienza . Firenze. Proche -Orient Chrétien. Jérusalem . Πολέμων. Αρχαιολογικών περιοδικόν. Αthenes . La Parola del Passato . Rivista di Studi antichi. Napoli. Πρακτικά της Ακαδημίας εν Αθήναις. Αthenes. Prometheus. Rivista quadrimestrale di studi classici. Firenze. Quarterly Journal ofSpeech. New York. Quaderni di Storia. Rassegna di antichità redatta nell'Ist. di Storia greca e romana dell'Univ. di Bari. Bari. Quaderni Urbinati di Cultura Classica. Roma Revue Archéologique. Paris. Rendiconti dell'Accademia di Archeologia , Lettere e Belle Arti di Napoli. Napoli. Atti della (-1946 : Reale ) Accademia ( depuis 1921:) nazionale dei Lincei. Rendiconti della Classe di Scienze morali, storiche e filologiche dell'Accademia dei Lincei. Roma. Revue Biblique. Paris. Revue Belge de Numismatique. Bruxelles. Revue Belge de Philologie et d'Histoire. Mechelen . Revue Critique. Paris. Revue des Études Anciennes. Talence . Revue des Études Augustiniennes, Paris. Recherches de Science Religieuse. Paris. Revue des Études Grecques. Paris. Revue des Études Islamiques. Paris. Revue des Études Juives. Louvain. Revue des Études Latines. Paris. Renaissance Quarterly, published by the Renaissance Society of America. New York . Revue. Informatique et statistiques dans les sciences humaines. Liège. Rivista di Filosofia. Torino. Rivista di Filologia e di Istruzione Classica . Torino /Firenze/Roma. Rivista difilosofia neoscolastica. Milano. Rheinisches Museumfür Philologie. Frankfurt am M. Revue d'Histoire et de Philosophie Religieuses. Paris. Revue de l'Histoire des Religions. Paris. Revue d'Histoire des Textes. Paris. Revue Internationale des Droits de l'Antiquité. Bruxelles. Rivista Indo -Greco -Italica difilologia , lingua, antichita. Napoli. Rendiconti dell'Istituto Lombardo. Classe di Lettere, Scienze morali e storiche. Milano. Revue de l'Institut des manuscrits arabes. Le Caire. Rinascimento . Rivista dell'Istituto nazionale di Studi sul Rinascimento . Firenze. Revue Internationale de Philosophie. Paris. Revue du Moyen Age Latin, Strasbourg. Revue de Métaphysique et de Morale. Paris.
ABRÉVIATIONS RNeosc ROC RPAA RPh RPhilos RPHL RSCF RSF RSO RT RTSFR SAWW SBAW SCO Scriptorium
SHAW SI SicGymn SIFC Sileno SO Sophia
SPAW
SPG SRen Studiran StudUrb ( Ser. B) Syria TAPHA TAPhS
ThLZ ThQ ThZ TPh Traditio Ur
35
Revue Néoscolastique de Philosophie publiée par la Société philo sophique de Louvain . Louvain ( suite : RPHL ). Revue de l'Orient Chrétien, Paris. Rendiconti della Pontificia Accademia di Archeologia. Roma. Revue de philologie, de littérature et d'histoire anciennes. Paris. Revue Philosophique de la France et de l'étranger. Paris. Revue Philosophique de Louvain . Louvain . Rassegna di Scienze Filosofiche. Napoli. Rivista critica di Storia della Filosofia . Firenze . Rivista degli Studi Orientali. Roma. Revue Thomiste . Toulouse . Rivista trimestrale di studifilosofici e religiosi. Perugia. Sitzungsberichte der Österreischischen Akademie der Wissenschaft in Wien, Philosophisch - historische Klasse. Wien. Sitzungsberichte der Bayerischen Akademie der Wissenschaften, Philosophisch -historische Klasse. München . Studi Classici e Orientali. Pisa. Scriptorium . Revue internationale des Études relatives aux manuscrits. Anvers /Amsterdam /Bruxelles. Sitzungsberichte der Heidelberger Akademie der Wissenschaften, Philosophisch -historische Klasse, Heidelberg. Studia Islamica . Paris. Siculorum Gymnasium . Rassegna semestrale della Facoltà di Lettere e Filosofia dell'Università di Catania . Catania. Studi Italiani di Filologia Classica . Firenze . Sileno. Rivista di studi classici e cristiani. Roma. Symbolae Osloenses, auspiciis Societatis Graeco -Latinae. Oslo . Sophia. Rivista internazionale di fonti e studi di storia della filosofia . Roma/Napoli/Padova. Sitzungsberichte der ( -1944: Preußischen, puis :) Deutschen Akademie der Wissenschaften zu Berlin , Philosophisch -historische Klasse , Berlin . Studia Philosophica Gandansia. Gand . Studies in the Renaissance. New York. (Cette revue a cessé de paraître avec le tome 21 , en 1974 ; pour la suite voir RenQ.) Studia Iranica. Institut français d'Iranologie de Téhéran . Paris/ Téhéran . Studi Urbinati di Storia, Filosofia e Letteratura . Urbino. Syria. Revue d’art oriental et d'archéologie. Paris. Transactions and Proceedings of the American Philological Association . Lancaster (Pennsylvania ). Transactions of the American Philosophical Society. Philadelphia (Pennsylvania ). Theologische Literaturzeitung. Berlin. Theologische Quartalschrift, München . Theologische Zeitschrift. Basel. Tijdschrift voor Philosophie. Utrecht. Traditio. Studies in ancient and medieval history, thought and religion. New York . Ur. London, Iraqi Cultural Center.
36
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
VChr
Vigiliae Christianae. A review of early christian life and language. Amsterdam .
Verbum Viator WJA WKPh WS
Verbum . Revue de linguistique publiée par l'Université de Nancy II. Viator. Medieval and Renaissance Studies. Berkeley. Würzburger Jahrbücher für die Altertumswissenschaft. Würzburg. Wochenschrift für klassische Philologie. Berlin. Wiener Studien. Zeitschrift für klassische Philologie und Patristik . Wien . Yale Classical Studies, New Haven . Živa Antika . Antiquité vivante. Skopje.
YCIS ZAnt ZASS
Zeitschrift für Assyriologie und verwandte Gebiete . Leipzig, Weimar Berlin .
ZDMG ZGAIW
Zeitschrift der Deutschen Morgenländischen Gesellschaft. Wiesbaden . Zeitschrift für Geschichte der Arabisch -Islamischen Wissenschaften. Institut für Geschichte der Arabisch -Islamischen Wissenschaften an der Johann Wolfgang Goethe-Universität. Frankfurt am Main . Zeitschriftfür Kirchengeschichte. Stuttgart. Zeitschriftfür Katholische Theologie. Wien. Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik. Bonn. Zeitschrift für Semitistik und verwandte Gebiete. Deutschen Morgen ländischen Gesellschaft. Leipzig. Zeitschrift für die Wissenschaftliche Theologie. Iena
ZKG ZKTh ZPE ZSWG ZWTh
II .
Dictionnaires , collections et ouvrages de référence
ANF ANL AugLex AvP BA BEFAR
Ante -Nicene Fathers, Buffalo et New York . Ante -Nicene Christian Library, Edinburgh 1864-. Augustinus- Lexikon, Basel 1986 Altertümer von Pergamon, Berlin /Leipzig 1885 – Coll. « Bibliothèque augustinienne ». Paris. Coll. « Bibliothèque des Écoles françaises d'Athènes et de Rome » . Paris.
BT
Coll. « Bibliotheca Scriptorum Graecorum et Romanorum Teubne riana » . Leipzig et Stuttgart. Commentaria in Aristotelem Graeca , edita consilio et auctoritate Academiae Litterarum Regiae Borussicae. Berlin 1891-1909. Coll . « Catalogus Codicum Astrologorum Graecorum » , t . I - XII . Bruxelles 1898-1953.
CAG CCAG
CCG CCL CGFr CIG CIL CLCAG CMAG CMG
Coll. « Corpus Christianorum » . Series Graeca. Turnhout 1977 –, Coll. « Corpus Christianorum » . Series Latina. Turnhout 1953-. Comicorum Graecorum Fragmenta, ed . G. Kaibel. Berlin 1899. Corpus Inscriptionum Graecarum . 4 vol. Berlin 1828-1859 . Corpus Inscriptionum Latinarum . Berlin 1863 Coll. « Corpus Latinum Commentariorum in Aristotelem Graecorum » , Paris /Louvain. Supplementa, Paris, Louvain , Leiden . Coll. « Catalogue des Manuscrits Alchimiques Grecs» . Bruxelles 1924-1932. Coll. « Corpus Medicorum Graecorum » . Leipzig/Berlin 1908 –
ABRÉVIATIONS
37
CML
Coll. « Corpus Medicorum Latinorum » . Leipzig/Berlin 1915-1928 ; 1963
CPF
Corpus dei papiri filosofici greci e latini. Testi e lessico nei papiri di cultura greca e latina,Parte I : Autori Noti, vol. I*, Firenze 1989. Clavis Patrum Graecorum , éd. M. Geerard, 5 vol. Turnhout 1974-1987. Coll. « Corpus Scriptorum Ecclesiasticorum Latinorum » . Wien 1866 -
CPG
CSEL CPL CUF DDG
Dessau DHGE DK
DSB DSp DTC EPRO
EAA EJ
Clavis Patrum Latinorum , éd . E. Dekkers ( 1961), 2e éd ., Steenbrugge 1961, XXVIII -640 . « Collection des Universités de France », Paris. H , Diels ( edit. ), Doxographi Graeci collegit recensuit prolegomenis indicibusque instruxit H.D. , Berlin 1879, réimpr. Berlin 1958 , X- 854 p. voir ILS . Dictionnaire d'Histoire et de Géographie Ecclésiastique, éd . A. Baudrillart. Paris 1912 Diels H. ( édit.), Die Fragmente der Vorsokratiker. Griechisch und Deutsch von H.D. ( 1903 ), 6. verbesserte Auflage, herausgegeben von W. Kranz, t. I, Zürich 1951 , XII - 504 p.; t. II, Zürich 1952, 428 p.; t . III : Wortindex , Namen- und Stellenregister, Zürich 1952, 660 p. Dictionary of Scientific Biography. New - York 1970-1980 . Dictionnaire de Spiritualité, éd. M. Viller. Paris 1932– Dictionnaire de Théologie Catholique, éd . A. Vacant, E. Mangenot et E. Amann . Paris 1903-1950 . Coll. « Études préliminaires aux religions orientales dans l’Empire romain ». Leiden 1961 Enciclopedia dell'Arte Antica classica e orientale. Roma 1958-1984. Encyclopédie de l'Islam . Dictionnaire géographique, ethnographique et biographique des peuples musulmans. 4 vol. et un supplément, Paris/ Leiden 1913-1938.
ER FD FHG
Encyclopédie de l'Islam . Nouvelle édition . Paris /Leiden 1960 - . Fouilles de Delphes, t. III : Épigraphie. Paris 1929-. Fragmenta Historicorum Graecorum , edd. C. und Th . Muller, 5 vol. Paris 1841-1870.
FGrHist
F. Jacoby, Die Fragmente der griechischen Historiker, t. I- III C 2, Berlin /Leiden, 1923-1958 ; « vermehrte Neudrucke» , Leiden 1954-. Fontes Iuris Romani Anteiustiniani (Leges, auctores, leges saeculares ), in usum scholarum edd. S. Riccobono, J. Baviera, V. Arangio -Ruiz (et alii) ( 1908 ), 2e éd ., Firenze 1940-1943, 3 vol. Fragmenta Philosophorum Graecorum , ed . F.W.A. Mullach, 3 vol. Paris 1860-1881. C. Brockelmann , Geschichte der Arabischen Litteratur, t. I, Weimar 1898 ; t. II, Berlin 1902; Suppl. I, II, III, Leiden 1937-1942. Geschichte des arabischen Schrifttums. Leiden 1967 – . Le t . V : Mathematik bis ca. 430 H. von F. Sezgin est paru en 1974. Coll. « Die griechischen christlichen Schriftsteller der ersten (drei) Jahrhunderte » . Berlin 1897
FIRA
FPG GAL , S. I, II, III
GAS GCS
GGM GGP, Antike 3
Geographi Graeci Minores, ed . C. Muller. 2 vol . et 1 Atlas, Paris 1855-1861 . Fr. Überweg, Grundriss der Geschichte der Philosophie, Völlig neubearbeitete Ausgabe, Die Philosophie der Antike, Band 3 : Ältere
38
GRF IG
IG2 IGR IGUR
ILS Kleine Pauly
LCL LIMC LSJ
LTK
MAMA MGH
MVP OCT ОРА РА PCBE
PG PIR PIR2 PL PLRE
PO
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES Akademie – Aristoteles Peripatos, herausgegeben von Hellmut Flashar, Basel /Stuttgart 1983, XXII -645 p. Grammaticae Romanae Fragmenta , éd. H. Funaioli, coll. BT, t. I (seul paru ), Leipzig 1907 XXXII -614 p. Inscriptiones Graecae, consilio et auctoritate Academiae Litterarum ( Regiae) Borussicae. Editio maior, Berlin 1873 Inscriptiones Graecae, editio minor, Berlin 1913 Inscriptiones Graecae ad res Romanas pertinentes, ed . R. Cagnat, J. Toutain (et alii ). Paris 1906-1927 . L. Moretti ( édit.), Inscriptiones Graecae Urbis Romae, coll. « Studi publicati dall'Istituto Italiano per la storia antica » 17 , 22 ( 1-2) , 28 , Roma 1968, 1973 et 1979 . H. Dessau ( édit.), Inscriptiones Latinae Selectae, 3 tomes en 5 vol. , Berlin 1892-1916, réimpr. Berlin 1954-1955 . Der Kleine Pauly. Lexikon der Antike auf der Grundlage von Pauly's Realencyclopädie der classischen Altertumswissenschaft unter Mitwir kung zahlreicher Fachgelehrter bearbeitet und herausgegeben von K. Ziegler und W. Sontheimer, 5 vol. Stuttgart 1964-1975. Coll. « The Loeb Classical Library » . London/ Cambridge (Mass. ) 1912 Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae. Zürich /München 1981-, A Greek - English Lexicon, compiled by H.G. Liddell and R. Scott, revised and augmented throughout by H.S. Jones with the assistance of R. McKenzie, with a Supplement 1968 ( remplaçant les Addenda et corrigenda de la 9e éd . de 1940 ), Oxford 1968. Lexikon für Theologie und Kirche . Freiburg im Breisgau 1930-1938 , 2e éd ., 1957-1968. Monumenta Asiae Minoris Antiquae. Manchester 1928-1956. Monumenta Germaniae historica inde ab anno Christi quingentesimo usque ad annum millesium et quingentesimum , ed. Societas aperiendis fontibus Germanicarum medii aevi. Hannover 1826 H. von Fritze , Die Münzen von Pergamen, Berlin 1910, 108 p. Coll. « Oxford Classical Texts » , Oxford . Coll. « Les cuvres de Philon d'Alexandrie » , Paris 1961 J. Kirchner, Prosopographia Attica , t. I : Berlin 1901 , VIII-603 p.; t . II : Berlin 1903, VIII-660 p. Prosopographie chrétienne du Bas - Empire. Tome I : A. Mandouze ( édit.), Prosopographie de l'Afrique chrétienne ( 303-533 ). Paris 1982. Patrologiae cursus completus..., ed . J.-P. Migne. Series Graeca, 161 volumes, Paris 1857-1866 . Prosopographia Imperii Romani saeculorum I, II, III , ed. H. Dessau, E. Klebs, P. von Rohden, Berlin 1897-1898 . Prosopographia Imperii Romani saeculorum I, II, III, editio secunda, ed . E. Groag, A. Stein, L. Pertersen , Berlin 1933-, Patrologiae cursus completus..., ed. J.-P. Migne. Series Latina, ed . J.-P. Migne, 217 vol., Paris 1844-1855. Prosopography of the Later Roman Empire, t. I (260-395) : A.H.M. Jones, J.R. Martindale & J. Morris (édit.), Cambridge 1971 ; t. II ( 395-527) : J.R. Martindale ( édit.), Cambridge 1980. Patrologia Orientalis, ed . R. Graffin et F. Nau. Paris 1903-.
ABRÉVIATIONS
RAC
39
Reallexikon für Antike und Christentum , ed . T. Klauser. Leipzig 1941, puis Stuttgart 1950 Paulys Realencyclopädie der classischen Altertumswissenschaft. Neue Bearbeitung begonnen von G. Wissowa, fortgeführt von W. Kroll und K. Mittelhaus unter Mitwirkung zahlreicher Fachgenossen, Stuttgart et München 1893-1972 ; Register der Nachträge und Supplement von H. Gärtner und A. Wünsch, München 1980. Voir aussi RESuppl. Real-Encyclopädie für Protestantische Theologie und Kirche, 3e éd ., Leipzig 1896-1913 . Paulys Realencyclopädie der classischen Altertumswissenschaft, Neue Bearbeitung unter Mitwirkung zahlreicher Fachgenossen , Supplement bände I-XV , 1903-1978 . Die Religion in Geschichte und Gegenwart. 3e éd ., Tübingen 1957 1965. Collection « Rutgers University Studies in Classical Humanities» , New Brunswick (U.S.A .)/Oxford. Collection « Sources chrétiennes » . Paris 1941 Supplementum Epigraphicum Graecum . Leiden , puis Amsterdam 1923
RE
REPTUK
RESuppl.
RGG
RUSCH SC SEG
SIG
W. Dittenberger ( édit. ), Sylloge Inscriptionum Graecarum , 4 vol., Leipzig 1883, 3e éd. Leipzig 1915-1924. Supplementum Aristotelicum . Editum consilio et auctoritate academiae litterarum regiae Borussicae, 3 t. en 2 vol. chacun, Berlin 1886-1893. Stoicorum Veterum Fragmenta collegit Ioannes ab Arnim , t. I : Zeno et Zenonis discipuli, Leipzig 1905 ; t. II : Chrysippi fragmenta logica et physica, Leipzig 1903 ; t. III : Chrysippi fragmenta moralia. Fragmenta successorum Chrysippi, Leipzig 1903 ; t. IV : Indices, ed . M. Adler, Lepzig 1924. Theologische Realenzyklopädie. Berlin 1976–. Coll. « Texte und Untersuchungen zur Geschichte der altchristlichen Literatur » . Leipzig/Berlin 1882
Suppl. Arist. SVF
TRE TU
III.
Référence complète des études et éditions citées de façon abrégée
BRISSON L., « Notices sur les noms propres ( mentionnés dans la vie de Plotin ) », dans l'ouvrage collectif Porphyre. La Vie de Plotin, t. I : Travaux préliminaires et index grec complet par L. Brisson , M.-O. Goulet-Cazé, R. Goulet et D. O'Brien. Préface de J. Pépin, coll. « Histoire des doctrines de l'Antiquité classique » 6, Paris 1982, p. 49-142. CRONERT W. , Kolotes und Menedemos. Texte und Untersuchungen zur Philosophen- und Literaturgeschichte. Mit einem Beitrag von P. Jouguet und P.Perdrizet und einer Licht drucktafel, coll. « Studien zur Palaeographie und Papyruskunde » 6, Leipzig 1906, réimpr. Amsterdam 1965, ( II )-198 p. DAVIES J.K., Athenian propertied families 600-300 B.C., Oxford 1971, XXXII -653 p. DEGRASSI A., Ifasti consolari dell' impero Romano dal 30 avanti Cristo al 613 dopo Cristo, coll. « Sussidi eruditi » 3, Roma 1952. DEICHGRÄBER K., Die griechische Empirikerschule. Sammlung der Fragmente und Darstellung der Lehre, Berlin 1930 ; réimpr. ( augmentée de notes complémentaires sur les fragments déjà publiés, ainsi que de nouveaux fragments et des extraits de la traduction anglaise par R.Walzerde la version arabe du traité Sur l'expérience médicale de Galien , p. 399-425) Zürich 1965.
40
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
DIELS H. ( édit.), Doxographi Graeci collegit recensuit prolegomenis indicibusque instruxit H.D., Berlin 1879, réimpr. Berlin 1958, X -854 p. DILLON J.M., The Middle Platonists. A study of Platonism 80 B.C. to 220 A.D., London 1977 , XVIII -429 p.
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ABRÉVIATIONS
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A
F III - D IV
1 " ABAM (M )ON ” RESuppl. IV :
Pseudonyme utilisé par Jamblique pour répondre à la Lettre de Porphyre à Anébon , réponse connue sous le titre artificiel: De mysteriis Aegyptorum Chaldaeorum Assyriorum , donné par Marsile Ficin au XVe siècle . Cette identification repose sur l'autorité de Proclus, enregistrée dans une scholie en tête du texte : « Il faut savoir que le professeur de philosophie o ( booDoc) Proclus, commentant les Ennéades du grand Plotin, dit que celui qui répond à la lettre de Porphyre, citée ci-dessus, est le divin Jamblique, et que, parce que cela convient au sujet et lui est cohérent, il joue le person nage d'un certain Égyptien Abamon. » Il est possible que ce nom théophore soit composé des deux éléments Ab et Amon. Amon est le nom du « Zeus des Égyptiens » , et Ab est l'état construit du mot Aba qui veut dire « père » dans toutes les langues sémitiques. Ce nom d'Abamon signifierait alors « père de Dieu » et traduirait le grec econátwp, nom par lequel on désignait le théurge selon Psellus, De omnifaria doctrina 74, qui cite peut-être le De virtutibus de Jamblique. On comprendrait ainsi la remarque de Proclus affirmant que ce pseudonyme < convient au sujet et lui est cohérent» , puisque le De mysteriis est une apologie de la théurgie. Cf. Th . Höpfner, art. « Abammon » , RESuppl. IV , 1924, col. 1-7 ; J. Bidez , « Un extrait du commentaire de Proclus sur les " Ennéades" de Plotin » , dans Mélanges Desrousseaux, Paris 1937 , p . 11-18 ; M. Sicherl, « Michael Psellos und Iamblichos De mysteriis » , ByzZ 53 , 1960 , p . 8-19 ; H.D. Saffrey, « Abamon , pseudonyme de Jamblique », dans Philomathes ( Mélanges Philip Merlan ], Den Haag 1971 , p. 227-239 ; A.R. Sodano (édit .), Giamblico, I Misteri Egiziani, Milano 1984 , p . 7-38 . HENRI DOMINIQUE SAFFREY. 2
ABANTIDAS DE SICYONE
RE
DM III
Tyran de Sicyone vers 264º. Plutarque, Aratos 2, 2 : « Comme déjà ( avec Timocleidas et Cleinias) une certaine stabilité politique paraissait s'installer, Timocleidas mourut, et Abantidas, fils de Paséas, voulant s'emparer lui-même de la tyrannie , tua Cleinias ( père d'Aratos de Sicyone ), dont il chassa ou fit mettre à mort les amis et les proches ... » Ibid ., 3 , 4 : « Dans la suite , Deinias et Aristote le dialecticien, profitant du fait qu'Abantidas avait l'habitude d'assister à chacun des entretiens philosophiques qu'ils avaient ensemble à l'agora et de se mêler à la discussion (ειωθότα τοις λόγοις αυτών κατ ' άγοράν σχολαζόντων εκάστοτε napeivai xai ouuoovixeiv ) , l'engagèrent dans un débat ( Statp16ń ) de ce genre et, ayant préparé un guet -apens, le tuèrent. Paséas, père d'Abantidas, se saisit alors du pouvoir, mais il fut traîtreusement assassiné par Nicoclès, qui se proclama tyran » (trad. Flacelière et Chambry ). C'est évidemment parce qu'Aristote est dit « dialecticien » que son collègue Deinias est considéré comme philosophe et que leurs entretiens sont qualifiés de philosophiques dans la traduction. La datation de la tyrannie d'Abantidas se fonde sur l'âge d'Aratos, né en 271 ", à l'époque de ces événements : il avait sept ans à la mort de Cleinias.
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ABARIS L'HYPERBORÉEN
Sur les circonstances politiques voir G. Lippold , art. « Sikyon », RE II A 2, 1923 , col. 2541. Pausanias II 8 , 2 rapporte les mêmes événements en précisant que les meurtriers de Cleinias étaient des « gens du pays », ce qui amène Flacelière à mettre en doute l'identification parfois proposée de Deinias (RE 8) avec l'historien Deinias d'Argos (RE 7), mentionné plus loin par Plutarque (Aratos 29, 5), et d'Aristote le dialecticien (RE 13+22) avec Aristote d'Argos, ami d'Aratos, dont parle également Plutarque (44 , 2). Voir la notice « Aristote le dialecticien » . La seur d'Abantidas, Soso , était la femme de Prophantos, le frère de Cleinias ( Plutarque, Aratos 2, 3) . Pour tous ces personnages, voir Ch.H. Skalet, Ancient Sicyon. With a Prosopographia Sicyonia, coll. « The Johns Hopkins University Studies in Archaeology » 3, Baltimore 1928 , ( vi)-223 p. Abantidas y est recensé sous le n ° 1 ; Aristote et Deinias n'y sont pas considérés comme Sicyoniens. RICHARD GOULET. 3
ABARIS L'HYPERBORÉEN RE 1 Prêtre du culte d'Apollon chez les Hyperboréens, devin et thaumaturge, dont le nom est associé à celui de Pythagore ; d'après certains témoignages ( Jamblique, Himérius, Procope, Eusébe, Souda ), il était d'origine scythe. Il figure comme pythagoricien dans le Catalogue de Jamblique (V. pyth. 36, 267 ; p . 145 , 17 Deubner). Témoignages. Ils sont partiellement rassemblés dans 1 G. Colli, La sapienza greca , t. I, Milano 1977 , s.v. « Iperborei» , p. 322-337 ; commentaire , p . 431 433. Ajouter : Jamblique, V. pyth. 90-93 ; 135-136 ; 138 ; 140-141 ; 147 ; 215 217 ; 221 ; 267; Porphyre, V. Pyth . 28-29 ; Schol. Platon . in Remp. 600 b = 272 Greene ; Pausanias III 13 , 2 ; Harpocration , s.v. "Abapıs ; Apollonius , Hist. mirab . 4 ; Procope, Epist. 96 (p . 569-570 Hercher) ; Clément , Strom . I , 133 , 2 ; Schol. in Aristoph. Eq. 729 ; Diodore, Hist. II 47 ; Nonnus, Dionys . XI 132 ; Proclus, In Tim . 141 d ; Photius, Bibl . cod . 243 , p . 374 Bekker ; Grégoire de Nazianze , Disc. 43 , p. 787 a ; Origène, Contre Celse III 31 ; Ératosthène, Cataster . codex T. Vat. Gr. 1087 ( = Héraclide le Pontique, fr. 51c Wehrli ) ; Tzetzes, Histor. I 645 ; Himérius, Or. 23 , 4 et 17 , 4 ; Schol. Ambros. in Od. I 371 . Sources biographiques antiques. ( 1 ) Le nom d'Abaris se trouve dans le titre d'un ouvrage d'Héraclide le Pontique : un dialogue plutôt qu'une biographie proprement dite ( fr. 73-75 Wehrli = Plutarque, De aud. poet. 14 e ; Anecdota Graeca I 178 ; I 145 Bekker ). Héraclide devait avoir parlé également d'Abaris dans un autre ouvrage (cf. 2 F. Wehrli, Herakleides Pontikos, coll. « Die Schule des Aristoteles » 7 , Basel 1969 , p . 84 , et le fr. 51c du Nepi dixalooúvns ) . A l’Abapıç d'Héraclide remonte la section 215-221 de la Vita pythagorica de Jamblique; cf. 3 P. Boyancé, « Sur l’Abaris d'Héraclide le Pontique » , REA 36 , 1934, p. 321-352, et, avec d'autres arguments , 4 C.J. de Vogel , Pythagoras and Early Pythagoreanism , Assen 1966, p. 304-306 (à travers Apollonius de Tyane ). Selon 5 H.B. Gottschalk , Heraclides of Pontus, Oxford 1980 , p . 120-126 , il n'y aurait cependant pas de raisons suffisantes pour faire remonter à Héraclide le matériel qui ne lui est pas explicitement attribué. (2) Jamblique, Vita pythagorica (v . plus haut). Pour le problème des sources de cet ouvrage, voir la notice consacrée à Jamblique. Comme sources plus ou moins certaines pour les renseignements donnés sur Abaris, on peut mentionner
ABARIS L'HYPERBORÉEN
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le Nepì tõv Ivoayopelwv d'Aristote ( fr. 191 Rose ), le manuel de Bolos de Mende, Nicomaque de Gérasa et Apollonius de Tyane. Voir 6 W. Burkert, Weisheit und Wissenschaft. Studien zu Pythagoras, Philolaos und Platon , Nümberg 1962 , p . 27 n. 77 ; 117-119 ; 117 n. 127 ; 119 n. 19. (3 ) Abaris est le destinataire d'une lettre du Pseudo - Phalaris, Ep. 56 ( p. 422 Hercher ), suivie par la réponse ( Ep. 57 ) , naturellement pseudépigraphe, d'Abaris ( p. 424 Hercher). ( 4 ) Il semble probable que l'Antiquité connaissait un Aóyoc mpos " Agapiv attribué à Pythagore ( 7 H. Thesleff, Pythagorean Texts, p . 169 , 4–170 , 6 = Jamblique , V. pyth. 90 ; 147 ; Proclus, In Tim . 31 b ), qu'il faut peut-être identifier avec le Duo IXÓv (8 A.J. Festugière [ édit.), Proclus, Commentaire sur le Timée, traduction et notes, t. III, Paris 1967, p. 30 n. 2 ). (5) Souda , t. I , p. 3 , 23-4, 5 Adler. Il est fort probable que l'association d'Abaris et de Pythagore se rencontrait déjà chez Aristote et Héraclide (cf. Burkert 6, p. 119 ; Wehrli 2, p. 85-86 ), et qu'elle remontait directe ment à une époque antérieure. Elle n'apparaît cependant pas de façon explicite dans les témoi gnages plus anciens que nous possédons et ne devient fréquente qu'avec les néoplatoniciens. Hérodote IV 36 rapporte qu'Abaris promena sans se nourrir sa flèche par toute la terre (cf. Jamblique, V. pyth. 141). Lycurgue (fr. 5a Blass -Conomis = 6 A 8 Colli) précise qu'à la suite d'une épidémie de peste parmiles Hyperboréens, Abaris se mit au service d'Apollon et qu'après avoir appris de lui l'art oraculaire, il parcourut la Grèce avec sa flèche, symbole du Dieu, en délivrant des prophéties. On lit chez Harpocration et dans la Souda qu'à la suite de l'épidémie de peste Abaris fut envoyé par les Hyperboréens comme ambassadeur auprès des Athéniens, afin de demander que ces derniers adressent des prières au nom des autres peuples grecs et barbares. Platon , Charmide 158 b, mentionne les incantations ( énydai) de portée psychothérapeutique formulées par Abaris l'Hyperboréen. Selon Jamblique, V. pyth. 90 , Abaris, prêtre d'Apollon, de retour de Grèce dans sa patrie, après avoir récolté de l'or pour son Dieu ( cf. V. pyth. 141 ), reconnut en Pythagore Apollon lui -même et lui confia la flèche magique (en V. pyth. 140, Pythagore lui prend la flèche) sur laquelle il voyageait et dont il se servait pour accomplir des purifications, éloigner les pestilences ( cf. Jamblique, V. pyth . 135 ; 141 ) et détourner les vents (Porphyre, V. Pyth. 29 ). Pythagore, pour lui donner une preuve de sa divinité, lui dévoila sa cuisse en or (Porphyre, V. Pyth. 28; Jamblique, V. pyth. 135) et l'invita à rester et à instruire la communauté des adeptes. Abaris devint ainsi, à un âge déjà avancé, disciple de Pythagore ( cf. Jamblique, V. pyth. 142 ; dans la Souda et Schol . Plat. in Remp. 600 b, le rapport maître -disciple est inversé ), lequel, plutôt que d'en faire, à la manière habituelle, un auditeur pendant cinq ans, l'introduisit directement à la connaissance de ses ouvrages sur la nature et sur les dieux ; il lui enseigna également la divination par les nombres, alors qu'Abaris n'avait utilisé jusque là que les entrailles des animaux ( Jamblique, V. pyth . 147). Jamblique toujours raconte l'épisode de la rencontre, chronologiquement impossible , entre Pythagore, Phalaris et Abaris ( voir de Vogel 4, p. 304 ). Selon Jamblique, V. pyth. 215 217, Abaris posa à Pythagore, prisonnier du tyran , des questions d'ordre scientifique et théologique, finissant, à la suite des réponses qu'il reçut, par l'honorer comme un dieu. Abaris démontra l'existence de la providence divine, Phalaris s'emporta contre les deux sages, puis tomba, victime d'une conjuration, le jour même où il attenta à leur vie. A Abaris était attribuée la fondation du temple de la Kópn Lúteipa à Sparte (cf. Pausanias HI 13, 2). D'après Diodore, Hist. II 47, Abaris se serait rendu en Grèce pour faire revivre l'antique amitié entre les Hyperboréens et les Déliens. Sur la qualification d’Abaris comme chaman , voir 9 E.R. Dodds , The Greeks and the Irrational, Berkeley 1951 , p . 141 , Burkert 6, p. 127 (des réserves sont exprimées par 10 J.A. Philip , Pythagoras and Early Pythagoreanism , Toronto
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ACAMATIOS D'HÉLIOPOLIS
1966 , p . 159-162 ; p . 170 n. 14 et n, 16 ). Quoi qu'il en soit de l'existence histori que d'Abaris, son importance coïncide presque totalement avec sa légende. Chronologie. Pindare ( fr. 283 Bowra = 6 A 4 Colli ) situe l'arrivée d'Abaris en Grèce à l'époque de Crésus ( 560/546 ). D'après la Souda, Abaris serait venu à Athènes comme ambassadeur des Hyperboréens au temps de la 53º Olympiade ( 568/565 ) ; la même date est donnée par Eusébe , Chron . ( en Ol . 53 , 3, Abaris vint de Scythie en Grèce ), qui donne cependant également la date d'ol . 82,4 ( 449 ). L'indication d'ol. 3 (768/765 ) chez Hippostrate (apud Harpocration ) est probablement due à une erreur commise par haplographie (voir F. Jacoby, FGrHist IIIb : Kommentar, I : Text, p . 596 ); d'autres, d'après Harpocration , fixaient la chronologie d'Abaris à Ol . 21 (696 ). Comme on ne peut se fier au récit de Jamblique, il n'est pas possible de tirer des données sûres des rapports supposés avec Phalaris et Pythagore. Écrits. La Souda mentionne les titres suivants : ( 1 ) Xpnouol Exuoivoi (Exvoixoi, cod . B ) . Les oracles d'Abaris sont égale ment mentionnés dans Schol. in Aristoph. Eq. 729.
( 2 ) Γάμος “Εβρου. ( 3 ) Kadapuoi . ( 4 ) Ocoyovía. ( 5 ) 'Απόλλωνος άφιξις εις Υπερβορέους , en vers . BRUNO CENTRONE. 4
ACAMATIOS D'HÉLIOPOLIS PLRE II :
FV
D'après Damascius (Vie d'Isidore , fr. * 345 Zintzen = Souda, s.v. 'Axauá TIOS , t . I, p . 75 , 17-26 Adler ), Acamatios « était plus doué ( énIEIXÉOTEpos ) que ses concitoyens, mais il avait des dispositions tellement communes (ouTW È idiwtixĀS Elxev) que, sans avoir appris, ni dans des études préliminaires, ni dans des études de perfectionnement, aucune des disciplines reconnues, il se faisait appeler philosophe et il se désignait lui-même par ce nom dans toutes ses rencontres ; même parmi les citoyens d'Héliopolis, il ne s'en trouvait pas un pour l'appeler autrement que le Philosophe » . Après avoir souligné ce manque de culture (åraidevoia ), Damascius écrit : « Un jour cependant que nous passions à Héliopolis , cette fiction de la philosophie d'Acamatios se dissipa à peu près totalement . » « Il voulait également être du nombre des haruspices , mais cette prétention est excusable , car n'importe qui pouvait embrasser cette profession , surtout quand on avait affaire aux gens du commun . » Acamatios était originaire non pas d'Héliopolis en Basse- Égypte, mais de la ville homonyme de Syrie - Phénicie (Balbek ), ville dont Damascius parle en d'autres passages (p . 138 , 6 et 276, 11 Zintzen ) et où s'élevait le temple immense de Jupiter Heliopolitanus, l'une des merveilles du monde antique qui « dresse encore en face du Liban neigeux son architecture fastueuse » ( Fr. Cumont, Les religions orientales dans le paganisme romain , 4e éd ., Paris 1929, réimpr. Paris 1963 , p . 103 ). Sur l'histoire de la ville, voir E. Honigmann, art. « Heliupolis» , RESuppl. IV , 1924, col . 715-728 . Zintzen rattache à Acamatios d'autres fragments de Damascius (Epit. Phot. 205, fr. * 346-* 347 ) où le nom du philosophe n'apparaît toutefois pas. Voir aussi
ACHAICOS
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R. Asmus, Das Leben des Philosophen Isidoros von Damaskios aus Damaskos, coll. « Die philosophische Bibliothek » 125 , Leipzig 1911 , p. 123-124 . RICHARD GOULET. 5
IIa
ACCIUS (L. - ) RE 1
Poète latin , auteur de tragédies. Fragments. 1 A. Klotz , Scaenicorum Romanorum fragmenta , vol. I : Tragicorum fragmenta, München 1953; 2 Q. Franchella, Lucii Acci Tragoe diarum Fragmenta , Bologna 1968 , 545 p . (moins sûr que le précédent); 3 V. D'Antò , Accio . I frammenti delle tragedie, Lecce 1980, 574 p . ( texte , traduction et commentaire ). Lexique. 4 A. De Rosalia, Lexicon Acciacum , Hildesheim 1981 , 202 p. Études. 5 F. Marx , RE I 1 , 1893 , col. 142-147 ; 6 A. Casaceli, Lingua e stile in Accio , Palermo 1976 ; 7 R. Degl'Innocenti - Pierini, Studi su Accio, Firenze 1980 , 169 p. Né en 170 ", il donne ses principales pièces entre 140 et 104, mais il vit encore au début du jer s . , puisque Cicéron peut s'entretenir avec lui (Brutus 72 ; 107 ). L'influence de la philosophie n'est pas évidente dans les fragments que nous possédons, comme le fait remarquer 8 G. Garbarino , Roma e la filosofia greca , p. 616-626 . On peut bien sûr supposer quelques contacts à Rome même, bien que le poète n'appartienne pas au « cercle des Scipions ». Mais les éléments propre ment philosophiques ne sont pas très assurés : Accius distingue animus et anima, présente la colère comme une folie ou parle de la Fortuna . Tout cela est bien vague et ne permet pas de le rattacher au stoïcisme. Plus intéressantes sont ses remarques sur la virtus que la Fortune ne peut ôter à l'homme, sur le caractère qui fait le malheur des hommes, tout comme le hasard ou la fortune (Garbarino 8 , p. 624-625 ). En fait, ce n'est peut- être pas dans des formules générales, souvent inspirées de ses prédécesseurs ou reprises des tragiques grecs, qu'il faut chercher les sympathies philosophiques d'Accius , mais dans ses remarques grammaticales (9 Funaioli, GRF, p . 25-32 ) et peut -être aussi dans ses idées politiques : son cuvre révèle un refus énergique de la tyrannie (voir 10 B. Bilinski , Accio ed i Gracchi. Contributo alla storia della plebe e della tragedia romana, Roma 1958 , dont les conclusions doivent être toutefois utilisées avec prudence ). MICHÈLE DUCOS.
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ACHAÏCOS RE 1
I /II (?)
A. De l'Éthique (év 'Heixoic ) de ce philosophe, D.L. VI 99 tire un rensei gnement sur Ménippe le cynique (il aurait été esclave ) . Clément d'Alexandrie (Stromates IV 8 , 56 , 2 ; p . 274 , 7-9 Stählin ) se réfère au même ouvrage , ainsi qu'au traité de Timothée de Pergame Sur le courage des philosophes, pour évoquer, après le martyre de Zénon d'Élée , celui de Théodote le pythagoricien et celui de Praülos, le disciple de Lacydès . Voir , en dépendance de Clément , Théodoret, Thérapeutique VIII 58 . B. Achaïcos est également cité à plusieurs reprises par Simplicius comme commentateur des Catégories d'Aristote (p . 202, 5 ; 203 , 3 Kalbfleisch ).
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ACHILLAS D'ALEXANDRIE
Simplicius emploie à plusieurs reprises l'expression ol nepi töv 'Ayaixov ( 159, 24 ; 208 , 6 ; 263 , 28 ; 269, 19), formule qui ne désigne pas nécessairement les disciples d'Achaïcos, mais plutôt l'interprète lui -même et les partisans éventuels de ses thèses, ainsi que le rappelle 1 Moraux, Aristotelismus, t. II, p. 217 n . 29. Il est associé à Sotion ( p. 159 , 24) et à Alexandre (d'Aphrodise ] (p . 208, 6 ) ; il semble défendre Aristote contre les critiques de Boèce, Ariston, Andronicus, Eudore et Athénodore (p . 159 , 24 s .; voir aussi p . 202, 5 ). On peut de ce fait le rattacher à la tradition péripatéticienne et le situer, comme le fait Moraux 1 , p . 211 et p . 217-221 qui étudie les fragments, au let ou au II s. de notre ère . RICHARD GOULET. 7
ACHILLAS D'ALEXANDRIE
DIV
Prêtre d'Alexandrie au début du IVe s . , « il reçut la conduite du didaskaleion de la foi sacrée ; il accomplit une œuvre philosophique ($10oopias &pyov ) très rare et qui n'était inférieure à celle de personne, et il montra une conduite digne de la discipline évangélique » ( Eusébe, H.E. VII 32, 30, trad . Bardy ). Le ratta chement au didascalée permet de supposer que dans l'esprit d'Eusèbe philosophie n'est pas ici une simple désignation de la vie chrétienne (comp. H.E. II 13 , 6 ), de l'ascétisme ou de l'anachorétisme chrétien (comp . H.E. VI 9,6) , mais signifie qu'Achillas s'inscrivait dans la tradition alexandrine de réflexion philosophique chrétienne qu'avaient illustrée Clément et Origène. Achillas succéda à Pierre d'Alexandrie comme évêque (312-313) . Cf. L. Petit, art. « Achillas » , DHGE I, 1912 , col. 312-313 . Il aurait ordonné Arius. RICHARD GOULET. 8
ACHILLE ( TATIUS] RE 2
III ?
Surtout connu comme commentateur d'Aratos, il semble être différent de l'auteur du roman Leucippé et Clitophon, malgré les affirmations de la Souda , S.ν. 'Αχιλλεύς Στάτιος (les manuscrits et Photius donnent la forme Τάτιος ) : « Alexandrin , auteur de Leucippé et Clitophon et d'autres romans en sept livres; il finit chrétien et évêque ; il écrivit un traité Sur la sphère ( ſlepi opaipas ), des Etymologies (ετυμολογίας ) et une histoire mélangée (ιστορίαν σύμμικτον ) οι sont mentionnés de nombreux hommes, grands et admirables . » Datation . Elle doit être fixée avant le premier tiers du IVe s. , à cause d'une allusion au « prudentissimus Achilles » contenue dans la Mathesis IV 10 de Firmicus Maternus; il est probable qu'Achille vécut au IIIe s . (voir 1 H.W. Schaefer, art. « Achilleus Tatios » , REI 1 , 1893, col. 247 ). École philosophique. 2 H. Diels, Doxographi Graeci, p . 18 n . 1 , le classe comme stoïcien (« etymologiarum aucupem se Achilles etiam in excerptis Arateis ostendit Stoicos secutus ») ; thèse largement admise. De nombreux extraits de l'eloaywyn d'Achille sont cités comme fragments stoïciens dans SVF. Voir l'Index fontium . Euvres. Les écrits sur l'étymologie et l'histoire mélangée sont perdus. En revanche, le Vaticanus gr . 191 nous a transmis , outre un Tévos ’Apátou xał βίος , des fragments étendus intitulés των Αράτου Φαινομένων προς εισαγωγής Éx TÕV ’AXANÉWÇ nepi ToŨ Tavtós, qui est sans doute l'écrit « Sur la sphère >> dont parle la Souda (Schaefer 1 , col. 247).
49
ACOUSILAOS D'ARGOS
Éditions. Les fragments sont accessibles dans deux excellentes éditions : 3 E. Maass (édit.), Commentariorum in Aratum Reliquiae collegit, recensuit, prolegomenis indicibusque instruxit E.M. , Berlin 1898 ( voir p . 25-85 ) ; 4 J. Martin , Scholia in Aratum vetera , coll. BT, Stuttgart 1974, 314 p . [ dans cette édition , le commentaire d'Achille est dispersé ). Études d'orientation . L'article de Schaefer 1 , à compléter par 5 F. Boll, art. « Achilleus Tatios » 2, RESuppl. I, 1903, col. 7 , offre encore la meilleure synthèse. Selon 6 J. Martin , Histoire du texte des phénomènes d'Aratos, Paris 1956 , p. 131 , rien ne prouve qu'Achille ait fait un commentaire. 7 R. Turcan, « Le roman “ initiatique ” », RHR 163 , 1963, p. 175-176, considère comme probable l'identité du romancier et du commentateur. PATRICK ROBIANO .
ІІa
9 ACILIUS (C. - ) RE 4
Historien romain . Sénateur, auteur d'une histoire romaine en langue grecque (Cicéron , De off. III 32, 115 ; Tite - Live XXV 39 , 12 ; XXXV 14, 5 ; Per. LIII). Son seul lien avoué avec la philosophie, d'après nos sources , consiste à avoir servi d'interprète devant le sénat aux philosophes grecs, membres de l'ambassade de 1559 : Carneade , Critolaos et Diogène de Babylone (Aulu -Gelle VI 14,9 ; Plutarque, Cat. maj. 22, 5 ). Études. E. Klebs, art. « Acilius » 4 , REI 1 , 1893 , col. 251-252 ; H. Bardon , La littérature latine inconnue, t . I : L'époque républicaine, Paris 1952, p. 70-71.
MICHÈLE DUCOS. 10 ACMONIDAS DE TARENTE
Va ?
Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique, V. pyth . 36 , 267 ; p . 144, 19 Deubner. BRUNO CENTRONE . 11 ACOUSILADAS DE TARENTE
Va ?
Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique, V. pyth. 36, 267 ; p. 144, 15-16 Deubner. BRUNO CENTRONE. 12 ACOUSILAOS D'ARGOS RE 3
VI ? Va ?
Historien présocratique , parfois compté (par Hermippe par exemple ) au nombre des Sages (DK 9 A 1 ) , auteur de Généalogies en (au moins) trois livres (B 32) , ouvrage qui fut commenté à l'époque d'Hadrien par le sophiste Sabinus (A 5 ). Sur ce dernier, voir K. Gerth , art. « Sabinos» 22a, REI A 2, 1920, col. 2555 . Une quarantaine de fragments sont attribués à Acousilaos . Fragments et témoignages sont édités par DK 9 ; t. I, p. 52, 20-60, 17 , et par Jacoby, FGrHist 2, IA , p . 47-58 ; I a, p . 375-386 . Cf. E. Schwartz, art. « Akusilaos » 3 , REI , 1893 , col . 1222-1223 ; P. Tozzi, « Acusilao di Argo » , RIL 101 , 1967 , p . 581 624. Selon K. Freeman ( The Pre- Socratics Philosophers, p. 42), « the work of Acusilaus was of little or no importance to philosophy ; it belongs rather to
50
ACRISIOS
literary criticism » . Les passages sur la généalogie des dieux révèlent, selon le même auteur, que « Acusilaus was interested in the legends as such , and not in any philosophical or allegorical interpretation » (ibid ., p. 44 ). D'après la Souda ( A 2) , Acousilaos aurait écrit ses Généalogies à partir de tablettes de cuivre déterrées par son père dans sa maison . L'authenticité de son æuvre fut contestée (A 3). Certains prétendaient également qu'Acousilaos n'avait fait que transcrire en prose les poèmes d'Hésiode (A 4 ). La citation la plus ancienne se lit dans le Banquet de Platon (B2). RICHARD GOULET. 13
ACRISIOS
I -II
Stoïcien (?), dédicant à Athènes d'un buste du philosophe Chrysippe (IG IT? 3794 ). Le texte tov Xp [ ÚJointov l ' Axploios I Miepñ (ou Miepn ) peut signifier « Acrisios, fils de Mithra, (a consacré ) ce ( buste de) Chrysippe » ou « Acrisios (a consacré ) à Mithra ce ( buste de) Chrysippe », la première interprétation semblant la plus probable . L'inscription est attribuée à l'époque impériale d'après la forme des lettres. L'onomastique oriente vers l'Asie mineure. Cf. H. von Prott , « Zur griechischen Ikonographie , 2. Chrysippos » , MDAI( A ) 27 , 1902, p . 297-300, avec photographie ; W. Crönert, « Eine attische Stoikerinschrift» , SPAW 1904, I, p . 471-483, en particulier n . 1 , p. 471 ( remarques onomastiques donnant à conclure qu'Acrisios n'était vraisembla blement pas Athénien ); H. Ingholt, « Aratos and Chrysippos on a Lead Medallion from a Beirut Collection », Berytus 17 , 1967-68, p . 143-177 , en particulier p. 148 , et pl. XL , 1 ( référence due à B. Puech ); H.R. Goette, « Zum Bildnis des “Cicero", Anhang : Porträtbüsten mit Inschriften » , MDAI(R ) 92, 1985 , n° 40 , p. 315 . SIMONE FOLLET.
14
ACRON D’AGRIGENTE RE 3 ( + Suppl. I) Médecin sicilien , fils d'un certain Xénôn .
va
Sources biographiques anciennes. ( 1 ) Souda A 1026 (Hésychius) ; t . I, p . 94 , 18-26 Adler. (2) D.L. VIII 65 . Témoignages. 1 M. Wellmann (édit . ) , Die Fragmente der sikelischen Ärzte Akron , Philistion und des Diokles von Karystos, Berlin 1901 , p . 108-109 . 2 H. Thesleff, Pythagorean Texts , p . 1 , 2–2, 2. Voir aussi DK 31 A 3 . D'après la Souda, il tenait école à Athènes en même temps qu'Empédocle et était donc plus vieux qu'Hippocrate. Plutarque, De Is. et Os . 79 , 383 d , affirme qu'il s'acquit une réputation durant la peste d'Athènes ( en 430 ") pour avoir établi des mesures visant à la purification de l'air, en faisant allumer des feux à proximité des malades . Il est, considère - t -on , à l'origine de l'école empirique ( cf. Pline XXIX 5) ; toutefois, Galien déjà (t . XIV , p. 683 Kühn ) expliquait ce renseignement à partir du désir qu'avait l'école empirique d'établir son antério rité chronologique par rapport à l'école logique . D.L. VIII 65 rapporte une anecdote selon laquelle Empédocle se serait opposé à la construction d'un monu ment à la mémoire du père d'Acron . Ce lien avec Empédocle a pu contribuer à faire d’Acron un pythagoricien ( Thesleff 2 , p . 1 ) . W. Crönert (Kolotes und Menedemos, p. 132 ) a cru en effet pouvoir lire son nom , avec celui d'Aristoxène
51
ADAMANTIOS
( fr. 2 Wehrli), dans une Diadochè pythagoricienne contenue dans PHerc. 1508, col . IV 2, li. 29 (une section de la LúvtaE15 TÕV Quoooowv de Philodème?), mais voir 3 T. Dorandi, « La Rassegna dei filosofi di Filodemo > , RRAN 55 , 1980 , P. 44 . Titres attestés. La Souda mentionne deux ouvrages : ( 1 ) Un lepi iatpixñs ( en dialecte dorien ). Thesleff 2 , p. 1 , considère la composition d'un ouvrage de médecine en dorien vers le milieu du ve s . av . J.-C. comme improbable et l'attribue à un médecin pneumatiste tardif portant intérêt au pythagorisme. Notons que la Souda considère qu'Acron faisait partie des médecins qui accor daient une signification à certains pneumata ... (2) lepì tpooñs üyleivov B161íov a ' (qui pouvait faire partie du premier ouvrage ). Études d'orientation . 4 M. Wellmann, art. « Akron » , REI 1 , 1893 , col .
1199, et RESuppl. I, 1903, col. 46. BRUNO CENTRONE .
15 ACTORIDÈS
IV - III
Fausse lecture du nom du frère de Métrodore en Philodème, De ira , PHerc. 182 , col . XII, 15-17 ( ainsi Gomperz, suivi par Usener, Kroll et Körte ); on doit lire Mentoridès (avec Wilke et Indelli). Voir la notice « Mentoridès » , TIZIANO DORANDI. 16 ACTOS DE PATARA Fausse lecture de Crönert, Hermes 36, 1901, p. 570, en Philodème, PHerc. 1389 , fol. 1075 0 , 16 ; elle provient d'une comparaison avec la Vita Philonidis anonyme de PHerc. 1044, fr. 7 , 13-14 : ouvrayua ]l n [poc tò ] v Matapé [a. En PHerc . 1389 on lit aujourd'hui en réalité aútõi tõi ne ... : cf. A. Angeli , CronErc 9, 1979, p . 103 . Voir la notice sur ce philosophe anonyme, originaire de Patara. TIZIANO DORANDI. ACYLAS (OU AKYLAS) → AQUILA 17 ADAMANTIOS RE 1 (omis dans PLRE )
DIV
Sophiste, physiognomoniste. Vie . Présenté comme sophiste dans les manuscrits des Physiognomonica , postérieur à Polémon de Laodicée ( ca 88-145 ) , dont il abrège le traité, et , s'il est bien l'auteur du traité Des vents, antérieur à Oribase, Aëtius et Paul d'Égine, qui le citent. Le nom est assez banal. Rien n'autorise à l'identifier à l'homonyme arménien , père d'Anatolios, auquel sont adressées les lettres 32, 41 , 129 de Libanios, vers 359/360, ou au sophiste païen destinataire de la lettre 235 de Grégoire de Nazianze, ou au iatrosophiste juif converti au christianisme mentionné par Socrate dans son Histoire ecclésiastique, VII 13. Il adresse son ouvrage à son « très cher Constance » ; la familiarité de la formule interdit de penser qu'il s'agit de l'empereur Constance II. On situe en général Adamantios dans la première moitié du IVe s .
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ADAMANTIOS Cf. 1 V. Rose , Anecdota graeca et graeco -latina. Mitteilungen aus Hand
schriften zur Geschichte der griechischen Wissenschaft, t. I, Berlin 1864, p . 1-58 ; 2 R. Förster, Scriptores physiognomonici Graeci, t. I , Leipzig 1893 , p . C - CIX ; 3 M. Wellmann , art. « Adamantios » 1 , RE I 1 , 1893 , col . 343 ; 4 R. Megow , « Antike Physiognomielehre » , Altertum 9, 1963 , p . 213-221 , notamment p . 215-217 ; 5 E.C. Evans, « Physiognomics in the Ancient World » , TAPAS 59(5 ), 1969 , p. 15-16 et 74-75 ; 6 J. André (édit. ) , Anonyme latin , Traité de physiognomonie, CUF, Paris 1981 , p. 30. Euvres 1. Traité de physiognomonie ( Ouoloyvwuovixá ), en deux livres, plutôt abré gé que paraphrase du traité de Polémon de Laodicée sur le même sujet. L'ouvre d'Adamantios a été abrégée à son tour : deux fragments d'épitomè, de même source, se trouvent dans des manuscrits de Madrid (Matritensis N 73 , fol. 219 223) et de Paris (Parisinus gr. 2506 , fol. 184-188 ). L'abrégé d'époque byzantine connu sous le nom de Pseudo - Polémon dérive également d’Adamantios, mais de façon indépendante. Voir Förster 2 , p . 295-426 ( texte grec ); 7 id . , « Zur Überlieferung der Physiognomik des Adamantios » , RhM 52, 1897, p . 298-299 ; 8 id. , « Zur Epitome des Adamantios », RHM 55 , 1900, p . 139-148 . On a pu étudier la manière dont Adamantios abrégeait sa source en comparant son texte à la version arabe du traité de Polémon, assez proche de l'original (voir Förster 2, p. 93-294, avec traduction latine de G. Hoffmann ), et précédée d'une table détaillée des 70 chapitres que comportait l'ouvrage. Adamantios a supprimé presque tous les exemples et remplacé les mots rares ou poétiques par ceux de la langue commune ; pour la doctrine, il paraît fidèle à l'original. Voir Förster 2, p. CIV-CVII ; Evans 5, p. 15-16 et 75. Il est parfois plus complet que le texte arabe ; il ne peut donc descendre d'une source grecque de même contenu que le texte arabe. L'auteur indique, au début de l'ouvrage, qu'il suit la méthode d'Aristote et « paraphrase » le traité de Polémon ; il affirme puiser aussi dans ses lectures et observations personnelles, mais cet apport paraît très restreint; il lui arrive de combiner plusieurs signes. Il dit que, redoutant l'envie , il souhaitait garder pour la postérité ce trésor de connaissances et qu'il ne s'est résolu à le publier que sur les instances de son « très cher ami » Constance (I 1 ) . Le livre I traite uniquement des yeux , auxquels Polémon accordait déjà une place privilégiée ; le second, des autres parties du corps et des différents types d'hommes. Il définit, suivant une tradition essentiellement péripatéticienne, certains caractères (gourmand, timide , impudent...) et traite des différences régionales dans la partie consacrée à la couleur des cheveux ( l'homme grec présente le meilleur type : Aéwv, l'« homme léonin » d'Aristote ). 2. De l'origine des vents (ſlepi ávéuwv YEVÉOEWC). L'éditeur de cet opuscule, V. Rose, indique dans sa préface ( 1 , p. 25) les indices tirés de la chronologie ( le texte est cité par Oribase ) et du contenu (l'opuscule se situe dans la tradition péripatéticienne, mais l'auteur, comme celui du Traité de physiognomonie, manifeste aussi des connaissances médicales ) qui permettent d'attribuer avec vraisemblance les deux ouvrages au même auteur. Il est suivi par Förster 2 , p . C -CIII . On peut hésiter sur le titre de l'ouvrage. Dans le manuscrit, l'opuscule est acéphale, le titre est perdu avec le premier feuillet. L'extrait cité par Aëtius est intitulé nepi ávéuwv, 'Adquavtiou CODIOTOŪ. Mais la conclusion de l'opuscule donne peut-être un texte plus précis : Taūta oluai
53
ADELPHIUS
αυτάρκως περί ανέμων γενέσεως και ως ενήν έπεστείλαμεν συ δε, ώ φίλη κεφαλή , μετ ' έμμελούς αναγνώσεως κρίνε τα κείμενα και είτι παρείται δήλωσαν άσμενέστατα . Le titre serait : Lettre sur l'origine des vents. Adressé à un ami ( pian Kepaan : 1 , p. 48), l'opuscule est mutilé au début (un folio a été perdu ). Il comprend deux parties: 1 ) sur l'origine des vents ( 1 , p . 29-36 ); 2) solution de quinze difficultés soulevées par des philosophes de la nature (1 , p. 36-48 ). Comme le montre le tableau de V. Rose (1 , p. 19-20 ), la plupart de ces problèmes ont été posés par les péripatéticiens ( Aristote , Météorologiques, Théophraste, Des vents... ),mais les solutions intègrent parfois des éléments venus du pythagorisme ou de l'école médicale dite « pneu matique » . Ce traité est encore cité , à l'époque byzantine, par Jean Diaconos Galenos, auteur d'Allégories sur la Théogonie d'Hésiode (Hesiodi carmina , éd . Th . Gaisford , t. II, Leipzig 1823 , p. 584 , 13-14) . 3. De l'origine des songes (ſlepi óveipwv yEVÉOEWC ): Cet opuscule, annoncé à la fin du traité De l'origine des vents ( p. 48 Rose ), ne semble pas nous être parvenu ; il se peut même qu'il n'ait jamais été écrit. 4. Des signes donnés par les astres (Tleplénionuagiãy dotépwv) : Selon le Matritensis 84 , fol. 119", le chapitre 164 (Dept énionuaoiāv dotépwv) du livre III d'Aëtius, non reproduit par V. Rose , viendrait aussi d'Adamantios. Rose 1 , p . 24 , juge cette attribution probable . On ne sait de quel ouvrage pouvait provenir cet extrait.
SIMONE FOLLET. 18 ADELPHIUS RESuppl. XV : ' a ' PLREI:
III
Au début du chap. 16 de la Vie de Plotin, Porphyre raconte : « Il y eut de son temps, parmi les chrétiens, à côté de beaucoup d'autres, ces hérétiques venus de l'ancienne philosophie qu'étaient Adelphius, Aquilinus et leurs disciples: ayant en leur possession les multiples ouvrages d'Alexandre de Libye, de Philocome, de Démostrate et de Lydus, et mettant en avant les révélations de Zoroastre, de Zostrien , de Nicothée , d'Allogène et d'autres figures du même genre , ils éga raient beaucoup de monde, égarés qu'ils avaient été eux -mêmes, dans la pensée que Platon n'avait pas approché la profondeur de l'essence intelligible. De là vient que lui-même (Plotin ) les réfutait souvent dans ses cours et qu'il alla jusqu'à écrire un livre que nous intitulâmes Contre les Gnostiques (Enn . III 8+ V 8+ V 5+ II 9) ; à nous , il laissa le soin d'examiner le reste » (V. Plot. 16 , 1-12) . Si on croit Porphyre, Adelphius, un contemporain de Plotin , était un gnosti que chrétien , chef d'une secte ou d'une école qui s'intéressait notamment à la doctrine platonicienne. On ne sait rien d'autre sur ce personnage. Adelphius et Aquilinus pourraient bien avoir assisté aux cours de Plotin ; en effet, en Enn . II 9 ( 33 ] , 10, 3 , Plotin exprime l'embarras qu'il éprouve à devoir « s'attaquer à des amis » (npós tivas tõv piawv) Il est possible que Plotin fasse alors allusion à une époque antérieure à l'arrivée de Porphyre à Rome en 263 ap. J.-C. Cf. H.C. Puech , « Plotin et les Gnostiques » , dans Les sources de Plotin , coll . « Entretiens sur l'Antiquité classique » 5 , Vandæuvres/Genève 1960 , p . 164, repris dans En quête de la Gnose, t. I, Paris 1978, p . 86 ; C. Elsas, Neuplatonische
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ADÉODAT
und gnostische Weltablehnung in der Schule Plotins, Berlin /New York 1975, p . 14 et 26 ; L. Brisson , « Prosopographie » , p. 61 . LUC BRISSON . 19
ADÉODAT
372-389 env .
Fils d'Augustin et de sa concubine ( Conf. IV 2,2 et IX 6, 14). Enfant surdoué, dont l'intelligence effrayait son père (Conf. IX 6, 14) , Adéodat participa aux conversations sur le bonheur, organisées par Augustin , à Cassiciacum , en novembre 386, et reprises dans le De beata vita : il y intervint à deux reprises ( § 12 et 18) . Adéodat est aussi l'interlocuteur d'Augustin dans le De magistro, et toutes les pensées qu'il y exprime sont bien de lui, selon Conf. IX 4 , 6. Notices développées dans PCBE I, p. 32-42, et dans AugLex I, col. 87-90. GOULVEN MADEC . 20
ADIMANTE ( Adeimantos), fils de Leucolophidès RE 3 PA 202
va
Adimante, fils de Leucolophidès (Leucolophos chez Aristophane, Grenouil les, v. 1513 , pour des raisons de métrique ), du dème de Scambonidès, fait partie, avec son homonyme, le fils de Képis, du groupe venu entendre Protagoras chez Callias ( Platon, Protagoras 315 e 4) , où le sophiste était descendu, lors d'un de ses séjours à Athènes, vers 433 . Originaire d'une grande famille du dème de Scambonidès ( SIG 3 97-100 ), il fut l'ami d'Alcibiade. Il aurait été impliqué avec lui dans l'affaire des Mystères ( Andocide I 16) et condamné. Membre du parti oligarchique, il est considéré par Aristophane comme l'un des plus dangereux. Cet Adimante fut surtout actif à la fin de la guerre du Péloponnèse comme « stra tège ». Avec Alcibiade et Aristocrate, il participe à l'expédition d’Andros en 407a (Xénophon, Hell. I 4 ,21 ; Diodore XIII 69 ). Après la bataille des Arginuses en 406a, les Athéniens qui ont destitué les autres adjoignent à Conon , comme stratèges, Philoclès et Adimante (Xénophon, Hell. 17 , 1 ). Finalement, en 405a, après la bataille d'Aigos - Potamos, Adimante est fait prison nier avec Philoclès ; il est cependant épargné par Lysandre, parce qu'il a été le seul à s'opposer dans l'Assemblée aux atrocités que projetaient de commettre les Athéniens s'ils étaient vain queurs (Xénophon, Hell. II 1 , 30 et 32) . Il fut accusé par certains d'avoir alors livré la flotte athénienne, rumeur à laquelle font écho Lysias (II 58 ; XIV 38), Isocrate (V 62) et Pausanias ( IV 17 , 3 ; X 9, 11 ), et il semble qu'une action formelle ait été engagée contre lui par Conon ( Démosthène, Ambassade 191 ), plusieurs années après cette défaite. LUC BRISSON. 21
va ADIMANTE, fils de Képis RE 4 PA 194 Adimante fait partie, avec son homonyme, le fils de Leucolophidès, du groupe venu entendre Protagoras chez Callias (Platon , Protagoras 315 e 4) , où le sophiste était descendu lors d'un de ses séjours à Athènes vers 4334. On ne sait rien d'autre sur ce personnage. LUC BRISSON.
22
ADIMANTE (A ] deimantos )
FIV
Académicien , disciple de Xénocrate , mentionné dans l'Ind . Acad. Herc ., col. IV , 10-11 (p . 45 Mekler): 'Aldeiuavtos. L'hypothèse de Mekler qui veut l'identifier avec « l'enfant Adimante » mentionné dans le testament de Platon (D.L. III 41-42) est sans fondement. Cf. M. Isnardi Parente, Senocrate -
55
ADIMANTE D'ATHÈNES
Ermodoro . Frammenti, coll. « La Scuola di Platone » 3, Napoli 1981 , p. 271. K. Gaiser (Philodems Academica, p. 129 s. , 204, 256 , 481 , 532 s.) a récemment proposé d'identifier le disciple de Xénocrate avec l'académicien anonyme, originaire d'Étolie, que mentionne Philodème dans le colonne R de l'Ind. Acad . Herc. La source de Philodeme pour cette section serait les Bioi d'Antigone de Carystos. TIZIANO DORANDI.
F ya
23 ADIMANTE D'ATHÈNES RE 5 PA 199
Adimante , du dème de Collytos, était le fils d'Ariston et de Périctionè. Il avait pour frères Glaucon et Platon (Apol. 33 e - 34 a) , pour sæur Potonè, et pour demi- frère Antiphon , le fils de Pyrilampès (Parménide 126 a - 127 a) , second époux de Périctionè ( voir l'arbre généalogique ). Il aurait combattu à Mégare en 409 " (Diodore XIII 65 ) . Adimante et Glaucon sont pratiquement les deux seuls interlocuteurs de Socrate dans la République, à partir du livre II. Pour une description de la répartition et de la nature de leurs interventions, voir A. Diès (édit .), Platon , République, texte établi et traduit par É. Chambry, CUF , Paris 1932 , Intro duction , p . XXII s . ). Adimante est présent lors du procès de Socrate (Apol. 33 e 34 a) . Au début du Parménide, Adimante et Glaucon amènent Céphale de Clazomènes (absent de la RE ) chez leur demi- frère Antiphon pour qu'il lui relate l'entretien , connu grâce à Pythodoros (RE 7) , qui avait regroupé Socrate, Zénon et Parménide ( 126 a – 127 d). Arbre généalogique de la famille de Platon
Dropides I Critias I
Dropidès II ( oikeios de Solon)
Critias II I Léaidès Critias III
Solon . 1 1 Aristocles
Antiphon I
Callaischros Glaucon loo [seur de Pyrilampès) ! 1 . 1 Critias IV Charmide Aristonoo Périctionè Pyrilampesco [femme) 1 le tyran Eurymédon I Antiphon II Démos Platon Adimante I Glaucon II Potonèoo 1 [homme) Speusippe 1 I Adimante II Eurymédon II
Cf. J. Toepffer, art. « Adeimantos » 5 , RE I 1 , 1894 , col . 355 ; Davies, Athenian propertied families, p. 332 (n° 8792 X A). LUC BRISSON .
56 24
ADRASTE D’APHRODISE
ADRASTE D’APHRODISE (Adrastos) RE 7
DII
Péripatéticien, déjà reconnu , à côté d'Aspasius, comme interprète autorisé des Catégories d'Aristote par Galien au milieu du II s. (De libr. propr. 11 , p . 118 , 17–119, 2 Müller) et rangé par Porphyre (V. Plot. 14, 13) parmi les auteurs dont Plotin étudiait les commentaires dans ses cours , à Rome, au milieu du II s. Les inscriptions d'Aphrodisias de Carie font connaître plusieurs Adraste. L'un d'eux, Adrastos Grypos, fils de Pereitas, dont le testament en faveur de l'empereur Trajan est men tionné dans une inscription que l'on peut dater de 103-116, se laisserait rapprocher chronolo giquement du philosophe. Voir 1 J. Reynolds, Aphrodisias and Rome. Documents from the excavation of the theatre at Aphrodisias, coll. « Journal of Roman Studies Monographs » 1 , London 1982, nº 55, p. 183-184 (et pl. XXXII, 3), et 2 P. Moraux, Aristotelismus, t. II, p. 295-296 n. 9. A signaler également le concours de tragédies célébré sous Commode ( 180 192) à la mémoire de Claudios Adrastos (Reynolds 1, n° 59, p. 190-192 ). On ne sait pratiquement rien d'autre sur la vie et la carrière d'Adraste, sinon que l'un de ses ouvrages fut plagié par un Héphaistion d'identification incertaine. Claudien Mamert (De statu animae I 25 , p . 88, 19–89, 2 Engelbrecht) rapporte la réponse donnée par le « mathématicien » Adraste au « philosophe Marcius » , mais ce personnage n'est pas non plus identifié (voir Moraux 2 , p . 300 n. 23 ) . L'étude de Moraux 2 , p . 294-332, constitue la synthèse la plus récente et la plus complète sur Adraste . Les informations qui suivent sur les ouvrages d'Adraste lui sont empruntées. Voir également 3 H.B. Gottschalk , « Aristo telian philosophy in the Roman world from the time of Cicero to the end of the second century AD » , ANRW II 36, 2, Berlin 1987 , p. 1155-1156. ( 1 ) Le Commentaire d'Adraste sur le Timée de Platon (@ic Tov Tiuaiov) , dont un extrait est cité par Porphyre, In Ptol. Harmon ., p. 96, 1-6 Düring, est la source d'une section du traité de Théon de Smyrne, Expositio, p . 50 , 22-51, 4 Hiller. Voir 4 E. Hiller, « De Adrasti Peripatetici in Platonis Timaeum com mentario » , RhM 26 , 1871 , p . 582-589. L'ouvrage de Théon , qui citait Adraste (p . 49, 6-7 Hiller) sans préciser le traité, est antérieur à la publication de la Syntaxis de Ptolémée en 147. Un autre extrait emprunté certainement au même commentaire se trouve chez Porphyre, In Ptol. Harmon ., p. 7 , 24–8 , 5 Düring, et chez Théon , Expositio, p . 50, 5-12 Hiller. Hiller a également montré que Calcidius , In Timaeum 44-46 , 59-91 , utilisait Adraste , connu directement (Waszink) ou à travers un commentaire néoplatonicien du Timée (celui de Porphyre selon Steinheimer, Mras, Van Winden ), sans emprunter à Théon des passages qui ont cependant chez ce dernier leur parallèle. Les emprunts de Calcidius à Adraste seraient d'ailleurs, selon Waszink , beaucoup plus étendus que ne le laisseraient croire les seuls passages qui ont leur parallèle chez Théon. Voir Moraux 2, p. 298 n. 17. Le Commentaire d’Adraste est encore mentionné à deux reprises par Achille (Tatius] (Excerpta , p. 16 , 5 et 43 , 9 Maass) et cité cinq fois dans le commentaire de Proclus ( II 169, 21-31 ; 170 , 5-21 ; 170, 26–171, 4 ; 187 , 17-26 ; 192, 24-26 Diehl). Il se pourrait qu'Adraste n'ait pas commenté tout le Timée et se soit borné à étudier certaines questions techniques difficiles. Il semble en tout cas s'être principalement intéressé à l'arithmologie et aux aspects mathématiques de la théorie musicale et de l'astronomie (Moraux 2 , p . 300 ). Pour une analyse des fragments et une étude des sources vraisemblables d'Adraste, voir Moraux 2, p . 296-313 .
ADRASTE DE PHILIPPES
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( 2 ) Simplicius connaissait d'Adraste un traité qu'il appelle lepi tñs TátEWS των 'Αριστοτέλους συγγραμμάτων (In Phys., p. 4, 12 Diels ) ου Περί της τάξεως tñs ' ApiotoTÉMOuç olhooopiac ( In Categ ., p. 16 , 2 ; p. 18 , 16 Kalbfleisch ). Il semble qu'Adraste ait abordé d'un point de vue philologique et historique le problème de l'ordre des traités aristotéliciens. Sur ce traité, voir Moraux 2, p . 314-317 . (3 ) Galien (De libr. propr. 11 , p. 118 , 17–119, 2 Müller) considérait que le commentaire des Catégories d'Adraste et celui d'Aspasius étaient les plus recom mandés pour une étude de ce traité d'Aristote. Aucun fragment n'a été conservé. (4) D'un commentaire sur la Physique un extrait transmis par Porphyre est conservé par Simplicius ( In Phys ., p. 123 , 2–125, 9 Diels ). Le passage est étudié par Moraux 2, p . 317-323 . (5 ) On sait enfin par Athénée XV , 673 e - f, qu'Adraste ( Adrantos codd .), présenté par un interlocuteur du banquet comme un ami personnel ( Töv xaldv ημών ) , avait écrit πέντε ... βιβλία περί των παρά Θεοφράστω εν τοίς Περί ηθών καθ'Ιστορίας και λέξιν ζητουμένων, έκτoν δε περί των εν τοις ' Ηθικούς Nixopaxeiouç ’ AplotoTÉMOUÇ. D'après Athénée, l'ouvrage aurait été plagié par un certain Héphaistion dans son ouvrage Sur l’Antiphon des Mémorables de Xénophon. Le point de vue d'Adraste sur le traité de Théophraste et l'Éthique d'Aristote était purement historique et littéraire. D'après Moraux 2 , p. 323-330, on retrouverait une partie de ce matériel dans les développements érudits du Commentaire anonyme sur les livres II - V de l'Éthique à Nicomaque qu'a édité G. Heylbut (CAG XX , p . 123-255 ). RICHARD GOULET.
25 AJDRA (STJE DE MYNDOS Médecin (?). Le nom a été restitué par W. Crönert, Kolotes und Menedemos, p . 92 s . , dans un passage obscur de pHerc. 1746 , fr. 5 , 4 : 'Alpá[ ot ] wi Mυνδίωι ; Cronert suggere également 'Αλεξάνδρ [ ωι τ ] ώι Μυνδίωι , médecin ayant vécu dans la première moitié du jer s . av. J.-C. ( cf. M. Wellmann , art. « Alexandros » 100 , RE I 2, 1894 , col. 1459, et la notice « Alexandros de Myndos » ) . TIZIANO DORANDI.
26 ADRASTE DE PHILIPPES RE 8 « Philosophe péripatéticien, élève d'Aristote » , mentionné par Étienne de Byzance ( s.v. Olainnoi, p . 666, 4-6 Meineke) et par Marcianus d'Héraclée (Artemidori Ephesi geographiae librorum Epitome V-VI 15 ; GGM I , 1885 , p. 576, 9-10). Il n'y a aucune raison de l'identifier avec le péripatéticien Adraste d'Aphrodise (M II) , comme Gercke semblait prêt à le faire (RE 7 et 8), mais on pourrait supposer, avec P. Moraux, Aristotelismus, t. II, p. 295-296 n. 9, que le maître de cet Adraste n'était pas le Stagirite, mais Aristote de Mytilène (RE 25), présenté par Galien (ſlepi nowv, p. 11,4–12, 12 Müller) comme ανήρ πρωτεύσας εν τη περιπατητική θεωρία . Οη sait que P. Moraux voit dans cet Aristote un maître d'Alexandre d’Aphrodise. Voir la notice « Aristote de Mytilene ». Ce rapprochement inviterait à situer Adraste de Philippes à la fin du Te s. Mais Étienne de Byzance qui connaît par
AÉTIOS
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exemple un Ainésias de Mégalopolis ( voir cette notice ), disciple de Théophraste, peut fort bien avoir mentionné un disciple d'Aristote de Stagire autrement inconnu. RICHARD GOULET.
AEBUTIUS + LIBERALIS (AEBUTIUS -) AEFICIANUS + AIPHICIANOS AEL ... + AIL ... AELIUS → aussi AILIOS AELIUS + ARISTIDE (AELIUS -) AELIUS → EVARETUS (Q. A. EGRILLUS - ) AELIUS + SARAPION (AELIUS - ) AELIUS + STILO (L. AELIUS - ) AELIUS → THÉON (AELIUS - ) AELIUS + TUBERO (L. AELIUS -) AELIUS + TUBERO ( Q. AELIUS - ) AEMILIANUS + SCIPIO AEMILIANUS AFRICANUS MINOR AEMILIUS
IUNCUS (L. AEMILIUS -)
AEMILIUS → PAULLUS (L. AEMILIUS - )
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ca I - IP AÉTIOS (Aétius) RE 7 Doxographe ayant vécu entre la fin du jer s . av. J.-C. et le début du 1er s . ap . J.-C. Le mérite d'avoir mis en lumière l'importance de ce personnage revient à H. Diels . Deux données permettent de définir les limites chrono logiques de sa vie avec une certaine assurance : en IV 3 , 10, en effet, il rapporte l'opinion du péripatéticien Xénarque, ami d'Arius Didyme et d'Auguste ; d'autre part, déjà à l'époque des Antonins, les Placita furent abrégés par le Pseudo Plutarque. Cf. 1 H. Diels , Doxographi Graeci, Berlin 1879 , p . 45-69 , 267-444 ; 2 id . , « Stobaios und Aëtios », RHM 36, 1881 , p . 343-350 ; 3 A. Gercke , art . « Aetios » 7 , RE I 1 , 1893 , col . 703 ; 4 M. Dal Pra, La storiografia filosofica antica , Milano 1950, p . 234-235 , 239-240 , 287-288 ; 5 L. Torraca (trad . ) , I Dossografi Greci , Padova 1961, p . 8-11 , 15-223 ; 6 H. Daiber, Aetius Arabus . Die Vorsokratiker in arabischen Überlieferung, Wiesbaden 1980. Titres attestés . Euvaywyn tõv åpeoxovtov. L'ouvrage, aujourd'hui perdu dans sa rédaction originale, a été magistralement reconstitué par Diels 1 , p . 267 444 ( trad. ital. par Torraca 5 , p. 15-223 ) qui a rassemblé les témoignages et analysé les sources. On considère que la source principale d'Aétius fut le recueil doxographique appelé Vetusta Placita, que l'on situe à l'époque et dans l'entou rage de l'école de Posidonius et d'Asclepiade de Pruse (1“). C'était essentiellement une épitome en six livres des Quoixõv 8bai de Théophraste. La reconstitution des Placita d'Aétius se fonde sur les traces importantes qu'on en trouve dans l'épitomé des Placita philosophorum du Pseudo -Plutarque ( antérieur à 177 ap . J.-C. ) , utilisée par Théodoret d'Antioche ( ca 393-457 ) dans sa Graecarum affec
AFRANIUS
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tionum curatio (Aétius y est cité à trois reprises en compagnie de Plutarque et de Porphyre : II 95 , IV 16 et IV 31 ) , dans le De natura hominis de Némésius d'Émèse ( IV - Ve s . ) et, enfin , dans les Eclogai de Stobée ( ve s . , sur la contribution duquel on consultera Diels 2) . A travers l'épitomè rassemblée par le Pseudo Plutarque, le matériel recueilli par Aétius connut une large diffusion dans le monde antique, tant en Orient qu'en Occident. Au texte du Pseudo -Plutarque ont puisé Eusébe de Césarée ( 265-340 ) pour les livres XIV et XV de la Préparation évangélique, Cyrille d'Alexandrie ( 370-444) et le Pseudo -Galien pour la seconde partie de l'Historia philosopha ( vers 500 ). On retrouve des traces de moindre importance, mais toujours symptomatiques de la diffusion de l'ouvrage, au moins jusqu'au VIe s . , chez Sextus Empiricus, Jean Lydus , le Pseudo -Justin, Achille, puis à l'époque byzantine ( chez Michel Psellus, Jean Tzetzes et chez Y'auteur anonyme des Ερωτοαποκρίσεις φιλοσόφου Αριστοτέλους publiées, a partir du Laurentianus XXVIII 22 , par V. Rose , Hermes 9 , 1875 , p . 119-121 ; sur toute cette littérature, on trouvera des explications détaillées dans les pages d'introduction de Diels 1 ). En Orient, toujours à travers les Placita du Pseudo Plutarque, Aétius connut une diffusion dans la pensée islamique grâce à la traduction de Qostā ibn Luqā, abrégée par Muhammed ibn Isḥāq (IX s . de l'ère chrétienne ), et à l'utilisation qu'en fit al -Shahrastāni dans son Liber Sectarum (XIT s. de l'ère chrétienne ). Sur la diffusion d'Aétius dans le monde arabe, voir Daiber 6 (pour al- Shahrastāni, voir 7 C. Baffioni, Elenchos 4 , 1983 , p . 261 s . ) . L'important matériel recueilli par Aétius a conservé un nombre considérable de renseignements sur la « physique » des auteurs grecs antérieurs à Aristote (en particulier des présocratiques). TIZIANO DORANDI
28 AFRANIUS ( L. - ) RE 5
II
Auteur de fabulae togatae. Éditions. 1 O. Ribbeck , Scaenicae Romanorum poesis fragmenta, 2e éd. , Leipzig 1873 ; 2 A. Daviault ( édit.), Comoedia Togata, Fragmenta, CUF, Paris 1981 . Études. 3 F. Marx, RE I 1 , 1893 , col . 708-710 ; A. Daviault, 2 , p . 37-47 . Contemporain d'Accius et de Pacuvius (Velleius Paterculus II 9 , 3 ), il donne l'essentiel de ses pièces dans la seconde moitié du IT s . av . J.-C. , sans qu'il soit possible d'apporter plus de précisions, car tout nous échappe : sa vie, les dates de sa naissance et de sa mort. Il est, aux yeux des Romains , le représentant par excellence de la comédie « en toge » , c'est- à -dire à sujet romain ; mais nous ne possédons que des fragments épars de son cuvre . Les titres de ses comédies révèlent un certain goût pour l'analyse psycho logique (4 H. Bardon , La littérature latine inconnue, t. I : L'époque républicaine,
Paris 1952 , p . 138-143 ) . L'influence de la philosophie est affirmée par 5 G. Garbarino, Roma e la filosofia greca, p . 579-580. Elle s'appuie d'abord sur deux fragments (23-24 R .; 221 R. ) qui opposent l'amour et le désir, la passion et l'amour modéré du sage ( p. 336-338) et en conclut à une distinction d'origine stoïcienne. Elle en trouve confirmation dans le prologue de la Sella ( 302-303 R. ) où intervient la Sapientia. En fait, ces conclusions doivent être nuancées : la sapientia que les grecs nomment Sophia peut tout simplement
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AGAMESTOR
personnifier « le savoir dispensé par les Muses au poète » (A. Daviault 2 , p. 219) . La défiance à l'égard de la passion excessive et la distinction entre amor et cupido figure déjà chez Plaute et Caton l'Ancien (Daviault 2, p. 150) et traduit aussi l'attitude des Romains de cette époque. S'il y a une influence de la philo sophie, ce que les fragments ne permettent pas de démontrer en toute certitude, elle s'accomplit assurément dans une rencontre avec la tradition romaine.
MICHÈLE DUCOS . AFRICANUS + SCIPIO AEMILIANUS AFRICANUS MINOR 29
AGAMESTOR RE 3
III - II
A. Philosophe académicien , originaire d'Arcadie , fils de Polyxène, dont la vie se situe entre Lacydès et Hégésinus, le prédécesseur de Carneade ; il est mort sous l'archontat de Xénoclès ( 168/7 ), après la défaite de Persée à Pydna ( cf. Ind . Acad. Herc ., col. M, 18 ; XXVII, 32-33 et XXVIII, 4-9 = p. 78, 95 et 96 Mekler. Dans les colonnes XXVII-XXVIII de l'Index est reproduit le texte d'Apollodore, FGrHist 244 F 47 ; cf. T. Dorandi, La 'Cronologia' di Apollodoro nel PHerc. 1021, Napoli 1982, p . 40 ). B. On doit probablement l'identifier avec l'académicien Agapestor men tionné par Plutarque, Quaest. conv. I 4, 3 (cf. H. von Arnim , REI 1 , 1893 , col. 729 ; Susemihl, t . I , p . 126 n . 613 , J. Glucker, Antiochus , p. 213 n . 138 , et H.J. Mette, Lustrum 27, 1985 , p. 50 ). TIZIANO DORANDI. AGAPESTOR → AGAMESTOR
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AGANIS Plusieurs témoignages sur Aġānis sont conservés dans les extraits du Commentaire de Simplicius sur le premier livre des Éléments d'Euclide, eux mêmes conservés dans le Commentaire d'al-Nayrizi, mathématicien du IX s . de notre ère. Dans la version latine, due à Gérard de Crémone (voir 1 M. Curtze [édit .), Anaritii in decem libros priores Elementorum Euclidis Commentarii, ex interpretatione Gherardi Cremonensis in codice Cracoviensi 569 servata [ = Euclidis Opera Omnia, Supplementum ), coll. BT, Leipzig 1899 ), « le philosophe » Aġānis ( p. 26, 11 ) est appelé par Simplicius socius noster (p. 13, 7 et 35 , 4) , ce qui a permis à 2 P. Tannery, « Le philosophe Aganis est-il identique à Géminus ? », dans ses Mémoires scientifiques publiés par J.-L. Heiberg et H.-G. Zeuthen , t . III (Sciences exactes dans l'Antiquité), Paris / Toulouse 1915 , p . 37 41 , de contester l'identification antérieurement envisagée avec Géminus (de Rhodes). Selon Tannery , il s'agirait en fait d'un contemporain de Simplicius, peut- être un étaipos du cercle néoplatonicien. A propos de la définition de l'angle, il prendrait parti en faveur de Plutarque d'Athènes contre Proclus qui suivait l'avis de son maître Syrianus. A titre de simple hypothèse , Tannery a proposé de retrouver sous le nom d'Aġānis celui d'Agapius, qui enseigna à Athènes au début du VIe s . (Voir la notice « Agapius d'Athènes» ). On trouvera un résumé des hypothèses jusqu'ici formulées dans l'article de 3 A.I. Sabra ,
AGANIS
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« Thābit Ibn Qurra on Euclid's Parallels Postulate > , JWCI 31 , 1968 , p. 13 n. 6. Mais 4 I. Hadot, « La vie et l'æuvre de Simplicius d'après des sources grecques et arabes» , dans I. Hadot ( édit .), Simplicius. Sa vie , son ouvre, sa survie, Collo que de Paris 1985 , coll. « Peripatoi » 15 , Berlin 1987 , p . 37-38 et n . 119, signale, à la suite d'une suggestion de M. Tardieu , que le nom Aġānis est un patronyme attesté dans les documents grecs d'Égypte et qu'il pourrait s'agir non pas de la transcription approximative d'un nom grec ou latin , mais du nom véritable de l'ami de Simplicius. La suggestion est intéressante, bien que les noms autochtones égyptiens ne soient pas très fréquents dans le cercle des philosophes alexandrins de l'époque, si l'on en juge par Marinus ou Damascius, et que les noms grecs déformés soient courants dans ces traductions arabes : le contexte permet peut -être de retrouver Archimède et Posidonius sous Asamithes et Aposedanius, mais il reste des noms comme Abthiniatus ( p. 35 , 1 et 65 , 23 Curtze) qui sont tout aussi peu facilement identifiables qu’Aġānis. On notera , par ailleurs, qu'un certain Aġānis est mentionné, parmi les médecins, dans des biobibliographies et des doxographies arabes. Voir 5 Ridā Tagaddud ( édit. ), Kitāb al- Fihrist li - l-Nadim , Téhéran H. S. 1350/1071, p . 245 , et 6 G. Flügel ( édit . ) , Kitâb al - Fihrist mit Anmerkungen herausgegeben von G.F. , nach dessen Tode besorgt von J. Roediger und A. Müller, Leipzig 1871 1872 , réimpr. Beirut 1964 , t. I , p . 286 et notes y afférentes [ 7 B. Dodge ( trad. angl.), The Fihrist of al-Nadim . A Tenth -Century Survey of Muslim Culture, coll. « Records of Civilization : Sources and Studies » 83 , New York / London 1970 , t. II, p . 675 , retient une autre variante : Aghātuys ]; 8 N. Ridā (édit . ) , Ibn Abi Uşaybi'a, Oyūn al-anbā ' fi tabaqāt al -aţibbā ', Beyrouth 1965 , p . 40 ; 9 D.M. Dunlop (édit . ) , The muntakhab Şiwān al-hikma of Abū Sulaiman as- Sijistāni. Arabic Text, Introduction and Indices, coll. « Near and Middle East Monographs » 4, Den Haag /Paris /New York 1979, p . 16. Selon ces auteurs, Jean Philopon serait la source de cette information (sur les fragments arabes de son Histoire des médecins , non conservée en Grec , voir 10 M. Ullmann , Die Medizin im Islam , coll. « Handbuch der Orientalistik » , Erste Abteilung, Ergänzungsband VI, 1. Abschnitt, Leiden /Köln 1970, p . 228 ). Le texte arabe d'al -Nayrīzi a été édité par 11 R.O. Besthorn , J.L. Heiberg, G. Junge , J. Raeder et W. Thomson (édit . et trad . ), Codex Leidensis 399, 1 . Euclidis Elementa ex interpretatione Al -Hadschdschadschii cum commentariis Al-Narizii, Arabice et latine ediderunt, notisque instruxerunt R.O.B. , J.L.H. , GJ., J.R., W.Th., 3 parties (6 fascicules ), Hauniae (København ) 1893-1932 , ( pour Aganis voir notamment, partie 1, fasc . 1 et 2 , p . 9 et 119 ). 12 A.I. Sabra, « Simplicius' Proof of Euclid's Parallels Postulate » , JWCI 32 , 1969, p. 1-24 , a édité et traduit en anglais les extraits du Commentaire de Simplicius contenus chez ce mathématicien et dans d'autres documents arabes. 13 K. Jaouiche, La théorie des parallèles en pays d'Islam . Contribution à la préhistoire des géométries non - euclidiennes, coll. « L'histoire des sciences. Textes et études » , Paris 1986 , p . 12, 17 , 18-19 , 21-22, 31-35 , 55 , 58 , 127-136 , 257 , analyse la « théorie d'an -Nayrīzi-Aganis » , dont il donne , en outre, une traduction française. Voir aussi I. Hadot 4, p. 36-37 ; 14 GAS, t . V, p. 157-158 , 283-284, 394 ; 15 A.P. Youschkevitch, Les mathématiques arabes (VIIIe- XVe siècles). Traduction française de M. Cazenave et K. Jaouiche, coll . « L'histoire des
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AGAPIUS
sciences. Textes et études. Collection d'histoire des sciences >> 2 , Paris 1976 , p . 113-114 . RICHARD GOULET et MAROUN AQUAD . 30
AGAPIUS RE 2 Platonicien chrétien hétérodoxe, tenu à tort pour manichéen . D'après Photius, Bibl. cod . 179, il faisait usage des obowv panuátwv ( 125 a 20-21), surtout celles de Platon ( 125 a 11 ) . Le titre de l'ouvrage d'Agapius , 'Entáhoyos, est mentionné par les formules d'abjuration antimanichéennes des mss suivants : ( 1 ) Barberinianus graecus 336 , VIIIe s . , édité par 1 G. Ficker, « Eine Sammlung von Abschwörungsformeln », ZKG 27 , 1906 , p . 447 , 7-8 ; (2) Vatopedinus graecus 236 , XII° s . , édité par 2 M. Richard , CCG 1 , Turnhout 1977 , p . XXXIV , ligne 48 ; (3 ) Parisinus graecus 1372, XIVe-XVe s . , édité par 3 J.-B. Cotelier, SS. Patrum Apostolicorum opera, Paris 1672 ; deuxième édition par Jean Le Clerc, Anvers 1698 , réimpr. Amsterdam 1724 , t . I , p . 544 b . L'anathématisme contre Agapius et l'Heptalogos est passé chez Pierre de Sicile, Histoire des Pauliciens, $ 67-68 , édité par 4 D. Papachryssanthou et J. Gouillard dans Ch . Astruc, W. Conus Wolka et alii (édit . ) , « Les sources grecques pour l'histoire des Pauliciens d'Asie mineure » , Travaux et mémoires, t. IV , Paris 1970 , p. 31 , 28-29 et 32, source de Photius , Diègèsis § 50, édité par 5 W. Conus-Wolska et J. Paramelle , ibid. , p . 137 , 17 . Le contenu de l'Heptalogos d’Agapius est connu seulement par la notice de Photius, Bibl. cod. 179, 124 a 16-125 a 28, t . II, p. 184-187 Henry . Dédié à une femme du nom d'Ourania (allégorie de la philosophie ), l'ouvrage comprenait 23 Aoyú8pia et 202 Štepa xepálaia (voir Henry, p. 184 n. 2). Le titre mentionné par les formules d'abjuration n'est pas repris ici par Photius. D'après le résumé de ce dernier, il s'agissait d'un traité de philosophie chrétienne, fondé sur l'exégèse allégorique de l'Écriture. Par bien des aspects, ce traité s'apparente à la Para phrase de Sem conservée en copte dans les Nag Hammādi codices VII 1 . Datation . Le terminus a quo est fourni par Photius 125 a 15 qui indique qu'Agapius polémiquait contre Eunome; son terminus ante quem par le Barbe rinianus ( 1 ), dont le texte date du milieu du ve s. et où Agapius est anathématisé, pour la première fois, comme « manichéen » . École. La mention d'Agapius dans les formules d'abjuration imposées aux manichéens conduisit Pierre de Sicile et, après lui, Photius, à considérer Agapius comme l'un des « douze » disciples de Mani, classification reprise sans critique par les modernes : 6 A. Jülicher, art. « Agapios» 2 , RE I 2 , 1894 , col . 735 , 10 13 ; 7 G. Brillet , art. « Agapius ou Agapios » , DHGE I , 1912 , col. 902-903 ; 8 P. Alfaric , Les Écritures manichéennes, t . II , Paris 1919 , p . 106-107 ; 9 G. Bardy, art. « Manichéisme» , DTC IX 2 , 1924 , col . 1848 ; 10 R. Henry, édition de Photius, t. II, p . 184 n . 2. Rien dans la notice de Photius ne peut autoriser à rattacher Agapius au mani chéisme . C'est un adepte de l'encratisme et de l'allégorie dans la tradition d'Hiéracas (voir Épiphane, Panarion LXXVII). La notice sur Mani précédant celle sur Hiéracas dans le canon hérésiologique byzantin , qui était fondé sur le catalogue d'Épiphane, l'orthodoxie byzantine assimila l’hérésie hiéracite à du
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AGATHARCHIDÈS DE CNIDE
manichéisme. D'où l'anathématisation d’Agapius comme « manichéen » dans le Barberinianus ( 1 ) et les sources qui en dépendent. MICHEL TARDIEU . 31
AGAPIUS D'ATHÈNES RE 3 PLRE II : 3
fl. 511
« Philosophe athénien , ( formé) par Marinus, après la mort de Proclus ( en 485) . On l'admirait pour son amour de l'étude et pour les problèmes difficiles qu'il soulevait » ( Souda A 157 ; t. I, p . 20, 16-18 Adler = Damascius, Vie d'Isidore , fr. * 277 Zintzen ). Plusieurs fragments de la Vie d'Isidore mentionnent ce philosophe : Fr. 328 = Soudar 207 ; t. II, p. 520 , 21 - 521 , 8 Adler: sous l'empereur Zénon ( 474-491) « Agapius et les autres philosophes » furent arrêtés ( par l'envoyé de l'empereur ?)et conduits au quartier général ( ápxeiov ). » Fr. 284 = Souda N 477 ; t. III, p. 477, 9-11 Adler : comme critique littéraire, Nomos, le frère de Jan ( n )uarius, était supérieur à Agapius le philosophe et à Severianus. Fr. 276 = Souda Y 166 ; t. IV , p. 646 , 4-5 Adler : mentionne les xpital Agapius, Severianus et Nomos. Ce sont les trois xpitixol & våper du temps de Damascius. Jean Lydus (De mag. III 26 ; p. 113 , 12-20 Wünsch ) dit avoir suivi à l'âge de vingt et un ans, au cours de ses études à Athènes, sous le consulat de Secundi[ a ]nus, en 511 , l'enseignement que dispensait Agapius, le dernier élève de Proclus, sur la philosophie de Platon et d'Aristote. Ce philosophe était célébré dans le monobiblion du poète Christodore de Coptos « Sur les auditeurs du grand Proclus » . Jean Lydus cite à ce propos un vers qui le présentait comme « le dernier, mais le premier de tous » les disciples de Proclus. On doit apparemment le distinguer non seulement du platonicien chrétien qui écrivit un traité sur l'accord des doctrines de Jésus et de Platon (voir la notice précédente ), mais aussi d'Agapius d'Alexandrie (RE 1 ; PLRE II : 2), médecin « formé depuis son enfance dans les connaissances libérales et devenu maître des disciplines médicales » (fr. 330 = Souda A 158 ; L. I, p. 20, 19-23 Adler) qui fit carrière à Constantinople. C'est à ce dernier que se rapporte raient les fragments 330-333 de Damascius. Freudenthal rattache toutefois à Agapius le philosophe le fr. 331 = Epit. Phot. ( cod. 242 ), 298 : « A la fois grave et sociable, Agapius avait étudié plus qu'on ne le fait d'ordinaire l'ancienne langue et il attira sur lui l'attention des gens de Byzance ; il suscita aussi l'admiration des érudits alexandrins. Il s'appuyait, en effet, sur une culture complète ; il voulait être un chercheur et un critique en matière de grammaire et de lettres (ζητητικός τε και κριτικός ηθού Aeto elvai ypappatiXWV Te xai Pntopixūv ); en un mot, il passait pour un savant accompli et il en était un ( litt.: il passait pour un tétragone ( allusion pythagoricienne) et il l'était sous le rapport de la oodía )» (trad. Henry). PourR. Asmus, Das Leben des PhilosophenIsidoros von Damaskios aus Damaskos, coll. « Die philosophische Bibliothek » 125 , Leipzig 1911 , p. 115, le philosophe était aussi " iatrosophiste”. Tannery a proposé de reconnaître Agapius sous l’Aganis connu par la tradition arabe à travers Simplicius. Voir la notice « Aganis » . RICHARD GOULET. AGASICLÈS → AGATHOCLÈS DE TYR
IT"
32 AGATHARCHIDÈS DE CNIDE RE 3
Historien et géographe de la cour des Ptolémées à Alexandrie. Strabon XIV 2, 15, p. 656 C. , le désigne comme un membre du Péripatos (O Éx TÕV nepinátov ανήρ συγγραφεύς ).
ay ma
64
AGATHARCHOS
Photius, Bibl. cod. 213, qui le connaissait aussi sous le nom d'Agatharchos, le présente comme un grammatistes, puis comme le secrétaire (« scribe et lecteur ») d'Héraclide Lembos (ambassadeur pendant la guerre contre Antiochus Épiphane en 170-160 ). « Il fut aussi l'esclave (OpenTÓC) de Cinnaios ( cf. Kineas RE 22). » Photius lui attribue - entre autres ouvrages - un lepi tñs após pihouc Opinias (ou peut-être npoodhoūs, ainsi que le comprend 1 Wehrli (Überweg, GGP Antike 3 , 1983 , p. 585 )] , qui peut se rattacher à des préoccupations philoso phiques. Sur les aspects philosophiques de l'æuvre d'Agatharchidès, voir princi palement 2 E. Schwartz, art. « Agatharchides » 3 , REI 1 , 1893 , col . 739-741 . Les fragments historiques et géographiques sont rassemblés dans FHG III , p . 190-197 ; FGrHist 86 ( le commentaire signale un certain nombre de réfé rences bibliographiques sur Agatharchidès comme philosophe (p. 151 )] ; GGMI, 1855 , p . 111-195. Plus récemment, 3 D. Wölk , Agatharchides von Knidos, Über das Rote Meer . Übersetzung und Kommentar (Diss . Freiburg im Breisgau ), Bamberg 1966 , IV -285 p . , a donné une traduction richement com mentée des fragments, principalement tirés de Diodore et de Photius, du traité Sur la Mer Rouge. On y trouvera une bibliographie détaillée , p. 256-266 . Le rattachement au Péripatos n'implique pas nécessairement une allégeance aristotélicienne. Voir 40. Brinkmann , art. « Peripatos» , RESuppl. VII, 1940, col. 904 : déjà au IIIe s . av. J.-C., notamment à Alexandrie , le nom ne désignerait rien d'autre qu'un auteur intéressé par l'histoire littéraire , les questions biogra phiques, ou les sciences naturelles. Mais l'école aristotélicienne ne s'intéressait guère à autre chose à l'époque. Agatharchidès a pu recourir aux rapports d'explorations commandées par les Ptolémées (cf. Diodore III 38, 1 ). Photius, Bibl. cod. 250, $ 110, montre que la consultation de ces únou vň mata fut rendue impossible par les troubles survenus en Égypte, peut -être à l'époque de Ptolémée Physcon en 132/1 ( voir Wölk 3, p. 253). La Vie de Pythagore anonyme du cod . 249 de Photius (le codex précédent) aurait, selon 5 0. Immisch , Agatharchidea, SHAW 1919, 7. Abh., Heidelberg 1919, 109 p ., servi de préface à l'ouvrage d'Agatharchidès. Sur cette thèse, voir 6 K. Reinhardt, art. « Poseido nios », RE XXII 1 , 1953 , col. 763-768. RICHARD GOULET.
AGATHARCHOS → AGATHARCHIDÈS 33
A]GATH [ARCHOS Nom restitué par Crönert en Philodème, PHerc. 1780, fr. 8r, 8-9 Tepedino : 'Allyao [ apx . Le fragment évoque un pacte intervenu entre le scholarque épicurien Dionysios de Lamptres et un certain Diotimos. TIZIANO DORANDI.
34
AGATHINOS DE SPARTE (CLAUDIUS - ) RE 8 PIR2 C 772
MI
A. La Vie du poète latin Perse (34-62) présente deux philosophes de l'entou rage du stoïcien Comutus (8 V) : « Chez Cornutus, il fut le commensal de deux hommes très savants et très vertueux qui philosophaient alors avec ardeur (doctissimorum et sanctissimorum virorum acriter tum philosophantium ), le médecin lacédémonien Claudius Agathurnus et Petronius Aristocratès de Magnésie. Il les admira singulièrement et en fut l'émule , bien qu'ils fussent de l'âge de Cornutus et lui plus jeune d'environ dix ans» ( texte et traduction de
AGATHINOS DE SPARTE
65
L. Hermann (édit. ] , Perse, Satires, coll. « Latomus » 59, Bruxelles/Berchem 1962, p . XIII). Les manuscrits donnent diverses formes : Agaturnus, Agatur rinus, Agaturrhinus, qu'on a corrigé en Agathurnus ou Agathemerus. G. Richter, Portraits, t. III, p. 283 et pl. 2022, identifie le « Klaudios Agathernos de Sparte » de la Vie de Perse avec le médecin Claudios Agathemeros [RE 4 ), représenté avec son épouse Myrtale sur un monument funéraire retrouvé à Rome ( IGUR 1247 [avec photo, t. III, p. 107 ]; voir aussi Epigr. gr. 554 Kaibel) et maintenant conservé à l'Ashmoleum Museum d'Oxford. La coiffure de l'épouse permettrait, selon Richter, de dater le monument de la dynastie flavienne. Il est cependant exagéré de dire que cette identification proposée tout d'abord par Reinesius est « universally accepted » . Il faut plus probablement corriger le nom du philosophe de la Vie de Perse en Agathinus, car nous connaissons par Galien un médecin lacédémonien du même nom. B. « Le médecin Claudios Agathinos » nous est en effet connu par Galien qui le présente comme un médecin lacédémonien de l'école pneumatique (t. XIX , p . 353 Kühn ), et par la Souda qui en fait le maître d'Archigénès d'Apamée (A 4107, t. I, p. 376, 1-3 Adler), lequel est né vers l'an 54 de notre ère. Contrai rement à l'interprétation de M. Wellmann (art. « Agathinus» 8 , RE I 1, 1893, col. 745 ) , F. Kudlien ( art. « Pneumatische Ärzte », RESuppl. XI, 1968 , col. 1098 ) considère que l'expression employée par Galien ( an ' 'Aonvalou ToŨ 'Attahéwç, t. VIII, p . 787 Kühn) ne signifie pas que Claudius Agathinus était un disciple immédiat du fondateur de l'école pneumatique, Athénée d'Attaleia, mais simplement un membre de cette école . Selon Galien, il aurait lui-même fondé une école qu'il appelait énLOUVÕETIXÍ et que d'autres appelaient ÉXheXTIXÍ ou éxtih (t. XIX , p. 353 Kühn ). Un de ses élèves, Hérodote (t. VIII, p. 750-751 Kühn), dédicataire du lepi opuyuāv d'Agathinos (ib. , p. 753) et fils du pharmacologue Lecanios Areios (RE 13) de Tarse, est vraisemblablement le sceptique Hérodote de Tarse (RE 11 ), maître de Sextus (D.L. IX 116) ; c'est du moins l'avis de Zeller, H. von Arnim (art. « Herodotos » 11 , RE VIII 1 , 1912, col. 990 ) et F. Kudlien (« Die Datierung des Sextus Empiricus und des Diogenes Laertius », RhM 106 , 1963 , p. 252-254 ), contre H. Gossen ( art. « Herodotos » 12, RE VIII 1 , 1912, col. 990 ). Divers fragments des ouvrages médicaux d'Agathinos sont transmis par Galien et Oribase . Cf. M. Wellmann, Die pneumatische Schule bis auf Archigenesin ihrer Entwickelung dargestellt, coll. « Philologische Untersuchungen » 14, Berlin 1895 , 239 p . (sur Agathinos, p . 11-12) ; F. Kudlien , art . « Agathinus (Clau dius-) » , DSB I , 1970, p . 74b -75b; A.S. Bradford, A Prosopography of Lace demonians from the death of Alexander the Great, 323 B.C. , to the sack of Sparta by Alaric, A.D. 396 , coll. « Vestigia » 27, München 1977 , p . 3 ( signale toutes les références à Agathinos chez Galien ). C. On a généralement identifié ce personnage avec le médecin Claudius Agathinus, dédicant d'un monument funéraire en l'honneur d'une certaine Felicitas dont il était l'époux, dans une inscription grecque de Rome (IGUR 1349 (avec photographie, t. II, p. 202); Epigr. gr. 558 Kaibel). Cette identification est cependant remise en cause par Moretti qui date le monument de l'époque des Antonins. Malgré l'homonymie et l'identité des professions, il ne s'agirait pas alors de l'ami de Perse (mort en 62) . RICHARD GOULET.
66
35
AGATHION
AGATHION (ou SOSTRATUS)
RESuppl. VIII : 6a
DII
Ascète et ermite de la première moitié du II° s . , connu sous les noms de Sostratus, d'Héraclès et d'Agathion, qui, grâce à des récits littéraires, connut une célébrité légendaire . Études d'orientation. 1 W. Hartke, Römische Kinderkaiser. Eine Struk turanalyse römischen Denkens und Daseins, Berlin 1951 , p. 27-29 ; 2 I. Avotins, A Commentary to the Life of Herodes in the Lives of the Sophists of Philostratus , Diss. Harvard 1968 , p . 87-105 ( résumé dans HSPh 73 , 1969 , p . 305-307 ) ; 3 J.F. Kindstrand, « Sostratus -Hercules-Agathion - The Rise of a Legend » , Annales Societatis Litterarum Humaniorum Regiae Upsaliensis, 1979 1980, p . 50-79 ; 4 W. Ameling, Herodes Atticus, I. Biographie, coll. « Subsidia Epigraphica : Quellen und Abhandlungen zur griechischen Epigraphik » 11 , Hildesheim 1983, p. 155-158 . Sources biographiques anciennes . ( 1 ) Plutarque, Quaest. conv. IV 1 , 1 , 660 e ; ( 2) Hérode Atticus dans Philostrate , V. soph. II 1 , p . 60 , 29-63, 6 Kayser ; (3 ) Lucien , Démonax 1 , qui fait référence à une biographie perdue de Sostratus par le même auteur. Les relations entre les sources sont difficiles à établir. Le nom de Sostratus relevé chez Plutarque résulte d'une conjecture, les mss ayant Sosastros, et, pour des raisons d'ordre chronologique, il n'est pas sûr que celui- ci soit identique à la personne dépeinte dans les autres sources. En outre , il est impossible de dire avec certitude dans quelle mesure le récit de Philostrate est fondé sur celui d'Hérode Atticus, ni si Philostrate s'est servi de la biographie désormais perdue de Lucien .
Nom . Les trois sources donnent des noms différents à ce personnage . Plutarque le nomme Sostratus ( ?), Hérode Atticus et Philostrate se servent des noms d'Héraclès et d'Agathion, tandis que Lucien l'appelle Sostratus et Héraclès. Il est possible que ces noms aient été employés pour désigner plutôt un type qu'un individu. Voir Ameling 4 , p . 158 : « Sowohl Herakles als auch Sostratos sind dann keine personengebundenen Namen , sondern eher die Bezeichnung einer bestimmten Gattung Mensch . » Datation . Hérode Atticus et Lucien déclarent avoir connu personnellement Sostratus ; il aurait donc vécu pendant la première moitié du II s . Le texte de Plutarque est peut-être incompatible avec cette datation, car il semble supposer que Sostratus était déjà mort. Voir Kindstrand 3, p. 56-58 . Localisation géographique. Sostratus a des liens tant avec la Béotie (Plutarque, Lucien , Hérode Atticus -Philostrate ) qu'avec l'Attique ( Hérode Atticus -Philostrate ). École. Sostratus, comme personnage historique, n'appartenait probablement à aucune école philosophique, le caractère philosophique conféré à ce personnage étant sans doute dû à la seule description littéraire . Son ascétisme et ses bonnes actions ont pu servir de point de départ. Lucien a interprété sa vie et son activité en termes cyniques; voir 5 D.R. Dudley, A History of Cynicism , p. 182-183 . C'est sans doute sous l'influence des mouvements romantiques et atticistes de son époque qu'Hérode Atticus a décrit Sostratus comme une curiosité en Attique.
AGATHOCLÈS
67
Philostrate a fait pour sa part de Sostratus un spécimen de la catégorie du Deios ávúp ; voir Kindstrand 3, p. 58-71 et 75-77 . JAN FREDRIK KINDSTRAND . 36
AGATHOBOULOS RE 1
I -II
Ce cynique d'Alexandrie, à qui Pérégrinus Proteus rendit visite en Égypte ( Lucien, Pérégrinus 17), pratiquait un ascétisme rigoureux. Il fut un des maîtres de Démonax , tout comme Épictète et Démétrius (Lucien , Démonax 3 ) . La Chronique d'Eusébe - Jérôme (p. 198 , 1-3 Helm ) le présente, aux côtés de Plutarque de Chéronée, Sextus et Oenomaos,comme l'un des philosophi insignes connus en l'année 119 ap . J.-C. A titre d'hypothèse, D.R. Dudley ( A History of Cynicism , p . 175 n . 3 ) suggère que cet Agathobule pourrait être le « fameux sophiste de Rhodes » sous la conduite duquel Démétrius de Sounion s'exerça à l'ascèse cynique à Alexandrie (cf. Lucien , Toxaris 27 ). MARIE -ODILE GOULET -CAZÉ. AGATHOBOULOS → ARISTOBOULOS 37. AGATHOCLÈS RE 22
MV
Musicien , disciple de Pythocleidès de Céos et maître de Damon . Platon , Protagoras 316 e , fait dire à Protagoras qu’Agathoclès, « le grand sophiste » , et Pythocleidès étaient des sophistes qui utilisaient la musique comme une « couverture » . En Lachès 180 d, Agathoclès est présenté comme maître de Damon , mais une scholie sur Alcib . 118 c , 95 Greene (cf. DK 37 A 2) présente Agathoclès comme le disciple du musicien pythagoricien Pythocleidès et comme le maître d'un certain Lamproclès dont Damon serait le disciple . Il est également connu comme maître de Pindare (Schol . in Pind. Ol. I 1 , 11-12 ; I 9 , 1 Drachmann ). Cf. E. Graf, art. « Agathokles » 22 , REI 1 , 1893, col. 758 . BRUNO CENTRONE .
38 AGATHOCLÈS
III ?
Stoïcien peut-être fictif. Dans le dialogue de Lucien, Icaroménippe 15 , où Ménippe raconte à un ami le voyage céleste qu'il vient d'effectuer, sont mentionnés quelques personnages historiques des Ive ou IIIe s . av. J.-C. dont Ménippe put voir depuis la lune certaines actions caractéristiques ( Ptolémée, Lysimaque, Séleucus, Alexandre de Thessalie ( tyran de Phères), Antigone, d'autres pour nous inconnus ou du moins difficiles à identifier avec précision : Attale, Arsaces, Spatinos, etc. ). Aprèsles rois grecs et barbares, Ménippe évoque quelques actions ridicules de personnages moins illustres : « Hermodore l'épicurien qui se parjure pour mille drachmes, Agathoclès le stoïcien qui traîne son disciple en justice pour une question de salaire, le rhéteur Cleinias qui vole une coupe au temple d'Asclepios, et le cynique Hérophile qui dort au bordel >> (§ 16) . Comme l'ensemble du développement entend dévoiler les vices des grands et des humbles, il est possible que les exemples historiques ( dont certains ne nous sont connus que par Lucien ) ne soient choisis que pour leur caractère typique et que les personnages nommés ensuite n'aient reçu des noms propres que pour rendre plus concrets les types évoqués. Ces philosophes sont en tout cas inconnus par ailleurs. D'un autre côté, comme les faits signalés ne réapparaissent pas chez Lucien et que les noms choisis – sauf Agathoclès – ne sont pas utilisés
AGATHOCLÈS
68
pour d'autres personnages, il n'est pas impossible que ces exemples soient repris d'un ouvrage de Ménippe. Cf. R. Helm , Lukian und Menipp, Leipzig/Berlin 1906 , p. 77-78. RICHARD GOULET. 39
II
AGATHOCLÈS RE 29
Péripatéticien, contemporain de Démonax (Lucien, Démonax 29) . Comme il se vantait d'être le seul (véritable) dialecticien et le premier d'entre eux , Démonax lui aurait répondu : « En vérité, Agathoclès, si tu es le premier, tu n'es pas le seul; si tu es le seul, tu n'es pas le premier. » Sur la formule rapportée par Lucien, voir B. Baldwin , « The first and only » ,Glotta 52, 1984, p. 58-59, qui en signale plusieurs attestations. RICHARD GOULET. 40
AGATHO [ C ]LÈS DE TYR RE cf. « Agasikles » 5
MF IT
Académicien , disciple de Carnéade, mentionné dans l'Ind. Acad. Herc., col. XXIII, 7-8 (p . 84 Mekler): ' Aya o [x ]añs Tópios, oŬ Soxei | nollà peuvſodai Xa [ p ]uáldas (= Carnéade, T 36, 8 s . Mette ). Bücheler avait lu 'Ayaoıxañs et von Arnim a répertorié ce philosophe sous ce nom (RE 5).
TIZIANO DORANDI. 41
AGATHON
MF III ?
Ce nom figure dans le titre d'un ouvrage de Chrysippe relevant de la logique : Mpós ’Ayáowva nepì Tõv étñs apobanuátwv a ' (D.L. VII 194 ; p . 386, 17 Long) . Placé ainsi au début du titre, il doit s'agir non pas du dédicataire du traité, mais d'un adversaire attaqué sur un chapitre de la logique. C'est le seul titre de la liste des ouvrages de Chrysippe qui présente cette forme disjonctive.
RICHARD GOULET. AGATHURNUS , AGATURRINUS + AGATHINUS 42
AGÉAS DE CROTONE
va ?
Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique, V. pyth. 36, 267 ; p . 143 , 22 Deubner. BRUNO CENTRONE . 43
AGÉLAS DE CROTONE
va ?
Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique , V. pyth. 36 , 267 ; p. 143 , 20 Deubner. BRUNO CENTRONE . 44
AGÉNOR DE MITYLÈNE RE 3
MIV
Musicien ayant enseigné aux enfants d'Aphareus, le fils adoptif d'Isocrate . Dans sa Lettre VIII aux gouvernants de Mitylène (p . 332-333 Hercher ), l'orateur sollicite pour Agenor et sa famille l'autorisation de rentrer d'exil (sur cette lettre que l'on peut dater des environs de 350", voir K. Münscher, art. « Isokrates » 2 ,
AGÉSILAOS DE CORYCOS
69
RE IX 2 , 1916, col. 2212-2213 qui admet son authenticité ). Agenor est présenté par Isocrate ($ 4) comme l'un des musiciens les plus renommés de l'époque. Selon Aristoxène, Harm . II 37 , les représentants de l'école d'Agenor n'auraient pas réussi à énumérer les diverses espèces de gammes . En dépendance d'Aristoxène, Porphyre mentionne également l'école d'Agénor dans son Com mentaire sur les Harmoniques de Ptolémée, p . 3 , 4-6 Düring. BRUNO CENTRONE . MV
45 AGÉSARQUE DE MÉTAPONTE
Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique, V. pyth . 36 , 267 ; p . 144, 4 Deubner. BRUNO CENTRONE. AGÉSIANAX + HÉGÉSIANAX
MV
46 AGÉSIDAMOS DE MÉTAPONTE
Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique , V. pyth . 36 , 267 ; p . 144, 3 Deubner. BRUNO CENTRONE .
47 AGÉSILAOS DE CORYCOS RESuppl. 1 : 7b
II
Philosophe, père du poète Oppien , l'auteur des Halieutica . D'après la version la plus ancienne (et la moins interpolée) d'une Vie anonyme d'Oppien (p. 243 de l'éd . Bussemaker 1849 [Didot]), le poète était le fils d'Agesilaos et de Zénodotè, de Corycos (ou d'Anazarbe ajoute une version plus tardive) en Cilicie. Le poème ( III 7 s.; 204 209) et l'article de la Souda ( s.v. 'Onniavos, t. III, p. 547, 15-20 Adler) permettent d'opter pour la première de ces cités. Agesilaos, citoyen riche et influent, « menait la vie philo sophique » et procura à son fils une formation dans le cycle complet des études, lui enseignant la musique , la géométrie et les autres disciplines, au premier chef la grammaire. « Alors qu'Oppien avait déjà trente ans, l'empereur des Romains (Septime-]Sévère ( 193-211 ) visita Anazarbe ou Corycos ; comme il fallait que les citoyens viennent sans faute rencontrer l'empe reur et qu'Agésilaos avait négligé de se prêter à cette rencontre, du fait qu'il menait la vie philo sophique et n'avait que du mépris pour la vaine gloire, l'empereur le prit mal et exila Agesilaos sur l'île de Malte. C'est là que le poète qui vivait avec son père écrivit les remarquables poèmes ( auxquels la présente vie introduit... ). Venu à Rome sous Antonin (-Caracalla) (211-217), ( ... ) à la suite de larécitation de ses poèmes (TapetedBUY aútá ), il fut jugé digne de demander tout ce qu'il voulait. Il réclama le retour de son père. Il obtint satisfaction et reçut en plus une pièce d'or pour chaque vers. Revenu avec son père, une épidémie frappa (Anazarbe ou) Corycos et il mourut peu après, âgé de trente ans , laissant ses parents encore en vie . » Une scholie sur Halieut. I 126 ( p. 269 a 24-33), voit dans ce vers une attaque contre un eunuque qui avait médit du père d'Oppien auprès de Sévère, du fait que, « vivant de façon philosophique et méprisant toutes choses », il avait négligé de rencontrer l'empereur. R. Keydell ( art. « Oppianos » 1 , RE XVIII 1 , 1939, col . 698-700 ) conteste cependant l'historicité de l'ensemble de cette biographie : l'Antonin auquel les Halieutiques sont dédiées ne peut être que Marc -Aurèle ( cf. 1 3 et 70 ; III 1 ; V 1 et 675 ), son fils ( cf. I 66 ; II 41 et 682 ; IV 4 ; V 45 ), présenté comme associé à l'empire (II 682 ; V 45), ne peut être que Commode, et le climat de paix évoqué par le poème (II 676 s. ) conduit à dater sa composition en 177. D'autres témoignages (Athénée, Eusèbe, la Souda) invitent également à situer Oppien sous Marc - Aurèle et non sous Septime-Sévère et Caracalla . La confusion chronologique s'expliquerait par le rassemblement, dès le ive siècle, des Halieutiques d'Oppien et des Cynégétiques d'un auteur
70
AGLAOPHAMUS
inconnu, ultérieurement assimilé à Oppien : la dédicace de ce poème du Pseudo - Oppien ( origi naire d’Apamée en Syrie : Cyneg. II 127 s. ) à Antonin - Caracalla (I 1 s.; IV 20 ) aurait retenti sur la biographie de l'auteur du premier poème. RICHARD GOULET. 48
AGLAOPHAMUS RE
VI* (?)
Maître présumé de Pythagore. Il l'aurait initié , à Lébèthres (en Thrace ), aux mystères orphiques, d'après le témoignage du Pseudo - Pythagore dans un fragment d'un iepos hóyos cité par Jamblique, V. pyth. 146 (p. 82 , 15 s . Deubner = Orph ., T 249 Kern ); Proclus , In Tim ., p . 168 , 7 Diehl ( = Orph ., T 250 Kern ; cf. Proclus, Commentaire sur le Timée, tr. et notes par A.J. Festugière , Paris , 1968 , t. V , p . 25 n. 1 ) et Théol. plat. I 5 (p. 25 s . Saffrey -Westerink = Orph ., T 250 Kern ). Cf. M. Wellmann , REI1 , 1893 , col. 824 et Zeller, P , p . 302 n . 3 . TIZIANO DORANDI. AGORIUS → PRAETEXTATUS ( VETTIUS AGORIUS -) 49
AGRICOLA (CN. IULIUS - ) RE 49 Sénateur romain, gouverneur de Bretagne.
40-93
Études. A. Gaheis, RE XI 1 , 1918 , col. 125-143 ; R. Syme, Tacitus, Oxford 1958 , t. I , p . 19-29 ; E. Paratore , Tacito , 2e éd . , Roma 1962. Consulter, d'une manière générale, les éditions commentées de l'Agricola de Tacite, notamment R.M. Ogilvie et I. Richmond, Oxford 1967 . Sa vie et sa carrière nous sont surtout connues par la biographie que l'histo rien Tacite consacra à son beau - père. Né à Fréjus en 40 , fils de sénateur, il est questeur en 64 , tribun en 66 , préteur en 68. Consul suffect en 77 , il est finale ment gouverneur de Bretagne ( legatus Augusti pro praetore ) de 78 à 84 et meurt en 93 . Son intérêt pour la philosophie est uniquement indiqué par Tacite (Agric. 4 , 5-6 ) : « Il avait coutume, je m'en souviens , de raconter qu'en sa première jeu nesse il se serait passionné pour la philosophie avec plus d'ardeur qu'il n'est permis à un Romain et à un sénateur, si la sagesse de sa mère n'avait refréné son esprit tout feu , tout flamme. Sans doute, l'élan et l'élévation de ses aspirations recherchaient avec plus d'enthousiasme que de prudence l'éclatante beauté d'une grande et haute gloire. Plus tard , l'apaisement vint avec la réflexion et avec l'âge : il garda de la philosophie ce qui est le plus difficile, le sens de la mesure . » Tout en soulignant l'attrait constant d’Agricola pour la philosophie, ces lignes ne contiennent pas vraiment de précisions sur l'école à laquelle il se rattache. Plu sieurs indices permettent néanmoins de penser au stoïcisme : Tacite en suggère les dangers ( cf. « avec plus d'enthousiasme que de prudence » ) , puisque les stoïciens étaient souvent des opposants à l'Empire ; il insiste aussi sur le désir de la gloire , et reproche souvent aux stoïciens d’êtreexcessivement attirés par elle (Agric . 42 , 6 ; Hist . IV 6 , 1 pour Helvidius Priscus). La notion de mesure joue en revanche un rôle important dans la pensée de Tacite (voir A. Michel, Tacite et le destin de l'Empire, Paris 1966) . MICHÈLE DUCOS.
AGRIPPA 50 AGRIPPA RE 5
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ja ?
Philosophe néosceptique, postérieur à Énésidème. Diogène Laërce , après avoir exposé les dix tropes sceptiques (IX 79-88), rapporte qu’Agrippa (oi nepl 'Aypinnav ) en ajoute cinq autres ( IX 88). Il est difficile de définir dans l'exposé qui suit la limite de ce qui est attribué à Agrippa ( 8 88-89 ou 88-98 ? ). Voir sur ce point, entre autres, l'avis de 1 V. Brochard , Les sceptiques grecs ( 1887 ), 2e éd ., Paris 1923, réimpr. Paris 1969, p. 303 n. 2. Le témoignage de Diogène Laërce est le seul, à notre connaissance, où le nom d'Agrippa se trouve mentionné - encore n'est -ce que de façon indirecte , à travers la formule : ol nepi 'Aypinnav. Malgré cette formule, qu'on peut comprendre comme « l'école » ou « la tendance d’Agrippa » , le nom de ce dernier ne figure pas dans la liste, fournie par Diogène Laërce en IX 116, des directeurs successifs du mouvement sceptique. Qui plus est, ce nom n'apparaît nulle part dans l'æuvre conservée de Sextus Empiricus, pas même dans le passage où ce dernier expose , dans le même ordre que Diogène Laërce et de façon presque identique à la sienne, les cinq « raisons de suspendre » de ceux qu'il désigne par deux fois (H.P. I 164 et 177) comme les « néosceptiques » (ol veátepOI OXENTIXOi), c'est- à -dire en H.P. I 164-177. Peut- être faudrait - il écrire plutôt H.P. I 164-179 , car il est difficile , ici aussi, de délimiter les textes pertinents. Voir, en l'occurrence , 2 E. Saisset, Le scepticisme ( 1861 ), 2e éd ., Paris 1865, p. 225 , ou 3 G. Reale , Storia della filosofia antica, vol. V : Lessico , Indici, Bibliografia, Milano 1980, p. 303 - qui prennent le § 179 pour limite, contrairement à Brochard 2 , p . 303 n. 1 , qui, parmi d'autres, s'arrête au § 177. Il faut noter cependant que le nom d'Agrippa apparaît une seconde fois chez Diogène Laërce : en IX 106 , mais comme titre d'un ouvrage attribué à un certain Apelle ( 'Aneilãc. Voir la notice « Apelle » ). Conclure de cela , comme le fait Brochard 1 , p . 300, « qu’Agrippa fut assez célèbre, et eut assez d'influence , pour qu'un sceptique, nommé Apelles, donnât son nom à un de ses ouvrages » peut paraître hâtif - et cela d'autant plus que notre information sur le dit Apelle se trouve être , elle aussi , des plus restreintes: Mais on ne peut exclure absolument l'hypothèse que le nom d'Agrippa ait pu désigner, non point une personne réelle, mais bien un personnage qui, dans un ou plusieurs ouvrages sceptiques, aurait tenu le rôle de porte -parole du scepticisme. Si Agrippa se trouvait, par hasard , avoir appartenu au monde de la fiction , l'absence de ce nom dans la liste de D.L. IX 116 en serait aussitôt expliquée ; et cela rendrait inutiles les suppositions diverses des historiens pour tenter de justifier une telle absence . Voir par exemple 4 L. Haas, De philosophorum scepticorum successionibus, Würzburg 1875 , p . 85 ; 5 R. Hirzel, Untersuchungen über Cicero's philoso phischen Schriften , Leipzig 1883 , t. III, p. 131 ; Brochard 1 , p . 300-301 et notes. En outre , cela permettrait de mieux comprendre l'absence du nom d'Agrippa chez Sextus Empiricus. Quant à ce nom même, « Agrippa » , bien que provenant du monde romain ( cf. Aulu -Gelle XVI 16, 1 ), il a été porté par divers auteurs grecs et ne constitue donc pas une information sur l'origine du philosophe. Diogène Laërce et Sextus Empiricus s'accordent pour présenter les cinq tropes comme postérieurs à ceux d'Énésidème. Qu'on les interprète comme destinés à se substituer à ces derniers ou, au contraire, à être utilisés en associa
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AGRIPPA
tion avec eux ( comme le pense Sextus, H.P. I 177) afin d'enrichir l'argumen tation sceptique par la variété , on parle des cinq tropes en prenant pour acquise leur postériorité par rapport aux dix tropes d'Énésidème. Cette localisation toute relative constitue l'unique indication temporelle dont nous disposions sur Agrippa : mais, vu l'incertitude où nous sommes de l'époque exacte d'Énésidème ( entre 80 et 130P ), une telle indication est sans beaucoup d'effets. Les tropes dits d'Agrippa : Diogène Laërce et Sextus énoncent dans le même ordre : ( 1 ) le désaccord ( il n'existe de consensus effectif sur aucun sujet); (2) le rejet à l'infini (il faut prouver sa preuve et ainsi de suite ); (3) le relatif (interprétation de Diogène : on ne saisit aucun objet en lui-même, mais toujours par rapport à un autre objet; interprétation de Sextus : l'objet perçu est relatif au sujet qui le perçoit ); ( 4 ) l'hypothétique ( toute démonstration part d'une prémisse qui, elle , n'est pas démontrée) ; (5) le diallèle ( raisonnement circulaire ). Sur la portée de ces tropes, voir 6 A. Gödeckemeyer, Geschichte des grie chischen Skeptizismus, Leipzig 1905 , réimpr. Aale 1968, p . 238-246 , ( Agrippa représenterait, avec Ménodote, le scepticisme « dogmatico -positiviste » ); Brochard 1 , p . 303-307 ( « le dernier mot du scepticisme dialectique » ) ; G. Reale 3 , p . 303 ; 7 W. Bröcker, « Die Tropen der Skeptiker » , Hermes 86 , 1958 , p . 497-499 ; 8 J. Annas et J. Barnes, The modes of Scepticism .Ancient texts and modern interpretations, Cambridge 1985 , VIII - 204 p. , Appendix C : « The five modes of Agrippa (Sextus, PH I 164-9) » , p . 182 ( trad. angl ., qui présente l'intérêt d'être la plus récente. Pour une traduction française des cinq tropes d'Agrippa , voir Les Sceptiques grecs . Textes choisis et traduits par J.-P. Dumont, Paris 1966, p . 87-89 , où l'on trouvera, outre le texte de Sextus Empiricus H.P. I 164-177 , celui de Diogène Laërce IX 88-89) . Signalons également 9 E. Pappenheim , « Die Tropen der griechischen Skeptiker » , Wissenschaftliche Beilage zum Programm des köllnischen Gymnasiums, Berlin 1885 , p . 1-23 ; 10 R. Richter, « Die erkenntnistheoretischen Voraussetzungen des griechischen Skeptizismus » , PhStud 20 , 1902 , p . 246-299 ; 11 A.E. Chatzilysandros, Geschichte der skeptischen Tropen , coll. « Abhandlungen zur griechischen Philosophie » 1 , München 1970 , p. 7 , 22, 123 , 206-210 . Outre l'énigme biographique, on peut mentionner quelques questions pendantes concernant Agrippa : ( 1 ) l'inventeur des cinq tropes est- il aussi l'auteur de leur réduction à deux tropes ? (c'est l'avis de Saisset 2, p. 225 ; contra : Brochard 1 , p. 303 et n .; voir aussi 12 K. Janacek , « Skeptische Zweitropenlehre und Sextus Empiricus », Eirene 8 , 1970, p . 47 s . ) ; (2) l'inventeur des cinq tropes pouvait-il ou non les destiner ( a) à se substituer aux dix tropes d'Énésidème « contre la connaissance sensible »? (« oui », selon R.D. Hicks, éd . de D.L. , 1925 , note à IX 88 ; « non », selon Brochard 1 , p. 305) ; (b) à se substituer aux huit tropes d'Énésidème « contre les étiologistes » ? ( comme le pense Hirzel5, p. 130 ; contra , Brochard 1, p. 305 ). FRANÇOISE CAUJOLLE -ZASLAWSKY. 51
AGRIPPA PLRE I :
F III - D IV
Destinataire d'une lettre de Jamblique et sans doute un de ses disciples ( Stobée IV 5 , 76-77 ) . PIERRE MARAVAL .
AGRIUS 52 AGRIPPINUS ( Q. PACONIUS - ) RE 5 Stoïcien romain .
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I
Études. R. Hanslik , RE XVIII 2, 1942, col . 2125-2126 . Questeur de Crète et de Cyrénaïque sous le règne de Claude ( IGR I 980 ; I 1013) , Q. Paconius Agrippinus est chassé d'Italie en 66 , sous le règne de Néron ( Tacite , Ann. XVI 33 , 2 ) ; il rentre sous le règne de Vespasien et est légat de Cyrénaïque en 71 et 72 (AnnEpigr 1919, n° 91-92 ; 1934, n° 261 ). Fils de M. Paconius, condamné pour lèse -majesté sous le règne de Tibère, Q. Paconius Agrippinus est de toute évidence un stoïcien : c'est ce que révèlent d'abord les Annales (XVI 28, 1 ) de Tacite où l'accusateur, Eprius Marcellus, mêle son nom à celui de Thrasea et d'Helvidius Priscus, qui sont deux repré sentants bien connus de l'opposition stoïcienne. En second lieu, les Entretiens d'Épictète éliminent le doute, puisque la conduite d'Agrippinus sert à plusieurs reprises d'exemple et de modèle : il se refuse à descendre en scène pour jouer aux côtés de Néron et tient à sauvegarder sa dignité personnelle même au prix de la mort (I 2, 12-18). Il sait aussi conserver son égalité d'âme, quelles que soient les circonstances (I 1 , 28-32) : l'annonce de son procès ne l'empêche pas de prendre de l'exercice comme il en a l'habitude. Quand il apprend la sentence d'exil qui le frappe, au lieu de se lamenter, il part déjeuner à Aricie (cf. Épictète, fr. 56 = Stobée III 7 , 16 Hense ). Agrippinus est donc l'illustration vivante des principes stoïciens: sauvegarder sa dignité, ne pas s'affliger de ce qui ne dépend pas de nous. Même s'il n'a pas laissé d'écrits, il est l'exemple type de ces Romains qui ont su modeler toute leur conduite et toute leur vie sur les préceptes stoïciens. Appartint-il également à l'opposition stoïcienne dont Thrasea demeure à cette époque le représentant le plus connu ? E. Cizek , L'époque de Néron et ses controverses idéologiques, Leiden 1972, 440 p ., ne paraît pas vraiment le consi dérer comme un membre du « cercle de Thrasea » . En l'absence de témoignage précis, il reste extrêmement délicat d'apprécier son rôle en ce domaine : la fermeté de sa conduite suffisait à le rendre suspect. Sa figure a peut-être été idéa lisée par la suite : P. Grimal ( Sénèque ou la conscience de l'Empire, Paris 1978, p. 202-203) considère que l'anecdote rapportée par Épictète (i 2, 12 et 18) est « dramatisée » et que Paconius Agrippinus fit partie des « martyrs stoïciens » . Mais, en dehors des textes que nous avons mentionnés, il ne figure jamais aux côtés des victimes les plus célèbres. MICHÈLE DUCOS.
53 AGRIUS (C. - ) RE 1
I
Chevalier romain , « philosophe socratique » . Études. 1 E. Klebs, REI 1 , 1893 , col . 902 ; 2 C. Nicolet, L'ordre équestre à l'époque républicaine (312-43 av . J.C.), t. II : Prosopographie des chevaliers romains, Paris 1974, n° 14 , p . 769-770. C. Agrius est l'un des interlocuteurs des Res rusticae de Varron . Il n'apparaît que dans le livre I où se manifeste son « ardeur bouillante » ; « il a été évidemment conçu à l'image des jeunes gens de Platon » (3 J. Heurgon, intro duction à son édition de l'Économie rurale de Varron , Livre I, CUF, Paris 1978, P. XLVI). Ami de l'auteur, il est qualifié par lui de Socraticus (Rust. I 2, 1 ), ce qui prouverait un intérêt pour une philosophie académique qui n'est probablement
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AGYLOS DE CROTONE
pas identique à la Nouvelle Académie d'Antiochus à laquelle se rattachait Varron . Le dialogue ne permet pas d'apporter d'autres précisions: on y voit simplement Agrius citer Théophraste (I 5 , 1 ) . Nous n'avons pas d'autres témoignages sur ce personnage qui « semble inventé pour la circonstance >> (Heurgon 3 , p . 102 ); mais le nom est attesté à Rome (Nicolet 2).
MICHÈLE DUCOS. 54
AGYLOS DE CROTONE
Va?
Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique, V. pyth. 36, 267 ; p. 143, 23 Deubner. BRUNO CENTRONE . 55
AIDÉSIA D’ALEXANDRIE RE PLRE II :
MF V
Épouse d'Hermeias, mère d'Ammonius et d'Héliodore , disciples de Proclus. Souda, s.v. Aiocola , t. II, p. 161,18–162, 13 Adler = Damascius, Vie d'Isidore, fr. * 124, p. 105, 13–107, 22 Zintzen : « Parente du grand Syrianus, c'était la plus belle et la meilleure des femmes d'Alexandrie. D'un caractère semblable à celui de son époux , elle était simple, généreuse, ayant cultivé toute sa vie la justice autant que la tempérance ; mais ses qualités dominantes étaient l'amour de Dieu et l'amour de l'humanité ( TÒ pihevopwnov). C'est pourquoi elle s'efforçait de faire du bien même au delà de ses moyens à ceux qui étaient dans le besoin , si bien qu'après la mort d'Hermeias, s'étant retrouvée seule avec deux enfants orphelins, elle effectuait pour ses largesses les mêmes dépenses (qu'avant). Elle plongea ses fils dans une vie d'endettement, de sorte que certains se mettaient à la critiquer. Mais comme elle considérait que le seul trésor de la bonne espérance était de vouloir alléger les hommes consacrés et valeureux des fardeaux de la pauvreté, elle ne pratiquait aucune économie dans sa commisérationpour le destin humain . Ainsi donc, même les plus vils de ses concitoyens ( les chrétiens ?] l'aimaient. Mais elle veillait principalement sur la formation philosophique de ses fils, cherchant à leur transmettre la science de leur père comme un patrimoine laissé en héritage. Elle sauvegarda (ou mit de côté ?] également pourses enfants encore jeunes la subvention alimentaire qui avait été accordée à leur père, jusqu'au moment ( éwc) où ils s'adonnèrent à la philosophie, geste qui n'a été rapporté d'aucun autre homme, pour ne pas dire d'une autre femme. L'honneur et le respect dont jouissait Aidésia auprès de tous étaient en effet considérables. Mais lorsqu'elle en vint à s'embarquer avec ses fils qui partaient étudier la philosophie à Athènes, le chąur des philo sophes, autour de son coryphée , Proclus, admira la vertu de cette femme. C'est cette Aidésia que Syrianus, quand elle était encore jeune fille, aurait voulu donner en mariage à Proclus, si un Dieu n'avait empêché Proclus de s'élancer vers le mariage. Quant à ses rapports avec Dieu , elle était si pieuse etsainte , et elle apparaissait en tout tellement favorisée par la divinité qu'elle fut jugée digne de nombreuses manifestations divines. Telle était Aidésia et toute sa vie elle fut l'objet de l'amour et de la louange des dieux et des hommes. Je l'ai connue (c'est l'auteur, Damascius, qui parle ) quand elle était une femme âgée. Et à sa mort il m'a été donné de prononcer un éloge funèbre de circonstance , composé en vers héroïques, alors que j'étais encore jeune homme et rien qu'un adolescent . » Damascius, Epitoma Photiana 76 ; p. 106, 2–108 , 6 Zintzen : « Hermeias eut d'Aidésia un enfant qui naquit avant ceux de ses fils qui furent philosophes et Aidésia qui, comme c'est naturel, jouait avec l'enfant âgé de sept mois, l'appelait "bébé” et “ mignon " pour lui donner de petits noms gentils. L'enfant, en l'entendant, témoigna de l'humeur et blåma ce langage puéril et il exprima son blâme d'une voix claire et bien articulée. L'auteur ( i.e. Damascius) raconte encore beaucoup d'autres merveilles à propos de cet enfant et notamment que, parce qu'il ne supportait pas de vivre dans un corps, il quitta la vie à sept ans, car ce séjour terrestre ne pouvait suffire à son âme... » ( trad. Henry ). Souda, s.v. Aldeoia , t. II, p. 162, 13-21 Adler = Damascius, Vie d'Isidore, fr. * 127 ; p. 109, 6-14 Zintzen : « Des deux enfants qu’Hermeias eut de cette femme, le cadet était
AIDÉSIUS DE CAPPADOCE
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Héliodore, l'aîné Ammonius. Celui- ci était (en réalité) le plus doué par la nature et le plus passionné pour les études; l'autre était plus simple et plus superficiel au plan moral et au plan intellectuel ( év toiç hóyois ). Les deux étudiaient la philosophie sous la direction de Proclus avec leur mère qui leur servait de pédagogue pour se rendre chez lui. Et Proclus leur consacrait une attention toute particulière du fait qu'ils étaient les enfants d'Hermeias, un ami et un compa gnon , et les enfants d'Aidésia, une parente de Syrianus, alors présente en même temps qu'eux . Avec eux vint également à Athènes Hiérax, le frère de Synésius. » Les textes de la Souda sont traduits en allemand dans R. Asmus, Das Leben des Philosophen Isidoros von Damaskios aus Damaskos , coll. « Die philosophische Bibliothek » 125 , Leipzig, 1911 , p. 46-49. Voir le stemma fourni par PLRE II, nº 29 . RICHARD GOULET. 56 AIDÉSIUS DE CAPPADOCE RE 4 PLRE I : 1
F III - D IV
Philosophe néoplatonicien de l'école de Jamblique. Notre seule source d'information sur Aidésius est Eunape de Sardes qui lui a consacré plusieurs pages de ses Vies des philosophes et des sophistes. S'il n'a pas connu personnellement le philosophe , Eunape était l'élève et le familier de Chrysanthe de Sardes qui avait été l'élève d'Aidésius à Pergame (p . 42, 10 ; 91 , 12-13 Giangrande ). Eunape reconnaît d'ailleurs explicitement tenir ses rensei gnements de Chrysanthe (p . 12 , 10-12 ; 57 , 8-9) . Par cet intermédiaire, il eut également accès à des confidences d'Aidésius sur le milieu de l'école de Jarnblique, bien qu'Aidésius n'ait rien écrit à ce sujet (p . 15 , 1-2) . On doit extraire les détails de la biographie d'Aidésius d'un récit parfois assez fortement romancé. Originaire de Cappadoce (p . 11 , 14 ; 17 , 9-11 ) , issu d'une famille appartenant à la plus haute noblesse, mais peu fortunée (p . 17 , 9-11 ), Aidésius fut envoyé en Grèce pour recevoir une formation d'homme d'affaires (éni naideiav xpnua TIOTIKÁV, p. 17 , 11-12) . A son retour, comme il s'était converti à la philosophie, son père voulut le chasser. Comme son père lui demandait quel profit il tirait de la philosophie, il aurait répondu : « Un grand profit : celui de vénérer son père, même quand il vous chasse » ( p. 17 , 16-17) . Impressionné par la grandeur d'âme de son fils, le père accepta de le laisser poursuivre ses études comme il l'entendait ( p. 17 , 19-20 ). Après avoir surpassé tous ses maîtres, Aidésius se retrouva chez Jamblique en Syrie (p . 17 , 22-26 ). Simplicius, In Categ., p . 1 , 15 Kalbfleisch , lui donne effectivement comme qualificatif « le jambliquéen » . Eunape laisse entendre qu'Aidesius , qui était l'un des plus éminents disciples de Jamblique ( p. 12 , 12 ) , succéda régulièrement à son maître : 'Exéxetai è Thy Ίαμβλίχου διατριβήν και ομιλίαν ες τους εταίρους Αιδέσιος ο εκ Καππαδοκίας (p . 17 , 8-9) . D'autres passages laissent au contraire supposer qu'à la mort de Jamblique les disciples se sont dispersés un peu partout dans l'Empire romain (p . 17 , 5-7 ; p. 18 , 14-16 ) . En tout cas , ce n'est pas à Apamée où enseignait Jamblique, mais à Pergame qu'Aidésius installera son école . G. Fowden , « The Platonist Philosopher and his circle in late Antiquity » , Philosophia 7 , 1977 , p . 359-383 , notamment, p . 374-379 , considère qu'Aidésius a pu enseigner comme successeur de Jamblique avant de se retirer en Cappadoce , puis de s'installer à Pergame. En vérité , Eunape est très imprécis pour toute cette période sur laquelle il ne disposait pas de sources écrites.
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AIDÉSIUS DE CAPPADOCE
Eunape reparle d'Aidésius après avoir relaté l'élévation et la chute tragique d'un autre disciple de Jamblique, Sopater de Syrie ( p. 11 , 13 ), exécuté sur l'ordre de Constantin , dont il avait été le conseiller ( p. 18 , 16-23, 14) . A un moment crucial de sa carrière , Aidésius semble avoir connu un problè me d'orientation professionnelle et avoir sollicité de la Divinité un oracle qui devait être transmis en songe (p . 23 , 17-18) . Dans les sept vers de cet oracle hexamétrique conservé par Eunape, il est proposé à Aidésius une alternative qui met en cause sa destinée sur terre et après la mort : il a à choisir entre une gloire terrestre obtenue comme « berger de l'élan des hommes jeunes vers le Divin » (p. 24 , 9) et la participation au bonheur des Immortels que pourra lui assurer la vie de « berger du pâturage des brebis , ainsi que des taureaux » (p . 24 , 10) . Aidésius commence par s'adonner à la vie de gentleman -farmer ( p. 24, 15 ) en Cappadoce ( p. 24, 24 ), mais il est bientôt pressé de venir s'occuper de la forma tion des jeunes gens (p. 24, 16-23 ) et confie ses propriétés de Cappadoce à son parent le philosophe Eustathe (p . 24 , 23-25, 1 ) , un ancien condisciple chez Jamblique (p . 11 , 14) , pour s'installer à Pergame en Asie (p. 25 , 1-4 ), où il connaîtra une gloire immense (p . 25 , 4) . Par la suite , près de chez Aidésius vien dra s'établir Sosipatra, veuve d'Eustathe (p. 33 , 9-12) et elle -même philosophe, qui tint école dans sa maison ( p. 33 , 13 ). Aidésius assura la formation des enfants de Sosipatra (p . 22, 12) et les deux philosophes enseignèrent aux mêmes groupes d'étudiants impressionnés par l' « enthousiasme » de Sosipatra et l'axpíteta év toiç hóyois d'Aidésius ( p. 33 , 15-17) . Dans cette école de Pergame en Mysie ( p. 17 , 7) , Aidésius eut des disciples célèbres : Maxime d'Éphèse ( p. 33 , 22-23 ; 41 , 13-14 ; 42, 8-9) , Chrysanthe de Sardes, Priscus de Thesprotie ou de Molossie et Eusébe de Mynde en Carie (p . 40 , 10-12 ). Il eut également le privilège de compter parmi ses élèves le futur empereur Julien , mais , se jugeant trop âgé pour assurer sa formation , il le confia aux soins de Chrysanthe et d’Eusèbe, à une époque où Maxime avait été « envoyé » à Éphèse et Priscus en Grèce (p. 42, 6-43, 4). L'Aidésius qui, selon Libanius (Discours < IV > Mepi toū un anpeiv, $ 9 ; t. I, p. 289, 14-15 Förster ), mourut en pleine possession de ses facultés intellectuelles, n'est pas un philosophe, mais un sophiste d'Antioche (PLRE I : 1 ; cf. K. Gerth , art. « Zweite Sophistik », RESuppl. VIII, 1956, col. 734). Deux traits caractéristiques d'Aidésius semblent avoir frappé Eunape. Tout d'abord, le fait que l'on ne sache rien de son attitude envers le theiasmos, c'est-à dire l'ensemble des conceptions religieuses qui avaient cours dans le néo platonisme théurgique issu de Jamblique. Selon Eunape, le silence de ses sources d'information sur ce point s'expliquerait ou bien par la prudence que comman daient les circonstances politiques du règne de Constantin , à une époque où l'empereur « démolissait les temples les plus célèbres et édifiait les bâtiments des chrétiens » (p . 18 , 6-7 ) , ou bien par le cadre « mystérique » et « hiérophan tique » dans lequel s'était perpétuée jusqu'à son temps la « philosophie » de Jamblique (p . 18 , 3-13 ) . Par opposition à d'autres philosophes comme Priscus, Aidésius se distinguait par un Tpóros XoivÒç xal onuotixÓS ( p. 57 , 10) . Soucieux de maintenir chez ses disciples le sens de l'humanité (TÒ åvopónivov , p. 57 , 18), il n'hésitait pas à les entraîner après les cours dans les rues de Pergame (p . 57 , 10-12) pour discuter avec les marchands et les artisans ( p. 57 , 18-23) .
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AIDÉSIUS DE SARDES
Par vénération pour son maître de Pergame, Chrysanthe de Sardes nomma son fils Aidésius, ce qui était certainement, dans le cadre de la famille grecque antique, où les enfants portaient souvent le nom de leur père ou de leur grand - père, se reconnaître comme le fils spirituel d'Aidésius (p . 98 , 23-25 ). Selon Eunape, Aidésius, qui était très âgé au moment où Julien (né en 332) vint à Pergame étudier la philosophie ( p. 42 , 7-8 ) , était déjà mort lorsque Constance fit proclamer son neveu César en 355 ( p. 46 , 15-16). Comme, d'autre part, il eut le temps de s’illustrer chez Jamblique qui est mort vers 320 , on doit situer sa naissance dans les années 280-290 . Eunape en fait le contemporain d'un autre Cappadocien important de ses Vies, le sophiste Julien ( p. 59,5-6 ). Ce n'est sans doute pas à notre philosophe qu'il faut rapporter un distique qui devait accompagner la statue d'un certain Aidésius à Éphèse : [ Αιδ ]έσιος τόδ' άγαλμα [ π] όλει κάμε φαίδ [i]μον έργον και πόλις Aίδ[ε ] σίω τούτ ' ανέθηκε βρέτας . Voir J. Keil, « Vertreter der zweiten Sophistik in Ephesos », J @ AI 40 , 1953 , p. 25 [qui y reconnaît le philosophe ), cité par J. et L. Robert, BE 1955, n° 194. La diadochè de Jamblique selon Eunape de Sardes Jamblique
Théodore
Euphrasius
Épigonus
Sopater
Aidésius
Priscus
Chrysanthe
Béronicianus
Eunape
Eustathe ( époux de Sosipatra ) Eusébe
Maxime
RICHARD GOULET.
57 AIDÉSIUS DE SARDES PLREI: 3
FIV
Fils du philosophe Chrysanthe de Sardes et de Mélitè ( Eunape, V. soph ., p . 49, 9 Giangrande ), nommé ainsi en l'honneur d'Aidesius , maître de Chrysanthe à Pergame ( p. 98 , 23-24 ). C'était sans doute pour le disciple une façon de recon naître la paternité spirituelle qu'avait exercée à son endroit son ancien maître, car les enfants portaient souvent dans la famille grecque le nom de leur grand-père. Eunape de Sardes, qui était le cousin de Mélité ( p. 49, 10-11 ) , le disciple et le familier de Chrysanthe (p. 96, 8-17 et passim ), a sûrement connu ce jeune homme, mort prématurément vers l'âge de vingt ans (p. 99 , 14-15) : « L'enfant était depuis son plus jeune âge une créature " ailée " à l'égard de toutevertu ; des deux chevaux il ne possédait pas le second , pour reprendre le langage de Platon, et chez lui la faculté d'intellection n'était pas entraînée vers le bas. En vérité , il réussissait bien dans ses études, il avait un esprit extrêmement pénétrant et il était des plus capables dans le service des dieux. Il échappa tellement à la condition humaine que tout en étant homme il s'en fallut de peu qu'il ne fût entièrement âme. De fait, son corps était tellement léger en ses mouvements qu'il paraîtrait incroyable de raconter, fût-ce avec tout le talent d'un poète, à quelle hauteurilévoluait dans les airs. Son intimité avec le divin présentait si peu de problèmes et de difficultés qu'il lui suffisait de poser la couronne (divinatoire) sur sa tête pour proférer, en regardant le soleil, des oracles qui se révélaient infaillibles et dont le texte respectait le plus beau style de l'inspiration divine. Pourtant il ignorait la métrique et ne disposait pas
AIÉTIOS DE PAROS
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d'une solide formation grammaticale. Mais le Dieu était tout cela pour lui. Sans avoir jamais connu la maladie durant le temps qui avait été assigné à son existence, il partit vers l'âge de vingt ans. Son père montra une fois de plus à cette occasion qu'il était un philosophe. Car ou bien l'immensité de l'épreuve le conduisit à l'insensibilité ou bien il resta immuable en parta geant avec son enfant la joie de cet (heureux ) sort. Sa mère aussi, en voyant son époux, dépassa la nature féminine, en faisant cesser ses lamentations pour conserver à la douleur la dignité qui lui convenait » ( p. 98 , 25-99, 20). RICHARD GOULET.
58
AIÉTIOS DE PAROS
va ?
Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique , V. pyth . 36 , 267 ; p . 145 , 4 Deubner. BRUNO CENTRONE. 59
AIGON DE CROTONE
Va ?
Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique , V. pyth . 36 , 267 ; p . 143 , 19 Deubner. DK , t. I , p . 446, identifient à Aigon le pythagoricien Aston de Crotone , auteur, selon D.L. VIII 7 , de plusieurs livres ultérieurement attribués à Pythagore. BRUNO CENTRONE .
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AILIANOS le platonicien
II ?
Auteur d'un Commentaire sur le Timée de Platon en au moins deux livres, cité par Porphyre , In Ptol. Harmon ., p . 96 , 7-15 Düring, à la suite d'Adraste ; c'est également à Ailianos que Düring attribuerait un passage voisin ( p. 96 , 21 28) où est mentionné Thrasylle (RE 7 ) qui vécut au début du jer s . de notre ère . Porphyre avait auparavant cité deux longs extraits du deuxième livre des Eis tov Tiuaiov &Enyntixõv (p . 33 , 19-36 , 3 et p. 36, 9-37 , 5 Düring (ces deux réfé rences sont attribuées par erreur à Adraste dans l’Index de Düring ]). Ailianos le platonicien apparaît également p. 91 , 12. Ce philosophe est absent de la RE. Rien n'invite à l'identifier à l'un des Ailianos ( Élien) connus. RICHARD GOULET. 61
AILIANOS DE MILET (AELIUS - ) PIR2 A 128
fl. III
Philosophe stoïcien . Source biographique . Inscription de Didymes , APAW 1911 , Anhang I , p . 70-71 ( Didyma II 310) . Il fut prophète à Didymes, comme l'avait été, vers le début du III s . proba blement, son beau -père Aelius Chairémon . Son acmè doit donc se situer dans la première moitié du III s . , ce qui interdit de l'identifier, comme le proposait Th . Wiegand, à Élien le Tacticien . Il avait acquis une certaine notoriété, car l'inscription précise qu'il avait reçu le droit de cité dans de nombreuses villes. BERNADETTE PUECH.
AILIANOS DE PRÉNESTE 62 AILIANOS DE PRÉNESTE ( Élien ) RE 11 PIR ? C 769
79 ca 170-232
Vie. La vie de Claudios Ailianos est connue surtout par Philostrate , V. soph . II 31 , et la Souda, A 1178 , t. II, p. 168 Adler. Citoyen romain de Préneste ( aujourd'hui Palestrina ), près de Rome, ayant reçu le titre de grand - prêtre (à Préneste ou à Rome), il ne quitta jamais l'Italie – saufpeut-être pour un voyage à Alexandrie : voir N.A. XI 40 - et vécut surtout à Rome. Disciple de Pausanias de Césarée , admirateur d'Hérode Atticus, il cultiva la langue grecque et se fit une réputation comme sophiste puis comme prosateur. Son atticisme et son style simple (adékeia ), qui rappellent parfois, selon Philostrate, ceux de Nicostratos ou de Dion Chrysostome, furent très admirés et le firent surnommer peri poyyos ou peliyawoooc (" langue de miel" ). Philostrate de Lemnos ( jeune parent de l'auteur de la Vie d'Apollonios et des Vies de sophistes) le rencontra à Rome en 222 , peu après la mort d'Élagabale. Il mourut à plus de soixante ans, célibataire et sans enfants. La meilleure présentation d'ensemble reste celle de 1 W. Schmid 0. Stählin , Geschichte der griechischen Literatur IIÓ, München 1924, réimpr. 1961, p . 786-791 . Philosophie. Ses écrits nous le montrent honnête homme, attaché à l'étude, tenant d'une morale du juste milieu , pieux parfois jusqu'à la superstition, admi rateur des merveilles de la nature et hostile aux épicuriens. On peut le rattacher au courant stoïcien, alors largement répandu dans les milieux cultivés de Rome. Voir 2 José Maria Díaz-Regañón López, « El estoicismo de Eliano en su Historia animalium » , dans Unidad y pluralidad en el mundo antiguo ( Actas del VI Congreso español de estudios clásicos ) , Madrid 1983 , t. II, p . 415-421 ; 3 W. Hübner , « Der Mensch in Aelians Tiergeschichten » , A & A 30, 1984 , p. 154-176 . Sur la place de sa conception du temps dans la tradition philo sophique, voir 4 A. Grilli, « L'uomo e il tempo » , RIL 96 , 1962, p. 83-95 . Euvres . Les deux éditions complètes les plus récentes sont celles de 5 R. Hercher, Aeliani De natura animalium , Varia historia, Epistolae et frag menta ... , Paris 1858 ( avec préface, notes critiques, traduction latine de Westermann et indices ) et 6 id ., Claudii Aeliani De natura animalium libri XVII , Varia historia, Epistolae, Fragmenta ..., coll. BT, 2 vol . , Leipzig 1864 1866 , réimpr. Graz 1971 ( texte, liste de conjectures, indices, sans introduction ni commentaire ; la numérotation des fragments diffère de celle de l'édition Didot). Sur la langue et le style d'Élien, en particulier son vocabulaire, voir 7 W. Schmid , Der Atticismus in seinen Hauptvertretern von Dionysius von Halikarnass bis auf den zweiten Philostratus, II . Älian, Stuttgart 1893 , réimpr. Hildesheim 1964 . ( 1 ) Έκ των Αιλιανού αγροικικών επιστολών ( Extraits des lettres rustiques d'Élien) : vingt lettres fictives, prétendant exprimer la sagesse des paysans attiques, inspirées surtout par les orateurs du IVe s. av . J.-C. et la comédie nouvelle ( Alexis, Ménandre ). Elles sont souvent considérées comme une euvre de jeunesse. Édition critique avec traduction anglaise et bibliographie : 8 A.R. Benner, F.H. Fobes, The Letters of Alciphron, Aelian and Philostratus, coll . LCL , London /Cambridge (Mass.) 1949 , p. 343-383 . Nouvelle édition critique : 9 P.L.M. Leone, Claudii Aeliani Epistulae rusticae, coll. « Testi e documenti
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ALIANOS DE PRÉNESTE
per lo studio dell'antichità » 43 , Milano 1974 , avec introduction et notes ; voir aussi 10 id ., « Le lettere rustiche di Claudio Eliano . Introduzione, traduzione e note » , AFLL 7 , 1975-1976 , p . 55-74 ; 11 id. , « Sulle Epistulae rusticae di Claudio Eliano » , AFLM 8 , 1975 , p . 43-64 ( étude des sources et de quelques passages). Traduction française . 12 P. Quillard , Les lettres rustiques de Claudius Aelianus Prenestin , traduites du grec en français, Paris 1895. Traduction allemande de B. Kytzler dans 13 Erotische Briefe der griechischen Antike. Aristainetos. Alkiphron . Ailianos. Philostratos. Theophy laktos Simokattes, München 1967 , p . 171-184 (voir aussi p. 290-291 et 297-298 ). (2) lepi Cowv idiótntos (De natura animalium ), en 17 livres. Pour montrer que les animaux peuvent avoir des qualités remarquables et variées, l'auteur a rassemblé, organisé dans un savant désordre et mis en beau langage de nombreux traits des meurs animales. L'ouvrage est proche parfois d'un recueil de para doxa , le folklore y ayant contribué autant que les traités d'histoire naturelle. Ses sources , non toujours nommées, sont notamment Homère , Hérodote, Aristote , les grammairiens alexandrins, Pamphile, Alexandre de Myndos, Apollodore ( sur les poisons et antidotes), Juba II de Mauretanie , Apion d'Alexandrie, le sénateur Démostratos, Télèphe de Pergame, Léonidas de Byzance, Plutarque, De sollertia animalium , et Oppien, Halieutiques (au moins le chant I). L'édition de 14 F. Jacobs , lena 1832, peut encore être consultée avec profit. Édition critique avec traduction anglaise par 15 A.F. Scholfield, Aelian , On the Characteristics of Animals, coll. LCL , 3 vol., London /Cambridge (Mass. ) 1958-1959. Sur les sources , voir surtout 16 M. Wellmann, « Sostratos, ein Beitrag zur Quellen analyse des Aelian », Hermes 26, 1891 , p. 321-350 ; 17 « Alexander von Myndos» , Hermes 26, 1891 , p. 481-566 ; 18 « Juba, eine Quelle des Aelian » Hermes 27, 1892, p. 389-406 ; 19 « Leonidas von Byzanz und Demostratos » , Hermes 30, 1895 , p. 161-176 ; 20 « Aegyptisches » , Hermes 31 , 1896, p. 221-253 ; 21 « Pamphilos » ,Hermes 51, 1916, p . 1-64 ; 22 R. Keydell, « Oppians Gedicht von der Fischerei und Aelians Tiergeschichte » , Hermes 72, 1937 , p. 411-434 ; 23 J.F. Kindstrand, « Homer in den Tiergeschichten des Ailianos », Hermes 104, 1976 , p. 35-53 . (3 ) Noixían iotopia (Variétés historiques), en 14 livres. Recueil d'anecdotes variées, plus ou moins développées, destinées à piquer la curiosité et à montrer la maîtrise stylistique de l'atticiste. Les sources sont très diverses, parfois transcri tes littéralement. La version que nous possédons est peut-être abrégée. Elle comporte, notamment, beaucoup d'anecdotes et de citations de philosophes, plus ou moins authentiques, de source souvent difficile à déterminer (Favorinus, Athénée sont probables ); il nomme expressément Alcman , Alexis, Aristophane de Byzance, Critias, Éphore, Ésope, Eupolis, Euripide, Hésiode, Homère, Lasos, Mimnerme, Pausanias, Philippide, Pindare , Théophraste, Thucydide, Timée, Xénophon, mais souvent se bore à rapporter des traditions anonymes. Édition critique : 24 M.R. Dilts , Claudii Aeliani Varia historia, coll. BT, Leipzig 1974 , avec introduction sur l'histoire du texte, bibliographie et index des noms propres. Traduction française de 25 M. Dacier, Paris 1772 , réimprimée avec le texte grec revu par J.V. Le Clerc : Histoires diverses d'Élien , traduites du grec, avec le texte en regard et des notes, par M. Dacier, Paris 1827 .
AILIOS
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(4) Nepi Mpovolas ( Sur la Providence ). D'après les quelques fragments conservés par la Souda et Eustathe, Élien combattait la thèse épicurienne de l'indifférence des dieux envers les affaires humaines et évoquait quelques croyances curieuses, par exemple les cultes de Gadès pour l'Année, le Mois, la Vieillesse , la Pauvreté, la Technè. Sur les rapports possibles, pour la conception de la Providence, entre Élien, Oenomaos et Chrysippe, voir 26 V. Longo , « Addendum Chrysippeum ? » dans In memoriam Achillis Beltrami miscellanea philologica , Genova 1954, p. 147 172. ( 5 ) Nepì oeiwv évapyetőv (Sur les interventions divines ), dont quatre frag ments sont conservés par la Souda , avait un sujet sans doute voisin . Certains critiques tiennent l'ouvrage pour identique au précédent. Des fragments de localisation inconnue ou qu'on peut attribuer à Élien avec probabilité sont aussi rassemblés dans les deux éditions de R. Hercher. D'après le contenu , certains appartiennent très probablement au lepi Mpovolac ou au Περί θείων εναργειών .. ( 6) Katnyopía toŨ ſúvvidos ( Accusation contre l'Efféminé (Élagabale]): ouvrage perdu, mentionné par Philostrate , V. soph. II 31. Philostrate de Lemnos aurait raillé Élien d'avoir attendu la mort d'Élagabale pour composer son pamphlet. Ni Philostrate ni Stobée ni la Souda n'attribuent d'auvres poétiques à Élien. Aussi faut - il tenir pour douteuse l'authenticité des épigrammes inscrites sur des hermès d'Homère et de Ménandre ( le second est perdu ) qui auraient été trouvés dans les environs de Rome ( IG XIV 1188 et 1183) et le fragment d'hymne à Zeus d'inspiration stoïcienne publié par 27 L. Moretti, « Frammento di inno tardo stoico sulla creazione » , dans L. Gasperini (édit. ) , Scritti storico - epigrafici in memoria di Marcello Zambelli, coll. « Università di Macerata, Pubblicazioni della Facoltà di Lettere e Filosofia » 5 , Roma 1978 , p . 251-256 (voir déjà les réserves de 28 W. Peek, « Zcùç xooLOTTOIÓÇ » , ZPE 35 , 1979 , p . 168-169). Cf. 29 M. Wellmann, art « Aelianus» 11 , RE I1 , 1893 , col . 486-488 ; 30 A. Stein , PIR ? II, 1936 , C 769 ; 31 K. Gerth , art. « Zweite Sophistik » , RESuppl. VIII, 1956 , col. 732-734 (« Alphabetisches Verzeichnis der zur Zweiten Sophistik gehörenden Personen » , nº 4) ; 32 B.P. Reardon , Courants littéraires grecs des II et IIIe siècles après J.-C., coll. « Annales littéraires de l'Université de Nantes » 3 , Paris 1971, p. 225-226 . On a depuis longtemps reconnu que la Tactique rédigée par un auteur nommé Élien vivant sous Trajan etHadrien ne pouvait être l’æuvre d'Élien de Préneste. SIMONE FOLLET.
62a AILIOS
I ?
Alexandre d'Aphrodisias, In Meteor., p . 152 , 10 Hayduck, rapporte que oi nepi Athlov xai réuivov expliquaient l'arc -en - ciel comme un phénomène de réflexion. D'après G. Aujac ( édit .), Géminos, Introduction aux Phénomènes, CUF, Paris 1975 , p. XI, l'opinion de Géminos était exprimée dans son Abrégé des Météorologiques de Poseidonios, cité longuement par Alexandre dans un passage conservé par Simplicius, In Phys., p . 291-202 Diels ( fr. 1 Aujac ). Il est
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AINÉAS
possible que Géminos ait lui-même porté à la connaissance des commentateurs le point de vue antérieurement exprimé par Ailios. Selon G. Aujac, Ailios pourrait être l'historien Q. Aelius Tubero (RE 154 ) ou encore son homonyme (RE 155), l'érudit stoïcien, disciple de Panétius et peut-être dédicataire de Posido nius, mais ces identifications ne reposent sur rien de précis et elles sont liées à l'identification, également hypothétique, de Géminos à Cn. Pompeius (RESuppl. VIII: 83a) Geminus, corres pondant de Denys d'Halicarnasse vers 154. Il n'existe pas en fait d'argument contraignant permettant de dater Géminos de façon plus précise qu'entre Posidonius et Alexandre d'Aphro disias. On ne voit d'ailleurs pas bien pourquoi G. Aujac en déduit que Géminos doit « obliga toirement se situer entre 100 avant et 100 après J.C. » ( p. XIX ), puisqu'Alexandre a enseigné à la fin du IIe s. La datation et l'identification d'Ailios sont donc difficiles à établir, d'autant plus que le nom est fréquent, y compris chez les philosophes (voir les nombreux « Aelius » et « Ailios » ) . RICHARD GOULET. AILIOS + AELIANOS (AILIOS -) AILIOS → CYRILLOS (P. AILIOS - ) AILIOS → CYRON (P. AILIOS -) AILIOS + DIONYSIOS (AILIOS -) AILIOS → MÉTROPHANÈS (AILIOS -) AILIOS + POUDÈS (PUDENS] (P. AILIOS -) AILIOS + SULPICIUS (G. AILIOS FLAVIANUS) AILIOS + AUSSI AELIUS
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AINÉAS PLRE II : 1
fl. DV
Philosophe païen . Nil d'Ancyre lui adresse une lettre ( Epist. II 280) dans laquelle il lui reproche de pratiquer les sacrifices sanglants au lieu de détruire en lui ce qui est déraison nable (άλογος , άμετρος , άτοπος , άθεσμος). PIERRE MARAVAL . 64
AINÉAS DE GAZA (Énée) RE (Ai ) 4 PLRE II : 3
FV
Sophiste chrétien , auteur d'un dialogue intitulé Théophraste. Biographie. Bien qu’Énée de Gaza ait joui d'un prestige certain au sein de ce que l'on appelle “ l'école de Gaza” , on ne sait pratiquement rien de certain de sa biographie. Le seul point de repère chronologique est fourni par un passage de son dialogue Théophraste ( p. 66 , 11-67, 13 dans l'édition Colonna citée sous le n ° 12 ) , où le principal interlocuteur, Euxitheos, pour prouver que la résur rection des corps est possible, invoque plusieurs faits miraculeux, dont il a été lui-même témoin . Le dernier de ceux -ci est un miracle qui a eu lieu à Tipasa : sommé de se rallier à l'arianisme, un groupe de prêtres et de fidèles préféra avoir la langue tranchée plutôt que de renoncer à la foi orthodoxe ; quelques jours après le supplice, ils parlent plus nettement qu'auparavant et proclament à nouveau la vraie foi. Le miracle est bien connu des historiens byzantins ( par ex . Procope, Bellum vandalicum I 8,4 , t . I, p . 345 , 19–346 , 3 Haury ; Théophane,
AINÉAS DE GAZA
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Chronographie, t. I, p . 186, 29 s . de Boor ; Victor de Vita , Historia perse cutionis uandalicae III 30, p. 47-48 Halm ; Victor de Tunnuna, Chronica aux années 479 et 567 , p. 189 et 206 Mommsen ) et est généralement daté par les historiens de l'année 484 (cf. 1 C. Courtois, Les Vandales et l'Afrique, Paris 1955 , p. 298-299 ). Un détail du récit d'Énée permet de dater plus précisément la composition : Euxitheos prétend avoir vu et examiné en personne ces martyrs ; or, on sait, par les mêmes historiens, que les martyrs se réfugièrent à Constan tinople. On peut donc considérer que ce passage fournit un terminus post quem pour la date de composition du Théophraste: vers 485-486 . Le terminus ante quem est fourni par un autre dialogue composé par un autre gazéen : l'Ammonius de Zacharie de Mytilène. On trouve en effet dans ce dialogue, outre quantité de réminiscences, allusions ou imitations du Théophraste, deux citations explicites de notre texte : ligne 543 (éd. M. Minniti Colonna citée sous le n° 17 ; PG 85 , col . 1132 a ) = Théophraste, p . 46 , 3-5 Colonna, et ligne 1344 (PG 85 , col. 1080 b) = ibid. , p. 43 , 19-20 Colonna, et dans les deux passages Énée est designé comme τις των παρ ' ημίν σοφών . Or la date du dialogue de Zacharie est relativement facile à établir : il relate deux conversations qui auraient eu lieu à Alexandrie pendant l’été 486 ou 487 , et il paraît peu vraisemblable que le dialogue ait été composé longtemps après sa date dramatique ( contrairement à ce que pense 2 E. Gallicet, « Per una rilettura del Teofrasto di Enea di Gaza e dell'Ammonio di Zacaria Scolastico » , AAT 112, 1978 , p. 117-135 , 137-167 , en particulier p. 161 ) . On peut donc supposer qu'il a été composé vers 490-491. Par conséquent, on peut placer la date de rédaction du Théophraste entre 485 et 490 : c'est là, rappelons- le, la seule date solide de la biographie d'Énée de Gaza. Pour le reste, on se sert d'indications recueillies dans le Théophraste, sans prendre garde qu'il s'agit de déclarations d'un des interlocuteurs du dialogue et qu'elles n'ont donc pas nécessairement de valeur biographique ( remarque de 3 I. Hadot, Le problème du néoplatonisme alexandrin. Hiéroclès et Simplicius, Paris 1978 , p . 203-204 ). Si l'on accepte cependant d'attribuer à Énée les rares détails biographiques fournis par Euxitheos, on admettra qu’Énée est probable ment natif de Gaza, qu'au moment du dialogue il est assez âgé, puisqu'Euxitheos évoque ses études de philosophie, faites « il y a de nombreuses années » (p . 2, 12 14 Colonna ): on peut donc supposer que ses études ont eu lieu quelque vingt ans auparavant, c'est -à -dire vers 465 , et qu'à ce moment Euxitheos (= Énée) aurait eu vingt ans : cela placerait sa naissance au plus tard vers 445. On sait, par une mention de sa correspondance (Ep. 15 , p. 46-47 de l'édition Massa Positano citée sous le n° 21 ) , qu'il fit aussi des études de rhétorique à Alexandrie. Selon le Théophraste (p. 2, 9 et 20 ; p . 18 , 14 Colonna ), Énée aurait été l'élève de Hiéroclès : l'ignorance des dates précises d’Hiéroclès ne nous permet cependant pas de confirmer ou d'infirmer cette conclusion (sur la chronologie de Hiéroclès, voir I. Hadot 3, p . 17-20 , ainsi que 4 N. Aujoulat, Le néo -platonisme alexandrin. Hiéroclès d'Alexandrie, coll. « Philosophia Antiqua » 45 , Leiden 1986 , p. 1-2, qui place la naissance de Hiéroclès vers 390 : en ce cas , il faudrait admettre la chronologie basse pour Énée ). Ses études achevées , Énée regagne Gaza et devient un sophiste, enseignant avec succès littérature, rhétorique et droit (cf. Ep. 11 , p . 44 Massa Positano ). Pour des raisons inconnues de nous , il séjourne à Constantinople vers 485-486 , où il voit les martyrs de Tipasa (p . 67, 8-13 Colonna ) . Deux mentions dans des ouvrages de Zacharie attestent la
AINÉAS DE GAZA
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réputation qu'Énée s'était acquise comme sophiste ( remarquons qu'il n'est jamais désigné d'un autre titre dans notre documentation et qu'en particulier il ne porte jamais le titre de philosophos) : Vie de Sévère, éd. M.A. Kugener, PO II, Paris 1903, p . 90, et Vie d'Isaïe, éd. E.W. Brooks, dans Vitae virorum apud Mono physitas celeberrimorum , CSCO IIIe série, Scriptores syri, 25 , Paris 1907 , p . 8 , 19-29 (où l'on voit qu'Énée expliquait des passages de Platon, Aristote et Plotin ). On constate qu’Énée semble toujours avoir vécu dans le milieu mono physite et l'on a même cru trouver des expressions peu orthodoxes dans son Théophraste (voir par ex. 5 M. Wacht, Aeneas als Apologet. Seine Kosmologie im Verhältnis zum Platonismus, coll. « Theophania » 21 , Bonn 1969 , p . 49 et la longue note 37) , mais la question mériterait d'être reprise. Rien ne permet de dater la mort d'Énée : on a cependant deux lettres adressées à l'iatrosophiste Gessius d'Alexandrie (Ep. 19-20, p. 49-50 Massa Positano ) où l'on a cru lire une description de la maladie de la pierre ; elles pourraient donc dater de la fin de la vie du sophiste. On a cependant l'impression qu'il était encore en vie au moment où Zacharie écrivait sa Vie de Sévère, datée généralement de ca 512 : en ce cas , Énée aurait atteint un âge très avancé. La chronologie ici adoptée exclut naturellement qu'Énée ait pu mentionner dans sa correspondance la fermeture de l'École d'Athènes (Ep. 16, p. 47 Massa Positano) ou qu'il ait pu faire carrière comme defensor civitatis comme on le croit quelquefois, en se fondant sur deux lettres de Procope de Gaza (Ep. 43, 6-13 et 44, 12, éd . R.J. Loenertz et A. Garzya, Ettal 1963, p. 26-27 ), qui se rapportent à un autre Énée, plus tardif que le nôtre . Pour la biographie d'Énée, deux travaux sont à signaler: 6 E. Légier, « Essai de biographie d'Énée de Gaza » , OC 7 , 1908, p. 347-369 ( travail fondamental, mais dangereux, car il contient trop d'hypothèses invérifiables, devenues des certitudes dans la suite ); 7 M. Starowieyski, « Eneasz z Gazy i jego listy » , Meander 28 , 1973 , p. 3-22 (en part. 13-22 ), qui n'apporte que peu de neuf par rapport à Légier. Récemment 8 N. Aujoulat a consacré un articleà la datationdu Théophraste: « Le Théophraste d'Énée de Gaza : Problèmes de chronologie » , Koinonia 10, 1986, p . 67-80, où il défend une datation voisine de celle que nous proposons ici (en revanche, l'identification proposée entre Théophraste et Ammonios, fils d'Hermias, me paraît gratuite et hautement improbable ). On trouve des articles biographiques dans la plupart des grandes encyclopédies: mentionnons celui de 9 V. Grumel dans DHGE XV , col. 458-459 (avec riche bibliographie ). En revanche, les pages consacrées à la biographie d'Énée dans l'édition Colonna du Théophraste 12, p . VII - VIII, et dans l'édition Massa Positano des Lettres ( cf. 21 , p . 7-9), sont simplement inutilisables. Euvres. Sous le nom d'Énée de Gaza nous ont été transmises deux æuvres : le Théophraste et une collection de Lettres.
( 1 ) Théophraste . a ) Titre . La tradition manuscrite s'accorde pour donner à l'ouvrage le titre suivant : Αινείου σοφιστού διάλογος Θεόφραστος ότι ουκ έστιν ανθρώπων προβιοτή και ότι αθάνατος ή ψυχή . Le titre reprend donc le nom du principal interlocuteur païen du dialogue , tout comme l'Ammonios de Zacharie . Comme on l'a noté plus haut, Énée est présenté comme odioths, c'est - à -dire comme professeur de rhétorique.
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b) Genre literaire . L'ouvrage est présenté comme un dialogue entre trois personnages : Égyptos, Euxitheos et Théophraste. Le dialogue lui-même, qui est étroitement imité des procédés platoniciens, est assez maladroit et les personnages n'ont pas véritablement d'existence. Théophraste, l'interlocuteur païen, est présenté comme un maître orgueilleux et plein de lui-même; jusqu'à ce qu'il confesse ses premiers doutes ( p. 16, 22 Colonna ), c'est lui qui mène le débat; à ce moment la situation se renverse, et c'est dès lors Euxitheos qui conduit la discussion, tandis que Théophraste se borne à approuver ou à relancer la discussion par d'opportunes questions. Quant au troisième interlocuteur, Égyptos, il n'intervient pratiquement pas. Les sources littéraires du dialogue ont été étudiées soigneusement par 10 S. Sikorski, De Aenea Gazaeo ( diss. Wrocław 1908 ), publiée dans Breslauer Philologische Abhandlungen IX 5 , Wrocław 1908 ; l'apparat de l'édition Colonna 12 ne marque aucun progrès. c) Analyse sommaire du texte . Le dialogue peut se diviser en trois parties : une introduction " dramatique " ( p. 2, 1-4 , 17 Colonna ); une première partie consacrée à l'étude de la métempsychose humaine et de ses difficultés ( p. 4 , 18-36 , 3 Colonna ); une seconde partie consacrée à une série d'apories chré tiennes contre les doctrines païennes, assez mal liées , s'achève sur l'aveu de Théophraste qu'il est désormais convaincu et rejette la philosophie pour passer au Christ (p. 68 , 5-9 Colonna ). Le prologue dramatique comprend deux parties: ( 1 ) rencontre entre Euxitheos et Égyptos sur le port d'Alexandrie, où Euxitheos, en route pour Athènes, a été dérouté par une tempête : Euxitheos demande à son ancien compagnon d'études s'il existe encore de grands professeurs de philosophie à Alexandrie ; réponse négative d'Égyptos qui sait cependant que trois jours auparavant a débarqué à Alexandrie un éminent professeur athénien , Théophraste. D'où ( 2 ) rencontre chez Théophraste et discussion. Euxitheos déclare n'être préoccupé que d'une seule question : l'âme humaine a - t- elle pré existé ( p. 4, 20-21 Colonna), et être à la recherche d'un maître capable de répondre à ses difficultés sur cette doctrine. Théophraste déclare être capable de répondre à toute difficulté en ce domaine et étale une longue liste de doxographies ( empruntées pour l'essentiel à Plotin IV 8 [ 6 ], 1 ), non sans être obligé de reconnaître les contradictions des païens entre eux et même celles de Platon avec lui -même ( p. 5, 3–9, 18 Colonna ). Le problèmede réincarnation n'est guère plus clair, finira par concéder Théophraste (p. 9, 19–16, 23 Colonna ), non sans avoir cité et discuté les opinions de Plotin , Harpocration, Porphyre, Boéthos, Numénius, Jamblique, Syrianus et Proclus. A partir de maintenant, c'est Euxitheos qui mènera le débat en développant les objections chrétiennes : ( 1 ) le fait que les âmes n'aient pas souvenir de leurs vies antérieures, alors qu'elles sont châtiées pour les fautes qu'elles y ont commises ( p. 16, 24 19, 3 Colonna ); ( 2) le fait que la préexistence des âmes n'explique pas vraiment la diversité des conditions humaines, les infirmités, la durée de la vie, etc., alors que l'explication par la Providence de Dieu le fait beaucoup mieux (p. 19, 435, 10 Colonna). Toutes ces objections amènent Théophraste à reconnaître que « rien de ce qui se passe ici -bas ne l'oblige plus à professer la préexistence de l'âme humaine » (p. 35 , 9-10 Colonna ). La seconde partie sera faite d'une série de discussions enchaînées avec plus ou moins de bonheur. D'abord sur le nombre des âmes ( p. 36,5-41, 15 Colonna ); sur l'éternité du monde, naturellement refusée ( p. 42, 1–51, 23 Colonna); enfin une série de difficultés sur la résur rection du corps ( p. 52, 2–68, 10 Colonna). Aveu final de Théophraste: « Je suis convaincu et ressens déjà la grâce de Dieu . Adieu à l'Académie, allons auprès de Lui » ( p. 68 , 5-6 Colonna ). Puis Théophraste reprend ironiquement une phrase de Platon ( Rép . III, 388 e 2-3 ), déjà citée plus haut ( p. 9, 12-13 Colonna ), par laquelle il place sous l'égide de Platon sa conversion. La finale est constituée d'une prière d'action de grâce d'Euxitheos (p. 68, 10-21 Colonna ).
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d) Éditions du texte . On utilise deux éditions. 11 J.F. Boissonade (édit. ), AINEIAE KAI ZAXAPIAL ( sic ). Aeneas Gazaeus et Zacharias Mitylenaeus, de immortalitate animae et mundi consummatione, ad codices recensuit, Barthii Tarini Ducaei notas addidit J.F.B. Accedit Aeneae interpretatio ab Ambrosio Camald . facta, Parisiis 1836. Le texte d'Énée est imprimé aux pages 1-78 ; les notes, tirées des éditions de Barth (Leipzig 1655) et de Fronton du Duc (Paris 1618), très notablement enrichies par Boissonade, occupent les p. 155-316 ; enfin la traduction d'Ambroise Traversari ( 1386-1439), reproduite d'après l'édition de Gênes 1645 , se trouve aux p . 461-517 . Il n'y a pas d'index verborum . Comme on s'y attend dans le cas de Boissonade, il s'agit d'un excellent travail pour l'épo que, plein de jugement et d'érudition . On n'en saurait dire aurant de l'édition moderne de 12 M.E. Colonna ( édit.), Enea di Gaza. Teofrasto a cura di M.E.C. , Napoli 1958 , qui donne un texte grec (p. 1-68) , une traduction italienne (p . 69 114) , un commentaire (p . 115-138 ) et un index verborum ( p. 143-160 ), incom plet. L'édition est franchement médiocre : l'étude de la tradition manuscrite est incomplète ; l'établissement du texte est souvent fautif et la traduction fréquem ment erronée. On trouvera une liste des fautes les plus criantes de cette édition dans Gallicet 2 , p. 120-135 et passim ) ; autres corrections dans 13 A. Garzya, « Varia philologica VIII » , dans Studi classici in onore di Q. Cataudella , Catania 1972, t. I, p . 253-257 . e ) Traductions du texte . Le Théophraste a suscité un vif intérêt à la Renaissance (on le désigne alors comme un aureus libellus) : dès le début du XV ° s . il est traduit en latin par A. Traversari ; sa traduction aura plusieurs éditions aux XVI -XVII s . et elle est encore reprise dans l'éd. Boissonade 11. Il se pourrait que le texte latin de Traversari représente un manuscrit grec disparu, d'une certaine importance pour l'établissement du texte : voir M.E. Colonna 12, p . XXXVI - XXXVII, mais la question devrait être reprise. Traduction italienne dans Colonna 12, p. 69-114, souvent fautive. Traduction française incomplète (mais en général excellente ) de E. Lévêque dans 14 M.N. Bouillet, Les Ennéades de Plotin , tr. fr ., 3 vol. , Paris 1857-1861 , t. II, p . 673-687. f) Travaux sur les sources du texte . L'essentiel des sources avait déjà été identifié avec beaucoup de soin par S. Sikorski 10 , dans sa dissertation ( essentiellement: Plotin , Platon et Grégoire de Nysse ) . 15 A. Di Pauli , Die Irrisio des Hermias, coll . « Forschungen zur christlichen Literatur und Dogmengeschichte » VII 2, Paderborn 1907 , a mis en valeur des parallèles avec l'Irrisio d'Hermias. Les citations de Plotin ont été étudiées par 16 P. Henry, Études plotiniennes, I : Les états du texte de Plotin , Paris 1938 (voir les indices). g) Travaux d'interprétation générale . Un seul ouvrage mérite d'être cité, celui de Wacht 5 , excellent travail, bien informé, mais qui ne porte que sur une petite partie du texte ( riche bibliographie, p . 10-13) . h ) Les rapports avec Zacharie de Mytilène . On sait depuis longtemps que l'Ammonius de Zacharie contient, outre deux citations textuelles (mentionnées plus haut), toute une série d'allusions, d'imitations ou de reprises ( déjà repérées en grande partie par Boissonade 11 ; soigneusement relevées dans 17 M. Minniti Colonna (édit.) , Zacaria Scolastico . Ammonio , Napoli 1973, p . 237 : il y en a plus d'une cinquantaine ). Un certain nombre d'entre elles sont
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discutées par Gallicet 2 , p . 137-167, qui montre d'une manière très convaincante qu'il s'agit d'une véritable correction, dans le sens orthodoxe, de ce que dit Énée sur un certain nombre de questions ; chemin faisant, Gallicet met en relief bon nombre de défauts dans le raisonnement d'Énée. En revanche, l'article de 18 M.E. Colonna, « Zacaria Scolastico. Il suo “ Ammonio " et il “ Teofrasto " di Enea di Gaza » , AFLN 6, 1956, p. 107-118 , n'apporte rien d'utile ; meilleure approche dans son édition de Zacharie 17, préface, p. 53-54. i) Langue et style . Index . Le style du Théophraste a été analysé d'une manière très scolaire par 19 O.J. Storvick , Atticism in the Theophrastus of Aeneas of Gaza ( diss. Univ . of Michigan 1968 ), dont on trouvera un bref résumé dans DA 29 , 1968, col. 887 A. Il n'existe pas d'index complet du texte : celui de l'édition Colonna 12 est défectueux .
2. Correspondance Un choix de vingt -cinq lettres adressées par Énée à divers correspondants nous a été conservé. Il s'agit de lettres souvent très courtes, énigmatiques à force d'être travaillées, qui ne fournissent que très peu de renseignements. La plupart des correspondants sont d'autres sophistes auxquels Énée recommande ses élèves ; on retrouve bon nombre de destinataires dans la correspondance de Procope (v.g. Gessius). Il est impossible de dater le recueil ni même aucune des lettres ( la date proposée par L. Massa Positano dans son édition citée sous le n° 21 , p . 100-101, est absurde). a ) Éditions . Le texte classique est dans 20 R. Hercher, Epistolographi graeci , Paris 1873 , p . 24-32. On dispose d'une édition moderne, qui améliore quelque peu le texte de Hercher : 21 L. Massa Positano (édit. ), Enea di Gaza. Epistole, coll. « Collana di studi greci » 19 , 2e éd ., Napoli 1962 ; en revanche , le commentaire est très scolaire et fourmille d'identifications improbables, menant à des datations impossibles. Plusieurs corrections excellentes ont été proposées par 22 R.J. Loenertz , « Observations sur quelques lettres d'Énée de Gaza », HJ 77 , 1958 , p. 438-444. b ) Traductions . On trouvera une traduction italienne, dans l'ensemble correcte , dans l'édition Massa Positano 21 ; une traduction polonaise dans l'article de Starowieyski 7, p . 93-108 ; bon nombre de lettres sont traduites en français dans l'article de Légier 6.
ALAIN SEGONDS. 65 AINÉAS DE MÉTAPONTE
va ?
Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique , V. pyth . 36, 267 ; p. 145 , 4 Deubner. BRUNO CENTRONE .
66 AINÉSIAS DE MÉGALOPOLIS RESuppl. III : 2
D INI
« Péripatéticien , élève de Théophraste », mentionné par Étienne de Byzance, s.v. Meya onolis (en Arcadie ), p . 438, 4-5 Meineke . RICHARD GOULET.
88 67
AINÉSIDAMOS
AINÉS [ IDAMOS
MF II
Stoïcien du cercle de Panétius dont le nom a été restitué de façon conjecturale par W. Crönert, SPAW 1904 , I , p . 476 n. 1 , en Ind. Stoic. Herc ., col . LV , 5 : TOY S'Aivnlo [18apov. La conjecture est à juste titre rejetée par Traversa, p . 77 . TIZIANO DORANDI. AINÉSIDÈMOS DE CNOSSOS - ÉNÉSIDÈME 68
AIPHICIANOS ( Aeficianus)
II
Médecin stoïcien , disciple, avec un certain Satyros (RE 22), de Quintus et maître de Galien , à Pergame ou à Smyrne. P. Moraux , « Ein unbekannter Lehrer Galens » , ZPE 53 , 1983 , p . 85-88 , a rassemblé quatre témoignages de Galien où le nom est diversement déformé ( Έφικιανός , Φωκιανός , Φικιανός , 'Aφικιανός , Ιφικιανός ) , mais se rapporte manifestement au même personnage . Il pourrait s'agir d'un nom d'adoption dans la gens des Aificii. Aiphikianos était l'élève d'un spécialiste de l'anatomie et de la pharmacologie, Quintus ( absent de RE) , qui n'a pas laissé d'ouvre écrite. Ce médecin , selon Galien « le meilleur de sa génération » , fut chassé de Rome, parce qu'on lui reprochait calomnieusement de supprimer ses clients (De praen. ad Epigen. 1 , p . 70, 23-24 Nutton (CMG V 8 , 1 ) , avec le commentaire de V. Nutton, p. 152) . L'exégèse des écrits hippocratiques développée oralement par Quintus est connue par Galien à travers l'enseignement de ses disciples Satyros et Aiphi cianos. C'est à Pergame que Satyros enseigna à Galien (t . XIX , p. 57 Kühn ). Dans son interprétation d'Hippocrate , Aiphicianos suivait Quintus , tout en modifiant ses doctrines dans un sens stoïcien , alors que Satyros se gardait d'y ajouter ou d'en supprimer quoi que ce soit (Galien, De ord. lib. 3 , p . 87 , 12-15 Müller). A propos d'un passage du De officina medici d'Hippocrate sur la perception sensible , Aiphicianos qui adhérait à la philosophie stoïcienne (inv otwiXNv donaCÓLEVOS Phoooplav ), transmettait l'exégèse de Simias le stoïcien (1 , p. 654 Kühn ) qu'il faudrait distinguer, selon Moraux , du pharmacologue Simmias ( RE 8 ) , fils de Médios , également connu par Galien (t. XIV , p . 180 et 182 Kühn ). Moraux ne semble pas avoir remarqué que le passage avait été retenu comme fragment stoïcien par H. von Arnim , SVF II 75 ; il est signalé par Pohlenz, Die Stoa , t. II, p . 148 . RICHARD GOULET. 69
AISARA Sous ce nom a été transmis un fragment en dialecte dorien d'un lepi kvepów DÚOews, chez Stobée I 49 , 27. A la suite d'une conjecture de Canter, d'après Jamblique , le fragment est inséré dans le recueil de Thesleff sous le nom d ' "Aresas", scolarque pythagoricien mentionné par Jamblique , V. pyth . 266 . Voir H. Thesleff, Pythagorean Texts , p . 48 , 20–50 , 23. Une analyse linguisti que du fragment se trouve dans R. Fohalle, « La langue d'un texte “dorien” » ,
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AISCHINÈS DE SPHETTOS
dans Étrennes de linguistique offertes par quelques amis à Émile Benvéniste, Paris 1928 , p . 27-49. Pour la datation , voir la notice « Pseudopythagorica ». BRUNO CENTRONE
70 AISCHINÈS DE NAPLES (Eschine) RE 20
fl. F IT
Académicien , disciple de Carnéade (mort en 131/130) et de Mélanthius de Rhodes. Il est mentionné en D.L. II 64 comme sixième homonyme d'Eschine de Sphettos : « Philosophe académicien , disciple et mignon (naudixá ) de Mélanthius de Rhodes . » Il avait été précédemment l'élève de Carneade : « L'académicien Eschine, alors que certains sophistes disaient qu'il prétendait être un disciple de Carneade sans l'avoir été, déclara : “En vérité , je fus l'auditeur de Carneade, à l'époque où son discours, ayant abandonné du fait de la vieillesse le fracas et l'éclat, se fut ramené à l'utilité et à la sociabilité ( TÒ XPhounov ... xai xoivwvixóv ) » (Plutarque, An seni 13 , 791 ab ).
L. Licinius (RE 55 ) Crassus, pendant ou plutôt au retour de sa questure en Asie ( vers 111-110), vint de Macédoine à Athènes : « L'Académie se trouvait alors dans tout son éclat, à ce qu'on disait autour de moi . Charmadas, avec Clitomaque et Eschine , en avait la direction . On y voyait aussi Métrodore, comme eux disciple immédiat, disciple zélé de ce Caméade qu'on déclarait sans égal pour l'abondance et l'énergie de son éloquence. En pleine possession de leur influence étaient Mnesarque, élève de l'illustre Panétius, ton maître ( Crassus s'adresse à Scaevola ), et Diodore, élève du péripatéticien Critolaos. Il y avait là enfin beaucoup d'autres philosophes très renommés qui, d'une voix presque unanime, excluaient l'orateur du gouvernement des cités, lui interdisaient toutes les sciences, toutes les connaissances d'un ordre élevé, pour le reléguer bruta lement dans les tribunaux et les misérables débats de la place publique » (Cicéron, De orat. I 11 , 45-46 ; trad . Courbeaud ). Sur ce passage , voir J. Glucker, Antiochus, p. 102-103 . Sur la datation de la questure de Crassus, voir G.V. Sumner, The Orators in Cicero's Brutus : Prosopography and Chro nology, coll. « Phoenix - Supplementary Volume » 11 , Toronto 1973 , p . 94-97 , nº 104 . RICHARD GOULET. 71 AISCHINÈS DE SPHETTOS (Eschine) RE 14 PA 366
ca 430-360
Biographie. Eschine était, selon Platon , Apol. 33 e , le fils de Lysanias, du dème attique de Sphettos. Mais selon d'autres, son père aurait été le charcutier Charinos ( cf. D.L. II 60) . Disciple de Socrate ( cf. D.L. II 34 et 60 ; Sénèque, De benef. I 8 , 1), Eschine aurait conseillé au philosophe de s'enfuir de sa prison (D.L. II 60 = Idoménée, fr. 26 Angeli ; D.L. III 36 = Idoménée, fr. 27 Angeli; II 35 ). Ce serait par malveillance à l'égard d'Eschine que Platon aurait attribué à Criton (Criton 44 b) les propos qu'Eschine tint alors à Socrate. Eschine était très pauvre (D.L. II 34 ; Sénèque, De benef. 18 , 1-2) et, dès sa jeunesse , il fut contraint de travailler dur (D.L. II 60). Aux côtés de Phédon, d'Euclide et
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AISCHINÈS DE SPHETTOS
d'Aristippe, il était parmi les quatre philosophes socratiques les plus en vue (D.L. II 47 ) . Après la mort de Socrate (3994), à laquelle il assista (Phédon 59 b), il se rendit, en raison de son indigence, auprès de Denys de Syracuse. La chronologie du séjour d'Eschine à Syracuse auprès de Denys pose problème. Il faut considérer deux types de témoignages : ceux qui ne prennent pas position sur l'identité de Denys (l'Ancien ou le Jeune ?) et ceux qui optent pour Denys le Jeune . Diogène Laërce II 61 et Philostrate , Vie d'Apollonius I 34 (repris par la Souda Ai 349), disent qu'Eschine se rendit auprès de Denys, à qui il offrit certains de ses dialogues, en échange de quoi il reçut du tyran des présents. Ces témoignages ne précisent pas de quel Denys il s'agit. A la cour du tyran, Platon ne fit pas attention à Eschine, en revanche Aristippe l'aida (D.L. II 61 ; III 36 ; cf. II 82 ; sur l'amitié qui unissait Eschine et Aristippe, voir aussi Plutarque, De cohibenda ira 14, 462 de ; Lettre pseudépigraphe 23 d'Eschine à Phédon, p. 625 Hercher). Toutefois, à en croire un autre passage de Plutarque (Quomodo adul. 26, 67 de), Platon aurait fait, devant Denys, l'éloge d’Eschine, afin que le tyran ne négligeât pas ce compagnon de Socrate qui avait traversé la mer pour venir s'entretenir avec lui de philosophie. Dans Le parasite 32 de Lucien, un des personnages, Simon, évoque le voyage d’Eschine en Sicile auprès du tyran Denys : « Eschine le socratique, l'homme qui écrivit de longs dialogues pleins d'esprit, vint un jour en Sicile, apportant ses dialogues avec lui, dans l'espoir qu'il pourrait, grâce à eux , se faire connaître de Denys le tyran. Après lui avoir lu le Miltiade et avoir paru de bon renom , Eschine s'installa pour le reste du temps en Sicile, devenant le parasite de Denys (napaoitõv Alovuolo ) et disant bien le bonjour aux leçons de Socrate. » Simon ajoute ensuite qu’Aristippe vécut à la même époque à Syracuse, lui aussi comme parasite de Denys (voir également D.L. II 66 ). Ce texte ne nous renseigne pas sur l'identité de Denys. 1 J. Humbert, Socrate et les petits socratiques, Paris, 1967, p. 218-220, affirme qu'une scholie au Ménippe du même Lucien dit explicitement qu'Eschine séjourna « auprès de Denys l'Ancien, vivant dans la gloutonnerie et, parasite scandaleux, flattant le tyran au delà de toute mesure ». Dans son esprit, la similitude des deux passages de Lucien invitait à considérer que dans Le parasite Simon faisait allusion aussi à Denys l'Ancien. En fait, la scholie au Ménippe 13 (p .172, 1-5 Rabe) se rapporte à Aristippe, et non à Eschine comme l'affirme Humbert, ce qui enlève tout poids à son argumentation tendant à privilégier un séjour d'Eschine auprès de Denys l'Ancien plutôt qu'auprès de Denys le Jeune. Par conséquent, il faut ranger le texte du Parasite dans le groupe des témoignages qui ne nous apprennent rien sur l'identité du tyran . Mais un autre témoignage, transmis par Diogène Laërce II 63, qui cite le premier livre de l'ouvrage de Polycrite de Mende (RE 7) Sur Denys, affirme qu'Eschine vécut auprès du tyran jusqu'à la chute de celui -ci et au retour de Dion de Syracuse ( 356a). Il y avait à ce moment-là, avec Eschine, Carcinos, l'auteur de tragédies (RE 4). Par conséquent, à en croire ce témoi gnage, Eschine aurait bien vécu à la cour de Denys le Jeune. On sait également que Platon lui aussi y séjourna (cf. D.L. III 21 ). Il faudrait alors admettre que Platon , Eschine et Aristippe se retrouvèrent à la cour de Denys le Jeune vers 366 et qu'Eschine serait rentré ensuite à Athènes où il aurait vécu comme il aurait pu , n'osant pas, devant le renom qu'avaient acquis Platon et Aristippe, exercer le métier de sophiste ( 000IOTEÚELV ) et se contentant de donner des cours moyennant salaire (D.L. D 62). Dans ce contexte, ce serait avant 356a que Lysias aurait écrit contre lui son discours intitulé lepi ouxopavtiac (D.L. II 63), à identifier selon toute vraisem blance avec le Πρός Αισχίνην τον Σωκρατικόν χρέως dont Athénée XII , 611 e - 612 f, cite des extraits. En effet, après 356a Lysias était mort ou était très âgé. Dans l'autre optique, celle d'un séjour auprès de Denys l'Ancien , Platon , Aristippe et Eschine auraient vécu en même temps à Syracuse vers 3884. Eschine avait alors une quarantaine d'années. Après ce séjour, il serait rentré à Athènes ( cf. D.L. I 62). Ce serait alors, c'est-à -dire vers 380a, que Lysias aurait écrit son discours. Selon Diodore de Sicile XV 76, 4, Eschine faisait partie des & v & paç xatà naidetav akious urhuns en Ol. 103, 3 ( 3669).
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Eschine écrivit des plaidoyers judiciaires (D.L. II 62) . Comme, à en croire D.L. I 63 , il fit montre de compétences rhétoriques évidentes dans sa défense du père du général Phaeax (voir Erasistratos RE 1 ) et comme il prenait pour modèle Gorgias de Léontini, on peut conclure qu'il enseignait la rhétorique. Favorinus d'ailleurs (voir fr. 30 Mensching; fr. 62 Barigazzi), dans son Histoire variée , et Idoménée ( fr. 24 Angeli), dans son ouvrage Sur les Socratiques, disent que Socrate fut le premier, avec son disciple Eschine, à avoir enseigné la rhétorique (D.L. II 20 ,). En D.L. II 63, l'apparat critique de Long omet de signaler que les mots xal Alwvos qui font suite a έκ τε της απολογίας του πατρός Φαίακος του στρατηγού resultent d'une correction de Cobet au texte des manuscrits qui présentent les leçons 81'& v ou diwv. On sait encore qu'un dialogue d'Euclide de Mégare s'intitulait Eschine (D.L. II 108 = fr. 15 Döring). Disciples . D.L. II 63 dit qu'un seul élève d'Eschine est connu par la tradition : Aristote surnommé 'O MŪeos ( cf. D.L. V 35 ) . Mais Athénée XI , 507 c , en mentionne un autre, Xenocrate ( de Chalcédoine] : « Alors qu'Eschine était pauvre et n'avait qu'un seul disciple, Xenocrate, Platon attira ce disciple à lui. » Sur ces témoignages, voir 2 A. Swift Riginos, Platonica, p. 97 et n. 17. Euvres. L'activité littéraire d'Eschine se situe dans la lignée de la littérature socratique. La tradition fait état de deux listes d'ouvrages d'Eschine. L'une regroupe sept dialogues de caractère socratique (ol 8'oð tõv Aloxívou tò Σωκρατικόν ήθος απομεμαγμένοι εισίν επτά , D.L. Π61 ; cf. Π 60 : την Σωκρατικήν εύτονίαν . Sur cet ήθος socratique , voir Demetrius , Περί ερμηνείας 297 : το δε ιδίως καλούμενον είδος Σωκρατικόν, και μάλιστα δοκούσι ζηλώσαι Aloxívns xal Mátwv ; Cicéron , Brutus 292 : « ironiam illam quam in Socrate dicunt fuisse, qua ille in Platonis et Xenophontis et Aeschini libris utitur » ) : ( 1 ) Μιλτιάδης .
Des fragments de ce dialogue ont été repérés dans POxy. 2889 et 2890 : 3 R. Merkelbach , « Zum " Miltiades " des Aischines» , ZPE 9, 1972, p. 201; 4 L. Rossetti et C. Lausdei, « Su P.Oxy. 2890 Front (Dal Milziade di Eschine socratico )», Aegyptus 59, 1979 , p. 91-96 ; 5 eid. , « Ancora sul Milziade di Eschine socratico . P.Oxy. 2890 (Back ) », ZPE 33 , 1979, p. 47 56 ; 6 eid . , « POxy. 2889 et il Milziade di Eschine socratico » , RHM 124, 1981 , p. 154-165. ( 2 ) Kanniac ( 3 ) ' Atioxos.
( 4 ) 'Aongoia . 7 B. Ehlers, Eine vorplatonische Deutung des sokratischen Eros. Der Dialog Aspasia des Sokratikers Aischines, coll. « Zetemata » 41 , München 1966, 150 p. ( 5 ) 'Αλκιβιάδης . 8 E.G. Berry, « The Oxyrhynchus Fragments of Aeschines of Sphettus » , TAPHA 81 , 1950, p. 1-8 ; 9 R. Applegate, The Alcibiades of Aeschines of Sphettus, Diss. Princeton Univ. 1949, 120 p. (microfilm ), résumé dans DA 15, 1955 , p . 405; 10 B. Effe, « Platons " Charmides" und der “ Alkibiades ” des Aischines von Sphettos », Hermes 99 , 1971 , p. 198 208. ( 6 ) Tniaúyns. ( 7 ) ' Pivwv .
Cette liste est donnée par D.L. II 61 et par la Souda A1 346.
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La seconde liste est constituée par les dialogues dits « acéphales » , qui sont « tout à fait relâchés et qui ne manifestent point la vigueur socratique » (D.L. II 60 ). Seule la Souda Ai 346 en a conservé les titres. Eux aussi sont au nombre de sept :
(8)
Daidwv ,
(9)
Πολύαινος ,
( 10 )
Apáxwv,
( 11 )
'Epusias,
( 12 )
Hepi đpetñs,
( 13 ) 'Epaolotpatoi, ( 14 ) Exubixoi ſà cause de D.L. II 122 et de D.L. II 105 , il faut certainement corriger en Σκυτικοί) . Sur l'ensemble de ces dialogues circulent des jugements contradictoires. Panétius les considérait comme authentiques, tout comme ceux de Platon , Xénophon et Antisthène, alors qu'il émettait des doutes sur ceux de Phédon et d'Euclide , et qu'il rejetait tous les autres (D.L. II 64 = fr. 126 Van Straaten ). Aristippe doutait qu'ils fussent d'Eschine, au point qu'un jour où ce dernier donnait une lecture publique à Mégare, Aristippe se moqua de lui en ces termes : « D'où as - tu tiré cela , voleur ? » (D.L. II 62). D'autre part, selon D.L. II 60, Eschine fut en butte aux calomnies de Ménédème d'Érétrie qui prétendit que la plupart de ses dialogues avaient été composés par Socrate ; Eschine les aurait reçus de Xanthippe après la mort du philosophe et les aurait fait passer pour siens. Athénée XIII, 611 de, attribue cette assertion à Idoménée ( fr. 28 Angeli), lequel d'ailleurs ne faisait peut-être que répéter Ménédème. Aelius Aristide, Mepi øntop . I 20 ( II, p. 24 , 18-21 Dindorf ), et Photius, Bibl. cod. 158 , font état de ces affirmations qu'Aelius Aristide pour sa part considère comme fausses. Ce sont surtout les dialogues acéphales qui virent leur authenticité contestée , comme l'explique D.L. II 61 : « Parmiles dialogues d'Eschine, les uns (áv oi Mèv ... ), appelés acéphales, manquent tout à fait de force et ne manifestent pas la vigueur socratique.Ce sont ces dialogues dont Pisistrate ( ou Péristrate) d'Éphèse disait même qu'ils n'étaient pas d'Eschine. Et, de la plupart de ces sept dialogues, Persaios dit qu'ils sont de Pasiphon d'Érétrie, mais que celui - ci les a rangés parmi les dialogues d'Eschine . D'ailleurs , il (Pasiphon) a aussi fabriqué (8 è ÉOxEvúpntai) le Petit Cyrus d’Antisthène, son Héraclès mineur, son Alcibiade et les traités des autres (socratiques ?). Quant aux autres dialogues d'Eschine, ceux qui (oi d'oŭv tõv Aloxívou) portent l'empreinte de la manière socratique , ils sont au nombre de sept : le premier c'est Miltiade ; aussi est- il en quelque sorte le plus faible ; (on trouve également) Callias, Axiochos, Aspasie, Alcibiade, Télaugès, Rhinon . » Contrairement à ce qu'ont pensé par exemple Susemihl ou Natorp (RE 14) , mais en accord avec H. Krauss ( cité plus bas sous le n° 12), p . 27 n . 35 , nous considérons, en raison de la structure de la phrase grecque ov oi μέν ... ( και των επτά δε τους πλείστους διαλόγους )... οι δ'ούν , que les dialogues dont parle Persaios ne peuvent être que les sept dialogues acéphales et que par conséquent le jugement de Persaios rejoint celui de Pisistrate d'Éphèse. Ce Pisistrate est inconnu . 11 G. Röper, Philologus 3 , 1848 , p . 58-61 , propose de lire Mnésistrate et d'identifier ce personnage à Mnésistrate de Thasos, un
AISCHINÈS DE SPHETTOS
93
contemporain de Persaios. Deux manuscrits ont la leçon Teplotpatoc , nom attesté dans l'Anthologie grecque XVI 189. On notera que c'est ce même faussaire Pasiphon (qu'il appelle Naoipov • Aouxiavóc ) qui est considéré par Favorinus comme l'auteur des tragédies de Diogène le cynique (D.L. VI 73). D'autre part, le dialogue acéphale intitulé Exutixoi fut attribué par certains à Phédon d'Élis, tandis que le Múdios de Phédon l'était à Eschine ou à Polyen (D.L. II 105 ) . Signalons encore que trois dialogues pseudépigraphes de Platon portent le même titre que trois dialogues d'Eschine : Axiochos (dans la première liste ), Eryxias et Sur la vertu , et que des acéphaloi sont attribués également à Platon (D.L. III 62 ; d'ailleurs deux de ces dialogues sont conservés : Sur la vertu et Sur le juste ); enfin , à Simon le coordonnier sont attribués trente - trois Exutixoi en un seul volume (D.L. II 122) . Diogène Laërce II 63 fait état d'une lettre d'Eschine à Denys qui n'a pas été conservée . Dans les lettres pseudépigraphes des socratiques telles que les a éditées S. Stowers dans 12 A.J. Malherbe (édit. ) , The Cynic Epistles. A study edition , coll. « Society of Biblical Literature - Sources for Biblical Study » 12, Missoula (Montana ) 1977 , Eschine est présenté comme l'auteur des lettres 10 ( à Aristippe ), 14 (à Xénophon ; mais 13 J. Sykutris, art. « Sokratikerbriefe » , RESuppl. V , 1931 , col. 985, considère que l'auteur de cette lettre est Euclide), 21 (à Xanthippe, la femme de Socrate ; mais dans l'édition Hercher, cette lettre est attribuée à Xénophon ) et 23 (à Phédon ; mais selon Sykutris 13, col . 986 , Eschine s'adresse à Euclide et à Terpsion ). D'autre part une lettre d'Aristippe (nº 11 ) lui est adressée . La tradition nous a rapporté deux jugements sur les qualités littéraires d'Eschine. Timon de Phlionte évoque la force de persuasion de son écriture (D.L. II 62 = PPhF fr. 26 Diels ), tandis que Phrynichos loue son style net et pur et son atticisme ( Photius, Bibl. cod. 158 ) . On peut également rappeler que Lucien évoque les paxpows xai đoteious Slalóyouç du personnage (Parasite 32) . Éditions. 14 H. Krauss, Aeschinis Socratici Reliquiae, Leipzig 1911 , X 124 p .; 15 H. Dittmar, Aischines von Sphettos. Studien zur Literaturgeschichte der Sokratiker, coll. « Philologische Untersuchungen » 21 , Berlin 1912 , IX 328 p . [Première partie : Untersuchungen, p. 1-244. Une analyse y est donnée des dialogues socratiques d'Eschine que Dittmar compare avec les écrits des autres socratiques sur les mêmes thèmes. Deuxième partie : Fragmente der Dialoge. I. Zeugnisse, p. 247-265 ; II. Die Reste , p. 266-296) . Eschine ne figure pas dans les Socraticorum reliquiae de G. Giannantoni, Roma 1983-1985 . Études d'orientation. 16 Fr. Nietzsche , « Analecta Laertiana » RHM 25 , 1870, p . 228-231 . 17 Susemihl, t . I , p . 20-21 ; 18 O. Schrohl, De Eryxia qui fertur Platonis, Diss . Göttingen 1901 , 45 p .; 19 W. Nestle , Die Sokratiker. Deutsch in Auswahl mit Einleitungen, t. II , Iena 1923 , p . 45-49 et 180-192 ; 20 G.C. Field, Plato and his Contemporaries, London 1930 , p . 146-152 ; Humbert 1 , p. 214-231 ; 21 A. Patzer, Antisthenes der Sokratiker. Das litera rische Werk und die Philosophie, dargestellt am Katalog der Schriften, [ Teildruck ] Diss . Heidelberg 1970, p . 102-105 ; 22 K. Döring , « Der Sokrates des Aischines von Sphettos und die Frage nach dem historischen Sokrates » , Hermes 112, 1984 , p . 16-30.
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AISCHRION DE MITYLÈNE
Bibliographie. 23 A. Patzer, Bibliographia Socratica . Die wissen schaftliche Literatur über Sokrates von den Anfängen bis auf die neueste Zeit in systematisch -chronologischer Anordnung, Freiburg /München 1985 , p . 74-75 ( n ° 261-271) et p. 252-254 ( nºs 1764-1791 ). MARIE -ODILE GOULET -CAZÉ.
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AISCHRION DE MITYLÈNE (Samos) RE 7
Iva
« Poète épique ( énonoioc ), il accompagna Alexandre, le fils de Philippe ; c'était un disciple ( yvápenoc) d'Aristote, et son mignon ( épØuevoc ), comme le dit Nicandre d'Alexandrie (RE 14) dans son ouvrage Sur les disciples (uaontāv) d'Aristote » (Souda , Al 354 ; t. II, p. 185 , 1-3 Adler). Les rares fragments de ce poète ont été rassemblés par Th. Bergk, Poetae Lyrici Graeci, 4e éd. , Leipzig 1882 , t. II, p. 517-519, et par H. Lloyd - Jones & P. Parsons, Supplementum Hellenisticum , coll. « Texte und Kommentare » 11 , Berlin 1983 , p. 1-4 . RICHARD GOULET. 73
AISCHRION DE PERGAME RE 8
FI -MII
Médecin grec de l'école empirique, maître de Galien . Les sources sont rassemblées dans 1 K. Deichgräber, Die griechische Empi rikerschule: ( 1 ) fr. 297, p . 215 = Galien, Mepi xpáoewç xal duvápewç tõv ånāv pappáxwv, t. XII, p . 356, 9 Kühn ; (2) fr. 124 , p. 156 = Galien, Nepl tandous, t. VII, p. 557 , 1 Kühn. La datation d'Aischrion (ca 125 ou ca 140 ) se fonde sur les dates de Galien ( 129 -ca 199) : alors qu'il n'était plus jeune ( Aloxpiwv ÉLTEIPIXÓC... Yépwv ) ( 1), il enseigna Galien qui était d'un âge encore tendre (ływ Meipáxiov 6v) ( 2 ). Sur cette datation, voir Deichgräber 1, p. 215 et 332-334 : « Chronologische Fragen » . C'est également Galien, originaire lui-même de Pergame, qui note que son « maître empirique » ( npornoa tÒV ÉPTEIPIXÒV 818áoxalov ) (2) Aischrion était également son concitoyen (nohírns të xal διδάσκαλος ημέτερος ) ( 1 ). Galien illustre son propos (sur l'emploi des drogues simples) d'un exemple emprunté à la pratique médicale empirique d’Aischrion de Pergame, dont il note la longue expérience ( ÉpneipixÓTATOS Yépwv ) en matière de pápuaxa ( 1 ). Peut- être est-ce encore à l'expérience d'Aischrion qu'il a recours lorsqu'il décrit un processus de découverte typique de l'empirisme, au chapitre X du De subfiguratione empirica ( = fr. 10 b, p. 75, 18 s. Deichgräber). Voir sur ce passage Deichgräber 1 , p. 13, et 2 C. Marelli, « La Medicina Empirica ed il suo sistema epistemologico », dans Lo scetticismo antico ( Actes du Congrès de Rome 1980), Napoli 1981 , t. II, p. 657-676 et p. 668. Quant à l'avis d'Aischrion sur l'usage de la saignée (2), il laisse présager la querelle que fera Galien à Ménodote sur le même sujet. Pour une étude critique du témoignage de Galien, voir Deichgräber 1 , p . 3 et n. , p. 19 et p. 266. FRANÇOISE CAUJOLLE -ZASLAWSKY.
74
AISCHYLOS ( Eschyle) RE 16
F va
Disciple d'Hippocrate de Chios. Aristote cite et critique leurs théories sur les comètes (Meteor. 16 ; 342 b 36-343 a 20 [DK 42 A 5 ] ; 343 a 27-343 b 8 ). Le passage est traduit dans Dumont, Présocratiques, p. 484. Sa datation est liée à celle de son maître Hippocrate. Il n'est pas impossible , mais l'hypothèse reste malheureusement invérifiable , que le Mpós Aloxúhov a ' de Théophraste ait
AITHIOPS DE PTOLÉMAIS
95
concerné la météorologie de ce personnage plutôt que le poète tragique. Aucun autre titre ne porte sur un poète en particulier, alors que Théophraste avait consacré plusieurs ouvrages à Anaxagore, Anaximène, Archélaos, Démocrite et Empédocle. RICHARD GOULET. 75
AISIMOS DE PERGAME (CLAUDIUS -)
III ?
Source biographique. Inscription de Pergame, Altertümer von Pergamon VIII 2, 605. Cf. Chr. Habicht, Alt. von Pergamon, VII 3 , p. 85-87 . Ce philosophe, auquel son fils Silianos dédie un autel, appartenait à une famille pergaménienne bien connue, celle des Claudii Silani; mais, en raison de la réapparition constante des mêmes cognomina, les différentes générations y sont difficiles à distinguer. Le philosophe est certainement un descendant du Prytane qui avait consacré le porche monumental devant le temple de Déméter. Sa carrière pourrait se placer au III ° s. , mais il n'est pas sûr pour autant qu'il soit identique au stratège homonyme dont le nom figure sur des monnaies du règne de Gallien ( von Fritze , MvP 100 ). L'inscription ne précise pas à quelle tendance philosophique il se rattachait. BERNADETTE PUECH .
76 AITHERIOS le philosophe Sous ce nom nous a été conservé, dans un manuscrit arménien de Venise (XII ° s . ) , l'extrait suivant: « Ce qui est la cause et la récapitulation (veraliatar, peut-être faute pour veraliakatar : " qui mène de nouveau à plénitude " ) de toutes choses, la divinité de Jésus, qui a uni le particulier en accord avec le tout, sans être ni partie ni tout, (mais) partie et tout à la fois, comme ayant pris tout ensemble en soi » (G. Zarbhanalean , Catalogue des anciennes traductions armé niennes, IV -XIII s. , Venise 1889, p . 400-401). JEAN -PIERRE MAHÉ.
77 AITHIOPS DE PTOLÉMAÏS RE 4
Iva
Philosophe cyrénaïque ? Sources anciennes. Il existe une seule occurrence du nom Aloíoy Ntoleuaeúc. On la trouve dans Diogène Laërce II 86 ( ainsi que dans un passage douteux de la Souda, s.v. 'Apiotinhos, qui n'est pas conservé dans les éditions les plus récentes ). Le nom Aithiops y est cité juste après frétè, comme étant celui d'un disciple d'Aristippe de Cyrène. Études critiques. 1 G. Ménage, dans ses Observationes et Emendationes ( dans son édition de Diogène Laërce parue à Londres en 1664 ), note, p. 70, à propos de II 86 : « De Aethiope illo è Ptolemaïde alibi legere me non memini » ; 2 E. Schwartz , art. « Diogenes Laertios » 40 , RE V1 , 1903, col . 738 s . ( l'auteur conteste , col. 759 , qu'un disciple d'Aristippe ait pu être dit « de Ptolémaïs » sans anachronisme). [ Ptolémaïs de Cyrénaïque, à l'ouest de Cyrène, est une fondation de Ptolémée III Évergète ( 246-222 /1 ); c'était auparavant le port de Barkè (à 25 km à l'intérieur) et la cité fut créée pour châtier Barkè à l'occasion d'une rébellion. Cf. K. Sethe, art. « Barke » , RE III 1 , col. 19-20. R.G. ) 3 W. Crönert, Kolotes und Menedemos, p. 94, et Nachtrag, p . 168 [ étudiant les noms des philosophes de Cyrène, leur plausibilité, leur éventuelle
96
ALBINOS
origine, l'auteur note que le nom Aldíoy – proprement « face brûlée » , d'où Noir, Éthiopien – est des plus vraisemblables à Cyrène ). 6 E. Mannebach , Aristippi et Cyrenaicorum fragmenta , Leiden /Köln 1961 , p . 88 (note au fragment 131 : étude critique du passage de D.L. II 86 = fr. 131 A , p. 33 Mannebach ) ; 7 G. Giannantoni, Socraticorum Reliquiae, t. III, note 17 , p . 158 .
FRANÇOISE CAUJOLLE -ZASLAWSKY. 78
ALBINOS RE 4 (+ Suppl. XII)
fl. M II
Philosophe moyen -platonicien du II° s . , auteur d'une (1) Eloaywyn eis tous Πλάτωνος διαλόγους et de plusieurs ouvrages aujourd'hui perdus : (2 ) Τών Γαίου σχολών υποτυπώσεις Πλατωνικών δογμάτων en onze livres , ( 3 ) Περί των Mátwvi åpeoxÓVtwv en trois livres au moins, ( 4 ) un ouvrage Sur l'incorporel, et probablement des Commentaires sur (5) le Timée, (6) la République et ( 7 ) le Phédon . Sur ces ouvrages perdus, voir 1 H. Diels et W. Schubart (édit. ) , Anonymer Kommentar zu Platons Theaetet, Berlin 1905, p . XXVI - XXX ; 2 J. Whittaker , « Parisinus graecus 1962 and the writings of Albinus » , Phoenix 28 , 1974, p . 325-331 et 450, repris dans 3 id ., Studies in Platonism and Patristic Thought, London 1984 . Depuis la publication de 4 J. Freudenthal, Hellenistische Studien , Heft. 3 : « Der Platoniker Albinos und der falsche Alkinoos» , Berlin 1879 , il est d'usage d'identifier Albinos avec Alcinoos, auteur du Didaskalikos. Que cette identi fication repose sur des bases insuffisantes a été démontré par 5 M. Giusta, « ’Albívou 'Enitou o ' Aaxivbou A18qoxalixóc ? » , AAT 95 , 1960-1961 , p . 167-194 ; voir aussi Whittaker 2 , p. 450-456 , et surtout 6 id. , « Platonic philosophy in the early centuries of the Empire », dans ANRW II 36, 1 , Berlin 1987 , p . 81-123 . Éditions critiques de l'Eisagoge : 7 C.F. Hermann (édit. ) , Platonis dialogi..., coll . BT, t. VI , Leipzig 1853 , p. XVII -XVIII et 147-151 . Pour les réimpressions, cf. 8 National Union Catalog Pre - 1956 Imprints, t. 461, London 1976 , p . 105-108 . 9 F. Dübner ( édit .), Euvres de Platon , [édition " Firmin Didot" ], t. III, Paris 1873 , p . 224-228 . 10 F.W.A. Mullach (édit. ) , Fragmenta Philosophorum Graecorum , t . III, Paris 1881 ; réimpr. Darmstadt 1968 , p . 20 27. Freudenthal (édit . ) 4 , p . 303-304 et 321-326. 11 J.B. Sturm (édit . ) , Biographisches über Plato aus dem Codex Vaticanus graecus 1898 und die Isagoge des Albinus auf Grund derselben Handschrift herausgegeben, Progr. Kaiserslautern 1901 . Traduction française. 12 R. Le Corre, « Le prologue d'Albinus » , RPhilos 146 , 1956, p. 28-38 . Traduction anglaise. 13 G. Burges, The Works of Plato . A new and literal version chiefly from the text of Stallbaum , t . VI : The doubtful works... with lives of Plato by Diogenes Laertius, Hesychius, and Olympiodorus ; intro ductions to his doctrines by Alcinous and Albinus ; the notes of Thomas Gray, and a general index , London 1854. Pour les réimpressions, cf. 8 , t. 461 , London 1976, p. 114 . Traduction italienne. 14 G. Invernizzi, « Il ‘ Prologo' di Albino » , RFN 71 , 1979 , p . 352-361 .
ALBINUS
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Témoignages. ( 1 ) Galien, De propr. libr. II, p . 97, 8-11 Müller ( voir ci dessous). ( 2 ) Tertullien , De an . 28 , 1-29,4 Waszink. (3 ) Jamblique, apud Stobée 149 , 37 ; t. I, p . 375 , 10-11 Wachsmuth. (4) Éphrem le Syrien, Prose Refutations of Mani, Marcion and Bardaisan, trad . par C.W. Mitchell, t. II , London 1921 , p . III . Cf. J. Whittaker 2 , p . 450 n. 1. (5) Proclus, In Tim . t. I, p . 219, 2-11 Diehl. (6) Ibid. , t. I, p. 340 , 23-26 D. (7) Ibid ., t. III, p. 234 , 9-18 D. (8) Id ., In Remp. t. II, p . 96 , 11-12 Kroll (cf. ci-dessous) . (9) Priscien , Solut. ad Chosr. p . 42, 8-10 Bywater (usi... sumus utilibus quae sunt... Albini (codd . Lavini ] quoque ex Gaii scholis exemplaribus Platonicorum dogmatum ). Cf. Whittaker 2 , p . 326-327. ( 10) Le pinar ( fol. 146 ) du Parisinus gr. 1962. Cf. Whittaker 2 , p. 325-331 et planche 2. ( 11 ) Parisinus Coislinianus 387, fol. 154 ' et Bodleianus Auct. T2 , 11, fol. 359 (εν δε τη φιλοσοφία διέπρεψαν Πλάτων και Αριστοτέλης ο τούτου μαθητής ών τον μεν Πλάτωνα υπομνηματίζουσι πλείστοι χρησι μώτεροι δε Γάιος , 'Αλβίνος , Πρισκιανός , Ταύρος , Πρόκλος , Δαμάσκιος , Ιωάννης ο φιλόπονος , όστις και κατά Πρισκιανού ηγωνίσατο, πολλάκις δε και xatà ’ AplotoTélouc ) . Cf. Whittaker 2 , p. 454 n . 22 , et p . 456 n . 29. ( 12) Photius, Bibl. cod. 167 , t. II, p . 155 , 26 Henry. École . Comme il a édité les conférences de Gaius (9 et 10) , tout porte à
croire qu'Albinus était l'élève de ce dernier. Proclus (8 ) le compte parmi tõv Πλατωνικών οι κορυφαίοι . Datation et localisation . Galien ( 1 ) nous apprend que tpla Sé pou B1611a παρά τινων εδόθη γεγραμμένα , πρίν εις Σμύρναν εκ Περγάμου μεταβήναι Πέλοπός τε του ιατρού και 'Αλβίνου του Πλατωνικού χάριν. Albinos a done enseigné à Smyrne dans les années 150 ap. J.-C. Études d'orientation . Freudenthal 4. 15 J. Dillon , The Middle Platonists, p. 267-268 et 304-306 . Whittaker 6 . Bibliographies. 16 H. Dörrie, Platonica Minora, München 1976 , p . 524 548 ; 17 C. Mazzarelli, « Bibliografia Medioplatonica, Parte I », RFN 72, 1980 , p . 108-144 ; 18 L. Deitz, « Bibliographie du platonisme impérial antérieur à Plotin : 1926-1986 » , dans ANRW II 36, 1 , Berlin 1987 , p. 135-137 . JOHN WHITTAKER . 79 ALBINUS (CEIONIUS RUFIUS -) RE A 5 PLRE I : 14
MIV
Fils de Volusianus. Il est qualifié de « philosophe » dans l'inscription de Rome CIL VI 1708 ( ILS 1222 ). Il fut consul en 335 et préfet de la ville de 335 à 337 . RICHARD GOULET. 80
ALBINUS RE 5 PLREI : 3
IV
Auteur d'ouvrages sur la logique et la géométrie mentionné par Boèce,In Arist. Nepi punveías , p. 4 Meiser . Selon Cassiodore, De musica 6 ( PL 70 , col . 1212 C), il aurait également écrit un Compendium de Musica . Pour d'autres rapprochements possibles , voir E. Graf, art. « Albinus» 5 , RE I 1 , 1893 , col. 1315 . PIERRE MARAVAL .
ALBUCIUS SILUS
98 81
DI ? ALBINUS (POSTUMIUS - ) RE ( P ) 28 Lactance, Div . inst . VI 5 , 2 s . , a conservé 13 hexamètres des Satires de Lucilius (1326-1338 Marx , 1342-1354 Krenkel) où est interpellé ce personnage ; les vers sont consacrés à une définition stoïcienne de la vertu . On croit reconnaître les vues de Panétius dans les derniers vers. Il est loin d'être sûr que cet Albinus soit lui-même un philosophe. Sur les diverses identifications possibles avec les nombreux Postumii Albini de l'époque de Lucilius (RE 13 , RE 29 et RE 32) , voir C. Cichorius, Unter suchungen zu Lucilius, Berlin 1908, p . 349-354 , et l'article de < F . Münzer> , RE XXII 1 , 1953 , col. 901. RICHARD GOULET.
82
ALBUCIUS ( TITUS - RE 2
FIT
Le premier épicurien romain que nous connaissions. Études. E. Klebs, REI 1 , 1893 , col. 1330-1331 ; G. Garbarino, Roma e la filosofia greca , p. 458-462. C'est à Athènes, où il faisait ses études, qu'il entra en contact avec la philo sophie épicurienne; il devint un perfectus Epicureus et paene Graecus ( Cicéron , Brutus 35 , 131 ) . Ses contemporains raillaient sa « grécomanie » comme le montre une satire de Lucilius (53-82 Warmington ; fragments regroupés dans le livre II par F. Charpin, CUF, Paris 1978) où le poète retrace le procès qu'Albu cius intenta à Q. Mucius Scaevola en 1194, sans succès d'ailleurs (Cicéron , De nat. deor. I 33 , 93 ) . Son épicurisme ne l'empêcha pas de poursuivre une carrière politique : il fut propréteur de Sardaigne en 105, ce qui implique qu'il avait parcouru les étapes antérieures du cursus honorum . En 103 , accusé de concussion à sa sortie de charge, il fut condamné et dut s'exiler ( Cicéron , Div. in Caec. 19, 63 ; De off. II 14 , 50) . Installé à Athènes, il continua à pratiquer la philosophie (Tusc. V 37 , 108). Albucius semble également avoir laissé des écrits, des poèmes sans doute , et Fronton ( p. 131 Van den Hout) le qualifie de aridus sans qu'on puisse savoir si ce terme s'applique au style ou au contenu . C'est dire qu'en définitive il reste malaisé de préciser la forme qu'a prise l'épicurisme d'Albucius. Il ne s'agit sans doute pas du personnage mentionné dans l'une des Ménippées de Varron (Eumenides XI 127 B), comme on l'a souvent cru . Voir l'édition et les remarques de J.P. Cèbe, Ménippées, t. IV , Roma 1977, p. 538 et p. 688-694 .
MICHÈLE DUCOS. 83
ALBUCIUS SILUS RE 3 (+ Suppl. III)
MF Ia
Orateur de l'époque augustéenne. Études. 1 P. von Rohden , RE I 1 , 1893 , col. 1331 ; 2 K. Gerth , RESuppl. III, 1918 , col. 71-77 ; 3 A. Assereto , Gaio Albucio Silo , Genova 1967, 91 p. (Intro duction , testimonia et fragments ). Il fut très célèbre si l'on en juge par les témoignages de Quintilien ( Inst. or. II 15, 36), saint Jérôme (Ad Eus . Chron . a . Abr. 2011 ) et, surtout, Sénèque le Rhéteur, qui constitue notre source la plus riche à son sujet (Contr. VII, pr.; X,
ALC ( A ) IOS
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pr. 13). Originaire de Novara (Suétone, Gramm . 6), il fut même édile dans cette ville et s'installa ensuite à Rome où il fut l'hôte de L. Munatius Plancus et conti nua à perfectionner son éloquence, sans doute vers 25-24 ( Assereto 3, p . 10, qui pense qu'Albucius devait avoir une trentaine d'années, et propose de situer sa naissance vers 60-55 ). Par la suite, il enseigna la rhétorique , tout en continuant à plaider, au moins pendant quelque temps. Dans sa vieillesse, il retourna dans sa patrie et, atteint d'une grave maladie , il finit par se laisser mourir de faim , après avoir exposé publiquement les raisons de son suicide (Suétone, loc. cit. ). On situe sa mort vers 10 %. Il avait sans doute écrit un traité de rhétorique ( Quintilien , loc . cit. ). Sénèque le Rhéteur insiste à plusieurs reprises sur son goût pour la philo sophie (VII, pr. 1 ). Albucius suivit d'ailleurs les leçons de Papirius Fabianus (VII, pr. 4 ) . Et, dans ses plaidoyers , il insère nombre d'arguments ou de réflexions philosophiques; les unes n'expriment sans doute qu'une sagesse.de bon sens, une morale commune ( Sénèque, Contr. I 3 , 4 ; I 7 , 17 : les esprits sont bouleversés par de grands malheurs, ce que Sénèque qualifie de « lieu commun de la philosophie » ); l'insistance sur le rôle de la Fortune (Assereto 3 , p. 26) ou sur la nécessaire modération dans la prospérité sont du même ordre. Plus inté ressantes sont les considérations d’Albucius sur la liberté : « il dit que personne n'était libre par nature , personne esclave par nature » (VII 6 , 18 ) . Cette formule révèle l'influence du stoïcisme; elle est confirmée par son attirance pour Papirius Fabianus, par ses déclarations sur le mépris des richesses et de la mort, par son suicide peut- être. Et l'on peut penser avec quelque vraisemblance qu'il se rattachait à cette école . MICHÈLE DUCOS . 84 ALC ( A ) IOS RE 15
DM II
L'un des deux épicuriens qui furent chassés de Rome sous le consulat de L. Postumius (Athénée XII , 547 a ; Élien, V.H. IX 12 ; Souda, s.v. 'Enixoupoc ). L'autre se nommait Philiscus . Athénée, dont dépendent les autres sources (1 G. Garbarino, Roma e la filosofia greca, p. 372-379), le nomme Alkios. La date exacte de l'épisode n'est pas assurée parce qu'il existe deux possibilités : 173 avec L. Postumius Albinus , A. f.; 154 avec L. Postumius Albinus Sp . f. La plupart des critiques penchent pour la date de 173 ; G. Garbarino ( 1 , p. 375 , avec bibliographie ) préfère cependant retenir la date de 154 qui correspond à une période de forte réaction conservatrice, après la censure de M. Valerius Messala et de C. Cassius Longinus : déjà soulevée par l'ambassade de 155 , l'hostilité se déchaîne contre les philosophes. En fait, il y a des mesures prises contre les philosophes avant cette date : en 161 un sénatus -consulte les chasse de la Cité avec les rhéteurs (Suétone, Gramm . 25 , 1 ; Aulu -Gelle XV 11 , 1 ) . Un second argu ment, apporté par 2 P. Grimal, Le siècle des Scipions, 2e éd . , Paris 1974 , p . 299 , permet également de retenir la date de 173 comme la plus probable : en 175 , un jeune prince syrien , le futur Démétrius Sôter, se trouve à Rome pour y compléter son éducation et y remplacer son frère Antiochos comme otage . Or, il avait été l'élève de l'épicurien Philonidès et avait sûrement des épicuriens dans son entourage. Ce sont sans doute eux qui tentèrent de donner un enseignement public et furent expulsés de Rome. Des expulsions de philosophes épicuriens sont attestées dans d'autres cités ( cf. Cléomède II 1 , 24 ).
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ALCIAS DE MÉTAPONTE
Le contenu de leur doctrine et de leur enseignement nous échappe totalement : Athénée précise simplement qu'ils enseignaient le plaisir, ce qui s'accorde aux thèses de l'épicurisme, mais reste très vague. Cf. 3 H. von Arnim , RE I 2, 1894 , col . 1506-1507 ; 4 M. Gigante, « L'Epi cureismo a Roma da Alcio e Filisco a Fedro » , dans Ricerche Filodemee, 2e éd ., Napoli 1983 , p . 25-34 .
MICHÈLE DUCOS. 85
ALCIAS DE MÉTAPONTE
va ?
Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique, V. pyth . 36, 267; p . 144, 4 Deubner. BRUNO CENTRONE . 86
ALCIBIADE RE 2 PA 600
ca 451 /450-404
Né vers 451/450 , fils de Clinias , général et homme politique athénien qui tomba à Coronée en 447 , Alcibiade fut élevé dans l'entourage de Péricles, son tuteur. Il appartenait au dème de Scambonidès. C'est un jeune homme très brillant qui, dès 420, devient le leader des démocrates extré mistes qui amènent Athènes à s'allier avec Argos et avec d'autres ennemis de Sparte. La victoire de Sparte à Mantinée en 418 jette le discrédit sur cette politique d'inspiration impérialiste. Même si Alcibiade fait temporairement alliance avec Nicias (417/416 ) pour éviter l'ostracisme, les deux hommes étaient des rivaux et des adversaires, Nicias s'étant notamment opposé à l'expédition de Sicile, dont l'idée avait été lancée et vigoureusement défendue par Alcibiade. Conjointement avec Lamachos, Nicias et Alcibiade furent désignés par l'Assemblée du Peuple en 415 pour commander cette expédition qui tourna au désastre (413). Mais Alcibiade fut accusé de complicité dans la mutilation des Hermès, perpétrée la veille du départ de l'expédition, et dans d'autres profanations religieuses ; aussi, dès que la flotte atteignit la Sicile, fut- il rappelé pour être jugé. Il réussit à s'enfuir et se réfugia à Sparte. En 412, il suscita la révolte dans plusieurs cités alliées d'Athènes. Mais, ayant perdu la confiance des Spartiates, il chercha refuge auprès de Tissapherne. Il travailla alors à la conclusion d'une alliance entre les Perses et Athènes, et finalement la flotte athénienne à Samos l'élut stratège. Il commanda plusieurs opérations en Ionie et dans l'Hellespont, remportant notamment une brillante victoire à Cyzique en 410. De retour à Athènes en 407, on lui vota les pleins pouvoirs. Mais, après la défaite de Notion en 406 , ses ennemis le forcèrent à se retirer et, en 404, il fut assassiné, en Phrygie, sur ordre de Pharnabaze, auprès duquel il avait cherché protection, mais sur lequel les Trente et Lysandre avaient fait pression. Parce qu'il fut son disciple le plus brillant - sur le plan politique bien entendu -, Alcibiade est le symbole de l'échec de la démarche de Socrate, qui cherchait à réformer la cité en réformant ses dirigeants. Tout porte à croire en effet qu'à la tutelle de Périclès ( qui se termina en 434/3 ) succéda immédiatement l'influence de Socrate . C'est avant l'expédition de Potidée en 431 ( cf. Banquet 219 e) qu'Alcibiade entre en contact avec Socrate . Cette date se voit d'ailleurs confirmée par le fait que , dans le Protagoras ( 309 a) , dont l'action devrait se situer quelques mois avant le début de la guerre du Péloponnèse (431 ), Alcibiade est le gibier dont Socrate se veut le chasseur obstiné. Par ailleurs, dans le Banquet , dont l'occasion est la victoire du poète Agathon, en février 416, Alcibiade avoue qu'il ne rencontre plus Socrate que rarement; il l'évite, parce qu'il rougit d'être devenu l'homme qu'il est (Banquet 216 b) . C'est donc entre ces deux dates ( 431-416 ) que s'exerça l'influence de Socrate sur un Alcibiade qui
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fait un bilan très nuancé et très subtil de ces relations dans l'éloge de Socrate qu'il prononce à la fin du Banquet (215 a - 222 b ). Il est à noter enfin qu'ont été nommés d'après ce personnage hors du commun deux dialogues, attribués à Platon, mais dont l'authenticité reste discutée. Dans le Grand Alcibiade, qui a pour sous -titre : Sur la nature de l'homme, Socrate essaie de convaincre Alcibiade qu'une seule chose doit importer à l'homme : prendre soin de son âme, connaître ce qui est juste et le pratiquer. Dans le Petit Alcibiade , qui a pour sous- titre : Sur la prière, Socrate engage abruptement la discussion avec Alcibiade, qui va prier, sur la manière de prier et sur l'opportunité de le faire . Alcibiade était également le titre de plusieurs dialogues publiés par d'autres disciples de Socrate commeAntisthène (D.L. VI 18 ), Eschine de Sphettos (D.L. II 61 ) , lequel avait peut- être utilisé celui d'Antisthène (ibid. ) , et Euclide de Mégare (D.L. II 108 ) . Cf. J. Toepffer, art. « Alkibiades » 2 , RE I 2, 1894 , col . 1516-1532 ; J. Hatzfeld , Alcibiade. Étude sur l'histoire d'Athènes à la fin du Ve siècle, Paris 1940, 2 ° éd . 1951 ; J.K. Davies , Athenian propertied families, p. 9-22 (nº 600 ) et stemma nº 1 , p . 14 . LUC BRISSON. MII 87 ALCIDAMAS Personnage fictif, philosophe cynique qui s'introduit sans invitation au banquet donné par Aristénète à l'occasion du mariage de sa fille Cléanthis, dans le dialogue satirique de Lucien, Le banquet ou Les lapithes 12. Il manifeste parmi les philosophes présents un comportement typiquement cynique : il se réclame de son maître Héraclès ( 13 et 16 ), mange debout, exprime son mépris pour la vaisselle d'or et d'argent ( 13-14) , dort par terre à moitié nu ( 14), soulage sa vessie dans la salle du banquet ( 35), se bat avec le bouffon Satyrion ( 19), tente dans l'obscurité de violer la joueuse de flûte (47), assomme ses collègues de son bâton ( 44) et refuse de quitter les lieux à la fin des hostilités (47). RICHARD GOULET. 88 ALCIDAMAS D'ÉLÉE RE 4
Iva
Originaire d'Élaea en Éolide . La Souda (s.v. 'Aaxidáuac ) le donne pour fils d'un certain Dioclès, lui-même auteur de Movoixá . Mais selon 1 G. Avezzù , Alcidamante . Orazioni e frammenti , Univ . di Padova, Bollettino dell'Istituto di Filologia Greca, Roma 1982, p . XXVIII , ce pourrait être une erreur provoquée par une déformation du titre d'un ouvrage d'Alcidamas, le Movociov. Élève de Gorgias (Athénée XIII, 592 c ; Souda, s.v. 'Arxidáuas , ropyíac, Anhootévns ; Denys d'Halicarnasse , De Isaeo 19 , p . 121 , 24 Usener -Radermacher ), il lui succéda à la tête de son école ( Souda, s.v. Copyias ) . 2 J. Brzoska , art. « Alki damas >> 4 , RE I 2 , 1894 , col. 1534 , observe qu'à l'inverse de son rival Isocrate , on ne lui connaît pourtant pas d'élèves . Seule la Souda (s.v. Aloxívns, Ai 347, t. II, p. 184, 1-2 Adler) fait de lui le maître d'Eschine. G. Avezzù ( 1 ) ajoute à ce témoignage celui de Photius, Bibl. cod. 61 , 20 a 40 s ., au prix d'une correction due à Ruhnken ( 'Aaxidánavtı: 'Avtalxidą codd. ). Le même auteur interprète les jugements relatifs aux qualités d'improvisation d'Eschine et à son style, qu'on trouve chez Philostrate (V. soph. I 18 , 3 , t. II, p. 23 , 14-23 Kayser ?), dans les Scholia in
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Aeschin . (5 s. Schultz) et chez Photius lui-même ( Bibl. cod. 61 , 20 b 8), comme les signes qu'Eschine aurait été l'élève d'Alcidamas et les retient à ce titre parmi les témoignages relatifs à ce dernier ( T 9, p. 2-3) : mais il s'agit d'une pure conjecture. La Souda indique par ailleurs (s.v. AnuOotévns, A 454, t. II, p. 45, 23-24 Adler) que Démosthène « fit usage des discours (Tois Aóyouç expñto ) d’Alcidamas, non qu'il en fut directement l'élève. Avezzù ( 1 ) ne fournit aucun argument pour justifier l'identification qu'il opère, contrairement à tous les éditeurs de Lucien, entre le personnage cynique nommé Alcidamas que Lucien fait paraître dans son Banquet ( 12-19, 35 , 43-47) et Alcidamas l'orateur, que cite le même Lucien sans aucune référence au cynisme dans l'Éloge de Démosthène ( 12) . Quintilien ( III 1 , 10) identifie Alcidamas avec « celui que Platon appelle Palamède » (cf. Platon , Phèdre 261 d 6) . L'expression transparente de Platon, « le Palamède d'Élée », désigne pourtant Zénon : la méprise peut avoir été occasionnée par une confusion entre les deux graphies 'Eneatixóv et 'Eaqiatixóv ( cf. Avezzù 1 , p. 70, avec la réfé rence à une lettre de Fr. Nietzsche à Paul Deussen , juin 1868 ), que la lecture à haute voix différenciait sans doute mal. On peut remarquer d'ailleurs que la vulgate de la Souda (s.v. 'Aaxidápac ) , tout en indiquant clairement 'Enala pour lieu d'origine d'Alcidamas, porte 'Aaxidáuas ó 'Eleárns pour 'Erairns, et de meme (σ.ν. Αισχίνης Αι 347 , Γοργίας ) 'Αλκιδ . του Έλεάτου pour Έλαΐτου . La confusion peut avoir aussi été facilitée par un lien, dans ce cas établi ancien nement, entre le discours d'Alcidamas Sur les auteurs de discours écrits ou Sur les Sophistes et le Phèdre de Platon . C'est autour du lien entre ces deux ouvrages, et avec le contre les Sophistes d'Isocrate , que tourne en grande partie la question de la datation de l'activité d'Alcidamas. A été longuement discuté le problème de la priorité de l'une de ces trois æuvres sur les deux autres. 3 A. Gercke, « Die alte Téxvn ontopixň und ihre Gegner » , Hermes 32, 1897 , p . 341-381 ; « Isokrates 13 und Alkidamas » , RHM 54, 1899, p. 404-413 ; « Die Replik des Isokrates gegen Alkidamas », RhM 62, 1907, p. 170-202, suivi par 4 H. Räder, Platons philosophische Entwicklung, Leipzig 1905, et 5 C. Ritter, Plato, Tübingen 1910 ( cf. du même 6 « Die Abfaßungszeit des Phädrus, ein Schibboleth der Platonerklärung » , Philologus 73 , 1915, p. 321 ), a proposé la succession Alcidamas – Platon – Isocrate, tous trois menant un combat commun contre “ l'ancienne Téxvn ". Le Sur les auteurs de discours écrits d'Alcidamas serait dans cette hypothèse antérieur à 390. 7 K. Münscher, « 'lookpátous ' EXévns éyxbuiov », RHM 54, 1899, p. 248-276 , et 8 id. , Isokrates. Ausgewählte Reden, 6e éd. , Berlin 1908, a défendu un ordre de succession exactement inverse, et a proposé pour le discours d'Alcidamas la date approximative de 385. 9 H. Räder, « Alkidamas und Plato als Gegner des Isokrates », RHM 63, 1908 , p. 495-511 , tout en soulignant l'opposition commune d'Alcidamas et Platon à Isocrate, a montré que la position de Platon ne s'en différenciait pas moins de celle d'Alcidamas : des parallèles entre le Phèdre et le discours d'Alcidamas on ne peut conclure à une dépendance, ni par conséquent à l'antériorité de l'un sur l'autre. A cette conclusion s'est finalement rallié A. Gercke (10 A. Gercke et E. Norden, Einleitung in die Altertumswissenschaft, 2e éd ., Leipzig 1912, t. I, p . 86), et c'est aussi celle retenue par 11 L. Robin, notice du Phèdre, CUF, Paris 1933 , p. CLXIV-CLXVI. Avezzù 1 tient pour la chronologie de Gercke 3. Dernière hypothèse en date : celle de 12 C. Eucken , Isokrates. Seine Positionen in der Auseinandersetzung mit den zeitgenöſischen Philosophen, Berlin /New York 1983 , p. 29-31 , 121-132. Le Sur les auteurs de discours écrits serait la riposte d’Alcidamas à l'attaque déjà portée contre lui par Isocrate dans le Contre les Sophistes, et c'est dans le Panegyrique qu'Isocrate, répliquant à nouveau à Alcidamas, s'en prendrait cette fois au discours que nous connaissons. Tenant pour acquise une datation tardive du Phèdre (380 au plus tôt), C. Eucken conclut des parallèles terminologiques entre ce dialogue et le
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discours d'Alcidamas que Platon, dans sa polémique contre Isocrate, fait usage d'un certain nombre d'expressions d'Alcidamas, mais non des concepts correspondants. Ce qui nous est connu de la production d'Alcidamas conduit en tout cas à le considérer comme un rival d'Isocrate , vis-à-vis de qui il paraît avoir été, en dépit ou à cause de leur formation commune auprès de Gorgias, en position explicite de concurrence . Un autre discours d'Alcidamas, dont le souvenir nous est conservé par la Rhétorique d’Aristote (II 23 , 1397 a 11-12) , le Messeniacos, serait en effet, à l'encontre de l'Archidamos d’Isocrate, un plaidoyer en faveur des Messéniens contre Sparte. On doit en conclure qu'Alcidamas a été actif à Athènes au moins jusqu'en 365. D'autre part, 13 H. Auer, De Alcidamantis Declamatione quae inscribitur Όδυσσεύς κατά Παλαμήδους προδοσίας, Münster 1913 , tout en rejetant les objections contre l'authenticité de ce discours transmis sous le nom d'Alcidamas, suppose, en vertu d'une parenté de style avec Andocide, qu'il a été écrit vers 400. Avezzù (1 ) indique qu'Alcidamas était peut être déjà maître d'éloquence avant 410. La présence , dans la Paix d'Aristophane, de deux vers qu'on peut attribuer par ailleurs au Mouseion d’Alcidamas, indiquerait même selon lui que cette ouvre est antérieure à 421. En tout état de cause , si c'est à Athènes qu'Alcidamas fut l'élève de Gorgias et prit la suite de son enseignement, on peut faire remonter son séjour dans cette ville à une date peu éloignée de l'ambassade de 427, qui y marqua le début de la célébrité de Gorgias. Le plus ancien jugement qui nous soit conservé sur Alcidamas est négatif : Aristote prend chez lui des exemples pour les quatre types de « froideur dans l'expression » ( Tà yuxpà xatà tnv Étiv , Rhet. III 3 , 1405 b 35 ) qu'il énumère dans la Rhétorique (III 3 ). Platon (Banquet 196 c 3 ) met dans la bouche d'Agathon une expression que , grâce à Aristote (Rhet. III 3 , 1406 a 22 ) , nous savons être une citation d'Alcidamas, mais elle ne s'accompagne d'aucun juge ment explicite. De cette utilisation par Platon, comme du nombre des exemples qui lui sont empruntés par Aristote, on peut en tout cas conclure à l'importance reconnue à Alcidamas parmi les rhéteurs de cette époque. Aristote se réfère d'ailleurs à lui en un sens positif en trois autres endroits de la Rhétorique : une fois (I 13, 1373 b 18) conjointement avec Empédocle et l'Antigone de Sophocle, pour la formulation d'une “ loi commune " , c'est - à - dire naturelle ; deux fois ( II 23 , 1397 a 11-12 et 1398 b 11 ) pour donner des exemples d'enthymemes. C'est cependant à la critique aristotélicienne que fait probablement écho Démétrius (de Phalère ) quand il remarque ( De eloc. 12 Rhys Roberts ) l'emploi constant par Alcidamas d'un style périodique ( 8à nepio8wV OUVEXāv ) et quand il reprend un des exemples d'épithètes abusives que donne Aristote (ibid. 116, cf. Aristote , Rhet. III 3 , 1406 a 20-21 ). Suivent également Aristote dans son jugement négatif Philodème (Rhet. IV I , p . 180, 15-25 Sudhaus ) et Denys d'Halicarnasse (De Isaeo 19 , p . 121 , 21-25 Usener-Radermacher) qui le trouve « trop lourd et creux d'expression » ( naxútepov óvta TNV RÉEiv xal XEVÓTepov ). A noter pourtant que le même Denys d'Halicarnasse le mentionne (Amm . I 2 Usener -Radermacher ) parmi ceux dont la philosophie péripatéticienne ne doit pas faire oublier les apports à la rhétorique. Cicéron pour sa part ( Tusc. I 48 , 116) , tout en refusant à l'Éloge de la mort d'Alcidamas une qualité vraiment philosophique , reconnaît à ce dernier de l'ubertas orationis et le qualifie de rhetor antiquus in primis nobilis .
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Bien qu'il ne connût précisément de cet Éloge de la mort que le titre, Jean Tzetzès ( Hist. XI, 743-744 Leone) avait lu « de nombreux discours » (rollojs hóyouc ) d’Alcidamas . Ne sont parvenus jusqu'à nous, outre des titres mentionnés ici ou là, que le texte de deux discours et des fragments, d'extension , pour quelques-uns, et d'attribution, pour la plupart, incertaines. Le discours Sur les auteurs de discours écrits ou Sur les Sophistes, dont l'attribution à Alcidamas était déjà admise par 14 L. Spengel , Euvaywyn TEXVõv sive artium scriptores ab initiis usque ad editos Aristotelis de rhetorica libros, Stuttgart 1828 , a vu son authenticité confirmée, contre 15 H. Sauppe, Oratores Attici Baiter-Sauppe, t. II, Turici 1850, p . 156 , par 16 J. Vahlen, « Der Rhetor Alkidamas » , SAWW 63 , 1863 , p . 491-527 et 17 Fr. Blass , Die attische Beredsamkeit, Leipzig 1874, t. II, p. 327-329 (= 2e éd. Leipzig 1892, t . II, p . 355-357) . Sous la dénomination collective utilisée dans le titre, on s'accorde à penser que l'adversaire visé est Isocrate. Si la critique de l'écriture autorise un rapprochement avec le Platon du Phèdre, il est en revanche difficile d'envisager, comme Gercke 3 , une sorte de front commun Alcidamas – Platon – Isocrate contre “l'ancienne Téxvn ". 18 J. Hubik , « Alkidamas oder Isokrates ?» , WS 23, 1901, p. 234-251, et surtout Räder 9 , ont montré qu'Isocrate est l'objet de la critique d’Alcidamas, et que ce n'est pas à la rhétorique sicilienne que s'en prend celui -ci. L'éloge de l'improvisation, en rapport avec l'importance dévolue à l'occasion (xaipóc ), situe plutôt Alcidamas dans la lignée de l'ancienne sophistique : il illustre le même type de perfor mance que son maître Gorgias, contre la nouvelle rhétorique écrite d'Isocrate. 19 S. Gastaldi, « La retorica del IV secolo tra oralità e scrittura. “Sugli scrittori di discorsi” di Alcidamante » , QS VIIe année , 1981 , nº 14, p. 189-225, interprète l'antagonisme Alcidamas – Isocrate comme une opposition entre deux représentations du fonctionnement de la notis et de l'exercice du pouvoir, cependant que Avezzù ( 1 ) suggère que l'attaque contre Isocrate reflète une conception dans laquelle le rhéteur est encore proche du patrimoine poétique de la communauté : l'évolution de la prose, se séparant au IVe siècle de la poésie, expliquerait le reproche de " froideur" dirigé contre Alcidamas par Aristote (Rhet. III 3). De nombreux manuscrits transmettent conjointement sous le nom d'Alci damas le Sur les Sophistes et un discours d'apparat intitulé Ulysse contre la trahison de Palamède. L'attribution à Alcidamas de cette dernière euvre paru cependant beaucoup plus douteuse que celle de la première ( cf. Vahlen 16 , Blass 17 , Brzoska 2 , 20 E. Zeller, Die Ph. d. Gr. , 6e éd . , 1920, t . I , p . 1323 n . 5 ) . Admise par 21 U. von Wilamowitz -Moellendorff, « Asianismus und Attizismus >>, Hermes 35 , 1900 , p . 1-52 , elle est considérée comme acquise depuis la dissertation de Auer 13. Datant le discours d'environ 400 °, ce dernier croit pouvoir y reconnaître une allusion au procès de Socrate : il y aurait donc, ici aussi , une relation entre Alcidamas (Ulysse ), Isocrate (Busiris) et Platon ( Apologie de Socrate ). Le fait que l'Ulysse d’Alcidamas ne contienne aucune référence au Palamède de Gorgias (ou Pseudo -Gorgias) s'expliquerait par le fait qu'il lui est antérieur.
Messeniacos est le titre d'un discours d'Alcidamas qui nous est connu par la Rhétorique d'Aristote ( I 13 , 1373 b 18 , et II 23 , 1397 a 11-12) , ainsi que par une scholie anonyme au premier de ces deux passages (CAG XXI 2 , 74 ) qui fournit la citation absente du texte d'Aristote : « le dieu a laissé libres tous < les hommes> , la nature n'en a rendu esclave aucun » ( Élevépouc áoñxe návras θεός , ουδένα δούλον ή φύσις πεποίηκεν ) .
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De cette phrase on a conclu (Brzoska 2, 22 Fr. Ueberweg, Grundriß der Gesch. d. Philos., t. I, Berlin 1926 , p. 128) qu'Alcidamas allait, au nom de la loi naturelle, jusqu'à s'opposer à l'esclavage : il serait dans ce cas l'un de ceux qui ont tiré les conséquences les plus radicales de l'opposition sophistique de la nature et de la loi. Cette interprétation suggère de rapporter au même contexte les formules citées par Aristote, « les lois reines des cités » ( TOUS TÕV TÓNewV Baolacic vópouc, Rhet. III 3, 1406 a 22, cf. Platon , Banquet 196 c 3), et « la philosophie rempart contre les lois » ( Quooopla éniteixioua tōv vóuwv, ibid. 1406 b 12 ). Mais l'ambiguïté de la construction énitelyioua + gén . fait que l'on peut comprendre aussi « la philosophie rempart pour la défense des lois » ( cf. LSJ, s.v. éniteíxioma 2, et A. Wartelle [ édit.], Aristote, Rhétorique, t. III, CUF, Paris 1973, p. 49 n. 1 ) : il faudrait alors, si l'on comprend l'attaque contre la loi comme la doctrine d'Alcidamas, comprendre aussi qu'il s'en prend à la philosophie (mais la Souda, s.v. 'Aaxidápas, 2, l'appelle Quocopos ), dans une antithèse presque littérale avec la formule de Platon (Rép . V, 473 c 11 - d 1 ) táv... ol pilóoopoi Baoiletowowv év tais nóAEOLV (Avezzù 1 , p. 95). Zeller 20, p. 1400 n. 2, relativise la portée de la citation rapportée par le scholiaste de la Rhétorique , en suggérant qu'il peut ne s'agir que d'un argument de circonstance , destiné à vaincre la répugnance des Lacédémoniens à accepter pour voisins indépendants leurs anciens lotes. Le Certamen Homeri et Hesiodi ( titre abrégé sous lequel on désigne, depuis l'editio princeps d'H. Estienne ( 1573), le lepi 'Ouhpou xal 'Horódou xal toŨ YÉVOUS xaì ảyāvos aútāv qui figure dans un manuscrit florentin du XIVe siècle, Laurentianus LVI I ), ouvrage d'un compilateur anonyme de l'époque d'Hadrien , fait référence , dans le récit de la mort d'Hesiode, au Mouseion d'Alcidamas. Deux vers qui constituent, dans ce même ouvrage, la réponse d'Homère à la première question d'Hésiode dans le combat qu'ils se livrent (73-74 Allen ), sont attribués par Stobée au Mouseion d'Alcidamas (IV 52, 22 Hense ). 23 Fr. Nietzsche , « Der Florentinische Tractat über Homer und Hesiod, ihr Geschlecht und ihren Wettkampf» , RAM 25 , 1870 , p . 528-540 ; 28 , 1873 , p. 211-249 ( reproduit dans: Fr. Nietzsche , Kritische Gesamtausgabe hrsg. v . G. Colli & M. Montinari, II 1 : Philologische Schriften ( 1867-1873 ), Berlin 1982 ) a démontré que l'essentiel du Certamen , à savoir le récit du combat d'Homère et d'Hésiode et celui des pérégrinations et de la mort de chacun d'eux, provenait du Mouseion d’Alcidamas . Contestée par 24 E. Meyer, « Home rische Parerga » , Hermes 27 , 1892 , p . 377-380, 25 U. von Wilamowitz Moellendorff , Die Ilias und Homer, Berlin 1916 , 2e éd . 1920 , et 26 Th.W. Allen , Homer. The Origins and the Transmission , Oxford 1924 , la thèse de Nietzsche a été confirmée par la découverte du papyrus Flinders - Petrie XXV ( III", cf. 27 J.P. Mahaffy, The Flinders Petrie Papyri, vol. I , Cunningham Memoirs VIII, Dublin 1891 ), qui montre que le récit du combat remonte au moins à la période hellénistique, et par celle du Michigan -Papyrus 2754 (IIP ou début IIIP , cf. 28 J.G. Winter, « A New Fragment on the Life of Homer » , TAPA 56, 1925 , p . 120-129) où l'on retrouve la fin du Certamen suivie d'un épilogue avec l'indication facile à restituer < AAKI> AAMANTOE NEPI OMHPOY . Les conclusions qu'on peut tirer de l'ensemble de ces données (la coïncidence entre la citation du Mouseion par Stobée et le Certamen qui cite par ailleurs le même Mouseion d'une part, le texte du Certamen transmis par le Laurentianus LVI 1 , celui du papyrus Flinders -Petrie et la mention d'Alcidamas dans PMich. 2754 d'autre part) ont été contestées par 29 G.S. Kirk , « The Michigan Alcidamas-Papyrus; Heraclitus Fr. 56 d ; the riddle of the lice » , CQ 44, 1950, p. 151-160, et 30 E.R. Dodds, « The Alcidamas -Papyrus again » , CQ 2, 1952, p . 187 s. , mais 31 M.L. West, « The Contest of Homer and Hesiod » , CQ 17 ,
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1967, p . 433-450 , a confirmé contre leurs arguments la thèse de Nietzsche 23 , à la suite de 32 E. Vogt, « Die Schrift vom Wettkampf Homers und Hesiods » , REM 102, 1959, p . 193-221 . S'il est donc aujourd'hui généralement accordé à Nietzsche que le Certamen présente, dans sa plus grande part, un contenu qui peut être rapporté au Mouseion d’Alcidamas, un autre aspect de sa théorie n'a pas autant emporté la conviction : c'est l'hypothèse que la représentation d'un combat oratoire entre Homère et Hésiode serait, comme peut le faire penser sa forme strictement agonistique (Hésiode questionneur - Homère répondant), une trouvaille typi quement sophistique. 33 E. Rohde, « Studien zur Chronologie der griechischen Literaturgeschichte », RAM 36, 1881 , p. 380-428 ; 524-575 (= Kleine Schriften, Tübingen /Leipzig 1901, t. I, p. 2-113), et à sa suite Meyer 24, Wilamowitz 25, Vogt 32, ont fait observer qu'aussi bien le thème d'un combat entre poètes que plusieurs éléments relatifs aux événements ultérieurs dans la vie des deux protagonistes sont attestés à des dates bien antérieures à l'époque d'une rédaction possible par Alcidamas : l'anecdote d'Homère mystifié parl'énigme triviale que lui proposent deux gamins irrévérencieux est déjà connue d'Héraclite (DK 22 B 56) ; deux vers de l'ayóv (107 108 Allen ) sont cités par Aristophane (Pax 1282 s.) comme une devinette bien connue ; Thucydide ( III 96 , 1 ) fait allusion à la mort d'Hésiode annoncée par un oracle ; les deux vers qui forment la première réponse d'Homère (= Stobée IV 52, 22) sont également attribués à Théognis (425-428 = Stobée IV 52, 30 ) ; il n'est pas jusqu'au combat lui-même entre Homère et Hésiode dont on ne puisse faire remonter la tradition à Hésiode lui-même (Op. 654-659 ). Nombre d'éléments thématiques du Mouseion permettent ainsi de le rattacher à des formes antérieures, telles que les vies d’Esope ou des Sept Sages, comme s'y révèle « le goût des anciens pour les jeux d'énigmes de toutes sortes » (Vogt 32 , p. 221 ). West 31 pense que si Alcidamas a de toutes façons utilisé des thèmes et même repris textuellement des matériaux préexistants, il les a réemployés dans un but qui lui était propre, la description du combat proprement dit étant de son invention (c'était déjà l'idée de 34 A. Busse, « Der Agon zwischen Homer und Hesiod », RhM 64, 1909, p . 108-119) . Soulignant que, dans Hésiode ( loc. cit.), Homère n'est pas mentionné, il rejoint Nietzsche 23 en affirmant qu'on peut difficilement imaginer mieux qu'un sophiste pour être l'inventeur d'un combat des deux poètes. Il faut d'ailleurs admettre qu'il est difficile d'accorder l'absence d'originalité qui serait celle d'Alcidamas dans le Mouseion avec l'interprétation qui, depuis Nietzsche 23, fait l'objet d'un consensus à peu près général ( une fois admise sa reconstitution du contenu de l'ouvrage à partir du Certamen ): la supériorité manifestée par Homère dans ses réponses aux questions d'Hésiode illustre celle de l'improvisation sur le discours apprêté par écrit. Le Mouseion apparaît ainsi comme une variation sur le thème de la conception de l'éloquence que développe le Sur les Sophistes : Homère, dans le rôle de l'improvisateur de génie, repré sentant en quelque sorte Alcidamas, et Hésiode Isocrate . On a cherché, en fonction de cette interprétation , à expliquer l'attribution finale du trophée à Hésiode plutôt qu'à Homère : si Alcidamas suivait un modèle préexistant, il était dans la nécessité d'en respecter les données, ce qui n'exclut pas la possibilité d'une allusion à une joute oratoire où Alcidamas aurait, de fait, eu le dessous face à Isocrate, ce que l'ayóv chercherait à compenser (35 M.C. Waites , « Some features of the allegorical debate in Greek literature », HSPh 23 , 1912 , p . 25 26) ; selon Vogt 32 , l'erreur de jugement de Panédès donnerait prétexte à souli gner la supériorité d'Homère (= l'improvisateur) sur Hésiode (= le logographe) en opposant la sérénité d'Homère devant sa fin à l'errance inquiète d'Hésiode cherchant inutilement à éviter la mort que lui a prédite l'oracle. West 31 ,
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suivant encore ici Busse 34, suggère que le jugement de Panédès n'est pas une erreur : Hésiode donnant comme échantillon de sa poésie un passage des Travaux apparaît comme le poète de la paix face à Homère qui récite l'Iliade. Que Panédès donne la victoire à la paix peut apparaître comme un écho du Messeniacos où Alcidamas plaidait pour la paix contre la guerre ( cf. Aristote, Rhétorique II 23 , 1397 a 11 ) . Le Mouseion s'offre ainsi comme le point de jonction des différentes tendances présentes dans la production d'Alcidamas. De même que le lepi ' Oueñpov mentionné par PMich. 2754 doit être considéré soit comme un autre titre du Mouseion soit comme le titre d'une partie seulement de cet ouvrage (Vogt 32), Sauppe 15 a fait l'hypothèse que l'Éloge de la mori attribué à Alcidamas par Cicéron (Tusc. I 48, 116) et Ménandre le Rhéteur ( Epid . III, p. 346, 9-18 Spengel) aurait fait partie du Mouseion . La citation du Mouseion par Stobée dans son Anthologie apparaît en effet sous la rubrique éyxbuiov Bavátou. L'indication de Cicéron , que cet éloge consistait en une énumé ration des souffrances humaines, suppose cependant qu'il ne faitpas allusion au passage du Certamen cité par Stobée et, par ailleurs, le caractère topique du propos mis dans la bouche d'Homère fait mal comprendre que Ménandre range l'Éloge de la mort dans les « éloges paradoxaux » ( éyxóuia napádoka ). 36 Fr. Solmsen , « Drei Rekonstruktionen zur antiken Rhetorik und Poetik . I. Alkidamas » , Hermes 67 , 1932 , p . 133-144 ( repris dans R. Stark ( édit . ) , Rhetorika. Schriften zur aristotelischen und hellenistischen Rhetorik, Hildesheim 1968, p . 184-195 ) , a proposé de rapporter au Mouseion la totalité des fragments d'Alcidamas cités par Aristote ( Rhet. III 3 ) . Auparavant, seuls certains fragments avaient été interprétés comme relevant d'un éloge de la philosophie ou de la culture ( Vahlen 16 , Blass 17 ) ou d'un ouvrage sur l'Odyssée (Vahlen 16) , ce qui pouvait faire penser au Mouseion tel que l'a reconstitué Nietzsche. S'appuyant, à titre de comparaison, sur les citations du Panégyrique d'Isocrate (Rhet. III 9 11 ), Solmsen pense que les citations d’Alcidamas sont toutes extraites d'un même ouvrage, et que l'ordre de leur apparition dans le texte d'Aristote respecte celui de leur succession dans l'original. Cherchant une continuité thématique entre les fragments, il pense pouvoir identifier un écrit protreptique sur la poésie, où en seraient successivement mises en valeur les deux formes, épopée et tragédie, représentées par l'Odyssée et les premières tragédies d'Euripide. Le Mouseion étant, à notre connaissance , le seul écrit d'Alcidamas qui touche à la poésie, Solmsen suppose que les fragments cités par Aristote proviennent d'une introduction qui précédait la partie où figuraient des anecdotes sur les grands poètes, dont le Certamen a conservé certaines. Se rapprochant de l'opinion d’U. von Wilamowitz 25 plus que de celle de Nietzsche 23 sur ce que le Certamen emprunte au Mouseion , il accentue par ailleurs l'importance d'Alcidamas dans l'histoire de la poétique grecque, faisant de lui le promoteur de la théorie de la pinnois, par rapport à laquelle Platon et Aristote auront tous deux à se situer. Nietzsche 23 considérait que le titre complet de l'ouvrage n'est pas simple ment Mouseion, forme sous laquelle il est mentionné par Stobée et l'auteur du Certamen , mais l'expression citée par Aristote (Rhet. III 3 , 1406 a 24) , tò tñs φύσεως μουσείον . Comme dans l'expression μουσεία λόγων , qui chez Platon (Phèdre 267 b 10 ) semble désigner un ouvrage didactique de Polos d’Agrigente, Hovociov aurait ici le sens d'école ”. Le Mouseion d'Alcidamas était donc un manuel d'art oratoire, qui présentait en introduction l'éloquence de Gorgias à travers l'art d'improviser prêté à Homère. La critique d'Aristote, pour qui l'addition de rñs dúoews est pléonastique, implique de l'entendre comme un génitif subjectif: école de la nature, c'est- à -dire du talent (« Schule des Talentes ») , école où l'on forme les élèves, ce qu'on comprend déjà avec le seul mot d'école ” . Vahlen 16 , tout en donnant le même sens à povolov, comprenait tñs qúoews comme un génitif objectif : il se serait donc agi d'un ouvrage de science de la nature, peut-être le Quoixòv
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< 316210v > (ou QUOIKOG < aóyoc > ) mentionné par Diogène Laërce VIII 56. Mais, comme le remarque Nietzsche 23, on ne comprend plus dans ce cas le blâme d'Aristote, et Vahlen est d'ailleurs amené à corriger massivement, contre l'ensemble des manuscrits, le texte d'Aristote. Nietzsche 23 propose la même identification avec l'ouvrage " physique” mentionné par Diogène, mais c'est, à l'inverse, parce que le contenu rapporté par ce dernier (Empédocle aurait été avec Zénon élève de Parménide, mais aurait ensuite écouté Anaxagore puis Pythagore ) aurait plutôt sa place dans un ouvrage sur la rhétorique que dans un livre sur la nature . Solmsen 36 trouve l'expression d'Aristote difficile à interpréter, mais ne reconnaît pas à Hovociov d'autre sens que local : " jardin ", "école" ou " temple des Muses ". Il est suivi par Vogt 32 (chez qui l'on trouve, p. 217 n . 68, une revue des interprétations antérieures), pour qui la citation d'Aristote n'est pas la mention du titre de l'ouvrage : uovociov signifie “ séjour des Muses, à savoir le lieu et l'école des arts qu'elles protègent »; l'expression est pléonastique, parce que, pour un élève de Gorgias, il va de soi que ce séjour des Muses n'est autre que la nature . Cette interprétation semble impliquer les corrections proposées par Vahlen . M.L. West, enfin , qui ne considère que le seul terme mouseion et non la citation d'Aristote , le comprend comme désignation d'un lieu où l'on rassemble des livres : le titre Mouseion serait l'équivalent de celui donné à leurs ouvrages par Diodore ou Apollodore: Bibliothèque ( cf. en effet LSI, s.v. 3, qui cite D.L. IV 1 et Eunape, V. soph. IV 1 , 3 ; p . 6, 14 Giangrande, où Longin est appelé une bibliothèque ambulante, nepinatoŨv Povociov, mais ce sont des textes tardifs).
Diogène Laërce ( IX 54 ) et J. Tzetzès (Anecd. IV , p . 58 , 29-59, 4 Cramer ; Hist . XII , 561-567 Leone) attribuent à Alcidamas une classification des différentes sortes ou “qualités” ( åpetal) de discours, ce qui suggère l'existence d'un écrit théorique sur l'éloquence (Brzoska 2) . On attribue à Alcidamas un Éloge de Naïs ( Athénée XIII, 592 c) et un Éloge de la mort (Ménandre le Rhéteur, ſepì ÉRIOEIXTIXÕV II 1 = Rhet. Gr. III, p. 346, 18 Spengel; cf. Cicéron , Tusc. I 48 , 116 et Tzetzès, Hist. XI, 737-744 Leone ). 37 F.M. Cornford, « Hermes, Pan , Logos », CQ3 , 1909, p . 281-284 , soutient qu'Aristote (Rhet. II 24, 1401 a 13-24) emprunte trois exemples successifs d'homonymie à un Éloge du chien ou du cynique dû à Alcidamas, et cite à l'appui le passage déjà cité de Ménandre le Rhéteur. Celui-ci, dans la leçon éditée par Spengel, énumère en effet 'Anxidáuavtos TÒ TOŨ θανατου εγκώμιον ή το της πενίας ή του Πρωτέως του κυνός. Alcidamas aurait dans ce cas ete l'auteur non seulement d'un Éloge de la mort, mais d'un Éloge de la pauvreté et d'un Éloge de Protée le chien ou le cynique. Avezzù 1 , p. XIX s. et T 14, tout en supposant qu'on n'a affaire qu'à un seul éloge au titre double, « de la pauvreté ou de Protée » , retient l'interprétation de Cornford, parce qu'elle lui permet de rapprocher la production d'Alcidamas de celle d'Antisthène, dont le catalogue de Diogène Laërce (VI 17-18) mentionne un Protée et un Sur le chien ou le cynique. Une telle interprétation du témoignage de Ménandre est cependant rejetée par la plupart ( voir cependant 38 W. Schmid, Geschichte der griechischen Literatur 116, II, p . 375) . Elle s'appuie en effet sur une leçon que les éditeurs postérieurs à Spengel ( cf. C. Bursian , « Der Rhetor Menandros und seine Schriften » , ABAW XVI 3 , 1882 , p. 46 ; D.A. Russell & N.G. Wilson , Menander Rhetor, edited with transl. and comm. , Oxford 1981 , p. 249) tiennent pour fautive (cf. Brzoska 2, col. 1537) : ils suppriment les mots Ħ TOŨ devantMpwtéws,insuffisamment attestés ; la phrase de Ménandre offre alors une symétrie en chiasme entre l'Éloge de la mort attribué à Alcidamas, et un Éloge de la pauvreté, d'un certain Protée le chien ou plus probablement le cynique. Spengel lui-même, qui éditait la leçon conservée par Cornford et Avezzù , n’attribuait à Alcidamas, outre l'Éloge de la mort, que celui de la pauvreté, et comprenait Mpwteús comme le nom de l'auteur d'un Éloge du chien (Rhet.Gr. III , Index auctorum s.v. « Protei» ). On identifie généralement ce Protée avec le cynique Pérégrinus, qui s'était donné à lui-même ce surnom et dontparle Lucien (De morte Peregr. 1), et qui faisait peut-être aussi le sujet d'un écrit du premier Philostrate mentionné par la Souda, TIPWTEÙS KÚwv ñ copiotńs ( cf. Bursian , op . cit. , p. 23 ; R. Hirzel, Der Dialog, Leipzig 1895, t. II, p . 340 n. 1 ; M.-O. Goulet - Cazé, L'ascèse cynique, Paris 1986, p. 239).
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< Récemment, 39 A. Brancacci, « Alcidamante e PHibeh 13 “ De Musica " » , dans l'ouvrage collectif Aristoxenica , Menandrea , Fragmenta philosophica , Firenze 1988, p . 61-84, a attribué à Alcidamas le fragment en prose conservé dans PHibeh 13. TIZIANO DORANDI. > Éditions. La totalité des discours et fragments attribués à Alcidamas est rassemblée par Avezzù 1 ( texte , traduction et commentaires ). Les discours Sur les sophistes et Ulysse ont été édités par Sauppe 15 ; 40 Fr. Blass , Antiphontis orationes etfragmenta adiunctis Gorgiae Antisthenis Alcidamantis quae feruntur declamationes , Leipzig 1871 , 2e éd. 1881 ; 41 L. Radermacher, « Artium scriptores (Reste der voraristotelischen Rhetorik ) » , SAWW 227 , 1951 . Traductions : Sur les Sophistes, 42 Abbé Auger, dans Euvres complètes d'Isocrate, Paris 1781 , t . I, p . 313-324 ; 43 Dilthey, « Des Alkidamas Rede über die Sophisten welche ihre Vorträge schriftlich abfassen » , Allgemeine Schul zeitung 4 , 1827 , p . 185-191 ; 44 La Rue Van Hook , « Alcidamas Versus Isocrates ; The Spoken Versus the Written Word » , CW XII , n° 27 , 1919 , p . 89 94 ; Gastaldi 19. Ulysse, 45 B. Tortonesi, Alcidamante . Contro Palamede, coll . « Scolastica class . » 8 , Torino 1967. Le Certamen a fait l'objet d'une édition critique par les soins de 46 Fr. Nietzsche , Acta Societatis Philologae Lipsiensis I 1 , Leipzig 1871 (reproduite dans la Kritische Gesamtausgabe, op . laud . ) , puis par ceux de Rzach , Hesiodi Carmina, Leipzig 1902, 2e éd . 1908, 3e éd . 1913 ( réimpr. Stuttgart 1959). On le trouve aussi dans Th.W. Allen, Homeri Opera, V , Oxford 1912 ; U. von Wilamowitz -Moellendorff, Vitae Homeri et Hesiodi, Berlin 1916 ( réimpr. 1929) ; A. Colonna, Hesiodi Opera et Dies, coll. « Collana di testi e documenti per lo studio dell'antichità », Milano /Varese 1959. Les fragments de tradition indirecte ont été édités par Sauppe 15 et partiellement par Radermacher 41. Les fragments révélés par les papyri ont été édités par Mahaffy 27 et Winter 28 . Bibliographies . Celle de Avezzù 1 est presque exhaustive . On citera seulement en complément: Busse 34 ; Eucken 12 ; 47 S. Abramowicz , « De Homeri cum Hesiodo certamine » , Eos 39, 1938 , p . 477-492 ; 48 S. Wilcox , « The scope of early rhetorical instruction » , HSP 53 , 1942 , p . 121-155 ; 49 K. Hess , Der Agon zwischen Homer und Hesiod, Zürich 1960 ; 50 K. Heldmann , Die Niederlage Homers in Dichterwettstreit mit Hesiod , Göttingen 1982 ; 51 M. Vallozza, « Kaipóç nella retorica di Alcidamante e di Isocrate , ovvero nell' oratoria orale e scritta » , QUCC 50, 1985 , p. 119-123 . Voir aussi 52 ead. , « Alcidamante e i gradi della memoria ( Sugli autori di discorsi scritti 18 ) » , QUCC 56, 1987 , p . 93-96 ; 53 M. Trédé , Kairos : là -propos et l'occasion . Le mot et la notion, d'Homère à la fin du IVe s. avant J.-C. , Thèse dactylographiée, Université de Paris IV , 1986 , t. I, p . 334-342 ; 54 A. Tordesillas , « Espace et temps dans l'argumentation rhétorique d'Alcidamas : la notion de KAIPOE » , dans : L'espace et le temps (Actes du XXII Congrès des Sociétés de philosophies de langue française, Dijon, 29-31 août 1988 ) , à paraître ; on peut consulter en outre 55 C.J. Classen , « Bibliographie zur Sophistik » , Elenchos 6 , 1985 , p . 106-107.
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ALCIMAQUE DE PAROS
Études d'orientation . Brzoska 2 (à quoi il faut joindre quelques lignes de 56 O. Crusius, RESuppl. I 1903, col. 61 ) ; Räder 9 ; Auer 13 ; Vahlen 16 ; Nietzsche 23 ; West 31 ; Solmsen 36 . MICHEL NARCY.
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ALCIMAQUE DE PAROS
ya ?
Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique, V. pyth . 36, 267; p. 145 , 4 Deubner. BRUNO CENTRONE . 90
ALCIMOS RE 18
MF IV
A. Diogène Laërce III 9-17 cite longuement des extraits du premier des quatre livres Mpós 'Anúvtav d'un certain Alcimos. Cet auteur y démontrait « dans les quatre livres » (D.L. III 17) par divers rapprochements l'utilisation du comique Épicharme par Platon. D'autres allusions au fr. 1 , apparemment indé pendantes de la démonstration d’Alcimos, montrent pour le moins qu'Alcimos n'a pas inventé les passages qu'il cite. Le fait que les citations ne correspondent pas de très près aux idées platoniciennes évoquées interdit également de n'y voir que des morceaux inventés de toutes pièces par Alcimos pour soutenir sa thèse . L'authenticité de ces fragments d'Épicharme est généralement contestée et l'existence d'une littérature pseudo - épicharmienne était déjà connue d'Aristoxène au IVe s. av.J.-C. (DK 23 A moins pour les nents 1-2 et 4-5 (« Von 10) . Elle est cependant aco tée par Diels, den ... Fragmenten erscheinen nach Inhalt, Form , Stil und Sprache einwandfrei B 1-5 ») . L'intérêt philosophique d'Épicharme était également reconnu par les stoïciens: Chrysippe ( SVF II 762), selon Plutarque, retrouvait chez ce poète o nepi aŮehoews Nóyos (DK 23 B 1 ). Plus que les citations d'Épicharme, c'est la présentation par Alcimos des arguments platoniciens en faveur de l'existence des Idées qui mérite considé ration. 1 H.J. Krämer, « Die Ältere Akademie » , dans GGP Antike 3 , 1983 , chap. I, § 7 , p. 134-139 [ avec bibliographie, p. 150) , voit dans ces passages des témoignages sur une démonstration systématique de l'existence des Idées dans l'Académie ( Akademische Ideenbeweise ) et il les rapproche de Métaphysique A 9,990 b 12-22 , M 4 , 1079 a 4-19, ainsi que des fragments du Tepi ideāv a'B ' d'Aristote ( édités par 2 W.D. Ross , Aristotelis fragmenta selecta, Oxford 1955 , p . 120-129 ; voir édition critique par 3 D. Harlfinger, dans W. Leszl, II 'De ideis ' di Aristotele e la teoria platonica delle idee , coll. « Studi - Accad. Toscana di Sc . e Lett. - La Colombaria » , 40 , Firenze 1975 , p. 22-39 ; avec trad. ital. de Leszl, p. 43-50 ). Alcimos rapporte en effet en D.L. ITI 15 ce que dit Platon év tĩ περί των ιδεών υπολήψει , ce qui ne definit pas clairement le contexte de cette réflexion . L'identité du destinataire ou de l'adversaire d'Alcimos est débattue. On pense généralement à Amyntas d'Héraclée, un disciple de Platon ( également connu sous le nom Amyclas ou Amyclos ). Jacoby ( p. 518, 7) considère que le caractère antiplatonicien de l'ouvrage interdit de voir en Amyntas d'Héraclée le destinataire de l'ouvrage et propose plutôt Amyntas, le fils de Perdiccas, mort en 336/5 (RE 15). Selon 4 M. Gigante, « Epicarmo, Pseudo-Epicarmo e Platone », PP 8, 1953, p. 161-175, l'ouvrage ne serait pas une critique de Platon . L'argumen tation n'a pas convaincu 5 A. Cassio , « Two Studies in Epicharmus and his influence », HSPh 89 , 1985, p. 43-45 , qui écrit : « it is highly probable that the Pros Amyntan was written by a friend of Dionysius [dont Cassio rappellele Περί των ποιημάτων Επιχάρμου, attesté par la Souda, A 1179] to disparage Plato in the eyes of a ( potential) adherent and admirer » .
ALCIMOS
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6 H. Dörrie, Der Platonismus in der Antike. Grundlagen - System - Entwicklung, t. I : Die geschichtlichen Würzeln des Platonismus. Bausteine 1-35 : Texte, Übersetzung, Kommentar. Aus dem Nachlaß herausgegeben von Annemarie Dörrie, Stuttgart/Bad Cannstatt 1987, Sect. I A 3 : « Der Rhetor Alkimos in der Schrift an Amyntas », p. 90-94 et 308-318 (bibliographie, p. 308 ), notamment p. 309 n. 2, et p. 310, suppose lui aussi que l'ouvrage entendait détourner le dédicataire Amyntas du platonisme. On pourrait aussi comprendre que le titre signifie Contre Amyntas plutôt qu'A Amyntas, pour maintenir le rapprochement avec le disciple de Platon. Au reste , RE ne connaît pas moins d'une trentaine de personnages de ce nom . B. L'intérêt que porte Alcimos à Épicharme invite à l'identifier à l'historien Alcimos le Siciliote, auteur de Eixelixá ( FGrHist 560 ). Le fr. 1 de l'historien , emprunté à Athénée, s'insère d'ailleurs entre deux citations d'Épicharme que Jacoby croit tirées d'Apollodore, l'éditeur du poète comique (Porphyre, Vita Plotini 24, 6-9 = DK 23 A 7). Il est moins sûr que l'on puisse identifier l'un ou l'autre, ou les deux, au rhéteur grec célèbre , disciple de Stilpon mentionné par D.L. II 114 (voir la notice suivante ). H.J. Krämer 1 , p . 122, évoque Amyntas, le disciple de Platon , comme le destinataire d'Alcimos « le mégarique », ce qui est négliger les incertitudes de la documentation . Dörrie 6, p . 309, semble de même
identifier le rhéteur, disciple de Stilpon , et l'adversaire de Platon . Éditions. 7 CGFr 11 , n° 170-173 Kaibel; 8 DK 23 [ Épicharme) B 1-6 ; 9 FGrHist 560 ( Alcimos] F 6 (avec commentaire ). Jacoby omet la citation des vers dans lesquels Épicharme prophétisait qu'il serait un jour plagié par un prosateur (D.L. II 17 = DK 23 B 6). Elle peut difficilement provenir d'une autre source que l'ouvrage d’Alcimos, car elle pouvait servir de caution à son entreprise. Cf. 10 L. Berk , Epicharmus, Groningen 1964 ( en néerlandais avec résumé en anglais ), p. 85-111 ( sur l'ouvrage d'Alcimos); 11 K. Gaiser, « Die Platon Referate des Alkimos bei Diogenes Laertios ( III 9-17) » , dans Zetesis. Mélanges E. de Strijcker, Antwerpen /Utrecht 1973, p. 61-79. RICHARD GOULET. 91 ALCIMOS (cf. RE 18 )
IV - III
Orateur grec repute (τον ρητορικόν " Αλκιμον , απάντων πρωτεύοντα των εν tñ 'Exáðı öntópwv ), mentionné par D.L. II 114 parmi ceux que le mégarique Stilpon attira auprès de lui et s'attacha comme disciples . Voir K. Döring, Die Megariker , fr. 165 et p . 146 ; G. Giannantoni, Socraticorum reliquiae , t. I, p . 110 ; R. Muller, Les Mégariques, p . 59 ; E. Schwartz, art. « Alkimos » 18 , RE 12, 1894 , col. 1543-1544. < Alcimos le rhéteur fait l'objet d'un dialogue entre Stilpon et un interlocuteur qui est peut-être Métroclès le cynique, dans POxy. 3655 , édité par D. Sedley dans Helen M. Cockle , The Oxyrhynchus Papyri, coll. « Greco - Roman Memoirs » 72, London 1984. R.G.> L'identification avec l'auteur du Mpós ' Auúvtav ou avec l'historien siciliote ( FGrHist 560) n'est nullement impossible, mais ne repose que sur l’homonymie et la contemporanéité des deux personnages. ROBERT MULLER .
112 92
ALCINOOS
ALCINOOS RE 2 (+ Suppl. XII) (s.n. « Albinos »)
fl. M II ?
Philosophe de l'époque médio -platonicienne, auteur du A180oKalıkÒç tõv Πλάτωνος δογμάτων ου Επιτομή των Πλάτωνος δογμάτων . Peut - etre faut - il l'identifier au stoïcien Alcinoos ( ' AlxivÓW TQ ETwix ) que mentionne Philostrate, V. soph. I 24 ; p . 40 , 28-32 Kayser (voir par exemple le philosophe Tryphon , qualifié de « stoïcien et platonicien » dans Porphyre, V. Plot. 17 , 3 Henry - Schwyzer), ou bien au platonicien Alcinous ( cette fois apparemment dans la forme contractée 'Aaxívouc) combattu , selon Photius, Bibl. cod. 48 , p . 33-34 Henry, par “ Josèphe ” ( ' Iwonnou ) dans un ouvrage intitulé Tepi toŨ Tavtos ou Περί της του παντός αιτίας ou bien Περί της του παντός ουσίας ( voir les notices « Alcinoos » et « Alcinous » ) . Depuis la publication de 1 J. Freudenthal, Hellenistische Studien , Heft 3 : « Der Platoniker Albinos und der falsche Alkinoos » , Berlin 1879 , il est d'usage d'identifier le moyen -platonicien Albinos avec Alcinoos, auteur du Didaskalikos. Que cette identification repose sur des bases insuffisantes a été démontré par 2 M. Giusta , « ' Aabívou 'Enitoun o 'Aaxivóov Aidaoxalixóc ? » , AAT 95 , 1960-1961 , p . 167-194 ; voir aussi 3 J. Whittaker , « Parisinus graecus 1962 and the writings of Albinus » , Phoenix 28 , 1974 , p . 450-456, repris dans 4 id. , Studies in Platonism and Patristic Thought, London 1984 , et surtout 5 id. , « Platonic philosophy in the early centuries of the Empire » , ANRW II 36 , 1 Berlin 1987, p. 81-123 . Éditions critiques du Didaskalikos: 6 C.F. Hermann (édit . ) , Platonis dialogi ..., coll. BT, t. VI, Leipzig 1853 , p. XVIII -XXVI et 152-189. Pour les réimpressions, cf. 7 National Union Catalog Pre - 1956 Imprints, t. 461 , London 1976, p . 105-108 . 9 F. Dübner (édit. ) , Euvres de Platon , [édition “ Firmin Didot" ), t. III, Paris 1873 , p . 228-258. 10 P. Louis ( édit .), Albinos, Epitomé, texte établi et traduit par P.L. , CUF, Paris 1945 , XXXIII - 187 p . 11 P. Louis et J. Whittaker (édit . ), Alcinoos, Didaskalikos, texte établi par J.W. et traduit par P.L. , CUF, Paris (à paraître ). Traductions françaises. 12 J.-J. Combes -Dounous, Introduction à la philosophie de Platon , traduite du texte grec d'Alcinous, Paris, an VIII ( = 1800 ). P. Louis 10 [ cette traduction a été entièrement revue pour la nouvelle édition de P.L. et J.W. 11 ) . 13 Le chapitre X du Didaskalikos a été traduit et commenté par A.J. Festugière, La révélation d'Hermès Trismégiste, t. IV : Le Dieu Inconnu et la Gnose, Paris 1954, p. 95-102 ; voir aussi, p. 314-315 . Traductions anglaises. 14 T. Stanley, The History of Philosophy: Contai ning the lives, opinions, actions and discourses of the philosophers of every sect, t . II , London 1656 , p . 56-93 . Pour les éditions subsequentes, voir 7 , t . 564 , London 1978 , p. 560-561. Dans l'édition de 1701 ( réimpr. Hildesheim 1975 ) , la traduction du Didaskalikos se trouve aux p . 179-195 . 15 G. Burges, The Works of Plato . A new and literal version chiefly from the text of Stallbaum , t . VI : The doubtful works ... with lives of Plato by Diogenes Laertius, Hesychius, and Olympiodorus; introductions to his doctrines by Alcinous and Albinus ; the notes of Thomas Gray, and a general index, London 1854, p . 241-314 . Pour les réimpressions, cf. 7 , t . 461 , London 1976 , p . 114 . Traduction italienne. 16 G. Invernizzi, Il Didaskalikos di Albino e il medioplatonismo. Saggio di interpretazione storico -filosofica con traduzione e
ALCINOOS
113
commento del Didaskalikos, t. II : Traduzione e commento del Didaskalikos, Roma 1976 , VIII- 231 p. École . Le Didaskalikos se rattache étroitement à la branche du moyen platonisme qui interprétait Platon à la lumière surtout d'Aristote . On constate en plus une certaine influence du stoïcisme, en particulier l'emprunt d'un extrait assez considérable au stoïcien Arius Didyme. Cf. H. Diels, Doxographi Graeci, p . 447. Souvent pourtant les doctrines du stoïcisme sont combattues, avant tout, mais pas exclusivement, en ce qui concerne la morale. Identique ou non au stoïcien Alcinoos mentionné par Philostrate ( cf. ci-dessus), il est donc impossible que l'auteur du Didaskalikos fût stoïcien orthodoxe. Mais est-ce qu'il y avait encore au IIe s. des stoïciens orthodoxes ? Remarquable est l'emploi de la troisième personne à propos des platoniciens : cf. Didask ., p. 163 , 21 (opícovtai) et 28-29 Hermann (napauvooûvtai ). L'auteur veut donc maintenir une certaine réserve à l'égard des doctrines dont il fait l'exposé. En tout état de cause , il ne comptait certainement pas parmi les grands du moyen -platonisme. Datation . Le Didaskalikos ne peut pas être antérieur à Arius Didyme ( cf. ci dessus ) qui était contemporain de l'empereur Auguste. Il est impossible d'établir un terminus ante quem précis. L'ouvrage présente en effet des coïncidences frappantes avec une gamme d'auteurs s'échelonnant de Philon d'Alexandrie jusqu'à Plotin . Depuis Freudenthal 1 , l'habitude a été prise de dater le Didaska likos des environs de l'an 150 de notre ère . Si cette datation paraît raisonnable (mais pas pour les raisons alléguées par Freudenthal ), il faut pourtant admettre, en l'absence de tout renseignement biographique, qu'il y a d'autres possibilités à prendre en considération . Études d'orientation . Invernizzi 16 , t . I : Saggio introduttivo, Roma 1976, X1-246 p .; 17 J. Dillon , The Middle Platonists, p. 267-304 ; 18 P. Moraux, Aristotelismus, t. II, p . 441-480 ; 19 M. Giusta, « Due capitoli sui dossografi di fisica » , dans G. Cambiano ( édit .), Storiografia e dossografia nella filosofia antica , Torino 1986, p . 149-201. Whittaker 5. Bibliographies. 20 H. Dörrie, Platonica Minora , München 1976 , p . 524 548 ; 21 C. Mazzarelli, « Bibliografia Medioplatonica, Parte I » , RFN 72, 1980, p . 108-144 ; 22 L. Deitz , « Bibliographie du platonisme impérial antérieur à Plotin : 1926-1986 » ,ANRW II 36 , 1 , Berlin 1987 , p . 136-137 . JOHN WHITTAKER . 93 ALCINOOS
DM II
Selon Philostrate ( V. soph. I 24 ; t. II, p. 40, 22-32 Kayser ), le sophiste Marc de Byzance, qui vécut sous Hadrien et Antonin (voir 1 G.W. Bowersock [ édit . ) , Approaches to the Second Sophistic, University Park , Pennsylvania 1974 , p . 39, et la bibliographie citée ), aurait comparé dans un de ses Entretiens (AlaNÉEE1C ) l'art du sophiste à l'arc -en - ciel pour la beauté et la variété de ses couleurs ; certains attribuent à tort ce texte à « Alcinoos le stoïcien » , méconnaissant la forme du discours et la vérité. La confusion dénoncée par Philostrate s'explique facilement si le philosophe - apparemment inconnu par ailleurs – avait notam ment composé des Entretiens.
114
ALCINOUS
Un Alcinoos était réfuté, selon Photius, Bibl. cod. 48 , t. I, p . 33-34 Henry, dans un petit traité intitulé Sur l'univers ( voir la notice suivante ). On a, d'autre part, restitué récemment, avec des arguments philologiquement solides, le Διδασκαλικός των Πλάτωνος δογμάτων a son véritable auteur, Alcinoos , en écartant l'hypothèse de 2 J. Freudenthal, Hellenistische Studien , III : Der Platoniker Albinos und der falsche Alkinoos, Berlin 1879, p . 241-328, très généralement acceptée ( voir encore 3 H. Dörrie , RESuppl. XII , 1970 , col. 14-22), qui corrigeait ce nom en « Albinus » . Cet Alcinoos est-il le stoïcien cité par Philostrate ? 4 M. Giusta, « 'Aabívou 'Enirouh o 'Aaxivbou A18qoxalixóc ?» , AAT 95 , 1960-1961 , p . 167-194 , notamment p. 192-194 , accepte l'identification ; 5 J. Whittaker, « Parisinus graecus 1962 and the writings of Albinus » , Phoenix 28 , 1974, p. 320-354 et 450-456 , notamment p. 453 , hésite ( voir aussi la notice consacrée à cet Alcinoos et l'étude 12 ci-après ), ainsi que 6 C. Mazzarelli, « L'autore del Didaskalikos : l'Alcinoo dei manoscritti o il medioplatonico Albino ? » , RFN 72 , 1980 , p . 606 639. Plus hardiment, 7 H.A.S. Tarrant, « Alcinous , Albinus , Nigrinus » , Antichthon 19 , 1985 , p . 87-95 , propose d'identifier le platonicien Albinus disciple de Gaius et maître de Galien , l’Alcinoos auteur du Didaskalikos, le « stoïcien » Alcinoos de Philostrate et le Nigrinus raillé par Lucien , en supposant qu'Albinus, par philhellénisme et désir de porter un nom « correct » , aurait pris le nom d'Alcinoos au moment où, de simple professeur et commentateur de Platon , il se serait mué en philosophe au plein sens du terme - conversion et changement de nom qui auraient suscité le portrait finement satirique de Lucien . L'auteur donne, en particulier (p. 87-89), plusieurs arguments tendant à prouver que le « stoïcien » de Philostrate peut être identique à l'auteur du Didaskalikos, et observe que la métaphore de l'arc -en - ciel convient très bien s'il s'agit d'un philosophe généraliste, capable d'exposer et d'apprécier les nuances doctrinales des diverses écoles. En précisant « Alcinoos le stoïcien » , Philostrate a pu vouloir l'opposer à un autre , par exemple platonicien. Il a pu aussi employer une expression inexacte, soit par négligence, soit trompé par un certain vocabulaire stoïcien et des idées stoïciennes, empruntées en particulier à Arius Didyme, qui, dans cette époque d'éclectisme, apparaissaient dans cet ouvrage comme dans de nombreux écrits d'inspiration générale platonicienne : sur ces sources possibles de confusion , voir, outre les auteurs cités, 8 R.E. Witt, Albinus and the History of Middle Platonism , Cambridge 1937 , passim ; 9 M. Pohlenz, Die Stoa, t. I , p . 356-359 ; t . II , 1955 , p . 173-176 ; 10 H. Diels , Doxographi Graeci , p . 76-77 ; 11 J. Dillon , The Middle Platonists, p. 267-306 ; 12 P. Moraux, Aristote lismus , t . II, p. 441-480 ; 13 J. Whittaker, « Platonic Philosophy in the Early Centuries of the Empire », ANRW II 36, 1 , Berlin, 1987 , p. 81-110 et 114-117 .
SIMONE FOLLET. 94
ALCINOUS
II ?
Philosophe, sans doute platonicien, réfuté, selon Photius, Bibl. cod. 48, t . I, p . 33-34 Henry, dans un traité de « Josèphe » intitulé Tepi ToŨ navtóc ou ſepi της του παντός αιτίας ou bien Περί της του παντός ουσίας , divisé en deux courts traités (aoyídia ). « L'auteur y démontre que Platon se contredit. Il convainc
ALCIPPE D'ÉRÈSE
115
également Alcinoüs d'avoir tenu sur l'âme, la matière et la résurrection des propos absurdes et faux et il lui oppose ses propres opinions sur ces sujets » ( traduction Henry , complétée ). Ce traité, à quelque auteur qu'on l'attribue, est communément daté du début du IIIe s. 'Auxívous est la forme contractée d''Aaxi vooç. Une identification avec le philosophe platonicien ( plutôt que stoïcien ) homonyme est plausible (voir les deux notices précédentes ). < Dans la nouvelle édition du Didaskalikos qu'il a préparée pour la CUF ( à paraître ), J. Whittaker écrit à ce propos : « L'Alcinoos en question (celui dont parle Photius) était donc, selon toute apparence , Platonicien . Pourtant, tout en admettant la possibilité qu'il s'agisse de l'auteur du Didaskalikos, il faut souligner encore une fois que l'homonymie n'est pas à elle seule une preuve d'identité . On doit ajouter que même si l'auteur en question était bien notre Alcinoos, il est peu probable que ce soit le Didaskalikos qui est visé par les critiques du “ Josipe " dont parle Photius » R.G. > Sur ce traité, qui a circulé sous le nom de Josèphe, voir P. Nautin, Hippolyte et Josipe. Contribution à l'histoire de la littérature chrétienne du lire siècle, coll. « Études et textes pour l'histoire du dogme de la Trinité » 1 , Paris 1947 , p . 71 79 ; W.J. Malley, « Four unedited fragments of the De universo of the pseudo Josephus found in the Chronicon of George Hamartolus (Coislin 305) » , JTHS 16, 1965 , p. 13-25 ; M. Richard , art. « Hippolyte de Rome (saint)> , DSp VII, 1968 , col . 531-571 , en particulier col . 542, repris dans Opera minora, Turnhout/ Leuven 1976 , n° 10 ; et ci-après les notices « Hippolyte de Rome » et « Josipe » . SIMONE FOLLET. 95 ALCIPHRON DE MAGNÉSIE (du Méandre)
RESuppl. III : 4
MI ?
« Philosophe » , c'est tout ce qu'en dit la Souda , à la suite d'Hésychius ( A 1288 ; t. I, p. 117 , 21-22 Adler). Athénée I, 31 d, lui emprunte un renseignement sur le vin nommé npánvios qu’on produi sait à Latôrie, près d'Éphèse. Une scholie marginale sur Athénée XII, 518 d, à propos des Sybarites, dansle Marcianus graecus 447 ( A ), renvoie apparemment au même auteur : « Cela, Alciphron le mentionne également dans son Nepi nahaiac tpuoñs ( cf. l'ouvrage du même nom attribué à Aristippe ), ainsi que pratiquement tout le reste . » RICHARD GOULET.
96 ALCIPPE D'ÉRÈSE
MIV
Premier maître de Théophraste (né vers 371/370 ). « Théophraste fut tout d'abord l'auditeur de son concitoyen Alcippe dans sa patrie, puis, après avoir été l'auditeur de Platon , il passa à Aristote » (D.L. V 36) . Il n'est pas dit que ce maître enseigna à Théophraste la philosophie, mais Diogène Laërce qui établit une continuité entre Alcippe, Platon et Aristote, semble bien avoir vuen lui un philosophe. Ce personnage est absent de la RE .
RICHARD GOULET.
116 97
ALCMAN
ALCMAN ( M. ANTONIUS -) ?
fl. II ?
L'existence de ce philosophe est douteuse : la seule source biographique, l'inscription de Rome CIG 6698, datée de 241 , est généralement considérée comme un faux (voir Marinus, Frat. Arv., p . 659 et 821 ). BERNADETTE PUECH .
98
ALCMÉON DE CROTONE RE 6
M VI - V
Médecin et naturaliste, proche du pythagorisme. Témoignages et fragments. 1 DK 24 ( 14 ) ; t . I , 210 , 12-216 , 9 ; 2 M. Timpanaro Cardini , Pitagorici. Testimonianze e frammenti, fasc . I , Firenze , 2e éd ., 1969, p. 118-153 ( Introduction , 118-120 ; traduction italienne et commentaire, 118-153 ) . Ajouter: Jamblique , V. pyth . 104 (disciple de Pythagore ); 267 ( catalogue des pythagoriciens) ; Galien, In Hipp. de nat. hom . XV 5 et Théodoret, Graec. aff. cur. I 19 ( titre du livre d’Alcméon) ; Jean Philopon , In De anim . I 2 ; p . 88 , 9-14 Hayduck (CAG XV , 1897 ) ; Schol. in Alcib . I, 121 e (99 Greene ); Simplicius, In De anim . I 2 ; p . 32, 1-6 Hayduck [CAG XI, 1882] (A. pythagoricien ). Traduction française des fragments et des témoignages dans 3 Dumont, Présocratiques, p . 217-226 . Sur la possibilité d'identifier d'autres fragments d'Alcméon , on consultera les études suivantes : 40. Musso, « Una nuova testimonianza su Alcmeone di Crotone » , Prometheus 1 , 1975 , p . 183-184 (= Pseudo - Antigone, Excerpta de rebus mirabilibus 88 : Alcméon frappé de gale) ; 5 D. Lanza, « Un nuovo frammento di Alcmeone » , Maia 17 , 1965, p . 278-280 (= Schol. in Pind. Isthm . I 56 ; concerne l'épisté mologie d'Alcméon ). Voir en outre 6 A. Patzer, « De Alcmaeonis Crotoniatae apud Platonem vestigio » , WJA 9 , 1983 , p. 79-80 (Platon, Soph. 242 c - e , ferait référence à Alcméon ). Sources biographiques anciennes . D.L. VIII 83 cite la Mavrodann iotopía de Favorinus ( fr. 74 Barigazzi). On trouve dans la liste des écrits d'Aristote en D.L. V 25 un Mpoç tè ' Anxhalwvos. École. Aristote , Métaph. 986 a (= A 3 ) distingue nettement Alcméon des py thagoriciens, tout en signalant les coïncidences doctrinales. Jamblique, V. pyth. 104, en fait un auditeur du vieux Pythagore ( ainsi D.L. VIII 83 ). Simplicius, In De anim. , p . 32 , 1-6 Hayduck, signale qu'Alcméon était considéré comme pytha goricien par certains, mais non par Aristote. L'origine crotoniate , la chrono logie, la table des oppositions font penser que de fait Alcméon était proche du pythagorisme (cf. 7 W. Burkert, Weisheit und Wissenschaft. Studien zu Pythagoras, Philolaos und Platon , Nürnberg 1962, p . 271 ) , même si Alcméon fut certainement un penseur indépendant. Chronologie et biographie . Le texte d'Aristote , Métaph . 986 a , qui affirme qu'Alcméon était un jeune homme quand Pythagore était âgé est le fruit d'une interpolation (cf. Burkert 7 , p . 43 n . 171 , p . 177 n . 12) . Malgré tout, l'acmè d'Alcméon a été placée vers les années 500 " ( cf. 8 B.L. Van der Waerden, Die Pythagoreer. Religiöse Bruderschaft und Schule der Wissenschaft, München /Zürich 1979 , p. 76) . Nous ne savons presque rien de sa vie . Il était le fils d'un certain Pirithos ( A 1 ) ou Périthos ( A 2) , renseignement emprunté au début de son traité ( B 1 ) . Plusieurs témoignages le désignent principalement
ALEXANDER (APPIUS -)
117
comme médecin et quoiolóyos ; d'autres insistent sur ses théories astronomiques. Selon Favorinus (D.L. VIII 83 ), il fut le premier à écrire un ouvrage sur la nature ( Quoixos hoyos ). Isidore de Séville, Orig. I 39 (= A 2) , affirme qu'un certain Alcimon Crotoniensis fut le premier qui inventa des fables comme celles d'Esope. Selon Calcidius, In Tim . 256 , 1 Waszink (= A 10 ), il fut le premier à pratiquer l'exsectio (la vivisection ? Cf. 9 E. Zeller – R. Mondolfo, La filosofia dei Greci nel suo sviluppo storico I 2, Firenze, 2e éd. , 1967 , p . 614 n. 2). On doit en outre mentionner certaines de ses sentences de caractère éthique (Clément, Strom . V 16 = B 5 ; Aristote, Problem . XVII 3 , 916 a = B2) . Ouvrages attestés.Nepi púoews (Galien, De el. sec. Hipp. I 9 = A 2 ; cf. In Hipp. de nat. hom . XV 5 ) ou , selon d'autres sources, QUOIKOS Toyoç ( D.L. VIII 83 = A 1 ; Clément, Strom . I 78 = 12 ; cf. Théodoret, Graec. aff. cur. I 19 ), dédié aux pythagoriciens Bro (n ) tinos, Léon et Batilaos, à moins qu'il n'ait été dirigé contre eux ( cf. 10 E.L. Minar, Early Pythagorean politics in practice and theory, Baltimore 1942 , réimpr. New York 1979 , p. 121 n. 102, ainsi que 11 H. Dörrie , art. « Alkmaion » , RESuppl. XI, 1970, col. 23 ).
Études d'orientation . 12 W.C.K. Guthrie, A History of Greek Philo sophy, t. I, p. 341-359 ; Dörrie 11 , col. 22-26 . Bibliographie . Zeller – Mondolfo 9 , p . 292 ; Dörrie 11 , col. 26. Voir en outre 13 J. Mansfeld, « Alcmaeon “ Physikos” or “ Physician " ? » , dans Kephalaion. Mélanges C.J. de Vogel, Assen 1975 , p. 26-38 . BRUNO CENTRONE . 99 ALEXAMENOS DE TEÔS RE 2
V /IV
Originaire de Teôs, ville d'Ionie (ou de Styra, en Eubée, cf. D.L. III 48) , il passe pour le premier auteur de dialogues socratiques. Il est connu par un fragment du Mepì nointāv d'Aristote ( fr. 72 Rose ' = Nepi rointāv, fr. 3 Ross ) dont les témoins sont D.L. III 48 et Athénée XI , 505 c . La confrontation de ces deux témoignages fait hésiter sur la question de savoir si Aristote parle d'Alexamenos comme de l'inventeur du dialogue socratique, ou de la forme même du dialogue en général. A s'en tenir à la lettre de D.L. , c'est la seconde hypothèse qui prévaut : 1 P. Natorp, art . « Alexamenos» 2, RE I 1 , 1894, col. 1375 , présente les choses dans ce sens. Mais le texte d'Athénée se prête mal à une telle interprétation, à moins d'une correction : dans la phrase τους 'Αλεξαμενού του Τηίου τους πρώτους γραφέντας των Σωκρατικών διαλόγων , il faut écrire προτέρους (Dobree , Meineke : πρότερον Ross ) a la place de πρώτους . Natorp (1 ) approuvecettecorrection et ajoute meme celle de διαλόγων en λόγους (διαλόγους Bake ). 2 R. Hirzel, Der Dialog. Ein literarhistorischer Versuch, Leipzig 1895, p. 100 n. 2, refuse au contraire de modifier le texte traditionnel et donc comprend, non pas que les dialogues d'Alexamenos ont été écrits avant les socratiques, mais bien que ce sont les premiers des dialo gues socratiques qui ont été écrits. Il propose en conséquence d'entendre le témoignage de D.L. comme une formulation plus vague, mais qui ne contredit pas la citation donnée par Athénée, et d'ailleurs moins fiable que cette dernière, puisque ce n'est pas une citation littérale d'Aristote .
MICHEL NARCY. 100 ALEXANDER ( APPIUS - ) PIR ? A 945
II -III
Procurateur sous Macrin et Diaduménien, il porte le titre de « philosophe » dans la dédicace de la statue que lui éleva à Éphèse l'asiarque M. Aurelius
118
ALEXANDER ( TIBERIUS CLAUDIUS - )
Daphnos. Sa femme, Desidiéné Cincia (PIR² D 51 ), fut pareillement honorée par l'épouse de l'asiarque ( 2 ). Les dédicaces ne précisent pas les circonstances dans lesquelles Appius Alexander s'était montré le bienfaiteur de l'asiarque et de la cité d'Éphèse . Sources biographiques. Deux inscriptions d'Éphèse. ( 1 ) H. Engelmann D. Knibbe, JEAI 52, 1978-1980, p. 26, n ° 16 (Ephesos Rep. III 616 ; AnnEpigr 1982 , n° 869) ; (2) JEAI 52 , 1978-1980, p . 26-28, n° 17 (Ephesos Rep. III 617 ) . Cf. A. Stein , Der römische Ritterstand , München 1927 , p . 348-349 ; H.G. Pflaum , Les carrières procuratoriennes équestres, Paris 1961 , t. III, p . 1101 . BERNADETTE PUECH . 101
ALEXANDER (TIBERIUS CLAUDIUS - )
I?
Philosophe stoïcien, enterré à Rome comme l'atteste l'inscription de la ciste de marbre élevée par ses affranchis Bacchylus et Ambrotus : CIL VI 9784. D'après la désignation du philosophe dans la dédicace ( sans indication de sa filiation ni aucune référence à sa famille ), il pourrait bien s'agir d'un pérégrin installé à Rome et devenu citoyen sous le règne de Néron . BERNADETTE PUECH .
102
ALEXANDER (TIBERIUS IULIUS - ) REI 59 PIR ? I 139
MI
Un Alexandre est l'interlocuteur de Philon d'Alexandrie dans le livre II du De Providentia . Eusébe de Césarée, qui mentionne un lepi povoías dans sa liste des écrits de Philon (H.E. II 18 , 6), en cite des passages – thèses d'Alexandre et surtout réfutations de Philon - dans P.E. VII 21 (= Prov. II 50-51 ) ; VIII 14 ( = Prov . II 3 , 15-33a , 99-112) . Seule une version arménienne (VIP ?) donne l'intégralité des deux livres. La seule édition à présenter le texte arménien est celle de 1 J.B. Aucher, Philonis Judaei sermones tres hactenus inediti : I et II De Providentia et III De Animalibus, Venise 1822 (avec une traduction latine). usebe cite aussi de Philon un 'Αλέξανδρος και περί του λόγον έχειν τα άλογα çõa (H.E. II 18 , 6). La version arménienne qui ne donne que le second titre est le seul témoin de ce traité en son entier. Philony dialogue avec un parent du nom de Lysimaque ( § 1-9 et 72-76) : ce dernier lit un discours d'Alexandre sur la rationalité des animaux ( § 10-71 ) , que Philon réfutera ( $ 77-100 ) par l'irra tionalité des animaux , dont la téxvn, inspirée de la Nature , n'est pas fondée en savoir. « L'interlocuteur » de Prov . II , « parent et ami» ( $ 1 ) de Philon et l ' « auteur » réfuté dans Anim. , appelé « notre neveu » par Philon (§ 1 , 72), sont à identifier, semble -t - il, avec Tiberius Julius Alexander. Voir 2 l'édition de M. Hadas -Lebel, OPA 35 , 1973 , p. 40-45, qui souligne les problèmes que pose cette identification ; 3 A. Terian ( édit.), Philonis Alexandrini De Animalibus. The Armenian text with an introduction , translation and commentary, coll. « Studies in Hellenistic Judaism » 1 , ( Suppl . to Studia Philonica ), Chico ( California ) 1981 , p . 25-28 . Selon Terian 3 , p . 28 , ses relations avec Philon pourraient être les suivantes :
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ALEXANDER ( TIBERIUS IULIUS -)
Philon
Alexandre l'Alabarque Marcus
Ti. Iul. Alexander 1 fille fiancée à...
fille 1 Lysimaque cf. Anim . 2
Témoignages littéraires. Flavius Josèphe, B.J. II 220, 223 , 309, 492-498 ; IV 616-617 ; V 45-46 , 205 ; VI 237 ; A.J. XVIII 156-160 ; 259-260 ; XIX 276 277 ; XX 100-103. Tacite , Ann . XV 28 ; Hist. I 11 ; II 74, 79. Suétone, Vesp. VI 3. Juvénal, Satires I 130 ( ? ) . Cf. 4 PIR ?, s.v. « Iulius » nº 139 ; 5 A. Stein , art. « Iulius » 59, RE X 1 , 1918 , col. 153-157; 6 id ., Die Präfekten von Ägypten in der römischen Kaiserzeit, Bem 1950, p . 37-38 ; 7 E.G. Turner, « Tiberius Julius Alexander » , JRS 44 , 1954 , p . 54-64 ; 8 V. Burr, Tiberius Julius Alexander, coll. « Anti quitas : Abhandlungen zur alten Geschichte » 1 , Bonn 1955 ; 9 J. Schwartz , « Note sur la famille de Philon d'Alexandrie », dans Mélanges Isidore Lévy, « Annuaire de l'Institut de philologie et d'histoire orientales et slaves » 13 , Bruxelles 1955 , p . 591-602; 10 H.G. Pflaum , Les carrières procuratoriennes équestres, Paris 1961, p. 46-49. Né à Alexandrie probablement vers 15 ap. J.-C. , sous Tibère, Alexandre semble avoir pris part, comme Philon et son propre père , à l'ambassade que la communauté juive délégua auprès de Caligula en 39-40 (Philon , Anim .54 ; cf. Legat.; Flav. Jos., A.J. XVIII 257-260 ). Flavius Josèphe parlera de son apostasie : « Il ne demeura pas fidèle aux coutumes ancestrales » ( A.J. XX 100 ). Chevalier romain , il fit carrière en Orient. Dans Anim . 3-4, il semble déjà en charge. Sous Claude, en 42, il est épistratège de Thébaïde; en 46-48 , procurateur de Judée, il fait exécuter Simon et Jacques, rebelles, fils de Judas le Galiléen (Flav. Jos., A.J. XX 102), mais a respecte les coutumes du pays et maintient la nation en paix » ( id ., B.J. II 220 ). Sous Néron, en 63, il est « minister bello datus» , sous le commandement de Corbulon, dans la guerre contre les Parthes. Préfet d'Égypte ( 66-70), il mate en 66 une révolte juive à Alexandrie (id ., B.J., II 487-499 ) et participe aucomplot qui aboutit à la proclamation de Vespasien comme empereur à Alexandrie (1er juillet 69 ; cf. id., B.J. IV 616-618 ; Tacite, Hist. II 74-79 ; Suétone, Vesp. 6). Lors du siège de Jérusalem en 70, il est conseiller de Titus et « préfet de toutes les armées » (Fl. Jos ., BJ. V 45-46 ; VI 237). On a longtemps considéré Prov. et Anim ., ainsi que les autres « traités philo sophiques » de Philon , comme æuvres de jeunesse, compilations scolaires anté rieures à ses traités exégétiques ( cf. 11 P. Wendland, Philos Schrift über die Vorsehung. Ein Beitrag zur Geschichte der nacharistotelischen Philosophie, Berlin 1892 ; 12 L. Cohn , « Einteilung und Chronologie der Schriften Philos » , Philologus Supplementband 7 , 1899, p. 387-435 ; 13 G. Tappe, De Philonis libro qui inscribitur 'Αλέξανδρος και περί του λόγον έχειν τα άλογα ζώα , Göttingen 1912 ; 14 W. Bousset, Jüdisch -christlicher Schulbetrieb in Alexandria und Rom. Literarische Untersuchungen zu Philo und Klemens von Alexandria, Justin und Irenäus, Göttingen 1915 ; 15 H. Leisegang, art. « Philo » , RE XX 1 , 1941 , col. 1-50) . Cette thèse contestée ( cf. par exemple 16 M. Pohlenz, « Philo von Alexandria » , NAWG 1942 , p. 409-487, notamment p . 412-415 ; Turner 7 , p. 55-56 ; Schwartz 9 , p. 595 n . 1 ; etc.), est abandonnée par les plus récents éditeurs des deux traités (Hadas-Lebel 2 , p . 38-42 pour Prov .; Terian 3 , p . 28-34 pour Anim . ). M. Hadas - Lebel 2 , situant la naissance d'Alexandre vers
120
ALEXANDER ( TIBERIUS IULIUS - )
10, avance pour Prov. la date de 30. Terian , à partir des désignations de Philon comme homme d'âge, nourri de philosophie dès sa jeunesse ( Anim . 73 par ex. ), du terminus post quem de 39-40 (ibid. 54 ), des parallèles avec Pline, datables de 48 (cf. note au § 13 ) et 47 (cf. note au $ 58 ), propose ca 50 pour Anim .: Ti . Jul. Alexander, encore jeune (environ trente ans ), est déjà engagé dans la vie publique. Dans Prov. II, avec de nombreux parallèles aux thèses réfutées dans Prov. I sans référence à Alexandre , les objections d'Alexandre portent sur les problèmes posés par la rétribution divine, prospérité des méchants et souffrances des justes ( 3-44 ), puis sur les problèmes cosmologiques (45-97 ) : a) création du monde, matière , incorporels, éléments ... (45-54 ); b) ordre du monde : là où il existe, il s'explique mécaniquement, mais la confusion règne, du ciel à la terre (59-83 ) ; c ) mal dans la nature : phénomènes atmosphériques, catastrophes, animaux et plantes nuisibles, répartition inégale des ressources, incitation à l'intempérance (85-97) . Dans Anim. , le discours d'Alexandre affirme les devoirs de l'homme envers les animaux. Chez eux sont présents le noyoc npo opixóc ( 12-15) et le lóyos Év&iádetoç ( 16-71 ) : ils offrent des exemples de sagesse, autodidacte ou enseignée, et de vertus - opóvnois , owopooúvn, áv & pela, 8ixaioCÚvn - , comme des vices opposés. Ici, comme là , Alexandre met en question les conceptions mosaïques de Dieu créant et gouvernant le monde par sa Loi (Prov. II 113-116), pour l'homme « à son image » (Anim . 16) , maître des animaux créés pour lui, conception que Philon exprime ici en langage stoïcien . Dans Prov. II, Alexandre est finalement représenté comme convaincu par Philon. Terian 3, p . 29-30, voit dans les moments où Philon, dans Prov. II, Anim ., se trouve en difficulté , se contredit, glisse sur certaines objections, en omet d'autres, une preuve que les idées attribuées à Alexandre lui étaient chères. C'est sans doute minimiser la part de l'affabulation dramatique, l'importance des traditions philosophiques dans ces débats anciens , qui demeureront vivaces, autour de la Providence et de l'intelligence animale. En tout cas, si dans Anim . certaines distinctions utilisées par Alexandre ont une résonance stoïcienne ( cf. Abyos npopopixos /év8160etoç : SVF II 135 par exemple ) ou sont tombées dans la koinè philosophique, comme les quatre vertus principales selon Platon (Rép. IV , 442 bd ), l'essentiel de ses arguments remonte à la Nouvelle Académie ( cf. Tappe 13, p. 22-25 ; 49-59 ; Terian 3, p . 49-50). De façon analogue, contre la thèse d'une source épicurienne pour l'argumentation cosmologique de Prov. II (Wendland ), M. Hadas- Lebel 2, p. 59-67 , souligne les rapprochements possibles avec Straton de Lampsaque et la Nouvelle Académie, qui se réclame parfois de lui, comme d'Empédocle cité par Alexandre (Prov. II 60, 61 , 70, cf. 71 ) . Les arguments éthiques (Hadas -Lebel 2, p . 93-98 ), à la plus longue histoire (cf. déjà Platon , Gorg. 468 e_479 e ; Lois 890 a ; Épicure, fr. 390 Usener par ex. ) , peuvent être rapprochés de ceux d’un Carnéade ( cf. Cicéron , De nat. deor. III 79-86) . MONIQUE ALEXANDRE.
121
ALEXANDROS
?
103 ALEXANDROS
Sur une base de l'Acropole d'Athènes (IG II 4262 ), Cyriaque d'Ancône avait pu lire une épigramme où un disciple du nom de Théon célébrait son maître, l'illustre Alexandros, ooping nyhtwp. Le texte ne permet pas d'en savoir davan tage sur l'identité du personnage ni sur son époque. Peut-être est -il identique à Alexandros du Phalère ou à l’Alexandros de l'Académie, comme le suppose E. Bodnar (Cyriacus of Ancona, Bruxelles 1960, p . 174) . Pour d'autres possibilités d'identification , voir les articles « Alexandros d'Aphrodisias» , « Alexandros de Damas» et « Alexandros Pèloplaton » . BERNADETTE PUECH . 104 ALEXANDROS
ép. imp.
Un hermès de marbre , élevé à l'Académie par un disciple, honorait le < divin » Alexandros ( IG 11² 3819). Il est bien difficile de préciser l'époque de ce philosophe ; on l'a parfois identifié au kathègètès Alexandros du Phalère qui semble avoir vécu au rer s . , mais ce rapprochement ne repose sur rien de précis . BERNADETTE PUECH .
fl. I - II
105 ALEXANDROS
Philosophe épicurien, ami de Plutarque, qui le met en scène dans les Quaest. conv . III 2. C'est peut-être également à lui que le même auteur dédie le De Herodoti malignitate. Rien n'autorise à l'assimiler au philosophe athénien Alexandros de IG 1² 3819 , dont on ignore l'appartenance philosophique et l'époque d'activité , ou au professeur Alexandros de IG II ? 3793, qui n'est pas plus précisément daté et qui n'est pas nécessairement un philosophe. Son identi fication avec un sophiste contemporain , T. Flavius Alexandros d'Hypata ( cf. FD III 44 , 474, avec le commentaire de J. Pouilloux ), s'appuie sur des vraisem blances assez convaincantes , mais elle n'est pas plus assurée. BERNADETTE PUECH . 106
ALEXANDROS
MF III
Ce nom figure dans le titre d'un ouvrage de Chrysippe relevant de la logique : Περί λέξεων προς Σωσιγένην και Αλέξανδρον ε', D.L. VII 192; p . 385 , 11 Long ( fr. 194 Hülser). Un tel traité ne pouvait guère être dédié qu'à des collègues ou des disciples à l'intérieur de l'école stoïcienne. On retrouve le nom d'Alexandros dans un autre ouvrage que l'auteur de la liste considère comme « pseudépigraphe » : Aúous tõv 'Aletávopou ÚRODETIXÕV Y ' ( ueudeniypapa ), D.L. VII 196 ; p. 388 , 1 Long. RICHARD GOULET. 107
ALEXANDROS
PLRE II : 3
FIV - D V
Philosophe résidant à Pentapolis; son fils était un cousin ( ÅVEYió ) de Synésius et, comme son père , portait l'habit ( otoan ) des philosophes (Synésius, Epist. 150 , p. 268 Garzya ).
122
ALEXANDROS D'ABONOTIQUE
C'est peut- être de cet Alexandros que Synésius se propose d'envoyer la louange à Hypatie (Epist. 46 , p. 86 Garzya ). PIERRE MARAVAL. 108
DI
ALEXANDROS RE 91
Philosophe péripatéticien , maître et ami de Marcus Licinius (RE 68 ) Crassus Dives (ca 115-53). Plutarque, Crassus 3 , 6-7 : « On dit que Crassus était très savant en histoire et connaissait un peu la philosophie, s'étant initié aux doctrines d'Aristote, étude où il eut pour maître Alexandre , homme d'un caractère facile et doux, comme le prouvent ses relations avec Crassus. Il serait en effet difficile de dire s'il était plus pauvre au moment où il entra dans la maison de Crassus ou après. Seul de ses amis, il l'accompagnait dans tous ses voyages , et il recevait pour la route une couverture, que Crassus lui réclamait au retour » ( trad. Chambry et Flacelière ). L'identification proposée par la RE avec Alexandre Polyhistór se heurte au fait que ce dernier est toujours présenté comme gram mairien et non comme philosophe, malgré un ou deux ouvrages d'intérêt philo sophique. Cf. Susemihl, t. II, p . 356 n . 40 . RICHARD GOULET.
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ALEXANDROS, fils de Nouménios RE 96
MII
Fils du rhéteur Nouménios et auteur lui-même de traités de rhétorique. Voir J. Brzoska, art. « Alexandros » 96 , RE I 2 , 1894 , col. 1456-1459. On lui attri bue entre autres un fragment sans titre ni nom d'auteur qui serait un extrait de son lepl ontopixõv å popuôv. Cette attribution , proposée par C. Walz ( édit. ), Rhetores Graeci ..., t. IX , Tübingen 1836 , p . XVI- XIX , a été généralement acceptée. Le fragment a été édité pour la dernière fois par L. Spengel ( édit. ), Rhetores Graeci, t. III, Leipzig 1856, réimpr. Frankfurt am Main 1966 , p . 1-6 (par erreur, le même texte est imprimé aussi à la fin du t. II, Leipzig 1854 (même réimpr.), p . 555-560 ); voir la brève analyse de D.A. Russell et N.G.Wilson (édit. ), Menander Rhetor, edited with translation and commentary, Oxford 1981 , p . XXIV -XXV . La troisième partie du fragment porte sur l'hymne en prose , qui, selon le plan rhétorique, doit d'abord louer la naissance du dieu ( p. 4 , 17-5 , 5 Spengel). Mais comment concilier la conception « commune » , qui prête aux dieux une nais sance, avec la conception « philosophique » , suivant laquelle la divinité, par nature , n'est sujette ni à naître ni à périr ? L'auteur conseille aux orateurs de se réclamer de Platon , qui admet lui-même que les dieux proviennent du Premier Dieu (allusion à la doctrine du Timée ; la formule de la p. 4 , 18 est une citation du Timée 52 a) . LAURENT PERNOT.
110
ALEXANDROS D'ABONOTIQUE
RE 70
fl. 150-170
On hésite à qualifier de philosophe ce charlatan qui instaura dans sa ville natale ( sur le Pont- Euxin en Paphlagonie ) un oracle et des mystères qui attirè rent, selon Lucien, son adversaire, tous les dévots de l'empire romain . Il n'est connu que par la Vie (Bíos, 1 ) farouchement hostile de Lucien (Alexandre ou le
ALEXANDROS D'ABONOTIQUE
123
faux devin ), mais l'existence de l'oracle, où intervenait Asclépios, sous les traits d'un serpent, du nom de Glycon, rapporté de Pella en Macédoine ($ 6-7 , 12, 15), est attestée par ailleurs, notamment par des pièces de monnaie. On lui fera une place dans le présent répertoire d'abord parce que cet élève d'un médecin ou magicien , disciple ( anonyme) et concitoyen d'Apollonius de Tyane ( 8 5 ) , se présentait comme une réincarnation de Pythagore ($ 40 ; voir aussi $ 4 ) ; il laissait souvent apparaître au cours des mystères qu'il avait institués sa cuisse qu'il avait recouverte de cuir doré ( 40) . Cf. i Fr. Cumont, « Alexandre d'Abonotichos et le néopythagorisme » , RHR 86 , 1922, p . 202-210 . D'autre part, il accueillait comme des amis les disciples de Platon , de Chrysippe et de Pythagore, parce qu'ils acceptaient la divination (§ 25), mais faisait exclure du sanctuaire les épicuriens ( § 25 ) et les chrétiens, qui la combattaient ( $ 25; 38 ; 43 ) . Il organisa d'ailleurs sur l'agora un autodafé des Kupiai 86 € ai d'Épicure ( $ 47 ) et tenta de faire lapider un adversaire épicurien ( 8 44 ) . L'entreprise d'Alexandre constitue également une fructueuse base de comparaison avec l'atti tude des néoplatoniciens à l'égard des oracles et de la théurgie. L'ouvrage de Lucien , d'un autre côté, témoigne de la survivance de l'idéal rationaliste épicu rien et de la vénération qu'on continuait à éprouver à la fin du II° s. pour le fondateur du Jardin (voir les notices sur Lucien , Celse qui aurait demandé à Lucien d'écrire cet ouvrage, Lépidus d'Amastris, ainsi que sur un Épicurien anonyme). Principaux développements épicuriens: 8 8 ( tyrannie de l'espoir et de la crainte ), $ 25 ( éloge d'Épicure « qui observa la nature des choses et quiseul vit la vérité qui est en elles ») , § 47 ( éloge des Kupiai 86fai d'Épicure, « le plus beau des livres, qui contient en résumé les dogmes de sa sagesse » et peut procurerà son lecteur « la paix, l'absence de trouble et la liberté en le libérant des terreurs, des apparitions et des prodiges, des vaines espérances et des désirs exces sifs, en instaurant au contraire le bon sens et la vérité et en purifiant véritablement leur pensée, non pas par l'intermédiaire d'une torche, d'un oignon ( de mer) ou de quelque autre sottise, mais grâce à la raison droite, à la vérité et à la franchise » ), $ 60 (la mort d'Alexandre ressemble à un acte de la Providence, mais n'est en vérité qu’un effet du hasard ), § 61 ( défense d'Épicure, « un homme sacré qui seul a vu , puis transmis, ce qui est le beau selon la vérité » , « le libéra teur de tout homme qui vient dans sa fréquentation » ). Comme Lucien emploie à propos de Marc- Aurèle l'expression deòs Mápxos (8 48), on doit situer la composition de l'ouvrage après la mort de l'empereur en 180 . Des monnaies d'Abonotique (' ABÚvou teixos ), portent, de Lucius Verus à Trébonien Galle , le nouveau nom qu'Alexandre aurait fait donner à sa ville natale (8 58) : lônopolis (de nos jours Ineboli). D'après Lucien , on aurait frappé à la demande d'Alexandre une nouvelle monnaie portant sur une face l'image de Glycon , le serpent divinatoire à figure humaine , et sur l'autre celle d'Alexandre lui-même ( 8 58 ), lequel, descendant de Persée ($ 11 ), comme son homonyme, Alexandre le Grand, était considéré comme un demi-dieu. Sur ces monnaies et différents documents archéologiques ( statues du serpent Glycon à Athènes et à Tomis, inscription mentionnant un fils de Glycon conçu peut- être dans les hiéro gamies mises en scène par Alexandre , $ 39 , 42) qui confirment plusieurs détails, jugés naguère invraisemblables, du récit de Lucien , voir 2 L. Robert, A travers l'Asie mineure. Poètes et prosateurs, monnaies grecques, voyageurs et géographie, coll. « Bibliothèque des Écoles françaises d'Athènes et de Rome »
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ALEXANDROS D'AIGAI
239, Paris 1980, chap. XVIII, p . 393-421; 3 id . , « Le serpent Glycon d'Abô nouteichos à Athènes et Artemis d'Éphèse à Rome », CRAI 1981 , p .513-530 . Un petit autel à Claudiopolis en Bithynie portant au-dessus d'une tête de taureau l'inscription AAEEANAPOY a été également rattaché au culte d'Alexandre par 4 W. Ameling, « Ein Alter für Alexander von Abonuteichos » , EA 6, 1985 , p . 34-36 . Voir la photographie dans 5 E. Gibson , « The Rahmi Koç collection. Inscriptions. Pars VII. A Dedication to Alexander » , ZPE 42, 1981 , p . 213-214 ( planche VI C ). Cf. 6 Ed. Zeller, « Alexander und Peregrinus. Ein Betrüger und ein Schwärmer » , dans ses Vorträge und Abhandlungen , t. II, Leipzig 1877 , nº IV , p . 154-188 ; 7 Fr. Cumont, Alexandre d'Abonotichos. Un épisode de l'histoire du paganisme au Ilº s. de notre ère, coll. « Mémoires couronnés... par l'Académie de Belgique » 40, Bruxelles 1887 , 54 p . 8 M. Caster, Études sur Alexandre ou le Faux Prophète de Lucien , Paris 1938, LXV - 103 p. RICHARD GOULET.
111
ALEXANDROS D'AIGAI RE 92 PIR2 A 501
MI
« Philosophe péripatéticien , qui, en même temps que le philosophe Chairé mon , fut le maître de l'empereur Néron ( 57-68] . Il eut un fils, nommé Caelinus (ou Caelius). Il appelait Néron “ un mélange de boue et de sang" » (Souda , A 1128 ; t. I , p . 104 , 17-21 Adler, où suit le commentaire du lexicographe : « mais si les disciples sont mauvais, selon moi , c'est que les maîtres sont pires, car la vertu peut s'enseigner et il existe un entraînement au vice » ). A la lumière de deux inscriptions d'Athènes qu'il avait publiées dans Hesperia 36 , 1967 , p . 42-56 et pl . 17-18 , et qui faisaient connaître un « diadoque » Ti . Varius Caelianus, sans démotique, donc vraisemblablement non Athénien , sa fille Varia Archélaïs et son gendre L. Aemilius Juncus, proconsul ( connu comme consul en 127), ce dernier identifié au philosophe Juncus, auteur d'un traité sur la vieillesse dont Stobée a préservé quelques fragments, 1 J.H. Oliver, « The Diadochê at Athens under the Humanistic Emperors » , AJPh 98 , 1977 , p . 176 178 , suppose que Varius Caelianus est apparenté à un certain Varius Carus attesté à Rome et surtout qu'il est peut-être identique au fils du péripatéticien Alexandros d'Aigai (la moderne Edessa , en Macédoine ), qui a lui aussi vécu à Rome; il préfère la correction Caeli nos dans le texte cité de la Souda, déjà proposée dans PIRC 120. L'hypothèse n'est pas invraisemblable. Nous ferions seulement des réserves sur l'antinéronianisme supposé de Caelianus, car nous attribuons la définition malveillante de Néron au père, non au fils ; sinon la remarque du lexicographe serait moins justifiée. Selon 2 P.W. van der Horst, Chaeremon , Egyptian Priest and Stoic Philo sopher. The fragments collected and translated with explanatory notes, coll. EPRO 101 , Leiden 1984 , p . IX , qui reprend des hypothèses plus anciennes de P. Friedländer et H.R. Schwyzer, Alexandros et Chairémon n'ont pu être précepteurs de Néron qu'avant 49, date à laquelle celui -ci fut confié à Sénèque, Mais Néron n'avait alors que douze ans ; il est plus probable que , comme le suggérait par exemple 3 M.A. Levi, Nerone e i suoi tempi, coll. « Biblioteca storica universitaria » II 1 , Milano /Varese 1949 , p. 155-161 , Néron a eu auprès
ALEXANDROS D'APHRODISIAS
125
de lui plusieurs philosophes, de tendances diverses voire opposées, entre la date de son adoption par Claude, 48 , et son avènement, 54, et peut-être même encore au delà de 54. 4 P. Moraux, Aristotelismus, t. II, p . 222, et 5 E. Cizek , L'époque de Néron et ses controverses idéologiques, coll. « Roma Aeterna » 4 , Leiden 1972 , p. 44-45, placent aussi leurs fonctions après 49 . Bien qu'il ne mentionne pas son nom dans sa liste initiale de commentateurs des Catégories, Simplicius le cite deux fois dans l'introduction de son commen taire sur les Catégories d'Aristote : à propos du oxonóc des Catégories, il rappelle qu'Alexandros d'Aphrodise, comme Alexandros d'Aigai , tient avec raison les Catégories pour « le début de l'étude de la logique » , åpxnv ... tñs loyixñs npaymatelas ( p. 10, 19-20 Kalbfleisch ); puis l'opinion de divers philosophes, dont « les deux Alexandros » ( déjà cités ), selon laquelle la fin propre de l'activité logique est de parler « des mots articulés simples, premiers, originels » (OwVÕV των απλών και πρώτων και γενικών ) et des objets ou pensées qu'ils designent (p. 13 , 11-18). Voir Moraux 4, p . 222-223 . Simplicius le cite aussi dans son commentaire du De caelo d'Aristote , II 6 ; p . 430 , 29-32 Heiberg. Voir Moraux 4, p. 223-225. Dans les trois passages, Simplicius semble tenir son information d'Alexandros d'Aphrodise. Cf. 6 A. Gercke , art. « Alexandros» 92, RE I 2 , 1894 , col. 1452 ; 7 A. Stein , PIR ? I, 1933 , A 501 , p . 85 , et les études citées 1-5. SIMONE FOLLET. 112 ALEXANDROS D'APHRODISIAS RE 94 PIR2 A 507
II - III
Péripatéticien, commentateur d'Aristote . Les minces renseignements biographiques dont nous disposons sur Alexandre ne sont pas en proportion avec l'influence considérable qu'il exerça sur la tradition philosophique ultérieure. Dès le milieu du III° s . , il faisait partie des auteurs étudiés dans l'école de Plotin à Rome (Porphyre, Vita Plotini 14, 13 , où il est mentionné entre Aspasius et Adraste ) et Eusébe cite des extraits du De Fato dans sa Préparation évangélique ( VI 9) . Son nom est enfin l'un des plus souvent cités dans la tradition des Commentateurs d'Aristote . Les informations biogra phiques ont été récemment étudiées par 1 P. Thillet ( édit. et trad .), Alexandre d'Aphrodise, Traité du destin , CUF, Paris 1984, CLVIII - 110 p . ( 1-76 doubles ); c.r. par 1bis R.W. Sharples dans CR 36, 1986, p . 33-35 . La dédicace du De fato aux empereurs Septime- Sévère et Antonin - Caracalla , fils de Sévère , associé à l'empire en janvier 198 , nous fournit la seule donnée chronologique sûre ; l'ouvrage doit être antérieur à 209, date à laquelle Géta qui n'est pas mentionné avec son père et son frère - fut nommé Auguste. Dans cette dédicace, Alexandre , tout en s'excusant de ne pouvoir leur offrir l'ouvrage en mains propres, remercie les empereurs pour leurs faveurs passées et surtout pour une recommandation (uapropía ) qui a permis à Alexandre de devenir professeur (818áoxalos) de philosophie aristotélicienne ( p. 1 , 18–2, 2 Thillet ). Il importe de citer ce passage essentiel : Hepiéxei TE TÒ B1621ov trv δόξαν την Αριστοτέλους ην έχει περί τε ειμαρμένης και του εφ' ημίν , ου της φιλοσοφίας προΐσταμαι υπό τηςυμετέρας μαρτυρίας διδάσκαλος αυτής κεκηρυγ
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MÉVOS . « Ce livre contient sur le destin et la liberté la doctrine d’Aristote , philosophie à laquelle je préside, puisque j'ai été proclamé professeur de cette philosophie en vertu de votre recommandation . » Sur la base de ce passage, on a souvent présenté Alexandre comme le détenteur d'une chaire impériale de philo sophie aristotélicienne à Athènes, mais la recommandation impériale pouvait viser une chaire municipale dans une autre ville de l'Empire. On peut cependant se demander si l'autorité revendiquée par Alexandre sur la philosophie aristotélicienne pouvait s'exercer ailleurs qu'à Athènes, et cela même si l'école péripatéticienne du Lycée s'était éteinte depuis longtemps. Philosophe déjà reconnu au tournant du IIe au II s . , Alexandre a dû naître au début de la seconde moitié du II° s . On considère qu'il était originaire d'Aphrodise de Carie , bien que d'autres cités, moins importantes, aient porté ce nom. Alexandre dit avoir « écouté » Herminus (apud Simplicius, In De caelo , p. 430 , 32-33 Heiberg ), disciple d'Aspasius (et maître de Galien , si l'on en croit des sources arabes : voir Thillet 1 , p. IX n. 3 et XLVI n. 2), et il le cite à plusieurs reprises ( références dans Thillet 1 , p. VIII n. 3). Il présente également Sosigénès comme son maître (références dans Thillet 1 , p. IX n. 4). On a pensé que son compatriote, le péripatéticien Adraste d'Aphrodise, avait pu lui enseigner, mais Thillet 1 , p. XXXII, souligne qu'on ne dispose d'aucun témoignage positif en ce sens. Un passage de Simplicius ( In De caelo, p . 153 , 17-18 Heiberg ) permettait, moyennant une correction empruntée par Zeller à Nuñez ( 1594) , de retrouver un autre maître d'Alexandre en la personne du péripatéticien Aristoclès de Messine (ou de Messène), que cite Eusèbe dans sa Prép. évang. et auquel la Souda ( A 3916 ) attribue notamment un lepl oooopias en 10 livres. Mais 2 P. Moraux , « Aristoteles, der Lehrer Alexanders von Aphrodisias », AGPh 49, 1967 , p . 169-182 , a montré qu'il fallait garder la leçon des manuscrits qui ont ici unanimement le nom d'Aristote. Voir aussi 3 id ., art . « Aristoteles » 25 , RESuppl. XI, 1968 , col. 336 ; 4 id ., Aristotelismus, t. II, p . 399-401. L'Aristote en question serait, selon Moraux, Aristote de Mytilène, présenté par Galien (ſlepi εθών , p. 11 , 4-12, 12 Miller ) comme ανήρ πρωτεύσας εν τη περιπατητική newpia . A cet Aristote, Moraux croit pouvoir rattacher plusieurs témoignages évoquant un « nouvel Aristote , commentateur du philosophe Aristote » , ou men tionnant « Aristote , le maître d'Alexandre » . Au terme d'une étude minutieuse, P. Thillet 1 , p. XI-XXXI , a pour sa part conclu que ce 818áoxaloc est en réalité Aristote de Stagire et que le « nouvel Aristote » n'est autre qu'Alexandre lui même. Un dernier passage ( Alexandre, In Metaph ., p. 166 , 18-19 Hayduck ; sur Metaph . 994 b 27-31) allégué finalement par 5 P. Moraux, « Ein neues Zeugnis über Aristoteles, den Lehrer Alexanders von Aphrodisias », AGPL 67, 1985 , p . 266-269 , semble cependant bien opposer au Stagirite « notre Aristote » et fournir une confirmation décisive à la thèse de Moraux. Voir la notice « Aristote de Mytilene » . D'autres informations sur Alexandre nous sont fournies par les biobiblio graphes arabes ( Thillet 1 , p. XXXII-XXXV ) . Le détail le plus intéressant est la mention , parmi les relations de Galien , notamment chez al-Mubaššir ( ca 1055 ) , d'Alexandre d'Aphrodise le Damascène « qui, à cette époque ( lors du séjour de
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Galien à Rome ), avait été jugé digne d'enseigner les sciences philosophiques selon la doctrine péripatéticienne » ( Thillet 1 , p. XXXIV ). La source des passages arabes en cause paraît être Galien lui-même qui, en deux endroits, évoque un péripatéticien du nom d'Alexandre de Damas (RE 93 ) . L'un des ouvrages, le Tepi ávatouixÕV éyxEiphoewv, ayant été écrit vers 177 , il s'agirait d'un person nage antérieur à Alexandre d'environ une génération ( Thillet 1 , p. XXXVII) et confondu avec lui par la tradition arabe. Voir la notice « Alexandros de Damas » . Cet Alexandre aurait« à l'époque (vūv ) été jugé digne de donner un enseignement public sur les doctrines péripatéticiennes » (Galien , lepi avatouixwv éyxeuphoewv, t. II, p . 218 , 6-7 Kühn ). Cette dernière précision pourrait, selon Thillet 1, p. XL - XLI, avoir été ajoutée par Galien lors de la révision de son ouvrage qui se serait poursuivie jusque sous les Sévères ( 193-199 ); Galien aurait alors confondu lenouveau professeur de philosophie péripatéticienne ( à Athè nes ? ), (A. d’Aphrodise ), avec le philosophe homonyme qui avait suivi ses leçons à Rome vers 163 et enseigné au consulaire Flavius Boethus. Une telle confusion de la part de Galien qui connaissait les deux philosophes pourra sembler peu vraisemblable. La question est fort complexe et on se reportera à l'introduction de Thillet 1, p. XXXIII- XLIX , pour l'examen de tous les détails de cette hypothèse. . Bibliographies. Thillet 1 , p . CXLIII -CLVIII ; 7 R.B. Todd (édit. ), Alexander of Aphrodisias on Stoic physics. A Study of the De mixtione with preliminary essays, text, translation and commentary, coll. « Philosophia Antiqua » 28 , Leiden 1976 , p. 254-263; 8 G. Movia , Alessandro di Afrodisia tra naturalismo e misticismo, Padova 1970, p. 9-20. 9 R.W. Sharples, « Alexander of Aphro disias : Scholasticism and Innovation », ANRW II 36 , 2, Berlin 1987 , p . 1176 1243 ( bibliographie : p. 1226-1243). Euvres philosophiques. Il est peu d'auteurs anciens dont l'œuvre soit aussi dispersée : tradition directe et indirecte, versions syriaques, arabes, hébraïques, latines, de nombreux titres enfin , attestés par les biobibliographes arabes, mais dont l'authenticité est parfois remise en question par les spécialistes... Les deux plus récents tableaux se trouvent dans l'introduction de ? hillet 1 , p. LII -LXXIII, et dans le Bericht de Sharples 9. 10 M. Steinschneider, Die arabischen Über setzungen aus dem Griechischen , Graz 1960 ( réimpr. de 4 articles parus respectivement en 1889, 1893 , 1896, 1891 ), signalait 22 titres $ ( 72 ), p. (131) ( 135 ). Une liste plus récente a été dressée par 11 A. Dietrich , « Die arabische Version einer unbekannten Schrift des Alexander von Aphrodisias über die Differentia specifica » , NAWG 1964, nº 2 , p. 85-148 (et 4 planches photogra phiques), notamment p. 92-100 où sont réunis 30 titres ( numérotation rappelée par le sigle D, plus loin ). Elle doit être complétée ou corrigée par 12 J. van Ess, « Über einige neue Fragmente des Alexander von Aphrodisias und des Proklos in arabischer Übersetzung», Isl 42, 1966, p. 148-168,qui ajoute 7 titres, p . 150 154 (numérotation rappelée par le sigle ve, plus loin ) et 13 H. Gätje, « Zur arabischen Überlieferung des Alexander von Aphrodisias» , ZDMG 116 , 1966, p . 255-278 . Voir aussi 14 P.W. Zimmermann et H.V.B. Brown, « Neue
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arabische Übersetzungstexte aus dem Bereich der spätantiken griechischen Philosophie» , Isl 50, 1973, p. 313-324 [ important c.r. de 15 ‘ A. Badawi ( édit. ), Commentaires sur Aristote perdus en grec et autres épîtres, coll. « Recherches publiées sous la direction de l'Institut de Lettres Orientales >> n.s. , A (Langue arabe et pensée islamique) 1 , Beyrouth 1971 ), ainsi que 16 ' A. Badawi, La transmission de la philosophie grecque au monde arabe, coll. « Études de philosophie médiévale >> 56, Paris 1968 ( 2e éd. 1987 : nous nous référons à cette édition qui comporte de légères modifications ; voir le c.r. de R. Brague dans RMM 93 , 1988, p. 272-275 ), p. 109-114 ; 17 G. Endress, Proclus Arabus. Zwanzig Abschnitte aus der Institutio Theologica in arabischer Übersetzung, eingeleitet, herausgegeben und erklärt, coll . « Beiruter Texte und Studien herausgegeben von Orient- Institut der deutschen morgenländischen Gesell schaft » 10, Beyrouth 1973 , index, p. 311 , s.v. « Alexander von Aphrodisias » et « Alexander >>, et 18 F.E. Peters , Aristoteles Arabus. The Oriental Translations and Commentaries on the Aristotelian Corpus, coll. « Monographs on Medi terranean Antiquity » 2, Leiden 1968, VIII -75 p. La liste qui suit résume seulement les éléments essentiels de ces travaux. Les éditions et traductions seront indiquées. Mais on ne renverra pas systématique ment, pour chaque æuvre , aux bilans critiques susmentionnés et aux études qu'ils signalent; d'autres qu'ils n'évoquent pas seront, en revanche, indiqués. Pour l'arabe, on s'attachera à la conservation des textes et non au problème beaucoup plus complexe de la « réception > arabe d'Alexandre d'Aphrodise. Pour la tradi tion arménienne, voir 19 E.G. Schmidt, « Alexander von Aphrodisias in einem altarmenischen Kategorien -Kommentar », Philologus 110 , 1966, p . 277-286 . Entre crochets droits est indiqué éventuellement le numéro d'ordre assigné à l'ouvrage par Thillet dans la liste des ouvrages d'Alexandre dressée par Ibn Abi Uşaybi'a ( IAU ) dans ses 'Uyūn al-anbā ', article « Al- Iskandar al-Afrūdisi >> ( cf. Thillet 1 , p. LIV n. 3 , qui passe toutefois sous silence deux titres: nous leur donnerons les numéros 29a et 29b) . L'astérisque signifie que l'ouvrage est considéré par Thillet comme vraisemblablement inauthentique. Les maigres informations dont nous disposons sur la chronologie relative des ouvrages d'Alexandre sont rassemblées par Sharples 9, p. 1181 . I. Commentaires conservés en grec ( 1 ) Analytica priora I [3 ] : Wallies, CAG II 1 , 1883. Le commentaire du second livre est sans doute perdu.
Traduction d'extraits dans 20 R.W. Sharples, « Alexander of Aphrodisias : problems about possibility I », BICS 29 , 1982, p. 91-108 ; les passages intéressant la logique stoïcienne sont rasssemblés dans 21 M. Baldassarri ( édit.), La logica stoica . Testimonianze e frammenti. Testi originali con introduzione e traduzione commentata, a cura di M.B. , t. VA : Alessandro di Afrodisia. Dal commento agli Analitici primi. Dal commento ai Topici, Como 1986, 125 p. Selon 22 F.W. Zimmermann ( trad .), Al-Farabi's Commentary and Short Treatise on Aristotle's De interpretatione. Translated with an Introduction and Notes, coll. « Classical and Medieval Logic Texts » 3, London 1982, p. CII, 45, 95, 182, 243, Fārābi semble , d'une certaine façon , avoir connu le commentaire d'Alexandre. Voir en outre 23 T. Lee, Die griechische Tradition der aristotelischen Syllogistik in der Spätantike. Eine Untersuchung über die Kommentare zu den Analytica Priora von Alexander Aphrodisiensis, Ammonius und Philoponus, coll . « Hypomnemata » 79, Göttingen 1984 , 146 p. , ainsi que 23bis J. Vuillemin , Nécessité ou
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contingence : l'aporie de Diodore et les systèmes philosophiques, coll. « Le sens commun » Paris 1984 ( cf. ses index ). (2) Topica (5) : Wallies, CAG II 2, 1891. Traduction et édition de quelques extraits traitant du destin dans Sharples 47 ; les passages intéressant la logique stoïcienne sont rassemblés dans Baldassarri 21. Traduction arabe attestée : voir 24 G. Endress, The Works of Yahyā ibn ' Adi. An analytical inventory, Wiesbaden 1977, p. 25-26 ; Zimmermann 22, p. XXVI, CII, et la notice d'A. Elamrani-Jamal sur la tradition arabe des Topiques. (3 ) Meteorologica [9] : Hayduck , CAG III 2, 1899. Citations chez Olympio dore , In Meteor. (CAG XII 2). Cf. 25 V.C.B. Coutant ( édit.), Alexander of Aphrodisias, Commentary on book IV of Aristotle's Meteorologica, edited and translated by V.C.B.C. ( Diss. Columbia ), New York 1936. Traduction arabe attestée : voir Endress 24, p. 29; 26 H. Daiber, c.r. (de Peters 18) , Gnomon 42, 1970, p. 543 ; 26bis $ . Yaltkaya ( édit. ), Ibn Sab'in , Correspondance philosophique avec l'Empereur Frédéric II de Hohenstaufen, t. I : Texte arabe publié par Ş.Y. Avant-propos par H. Corbin , coll. « Études orientales » 8, Beyrouth /Paris 1941-1943, p . XVII XVII , 93 ; 26ter A.F. Mehren ( trad .), « Correspondance du philosophe Soufi Ibn Sab'în Abd Oul-Haqq avec l'Empereur Frédéric II de Hohenstaufen... contenant l'analyse générale de cette correspondance et la traduction du quatrième traité sur l'immortalité de l'âme», JA 14, 1879, p. 403 n . 2. Traduction latine médiévale éditée par 27 A.J. Smet ( édit.), Alexandre d'Aphro disias, Commentaire sur les Météores d'Aristote. Traduction de Guillaume de Moerbeke . Édition critique par A.J.S., coll. CLCAG 4, Paris /Louvain 1968, CXXXIV - 526 p. (4) De sensu etsensato : Wendland, CAG II 1 , 1901.
(5) Metaphysica : Hayduck, CAG I, 1891 . Seuls les commentaires des livres A -A sont d'Alexandre ; ceux des livres E-N ont été attribués à Michel d'Éphèse par K. Praechter. Comme Syrianus cite des fragments du commen taire sur les livres Met N, passages qui sont intégrés dans le commentaire de Michel d'Éphèse, 28 L. Tarán , « Syrianus and Pseudo - Alexander's Commentary on Metaph . E-N », dans 29 J. Wiesner ( édit. ), Aristoteles. Werk und Wirkung (Mélanges Paul Moraux ), t. II, Berlin 1987 , p . 215-232, voit dans le Pseudo - Alexandre un auteur de l'époque de Syrianus ou plus ancien que lui. Voir cependant 30 1. Hadot, « Recherches sur les fragments du Commentaire de Simplicius sur la Métaphysique d'Aristote » , dans I. Hadot (édit.), Simplicius. Sa vie, son @uvre, sa survie, Colloque de Paris 1985, coll. « Peripatoi » 15, Berlin, 1987, p. 229 n. 12, qui rappelle les témoignages byzantins en faveur de l'identification à Michel d'Éphèse qu'avait proposée K. Praechter ( 1906 ). Les deux tiers du commentaire – authentique – du livre A semblent conservés dans le Grand commentaire d'Averroès : références des éditions et traductions (notamment celle, annotée, de Ch. Genequand ) dans la notice d’Aubert Martin sur la tradition arabe de la Métaphysique. Voir aussi Yaltkaya 26bis , p. XVII -XVIII, 93; Mehren 26ter , p. 403 n. 2 ; 30bis H. Davidson, Proofs for Eternity, Creation and the Existence of God in Medieval Islamic and Jewish Philosophy, New York /Oxford 1987 , p. 276 , 314, 316 317 . Le commentaire du De sophisticis Elenchis n'est pas d'Alexandre ( cf. nº 10 ). II. Commentaires perdus ( 6) Categoriae [ 1 ] : Fragments chez Simplicius, Dexippe et David ( édité sous le nom d'Élias ). La version arabe n'est pas conservée . Ibn al - Nadim ( p. 248, 24 Flügel) rapporte que le cheikh Abū Sulaymān (al-Siġistāni al -Manțiqi) disait avoir commandé la traduction des Catégories d'Aristote et du Commentaire d'Alexandre d'Aphrodisias à Abū Zakariyyā Yahya b. ' Adi (chez Thillet 1 , p. LVIII - LIX , les noms sont par erreur inversés...). Voir Endress 24, p. 25 , 30ter H. Gätje, « Simplikios in der arabischen Überlieferung », Isl 59 , 1982,
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p. 10-11, 20-26 , et 31 J.L. Kraemer, Philosophy in the Renaissance of Islam . Abū Sulaymān al-Sijistāni and his circle, coll. « Studies in Islamic Culture and History » 8, Leiden 1986, p. 83. ( 7 ) De interpretatione [2] : Fragments chez Ammonius. Un fragment arabe ( notre n° 31 ) édité par Badawi 15, p. 31 , proviendrait, selon Zimmer mann et Brown 14, p. 316 n° 4, de ce commentaire. Fārābi aurait eu indirectement connais sance de ce dernier (Zimmermann 22, p. LXXXV -LXXXVI, C - CI, p. 61 n. 1 , 259 ). Voir aussi 31bis H. Arens, Aristotle's theory of language and its tradition. Texts from 500 to 1750. Selection, translation and commentary by H.A., coll. « Amsterdam studies in the theory and history of linguistic science. Series II - Studies in the history of linguistics » 29, Amsterdam /Philadelphia 1984, index s.v. « Alexander of Aphrodisias» : traduction et explication de Int. 16 a 1–17 a 7, et de huit commentaires de ce passage, dont certains se réfèrent à Alexandre. (8) Analytica priora II [3] : Attesté par Jean Philopon. ( Comp. ( 1 )] . (9 ) Analytica posteriora [ 4 ] : Fragments chez Thémistius, Philopon et Eustrate. Cf. 32 P. Moraux , Le Commentaire d'Alexandre d’Aphrodise aux « Seconds Analytiques » d'Aristote , coll. « Peripatoi » 13, Berlin 1979, VIII- 158 p. Les Arabes semblent n'avoir connu le commentaire d'Alexandre qu'à travers les citations de Thémistius et Jean Philopon. Voir 33 H. Gätje et G. Schoeler, « Averroes' Schriften zur Logik. Der arabische Text der Zweiten Analytiken im Grossen Kommentar des Averroes» , ZDMG 130, 1980, p. 565-566. ( 10) De sophisticis elenchis : Le commentaire publié par Wallies, CAG II 3 , 1898 , n'est pas authentique ; il a été attribué par K. Praechter à Michel
d'Éphèse. Une version grecque est attestée par la tradition arabe. ( 11 ) Physica [ 6 ] : Fragments chez Simplicius et Philopon. Traduction arabe attestée : Endress 24 , p. 27 , 29, 37 , 38, Yaltkaya 26bis, p. XVII -XVIII, 92, Mehren 26ter, p. 402 n. 2, 34 G.A. Khan , « The Arabic Fragments in the Cambridge Genizah Collections » , MME 1 , 1986, p. 59 n. 22, qui signale un fragment dans les Collections de Cambridge de la Genizah du Caire. 34bis H. Davidson, « The principle that a finite body can contain only finite power », dans S. Stein et R. Loewe ( édit .), Studies in Jewish religious and intellectual history presented to A. Altmann, Alabama 1979, p. 77, n. y afférentes. ( 12 ) De caelo [ 7 ]: Fragments chez Simplicius et Philopon . Traduction dans 35 R.W. Sharples, « Alexander of Aphrodisias. Problems about Possibi lity II », BICS 30, 1983, p. 99-110. Une version arabe au moins partielle est attestée: voir Endress 24, p. 29, Yaltkaya 26bis, p. XVII -XVIII, 92, Mehren 26ter, p. 402 n. 2. ( 13 ) De generatione et corruptione [8] : Fragments chez Philopon . Traduction arabe attestée. Les fragments conservés dans le ms. Chester Beatty 3702, fol. 168V, ont été édités et traduits par 36 A.A. Ghorab, « The Greek Commentators on Aristotle quoted in Al -` Amiri's “ as -sa'āda wa’l- Is'ād ” » , dans 37 S.M. Stern , A. Hourani et V. Brown ( édit.), Islamic philosophy and the classical tradition (Mélanges R. Walzer), London 1972, p . 81-82. Voir aussi : le fragment (sur Aristote , De gen. et corr. 330 b 30-32, croyons-nous) signalé dans 38 A. Dietrich , Medicinalia arabica. Studien über arabische medizinische Hand schriften in türkischen und syrischen Bibliotheken, AAWG III. Folge, nº 66 , Göttingen 1966 , p. 181-182 ; les thèses attribuées à Alexandre par Averroès dans 39 S. Kurland ( trad .), Averroes on Aristotle's De generatione et corruptione. Middle Commentary and Epitome, translated from the original Arabic and the Hebrew and Latin versions, with notes and introduction by S.K. , coll. « Corpus Commentariorum Averrois in Aristotelem , Versio Anglica » IV 1-2, Cambridge (Mass.) 1958 , p. XV-XVI , 34-39, 74, 76-77, 117 , 137 ; une remarque d'Ibn Sab'in , dans Yaltkaya 26bis , p. XVII -XVIII, 93, et Mehren 26ter , p. 403 n. 2. Un texte arabe d'Alexandre (D 19), transmis également dans la version latine de Gérard de
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Crémone ( éditée par 40 G. Théry, Autour du décret de 1210, II : Alexandre d'Aphrodise, Aperçu sur l'influence de sa noétique, coll. « Bibliothèque thomiste » 7, Le Saulchoir, Kain 1926, p. 99-100 ), avait été identifié par Dietrich comme un extrait de ce commentaire. Ruland l'a maintenant édité comme une paraphrase de Quaestio I 5. Voir plus loin Quaestiones, b. ( 14 ) De anima: Fragments ou témoignages chez Simplicius , Thémistius, Philopon, Pseudo -Philopon, In De anima III (CAG XV = Étienne d'Alexandrie, selon R. Vancourt). Comme le remarque 41 H. Gåtje, Studien zur Überlieferung der aristotelischen Psychologie im Islam , coll. « Annales Universitatis Saraviensis» , Reihe: Philosophische Fakultät, Bd 11 , Heidelberg 1971, p. 69-73 et 26, il n'est pas certain qu'une traduction arabe du commentaire au De anima ait existé. Sur ce commentaire, voir, en outre, 42 H.J. Blumenthal, « Alexander of Aphrodisias in the later Greek commentaries on Aristotle's De anima » , dans Wiesner 29, p. 90-106 . ( 15 ) Alexandre, In De anima, p . 69, 20 Bruns, renvoie à un commentaire du De memoria, voire de l'ensemble des Parva naturalia . Dans In Top ., p. 187, 8 Wallies, il semble faire allusion à un commentaire sur l'Éthique à Nicomaque. Voir Sharples 9 , p. 1186. Ibn Sab'in ( 1217 ou 18 – 1269 ou 71 ) évoque des divergences entre Alexandre et Aristote dans « le livre de l'éthique » et dans « son Livre sur les plantes» : Yaltkaya 26bis , p. XVII XVIII, 93 , Mehren 26ter , p. 402-403 n. 2. III. Euvres personnelles conservées en grec ( 16 ) lepi yuxñs ( De anima) [ 10] : Ivo Bruns, Suppl. Arist., II 1 , 1887 , p. 1-100 . Cf. 43 A.P. Fotinis ( trad . ), The « De anima » of Alexander of Aphrodisias : a translation and commentary , Ph.D. Marquette University, 1978, 356 p. Traduction arabe attestée: Gätje 41 , p. 69-70 . 44 A. Günsz, Die Abhandlung Alexanders von Aphrodisias über den Intellekt. Aus handschriftlichen Quellen zum ersten Male herausgegeben und durch die Abhandlung " Die Naslehre Alexanders von Aphrodisias und ihr Einfluss auf die arabisch jūdische Philosophie des Mittelalters " , eingeleitet, Diss. Berlin 1886, 42 et 16 p. , édite une partie de la traduction hébraïque faite sur l'arabe. Celle -ci a d'ailleurs été utilisée pour l'établis sement de l'édition Bruns, où l'on trouvera , de plus, la traduction (par Steinschneider) de nombreux passages de la version hébraïque. Voir en outre 45 P. Donini, « Aristotelismo e indeterminismo in Alessandro di Afrodisia » , dans Wiesner 29 , p. 72-89 ; et 46 H.A. Davidson, « Alfarabi and Avicenna on the Active Intellect» , Viator 3, 1972, p. 109-178. ( 17 ) Tepi elpappévns (De fato ) : Ivo Bruns, Suppl. Arist. , II 2, 1892, p. 164 212 .
Éditions plus récentes : Thillet 1 , p. 1-76 ; 47 R.W. Sharples ( édit. et trad . ), Alexander of Aphrodisias, On Fate , London 1983. Compte rendu par 48 J. Dillon , JHS 105, 1985, p. 195 196. Voir aussi 49 Dorothea Frede, « Could Paris (son of Priam ) have chosen otherwise ? A discussion of R.W. Sharples, Alexander of Aphrodisias : de Fato », OSAPh 2, 1984, p. 279-292, et la réponse : 49a R.W. Sharples, « Could Alexander ( Follower of Aristotle) have done better ? A Response to Professor Frede and others» , OSAPh 5 , 1987 , p. 187-216. La version latine anonyme [Guillaume de Moerbeke ?) a été éditée par 50 P. Thillet ( édit. ), Alexandre d'Aphrodise, De fato ad imperatores, Paris 1963. Sur l'importance de cette traduction pour l'établissement du texte, voir 51 id ., « Éléments pour l'histoire du texte du De Fato d'Alexandre d'Aphrodise », RHT 12-13, 1982-1983, p. 13-56. 52 P.L. Donini, « Il “ De Fato ” di Alessandro . Questioni di coerenza » , ANRW II 36, 2, Berlin 1987, p. 1244-1259. Voir aussi Vuillemin 23bis. ( 18) Hepi uitews ( De mixtione) ou plutôt: Hepi xpágewç xai aŭEńoews : Ivo Bruns, Suppl. Arist., II 2 , 1892, p. 213-238 .
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Édition plus récente : R.B. Todd ( édit.) 7, Alexander of Aphrodisias on Stoic physics. A Study of the De mixtione withpreliminary essays, text, translation and commentary, coll. « Philosophia Antiqua » 28, Leiden 1976, XIV-272 p. (I : Introduction, p. 1-20 ; II : « A. of A.and the Stoic theory of total blending », p. 21-88 ; III: « The De mixtione », p. 90-253 ; Bibliographie : p. 254-263. La troisième partie comprend notamment une introduction, une analyse du traité, le texte ( celui de Bruns, amendé ), une traduction anglaise et un commentaire ). Voir également 53 E. Montanari, « Per un'edizione del lepi xpacewç di Alessandro di Afrodisia » , AATC 36, 1971 , p. 17-58. ( 19) Ovoixőv oxol1( x )āv ánoptāv xal aúoewV B162ía y ' (69 questions): Ivo Bruns, Suppl. Arist ., II 2 , 1892, p . 1-116. Quaest. II 4, II 5, et III 13, sont aussi éditées dans Sharples 47. Traductions: Quaest. I 4, dans 54 R.W. Sharples, « An Ancient Dialogue on Possibility ; Alexander of Aphrodisias, Quaestio I. 4 », AGPh 64, 1982, p. 23-38; Quaest. I 18, dans Sharples 35 ; Quaest. I 19, dans Sharples 20 ; Quaest. I 23 , dans Sharples 35 ; Quaest. II 4, dans Sharples 47 ; Quaest. II 5, dans Sharples 47; Quaest. II 12, dans 55 R.B. Todd, « Alexander of Aphrodisias and the Alexandrian Questiones II. 12 », Philologus 116, 1972, p. 293-305 ; Quaest. II 15 (conservé aussi en arabe : voir infra Quaest. e), dans Sharples 20 ; Quaest. II 20, dans Sharples 35 ; Quaest. II 22, dans 56 R.W. Sharples, « If what is earlier, then of necessity what is later ? Some ancient discussions of Aristotle, De generatione etcorruptione 2. 11 », BICS 26, 1979, p. 27-44 ; Quaest. III 5, dans Sharples 56 ; Quaest. III 11 , dans 57 R.B. Todd, « Alexander of Aphrodisias on De Interpretatione 16 a 26-29 », Hermes 104, 1976, p. 140-146 ; extraits de Quaest. III 12, dans 58 R.B. Todd, « Alexander of Aphrodisias and the Case for the Infinite Universe (Quaestiones III . 12) », Eranos 82 , 1984 , p . 185-193 ; Quaest . III 13 , dans Sharples 47 . Plusieurs quaestiones sont également conservées en version arabe : (a) Traité d'Alexandre d’Aphrodise : des choses communes et universelles, qu'elles ne sont pas des essences existantes D 17 = Quaest. I 11a ( 38 : peut-être identique à 29a, voir infra, notre n° 53) . Édité et traduit dans 59 H.-J. Ruland, Zwei arabische Fassungen der Abhandlung des Alexander von Aphrodisias über die universalia ( Quaestio I 11 a), NAWG 1979, Nr 10, 32 p. et deux planches photographiques. Il existe par ailleurs une autre version arabe de ce texte d'Alexandre : voir infra Quaest. c. ( b) Traité d'Alexandre d'Aphrodise : que la croissance et l'accroissement se produisent dans la forme et non dans la matière D 19 = Quaest. I 5. Édité par Badawi 15, p. 51-52 ; édité et traduit dans 60 H.-J. Ruland, Die arabische Übersetzung der Schrift des Alexander von Aphrodisias über das Wachstum , NAWG 1981 , Nr 2, 24 p. et deux planches photographiques. Dietrich présentait ce texte comme un extrait du commentaire sur De gen. et corr. I 5. Version latine éditée dans Théry 40, p. 99-100, et Ruland 60. (c) Traité d'Alexandre d'Aphrodise : que le vivant universel ou bien n'est rien , ou bien sa génération est postérieure (sur Aristote,De anima I 1 , 402 6 7] D 3 = Quaest .I 11a. Édité par 61 A. Badawi, Aristū 'inda 'l-'Arab, coll. « Dirāsāt islāmiyya » 5 , Le Caire 1947 ( réimpr. Beyrouth 1978), p. 279, 16–280. Traduit par Badawi 16 , p. 155, 27–156. Ce traité a été toutefois plus clairement identifié dans l'édition et la traduction de Ruland 59. Il existe une autre version arabe de ce texte d'Alexandre ( voir Quaest. a). Voir en outre 62 M.M. Tweedale, « Alexander of Aphrodisias' Views on Universals », Phronesis 29, 1984, p. 279-303 . (d) Traité d'Alexandre d'Aphrodise : que celui qui éprouve du plaisir peut en même temps devenir triste, selon l'opinion d'Aristote D 5 = Quaest. I 12. Édité par Badawi61 , p . 283, traduit par Badawi 16, p. 159-160. (e) Traité d'Alexandre d'Aphrodise : qu'une même puissance peut recevoir les contraires ensemble, selon l'opinion d'Aristote D 6 [35 ] = Quaest. II 15. Édité par Badawi 61 , p. 284 285 , traduit par Badawi 16, p. 161-162. ( f) Traité d'Alexandre d'Aphrodise : que l'engendré, quand il < change à partir de sa privation > , change aussi en même temps à partir de son contraire, selon l'opinion d'Aristote D 7 = Quaest. II 11. Édité par Badawi 61, p. 286-288 , traduit par Badawi 16, p. 163-164.
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( g) Traité d'Alexandre d'Aphrodise : de la couleur, ce qu'elle est selon l'opinion d'Aristote D 12 (16 ) = Quaest. I 2 ( comp. aussi Mantissa, p. 147, 26–150, 18) . Édité et traduit dans 63 H. Gätje, Die arabische Übersetzung der Schrift des Alexander von Aphrodisias über die Farbe, NAWG 1967, Nr 10 , p. 341-382 , et quatre planches photographiques. (h) Ce qu'Alexandre d'Aphrodise a extrait de l'ouvrage d'Aristote intitulé « Théologie » – ce qui signifie le discours sur la souveraineté divine D 27 (41). Contient 20 propositions de la Stoich . theol. de Proclus (les sections ayant pour titres, p. ex ., Section établissant les formes spirituelles immatérielles - voir plus loin notre n° 61 - ou Section sur la cause première), mais aussi cinq traités d'Alexandre : quatre d'entre eux correspondent aux Quaest. f, k, l, m, le cinquième à notre n° 35. Des fragments de ce recueil ont circulé séparément. Aux mss indiqués par Endress 17, dernier éditeur et traducteur des propositions susmentionnées de Stoich. theol., on ajoutera les extraits signalés par Khan 34, p. 60 n. 23. Sur le rapprochement dans certains mss arabes de traités d'Alexandre et de propositions des Éléments de théologie de Proclus, le tout attribué à Alexandre et qualifié parfois d'extraits de la Théologie d'Aristote , voir Endress 17 , et 64 F.W. Zimmermann, « The origin of the so -called Theology of Aristotle » , dans J. Kraye, W.F. Ryan et C.B. Schmitt ( édit. ), Pseudo - Aristotle in the Middle Ages. The " Theology " and other texts, coll. « Warburg Institute Surveys and Texts » 11 , London 1986, p . 110-240. (1) Traité d'Alexandre d'Aphrodise : des contraires, et qu'ils sont les principes des choses, selon l'opinion d'Aristote D 22 [ 32] = Quaest. I 16 [ Zimmermann /Brown 14, p. 319 nº 8 ont par erreur I 14] . Édité par Badawi 15, p. 47-50 . (1) Traité d'Alexandre : de la matière, de la privation, de la génération. Solution d'un problème posé par quelques Anciens qui refusaient ainsi la génération < telle que l'expose > le livre d'Aristote sur la Physique D 20 [37] = Quaest. I 24 (cf. Phys. I 8, 191 a 23). Édité par Badawi 15, p. 44-46. Voir en outre 65 H. Daiber, « New Manuscripts Findings from Indian Libraries », MME 1 , 1986, p. 37, nº 130 . (k) De la puissance qui s'exerce à partir du mouvement du corps éminent vers les corps soumis à la génération et à la corruption vE 34 [47] = Quaest. II 3. (1) Que la formen'a pas pour substrat la matière VE 32 = Quaest. I 8. ( m ) Du monde, laquelle de ses parties a besoin, pour sa persistance et sa continuité, de la direction d'autres parties vE 33 (25) = Quaest. II 19. (n) Traité d'Alexandre d'Aphrodise : de la perception sensible et comment elle sefait, selon la doctrine d'Aristote D 14 [46 ? voir infra notre n° 52] = Quaest. III 3. Édition et traduction : 66 H.-J. Ruland, Die arabische Übersetzung der Schrift des Alexander von Aphrodisias über die Sinneswahrnehmung, NAWG 1978 , Nr 5, p . 159-225 ( = 1-67) et 7 planches photo graphiques. Traduction latine de Gérard de Crémone dans Théry 40, p. 86-91 , et Ruland 66 , p . 212-225. (0) Traité d'Alexandre d'Aphrodise : que la matière est autre que le genre, ce qu'ils onten commun et ce qui les différencie D 24 [ 13 = 36] = Quaest. II 28 [ Zimmermann /Brown 14 , p . 319, n° 10, ont par erreur II 27) . Édité par Badawi 15 ,p . 52-55 . Voir en outre Endress 24 , p . 39-41 . (p ) Alexandre a dit : "Le mobile qui se meut sur une certaine grandeur se meut- il, au début de son mouvement, sur la première partie de cette grandeur, ou non? ” D , 2 = Quaest. I 22 (= Badawi 61 , p . 278–279, 5) et 21 (= Badawi 61 , p. 279, 5–279, 16) . Édité par Badawi 61 , p. 278-279, traduit par Badawi 16, p. 154-155 . Sur l'identification avec les Quaest. I 22 et 21 , voir Ruland 59, p. 247 (5 ). (20) 'Heixőv apobanuárov a ' : Ivo Bruns , Suppl. Arist. , II 2 , 1892, p . 117 163 . Voir 67 A. Madigan , « Alexander of Aphrodisias : The Book of Ethical Problems» , ANRW II 36, 2, Berlin 1987, p. 1260-1279 ; 68 R.W. Sharples, « Ambiguity and oppo sition . Alexander of Aphrodisias, Ethical problems II », BICS 32, 1985 , p. 109-116 . Un Traité sur les vertus mentionné par Fabricius serait identique, selon Sharples 9, p. 1197 , à Problem . Ethic. 25 .
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( 21 ) De anima liber alter, également appelé Mantissa : Ivo Bruns, Suppl. Arist., Π 1 , 1887 , p. 101-186. Vingt - cing ( ou vingt-sept, si l'on divise comme le ms . V le Περί νου en trois) courts traités attribués à Alexandre. L'authenticité de plusieurs traités a été contestée . 1. 2. 3. 4. 5. 6.
Περί ψυχής, 101 , 1-106 , 17. Περί νού , 106 , 18-113, 24. " Ότι ασώματος ή ψυχή, 113, 25-118 , 4 . " Οτι πλείους αι της ψυχής δυνάμεις και ου μία , 118, 5-119, 19. " Οτι ουκ εν υποκειμένω η ψυχή , 119, 20-122 , 15. “ Ότι αι ποιότητες ου σώματα , 122, 16-125 , 4.
7. Προς τους μηδέν των τεττάρων σωμάτων και στοιχεία λέγομεν κατ ' ιδίαν υφίστασθαι λέγοντας , 125, 5-126 , 24 . 8. “ Ότι ο αήρ φύσει θερμός , 126, 24-127 , 26.
9. Προς τους δι ’ ακτίνων λέγοντας γίνεσθαι το οράν, 127 , 27-130, 12 . 10. Προς τους διά της του αέρος συνεντάσεως το οράν ποιoύντας , 130 , 13-134 , 27. 11. Προς τους διά της των ειδώλων έμπτώσεως το οράν λέγοντας γίνεσθαι, 134 , 27-136, 28 . 12. Προς τους διά της απορροίας της απ' αμφοίν το οράν λέγοντας, 136 , 29-138 , 2. 13. "Οτι μη σώμα το φώς , 138, 3-139 , 28 . 14. " Οτι σώμα διά σώματος αδύνατον διήκειν , 139, 29-141, 28 . 15. 16. 17. 18. 19. 20. 21. 22. 23. 24.
Πώς κατά 'Αριστοτέλη το οράν γίνεται , 141, 29-147 , 25 . " Ότι το χρώμα πέρας του διαφανούς , 147 , 26-150 , 18. Τών παρά 'Αριστοτέλους περί του πρώτου οικείου, 150, 19-153 , 27 . "Ότι αντακολουθούσιν αι αρεται , 153, 28-156 , 27 . “ Ότι φύσει το δίκαιον , 156, 28-159, 14. " Οτι ουκ αυτάρκης η αρετή πρός ευδαιμονίαν, 159 , 15-168 , 20 . “ Ότι μή έτερον τώ είδει το θήλυ και το άρρεν , 168, 21-169, 32. Tών παρά 'Αριστοτέλους περί του εφ ' ημίν (1 ) , 169 , 33-172 , 15. Tών παρά 'Αριστοτέλους περί του εφ ' ημίν (ΙΙ ), 172, 16-175 , 32. Περί τύχης, 176, 1-179, 23 .
25. Περί ειμαρμένης , 179, 24-186 , 31 . Traduction du traité 2: 69 P. Moraux , Alexandre d'Aphrodise : Exégète de la noétique d'Aristote, coll. « Bibliothèque de la Faculté de philosophie et lettres de l'Université de Liège » 99 , Liege/ Paris 1942, p . 185-194. Édition et traduction des traités 22-25 (p. 169 , 33-186, 31 Bruns) dans Sharples 9. Le traité 22 avait déjà été traduit et commenté dans 70 R.W. Sharples, « Responsability, chance and not-being (Alexander of Aphrodisias mantissa 169-172) », BICS 22 , 1975 , p. 37-64. Les versions arabes sont « utiles en certains cas à l'émendation du texte grec » . Voir Thillet 1 , p . LXV n . 3 . (a) Traité d'Alexandre d'Aphrodise sur l'intellect selon l'opinion d'Aristote D 21 [24] = Mantissa, p . 106 , 18–113 , 24 Bruns (nº 2) . Édition de la version arabe : 71 J. Finnegan, « Texte arabe du Περί νού d ' Alexandre d' Aphrodise », MUSI 33 , 1956, p. 157-202; Badawi 15 , p. 31-42 . Version latine : Thery 40, p. 74-82. Voir en outre Daiber 65 , p. 30, n° 28 ; Davidson 46 ; 72 J. Jolivet, L'intellect selon Kindi, coll. « Publications de la Fondation De Goeje » 22, Leiden 1971 , index, p. 165, s.v. « Alexandre d'Aphrodise » ; 73 R. Mach , Cata logue ofArabic Manuscripts (Yahuda section ) in the Garrett Collection. Princeton University Library, Index by R.D. McChesney, Princeton, New Jersey 1977, p. 255 , n° 2992.
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(b ) Traité d'Alexandre d’Aphrodise : réfutation de ceux qui disent que la vision se fait par des rayons venant de l'ail D 13 (mais Dietrich confond ce traité avec Mantissa, p. 141-147 : infra c. Voir Gätje 41, p. 141 ) ( 15) = Mantissa , p. 127 , 27-130 , 12 (n° 9). Édité par Badawi 15 , p. 26-30 . (c) Traité d'Alexandre d'Aphrodise sur la manière dont se fait la vision selon la doctrine d'Aristote = Mantissa, p . 141-147 (nº 15) (à distinguer de Mantissa, p. 127 , 27–130, 12 (supra b ) ]. Édité et traduit dans Gätje 41, 174 p., surtout p. 140-174. ( d ) Traité d'Alexandre sur la capacité D 25 (31 ) = Mantissa, p. 172-175 (n° 23). Édition partielle par Badawi 15, p. 80-82. Édition et traduction dans 74 H.-J. Ruland, Die arabischen Fassungen von zwei Schriften des Alexander von Aphrodisias. Über die Vorsehung und über das liberum arbitrium , Diss. Saarbrücken 1976 , 236 p. Voir en outre Kraemer 31, p. 296 n . 73 . (e) Que les qualités ne sont pas des corps ( 30 ; Sharples 9, p. 1197, a , par erreur, 31 ) . Cf. Mantissa, p. 122, 16–125, 4 (n° 6 ). Seul le titre est conservé en IAU. IV . Euvres personnelles conservées seulement en arabe (22) Nepi npovoías [ 12] : Citations chez Cyrille d'Alexandrie (Sharples 9 , p. 1188 , a, par erreur, Cyrille de Jérusalem ).
D 18 : Traité d'Alexandre d'Aphrodise dans lequel il expose et éclaircit l'opinion de Démocrite, d'Épicure et de tous les autres philosophes modernes sur la Providence. Édition et traduction dans Ruland 74, et dans 75 P. Thillet, Alexandre d'Aphrodise . Thèse pour le Doctorat d'État, Paris 1979 (Bibl. de la Sorbonne: W 1980 ( 10 1-7 ) 49), vol. 4-5 : Traité de la Providence. Version arabe d'Abū Bišr Mattā ibn Yūnus. Il existe par ailleurs une autre version arabe d'une partie de ce texte d'Alexandre (notre n° 30 ). Voir en outre 76 S. Pines, « Addenda et corrigenda (to “ Un texte inconnu d'Aristote en version arabe” )», AHMA 26, 1959, p. 295 299, repris dans 77 Studies in Arabic versions of Greek texts and in Mediaeval science, coll. « The collected works of Shlomo Pines » 2, Leiden 1986, p. 196-200 : "Le traité De la providence attribué à Alexandre d’Aphrodise ” ; 78 P. Thillet, « Un traité inconnu d'Alexandre d'Aphrodise sur la Providence dans une version arabe inédite », dans L'homme et son destin d'après les penseurs du Moyen Age (Actes du ſer Congrès international de philosophie médié vale (Louvain /Bruxelles 1958 )], Louvain /Paris 1960, p. 313-324 ; 79 id . , « Alexandre d'Aphrodise et la poésie », dans Wiesner 29, p. 107-119 ; 80 R.M. Grant, « Greek Literature in the Treatise De trinitate and Cyril Contra Julianum » , JThS 15 , 1964, p . 275-279 ; 81 R.W. Sharples, « Alexander of Aphrodisias on divine providence : Two problems» , CQ 76, 1982, p. 198-211 . (23 ) Traité d'Alexandre d’Aphrodise sur le temps vE 31 [ 33 ] . Texte édité par Badawi 15, p. 19-24. Zimmermann, qui souligne les ressemblances avec Phys. IV 10-14, pense toutefois qu'il ne s'agit pas d'un extrait du commentaire sur la Phys ., mais peut-être d'une partie de la Réfutation (de l'enseignement de) Galien sur le temps et le lieu dont parle le Fihrist, II 609 Dodge. Voir Zimmermann /Brown 14, p. 314-315, n° 1 ; 82 F.W. Zimmermann, « Al- Farabi und die philosophische Kritik an Galen von Alexander zu Averroes », dans A. Dietrich ( édit. ), Akten des VII. Kongresses für Arabistik und Islam wissenschaft, AAWG III. Folge, nº 98, Göttingen 1976 , p. 410 n. 49. Traduction latine (De motu et tempore) due à Gérard de Crémone éditée dans Théry 40 , p. 92-97 ; Thillet 75, vol. 6 7 : « Du Temps. Version latine faite sur l'arabe par Gérard de Crémone : édition et traduction . » Traduction du latin : Thillet 75, vol. 6-7, et 83 R.W. Sharples, « Alexander of Aphrodisias on Time » , Phronesis 27, 1982, p. 58-81 . Voir en outre 84 H.B. Gottschalk , « Aristotelian Philosophy in the Roman World » , ANRW II 36 2, Berlin 1987, p . 1168 , et Kraemer 31 , p . 169-171 . (24 ) Traité d'Alexandre d'Aphrodise : des principes du Tout selon l'opinion d'Aristote , le philosophe D 1 [ 27]
Édition ( pouvant, selon Thillet, être améliorée par le collationnement des nouveaux mss découverts ) de la version d'Ibrāhim ibn ` Abd Allāh ( faite sur la traduction syriaque de Hunayn
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ibn Isḥāq ): Badawi, 61 , p. 253-277. Traductions: Badawi 16 , p . 135-153 ; partielle dans 84bis D. Gutas, Avicenna and the Aristotelian Tradition. Introduction to reading Avicenna's philosophical works, coll. « Islamic philosophy and theology. Texts and studies » 4, Leiden / New York /København /Köln 1988 , p. 215-217 (qui pense qu'il s'agit d'un texte alexandrin tardif ); 85 F. Rosenthal, Das Fortleben der Antike im Islam , Zürich /Stuttgart 1965, p. 201 . 206 , et 86 id ., The classical heritage of Islam ( trad. par E. et J. Marmorstein ), coll. « The Islamic World » , Berkeley /Los Angeles 1975, p. 146-149. Voir en outre 87 H.V.B. Brown, « Avicenna and the Christian Philosophers in Baghdad », dans Stern 37, p. 35-48 ; Kraemer 31 , p. 176, 278-283, 288 ; Daiber 65, p. 30, n° 30, et p. 34, n° 84 ; Davidson 30bis, p. 26, 237 , 267 ; Mach 73, p. 255, n° 2993. Une partie de ce traité est identique à celui que nous mentionnons plus loin sous le n° 37. (25 ) Réfutation de la critique de Galien contre la thèse d'Aristote que tout mobile ne peut se mouvoir que par un moteur D 28 (21 ) . Édition et traduction : 88 N. Rescher et M.E. Marmura, The Refutation by Alexander of Aphrodisias of Galen's Treatise on the Theory of Motion , Islamabad ( 1965 ), X- 178 p. , 27 planches photographiques; 2e éd . London 1971. C.r. de l'ouvrage par 89 J. van Ess, Erasmus 24, 1972, p. 580-583, et par 90 V. Brown, JAOS 1972, p. 152-154. Voir en outre Brown 87 ; 91 J.C. Bürgel ( édit.), Averroes " Contra Galenum " . Das Kapitel von der Atmung im Colliget des Averroes als ein Zeugnis mittelalterlich -islamischer Kritik an Galen . Eingeleitet, arabisch herausgegeben und übersetzt, NAWG 1967, p. 283 n. 1 ; Gottschalk 84 , p. 1168 1169, 92 S. Pines, « Omne quod movetur necesse est ab alio moveri : A Refutation of Galen by Alexander of Aphrodisias and the Theory of Motion » , Isis 52, 1961 , p. 21-54, repris dans 77 , p . 218-251 . (26) Traité d'Alexandre d'Aphrodise : réfutation de Xénocrate, sur la < question > que l'espèce est antérieure au genre , et antérieure à lui d'une antériorité naturelle . D 4 ( 39 ? ] . Texte édité par Badawi 61 , p. 281-282. Traduction et commentaire dans 93 S. Pines, « A new fragment of Xenocrates and its implications» , TAPHS 51 (2), 1961 , p. 1-34, repris dans 77 , p. 3-95. Autres traductions : Badawi 15 , p . 157-158 , 94 J. van Ess, « Abhandlung des Alexander von Aphrodisias, zur Wiederlegung der Behauptung des Xenocrates, dass die Art vor der Gattung ist und ihr auf natürliche Weise vorgeordnet» , AGPh 55 , 1973 , p . 188-190 . Voir aussi 95 M. Isnardi Parente , Senocrate - Ermodoro - Frammenti, coll. « La Scuola di Platone » 3, Napoli 1982, p. 350-353 (et le fr. 121 ). (27 ) Réfutation de la thèse de Galien sur le possible D 11 [22] . Photographie du début (seul conservé) dans Rescher et Marmura 88, p . 153. Traduction ibid. , p. 69-70, et 96 N. Rescher, « Temporal Modalities in Arabic Logic », Foundations of Language, Suppl. ser. 2, 1967, p. 46-48. Il s'agirait d'une réfutation du Tepi Suvátou de Galien, selon Bürgel 91, p. 283 n. 1. Selon cette étude, la critique de Galien que l'on rencontre dans l'Islam remonterait à Alexandre par le biais de Färābi. L'influence d'Alexandre sur Fārābi est cependant minimisée par Zimmermann 82, p. 401-414 . (28 ) Traité d'Alexandre d'Aphrodise sur la conversion des prémisses vE 36 [ 11 ] . Édition : Badawi 15, p. 55-80. Concerne An. Pr. I 2-3 et est notamment dirigé contre le mégarique Eubulidès ( le passage est omis dans les récentes éditions des fragments des mégariques ). (29 ) Épître d'Alexandre traitant, en particulier, de la différence spécifique et de ce qu'elle est [ 17] . Édition : Dietrich 11 ; reproduit dans 97 P. Ghalioungui et S. Abdou , Maqalatan fi l- Hawass wa Masa'il Tabi'ya, Risala li l- Iskandar fi l-fasl etc. by Abd al-Latif al- Baghdadi, coll. « The Arab Heritage » 18, Kuwait 1972, p. 34, 39-42. Traduction dans Dietrich 11, qui propose aussi une rétroversion en grec due à K. Deichgräber, p. 132-135. Il semble y avoir une autre version arabe du même traité d'Alexandre : voir plus loin notre n° 34.
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(30) Traité d'Alexandre sur le gouvernement des sphères. D 15 . Édition et traduction dans Ruland 74. Ce texte n'est pas à rapprocher, comme l'a pensé Dietrich, de IAU 25 (vE 33) et 47 (vE 34). Il s'agit en réalité d'une autre version arabe ( partielle) de notre n° 22. Voir en outre Kraemer 31, p. 296, 302 ; Davidson 34bis , p. 321 , 330 . (31 ) Traité d'Alexandre sur le son vocal ( ſlepi pwvñs ) ve 37 . Édition : Badawi 15, p. 31. Il s'agirait, selon Zimmermann /Brown 14, p. 316, n° 4, d'un extrait du commentaire perdu sur le De interpretatione (voir supra nº 7). (32) Traité d'Alexandre sur la forme, qu'elle est l'achèvement et la perfection du mouvement selon l'opinion d'Aristote D 8 . Édité par Badawi 61 , p. 289-290 , traduit par Badawi 16, p. 165-166 . ( 33 ) Traité d'Alexandre : que l'acte est plus général que le mouvement selon l'opinion d'Aristote D 9. Édité par Badawi 61 , p. 293-294 , traduit par Badawi 16, p. 167-168.
( 34 ) Traité d'Alexandre : que les différences en lesquelles un genre quelconque se divise ne doivent pas nécessairement se trouver dans ce seul genre qu'elles divisent, mais qu'elles peuvent diviser plus d'un genre , ces genres ne dérivant pas les uns des autres D 10 [ 40 ). Édité par Badawi 61 , p. 295-308 et, en partie, dans Dietrich 11. Traductions: Badawi 16, p . 169-179; partielle dans Dietrich 11, p. 137-143 . Alors que Dietrich aurait tendance à distinguer, même au niveau de l'original, ce texte de celui qui a le n° 29 dans notre liste, van Ess 12, p . 154-159 (à la suite de Stern ), et Ruland 74, p. 121-122, pensent à deux versions arabes d'un même original grec . ( 35 ) Où l'on réfute la thèse de celui qui dit qu'une chose ne peut provenir que d'une autre chose et où l'on démontre que toute chose ne peut provenir que du néant D 16 ( 14 , et, peut-être, 29 (notre n° 49 ), cf. Sharples 9, p . 1197 ). C'est à ce traité que correspond le titre obscurément rendu par Steinschneider 10, p. ( 133) nº 6. Contre Galien, selon Bürgel 91 , p. 283 n. 1. Voir en outre 98 R. Sorabji, Time, creation and the continuum : theories in Antiquity and the early Middle Ages, London 1983, p. 248, et Zimmermann 64, p. 174-175, 178.
(36) Que toute cause séparée est dans toutes les choses, et non pas dans une seulement selon l'opinion d'Aristote D 29 [42*) . Sharples 9, p. 1192 (à la suite de Dietrich ), traduit le titre différemment: « That every sepa rate cause is present in everything as well as in nothing, according to Aristotle .» (37) De la sphère céleste D 26 . Il s'agit, en réalité, d'une partie de D 1 ( le n° 24 de notre liste ) : elle correspond au texte édité dans Badawi 61, p. 253, 13—257, 5 , et traduit dans Badawi 16, p. 135, 17–138 , 20. (38) Livre des remarques utiles sur ( ou tirées de) la poésie, par Aristote, le philosophe D 30 .
Se rapporterait plutôt aux Topiques, selon F.W. Zimmermann et R. Janko ( cf. Sharples 9, p. 1192 ). Voir aussi Thillet 79, p. 107-108. (39) Épître sur la cause vĘ 35. D'autres titres sont parfois donnés à ce traité dans les manuscrits : Épître sur le mouvement du Tout, Épître sur la cause et l'effet. Voir maintenant, à ce sujet, Mach 73, p. 255 , n° 2994 .
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V. Euvres apparemment totalement perdues (40) Περί της κατά τας μίξεις διαφοράς ( vel διαφωνίας ) 'Αριστοτέλους τε και των εταίρων αυτού (De la difference concernant les mélanges entre Aristote et ses disciples). Alex ., In Anal. pr. I, p . 125 , 30-31 ; 249, 38 ; 250 , 1 Wallies .
Sharples 9, p. 1196, paraphrase ainsi le titre grec : « On the disagreement between Aristotle and his associates [i.e. , particularly, Theophrastus] concerning ( syllogisms with ) mixed premisses (e.g. , one apodeictic and one assertoric ) .» Peut -être dirigé contre Galien (comp. Galien, De propr. libris, p. 123, 8 Müller ), selon Bürgel 91, p. 283 n. 1 . (41 ) Nepi Sawóvwv . Michel d'Éphèse, In Parva Naturalia, p . 83 , 27 ; 84 , 26 Wendland. Attribution suspecte . (42) Mpós tov 'Enixoúpetov Znvóbiov (RE 3 ) . Simplicius , In Phys., t. I, p . 249, 37 et 489 , 21 Diels. (43) De la mélancolie ( 18 * ) . Voir Endress 17, p. 53, et Zimmermann 64 , p. 189-190 . (44) Des genres et des espèces [ 19] . (45 ) Réfutation de Galien , au VIIIe livre de son traité de la démonstration ( 20 ). Peut- être identique à la Réfutation de l'enseignement de) Galien sur le temps et le lieu (dont parle le Fihrist, II 609 Dodge ), puisque Galien critiquait les vues aristotéliciennes sur ces questions dans le VIIIe livre de son Apodictique, ainsi que le montrent des citations de Simplicius et de Thémistius. Voir Bürgel 91 , p. 282 n. 1 , et 99 I. von Müller, « Über Galens Werk vom wissenschaftlichen Beweis », ABAW 20, 1897, p. 403-478 , notamment p. 468 s. La Réfutation de l'enseignement de ) Galien sur le temps et le lieu est cependant identifiée par Zimmermann avec notre n° 23 ( voir ce nº). (46) Des différences par lesquelles on divise les corps [23 ] . (47) De l'unité (26 * = 28 * ( c'est-à - dire notre n° 48) ?) . Voir Steinschneider 10 , p . ( 135) n° 22 .
(48 ) Opinions des philosophes sur l'unité (28 * = 26* ?] . Voir notre n° 47 . (49 ) De la genèse des formes à partir du néant [ 29] . Notre n° 35 , peut-être : voir supra . (50) Des maladies qui surviennent au cardia (44 * ). (51 ) Du genre (45 ) . (52) Traité qui contient une section du livre deux de l'ouvrage d'Aristote sur l'âme ( 46 ) .
Selon Sharples 9, p. 1197 , pourrait être une des Quaest. II 22, II 24-27, ou III 2-3 : voir supra, parmi les Quaest ., n. (53 ) De la teneur des choses générales (29a] . Ce traité pourrait être identique, selon Steinschneider 10, p . ( 133) n ° 7 au [ 38] d’IAU ( supra , parmi les Quaest ., a) . Voir cependant Gätje 12, p. 264. ( 54 ) Explication de ce qu'a dit Aristote sur la méthode de la division selon l'opinion de Platon (296 ). ( 55 ) Scholia logica ( Alexandre , In Anal. pr ., p . 250 , 2 Wallies). (56) Explication et abrégé de certains passages du De sensu et sensato ( d'Aristote ] (Scholion sur Quaest. I 2) .
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(57 ) Que l'être n'est pas homogène aux (ou ( selon une excellente conjecture de F.W. Zimmermann rapportée dans Sharples 9 , p . 1197 ) le genre des) dix catégories (Fihrist, II 609 Dodge ). (58 ) Réfutation de ( l'enseignement de) Galien sur le temps et le lieu ( Fihrist, II 609 Dodge ). Peut -être notre n° 23 ou notre n° 45 : voir supra . 100 R. Walzer ( édit. et trad .), Al- Farabi on the perfect state . Abū Nasr al Fārābi's Mabādi' ārā ' ahl al-madina al- făţila. A revised text with introduction , translation and commentary, Oxford 1985 , p . 333 , 413-420 ( surtout p . 419) , retrouve, en outre, dans la tradition arabe, les traces d'ouvrages perdus attribués , à tort ou à raison , à Alexandre . Sur les limites de la méthode de Walzer, voir le c.r. de 101 J. Jolivet, BCAI 4, 1987 , p . 100-103, ainsi que 102 H. Daiber, « Prophetie und Ethik bei Fārābi (gest. 339/950 ) », dans C. Wenin (édit. ), L'homme et son univers au Moyen Age. Actes du Septième Congrès international de philosophie médiévale (30 août - 4 septembre 1982 ) , coll. « Philosophes médiévaux » 27 , Louvain - La -Neuve 1986, p. 729-753 ; 103 id. , « The ruler as philosopher. A new interpretation of al-Fārābi's view » , MALKAW Nieuwe Reeks 49, 1986 , p. 133-149.
VI. Euvres considérées comme inauthentiques (59) Ιατρικά απορήματα και φυσικά προβλήματα . Édités en partie dans 104 I.L. Ideler, Physici et medici Graeci minores, Berlin 1841 , t. I, p. 3-80, et, en partie, dans 105 U.C. Bussemaker, Aristoteles, Opera omnia , vol. IV 1 , Paris 1857 , et 106 H. Usener, « Alexandri Aphrodisiensis quae feruntur problematorum liber III et IV », Jahresbericht über das Königl. Joachimsthalsche Gymnasium , Berlin 1859. Sur la tradition arabe, voir Daiber 26 , p. 545-546 ; id., 65, p. 27 , n ° 9 ; p . 31 , nº 43 ; p. 32, n° 63 et n° 64 ; p . 38 , n° 143 ; p . 39, n° 150 ; 107 id ., « Masā'il wa-'djwiba » . Informations supplémentaires dans Sharples 9, p. 1194, 1198-1199. (60 ) Nepi rupetov. Édité dans Ideler 104, t. I, p. 81-106 . (61) Traité établissant les formes spirituelles immatérielles [43 ] = certaines propositions de Proclus, Stoich . theol .: voir supra, parmi les Quaest., h. (62 ) Traité d'Alexandre d'Aphrodise : de la matière, qu'elle est effet et passivité D 23 ( 34) . Édité par Badawi 15, p. 42-43. Contre l'attribution à Alexandre, voir Zimmermann /Brown 14, p. 318 , n° 6, qui y ont reconnu un extrait de Proclus, Stoich . theol. 77, ainsi que Daiber 65, p. 37 n° 129. D'autres æuvres manifestement inauthentiques sont mentionnées dans Sharples 9 , p . 1197-1199 , notamment De Noi (cité par Albert le Grand ). Voir aussi Steinschneider 10, p . ( 135 ) nº 20 . VII . Fragments d'ouvrages d'Alexandre non identifiés. Références dans Sharples 9 , p. 1196. Voir aussi Dietrich 38 , p . 177 . RICHARD GOULET et MAROUN AQUAD.
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ALEXANDROS D'ÉPHÈSE
Ia
ALEXANDROS D'ÉPHÈSE, dit Aúxvoç RE 86
Parmi les célébrités d'Éphèse, Strabon mentionne le rhéteur Alexandre , sur nommé " la lampe", qu'il décrit comme historien , homme politique et poète, auteur de poèmes astronomiques et géographiques (XIV 1 , 25, p. 642 C.). Témoignages et fragments. 1 H. Lloyd - Jones et P. Parsons, Supple mentum Hellenisticum , coll. « Texte und Kommentare » 11 , Berlin 1983 , p . 9 16 (nº 19-39 ). Voir aussi 2 A. Meineke, Analecta Alexandrina, Berlin 1843, p. 371-377 . La Vita Arati II, p . 13 , 1 Martin, mentionne Alexandre d’Éphèse entre Alexandre d'Étolie et Alexandre de Lykaia comme auteur de Phainomena. Théon de Smyrne ( Expositio , p . 138 , 9 s . Hiller) cite 26 vers d'un poème astronomique ( 1 , nº 21 ) où il reconnaît l'ordre pythagoricien des sphères célestes. Il attribue ces vers à Alexandre d'Étolie. Calcidius qui les traduit (In Tim . 72, p. 120 Waszink ) les attribue à Alexandre de Milet (Polyhistór) . Mais Héraclite ( Allégories d'Homère XII 8 , p . 15 Buffière) cite les vers 9-10 comme étant d'Alexandre d'Éphèse. Cicéron (Ad Att. II 20 , 6 et II 22 , 7 , de l'année 59 [ lettres nº 47 et 49 dans l'édition chronologique de la CUF ]), après avoir lu ses livres, prêtés par Atticus, qualifie un certain Alexandre de poète inepte, mais non pas inutile ( 1 , nº 24 ). On croit qu'il s'agit d'Alexandre d'Éphèse. La plupart des fragments de ces poèmes consacrés aux continents sont conservés par Étienne de Byzance ( 1 , n° 25-33 ). Cf. 3 F. Gisinger, « Cicero und der Geograph Alexandros Lychnos von Ephesos » , PhW 49, 1929, nº 38 , col . 1167 . RICHARD GOULET.
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ALEXANDROS DE DAMAS RE 93 PIR ? A 504
MII
Philosophe péripatéticien , « qui connaissait aussi les doctrines de Platon , mais s'était attaché davantage à celles d'Aristote » (Galien , De praenotione, dédié à Épigénès, t. XIV , p . 627-628 Kühn ; p . 96-98 et p . 189 Nutton) . Le fait qu'il connaissait les doctrines de Platon n'autorise pas à l'identifier au « platonicien » homonyme , maître de Marc -Aurèle ( Pensées I 12) , qui doit être plutôt Alexandros « Pèloplaton » , de Séleucie (PIR2 A 504 ). Alexandros de Damas fut le maître du consulaire Flavius Boèthos, de Ptolémaïs de Syrie, et de Galien (Galien , loc. cit. ). Pendant le séjour à Rome de ce dernier ( automne 162-166 : voir 1 J. Ilberg, « Aus Galens Praxis. Ein Kulturbild aus der römischen Kaiserzeit » , JKPh 15 , 1905 , p . 284-293, repris dans H. Flashar [ édit. ), Antike Medizin, Darmstadt 1971, p . 361-416 ; 2 PĪR2 IV 1 , Berlin 1952, G 24 , p . 4-6 ; 3 G.W. Bowersock, Greek Sophists in the Roman Empire, Oxford 1969, p. 62-63 , 82-83 et 124-126 ), il assistait souvent à ses conférences d'anatomie , qui attiraient une société brillante : le péripatéticien Eudème; Flavius Boèthos ; le futur consul (en 168 ) et préfet de Rome L. Sergius Paulus, éminent philosophe ; le futur gendre de Marc -Aurèle, consul II en 173 , Cn . Claudius Severus; le consulaire M. Vettulenus Civica Barbarus, consul ordinaire en 157 et oncle de Lucius Verus ; des rhéteurs comme Aelius Demetrius d'Alexandrie, disciple de Favorinus (voir 4 C.P. Jones , « A Friend of
ALEXANDROS DE DAMAS
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Galen » , CQ 17 , 1967, p. 311-312 ), et le jeune Hadrianos de Tyr, promis à une belle carrière sophistique (Philostrate, V. soph. II 10 ; PIR2 H 4 ; 5 A. Birley, Marcus Aurelius, London 1966 , p . 268 ) . Au cours d'une dissection destinée à mettre en évidence les mécanismes de la parole et de la respiration, à laquelle assistaient Boèthos, Demetrius et Hadrianos, Alexandros, connu pour son esprit querelleur ( Q1Oveixia ), interrompit la séance en posant la question préalable : « Devons -nous ajouter foi au témoignage des sens ? » , ce qui le fit blâmer des cercles cultivés de Rome (Galien , De praenotione ad Epigenem , t. XIV , p. 628 629 Kühn ). Pour une traduction française de ce passage, avec une note précise sur Alexandros, voir 6 P. Moraux, Galien de Pergame. Souvenirs d'un médecin , « Collection d'études anciennes » , Paris 1985 , n° 28 , p . 81-84 (l'autre passage relatif à Alexandros est traduit n° 57 , p. 144-146 ). A l'époque où Galien remaniait son traité De anatomicis administrationibus – quinze ans, précise -t-il, après la première rédaction , soit vraisemblablement vers 178 -, Alexandros venait d'obtenir une chaire publique de philosophie péripa téticienne à Athènes (Galien , t . II, p . 218 Kühn ; traduction anglaise de Ch . Singer, Oxford 1956, p. 9 et p . 239 n. 17) ; il s'agit certainement d'une des chaires rémunérées par l'État ( salaire annuel: 10 000 drachmes) créées par Marc -Aurèle lors de son séjour à Athènes, à l'automne 176 ( Dion Cassius, 72, 31 ; Philostrate, V. soph. II 2 , t. II, p. 73 Kayser) . 7 R.B. Todd, Alexander of Aphrodisias on Stoic Physics. A study of the De mixtione with preliminary essays, text, translation and commentary, coll. « Philosophia antiqua » 28 , Leiden 1976 , p. 7 n. 31 , pense que Claudius Severus a pu recommander Alexandros à Marc - Aurèle, ce qui est possible. Il n'y a pas lieu de supposer, avec 8 P. Thillet ( édit. ), Alexandre d'Aphrodise, Traité du destin, CUF, Paris 1984, P. XXXVI-XLIX , que Galien ait confondu Alexandros de Damas et Alexandros d'Aphrodise, alors qu'il connaissait au moins le premier personnellement; la confusion constatée dans les sources arabes (voir ci- après) s'est vraisembla blement produite plus tard , quand le souvenir des deux hommes s'était obscurci. En 176 , Alexandros était certainement âgé. Il peut être mort dès 178 ou 179, car Lucien décrit une furieuse compétition entre philosophes qui eut lieu vers cette date pour une des deux chaires de philosophie péripatéticienne d'Athènes (Eunuque 2-3 ; voir 9 J.H. Oliver, « Marcus Aurelius and the Philosophical Schools at Athens» , AJPh 102 , 1981 , p . 213-225 , repris dans The Civic Tradition and Roman Athens, Baltimore /London 1983 , p . 85-96 ; 10 C.P. Jones, Culture and Society in Lucian, Harvard (Mass .)/London 1986, p. 29-30 ; aucun des deux ne fait d'hypothèse sur l'identité du péripatéticien décédé ). Quant au vainqueur de la compétition, ce ne fut sûrement pas Alexandros d’Aphrodise, qui n'obtint une chaire qu'après 198 - et peut-être dans une autre cité qu'Athènes. 11 E. Voutyras, « 'AplotOTéans xal 'ARÉEav& poç » , dans AMHTOE. TIMH ΤΙΚΟΣ ΤΟΜΟΣ ΓΙΑ ΤΟΝ ΚΑΘΗΓΗΤΗ ΜΑΝΟΛΗ ΑΝΔΡΟΝΙΚΟ [ Melanges M. Andronikos), t. I, Thessalonique 1987 , p . 179-185 et pl. 28 ( en grec, avec résumé allemand ), a récemment proposé de voir en Alexandros de Damas le dédicant à Athènes d'un hermès d'Aristote, aujourd'hui acéphale, sur lequel était gravé le distique IG II 4261 ( réédité avec photographie ): [Υ] ον Νικομ [ ά ]χου , σοφίη[ς ] επιίστορα πάσης , στησεν Αλέξανδρος θείον Αριστοτέλ[ η ] ,
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ALEXANDROS DE LIBYE « Le fils de Nicomaque, maître en toute science , Alexandros l'a érigé - le divin Aristote . »
L'écriture permet d'attribuer l'inscription à la fin du II s . et le dédicant doit être un philosophe péripatéticien. E. Voutyras hésite entre Alexandros de Damas et Alexandros d'Aphrodise, mais la première hypothèse nous paraît de beaucoup la plus probable. Les listes d'auvres d'Alexandros d'Aphrodise connues par la tradition arabe contiennent sans doute des euvres qui pourraient être d'Alexandros de Damas ou de Galien, mais leur attribution est délicate, surtout lorsqu'il s'agit de simples commentaires de traités ou de passages d'Aristote . Voir, sur ces listes , 12 A. Müller, Die griechischen Philosophen in der arabischen Überlieferung, Halle 1873 , p . 23-24 et n . 45 , p . 57 ; 13 M. Steinschneider, « Die arabischen Übersetzungen aus dem Griechischen » , Centralblatt für Bibliothekswesen , Beiheft 12 , Leipzig 1893 , p. 93-97 ; Thillet 8 , p . LII - LXXIII ; 14 A. Badawi, La transmission de la philosophie grecque au monde arabe, coll . « Études de philosophie médiévale » 56 , Paris 1987 , p . 109-114 ; 15 R.W. Sharples , « Alexander of Aphrodisias : Scholasticism and Innovation » , ANRW II 36 , 2 , Berlin 1987 , p. 1182-1199. En l'état actuel de nos connaissances, aucune œuvre ne semble pouvoir être attribuée sûrement à Alexandros de Damas. SIMONE FOLLET. 115
ALEXANDROS DE LIBYE
III ?
Auteur, selon Porphyre ( V. Plot. 16 , 3 ) , d'ouvrages que possédaient certains Chrétiens hérétiques, venus de l'ancienne philosophie ( du platonisme ?). Plotin réfutait souvent dans ces cours Adelphius , Aquilinus et leurs disciples, contre lesquels il écrivit un livre intitulé Contre les gnostiques ( Enn . III 8+V 8 +V 5+II 9). On ne sait rien d'autre sur cet auteur. Cf. H.-C. Puech , « Plotin et les Gnostiques » , dans Les Sources de Plotin , coll. « Entretiens sur l'antiquité classique » 5 , Vandæuvres/Genève 1960, p. 165 , repris dans En quête de la Gnose, t. I, Paris 1978 , p . 87 ; C. Elsas, Neuplatonische und gnostische Weltablehnung in der Schule Plotins, Berlin 1975, p . 26-27 ; L. Brisson, « Prosopographie » , p . 63 .
LUC BRISSON . 116
ALEXANDROS DE LYCOPOLIS RE 104
fl. F III
Philosophe néoplatonicien de Lycopolis en Égypte. Il fut longtemps pris pour un chrétien et un évêque de cette ville, sur le témoignage de Photius , Contra Manich. I 11. Il est le témoin , à la fin du IIIe s . , des missions successives des manichéens Papos et Thomas, qui opérèrent même des conversions dans son école . C'est pour les réfuter qu'il composa son traité « Contre la doctrine de Mani » (Ilpos tàc Mavixaiov dotac , Contra Manichaei opiniones disputatio ), sa seule æuvre connue . Édition critique . 1 A. Brinkmann (édit . ) , Alexandri Lycopolitani Contra Manichaei opiniones disputatio, Leipzig 1895 , XXX1-50 p . Le texte grec occupe les p . 3 à 40 ( il convient de citer la page, puis la ligne ). Importante introduction , où Brinkmann, après avoir indiqué brièvement l'intérêt du traité (1) , passe en
ALEXANDROS DE LYCOPOLIS
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revue les manuscrits ( II - X ) (l'édition est fondée sur le Laurentianus XXIII 9) et juge sévèrement les éditions antérieures, maintenant inutilisables (XII -XIV ). Il traite aussi de l'auteur et de son époque ( XII -XIV ) et termine par un long examen des circonstances qui nous ont valu la conservation du traité (XIV -XXXI). Les conclusions fondamentales de cette étude n'ont jamais été remises en question par la suite , ni l'édition remplacée. Index nominum , p. 41-50. Traductions. (a) Latine : 2 PG XVII, 1857 , col. 411-448 ( elle accompa gne une édition du texte grec très fautive, antérieure à Brinkmann ). ( b ) Anglaises : 3 J.B. Hawkins, Treatise of Alexander, Bishop of Lyco polis, On the tenets of the Manichaeans, ANL 14 , 1869, p . 236-266 . Cette traduction, fondée sur un texte non critique, antérieur à Brinkmann , n'est plus guère utilisable . 4 P.W. van der Horst and J. Mansfeld, An Alexandrian Platonist against dualism : Alexander of Lycopolis' treatise “ Critique of the doctrines of Manichaeus”, Leiden 1974,98 p . Élégante traduction anglaise (p . 48-97 ) fondée sur le texte de Brinkmann, auquel elle apporte quelques améliorations, et précé dée d'une importante introduction ( p. 2-47 ) qui situe Alexandre dans le mouve ment néoplatonicien et le rapproche d'Origène, disciple d'Ammonius (d'après Porphyre et Eusébe ), de Porphyre et de Hiéroclès d'Alexandrie . Les notes, nombreuses, sont souvent d'un grand intérêt. Par contre (les auteurs recon naissent eux -mêmes cette lacune, p. 4) , la valeur du traité en tant que témoignage sur le manichéisme primitif a été délibérément laissée de côté. Les pages 47-48 donnent une bibliographie de 19 titres, la plus complète à ce jour. (c ) Française : 5 A. Villey ( édit.), Alexandre de Lycopolis, Contre la doctrine de Mani, coll. « Sources gnostiques et manichéennes » , 2 , Paris 1985 , 364 p. S'efforce principalement de juger de la valeur des informations fournies par Alexandre , en les confrontant aux sources manichéennes originales, spécia lement égyptiennes (Kephalaia, Psautier, Homélies ).
Index verborum. Brinkmann 1 , p . 41-50. Bibliographie. Van der Horst et Mansfeld 4, p. 47-48, ont regroupé toute la documentation disponible jusqu'en 1974. On ne peut guère y ajouter depuis que 6 C. Andresen , « Die gemeinsame Abwehrfront von Christen und Neupla toniker gegen Manichäismus » , TRE III, 1978, p. 70 , où l'œuvre d'Alexandre est située dans le contexte d'un « front commun » des chrétiens et de la philosophie néoplatonicienne contre la doctrine issue de l'Iran sassanide. Voir également la bibliographie de 7 L. Deitz, « Bibliographie du platonisme impérial antérieur à Plotin : 1926-1986 », ANRW II 36 , 1 , Berlin 1987, p . 138 . Témoignages. Le seul connu est celui de Photius, Contra Manich . I 11 , qui cite Alexandre dans une liste d'auteurs d ' « Histoires ecclésiastiques » ayant écrit contre les Manichéens : « Titos , évêque de Bostra, Sérapion de Thmuis et Alexandre qui se vit confier la charge épiscopale de Lycopolis . » Ce rensei gnement, dénué de tout fondement historique, semble destiné, tout comme la mention Énlotpéyavtos éĘ Ćovõv qu'on trouve dans l'intitulé des manuscrits, à justifier l'insertion de ce premier traité antimanichéen connu dans un recueil de pièces analogues, écrites, elles, par des chrétiens, et dédié vers 871 à l'empereur Basile, alors en lutte contre les Pauliciens , rejetons supposés de la tige mani chéenne. Voir sur ce point Brinkmann , 1 , p . XII et XIX.
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ALEXANDROS DE LYKAIA
École. En réalité , Alexandre n'est ni évêque, ni même chrétien , en dépit d'une certaine sympathie teintée de condescendance pour le christianisme (voir le début de son traité, p. 3, sur la notion de « philosophie chrétienne » et ses paroles aimables à l'égard de Jésus, p. 24 , 1-7 ). C'est un philosophe de profession , soucieux de s'opposer à la pénétration des Manichéens dans son école, où ils ont déjà fait des conquêtes ( p. 8 , 12-16) . Brinkmann 1 , p . XII , le caractérise ainsi : « Platonis disciplinam professus non Manichaeorum modo strenuus extitis adversarius, sed christianae quoque “ philosophiae ” iudex severus sane nec tamen infensus. » Sur la position doctrinale d'Alexandre , le meilleur exposé est actuel lement celui de J. Mansfeld 4 , p. 6-47 : « Alexander and the history of Neoplatonism » . Voir aussi Villey 5 , p . 33-45 : « Esquisse de la philosophie d'Alexandre » . Datation . Brinkmann 1 , p. XIV : « Videtur scripsisse Alexandrum , si minus exeunte saeculo tertio , priore certe quarti parte. » La mort de Mani ( 277 ) mentionnée dans le traité fournit un premier élément de datation . D'autre part, aucune allusion n'y est faite à une quelconque persécution des Chrétiens ou des Manichéens, qui semblent jouir au contraire de la plus grande liberté pour répandre leur doctrine : l'écrit est donc vraisemblablement antérieur à l'édit de Diocletien de 297 contre les Manichéens.
ANDRÉ VILLEY . 117
ALEXANDROS DE LYKAIA RE 85 Auteur de Phainomena connu uniquement par la Vita II d'Aratos, p . 13 , 1 Martin . Il est associé à Alexandre d'Éphèse et Alexandre d'Étolie. Cf. J. Martin , Histoire du texte des Phénomènes d'Aratos, Paris 1956 , p . 155 , 26 . PATRICK ROBIANO .
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ALEXANDROS DE MILET, dit Polyhistór RE 88
Ia
Grammairien , auteur notamment de Doobowy Aladoxai. Fragments et témoignages. 1 FGrHist 273 avec commentaire ( voir également Addenda et Corrigenda en III A et a) . Les fragments des « Successions des philosophes » portent chez Jacoby les nº 85-93 . Études d'orientation. 2 Susemihl, t. II, p . 356-364 ; 3 Ed. Schwartz, art. « Alexandros » 88 , RE I 2, 1894 , col. 1449-1452 . D'après la Souda (A 1129 ; t. I, p. 104, 29-34 Adler = T 1 ) , « Alexandre de Milet, qui fut surnommé Polyhistôr, ainsi que Cornélius parce qu'il fut acheté par Cornélius Lentulus comme captif (à l'époque de la guerre contre Mithridate ), servit de pédagogue à ce dernier (pour l'édu cation de ses enfants) et fut ensuite affranchi. Il vivait à Rome à l'époque de Sylla (82-79) (qui lui donna la citoyenneté romaine, précise Servius (T 2)] et au -delà (xal éni táde ). Il mourut à Laurentum lors de l'incendie de sa maison. Sa femme, Hélène, en apprenant ce qui était arrivé, se pendit. C'était un grammairien appartenant au groupe des disciples de Cratès (de Mallos] ( ...).» Suétone (De gramm . 20 = T 3) lui donne comme disciple C. Iulius Hyginus [affranchi d'Auguste ) et lui attribue comme surnom non seulement celui de Polyhistôr, mais aussi « Historia » , Diogène Laërce VIII 24-36 cite longuement, à titre de doxographie pytha goricienne, un passage des Successions des philosophes ( F 93) qu'Alexandre aurait trouvé dans des « Mémoires pythagoriciens » ( év lveayopixoiç Ünouvň
ALEXANDROS DE MILET
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pasiv ). Sur ce document, voir 4 A.J. Festugière (« Les ‘Mémoires pythago riques cités par Alexandre Polyhistor » , article paru en 1937 , repris dans Études de philosophie grecque, Paris 1971 , p . 371-435 ), qui traduit les 8 25-31a ( p. 372-375) et commente le passage ; 5 M. Wellmann , « Eine Pythagoreische Urkunde des IV . Jahrhunderts v . Chr. » , Hermes 54 , 1919, p . 225-248 ; 6 A. Delatte, La Vie de Pythagore de Diogène Laërce. Édition critique avec introduction et commentaire, Bruxelles 1922, p. 198-237 ; 7 W. Wiersma, « Das Referat des Alexandros Polyhistor über die pythagoreische Philosophie », Mnemosyne 10, 1941, p. 97-112 . Ces divers auteurs ont tendance à rattacher le document à l'ancien pythagorisme. Traduction française du passage dans 8 Dumont, Présocratiques, p. 560-563. Diogène cite Alexandre à huit autres reprises (F 85-92), fort curieusement toujours au début d'une vie, à propos du nom , du père, de lapatrie ou du maître de tel ou tel philosophe (I 116 ; II 19 et 106 ; III 4 et 5 ; IV 62 ; VII 179 ; IX 61 ) . 9 W. Crönert, Kolotes und Menedemos, p . 138 , estime, non sans vraisemblance, qu'ayant eu recours à Alexandre pour enrichir sa doxographie pythagoricienne, Diogène aura voulu mettre à profit le reste de l'ouvrage en comparant quelques débuts de chapitres avec sa propre documentation . On ne trouve dans les diffé rents passages de Diogène Laërce que la mention « Alexandre » . D'après Clément d'Alexandrie (Stromate I 70 , 1 = F 94 ), Alexandre aurait également écrit un Περί Πυθαγορικών συμβόλων . Dans le parallele que fournit Cyrille d'Alexandrie (Contra Iulianum 4 , p . 133), il est précisé « Alexandre , surnommé Polyhistor ». (Voir, pour une confusion possible, la notice « Anaxi mandre de Milet » .) RICHARD GOULET. Tradition arménienne : Dans la traduction arménienne de la Chronique d'Eusébe ont été conservés cinq longs extraits d'Alexandre . L'original grec de l'extrait nº 3 a été conservé presque intégralement par Georges le Syncelle; pour les extraits nº 1 , 2, 4 , l'arménien est nettement plus complet que le grec ; l'extrait nº 5 est conservé seulement en arménien . On peut trouver le texte arménien de ces extraits, avec traduction latine et parallèles grecs dans J.-B. Aucher ( édit .), Eusebii Pamphili Caesariensis episcopi Chronicon bipartitum , Venise 1818, t. I : 1. Chronologie des Chaldéens ( p. 10-16) ; 2. Sur Babylone (p . 17-31 ) ; 3. Sur le Déluge ( p. 31-37) ; 4. Sur la construction de la tour (p. 38-42 ); 5. Sur Senecherib et Nabuchodonosor (p. 42-46 ). On dispose en outre d'une traduction allemande fondée sur un texte plus sûr, grâce à l'utilisation du ms . d'Ejmiacin , Karineanc 1683 (photographié par l'Académie Royale de Prusse en 1898, actuellement Érévan 1904) par J. Karst, Eusebius Werke, t . V : Die Chronik , aus dem Armenischen übersetzt..., coll. GCS 20, Leipzig 1911 , p . 4-15 et p. 240-242 (Zusatz - Bemerkungen 8-36) , avec , dans l'introduction du volume, un jugement critique sur les autres éditions et traductions.
JEAN -PIERRE MAHÉ.
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ALEXANDROS DE MYNDOS
ALEXANDROS DE MYNDOS RE 100
DI
Naturaliste ayant vécu au fer s . de notre ère . Sa personnalité n'a pas encore été étudiée de façon sûre . Il se situe, du point de vue chronologique, entre Juba dont il connaissait les Albuxá et Ptolémée Chennos qui le cite une fois ( Photius, Bibl. cod. 190, t. III, p . 55 , 23 s . Henry ). Son activité et sa production furent considé rables : il est connu comme zoologue, mythographe, auteur d'un traité sur l'interprétation des songes et peut- être d'un ouvrage paradoxographique, lequel est parfois attribué également à Alexandre Polyhistór. Sur la présence supposée de son nom dans un passage incertain de PHerc . 1746, fr. 5 , 4, cf. la notice « A ]dra [st ]os de Myndos » . Cf. 1 E. Oder, RAM 45 , 1890, p . 637-639 ; 2 M. Wellmann, Hermes 26 , 1891 , p . 481-566 ; 3 id ., REI 2 , 1894 , col . 1459-1460 ; 4 F. Jacoby, FGrHist 25 (A. v . Myndos ); 5 id. , FGrHist 273 (A. Polyhistor) et le commentaire aux testimonia 4-5 , p . 262 ; 6 A. Giannini ( édit .), Paradoxographorum Graecorum Reliquiae, Milano, s.d. ( 1967) , p . 164-166 ; 7 D. Del Corno (édit.) , Graecorum de re onirocritica scriptorum reliquiae, Milano 1969. Titres attestés. ( 1 ) Nepi cówv . L'ouvrage qui comprenait au moins trois livres est cité à plusieurs reprises par Élien et Athénée, mais était également connu par Plutarque (De soll. anim . ), Dionysius dans ses 'Opviolaxá, les Scho liastes sur Théocrite et Homère , enfin par Basile de Césarée (Wellmann ). Il s'agissait d'une compilation fondée sur diverses sources, notamment le commen taire d’Aristophane de Byzance au lepi cówv d’Aristote . Wellmann 2 en a recueilli les fragments et a tenté une première reconstitution du contenu . (2) Onpiaxós . Sur cet ouvrage , voir à nouveau Wellmann 2. Il traitait des morsures des animaux vénéneux et de leurs remèdes . Il semble qu'Alexandre avait abrégé le Περί βλητών και δακέτων de Sostrate . I fut une source de première importance pour Élien . (3) Muôixá. Les fragments ont à nouveau été rassemblés par Wellmann 2 qui en a étudié le contenu. Dans cet ouvrage d'au moins neuf livres ( cf. D.L. I 29 : Alexandre de Myndos = FGrHist 25 F 1 ) , Alexandre racontait des légendes relatives à des animaux . Wellmann a identifié comme deux des sources de cet ouvrage les 'Opvidlaxá de Boios et les Métamorphoses de Nicandre: il put servir de source a des ouvrages plus tardifs comme la Μεταμορφώσεων συναγωγή d'Antonin Liberalis. (4 ) 'Oveipoxpitixá. Sur l'interprétation des songes. Les trois seuls fragments conservés ont été étudiés , à la suite de Oder 1 , par Wellmann 2 et par Del Corno 7 , p . 43-44 ( édition des fragments, tous cités par Artémidore: 1 67 ; II 9 et II 66 ) , et p. 127-128 ( examen du caractère de l'ouvrage et de son authenticité ). On considère à nouveau qu'il s'agit dans cet ouvrage d'une compilation dans le style d'Alexandre. (5 ) Oauuaoiwv ouvaywyn. La définition et l'attribution de cet ouvrage posent davantage de problèmes. Wellmann 2 , p . 547-566, reconnaît dans son auteur la source dont s’est servi Élien et propose d'identifier l'ouvrage avec le traité Nepirlouç tñS 'Epu@pās Balátins ( cf. Hermes 51 , 1916 , p. 1 s . ), dont il serait plutôt, selon Giannini 6 , p . 164, un extrait. L'attribution à Alexandre de Myndos a été soutenue , en dernier lieu , par Giannini 6 , p . 164, qui n'exclut pas Alexandre
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ALEXANDROS DE SÉLEUCIE
Polyhistor ou un inconnu dont on ignorerait le nom. Pour un status quaestionis, voir Jacoby 5 , p . 262. TIZIANO DORANDI.
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III
ALEXANDROS DE PLEURON RE 84
Poète alexandrin , contemporain d'Aratos, originaire de Pleuron, en Étolie, d'où son surnom o Aitwłóc. La Souda indique qu'il est le fils de Satyros et de Stratokleia et le qualifie de grammaticos . Bibliothécaire à Alexandrie , il est chargé des tragédies et des drames satyriques . Il a fait partie de la Pléiade. En 276 , il est à la cour d'Antigone Gonatas avec Aratos et Antagoras (Vita III d'Aratos dans 1 J. Martin , Histoire du texte des Phénomènes d'Aratos, Paris 1956, p. 157 , 14) . Euvres. 2 G. Knaack , art. « Alexandros» 84 , RE I 2, 1894, col. 1447-1448, recense tous les titres connus et 3 A. Meineke, Analecta Alexandrina, Berlin 1843, p . 215-251, donne une édition des fragments. Nous avons connaissance d'un ouvrage astronomique (Phainomena ) dont il ne reste rien (Vita II d'Aratos, p. 13 , 1 Martin ; voir Martin 1 , p . 155 , 25 , et Sextus, Adv. math . VIII 204 ). PATRICK ROBIANO .
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ALEXANDROS DE SÉLEUCIE dit Pèloplaton RE 98 PIR 2 A 503 M II Sophiste et philosophe platonicien ( ?) , fils d'Alexandros, avocat de Séleucie du Calycadnos en Cilicie ( aujourd'hui Silifke). Alexandros est connu surtout par Philostrate ( V. soph. II 5 ; t . II , p . 76-82 Kayser ; traduction française d'E.J . Bourquin , Annuaire de l'Association pour l'encouragement des études grecques en France, 14, 1880 , p . 141-149 ; anglaise de W.C. Wright, LCL , London /Cambridge (Mass . ) , 1952 , p . 191-203 ) et la Souda , A 1128 (t. I , p . 104, 24-26 Adler). Riche et beau, aimant les plaisirs raffinés, il eut pour mère une femme très belle, remarquée par Apollonios de Tyane ( Philostrate , V. soph. II 5 , 1 ; cf. V. Apoll . I 13 ? ) . Il fut formé certainement en Asie – par Denys de Milet, qu'il quitta nuiuaons ( « à demi formé» ) à la mort de son père, et Favorinus, qui lui enseigna en particulier la beauté de l'expression. Il séjourna notamment à Antioche, où il affronta le sophiste Antiochos, à Rome, à Tarse et en Égypte, jusque chez les gymno sophistes. Il fut envoyé par sa ville natale en ambassade à Rome auprès d'Antonin , mais essuya une rebuffade : voir 1 E.L. Bowie , « The Importance of Sophists » , YCIS 27 , 1982 , p . 33. Plus tard , il devint secrétaire (ab epistulis Graecis) de Marc -Aurèle , alors en Pannonie (vers 170 : voir 2 H.G. Pflaum , Les carrières procuratoriennes équestres sous le Haut Empire romain , t. III, Paris 1961 , p . 1004 et 1021 ; 3 G.W. Bowersock , Greek Sophists in the Roman Empire, Oxford 1969 , p . 53-54 ; Bowie 1 , p . 45-50 et 58 ; 4 F. Millar, The Emperor and the Roman World (31 BC-AD 337 ), London 1977 , p. 6 n. 91 ). Il fit étape à Athènes et prononça, selon l'usage , un éloge de la cité, mais fut raillé par Skeptos de Corinthe, disciple d'Hérode Atticus, qui dit avoir trouvé « la boue , mais non Platon » . Hérode le compara à un « Scopélien à jeun » et reçut en retour ce compliment: « Nous, sophistes, ne sommes tous que des fragments de toi . » Hérode alors le combla de présents. Philostrate ne peut dire s'il est mort à
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ALEXANDROS DE TARSE
soixante ans ou moins, « chez les Celtes », encore secrétaire impérial, ou en Italie après avoir cessé d'exercer cette fonction, laissant un fils ou une fille. On peut rapporter à cet Alexandros avec une certaine vraisemblance plusieurs autres témoignages. D'après Philostrate (V. soph. II 9, 3) , Aelius Aristide aurait reproché à un Alexandros d'avoir hérité de l'habileté en affaires de son père et dit – familièrement - qu'il était bien le fils de son père. Quand Michel Italikos , dans un discours improvisé à Irène Doukaina, épouse d'Alexis I" Commène ( 1081-1118 ), évoque l'âge d'or de la seconde sophistique avec « les Scopéliens et les Nikétès, les Alexandros et les Dions » (Lettres et discours, éd. P. Gautier, Paris 1972 , p. 147 , où il faut rectifier l'identification d'Alexandre ), il doit penser à cet Alexandre. L'atticiste Phrynichos (Praep. soph ., s.v. vléa et 818ýn , nº 234 , p . 84 , et n° 324, p. 120 Fischer) cite deux fois des lettres du « sophiste syrien Alexandre » – sans doute le nôtre, malgré la légère inexactitude géographique. Marc - Aurèle (I 1 , 12) évoque aussi « Alexandre le platonicien » , qui lui aurait appris, dans ses propos et dans ses lettres , à ne pas toujours prétexter être trop occupé pour se dérober à ses devoirs sociaux : l'allusion aux lettres est généra lement tenue pour un indice favorable à l'identification ( voir l'édition commen tée d'A.S.L. Farquharson , t. II, Oxford 1968, p. 456) . On pourrait aussi rappro cher l'hermès élevé à Athènes par un disciple nommé Alexandros « au divin Alexandros, son maître » , surtout si , avec U. von Wilamowitz et J. Kirchner (voir le commentaire d’IG II 3819 ), on voit dans l'expression & doeï pécow du distique qui s'y trouve gravé une allusion à l'Académie ; mais il peut s'agir aussi d'Alexandros , fils de Maron , du Phalère, maître honoré par ses disciples à Athènes ( IG II ? 3793 ) . Philostrate cite plusieurs déclamations d’Alexandros Peloplaton, notamment un éloge des Scythes et de la vie nomade, remarquables pour leur art de la variatio (voir sur ce point 5 B.P. Reardon , Courants littéraires grecs des lie et IIIe siècles ap . J.-C. , coll . « Annales littéraires de l'Université de Nantes » 3 , Paris 1971 , p. 109-110 ; 6 D.A. Russell, Greek Declamation , Cambridge 1983, p. 84-86 ; 7 W. Ameling, Herodes Atticus, I. Biographie, coll. « Subsidia epigraphica » 11 , Hildesheim /Zürich /New York 1983, p. 133-135). Si l'allusion de Phrynichos (voir supra) se rapporte bien à lui, il aurait aussi écrit des lettres. Comme son maître Favorinus, il a pu être à la fois sophiste et philosophe platonicien, ce qui permet de rapprocher le passage de Marc - Aurèle cité supra . Son sumom donne une indication qui paraît aller dans le même sens ( 8 A. Birley , Marcus Aurelius, London 1966, p . 252, le présente comme « an expert on Plato » ) , bien que 9 J. Glucker (Antiochus, p . 136-137 ) y voie un simple jeu de mots : nno-náttwv, « qui façonne la boue » . Cf. 10 W. Schmid , art. « Alexandros> 98 , RE I 2, 1894 , col . 1459 ; 11 K. Gerth , art. « Zweite Sophistik » , RESuppl. VIII, 1956, n° 11 , col. 735 ; 12 A. Stein , PIR ? I , 1933 , A 503 , p . 85 ; 13 G. Anderson , Philostratus . Biography and Belles Lettres in the third century A.D. , London 1986, p . 25 , 27 , 35 , 46 , 49-52, 58 , 61 , 68 , 82-85 , 90-91 , 112-113 , 129 , 146 ; et les études citées plus haut. SIMONE FOLLET. 122
ALEXANDROS DE TARSE
VII
Alexandros, fils d'Athénodoros, fut enterré à Rome (IGUR 320 ). Rien ne permet de savoir s'il appartenait à la famille de son compatriote Athénodoros
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ALEXINOS D'ÉLIS
Calvus, le maître d'Auguste, ou encore à celle d'Athénodoros Cordylion, de Tarse également, qui vécut lui aussi à Rome à peu près à la même époque. BERNADETTE PUECH .
123 ALEXANDROS DU PHALÈRE
fl. I
Le kathègètès Alexandros, fils de Maron, honoré par ses élèves dans l'inscription d'Athènes IG II 3793 , est souvent considéré comme un philosophe : croyant que le terme kathègètès était réservé aux maîtres épicuriens, A.E. Raubitschek, Hesperia 18, 1949 , p . 99-100 , l’a rattaché à cette école et l'a identifié à l'épicurien Alexandros présent dans les Quaest. conv. de Plutarque. Cette identification a été souvent retenue. En fait, le mot kathègètès, loin de prouver l'appartenance d'Alexandros à une école philosophique, pourrait 'appliquer tout aussi bien à un rhéteur, un grammairien ou un médecin ( voir L. Robert, Inscr . Coll. Froehner, p. 56-57 ). Il n'est donc pas certain que le fils de Maron ait été un philosophe. Dans son édition des IG IT?, J. Kirchner renvoie à son propos au philosophe Alexandros de IG II 3819 , mais rien n'autorise leur identification . BERNADETTE PUECH . 124 ALEXICRATÈS
RE 3
I
Philosophe néopythagoricien, à peu près contemporain de Plutarque de Chéronée : un personnage des Quaest. conv. (VIII 8 ) dit avoir personnellement rencontré certains de ses disciples. On ne sait dans quelle partie du monde grec il enseignait. BERNADETTE PUECH . 125 ALEXINOS D'ÉLIS RE 1
IV - III
Philosophe mégarique, célèbre en son temps pour son esprit querelleur ( surnommé Le Réfutateur, “ Elenxinos " ), un des derniers représentants du courant mégarique nommément connu . Témoignages et fragments. 1 K. Döring , Die Megariker , p . 21-27 : fr. 73-86 (données biographiques) et fr. 87-95 (écrits et doctrines) . Ajouter: fr. 63 et 69 ; Sextus, Adv. Math . IX 109-110 ( suite du fr. 94 ) ; et peut- être Athénée X , 418 e, qui cite un certain Alexis , inconnu par ailleurs, et corrigé en Alexinos par Meineke (malgré Döring 1 , p. 122, qui ne peut croire « qu'un homme comme Alexinos » ait écrit un traité Tepi aŭtapxeias). Les témoignages sur Alexinos sont assez nombreux ; certains remontent à Hermippe (cité par D.L. = fr. 74 , et par Athénée = fr. 91 ), à Héraclide ( fr. 84) et à Dioclès ( fr. 81 ) . On trouve son nom chez Philodème ( fr. 88 , 89) et dans des papyrus d'Herculanum (fr. 69 , 75 ). Le reste est dû pour l'essentiel à Diogène Laërce, mais aussi à Cicéron, Fronton , Plutarque, Stobée, Aristoclès et Sextus. 2 G. Giannantoni, Socraticorum reliquiae, t. I, p . 61-68, fr. II C 1-19 . Traductions . Italienne : 3 L. Montoneri, I Megarici. Studio storico critico e traduzione delle testimonianze antiche, coll . « Symbolon » 2, Catania 1984 , p . 266-273 ; voir aussi Introduction , p . 113-121 . Française : 4 R. Muller, Les Mégariques, p. 33-37 . En raison de sa difficulté particulière,
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ALEXINOS D'ÉLIS
le fr. 88 a été exceptionnellement traduit en allemand par Döring 1 , p. 118-119 ; nouvelle reconstitution , traduction et commentaire du même passage par 5 F. Longo Auricchio , « I filosofi megarici nella ' Retorica' di Filodemo » , CronErc 5 , 1975 , p. 77-80 (cf. 6 ead. , dans F. Sbordone [édit. ) , Ricerche sui papiri ercolanesi, t. III, Napoli 1977 , p. 135-137 et p. 143-145 ; 7 ead. , « I Megarici nei papiri ercolanesi», CronErc 15 , 1985 , p . 188 ; 8 ead. [édit . ) , Ermarco, Frammenti, coll. « La Scuola di Epicuro » 6, Napoli 1988 , p . 151 157 , et le fr. 36) . Le fr. 75 a été partiellement reconstitué et commenté par 9 W. Crönert , Kolotes und Menedemos, p . 19-20 , et par 10 E. Spinelli , « Metrodoro contro i dialettici ? » , CronErc 16, 1986, p. 37 s. Datation . Döring 1 , p . 116 , s'appuie sur les fr. 91 ( Alexinos auteur d'un péan en l'honneur de Cratère) et 88 ( polémique d'Hermarque contre un traité De l'éducation d'Alexinos) pour situer la vie d'Alexinos au plus tôt dans les décennies qui précèdent et suivent l'an 300 °. Les démêlés du mégarique avec Ménédème ( fr. 82-85 ) peuvent se situer aussi bien à Mégare lors de la présence du dernier nommé auprès de Stilpon (à partir de 317/6 ; cf. fr. 170-173 ) que plus tard à Élis (patrie d'Alexinos, qui paraît y être retourné avant de partir pour Olympie, cf. fr. 73-74 ; Ménédème, de son côté, y séjourne jusque vers l'an 300a pour fréquenter l'école fondée par Phédon ). Il ressort de tout cela qu'on peut avec quelque vraisemblance faire d'Alexinos un contemporain de Ménédème ( 339-265 ) . Euvres . Trois titres sont mentionnés dans les fragments concernant Alexinos : des 'Avriypapai ( fr. 87 ), un ſepi dywyñs ( fr. 88 , li. 3-4) , et des 'Anouvnuoveópata ( fr. 90) . S'y ajoutent un péan ( fr. 91 ; cf. aussi H. Lloyd Jones et P. Parsons, Supplementum Hellenisticum , n° 40 ) et des ouvrages contre Zénon et contre l'historien Éphore ( fr. 92-94 ) . Peut -être aussi le Nepi aútap xelas mentionné par Athénée X , 418 e ( cf. ci -dessus « Témoignages et frag ments » ) . École , disciples , influence . Originaire d'Élis (fr. 73-74 ) , Alexinos est présenté par Diogène Laërce comme un successeur d'Eubulide ( fr. 73 ). Mais ni sa présence à Mégare ni son appartenance à une école ne sont expressément attestées par ailleurs. On le voit au contraire séjourner à Élis , puis se retirer à Olympie pour y fonder une école nouvelle (fr. 74) , et même polémiquer avec un mégarique notoire , Stilpon ( fr. 83 ) . Mais la notion d'école n'ayant, dans le cas de l'École de Mégare”, qu’une signification assez lâche et les libertés que prend Alexinos n'étant pas un fait isolé, son appartenance au courant mégarique doit néanmoins être maintenue : il est cité aux côtés de Stilpon et de Diodore ( fr. 76, 77) , sa réputation d'éristique et de dialecticien est bien établie ( fr. 63 , 73 , 76 , 90, 91 ; pour cette époque, ces termes désignent couramment les mégariques), et l'argument du fr. 84 est une variante du Comu, raisonnement mégarique attesté par ailleurs ( cf. fr. 64-65) . Alexinos ne s'est cependant pas occupé uniquement de dialectique, comme il est dit souvent (cf. fr. 63 ) ; voir les fr. 80, 85 , 94, ainsi que ci- dessus la liste de ses ouvrages. Et, malgré sa mauvaise réputation ( fr. 76 80 ), il ne semble pas avoir été un auteur philosophiquement insignifiant (ce qui expliquerait notamment qu'un disciple puisse encore se réclamer de lui vers le milieu du III ° s . av . J.-C. , fr. 86 ; cf. aussi fr. 75 : Alexinos cité dans une polé mique d'origine épicurienne ).
ALINUS
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Études d'orientation. Le bref article de 11 H. von Arnim , RE I 2, 1894, col. 1465-1466 , doit désormais être remplacé par les éclaircissements de Döring 1 , p. 115-123 . Mise au point et commentaire des fragments dans R. Muller 2 , p . 120-127 . A signaler aussi une courte brochure de 12 A.N. Zoubos [ Zoumpos), 'Αλεξίνος ο Ηλείος . Συμβολή εις την ιστορίας της Μεγαρικής oyoañs, Athènes 1960. Sur le fr. 88 en particulier : 13 H. von Arnim , « Ein Bruchstück des Alexinos » , Hermes 28 , 1893 , p. 65-72 ; sur les fr. 92-95 : 14 M. Schofield , « The syllogisms of Zeno of Citium », Phronesis 28, 1983 , p . 31-58 , et 15 A.N. Zoubos (Zoumpos), « laparnphosiç kis ’Aletivov Tov 'Haciov QuÓOODov », EHEM 2 , 1983, p. 49-50 . ROBERT MULLER . ALFENUS + VARUS (P. ALFENUS -) 26 ALINUS ( ALLINUS) L'identité de ce personnage , cité par les biobibliographes et certains auteurs arabes parmi les commentateurs d'Aristote, demeure encore incertaine. Un pre mier inventaire détaillé des sources qui mentionnent l'auteur, les commentaires et les propos qui lui sont attribués est fourni par 1 F. Rosenthal, « A Commen tator of Aristotle » , dans S.M. Stern , A. Hourani et V. Brown (édit .), Islamic Philosophy and the Classical Tradition , coll. « Oriental Studies» 5 , Oxford 1972, p. 737-749. 2 Ibn Abi Uşaybi'a , 'Uyūn al-anbā ' fi tabaqāt al-aţibbā ', t. I, p. 323 Müller, l'identifie sous le nom d'Alīnūs al-Iskandarāni (l'Alexandrin ). Dans les notes marginales à la traduction arabe de l’Isagoge du Parisinus 2346, al -Hasan ibn Suwār ( +1017) l'associe à un « groupe d'Alexandrins » ; voir 3 ' A. Badawi (édit . ) , Manțiq Aristū , Le Caire 1952, t . III, p. 1037 n . 1 . Enfin , dans son commentaire d'Isag., le philosophe et théologien nestorien , Abū l -Farağ ibn al- Țayyib (+1043 ) , le range dans « le groupe des Alexandrins » (al- ' işāba al-iskandarāniyya) à la suite de Yūḥannā (Jean) (Philopon [ ?] ) et d'Olympiodore ; voir 4 K. Gyekye (édit . ) , Ibn al- Tayyib's Commentary on Porphyry's Eisagoge, coll . « Recherches, Nouvelle Série , B. Orient Chré tien » 2 , Beyrouth 1975 , p . 96 , 5-6 ; le passage est traduit dans 5 id ., Arabic Logic . Ibn al-Tayyib's Commentary on Porphyry's Eisagoge, coll. « Studies in Islamic philosophy and science » , Albany 1979, p . 79 , li . 30. La place d'Alīnūs correspondrait ainsi à celle d'Élias , présumé disciple immédiat d'Olympiodore; cf. 6 R. Vancourt, Les derniers commentateurs alexandrins d'Aristote, l'École d'Olympiodore, coll. « Mémoires et travaux publiés par les Professeurs des Facultés Catholiques de Lille » fasc . I, II, Lille 1941 , p . 6-7 ; 7 H.D. Saffrey , « Le chrétien J. Philopon et la survivance de l'École d'Alexandrie au vre siècle » , REG 67 , 1954, p . 408-410 . L'identification à Élias a été proposée par 8 A.F. Al- Ahwani (édit . ) , Isagoge , traduit par Abu Osman al- Dimichki, Vie de Porphyre et texte établi par Ahmed Fouad Al-Ahwani , Le Caire 1952, p. 64 n. 4. Refusée par 9 R. Walzer, « New Light on the Arabic Translations of Aristotle » , Oriens 6 , 1953 , p. 100 , reimpr. dans 10 id. , Greek into Arabic, Essays on Islamic Philosophy, coll. « Oriental Studies » 1 , Oxford 1962 , p . 69 , et par Rosenthal 1 , p . 338 , elle est cependant de nouveau suggérée par Gyekye 4 , p . XXVI n . 13 , p . 96 , 5-6 .
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ALINUS
Une première difficulté pour identifier cet auteur tient aux différentes translittérations ( au moins cinq) du nom grec qui apparaissent dans les sources arabes : a ) Alinūs : Ibn Abi Uşaybi'a 2 , t. I , p . 323 ; p . 1047 n . 2 .
b) c) d) e)
Badawi 3 ,
t. III ,
p . 1037 n . 1 ,
Ilinūs : id ., p. 1042 n. 5 , p . 1044, 1045. ' llinūs : Gyekye 4 , p . 96, 5-6; Badawi 3 , t. I, p . 103 n . 1 . ' llns : 11 G. Flügel ( édit.), al-Nadim , Fihrist, p. 265. ' lns : Gyekye 4, p. 98 , 17 .
C'est en se fondant sur une confusion possible entre « Apollonius » et « Alinus » dans les translittérations arabes du nom grec que Rosenthal 1 , p . 338 , propose de l'identifier à un aristotélicien peu connu , Apollonius d'Alexandrie, cité par Simplicius dans son commentaire des Cat .; voir la notice « Apollonios d'Alexandrie » (RE 91 ). Al Hasan Ibn Suwār, à qui al-Nadim attribue la traduction , à partir du syria que, du livre d'Alinūs sur les quatre premiers traités de l'Organon, manifeste un enthousiasme admiratif pour cet auteur qui « résout de manière judicieuse » une aporie entre les platoniciens qui nomment existant en acte l'intelligible et les aristotéliciens qui donnent ce nom seulement à l'être sensible . Voir traduction du texte de la résolution dans Rosenthal 1 , p. 341-342. Les notes marginales du Parisinus 2346 ( voir notice « Tradition syriaque et arabe de l'Organon » ) d'al Hasan Ibn Suwār, qui renvoient à Alīnūs ( Isag.: Badawi 3 , t. III , p . 1037 n. 1 , p. 1042 n. 5 , p . 1044 , 1045 , p . 1047 n. 2 , p . 1061 n . 2 ; Int.: Rosenthal 1 , p . 347 et 12 F.W. Zimmermann, Al- Farabi's Commentary and Short Treatise on Aristotle's De Interpretatione, London 1981 , p . 254 n . 5 ; APr.: Badawi 3 , t. I, p . 103 n. 1 ) constituent, semble -t -il, un texte différent du commentaire attribué par Ibn Abi Uşaybi'a à Ibn Suwār sur les Taqāsim ( Divisions) de l'Isag. et des Cat. d'Alīnūs. On peut suggérer que le mot taqāsim , graphiquement voisin de ta 'ālim ( enseignements ), a peut- être été substitué à ce dernier mot, corres pondant lui-même à la theoria ou « leçon » des auteurs alexandrins : voir Vancourt 6 , p . 10 . Les opinions attribuées à Alinūs dans ces notes et celles qu'expose Ibn al Tayyib , dont la méthode est aisément identifiable à celle des auteurs alexandrins ( comp . Rosenthal 1 , p . 340-341 , 343-345 , et Gyekye 4 , p . 17-18 , à 13 I. Hadot , « Les introductions aux commentaires exégétiques chez les auteurs néoplatoniciens et les auteurs chrétiens » , dans M. Tardieu (édit.) , Les règles de l'interprétation, coll. « Patrimoines. Religions du Livre » , Paris 1985 , p . 99. 122 , en particulier p . 100-102 , 120 ) , méritent d'être étudiées et confrontées avec les textes correspondants de ces Alexandrins. L'hypothèse la plus récente sur l'identité d'Alinūs est celle de Zimmer mann 12 , p. XCVII -XCVIII, qui nie l'historicité de cet auteur. Alīnūs ne serait que le titre donné, par des théologiens nestoriens, à un manuel contenant les doctrines philosophiques des païens hellènes ( d'où Allīnūs). Cette hypothèse est discutée par 13 H. Daiber, « Der Şiwān al-Hikma und Abū Sulaimān al-Mantiqi in der Forschung » , Arabica 31 , 1984, p. 62-63. ABDELALI ELAMRANI-JAMAL .
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ALYPIUS D'ALEXANDRIE 127
ALOPÉCOS DE MÉTAPONTE
va ?
Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique, V. pyth . 36, 267 ; p. 144, 7 Deubner. BRUNO CENTRONE. 128
ALYPIUS
IV - V
Compagnon d'Augustin , il partagea intimement les vicissitudes de son itiné raire spirituel, y compris ses recherches philosophiques. Avec un autre ami, Nébridius, ils discutèrent notamment de finibus bonorum et malorum (Conf. VI 16 , 26 ). Fin 376, Alypius participa aux entretiens de Cassiciacum rapportés dans le Contra Academicos et le De ordine. Il s'y chargea de défendre le scepticisme académicien. On peut raisonnablement penser qu'il tint réellement les propos qui lui sont attribués; mais c'est un rôle qui n'implique pas qu'il fût véritablement sceptique. Alypius suivit Augustin dans la retraite de Thagaste, où la vie communautaire avait peut -être encore quelques traits de l'otium classique. Mais si Alypius est bien , selon l'hypothèse de Luc Verheijen (La Règle de saint Augustin, t. II, Paris 1967, p. 156-174), l'auteur de l'Ordo monasterii, ces traits furent remplacés par des pratiques d'ascèse monastique sans plus d'incidences philosophiques. Dans l'activité pastorale d'Alypius évêque, telle qu'on la connaît, il n'est rien qui relève de la philosophie. Alypius a bénéficié de deux notices fort détaillées dans PCBE I, p. 53-65 , et dans AugLex I, col. 245-267. GOULVEN MADEC . 129 ALYPIUS D'ALEXANDRIE RE 4a PLREI : 3
F III - D IV
Philosophe contemporain de Jamblique, auquel Eunape de Sardes a consacré une brève section de ses Vies des philosophes et des sophistes (dans une digression à la fin de sa Vie de Jamblique ]: V3 , 1-10 ; p . 15 , 3–17 , 3 Giangrande. Il n'était guère plus grand qu'un pygmée, mais son corps semblait profon dément transformé en âme et en intelligence ( p. 15 , 4-6 ). Eunape le présente comme le meilleur « dialecticien » de son temps ( o białextixÓTATOC, p . 15 , 3 ). Son enseignement était purement oral : il eut de nombreux disciples, mais n'écrivit aucun livre ( p. 15 , 11-13) . Jamblique et Alypius tinrent ensemble une discussion publique racontée par Eunape et continuèrent par la suite d'avoir des échanges en privé, dans des sentiments d'admiration mutuelle (p . 15 , 15-16 , 7) . Après la mort d'Alypius, Jamblique écrivit une biographie de son collègue , apparemment fondée sur un long discours (autobiographique ?) du philosophe ( p . 16 , 7-11 ) . Dans le jugement très négatif qu'Eunape porte sur l'ouvrage de Jamblique, on devine que cet Alypius fit des voyages à Rome ( p. 16 , 12-13 ), eut des démêlés avec la justice (Eunape évoque la sévérité des peines infligées dans les tribunaux du temps d'Alypius, p . 16 , 22-23) et fut confronté à des dangers, face auxquels il manifesta καρτερίαν και το ανέπληκτον (p . 16 , 27-28) .
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AMAFINIUS
Alypius mourut à un âge avancé dans sa ville natale d'Alexandrie ( p. 17, 2-3). RICHARD GOULET. 130
AMAFINIUS (C. - ) RE
Ia
Épicurien, auteur de traités en langue latine destinés à vulgariser l'épicu risme. Études. 1 E. Klebs, RE I 2, 1894 , col. 1714 ; 2 G. Della Valle , Tito Lucrezio Caro e l'epicureismo campano , Napoli 1933 , p . 169-181 ; 3 H. Howe, « Amafi nius, Lucretius and Cicero » , AJPh 72, 1951 , p. 57-62 ; 4 G. Garbarino , Roma e la filosofia greca , p. 462-470; 5 T. Gargiulo, « Aspetti della polemica epicurea di Cicerone » , Elenchos 1 , 1980, p . 294-295 ; 6 M. Gigante, « L'Epicureismo a Roma da Alcio e Filisco a Fedro » , dans Ricerche Filodemee , 2e éd., Napoli 1983 , p . 25-34 ; 7 A. Angeli, « Compendi, Eklogai, Tetrapharmakos: Due capitoli di dissenso nell'Epicureismo », CronErc 16, 1986, p . 60-61. On peut déduire des mentions chez Cicéron qu'il avait écrit un traité faisant connaître la doctrine épicurienne, ouvrage dont le succès fut indéniable. Même Cicéron le reconnaît: « La publication de ses ouvrages fit une grande impression sur la foule qui prit parti de préférence pour la doctrine qu'il représentait, soit parce que l'étude en était très facile, soit parce qu'elle charmait par les attraits flatteurs du plaisir, soit même que, rien de meilleur n'ayant paru , on se contentât de ce que l'on avait » (Tusc. IV 3,6) . Néanmoins, Cassius le qualifie de « mau vais traducteur d'Épicure » (Fam . XV 19 , 2) , Cicéron critique son manque de méthode et de style : « il discute dans le langage de tous les jours des choses placées sous les yeux , n’emploie ni la moindre définition , ni la moindre division , ne conclut pas à l'aide d'arguments appropriés et croit qu'il n'en existe aucun pour parler et raisonner » ( Acad. Post. I 2, 5 ; comp . Tusc. II 3 , 7) . Il ne s'agis sait sans doute pas d'un épicurisme savant, mais son æuvre devait comporter un exposé assez ample de l'épicurisme et, en dehors de la doctrine du plaisir, conte nait aussi la physique (Acad . Post. , loc. cit. ). Il avait notamment traduit atomes par corpuscula ( ibid ., 16 ). Toutefois, l'æuvre d'Amafinius pose surtout des problèmes chronologiques. A quelle date a - t- il écrit ? Quand a-t-il vécu ? Les uns le présentent comme un contemporain de Cicéron et de Lucrèce (Della Valle 2, Howe 3) en considérant qu'il n'est mentionné que dans des æuvres postérieures à la bataille de Pharsale (484). G. Garbarino 4, p . 466-467 , fait observer que dans les Tusculanes Amafi nius est présenté comme un initiateur suivi par beaucoup d'autres (IV 3 , 7) ; elle en conclut à une datation haute et préfère le placer à la fin du second siècle, à une époque proche de Scipion Émilien et de Laelius. Cette datation s'appuie sur une allusion à l'épicurisme dans le De amicitia (IV 13 ) , ce qui montrerait qu'une large diffusion de la doctrine commence à l'époque de ce dialogue. Mais dans son imprécision la phrase ne saurait servir à prouver un engouement particulier pour cette philosophie et, même si Cicéron se montre soucieux d'exactitude historique dans ses dialogues, ce passage ne peut constituer une preuve décisive. Il est sûr en tout cas qu'Amafinius est antérieur à Catius et à Rabirius et l'on peut penser avec 8 P. Grimal ( « L'épicurisme romain » , dans les Actes du VIIIe Congrès de l'Association Guillaume Budé, Paris 1969, p . 146) que le succès de son livre se
AMBROISE
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situe au début du jer s . , au « temps où , avant la Guerre sociale, la culture intel lectuelle se répandait dans toute la péninsule » , ou à la fin du II® (voir 9 id. , Le siècle des Scipions, 2 ° éd ., Paris 1974, p. 302 ). MICHÈLE DUCOS.
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[ ARANTEUS A M
MF III
Stoïcien , disciple de Chrysippe, mentionné dans l'Ind. Stoic. Herc., col . XLVII, 1-2 (p . 64 Traversa): ' A (uapa ] Vteú [s ( fr. 160 Hülser ). Cette reconsti tution n'est peut-être pas la seule possible ... RICHARD GOULET. 132 AMBROISE
RE 7
334 /339-4 avril 397
Évêque de Milan . Ambroise est né à Trèves, où son père était préfet du prétoire pour la Gaule . Il reçut, à Rome, la formation classique des aristocrates : ses euvres témoignent de sa familiarité notamment avec Cicéron et Virgile, ainsi que de ses connais sances en grec. Il étudia aussi le droit. Vers 365 , il entrait dans l'administration impériale comme avocat à la préfecture à Sirmium . Vers 370, il devenait gou verneur ( consularis) d'Émilie- Ligurie, en résidence à Milan. En 373 , bien qu'il ne fût que catéchumène, il était élu évêque pour succéder à Auxence qui était d'obedience arienne. Baptisé probablement le 24 novembre 373 , sacré le 1er décembre, il menait dès lors une intense activité de pastorale, surtout en faveur des religieuses, d'assainissement dogmatique contre l'arianisme, et de politique religieuse auprès des empereurs Gratien, Valentinien II et Théodose. La Vita Ambrosii , écrite par son secrétaire Paulin de Milan (éd . 1 M. Pellegrino, Roma 1961 ) et les autres sources anciennes sont analysées par 2 J.-R. Palanque, Saint Ambroise et l'Empire romain . Contribution à l'histoire des rapports de l'Église et de l'État à la fin du quatrième siècle, Paris 1933 , p . 404-434 . Il y a aussi une Vita d'époque carolingienne, éditée par 3 A. Paredi, Milano 1964, reprise et étudiée par 4 P. Courcelle , Recherches sur saint Ambroise. « Vies » anciennes, culture, iconographie, Paris 1973. Les biogra phies classiques sont 5 F. Homes Dudden , The Life and Times of St. Ambrose, 2 vol ., Oxford 1935 ; 6 A. Paredi, S. Ambrogio e la sua età , Milano, 2e éd. , 1960, et Palanque 2. Les euvres d'Ambroise sont toutes issues de son activité épiscopale, la plupart de sa prédication. Celles qui présentent quelque intérêt philosophique seront énumérées plus bas . Leur genèse et leur date de composition sont difficiles à préciser : à cet égard, l'étude de Palanque (2 , p. 435-479 et 577-581 ) demeure fondamentale ; elle est à rectifier par quelques pages de 7 R. Gryson, Le prêtre selon saint Ambroise, Louvain 1968 , p . 35-42 ; mais le tout reste sujet à révision . La nomenclature en est faite dans la CPL sous les nº 123-168 ; elles sont éditées dans la PL, tomes 14-16, dans le CSEL , vol. 32, 62, 64, 73 , 78 et 82 , et dans le vol. 14 du CCL . Les diverses traductions sont répertoriées dans l'ouvrage de Gryson 7, p. 16-23 . Dans la collection « Sources chrétiennes » ont paru : vol. 25 : Des sacrements, des mystères ( éd. B. Botte ) ; vol. 45 et 52 : Traité sur l'évangile selon saint Luc (G. Tissot); vol. 179 : La pénitence (R. Gryson );
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vol . 239 : Apologie de David ( P. Hadot - M . Cordier). Dans la CUP est parue en 1984 une édition du premier livre du De Officiis (M. Testard ). Le seizième centenaire de l'élection épiscopale d'Ambroise a suscité des travaux collectifs où l'on peut trouver les états des diverses questions ambro siennes : 8 Ambroise de Milan XVI centenaire de son élection épiscopale. Dix études rassemblées par Y.-M. Duval, Paris 1974 ; 9 Ambrosius episcopus. Atti del Congresso internazionale di studi ambrosiani nel XVI centenario della eleva zione di sant'Ambrogio alla cattedra episcopale, Milano 2-7 dicembre 1974, Milano 1976 ; 10 Cento anni di bibliografia ambrosiana ( 1874-1974 ), Milano 1981 . Au moment de son élection à l'épiscopat, l'un des stratagèmes qu'Ambroise imagina pour échapper à cette charge fut de « philosophiam profiteri » (Paulin, Vita 7). Selon Courcelle 4, p. 15 , cela veut dire qu'il « s'afficha philosophe de la lignée de Pythagore, Platon et Plotin , autrement dit néo - platonicien », qu ' « il prit contact avec des néo -platonisants (de Milan ) et même les accueillit chez lui (domum ) » . Mais il me paraît hasardeux de préciser de la sorte : la formule peut avoir, dans l'esprit de Paulin , un sens bien plus vague. Voir en dernier lieu , sur ce sujet, Duval 9 , t . II, p . 263-272 . A la suite de la découverte de P. Courcelle concernant des emprunts consi dérables aux Ennéades, 11 A. Solignac, « Le Cercle milanais » , Note complé mentaire 1 , dans Bibliothèque augustinienne, vol. 14, p . 529-536, a évoqué un « cercle néo -platonisant milanais » , où « les écrits de Plotin semblent avoir joué le rôle d'un centre d'intérêt autour duquel des hommes de conviction diverse pouvaient sympathiser avec cette discrète tolérance qui convient aux hommes distingués » . Ambroise serait « sans conteste possible un témoin de l'existence >> de ce cercle. Pourtant force est d'admettre aussi que , dans l'état actuel des connaissances, ce « cercle » ne prend consistance qu'à partir d'un « centre » qui est Augustin , et qu'on ne sait rien d'éventuels rapports philosophiques entre les autres « membres » . Il ne me paraît donc pas prouvé qu'Ambroise ait initié Augustin « en même temps au spiritualisme chrétien et aux doctrines ploti niennes » , ainsi que le voulait 12 P. Courcelle, Recherches sur les Confessions de saint Augustin , Paris, 2 ° éd . , 1968 , p . 138. Voir 13 G. Madec, « Le milieu milanais. Philosophie et christianisme » , BLE 88 , 1987, 194-205 . L'attitude d'Ambroise, devenu évêque, à l'égard de la philosophie se carac térise par le paradoxe d'une hostilité affichée contre la philosophie en général et de nombreux emprunts indéniables à divers philosophes. Réserve faite d'un emploi de philosophia pour désigner la vie chrétienne ou la profession religieuse (De uirginitate, VIII 48) , les mots de la famille de philo sophus, ainsi que les noms des philosophes, font régulièrement l'objet de conno tations plus ou moins péjoratives, comme on peut le voir dans le répertoire exhaustif dressé par 14 G. Madec, Saint Ambroise et la philosophie, Paris 1974, p. 349-398 . Ambroise ne manque pas une occasion d'exalter la supériorité de la Bible , d'opposer sa vérité et sa simplicité aux vaines opinions et aux contra dictions des philosophes. Il estime que tout ce qu'on lit de bien dans les æuvres philosophiques est emprunté à la Bible ; c'est la seule explication qu'il ait donnée des vérités exprimées par les philosophes. Il est vrai qu'Ambroise n'est qu'un représentant parmi d'autres d'une « tradition antiphilosophique » bien établie,
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ainsi que l'a rappelé 15 H. Savon , « Saint Ambroise et la philosophie, à propos d'une étude récente » , RHR 191 , 1977, p. 173-196 . Soit, mais il faut bien recon naître aussi qu'il ne se souciait ni de nuances ni de distinctions ; il ne faisait pas d'exception , contrairement à son maître Simplicianus, qui félicitait Augustin « de n'être pas tombé sur les écrits d'autres philosophes, remplis de faussetés et de duperies selon les éléments de ce monde ( cf. Col. 2, 8) » , mais sur les Libri platonicorum qui « suggèrent de mille manières Dieu et son Verbe » (Conf. VIII 2,3). Ambroise ne devait -il pas faire et exprimer semblable distinction , s'il était « l'adepte d'un néo -platonisme chrétien déjà fortement élaboré » (Courcelle 12 , p. 136 ) ? A travers les déclarations sommaires d'hostilité, l'information philosophique d'Ambroise apparaît pourtant vaste et variée, allant de la sagesse des barbares à Plotin (voir Madec 14, p . 99-175 : « Les philosophes dans l'oeuvre d'Am broise » ). Certaines notations sont naturellement faites de seconde main , celles qui concernent les origines de la philosophie , par exemple et pour cause , ou encore divers éléments topiques et doxographiques. Cicéron , Philon d'Alexan drie , Basile de Césarée, peut-être Origène et Porphyre, ont fourni à Ambroise quantité de données platoniciennes, stoïciennes et autres. Mais certaines æuvres témoignent de lectures plus originales. Ambroise s'est plu à donner à quelques -uns de ses traités des titres d'allure philosophique : De Isaac uel anima (CSEL 32, 1 , p. 641-700 ), De bono mortis (CSEL 32, 1 , p . 703-753), De lacob et uita beata (CSEL 32 , 2, p. 3-70 ). C'est là qu'ont été trouvés d'importants emprunts aux Ennéades , d'abord par 16 P. Courcelle, « Plotin et saint Ambroise », RPh 76, 1950 , p . 29-56 ( étude reprise dans 12, p. 106-138), puis par 17 P. Hadot, « Platon et Plotin dans trois sermons de saint Ambroise » , REL 34 , 1956 , p . 202-220 , et 18 A. Solignac, « Nouveaux parallèles entre saint Ambroise et Plotin . Le “De lacob et uita beata” et le " Peri eudaimonias ” (Ennéades I, 4) » , ArchivPhilos 19 , 1956, p. 148-156. Voir aussi l'étude, moins nette et moins sûre , de 19 L. Taormina, « Sant' Ambrogio e Plotino » , MSLC 4, 1953 , p. 41-85. Ces emprunts sont strictement anonymes et parfaitement intégrés dans le discours ambrosien . Si Ambroise les a choisis lui-même, il les a soigneusement filtrés (cf. Courcelle 12 , p . 116) ; ils relèvent de l'exhortation morale et spirituelle , pas de la mystique de l'Un . Il n'est pas exclu , du reste, qu'il y ait un intermédiaire : le De regressu animae de Porphyre ou quelque écrit des Pères cappadociens, hypothèses de 20 P. Hadot (Marius Victorinus. Recherches sur sa vie et ses auvres, Paris 1971 , p . 206 ), qui penche pour la seconde. Le début de De lacob est une dissertation sur la recta ratio , dans laquelle Ambroise « manie avec une certaine précision le vocabulaire technique de la philosophie païenne » , de l'avis de 21 G. Nauroy, « La méthode de composition d’Ambroise de Milan et la structure du De Iacob et uita beata » , dans 8 , p . 118-119 . En réalité, le Quatrième livre des Maccabées qu'Ambroise démarque en ce passage est, pour lui, de la tradition hébraïque. Autrement dit et cette remarque vaut pour bien d'autres cas - ce qui est philosophique pour nous ne l'était pas nécessairement pour lui. Dans le De excessu fratris (CSEL 73 , p . 207-325), I 42 , Ambroise rapporte une définition du bien suprême par la connaissance, la vénération et l'amour de Dieu , en l'attribuant à des sages ( sapientibus ). 22 P. Courcelle (« De Platon à
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AMBROISE
saint Ambroise par Apulée. Parallèles textuels entre le De excessufratris et le De Platone » , RPh 87 , 1961, p . 15-18 ; repris dans 12 , p . 319 s . ) estime qu ' « il indique ( ainsi] clairement qu'il cite un philosophe profane » et a montré que « l'ossature de toute la partie du panegyrique relative aux vertus de Satyrus », son frère , était empruntée à Apulée. Dans le De officiis ministrorum ( PL 16 , 23-184), Ambroise s'est expressé ment recommandé de Cicéron : « Et sicut Tullius ad erudiendum filium , ita ego quoque ad uos informandos filios meos... » (1 7 , 24) . Il a trouvé dans le De officiis cicéronien un plan général et un vocabulaire commodes pour présenter les thèmes de la morale chrétienne, il en a repris quantité de formules et d'idées. Selon F. Homes Dudden ( 5 , II, p. 502) , Ambroise s'est même « efforcé de combiner ce qu'il y avait de meilleur dans l'ancien stoïcisme avec les conceptions nouvelles du christianisme» . Cela ne veut pas dire qu'il ait voulu promouvoir la synthèse des deux morales ou que son exploitation du De officiis soit le signe d'un « humanisme chrétien » , comme le voulait 23 P. Courcelle (Orpheus 9 , 1962, p . 21-34 ) . L'intention foncière d'Ambroise est bien , là encore , d'exalter la sagesse biblique et chrétienne aux dépens de la philosophie. Voir pourtant l'opi nion différente de 24 K. Zelzer, « Zur Beurteilung der Cicero - Imitatio bei Ambrosius, De officiis » , WS 11 , 1977, p . 168-191 . L'Exameron (CSEL 32, 1 , p. 3-261 ), commentaire du récit des six jours de la création dans la Genèse, est principalement démarqué de l'æuvre homonyme de Basile de Césarée. L'exorde du livre I, en exploitant le thème de la dissensio philosophorum , présente un document doxographique intéressant, qui a fait l'objet d'une étude minutieuse de la part de 25 J. Pépin , Théologie cosmique et théologie chrétienne (Ambroise , Exam . I, 1 , 1-4), Paris 1964. Dans sa conclu sion, J. Pépin estime qu'Ambroise a fait un amalgame de plusieurs sources : Hippolyte , Philon d'Alexandrie, Cicéron , et peut-être « un document épicurien , tel l'Épitomé de Philodème » . Il ajoute que cette explication renforce « l'image que l'on doit se former aujourd'hui d'Ambroise : un évêque que son activité pastorale n'empêchait pas de donner du temps aux lectures philosophiques, fort capable d'y faire un choix et d'agencer de façon personnelle des éléments de provenances diverses, voire d'élaborer judicieusement des observations que la tradition scolaire ne lui offrait pas telles quelles » . Par ailleurs, 26 P. Courcelle ( « Nouveaux aspects du platonisme chez saint Ambroise, REL 34 , 1956, p. 220 239 ; repris dans 12, p . 345 s . ) a cru démontrer que le développement relatif à l'harmonie des sphères, en Exam . II, 2, 6 , s'inspirait du commentaire de Macrobe sur Le songe de Scipion. Mais son argumentation a été récusée par 27 M. Fuhrmann , « Macrobius und Ambrosius », Philologus 107 , 1963 , p . 301 308 , par 28 A. Cameron « The Date and Identity of Macrobius », JRS 56, 1966 , p . 25-38 , et par 29 J. Flamant, Macrobe et le néo - platonisme latin à la fin du IV siècle, Leiden 1977 , p . 139-140. La Lettre 14 , à l'Église de Verceil ( CSEL 82 , 3 , p . 235-295 = Ep. 63 dans l'édition des Mauristes, reprise par PL 16 , 1188-1220 ), contient un petit dossier épicurien dont les éléments ont été recueillis par 30 H. Usener dans ses Epicurea (voir p . 422) . Dans l ' « Index fontium » , il est question d'un « Filominus » (Ep . 14 , 13 , p . 242) et d'un « Dimarchus» (ibid. 19 , p . 245 ) que l'on s'accorde, depuis l'édition des Mauristes, à identifier avec Philodème et Hermarque. Voir
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AMEINIAS
31 R. Philippson , « Zu Philodems Schrift über die Frömmigkeit», Hermes 56, 1921, p. 360 ; 32 W. Liebich , « Ein Philodem -Zeugnis bei Ambrosius », Philo logus 98 , 1954 , p. 116-131 ; 33 K. Krohn, Der Epikureer Hermarchos, Diss. Berlin 1921 ; 34 W. Schmid, « Epikur», RAC V, col. 787-788 ; 35 F. Longo Auricchio ( édit.), Ermarco , Frammenti, coll. « La Scuola di Epicuro » 6 , Napoli 1988 , p. 170-171 (fr. 47 ) . Quant à savoir si Ambroise connaissait les noms corrects de ces épicuriens et recourait à leurs euvres directement, ce sont des questions qui doivent probablement rester pendantes. Le motif de ces notations épicuriennes était la propagande contre la virginité menée par deux moines renégats, Sarmation et Barbatianus (Ep. 14 , 7 , p . 238), qui sont qualifiés d'épicuriens par Ambroise et qui se réclamaient eux -mêmes des philosophes, si l'on en croit Ambroise : « Non philosophorum , ut ipsi aiunt, sed imperitorum qui uoluptatem praedicent... » ( Ep. 14,8, p. 239). Ambroise avait aussi écrit un De sacramento regenerationis sive de philo sophia qui ne nous est actuellement connu que grâce à Augustin . Les témoignages de celui-ci et les fragments qu'il en cite ( édités, traduits et commentés par Madec 14, p . 249-347) ne permettent pas de saisir le sens du mot philosophia dans le titre. On sait, en revanche, qu'Ambroise y réfutait des néoplatoniciens (« Pla tonis lectoribus et dilectoribus » qui prétendaient que Jésus était redevable de sa doctrine aux livres de Platon ( voir Augustin , De doctrina christiana II 28, 43) ; et qu'il s'en prenait à Platon lui-même et à sa théorie de la métensomatose (voir Augustin, Contra Iulianum II 7 , 19 ; Madec 14 , p . 307-311; P. Courcelle, « Ambroise face au platonisme antichrétien », dans 12, p. 354-382 ). Contrairement à ce qu'il pensait d'Origène: « plurimum indulgere philoso phorum traditioni pleraque eius scripta testantur » (De Abraham II 8 , 54 ) , Ambroise n'est assurément pas suspect d'un excès de complaisance à l'égard des philosophes. GOULVEN MADEC . AMBROSIUS + MACROBIUS (AMBROSIUS THEODOSIUS -)
133 AMEINIAS RESuppl. I : 17 a
VI -V
Pythagoricien (DK 27), fils de Diochaitès ( ou de Iochaitès), mentionné par D.L. IX 21 qui cite Sotion ( fr. 21 Wehrli ), comme un homme pauvre, mais vertueux avec lequel Parménide entretenait des rapports étroits. Converti par Ameinias à la vie tranquille toute consacrée à l'étude, i zléate fit élever, à la mort de ce dernier, un héroon en son honneur. Cf. M. Timpanaro Cardini, Pitagorici. Testimonianze e frammenti, t. I, Firenze, 2e éd. , 1969, p. 160-161 ; Dumont, Présocratiques ,p. 229. BRUNO CENTRONE.
134 AMEINIAS
MF III ?
Un ouvrage de logique écrit par Chrysippe s'intitulait Mods ToùG 'Apeiviou 81ACEUXTIXOUS A ', D.L. VII 196 ; p. 387 , 20 Long ( fr. 194 Hülser ). Critiqué par Chrysippe, ce philosophe pouvait appartenir à une autre école qu'à la Stoa. RICHARD GOULET.
160 135
AMELAXOS
AMELAXOS D'après les informations fournies par 1 H.S. Anasyan, Haykakan matena gitut'yun ( Bibliologie arménienne ), t. I, Érévan 1959, col. 643-647, les anciens manuscrits arméniens conservent sous ce nom trois commentaires philo sophiques. Nous traduisons ci- dessous les titres et, avec quelques réserves faute de pouvoir nous reporter au contexte , les incipit donnés par H.S. Anasyan . 1. Du philosophe et rhéteur Amelawxaws, évêque d'Athènes, scolies sur la théologie de Proclus, dit le Diadoque. Incipit: « Il nous convient de connaître tous les genres (azg « genre » : karg « ordre » , variante dans le Vaticanus Borg. Arm . 77) et tous les modes ( elanak ) dont (on trouve la théorie (zors ... tesut'iwnk) dans cette grande théologie et de prendre des avis avant que d'exposer ce livre . » Ms Érévan 1500 (copié en 1282 par le savant Mxit'ar Ayrivanec'i), p . 1068 a - 1121 b . Voir en outre les Mss Érévan 1832 et Venise 1123 . 2. Catégories d'Aristote. Scolies dites par Amelawxoys. Incipit: « Or, on place la synonymie ( hamanunut'iwn ) en premier lieu, en raison de la simplicité, et les composés en second lieu, après les ( éléments) dont ils sont composés. Ainsi, en premier, sont les ( êtres) simples, ceux qu'on peut isoler dans les composés. » MsVienne 112 , p. 3 a 48 b ( commentaire disposé en colonnes, parallèlement au texte des Catégories). 3. Propos d'Aristote sur l’Interprétation, appelés Periarmenias. Commen taire dit par Amelaxoys. Incipit: « Il nous a été dit naguère que toute la logique est attente de la présente opération .» Ms. Vienne 112 , p. 112 a – 190 b. De l'avis de plusieurs philologues, le nom Amelaxos (dont il existe une quinzaine de variantes graphiques) pourrait être une déformation, soit d'Amphiloque, soit de Jamblique (notez à ce propos les variantes lamelixos et Yamelaxos ). Mais il est évidemment impossible que Jamblique ait commenté Proclus Diadoque qui lui est postérieur. Selon H.S. Anasyan, les trois commen taires devraient être attribués à un seul auteur qu'il faudrait identifier à Ammonios, fils d'Hermias. Comment concilier cette hypothèse avec les titres donnés dans les manuscrits ? Cf. Anasyan 1 , signale que des fragments du commentaire n° 1 ont été publiés par 2 B. Sargisean dans la revue Bazmavēp, Venise 1894, p. 122-130 et 310-328 , et par 3 N. Marr, Ioann Petrickij gruzinskij neoplatonik, XI -XII veka, Saint-Pétersbourg 1909, dans les « Mémoires du Département Oriental de la Société Impériale russe d'Archéologie » , tome XIX .
JEAN - PIERRE MAHÉ. 136
AMÉLIUS RE PLRE I
MIII
Philosophe néoplatonicien , disciple et assistant de Plotin à Rome. Origine et nom. Lorsque Porphyre , au chap. 7 de la Vie de Plotin , donne une liste commentée des disciples de Plotin les plus importants, il met bien évidemment en tête Amélius : « Des auditeurs , il en eut beaucoup, mais comme disciples fervents et qui suivaient son enseignement pour la vie philosophique, il eut d'abord Amélius, originaire d'Étrurie , dont le " vrai nom” ( tò ovoua το Kúplov) était Gentilianus ; Plotin voulait l'appeler Amérius avec un ' r ', car,
AMÉLIUS
161
disait - il, il lui convenait de tirer son nom de l'indivisibilité ( auépeia ) plutôt que de l'insouciance ( Qué eta )» (V. Plot. 7 , 1-5 ) . Ces quelques lignes nous appren nent donc qu'Amélius était originaire d'Étrurie, et que son « vrai nom » , c'est - à -dire son cognomen , était Gentilianus, Amélius, nom d'origine grecque très probablement, devant être considéré comme un supernomen , c'est -à -dire comme un sobriquet qui, dans la vie de tous les jours, lui servait de nom usuel. Voir 1 I. Kajanto, Supernomina. A Study in Latin epigraphy, coll. « Commen tationes Humanarum Litterarum , Societas Scientiarum Fennica » 40, 1 , Helsinki 1966 ; 2 L. Tarán , « Amelius -Amerius : Porphyry , Vita Plotini 7 and Eunapius Vitae Soph. 4.2 » , AJPh 105, 1984, p . 476-479 ; 3 L. Brisson , « Amélius: Sa vie , son cuvre , sa doctrine, son style » , ANRW II 36 , 2, Berlin 1987 , p . 793-860 ( les sources anciennes concernant Amélius sont énumérées dans l'Annexe 1 ). Chronologie . A la fin du chap. 3 de la Vie de Plotin , Porphyre écrit : « Amélius vint le trouver, alors que Plotin était à Rome pour la troisième année, dans la troisième année du règne de Philippe, et, comme il y resta jusqu'à la première année du règne de Claude, il suivit son enseignement vingt-quatre années en tout » (V. Plot. 3 , 38-42 ). Plotin dut arriver à Rome dans les mois qui suivirent la prise du pouvoir par Philippe II ( l'Arabe ), soit dans la première moitié de 244. Et, puisqu'il faut placer la troisième année du règne de Philippe en 246 , il semble qu'Amélius se mit à fréquenter Plotin dès 246 , peut-être dans la seconde moitié de l'année. Or, comme on a l'habitude de placer la naissance d'un disciple 20 à 30 ans avant celle du maître, on peut penser qu'Amélius naquit entre 216 et 226. Par ailleurs, la première année de Claude tombe en 269, ce qui laisse supposer qu'Amélius quitta Plotin peu avant que ce dernier, gravement malade, ne se retirât sur les propriétés de Zéthus non loin de Minturnes (V. Plot. 7 , 17 24 ). Quoi qu'il en soit, en 270, lorsque Plotin mourut, il était à Apamée en Syrie, nous apprend Porphyre (V. Plot. 2 , 32-33 ) ; entre temps, il avait rencontré Longin qui se trouvait probablement à Tyr, auprès de Zénobie ( V. Plot. 19 , 22 24 ) . Et, si on comprend que l'épithète 'Anapeúc que la Souda accole au nom d'Amélius (s.v. 'AMÉXiOS, A 1549 , t. I, p . 138 , 16 Adler) signifie « citoyen d’Apamée », on peut penser qu'Amélius vécut encore longtemps à Apamée, peut-être 20 ou 30 ans ; dans cette hypothèse, il serait mort entre 290 et 300. On peut même estimer que Porphyre attendit cette mort pour réaliser son édition systématique des Ennéades, qu'il faut situer vers 301 . Rapports avec ses contemporains. Avant de devenir le disciple de Plotin , de 246 à 269, Amélius reçut une formation philosophique du stoïcien Lysimaque (V. Plot. 3 , 42-43). On peut penser par ailleurs que c'est son admiration pour Numénius et pour le disciple de ce dernier, Cronius, qui l'amena à se détacher de Lysimaque pour s'attacher à Plotin . Depuis le début, semble-t-il, Amélius prit des notes aux cours de Plotin . Lorsque le maître se mit à écrire, Amélius dut s'occuper de mettre la dernière main à ses écrits ; voilà pourquoi on peut penser qu'il fut le maître d'ouvre de l'édition chronologique des æuvres de Plotin qui précéda l'édition systématique de Porphyre. Dans le cadre de l'École, Amélius était chargé d'un enseignement (Proclus, In Tim ., t. II, p. 300, 23–301, 5 Diehl, cf. V. Plot. 20 , 32-33) et Plotin l'associa à diverses polémiques entre 263 et 268, c'est- à -dire durant la période correspon dant au séjour de Porphyre auprès de Plotin . Avec Porphyre, Amélius entretint
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AMÉLIUS
des relations dont l'ambiguïté se reflète dans la Vie de Plotin . Par ailleurs, Amélius était très lié à Cartérius, le peintre qu'il aida à réaliser un portrait de Plotin (V. Plot. 1 ) , ainsi qu'avec (Firmus) Castricius (V. Plot. 7 , 24-29 ). Peut -être même fut- il le condisciple des gnostiques Adelphius et Aquilinus, contre lesquels, plus tard , il allait polémiquer ( V. Plot. 16 ). Entre 263 et 268 , Longin se montra très critique à l'égard d'Amélius, ce qui n'empêcha pas ce dernier d'apporter au conseiller de Zénobie des exemplaires de traités de Plotin , sur le chemin qui le menait de Rome à Apamée (V. Plot. 19). C'est là qu'on perd la trace d'Amélius dont on sait seulement qu'il eut pour fils adoptif un certain Hostilianus Hesychius d'Apamée (V. Plot. 3 , 48). Peut - être Jamblique fut- il son disciple pendant un certain temps. En revanche , même si Théodore d'Asiné subit fortement l'influence d'Amélius, rien ne prouve qu'il l'ait rencontré . L'euvre d'Amélius. L'euvre d'Amélius, dont il ne nous reste plus que des fragments, dut être considérable. Voici une liste des ouvrages cités ou men tionnés dans la Vie de Plotin : Copies de la plupart des æuvres de Numénius
σχεδόν πάντα τα Νουμήνιου γράψαι
3, 44-45
Scholies composées à partir des cours de Plotin
σχόλια εκ των συνουσιών
Contre le livre de Zostrien Sur la différence doctrinale qui sépare Plotin de Numénius Contre les apories de Porphyre Réfutation de l'avriypaon de Porphyre
Προς το Ζωστριανού βιβλίον Περί της κατά τα δόγματα του Πλωτίνου προς τον Νουμίνιον διαφοράς Προς τας του Πορφυρίου απορίας
3 , 46-48 ; 4, 5-6 16, 12-14
Sur le problème de la justice chez Platon
Περί της κατά Πλάτωνα δικαιοσύνης
17, 4-6 18, 14-16 18 , 16-17 20, 87-88
Restent une série d'exégèses de passages du Timée (cf. Brisson 3, Annexe 3) , de la République ( cf. Brisson 3 , Annexe 4) , du Parménide ( cf. gloses au Lauren tianus LXXXV 8 , fol. 188 de l'In Parmen . de Proclus, et à l'Ambrosianus A 167 sup ., fol. 157 ', principal manuscrit de la traduction latine de Guillaume de Moerbeke attribuant à Amélius une division de la seconde partie du Parménide de Platon en huit hypothèses, mentionnée dans l'In Parmen. VI, p . 1052, 31 1053 , 9 Cousin?) et du Philèbe (Damascius , In Phileb . $ 29 , 1-5 , et § 152 Westerink ) qui ont été attribuées à Amélius et dont on ne peut savoir si elles se trouvaient dans un véritable commentaire de ce dialogue ou dans un autre ouvra ge d'Amélius inconnu de nous . Peut-être même s'agit-il là de témoignages sur l'enseignement oral d'Amélius dans l'école de Plotin que Porphyre aurait consi gnés par écrit dans le commentaire que lui -même consacra à chacun de ces dialogues de Platon. Enfin , on a pensé que l'Oracle d'Apollon , dont Porphyre cite les 51 vers dans la Vie de Plotin, chap. 22 , pouvait être en tout ( selon 4 J. Igal, « El enigma del Oraculo de Apolo sobre Plotino » , Emerita 52 , 1984, p . 83-115) ou en partie (selon 5 R. Goulet, « L'Oracle d ' Apollon dans la Vie de Plotin », dans Porphyre, La Vie de Plotin, t. I : Travaux préliminaires et index grec complet, Paris 1982, p. 369-412) , attribué à Amélius (là contre, cf. 6 H.-R. Schwyzer, « liciwv in der Bedeutung plenus» , dans Annemarie Etter [ édit . ], 0 - o -pe -ro -si. Festschrift Ernst Risch , Berlin 1986 , p. 546-557) .
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AMÉLIUS
Doctrine . Dans la métaphysique d'Amélius, on retrouve la triade ploti nienne : Un, Intellect, Ame, mais interprétée de façon originale. Sur la méta physique d'Amélius, voir 7 M. Massagli, « Amelio Neoplatonico e la metafisica del nous » , RFN 74 , 1982, p . 225-243 ; 8 K. Corrigan , « Amelius, Plotinus and Porphyry on Being, Intellect and the One. A reappraisal », ANRW II 36 , 2 , Berlin 1987, p. 975-993. Il nous reste très peu de choses sur la nature et la place de l'Un dans le système d'Amélius (Proclus, In Tim ., t. I, p . 309 , 14-16 Diehl). En revanche, Amélius est surtout connu pour sa doctrine des trois Intellects, qui correspondent à la sphère de l'Être. Pour Amélius, qui fonde sa doctrine sur une interprétation de Timée 39 e 7-9, il y a trois Intellects, trois démiurges qui présentent les caractéristiques suivantes : Lettre 11 Premier Intellect Deuxième Intellect Troisième Intellect
celui qui est l'Intelligible celui qui a l'Intelligible celui qui voit l'Intelligible
Premier roi Deuxième roi Troisième roi
Orphisme Phanès Kronos Zeus
Le premier Intellect est l'Intelligible, le second l'a , et le troisième le voit seulement. Cela dit, il semble qu'Amélius estimait que les formes étaient en nombre infini (Syrianus, In Metaph ., p . 147 , 2-6 Kroll) et qu'il y avait des Formes de choses mauvaises (Asclepius, In Nic. Arithm . I 44 Tarán ). Amélius avait une doctrine de l'âme très complexe , qui devait beaucoup, semble - t -il, à la symbolique des nombres (Proclus, In Tim ., t . II, p . 213 , 9 214, 4 Diehl) et où l'astrologie jouait un rôle important. Dans le commentaire qu'il consacra au Prologue de l'Évangile de saint Jean, Amélius assimile le Abyoc à l'Ame du monde ( Eusébe, P. E. XI 18 , 26-19, 1 ) . Sur ce fragment, voir 9 H. Dörrie, « Une exégèse néo -platonicienne du Prolo gue de l'Évangile de saint Jean ( Amélius chez Eusébe, Prép. év. 11 , 19, 1-4) » , dans J. Fontaine et Ch. Kannengiesser (édit.),Epektasis (Mélanges J. Daniélou ), Paris 1972, p . 75-87 , repris dans H. Dörrie , Platonica minora , coll. « Studia et testimonia antiqua » 8 , München 1976 , p. 491-507. Pour ce qui est des âmes particulières, il semble suivre d'assez près la doctrine plotinienne: à deux diffé rences près cependant. D'une part, des considérations d'ordre astrologique interviennent sans cesse pour rendre compte de l'incarnation de l'âme humaine, de sa vie dans un corps, et de son existence après sa séparation d'avec ce corps (Proclus, In Remp ., t. II, p. 31 , 22–32, 25 Kroll). D'autre part, Amélius semble avoir cru qu'une âme qui avait été celle d'un homme pouvait s'incarner dans un corps de bête ( Énée de Gaza , Théophraste, p . 12, 5-11 Colonna ), et qu'une âme humaine pouvait sortir de façon définitive du cycle des réincarnations. Les réalités inférieures à l'Ame en dépendent par l'intermédiaire des logoi. La Nature reçoit en effet les logoi de l'Ame et la matière participe aux logoi de la Nature (Syrianus, In Metaph ., p . 119 , 12-15 Kroll). Dans le domaine de l'éthique enfin, Amélius, influencé par le stoïcisme, paraît s'être efforcé de concilier les notions de Nécessité et de libre arbitre (Proclus, In Remp., t. II, p . 29 , 5-22 Kroll ), et s'être vigoureusement opposé aux épicuriens sur la question du plaisir (Damascius, In Phileb. 152 Westerink ).
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AMMICARTOS
Cf. 10 A.N. Zoubos ( Zoumpos) ( édit .), Amelii Neoplatonici Fragmenta , Athènes 1956 ; 11 id ., Amelius von Etrurien . Sein Leben und seine Philosophie. Beitrag zur Geschichte des Neuplatonismus, Athènes 1956. LUC BRISSON . AMÉRIUS → AMÉLIUS 137
AMMICARTOS Proclus , In Parm. 136 d, souligne l'originalité de la méthode dialectique préconisée par Parménide en rappelant que personne ne l'a appliquée parmi les philosophes postérieurs à Platon, sinon cet Ammicartos mystérieux, dont il ne semble pas connaître grand chose (p. 1020 Cousin ). Le nom est confirmé par la traduction latine de Guillaume de Moerbeke. G.R. Morrow et J.M. Dillon (édit.), Proclus' Commentary on Plato's Parmenides, Princeton 1987 , p. 369 n. 38 , croient qu'il s'agit d'un nom d'origine carthaginoise ou cyrénaïque. RICHARD GOULET.
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AMMONIOS ( M. ANNIUS - ) RE 12 PIR ? 563
ca 5 - ca 85
Philosophe platonicien , maître de Plutarque de Chéronée . Cf. 1 K. Ziegler, RE XXI, 1951 , col . 651-653 , article également imprimé en " Sonderdruck ” : Plutarchos von Chaironeia , Stuttgart 1949 , col . 16-17 ; 2 C.P. Jones , « The Teacher of Plutarch » , HSPh 71 , 1966 , p . 205-213 ; 3 J. Whittaker, CQ 63 , 1969, p . 185-191 (sur l'orientation philosophique des propos prêtés à Ammonios dans le De E delph. ) ; 4 J. Dillon , The Middle Platonists, p. 189-192 ; 5 J. Glucker, Antiochus, p . 124-125 ; 6 P.L. Donini , « Plutarco , Ammonio e l'Academia » , dans F.E. Brenk et I. Gallo (édit . ) , Miscellanea Plutarchea, coll. « Quaderni del Giornale Filologico Ferrarese » 8 , Ferrara 1986 , p . 97-110 . Bibliographie dans 7 L. Deitz, « Bibliographie du platonisme impérial antérieur à Plotin : 1926-1986 » , ANRW II 36 , 1 , Berlin 1987 , p. 138 . Originaire d'Égypte (Eunape, V. soph. II 1 , 3 ; p. 2 , 23 Giangrande ), Ammo nios enseignait à Athènes, non comme scholarque de l'Académie mais à titre privé ( cf. Glucker 5 ) . Il est évoqué ou mis en scène dans plusieurs ouvrages de Plutarque : Thémistocle 32, 6 ; De adul. et am . 70 e ; Quaest. conv . III 1 et 2 ; VIII 3 ; IX ; De E delph .; De def. or. Il manifeste à l'occasion, dans ces inter ventions, un intérêt certain pour le pythagorisme ( cf. Whittaker 3). Plutarque avait composé un traité intitulé 'Αμμώνιος ή περί του μή ήδέως τη κακία συνείναι .. Ammonios était devenu citoyen d'Athènes, où il était inscrit dans le dème de Cholléides. Entre la fin du règne de Néron et le début de celui de Domitien , il exerça à trois reprises la fonction la plus importante de l'État, la stratégie des hoplites. Des inscriptions attiques montrent que ses fils Ammonios et Thrasyllos (Hesperia 47 , 1978 , p . 300 ; IG II? 1990 et 3558 ) , puis ses descendants, exer cèrent aussi les plus hautes magistratures et prêtrises de la cité . C'est probable ment lors de la visite en Grèce de Néron , en 67 , qu'il avait fait la connaissance du sénateur Afrinus, qui par la suite obtint pour lui le statut de citoyen romain et lui
AMMONIOS SACCAS
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transmit ses noms M. Annius ( cf. Jones 2 , p. 209). Il vécut assez longtemps pour voir son fils Thrasyllos devenir héraut de l'Aréopage ( IG II 3558 ) et Plutarque le fait intervenir dans des passages dont la date dramatique peut être placée au début des années 80 : il mourut probablement sous le règne de Domitien . BERNADETTE PUECH . 139
AMMONIOS RE 13
D III
A. Philosophe péripatéticien (and toŨ lepinátou ) mentionné par Philostrate dans sa Vie d'Hippodromos (V. soph. II 27 ) : Philostrate déclare n'avoir pas connu d'homme plus érudit (roluypapuatótepov ). A. Gercke, art. « Ammonios» 13, RE I 2, 1894, col. 1862-1863, proposait de voir dans ce péripatéticien un successeur d'Alexandre d’Aphrodise à Athènes, mais on ne considère plus comme établi qu'Alexandre ait détenu une chaire impériale de philosophie à Athènes. Voir la notice « Alexandros d'Aphrodisias » . B. C'est probablement du même philosophe que Longin parle dans la préface de son traité Sur la fin (Tlepl TÉRouc ) citée par Porphyre au chap. 20 de la Vie de Plotin . Longin le classe dans le groupe des philosophes qui n'ont pas mis par écrit leurs opinions : « ...parmiles péripatéticiens, Ammonius et Ptolémée, qui furent tous deux les plus érudits (filoloyoratoi) de leur époque, et particulièrement Ammonius, car personne ne l'approchait pour l'étendue du savoir ( eiç nolupa elav ) » . Longin apporte toutefois ces précisions : « ils ont bien écrit, mais rien de scientifique ( TEXvixòv oŮdév ): seulement des poèmes et des discours d'apparat (noinuata xal Nóyouç ÉNIDEIXTIXOÚc) qui ont été conservés, je crois, en dépit de leurs auteurs; car ils n'auraient pas admis, j'imagine, de devenir par la suite célèbres au moyen de tels écrits , alors qu'ils ont négligé de préserver le trésor de leur réflexion dans des écrits plus sérieux » ( 20, 49-57) . Cf. L. Brisson , « Prosopographie » , p. 71 . LUC BRISSON . 140 AMMONIOS dit Saccas RE 14
D II
Maître de Plotin à Alexandrie de 232 à 242. Témoignages . 1 H.-R. Schwyzer, Ammonios Sakkas, der Lehrer Plotins, coll. « Rheinisch -Westfälische Akademie der Wissenschaften – Vorträge » G 260, (Opladen ] 1983 , 93 p . (bibliographie : p. 7-9 ) . C.r. par 2 M. Baltes, Gnomon 56 , 1983 , p . 104-107 , qui ajoute aux 23 testimonia recueillis par Schwyzer l'article « 'Amélioc » de la Souda, A 1549 . Cf. 3 M. Baltes, art. « Ammonios Sakkas» , RACSuppl. III, 1985 , p . 323 332. Un nouvel état de la question ( un peu confus et parfois inexact dans la présentation des thèses) a été dressé par 4 F.M. Schroeder, « Ammonius Saccas » , ANRW 36 , 1 , Berlin 1987 , p. 493-526 (bibliographie : p . 522-526) . Les deux sources les plus importantes pour notre connaissance de ce philo sophe mystérieux sont la Vie de Plotin par Porphyre et un passage du Contra Christianos du même auteur ( fr. 39 Harnack ) conservé par Eusébe , H.E.VI 19. Porphyre raconte que Plotin, lorsqu'il se lança dans l'étude de la philosophie, dans sa vingt-huitième année, soit en 232 dans le système chronologique de la Vie de Plotin , commença par fréquenter les maîtres les plus célèbres d'Alexandrie.
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AMMONIOS SACCAS
Devant l'insatisfaction qu'il éprouvait, un ami lui fit connaître Ammonios. L'ayant entendu, Plotin s'exclama : « Voilà l'homme que je cherchais! » , et il demeura onze ans auprès de ce maître. On peut penser que c'est après la mort d'Ammonios et sous l'impulsion de ce dernier que Plotin , âgé de trente -neuf ans, prit part à l'expédition de Gordien en Orient, pour connaître la philosophie des Perses et des Indiens ( T 1 ). D'autres disciples d'Ammonios nous sont connus . On sait par exemple que Hérennius, Origène (le platonicien ) et Plotin s'étaient engagés dans un pacte à ne pas dévoiler les doctrines qu’Ammonios leur avaient révélées dans ses cours ( T 2 ) . [ Sur la portée de ce pacte voir notamment 5 M. -0 . Goulet - Cazé , « L'arrière - plan scolaire de la Vie de Plotin » , dans L. Brisson , M.-O. Goulet Cazé, R. Goulet et D. O'Brien, Porphyre, La Vie de Plotin, t. I : Travaux préli minaires et index grec complet, coll . « Histoire des doctrines de l'antiquité classique » 6, Paris 1982, p. 257-261 .) Longin, dans un passage de l'introduction de son lepl Télous cité par Porphyre, déclare avoir eu pour maîtres pendant la plus grande partie de ses études les platoniciens Ammonios et Origène ( T 6 ). Il les range dans un groupe de philosophes qui se sont entièrement consacrés à l'enseignement et , sauf des écrits de circonstance, n'ont pas laissé d'æuvre philosophique écrite . D'autres disciples sont mentionnés à l'occasion : ainsi ce Théodosios dont la fille épousa Zéthos l'Arabe, élève de Plotin (T3), ou encore Olympios d'Alexandrie qui tenta de diriger contre Plotin des influences maléfi ques (T 4) . Proclus mentionne encore un certain Antoninos (voir ce nom) dont une doctrine attribuée aux Perses semble avoir été transmise par Porphyre et Théodore d'Asiné ( T 19) . La seconde source , le fr. 39 du Contra Christianos de Porphyre, pose d'im portants problèmes historiques. Selon Porphyre, Ammonios aurait été un apostat du christianisme et il aurait enseigné à Origène le chrétien qu'il faudrait consi dérer, lui, comme un païen converti au christianisme. 6 R. Goulet, « Porphyre, Ammonius , les deux Origène et les autres » , RHPR 57 , 1977 , p . 471-496 , a montré qu'il fallait bien isoler le témoignage de Porphyre du commentaire qu'en donne Eusébe. Eusébe utilise le passage de Porphyre pour prouver l'excellente formation philosophique reçue par Origène et la célébrité dont il jouissait chez les auteurs profanes. Il n'est cependant pas en mesure de confirmer ce séjour d'Origène chez Ammonios par une documentation chrétienne indépendante. Quand il veut montrer, contre Porphyre , qu'Ammonios n'a jamais apostasie sa foi, il confond manifestement Ammonios avec un auteur chrétien homonyme dont il connaissait au moins un ouvrage « Sur l'accord entre Moïse et Jésus » . ( Schroeder 4, p . 505 , rapporte de façon erronée mes explications : je n'ai jamais dit que Porphyre avait confondu deux Ammonius). Eusébe connaissait d'autre part une lettre autobiographique d'Origène dans laquelle ce dernier racontait avoir étudié à Alexandrie, en compagnie d'Héraclas, chez « le maître des disciplines philosophiques » . Mais dans cette lettre , citée par Eusébe, le nom de ce maître n'était pas donné. Eusébe ne savait donc rien sur Ammonios. Analyse détaillée de la biographie d'Origène chez Eusèbe dans l'ouvrage fondamental de 7 P. Nautin , Origène , t . I : Sa vie et son cuvre, coll. « Christianisme antique » 1 , Paris 1977 , p . 19-98 . Selon P. Nautin, p. 201 , Porphyre « ne prétend pas qu'Origène soit né dans une famille païenne » . Mais l'expression « Hellène, élevé dans les doctrines hellènes » implique, dans le
AMMONIOS SACCAS
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contexte, une incompatibilté avec « l'extravagance barbare » ultérieurement adoptée par Origène et cette démarche est opposée à la conversion inverse d'Ammonius. C'est en tout cas ce qu'a compris Eusébe : selon Porphyre, Origène serait passé « des Hellènes chez nous » . Or, le témoignage de Porphyre soulève de son côté bien des questions. Il est faux notamment qu'Origène ait été païen : des documents autobiographiques conservés par Eusébe permettent de l'établir. Une explication plausible que Schwyzer 1 , p . 27-28, et Schroeder 4 , p . 507, n'acceptent cependant pas, serait que Porphyre, au moment de rédiger son Contra Christianos en Sicile , après la mort de Plotin survenue en 270, ait confondu Origène d'Alexandrie , le chrétien qu'il avait rencontré dans sa jeunesse et dont il connaissait les ouvrages d'exégèse allégorique, avec le néoplatonicien alexandrin du même nom , disciple d'Ammonios et maître de Longin, dont il avait entendu parler à Athènes et à Rome, mais qu'il n'avait probablement pas rencontré. En faveur d'une semblable confusion , voir, outre l'article de Goulet 5 (où l'on trouvera , p. 492 n. 58 , les études antérieures ayant déjà envisagé cette hypothèse ) , 7 H. Dörrie , « Ammonios, der Lehrer Plotins» , Hermes 83 , 1955 , p. 439-478 = id ., Platonica minora , München 1976 , p. 324-360, et 8 id. , art. « Ammonios Sakkas» , TRE II, 1978 , p. 463-473. L'hypothèse ne peut évidemment être envisagée qu'une fois éliminée la thèse d'un unique Origène, à la fois platonicien et chrétien . Après d'autres, 9 F.H. Kettler, « Origenes, Ammonios Sakkas und Porphyrius», dans Kerygma und Logos. Festschrift für C. Andresen, Göttingen 1979, p. 322-328 , a tenté récemment de la faire revivre. Les arguments qui permet tent d'établir une distinction entre les deux personnages sont résumés par Goulet 5, p. 483 484 ; voir aussi Schwyzer 1 , p. 22-25. Schroeder 4, qui ne croit pas possible une confusion de la part de Porphyre et maintient que les deux Origène ont pu étudier avec Ammonius, est forcé de reconnaître que le séjour d'Origène chez ce philosophe ne semble pas avoir été l'occasion d'une profonde influence doctrinale. Sur le problème historique se greffe en effet un problème doctrinal, car pour reconstituer l'enseignement oral d'Ammonios on a cru pouvoir se servir de l'euvre de ses disciples et on a cherché à mettre Origène le chrétien à contri bution . Voir 10 W. Theiler, « Ammonios, der Lehrer des Origenes» , dans Forschungen zum Neuplatonismus, Berlin 1966 , p . 1-45 . La lecture du De principiis ne témoigne pas, semble - t -il, en faveur d'une familiarité d'Origène avec un état de la tradition platonicienne postérieur au moyen -platonisme. Voir 11 R. Goulet,C.-r. de l'édition Crouzel et Simonetti du De principiis, dans REG 93 , 1980, p. 593-596. L'approche de Theiler est également rejetée par Schwyzer 1 , p . 37. Sur les traces possibles de la pensée d'Ammonios chez Hiéroclès et Némésius, voir Schwyzer 1 , p. 39-72, Schroeder 4, p. 509-517. Parmi les énigmes encore inexpliquées que soulève Ammonios, il y a celle de l'origine et de la signification de son surnom : « Saccas » . Absent de la tradition néoplatonicienne, il apparaît chez Ammien Marcellin ( T 10) et chez Théodoret ( T 18 ) , puis dans la Souda ( T 21-23) . Ammien associe « Saccas Ammonius Plotini magister » à plusieurs grammairiens d'Alexandrie, signe probable d'une confusion avec le disciple d'Aristarque ( Ammonios RE 16) . On pourrait se demander également si la position du surnom ne trahit pas une interpolation ultérieure . Chez Théodoret, l'influence d'Eusébe est vraisemblable : « notre >> Origène y est présenté comme le disciple d'Ammonios. Mais , outre une
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AMMONIOS D'ALEXANDRIE
explication du surmom de Saccas (τους σάκκους καταλιπών οίς μετέφερε τους rupoúc ), on relève une précieuse indication chronologique : Ammonios aurait vécu sous l'empereur Commode ( 180-192). Cette datation est inattendue, puisque nous savons qu'Ammonios enseignait encore en 242. Mais peut-être nous donne t -elle la clef de l'énigme. Théodoret connaissait par Eusébe qui en parlait dans son Histoire ecclésiastique V 21 , 2-5 , et dans son recueil d'Actes des anciens martyrs perdu, un certain philosophe Apollonios d'Alexandrie qui avait subi le martyre sous Commode. Or, les Actes grecs conservés du martyr Apollonios (ou Apollos) lui donnent comme surnom « Sakkéas » . Il n'y aurait rien d'étonnant, bien que l'hypothèse ne puisse sans doute pas être vérifiée , à ce que le nom d'Ammonios Saccas provienne de la confusion , dans l'esprit de Théodoret, du témoignage de Porphyre connu par Eusébe sur Ammonios, le maître d'Origène, et du témoignage d'Eusébe sur le philosophe alexandrin Apollonios dit Saccéas. Voir la notice « Apollonios o xai Laxxéac » . RICHARD GOULET. 141
AMMONIOS D'ALEXANDRIE RE 14
V - VI
Fils d'Hermias et d'Aidésia, une parente de Syrianus qu'Hermias avait connue à Athènes. Ils eurent trois fils, Ammonius était le second. Il a dû naître à Alexandrie vers 440 et il a vécu au delà de 517 , date à laquelle ses leçons sur la Physique d'Aristote ont été éditées par Jean Philopon. Il fut l'élève de Proclus à Athènes avant de revenir à Alexandrie pour y enseigner. Peut-être occupait- il une chaire municipale à Alexandrie (Zacharie, Vita Severi, p . 16 et 22 Kugener ). Professeur de philosophie, il ne négligeait pas la géométrie et l'astronomie (Damascius, V. Isid . $ 79) ; on a de lui des observations astronomiques faites en 502 avec son frère cadet Héliodore (CCAG , t. II, p. 81 , et J.L. Heiberg , Cl . Ptolemaei opera I, p. XXXV - XXXVII ) . Il a peut- être composé un traité sur l'astrolabe (CCAG , t. VI , p. 3) . Toute sa vie, il a donné des cours sur les æuvres de Platon et d'Aristote , mais seul son cours sur le De interpretatione a été édité comme étant de lui. Tous ses autres cours ont été publiés par l'intermédiaire de ses disciples, Jean Philopon et Asclépius, par le procédé bien connu de l'ano ouvñs. Ce sont des notes de cours publiées sous le nom d'Ammonius lui -même : Isagogè, Catégories, Premiers Analytiques ; sous le nom de Jean Philopon : Catégories, Premiers et Seconds Analytiques, Physique, De generatione, Meteorologica, De anima, De genera tione animalium ; sous le nom d'Asclepius: Métaphysique. Les ouvrages conser vés ont été publiés dans le CAG , t. IV 3-6, VI 2, XIII -XVII. Ammonius a composé aussi des pov6616101: un traité sur Phédon 65 d 5-6 , dans lequel il défendait Platon contre l'accusation de scepticisme (Olympiodore, In Phaed. 8 , § 17 , 6-7) , et un autre sur l'idée de Dieu chez Aristote (Simplicius, In De caelo, p. 271, 13-21 Heiberg, et In Phys., p. 1363 , 8-12 Diels ). Entre 475 et 485 , Damascius a suivi un cours d'exégèse sur la philosophie platonicienne et sur l'astronomie de Ptolémée par Ammonius (V. Isid ., fr. 128), et environ quarante ans plus tard , vers 515 , Olympiodore l'entendit commenter le Gorgias (Olympiodore, In Gorg., p. 183 , 11 Westerink ). Damascius dit de lui qu'il était très travailleur (V. Isid . 8 79) , et à un moment de sa carrière il semble qu'il ait eu avec l'évêque d'Alexandrie des rapports
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difficiles, à propos desquels Damascius lui reproche à mots couverts de s'être laissé acheter à cause de son avarice (V. Isid. 8 179 et fr. 316). Il reste donc de lui ses nombreux commentaires sur Aristote qu'il semble avoir préféré à Platon ( V. Isid . 8 79 ). Mais il a certainement enseigné ces deux auteurs et, si ses commentaires sur Platon n'ont pas été conservés, c'est peut-être simplement parce que ceux de Proclus étaient préférés. Dans un dialogue composé par Zacharias le Scholastique ( VIe s . ) sous le titre Ammonius (PG 85 , col. 1011-1144 ), le philosophe expose et défend sa doctrine sur l'origine temporelle du monde, sur son éternité et sur le concept de Trinité . Ce dialogue semble refléter une situation historique, et l'influence sur Boèce de ces doctrines d'Ammonius a été reconnue . Voir P. Courcelle , Les lettres grecques en Occident, de Macrobe à Cassiodore, Paris 1948, p. 257-304 ; Ph. Merlan, « Ammonius Hermiae, Zacharias Scholasticus and Boethius » , GRBS 9 , 1968, p . 193-203, reproduit dans ses Kleine Schriften, Hildesheim /New York 1976 , p . 431-441. L'hypothèse de Courcelle a été reprise par J. Shiel, « Boethius commentaries on Aristoteles » , MRS 4 , 1958 , p . 217-244 , et L. Minio -Paluello , « Les traductions et les commentaires aristotéliciens de Boèce » , Studia Patristica I (« Texte und Untersuchungen » 64 ), Berlin 1957 , p. 358-365 . Mais le dernier mot sur cette question n'est pas encore dit. Cf. L.G. Westerink (édit.), Anonymous Prolegomena to Platonic Philosophy, Amsterdam 1962, p . X -XIII. Y. Pelletier (édit.), Les Attributions (Catégories ). Le texte aristotélicien et les prolégomènes d'Ammonios d'Hermeias, Paris / Montréal 1983 . HENRI DOMINIQUE SAFFREY. Traditions géorgienne et arménienne : Au XII ° s . furent traduits en géorgien, par un inconnu sur lequel diverses hypothèses ont été avancées ( Ivane T'arič'isdze, Ioane Pet'ric'i ou l'école de ce dernier ), les commentaires d'Ammonius sur l'Isagogê de Porphyre et sur les Catégories d'Aristote. Édition critique en géorgien par 1 M. Rapava, Amonios Ermisis txzulebebi kartul mc'erlobaši (Les æuvres d'Ammonios, fils d'Hermias, dans la littérature geor gienne ), Tbilisi 1983 (avec un résumé en allemand, p . 164-167, un index géorgien -grec, p. 176-241). Ces commentaires d'Ammonios n'ont pas été direc tement traduits en arménien . Néanmoins, on en trouve des extraits dans les versions arméniennes de David l'Invincible ( sur la dépendance de ce dernier à l'égard d'Ammonios, cf. 2 M. Rapava, « Traditions et innovations dans l'école néo -platonicienne d'Alexandrie : Ammonius Hermias et David l'Invincible » , Bedi Kartlisa 40, Paris 1982, p. 216-227 ]. Ainsi, dans son Commentaire sur les Analytiques d'Aristote ( connu uniquement, en l'absence du texte grec, par une version arménienne du VIe s . ) , David cite l'avis d'Ammonios sur la question de savoir pourquoi Aristote a donné, dans les Analytiques et dans le De interpre tatione , deux définitions différentes de l'interrogation dialectique (cf. 3 S.S. Arevšatjan ( édit. ), David Nepobedimyi, Tolkovanie Analitiki Aristotelja, ( texte arménien avec trad. russe ), Érévan 1967 , p . 80 ): « A ce sujet voici la solution indiquée par Ammonius : l'une et l'autre ( définitions) sont vraies. Car lorsqu'on interroge sur l'ensemble de la contradiction, on fait apparaître l'élément dialec tique en donnant une réponse tacite sur le point que l'on passe sous silence . »
170
AMMONIUS
D'autre part, dans un commentaire anonyme des Catégories d'Aristote , conservé dans le ms. arménien Vienne 112 ( cf. 4 J. Dashian , Catalog der arme nischen Handschriften in der Mechitharisten Bibliothek zu Wien, t. I, Wien 1895 , p . 390), on rencontre quelques fragments attribués à Antonios Ermis, corruption probable d'Ammonios fils d'Hermias ( les séquences mm et nt sont assez semblables en capitales arméniennes ). - Fragment 1 (p . 48 b2 ) : « Antonios Ermis a dit cette interprétation : on pourrait demander à juste titre “ pourquoi, après la quantité, c'est la relation (TÒ npós ti ) qui occupe la place et non pas la qualité..." »> ( fragment assez long ). - Fragment 2 (p . 67 a2) : « Antonios Ermis interprète : la qualité a reçu le quatrième rang à partir de la substance . Maintenant, pourquoi la relation (TÒ npós ti ) n'a - t -elle pas été classée avant la qualité ? Nous l'avons déjà dit quand nous examinions le classement de chacune de ces ( catégories) et la raison que nous avons dite est... » On remarquera que ces développements sur la relation correspondent à un passage du Commentaire des Catégories de David l'Invincible , qui n'a pas été conservé. H.S. Anasyan a aussi songé à identifier à Ammonios l'énigmatique Amelaxos, mentionné notamment dans la même compilation que le précédent. Mais cela paraît fort douteux, du moment que la mention « fils d'Hermias » n'apparaît pas après ce dernier nom propre. JEAN -PIERRE MAHÉ. 142
“ AMMONIUS” ( Pseudo- Ammonius) « Le livre d'Ammonius sur les opinions des philosophes » . Ce titre est celui d'un manuscrit arabe de la Bibliothèque de Sainte -Sophie (Ms. Aya Sofya 2450 , fol. 107-135 ), signalé pour la première fois par S.M. Stern (cf. A. Altmann et S.M. Stern , Isaac Israeli, Oxford 1958 , p. 78 n. 1 ) . Le texte est construit comme une doxographie et présente, en apparence, ce que les philosophes anciens (prin cipalement les Présocratiques, mais aussi Platon, Aristote , la Stoa, Épicure, Pyrrhon, Plutarque, Proclus, voire Zoroastre et les Brahmanes indiens) auraient enseigné sur le Créateur, les principes de l'univers , etc. Mais en réalité, il ne transmet que rarement les enseignements des philosophes mentionnés : le plus souvent il leur prête des opinions issues des spéculations néoplatoniciennes et monothéistes. La conception philosophique sous-jacente qui s'exprime ainsi dans presque tous les chapitres a de nombreux points communs avec les idées qui nous sont connues par les paraphrases arabes d'ouvrages néoplatoniciens comme la Théologie d'Aristote » (création ex nihilo , le Créateur est l'être premier ; à sa suite viennent les hypostases néoplatoniciennes : l’Intellect et l'Ame, etc. ) . Le dessein du Pseudo - Ammonius consiste évidemment à présenter ces conceptions qui sont essentiellement les siennes comme ayant été partagées par les autorités anciennes.
Malgré cette homogénéité, il est possible de constater des différences notables entre les divers chapitres. Elles proviennent tout d'abord du fait que les philo sophes cités soutiennent des positions divergentes sur certains problèmes ( par exemple celui de la présence des Idées dans la Pensée de Dieu) . D'un autre côté, l'auteur a le souci continuel de laisser glisser dans son exposé quelques fragments
AMPELIUS
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qui , dans la tradition antique , étaient indissociablement liés aux noms mentionnés (par exemple : Dieu a créé en premier, selon Thalès, l'eau , selon Anaximène, l'air, etc.). Pour ce matériel doxographique, il a utilisé comme source la Refutatio omnium haeresium attribuée dans les éditions à Hippolyte (mort en 235 ). Enfin, Épicure et Plutarque constituent un cas particulier : ils sont critiques de façon précise pour leurs opinions qui sont d'ailleurs exposées d'une façon relativement correcte . Cette critique s'inscrit directement dans la tradition néo -platonicienne. Malgré ces réminiscences, plusieurs indices permettent de conclure que l'ouvrage du Pseudo - Ammonius n'a pas été traduit du grec, mais a été composé dans les cercles philosophiques arabes du IXe s . Les idées ont certes leur origine à peu près exclusivement dans l'Antiquité, mais elles semblent avoir été enrichies par des problématiques qui sont caractéristiques du 18 ° s . En outre , il est possible de signaler pour la forme littéraire de ce texte des parallèles de cette époque. On peut penser par exemple à la Turba Philosophorum qui utilise d'ailleurs également comme source la Refutatio d'Hippolyte (voir U. Rudolph, « Christliche Theologie und vorsokratische Lehren in der Turba Philosopho rum » , à paraître dans Oriens 32 , 1990) . L'attribution à Ammonius est évidemment liée au fait qu'Ammonius, le fils d'Hermias, jouissait d'un grand prestige chez les Arabes qui le connaissaient comme disciple de Proclus et maître de Jean Philopon . Dans l'Islam du Moyen Age cet ouvrage a trouvé une large diffusion : il fut considéré par plusieurs auteurs comme source documentaire pour la philosophie grecque ( comme les Placita Philosophorum d'Aétius ). Parmi les auteurs qui lui empruntèrent des extraits se rencontrent des noms aussi fameux qu'al- Birūni et al-Sahrastāni. Édition. U. Rudolph , Die Doxographie des Pseudo -Ammonios . Ein Beitrag zur neuplatonischen Überlieferung im Islam , coll . « Abhandlungen für die Kunde des Morgenlandes » 49 , 1 , Stuttgart 1989 . ULRICH RUDOLPH .
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RE 1
F III-IV
Auteur du Liber memorialis où il se propose d'étudier « l'univers, les élé ments , ce que contient la terre et les actions accomplies par le genre humain » . Les 50 chapitres de l'ouvrage comprennent ainsi une description de l'univers et des astres ( 1-5 ) , une description du monde et de ses merveilles (6-8 ) , pour passer aux dieux (9) et s'achever sur une partie historique où sont énumérés les grands empires (Assyrie , Mèdes , Grèce et Macédoine , Mithridate et les Parthes ) avant de s'attacher à Rome : Romains célèbres par leurs victoires ou leur dévouement à la patrie, ennemis de Rome , guerres puniques, mais aussi sécessions, changements dans la « constitution romaine » , ou répartition des citoyens dans les comices , telles sont quelques-unes des questions qu'aborde l'ouvrage. Il ne s'agit donc pas d'un récit historique, mais d'une série de notices succinctes , parfois même réduites à des listes de noms . Aide -mémoire ou manuel scolaire , comme on l'a cru quelquefois , le liber memorialis contient des faits notables en tout genre .
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AMPELIUS
Éditions. 1 E. Assmann , Liber memorialis, coll. BT, Leipzig 1935 , XXII 36 p .; 2 N. Terzaghi, Liber memorialis, Torino 1947 ; 3 V. Colonna, Liber Memorialis, Bari 1975, 135 p. ( introduction et texte ). Lexique. 5 V. Colonna , L. Ampelii Lexicon, Genova 1980 , 235 p. Études. 6 G. Wissowa, art. « Ampelius » 1 , REI 1 , 1893 , col. 1880-1881 ; 7 E. Assmann, « Der Liber Memorialis des Lucius Ampelius » , Philologus 94, 1939-1940 , p . 197-221 ; p . 303-329 ; 8 J.M. Alonso - Nunez , « El liber Memorialis di L. Ampelius » , ACD 17-18 , 1981-1982 , p . 189-193 ( article succinct mais récent, qui souligne les principaux problèmes de l'ouvre et donne l'essentiel de la bibliographie ). L. Ampelius ne nous est connu que par son æuvre et, en l'absence d'autres témoignages, c'est sur cet écrit que s'appuient toutes les conjectures que l'on a pu faire . De plus , le texte repose sur un unique manuscrit dont ne subsiste que la copie faite par Cl . Saumaise qui la publia en 1638 avec les æuvres de Florus ; ainsi s'explique l'abondance des travaux de critique textuelle à son sujet, et des réflexions sur les erreurs de transmission ou les lacunes de l'æuvre (voir 9 L. Bessone , La tradizione liviana, Bologna 1977 , p . 43-47, où l'on trouvera les principales études sur ce point). Le Liber memorialis, qui a suscité bien des travaux au siècle dernier et aussi quelques études récentes, pose deux séries de problèmes difficiles à résoudre : sa date , ses sources. Pour la première, on s'accorde aujourd'hui pour une date tardive en se fondant sur des critères linguistiques (voir 10 D. Bo, « La lingua del liber memorialis di Ampelio e la questione cronologica che lo riguarda » Athenaeum 39 , 1961 , p . 134-168 ), malgré les hésitations que font naître l'absence d'allusions à des faits historiques postérieurs à Trajan et la dédicace à un certain Macrin, qui n'est sans doute pas l'empereur connu sous ce nom . Plus délicate encore est la question des sources : pour la partie historique, l'étude la plus précise est celle de L. Bessone (9, p. 1-122) qui conclut en faveur de deux sources : le Tableau de l'histoire romaine de Florus et un epitome de Tite - Live, dont l'existence néanmoins reste toujours sujette à caution (voir les remarques de P. Jal dans son introduction aux Periochae de Tite - Live, CUF , Paris 1984). Pour les premiers chapitres, on admet des sources plus variées : le chap. 2 s'inspire de Nigidius Figulus; 11 A. Della Casa, « Ampelius c. 4-5 » , dans Mythos, Scritti in onore di M. Untersteiner, Genova 1970, p . 91-105 ) , a montré son influence sur le chap . 4 : de ventis , mais il ne serait pas la source unique du chap . 5. Le chap . 9, consacré aux dieux , utiliserait le De natura deorum de Cicéron , mais ferait sans doute appel à d'autres auteurs, dont Nigidius (voir 12 A. Della Casa, « Quot fuere loves » , dans Tetraonyma, Mélanges De Regibus, Genova 1966, p. 127-156, à compléter par 13 V. Colonna, « Sul cap. 9 del liber memorialis di L. Ampelio », AFLB 15 , 1972, p. 67-104, qui critique certaines conclusions de l'article précédent). Ces données montrent que L. Ampelius puise directement ou indirectement ( il n'est pas possible de le préciser) à des sources philosophiques et s'intéresse à des courants comme le pythagorisme ou l'évhémérisme, qu'il cite dans le chap. 9. Elles révèlent la survie de certaines æuvres et l'influence qu'elles exerçaient encore . Elles ne suffisent cependant pas pour faire d'Ampelius un philosophe: il n'écrit pas un traité, mais un recueil de curiosités. Toutefois , il reste sans doute un homme
AMPHION (LUTATIUS - )
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curieux de philosophie , sans qu'il soit possible de donner la moindre précision à ce sujet.
MICHÈLE DUCOS.
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MMI
AMPHICLÉIA RE 2 PLRE I :
L'une des femmes « fort attachées à la philosophie » (opó &pa pilooopią TIPOOXEVÉVas, V. Plot. 9,1 ( à la ligne 5 , la formule serait une interpolation , selon P. Henry et H.-R. Schwyzer, Plotini Opera, « editio minor » , t. III, Oxford 1982 , Addenda et corrigenda ] ) qui faisaient partie de l'entourage de Plotin . Elle devint l'épouse d'Ariston, le fils d'un certain Jamblique. S'il s'agit de Jamblique de Chalcis, ce mariage a dû avoir lieu entre 285 et 290 , Ariston ne pouvant être né qu'entre 265 et 270. Voir la notice consacrée à cet Ariston. Cf. Freudenthal, art. « Amphikleia » 2 , RE I 2 , 1894 , col . 1903 ; A. Cameron , « The date of lamblichus' birth » , Hermes 96 , 1968, p . 374-376 ; L. Brisson , « Prosopographie » , p . 71 . LUC BRISSON .
145
AMPHINOMOS RESuppl. VII : 6
Iva
Mathématicien de l'ancienne Académie , associé par Proclus, In Euclidem , à Speusippe (p . 77 , 16 Friedlein ) et à Ménaichmos (p. 254 , 4 ) . Voir aussi p. 202, 11 et 220 , 9. Cf. K. von Fritz , art. « Amphinomos » , RESuppl. VII, 1940, col . 38-39 ; F. Lasserre (édit.), De Léodamas de Thasos à Philippe d'Oponte. Témoignages et fragments, coll . « La Scuola di Platone» 2, Napoli 1987 , p . 149-152 ; 359 362 ; 583. Sur le catalogue des géomètres conservé par Proclus, voir C. Eggers Lan , « Eudemo y el " Catálogo de geómetras" de Proclo » , Emerita 53 , 1985 , p . 127-157 . RICHARD GOULET. 146
F IIIa AMPHION Péripatéticien , un des dix yvápquoi auxquels Lycon (mort vers 2254) légua le Péripatos dans son testament et confia la charge de choisir un nouveau scholarque (D.L. V 70). RICHARD GOULET.
147 AMPHION (LUTATIUS - )
RE (L)3
Ia
Affranchi de Q. Lutatius Catulus, célèbre par sa richesse (Pline XXXV 200 ). Études . 1 F. Münzer, art. « Lutatius » 3 , RE XIII 2 , 1927, col . 2008 ; 2 S. Treggiari, Roman Freedmen during the Late Republic, Oxford 1968 . En l'absence de toute autre indication à son sujet (les Ménippées de Varron [ 367 Bücheler = Nonius Marcellus 56 , 11 Müller] citées dans 1 n'apportent aucune précision ), il faut considérer que son seul lien avec la philosophie tient à son surnom : dans l’Antiope de Pacuvius, comme dans celle d'Euripide, Amphion défend la philosophie et la vie contemplative contre son frère Zéthus. Ou bien l'affranchi a fréquemment joué ce rôle ou bien il traduit un certain goût pour la
174
AMYCLAS
philosophie (mais laquelle ? ), bien que son enrichissement extrême, dû , semble -t -il, aux proscriptions, contredise cette dernière hypothèse.
MICHÈLE DUCOS. 148
AMYCLAS
MIV
Il semble difficile de distinguer entre plusieurs personnages du nom d'Amyclas, Amyclos ou Amyntas, dont plusieurs étaient originaires d'Héraclée sur le Pont ou d'Apollonie. Voir aussi les notices « Amyclos » et « Amyntas » , A. Pythagoricien . D'après le témoignage d'Aristoxène de Tarente ( fr. 131 Wehrli), rapporté par D.L. IX 40 (DK 54, t. I , p . 443 , 31-34) , il aurait, avec son collègue Clinias , amené Platon à renoncer à son dessein de brûler tous les ouvrages de Démocrite qu'il pourrait rassembler, en lui persuadant que la mesure serait inefficace , vu la diffusion que ces livres avaient déjà connue . Voir F. Wehrli, Aristoxenos, coll. « Die Schule des Aristoteles » 2, Basel, 2e éd. , 1967 , p. 87 . B. Disciple de Platon. D'après Élien , V.H. III 19, Platon aurait préféré Speusippe, Xénocrate et Amyclas à Aristote dont il n'appréciait pas le mode de vie sous certains aspects trop peu philosophique. On a cru pouvoir l'identifier au mathématicien et philosophe académicien Amyntas d'Héraclée ( voir cette notice ), ainsi qu'au disciple de Platon Amyclos d'Héraclée (voir la notice suivante ). D'après Proclus, In Euclid ., p . 67 Friedlein , Amyclas d'Héraclée , disciple de Platon , aurait contribué, avec Ménaichmos et Dinostrate, au perfectionnement de la géométrie. Cf. F. Lasserre , De Léodamas de Thasos à Philippe d'Oponte. Témoignages et fragments,coll. « La Scuola di Platone » 2 , Napoli 1987 , p . 87 90 ; 301-304 ; 521-522. Sur le catalogue des géomètres conservé par Proclus, voir C. Eggers Lan, « Eudemo y el “Catálogo de geómetras” de Proclo » , Emerita 53 , 1985 , p. 127-157 . BRUNO CENTRONE. C. Amyclas d'Apollonie sur le Pont ou d'Héraclée, « philosophe », était, selon la Souda, s.v. 'looxpárns , 1 653 , t. II, p. 670, 20-28 Adler, le père d'un certain Isocrate, « disciple et successeur du grand Isocrate » . Cet Isocrate est présenté par Harpocration, Lexicon , p. 119, 5-6 Dindorf, comme l'auteur de l’A Démonicos d'Isocrate. Sur l'authenticité de cet ouvrage, voir E. Mikkola, Isokrates . Seine Anschauungen im Lichte seiner Schriften, coll. « Annales Academiae Scientiarum Fenni cae » B 89, Helsinki 1954, p. 277. Zosime, Vit. Isocr., p. 256, 91 Westermann , mentionne, dans une liste de disciples d'Isocrate, entre Philiscos et Théodecte , 'looxpátnv Ouóvupov aútoũ. Cf. FGrHist 324 T 2b. Le rhéteur Isocrate d'Apollonie est également mentionné par la Souda, s.v. OcoốÉXINS, O 138, t. II, p. 692, 25-26 Adler. Il est apparemment absent de la RE . RICHARD GOULET.
AMYNTAS D'HÉRACLÉE
149
175
IV
AMYCLOS D'HÉRACLÉE
Académicien , mentionné comme élève de Platon en D.L. III 46 . On croit pouvoir l'identifier avec Amyntas d'Héraclée (voir cette notice ), ainsi qu'avec le pythagoricien Amyclas (voir la notice précédente ) qui, avec Clinias, aurait dissuadé Platon de brûler les ouvrages de Démocrite. BRUNO CENTRONE .
14-1
150 AMYNIAS DE SAMOS
C. Iulius Amynias de Samos, dit « Isocratès » , est connu comme philosophe épicurien par des inscriptions de l'Héraion de Samos : ( 1 ) BCH 5 , 1881 , p. 496 , nº 9 ( IGR IV 997) ; (2) MDAI( A ) 75 , 1960 , p. 70-82 ; (3 ) ibid ., 83 . Il fut honoré par ses concitoyens d'une statue à l'Héraion , en récompense des services rendus à la cité ( 1 ) . Deux autres inscriptions, où sa qualité de philosophe n'est pas mentionnée, donnent des indications assez précises sur l'époque où il vivait: sous le règne d'Auguste, probablement en 6/5 av . J.-C. , il conduisit une ambassade chargée de présenter à l'empereur un décret de la cité (2). Il fut démiurge à Samos en 6/7. BERNADETTE PUECH . 151
D III
AMYNOMAQUE D'ATHÈNES RE PA 742 Amynomaque, fils de Philocratès, du dème athénien de Timocratès, fils de Démétrius, du dème de Potamos, héritier des (mort en 271/2 ), d'après les termes du testament de ce dernier, nom est également mentionné en X 17 , 18 , 19, 20, 21 , ainsi que finibus II 31 , 101 .
Batè, fut, avec biens d'Épicure D.L. X 16. Son par Cicéron , De
Jamais les deux héritiers ne sont présentés comme des disciples d'Épicure. C'étaient probablement des sympathisants athéniens de l'école qui acceptaient de servir de gérants pour assurer la continuité matérielle de l'institution. < Selon J. Kirchner, RE I 2, 1894 , col. 2005, Amynomaque figure comme rogator dans un décret du milieu du III° s . av . J.-C. (IG II ? 1245 ) et un de ses ancêtres , déjà fils d'un Philocratès (PA 741 ) , est mentionné dans une liste de prytanes du milieu du IVe s . (IG II? 1747 , aujourd'hui disparue ). Cf. The Athenian Agora , vol. XV : B.D. Meritt et J.S. Traill, Inscriptions. The Athenian Councillors, Princeton 1974, n° 36 , li . 30. BERNADETTE PUECH . > RICHARD GOULET. 152 AMYNTAS D'HÉRACLÉE (Pont) RE 23
MIV
Philosophe académicien , originaire d'Héraclée sur le Pont. Il fut un mathé maticien réputé et, comme son compatriote Héraclide, un disciple de Platon (cf. Ind . Acad. Herc ., col. VI, 1 , p. 33 Mekler ). Peut- être doit -on l'identifier avec l'Amyclas dont parlent Élien, V.H. III 19 , Procl., In Eucl., p. 67 Friedlein , et D.L. IX 40, ainsi qu'avec l'Amyclos men tionné en D.L. III 46 , comme on l'a proposé depuis Bücheler ( cf. 1 Zeller, Ir , p . 982 n. 1 ; 2 E. Schwartz, art. « Alkimos » 18 , RE I 2, 1894, col . 1543 s.; 3 P. Natorp , art. « Amyntas » 23 , ibid ., col. 2008 ; 4 M. Gigante, PP 30, 1953 ,
AMYNTÈS
176
p. 167, et 5 M. Isnardi Parente [ édit.], Speusippo. Frammenti, coll. « La Scuola di Platone » 1 , Napoli 1980, p. 218-219). Il est probablement le destinataire du Moos ’ Auúvtav d’Alcimos (D.L. III 9 17 : cf. 6 K. Gaiser, dans Zetesis. Mélanges E. de Strycker, Antwerpen /Utrecht 1973 , p . 61-79 , surtout p. 63 ) ; 7 A. Cassio, HSPh 89, 1985 , p . 43-45, et 8 H. Dörrie, Der Platonismus in der Antike, t. I : Die geschichtlichen Wurzeln des Platonismus : Bausteine 1-35, Stuttgart/Bad Cannstatt 1987 , p . 90-95 , 308 318 . TIZIANO DORANDI.
153
AMYNTÈS
MII
Académicien ( ? ), mentionné dans l'Ind . Acad. Herc ., col. XXVI, 34 = XXIX , 7 ( p. 92 et 98 Mekler = FGrHist 244 F 53 ) , comme maître de Boèce de Marathon , avec des AutoAÚXE101 (disciples d'Autolycus de Pitane ?) inconnus. TIZIANO DORANDI. 154
AMYNTIANOS
PLRE II :
FIV - D V
Philosophe de Cyrénaïque, ami de Synésius, mort depuis un certain temps ( noté ) lorsque celui-ci en parle dans une lettre adressée à Constant (qui fut consul en 414) : Synésius, Epist. 27 , p . 43 Garzya. PIERRE MARAVAL .
155
ca 6002
ANACHARSIS RE
Prince scythe qui, selon la légende, visita à l'époque archaïque la Grèce , où il se signala par sa sagesse . Témoignages et fragments. 1 J.F. Kindstrand, Anacharsis. The Legend and the Apophthegmata , coll. « Acta Universitatis Upsaliensis: Studia Graeca Upsaliensia » 16 , Uppsala 1981 , XXII - 176 p . Sommaire : la première partie est consacrée à l'origine et à l'évolution de la légende d'Anacharsis pendant l'Anti quité et les temps modernes, tandis que la dernière partie est constituée par un recueil et un commentaire des apophtegmes attribués à Anacharsis. Études d'orientation . 2 W. Schmid , art. « Anacharsis » , RE I 2 , 1894, col . 2017-2018 ; 3 P. Von der Mühll , « Das Alter der Anacharsislegende », dans Festgabe Hugo Blümner überreicht, Zürich 1914 , p. 425-433 , article repris dans id ., Ausgewählte kleine Schriften, coll. « Schweizerische Beiträge zur Altertumswissenschaft » 12 , Basel 1975 , p . 473-481 ; 4 A. MacC . Armstrong, « Anacharsis the Scythian » , G &R 17 , 1948, p. 18-23 . Bibliographie. Kindstrand 1 , p . XI -XXII .
LA LÉGENDE D'ANACHARSIS Ni la vie ni les opinions d'Anacharsis , tel que nous le rencontrons dans la littérature antique, n'ont de caractère historique. Au contraire, nous avons affaire à une légende qui s'est constamment développée, éventuellement à partir d'une réalité historique. La place accordée à Anacharsis parmi les philosophes
ANACHARSIS
177
s'explique par la manière dont différentes écoles philosophiques l'ont utilisé en tant que personnage . Sources de la légende. Pour une liste de l'ensemble des sources antiques de la légende d'Anacharsis, voir Kindstrand 1 , p . 165-171 . Le plus souvent il s'agit de citations d'ouvrages désormais perdus, ou bien de brèves remarques en passant dans des ouvrages conservés. La source la plus ancienne est Hérodote IV 46 et 76-77 , qui montre qu'Anacharsis faisait déjà l'objet de création de légendes; voir 5 F. Hartog, Le miroir d'Hérodote . Essai sur la représentation de l'autre, Paris 1980, p. 81-102. Il y a un certain nombre d'ouvrages datant de l'époque impériale dans lesquels Anacharsis joue un rôle important: ( 1 ) Plutarque, Septem sapientium convivium . Voir 6 J. Defradas (édit. ), Plutarque, Le Banquet des Sept Sages. Texte et traduction avec une introduction et des notes, coll. « Études et commentaires » 20 , Paris 1954 , 115 p . (2) Lucien , Anacharsis, Scytha. (3 ) Diogène Laërce I 101-105, qui contient un résumé de la tradition biogra phique et, notamment, un recueil d'apophtegmes. Les différentes parties sont traitées, suivant leur contenu , dans Kindstrand 1 ; voir les références p . 166 167. Pour les éditions et les traductions complètes de Diogène Laërce, voir la notice consacrée à cet auteur. Vie légendaire. La biographie d'Anacharsis, telle qu'elle a été établie par les Grecs, est probablement dépourvue de tout fondement historique. Selon cette biographie, Anacharsis serait le fils d’un roi scythe et d'une femme grecque ; il aurait visité la Grèce et serait entré en contact avec les sages de l'époqueet, de retour en Scythie , il aurait été tué par ses compatriotes (D.L. I 101-102 ). Datation . Selon Sosicrate (dans D.L. I 101 = fr. 15 FHG IV ), Anacharsis serait arrivé à Athènes au cours de la 47° Olympiade (592-588), sous l'archontat d'Eucratès (592/1). C'est là une reconstruction fondée sur les relations que, selon la tradition , Anacharsis aurait entretenues avec Solon. Origine et composantes de la légende. La légende d'Anacharsis peut avoir son origine dans l'idée qu'on se faisait des chamans scythes, tels qu'Abaris, venus en Grèce à l'époque archaïque. La description faite par Hérodote IV 76 pourrait en témoigner. En outre, la légende a été marquée par d'autres idées, notamment la croyance à la sagesse des barbares et l'idéalisation de peuples étrangers tels que les Scythes ( cf. Éphore, FGrHist 70 , fr. 42 et 158 ). Il y a aussi une opinion opposée selon laquelle Anacharsis serait venu apprendre la sagesse grecque (cf. Hérodote IV 76 et Lucien , Scytha ). Cf. Kindstrand 1 , p. 17-32. ANACHARSIS ET LES SEPT SAGES La place d'Anacharsis parmi les Sept Sages est probablement d'origine archaïque, bien qu'elle ne lui soit jamais attribuée de manière constante , et qu'elle soit attestée seulement à des époques plus récentes. Les sources les plus anciennes sont : Éphore ( D.L. I 41 = FGrHist 70 , fr. 182) , Dicéarque (D.L. I 41 = fr. 32 Wehrli), Hermippe (D.L. I 42 = fr. 6 Wehrli) et Hippobote (D.L. I 42). Des sources plus récentes font souvent allusion aux relations d'Anacharsis avec les Sept Sages : Diodore de Sicile IX 26 , 2, Nicolas de Damas ( Stobée III 1 , 200 =
178
ANACHARSIS
FGrHist 90 , fr. 104 ), Plutarque, Septem sapientium convivium , Clément d'Alexandrie, Strom . I 14, 59, 1 , Diogène Laërce I 13 , etc. Selon la tradition antique, Anacharsis aurait surtout été lié avec Solon (voir Anacharsis, Ep . 2, Hermippe ( D.L. I 101-102 = fr. 9 Wehrli), Plutarque, Solon 5 , Lucien, Anacharsis et Scytha, etc.) et Myson (voir Hermippe (D.L. I 106 = fr. 14 Wehrli), D.L. I 30 et Maxime de Tyr XXV I ). Études d'orientation. 70. Barkowski, art. « Sieben Weise » , RE II A 2 , 1923 , col. 2242-2264 ; Defradas 6 , p . 16-23 ; 8 M.-L. Paladini , « Influenza della tradizione dei Sette Savi sulla ' Vita di Solone' di Plutarco » , REG 69 , 1956 , p . 377-411 ; Kindstrand 1 , p . 33-48 . Bibliographie. Kindstrand 1 , p . 33 n . 1 . Inventions. Anacharsis aurait été inventeur, à en croire Éphore , qui lui attribue les inventions du soufflet, de l'ancre double et du tour de potier (Strabon VII 3 , 9 = FGrHist 70, fr. 42) ; voir aussi Platon , Rép. X 600 a, Posidonius ( Sénèque, Ep. 90 , 31 = fr. 284 Edelstein -Kidd ), Pline VII 56 , 198 et 209, D.L. I 105. Cette affirmation a été critiquée par Strabon VII 3 , 9, Schol. in Apollon. Rhod. vetera A 1276-1277a , Sénèque, Ep. 90 , 31. Voir Kindstrand 1 , p . 68-73.
École. Évidemment, Anacharsis n'appartient à aucune école philosophique, mais son personnage a été utilisé, depuis l'époque archaïque, pour exprimer des préceptes moraux , et surtout pour critiquer des phénomènes grecs. Cela a fait de lui un porte -parole approprié même d'écoles philosophiques plus récentes, comme les cyniques par exemple. Voir 9 R. Heinze, « Anacharsis », Philologus 50, NF 4 , 1891 , p . 458-468 . Kindstrand 1 , p . 51-67 . EUVRES PHILOSOPHIQUES ATTRIBUÉES A ANACHARSIS ( 1 ) Les apophtegmes : le nom d'Anacharsis est avant tout associé au type d'énoncés qu'on appelle yvóun, ánóbeeyua ou Xpeia . On en a relevé qui datent du temps d'Aristote (E.N. X6,6,1176 b 33-35 ), mais il a dû en exister de plus anciens . Ils sont conservés surtout dans les florilèges de date récente . Les principaux recueils sont : a) D.L. I 103-105 ; b) Die Wiener Apophthegmen Sammlung (éd. C. Wachsmuth ) 54-70 et 101-103 ; c) Gnomologium Vaticanum (éd. L. Sternbach ) 14-22 et 130-136 . Les apophtegmes d'Anacharsis, au nombre de 50, ont été édités et commentés dans Kindstrand 1 , p. 107-157 . On peut ajouter quelques parallèles. A24 se retrouve aussi dans Eustathe, Comm . ad Hom . Od. € 68 p . 1524 , et A2 et A42 dans le Codex Neapolitanus gr . II D 22 ; voir 10 F. Sbordone, « Sentenze di filosofi e detti celebri d'antichi Spartani», RIGI 19, 1935 , p . 7. Un recueil de neuf apophtegmes dans le Codex Patmiacus 263, connus déjà grâce à Diogène Laërce, a été publié dans 11 A. Bertini Malgarini , « ΑΡΧΑΙΩΝ ΦΙΛΟΣΟΦΩΝ ΓΝΩΜΑΙ ΚΑΙ ΑΠΟΦΘΕΓΜΑΤΑ in un manoscritto di Patmos » , Elenchos 5 , 1984 , p . 170-172 (A26 , A28 , A33 , A1 , A20 , A14 , A44, A30 , A22). (2) Les épîtres: un recueil de dix lettres attribuées à Anacharsis. Elles sont apocryphes, datant probablement de l'époque hellénistique et influencées par des idées cyniques . Texte . 12 F.H. Reuters , De Anacharsidis epistulis, Diss . Bonn 1957 , 156 p .
ANATOLIUS
179
Traduction anglaise. 13 A.J. Malherbe ( édit.), The Cynic Epistles. A Study Edition , coll. « Society of Biblical Literature : Sources for Biblical Study » 12 , Missoula (Montana) 1977 , p. 6-9 et 36-51 (texte et traduction par Anne M. McGuire ). Traduction allemande. 14 F.H. Reuters , Die Briefe des Anacharsis griechisch und deutsch , coll. « Schriften und Quellen der alten Welt » 14 , Berlin 1963 , VI - 34 p. ( texte et traduction ). Études d'orientation. 15 F.H. Reuters, « Die Briefe des Anacharsis » , Das Altertum 11 , 1965, p. 36-40 ; 16 M. Mühl , « Der 2. und 9. Anacharsis brief und Isokrates » , AC 40, 1971 , p. 111-120 ; 17 I.M. Nachov , « Die Anacharsis - Briefe und das Problem der Einheit der antiken Welt » , dans H. Gericke (édit .), Miszellen zur Wissenschaftsgeschichte der Altertumskunde, coll. « Wissenschaftliche Beiträge der Martin -Luther -Universität Halle Wittenberg », 1980 : 38, Halle 1980 , p . 17-28 . ( 3 ) Diogène Laërce I 101 fait mention d'un ouvrage perdu attribué à Anacharsis : ούτος εποίησε τών τε παρά τοις Σκύθαις νομίμων και των παρά τοίς Έλλησιν , εις ευτέλειαν βίου και τα κατά τον πόλεμον έπη οκτακόσια . Sextus Empiricus, Adv. dogm . I 55-59 (Adv. math . VII 55-59 ) renferme un passage en prose , écrit d'un point de vue sceptique, dont Anacharsis serait l'auteur ; voir 18 M. Untersteiner, « Le Antilogie di Protagora » , Antiquitas 2-5 , 1947-1950, p . 39-44, article repris dans id., Scritti Minori, Brescia 1971 , p . 395-402. Kindstrand 1 , p . 49-50. Dans les deux cas il s'agit d'ouvrages parfaitement apocryphes. JAN FREDRIK KINDSTRAND . 156 ANATOLIUS D'ALEXANDRIE RE 15
157 ANATOLIUS RE 12 PLREI: 1
III MIII
Nous possédons toute une série de témoignages sur un ou plusieurs Anatolius ayant vécu dans la seconde moitié du III s. Un amateur d'Homère, disciple de Porphyre, un néoplatonicien maître de Jamblique, un dédicataire d'un ouvrage de Jamblique, l'auteur d'un traité d'arithmologie pythagoricienne en 10 livres, l'auteur d'un fragment concernant les mathématiques, un sénateur alexandrin , chef de l'école aristotélicienne, un évêque alexandrin élu au siège épiscopal de Laodicée, auteur d'un Canon sur la Pâque... Dans les témoignages historiques (Eunape, Eusébe de Césarée ), des confusions sont possibles. Il est donc difficile de délimiter les contours de chaque personnalité. Sans prétendre trancher entre une multiplicité d'Anatolius et l'identification des différentes figures en une personnalité unique ( comme l'envisage J. Dillon , « lamblichus of Chalcis ( c . 240-325 A.D. ) » , ANRW II 36 , 2 , Berlin 1987 , p . 866-867 ), on peut chercher à classer les témoignages. A. « Amoureux d'Homère » , dédicataire du premier livre (au moins ) des "Ounpixà (nthuata de Porphyre, ouvrage écrit à sa demande en guise de compte rendu des ouvovoiai au cours desquelles Porphyre s'efforçait de démontrer que dans la plupart des cas Homère suffit à expliquer Homère (Prooimion) . Voir l'édition de 1 A.R. Sodano, Porphyrii Quaestionum Homericarum liber I, Napoli 1970 ; id ., Porfirio, Questioni Omeriche, Libro primo. Traduzione, coll . « Quaderni di KOINONIA » 1 , Napoli 1973 , 83 p. D'après 2 R. Beutler, art.
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ANATOLIUS
« Porphyrios » , RE XXII 1 , 1953 , col. 299, il s'agirait d'un condisciple de Porphyre chez Longin ; l'ouvrage aurait été écrit pendant le séjour à Athènes ( avant 263 ) . Plus loin , Beutler enregistre Anatolius parmi les disciples de Porphyre (col . 312) . B. Eunape, V. soph. V 1 , 2 ; p. 10 , 21-11 , 1 Giangrande, présente Anatolius « qui tenait le second rang parmi les contemporains de Porphyre », comme le premier maître de Jamblique : c'est après avoir atteint le sommet de la philo sophie que Jamblique passa d'Anatolius à Porphyre. On n'a aucune raison de douter du témoignage d'Eunape sur ce point, si ce n'est qu'un rapport de maître à disciple entre Porphyre et Jamblique ne semble pas historiquement établi. Rien en tout cas ne s'opposerait à l'identification de ces deux premiers Anatolius platoniciens. C. Stobée ( III 9 , 35 s .; t. III, p. 358 , 3 s . Hense) cite un extrait d'un lepi ixaiosúvns dédié par Jamblique à Anatolius. D. Dans les coloyoúheva tñs ápi@untixñs attribués à Jamblique sont conservés plusieurs fragments d'Anatolius ( voir p . 7 , 14 ; 17,3 ; 30, 16 ; 42, 18 ; 54 , 10 ; 75 , 1 ; 86, 1 de Falco) qui proviennent d'un traité intitulé 'Apieuntixai εισαγωγαί [ου plutot Περί δεκάδος και των εντός αυτής αριθμών ] en dix livres, dont parle Eusebe, H.E. VII 32 , 20. Voir l'édition de 3 V. de Falco , lamblichi Theologoumena arithmeticae, coll . BT, Leipzig 1922, reprise avec ajouts et corrections par U. Klein , Stuttgart 1975, ainsi que 4 V. de Falco , « Sui trattati aritmologici di Nicomaco ed Anatolio » , RIGI 6 , 1922 , p . 51-60 . Un texte plus complet a été édité, d'après le Monacensis graecus 384, par 5 J.L. Heiberg, « Anatolius sur les dix premiers nombres » (avec traduction française par P. Tannery ), Annales internationales d'histoire, Congrès de Paris 1900 , 50 section , Histoire des Sciences, Paris 1901, p. 27-57 ; la traduction est également imprimée dans 6 P. Tannery, Mémoires scientifiques publiés par J.-L. Heiberg et H.-G. Zenthen , t . III (Sciences exactes dans l'Antiquité), Paris /Toulouse 1915, p. 12-28. On songerait spontanément à attribuer au platonicien déjà rencontré ce traité qui se rattache à l'arithmologie pythagoricienne déjà connue par Philon d'Alexandrie ou Nicomaque de Gérasa, mais nous verrons plus loin qu'Eusébe connaissait cette æuvre comme étant d'un aristotélicien d'Alexandrie . E. Un fragment consacré à des questions générales sur les mathématiques (Tí έστι μαθηματικής από τίνος δε μαθηματική ωνομάσθη ; πόσα μέρη μαθηματικής ; tíc tí kúpev év uaenuatixoic; etc.) est conservé ( cf. PG X , col. 231-236 ). Voir 7 Th . H. Martin , « Recherches sur la vie et les ouvrages d'Héron d'Alexan drie » , Mémoires de l'Académie des Inscriptions et des Belles-Lettres, première série, Paris 1854 , t. IV , p . 428-436 (texte et traduction ); 8 Fr. Hultsch (édit . ) , Heronis Alexandrini Geometricorum et Stereometricorum reliquiae. Accedunt Didymi Alexandrini Mensurae Marmorum et Anonymi Variae collectiones ex Herone, Euclide, Gemino, Proclo , Anatolio aliisque e libris manu scriptis edidit F.H. , Berlin 1864, p . 276-280 ; 9 J.L. Heiberg (édit. ) , Heronis Alexandrini Opera quae supersunt omnia, coll . BT, t. IV : Heronis Definitiones cum variis collectionibus Heronis quae feruntur Geometrica..., Leipzig 1912, p. 161-169 ; 10 G. Sarton , Introduction to the History of Science, Washington 1927-1948, I, p. 337. La fin, à partir des mots E88nuos lotopei év tais ’ Aotpołoylaıs (p. 280, 2-15 Hultsch ), se trouve également dans Théon de Smyrne (Expositio, p. 198 s .
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Hiller ), où elle aurait été, selon Tannery, interpolée à époque byzantine. Anatolius mentionne plusieurs philosophes : Aristote, les péripatéticiens, les disciples de Pythagore, Archytas( ?), Démocrite, Asclépiade ( de Bithynie ), Pythagore, Eudème, Oinopidès, Thalès, Anaximandre et Anaximène. Selon 11 F. Hultsch , art . « Anatolius » 15 , RE 1 2, 1894, col. 2074, ce fragment ne proviendrait pas des 'Apieuntixal cioaywyal. « Denn sie sind knapp und streng sachlich in Form eines Katechismus abgefasst, während jene Reste der ápi@ unti kaì čloaywyai weitschweifige, der Zahlenmystik der Pythagoreer entstammende Erörterungen enthalten . » Voir 12 P. Tannery , La Géométrie grecque . Comment son histoire nous est parvenue et ce que nous en savons. Essai critique, t. I : Histoire générale de la géométrie élémentaire, Paris 1887, p . 42 et passim . F. La Chronique d'Eusébe mentionne Anatolius en 279 , en la deuxième année de Probus : « Anatolius Laodicenus episcopus philosophorum disciplinis erudi tus plurimo sermone celebratur. » Voir aussi Jérôme , De vir. inl. 73. Il ne semble pas que cette date corresponde à l'accession d'Anatolius à l'épiscopat. A titre d'hypothèse, on pourrait imaginer que la célébrité d'Anatolius soit liée dans l'esprit d'Eusébe à la date de publication d'un ouvrage important, comme les Canons sur la Pâque. D'après Eusébe, H.E. VII 32, 6-21 , Anatolius, sénateur chrétien d'Alexandrie et scholarque aristotélicien, aurait succédé comme évêque à son ami et compa triote Eusébe sur le siège de Laodicée. Le témoignage d'Eusébe dans l'Histoire ecclésiastique mériterait une analyse minutieuse. On apprend, en VII 32, 5 , qu'Eusébe d'Alexandrie avait succédé à Socrate au trône épiscopal de Laodicée à l'époque de la querelle soulevée par Paul de Samosate, évêque d'Antioche : comme il passait à Laodicée, les habitants refusèrent de le laisser partir. L'événement peut remonter jusqu'en 264, lors des premières réunions épiscopales destinées à examiner les doctrines de l'évêque d'Antioche (VII 27 , 2; 28 , 2). Il ne faut pas nécessairement rattacher cet épisode au Concile final qui assura la condamnation de Paul. Eusèbe parle seulement de l'affaire ( unoDcouc ). (Remarquons qu'Eusébe d'Alexandrie ne figure pas dans la liste des évêques signataires de la lettre citée au ch. XXX, 2.) Plus loin (§ 20 ), on apprend qu'Anatolius fut consacré évêque par Théotecne de Césarée et que les deux évêques présidèrent collégialement l'Église de Césarée pendant quelque temps. « Mais le concile contre Paul (de Samosate ) l'ayant appelé à Antioche, il passa par la ville de Laodicée , et les frères de là -bas s'empa rèrent de lui, parce qu'Eusébe était entré dans le repos . » Le plus étonnant dans ce témoignage n'est pas la manie des Laodicéens de kidnapper des évêques, mais bien que ce soit encore une fois dans le contexte du procès de Paul de Samosate qu'Eusébe et son successeur Anatolius aient été retenus à Laodicée. On ne peut s'empêcher d'élever des doutes concernant le témoignage d'Eusébe de Césarée . Si l'on veut maintenir l'historicité du récit, on situera la consécration d'Eusébe au début de l'affaire, vers 264, et celle de son ami et successeur à l'époque du concile final, vers 269 par exemple. Cette installation successive des deux évêques au trône épiscopal de Laodicée serait postérieure, toujours selon Eusebe ( § 12) , à leur départ d'Alexandrie après le siège du quartier de Bruchium par les Romains , raconté aux $ 7-11 . L'événement ne se laisse pas dater facilement. Est -ce au même événement que
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fait allusion Ammien Marcellin XXII 16, 15 , lorsqu'il attribue à Aurélien ( dont l'accession à l'empire est postérieure au 28 août 270 (pour la chronologie d'Aurélien , voir 13 J.R. Rea , The Oxyrynchus Papyri XL , 1972) ) la destruction des murs d'Alexandrie et l'anéantissement du quartier de Bruchium par suite des dissensions à l'intérieur de la ville ? Dans ce cas, le siège ne saurait être daté avant 273, lorsque les Palmyréens furent renversés. Il est vrai que 14 E. Groag, art. « Domitius» 36, RE V 1 , 1903, col . 1364, croit devoir ramener la destruction de Bruchium aux années 269-270, mais c'est précisément à cause du passage d'Eusébe qui la fait suivre du concile contre Paul de Samosate, lequel n'a pu s'achever après le début de 270 puisque la lettre synodale est adressée au Pape Denys de Rome, mort en décembre 269. Dans la Chronique, l'événement est situé en la première année de Claude II, en 270 : « In Alexandria Bruchium , quod per multos annos fuerat obsessum , tandem destruitur. » En vérité, Eusébe ne parle pas des Palmyréens dans ce contexte et ne donne aucun nom d'Empereur. On a pensé qu'il pouvait s'agir de l'usurpation d'Émilien sous Gallien, en 262 (S.H.A. , Trig. Tyr. XXII 2-3 , parle à ce propos des seditiones alexandrines) ; on pourrait également penser à celle de Macrin et de ses fils en 260-261: Denys d'Alexandrie, dans une lettre festale écrite à l'époque de cette stasis (Eusèbe, H.E. VII 21 , 2-3) , évoque l'absence de communication entre les différentes parties de la ville, ce qui correspond à la situation du siège de Bruchium , alors qu'une partie des Alexandrins combattait du côté des Romains (VII 32 , 8) . Il ne semble pas toutefois que Denys soit la source historique d'Eusèbe pour ce passage ( cf. les premières lignes du livre VII ), car Eusébe fait plutôt référence à des traditions orales (Nóyoc & xei, unuovevovoiv , paoiv , VII 32, 6-7 ) . Récemment, le siège a été daté de l'automne 271 ou 272 par 15 C. Andresen , « " Siegreiche Kirche" im Aufstieg des Christentums. Untersuchungen zu Eusebius von Caesarea und Dionysios von Alexandrien » , ANRW II 23 , 1 , Berlin 1979 , p . 442-450 , qui examine le témoignage d'Eusébe du point de vue de l'histoire et de la topographie d'Alexandrie . Quoi qu'il en soit, au cours de ce siège , Eusèbe qui était du côté des Romains obtint du général romain que soient épargnés les assiégés qui se rendraient de eur propre gré. De son côté, Anatolius qui était parmi les assiégés, fit voter par le sénat un décret ordonnant de renvoyer de la ville où sévissait la famine tous les citoyens, hommes ou femmes, vieillards et enfants , qui étaient inutiles à la défense de la place. Des milliers de citoyens purent ainsi être épargnés, y compris beaucoup d'hommes vêtus d'habits féminins. Membre de la boulè d'Alexandrie, cet Anatolius était également, selon la tradition que rapporte Eusèbe, un philosophe aristotélicien connu : « à cause de son éloquence et de sa connaissance des disciplines grecques et de la philosophie, il était compté au premier rang parmi les hommes les plus réputés de notre temps . Il avait en effet poussé jusqu'au bout l'étude de l'arithmétique, de la géométrie , de l'astronomie, des sciences soit dialectiques soit physiques et des disciplines rhétoriques. C'est pourquoi , à ce que rapporte la tradition (Nóyos Exei), il fut jugé digne par ses concitoyens de fonder ( ovornoaodai , cf. VII 32, 25 , à propos de la diatribè de Pamphile à Césarée ) l'école de la succession d' Aristote 8 Alexandrie (της επ ’ 'Αλεξανδρείας Αριστοτέλους διαδοχής την diatpishv )» ( trad. Bardy ). Sur ce passage, voir 16 J. Glucker, Antiochus,
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p. 150-151 , qui comprend ces derniers mots comme signifiant « a school representing the Aristotelian tradition » . S'il faut croire Eusébe, cet enseignement d'Anatolius à Alexandrie est anté rieur au Concile d'Antioche qui fut pour Anatolius l'occasion de son élection à la chaire épiscopale de Laodicée ; il est également antérieur à la consécration épiscopale reçue des mains de Théotecne à Césarée. Sur le siège de Laodicée , Anatolius eut comme successeur un certain Étienne, un philosophe comme Anatolius, qui manqua malheureusement de courage à l'époque de la persécution de Dioclétien (§ 22). Anatolius serait donc mort avant la fin du III s.
D'Anatolius Eusèbe connaissait divers ouvrages, tant profanes que sacrés ( § 20 ) . Il signale des 'Apio untixal cioaywyal , en dix livres, traité dont plusieurs fragments, nous l'avons vu , sont conservés par Jamblique, et il cite un extrait des Canons sur la Pâque de cet auteur ( 813-19) ; le caractère fort technique de cet ouvrage pourrait confirmer l'attribution du traité d'arithmé tique à l'évêque chrétien si le problème de la date de la Pâque n'avait pas fait l'objet de plusieurs traités à l'époque chrétienne , de la part d'auteurs qui n'étaient pas tous philosophes et mathématiciens (par exemple Méliton de Sardes, Jules l'Africain , Denys d'Alexandrie (voir l'Index rerum de l'édition Bardy, s.v. « Pâque ») . Sur le cycle pascal d'Anatolius, voir 17 E. Schwartz, Christliche und jüdische Ostertafeln, AGWG VIII 6, Berlin 1905, p. 15-19 , qui reconstitue la Table d'Anatolius (p . 17 ) , et 18 V. Grumel, La chronologie, coll. « Traité d'Études Byzantines » 1 , Paris 1958 , p . 31-36 ; 49-53 . C'est à Anatolius que la Chronique d'Eusébe emprunterait les synchronismes de diverses ères de villes syriennes ( Antioche, Édesse, Tyr, Laodicée et Ascalon ) qui sont signalés pour la première année de Probus en 277. C'était la première année du cycle lunaire de 19 ans qu'il inaugurait ( voir Grumel 18 , p . 49 ). Peut-être est- ce là l'explication de la notice de la Chronique qui situe la célébrité d'Anatolius en la deuxième année de Probus. Une traduction latine du Canon se trouve dans les æuvres attribuées à Rufin (Liber Anatoli de ratione paschali). L'authenticité en est discutée. Voir CPL 2303 . Les cuvres d'Anatolius sont répertoriées dans CPG I 1620-1624 ; voir également A. von Harnack , Geschichte der altchristlichen Literatur bis auf Eusebius, Leipzig 1893-1901, t. I 1 , p. 436-437 ; t . II 2 , p. 75-79 . RICHARD GOULET.
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va
« Physicien » présocratique, fils d'Hégésibule ou Eubule (D.L. II 6 = DK 59 A 1 , etc.). Sources biographiques anciennes. ( 1 ) D.L. II 6-15 (DK A 1 ) . Diogène cite Timon de Phlionte, Silles ( fr. 24 Diels), Favorinus, Mavrodann iotopía ( fr . 61 Barigazzi), Silènos, év tñ npótŋ tõv 'lotopiūv (FGrHist 27 F 2 ), Sotion , év tñ Aiadoxñ tõv piloooowv (fr. 3 Wehrli), Satyros, Vies ( fr. 14 dans FHG III 163 ), Démétrius de Phalère , év tĩ Tôv 'Apxóvtwv åvaypaon (FGrHist 228 F 2), ainsi que év tõ Nepi ynews ( FGrHist 228 F 38) , Hermippe, Vies ( fr. 30 Wehrli ), Hieronymos (de Rhodes), év TQ SEUTÉP Tõv Enopánv únouvn Hátwv ( fr. 41 Wehrli), ainsi qu'une inscription funéraire de Lampsaque (D.L. II
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15 ; Élien , V.H.VIII 19) , ville où Anaxagore serait mort et où une fête annuelle , instituée à sa demande , aurait été célébrée en son honneur jusqu'au temps de Diogène Laërce ( ou de sa source , car Alcidamas que cite Aristote dit déjà la même chose au début du IVe s . av . J.-C. (A 23 ]). ( 2 ) Souda, A 1981 ; t . I , p . 178, 1-14 Adler (Harpocration et Hésychius). L'inscription de Lampsaque, telle que la cite Diogène ( v. aussi Anth . Pal. VII 94 ; Élien , V.H. VIII 19 ), portait le texte suivant :
ενθάδε , πλείστον αληθείας επί τέρμα περήσας ουρανίου κόσμου , κείται Αναξαγόρας . Ici repose Anaxagore, qui dans sa recherche de la vérité a franchi, plus que tout autre , les confins du monde céleste .
Éditions et traductions. 1 DK 59 , t. II, p. 5 , 1–44, 23 ; traduction française des témoignages et des fragments dans 2 Dumont, Présocratiques , p . 615-681 ; 3 D. Sider, The fragments of Anaxagoras , coll. « Beiträge zur klassischen Philologie » 118 , Meisenheim am Glan 1981 , VIII - 147 p .; 4 G.S. Kirk & J.E. Raven , The Presocratic Philosophers, Cambridge 1957 , p . 362-394 ; 5 D. Lanza, Anassagora , Testimonianze e frammenti. Introdu zione, traduzione e commento, coll. « Biblioteca di studi superiori » 52 , Firenze 1966 , XXX - 263 p. Biographie et chronologie. La tradition faisait d'Anaxagore un disciple d'Anaximène de Lampsaque. Si Apollodore a raison de situer la mort d'Anaxi mène en Ol. 63 (528-525 ) et la naissance d'Anaxagore en Ol. 70 ( 500-497 ), les deux philosophes n'ont pas pu se connaître. Certaines sources le présentent comme le maître d'Empédocle (D.L. VIII 56 ). 6 D. O'Brien , « The relation of Anaxagoras and Empedocles», JHS 88 , 1968 , p . 93-113 , croit qu'il a pu influencer la pensée d'Empédocle plutôt que de subir son influence. Anaxagore aurait été le premier à soutenir que la poésie d'Homère concernait la vertu et la justice (D.L. II 11 ) . Son disciple (yvópiuos) Métrodore de Lampsaque aurait développé cette interprétation d'Homère (voir aussi A 64 ) en étudiant la « théorie physique » du poète. Périclès (né vers 495-490, mort en 429) et Euripide (ca 485/4 - 407/6 ) auraient également été de ses disciples (D.L. II 10.12.13 ; voir aussi A 7 , A 15 , A 19, A 20 , A 62 ). Nombre de témoignages se plaisent d'ailleurs à rapprocher des vers d'Euripide de théories anaxagoréennes (A 1 § 10 , A 20 abc, 33 , 62 , 112) . Voir 7 P. Decharme, « Euripide et Anaxagore » , REG 2 , 1889 , p . 234-244, qui met en doute la réalité d'une relation maître-disciple; 8 L. Parmentier, Euripide et Anaxagore, coll. « Académie royale des sciences, des lettres et des beaux - arts de Belgique. Mémoires couronnés et autres mémoires » XLVII 8 , Bruxelles 1892 , 115 p .; 9 W.K.C. Guthrie, History of Greek philosophy, t. II, p . 323-325 . Cléon (mort en 422) lui aurait intenté un procès pour crime d'impiété ; défendu par Périclès, il fut condamné à une amende de cinq talents et banni d'Athènes (D.L. II 12) . Selon Satyros ( fr. 14 dans FHG III 163) , l'accusateur aurait été Thucydide ( < fils de Mélésias, banni en 443 > ), le crime la collaboration avec les Mèdes, et la sentence la mort par contumace. Les détails de ce procès
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varient beaucoup d'un récit à l'autre et la datation en reste incertaine. Voir les études signalées plus bas. Une partie de la tradition le fait mourir à Lampsaque (D.L. II 14 , voir aussi l'anecdote rapportée par D.L. II 10 ), ce qui rejoint l'affirmation d'Eusébe , P.E. X 14 , 13 , selon laquelle c'est à Lampsaque, et non à Athènes, qu'Archélaos, le maître de Socrate, aurait succédé à Anaxagore (A 7 ). 10 L. Woodbury , « Socrates and Archelaus » , Phoenix 25 , 1971, p. 299-309, révoque toutefois en doute ces études de Socrate auprès d'Archélaos et les déductions chronologiques qu'elles semblent autoriser. Selon Clément d'Alexandrie (A 7) , Anaxagore aurait introduit l'enseignement de la physique ionienne à Athènes. Démocrite qui avait quarante ans de moins que lui l'aurait attaqué dans ses écrits (A 5 ), contestant l'originalité de ses doctrines. Cette inimitié viendrait du fait qu'Anaxagore aurait refusé de le prendre comme disciple, allégation que Diogène oppose à la thèse qui faisait de Démocrite le disciple d'Anaxagore (D.L. IX 34-35 ). Un autre de ses ennemis aurait été , selon Aristote (A 25 ), Sosibios (RE 1 ) , inconnu par ailleurs. Selon Athénée (A 22 ), Eschine le socratique se moquait d’Anaxagore et lui reprochait d'avoir eu pour disciples Philoxène et Ariphradès. Voir la notice « Ariphradès ». L'importance qu'il accordait au Noûç dès le début de son traité ( návra χρήματα ήν ομού είτα νούς ελθών αυτά διεκόσμησε ) lui valut d'etre sumomme « l’Intellect » (D.L. II 6 ; A 15 , etc.). Selon Élien ( V.H. VIII 19), un autel aurait été élevé à samémoire portant comme dédicace « à l'Intellect » ou « à la Vérité » ( A 24 ). Apollodore (FGrHist 244 F 31 ) le faisait naître en Ol. 70 < , l > (500/499 ) et mourir en Ol. 88 , 1 (428/7 ) (corr. Scaliger, 78 codd . (468/7 ) ], à l'âge de 72 ans ( voir aussi A 42 , § 13 ) . Hermippe ( fr. 30 Wehrli ), rarement crédible sur ce genre de questions, parlait d'un suicide ( D.L. II 13 ; voir aussi A 3 et A 32 ). Selon D.L. II 7 , il aurait eu 20 ans lors de l'invasion de la Grèce par Xerxes ( 480 ) : Démétrius de Phalère, év tñ tõv ápxovtwv ávaypaon (FGrHist 228 F2) , situe au même âge sa conversion à la philosophie à Athènes, sous l'archon tat de Callias (456/5 ). Comme ce témoignage ne correspond pas parfaitement aux données d'Apollodore, on a envisagé une confusion avec l'archonte Calliadès ( 480/79 ), ce qui assurerait la concordance avec les témoignages d'Apollodore et de Démétrius. Il aurait vécu à Athènes trente ans (D.L. II 7) ; il n'est pas sûr qu'il faille prendre nécessairement 480 comme point de départ et penser à trente années successives. Si le procès se fondait sur le décret de Diopeithès (RE 8) contre l'athéisme et la “ météorologie ” ( en 438/7 ), ainsi que l'affirme Plutarque ( A 17 ), il n'a pas dû beaucoup précéder la guerre du Péloponnèse. Diodore (A 17 ) rattache l'événement à l'archontat d'Euthydème en 431. Ces dates ont offert aux historiens matière à spéculation. Sur la portée de l'accusation, voir 11 J. Geffcken , « Die doćbela des Anaxagoras» ,Hermes 42, 1907, p. 127-133. Sur les problèmes chronologiques relatifs au séjour à Athènes et au procès, voir 12 A.E. Taylor, « On the date of the trial of Anaxagoras» , CQ 11 , 1917 , p. 81 87 ( il faudrait situer le séjour athénien d'Anaxagore dans les années 480-450, soit au début de la carrière de Périclès) ; 13 M. Montuori, « Sul processo di Anassagora » , De homine 22-23 , 1967, p . 103-148 (arrivée à Athènes en 456", procès en 433-431) ; 14 G. Marasco , « I processi d'empietà nella democrazia
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ateniese » , A &R 21 , 1976 , p. 113-131 ; 15 L. Prandl, « Il processo contro Fidia, Aspasia, Anassagora e l'opposizione a Pericle » , Aevum 51 , 1977, p . 10-26 ; 16 J. Mansfeld, « The Chronology of Anaxagoras' Athenian period and the date of his trial» , Mnemosyne 32 , 1979, p. 39-69; 33 , 1980 , 17-95 (le procès se situerait autour de 437/6 ) ; 17 L. Woodbury, « Anaxagoras and Athens », Phoenix 35 , 1981 , p . 295-315 ; 18 J.A. Davison , « Protagoras, Democritus, and Anaxagoras» , CQ 3 , 1953 , p. 39-45 ; Guthrie 9, t. II, p. 322-323. Anaxagore aurait prédit la chute ( en 01. 78 , 2 (467/466 ), selon Pline) d'un météorite à Aigos Potamos (D.L. II 10 ; A 11-12, etc.), événement que Silènos (D.L. II 11 = FGrHist 27 F 2) datait de l'archontat de Dèmylos, malheureu sement inconnu par ailleurs. Cf. 19 M.L. West, « Anaxagoras and the meteorite of 467 B.C. » , JBA 70 , 1959-1960 , p . 368-369 ; 20 P.J. Bicknell, « Did Anaxagoras observe a sunspot in 467 B.C. ? », Isis 59 , 1968, p. 87-90 . Eusebe (A 18) situe la mort d'Anaxagore en Ol. 80, 1 ( 460/59) ; comme la version arménienne de la Chronique situe en Ol. 79 , 3 ( 462/1) l'éclipse ( du 30 avril 463 = Ol . 79 , 1 , selon Ginzel] qu'Anaxagore aurait prédite, il est possible que cette datation ait originellement correspondu à l'acmè du philosophe, établie à partir de cette prédiction ( voir les notes de DK ). Reconstitution biographique récente par 21 A. Cappelletti, « Notas para une biografía de Anaxagoras» , Diálogos 14, 1979, p. 7-28 . La doxographie, rassemblée dans DK 59 A 41-117 , prend généralement sa source chez Théophraste qui avait écrit notamment deux ouvrages: Mpós 'Avaçayópav a ' , Depi tõv 'Avacayópou a ' (D.L. V 42), ce dernier encore connu par Simplicius (A 41 ) qui en mentionne même un second livre . Le nom d'Eudème apparaît également assez souvent dans la doxographie (A 47 , 59, 75 ). Qu'Anaxagore ait fait école est déjà attesté par la mention que fait Platon , Cratyle 409 a (A 76) , des 'Avakayopelot. Euvres . Platon , Apol. 26 d ( A 35 ) , évoque les livres d'Anaxagore que la jeunesse peut acheter pour une drachme à Athènes, « quand ils se vendent très cher» . Sur ce passage, voir 22 L.R. Shero, « “ Apology ” 26 D-E and the writings of Anaxagoras », CW 35 , 1942 , p . 219-220 . Selon Socrate, l'accusation que lui adresse Mélètos de ne pas croire aux dieux et de prétendre que le soleil est une pierre et que la lune est une terre, repose sur une confusion avec les vues d'Anaxagore, dont tout le monde peut lire à Athènes les livres. Sur l'influence de la lecture publique d'un livre d'Anaxagore sur Socrate , voir le passage fameux du Phédon 97 b s . (A 47 ) . Socrate qui cherchait à savoir la cause de la production , de la destruction et de l'existence des êtres, entendit faire une lecture d'un livre attribué à Anaxagore, où se trouvait exprimée cette idée que « c'est l'intelligence qui met tout en ordre et qui est la cause universelle » ( trad. Robin ). Socrate se procura l'ouvrage et le lut avec ardeur (98 b ) , mais fut déçu de constater que l'auteur n'avait pas recours à l'intelligence pour expliquer l'arrangement ordonné des choses particulières. Cf. 23 M. Carbonara Naddei, « Il ricordo di Anassagora nel “ Phedone " », Sophia 40, 1972 , p . 82-87 ; 24 D. Babut, « Anaxagore, jugé par Socrate et Platon » , REG 91 , 1978 , p . 44-76. D.L. I 16 classe Anaxagore parmi les auteurs d'un seul livre. Le seul ouvrage dont l'authenticité et le contenu soient assurés est le Tepl púoewç en au moins deux livres , puisque notre source principale , Simplicius, qui pouvait encore lire cet
ANAXAGORE DE CLAZOMÈNES
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ouvrage au début du VIe s. , cite à plusieurs reprises « le premier livre » . Le titre peut cependant ne pas remonter à Anaxagore lui-même. Sur l'authenticité d'un tel titre dans la bibliographie des présocratiques , voir l'étude de 25 E. Schmalzriedt, Nepl Dúoew . Zur Frühgeschichte der Buchtitel, München 1970 , 142 p. Pour la date de composition , voir 26 C. Diano, « La data di pubblicazione della syngraphe di Anassagora » , dans Anthemon , Scritti di archeologia e di antichità classiche in onore di C. Anti, Firenze 1955 , p. 235-252 (l'ouvrage aurait été publié entre 463 et 458 , le procès devrait être daté en 458) ; 27 id. , « La data di pubblicazione della syngraphè di Anassagora », GCFI 51 , N.S. 3 , 1972 , p . 399-515 . Sur le style des fragments conservés, voir 28 G. Ugolini , « Appunti sullo stile di Anassagora », Elenchos 6, 1985 , p . 315 332. D.L. II 6 décrit l'ouvrage comme étant ndéwç xal heyalo povas npunVeuplévov. 29 J. Hershbell , « Plutarch and Anaxagoras », ICS 7 , 1982 , p . 157-171 , cite un passage du Nepi alunias de Galien , conservé par Ibn Abi Uşaibi'a ( VIII s . ) , attestant la présence à Rome au IT s . de notre ère d'ouvrages « d'Aristote , d’Anaxagore et d’Andromaque » (p . 157 n. 46) . Études d'orientation. Guthrie 9 , t. II , p . 266-338 ; 30 M. Schofield , « Doxographica anaxagorea » , Hermes 103 , 1975 , p . 1-24 ; 31 id ., An essay on Anaxagoras , Cambridge, 1980, XII - 187 p . (bibliographie , p . 169-173 ) ; 32 S.T. Teodorsson , Anaxagoras' theory of matter , Göteborg 1982, 108 p .; 33 J. Barnes, The Presocratic philosophers, Cambridge, 1979, t. II, p . 18-33 . Bibliographie. 34 C.J. Classen, art. « Anaxagoras » , RESuppl. XII, 1970, col . 28-30 (jusqu'en 1968 ); 35 L. Paquet, M. Roussel et Y. Lafrance, Les Préso cratiques. Bibliographie analytique ( 1879-1980 ), coll. « Noêsis » , Montréal/ Paris, t . II (à paraître ). Bibliographie préparée avec la collaboration de JEAN FRÈRE. RICHARD GOULET.
Iconographie. D'Anaxagore, il n'existe aucun portrait idéal, encore moins réaliste, et la tradition n'en parle pas . Toutefois, à l'époque hellénistico -romaine, des monnaies en bronze de sa ville natale représentent un homme barbu, à demi drapé, assis sur un globe ou le tenant à la main : il doit s'agir d'un philosophe, qui peut être identifié à Anaxagore, Clazomènes n'ayant pas donné naissance à d'autres philosophes de renom . Voir DK A 27 , G. Richter, Portraits, I, p . 108, fig. 574 et 575 , DK t. III, couverture, et Guthrie 9 , t. II , couverture . Quant à dire s'il s'agit d'une création ou de la reproduction de statues réelles, il est impossible, en l'état actuel des connaissances, d'en décider. MARIE - CHRISTINE HELLMANN .
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ANAXARQUE
ANAXARQUE RE 2
FIV - D III
Destinataire d'une lettre d'Épicure dont un fragment de contenu philoso phique sur le plaisir et la vertu est cité par Plutarque, Adv. Col. 17 , 1117 a (= Épicure, fr. 42 Arrighetti?, fr. 116 Usener). Comme Anaxarque d’Abdère semble avoir été condamné à mort et exécuté par Nicocréon de Chypre dans les années qui ont suivi la mort d'Alexandre ( voir notice suivante) et qu'Épicure ne semble pas avoir commencé d'enseigner avant 311/0 , on estime généralement qu'il s'agit d'un homonyme par ailleurs inconnu ( cf. DK 72 A 17 ). Pour une autre mention possible de ce correspondant d'Épicure, voir la notice « Arcéphon » l'épicurien . RICHARD GOULET.
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ANAXARQUE D'ABDÈRE RE 1
fl. 340 *
Philosophe de la cour d'Alexandre le Grand, disciple de Diogène de Smyre, maître de Pyrrhon d'Élis . Il était surnommé « l'eudémonique ». Témoignages et fragments. 1 DK 72 ; t. II , p . 235 , 5–240, 6. Traduction française dans 2 Dumont, Présocratiques, p . 949-957 . Nombreuses autres références secondaires dans le commentaire de 3 J.E.B. Mayor sur Tertullien , Apol. 50, Cambridge 1917 ; voir aussi le commentaire de 4 A.S. Pease sur Cicéron , De natura deorum III 82 , Cambridge (Mass.) 1958 , t. II, p . 1189 1190 . Études d'orientation . 5 K. Freeman , The Pre - Socratic Philosophers, p . 330-332 . Sources biographiques anciennes . ( a ) Sources conservées : Diogène Laërce consacre quelques paragraphes à Anaxarque dans son livre sur les philosophes « dispersés » ( nepl tõv onopádnv, oc paol , D.L. VIII 91 ) : IX 58-60 (DK A 1 ) , et il reparle de lui dans son chapitre sur Pyrrhon : IX 61 et 63 (A 2) . (b ) Sources perdues : 1. Antigone de Caryste , Vie de Pyrrhon ( A 2 ) ; 2. Cléarque de Soles, Vies, livre V = fr. 60 Wehrli (A 9 ) ; 3. Hermippe, Vies , fr. non retenu par Wehrli (A 3 ) ; 4. Satyros, Vies, FHG III 164 (A 4) ; 5. Alexandre < Polyhistor> , Diadochai, FGrHist 273 F 92 (A 2), 6. Timon de Phlionte , < Silles ? > , fr. 58 Diels PPCF (A 10). Biographie . « Il fut l'auditeur de Diogène de Smyrne (DK 71 ) , lui-même ( élève ) de Métrodore de Chios (DK 70 ), lui qui a dit qu'il ne savait même pas ceci qu'il ne savait rien ” . Quant à Métrodore , il fut l'auditeur de Nessas de Chios (DK 69), de Démocrite (DK 68) selon d'autres » (D.L. IX 58) . Cette « succes sion » ( comp. DK 69 A 1 et 2 ; 70 A 1 ) rattache donc Anaxarque à Démocrite et fait procéder le scepticisme d’Anaxarque de l'enseignement de Métrodore. La plupart des anecdotes relatives à Anaxarque concernent ses rapports avec Alexandre, comme philosophe (ou « sophiste » , À 4 , 5 et 10 ; p . 236 , 39 ; 237 , 10 et 22 ; 238 , 30 ) de cour, aux côtés de Pyrrhon qui fut son disciple (D.L. IX 61 ), et du péripatéticien Callisthène, son rival (A 3 , 6 et 12) . Plusieurs témoignages indiquent qu'Alexandre considérait Anaxarque comme évtyLÓTatov tõv puwv. Voir par exemple Plutarque, Alex. virt. I 40 , 331 e , qui permet d'établir que dans le parallèle de Regum et imperatorum apophtegmata, Alexander, 7 , 179 f, il y a une confusion avec Xénocrate ( comp. D.L. I 8 ). Avec l'armée d'Alexandre,
ANAXARQUE D'ABDÈRE
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Anaxarque et Pyrrhon purent entrer en contact avec les Gymnosophistes de l'Inde et les Mages (D.L. IX 61 = A 2 ). Pyrrhon aurait ultérieurement opté pour la solitude « après avoir entendu un Indien remontrer à Anaxarque qu'il ne saurait enseigner le bien à quelqu'un d'autre , alors qu'il se prêtait personnel lement aux servitudes de la cour royale », D.L. IX 63 (A 2 ). La tradition, peut-être marquée par le point de vue des biographes péripatéticiens, semble avoir porté un jugement très négatif sur le rôle joué par Anaxarque auprès d'Alexandre. Si quelques anecdotes le montrent capable de ridiculiser les préten tions d'Alexandre à la divinité ( A 1 ( comp. A 4 qui attribue la citation d'Il. V 340 à Alexandre lui-même, et Athénée VI , 251 a , qui l'attribue au pancratiaste Dioxippe d'Athènes), A 7 et 8) , plusieurs autres témoignages font du philosophe un flatteur qui se prononce pour l'adoption de la proscynèse orientale, réprouvée par Callisthène et les Macédoniens de la cour ( A 6) , exige la tête de certains satrapes (A 4 , comp. D.L. IX 58) et, surtout, pour consoler le roi d'avoir tué Cleitos (hiver 328-327), le convainc de voir dans la représentation traditionnelle de Dike comme parèdre de Zeus la preuve que les décisions du Prince sont l'automatique expression du droit et de la justice (A 3 (voir aussi Plutarque, Ad princ. inerud. 4, 781 b) , A 5). Selon Philodème ( A 7 ), ce mélange de critique et de flatterie à l'égard d'Alexandre aurait été élevé chez Anaxarque au rang de méthode . La tradition péripatéticienne hostile à Anaxarque s'exprime également dans un témoignage emprunté à Cléarque de Soles (A 9) qui évoque le philosophe se faisant servir son vin par une jeune fille nue choisie pour sa beauté et exigeant de son boulanger qu'il portât des gants aux mains et un masque sur la bouche pour éviter que sa sueur et son souffle ne souillassent la pâte. « Un jour qu'Anaxarque était tombé dans un marécage (vraisemblablement pendant l'expédition en Asie), Pyrrhon passa tout droit sans l'aider ; comme on le lui reprochait, Anaxarque lui-même loua son indifférence et son détachement ( TÓ đồiáºooov xgì & otoProv gỦroũ » , D.L. IX 63 (A 2). Dans les témoignages, Anaxarque cite Homère (A 1 ) et Euripide (A 1 et 7 ), il utilise dans son argumentation des représentations mythologiques (A 3 , 4 , 5 et 6), et on sait qu'il s'adonnait en compagnie d'Alexandre et de Callisthène à la lecture et à l'annotation de l'Iliade (A 12 ). Alors qu'il s'était fait un ennemi en la personne de Nicocréon (Nicoclès chez Diodore de Sicile XV 47 , 8, et Timocréon chez Cicéron , Tusculanes II 22, 52) , tyran de Chypre (Salamine ), pour avoir réclamé par un jeu de mot à Alexandre la tête de ce satrape au cours d'un banquet (voir aussi A 4 ), Anaxarque fut un jour, après la mort d'Alexandre, contraint par les hasards de la navigation à aborder sur l'île de Chypre. Nicocréon le fit prendre et jeter dans un mortier pour qu'il fût frappé avec des pilons de fer. Anaxarque aurait alors, par mépris de ce châtiment, proféré sa parole célèbre : « Broie, broie l'enveloppe d'Anaxarque, mais Anaxarque , tu ne le broieras pas . » Comme Nicocréon ordonnait qu'on lui coupât la langue , il se la serait coupée lui-même et la lui aurait crachée (D.L. IX 58-59 = A 1 , comp . A 13 et DK 29 A 1 § 27 [ Zénon d'Élée ]). Sur la plaisanterie d'Anaxarque lors du banquet et son supplice, voir l'étude approfondie de 6 P. Bernard, « Le philosophe Anaxarque et le roi Nicocréon » , JS 1984, p. 3-49 . Aux témoignages (A 1 et 13 ) , ajouter Cicéron,
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ANAXARQUE D’ABDÈRE
Tusc . II 22 , 52 ; Plutarque, Virt. mor. 10, 449 e ; Tertullien, Apol . 50, 6 ; Procope, Lettre XLV à l'évêque Élias, p. 547-548 Hercher ; Actes du martyre de Pionius, 17 , 3 (p. 159, 12-14 Musurillo ), et les références fournies par Bernard 6 , p. 20 n . 63. Chronologie. D.L. IX 58 situe l'acmè d'Anaxarque dans la 110 Olympiade (340-337 ). Comme il serait mort sous le règne de Nicocréon (qui se serait suicide en 310", selon Diodore XIX 21 ) et après la mort d'Alexandre (323 ") , il faut situer sa naissance vers les années 380 et sa mort vers 320. Écrits. On ne connaît de ce philosophe qu’un Mepi Baoineiaç dont deux fragments sont conservés qui ne concernent d'ailleurs pas la royauté ( B 1 est cité par Clément d'Alexandrie et Stobée ; pour B 2, 'Avatapxoc est une conjecture de Wilamowitz pour 'Avatarópas dans le texte d'Élien ). Traduction anglaise dans 7 K. Freeman , Ancilla to the Presocratic Philosophers, p . 121. Voir surtout 8 M. Gigante et T. Dorandi, « Anassarco e Epicuro “ Sul regno" », dans Demo crito e l'atomismo antico (Colloque de Catane 1979 ), paru dans SicGymn 33 , 1980, p . 479-497. Tendances philosophiques. Anaxarque était surnommé « Eudaimonikos >> (A 1 , 8 , 9 ; ajouter Sextus, Adv. math . VII 48 ; en A 7 « Harmonikos » en est sans doute une déformation ). Le Pseudo -Galien (A 14) mentionne Anaxarque comme représentant de la secte eudémonique : la fin choisie par cette agôgè était le bonheur. D.L. I 17 explique la désignation de cette école philosophique and diabéoewv, c'est- à -dire sans doute à partir de l'état d'esprit dans lequel on voulait pratiquer cette philosophie, mais ne nomme pas Anaxarque dans ce contexte. Selon D.L. IX 60 , ce qualificatif d ' « eudémonique » aurait été donné au philo sophe διά την απάθειας και ευκολίαν του βίου . Nous avons vu qu'Anaxarque , compatriote de Démocrite, avait été l'élève de Diogène de Smyrne, disciple du démocritéen Métrodore de Chios. Les deux fragments d'Anaxarque ont pu être rapprochés d'idées connues de Démocrite (cf. Freeman 5 , p. 331 ). D'autre part, on voit Anaxarque évoquer l'infinité démocritéenne des mondes auprès d'Alexandre (A 11 ) . Disciple, par l'intermédiaire de Diogène de Smyrne, de Métrodore de Chios, Anaxarque est également présenté comme un précurseur du scepticisme (A 15 ) . Sextus, Adv. math. VII 48 , mentionne son nom pami les philosophes qui ont rejeté le critère de la vérité. Aux $$ 87-88 (A 16), après avoir cité comme preuve du scepticisme de Métrodore la déclaration fameuse : « Nous ne savons rien , nous ne savons même pas ceci que nous ne savons rien » ( cf. DK 70 B 1 ), Sextus justifie le rattachement d’Anaxarque et de Monime le cynique aux philosophes qui ont supprimé le critère de la vérité par ce fait qu '« ils ont comparé les êtres à un décor de théâtre ( oxnvoypadia ) et ont considéré qu'ils ressemblaient aux ( images) qui surviennent dans les rêves ou la folie » . Récemment, 9 A.M. Ioppolo , « Anassarco e il cinismo » , SicGymn 33 , 1980 , p . 499-506 , a souligné les traits qui rapprochaient Anaxarque du cynisme. RICHARD GOULET. Iconographie. Le seul portrait identifié par une inscription figure sur une imitation moderne de médaillon contorniate conservée au Cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale (cf. 10 G. Richter, Portraits, II, p . 243-244,
ANAXILAIDÈS
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fig . 1081-1082 ; 11 A. Alföldi et E. Alföldi, Die Kontorniat-Medaillons, Berlin 1976, n° 99, pl. 32, 2 ). L'œuvre, produite sans doute pour des humanistes de la Renaissance ,présente au droit le face - à -face édifiant du jeune bourreau , le tyran Nicocréon de Chypre, et de sa victime âgée, Anaxarque d'Abdère ( voir Bernard 6 ) . Au revers , une inscription dont la graphie décèle le faux : 08èv ÉPLOŨ COÜ FOTAI AKKIGOLÉVOU (pour xaxiCOLÉVou ) : « Tu n'auras rien de moi si tu agis mal » , ou, suivant une lecture que m'a proposée R. Goulet : < o > axxICOLÉVOU : « tu ne posséderas rien de moi si mon enveloppe est broyée » ; il y aurait ici une allusion au martyre d'Anaxarque, conçu sur l'analogie du grain de blé dont on écrase l'enveloppe dans un mortier ( cf. DK A 13 ). Simone Follet pense aussi à la lecture, sans correction , & xxICOMÉVOU : « si tu grimaces » ou « si tu dissimules ». Le philosophe , au crâne dégarni, est pourvu de traits de ressemblance avec Socrate sans que son nez soit retroussé .Le document entre dans l'ensemble des reconstructions idéales de philosophes qui imitent Socrate , ce qui rend difficile la constitution d'une série spécifique de portraits d'Anaxarque. Si le document de Paris s'inspire d'un original perdu, le rapprochement avec une intaille de Baltimore, d'époque augustéenne, sans inscription, devient inté ressant. Voir 12 A. Alföldi, dans Late classical and mediaeval studies in honor of A.M. Friend Jr, Princeton 1955 , p . 15-55 et fig. 1-2. Le philosophe, représenté aussi à la semblance de Socrate, y affronte un roi plus âgé, barbu, qui a toute l'apparence du despote oriental. L'identification comme Anaxarque d'une tête trouvée à Cyrène ( fig . 1 ) et maintenant perdue ( cf. 13 E. Rosenbaum , A Catalogue of Cyrenaican portrait sculpture, Oxford 1960 , p. 36-37 , nº 3 , pl. VI , 3-4) est liée à l'interprétation de l'intaille de Baltimore . L'iconographie du philosophe reste donc fort incertaine. FRANÇOIS QUEYREL .
161
MF III
ANA ] XIGÉ [ NÈS
Stoïcien, disciple de Chrysippe, mentionné dans l'Ind. Stoic. Herc . , col . XLVII , 10 (p. 64 Traversa ): 'Ava ]E176 [ vns ( fr. 160 Hülser). RICHARD GOULET.
162 ANAXILAÏDÈS
RE
Auteur d'un ſlepi $ 12006owv dont Diogène Laërce l'I 2 cite le second livre , à propos de la naissance apollinienne de Platon. Ana < ilaïdès est toutefois une correction de Cobet. Les manuscrits ont Anaxilidès (voir aussi Jérôme , Adv. Jovin . I 42, PL 23, 285 с : Anaxilides in secundo libro Philosophiae ), Anaxilèdès ou Anaxiadès ; P. Lang avait conjecturé Anaxilèidès. On a cru reconnaître le même auteur sous l'Anaxilaos de I 107 ( voir la notice suivante ). Cf. E. Schwartz, art. « Anaxilaides » , RE I 2, 1894 , col. 2083 ; J. Mejer, Diogenes Laertius and his Hellenistic background, coll. « Hermes - Einzelschriften » 40, Wiesbaden 1978 , p . 25. Schwartz propose aussi d'identifier cet auteur avec le pythagoricien Anaxilaos de Larisse. Voir la notice « Anaxilaos de Larisse » .
RICHARD GOULET.
ANAXILAOS
192 163
ANAXILAOS Source de Diogène Laërce en I 107 ( le sage Myson aurait été arcadien ). Il s'agit peut -être d'une erreur de Diogène pour Anaxilaïdès, auteur d'un dept 12oooowv, dont le second livre est cité en III 2 (voir précédente notice ). Cf. E. Schwartz, art. « Anaxilaides » ,RE I 2, 1894, col . 2083; J. Mejer, Diogenes Laertius and his Hellenistic background, coll. « Hermes - Einzelschriften » 40, Wiesbaden 1978 , p . 25 . RICHARD GOULET.
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ANAXILAOS DE LARISSE RE 5 ( + Suppl VI)
FI
Pour l'année 28 ", Jérôme rapporte dans sa Chronique qu ' « Anaxilaus Lari saeus Pythagoricus et magus ab Augusto Urbe Italiaque pellitur » . Le pytha gorisme d'Anaxilaos semble se restreindre à l'intérêt qu'il portait aux sciences occultes. On peut le rapprocher de Nigidius Figulus qui est également qualifié de Pythagoricus par Jérôme. Anaxilaos aurait écrit des Quoixá, des Bapixá et des Malyvia. Il est cité à plusieurs reprises par Pline l'Ancien . Cf. M. Wellmann , « Die Ovoixá des Bolos Demokritos und der Magier Anaxilaos aus Larissa » , APAW 1928 , Nr 7 , Berlin 1928 80 p. , surtout, p . 51 s . ( les fragments d'Anaxi laos sont rassemblés , p . 77-80) ; W. Kroll, art. « Anaxilaos » 5 , RESuppl. VI , 1935 , col. 5-7 ; L. Tarán , art. « Anaxilaus of Larissa » , DSB I, 1970, p . 150. Bien qu'elle comporte des allusions au pythagorisme, la Lettre (pseudépigraphe ) 19 de Diogène le cynique, adressée à un certain Anaxilaos, ne vise peut-être pas directement notre personnage, comme le voudrait Wellmann , p. 53 . Diogène Laërce I 107 rapporte que selon Anaxilaos le sage Myson était arcadien . Mais Diogène cite en III 2, à propos de Platon , le second livre du lepi piloooowv d’Anaxilaïdès ( qui est d'ailleurs une correction proposée par Cobet pour les différentes formes du nom conservées par les manuscrits). E. Schwartz, art. « Anaxilaides » , RE I 2 , 1894 , col. 2083 , identifie les deux auteurs et considère comme possible une identification avec Anaxilaos le pythagoricien : « Da die jüngeren Pythagoreer historischen Studien zugethan waren und die Philosophenbiographie seit Aristoxenos von Pythagoreern und solchen , die ihnen nahe standen , gepflegt wurde, liegt es sehr nahe, an den pythagoreischen Wundermann Anaxilaos von Larissa zu denken . » Mais les liens d'Anaxilaos avec le pythagorisme sont si ténus qu'il faut considérer cette identification comme une conjecture gratuite, acceptée cependant par Wellmann. RICHARD GOULET. 165
ANAXIMANDRE DE MILET RE 1 (+ Suppl. XII )
DM VI
Il était fils d'un certain Praxiadès. La tradition ancienne en fait le disciple et successeur de Thalès, ainsi que le maître d'Anaximène. Les sources biographi ques sont peu loquaces (D.L. II 1-2 = DK 12 A 1 ) . Porphyre, V. Pyth. 2 (Apollonius) et 11 ( Antonius Diogène ), fait également de Pythagore le disciple d'Anaximandre (v . aussi Apulée, Flor. 15 , et Jamblique, V. pyth. 11 ) , et un passage de Diogène Laërce (IX 21 ) qui concerne apparemment Parménide, mais pourrait, selon Diels , se rapporter à Xénophane, évoque un autre disciple d'Anaximandre. Les rapports chronologiques entre les trois Milésiens semblent un peu schématiques et ne sont peut- être qu'une tentative pour donner un cadre
ANAXIMANDRE DE MILET
193
historique à une tradition philosophique ( cf. D.L. I 13) . Selon Apollodore ( FGrHist 244 F 29) , il aurait été âgé de 64 ans en Ol. 58 , 2 (547/6 , cf. aussi A 5 : Pline situe en Ol. 58 la découverte de l'écliptique) et serait mort peu après. Il serait donc né en 610/09 ( en comptant de façon inclusive), ce qui rejoint le témoignage d'Eusébe qui situe son acme ( « A. agnoscitur » ) en Ol. 52, 2 (571/0 ). Le synchronisme avec Polycrate de Samos (mort en 522 “), proposé en D.L. II 2, est plus douteux. Anaximandre aurait dirigé la colonisation milésienne d'Apol lonie (A 3) de Thrace sur le Pont ( ce que des sources géographiques indépen dantes rendent chronologiquement improbable ). Selon 1 A. Fonseca, « A proposito della data di fondazione di Apollonia Pontica » , ZAnt 24 , 1974 , p. 263 265, le philosophe aurait joué le rôle de législateur et non de fondateur. Il aurait également prédit (A 5a) un tremblement de terre à Sparte ( cf. W. Capelle, art. « Erdbebenforschung » , RESuppl. IV , 1924 , col. 351 ). Un autre témoignage le met en rapport avec Sparte ( Favorinus ap. D.L. I 1 = fr. 60 Barigazzi ). Les titres d'ouvrages transmis par la Souda sont d'authenticité fort douteuse : Περί φύσεως , Γής περίοδος , Περί των απλανών, Σφαίρα (A 2) et peuvent avoir été déduits des données doxographiques. Sur l'authenticité du premier titre dans la bibliographie des présocratiques, voir 2 E. Schmalzreidt, ſlepl Dúoewç. Zur Frühgeschichte der Buchtitel, München 1970, 142 p . Édition et traduction des fragments. 3 DK 12 ; t. I, p . 81-90 ; traduction française des témoignages et des fragments dans 4 Dumont, Présocratiques, p . 24-40 ; 5 G.S. Kirk , J.E. Raven et M. Schofield , The Presocratic Philoso phers. A critical history with a selection of texts , 2e éd . , Cambridge 1983 , p . 100-142. Bibliographie . 6 C.J. Classen, art . « Anaximandros » , RESuppl. XII, 1970, col. 30-69 ( jusqu'en 1969). 7 L. Paquet, M. Roussel et Y. Lafrance, Les Présocratiques. Bibliographie analytique ( 1879-1980) , coll. « Noêsis » , Montréal/ Paris, t. I, p . 342-358 .
Études d'orientation . 8 J.-P. Vernant, Les origines de la pensée grecque, coll. « Mythes et religions» 45 , Paris 1962, p . 119-130 ; 9 C.H. Kahn, Anaxi mander and the origins of Greek cosmology, New York 1960, 2e éd. 1964, XVIII - 250 p.; 10 W.C.K. Guthrie, History of Greek Philosophy, vol. I, p . 72 115 ; 11 J. Bames , The Presocratic philosophers, t. I : Thales to Zenon , London 1979 , p. 19-37 . On ne peut compléter les bibliographies signalées que par quel ques publications récentes : 12 M. Riedel, « Arche e apeiron : sulla parola fondamentale di Anassimandro » , Elenchos 6, 1985 , p. 295-314 ; 13 G. Freu denthal, « The theory of the opposites and an ordered universe : Physics and Metaphysics in Anaximander », Phronesis 32, 1986, p . 197-228 . Bibliographie préparée avec la collaboration de JEAN FRÈRE. RICHARD GOULET.
Iconographie. Les textes anciens sont muets sur des représentations éven tuelles d'Anaximandre, qui ne sauraient de toute façon prétendre à un quelcon que degré de réalité. On a interprété une figure d'une mosaïque de Trèves comme étant Anaximandre , parce que l'homme tient un cadran solaire. Anaxi mandre aurait en effet inventé le yvuuwv (D.L. I 1 et DK A 4) . Plus d'attention
194
ANAXIMANDRE DE MILET
doit être accordée à un relief fragmentaire, d'époque impériale, conservé au Musée des Thermes à Rome, qui montre sous l'inscription ( ' A ]vakipav &poc un homme assis et abîmé dans ses pensées, la tête dans une main ; voir G. Richter, Portraits, I, p. 78, fig. 299-301 . Mais ce n'est évidemment pas là un véritable portrait, c'est l'image idéale d'un philosophe, d'âge mûr comme il se doit, barbu et le front sillonné de rides, drapé dans un manteau. MARIE -CHRISTINE HELLMANN . 166
ANAXIMANDRE DE MILET RE 2
DIV
Historien et interprète d'Homère qui aurait écrit, selon la Souda , une Eupbólwv Iveayopeiwv 'EENynois (FGrHist 9 T 1 ). P. Corssen ( « Die Schrift des Artztes Androkydes Nepi Nuoayopixõv ovubólwv» , RHM 67, 1912, p . 250) croit à une confusion avec Alexandre Polyhistor de Milet, auteur d'un lepi Hveayopixõv Evubólwv. Ce n'est qu'une hypothèse, mais le rapprochement mérite en tout cas d'être effectué. RICHARD GOULET.
167
ANAXIMÈNE DE LAMPSAQUE RE 3
Iva
Cet historien et rhéteur célèbre, qui fut le maître d'Alexandre de Macédoine, est présenté par la Souda A 1989 comme un élève de Diogène le Chien et de Zoilos d'Amphipolis. Mais les deux anecdotes rapportées par D.L. VI 57 , qui mettent en scène le cynique Diogène et Anaximène, et qui tendent à ridiculiser ce dernier, sont loin de confirmer que le rhéteur fut bien l'élève du philosophe. Il est possible que le dialogue de Stilpon intitulé Anaximène (D.L. II 120) fasse référence à ce rhéteur ; c'est en tout cas probable pour l'ouvrage de même titre attribué à Épicure en D.L. X 28 . Anaximène, dont les ouvrages historiques sont parvenus jusqu'à nous, est considéré aujourd'hui comme l'auteur de la Rhétorique à Alexandre ( 'Pntopin npós 'Alétav pov ), un traité qui, avant Érasme, était attribué à Aristote, car sa préface se présente comme une lettre d'Aristote à Alexandre alors en campagne en Orient. Pour attribuer à Anaximène la paternité de la Rhétorique, on se fonde sur Quintilien III 4 , 9 , qui prête à cet auteur une division de l'art rhétorique en sept species. Éditions et traductions. H. Rackham (édit. ) , Aristotle, Rhetorica ad Alexandrum with an english translation , coll. LCL 317 , London 1937 [avec la deuxième partie des Problèmes ); M. Fuhrmann ( édit . ) , Anaximenis Ars rhetorica quae vulgo fertur Aristotelis ad Alexandrum , coll. BT, Leipzig 1966 . Études d'orientation . J. Brzoska , art . « Anaximenes » 3 , RE I 2, 1894 , col. 2086-2098 ; M. Fuhrmann, Untersuchungen zur Textgeschichte der pseudo aristotelischen Alexander - Rhetorik (der Téxvn des Anaximenes von Lampsa kos ) , AAWMIGS 1964 , 7 , Wiesbaden 1965 ; id ., Das systematische Lehrbuch . Ein Beitrag zur Geschichte der Wissenschaften in der Antike, Göttingen 1960, p. 11-28. MARIE -ODILE GOULET -CAZÉ.
195
ANAXIPPOS
168 ANAXIMÈNE DE MILET RE 2 ( + Suppl. XII )
M VI
A l'intérieur de l'école milésienne, Anaximène, fils d'Eurystratos, est consi déré par la tradition ancienne (D.L. II 3-5 = DK 13 A 12 , etc.) comme disciple d'Anaximandre et maître d’Anaxagore. Selon le même témoignage, sans doute erroné sur ce point, il aurait également été l'élève de Parménide. Les données chronologiques sont assez confuses. Apollodore (FGrHist 244 F 66 ) situait sa naissance ( YEyévntai) à l'époque de la prise de Sardes par Cyrus ( 546/5 ) et le faisait mourir en Ol. 63 (528-525 ), mais la date d'Ol. 58, 1 correspond plutôt, selon Hippolyte ( A 7 ) à l'acmé du philosophe. Eusebe (A 3 ) le mentionnait (tyvwpíteto ) pour 01. 55 , 4 (557/6 ). Cf. 1 A. Daub, « Die Überlieferung der Chronologie des Anaximenes und des Anakreon » , JKPh 121 , 1880 , p . 24-26 ; 2 G.B. Kerferd , « The date of Anaximenes >>, MH 11 , 1954, p. 117-121 . En dehors de la doxographie qui remonte à Aristote et à Théophraste, lequel avait écrit un Nepi tõv ’Ava &quéVOUS en un livre (D.L. V 42) , il ne reste guère plus qu'une phrase d’Anaximène (B 2) . Son ouvrage était écrit en dialecte ionien très simple (D.L. II 3). Deux lettres pseudépigraphes à Pythagore sont citées par D.L. II 4-5 ( p. 106 Hercher). Édition et traduction des fragments. 3 DK 13 ; t. I, p. 90-96 ; traduction des témoignages dans 4 Dumont, Présocratiques, p . 41-50 ; 5 G.S. Kirk, J.E. Raven et M. Schofield , The Presocratic Philosophers. A critical history with a selection of texts, 2e éd., Cambridge 1983 , p . 143-162. Bibliographie. 6 C.J. Classen, art. « Anaximenes » , RESuppl. XII, 1970 , col. 69-71 ( jusqu'en 1968 ) ; 7 L. Paquet, M. Roussel et Y. Lafrance, Les Présocratiques. Bibliographie analytique ( 1879-1980) , coll. « Noêsis » , Montréal/Paris, t. I, p . 359-363 . Études d'orientation . 8 W.C.K. Guthrie , History of Greek Philosophy, vol. I, p . 115-140 ; 9 J. Barnes, The Presocratic philosophers, t. I : Thales to Zenon, London 1979, p. 38-56 . Bibliographie préparée avec la collaboration de JEAN FRÈRE. RICHARD GOULET. Iconographie. La seule référence connue à un portrait d'Anaximène nous est donnée par une inscription de Gortyne : ('AvagyuLévns ) Eupuotpátou vac . Mianoios : voir Guarducci, Inscriptiones Creticae 345 (1 ou IP ). Il ne reste du texte que le dernier mot, mais il a été vu plus complet au XVI° s. par Barozzi. MARIE - CHRISTINE HELLMANN . 169
fl. III
ANAXIPPOS
Philosophe honoré par le décret de Délos IG XI 4, 624 ; le texte , très mutilé, n'apporte aucune indication sur le personnage. La forme des lettres invite à situer le document au IIIe s . av. J.-C. BERNADETTE PUECH . ANCHIMOLOS
RE2 → ANCHIPYLOS
196 170
ANCHIPYLOS D'ÉLIS
ANCHIPYLOS D'ÉLIS
RE
MF IV
Selon Diogène Laërce II 126 ( Anchipylos, test. 1 Giannantoni), Ménédème d'Érétrie, alors en garnison à Mégare ( en 312/1 ? ), fut attiré par Asclépiade de Phlionte aux cours de Stilpon à Mégare ( fr. 170 Döring). « Et de là ils s'embarquèrent pour Élis afin de se consacrer à Anchipylos et Moschos , les disciples de Phédon . Et jusqu'à leur époque ( ... ), les philosophes de cette école s'appelaient éliaques, mais ils s'appelèrent érétriaques d'après la patrie de Ménédème. » En II 105 , Diogène avait mentionné comme diadoque de Phédon d'Élis Pleistanos d'Élis, puis Ménédème d'Érétrie et Asclepiade de Phlionte, mais n'avait pas parlé d'Anchipylos et de Moschos. Le manuscrit F de Diogène Laërce fournit comme nom Archipylos. Athénée II, 44 c ( test. 2 Giannantoni), rapporte qu'au témoignage d'Hégé sandre de Delphes (FHG IV 418] Anchimolos et Moschos, qui exercèrent comme sophistes (COPLOTEÚDAVTAS ) à Élis, burent de l'eau toute leur vie et ne mangèrent que des figues sans que leur force physique en souffrît. Mais la mauvaise odeur de leur sueur faisait qu'on les fuyait aux bains publics. Sous ce nouveau nom , on peut penser qu'il s'agit du même personnage et malgré leur désignation comme sophistes il semble qu'il faille les rattacher à l'école philosophique fondée par Phédon d'Élis. Les témoignages sont rassemblés dans G. Giannantoni, Socraticorum Reli quiae, t . I, nº III D, p . 159 . RICHARD GOULET. ARCHIPYLOS- ANCHIPYLOS 171
ANDRAGATHIUS
PLREI: 2
fl. MIV
Philosophe antiochien dont Jean Chrysostome suivit les leçons (Socrate, H.E. VI 3,1 ; Sozomène, H.E. VIII 2,5 ; Photius, Bibl. cod. 96 , citant une biographie postérieure à 600 ). PIERRE MARAVAL . 172
ANDRÉAS le mathématicien
IV
Astronome et mathématicien du IVe s . qui, à la suite des décisions du Concile de Nicée , composa une table fixant la date de Pâques pour 200 ans à partir de l'an 353. Cette table est appelée, dans la tradition arménienne, « Canon de deux cents ans d'André » . Dans son discours Sur la Pâque (entre 661 et 667), l'écrivain arménien Anania Sirakacʻi écrit à ce sujet : « Au temps de Constance , fils de Constantin , André, frère de l'évêque Magnos, composa un calendrier de deux cents ans qui, toute fois, n'était pas sans défaut. Le calendrier de deux cents ans d'André prit fin au temps de l'empereur Justinien et la question de composer un nouveau calendrier fut longuement examinée par d'habiles savants ... » La mention « frère de l'évê que Magnos » est conforme à la seule précision que l'auteur donne sur lui-même dans les colophons des canons chronologiques qui lui sont attribués. La tradition arménienne ultérieure le présente tantôt comme byzantin, tantôt comme athénien et tantôt comme syrien. En réalité, on a probablement confondu
ANDROCYDE
197
plusieurs auteurs d'époques différentes. On distinguera donc, d'après les indica tions des manuscrits : 1. André « frère de Magnos » , auteur du traité Sur l'avance et le recul de la sainte Pâque et sur les tables de deux cents ans. Incipit : « Puisque beaucoup des Syriens, avec une opiniâtreté audacieuse ont cru que c'est dans le douzièmemois qu'il convient de célébrer la Pâque des azymes que Dieu, jadis , par l'intermé diaire de Moïse , avait ordonnée aux fils d'Israël ... » Explicit: liste de dix -sept canons concernant la date de Pâque. Le traité a été édité , d'après Érévan 1973, par 1 A.G. Abrahamyan, « Les travaux d'André sur le calendrier » , dans Bnagitut'yan ev texnikayi patmut'yunə Hayastanum (Histoire des sciences de la nature et de la technique en Arménie ), t. IV , Érévan 1967, p . 58-82 ( spécialement p. 75-82) . 2. André « d'Athènes » , « Ce qui dans les cieux est mauvais ou bon » . Il s'agit de pronostics envisageant successivement 24 conjonctures astrales, sous le signe du bélier : « Premier mode: lorsque le soleil s'éclipse dans le bélier, il y a crainte et maladie chez les grands et un grand princemeurt... » « Deuxième mode : sur l'éclipse de lune. Lorsque la lune s'éclipse dans le bélier, c'est la peste chez les quadrupèdes, surtout les moutons et les animaux des montagnes ... » « 24 € mode : quand une étoile brille, ce que cela présage. Quand la lune est dans le bélier et qu'une étoile brille à l'orient, cela présage crainte et souci pour les gens, beau coup de pluie... » Les manuscrits sont cités par 2 H.S. Anasyan, Bibliologie, t. I, Érévan 1969, col. 856-861 ( certains chapitres, transmis isolément, sont attribués à Aristote ). De ces pronostics, on peut rapprocher un opuscule Sur les maîtres de maison . Incipit: « Quand le bélier est maître de maison , son étoile est Mars, le printemps vient bien , etc. » (manuscrits cités par Anasyan 2) . Ces opuscules, qui compor tent beaucoup d'interpolations tardives, ont vraisemblablement été traduits de l'arabe au XIII S. 3. André « le philosophe » , A propos des emboîtements du ciel : ce qu'il en est. Incipit: « Ainsi parle André le philosophe : beaucoup posent des questions sur le monde et se disent entre eux ' Qu'est -ce que l'obscurcissement du soleil qui cache, la nuit, la lumière étendue sur le monde ?'» (ms. Érévan 1999, 15 6–17 a) . 4. « Movsēs Xorenac'i et André » , (Chronique ). Incipit: « Adam le proto plaste : il vécut 230 ans et il engendra Seth ... » Il s'agit en fait d'une des trois variantes de l'adaptation arménienne ( augmentée d'interpolations du VII s. ) de la Chronique d'Hippolyte (cf. GCS 36). JEAN - PIERRE MAHÉ. 173
ANDROCYDE RE 2
IIIa ?-I ?
Les sources anciennes parlent d'un Androcyde pythagoricien, auteur d'un ouvrage intitulé ( selon Jamblique, V. pyth. 145 ) lepi Nuoayopixőv oupbólwv, qui traitait principalement de l'interprétation allégorique des axououata. Des fragments de cette ouvre se trouvent chez Clément, Strom . V 8 , 45 ; Tryphon , dans Rhet. gr. III, p . 193-194 Spengel; Jamblique, Théol. arithm ., p. 52, 8-9 De Falco ; V. pyth. 145 ; Nicomaque, Introd. arithm . I 3 , 3. Une liste d'auteurs chez qui se laisse retracer l'influence de cet ouvrage d’Androcyde est énumérée dans DK , t. I , p. 465 , en note . Il est probable que cet Androcyde ne doit pas être iden
198
ANDROMÉNIDÈS
tifié avec le médecin d'Alexandre (RE 1 ) . On doit plutôt le compter parmi les pseudépigraphes (cf. 1 W. Burkert, Weisheit und Wissenschaft. Studien zu Pythagoras, Philolaos und Platon, Nürnberg 1962, p. 151-152) ; il faudrait dans ce cas le dater entre le III° s. et le ret. s . av . J.-C. ( contra cf. 2 C.J. de Vogel, Pythagoras and early Pythagoreanism , Assen 1966 , p. 182-183). Études d'orientation . 3 P. Corssen , « Die Schrift des Arztes Androkydes
Nepi Mudayopixõv Opbólwv », RHM 67 , 1912, p . 240-263 ; 4 I. Lévy, Recher ches sur les sources de la légende de Pythagore, Paris 1926, p. 6-70 . BRUNO CENTRONE .
174
ANDROMÉNIDÈS Philosophe signalé seulement dans une glose d'Hésychius ( ' Evdoía : " Apteuig xgì xovnYETxá, ốc'Avốpoucvíông ), chez Demetrius Lacon (De poem. I, PHerc. 188 , col. XIV , 4-8 Romeo ) et dans trois passages du De poematis de Philodème (De poem . V, PHerc. 1425 , col. 21 , 27-22, 1 ; inc. lib. , PHerc. 460 + 1073, fr. 25 II 23 - III Sbordone = PHerc. 1081 , fr. 23 Nardelli. Le nom a été restitué, après d'autres tentatives, par 1 C. Jensen , Philodemos über die Gedichte fünftes Buch, Berlin 1923 , p. 149 s . , qui s'est fondé sur PHerc . 1425. On trouvera un status quaestionis et un recueil de tous les témoignages dans 2 M.L. Nardelli, Due trattati filodemei ' Sulla poetica ', coll. « Ricerche sui Papiri Ercolanesi » 4 , Napoli 1983 , p . XXVIII -XXX ). Dans les citations de Philodème, Androménides est toujours mentionné en relation avec le stoïcien Cratès de Mallos et les xpitixoi. Cf. 3 G.M. Rispoli, Koinonia 10, 1986 , p . 143-147 . Des doutes subsistent concernant l'appartenance de ce philosophe à un courant déterminé : Jensen ( 1 , p. 151 ) et 4 P. Giuffrida ( L'Epicureismo nella letteratura latina nel I sec . a.C. , Torino 1940 , t. I, p . 24-25 n. 1 ) ont pensé qu'il était stoïcien ; 5 A. Rostagni (RFIC n.s. 1 , 1923 , p. 417 s . = Scritti minori, t . I : Aesthetica , Torino 1955 , p . 410 s . ), 6 A. Ardizzoni (Moinua. Ricerche sulla teoria del linguaggio poetico nell'antichità , Bari 1953 , p. 87 s. ) et 7 F. Sbordone ( Contributo alla poetica degli antichi, Napoli, 2e éd . , 1969, p . 63-64) ont vu en lui un péripatéticien. Cf. Nardelli 2, p . XXIX -XXX n. 54 et 8 C. Romeo, Demetrio Lacone, coll. « La Scuola di Epicuro » 9, Napoli 1988 , p. 45-50. TIZIANO DORANDI.
175
ANDRON RESuppl. VII : 18
va
Mathématicien , maître de Zénodote (absent de la RE ), mentionné par Proclus, In Euclidem , p. 80, 17 Friedlein . Comme Zénodote est rattaché dans ce passage à la diadochè d'Oinopidès de Chios (DK 41 , test. 13 : 01 8è nepi Znvódotov TÚV προσήκοντα μεν τη Οινοπίδου διαδοχή , των μαθητών δε " Ανδρωνος ...), il s'agit peut-être d'un disciple de ce philosophe du ve s . av . J.-C. G.J. Toomer, « The mathematician Zenodorus » , GRBS 13 , 1972, p . 177-192, rappelle (p. 178) qu'on a parfois identifié à ce Zénodote le mathématicien Zénodore (RE 3), du IIe s. av. J.-C. , auteur d’un lepi ioonepvpÉTPWV Oxnuátwv, dont des extraits sont conservés. L'identification avec l'auditeur d'Hippias (voir notice suivante) proposée par Dumont, Présocratiques, p. 1350, est fort gratuite, non moins que celle qu'envisage P. ver Ecke (dans sa traduction de l'In Eucl. de Proclus, Bruges 1948, p. 72) avec Andronicus de Rhodes. Ce même
ANDRONICUS (M. POMPILIUS - )
199
traducteur identifie également le Zénodote du passage avec le philologue alexandrin Zénodote d'Éphèse (RE 3). RICHARD GOULET. 176 ANDRON fils d'Androtion
RE 2 PA 921
Fva
Andron , du dème de Gargettos, est l'un des auditeurs du sophiste Hippias d'Élis, que Socrate rencontre chez Callias, où se trouvaient Protagoras, Hippias et Prodicos. Hippias était « assis sur un trône dans le portique qui faisait face à la porte d'entrée. Auprès de lui étaient assis sur des bancs Éryximaque, le fils d'Acoumène, Phèdre de Myrrhinonte , Andron le fils d'Androtion , et quelques autres, parmi les étrangers qui étaient ses concitoyens. Il était visible qu'ils étaient en train d'interroger Hippias sur la physique et sur certains problèmes astronomiques du domaine des hautes spéculations» (Platon , Protagoras 315 bc ; trad. Robin ). Dans le Gorgias 487 cd , Andron forme avec Calliclès , Teisandros ( RE 4) du dème d'Aphidna et Nausicydès (RE 2) du dème de Cholarges un cercle philoso phique préoccupé par la question : jusqu'où doit-on s'exercer à la philosophie ? Ce groupe considérait qu'il ne faut pas philosopher plus qu'il ne faut, de peur de finir par se corrompre sans s'en apercevoir. Sur ce groupe, voir E.R. Dodds ( édit .), Plato , Gorgias. A revised text with introduction and commentary, Oxford 1959, p. 282 : « The general picture which the evidence suggests is that of a group of ambitious young men , drawn from the jeunesse dorée of Athens, who have acquired just enough of the new learning' to rid them of inconvenient moral scruples. » Après avoir participé au régime des Quatre -Cents (411 ), Andron se fit l'accusateur d'Antiphon de Rhamnonte (Pseudo - Plutarque, Vies des dix orateurs, Antiphon, 833 ef ; Harpocration s.v. "Av&pwv , p. 85 , 5-8 Dindorf). Il fut par la suite emprisonné pour dettes (Démosthène, Contre Androtion 33-34 ) et s'évada ( ibid . 56 , 68) . Il est le père du rhéteur et atthidographe Androtion (RE, PA 915 ) , élève d'Isocrate et adversaire de Démosthène (cf. FGrHist 324 ). Cf. J. Kirchner, art. « Andron »> 2 , RE I 2 , 1894, col . 2159 ; E. Schwartz, art. « Androtion » , RE I 2 , 1894 , col. 2173-2175 . RICHARD GOULET. 177 ANDRONICIANUS RE
FIV ?
Auteur de deux brefs discours Contre les Eunomiens, lus par Photius (Bibl. cod . 45 ) qui en trouva les développements inférieurs aux promesses de l'introduction . « Cet auteur est épris de philosophie (oooopías épaotńs ) ; on le voit à son caractère , à sa pensée et à la forme dans laquelle il s'exprime, mais il est chrétien de religion » (trad. R. Henry très légèrement modifiée ). RICHARD GOULET .
178
ANDRONICUS (M. POMPILIUS - ) RE (P) 4
I
Grammairien romain , originaire de Syrie et, sans doute, affranchi, contem porain d'Antonius Grypho ( 116-66) et de L. Orbilius Pupillus (né en 114 ) .
200
ANDRONICUS D'ÉGYPTE
Suétone, qui constitue notre unique source à son sujet, attribue le peu de succès de son école à son zèle pour l'épicurisme: « A cause de sa passion pour la secte épi curienne, il passait pour assez négligent dans son métier de grammairien et peu capable de diriger une école » (Gramm . 8). Aussi se retira-t - il à Cumes ; il cessa d'exercer sa profession et composa bien des ouvrages. A partir de ces données on peut seulement préciser qu'il était probablement épicurien avant sa venue en Italie, comme Philodème de Gadara , et se retira en Campanie pour y retrouver d'autres épicuriens. Ses écrits portaient probablement la trace de sa philosophie, mais Suétone ne mentionne qu’un traité de grammaire sur Ennius et le reste nous échappe totalement. Th . Gomperz (« Herkulanische Notizen » , WS 2 , 1880 , p. 139) avait cru en retrouver la trace dans les Papyrus d'Herculanum , mais cette hypothèse, sans fondements solides, est aujourd'hui unanimement rejetée. Cf. H. Dahlmann, art. « Pompilius » 4 , RE XXI 2, 1952 , col. 2322-2323.
MICHÈLE DUCOS .
179
ANDRONICUS D'ÉGYPTE RE 21 PLRE 1 :5
fl. MF IV
Auteur de pièces dramatiques et de poèmes, curiale d'Hermoupolis. Il fut dans sa jeunesse l'élève du philosophe Thémistius (Libanius, Epist. 77 [75 ] , datée de 359). Peut -être est -ce le « jeune homme égyptien » dont parle Thémistius ( Orat. XXIX , 347 ab) . PIERRE MARAVAL .
180
ANDRONICUS DE CARIE RE 22 PLREI : 6
fl. MIV
Philosophe, originaire de Carie, qui fut mis à mort peu après 371 , lors des procès qui suivirent l'affaire de Théodore (Zosime, N.H. IV 15 , 1 ) . Voir les notices consacrées à Hilaire de Phrygie, Maxime d'Éphèse, Patrice de Lydie et Simonide. PIERRE MARAVAL .
181
ANDRONICUS DE RHODES RE 25
DI
Philosophe et, selon des sources néoplatoniciennes tardives, onzième ( ou dixième ?) scholarque péripatéticien. Édition des fragments. 1 F. Littig, Andronikos von Rhodos, t. I : Das Leben des Andronikos und seine Anordnung der aristotelischen Schriften , Progr. München 1890 ; t. II, Progr. Erlangen 1894 ; t. III, Progr. Erlangen 1895 . Études d'orientation. 2 A. Gercke, art. « Andronikos » 25, RE I 2 , 1894 , col. 2164-2167 ; 3 K.O. Brink, art. « Peripatos» , RESuppl. VII, 1940, col. 938 945 ; 4 M. Plezia, De Andronici Rhodii studiis Aristotelicis, coll. « Polska Akademja Umiejętności: Archiwum filologiczne» 20, Kraków 1946, 63 p.; 5 I. Düring, Aristotle in the Ancient Biographical Tradition , Göteborg 1957 , Part III, Chap. XVII (« The Roman edition of Aristotle's works» ), p . 412-425 , cite tous les témoignages. L'étude la plus récente et la plus complète est celle de 6 P. Moraux, Aristotelismus , t . I, p . 45-141 . Voir également 7 H.B. Gottschalk , « Aristotelian philosophy in the Roman world from the time of
ANDRONICUS DE RHODES
201
Cicero to the end of the second century » , ANRW II 36, 2, Berlin 1987, p. 1089 1107, 1112-1116 . Datation . On ignore à peu près tout de ce philosophe dont l'édition du Corpus des æuvres d'Aristote marqua « une nouvelle époque dans l'histoire de l'aristotélisme » (Moraux 6 , p . 45 ). Certains ont situé son activité vers 78-47 av . J.-C. à Athènes, d'autres vers 40-20 à Rome, après la mort de Cicéron . La datation « basse » se fonde sur le silence de Cicéron qui ne semble pas connaître Andronicos et sur Plutarque, Sylla 26 , qui fait dépendre l'édition d'Andronicos des copies que lui auraient procurées Tyrannion (mort vers 26* à Rome) lorsqu'il eut accès à la bibliothèque d’Apellicon amenée à Rome par Sylla (après la prise d'Athènes en 86 ). Mais dans le parallèle de Strabon XIII 1 , 54 , p . 608 C. , on ne parle pas d'Andronicos et Moraux considère que Plutarque aura voulu compléter les renseignements reçus de la tradition sur les déficiences du Corpus aristo télicien par ce qu'il savait par ailleurs de l'édition entreprise par Andronicos. L'examen minutieux du problème conduit Moraux à préférer la datation haute : Andronicos aurait dirigé l'école péripatéticienne à Athènes vers 80-78 et le renouveau qu'aurait connu alors l'aristotélisme expliquerait que des acadé miciens comme Ariston d'Alexandrie et Cratippe de Pergame soient, à la mort d'Antiochus d’Ascalon ( v. 684), devenus péripatéticiens. Ariston se distingua comme commentateur des Catégories et Cratippe était considéré par Cicéron , vers 46-43 comme la grande figure péripatéticienne d'Athènes. Nouveaux argu ments en faveur de cette datation haute d'Andronicus dans Gottschalk 7 , p . 1095-1096 . D'après les commentateurs néoplatoniciens (essentiellement Ammonius, In De interpr., p. 5 , 24 Busse , et ses élèves), Andronicos fut le onzième scholarque péripatéticien. On ne connaît malheureusement pas tous les noms de ses prédé cesseurs ( voir le tableau donné par Brink 3 , col . 909-910 ). Il est également présenté comme le maître de Boèce de Sidon ( condisciple ou plus vraisembla blement maître de Strabon : Strabon XVI 2 , 24 , p . 757 C. ), lui aussi considéré comme onzième scholarque (par le même Ammonius, In Anal. pr. , p . 31 , 11 Wallies), peut-être parce que, selon cette nouvelle liste, Aristote lui-même n'était plus pris en compte. Mais ces témoignages présupposent que l'école péripa téticienne existait toujours. Le scholarcat d'Andronicus et de Boèce est considéré comme douteux notamment par Düring 5 , p . 420, et par 8 L. Tarán , dans son c.r. de Moraux 6, dans Gnomon 53 , 1981 , p. 733 . Le témoignage de Plutarque ( Sylla 26, 2 ) selon lequel Andronicos aurait édité la plupart d)es œuvres d'Aristote et de Théophraste, et dressé un catalogue de leurs écrits, est confirmé par Porphyre, V. Plot. 24 , qui prétend avoir imité Andronicos dans son propre travail d'éditeur des traités de Plotin . L'examen des listes anciennes des ouvrages d'Aristote montre qu'Andronicos a regroupé parfois en un seul des traités (ou des notes de cours) distincts et a pourvu de nouveaux titres des traités auparavant connus sous un titre différent. Son cata logue devait classer systématiquement tous les ouvrages connus et fournissait sans doute des explications sur le titre, l'authenticité, le contenu et la structure de chaque traité (Moraux 6 , p . 93 ) . Il contenait également le Testament d'Aristote, une collection de lettres et peut- être d'autres éléments de caractère biographique.
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ANDROSTHÈNE D'ÉGINE
Cette classification des ouvrages d'Aristote se retrouve dans le Catalogue dit " de Ptolémée " ( cf. Düring 5 , p . 221-231).
Euvres. En plus du ( 1 ) Catalogue (en cinq livres au moins) des euvres d'Aristote et de Théophraste, il faut, selon Moraux, attribuer à Andronicos: (2) une paraphrase des Catégories ( Simplicius , In Categ ., p. 26, 17 Kalbfleisch ) ; (3) un Liber de divisione ( Iepi Siaipłoews] connu par Boèce, De divis. (PL 64, col . 875 d – 877 a) à travers le Commentaire de Porphyre sur le Sophiste de Platon ; peut- être ( 4 ) un commentaire ou une paraphrase du De anima ( Thémistius, Galien ). Moraux ne croit pas que les trois fragments d'Andronicos sur la physique ( chez Simplicius) attestent l'existence d'un commentaire ou d'une paraphrase de ce traité aristotélicien . Pour un examen des témoignages relatifs à ces écrits perdus, voir Moraux 6 , p. 97-136 . Spuria. ( 1 ) Paraphrase grecque de l'Éthique à Nicomaque. Présenté comme l'æuvre d'Andronicos par D. Heinse au début du XVIe s. , le texte, anonyme dans le plus ancien manuscrit, est édité dans le CAG (XIX 2) sous le nom d'Héliodore de Pruse , mais cette attribution est vraisemblablement une invention de Constantin Paléocappa au XVI° s . , comme l'a montré 9 L. Cohn (« Heliodor von Prusa, eine Erfindung Paläokappas» , BPhW 9 , 1889 , n° 45 , col . 1419-1420) . D'autres manuscrits l'attribuent au néoplatonicien Olympiodore. (2) Hepi nawy. 10 A. Glibert- Thirry (édit. ), Pseudo - Andronicus de Rhodes « [ lepi naowv » . Édition critique du texte grec et de la traduction latine médié vale, coll. CLCAG , Suppl. 2, Leiden 1977 , VI- 358 p . Une première partie consiste en une classification des quatre passions stoïciennes avec leurs subdivi sions , puis des quatre eúnáðeidi. Une seconde partie est consacrée aux vertus cardinales et aux vices, ainsi qu'à leurs subdivisions. Voir Gottschalk 7 , p . 1130 1131 . Sur ces deux ouvrages, voir Moraux 6 , p. 136-141 . ( 3 ) 11 W.J.W. Koster, « Pseudo - Andronicus de variis poetarum generi bus » , Mnemosyne 9 , 1956 , p . 319 , attribue à Paléocappa le llepì tátews Tointőv, présenté dans le Parisinus gr. 2929 comme une æuvre d’Andronicus . RICHARD GOULET. 182
ANDROSTHÈNE D'ÉGINE RE 10
Iva
Fils d'Onésicrite d'Égine, il fut, comme son père et son frère aîné Philiscos, un disciple de Diogène le Chien. Envoyé par son père à Athènes, Androsthène eut l'occasion d'entendre Diogène et, séduit, il resta aux côtés du philosophe. Son frère Philiscos, envoyé à sa recherche, fit de même. Onésicrite se rendit alors à Athènes pour retrouver ses fils, mais comme eux il s'attacha à Diogène ( cf. D.L. VI 75-76 ).
ANKABITUS
203
Il ne faut sans doute pas identifier Onésicrite, le père d’Androsthène, avec son homonyme, d'Égine ou d'Astypalée (D.L. VI 84 : « Certains le disent d'Egine , mais Démétrius Magnès affirme qu'il est d'Astypalée » ), qui prit part à l'expédition d'Alexandre en Orient. Voir H. Strasburger, art. « Onesikritos » ,RE XVIII 1 , 1939, col. 460-467.
MARIE - ODILE GOULET -CAZÉ.
183
ANÉBON
F III - D IV
Destinataire d'une Lettre de Porphyre, relative à la philosophie de la religion et à la théurgie . Anébon pourrait être un personnage réel, un Égyptien qui aurait été successivement l'élève de Porphyre et celui de Jamblique. Théodore d’Asiné est un autre exemple d'un étudiant ayant fréquenté successivement les deux écoles. Mais en réalité, il est certain qu'à travers Anébon Porphyre désirait s'adresser à Jamblique. C'est bien ainsi que Jamblique avait compris cette situa tion, puisque c'est lui-même qui, dans le De mysteriis, répondit à Porphyre, à la place de son disciple Anébon, sous le pseudonyme d'Abam (m )on. Voir notice « Abam ( m )on » . La Lettre de Porphyre à Anébon est perdue, mais peut être reconstituée à partir des fragments contenus dans le De mysteriis et la Préparation évangélique d'Eusébe de Césarée. Voir l'édition de A.R. Sodano , Porfirio , Lettera ad Anebo , Napoli 1958 . < On peut se demander si le « prophète égyptien » dont Théodore d'Asiné rapporte les vues dans Proclus, In Timaeum , t. I, p. 254, 29-255, 13 Kroll, n'est pas Anébon . Voir H.D. Saffrey, « “Le philosophe de Rhodes ” est-il Théodore d'Asiné ? Sur un point obscur de l'histoire de l'exégèse néoplatonicienne du Parménide » , dans E.Lucchesi et H.D. Saffrey ( édit.), Mémorial A.J. Festugière. Antiquité païenne et chrétienne, coll. « Cahiers d'Orientalisme » 10, Genève 1984 , p . 65. R.G.> HENRI DOMINIQUE SAFFREY. 183a ANKABITUS L'un des interlocuteurs du protagoniste du De pomo . Sur ce dialogue, fait sur le modèle du Phédon et dont le personnage principal est , dans certains manuscrits, Aristote et, dans d'autres, Socrate , voir la notice sur le De pomo pseudo - aristotélicien , où l'on trouvera notamment des informations sur les manuscrits du dialogue, sur ses probables origines grecques, sur sa version arabe , ainsi que sur les traductions persanes, hébraïque et latines, qui provien nent de cette dernière. Le nom d'Ankabītūs apparaît, une fois, dans le manuscrit de Damas (nº 3 de la notice sur le De pomo) : voir 1 A.Z. Hayrallah (édit. ) , « Kitāb al - tuffāḥa » , Al-muktataf 55 , 1919 , p . 481 , li . 14. Le Caire Taymūriyya ahlāq 290 (nº 1 de la notice sur le De pomo) a , au même endroit du texte, « un autre » : 2 ' A.S. Al - Naššār et ‘ A. Al- Širbini (édit . ) , Fidūn wa -Kitāb al-tuffāḥa al-mansub li -Suqrāț, Le Caire 1974 , p . 223 , li. 25. Santillana (n° 2 de la notice sur le De pomo : peut- être ne s'agit -il que d'une traduction arabe, par Santillana, du persan ?) a ' linūs (Al -Naššār et Al-Sirbini 2 , p . 236 , li . 4) , nom dont le rapport avec celui que la tradition arabe a lié à plusieurs commentaires de l'Organon n'a pas encore été examiné (cf. la notice d'A . Elamrani- Jamal sur « Alīnūs »). Nous n'avons pas pu voir les trois manuscrits restants, mais non
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ANNICÉRIS
édités ( les n° 4, 5 , 6 de la notice sur le De pomo). Le persan , publié par 3 D.S. Margoliouth (édit. et trad. ), « The Book of the Apple , ascribed to Aristotle, ed . in Persian and English by D.S.M. », JRAS 24 , 1892 , p. 208 , li. 130 (du persan ), p. 235 ( de la traduction anglaise) a flīļūs. Les traductions hébraïque et latines n'ont pas le passage en question. Pour 4 J. Kraemer, « Das arabische Original des pseudo -aristotelischen Liber de pomo » , dans Studi orientalistici in onore di Giorgio Levi Della Vida , coll . « Pubblicazioni dell'Istituto per l'Oriente » 52, Roma 1956 , t. I, p. 499 n . 4, il est possible que le nom d'Ankabitūs provienne d'un mot forgé par l'imagination et ensuite défiguré de façon à le rendre plus crédible . Mais Kraemer se demande, au même endroit, s'il ne pourrait pas s'agir du mystérieux Ağābiţūs cité dans un écrit hermétique, connu seulement en arabe et en syriaque, mais, sans doute , partiellement dérivé du grec : cf. 5 G. Levi Della Vida ( édit. et trad .), « "La Dottrina e i Dodici Legati di Stomathalassa ” . Uno scritto di ermetismo popolare in siriaco e in arabo » , MAL sér. VII, vol. III, fasc. 8 , 1951 , p . 477 , 480 n. 3 , 482-484 , 507 , 535 . MAROUN AQUAD .
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ANNICÉRIS
FIV
Personnage fictif, dont le nom est peut-être emprunté au philosophe cyré naïque, il est le dédicataire de la Lettre pseudépigraphe 27 de Diogène le cynique ( cf. G. Giannantoni [ édit. ], Socraticorum Reliquiae, t. I, sect. V B , fr. 557 ). Il aurait, semble - t -il, usé ou abusé (ároxéxonoai) du nom de cynisme et pourrait être à ce titre considéré comme disciple de Diogène. Voir M.-O. Goulet-Cazé, L'Ascèse cynique. Un commentaire de Diogène Laërce VI 70-71, coll . « Histoire des doctrines de l'Antiquité classique » 10, Paris 1986, « Répertoire des philosophes cyniques connus» , p . 245. Sur cette lettre, voir V.E. Emeljanow , The Letters of Diogenes, Diss . Stanford 1968, p. 133-135 ; elle est traduite par B. Fiore dans A.J. Malherbe (édit . ) , The Cynic Epistles, Missoula (Montana ) 1977 , p. 119 . RICHARD GOULET. 185
ANNICÉRIS DE CYRÈNE
DIV
Aurige ( Élien, V.H. II 27 ) plutôt que philosophe, il doit sa célébrité, ainsi que le fit observer Aelius Aristide (Discours 46, p . 307 Dindorf ), au fait qu'il paya la rançon de Platon lorsque ce dernier, confié au Spartiate Pollis par Denys de Syracuse, fut vendu comme esclave à Égine. Cf. Voir 1 A. Swift Riginos, Platonica, p . 86-92 (« The Philosopher sold into slavery » ), et surtout 2 K. Gaiser, « Der Ruhm des Annikeris » , dans Festschrift R. Muth, Innsbruck 1983 , p . 111-128 , qui traduit et commente l'ensemble des témoignages. Selon D.L. III 20 , comme il était par hasard présent à Égine , Annicéris déboursa 20 – le prix d'un esclave, selon Héraclite, Problèmes homériques 78 – ou 30 mines pour rendre le philosophe à ses amis à Athènes et refusa que ces derniers le remboursent, disant qu'il n'était pas réservé aux Athéniens de s'occuper de Platon . Lactance , Divin . Inst. III 25 , 16 ; p. 259, 8 Brandt, qui suit les Exhortationes perdues de Sénèque ( fr. 23 Haase ), mentionne une somme de
ANNICÉRIS DE CYRÈNE
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8000 sesterces , ce qui était, aux yeux de Sénèque, fort peu pour un personnage comme Platon. L'événement se situe sans doute vers 388", bien qu'Olympiodore qui parle de Denys II rattache cette captivité au second voyage . Selon une autre version , connue également par D.L. III 20 , Annicéris aurait fait acheter pour Platon un petit jardin év 'Axa & nuelq avec l'argent envoyé par Dion pour le rembourser. Il aurait effectivement coûté 30 mines, selon Plutarque, De exilio 10, 603 bc. Selon Olympiodore (V. Plat.), Annicéris le Libyen se trouvait par hasard (repituyóv ) à Égine en route vers Élis où il devait concourir dans une course de quadriges. Il aurait estimé la gloire que lui procurait son geste supé rieure à toute victoire dans une course de chars (Olympiodore, In Gorg. 41 , 8, p. 213 , 11-17 Westerink ). Qu'Annicéris qui n'était pas Grec, mais Libyen, ait pu concourir à Olympie est cependant fort improbable ( cf. Riginos 1 , p. 89 n . 13 ) et Gaiser y voit l'un des traits secondaires ajoutés par la tradition . Parmi les témoignages étudiés par Gaiser figure un extrait de la Vie de Platon de Ibn al - Qifți ( Ta'rih al-ḥukamā', p. 22, 7-21 Lippert ), qui dépendrait d'une source grecque inconnue . Le récit d'Ibn al - Qifti est proche de celui de Diogène, mais attribue à Dion et non à Annicéris l'achat du jardin de l'Académie, explication que Gaiser trouve d'ailleurs plus vraisemblable. L'Ind. Acad . Herc ., col. X, 17-24 (p. 8-9 Mekler ), semble également concerner cet épisode, mais le passage est fort détérioré. Gaiser 2, p . 117-122, a rattaché à Annicéris une autre section du papyrus : Ind. Acad. Herc ., col. III, 1-16, p. 12 Mekler (voir déjà Swift Riginos 1 , p . 87 ), qui pourrait remonter, à travers Néanthe de Cyzique, à un certain Philiscos d'Égine (cf. col . II, 36-41, p . 21-22 Mekler). Voir encore 3 K. Gaiser, Philodems Academica , p . 410-413; 416-421. Aristote fait peut-être allusion à cet événement en deux passages : Métaph. A 30, 1025 a 25 27 : « C'est par accident qu'on aborde à Égine, quand on n'est pas parti avec l'intention d'y aller, mais qu'on y est venu , poussé par la tempête, ou pris par les pirates » ( trad. Tricot ), et Phys. Il 8, 199 b 20-22 : « nous disons que l'étranger est venu par hasard et ayant payé la rançon ( Autpwoáuevos) il est parti... » Voir D.L. III 20 (xatà túxnv) et Olympiodore ( nepi Tuyóv ). Sur ce second passage d’Aristote, où Philopon ( In Phys ., p. 324, 15-23 Vitelli) recon naissait une allusion à Annicéris et Simplicius ( In Phys., p. 384, 12-19 Diels) une allusion ( chronologiquement improbable ) au Misoumenos de Ménandre, voir 4 W.K.C. Guthrie, A History of Greek Philosophy, t. IV, p. 19 n. 1 . Selon Pseudo - Lucien , Éloge de Démosthène 23 , Annicéris de Cyrène aurait gagné l'admiration de Platon et de ses compagnons en conduisant son char plusieurs fois autour de l'Académie tout en repassant systématiquement dans les mêmes traces. Élien , V.H. II 27, raconte la même anecdote en ajoutant que Platon aurait déploré que tant d'efforts soient déployés pour des choses si futiles. Sur ces deux passages, voir Swift Riginos 1 , p . 152, anecdote n° 108. En D.L. II 86, la formule « celui qui paya la rançon de Platon » , à propos du
philosophe Annicéris de Cyrène, provient sans doute d'une confusion avec notre personnage. Gaiser 2 , essaie d'analyser l'histoire de la tradition à partir d'un noyau historique originel et tire de cette analyse la conclusion que l'Académie fut fondée vers 387 * ( p. 126 ). RICHARD GOULET.
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ANNICÉRIS DE CYRÈNE
ANNICÉRIS DE CYRÈNE RE :
FIV - D III
Philosophe de l'école cyrénaïque. Éditions , traductions des sources . 1 FPG (édition incomplète ); 2 G. Giannantoni, I Cirenaici, coll. « Pubblicazioni dell'Istituto di filosofia dell'Università di Roma » 5 , Firenze 1958 , p . 450-453 ( recueil des sources antiques : édition des fragments, avec apparat critique, traduction italienne et des commentaires ); 3 id. , Socraticorum Reliquiae, t. I, sect. IV G : « Anniceris Cyrenaicus» , p. 299-300 ; t . III, notes 17 et 18 , p . 157-170 . Ajouter quelques textes épars dans cette édition : 16 , II P 2, IV A 160, IV A 189, IV H 13 , V B 557 ( cf. notice précédente ). 4 E. Mannebach , Aristippi et Cyrenaicorum fragmenta, Leiden /Köln , 1961 , p . 31-56 notamment [ édition des sources et notes critiques en latin ). Principales sources anciennes. Strabon XVII 3 , 22, p. 837 C .; Hesychius ap. Souda, s.v. 'Avvíxepis, t . I , p . 220 , 21-25 Adler ; D.L. I 18 , II 86, 96-97 ; Clément d'Alexandrie, Stromates, II , XXI 130, 7-8 Stählin . Indications biographiques. Giannantoni 2 fait d'Annicéris le contem porain probable d'Hégésias. Disciple et successeur d'Aristippe l'ancien , il aurait été à son tour le maître de Théodore de Cyrène, dit l'Athée (p . 450-453 et 454 483) . La Souda le fait vivre à l'époque d'Alexandre ; contra : 6 P. Natorp , REI 2 , 1894 , col . 2259-2261 . Selon 7 W. Crönert, Kolotes und Menedemos, p . 94 , 96 , Annicéris serait un nom d'origine libyenne, comme le sont, par exemple , Καλλίμαχος 'Αννικέριος , Φίλων 'Αννικέριος. La Souda lui attribue un frere, Nicotélès, également philosophe , dont « le célèbre Posidonius », dont l'identité nous échappe, aurait été l'élève. Activité philosophique. Annicéris est connu pour avoir fondé l'école dite « annicérienne » qui, d'abord destinée à redresser l'orientation cyrénaïque, et cela contre les innovations de Théodore et d'Hégésias, aurait fini par se substituer à elle . Les particularités de la doctrine annicérienne sont exposées en D.L. II 96 97 et par Clément d'Alexandrie, Stromates II XXI , 130, 7-8 . Sur les confusions parfois opérées entre la doctrine cyrénaïque et la doctrine proprement annicé rienne, voir Mannebach 4, p . 41-42, 53 , 108-110 . Sur le nom donné à son école, voir Mannebach 4 , p . 33 , 35 , 41-42, 44 et 86. Étude du vocabulaire philo sophique d'Annicéris dans Mannebach 4, p. 97, 111 s . L'école « annicérienne » était l'une des neuf retenues par Hippobote dans son lepi alpłoewv, selon D.L. I 19. Cicéron, De off. III 33 , 116 , mentionne également les Annicerii philosophi. La notice de la Souda prétend qu'Annicéris serait passé du cyrénaïsme à l'épi curisme. Est -il, au contraire, resté critique à l'égard d'Épicure et, notamment, à l'égard de sa conception du plaisir ? Sur les rapports entre la pensée d'Annicéris et celle d'Épicure et sur les assimilations fautives qui en ont été faites, voir Mannebach 4, p . 31 , 41 , 44 , 45 , 47-48, 52 , 53 , 56, 86 , 94-96. La chronologie invite à le distinguer de l'aurige qui racheta Platon à Égine, bien qu'en D.L. II 86 et dans la notice de la Souda sur Aristippe, l'identification des deux personnages soit soutenue.
ANTHÉMIUS (PROCOPIUS - )
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Voir aussi 8 E. Zeller, Die Philosophie der Griechen , II 1 , 5e éd. , Leipzig 1922, p. 341 , 381 , 414 .
FRANÇOISE CAUJOLLE -ZASLAWSKY. 187 ANNIUS RE 6 PLREI:
MII
Philosophe stoïcien que Longin , dans la préface de son livre Sur la fin (ſlepi TÉROUS ) citée par Porphyre au chap. 20 de sa Vie de Plotin , associe à Médius pour dire qu ' « hier encore ( c'est -à -dire aux alentours de 250 ap. J.-C.) ils étaient au Sommet de leur carriere ( οι τε μέχρι πρώην ακμάσαντες " Αννιός τε και Μήδιος ) (V. Plot. 20, 34-35 ). L'ayant classé parmi les philosophes qui ont écrit, Longin range Annius avec Médius, Phoibion et Héliodore, parmi ceux qui n'ont fait que reprendre, dans leurs écrits, des problèmes de détail soulevés par des philosophes antérieurs (V. Plot. 20 , 60-68 ). Cf. H. von Amim , art. « Annius » 6 , RE I 2, 1894 , col. 2261 ; L. Brisson , « Prosopographie » , p. 72. LUC BRISSON . 188 ANTHÉMIUS (PROCOPIUS - ) RE 3 PLRE II : 3
MF V
Empereur romain d'Occident de 467 à 472. Pour la carrière politique du personnage, voir les articles de RE et PLRE . Dans son Panégyrique d'Anthémius (Carm . II ), prononcé à Rome le 1er janvier 468 , Sidoine Apollinaire évoque, au moyen d'un certain nombre de réfé rences scolaires, la formation philosophique reçue en Orient par le jeune Anthémius (v . 156-181 ) . A. Loyen écrit dans son introduction à l'édition des Poèmes de Sidoine : « Anthémius... appartient à la plus haute noblesse orientale et les charges, surtout militaires, qu'il a gérées ne l'ont pas empêché d'étendre sa culture : il est philosophe et s'est entouré d'une cour de néo -platoniciens >> (p . XVIII) . D'origine galate, né à Constantinople, Anthémius était le fils de Procope, magister militum per Orientem , et descendant « d'aïeux Augustes » , i.e. l'usur pateur Procope ( 365-366 ] (Sidoine II 69), et de la fille du Préfet du Prétoire d'Orient Anthémius (RE 1 ) ( II 94-95 ) . Cf. A. Loyen , Recherches historiques sur les Panégyriques de Sidoine Apollinaire, coll . « Bibl . de l'École des Hautes Études - Sciences historiques et philologiques» , Paris 1942 , 111 p .; index chronologique, p. 99-101 ; sur les ancêtres d'Anthémius, p. 85-95 ( commentaire du Carmen II). P...Courcelle(Les lettres grecques en Occident de Macrobe àCassiodore, coll. BEFAR 159, Paris, « nouvelle édition revue et augmentée » , 1948 , p . 245) note que « le dernier) regain de vie et de faveur de la doctrine néo -platonicienne en Gaule (à la fin du ve s . ) coïncide avec l'épanouissement de l'École de Proclus à Athènes et la nomination du grec Anthémius comme empereur en Occident. Sidoine accueille avec transport cette nomination et, dans son Panégyrique, célè bre le nouvel empereur comme un homme imbu de philosophie grecque (Carm . II 156-181 ] . De fait, il paraît avoir eu des relations avec les Néo -platoniciens dont certains, quoique païens, occupaient des postes considérables à la cour de Byzance, sous le règne de Léon 1er. ( ... ) Anthémius arrive en Italie, escorté du
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ANTHÈS DE CARTHAGE
païen Marcellinus, disciple de Salluste le philosophe ; il rappelle d'Alexandrie le philosophe païen Mess(i)us Phoebus Severus qu'il nomme consul; lui-même, au témoignage de Damascius, était de coeur avec les Hellènes et formait le dessein secret de restaurer le culte des idoles ( cf. Epit. Phot. 108] . Rien de surprenant à ce que, sous son règne (467-472), les amis de Sidoine, appelés aux plus hautes fonctions, soient des Néo -platoniciens : c'est en 470 que Claudianus Mam ( m )ertus publie le De statu animae ; c'est vers la même date qu’Eutrope est préfet du prétoire à Rome, Polémius préfet du prétoire des Gaules, et Sidoine nous apprend qu'Anthémius avait promis le titre de patrice à un autre Gallo -Romain de ses amis : Ecdicius [ Epist. V 16, 2 ]. » Cf. L. Vassili , « La cultura di Antemio » , Athenaeum 16 , 1938 , p . 38-45 . RICHARD GOULET. 189
ANTHÈS DE CARTHAGE
V?
Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique, V. pyth . 36, 267 ; p . 145 , 3 Deubner. BRUNO CENTRONE . 190
ANTIBIOS D'ASCALON RE 2 Philosophe stoïcien « illustre » , mentionné par Étienne de Byzance, s.v. 'Aoxálwv (p . 132, 4-5 Meineke ), avec Antiochos « le Cygne » (Antiochos d'Ascalon ) et Eubios, comme faisant partie des célébrités de cette cité . RICHARD GOULET.
191
ANTIDOROS RESuppl. III : 7
MF IV
Les seuls éléments certains que nous possédons sont ( 1 ) le titre d'un ouvrage d'Épicure en deux livres : 'Avīíowpos , mentionné par D.L. X 26 ; (2) l'affir mation de D.L. X8 , selon laquelle Épicure appelait Antidoros “ Sannidoros" dans sa Lettre aux philosophes de Mytilène ( cf. 1 D. Sedley, dans l'ouvrage collectif Études sur l'épicurisme antique, coll. « Cahiers de philologie » 1 , Lille 1976 , p . 124 ) ; (3 ) la polémique de Colotès contre Antidoros rapportée par Plutarque, Adv. Col. 1126 a et s .; ( 4 ) la mention de son nom dans PHerc. 418, fr. 4 , 16-17 (= fr. 75 Döring) à côté de ceux de Stilpon, d'Aristippe et d'Alexinos. Peut-être faut - il rapprocher de ces témoignages celui de D.L. V 92 où , si l'on accepte la correction proposée par Ménage d’Avtíowpos pour le 'Avródwpos des manuscrits ( Autódwpos, Stephanus), Antidoros « épicurien » est dit avoir réfuté le traité d'Héraclide le Pontique Sur la justice. Sur la base de ces renseignements , W. Crönert, Kolotes und Menedemos, p . 24-26 , a proposé de voir en Antidoros un « déserteur » passé de l'école d'Épicure à l'école de Mégare . Voir 2 E. Spinelli , « Metrodoro contro i dialettici ? », CronErc 16 , 1986 , p . 35-36. Plus prudente la position de Sedley 1 , p. 133 . TIZIANO DORANDI.
ANTIGONE DE CARYSTE 192
ANTIDOTOS
RE 4
209
FIT
Maître , par ailleurs inconnu, d'Antipater de Tyr, avant que ce dernier ne devienne disciple de Stratoclès de Rhodes, l'élève de Panétius (mort à la fin du IT “ ), selon l'Ind. Stoic. Herc., col. LXXIX , 1-4 ( p. 100 Traversa = fr. 184 Hilser) : ... α ] υτο [ 0] Στρατο[ κλέους Δί]lων Αλεξανδρεύς και Γ'Αντίπατρος Τύριος ο καιΓ'Αντιδότου πρότερον . RICHARD GOULET. 193
ANTIGONE DE CARYSTE RE 19
III
Érudit dont la personnalité, remarquable et complexe, a été reconstituée avec génie par Wilamowitz qui a identifié en une figure unique au moins trois person nages du même nom : un écrivain sur l'art, l'auteur d'un ouvrage paradoxo graphique et un biographe. La question de l'identité des trois personnages n'a été que récemment révoquée partiellement en doute . Antigone, originaire de Caryste, vécut et exerça son activité à Pergame, où il avait été appelé par Attale jer ( 241-197 av . J.-C.) . Dans sa jeunesse il avait fait partie du cercle de Ménédème d'Érétrie. Si l'on accepte l'hypothèse de 1 U. von Wilamowitz -Moellendorff, Antigonos von Karystos, coll . « Philologische Untersuchungen » 4 , Berlin 1881 , réimpr. Berlin /Zürich 1965 (voir le c.r. favorable de H. Diels , DLZ 3 , 1882, col . 604-605, à l'encontre des aigres critiques d'E. Rohde , LZB 28 , 1882, col. 56-59 = Kleine Schriften, Tübingen / Leipzig 1901, t. I , p. 356-361 ), ce même personnage fut également un sculpteur qui décrivit dans ses écrits les æuvres d'art qu'il avait examinées ( cf. Wilamowitz 1 , surtout p . 130-168). Cf. 2 R. Köpke, De Antigono Carystio , Berlin 1862 ; 3 C. Robert, art. « Antigonos» 19 , RE I 2, 1894, col . 2421-2422 ; 4 M. Dal Pra , La storiografia filosofica antica, Milano 1950, p. 146-148 ; 5 A. Dihle, Studien zur griechischen Biographie, Göttingen 1956 ; 6 Paradoxographorum Graecorum Reliquiae rec ., brevi adn . crit. instr. , latine redd. A. Giannini, Milano , s.d. ( 1967 ) , p . 31-109 ; 7 R. Pfeiffer, History of classical scholarship from the beginnings to the end of the Hellenistic age, Oxford 1968 , p . 246-247 ; tr. it . par M. Gigante, Napoli 1973, p . 378-379 ; 8 A. Momigliano , Second thoughts on Greek biography, Amsterdam 1971, p . 13 ; 9 0. Musso, « Sulla struttura del cod . Pal. gr. 398 e deduzioni storico -letterarie » , Prometheus 2, 1976 , p. 1-10. Titres attestés. ( 1 ) Le titre de l'ouvrage qu'Antigone de Caryste aurait consacré à la description des ouvres d'art, sculptures et peintures, n'a pas été conservé. C'était l'une des sources des livres XXXIII et XXXIV de la Naturalis Historia de Pline l’Ancien . L'ouvrage n'était pas une périégèse. Nous savons , grâce à une allusion de Zénobius vulg . V 82 ( reprise par les lexicographes et par Photius ), qu'Antigone avait décrit avec précision et pénétration la Némesis de Rhamnonte en l'attribuant à Agoracritos de Paros. Avec l'intention polémique d'améliorer les descriptions d'Antigone , Polémon d'Ilion écrivit son mpos 'Agaiov xal ’Avtiyovov ( fr. 56-59 Preller ; cf. Wilamowitz 1 , p . 7-15, et Pfeiffer 7, p . 248 ; tr. it. , p . 380) . (2) ' lotopiāv napadówv guvaywýń. L'attribution à notre Antigone du petit traité paradoxographique conservé dans le cod. Pal. gr. 398, fol. 2434-261", déjà proposée par Xylander sur la base d'une indication d'Étienne de Byzance (s.v.
210
ANTIGONE DE CARYSTE
Túapos ), a été reprise et confirmée par Wilamowitz 1 , p . 16-26 , malgré Köpke 2, p . 14-16, et l'opuscule est encore publié ( par Giannini 6 ) et mentionné (par Pfeiffer 7 , p . 247 ; tr. it. , p. 379) comme l'æuvre d’Antigone. Cette attribution a récemment été révoquée en doute, avec de bons arguments, par Musso 9 , qui a repris les arguments déjà avancés par Köpke 2, p. 14-16 . Musso 9 , p. 3-4, voit dans les Mirabilia du Pseudo - Antigone un recueil d'excerpta tirés de diverses æuvres constitué à l'époque byzantine et assez probablement à l'époque de Constantin VII Porphyrogénète ; un certain nombre de chapitres peuvent prove nir du lepi cówv d’Antigone de Caryste. Il s'agirait donc d'une éxhoyn nepi napadówv divisée en quatre parties dont deux sont empruntées à l'Historia animalium d'Aristote ( 2 : Mirabilia de animalibus) et à l'ouvrage de Callimaque, Θαυμάτων εις άπασαν την γήν κατά τόπους όντων συναγωγή (fr. 407 Pfeiffer = 4 : Mirabilia de aquis et de aliis rebus). Voir l'édition récente de 10 O. Musso ( édit.), Antigonus Carystius, Rerum mirabilium collectio, Napoli 1986 . ( 3 ) Nepi cówv . L'existence d'un ouvrage ainsi intitulé est déduite d'une glose d'Hésychius (s.v. tanoi, p . 360 Latte ). D'autres témoignages qui renvoient probablement au même traité sont signalés par Musso 9 , p. 2-3, chez Étienne de Byzance et dans le chap. 18 des Mirabilia du Pseudo -Antigone (l'un et l'autre dérivent du passage d'Hésychius); une autre référence probable se trouve chez Jean Lydus , De mens. II 10 (cf. Mirabilia , chap. 10 ), chez Isaac et Jean Tzetzes, ad Lycophr. Alex. 387 (vol. II, p. 14, 22-26 Scheer) et chez Jean Tzetzes, Schol. ad Aristoph. Av . 299 a (éd. Koster), ainsi que dans Suid. , Lex., s.v. xnpúaos , K 1549 (t . III, p . 112 Adler). Ces informations sont reprises au chap. 23 des Mirabilia. (4 ) L'euvre la plus intéressante, de notre point de vue , est sans doute les Bioi des philosophes. Antigone se situe à l'extérieur de toute philosophie et, à titre de biographe, repousse le procédé littéraire d'Hermippe et de Satyros; il brosse de première main les portraits de ses contemporains, notamment des philosophes, les dépeignant comme des êtres humains, sans s'engager dans une évaluation théorique de leurs systèmes philosophiques ou de leurs vertus et leurs vices ( cf. les bioi de Lycon et de Ménédème); il est cependant sensible à l'exigence de cohérence, chez un philosophe , entre la théorie et la pratique (cf. la Vie de Pyrrhon ) et tente de définir la position des philosophes eux -mêmes dans la société de leur temps : par exemple la Vie de Zénon de Kition ( cf. Wilamowitz 1 , p . 27-129 , avec un recueil des fragments et une reconstitution des différentes Vies ; ses résultats sont repris par Pfeiffer 7 , p . 247 ; tr. it. , p . 379 , et par Momigliano 8 , p . 13 ). La recherche de Wilamowitz distribue le matériel entre a ) sceptiques : analyse et reconstruction de la Vie de Pyrrhon et de celle de Timon , notamment à travers un examen des biographies correspondantes chez Diogène Laërce et des informations qui , chez des auteurs antérieurs ou posté rieurs à Diogène, peuvent de façon certaine être rattachées à Antigone; b) académiciens : Vies de Polémon , Cratès, Crantor et Arcesilas, principa lement reconstituées, encore une fois, grâce à la confrontation entre le livre IV de Diogène Laërce et l'Index Academicorum de l'épicurien Philodème (PHerc. 1021 ) : la source commune à ces deux auteurs serait Antigone, une hypothèse qui a fait l'objet d'un consensus de la part de la critique postérieure ;
211
ANTIGONE GONATAS
c) Lycon ( on trouve à son sujet des informations chez D.L. V 65-67 et Athénée XII , 547 d) ; d) Ménédème d'Érétrie, présenté avec sympathie : à Antigone remonte une grande partie de la Vie de D.L. II 125-144, que rejoignent pour les derniers chapitres ( 139-142 ) Athénée X, 419 c, ainsi que IV , 162 e , et l'Epitome Athenaei I, 15 c ; e) Zénon de Kition : une Vie atypique, dans laquelle Antigone ne se pro pose pas de décrire l'attitude philosophique de Zénon, mais présente le portrait physique et moral d'un homme dont le caractère inquiet, rude, mais fondamen talement honnête, sans prétention, lui gagna l'admiration des Athéniens et la faveur d'Antigone Gonatas. Sa Vie se laisse à nouveau reconstituer par l'analyse de D.L. VII 12-26, rapprochée des passages parallèles d'Athénée XIII, 563 c , 607 c , 603 c , 565 d ; VIII, 345 c ; Epit. II 55 (voir encore D.L. II 66 ) ; f) Denys d'Héraclée : les rares témoignages relatifs à sa Vie sont rassem blés par Wilamowitz 1 , p. 126 . A cet ouvrage il faudrait rapporter, selon 11 M. Gigante, (« Biografia e dossografia in Diogene Laerzio », dans Diogene Laerzio storico del pensiero antico ( Atti del Convegno 1985 ) = Elenchos 7 , 1986 , p. 67-71 ) , un fragment papyrologique sur les signes critiques figurant dans les éditions de Platon publié par 12 V. Bartoletti, «D.L. III 65-66 e un papiro della raccolta fiorentina », Mélanges Tisserant, coll. « Studi e testi » 231 , Città del Vaticano 1964, p. 25-30. TIZIANO DORANDI. 194 ANTIGONE II GONATAS RE 4
ca 319-239
Roi de Macédoine ( 283-239 ). Cf. 1 J. Kaerst, art. « Antigonos » 4 , RE I 2 , 1894 , col. 2413-2417 ; 2 W.W. Tam , Antigonus Gonatas, Oxford 1913 , XII -501 p .; 3 W. Fellmann , Antigonos Gonatas, König der Makedonen, und die griechische Staaten , Diss. Würzburg 1930 ; 4 Susemihl, t . I, p . 3-4 ; 5 F. Chamoux, La Civilisation hellénistique, coll. « Les grandes civilisations » 17 , Paris 1981 , p . 111-125 . Généalogie : Voir aussi le stemma donné par Tarn 2 , p . 475 . Philippe | Antigone I le Borgne ( +301) 1 Démétrius I Poliorcète (1283)
Antipatros (+321 ) I Antiochos I Cratère I -- Phila (+287) I 1 Cratère II Stratonicè oo Séleucos I Nicator (1281) 1 1 Alexandros (+245 ) Antigone IIGonatas (+239 co Phila 1 Démétrius II ( +229) Principales dates : On se contentera de compiler ici un certain nombres de dates établies par les historiens et de renvoyer aux monographies citées plus haut pour le détail de la carrière d'Antigone. ca 319
Naissance . Pseudo-Lucien , Macrob . 11 lui donne 80 ans à sa mort (239) .
ANTIGONE GONATAS
212 287
Pendant que son père défend la Macédoine contre Pyrrhus et Lysimaque, Antigone veille sur la Grèce.
283
A la mort de son père, il prend le titre de Roi de Macédoine. Paix avec la Syrie (Antiochos I). Victoire sur les Celtes à Lysimacheia et reconquête de la Macédoine ( 276 ). Antigone épouse Phila, sæur d'Antiochus I Soter. Occupation par Pyrrhus de la Thessalie et d'une partie de la Macédoine. Alors que Pyrrhus descend envahir le Péloponnèse, Sparte s'allie à Antigone. Pyrrhus est tué dans Argos. Alliance d'Athènes et de Sparte (Roi Areus ſer) avec Ptolémée Phila delphe, Roi d'Égypte, contre Antigone. Chute du gouvernement promacédonien à Athènes. Guerre de Chrémonidės (homme politique de formation stoïcienne ).
278 277 274-273 272
267
267-261 265 263-262
Victoire sur Sparte à Corinthe. Siège, conquête et occupation d'Athènes ; garnison macédonienne au Pirée et sur la colline du Mouseion .
262-261 262 ou 261
Mort de Zénon de Cittium ( archontat d'Arrhénidès). Victoire navale à Cos sur Ptolémée.
256-255 260-255 255
Départ de la garnison du Mousaion . Seconde guerre de Syrie. Antigone, avec Antiochus II, combat Ptolémée. Paix séparée avec l'Égypte. Usurpation à Athènes d'Alexandros, son neveu , fils de Cratère ; Antigone perd le contrôle de l'Eubée et de Corinthe. Alexandros s'associe à la ligue achéenne (Aratos de Sicyone ).
ca 253-252
246 (?) 245
Victoire navale sur l'Égypte près d'Andros. Mort d'Alexandros; Corinthe revient à Antigone qui marie son fils Démétrius à la veuve d'Alexandros.
243
Aratos s'empare de l'Acrocorinthe où Persaios, disciple de Zénon, était gouverneur . Antigone s'allie avec les cités étoliennes. Il soutient des tyrannies dans le Péloponnèse. Paix avec la ligue achéenne. Mort.
241-240 240-239
Antigone semble avoir entretenu toute sa vie des liens privilégiés avec les philosophes. Cf. Tarn 2, p . 15-36 : « The teachers of Antigonus» . Il aurait été le disciple d'Euphante d'Olynthe, philosophe de l'école du dialecticien Eubulide de Milet. En plus d'ouvrages historiques (FGrHist 74) , Euphante écrivit un traité Sur la royauté, dédié à Antigone (D.L. II 110 = fr. 68 Döring et Muller ; II D 1 Giannantoni). Ce dernier se disait également le disciple de Ménédème d'Érétrie ( D.L. II 141 = fr. III F 16 Giannantoni ). Son amitié pour Antigone semble avoir valu des difficultés à Ménédème dans sa patrie et il dut se réfugier (en 273, selon Pfeiffer et Giannantoni, dont on lira la Note 12, au tome III, p . 119) à la cour du roi où il finit ses jours. Antigone manifestait également de l'amitié pour Zénon de Cittium et il prenait plaisir à se faire son auditeur,lorsqu'il séjournait à Athènes ( D.L. VII 6 ). A la suite d'Apollonius de Tyr, historien de la Stoa , Diogène Laërce cite une lettre d'invitation d'Antigone à Zénon ( p. 107 Hercher) et le refus de Zénon qui, âgé de 80 ans , préféra lui envoyer ses disciples Persaios et Philonidès (p. 792 Hercher). L'authenticité de cette correspondance est contestée, notamment parce
ANTIGONE GONATAS
213
que Persaios donnait à Zénon 72 ans à sa mort, mais cette indication pose de son côté d'autres problèmes. L'amitié entre les deux hommes est également évoquée dans l'Ind. Stoic. Herc., col. VIII et IX . Après lui avoir donné de nombreux présents durant sa vie, Antigone aurait veillé par l'intermédiaire de Thrason à ce que les Athéniens pourvoient, aux frais de la Cité, à l'ensevelissement de Zénon au Céramique ( D.L. VII 15 et Ind . Stoic . Herc ., col. VI, p. 11 Traversa ); c'est effectivement Thrason qui est nommé comme auteur du décret honorifique, daté de l'archontat d'Arrhénidès ( 262/1 ), en faveur de Zénon (D.L. VII 10-12). 6 A. Grilli, « Zenone e Antigono II », RFIC 91 , 1963 , p. 287-301 . La présence de Persaios et Philonidès à la cour d'Antigone est confirmée par une Lettre d'Épicure à son frère Aristobule (D.L. VII 9 = fr. 45 Arrighetti ?) et par diverses anecdotes qui leur sont défavorables. S'il ne fut pas vraiment maître d'Antigone, comme le voudrait Élien, V.H. III 17 , Persaios fut en tout cas le tuteur ( Tpopeúc ) d'Halcyon , le fils d'Antigone (D.L. VII 36), et devint vers 245 chef de la garnison de l'Acrocorinthe (Dion Chrysostome LXXIII 2) jusqu'à ce qu'Aratos de Sicyone s'empare de la ville ( Athénée IV , 162 d ; Ind. Stoic. Herc., col. XV , p . 26 Traversa ; etc. ) . Certaines sources prétendaient que Persaios était à l'origine un serviteur fourni à Zénon par Antigone pour être son secrétaire : siç B16210 ypapiav (D.L. VII 36) . Bion de Borysthène voyait en Persaios l'esclave plus que le disciple de Zénon (Athénée IV , 162 d = fr. 73 Kindstrand ). Diverses anecdotes critiquent le comportement de Persaios auprès d'Antigone (Athénée VI, 251 c = Timon , fr. 186 Diels ; Ind . Stoic . Herc., col. XIII, p. 23-24 Traversa ). Hermippe ( fr. 90 Wehrli) traitait son cas dans un ouvrage consacré à ceux qui étaient passés de la philosophie à l'exercice du pouvoir ( ſlepi tõv 1 å [ no Qiho Jooplaç siç Bulva (otellas pe[ Talotávito [ v ], Ind. Stoic. Herc ., col. XVI , 3 6 , p. 28 Traversa ; pour le titre voir également Ind. Acad. Herc ., col. XI, 4-7 , p . 29 Mekler). Ménédème prétendait que Persaios avait dissuadé Antigone d'accorder la liberté à Érétrie (D.L. II 143 ). Parmi les personnalités ayant évolué à la cour d'Antigone, la tradition men tionne les poètes Aratos, Antagoras de Rhodes et Alexandre d'Étolie , l'historien Hiéronymos de Cardie , les philosophes Bion de Borysthène, à qui il fournit deux serviteurs et dont il aurait suivi en litière le cortège funèbre (D.L. II 54 = T 1A Kindstrand ; voir aussi D.L. IV 46-47 = T 4 , et Plutarque, De vitioso pudore 7 , 531 F = T 4 et le commentaire de Kindstrand, p . 14-16) , et Timon de Phlionte (D.L. IX 110) . On évoque également un don de 3000 drachmes d’Antigone à Cléanthe (D.L. VII 169). Cf. Tarn 2, p . 223-256 : « Antigonus and his circle ». La Vita III Arati, p . 15 , 18 s . Martin ( citée dans Susemihl , t . I , p . 3 n. 9 = Hiéronymos de Cardie, FGrHist 154 F 9) , fait référence à un ouvrage d'Antigone lui-même où était évoquée la présence du stoïcien Persaios et des trois poètes Aratos, Antagoras et Alexandre à la cour : Os aútóc onoiv Ò "Αντίγονος εν τοις περί Ιερώνυμον, qu'il faut corriger en προς Ιερώνυμον ου nepì ' lepwvúhou. Le Hiéronymos en cause était l'historien des Antigonides , Hiéronymos de Cardie . Voir 7 F. Jacoby, art. « Hieronymos » 10, RE VIII 2 , 1918 , col . 3540-3560 , et 8 Jane Hornblower, Hieronymos of Cardia, Oxford 1981 , XII- 301 p . Plusieurs anecdotes et apophtegmes concernant Antigone sont dispersés chez Plutarque, Élien, Athénée, etc. On lui prête la définition de la royauté comme « servitude glorieuse » ( Élien , V.H. II 20 ). Voir 9 L. Fruechtel,
214
ANTILOCHOS
« Was bedeutet die tv & otos dovacía des Antigonos Gonatas ? » , Gymnasium 59, 1952 , p . 350-351 ; 10 H. Volkmann , « "Evdobog dovhsia als ehrenvoller Knechtdienst gegenüber dem Gesetz », Philologus 100, 1956 , p . 52-61; 11 id . , « Die Basileia als "Evdoboç douleia . Ein Beitrag zur Wortgeschichte der Duleia » , Historia 16, 1967, p . 155-161 . Citons , pour terminer, la conclusion apportée par F. Chamoux au vivant portrait qu'il trace d'Antigone : « Tous ces traits de libéralité et de grandeur d'âme composent une belle figure de souverain , à la fois stratège, politique et philosophe, affable et ferme, intrépide et généreux , qui mérite d'être placée au premier rang des princes hellénistiques » ( 5, p . 125 ) . RICHARD GOULET.
195
ANTILOCHOS RE 5 ( = 4 ! ) D'après Clément d'Alexandrie, Stromates I 16, 80 , 2 ; p . 52, 7-10 Stählin , cet auteur, désigné comme o toùÇ Yotopaç rpayuaTEVO ÁHEVOS, comptait 312 années de l'Aixía de Pythagore à la mort d'Épicure (FHG IV 306 ). De ces points de repères chronologiques on a déduit peut-être un peu rapidement qu'Antilochos avait écrit une histoire des philosophes grecs de Pythagore à Épicure. Le nom se retrouve chez Denys d'Halicarnasse, De compositione verborum IV 15 ( bien que, d'après le plus récent éditeur (Germaine Aujac, CUF ), les manuscrits ne donnent que les formes 'Aviloyos ou ’Avtiyovov ) dans une liste d'auteurs que personne n'a la patience de lire jusqu'au bout. Susemihl, t. I, p. 563 n. 225, y reconnaît un certain 'Apoídoxos, historien dont parle Clément, Stromates VI, 629 a, et Schol. Eurip. Phoen. 670, t. III, p. 188 , 6 Dindorf. G. Aujac, qui retient la forme 'Avriyovos, y voit l'historien Antigone (RE 18 ; FHG IV 305) qui écrivit, selon Denys d'Halicarnasse, Ant. Rom. I 6, après Timée et avant Polybe, sur l'histoire ancienne de Rome ; il est également cité par Plutarque, Romulus 17 , 5. E. Schwartz déjà, art. « Antilochos» 4, RE 1 2, 1894, col . 2431 (dont « Antilochos » 5 n'est qu'un doublet), et Stählin à sa suite, envisageaient de retrouver le nom de cet Antigonos dans le texte de Clément et de corriger τους ιστορας en τας Ιστορίας. Schwartz suggere également de voir en ToùG " loropas le titre d'un dialogue philosophique qu'il attribuerait à Antiochus d'Ascalon ! On pourrait également penser à l'historien Antiochus dont Clément, Protreptique III 45 , 1 , cite le neuvièmelivre des Histoires (cf. FHG I 184,95 ; IV 306 , 639). RICHARD GOULET.
196
ANTIMÉDON DE CROTONE
va ?
Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique , V. pyth . 36, 267 ; p . 143 , 22 Deubner. BRUNO CENTRONE . 197
ANTIMÉNÈS DE MÉTAPONTE
V
?
Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique , V. pyth . 36 , 267 ; p . 144, 6 Deubner. BRUNO CENTRONE. 198
ANTIMOIROS DE MENDÈ RE
Fya
Élève de Protagoras, originaire de Mendè, ville de Pallène en Macédoine . Aucun élément pour une datation précise.
ANTIOCHOS D'AIGÉAI
215
Platon , Protagoras 315 a 3-5 , qui le présente comme « le plus réputé des élèves de Protagoras » , indique qu'il étudiait auprès de ce maître, afin de devenir lui-même sophiste ( ce qui, dans le contexte, le distingue des autres personnages groupés autour de Protagoras, ainsi que du jeune Hippocrate, en compagnie duquel Socrate vient rencontrer l'Abdéritain, cf. ibid ., 312 ab ). A part la reprise de ce passage du Protagoras par Thémistius (Orat. XXIX
347 d) , on ne connaît pas d'autre mention d'Antimoiros . Le philosophe pragmatiste F.C.S. Schiller a utilisé cette circonstance pour lui prêter deux dialogues imaginaires qui veulent être une présentation « non plato nicienne » de la pensée de Protagoras ( Studies in Humanism , London 1906 , trad. fr. par S. Jankélévitch, Études sur l'Humanisme, Paris 1909, p . 383-444). Cf. E. Zeller, Die Philosophie der Griechen , t . I 2, 6e éd. 1920 , p . 1324 n . 2 ; M. Wellmann , art. « Antimoiros » , RE I 2 , 1894 , col . 2436 ; Fr. Überweg, Grundriß der Geschichte der Philosophie, t. I, Berlin 1926 , p. 128 . MICHEL NARCY.
199 ANTIOCHOS D'AIGÉAI RE 65 (+ Suppl. VII )
II - III
Publius Anteius Antiochos, d'Aigéai ( Cilicie ), aujourd'hui Ayas , est connu surtout par Philostrate, V. soph. II 4 ( cf. aussi II 5 , 4 ; II 7 ) et une inscription d'Argos, republiée et commentée , avec photographie et renvoi aux éditions antérieures , par 1 L. Robert, BCH 101 , 1977 , p . 88-132. On ne sait s'il faut aussi le reconnaître dans une inscription de Sébastopolis de Carie honorant l'empereur Sévère Alexandre (222-235 ), dont le loyiothc ( curator) est « le sophis [ te ] P. A. AnſtJiocho [ s ]» , publiée par 2 J. et L. Robert, La Carie , t. II, Paris 1954, p . 318-319 ; l'identification ne nous paraît pas impossible, malgré les objections d'I. Avotins (voir 5 ci-après ) ; elle suppose que le sophiste Denys de Milet a vécu jusque vers 165 . Antiochos appartenait à une famille noble d'Aigéai de Cilicie : ses descendants devinrent consuls . Il fut le bienfaiteur de sa patrie, bien que peu apte à la vie publique . Élève de Dardanos d’Assyrie, inconnu par ailleurs, puis , à Éphèse, de Denys de Milet. Il railla, à Antioche, l'amour excessif d'Alexandre Pèloplaton pour la beauté du vocabulaire, et se gaussa aussi d'Hermogène de Tarse . A cause de cette causticité, on a parfois proposé de l'identifier à l'homonyme auteur d'épigram mes satiriques ( A.P. XI, 412, 422) ; la seconde, un distique, raille un sophiste riche et ignorant après une énideibig. Antiochos , lui , séjourna à Argos et y fut honoré pour la perfection de sa naidela ; il y devint, notamment, membre du Conseil.
Comme Aelius Aristide, il s'entretenait, en songe ou éveillé, avec Asclepios, dieu spécialement honoré à Aigéai: voir 3 L. Robert, « De Cilicie à Messine et à Plymouth, avec deux inscriptions grecques errantes » , JS 1973 , p. 161-211 . Selon Philostrate, V. soph . II 4 , il mourut dans sa patrie ou à l'étranger à soixante -dix ans ou moins - sans doute vers l'époque de Septime-Sévère. 4 F. Bücheler, RAM 61 , 1906 , p . 626-627 = Kleine Schriften , t. III, p . 341 342, le datait d'environ 160-230 . Cette chronologie nous paraît trop basse. Sur ce
216
ANTIOCHOS D'ASCALON
point, voir aussi 5 I. Avotins, « Prosopographical and chronological notes ont some Greek sophists of the Empire, 1. The dates of the Cilician sophist Antiochus » , CSCA 4, 1971 , p . 67-71 , et L. Robert 1. L'expression employée par Philostrate ne paraît pas impliquer qu'il était encore vivant à l'époque de la rédaction des Vies de sophistes ( entre 235 et 238 ) ; contra , L. Robert 1 , p . 125 n . 189 .
Antiochos a écrit des déclamations sophistiques, des ouvrages historiques, notamment un nepi tñs natpidos ( FGrHist 747 ) , une cuvre de contenu indéterminé intitulée ' Ayopá, citée par Phrynichos, Eclogè, s.v. MeylotãVES, nº 170, p . 76-77 Fischer. L. Robert 1 montre qu'il a établi les liens anciens de parenté entre Argos et Aigéai et rapporté dans sa patrie une statue de la déesse ancestrale, Athéna , protectrice de Persée . Selon Philostrate , il défendit magnifiquement les Crétois dans un procès pour le tombeau de Zeus, « avec toutes sortes d'arguments physiques et théologiques » ( quoioloyiq të xal ). θεολογία πάση εναγωνισάμενος ). Cf. 6 W. Schmid , art . « Antiochos>> 65 , REI 2 , 1894 , col . 2494 ; 7 C. Hosius , RESuppl. V , 1931 , col . 3 ; 8 H. Dumrese, RESuppl VII, 1940 , col. 39 ; 9 K. Gerth , RESuppl. VIII, 1956 , n° 19 , col. 737 ; 10 A. Stein , PIR ? I, 1933 , A 730, p . 135 ; 11 G.W. Bowersock, Greek Sophists in the Roman Empire, Oxford 1969, p. 19, 27 , 31 , 89 et 113 . SIMONE FOLLET. 200
ANTIOCHOS D’ASCALON RE 62
II-I
Académicien . Il fonda sa propre école qui s'appelait l ' « Ancienne Acadé mie » , par opposition à l'Académie de Philon qui ne l'avait pas choisi comme successeur officiel. Cf. 1 H. von Arnim , RE I 2, 1894 , col. 2493-2494 ; 2 G. Luck , Der Akade miker Antiochos, Bern /Stuttgart 1953 ; 3 J. Glucker, Antiochus and the Late Academy, coll . « Hypomnemata » 56 , Göttingen 1978 , 510 p .; 4 A. Russo , Scettici antici, Torino 1978 , p . 411-421 [avec traduction italienne d'un certain nombre de fragments); 5 D. Sedley , « The End of the Academy » , Phronesis 26 , 1981 , p . 67-75 . Bibliographie. Outre le livre de Glucker 3 , on consultera 6 L. Ferraria et G. Santese, « Bibliografia sullo scetticismo antico 1880-1978 » , dans les Actes du Colloque Lo scetticismo antico , édités par G. Giannantoni, Napoli 1981 , t . II, p . 753-850 , plus particulièrement les titres signalés à la page 849 , s.v. < Antioco » . On ajoutera au moins 7 E. di Stefano, dans le même recueil 6 , p . 195-209 , et, du même auteur, 8 « Antioco di Ascalona tra platonismo scettico e medio platonismo » , dans l'ouvrage collectif : Momenti e problemi della storia del Platonismo, Catania 1984 , p . 37-52 ; 9 H. Dörrie , Der Platonismus in der Antike, t . I : Die geschichtlichen Wurzeln des Platonismus : Bausteine 1-35 , Stuttgart /Bad Cannstatt 1987 , p . 188-211 , 449-483 ; 10 H.J. Mette, « Philon von Larissa und Antiochos von Askalon » , Lustrum 28-29 , 1986-1987 , p. 25-63. L'Ind. Acad. Herc ., col. XXXIV (p. 108-110 Mekler = fr. 7 et 33 Luck ) reste une source importante pour la reconstitution de la biographie d'Antiochos et de l'histoire de son école ; l'exégèse de ce document n'est pas du tout claire ,
ANTIOCHOS D'ASCALON
217
notamment à cause du caractère lacunaire du passage (voir 11 T. Dorandi, « Filodemo e la fine dell'Academia. PHerc. 1021, XXXIII-XXXVI» , CronErc 16 , 1986 , p . 115-116 ). Antiochos est né à Ascalon (cf. Plutarque, Luc. 42 = fr. 15 ; Cic. 4 = fr. 12 ; Brut. 2 = fr. 23 et Élien, V.H. XII 25 = fr. 18 ). La date de sa naissance peut être située entre 130 et 120 av . J.-C., car, en 694, quand il accompagnait Lucullus dans sa campagne contre Mithridate, il était assez âgé (Cicéron , Lucullus 61 = fr. 34 . Cf. Russo 4 , p. 411 n. 1 ) . Il quitta sans doute dès sa jeunesse Ascalon pour aller étudier à Athènes . Il y devint disciple de Philon de Larisse ( cf. Cicéron , Lucullus 69 = fr. 3 ; ibid ., 12 = fr. 4, et Acad. 13 = fr. 45), ainsi que des stoïciens Mnésar que et Dardanos, condisciples de Panétius chez Diogène de Babylone ( cf. Cicé ron , Lucullus 69 = fr. 3 ; Numénius ap . Eusèbe , P.E. XIV 9 = fr. 28 des Places = fr. 58 ; Augustin, C. Acad. II 41 = fr. 56 et Glucker 3 ,p. 19). La rupture avec Philon a dû se produire vers 88', lorsque Philon partit pour Rome ( cf. Glucker 3, p . 15 s. ). On ne sait pas de façon certaine si Antiochos vint aussi à Rome. En 8776 , on le retrouve à Alexandrie, où il rencontra peut-être pour la première fois Lucullus ( cf. Cicéron, Lucullus 11 s. = fr. 4 ; Ind. Acad. Herc., col . XXXIV , 36 s. [p. 109 Mekler] = fr . 33 , et Glucker 3 , p. 20 s.) . Il est probable que c'est à Alexandrie justement qu'Antiochos prit connaissance de l'ouvrage de Philon auquel il riposta par son Sosos ( cf. Cicéron , Lucullus 12 = fr. 4). Le séjour d'Antiochos à Alexandrie s'étendit de 87 à 84 environ (sur ce séjour à Alexandrie et sur ses rapports avec Lucullus, voir Glucker 3, p . 21-27, et 11 P.M. Fraser, Ptolemaic Alexandria , Oxford 1972, t. I, p. 487-490, et t. II, p . 703-710 ). Il était certainement revenu à Athènes en 79 , où Cicéron fut son auditeur pendant six mois ( cf. Cicéron, Brutus 315 = fr. 8 ; De fin . V 1 = fr. 10, et Glucker 3, p. 98 s .). Il faisait cours dans le gymnase de Ptolémée ( le Ptolé maion ) où avait déjà enseigné Charmadas ( cf. Apollodore, FGrHist 244 F 59). Entre Cicéron et Antiochos s'établit un solide lien d'amitié (Cicéron, Lucullus 113 = fr. 63 ; cf. Lucullus 4 = fr. 16 ; De nat. deor. I 16 = fr. 83 ; De leg. I 54 = fr. 47 , et Plutarque, Lucullus 42 = fr. 15 ). Lucullus fut également ami et disciple d'Antiochos. Ce dernier le rencontra une première fois à Alexandrie , puis le suivit pendant le Seconde Guerre Mithridatique en Orient, de 74 à 69 , où il assista à la bataille de Tigranocerte. Il mourut peu après, peut-être en 68 ( cf. Cicéron , Lucullus 28 = fr. 31 ; ibid. 61 = fr. 34, et Ind. Acad. Herc ., col . XXXIV , 36 s . ( p. 109 s . Mekler) = fr. 33 ) . Varron fut parmi ses élèves romains ( cf. les fr. 19 s . Luck ), peut -être également M. Pupius Calpurnianus (Cicéron , De fin. V 75 = fr. 79) et L. Cicéron (Cicéron , De fin. V 1 = fr. 10) . Une liste de ses disciples grecs est reproduite dans l’Ind. Acad. Herc . , col. XXXIV , 6 s . [p. 108 Mekler] = fr. 7) . On y distingue Aristos, frère et successeur d'Antiochos à la tête de l'école . Certaines sources (Sextus Empiricus, Pyrrh. Hyp. I 220 = fr. 36, et Eusèbe , P.E. XIV 4 , 16 = fr. 38 ) parlent d'Antiochos comme du fon dateur de la « Cinquième Académie » . Depuis l'étude fondamentale de Glucker 3, on peut considérer comme acquis le fait que Philon n'eut pas de successeur officiel et qu'avec lui s'interrompit la chaîne des scholarques de l'Académie (bien que Sedley 5 , p. 74 n. 3 , ait supposé que Charmadas succéda à Philon). De retour à Athènes, après le séjour alexandrin , Antiochos ouvrit sa propre école, appelée « Ancienne Académie », qu'il opposa, comme authentique héritière de la pensée platonicienne, à l'Académie à tendance sceptique de Philon.
218
ANTIOCHOS DE CILICIE
Titres attestés. ( 1 ) Ebooç. L'ouvrage fut écrit par Antiochos en réponse à un livre de Philon dirigé contre lui . Le titre semble faire référence au stoïcien Sosos d'Ascalon , qui était sans doute un des interlocuteurs du dialogue ( cf. Glucker 3 , p. 13 s . , 418 s .). (2) Kavovixá. Le titre est transmis par Sextus Empiricus (Adv. math . VII 201 = fr. 66 ). L'ouvrage devait comporter au moins deux livres ( cf. Luck 2, p . 18 ) . ( 3) Mepl oeñv . Ce traité a dû être écrit par Antiochos à la fin de sa vie ( cf. Plutarque, Lucullus 28 , 8 = fr. 31 , et, peut-être, Suidas, Lex ., s.v. Aoúxoulos, t. III, p. 285 , 15-16 Adler = fr. 32) , car il s'y trouvait une allusion explicite à la bataille de Tigranocerte qui eut lieu le 6 octobre 69* ( cf. Luck 2, p . 18) . ( 4 ) Cicéron (De nat. deor. I 16 = fr. 30 ) mentionne un ouvrage adressé au stoïcien Balbus dans lequel était soutenue la thèse que les stoïciens « cum Peripa teticis re concinere videntur, verbis discrepare » . ( 5 ) Luck 2 , p . 19 s . , discute enfin l'hypothèse, avancée par 13 Fr. Cumont, « Antiochus d'Athènes et Porphyre », dans Mélanges Bidez, Bruxelles 1934 , p. 135 s. , selon laquelle notre académicien serait identique à son homonyme, l'astronome athénien . Nous n'avons pas de témoignage direct sur d'autres écrits. TIZIANO DORANDI.
201
ANTIOCHOS DE CILICIE dit le Transfuge RE 64 , PIR2 A 743
ca 215
Dion Cassius LXXVII 19, 1 , repris par la Souda A 2695, dit qu '« au début il jouait au philosophe cynique » ( φιλοσοφείν κυνηδόν τα πρώτα επλάττετο ), qu'a la guerre contre les Parthes , il encourageait les soldats qui souffraient des rigueurs climatiques, se jetant lui-même dans la neige et s'y roulant, ce qui lui valut de l'argent et des honneurs de la part de (Septime-) Sévère et d'Antonin ( -Caracalla ). Mais finalement il déserta , avec le prince arménien Tiridate , pour rejoindre Vologèse V et les Parthes . Caracalla se servit de ce prétexte pour faire la guerre contre Vologèse, lequel, sous l'effet de la peur , rendit Antiochus et Tiridate (Dion Cassius LXXVII 21 ) . MARIE -ODILE GOULET -CAZÉ. 202
ANTIOCHOS DE LAODICÉE RE 63
IS - IP ?
Philosophe néosceptique, connu par le témoignage de D.L. IX 106 et 116. Antiochos, originaire de Laodicée sur le Lycos, eut pour maître Zeuxis « au pied tourné » et fut lui-même le maître du médecin empirique Ménodote de Nicomédie et de Théiodas de Laodicée. Comme Zeuxis, l'ami d'Énésidème, dans son ouvrage Sur les doubles discours, et Apelle, dans l’Agrippa ), il aurait posé exclusivement les phénomènes ( 106 : tiedoi tà paivóueva yova ) , ce qui représente un retour manifeste à Timon de Phlionte et à l'inspiration pyrrhonnienne ( contre l'évolution académicienne de l'école sceptique ). Ce mouvement de retour est d'ailleurs caractéristique du nouveau scepticisme en général.
ANTIPATROS DE TARSE
219
Analyse des sources dans E. Zeller, Die Philosophie der Griechen , 5e éd. , Leipzig 1922, III 2 , p . 1 s .; A. Gödeckemeyer, Die Geschichte des griechischen Skeptizismus, Leipzig 1905, réimpr. Aale 1968 , p . 209-210 ; F. Decleva Caizzi, Pirrone. Testimonianze, Napoli 1981 , p . 151 et 201.
FRANÇOISE CAUJOLLE-ZASLAWSKY. M II
203 ANTIPATROS D'ALEXANDRIE
Académicien , disciple de Carneade, mentionné dans l'Ind. Acad. Herc., col . XXIII, 9-10 ( p . 84 Mekler = FGrHist 244 F 60 , Carnéade, T 3b, 9 Mette ): [ 'Av ]tinatploc] 'Adetavl& peús, et peut -être col. XXXII, 15 ( p. 104 Mekler, selon une conjecture de Bücheler). L'identification proposée par Mekler (p . 121 ) entre les homonymes signalés dans ces deux passages est admise par T. Dorandi, La ‘Cronologia ' di Apollodoro nel PHerc. 1021, Napoli 1982, p. 31 . TIZIANO DORANDI.
204 ANTIPATROS DE CYRÈNE RE 25
? 350 - ? 250
Philosophe cyrénaïque, disciple d'Aristippe. anciennes . ( 1 ) Cicéron , Tusc . Sources
V 112. ( 2) D.L. II 86 .
( 3 ) Hesychius dans la Souda , s.v. ' Apiotintos, t . I , p . 354 , 28-31 Adler ( = respectivement fr. 138 , p . 34 ; 131 A , p . 33 ; 131 B , p . 33 , de l'édition Mannebach citée plus bas ). Éditions des sources et études critiques. 1 G. Giannantoni, I Cirenaici, coll. « Pubblicazioni dell'Istituto di filosofia dell'Università di Roma» 5 , Firenze 1958 , p. 277-279 , 436-437 (recueil des sources antiques : édition des fragments, avec apparat critique , traduction italienne et commentaire ) ; 2 id . , Socraticorum Reliquiae , t . I , ch. IV C : « Antipater Cyrenaicus », p . 289 ; t . III , notes 17 et 18 , p . 157-170 ; 3 E. Mannebach, Aristippi et Cyrenaicorum fragmenta , Leiden /Köln 1961 (recueil des sources, avec un commentaire et des notes critiques rédigés en latin ), p . 33 , 34, Adnotationes, p . 89 , et Appendices , II , p . 353. Sur le témoignage de Cicéron , voir aussi 4 H. Usener, Epicurea, Leipzig 1887 , réimpr. Stuttgart 1966 , p. 336 . Informations biographiques. Il fut, selon D.L. II 86 , disciple , avec Arétè et Aithiops de Ptolémaïs, d'Aristippe le socratique, fondateur de l'école de Cyrène. Cette indication permettrait de situer Antipatros entre le milieu du IVe s. et le milieu du IIIe av . J.-C. Il aurait eu pour disciple Épitimidès de Cyrène. On sait par Cicéron ( 1 ) qu'il était aveugle. C'est de cet Antipatros que le sophiste Théodecte (de Phasélis) se serait moqué en constatant que sa classe contenait plusieurs bancs, mais un seul élève (Giannantoni 2 , fr. 2). Son nom est originaire de Macédoine : voir 5 W. Crönert, Kolotes und Menedemos, p . 94 : « Philo sophennamen aus Kyrene » . FRANÇOISE CAUJOLLE -ZASLAWSKY. 205
ANTIPATROS DE TARSE RE 26
ca 210 - ca 130
Philosophe stoïcien , né à Tarse en Cilicie , disciple puis successeur, à Athènes, de Diogène de Séleucie.
220
ANTIPATROS DE TARSE
Fragments et témoignages. SVF III Ant., fr. 1-67, t. III, p . 244 , 1 258 , 4 . Ajouter : (a ) dans les SVF , I 27 = III Diog . , fr. 5 ; III Diog . , fr . 103 ; ( b ) Dioclès de Magnésie, < 'Ent&poun tõv $ 11006owv> , cité par Diogène Laërce VII 57 et 68 ; Cicéron, De officiis III 23 , 91 ; Plutarque , De comm. not. 31 , 1075 a, qui cite le lepi Deāv ( voir la rubrique « (Euvres philosophiques » nº 5 ) , cf. De Stoic. rep . 38 , 1051 ef = SVF III Ant., fr. 33) ; Parisininus gr. 1759 (voir H.S. Long, édition de Diogène Laërce, London 1964, t. II, p. 392) ; Cicéron , De divin . I 6 ( voir la rubrique « Euvres philosophiques» , nº 6). Supprimer: D.L. VII 140 ; 142 et 148 (SVF III Ant ., fr. 43-45 ) qui concer nent Antipatros de Tyr (RE 27) : cf. 1 H. von Armin , « Antipatros » 26 , REI 2, 1894 , col. 2515-2516 ; 2 L. Cohn , Antipater von Tarsos, Berlin 1905, p . 12 n. 6 ; p . 44 ; p . 87 et 89 ; 3 M. Pohlenz, Die Stoa , t. II, p . 94 ; 4 R. Hoven , Stoïcisme et stoïciens face au problème de l'Au - delà, Paris 1971, p . 33 n . 4 . Pour d'autres fragments et témoignages suspects, voir les rubriques « Euvres d'authenticité douteuse » et « Études particulières» . Sources anciennes. Dioclès de Magnésie , < 'Eni& poun tāv piloooowv>, est cité par D.L. VIII 57 et 68 ; Philodème, Nepi tõv (Etoix @v ) , col . VII = SVF Ant. , fr. 67 . Études d'orientation . Outre von Arnim 1 et Cohn 2 , voir Pohlenz 3 , t . I , p . 188-190 , et t. II , p . 91-96 ; 5 V. Brochard , Les Sceptiques grecs ( 1887 ) , nouvelle éd . (conforme à la 2e éd . de 1923 ) Paris 1969 , p. 156-162 ; 6 G. Rodier , Études de philosophie grecque , Paris 1926 , p . 239 ; 7 M.E. Reesor, « The Stoic Concept of Quality » , AJPh 75 , 1954 , p . 40-58 ; 8 A. Rivaud , Histoire de la Philosophie, 2e éd. , Paris 1960 , t . I , p . 423 ; 9 P.-M. Schuhl, Les Stoïciens, Paris 1962, p. XXXVII -XXXVIII ; 10 J.M. Rist , Stoic Philosophy, Cambridge 1969 , p . 221-222 ; 11 A.A. Long , Hellenistic Philosophy, London 1974 , p. 114-115 . Chronologie . D'après D.L. IV 64 (= SVF III Ant., fr. 7) , Antipatros s'empoisonna (sur le suicide dans la Stoa, voir Rist 10, p. 238) avant la mort de Carnéade (RE 1 ) qui survint, selon Apollodore d'Athènes (RE 61 ), Xpovixá – que cite D.L. IV 65 -, en Ol . 162, 4 , soit en 129/8 . Néanmoins, le suicide d'Antipatros doit probablement être situé plus près de 130a que de 136/135 , date avancée par Rivaud 8 , p. 378, suivi par 12 J. Brun, Les Stoïciens, 6e éd ., Paris 1980 , p. 9. Le maître d'Antipatros (cf. Pseudo -Galien , Hist. philos. 3 , dans H. Diels, Dox. gr. , p . 600, 10 = SVF III Ant ., fr. 2), Diogène de Séleucie dit de Babylone (RE 45 ) , serait mort avant 150 (voir Pohlenz 3 , t. I, p . 180), date à laquelle Antipatros lui aurait succédé comme scholarque ( cf. Ind . Stoic. Herc., col. LIII = SVF III Ant ., fr. 11 ) : voir 13 C.J. de Vogel, Greek Philosophy, t. III, p . 48 . Ainsi, Antipatros aurait dirigé l'École pendant une vingtaine d'années, de 150 à 130 : voir 14 R.G. Bury ( édit.), Sextus Empiricus Outlines of Pyrrhonism , coll. LCL , London /Cambridge (Mass . ) 1933 , p. 259 n . c. La chronologie du début de la vie d'Antipatros est mal établie . Il a donc été l'élève de Diogène dans la première moitié du IT s . av . J.-C. et, s'il est mort à un
ANTIPATROS DE TARSE
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âge avancé ( cf. SVF III Ant., fr. 7 ), on peut conjecturer sa naissance à Tarse ( cf. Strabon XIV 3 , 14 , p . 674 C. = SVF III Ant., fr. 1 ) vers 210 . Scholarcat et postérité. Bien que Diogène de Séleucie eût de très nom breux disciples de valeur, c'est Antipatros qui lui succéda . Il avait la réputation d'être un excellent dialecticien (cf. Cicéron, Acad . Pr. II 143 = SVF III Ant ., fr. 6), capable de répondre aux attaques de Carnéade ( cf. SVF III Ant., fr. 4-6 ; et voir 15 M. Pohlenz, « Plutarchs Schriften gegen die Stoiker » , Hermes 74, 1939 , p . 22-26 ; 16 M.E. Reesor, « The Indifferents in the Old and Middle Stoa » , TAPA 82 , 1951 , p . 105-106 ; 17 A.A. Long, « Carneades and the Stoic Telos » , Phronesis 12, 1967, p . 59-90 ), et aux arguments des mégariques. Il introduisit dans la doctrine bien des nouveautés, tant en physique (voir Rivaud 8 , t. I, p. 423 ) qu'en éthique ( voir Long 11 , p . 196) . Il eut pour élèves Panétius de Rhodes (RE 5 ) après la mort de Diogène ( cf. Ind. Stoic . Herc ., col. LI = SVF III Diog . , fr. 11; et Souda, s.v. = Panétius, fr. 2 Van Straaten ), qui lui succéda comme scholarque en 1294 ; Sosigène (RE 5) ( cf. Alexandre d'Aphrodise, De mixtione, p. 216 Bruns = SVF III Ant ., p. 258 , 5-12 ; et Ind. Stoic . Herc ., col . LIV ) ; Héraclide de Tarse (RE 40) ( cf. D.L. VII 121 = SVF III Ant ., p. 258 , 13-16) ; Blossius de Cumes (RE 1 ) ( cf. Plutar que, Vita Tib . Gracchi 8 , 6, 827 e = SVF III Ant. , fr. 13 ) , qui deviendra le conseiller de Tiberius Gracchus (voir 18 P. Petit, Précis d'Histoire ancienne, Paris 1971 , p . 245 ) et lui transmettra l'influence de la pensée politique de Diogène de Séleucie et d'Antipatros (voir 19 F. Smuts , « Stoic Influences on Tiberius Gracchus » , AC 1 , 1958 , p . 106-116 , et 20 I. Hadot, « Tradition stoïcienne et idées politiques au temps des Gracques» , REL 48 , 1970, p . 133 179) ; vraisemblablement Apollonidès de Smyrne (RE 31 ) ( voir 21 H. von Arnim , art. « Apollonides » 31 , RE II 1 , 1895 , col . 121 , 14-18) , Chrysermos d'Alexandrie (RE 2) (voir 22 id. , art. « Chrysermos » , RE III 2 , 1899, col. 2495, 39-42 : disciple d'Antipatros ou de Diogène, dit von Arnim ), le mathématicien Denys de Cyrène (RE 122) ( voir 23 id ., art. « Dionysios » 122, RE V 1 , 1903, col. 974, 44-66 ; ainsi que 24 W. Crönert, Kolotes und Mene demos, p . 102), selon l'Ind. Stoic . Herc., col. LII (= SVF III Diog . , fr. 12) ; peut-être Dardanos, après la mort de Diogène de Séleucie (cf. Ind . Stoic. Herc ., col. LI = SVF III Diog ., fr. 11 ) , et Apollodore d'Athènes (RE 67 ) selon l'Ind. Stoic . Herc . , col. LIII (= SVF III Ant. , fr. 11 ) : voir 25 H. von Arnim , art. « Apollodoros » 67, RE I 2, 1894, col . 2895 . Par la suite, il conserva à Athènes de fervents zélateurs, les " Antipatristéens ” ( cf. Athénée V , 186 a = SVF III Ant ., fr. 14), fut placé au rang des philosophes les plus connus , avec Zénon , Cléanthe ou Chrysippe, mais aussi Aristote ( cf. Cicéron , Tusc. V 107 = SVF III Ant., fr. 3 ) , et demeura abondamment lu et commenté dans les cercles cultivés de Rome ( cf. Arrien , Epict. diss. II 17 , 40 et III, 2 , 13 = SVF III Ant. , fr. 10 et 9) . < Antipatros est cité parmi les hiéropes des Ptolemaia dans IG II?, 1938 , li . 63. L'inscription se situe vers le milieu du II s . av . J.-C. , entre 152/1 et 148/7 ( cf. B.D. Meritt, Hesperia 33 , 1964, p. 207 ; A.E. Samuel, Greek and Roman Chronology, München 1972, p . 219). La célébration des Ptolemaia dut avoir, cette année -là , un caractère particulièrement solennel si l'on en juge par le nom bre des hiéropes, parmi lesquels on trouve, avec Panaitios, plusieurs membres de
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l'école stoïcienne (voir les notices consacrées à Apollodoros, Asclépiodotos, Basileidès, Gorgos, Mnasagoras; l'inscription a été étudiée par W. Crönert, SPAW 1904 , I , p . 471-483 ). Plutôt qu'à l'élève de Carnéade, Antipatros d'Alexandrie, auquel W. Crönert hésitait à l'identifier, Antipatros du Pirée est donc certainement identique au stoïcien Antipatros de Tarse. Deux autres philo sophes de la même inscription étaient, comme ce dernier, élèves de Diogène de BERNADETTE PUECH . > Babylone. Euvres philosophiques. Nous ne pouvons actuellement que rétablir une liste certaine de 11 ou 12 ouvrages : les numéros 1-4 concernent la logique ; les numéros 5 et 6 la physique, les autres l'éthique. ( 1 ) Tepi létewç xal tõv heyouévwv ( cf. Dioclès de Magnésie, < 'Eni&poun Tőv piloooowv > , cité par D.L. VII 57 = SVF III Ant., fr. 22 ). (2 ) Nepi opwv (plusieurs livres d'après Dioclès de Magnésie cité par D.L. VII 60 = SVF III Ant . , fr. 23 ; fragment possible dans Alexandre, In Top ., p . 42, 27 Wallies = SVF III Ant. , fr. 24) . ( 3) Nepi Suvatőv ( plusieurs livres d'après Arrien , Epict. diss. II 19,9 = SVF III Ant., fr. 29 ). (4 ) Nepi toŨ xupieúovtoc (plusieurs livres d'après Arrien, ibid .; selon Pohlenz 3 , t. II , p . 92 , les numéros 3 et 4 pourraient ne désigner chez Arrien qu'une seule cuvre . Cependant le texte a bien l'air de mentionner deux ouvrages différents. En tout cas, il est impossible de dire auquel se rapporte le fragment 30 des SVF III Ant. (= Arrien , ibid. , II 19 , 2) . Sur la problématique, voir 26 K. Döring, Die Megariker , p. 122-123 et n. 1 ; 27 H. Barreau , « Cléanthe et Chrysippe face au maître argument de Diodore » , dans Les Stoïciens et leur logique, Paris 1978 , p . 21-40 ; 28 M. Boudot, « L'argument dominateur et le temps cyclique », EPh 3 , 1983 , p . 271-298 . (5 ) Nepì eeõv (cf. Plutarque, De Stoic. repugn . 38 , 1051 ef SVF III Ant., fr. 33 , sur lequel voir 29 D. Babut, Plutarque et le stoïcisme, Paris 1969, p . 461 n. 1. Fragments possibles en SVF III Ant. , fr. 34-36 , et chez Plutarque, De comm . not. 31 , 1075 a. (6 ) Nepi uavtixñs B ' ( cf. Cicéron, De divin. 16 = SVF III Ant ., fr. 37 qui ne produit qu'un extrait; fragments en SVF III Ant ., fr. 38-42 ). (7 ) "Oti xatà Maatwva povov tò xalov åyadov V ' (cf. Clément d'Alexan drie, Stromates V 14 = SVF III Ant ., fr. 56 ). ( 8) Nepi yuvaixòS OU 6160EWÇ ( cf. Stobée , Flor., LXX 13 = SVF III Ant., fr. 62. L'ouvrage est inauthentique pour von Arnim 1 , col . 2516, 24-26 : voir le n° 9) . (9 ) Nepi yauov ( cf. Stobée, Flor., LXVII 25 = SVF III Ant., fr. 63. Comme le précédent (n° 8 ) , von Armin 1 considère le titre comme inattribuable à Antipatros de Tarse ou Antipatros de Tyr. Aujourd'hui, on admet des écrits d'Antipatros de Tarse sur le mariage : voir Babut 29 , p . 109 ; 30 E. Bréhier , Histoire de la Philosophie , Paris 1967, t. I, p. 350 ; 31 E. Eyben , « De latere Stoa over het huweliji » , Hermeneus 50, 1978 , p. 15-32, 71-94 et 337-358 . La difficulté est encore de savoir si les numéros 8 et 9 ne désignent pas qu'un seul ouvrage : voir Pohlenz 3 , t . II, p. 96 ; et de Vogel 13 , t. III, p . 233 et 234 .
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( 10 ) Nepl 8e101daqovías ( au moins 4 livres selon Athénée VIII, 346 c = SVF III Ant., fr. 64. Voir Pohlenz 3 , t. II, p. 96 ). ( 11 ) Iepi tñs Kheávoouç xal Xpuoinnou diapopãs (cf. Plutarque, Stoic. repugn . 4 , 1034 a = SVF III Ant ., fr. 66. Voir Pohlenz 3 , t. II, p . 92 ; Schuhl 9 , p . XXXVIII). ( 12 ) Katà tõv aipéoewy ( cf. Philodème, Mepl TÕV (Etoixõv ) , col . XVII Dorandi = SVF III Ant . , fr. 67. Voir Pohlenz 3 , t . II , p . 92 et 32 T. Dorandi, « Filodemo. Gli Stoici (PHerc. 339 e 155 ) » , CronErc 12, 1982, p. 123).
Euvres d'authenticité douteuse ( 13 ) Nepi ópyñs ( cf. Athénée XIV , 643 f = SVF III Ant. , fr. 65 ; æuvre contestée par Cohn 2 , p . 15 n . 1 ; acceptée par 32 O. Hense , « Zu Antipatros von Tarsos», RhM 73 , 1930 , p . 290-306, et par Pohlenz 3 , t. II, p . 96) . ( 14) Iepi oủoias (au moins deux livres d'après D.L. VII 150 = SVF II Ant., fr. 32. Selon von Arnim 1 , col . 2516 , 22-23 , l'ouvrage doit être attribué à Antipatros de Tyr dont il était effectivement question , chez D.L. VII 139-148 = SVF III Ant., fr. 43-45, juste avant). ( 15 ) Nepi yuxñs ( plusieurs livres selon D.L. VII 157 = SVF III Ant., fr. 49 ; cf. Scholia in Hom . Iliad. XVI 115 = SVF III Ant., fr. 50. Comme pour le n° 14 il faudrait, selon von Arnim 1 , col . 2516, 23 , attribuer l'ouvrage à Antipatros de Tyr ; mais l'argument invoqué a ici beaucoup moins de portée ). Études particulières Sur le fr. 36 , voir 33 O. Panagl, « Apollons Pythonkampf und die delphi sche Orakelgründung im Spiegel antiker Mythenkritik », Kairos 12, 1970, p. 31 41 . Sur l'authenticité du fr. 47 , voir Babut 29 , p. 211 n . 5 . Sur l'authenticité du fr. 48 , voir 34 C. Wendel, « Späne III, 23 », Hermes 77 , 1942, p . 216-217 , Pohlenz 3 , t. II , p . 94 , et Babut 29 , ibid . Sur l'authenticité du fr. 55 , voir les doutes de Pohlenz 3 , t . II, p. 95 . Sur le fr. 57 , voir, outre Long 17 : 35 W. Wiersma , « Téros und xaon KOV » , Mnemosyne 3 , 1937 , p . 219-228 ; 36 M. Van Straaten , Panétius , Amsterdam 1946 , p . 153 ; 37 M. Soreth , « Die Zweite Telosformel des Antipater von Tarsos » , AGPh 50 , 1968 , p . 48-72 ; 38 V. Goldschmidt , Le système stoïcien et l'idée de temps, 2e éd., Paris 1999 , p . 130 n. 2 et p. 138 139 ; de Vogel, 13 , t. III, p. 133 et 155 . Sur le fr. 59, voir 39 W. Wiersma, lepl témouc, Groningen 1937 , p . 71 . Sur le fr. 63 , voir 40 E. Orth , « Zu Antipatros von Tarsos » , PhW 1931 , p . 189-190 ( à propos de SVF III, p . 255 , 15-16 : lire éxelv au lieu de ÉNYLÉV (von Arnim ) ŠTI LÉV ). CHRISTIAN GUÉRARD .
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Ia
Philosophe stoïcien , disciple dans un premier temps d'Antidotos, puis de Stratoclès de Rhodes ( cf. Ind . Stoic : Herc ., col . LXXIX , 3-4 , p . 100
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ANTIPHANÈS
Traversa = fr. 184 Hülser ; Strabon XVI, 757 , et Epit. Laert. éd. V. Rose , Hermes 1 , 1866, p. 370 s.) . Il fut l'ami de Caton d'Utique (Plutarque, Cato min . 4 ) ; il mourut peu après 44 à Athènes (Cicéron , De off. II 86). Cf. Susemihl, t. II, p.247; H. von Arnim , art. « Antipatros von Tyros » 27, RE I 2, 1894 , col. 2516 ; M. Pohlenz, Die Stoa , t. I, p . 242 ; t. II, p . 124 ; J. Glucker, Antiochus, p. 349-350. Titres attestés. ( 1 ) Nepl toũ xaOnKovtoç. On en déduit l'existence d'un passage de Cicéron , De off. II 86 : “duo praeterita censet esse a Panaetio, valetu dinis curationem et pecuniae”. L'ouvrage fut écrit dans le cadre d'une polémique contre Panétius, ou du moins en complément au traité de Panétius qui portait le même titre (Susemihl). D'autres ouvrages sont signalés par Diogène Laërce et par Stobée sans que soit indiquée l'origine géographique de l'auteur, si bien qu'on ne sait pas s'il faut les attribuer à Antipatros de Tyr ou à Antipater de Tarse : (2) Nepi nóguou, en au moins huit livres ( von Arnim ), ou dix (Susemihl); cité à plusieurs reprises par Diogène Laërce (VII 139 , 140 , 148 ). (3 ) Nepl oủoías, cité par D.L. VII 150. ( 4 ) Nepi yuxñs, cité par D.L. VII 157 . (5 ) Nepi yauou, cité par Stobée , Flor. LXX 13 . (6 ) Nepi yuvaixos Ouu6160ews, cité par Stobée, Flor. LXVII 25. Susemihl ne reconnaît que les deux premiers comme ouvrages de notre Antipatros; von Arnim les enregistre tous les quatre, non sans hésitation . Voir aussi la notice « Antipatros de Tarse » . TIZIANO DORANDI. ANTIPATROS DU PIRÉE → ANTIPATROS DE TARSE
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ANTIPHANÈS
DII
Épicurien dissident ( l'appartenance à l'école épicurienne fut jadis revendiquée par Usener, RhM 56 , 1901, p . 146 ). Les renseignements sur sa vie font défaut. Sa pensée peut être partiellement reconstituée à partir de certains passages des papyri d'Herculanum ( cf. Philodème, De dis III, PHerc. 152/157 , fr. 38, 3-4 ; fr. 75 et col. XIII, 5-11 ; De rhet. (?), PHerc . 1601 , fr. 4 , 4 ; Anonym ., Vita Philonidis, PHerc. 1044, fr. 24 , 1-13 ; fr. 29 , 1 et 47 , 1 : les témoignages sont rassemblés et étudiés pas A. Tepedino Guerra , CronErc 11 , 1981 , p . 38-39. Sur le fr. 75 du De dis voir G. Arrighetti, CronErc 13 , 1983 , p . 29-31). TIZIANO DORANDI.
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ANTIPHON RE 16 Auteur d'un ſepi tõv év åpetñ npwtevoÁVTwv cité par D.L. VIII 3 : muni d'une lettre de recommandation de Polycrate auprès d'Amasis, Pythagore aurait appris la langue égyptienne. Au même ouvrage, cité sous le titre Nepi toŨ Blou των εν αρετή πρωτευσάντων, est emprunté un développement de la Vie de Pythagore par Porphyre (§ 7-8 ) qui raconte plus longuement le même épisode de la vie du philosophe. RICHARD GOULET.
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Va
Thucydide (VIII 68) nomme comme le principal instigateur de la révolution des Quatre Cents (411“) un Antiphon auquel il semble attribuer, avant cette date, une activité de logographe, et qu'il donne pour le meilleur orateur de son temps. Il s'agit probablement de l'Antiphon de Rhamnonte que Platon (Ménexène 236 a) semble citer au contraire comme un orateur , ou en tout cas un maître d'éloquence, de second ordre. Thucydide rapporte qu'il fit l'objet de poursuites judiciaires après la chute des Quatre Cents, pour avoir contribué à l'établisse ment de ce régime, et qu'il présenta la meilleure défense qu'on eût jusqu'alors entendue dans une affaire capitale. Nous savons par Aristote ( Eth. Eud. III 5 , 1232 b 6-9) que ce brillant plaidoyer ne lui évita pas la condamnation. La biographie d'Antiphon contenue dans les Vies des dix orateurs du Pseudo Plutarque nous apprend que , condamné pour trahison , il fut jeté sans sépulture et ses descendants frappés d'atimie (Pseudo - Plutarque, Vitae decem oratorum , V. Antiph ., 833 a). La même Vie d'Antiphon rapporte, d'après Caecilius de Calé -Acté, le décret ordonnant de le traduire en justice et le texte de sa condam nation ( 833 e - 834 b ). On trouve mention chez Aristote ( Const. Ath . XXXII 2) du rôle de cet Antiphon dans l'installation au pouvoir des Quatre Cents. Aristote cite ( Eth . Eud ., loc. cit. ) comme un exemple de magnanimité la réponse qu'il fit à Agathon qui, après sa condamnation, lui faisait pourtant compliment de sa défense : que plus lui importait le jugement d'un homme de bien que celui de la foule . Aristote rapporte par ailleurs (Rhet. II 6 , 1385 a 10-13) un mot d ' « Antiphon le poète » allant être bastonné sur ordre de Denys. Voyant ceux qui allaient mourir avec lui se couvrir le visage au moment de franchir les portes, « Pourquoi vous couvrez vous ? », dit - il, « n'est-ce pas de peur que l'un de ces gens ne vous voie demain ? » . Cet Antiphon le poète, victime d'une condamnation à mort par Denys l'Ancien , est nécessairement distinct du meneur du parti oligarchique athénien, exécuté pour trahison à Athènes après la chute des Quatre Cents. Les Mechanica pseudo aristotéliciens ( 1 , 847 a 20 = Antiphon , fr. 4 Nauck , TGF, p . 616) font aussi mention d' « Antiphon le poète » , dont ils citent l'adage suivant: « Par l'art nous maîtrisons ce qui par nature nous tient en son pouvoir. » On trouve là un écho manifeste de l'antithèse sophistique entre nature et convention . Au dire de Diogène Laërce ( II 46), Aristote aurait parlé, dans un ouvrage sur la poésie ( fr. 75 Rose = Nepi nointõv , fr. 7 Ross) , d'un « Antiphon le devin » ( . A. Ó TEPATOOKÓNOC ). Mentionné dans un ouvrage sur la poésie, il peut à la fois être confondu avec « Antiphon le poète » et être l'auteur du Méléagre dont Aristote cite deux vers (Rhet. II 23, 1399 b 27-29 = Antiphon, fr. 2 Nauck, TGF ,
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ANTIPHON D'ATHÈNES
Aristote , Rhet . II 2 , 1379 b 15 : Nauck , TGF, p . 615 ) , ainsi que d'une Andromaque mentionnée aussi par Aristote ( Eth . Eud . VII 4 , 1239 a 37 : Nauck , TGF, p . 615 ) . Comme par ailleurs, selon ce que rapporte Diogène Laërce, il se serait entretenu avec Socrate dans un esprit de compétition , il est tentant de l'identifier à « Antiphon le sophiste » , dont Xénophon (Mém . I 6, 1 15 ) rapporte trois entretiens avec Socrate, dans lesquels Antiphon cherche à mettre Socrate en difficulté sur les trois points suivants : le fait qu'il vit pauvre ment, qu'il ne monnaye pas sa sagesse, qu'il ne pratique pas lui-même la politique. Deux autres mentions du nom d'Antiphon par Aristote en renforcent l'inscription parmi les sophistes. Dans la Physique ( II 1 , 193 a 12-17 ), Aristote attribue à Antiphon l'identification de la nature ou de l'essence d'un objet avec sa matière : si l'on enfouissait un lit, et qu'il en poussât un rejeton, ce serait du bois, et non pas un lit ; exemple destiné, selon Aristote, à illustrer l'opposition entre la disposition conventionnelle, ou le caractère artificiel, qui n'appartient à l'objet qu'accidentellement, et son essence , qui est ce qui persiste en subissant conti nûment ces accidents. Aristote cite également Antiphon comme l'auteur d'une tentative de solution au problème de la quadrature du cercle (Phys . I 2, 185 a 14-17 ). Sans préciser en quoi consistait la solution proposée, il indique seulement qu'elle n'était pas géométrique dans son principe, mais , précise -t- il ailleurs (Soph. El. 11 , 172 a 7 ) , éristique. L'emploi de cet adjectif, en même temps que la description, par les commentateurs, de la quadrature d'Antiphon , situent encore une fois ce dernier dans l'univers de pensée sophistique. Selon Thémistius (In Phys., p. 4, 2-7 Schenkl), la quadrature d'Antiphon consistait à inscrire dans un cercle un triangle équilatéral, dont chaque côté servait de base à un triangle isocèle ayant pour sommet un point situé sur la circonférence du cercle. En répétant cette opé ration sur les côtés du polygone ainsi obtenu, on obtiendrait un nouveau polygone, sur les côtés duquel on la répéterait à nouveau, et ainsi de suite jusqu'à couvrir toute la surface du cercle par un polygone dont les côtés coïncideraient avec la circonférence. Simplicius ( In Phys., p. 54, 12–55 , 24 Diels) décrit la même procédure, à ceci près qu'Antiphon partait, selon lui, d'un polygone quelconque inscrit dans le cercle ; Simplicius développe le procédé sur l'exemple d'un carré, de même que Philopon (In Phys ., p. 31 , 40–32, 3 Vitelli ). Pourquoi cette démonstration n'est -elle pas géométrique ? Pour Alexandre, cité par Simplicius ( In Phys ., p. 55, 13-15 Diels ), Antiphon allait à l'encontre du principe selon lequel la droite n'est tangente au cercle qu'en un point; selon Eudème, que cite le même Simplicius ( In Phys., 55, 23-24 Diels ), et selon Thémistius (In Phys., p. 4, 6-7 Schenkl), le principe méconnu par Antiphon est celui de la divisibilité des grandeurs à l'infini. De l'analyse proposée par Simplicius lui-même ( In Phys., p. 55, 16-23 Diels), il résulte que les deux explications ne sont pas incompatibles : du principe qu'une droite ne coïncide jamais avec une circonférence, mais lui est soit tangente en un point, soit sécante en deux points et deux seulement, il résulte que l'espace compris entre une droite donnée et la circonférence d'un cercle ne sera jamais rempli, à moins de nier la divisibilité à l'infini, c'est - à -dire de confondre point géométrique et point matériel. Il apparaît donc qu'Antiphon partageait les conceptions géométriques de Protagoras, lequel, au témoignage d'Aristote (Metaph. B 2, 998 a 2-3 = DK 80 B 7), réfutait les géomètres en disant que le cercle ne touche pas la règle en un point, ce qui était confondre lignes sensibles et lignes géométriques ( ibid. 997 b 35 s.). Les données dont nous met en possession le témoignage d'Aristote sont donc les suivantes : 1 ) l'existence de deux Antiphon : l'un , dont parle Thucydide, meneur oligarque mort à Athènes en 411 " à la suite de la chute des Quatre Cents, l'autre , poète, mort à Syracuse vraisemblablement plus tard , victime du tyran ;
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2) la mention , sous le nom d'Antiphon , d'activités diverses : rien , dans ce qu'en dit Aristote, ne permet de rattacher avec certitude aucune d'entre elles à l'un plutôt qu'à l'autre Antiphon. Si l'on s'en tient à la critique interne du témoignage d'Aristote , la totalité de ce qu'il men tionne sous le nom d'Antiphon, activité politique mise à part, peut sans invraisemblance être attribuée au poète ; si l'on fait, du mode de désignation du personnage, un critère externe, et qu'on retient la présence ou l'absence d'une épithète accolée au nom propre, tout, au contraire, hormis divination et poésie, revient à l'Antiphon dont Aristote, par opposition à « Antiphon le poète », parle sans autre précision, donc à l'oligarque, qu'on peut dès lors identifier au sophiste de Xénophon . Mais lorsqu'il cite Méléagre et Andromaque, Aristote nomme seulement « Antiphon » : l'oligarque est -il l'auteur des tragédies, on doit conclure qu'il était, comme son homonyme, poète, et l'appellation « le poète » se voit dépourvue de valeur discriminante ; paraît -il au contraire vraisemblable de faire de ce dernier l'auteur des tragédies, on doit admettre qu'Aristote ne le distingue pas toujours explicitement de son homonyme : il est alors incertain duquel il s'agit dans les autres occurrences du seul nom d'Antiphon . Cette indécision affecte visiblement la Vie d'Antiphon du Pseudo -Plutarque ( Plutarque, V. Antiph. 832 6–834 b) . Premier logographe, premier auteur de traités de rhétorique, Antiphon de Rhamnonte est identifié à la fois comme l'interlocuteur de Socrate dans les Mémorables, et comme celui à qui Thucydide décerne des éloges tels que Caecilius en a conclu qu'il reconnaissait en lui son maître. Il aurait écrit des tragédies, et serait aussi l'auteur d'un Art d'écarter la peine, qu'il aurait mis en pratique sur l’agora de Corinthe où il tenait boutique: annonçant qu'il pouvait soigner par des paroles ceux qui étaient dans la peine, il s'informait des causes pour calmer au moyen de sa parole ceux qui souffraient. Ce trait place une fois de plus Antiphon dans le voisinage de Protagoras : Platon (Théétète 167 a) fait dire à ce dernier que « le médecin modifie < l'état de son patient > par des drogues, le sophiste par des paroles ». Mais, poursuit la Vie, Antiphon abandonna cet art pour se tourner vers la rhétorique : suit l'énumération des titres de quelques uns des soixante discours qui lui étaient attribués. Le schéma diachronique permet donc de rapporter, comme successives, à un unique Antiphon les diverses activités associées à ce nom . Mais cet aménagement biographique se heurte aux données relatives à la mort d'Antiphon : la Vie en connaît trois versions. L'une est celle de sa condamnation et de son exécution consécutives à la chute des Quatre Cents. Une autre le fait mourir victime des Trente (cf. Xénophon, Hell. II 3 , 40) . Une troisième enfin fait mourir Antiphon par ordre de Denys l'Ancien, soit pour avoir prêté le flanc à une accusation d'appel au tyrannicide, soit victime, de la part du tyran, d'une jalousie d'auteur : cette version recoupe le témoignage d'Aristote sur la mort à Syracuse d'Antiphon le poète. Le problème posé par la Vie est que, malgré ces données biographiques contradictoires, elle confond le poète avec le partisan à outrance de l'oligarchie. Des trois versions mentionnées, elle n'hésite pourtant pas à disqualifier la deuxième: pour une simple question de date , il est évident qu'il s'agit d'un autre Antiphon. On sera d'autant plus attentif au fait qu'au lieu d'appliquer le même raisonnement à l'Antiphon mort à Syracuse, la Vie donne ce récit seulement pour une autre version de la mort d’Antiphon de Rhamnonte . Comme il n'y a pas de raison pour que le biographe fasse preuve ici d'un moindre sens critique que pour l'Antiphon mort sous les Trente, on est amené à penser qu'il ne lui est pas aussi facile d'opérer cette fois le même type de distinction ; ce qui implique que les deux Antiphon , morts en des lieux différents, ont un rapport avec telle ou telle des données biographiques et des æuvres
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rassemblées plus haut, sans que le biographe dispose des éléments qui lui permettraient de faire, avant leur mort, une distinction entre eux . Curieusement, ce n'est pas autour de l'oligarque et du poète que s'est cristallisée la question des Antiphon, mais autour d'une autre dichotomie, dont Hermogène de Tarse (De ideis II, p. 399, 18-400 , 21 Rabe) est le premier à faire état. Hermogène se fait l'écho d'une tradition , comptant parmi ses autorités le grammairien Didyme, d'après laquelle il y aurait eu « plusieurs Antiphon » : parmi ces derniers, ceux qui touchent au propos d'Hermogène, et qui sont dési gnés comme appartenant à la sophistique (oi 00DIOTEÚOAVTEC) étaient au nombre de deux . L'un est « l'orateur» ( p. 400 , 1 Rabe ), identifié plus bas ( p. 400 , 22 Rabe ) à Antiphon de Rhamnonte , et, dit Hermogène, « celui qu'on dit avoir été à la fois devin (TEPATOoxonOC ) et interprète de rêves est un autre » ( p. 400, 2-4) . Telle que rapportée par Hermogène, l'information sur ce deuxième Antiphon est dépourvue d'éléments biographiques, en particulier du seul dont on dispose sur le deuxième Antiphon : sa mort. Hermogène donne en revanche une liste des @uvres attribuées à chacun des deux Antiphon . Cette liste est traditionnellement au centre de la question des Antiphon . Tel qu'il est transmis dans les manuscrits, le texte fait se chevaucher les deux listes. A « l'orateur » sont attribués « les discours sur des affaires de meurtres, des discours prononcés à Γ'assemblée et ceux qui leur sont semblables » (οι φονικοί φέρονται λόγοι και δημηγορικοί και POOL TOÚTOIS ÓLoiol, p. 400 , 1-2 Rabe ): ces indications recoupent celles que donne Thucydide, selon qui l'habileté d'Antiphon s'exerçait « dans les débats des tribunaux aussi bien que de l'assemblée » (VIII 68, 1 ). Les æuvres attribuées à l' « autre » Antiphon , en revanche, enrichis sent notre catalogue : à lui, « on dit qu'appartiennent les discours Sur la vérité, le Sur la concorde, les discours à l'assemblée et le Politique » (of te nepi tñs danociac elvai Néyovtai λόγοι και ο περί ομονοίας και οι δημηγορικοί και ο πολιτικός , p. 400 , 4-6 Rabe). Les (ou des : l'article manque à la première occurrence de onunyopixol, p. 400, 2 Rabe) discours à l'assem blée figurent dans les deux listes ; si l'on ajoute qu’un manuscrit (Vaticanus gr. 107) fait figurer aussi dans la première, après onunyopixoi (p. 400, 2 Rabe ), les mots xal o nolitixóc on se trouve devant le choix suivant : ou bien, déjà homonymes, les deux Antiphon ont écrit en outre des œuvres jumelles; ou bien il s'agit d'attributions contestées ; ou bien enfin une confusion entre les deux listes s'est introduite dans les manuscrits. C'est à cette dernière solution que se rangent la plupart des éditeurs, en proposant diverses corrections. 1 J. Taylor, Lectiones lysiacae, cap. VII, dans Lysiae orationes et fragmenta, Londini 1739, p. 697 (= J.J. Reiske, Oratorum graecorum quae supersunt monumenta ingenii, vol. 6, Lipsiae 1772, p. 269 ), suivi par 2 P. Van Spaan , Dissertatio historica de Antiphonte, oratore attico, Lugduni Batavorum 1765 , p. 15 (= T. Kidd [ édit. ], Opuscula Ruhnkeniana, Londini 1807, p. 14), ne gardait qu'une seule mention des onunyopixoi, la première (p. 400 , 2 Rabe ), et transférait aussi à la première liste les mots xal o nolitixóc (p . 400, 6 Rabe ), proposant donc de lire, après oi φονικοί... λόγοι : και δημηγορικοί και ο πολιτικός , και όσοι τούτοις όμοιοι , soit tout ce qui, dans les æuvres citées par Hermogène, « paraît avoir trait à l'office d'orateur ». Corrélati vement, il ne lisait plus, dans la deuxième liste, que of Te nepi tñs đandeias ... Nóyou xaì o nepi duovoías ( p. 400, 4-5 Rabe ). Quelques lignes plus bas, cependant, insistant sur la différence de style que manifestent les æuvres attribuées aux deux Antiphon, Hermogène oppose « les discours Sur la vérité » et « le reste » (p. 400 , 8-10 Rabe, cf. p. 401, 12-13 ): 3 L. Spengel, Euvaywy texvāv, sive artium scriptores ab initiis usque ad editos Aristotelis de rhetorica libros, Stuttgart 1828, p. 115, en tira la conclusion qu'il fallait reporter dans la première liste la totalité de la séquence και ο περί ομονοίας και οι δημηγορικοί και πολιτικός (p . 400 , 5-6 Rabe ), et ne laisser au deuxième Antiphon que la seule Vérité. La correction proposée par Spengel 3 fut adoptée par 4 C. Walz, Rhetores graeci, Stuttgart/ Tübingen /London /Paris, t. III, 1834, p. 386, 1-4 . Elle fut rejetée au contraire par 5 H. Sauppe, dans J. Baiter & H. Sauppe (édit . ), Oratores attici, t. II, Turici 1850 , p. 145-146 . L'ordre dans lequel sont
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énumérées les cuvres attribuées par Spengel 3 à « l'orateur » ne lui paraît pas satisfaisant : le Sur la concorde vient séparer les deux sortes de discours, judiciaires et politiques, que leur communauté de genre devrait plutôt associer ; mais surtout la correction de Spengel 3 oblige à supprimer, dansla mention des « discours Sur la vérité » ( of te nepi đandelac elvai Néyovtai Aóyoi, p. 400, 4-5 Rabe ), la particule te, dont on ne voit pourtant pas pourquoi, dans le cas d'une répétition indue de la première liste, elle aurait été ajoutée. Sauppe établit en outre une corrélation entre l'absence d'article à la première mention des onunyopixoi ( p. 400, 2 Rabe) et la réapparition du même titre dans la deuxième liste (p. 400, 5 Rabe) : l'omission de cet article a fait que quelqu'un a porté en marge la rectification xal ol Sninyopixoi, rectification qui a été par la suite insérée dans le texte, mais pas à sa place. On peut donc considérer la répétition comme une faute et la supprimer. A « l'orateur » sont dès lors attribués les discours sur affaires de meurtres et les discours à l'assemblée; à l'« autre » , les discours Sur la vérité, le Sur la concorde et le Politique. Sauppe 5 fut suivi par 6 F. Blass, Die atrische Beredsamkeit, Leipzig 1868, 2e éd . 1887 , t. I, p. 108 n. 2 et 7 id. , Antiphon. Orationes, coll . BT, Leipzig 1871 , 2e éd . 1881 , p. XLII, puis par 8 H. Rabe, Rhetores graeci, vol. 6, coll. BT, Leipzig 1913. Pour sa part, 9 L. Spengel, Rhetores graeci, vol. 2, coll. BT, Leipzig 1854, p. 414, 8-13, en était revenu à la double mention des discours à l'assemblée et du Politique. Indépendamment de la difficulté d'établir le texte d'Hermogène et de l'incer titude qui s'ensuit quant à la répartition qu'il effectuait lui-même entre les deux auteurs, le fait même qu'il y en eût deux n'emporte pas son adhésion . Dans le sens d'une dualité d'auteurs, lui paraît aller la différence de style qu'il relève entre la Vérité et les autres cuvres citées. Mais va à l'encontre de la distinction de deux Antiphon, tou jours selon Hermogène, l'information qu'on trouve « chez Platon et d'autres », selon laquelle Thucydide aurait été l'élève (ou, selon d'autres, le maître) d’Antiphon de Rhamnonte : or Thucydide paraît à Hermogène, par son style, fort éloigné de « l'orateur » , et avoir beaucoup en commun avec le style de la Vérité ; en d'autres termes, l'orateur ne devrait faire qu'un avec l'auteur de la Vérité, si la filiation littéraire entre Thucydide et lui doit avoir quelque consistance. Aussi Hermogène renonce - t- il à trancher la question de l'existence ou non de deux auteurs du même nom, et s'en tient-il à la seule donnée qui ait pour lui valeur de fait : la différence de style . Donnée d'ailleurs suffisante pour son propos, puisque les styles ( elon ou idéai abywv) sont l'objet de son traité. C'est explicitement la position de Philostrate (V. soph. I 15 , 4) , lequel, ne faisant état que d'un seul Antiphon, fils du maître de rhétorique Sophilos, fait une distinction dans l'æuvre de celui - ci entre des discours « judiciaires » et des discours « sophistiques » , le plus sophistique étant le Sur la concorde. Dans les autres sources dont nous disposons, la distinction des deux Antiphon n'est pas mieux assurée . Ainsi, le lexique d'Harpocration contient un nombre non négligeable de citations extraites des trois traités, y compris la Vérité, que la tradition rapportée par Hermogène attribuait à « l'autre » Antiphon ; mais ce lexique est consacré aux orateurs attiques : le nom d'Antiphon y renvoie donc à Antiphon de Rhamnonte , ce qui signifie qu'Harpocration attribuait à l'orateur les traités en question. Enfin la Souda, si elle comporte bien deux entrées sous le nom d'Antiphon d'Athènes, porte au crédit de l'un les activités de devin ( Tepato Oxónoc ), poète ( énonoios) et sophiste, et rapporte son surnom d '« apprêteur de discours » ( aoyouayeipos ), qui semble faire allusion à une activité de logo graphe: cet Antiphon peut être à la fois l'orateur de Thucydide, de Platon , du Pseudo -Plutarque et d'Hermogène, le sophiste de Xénophon et d'Aristote, et même, n'était la mort de celui-ci, que ne rapporte pas la Souda , le poète dont parle aussi Aristote ; quant au deuxième « Antiphon d'Athènes » , il ne lui reste
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que la désignation d'interprète de rêves, avec l'attribution d'un traité De l'inter prétation des rêves. En résumé, nous nous trouvons face à deux types de données. D'une part, leurs morts en des lieux différents, et sans doute à des dates différentes, attestent qu'il y eut bien deux Antiphon , qui peuvent être identifiés, l'un par son activité au profit des Quatre Cents et par une œuvre oratoire , l'autre comme poète. D'autre part, les ouvrages transmis sous le nom d'Antiphon présentaient aux yeux des Anciens une disparité de style assez forte pour faire penser certains à deux auteurs différents. Mais , sur la façon dont ces deux séries de données se recoupent, nous ne disposons d'aucune information sûre . Dans le témoignage d'Hermogène, ce ne sont pas ses doutes sur la réalité de deux Antiphon qu'ont retenus les modernes, mais l'affirmation , rapportée à Didyme, d'une telle dualité . L'adjectif tepatOOKÓnos, employé par Hermogène (p . 400, 3 Rabe), figure aussi chez Diogène Laërce (II 46) et dans la Souda. Il est, dans ce dernier cas , associé à copiotńs; chez Diogène Laërce, il qualifie l'Antiphon qui cherchait à avoir le dessus sur Socrate, autrement dit celui qui apparaît chez Xénophon sous le nom d'Antiphon le sophiste : du rapprochement de ces témoignages, Taylor 1 , conclut que le tepatooxontos d'Hermogène ne fait qu'un avec le sophiste de Xénophon, en tant que tel distinct de « l'orateur » , et lui restitue, pour le distinguer d’Antiphon de Rhamnonte , l'appellation d ' « Anti phon le sophiste » . Van Spaan 2, tout en s'appuyant sur la même combinaison de témoignages, conserve la désignation employée par Hermogène pour l ' « autre » Antiphon : « Antiphon tepatOOKÓnog sive haruspex » (p . 38 ), plus loin « oni rocriticus » ( p. 39 ). Mais il n'hésite pas à écrire qu '« en l'appelant sophiste, titre qu'il est d'usage d'attribuer à cet Antiphon » , Xénophon « indique suffisam ment » que l'interlocuteur de Socrate n'est pas Antiphon de Rhamnonte ( p. 39 40) . C'est le témoignage de Philostrate ( V. soph. I 15 , 4) qu'exploite enfin dans le même sens Sauppe 5. Le jugement de Philostrate sur le caractère superla tivement sophistique du Sur la concorde lui paraît confirmer les attributions qu'il effectue , à l'un et à l'autre Antiphon , des ouvres citées par Hermogène. Se déclarant, au vu des fragments conservés de cet ouvrage , en accord avec ce juge ment, l'étendant même au peu qu'on connaît du Politique, il pense que l'adjectif « sophistique » , employé par Philostrate, autorise l'identification de l'auteur de ces ouvrages avec le sophiste de Xénophon et le tepatooxónos de Diogène Laërce. Ainsi se trouve désormais constituée une distinction entre « Antiphon l'ora teur » et « Antiphon le sophiste » , en toute méconnaissance aussi bien de l'indica tion , transmise pourtant de la même source par Hermogène, selon laquelle les Antiphon , s'ils étaient deux, faisaient tous deux figure de sophistes ( 86o 8è oi OOPIOTEVOLVTES, p. 399, 21-22 Rabe ), que des données fournies par Aristote, à savoir qu'il y eut bien deux Antiphon, l'orateur et homme politique d'une part, d'autre part un poète, mais que rien ne permet de déclarer sophiste l'un plutôt que l'autre. Cette distinction, néanmoins, avancée par Sauppe pour justifier l'ordre où sont présentés les fragments dans 5 , puis développée par lui-même dans 10 Commentatio de Antiphonte sophista, Göttingen 1867, permet en retour à Blass 6 , p . 108-114 , de trancher, en accord avec Sauppe , la question de
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l'établissement du texte d'Hermogène, en arguant de ce qui , stylistiquement, convient à un orateur et de ce qui convient à un sophiste. Entre les deux éditions de 6, Blass 7 édite séparément les fragmenta Antiphontis oratoris (p . 116-129 ) et les fragmenta Antiphontis sophistae ( p. 130-145 ), un certain nombre demeu rant fragmenta ambigua ( p. 146-150 ). 11 H. Diels, Die Fragmente der Vorsokratiker, Berlin 1903, reprend la même distinction : comme ce n'est qu'au titre de sophiste qu'Antiphon trouve place dans son recueil, les seuls fragments retenus (n° 80 ) sont ceux d' « Antiphon le sophiste », suivis de « fragments disputés entre l'orateur et le sophiste ». Bien qu'elle ne puisse être considérée comme une édition des fragments, dont elle ne donne qu'un minime échantil lonnage, l'édition de 12 L. Gernet, Antiphon. Discours, CUF, Paris, 1923, souscrit égale ment au même principe. Dès avant Diels 11 et Gernet 12, les hypothèses de Sauppe, sur la distinction de « l'orateur » et du « sophiste » et sur la répartition entre eux des euvres connues sous le nom d'Antiphon, ont présidé à la rédaction de deux articles distincts, 13 « Antiphon » 14 (l'orateur) par Th. Thalheim et 14 « Antiphon » 15 (le sophiste ) par M. Well ann , dans RE I 2 , 1894, col. 2527-2529. Elle fut ensuite tenue pour un fait établi par 15 E. Norden, Die antike Kunstprosa , Leipzig 1898, t. I, p. 72 n. 2, p. 97 n. 1 ; 16 H. Diels , « Ein antikes System des Naturrechts », Internationale Monatsschrift für Wissenschaft, Kunst und Technik 11 , 1917 , col. 84 n. 2a ; 17 J. Stenzel, art. « Antiphon » 15, RESuppl. IV , 1924, col. 33 43 ; 18 F. Ueberweg, Grundriss der Geschichte der Philosophie, t. I, Berlin 1926, p. 108 . Il est faux cependant d'écrire, comme 19 G. Romeyer -Dherbey, Les sophistes, coll. « Que sais -je ? » , Paris 1985 , p . 95 , que la distinction entre « l'orateur » et le « sophiste » fait aujourd'hui l'objet d'un consensus « bien établi » . Avant même que l'article de 20 J.S. Morrison, « Antiphon » , PCPHS 187, 1961, p. 49-58 , marquât un renversement de tendance, distinction et attri butions définies par Sauppe 5 et Blass 6 , bien que constituant l'opinion domi nante, ont fait l'objet de contestations. Alors qu'Hermogène parle d'une différence de style entre la Vérité et les au tres écrits assignables à un Antiphon , Blass 6 s'est attaché, pour justifier leur attribution à l'auteur de la Vérité , à montrer que les fragments du Sur la concorde et du Politique présentent des caractéristiques de style qui révèlent davantage un sophiste qu'un orateur. A quoi 21 K. Joël , Der echte und der Xenophontische Sokrates, t. II 2 , Berlin 1901, p. 629-673 , fit objection en appliquant le même type d'analyse aux æuvres attribuées à l'orateur. Puisque l'on constate des différences de style jusque dans un même discours, pourquoi, demande - t-il, ne pas supposer des auteurs différents pour chacune des parties ? Si, entre les trois discours sur des affaires de meurtre et les tétralogies, la dissemblance est due à une diffé rence dans le but poursuivi, pourquoi ne pas appliquer la même remarque aux discours Sur la vérité ? Plus fondamentalement, produisant d'ailleurs en ce sens de nombreuses cita tions de Blass 6 lui-même, Joël relève, s'agissant des tétralogies, la subtilité et le caractère abstrait de leurs arguments , l'effacement des données de fait derrière les enchaînements conceptuels, la technique antilogique qui consiste à dresser en parallèle les arguments contradictoires , et souligne ainsi leur caractère sophis tique ; à tel point que, une fois l'æuvre oratoire attribuée à un auteur différent du « sophiste » , la position la plus conséquente lui paraît être l'atéthèse des tétra logies , proposée par 22 W. Dittenberger, « Antiphons Tetralogien und das attische Criminalrecht » , Hermes 31 , 1896, p . 271-277 ; 32 , 1897 , p . 1-41 ( position que pour sa part Joël réfute p . 640 n. 1 ) : non seulement les cas débat tus, mais même les lois invoquées relèvent de la fiction, de telle sorte qu'il s'agit
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d'exercices purement méthodiques, les premiers du genre , de disputatio in utramque partem . Mais jusque dans les discours laissés à « l'orateur » par Dittenberger 22 , Joël 21 retrouve les caractéristiques relevées dans les tétralogies : toute l'œuvre oratoire d'Antiphon est d'inspiration sophistique, conforme d'ailleurs en cela au caractère général de la rhétorique attique du ve s . av . J.-C. tel que, dès l'origine, l'illustre Gorgias. Platon (Phèdre 257 d) témoigne d'ailleurs du fait que « logographe » (activité qu'Antiphon est le premier à avoir pratiquée ) et « sophiste » sont des synonymes. La possibilité même d'isoler l'une de l'autre, en la personne de deux Antiphon, rhétorique et sophistique, manque au Ve s . av . J.-C. La rhétorique trouve au contraire dans la sophistique l'origine de son développement, et les exemples ne manquent pas de sophistes consacrant une part de leur activité à l'éloquence. Ces considérations imposent l'idée d'un unique Antiphon , orateur et sophiste, témoin de l'acclimatation à Athènes des formes de discours et de pensée introduites par les étrangers qu'étaient Gorgias et Protagoras. Joël 21 ne s'en tient pas à la question du style ou de l'activité professée par Antiphon. Il relève dans l'ensemble de l'æuvre oratoire conservée une homogénéité thématique, essentiel lement dans la façon de considérer la faute qui à chaque fois fait l'objet du procès, fictif ou réel, comme une fatalité. Il érige donc la túxn en concept dominant de la pensée d'Antiphon, et lui attribue une conception pessimiste et tragique de la vie. Ainsi trouve - t-il motif à considérer comme un seul personnage aussi bien l'orateur que l'auteur de la Vérité et celuides tragédies: souscrivant à la tradition rapportée par la Vie d'Antiphon (833 c-d) sur la chronologie des activités d’Antiphon, il considère son activité d'orateur comme la poursuite et le développement de son invention première d'un « art d'écarter la peine ». Dans 23 Geschichte der antiken Philosophie, t. I, Tübingen 1921 , Joël maintiendra inchangée sa position, tant sur l'unité du personnage d'Antiphon ( p. 663 n. 3) que sur l'essence sophistique de la rhétorique du ve s. av . J.-C. ( p. 663-673 ). Une bonne part des arguments qui seront ensuite invoqués contre la théorie des deux Antiphon se trouve déjà dans cette première interprétation de l'ensem ble des données relatives à Antiphon en faveur d'un unique personnage. Sans parvenir généralement à des conclusions aussi tranchées, les études menées d'un point de vue proprement stylistique donnèrent, dès avant Joël 21 , des résultats contradictoires, et on dut pour finir renoncer à chercher dans le critère du style une solution à la question des Antiphon. 24 A. Croiset, « Les fragments d'Antiphon le sophiste », Annuaire de l'Association pour l'encouragement des études grecques en France 17 , 1883 , p. 142-160, croyait pouvoir aller jusqu'à dissiper le doute que laissait planer Hermogène sur l'existence de deux Antiphon. Analysant les fragments du Sur la concorde et du Politique, il portait sur leur style un jugement opposé à celui de Blass 6 : c'était à ses yeux le style d'un écrivain encore ignorant des ressources de la prose, et trouvant plutôt son modèle dans la poésie. C'est donc l'orateur qui, par sa maîtrise de la prose, ressemble le plus à Thucydide: la contradiction qui retenait Hermogène est ainsi levée. 25 C. Buresch , « Consolationum a Graecis Romanisque scrip tarum historia critica », LS 9, 1886, p. 72-89, à cause de la parenté de style entre les tétra logies et Thucydide, les attribuait au contraire au sophiste. Mais il maintenait l'existence de deux Antiphon, et attribuait à l'orateur le Politique. Au tournant du siècle, les considérations de style ne permettent plus que des conclusions hésitantes. 26 E. Drerup, « Die Anfänge der rhetorische Kunst prosa » , JKPh 27. Supplementbd, 1902, 2. Heft, p . 300-306, ne trouve pas de différence stylistique essentielle entre les discours sur affaires de meurtres et les
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fragments, généralement attribués au Sur la concorde, qui sont transmis par Stobée sous le nom d'Antiphon mais sans indication de titre. Pour pouvoir conclure à l'identité de « l'orateur» et du « sophiste » , il faudrait seulement être sûr que les autorités auxquelles se réfère Hermogène (Didyme et les « nombreux autres » qu'il mentionne) ne faisaient une distinction entre eux que pour des raisons de style. 27 H. Gomperz , Sophistik und Rhetorik, Leipzig /Berlin 1912, p. 59 et n. 96 , se montre lui aussi hésitant. I remarque qu'avant Didyme les Anciens n'ont pas éprouvé le besoin de différencier par des appellations distinctes les deux Antiphon qui auraient vécu en même temps à Athènes et y auraient exercé des activités voisines : l'indication d'Hermogène, « ceux qui pratiquaient la sophistique étaient deux », suffit selon Gomperz à montrer que l'appellation dont use Xéno phon, « Antiphon le sophiste », ne suffit pas à le distinguer de « l'orateur » du même nom . Les ressemblances stylistiques entre les tétralogies et les fragments du « sophiste » conduisent Gomperz à ne retenir pour signe d'une dualité d'auteurs qu'un plus grand archaïsme de la prose du « sophiste ». La prudence est à ses yeux de conserver la distinction des deux Antiphon, mais, ajoute -t-il, on ne peut, malgré les arguments contraires ( Thucydide n'a pu connaître Antiphon qu'avant d'être lui-même banni, et le « libre-penseur » qu'il était n'a pu avoir pour maître celui qui n'était encore qu'un interprète de songes), exclure la possibilité d'une évolution au long de laquelle un seul Antiphon, celui de Rhamnonte, aurait été successivement devin et interprète de songes, puis sophiste, et, pour finir, rhéteur et homme politique. Mais c'est surtout 28 W. Aly , Formprobleme der frühen griechischen Prosa, coll. « Philologus -Supplementband » XXI, 3 , Leipzig 1929 , qui a démon tré l'inconsistance des critères stylistiques appliqués à Antiphon . Les différences stylistiques, dont on fait état traditionnellement pour distinguer deux Antiphon, se retrouvent à l'intérieur même des écrits qu'on attribue à l'un ou à l'autre. Ces écrits ne font d'ailleurs par là que s'apparenter à la prose de cette époque, qui se caractérise dans son ensemble par ce qu'on qualifiera indifféremment d'incertitude stylistique ou de richesse des moyens d'expression. Ainsi Aly discerne -t-il, dans les Histoires d'Hérodote, un style propre aux parties scientifiques, un autre pour les récits recueillis de la tradition , un autre encore employé dans le récit proprement historique : le style ou la « forme » dérive du contenu , et c'est ce dernier qui doit passer au premier plan. Mais dès lors le même auteur peut avoir eu à traiter des matières différentes, d'où résulte une nécessaire diversité de style dans ses écrits. Plaçant les écrits d’Antiphon dans le contexte de l' « histoire intellectuelle » de l'Athènes du Ve s . av. J.-C. , Aly montre comment ils peuvent avoir un même auteur, participant successivement aux différents moments de cette histoire. 29 H. Hommel, « Antiphon Sophist und Rhetor » , Geistige Arbeit 8, 1941, Nr. 13, p. 1-4 (= Symbola I, Hildesheim /New York 1976, p. 189 199 ), s'est prononcé dans le même sens, en arguant de la prédominance de la notion de genre littéraire sur celle de style personnel. Ce principe avait déjàété formulé, sur un plan général, par Norden 15, p. 11-12, mais sans trouver d'application au cas d'Antiphon. Il n'en trouve en vérité guère non plus chez Hommel: le donnant comme un préalable à la démonstration de l'unité du personnage d'Antiphon, Hommel paraît l'oublier dans le cours de la démonstration elle -même, puisque le fait que les écrits d’Antiphon expriment des vues en apparence contra dictoires s'explique à ses yeux par une série de volte- face de la part de leur auteur ! La connaissance du contenu de la Vérité avait été entre -temps considéra blement accrue par la publication , en 1915 , de deux fragments papyrologiques, auxquels s'en ajouta un troisième en 1922 (30 B.P. Grenfell & A.S. Hunt [ édit.), The Oxyrhynchus Papyri , t . XI , London 1915 , n° 1364 ; 31 ibid . , t. XV, London 1922, nº 1797 ). Identification des deux premiers fragments par Wilamowitz : cf. Grenfell & Hunt 30 XI, p . 92 ; 32 H. Diels, «Ein neues Fragmentaus Antiphons Buch Über die Wahrheit (Oxyrh. Pap. XI n. 1364 ) », SPAW 38, 1916, p. 931. Trois lignes du premier (col. I, 18-20 ) coïnci dent littéralement avec une citation donnée par Harpocration ( fr. 99 Blass 7, 44 Diels 11) ;
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deuxième fragment rattaché au premier par données paléographiques et contenu thématique : les deux fragments ont été publiés par Grenfell & Hunt 30 , sous le même numéro 1364, et cette intégration n'a jamais soulevé d'objection . Un décompte marginal des lignes, sur le premier fragment, permet de le supposer peu éloignédu début du rouleau : on en a conclu que les deux fragments proviennent du livre I de la Vérité. Leur position relative est incertaine ; les éditeurs se disent assurés seulement de ce qu'un intervalle d'une colonne au moins les sépare ( p. 93) . C'est donc arbitrairement qu'ils ont placé le plus long avant le plus bref, désignés respecti vement comme fr. 1 et fr. 2, et en ont décompté les lignes à l'aide d'une numérotation continue de 1 à 299. Cet ordre fut conservé par Diels 32 , qui abandonna cependant la numérotation continue des lignes, désigna les fragments par les lettres A et B et décompta les lignes par colonne. Cette présentation est devenue canonique : conservée dans le Nachtrag ajouté à 11, 4e éd. ( 1922) , puis dans 11 , 5e éd. ( 1935) où les deux fragments figurent sous le n° 44 des fragments d'Antiphon le sophiste (87) ; maintenue par ceux qui contestent l'ordre adopté, tel 33 M. Untersteiner, Sofisti. Testimonianze e frammenti, fasc. 4, coll. « Biblioteca di Studi superiori » , Firenze 1962 , p . 91 ; cf. 34 id. , I Sofisti, Torino 1948 (trad. angl . par K. Freeman , The Sophists, Oxford 1954), chap. XIII, n . 127. Le commentaire donné par H. Diels 16 , col . 81-102, entérine cet ordre conventionnel (cf. col. 96). 35 A. Croiset, « Les nouveaux fragments d'Antiphon », REG 30, 1917, p. 1-19, sans se prononcer formel lement, étudie les deux fragments dans le même ordre . Identification du troisième fragment (nº 1797 ) : moins sûre du point de vue paléographique ( cf. Hunt 31 , p. 119-120 ). En faveur de l'attribution à Antiphon : parenté thématique avec les deux premiers fragments. Manière d'argumenter, style, proximité des deux autres fragments lors de la découverte, adjonction par une même main, semble-t-il, des esprits, accents, marques de quantité et de quelques signes de ponctuation : autant de présomptions qui ont poussé l'éditeur à rattacher le fragment à la Vérité. Il n'excluait pas cependant qu'il s'agit d'un fragment du Politique ou de la Concorde. En revanche, H. Diels 11 , 4e éd ., 1922, Nachträge, et 36 E. Bignone , « Sopra un nuovo papiro della Verità di Antifonte sofista ( Pap. Ox ., Part XV , London 1922, pap. 1797) », RFIC 51 (N.S. 1 ), 1923, p. 145-166 , 309-332 ( repris avec quelques additions dans 37 id ., Studi sul pensiero antico , Napoli 1938, réimpr. Roma 1965, p. 97-159) se montrent catégoriques quant à l'appartenance de ce troisième fragment à la Vérité . Même si le caractère conjectural de cette attribution est encore sensible chez Aly 28, p. 137, le jugement de Diels 11 , 4e éd ., et Bignone 36 , en l'absence d'une hypothèse plus plausible, fait, depuis lors, autorité. Cf. 38 F. Pfister, « Zu den neuen Bruchstücken des Sophisten Antiphon (Ox .- Pap. 1364 und 1797) », BPhW 45, 1925, col. 201-202. L'autorité de Blass demeurait telle que, rattachés à la Vérité, les nouveaux fragments furent, de ce fait, attribués à « Antiphon le sophiste » par leurs éditeurs (Grenfell et Hunt 30 , p. 92, Diels 16 , col . 84 n. 2a ). Seul Croiset 35 , p . 14-19 , sans conclure d'ailleurs formellement, suggère d'abandonner la distinction entre « l'orateur » et le « sophiste » qu'il avait au contraire soutenue dans 24 , mais déjà mise en doute dans 39 A. Croiset et M. Croiset, Histoire de la littérature grecque, t. IV , Paris 1895 , p . 83-85 . Il observe (p. 18) que la conception de la loi naturelle exprimée dans le premier fragment s'accorde avec la doctrine de Thucydide sur la nécessité historique : il trouve là un argument ( repris dans 39, 3e éd ., Paris 1947 , p. 85 n. 1 ) en faveur de l'identité de « l'orateur » , maître de Thucydide, et du « sophiste », auteur de la Vérité. A l'exception de cette remarque, la position adoptée dans 35 ne dépend pas de l'analyse des nouveaux fragments qui la précède. Diels 16 et Stenzel 17, qui s'en tiennent tous deux à la distinction communément admise entre « l'orateur » et « le sophiste » , n'établissent pas non plus de rapport entre cette question et leur analyse des nouveaux fragments. Diels 16 fut le premier à proposer une reconstruction de la doctrine révélée par les deux premiers fragments (POxy. 1364 ). Il s'agissait à ses yeux, dans une expression radicale, d'une
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théorie du droit naturel qui n'est pas propre à Antiphon ; empruntée à Hippias, elle n'est pas seulement une conception sophistique, mais se rattache à la philosophie rationaliste née en Ionie. Antiphon apparaît ainsi, plus qu'un auteur original, comme un témoin de l’Aufklärung grecque : le radicalisme du fragment B , où se trouve niée la différence entre Grecs et barbares (négation qui impliquerait, comme Diels, le premier, semble le croire, la dénonciation de l'esclavage comme contre nature, qu'on croit lire par ailleurs dans le Messeniacos d'Alci damas ), peut avoir été déjà celui d'Hippias (cf. Platon, Protagoras 337 c 7 - d 3) . Antiphon trouve ainsi sa place sur une trajectoire qui, des philosophies de la nature du VIe s. av . J.-C. , conduit jusqu'à « l'aile gauche des socratiques », cyniques et cyrénaïques, puis aux stoïciens et aux épicuriens. Cette interprétation est la source de Stenzel 17 pour la partie (col. 33-38) qui traite du contenu de la Vérité à la lumière des nouveaux fragments (Stenzel ne paraît connaître que ceux publiés en 1915, dont traite Diels 16). Stenzel trouve superficiel le rapprochement, qui fonde l'interprétation de Diels 16, avec les théories modernes du droit naturel. Plus que le droit natu rel, le thème central de la Vérité, tel que le révèlent les nouveaux fragments, est selon lui l'anti these αλήθεια- δόξα ou la nature est du cote de l'αλήθεια , la loi du cote de la δόξα . La Verite s'attache donc à déterminer le sensexact ( opods óyoc ) de l'« l'utile par nature », soit l'utile véritable. Il s'agit donc d'une doctrine plus morale que politique, d'où résulte une affinité enco re plus accentuée que chez Diels 16 avec la pensée socratique : le lien constitué, chez Antiphon, entre nature, aóyos et vérité éclaire directement la genèse de la pensée socratique. Interprétant la Concorde comme un appel à l'harmonie avec soi-même, donc à la connaissance par l'homme de son désir véritable, Stenzel trouve là aussiune préfiguration de la doctrine socratique : l'idée que le désir vise en réalité le bien, et que nul n'est méchant volontairement. Parallèlement à Diels 16, que la guerre l'empêchait de connaître, 40 E. Barker, Greek Political Theory, Plato and his Predecessors, London 1918, 2e éd. 1947 (= University Paper backs, London /New York 1960, p. 76-79), donna une analyse des deux premiers fragments (POxy . 1364 ). Comme Diels, il rapproche Antiphon des théoriciens modernes du droit naturel (Hobbes), mais voit en lui un pur individualiste, aux yeux duquel le respect des lois peut parfois être avantageux, mais ne constitue jamais une norme du juste. Le cosmopolitisme du fragment B paraît à Barker aller encore plus loin que la contestation des distinctions entre classes sociales ou entre hommes libres et esclaves. Barker est le premier à trouver confirmation dans le papyrus d'une hypothèse avancée par 41 F. Dümmler, Akademika. Beiträge zur Lite raturgeschichte der sokratischen Schulen , Giessen 1889, p. 82-85, en voyant dans Antiphon un témoin de la doctrine naturaliste exposée dans les Lois (888 d - 889 e) de Platon. Antérieurement à Stenzel 17 , E. Bignone avait publié, de 1919 à 1923 , une série d'articles, regroupés, avec quelques additions répondant à la littérature postérieure, dans 37 , chap. I - III. Dans ces articles, Bignone interprétait, à la suite de Diels 16 , les nouveaux fragments comme l'expression d'une doctrine politique, mais il différait de Croiset 35 , Diels 16 et Stenzel 17 , en ce qu'il trouvait dans cette doctrine un nouveau fondement à la distinction du « sophiste » et de « l'orateur ». C'est ainsi à partir des travaux de Bignone que la question de l'identité d'Antiphon s'est transformée en un débat sur le sens de la doctrine exposée dans la Vérité , et singulièrement sur sa signification politique. Selon Bignone, le principe de la doctrine d’Antiphon nous est livré par le fragment B : en opposition avec la définition, qui figure au début du fragment A ( col. I, 6-11 ), de la justice comme observance des lois propres à la cité de chacun, la contestation des différences sociales et l'affirmation de la ressemblance naturelle de tous les hommes ( affirmation dans laquelle Bignone veut, après Diels, entendre celle de leur égalité naturelle ) indiquent l'adhésion de l'auteur à la conception d'une justice naturelle, conception qu'il partagerait avec Hippias ( cf. Xénophon, Mém . IV 4 12) et qui l'opposerait à Protagoras. L'étendue relative, dans les papyri d'Antiphon, du réquisitoire contre la foi ne devrait donc pas faire illusion : cette critique ne trouve pas sa source dans un rejet de toute justice, comme c'est le cas pour un Calliclèsou un Thrasymaque, mais au contraire dans les sentiments humanitaires et démocratiques de son
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auteur. Ce dernier ne saurait donc être confondu avec « l'orateur » , dont nous savons par Thucydide qu'il appartenait au parti oligarchique opposé aux démocrates, et dont l'oeuvre (tetralogies aussi bien que plaidoyers réellement prononcés) manifeste un respect conservateur de la loi. L'opposition politique entre le « sophiste » et « l'orateur » est aussi la raison essentielle mise en avant, mais en un sens tout différent, par S. Luria , dans un ouvrage écrit en 1924 mais resté inédit et dont ne furent publiés, sous forme d'articles, que des extraits, pour distinguer deux individus porteurs du nom d'Antiphon et vivant en même temps à Athènes. Dans 42 « Antiphon der Sophist », Eos 53 , 1963 , 63-67 , Luria réitéra, contre Morrison 20 , sa position, en l'associant à celle de Bignone. Pourtant, à la différence de Bignone, il fait consister le principe de la doctrine d’Antiphon dans l'attaque contre la loi : la définition de la justice qu'on lit au début du fragment A appartient en propre à Antiphon et justifie sa critique systématique de la loi. Le fragment B , que Luria croit lui aussi être une affirmation de l'égalité naturelle de tous les hommes, n'est à ses yeux que le corollaire de la dénonciation des défauts de la loi. Plutôt qu'un démocrate , défenseur d'une loi égalitaire, Antiphon est un anarchiste , développant un individualisme radical, seul conforme à lavérité de la nature, face à laquelle la loi se révèle irrémédiablement contradictoire. Cette interprétation permet à Luria (43 « Studien zur Geschichte der antiken Traumdeutung », BAR , VIe sér., 21 , 1927 , p. 1064-1066 ) de reprendre à son compte l'hypothèse de Dümmler 41. Aux fragments déjà reçus comme appartenant à la Vérité, Luria ajouta un fragment papyrologique supplé mentaire, POxy. III 414, contenant une critique des poètes et de l'art qui, selon lui, faisait suite à la critique de la loi (44 « Ein Gegner Homers » , BAR , VIe sér., 18 , 1924, p. 373-382 ; 45 « Zu P. Oxy. III 414 » , CQ 22, 1928, p. 176-178). Estimant cette interprétation de la Vérité inconciliable avec les fragments transmis par Stobée sous le nom d'Antiphon et rattachés depuis Blass 7 à la Concorde, Luria rattacha ces fragments au Politique , qu'il attribua à « l'orateur » (46 « Eine politische Schrift des Redners Antiphon aus Rhamnus » , Hermes 61 , 1926, p. 343-348). Identifiant l'interprète de rêves mentionné par la Souda avec « le sophiste » (43 , p. 461-466 ), il proposa (47 « Das, was ist, und das, was nicht ist », BPhW 46, 1926, col . 619-620 ; 43 , p . 1060-1072 ; 48 « Bemerkungen zur Geschichte der antiken Traum deutung », CRASR 8 , 1928, p. 175-179) de reconnaître des fragments de son traité De l'interprétation des rêves dans Artémidore, Onirocrit. I 8, p. 17 , 3–18, 5 Pack et IV 2, p . 242,16–244, 13 Pack. L'état de la question, tel qu'il résultait de la publication des papyri et des travaux subséquents, fut dressé par 49 W. Nestle, Vom Mythos zum Logos. Die Selbstentfaltung des griechischen Denkens von Homer bis auf die Sophistik und Sokrates, 2° éd . , Stuttgart 1942 , réimpr. 1975 , p . 371-400 . Avant la Première Guerre mondiale , Nestle penchait pour la position de Joël 2 1 (cf. 50 W. Nestle , « Thukydides und die Sophistik » , JKPh 33 , 1914 , p . 665 n . 2 et p . 678 = 51 id. , Griechische Studien, Stuttgart 1948 , p . 330 n . 17 et p . 363 ) , et c'est la publication des papyri qui le convainquit de revenir à la distinction de « l'orateur » et du « sophiste » . Nestle , cependant, ne retient pas , pour les euvres citées par Hermogène, la répartition admise depuis Sauppe 5 par ceux qui admettent cette distinction ; il en propose une nouvelle, intégrant la totalité des fragments et des titres rapportés à l'un ou à l'autre Antiphon . Au « sophiste » reviennent la Vérité, avec la partie éthique de laquelle se confond l'« art d'écarter la peine » ( Téxvn đaunias) dont parle le Pseudo- Plutarque, et les tétralogies, qui sont les ontopixal téxvai mentionnées comme d'authenticité douteuse par Pollux VI 43 (= B 3 DK ) . A « l'orateur» sont attribués les discours proprement judiciaires, y compris évidemment celui Sur la révolution , composé par l'oligarque pour sa propre défense lors de son procès de 4114.
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Suivant ici les conclusions de Luria 46, c'est à « l'orateur » que Nestle attribue le Politique , les Injures contre Alcibiade , dont parlent Plutarque (Alci biade 3 = 66 Blass) et Athénée XII, 525 b (= 67 Blass) , n'étant qu'une autre désignation du même ouvrage ; mais au lieu de résoudre ainsi le problème posé par les fragments transmis par Stobée, en laissant au « sophiste » une Concorde réduite à peu de chose , Nestle attribue à « l'orateur » également la Concorde, où il voit un ouvrage avant tout politique : le terme d'ouóvoia , à cette époque, a une signification purement politique, son interprétation comme « harmonie avec soi même » étant une innovation socratico -platonicienne ( p. 382 n. 48) ; le titre même de l'ouvrage indique donc une orientation contraire à celle de la Vérité, telle que révélée par les papyri, et les fragments qui contredisent l'individualisme de la Vérité s'expliquent sans difficulté. Nestle laisse pendante la question de savoir si l'interprète de rêves est à identifier avec « le sophiste » ou « l'orateur » ; tout en notant que, d'Antiphon le poète, « les vers qui sont conservés s'intègrent bien dans l'univers de pensée rationnel » du « sophiste » (p . 389 s.) , il pense qu'il s'agit d'un autre Antiphon encore, plus tardif. Nestle lui-même, cependant, note que les tendances prétendument opposées, sur le plan éthique, de « l'orateur » et du « sophiste » se rencontrent toutes deux dans les fragments de Démocrite ; de même, les restes du 25° discours de Lysias (plaidoyer contre une accusation de menées antidémocratiques ) relativisent l'opposition oligarchie -démocratie au nom d'un individualisme proche de celui du « sophiste » , et suggèrent ainsi comment ce dernier pourrait s'approprier jusqu'au thème de l'Ouóvoia. L'éthique de la Vérité n'est donc pas nécessai rement en contradiction avec le reste du matériel transmis sous le nom d'Antiphon : la seule raison décisive de distinguer Antiphon de Rhamnonte, orateur, de l'auteur de la Vérité est le témoignage de Thucydide sur l'orientation politique du premier, inconciliable , selon Nestle, avec le radicalisme du fr. B (p . 399 ). Le traitement par Nestle de l'ensemble des données relatives à Antiphon consacre , par conséquent, la prédominance du critère politique dans la distinction des deux Antiphon . Une autre synthèse des données relatives à Antiphon est proposée par Untersteiner 34, chap . XII -XIII. Untersteiner considère la distinction entre « l'orateur » et « le sophiste » comme définitivement établie depuis Bignone 37. Pour les ouvrages à attribuer au « sophiste » , il adopte la position traditionnelle depuis Sauppe 5. De la pensée d'Antiphon « le sophiste » , Untersteiner propose une reconstruction tributaire de la systématisation qu'il fait subir à l'histoire de la sophistique. Antiphon est présenté comme un penseur s'inspirant de l'éléatisme, et à ce titre adversaire , en priorité, de l'irrationalisme de Gorgias : la critique de Gorgias, écrit Untersteiner, est le point de départ théorique d'Antiphon. Si Antiphon s'oppose à Protagoras, ce n'est que secondairement, en ce que, au lieu de penser la suprématie du vópos , il cherche à réintégrer celui-ci (en tant que loi , convention , artifice et donc art) dans la nature . Bien qu'elle s'écarte ainsi de la tendance, générale depuis Diels 16 , à privilégier les papyri et la portée politique de la pensée d'Antiphon, cette reconstitution s'appuie essentiellement sur les conclusions de Luria 43-45 et 47-48 : l'inspiration générale, en effet, en est fournie par le passage des Lois de Platon dont le contenu est attribué à Antiphon par Dümmler 41 et Luria 43 , et à propos duquel Barker 40 , p . 77 ( cf. p . 75 ) ,
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remarquait déjà que la doctrine du droit naturel s'y trouve réintégrée dans le cadre général d'une conception purement naturaliste et matérialiste de l'univers. L'attribution au « sophiste » d'une telle conception permet à Untersteiner de suivre Luria 43 et 47-48 à propos des deux passages d'Artémidore revendiqués pour Antiphon : avec le passage des Lois de Platon, ils sont rangés sous une rubrique C) Imitazioni dans Untersteiner 33. Enfin , comme Luria 44-45 , Untersteiner attribue à Antiphon POxy. III 414, qu'il édite dans 33 à la suite des Pap. 1364 et 1797. La notation de Diels (POxy . 1364 = 44 A, 44 B ; POxy . 1797 = 44 I- II) est remplacée par la suivante : POxy. 1364 = 44 fr. I A et B ; POxy. 1797 = 44 fr. II ; POxy. 414 = fr. III. Bien que les textes soient présentés dans le même ordre que dans Diels 11, Untersteiner fonde sa reconstitution de la doctrine d’Antiphon sur l'ordre suivant : fr. I A, fr. II, fr. III, fr. I B. Il considère comme vraisemblable ( 34 , chap. XIII n. 127 ) que le fr. I В constitue la fin du livre I de la Vérité, tout en admettant ( 34 , p. 310 = trad. angl. p. 250 ) que le fr. I A forme au contraire le début du traité, ce qui l'oblige à supposer entreles fr. I A et I B une lacune beaucoup plus étendue que ne le pensaient les éditeurs précédents. 52 E.A. Havelock , The Liberal Temper in Greek Politics, New Haven 1957 , chap. X, p . 255-294, Appendice, p. 414-420 , prend le contre -pied de Bignone : toute reconstruction de la doctrine d'Antiphon doit se fonder avant tout sur les fragments papyrologiques découverts en dernier lieu ; les témoignages fournis par la tradition ne peuvent que les compléter éventuellement, non les éclairer. Aucune conclusion ne doit être tirée des titres comme Vérité ou Concorde, qui peuvent être dus à des bibliographes tributaires de philosophies postérieures : la doctrine d’Antiphon ne doit donc pas être comprise comme une théorie de la connaissance, même en rapport avec l'éléatisme, ni comme une recherche de l'harmonie de l'âme, de type platonicien ( d'où rejet des fragments transmis par Stobée, à l'exception de B 49 DK). Mais Havelock se sépare aussi des interprètes qui, depuis Diels 16 , ont privilégié les papyri: Antiphon n'est pas non plus à ses yeux un théoricien politique . Ni métaphysique ni politique , la doctrine d'Antiphon est anthropologique. Sans se prononcer sur l'ordre originel des fragments papyrologiques, Havelock trouve le principe de cette doctrine dans le POxy. 1364 fr. 2 (= 44 B DK , 44 fr. I B Untersteiner), qui affirme l'égalité et la communauté humaines sur une base biologique . Antiphon ne prône ni l'hypocrisie face à la loi , ni un immoralisme, mais une morale individualiste et utilitariste, où l'exercice par chacun de ses fonctions biologiques a pour corol laire la non -agression mutuelle. Cet idéal a pour condition une restriction de l'empire de la loi , les relations personnelles gardant un caractère privé : Antiphon est, selon Havelock , un libéral au sens du XXe siècle. Havelock considère comme totalement improbable l'identification du « sophiste » avec l'oligarque, mais ne donne pas d'autre argument que « ce qui est d'habitude admis aujourd'hui » (p. 414) . L'opposition oligarque/démocrate ne peut plus , en tout cas , lui servir de critère : son « sophiste » est apolitique, et Havelock note que sa méfiance à l'égard de la loi est comprise aujourd'hui autant par les citoyens d'une démocratie que par les sujets d'un État totalitaire . Havelock 52 est un bon exemple de la façon dont l'intérêt pour Antiphon s'est récemment restreint aux seuls fragments de la Vérité révélés par les papyri, et s'est en même temps détourné de la question de l'identité d'Antiphon, considérée comme insoluble (53 A. Lesky, Geschichte der griechischen Literatur, Bern 1957-1958 , trad. angl . A History of Greek Literature, 2e éd. , London 1966 , p . 353-354 ; 54 W.K.C. Guthrie , A History of Greek Philosophy, t . III ,
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p . 286 ; 55 G. Reale , Storia della filosofia antica , t. I , Milano 1976 , p . 267 n. 9) ou de peu d'importance pour l'interprétation (56 C. Moulton , « Antiphon the Sophist, On Truth », TAPHA 103 , 1972 , p . 330 ; 57 J. Barnes, The Pre - Socratic Philosophers, t. II, London 1979 , p . 207 ; 58 M. Nill , Morality and Self -Interest in Protagoras, Antiphon and Democritus, Leiden 1985 , p. 103 n. 2). Les interprétations récentes ont en commun de mettre en doute le radicalisme prêté, de Diels 16 à Havelock 52 , à l'auteur de la Vérité. 59 G.B Kerferd , « The moral and political doctrines of Antiphon the Sophist, a reconsideration » , PCPS 184, 1956 , p . 26-32, pense que les papyri ne contiennent que des vues prises par Antiphon pour objet de sa critique, et non les siennes propres, si ce n'est de façon dérivée. A la différence de Bignone 37, pour qui le pap. 1364 fr. 2 (= DK 87 B 44 , B ) exprime la conception de la justice propre à Antiphon, Kerferd étend à l'ensemble l'hypothèse selon laquelle nous n'aurions connais sance que de l'aspect critique de la pensée d'Antiphon , sans accorder une atten tion spéciale au fr. 2. Dans 60 id ., The Sophistic Movement, Cambridge 1981 , p . 117 , ce sont les figures platoniciennes de Calliclès et de Thrasymaque qui sont chargées d'exprimer la conception sophistique d'une justice naturelle. Cette interprétation aurait pour conséquence de retirer son fondement à l'antinomie entre « le sophiste » et « l'orateur» , puisque nous ne saurions rien des idées politiques du premier. 61 D. Furley, « Antiphon's Case against Justice » dans G.B. Kerferd (édit . ) , The Sophists and their Legacy , coll. « Hermes Einzelschriften » 44, Wiesbaden 1981 , p . 81-91 , a systématisé, en la modifiant, l'interprétation de Kerferd 59 : d'une manière qu'aident à concevoir les para doxes de Zénon sur le mouvement, Antiphon montre l'inconsistance de la notion de justice, sans pour autant en proposer une conception plus saine. La définition de la justice qui figure au début du pap . 1364 fr. 1 peut dès lors être la sienne : à la différence de Calliclès , qui définit une justice naturelle, mais comme Thrasymaque qui s'en tient, pour la rejeter, à une conception commune de la justice , Antiphon réfute la notion même de justice. C. Moulton 56 , p. 329-366, 62 T.J. Saunders , « Antiphon the Sophist on Natural Laws (B 44 DK ) » , PAS 78 , 1978 , p . 215-236 , et M. Nill 58 , chap. III, ont modifié en sens oppo sé la thèse de Kerferd 59. Antiphon oppose bien, comme le pensait Bignone 37, une conception vulgaire de la justice à sa notion véritable parce que naturelle, mais cette opposition n'est pas radicale , soit parce que le principe utilitariste oblige à s'accommoder de la convention quand la transgresser serait domma geable , soit parce que toute loi n'est pas nécessairement au même degré en oppo sition avec la nature et que sont concevables des lois qui soient à la fois naturelles et conventionnelles en tant que sanctionnées par l'adhésion collective . Ces interprétations aboutissent à faire d'Antiphon , non plus un utopiste radical, mais éventuellement « une sorte de fondamentaliste conservateur » (Saunders 62 , p . 230 ) . 63 J.S. Morrison, « Xenophon Memorabilia 1 6 : the Encounters of Socrates and Anti phon » , CR 67 , 1953 , p. 3-6, reprit la discussion sur l'identité d'Antiphon en réponse à une note de 64 E.R. Dodds, The Greeks and the Irrational, Berkeley 1951 , p. 132 n. 100. Dodds avait cru trouver un argument décisif en faveur de la distinction de « l'orateur » et du « sophiste » : le nap ' fuiv mis par Xénophon dans la bouche de Socrate parlant à « Antiphon le sophiste » dénoterait chez ce dernier la qualité d'étranger, alors que l'orateur est sans conteste athénien (comme, d'après la Souda, l'interprète de rêves). Cet argument, réitéré par Dodds, en
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réponse à Morrison 63, dans 65 « The Nationality of Antiphon the Sophist », CR 68 , 1954, p . 94-95, puis dans 66 The ancient concept of progress, Oxford 1973, p. 178 n. 7, avait en réalité déjà été mis en avant par 67 F. Blass, Commentario de Antiphonte sophista lamblichi auctore, Kiel 1889, p. 9. Le fait peut avoir échappé à Dodds parce que la thèse de Blass 67 (l'Anonyme de Jamblique ne serait autre qu'Antiphon ) a été dès longtemps réputée caduque. Morrison 63 , puis 68 id. , « Socrates and Antiphon », CR 69, 1955, p. 8-12, ne fit pas autre chose que développer contre Dodds l'argument déjà produit contre Blass 67 par Joël 21 , p. 639 n. 1 , à savoir que nap ' fuiv est une désignation par Socrate du cercle de ses auditeurs habituels ou disciples, qui ne se confond nullement avec l'ensemble des Athéniens : on ne peut donc en tirer par opposition l'indication qu'Antiphon serait un étranger à Athènes. Par- delà la réfutation de Dodds 64-66 , Morrison 20 défend l'identité de « l'orateur » et du « sophiste » : son argumentation laisse entièrement de côté le contenu des fragments, et ne tient compte que de la façon dont les différents témoins font référence à Antiphon. Il apparaît en particulier qu'aussi bien Galien qu’Aristote citent à la fois l'orateur ou l'oligarque et l'auteur de la Vérité , tout en n'usant pour désigner l'un et l'autre que du simple nom d'Antiphon , ce qui indi que qu'ils ne sont avertis d'aucune distinction entre eux . Ce raisonnement paraît impliquer que l'emploi par Aristote ( ou attribué à Aristote ) des epithetes ο τερατοσκόπος ( Περί ποιητών , fr . 7 Ross ) et ο ποιητής (Rhet. II 6 , 1385 a 10-13 ) indique qu'il s'agit de personnages distincts du précédent. De ce que le Pseudo -Plutarque, parlant d’Antiphon de Rhamnonte, paraît délibérément contredire ce qu'aurait dit Aristote du tepatooxonos , Morrison croit pouvoir conclure qu'il s'agit du même personnage, dont l'épi thète aristotélicienne désignerait l'activité d'interprète de rêves. Morrison ne consacre en revanche aucune discussion à l'épithète o noinths, et ne mentionne même pas son emploi en Rhet. II 6 , paraissant considérer comme allant de soi que le poète n'a rien à voir avec le sophiste et /ou orateur, et que sa mention par le Pseudo - Plutarque doit être traitée comme celle de l'Antiphon mort sous les Trente . Il est de fait que les données biographiques empêchent d'identifier le poète à l'oligarque: seuls, par conséquent, certains tenants de la distinction entre celui-ci et le sophiste ont pu proposer d'identifier le poète au sophiste (69 U. von Wilamowitz -Moellendorff, Platon , t . I, Berlin 1919 , p. 84 n. 1 ; Untersteiner 34 , chap. XII n. 7 ). Une condition de l'identification du sophiste et de l'oligarque est que le poète, au contraire, soit un personnage différent. Parmi les auteurs qui font cette identification , le seul à soutenir que le poète aussi n'est autre que cet unique Antiphon est Joël 21 , p . 649. Il lui faut pour cela mettre en doute l'authenticité du récit par le Pseudo -Plutarque de la mort du poète à Syracuse : le fait que le mot à double sens, cause de sa condamnation, soit attribué par Diogène Laërce ( VI 50) à Diogène, lui paraît montrer que ce récit a été « certainement fabriqué à des fins didactiques » . Indépendant de l'anecdote rapportée par le Pseudo -Plutarque, le témoignage d'Aristote rend cependant historiquement impossible l'identification du poète à l'oligarque, et au sophiste si les deux ne font qu'un. Mais ce témoignage menace aussi la distinction entre le sophiste et le poète : il place en effet ce dernier dans une proximité singulière vis à-vis des premières lignes du pap. 1364 fr. 1 (col. I, 13-23) : la mort qui attend les condamnés les rend indifférents aux usages de la cité et aux regards de spectateurs dont ils n'ont plus à tenir compte comme témoins. Si Joël 21 ne pouvait faire le rapprochement, il est cependant remarquable que ni lui ni
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Morrison 20 , pas plus qu'aucun de ceux qui, à sa suite, ont adopté la thèse de l'identité du sophiste et de l'orateur, ne fassent état du témoignage d'Aristote . 70 J.S. Morrison , « The Truth of Antiphon » , Phronesis 8 , 1963 , p. 35-49, a fondé une reconstruction de l'argument du livre I, au moins, de la Vérité, sur une réinterprétation et une correction apportée au texte de Galien, De med . off., t. XVIII B , p . 656 Kühn (= B1 DK ). Cet argument serait à ranger sous la rubrique d'une critique du langage, les mots manifestant de façon générale une équivocité par rapport à leurs référents réels, i.e. « naturels » , qui incluent les objets des sens mais aussi de la pensée , donc les notions éthiques telles que la justice. La Vérité d'Antiphon participe donc au débat épistémologique sur la rectitude des noms, dont on trouve des échos dans Platon à propos de Protagoras, Prodicos, Euthydème et Hippias, et sur lequel Platon exprime sa propre position dans le Cratyle. Il n'y a pas de raison , dans cette perspective, d'accorder une portée politique précise aux fragments relatifs à la justice, ce qui, conjointement avec la méthode historique de Morrison 20, permet d'éviter la difficulté mise en avant depuis la découverte des papyri, à savoir la contradiction qu'il y aurait entre une politique ultra -oligarchique et le radicalisme démocratique dont ferait preuve la Vérité. C'est cette difficulté que rappelle , contre Morrison 20 , Luria 42. Peut- être pour répondre à cette attaque, Morrison a évolué, dans sa qualification de l'action politique d’Antiphon, vers un compromis : en tant qu'organisateur de la révolution des Quatre Cents, il est qualifié dans 20 , p. 58 , de « leader politique anti- démocratique » , mais dans 71 The Older Sophists, edited by R.K. Sprague, Columbia 1972 , où Morrison a donné une traduction de tout ce qui est attribué à Antiphon comme orateur ou comme sophiste, il déclare qu '« Antiphon se serait probablement considéré lui-même, non comme un anti-démocrate, mais comme un réformateur de la démocratie » (p . 110) , et désigne le régime des Quatre Cents comme une « démocratie modifiée » ( p. 108) , effet possible d'une confu sion entre les éloges décernés par Thucydide à Antiphon d'une part, et d'autre part au régime « modéré » qui succéda aux Quatre Cents ( VIII 97 ), mais auquel Antiphon fit obstacle jusqu'au bout ! 72 H.C. Avery , « One Antiphon or two ? » , Hermes 110, 1982, p . 145-158 , oppose plutôt à Luria 42 le fait que l'emploi de catégories politiques modernes est inapproprié à déduire , d'énoncés d'ordre philosophique, les positions politiques d'un auteur ancien (p . 149 n. 17), et qu'en tout état de cause ni la lettre exacte des fragments de la Vérité, ni leur signification radicalement démocratique ne sont établies. 73 F. Decleva Caizzi ( édit .), Antiphontis Tetralogiae, ed . , transtulit, comm . instruxit F.D.C. , Milano /Varese 1969 ; 74 ead . , « Le fragment 44 DK d'Anti phon et le problème de son auteur : quelques reconsidérations » , dans 'Exanvin Φιλοσοφική Εταιρεια / Greek Philosophical Society ( edit.), “ Η 'Αρχαία Lobiotixń / The Sophistic Movement, Athènes 1984 , p . 96-107, met aussi en avant l'insuffisance des fragments de la Vérité à révéler la pensée de leur auteur, et donc la fragilité des arguments qu'on en tire pour établir une distinction entre « le sophiste » et « l'orateur » . Son interprétation prend à rebours la position traditionnelle de la question : sur le plan méthodologique, elle cherche à pallier l'insuffisance des fragments par une analyse de ce que révèlent, de la pensée de leur auteur, les œuvres oratoires ; d'autre part, bien loin de voir cet auteur animé
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d'un respect conservateur de la loi civile et religieuse, elle discerne dans les tétralogies à la fois une critique de la rhétorique fondée sur le vraisemblable (eixóc ) par opposition à la dúois, et une démonstration de la manière dont on peut argumenter contre toute loi , même religieuse. Reconnaître dans les tétra logies la critique systématique du vópos et l'appel à la púois, qui semblent caractériser aussi la Vérité, n'oblige pas à adopter la position de Nestle 49 , puisque, d'une part, les discours écrits pour être prononcés portent la trace des mêmes idées, et que, d'autre part, il n'y a aucune raison de confondre oligarchie et conservatisme. 75 Ead . , « Ricerche su Antifonte . A proposito di POxy . 1364 fr . 1 » , dans M. Capasso , F. de Martino , P. Rosati ( édit . ), Studi di filosofia preplatonica, Napoli 1985 , p . 191-208 ; 76 ead ., « Il nuovo papiro di Antifonte, POxy LII, 3647 » , dans l'ouvrage collectif Protagora , Antifonte, Posidonio , Aristotele. Saggi su frammenti inediti e nuove testimonianze da papiri, Firenze 1986 , p . 61-69 ; 77 ead. , « Hysteron Proteron : la nature et la loi selon Antiphon et Platon » , RMM 1986, p. 291-310, a entrepris un réexamen des fragments papyrologiques de la Vérité, en intégrant le nouveau fragment publié par 78 M.S. Funghi dans Helen M. Cockle (édit.) , The Oxyrhynchus Papyri, t . LII, London 1984 , n° 3647. Il s'agit d'un fragment de papyrus de même écriture et format que le POxy. 1364, dont la première colonne comporte la fin des lignes interrompues dans POxy . 1364 fr. 2 ( = B 44 B DK) , 2e colonne. Il est de tradition depuis Diels 16 de lire dans ce passage l'expression d'une critique radicale des hiérarchies sociales, pouvant aller jusqu'à contester l'esclavage. Tel qu'il est maintenant complété , le texte évoque , selon F. Decleva Caizzi 76-77, la révérence portée, non pas aux personnes de haute extraction , mais aux vouina, le verbe oéteiv révélant que sont englobés sous ce terme à la fois les lois civiles et les rites et croyances religieux, signe que l'on a affaire à la même démarche que dans les tétralogies. L'auteur ne met donc pas en cause les hiérarchies sociales, mais le fait que Grecs aussi bien que barbares ne respectent, en fait d'institutions, que ce qui leur est proche, et se révèlent donc, dans cette manière d'être, aussi semblables entre eux que dans leur constitution physique. L'auteur n'exprime donc pas une revendication politique égalitaire, mais livre le constat, démystificateur, de l'ethnocentrisme qui est à la base de la distinction Grecs - Barbares. Il manifeste par là un rationalisme dont Decleva Caizzi 74 a déjà indiqué qu'il pouvait avoir des buts idéologiques opposés. L'opposition nature- convention, vérité - opinion, à la lumière de laquelle un penseur ratio naliste est amené à voir l'humanité entière faite de barbares, ne suffit pas à déterminer la façon dont il prend parti dans les combats politiques de sa cité. 79 B. Cassin , « Histoire d'une identité . Les Antiphon » , L'écrit du temps 10 , 1985 , p . 65-77 , reconnaît dans le jugement d'Hermogène sur le style de l ' « autre » Antiphon (De ideis, II, p . 401 , 19 Rabe ), c'est- à -dire celui qui dans la doxographie moderne est devenu « le sophiste » , le jugement aristotélicien sur la sophistique, sagesse « apparente mais non réelle » (Metaph. I 2 , 1004 b 26 ) . Cette condamnation traditionnelle de la sophistique explique la genèse du pro blème de l'identité d'Antiphon, parce qu'elle implique le refus de comprendre la possibilité d'un art du discours capable d'unifier les contradictoires. Cassin 79 propose donc une réinterprétation de la Vérité ( limitée aux seuls fragments publiés dans 30 et 31 = B 44 DK ) à partir de la position sophistique, pour
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laquelle toute réalité consiste dans son dire. On doit dès lors éviter d'accepter prima facie les énoncés qui paraissent privilégier la nature par rapport à la convention, la vérité par rapport à l'opinion, dans une veine éléatique. Ces oppo sitions sont moins reprises de Parménide que retournées contre lui ( suivant un schéma analogue au traitement que fait subir Gorgias, dans le Traité du non -être, à l'opposition de l'être et du non -être ), de sorte qu’Antiphon, comme les autres sophistes, affirme que la réalité n'est que vouos et 866a, face auxquels la púois affirme son autorité en ce qu'elle constitue pour chaque individu le critère de l'usage qu'il peut faire de la convention . Comme Decleva Caizzi 73-77 , Cassin 79 rejoint Avery 72 pour nier la possibilité de tirer de l'analyse des positions théoriques d'Antiphon des conséquences concernant ses opinions poli tiques. 80 Margaret E. Reesor, « The Truth of Antiphon the Sophist » , Apeiron 20 , 1987 , p. 203-218 , essaye à son tour de donner une interprétation des fragments papyrologiques de la Vérité, sans connaître apparemment Funghi 78, ni Decleva Caizzi 76-77. Il y a selon elle dans le papyrus une définition de la justice (ne pas transgresser les lois de la cité où l'on est citoyen, fr. 44 A , col. 1 , 6-11 ) , et quatre descriptions: nuire à quelqu'un alors qu'on n'est pas soi-même victime ( e.g. porter témoignage contre quelqu'un dans une affaire où l'on n'est pas soi-même impliqué); nuire à quelqu'un dont on est soi-même victime (porter plainte contre lui) ; ne nuire à personne même si on est soi-même victime; ne nuire à personne quand on n'est pas soi-même victime. Ces quatre descriptions sont données, explicitement ou implicitement, comme ennemies de la nature, de sorte qu'on ne peut tenir Antiphon pour un utopiste, avocat d'une justice naturelle . Mais , de l'antagonisme posé au début du fragment 44 A entre la loi et la nature , on ne peut conclure non plus à un rejet anarchiste ou immoraliste de la loi: la distinction entre actions avantageuses et désavantageuses ne coïncide pas avec la distinction entre les actions conformes à la nature et celles conformes à la loi ; il peut être avantageux d'obéir à la loi , tout comme la nature comporte des désavantages tels que la maladie et la mort. De ce que , même utiles, les actes conformes à la loi comportent des restrictions de la liberté, et de ce que seuls les actes accomplis sans témoins peuvent être vraiment libres, on ne peut conclure qu'Antiphon est l'avocat d'une liberté absolue, ni savoir pour quel type de société il milite. Tout ce que fait Antiphon est de jeter le doute sur la validité des règles de la vie en société, et sur l'existence de principes moraux identifiables: d’un rapprochement avec l'Hélène de Gorgias , Margaret E. Reesor conclut seulement qu'on est en présence d'un document qui présente tous les caractères de la pensée sophistique, et qu'on n'a donc pas en conséquence à le prendre au sérieux. La thèse, impliquée par ce jugement, sur la nature de la sophistique ne fait l'objet d'aucun examen , pas plus que la difficulté qu'on peut rencontrer dans l'affirmation que c'est seulement dans la solitude que les actions naturelles à l'homme (incluant parler et désirer) peuvent être accomplies librement : quel sens y a-t-il à parler seul? Au terme de son article, Margaret E. Reesor prend d'ailleurs position contre Morrison 70 , en refusant de voir dans la Vérité une théorie du langage, mais considère comme acquise l'identité du « sophiste » et de l'orateur défendue par le même Morrison 20 .
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Éditions Discours et fragments transmis par la tradition : Sauppe 5 , Blass 7 (la réédition par Thalheim en 1914 ne comporte pas les fragments d ' « Antiphon le sophiste » ), Gernet 12 (avec seulement un choix de fragments ; traduction française ). Édition séparée des tétralogies: Decleva Caizzi 73 (traduction italienne ). Fragments d ' « Antiphon le sophiste » , incluant POxy . 1364 et 1797 : Diels 11 , 5e éd. ( 1935 ) et suivantes, par W. Kranz ( traduction allemande de la plus grande partie des fragments, pas des témoignages); incluant en outre POxy. III 414 et, à titre d'imitation, Platon, Lois X , 888 d - 890 d, Isocrate , Aer . 31-35 , Artémidore , Onirocrit . I 8 , p . 17 , 3–18 , 15 Pack ; IV 2 , p. 242 , 16–244 , 13 Pack : Untersteiner 33 ( traduction italienne ). Une nouvelle édition des POxy. 1364 + 3647 et 1797 , par G. Bastianini et F. Decleva Caizzi a été récemment publiée dans le Corpus dei papiri filosofici greci e latini (CPF ), Parte I, vol. I* , Firenze 1989 , p. 176-236 . Traductions seules Les fragments publiés par Diels 11 , 5e éd . , plus POxy. III 414 publié par Untersteiner 33 , ont été traduits en français par 81 J.-P. Dumont, Les sophistes. Fragments et témoignages, Paris 1969, p . 157-188 et 82 Dumont , Présocratiques, p . 1091-1125. La totalité des discours et fragments publiés par Blass 7 et Diels 11 5e éd . a été traduite par Morrison 71 , p. 106-240 . Bibliographie. 83 C.J. Classen, « Bibliographie zur Sophistik » , Elen chos 6 , 1985 ( Antiphon : p. 108-112) = mise à jour de la bibliographie parue dans Sophistik, hrsg. von C.J. Classen , coll. « Wege der Forschung » 187 , Darmstadt 1976 ( Antiphon : p . 678-682) .
Études d'orientation . Bignone 37 ; Aly 28 . Sur la Vérité : Furley 61 , Moulton 56 , Decleva Caizzi 77 . Sur la Concorde : 84 E. Jacoby , De Antiphontis Sophistae nepi Opovoias libro , Berlin 1908 ; 85 W. Altwegg , De Antiphonte qui dicitur Sophista quaestionum particula 1 : De libro nepi Ouovoiaş scripto , Basel 1908 ; 86 J. Mewaldt , « Fundament des Staates » , TBA 5 , 1929 , p. 69 s . Sur le traité De l'interprétation des rêves: Luria 43 , 48 . Sur les tétralogies : 87 F. Solmsen , Antiphonsstudien , Berlin 1931 ; Decleva Caizzi 73. Sur les discours judiciaires : 88 E. Heitsch , Recht und Argumentation in Antiphons 6. Rede, Wiesbaden 1980 ; 89 id . , Antiphon aus Rhamnus , Wiesbaden 1984 . Sur la quadrature du cercle : 90 M. Caveing , La constitution du type mathématique de l'idéalité dans la pensée grecque, Lille 1982 , t. II, chap. III, p . 607-691. MICHEL NARCY.
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DIV
ANTIPHON D'ATHÈNES RE 5 PA 1284
Antiphon est le demi- frère de Platon . C'est en effet le fils de Pyrilampès, l'homme qu'épousa en secondes noces Périctionè, qui avait donné à Ariston, son premier mari, une fille Potonè, celle qui allait devenir la mère de Speusippe, et trois garçons : Platon, Adimante et Glaucon . Voir l'arbre généalogique dans la notice « Adimante » . Antiphon n'est connu que comme agent de transmission du récit qui constitue le Parménide. Vers 450 “, Socrate rencontre Zénon d'Élée et Parménide dans la maison du premier narrateur Pythodore (RE 7 ) . Ce Pythodore, fils d'Isolochos ( Platon , Alcibiade 119 a) , raconta cette entrevue au jeune Antiphon, qui apprit le récit par cæur. Parvenu à l'âge d'homme, Antiphon reçut un jour la visite d'un certain Céphale de Clazomènes ( absent de la RE ), qui lui amenait des philosophes de Clazomènes, intéressés par le récit de l'entrevue. Antiphon accéda à leur demande en leur rapportant les paroles de Pythodore. C'est le récit fait en sa présence par Antiphon, du rapport de Pythodore, que Céphale est censé relater dans le Parménide (sur tout cela, cf. Parm . 126 a – 127 a). A l'époque où il fait ce récit, ce sont les chevaux qui intéressent Antiphon ( Parm . 127 a) plus que la philosophie . Cf. Davies, Athenian propertiedfamilies, n° 8792, VIII. LUC BRISSON .
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ANTISTHÈNE RE 10 PA 1188
ca 445 -après 366
Disciple de Socrate , considéré traditionnellement comme le fondateur du cynisme. Sources biographiques anciennes A. Sources conservées : ( 1 ) Xénophon , Banquet ; ( 2) D.L. VI 1-19 ; ( 3 ) Souda (Hesychius ), s.v. 'AVTODévns, t . I , p . 243, 19-30 Adler. Cette dernière notice confond Antisthène le socratique avec Antisthène de Rhodes. Elle qualifie en effet le philosophe de péripatéticien et elle présente ainsi son ouvre : « Il composa dix tomes ; le premier concerne les mages (npõrov Mayıxóv ). Il y fait un exposé sur Zoroastre, un mage qui a découvert la sagesse. Certains attribuent cet ouvrage à Aristote (cf. D.L. I 8) , d'autres à Rhodon (Bernhardy a proposé de corriger 'Podwvi en 'Podiy , i.e. à Antisthène de Rhodes] ». Les dix tomes en question sont peut-être à identifier avec les Successions de philo sophes citées à plusieurs reprises par Diogène Laërce, dues également à un Antisthène ( faut-il voir dans cet Antisthène le philosophe péripatéticien mentionné par Phlégon , De mirab. 3, ou l'historien de Rhodes du même nom ?) et dont le premier tome devait traiter des mages. B. Sources perdues ( toutes citées par Diogène Laërce ): ( 1 ) Phanias < d'Érèse >, Hepi tõv [wxpatixőv VI 8 = fr. 30 Wehrli. (2) Théopompe < de Chios > VI 14 = FGrHist 115 F 295 . (3) Timon , < Stor > VI 18 = fr. 37 Diels ( PPhF ). ( 4 ) Hermippe < de Smyrne > VI 2 = fr. 34 Wehrli. ( 5 ) Néanthe < de Cyzique > VI 13 = FGrHist 84 F 24. (6 ) Hécaton < de Rhodes >, Xpeiai VI 4 = fr. 21 Gomoll. ( 7) Athénée l'épigrammatiste VI 14 = Anth . Pal. IX 496 . Chronologie. Comme on sait, grâce à D.L. VI 1 , qu'Antisthène s'est distingué à la bataille de Tanagra qui eut lieu en 426 ", on doit dater sa naissance
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ANTISTHÈNE
au plus tard dans les années 450-445. Il eut pour premier maître le rhéteur Gorgias, lequel vint à Athènes en 427 et y resta jusqu'en 425 (DK 82 A 4) . Antisthène s'attacha ensuite à Socrate (D.L. VI 2) . C'est en 422 qu'eut lieu le banquet raconté par Xénophon dans son ouvrage du même nom et rédigé beau coup plus plus tard (en 380) . Antisthène figurait parmi les participants. En 399, il est présent quand meurt Socrate (Platon , Phédon 59 b). Libanios affirme dans son Apologie de Socrate V 23 qu'au moment de la mort de son maître Antisthène était répwv . Autre repère chronologique: la bataille de Leuctres en 371. Après les combats, Antisthène en effet critique l'attitude des Thébains victorieux des Spartiates (Plutarque, Lycurgue 30, 7 ; 58 f - 59 a) . Diodore de Sicile XV 76, 4, enfin , cite Antisthène, aux côtés d'Aristippe, parmi les hommes xatà raidelav äĘioi uvhung d'ol . 103 , 3 (366 "). Il faut donc dater la mort du philosophe après 366. Le Violarium de la Pseudo - Eudocie ( 96 , p. 96 , 6-7 Flach ), auquel on ne peut pas se fier puisqu'il fut en réalité composé au XVI° s., prétend qu'Antisthène mourut à Athènes à 70 ans. S'il est né vers 445 , il faut, comme l'a proposé Mullach (FPG II, 1867 , p . 267 ) , corriger € 68ounxovtoútns en óyonxovtoÚTIS, à moins de considérer, comme 1 Ch. Chappuis, Antisthène, Paris 1854 , p. 177 n. 4 , que la formule d'Eudocie s'applique à un septuagénaire, plutôt qu'à une personne âgée exactement de soixante -dix ans. Données biographiques. Les textes sont rassemblés dans 2 G. Giannan toni, Socraticorum Reliquiae, sect. V A. Antisthène était le fils d'un Athénien du nom d'Antisthène et d'une mère thrace (D.L. II 31 ; VI 1 ; Souda , s.v.; Sénèque, De constantia sapientis 19,1 ; Épiphane, Adv. haereses III 26 ). Plutarque, De exilio 17 , 607 b , présente la mère d’Antisthène comme phrygienne et Clément d'Alexandrie, Strom . I 15 , 66 , 1 le dit phrygien. Il s'agit probablement d'une erreur commise à partir d'un apophtegme rapporté par D.L. VI 1 , selon lequel Antisthène aurait répliqué à qui lui reprochait de n'être pas de sang athénien pur que la Mère des Dieux était bien phrygienne. Platon , dans le Phédon 59 b, cite Antisthène comme faisant partie des énixwpiwv, des gens du pays, autrement dit des Athéniens. Il semble qu'Eustathe, In Iliad. VI 211 , p . 294, 8-11 Van der Valk , en faisant de son père un marchand de salaisons, ait confondu le père d'Antisthène avec celui de Bion de Borysthène (D.L. IV 46 ; voir 3 J.F. Kindstrand , Bion of Borysthenes. A collection of the fragments with introduction and commentary, Uppsala 1976 , p . 177) . Rappelons qu'Antisthène participa en 426 à la bataille de Tanagra (D.L. VI 1 ; cf. Thucydide III 91 ; sur les problèmes que pose l'identification de cette bataille, voir Giannantoni 2 , t. III, p. 181 ) , ce qui contredit l'affirmation de Lucien qui prétend qu'Antisthène, tout comme Diogène, Cratès, Zénon , Platon , Eschine, Aristote, n'a jamais vu une ligne de bataille (Parasite 43 ) . Devant son courage au combat, Socrate aurait dit : « un homme d'un tel courage n'aurait pu naître de père et de mère athéniens >> ( D.L. VI 1 ) , ce qui montre que Socrate , dès 426 , connaissait et appréciait Antisthène. Élève de Gorgias et lui-même sophiste, Antisthène était aussi en relation avec les sophistes Hippias d'Élis et Prodicos de Céos (cf. Xénophon , Banquet IV 62) . Jérôme, Adv . Jovinianum II 14 (PL 33 , col. 304 ), et Gnomol. Vatic. 4 (p. 6 Sternbach ), affirment qu'il enseignait la rhétorique et qu'il avait des disciples lorsqu'il s'attacha à Socrate (voir aussi D.L. VI 2). La découverte de Socrate par Antisthène prit la forme d'une véritable conversion : « Hic certe est Antisthenes,
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qui, cum gloriose docuisset rhetoricam , audissetque Socratem , dixisse fertur ad discipulos suos : “ abite et magistrum quaerite, ego enim reperi” ; statimque venditis quae habebat, et publice distributis, nihil sibi amplius quam palliolum reservavit » (Jérôme, Adv. Jovinianum II.14 ; PL 33 , col. 304 ). Selon D.L. VI 2 , il habitait à cette époque au Pirée et parcourait quotidiennement 40 stades pour aller écouter son maître. « Ce que je prise le plus au monde, disait-il, c'est de passer la journée, dans le loisir, en compagnie de Socrate » (Xénophon, Banquet IV 44 ). A la mort de Socrate, Antisthène est là, aux côtés d'un certain nombre de disciples ( Platon , Phédon 59 b ; Libanios, Apologie de Socrate V 23 ). C'est à lui que reviendrait la responsabilité de l'exil d'Anytos et de la mort de Mélètos (D.L. VI 9-10) , ce qui paraît tout de même bien invraisemblable . Curieusement, Platon , qui devait pourtant bien le connaître, ne cite son nom qu’une fois. On a souvent pensé qu'Antisthène était visé ici et là dans les dialogues, sans que son nom soit mentionné ou éventuellement sous d'autres noms. « Nevertheless the results are in no case certain , and in recent times a more cautious attitude has prevailed » (4 W.K.C. Guthrie , A History of Greek Philosophy, t. III, p . 310 ). Après avoir, en s'appuyant à notre avis sur une source qui rangeait Antisthène parmi les socratiques, évoqué dans la biographie du personnage une période sophistique, puis une période socratique, Diogène Laërce, empruntant à une autre source , distingue une période cynique (VI 2 et 15 ) . Il présente en effet Antisthène comme le fondateur du cynisme (cf. aussi Clément d'Alexandrie, Strom . I 14 , 63 , 4 ; Souda, s.v. ). Le philosophe dispensait son enseignement au gymnase du Cynosarges qui était réservé aux vódoi et où l'on rendait un culte à Héraclès . Selon certains (D.L. VI 13 ), du nom de ce gymnase viendrait l'appellation « cynisme», et Antisthène avait pour surnom ' Anhoxówv (« chien franc » , allusion à la franchise cynique ? « chien au manteau simple » , comme le propose LSJ ? « chien naturel» , c'est - à - dire dont les mœurs ne concèdent rien aux conventions sociales ? ). Voir 5 H. Schulz - Falkenthal, « Kyniker. Zur inhaltlichen Deutung des Namens » , WZHalle 26 , 2, 1977 , p . 41-49. Nous pensons que Diogène Laërce disposait de deux sources de tendances différentes: l'une plaçait Antisthène parmi les socratiques ( cf. I 18 et II 47); l'autre, soucieuse de rattacher les stoïciens à Socrate, présentait Antisthène comme le maître de Diogène, donc comme le fondateur du cynisme, ce qui permettait d'obtenir une succession Socrate , Antisthène, Diogène, Cratès, Zénon ( cf. I 15 et l'ordre qui fait se succéder cyniques et stoïciens dans les livres VI et VII ). Diogène Laërce, à notre avis, aurait amalgamé les deux traditions, mais le Bios sur lequel il se fondait au départ relevait de la première tendance . A la seconde correspondent les deux additions suivantes: δοκεί δε και της ανδρωδεστάτης Στωικής κατάρξαι ( I 14 ) et Ούτος ηγήσατο και της Διογένους απαθείας και της Κράτητος εγκρατείας και της Ζήνωνος καρτερίας , αυτός υποθέμενος τη πόλει τα θεμέλια ( 1 15 ) . La tradition observe une étrange réserve concernant ses disciples d'alors , puisqu'elle mentionne seulement Diogène , prétextant qu'Antisthène aurait repoussé tous les disciples et que seul Diogène, grâce à son entêtement, serait parvenu à se faire admettre du philosophe (D.L. VI 21 ; Élien, V.H. X 16 ; Jérôme , Adv. Jovinianum II 14 ; PL 33 , col . 304 ) . Il faut toutefois noter qu'Aristote, Metaph . VIII 3 , 1043 b 23 , parle des ' AvtoOveiol. Apparem ment, Antisthène aimait fréquenter les lieux où se presse la foule , comme le
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ANTISTHÈNE
feront les cyniques. Une anecdote , empruntée à Hermippe (D.L. VI 2) , le présente à l'assemblée des Jeux Isthmiques. Il mourut de maladie, refusant le suicide qui lui proposait Diogène (D.L. VI 18-19) . Cette biographie d'Antisthène soulève au moins deux problèmes. Tout d'abord, que vaut la distinction rigide de trois périodes nettement définies : sophistique, socratique et cynique, que l'on rencontre chez Diogène Laërce ? Son caractère schématique a suscité la méfiance (voir l'édition de F.D. Caizzi citée plus bas , p . 119 , et celle de Giannantoni 2, t. III, p . 185-211 ) . D'autre part, Antisthène fut-il bien le maître de Diogène et le fondateur du cynisme? Depuis l'Antiquité ( cf. Oenomaos de Gadara, cité par Julien , Disc. IX 8 , 187 c) en fait la question se pose : le cynisme est-il un antisthénisme ou un diogénisme ? Contre la thèse d'une relation maître -disciple entre Antisthène et Diogène, voir les arguments de 5 D.R. Dudley , A History of Cynicism , chap. I, p. 1-16 ; Giannantoni 2, t. III , p . 205-211 . Sur la biographie d'Antisthène, consulter 6 Ad. Müller, De Antisthenis Socratici vita et scriptis, Diss. Marburg 1860, p. 3-24 ; 7 A. Patzer, Antisthenes der Sokratiker . Das literarische Werk und die Philosophie, dargestellt am Katalog der Schriften [ Teildruck ], Diss . Heidelberg 1970, p. 246-255 (sa conclusion : « Der vorsokratische Antisthenes (celui de la période rhétorique] hat nie existiert » ); autres références sur la biographie, p . 248 n. 142. Sur les rapports entre Antisthène et Xénophon , voir : 8 G. Süpfle, « Zur Geschichte der cynischen Secte » , AGPh 4 , 1891 , p. 414-423 , première partie : « Antisthenes Verhältnis zu Xenophon », p. 414-418 . 9 Th . Birt, « Zu Antisthe nes und Xenophon » , RHM 51 , 1896, p. 153-157 ; 10 J. Dahmen , Quaestiones Xenophonteae et Antistheneae, Diss . Marburg 1897 , IV -63 p .; 11 K. von Fritz , « Antisthenes und Sokrates in Xenophons Symposion » , RAM 84 , 1935 , p . 19 45 ; 12 G. Grote , Plato and the other Companions of Socrates, t. III, London 1865 , p. 504-528 ; 13 K. Joël, Der echte und der xenophontische Sokrates, t. I : Berlin 1893 , t. II (en deux parties) : Berlin 1901 ; 14 S.F. Zamlynski , « De ratione inter Xenophontis Convivium et Antisthenem intercedente » , Eos 25 , 1921-1922 , p . 71-85 ; Patzer 7, p. 55-90 ; Sur les relations d'Antisthène et des sophistes, voir : 15 P. Natorp, art. « Antisthenes>> 10, RE I 2 , 1894 , col . 2538-2539; 16 H.J. Lulolfs, De Antisthenis studiis rhetoricis, Diss. Amsterdam 1900 , p 10-37 ; 17 K. Döring , « Antisthenes : Sophist oder Sokratiker ?» , SicGymn 38 , 1985 , p. 229-242. Sur les rapports entre Antisthène et Platon , voir 18 K. Barlen , Antisthenes
und Plato, Gymnasialprogram Neuwied 1881 , p. 1-16 ; 19 K. Urban, Über die Erwähnungen der Philosophie des Antisthenes in den Platonischen Schriften , Gymnasialprogram Königsberg 1882, p. 1-29 ; Natorp 15 , col . 2543-2544 ; 20 M. Guggenheim , « Antisthenes in Platons Politeia » , Philologus 60 , 1901, p . 149-154 ; 21 id ., « Studien zu Platons Idealstaat (Kynismus und Plato nismus) » , JKPh 9 , 1902 , p. 521-539 ; 22 G. Zuccante, « Antistene nei dialoghi di Platone » , RF 19, 1916 , p . 551-581 ; 23 F. Decleva Caizzi , « Antistene » , StudUrb 38 , 1964, p. 48-99. Éditions des témoignages et des fragments. 24 A.G. Winkelmann , Antisthenis fragmenta , Zürich 1842 , 68 p.; 25 F.W.A. Mullach, FPG II 261
ANTISTHÈNE D'ATHÈNES
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293 ( avec traduction latine) ; 26 J. Humblé , Antisthenes' Fragmenten, Thèse (inédite) Gand 1932 ; 27 F. Decleva Caizzi , Antisthenis Fragmenta , coll. « Testi e Documenti per lo studio dell'Antichità » 13 , Milano 1966 , 146 p . Sommaire : Prefazione, 7-9 ; Bibliografia , 11-14 ; Frammenti , 15-74 (classement: I.A Catalogo ; B. Testimonianze sulle opere ; C. Declamazioni; D. Frammenti da opere precisate; E. Frammenti da opere non precisabili; II. A. Notizie biografiche; B. Aneddoti ) ; Note ai frammenti, 75-128 ; Tavola di raffronto dei frammenti, 129-134 (avec les éditions de Winkelmann , Mullach et Humblé ); Indice delle fonti, 135-145 . Cette édition qui compte au total 195 passages apporte , par rapport à ses précédesseurs, 33 textes nouveaux . Elle ne présente pas d'apparat critique. Plusieurs textes indiqués uniquement dans les notes auraient mérité de figurer dans le corpus des témoignages et des fragments. Aujourd'hui, il existe une autre édition de référence , celle de Giannantoni 2. La section V A , consacrée à Antisthène , comprend 208 numéros pouvant regrouper chacun plusieurs passages . Un apparat critique accompagne le texte . Cette édition complète celle de F.D. Caizzi , en apportant une trentaine de textes nouveaux . On notera qu'à plusieurs reprises, Giannantoni présente comme absents de l'édition Caizzi des passages dont la référence se trouvait dans les notes de cette édition. On regrettera d'autre part que divers passages classés sous d'autres rubriques (par exemple les socratiques ou Diogène) et faisant intervenir Antisthène, ne serait -ce que sous la forme d'une simple mention , ne soient pas rappelés dans la section consacrée à Antisthène , ce qui rend leur consultation peu aisée. Notons enfin que cette édition peut à son tour être complétée par quelques nouveaux parallèles et témoignages inconnus de l'auteur, si l'on en juge d'après son index fontium . 1. Nouveaux parallèles aux fragments Fragments CAIZZI GIANNANTONI 195 60 77 99 148 163 167 168
Références
Aristocrite, Théosophie (de Tübingen ) 90, p. 201 , 20-21 Erbse.
109 77 15 116 16 70
Gnomologium Parisinum 151 ; p. 17 Sternbach , Gnomologium Parisinum 260 ; p . 26 Sternbach . Gnomologium Parisinum 34 ; p. 5 Sternbach . Gnomologium Parisinum 191 ; p . 21 Sternbach . Gnomologium Parisinum 17; p. 3 Sternbach . Gnomologium Parisinum 69 ; p . 10 Sternbach . 57 180 Parallèle, où le nom d'Antisthène n'est pas cité , dans Anonymi in artem rhetoricam commentarium III 18 (CAG XXI 2, 1896) , p. 258 , 13-16 Rabe. La référence est seule ment signalée dans la section II S ( consacrée à Bryson , fr . 9 ) . 2. Nouveaux passages faisant mention d'Antisthène (1) (2) (3) ( 4)
Aulu-Gelle, Nuits attiques XVIII 7 , 4 . Libanios, Discours XVIII 157 ; t. II , p. 304, 18 Förster. Id ., Discours I 67 ; t. I, p . 115, 21 Förster. Lucien , Démonax 48 .
250 (5) (6) (7) (8)
ANTISTHÈNE D'ATHÈNES Id., Hermotime 14. Scholie sur Lucien, Icaroménippe, p: 98 , 13 Rabe. Macrobe, Saturnales 17 , 2-3 , p. 27 , 8-13 Willis. Léon le Philosophe, Job, v. 598-601 . Cf: 28 C. Crimi, « Una nuova testimonianza su Antistene ? (Leone il filosofo , “Giobbe" , vv . 598-601 ) » , Orpheus 9 , 1988 , p. 338 343 .
(9) Jean de Salisbury, Policraticus VIII , 10. Voir aussi la notice « Antisthène l'Acadé micien » , Signalons enfin deux lettres d'époque byzantine faisant intervenir un Antisthène qui , dans l'esprit de leur auteur Théophylacte, était peut-être le socratique: Lettre 22 d'Antisthène à Périclès (p . 769 Hercher; p. 13 Zanetto ) et Lettre 28 d'Héraclide à Antisthène (p. 771 Hercher; p. 16 Zanetto ). Éditions séparées. Ajax et Ulysse dans Lulolfs 16 , p . 63-77 , et dans 29 L. Radermacher , Artium Scriptores (Reste der voraristotelischen Rhetorik) , SBAWW 227 , 3. Abh . , Wien 1951 , p . 122-127 . Des fragments d'Aspasie , Héraclès, Cyrus, Alcibiade, sont rassemblés dans 30 H. Dittmar, Aischines von Sphettos. Studien zur Literaturgeschichte der Sokratiker, coll . « Philologische Untersuchungen » 21 , Berlin 1912 , Anhang , p . 299-310 . 31 A. Henrichs, « Zwei Fragmente über die Erziehung ( Antisthenes) » ZPE 1 , 1967 , p . 45-53 (PKöln 66) . Le fr. 192 Caizzi (= fr. 175 Giannantoni ) a été récemment édité , traduit et commenté par 32 I. Gallo, Frammenti biografici da Papiri, t . II : La biografia dei filosofi, coll . « Testi e commenti » 6 , Roma 1980, $ II.3 : « Chrie di Socrate e Antistene (PFlor. 113 , II 19-38 ) » , p . 227 235 , avec photographie du papyrus : Tavola X et Bibliographie , p . 450-451 . Ces textes papyrologiques viennent d'être réédités par 33 F. Decleva Caizzi et G. Bastianini , dans le Corpus dei papiri filosofici greci e latini, Parte I : Autori noti, vol . I * , Firenze 1989 , p. 237 s . Traductions. Latine dans Mullach 25. De nombreux textes sont traduits en allemand dans 34 W. Nestle , Die Sokratiker . Deutsch in Auswahl mit Einleitungen , t. II , Iena 1923 , p . 79-98 , et commentés, p . 281-283 . Bibliographies détaillées . Decleva Caizzi 27 , p . 11-14 ; Patzer 7 , p . 256-270 ; 35 A. Patzer, Bibliographia Socratica. Die wissenschaftliche Literatur über Sokrates von den Anfängen bis auf die neueste Zeit in systematisch -chronologischer Anordnung, Freiburg/München 1985 , p . 75-76 ( nºs 272-282) et p . 255-260 (nºs 1792-1849) . Études d'orientation. L'ensemble des textes est commenté par Giannan toni 2 , dans les notes 21 à 40 du t . III de son édition , p . 177-370. On pourra consulter Natorp 15 , col . 2538-2545 ; 36 F. Dümmler, Antisthenica , Diss . Berlin 1882 , repris dans ses Kleine Schriften , t. I , Leipzig 1901 , p . 10-78 ; 37 id. , Akademika. Beiträge zur Litteraturgeschichte der sokratischen Schu len , Giessen 1889 , p . 1-18 ; 52-68 ; 188-268 ; 38 E. Zeller, Die Philosophie der Griechen in ihrer geschichtlichen Entwicklung dargestellt, 5e éd. , Leipzig 1922 , t . II 1 , p . 280-336 ; 39 F. Überweg et K. Prächter, Die Philosophie des Altertums , 12° éd . , Berlin 1926 , p . 160-168 ; 40 J. Geffcken , Griechische Literaturgeschichte , Heidelberg 1934 , t . II , p . 28-32 ; Dudley 5 , p . 1-16 ; Decleva Caizzi 27 , p . 77-128 ; Patzer 7 ; 41 J. Humbert, Socrate et les petits socratiques, Paris 1967 , p . 231-250 ; 42 H.D. Rankin , Sophists, Socratics and Cynics, London 1983 , 263 p . ( sur Antisthène : p . 219-228 ) ; 43 id. , « Absolute
ANTISTHÈNE dog . The life and thought of Antisthenes » , PCA
251 82 , 1985 , p . 17-18 ;
44 A. Brancacci, «La théologie d'Antisthène », Philosophia 15-16, 1985 1986, p . 218-230 ; 45 H.D. Rankin , Antisthenes Sokratikos, Amsterdam 1986, 215 p .; 46 G. Focardi, « Antistene declamatore . L'Aiace e l'Ulisse alle origini della retorica greca » , Sileno 13 , 1987, p . 141-173 . Sur la logique d'Antisthène, voir 47 F. Dümmler, « De Antisthenis Logica », dans Kleine Schriften , hrsg . von O. Kern , t. I , Leipzig 1901 , p . 1-9 ; 48 G.M. Gillespie, « The logic of Antisthenes » , AGPh 19 , 1913 , p. 479-500 ; 17 , 1914, p. 17-38 ; 49 K. von Fritz , « Zur antisthenischen Erkenntnistheorie und Logik » , Hermes 62, 1927, p . 453-484 ; 50 A.J. Festugière, « Antisthenica » RSPT 21, 1932 , p . 345-376 , repris dans ses Études de philosophie grecque, Paris 1971 , p. 283-314 ; 51 G.M.A. Grube, « Antisthenes was no logician », TAPHA 81 , 1950, p . 16-27 ; 52 H.D. Rankin , « Antisthenes a " Near logician " ?» , AC 39 , 1970 , p . 522-527 ; 53 id ., « Irony and Logic : the avtiéyev Paradox and Antisthenes' Purpose », AC 43 , 1974 , p . 316-320 ; 54 " Centre de recherche philologique de Lille III ” , « Antisthène. Sophistique et cynisme» , dans B. Cassin ( édit.), Positions de la sophistique, Paris 1986 , p. 117-147 ; 55 V. Celluprica, « Antistene : logico o sofista » , Elenchos 8 , 1987 , p. 285-328 . Les écrits d'Antisthène. D.L. VI 15-18 cite un catalogue dans lequel les ouvrages d'Antisthène sont répartis en 10 TOULOi contenant plus de 60 titres. Le texte , la datation, l'origine, la structure et les titres de ce catalogue sont étudiés avec minutie par Patzer 7, p . 107-163, de même que tous les témoignages anciens sur les œuvres d'Antisthène. Il analyse également en détail (p . 163-246) les ouvrages rhétoriques contenus dans le premier « tome » . (La table des matières du livre de Patzer laisse supposer que dans la thèse complète prenait place une étude similaire des titres des neuf autres tomes). Patzer dégage du catalogue de Diogène Laërce la structure suivante :
γνήσια Thema Rhetorisch Ethisch /Politisch
Τόμος I II, III, IV , V VI, VII VIII, IX
Dialektisch / Ontologisch Poetologisch
αμφισβητούμενα Ethisch /Politisch
X
Giannantoni 2, t . III, p . 213-323 , fait une mise au point détaillée sur les écrits d'Antisthène qu'il examine titre par titre. Catalogue de Diogène Laërce tel qu'édité par Patzer 7 , p . 111-117 . La source de Diogène Laërce est probablement un stoïcien du II ou du Iets. av . J.-C. Un certain nombre de témoignages, dont plusieurs viennent d'Hérodicus, cité par Athénée , sont rassemblés dans Caizzi 27 , p . 29-37 , et dans Patzer 7. Sur Hérodicus, voir 56 I. Düring, Herodicus the Cratetean, Stockholm 1941 , 172 p.
ANTISTHÈNE
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( 8) ( 9) ( 10) ( 11 ) ( 12 )
Tome 1 : Περί λέξεως ή περί χαρακτήρων , Αίας ή Αίαντος λόγος , Οδυσσεύς ή [περί ] Οδυσσέως λόγος » , Ορέστου απολογία , Περί των δικογράφων , Ισογράφη < s > και Δεσίας ή Ισοκράτης , Προς τον Ισοκράτους 'Αμάρτυρον. Tome II : Περί ζώων φύσεως , Περί παιδοποιίας ή περί γάμου ερωτικός, Περί των σοφιστών φυσιογνωμονικός, Περί δικαιοσύνης και άνδρείας προτρεπτικός πρώτος δεύτερος τρίτος , Περί Θεόγνιδος δ ' ε'.
( 13 ) ( 14 ) ( 15 ) ( 16 ) (17) ( 18 ) ( 19 )
Περί αγαθού , Περί ανδρείας , Περί νόμου ή περί πολιτείας , Περί νόμου ή περί καλού και δικαίου, Περί ελευθερίας και δουλείας , Περί πίστεως ή περί επιτρόπου και περί του πείθεσθαι , Περί νίκης οικονομικός .
(1) (2) (3) ( 4) ( 5) (6) ( 7)
Tome III :
Tome IV : (20) (21)
Κύρος , Ηρακλής και μείζων ή περί ισχύος . Tome V :
(22 ) Κύρος και περί βασιλείας , ( 23 ) 'Ασπασία . Tome VI : ( 24 ) 'Αλήθεια , ( 25) Περί του διαλέγεσθαι αντιλογικός , ((26) Σάθων < i > περί του αντιλέγειν α' β' γ', (27) Περί διαλέκτου. Tome VII : ( 28 ) ( 29) ( 30 ) ( 31 ) ( 32 ) ( 33 ) (34 ) ( 35 ) ( 36 ) (37) ( 38 ) ( 39) ( 40 )
Ε
Περί παιδείας και περί ονομάτων α' β' γ' δ' ε', [ Περί του αποθανείν], ( cf. 34 ) [ Περί ζωής και θανάτου) , (cf. 35 ) Περί ονομάτων χρήσεως [6 ] εριστικός , Περί έρωτήσεως και αποκρίσεως, Περί δόξης και επιστήμης α' β' γ' δ ', Περί του αποθανείν , Περί ζωής και θανάτου , Περί των εν άδου , Περί φύσεως α' β' Ερώτημα περί φύσεως α', ερώτημα περί φύσεως β', Δόξαι η εριστικός , Περί του μανθάνειν προβλήματα .
ANTISTHÈNE
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Tome VII : (41) ( 42 ) (43 ) ( 44 ) ( 45 ) (46) (47 )
Περί μουσικής , Περί εξηγητών , Περί Ομήρου, Περί αδικίας και ασεβείας , Περί Κάλχαντος , Περί κατασκόπου, Περί ηδονής . Tome IX :
( 48 ) ( 49 ) ( 50 ) ( 51) ( 52 ) ( 53 ) (54 ) ( 55 ) ( 56) (57 ) (58 )
Περί Όδυσσείας, Περί της ράβδου, 'Αθηνά και περί Τηλεμάχου, Περί Ελένης και Πηνελόπης , Περί Πρωτέως , Κύκλωψ ή περί Όδυσσέως , Περί οίνου χρήσεως ή περί μέθης και περί του Κύκλωπος , Περί Κίρκης , Περί 'Αμφιαράου, Περί [του ] Όδυσσέως και Πηνελόπης , Περί του χυνός . Tome X :
( 59 ) ( 60) ( 61 ) ( 62 ) (63 ) ( 64) ( 65 )
Ηρακλής και Μίδας , Ηρακλής ή περί φρονήσεως και ισχύος , Κύριος ή ερώμενος , Κύριος η κατάσκοποι, Μενέξενος και περί του άρχειν , 'Αλκιβιάδης, 'Αρχέλαος ή περί βασιλείας .
57 F. Susemihl, « Der Idealstaat des Antisthenes und die Dialoge Archelaos, Kyros und Herakles» , JKPh 135 , 1887 , p. 207-214, et plusieurs savants jusqu'à Patzer, s'appuyent sur D.L. II 61 pour mettre en cause l'authenticité des écrits du tome X. Giannantoni 2 , t. III, p . 215 , interprète différemment le passage et admet l'authenticité des écrits de ce dernier tome.
MARIE -ODILE GOULET -CAZÉ.
Iconographie . La tradition littéraire ne mentionne pas de portraits d'Antisthène . Mais l'existence d'un original grec d'époque hellénistique, que laissaient supposer la grande réputation du philosophe et la trouvaille de répli ques d'identification assurée, vient d'être confirmée par la découverte d'une base de statue à Ostie, inscrite « Antisthène le philosophe, euvre de Phyromachos : voir F. Zevi, RPAA 42, 1970 , p. 110, et fig. 20. Phyromachos l'Athénien serait donc l'auteur de cet original, lui dont l'activité, dans le style du baroque pergaménien , se situerait au Dir selon Pline XXXIV 84. Mais cette date a toujours été très discutée ; si J. Marcadé, dans son Recueil des signatures de sculpteurs grecs , t. II, Paris 1957, p. 102, l'accepte sur des indices paléographiques, le milieu du II° s . av. J.-C. serait préférable selon B. Andreae, dans son analyse fondée sur des criteres stylistiques : « ΑΝΤΙΣΘΕΝΗΣ ΦΙΛΟΣΟΦΟΣ ΦΥΡΟΜΑΧΟΣ ENOIEI », dans Eikones. Studien zum griechischen und römischen Bildnis.
254
ANTISTHÈNE DE RHODES
Bildnis. Mélanges H. Jucker, coll. « Ant. Kunst » 12, Basel 1980 , p. 40-48. Quoi qu'il en soit, ce portrait initial n'a pu être fait du vivant d'Antisthène. La liste des répliques, en tête desquelles il faut placer l'hermès de marbre inscrit au nom d'Antisthène et aujourd'hui conservé aux Musées du Vatican ( fig. 2), a été dressée par G. Richter, Portraits, t. II, p . 179-181 , fig. 1037-1056 , et Supplement, p . 7. Aux 9 portraits en pierre elle ajoute une grande statuette de terre cuite d'un personnage drapé assis sur un trône, dont l'expression correspond bien à celle, très caractéristique, d'Antisthène. Il faut ajouter à cette liste l'hermès du Musée de Malibu ( voir J. Frel, Greek Portraits Getty Museum , n ° 45 : hermès double avec un poète , ce qui est une association rare ), ainsi qu'un buste trouvé à Pergame, Altertümer von Pergamon XI 4, p. 103, n° S 24, pl. 44 . Dans quelle mesure ce portrait, exécuté bien après la mort du philosophe, peut-il correspondre à la réalité, et n'a - t- il pas plutôt été inspiré par la seule réputation du personnage, qui se voulait endurant jusqu'à l'insensibilité ? Alors que l'on s'accorde à voir dans le portrait d'Antisthène une pièce majeure, les avis des spécialistes divergent sur ce point. L'image répond bien , en tout cas , à ce qu'on attend du premier cynique, avec son allure négligée, sa chevelure hirsute et sa mine sévère, tel que nous le décrit Diogène Laërce VI. Dans cette tête pathé tique, les petits yeux enfoncés sous les sourcils froncés et les durs sillons du front disparaissent presque sous une pilosité abondante, la moustache et la barbe fournies ne laissent plus voir la bouche ; seul un manteau couvre parfois les épaules, puisque l'homme ne portait pas de chiton . MARIE -CHRISTINE HELLMANN . 212
A [ NTIJSTHÈN [ E Élève présumé de Xénocrate dont le nom a été restitué par Mekler dans l'Ind . Acad . Herc., col. IV , 12 ( p. 45 Mekler) sur la base d'une disposition erronée d'un fragment superposé : cf. W. Crönert, Hermes 38, 1903, p. 381 . TIZIANO DORANDI.
213
ANTISTHÈNE cf. RE 9
DIT
« Philosophe péripatéticien », cité par Phlégon, De mirabil. 3 (FGrHist 508 F2 = 257 F 36). On l'identifie habituellement à l'historien Antisthène de Rhodes et à Antisthène, l'auteur des Successions des philosophes. RICHARD GOULET.
214
ANTISTHÈNE ( DE RHODES ?) cf. RE 9
III - II * ?
Diogène Laërce cite à treize reprises les Doobowv & iadoyai ( parfois dési gnées uniquement sous le titre Aiadoxal) d'un certain Antisthène. Ces divers passages concement les vies de Thalès, Socrate, Théodore de Cyrène, Ménédème d'Érétrie, Diogène de Sinope, Cratès, Cleanthe, Héraclite, Zénon d'Élée , Démocrite et Diogène d'Apollonie. Nouvelle édition critique des fragments, avec traduction italienne et commentaire par 1 R. Giannattasio Andria , « I frammenti delle AIAAOXAI di Antistene di Rodi» , dans I. Gallo ( édit.), Miscellanea filologica, Salemo 1986 ,
ANTISTHENE L'ACADÉMICIEN
255
p. 111-155 . Selon cet éditeur, Antisthène devrait être daté du III ° s. av . J.-C. et de la première moitié du Irº. Les textes avaient déjà été édités par Jacoby comme fragments d'Antisthène de Rhodes ( FGrHist 508 F 3-15), un historien du tout début du II s . av . J.-C. connu par Polybe (XVI 14-15 = T 1 ), mais aussi par Diogène Laërce (VI 19 (homo nymes d'Antisthène) = T 2) qui ne paraît pas le mettre en rapport avec l'auteur qu'il cite par ailleurs à plusieurs reprises. J. Mejer, Diogenes Laertius and his Hellenistic background, coll . « Hermes -Einzelschriften »> 40 , Wiesbaden 1978, p. 63-64, refuse d'ailleurs cette identification (« he is hardly identical with the historian Antisthenes » ) et il le date , avec Jan Janda, « D'Antisthène, auteur des Successions des philosophes », LF 89, 1966 , p . 341-364, de la fin du ret s. av . J.-C. R. Giannattasio Andria est favorable à l'identification. L'identification , également retenue par Schwartz (RE 9 ) et Jacoby , avec « Antisthène, le philosophe péripatéticien », mentionné par Phlégon , De mirabil. 3 (FGrHist 508 T 3 = 257 F 36 ), se recommande de l'intérêt porté par les péripatéticiens à la tradition biographique, mais ne dépasse pas le stade de la simple possibilité . Jacoby signale encore, à Rhodes, le prêtre d'Hélios 'AvTiodévns 'Apxitipov (IG XII 1 , n° 63 , début IT“ ). Sur la place d'Antisthène dans la constellation des sources de Diogène Laërce , voir les hypothèses aventureuses de W. Crönert, Kolotes und Menedemos, p . 133-140 : « Sätze zur Quellenkunde des Diogenes » . RICHARD GOULET. 215
ANTISTHÈNE RE 8
MII
Philosophe platonicien , ami de Galien à Rome, dédicataire de deux ouvrages d'introduction (eloaywyıxá ) à la médecine composés lors du premier séjour du médecin à Rome (vers 162-166 ). Ces ouvrages écrits à la demande d'Antisthène n'étaient pas à l'origine destinés à la publication. Galien qui n'en avait pas conservé de copie ne les retrouva qu'à son retour à Rome ( Ilepi tõv idiwv B16Aíwv, 1 , p . 94 , 10-16 Müller, où le nom d'Antisthène n'est pas mentionné). Ces deux traités sont le Περί φλεβών και αρτηριών ανατομής (t . I , p. 779-830 Kühn ) et le lepi veúpwv ávatouñs (t. II, p . 831-856 Kühn ). RICHARD GOULET. 216
I
ANTISTHÈNE DE PAROS
Philostrate (V. Apol. IV 12) raconte qu'Antisthène de Paros, descendant de Priam , fut le disciple d'Apollonius de Tyane sept jours seulement. En effet, le sage le renvoya après qu'une apparition d'Achille le lui eut demandé. Le passage est relevé par Eusébe de Césarée, Contra Hieroclem 29. PATRICK ROBIANO . 217
ANTISTHÈNE L'ACADÉMICIEN Jean de Salisbury ( ca 1115-1180) consacre dans son Entheticus maior de dogmate philosophorum , sect. II 75 , v. 1139-1157 , après une mention d’Arcé silas, quelques vers à ce philosophe. Jean de Salisbury connaissait Antisthène comme disciple de Socrate (Policraticus V 17, 582 b, t. I, p. 359, 2-12 Webb ) et
256
ANTISTHÈNE L'HÉRACLITÉEN
maître de Diogène ( ibid ., VII 10, 746 c, t. II, p. 290 , 8-11 Webb ), mais les vues probabilistes qui lui sont prêtées dans ces vers en tant qu'académicien sont plutôt celles de Carneade ( également mentionné dans le Policraticus VII 13,668 C , t. II, p. 149, 11-13 Webb), ainsique l'a suggéré,C.Schaarschmidt, Johannes Saresbe riensis nach Leben und Studien , Schriften und Philosophie, Leipzig 1862, p . 205. Voir J. van Laarhoven ( édit .), John of Salisbury's Entheticus maior et minor, coll. « Studien und Texte zur Geistesgeschichte des Mittelalters » 17 , Leiden 1987 , t. I, p. 178-181 ( texte et traduction ), t . II, p. 357-359 ( commentaire ). Les strophes précédentes mentionnent, entre Platon et Arcesilas, un certain Endymion également inconnu . Pour les références au Policraticus, voir l'édition de C.C.I. Webb ( édit.), Ioannis Saresbe riensis Episcopi Carnotensis Policratici sive De Nugis Curialium et vestigiis Philosophorum libri VIII, recognovit et prolegomenis, apparatu critico, commentario , indicibus instruxit C.C.I.W., 2 vol., Oxford 1909, L-368 p. et VIII -511 p . RICHARD GOULET. 218
ANTISTHÈNE L'HÉRACLITÉEN RE 7
IV ?
Parmi les homonymes d'Antisthène d'Athènes, D.L. VI 19 mentionne un « Héraclitéen » que l'on peut sans doute identifier avec l'exégète d'Héraclite signalé en IX 15, parmi d'autres « héraclistes » et avant Héraclide le Pontique, Cléanthe et Sphairos (bien que dans ce passage Diogène et son éditeur, H.S. Long, aient probablement songé à Antisthène d'Athènes). DK 66 ajoute à D.L. VI 19 deux références à des « héraclitisants » ( Ps.-Aristote, Probl. XXIII 30, p. 934 b 33 ) ou des hetairoi d'Héraclite ( Platon, Théétète 179 d). RICHARD GOULET. ANTISTIUS + LABEO (ANTISTIUS - ) 219
ANTITHÉOS
m. ca 352
Disciple de Platon ( omis dans RE ). D'après le fr. 86 d'Élien (p . 228-229 Hercher, t. II, Leipzig 1866 ; réimpr. Graz 1971 ) , conservé par la Souda, s.v. Katapxos o MovTIKOS, K 1714 , t . III, p. 126-127 Adler), Antithéos et Léonidès ont participé, avec Chion d'Héraclée , à la conspiration qui aboutit, en 353/2, à l'assassinat de Cléarque, disciple de Platon et d'Isocrate, mort à 58 ans après avoir été douze ans tyran d'Héraclée du Pont. Certaines sources (voir les testimonia rassemblés et comparés par 1 I. Düring, Chion of Heraclea. A Novel in Letters, edited with Introduction and Commen tary, coll. « Acta Universitatis Gotoburgensis » LVII 5 , Göteborg 1951 , p. 9-13 ) nomment, comme autres conjurés, Euxénon et Léon . Selon Memnon , historien d'Héraclée, livre IX (Photius, Bibl. cod. 224 ; t. IV , p . 49-50 Henry ; FGrHist III B , n° 434 , p. 337-338 , avec commentaire, p . 267-272), presque tous les tyran nicides furent soit tués aussitôt par les gardes du corps de Cléarque, soit arrêtés, durement châtiés et mis à mort un peu plus tard ; Antithéos mourut donc probablement en 353/2 ou peu après. Memnon doit avoir utilisé , pour l'histoire de cette période, les oeuvres de Théopompe et de Nymphis d'Héraclée : voir 2 R. Laqueur, art. « Lokalchronik » , RE XIII 1 , 1926 , col. 1098-1102, et Düring 1 ; Élien peut avoir puisé à la même source.
ANTONINUS
257
Léonidès et Antithéos, comme Chion, sont, selon Élien , des philosophes; Trogue-Pompée, dans l'Épitomé de Justin 16, 5 , 12-13 , présente Chion et Léonidès comme duo nobilissimi iuuenes ... discipuli Platonis philosophi; Chion est dit, chez Élien, étaipoç Mátwvos ; Antithéos devait donc être aussi un disciple de Platon . SIMONE FOLLET. 220
ANTONINUS RE 14
M III ?
Disciple d'Ammonius dit Saccas. Après avoir rapporté les opinions d'Aristandros, Numénius, Sévère, Plutar que, Atticus et Plotin sur l'Âme ( du monde ), Proclus présente une autre opinion : « D'autres, montant plus haut, posent deux Intellects avant l'Ame, l'un contenant les Formes des touts, l'autre celles des êtres particuliers, et disent que l'Ame est intermédiaire entre ces deux , en tant qu'existant à partir de ces deux » . Il enchaîne : « Ainsi parle Théodore d’Asiné ( test. 19 Deuse ), ayant trouvé cette opinion chez Porphyre comme venant de la Perse : c'est du moins ce que rapporte Antoninus le disciple d'Ammonius » (Proclus, In Tim . II, p. 154, 4-9 Diehl; t. III, p . 196 Festugière ). Sur ce passage , voir 1 W. Deuse ( édit.), Theodoros von Asine. Sammlung der Testimonien und Kommentar , coll. « Palingenesia » 6, Wiesbaden 1973 , p . 119-120 . Sans doute faut- il comprendre que Théodore rapportait une opinion que Porphyre disait tenir d'Antoninus concernant la conception perse de l'Ame. L'intérêt porté à la philosophie des Perses par un disciple d'Ammonius Saccas rejoindrait ce que dit Porphyre du voyage de Plotin en Orient (V. Plot . 3 , 15-19) . 2 W. Theiler, « Ammonios der Lehrer des Origenes », dans ses Forschungen zum Neuplatonismus, coll . « Quellen und Studien zur Geschichte der Philosophie » 10 , Berlin 1966, p. 22 n . 34 , suppose qu'Antoninus rapprochait les deux intellects du fragment d'Oromazdès et d'Ariman ( cf. Deuse 1 , p. 120 n. 207 ). Ce philosophe est également mentionné chez Syrianus, In Metaph ., p. 105 , 29 Kroll. RICHARD GOULET. 221
ANTONINUS RE 15 PLREI: 7
né av . 350, mort av . 392
Un des trois fils du couple de philosophes Eustathe de Cappadoce et Sosipatra. Notre seule source de renseignement est le récit d'Eunape de Sardes ( V. soph. VI 10, 6–11, 12 ; p . 37 , 7–40, 19 Giangrande ). Après la mort d'Eustathe , survenue cinq ans après leur mariage (p . 32, 23 ), Sosipatra serait venue enseigner à Pergame près d'Aidésius et ce dernier se serait chargé de la formation ( p. 33 , 9-17) de ses trois enfants (p. 32, 18 ; p . 35 , 24) . Eunape laisse entendre que de ces trois enfants , seul Antoninus était digne de ses parents ( p. 35 , 24–36 , 1 ; p . 37 , 5-8) . Antoninus s'installa ( comme catoque ?) dans un temple (de Sérapis) à Canope, près d'Alexandrie en Égypte (p . 36, 1-2 ; p . 37 , 9-11 ) . Sur les “ catoques” des temples égyptiens, cf. K. Sethe, « Sarapis und die sogenannten xátoxoi des Sarapis. Zwei Probleme der griechisch -aegyptischen Religionsgeschichte », AGWG XIX 5 , 1913 , IV - 100 p. Tout en se consacrant aux rites observés dans ce sanctuaire ( p. 36 , 1-2) et en menant une vie ascétique qui visait la syngeneia avec
258
ANTONIUS (M.- )
Dieu (p. 37 , 12-15 ), il y enseignait la sagesse platonicienne (p. 38 , 4) à toute une jeunesse qui vivait avec lui dans le temple ( p. 36, 4-6) ou venait d'Alexandrie pour l'entendre (p . 37 , 20–38, 2) . Il refusait cependant de s'exprimer sur les questions « plus divines » (p. 38 , 4-9) et: « il ne laissait voir aucune activité théurgique ou anormale, peut-être parce qu'il soupçonnait que les tendances impériales se portaient en d'autres directions » ( p. 37, 16-18 ). Il prédit la destruction après sa mort des temples d'Alexandrie et de Canope ( p. 36 , 7-11 ; p . 38 , 10-11 ; p . 40, 7-8 et 18-19 ), prophétie connue d'Augustin (De divinatione daemonum I 1 ; VI 11 , éd. J. Zycha , CSEL 41 , 1900, p. 599 , 10-16 et p . 610, 15-611, 2 ) et dont Eunape raconte la réalisation sous Théodose ( p. 38 , 10-40, 8 ) : pillage et destruction du Sérapéion d'Alexandrie ( 391 ) et des autres temples d'Alexandrie et de Canope par Théophile et ses moines (p. 38 , 17-18), transformation de l'édifice en église chrétienne consacrée à des martyrs ( p. 39 , 23-40, 5 ) . Antoninus mourut âgé après une vie que n'affecta aucune maladie ( p. 40, 17 18 ) . Les passages d’Eunape sont cités et traduits dans A. Bernand, Le Delta égyptien d'après les textes grecs, t. I : Les confins libyques, coll. MIDEO 91 , Le Caire 1970 , p . 202-203 . RICHARD GOULET. 222
II
ANTONIUS RE 9 PIR ? A 798
A. Epicurien, auteur d'un ouvrage Περί της επί τοις ιδίοις πάθεσιν ÉPE & peiac dirigé contre Galien ( 129-199). Ce livre amena Galien à écrire son traite Περί των ιδίων εκάστω παθών και αμαρτημάτων της διαγνώσεως β’ (edite par Marquardt en 1884) qui avait préalablement fait l'objet d'un exposé oral. B. Le Tepl opuyuõv (t . XIX , p . 629 Kühn ) est dédié rpos ’ AvtávioV pilopaoñ xal quboooov. Il s'agit sans doute du même personnage. RICHARD GOULET.
223
ANTONIUS ( M.-) RE 28
143-87a
Orateur romain , consul en 994. Études. E. Klebs, RE 1 2 , 1894, col . 2590-2594 ; U.W. Scholz, Der Redner M. Antonius, Diss . Erlangen 1963 , 189 p . (vie , discours, conceptions rhéto riques); G.V. Sumner, The Orators in Cicero's Brutus : Prosopography and Chronology , coll . « Phoenix - Supplementary volume » 11 , Toronto 1973, p. 93-94 , n° 103 . Né en 1434, il accède aux plus hautes charges politiques, bien qu'il soit un homo novus, puisqu'il est consul en 99, censeur en 97. Il meurt dans les massa cres auxquels se livrèrent Marius et Cinna, au moment de la guerre civile. Sa célébrité tient avant tout à son talent oratoire (Brutus 139-142 ) qui lui permit de gagner de nombreux procès et lui valut d'être l'un des interlocuteurs du De oratore de Cicéron , avec Crassus. Il paraît bien difficile de parler de philosophie à son sujet. Assurément, il la connaissait : il rencontra des philosophes lors de son passage à Athènes en 102 (De orat. I 18 , 82–20 , 93 ), et sa culture dans ce domaine était sans doute étendue, même s'il ne le reconnaissait pas publiquement
ANTONIUS D'ALEXANDRIE
259
(De orat. II 36, 152-153 ) . Antoine insiste néanmoins sur la formation pratique de l'orateur beaucoup plus que sur son savoir philosophique. Notons cependant que c'est surtout le De oratore qui nous renseigne sur ses théories et qu'il faut tenir compte, au moins pour le livre I, de la construction d'un dialogue où Antoine et Crassus développent des thèses opposées ( voir le commentaire de A.D. Leeman et H. Pinkster, M. Tullius Cicero , De oratore Libri III, I. Bd . , I , 1-165 , Heidelberg 1981 , p . 87 et 93-94 ). En outre , A. Michel, « La philosophie et l'action dans le De oratore » , IL 11 , 1959, p. 201-207, a insisté sur l'influence de l'académicien Charmadas qui se traduit, au dire d'Antoire lui-même (I 21 , 94), dans le petit livre où il oppose l'orateur idéal (eloquens ) et l'orateur réel (disertus ). MICHÈLE DUCOS. 224
ANTONIUS D'ALEXANDRIE
V
PLRE II : 3
Damascius, V. Isid. fr. * 186 ; p. 159, 7-161 , 10 Zintzen = Souda , A 2763, t. I, , 7-24 Adler : « Antonius, Alexandrin ; doué de dispositions un peu 249 . p insuffisantes à l'égard des logoi, il n'était pas d'une très grande compétence scientifique (où návu tic tv axpi6ńs ). En vérité, il fut d'une extrême sainteté ( iepútatoS) et d'une force d'âme remarquable en ce qui concerne le culte divin , tant public que secret, si bien qu'il rendit la ville de Gaza beaucoup plus sainte qu'elle ne l'était auparavant. S'étant engagé dans des causes civiles (els nolitixac ÚnoDÉOEIC ) et ayant défendu sa sæur, il plaida sa cause avec plus d'emportement qu'il n'est normal et se fit son avocat de la façon la plus vigoureuse, sans épar gner son temps pour aucun objet qui en méritait la dépense et sans faire cas d'une meilleure réputation. Ses contemporains dirent en effet du mal de lui, en l'accu sant non pas d'injustice, mais d'un trop grand amour du tribunal. Il monta en effet jusqu'à Byzance pour cette affaire et montra un esprit fort querelleur. Après avoir triomphé de ses adversaires, il donna sa sæur ( en mariage) à un autre homme, tandis que lui-même finissait ses jours dans la tranquillité et l'éloi gnement des affaires, en se consacrant un peu à la philosophie, mais en vivant la plupart du temps (?) dans les temples . Il était d'un caractère simple, il était disposé aux bienfaits, notamment ceux qui concernent les temples. Pour ma part donc, je reconnais à cet homme véritablement la plus grande grâce, pour laquelle je prie les dieux qu'il soit récompensé, lui qui est digne déjà de vivre dans les lles des Bienheureux » . Selon R. Asmus, Das Leben des Philosophen Isidoros von Damaskios aus Damaskos, coll . « Philosophische Bibliothek » 125 , Leipzig 1913 , p. 70, et C. Zintzen (édit.), Damascii Vitae Isidori reliquiae edidit adnotationibusque instruxit C.Z., coll . « Bibliotheca graeca et latina suppletoria » 1 , Hildesheim 1967, p. 159, note ad loc ., il est possible qu'Antonios ait été le père du philosophe Asclepiodote d'Alexandrie, dont le père est en effet décrit, dans le fr. * 185, dans des termes qui rappellent Antonios . Voir la notice « Asclepiodote d'Alexandrie » . RICHARD GOULET.
260 225
ANTONIUS DE RHODES
ANTONIUS DE RHODES RE 11
MIII
Il accompagnait Porphyre lorsque ce dernier vint de Grèce ( très probable ment d'Athènes, où il avait été le disciple de Longin ) à Rome au cours de l'été 263 ap . J.-C. (V. Plot. 4, 1-3 ). Il n'est pas impossible qu'il ait été un condisciple de Porphyre auprès de Longin. C'est là le seul témoignage que nous possédions sur ce personnage. Cf. Freudenthal, RE I 2 , 1894, col . 2576 ; L. Brisson , « Prosopographie » , p . 73 . LUC BRISSON. ANTONIOS ERMIS → AMMONIOS, fils d'Hermias ( tradition arménienne). 226
ANTONIUS MELISSA RE 74
X ? XI ?
Sous ce nom est conservé un florilège en deux livres, qui comptent respec tivement 76 et 100 chapitres. L'auteur véritable , comme nous le verrons, est en fait inconnu . On sait seulement qu'il vécut après Théophylacte Simocatta ( VII° s .) et après le patriarche Photius (1891 ), puisqu'il les cite. Éditions. 1 PG 136 , col. 764-1244 ( le texte grec est celui de la première édition Gesner, Zürich 1546 ; il est accompagné de la version latine publiée à Anvers en 1560 et comportant quelques additions empruntées au Florilegium Mutinense ) . 2 J. Sakkelion, « Tõv év tſ yvwholoyiq ’Avtwvíou toŨ επικληθέντος Μέλισσα ελλειπόντων αναπλήρωσις » , Δελτίον της ιστορικής και Éovoloyixñs Étaipías tñs ' Enádos 2, 1885 , p . 661-666 , donne quelques additions au texte de PG 136 à partir du ms. Athènes B.N. 32 . Études d'orientation . 3 R. Dressler, « Quaestiones criticae ad Maximi et Antonii gnomologias spectantes» , JKPh Supplementband V, 1869 , p. 307-350 ; 4 C. Wachsmuth , Studien zu den griechischen Florilegien , Berlin 1882 , chap . IV : « Über das byzantinische Florilegium “ Parallela” und seine Quellen », p . 90 161 ; 5 Fr. Loofs , Studien über die dem Johannes von Damaskus zugeschrie benen Parallelen, Halle 1892, X- 146 p.; 6 K. Holl , Die Sacra Parallela des Johannes Damascenus, coll. « Texte und Untersuchungen » XVI 1 (N.F. I 1 ) , Leipzig 1897 , VII - 392 p .; 7 M.Th. Disdier, art. « Antoine Melissa » , DSp I, 1937, col . 713-714 ; 8 M. Richard, art. « Florilèges spirituels grecs» , DSp V , 1964, col. 492-494 , repris dans ses Opera minora, Turnhout/Louvain 1976, t. I ( n ° 1 ) ; 9 M.B. Phillips , Loci Communes of Maximus the Confessor : Vaticanus graecus 739, Diss . Saint Louis University 1977 ; 10 J.F. Kindstrand , « Florile gium Baroccianum and Codex Hierosolymitanus Sancti Sepulchri 255 » , Byzantion 54 , 1984, p . 536-550. Outre des recueils de sentences et d'apophtegmes profanes, comme par exemple les sentences de Théognis, l'auteur a beaucoup utilisé, pour le livre I , un exemplaire très abrégé de la recension interpolée du Pseudo -Maxime et, pour le livre II, les 120 chapitres des Parallèles de Jean Damascène. Les chapitres 96 à 100 du livre II , de contenu biblique et patristique , proviennent d'une autre source . Gesner a attribué ce florilège à un certain Antoine. Mais ce nom n'est pas mentionné dans les cinq manuscrits du texte qu'a répertoriés M. Richard. Gesner a-t- il vraiment trouvé ce nom dans le manuscrit qu'il a utilisé et qui est
261
ANYTOS
aujourd'hui perdu ? A-t-il commis une erreur ? On ne saurait le dire ; aussi M. Richard a - t - il choisi de parler du « Pseudo -Antoine » . D'autre part, Gesner a donné pour titre au florilège « Melissa ». Comme l'explique M. Richard, ce titre pourrait provenir d'un ex - libris ou d'un colophon, que Gesner aurait lu au dessus ou à côté du titre du manuscrit qu'il utilisait et qu'il aurait confondu avec lui. Ce mot est effectivement utilisé par les copistes ou les auteurs de catalogues « pour désigner des compilations anonymes citant un grand nombre d'auteurs, principalement des florilèges, mais aussi des recueils d'opuscules» . Par suite d'une confusion supplémentaire, les utilisateurs de l'édition Gesner ont fait de Melissa le surnom de l'auteur Antoine. En fait, l'ouvrage devait être anonyme. Ce serait, dit M. Richard (8 , col . 494), « une production de la librairie byzantine du 10 ° ou du 11 ° siècle, qui en a produit tant d'autres sans jamais les signer, qu'il s'agisse de florilèges, de recueils de sentences et d'apophtegmes ou de chaînes exégétiques ... Dans ces conditions nous n'avons aucun scrupule à rayer Antoine Melissa de la liste des écrivains byzantins » . L'intérêt de ce florilège, pour qui veut étudier les auteurs philosophiques, n'est pas très grand, puisque les passages profanes qu'il contient viennent en majorité du Pseudo -Maxime et qu'il n'est, toujours au jugement de M. Richard, qu'un très médiocre témoin du texte de ce florilège antérieur. « En revanche, son témoignage est de la plus haute importance pour l'histoire et l'établissement du texte des Parallèles damascéniens. » Il faut signaler encore que le Pseudo -Antoine est, avec le florilège damascé nien PML5, une des deux sources principales utilisées par l'auteur du Florile gium Mutinense ( conservé dans un manuscrit du XIIe s. , Modène, Bibl. Estense, grec 111 , fol. 1-183') qui « nous permet de corriger partiellement les lacunes de la tradition directe du Pseudo -Antoine et du Flor . PMLb » (Richard 8 , col. 496) .
MARIE -ODILE GOULET-CAZÉ.
ANTONIUS + ALCMAN (M. ANTONIOS -) ANTONIUS + DIOGÈNE (ANTONIOS -) 227
ANYTOS RE 4 PA 1324
FV
Athénien , fils d'Anthémion (Platon , Ménon 90 a ; Diodore de Sicile XIII 64 , 6 ; Plutarque, Alcibiade 4,4 ; Amatorius 17 , 762 c), du dème d'Euonymon . C'est un riche tanneur (Scholie d'Aréthas à Apologie 18 b ; Xénophon, Apologie 29 ; Dion Chrysostome LV 22) qui, à la fin du Ve s. av. J.-C. , appartient au groupe des politiciens les plus en vue de la cité. Déjà en 409, il commande une escadre athénienne qui devait aider Pylos à résister aux Lacédémoniens. Mais la tempête l'empêche de contourner le cap Malée. De retour à Athènes, il est accusé de trahison (Diodore, loc. cit.; Xénophon, loc. cit.). Il réussit cependant à sauver sa vie , vraisemblablement en usant de corruption ( Aristote, Ath. Pol. 27,5 ; Diodore, loc. cit.; Plutarque, Coriolan 14, 6 ). Auparavant, il aurait été « sitophylax » au Pirée (Lysias XXII 8 s. ). Poursuivipar les Trente en tantque partisan de Théramène, Anytos se rallia à Thrasybule et aux homme de Phylè et fut l'un des artisans de la restauration démocratique (Lysias XIII 78 , 82 ; cf. Ménon 90 b ). Anytos aurait fait partie du groupe des amoureux d’Alcibiade (Plutarque, Alcibiade 4 , 4 ; cf. Amatorius 17 , 762 c ; Athénée XII, 534 e - f) qui l'aurait traité de façon particulièrement hautaine. Il fréquenta aussi Socrate , dont il est
262
APATOURIOS
même l'interlocuteur dans le Ménon . Mais il se brouilla avec le maître. Il ne pouvait d'ailleurs en aller autrement avec ce traditionaliste convaincu qui, à la fin du Ménon , soutient que l'aretè a sa source dans la tradition qu'il suffit de respecter . Finalement, Anytos lança contre Socrate, de concert avec Mélétos et Lycon , l'accusation d'impiété (Diodore XIV 37,6 ; Platon , Apologie 18 b , 23 e , 28 a) qui allait aboutir à sa condamnation à mort. Après la mort de Socrate , Anytos fut banni. Ayant voulu s'établir à Héraclée sur le Pont (D.L. II 43 , cf. VI 19), il y aurait été mal accueilli. On prétend même qu'il fut lapidé par une foule en colère ( Thémistius XX, 239 c) , mais il pourrait bien s'agir là d'affabu lations. Cf. W. Judeich , art. « Anytos » 4 , RE I 2, 1894, col. 2656 ; Davies, Athenian propertied families, n° 1324 . LUC BRISSON. 228
APATOURIOS
fl. II
C'est au II s . av . J.-C. , semble - t -il, que mourut ce jeune étudiant en philoso phie, élève de l'Académie . Il était originaire de Chalcis d'Eubée, où fut retrouvée son épigramme funéraire ( IG XII 9 , 954 ) . W. Peek , Griechische Vers inschriften, I 755 , a amélioré, surtout pour les vers 8-9 , le texte publié dans les IG XII. BERNADETTE PUECH .
229
APELLE ( 'Anellãc ) RE 8 Philosophe néosceptique.
I? I?
Selon D.L. IX 106, Apelle serait l'auteur d'un ouvrage intitulé Agrippa, dans lequel il aurait, comme Zeuxis « au pied tourné » , l'ami (yvápyos ) d'Énési dème, dans son livre lepl 81Ttāv hóywv, et Antiochos de Laodicée, admis exclusivement les phénomènes. Au nom d'Agrippa est rattachée une présentation des tropes sceptiques ( D.L. IX 88) que l'on s'accorde à situer après Énésidème (voir la notice « Agrippa » ) . H. von Arnim , art. « Apellas » 8 , RE I 2 , 1894 , col. 2686 , en tire argument pour dater Apelle du jer ou IT s . de notre ère, mais la datation d'Énésidème est elle même très controversée. Il semble toutefois déconseillé de l'identifier à Apelle de Chios ( Athénée X , 420 de ), bien que ce dernier fasse les frais d'une répartie sceptique de son ami Arcésilas (mort en 241/0 ?). Voir la notice « Apelle de Chios » . Cf. A. Gödeckemeyer, Geschichte des griechischen Skepticismus, Leipzig 1905, réimpr. Aale 1968, p . 238 n . 3 et p. 242.
FRANÇOISE CAUJOLLE -ZASLAWSKY. 230
APELLE RE 10
IV - III
Disciple d'Épicure. Dans une lettre qu'il lui adressait ( fr. 43 Arrighetti?; fr. 117 Usener) , Épicure le disait bienheureux de s'être élancé vers la philosophie pur de toute paideia. La paraphrase que Plutarque, Contra Ep. beat. 12 , 1094 d, donne de
APELLE
263
cette lettre permet de corriger le texte de la citation qu'en donne Athénée XIII, 588 a . RICHARD GOULET. 231
APELLE ou APOLLAS
MF III
Dédicataire de deux ouvrages de Chrysippe relevant de la logique , et, à ce titre, vraisemblablement élève ou collègue au sein de l'école stoïcienne : Diogène Laërce VII 193 et 197 . Sous la forme ' Anezañs, ce nom se retrouve dans un passage de l'Ind. Stoic. Herc ., col. XLVII, 3 (p . 64 Traversa ), apparemment consacré aux disciples de Chrysippe ( fr. 160 Hülser). Pour la forme du nom , voir W. Crönert, Kolotes und Menedemos,p. 79 n. 394 : « Schon im Altertum gingen die nur mundartlich verschiedenen Formen ’Anelañs und 'Anoatās oft durcheinander. » On voit effectivement certains fragments géographiques (FHG IV 307 s.) être attribués tantôt à Apollas, tantôt à Apellas le Pontique ( cf. Susemihl, t. I, p. 699). RICHARD GOULET.
232
fl. F II APELLE (Apelles, Appelles, 'Arenañs ) RE 12 Gnostique d'origine alexandrine qui enseigna à Rome sous Commode et Composa des Συλλογισμοί .. Témoignages et fragments. 1 A. von Harnack , Marcion. Das Evange lium vom fremden Gott, coll. « Texte und Untersuchungen » 45 , 1re éd ., Leipzig 1921 , p. 323 * -339 * ; 2e éd ., Leipzig 1924, p. 404-420 ; récapitule deux publica tions antérieures : 2 id . , « Sieben neue Bruchstücke der Syllogismen des Apelles» , coll. « Texte und Untersuchungen » 6/3, Leipzig 1890 , p . 111-120 ; 3. id . , « Unbeachtete und neue Quellen zur Kenntnis des Häretikers Apelles» , coll. « Texte und Untersuchungen » 20/3, Leipzig 1900, p . 93-100. Études. La dissertation de 4 A. von Harnack , De Apellis gnosi monarchica, Leipzig 1874 , est rendue caduque par A. von Harnack 1 1921 , p . 213-230 ; 1924 , p. 177-196 . Positions reprises et discutées dans 5 A. Hilgenfeld, « Der Gnostiker Apelles» , ZWTh 1 , 1875 , p . 51-75 ; 6 id. , Die Ketzergeschichte des Urchristentums , Leipzig 1884 , p . 522-543 ; 7 E. de Faye , Gnostiques et gnosticisme. Étude critique des documents du gnosticisme égyptien aux Ile et mies., 2e éd. Paris 1925, p . 173-188 ; 8 E.C. Blackmann, Marcion and his Influence, London 1948, p . 35-38 ; 9 G. Quispel, « Die Reue des Schöpfers » , ThZ 5 , 1949 , p . 157-158 ; 10 S. Pétrement, Le Dieu séparé. Les origines du gnosticisme, Paris 1984, p . 73-75. Encyclopédies et manuels : 11 G. Bareille, DTC I, col . 1455-457 ; 12 J. Jülicher, RE I 2, 1894 , col . 2688-2689 , n° 12 ; 13 G. Krüger, REPTEK 12 , p . 273-275 ; 14 P. de Labriolle , DHGE 3 , col . 928-929 ; 15 G. Kretschmar, RGG ? I 462 ; 16 H. Rahner, LTK I , col . 686 ; 17 O. Bardenhewer, Geschichte der altkirchlichen Literatur2 1 , Freiburg im B. 1913 , p . 373-374 ; 18 K. Rudolph, Die Gnosis . Wesen und Geschichte einer spätantiken Religion, Leipzig 1977, p . 338-339 ; l'enjeu doctrinal des fragments a été dégagé par 19 H. Savon, Saint Ambroise devant l'exégèse de Philon le Juif, Paris 1977 , t. I , p . 25-54 ( le débat exégétique introduit par Apelle était encore d'actualité à la fin du IVe s .).
264
APELLE
Source biographique . Rhodon , qui fut à Rome disciple de Tatien et dont trois fragments de son Προς την Μαρκίωνος αίρεσιν sont cités par Eusebe de Césarée, Hist. eccl. V 13 , 2-6 , déclare (V 13 , 5 ) avoir lui-même fréquenté (ouuuitac ) Apelle à Rome. Le titre qu'il lui donne, o yépwv, est un copticisme ( p -hilo) signifiant qu'Apelle était chef d'une communauté religieuse, et donc originaire d'Égypte. Tertullien, De praescriptione haereticorum XXX 5 , fait allusion à l'origine égyptienne d'Apelle, mais la réduit à une histoire galante. Selon Rhodon (Eusèbe, Hist. eccl. V 13 , 2), Apelle était réputé pour son genre de vie ascetique et comme maitre spirituel ( και την πολιτείαν σεμνυνόμενος και το γήρας ). ). Titres attestés ( 1 ) Evaloyiopoi . Mentionné par le Pseudo - Tertullien, Adversus omnes haereses VI 6, l'ouvrage est décrit comme theyxóv të xal ávatporthv de la Loi de Moïse par Eusébe, Hist. eccl. V 13,9 ; un fragment conservé dans Origène, In Genesim hom . II 2, et 8 fragments dans Ambroise, De paradiso qui dépend du Commentaire ( perdu ) d'Origène sur la Genèse , tous groupés dans Harnack 1 , fr . 4 ; comportait au moins 38 tóuoi ( Ambroise, De par. V 28 ) ; Apelle y démontrait, à l'aide de raisonnements de logique stoïcienne, l'inauthenticité de la Torah comme texte et son absurdité comme norme. ( 2) Davepóceis . Mentionné par Tertullien , De praescr. haer . XXX 6 ; le Pseudo - Tertullien , Adv. omnes haereses VI 6 ; l'Elenchos VII 38 , 2 et X 20 , 2 . Aucun fragment conservé. Traité de révélations attribuées à Philumene, person nage fictif de la Vierge et de la Prophétesse , angelus lucis ( Tertullien, De praescr. haer. VI 6) , historicisé par les Pères de l'Église en partenaire sexuel (comitem ) d’Apelle (Jérôme, Ep. 133 , 4) ou en infâme prostituée (inmane prostibulum ) chez Tertullien , De praescr. haer. XXX 6. (3 ) Evangelium . Mentionné par Jérôme, Comm . in Matthaeum , praef. 9 ; selon Bardenhewer 17 , p . 374 , « eine weitere Verarbeitung oder eine neue Redaction des Evangeliums Marcions » ; plutôt une fausse attribution par assimi lation à Marcion . École. Les hérésiologues rangent Apelle dans le groupe marcionite et font de lui, à l'intérieur de ce groupe , d'abord le disciple de Marcion et le condisciple de Lucien l'Ancien, puis l'emendator ( Tertullien , Adv. Marcionem IV 17 , 11 ) et le desertor ( Tertullien , De carne Christi I 3 ) de Marcion . Le scheme de parenté hérétique : Cerdon (C)→ Marcion (M) → Lucien l'Ancien (L) et Apelle (A) est invariable chez le Pseudo - Tertullien , Adv. omnes haereses VI 1-6 ; Filastre , Diversarum hereseon liber XLIV -XLVII; Épiphane, Panarion XLI-XLIV ; Théodore bar Kõnai, Scholia p . 303 , 18–304, 26 Scher ; Tertullien , Adv. Mar cionem IV 17 , 11 , omet Lucien l'Ancien ; Apelle n'est mentionné ni par Irénée , ni par Clément d'Alexandrie, ni par Origène, De principiis. Deux schémas contradictoires de succession déterminent la place du groupe
marcionite dans le catalogue général des « erreurs » . Chez la plupart des hérésiologues, les coryphées de la gnose valentinienne sont placés avant les marcionites. Le cas inverse est fourni par le Pseudo -Hegemonius, Adv. haereses, CCL 9, p. 327, 7-8 Hoste, qui place en tête le groupe marcionite; pareillement, Tertullien, De carne Christi I 3 , situe Valentin dans la succession de Marcion
APELLE DE CHIOS
265
comme condiscipulus et condesertor d'Apelle. Les deux schémas sont repris par la critique. L'Apelle disciple infidèle de Marcion revenu au gnosticisme valen tinien est présenté par 5 , 6, 9, 10, encyclopédies et manuels. Le schéma du Pseudo -Hegemonius, visant à dissocier Marcion et Apelle du gnosticisme est défendu par A. von Harnack 4 et E. de Faye 7. L'argument hérésiographique étant sans valeur historique, il est préférable de s'en tenir à un témoin direct: Rhodon (Eusèbe, Hist. eccl. V 13) ne fait état de la dépendance d’Apelle ni par rapport à Marcion ni par rapport à Valentin . Une confrontation des fragments d'Apelle et des traités gnostiques directs conservés en copte serait bienvenue. MICHEL TARDIEU . 233
APELLE (Apelles) PLRE II :
fl. V
Un des sept philosophes qui auraient accompagné, en 421 , la future impéra trice Eudocie ( Athénaïs) d'Athènes à Constantinople (Patria Constant. II, p. 192 193 Preger. Cf. aussi I , p. 61-64 ). Voir aussi les notices consacrées à Carus, Cranus, Curbus, Nervas, Pelops et Silvanus. PIERRE MARAVAL .
234
APELLE DE CHIOS ( 'Anexans ) RE 9
M III
Ami et disciple d'Arcésilas (mort en 241/0 ? ). Eratosthène, d'après Strabon I 2 , 1 , p . 15 C. , mentionnait ce philosophe dans le cadre d'une évocation de la vie intellectuelle à Athènes lorsqu'il y séjourna : « Il y avait à cette époque, fait unique dans l'histoire, réunis dans une seule enceinte et en une seule ville, la fine fleur des philosophes, Ariston ( de Chios), Arcesilas et leurs disciples » ( trad. G. Aujac ). Strabon qui lui reproche d'avoir mentionné surtout des philosophes dissidents, ajoute : « Il fait aussi grand cas d'Apelle, ainsi que de Bion (de Borysthène ) » ( cf. Bion T 12 Kindstrand ). Plutarque, Quomodo adulator 22 , 63 d, rapporte une anecdote qui le concerne : « En découvrant la pauvreté de son ami Apelle de Chios, alors malade au lit, Arcésilas dissimula sous son oreiller vingt drachmes pour lui venir en aide. » Athénée X, 420 de, raconte de son côté qu'invité par son maître, au cours d'un banquet, à décanter (xadulioai) le vin , il s'acquitta tellement mal de cette tâche qu'Arcesilas se moqua de lui (en des termes non seulement académiciens, mais sceptiques comme il se doit) : « J'ai ordonné de décanter le vin à un homme qui n'a pas vu le Bien, pas plus que moi » (et qui ne peut donc pas faire correctement un geste comme celui qui lui a été demandé). Bien que disciple d'Arcésilas, il faut sans doute le distinguer d'Apelle le sceptique mentionné en D.L. IX 106 . Son origine ne suffit pas à faire de ce philosophe le père du géographe Scymnos de Chios ( D 114 ), fils d’Apellas (d'après une inscription de Delphes, SIG 3 585, li. 86, datée de l'archontat d'Eucratès ( 185/4 ) ], comme l'a proposé E. Rohde, « Scymnus von Chios » , RhM 34, 1879, p. 153. Voir Susemihl, t. I, p . 677 , n . 191 . Cf. H. von Arnim , RE I 2 , 1894, col. 2688 ; U. von Wilamowitz -Moellen dorff, « Commentariolum grammaticum » II, Ind. Schol. sem. hib. Gryphis waldiae, 1880, p . 8-10 = Kleine Schriften IV , Berlin 1962, p . 605-607 ; id . , Antigonos von Karystos, p . 77 . RICHARD GOULET.
266 235
APELLICON DE TÉOS
APELLICON DE TÉOS RE 1 PA 1343
mort entre 88a et 84a
Péripatéticien, riche collectionneur de livres, qui acheta aux descendants de Nélée de Scepsis la bibliothèque d'Aristote et de Théophraste. Il est principalement connu grâce à un long fragment de Posidonius ( fr. 253 Edelstein -Kidd ; fr. 247 Theiler), conservé par Athénée (V , 211 e-215 b) , relatif à Athénion , le péripatéticien qui incita les Athéniens à prendre parti pour Mithridate dans sa guerre contre Rome (voir la notice « Athénion » ). Apellicon qui avait acquis la citoyenneté athénienne fut choisi par Athénion pour conduire (en 884) une expédition militaire sur l'île de Délos afin de s'emparer des richesses du sanctuaire . Mais son impéritie fit de son armée une proie facile pour le général romain Orbius : une attaque nocturne fit dans les rangs athéniens six cents morts et environ quatre cents prisonniers. Apellicon put cependant s'enfuir de Délos . Sur L. Orbius, connu par plusieurs inscriptions de Délos , voir 1 F. Münzer, art. « Orbius » 2 , RE XVIII 1 , 1939 , col . 879-880. IG II 2461, col. A , li . 4 (antérieure au milieu du 14 ), mentionne un ( 'Alno anEiç ’Aneixő [ vtos] qui pourrait être , selon Kirchner, le fils d'Apellicon et le petit -fils d'un Apolèxis, fils d'Aristote, du dème d'Oion . Apellicon aurait été adopté par ce premier Apolèxis et aurait, à ce titre , été inscrit dans le dème d'Oion. Voir le stemma de J. Kirchner, Prosopographia Attica, t. I, Berlin 1901, P. 94 . Apellicon aurait été à deux reprises magistrat monétaire à Athènes. Voir 2 R. Weil, « Das Bündniss der Athener mit Mithridates >>, MDAI( A ) 6 , 1881 , p . 325. Sur ces monnaies, voir Margaret Thompson, The New Style Silver Coinage of Athens, coll. « Numismatic Studies » 10, London 1961 , t. I , p. 551 (en 121/0 et 94/3 ), dont la chronologie a cependant été révisée par D.M. Lewis, « The Chronology of the Athenian New Style Coinage », NumChron 2, 1962 , p . 275-300. Selon Posidonius, Apellicon était, comme Athénion, un péripatéticien (6010 CÓDei tà nepinatntixá ). « Il acheta la bibliothèque d'Aristote - car il était riche - et plusieurs autres ; il se procura en les volant les originaux des anciens décrets du Métroon et tout ce qui dans les autres cités s'avérait ancien et précieux » (214 de ). Il dut s'enfuir d'Athènes à la suite du vol des archives du Métroon , mais put bientôt y revenir en achetant la complicité de plusieurs Athéniens. Il prit parti pour la cause d'Athénion et fut choisi par lui pour commander l'expédition de Délos racontée plus haut. Le témoignage de Posidonius sur l'achat de la bibliothèque d'Aristote rejoint celui de Strabon qui raconte que « les descendants de Nélée de Scepsis vendirent à Apellicon de Téos pour une forte somme d'argent les livres d'Aristote et de Théophraste » qu'ils avaient enfouis dans une cave à Scepsis pour les soustraire à l'avidité bibliophile des souverains de Pergame (XIII 1 , 54 , p . 609 C.) . Strabon le présente d'ailleurs comme φιλόβιβλος μάλλον η φιλόσοφος . Après la mort d'Apellicon, Sylla , qui venait de prendre et de piller Athènes en 86 ', ramena à Rome (en 84 ) sa riche bibliothèque à laquelle eut accès ultérieurement le grammairien Tyrannion d'Amisos (Strabon ibid. ; Plutarque, Sylla 26) , amené comme prisonnier à Rome en 71 ' . Toujours d'après Strabon, Apellicon, qui cherchait à corriger les papyrus mangés par les vers fit copier les textes à nouveau en comblant les lacunes de façon peu heureuse (avaranpõv oủx eŬ ) et
APOLLAS DE SARDES
267
fit de ces livres une édition ( EESWXEV ) remplie d'erreurs. La portée exacte de ce témoignage est cependant contestée ( doit -on y voir une véritable édition ? ), comme l'ensemble des renseignements transmis par Strabon et Plutarque sur la disparition et la redécouverte de la bibliothèque d'Aristote et de Théophraste. Sur cette question voir 3 P. Moraux, Aristotelismus, t. I, p. 3-31 , ainsi que le c.r. de 4 L. Tarán , dans Gnomon 53 , 1981 , p. 721-750, et 5 H.B. Gottschalk , « Aristotelian philosophy in the Roman world from the time of Cicero to the end of the second century AD », ANRW II 36 , 2 , Berlin 1987 , p . 1083-1088 . 6 H.B. Gottschalk , « Notes on the Wills of the Peripatetic Scholarchs» , Hermes 100 , 1972 , p . 335-342 ( surtout p . 340 s . ) , et 5 , p . 1086 n . 32, croit pour sa part que les livres d'Aristote et de Théophraste ne quittèrent jamais Athènes et qu'ils revinrent au Péripatos à la mort de leur légataire, Nélée de Scepsis, disciple d'Aristote . Selon Gottschalk , Apellicon a pu inventer cette histoire pour couvrir le vol des ouvrages commis au Lycée. D'après Aristoclès ( ap. Eusèbe, P.E. XV 2 , 13 = fr. 2 Heiland ), Apellicon aurait également écrit un ouvrage (en plusieurs livres) sur Hermias et l'amitié qu'Aristote lui portait, livres qui visaient à couper court aux calomnies qui circulaient sur la nature des rapports qui existaient entre ces deux hommes. La bibliothèque d’Apellicon comprenait peut-être une ancienne version de l’Iliade, dont le premier vers se lisait : Μούσας αείδω και 'Απόλλωνα κλυτότοξον . Cette version était dite ån’'Elixõvos, ce que Nauck a proposé de corriger en 'AneAlixĀvoç. Cf. 7 A. Nauck , « Über die Helikonische Ilias» , Philologus 6, 1851 , p. 560-563; 8 W. Ribbeck (c.r. du livre de F. Osiann, Anecdotum Romanum de notis veterum criticis, inprimis Aristarchi Homericis et Iliade Heliconia , edidit et commentariis illustravit F.O. , Giessen 1851 ), JKPh 66, 1852, p . 4-5 ; 9 Susemihl, t. II, p. 297 n. 320. Le génitif attendu serait plutôt 'Anellixõvtog ( cf. Plutarque, Sylla 26), mais Ribbeck signale les flottements de la tradition concernant la décli naison du nom . Voir les différentes formes du nom relevées par 10 C. Dziatzko, art. « Apellikon » 1 , RE I 1 , 1894, col. 2693-2694 . RICHARD GOULET. 236
APHRODISIUS PLRE II : 2
fl. D V
Philosophe, destinataire d'une lettre de Nil d’Ancyre ( Epist. II 264 ). Il s'occupait d'astronomie et d'astrologie ( que Nil compare à un Bópßopoc éticos ) et se piquait de théologie. PIERRE MARAVAL . APOLLAS → AUSSI APELLES 237
APOLLAS DE SARDES RE 4
I
Ce nom que Bücheler avait cru lire parmi les disciples d'Antiochus d’Ascalon dans l'Ind . Acad. Herc., col. XXXIV , 7-8 (voir H. von Arnim RE I 2, 1894 , col. 2842; Susemihl, t. II , p . 291 ) , était, selon Mekler (p. 108-109 ), une mauvaise lecture pour 'Ioando [ ilos ) de Sardes. T. Dorandi, « Filodemo e la fine dell’Academia ( PHerc. 1021 ) » , CronErc 16, 1986, p. 115 , lit plutôt 'Ibalac ! [ ] Zapdavo [ s ]. C. Habicht, « Der Akademiker lollas von Sardis » , ZPE 74 , 1988, p. 211-214, a confirmé cette lecture en montrant que ce nom est bien attesté à Sardes par des inscriptions récemment découvertes. Un certain lollas, fils de lollas, qui vécut dans la première moitié du jer s. av . J.-C. , pourrait être le disciple d'Antiochus d'Ascalon .
268
APOLLINAIRE D'HIÉRAPOLIS Voir la notice « Iollas de Sardes » . RICHARD GOULET.
APOLLINAIRE + SIDOINE APOLLINAIRE 238
MFI
APOLLINAIRE D'HIÉRAPOLIS (CLAUDIUS - ) RE C 48
Parmi les « nombreux » ouvrages de cet apologète chrétien , évêque d'Hiéra polis en Phrygie, Eusébe, Hist. eccl. IV 27 , mentionne un Discours à l'empereur Marc - Aurèle ( 161-180 ), présenté en IV 26 , 1 comme un « discours pour l'apo logie de la foi » , un Προς “Ελληνας en cinq livres , deux livres Περί αληθείας , deux livres Mpós ' lovdalous et des ouvrages contre le montanisme, dont il reparle en V 16, 1 ( on ne peut établir si les fragments de l'ouvrage en trois livres contre le montanisme qui sont ensuite cités proviennent d'Apollinaire ou d'un auteur anonyme ). La Chronique situe la célébrité d'Apollinaire en 170. Voir aussi Jérôme, De viris illustr. 26-27 , et Epist. 70, 4 ad Magn. Le traité contre les Juifs « manque dans quelques manuscrits grecs, dans la traduction de Rufin et dans le De viris de saint Jérôme » (Bardy). Apollinaire aurait également écrit un traité sur la Pâque (deux citations dans le Chronicon paschale, PG 92 , 80-81 ; p . 160-161 Routh ; cf. CPG 1103 ) . Photius, Bibl. cod. 14 signale trois écrits : Προς Έλληνας , Περί ευσεβείας et Περί αληθείας , puis ajoute : « C'est un homme digne de considération et qui use d'un style inestimable. On dit qu'il existe de lui d'autres traités qui valent qu'on en parle ; nous ne les avons pas encore trouvés » ( trad . Henry ). Selon Eusébe , Hist. eccl. V 5 , 4 , Apollinaire racontait le miracle de la pluie obtenu par la prière des Chrétiens de la légion Mélitène lors de la campagne de Marc - Aurèle contre les Sarmates (en 172). Eusébe toujours, Hist. eccl. V 19 , 1-2, cite une lettre de l'évêque Sérapion d'Antioche ( cf. VI 19 et Chronique pour l'année 190 ) à Caricus et à Ponti(c)us où étaient mentionnés « les ouvrages (ou les lettres: ypáupata ) de Claudius Apollinarius, le bienheureux évêque d'Hiérapolis d'Asie » ( trad. Bardy ). Théodoret, Haereticarum fabularum compendium I 21 (PG 83 , col. 372 b), signale un ouvrage Πρός τους Σεουηριανούς Έγκρατιτάς . M.J. Routh , Reliquiae sacrae , 2e éd. , t. I, Oxford 1846, p . 155-174. RICHARD GOULET. 239
APOLLINAIRE DE LAODICÉE (Apollinarios)
RE
ca 310 -ca 390
Originaire de Laodicée en Syrie , Apollinaire, fils d'Apollinaire, reçut une formation philosophique et rhétorique ( cf. Souda, A 3397, t. I, p . 303, 30-31 Adler) qui lui permit de jouer dans l'Église un rôle important comme porte parole auprès des païens et comme théologien. Il fut l'amid'Athanase , de Basile de Césarée et de Grégoire de Nazianze, le maître de Jérôme à Antioche en 374 (Jérôme, Epist. 84 , 3 ). Selon la Souda , il connut aussi le sophiste Libanios (p . 303 , 28-29 Adler ). Lorsqu'il fut élu à l'épiscopat vers 361 , l'empereur Julien commençait son cuvre de restauration religieuse et allait interdire bientôt aux chrétiens l'enseignement des lettres classiques ( loi scolaire de 362 ). En collabo ration avec son père, grammairien originaire d'Alexandrie, devenu par la suite prêtre à Laodicée, Apollinaire entreprit, selon Socrate , Hist. eccl. II 46 (col.
APOLLINAIRE DE LAODICÉE
269
362 c - 364 c), III 16 (col. 417 c - 420 a) et Sozomène, Hist. eccl. V 18, de fournir aux chrétiens une littérature de remplacement; pour cela, il transposa les sujets bibliques dans des modèles classiques ( épopée biblique en vingt-quatre chants comme chez Homère ( « sur les antiquités bibliques jusqu'au règne de Saül » ), tragédies semblables à celles d'Euripide, comédies à l'imitation de Ménandre , odes à la manière de Pindare (la Metaphrasis Psalmorum en vers héroïques transmise sous son nom , CPG 3700 = PG 33 , 1313-1537 ; 1627-1630 , est toutefois une oeuvre des V-VI s . ) , dialogues socratiques exposant le contenu des Évangiles et des Épîtres). Il réfuta également, dans deux apologies disparues, les traités de Porphyre (Contre les chrétiens) (CPG 3672) et de Julien (Contre les Galiléens) . Des fragments du XXVI° des trente livres de son traité Contre Porphyre ( fr. 166-167 Lietzmann ) se lisent dans le Prologue et le livre III du Commentaire sur Daniel de saint Jérôme (édition Fr. Glorie, CCL 75 A ). Le vingt - sixième livre s'en prenait à la critique porphyrienne du livre de Daniel. Sur l'utilisation de l'ouvrage d'Apollinaire par les commentateurs ultérieurs de Daniel, voir 1 A. von Harnack , « Porphyrius, Gegen die Christen 15 Bücher. Zeugnisse, Fragmente und Referate » , APAW 1916 , I , p . 33-34 . Selon Philostorge, Hist. eccl. VIII 14, son traité Contre Porphyre était supérieur aux réfutations antérieures écrites par Méthode d'Olympe et Eusébe de Césarée . Selon Sozomène, Hist. eccl. V 18 , Apollinaire aurait écrit sous Julien une Apologie du christianisme dirigée contre les philosophes et intitulée ' Yrèp αληθείας .. Certains écrits dogmatiques d'Apollinaire ont été conservés parce qu'ils circulaient sous le nom d'auteurs orthodoxes. Ses autres cuvres sont perdues. Les titres attestés et les fragments qui leur sont attribués sont recensés dans CPG n ° 3645-3700 . Des fragments de ses commentaires scripturaires ( attestés par Jérôme) sont conservés dans les chaînes exégétiques. Mais Apollinaire, défenseur du dogme de Nicée, est surtout connu comme l'initiateur d'une théorie christologique importante , attaquée par Épiphane dans son Panarion (chap. 77) et condamnée comme hérétique au Concile de Constantinople (381 ). Selon cette doctrine, il n'y a pas dans le Christ de principe humain de vie et d'activité, puisque cette fonction est remplie directement par le Verbe ; le Verbe entre donc en contact avec la chair humaine selon le rapport même de l'âme et du corps. Apollinaire conçoit le Verbe et le corps comme les deux parties d'un composé. Ces conceptions, qui ne font qu'expliciter la tendance générale de la théologie du schéma Verbe- chair à faire abstraction de l'âme du Christ, sont déterminées par un souci sotériologique. Admettre dans le Christ l'existence d'une âme humaine serait lui reconnaître la possibilité de pécher,et par la compromettre le salut. Il est nécessaire que le Verbe, et non un homme, soit le sujet des actes du salut. Seule l'union directe du Verbe et de la chair permet de concevoir le Christ comme impassible et invincible dans la tentation. Supposer une humanité complète (âme rationnelle et corps) ouvre la porte à la menace constante d'une division. L'unité du Christ exige que ses éléments constituants n'aient pas d'existence autonome, mais que tout leur être n'ait de sens que dans la composition de cette physis nouvelle. C'est essentiellement contre les tendances, qu'il juge dualistes, de la christologie antiochienne qu'Apollinaire insiste sur cette exigence d'une union naturelle. Lorsqu'il parle d'une physis unique du Verbe incarné, il ne faut pas y voir le monophysisme qui se développera ultérieurement. Il n'y a, dans le composé divino-humain qu'est le Christ, qu'une seule source vitale , un seul principe dyna mique, même au niveau purement biologique, et c'est le Verbe. Cette théorie, bien que condamnée, a exercé une influence considérable sur l'évolution de la christologie jusqu'à la définition du Concile de Chalcédoine (451 ), du fait qu'elle avait introduit en christologie une dialectique rigoureuse jointe à un vocabulaire technique ( ousia , physis, hypostasis, prosopon ).
APOLLODORE
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Études d'orientation . 2 A. Jülicher, art. « Apollinarios » , RE I 2, 1894, col . 2842-2844 ; 2 H. Lietzmann , Apollinaris von Laodicea und seine Schule, coll. « Texte und Untersuchungen » 1 , Tübingen 1904 ; 3 E. Mühlenberg, Apollinaris von Laodicea, coll . « Forschungen zur Kirchen- und Dogmen geschichte » 23 , Göttingen 1969, 258 p .; 4 A. Grillmeier, Christ in Christian Tradition . From the Apostolic Age to Chalcedon (451 ). Translated by J.S. Bowden, London 1965 ; 5 J.N.D. Kelly, Initiation à la doctrine des Pères de l'Église. Traduit de l'anglais par C. Tunmer, Paris 1968, p. 300-306 . Bibliographie. 6 J. Quasten, Initiation aux Pères de l'Église. Traduction de l'anglais par J. Laporte , t . III, Paris 1963, p . 531-540 ; Mühlenberg 3 , p . 9-15 . RICHARD GOULET. 240
APOLLODORE
IV
Épicurien , signalé uniquement en PHerc . 176 , fr. 5 XVII- XVIII ( = Ido ménée, fr. inc. 33-34 Angeli ). A. Vogliano (Epicuri et Epicureorum Scripta in Herculanensibus Papyris servata , Berlin 1928 , p . 109 et 113 ) avait d'abord pensé au frère de Pythoclès: le fragment de PHerc. 176 aurait contenu les restes de deux lettres, l'une adressée à Apollodore et la seconde à Épicure à propos de la mort d'Apollodore. Par la suite (Prolegomena, t. I, 1952 , p. 56-57 ), il l'identifia avec le frère de Léonteus. L'auteur des lettres serait Idoménée, qui rend compte à Épicure des dispositions funèbres établies pour commémorer la mort de son collègue Apollodore ( cf. A. Angeli, « I frammenti di Idomeneo di Lampsaco », CronErc 11 , 1981 , p. 96-97 ). TIZIANO DORANDI. 241
APOLLODORE
MF III
Épicurien, peut-être disciple de Polystrate, mentionné dans le testament de ce dernier comme légataire de 50 mines : Philodème, PHerc ., 1780, fr. 8c 3 ( cf. 7010 et 81 10-11 en contextes fort incertains ). L'identification comme disciple de Polystrate remonte à Tepedino qui refuse, pour des motifs chronologiques évi dents, de l'identifier avec Apollodoros képotyrannos (cf. A. Tepedino Guerra, CronErc 10, 1980, p . 18 n. 11 et p . 20-21). TIZIANO DORANDI.
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IIa
AP [ OLLODO] RE
Philosophe cité dans un passage obscur de l’Ind. Acad . Herc., col . XXXIII, 13 ( p. 107 Mekler), peut- être un maître de Philon de Larisse. Il est difficile d'éta blir l'identité de cet Apollodore avec le stoïcien de la ligne 15 de la même colonne ( cf. Mekler, p . 107 ; W. Crönert, Kolotes und Menedemos, p. 81 n . 395 ; K. von Fritz , art. « Philon » , RE XIX 2 , 1938, col . 2535 ; B. Wiśniewski, Philon von Larissa. Testimonien und Kommentar, Wrocław 1982, p . 23 , pensent à deux stoïciens distincts ). L'appartenance à l'école stoïcienne est mise en doute par P. von der Mühll, « Zwei alte Stoiker. Zuname und Herkunft » , MH 20, 1963 , p . 3 n . 5 ; voir aussiT. Dorandi, CronErc 16, 1986, p . 114 n . 11 . TIZIANO DORANDI.
APOLLODORE D'ATHÈNES 243
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APOLLODORE D'ATHÈNES dit « Képotyrannos » RE 65 Épicurien, né vers 190 , qui fut scholarque du ‘ Jardin’à Athènes des années 150 à 110 environ . Écrivain des plus fertiles, il fut l'auteur, selon le témoignage de Diogène Laërce (X 25), de plus de quatre cents livres. Il semble avoir été le maître de Métrodore de Stratonice ( Ind. Acad . Herc. col. XXIV , 13-14 , p. 87 Mekler). Cf. W. Crönert, Kolotes und Menedemos, p. 88 ). Philodème le cite à deux reprises en rapport avec des points de doctrine (Philodème, De dis III, PHerc . 152/157, col. IX , 36 s . , et PHerc. 19/698, col. XX, 6 s. ). Cf. 1 Susemihl, t. I, p. 259-260, 712-713 ; 2 H. von Arim , art. « Apollo doros» 65 , RE I 2 , 1894, col . 2894 ; 3 Zeller III 1 ' , p . 385 n . 1 ; 4 H. Diels , Doxographi Graeci, p . 79 n . 1 ; 5 R. Philippson , art. « Philodemos » , RE XIX 2 , 1938 , col . 2464 ; 6 M. Dal Pra, La storiografia filosofica antica, Milano 1950 , p . 175-176 ; 7 T. Dorandi, G. Indelli & A. Tepedino Guerra, CronErc 9 , 1979, p. 142 . Titres attestés. ( 1 ) Nepi ' Erixoúpou . Le second livre est cité dans l'Ind . Stoic. Herc., col. I, 10-12 ( p. 4 Traversa ). Mentionné également en D.L. X 2. 10. 13 . (2) Euvaywyn Tõv Boykátwv. Signalée par D.L. VII 181 ( cf. une allusion probable à cet ouvrage en X 26), qui cite directement une défense d'Épicure contre Chrysippe (cf. von Arnim 2 et 8 M. Gigante ( édit . ) , Diogene Laerzio, Vite dei filosofi, Roma/Bari, 3e éd ., 1983 p . 541 n . 217 ) . Diels 4 identifie cet ouvrage avec le ſepi tõv pihoobowv alpéoewv. Il est suivi par Philippson 5 . ( 3 ) ſepì tõv piloooowv alpéoewv . Mentionné par D.L. 160. L'identité de cet ouvrage avec la Luvaywyn Tõv doyuátwv a été soutenue par Diels 4 et par Philippson 5 , qui suppose qu'il est la source de la Lúvtagıç tõv pilooóowv de Philodème; voir cependant T. Dorandi, « La ' Rassegna dei filosofi' di Filodemo » , RAAN 55 , 1980, p . 48 . (4 ) ſepì vouooetõv . Mentionné par D.L. I 58. La paternité des deux der nières cuvres a été contestée jadis par Bücheler dans son édition de l'Ind . Acad. Herc ., p. 14, suivi par Gigante 8 , p. 464 n . 170 . TIZIANO DORANDI.
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APOLLODORE D'ATHÈNES RE 61
ca 1804-1100
Érudit, né à Athènes vers 180 “, disciple du stoïcien Diogène de Babylone, il fut le collaborateur d'Aristarque à Alexandrie . Il fut l'auteur, entre autres, d'une Chronologie, en iambes, qui s'étendait de la chute de Troie à son temps et était dédiée à Attale II Philadelphe de Pergame, ville où il s'était réfugié, entre 146 et 138 ou 133 , pour échapper aux violences de Ptolémée VIII à Alexandrie. Ce sont là les seuls renseignements certains sur la vie et sur la Chronologie d'Apollodore que l'on rencontre dans un long passage du prologue de la Mepinynois du Pseudo - Scymnos, un géographe qui vécut vers 100 ( GGM I , p . 196-197 = FGrHist 244 T 2) . La tradition biographique de Suidas qui présente Apollodore comme un disciple de Panétius (FGrHist 244 T 1 = Panétius, fr. 148 Van Straaten ) est erronée , dans la mesure où ils furent contemporains et tous deux disciples de Diogène de Babylone. D'un passage de l'Ind. Stoic. Herc . de Philo dème (PHerc. 1018 , col. LXXIX , p . 90 Traversa = Panétius, fr. 149 ), on peut
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APOLLODORE D'ATHÈNES
seulement déduire que Panétius et Apollodore se connaissaient personnellement. Apollodore mourut, probablement à Athènes, après 110“. Cf. 1 H. Diels , « Chronologische Untersuchungen über Apollodors Chro nika » , RhM 31 , 1876 , p. 1-54 ; 2 Suseřihl, t. II, p. 33-44 ; 3 R. Münzel, « Apollodor » 61 , RE I 2, 1894, col. 2855-2856 (vie ) et E. Schwartz, ibid ., col. 2856-2886 ( cuvres = Griechische Geschichtschreiber, Leipzig 1957 , p . 253 281 ) ; 5 F. Jacoby, Apollodors Chronik , coll. « Philologische Untersuchungen >> 16 , Berlin 1902 ; 6 id. , FGrHist 244 ; 7 R. Pfeiffer, History of classical scholarship from the beginnings to the end of the Hellenistic age, Oxford 1968 , p . 252-266 ; tr. it. de M. Gigante, Napoli 1973 , p . 387-403 ; 8 M. Untersteiner, Problemi di filologia filosofica , Milano 1980, p . 242-245 ; 9 T. Dorandi, La ' Cronologia ' di Apollodoro nel PHerc . 1021 , Napoli 1982 ; 10 A.A. Mosshammer, The Chronicle of Eusebius and Greek chronographic tradition , Lewisbourg /London 1979, p. 113-127.
Titres attestés. On se bornera ici à signaler la Chronologie en renvoyant pour les autres euvres (Περί του των νεών καταλόγου , Περί θεών et autres ouvrages de moindre importance) à Jacoby 6 et à Pfeiffer 7, p. 257-266 ; tr. it. p . 392-403 . Nous devons également au Pseudo -Scymnos (v. 25-44 = FGrHist 244 T 2) une esquisse du contenu des Xpovixá et une explication de l'emploi des trimètres iambiques comiques à la place de la prose. L'æuvre se présentait comme une épitome exacte des événements historiques distribués selon l'ordre chronolo gique ; écrite en vers dans un but mnémotechnique, elle visait un large public de lecteurs. Le plus grand nombre de fragments est conservé par Diogène Laërce et un long extrait du texte original est reproduit dans un certain nombre de colon nes de l'Index Academicorum de Philodème (PHerc. 1021 , col. XXVII -XXXII, p . 93-105 Mekler = FGrHist 244 F 47 , 53-55 , 57-60 : un total de 132 vers relatifs à l'histoire de l'Académie platonicienne entre 206/5 et 142/1 environ ), passage récemment étudié par Dorandi 9 ( il est possible que Philodème para phrase en d'autres endroits le texte d'Apollodore : cf. col . XXIV , 32 - XXV, 19, p . 87-89 Mekler = FGrHist 244 F 56 ) . Cf. 11 T. Dorandi, « Filodemo e l'Academia Nuova (PHerc. 1021 , XVIII -XXVI) » , CronErc 17 , 1987 , p . 119 134 , et 12 K. Gaiser, Philodems Academica , p. 91-93 . La découverte des excerpta conservés par Philodème a apporté après coup une confirmation à l'hypothèse selon laquelle le quatrième livre de la Chro nologie aurait été ajouté par Apollodore dans un second temps à la rédaction primitive de l'ouvrage ( cf. Jacoby 5 , p . 12 n . 9) . Nous savons en effet par le Pseudo - Scymnos que la Chronologie commençait avec la chute de Troie (datée en 1184/3) et se poursuivait jusqu'en 144/3, couvrant une durée totale de 1040 ans. Le renseignement avait cependant été mis en doute, parce qu'il contredisait une indication de Diogène Laërce ( IV 65 = FGrHist 244 F 51 ) selon laquelle Apollodore aurait mentionné la mort du philosophe Carnéade ( 129/8 ) . L'excerptum de l'Index Academicorum permet de faire descendre la limite chronologique, au moins jusqu'en 110/09, année de la mort de l'académicien Clitomaque (FGrHist 244 F 53 et 56 ; Jacoby 5 , p . 13 , exprime son incertitude , mais voir Pfeiffer 7 , p . 255 ; tr. it. , p. 390 ). Le quatrième livre fut ajouté au trois premiers, écrits probablement au cours du séjour à Pergame ( 146-138 ou 133 ) , à
APOLLODORE D'ATHÈNES
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Athènes, quelques années plus tard, après 120/19. Il n'y a pas de raison valable pour admettre l'hypothèse de Schwartz 4, col. 2858-2859 = Griech. Geschicht schr ., p. 255-256 , selon laquelle les vers transmis par l'Ind. Acad. ne seraient pas d'Apollodore, mais constitueraient un ajout d'un académicien attique inconnu qui aurait voulu , après 120 , compléter la chronologie au moyen d'un chapitre sur la Nouvelle Académie (cf. Jacoby 5 , p . 12 s. et Pfeiffer 7, p . 255 n.5 ; tr. it. , p. 390 et n. 20 ). Cette hypothèse entraînerait le rejet d'un certain nombre de fragments, déjà connus par Étienne de Byzance (FGrHist 244 F 18-26 ), relatifs à des événements postérieurs ( les années 143-121 ), ce qui rendrait le livre III trop court. En faveur de la paternité apollodoréenne, on a coutume de citer un vers du Pseudo - Scymnos qui reproduit avec de légères variantes un des vers conservés dans l’Ind. Acad. ( Ps.-Scymnos, Per. 21 : ouveoxolanus dè nolùv ’Apiotápxwi χρόνον = V. 103 Dorandi ικανόν τ'Αριστάρχωι συνεσχολακώς χρόνον . Sur toute cette question, voir Dorandi 9 , p. 11-13 , et le comm . au v . 103 , p. 44). On peut tracer un schéma récapitulatif de l'ensemble de la Chronologie : LIVRE
PÉRIODE
DURÉE
I II III IV
1184/3 - 481/0 480/79 - 324/3 324/3 - 144/3
703 années 156 années 180 années
144/3 - 120/19 ou 110/09
( Pour d'autres renseignements, voir Dorandi 9 , p . 11 n . 15) . Dans l'établis sement de son système chronologique, Apollodore se fonde sur les résultats obtenus par Ératosthène dans ses Xpovixá, mais il apporte des modifications remarquables : il omet la section scientifique d'Eratosthène et élargit les limites chronologiques, peut-être jusqu'en 110/09, incluant la période qui suivit la mort d'Alexandre. Il accepte la date de la chute de Troie fournie par Ératosthène,, 1184/3 , mesure les époques de l'histoire grecque en yeveai, c'est - à -dire selon les générations de rois ou de personnages illustres. Devant la difficulté que présente le calcul par yeveá – chaque reveá correspond à un tiers de siècle ou plus ; souvent nous ne connaissons pas les dates de la naissance et de la mort des personnages, mais seulement la date de leur exploit et des événements les plus importants -, Apollodore introduit un calcul fondé sur l'axuń des divers person nages , un floruit qu'il situe à l'âge de 40 ans ( des traces de ce système de datation se retrouvent encore dans Suidas , chez qui yeyove fait référence à l'axuń apollodoréenne et non à la date de naissance . Cf. E. Rohde , RHM 33 , 1878 , p . 161 s . ) . L'autre grande innovation d'Apollodore consista à recourir non plus à la liste des vainqueurs olympiques, mais à la liste des archontes et cela non seulement parce qu'il était plus facile d'insérer le nom de l'archonte dans les vers . Des synchronismes étaient également fréquemment ajoutés. Dans ce systè me Apollodore indique les années qui séparent deux archontes éponymes qui se
succèdent en comptant de façon inclusive, c'est -à -dire sans prendre en considé ration les mois et les jours (sur la méthode d'Apollodore , cf. Jacoby 5 , p . 39-59, et Pfeiffer 7, p. 255-257 ; tr. it. , p . 389-391 ) . Bien que le Pseudo - Scymnos précise qu'Apollodore dans la Chronologie énumérait rólewv & GOEIS , ÉXTONI σμούς στρατοπέδων ( ν. 26 ) et ... φυγάς , στρατείας, καταλύσεις τυραννίδων (v . 31 ) , il semble , du moins d'après les fragments conservés, qu'une importance
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APOLLODORE D'ATHÈNES
prépondérante était donnée aux événements littéraires et aux philosophes ( en témoignent les citations chez Diogène Laërce et Philodème). La Chronologie supplanta facilement les Xpovoypapíai d'Ératosthène.et connut une large diffu sion : elle fut falsifiée par un Apollodore inconnu au fer s. av . J.-C. ( FGrHist 244 F 313-330 et T 16) ; elle fut continuée , pour les événements de l'histoire orientale jusqu'à la fin du 1er s . av . J.-C. (æuvre connue par les écrivains ecclésiastiques Clément, Eusébe, Syncelle ). Au détriment de notre connaissance de sa rédaction originelle, elle fut remplacée, à l'époque augustéenne, par un manuel de consul tation plus facile : les Xpovixá de Castor de Rhodes (FGrHist 250 : cf. E. Schwartz, « Die Königslisten des Eratosthenes » , AGWG 40 , 1894/5 , p . 93 s .) . TIZIANO DORANDI
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APOLLODORE D'ATHÈNES RE 67
FI
A. D'Apollodore de Séleucie, il faut sans doute distinguer un stoïcien plus jeune d'une génération, mentionné dans ce qui est vraisemblablement une liste de disciples d’Antipatros de Tarse, en Ind . Stoic. Herc ., col . LIII , 7-8 (p . 75 Traversa ): 'Anoia [68wlpos] 'Aonvaios. Apollodore suit dans cette liste Dar danus d'Athènes, ancien disciple de Diogène de Babylone (col . LI , 5-7 ) et successeurde Panétius de Rhodes. Selon 1 W. Crönert, Kolotes und Menedemos , p. 81 n . 395 , il s'agirait du grammairien Apollodore d'Athènes , connu par ailleurs comme disciple de Diogène de Babylone ( FGrHist 244 T 2) et (mais l'affirmation est contestable ) de Panétius (Souda A 3407 = FGrHist 244 T 1 ). B. On ne sait s'il faut identifier à Apollodore de Séleucie Crönert 1 , p . 80) ou à Apollodore d'Athènes (comme von l'Apollodore contemporain de Zénon de Sidon l'épicurien ( ca Cicéron , De nat. deor. I 93 : « Zeno quidem non eos solum
( comme le fait Arnim RE 67 ) 150-75 ). Selon qui tum erant,
Apollodorum , Sillim ( cod . A ; les mss présentent diverses variantes ), ceteros, figebat maledictis, sed etiam Socratem ipsum ... » Pease ( comm . ad loc. ) voit en Sillim un surnom ( attesté dans LSJ avec d'autres épithètes d'origine semblable ) utilisé pour distinguer cet Apollodore de ses homonymes. [Sur ce passage, voir 2 A. Angeli et M. Colaizzo , CronErc 9, 1979, p . 68-70 passim . ] On a parfois rapproché ce passage de Cicéron de D.L. VII 39 où Apollodore (de Séleucie) est surnommé o "Equados [à nouveau le texte des mss varie ; pour le sens de cet hapax, voir Crönert 1 , p . 81 n . 395 et la notice « Apollodore de Séleucie » ) et retrouvé le Sillis de Cicéron chez Diogène (xal Lúlloc ) ou l '" Epilos de Diogène chez Cicéron (Apollodorum Ephillum ). Selon 3 P. von der Mühll, « Zwei alte Stoiker. Zuname und Herkunft » , MH 20, 1963 , p. 1-9 , le surnom • " Eonios signifierait « celui qui a des taches blanches sur la pupille » et aurait été donné à Apollodore de Séleucie . RICHARD GOULET. 246
APOLLODORE DE CORCYRE Dans la section de sa doxographie consacrée aux marées, Aétius III 17 , 8 ; p . 382 Diels (= Stobée I 38 , 8 ; t. I, p . 253 , 14-15 Wachsmuth) , citait, entre le
APOLLODORE DE PHALÈRE
275
grammairien Cratès (de Pergame) et Séleucus le mathématicien , une opinion de cet auteur qui voyait dans les marées τας εκ του ωκεανού παλιρροίας .. RICHARD GOULET. 247
F va ? APOLLODORE DE CYZIQUE cf. RE 68 74 ) , il (= DK 38 IX D.L. ( fr. 3 ) . Selon Disciple (adsectator ) de Démocrite prétendait que Démocrite avait fréquenté le pythagoricien Philolaos ( fr. 2) . Apollodote de Cyzique qui enseignait, selon Clément d'Alexandrie , Strom . II 21 , 130,5 ; t. I , p . 184 , 14-15 Stählin , que le témoc était la yuxaywyía , pourrait être le même personnage ( fr. 1 ) . H. von Arnim , art. « Apollodoros» 68 , RE I 2 , 1894 , col . 2895 , envisage également de l'identifier avec Apollodore o loyiotixóc. Traduction des passages dans Dumont, Présocratiques, p. 967. RICHARD GOULET.
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APOLLODORE ο λογιστικός ου ο αριθμητικός RE 68 Selon cet auteur, Pythagore aurait offert une hécatombe lors de la découverte de son fameux théorème: D.L. I 25 , VIII 12 , Plutarque, Non posse suav. vivi sec . Epic. 11 , 1094 b ( Apollodote dans la famille de manuscrits a ) , et Athénée X , 418 f. L'épigramme citée dans ce contexte par D.L. VIII 12 , et explicitement attribuée à Apollodore par Athénée et Plutarque, est reprise dans l'Anth . Pal. VII 119. Malgré le caractère poétique de ce témoignage sur un philosophe et l'absence de toute précision complémentaire dans la référence à Apollodore chez Plutarque, rien ne nous autorise à identifier ce personnage à Apollodore d'Athè nes , le chronographe. On trouvera d'autres références au sacrifice de Pythagore, où le nom d'Apollodore n'apparaît cependant pas, dans le commentaire d'A.S . Pease à Cicéron , De nat. deor. III 36, 88. En D.L. I 25 , le témoignage d'Apollodore vient compléter ou rectifier celui de Pamphilè qui racontait l'épisode en le prêtant à Thalès. La suite du passage montre que Callimaque, dans ses lambes (v . 124-128, fr. 83 a Schneider ;voir l'édition R. Pfeiffer, Callimachus, t. I : Fragments, Oxford 1949, fr. 191 , 59 63), attribuait ces découvertes mathématiques à Pythagore sous le nom d'Euphorbe le Phrygien, l'une de ses incarnations antérieures (cf. D.L. VIII 4-5 ; autres références dans U. Hoefer, art. « Euphorbos» 1 , RE VI 1 , 1907 , col. 1173). RICHARD GOULET.
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APOLLODORE DE PHALÈRE RE 15 (et 75 ? ) PA1453
FV
A. Apollodore est le narrateur du Banquet de Platon ( cf. 172 a- 174 a) . Le jugement que Platon porte sur lui n'est pas très élogieux : « Tu es toujours le - ême aussi bien que même, Apollodore ! Toujours en effet tu dis du mal de toi m des autres, et mon impression est que , à commencer par toi, tous les hommes, bel et bien , sont misérables, tous excepté Socrate ! Où as-tu bien pu aller chercher ce sumom de tendre (to paraxos xalciodai), dont on t'appelle ? Quant à moi, je n'en sais rien ; car, dans tes propos, tu es toujours tel qu'à présent, avec ta véhé mence sauvage envers toi-même comme envers les autres, Socrate excepté ! » (Banquet 173 d , trad. L. Robin ).
276
APOLLODORE DE SÉLEUCIE
Cette description correspond à ce que laisse entendre Xénophon dans son Apologie ( 28 ). Apollodore assiste au procès de Socrate (Platon , Apol. 34 a ) et se déclare prêt à garantir, de concert avec Criton et Critobule, la somme de 30 mines, qui aurait constitué l'amende qu'ils conseillaient à leur maître de proposer ( Apol. 38 b) . Et, tout naturellement, il fait partie du groupe de ceux qui sont présents lorsque Socrate boit la ciguë (Phédon 59 a, 117 d ) ; son comportement manque alors singulièrement de retenue et de dignité : « Apollodore, lui, qui, même auparavant, n'arrêtait pas un instant de pleurer, s'étant naturellement mis alors à mêler des rugissements à ses pleurs et à l'expression de sa colère, il n'y eut personne, parmi ceux qui étaient là , dont il ne brisât le courage, sauf, il est vrai, de Socrate lui-même ! » (Phédon 117 d, trad. L. Robin ). L'admiration d'Apollo dore pour Socrate était proverbiale, comme en témoigne Plutarque , Caton le jeune 46 , 1 . frère , Aïantodore (RE ), est mentionné par Socrate dans son apologie (Platon , Apologie 34 a) parmi ces pères ou frères des jeunes gens de son entou rage qui auraient pu venir l'accuser de corrompre la jeunesse si ce chef d'accusation leur avait semblé vraisemblable . Cf. J. Kaerst, art. « Apollodoros » 15 , RE I 2, 1894 , col. 2849-2850 . B. Pline l'Ancien ( XXXIV 86) mentionne un sculpteur athénien , de la fin du Ve siècle et du début du ivº, qui aurait eu pour nom Apollodore et qui aurait représenté des « philosophes » . Un certain Silanion aurait coulé dans le bronze la statue de cet Apollodore : « Silanion a coulé en bronze Apollodore, qui était sculpteur lui aussi; ce dernier, artiste scrupuleux entre tous et critique impi toyable pour lui-même, brisait souvent des statues achevées, ne pouvant arriver à se satisfaire au gré de sa passion pour l'art ; aussi fut - il surnommé l’Insensé ( insanus = pavixóc ). Silanion a exprimé ce caractère et ce n'est pas un homme qu'il a représenté en bronze, c'est la colère personnifiée » (XXXIV 81-82 ; trad . H. Le Bonniec). Le fait que cet Apollodore ait représenté des philosophes et certains traits de son caractère ont amené des spécialistes à l'identifier au disciple de Socrate. Quoi qu'il en soit, une signature de l'Acropole ( fin du Va) semble pouvoir être attribuée à ce sculpteur. Voir E. Loewy, Inschriften griechischer Bildhauer ( 1855 ) , réimpr. Chicago 1976, n° 55. En faveur de l'identification des deux Apollodore, voir C. Robert, art. « Apollodoros » 75 , RE I 2 , 1894, col . 2896-2897 , qui renvoie à l'ouvrage de M. Hertz, De Apollodoro statuario et philosopho, Breslau 1867 . LUC BRISSON.
250
APOLLODORE DE SÉLEUCIE dit Éphillos RE 66
M II
Ce philosophe stoïcien , originaire de Séleucie sur le Tigre, était le condisciple chez Diogène de Babylone de Panétius de Rhodes, de Mnésarque, de Dardanus d'Athènes et de Boèce de Sidon (Ind. Stoic. Herc., col. LI , 7 ; p . 69 Traversa ). Il avait sa place dans la partie finale perdue du livre VII de Diogène Laërce, entre Diogène et Boèce ( Epitome Laertiana ). Le sumom • "Eulos, dont la signifi cation reste obscure ( cf. 1 W. Croenert, Kolotes und Menedemos , p . 81 n . 395 ; 2 A.S. Pease, dans son commentaire du De Natura deorum de Cicéron I 34 , 93 , t . I , Darmstadt 1968 , p . 455 ) , n'est transmis que par les leçons
APOLLODORE DE SÉLEUCIE
277
d'ailleurs divergentes des manuscrits en D.L. VII 39 (o tondoç B : 0 Épilog F : 0 Dialog P, d'après l'apparat de Long). Selon 3 P. von der Mühll, « Zwei alte Stoiker . Zuname und Herkunft », MH 20 , 1963 , p. 1-9, o Condos signifierait “ celui qui a des taches blanches dans la pupille " et c'est à juste titre qu'on identifierait le personnage portant ce surnom avec Apollodore de Séleucie. < C'est vraisemblablement ce personnage qui est mentionné, sous le nom d'Apollodore du Pirée, comme hiérope des Ptolemaia dans IG IT? 1938 (li. 63) , vers 152-148 * (sur ce document voir la notice « Antipatros du Pirée » ). BERNADETTE PUECH . > En revanche, l'Apollodore mentionné par l'Ind. Acad . Herc ., col. XXXIII, 13-15 ( p. 107 Mekler ) et dont on peut déduire du contexte qu'il aurait été un des maîtres de Philon de Larisse, n'est probablement pas Apollodore de Séleucie . Voir la notice consacrée à cet Apollodore . Apollodore est cité 16 fois par Diogène Laërce dans son livre sur le stoïcisme. Il écrivit un ouvrage intitulé Ai siç tà Sóyuata cloaywyai ( D.L. VII 39), dont on sait qu'il comportait au moins une Éthique et une Physique ( citée par Arius Didyme SVF fr. 8 , sous la forme Év TÑ QUOIXÑ Téxvn et par D.L. VII 125 et 150 sous la forme év tñ Quoixn ) et dont on devine, grâce à deux fragments conservés par D.L. VII 54 et 64, qu'il offrait également une Logique. Peut -être a - t- il existé plusieurs versions de l'ouvrage , au moins de la Physique, à en juger par l'expression Év tñ Ovoixñ xatà tnv åpxalav employée par D.L. VII 125 . Dans un article intitulé 3 « Un syllogisme stoïcien dans la doxographie de Diogène le Cynique. A propos de D.L. VI 72 » , RAM 125 , 1982 , p. 214-240, nous avons émis l'hypothèse que cet Apollodore qui apparaît comme une des sources importantes du livre de Diogène Laërce sur le stoïcisme et qui disait dans son Éthique : « Le sage fera le chien, car le cynisme est un raccourci vers la vertu » (D.L. VII 121 ), pouvait être également la source indirecte du point de vue adopté par Diogène Laërce dans son livre sur le cynisme, quand celui-ci fait remonter le stoïcisme à Socrate par le biais du cynisme , selon une filiation Socrate → Antisthène - Diogène → Cratès → Zénon . Si cette hypothèse est juste, peut -être est-ce à l'Éthique d'Apollodore qu'il faut attribuer les parallèles nombreux que nous relevons entre la doxographie cynique et la doxographie stoïcienne chez Diogène Laërce. Pour une reconstitution du raisonnement d'Apollodore en D.L. VII 121, voir notre ouvrage 4 L'Ascèse cynique. Un commentaire de Diogène Laërce, VI 70-71, coll. « Histoire des doctrines de l'antiquité classique » 10 , Paris 1986, p . 22 n. 22 . Les fragments, au nombre de 18 , tous tirés de Diogène Laërce et d'Arius Didyme, ont été regroupés par von Arnim dans SVF III, p. 259-261 . Toutefois on peut ajouter à ce recueil un témoignage de la Souda, s.v. Ośwv 'AleEav peús, 203, t . II, p. 702, 5-7 Adler, qui rapporte que le philosophe stoïcien Théon d'Alexandrie, contemporain d'Auguste, écrivit un commentaire sur la Quoio Aoyix ) eloaywyn d'Apollodore. A noter également que l’Apollodore évoqué par Cicéron , De nat. deor. I 34, 93 , sous la forme « Apollodorum Sillim » présentée par le manuscrit A ( les autres manuscrits offrent diverses leçons : « silum » , « sillum » , « siilli » et « sive » ), est peut-être à identifier avec Apollodore de Séleucie .
278
APOLLODORE DE TION
Étude d'orientation . 5 M. Pohlenz, Die Stoa , t. I, p. 180-181 . MARIE - ODILE GOULET-CAZÉ. 251
II / I
APOLLODORE DE TION ( Apol] [ O ]doros )
Académicien , mentionné parmi des disciples de Charmadas dans un passage obscur de l'Ind. Acad . Herc., col. XXXV , 43 (p . 112 Mekler ) : 'Ano ]» [6 ]8wpos Tια [ ν] ός . TIZIANO DORANDI.
252
APOLLODORE DU PIRÉE
MII
Hiérope des Ptolemaia mentionné dans IG IT? 1938 (li. 63 ), vers 152-148 * (sur ce document voir la notice « Antipatros du Pirée » ). Il faut certainement l'identifier avec le stoïcien Apollodore de Séleucie (voir cette notice ). BERNADETTE PUECH.
253
APOLLODORE LE MÉGARIQUE Dans un extrait des Tomaria d'Aristonymos conservé par Stobée ( IV 35 , 33 ; p . 863 , 18-864, 4 Hense ), est rapporté un propos de ce philosophe. Ce nom ne figure pas dans les recueils récents des fragments mégariques, mais il n'est pas sûr que le qualificatif implique un rattachement à cette école. RICHARD GOULET.
254
APOLLODOTE DE CYZIQUE RESuppl. I
: 7a
F Va ?
Clément d'Alexandrie , Strom . II 21 , 130, 5 ; t. I , p . 184, 14-15 Stählin , attribue comme témoc à ce philosophe qu'il évoque entre Hécatée d'Abdère et Nausiphane , la yuxaywyía, ce que Diels -Kranz, qui corrigent le nom en Apollodore et classent le témoignage dans les fragments d'Apollodore de Cyzique (DK 74 , 1 ) , disciple de Démocrite , paraphrasent par l'expression ψυχικήν ηδονήν. RICHARD GOULET.
255
APOLLONIDÈS
MF III
Dédicataire d'un ouvrage de Chrysippe relevant de la logique : Mepì tõv συναμμάτων [ainsi les mss BP; Fa συγγραμμάτων et von Arnim a conjecture ouubapátwv ] npoç 'Anoiwvíonn a ' (D.L. VII 191 = fr. 194 Hülser). Un tel traité ne pouvait guère être dédié qu'à un collègue ou un disciple à l'intérieur de l'école stoïcienne . RICHARD GOULET.
256
APOLLONIDÈS
IIIa
Épicurien , mentionné par Philodème en deux passages du De libertate dicendi, PHerc. 1471 (fr. 49, 7-10 et fr. 73 , 4-5 ) , en rapport avec Polyen et Épicure. TIZIANO DORANDI.
APOLLONIDÈS DE NICÉE 257
279 Ia
APOLLONIDÈS RE 30
Stoïcien , avec Démétrius le péripatéticien , l'un des deux philosophes qui accompagnaient Caton d'Utique et l'assistèrent au moment de son suicide, à Utique, en 46 °. Lors du dernier repas que prit Caton avec ses amis, on discuta notamment des paradoxes stoiciens (το μόνον αγαθόν ελεύθερον, δούλους δε Toùc baúlouç anavtas ), Démétrius apportant la contradiction ( Plutarque, Cat. min. 67 , 2-3 ) . Ils acceptèrent de rendre à Caton l'épée que son fils, par précau tion , avait enlevée ( 70, 1 ) . Caton leur avait demandé de convaincre de s'embar quer avec les autres le jeune Statyllius qui voulait rester à Utique pour imiter l'impassibilité de Caton devant l'avance de l'armée de César (65, 10-11). Ils ne purent le contraindre à partir (66 , 6-8 ), mais l'empêchèrent de se suicider comme Caton (73 , 7 ). RICHARD GOULET. 258
FI
APOLLONIDÈS DE CÉSARÉE
Dans sa Lettre 11 , adressée au Conseil de Césarée de Palestine, champion de l'hellénisme, Apollonius de Tyane lui recommande pour le seconder un certain Apollonidès, fils d’Aphrodisius, qui était peut-être un de ses disciples. PATRICK ROBIANO .
259
APOLLONIDÈS DE NICÉE RE 29 PIR2 923
DI
Grammairien , auteur d'un Commentaire sur les Silles de Timon de Phlionte . L'ouvrage était dédié à l'empereur Tibère. D.L. IX 109, qui emprunte au premier livre de cet ouvrage certains renseignements sur Timon, dit de lui o nap'nuõv , formule qui a suscité bien des commentaires dans la mesure où elle semble nous apprendre quelque chose sur Diogène Laërce lui -même . Voir notamment 1 J. Mejer, Diogenes Laertius and his Hellenistic background, coll . « Hermes-Einzelschriften » 40, Wiesbaden 1978 , p . 46 n . 95 , qui ajoute aux interprétations antérieures (« notre compatriote » ( originaire de Nicée) , « notre collègue » (dans l'école sceptique ? ] ) , une nouvelle qu'il fonde sur un rapprochement avec Marc 3 , 21 : « who belongs to my family » . On doit également envisager la possibilité que Diogène ait emprunté la formule à l'une de ses sources. C'est ainsi qu'on a voulu restituer la formule à Nicias de Nicée (Usener), auteur, comme Sotion auquel il est parfois associé chez Athénée, de Successions de philosophes. Voir 2 R. Philippson, art. « Nikias» 26a , RESuppl. VII, 1940 , col . 569-570 ; 3 W. Crönert, Kolotes und Menedemos, p . 137 , identifie même Apollonidès et Nicias ( « Apollonides von Nikaia und Nikias von Nikaia sind eins: 'Anoiawvíons o xai Nixias » ) ; 4 J. Mansfeld, « Diogenes Laertius on Stoic philosophy » , Elenchos 7 , 1986 , p . 300-302 (qui rapproche o nap’nuāv du Sophiste 242 d et propose de voir en Diogène Laërce un citoyen de Nicée en Bithynie , comme Apollonidès ); 5 J. Barnes, « Diogene Laerzio e il pirronismo» , Elenchos 7 , 1986 , p. 386 s . et n. 4 . D'autres titres de ce grammairien sont mentionnés par 6 G. Wentzel, art. « Apollonides » 29, RE II 1, 1895 , col: 120-121 .
280
APOLLONIDÈS DE SMYRNE
Sotion d'Alexandrie avait lui aussi déjà écrit un ouvrage sur les Silles ( Athénée VIII, 336 d) . RICHARD GOULET. 260
APOLLONIDÈS DE SMYRNE RE 31
II - I ?
Stoïcien , disciple de Diogène de Babylone (mort vers 150 ) ou d'Antipatros de Tarse . Il est mentionné dans l'Ind. Stoic . Herc ., col . LII, 3-4 ( p. 71 Traversa = fr. 163 Hülser) avec Chryserme d'Alexandrie et Denys de Cyrène, le géomètre. RICHARD GOULET. 261
I
APOLLONIENS
Selon Philostrate, V. Apol. VIII 21 , les Grecs appelèrent ' Anollwvisious les jeunes disciples ioniens d'Apollonius de Tyane qui le rejoignirent en Grèce . PATRICK ROBIANO .
262
APOLLONIOS
ép. imp.
Du péripatéticien Apollonios , fils d'un certain Protarchos, l'inscription de Rome IG XIV 1088 ( IGUR 361 ) ne nous a conservé que le nom. Il dut mourir à Rome : il semble en effet qu'on ait affaire à une inscription funéraire . Rien n'autorise un rapprochement avec le péripatéticien homonyme du IT s . av. J.-C. , frère de Sotion . La forme des lettres suggère une date postérieure ( IP ou IIP). BERNADETTE PUECH . 263
APOLLONIOS
MI
Affranchi et ami de Publius Licinius (RE 63 ) Crassus, qui mourut avec son père, M. Licinius (RE 68) Crassus (Dives ), à Carres en 53 '. Il est connu par une lettre de Cicéron à Jules César, datée de décembre 462 ou janvier 45 (Ad fam . XIII 16 , Lettre DLXXIII Beaujeu, 316 Schackleton Bailey). Cicéron le présente comme un Grec fort instruit qui passa avec lui, depuis son enfance, beaucoup de temps auprès du stoïcien Diodote (§ 4 ) . Après la mort de Crassus , il alla rejoindre Cicéron en Cilicie où il lui prêta le concours de « sa loyauté et de sa clairvoyance » et il assista également « avec zèle et fidélité » César durant la guerre d'Alexandrie ( 2) . Il se proposait de rejoindre César en Espagne afin de relater ses hauts faits en grec ( $ 4) et la lettre de Cicéron devait servir de recommandation en ce sens . J. Beaujeu , dans l’Introduction de son édition ( CUF, t . VII, Paris 1980, p . 217 ) , le décrit comme « le type de ces Grecs arrivistes dont Juvénal devait tracer le portrait vengeur, un siècle et demi plus tard » . D'après A.W. Lintott, «A historian in Cicero : Ad Familiares - P. Licinius ( ? ) Apollonius » , RAM 109 , 1976 , p. 368 , Plutarque aurait emprunté à Apollonios son récit de la campagne de Crassus qui occupe la moitié de la Vie de Crassus.
RICHARD GOULET.
APOLLONIOS D'ALABANDA
264
281
A] POLLONICOS Épicurien (?), mentionné dans un passage obscur du PHerc. 1746, fr. 8 , 6 . Cf. W. Crönert, Kolotes und Menedemos, p . 92-93 . TIZIANO DORANDI.
265
APOLLONIOS RE 84 (? )
MIT
Académicien , élève de Carnéade et de Métrodore de Cyzique , l'élève de Métrodore de Stratonice, mentionné dans l’Ind. Acad. Herc. , col. XXXVI, 5-8 (p. 113 Mekler = Carnéade T 36, 46 s . Mette ). Mekler voudrait l'identifier avec Apollonios Malaxós d'Alabanda (RE 84 ), contre l'avis de Bücheler ( p. 21 ) qui pensait à l'Apollonios de Tyr dont Strabon rapporte ( XVI 2, 24 , p . 757 C. ) qu'il écrivit un ſívat des philosophes stoïciens. Cf. J. Glucker, Antiochus, p . 114. TIZIANO DORANDI.
266 APOLLOJNIOS Nom d'un philosophe inconnu restitué par W. Crönert en PHerc. 1746 , fr. 15 , 1-2 : Απολλωνίωι Κρε [ . TIZIANO DORANDI. 267
APOLLONIOS D'ALABANDA , dit Molôn RE 85
DI
Surnommé Mórwv parce que c'était le nom de son père, sans doute pour le distinguer d'Apollonios d’Alabanda o paraxos (RE 84 ), ce rhéteur, disciple de Ménéclès d'Alabanda (RE 3), enseigna à Cicéron, lors d'un passage à Rome comme ambassadeur des Rhodiens (en 87° ou en 81 ) , puis à Rhodes en 784 ( cf. Brutus 312 et 316 ; Plutarque, Cicéron 4 , 5 ) . Ignorant le latin , il pria Cicéron de déclamer en grec et reconnut qu'avec lui les Grecs étaient maintenant égalés sur le plan de la culture et de l'éloquence (Plutarque, Cicéron 4, 6-7 ). Il fut également le maître de M. Favonius ( Cicéron , Att. II 1 (XXVII ) , 9), de T. Torquatus (Brutus 245 ) et de Jules César (Suétone, César 4 ; Plutarque, César 3 , 1 ) . Il était selon Cicéron «non seulement un avocat plaidant et un écrivain excellent, mais aussi un maître habile à saisir et à critiquer les défauts , en même temps que très intelligent dans sa méthode et ses préceptes » (Brutus 316, trad. Martha ). Sur l'influence stylistique qu'il a pu exercer sur Cicéron, voir J.C. Davies, « Molon's influence on Cicero » , CQ 18 , 1968, p . 303-314. Entre autres æuvres, il écrivit un Karà pilooopwv mentionné dans une Scholie sur les Nuées d'Aristophane, v . 144 ( 144 c ; p. 41 , 5-18 Holwerda ): Apollonios rejetait l'authenticité de l'oracle en trimètres prononcé par la Pythie en faveur de Socrate, sous prétexte que les oracles delphiques étaient uniquement des hexamètres.« Molôn » est également cité par D.L.III 34 comme un ennemi de Platon : il reprochait à Platon son voyage en Sicile . Il n'est pas sûr qu'il s'agisse du même personnage . Apollonios Molôn écrivit également un ouvrage contre les Juifs qui nous est connu par Flavius Josèphe, Contre Apion II 148 et passim , et par un fragment transmis par Alexandre Polyhistôr chez Eusébe, P.E. IX 19, 1-3 . Entre autres accusations, il reprochait aux Juifs d'être « les plus mal doués des barbares » et « les seuls à n'avoir apporté aucune invention utile à la civilisation » ( trad. L. Blum ).
282
APOLLONIOS D'ALEXANDRIE
Cf. W. Schmid , art. « Apollonios » 85 , RE II 1 , 1895 , col. 141-144 . RICHARD GOULET. 268
I? APOLLONIOS D'ALEXANDRIE RE 91 Commentateur des Catégories d'Aristote, dont une exégèse (portant sur les exemples de 7 a 1 et 18) est citée par Simplicius, In Categ ., p . 188 , 16-30 Kalbfleisch. Sur ce fragment, voir P. Moraux, Aristotelismus, t. II, p. 216-217 . D'après Gercke, art. « Apollonios » 91 , RE II 1 , 1895 , col. 145 , et Moraux , Aristotelismus, t. II, p . 211 , une identification de ce commentateur, postérieur à Andronicus de Rhodes, est envisageable avec Apollonius « le péripatéticien » , frère aîné de Sotion d'Alexandrie . Voir la notice suivante. Il est possible également que le commentateur grec d'Aristote connu par la tradition arabe sous le nom d'Alinus soit Apollonios d'Alexandrie. Voir la notice « Alinus » . RICHARD GOULET.
269
APOLLONIOS D'ALEXANDRIE RE 92
I?
« Péripatéticien » , frère aîné de Sotion d'Alexandrie, dont Plutarque, De frat. am . 16, 487 d ( écrit après 96 de notre ère ) parle comme d'un philosophe récent. Il se serait employé à servir la renommée de son frère plus que la sienne propre . D'après Gercke, art . « Apollonios » 91 , RE II 1 , 1895 , col . 145 , et Moraux, Aristotelismus, t. II, p . 211 , il faudrait peut- être l'identifier avec Apollonios d'Alexandrie , commentateur d'Aristote postérieur à Andronicus de Rhodes. Voir la notice précédente. Son frère Sotion est également connu par Simplicius comme commentateur des Catégories. RICHARD GOULET. 270
APOLLONIOS D'ANTIOCHE dit l'Empirique RE 101
175a
Médecin de l'école empirique, dit également « l'Empirique » ( 'Anomlávios O ÉLTELpixÓS ), « Apollonios l’Ancien » ou « Apollonios le père » . Sources anciennes rassemblées dans 1 K. Deichgräber, Die griechische Empirikerschule, Berlin 1930, réimpr. Zürich 1965, fr. 4 , 6, 7 a . b. d. ( p. 40 41 ) ; 164 (p. 171 , 13 ) ; 322 (p. 225) ; 342 (p. 236, 5-6) ; 344 (p. 239, 22) . Informations biographiques . a) Médecin empirique : Apollonios figure plusieurs fois dans des listes de représentants de l'empirismemédical : ( 1) Celse, Prohoemium 10, p . 18 , 23 s . Marx (CML I) ( = fr. 4 Deichgräber] le cite avec Sérapion , Glaucias et Héraclide de Tarente. (2) (Galien) , Eloaywyn ô iarpóc, t . XIV , p . 683 , 11 Kühn ( = fr. 6 ] le cite avec son fils (« les deux Apollonios, père et fils, d'Antioche » ), à la suite d'Acron d'Agrigente , lui-même présenté comme un précurseur du mouvement empirique, de Philinos de Cos , fondateur de l'école, de Sérapion d'Alexandrie, et devant Ménodote et Sextus. ( 3 ) J.A. Cramer (édit.) , Anecdota Graeca e codd . mss Bibl. Reg. Parisiensis, Oxford , t . I, 1839, p . 395 (= fr. 7a) le cite , sous une forme curieuse résultant de l'amalgame évident de deux noms: « Sextos Apollonios» , avec Acron d'Agri gente, Philinos de Cos et Sérapion d'Alexandrie, comme l'un des quatre (sic) représentants de la médecine empirique. ( 4 ) P. Lambeck , Commentariorum de
APOLLONIOS BIBLAS D'ANTIOCHE
283
Augustissima Bibliotheca Caesarea Vindobonensi libri I - VIII, t. VI, Wien 1674, p . 151 s . [= fr. 7b) , donne une liste identique, sauf que « Sextos » y est bien séparé d ' « Apollonios » . (5) Parisinus latinus 11219, fol. 44 " [ = fr. 7d) , est une reproduction défectueuse de la précédente liste . b) Datation : 2 M. Wellmann, dans Susemihl, t. I, p . 823 , situe Zénon l'Hérophilien au début du II s . av . J.-C. , ce qui nous indique l'époque où Apollonios a exercé son activité, puisque nous savons, grâce à (6 ) Galien , Eic to ' Innoxátouç 'Eniðnuiwv Bibliov y nouvnua B ' , III 8 , t. XVII B , p. 617 , 10 Kühn (= fr. 342 , Deichgräber 1 , p. 235 ) qu'il a polémisé avec Zénon . Sur la polémique qui opposa Zénon et les Apollonios, père et fils, voir ci -après ; c ) « d'Antioche » : (Galien ( 2) semble la seule source à mentionner cette origine. Apollonios a vraisemblablement résidé à Alexandrie : Wellmann 2, p. 824 et 3 P.M. Fraser, Ptolemaic Alexandria, Oxford 1972, t. I, p. 367. L'œuvre d'Apollonios. a ) La polémique des « caractères» : l’Empirique d'Antioche nous est surtout connu, comme son fils, Apollonios Biblas d'Antioche, pour sa participation à une interminable controverse, dont Galien nous fait le récit complet au second livre de son propre commentaire sur le livre III du traité hippocratique des 'Eniðnuiai : Galien (6), et 4 E. Wenkebach, « Untersuchungen über Galens Kommentare zu den Epidemien des Hippo krates» , dans AAWB, Nr 1 , 1925 ; voir aussi (7) Galien , dans Deichgräber 1, fr. 344, p. 239, et l'importante étude de 5 J. Nollé, « Die “ Charaktere" im 3. Epidemienbuch des Hippokrates und Mnemon von Side » , EA 2, 1983, p. 85-98. Cette controverse nepi tõv xapaxtúpwv, que Galien appelle « l'histoire des caractères » [(8) t. XVII A , p. 605, 10 Kühn = fr. 343, p. 237 Deichgräber ), et décrit comme une « inter minable macrologie » ( voir aussi Galien (7)] , se développa à partir du die s. av. J.-C. autour des « caractères» hippocratiques, lettres de l'alphabet, parfois légèrement modifiées, servant de signes abréviatifs pour présenter en raccourci les cas exposés au livre III des Épidémies. On les trouve dans les textes hellénistiques et les manuscrits qui leur sont postérieurs, et la question était de savoir si ces « caractères » remontaient à Hippocrate même ou avaient une origine plus récente, dans la personne de Mnémon ( de Sidè ?) notamment, médecin du III° s. av. J.-C. Zénon l'Hérophilien, qu'on situe vers la fin du IIIe s. av . J.-C. et le débutdu Ire, avait écrit un ouvrage où il soutenait l'authenticité hippocratique des caractères : Apollonios l'Empirique avait aussitôt contesté sa thèse, attribuant quant à lui ces caractères à Mnémon . Zénon avait derechef répondu par un ouvrage plus long que le précédent et qui, à son tour, en avait entraîné un autre en réponse, après la mort de Zénon , et dont l'auteur était le fils d'Apollonios l'Empirique, Apollonios Biblas d'Antioche. D'autres empiriques avaient ensuite pris le relais, dont Héraclide de Tarente en personne. La querelle portait sur deux points : 1 ) l'authenticité des caractères; 2) l'identification exacte des lettres représentées et la détermination précise de leur sens. b ) Recherches lexicographiques attestées par (9) Érotien, Vocum Hippocraticarum collectio, p. 23 , 8 Nachmanson (= fr. 322, p. 225) . Ces deux types de recherche entrent dans le cadre des enquêtes systématiquement menées par les empiriques sur les textes médicaux antérieurs et, notamment, sur les traités hippocratiques. c) Une polémique contre l'épicurisme ? C'est ce qui pourrait ressortir de certains fragments de l'épicurien Démétrios Lacon qui mentionnent sur un ton d'hostilité Apollonios l'Empirique ( TQūTA 8'ayvonoac ' Anotávios O 'EureipixÓS...) et un autre empirique, du nom de « Philiôn » (o Olliwv ) , qui serait Philinos. Voir, en dernier lieu, 6 M. Gigante, Scetticismo e epicureismo, coll. « Elenchos » 4, Napoli 1981 , chap. 8 : « Demetrio contro gli empirici», p. 170-175. Voir aussi 7 V. De Falco, L'epicureo Demetrio Lacone, Napoli 1923. FRANÇOISE CAUJOLLE -ZASLAWSKY. 271
APOLLONIOS " BIBLAS” D'ANTIOCHE RE 101
150a
Médecin grec de l'école empirique, fils d'Apollonios d'Antioche, l'Ancien .
284
APOLLONIOS D'APHRODISE
Les sources anciennes sont rassemblées dans 1 K. Deichgräber, Die grie chische Empirikerschule, Berlin 1930., .réimpr. Zürich 1965 : ( 1 ) fr. 6, p. 40 = (Galien) , Eloaywyn ñ latpos, t. XIV , p. 683, 11 Kühn ; (2) fr. 165 , p. 172 = Soranus, Nepi yuvaixeiwv, CMG IV , p. 65 , 1 ; (3 ) fr. 342, p . 236 = Galien, Eic to Ιπποκάτους Επιδημίων βιβλίον γ' υπόμνημα β ' , ΠΙ 8, t. XVII B , p. 617, 10 Kühn ; ( 4 ) fr. 344 , p. 239, 22 = Galien , Galien, Eic to 'Innoxátous 'Erionuiwv B162lov y ' únouvnua B' , L. I ( extrait du Laurentianus LXXIV 25) . La filiation est indiquée par (Galien ) ( 1 ) qui, dans son énumération des méde cins de l'école empirique, cite « les deux Apollonios, père et fils, d'Antioche » . La datation d'Apollonios Biblas repose sur celle de son père, Apollonios l’Empi rique, contemporain de Zénon l'Hérophilien, un médecin que 2 M. Wellmann (dans Susemihl, t. I, p. 823) situe au début du IT s . av . J.-C. Le surnom de Biblas est attesté par Soranus (2) : « Apollonios, connu sous le nom de Biblas » et Galien ( 3): « 'Anolávios O Bubnās énixandeíc ». Il signifie « le livresque » et tient sans doute à l'érudition d'Apollonios et au fait que sa contribution à la médecine a dû reposer sur ses écrits plutôt que sur sa pratique. Il est révélateur, à cet égard, que son nom n'ait survécu que pour sa participation active à la célèbre querelle des empiriques contre Zénon l'Hérophilien . Dans cette controverse, appelée « l'histoire des caractères » par Galien , qui en donne un récit complet au livre II de ses commentaires sur le livre III du traité hippocratique des Épidémies ( voir la notice « Apollonios dit l'Empirique » ), Apollonios Biblas a pris la relève de son père, poursuivant encore sa polémique jusques après la mort même de Zénon et, non content de renforcer la réfutation paternelle de l'authenticité des « caractères » , il a fait de Zénon lui-même l'objet d'une attaque auxiliaire, où il l'accuse d'avoir un peu altéré ces « caractères » pour les besoins de son argumentation ( fr. 342, p. 236, 7-16 Deichgräber). La mention d'Apollonios dit Biblas dans la Gynécologie de Soranus (2), au cours de l'exposé d'une thèse sur l'allaitement, laisse supposer - sans plus – que ce médecin se serait particulièrement intéressé à la gynécologie. Avec le nom d'Apollonios, l'historien se heurte à une difficulté particulière, qui tient à la grande fréquence de ce nom . Ainsi, lorsque différents textes médicaux citent « les deux Apol lonios », il ne s'agit pas nécessairement des deux Apollonios d’Antioche, mais peut-être – par exemple - d’Apollonios de Kition et d'Apollonios Mys, l'Hérophilien, comme il semble que ce soit le cas dans le passage où Celse (VII, Prohoem . 2, p. 301, 13 Marx = fr. 277, p. 208 , 23 24 Deichgräber), faisant le compte des grands chirurgiens, écrit « et Apollonii duo » .Voir, pour cette identification , par exemple, Wellmann 2 , p. 824 n. 283 et t. II, p. 441 n. 145b, et, 3 id ., Hermes 23, 1888, p. 565. Concernant, plus généralement, cette question d'homonymie, voir 4 T. Mola, La Scuola di Erofilo . Apollonio Erofileo e gli altri medici che ebbero nome Apollonio, Roma 1962, (où l'on trouve, en italien, les fragments des divers Apollonios); 5 M. Michler, Die alexandrinischen Chirurgen, coll. « Die hellenistische Chirurgie » 1 , Wiesbaden 1968 ( qui souligne notamment, p. 119-122, contre l'interprétation ci -dessus de Wellmann , l'incapacité où nous sommes d'identifier vraiment les Apollonios que Celse voulait désigner). FRANÇOISE CAUJOLLE -ZASLAWSKY. 272
APOLLONIOS D’APHRODISE PLREI : 1 « Grand -prêtre et historien. Il a écrit un ouvrage sur la Carie (Kapıxá ), un traité intitulé Sur Tralles ( IIepi Tpáraewv ), ainsi qu'un traité Sur Orphée et ses mystères ( ſlepi 'Oppéwç xal TÕV TERETŐV QútoŨ ) », Souda A 3424, t. I, p. 309, 13-14 Adler. RICHARD GOULET.
APOLLONIOS DE CHALCÉDOINE
285
fl. II /III
273 APOLLONIOS D'HADRIANI (AVIANUS -)
Ce philosophe, citoyen d'Hadriani de Bithynie ( ville fondée par Hadrien au début du IT s.), était sans doute installé à Pruse : il y fit élever la statue de son ami, le stoïcien T. Avianus Bassus Polyaenus (BCH 33 , 1909, p. 409 ). Il ne précise pas s'il était lui-même stoïcien . BERNADETTE PUECH . 274 APOLLONIOS DE CHALCÉDOINE
RE 64 PIR ? A 929
MII
Stoïcien , un des maîtres les plus révérés de l'empereur Marc - Aurèle . Parmi les bénédictions dont il rend grâces aux dieux, Marc -Aurèle (Pensées 1 17, 10 ) mentionne celle d'avoir connu Apollonius, Rusticus et Maximus. Dion Cassius , Epit. LXXI(I) 35 , 1-2 (III, p . 277 Boissevain) , mentionne comme maîtres de Marc - Aurèle (né en 121 ), en rhétorique: Cornelius Fronton et Claudius Herodes (Atticus), en philosophie : Junius Rusticus et Apollonius de Nicomédie « qui tous deux pratiquaient les discours zénoniens ». Les indications d'Eutrope, VIII 12 , 1 , sont légèrement différentes, et plus exactes pour la patrie d'Apollonius : « Institutus est ad philosophiam per Apollonium Chalcedonium , ad scientiam litterarum Graecarum per Chaeronensem , Plutarchi nepotem , Latinas autem eum litteras Fronto , orator nobilissimus, docuit. » Quant à Jérôme ( d'après Eusebe ), il note, pour l'année 150 : « Apollonius Stoicus natione Chal cidicus et Basilides Scythopolitanus philosophi inlustres habentur, qui verissimi quoque Caesaris praeceptores fuerunt » ( p. 203 Helm ). Après avoir rapporté que dès l'âge de douze ans Marc - Aurèle avait choisi l'habit philosophique, S.H.A. , V. Marci II 7 - II 3 , énumère comme maîtres du futur empereur en philosophie les stoïciens Apollonius de Chalcédoine, Sextus de Chéronée – le neveu de Plutarque - , Junius Rusticus, Claudius Maximus et Cinna Catulus, ainsi que le péripatéticien Claudius Severus. Même après son adoption , il continua à se rendre chez Apollonius pour étudier avec lui. Il possédait des portraits dorés ( imagines aureas) de ses maîtres dans son lararium et retournait régulièrement sur leurs tombes offrir des sacrifices et des fleurs ( III 5 ) . D'après S.H.A. , V. Veri II 5 ( voir aussi V. Marci II 7) , Apollonius aurait également, avec Sextus ( de Chéronée ), formé à la philosophie Lucius Verus (né en 130, consul en 154 et 161 , coempereur de Marc - Aurèle de 161 à 169). S.H.A. , V. Pü X 4, rapporte qu'Antonin le Pieux aurait fait venir Apollonius de Chalcis ( erreur probable des manuscrits pour Colch ide, région dont Chalcé doine est proche ) à Rome. Alors qu'il lui demandait de venir à la Domus Tiberiana pour s'occuper de la formation de Marc - Aurèle , le philosophe aurait répondu : « ce n'est pas le maître qui doit venir vers l'élève, mais l'élève qui doit aller chez le maître » , ce qui fit dire à l'empereur qu ' « il avait été plus facile pour Apollonius de venir de Chalcis (Chalcédoine ?) à Rome que de chez lui au Palais » . Le biographe ajoute à propos de ce maître qu'Antonin avait remarqué son avarice dans les questions de salaire. Lucien , Démonax 31 , montre qu'Apollonius venait alors d'Athènes ou qu'il passa par Athènes (où vivait Démonax ) et qu'il était apparemment un maître réputé : « Quand Démonax vit le philosophe Apollonius partir avec un grand nombre de disciples – il partait parce qu'il avait été appelé auprès de l'empereur
286
APOLLONIOS DE CITION
pour exercer des fonctions pédagogiques (éni naidelq ) –, il dit : “Voilà que s'en vont Apollonius et ses Argonautes ! ” », autre allusion probable à sa cupidité. Il semble avoir perdu un enfant (Marc -Aurèle I 8 , 3) . Il serait mort avant mars 161 , puisque Antonin marqua de la compréhension devant le chagrin de Marc - Aurèle à la mort de son educator (S.H.A. , V. Pii X 5 ) . Dans une lettre à Fronton ( V 51 ; p . 81 Van den Hout) que l'on date vers 155 158 (« almost certainly » , d'après A. Birley ), Marc -Aurèle lui recommande un certain Thémistocle qui lui fut présenté par Apollonius, le fils d'Apollonius, son « maître en philosophie ». On ne connaît pas par ailleurs ce Thémistocle qui était venu à Rome au cours de l'hiver et avait l'intention de se rendre en Asie où Fronton était désigné comme proconsul. Il n'est pas impossible qu'il s'agisse d'un philosophe , car Marc -Aurèle l'annonce dans les termes suivants: « qui se Apollonio magistro meo philosophiae dicat cognitum » (= yvópiuos ) . Marc -Aurèle, Pensées I 8, rappelle ce qu'il a appris de lui : « D'Apollonius: l'indépendance ; la décision , sans débats infinis comme sans appel aux dés; ne se point guider, même pour peu de temps, sur autre chose que la raison ; rester toujours le même malgré de vives douleurs, la perte d'un enfant, de longues maladies; avoir vu manifestement, sur un modèle vivant, qu'on peut allier la plus grande énergie à la douceur, nulle propension à des mouvements d'humeur au cours de ses explications (év taic teeyMoeoi ); avoir vu un homme qui comptait évidemment pour le moindre de ses talents son expérience et son habileté à transmettre la doctrine ( tà dewpnuata ) ; avoir appris comment il faut accueillir ce qui passe pour bons offices entre amis, sans se laisser vaincre par ces préve nances, ni les décliner grossièrement. » Cf. P. von Rohden , art. « Apollonios» 64 , RE II 1 , 1895 , col. 125 ; A. Stein , PIR ? I 1933 , A 929, p. 180 ; M. Pohlenz, Die Stoa, Göttingen I , 1948, p . 288 ; II, 1955 , p. 148 ; A.S.L. Farquharson , Marcus Aurelius, his life and his world , 2e éd. publiée par D.A. Rees, Oxford 1952, p. 34 et 61 ; A. Birley , Marcus Aurelius, London 1966 , p. 43 , 76-77 , 114-115, 121-122 et 143 ; E. Champlin , « The Chronology of Fronto » , JRS 64, 1974, p . 145 (la lettre V 51 se situe peu avant le proconsulat de Fronton en Asie et donc vers 158) ; id . , Fronto and Antonine Rome, Cambridge (Mass.)/London 1980, p . 42-43. SIMONE FOLLET et RICHARD GOULET. 275
APOLLONIOS DE CITION RE 102
DI
Médecin de l'école empirique. Sources anciennes rassemblées dans 1 K. Deichgräber, Die griechische Empirikerschule ( recueil des fragments et présentation des idées), Berlin 1930 ; réimpr. Zürich 1965 , p . 205 ( fr. 266 ) ; 206-209 ( fr. 275 à 280) , 262-263 , 321 322 (commentaire ). Informations biographiques. a) Datation . Voir 2 H. Schöne (édit.), Apollonius von Kitium , Illustrierter Kommentar zu der hippokratische Schrift Hepi ápopwv, Leipzig 1896 , p . XXIV : Apollonios, dont l'ouvrage contient une épître dédicatoire à Ptolémée Aulète ou son frère, le régent de Chypre, aurait donc vécu dans la première moitié du 1er s. av . J.-C. b) « De Cition » , dans l'île de
APOLLONIOS DE CITION
287
Chypre. Cela est clairement dit par ( 1 ) Strabon XIV 6, 3 , p. 682-683 (= fr. 275 , p . 207 Deichgräber) et par ( 2 ) Caelius Aurelianus, De morbis chronicis, (a) I 4, 139 et (b ) III 4 , 56 Sichard ( 1529] : « Apollonius Citiensis » (= fr. 278 , p. 208 et fr. 280 , p . 209 Deichgräber) et, de même, par ( 3 ) Érotien, Vocum Hippocra ticarum collectio , (a ) p . 4 , 21 ; (b ) 23 , 8 ; (c) 48 , 5 Nachmanson (= fr. 311 , p . 221 , fr. 322, p. 225 et fr. 330, p . 226 Deichgräber ): • Kitieùs 'Anołlávios. Sur la facilité des relations et des communications entre Chypre et Alexandrie à cette époque, et par suite sur la probabilité d'une double résidence d'Apollonios, voir 3 P.M. Fraser, Ptolemaic Alexandria, Oxford 1972 , vol . II, p . 536 n . 223. Apollonios signale dans son Commentaire , I , p . 1 , 16 Schöne, avoir étudié à Alexandrie . c) Médecin. Strabon ( 1 ) le dit explicitement. Les autres témoi gnages indiquent à tout le moins , en citant ses avis (Caelius Aurelianus (2b) ; ( 4 ) Alexandre de Tralles, I 15 , p . 559 Puschmann ( = fr. 279 , p . 209 Deichgräber)] ou ses ouvrages (Caelius Aurelianus (2a ); Érotien (3ab )], qu'il s'est occupé de médecine. d) Chirurgien . (5 ) Celse , Proæmium 2 , p . 301, 13 Marx (CML VII) (= fr. 277 , p . 208 Deichgräber ). 4 M. Wellmann, Hermes 23 , 1888 , p. 565. Pour les problèmes posés par l'identification de cet Apollonios chirurgien , voir aussi la notice « Apollonios Biblas d'Antioche » . e) Empirique . Cela ressort suffisamment d'un passage de son commentaire, où il critique les idées a priori des dogmatiques et, notamment, celles de l'Hérophilien Hégétor, sur la manière de remettre en place les membres luxés : III, p . 23 , 13 Schöne = fr. 276, p . 207 Deichgräber] et p . XXV . f) Élève de Zopyre. Apollonios l'indique lui -même dans la préface de son Commentaire I, p . 1 , 16 Schöne ( = fr. 266 , p . 205 Deichgräber ). L'euvre médicale. a) D'Apollonios est conservé un Commentaire en trois livres du ſlepi popwv d’Hippocrate, édité par Schöne 2. Nouvelle édition : 5 J. Kollesch et F. Kudlien ( édit. ), CMG XI 1 , 1 , Leipzig 1965 ; c.r. par 6 K. Alpers, Gnomon 39, 1967, p. 26 s . Voir aussi 7 J. Blomqvist, Der Hippokratestext des Apollonios von Kition , coll. « Scripta Minora Regiae Societatis humaniorum Litterarum », 1 , Lund 1974, 90 p. , bibliogr. p. 84-85. On sait que l'exégèse des ouvrages hippocratiques a constitué une part importante de la recherche médicale des empiriques. Le commentaire en question, qui nous est parvenu complet, vaut principalement par les illustrations qui l'accompagnent dans le ms. Laurentianus LXXIV 7 , et qui sont reproduites et commentées dans Schöne 2 , p. XXVI s. b) Ouvrages perdus : Érotien (3a) rapporte qu'Apollonios aurait écrit dix -huit livres contre les trois livres que « celui de Tarente » (Héraclide de Tarente ) avait lui-même écrits contre Baccheios (de Tanagra ), Héro philien , auteur d'un glossaire et de commentaires sur des traités hippocratiques. Voir 8 M. Wellmann dans Susemihl, t. II, p. 411 , qui comprend qu'Apollonios aurait écrit dix-huit livres contre Héraclide et trois contre Baccheios, mais l'interpréta ion de Deichgräber 1, p. 206, 35 , que suit d'ailleurs Fraser 3, t. II, p. 543, n. 266, est plus plausible, à la fois pour la grammaire et pour le sens. c) Vestiges lexicographiques : se conformant, là encore, à une tradition des empiriques, Apollonios a participé au travail d'élucidation de certains termes hippocratiques. Érotien ( 3abc ) en cite deux exemples. d) Témoignages indirects : Apollonios semble s'être particulièrementintéressé au diagnostic et au traitementde l'épilepsie ( Alexandre de Tralles ( 4) ]; il aurait même écrit un ouvrage sur le sujet (Caelius Aurelianus (2a ) : de epilep ticis ]. e) Chirurgie. A consulter son Commentaire du Tepi & pepwv d'Hippocrate, on note qu'Apollonios partage visiblement la répugnance des empiriques à l'égard du scalpel et du bistouri : il s'est spécialisé dans ce qu'on pourrait appeler une chirurgie externe des accidents et traumatismes. En ce domaine, où l'a introduit Zopyre d'Alexandrie, il a suivi le plus souvent, il le dit lui-même, les indications d'Hippocrate. Voir Deichgräber 1, fr. 266, p. 205, et fr. 276, p . 207-208 .
288
APOLLONIOS DE CYRÈNE
Cf. 9 K. Alpers, « Apollonios von Kition und die Hippokratesüberlie ferung» , MHJ 4, 1969, p. 69-72. FRANÇOISE CAUJOLLE -ZASLAWSKY. 276
APOLLONIOS DE CYRÈNE dit Cronos RE 93
MIV
Philosophe mégarique, originaire de Cyrène, élève d'Eubulide et maître de Diodore Cronos . Trois courts témoignages le concernant figurent dans le recueil de K. Döring, Die Megariker : fr. 96 (D.L. II 111 ), 97 (Strabon XVII 3, 22) et 98 (ibid. , XIV 2, 21 ), ainsi que dans celui de G. Giannantoni, Socraticorum reliquiae , t. I, p . 71. Ils sont traduits et commentés par R. Muller, Les Mégariques, p . 38 et p. 127-128. Peu connu (cf. fr. 98 Döring ), il doit sans doute au seul fait d'avoir eu Diodore comme élève ( et d'autoriser ainsi le rattachement de ce dernier à la tradition mégarique) d'avoir laissé un nom dans l'histoire. Sur le sens du surnom « Cronos », voir la notice « Diodore Cronos » . ROBERT MULLER . 277
II
APOLLONIOS DE CYRÈNE dit Barcaios
Académicien , élève de Carneade, mentionné dans l'Ind. Acad. Herc ., col . XXIII, 43 = XXXII, 40 ( p. 86 et 105 Mekler = Caméade, T 3b, 15 Mette ). TIZIANO DORANDI.
278
APOLLONIOS DE CY [RÈNE
II*
Académicien , disciple de Téléclès, mentionné en deux passages de l'Ind . Acad . Herc ., col . N , 13-14 et 0 , 32-35 (p . 79 et 81 Mekler = Téléclès, T 36 Mette = Lacydès, T 2b, 25 s . , 31 Mette ). Il écrivit des hypomnemata rapportant l'ensei gnement de son maître (col . O , 32-35 ) : 'Anoilovios 8'Ó Tnę[ xNÉ]lous μαθητής [ ο και [ α ] ν [ αγεγρα ]Ιφώς υπο[ μνή] μ [ ατ' εκ των ] σχολ [ ών αυτού ( cf. W. Crönert, Kolotes und Menedemos, p. 76). La reconstitution de l'origine ethnique proposée par Mekler, suivi par Crönert ( 'A. Ku [ pnvai ]lov ), est préfé rable à celle de Bücheler ( 'A. Ku [uaiov 'Aoilas ) . Cf. T. Dorandi, CronErc 17 , 1977 , p. 126 n. 50 . TIZIANO DORANDI. 279
APOL [LONIOS DE MÉGALOPOLIS
МПІ
Académicien , disciple d'Arcesilas, mentionné dans l'Ind. Acad. Herc., col. XX , 36 (p. 74 Mekler) avec un certain Démosthène, l'un et l'autre originaires de Mégalopolis en Arcadie . Cf. Arcésilas, T 16, 69 Mette, et H. J. Mette, Lustrum 26 , 1984, p. 82. TIZIANO DORANDI.
280
FIT APOLLONIOS DE NYSA (Phrygie) RE 95 Stoïcien , disciple de Panétius de Rhodes . Strabon ( XIV , 1 , 48 , p . 650 C. ) le présente comme tõv Navaitiov yvwpiuwv õpiotoç ( fr. 150 Van Straaten ). RICHARD GOULET,
APOLLONIOS DE TYANE 281
APOLLONIOS DE PERGÉ (CN . ARTORIUS - )
289 I / II ?
Philosophe stoïcien, dont le nom est conservé dans la dédicace de l'autel que lui avait élevé à Rome un M. Licinius : L. Moretti, RFIC 86 , 1958 , p. 177 ; SEG XVII 467 ; IGUR 371; cf. J. et L. Robert, BE 1959, p . 524. Bien que la pierre donne la forme 'Anóniwvi { i } , le cognomen du philosophe est certainement Apollonios, comme l'ont proposé J. et L. Robert. D'après les noms romains et le style général de l'inscription, on inclinerait à placer la carrière du stoïcien Apollonios dans la seconde moitié du Is . de notre ère ou la première moitié du II . BERNADETTE PUECH . 282
APOLLONIOS DE PTOLÉMAÏS RE 96
FII
Stoïcien , auditeur de Dardanos et de Mnésarque (qui enseignaient à Athènes vers 90 °), selon l'Ind . Stoic. Herc., col. LXXVIII, 1-5 ( p. 99 Traversa = fr. 184 Hülser). Philodeme emploie à son sujet l'expression « notre ami » (li . 3 ) , que l'on considère comme empruntée à la source stoïcienne de l'Index , Stratoclès de Rhodes ( voir les notes de Traversa , p. 99-100 ). Traversa donne comme titre à ce fragment papyrologique « Panaetii discipuli», mais cette section de l'Ind . Stoic. Herc. n'est pas intégrée au recueil des fragments de Panétius édité par Van Straaten . Dans une notice sur Nicée, métropole de Bithynie, placée par un érudit byzantin du X® ou du XIe siècle en marge de son exemplaire de la Notitia episco patuum (on la trouve dans cinq manuscrits), publiée par R. Merkelbach , « Nikaia die Rankenreiche (EAIKOPH ): Ein übersehenes Fragment aus Arrians Bithyniaka » , EA 5 , 1985 , p . 1-3 , plusieurs philosophes stoïciens, originaires de Nicée, sont nommés, dont un certain Apollos, disciple de notre Apollonios : éx ταύτης (Nicée ) ο Στωϊκός φιλόσοφος 'Απολλώ ( peut- etre 'Απολλώ
, dit 1'editeur ), 'Απολλωνίου του μετά Δάρδανον γνώριμος: Λύκων και Λύκανδρος , ομοίως Στωϊκοί φιλόσοφοι , « de cette ville sont originaires le philosophe stoΪcien Apollo < s ?> , disciple d'Apollonios successeur de Dardanos ; Lycon et Lycandros, philosophes stoïciens eux aussi » . Voir la notice « Apollo < s ? > de Nicée » . Il faut le distinguer, non seulement d'Apollonius de Nysa, « le meilleur disciple de Panétius » selon Strabon XIV , 1 , 48, p. 650 C. , mais aussi d'Apollonius, affranchi de Publius Licinius Crassus et disciple du stoïcien Diodote, connu par Cicéron, Ad Fam . XIII 16 [ DLXXIII Beaujeu) ( cf. Susemihl, t . II , p. 248 , n. 61 , et Traversa, p. 99 ). SIMONE FOLLET et RICHARD GOULET. 283
APOLLONIOS DE SOLES RE 90 Parmi les nombreux homonymes de Démétrios de Phalère, D.L. V 83 mentionne un Démétrios d'Aspendos, disciple d'Apollonios de Soles. Rien ne prouve cependant qu'il s'agisse de philosophes et leur date est inconnue.
RICHARD GOULET. 284
APOLLONIOS DE TYANE RE 98 Philosophe originaire de Tyane, en Cappadoce.
I
290
APOLLONIOS DE TYANE
École . Son appartenance à l'école pythagoricienne, affirmée d'emblée par Philostrate , V. Apol. I 2, est confirmée par tous les philologues; voir notam ment 1 J. Miller, art. « Apollonios » , RE II 1 , 1895 , col . 146 : « pythago reischer Philosoph und Wunderthäter », et 2 E.L. Bowie , « Apollonius of Tyana : Tradition and Reality », ANRW II 16, 2 , Berlin 1978 , p. 1692 : « the arguments are frail, but justify provisional acceptance of conscious Pythago reanism » , Sources biographiques anciennes conservées. Le problème de la vali dité de nos connaissances sur Apollonius est parfaitement défini par Bowie 2 , p . 1652 : « Modern accounts of Apollonius of Tyana are necessarily dominated by the biographic work of Philostratus. Earlier independent testimony is exiguous, and much of the later tradition in antiquity betrays the influence of his work . But it is clear that the sophist Philostratus has greatly altered and amplified the picture of a Cappadocian magician . » ( 1 ) L'oeuvre de Philostrate , en huit livres, Tà és tov Tuavéa ' Anoláviov entreprise sur ordre de Julia Domna (V. Apoll. I 3 ), fut vraisemblablement terminée après la mort de l'impératrice, survenue en 217 ( 3 W.Speyer, « Zum Bild des Apollonios von Tyana bei Heiden und Christen » , JbAC 17 , 1974 , p . 48 ) . Traductions et éditions de la Vie d'Apollonius de Tyane : le texte établi par 4 C.L. Kayser, Flavii Philostrati opera , t. I , Leipzig 1870, sert de base aux traductions suivantes : 5 F.C. Conybeare, Philostratus, The Life of Apollonius of Tyana, London 1912 , 2 vol. ( texte grec ; introduction superficielle ; le second volume contient les lettres d'Apollonius, le Contra Hieroclem d'Eusèbe et un Index ) ; 6 P. Grimal, Vie d'Apollonios de Tyane, dans Romans grecs et latins, Paris 1958 ; 7 D. Del Corno, Vita di Apollonio di Tiana , Milano 1978 (intro duction et notes intéressantes ). A signaler aussi l'édition de 8 V. Mumprecht, Das Leben des Apollonius von Tyana, Zürich /München , 1983 . (2) Lettres d'Apollonius, dont l'authenticité est discutée . Sources biographiques perdues. Outre les traditions locales et orales, les sources antérieures à Philostrate citées par lui (V. Apoll. I 2-3) sont toutes per dues, à l'exception des Lettres d'Apollonius. ( 1 ) ' Ynouvýuata de Damis . Malgré la longue démonstration de 9 F. Grosso, « Fonti e cronologia della Vita di Apollonio di Tiana » , Acme 7 , 1954 , p. 333 364, et la thèse récente de 10 G. Anderson , Philostratus. Biography and Belles Lettres in the Third Century A.D. , London 1986 , p. 166 et 169 (Damis serait le philosophe épicurien homonyme du Jupiter Tragoedus de Lucien et le Dini d'un conte médiéval persan , le Marzaban - nameh ), il semble acquis que Damis n'a jamais existé . Des textes sanscrits feraient allusion à Damis. Mais sont- ils indépendants de la tradition philostratéenne ? (D. Del Corno 7 , p . 30 n . 24) . Selon Speyer 3 , p. 52, les únou vnuata sont une création néopythagoricienne, selon Bowie 2 , p. 1663-1665 , philostratéenne. (2) Le livre de Maxime d'Égée, retraçant les années qu'Apollonius passa dans la ville de Cilicie . Cf. 11 F. Graf, « Maximos von Aigai . Ein Beitrag zur Überlieferung über Apollonios von Tyana » , JOAC 27-28, 1984-1985, p . 65-73. ( 3 ) Testament d'Apollonius (81q0nxn ).
APOLLONIOS DE TYANE
291
( 4 ) Ouvrage en quatre livres de Moiragénès. Son titre nous a été transmis par Origène (C. Cels. VI 41 ) : Tà ' Anowviou toŨ Tuavéwç Máyou xal pilooooov ánovnuoveópata. Voir 12 D.H. Raynor, « Moeragenes and Philostratos. Two views of Apollonius of Tyana », CQ 34, 1984, p. 222-226 . (5 ) Écrits mensongers weudñ ypáupata du stoïcien Euphratès (V. Apoll . I 13 ) . (6 ) Biographie rédigée par un certain Sôtèrichos d'Oasis, contemporain de Dioclétien (cf. Speyer 3 , p. 60 ). Bibliographie. Minutieusement établie par Bowie 2 , p . 1692-1699 (recen sion exhaustive de toutes les publications relatives à Apollonius de Tyane parues entre 1870 et 1976 ; certains ouvrages importants, antérieurs à 1870 , y figurent ). A compléter par 13 R.J. Penella , The Letters of Apollonius of Tyana, coll . « Mnemosyne Suppl. » 56, Leiden 1979 , X - 146 p. , et par 14 N.J. Richardson et P. Burian , « The Epigram on Apollonius of Tyana » , GRBS 22 , 1981 , p. 283-285 . Biographie d'Apollonius. La trame chronologique de la vie d'Apollonius, telle qu'elle apparaît chez Philostrate , est parfaitement dégagée par 15 F. Solmsen , art. « Philostratos » , RE XX 1 , 1941, col. 139-141 . L'histori cité des événements rapportés par Philostrate a souvent été contestée, par exem ple par 16 H. Dörrie, art. « Apollonios » 3 , Kleine Pauly I, 1963, col. 452 : « Philostrat beschreibt sein Leben und seine Lehren im pythagoreischen Stil, zeichnet also so , wie er gesehen sein wollte. Daher darf keine Einzelheit als authentisch gelten . » Apollonius serait né en 3 ou 4 av . J.-C. et mort en 97 (dates retenues par Grosso 9 , p . 356 ; réserves chez Speyer 3 , p . 47 : « Apollonius wurde am Anfang oder vielleicht richtiger erst gegen Mitte des 1. Jh . nC... geboren . Wie das Jahr seiner Geburt umstritten ist, so auch das Jahr seines Todes. Ob er unter Nerva gestorben ist oder erst zu Beginn des 2. Jh ., wissen wir nicht. » A quatorze ans, études à Tarse auprès du rhéteur Euthydème de Phénicie , puis études philo sophiques éclectiques à Égée, où le pythagorisme est enseigné par un certain Euxène d'Héraclée. A seize ans, Apollonius adopte le pythagorisme et vit près du temple d'Asclepios. Activités réformatrices à propos des sacrifices et partici pation aux guérisons ( récemment a été découverte une épigramme évoquant les dons de guérisseur d'Apollonius qui proviendrait d'Égée ; elle a été éditée simul tanément par 17 G. Dagron et J. Marcillet-Jaubert, Belleten Türk Tarih Kurumu 42 , 1978, p . 402-405 et Bowie 2 , p . 1688) . Après cinq ans de silence pythagoricien , voyages , notamment chez les mages, les sages de l'Inde, les gymnosophistes éthiopiens. Interventions conciliatrices dans les dissensions des cités, « probably historical » (Bowie 2 , p. 1690 ). Apol lonius aurait été inquiété par Néron et surtout Domitien ; il aurait été en bons termes avec Vespasien , Titus et Nerva. Apollonius fut peut-être ennemi du philosophe stoïcien Euphratès et ami de Musonius Rufus, de Dion de Pruse, de Scopélien de Clazomènes, et de Démétrius le cynique. Bowie 2 , p . 1657-1659, s'efforce de montrer , contre F. Grosso, l'impossibilité de ces amitiés (Musonius, Démétrius ); très grande prudence aussi chez Penella 13 , p. 25 : « Apollonius ' friendship with Musonius Rufus, Deme trius the Cynic , and Dio Chrysostom remains suspect. » L'existence de disciples
292
APOLLONIOS DE TYANE
est attestée par Lucien , Alex. 5 , et des Lettres d'Apollonius sont adressées rois paontais ( 77 ), toiç yvwpiuoic (85 , 92, 93) ; enfin, la Vie d'Apollonius nomme comme disciples , outre Damis, Ménippe de Lycie ( IV 25 ) , Dioscoride l'Égyp tien (IV 38) , Philiscos de Mèlos (VIII 7), inconnus par ailleurs . La personnalité d'Apollonius a suscité de multiples controverses. La thèse selon laquelle la Vie d'Apollonius aurait été composée dans une perspective antichrétienne paraît abandonnée : « Der Gedanke, daß P. in Rivalität zu den Evangelien schreibt und Apollonius gegen Christus auf den Thron erheben will, gehört nun wohl der Vergangenheit » (Solmsen 15 , col . 145 ) ; cf. cependant 18 G. Petzke, Die Traditionen über Apollonius von Tyana und das neue Testa ment, coll. « Studia ad Corpus Hellenisticum Novi Testamenti» 1 , Leiden 1970, XII - 264 p . Il est néanmoins certain , comme en témoigne le Contra Hieroclem d'Eusébe, que la figure du sage a été utilisée dans la propagande antichrétienne. Toute la tradition reconnaît à Apollonius des pouvoirs extraordinaires, mais ceux -ci sont interprétés de façon tantôt positive – Apollonius est ecios - (c'est l’Apollonius de Philostrate), tantôt négative - Apollonius est un páyos, ou pis un γόης (déjà chez Lucien , Alex . 5 ). Étude très complète chez Speyer 3 . A l'époque byzantine, succès considérable des talismans attribués à Apollonius ; cf. 19 W.L. Dulière, « Protection permanente contre des animaux nuisibles assurée par Apollonius de Tyane dans Byzance et Antioche. Évolution de son mythe », ByzZ 63 , 1970, p . 247-277. La légende d'Apollonius sage et connais seur en talismans s'est répandue en Orient arabe sous le nom de Balinūs. Sur l'Apollonius " arabe ", lire Petzke 18 , p . 28-33 , et surtout 20 M. Plessner, art . « Balinūs » , Encyclopédie de l'Islam I , Paris 1960, p . 1024-1026 , qui donne la liste des ouvrages attribués à Balinus ; à compléter par l'édition de 21 U. Weisser, Das Buch über das Geheimnis der Schöpfung von Pseudo Apollonius von Tyana, coll. « Ars medica » Abt. 3 , arab . Medizin II, Berlin 1980 , X1-258 p . , et 22 id ., « Hellenistiche Offenbarungsmotive und das Buch Geheimnis der Schöpfung » , JHAS 1978 , p . 101-125 . Iconographie. Les textes anciens mentionnent des statues ou des portraits d'Apollonius ( V. Apol. VIII 29 ; Dion Cassius LXXVII 18 ; S.H.A. , V. Al. Sev. XXIX 2 ; Lactance, Div. Inst. V 3 ) , mais ceux -ci ont disparu. Les représen tations connues d'Apollonius se résument à un médaillon peint, avec inscription , découvert à Rome et aujourd'hui détruit ( CIL VI 29828 ), un contorniate, et peut-être un buste dont « l'autenticità ... sembra largamente probabile, e plausi bile una datazione in età severiana » (cf. 23 S. Settis , « Severo Alessandro e i suoi Lari » , Athenaeum 50 , 1972 , p . 244-245 , qui donne une reproduction photographique des documents iconographiques ). Euvres. Une liste de six ouvrages est donnée par la Souda, s.v. 'Anoló VIOS , t. I , p . 307 , Adler. Dörrie 16 , col . 453 , les juge « sicher alle unecht » . ( 1 ) Teletal ñ nepi Quoiāv . Mention dans V. Apoll . III 41 , IV 19 ; authenticité contestée par Bowie 2 , p . 1688-1691 . Deux versions assez différentes d'un passage ont été conservées (Porphyre, De Abstin. II 34, 2, et Eusébe , P.E. IV 13 , 1 ) ; analyse comparée des fragments chez 24 J. Bouffartigue et M. Patillon (édit. ) , Porphyre, De Abstinentia, CUF , Paris 1979, t. II, p. 30-34. Il s'agit d'une condamnation de tous les sacrifices, de
APOLLONIOS DE TYANE
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la valorisation de la prière tout intériorisée, offrande au Dieu suprême; l'influence pythagoricienne est nette . (2) Testament ( AiaOnxn ), mentionné aussi par V. Apoll. I 3 , VII 35 . ( 3) Xpnouoi. Selon 25 E. Meyer, « Apollonios von Tyana und die Biogra phie des Philostratos» , Hermes 1917 , p. 389, ce serait le nepl uavteiac dotépWV signalé par Philostrate (V. Apoll. III 11 ) . Attribution de l'ouvre à cause des oracles d'Apollonius qui auraient été gravés sur des colonnes d'airain à Constan tinople (W. Speyer 3, p. 62 n. 103 ) ? (4) Lettres ( "Eniotolai): édition , traduction et commentaire par Penella 13 ; le volume contient une importante introduction , un index et une concordance des éditions. Si le fait qu'Apollonius ait écrit des lettres n'est guère discuté , l'authenticité de celles qui nousrestent est très difficile à établir; examen minu tieux et conclusion prudente en faveur de l'authenticité chez Penella 13 , p . 23 29 . Deux collections de lettres sont mentionnées dans la Vie d'Apollonius, l'une établie par Philostrate pour son propre usage ( VII 35), l'autre remise à l'empe reur Hadrien (VIII 20) . Les lettres conservées ont été transmises par la V. Apol., par une tradition indépendante (77 lettres auxquelles s'ajoute celle retrouvée par Penella 13 , n° 75a ), et par Stobée qui cite 22 lettres, en plus du fragment de Porphyre contenu dans le De Styge. Sur l'origine et la connaissance du corpus dans l'Antiquité, cf. Penella 13, p. 1-4 . Philostrate caractérise les destinataires et le contenu des lettres ( V. Apoll. I 2 : « Il écrivit à des rois, à des sophistes, à des philosophes, aux gens d'Élide, de Delphes, aux Indiens, aux Égyptiens, des lettres sur les dieux, sur les mæurs des hommes, sur la morale, sur les lois, dans lesquelles il redressait les erreurs que l'on commettait » ; des lettres sont effectivement adressées aux platoniciens, aux stoïciens, à Bassus, Euphratès et Démétrius le cynique) et le style (V. Apoll. IV 27 : Bpaxutépav tñs AaxovixñS oxutáāns ; même idée en VII 35) . ( 5 ) Mudayópou Bíos. Ignorée de Philostrate , mais allusion chez Porphyre, V. Pyth . 2 , et Jamblique, V. pyth. 254-264 . Selon 26 P. Gorman , « The Apollonius in the neoplatonic biographies of Pythagoras » , Mnemosyne 38 , 1985 , p . 130-144 , la source ne serait pas Apollonius de Tyane. Il est impossible d'identifier cette biographie avec les Πυθαγόρου δόξαι mentionnées par V. Apol . VIII 19 ; pour Bowie 2 , p . 1691 : « Philostratus' silence condemns the work . » ( 6 ) " Yuvoc siç unuocúvnv. Cf. V. Apol. I 14 . Euvres non mentionnées par la Souda ( 7 ) Nepi javteias dotépwv ( V. Apoll. III 41 ) . Rejetée par Bowie 2 , p . 1676 n. 90 . ( 8 ) ' Aroloyia ( V. Apol . VIII 7 ) , considérée par tous les philologues comme inauthentique. Études d'orientation . L'article de Miller 1 reste important. Il peut être complété par ceux de Dörrie 14 et 27 K. Gross, « Apollonios von Tyana » , RAC I , 1950, col . 529-533 . L'étude fondamentale , écrite dans la perspective
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APOLLONIUS DE TYANE
hypercritique d'E . Meyer, est désormais celle de Bowie 2 , à nuancer par Anderson 10 , notamment p. 121-239 et 299-301 . PATRICK ROBIANO . 285
APOLLONIOS DE TYANE LE JEUNE RE 98
fl. D II
Uniquement connu par la Souda, s.v. 'Anolávios, t. I , p . 308, 29-30 Adler : 'Απολλώνιος έτερος , Τυανεύς , φιλόσοφος νεώτερος , γεγονώς επί 'Αδριανού του Baouléwç, OG ’AyptopWV Év Tớ nepi ouwvúuwv. Son existence, très improbable , aurait été inventée par souci de justifier la date tardive, septième année du règne d'Hadrien , de la mort d'Apollonius de Tyane fournie par le Chronicum Alexan drinum 123. C'est l'hypothèse avancée par E. Zeller, Die Philosophie der Griechen III , 2 , p . 165 n . 1. Pour R.J. Penella, The Letters of Apollonius of Tyana, Leiden 1979, p . 1 n . 2 , « the notion of a second, Hadrianic, Apollonius of Tyana, if he is nothing more than a phantom doublet of the real Apollonius ( J. Miller, PW 2 [ 1896] 148 ; Meyer 424n ), may have originated from a belief that Hadrian was interested in the sage and his writings » . Quant à Agresphon , dont le nom a été corrigé en Argesiphon, Agesiphon ou Agersiphon , il est inconnu par ailleurs . Cf. G. Wentzel, art. « Agresphon » , RE I 1 , 1893 , col . 1891 . PATRICK ROBIANO . 286
APOLLONIOS DE TYR RE 94
Ia
A. Auteur, connu par Strabon ( XVI 2 , 24 , p. 757 C. ) qui le date pixpdv npò ημών , d'un Πίναξ των από Ζήνωνος φιλοσόφων και των βιβλίων . Diogène Laërce cite au moins cinq fois le Tepl Zhvwvog d'Apollonius de Tyr ( VII 1 , 2 , 6, 24 , 28) , qui faisait peut-être partie du premier ouvrage et compor tait en tout cas à lui seul plus d'un livre, puisque ' le premier' est cité en D.L. VII 2. J. Mejer, Diogenes Laertius and his Hellenistic background, coll. « Hermes Einzelschriften » 40, Wiesbaden 1978 , p . 75 n . 33 , écrit au sujet du premier ouvrage : « We cannot be certain , however, that this expression is meant as a title . » Sur Apollonius comme source de Diogène Laërce, voir W. Crönert , Kolotes und Menedemos, p . 133 et passim . Apollonius apparaît au moins une fois dans l'Ind . Stoic. Herc., col. XXXVII, 1-2 ( p . 54 Traversa ): 6 [ s ] on [ owv 'AJInoaņÁYioc , apparemment à la fin de la section consacrée à Ariston de Chios. B. Selon Photius, Bibl. cod. 161 , Sopatros ( d’Apamée ), dans le x livre de ses 'Exloyal diácopoi , citait des extraits empruntés « à l'ouvrage d'Apollonius le stoïcien sur les femmes qui ont cultivé la philosophie ou accompli d'autres @uvres illustres et grâce auxquelles les familles ont été ramenées à la concorde » ( trad. R. Henry ). Il est possible, mais non certain , qu'il s'agisse d'Apollonios de Tyr . RICHARD GOULET. 287
APOLLONIOS LE SYRIEN RE 97 PIR ? A 928
DII
Platonicien du début du IT s . mentionné par S.H.A. , V. Hadr. II 9. L'historien évoque plusieurs prédictions faites au futur empereur Hadrien, dont celle -ci (peu
APOLLONIOS SAKKÉAS
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avant 117 ) : « habuit autem praesumptionem imperii mox futuri ex fano quoque Nicephori lovis manante responso , quod Apollonius Syrus Platonicus libris suis indidit » . La prédiction devait venir du sanctuaire de Zeus Kéraunios Nikè phoros, à Séleucie de Syrie. Sur ce sanctuaire, voir H. Seyrig , Syria 20 , 1939, p . 296-301. Nous ignorons tout des ouvrages ( libri ) d'Apollonios. C. Häberlin , « Fragmente eines unbekannten Philosophen » , RHM 62 , 1907 , p . 154 , avait cru , à cause de l'expression NIKHOOP KEKAHIMENA ... qui y figure, pouvoir attribuer à Apollonios de Syrie les fragments de papyrus sur les devoirs et vertus des rois publiés par J. Bidez , « Fragments d'un philosophe ou d'un rhéteur grec inconnu » , RPh 30, 1906 , p. 161-172. Mais il n'a pas été suivi: voir H.J.M. Milne, Catalogue of the Literary Papyri in the British Museum , London 1927 , n ° 163 , p . 132 ( = PLitLond . 275 : Pack ? 2573). Cf. J. Glucker, Antiochus, p. 134-135 et 206 . SIMONE FOLLET. 288
APOLLONIOS Ó xal Zaxxéac RE 66
mort v. 180-185
Chrétien « renommé » parmi les fidèles de son époque éni naideią zał 1000diq , jugé et condamné à mort par le Sıxaoths < Tigidius > Perennius (Préfet du Prétoire à Rome en 180-185 ), sous Commode , d'après Eusébe de Césarée , H.E. V 21 , 2-5 . Les Actes de son martyre figuraient dans un recueil d'Actes des martyrs (ſlepi tõv åpxaiwv yaptúpwv ) qu'avait préparé Eusèbe, ibid. 5. Au récit d’Eusèbe, Jérome, De viris ill. 42, ajoute qu'Apollonius était sénateur et qu'il lut au sénat pour sa défense un insigne volumen ; voir aussi chap. 53 et Epist. 70, 4 ad Magn . On a déduit de Jérôme l'existence d'un ouvrage d'Apollonius et on en a fait gratuitement la source commune de Minucius Felix et de Tertullien . Voir 1 A. Jülicher, art. « Apollonius » 66, RE II 1 , 1895 , col. 125 . Une version de ces Actes d'Apollonius, considérée comme plus tardive que celle connue par Eusébe, a été retrouvée en grec et en arménien . Dans la version grecque , le martyr y est appelé Apollos. Édition critique et traduction anglaise de la version grecque par 2 H. Musurillo ( édit.), The Acts of the Christian Martyrs. Introduction , texts and translations, coll. « Oxford Early Christian Texts » , Oxford 1972, nº 7 , p . 90-105. Dans cette version que Musurillo daterait du ve ou du VI° s. (p. XXV ), Apollo(niu)s « dit aussi Sakkéas » est présenté comme un Alexandrin comparaissant devant le Proconsul d'Asie Perennius. Il n'est pas désigné formellement comme un philosophe, mais plusieurs « sages » assistent à son procès ($ 11 , p . 92 , 26 ; $ 33, p. 98, 22-23 M.) et il développe une défense de caractère très philosophique où l'on relève diverses allusions à Socrate ( $ 19 ; p . 94 , 29, et § 41 ; p. 100 , 23 ) et aux philosophes injustement condamnés comme Jésus ($ 38 ; p . 100, 18 ) , ainsi qu'une citation de Platon , Rép. 361 e ( $ 40, p. 100, 21-23 ) . La recension arménienne, publiée à Venise en 1874 , a été traduite par 3 F.C. Conybeare, The Apology and Acts of Apollonius and other monuments of early Christianity, London 1894 , « second edition », 1896, p. 29-48. Cf. Musurillo 2, p . LXV n . 19 ; 4 Bardenhewer, t. II, p . 678-682 ; 5 A. von Harnack, « Der Prozess des Christen Apollonius vor dem Praefectus praetorio Perennis und dem römische Senat » , SPAW 1893 , II , p . 721-746 ( traduction allemande de la version arménienne, p . 728-737 ) ; 6 Th . Mommsen , « Der
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APOLLOPHANÈS
Prozess des Christen Apollonius unter Commodus » , SPAW 1894 , III, p . 497 503 ; 7 E.T. Klette, Der Prozess und die Acta S. Apollonii, coll. « Texte und Untersuchungen » XV 2 , Leipzig 1897; 8.J. Geffcken , « Die Acta Apollonii» , NAWG 1904, p . 262-284 ; 9 E. Gabba, « Il processo di Apollonio » , dans Mélanges d'archéologie, d'épigraphie et d'histoire offerts à J. Carcopino, Paris 1966 , p. 397-402 ; 10 V. Saxer, « L'apologie au Sénat du martyr romain Apollonius», MEFRA 96 , 1984, p. 1017-1038 ; 11 id. , « Martyrium Apollonii Romani : Analyse structuelle et problèmes d'authenticité », RPAA 55-56, 1982/3 1983/4 , p . 265-298 . RICHARD GOULET. 289
APOLLOPHANÈS RE 14 Un des auteurs pratiqués par Origène le Chrétien , d'après un fragment du Contra Christianos de Porphyre ( fr. 39 Harnack ) conservé par Eusèbe de Césarée, H.E. VI 19, 8 . Apollophanès apparaît après Numénius et Cronius, avant Longin ('Anoilo pávouç të xal Loyylvou ), Modératus et Nicomaque. S'il ne s'agit pas du stoïcien du III s . av . J.-C. (SVF I 404-408 ), il faut y voir un médio -platonicien, inconnu par ailleurs, qu'il faudrait dater de la fin du Ire ou du début du IIIe siècle de notre ère . RICHARD GOULET.
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APOLLOPHANÈS
I?
Adversaire, peut-être fictif, du Pseudo - Denys l'Areopagite. Le « sophiste Apollophanès » est nommé six fois dans la Lettre VII de Denys (PG 3 , 1080 A 9 , B 7 et 14 , 1081 A 6 , C 2 et 5) . En 1080 A -B , Denys écrit à Polycarpe: « Tu affirmes que le sophiste Apollophanès m’injurie et qu'il me traite de parricide sous prétexte que j'utilise de façon impie contre les Grecs le bien même des Grecs. Il serait plus vrai de lui répondre que ce sont les Grecs qui retournent de façon impie des armes divines contre les réalités divines, lorsqu'ils essaient de détruire le respect qui est dû à Dieu au nom de cette sagesse même qui leur vient de Dieu . » En 1080 B -C(2), Denys reproche à Apollophanès de ne pas « connaître » – ce qui est l'apanage des « vrais philosophes>> - l'existence de la Cause de l'univers et de ne pas reconnaître qu '« aucune anomalie ne saurait survenir dans l'ordre et le mouvement du ciel qui ne soit due à l'impulsion de cette même Cause qui l'a créé et qui le conserve » . D'où la référence à l'immobilisation des astres au temps d'Achaz (II Rois 20, 11 ) et l'allusion à l'éclipse de soleil qui aurait eu lieu le jour du Vendredi saint et qu'ils auraient vue ensemble à Héliopolis. YSABEL DE ANDIA . 291
APOLLOPHANÈS D'ANTIOCHE RE 13
DM III
Philosophe stoïcien hétérodoxe , disciple d'Ariston de Chios . Sources. SVF I 404-408 , p. 90, 13-30. Ajouter Étienne de Byzance, s.v. 'Αντιόχεια .
APOLLOS DE NICÉE
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Traduction italienne. 1 N. Festa , I Frammenti degli stoici antichi, Bari 1935 , t. II , p . 35-36. Bibliographie . 2 H. von Arnim , art. « Apollophanes » 13 , RE II 1 , 1895 , col . 165 . Apollophanès serait originaire d'Antioche ( Étienne de Byzance ), en Mésopo tamie (3 M. Pohlenz, Die Stoa , t . II, p . 17). Il serait né au début de lire s . av . J.-C. A Athènes, il devint un fervent élève d'Ariston de Chios ( Athénée VII, 281 d = SVF I 408 ) qui , ayant quitté Zénon de Kition , donnait des cours fort appréciés au Cynosarges, là où Antisthène avait tenu école autrefois. Apollo phanès a eu une importance certaine dans le stoïcisme grâce à ses thèses sur le vide (D.L. VII 140 = SVF I 404 ), la division de l'âme en neuf parties ( Tertul lien, De anima 14 = SVF I 405 ) et l'unicité de la vertu , qu'il identifie à la opornois (D.L. VII 92 = SVF I 406 ).
Deux de ses ouvrages nous sont connus : ( 1 ) Quoixń (D.L. VII 140 = SVF I 404 ) ; (2) ' Apiotwv ( Athénée VII , 281 d = SVF I 408 ), qu'il ne faut pas confondre avec l'ouvrage d'Eratosthène de Cyrène, autre disciple d'Ariston , et qui portait le même titre ( Athénée VII, 281 c = SVF I 341). Son nom apparaît en PHerc. 19/698 , col. XV = SVF I 407 , papyrus identifié comme étant le Nepi aioonoewç de Philodème (voir 4 F. Longo, « Lo stoico Apollofane nei papiri ercolanesi » , RAAN 41 , 1967, p . 266-270 ) , ainsi que dans le livre IV du Tepl Davátou de Philodème: PHerc. 1050 , col. VII, 7-8 (voir 5 M. Gigante, Ricerche Filodemee, 2e éd. , Napoli 1983 , p . 150 s .). Apollophanès figure dans la doxographie d'Aétius chez Stobée I, p. 325 , 7 Wachsmuth, mais il ne s'agit que d'une reconstitution à partir de Photius et de Tertullien .
CHRISTIAN GUÉRARD. 292
APOLLOPHANÈS DE PERGAME
fl. 1 °
Philosophe épicurien , fils d'un certain Démétrios, connu par une inscription de Pergame: MDAI( A ) 33 , 1908 , p. 408, n° 38. Il avait joué un rôle politique à Pergame dans une situation de crise : la dédi cace de la statue précise qu'il avait sauvé la cité de dangers nombreux et pres sants, probablement à l'occasion d'une ambassade à Rome (la restitution év ( 'P6 ]luni, proposée par Hepding pour la li . 4 , semble en effet la plus satisfai sante ).
BERNADETTE PUECH .
APOLLOS - APOLLONIUS o και Σακκέας 293
APOLLO
S ? > DE NICÉE
DM IS
Philosophe stoïcien.
Dans une notice sur Nicée , métropole de Bithynie , placée par un érudit byzantin du X ou du XIe siècle en marge de son exemplaire de la Notitia episco patuum (on la trouve dans cinq manuscrits), publiée par R. Merkelbach , « Nikaia die Rankenreiche (EAIKOPH ) : Ein übersehenes Fragment aus Arrians
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Bithyniaka » , EA 5 , 1985 , p . 1-3 , plusieurs philosophes stoïciens, originaires de Nicée, sont nommés: éx taútns (Nicée ) • Etwixos Q6OoQoç 'Anonló (peut être 'Anonló < s > , dit l'éditeur) , 'Anoiawviou toŨ METÀ Aápdavov yvópylog Λύκων και Λύκανδρος , ομοίως Στωϊκοί φιλόσοφοι , « de cette ville sont origi naires le philosophe stoïcien Apollo < s ? >, disciple d'Apollonios successeur de Dardanos ; Lycon et Lycandros, philosophes stoïciens eux aussi » . Comme l'indique R. Merkelbach, Apollonios de Ptolémaïs, disciple de Dardanos et de Mnesarchos, est cité parmi les disciples de Panaitios dans l'Ind. Stoic . Herc., col . LXXVIII , 2-3 (p . 99 Traversa ); Dardanos d'Athènes est connu par Cicéron , Acad . II 69, l'Ind. Stoic . Herc. ( p. 69 et 74-75 Traversa ), et un chapitre lui était consacré dans la fin perdue du livre VII de Diogène Laërce (p . 392 Long ) : voir V. Rose , Hermes 1 , 1866 , p. 370 , E. Martini, LS 19 , 1899, p. 86 , et l'édition de H.S. Long, t. II, Oxford 1964, p . 392. Apollo peut donc être daté approximativement, d'après les dates de Dardanos et d'Apollonios de Ptolémaïs, à la première moitié du jer s . av . J.-C. M. Gigante, « Atakta » , CronErc 16, 1986, p . 101-102, analyse l'article de R. Merkelbach , accepte ses identifications pour les quatre derniers philosophes cités (Apollonios, Dardanos, Lycon et Lycandros ), mais, remarquant que le premier, Apollo ou Apollo < s > est inconnu, il propose d'écrire Apoll(as) et de l'identifier au dédicataire d'un traité de Chrysippe (D.L. VII 193 (voir aussi 197 ] ) . La chronologie oblige à repousser cette suggestion , car Apollo ( s) est disciple d'Apollonios de Ptolémaïs, lui-même disciple de Panaitios et successeur de Dardanos ; il ne peut être antérieur à la seconde moitié du TIⓇ s. av . J.-C. SIMONE FOLLET. APPIUS + SAUFEIUS (APPIUS -) APPIUS → CAECUS (APPIUS CLAUDIUS --)
APPIUS → 294
ALEXANDER (APPIUS -)
APULÉE DE MADAURE RE (s.v. « Appuleius » 9)
v. 125 - après 170
Philosophe, écrivain et rhéteur, originaire de Madaure ( Afrique du Nord ). Il se plaît à revendiquer la qualité de « philosophus Platonicus» ; mais , s'il est pour l'histoire de la philosophie un important témoin , Apulée n'est pas exclusivement un philosophe et, s'il se réclame de Platon , il exprime un platonisme syncrétique, qui fait de lui un représentant typique du moyen - platonisme. PLAN DE LA NOTICE 1. Le corpus Apuleianum a. Vue d'ensemble et problèmes d'authenticité 6. Philosophica et Περί ερμηνείας. - Éditions d'ensemble - Éditions particulères - De Deo Socratis - De Platone et eius dogmate - Περί ερμηνείας c. Metamorphoseon libri XI
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d . Euvres rhétoriques : De magia, Florida e. Euvres perdues: Fragmenta f. Spuria 2. Éléments biographiques a. Base documentaire b. Origines c . Formation d. Carrière
3. La philosophie d'Apulée a . Apuleius philosophus Platonicus b. La question de « l'école de Gaios » c. Apulée : un platonisme « éclectique » ?
1. LE CORPUS APULEIANUM A. VUE D'ENSEMBLE ET PROBLÈMES D'AUTHENTICITÉ Le point de départ de toute recherche portant sur les manuscrits est l'ouvrage de 1 B. Munk Olsen , L'étude des auteurs classiques latins aux XI et XIIe siècles, t. I : Catalogue des manuscrits latins copiés du IXe et XIIe siècle (Apicius Juvénal ), coll. « Documents, études et répertoires publiés par l'IRHT » , Paris 1982. Le chap. II de cet ouvrage , p. 5-34, est consacré à Apulée : il comprend une « bibliographie sommaire », p. 5-7, l’incipit et l'explicit de chacune des œuvres d'Apulée ( ou attribuées à Apulée), p. 8-10, enfin le catalogue, avec description codicologique complète, des manuscrits et fragments , du IX au XII s. Pour toute recherche lexicologique portant sur l'ensemble du corpus Apu leianum , on consultera l’Index Apuleianus de lbis W.A. Oldfather, H.V. Canter, B.E. Perry , publié par l'American Philological Association , Middletown (Connecticut) 1934 , LIV -490 p . ( réimpr. Hildesheim /New York 1979 ). Cet ouvrage comprend, outre l'édition des Fragmenta (cf. infra 1.e. ) , un Additamentum ad apparatum criticum (p . XV - LI ), recueil de conjectures, de nouvelles lectures de manuscrits ou d'observations critiques ; un index verborum complet ( p. 1-484) comprenant même les noms propres et mentionnant les différentes formes d'un même mot ; enfin , un index vocum Graecarum ( p . 485 490 ). Le corpus Apuleianum comprend des æuvres philosophiques, littéraires et rhétoriques très variées. On y trouve des exposés philosophiques donnant de la doctrine de Platon un résumé scolaire assez élémentaire ; une traduction du traité pseudo -aristotélicien llepì xóolov ; un long récit romanesque en onze livres riche en allusions philosophiques et s'achevant sur le récit d'une initiation à divers cultes, principalement à celui d'Isis ; des ouvrages de caractère rhétorique (plai doyers ou conférences publiques) illustrant en bien des points la culture philo sophique - qu'on a jadis qualifiée de « platonisme éclectique » - de leur auteur ; des fragments qui présentent souvent un caractère scientifique (ou pseudo scientifique ); enfin, divers ouvrages d'attribution douteuse , et pour lesquels les progrès de la recherche, aux XIXe et XXe siècles, ont permis de trancher la question par la négative.
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A plusieurs œuvres de longueur considérable ( les Métamorphoses, l'Apolo gia, les Florida ), on reconnaît une authenticité apuléienne incontestable ; en revanche, quelques -unes, transmises sous le nom d'Apulée ( comme le fut dès le IXe s. le traité hermétique intitulé Asclepius ), sont désormais unanimement reje tées comme inauthentiques. Entre les deux extrêmes , la question de l'authenticité se pose donc pour certains ouvrages, qui appartiennent au groupe des opuscules philosophiques. B. PHILOSOPHICA ET NEPI ‘EPMHNEIAL Dans le corpus Apuleianum se trouvent trois petits traités philosophiques, qui nous ont été transmis sous le nom d'Apulée par la tradition manuscrite : ils sont intitulés De deo Socratis, De Platone et eius dogmate et De mundo. Parmi ces trois opuscules, seul le De deo Socratis a toujours été considéré comme authentique. Mais le soupçon d'inauthenticité a été jeté, dès 1879 , sur le De mundo : ce traité, traduction latine d'un original grec pseudo -aristotélicien conservé, contiendrait trop de graves erreurs d'interprétation pour pouvoir être attribué à un grand écrivain « bilingue » comme se flattait de l'être Apulée. A partir de l'examen des clausules rythmiques, le soupçon s'est étendu , en 1952 , au De Platone et eius dogmate. Toutefois, ni les adversaires ni les partisans de l'authenticité n'ont encore réussi à produire de preuves décisives à l'appui de leur thèse : un état de la question, complet et impartial ( puisque l'auteur, fort de toute la documentation, refuse cependant de se prononcer), se trouve dans l'ouvrage de 2 J. Redfors , Echtheitskritische Untersuchung der apuleien Schriften De Platone und De mundo , Lund 1960, 121 p . Peu après, se fondant sur l'unité d'inspiration philosophique des trois opuscules, 3 G. Barra a défendu la thèse de l'authenticité dans « La questione dell'autenticità del “ De Platone et eius dogmate ” e del “De mundo” di Apuleio » , RAAN 41 , 1966, p . 127-188, tout comme, un peu plus tard, F. Regen et J. Beaujeu ( v. infra ). A ces trois ouvrages , un traité hermétique, l'Asclepius, s'est trouvé joint déjà dans des manuscrits anciens ( IXe siècle ), qui le plaçaient sous le nom d'Apulée. Mais ce traité, qui n'est que la traduction latine d'un óyos TÉRELOS perdu , n'est plus depuis longtemps considéré par personne comme étant d'Apulée, même s'il figure encore dans les éditions d'A . Goldbacher et de R. Helm ( v. infra ). Enfin , un petit traité consacré à la logique nous est parvenu , sous le nom d'Apulée, par une autre filière de manuscrits : écrit en latin, il a cependant été transmis sous le titre Tepl Épunvelaç. Son intérêt vient de ce qu'il offre la plus ancienne présentation conservée en langue latine d'un exposé sur la logique. La question de son authenticité, longuement et vainement débattue, reste encore ouverte . Cependant, sans nous prononcer absolument en faveur de l'authenticité, nous croyons préférable d'en joindre l'étude à l'ensemble de l'æuvre d’Apulée.
ÉDITIONS D'ENSEMBLE DES TRAITÉS PHILOSOPHIQUES On peut encore mentionner l'édition due à 4 A. Goldbacher, Apulei Madaurensis opuscula quae sunt de philosophia , Wien 1876 : « première édition savante, qui a su opérer un tri entre les manuscrits et présenter un texte débar rassé de la plupart de ses impuretés, avec un apparat très précis qui rend encore
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de grands services » (selon le jugement de J. Beaujeu , 6, Introd . p . XLVII ). Cette édition offre la distribution suivante :
Praefatio De deo Socratis. Prologus De deo Socratis (APVLEI) Asclepius De Platone et eius dogmate De mundo .... Index nominum
V - XVI 1-4 5-27 28-62 1, 63-80 II, 80-104 105-135 137-140
Dans la collection Teubner, le philologue belge P. Thomas a donné une édi tion qui présente un texte sûr, fondé sur la lecture du manuscrit de Bruxelles, Bibliothèque Royale, 10.054-6 (XIe siècle ), que Goldbacher avait négligé, alors qu'il se trouve être le meilleur. Voici les caractéristiques de cette édition : 5 Apulei Platonici Madaurensis de philosophia libri, rec. P. Thomas, Leipzig 1908 ( 1re éd .), 1921 (2° éd.), 1970 (3e éd.). Praefatio .... De deo Socratis. Prologus ex Apulei Floridis .. De deo Socratis Asclepius ..... De Platone et eius dogmate ....
De mundo Περί ερμηνείας Index nominum
V -XIV 1-5 6-35 36-81 I, 82-103 II, 103-134 135-175 176-194 195-199
Dans la Collection des Universités de France , une excellente édition des opuscules est due à 6 J. Beaujeu : Apulée. Opuscules philosophiques et fragments, Paris 1973 , LIV -350 p. ( en partie doubles). On y trouve une introduction qui rassemble toute la documentation bibliographique antérieure et un texte fort bien établi, accompagné d'une traduction française et éclairé par des notes extrême ment riches. La distribution de l'ouvrage est la suivante : Introduction De deo Socratis Introduction .... texte et trad . fr.
I-LIV 1-18 20-45
De Platone et eius dogmate Introduction texte et trad. fr.
49-59 I, 60-78 II, 79-107
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302 De mundo Introduction texte et trad . fr. Fragments
fausse « Préface » du « Dieu de Socrate >> « Le Résigné » , autres fragments Commentaire sur le De deo Socratis, commentaire continu ... sur le De Platone, notes de détail sur le De mundo, notes de détail Indices
111-119 120-157
161-180 183-247 249-308 309-337 339-350
Dans la collection Teubner, l'éd . Thomas se trouve désormais remplacée par une nouvelle édition : Apulei de philosophia libri tres , ed . Cl. Moreschini, Stuttgart 1988 [ description détaillée et critique encore impossible : cet ouvrage n'est pas encore parvenu à Paris en mars 1989) . ÉDITIONS PARTICULIÈRES De deo Socratis L'édition de 7 G. Barra et U. Pannuti, dans AFLN 10, 1962-1963 , p . 81-141 , avait été précédée d'une étude de 8 G. Barra, « Il valore e il significato del De deo Socratis di Apuleio » , AFLN 9 , 1960-1961, p . 67-119. Importance de ce traité . C'est peu de dire que la démonologie est une pièce maîtresse dans l'ensemble de la doctrine d'Apulée , il faut ajouter que l'histoire de la démonologie, dans l'antiquité classique , trouve en Apulée un témoin capital, soucieux de donner une définition et une classification systé matique des démons : voir l'article « Daimon » de 9 F. Andres, dans RESuppl. III, 1918 , col . 267-322 (sur Apulée, v . particul. 307 , 17–310, 11 ) . Présentation très claire de la démonologie d'Apulée dans les chap. VII et VIII de la thèse de 10 P. Vallette , L'Apologie d'Apulée, Paris 1908 , p. 221-269 : l'auteur situe la doctrine d’Apulée dans le prolongement de l'enseignement de Platon (le Platon des dialogues), systématisé par Xénocrate . Une histoire étendue de la démonolo gie restant encore aujourd'hui à écrire, on trouvera profit à lire le bref « Aperçu historique sur la démonologie gréco -romaine » de J. Beaujeu 6, p.183-201 ; quelques pages ont été consacrées à Apulée (associé à Lucien de Samosate ) dans l'étude historique de 11 F.E. Brenk , « In the Light of the Moon . Demonology in the Early Imperial Period » , ANRW II 16 , 1 , Berlin 1986 , p . 2068-2145 (sur Apulée : p . 2131-2135 , description de plusieurs aspects de sa conception des démons) ; les indices de cette contribution sont parus dans le tome II 36, 2, 1987 , p . 1283-1299. Sur les démons chez Apulée , voir aussi B.L. Hijmans (cité infra sous le n° 82) , p. 442-444 . De mundo Édition par 11 L. Minio -Paluello, dans Aristoteles Latinus, XI , 1-2 , 2e éd . revue, Paris /Bruges 1965 , p . 114-133 . Pour une comparaison entre la traduction -paraphrase d'Apulée et son modèle grec, on utilisera la remarquable édition du Tepì xoouou due à 13 W.L. Lorimer, Aristotelis qui fertur libellus
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De mundo, Paris 1933 (« véritable chef - d'oeuvre d'acribie critique » , selon le jugement de G. Reale ), ainsi que l'édition commentée de 14 G. Reale : Aristo tele. Trattato sul cosmo, per Alessandro , traduzione con testo greco a fronte , introduzione, commento e indici, Napoli 1974 (Reale est convaincu de l'authen ticité aristotélicienne du n . x . ) ; on consultera aussi les « Indices » qui occupent les p . 151-178 de la dissertation de 15 S. Müller, Das Verhältnis von Apuleius « De Mundo » zu seiner Vorlage, coll. « Philologus- Supplementband » 32 , Heft 2, Leipzig 1939. Il est à noter qu'une excellente présentation du 11. X. , accompagnée d'une traduction française de presque tout le traité , se trouve dans 16 A.J. Festugière, La Révélation d'Hermès Trismégiste, t. II, Paris 1949 (réimpr. Paris 1981 ) , p . 460-518 (trad. : p. 460-477 ). Les distorsions imposées par Apulée traducteur à son modèle grec ont une grande importance philosophique : elles permettent de saisir des traits caracté ristiques de la doctrine d’Apulée, et notamment la place prépondérante que prend chez lui la démonologie. Alors qu'ils sont absents du 11. X. , les démons jouent dans le De mundo d'Apulée un rôle capital, puisqu'ils représentent l'un des quatre degrés de la hiérarchie de l'univers, en tant qu'êtres aériens, placés au -dessus des vivants terrestres, mais au -dessous des dieux célestes, eux-mêmes inférieurs au dieu suprême: c'est ce qu'a bien montré l'étude de 17 F. Regen, Apuleius philosophus Platonicus. Untersuchungen zur Apologie (De magia ) und zu De mundo, coll. « Untersuchungen zur antiken Literatur und Geschichte » 10, Berlin 1971 , X -123 p.
De Platone et eius dogmate On dispose d'une édition commentée, accompagnée d'une traduction alle mande : 18 P. Siniscalco et K. Albert (édit. ), Apuleius, Platon und seine Lehre, hrsg. und komm . von P.S. , eingel. und übersetzt von K.A. , coll. « Texte zur Philosophie » 4 , Sankt Augustin 1981 , 106 p . Mais il faut surtout signaler les pertinentes recherches de 19 C. Moreschini, Studi sul « De dogmate Platonis » di Apuleio , Firenze 1966 , reprises sous une forme remaniée dans le chap . IV de l'ouvrage 20 Apuleio e il platonismo, Firenze 1978 , p. 51-132. Ce résumé de la doctrine de Platon , quoique tout à fait scolaire , présente un intérêt capital pour l'histoire du moyen -platonisme: car, de la philosophie des fer - II° s . , (si l'on met à part des auteurs polygraphes, certes considérables, comme Plutarque et Galien, ou des figures à caractère plus religieux que philosophique comme celles de Philon et surtout de Clément d'Alexandrie et de Justin ), il ne subsiste guère que des monuments en ruines, hormis l'Epitome d'Albinus, le Commentaire ano nyme du Théétète, et précisément le De Platone d’Apulée (pour le problème de I« école de Gaios » , v . infra , partie n° 3 de la notice ). L'ouvrage commence par une biographie de Platon, la plus ancienne qui nous soit parvenue , qui , mêlant le merveilleux aux faits historiques attestés, tend à faire du philosophe un héros ou même un dieu. Dans l'exposé proprement dit de la doctrine de Platon, le livre I présente la « philosophia naturalis » et le livre II la « philosophia moralis » : selon la division traditionnelle des parties de la philosophie dans l'Antiquité, rappelée par Apulée lui-même à la fin de son introduction (I 4 = $ 189 : « quoniam tres partes philosophiae congruere inter se primus obtinuit (scil. Plato) , nos quoque separatim dicemus de singulis ») , on s'attendrait donc à trouver un troisième livre , consacré à la logique. Or, cette partie manque, et c'est
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à combler une telle lacune que s'est employé l'auteur du lepi punveias, petit traité de « philosophia rationalis » , portant sur l' « ars disserendi » ( p. 176 , 4 Thomas ). L'authenticité apuléienne de cet ouvrage, si elle ne peut, encore aujourd'hui, être indubitablement établie , apparaît toutefois de plus en plus vraisemblable .
Περί ερμηνείας Transmis par les manuscrits sous le nom d'Apulée, le Nepi ćpunveias (De interpretatione) est un court ouvrage ( 19 pages dans l'édition Teubner : cf. infra) qui présente la partem rationalem de la philosophie. Venant après la physique et l'éthique, cet opuscule consacré à l'ars disserendi est le plus ancien traité de logique formelle qui soit conservé en langue latine. Il s'attache principalement à développer la théorie du syllogisme catégorique, telle qu'elle sera enseignée dans l'Occident latin entre le ve et le XIIe siècle : l'influence considérable de ce petit ouvrage s'étend de Martianus Capella (De arte dialectica = liyre IV du De Nuptiis Philologiae et Mercurii) jusqu'à l'École de Chartres et l'École du Petit- Pont, avec Alexandre Neckam ( Paris, fin du XIIe s .) . Éditions. A. Goldbacher, dans son édition des Philosophica d’Apulée, Wien 1876 (cf. supra nº 4) , n'avait pas inclus le Nepi Épunveias , estimant l'ouvrage inauthentique. Mais il en donna peu après une édition : 21 « Liber Nepl Épunveíac qui Apulei Madaurensis esse traditur» , WS 7 , 1885 , p . 253-277. L'année suivante, 22 Ph . Meiss publia un ouvrage fondamental ( éd. du traité et discussion de l'authenticité) : Apuleius' NEPI 'EPMHNEION, Lörrach 1886 , 29 p . Néanmoins, l'édition de référence est longtemps restée celle du philologue belge P. Thomas 5 , vol. III : De philosophia libri, coll. BT, Leipzig 1908 ; 3 ° éd . 1970 , p. 176-194 . Mais on dispose, depuis peu , d'une bonne édition avec traduction italienne : 23 M. Baldassarri ( édit .), Apuleio, L'interpretazione. Testo latino , con introd ., trad . e commento , Como 1986 , 112 p. ( cette édition indique en marge les numéros des pages et des lignes de l'éd . Thomas), et d'une édition avec commentaire, assortie d'une traduction en anglais : 23bis D. Londey et C. Johanson , The logic of Apuleius ( including a complete Latin text and English translation of the Peri Hermeneias of Apuleius ofMadaura ), coll. « Philosophica antiqua » 47 , Leiden 1987 , VII- 121 p . Le texte latin est celui de l’éd . Teubner ( Thomas): texte et traduction anglaise sont présentés en regard , p . 82-107 . Cet ouvrage insiste sur l'étude de la terminologie technique utilisée par Apulée dans le Nepi spunveiac. Il comporte, en outre , de précieux « Appendices » : Appen dix A, p . 74-79 = An Apuleian glossary, consacré aux termes du vocabulaire logique d’Apulée et à ses équivalents en anglais; Appendix B , p. 108-112 = The Apuleian square of opposition ( reprend en le modifiant un article publié dans Phronesis 39 , 1984, p . 165-173 ) ; Appendix C , p . 113-118 = Apuleius and the « moods of the Stoics » . Authenticité . Présentant la partem rationalem de la philosophie , le De interpretatione semble tout désigné pour venir compléter les livres I et II du De dogmate Platonis d'Apulée, respectivement consacrés à la pars naturalis et à la pars moralis de la philosophie. Cependant, depuis l'édition 24 G.F. Hildebrand des Opera d’Apulée, Leipzig 1842 (réimpr. Hildesheim 1968 ), l'authenticité de
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cet opuscule logique a été contestée, principalement sur la base de trois argu ments : 1 ) Les meilleurs manuscrits , qui contiennent les deux livres du De dogm . Plat., ne contiennent pas le De interpr. 2 ) Argument stylistique : le De interpr., traité sec et aride par sa forme comme par son contenu, contrasterait trop vivement avec le style fleuri bien connu des ouvrages d’Apulée. 3 ) Argument par le contenu logique : l'auteur du De interpr. ne présente pas une “ logique platonicienne ” (alors que l'auteur de De dogm . Plat. présente une physique et une éthique platoniciennes): Platon n'est mentionné qu'une seule fois dans le De interpr ., et l'auteur s'appuie surtout sur la logique d'Aristote et des péripatéticiens, secondairement sur celle des stoïciens. Si l'ouvrage n'est pas d'Apulée, il est dû , selon Hildebrand , à un logicien ou à un polygraphe du III ou au plus tard du IVe s . ( date imposée par le témoignage , ou plutôt le pillage, de Martianus Capella ), qui a voulu achever l'euvre com mencée par Apulée dans les livres I et II du De dogm . Plat., et qui a publié son ouvrage sous le nom d'Apulée en vue d'en accroître la valeur. Goldbacher soutient la même argumentation, mais estime que l'auteur anonyme du III ou IVe s . n'a pas voulu placer son ouvrage sous le nom prestigieux d'Apulée: il en a seulement perdu la paternité, du fait qu'il a choisi de citer le nom d'Apulée dans certains de ses exemples ( cf. p. 178, 3-13 et surtout 15-17 Thomas ). Tous ces arguments ont été réfutés par Meiss 22 qui, partisan de l'authen ticité, considère que le De interpr. est bien la troisième partie du De dogm . Plat., mais qui voit en cet exposé logique la traduction d'un traité original grec : traduction bien apuléienne, non exempte d'ajouts et d'interprétations personnels ( thèse déjà proposée par 25 C. Prantl, Geschichte der Logik im Abendlande, t. I, Leipzig 1855, réimpr. Darmstadt 1955 , p. 579 , et par 26 E. Zeller, Die Philosophie der Griechen in ihrer geschichtlichen Entwicklung III 2/4, 6 éd. , Leipzig 1923 ) . Les partisans de l'authenticité, du reste , s'appuient toujours sur les témoignages anciens de Cassiodore, De art. ac disc . lib. litt. II 569 (PL 70, col. 1173 a) et d'Isidore de Séville (Etym . II 28 , 22 Lindsay ). Depuis ces polémiques , commencées au XIXe s . , la question n'a guère pro gressé effectivement, faute d'éléments nouveaux introduits au cæur du débat; mais les partisans de l'authenticité semblent se faire maintenant plus nombreux que les adversaires. Citons : 27 Fr. Hanke, De Apuleio libri qui inscribitur ſlepi Épunveíac auctore, Diss. Breslau 1909 (partisan de l'authenticité), et tout récem ment : M.W. Sullivan ( cf. infra ), qui se range très prudemment aux vues de Ph . Meiss . Si J. Beaujeu a exclu le Mepi Épunveias de son édition des Philo sophica d'Apulée, A. Lumpe (dans l'ouvrage cité au n° 30 , p. 12-19) ne rejette pas complètement toute possibilité d'attribuer le traité à Apulée lui-même, même s'il penche plutôt pour l'idée d'un auteur anonyme du III° s . , en appuyant sa position principalement sur une argumentation stylistique renouvelée. Cepen dant, la thèse de l'authenticité semble gagner du terrain avec le plaidoyer favo rable de 28 Carmen Johanson , « Was the magician of Madaura a logician ?», Apeiron 17 , 1983, p. 131-134 , et surtout avec l'argumentation historique nuan cée de M. Baldassarri 23 , qui en arrive finalement à soutenir non seulement
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qu'Apulée est bien l'auteur du traité, mais qu'il l'aurait même composé dès sa jeunesse, à la fin de son séjour à Athènes, vers 155 ou peu après ( cf. infra : « Éléments biographiques» , 2. c) , animé par la volonté de diffuser dans le monde latin les connaissances de logique qu'il venait d'acquérir à travers des cours ou des traités évidemment formulés en grec. On pourrait donc, dans ces conditions, considérer le lepi épunveias comme le livre III du De Platone et eius dogmate. Enfin , si St. Gersh ( ouvrage cité au n° 76, p. 217-218 ) ne s'engage pas personnellement dans un débat dont il résume seulement les grandes lignes, en revanche B.L. Hijmans ( cité au n° 82, p. 408-411) voit dans le ſepi èpunvelaç un bel exemple de ces traductions -adaptations tout à fait caractéristiques d’Apulée : le souci qu'avait cet auteur de trouver des équivalents latins aux expressions grecques de caractère technique permettrait même de renverser l'argument stylistique jadis utilisé contre l'authenticité et de le faire jouer désormais en faveur d'Apulée . Études d'ensemble. Ouvrage fondamental : 29 M.W. Sullivan, Apuleian Logic. The Nature, Sources and Influence of Apuleius' Peri Hermeneias, coll. « Studies in Logic and the Foundations of Mathematics » , Amsterdam 1967 , 265 p . , Bibliogr . , Indices . Cet ouvrage reproduit littéralement, en appendice p . 235-242, l'argumentation de Meiss 22 , p . 4-8 (Kap. I) et 29 (Nachwort ), concernant la question de l'authenticité . Sullivan expose entièrement le contenu doctrinal du traité en utilisant largement les procédés de la logique symbolique contemporaine. Il mène une étude approfondie non seulement des sources aristo téliciennes ( Aristote , De interpr. 1-7 , Anal. Pr. , Top .), mais aussi des autres influences qui se lisent à travers le De interpr., notamment celles de Théophraste et de la logique des stoïciens. Il examine enfin la fortune considérable de ce traité dans la culture latine, en montrant que l'ouvrage, repris par Martianus Capella (De nupt. Merc . et Philol. IV) , a été le point de départ d'une longue tradition d'enseignement de la logique en Occident. Étude plus courte, mais fort bien documentée : 30 A. Lumpe, Die Logik des Pseudo -Apuleius. Ein Beitrag zur Geschichte der Philosophie, Augsburg 1982, 48 p ., Bibliogr., Index. En réaction contre l'emploi du formalisme de la logique mathématique, qu'il reproche à Sullivan comme non pertinent pour traiter de “ logique classique " , Lumpe étudie l'ouvrage en en donnant une sorte de commentaire continu, examinant surtout la doctrine du jugement catégorique (chap . 1-6 , p . 176 , 4–183 , 8 Thomas), présentant plus sommairement la doctrine de la conclusion catégorique (= chap . 7-14 , 183 , 9–194 , 28 Thomas ). Lumpe considère que le contenu de l'ouvrage témoigne d'un « éclectisme productif», et il insiste sur son importance pour la création, dans le domaine de la logique , d'une riche terminologie latine venant du grec. Quoique adversaire de l'authenticité, Lumpe penche, en effet, pour l'hypothèse stimulante avancée par Carl Prantl en 1855 (et reprise par Ph. Meiss): voir dans le De interpr. la traduction d'un original grec perdu. Enfin , M. Baldassarri, dans l'introduction et les notes de son édition (23), se montre convaincu qu'Apulée s'est livré à une complète réélaboration d'un texte grec, plutôt qu'à une simple traduction ; il cherche, dès lors, à identifier les sour ces de cet exposé logique, que l'écrivain de Madaure n'a évidemment pas tiré de son propre fonds. Le Nepì èpunveíac semble avoir voulu tenter de constituer une
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synthèse logique, à partir de sources péripatéticiennes et stoïciennes ; et cet essai d'unification pourrait remonter au philosophe Ariston d'Alexandrie (première moitié du 1®), venu au péripatétisme à partir de l'école d'Antiochus d'Ascalon . En appendice (p. 101-107 ), M. Baldassarri propose aussi, sous le nom de Lessico logico apuleiano, une liste de plus de 250 correspondances entre termes latins employés par Apulée et termes logiques grecs ( certaines n'étant cependant qu'hypothétiques). C. METAMORPHOSEON LIBRI XI Ce roman , transmis aussi sous le titre Asinus aureus, est l'ouvrage le plus célèbre d’Apulée : on sait qu'il raconte la transformation de Lucius en âne, à la suite d'une erreur de manipulations magiques, les aventures de l'âne Lucius , qui a conservé sa raison humaine, puis le retour de Lucius à sa forme première et enfin son initiation au culte d'Isis. Au delà de son intérêt narratif, cet ouvrage offre de nombreuses implications philosophiques , notamment dans l'épisode connu comme « le conte d'Amour et Psyché » ( = Métam . IV 28 -VI 24 ), dont la signification véritable n'apparaît que dans un éclairage platonicien. Parmi les très nombreuses éditions (et traductions en diverses langues), on retiendra :
Éditions complètes - 31 R. Helm (édit. ), Apulei Platonici Madaurensis Metamorphoseon Libri XI, Leipzig 1907, VIII -296 p. ; 4 ° éd . (« cum addendis » : p. 297-301 ) 1955 . - le même texte, avec trad . allemande, est donné dans 32 Apuleius, Meta morphosen oder der goldene Esel, Lateinisch und Deutsch , von R. Helm , sechste durchgesehene und erweiterte Auflage, besorgt von W. Krenkel, coll . « Schriften und Quellen der Alten Welt » 1 , Berlin 1970 , 448 p. (voir notam ment p . 394-445 : Erläuterungen, Namenregister, Sachregister); - 33 P. Vallette et D.S. Robertson (édit .) , Apulée, Les Métamorphoses. Texte établi par D.S.R. et traduit par P.V. , CUF, Paris 1940-1945 (t. I : Livres I III, 1940 , LXII -86 p.; t. II : Livres IV - VI, 1941 , 103 p .; t. III : Livres VII-XI, 1945, 170 p. ) ; - deux éditions italiennes : celle de 34 F. Carlesi et N. Terzaghi (édit . ) , Apuleio, Le Metamorfosi libri XI. Traduzione di F.C. , testo critico riveduto da N.T. , Firenze 1954 , XXXII - 315 p . , et surtout une remarquable édition due à un grand spécialiste d’Apulée : 35 G. Augello ( édit.), Metamorfosi o asino d'oro di Lucio Apuleio , a cura di G.A. , Torino , 2e éd . 1980 , 681 p . (texte latin et traduction italienne sont précédés d'une excellente introduction ; les p. 47-63 sont occupées par une Nota bibliografica dont les titres partent de l'editio princeps, Roma 1469, et vont jusqu'en 1980) ; - la collection Loeb présente, en regard du texte latin, la traduction anglaise de 36 W. Adlington , qui date de 1566 , revue par S. Gaselee : Apuleius. The Golden Ass, London ,New York 1919, 608 p . ( index ) ; une traduction française très courante dans 36bis P. Grimal (trad . ) , Romans grecs et latins, coll . « Bibliothèque de la Pléiade » 134 , Paris 1958 , p. 141-377 , avec notes, p . 1436-1457 .
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- une traduction espagnole : 37 L. Rubio Fernández ( édit .), Apuleyo, El asno de oro . Introducción , traducción y notas, coll. « Biblioteca clásica Gredos» 9, Madrid 1978, 360 p.
Éditions partielles - Livre I : 38 A. Scobie, Apuleius Metamorphoses (Asinus Aureus) I. A Commentary, coll. « Beiträge zur klassischen Philologie » 54, Meisenheim am Glan 1975, 136 p.; – Livre II : 39 B.J. de Jonge , Ad Apulei Madaurensis Metamorphoseon librum secundum commentarius exegeticus, Thèse Groningen 1941, 132 p .; - Livre III : 40 R.T. van der Paardt, Apuleius. The Metamorphoses. A Commentary on book III with text and introduction, Amsterdam 1971; - Livre IV , 1-27 : 41 B.L. Hijmans et alii (édit. ) , Apuleius Madaurensis. Metamorphoses. Book IV , 1-27 : text, introd . & commentary , coll. « Groningen Commentaries on Apuleius » , Groningen 1977 , XVI- 247 p.; - Livres IV , 28 - VI, 24 : 42 P. Grimal (édit. ), Apulei Metamorphoseis ( IV , 28 - VI, 24) (Le conte d'Amour et Psyché), édition , introduction et commentaire, coll. « Erasme» 9, Paris 1963 , 140 p.; - Livre VI 25-32 et VII : 43 B.L. Hijmans et alii ( édit.), Apuleius Madau rensis. Metamorphoses. Book VI, 25-32 and VII : text, introd. & commentary , coll. « Groningen Commentaries on Apuleius » , Groningen 1981 , 325 p.; - Livre VIII : 44 B.L. Hijmans et alii ( édit.), Apuleius Madaurensis. Meta morphoses. Book VIII. Text, introduction and commentary, coll. « Groningen Commentaries on Apuleius » , Groningen 1985 , XIV - 355 p . (bibliogr ., index ). - Livre XI : 45 J. Gwyn Griffiths (édit.), Apuleius of Madauros, The Isis Book, edited with an introduction , translation and commentary , coll. EPRO 39, Leiden 1975 , XVIII- 440 p. , et 46 J.-C. Fredouille ( édit.), Metamorphoseon, lib. XI : édition , introduction et commentaire, coll. « Érasme » 30 , Paris 1975 , 140 p . Comme il apparaît d'après cette liste, une longue tradition de recherches sur Apulée existe à Groningen . En sont récemment issus deux ouvrages collectifs 47 Aspects of Apuleius' Golden Ass : A collection of original papers, ed . by. B.L. Hijmans & R.T. van der Paardt, Groningen 1978 , IX - 275 p . , et les Actes du 48 Symposium Apuleianum Groninganum (23-24 octobre 1980] , ed . by B.L. Hijmans & V. Schmidt, Groningen 1982, 173 p . Sur la langue des Métamorphoses, l'étude la plus importante est la thèse de 49 L. Callebat, Sermo cotidianus dans les Métamorphoses d'Apulée ( Thèse Paris), coll. « Publications de la Faculté des lettres et sciences humaines de Caen » 13 , Caen 1968 , 584 p. Sources des Métamorphoses : les 11 livres des Métam . sont incon testablement d'Apulée. Mais Apulée ( tout comme l'auteur de l'Ovos attribué à Lucien de Samosate ) s'est inspiré d'un original grec dû à un hypothétique Lucius de Patras. Pour une étude critique de ce problème (le rapport d'Apulée à sa source grecque ), se reporter aux travaux de 50 H. van Thiel, Der Eselsroman, I : Untersuchungen , XIII - 225 p . [Bibliogr. p. IX -XII ] ; II : Synoptische Ausgabe,
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245 p. ( éd . parallèle du texte latin d'Apulée et du texte grec de l'Ovoc ), coll. « Zetemata » 54 , München 1971-1972 . L'intérêt philosophique des Métamorphoses se manifeste dans l'ensemble de l'ouvrage, à travers le thème de la curiositas, qui en constitue véritablement le leitmotiv. L'ambivalence de cette notion et son lien complexe avec l'86pıç ont été bien montrés par l'analyse de 51 S. Lancel, « Curiositas et préoccupations spiri tuelles chez Apulée », RHR 160 , 1961, p. 25-46 . Ce thème, envisagé aussi dans son lien avec la démonologie, a fait l'objet, en 1965 et 1972, de deux riches études de Cl . Moreschini 19 , remaniées pour former les chap. II et III de son Apuleio e il platonismo, 20, p. 19-50. Mais l'intérêt philosophique des Métam . se concentre surtout en deux points particuliers de l'ouvrage : l'épisode d'Éros et Psyché (= Métam . IV 28 – VÍ 24 ) et le livre XI. L'épisode d'Éros et Psyché a été abondamment interprété par les historiens des religions qui ont tenté, à la suite de R. Reitzenstein, de le relier à un introu vable mythe « iranien » de Psyché. Il a été examiné par les folkloristes, qui en ont recensé différentes versions, dans des récits populaires répandus de la Scandi navie jusqu'à l'Inde et à l'Afrique du Nord : inventaire quasi exhaustif dans 52 J.-O. Swahn, The Tale of Cupid and Psyche, Lund 1955 ; - illustration plus récente de la méthode folkloriste, avec une classification rigoureuse, dans 53 T. Mantero , Amore e Psiche. Struttura di una fiaba di magia ', Genova 1973. Mais cet épisode de l'ouvrage d’Apulée ne trouve sa véritable signification que dans une perspective platonicienne qui se dessine d'abord par une série de rapprochements avec le mythe du Phèdre (248 C - 252 c) : cf. Grimal 42 , p . 12 13 ; 54 P. Scazzoso , Le metamorfosi di Apulio , Milano 1951 ; 55 R. Thibau , « Les Métamorphoses d'Apulée et la théorie platonicienne de l'Éros» , SPHG 3 , 1965, p. 89-144. Un recueil de dix -huit études significatives, écrites entre 1871 ( Friedländer) et 1963 ( P. Grimal), toutes rédigées ou traduites en allemand, a été constitué par 56 G. Binder et R. Merkelbach ( édit. ), sous le titre Amor und Psyche, coll. « Wege der Forschung » 126 , Darmstadt 1968 , VI -440 p. Le livre XI, qui raconte l'initiation de Lucius aux mystères d'Isis et d'Osiris, est empreint d'une religiosité mystique qu'a bien analysée 57 A.J. Festugière, « Lucius and Isis » , dans Personal Religion among the Greeks, Berkeley 1954 (2e éd . 1960 ), p. 68-84 . Comment cet intérêt pour la religion isiaque s'accorde t- il avec la personnalité philosophique d'Apulée ? On a tenté de répondre à cette question de diverses manières, notamment en montrant que le platonisme d’Apulée a un caractère nettement religieux, à tel point que la philosophie ne serait pour Apulée qu'une préparation aux mystères. La conciliation entre religion isiaque et doctrine platonicienne se trouverait, ailleurs que dans le livre XI, dans divers épisodes narratifs du roman : c'est ce qu'a voulu établir 58 C. Schlam, « Platonica in the Metamorphoses of Apuleius» , TAPHA 101 , 1970 , p . 477-487. A l'extrême, les Métam . seraient une cuvre de propagande religieuse ; l'initiation au culte d'Isis représente l'accès à la véritable connais sance , par opposition à la fausse connaissance de la magie : thèse défendue par 59 A. Wlosok , « Zur Einheit der Metamorphosen des Ap . » , Philologus 113 , 1969 , p . 68-84 . Récemment, 60 Nicole Fick , « L'Isis des Métamorphoses d'Apulée » , RBPh 65 , 1987 , p . 31-51 , a montré que tout concourt, effecti vement, à faire apparaître derrière Isis une conception du divin fondamen
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talement platonicienne : car ce sont les textes mêmes de Platon qui rendent compte des innovations dont Apulée a enrichi la religion isiaque. D. EUVRES RHÉTORIQUES : DE MAGIA ,FLORIDA L'Apologie ( encore intitulée De magia ou Pro se de magia ) est le discours prononcé par Apulée pour sa défense au cours d'un procès dans lequel il eut à répondre à une accusation de magie. Document important pour l'histoire de la magie, cet ouvrage est souvent associé aux Florida par les éditeurs. Les Florida sont un recueil, en quatre livres, constitué de déclamations pro venant de discours d’Apulée. L'auteur avait certainement constitué lui-même ce recueil, afin de ne publier que les morceaux de son choix . Mais un abréviateur inconnu a réduit l'ouvrage de plus de moitié, si bien que les Florida ( toujours divisés en quatre livres ) ne comportent plus aujourd'hui que vingt -trois frag ments, de longueur très inégale. Dans ce recueil, Apulée revendique souvent la qualité de philosophe : peut-être les fragments que nous lisons étaient-ils des « préfaces » à des exposés philosophiques plus étendus.
Éditions et traductions - 61 R. Helm (édit.) , Apulei Opera quae supersunt, coll. BT, t. II. 1 : Pro se de magia liber (Apologia ), Leipzig 1905 , 5e éd. (« cum addendis » ) , Leipzig 1972, VI- 123 p.; t. II. 2. Florida , Leipzig 1910, LX -45 p. 2° éd . ( « cum adden dis » ) Leipzig 1959. – Trad . allemande : 62 Verteidigungsrede. Blütenlese, lat. und deutsch von R. Helm , Berlin 1977 . - 63 P. Vallette ( édit. ), Apulée. Apologie, Florides. Texte établi et traduit par P.V. , CUF, Paris 1924, XLI- 172 p . On peut encore tirer profit de l'éd . 64 H.E. Butler & A.S. Owen (édit.) , Apulei Apologia siue Pro se de magia liber, Oxford 1914 , LVI-208 p . ( texte, introduction et commentaire détaillé ), mais il existe surtout une très belle édition italienne : 65 G. Augello (édit.) , L'Apologia o la magia. Florida, di Lucio Apuleio, coll. « Classici Latini» , Torino 1984, 568 p . ( introd ., texte latin très sûr et trad . italienne, notes ) . A signaler aussi la traduction espagnole : 66 S. Segura Munguía (édit . ) , Apuleyo. Apología. Flórida. Introducción , traducciones y notas, coll. « Biblioteca clásica Gredos » 32, Madrid 1980, 295 p. Dans sa thèse, 67 L'Apologie d'Apulée , Paris 1908 , P. Vallette a rappelé combien la croyance à la magie était répandue au II s. , et a montré que le philosophe, tel qu'Apulée le conçoit , est presque nécessairement doublé d'un magicien. Sur ce point, l'enquête de 68 A. Abt, Die Apologie des Apuleius von Madaura und die antike Zauberei, Gießen 1908 , réimpr. Berlin 1967 , 345 p . , rassemble une documentation considérable sur la magie et offre une confron tation étroite du texte d’Apulée avec de nombreux papyrus magiques grecs. Par ailleurs , bien que l'Apologie offre surtout « un échantillon presque unique de l'éloquence judiciaire sous l'empire romain » (67 , p . XXIV), l'ouvrage se prête également à une certaine exploitation philosophique : c'est ainsi qu'on a entrepris de placer les connaissances ichthyologiques dont fait preuve Apulée (Apol. XXIX -XXXVI) dans la ligne des recherches d’Aristote en histoire naturelle : cf. la thèse de 69 B.M. Parsil, Aristotelian influence in the Apology of Apuleius Diss . Tufts Univ . ( résumé dans DA 31 , 1970 , p . 1247 A ) . De fait, à travers de
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nombreux passages de l'Apologie comme des Florida, Apulée tient à faire valoir sa qualité de philosophe : c'est pourquoi ces deux ouvres, malgré leur caractère essentiellement rhétorique, permettent de tracer une certaine image du philo sophe, se dessinant surtout par des références philosophiques très éclectiques, et par opposition à la masse des détracteurs envieux ou incultes, qui n'ont du philo sophe que le manteau ( cf. Flor. VII 10). E. FRAGMENTA : EUVRES PERDUES En rassemblant les citations d'Apulée faites par divers auteurs anciens ( en particulier par les grammairiens Priscianus et Charisius, et par Johannes Lydus), on a pu constituer une collection de « fragments » qui représentent les restes d'ouvrages perdus d’Apulée.
Éditions - 70 W.A. Oldfather, H.V. Canter, B.E. Perry (édit . ) , Apuleii Fragmenta = p . IX - XIII de l'Index Apuleianus lbis. - Beaujeu 6 , à la suite des Opuscules philosophiques : Fragments, p . 158-180 (bonne édition, très commode, avec trad . fr. en regard et notes abondantes. A noter que Beaujeu a repris la numérotation des fragments fixée par les auteurs de l'Index Ap .). De ce petit corpus extrêmement disparate, le morceau le plus long (cinq pages dans l’éd. Beaujeu ) que les manuscrits donnent comme une préface au De deo Socratis, doit probablement être retranché et rattaché aux Florides. Vient ensuite un court poème érotique (24 sénaires iambiques) intitulé 'ANEXOMENOE ( « Le Résigné » ), peut-être imité de Ménandre ( cette pièce vient à la fin des Ap. Fragm . dans l’Index Ap .). Enfin , vingt -cinq fragments, dont la longueur varie entre une et vingt lignes, offrent un reflet des divers aspects de la curiosité « scientifique » d'Apulée : on sait ainsi qu'il avait écrit des Ludicra (Badinages), un traité De proverbiis, un roman intitulé Hermagoras (sur lequel on verra 71 B.E. Perry, « On Apuleius' Hermagoras », AJPh 48, 1927 , p . 263-266), une adaptation en latin du Phédon , un Abrégé d'histoire ( contenant un chapitre sur l'origine de la monnaie ), un traité De republica, un ouvrage traitant de questions médicales, un 'Epwtixóc et un recueil de miracula décrivant des prodiges météorologiques. Il faut enfin signaler que Cassianus Bassus (VIP ), dans son recueil des Geoponica (71bis Geoponica siue Cassiani Bassi scholastici de re rustica eclogae, rec. H. Beckh, coll. BT, Leipzig 1985 , 641 p. , indices ) , cite des fragments assez étendus d'ouvrages qu'il attribue à Apulée : certains concernent l'arboriculture, d'autres signalent des préceptes ( scientifiques ou magiques) se rapportant à la vie rurale. Si l'on admet que cet Apulée est bien l'écrivain de Madaure, selon la thèse qu'a défendue 72 R. Martin, « Apulée dans les Géoponiques », RPh 46, 1972 , p. 246-255, on regrettera que jusqu'à présent ces citations n'aient encore jamais été intégrées dans une édition des fragments d’Apulée.
F. SPURIA La variété des sujets abordés réellement par Apulée a souvent conduit à lui attribuer à tort de nombreux ouvrages en quête d'auteur. Il serait vain de
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prétendre en dresser l'inventaire complet; cependant, il peut être utile de signaler que les principales cuvres attribuées à tort à Apulée sont les suivantes : un herbier médicinal, très célèbre au Moyen Age (placé à tort par les bibliographes du XIX ° s . sous le nom d'APULEIUS BARBARUS ). L'édition critique de référence en est la suivante : 73 E. Howald & H.E. Sigerist (édit.), Antonii Musae De herba uettonica liber. Pseudo -Apulei Herbarius. Anonymi de taxone liber. Sexti Placiti Liber medicinae ex animalibus, ediderunt E.H. et H.E.S. , Leipzig /Berlin 1927 , XXVI -348 p . ill . = CML IV . L'Herbarius se trouve aux p . 15-225 ; cette édition comporte un Index des mots remarquables et des noms de plantes, et, aux p. 287-298 , un appendice consacré aux Curae quae in codicibus textui Apuleiano insertae sunt . Cet ouvrage, qui est un traité de phytothérapie illustré, énumérant les usages de cent trente et une plantes, est généralement daté du IV s .; son étude ressortit évidemment beaucoup plus à l'histoire de la médecine et de la botanique qu'à la recherche proprement dite sur Apulée ; toutefois, il n'est pas sans intérêt de comprendre les raisons pour les quelles cet Herbarius a été placé sous le nom d'Apulée: voir sur cette question l'étude de 73bis Linda E. Voigts, « The significance of the name Apuleius to the Herbarium Apulei», BHM 52, 1978, p. 214-227 . - des fragments d'un ouvrage De orthographia , placés aujourd'hui sous le nom de LUCIUS CAECILIUS MINUTIANUS APULEIUS, édités à Darmstadt en 1826 ; - un traité anonyme de Physiognomonie, édité par 74 J. André , dans CUF, Paris 1981. L'attribution de cet ouvrage anonyme à Apulée ( due à une suggestion de V. Rose en 1864 ) n'est pas fondée ; de plus , la langue parle contre Apulée: c'est la langue d'un ouvrage composé dans la seconde moitié du IVe s. (voir André 47, Introd ., p . 31-33) ; - le traité hermétique intitulé Asclepius, édité par 75 A.D. Nock et A.J. Festugière, Corpus hermeticum , CUF, t. II, Paris 1946 , p . 257-355 . Si cet ouvrage est aujourd'hui très largement considéré comme inauthentique, son importance est toutefois considérable dans l'histoire de l'hermétisme et même du moyen-platonisme . Il consiste tout entier en un entretien au cours duquel la divine figure d'Hermès Trismégiste enseigne à son disciple Asclepius comment se déroule la continuité hiérarchique des êtres à travers le cosmos, et quel est le rôle dévolu à l'homme dans le système cosmique. Essentiels pour l'étude de ce traités : trois des quatre chapitres de l'ouvrage de 75bis Cl . Moreschini, Dall'Asclepius al Crater Hermetis. Studi sull'ermetismo latino tardo -antico e rinascimentale , coll. « Biblioteca di studi antichi » 47 , Pisa 1985 , 293 p . Le chap. I ( p. 13-68 ) esquisse dans ses grandes lignes l'histoire de l'hermétisme latin du jer au IVe s . ap. J.-C. et rassemble une trentaine de témoignages relatifs à cette histoire (témoignages tirés principalement de Tertullien et de Lactance ). Le chap. II ( p. 69-119) se présente comme une analyse de l'Asclepius pseudo Apuléien. Le chap . III ( p. 121-201 ) donne le texte latin de l'Asclepius, sans apparat critique , avec une traduction italienne en regard, assortie de nombreuses notes en bas de page. Autre présentation et analyse approfondie de ce traité dans l'important ouvrage de 76 St. Gersh , Middle Platonism and Neoplatonism . The Latin tradition , coll . « Publications in Medieval Studies » 23 , Notre Dame ( Indiana) 1986 , t. I , p . 329-387 (voir aussi t. II, p . 869-870 : Bibliographie ). Situant essentiellement son analyse sur le plan de l'anthropologie, Gersh montre
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à la fois les ressemblances et les différences entre la doctrine exprimée par l'Asclepius et celles des platoniciens du second siècle.
2. ÉLÉMENTS BIOGRAPHIQUES A. BASE DOCUMENTAIRE Comme aucun auteur ancien n'a écrit de Vie d'Apulée, on en est réduit à utiliser, avec toute la prudence requise en pareil cas, les indications autobiogra phiques éparses dans l'œuvre d'Apulée lui-même: on en trouve effectivement ( 1 ) dans l’Apologie, qui est un plaidoyer pro domo et contient donc nécessai rement des données autobiographiques antérieures au procès ( cf. sur ce point Vallette 67, p. 1-39) ; (2) dans les Florida ; (3) dans les Métamorphoses : c'est ici que la prudence s'impose particulièrement, car on a trop souvent superposé Lucius, le héros du roman, à l’Apulée historique ( cf. sur ce point Moreschini 20, p . 12 n . 38) . Les auteurs modernes qui ont donné une présentation globale plus ou moins complète de la vie d'Apulée sont les suivants : - 77 L. von Schwabe , art. « Appuleius 9 » , RE II 1 , 1895 , col . 246-258, particulièrement 246-248 ;
- Vallette , 63, Introd ., p. V-XIII ; - 78 H. Dörrie, art . « Ap(p)uleius 8 » dans Kl. Pauly I , 1979 , col. 471 , 6 473 , 29 . - Augello, Nota biografica, 35 , p. 45-46 . B. ORIGINES Apulée est sans aucun doute originaire de Madaure , ville d'Afrique du Nord qui correspond aujourd'hui à Mdaurouch , en Algérie. Sur Madaure, voir l'arti cle de 79 H. Dessau , RE XIV 1 , 1928 , col . 201-202, et surtout la seconde partie du monumental ouvrage de 80 St. Gsell et Ch.-A. Joly , Khamissa , Mdaourouch, Announa. Fouilles exécutées par le Service des Monuments historiques de l’Algérie, Alger /Paris 1922, 132 p . in - fol. (sur Apulée, voir p . 29-32 ; à propos de l'inscription mentionnée infra, voir p. 31 n. 4) . Apulée lui-même se déclare « Seminumida et Semigaetulus » (Apol. XXIV) ; Augustin le désigne de l'expression « Platonicus Madaurensis » (Civ. Dei VIII 14) ; et cette origine a trouvé une confirmation épigraphique par la découverte, en 1918, à Mdaurouch, d'une dédicace qui ne saurait convenir qu'à Apulée. C'est en effet Apulée qu'il faut reconnaître dans le philosophe platonicien honoré à Madaure comme la gloire de la cité (I.L.A. I, 215 ) : (...phJilosophol (pljatonico , (Ma]daurenses cives | ornament [ 0 ] suo . D ( ecreto ) decurionum ), p (ecunia ) p ( ublica ) . BERNADETTE PUECH . > Sa date de naissance ne peut être établie qu'approximativement, entre 123 et 125. On sait que son père accéda à la plus haute charge municipale , celle de « duumvir » , et qu'il légua à Apulée et à son frère un héritage de deux millions de sesterces (Apol. XXIII -XXIV ). Quant à son nom , seul le gentilice APVLEIVS ( ou APPVLEIVS ) est bien assuré ; le prénom LVCIVS est au contraire insuffi
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samment attesté, et son attribution à Apulée s'explique sans doute par l'identifi cation du héros des Métamorphoses avec leur auteur. C. FORMATION C'est à Madaure que le jeune Apulée suit ses premières leçons, celles du grammairien au moins : le municipe devait avoir des écoles florissantes, puisque deux siècles plus tard, Augustin vient en cette ville s'initier à la littérature et à la rhétorique, après avoir appris les éléments à Thagaste (Conf. II 3 , 5) . C'est à Carthage, capitale culturelle de toute l'Afrique du Nord, qu'Apulée reçut ensuite sa formation rhétorique. Enfin c'est à Athènes qu'il se rendit pour sa formation philosophique, sur laquelle notre information est si lacunaire : selon son propre témoignage (Flor. XX 4-6), Apulée étudia à Athènes la poésie, la géométrie, la musique, la dialectique et (ou bien : c'est-à- dire ?) la philosophie universelle; - et c'est là qu'il opta pour « la secte platonicienne » . La date du séjour à Athènes est mal établie : on la situe entre 145 et 155. On ne connaît donc pas exactement les maîtres dont il a pu suivre les leçons ; il y en eut plusieurs, d'après le témoignage de Flor. XV 26 , texte qui situe l'enseignement platonicien reçu par Apulée dans une perspective pythagoricienne. S'il est arrivé à Athènes vers 150, ou peu après, Apulée a pu suivre - comme Aulu -Gelle - l'enseignement de Taurus, qui domi nait alors l'école d'Athènes. Quant à l'hypothèse de 81 Th. Sinko, De Apulei et Albini doctrinae Platonicae adumbratione, Diss . Kraków 1905, qui voudrait faire d’Apulée un disciple de Gaios , comme le prétendu Albinus (auquel, suivant J. Freudenthal, Sinko attribuait le Didaskalikos ou Epitome transmis en réalité sous le nom d'Alkinoos ), elle apparaît aujourd'hui beaucoup trop péremptoire si l'on considère les immenses zones d'ombre qui subsistent autour de bon nombre de figures philosophiques des fer- IIe siècles,à commencer par Gaios lui-même ( v . infra , partie n° 3 ) . D. CARRIÈRE
Apulée n'est pas un fondateur d'école philosophique: s'il est difficile de préciser quels furent ses maîtres en philosophie , il serait tout à fait vain de lui chercher des disciples . Car on ne saurait prendre pour un disciple (pas plus , sans doute, que pour un « fils » véritable ), Faustinus, le dédicataire du De Platone ( II 1 = $ 219 : « Faustine fili » ), qui se retrouve aussi au début du De mundo ( 285 ), où Apulée l'a substitué à Alexandre (le Grand ), dédicataire du . X. pseudo aristotélicien : il s'agit probablement d'un dédicataire fictif. C'est qu'Apulée n'a pas cherché à constituer une doctrine, puis à l'enseigner; il a plutôt voulu refléter les divers courants de l'enseignement qu'il avait reçu , en privilégiant le courant platonicien, qu'il tient pour le plus haut et le plus capable d'englober les autres . On sait qu'Apulée a beaucoup voyagé , une fois sa formation achevée : peut-on considérer qu'il fut un sophiste itinérant ? Il fit effectivement des conférences à caractère mondain , mais portant généralement sur des sujets philosophiques (ainsi le De deo Socratis ). Ce faisant, il se rattache au courant dit de « la Seconde Sophistique », qui , selon Moreschini 20 , p . 19 , a surmonté un antagonisme séculaire, remontant à l'époque de Platon et d'Isocrate : celui qui sépare la philo sophie de la rhétorique. Il fut peut-être avocat : à Rome, ce qui reste incertain , à Carthage, plus probablement, puisque c'est là surtout qu'il fit apprécier ses talents de rhéteur (cf. Flor. XVI). Ses déplacements l'ont conduit, entre autres, à
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Samos (Flor. XV 4) , en Phrygie ( De mundo XVII, § 327) , sans compter le voyage qu'il comptait faire à Alexandrie, et qui fut interrompu par les événe ments d'Ea (Tripoli ): le mariage avec la riche veuve Pudentilla, l'accusation de magie et le plaidoyer prononcé devant le proconsul d'Afrique Claudius Maximus, probablement vers 158. L'on sait enfin qu'Apulée s'était fait initier à un grand nombre de cultes à mystères, en Grèce : déjà , à l'époque où il prononça son plaidoyer, il conservait avec soin des symboles et des souvenirs ( « signa et monumenta »: Apol. LV 8 ) que lui avaient confiés les prêtres, lors des initiations, ce qui est peut-être à l'origine de la réputation de thaumaturge qui lui fut faite ensuite . La date de sa mort est inconnue. Sa présence est encore attestée à Carthage en 161 , mais on perd sa trace à partir de 170 environ .
3. LA PHILOSOPHIE D'APULÉE A. APULEIUS PHILOSOPHUS PLATONICUS Apulée se dit philosophe et se réclame du platonisme: cette revendication apparaît continuellement, même (et surtout) dans ses æuvres les plus rhétoriques ( Apol., Flor.: passim ). Cette qualité de philosophe platonicien est aussi celle que reconnaît à Apulée l'inscription qu'on peut lire dans la dédicace des habitants de Madaure mentionnée plus haut. Enfin, le témoignage d'Augustin (Civ. Dei VIII 12) va dans le même sens : « Apuleius Afer ... Platonicus nobilis . » Cependant, pareille revendication demande à être sérieusement appréciée : environ 500 ans séparent Platon d’Apulée , et la tradition platonicienne, au II s . , est déjà riche d'une longue histoire faite de débats internes tournant autour du probabilisme sceptique et de discussions externes avec le Péripatos et la Stoa, de sorte que les limites mêmes définissant les positions d'un platonisme « ortho doxe » sont presque impossibles à trouver. L'appréciation d’Apulée en tant que philosophe platonicien ne saurait être recherchée dans l'ouvrage de Regen 17 , qui, malgré son titre prometteur ( Apuleius philosophus Platonicus), n'est pas une étude d'ensemble, mais un examen exégétique de plusieurs passages de l'Apol. et du De mundo ( cf. supra ). En revanche, le très riche recueil de Moreschini 20, en dépit d'une approche assez disparate du problème, apporte des analyses de grande valeur permettant de mieux dessiner l'image d'Apulée philosophe. C'est précisément à cette tâche que se sont employées , récemment, deux études d'ensemble. D'une part, on a entrepris de reconstituer de façon systématique la philosophie d'Apulée, en situant les doctrines qu'il présente au sein d'une évolution qui part de Cicéron pour aller jusqu'à Boèce : Gersh 76 , t. I, p . 215 328 ( et t. II, p . 861-867 pour la bibliographie ), dans un exposé très structuré constamment appuyé sur le texte des philosophica, dégage notamment la doctrine physique d'Apulée à travers des schémas triadiques, et montre le développement graduel des principes selon leur ordre hiérarchique, depuis le premier dieu jusqu'à la matière. D'autre part, l'exposé de 82 B.L. Hijmans Jr, « Apuleius , Philosophus Platonicus » , ANRW II 36 , 1 , Berlin 1987, p. 395-475 , rassemble et analyse tous les passages de l'æuvre d’Apulée où celui-ci clame son appartenance à la Platonica familia (cf. notamment Apol. 64) ; la partie IV de cette étude, intitulée « The shape of Apuleius' Platonism » (p . 434-469), présente une sorte de platonisme sélectif et montre quels aspects de la doctrine de Platon ont retenu
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l'intérêt particulier d'Apulée. Hijmans expose ainsi la théologie d'Apulée, sa conception du temps, sa doctrine de l'âme et son anthropologie, mais insiste sur le fait qu'Apulée s'est voulu philosophe par le mode de vie plus que par des prises de positions doctrinales: il s'est donc toujours tenu à l'écart des polémiques philosophiques d'école. B. LE PROBLÈME DE « L'ÉCOLE DE GAIOS» Le résumé scolaire de la doctrine physique et éthique de Platon que donne Apulée dans le De Platone présente d'importantes analogies, dans le contenu comme dans la distribution , avec le Didaskalikos ou Epitomé, placé depuis la fin du XIX ° s . sous le nom d'Albinus, mais que l'on tend aujourd'hui à restituer à Alkinoos ( cf. 80bis J. Whittaker, « Platonic philosophy in the early centuries of the Empire » , dans ANRW II 36 , 1 , Berlin 1987 , p . 81-123 , et la notice « Alcinoos » ) ; à partir de ces analogies, puisque le maître de ce prétendu Albinus était Gaios, il pouvait être tentant de présenter ce personnage comme ayant été aussi le maître d’Apulée: cette thèse a été soutenue, sur la base d'une compa raison détaillée, par Sinko 81 , et très largement admise depuis lors. Mais récemment, l'idée d'une « école de Gaios », qui , en l'absence de tout écrit du maître , ne serait illustrée que par les æuvres de ses deux disciples « Albinus » et Apulée, s'est trouvée soumise à de vives critiques de la part de 83 J. Dillon , The Middle Platonists. A Study of Platonism , 80 B.C. to A.D. 220, London 1977 . Dans le chap . VI de son étude ( « The " School of Gaius ” : Shadow and Substance » , p. 266-340 ), Dillon conteste l'idée même qu'ait existé une école de Gaios : d'abord parce qu'on ne possède aucun ouvrage de ce Gaios, que l'on ignore même s'il a jamais rien écrit, et qu'on ne sait finalement à peu près rien de ce personnage. Il n'est d'ailleurs même pas certain qu'Apulée ait suivi son enseignement : le témoignage de Flor. XVIII 15 montre seulement qu'à Athènes Apulée a choisi l'école platonicienne. Mais surtout, au terme d'un examen serré des textes, Dillon fait observer qu'il existe de nombreuses divergences entre l'exposé de la doctrine de Platon que donne Apulée et celui d' « Albinus » , malgré tous les traits communs depuis longtemps reconnus : les deux auteurs ont donc manifestement suivi des traditions scolaires différentes. Déjà en 1973 , Beaujeu 6, p . 57 , a montré quelle prudente réserve il convient de garder si l'on parle d'une école de Gaios» : on ne doit surtout pas supposer, derrière cette expression, l'existence d'un enseignement original et systématique. C. APULÉE : UN PLATONISME “ ÉCLECTIQUE ” ? Suivant des voies différentes, l'originalité d’Apulée s'est trouvée également défendue par la remise en cause de ce qu'on appelait couramment, depuis les travaux de K. Praechter, « platonisme éclectique ». Ce courant « éclectique », illustré précisément par « Albinus » et Apulée (ainsi que par l'auteur anonyme du Commentaire du Théétète ), représenterait un platonisme ouvert, largement influencé par les idées péripatéticiennes et stoïciennes. En face de lui, un plato nisme « orthodoxe » , représenté par Plutarque, Atticus, Celse, Calvenus Taurus, se montrerait plus fermé, et soucieux de défendre la lettre de l'enseignement de Platon contre toute intrusion étrangère. Or, un tel tableau de la philosophie d'époque impériale apparaît aujourd'hui par trop schématique . Des questions nouvelles ont été posées, notamment par Cl. Moreschini, La posizione di Apuleio
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e della scuola di Gaio nella cultura del I- II secolo D.C. ( repris dans 20, p. 133 191 ) : la Stoa et le Péripatos n'auraient- ils pas influencé les platoniciens « ortho doxes » tout comme les « éclectiques » ? Comment répondre par la négative, puisque nous n'avons souvent que des lambeaux infimes des ouvres de ces prétendus « orthodoxes » ? Par ailleurs, la tradition platonicienne, qui trouve son origine dans la systématisation de la doctrine de Platon par Xénocrate, n'était elle pas déjà « éclectique » dans la période antérieure à ce qu'on a appelé l'école de Gaios ? Les recherches de Moreschini, qui visent à mieux déterminer histori quement la position des diverses écoles platoniciennes du II° s. , rejoignent ainsi les conclusions sceptiques de J. Dillon sur l'existence d'une « école d'Athènes » au II s . (cf. 83, p . 230-265 = chap. V : « The Athenian School in the Second Century A.D.» ). On évitera donc de parler, en particulier pour Apulée, de « platonisme éclectique », puisque à un tel courant on ne peut sérieusement opposer le « platonisme orthodoxe » . Faute de mieux, on peut du moins affirmer que le platonisme d’Apulée est syncrétique: c'est ce qu'a bien montré 84 Ph . Merlan dans les pages ( trop brèves) qu'il a consacrées à « Albinus and Apuleius », dans The Cambridge History of Later Greek and Early Mediaeval Philosophy, ed. by A.H. Armstrong, Cambridge, 2e éd ., 1970, p. 64-73 . Ce platonisme, qui utilise très librement des doctrines empruntées à Aristote ou aux stoïciens, considère ingénument la Stoa comme une branche du platonisme, et Aristote comme un platonicien : à coup sûr , la synthèse entre Platon et Aristote y est presque complète. Il faut ici rappeler, du reste, qu'Apulée était familier des æuvres de chacun de ces deux auteurs, et qu'il a traduit – ou adapté – en latin, outre le lepì xooLOU , le Phédon ( cf. fr. 9-10, p. 173 Beaujeu ) : pour apprécier l'importance philosophique d'Apulée, il serait utile , notamment, de mieux étudier les innovations concernant la terminologie philosophique qu'on lui doit , dans la langue latine, et qui se sont répercutées dans diverses langues euro péennes. On voit que, de ce platonisme syncrétique, il reste encore beaucoup à faire pour prendre l'exacte mesure. JEAN -MARIE FLAMAND .
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RE 6 PLRE I : 1
III ou IV
A. Philosophe et théoricien de la rhétorique. Cf. 1 J. Graeven (édit. ) , Cornuti Artis rhetoricae epitome, Berlin 1891 , p . XXIX ; 2 J. Brzoska , art . « Aquila » 6 , RE I , 1895 , col . 314 ; 3 S. Glöckner, Quaestiones rhetoricae , coll . « ' Breslauer philologische Abhandlungen >> 8 , 2 , Breslau 1901, p . 64-71 ; 4 L. Schilling , « Quaestiones rhetoricae selectae » , JKPh Supplementbd . 28 , 1903 , p . 690 , 693-709 , 714 ; 5 B. Keil , « Zwei Identificationen , I » , Hermes 42 , 1907 , p . 548-561 ; 6 id . , « Pro Hermogene», NGG 1907, p . 188 , 203; 7 H. Rabe, « Aus Rhetoren Handschriften , 1 » , RHM 62, 1907 , p . 260-262; 8 J. Brzoska, art. « Evagoras » 13 , RE VI 1 , 1909, col . 829-830 ; 9 PLRE I , p . 90 (« Aquila » 1 ) , 284 ( « Evagoras » 1 ) ; 10 G.A. Kennedy, Greek Rhetoric under Christian Emperors, Princeton 1983 , p . 79 , 103 , 110 , 115 ; 11 D.M. Schenkeveld , « The Philosopher Aquila ( Charisius, Ars gramm ., p . 251, 22 Barw .) », article à paraître, qui nous a été aimablement communiqué par l'auteur.
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Témoignages. Le commentaire de Syrianus sur le llepi otáoewy d'Hermo gène mentionne plusieurs fois Aquila, tantôt seul, tantôt associé à Évagoras : Syrianus, In Hermog ., t . II, p . 37 , 26 ; 39, 8 ; 43 , 13 ; 50, 24 Rabe ( 'Axúłas ) ; p . 35 , 2 ( °Axúhas te xal Eúayopac ) ; p. 41 , 12 ; 55 , 6 ; 56 , 21 ; 128 , 23 (Evayópaç të xal ’Axúhac ). Aquila est cité, seul, dans deux autres commentaires d'Hermogène, en grande partie inédits : celui de Georges d'Alexandrie (ve s .; Schilling 4, p . 693-709 ) et celuide Neilos (X® s.; Glöckner 3 , p. 66 et 67-68 ). Syrianus qualifie Évagoras et Aquila d'Ğploto DIAOOO001 (t. II, p. 56, 20 ; cf. 55,6) ; il les range aussi dans les texvoypápoi (t. II, p. 35 , 2), et précise : TNV ÉX της θείας φιλοσοφίας επιστήμην τοίς περί των στάσεων εγκαταμίξαντες θεωρή Maoiv (t. II, p. 128, 24–129, 1 ; cf. 35, 3-4). Aquila était donc un philosophe qui avait écrit un ouvrage sur la théorie rhétorique des « états de cause » . Le travail d'Évagoras et d'Aquila est une des sources principales de Syrianus, parce que ces auteurs ont su , en philosophes, affiner les définitions et les distinctions de Minucianus et d'Hermogène (t. II, p . 56 , 16-24 ; 129, 1-3) . Rapport entre Évagoras et Aquila. Keil 5 , p. 557-558, a remarqué que Syrianus cite Évagoras et Aquila ensemble quand il s'agit des aspects générauxde la doctrine (par exemple, le nombre total des otápeic ); dans les discussions précises, Aquila est cité seul . En outre , Georges d'Alexandrie et Neilos ne connaissent qu'Aquila. Keil conclut avec vraisemblance que ces trois commen tateurs n'ont eu en main que le traité d'Aquila ; c'est dans ce traité que Syrianus a trouvé ses références à Évagoras (Schilling 4 considère de même que Syrianus a utilisé Aquila ; Glöckner 3, p . 66-68 , 70-71 , croyait au contraire que Syrianus s'appuyait surtout sur Évagoras; cf. Brzoska 8 , col. 829) . Aquila serait ainsi le successeur d'Évagoras, peut-être son disciple (cf. Brzoska 8, ibid .), et son traité aurait éclipse celui de son maître. A l'appui de cette hypothèse, observons que Syrianus nomme presque toujours Aquila après Évagoras. Les deux textes où Évagoras est nommé seul ne constituent pas nécessairement une objection, car on peut y voir des citations indirectes, empruntées à Aquila : Syrianus, In Hermog ., t . II , p . 3 , 23-25 : Επί των Ευαγόρου δε του φιλοσόφου χρόνων ,ως αυτός εν τη nepi tõv otáoewV npaymateią onol...; Rhet. Gr. , t. VII, p . 12, 20 Walz : 01 8È περί τον Ευαγόραν κτλ .. École philosophique. Loués pour leur connaissance de la « divine philo sophie » , Évagoras et Aquila étaient certainement néoplatoniciens comme Syrianus (Keil 5 , p. 559) . Rabe 7 , p . 261 n. 2 , invoque, en sens contraire, Syrianus, t. I, p . 55 , 5-6 : Ερμογένης δε και Μητροφάνης ο Πλατωνικός και τούτου εξηγητής Ευαγόρας τε και ' Ακύλας οι φιλόσοφοι. Mais cette expression a pour but de décerner le qualificatif de « platonicien » à Métrophanès, et non pas de le refuser à Évagoras et à Aquila. Métrophanès d'Eucarpia (RE 4) , mentionné ici pour la première fois, avait besoin d'être présenté, et peut-être aussi d'être distingué de son homonyme, le sophiste Métrophanès de Lébadée (RE 5 ) ; en revanche, pour Évagoras et Aquila, source essentielle, pulóooooi a paru suffisant ici . Date. Évagoras et Aquila étaient nécessairement postérieurs à Minucianus l'ancien et à Hermogène ( seconde moitié du II s.) et antérieurs à Syrianus ( première moitié du VⓇ s. ) . On a cherché à préciser:
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(a) Le passage de Syrianus cité ci-dessus suggère qu’Évagoras et Aquila étaient postérieurs à Métrophanès. Mais la date de ce Métrophanès n'est pas mieux connue : on sait seulement qu'il avait commenté Aristide et Hermogène, ce qui fournit à nouveau la seconde moitié du II° s. comme terminus post quem (Graeven 1 le confond avec son homonyme de Lébadée, postérieur à Philostrate : d'où le terminus post de 250 retenu par Glöckner 3 , p. 69, et par Brzoska 8 , col . 829 ; Brzoska 2 , suivi par 12 Christ- Schmid, Gesch. d. griech. Lit., t. II, p. 935 , incline pour le III s. et PLRE 9 pour la fin du die ou le début du IV®, mais sans preuve ). (b ) Au témoignage de Syrianus ( t. II, p. 3 , 23–4 , 6), Évagoras blâmait dans son traité un sophiste contemporain , exerçant à Athènes, qui professait un total mépris pour la théorie rhétorique et n'enseignait que l'improvisation libre , en se reclamant du proverbe το λαλείν εκ του λαλείν ; ce sophiste est nomme Phrynichus dans un commentaire anonyme (Rhet. Gr. , t. V , p. 610, 15-25 Walz ). Le seul Phrynichus connu dans l'histoire de la sophistique est le lexico graphe atticiste, contemporain de Marc - Aurèle et de Commode (RE 8), ce qui placerait Évagoras étonnamment tôt, vers la fin du II° s . ( cf. Rabe 7 , p . 261 n. 1 : ca 200 ? ). Mais Keil 5 , p . 548-557 , a découvert chez Himérius ( Or. 74 , 4 Colonna) la mention d'un sophiste qui, lui aussi, ne croyait qu'à la pratique et qui invoquaitle meme proverbe : ήκουσα δε εγώ ποτε ανδρός σοφού ... και τοιαύτην τινά γνώμην αποφαινομένου περί του πράγματος , ως εκ του λαλείν αεί το λαλείν napayivetai. Keil identifie ce sophiste, dont Himérius ne donne pas le nom, au contemporain athénien d'Évagoras et au Phrynichus du commentaire anonyme. Himérius affirmant qu'il a personnellement entendu l'homme, il ne reste plus qu'à dater le séjour d'Himérius à Athènes ; au terme d'une série de déductions, Keil propose les années 320 , et conclut qu'on peut placer Évagoras vers la fin du premier tiers du IV ° s . et Aquila vers la fin du deuxième tiers de ce siècle (Keil 5 , p. 559 ; cf. Keil 6, p. 203). Ces dernières précisions chronologiques reposent sur des arguments très fragiles: mais le rapprochement entre les trois textes reste convaincant. Évagoras était donc contemporain d'un sophiste Phrynichus ( distinct du lexicographe, auquel il serait d'ailleurs difficile de prêter un culte exclusif pour l'improvisation ) qu’Himérius a connu . Il est généralement admis qu'Himérius est né vers 310 ; sans chercher une précision illusoire, on peut placer Évagoras et son successeur Aquila au IVe s . - Schenkeveld 11 conteste toutefois ce raisonnement de Keil, en suggérant que l'affirmation d'Himérius ne doit pas être prise à la lettre : Himérius voudra.t faire croire qu'il a personnellement connu Phrynichus, mais il s'agirait d'un procédé rhétorique pour donner du poids à l'argument qu'il est en train de développer ; Phrynichus pourrait en réalité être bien antérieur à Himérius. Cette lecture sceptique, qui ruine tout l'effort de datation , présente l'avantage de lever l'obstacle chrono logique qui empêche d'identifier Aquila à l'auteur homonyme cité par Charisius (infra, Aquila D) . Du reste, il est possible qu'Himérius emploie ici ňxovoa , sans volonté de tromper, au sens de « j'ai entendu dire » , voire « j'ai lu » ( cf. Or . 19, 10 ; 45 , 1 ). Mais l'interprétation de Keil est également défendable. La question reste ouverte . Lieu . C'est à tort que Glöckner 3 , p . 66 , identifie Évagoras à l'historien Évagoras de Lindos mentionné dans la Souda; cf. Brzoska 8 , col. 829, et
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13 F. Jacoby, art. « Evagoras » 12, RE VI 1 , 1909, col. 828 ; 14 id ., FGrHist 619. Puisque le sophiste Phrynichus exerçait à Athènes (Syrianus, t. II, p. 3 , 25 ), on peut supposer qu'Évagoras l'a entendu là -bas; peut-être Évagoras tenait-il école à Athènes, peut-être Aquila lui a - t- il succédé dans cette même ville (cf. Keil 6 , p . 203 ; Brzoska 8, col . 829). En résumé, il est très vraisemblable qu'Aquila était un philosophe néoplato nicien , successeur d'Évagoras et actif peut-être à Athènes, auteur d'une Téxvn sur les otáoeis. Il prend place dans la longue série des néoplatoniciens qui ont étudié et enseigné la rhétorique, depuis Longin et Porphyre jusqu'à Damascius et probablement Simplicius : cf. notamment Keil 5 , p . 560-561 ; Keil 6 , p. 203 ; 15 G.L. Kustas, Studies in Byzantine Rhetoric , coll. « Analekta Vlatadon » 17 , Thessalonique 1973, p . 5-26 ; 16 G.A. Kennedy, « Later Greek Philosophy and Rhetoric » , Ph&Rh 13 , 1980, p. 181-197 ; Kennedy 10 , chap. II ; 17 I. Hadot, « La vie et l'æuvre de Simplicius d'après des sources grecques et arabes» , dans I. Hadot ( édit .), Simplicius. Sa vie, son cuvre , sa survie (Colloque international de Paris 1985 ) , coll. « Peripatoi » 15 , Berlin 1987 , p. 31-36. La date de cet Aquila n'est pas sûre : IV ° s. selon Keil, III° s . selon Schenkeveld ( qui l'identifie à Aquila D ) . Quant à ses oeuvres philosophiques, nous les connaissons par les témoignages B et C ci -dessous. B. Souda (Hesychius), A 1041; t. I, p. 96, 1-2 Adler : 'Axúłac pooopos. σχόλια λογικά γεγραφώς περί συλλογισμών. L'identification de ce philosophe avec notre Aquila est pratiquement certaine (cf. Glöckner 3 , p . 65-66 ; Keil 5 , p . 559) . Non seulement il est normal qu'un néoplatonicien ait commenté l'Organon , mais l'intérêt pour le syllogisme se retrouve précisement chez le théoricien des otáoeiç . Neilos (apud Glöckner 3 , p. 66) rapporte en effet qu'Aquila, à propos de la othoic nommée poc, faisait intervenir la définition du mot όρος , « chez les philosophes » , comme το μέρος της προτάσεως του ou loyiouoŨ (même définition, sans référence à Aquila, chez Syrianus, t. II, p. 97 , 14-17) . Glöckner considère que Neilos tire directement cette citation de l'æuvre philosophique d'Aquila; mais il est plus probable que Neilos se réfère , - ici comme ailleurs, au traité sur les otáoeic , et donc qu'Aquila utilisait dans ce traité les résultats de ses recherches philosophiques. C. Proclus (In Timaeum , t. III, p . 263 , 7 Diehl) cite une interprétation proposée par « Aquila » . L'identification de ce personnage avec Aquila A ( et B) , admise par Keil 5 , p . 559 ( voir aussi 18 A.J. Festugière [édit. ) , Proclus , Commentaire sur le Timée, t. V , Paris 1968 , p . 137 n . 2 ), est en effet très proba ble : comme Aquila (A ) , le commentateur du Timée était un néoplatonicien , et l'on sait que Proclus, qui cite ce commentateur avec respect bien qu'il ne partage pas son opinion, était l'élève de Syrianus. D. Charisius, Ars grammatica, p. 251, 22–252, 1 Barwick : • ' Axúhas nepi κατηγοριών δέκα Αριστοτέλους : διαλεκτική εστι μέθοδος και επιστήμη των σημαινουσών και σημαινομένων φωνών. Le traité de Charisius parait dater du IVe s . , peut-être du règne de Julien (361-363) ; mais le passage contenant la citation d'Aquila serait emprunté à un traité antérieur, celui de C. Iulius Romanus, qui daterait de 270 environ (voir Schenkeveld 11 ). Si ces hypothèses sont exactes, Aquila D était donc antérieur à 270 : il ne peut être identifié avec Aquila A - C que si ce dernier a vécu au II s.
AQUILINUS
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E. Les noms d'Évagoras et d'Aquila se retrouvent parmi les correspondants de Libanius. Évagoras est un collègue de Libanius, plus jeune que lui (Libanius est né en 314), qui lui a envoyé ses écrits et auquel Libanius adresse trois lettres en 363-364 (Epist. 809 ; 1132 ; 1440 Förster; cf. Epist. 137 , 5 (var. ) ). Aquila, fils de Gorgonios IV , est un jeune homme, probablement étudiant de Libanius, en 355/6 ; Libanius lui écrit en 392 pour l'encourager à achever le long ouvrage qu'il a entrepris ( Epist. 469 , 4 ; 1030 ). Voir 19 O. Seeck, Die Briefe des Libanius, coll. « Texte und Untersuchungen » n.F. 15 , 1/2 , Leipzig 1906 , p . 80, 128 ; 20 P. Petit, Les étudiants de Libanius , Paris 1957 , p. 26, 49 , 111 ; 21 PLRE I , p . 90 (« Aquila » 2) , 284 (« Evagoras » 2) . Seeck 19 , p . 80, suivi par PLRE 9 , p. 90 , a suggéré l'identification de l'Aquila de Libanius avec un des deux Aquila de la Souda (= ici Aquila B et Aquila J). Il est tentant d'aller plus loin : car la coïncidence avec les néoplato niciens Aquila et Évagoras est troublante. Les dates pourraient concorder ( si l'on suit la datation de Keil ), et c'est le même intérêt pour la rhétorique. Mais Libanius ne dit pas que son Évagoras et son Aquila se connaissent, et il ne précise pas la nature de leurs ouvrages. Il est donc impossible de conclure . Plusieurs autres Aquila interviennent dans l'histoire de la rhétorique et de la grammaire à l'époque impériale : F. Antoninus Aquila, pntwp recommandé par Fronton (a. 164 ?): PIR2 A 792. G. Ακύλας (RE 5) και εκ της εώου Γαλατίας , ρήτωρ mentionné par Philostrate (fin du IIe s . ) : PIR2 A 981. H. Aquila Romanus (RE 10 ; PLRE I : 3), auteur latin d'un De figuris sententiarum et elocutionis conservé (IIIe s.) : PIR2 A 983. I. Aquila, grammairien cité par Probus- Sacerdos et par Cassiodore (Grammatici Latini, t. IV, p. 19, 32, et t. VII, p. 209, 18 Keil). J. 'Axúhac ypauuatixóS, HOVOIXÓS ( Souda (Hesychius), A 1042, t. I, p. 96, 3 Adler ). Aquila F, Aquila G et Aquila H pourraient éventuellement être de la même famille (cf. 22 A.R. Birley, The Fasti of Roman Britain, Oxford 1981 , p. 186 n. 33). Aquila I et Aquila J ont été identifiés à Aquila H ( cf. 23 J. Brzoska, art. « Aquila » 10, RE II 1 , 1895, col. 317 ; Wickert, PIR2 A 983); Aquila J a été également identifié à Aquila E (cf. supra ). Quoi qu'il en soit, aucun de ces cinq témoignages ne peut se rapporter au néoplatonicien grec du IIIe ou du IVe s . LAURENT PERNOT. 296
AQUILINUS ( IULIUS - ) RE I 87 PIR ? I 169
fl. II
En 159/160, Fronton (Ad am . I 4) écrivit à son ami Egrilius Plancianus, alors proconsul d'Afrique, une lettre de recommandation en faveur de Iulius Aqui linus, « doctissimus vir ... philosophiae disciplinis ... eruditus » , bon connaisseur de la philosophie platonicienne. Fronton précise qu'on se pressait, y compris parmi les sénateurs, pour venir l'entendre à Rome. Il venait de quitter Rome « ad consolandam consobrinam suam casu gravi adflictam » . Il s'agit probablement de ( C. Tullius C. [ f.] Q[uir. A ] quilinus ( e ]quo publico praefectus, nommé dans une inscription de Sicca (CIL VIII 27572 ). Tout rapprochement est évidemment exclu avec Iulius Aquilinus, légat de Lycie en 141 et donc sénateur.
BERNADETTE PUECH . 297
AQUILINUS RE 6 (+ Suppl. V : 1 ) PLREI: 1
III
A. Porphyre, V. Plot. 16 , 1-12, nous renseigne sur les rapports de Plotin avec certains gnostiques de son époque : « Il y eut de son temps, parmi les
322
ARATOS DE SOLES
chrétiens, à côté de beaucoup d'autres, ces hérétiques venus de l'ancienne philo sophie qu'étaient Adelphius et Aquilinus et leurs disciples : ayant en leur posses sion les multiples ouvrages d'Alexandre de Libye, de Philocome, de Démostrate et de Lydus , et mettant en avant les révélations de Zoroastre, de Zostrien , de Nicothée, d'Allogène, de Messos et d'autres figures du même genre, ils égaraient beaucoup de monde, égarés qu'ils avaient été eux-mêmes, dans la pensée que Platon n'avait pas approché la profondeur de l'essence intelligible . De là vient que lui-même les réfutait souvent dans ses cours et qu'il alla jusqu'à écrire un livre que nous intitulâmes Contre les gnostiques (Enn . III8+ V 8+ V 5 + II 9) ; à nous, il laissa le soin d'examiner le reste . » Si on en croit Porphyre, Aquilinus, un contemporain de Plotin , était un gnostique chrétien , chef d'une secte ou d'une école qui s'intéressait notamment à la doctrine platonicienne. Selon Eunape (V. soph. IV 2, 1 Giangrande ), Aquilinus aurait été un ouuool tnths de Porphyre dans l'école de Plotin , comme Origène et Amérius (sic) ; cette affirmation est difficile à concilier avec le fait que, dans la Vie de Plotin, très probablement la seule source d'Eunape, Origène n'est pas présenté comme un disciple de Plotin, mais comme son condisciple chez Ammonius Saccas. Par ailleurs, l'hypothèse qui a voulu faire d'Aquilinus le médecin Paulinus de Scythopolis, disciple de Plotin ( V. Plot. 7 , 6-7 ), se fonde sur une correction inacceptable du texte d'Eunape ( cf. sur le sujet C. Schmidt, Plotins Stellung zum Gnosticismus und kirchlichen Christentum , Leipzig 1901, p . 15-16) . Adelphius et Aquilinus pourraient bien avoir assisté aux cours de Plotin ; en effet, en Enn . II 9 [ 33 ] , 10, 3 , Plotin exprime l'embarras qu'il éprouve à devoir « s'attaquer à des amis » (npóç tivas Tõv piawv ). Il est possible que Plotin fasse alors allusion à une époque antérieure à l'arrivée de Porphyre à Rome en 263 ap . J.-C. B. De son côté , Jean Lydus (De mens. IV 76 Wünsch ) cite un passage du Mémoire sur les nombres (év tõ únou vnuati tõv ápiduāv ) d'un certain Aquilinus ( ' Axvhivos ), où est proposée une exégèse de caractère pythagoricien ( et néoplatonicien ) sur les noms de Maïa et d'Hermès (pour le sens précis de cette exégèse, voir Photius, Bibl. cod. 187 , t. III, p . 44 Henry). Mais cet Aquilinus ne fait pas figure d'auteur chrétien ; est - ce celui que mentionne Porphyre ? Cf. H.-C. Puech , « Plotin et les Gnostiques» , dans Les sources de Plotin, coll. « Entretiens sur l'antiquité classique » 5 , Vandeuvres /Genève 1960, p . 164 ; repris dans En quête de la Gnose, t. I, Paris 1978 , p. 86-87 . C. Elsas, Neupla tonische und gnostische Weltablehnung in der Schule Plotins, Berlin 1975 , p. 14 15 , surtout n. 6, p. 15. L. Brisson , « Prosopographie », p. 61-62. LUC BRISSON . 298
ARATOS DE SOLES RE 6
fl. III a e Poète originair de Soles, en Cilicie , célèbre surtout par ses Phainomen .
Sources biographiques. Nous possédons cinq notices biographiques qui proviennent sans doute d'une source unique. Quatre sont des Vitae anonymes, la cinquième est un article étendu de la Souda; elles ont toutes été reproduites et analysées par 1 J. Martin , Histoire du texte des phénomènes d'Aratos, Paris 1956 , p. 151-195 .
ARATOS DE SOLES
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Vie. Une seule date est certaine, 276 ', année où Aratos est appelé à la cour d'Antigone Gonatas. Aratos serait né entre 315 et 305 * à Soles , en Cilicie , près de Tarse (voir 2 G. Knaack , art. « Aratos » 6 , RE II 1 , 1895 , col . 391 ) . Son père se nommait Athénodoros, sa mère Létophila , ses frères Myris, Kalondas (Kaliondas ? ), Athénodoros. A Athènes, Aratos écouta le stoïcien Zénon - la mention d'une lettre d'Aratos à Zénon est considérée comme suspecte ( verdächtig) par Knaack 2 , col. 392, alors que Martin 1 , p . 192 , considère qu '« il n'y a pas de raison de nier l'au thenticité de ce passage ». Son frère Athénodoros figure dans la liste des disciples de Zénon dressée par Hippobote (Diogène Laërce VII 38 ) . Aratos se lia à deux disciples de Zénon , le philosophe stoïcien Persée et Denys d'Héraclée (D.L. VII 167 ). En 276 * Aratos est à la cour d'Antigone Gonatas en compagnie de Persée. Il publie un Hymne à Pan , dieu tutélaire du monarque. Se trouvent alors à Pella le poète tragique Alexandre d'Étolie et le poète épique Antagoras de Rhodes (voir la notice « Antigone Gonatas » ). Aratos aurait fréquenté également la cour d'Antiochos Sotèr, travaillant à une recension de l'Iliade après avoir effectué une recension de l'Odyssée. Iconographie . D'après 3 B.V. Head, Historia Numorum , Oxford 1887 , p . 612, un monnayage de Soles représente peut-être l'effigie du poète . École philosophique. Tous les philologues rattachent Aratos à l'école stoï cienne en se fondant, d'une part sur les données biographiques, d'autre part sur le prélude des Phénomènes (v . 1-18 ) ; selon 4 J. Martin , Arati Phaenomena , Firenze 1956, p . 3 , « le prélude des Phénomènes est un hymne à Zeus auquel on comparera, non pas celui de Callimaque, composé dans un esprit absolument différent, mais celui de Cléanthe, qui est, lui aussi, une profession de foi stoï cienne » . Euvres. Les cuvres d'Aratos ne relevant pas de la philosophie, à l'exception notable des Phénomènes , nous ne les mentionnerons pas . Voir 5 W. Ludwig , art. « Aratos » , RESuppl. X, 1965, col. 27-30 , et Martin 1 , p . 177-182. Les Phénomènes, poème didactique de 1154 vers sur l'astronomie et les signes météorologiques. Sur les circonstances controversées de leur rédaction - com mande d'Antigone et versification d'Eudoxe ? – se reporter aux analyses de Knaack 2, col. 394 (« Der stoische König erwartete von dem Dichter, den er bezahlte , Poesie nach seinem nicht auf persönliche Verherrlichung gerichteten Sinn » ), et Ludwig 5 , col. 27 (« Die antike Tradition über die Entstehung der Phainomena ist legendär» ) et col. 32 (« Die Phainomena sind nicht ein auftrags gemäß versifizierter Eudoxos » ) . Date de rédaction . Les Argonautiques , qui les imitent, constituent un terminus ante quem (Ludwig 5 , col. 27 ). Éditions. Deux éditions récentes font autorité : Martin 4 ( introduction , texte critique, commentaire - particulièrement riche - et traduction ), ainsi que 6 M. Erren , Aratos Phainomena, Sternbilder und Wetterzeichen , München 1971. Cette édition suit, sauf aux endroits signalés p. 69, celle de J. Martin . Elle
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ARATOS DE SOLES
contient une précieuse bibliographie sélective sur Aratos et sur l'astronomie , p . 96-108, et 23 cartes du ciel (sur les illustrations, cf. Martin 1 , p. 31-32 ). La construction de l'æuvre est dégagée par Martin 4, p. XXI - XXIV ; il modi fie la division antique, qui s'articulait autour du vers 732, la seconde partie étant designée par les titres Προγνώσεις δια σημείων ου Διοσημείαι . Dans la méme perspective, Ludwig 5 , col. 30-32. Quant au sens , il se dégage parfaitement du célèbre prélude 'Ex Alòc ápxó usoda ... Comme le souligne Martin 4, p. 3 : « Ces dix -huit vers donnent la clé du poème entier : l'univers est rempli de la présence d'un dieu dévoué au bonheur des hommes , ses enfants ; il guide leurs travaux par des signes et des avertis sements sans nombre , qui n'exigent d'eux qu'un effort de déchiffrement... » Voir aussi Martin 4 , p . 155-157 : « Aratos et l'astronomie » ( le stoïcisme d'Aratos et l'astronomie ). Sources de l'euvre. Littérature astronomique, y compris celle d'Eudoxe , et modèle hésiodique (cf. Ludwig 5 , col . 32-34 , qui conclut : « verwandt fühlte sich schließlich der Stoiker A. Hesiod auch in diesem Glauben an die Macht des gerechteten Zeus», et Martin 1, p. 172 : « L'utilisation d'Eudoxe par Aratos a été démontrée par un travail critique; elle n'est pas une donnée de la tradition biographique » ). Un aperçu sur la métrique, la langue et le style, est donné par Ludwig 5 , col . 34-37 . Postérité de l'euvre. La Vita III, entre autres, affirme que l'ouvre d'Aratos est restée inégalée. Callimaque est élogieux (Anth . IX 507). Au III S. av. J.-C. , Hipparque condamne, pour des raisons scientifiques, le poème et celui qui le soutient, Attale de Rhodes. Ensuite les Phénomènes sont étudiés par les philosophes et les grammairiens (Denys de Thrace , Posidonius , Diodore d'Alexandrie ). Sur les auteurs épigones, voir les listes de Martin 1 , p. 184-185. Les Phénomènes ont été traduits notamment par Virgile, Ovide, Cicéron (7 J. Soubiran (édit.] , Cicéron, Aratea, Fragments poétiques, CUF. , Paris 1972, 317 p .; les Aratea se trouvent p. 106-234 ), Germanicus ( traduction partielle 725 vers -, 8 A. Le Boeuffle (édit. ] , Germanicus, les Phénomènes d'Aratos, CUF , Paris 1975 , LV - 83 p . ) , Aviénus, dont la traduction , complète, a été conservée ( 9 J. Soubiran ( édit.), Aviénus, les Phénomènes d'Aratos , CUF, Paris 1981 , 318 p . ) . A signaler aussi un Aratus latinus (dans 10 E. Maass, Commen tariorum in Aratum Reliquiae, Berlin 1898, p . 172-306 ) et les traces - traduc tion des vers 1-10 et références aux vers 96-34 - d'une traduction arabe du IXe s . ( 11 E. Honigmann , « The arabic translation of Aratus' Phaenomena » , Isis 41 , 1950, p . 30-31 ) . Études d'orientation . Les travaux de 12 E. Maass, Arati Phaenomena,
recensuit et fontium testimoniorumque notis prolegomenis indicibus instruxit E.M. , Berlin 1893 et Maass 10 restent importants , surtout par la masse de documents qu'ils contiennent. De même l'article de Knaack 2. Cependant ils doivent être corrigés par Martin 1 et 4, et Ludwig 5 . PATRICK ROBIANO .
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ARCÉAS DE TARENTE
Tradition arménienne. Dans le manuscrit Érévan 2679 , daté de 981 , figure un écrit acéphale, vraisemblablement inclus, vers 665, dans le K'nnikon ( c'est -à -dire Xpovixóv ou peut- être Kavovixóv ) d’Anania Širakac'i, qui présente de grandes ressemblances avec les vers 50 251 des Διοσημείαι ου Προγνωστικά d'Aratos.
Cet écrit arménien a été publié en synopse avec le texte grec par 1 H. Bart'ikyan ( « Une ancienne traduction arménienne de l'ouvrage d'Aratus de Soles, Aioonueia (sic) ou Mpoyvwotixá » , Banber Matenadarani 7 , [ Érévan ] 1964, p . 331-363 , en arménien , avec un résumé en français, p . 362-363), et traduit en russe par 2 S.S. Arevšatjan et K.S. Ter Davtjan ( Ananja Širakac'i, Kosmografija, Érévan 1962, p . 108-117). En dehors des parallèles littéraux et incontestables avec le texte grec, la synopse de H. Bart'ikyan fait apparaître, dans la version arménienne, de nom breuses additions d'interprétation contestée. Certaines d'entre elles sont des interpolations du traducteur arménien tirées de l'Hexaéméron de Basile de Césarée. Sur d'autres points, l'écrit arménien paraît très proche des Geoponica ou de Théophraste. C'est pourquoi 3 G.V. Abgaryan a soutenu , dans Patma Banasirakan Handes ( Érévan) 1971 , fasc. 1 , p. 77-94, spécialement p . 89 , que le texte, traduit ici en arménien , n'est pas d'Aratos, mais d'Eudoxe de Cnide, la source perdue du texte d'Aratos. Voir aussi 4 Patma - Banasirakan Handes [Érévan ) 1971 , fasc . 4 , p. 133-150 ; 1972 , fasc . 4 , p. 185-19 ; 1974 , fasc. 3 , p . 193-218 . D'autre part, les manuscrits arméniens Venise 236 et Bakou 5030 nous conservent un opuscule intitulé Sur la sphère unique ( extrait ) d'Aratos. Il s'agit de l'appareil figurant le zodiaque, décrit par Léonce (ſlepi xatCOxEUñS 'Apa Telaç o aipas)et déjà connu de Cicéron, dont l'invention remonterait à Thalès de Milet (cf 5 E. Maass, Commentariorum in Aratum reliquiae, Berlin 1898 , p. 561-567 ) . Le texte arménien est édité, avec une introduction et un glossaire, par 6 H. Bart'ikyan , « La traduction arménienne ancienne des ouvrages d'Ara tos de Soles et de Paul d'Alexandrie » , Banber Matenadarani 12, [Érévan ) 1977 , p. 137-162, spécialement p . 139-143 ; en arménien , avec un résumé en français, p. 162. Incipit: « (Le Zodiaque) recouvert de figures d'animaux éternels tourne obliquement sur lui-même (et) montre sa forme véritable, se mouvant lentement tout en ayant l'apparence de la hâte ; et redressant les êtres qui le parcourent, il les conforme à sa nature comme en des espaces redoutables. Si tu regardes d'en haut, il est constitué à partir d'une division en trois ordres... » Le texte a été interpolé par un copiste chrétien qui s'en prend, dans une incise , aux dénomi nations païennes de certains astres. JEAN -PIERRE MAHÉ.
299
ARCÉAS DE TARENTE
Va ?
Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique , V. pyth. 36, 267; p . 144, 13 Deubner. BRUNO CENTRONE.
326 300
ARCÉPHON
ARCÉPHON
ca 3002 ien Épicur , signalé seulement dans les papyri d'Herculanum , destinataire d'une lettre d'Épicure mentionnée dans le second livre du De Epicuro de Philodème ( PHerc. 1289, fr. 6 III = Idoménée, fr. 9 Angeli ) : avec Idoménée et Léonteus, il fait l'objet d'un reproche de la part d'Épicure (sur le problème difficile qui est lié à l'interprétation de ce passage, voir A. Angeli, « I frammenti di Idomeneo di Lampsaco », CronErc 11 , 1981 , p . 48-52 ). Dans un passage des Pragmateiai, PHerc. 1418 , col . XIX , 5-6 (= Épicure, fr. 120 Arrighetti?), Philodème cite une lettre d'Épicure où ce dernier évoque un don en argent fait à Arcéphon (dans le même traité Arcéphon est encore cité dans des contextes d'interprétation incertaine : col. XX, 9 et XXXV inf. B 2 ). Enfin , en PHerc. 176 , fr. XXV 33 , si l'on accepte la restitution de Vogliano ( 'Apx [ ... ]w [ P), il serait à nouveau mentionné avec Anaxarque ( ?) et Léonteus comme destinataire d'une lettre d'Épicure sur Polyen , lettre écrite sous l'archontat du troisième Dioclès (én ToŨ Tpítov Aloxéouc : 286/5 . Cf. T. Dorandi, CronErc 10 , 1980 , p . 169 ad T 20) . TIZIANO DORANDI.
301
MF III ARCÉ [PHJON Stoïcien , disciple de Chrysippe, mentionné dans l'Ind. Stoic . Herc., col. XLVII, 6-7 (p . 64 Traversa ): 'Apxe [ o ]āv ( fr. 160 Hülser). RICHARD GOULET.
302
ARCÉSILAS DE PITANE RE 19
ca 315/4 - 241/0
Académicien , fondateur de la Moyenne Académie , et scholarque, après la mort de Cratès, jusqu'en 241/0 . Témoignages et fragments. 1 H.J. Mette , « Zwei Akademiker heute : Krantor von Soloi und Arkesilaos von Pitane » , Lustrum 26, 1984 , p . 41-94 . C'est le premier recueil systématique des témoignages et des fragments relatifs à Arcésilas; il est précédé d'une bibliographie ( p. 41-43) et suivi d'un index des sources et d'un commentaire ( p. 74-77 et 78-94 ). Sont réunis 25 témoignages et 18 fragments. Un choix de témoignages sur Arcésilas et de fragments de ce philosophe avait déjà été préparé, en traduction italienne, dans 2 Scettici antichi a cura di A. Russo , Torino 1978 , p. 161-202. Bibliographies . Aux références rassemblées par Mette 1 , p . 41-43 , on ajoutera 3 L. Ferraria et G. Santese, Bibliografia sullo scetticismo antico, 1880 1978, dans les Actes du Colloque: Lo scetticismo antico édités par G. Giannan toni, Napoli 1981 , t. II, p . 753-850, notamment les références indiquées p . 849 , s.v. « Arcesilao » . 4 A.M. Ioppolo, 5 M. Lancia , 6 L.M. Napolitano, dans le même recueil ( 3 ), respectivement p . 143-161 , 163-177 et 179-193 . Voir encore 7 A. Brancacci, « Teodoro l'Ateo e Bione di Boristene fra Pirrone e Arcesilao » , Elenchos 3 , 1982 , p . 55-85 ; 8 A.M. Ioppolo , « Doxa e epoché in Arcesilao » , Elenchos 5 , 1984, p . 317-363 ; 9 ead ., Opinione e scienza. Il dibattito tra Stoici e Accademici nel III e II secolo a.c. , Napoli 1986 ; 10 A.A. Long, « Diogenes Laertius, Life of Arcesilas » dans Diogene Laerzio storico del pensiero antico [ Atti del Convegno 1985 ) , Elenchos 7, 1986, p. 429-449.
ARCÉSILAS DE PITANE
327
Sources biographiques anciennes A. Sources conservées La vie d'Arcesilas doit être reconstituée presque essentiellement à partir de ( 1 ) D.L. IV 28-45 (autres passages utiles : I 14.19 = T 4c Mette ; IV 22-25.59.61 ; V 41.67-68 ; VII 162.171.182-183 ; IX 114-115 = T la Mette ) qui remonte , avec (2) Philodème, Ind . Acad. Herc., col . XV, 3-10 ( p. 55-56 Mekler) ; XVI, 41 - S 3 (p . 60-61) et XVII -XX (p . 63-74 ) = T 1 b Mette , à une source commune qui serait Antigone de Caryste ( cf. 11 U. von Wilamowitz -Moellendorff, Antigonos von Karystos, coll. « Philologische Untersuchungen » 4, Berlin 1881 ; réimpr. Berlin /Zürich 1965 , p. 70-77 ). 12 K. Gaiser, Philodems Academica, p . 129 133 , 261-266 , 536-545 ; 13 T. Dorandi, Filodemo e l'Academia Nuova (PHerc . 1021 XVIII -XXVI) » , CronErc 17 , 1987 , p . 118-123 , 131-132. Impor tant également le témoignage de (3 ) Numénius d'Apamée ( fr. 2-5 Leemans = 25 27 des Places = T 2 Mette ). D'autres sources d'importance secondaire et un recueil des anecdotes dans Mette 1 T lc-f et 3-25 .
B. Sources per dues Parmi les sources mentionnées par Diogène Laërce et les autres auteurs, il y aurait lieu de distinguer entre sources médiates et sources immédiates, sources favorables et sources hostiles à Arcesilas, sources consacrées à Arcésilas de façon directe ou seulement accessoire, sources encyclopédiques et sources polémiques . Dans la liste qui suit les auteurs sont catalogués par ordre alphabétique. ( 1 ) Antagoras de Rhodes (RE 4 ) : Élien , V.H. XIV 26 ( p. 121 Powell. Cf. Wilamowitz 11 , p. 215 n. 38) = T 20 Mette . (2) Antigone < de Caryste > (RE 19 ) : D.L. IV 22 (Wilamowitz 11 , p . 67 ) = T la Mette . ( 3) Apollodore < d'Athènes > (RE 61 ) : D.L. IV 28 (FGrHist 244 F 15 = T1 a Mette ) ; D.L. IV 45 (FGrHist 244 F 16 = T la Mette ). (4) Ariston de Chios (RE 56) : D.L. IV 33 (SVF I, fr. 343 = T 1 a Mette . Voir également le témoignage de Numénius , T 2 Mette , et Sextus Empiricus, Pyrrh. Hyp. I 234 = F 1 Mette . Sur ce passage, voir 14 A.M. Ioppolo , Aristone di Chio e lo Stoicismo antico, coll. « Elenchos » 1 , Napoli 1980, p . 26-33 ), D.L. IV 40 ( SVF I , fr. 345 = T 1a Mette ) et VII 162 ( SVF I, fr. 346 = T 1a Mette ). ( 5 ) Chrysippe, Mpós tò 'Apxeoidov pedó81ov npòs Epaipov a ' : D.L. VII 198 ( SVF I, p . 8 , 20 = F 3 Mette ). (6) Dioclès de Cnide ( ?) , év tais ériypapouévaig Alatpibaiç : Numénius , fr. 2 Leemans = 25 des Places ( = T 2 Mette. Cf. Lancia 5 , p . 163-177 . L'hypo thèse plus vraisemblable serait qu'il s'agit de Dioclès de Magnésie , auteur de l’’Eni& poun TÕV ølhoooowv, RE 50) . (7) Diogène Laërce (RE 40 ) , < Táppetpoç > , épigramme citée en IV 45 = Anth . Pal. VII 104 . (8 ) Hermippe (RE6 ) : D.L. IV 44 ( fr. 43 Wehrli = T la Mette ) et V 41 (fr. 53 = T la Mette ). ( 9) Phanocritos (RE ), Év Tô Mepì EÚSótov ( T 27 Lasserre ): Athénée VII, 276 f ( fr. 1 Müller [ t . I , p . 472] = T 256 Mette ).
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ARCÉSILAS DE PITANE
( 10) Favorinus (RE) : D.L. V 41 ( fr. 52 Mensching = 92 Barigazzi = T 1 a Mette ). ( 11 ) Hiéronymos < de Rhodes > (RE 12) : D.L. IV 41 ( fr. 4 Wehrli = T 1 a Mette ) et IV 42 ( fr. 6 = T1 a Mette ). ( 12 ) Polémon < d'Ilion > ( RE 9) , ÉV Tô Nepi Davuaoiwv : Athénée XII , 552 bc ( fr. 84 Preller = Tips Mette ). ( 13) Sotion (RE 1 ) , év tớ by864 : D.L. VII 183 ( fr. 22 Wehrli = T la Mette ). ( 14) Timon (RE 13 ) : D.L. IV 33.34.42 (fr. 805-808 Lloyd Jones/Parsons = T la Mette ); IX 114.115 (PPhF 9 A 1 et B 73 Diels = T la Mette ) et Numénius, fr. 2 Leemans = 25 des Places (PPhF 9 B 31 et 55 Diels = T2 Mette ). Chronologie de la vie d'Arcésilas : Arcésilas naquit à Pitane, en Éolide, sur la côte occidentale de l'Asie mineure , en 315/4, date qui est déduite d'une infor mation d'Hermippe (en D.L. IV 44 = fr. 43 Wehrli = T la Mette) qui prétend qu’Arcésilas mourut à l'âge de 75 ans, associée à D.L. IV 61 , selon lequel Lacydès succéda à Arcésilas en Ol. 134,4 (241/40 ). La famille d'Arcesilas : Fils de Seuthès ou de Scythès – selon Apollodore
( FGrHist 244 F 15 = T la Mette . Cf. 1c ) -, Arcésilas était le quatrième d'une famille de quatre frères, dont deux étaient nés du même père et deux de la même mère. L'aîné des frères nés de la même mère s'appelait Piladès, l'aîné des frères nés du même père, Moiréas, lequel devint ensuite le tuteur d'Arcesilas. La famille d'Arcésilas possédait à Pitane une grande propriété gérée par Piladès. Arcésilas n'eut ni femme ni enfants. Il avait cependant comme maîtresses deux courtisanes d'Élis , Théodotè et Phila (s ?), et il ne dédaignait pas les amours pédérastiques : il s'éprit de Démétrius « le beau » , fils de Démétrius Poliorcète, de Cléocharès de Myrléa, qu'aimaient également Démocharès, fils de Lachès, ainsi que de Pythoclès, fils d'un certain Bousélos . A sa mort il choisit comme héritier Piladès qui, sans que leur frère Moiréas ne le sût, lui avait permis de se consacrer à la philosophie. Formation philosophique et accession au scholarcat. Arcésilas avait suivi dans sa patrie les leçons de l'astronome ( « mathématicien » ) Autolycos , avec qui il entreprit un voyage jusqu'à Sardes : puis, avec l'aide de son frère Piladès, malgré le désir de Moiréas qui voulait lui faire étudier la rhétorique, il réussit à passer à Chios, puis de là à Athènes, où il suivit l'enseignement du musi cien Xanthos et du géomètre Hipponicos, mais fut surtout attiré par Théophraste , chez qui il étudia probablement la rhétorique ( cf. Long 10 , p . 439 s . ) . Il resta au Lycée jusqu'à ce qu'il passe à l'Académie par amour pour Crantor qui suivait les leçons de Polémon , et écouta aussi Zénon de Kition qui fréquentait alors l'Académie. (Sur son passage à l'Académie, voir Long 10 , p . 440 s .). A la mort de Crantor, il reçut en héritage douze talents et une copie de ses écrits. Lors qu'ensuite mourut aussi Polémon, la direction de l'école passa à Cratès, auquel succéda, peu après, Arcésilas, à la suite du refus d'un certain Socratidès. Disciples d'Arcésilas, amis et ennemis : les disciples d'Arcésilas durent être nombreux . Une liste, incomplète, se lit dans l'Ind. Acad. de Philodème. Sont conservés les noms suivants ( donnés dans l'ordre alphabétique) :
ARCÉSILAS DE PITANE
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(i) Apelles de Chios, (ü ) (ü ) ( iv ) (v)
Apollonios de Mégalopolis en Arcadie, Aridicas de Rhodes, le comique Baton , Démophanès (ou Mégalophanès) de Mégalopolis en Arcadie,
( vi) Dionysios de Colophon, (vii) Dorothéos d'Amisa, (viii) Dorothéos de Telfusa en Arcadie, (ix ) Ecdémos ( ou Ecdélos) de Mégalopolis, (x) Lacydès de Cyrène, successeur d'Arcésilas comme scholarque, ( xi) Panarétos, (xii) Pythodoros, qui transcrivit les leçons du maître, ( xiii) Téléclès de Métaponte , (xiv ) Zopyre de Colophon. Sur le caractère propre et la chronologie de chacun de ces personnages, on se reportera aux notices qui leur sont consacrées. Voir aussi Mette 1 , p. 82. Au nombre des amis, il faut signaler Eumene jer de Pergame, dont il reçut également des dons et auquel il recommanda l'Arcadien Archias. Il refusa en revanche de rencontrer Antigone Gonatas, le fils de Démétrius Poliorcète , au cours de ses visites à Athènes ; il se rendit toutefois chez Antigone, à Démétrias en Thessalie, comme ambassadeur en faveur de sa patrie, mais sans succès. Il fut en bons rapports d'amitié avec Hiéroclès, le commandant de Munichie et du Pirée. Dans ses relations avec ses amis il se montrait libéral et généreux, toujours prêt à donner sans rien attendre en retour. Ce fut une personne modeste et respectueuse d'autrui, au point d'accompagner un de ses élèves , originaire de Chios, chez le péripatéticien Hiéronymos dont il préférait les leçons. Instructif est l'épisode du comique Baton et de Cléanthe ( cf. 15 I. Gallo, Teatro ellenistico minore, Roma 1981 , p . 19-26 ). On sait peu de chose des inimitiés personnelles d'Arcesilas. On trouve en revanche des traces de polémiques doctrinales. Du premier genre , on peut men tionner celle qui l'opposa au poète Antagoras ( T 20 Mette ). Sur le plan spéculatif, Arcésilas s'opposait aux positions du stoïcien Zénon de Kition, tandis que par la doctrine de l'énoyń il se rapprochait de Pyrrhon et de Diodore Cronos : c'est en ce sens qu'il faut comprendre les flèches d’Ariston de Chios et de Timon , dans ses Silles, lesquels lui reprochaient aussi son oyroapboxeia (i.e. de trop aimer la foule ). Timon cependant le loue dans son ouvrage 'Apxeolláov Mepideinvov . Chrysippe avait étudié la philosophie avec Arcesilas et Lacydès à l'Académie ; par là s'explique son attitude fluctuante pour ou contre la doctrine de la ouvú Dela , et c'est pourquoi il écrivit sur les grandeurs et sur les nombres en adoptant la méthode académicienne. Mais Chrysippe écrivit également des 'Avriypapai contre Arcésilas ( F 5 Mette ), ainsi que le Mpós tò 'Apxeoiáov Medólov (F 3 Mette ). Vivace fut également la polémique contre l'épicurien Colotès dont on trouve des traces dans l'opuscule de Plutarque Contre Colotès ( F 7 Mette ) et dans les restes des ouvrages de Colotès Contre le Lysis et Contre l'Euthydème de Platon (PHerc. 208 et 1032 : cf. 16 A. Concolino Mancini, CronErc 6 , 1976, p . 61-67, et 17 M. Gigante, Scetticismo e Epicureismo, Napoli 1981 , p . 66 70 ). Il semble que des traces de caractère polémique contre Arcésilas se
330
ARCÉSOS
rencontrent également dans l'æuvre d'un autre épicurien , Polystrate, Sur le mépris déraisonnable de l'opinion populaire ( PHerc. 336/1150 : cf. 18 G. Indelli, CronErc 7 , 1977 , p. 85-95 et Gigante 17 , p . 102-106 ; sur la formation d'Arcesilas et ses rapports avec les stoïciens, voir aussi Long 10 , p. 437-449 ). Euvres. Comme Socrate et Pyrrhon , Arcésilas ne laissa aucun écrit relatif à son système doctrinal; il composa toutefois un certain nombre de poésies conservées par D.L. IV 30-31 . La première ( fr. 121 Lloyd -Jones /Parsons) est un encomium en deux distiques élégiaques consacré au père d'Attale rer de Pergame; la seconde ( fr. 122 Lloyd - Jones /Parsons) une épigramme funéraire ( trois disti ques, formés chacun d'un hexamètre et d'un trimètre iambique) pour un jeune homme du nom de Ménodore dont Eugame ( Eudame, mss ) de Thyateires était l'amant. Parmi les poètes, Arcésilas accordait ses préférences à Homère et Pindare (cf. 19 P. von den Mühll, « Die Gedichte des Philosophen Arkesilaos » , dans Studi Paoli, Firenze 1955 , p . 717-724 , et 20 M. Gigante , « Poesia e critica letteraria in Arcesilao », dans Ricerche Barbagallo, t. I, Napoli 1970, p. 429 441 ). Dans sa jeunesse il avait écrit sur le style d'Ion de Chios ( cf. 21 M. Gigante [édit. ] , Diogene Laerzio , Vite dei filosofi, Roma/Bari, 3e éd., 1983 , p . 502 n . 73 ) . D.L. IV 43-44 conserve également une lettre adressée à un parent du nom de Thaumasias : elle l'invitait à conserver la copie du testament d'Arcesilas qu'elle accompagnait. Un certain nombre d'anecdotes que nous lisons chez Diogène Laërce et dans d'autres sources sont significatives de ses arguties et des rapports qu'il entretenait avec les gens (cf. Mette 1 , p . 85-87) . TIZIANO DORANDI.
303
va
ARCÉSOS
En Plutarque, De gen . Socr . 583 ab , le narrateur raconte que Gorgias, qui revenait de Grèce en Sicile (à la suite de l'ambassade de Gorgias en Grèce, en 427 '), aurait dit à Arcésos avoir rencontré Lysis, lequel, après avoir échappé au bûcher de Métaponte , vivait alors à Thèbes. Arcésos aurait manifesté la volonté de se rendre personnellement auprès de Lysis, mais en aurait été empêché par son âge avancé et son infirmité ; il aurait pour cette raison cherché à faire ramener Lysis en Italie, mais les conflits successifs auraient rendu impossible la réali sation de son souhait. H. De Lacy et B. Einarson ont proposé de corriger dans ce passage " Apxeoog en 'Apeoãc (cf. Plutarch's Moralia , t. VII, London / Cambridge (Mass.) 1968 , p. 420-421 ), en identifiant ce personnage au scholar que pythagoricien mentionné par Jamblique , V. pyth . 266 (voir la notice « Arésas de Leucade » ). Même en acceptant cette correction , le récit de Plutarque contient plusieurs éléments romancés ( cf. K. von Fritz, art. « Pytha goreer » , RE XXIV, 1963, col. 216) et n'est donc pas une source historique pleinement crédible . BRUNO CENTRONE.
304
ARCHAENETOS ( 'Apxaivetoc )
1º- I ?
Mentionné dans le même contexte que Philolaos et Brotinos par Syrianus, In Metaph., p. 166, 3-6 Kroll ( ... και έτι προ των δύο αρχών την ενιαίαν αιτίαν και πάντων έξηρημένην προέταττον , ήν 'Αρχαίνετος μεν αιτίαν πρό αιτίας είναι φησι , Φιλόλαος δε των πάντων αρχών διισχυρίζεται, Βρoτίνος δε ως νου
ARCHÉDÈMOS DE TARSE
331
παντός και ουσίας δυνάμει και πρεσβεία υπερέχει ) , son nom appartient a l'ambiance des pseudépigraphes néopythagoriciens. Il semble que la version du recueil de Stobée que consultait Photius présentait une citation , aujourd'hui perdue, d'Archaenetos : cf. Bibl. cod. 167, t. II, p. 155 , 22 Henry. Comme elle ne tient pas compte de la mention d'Archaenetos chez Photius, la conjecture de A. Boeckh ( 'Apxútac au lieu de ' Apxaivetog chez Syrianus) ne s'impose pas. Cf. 1 H. Thesleff, An Introduction to the Pythagorean Writings of the Helle nistic Period, coll. « Acta Academiae Aboensis Humaniora >> XXIV 3, Åbo 1961, p . 7 n. 2 ; 2 id ., The Pythagorean Texts, p . 48 ; 3 J. Whittaker, « Neopythago reanism and the transcendent absolute » , SO 48 , 1973 , p. 78 , repris dans 4 id. , Studies in Platonism and Patristic Thought, London 1984 ; 5 id ., « The Pytha gorean source of Barlaam the Calabrian » , Diotima 8 , 1980, p. 156-157 , repris dans 4 ; 6 J. Dillon, The Middle Platonists, p . 120-121 et 127. JOHN WHITTAKER . 305
ARCHAGORAS
ya ?
Selon Diogène Laërce IX 54 , Archagoras ou Arsagoras (si on suit la leçon du ms. B ), fils de Théodote , aurait donné une lecture publique du Nepi deõv de son maître Protagoras d’Abdère (DK 80 A 1 ; t. II, p . 254, 19-20) au Lycée à Athènes. RICHARD GOULET.
306
ARCHÉDÈMOS
IV
Archédème, l'un des disciples d'Archytas ( tāv Apxútŋ OuyYEYOVÓTwv ), est l'un des Siciliens dont Platon aurait fait le plus de cas (8v nyeito Me (scil. Platon ) TÕV év Eixelią nepì rthelotou noteiodai] ( Lettre VII, 339 a) . Voilà pourquoi l'auteur de la Lettre II en fait le porteur de la missive dans laquelle Denys II demandait à Platon de revenir à Syracuse ( troisième voyage, celui de 361/0 ) ; son rôle d'intermédiaire est d'ailleurs rappelé avec insistance dans la Lettre II ( 310 d , 312 d , 313 d , e) . Voir aussi Plutarque, Dion 18, 6. Par ailleurs, c'est chez cet Archédème que va habiter Platon , lorsque Denys II demande au philosophe de quitter la citadelle où , lors de son dernier séjour, il avait été installé ( cf. Lettre VII, 349 c -d) . On comprend, dès lors, que l'auteur de la Lettre III (319 a) ait pu faire d'Archédème le témoin , avec Aristocritos (voir ce nom ), du dernier entretien qu'aurait eu avec Platon Denys II dans le jardin de son palais. Archédème est apparemment absent dans la RE. Un ouvrage de Xénocrate s'intitulait ’Apxéo nuos ñ nepì Sixdiooúvns a ' (D.L. IV 13), mais il ne s'agit pas nécessairement du même personnage. LUC BRISSON .
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ARCHÉDÈMOS DE TARSE RE 5
MIT
Philosophe stoïcien né à Tarse, en Cilicie, élève de Diogène de Séleucie, à Athènes, fondateur d'une école stoïcienne à Babylone. Fragments et témoignages. SVF III Arch ., fr. 1-22, t . III, p . 262, 1 264, 27.
332
ARCHÉDÈMOS DE TARSE
Ajouter : (a) dans les SVF : III Zénon de Tarse, fr. 2 (= III Diogène de Babylone, fr. 3 ) ; III Antipater, fr. 25 (= Chrysippe, II, fr. 285) ; III Crinis, fr. 1 ; (b ) D.L.VII 136 ( qui cite le Hepi otoixelwv: voir la rubrique « (Euvres philosophiques» , nº 2) ; Sénèque, Epist. 121 , 10-16 , selon 1 K. Reinhardt, Poseidonios, München 1921, p. 359. Pour d'autres fragments et témoignages douteux, voir la rubrique « Études particulières » . Sources anciennes. D.L. (RE 40 ) cite Dioclès de Magnésie (RE 50), < 'Eri Spous Tõv piloooowv >, en VII 55 (= SVF III Arch ., fr. 6) et VII 68 (= SVF III Arch ., fr. 9) .
Étude d'orientation. 2 E.G. Schmidt, art. « Archedemos » 5-6 , RESuppl. XII, 1970 , col. 1356–1392 . Bibliographie. Voir Schmidt 2 , 1356-1357 , et la rubrique « Études parti culières » . Biographie et postérité. Né à Tarse (Strabon XIV , 5 , 14 , p . 674 C. = SVF III Arch ., fr. 1 ), Archédème vint à Athènes où il rejoignit la Stoa. L'Ind. Stoic. Herc. (col . XLVIII, p . 67 Traversa = SVF III Zénon de Tarse, 2) cite deux élèves de Zénon de Tarse (RE 4) : Diogène (RE 45) et Apollodore de Séleucie (RE 66 ) (voir 3 M. Pohlenz, Die Stoa, t. II, p . 94 ), et donne après un point en haut: 'Apxé ] &nuoc Ail.... Taposlúc . Selon 4 H. von Arnim , art. « Arche demos» 5 , RE II 1 , 1895 , col. 439-440, que suit Schmidt 2 , col. 1358 , 8-17 , Archédème aurait été l'élève de Diogène (cf. Al- .. ) ; pour Pohlenz 3 , t . I, p. 180, suivi par 5 V. Goldschmidt, Les Stoïciens, Paris 1962, p . 30 n. 3 (à lire p . 1254 ), il aurait entendu Zénon de Tarse . Il résida longtemps à Athènes avant d'aller fonder une école stoïcienne à Babylone ( cf. Plutarque, De exilio 14 , 605 b = SVF III Arch ., fr . 2), sans doute antérieurement à la conquête des Parthes, c'est - à -dire ca 145 * (voir 6 E. Will, Histoire politique du monde hellénistique, Nancy 1967, t. II, p. 342-344). Archédème avait la réputation d'un aussi subtil dialecticien que son condisci ple Antipatros de Tarse (RE 26), avec lequel il divergeait d'opinion sur bien des points (cf. Cicéron , Acad. Pr . II 47 , 143 = SVF III Ant . , fr. 25 ) . Pour 7 H. von Arnim , art. « Krinis » 2, RE XI 2, 1922, col . 1865 , et Pohlenz 3 , t. II , p. 91 , Crinis aurait été son élève, dans la seconde moitié du II° s . av . J.-C. (voir Arrien , Epict. diss. III 2, 15 = SVF III Crinis, fr. 1 ) . Archédème était encore beaucoup lu et commenté dans les cercles cultivés à l'époque d'Épictète ( cf. SVF III Arch., fr. 3-4 ) , mais n'est pas mentionné par Athénée (RE 16) par exemple.
Euvres philosophiques ( 1 ) Hepi pwvñs (cf. Dioclès de Magnésie , < 'Enidpoun tūv poobpwv > d'après D.L. VII 55 = SVF III Arch ., fr. 6) . ( 2 ) Nepi otoixeiwv ( cf. D.L. VII 134 [ = SVF III Arch ., fr. 12) et VII 136) . ( 3 ) < /lepi toŨ xupievoVTOG > (?) ( cf. Arrien, Epict. diss. II 19 , 9 = SVF III Arch . , fr. 10) .
Études particulières Sur le fr. 7 , voir fr. 11 .
ARCHÉLAOS
333
Sur le fr. 9 , voir 8 R. Goulet, « La classification stoïcienne des propositions simples selon Diogène Laërce VII 69-70 », dans Les Stoïciens et leur logique, Paris 1978, p. 171 n. 6 ( à lire p. 190 ). Sur le fr. 10, voir 9 K. Döring, Die Megariker, Amsterdam 1972 , p . 122 123 et n . 1 ; 10 H. Barreau , « Cléanthe et Chrysippe face au maître argument de Diodore » , dans Les Stoïciens et leur logique, Paris 1978 , p . 21-40 ; 11 M. Boudot, « L'argument dominateur et le temps cyclique » , EPh 3 , 1983 , p. 271-298 . Sur le fr. 11 , accepté par Pohlenz 3 , t. II, p . 93 , voir Schmidt 2, col. 1356, 57-59 et 1388 , 40–1392, 31 , qui attribue ce fragment ( ainsi que le fr. 7) au rhétoricien Archédème (RE 6). Toutefois, le fr. 11 - du moins – peut fort bien concerner Archédème de Tarse : voir 12 J. Cousin (édit . ) , Quintilien , De l'institution oratoire, Paris 1976, t. II, p. 121 n. 2 (à lire p. 259-260 ), ainsi que 13 M. Frede, « Principles of Stoic Grammar» , dans J.M. Rist ( édit . ), The Stoics, Berkeley/Los Angeles/London 1978, p. 38-58 . Sur le fr. 14 , voir 14 V. Goldschmidt, Le système stoïcien et l'idée de temps, Paris 1953 ; 2e éd. 1969, p . 30-45. Sur le fr. 16, refusé par Pohlenz 3 , t. II, p . 94 , voir Schmidt 2, col . 1365 , 30 1368 , 32 ; et, concernant le contexte pythagoricien, 15 P. Duhem , Le système du monde, 2e éd ., Paris 1956, t. I, p. 22. Sur les fr. 19-21 , voir 16 W. Wiersma, « Téloc und xaonxov in der alten Stoa » , Mnemosyne 3 , 1937 , p . 219-228 ; 17 M. Van Straaten , Panétius , Amsterdam 1946 , p . 144-153 ; 18 C.J. de Vogel, Greek Philosophy, Leiden 1959, t. III, p. 133 et 155 ; 19 A.A. Long , « Carneades and the Stoic Telos » , Phronesis 12, 1967, p. 59-90 ; Schmidt 2, col. 1368–1379 . Sur le fr. 22, voir 20 J.M. Rist, Stoic Philosophy, Cambridge 1969, p. 103 106 et 196.
CHRISTIAN GUÉRARD . 308
ARCHÉLAOS le Physicien RE 36
MV
Disciple d'Anaxagore et maître de Socrate. Témoignages et fragments rassemblés dans 1 DK 60 (et Nachtrag, p . 421 ) ; voir aussi DK 59 A 7 et 26. Traduction française dans 2 Dumont , Présocratiques, p. 685-694. Il faut maintenant ajouter 3 F. Lasserre, « Archelai philos. fragm . novum ( Tzetz. Exeg. in Hom . II. 1 427 ) » , MC 21-22 , 1986-1987, p. 187-197.
Sources biographiques anciennes. (a) D.L. II 16-17 , qui comporte une courte doxographie ; ( b ) Souda , A 4084 , t. I, p. 372, 14-18 Adler, vient d'une autre source (Hesychius + source X d'Adler); (c ) Hippolyte, Réfutation I 9, contient une assez longue doxographie. Pour les autres témoignages, voir l'édition Diels -Kranz. Cf. 4 Guthrie, A History of Greek philosophy, t. II , chap. V, p. 339-344 .
La tradition hésitait entre deux origines : Athènes ou Milet, et lui donnait pour père tantôt Apollodore, tantôt Midôn (Miltôn, selon Épiphane, A 9). Plusieurs témoins le désignent comme Athénien . Selon Eusébe, P.E. X 14 , 13 , Archélaos aurait succédé à Anaxagore dans son école de Lampsaque (DK 59 A 7 ) .
334
ARCHÉMACHOS DE TARENTE
Anaxagore mourut effectivement dans cette ville. Voir Guthrie 4 , t . II, p . 268 269. Ce témoignage reste cependant isolé. L'historiographie philosophique ancienne voyait en Archélaos la fin de la philosophie « physique » et le point de départ de la philosophie « éthique » que Socrate , son disciple, allait développer (D.L. II 16 ; voir aussi I 14). La Souda lui prête également comme disciple Euripide, mais D.L. II 10 et Strabon XIV 1 , 36 , p . 645 C. , font plutôt de ce dernier le disciple d'Anaxagore. Selon Aristoxène ( fr. 52a Wehrli, dans un fragment du troisième livre de l'Histoire philosophique de Porphyre , fr. 12c Nauck ? (voir aussi 12b ]) qui disait ( fr. 10 Nauck ?) tenir ses renseignements de Spintharos ( présenté par la tradition comme le père – il s'agirait alors d'un surnom de Mnésias - ou le maître d'Aristoxène ), lequel avait connu Socrate , Socrate fut non seulement le disciple , mais aussi le mignon ( naidixá ) d'Archélaos. Voir déjà D.L. II 19 ( fr. 52a Wehrli ). 5 A.-Ph. Segonds ( dans son étude des fragments de l'Histoire philosophique publiée en appendice à E. des Places (édit . ) , Porphyre, Vie de Pythagore. Lettre à Marcella , CUF, Paris 1982 , p . 188 n . 1 ) y voit une pure calomnie de la part d'Aristoxène . 6 L. Woodbury, « Socrates und Archelaus » , Phoenix 25 , 1971, p. 299-309 , considère même que la chronologie ne permet guère d'accepter que Socrate ait été le disciple immédiat d'Archélaos . Ion de Chios , l'auteur tragique (va) rapporte que Socrate, dans sa jeunesse , s'était rendu à Samos avec Archélaos ( D.L. II 23 = fr. 73 Köpke ; fr. 11 dans l'édition de 7 A. von Blumenthal : Ion von Chios. Die Reste seiner Werke, Stuttgart 1939) . Comme Socrate dans le Criton (52 b ) prétend n'avoir quitté Athènes - sauf une visite à Corinthe aux Jeux Isthmiques - que pour prendre part à des campagnes militaires, on a pensé que les deux philosophes avaient pu servir lors du siège de Samos en 440. Mais voir Guthrie 4, p . 339 n. 3 . Archélaos aurait, selon la Souda (DK A 2 ) composé une Physiologia ( cf. B la ) . Théophraste avait écrit un livre Sur Archélaos (D.L. V 42). Un traité alchimique attribué au philosophe ( 'Αρχελάου φιλοσόφου περί της aútñs lepas Téxvns ) a été édité par 8 I.L. Ideler, Physici et medici Graeci minores , t . II , Berlin 1842, p . 343-352. Il est constitué par 336 trimètres iambiques qui datent de l'époque byzantine . Cf. 9 M. Wellmann , art . « Archelaos» 38, RE II 1 , 1895 , col. 454 ; 10 C.A. Browne , « Rhetorical and religious aspects of Greek alchemy. Including a commentary and translation of the poem of the philosopher Archelaos upon the sacred art », Ambix 2 , 1946 , p . 129-137 ; 3 , 1948 , p. 15-25 . RICHARD GOULET.
309
ARCHÉMACHOS DE TARENTE
Va ?
Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique, V. pyth. 36, 267 ; p . 144 , 18 Deubner. BRUNO CENTRONE .
ARCHIADAS 310
ARCHÉPOLIS DE LEMNOS
335
IV
L'historicité de ce personnage , connu uniquement par les Lettres VII et VIII de Chion d'Héraclée, dépend de la créance que l'on accorde à celles -ci. Cf. I. Düring ( édit .), Chion of Heracleia . A novel in letters, edited with introd. and notes, Göteborg 1951. Q. Cataudella, « Sull'autenticità delle Lettere di Chione di Eraclea » , MAL 24 , 6, 1980, p . 649-751, défend farouchement la thèse de l'authenticité. Sur cet article, voir cependant B. Zucchelli, Paideia 41 , 1986, p . 13-24 . Originaire de Lemnos, où il aurait été , entre autres, intendant, Archépolis serait venu à Athènes. Là, il se serait montré hostile à Platon et aurait calomnie Chion . Pourtant, ce dernier se serait entremis pour lui auprès de son père. Archépolis paraît avoir été particulièrement sensible aux activités lucratives. PATRICK ROBIANO . 311
ARCHESTRATOS RE 13 et 14 Fondateur d'une école de musique postérieure à Aristoxène. Il accordait, d'après Porphyre, In Ptol. Harm . 189 et 211 , la prééminence à l'intellect sur l'ouïe, ce qui le rapprochait des pythagoriciens. A un Archestratos (RE 14 ) est attribué un lepi aŭantāv en deux livres par Athénée XIV , 634 d. BRUNO CENTRONE.
312
ARCHESTRATOS DE THESPIES (AVIDIUS - )
fl. II
Philosophe connu par les dédicaces de deux statues que lui éleva à Thespies sa fille Avidia Iulia : ( 1 ) IG VII 2519, complétée et republiée par A. Plassart, BCH 50, 1926 , p . 433 ; ( 2 ) AE 1934-1935 , Xpov. 15 , n° 184. Fils du philosophe Avidius Parméneidès, il s'était acquitté de ses devoirs d'évergète local en assumant à Thespies plusieurs liturgies, dont la plus célèbre et la plus coûteuse , l'agonothésie des Mouseia. BERNADETTE PUECH . 313
ARCHÉTIMOS RE 3 PLREI:
fl. IV
Philosophe, père d'un certain Celse, mort avant 384 ; le souvenir des lettrés le tient pour « à peu près égal à Aristote (Aristoteli subparem ) » : Symmaque, Relatio V 2 ; MGH , Auct. Ant. VI 1 , p . 284 , 26 . PIERRE MARAVAL . 314
ARCHIADAS RE PLRE II : 1
V
Personnalité de l'École néoplatonicienne d'Athènes. Il était le petit -fils du fondateur de l'École, Plutarque d'Athènes, et le contemporain de Proclus. Ce que nous savons de lui vient du Proclus de Marinus (chap . 12, 14 et 17) et de la Vie d'Isidore par Damascius ( fr. 273 = Souda, s.v. 'Apxiádas ) . Plutarque, au moment de mourir en 432, recommanda également Archiadas et Proclus à son successeur Syrianus . Entre Proclus et Archiadas, se développa une amitié « pythagoricienne », Proclus disant qu'Archiadas était pour lui à la fois maître et
336
ARCHIBIOS
condisciple. Proclus d'ailleurs élargissait cette amitié exemplaire à toute la famille d'Archiadas : sa femme, Ploutarché, et ses enfants, Théagénès et Asclepi géneia II. Dans l'École, Archiadas était en quelque sorte le délégué de Proclus pour les affaires politiques, relatives à la cité en général ou aux citoyens en parti culier. Ayant perdu toute sa fortune dans l'invasion de la Grèce par les Huns d'Attila en 447, Archiadas consola son fils Théagénès, encore enfant, en lui disant que , si la déesse Athéna leur avait commandé de dépenser tout cet argent pour la fête des Panathénées, ils auraient fait volontiers cette dépense. Car la défense de la Grèce valait mieux que les Panathénées et était plus importante et plus sainte que toute autre cause . On comprend pourquoi ses contemporains ne nommaient jamais Archiadas autrement que « le très pieux Archiadas » . HENRI DOMINIQUE SAFFREY. 315
ARCHIADAS RE PLRE II : 2
D VI
Arrière - petit -fils du précédent, fils d'Hégias et frère d'Eupeithios. Il est présenté par Damascius, Vie d'Isidore, fr. 353 = Souda, s.v. EÚneios ; Epit. Phot. 222 ) comme très supérieur à son père et, bien qu'il n'eût aucune disposition pour la philosophie, il a mené une vie sainte, c'est- à -dire fidèle au paganisme de sa famille. HENRI DOMINIQUE SAFFREY, 316
ARCHIBIOS RE 5
Médecin de l'école empirique. On dispose sur lui de quatre témoignages, réunis dans K. Deichgräber, Die griechische Empirikerschule, et qui, en dépit de leur nombre réduit, illustrent de façon frappante l'esprit empirico -sceptique avec son rejet des considérations générales, joint à sa recherche systématique des gestes thérapeutiques les plus simples et efficaces. Deux de ces témoignages portent sur la chirurgie. Le premier ( absent de l'éd . 1930, et qu'on trouvera p . 407 dans l'éd. 1965 , désigné comme fr. 282 a) provient du Mepi pwyuõv d'Héliodore, par le canal des 'latpixal ouvaywyal d'Oribase (Collectionum medicarum reliquiae, XL 11, 31 , p. 222, 3 Raeder (CMG X 2, 1 ] ) et décrit un geste chirurgical propre à Archibios lors de la réduction des plaies [Archibios ménageait un orifice médian permettant à la fois le drainage de la plaie et l'introduction de remèdes ). Le second témoignage ( fr. 282, p . 209-210 = n° 9764 des papyrus grecs de médecine et d'histoire naturelle édités par K. Kalbfleisch et H. Schöne, Berliner Klassikertexte, Heft III, Berlin 1905) porte sur la formation des étudiants en chirurgie [ Archibios aurait insisté sur le caractère concret et spécifique qu'elle doit présenter pour être utile ). Les deux autres témoignages proviennent de Galien et chacun indique une composition pharmaceutique d'Archibios. Le fr. 283 , p. 210 ( = Iepi évti8btw , t. XIV , p. 159, 10 Kühn ) donne la composition de l'ambroisie d'Archibios ( 'Außpooia 'Apxißiou lepá ), dont Galien dit qu'il fait lui-même usage. Le fr. 284 (= [lepi OUVÉGews pappáxwv tõv xatd yévn, t. XIII, p. 849, 1 Kühn) indique, après avoir donné la composition d'un remède d'Asclepiade (de Bithynie) , deux variantes avec des proportions différentes, dont l'une est dite « à la manière d'Archibios» ( dè ’Apxißios ). Sur ce fr. 284, voir W. Kroll, art. « Magnus » 30 (aus Philadelphia ), RE XIV 1 , 1928 , col. 494. Pour une étude d'ensemble , voir M. Wellmann , « Archibios >> 5 , RE II 1 , 1895 , col . 466. On trouvera aussi quelques indications éparses dans G. Reale , Storia della filosofia antica , t. V , Milano 1980, p . 315 ( renvoi à la rubrique
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ARCHIPPOS DE PRUSE
« médecine empirique » nº 13 ), 421 ( datation approximative), 251-346 ( exposé de la problématique empirique ), ainsi que dans A. Russo, Scettici antichi, Torino 1978 , p . 667-759 ( traduction italienne du matériel empirique ), notamment dans la longue note introductive , p. 669-685 . FRANÇOISE CAUJOLLE -ZASLAWSKY.
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ARCHIBIOS / đoíduos
II
Pythagoricien fictif, invité avec d'autres philosophes à l'anniversaire de la fille d'un certain Scamônidès à Athènes (Alciphron , Lettre d'Autoclètos à Hétoimaristos III 55 (notée par erreur LXV ), p. 86-87 Hercher ). La lettre, qui reprend le thème du Banquet de Lucien , entend ridiculiser le comportement des philosophes . Sur l'onomastique de ces personnages fictifs, voir J. Schwartz, « Onomastique des philosophes chez Lucien de Samosate et Alciphron » , AC 51 , 1982 , p . 259-264. RICHARD GOULET.
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ARCHIMÈDE DE TRALLES RE 4 Ce « philosophe » aurait composé un Commentaire d'Homère et un traité de mécanique : Souda (Hesychius) A 4113 ; t. I, p. 376, 26-27 Adler. Cet article de la Souda confond peut-être cet Archimède par ailleurs inconnu avec le mathéma ticien et mécanicien de Syracuse (111“) . Pour cette raison , A. von Gutschmid ( cf. G. Wissowa, art. « Archimedes» 4 , RE II 1 , 1895 , col . 539 ) a supprimé les mots xat unxavıxá. Dans le Violarium de la Pseudo - Eudocie sont également mis au compte d'Archimède des commentaires sur certains dialogues de Platon. Sur cette compilation, attribuée à Constantin Paléocappa (XV -XVI s .) , voir L. Cohn , art. « Eudokia » 3, RE VI 1 , 1907, col. 912-913 . RICHARD GOULET.
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ARCHIPPOS DE PRUSE (FLAVIUS - )
RE 41 , PIR ? Fl. 216
I -II
Flavius Archippus de Pruse ne nous est connu que par deux séries de lettres écrites par Pline le Jeune durant son proconsulat en Bithynie. Les unes (X 81 , 82) concement la reddition de comptes qu'il fit demander à Dion de Pruse par l'avocat Claudius Eumolpus au sujet de la livraison d'un ouvrage public dont le rhéteur s'était chargé (Dion Chrysostome , Or . 40) ; il est bien possible que Flavius Archippus soit le chef, ou l'un des chefs, du parti opposé à la politique de Dion et représenterait ainsi l'ennemi auquel il est fait allusion dans le discours 43 , comme le suggère 1 H. von Arnim , Leben und Werke des Dio von Prusa, Berlin 1898 , p. 509. Voir aussi : 2 P. Desideri , Dione di Prusa . Un intellet tuale greco nell'impero romano , Firenze 1978 , p . 400-406 ; 3 G. Sautel , « Aspects juridiques d'une querelle de philosophes au IIe siècle de notre ère ( Pline, ad Traian ., ep . 81-82 ) », RIDA 3 , 1956 , p . 422-453 ; 4 A.N. Sherwin White, The Letters of Pliny , Oxford 1966 (ad loc .). Flavius Archippus est également mentionné dans les lettres 58-59 et 60 du livre X. Choisi par Pline pour figurer au nombre des juges qui doivent assister le gouverneur dans les assises qu'il tient (conuentus), il demande à être excusé en tant que philosophe, c'est -à - dire dispensé de cette charge. Certains habitants de
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ARCHIPPOS DE TARENTE
Pruse rappellent alors qu'il a été condamné aux mines pour crime de faux sous le règne de Domitien et n'a pas exécuté sa peine. Le dossier qu'il présente pour se justifier ne permet pas vraiment de trancher: il contient des lettres de Domitien qui le traite avec honneur, ainsi qu'un décret des Prusiens en sa faveur ; Trajan (X 60 ) accepte de croire qu'il a été amnistié et se refuse à le faire poursuivre en l'absence d'éléments nouveaux . Cet ensemble de lettres mentionne avec insistance la qualité de philosophe qui est reconnue à Archippus. Outre des appréciations élogieuses (59 , 6 : « un homme dont le caractère est en accord avec sa profes sion » ), elle fonde la demande d'exemption qu'il présente. Comment pouvait-il bénéficier d'un tel privilège ? On considère en général qu'il s'agit de l'application d'un édit de Vespasien (FIRA I 73 ) accordant l'immunité fiscale aux praecep tores et aux médecins. La catégorie des praeceptores comprenait les rhéteurs, les grammairiens et les philosophes (Digeste L 4 , 18 , 30) . D'autres témoignages pourraient faire croire que l'exemption des charges municipales n'aurait été accordée à tous les philosophes et tous les rhéteurs que sous le règne d'Hadrien ( 5 G.W. Bowersock, Greek sophists in the Roman Empire, Oxford 1969 , p. 33 ). Mais la correspondance de Pline ne permet pas de démontrer qu'il s'agit d'une faveur spéciale accordée au seul Flavius Archippus par Domitien . Il est plus simple de croire que la qualité de philosophe ne diffère pas beaucoup de celle de praeceptores (Desideri 2 , p. 67 et 145 )et qu'il bénéficiait de l'exemp tion des charges municipales puisque ce point ne donne lieu à aucune discussion dans la lettre X 58. Voir aussi 6 I. Hadot, Arts libéraux et philosophie dans la pensée antique, coll. « Études augustiniennes », Paris 1984, p . 233-234 . Dès lors , il faut considérer Flavius Archippus comme un professeur de philosophie : il l'enseigne mais ne se confond pas avec les philosophes que leur opposition à l'empire fit expulser par Vespasien ou Domitien. 7 J.M. André, « Les écoles philosophiques aux deux premiers siècles de l'Empire », ANRW II 36 , 2, Berlin 1987 , p . 5-77 , considère ( p. 38) qu'il s'agit d'une « contre - philosophie » suscitée par Domitien et voit en Flavius Archippus un « rhéteur philosophant». On ne saurait ainsi le rattacher à une école ou à un courant précis, encore moins rechercher des écrits ou des témoignages de son activité. MICHÈLE DUCOS. 320
ARCHIPPOS DE SAMOS
Va ?
Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique , V. pyth . 36, 267 ; p. 146, 2 Deubner. BRUNO CENTRONE . 321
ARCHIPPOS DE TARENTE RE 12 ( + Suppl. I)
va
Pythagoricien. Témoignages. DK 46 (34 ) ; t . I , p . 420 , 24-421, 16 (avec Lysis et Opsi mos) ; M. Timpanaro Cardini, Pitagorici. Testimonianze e frammenti, fasc . II, Firenze , 2e éd ., 1969, p . 258-261, avec traduction italienne et notes; H. Thesleff, The Pythagorean Texts, p. 2, 4-22 ( complète l'ouvrage précédent); traduction française des témoignages dans Dumont, Présocratiques,p. 516. Lysis et Archippos furent les seuls pythagoriciens à trouver le salut lorsque les Ciloniens mirent le feu à la maison de Milon de Crotone ( vers 440") .
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ARCHYTAS DE TARENTE
Lysis et Archippos furent les seuls pythagoriciens à trouver le salut lorsque les Ciloniens mirent le feu à la maison de Milon de Crotone ( vers 440*) . Archippos retourna dans sa ville natale de Tarente ( Jamblique, V. pyth. 249 250 ; Néanthe chez Porphyre, V. Pyth. 55 ; D.L. VIII 39). Les sources rapportent qu'il réussit à se sauver du fait de son jeune âge, ce qui permet de dater sa naissance vers 470 %. F. Beckmann, Quaestionum de Pythagoreorum reliquiis pars prior , Berlin 1844 , p . 17 n. 85 , proposait de corriger, en Jamblique, V. pyth . 250 ( Archytas fut le seul pythagoricien à ne pas abandonner l'Italie après la persécution cilonienne) ’Apxúrou en ' Apxinnov. Voir cependant les objections de F. Wehrli, Aristoxenos, coll. « Die Schule des Aristoteles » 2, Basel, 2e éd . , 1967, p. 52-53 . Un ăxovoua pythagoricien (Porphyre, V. Pyth. 22 ; Jamblique, V. pyth. 34 ) est attribué à Archippos (et à Lysis) par Jérôme, Contra Rufin. III 39 (PL 23 , 507 b). D'après Claudien Mamert, De statu animae 2, 7 , Archippe aurait soutenu l'incorporéité de l'âme. BRUNO CENTRONE. 322
ARCHYTAS DE TARENTE RE 3
V -MIV
Philosophe pythagoricien , fils de Mnésagoras ou d'Hestiaios. Témoignages et fragments : 1 DK 47 (35 ) ; t. I , p. 421 , 17-439, 34 ; trad. française dans 2 Dumont , Présocratiques , p . 519-539 ; 3 M. Timpanaro Cardini, Pitagorici. Testimonianze e frammenti, fasc. II, Firenze, 2e éd . 1969, p . 262-385 ( Introduction, 262-271, traduction italienne et commentaire , 273 385 ). Ce recueil contient in extenso quelques témoignages (A 18a ; 24a ; 24b ) où le nom d'Archytas n'apparaît pas expressément, de même que le texte des réfé rences ( A 26 et 26a ) citées par DK 47 A 26 , p . 431 , qui proviennent d'une tradition néo -pythagoricienne tardive. Il faut ajouter : Jamblique, V. pyth. 250 ( Archytas aurait été le seul pythago ricien qui n'ait pas abandonné l'Italie après la persécution cilonienne ). Ce témoi gnage avait été exclu à la suite d'une correction de 4 F. Beckmann, Quaestionum de Pythagoreorum reliquiis pars prior, Berlin 1844, p. 17 n. 85 , qui corrigeait 'Apxúrou en ' Apxinnov. Voir cependant les objections de 5 F. Wehrli , Aristoxenos, coll. « Die Schule des Aristoteles » 2, Basel, 2e éd . , 1967 , p. 52-53 . Il faut également tenir compte d'Apulée, De Plat. I 186 ; Anon . Phot. cod. 249, p . 438 b Bekker ; Cicéron, De amic. 88 ; De orat. III 139 ; Tusc. V 23 , 64 ; De fin. V 29 , 87 ; II 14,45 ; De rep. I 59 ; D.L. VIII 86 ; Diodore X 7,4 ; Élien , V.H. III 17 ; Jérôme, Lettre LIII 1 ; Jamblique, V. pyth. 104 ; 127 ; 266-267 ; Olym piodore , V. Plat. VII, 385 , 89-93 ; Platon , Lettre XIII, 360 с ; Plutarque, De sera num . 551 b ; Praec. ger. reip . 821 c ; De liber. ed. 8 b ; 10 d ; De mus. 1147 ; Dion Chrysostome, Or. XVIII 2 ; Quintilien, Inst. Or. I 10, 17 ; Théo phraste , Metaph. 6 a ; Valère Maxime IV 1 ext. 1 ; VIII 7 ext. 3 . L'authenticité des fragments n'est pas au - dessus de toute discussion . Voir 6 W. Burkert, Weisheit und Wissenschaft. Studien zu Pythagoras, Philolaos und Platon, Nürnberg 1962, p. 205 n. 14, et p . 358 n. 53. En faveur de l'authenticité du fr. 1 , voir maintenant 7 A.C. Bowen, « The Foundations of early Pythago rean harmonic science : Archytas Fragment I » , AncPhil 2, 1982 , p . 79-104 , et 8 C.A. Huffman , « The authenticity of Archytas fr. 1 » , CQ 35 , 1985, p . 344
340
ARCHYTAS DE TARENTE
348. On peut également se demander si certains témoignages doctrinaux concer nent l'Archytas historique ou le Pseudo -Archytas. Sources biographiques anciennes ( 1 ) D.L. VIII 79-82 cite Aristoxène, auteur d'un ouvrage intitulé ’Apxúta Bioc ( fr. 48-50 Wehrli ). (2) Souda A 4121 ; t. I, p. 377 , 26-378, 2 Adler. (3 ) Jamblique, V. pyth. 250, cite Aristoxène, vraisemblablement le Nepl Iveayópou xal tõv yvwpipwv aŭtoŨ ( fr. 18 Wehrli ), et Nicomaque. ( 4 ) Athénée XII, 545 a, cite l’Aprúta bloc d'Aristoxène. C'est probablement à cet ouvrage qu'est emprunté le discours d'Archytas sur les dommages causés par le plaisir corporel que le Caton de Cicéron , De sen . 12, 39 , dit avoir écouté à Tarente de la bouche de Néarque. (5) Aulu -Gelle X 12, 8 , cite de Favorinus ( fr. 93 Barigazzi) les Commentarii ou l'Omnigena Historia. Dans le catalogue des écrits d'Aristote figure un ouvrage intitulé Tepi tñs 'Apyutelou piloodiac (deux fragments en sont conservés par Simplicius et Damascius = p. 143 Ross) qui pourrait avoir été écrit dans l'ancien Péripatos. Voir 9 P. Moraux, Les listes anciennes des ouvrages d'Aristote, Louvain 1951 , p. 106 .
École et disciples. Ni Platon ni Aristote ne qualifient Archytas de pytha goricien , alors que les sources ultérieures sont unanimes sur ce point. D'après la Souda, Archytas écrivit de nombreux ouvrages et eut des élèves illustres. L'existence d'une école d'Archytas peut se déduire de certaines indications de la Lettre VII de Platon ('Apxútŋ ouyyeyovotec en 339 b ; voir Burkert 6 , p. 81 n. 41 ) , mais ne peut pas être établie avec certitude. Les discours tenus par Archytas ( cf. Cicéron , De sen . 12, 39-41; De amic. 88) devaient être adressés à un public assez vaste. Voir 10 C.J. de Vogel, Pythagoras and early Pythago reanism , Assen 1966 , p . 30. L'Archytas qui, d'après Jamblique, V. pyth. 104, fut le disciple du vieux Pythagore est Archytas o neobúrepos, personnage dont l'existence historique est assez douteuse . Voir Burkert 6 , p . 81 11 H. Thesleff, « On the problem of the Doric Pseudo- Pythagorica. An alter native theory of date and purpose » , dans Pseudepigrapha I, Vandoeuvres /Genève 1972 , p. 59-87 , notamment p. 74. C'est de cet Archytas que l'anonyme de Photius, Bibl. cod. 249, p. 438 b Bekker, et Apulée, De Plat. I 186 ( seniorem Archytam sectatus est ) font un maître de Platon . Archytas est également présenté comme maître de Platon par Olympiodore, V. Plat. 385 , 89-93 Westermann. S'il ne fut pas au sens propre son disciple , on peut supposer que Platon subit l'in fluence d'Archytas. Voir Burkert 6, p . 69 et 75. D.L. VIII 86 fait d'Eudoxe un élève d'Archytas pour ce qui concerne la géométrie ; il est chronologiquement impossible qu'Empédocle ait été l'élève d'Archytas, comme le rapporte la Souda. Quant à Cicéron , De or. III 139 , il affirme que Philolaos instruisit Archytas. Dans l'Ind . Acad. Herc. VI, 12, Archytas est mentionné parmi les disciples de Platon . Voir, en dernier lieu, 12 K. Gaiser, Philodems Academica, p . 185 et 448 . Chronologie . Il fut à peu près contemporain de Platon. Les dates les plus sûres sont fournies par la Lettre VII de Platon. A l'époque du troisième voyage
ARCHYTAS DE TARENTE
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en Sicile ( 362/1 ), Archytas exerçait une charge de premier plan, comme le mon tre le succès de son intercession auprès de Denys II. Il est probable qu'Archytas accéda au pouvoir vers 367 , date du second voyage de Platon en Sicile (13 E.L. Minar , Early Pythagorean politics in pratice and theory, Baltimore 1942, réimpr. New York 1979, p. 88). Biographie . Dumont 2 , p. 1391 , rappelle que le Catalogue des Pythago riciens reproduit par Jamblique (V. pyth. 36, 267, p. 144 , 12 Deubner ), men tionne un Hestiaios de Tarente qui pourrait être le père d'Archytas. Archytas jouissait d'une position assez élevée dans la vie politique de Tarente . D'après D.L. VIII 79, il fut élu stratège sept fois , en dépit d'une loi qui interdisait la réélection . Au cours de cette période, selon Aristoxène ( fr. 48 Wehrli), Archytas ne subit aucune défaite . La Souda rapporte qu'il fut élu par la volonté populaire à la tête de la ligue des cités italiotes. La Lettre VII évoque les contacts d’Archytas avec Platon . Platon aurait noué ( 338 c ) des rapports d'amitié entre Denys et Archytas et les chefs de Tarente. Par la suite ( 339 d), Archytas aurait écrit à Platon , l'exhortant à revenir en Sicile . Platon, arrivé chez Denys et sentant sa vie en danger, demanda l'aide d'Archytas qui envoya une ambassade au tyran . Celui ci fit alors repartir Platon. Une lettre d’Archytas à Denys est rapportée par D.L. III 21-22, qui situe cependant cet événement à l'époque du deuxième voyage de Platon en Sicile (cf. 14 O. Gigon , « Das dritte Buch des Diogenes Laertios » , Elenchos 7 , 1986 , p. 167). D'après Aristoxène ( fr. 18 Wehrli), après le soulè vement contre les pythagoriciens, les survivants abandonnèrent l'Italie , sauf Archytas; cet événement est situé dans les années ayant précédé la bataille de Leuctres (387 ), lorsque Denys défit les cités de Crotone , Sybaris et Caulonie (Polybe II 39, 7) . Voir Wehrli 5 , p . 52-53 . D’Archytas les sources anciennes mettent en évidence, outre les capacités politiques , l'humanité ( Athénée XII, 519 b = A 8), la maîtrise de soi ( Élien , V.H. XIV 19 = A 11 , et bien d'autres), la tempérance (Cicéron, De sen . 12 , 39 = A 9). Archytas est décrit comme un spécialiste des problèmes de mathématique, de musique et de mécanique. Il aurait résolu le problème de la duplication du cube grâce à l'introduction d'une double moyenne proportionnelle et aurait pour la première fois appliqué la mathéma tique à la mécanique (cf. A 14-16 ) ; on lui attribue l'invention d'une colombe en bois capable de voler (A 10b ), ainsi que de la crécelle (A 10). En musique, on prête à Archytas la distinction entre les trois genres d'intervalles dans la division du tétracorde ( A 16) . L'Ode d'Horace (I 28 = A 3) qui permet de déduire la mort d'Archytas dans un naufrage et son ensevelissement sur le promontoire Matinus, de localisation incertaine, se prête à plusieurs interprétations. Voir également, pour la biblio graphie antérieure : 15 D.W.T. Vessey, « Horace's Archytas Ode. A reconsi deration » , ZAnt 26 , 1976, p. 73-87 .
Titres attestés ( 1 ) 'Apuovixóc. Le titre se trouve , sous cette forme, chez Nicomaque, Inst. Arithm . I 3 , 4 , qui rapporte un fragment, cité plus longuement par Porphyre, In Ptolem . Harm . 56 ; ce dernier donne cependant comme titre de l'ouvrage Nepi maenuatixñs ( cf. DK B 1 ). Stobée IV 1 , 139 , cite un fragment d'un lepi paon Mátwv , cité de façon plus réduite par Jamblique, De comm , math . scient. 11 , p . 44 , 10 Festa, sous le titre ſlepi padnjatixõv (cf. DK B 3 ). Porphyre, In
342
PSEUDO - ARCHYTAS
Ptolem .
Harm . 92 , cite un fragment d'un Tepi Hovoixñs (DK B 2) qui
appartenait probablement au même ouvrage. Cf. 16 A.C. Cassio , « Nicomachos of Gerasa and the dialect of Archytas, Fr. 1 » , CQ 38 , 1988, p. 135-140. (2) Alatpibal. Fragment chez Stobée I 4 (DK B 4) . Diels -Kranz, t. I, p . 438-439, mentionnent les titres suivants sous la rubrique “ Zweifelhafte Schriften " : (3 )
Nepi tñs dexádos : Théon de Smyrne, Expos. 106 , 7 Hiller ( DK B 5).
(4 ) Tepl aulõv : Athénée IV , 184 e (DK B 6) . (5 ) Mepi unxavñs : Vitruve , praef. VII 14 (DK B 7 ) . D.L. VIII 82 attribue cet écrit à un homonyme d'Archytas. (6) lepi yewpyíaç : Varron , De re rust. I 1 , 8 (DK B 8). Varron attribue l'ouvrage à Archytas le pythagoricien , D.L. VIII 82 à un homonyme. Pour les écrits certainement inauthentiques ( DK B 9) , voir la notice « Pseudo - Archytas » . Études d'orientation . 17 W.K.C. Guthrie, A History of Greek philo sophy, t. I , p. 333-336. 18 B.L. Van der Waerden , Die Pythagoreer. Religiöse Bruderschaft und Schule der Wissenschaft, Zürich /München , 1979, p . 380-382 ( théorie musicale) et 406-417 (arithmétique ). BRUNO CENTRONE. Iconographie. Bien que les textes ne nous fassent pas connaître de statues antiques d'Archytas, un original a dû exister, puisque l'époque romaine nous a laissé un hermès acéphale inscrit de son nom , conservé aux Musées du Vatican : cf. Richter, Portraits, II, p. 179 et fig. 1021. Il n'est pas inutile de rappeler qu'un hermès enturbanné du Musée du Capitole avait été rapporté à Archytas en raison de cette curieuse coiffure visible égale ment sur une monnaie de Tarente inscrite APXI : cf. G. Bottari, Il Museo Capito lino , I , Roma 1741 , pl. 88. Mais cette monnaie s'est révélée être un faux moderne, et la statue romaine reste non identifiée ( cf. à ce sujet l'iconographie de Pythagore ). MARIE -CHRISTINE HELLMANN . 323
PSEUDO - ARCHYTAS
I -I
Sous le nom d'Archytas sont transmis une série de traités et de fragments en dialecte dorien , ainsi que deux lettres, dont l'inauthenticité est aujourd'hui unanimement reconnue ; ces écrits relèvent de la vaste production d'apocryphes pythagoriciens. Parmi les Pseudopythagorica (voir la notice consacrée à ce corpus), le nom d'Archytas est celui sous lequel se rassemble la plus grande partie des écrits et on a émis l'hypothèse qu'il ait existé dans l'antiquité un véri table corpus archyteum ,formé par l'adjonction progressive de divers écrits (cf. 1 H. Thesleff, An Introduction to the Pythagorean writings of the Hellenistic period, Åbo 1961 , p . 76 ). Les écrits qui nous sont parvenus sous le nom d'Ar chytas ne proviennent certainement pas d'un même auteur; il est moins facile de dire s'ils reflètent en quelque façon une tradition et une ambiance culturelle homogène (exception faite pour les Kabolixol aóyoi Séxa , d'origine assez tardive : voir plus bas).
PSEUDO - ARCHYTAS
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Chronologie. Le problème s'insère dans celui, plus général et assez débattu, de la chronologie des Pseudopythagorica, que la majorité des spécialistes a ten dance à situer entre le fer s. av. J.-C. et le jer s . ap . Pour chaque traité en parti culier, voir les indications données plus bas. Témoignages. 2 J. Nolle ( édit. ), Ps. - Archytae Fragmenta. Dissertatio inauguralis, Tübingen 1914 , VII -60 p. 3 H. Thesleff, The Pythagorean Texts, p . 2, 23-48 , 14. Ce recueil rassemble les traités et les fragments du Pseudo Archytas, mais seulement une partie des témoignages regroupés par Nolle . Il faut ajouter un témoignage de Porphyre sur les livres d'Archytas, contenu dans la biographie des médecins de Ibn Abi Usaybia, sur qui on consultera 4 B.L. Van der Waerden , art. « Pythagoras », RESuppl. X, 1965, col. 862-864. Traductions. Traduction d'ensemble, d'ailleurs vieillie et incomplète , dans 5 A. Éd. Chaignet, Pythagore et la philosophie pythagoricienne, contenant les fragments de Philolaus et d'Archytas, Paris 1873 ; réimpr. Bruxelles 1968 , p . 255-331 . Pour les différents écrits et les références à l'édition Thesleff, voir plus bas. Une autre traduction anglaise est signalée dans les Addenda . Écrits. ( 1 ) Kabolixol Tóyou 8éxa : p . 3 , 9–8 , 19 Thesleff. Édition plus récente : 5 Th.A. Szlezák ( édit .), Pseudo Archytas über die Kategorien . Heraus gegeben, übersetzt und kommentiert, Berlin New York 1972, 224 p . Contient l'édition (59-68) , la traduction (80-85) , le commentaire des fragments ( 158 183) , ainsi qu'un Nachtrag ( 184-188 ) intitulé « Die Kadolixol lóyoi Séxa des Pseudo -Archytas und das EuvontiXÒV oúvtayua pihooopiac des “ Gregorios Aneponymos” . » L'index verborum ( 189-210) et l'introduction prennent égale ment en considération le lepi Tv xabólov lóywv. Date : cf. Szlezák 5 , p . 19 26 ; la composition doit être située à l'époque byzantine (VI s . environ ), l'appo sition du nom et la transcription en dialecte dorien datent du XVe s . (2) Nepì áv& pos dyadoũ xal Eůdaipovoç : p . 8 , 26-15 , 2 Thesleff. Douze fragments sont transmis par Stobée : III 1 , 107.108.109.110.111.112.113.114 . 195.196 ; 3 , 65 ; IV 50 , 28. Traduction : Chaignet 4, fr. 17 (p . 283-292 ), fr. 20 (p . 297-298), fr. 21 (p. 298-299) . Sur cet écrit, voir 6 W. Burkert, « Zur geistesgeschichtlichen Einordnung einiger Pseudopythagorica », dans Pseudepi grapha I (Pseudopythagorica, Lettres de Platon , Littérature pseudépigraphique juive ), Vandæuvres /Genève 1972 , p . 25-55 , notamment p. 35-38 , et 7 K. Praechter, « Metopos , Theages und Archytas bei Stobaeus Flor. I 64 , 67 ff.» , Philologus 50, 1891 , p. 49-57 . Datation probable : 1*, d'après Burkert 6 , P. 35 . (3) Nepi ávtimeIÉVWv: p . 15 , 3–19, 2 Thesleff. Six fragments chez Simpli cius, In Cat. p. 382, 7-16 ; 407, 15-25 ; 407, 26-409, 6 ; 391 , 1-392, 9 ; 417 , 12 21 ; 383 , 20–384, 11 Kalbfleisch (CAG VIII, 1907 ) . Traduction partielle: Chaignet 4 , fr. 47-52 (p. 325-331 ). Sur cet ouvrage , cf. 8 P. Moraux, Aristo telismus, t . II , p . 623-628. Date probable : 1 "/ IP. (4 ) ſepì ápx@v : p . 19, 3–20, 17 Thesleff. Un fragment dans Stobée I 41 , 2. Traduction Chaignet 4 , p . 259-261 . Voir 9 J. Dillon , The Middle Platonists, p . 120-121 . (5 ) Hepi tõv xabólov abywv : p . 22 , 6–32, 23 Thesleff. Édition plus récente : Szlezák 5 ( édition , 34-57 ; traduction, 71-79 ; commentaire, 94-152 ; index verborum , 189-210). Voir aussi Moraux 8 , p . 608-623. Date : le terminus
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post quem est la seconde moitié du jer s. av . J.-C. (Szlezák 5, p. 14). Traduction : Chaignet 4 , fr. 30-46 ( p. 319-325 ). Voir en outre la Schlußbemerkung de Szlezák 5 , p . 153-157 , intitulée « Pseudo -Archytas und die Anfänge der Kate gorienkommentierung » et H.B. Gottschalk , « Aristotelian philosophy in the Roman world from the time of Cicero to the end of the second century AD » , ANRW II 36 , 2, Berlin 1987 , p . 1131-1132. (6 ) Nepi vóuou xal Suxaiooúvns : p . 33 , 1-36, 11 Thesleff. Cinq fragments chez Stobée IV 1 , 135.135.137.138 ; 5, 61. Traduction : Chaignet 4 , fr. 22-23 ( p. 299-305 ). Sur cet écrit, voir 10 A. Delatte, Essai sur la politique pythago ricienne, Liège /Paris 1922, p. 71-124 ; 11 G.J.D. Aalders, Political thought in Hellenistic times, Amsterdam 1975, p. 27-38 . Date : d'après Delatte 9 , p. 123 , l'ouvrage remonterait au IVe s. av . J.-C. et il n'est pas improbable qu'il soit d'Archytas. Contra , 12 G.J.D. Aalders, Die Theorie der gemischten Verfassung im Altertum , Amsterdam 1968 , p . 17 : selon Aalders, l'ouvage, qu'il faut considérer comme inauthentique, remonterait au III ou IT s . av . J.-C. Il daterait des années 80 av . J.-C. selon 13 H. Thesleff, « On the problem of the doric Pseudopythagorica. An alternative theory of date and purpose » , dans Pseudepi grapha 1, Vandæuvres /Genève 1972, p . 59-87 , notamment p . 81 . (7 ) Tepl voũ xai aiolacios : p. 36 , 12–39 , 25 Thesleff. Deux fragments dans Stobée I 41 , 5 ; 48 , 6, et Jamblique, De comm. math . scient. 35 Festa . Traduction : Chaignet 4 , p . 265-271. Sur ce traité , voir Burkert, 6 , p . 38-40 . Date probable : 14 - IP . ( 8 ) ſepi toŨ ÖVTOS : p. 40, 1-16 Thesleff. Un fragment chez Stobée II 2, 4. (9) Nepi naidetoews noixñs: p . 40, 17-43, 23 Thesleff. Trois fragments chez Stobée III 1 , 105 et 106 ; II 31 , 120. Traduction : Chaignet 4, fr. 18-19 ( p. 292 297 ). Sur ce traité, voir Burkert 6 , p. 30-35, et Praechter 7 et 14 id ., « Krantor und Ps . Archytas » , AGPh 10, 1897 , p . 186-190 , repris dans ses Kleine Schriften , Hildesheim /New York 1973, p. 33-37 . Date probable : 1*. Un fragment tiré d'un ouvrage ' Ynèp naidwv dywyns est cité par Philostrate , V. Apoll. VI 31 , cf. p . 47 , 18-22 Thesleff. Selon E. Zeller, III 2, Leipzig 1920, p . 120, le fragment proviendrait du Περί παιδεύσεως ηθικής.. ( 10) Hepi oopías : p. 43 , 24-45, 4 Thesleff. Cinq fragments chez Jamblique, Protr. 16.18.20.21.22 Pistelli. ( 11 ) Lettres : a) à Denys : D.L. III 22 = p . 45 , 20-30 Thesleff. Cf. 15 O. Gigon , « Das dritte Buch des Diogenes Laertios » , Elenchos 7 , 1986, p. 135-182 , notamment p . 167 . b) à Platon : D.L. VIII 80 = p . 46, 1-7 Thesleff. Voir 16 H. Thesleff, « Okkelos, Archytas and Plato » , Eranos 60, 1962, p. 8-36. Date probable : début du II ' . La Lettre XII de Platon est la réplique à celle d'Archytas . Voir 17 L. Brisson ( édit .), Platon, Lettres. Traduction inédite, introduction, notices et notes par L.B. , coll. « Garnier - Flammarion » 466 , Paris 1987 , p. 267-274, qui traduit et commente la lettre d'Archytas, p. 271. Dans le recueil de Thesleff est incluse , p . 46 , 19-47, 6 , Socrat. epist. 37 (p . 635 Hercher ), que l'auteur, en raison des similitudes avec la lettre à Platon , croit devoir attribuer au Pseudo Archytas.
AREIOS DIDYMOS
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( 12) 'Oyaptutixá . Le titre est mentionné par Athénée XII, 516 c : p. 8 , 20 25 Thesleff . ( 13 ) Taxtıxá * : p . 45 , 6-18 Thesleff. Voir 18 W. Burkert, compte rendu de 3 dans Gnomon 39, 1967, p . 549. La restitution du titre est conjecturale. ( 14 ) ſepi Púcewc * : p . 47, 7-13 Thesleff. Fragments chez Claudien Mamert, De anim. 2 , 7. La restitution du titre est conjecturale. Voir Claudien : in eo opere ... quod ... de rerum natura prodidit. Études d'orientation . Thesleff 1 , p . 8-11 ( liste et description sommaire des traités ) ; 75-77 ( nature du corpus Archyteum ); 92-96 (Archytas, à l'origine de la prose “ dorico -pythagoricienne " ). < Bruno Centrone a achevé récemment une thèse intitulée Pseudopythagorica Ethica. I trattati morali di Archita, Metopo, Teage. Introduzione, edizione, traduzione e commento di B.C. , qui comprend l'édition, la traduction italienne et le commentaire des traités ( 2 ) et (9). R.G.> BRUNO CENTRONE. 324
AREIOS DIDYMOS ( Arius Didyme) RE 12
Fra
Philosophe alexandrin et doxographe de tendance éclectique. Bien que nous ne connaissions pas de façon certaine l'école à laquelle il se rattachait, il était proba blement stoïcien ; il manifeste des affinités avec la philosophie académicienne telle qu'elle est présentée par Antiochus d'Ascalon , de la sympathie pour l'acadé micien Eudore, une grande précision dans le traitement du matériel stoïcien et une ouverture à la pensée péripatéticienne. Fragments. 1 H. Diels , Doxographi Graeci, p . 445-472 . 2 Stobée, Eclogae physicae et ethicae II 7 ; t. II, p. 37-152 Wachsmuth . Ses fragments n'ont jamais été rassemblés dans un même recueil. Il n'existe pas de biographie ancienne conservée , mais, d'après une note conservée dans les manuscrits F et P ( cf. Diels 1 , p. 81 ) le livre VII de Diogène Laërce, consacré aux stoïciens, contenait la Vie d'un Arius, qu'on identifie habi tuellement avec Didyme. Presque tout ce qui concerne Arius et ses euvres est matière à conjecture et à reconstruction de la part des érudits. La meilleure présentation des données et des arguments relatifs à sa vie et à ses æuvres est 3 Ch . Kahn , « Arius as a Doxographer», dans 4 W.W. Fortenbaugh ( édit.), On Stoic and Peripatetic Ethics, New Brunswick (N.J.) 1983 , p . 3-13, qui s'appuie sur les recherches de Meineke, Diels 1 , et 5 P. Moraux, Aristotelismus, t. I, p . 259-443. Voir les comptes rendus de 6 P.L. Donini, RFIC 105 , 1977 , p. 237 251, et de 7 L.Tarán, Gnomon 53 , 1981, p . 721-750 .Mais l'étude beaucoup plus poussée de Diels 1 , p. 69-88 , reste essentielle à cause de son analyse détaillée des témoignages anciens concernant la vie d'Arius et l'organisation probable de son ouvrage . Arius fut l'ami et le conseiller d'Auguste, au moins de 30 av . J.-C. ( date fondée sur des références à Auguste et à Arius dans le contexte de la prise d'Alexandrie , épargnée par Auguste - entre autres raisons – à cause d'Arius [ Dion Cassius LI 16 , 3-4 ; Plutarque, Antoine 80 , Praec. ger. reip . 18 , 814 d ; Julien , Ep . 51 ( 111 Bidez), 433 d ; Voir Kahn 3 , p . 12 n. 8] ) à 9 ap . J.-C. Sénèque, Cons. Marc . 4-5 , fait allusion au discours de consolation qu'il adressa à
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Livie à l'occasion de la mort de Drusus et en offre peut-être une paraphrase. Il obtint aussi d'Auguste la grâce de Philostrate (RE 7 ), un partisan de Cléopâtre, « le plus habile des sophistes d'alors pour parler à l'improviste, mais qui se donnait à tort pour un philosophe de l'Académie » (Plutarque, Antoine 80 , 3-4, trad. Flacelière ). Sur Arius, maître de Mécène , voir 8 G.B. Bowersock , Augustus and the Greek World, Oxford 1965 , p. 33-34. Suétone, Auguste 89 , 1 , donne le nom de deux fils d'Arius : Nicanor (cf. L. Robert, Hellenica , t. VIII, Paris 1950, p . 91 : C. Iulius Nicanor à Athènes) et Dionysius. Auguste leur devrait, comme à leur père, sa culture grecque. Auguste aurait nommé Arius procurateur ( 811xnths ) de la Sicile à la place d'un certain Théodore de Tarse (Plutarque, Reg. et imper. apopht., Augustus 2 , 207 ab) .
L’unique ouvrage publié par Arius qui nous soit connu est le compendium doxographique généralement appelé Épitomé, bien que son titre original ne soit pas connu de façon certaine. Il est également appelé Sur les Écoles (Stobée II 1 , 17 ) et une section est une fois désignée sous le titre Sur les doctrines de Platon ( fr. 1 cité par Eusébe , P.E. XI 23 , 3-6) . On a pensé que le traité Sur les Écoles constituait un ouvrage distinct et de plus grande ampleur. Mais une référence à Xénophane chez Stobée II 1 , 17 ( t. II, p . 6 , 13–7, 4 Wachsmuth ) et peut-être même les références à d'autres philosophes antérieurs à Platon que l'on trouve chez Clément, Stromates I 14, 61 ; I 16 , 80 (cf. Kahn 3, p . 12 n. 5 ) , qui servent à fonder cette hypothèse, pourraient provenir du même et unique ouvrage doxo graphique. L'introduction à la section consacrée à la logique constituerait l'en droit naturel où situer un matériel sceptique comme celui que l'on trouve en Stobée II 1 , 17 , qui comporte également des allusions aux épicuriens et aux stoïciens, présentés comme des dogmatistes, ainsi qu'à Pyrrhon et à Socrate , présentés comme des sceptiques. De l'ouvrage doxographique nous possédons de longs fragments physiques, des résumés éthiques et, comme le veut Kahn 3 , p . 5 , des traces de la section sur la logique . Ce recueil de matériaux était certainement fondé sur des manuels et des compilations antérieurs, plutôt que sur les sources originales. Il était proba blement ordonné d'abord par écoles, puis par secteurs ( logique, éthique, physi que) pour chaque école ( cf. le schéma hypothétique présenté par Diels 1 , p . 72 73 ). Comme doxographe, Arius semble avoir été bien informé et méticuleux ; sa principale contribution se situait sans doute dans le choix et l'organisation de son matériel. Les fragments conservés de sa doxographie physique concernent Platon (fr. 1 ) , Aristote ( fr. 2-17) et les stoïciens ( fr. 18-40) ; le matériel stoïcien est attribué avec soin à des auteurs particuliers et non à l'école dans son ensemble . Les fragments 1 et 40 peuvent toutefois provenir de la doxographie logique (Kahn 3, p . 5 ), bien que le matériel aristotélicien ( fr. 5 ) qui précède chez Stobée ces deux fragments appartienne manifestement à la physique. Il est davantage vraisemblable que l'extrait « sceptique » qui se trouve en II 1 , 17 soit tiré d'une
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introduction à la section « logique » . Pour l'éthique, Arius offre un survol géné ral qui couvre les stoïciens, les péripatéticiens et les académiciens; il insiste tout particulièrement sur les platoniciens d'époque hellénistique (et cite également certains poètes ). Arius examine en détail des thèmes fondamentaux ( hooc, nádos, p. 37-39) , la division de l'éthique ( p. 39-45 ), le témoc (p. 45-53 ) , ainsi que la théorie des biens et des maux (p. 53-57) . Le long exposé sur l'éthique stoï cienne qui suit ( p. 57-116) témoigne du souci d'une grande précision technique et il est indispensable pour l'étude du stoïcisme de façon générale. Bien qu'impor tant, le chapitre suivant, consacré à la philosophie péripatéticienne, n'est pas aussi indispensable pour notre connaissance de l'éthique aristotélicienne. Sur ces deux chapitres, voir le recueil d'articles publié sous la direction de Fortenbaugh cité plus haut (4 ) . Aucun indice ne témoigne en faveur d'un véritable intérêt pour l'épicurisme. Cf. 10 E. Zeller, Die Philosophie der Griechen , 5e éd ., Leipzig 1923, t. III / 1, p. 635-639 ( Arius y est associé aux académiciens à cause des affinités de pensée qu'il présente avec Antiochus d'Ascalon ). 11 H. von Arnim , art. « Areios » 12, RE II 1 , 1895 , col. 626 ; 12 id ., « Arius Didymus' Abriß der peripatetischen Ethik » , SBAWW203, 3 , 1926. 13 M. Giusta , I dossografi di etica, 2 vol. , Torino 1964-1967. En plus de l'article de Kahn cité plus haut, le recueil de Fortenbaugh contient lescontributions suivantes : (2) D.E. Hahm , « The diaeretic method and the purpose of Arius' doxo graphy » , 4 , p. 15-37 ; (3 ) A.A. Long, « Arius Didymus and exposition of Stoic ethics », 4 , p. 41-65 ( observations de N.P. White, p . 66-73); (4) Margaret Reesor, « On the Stoic goods in Stobaeus, Eclogae 2 » , 4, p. 75 84 ( observations de D. Sedley, p . 85-86 ) ; ( 5 ) G.B. Kerferd , « Two problems concerning impulses » , 4 , p. 87-98 ( observations de A. Preus, p. 99-106 ); (6) I.G. Kidd , « Euemptosia - Proneness to disease » , 4, p. 107-113 [ obser vations de P.H. De Lacy, p. 114-117] ; (7 ) Pamela M. Huby, « Peripatetic definitions of happiness » , 4, p . 121-134 (observations de M.D. Rohr, p. 135-138] ; (8 ) R.W. Sharples, « The Peripatetic classification of goods» , 4, p . 139-159 (observations de D.J. Furley, p . 160-164 ) ; (9 ) H. Görgemanns, « Oikeiosis in Arius Didymus » , 4 , p . 165-189 (obser vations de B. Inwood, p. 190-201) ; ( 10) W.W. Fortenbaugh , « Arius, Theophrastus, and the Eudemian Ethics » , 4, p . 203-223 ( observations de A. Gotthelf,p. 224-236) . Voir également 14 H.B. Gottschalk , « Aristotelian philosophy in the Roman world from the time of Cicero to the end of the second century AD » , ANRW II 36, 2, Berlin 1987 , p . 1125-1129. BRAD INWOOD .
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ARÉSANDROS DE LEUCADE
ARÉSANDROS DE LEUCADE
Va ?
Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique, V. pyth. 36 , 267 ; p . 145, 11 Deubner. La leçon Orésandros est aussi attestée . On l'identifie généralement au pythagoricien Arésas de Leucade (voir la notice suivante ). BRUNO CENTRONE . 326
ARÉSAS DE LEUCADE
Va
Scholarque pythagoricien. Il faut l'identifier avec l'Arésandros (ou Oresandros) qui figure dans le cata logue de Jamblique, V. pyth. 267 ; p. 145 , 11 Deubner. Jamblique, V. pyth. 266, rapporte qu'Aresas de Leucade, sauvé par quelques étrangers, fut à la tête de l'école après une interruption momentanée consécutive à la mort de Gartydas. Sous son scholarcat se serait joint à l'école Diodore d'Aspendos, lequel, de retour en Grèce, aurait divulgué les doctrines pythago riciennes. Si le sauvetage dont parle Jamblique fait référence aux persécutions cilo niennes, Arésas aurait vécu au Ve s . av . J.-C. et la chronologie exclurait que Diodore ait été son disciple. Si l'on donne foi à ce dernier renseignement, il faut plutôt penser que Jamblique fait référence à l'invasion entreprise par Denys l'Ancien (389-388) ; dans ce cas , Arésas pourrait avoir assumé la direction de l'école entre 365 et 360 ; la venue de Diodore d'Aspendos se situerait vers 350. Cf. 1 A. Rostagni, « Le vicende della scuola pitagorica secondo Timeo » , AAT 49, 1914 , p . 554-574, notamment p . 562-563 . Sur les problèmes que présente une telle reconstitution des faits, voir 2 E. Zeller - R. Mondolfo , La filosofia dei Greci nel suo sviluppo storico 1/2, Firenze, 2 ° éd., 1967, p . 428. En Plutarque, De gen . Socr. 583 b, H. De Lacy et B. Einarson ont proposé de corriger " ApxecOS en 'Apeoãc ( cf. 3 Plutarch's Moralia, t . VII , coll. LCL , London /Cambridge ( Mass . ) 1968 , p . 420-421), en se fondant sur Jamblique, V. pyth. 266. Cette correction reporterait au Ve s . la chronologie d'Arésas. Dans le passage de Plutarque (583 a - b ), le narrateur raconte que Gorgias, qui revenait deGrèce en Sicile (à la suite de l'ambassade de Gorgias en Grèce, en 427 ), aurait dit à Arésas avoir rencontré Lysis , lequel, après avoir échappé au bûcher de Métaponte , vivait alors à Thèbes. Aresas aurait manifesté la volonté de se rendre personnellement auprès de Lysis, mais en aurait été empêché par son âge avancé et son infirmité ; il aurait pour cette raison cherché à faire ramener Lysis dans la patrie, mais les conflits successifs auraient rendu impossible la réalisation de son souhait. Même en acceptant la correction proposée par De Lacy et Einarson , le récit de Plutarque contient plusieurs éléments romancés (cf. 4 K. von Fritz, art. « Pythagoreer », RE XXIV , 1963, col. 216) et n'est donc pas une source histori que pleinement crédible. Sous le nom d'Aloápas a été transmis un fragment en dialecte dorien d'un Hepi aveponu qúoews, chez Stobée I 49, 27. A la suite d'une conjecture de Canter, d'après Jamblique, le fragment est inséré dans le recueil de Thesleff sous le nom d'Aresas ”. Voir 5 H. Thesleff, The Pythagorean Texts, p. 48, 20–50 , 23. Une analyse linguistique du fragment se trouve dans 6 R. Fohalle, « La
ARÉTÈ DE CYRÈNE
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langue d'un texte " dorien " », dans Étrennes de linguistique offertes par quelques amis à Émile Benvéniste, Paris 1928, p. 27-49. Pour la datation, voir la notice « Pseudopythagorica » . BRUNO CENTRONE .
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ARÉTÈ PLREI:
DM IV
A. Destinataire d'une lettre de Jamblique (mort v . 320 ) sur la tempérance (htepi owoposúvns ), citée par Stobée III 5,9 ; la même lettre est citée plus loin , sans mention du nom d'Arétè : III 5 , 45-50. On peut la considérer comme disciple du philosophe. B. J. Bidez , « Le philosophe Jamblique et son école », REG 32, 1919, p. 39, l'identifie à une amie de Julien, « l'admirable Arétè » , mentionnée dans le Discours à Thémistius 6, 259 d : Julien fit deux fois en deux mois le voyage en Phrygie pour défendre ses propriétés et veiller à la réparation des dommages qu'elle avait subis du fait de ses voisins. PIERRE MARAVAL .
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ARÉTÈ DE CYRÈNE RE 3
Iva
Philosophe cyrénaïque, fille et disciple du fondateur de l'école, Aristippe de Cyrène, auquel elle succéda, et mère d'Aristippe Métrodidacte. Témoignages et fragments. 1 G. Giannantoni, I Cirenaici, coll. « Pub blicazioni dell'Istituto di filosofia dell'Università di Roma » 5 , Firenze 1958 , 520 p . , 2 ° partie ( sources antiques avec trad. ital. et apparat critique ), chap. 2 : Arétè et Aristippe dit Métrodidacte, p. 432-435 . 2 Id ., Socraticorum Reliquiae, t. I, chap. IV . B : Arete et Aristippus Metrodidactus, p . 287 ; t. III, 1985 , n. 17 . 3 E. Mannebach (édit.), Aristippi et Cyrenaicorum fragmenta , Leiden /Köln 1961, p . 33-34 . Sur le nom « Arétè » : 4 W. Crönert, Kolotes und Menedemos, p . 94 , « Philosophennamen aus Kyrene » : le nom cyrénaïque original serait « Arata » . Sources antiques . ( 1 ) D.L. II 72 ; 83-85 : succession des cyrénaïques [= fr. 121 , p . 29 Mannebach ); 86 [= fr. 131 A (2), p. 33 Mannebach ). (2) Hesychius = Souda I 354, 28 s . Adler ( = fr. 131 B ( 2 ), p . 33 Mannebach : « Aristippe : (...) fut son disciple sa fille Arétè, qui eut pour disciple son fils, le jeune Aristippe, qu'on surnomma Métrodidacte ( o untpodidaxtoc )» ]. ( 3 ) Strabon XV 3 , 22, p . 837 C. ( = fr . 132, p . 33 Ma inebach : « Célébrités de Cyrène : Aristippe le socratique, qui lança la philosophie cyrénaïque ; sa fille Arétè, qui dirigea l'école , et après elle son fils Aristippe dit Métrodidacte ... » ) . (4 ) Eusébe, PE XIV 18 , 32 , t. II, p. 313 , 10-12 Mras (= fr. 136 A , p . 34 Mannebach : « Sa fille ( d'Aristippe) fut son disciple et, ayant eu un fils, elle le nomma Aristippe ; formé par elle à la philosophie , il fut appelé Métrodidacte ... » ). ( 5 ) Clément d'Alexandrie , Strom . IV , XIX 122 , 1 , t. I , p. 302, 11-13 Stählin ( = fr. 136 B , p. 34 Mannebach : « La cyrénaïque Arétè , fille d'Aristippe, éduqua son fils, dit Métrodidacte ... » ] . (6 ) Thémistius, Orat., XXI 244 b Dindorf [ cité seulement par Giannantoni 1 , p . 432-435 ) . (7) Théodoret, Cur . gr. aff., XI 1 (Giannantoni 1 , ibid. ) . (8) Élien, H.A. , III 40 Hercher (= fr. 136 C , p . 34 Mannebach : Arétè serait bien la mère d'Aristippe le jeune, mais la scur, ádeaon , et non point la fille , du premier Aristippe ).
350
ARGEIA
Sources non authentiques : la question des témoignages inauthentiques se pose à propos d'Arétè comme pour le cyrénaïsme en général. On cite, notamment, une lettre qui aurait été écrite à Arétè par Aristippe mourant (Socratic. epist. 27 Koehler. Voir Mannebach 3 , p. 119-121 , et note , p . 81 ) . Sæur ou fille d'Aristippe ? On trouve dans l'Histoire des femmes philosophes de Ménage (en latin ), qui suit ( p. 487-508 ) son In Diogenem Laertium (Amsterdam 1663, 1692 ), aux $$ 77-78 , une discussion ( sur une Thémistocléa, ou Théocléa, ou Aristocléa), illustrant le type de confusion - entre les mots « Delphes » et « å8€łoń » (« sæur») - qui a abouti à doter Pytha gore d'une « sæur» philosophe, et son éducatrice en cette matière, alors que le témoignage initial parlait de la Pythie « delphique », et de ses révélations à Pythagore. Or, il n'est pas impossible que ce « modèle pythagoricien » d'un frère et d'une seur philosophes, celle -ci instruisant celui-là, modèle erroné sans doute mais de fait largement admis, ait influencé l'identification d'Arétè à une « s « ur » d'Aristippe ( avec , en outre , une confusion probable entre les deux Aristippe ).
FRANÇOISE CAUJOLLE -ZASLAWSKY. 329
ARGEIA
FIV
Une des cinq filles du philosophe mégarique Diodore Cronos, dont Philon de Mégare, le disciple de Diodore , rapportait, dans son Ménexènè, qu'elles étaient à la fois dialecticiennes et d'une grande pureté de mours ( Clément d'Alexandrie, Strom . IV 19, 121 , 5 = fr. 101 Döring ). Ses sæurs étaient Ménexènè, Théognis, Artemisia et Pantacléia. Sur les cinq filles de Diodore , voir aussi Jérôme, Adv. Jovin . I 42 ; PL XXIII 273 b = fr . 102 Döring. Les deux témoignages sont traduits par R. Muller, Les Mégariques, p . 38-39 , et commentés p . 128-129. ROBERT MULLER . 330
ARIDICAS DE RHODES RE 2
МПІa
A. Académicien, disciple d'Arcésilas, mentionné dans l'Ind. Acad. Herc., col. XX, 7-8 ( p. 73 Mekler = Arcésilas, T 16 , 65 Mette ) et par Athénée X , 420 d (= Arcésilas, T 23 a Mette ). B. Le philosophe du même nom dans Plutarque, Quaest. conv. II 1 , 12, identifié au nôtre par H. von Arnim , art. « Arideikes » , RE II 1 , 1895 , col . 823 , est considéré par Mekler ( p. 73 ) comme plus récent. C. D'un autre côté , Mekler rapproche de ce philosophe un personnage homonyme (RE 1 ), originaire de Rhodes , envoyé comme ambassadeur à Byzance vers 220 ", selon Polybe IV 52 , 2 ( cf. U. Wilcken , art. « Arideikes » 1 , RE II 1 , 1895 , col. 823 ). D. U. von Wilamowitz , Antigonos von Karystos, coll. « Philologische Untersuchungen » 4, Berlin 1881 , p . 75 , suggère de corriger en 'Apideixny l’Apionlov transmis par D.L. IV 42 ( correction acceptée par M. Gigante [ édit. ), Diogene Laerzio, Vite dei filosofi, Roma /Bari, 3e éd ., 1983 , p . 505 n . 87) . TIZIANO DORANDI. E. L'épitaphe BCH 36, 1912, p . 230-239 (cf. Peek, GVI 1451 ) , nous a conservé son patronyme : car c'est certainement le même philosophe qu'il faut reconnaître dans cet Arideikès, fils d'Eumoireus, enterré à Rhodes, que son épigramme funéraire désigne très nettement comme platonicien. Un sanctuaire
351
ARIMNESTOS
des Muses semble avoir été élevé sur son tombeau : voir P. Boyancé, Le culte des Muses, p. 277-282. Un Démétrios, fils d'Arideikès, est mentionné dans la liste de Lindos ( ILind. 88 , li. 288 = IG XII 766 , 14 ) : F. Hiller von Gärtringen, BCH 36, 1912, p. 230-239 , et Hermes 54, 1919, p . 105-107, voyait en lui un fils du philosophe et l'identifiait par ailleurs au sculpteur Démétrios, auteur du relief funéraire du péripatéticien Hiéronymos de Rhodes. Cet échafaudage d'hypo thèses ne repose que sur des homonymies ; il est de plus incompatible avec la chronologie : la liste de Lindos date des années 265-260 environ , soit à peu près de l'époque où Aridicas lui-même était étudiant auprès d'Arcesilas; elle ne peut donc concerner un fils du philosophe. Pour la bibliographie ultérieure et une discussion détaillée du problème de l'identification , voir P.M. Fraser, Rhodian Funerary Monuments, Oxford 1977 , p. 34-36, 103 n. 101 , 129 n. 203. BERNADETTE PUECH .
331
ARIGNOTÈ DE SAMOS RE
VI-V
Pythagoricienne. Témoignages. H. Thesleff, The Pythagorean Texts, p. 50, 24–51, 10. Source biographique. Souda A 3872 ; t. I, p. 350, 18-21 Adler. Fille de Pythagore et de Théanô, d'après Porphyre, V. Pyth. 4 ; Souda, s.v. Nuoayópas, t. IV , p .262, 26-27 Adler et s.v. Oeavó , t. II, p . 688 , 18-20. La Souda attribue à Arignotè la composition des ouvrages suivants : ( 1 ) Baxxixá, sur les mystères de Déméter; ( 2) 'lepoc abyos, peut-être identique à l'ouvrage du même titre attribué à Pythagore ; (3 ) Teletal Alovúcou, et d'autres écrits de contenu philosophique.
Harpocration, t . I, p . 212, 8-9 Dindorf, parle d'un ( 4 ) Nepi tõv tehetőv, auquel appartient également une citation au t . I, p . 141 , 7-8 (= p . 51 , 7-8 Thesleff ). Le nom a pu inspirer Lucien pour l'Arignotos du Philopseudès 29-32 .
BRUNO CENTRONE .
332
ARIGNOTOS O lepós Pythagoricien fictif, personnage du Philopseudès de Lucien ( § 29 s.). Il fut le disciple de Pancratès, scribe du temple de Memphis, qui avait vécu 23 ans év toiç ådútoiç ÚNoyelois pour apprendre la magie enseignée par Isis ( 34) . Il aurait chassé un fantôme de la maison d'Eubatidès près du Cranéion à Corinthe ( 30 ). RICHARD GOULET.
333
ARIMNESTOS RE 6 A. Pythagoricien. Témoignages. 1 H. Thesleff, The Pythagorean Texts, p. 51 , 11-21 .
VI - V
352
ARION DE LOCRES
Sources biographiques. Porphyre, V. Pyth. 3 (= DK 14 A 6), cite les *Opoi de Douris de Samos (FGrHist 76 F 23 Jacoby ): Arimnestos, fils de Pythagore, aurait consacré, au retour d'exil, un monument en bronze d'un dia mètre d'environ deux coudées dans le temple d'Héra à Samos. Sur ce monument étaient inscrites sept oopiai (médiétés ? échelles ?) ; une d'elles fut enlevée par Simon , ce qui entraîna la perte des six autres. Voir 1 U. von Wilamowitz Möllendorff, Platon , t . II, Dublin /Zürich , 3e éd. , 1962, p . 93-94 ; 2 DK , t. I, p . 445 n. 2 ; 3 W. Burkert, Weisheit und Wissenschaft. Studien zu Pythagoras, Philolaos und Platon , Nürnberg 1962, p. 431 n. 58 . B. En Stobée IV 51 , 26 , se trouve une sentence attribuée à un Arimnestos qui, interrogé sur ce qu'est le bien suprême pour l'homme, répond : « mourir avec honneur » ; rien ne permet d'affirmer avec certitude qu'il s'agit d'Arimnestos le pythagoricien. BRUNO CENTRONE. 334
ARION DE LOCRES RE 6
Fya
Selon Cicéron , De fin . V 29, 87 (DK 53 , test. 4 ; t. I, p. 443 , 25-26), Platon , au cours de ses voyages en Italie , se serait rendu à Tarente chez Archytas, puis à Locres chez les pythagoriciens Échécratès, Timée et Arion, « avec l'intention, après avoir donné l'image de Socrate ( cum Socratem expressisset ) , d'y ajouter la science des pythagoriciens et d'acquérir des sciences que Socrate rejetait » (trad. J. Martha ). Le nom apparaît également chez Val. Max. VIII 7 , ext. 3. Voir M. Timpanaro Cardini , Pitagorici. Testimonianze e frammenti, t. I, 2e éd . , Firenze 1969, p . 426-429. BRUNO CENTRONE. 335
ARIPHRADÈS D'ATHÈNES RE
va
Disciple (indigne ?) d'Anaxagore . Cf. E. Degani , « Arifrade l'Anassagoreo », Maia 12, 1960 , p. 190-217. Athénée V , 220 bc, rapporte qu’Eschine le Socratique, dans son Callias ( fr. 16 Krauss ), raillait les « sophistes » Prodicos (DK 84 A 4b) et Anaxagore (DK 59 A 22) : « Il dit que Prodicos a produit comme disciple Théramène, tandis que l'autre ( Anaxagore) a produit Philoxène, fils d'Éryxis, et Ariphradès, le frère du citharède Arignotos ; il veut montrer l'enseignement dispensé par leurs maîtres à partir de la méchanceté des (disciples) mentionnés et leur avidité à l'égard des réalités viles. » Le personnage du dépravé Ariphradès, fils d'Automénès et frère du citharède Arignotos (RE ), est évoqué à plusieurs reprises par Aristophane (Guêpes 1275 1283 ; Paix 883-884 ; Cavaliers 1274-1289 ; Assemblée des femmes 129) . Ariphradès est un paradigme du dépravé chez Lucien , Pseudologistès 3 . On a proposé de lire le nom de Protagoras à la place de celui d'Anaxagore (voir notamment H. Krauss, Aeschinis Socratici Reliquiae, Leipzig 1911 , p . 91 n . 164) , mais H. Dittmar, Aischines von Sphettos. Studien zur Literatur geschichte der Sokratiker, coll. « Philologische Untersuchungen >> 21 , Berlin
ARISTAINÉTOS
353
1912, p. 189-190 et n. 19, refuse cette correction . Cf. O. Crusius, art. « Ari phrades» , RE II 1 , 1895, col. 845 . RICHARD GOULET.
ARISTAGORAS + DIAGORAS
336
ARISTAGORAS RESuppl. I : 13 « Ein A. wird in den Excerpten aus den Parallelen des Ioannes von Damaskos (Stob . flor. vol . IV p. 173 Mein .) mit einem Placitum über die Luft angeführt » (G. Knaack , art. « Aristagoras » 13 , RESuppl. I , 1903, col . 131 ). Le nom de ce personnage, mentionné par Aétius entre Straton et Hipparque, a été corrigé en celui d'Aristarque par Wachsmuth ( Stobée I 52,4 ; p. 483 , 18-19) à la suite d'une conjecture de H. Diels ( Doxographi Graeci, p. 853) . Aristarque est en effet désigné comme disciple de Straton par Aétius (I 15 , 9) ; il apparaît également en I 15 , 5 . Pohlenz inclut ce philosophe dans son index des philosophes stoïciens et ren voie à W. Crönert, Kolotes und Menedemos. Mais Crönert ne mentionne, semble - t-il, qu’Aristagoras de Salamine, le disciple de Téléclès. RICHARD GOULET.
337
II
ARISTAGORAS DE SALAMINE
Académicien , disciple de Téléclès, mentionné dans l'Ind . Acad . Herc ., col. N, 15-16 ( p. 79 Mekler) : 'Aplotayópav Canalyi[v ] lov. TIZIANO DORANDI.
338
ARISTAINÉTOS
MII
Philosophe stoïcien , personnage fictif évoqué par Lucien, Lettres des courti sanes X. La courtisane Drosis fait part à son amie Chelidonion de la peine qu'elle ressent de ne plus voir le jeune Clinias, fils d’Architèles et d'Érasicleia, maintenant confié au philosophe Aristai nétos. Ce dernier enseigne la philosophie en déambulant avec ses jeunes gens à la Stoa Poikilè. Il est décrit comme chevelu et barbu. Il enseigne à Clinias, qui s'en plaint dans une lettre envoyée furtivement à sa maîtresse, à préférer la vertu au plaisir et à chercher le bonheur dans l'entraînement aux ponoi (8 3). Les courtisanes ne manquent pas de soupçonner des tendances pédérastiques chez ce professeur qui commente les traités sur l'amour (épwtixol abyou) dédiés par des anciens philosophes à leurs disciples (8 4) et elles envisagent de le compromettre auprès du père de Clinias par une campagne de graffiti au Céramique afin de ramener le jeune homme dans le bon chemin . RICHARD GOULET.
339
ARISTAINÉTOS
MII
Personnage fictif du dialogue satirique de Lucien , Le banquet ou Les lapithes. Au banquet que cet ami de la paideia ($ 10) donna à l'occasion du mariage de sa fille Cléanthis ( dont le nom suggère les sympathies stoïciennes du père ! ) avec Chairéas, choisi parce qu'il s'était converti à la philosophie ou , selon les mauvaises langues, parce qu'il était le fils du riche banquier Eucritos, étaient invités les stoïciens Zénothémis et Diphilos « le Labyrinthe » ( ce
354
ARISTAINÉTOS DE NICÉE
dernier, maître de Zénon , fils d'Aristénète ), le péripatéticien Cléodème, l'épicurien Hermon , le platonicien Ion, maître de Chairéas, le rhéteurDionysodore et le grammairien Histiaios, mais non le cynique Alcidamas, qui imposa pourtant sa présence fort impudemment, ni le stoïcien Hétoimoclès qui reprocha à Aristénète cette ingratitude dans une lettre pleine de fiel lue par un serviteur au cours du banquet. Entre les philosophes l'échange sombre rapidement dans les personnalités et dégénère en une bataille rangée. Étaient aussi présents le médecin Dionicos ($ 20 ), chargé de panser les blessures mutuellement infligées, ainsi que Lycinus qui raconte les péripéties de ce symposium à un certain Philon . RICHARD GOULET.
340
I - II
ARISTAINÉTOS DE NICÉE
Élève de Plutarque de Chéronée dans le dernier quart du jer s . ap . J.-C. (Quaest. conv. III 7). BERNADETTE PUECH . 341
ARISTAIOS DE CROTONE RE 7
M VI- V
Pythagoricien , fils de Damophon. Témoignages. 1 H. Thesleff, The Pythagorean Texts, p . 51 , 22-53, 22. Disciple, selon Jamblique, V. pyth . 104, du vieux Pythagore, il fut, alors qu'il était déjà d'un âge avancé, son premier successeur, à la direction de l'école ( V. pyth . 265) . Comme il avait parfaitement assimilé les doctrines, il aurait été jugé digne de veiller à l'éducation des fils de Pythagore et d'épouser sa fille Théano. Chronologie. Il était, selon Jamblique (§ 265 ), de sept générations antérieur à Platon . Sous le nom d'Aristaios a été transmis en dialecte dorien , chez Stobée I 20 , 6, un fragment d'un lepi dpuovias (p . 52 , 9-53 , 8 Thesleff). Jamblique et Clément y font également allusion ( p. 53 , 9-22 Thesleff ). Date : III-IIa d'après 2 H. Thesleff, An Introduction to the Pythagorean writings of the Hellenistic period, Åbo 1961, p. 115. Voir la notice « Pseudopythagorica » . Thesleff 2 , p. 18 n. 1 , a avancé l'hypothèse que l'ouvrage reconstitué par 3 W. Burkert, « Hellenistische Pseudopythagorica », Philologus 105 , 1961, p . 28-43, pourrait être le lepi & puoviaç du Pseudo -Aristaios. Claudien Mamert, De anim . 2, 7 , attribue à Aristaios des vues sur l'incor poréité de l'âme. Une identification avec le géomètre Aristaios cité par Pappus est exclue. Voir Thesleff 1 , p . 51 , note , et 4 A. Arendt, art. « Aristaios » , RESuppl. III, 1918 , col. 157-158. BRUNO CENTRONE ,
342
AR[IS ] TANAX DE SALAMINE
MIT
Académicien , disciple de Carneade , mentionné dans l'Ind. Acad . Herc ., col . XXIII, 12 ( p. 84 Mekler): 'Ap [10 ]távat [ E ]a [A ]aulívilos (= Lacydès, T 2 b 32 Mette ). TIZIANO DORANDI.
ARISTANGÉLOS DE CYRÈNE 343
355
ARISTANDROS A. Platonicien cité par Proclus, In Tim ., t. I, p. 153 , 17-25 Diehl, parmi les commentateurs qui « font de l'essence de l'Ame ( du monde ) une entité mathé matique, en tant qu'intermédiaire entre les réalités physiques et les réalités subli mes, ( a) soit que , l'ayant dite un nombre , ils la tirent de la Monade, en tant que celle -ci est indivisible, et de la Dyade indéfinie, en tant que celle - ci est divisible, (b ) soit qu'ils l'aient conçue comme une entité géométrique tirée du point et de l'étendue, l'un indivisible, l'autre divisible . De la première opinion sont Aristan dros et Numénios ( fr. 39 des Places) et une foule d'autres exégètes (oi nepi 'Αρίστανδρον και Νουμίνιον και άλλοι πλείστοι των εξηγητών), de la seconde est Sévère » (trad. Festugière, t. III, p . 196). Ce personnage, qu'il faut sans doute dater de l'époque impériale, est absent de la RE . B. D'après Origène, Contre Celse VI 8 , un certain Aristandros aurait écrit que Platon « n'était pas fils d'Ariston , mais d'un être qui , apparaissant sous les traits d'Apollon, s'approcha d'Amphictionè [sic] » (trad. Borret ). Origène ajoute que « plusieurs autres platoniciens l'ont répété dans la biographie de Platon » . En Contre Celse I 37, la légende est rapportée sans mention de la source, mais la mère de Platon est de même appelée Amphictionè au lieu de Périctionè. Comme Celse ne semble pas tout à fait sûr du nom d'Aristandros ( 'Aplotav & poç oluai), il n'est pas impossible qu'il ait cité de mémoire un nom erroné. 1 A. Swift Riginos, Platonica , p. 9-15 (Anecdote 1 : « Plato's Apollonian birth » ), qui commente l'ensemble des témoignages reconnaît dans la source d'Origène Aristandros de Telmessos, le devin d'Alexandre le Grand (RE 6), et elle rappelle (p. 15 et n. 22) qu'on prêtait également à Alexandre une naissance miraculeuse . 2 J. Kaerst , art. « Aristandros» 6, RE II 1 , 1895 , col . 859-860 , croit qu'Aristandros serait l'auteur d'un ouvrage sur les prodiges (de portentis) que mentionnerait Pline (voir I 17 et XVII 243 ( à distinguer vraisemblablement, selon J. André, d'Aristandros d'Athènes, auteur d'un traité d'agriculture connu également par Pline, mais aussi par Varron et Columelle ]) et auquel ferait allu sion Lucien, Philopatris 21 s. Kaerst ne rattache pas à ce devin les passages d'Origène. Sur ce personnage, voir 3 H. Berve, Das Alexanderreich auf proso pographischer Grundlage, München 1926 , t. II : Prosopographie, n° 117, p. 62 63. Malgré l'expression employée par Origène ( xal axloi 8è rdcloves tõv MatwVix @ v ), il n'est certes pas établi qu'Aristandros était lui aussi platonicien et il serait imprudent de l'identifier avec le commentateur du Timée, mais l'identification avec le devin d'Alexandre n'est pas très sûre non plus. Riginos 1 , p. 13, suppose qu'Aristandros dépendait de ces biographies de Platon dont parle Origène. S'il s'agit d'Aristandros de Telmessos, il est plus probable que c'est dans une biographie de Platon qu'Origène a trouvé l'anecdote rapportée sur la foi d'Aristandros. RICHARD GOULET.
344
ARISTANGÉLOS DE CYRÈNE
ya ?
Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique, V. pyth. 36, 267 ; p. 146, 8 Deubner. BRUNO CENTRONE .
356 345
ARISTARQUE DE SAMOS
ARISTARQUE DE SAMOS RE 25
D II
Astronome, disciple du péripatéticien Straton de Lampsaque. Cf. 1 Fr. Hultsch, art. « Aristarchos » , RE II 1 , 1895 , col. 873-876 ; 2 T.L. Heath, Aristarchus of Samos, the ancient Copernicus. A History of Greek Astronomy to Aristarchus, together with Aristarchus' Treatise on the Size and Distances of the Sun and the Moon . A new Greek text with translation and notes, Oxford 1913, VI -425 p.; 3 W.H. Stahl, art. « Aristarchus of Samos » , DSB I, 1970, col . 246a -250a ; 4 F. Wehrli, GGP Antike 3 , 1983 , p . 575 , 577 et 578 ( bibliographie ); 5 0. Jakob , « Die Rezeption des " antiken Copernicus ” Aristarch von Samos in Antike und Neuzeit. Entscheidungssituationen der Geistesgeschichte », Anregung 29, 1983 , p. 299-314 ; 6 E. Moutsopoulos, « Sur l'origine philosophique possible du modèle de l'univers aristarchéen » , Diotima 12, 1984, p . 175-177. Nous accordons une place à Aristarque dans ce dictionnaire, parce qu'il est présenté comme auditeur de Straton par Aétius ( p. 313 b 17 dans les Doxographi Graeci de Diels = Stobée I 15 , 9) qui rapporte quelques - unes de ses opinions (p. 313 , 355 , 404 ). Comme Apollodore (D.L. V 58 ) situe le début du scholarcat de Straton en 01. 123 (288/4 ) et que Ptolémée, à la suite d'Hipparque, rapporte qu'Aristarque observa le solstice d'été en 281/280 (Ptolémée, Alm . III 1, t. I, p . 144, 5-145 , 3 Manitius ), on peut situer la naissance de ce dernier vers la fin du IVe s . av . J.-C. Il a pu étudier auprès de Straton , surnommé le physicien (D.L. V 58 ) et auteur d'un ĪTepl toŨ oúpavoũ (D.L. V 59) , à Athènes, mais aussi à Alexandrie où Straton aurait séjourné ( vers 2944) comme maître de Ptolémée Philadelphe ( ibid .). Aristarque doit sa célébrité à la formulation de l'hypothèse héliocentrique : il aurait fait du soleil une étoile fixe semblable aux autres et de la terre une planète tournant sur son axe et tournant comme les autres planètes autour du soleil. Le principal exposé de cette théorie se trouve dans l'Arenarium d'Archimède (écrit avant 2164). Selon Plutarque, De facie 6, 923 a, Cléanthe aurait incité les Grecs à intenter un procès d'impiété à Aristarque de Samos pour avoir mis en mouve ment le foyer de l'univers . (Sur ce passage , voir par exemple 7 H. Görgemanns, Untersuchungen zu Plutarchs Dialog Defacie in orbe lunae, coll. « Bibliothek der klassischen Altertumswissenschaften » Neue Folge , 2. Reihe, 33 , Heidelberg 1970, p . 92-94 , qui regroupe ( n . 9 ) les diverses mentions d'Aristarque dans l'oeuvre de Plutarque.) Diogène Laërce VII 174 mentionne effectivement parmi les æuvres de Cléanthe un Mpós 'Aplotapxov. Il faut apparemment conclure de la démarche de Cléanthe, dont l'accession au scholarcat se situe vers 264/3 ou 262/1 (cf. 8 H. von Arnim , art. « Kleanthes » , RE XI 1 , 1921 , col . 559 ) , qu'Aristarque était alors encore vivant. D'après Plutarque, Quaest. Platon. VIII 1 , 1006 c , Aristarque aurait envisagé la cosmologie héliocentriste comme une simple hypothèse , susceptible de « rendre compte des phénomènes » (De facie 6 , 923 a ), alors qu'un astronome plus tardif, Séleucus (de Babylone RE 38 ), l'aurait positivement soutenue. Son traite Περί μεγεθών και αποστημάτων ηλίου και σελήνης a été conserve . Il est édité par Heath 2 et étudié par 9 O. Neugebauer, A History of ancient mathematical astronomy, coll. « Studies in the History of Mathematical and Physical Sciences» 1 , Berlin /Heidelberg /New York 1975 , t. II, p. 634-643.
357
ARISTIDE
L'ouvrage est mentionné par Plutarque et certaines sections sont citées et commentées dans la Euvaywyń de Pappus (VI 554-568 ). H. Diels ( Doxographi Graeci, p. 853 ) a corrigé en Aristarchos le nom d'Aristagoras mentionné par Aétius ( Stobée I 52, 4 ; p . 483, 18-19 Wachsmuth ) entre Straton et Hipparque à propos d'une opinion relative à l'air. Voir la notice « Aristagoras » . RICHARD GOULET. 346
Va ?
ARISTÉAS DE MÉTAPONTE
Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique, V. pyth . 36 , 267 ; p . 144, 2 Deubner. Selon J.D.P. Bolton, Aristeas of Proconnesus, Oxford 1962, p . 142, il faut identifier Aristéas de Métaponte et Aristéas de Proconnèse. BRUNO CENTRONE. ARISTÉAS DE PROCONNÈSE + ARISTÉAS DE MÉTAPONTE ARISTLAS + ARISTON D'ALEXANDRIE 347
FV
ARISTIDE RE 2 PA1696
Le nom d'Aristide, fils de Lysimaque (Lachès 179 a), du dème Alopékè, lui vient de son grand - père, le “ grand ” Aristide (RE 1 ), lui-même fils d'un autre Lysimaque (Gorgias 526 b) . Les questions que se pose son père sur le type d'éducation à lui donner constituent le point de départ du Lachès . Dans le Théétète ( 151 a) , Socrate le décrit comme l'un de ses disciples, un mauvais disciple. Cet Aristide est aussi mis en scène dans le dialogue apocryphe Théagès ( 130 ab) avec Thucydide, le fils de Mélèsias , celui qui , avec Lysimaque, interpelle Lachès et Nicias au début du Lachès. Cf. Davies, Athenian propertied families, p. 50, n° 1695 , II. < Une longue tradition, originellement calomnieuse, puis peut- être naïvement apologétique, rapportait que Socrate avait eu deux femmes, Xanthippe et Myrtô , cette dernière fille d'Aristide, mère de Sophronisque et de Ménexène. Voir Athénée XIII, 555 d-556 b, D.L. II 26 (où Myrto est dite fille d'Aristide le juste, en vertu d'une confusion chronologique déjà repérée par Athénée ), Porphyre, Histoire philosophique, fr. 12 a ( conservé par Cyrille d'Alexandrie, Adv. Julian. VI, PG 76, 784 d-785 a), p. 11 Nauck ? (où Myrtó est dite petite - fille d'Aristide). Ces trois passages évoquent toute une série d'auteurs : Aristote, De la noblesse , Callisthène, Démétrios de Phalère, Hiéronymos de Rhodes, Satyros, Aristoxène et Panétius de Rhodes . Discussion de tous les passages par J. Pépin , « lepi Eủyeveias fr. 3 » , dans l'ouvrage collectif Aristote. De la richesse. De la prière. De la noblesse . Du plaisir. De l'éducation . Fragments et témoignages, Paris 1968 , p . 116-133 ; références bibliographiques plus récentes dans A.-Ph. Segonds, « Les fragments de l'Histoire de la philosophie », en appendice à E. des Places ( édit.), Porphyre, Vie de Pythagore. Lettre à Marcella , CUF, Paris 1982, p . 186 n. 3 , qui signale notamment l'excellente étude de L. Woodbury, « Socra tes and the daughter of Aristides » , Phoenix 27, 1973, p. 7-25 . R.G.> LUC BRISSON .
358
348
ARISTIDE
ARISTIDE
M III
Péripatéticien , disciple et exécuteur testamentaire de Straton (mort vers 2684) : D.L. V 62. La diatribe était léguée à Lycon , parce que les autres disciples mentionnés comme exécuteurs testamentaires (épimélètai) étaient trop âgés ou trop occupés ( ascholoi). Straton leur demandait cependant d'apporter leur aide au nouveau scholarque. RICHARD GOULET.
349
ARISTIDE (P. AELIUS ) RE 24
117 -vers 180
Orateur et écrivain grec d'Asie Mineure, un des principaux représentants du mouvement littéraire et social de la Seconde Sophistique.
Éditions. L'œuvre d’Aristide comprend cinquante -trois logoi ( discours proprement dits et écrits de nature diverse ); une édition d'ensemble est en cours : 1 F.W. Lenz et C.A. Behr (édit.) , P. Aelii Aristidis opera quae exstant omnia. Volumen primum , orationes 1 -XVI complectens. Orationes I et V -XVI edidit F.W.L. , praefationem conscripsit et orationes II, III, IV edidit C.A.B., Leiden 1976-1980, CXVI -820 p . (un volume en quatre fascicules ; pagination continue ). En attendant la parution du volume II, qui comprendra les discours XVII- LIII, l'édition la plus récente de la seconde partie de l'ouvre d'Aristide reste : 2 B. Keil (édit. ), Aelii Aristidis Smyrnaei quae supersunt omnia . Volumen II, orationes XVII - LIII continens, Berlin 1898 ; réimpr. Berlin 1958 , XLII -472 p. [ le volume I n'a jamais paru ). On renvoie au numéro d'ordre du discours (ordre fixé par Keil 2 , p. IV et XXXIX - XL , et repris par Lenz - Behr) et au paragraphe. Pour ce qui est du texte même d'Aristide, il n'y a plus lieu d'utiliser 3 W. Dindorf (édit. ) , Aristides ex recensione Guilielmi D., 3 vol. , Leipzig 1829 ; réimpr. Hildesheim 1964, XII -844 , 813 , CLV -884 p . [les deux premiers volumes contiennent les cinquante -trois discours du corpus ainsi que les euvres apocryphes ; dans le troisième sont édités les scholies et les prolegomena et reproduits quelques testimonia, les Collectanea historica ad Aristidis vitam de J. Masson et les préfaces des éditeurs successifs d'Aristide ). Traductions . 4 C.A. Behr (édit . ) , P. Aelius Aristides, The Complete Works. Translated into English. Vol . I : Orations I-XVI, with an Appendix containing the fragments and inscriptions, Leiden 1986 , VII - 536 p .; vol . II : Orations XVII -LIII, Leiden 1981 , VII - 502 p. ( traduction accompagnée d'une riche annotation et, pour le seul volume II, de notes critiques sur l'établissement du texte ). Ce travail remplace la traduction latine de 5 W. Canter ( édit.), Aelii Aristidis Adrianensis oratoris clarissimi orationum tomi tres nunc primum Latine versi a Gulielmo C. Ultrajectino, 3 vol. , Basel 1566 , réimprimée en bas de page dans l'édition de 6 S. Jebb (édit.), Aelii Aristidis Adrianensis opera omnia Graece et Latine..., 2 vol., Oxford 1722 et 1730, 572 et 631 p . On peut consulter également les excellentes annotations de J.J. Reiske reproduites par Dindorf dans l'apparat critique de son édition (Dindorf 3, vol . I -II). Quelques discours d'Aristide ont fait l'objet de traductions séparées, qui seront mentionnées dans la liste des æuvres, à la fin de cette notice. On se bornera ici à signaler: 7 C.A. Behr (édit .), Aristides in Four Volumes, vol . I : Panathe naic Oration and In Defence of Oratory. Text and Translation , coll. LCL 458 , London /Cambridge (Mass.) 1973, XXV1-568 p . [ discours I-II ; seul ce premier
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volume a paru ]; 8 E.J. et L. Edelstein , Asclepius. A Collection and Interpre tation of the Testimonies, coll. « Publications of the Institute of the History of Medicine, The Johns Hopkins University, Second Series : Texts and Documents » 2, 2 vol. , Baltimore 1945 ; réimpr. en un volume, New York 1975 : le vol . I comporte une traduction des discours XXXVIII ( p. 134-139 ), XXXIX (p. 409 413 ), XLII (p . 159-163 ) , LIII ( p. 414-415 ) , ainsi que d'extraits de XXIII, XLVII - L , LII. Prolegomena et scholies. 9 F.W. Lenz (édit. ) , The Aristeides Prolego mena , coll. « Mnemosyne, Supplementa » 5 , Leiden 1959, X - 178 p . [ étude et édition critique de plusieurs courts traités remontant au rhéteur et philosophe néoplatonicien Sopatros d’Apamée ( IV ° s .) et consacrés à la biographie d'Aristi de, à son art et aux discours I et III). Les scholies des discours seront éditées dans le volume III de l'édition Lenz- Behr ; l'édition actuellement en usage est celle de Dindorf 3 , vol. III, p . 1-734 [abondantes scholies sur les discours I - III et, dans une moindre mesure , IV et XI- XIV ; quelques notes insignifiantes sur les discours IX, XXV, XXVI, XXXVI, XLVIII - LI; sur le peu de valeur de cette édition , voir Behr dans Lenz - Behr 1 , p. CX et CXII). Indices. Dindorf 3 , vol . III, p . 849-884 ( reproduction de l'index nominum et rerum de Canter, très incomplet ). 10 W. Schmid , Der Atticismus in seinen Hauptvertretern von Dionysius von Halikarnass bis auf den zweiten Philostratus, 5 vol . , Stuttgart 1887-1897 (le volume II ( 1889 , 316 p. ) , consacré essentielle ment à la langue et au style d'Aristide, peut servir d'index Graecitatis : on s'y repérera à l'aide du volume V (Registerband , 1897, 234 p. ) ; mais certaines conclusions de Schmid , qui disposait seulement de l'édition Dindorf, ont été rendues caduques par les progrès des éditions ultérieures ). Behr 4, I, p. 507-534, et II, p . 471-502 [ indices nominum et locorum, incluant également un petit nombre de termes intéressant l'histoire des idées, des institutions, etc.). Les édi tions des discours I et XXVI par Oliver (voir 34 et 36 ) comportent un index complet des mots grecs de ces deux discours . Voir aussi , pour l'Eiç Baoiléa, la concordance de S.A. Stertz, signalée sous le numéro 39bis.
Études d'ensemble . 11 A. Boulanger, Aelius Aristide et la sophistique dans la province d'Asie au IIe siècle de notre ère, coll. BEFAR 126 , Paris 1923 ; réimpr. Paris 1968 , XIV -504 p . [le milieu, l'homme et l'æuvre ). 12 U. von Wilamowitz -Moellendorff, « Der Rhetor Aristeides» , SPAW 1925, p. 333-353 , article repris dans ses Kleine Schriften, t. III, Berlin 1969, p . 426-453 ( l'homme et l'æuvre ). 13 F.W. Lenz, Aristeidesstudien , coll. « Deutsche Akademie der Wissenschaften zu Berlin , Schriften der Sektion für Altertumswissenschaft » 40, Berlin 1964, VI-302 p. ( recueil d'études, publiées entre 1930 et 1961 , sur la tradition manuscrite, les scholies et les hymnes). 14 C.A. Behr, Aelius Aristides and the Sacred Tales, Amsterdam 1968, XIV- 307 p . [biographie d'Aristide; étude et traduction des discours XLVII -LII ). 15 C.A. Behr, « Aelius Aristides' Birth Date Corrected to November 26 , 117 A.D. » , AJP 90 , 1969 , p . 75-77 ( corrige la date de naissance proposée dans Behr 14 , p. 1-3 ) . 16 G.W. Bowersock , Greek Sophists in the Roman Empire, Oxford 1969, X - 140 p . ( Aristide est mentionné passim , voir l'index , p. 134] . 17 F.W. Lenz, c.r. de Behr 14 , Gnomon 42, 1970, p. 244-250. 18 B.P. Reardon, Courants littéraires grecs des II e et IIIe siècles après J.-C. , coll. « Annales littéraires de l'Université de
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Nantes » 3 , Paris 1971 , XI -461 p . [p . 120-154 et 255-265 , notamment, sur Aristide ). 19 R. Klein , Die Romrede des Aelius Aristides. Einführung, Darmstadt 1981 , VIII - 176 p . ( trois chapitres : l'urbanisation de l'Empire romain ; vie et æuvre d'Aristide ; étude du discours XXVI). 20 C.A. Behr, « Studies on the Biography of Aelius Aristides », à paraître dans ANRW II, 34 ( annoncé dans Behr 4, II, p. VII ). ARISTIDE ET LA PHILOSOPHIE Formation philosophique . Même si son père Eudaimôn était « philo sophe » , comme l'affirme la Souda ( s.v. ' Aploteins, t. I , p . 353 , 23 Adler), Aristide a reçu une formation essentiellement littéraire et oratoire . Toutefois, dans l'oraison funèbre du grammatikos Alexandre de Cotiaion, qui fut son maître avant de devenir le précepteur de Marc -Aurèle ( cf. Pensées I 10), il pré cise qu'Alexandre consacrait une partie de son enseignement à l'euvre de Platon et qu'il la comprenait mieux que les plus fervents platoniciens (XXXII 25 , cf. 34 init.). Ailleurs , il estime « avoir fréquenté les meilleurs et les plus accomplis des philosophes de (s]on temps» ( III 690 ) ; même si cette déclaration contient une part d'hyperbole, elle est recoupée par deux témoignages : (a) Selon une indication des Prolegomena qui remonte probablement à Sopatros, Aristide reçut une éducation philosophique à Athènes ( Proleg ., p. 112, 6 Lenz ). 21 D. Sohlberg, « Aelius Aristides und Diogenes von Babylon. Zur Geschichte des rednerischen Ideals » , MH 29 , 1972, p . 177-200 et 256-277 ( ici p. 261 n . 33) , a supposé que cette information était simplement tirée du passage même du discours III qui vient d'être cité : mais ce passage ne mentionne pas Athènes, et Sopatros disposait de bonnes sources ( voir Behr 14 , p. 144-145 ); il n'y avait rien d'inusité, pour un jeune homme de l'époque impériale, à partir étudier l'éloquence et la philosophie loin de sa patrie ( voir par exemple Ménan dre le Rhéteur, p . 433 , 1 Russell -Wilson ). Il reste que nous ignorons le nom du ou des maîtres de philosophie d'Aristide à Athènes ( le nom du platonicien Lucius, avancé par Behr 14, p . 13 , est pure conjecture ). (b ) Relatant le séjour qu'il fit à Pergame, en 145-147 , pour y recevoir les soins d'Asclépios , Aristide mentionne plusieurs « philosophes » , également dévots du dieu , qu'il fréquentait à cette époque ( cf. XLVIII 52) : Rhosandros (L 19 et 21 ), le Crétois Évarestos, dont il avait fait la connaissance en Égypte quelques années auparavant ( L 23), et Pyrallianos, fin connaisseur des dialogues de Platon (L 55 ). Capiton, destinataire du discours IV , était un autre admirateur de Platon connu d'Aristide à la même époque (voir Behr 14, p . 59 n . 60 ). Behr 14, p. 12 et p . 54 n. 50, a émis l'hypothèse que ces quatre hommes, dont les trois premiers sont inconnus par ailleurs, pouvaient faire partie de l'école médio platonicienne de Gaius, alors florissante à Pergame. Plusieurs sources attestent qu'Aristide fut l'élève d'Aristoclès à Pergame et d'Hérode Atticus à Athènes (voir Behr 14 , p. 12). Aristoclès avait étudié la philosophie péripatéticienne, sinon écrit lui-même des ouvrages philosophiques, avant de se convertir à la rhétorique: voir 22 I. Avotins, « The Sophist Aristocles and the Grammarian Phrynichus », PP 33 , 1978 , p. 181-191 (en particulier p. 185-186 ). Hérode, de son côté, avait été l'élève du platonicien Tauros et manifestait des intérêts philosophiques dont témoigne Aulu -Gelle
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(23 K. Münscher, art. « Herodes» 13, RE 8 , 1913 , col. 924 et 940 ). Mais rien ne prouve que ces deux sophistes aient enseigné à Aristide autre chose que l'art oratoire . Présence de la philosophie dans l'euvre. Aristide connaît bien Platon, certainement de première main : il le cite partout dans ses écrits, discute spécia lement ses idées dans les discours II -IV et le voit même en rêve ( L 57 ; dans le rêve significatif de LI 57-66 , Platon est cité avec faveur au 8 58 , puis placé au dessous de Démosthène et d'Homère au $ 63). Sur Aristide et Platon , voir Behr 14 , p . 11 n . 28 ; Sohlberg 21 , p. 256-261 ; Indices mentionnés supra ; et aussi, dans une perspective plus large, 24 Ph. De Lacy, « Plato and the Intellectual Life of the Second Century A.D. », dans G.W. Bowersock ( édit.), Approaches to the Second Sophistic. Papers presented at the 105th annual meeting of the American Philological Association ( 1973 ), University Park , Pennsylvania 1974, p . 4-10. En revanche, on ne trouve guère dans son cuvre qu'une douzaine de citations explicites d'autres philosophes ( d'après le relevé de Behr 14 , p. 11[ 12] n . 29 ). Il est facile de voir le fossé qui sépare la méthode et les préoccupations habi tuelles d'Aristide de celles des philosophes ; Wilamowitz 12, p. 349-351 , a insisté avec force sur ce point. L'orateur smyrniote n'appartient pas non plus à l'espèce des « sophistes-philosophes » définie par Philostrate et illustrée par Dion de Pruse et Favorinus d'Arles (sur ces sophistes-philosophes, voir Philostrate, Vies des sophistes 484-492, p . 4, 29–11, 18 Kayser, et 25 1. Hadot, Arts libéraux et philosophie dans la pensée antique, Paris 1984 , p . 228-229) . Mais certains discours ou groupes de discours abordent, parfois même de front, des questions et des thèmes appartenant à l'histoire de la philosophie. Les discours platoniciens ( II - IV ). Cet ensemble est une réplique au Gorgias. En quatre cents pages d'argumentation serrée, Aristide fait l'apologie de la rhétorique et des quatre grands rhêtores athéniens (Miltiade, Thémistocle, Cimon , Périclès), condamnés injustement, selon lui, par Platon. Bien que le ton soit très polémique et que l'æuvre ressortisse à l’antique différend entre rhétori que et philosophie, qui n'était pas apaisé au IIe s. ap . J.-C. , Aristide ne veut pas critiquer la philosophie en tant que telle : il proteste au contraire de son respect pour elle ( II 29-30, 258-259, 380-381 ; III 686-690 ) et réserve ses invectives aux soi -disant philosophes , en particulier contemporains, qui déshonorent la discipline : voir II 258 et surtout 464 ; III 243 init., 258 init. , 315 init. et surtout 663-685. Ce dernier passage a été traduit et commenté par Boulanger 11 , p. 249 265 , qui a montré, après Baumgart et d'autres, que la mention des « impies qui sont en Palestine » (§ 671 ) est seulement incidente et que l'ensemble vise , non seulement les cyniques (cf. Behr 14, p . 94 n . 2 ), mais tous les « philosophes populaires» , si nombreux à l'époque; comparer les attaques recensées par 26 L. Jerphagnon , « Le philosophe et son image dans l'Empire d'Auguste à la Tétrarchie » , BAGB 1981, p . 167-182. Aristide est également loin de critiquer toute la pensée de Platon : il s'emploie au contraire à prouver, avec de bons argu ments, que plusieurs dialogues - dont le Gorgias lui-même – admettent l'existen ce d'une « bonne » rhétorique, incarnée au moins par l'homonyme de notre orateur, le rhêtôr Aristide, fils de Lysimaque. Ainsi récupéré, Platon peut être présenté comme le « père et le maître des orateurs » ( II 465).
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Aussi bien, le nom de « philosophes » désignait, à l'époque classique, tous ceux qui aimaient le Bien , et donc au premier chef les orateurs ( III 677-678 ). Triomphant de la philosophie sur son propre terrain , la rhétorique serait en somme , selon Aristide , la philosophie véritable : l'orateur parfait possède les vertus cardinales, et l'art de la parole a créé et préserve en permanence la justice, les lois, la vie sociale. Sur les sources de cette conception,qui a des précédents chez Isocrate et Cicéron et dans le stoïcisme, voir 27 H.M. Hubbell, The Influence of Isocrates on Cicero, Dionysius, and Aristides, Diss. Yale , New Haven 1913 , XII -72 p.; Boulanger 11 , p. 232-239 ; Sohlberg 21 (notamment p . 261-277 : la source indirecte d'Aristide serait Diogène de Babylone ). Notons enfin que , pour Aristide, la dialectique n'est qu'une partie de la rhétorique (II 450 ; III 509 ). Le discours II suscita aussitôt une controverse d'Aristide avec le platonicien Capiton ( cf. discours IV ). Au III s ., Porphyre s'efforça de réfuter l'ensemble des Discours platoniciens dans un traité en sept livres dont des traces subsistent chez Olympiodore : voir 28 F.W. Lenz , « The Quotations from Aelius Aristeides in Olympiodorus' Commentary on Plato's Gorgias » , AJPh 67 , 1946 , p. 103-128 , article repris, en traduction allemande, dans Lenz 13, p . 147-166 ; 29 C.A. Behr, « Citations of Porphyry's Against Aristides Preserved in Olympiodorus », AJPh 89 , 1968, p . 186-199 . Allusion à des répliques de philosophes au discours III dans les Prolegomena, p. 129, 6 Lenz ( cf. ibid. , p. 141 , 5 et 161 , 3 ) . Les savants modernes, en revanche, ont sous- estimé les Discours platoniciens: voir les justes remarques de 30 U. von Wilamowitz-Moellendorff, c.r. de Boulanger 11, dans Litteris 2 , 1925 , p . 128-129 (= Kleine Schriften , t. III, Berlin 1969, p . 423 ) . Les hymnes. A côté de la « religion personnelle » , tournée vers Asclépios, qui se manifeste surtout dans les discours XLII et XLVII -LII, on trouve dans les discours XXXVII-XLVI, habituellement réunis sous le nom d'hymnes, l'expres sion d'idées théologiques; voir 31 A.J. Festugière , Personal Religion Among the Greeks, coll. « Sather Classical Lectures» 26 , Berkeley /Los Angeles 1954 , p. 99 (le chapitre sur Aristide est repris en traduction française dans Festugière Saffrey 46, ici p . 19), qui va jusqu'à nier toute trace de religion personnelle dans les hymnes. En rhéteur averti, Aristide laisse le plus souvent aux prêtres et aux philosophes les spéculations sur la « nature » de chaque dieu : XLV 15 ; XLVI 5-7 ; mais la nature de Dionysos est évoquée en XLI 4-5 ; sur la difficulté de traiter la physis dans un hymne rhétorique, voir les Extraits d'Alexandros, p . 4 , 17–5, 5 Spengel (Rhet. Gr. III, 1856) et Ménandre le Rhéteur, p . 336, 24 337 , 32 Russell -Wilson. Aristide célèbre la naissance du dieu auquel l'hymne est consacré, ses dynameis et sa sphère d'influence , ses rapports avec les autres dieux, les bienfaits qu'il dispense aux hommes et le culte que ceux -ci lui rendent, les épiclèses qu'ils lui décernent: l'hymne A Zeus contient même une partie cosmogonique (XLIII 10-17 ) ; tous ces développements font appel à des idées morales et religieuses marquées par la philosophie. Les conceptions théologiques d'Aristide ne forment pas un système, mais plutôt un ensemble éclectique, bien représentatif de l'époque, où l'on a décelé l'influence de l'orphisme, du plato nisme , du stoïcisme. Outre les études d'ensemble citées ci- dessus et les études spéciales mentionnées dans la liste ci -après, voir 32 P.W. van der Horst, Aelius Aristides and the New Testament, coll . « Studia ad Corpus Hellenisticum Novi
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Testamenti» 6, Leiden 1980, IX - 115 p. [ relevé détaillé des parallèles de pensée et d'expression entre les cinquante -trois discours d'Aristide et le Nouveau Testa ment]. Autres discours. Certains discours ou passages de discours présentent un rapport plus ou moins lointain avec des thèmes philosophiques. La déploration du séisme qui détruisit Smyrne en 177 ou 178 et la célébration de la cité reconstruite ( discours XVII -XXI) sont l'occasion d'une théodicée complexe et paradoxale qui débouche sur un remerciement aux dieux et au destin : grâce à leur action énergique, la cité a eu le privilège d'être secourue et embellie par les
empereurs ; voir 33 L. Pernot, « Chance et destin dans la rhétorique épidictique grecque à l'époque impériale » , dans Visages du destin dans les mythologies. Mélanges J. Duchemin . Actes du colloque de Chantilly (1980), Paris 1983 , p. 121-129 . Une réflexion analogue est esquissée à propos des catastrophes qui frappèrent Éleusis (discours XXII) et Rhodes (discours XXV ). Ce même discours XXV - probablement apocryphe, au reste - et les oraisons funèbres d'Étéonée et d'Alexandre de Cotiaion contiennent des passages de consolation fondés en partie , comme il est normal, sur des lieux communs philosophiques: XXV 13-14 (avec la note de Behr 4, II, p . 372 n. 9), 45 ; XXXI 16-17 ; XXXTI 33. A la lisière de la philosophie politique, les développements des discours XXIII, XXIV et XXVII sur les bienfaits de la concorde et les inconvé nients de la stasis sont encore d'antiques lieux communs, dont Aristide a bien vu cependant l'actualité dans le contexte politique de l'époque (voir Reardon 18 , p . 132-133 ). Oliver 36 (notamment p. 874 , 881 , 884) est certainement allé trop loin en voulant voir dans le discours XXVI un hymne cosmologique inspiré de Platon , doublé d'un éloge de l'État idéal; cette interprétation n'a d'ailleurs pas convain cu. Des allusions à des doctrines ou à des idées philosophiques se rencontrent çà et là dans les écrits d'Aristide ; voir par exemple XXVII 35 (mention de la doctrine d'Empédocle ), XXVIII 83 (analyse du mécanisme de l'ironie socratique) . Musonius Rufus est mentionné en LII 2-3 . LISTE DES EUVRES On trouvera une chronologie des æuvres d'Aristide, en partie conjecturale, dans Behr 14, p . 128-130 . Euvres conservées 1. Tavaenvaïxóc ( éloge d'Athènes). Voir 34 J.H. Oliver (édit. ), « The Civilizing Power. A Study of the Panathenaic Discourse of Aelius Aristides Against the Background of Literature and Cultural Conflict, with Text, Translation, and Commentary », TAPHS 58 , 1968 , Part 1 , p . 1-223 . Pour éviter des confusions, il est préférable de ne pas renvoyer aux paragraphes de cette édition , le découpage étant différent de celui de Lenz -Behr 1 et Behr 4 et 7.
II . Προς Πλάτωνα υπέρ ρητορικής ( replique au Gorgias ).
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ARISTIDE (P. AELIUS - ) III. Mpós Mátwva ' nèp TÔV TETTápwv (nouvelle réplique au Gorgias : apologie de Miltiade, Thémistocle, Cimon , Périclès ). IV . Πλατωνικός τρίτος προς Καπίτωνα [justification du discours Π) . V - VI. Eixelixol a '-s ' (déclamations historiques ). Voir 35 L. Pernot ( édit .), Les Discours siciliens d'Aelius Aristide (or. 5-6 ), Étude littéraire et paléographique , édition et traduction , New York 1981 , IX -475 p . VII. “Υπέρ της προς Λακεδαιμονίους ειρήνης [declamation historique). VIII. “Υπέρ της προς Αθηναίους ειρήνης [declamation historique ). IX-X. Mpós Onsaious repì tñs ouppaxiac a '-b' ( déclamations histori ques ).
XI-XV. Aevxtpixoi a ' -e ' ( déclamations historiques ). XVI . Πρεσβευτικός πρός 'Αχιλλέα [declamation en marge du chant IX de l'Iliade ). XVII. Euupvaïxós ( éloge de Smyrne ). XVIII. 'Eni Euúpvn Movydla (lamentation sur la destruction de la cité par un séisme)
XIX . Επιστολή περί Σμύρνης προς τους βασιλέας [ demande de secours pour la reconstruction ). ΧΧ . Παλινωδία επί Σμύρνη [celebration de la reconstruction ] . XXI . { uupvaixos (nouvel éloge de Smyrne). XXII . 'Enevoivios ( déploration du saccage du sanctuaire par des pirates costoboques ). XXIII . Nepi Opovolaç taic róleoIV ( exhorte Pergame, Smyre et Éphèse à la concorde ).
ΧΧΙV . Ροδίοις περί ομονοίας [exhorte les Rhodiens a la concorde ]. XXV . 'Podtaxós (sur la destruction de Rhodes par un séisme). Considéré comme apocryphe depuis Keil ( voir Keil 2, p. 72, apparat). XXVI . Eiç 'Pouny ( éloge de Rome). Voir 36 J.H. Oliver (édit. ) , « The Ruling Power. A Study of the Roman Empire in the Second Century After Christ Through the Roman Oration of Aelius Aristides » , TAPHS 43 , 1953 , Part 4, p . 869-1003 [ introd ., éd . , trad ., comm . ). 37 R. Klein (édit .), Die Romrede des Aelius Aristides, heraus gegeben , übersetzt und mit Erläuterungen versehen , coll. « Texte zur Forschung » 45 , Darmstadt 1983 , IX - 125 p . ( ce volume fait couple avec Klein 19] . XXVII . MavnyupiKÓS Év Kubíxu nepì ToŨ vacū (éloge de la ville , du temple d'Hadrien, de l'Empire ). XXVIII . Hepi toŨ napapeéyuatog (justifie un éloge de lui-même qu'Aristide avait inséré dans un de ses discours ). ΧΧΙΧ . Περί του μη δείν κωμωδείν [contre les representations comiques). XXX . 'Arealã YeVEOAiaxóc (éloge d'Apellas, à l'occasion de l'anniversaire de celui-ci). Considéré comme apocryphe par Keil, ce discours est à
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présent tenu pour authentique ( voir en dernier lieu Behr 4 , II, p. 389 n . 1 ).
Xxxi . Eiç 'Etewvéa énixħdeloc ( oraison funèbre d'Étéonée ). Voir 38 H. Caffiaux (édit. ), Aelius Aristide, Éloge du jeune Étéonée. Traduit pour la première fois en français, Paris, s.d. (vers 1870) , 8 p. ( traduction confectionnée d'après le texte de Jebb 6 , et comportant des erreurs ). XXXII. 'En 'Alegáv & pw ÉnITá ios ( oraison funèbre d'Alexandre de Co tiaion ). XXXII . Προς τους αιτιωμένους ότι μη μελετώη [réponse a ceux qui lui reprochaient de ne pas donner de séances de déclamation ). XXXIV . Katà tõv étopXouuévwv (contre les mauvais sophistes, qui désho norent l'éloquence ).
XXXV. Eis Baoiléa (éloge d'un empereur). Discours généralement consi déré, depuis Keil, comme apocryphe; l'authenticité a toutefois été défendue récemment par C.P. Jones. Voir en dernier lieu 39 L. de Blois, « The Eic Baouléa of Ps . -Aelius Aristides » , GRBS 27, 1986, p . 279-288 . 39bis S.A. Stertz, Concordantia in orationem quae Aristidis fertur esse Eic Baoiléa , coll . « Alpha -Omega » A 17 , Hildesheim 1988 . XXXVI. AlyúrtiOS ( traité sur les crues du Nil) . XXXVII. ' Aonvã (hymne à Athéna ). Voir 40 G. Jöhrens, Der Athenahymnus des Ailios Aristeides. Mit einem Anhang zum Höhenkult der Athena und Testimonien zur allegorischen Deutung der Athena , coll. « Habelts Dissertationsdrucke, Reihe Klassische Philologie >> 32 , 2 vol . , Bonn 1981 , XXVIII-486 p . ( introd ., reproduction du texte de Keil, trad ., comm .).
XXXVIII. 'Aoxanniádai (hymne aux Asclepiades ). ΧΧΧΙΧ . Εις το φρέαρ το εν 'Ασκληπιού [eloge du puits du sanctuaire d'Asclépios à Pergame). XL . Hpaxans (hymne à Héraclès ). XLI . Alóvuoos (hymne à Dionysos] . Voir 41 W. Uerschels, Der Diony soshymnos des Ailios Aristeides, Diss . Bonn 1962, 121 p. [ comm .; cet ouvrage est dactylographié, mais a connu une certaine diffu sion ). XLII. Aalià els 'AoxAnniv (hymne à Asclepios, de ton très personnel ]. XLIII. Eiç Ala (hymne à Zeus ). Voir 42 J. Amann, Die Zeusrede des Ailios Aristeides , coll . « Tübinger Beiträge zur Altertums wissenschaft » 12, Stuttgart 1931 , X- 112 p . [ introd ., trad ., comm . ).
ΧLΙV . Εις το Αιγαίον πέλαγος [hymne a la mer Egée ). XLV . Eiç Lápaniv (hymne à Sarapis). Voir 43 A. Höfler, Der Sarapis hymnus des Ailios Aristeides, coll . « Tübinger Beiträge zur Altertumswissenschaft » 27 , Stuttgart/Berlin 1935 , XII - 119 p . [ introd., trad ., comm .).
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ARISTIDE D'ATHÈNES XLVI. 'loQuixos eic Mogeidõva (éloge de Poseidon , de Corinthe, des jeux isthmiques ).
XLVII -LII. 'lepol aóyou a ' - s' (sorte de mémoires : la plus grande partie du discours LII est perdue ). Voir Behr 14 et : 44 S. Nicosia (édit. ), Elio Aristide, Discorsi sacri, coll. « Piccola Biblioteca Adelphi » 162, Milano 1984, 273 p . [ introd ., trad ., notes et notes critiques ). 45 H.O. Schröder (édit . ) , Publius Aelius Aristides , Heilige Berichte , Heidelberg 1986 , 150 p . ( introd ., trad . , notes ). 46 A.J. Festugière et H.D. Saffrey (édit. ) , Aelius Aristide , Discours sacrés. Rêve , religion, médecine au liº s. après J.-C. Introd . et trad. par A.J.F. , notes par H.D.S. , Paris 1986, 188 p. LII . Πανηγυρικός επί τω ύδατι το εν Περγάμω [ sur une source jaillie A Pergame; seul l'exorde est conservé ]. Euvres perdues. Les fragments sont rassemblés dans Behr 4, I, p . 413-426 . Euvres apocryphes. Προς Δημοσθένης περί ατελείας et Εις το εναντίον υπέρ ατελείας : ces deux déclamations historiques sont dues en réalité à Thomas Magistros ( XIVe s. ) ; voir 47 F.W. Lenz (édit.), Fünf Reden Thomas Magisters, Leiden 1963 , p. X -XV et 1-66. Téxvai pntopixaí (traité de rhétorique ]: voir 48 W. Schmid (édit. ), Aristidis qui feruntur libri rhetorici II, edidit Guilielmus S. , coll. « Rhetores Graeci » 5, Leipzig 1926, XVI- 146 p . LAURENT PERNOT. 350
ARISTIDE D'ATHÈNES RE 27
DM II
Philosophe athénien converti au christianisme, et qui continua d'exercer sa profession après sa conversion ; c'est le sens du témoignage de Jérôme, De viris illustr . 20 : Aristides Atheniensis philosophus eloquentissimus et sub pristino habitu discipulus Christi. Il est l'auteur d'une Apologie en faveur des chrétiens. De l'original grec de cet ouvrage, il ne reste que des fragments, de diverses pro venances. Mais on en possède les deux premiers chapitres en version arménienne, et la totalité en version syriaque. Éditions des fragments grecs. 1 E. Hennecke , Die Apologie des Aristi des, coll. « Texte und Untersuchungen >> IV 3 , Leipzig 1893 ( texte grec avec , en colonnes parallèles, traduction allemande des versions syriaque et arménienne ; index grec ) ; 2 J. Geffcken , Zwei griechische Apologeten , Leipzig /Berlin 1907, réimpr. 1970 ( texte grec replacé dans la traduction allemande de la version syriaque; riche commentaire); 3 C. Vona , L'Apologia di Aristide , coll . « Lateranum » N.S. XVI 1-4, Roma 1950 ( texte grec p . 115-12 ). Pour les papyri, voir 4 C. Alpigiano , « L’Apologia di Aristide e la tradizione papiracea », CCC 7 , 1986 , p . 333-357 (POxy. 1778 et PLitLond. 223 ) . Version syriaque. 5 J.R. Harris, The Apology of Aristides on Behalf of the Christians..., coll. « Texts and Studies » I 1 , Cambridge 1891 ( texte syriaque et traduction anglaise , p . ( 1 )-(28 ) et 35-51 ; 6 R. Raabe , Die Apologie des Aristides, coll. « Texte und Untersuchungen » IX 1 , 2 , Leipzig 1892 ( traduction
ARISTIDE D'ATHÈNES
367
allemande du texte syriaque ; notes doctrinales importantes); Vona 3 , p . 71-114 ( traduction italienne du texte syriaque ). Version arménienne. Harris 5 , p . 27-29 (traduction latine du texte armé nien ); p . 30-33 ( traduction anglaise de même texte par F.C. Conybeare ). Ces deux traductions ont été réimprimées par Vona 3, p . 127-128 et 129-131 . (Voir ci -dessous les indications fournies par J.-P. Mahé sur la tradition arménienne .) Date . D'après la tradition indirecte (Eusèbe, Jérôme), le destinataire de l'Apologie d'Aristide aurait été l'empereur Hadrien , et l'ouvrage lui aurait été remis alors qu'il passait par Athènes en allant se faire initier à Éleusis ; ce séjour de l'empereur à Athènes date de 124-125. Mais la version syriaque de l'Apologie porte une double inscriptio, l'une à Hadrien, l'autre à son successeur Antonin le Pieux ( 138-161 ) . Vona 3 croit à Hadrien destinataire . En revanche, 7 R.M. Grant , « The Chronology of the Greek Apologists » , VChr 9 , 1955 , p. 25-33, propose la date de 143 pour cette Apologie, dans laquelle il voit une réplique au célèbre rhéteur Fronton .
Contenu . L'un des points notables de l'ouvrage est la répartition du genre humain en différentes races. Il y a d'ailleurs à cet égard certaines différences entre les fragments grecs et les versions. Si l'on s'en tient aux fragments grecs, trois races d'hommes sont distinguées: les adorateurs des dieux païens, poly théistes et, d'autre part, monothéistes, les juifs et les chrétiens; les païens poly théistes sont divisés à leur tour en Chaldéens, Grecs et Égyptiens. Dans les deux versions, en revanche, les Chaldéens deviennent les “ Barbares”. Aristide les accuse d'avoir divinisé les " éléments ”, c'est - à - dire de grandes portions du monde matériel, et surtout les astres. Quant aux dieux grecs , ils sont décrits un par un et critiqués au motif qu'ils ont été chargés de tous les vices et de tous les malheurs des humains; on reconnaît l'héritage de la théologie décapante de Xénophane ; le culte de leurs images est également dénoncé. Quant aux Égyptiens, une digres sion fustige leur zoolâtrie . Rien de toute cette argumentation n'est original; l'intérêt de l’Apologie, quelle que soit la date qu'on lui assigne, est d'être l'un des plus anciens textes où on la rencontre . JEAN PÉPIN .
Tradition arménienne. Les publications concernant la version arménienne partielle de l'Apologie d'Aristide ( traduction du ve s . ) dépendent toujours essentiellement du manuscrit Venise 218 (olim 739 ), publié avec une traduction latine en 1878 , qui est une copie du manuscrit Érévan 2679 (daté de 981 ) , p. 154 b- 155 b. C'est ce texte arménien qui a été utilisé par tous les traducteurs ou éditeurs des versions arméniennes et syriaques de l'Apologie et des fragments grecs. Pour plus de détails sur les différentes éditions, cf. 8 R. Van den Broek, « Eugnostus and Aristides on the Ineffable God » , dans R. Van den Broek , T. Baarda, J. Mansfeld , Knowledge of God in the Graeco -Roman World, coll. EPRO 112 , Leiden 1988, p . 202-218 , spécialement p . 203-204 n. 5 . Le sermon De latronis clamore et crucifixi responsione, publié et traduit en latin en même temps que l'Apologie, a été conservé dans un manuscrit de Venise des XII -XIII° s . Voir aussi la version latine donnée par P. Martinus dans 9 J.B. Pitra , Analecta Sacra IV , Paris 1883 , p. 8-10 , et les versions allemandes
368
ARISTIDE DE LOCRES
de 10 F. Sasse , ZKTh 3 , 1879 , p. 617-618 , et 11 F. von Himpel, ThQ 62, 1880, p. 117-121 . Ce sermon est conservé uniquement en arménien . Le Fragmentum epistolae Aristidae philosophi ad omnes philosophos, édité avec traduction latine par P. Martinus, dans J.B. Pitra 9 , p. 11 , d'après le ma nuscrit de Paris (BN 153, olim 85 ; autre témoin du même texte : Érévan 2080 , p . 36 a ; traduction allemande par 10 E. Hennecke, ThLZ 1894, p . 444 ), existe aussi sous une forme plus développée et inédite dans le florilège Armat Hawatoy (Racine de la foi) de Vardan Aygeko‘i (XI s . ) , qui le présente comme extrait d'une lettre « au philosophe Ménandre » (Érévan 3295, p . 354 b ). Cette épître est conservée uniquement en arménien. JEAN -PIERRE MAHÉ. 351
ARISTIDE DE LOCRES (Aristeidès ) RE 21 (+ Suppl. III )
V - IV
Ami de Platon. Selon Plutarque, Timol. 6, 6-7 , Aristide, étaipos de Platon, refusa de donner sa fille en mariage à Denys l'Ancien, affirmant qu'il préférerait la voir morte plutôt que mariée à un tyran. Il n'aurait pas renié cette conviction , même après que Denys eut fait mettre à mort ses fils. D'après Élien , V.H. XIV 4, il aurait dit qu'il était préférable d'être dévoré par une bête féroce plutôt que d'être mordu par l'ignorance. Datation . Le refus opposé à Denys doit être situé avant le second mariage du tyran avec Doris de Locres, puis avec Aristomaque de Syracuse (397 ). A cette époque, Aristide était donc déjà un homme d'âge mûr, ce qui exclut qu'il ait pu être l'élève de Platon. Voir Ch.H. Oldfather, art. « Aristeides» 21 , RESuppl. III, 1918 , col. 158 .
Le rattachement d'Aristide à l'école pythagoricienne est purement conjec tural, mais peut se fonder sur la patrie d'origine et sur l'amitié qu'il entretenait avec Platon . Il ne figure pas dans le catalogue de Jamblique. BRUNO CENTRONE . 352
ARISTIDE (DE MÉGARE ?) RE 22
MF IV
?
Dialecticien mentionné par Philippe de Mégare ( cité par Diogène Laërce II 113 ) comme l'un de ceux à qui le mégarique Stilpon enleva des disciples, en l'occurrence Paionéios. Il est raisonnable de penser que le terme de « dialecti cien » désigne bien ici les mégariques (c'était en effet un de leurs noms, selon D.L. II 106 , et il ne peut s'agir déjà des stoïciens). Témoignage et bref commen taire dans 1 K. Döring, Die Megariker, fr. 164 A et p. 145, traduction et commentaire dans 2 R. Muller, Les Mégariques, p . 58 et p. 165. Voir aussi 3 P. Natorp , art. « Aristeides » 22, RE II 1 , 1895 , col . 886 , et 4 G. Giannantoni, Socraticorum reliquiae, t. I, p . 110 . ROBERT MULLER . 353
ARISTIDE DE RHÉGIUM
va ?
Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique, V. pyth. 36, 267 ; p . 145, 18 Deubner. BRUNO CENTRONE .
ARISTION 354
ARISTIDE QUINTILIEN RE 25
369
IV ( ? )
Théoricien de la musique. On ne possède aucune information sur ce person nage. Il est l'auteur d'un llepi Povoixñs conservé. Édition . 1 R.P. Winnington -Ingram ( édit.), Aristidis Quintiliani De Musica Libri Tres, Leipzig 1963 , XXIX - 198 p . Édition critique avec index verborum (p . 145-198) . Traduction allemande . 2 R. Schäfke, Aristeides Quintilianos, Von der Musik , eingeleitet, übersetzt und erläutert, Berlin 1937 . Traduction anglaise. 3 T.J. Mathiesen ( édit.), Aristides Quintilianus, On Music in three books, transl. with introd. comm . and annotations, New Haven , Yale University Press, 1983 , XIII - 217 p.
Datation . Il n'existe pas de terminus ante quem . Un terminus post quem est donné par la mention de Cicéron en II 6. 4 K. Jan , art. « Aristeides » 25 , RE II 1 , 1895 , col. 894-896 , notamment col. 895 : « hat... frühestens im 3. , vielleicht erst im 4. Jh.n.c. gelebt und geschrieben . » 5 L. Zanoncelli, « La filosofia musicale di Aristide Quintiliano » , QUCC 1977 , p . 51-93 , notamment p . 93 , pense au IVe s. comme date la plus probable. 6 A. Barker, « Aristides Quintilianus and constructions in early music theory » , CQ 32, 1982, p. 184-197 , cf. p . 184 : « hardly ... later than the third » . École. 7 A. Jahn , Aristidis Quintiliani de musica libri tres, Berlin 1881 , praef. p. XXII , situait Aristide parmi les néopythagoriciens. On a formulé l'hypothèse qu'il appartenait au cercle des disciples de Porphyre et de Jamblique. Voir 8 E. Zeller et R.Mondolfo, La filosofia dei Greci nel suo sviluppo storico, III 6 , Firenze 1961 , p . 1 n . 1. Il est cependant difficile de rattacher Aristide à une école déterminée ; sa philosophie présente les caractères de l'éclectisme. Voir Zanoncelli 5, p. 86. 9 A.J. Festugière, « L'âme et la musique » , article de 1954 , repris dans Études de philosophie grecque, Paris 1971 , p . 463-486 ( commentaire de 2 , 17-19 ; p . 86, 8-92, 18 Winnington -Ingram ). Bibliographie. 1 , p . XXVII - XXVIII . Étude d'orientation . Zanoncelli 4 .
BRUNO CENTRONE . 355
ARISTION RE 15
DI
Épicurien. En 88 ' , pendant la Guerre Mithridatique, envoyé par Archélaos, général de Mithridate, à Athènes avec le Trésor du temple de Délos et deux mille soldats, Aristion devint tyran de la cité. Il instaura un régime de terreur et, en particu lier, persécuta le parti qui était favorable aux Romains. Après avoir uni ses trou pes avec celles de Mithridate, sous le commandement d'Archélaos, il combattit contre Brutius Sura, obtenant des victoires sur terre et sur mer. En 879, il fut contraint par l'arrivée de Sylla à s'enfermer dans Athènes et à soutenir un siège long et exténuant. Sylla , après avoir refusé les offres de paix proposées par Aristion, réussit à entrer dans Athènes le 1er mars 86". Aristion se réfugia sur l'Acropole en opposant une résistance extrême, mais fut contraint de se rendre. Sylla, non sans motif de rancoeur personnelle, le fit empoisonner avec ses
370
ARISTIPPE DE CYRÈNE
collaborateurs. Voir 1 U. Wilcken , art. « Aristion » 15 , RE II 1 , 1895 , col. 900 901, et 2 H. Berve, Die Tyrannis bei den Griechen, München 1967, p . 414-415 . Une question plus complexe est de savoir si Aristion est identique à l'Athénion mentionné par Posidonius ( chez Athénée V , 211 d-215 b = fr. 253 Edelstein Kidd = fr. 247 Theiler ). La similitude de leurs entreprises fait qu'il est difficile d'opérer une distinction nette entre les deux personnages. Ont été portés à les identifier par exemple Th . Mommsen , Th . Reinach et K. Reinhardt, tandis que les ont distingués B. Niese, U. Wilcken et U. von Wilamowitz -Moellendorff. L'élément principal jouant en faveur d'une distinction est le fait que Posidonius présente Athénion comme un péripatéticien , tandis qu'Appien (Mithr. 28 ) consi dère Aristion comme un épicurien (pour un état de la question , voir le commen taire de l'édition de Pausanias, Guida della Grecia . Libro I. L'Attica, intr ., testo e trad . di D. Musti, comm . a cura di L. Beschi e D. Musti, Milano 1982 , p . 334 s . , sur Pausanias I 20 , 5 ; W. Theiler [édit. ) , Poseidonios, Die Fragmente, t. II : Erläuterungen , Berlin 1982 , p. 125-128, et ci -après la notice « Athénion » ). C'est à l'épisode de la tyrannie athénienne d'Aristion que semble faire allusion Philodème, PHerc. 1005, col. X (= Zénon de Sidon , fr. 3 Angeli -Colaizzo ) : Zénon lui -même, scholarque du Jardin , fut victime de la cruauté d'Aristion , malgré son appartenance à l'école épicurienne, et fut contraint à abandonner Athènes, peut-être parce qu'il était favorable aux Romains (sur les problèmes liés à l'interprétation du passage de Philodème, voir A. Angeli et M. Colaizzo, CronErc 9, 1979, p. 87-88 ; bibliographie complémentaire, p. 88 n. 254). TIZIANO DORANDI.
Sur quelques monnaies attiques « du nouveau style », le nom d'Aristion est associé à celui du roi Mithridate : BALIAE (YE ) MIOPAAATHE - APIETION ; pour la date de cette émission , voir D.M. Lewis , « The Chronology of the Athenian New Style Coinage », NumChron 2, 1962, p. 275-278 . SIMONE FOLLET. 356
ARISTIPPE DE CYRÈNE RE 8
FV -MIV
Philosophe grec, disciple de Socrate, fondateur du cyrénaïsme. Son père avait pour nom Aritadès (Souda, s.v. 'Apiotinhos, t. I, p. 354, 22 Adler), nom que W. Crönert, Kolotes und Menedemos, p . 94, explique comme une corruption d'Arétadas (cf. Arétè , fille d'Aristippe) et fait remonter à une forme cyrénéenne Aratadas . La lettre socratique pseudépigraphe XXVII, d'Aristippe à Arétè (p. 284, 8 Malherbe ), donne pour mère au philosophe une certaine Mica. Aristippe, attiré à Athènes par la gloire de Socrate (fr. 1-2), était, comme Cleombrote , à Égine à la mort de son maître (Platon, Phédon 59 c , passage qui impliquerait, selon la tradition ( fr. 14-15 Giannantoni), un reproche de la part de Platon ). Les anecdotes et les apophtegmes tournent régulièrement autour des mêmes thèmes : la relation avec la courtisane Laïs, le séjour chez Denys de Syracuse, l'hédonisme, le salaire exigé pour dispenser son enseignement - ce qui le distinguait du cercle socratique -, etc. On évoque un séjour en Orient ( fr. 107 108 ) , un naufrage (à Rhodes selon Vitruve , fr. 50 ), un voyage à Corinthe (D.L. II 71 ). Les renseignements biographiques précis restent très peu nombreux.
ARISTIPPE DE CYRÈNE
371
Témoignages et fragments. Aucun écrit authentique ne semble avoir sur vécu . Nous ne disposons que de témoignages indirects, qui consistent surtout en anecdotes et en apophtegmes. 1 G. Giannantoni, I Cirenaici, coll. « Pubblica zioni dell'Istituto di filosofia dell'Università di Roma » 5 , Firenze 1958, 520 p . Voir Préface, p. 5-9 ; 1re partie, Introduction à l'étude d'Aristippe de Cyrène, p. 13-169, avec l'examen, notamment, du problème posé par le témoignage de Platon : p. 116-169 ; 2e partie, les sources antiques sur Aristippe et l'école cyrénaïque, p. 172-483 ; Indices des sources: p. 487-503 , des noms : p. 505-518, index général : p. 519-520. La 2e partie est un recueil de textes, avec traduction italienne et apparat critique, portant sur Aristippe, ses disciples et ses successeurs à la tête de l'école : 1 ) Aristippe de Cyrène. a) Vie, p. 172-269 ; æuvre , p . 269-277 ; école, p. 277-285 ; b) Doctrine de l'école cyrénaïque. La philosophie, p. 287 313 ; l'éthique, p. 313-335 ; la connaissance, p. 335-351 ; c ) Textes inauthentiques, p. 352 363 ; d) Appendices. Passages d'authenticité douteuse, p. 364-431. La suite concerne, d'une part, la fille Arétè et le petit-fils d'Aristippe, Aristippe Métrodidacte, qui ont été ses successeurs immédiats, et, d'autre part, le reste de ses disciples, dissidents pour certains: 2) Arétè et Aristippe dit Métrodidacte, p. 432-435 ; 3) Antipatros de Cyrène, p. 436-437 ; 4) Parébate de Cyrène, p. 438-439 ; 5) Aristote de Cyrène, p. 440-443 ; 6 ) Hégésias et ses disciples, p. 444 449 ; 7) Annicéris et ses disciples, p. 450-453 ; 8) Théodore et ses disciples, p . 454-483. [Recension de l'ouvrage par 2 A. Grilli, RFIC 38 , 1960, p. 412-423. Voir aussi 3 id. , « Cyrenaica », SIFC 32, 1960, p. 200-214 ]. G. Giannantoni a donné une nouvelle édition des cyrénaïques dans 4 Socra ticorum Reliquiae, sect. IV A, t. I , p. 185-285 . 1-33 ) plusieurs Voir aussi dans le chap. I (« De philosophis qui Socratici appellati sunt » , passages qui concernent Aristippe, notamment les p. 15-17, « De Socratis sectatorum scribendi genere » et l’Appendice, p. 18-33, « Loci Platonici qui ad Socraticos philosophos pertinere visi sunt» , où sont cités les passages de Platon relatifs à Aristippe : Cratyle 384 c ; Gorgias 491 e, 494 c, 494 e ; Hippias Maj. 287 d, 297 e ; Phédon 68 e ; Philèbe ,passim ; Protagoras 351 b, 356 a, 358 a ; Rép . II 357 b, VI 505 b, VII 516 c , LX 583 b, X 605 c ; Sophiste 245 e ; Théétète 152 a, 156 a, 181 d. Concernant également Aristippe et le cyrénaïsme, voir t. II : « Addenda ad Aristippum » , p. 775 ; t. III : Note 13 , p. 123-128 , sur la vie d'Aristippe de Cyrène ; Note 14, p. 129-133, Aristippe, disciple de Socrate ; Note 15, p. 135-142, Aristippe et les autres socratiques; Note 16, p. 143-155 , Les écrits d'Aristippe ; Note 17 , p. 157-159, Aristippe et l'école cyrénaïque (cf. Grilli 2] ; Note 18 , p. 161-170, Aristippe et la philosophie des cyrénaïques; Note 19, p . 171-172, cyrénaïques et épicuriens [N.B. : la Note 1 , p. 1-15, porte sur les critères du recueil]. C'est à ce recueil que nous renvoyons dans cette notice. 5 E. Mannebach ( édit.), Aristippi et Cyrenaicorum fragmenta, Leiden /Köln 1961, VII - XI- 141 p . ( ouvrage rédigé en latin ). Sommaire. 1re partie : analyse des sources concernant la vie et les mours d'Aristippe, p. 1-28 . Le problème de l'appartenance au cercle socratique est tranché dans un sens positif, p. 24-27 , IV ; 2e partie : sources concernant les écrits d’Aristippe, p . 29-30 ; 3e partie : sur l'école des cyrénaïques, p. 31-35 : fondation par le socratique Aristippe, p. 31-32 ; représen tants, p. 33-34 ; l'épicurisme qui est sorti du cyrénaïsme, p . 35 ; 4e partie : Aristippe et les opinions des cyrénaïques, p. 36-56 : les divisions de la philosophie, p. 36-39 ; les principes de l'éthique, p. 39-54 et de la vie droite, p . 54-56 ; dans le supplément voir: Note bibliogra phique, p. 64 ; Appendices: I. Diogène Laërce , p . 101-105 ; II. Gnomologium Vaticanum , p . 105-106 ; III. « De ratione in placitis digerendis inita » , p. 106-113, avec l'analyse, notam ment, de l'usage des mots TÉÃOS, p . 110-111 , oixeios, OIXELūdai, p. 111-113 ; IV . Origine de la doctrine de la connaissance, p . 114-117 ; V. Des images d'Aristippe, p. 117-119 ; VI . Observations critiques sur Giannantoni 1 , p . 119-121 ; Indices, p . 123-141 : noms, p. 123 125 ; mots , p . 125-129 ; auteurs, p . 129-136 ; numérotation des fragments : concordance avec Giannantoni 1 , p. 137-141 .
Études d'orientation . 6 P. Natorp, art. « Aristippos » 8 , RE II 1 , 1895 , col. 902-906 ; 7 E. Antoniades, Aristipp und die Kyrenaiker , Diss . Göttingen
372
ARISTIPPE DE CYRÈNE
1916 ; 8 G. Reale, Storia della filosofia antica , Milano 1975, 2e éd ., 1976 , t. I, p . 403-417 : « Aristippo e la scuola cirenaica » ; 9 K. Döring, « Der Sokrates schüler Aristipp und die Kyrenaiker» , AAWMIGS 1988, 1 , 71 p. Sources anciennes principales. ( 1 ) Xénophon, Mémorables, II I, 1 ( texte sur lequel se fonde Mannebach 5 pour montrer, contre Giannantoni 1 , le lien d'Aristippe à Socrate et à la philosophie ); cf. 10 K. von Fritz , « Das Erste Kapitel des zweiten Buches Xenophons Memorabilien und die Philosophie des Aristipp von Kyrene », Hermes 93, 1965 , p . 257-279 ; (2) Sextus Empiricus, H.P. , I 150, 155 ; III 204 ; (3 ) D.L. II 65 ; 83-85 ; IV 40 [ Sur D.L. , voir Giannantoni 4 , t . III, note 2, p. 17-30 ] ; ( 4 ) Athénée VIII, 343 c ; XI, 507 b et XII, 544 b - d ( chez Denys de Syracuse ], 508 c ; XII , 544 a [le plaisir de l'instant est le souverain Bien ) ; XIII, 565 d . < Les sources médiates sont nombreuses : Eschine de Sphettos (D.L. II 65) , Phainias d'Érèse (ibid. ) , la comédie Galatée d'Alexis ( Athénée XII, 544 e) , Hégésandre de Delphes, Hypomnemata (Athénée VIII, 343 cd ; XI, 507 ab ; XII, 544 cd), Bion de Borysthène, Diatribes (D.L. II 77), Sotion, Successions (Athé née VIII, 343 cd ; D.L. II 74-75 ( livre II), II 85) , Dioclès, lepi Biwv pilogów (D.L. II 82 ), Sosicrate de Rhodes (D.L. II 84 ), Panétius (D.L. II 85). Pour la doxographie, Diogène Laërce cite encore Panétius, Nepl tõv a péoewV ( II 87) , Hippobote, Περί αιρέσεων (II 88), Meleagre , εν τώ δευτέρη Περί δοξών, Clitomaque εν τώ πρώτω Περί αιρέσεων (ΙΙ 92 ), Favorinus , Παντοδαπή ιστορία (D.L. VI 25 = fr. 71 Barigazzi), Sextus, M. VII 15 . Euvres attestées. D.L. II 83-85 mentionne tout d'abord ( 1 ) une Histoire de la Libye en trois livres ( lotopía tõv xatà A16únv ), qu'Aristippe aurait envoyée à Denys < de Syracuse > , puis un ouvrage comprenant 25 dialogues (on ne retrouve énumérés que 23 titres dont certains ne semblent pas se rapporter à des dialogues ), en dialecte attique ou dorien : (2 )
'Aptábacos,
Pour l'identification de ce Perse, voir l'arbre généalogique, emprunté à Nöldeke, reproduit dans W. Judeich , art. « Artabazos », RE II 1 , 1895, col. 1297-1298 ; Giannantoni 4 , t. III, p. 147, pense à Artabazos III = RE 3, fils du satrape Pharnabazos II ( cf. fr. 108 Giannantoni, mais le satrape s'appelle Artapherne dans le parallèle du fr. 107 ), lui-même satrape en 3614.
(3)
Προς τους ναυαγούς ,
( 4 ) Προς τους φυγάδας , ( 5 ) Mpós ntwóv (à rapprocher peut- être du dialogue de Diogène le cynique intitulé Vtwós, D.L. VI 80 ), ( 6 ) Πρός Λαΐδα, ( 7 ) Mpos Mūpov ( que W. Crönert , Kolotes und Menedemos, p. 96, propose de corriger en ſpūpos, forme attestée à Cyrène), ( 8 ) Προς Λαΐδα περί του κατόπτρου, (9 ) ( 10 )
'Epueías (peut-être Herméias d'Atarné, ami d'Aristote ), ' Evúrviov ,
( 11 ) Προς τον επί της κύλικος , ( 12 ) Pilóunhos (Philomelos RE 2, disciple d'Isocrate ?),
ARISTIPPE DE CYRÈNE
373
( 13 ) Προς τους οικείους , Προς τους επιτιμώντας ότι κέκτηται οίνον παλαιών και εταίρας ,
(14)
( 15 ) Προς τους επιτιμώντας ότι πολυτελώς όψωνεί, ( 16 ) Επιστολή προς 'Αρήτην την θυγατέρα (une lettre pseudepigraphe a Arétè est conservée ), ( 17 ) Προς τον εις Όλυμπίαν γυμνάζοντα εαυτόν , (18)
Έρωτήσεις ,
( 19 ) " Αλλη ερώτησις , ( 20 ) Xρεία προς Διονύσιον , ( 21)
" Αλλη επί της εικόνος ,
( 22 )
"Αλλη επι της Διονυσίου θυγατρός ,
( 23 ) Προς τον οίόμενον ατιμάζεσθαι , (24)
Προς τον συμβουλεύειν επιχειρούντα.
D'autres sources lui prêtaient des (25 ) Διατριβαι en 6 livres . Après avoir rapporté l'opinion de Sosicrate de Rhodes qui prétendait qu'Aristip pe n'avait rien écrit du tout, D.L. II 85 énumère une seconde liste d'ouvrages qu'il emprunte au deuxième livre < des Diadochai > de Sotion et à Panétius : ( 26 )
Περί παιδείας ,
( 27 ) Περί αρετής , ( 28 ) Προτρεπτικός , ( 2 ) 'Αρτάβαζος , ( 3 ) Ναυαγοί, ( 4)
Φυγάδες ,
( 25 ) Διατριβών εξ , ( 29 ) Χρειών τρία ( cf. 20-22 ) , ( 6 ) Πρός Λαΐδα , ( 7)
Προς Πώρον ,
( 30 ) Πρός Σωκράτης , ( 31 ) Περί τύχης . D'après D.L. II 64 cependant, Panétius n'incluait pas Aristippe parmi les auteurs de dialogues socratiques dont il admettait l'authenticité. Théopompe de Chios , dans son ouvrage Κατά της Πλάτωνος διατριβής (FGrHist 115 F259 ), voyait dans certains dialogues platoniciens des emprunts aux Diatribes d'Aristip pe ( Athénée XI, 508 cd = fr. 146 Giannantoni). D'autres ouvrages sont mentionnés par Diogène Laërce : ( 31 ) Περί φυσιολόγων (a corriger probablement en Περί φυσιολογιών, avec Delatte et Gigante ): VIII 21 sur l'étymologie du nom de Pythagore = fr . 150 Giannantoni, qui attribue l'ouvrage à Aristippe de Cyrène le néo -académicien ; c'est à tort que Giannantoni 4, t. III, p . 150-151 , prête cette attribution à H. von Arnim , car ce dernier dans son article « Aristippos» 10, RE II 1 , 1895 , col. 906 ,
374
ARISTIPPE DE CYRÈNE
la refuse expressément; elle a été défendue effectivement par Susemihl et Zeller (voir la notice suivante ). ( 32 ) Tepi nalaiãç tpuoñs : 196, I 23 , II 49 , III 29 , IV 19 , V3 , V 39 ( VIII 60 ) = fr. 151-158 Giannantoni. Les livres I et IV sont cités; ils concernent essentiellement les amours de Périandre , Aristote (et une rallaxń d'Hermias ), Socrate (et Alcibiade ), Xénophon (et Cleinias), Platon (et Aster), Polémon (et Xénocrate ), Théophraste ( et Nicomaque ), Empédocle ( et Pausanias). La mention de philosophes comme Polémon ou Théophraste interdit de faire remonter l'ouvrage plus haut que le III s . av. J.-C. , ce qui rend l'attribution à Aristippe impossible. On trouvera dans Giannantoni 4, t. III, p. 151 n. 46, les références bibliographiques des hypothèses élaborées autour de cet ouvrage. Un ouvrage de titre identique est attribué à Alciphron de Magnésie > ( voir cette notice ). Dans une étude inédite , dont un résumé est paru sous le titre « Deux épigrammes platoniciennes pour Phèdre » dans REG 77 , 1964 , p . XIII-XIV , S. Follet considère que ce pseudo -Aristippe « a réuni des exemples destinés à illustrer le goût des anciens philosophes pour le plaisir». Elle montre notamment comment ce compilateur, qui « paraît avoir souvent falsifié, détourné de leur sens véritable ou même entièrement forgé ses témoignages » , a pu inventer un élève de Platon passionné d'astronomie en faisant un nom propre du mot dorp qui pouvait désigner Phèdre (« le Brillant » ) dans les épigrammes transmises par D.L. III 29. Selon S. Follet, les épigrammes platoniciennes qui suivent sur la courtisane Archéanassa et sur Agathon pourraient provenir de la même source . La première est connue par l'Anthologie Palatine VII 217 comme une épigramme funéraire d'Asclepiade de Samos. Quant à la passion pour Clinias que le pseudo -Aristippe attribue à Xénophon (D.L. II 49) , elle résulte également d'une manipulation de témoignage, puisque, dans le Banquet de Xénophon ( IV 12), la déclaration d'amour pour Cleinias est placée dans la bouche de Critobule . Les lettres socratiques attribuées à Aristippe sont éditées par Giannantoni 4 , fr. 222-226 , et commentées, t. III, p. 153-155.
Ibn al-Qifti ( fr. 162 Giannantoni) prête également à Aristippe deux ouvrages mathématiques : Sull' operazione dell'algebra et Sulla divisione dei numeri. « Aristippe ou Callias » est le titre d'un dialogue de Stilpon ( II 120 ). Speu sippe avait lui aussi composé un dialogue intitulé « Aristippe de Cyrène » (D.L. IV 4). RICHARD GOULET . > Essai de datation . Giannantoni 1 , p. 172 , 431 (dernières décennies du ve s . av . J.-C. et première moitié du IV°) ; 4 , t. I, p . 3-14 , « De Socratis sectatorum temporibus » ( situé vers l'époque de la mort d'Epaminondas, Diodore XV 76,4) . Difficultés d'une étude sur Aristippe : outre l'absence de témoignages directs, la présence de nombreux textes inauthentiques, spécialement des lettres (voir Giannantoni 1 , p. 116-169 et 352-363 ) ou d'une authenticité incertaine, comme les témoignages arabes et syriens ( ibid ., p. 364-431; Mannebach 5 , p. 119-121 ) , rend souvent hasardeuse la détermination précise des thèses de ce philosophe, ainsi que la distribution de ces thèses entre le fondateur même de l'école et les autres représentants de celle -ci ( voir sur ce point Mannebach 5 , p . 36-56 , 119 121 ) , difficulté augmentée d'ailleurs par l'habitude de Diogène Laërce de rap porter toute la doctrine au fondateur de l'école ( II 86 s . ) et par l'homonymie entre Aristippe « l'ancien » et Aristippe « Métrodidacte » . Cependant, une
ARISTIPPE DE CYRÈNE
375
critique trop sévère, comme celle de Giannantoni 1 , aboutit à l'erreur inverse de retirer au premier Aristippe toute responsabilité dans la fondation de l'école et l'élaboration de la doctrine cyrénaïque, pour en faire un sophiste sous prétexte qu'il a voyagé et dispensé un enseignement payant: Mannebach 5, Appendice VI. Une autre difficulté consiste à éviter de faire d'Aristippe un épicurien , confusion souvent faite et qu'on trouve, par exemple, chez Pseudo -Acron, ad Horatii Epistolam I 17 , 1. (Voir 11 Observationes et emendationes de Ménage, relatives à la traduction T. Aldebran de Diogène Laërce, London 1664, p. 71 col. a) . Études particulières. Sur le nom de « cyrénaïsme» : Mannebach 5, p. 32, 92-93 , n. au fr. 148. Les désignations de Sextus Empiricus, H.P. I 215 et M. VI 53 ; VII 11 , 15 , 190 ; voir Trabucco 13, cité plus loin . 12 A. Mauersberger, « Plato und Aristipp » , Hermes 61 , 1926 , p . 208-230 et 304-328 ; 13 F. Trabucco , « La polemica di Aristocle di Messene contro lo scetticismo e Aristippo e i Cirenaici >>, RSF 15 , 1960 , p . 115-140 . FRANÇOISE CAUJOLLE -ZASLAWSKY. Iconographie. Aucune source antique ne mentionne l'existence de portraits d'Aristippe. Une statue assise (fig. 3 ) du palais Spada à Rome ( 14 G. Richter, Portraits, fig. 1018, 1020 ) pourrait représenter le philosophe, si on lit sur la plinthe APIETINN ( O2 ), comme le fait Richter. On a cependant avancé aussi les noms d'Aristote et d'Ariston de Chios. Un hermès double de Berlin conserverait, selon Schefold , l'image d'Aristippe et de sa fille Arété (Richter, fig. 1015 1017). La tête, barbue, s'inscrit dans une tradition qui remonte au IVe s. av. J.-C. D'autres identifications proposées sont purement hypothétiques, comme le souligne Richter ( avec références). Elle met formellement en doute l'authenticité d'une pâte de verre portant le nom d'Aristippe en grec et conservée au British Museum . 15 H.B. Walters, Catalogue of the engraved gems and cameos in the B.M. , London , 1926 , n° 3217. Il s'agit du profil d'un homme barbu, tourné à droite, environné des images en miniature d'Aphrodite, Athéna, Dionysos, Apollon , symbolisant ses mæurs et sa philosophie. Selon 16 F. Winter, « Bildnis eines griechischen Philosophen », dans Festschrift Th. Gomperz, Wien 1902, p. 436 s . , cette gemme doit être rattachée à une époque antérieure à l'époque hellénistique. Certains ont émis des doutes, cependant, sur l'authenticité de cette pièce : 17 J.J. Bemoulli, Griechische Ikonographie t. II, München 1901, p. 8 s. 18 K.A. Esdaile , JHS 34 , 1914, p. 58 ; etc. Cf. 19 K. Schefold , Bildnisse , p . 78-79 , nº 4 et p . 206 ; G. Richter, Portraits, II, 1965 , p. 175-176 ; Mannebach 5 , p . 117-119 . FRANÇOIS QUEYREL et FRANÇOISE CAUJOLLE -ZASLAWSKY. 357
ARISTIPPE DE CYRÈNE RE 10
MFI
A. Néo -académicien , quatrième homonyme du philosophe socratique (D.L. II 83). Numénius ( fr. 26, 100-101 des Places, ap . Eusébe, P.E. XIV 7 , 14) dit de Lacydès qu '« il eut de nombreux auditeurs, parmi lesquels se distingua Aristippe de Cyrène ». On lit à propos de Lacydès dans l'Ind . Acad. Herc. XXVII, 9 (p. 94 Mekler = FGrHist 244 F 47 ) : éyévovito l ' aútoŨ Naotas te mal paloys, τρίτος δ '
'Αρίστιππος συνήθεις ,
και
δύο
επισημότατοι μάΙ[ λιστα
376
ARISTIPPE DE LARISSE
Τηλεκλή [ 6 ] τ [ ε και ] Εβαγl[ δρο] ς . [La seconde référence donnée par von Anim (RE ): 29, 4, est sans doute une erreur pour p . 94 ). B. Dans un ouvrage intitulé Tepi puoiołytáv ( je lis ainsi avec Delatte et Gigante, et non lepi puoiolóywv comme Cobet, Hicks et Long), un certain Aristippe de Cyrène donnait une interprétation étymologique du nom de Pythagore: ti thv danoeiav nyopevev oŮx hitov toũ luoiou (D.L. VIII 21 ) . Susemihl, t. I, p . 126, et Zeller, III 1 ' , p . 515 n. 3 , ont attribué l'ouvrage à notre philosophe, mais von Amim considère que l'explication proposée ne convient guère à un néo -académicien comme le disciple de Lacydès... Cf. T. Dorandi, La ‘Cronologia' di Apollodoro nel PHerc . 1021 , Napoli 1982, p. 39-40. Synésius, Lettre 52, p . 92, 16 Garzya (= 50 , p . 661 d Hercher) mentionne comme gloires passées de Cyrène Kapveádai Te val 'Apioti NOI. S'il ne s'agit pas de pluriels emphatiques, il pourrait y avoir ici une mention du disciple de Lacydès, mais rien n'est moins sûr. TIZIANO DORANDI. 358
ARISTIPPE DE LARISSE RE 1
F va
Disciple du sophiste Gorgias. Socrate rappelle à Ménon , au début du dialogue qui porte ce nom (Ménon 70 ab ), l'influence que Gorgias ( cf. DK 82 A 19) exerça en Thessalie lors de son passage. Ces gens qui étaient jusqu'alors renommés pour leur habileté dans l'équitation ( cf. Athénée XII , 534 b ) et leur richesse s'enflammèrent d'amour pour la science . De puissants personnages comme Aristippe et Ménon contrac tèrent sous l'influence de Gorgias « l'habitude de répondre avec une généreuse assurance à toute question , comme il est naturel à des savants et comme il le faisait lui-même, s'offrant à répondre sur tous sujets au premier Grec venu , sans jamais se dérober » ( trad. A. Croiset ). Aristippe appartenait à la famille des Aleuades. Aristippe de Thessalie est présenté par Xénophon, Anabase I 1 , 10, comme un hôte de Cyrus, chargé de lever une armée de mercenaires qui lui servit à réprimer une révolte en Thessalie et dont le commandement fut ensuite confié au jeune Ménon lors de l'expédition de Cyrus ( II 6, 28) en 401. Cf. J. Toepffer, art. « Aristippos» 1 , RE II 1 , 1895 , col. 901 , où l'on corrigera la référence « Menex . 70 b » en « Menon 70 b » ; T.S. Brown , « Menon of Thessaly » , Historia 35 , 1986 , p . 387-404 (évoque à plusieurs reprises la figure d'Aristippe en rapport avec Ménon ). RICHARD GOULET. 359
ARISTIPPE DE TARENTE
Va ?
Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique, V. pyth. 36 , 267 ; p . 144, 12 Deubner. Dumont, Présocratiques, p. 1390-1391 , l'identifie sans raison avec Aristippe de Cyrène. BRUNO CENTRONE. 360
ARISTIPPE MÉTRODIDACTE RE 9
MF IV
Philosophe cyrénaïque, petit -fils du disciple de Socrate et son successeur à la tête de l'école cyrénaïque, après sa mère Arétè. Le surnom de « métrodidacte »
ARISTO ( TITIUS-)
377
(Mntpodídaxtos, littéralement : « instruit par sa mère » ) signifie qu'il a reçu d'Arétè elle -même sa formation philosophique. Témoignages et fragments. 1 G. Giannantoni, I Cirenaici, coll. « Pub blicazioni dell'Istituto di filosofia dell'Università di Roma » 5 , Firenze 1958 , 520 p . , 2° partie : sources antiques avec trad. ital. et apparat critique , chap . 2 : Arétè et Aristippe « Métrodidacte » , p. 432-435 ; 2 id ., Socraticorum Reliquiae, chap. IV . B : Arete et Aristippus Metrodidactus, t. I, p. 287 ; 3 E. Mannebach ( édit .), Aristippi et Cyrenaicorum fragmenta , Leiden /Köln 1961 , fr. 131 A, B ; 132 ; 135 ; 136 A, B , C ; 137 A, B , p. 33 s .; 163 , p. 41 ; 201 , p. 47 ; p. 89-90 , 107-109. Témoignages. ( 1 ) D.L. II 83 [= Eudoc . p . 122 , 3 = fr. 121 , p . 29 ], 86 ; ( 2) Hesychius dans la Souda, s.v. 'Apioti no , t . I , p . 354 , 28 s . , ( = fr. 131 , p . 33 ) ; (3) Athénée XII, 544 d ; XIII, 588 c, 599 b (Aristippe « meretrix ») ; ( 4 ) Strabon XV 3 , 22, p . 837 C. (= fr. 132 , p . 33 ) ; (5 ) Clément d'Alexandrie, Strom . , IV , XIX , 122 , 1 ; t. I, p . 302 , 11-13 Stählin ( = fr. 136 B , p . 34) ; (6) Thémistius, Orationes , I (XXI ), 244 b Dindorf ; voir notice Arétè; (7) Eusébe, P.E. XIV 18 , 32, p . 764 a ( vivre doucement est la « fin» de la vie fr. 136 A , p. 34) ; p. 764 b (métaphore des trois mouvements de la mer, images du plaisir ]. (8 ) Élien, H.A. III 40 Hercher (= fr. 136 C, p . 34 ) .
Étude d'orientation . 4 P. Natorp, art. « Aristippos » 9 , RE II 1 , 1895 , col. 906 . Rôle dans le cyrénaïsme: imprécis. Personnage tantôt inexistant, tantôt assimilé à Aristippe l'ancien ou à Annicéris. Voir Mannebach 3.
FRANÇOISE CAUJOLLE -ZASLAWSKY.
361
ARISTO ( TITIUS - ) RESuppl. VIII + IX : Titius 27a
FI -D II
Juriste romain célèbre de l'époque de Trajan , disciple ou du moins auditeur ( d'après Dig. IV 8 , 40 ) de C. Cassius Longinus (RE 60 ). Il est présenté comme jureconsultus par Aulu -Gelle (XI 18, 16). Il était compétent en droit civil et en droit public ( Pline, Epist. I 22 , 2 ; VIII 14 , 1 ). Les fragments juridiques ont été rassemblés par O. Lenel, Palingenesia Iuris Civilis, Leipzig 1889 ( réimpr. avec un supplement dû à L.E. Sierl, Graz 1960 ), t. I, p. 59-70. On pourrait s'étonner de le voir recensé dans le présent ouvrage si son ami et admirateur Pline le jeune ne l'avait décrit comme un modèle d'attitude philoso phique, supérieur aux philosophes de profession . La Lettre I 22, adressée à Catilius Severus, déplore sa « longue et opiniâtre maladie » ($ 1 ) et célèbre son courage devant la souffrance, sa sereine lucidité devant la mort (§ 7-9) . « On aurait de la peine à égaler à un tel homme ces pauvres philosophes qui affichent dans leur tenue le goût de la sagesse. Ce n'est pas en vérité un habitué des gymnases ni des colonnades, il ne se plaît pas aux longues discussions qui font passer le temps à soi-même et à autrui; mais il s'occupe des affaires civiles et politiques, il prête à beaucoup son assistance en justice, à plus encore son conseil » (§ 6 , trad . A.-M. Guillemin ). Témoignage remarquable en faveur du studium sapientiae (8 6) qui déborde les cadres de la philosophie d'école . Titius Aristo est également le dédicataire de la lettre V 3 de Pline. Pour le commentaire des
378
ARISTOBOULOS
lettres, voir A.N. Sherwin -White, A historical and social commentary, Oxford 1966 , p. 136-138, 316-318 et 461-466 . Cf. W. Kunkel, Herkunft und soziale Stellung der römischen Juristen, coll. « Forschungen zum römischen Recht » 4, 2e éd ., Graz /Wien /Köln 1967, p. 141 144 ( n ° 25 ); G. Wesenberg, art. « Titius » 27a, RESuppl. VIII, 1956 , col. 857 859 ; Th . Mayer -Maly, art. « Titius Aristo » , RESuppl. IX , 1962, col. 1395 1397 . Sur l'identification de l'Ariston mentionné par Marc -Aurèle dans une lettre à Fronton ( ad Marc. Caes. IV 13 , p. 68 , 24 ; 69, 4 et 8 Van den Hout), voir E. Champlin, « The Chronology of Fronto » , JRS 64 , 1974 , p . 144 (qui y reconnaît le jurisconsulte Titius Aristo ) et la critique de P. Hadot, AēHE , ve sect. , 92 ( 1983-1984) , p. 331-336, qui voit plutôt en lui le philosophe stoïcien Ariston de Chios. RICHARD GOULET. 362
ARISTOBOULOS RE 16
IV - III
Un des trois frères d'Épicure qui, selon le témoignage de Philodème ( en D.L. X 3. Cf. Suidas, Lex ., s.v. 'Enixovpos , t. II, p. 362 Adler = p. 373 Usener ), philosophaient avec lui. Destinataire d'au moins deux lettres d'Épicure, une citée en PHerc. 176, fr. 5 col. XV 12 s . (= Épicure, fr. 44 Arrighetti?) et une autre citée par Diogène Laërce VII 9 ( fr. 119 Usener = 45 Arrighetti ?), bien qu'il ne soit pas exclu qu'il puisse s'agir de la même lettre (voir encore Philodème, Tract., PHerc. 1418 , col. XVIII, 3 ). Il mourut de maladie avant Épicure, qui écrivit son éloge sous le titre 'Apiotótovlog (sur sa maladie , voir Plutarque, Non posse suav. vivi sec. Epic. 5 , 1089 f , où est cependant transmis le nom 'Ayabóbouloc : voir K.-D. Zacher, Plutarchs Kritik an der Lustlehre Epikurs, Königstein / Ts. 1982, p. 57. Le titre de l'éloge figure dans la liste des æuvres d'Épicure en D.L. X 28. Cf. Plutarque, Non posse suav . vivi sec . Epic. 22 , 1103 a = Métrodore , 26 App . Körte et De latent. viv. 3 , 1129 a = Métrodore , 27 App. Körte ). L'identification avec l'Aristoboulos mentionné par Philodème, PHerc . 19/698, col. XVI, 13 ( °A . Év Tivi ypáupatı) proposée par Susemihl, t. II, p. 267, n . 173 , a été, avec raison , rejetée par Crönert, Kolotes und Menedemos, p . 180 , qui pense plutôt au stoïcien Aristoboulos, disciple de Chrysippe, mentionné également dans l'Ind . Stoic . Herc. , col. XLVII, 4-5 (p . 64 Traversa) et dédica taire d'un ouvrage de logique de Chrysippe (D.L. VII 198 ) . Voir la notice suivante . TIZIANO DORANDI. 363
ARISTOBOULOS RE 17
MF III
Dédicataire d'un ouvrage de Chrysippe relevant de la logique : Diogène Laërce VII 198 . Ce nom apparaît également dans une liste de disciples de Chrysippe transmise par l'Ind . Stoic . Herc ., col . XLVII, 4-5 (p . 64 Traversa ) : [ 'AJpiotóboulo( s ) ( fr. 160 Hülser) .
ARISTOBOULOS
379
Selon Croenert, Kolotes und Menedemos, p . 180 , ce philosophe serait mentionné par Philodème en PHerc. 19/698, col. XVI, 13 : ' Aplotoboulos šv τινι γράμματα.. RICHARD GOULET et TIZIANO DORANDI.
364
ARISTOBOULOS RE 15
Ia ?
« Péripatéticien juif» , auteur d'un Commentaire en plusieurs livres de la Loi de Moïse (Pentateuque) dédié à Ptolémée [ VI Philomètor ( 181-146 )]. Cf. 1 N. Walter, Der Thorasausleger Aristobulos. Untersuchungen zu seinen Fragmenten und zu pseudepigraphischen Resten der jüdisch- hellenistischen Literatur, coll. « Texte und Untersuchungen » 86, Berlin 1964 ; 2 id. , « Frag mente jüdisch - hellenistischer Exegeten : Aristobulos, Demetrios, Aristeas» , dans A.H.J. Gunneweg et alii, Unterweisung in lehrhafter Form , coll. « Jüdische Schriften aus hellenistisch - römischer Zeit » , Bd. III , Lief. 2, Gütersloher 1975 , p. 261-279 ( avec une traduction allemande des fragments ); 3 C. Kraus Reggiani, « I frammenti di Aristoboulo , esegeta biblico » , BollClass 3 , 1982, p . 87-134 [ introd ., texte , trad. ital., commentaire ); 4 C. Angelino, D. Valesini et E. Salvaneschi ( édit.), « I frammenti di Aristobulo » , dans Lúyxploiç . Testi e studi di storia e filosofia del linguaggio religioso , t. II, Genova 1982, p. 41-82 ( introd ., trad ., notes et index des passages bibliques ); 5 A. Gercke , art. « Aristobulos » 15 , RE II 1 , 1895 , col. 918-920 ; 6 J. Pépin , Mythe et allégorie. Les origines grecques et les contestations judéo - chrétiennes. Nouvelle édition, revue et augmentée, Paris 1976 , p. 226 ; 7 Susemihl , t. II , p . 629-634 ; 8 P. Wendland, art. « Aristobulus of Paneas » , dans The Jewish Encycl. II, 1902, p. 97-98 . Clément et Eusébe qui fixe, dans sa Chronique, l'acmè d'Aristobule en 1764, identifient cet exégète au didaskalos, « issu de la race des prêtres oints » , de Ptolémée , destinataire d'une lettre des Juifs de Jérusalem citée en II Macc . 1 , 10. Les circonstances de cette lettre inviteraient à la dater de 164 ", mais il s'agit probablement d'un faux qui témoignerait alors de la célébrité de l'ouvrage d'Aristobule à l'époque de composition du second livre des Maccabées. Anato lius, dans ses Canons sur la Pâque (apud Eusébe, H.E. VII 32, 16-17), évoque, à propos du comput pascal, les « deux Agathobules, surnommés les maîtres d'Aristobule le Grand ( ToŨ návu (où Rufin et la version syriaque lisent : " de Panéas" ]), lequel fut du nombre des Septante traducteurs des Écritures sacrées et divines des Hébreux pour Ptolémée Philadelphe (308-246) et pour son père ... » Cette confusion pourrait venir du fait qu'Aristobule s'adressait au roi sous le simple nom de Ptolémée. L'appartenance d'Aristobule au Péripatos se déduisait peut-être de quelque détail du texte . D'après un passage conservé par Clément, Strom . V 14 , 97 , 7 , Aristobule prétendait que la philosophie péripatéticienne dépend de la Loi de Moïse et des Prophètes. Mais Susemihl 7, t. II , p . 629 n. 46, a fait remarquer que l'exégète parle ailleurs ( apud Eusébe, P.E. XIII 12 , 10-11 ) de la secte péripaté ticienne sans s'y associer et qu'il déclare préférer ce que son ancêtre Salomon dit de la sagesse. Les références philosophiques de la réflexion d'Aristobule sur les anthropomorphismes n'en sont pas moins nombreuses.
380
ARISTOCLÉIDAS DE TARENTE
Origène, Contre Celse IV 51 , associe Aristobule à Philon parmi les auteurs de commentaires allégoriques de la Loi qu'aurait pu lire Celse. La terminologie technique de l'allégorie fait cependant totalement défaut chez cet exégète et c'est à tort qu'on qualifie d'allégorique l'explication qu'il fournit des anthropomor phismes bibliques ( les mains, le visage, les bras, la voix , les pieds de Dieu, son repos, sa promenade ou sa descente ) en P.E. VIII 9, 38-10, 19. L'anthropomor phisme ne choque vraiment que l'esprit qui lit l'Écriture en son sens le plus obvie et n'y cherche pas un enseignement caché se déployant sur un tout autre registre, ainsi que l'enseignaient par exemple des prédécesseurs juifs de Philon . Aristo bule ne voit dans ces expressions que des « métaphores » , identiques à celles qu'emploie le langage relevé (uEyaleiov ). Les mains de Dieu signifient ainsi sa puissance ou ses activités. Si la philosophie pousse Aristobule à purifier sa notion de Dieu, elle ne l'amène pas à sortir du cadre du judaïsme. Voir 9 R. Goulet, La Philosophie de Moïse. Essai de reconstitution d'un commentaire philo sophique préphilonien du Pentateuque, coll. « Histoire des doctrines de l'Anti quité classique » 11 , Paris 1987, p . 534-535 . Même les passages, au demeurant assez obscurs, d'Aristobule sur le septième jour échappent à une définition un peu rigoureuse de l'allégorie ; c'est ce qu'a vu par exemple Walter 1 , p . 139 : « Nicht eigentlich allegorische Deutung ist auch die Gleichsetzung von Sabbat und pâc in F 5 /P.E . XIII, 12 , 9 ( eher könnte man von symbolischer Deutung sprechen ). Die sich daran anschließende Spekulation über copía und pāç (Ebd. 12, 10-11a) ist vollends als midraschartig zu bezeichnen . » Voir également 10 I. Heinemann , « Die Allegoristik der hellenistischen Juden ausser Philon » , Mnemosyne 5 , 1952, p . 130-138. Selon Aristobule, il aurait existé avant la traduction de la Septante une version grecque beaucoup plus ancienne de la Loi de Moïse, « antérieure à Alexandre et à la domination perse » : c'est là que les philosophes grecs, dont Platon , auraient puisé nombre de leurs dogmes (P.E. IX 6, 6-8). Pour illustrer cette dépendance des poètes et des philosophes à l'égard de Moïse, Aristobule citait des passages, certains inventés de toutes pièces, sinon par lui-même du moins par un devancier, d'Orphée, Aratos, Hésiode, Homère et Linus. Ces vers pseudépigraphes ont fait penser que l'ouvrage d’Aristobule pouvait être un faux qu'on a daté jusqu'au début du III s . de notre ère (Wendland ). RICHARD GOULET. 365
va
ARISTOCLÉIDAS DE TARENTE
Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique, V. pyth . 36, 267 ; p . 144, 17 Deubner. BRUNO CENTRONE. 365a
ARISTOCLÉIDÈS DE NICOPOLIS
DI
Aristocléidès , fils de Diogène, obtint à titre honorifique le droit de cité à Delphes (FD III 1 , 83 ) , honneur qu'il avait auparavant obtenu à Tyane, Patras et Argos. Dans cette inscription que l'on peut dater des années 120-130 ap . J.-C. , il est désigné comme puoixòV É [ nl ]othunv, expression un peu obscure. Il n'est pas sûr qu'il faille y voir un philosophe comme le voudrait H. Bouvier, « Hommes
ARISTOCLÈS DE LAMPSAQUE
381
de lettres dans les inscriptions delphiques », ZPE 58 , 1985 , p . 130, n° 12 ; il pourrait s'agir, selon Bernadette Puech, d'un conférencier spécialisé dans les sciences naturelles. RICHARD GOULET.
366
ARISTOCLÈS
MF III
Dédicataire du lepl tõv duoiwv, ouvrage logique en trois livres de Chry sippe (D.L. VII 199 ). Ce nom apparaît également dans une liste des disciples de Chrysippe transmise par l'Ind. Stoic. Herc ., col. XLVII , 7 (p. 64 Traversa ) : 'ApioTO [ KA JÕs ( fr. 160 Hülser ). Une identification est envisageable avec le commentateur de Chrysippe, Aristoclès de Lampsaque ( voir cette notice ). RICHARD GOULET. 367
V
ARISTOCLÈS RE 17
Destinataire d'une Lettre de Proclus, dans laquelle celui -ci traitait de problè mes d'exégèse des Oracles Chaldaïques. Il s'agissait du problème du lieu des « firmaments » . Cette Lettre est citée par Simplicius, In Phys., p. 615 , 15 Diels. Traduction annotée du texte de Simplicius dans A.J. Festugière (édit.), Proclus, Commentaire sur la République, t. III, Paris 1970 , p. 335-336. HENRI DOMINIQUE SAFFREY . 368
ARISTOCLÈS DE LAMPSAQUE
RE 16
F III - D II ?
A. « Philosophe stoïcien » , connu par une notice de la Souda (A 3917 ; t. I, p. 356 , 13-15 Adler) : « Aristoclès de Lampsaque, philosophe stoïcien. A écrit un commentaire du traité de Chrysippe Sur la manière dont nous disons et concevons chacune des réalités ( Περί του πώς έκαστα λέγομεν και διανοούμεθα ), en quatre livres » (fr. 195 M Hülser ). Cette référence au livre de Chrysippe paraît absente de SVF . Ce traité est cité par Diogène Laërce VII 201, parmi les @uvres morales de Chrysippe; il était composé apparemment d'un seul livre, mais cette indication n'est donnée que par une partie de la tradition manuscrite (voir l'édition de H.S. Long, t. II, Oxford 1964, p . 291 ) . On peut très bien concevoir que le traité de Chrysippe ait comporté un sevil livre et le commentaire d'Aristocles quatre livres. H. von Arnim , art . « Aristokles » 16 , RE II 1 , 1895 , col. 935 , l'attribuait « vermutlich » au I s . de notre ère. Il a été suivi par M. Pohlenz, Die Stoa , t. II, Göttingen 1955 , p . 148 (« In der Kaiserzeit muss der Stoiker Aristokles von Lampsakos gelebt haben » ). Aucun argument n'est donné à l'appui de cette datation . B. Il est plus tentant d'identifier Aristoclès de Lampsaque au disciple de Chrysippe homonyme cité dans l’Ind. Stoic. Herc ., col. XLVII, 7 ( p. 64-66 Traversa ), que W. Crönert, Kolotes und Menedemos, p. 79-80, avait déjà rap proché de l'homonyme auquel Chrysippe avait dédié les trois livres d'un traité moral intitulé Des semblables (ſlepi Tây Duoiwv ), selon Diogène Laërce VII
382
ARISTOCLÈS DE MESSINE
199. Si l'on admet cette hypothèse , Aristoclès de Lampsaque a dû vivre dans la seconde moitié du IIIe et sans doute le début du II s. av . J.-C. SIMONE FOLLET. 369
ARISTOCLÈS DE MESSINE RE 15
FI-D I ?
Philosophe péripatéticien. Vie. Plusieurs sources anciennes nomment le philosophe péripatéticien Aristoclès de Messine et citent ou analysent son cuvre principale , le De philo sophia : ( 1) Souda, s.v. 'Apiotokañs, A 3916 , t. I, p. 356, 8-12 Adler, (2) ibid. , s.v. Ewtágas , £ 869, t. IV , p . 409, 20-21 Adler ; ( 3) Eusébe , P.E. , livres XI et XIII -XV ; (4) Proclos, In Timaeum , t. I , p . 20 , 2 et 85 , 28 Diehl (mais voir la traduction de 1 A.J. Festugière, Paris 1966 , t . I, p. 48 , qui y reconnaît Aristo clès de Rhodes, cité plus loin par Proclus); (5 ) Théodoret de Cyr, discours XII Contre les Grecs (PG 83 , 1859, col. 1029) ; (6) id ., Thérapeutique des maladies helléniques VIII 34 et XII 51 ( t. II, p . 322 et 435 Canivet ); (7 ) Jean Philopon , scholie à l'Arithmétique de Nicomaque de Gérasa, I 1 et I 15 , p . 1-2 et 5 Hoche, avec la traduction française de 2 A.J. Festugière, La révélation d'Hermès Trismégiste, t. II : Le dieu cosmique, coll. « Études bibliques » , Paris 1949, p . 222-224 , et l'étude de 3 W. Haase, « Ein vermeintliches Aristoteles Fragment bei Johannes Philoponos», dans Synusia . Festgabe für W. Schadewaldt, Pfullingen 1965 , p . 323-354 ; (8) Asclépios de Tralles, scholies 1, 6-43, et 11 , 1-7 , à l'Introduction à l'Arithmétique de Nicomaque, livre I, éd. L. Tarán (TAPHS 59 (4 ), 1969, p . 24 et 27 ]; (9) Scholie à Hermogène, dans Rhetores Graeci, Stuttgart/ Tübingen 1833 , t . VII 2 , p . 246 Walz . A la suite d'une correction de 4 E. Zeller, Die Philosophie der Griechen , III 1 ' , p . 814 n. 1 , et p . 815 n. 3 , on a longtemps vu en lui le maître d'Alexandre d'Aphrodise , ce qui le faisait dater de la seconde moitié du II ° s . (voir 5 A. Gercke, art. « Aristokles » 15 , RE II 1 , 1895 , col. 934-935 , par exemple). P. Moraux a cependant montré que le maître d'Alexandre devait être Aristotélès de Mytilène : 6 Alexandre d'Aphrodise, exégète de la Noétique d'Aristote, coll. « Bibliothèque de la Faculté de Philosophie et Lettres de l'Université de Liège » 99 , Liège/Paris 1942, chap. IV ( « Une correction de Zeller » ), p. 143-149 ; 7 id ., « Aristoteles, der Lehrer des Alexanders von Aphrodisias » , AGPh 49 , 1967 , p . 169-182 ; 8 id ., Aristotelismus, t. II, p . 83-92 et 399-425 ; 9 id ., « Ein neues Zeugnis über Aristoteles, den Lehrer Alexanders von Aphrodisias », AGPh 67 , 1985 , p . 266-269. Pour dater Aristoclès, on ne peut plus s'appuyer que sur les philosophes datés les plus récents cités dans les fragments, Apellicon de Téos, mort entre 88a et 849, et Énésidème ( fin des années 40 ou débutdes années 30 du I“) , qui aurait écrit xoès xal rponv « hier et avant-hier» par rapport à Aristoclès. Ce dernier doit appartenir à la fin du 1er s. avant notre ère ou au début du ret s . de notre ère (voir Moraux 8 , p. 83-92) . Son disciple Sotas (voir 2) est inconnu par ailleurs. Deux problèmes peuvent encore être posés : 1 ) Si, dans la notice de la Souda, la précision « de Sicile » n'était qu'une glose sans autorité insérée dans le texte , Aristoclès serait en réalité de Messène, dans le Péloponnèse, ville où le nom d'Aristoclès est bien attesté : voir en particulier le notable honoré dans IG V 1 , 1432, avec la datation nouvelle de 10 A. Giovan
ARISTOCLÈS DE MESSINE
383
nini, Rome et la circulation monétaire en Grèce propre au lime siècle avant Jésus Christ, coll. « Schweizerische Beiträge zur Altertumswissenschaft » 15 , Basel 1978 , p. 115-122 ( noter cependant les réserves sur la date de 11 P. Marchetti, RBNum 125 , 1979 , p . 193-194 ; 12 P.A. Brunt, JRS 71 , 1981 , p. 166 , et 13 L. Migeotte , BCH 109, 1985, p. 605 ). 2) Celui de l'attribution des écrits mis sous le nom d'un ou plusieurs Aristo clès: Italika, Paradoxa, De gigantibus, De musica , De choris ( testimonia réunis par 14 A. Müller, FHG , t. IV , Paris 1851 , p. 329-332). D'après le stemma des sources d'Athénée établi par 15 C.A. Bapp, « De fontibus quibus Athenaeus in rebus musicis lyricisque enarrandis usus sit » , LS 8 , 1885 , p. 155 , l'Aristoclès auteur d'écrits sur la musique serait la source de Denys d'Halicarnasse et de Juba II, ce qui le rapprocherait chronologiquement du philosophe. Euvres. D'après la Souda ( 1 ), Aristoclès aurait écrit : 1. De la philosophie (Iepi poooplas ) , en dix livres ; ces dix livres sont aussi mentionnés par Jean Philopon ( 7) ; 2. Lequel des deux, Homère ou Platon, est le plus sérieux ? (ITótepov σπουδαιότερος " Όμηρος ή Πλάτων ;) ;
3. Traités de rhétorique (Téxvai Pntopixai); 4. Sur Sarapis ( ſlepi Lapánidos) ; 5. Éthique, en neuf livres ( "Heixà Bibala e ') . Certains de ces ouvrages ont pu lui être attribués par confusion avec un homonyme, par exemple Aristoclès de Pergame; il n'est toutefois pas impossible qu'il ait composé des ouvrages de rhétorique. Sur la méthode de citation d'Eusébe, qui nous a conservé la plupart des fragments connus, voir 16 K. Mras, « Die Stellung der Praeparatio Evangelica des Eusebius im antiken Schrifttum » , AAWW 93 , 1956, p. 209-217 . Éditions. Aucune édition n'est satisfaisante. Celle de 17 F. Mullach , FPG , Paris 1881 , t. III, p . 206-221, est très incomplète. Celle de 18 H. Heiland , Aristoclis Messenii Reliquiae, Giessen 1925 , 107 p . , distingue bien entre testimonia , vestigia et fragmenta , comporte un commentaire utile , mais elle inclut des fragments qui ne sont pas d'Aristoclès, omet celui d'Asclepios, publié plus tard , et donne un texte parfois incorrect; il faut donc se reporter aux éditions des auteurs dont ces fragments sont tirés. Philosophie. Les fragments conservés par Asclepi ús de Tralles (7 ) et Jean Philopon (8) offrent une analyse intéressante du concept de copia , rattaché éty mologiquement a σαφές et a φώς , et de l'apparition de cing differentes σοφίαι, liées aux étapes successives du développement de la civilisation et séparées par des catastrophes ; le rapport entre cette doctrine et les écrits perdus d’Aristote est controversé (voir Moraux 8 , p. 92-123 ) . Le De philosophia devait suivre le développement génétique des différentes doctrines, en faisant une large place à Platon et à Aristote. Au livre VIII, apparemment consacré à la théorie de la connaissance, l'auteur réfutait successivement les théories des pyrrhoniens, des cyrénaïques et des épicuriens, de Protagoras, des éléates et des mégariques (voir Moraux 8, p. 124-127) . On a décelé chez Aristoclès une transformation du concept aristotélicien du vouc, sous l'influence du panthéisme stoïcien .
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ARISTOCLÈS DE PERGAME
Sur sa philosophie, et la présentation polémique des thèses de certaines écoles, on peut consulter: 19 F. Trabucco , « Il problema del De philosophia di Aristo cle di Messene e la sua dottrina » , Acme 11 , 1958 , p. 97-150 ; 20 ead ., « La polemica di Aristocle di Messene contro Protagora e Epicuro », AAT 93 , 1958-1959 , p . 473-515 ; 21 ead ., « La polemica di Aristocle di Messene contro lo scetticismo di Aristippo e i Cirenaici», RSF 15 , 1960 , p . 115-140 ; 22 G.A. Ferrari, « Due fonti sullo scetticismo antico (Diog. Lae. IX , 66-108 ; Eus . , Praep. Ev. , XIV , 18 , 1-20) », SIFC 40 , 1968 , p . 200-224 ; et surtout Moraux 8, p. 92-207, ainsi que, plus récemment, 23 H.B. Gottschalk , « Aristo telian philosophy in the Roman world from the time of Cicero to the end of the second century AD » , ANRW II 36, 2, Berlin 1987 , p . 1162-1164. SIMONE FOLLET. 370
ARISTOCLÈS DE PERGAME ( TIBERIUS CLAUDIUS - ) RE 19 M II Philosophe péripatéticien, puis sophiste. Sources. ( 1 ) Philostrate , V. soph . II 3. 9. 14. 16. 17. 26 ; (2) Synésius, Dion 35 C-36 A (p. 234 , 7-235 , 1 Terzaghi); (3 ) Photius, Bibl. , cod. 158 , t. II, p. 115-119 Henry ( analysant la Préparation sophistique de Phrynichos l'Arabe ); ( 4) Souda, s.v. Aploteions et ’ApiotoxañS (A 3902 et 3918 Adler ); (5) Scholie anonyme à un lepi otáoewv (Walz, Rhetores graeci, t. VII, p. 246 note). (6) W. Dittenberger et K. Purgold, Inschriften von Olympia, Berlin 1896 , nº 462, col. 553-554 ; ( 7 ) Inscription de Pergame, MDAI ( A ) 32, 1907, nº 52, p . 324-325 ; cf. MDAI (I) 9-10, 1959-1960, n ° 36 , p . 121 ( Ch . Habicht ). Biographie. Originaire de Pergame ( 1 ; 7 ) , ayant vécu ( yeyovác ) sous Trajan et Hadrien (4) , il se voua d'abord à la philosophie péripatéticienne, mais, plus tard , embrassa la profession de sophiste et une vie de plaisirs ; à Rome, il allait souvent entendre Hérode Atticus improviser ( 1 ) . Hérode, lors d'un séjour à Pergame, envoya tous ses disciples l'entendre ( 1 ). Disciples connus : Aelius Aristide, Athénodore d'Ainos, Évodien de Smyrne, Rufus de Périnthe, Héraclide de Lycie ( 1 ; 4) . Adlectus au sénat de Rome par décision impériale (3), puis consul suffect, sous Antonin ou Marc - Aurèle probablement ( 1 ; 6). L'inscription d’Olympie honore Κλαύδιον 'Αριστοκλέα ρήτο[ ρα ] υπατικόν ( 6). I fut aussi gymnasiarque à Pergame ( 7). Phrynichos lui dédia les livres I, II, III, X et XIII de sa Préparation sophistique en 37 livres, ouvrage dédié à « Commode César » , sans doute entre 170 environ et 176 , car il lui recommande d'aimer l'étude (3 ) . Aristoclès avait été l'ami de Phrynichos, son compagnon dans la recherche du beau ( ouvou oidotnv tõv xalõv ), critique et connaisseur de ses écrits, jusqu'à l'époque où Phrynichos achevait le livre IV de sa Préparation sophistique et où Aristocles fut appelé à Rome (3) . Il mourut au seuil de la vieillesse : μεσαιπόλιος, άρτι προβαίνων τω ynpáoxeiv ( 1 ), soit entre cinquante - cinq et soixante ans. Il est loué dans une scholie à un traité de rhétorique (5 ). Euvres. La Souda ( 4 ) énumère : Téxvn Øntopixń (Traité de rhétorique), 'Eniotolal (Lettres ), lepi ontopixñs ( Sur la rhétorique) en cinq livres, Meaétai
385
ARISTOCLÈS DE RHODES
(Déclamations), Mpós tov Baoiléa Éni tñ diaveunoei ToŨ Xpuoiou ( A l'empe reur, sur la distribution de l'or ). Selon Synésios (2) , il était devenu dans sa jeunesse un maître en philosophie péripatéticienne et avait publié en Grèce des écrits dignes de l'étude d'un philosophe ( évveboai 8è tñ npootaoiq TÕV ÉX TOŪ περιπάτου δογμάτων, και συγγράμματα εξενηνοχώς εις τους Έλληνας φιλο Códov onouons ). Toutes ces æuvres sont perdues. On lui a parfois attribué à tort le lepi pooopías (De philosophia ) en dix livres d'Aristoclès de Messine. Cf. 1 W. Schmid , art. « Aristokles » 19, RE II 1 , 1895 , col . 937 ; 2 A. Stein, PIR2 II, 1936, C 789 (avec une confusion ); 3 K. Treu, Synesios von Kyrene. Ein Kommentar zu seinem Dion , coll. « Texte und Untersuchungen » 71 , V. Reihe, Bd . 16 , Berlin 1958 , p . 31-32 ; 4 G.W. Bowersock , Greek Sophists in the Roman Empire, Oxford 1969 , p . 19 et 22 , avec le c.r. de T.R.S. Broughton, Phoenix 24, 1970 , p . 361 ; 5 G. Alföldy, Konsulat und Senatorenstand unter den Antoninen . Prosopographische Untersuchungen zur senatorischen Führungs schicht, coll. « Antiquitas » I, 27, Bonn 1977, p . 202 et 322 ; 6 I. Avotins, « The Sophist Aristocles and the Grammarian Phrynichos » , PP 33 , 1978, p . 181-191 ; 7 H. Halfmann, Die Senatoren aus dem östlichen Teil des Imperium Romanum bis zum Ende des 2. Jh . n . Chr ., coll. « Hypomnemata » 58 , Göttingen 1979 , nº 121 , p . 193 ; 8 P. Moraux , Aristotelismus , t. II , p. 84-85 et 90-91 ; 9 H. Halfmann , Epigrafia e ordine senatorio. Atti del Colloquio internazionale A.I.E.G.L. (Roma 1981 ) , coll. « Tituli » 5 , Roma 1982, t. II, p. 626 : « cos . suff. um 170-190 » . SIMONE FOLLET. 371
ARISTOCLÈS DE RHODES RE 18
MF Ia
Proclus cite de cet auteur deux interprétations du Timée . On l'identifie habituellement avec un grammairien présenté par Strabon (XIV , 2, 14, p. 655 C.) comme un Rhodien contemporain . Il écrivit un ſepi nointixñs, un ſepi dia AÉXtWv, peut-être un lexique d'Hippocrate. Denys d'Halicarnasse, De Dinarcho 8 , li. 12 Marenghi, le désigne comme rhéteur. Voir G. Wentzel, art . « Aristo kles » 18, RE II 1 , 1895 , col. 935-937 , qui le distingue de ses homonymes. Pour Proclus, Aristoclès n'abordait pas le Timée en philosophe : « Voilà ce que décident les philosophes à ce sujet. Les philosophes, dis- je, car je néglige ceux qui soulèvent à nos yeux bien des difficultés, pour démontrer que ce quatrième ( interlocuteur du dialogue de la veille) était Théétète, parce qu'il avait été connu des disciples de l'École éléatique et parce que Platon l'avait déclaré atteint de maladie ( Théét. 142 b 1 s . ). C'est donc lui qui, maintenant aussi, est absent pour cause de maladie . Telle est, de fait, la façon dont Aristoclès établit que l'absent est Théétète. Cependant Théétète n'a été connu de Socrate et de l'Étranger d'Élée que peu avant la mort de Socrate. Et même s'il avait été de longtemps connu de l'Étranger d'Élée quoi de commun entre celui - ci et Timée ? » ( t. I, p. 19 , 30–20, 6 Diehl ; trad. Festugière, t. I, p. 48 ) . Le second passage (t. I, p. 85 , 26-30 Diehl ; t. I , p. 122-123 Festugière) précise l'origine d’Aristocles et le rattache aux únouvnuatiotal: « Maintenant, que les Panathénées aient suivi les Bendidies, c'est ce que disent ' les auteurs de mémoires historiques' (ou 'les auteurs de commentaires ', comme l'envisage
386
ARISTOCRATÈS DE MAGNÉSIE
également Festugière ), et Aristoclès de Rhodes rapporte que les Bendidies du Pirée se célébraient le 20 Thargélion , et qu'elles étaient suivies de la fête d'Athéna . » Cf. V. Rose , Aristoteles Pseudepigraphus, Leipzig 1863 , p . 615-622 ( « Fragmenta quae librariorum errore Aristoteli tribuuntur pro Aristocle » ), fr. 9 , p . 619 ; H. Usener, « Lectiones Graecae » , RHM 25 , 1870 , p . 614 , nº XXXVII ; id ., « Vergessenes », RhM 28 , 1873 , p . 433 ; A. Michaelis, Der Parthenon , Leipzig 1871 , Anhang II : « Die Panathenäen » , test. 25, p . 320 . RICHARD GOULET, 372
ARISTOCRATÈS DE MAGNÉSIE (PETRONIUS - ) RE A 27 , P 30 MI A. La Vie du poète latin Perse (34-62) mentionne deux philosophes de l'entourage du stoïcien Cornutus (ß V ): « Chez Cornutus, il fut le commensal de deux hommes très savants et très vertueux qui philosophaient alors avec ardeur ( doctissimorum et sanctissimorum virorum acriter tum philosophantium ), le médecin lacédémonien Claudius Agathumnus (voir la notice « Agathinos »] et Petronius Aristocratès de Magnésie. Il les admira singulièrement et en fut l'émule , bien qu'ils fussent de l'âge de Comutus et lui plus jeune d'environ dix ans » ( texte et traduction de Léon Hermann [édit. ) , Perse, Satires, coll. « Lato mus » 59, Bruxelles/Berchem 1962, p. XIII ). B. On l'identifie habituellement à un médecin homonyme que Galien qualifie de grammaticos (t. XII , p . 878 et 879 Kühn ). RICHARD GOULET.
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ARISTOCRATÈS DE RHÉGIUM RE 26
va
Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique, V. pyth. 36, 267 ; p . 144, 4 Deubner. Il était, avec Phytios, Théoclès et Hélicaôn, l'un des auteurs pythagoriciens de la constitution de Rhégium : ibid. 27 , 130 ; p. 73 , 26-74, 1 Deubner. Dans un passage parallèle (30, 172 ; p. 96 , 24-97, 1 ), il est associé à Théétète, Hélicaôn et Phytios comme nomothète de Rhégium . BRUNO CENTRONE .
374
ARISTOCRÉON RE ( 1 ? - ) 2
FMI - D IT
Stoïcien, neveu et disciple de Chrysippe ( † entre 208-204 ). Deux décrets athéniens honorant Aristocréon , fils de Nausicratès, de Soles ou de Séleucie du Calycadnos, concernent vraisemblablement le même personnage. A. Voulant montrer l'arrogance de Chrysippe, Diogène Laërce écrit ( VII 185) : « ayant fait venir les fils de sa seur, Aristocréon et Philocrate , il les forma (oUvExpótnoE )». Le contexte n'indique pas clairement si cette période d'éduca tion des jeunes gens à Athènes se situe après 233/2 , date à laquelle Chrysippe succéda à Cléanthe comme scholarque, car l'exemplum qui précède se situe avant la mort de Cléanthe et celui qui suit vraisemblablement après. Tout le paragraphe doit venir de Démétrius de Magnésie, Sur les poètes et auteurs homonymes ( fr. 24, p . 466-467 dans l'étude de 1 J. Mejer, « Demetrius of Magnesia : On poets and authors of the same name» , Hermes 109 , 1981 , p . 447-472 ).
ARISTOCRÉON
387
D'après Diogène Laërce VII 189-202, Chrysippe avait dédié à Aristocréon au moins dix ouvrages, soit 36 livres ; seul Métrodore , avec huit ouvrages (37 livres), obtint un nombre comparable de dédicaces ; il n'y en eut aucune pour Philocrate . Aristocréon apparaît comme un disciple doué et privilégié, qui s'intéressait tant à la logique qu'à la morale théorique et pratique: Chrysippe lui dédia en effet un livre sur l'introduction au Menteur, six sur le Menteur, deux contre ceux qui résolvent en le tranchant l'argument du Menteur, trois sur la solution du Menteur, un sur la solution des arguments hypothétiques d'Hédylos ( celui- ci dédié en commun à Aristocréon et à Apollas ), deux sur l'argument du Contradicteur, trois sur les semblables, quatre sur la dialectique , quatre sur la technique et l'absence de technique, dix sur le beau et le plaisir (pour les fragments conservés, voir SVF II, nº 126 , p. 38 ; nº 156, p. 37 ; III, p . 197-200 , ainsi que les fr. 195 P et F Hülser). Plutarque, De stoic. rep . 2 , 1033 e , confirme qu'Aristocréon admirait la subtilité logique de Chrysippe, notamment dans ses polémiques contre les acadé miciens; « disciple et familier (oixeioc ) » de Chrysippe , il lui fit élever une statue de bronze qu'accompagnait ce distique :
Τον νεννον Χρύσιππον 'Αριστοκρέων ανέθηκε , των Ακαδημιακών στραγγαλίδων κοπίδα . « Aristocréon a consacré ( la statue de) son oncle Chrysippe, couperet tranchant les næuds embrouillés des Académiques. » Nous adoptons au vers 1 la correction d'A. Wilhelm ; la leçon des manuscrits , Tóvde véov, défendue en 1968 encore par H. Ingholt (voir ci-après), est en opposition avec le texte de Plutarque, qui conclut :« Voilà donc Chrysippe, ce vieillard (o yépwv ), ce philosophe ... » (voir aussi la bibliographie citée par Cherniss, ad . loc. p . 419 , note b ). L'iconographie de Chrysippe est abondante : voir 2 G.M.A. Richter, Portraits, t. II, p. 190-194 et fig. 1111-1147 ( ajouter un hermès trouvé au théâtre de Salamine de Chypre, signalé par 3 V. Karageorghis, BCH 86, 1962, p . 404 et fig. 97 ); il avait au moins deux statues à Athènes ( d'après D.L. VII 182, celle du Céramique était presque totalement cachée par celle d'un cheval tout proche, ce qui amena Carnéade à appeler le philosophe Kpúyinnov ) et une à Soles, reproduite sur les monnaies de la ville ; G.M.A. Richter situait « presumably » à Athènes celle d'Aristocréon , mais il s'agit plutôt de celle de Soles, comme l'a montré 4 H. Ingholt, « Aratos and Chrysippos on a Lead Medallion from a Beirut Collection » , Berytus 17 , 1967-1968, p. 143-177 et pl. XXXVIII- XLI, suivi sur ce point par 5 J. et L. Robert, Bull. épigr. 1969, nº 184.
Publiant l'Ind. Stoic. Herc. , 6 D. Comparetti (RFIC 3 , 1875 , p . 449-548 ) avait cru lire le nom d'Aristocréon dans une liste de disciples de Chrysippe (col. XLVII), mais W. Crönert, suivi par A. Traversa (voir cette dernière édition , p . 64-66 ), adopte une restitution différente. Aristocréon est nommé pourtant (col . XLVI, 1-5 ; p . 62-63 Traversa ) comme auteur d'un Tombeau de Chrysippe ( Xpuoinnou tadai ) où il mentionnait un certain Hyllos de Soles, disciple de Sphaïros, puis de Chrysippe. On sait que ce papyrus appartient à la Lúvtatic Tõv 012oooowv de l'épicurien Philodème: voir, par exemple, 7 T. Dorandi, « La Rassegna dei filosofi di Filodemo » , RAAN 55 , 1980, p. 31
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ARISTOCRÉON
49 ; 8 id. , « Filodemo. Gli Stoici (P.Herc . 155 e 339) » , CronErc 12 , 1982, p . 91-133 B. Deux décrets honorifiques d'Athènes, IG I 785 et 786 = Sylloge3 474 et 475 (publiés et restitués pour l'essentiel par 9 A. Wilhelm , Hermes 24 , 1889, p . 328-336 , 10 id ., Ephem . Arch. 1901, col . 49-58 , repris dans 11 id ., Kleine Schriften, Leipzig 1984 , t. II 2, p. 13-17 , réédités avec traduction anglaise et commentés dans Ingholt 4), apportent de précieux renseignements sur la famille, la patrie, l'activité et la personnalité d'Aristocréon. Le premier est daté de 196/5 par la mention de l'archonte Chariclès, connu aujourd'hui par trois documents , et du secrétaire de prytanie Aischrion , fils d'Euainétos , de Rhamnonte : voir 12 B.D. Meritt, « The Archonship of Charikles ( 196/5 ) », Hesperia 37 , 1968 , p . 235-236 ; 13 id. , « Athenian Archons 347 /6-48 / 7 B.C. » Historia 26, 1977 , p. 180. D'après les considérants, seuls conservés, le Conseil propose d'honorer Aristocréon pour son dévouement au peuple athénien , l'aide apportée aux citoyens d'Athènes venus à Antioche, sa bonne conduite pendant le séjour qu'il a fait à Athènes pour études, sa promesse de rendre encore service de tout son possible à l'avenir aux citoyens athéniens venant dans sa cité et au peuple athénien - tous bienfaits attestés par les ambassadeurs ( lire npćobewy li. 19 avec 14 L. Robert, Hellenica, t. XI-XII, Paris 1960, p . 108-111 , au lieu de oewpôv Wilhelm Kirchner) et les spondo phores. Postérieur au premier, puisqu'il fait allusion à lui ( voir li. 12), non daté parce que mutilé en haut, le second décret donnait le nom complet de l'homme honoré, Aristocréon, fils de Nausicraſtès, de S (o )[les) ou de S (e )ſleucie ). Lolling avait lu E. , Wilhelm n'a plus rien vu après en 1901 ; A. Wilhelm avait pensé d'abord à Soles, et W. Köhler à Séleucie de Piérie, port d'Antioche, en Syrie; H. Ingholt, comme 15 J. et L. Robert, Bull. épigr. 1958 , n° 200, a pensé plutôt à Séleucie du Calycadnos en Cilicie, voisine de Tarse , alors nommée Antioche du Cydnos, d'où était justement originaire le père de Chrysippe selon Strabon (XIV 5 , 8 , p . 671 C. ) . Aristocréon devait avoir pour patrie Soles ou Séleucie du Caly cadnos et il a dû résider au moins un certain temps à Tarse. La même ville devait être citée aux lignes 8 et 22 de l'inscription ( contra, H. Ingholt ), mais, dans un décret où les lignes ont de 35 à 42 lettres, le compte des lettres ne permet pas de trancher entre les deux restitutions proposées. Dans le haut du décret, mutilé, on trouve une allusion à « la liberté » (li . 3 ) – peut- être la libération de la Grèce par Flamininus au printemps 1969-, puis une longue énumération des services rendus à Athènes par Aristocréon : prêt d'ar gent ( li. 5), don volontaire pour la réfection des ports, du Pirée sans doute (li. 6) , prise en charge de certaines dépenses (li. 7) , ambassade à Athènes pour rétablir et renforcer les liens de parenté et d'amitié entre Soles ou Séleucie et Athènes ( li. 7 12) : il montrait autant de zèle pour Athènes que pour sa propre patrie (li. 13 14) . Le Conseil propose donc au peuple athénien de lui décerner un éloge (li. 21 22 ), de l'honorer d'une couronne de feuillage (li . 22-23 ) pour sa valeur et sa générosité, de faire de lui le proxène du peuple athénien , honneur transmissible à ses descendants (li. 25-26 ), de lui accorder, pour lui-même et ses descendants, le droit de posséder en Attique une maison d'une valeur maximale de 3000 drachmes (1/2 talent) et un lot de terre d'une valeur maximale de deux talents, et
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ARISTOCRITOS
d'envisager encore d'autres avantages pour lui à l'avenir s'il continue à s'en montrer digne ( li. 28-31 ) ; le décret devait être gravé aux frais de l'État sur une stèle de marbre qui serait dressée sur l'Acropole ( li. 32-37 ) . Aristocréon est honoré ici comme le sont traditionnellement les « bienfaiteurs » d'Athènes : sur les honneurs accordés, voir 16 Ch . Marek , Die Proxenie, coll. « Europäische Hochschulschriften >> 3. Reihe, 213 , Frankfurt 1984 ; 17 Ph. Gauthier, Les cités grecques et leurs bienfaiteurs ( IV -I er s. avant J.- C ). Contribution à l'histoire des institutions, BCH Suppl. XII, 1985. Le fait qu'Aristocréon ait été à la tête de l'ambassade indique qu'il avait dans sa patrie un certain prestige et les générosités énumérées attestent qu'il devait jouir, comme son oncle Chrysippe, d'une assez belle fortune. C. On a parfois identifié cet Aristocréon à un géographe homonyme contemporain d'Hermippos ou un peu plus ancien ( voir 18 F. Wehrli, Hermippos der Kallimacheer, coll. « Die Schule des Aristoteles» Suppl . I, Basel/Stuttgart 1974 , p . 7-8 , 41 , fr. 104 , et 101 ) , dont subsistent quelques fragments relatifs à l'Éthiopie chez Pline l'Ancien (N.H. V 59, VI 183 , 191-192) et Élien (H.A. VII 40 , où le nom est corrigé, passage que recoupe Plutarque, De comm. not. 11 , 1064 b) – fragments réunis par 19 C.Müller, FHG , t. IV , Paris 1851 , p. 333-334 (voir aussi F. Jacoby, FGrHist III C , Leiden 1958 , n° 667, p. 279-280). Wilhelm 10, col. 51 , estimait cette identification douteuse . SIMONE FOLLET. 375
ARISTOCRITOS
MIV
Personnage peut-être fictif, ami de Denys II de Syracuse, mentionné dans deux lettres apocryphes de Platon au tyran : Lettre III, 319 a ( où Platon rappelle un entretien tenu avant son retour à Athènes (en 360º) avec Denys dans son jardin en compagnie d'Aristocrite et d'Archédème, disciple d'Archytas), Lettre XIII , 363 d. Voir notice « Archédèmos >> RICHARD GOULET.
376
ARISTOCRITOS cf. RE 5
Ia (?)
Auteur d'un traité intitulé Moos 'Hoaxheodwpov avt180Couleva , dont Clé ment d'Alexandrie , Strom . V 5 , 31 , 3, cite un extrait (FGrHist 493 F 6). Selon A. Le Boulluec , dans le commentaire de son édition (SC 279, p . 133) , « cet Aristo critos n'est sans doute pas l'historien d'époque hellénistique auteur d'un ſlepi Miantou (FGrHist 493 ) . Le titre de l'ouvrage cité par Clément désigne plutôt un philosophe ou un grammairien ». Le passage cité concerne l'ultimatum lancé en langage figuré par le Scythe Atoeas aux Byzantins. Quant à l'adversaire d'Aristocritos, Héracléodore , il « pourrait bien être celui que combattait l'épi curien Philodème, contemporain de Cicéron , dans le ſepi noin átwv» (A. Le Boulluec ). Cf. W. Kroll, art. « Herakleodoros » 4 , RESuppl. III, 1918 , col. 909. Cf. Jacoby, FGrHist 493 , commentaire , p . 408-409 . RICHARD GOULET.
377
ARISTOCRITOS RESuppl. 1 : 6 Platonicien chrétien hétérodoxe, auteur de la cooopía .
fl. FV
390
ARISTOCRITOS
L'identification de l'æuvre et de son auteur passe par l'examen de trois types de documents . I. LES FORMULES D'ABJURATION ANTIMANICHÉENNES Elles anathématisent un certain Aristocritus, auteur d'une Theosophia , com me “ manichéen ” . ( 1 ) Vatopedinus graecus 236, XII ° s . , anathématisme 18, édité par 1 M. Richard, CCG 1 , Turnhout 1977 , p . XXXIX , li. 221-233 : anathématise « le livre ( Bibaov ) très impie d'Aristocritus, qu'il a intitulé Theosophia, dans lequel il s'efforce de montrer que judaïsme, hellénisme, christianisme et mani chéisme sont une seule et même religion ... ; dans lequel il divinise Zaradēs (= Zoroastre) apparu, comme il le dit lui-même, chez les Perses... ; et où , pour donner le change, il s'en prend à Mani comme à un être pervers » . ( 2 ) Parisinus graecus 1372, XIV -XVe s . , anathématisme 24 , édité par 2 J.-B. Cotelier, SS. Patrum Apostolicorum opera , Paris 1672, 2e éd. par Jean Le Clerc, Anvers 1698 , réimpr. Amsterdam 1724 , t. 1 , p . 544 b : reproduit l'anathéma tisme de 1 , sauf la mention relative à Zaradēs. L'anathématisme est absent de la plus ancienne formule d'abjuration connue ( MV ) , transmise par ( 3 ) Barberinianus graecus 336 , VII s . , édité par 3 G. Ficker , « Eine Sammlung von Abschwörungsformeln » , ZKG 27 , 1906 , p . 446-447. En conséquence, ( 1) étant contemporain de Zacharie le Rhéteur (voir M. Richard 1 , p. XXXII), Aristocritus et son œuvre , la Theosophia , ne peuvent appartenir qu'à la fin du ve s . ou au début du VIe s . II. LES FRAGMENTS GRECS DE LA THEOSOPHIA Compilation d'oracles provenant de divers peuples et cultures, avec retouches apologétiques pour appuyer la thèse de la praeparatio evangelica du christia nisme, la Theosophia n'est connue que par fragments et extraits transmis sans nom d'auteur ni titre par de multiples témoins dans les collections de manuscrits.
Le témoin le plus important découvert à ce jour est ( 4 ) Tubingensis graecus Mb 27 , XVI° s . , fol. 67 ' - 87 '. D'où le titre habituellement donné à l'antho logie : « Théosophie de Tübingen ». L'excerpteur ne transmet pas le nom de l'auteur, mais le plan primitif de l'ouvrage (§ 1-4 ) et son titre : Oooopia ($ 5 ). Éditions. 5 K. Buresch, Klaros. Untersuchungen zum Orakelwesen des späteren Altertums, Leipzig 1889 , p . 87-126 ( texte grec annoté, non traduit); 6 H. Erbse , Fragmente griechischer Theosophien, coll. « Hamburger Arbeiten zur Altertumswissenschaft » 4 , Hamburg 1941, p . 167-201 ( texte grec annoté, non traduit, précédé d'une étude des sources et de tous les témoins connus, p . 1-161 ) . Plan . La Theosophia , dont ( 4) donne quelques extraits, comprenait 13 livres . Prologue: explication du mot theosophia ; I-VII : oracles de la « vraie foi» , c'est -à-dire la Bible ; VII-XI: oracles des « théologies » thrace et grecque (VIII = Orphée ), égyptienne (IX = Hermès Trismegiste ), latine et italique (X = les Sibylles), chaldéenne (XI = Hystaspe, Zoroastre et autres “ sages” perses ). La “ fin du livre” (= XII) était une chronologie universelle, allant de la création du monde à l'époque de l'empereur Zénon (474-491, terminus ante quem de la
ARISTOCRITOS
391
Theosophia ). “ Ensuite " (= XIII), l'auteur y utilisait le témoignage d'apocryphes chrétiens ( Testament du Seigneur, Constitutions apostoliques, Naissance et assomption de Marie). Un extrait du livre X sur les oracles des Sibylles a été découvert et identifié par 7 K. Mras , « Eine neuentdeckte Sibyllen - Theosophie », WS 28 , 1906 , p . 43-83 ; voir Erbse 6 , p. 28-30, qui en a retrouvé d'autres témoins, et p. 185 200 (nouvelle édition ). Plusieurs oracles transmis par la Theosophia sont confirmés par les inscrip tions : 8 L. Robert, « Trois oracles de la Théosophie et un prophète d'Apol lon » , CRAI 1968 , p. 568-599 (oracles n ° 22-24 provenant de l'Apollon de Didymes, Asie mineure ); 9 id. , « Un oracle gravé à Oinoanda » , CRAI 1971 , p. 597-617 (oracle n° 13 provenant de l'Apollon de Claros, Asie Mineure ). Philosophes cités dans la Theosophia. Essentiellement les platoniciens : Platon , Plotin , Amélius, Porphyre le Phénicien , Porphyre ( Philosophie des oracles, livre II ), Jamblique le Chaldéen, Syrianus. Autres philosophes cités : Héraclite d'Éphèse, Socrate, Antisthène, Diogène le philosophe, Pyrrhon, Timon de Phlionte, Aristobule le péripatéticien . Auteur de la Theosophia. L'attribution de la Theosophia (4) à l'Aristo critus déclaré par ( 2) auteur d'une Theosophia , mais anathématisé comme " manichéen ”, a été avancée et argumentée par 10 A. Brinkmann , « Die Theo sophie des Aristokritos » , RhM 51 , 1896, p. 273-280 , pour trois raisons : identité de titre (Theosophia ) et d'objet (utilisation apologétique d'oracles non chrétiens), hétérodoxie de certains aspects de la méthode théologique de (4) pouvant justifier l'anathématisation enregistrée dans (2) ; puis par 11 P. Alfaric , Les Écritures manichéennes , t. II, Paris 1919 , p . 107-112 ( ignore le travail antérieur de Brinkmann ). La thèse de Brinkmann fut rejetée par la critique, essentiellement en raison de l'étiquette “ manichéenne " qui frappait ledit auteur ou de l'absence de tout “mani chéisme ” dans les extraits transmis par 4. Ainsi : 12 E. Schürer, Geschichte des jüdischen Volkes im Zeitalter Jesu Christi, t. III, 4e éd. , Leipzig 1909, p. 568, n . 150 ; 13 K. von Fritz , art. « Theosophia », RE V A 2, 1934 , col. 2252 2253 ; Erbse 6, p . 1 n. 2 ; 14 H. Lewy, Chaldaean Oracles and Theurgy, Le Caire 1956 , 2e éd ., Paris 1978 , p . 16 n . 41 . Compte tenu de la découverte de ( 1 ) et des procédés hérésiologiques de l'abjuration, trois nouveaux arguments confirment le bien - fondé de la thèse de Brinkmann : 1 ) Selon le témoignage même de ( 1 ) et ( 2 ), Aristocritus attaquait les doctrines du manichéisme dans la Theosophia ; ce n'était donc pas un manichéen mais un adversaire déclaré du manichéisme. Cependant les autorités orthodoxes byzan tines l'anathématisèrent comme « manichéen » en vertu du procédé hérésiolo gique consistant à assimiler globalement à une hérésie connue et infamante une doctrine se recoupant plus ou moins avec cette dernière sur quelque point de détail.
2 ) Un point de détail est fourni par ( 1 ) : dans la perspective de la praeparatio evangelica du christianisme, la Theosophia intégrait les oracles de Zoroastre et autres " sages ” chaldéens, exactement comme le faisait la prophétologie de Mani
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ARISTOCRITOS
dans la perspective de la praeparatio du manichéisme. (4) témoigne également de l'utilisation des apocryphes chrétiens dans la Theosophia, usage sans cesse reproché aux manichéens par les auteurs chrétiens. D'où l'anathématisation d'Aristocritus comme “manichéen ”, laquelle entraîna la perte de son æuvre et l'occultation de son nom dans les anthologies byzantines qui utilisèrent sa compilation . 3 ) Aristocritus et son æuvre étant absents de (3 ) (M V) , d'autre part la Theosophia connue par ( 4 ) arrêtant sa chronologie sous Zénon (474-491 ), et l'abjuration ( 1 ) , qui mentionne la Theosophia d'Aristocritus, étant datée de l'époque de Zacharie le Rhéteur, fl. D VI (voir M. Richard 1 , p . XXXII ) , la concordance des dates rend difficile l'hypothèse de deux œuvres distinctes. Cf. Aux études déjà signalées, ajouter les travaux suivants, portant sur le contenu de (4) ou ses sources : 15 P. Batiffol, « Oracula Hellenica », RBi N.S. 13 , 1916 , p . 177-199 ; 16 A. von Premerstein , « Griechisch - heidnische Weise als Verkünder christlicher Lehre in Handschriften und Kirchenmale reien » , dans Festschrift der Nationalbibliothek in Wien , herausgegeben zur Feier des 200jährigen Bestehens des Gebäudes, Wien 1926 , p . 647-666 ; 17 A.D. Nock , « Oracles théologiques» , REA 30, 1928 , p. 280-290 = Essays on Religion and the Ancient World (éd . Z. Stewart), t . I , Oxford 1972, p . 160-168 ; 18 A. von Premerstein , « Neues zu den apokryphen Heilspro phezeiungen heidnischer Philosophen in Literatur und Kirchenkunst » , ByzJ 9, 1930 / 1931-1931 /1932, p . 338-374 ; 19 C. Colpe , « Der Begriff Menschen sohn und die Methode der Ersforschung messianischer Prototypen », Kairos 12, 1970 , p . 77-112 ; 20 R. Van den Broek , « Four Coptic Fragments of a Greek Theosophy » , VChr 32, 1978, p. 118-142: analyse quatre prophéties sur la venue du Christ, mises sous l'autorité successive d'Odesseos (qui n'est pas Ulysse ), Pythagore, Porphyre et Abbedanos (= l'historien Abydenus, IIP ); les trois premières proviennent d'une version sahidique d'une homélie attribuée à Épiphane de Salamine (Pierpont Morgan Lib., Copt. Ms. 611 ), la quatrième d'une homélie sur la passion du Christ attribuée à un certain Évodius de Rome ( Pierpont Morgan Lib. , Copt. Ms. 596 ) ; selon Van den Broek , ces fragments théosophiques proviendraient d'une source unique composée au début du Ve s. et qui aurait pu être intégrée dans la compilation à l'origine de (4) : 21 S. Brock , « A Syriac Collection of Prophecies of the Pagan Philosophers» , OLP 14 , 1983 , p . 203-246 ; 22 id ., « Some Syriac Excerpts from Greek Collections of Pagan Prophecies », VChr 38 , 1984 , p . 77-90 : fragments d'oracles et de philosophes païens, conservés en versions différentes dans des compilations syriaques et interprétés comme prophéties de Jésus et témoignages sur le dogme trinitaire ; philosophes nommés : Orphée, Hermès, Poimandrès, Pythagore, Platon, Plotin et Porphyre. 23 S.H. Griffith, « Dionysius bar Şalibi on the Muslims » , dans H.J.W. Drijvers, R. Lavenant, C. Molenberg, G.J. Reinink ( édit.), IV Sympo sium Syriacum 1984. Literary Genres in Syriac Literature, coll. « Orientalia Christiana Analecta » 229 , Roma 1987 , p. 353-365 , ajoute à Brock 21-22 les fragments transmis par Denys bar Şalībi, Contre les Țayyāyê, jer mêmrâ , chap. 8 (= Mingana Syr. 215, ff. 49-50 ) ; on y trouve cités les noms de Thalès, Orphée, Asclépius, Hermès Trismégiste, Platon, Apollon (= Oracle d'-) et Aristote .
393
ARISTODEMOS D'ATHÈNES ID . LA NOTICE DE PHOTIUS
( 5 ) Photius, Bibl. cod . 170 , 117 a 2 – b 32 ( édité par 21 R. Henry, t. II , Paris 1960, p . 162-165 ) , résume un ouvrage en quinze livres ( abyois ) et cinq volumes ( TEÚXeol ), dont il ne donne ni le titre ni le nom de l'auteur, mais dont la nature théosophique ne laisse aucun doute. L'auteur y réunissait « témoignages et citations de livres entiers, non seulement grecs, mais aussi perses, thraces, babyloniens, chaldéens et italiens» ( 117 a 3-7 ) , afin de « démontrer que le dogme chrétien a été annoncé et proclamé à l'avance chez tous les peuples ( 117 b 21 ). Photius indique que l'exemplaire en sa possession ne portait pas le nom de son auteur mais que ce dernier habitait Constantinople où il avait femme et enfants et qu'il vécut après l'époque d'Héraclius ( 117 b 27-32 ), c'est - à -dire après 641. Cette date exclut d'attribuer la Theosophia résumée par (5 ) à l'Aristocritus mentionné par ( 1 ) et de l'identifier à la Theosophia en treize livres dont quelques extraits sont transmis par (4). On peut penser seulement à une refonte de cette dernière, augmentée de deux livres : une [ Epunveía ) topaixõv RÉEEwv ( 117 a 30 31 ) y aurait formé le livre XIV; un recueil de yvuołoylai, païennes et chrétiennes ( 117 a 34-35), y aurait constitué la parénèse de l'ouvrage ( livre XV ). La prolongation jusqu'à la fin du règne d'Héraclius (641) de la chronologie universelle du livre XII de la Theosophia d'Aristocritus qui s'arrêtait sous Zénon (474-491 ) (voir supra II Plan ), a sans doute amené Photius à conclure que l'auteur a vécu LETÒ TOùG 'Hpaxleiou Xpóvouc ( 117 6 31 ) . L'anathématisation d'Aristocritus et de sa Theosophia étant un fait public, puisque entrée dans les abjurations liturgiques du manichéisme [( 1 ) et ( 2) ], une élémentaire prudence invitait tout nouvel éditeur à laisser l'ouvrage anonyme et anepigraphe. D'où l'absence du nom de l'auteur et du titre de l'ouvrage dans l'exemplaire lu par Photius. MICHEL TARDIEU .
ARISTODÈME + ARISTODOROS 378
ARISTODÈMOS D'AIGION
RE 33
fl. II
Élève de Plutarque de Chéronée, qui le met en scène dans le Non posse suaviter et le Contre Colotès. La dédicace de ce dernier traité laisse entendre qu'Aristodemos était l'élève de Plutarque en 98/9 , au moment du proconsulat d'Achaïe d'Herennius Saturninus. Il est présenté comme un platonicien enthou siaste (1107 e) . BERNADETTE PUECH .
379
ARISTODÈMOS D'ATHÈNES RE 13 PA 1818
Fya
C'est d'Aristodème, originaire du dème athénien Kydathènaion, qu'Apol lodore (de Phalère ) tient ses informations sur ce qui s'est passé au banquet (ou plutôt à la « co -beuverie » , que décrit Platon dans le Banquet ( 173 a -b ) . « C'était, raconte Apollodore, un petit homme, toujours nu-pieds ( ouixpós, ávunontos dei). Il avait assisté, lui, à la réunion en amoureux de Socrate qu'il était ( Ewxpátous épaorns 6v ) et, si je ne me trompe , un des plus fervents parmi
394
ARISTODOROS
ceux de l'époque » (Banquet 173 b). Xénophon rapporte, dans ses Mémorables, une conversation entre Socrate et cet Aristodème, là aussi surnommé "le petit " (πρός Αριστόδημον τον μικρόν επικαλούμενον ). Socrate essaie de ramener a de meilleurs sentiments cet interlocuteur qui méprisait sacrifice, prière et divina tion (Mémorables I 4-5 ) . LUC BRISSON . 380
ARISTODOROS
IV
Destinataire de la Lettre X attribuée à Platon . Ce court billet décrit Aristodoros comme un partisan de Dion et comme un philosophe. Diogène Laërce III 61 fait d'un Aristodemos le destinataire de cette lettre ; mais tous les manuscrits des Lettres ont 'Αριστοδώρω et non 'Αριστοδήμω . LUC BRISSON . 381
ARISTODORO < S >
MT
Académicien , disciple de Carnéade, mentionné dans l'Ind. Acad . Herc ., col. XXIII, 15 (p. 84 Mekler = T 36 Mette ): 'Apicotó8 ]wpo < c > . TIZIANO DORANDI. 382
ARISTOMACHOS
FII
Péripatéticien , un des dix yvápyoi auxquels Lycon (mort vers 2254) légua le Péripatos dans son testament et confia la charge de choisir un nouveau scholarque (D.L. V 70) . Ce personnage est absent de la RE . L'ouvrage en un livre de Démétrius de Phalère intitulé « Aristomachos » (D.L. V 81 ) concerne un personnage antérieur d'un siècle . RICHARD GOULET.
383
ARISTOMBROTE RESuppl. I : Pseudépigraphe pythagoricien. Stobée I 52, 21 a conservé sous ce nom un fragment en dialecte dorien d'un lepl ovews. Voir H. Thesleff, The Pythagorean Texts , p . 53 , 23-54 , 7. Pour la datation , voir la notice « Pseudopythagorica » . BRUNO CENTRONE .
384
ARIJSTOMÉNÈS Épicurien inconnu , mentionné par Philodème , PHerc. 1780 , fr. 3a 5 Tepedino: ' ApiJOTOLÉVNS. TIZIANO DORANDI.
385
va
ARISTOMÉNÈS DE MÉTAPONTE
Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique, V. pyth . 36, 267 ; p . 144, 4 Deubner . BRUNO CENTRONE .
ARISTON 386
ARISTON
395 MIT
Académicien, mentionné par Apollodore dans l'Ind. Acad . Herc ., col. XXIX , 4 ( p. 98 Mekler = FGrHist 244 F 53) comme maître de Boèce de Marathon. Cf. T. Dorandi, La ‘Cronologia ' di Apollodoro nel PHerc. 1021, Napoli 1982, p. 42. TIZIANO DORANDI. 387
ARISTON
D II
Académicien , disciple de Lacydès, mentionné dans l'Ind. Acad. Herc., col. O, 28 (p . 81 Mekler = Lacydès, T 2b , 23 Mette ) dans une liste d'homonymes. TIZIANO DORANDI.
388
ARISTON
DII
Académicien , disciple de Téléclès, mentionné dans l'Ind . Acad . Herc., col. N , 14 ( p . 80 Mekler = Lacydès, T 26 , 32 Mette ). TIZIANO DORANDI. 389
ARISTON
D II
Académicien , disciple de Lacydès (?), mentionné dans l'Ind. Acad. Herc., col. 0,27 ( p. 81 Mekler = Lacydès, T 2b , 23) dans une liste d'homonymes. TIZIANO DORANDI.
390
ARISTON RE 55 in fine
DI
Pour résister aux admonestations de la philosophie, Marcellinus (RE 2), ami de Sénèque et de Lucilius, en appellera aux faiblesses des philosophes : « Il me montrera l'un en commerce d'adultère, l'autre à la taverne, un autre à la cour. Il me montrera l'aimable (lepidum ) philosophe Ariston, qui dissertait porté en litière : il avait réservé les heures de sieste pour s'acquitter de son métier. Quel qu’un voulait savoir de quelle école ( secta ) il était. “ Dans tous les cas , s'écria Scaurus, il n'est pas péripatéticien ”. On demandait à Julius Graecinus, esprit bien distingué, son sentiment sur ce même philosophe. Il répondit: “Vous m'embar rassez beaucoup, car j'ignore ce qu'il est capable de faire à pied ” ,comme s'il eût été question d'un gladiateur sur un char » ( Sénèque, Lettre 29,6 ; trad . Noblot ). Les réflexions de Scaurus et de Julius Graecinus semblent se rapporter à un contemporain ; il n'est donc pas recommandé d'identifier ce philosophe avec le péripatéticien Ariston (de Chios ?) qui vivait à l'époque d'Auguste ( Strabon XVII 1,5, p . 790 C. ) , comme le propose Gercke, art. « Ariston » 55 , RE II 1 , 1895 , col. 956-957. Le mot de Scaurus semble d'ailleurs exclure qu'il puisse s'agir d'un péripatéticien . Mamercus Aemilius (RE 139) Scaurus, consul suffect en 21 ( voir R. Syme, Roman Papers, t. III, Oxford 1984, p. 1431 ) , se donna la mort en 34 ( Tacite, Annales VI 29, 3-4 ) ; Julius (RE 263) Graecinus, père d'Agricola ( voir notice « Agricola » ), fut condamné à mort par Caligula en 38 ou 39. RICHARD GOULET.
396 391
ARISTON
MM ARISTON RESuppl. XV : 56a PLREI : 2 Porphyre (V. Plot. 9 , 3-5 ) nous apprend qu'Amphicléia, l'une des femmes fort dévouées à la philosophie qui faisaient partie de l'entourage de Plotin (mort en 270 ), avait été l'épouse d'Ariston , le fils de Jamblique. Bien qu'il soit présenté comme un personnage connu par le lecteur, ce Jamblique pourrait ne pas être le philosophe de Chalcis. J. Igal y reconnaît plutôt le grand -père de ce dernier. Cf. 1 A. Cameron , « The date of lamblichus' birth » , Hermes 96 , 1968, p . 374-376 . 2 L. Brisson , « Prosopographie », p. 74 . Cameron 1 , p. 376 n. 2, fait remarquer qu'Ariston est le nom que la tradition attribue au père de Platon et que, dans un milieu de philosophes platoniciens, il était normal de donner ce nom à son fils, ce qui expliquerait le nombre élevé de philosophes portant ce nom. LUC BRISSON .
392
MIT
ARISTON « le jeune» RE 53 < b >
Péripatéticien, disciple ( yvápipoc ) de Critolaos de Phaselis (fl. 1554) et adversaire , comme lui, de la rhétorique. Sources anciennes. ( 1 ) Quintilien II 15 , 19 s .; (2) Sextus Empiricus, M. II 61 (distinction entre le oxonóc et le téloc de la rhétorique ). L'intérêt pour la rhétorique qu'attestent ces deux témoignages permet de rattacher à cet Ariston les développements de ( 3) Philodème, Rhet. = fr. 3-5 , qui font référence à un ouvrage d'Ariston (TÒ B1621ov tåpíotwvos ). Témoignages et fragments. 1 A. Gercke, art. « Ariston » 53 , RE II 1 , 1895 , col . 956. ( identifie Ariston de Cos à Ariston le jeune, disciple de Critolaos ); 2 F. Wehrli, Ariston der Jüngere, coll. « Die Schule des Aristoteles >> 10, Basel/Stuttgart 1959, 2e éd . 1969, p. 77-84 : Texte [ fr. 1-5) , p . 79-80 ; com mentaire , p. 83-84 ; 3 id ., GGP Antike 3 , Basel/Stuttgart 1983 , p. 590 , $ 32, C. , Schüler des Kritolaos ; 4 G. Reale , Storia della filosofia antica, vol. V, Milano 1980, p. 465-470 ; 5 C.J. de Vogel, Greek Philosophy, t. II, p . 265-267 ( n ° 734 735 ) . Contre l'identification , fréquente, du disciple de Critolaos et du disciple d'Ariston de Céos, voir la conclusion de Wehrli 3, p. 581 : « Ariston von Kos mit Ariston ' dem Jüngeren ' gleich zusetzen könnte chronologisch zur Not angehen, wenn Kritolaos nicht sehr viel jünger gewesen ist als Ariston von Keos. Die den Auffassungen des Keers ( = Ariston de Céos) wohl diametral entgegengesetzte Rhetorenfeindschaft des Kritolaos und seines Schülers Ariston, der an dem von Karneades und Kritolaos zusammen mit den Stoikern neu eröffneten Kampf gegen die Rhetorik teilgenommen hat, lässt jedoch eine Identität des ‘ Jüngeren' mit dem als Schuler und Erben des Keers bezeichneten Ariston von Kos als unhaltbar erscheinen . »
FRANÇOISE CAUJOLLE -ZASLAWSKY. 393
ARISTON D'ALEXANDRIE
RE 54
DMI
A. Philosophe à l'origine académicien , élève d'Antiochus et d'Aristos d'Ascalon, ultérieurement passé aux péripatéticiens. Témoignages et fragments. 1 I. Mariotti (édit. ) , Aristone d'Alessandria, Edizione e interpretazione, Bologna 1966 , 113 p . 2 P. Moraux , Aristotelismus, t . I , p . 181-193 .
ARISTON D'ÉPHÈSE
397
En 87/6 , il était, comme son compatriote Dion , à Alexandrie dans le cercle d'Antiochus d'Ascalon , qui rangeait les deux philosophes dans son estime immé diatement après son frère Aristos (Cicéron, Acad. II 4, 12 = T 2 ). L'Ind . Acad. Herc ., col. XXXV (p. 110 , 2–112,16 Mekler = T 1 ) , nous apprend que les auditeurs d'Aristos, frère, disciple et successeur d'Antiochus, Ariston et Dion d'Alexandrie, ainsi que Cratippe de Pergame, quittèrent l'Académie d'Antiochus et devinrent péripatéticiens: ...ły [ 6] vov [ ro ] Iepira [ tnti ]lxol [roota ]TK ga ( VTEC tñs ) 'Alxanuelaç. D.L. VII 164 ( T 4 ) connaît effectivement, comme sixième homonyme d'Ariston de Chios, le « péripatéticien » Ariston d'Alexan drie . Élien , V.H. VII 21 , fait d'Ariston le maître de César et de Cratippe le maître de Pompée. L'auteur de l'Ind . Acad . Herc., sans doute Philodème de Gadara (ca 110-40 ), présente Ariston , Dion et Cratippe comme ses ouvħDeiç . B. Un Ariston nous est également connu par Simplicius, In Cat., comme l'un des commentateurs anciens des Catégories d'Aristote , avec Boèce, Eudore , Andronicus et Athénodore (p . 23 s . Kalbfleisch = T 5) , et, au moins dans un passage , il semble se situer dans le prolongement de l'œuvre d'Andronicus de Rhodes ( fr. 3b) . Moraux 2 , p . 181-182, l'identifie au péripatécien, ancien disciple d'Antiochus d'Ascalon, mais envisage également une identification avec Ariston, l'auteur d'un traité Sur le Nil, qui vivait à l'époque d'Eudore d'Alexandrie (voir la notice « Ariston ( de Chios ?) » ). Un passage du Pseudo Apulée, De interpr. 13 , p . 193 , 16-20 Thomas ( fr. 4 ) , montre qu'il aurait également commenté les Premiers Analytiques. Analyse des témoignages dans Moraux 2, p . 182-191 . C. Quant à la définition de l'ars et de l'ars grammatica empruntée par Marius Victorinus, Ars grammatica 1 ( fr. 6-7 Mariotti), à un certain Ariston, l'homonymie ne peut qu'en rendre l'attribution douteuse, malgré l'avis de 3 1. Mariotti ( édit.), Marii Victorini Ars grammatica. Introduzione, testo critico e commento , Firenze 1967, p. 105 et 120. Voir Moraux 2 , p . 192-193 . Plus récemment, 4 A. Grilli , « Un frammento d'Aristone Alessandrino in Porfirio » , GIF 23 , 1971 , p. 292-307 , a proposé d'attribuer à Ariston une distinction entre l'intellect et la sensation développée par Porphyre, De facult. animae, ap . Stobée I49,24 ; p. 347 , 19–349, 17 Wachsmuth . Études. 5 A. Gercke , art. « Ariston » 54, RE II 1 , 1895 , col. 956 . Sur Ariston d'Alexandrie et Ariston de Céos, voir Gercke 3 et son article « Ariston »> 55 , RE II 1 , 1895 , col. 956-957. 6 H. Dörrie , « Ariston »> 2 et 3 , Der Kleine Pauly I, 1964 , col . 571 s . , tient pour possible que les deux philosophes n'en fassent qu'un ; voir aussi Moraux 2 , p . 181-193 ; 7 F.Wehrli, GGP Antike 3 , p . 594-595 , 599 ; 8 H.B. Gottschalk , « Aristotelian philosophy in the Roman world from the time of Cicero to the end of the second century AD », ANRW II 36 , 2, Berlin 1987 , p. 1110 et 1120-1121. FRANÇOISE CAUJOLLE -ZASLAWSKY et RICHARD GOULET.
394
ARISTON D'ÉPHÈSE
D II
Académicien , disciple de Lacydès (?), mentionné dans l'Ind . Acad. Herc., col. 0,27 ( p. 81 Mekler = Lacydès, T 2b, 23 Mette ) dans une liste d'homonymes. TIZIANO DORANDI.
398 395
ARISTON DE CARTHAGE
ARISTON DE CARTHAGE
D II
Académicien, disciple de Lacydès (?), mentionné dans l'Ind . Acad . Herc ., col. 0,28 ( p. 81 Mekler = Lacydès, T 2b , 23 Mette ) dans une liste d'homonymes, peut- être empruntée à Démétrius de Magnésie ( le témoignage est absent du recueil de J. Mejer, Hermes 109, 1981 , p . 447-472 , mais sur les limites de ce travail, voir M. Gigante, SIFC 76 , 1984 , p. 98 s .) . Cet Ariston , comme les autres qui sont mentionnés dans l’Index, ne se retrouve pas dans la liste des homonymes de D.L. VII 164 . TIZIANO DORANDI. 396
ARISTON DE CÉOS RE 52
fl. 2252
Philosophe péripatéticien, originaire de loulis sur l'île de Céos. Il apparaît comme témoin dans le testament de Lycon (mort en Ol. 138 = 227 /6-225 /4 ), et fait partie du nombre des dix disciples ( yvápuuoi) auxquels le scholarque légua le Péripatos ($ 70) avec la charge d'élire un nouveau successeur (D.L. V 69-74 ). Ariston a dû naître en conséquence avant 250 °. Il n'est pas sûr mais, à notre avis fort probable , qu'Ariston fut effectivement choisi : Thémistius (Disc. XXI , 255 b = fr. 4 Wehrli ) atteste la haute estime que lui portait Lycon, la Vita Mena giana d'Aristote ( fr. 7 Wehrli) inclut son nom dans une liste de scholarques (douteuse en certains points ), de même que Clément, Strom . I XIV 63 , 4, qui lui donne , il est vrai, comme successeur immédiat, Critolaos de Phasélis, dont le floruit se situe en 155a. Témoignages et fragments. 1 F. Wehrli, Lykon und Ariston von Keos, coll. « Die Schule des Aristoteles» 6 , Basel 1952, 2e éd ., 1968, p. 31-67 ( texte : p . 32-44 ) ; 2 C.J. de Vogel, Greek Philosophy, t. II, p. 262-265 , n° 731-733 . Études. 3 A. Gercke, art. « Ariston »> 52 , RE II 1 , 1895 , col. 953-956 ; 4 A. Mayer, « Aristonstudien » , Philologus Supplbd. XI, 1910, p . 483-610 ; 5 K.O. Brink , art. « Peripatos » , RESuppl. VII , 1940, col. 953 ; Wehrli 1 , p . 50-67 ( commentaire ) et note bibliographique, p. 48 ; 6 id. , art. « Ariston von Iulis auf Keos » , RESuppl. XI, 1968 , col . 156-159 ; 7 A.M. Ioppolo , Aristone di Chio e lo stoicismo antico, coll. « Elenchos » 1 , Napoli 1980 , p . 47-50 : discussion sur l'attribution du Mpós tous pñtopas ; 8 F. Wehrli, GGP Antike 3 , Basel/Stuttgart 1983 , p. 579-581 (indications bibl., p. 582] ; 9 G. Giannantoni, Socraticorum Reliquiae, t. II, p. 174-175 . Euvres. La liste des æuvres d'Ariston de Chios le stoïcien en D.L. VII 163 ne contiendrait, selon Panétius et Sosicrate , sauf les Lettres, que des ouvrages d'Ariston de Céos le péripatéticien ( cf. Wehrli 1 , fr. 9) . Leur argument était sans doute, ainsi que l'a conjecturé Wehrli 6, col. 157 , qu’Ariston était rangé ( en D.L. I 16 par exemple) parmi les philosophes qui n'avaient exercé aucune activité littéraire, sinon épistolaire. Il est donc possible que la liste suivante contienne des écrits d'Ariston le péripatéticien : ( 1)
Προτρεπτικών β ' .
(2)
Περί των Ζήνωνος δογμάτων .
(3 )
Διάλογοι..
( 4)
Exolőv s .
ARISTON DE CÉOS
399
(5)
Περί σοφίας διατριβών ζ' .
(6)
' Epwtixal 819tp16ai, à rapprocher peut-être des 'Epwtixà Suoia ( fr. 17 24 Wehrli) et à distinguer des 'Ouoibuata d'Ariston < de Chios (SVF I 383 s .) > conservés par Stobée. 10 D. Tsekourakis, « Zwei Probleme der Aristonfrage » , RAM 123 , 1980 , p. 238-257, attribue ce titre à Ariston de Céos.
(7)
Υπομνήματα υπέρ κενοδοξίας .
( 8)
“YouvnuaTV xe .
(9)
'AnouvnuovEvpátwv Y ' .
( 10)
Xpeiőv ia ' .
( 11 )
Προς τους ρήτορας .
( 12)
Πρός τάς 'Αλεξίνου αντιγραφάς .
( 13 ) ( 14)
Προς τους διαλεκτικούς γ ' . Προς Κλεάνθης ,
( 15 )
'Eniotolőv 8' (Hicks fait de ces deux derniers titres un seul).
D’importants fragments ( fr. 14-15 Wehrli) ont été conservés par Philodème, Tepl xaxtõv, PHerc. 1008 ; cf. 10 C. Jensen ( édit.), Philodemi llepi xaxtõv liber decimus, Leipzig 1911 ; 11 id ., « Ariston von Keos bei Philodem », Hermes 46, 1911 , p. 393-406 . Sur le témoignage de Philodème et l'origine certainement péripatéticienne des fragments ( reconnaissance du rôle de la túyn, critique de l'aútápxela stoïcienne ), voir aussi 12 W. Knögel, Der Peripatetiker Ariston von Keos bei Philodem , coll. « Klass. philol. Studien » 5 , Leipzig 1933 , 95 p. Philodème transmettrait des extraits de deux ouvrages d’Ariston , dont l'un s'intitulerait Mepl toŨ XOUDÍSELV ÜNepnpavias ( col. X, lignes 10-11 ) et relèverait de la diatribe philosophique d'époque hellénistique. Le second ouvrage s'appa rente aux Caractères de Théophraste. L'attribution de l'ouvrage cité par Philo dème au péripatéticien a été contestée par 13 C. Gallavotti, « Teofrasto e Aristone . Per la genesi dei caratteri teofrastei», RFIC 5 , 1927 , p. 468-479 ( voir cependant la réfutation de Knögel 12 , p . 40-47 ) et par 14 A. Rostagni, Scritti minori, t. I : Aesthetica , Torino 1955 , p. 351-355 . Strabon X 5 , 6, p. 486 C.), présente Ariston le péripatéticien ( fr. 11 Wehrli) comme (nawths de Bion de Borysthène ( T 24 Kindstrand ), mort vers 245. Mais 15 J.F. Kindstrand, Bion of Borysthenes, Uppsala 1976 , p . 79-82, considère qu'Ariston de Chios le stoïcien ferait un imitateur beaucoup plus vraisemblable de Bion et que le témoignage est erroné. Mise au point détaillée sur la question dans 16 M. Lancia, « Aristone di Ceo e Bione di Boristene » , Elenchos 1 , 1980 , p . 276-291. Cicéron , De finibus V 5 , 13 ( fr. 10 Wehrli), qui suit sans doute Antiochus d'Ascalon , transmet sur Ariston un jugement sévère : « il a de la grâce et de l'élégance ( concinnus et elegans), mais n'a pas la gravité ( gravitas) qu'il faut à un grand philosophe; il a beaucoup écrit, c'est vrai, et avec goût, mais, je ne sais pourquoi, ce qu'il dit manque d'autorité (auctoritas ) » (trad . Martha ). Ariston semble avoir écrit, comme déjà Théophraste (D.L. V 43 ) et Démé trius de Phalère (D.L. V 81 ) , un traité sur la vieillesse (lepi ynows) évoqué par Cicéron , De senectute 1 , 3 ( fr. 12 Wehrli ), qui a pu le mettre à contribution .
400
ARISTON DE CHIOS
L'ouvrage mettait en scène Tithonos, frère de Priam , qui devait à l'amour d'Aurore l'immortalité, mais non la jeunesse éternelle ; il a pu inspirer également la satire de Varron , Tithonus ſlepi ynows. Voir 17 L. Alfonsi, « Sulle fonti del “De senectute " » , PP 10, 1955 , p . 121-129 ; 18 Ch.W. Fornara , « Sources of Plutarch's “An seni sit gerenda res publica ” » , Philologus 110, 1966 , p. 119-127 ; 19 H. Dahlmann , « Bemerkungen zu Varros “Menippea Tithonus”, nepi yhpws » , dans H. Dahlmann et R. Merkelbach ( édit .), Studien zur Textgeschichte und Textkritik (Mélanges G. Jachmann ), Köln 1959 , p . 37-45 . Voir aussi Ioppolo 7, p . 292-308 . Dans son Lycon ( fr. 33 Wehrli ), Ariston traitait des doctrines de l'âme, non sans recourir à la mythologie. Plutarque, De audiendis poetis 1 , 14 e , rapproche ce titre de l’Abaris d'Héraclide le Pontique. D.L. V 64 emprunte à un recueil d'Ariston de Céos ( fr. 31 Wehrli) le testament de Straton qu'il rapporte dans son intégralité (& $ 61-64) . Il serait étonnant que les testaments des autres scholarques péripatéticiens ( Aristote, Théophraste et Lycon ), et peut-être même ceux de Platon et d'Épicure, ne proviennent pas du même contexte littéraire qui pourrait être un ensemble de Vies de philosophes (fr. 28-32 Wehrli). Des renseignements concernant Héraclite ( D.L. IX 5 ; IX 11 ~ II 22) et Épicure (D.L. X 14) sont empruntés par Diogène Laërce à un Ariston ( connu à travers Sotion en D.L. IX 5) qui est sans doute notre péripatéticien. 20 P. Moraux , Les listes anciennes des ouvrages d'Aristote, Louvain 1951 , pensait que les listes d'ouvrages des péripatéticiens conservées par D.L. V provenaient de même de l'école péripatéticienne et avaient été constituées par Ariston. Cette théorie n'a pas fait l'unanimité. Voir notamment 21 I. Düring, « Ariston or Hermippus ? A note on the Catalogue of Aristotle's writings, Diog . L. V, 22 » , C & M (Mélanges C. Höeg) 17 , 1956 , p . 11 21. État de la question dans 22 P. Moraux, Aristotelismus, t. I, p. 4 n . 2 ; hésitations finales du même auteur dans 23 « Diogène Laërce et le Peripatos» , dans Diogene Laerzio, storico del pensiero antico ( Actes du colloque de 1985 ) = Elenchos 7 , 1986, p. 251 . Sur l'ambiguïté de certaines références à Ariston de Céos (ou Ariston de Chios) , voir 23 L. Edelstein, c.r. de Wehrli 1 , dans AJPh 76, 1955 , p. 415 s . , et Ioppolo 7 . FRANCOISE CAUJOLLE -ZASLAWSKY et RICHARD GOULET . 397
ARISTON DE CHIOS RE 56
FIV -MMI
Philosophe stoïcien , fils de Miltiade, né dans l'île de Chios, disciple de Zénon de Kition ; il s'écarta de lui pour fonder sa propre école à Athènes. Fragments et témoignages. SVF I 333-403, p . 75 , 1-90, 11. Il faut ajouter : a) dans les SVF : 139 , I 200 , I 408 ( qui suit 1 341 ), I 412 , 1415 , I 602, III 26-27 , III 256 (qui suit 1 374) , III 257 , III 259 ; b) les fragments signalés par 1 A.M. Ioppolo, « Aristone di Chio », Scuole socratiche minori e filosofia ellenistica, recueil édité par G. Giannantoni, [ Bologna] 1977 , p . 115-117 : D.L. VI 105 ; Philodème, Mepi noinuatwv V , col. XIII, 28 ( fr. où 2 C. Jensen, Philodemos über die Gedichte, fünftes Buch ,
ARISTON DE CHIOS
401
Berlin 1923 , p . 128, propose de lire le nom d'Ariston ), ; Cicéron , Hortensius, fr. 38 Müller ; Marius Victorinus, Ars grammatica VI, p. 3 , 6-13 et p. 4 , 7-9 Keil (cf. 4 J. Tolkiehn, « Ariston von Chios bei Marius Victorinus », WKPh 1905 , p. 1157-1160 ) ; enfin d'autres extraits chez Sénèque, Epist. 94, notes fr. 3 , 21-22, 37 , 48 (cf. 5 A.L. Motto , Guide to the Thought of L.A. Seneca , Amsterdam 1970, p . 145 ) . c ) D.L. VII 37 ; Cicéron , Tusculanes V 33 ; De finibus IV 60, IV 68-72, IV 78. Voir également 6 A. Bertini Malgari, « Aristonymos e / o Aristone di Chio » , Elenchos 2 , 1981 , p . 147-159 .. Sur l'identification de l'Ariston mentionné par Marc -Aurèle dans une lettre à Fronton , voir la notice « Aristo ( Titius - ) » . Traduction italienne : 7 N. Festa, I frammenti degli stoici antichi , t . II , Bari 1935 , p. 1-34 . Sources biographiques anciennes. D.L. VII 161 ( = SVF I 333 ) cite Timon de Phlionte (RE 13 ) , un vers des Etao1 ( fr. 61 Wachsmuth = PPhF 40 Diels ) , puis ( VII 162) Dioclès de Magnésie (RE 50 ) , 'Eniopoun tõv Qio 06owv, et (VII 163) Panétius et Sosicrate de Rhodes (RE 3 ) , Aiadoxal. Athénée VII, 281 c ( = SVF 1 341) cite Ératosthène (RE 4) , 'Aplotwv, puis (VII, 281 d = SVF I 408 ) Apollophane (RE 13 ) , 'Apiotwv. En VI, 251 c (= SVF I 342) , il cite le troisième livre des Etaloi de Timon de Phlionte ( fr. 64 Wachsmuth = PPF 186 Diels ). Strabon I 2 , 2 , p . 15 C. (= SVF I 338 ) cite Érastothène. Cf. 8 N. Saal , De Aristonis Chii vita scriptis et doctrina, Köln 1852 ; 9 R. Heinze , « Ariston von Chios bei Plutarch und Horaz » , RAM 45 , 1890, p . 497-523 ; 10 O. Hense , « Ariston bei Plutarch » , RAM 45 , 1890, p . 541 554 ; 11 A. Gercke , « Ariston » , AGPh 5 , 1892 , p . 198-216 ; 12 H. von Arnim , art . « Ariston » 56 , RE II 1 , 1895 , col . 957-959 ; 13 G. Rodier , Études de philosophie grecque, Paris 1926 , p . 233 , 246 et 295-297 ; 14 É. Bréhier, Histoire de la philosophie, Paris 1931, t. I, fasc. 2 , p . 330 334 ; 15 N. Festa , « Studi critici sullo stoicismo : Aristone» , Archivio di Filosofia 3 , 1933 , p. 72-94 ; 16 W. Wiersma , « Témoc und xaonxov in der alten Stoa » , Mnemosyne 5 , 1937 , p . 219-228 ; 17 J. Moreau, « Ariston et le Stoïcisme» , REA 50, 1948 , p . 27-48 ; 18 K. Mras , « Ariston von Keos » , WS 39 , 1955 , p . 88-98 ; 19 M.Pohlenz , Die Stoa , p . 16-17 et 19-20 ; 20 D. Babut, Plutarque et le Stoïcisme, Paris 1969 , p . 202-204 ; 21 J.M. Rist , Stoic philosophy, Cambridge 1969 , p. 74-78 ; 22 G.B. Kerferd, « What does the Wise Man know ? » , dans J.M. Rist ( édit .), The Stoics, Berkeley /Los Angeles 1978 , p . 133 ; 23 H.B. Gottschalk , « Varro and Ariston of Chios» , Mnemosyne 33 , 1980, p. 359-362 ; 24 D. Tsekourakis , « Zwei Probleme der Aristonfrage », RhM 123, 1980, p . 238-257 ; 25 A.M. Ioppolo , Aristone di Chio e lo stoicismo antico, coll. « Elenchos» 1 , Napoli 1981 ; 26 M. Schofield, « Ariston of Chios and the unity of virtue » , AncPhil 4, 1984 , p . 83-95 . Biographie et postérité. Ariston le Chauve (o pádavoos) , dit la Sirène ( D.L. VII 160 = SVF I 333 ), étudia à Athènes avec Cléanthe (D.L. VII 171 = SVF 1 602 ) auprès de Zénon de Kition. Ariston parlait beaucoup, non sans
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ARISTON DE CHIOS
talent, mais, rapporte Diogène Laërce, parfois trop hâtivement et sans réserve, et c'est pourquoi Zenon le disait « bavard » (VII 18 = SVF I 340 ). Exclusivement préoccupé de morale et, comme les cyniques (cf. D.L. VI 103 = SVF 1 354) , considérant l'étude de la physique et de la logique comme inutile ( cf. Sextus, Adv. Math. VII 12 = SVF I 356 ; Stobée, Eclog. II, p . 8 Wachsmuth = SVF I 352 ), il s'écarta de Zénon au moment où celui-ci souffrait d'une grave maladie (D.L. VII 162, qui cite Dioclès de Magnésie = SVF I 333 ) et rejoignit Polémon qui faisait précisément porter son enseignement sur la seule éthique (D.L.IV 18 ). Cela se passait probablement avant 270/69. Puis, du vivant même de Zénon , il soutint la doctrine de l'édiapopía , qui fit son renom (D.L. VII 37 ; VII 160-161 = SVF I 351 ; Cicéron , De finibus III 15 , 50 = SVF I 365 ; IV 47 = SVF I 364 ; V 23 = SVF I 363 ; V 73 = SVF I 366 ; III 73 = SVF I 366 ; Acad . Pr . II 130 = SVF I Tusc. V 33 ) .
362 ;
Contre Zénon , Ariston soutenait qu'il n'existe qu'une vertu considérée sous divers rapports et donc un seul bien . Entre le bien et le mal, la vertu et le vice, il n'y aurait que des choses " indifférentes” ; et, dès lors , Ariston ôta de la morale toute la partie pédagogique ou parénétique (Sénèque, Epist. 89, 13 [= SVF I 357) et 94 (= SVF I 358-359] ; Sextus, Adv. Math . VII 12 [= SVF I 356] ). Malgré cela , Ariston se disait authentiquement stoïcien et certainement pas sceptique comme le donne à croire Cicéron (SVF I 355 = Acad. Pr. II 123 ; SVF I 363 = Tusc. V 85 , De off. 16, De fin . II 35 ; SVF 1 364 = De fin.. II 43 et III 11-12 ; SVF I 369 = De fin. IV 43 ) . En prétendant que le sage n'a
pas d'opinion (D.L. VII 162 = SVF I 347 ), il ne fait que reprendre un dogme de la Stoa ( D.L. VII 121 = SVF I 54 ; Sextus, Adv. Math . VII 157 et 432 = SVF III 550 et 657 ) qui situe le sage au delà du vrai comme de la morale pratique ( cf. Moreau 17) . En tout cas, il fut vivement attaqué par l'École de Zénon : Persée essaya de lui démontrer l'inconséquence de la totale "adiaphorie" (D.L. VII 162 = SVF I 347 ) ; et, plus tard, Chrysippe écrivit contre lui un ouvrage , Mepi ToŨ hold elvai tàs åpetác ( cf. Galien , De Hipp. et Plat. decr. VII 2 = SVĚ III 256 ; et voir Cicéron De finibus IV 68 = SVF III 27). A cette époque, Ariston donnait des cours au Cynosarges, le gymnase où Antisthène le cynique enseignait autrefois (D.L.VII 161 = SVF I 333). Par ses qualités oratoires de séduction et de persuasion , il attirait les foules et Chrysippe était précisément l'un des seuls à ne pas venir l'écouter (cf. D.L. VII 161 qui cite un vers de Timon de Phlionte, et VII 182 = SVF I 339) . Il eut de nombreux disciples parmi lesquels Apollophane et Érastothène de Cyrène (cf. 27 G. Dragoni, « Introduzione allo studio della vita di Erastotene » , Physis 17 , 1975 , p . 41-70) - qui, tous deux , rappelons-le, écrivirent un ’Aplotwv (Athé . née VII, 281 cd = SVF I 341 et 408) - et passa pour un véritable chef de secte , celle des aristonéens, comme s'appelaient eux -mêmes Miltiade et Diphilos (D.L. VII 161 = SVF I 333 ) . Ariston était très critique vis-à-vis d'Arcésilas, son ancien condisciple chez Polémon , dont il n'admettait pas le scepticisme et les meurs homosexuelles ( cf. SVF I 343-346) . Mais il aurait lui -même prêté à la raillerie en courtisant Persée, lorsqu'à Pella ce dernier jouissait de la faveur du roi Antigone Gonatas
ARISTON DE CHIOS
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(RE 4 ) (Athénée VI , 251 c , qui cite Timon de Phlionte = SVF I 342 ) . Enfin , selon Apollophane et Érastothène ( Athénée VII, 281 C - d = SVF I 341 et 408 ), il se serait mis à aimer les plaisirs. C'est à un âge avancé qu'il aurait été frappé d'une insolation mortelle (D.L. VII 164 = SVF I 333 ) . Diogène Laërce VII 163 (= SVF I 333 ) rapporte qu'on lui attribuait, outre : ( 1 ) des dialogues ( diáhoyoi ); quinze ouvrages : ( 2) MpotPENTIKÕV B’ ; ( 3) Περί των Ζήνωνος δογμάτων ; (4 ) Exodőv s ' ; ( 5 ) Mepi oopías; (6) Alatpibūv ' (probablement à distinguer du précédent); (7 ) 'Epwtixal & latpibai (à attribuer à Ariston de Céos RE 52, et non à Ariston de Chios selon Tsekourakis 24) ; ( 8) Υπομνήματα υπέρ κενοδοξίας ; (9 ) Υπομνημάτων κε '; ( 10) ’AnouvNLOVEULÓTWV Y' ; ( 11 ) Xperāv la ' ; ( 12) Mpòs tous pñtopas; ( 13 ) Mpós tàc 'Aletivou ávtiypapás (Alexinos, fr. 87 Döring. Cf. Festa 7 ) ; ( 14 ) Προς τους διαλεκτικούς γ' ; ( 15 ) Πρός Κλεάνθης ; ( 16) 'Enuotolőv 8 ' ( cf. von Arnim , t . I , p. 75 , 25 ). Selon Sosicrate et Panétius, seules les Lettres seraient authentiques, les autres Quvres étant d'Ariston de Céos, le péripatéticien ( cf. RE 52) . Cela semble aussi l'avis de Diogène Laërce I 16. Néanmoins, Stobée paraît attester l'authenticité d'un autre ouvrage ( SVF 1 350, 383-384, 386 , 397 , 399 pour Floril.; SVF I 387 , 392, 394, 396 pour Eclog .) : ( 17 ) ' Opoiduata (mais voir Festa 7) . Datation . La Souda situe la naissance d'Ératosthène, disciple d'Ariston , durant la 126e Olympiade, c'est- à -dire 276-272 . Ariston vivait donc encore en 255 (Pohlenz 19 , p. 16 ) ou 250 (Rodier 13 , p . 233 ) .
CHRISTIAN GUÉRARD. Iconographie. Sur la plinthe d'une statue de philosophe assis ( fig. 3) , conservée au palais Spada de Rome (Richter, Portraits, II , 1965 , p . 194, fig. 1018 , 1020 ), on lit le nom APIET [...... ] ] , complété par K. Schefold (Bildnisse, p . 120, n° 3 et p . 210) en Ariston de Chios . La lecture reste cependant douteuse, puisque l'on peut aussi restituer Aristote ou Aristippe (Richter). Le personnage tient sa main droite devant son menton, dans une attitude qui serait typiquement stoïcienne . Ajoutons que la tête est une restauration de la Renaissance. La représentation du philosophe reconnue par K. Schefold ,
404
ARISTON DE COS
« Ariston von Chios » , dans Eikones, (Mélanges H. Jucker ), coll. « Antike Kunst » 12 ° suppl., 1980, p. 160-167, pl. 55 , sur une pâte de verre est encore plus douteuse : le personnage barbu tient, certes, son poing fermé devant son menton, mais il peut s'agir d'un autre philosophe stoïcien, comme Zénon . FRANÇOIS QUEYREL . 398
FI
ARISTON (DE CHIOS ?) RE 55
A. Strabon XVII 1,5 , p . 790 ticien Ariston ( TOV Éx < TÕV > ( xal ' nuāc ) d'un livre lepl toŨ devait pas être excessive sur un lement de plagiat.
C. , associe à Eudore d'Alexandrie le péripaté repinátwv ) comme auteurs contemporains Netrov. Les deux auteurs , dont l'originalité ne sujet si souvent ressassé, s'accusèrent mutuel
B. Le Nil fait aussi l'objet d'une scholie sur Apollonius de Rhodes IV 269 où apparaît le nom ’ Aplotlaç o Xios, présenté un peu auparavant (v . 264 ) comme 1'auteur de Kτίσεις ( εν ταις θέσεσι corrigé par Rutgers en κτίσεσι ) , et auguel on pourrait rattacher le témoignage de Plutarque, De Is. et Osir. 37 , 365 e ( ' Aplotwy yeypapus 'Aonvaiwv ảnoixiowv ). Mais Diels , Doxogr. Gr. , p . 228 , 5 , retrouve dans le premier passage cité sous ce nom d'Aristias celui d'Oinopidès de Chios (DK 41 ), dont le fr. 11 concerne la crue du Nil. Susemihl, t. II, p . 308 n . 355b, rattache tous ces témoignages à Ariston d'Alexandrie ( T 7 Mariotti) dont le nom aurait été confondu avec celui d'Ariston de Chios, puis déformé en Aristias. H. Dörrie , « Ariston » 2 et 3 , Der Kleine Pauly I, 1964, col. 571 s. , croit également possible d'identifier l'auteur du traité Sur le Nil et Ariston d'Alexandrie. Voir Muller FHG III 324 s. RICHARD GOULET. 399
ARISTON DE COS RE 53
II - a
Philosophe péripatéticien , mentionné par Strabon XIV 2, 19 , p . 658 C. , disciple et « héritier » d'Ariston de Céos (qui aurait lui-même succédé à Lycon , mort en 225/4) : 'Αρίστων ο ακροασάμενος του περιπατητικού ('Αριστώνος ) και κληρονομήσας εκείνον . I apparait chez Strabon apres Hippocrate de Cos et un tyran contemporain (xao ' nuāc ) de Cos, Nicias. Essais d'identification . 1 A. Gercke, art. « Ariston » 53 , RE II 1 , 1895, col. 956 ( identifie Ariston de Cos à Ariston le jeune, disciple de Critolaos ); 2 F. Wehrli, Lykon und Ariston von Keos, coll. « Die Schule des Aristoteles >> 6 , Basel 1952 ; 2° éd., 1968 , p. 31 [ fr.8 ) et p . 50 ( commentaire ); 3 id. , GGP Antike 3 , p . 580-581, $ 30, Ariston von Keos..., B. Werk und Lehre (rejet de l'identification de Gercke ), indications bibliogr. p . 582 ; 4 C.J. de Vogel , Greek Philosophy, t. II, p . 265-267 (n ° 734-735 ) ; 5 Susemihl, t. I, p . 153 n . 795, p . 154 ( « Schüler des Ariston und dann des Kritolaos » ) .
FRANÇOISE CAUJOLLE -ZASLAWSKY.
ARISTONYMOS 400
ARISTONYMOS RE 11
405 IV
Disciple de Platon , probablement originaire d'Arcadie où le nom est en tout cas attesté (Xénophon , Anabase IV 1,27; IV 6, 20; IV 7,9), envoyé auprès des Arcadiens pour réformer (Saxoouéw ) leur constitution , tout comme Phormion (RE 7) fut envoyé en Élide (cf. aussi Plutarque, Praec . rei publ. ger. 10, 805 d ) et Ménédème à Pyrrha (RE 8) . Il n'est mentionné que par Plutarque, Adv. Col. 32, 1126 c, parmi d'autres académiciens ayant joué un rôle politique important. D.L. III 23 rapporte , à la suite de Pamphilè, dans le vingt-cinquième livre de ses Hypomnemata , que les Arcadiens et les Thébains firent appel à Platon lors de la fondation de Mégalopolis ( en 368 ") pour qu'il serve de législateur. Mais celui-ci refusa, sachant qu'ils refusaient un certain égalitarisme ( loov čxeiv ). Voir de même Élien , V.H. II 42. Cf. A. Wörle , Die politische Tätigkeit der Schuler Platons , coll. « Göppinger Akademische Beiträge » 112, Darmstadt 1981 , p . 103-105 . RICHARD GOULET.
401
ARISTJONYMOS
MF II
Épicurien mentionné par Philodème, PHerc. 1780, fr .4b 6 Tepedino , dans un témoignage relatif à des pactes intervenus entre Dionysios de Lamptres (deuxiè me scholarque épicurien ) et un certain Diotimos (cf. A. Tepedino Guerra , CronErc 10, 1980, p . 21-22 ). TIZIANO DORANDI. 402
ARISTONYMOS Le Commentateur anonyme sur l'Éthique à Nicomaque, p . 248, 24-29 Heylbut, cite, à travers Atticus ( fr. 43 des Places ), à propos de la justice, ce philosophe plus ancien dont K. Praechter, « Zu Ariston von Chios » , Hermes 48, 1913 , p . 477-480 (voir déjà « Hierax der Platoniker » , Hermes 41 , 1906 , p. 616) = Kl. Schriften 1973 , p . 78 n . , a voulu , à cause d'une allusion à l'adiaphoria stoïcienne, corriger le nom en ’ Aplotwv • Xioc . RICHARD GOULET.
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ARISTONYMOS RE 9 Dix -huit extraits moraux de Stobée sont tires εκ των 'Αριστωνύμου Topapiwv: II 31 , 85 ; III 1 , 96.97 ; 4 , 105 ; 10, 49.50.51 ; 13 , 41 ; 14, 9 ; 21 , 7 ; 23,7; 38, 36 ; IV 31 , 111 ; 32, 29 ; 35 , 33 ; 40, 19a ; 42, 14 ; 46, 21. Dans certains cas, les extraits sont empruntés aux Tomaria d'Aristonymos et de Socrate . Des similitudes de pensée avec les 'Ouoiduata d'Ariston de Chios ont amené Anna Maria Ioppolo, Aristone di Chio e lo stoicismo antico , coll. « Elenchos» 1 , Napoli 1980 , p . 321-325, et Alessandra Bertini Malgarini, « Aristonymos e /o Aristone di Chio » , Elenchos 2, 1981 , p . 147-159 , à envisager une confusion entre les extraits des deux auteurs, d'ailleurs attestée par certains détails de la tradition manuscrite de Stobée selon Bertini Malgarini. Aristonymos cite Héra clite et un certain Apollodore le Mégarique. Cf. A. Elter, Gnomica homoeomata , Prog. Bonn, t. I, 1900, col. 25-33. RICHARD GOULET.
406 404
ARISTOPHANE
ARISTOPHANE POxy. 3656, li. 12-15 (publié par P.J. Parsons, dans Helen M. Cockle, The Oxyrhynchus Papyri, vol. LII, coll. « Greco -Roman Memoirs >> 72, London 1984, p. 47-50) fait mention d’Apiotopávns O nepiRaTNTIKOS Év Tớ lepi alunias. Le papyrus conserve la biographie fragmentaire d'une jeune fille qui fut disciple de Platon , puis de Speusippe et de Ménédème d'Érétrie. Voir la notice « Axiothéa » . Il s'agit apparemment d'un péripatéticien inconnu que l'on aura voulu distinguer du poète comique et du grammairien alexandrin. Voir W.J. Slater (edit . ) , Aristophanis Byzantii Fragmenta, coll . « Sammlung griechischer und lateinischer Grammatiker » 6 , Berlin 1986 , Addenda, p . [ 246 ). Selon M. Gigante, « Biografia e dossografia in Diogene Laerzio », dans Diogene Laerzio storico del pensiero antico ( Atti del Convegno 1985 ] = Elenchos 7 , 1987 , p . 59-62 , derrière Aristophane se cacherait Aristoxène. RICHARD GOULET.
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ARISTOPHANE DE BYZANCE RE 14
ca 2578 - ca 180 °
Grammairien d'Alexandrie qui succéda vraisemblablement à Ératosthène comme responsable de la célèbre bibliothèque. Cf. 1 A. Nauck (édit.), Aristophanis Byzantii grammatici Alexandrini frag menta collegit et disposuit A.N., Halle 1848 ; réimpr. 1963 ; 2 L. Cohn, art. « Aristophanes » 14 ,RE II 1 , 1895 , col . 994-1005 ; 3 Susemihl, t . I, p . 428-448 ; 4 R. Pfeiffer, A History of classical scholarship , From the beginnings to the end of the Hellenistic age, Oxford 1968, chap. V : « Alexandrian scholar ship at its height: Aristophanes of Byzantium » , p . 171-209; 5 W.J. Slater (édit.), Aristophanis Byzantii Fragmenta , post A. Nauck collegit, testimoniis ornavit, brevi commentario instruxit W.J.S. , coll. « Sammlung griechischer und latei nischer Grammatiker » 6, Berlin 1986, XXII -246 p . Les témoignages sur la vie et la carrière d'Aristophane sont regroupés aux pages 1-4 . 6 C.K. Callanan , Die Sprachbeschreibung bei Aristophanes von Byzanz, coll. « Hypomnemata » 88 , Göttingen 1987, 143 p . Bien que sa carrière soit essentiellement celle d'un « grammairien » , un certain nombre d'euvres d'Aristophane invitent à lui faire une place dans le présent ouvrage : ( 1 ) Daivóueva ( ou lepi nórou ? ] : Achilles , Vita Arati, p . 10 Martin = fr. 425 Slater ; cf. 7 E. Maass, Comment. in Arat. rel., p. 79,6 ; 8 id. , Aratea, coll. « Philologische Untersuchungen » 12, Berlin 1892, p. 151. « There is no reason to assume that it was a poem . He was neither a scientist nor a poet; he was the perfect scholar » (Pfeiffer 3 , p . 173) . Le passage est considéré comme corrompu et classé parmi les dubia par Slater. (2) On a déduit d'un passage de Diogène Laërce ( III 61-62 = fr. 403 Slater) qu’Aristophane avait donné une édition de Platon : « Certains, dont le gram mairien Aristophane ( fr. Vi Nauck) , regroupent [ Enxovoi) les dialogues (de Platon non pas en tétralogies, mais) en trilogies ». Diogène Laërce donne ensuite le classement suivant :
407
ARISTOPHANE DE BYZANCE
Première trilogie :
République
Timée
Critias
Deuxième trilogie :
Sophiste
Politique Minos
Cratyle
Euthyphron
Apologie
Phédon
Lettres
Troisième trilogie : Lois Quatrième trilogie : Théétète Cinquième trilogie : Criton
Epinomis
Sur les principes de classement suivis dans cette liste, voir Zeller II, 1 , 3e éd. , p . 428 n . Selon 10 F. Solmsen , « The Academic and Alexandrian editions of Plato's works » , ICL 6, 1981 , p . 102-111, la formule employée par Diogène Laërce n'implique pas qu'un regroupement en tétralogies ait existé avant le regroupement en trilogies proposé par Aristophane ( p. 106 ). Point de vue diffé rent chez Pfeiffer: « The most probable interpretation of the passage is that some scholars, including Aristophanes in his supplement to the Pinakes (le após Toùç Kalmáxou nívaxas est mentionné par Athénée IX , 408 f et le Pseudo Ammonius, fr. 368-369 Slater ), criticizes the tetralogies of an edition, perhaps of the Academy, and put forward the case for trilogies. Nothing in this sentence points to an edition made in Alexandria » (Pfeiffer 3 , p. 196-197 ). En D.L. III 65-66 sont expliqués plusieurs signes diacritiques que l'on rencontrait dans les éditions de Platon . Mais, comme le remarque Pfeiffer 3 , p. 197 , à la suite de Susemihl 4 , t . I, p . 448 n. 62, le système évoqué diffère totalement de celui d'Aristophane. < 11 M. Gigante , « Biografia e dossografia in Diogene Laerzio » , dans Diogene Laerzio storico del pensiero antico ( Atti del Convegno 1985 ] = Elenchos 7 , 1986, p . 67-71 , a cherché à démontrer que la source du passage de D.L. était Antigone de Caryste, auquel il faudrait attribuer, selon lui, le fragment du papyrus de Florence publié par 12 V. Bartoletti , « D.L. III 65-66 e un papiro della raccolta fiorentina » , dans Mélanges É . Tisserant, coll. « Studi e testi » 231 , Città del Vaticano 1964, p . 25-30 . TIZIANO DORANDI. > Solmsen 10 , considère pour sa part que les signes décrits par Diogène Laërce et le papyrus présupposent le système alexandrin tout en l'adaptant aux particularités des dialogues platoniciens. D'après l'interprétation que Solmsen donne du passage de Diogène, ces signes ne seraient pas liés à l'édition ( académicienne) connue et évoquée par Antigone de Caryste dans le passage de Diogène. Sur " l'édition " d'Aristophane, voir également 13 H. Alline, Histoire du texte de Platon, coll. « Bibliothèque de l'École des Hautes Études » 218, Paris 1915 , p . 78-103 . Selon D.L. X 13 = fr. 404 Slater, Aristophane critiquait le style d'Épicure. ( 3 ) Τών Αριστοτέλους περί ζώων επιτομή. L'ouvrage qui regroupait des informations zoologiques empruntées aux traités ( conservés ou perdus) d'Aristote et à d'autres sources, était connu d'Artémidore , Oneirocrit. II 14 = fr. 377, 2 Slater, et de Jean Lydus, De magistr. III 63 , fr. 377 , 1 Slater. Des extraits des deux premiers livres avaient été sélectionnés par Sopatros pour ses Eclogai (Photius, Bibl. cod . 161 , p . 104 b 33 Bekker). D'importants fragments de ces deux premiers livres sont conservés dans les Extraits rassemblés pour Constantin Porphyrogénète. Voir l'édition de 14 S.P. Lambros, Aristophanis Historiae animalium Epitome, dans Suppl. Arist. I 1 , 1885 , XXII -282 p. Pfeiffer 3, p . 173 , écrit à propos de l'énitoun : « Aristophanes ' compilation Tepi Cówv based on
408
ARISTOS D'ASCALON
Aristotle, Theophrastus, and the paradoxographers is the only contribution he is known to have made to that particular Peripatetic and Alexandrine tradition of natural history and paradoxography ... » ( 4 ) Mepl ávaloylas ( fr. 370-375 Slater). On a attribué à Aristophane un tel ouvrage sur la foi d'un passage de Varron (De lingua latina X 68 = fr. 373 Slater) et cru qu'il était dirige contre le Περί της κατά τας λέξεις ανωμαλίας de Chrysippe. Selon Pfeiffer 3, p. 202-203, l'approche d'Aristophane n'aurait rien à voir avec la problématique stoïcienne : « Aristophanes ( ... ) never entered the arena where the philosophers were fighting ( celui du rapport entre la forme linguistique et le signifié ); he confined himself in this case , as in others, to a scholarly problem of grammar ( celui des principes de régularité, appelée analogie, dans la déclinaison des formes grammaticales). ( ... ) The concept of analogy was apparently extended by Aristarchus (disciple d'Aristophane) to the interpretation of texts. Then in the fields of grammar and exegesis adispute must have arisen between analogists and anomalists, which is known to us from Latin sources only ; Aristophanes had nothing to do with it. »
On a voulu voir en ce nom un masque . Mais Platon pouvait fort bien , dans le Parménide, sans doute écrit peu d'années après 370", mettre en scène un Aristote, sans faire allusion à l'Aristote ( 384 /3-322 /1 ) qui devint son disciple aux alentours de 367/6 et qui, plus tard, reprendra certains arguments de la deuxième partie du Parménide (Physique IV et VI). Quoi qu'il en soit, le rôle du jeune Aristote dans le seconde partie du Parménide est tellement effacé - et cela de façon intentionnelle - qu'il est impossible d'en faire un portrait intellectuel ( cf. L. Brisson, « Les réponses du jeune Aristote dans la seconde partie du Parménide de Platon » , Revue 20, fasc. 1-4 , 1984 , p. 59-79) . Par suite, une tentative d'identification au Stagirite de l'interlocuteur de Parménide dans la seconde partie du Parménide se trouve dépourvue de tout fondement, et cela d'entrée de jeu . LUC BRISSON . 408
ARISTOTE RE 19
DM III
Péripatéticien, petit -fils d'Aristote de Stagire. Il était, selon Sextus, Adv . math . I 258 , le fils de Pythias, la fille d'Aristote, et de son troisième mari, le médecin Métrodore [RE 26) , disciple de Chrysippe de Cnide et maître d'Éra sistrate . Dans son testament, Théophraste, après avoir légué « le jardin, le peripatos et toutes les maisons attenantes au jardin » à dix « amis», héritiers solidaires, pour qu'ils puissent y étudier et y philosopher ( ovoxoláCeiv xal ouuoihooopeiv ), ajoute : « qu'il soit également permis de philosopher ( en cet endroit) et d'avoir part à ces avantages, à Aristote , le fils de Mèdios (ou de Meidias , selon les manuscrits) et de Pythias; et que les plus anciens ( de la communauté des héri tiers ) se soucient au plus haut point de lui assurer la formation philosophique la plus complete possible ( όπως ότι μάλιστα προαχθή κατά φιλοσοφίαν ) » ( V 53 ) . Les éditeurs corrigent habituellement le nom du père d'Aristote en Métrodore d'après Sextus. Si ce Métrodore n'est pas autrement connu [RE 26) , Mèdios (RE 5] est un médecin mentionné par Pline (XX 27 et la table des livres XX -XXVII), par Galien ( cf. t . XI, p. 197 et 252 Kühn ; t. XV , p. 135 ) et par Celse ( V 18 , 11 ) . Encore en formation à la mort de Théophraste en 286", le jeune Aristote n'a pu naître avant les toutes dernières années du IVe siècle . Cf. A. Gercke, art. « Aristoteles» 19, REI 1 , 1895 , col. 1055 .
410
ARISTOTE
Deux autres fils de Pythias, Proclès et Démaratos, issus de son second mariage avec Proclès, auraient philosophé auprès de Théophraste, selon Sextus, Adv. math . I 258. En Pline l'Ancien XXIX 5 , Érasistrate est présenté comme « né de la fille d'Aristote » , mais il faut sans doute supposer une confusion dans la tradition . Pour le stemma de la famille d'Aristote , voir la notice « Aristote de Stagire » . RICHARD GOULET. 409
ARISTOTE RE 23
fl. II
Philosophe péripatéticien (c'est par erreur qu'il est présenté comme un stoïcien dans l'article de la RE ), mis en scène par Plutarque de Chéronée dans le De facie (cf. 920 f, 928 e , 929 a) . On le considère souvent comme un personnage imaginaire (H. Cherniss, Plutarch's Moralia t. XII, London 1968, p. 6 ; Glucker, Antiochus, p. 67-68), mais les interlocuteurs des dialogues de Plutarque, même s'ils n'ont qu'un rôle secondaire, sont généralement des personnages authen tiques. La date dramatique du De facie semble se placer au début du II s .: la présence de Sextius Sylla la situe sûrement après 91. On peut donc légitimement se demander si Plutarque n'aurait pas connu en tant qu'étudiant celui qui allait devenir, au témoignage de Galien, l'un des plus illustres péripatéticiens du IT s.: Aristote de Mytilène,mort dans la seconde moitié du siècle. BERNADETTE PUECH . 410
ARISTOTE « le
dialecticien » RE ( 135) 22
M MI
Assassin , avec un certain Deinias, du tyran Abantidas de Sicyone (voir ce nom ). Plutarque, Aratos 3,4 : « Deinias et Aristote le dialecticien , profitant du fait qu'Abantidas avait l'habitude d'assister à chacun des entretiens philoso phiques qu'ils avaient ensemble à l’agora et de se mêler à la discussion, l'enga gèrent dans un débat de ce genre et, ayant préparé un guet -apens, le tuèrent. Paséas, père d'Abantidas, se saisit alors du pouvoir, mais il fut traîtreusement assassiné par Nicoclès, qui se proclama tyran » (trad. Flacelière et Chambry ). Flacelière (note ad loc .) hésite à l'identifier à Aristote d'Argos (RE 12 ), un ami d'Aratos, dont parle plus loin Plutarque (44, 2 ), car , selon Pausanias II 8, 2, les meurtriers d'Abantidas étaient des « gens du pays » , c'est- à -dire des Sicyoniens. L'identification proposée par l'article de la RE (n ° 13 ) de ce philosophe avec son homonyme, d'origine cyrénaïque, auquel, selon D.L. II 113, Stilpon aurait pris deux élèves, est une pure conjecture, rejetée dans RESuppl I, 1903, col. 136, où Natorp recommande de supprimer l'article. Zeller II 1 , 4° éd ., p . 250 n. 3 , le rattache à l'école mégarique. Sur le courant « dialectique » et ses rapports avec l'école mégarique, voir P. Natorp , art. « Dialektiker» , RE V 1 , 1903, col. 320 321 , qui enregistre notre Aristote comme un membre éventuel de l'école de Mégare. Sur la spécificité d'une école dialectique, distincte de l'école mégarique, voir D. Sedley , « Diodorus Cronus and Hellenistic Philosophy » , PCPS 203, 1977 , p. 74-120. Le témoignage de Plutarque n'a pas été retenu dans les recueils de K. Döring, Die Megariker , Amsterdam 1972, de R. Muller, Les Mégariques, Paris 1985 , ou de G. Giannantoni, Socraticorum Reliquiae, Roma 1983-1985 . RICHARD GOULET.
411
ARISTOTE DE MYTILÈNE 411
Diva
ARISTOTE Ó Mueos RE 21
Parmi les homonymes d'Aristote de Stagire, on connaissait un disciple d'Eschine le Socratique qui portait ce nom : D.L. V 35 et II 63. Dans le Prooe mium du commentaire de David ( édité dans le CAG sous le nom d'Élias] aux Catégories d'Aristote ( p. 128 , 12-13 Busse ), ce personnage apparaît également comme exemple d'homonyme, mais, dans ce passage corrompu, il est confondu avec un autre homonyme évoqué par D.L. V 35, « le pédotribe mentionné par Aristoxène dans sa Vie de Platon » . RICHARD GOULET. 412 ARISTOTE DE CYRÈNE RE 20
IV -III
Philosophe grec, contemporain de Stilpon qui lui aurait enlevé deux disciples, Clitarque et Simmias (D.L. II 113 ). On l'identifie généralement à l'un des homonymes d'Aristote de Stagire signalés par D.L. V 35 comme un auteur d'origine cyrénéenne ayant écrit sur l'art poétique. Son appartenance à l'école cyrénaïque a été contestée. Témoignages et fragments. 1 G. Giannantoni, I Cirenaici, coll. « Pub blicazioni dell'Istituto di filosofia dell'Università di Roma » 5 , Firenze 1958 , 520 p .: recueil des sources antiques, traduction italienne et étude introductive ; 2e partie, chap. 5 : « Aristote de Cyrène » , p . 440-443; 2 id ., Socraticorum Reliquiae, t. I, chap. IVE : « Aristoteles Cyrenaicus », p . 293-294 ; 3 E. Man nebach (édit . ) , Aristippi et Cyrenaicorum fragmenta, Leiden /Köln 1961 , Appendice V , p. 119-121 [ l'auteur souligne, p . 119, qu'il n'est pas sûrement établi qu'Aristote de Cyrène ait appartenu au mouvement cyrénaïque, et il juge donc inutile d'introduire dans son recueil, contrairement à Giannantoni 1 , les passages le concernant). Sources antiques. ( 1 ) D.L. V 35 , II 113. (2) Clément d'Alexandrie, Strom . III VI , 50, 4 ; t. I, p . 219 , 20-27 Stählin (ce qui est ici rapporté à Aristote de Cyrène l'est par Élien, V.H. X 2 , à Eubote ou Eubatas le cyrénaïque ); voir Giannantoni 1 , p . 51 , 1. (3 ) Élien, V.H. X 8 [le passage porte sur le thème cyrénaïque : ne recevoir de services de personne et se rapporte expressément à « Aristote le Cyrénéen » ] ( 4 ) Stobée, Flor. IV 20 , 32 Hense = L XII 32 Meineke [S'agit-il bien, dans ce passage, d'un Aristote de Cyrène, ou bien d'un Aristippe de Cyrène ? L'identification reste incertaine et discutée ). Étude générale. P. Natorp, art. « Aristoteles» 20, RE I 1 , 1895 , col. 1055 et RESuppl. I, 1903, col. 136. FRANCOISE CAUJOLLE -ZASLAWSKY.
413
ARISTOTE DE MYTILÈNE RESuppl. XI: 25
MII
A. Philosophe, présenté par Galien ( ſlepi łowv, p. 11,4-12 , 12 Müller) Comme ανήρ πρωτεύσας εν τη περιπατητική θεωρία . Aristote était mort au moment de la composition de ce traité que l'on date maintenant de la fin du règne de Marc -Aurèle ( 161-180). Voir 1 J.M. Schmutte, préface à l'édition du CMG Suppl. III, Leipzig /Berlin , 1941; p. XXXV -XXXVI , et 2 P. Moraux, Aristo telismus, t. II, p . 400 n. 6 .
412
ARISTOTE DE MYTILÈNE
B. C'est ce personnage qu'évoqueraient plusieurs passages concernant un maître d'Alexandre d’Aphrodise appelé par tous les manuscrits Aristote. Voir 3 P. Moraux , « Aristoteles, der Lehrer Alexanders von Aphrodisias» , AGPh 49, 1967 , p . 169-182 , et dernièrement: 4 Aristotelismus, t. II, p . 399-401. Voir également 5 id. , art. « Aristoteles » 25 , RESuppl. XI , 1968 , col . 336 ; 6 A.L. Martorana , « Il Maestro di Alessandro di Afrodisia » , Sophia 36, 1967, p . 365-367 . Alexandre d'Aphrodise, De an . mant., p . 110, 5 Bruns, écrit : ήκουσα δε περί του νού θύραθεν παρά ' Αριστοτέλους , και διεσωσάμην . Simplicius, In De Caelo , p . 153 , 16-18 Heiberg, rapporte un enseignement qu'Alexandre disait de même tenir de son maître (xarà tov autoũ 818áoxalov ). Dans deux passages du Contra lulianum de Cyrille d'Alexandrie, Alexandre , dont Cyrille utilise le De providentia, est à nouveau présenté comme paonths 'ApiotoTÉNOUS (PG 76, II 596 A et V 741 A). Depuis Zeller, on corrigeait le nom de cet Aristote en celui d'Aristoclès ( de Messine ), suivant en cela une conjecture de J.P. Nuñez en 1594. Le fait qu'un péripatéticien Aristote de Mytilène ait vécu à la même époque qu'Alexandre d'Aphrodise rend ces corrections fort hasardeuses. Deux autres passages se rapporteraient selon Moraux à cet Aristote . David [édité dans le CAG sous le nom d'Élias ), In Categ., p. 128 , 10-14 Busse , donne comme homonyme d'Aristote de Stagire « le didaskalos Alexandre », ce qu'il est tentant de corriger en « didaskalos d'Alexandre » . Enfin, Syrianus, In Metaph., p. 100, 9 Kroll, rapporte une interprétation qu'il attribue « au nouvel Aristote, l'interprète du philosophe Aristote » . Les interprétations présentées dans ces divers passages sont étudiées par Moraux 4, p . 401-425, qui souligne l'origi nalité des positions philosophiques défendues. Au terme d'une étude minutieuse, 7 P. Thillet ( édit.), Alexandre d'Aphro dise, Traité du destin, CUF , Paris 1984, p. XI - XXXI, a récemment remis en cause l'argumentation de Moraux pour conclure que ce 818áoxalos pouvait en réalité êtreAristote de Stagire et le « nouvel Aristote » être Alexandrelui -même. Un dernier passage ( Alexandre , In Metaph ., p. 166, 18-19 Hayduck, sur Metaph. p. 994 b 27-31), allégué finalement par 8 P. Moraux , «Ein neues Zeugnis über Aristoteles, den Lehrer Alexanders von Aphrodisias» , AGP 67 , 1985 , p . 266-269, semble cependant bien opposer au Stagirite « notre Aristote » et fournir une confirmation décisive à la thèse de Moraux. Le même passage a été mis en rapport avec Aristote de Mytilène, dans une étude indépendante de Moraux 8 , par 9 P. Accattino , « Alessandro di Afrodisia e Aristotele di Mitilene » , Elenchos 6, 1985 , p. 67-74. L'identification proposée par Moraux est admise par 10 H.B. Gottschalk, « Aristotelian philosophy in the Roman world from the time of Cicero to the end of the second century AD », ANRW II 36 , 2, Berlin 1987 , p . 1160-1162, et 11 R.W. Sharples, « Alexander of Aphrodisias : Scholasticism and Innova tion » , ANRW II 36 , 2 , Berlin 1987 , p . 1177-1178 . RICHARD GOULET.
ARISTOTE DE STAGIRE
414
ARISTOTE DE STAGIRE RE 18 ( + Suppl. XI)
413 384 /3-322 / 1
Aristote bénéficiera de plusieurs notices préparées par des rédacteurs différents et présentant une certaine indépendance les unes par rapport aux autres, tant dans leur conception que dans leur bibliographie. Un certain nombre seulement a pu être mis au point pour le premier tome du présent ouvrage . On trouvera la suite dans les Appendices des tomes suivants. PLAN DE LA NOTICE Prosopographie L'ouvre d'Aristote Iconographie Miéza La Poétique La Rhétorique. Tradition grecque La Rhétorique. Tradition syriaque et arabe L'Organon. Tradition grecque L'Organon. Tradition syriaque et arabe La Métaphysique. Tradition syriaque et arabe Spuria: Le De Melisso, Xenophane, Gorgia Le De Pomo
La Théologie d'Aristote
PROSOPOGRAPHIE Biographie. L'ensemble des documents biographiques et des témoignages a été édité et commenté par 1 I. Düring, Aristotle in the ancient biographical tradition , coll. « Studia graeca et latina Gothoburgensia » 5 , Göteborg 1957 , 490 p. ( A noter, p. 459-476 : « From Hermippus to Ptolemy. A brief summary of results and conclusions » ) ; 2 id ., Aristoteles. Darstellung und Interpretation seines Denkens, coll. « Bibliothek der klassischen Altertumswissenschaften » , Neue Folge, 1. Reihe, Heidelberg 1966 , XVI-670 p . [« Leben und Persön lichkeit» , p . 1-21 ] ; 3 id. , art. « Aristoteles », RESuppl. XI , 1968 , col. 171-184 ; 4 A.H. Chroust, Aristotle. New light on his life and on some of his lost works, vol . I : Some novel interpretation of the man and his 'ufe , London 1973, XXVI 437 p . (Recueil d'articles substantiellement remaniés. Un peu répétitif, mais bien documenté .); 5 R.A. Gauthier, dans R.A. Gauthier et J.Y. Jolif, L'Éthique à Nicomaque, Introduction, traduction et commentaire, coll. « Aristote . Tra ductions et études », 2e éd . avec une introduction nouvelle, t . I, première partie, Louvain /Paris 1970, p. 5-62 ( « L'Éthique à Nicomaque dans la vie d'Aristote et le développement de sa pensée » ); 6 W.K.C. Guthrie, A History of Greek Philosophy, t. VI, p. 18-45 (« Aristotle's life and philosophical pilgrimage » ); 7 H. Flashar, « Aristoteles », dans GGP Antike 3 , 1983 , p . 229-235 . Cf. 80. Gigon , « Interpretationen zu den antiken A.- Viten » , MH 15 , 1958, p. 147-193 ; 9 M. Plezia, « Supplementary Remarks on Aristotle in the Ancient Biographical Tradition » , Eos 51 , 1961 , p . 241-249 ; 10 I. Hadot, « Les
414
ARISTOTE DE STAGIRE
introductions aux commentaires exégétiques chez les auteurs néoplatoniciens et les auteurs chrétiens » , dans M. Tardieu ( édit.), Les règles de l'interprétation, Paris 1987, p. 103-105, 120-121. La tradition arabe a conservé une documen tation biographique complexe qu'on ne doit pas négliger. Un récent état de la question est dressé par 11 D. Gutas, « The Spurious and the Authentic in the Arabic Lives of Aristotle » , dans J. Kraye, W.F. Ryan and C.B. Schmitt ( édit.), Pseudo - Aristotle in the Middle Ages. The Theology and other texts , coll . « Warburg Institute Surveys and Texts » 11 , London 1986 , p. 15-36 .
Sources biographiques (a) D.L. V 1-35 (cf. Düring 1 , p. 13-79, édition critique: p. 29-56 ). Contient notamment le testament d'Aristote (V 11-16), une liste de ses ouvrages ( V 22 27), un résumé de la chronologie d'Apollodore (V 9-10) et une doxographie ( V 28-34 ). Voir 12 P. Moraux, « La composition de la Vie d'Aristote chez Diogène Laërce » , REG 68 , 1955 , p . 124-163 , Düring 1 , p . 7-79 , et A.H. Chroust, « An Analysis of the Vita Aristotelis of Diogenes Laertius (DL V 1-16) » , dans 4, p. 25-53 . ( b ) Vita Hesychii (VIe s.) , dite aussi Menagiana ( du nom de son premier éditeur, Gilles Ménage en 1663 ) ; les données biographiques sont partiellement reprises dans la Souda A 3929-3930 ; t. I, p. 357 , 20–358, 9 Adler, mais non la liste des écrits d'Aristote . Édition critique dans Düring 1 , p. 80-93. ( c ) Denys d'Halicarnasse , ( Première) Lettre à Ammaios, 5. Cf. A.H. Chroust, « The Vita Aristotelis of Dionysius of Halicarnassus » , dans 4, p. 16-24. Grâce à quelques données chronologiques empruntées à Apollodore, Denys entend démontrer contre un péripatéticien anonyme, en qui on a reconnu Critolaos de Phaselis ou quelqu'un de son école, que Démosthène n'avait pas appris les règles de la rhétorique dans l'ouvrage d'Aristote. ( d ) Aristoclès, De philosophia , livre VII, apud Eusèbe , P.E. XV 2. ( e ) Ptolémée (IV° s . ?) . Plusieurs vitae lui sont habituellement rapportées : deux en grec, la Vita marciana (Marc. gr. 257) [ éditée par Düring 1 , p . 94-119, et plus récemment par 13 O. Gigon, Vita Aristotelis Marciana , coll. « Kleine Texte für Vorlesungen und Übungen » 181 , Berlin 1962) et la Vita Ammoniana ou Vulgata (Düring 1 , p. 120-139 ), une en latin ( cf. Düring 1 , p . 142-163), sans compter divers textes médiévaux ( cf. Düring 1 , p. 164-179 ), deux en syriaque ( Berol. Sachau 226 ; Vaticanus syriacus 158 ( cf. Düring 1 , p. 184-189 )] et quatre en arabe (cf. Düring 1 , p. 189-246 ) : ( 1 ) Ibn al-Nadim (987 ), Kitāb al-fihrist. (2 ) Al -Mubaššir b . Fātik ( 1048-1049 ), Muhtar al-ḥikam wa-mahasin al -kalim . (3) Ibn al - Qifti (dans la version d'al-Zawzani 1249 ), Ta'rīḥ al -ḥukamā '. ( 4) Ibn Abi Uşaybi'a ( 1268 ), 'Uyūn al - anba' fi tabaqāt al-aţibbā '. Cf. 14 A. Dihle, « Der Platoniker Ptolemaios » , Hermes 85 , 1957 , p . 314 325 ; A.H. Chroust, « A summary of the Syriac and Arabic Vitae Aristotelis » , dans 4, p . 54-70. Tous ces documents sont édités ou traduits dans le recueil de Düring 1. Sur ces sources diverses, voir Düring 3 , col. 162-172 ; A.H. Chroust, « A brief account of the ( lost) Vita Aristotelis of Hermippus and the lost ) Vita Aristotelis
415
PROSOPOGRAPHIE
of Ptolemy ( -el -Garib ) », dans 4 , p. 1-15 . On trouvera un résumé des diverses sources arabes susmentionnées ( ainsi que d'autres) dans Gutas 11 , p. 23-25 ( c.r. par 15 H. Daiber, Isl 65 , 1988, p . 130), qui montre cependant, dans une synopse ( p. 25-27 ), qu'une partie de leurs informations provient d'autres sources que de Ptolémée. Il isole notamment « an independant life of Aristotle of late Alexan drian origin », utilisée dans le Siwan al - Hikma (ca 985-1030 ) et connue égale ment d'al -Mubaššir. Voir aussi 16 D. Gutas, Avicenna and the Aristotelian Tradition . Introduction to reading Avicenna's philosophical works, coll. « Isla mic philosophy and theology. Texts and studies » 4, Leiden /New York / Køben havn /Köln 1988 , p. 201-206 . Le texte, vraisemblablement intégral, de la version arabe de la Vie d'Aristote par Ptolémée a été récemment retrouvé, mais est encore inédit. M. Maroun Aouad a bien voulu rassembler quelques informations sur ce manuscrit dans la note complémentaire qui suit : La version arabe (intégrale ?) de la Vie Ptolémée
d'Aristote
écrite
par
17 M. Mahdi (édit.), Al-Farabi's Philosophy of Aristotle (Falsafat Aristů tâlîs ). Arabic text, edited with an introduction and notes, coll. « Committee on Research in arabic philosophy - Text series » 1 , Beyrouth 1961, p . 26 , signale la présence à Istanbul, d'un ms. arabe de la Vie d'Aristote écrite par Ptolémée surnommé par la tradition al- ġarīb , c'est -à -dire l'inconnu ou l'étranger. Ce ms. n'est pas examiné dans les principales études dont on dispose sur la vie et l'euvre du Stagirite, ces travaux s'appuyant sur des extraits rapportés par les biobiblio graphes arabes. Istanbul Aya Sofya 4833 comporte entre deux traités de Fārābi consacrés, l'un à la philosophie de Platon et l'autre à celle d'Aristote, ce ms. ( fol. 10--184) de la Vita rédigé, après le XVI s . sans doute, par un copiste différent de celui des deux autres textes et ajouté à ceux -ci. Description du ms. dans Mahdi 17, p . 26-29. Incipit de la Vita : « Au nom de Dieu clément et miséricordieux. Voici un traité de Ptolémée, contenant le testament d'Aristote , le catalogue de ses livres et quelque chose de sa biographie, adressé à Gallus » (traduit à partir de Mahdi 17, p . 27-28). Le problème de l'identification du texte se trouvant dans le codex d'Aya Sofya a été examiné par 18 I. Düring, « Ptolemy's Vita Aristotelis rediscovered », dans R.B. Palmer et R. Hamerton -Kelly ( édit.), Philon athes. Studies and essays in the humanities in memory of Philip Merlan , Den Haag 1971 , p. 264-269 ; 19 M. Plezia, « De Ptolemaeo pinacographo » , Eos 63 , 1975 , p. 37-42 ; 20 id ., « Biografowie Arystotelesa », Meander 36 , 1981 , p. 481-493 ( en polonais; résumé en latin à la dernière page ); 21 id ., « De Ptolemaei vita Aristotelis » , dans J. Wiesner ( édit .), Aristoteles Werk und Wirkung (Mélanges Paul Moraux ), t. I : Aristoteles und seine Schule, Berlin 1985, p. 1-11 ; 22 id ., « Encore sur la Vie d'Aristote de Ptolémée » , LEC 54 , 1986 , p . 383-385 ; Gutas 11 , p . 15-30 et notes y afférentes. Le premier de ces auteurs parle de « la redécouverte de l'original arabe de la Vita de Ptolémée » ( Düring 18 , p. 269 ), entendant par là que le texte d'Istanbul est la source des biobibliographes arabes, mais laissant dans le vague la question
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ARISTOTE DE STAGIRE
de savoir s'il est constitué de la traduction de l'intégralité de l'ouvrage de Ptolémée. Quant à celui- ci, Düring continue à penser qu'il s'agit de Ptolémée le néoplatonicien , mentionné par Jamblique, Proclus et Priscien , mais il situe la composition de la Vita vers le milieu du III s . La traduction arabe pourrait être due à Ishaq b. Hunayn . Plezia , lui, aboutit à des conclusions plus audacieuses. Le Constantinopo litanus contiendrait l'intégralité du livre de Ptolémée . Celui-ci ne serait ni Ptolémée Chennos ( Ier s.), ni le Ptolémée de Düring, mais un professeur de philosophie aristotélicienne qui ne serait pas antérieur au IVe s. et que l'on pourrait nommer « Ptolemaeus Pinacographus » . Gallus, le dédicataire, ne serait autre que Flavius Claudius Constantius Gallus, frère de l'empereur Julien et César d'Orient. La Vita aurait donc été rédigée à Antioche, entre 351 et 354. Enfin , les différences entre le texte signalé par Mahdi et les Vita Marciana, Vulgata et Latina montreraient que celles -ci ne sont pas des abrégés d'une Vie écrite par Ptolémée al -ġarīb , mais qu'elles représentent, pour l'essentiel, une tradition différente , néoplatonicienne, la source ultime étant, dans tous les cas, Andronicus de Rhodes. Gutas approuve l'essentiel des conclusions de Plezia , auxquelles il ajoute certaines informations : le ms . Aya Sofya représente la seule recension connue des Arabes de la Vie de Ptolémée ; elle rend probablement de manière fiable l'intermédiaire syriaque; la question de la fidélité au grec est laissée en suspens ; Ptolémée n'est pas l'unique source des biobibliographes arabes . Le texte d'Istanbul comporte les parties suivantes : une préface adressée à Gallus, une biographie d'Aristote, son testament, des aphorismes, le catalogue de ses cuvres. La préface n'est rapportée que dans ce codex ; pour le reste , il semble qu'il y ait généralement accord entre celui-ci et les biobibliographes. Sur les différences qu'on peut néanmoins relever, voir Plezia 19 , p. 38 , 41-42; Plezia 21 , p . 1-4 ; et Düring 18, p. 269, qui les considèrent comme négligeables, alors que Gutas 11 , p. 28-29 et notes y afférentes, semble donner plus d'importance aux variantes et à certaines informations rapportées dans le Muhtar al- ḥikam du biobibliographe al -Mubaššir ( 1048-49 ), qui seraient, peut-être , l'indice d'un texte arabe plus complet que celui du ms. d'Istanbul. Éditions et traductions. La Vie d'Aristote par Ptolemée al -ġarīb , telle que transmise par le ms. Aya Sofya 4833, n'a été que partiellement éditée (Préface à Gallus et Catalogue) dans 23 C. Hein, Definition und Einteilung der Philosophie. Von der spätantiken Einleitungsliteratur zur arabischen Enzyklopädie, coll. « Publications Universitaires Européennes. Série XX , Philosophie » 177 , Frankfurt -am -Main /Bern /New York, 1985 , p . 388-444. Sur les tâches du prochain éditeur, voir Gutas 11 , p . 29 et notes y afférentes. Un extrait reprenant la préface à Gallus – a été rendu en anglais par Düring 18, p. 266-268 ( voir à ce sujet Gutas 11 , p. 35 n. 32) . Hein 23, p. 417-439 , a traduit en allemand une partie de ce qu'elle a édité . Enfin , 24 M. Plezia ( édit.), Aristotelis priva torum scriptorum fragmenta, coll. BT, Leipzig 1977 , p. VIII, XI-XII, XVIII, 9, 13 , 19, 24 , 35 , 39-41, 45 , a présenté et traduit en latin d'autres extraits, dont le testament.
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Études d'orientation . Düring 18 , p . 264-269 ; Plezia 19 , p. 37-42 ; Plezia 20 , p . 481-493 ; Plezia 21, p. 11 ; Gutas 11 , p . 15-30. MAROUN AQUAD . Chronologie . Les dates d'Apollodore d'Athènes ( FGrHist 244 F 38) sont conservées dans D.L. V 9-10 et chez Denys d'Halicarnasse, Lettre à Ammaios, 3 5. D'après Düring, elles remonteraient à un historien athénien de la fin du IVe s . av . J.-C. , Philochoros ( cf. FGrHist 328 F 223). Il est utile de reconstituer les données de cette chronologie sous forme de tableau . Cf. 25 F. Jacoby , Apollodors Chronik . Eine Sammlung der Fragmente, coll. « Philologische Untersuchungen » 16, Berlin 1902, [VI]-416 p., notamment p . 318-328.
Olymp . 99,1 103,1
Date
Archontes
Vie d'Aristote
Ages et durées
384/3 Diotréphès 368/7 Nausigénès
Naissance d'Aristote Mort de Denys I Arrivée chez Platon ( selon à 17 ans (D.L. qui ne V. Marc. 10 ) donne pas de date ) Arrivée à Athènes à 18 ans (DH ) [ 103,2 ) 367/6 Polyzèlos Arrivée à l'Académie 20 ans chez Platon Dans l'article de Düring 3, à la col. 171 , lire 103, 2 au lieu de 102, 2. 357/6 Elpinès Naissance d'Alexandre) ( 106,1 Mort de Platon 348 / Théophilos < 108>, 1 3 ans Séjour chez Hermias ( à Assos ) 108,4 345/4 Euboulos Séjour à Mytilene ( puis à Stagire) 8 ans 343/2 Pythodotos 109,2 Séjour chez Philippe (à Miéza ) Éducation d'Alexandre Alex . : à 15 ans Mort de Philippe 111,2 335/4 Euainétos Retour à Athènes Enseigne au Lycée 13 ans (DL ) 12 ans (DH ) ( 114,1 324/3 Mort d'Alexandre ) Retraite à Chalcis < 114,2 > 323/2 Céphisodoros Mort à 63 ans 322/1 Philoclès 114,3
La même année que Démosthène ( lequel se serait suicidé, selon Plutarque Démosthène 30, 5, le 14 octobre 322 ]. Les 63 années de la vie d'Aristote correspondent dans le système d'Apollodore à 63 archontes, comptés inclusivement du premier au dernier. Il est vain de vouloir préciser davantage, comme le fait systématiquement Chroust (4, p. 414, n. 10, et passim ), les dates de naissance et de mort afin de s'approcher de 63 années révolues ou , au moins, d'une 63e année. Ainsi Düring, 3, col. 172, écrit : « A. wird in der letzten Hälfte des J. 384 in Stagira geboren » , puis, col. 180 : « Hier ( in Chalkis) starb er an einer Krankheit ... im Oktober 322 im Alter von 63 Jahren » (voir aussi 1, p. 254, et 2 , p. 1 et 13). On ne voit pas comment l'auteur a pu obtenir 63 ans dans ce calcul. On ne pourrait en fait retrouver un 63e anniversaire qu'en supposant qu'Aristote est né au tout débutde l'Olympiade 99, 1 ( seconde moitié de 384) et qu'il est mort à la toute fin de l'Olympiade 114, 3 (par exemple en octobre 321 ). Mais il faudrait faire
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ce genre de supposition pour plusieurs autres dates d'Apollodore. Ce n'est qu'ainsi, par exemple, que l'on peut donner 70 ans à Socrate (F34 ) qui aurait vécu d'Ol. 77,4 (469/8 ) à Ol. 95, 1 (400/399 ). Or Socrate est né, selon la tradition, le 6 Thargélion, donc au printemps, ce qui exclut l'année 469! Jacoby écrit dans son commentaire au fr. 34 : « er arbeitet, was bei Datierung nach Archonten nur selbstverständlich ist, mit Archontenjahren und zählt diese inklusive » (FGrHist 244 , commentaire, p. 730 ; v. aussi Jacoby 25 , p. 58-59). On trouvera un exemple similaire dans la notice consacrée à Épicure. D'autres historiens préferent corriger les indications d'Apollodore: selon Flashar et Gauthier, Aristote est mort à 62 ans; selon Guthrie, dans sa soixante - troisième année ... Il semble que dans ses calculs, Chroust suppose une distinction entre l'année olympique et l'année civile identifiée par l'archonte éponyme. Ceci expliquerait des affirmations comme celle -ci : « he was born during the first half of the first year of the 99th Olympiad, during the early part of the archonship of Diotrephes (384-383 B.C.), that is, between early July and early October of 384 B.C., and probably closer to July » (4 , p. 414 n. 10). Mais il est évident que dans le système d'Apollodore, il y avait un synchronisme absolu entre l'année olympique et l'année qu'identifiait l'archonte éponyme. Le testament d'Aristote . Peut-être transmis, comme celui de Straton , par le recueil d'Ariston de Céos (D.L. V 64 ), et conservé en D.L. V 11-16 et, avec de légères modifications, dans certaines Vies arabes, il est édité dans Düring 1 , p. 35-37 , et par Plezia 24 , p. 35-42. Il est traduit en français par 26 J. Bidez, Un singulier naufrage littéraire dans l'Antiquité. A la recherche des épaves de l'Aristote perdu, Bruxelles 1943 , p . 57-64. Pour révéler toutes ses implications juridiques, ce document doit être commenté dans le cadre du droit de succession à Athènes. Voir 27 A.R.W. Harrison, The Law of Athens, t. I : The family and property, Oxford 1968, Part I, § 5 : "Succession" , p . 122-162 ; A.H. Chroust, « Aristotle's Last Will and Testament» , dans 4 , p. 183-220 ( les versions grecques et arabes sont traduites en parallèle aux p. 185-189) ; bibliographie des études antérieures, p . 390 n . 25 ; 28 W.L. Westermann , « Two studies in Athenian manumission » , JNES 5 , 1946 , p. 92-104 ( n ° 2 : « Manumissions in the wills of the philosophers» , à propos des nombreux esclaves mentionnés dans le testament) ; 29 H.B. Gottschalk , « Notes on the Wills of the Peripatetic scholarchs » , Hermes 100 , 1972, p . 314-342 ( bibliographie antérieure , p . 314 n. 2) . La famille d'Aristote Outre le testament, document d'une valeur historique exceptionnelle, mais d'interprétation juridique très délicate , nous disposons sur la famille d'Aristote de témoignages nombreux, mais souvent contradictoires, dont il est difficile d'apprécier la valeur lorsqu'on n'en connaît pas la source ultime. Des affirma tions colportées par des témoins tardifs remontent parfois à des inventions calomnieuses ou du moins à des déductions gratuites opérées à partir de détails obscurs du testament par exemple. D'autres informations, produites sans doute dans le dessein de défendre Aristote contre les accusations de ses adversaires peuvent être tout aussi légendaires. Les remarques qui suivent ne visent qu'à présenter les problèmes les plus importants posés par le testament d'Aristote. Comparé aux autres testaments de philosophes transmis par Diogène Laërce, celui d'Aristote présente une particularité étonnante : il ne mentionne explicite ment aucun héritier. On n'y trouve aucune formule du genre je lègue (comp . D.L. V 61 ) ou je donne (D.L. V 51 , 69 ). On pourrait supposer que le testament est incomplet, mais l'explication juridique est plus simple : Aristote avait de droit un héritier légitime et universel. Contre ce droit statutaire aucune disposition
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testamentaire ne pouvait jouer. C'est peut-être pour expliquer cette anomalie que la version arabe du testament ajoute, à une place un peu inattendue, une phrase que Düring ( 1 , p. 220 ) traduit ainsi : « As to my estate and my son , there is no need for me to be concerned about testamentary provisions ». Gottschalk 29 , p. 325 , la considère comme « certainly spurious » . On pourrait penser que cet héritier est Nicomaque, qui était encore un enfant à la mort d'Aristote . Beaucoup d'historiens l'ont soutenu . On pourrait concevoir que Nicomaque ait été de droit l'héritier d'Aristote et que l'ensemble des dispositions du testament aient eu pour objectif d'assurer la tutelle des deux enfants d'Aristote jusqu'à ce que Nicomaque soit en âge d'assumer la succession . Ce qui est exige de Nicanor releve du droit de tutele (διοικείν , επιμελείσθαι , 88 12, 13 , 14 ) et ressemble fort aux responsabilités confiées aux épimélètes jusqu'à son retour ou après sa mort éventuelle. Mais les stipulations très détaillées relatives au mariage de Pythias et les pouvoirs accordés à Nicanor dans ce contexte dépassent largement le cadre d'une simple tutèle. Pourquoi Aristote tenait -il tant à ce que Nicanor épouse Pythias lorsqu'elle serait en âge de se marier ? Ce mariage est tellement important à ses yeux qu'advenant la disparition de Nicanor, ce serait Théophraste, un homme d'une cinquantaine d'années déjà à l'époque de la mort d'Aristote, qui serait appelé à épouser Pythias. Mais un détail surtout est significatif: Aristote envisage le cas où Nicanor mourrait sans avoir épousé Pythias ou après l'avoir épousée, mais sans avoir eu d'enfant avec elle . Dans ce cas, les dispositions qu'il aurait prises par testament concernant les deux enfants devraient être respectées. On peut comprendre le génitif absolu uninw naidiwv Övtwv de deux façons différentes : « même s'il n'a pas encore d'enfant » ou bien « à condition qu'il n'ait pas encore d'enfant» . Dans tous les cas, on doit en conclure que la responsabilité détenue par Nicanor est conditionnée en quelque manière par les enfants qu'il pourrait avoir. On voit mal qu'un droit de tutèle soit ansi conditionné par de tels facteurs. A moins qu'il ne s'agisse pas seulement de tutèle, mais bien d'héritage et de succession . On peut en effet facilement interpréter le testament dans le cadre de la législation sur les filles épiclères, à condition que Nicomaque n'ait pas été un héritier légal envisageable et que Nicanor ait été le plus proche parent agnat d'Aristote . Cette dernière condition peut être envisagée avec vraisemblance . Selon Chroust ( 4, p. 77 , p. 83 n. 7, p . 189, 195 , 337 n . 5 et passim ; voir déjà 30 C.M. Mulvany, « Notes on the Legend of Aristoteles » , CQ 20, 1926, p. 157 . 160 ) Nicanor était le fils de Proxène ( ils sont en effet mentionnés ensemble dans le Testament en V 15, avec « la mère de Nicanor » ) et d'Arimnestè, la sceur aînée d'Aristote, laquelle aurait été la mère, par un précédent mariage, d'Héro , la mère de Callisthène d'Olynthe. La « mère de Nicanor » est en effet mentionnée juste avant Arimnestos dans le testament (D.L. V 16), mais le nom de cette personne n'est pas donné. Si Nicanor était proche parent d'Aristote , il devait être le fils d'Arimnestè, car leur frère Arimnestos est mort sans enfant (D.L. V 16 ) . L'arbre généalogique devrait être corrigé en conséquence. Dans une telle hypothèse, l'héritier d'Aristote ne serait pas Nicomaque, mais Nicanor. Mais quel obstacle pouvait empêcher Nicomaque d'être l'héritier légitime ? C'est là un droit qu'on aurait eu peine à lui contester s'il avait été fils de Pythias.
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Or, que Nicomaque soit le fils d'Aristote et d'Herpyllis, sa concubine, est dit expressément par Timée de Tauroménium (D.L. V 1 ), une source , il est vrai, hostile à Aristote . Selon Aristoclès ( apud Eusébe, P.E. XV 2, 15), Aristote aurait légalement épousé Herpyllis. Dans son Testament (D.L. V 13), Aristote ne parle pas d'Herpyllis comme d'une simple servante (voir par exemple: uvnodévtag εμού και Ερπυλλίδος ότι σπουδαία περί εμε εγίνετο ) etles avantages quilui sont consentis par le testament ne sont pas minces. Certains historiens, notamment Mulvany 30, p . 158 , croient cependant que Nicomaque était en fait le fils de Pythias et non d'Herpyllis. Gottschalk 29 ,p . 324 , rappelle que Nicomaque porte le nom du père d'Aristote, privilège généralement réservé à l'aîné dans la famille grecque, et que Pythias et Nicomaque sont toujours associés dans le testament. Voir également Düring 1 , p. 269-270, 2, p. 14 n. 76, 3, col. 180-181 ; Gauthier 5 , t. I, 1 , p. 42 n. 104, et Guthrie 6 , p. 45 et n . 2. Chroust, « The genealogy and family of Aristotle » , dans 4, p . 73-82, et « Aristotle's Last Will and Testament» , dans 4 , p . 183-220, considère que Nicomaque était le fils de la servante Herpyllis, maîtresse d'Aristote après la mort de Pythias, et qu'il fut reconnu du vivant d'Aristote, ce qui, selon la législation athénienne, ne lui donnait pas un droit de succession, mais pouvait lui assurer la jouissance du patrimoine sa vie durant (4 , p . 195 et passim ). Comme Nicomaque était de toute façon trop jeune pour hériter, Nicanor était nommé en quelque sorte « héritier par interim » , de façon à pouvoir transmettre l'héritage aux enfants de Pythias. Selon Gottschalk 29 , p . 324-328 , qui tient l'ensemble des traditions relatives à Herpyllis pour légendaires et accepte la légitimité de Nicomaque, Herpyllis pourrait être une parente d'Aristote , venue de Stagire ( selon Aristoclès) après la mort de Pythias pour s'occuper de la maison d'Aristote .
Le rôle attribué à Nicanor dans le testament est compatible avec une adoption éventuelle du futur époux de Pythias par Aristote. Les Vies d'Aristote prétendent effectivement qu'Aristote qui avait été élevé par Proxène d'Atarné, avait lui même élevé, éduqué, puis adopté, Nicanor, fils de Proxène. On a contesté cette adoption (Mulvany 30, p. 159 ; During 1 , p. 62-63 ; Gottschalk 29, p. 322), mais une inscription d'Éphèse ( que l'on date de 3184) honore Nicanor (RE 4) de Stagire fils d'Aristote ( cf. 31 R. Merkelbach et J. Nollé [ édit.], Die Inschriften von Ephesos, t. VI ( 2001-2958 ), coll. « Inschriften Griechischer Städte aus Kleinasien » 16, Bonn 1980, n° 2011). Cf. 32 R. Heberdey, « NIKANAP 'APIETOTEAOYE ETATEIPITHE» , dans Festschrift für Th. Gomperz, Wien 1902, p. 412-416 . L'identification de ce Nicanor avec le général d'Alexandre, admise par exemple par H. Berve, Das Alexanderreich aufprosopographischer Grundlage, München 1926, t. II, nº 557, n'est pas acceptée par Düring 1, p. 271. On peut objecter que les dispositions testamentaires d'Aristote impliquent que Nicanor ne détenait pas de droit le rôle qui lui est imparti. En vérité, si Nicanor était le fils adoptif d'Aristote , il pouvait sans doute hériter sans avoir besoin d'épouser Pythias et on pourrait concevoir que c'est par souci de ne pas laisser Pythias en dehors de cet héritage que le mariage et sans doute l'adoption avaient été envisagés. D'autre part, le testament pouvait sembler nécessaire à cause des circonstances : Nicanor était au loin , on n'était pas sûr qu'il reviendrait sain et sauf ( 16) et Aristote souhaitait envisager toutes les éventualités.
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PROSOPOGRAPHIE
Asclepius I Machaon 1 1 I 1
Damaratos 1 de Sparte ( ... ) Proxène d'Atarné -o [ X ] Nicomaque Phaestis 1 Hermias d’Atarné 1 Arimnestè (= X ?) 1 Arimnestos I ( ?) 1 (Herpyllis -o ?) ARISTOTE 1 - Pythias 1 1 1? Nicomaque 1. Pythias 2 - Nicanor de Stagire 1 c Proclès 1 2. Pythias 2 ... Proclès 2 Damaratos 2 3. Pythias 20 Médios (Métrodore ?) 1 Aristote 2
Cf. A.H. Chroust, « The genealogy and family of Aristotle » , dans 4, p. 73-82 ( un arbre généalogique, p. 329 ]; « Aristotle and Callisthenes of Olynthus », dans 4, p . 83-91 ( p. 332 n. 81 : le commentaire sur Démosthène retrouvé sur papyrus n'est pas d'Arius Didyme, mais de Didyme le grammairien ... Même confusion, p. 355 n. 16 et passim ) . Comme Théophraste est également présenté par les biographes arabes comme le neveu d'Aristote par sa sœur ou la sæur de sa femme (Chroust 4 , p. 205 ) et qu'il apparaît dans le testament comme un mari éventuel de Pythias 2 (et donc comme un héritier possible ) au cas où Nicanor ne pourrait assurer la succession , Chroust (4 , p . 77-78 ) se demande s'il ne serait pas l'enfant d'un troisième mariage d'Arimnestè. Elle devrait alors être présentée comme l'épouse de Mélantès d'Érèse (D.L. V 36) , père de Théophraste. On voit que cette reconsti tution des liens de parenté dans la famille d'Aristote est sur certains points conjecturale ; elle n'est cependant pas gratuite et s'appuie sur des données juridi ques excellemment exploitées par Chroust. D'après la Souda (K 230), Callisthène, qui était fils d'un cousin ou d'une cousine d'Aristote ( aveviadoūs ) , avait pour père un certain Démotime, ou encore un Callisthène. Plutarque, Alexandre 55 , lui donne pour mère Héro, « cousine » d'Aristote et ( d'après W. Kroll, art. « Kallisthenes » , REX 1 , 1919, col . 1675 ) peut- être fille d'Arimnestè , la sœur aînée d'Aristote ( son frère Arimnestos étant mort sans enfant: D.L. V 16).
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ARISTOTE DE STAGIRE Nicomaque - Phaestis 1
Aristote
Arimnestos 1. Arimnesté co X
Héro . Callisthène /Démotime Callisthène 2. (Arimnestè ] - Proxène ( ?)
Nicanor 3. (Arimnestè ] - Mélantès ( ?) 1 Théophraste L'organisation de l'école. Cf. 33 H. Jackson , « Aristotle's lecture - room and lectures », JP 35 , 1920 , p. 191-200 ; Düring 1 , p . 371-372 ; Düring 2 , p . 9 ; 34 J.P. Lynch , Aristotle's school. A study of a Greek educational institution , Berkeley 1972, XIV - 247 p.; 35 K.O. Brink , art. « Peripatos», RESuppl. VII, 1940 , col. 899-949. Les historiens ( par exemple Chroust 4, p . 219 ) considèrent que, si Aristote a enseigné au Lycée et a inauguré une tradition philosophique, il n'a pas fondé une école . Son testament, à la différence de ceux de Théophraste, de Straton et de Lycon, ne comporte pas de stipulations concernant l'école et les exécuteurs testamentaires (Aristomène, Timarque, Hipparque et Diotélès) ne sont pas désignés comme disciples ou collègues (Chroust 4, p. 197) : il pourrait s'agir de parents d'Aristote, ce qui est attesté par la Souda ( et implicitement par le testament de Théophraste) pour Hipparque (de Stagire). Gauthier 5 , p . 43 n . 107 , maintient, contre Düring 2 , p . 13 , notamment, l'opinion traditionnelle : « A peine arrivé à Athènes, il loua quelques maisons au nord -est de la ville, entre le mont Lycabette et l'Ilissos, près du Lycée, gymnase consacré à Apollon Lycien qui avait été un des lieux favoris de Socrate . C'est là qu'il fonda sa nouvelle école rivale de l'Académie , le Lycée . » Également favorable à la thèse traditionnelle, Guthrie 6 , p . 38-40. Une notice sera ultérieurement consacrée au Lycée. Honneurs et distinctions. Pour les témoignages littéraires, voir Chroust 4, p. 280 n . 200 ; p. 319 n. 81 , et passim . < Le décret amphictionique FD III 1 , 400 , décerne une couronne, honneur exceptionnel à l'époque, à Aristote et Callisthène, qui avaient dressé un catalogue des vainqueurs aux concours pythiques : c'est la Mudiovixőv ávaypaon évoquée par Plutarque (Solon 11 ) , Hesychius (s.v. BoūDoc nepipoitãi) et par une scholie à Pindare (Ol. II 87 ) ; Diogène Laërce la désigne sour le titre Muoiovixaí ( V 26 ). Elle présentait la liste des organisateurs et des vainqueurs des concours depuis leur institution : Th . Homolle, suivi par E. Bourguet, restituait aux lignes 14-15 du décret le nom de l'archonte Gylidas, sous lequel avaient été fondés les concours ; l'invraisemblance de cette restitution a été démontrée par 36 S. Miller , CSCA 11 , 1978 , p . 143 , et par 37 J. Bousquet, « Delphes et les “ Pythioniques " d'Aristote » , RĒG 97 , 1984 , p . 374-380 (voir aussi 38 id . , « L'anagraphe des pythioniques d'Aristote » , REG 98 , 1985 , p . X - XI ) , qui propose de revenir à la restitution beaucoup plus satisfaisante de 39 E. Preuner,
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των απ [ ' αιώνος νεν ] lινηνό [ τ ] ων ( Ein delphisches Weihgeschenk, Strasbourg 1900 , p. 96) . Le décret amphictionique, qui décide la gravure sur pierre du document, n'est pas daté, mais la participation de Callisthène implique que l'ouvrage avait été rédigé, au moins en partie, avant 334 , date à laquelle Callisthène suivit Alexandre en Asie . Outre la liste des vainqueurs, l'ouvrage devait comporter, comme le montre l'allusion de Plutarque, un exposé sur l'histoire du sanctuaire et de l'amphictionie au temps des premiers concours. Gravé sur la pierre , il devait représenter un monument considérable . Les comptes amphictioniques mentionnent, à l'automne 327, un premier versement au lapicide Deinomachos pour la gravure du document: à lui seul, ce versement devait rémunérer la gravure de 14 000 à 21 000 lettres. Mais le travail du lapicide s'étala au moins sur deux années consécutives ( la restitution d'É. Bourguet pour le compte de l'automne 326 , FD III 5 , 60 A , li . 9-10 : Δε[ινομάχωι Δελφών των Πυθιονικών ] Ταναγραφ[ ής μνάς δύο] est indiscu table ) et se prolongea peut -être jusqu'en 324 ( FD III 5, 61 I, li.36 , mais la restitution est cette fois moins assurée ). Élien (V.H. XIV 1 ) cite une lettre d'Aristote à Antipater, où le philosophe évoque l'abrogation des honneurs qui lui avaient été décernés à Delphes. During ( 1 , p. 400-401) a souligné qu'il n'y avait aucune raison de rejeter ce document comme apocryphe. Les données récentes de l'épigraphie delphique en donnent la confirmation et permettent de situer historiquement les circonstances de cette disgrâce : une violente réaction anti -macédonienne est attestée à Delphes par plusieurs événements, tous datés de l'année 324/3, avant la mort d'Alexandre (envoi à la fonte des couronnes d'or offertes par Olympias, absence de délégués macédoniens aux sessions amphictioniques, décret en l'honneur d'un Thébain , voir 40 P. Marchetti, BCH 101 , 1977, p . 158-159). C'est dans ce contexte qu'il faut placer la mesure prise par les amphictions contre Aristote . C'est alors, sans doute , que la stèle portant le décret en son honneur fut brisée et que les fragments en furent jetés dans un puits . Les stèles des Pythioniques, quant à elles, restèrent naturellement en place : elles étaient toujours debout à l'époque impériale. BERNADETTE PUECH . > Pour la datation de l'avaypaoń , voir également 41 D.M. Lewis, « An Aristotle publication date » , CR 72, 1958, p . 108 . Les lettres d'Aristote . Cf. Plezia 24 , p. 7-33 , où sont rassemblés témoignages et fragments ; 42 id ., « De Aristotelis epistulis observationes criticae » , Eos 45 , 1951 , p. 77-85 ; Düring 3 , col. 163-165 . Artémon avait publié un recueil de lettres d'Aristote (en 8 livres ). Les listes des écrits d'Aristote en connaissent vingt livres. Voir 43 P. Moraux, Aristotelismus, t. I, p. 64, 73 , 88. L'identité de cet Artémon et sa datation ne sont pas clairement établies. Cf. 44 J.M. Rist, « Demetrius the stylist and Artemon the compiler », Phoenix 18, 1964, p. 2-8 (il s'agirait d'Artémon de Cassandreia, un auteur de la fin du 11%), et la réponse de 45 G.M.A. Grube, « The Date of Demetrius On Style », Phoenix 18, 1964, p. 294-302 ( qui maintient la date antérieurement proposée pour Démétrius: 270a ). Les élèves d'Aristote . Aristote fut -il le maître d'Alexandre comme le veut
la tradition . Voir sur ce sujet Chroust, « Was Aristotle actually the chief preceptor of Alexander the Great ? » , dans 4 , p. 125-132. 46 H. Brocker, Aristoteles als Alexanders Lehrer in der Legende, Bonn 1965 .
424
ARISTOTE DE STAGIRE
L'EUVRE D'ARISTOTE Bibliographies. 47 M. Schwab ( édit .), Bibliographie d'Aristote, Paris 1896 ; réimpr. Dubuque (Iowa ) 1965. L'Archivum Aristotelicum de Berlin prépare une suite commentée de cette bibliographie. 48 K. Praechter, Die Philosophie des Altertums, dans F. Überweg ( édit.), Grundriss der Geschichte der Philosophie , Bd I, Berlin 1926 , p. 347-348 et p. 353-359 . Pour les éditions et les études parues depuis 1926 voir Flashar 7.49 W. Totok , Handbuch der Geschichteder Philosophie, I. Altertum ( avec la collaboration de H. Schröer) Frankfurt 1964, p. 214-264 ( 1920-1961 ); Düring 2, p. 623-640 ; 50 C.H. Lohr, « Some early Aristotelian bibliographies », NRL 1981 - 1 , p . 87-116 [biblio graphies parues aux XVI -XVII° siècles). Les listes des ouvrages d'Aristote. Cf. 51 P. Moraux , Les listes anciennes des ouvrages d'Aristote, coll. « Aristote - Traductions et Études >> 4 , Louvain 1951 , X -391 p. Düring 3, col. 184-190 . Flashar 7 , p. 190-191, avec bibliographie, p . 193. 52 V. Masellis, « Tradizione e cataloghi delle opere aristoteliche » , RFIC 34 , 1956, p . 337-363. Trois listes sont conservées : (a) D.L. V 22-27 (Hermippe [Düring) ou Ariston de Céos ( Moraux ] ? ) . Cf. 53 I. Düring , « Ariston or Hermippus ?», C & M 17, 1956 , p . 11-21 ; ( b ) Vita Hesychii : Ajoute aux titres de D.L. ( 1-139) les numéros 140-197 (Appendix Hesychiana ) ; (c) la liste constituée par Andronicus de Rhodes (ou en tout cas pas antérieure à Andronicus) et transmise par le biographe Ptolémée aux Arabes. Cf. 54 C. Baffioni, « Antiche liste arabe delle opere di Aristotele » , RScF 29, 1976 , p. 83-114. Les trois listes sont éditées par Düring 1 , p . 41-50, 83-89 et 145-193. Ne serait - ce que pour permettre la constitution de notre tableau des mots -vedettes figurant dans les ouvrages philosophiques, il nous a semblé souhaitable de rassembler le matériel fourni par ces listes en mettant à contribution certaines conclusions de Moraux (M) ou de Düring (D) . Simple outil de travail qui pourrait faciliter par exemple la lecture de l'importante étude de Moraux, elle ne devra pas être utilisée comme une édition. Pour les références anciennes à chaque traité, on se reportera à l'apparat de Düring 1 , p . 41-50. Dans la liste d'Hésychius , de nombreuses corrections, signalées dans l'apparat de Düring, doivent être apportées par comparaison avec la liste de Diogène Laërce.
A. Từ xaeÓAo0 ( 1-128 ) I. Tờ GUIT Yuanxd ( 1-116 ) a . Τα διαλογικά και εξωτερικά (1-24 ) Diogène Laërce 1. 2. 3. 4.
Περί δικαιοσύνης δ' llepi nomntāvY' Περί φιλοσοφίας y ' Περί πολιτικού ( Πολιτικού Μ, Πολιτικός DB'
5. 6. 7. 8.
Περί ρητορικής και Γρύλος α' Νήρινθος α' Eoduotis a' MEVÉLEVOS a' (= 24?)
Hesychius 1. 2. 3. -8 4. Πολιτικός α' 5. 1. nolitixñs r . Y' 6. 8. 10.
425
CUVRES
Diogène Laërce 9. Έρωτικός α' 10. Συμπόσιον α' ( = Περί μέθης) 11. Περί πλούτου α'
12. 13. 14. 15. 16.
Προτρεπτικός α' Περί ψυχής α' ( = Eudeme ) Περί ευχής α ' Περί ευγενείας α ' Περί ηδονής α' (cf. 66 )
17.
'Αλέξανδρος και υπέρ αποίκων α' ( αποικιών Bywater , Det M 37) 18. Περί βασιλείας α ' 19. Περί παιδείας α' Travaux sur Platon : 20. Περί ταγαθού γ' 21. Τα εκ των Νόμων Πλάτωνος γ' 22. Τα εκ της Πολιτείας β' (cf. Theophraste , Επιτομή της Πλάτωνος Πολιτείας β ) 23. « Περί > οικονομίας α' ( Οικονομικός D, M Économ . I)
24. Περί φιλίας α' (= ΕΝ. VIII -IX ? ou second titre de 8?)
Hesychius 12.
7. 14. Προτρεπτικός α' 13. 9. 11 . 15 . 22. - αποικιών α'
16. 18. Π. π. ή παιδευτικών α' 20. Π. του αγαθού α' 21. Περί αρχών και φύσεως α' 23. - β'
17. Οικονομικών α'
24. - Y "
6. Τα αυτοπρόσωπα και ακροαματικά (25-116 ) 1. Τα οργανικά ( 25-73) 25. Περί του πάσχειν ή πεπονθέναι α' 26. Περί επιστημών α' (= Metaph. Elou K7 ?) 27. Περί εριστικών β' (= Soph. Elench. ? cf. 165 6 8-11 ) 28. Λύσεις εριστικαί δ' 29. Διαιρέσεις σοφιστικαί δ' (28 = 297). 30. Περί εναντίων α' (= Εκλογή των εναντίων , < > Metaph. Χ ) . 31. Περί ειδών και γενών α' (= Top . IV ?) 32. Περί ιδίων α ' (= Top . V ?) 33. Υπομνήματα επιχειρηματικά γ' 34. Προτάσεις περί αρετής β' 35. Ένστάσεις α' (s.cnt. περί αρετής ?) 36. Περί των ποσαχώς λεγομένων και κατά πρόσθεσιν α' ( = Metaph. Δ ) 37. Περί παθών < ή περί > οργής α' [ Pseudepigr .] (selon M., οργής est une glose. Cf. Rhet. II 2-11 ?) 38. Ήθικών ε' ( = Eth. Eud ., sans IV - VI ?) 39. Περί στοιχείων γ' 40. Περί επιστήμης α' ( Υπέρ επ . mss BP, Düring)
26. om. α' 25 .
27. Π. έρ . λόγων β' 29. 31. - α ' 32. 28. Π. ειδών α' 33. Υπομνημάτων επιχειρητικών γ' 34 . 36. om . α' 37. ... ή των κατά πρό σ > θεσιν α' 30. Περί πάθους οργής α'
39. -και 35.
ARISTOTE DE STAGIRE
426
Diogène Laërce 41. 42. 43. 44. 45. 46. 47. 48. 49.
50. 51. 52.
Περί αρχής α' (= Phys.) Διαιρέσεις ιζ ' Διαιρετικός α' (-τικών DM; cf. 62 ) « Περί > ερωτήσεως και αποκρίσεως β' (= Soph. Elench. ou plutôt Top. VIII ?) Περί κινήσεως α' Προτάσεις α' ( Προτάσεις π. κιν. MD) Προτάσεις εριστικαί α ' Συλλογισμοί α' (cf. 56) Προτέρων αναλυτικών θ' (= Αnal . Ρr. I ) Αναλυτικών υστέρων μεγάλων β' ( = Anal. Post.) Περί προβλημάτων α' (cf. Αlex., In Top . 63, 11 Wallies ) Mεθοδικά η' = Top. I- VIII)
53. Περί του βελτίoνος α' (= Top . Ι 1-3?) 54. Περί της ιδέας α' ( = Π . ιδεών ου Π . των ειδών )
55a. 55b. 56. 57. 58. 59. 60.
61. 62. 63. 64. 65. 66. 67.
68. 69. 70. 71. 72. 73.
“ Οροι προ των < Τοπικών α' > (= Top . I) Τοπικών ζ' (= Top . Π - VII) Συλλογισμών β' (cf. 48 ) Συλλογιστικών και όροι α' (= Top . 1) Περί του αιρετού και του συμβεβηκότος α' (= Top. Π - ΠΙ ) Τα προ των τόπων α' (= Top. Ι; cf. Théophraste 204 ) Τοπικών προς τους όρους β ' (= Top.Ζ et H?) Πάθη α' Διαιρετικός α' (= precision sur la forme littéraire de 62, selon M ) Μαθηματικών α' Ορισμοί ιγ΄ Έπιχειρημάτων β' Περί ηδονής α' Προτάσεις α' ( = précision marginale concernant le genre littéraire de 66 , 68 et 69 , selon M; Πρ. π. ηδονής α' D) Περί εκουσίου α' Περί καλού α' Θέσεις επιχειρη [ματικαί κε ' Θέσεις ερωτικαί δ' Θέσεις φιλικαί β' Θέσεις περί ψυχής α ' (parties isolées de 70?)
Hesychius
41 . 42. Διαιρετικών α ' 43. - α' 40 . 44. Προτάσεων εριστικών α ' 19. - μών α' (cf. 54) 46. 'Α. πρ. Θ'
47. Om. μεγάλων 48. Προβλημάτων 49 38. 41. 50. 45. 51. 52. 54. 55. 56.
om . η' Προτάσεων α' Περί διαιρέσεων ιζ' (= 42 ? ) Περί ιδέας α'
“ Όρων βιβλίον α' ( cf. 19) Σκών όρων α' Π . α. κ. συμβαίνοντος α'
57 . 59. -ς' 60.
53. -ών α' 61. Ορισμών βιβλία ιγ' 62.
58. 63. 65. 66 . 67. 68.
- σίων Π . κάλλους α' - τικαι ένα βιβλίοις κε ' έν βιβλίοις δ' - ένα βιβλίοις β' - ένα βιβλίο α '
427
CUVRES
Diogène Laërce 2. Τα πρακτικά (74-76 ) 74. Πολιτικά β' (= Polit . VI-VI ?) 75. Πολιτικής ακροάσεως ως η Θεοφράστου η' ( = Polit. ? cf. Theophraste 76 + 223 ) 76. Περί δικαίων β'
Hesychius
69. Θέσεις πολιτικαί β' 70. Π. α. η' 64 .
3. Τα ποιητικά ( 77-89 ) Τεχνών συναγωγή β' Τεχνής ρητορικής β' ( = Rhet . I-I?) Τέχνη α' (= Rhet. ΠΙ ? cf. 87) " Αλλη τέχνη β' (άλλη τεχνών συναγωγή F ; autre recension de 77 ?) 81. Μεθοδικόν α' 82. Τέχνης της Θεοδέκτου συναγωγή α' ( - γής D )
17. 78. 79. 80.
83. Πραγματεία τέχνης ποιητικής β' ( = Poet. 1-1) 84. Ένθυμήματα ρητορικά α' 85. Περί μεγέθους α' (topos rhetorique ) 86. Ένθυμημάτων διαιρέσεις α' 87. Περί λέξεως β' (= Rhet . II ? ) 88. Περί συμβουλίας α' 89. Συναγωγής β' (= autre recension de 77 ? )
71. Τ. στην α' 72. -γ' 73. Tέχνης α'
74. -γήν εν γ'
75. Τέχνης ποιητικής β' 76. 77 . 78. 79. 80.
-μάτων –κών α' om . α' Π. λ. καθαράς α' Π. συμβουλής α'
4. Τα θεωρητικά ( 90-116 ) α. Τα φυσιολογικά ( 90-110)
90. Περί φύσεως γ' (= Phys . I -IV ) 91. Φυσικών α' (= Phys . I?) 92. Περί της Αρχυτείου φιλοσοφίας γ' 93. Περί της Σπευσίππου και Ξενοκράτους α' 94. Τα εκ του Τιμαίου και των Αρχυτείων α' 95. 96. 97. 98. 99.
100. 101. 102. 103. 104. 105.
Προς τα Μελίσσου α' Προς τα ' Αλκμαίωνος α' Προς τους Πυθαγορείους α' Προς τα Γοργίου α' Προς τα Ξενοφάνους α' (95 + 98 + 99 Ε=De MXG ? ) Προς τα Ζήνωνος α' Περί των Πυθαγορείων α' Περί ζώων θ' ( = Hist, anim . I-IX) 'Ανατομών η' (Θ ' D) Εκλογή ανατομών α' Υπέρ των συνθέτων ζώων α'
81. -α' 82. Π . φυσικών α' 83. Π. τ. Αρχύτου φ. γ' 84. 85. Έκ των Tμαίου και Αρχύτου α' 86. 87 . 89. om. α'
88. 91 . 93. Π. ά. ς' 94. Εκλογή τούτων α' 92. Περί –
ARISTOTE DE STAGIRE
428 Diogène Laërce
106. Υπέρ των μυθολογουμένων ζώων α' (cf. Straton D.L. V 59) 107. “Υπέρ του μή γεννάν α' (= Ηist. anim. Χ) 108. Περί φυτών β' Suivent deux titres interpolés à époque ancienne: 109. Φυσιογνωμονικόν α' ( ole pseudépigraphe conserve) 110. Ιατρικά β' ( = Youvrage de Ménon ?)
111. 112. 113. 114. 115. 116.
Hesychius 95. Περί – 90. Περί – 96 .
97. κα β 98. Περί ιατρικής β'
β . Τα μαθηματικά ( 111-116 ) 100 . Περί μονάδος α' 99. -μώνων α ' Σημεία χειμώνος α' (-μώνων D, M ) 101 . 'Αστρονομικών α' 103 . Όπτικόν α' 102 . Περί κινήσεως α' 104 . Περί μουσικής α' (cf. 132).
111. Μεταφυσικά κ' (en 10 livres , sans α , Δ, K, Δ ) Π. Τα υπομνηματικά ( 117-128 )
117. 118. 119. 120. 121. 122. 123. 124. 125. 126. 127. 128.
Μνημονικόν α ' 'Απορημάτων Ομηρικών σ' Ποιητικά α' ('Απορήματα π. α' D) Φυσικών κατά στοιχείον λη ' Επιτεθεαμένων προβλημάτων β' (επιτεθειμένων Cor . Μ) Έγκυκλίων β' Μηχανικών α' ( = Probl. mechan.) Προβλήματα εκ των Δημοκρίτου β' Περί της λίθου α' (extrait de 124 ? ) Παραβολαι α ' (extrait de 124 ?) " Ατακτα β' Εξηγημένα κατά γένος ιδ' ( Έξητασ μένα Cor . D)
105. Πέπλον 107. 'Απορημάτων θείων α' ( Ησιοδείων corr. Rose, cf. 144 ) 109 . 106. 108. Ποιητικός α' 110. Φυσικών λη ' κ. στ . 112. Πρ . επ . (om. β ') 113. 114. 116. Προβλημάτων Δημοκριτείων β' 117. 118. Παραβολών α' 119. « ' Α > διατάκτων β' 121. Έξητασμένων κατά γένος ιδ'
115. Κύκλον περί ποιητών γ' Β . Τα μεταξύ (129-143 ) 129. Δικαιώματα α' 130. Όλυμπιονίκαι α' 131 , Πυθιονίκαι α' 132. « Περί > μουσικής α' ( 131-132 Πυθιονίκαι μουσικής MD)
120. Δικαιωμάτων πόλεων α' 122. -νίκας βιβλίον α' 123. -νίκας βιβλίον α ' , εν ώ Μέναιχμoν ενίκησεν 124.
429
EUVRES
Diogène Laërce 133. Πυθικός α' 134. Πυθιονικών έλεγχοι α' 135. Νίκαι Διονυσιακαι α' 136. 137. 138. 139.
Περί τραγωδιών α' Διδασκαλίαι α' Παροιμίαι α' Νόμοι συσσιτικοί α' [συστατικοί mss ) ( Νόμος συστατικός α' Μ , Νόμος συσσιτικός α' D ) 140. Νόμων δ ' ( Νομίμων δ' D ) Deux interpolations anciennes, postérieures à Andronicus de Rhodes : 141. Κατηγοριών α' 142. Περί ερμηνείας α' 143. Πολιτείαι πόλεων δυοίν δεούσα[i]ν ρε '. κατ ' είδη : δημοκρατικαί, ολιγαρχικαί, τυραννικαι, αριστοκρατικαί (Π . π . δ . δέουσαι ρε', κατ ' ιδίαν δημ . κ. ολιγ. και αριστ . και τυραννικαί D)
Hesychius
cf. 125 . [125. Ελέγχων σοφιστικών ή περί εριστικών) 126. Nικών Διονυσιακών αστικών και Ληναίων 128 . 129. Περί διδασκαλιών α' 127. Προοιμίων α' 130. Νόμων συστατικών α'
131. Νομίμων δ'
132. 133. om . α' 134. Προτέρων αναλυτικών β' 135. Πολιτείας πόλεων ιδιωτικών και δημοκρατικών και ολιγαρχικών και > αριστοκρατικών και τυραννικών ρνη '
136. Συσσιτικών προβλημάτων γ' C. Τα μερικά (144-146 ) 144. Επιστολαί πρός Φίλιππον δ' Σηλυμβρίων επιστολαί δ' ( Επιστολαι. Προς Φίλιππον < περί > Σηλ. επ. D.) Προς Αλέξανδρον επιστολαί δ' Προς Αντίπατρον θ ' Πρός Μέντορα α' Προς Αρίστωνα α' Πρός Όλυμπιάδα α' Πρός Ήφαιστίωνα α'
137. Επιστολάς κ'
Προς Θεμισταγόραν α' Προς Φιλόξενον α' Πρός Δημόκριτον α' Poemes (143-154 ):
145. "Έπη ών αρχή. Αγνέ θεών πρέσβισθ ' έκατηβόλε .
138.
146. Έλεγεία ών αρχή. Καλλιτέκνου μητρός θύγατερ . « En tout: 445 270 lignes» .
139.
Appendix Hesychiana A 1. Collections et hypomnémata ( 140-147): 140. Περί των Σόλωνος αξόνων ε'
430
ARISTOTE DE STAGIRE Diogène Laërce
Hésychius
141-142. Περί μακαριότητος < > Τι δήποτε " Όμηρος εποίησεν τάς Ήλίου βούς ( Od. μ 127 s .) 143. 'Απορήματα Ησιόδου εν α' (cf. 107 ) 144. 'Απορήματα 'Αρχιλόχου Ευριπίδου Χοιρίλου ένα βιβλίοις γ' (cf. 115) 145. 'Απορημάτων ποιητικών α' ( =le suivant ?) 146. Αιτίας ποιητικάς (cf. D.L. n° 119)
147. Προβλημάτων Ομηρικών ι' (cf. D.L. n° 118)
A 2. Traités de philosophie théorétique (conservés) dans l'ordre « péripatéticien » descendant ( 148-158): 148. Φυσικής ακροάσεωςιη' (= Phys. I- VIII) 149. Περί γενέσεως και φθοράς β' ( = De gen. et corr.) 150. Περί μετεώρων δ' ή Μετεωροσκοπικά (= Meteor.) 151. Περί πλούτου α' (= Περί ουρανού δ ?) 152. Περί ψυχής (= De anima ) 153. Περί ρητορικής 154. Της μετά < τά » φυσικά ι' (= Περί θεωρητικής της μετά τα φυσικά ' ) 155. Περί ζώων ιστορίας τ' 156. Περί ζώων κινήσεως γ' 157. Περί ζώων μορίων γ' 158. Περί ζώων γενέσεως γ' B. Écrits divers ( originellement par ordre alphabétique ), la plupart apocryphes et perdus (159-186) : B 2. Fin de la liste alphabétique:
159. Περί της τού Νείλου αναβάσεως 160. Περί της εν τοις μαθήμασιν ουσίας (= Metaph. M, N?) 161. Περί συσσιτίων ή συμποσίων 162. Περί δόξης 163. Περί αρετής 164. Περί φωνής 165. Περί συμβιώσεως ανδρός και γυναικός (source de Sénèque ) 166. Νόμους άνδρός και γαμετής (glose sur 1657 ) 167. Συναγωγήν ιατρικών ή > Περίιατρικής (cf. 98?)
CUVRES Diogène Laërce
431 Hesychius
168. Συμμίκτων ζητημάτων οβ ', ώς φησιν Εύκαιρος και ακουστής αυτού 169. Πέπλον , περιέχει δειστορίαν σύμμικτον ( cf. 105 ) 170. Περί χρόνου
A. 3 Dialogues, éthique, rhétorique. Bloc intercalé , classement systématique (171 178): 171. Περί βασιλείας 172. Περί παιδείας ( 171 et 172: les deux dialogues ) 173. Περί όψεως β' (ouvrage de Straton ? ) 174. [ Περί ] Ήθικών Νικομαχείων (= ΕΝ.) 175-177. Υποθήκας προς Αλέξανδρον ή περί ρήτορος ή πολιτικού (= Rhetorique d Alexandre) 178. Τέχνην εγκωμιαστικήν
B 1. Début de la section alphabétique originelle: 179. « Περί > θαυμασίων ακουσμάτων ( = l'apocryphe conservé) 180. Έγκώμια ή βμνους 181 , διάφορα (glose sur 180 , « Περί > διαφοράς> D ) 182, Έρωτικώνς ' 183. Περί ευγενείας α' ( = le dialogue) 184. Περί ανθρώπου φύσεως (apocryphe ) 185. Περί κόσμου γενέσεως (apocryphe ) 186. Νόμιμα Ρωμαίων 187. Νομίμων βαρβαρικών συναγωγήν (= extraits de 140 ) Ψευδεπίγραφα δε 188. Ανατομή ανθρώπου 189. Απολογία ασεβείας προς Ευρυμέδοντα (cf. Favorinus apud D.L. V 9; Athénée XV, 697 a) 190. Γεωργικά 191. Έγκώμιον λόγου 192. Μαγικόν 193. Περί σωφροσύνης 194. Αλεξάνδρου εγκλησία 195-196. Έγκώμιον πλούτου προς 'Αλέξανδρος 197. Περί μεθόδου
432
ARISTOTE DE STAGIRE
Nous reproduisons pour terminer la rétroversion proposée par Düring 1 , p. 221-231 , des deux témoins arabes ( al- Qifti et Abi Usaibia) de la liste de Ptolémée el -Garib. On consultera également Baffioni 54 pour l'identification des différents traités.
Ouvrages « publiés » ; 1. Προτρεπτικός 2. Περί φιλοσοφίας γ' 3. Σοφιστής α' 3a . Περί ρητορικής ή Γρύλος γ' 4. Περί δικαιοσύνης δ' 5. Περί παιδείας δ'
6. Περί ευγενείας ε' 7. Περί ποιητών γ' 8. Περί βασιλείας ς' Ouvrages divers dans l'ordre alphabétique : 9. Περί ταγαθού ε' 10. 'Αρχύτας γ' 11. Περί ατόμων γραμμών γ' 12. Περί δικαίων δ'
13. Περί διαφοράς δ' 14. Έρωτικών γ' 15. Περί ειδών γ' 16a. Επιτομή της Πλάτωνος πολιτείας β' 16b. Επιτομή των Πλάτωνος νόμων ε' 16c . Επιτομή του Πλάτωνος Φιλήβου (? ), Έπιτομή του Πλάτωνος Πολιτικού ( ?) 17. Περί ηδονής α' 18. ( ? ) Θαυμάσια ακούσματα ι' 19. Περί κινήσεως η 20. Μηχανικά προβλήματα β' 21. Περί ποιητικής (?) 22. Περί Πυθαγορείων β' 23. Περί πνεύματος γ' 24. Προβλημάτων γ' 24a . (?) Περί στοιχείων γ' 25. Περί του Νείλου γ' 26. Περί του φωλεύειν α' 27. Τεχνών συναγωγή α' 28. Περί φιλίας και L'édition d'Andronicus (29-56 ): a . Écrits logiques.
29. 30. 31. 32.
Κατηγορίαι α' Περί ερμηνείας α ' Τοπικών η Αναλυτικών προτέρων β'
33. Αποδεικτική (= ' Aναλυτικών υστέρων β ' )
EUVRES
433
34. Σοφιστικών ελέγχων α' b. 35. 36. 37. 38. 39.
Écrits éthiques, politiques et rhétoriques. Ήθικών μεγάλων β' Ήθικών Εύδημείων η' Πολιτικών η' Περί ποιητικής β' Τέχνης ρητορικής γ '
c. Philosophie de la nature, biologie. 40. Φυσικής ακροάσεως η' 41. 42. 43. 44. 45. 46. 46a . 47. 48. 49. 50. 51. 52. 53. 54. 55.
Περί ουρανού και κόσμoυ δ' Περί γενέσεως και φθοράς β' Περί μετεώρων δ' Περί ψυχής γ' Περί αισθήσεως και αισθητών α' Περί μνήμης και αναμνήσεως ( α ') Περί ύπνου και εγρηγόρσεως α' Περί ζώων κινήσεως α' 'Ανατομών ζ' Περί ζώων ηθών (ιστοριών) ι' Περί ζώων μορίων δ' Περί ζώων γενέσεως ε' Περί ζώων πορείας α' Περί μακροβιότητος και βραχυβιότητος α' Περί ζωής και θανάτου α' Περί φυτών β'
d. Métaphysique 56. Tών μετά τα φυσικά γ' Écrits hypomnématiques dans l'ordre alphabétique.. 57. 58 : 59. 60. 61. 62. 63. 64. 65. 66. 67. 68. 69.
'Απορήματα υλικά α' 'Απορημάτων φυσικών δ ' Διαιρέσεις κς ' Διαιρέσεις Πλάτωνος ς' Διαιρέσεις υποθέσεων αι υποτίθενται εν τω λόγω (και υπόκεινται ? ) ς' (?) Διαιρέσεις ενθυμημάτων ς' Έπιχειρήματα λθ ' Ένστάσεις ιγ ' Θέσεις λδ ' Θέσεις ερωτικαί α' Θέσεις φυσικαί α' Θέσεων αναγραφή ( ?) α' " Όροι ις ' Οριστικά δ '
70. ( ?) "Όροι προ των τοπικών α' 71. Πρός όρους τοπικών και 72. [His book on the Predicables in a definition ( by which one definition is distinguished from another ), in Greek entitled ..., two books.)
434 73. 74. 75. 76. 77. 78. 79. 80.
ARISTOTE DE STAGIRE [His book on the counter -evidence for definition , three books.] ? (τέχνη οριστική ή κέχρηται Θεόφραστος έν Αναλυτικούς προτέροις α') ( ? ) Προς τους ορισμούς β' Προβλημάτων ξη ' Προβλημάτων προαγορευομένων και Προβλημάτων έγκυκλίων δ' Παραγγέλματα δ ' Υπομνήματα β'
Autres écrits hypomnématiques. 81. Προβλήματα αατά σποράδην > ιατρικά ε' 82. Περί διαίτης α' 83. Γεωργικών ιε ' ( ? ). Comprend Περί υγρού (υγρών ) α' Περί ξηρού (ξηρών ) α ' [His book on the pulse .) ( ? ) Περί των κατά φύσιν συμβαινόντων γ' α ' Περί μετεώρων β' Περί ζώων βία' Περί του αυτού β' 84. Προτάσεις Αγ ' / γ' 85. Προτάσεις ζ / λα '
Recueils divers. 86. 87. 88. 89. 90. 91.
Πολιτείαι πόλεων ροα ' Υπομνήματα ις ' [Another book of the same kind, one book] Έπιχειρημάτων α' Περί του πρός τι α' Περί χρόνου α'
Documents privés et hypomnemata . 92. 93. 94. 95. 96.
( ? ) Βιβλία υπάρχοντα εν τη 'Απελλικώντος βιβλιοθήκη Επιστολαί Αριστοτέλους ας συνέλεξεν 'Αρτέμων εν η' βιβλίοις Μνημονικόν άλλο Πολιτείας β' ( Περί αρίστης πολιτείας , Pol. VI- VIII ? ) Επιστολαί άλλαι ας εύρεν 'Ανδρόνικος , εν κ' βιβλίοις
Υπομνήματα ών εύρήσεις τον αριθμόν των στίχων και τας αρχάς εν τω πέμπτο 'Ανδρονίκου Περί πίνακος των Αριστοτέλους βιβλίων 98. 'Απορημάτων Ομηρικών , ένι' βιβλίοις 99. Περί ιατρικής. 97.
Histoire du texte et tradition manuscrite L'histoire de la disparition des écrits scolaires d'Aristote, emportés par Nélée de Scepsis dans son pays natal, et de leur rachat par Apellicon au Ters. av. J.-C. est racontée par Strabon XIII 1 , 54 , p. 608 C. , et par Plutarque, Sylla 26 (= T 66 b - c dans Düring 1 ). Généralement considérée comme une légende ou une astuce publicitaire conçue par Andronicus pour promouvoir son édition ( bien qu'elle souligne en réalité le piètre état des écrits transmis ), elle est pour l'essentiel acceptée par Düring 3 , col . 194-196 , et par Guthrie 6 , p . 59-65 . Voir Moraux
EUVRES
435
43 , p . 3-44 ; Flashar 7 , p. 194, n° 32 ; 55 A.H. Chroust, « The miraculous disappearance and recovery of the Corpus Aristotelicum » , C& M 23 , 1962 , p . 50-67 . Voir aussi 56 L. Tarán, c.r. de Moraux 43 , dans Gnomon 53 , 1981 , p . 731-750, et 57 H.B. Gottschalk , « Aristotelian philosophy in the Roman world from the time of Cicero to the end of the second century AD », ANRW II 36, 2, Berlin 1987 , p. 1083-1088 ; Gottschalk 29, p. 335-342, voit dans ce récit l'invention d'Apellicon pour dissimuler le vol d'ouvrages aristotéliciens au Lycée à Athènes. Voir la notice « Apellicon ». Il est difficile d'harmoniser ce récit avec le témoignage d'Athénée I, 3 ab , qui raconte que Ptolémée Philadelphe aurait acheté à Nélée tous les livres d'Aristote et de Théophraste et les aurait apportés à Alexandrie avec ceux qui venaient d'Athènes et de Rhodes. Moraux considère que Prolémée s'intéressait aux livres anciens collectionnés par Aristote et Théophraste ( sur la bibliothèque constituée par Aristote, voir Aulu -Gelle II 17 ; D.L. IV 5 ) et que les ouvrages écrits par les philosophes restèrent en possession de Nélée . Des allusions d'époque hellé nistique à certains écrits ésotériques d'Aristote montrent qu'il devait exister des exemplaires ailleurs que dans la cachette souterraine de Scepsis où les descen dants de Nélée les avaient dissimulés pour les soustraire à l'avidité des souverains de Pergame. Selon la tradition rapportée par Strabon et Plutarque, ces exem plaires ultérieurement achetés par Apellicon auraient été détériorés par les vers . Il est possible que cette histoire ait été conçue pour expliquer à la fois la difficulté du texte des traités aristotéliciens et le désintérêt manifesté vis-à-vis des écrits scolaires du fondateur par le Péripatos après Straton (Moraux 43, p. 25-26 ). Il est à noter que l'achat par Apellicon de la bibliothèque d'Aristote est confirmé par le témoignage contemporain de Posidonius (fr. 253 Edelstein -Kidd; fr. 247 Theiler ) rapporté par Athénée V , 53 , 214 de (Moraux 43 , p. 29 ). Sylla aurait ramené la bibliothèque d'Apellicon à Rome, où le grammairien Tyrannion d'Amisos, que Strabon qualifie de paplototeańs, en soudoyant le bibliothé caire, put se constituer une copie du texte aristotélicien , mais non , semble - t-il, préparer une édition , comme on l'a cru . Sur l'édition et l'organisation du corpus aristotélicien par Andronicus de Rhodes, voir 58 M. Plezia, De Andronici Rhodii studiis Aristotelicis, Kraków 1946 ; Moraux 43, p . 45-141 ; Düring 3 , col. 196-200 ; Gottschalk 57, p . 1089 1107 et 1112-1116 . Voir aussi la notice « Andronicus de Rhodes » . Éditions anciennes. 59 F.E. Cranz, A Bibliography of Aristotle editions, 1501-1600, 2nd ed. with addenda and revisions by Ch.B. Schmitt, coll. « Bibliotheca Bibliographica Aureliana » 38, Baden - Baden 1984, XIII -247 p .; 60 J. Glucker, « Casaubon's Aristotle » , C &M 25 , 1964, p. 274-296 ; 61 Gisela Rhode, Bibliographie der deutschen Aristoteles-Übersetzungen vom Beginn des Buchdrucks bis 1964 , coll. « Bibliographische Beiträge » , Frankfurt 1967. Éditions et traductions modernes de l'ensemble du Corpus.
62 « Édition de l'Académie de Berlin » :Aristotelis Opera ed . Academia Regia Borussica , 5 vol . , Berlin , 1831-1870. Vol . I (p . 1-789) et II ( p. 791-1462) : Aristoteles Graece ex rec . I. Bekkeri ( 1831 ) [texte crit. sur 2 col. ( a et b)] ; vol. III: Aristoteles latine interpretibus variis ( 1831 ) ( traductions latines de la Renaissance ); vol . IV : Scholia in Aristotelem coll . C.A. Brandis ( 1836) ; vol . V : A. qui ferebantur librorum fragmenta coll. V. Rose . Scholiorum in
436
ARISTOTE DE STAGIRE
Aristotelem Supplementum . Index aristotelicum ed. H. Bonitz ( 1870). 63 Aristotelis Opera ed. Academia Regia Borussica. Acced. fragmenta, scholia , index arist.. Editio altera . Add. instr . fragmentorum collectionem retract. 0. Gigon, 5 vol. , Berlin 1960-1961. Vol. I et II, réimp. ( reprod. photomec .) (1960, réimp. sans changement: 1970) ; vol. III : Fragmenta ( en préparation ); vol . IV : Scholia in Aristotelem coll. C.A. Brandis. Supplementum scholiorum : Syriani in Met. comment. ed. H. Usener, acc . Vita marciana ed. O. Gigon ( 1961 ) ; vol. V : Index aristotelicum ed . H. Bonitz ( 1961 ) [l'Index de Bonitz a été auparavant reproduit séparément, Gratz /Darmstadt 1955 ) . 64 « L'édition Didot » : Opera omnia . Graece et latine, cum indice nominum et rerum absolutissimo, F. Dübner, U.C. Bussemaker, J.H.E. Heitz ( édit.), 5 vol. , Paris, A.F. Didot, 1848-1874 ( I- IV : 1848-1869 ; V : Index, 1874 ) . Vol. I : Politique. Rhétorique. Vol. II : Éthiques. Physique. Métaphysique. Vol . III : De l'âme. Parva naturalia. Traités sur les animaux. Vol. IV : Problemata . Fragmenta. Vol . V : Index. 65 ( J.A. Smith et] W.D. Ross (édit.), The Works of Aristotle Translated into English, Oxford , 1908-1962, 12 vol. 66 J. Barnes ( édit.), The Complete Works of Aristotle . The Revised Oxford Translation , coll. « Bollingen Series » LXXI 2, 2 vol. , Princeton (N.J. ) 1984 , 2487 p . (en pagination continue ). Les divers papyri contenant des écrits d'Aristote , à l'exception de la Constitution des Athéniens, ont été récemment réédités dans 67 Corpus dei papiri filosofici, t. I, Firenze 1989 . On connaît plus de 1000 manuscrits grecs et plus de 2000 manuscrits latins. < On peut trouver des listes de manuscrits d'Aristote et de ses commentateurs de l'Antiquité tardive ou de l'époque byzantine dans les ouvrages suivants : 68 A. Wartelle, Inventaire des manuscrits grecs d'Aristote et de ses commen tateurs. Contribution à l'histoire du texte d'Aristote , Paris 1963 , XX - 199 p . ( brèves notices de deuxième main sur 2283 manuscrits ). L'ouvrage a été complété par 69 R.D. Argyropoulos et I. Caras, Inventaire des manuscrits grecs d'Aristote et de ses commentateurs. Contribution à l'histoire du texte d'Aristote. Supplément, Paris 1980, 80 p. Bien qu'il contienne de nombreuses erreurs d'information, ce supplément signale de nouveaux témoins manuscrits et montre la continuité de la tradition exégétique aristotélicienne et de la copie de manuscrits des commentateurs d'Aristote en Grèce, dans le Sud - Est européen et en Orient, jusqu'à l'époque moderne (XIX s .) . Comme dans l'inventaire de Wartelle , le travail est de deuxième main . Compléments dans 70 D. Harlfinger et J. Wiesner, « Die griechischen Handschriften des A. und seiner Kommen tatoren » , Scriptorium 18 , 1964 , p . 238-257 . Une description détaillée , par « autopsie », des manuscrits aristotéliciens (classés par villes ) a été entreprise par l'Aristoteles- Archiv. Voir 71 P. Moraux, D. Harlfinger, D. Reinsch, J. Wiesner, Aristoteles graecus. Die griechischen Manuskripte des Aristoteles, vol . I (Alexandrien -London ), coll. « Peripatoi » 8 , Berlin /New York 1976, XXXII-495 p . ( bibliogr. p.XXI-XXXII). Décrit tous les mss conservés dans les villes dont le nom s'inscrit entre Alexandrie et Londres, et qui contiennent au moins une oeuvre ou un fragment d'oeuvre d'Aristote . Contrairement au principe adopté par Wartelle qui décrit souvent des mss contenant exclusivement des commentaires, l'Aristoteles Graecus ne décrit des commentaires que s'ils sont transmis dans le même volume qu’un ou plusieurs textes du Stagirite. La suite de
437
EUVRES
la publication est en préparation et les mss aristotéliciens de Paris feront l'objet d'un volume complet. Pour une première introduction très simple à l'histoire du texte aristotélicien , voir 72 P. Moraux , D'Aristote à Bessarion . Trois exposés sur l'histoire et la transmission de l'aristotélisme grec, coll. « Les conférences Charles de Koninck » , Québec 1970 , p . 67-94 : « Les manuscrits d'Aristote > . Voir aussi 73 J. Irigoin , « Deux tradition dissymétriques : Platon et Aristote » ( résumé de cours ), ACF 1985-1986 , p. 683-698 , et 1986-1987 , p. 599-613 . Sur la transmission du texte d'Aristote , voir aussi plus loin la section « Aristote à Byzance ». PHILIPPE HOFFMANN . > L'approche génétique de l'œuvre d'Aristote . Au point de départ de cette problématique: 74 W. Jaeger, Aristoteles. Grundlegung einer Geschichte seiner Entwicklung, Berlin 1923, 2 ° éd. corr . et augmentée 1955 ; trad. anglaise : Aristotle. Fundamentals of the history of his development. Transl. by R. Robinson, Oxford 1934 ; « second edition with the author's corrections and additions» 1948. Récent status quaestionis dans Flashar 7, p. 177-189 (« Der Stand der Aristoteles- Forschung » ), avec bibliographie. Voir aussi Düring 3 , col. 328-336 . On trouvera dans Gauthier 5 , entre les pages 61 et 62, deux tableaux résumant la chronologie de la composition des traités proposée par Gauthier lui -même dans son introduction ( p. 5-62) et par Düring 2. Un recueil de 19 articles ( écrits ou traduits en allemand ) sur les premiers écrits d'Aristote a été publié par 75 P. Moraux, Frühschriften des Aristoteles, coll . « Wege der Forschung » 224, Darmstadt 1975, XXVIII- 366 p .
Les commentaires grecs et byzantins 76 Commentaria in Aristotelem graeca, edita consilio et auctoritate Acade miae Litterarum Regiae Borussicae, Berlin , G. Reimer, 1882-1907 (réimpr. Berlin , 1960-1961), 51 fascicules répartis en 23 tomes. Voir également 77 Supplementum Aristotelicum , edita consilio et auctoritate Academiae Litterarum Regiae Borussicae, 3 vol., Berlin , 1885-1903. Important c.r. par 78 K. Praechter, « Die griechischen Aristoteleskommentare » , ByzZ 18 , 1909, p . 516-538 , repris dans Kleine Schriften hrsg. von H. Dörrie , coll. « Collec tanea » 7 , Hildesheim /New York 1973, p . 282-309. Sur l'exégèse d'Aristote dans l'école néoplatonicienne, voir 79 I. Hadot , « La division néoplatonicienne des écrits d'Aristote » , dans 80 J. Wiesner (édit. ) , Aristoteles. Werke und Wirkung (Mélanges Paul Moraux ), t. II: Kommentierung, Überlieferung, Nachleben, Berlin 1985 , p . 249-285 ; I. Hadot 10 , p . 99-122 . La liste qui suit s'inspire de Flashar 7, p . 225-228 , et lui emprunte une partie de ses informations.
Catégories
Busse
Porphyre
IV1
- Isagogè ( avec la traduction de Boèce) - Commentaire Dexippe
Busse
IV 2
Busse
IV3 IV 4 VIII
Ammonius sur l'Isagoge - Commentaire Simplicius
Busse Kalbfleisch
438
ARISTOTE DE STAGIRE Olympiodore
Busse
XII 1
- Prolegomena - Commentaire Philopon (autrefois attribué à Ammonius) Élias - Prolegomena
Busse Busse
XIII 1 XVIII 1
- sur l'Isagoge Le Commentaire édité par Busse sous le nom d'Élias est de David selon la tradition grecque et arménienne unanime. Voir 81 S.S. Arevšatjan, « L'héritage de David l'Invincible sous une lumière nouvelle » , Banber Matenadarani 9, 1969, p. 7-22 ( en arménien, avec un résumé français) et 82 J.-P. Mahé, « David l'Invincible dans la tradition arménienne », dans I. Hadot (édit .), Simplicius, Commentaire sur les Catégories d'Aristote, Leiden ( à paraître en 1989). Voir aussi 83 I. Hadot, « La vie et l'æuvre de Simplicius d'après des sources grecques et arabes », dans I. Hadot ( édit. ), Simplicius. Sa vie, son æuvre, sa survie, coll. « Peripatoi » 15 , Berlin 1987 , p. 5 n. 7. David Busse XVIII 2 - Prolegomena - sur l'Isagoge - Commentaire ( édité par Busse sous le nom d'Élias) XVIII 1 Busse
La version arménienne de ces ouvrages de David a été publiée par S. Arevšatyan en 1960, 1967 et 1980. Voir Mahé 81 et la notice « David » . Paraphrase anonyme
Hayduck
XXIII 2
Cf. 84 Th . Szlezák ( éd .), Pseudo -Archytas über die Kategorien. Texte zur griechischen A.-Exegese herausgegeben, übersetzt und kommentiert von Th.S., coll. « Peripatoi » 4, Berlin , 1972, 224 p. De interpretatione Ammonius Étienne d'Alexandrie
Busse Hayduck
IV 5 XVIII 3
Cf. 85 L. Tarán ( édit. ), Anonymous Commentary on Aristotle's De interpretatione (Codex Parisinus graecus 2004 ), coll . « Beiträge zur klassischen Philologie » 95, Meisenheim am Glan 1978, XLVII - 122 p. La tradition arménienne a conservé un commentaire d'Amilaxos" au De Interpretatione, auquel sont attribués les deux premiers chapitres sur les Catégories transmis par le ms. arménien de Vienne nº 112. Voir la notice « Amilaxos» .
Alexandre d'Aphrodise
Wallies
II 2
Réfutations sophistiques Alexandre d’Aphrodise Paraphrase anonyme
Wallies
II 3 XXIII 4
Topiques
Hayduck
EUVRES
439
Cf. 86 Sten Ebbesen, Commentators and Commentaries on Aristotle's Sophistici Elenchi. A study of Post -Aristotelian ancient and medieval writings on fallacies, coll. CLCAG , 7 , Leiden 1981 , t. I : The Greek tradition , IX- 355 p.; t. II : Greek texts and fragments the Latin translation of « Alexander's» commentary, XXXVII-556 p.; t. III : Appendices, Danish summary, Indices, IV - 415 p.
Premiers analytiques Alexandre d'Aphrodise - livre I Ammonius - livre I Philopon Thémistius
Wallies Wallies Wallies
- Paraphrase du livre I Wallies
II 1 IV6 XIII 2 XXIII 3
Une version arménienne d'un commentaire attribué à David a été éditée ( et traduite en russe) par S. Arevšatyan, Érévan 1967.
Seconds analytiques Thémistius Philopon Anonyme Eustrate Anonyme
- Paraphrase - livre II - livre II - livre I (extrait)
Wallies Wallies Wallies Hayduck
V1 XIII 3 XIII 3 XXI 1
Cf. 87 P. Moraux ( édit. ), Le commentaire d'Alexandre d'Aphrodise aux " Seconds analytiques" d'Aristote , coll. « Peripatoi » 13, Berlin 1979, VIII 158 p .
Éthique à Nicomaque Aspasius " Héliodore" Eustrate Anonyme Eustrate Anonyme Michel d'Éphèse
Rhétorique
- Paraphrase - livre I - livres II- V - livre VI - livre VII - livres IX - X - livre V
Anonyme Stéphanos ( XIT s .) Fragment d'un commentaire - livre III Fragment d'une Paraphrase - livre III
Métaphysique
Alexandre d'Aphrodise Thémistius
Heylbut Heylbut Heylbut Heylbut Heylbut Heylbut Heylbut Hayduck
XIX 1 XIX 2 XX XX
Rabe Rabe Rabe Rabe
XXI XXI XXI XXI
Hayduck - Paraphrase (latin et hébreu ) du livre A Landauer
XX XX XX XXII 3
I V5
2 2 2 2
440
ARISTOTE DE STAGIRE Kroll
Syrianus Asclepius Physique
Thémistius Simplicius
Philopon
VI 1 VI2
- livres A-Z
Hayduck
- Paraphrase - livres I- IV - livres V -VIII - livres I- IDI
Schenkl Diels Diels Vitelli
IX X XVI
- livres IV - VIII
Vitelli
XVII
Hayduck
III 2
V2
Météorologiques
Alexandre d'Aphrodise
Cf. 88 V.C.B. Coutant (édit .), Alexander of Aphrodisias' Commentary on book IV of Aristotle's Meteorologica , edited and translated by V.C.B.C. (Diss. Columbia ), New York 1936.
Philopon - livre I Olympiodore
Hayduck Stüve
XIV 1 XII 2
Landauer Heiberg
V4 VII
De generatione et corruptione Philopon
Vitelli
XIV 2
Les parties des animaux Michel d'Éphèse
Hayduck
XXII 2
Hayduck
XIV 3
De caelo
Thémistius - Paraphrase ( latin et hébreu ) Simplicius
La génération des animaux Philopon
( attribué à Michel d'Éphèse par Rose en 1854 ) La marche des animaux Michel d'Éphèse
Hayduck
XXII 2
Hayduck
XXII 2
Heinze
V3 XI XV
Le mouvement des animaux Michel d'Éphèse De anima
Thémistius
- Paraphrase
Simplicius
Hayduck
Philopon
Hayduck
Le commentaire sur le livre III est d'Étienne d'Alexandrie. Cf. 89 M. De Corte, Le commentaire de Jean Philopon sur le troisième livre du " Traité de l'âme " d'Aristote, coll. « Bibl . de la Fac. de Philos. et Lettres de
441
EUVRES
l'Univ. de Liège » 65, Liège 1934, XXII -86 p. (La version latine médiévale éditée par De Corte pourrait provenir du texte authentique de Philopon ). Sophonias - Paraphrase Alexandre d'Aphrodise
Parva naturalia
Hayduck Bruns
Thémistius (autrefois attribué à Sophonias) Wendland Wendland Michel d'Éphèse
De sensu et sensato Alexandre d’Aphrodise
Wendland
XXIII 1 Suppl. Ar. II 1
V6 XXII 1
HI 1
Pour les commentaires perdus, on se reportera aux tables des titres, à la fin du présent ouvrage. Plusieurs versions latines médiévales des commentaires grecs d'Aristote ont été déjà publiées dans la collection « Corpus Latinum Commenta riorum in Aristotelem Graecorum » . Pour les commentaires latins de Boèce, on se reportera à la notice « Boèce » . Aristote à Byzance < 90 B. Tatakis, La philosophie byzantine ( = Histoire de la philosophie, publiée par É. Bréhier . Fascicule supplémentaire nº II ), [ 1949 ), 2e éd . Paris 1959 , 324 p .; 91 P. Lemerle , Le premier humanisme byzantin. Notes et remarques sur enseignement et culture à Byzance des origines au Xe siècle, Paris 1971 , notamment p. 210-213 ( éléments bibliographiques, mais l'on voit que nos connaissances sur « Aristote à Byzance » sont encore bien fragmentaires) et p. 217-220 (Aréthas et Aristote ); 92 D. Harlfinger, Die Textgeschichte der pseudo - aristotelischen Schrift ſlepi dróuwv reapp @ v. Ein kodikologisch kulturgeschichtlicher Beitrag zur Klärung des Überlieferungsverhältnisse im Corpus Aristotelicum , Amsterdam 1971, p. 445 , notamment p . 36-85 : « Einige Grundzüge der Aristoteles -Überlieferung » (avec , p . 42-45, une liste de commentateurs d'Aristote ( IX® au XIV ° s.)) ; 93 H. Hunger, Die hochsprachliche profane Literatur der Byzantiner, vol . I : Philosophie, Rhetorik , Epistolo graphie, Geschichtsschreibung, Geographie, ( = Handbuch der Altertums wissenschaft, XII.5.1), München 1978 , 542 p. , notamment dans le premier chapitre (p . 3-62 : « Philosophie » ) la section « Platonismus und Aristotelismus in Byzanz » ( p. 11-41) et la très riche bibliographie (p . 54-62) ; 94 L.G. Benakis, « Grundbibliographie zum Aristoteles - Studium in Byzanz », dans Wiesner 80 , p . 352-379 ; 95 N.G. Wilson , Scholars of Byzantium , London 1983 , 183 p .: histoire de l'érudition à Byzance ; évocation des grandes figures de la littérature et de la pensée byzantine, avec de nombreuses allusions aux études aristotéliciennes ( index, p . 281 ). PHILIPPE HOFFMANN > . Survie arabe et médiévale 96 G. Lacombe et L. Minio Paluello , Aristoteles Latinus, Codices, t. I, Paris/Bruges 1939, 2e éd . 1957 ; t. II, Cambridge 1955, 1388 p . ( en pagination continue ); L. Minio - Paluello , Supplementa altera , Paris/Bruges 1961 , 229 p . Pour les nombreux pseudépigraphes aristotéliciens du Moyen Age, voir 97 C.B. Schmitt, Pseudo - Aristoteles Latinus : a guide to Latin works falsely
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ARISTOTE DE STAGIRE
attributed to Aristotle before 1500, coll. « Warburg Institute surveys and texts >> 12, London 1985 , VIII- 103 p. ; 98 J. Kraye, W. Ryan and C.B. Schmitt (édit. ), Pseudo - Aristotle in the Middle Ages. The " Theology " and other texts, coll. « Warburg Institute surveys and texts » 11 , London 1986 , 295 p .; 99 F.A. Peters, Aristoteles Arabus. The oriental translations and commentaries on the Aristotelian Corpus, Princeton 1961; nouvelle édition , Leiden 1968 , VIII -75 p . C.r. par 100 H. Daiber, Gnomon 42 , 1970, p . 538-547. Pour les commentaires latins, voir 101 Ch.H. Lohr, « Medieval Latin Aristotle Commentaries Authors » , Traditio 23 , 1967, p . 313-413 ; 24 , 1968 , p . 149-245 ; 26 , 1970, p . 135-216 ; 27 , 1971, p . 251-351 ; 28, 1972, p . 281-396 ; 29, 1973 , p . 93-197 ; 30, 1974, p. 119-144. Un répertoire analogue à celui de Lohr a été entrepris par les chercheurs polonais . Voir 102 M. Markowski et alli, Repertorium Commentariorum Medii Aevi in Aristotelem Latinorum , Wrocław Warszawa/ Kraków /Gdánsk . Sont parus les répertoires concernant les bibliothèques suivantes: Bibliotheca lagellonica Cracoviae (M. Markowski et S. Włodek , 1974) , Bibl. Univ. de Prague (G.B. Korolec , 1977 ), B.N. Paris (W. Seńko , 1978), Bibl. de Vienne (M. Markowski, 1985 ), Bibl. Amploniana Erffordiae ( Erfurt) (M. Markowski, 1987) . 103 C.H. Lohr, « The Medieval interpretation of Aristotle » , dans 104 N. Kretzmann , A. Kenny et J. Pinborg ( édit.), The Cambridge History of Later Medieval Philosophy : from the Rediscovery of Aristotle to the Disintegration of Scholasticism , 1100-1600, Cambridge 1982, p . 80-98 ; 105 B.G. Dod, « Aristoteles latinus» , dans 104 , p . 45-79 (voir, p . 74-79 : « A table of Medieval Latin translations of Aristotle's works and of Greek and Arabic commentaries » ) . Aristote à la Renaissance . 106 Ch.H. Lohr , « Renaissance Latin Aristotle Commentaries» , SRen 21 , 1974 , p. 228-289 ; RenQ 28 , 1975, p. 689. 741 ; 29 , 1976 , p. 714-745 ; 30, 1977, p . 681-741; 31 , 1978 , p. 532-603 ; 32 , 1979 , p. 529-580 ; 33 , 1980, p. 623-734 ; 35 , 1982, p . 164-256 ; 107 C.B. Schmitt, A critical survey and bibliography of studies in Renaissance Aristotelianism . 1958-1969, coll . « Saggi e testi » 11 , Roma 1971 , 196 p .; 108 id ., Aristotle and the Renaissance, coll. « Martin Classical Lectures» 27, Cambridge (Mass . ) /London , 1983 , VIII- 187 p .; 109 L. Olivieri (édit . ) , Aristotelismo Veneto e Scienza Moderna. Atti del 25 ° Anno Accademico del Centro per la Storia della Tradizione Aristotelica nel Veneto, coll . « Saggi e Testi » 17 , Padova 1983 , 2 vol . , XXIII -1133 p .; 110 C.B. Schmitt, The Aristo telian Tradition and Renaissance Universities, coll. « Collected Studies Series>> 203, London 1984, X-362 p . ( Cette notice a mis à contribution plusieurs éléments d'une bibliographie aristotélicienne préparée par Françoise Caujolle - Zaslawsky .) RICHARD GOULET.
Traditions arménienne et géorgienne D'après l'édition originale ( 111 Koriwn Vardapeti, Mambrēi Vercanoli ew Dawt'i Anyalt'i, Venise 1833), fondée sur trois manuscrits arméniens de Venise, la publication de 112 F.C. Conybeare, A Collation with the Ancient Armenian Versions of the Greek Text of Aristotle's Categories, De Interpretatione, De Mundo, De Virtutibus et Vitiis and of Porphyry's Introduction, coll. « Anecdota Oxoniensia, Classical Series » 1 , 6, Oxford 1892, qui utilise les textes grecs de
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113 T. Waitz (Organon , Leipzig 1844 ) et de 114 I. Bekker ( Aristoteles Graece , Berlin 1831 ) , a permis aux éditeurs plus récents de prendre en compte les données arméniennes : ainsi 115 L. Minio Paluello , Aristotelis Categoriae et Liber de interpretatione, Oxford 1949, et 116 W.L. Lorimer , Aristotelis qui fertur libellus de mundo , Paris 1933. Malheureusement, comme l'a montré 117 A. Tessier (« Some Remarks about the Armenian Tradition of Greek Texts » , dans Th.J. Samuelian et M.E. Stone [ édit .], Medieval Armenian Culture, Chico (California ) 1984 , p . 415-424 ), la base manuscrite de F.C. Conybeare se révèle aujourd'hui très insuffisante pour donner une idée exacte des versions arméniennes de ces œuvres effectuées aux VI - IXe s . Le travail doit donc être repris à l'aide de l'inventaire des manuscrits dressé par 118 H.S. Anasyan ( Bibliologie, t. II, Érévan 1976 , col. 813-823). Les autres traductions d'Aristote en arménien classique, généralement faites sur le latin, sont beaucoup plus tardives (XVII -XVIII s.). Dans les florilèges médiévaux alchimiques, médicaux et astrologiques, de nombreux fragments sont attribués à Aristote, vraisemblablement par l'intermé diaire de sources arabes. Cette littérature , brièvement décrite par H.S. Anasyan 118 , col. 848-849), est encore pratiquement inexplorée, en sorte qu'on ne peut juger, pour le moment, de l'authenticité de ces fragments, qui n'est, en tout cas, pas exclue. Sur les nombreux commentaires médiévaux d'Aristote en arménien , voir H.S. Anasyan 118 , col. 851-862 . En géorgien, les Topiques et le De interpretatione d'Aristote furent traduits au XIe s . par loane Pet'ric'i ( élève de Michel Psellus), mais cette traduction est aujourd'hui perdue (cf. 119 M. Tarchnišvili, Geschichte der kirchlichen geor gischen Literatur, Vatican 1955, p . 216) . D'autres traductions géorgiennes des Catégories et du De interpretatione ont été faites au XVIII s. ( 119 , p . 270-274, 287 s.) , parfois d'après l'arménien ( 119 , p. 49 ). JEAN -PIERRE MAHÉ.
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ICONOGRAPHIE Les textes attestent l'existence de statues d'Aristote. On ne peut sans doute pas inclure, comme le propose Richter, un portrait du Stagirite dans l'ensemble statuaire commandé à Gryllion, dont le philosophe ordonne l'érection dans son testament (D.L. V 15). En revanche, le testament de Théophraste stipule de replacer l'effigie d'Aristote dans une enceinte sacrée qui est peut-être le sanctuaire d'Apollon Lykeios du Lycée athénien (D.L. V 51 ; voir la discussion sur ce point de topographie dans la notice « Lycée » ) . Un certain Alexandre fit ériger un hermès iconique d'Aristote , dont le fût inscrit et acéphale a été retrouvé dans la stoa d'Attale sur l'Agora d'Athènes (IG IT? 4261 ); on estime d'ordinaire qu'il s'agirait d'une copie d'un portrait du Stagirite commandé par son royal élève (Richter ), mais cette interprétation vient d'être fortement contestée par 120 E. Voutyras (BOYTYPAE ), « ' Aplototéans xal ' Alétav & poc », dans AΜΗΤΟΣ. ΤΙΜΗΤΙΚΟΣ ΤΟΜΟΣ ΓΙΑ ΤΟΝ ΚΑΘΗΓΗΤΗ ΜΑΝΟΛΗ ΑΝΔΡΟΝΙΚΟ [Mélanges M. Andronikos ), t. I, Thessalonique 1987 , p. 179-185 et pl. 28 ( en grec , avec résumé allemand ). Voir la notice « Alexandre d'Aphrodise ». Une statue du philosophe est aussi mentionnée par Pausanias à Olympie (et non à Stagire, comme l'écrit Chroust 4, p. 280 n. 198] (Pausanias VI 4, 8 ). J'écarte des témoignages sur les portraits d'Aristote le texte d'Élien , V.H. XIV 1 , qui, contrairement à ce qu'affirme Richter (Portraits, II, p. 171 ), ne mentionne pas une statue du philosophe, mais simplement les « honneurs » qu'il avait reçus Delphes ( il pourrait s'agir en particulier des honneurs décernés par les Amphictions, comme l'indique E. Bourguet, F.D. II 1,400 ; voir Bousquet 37). On connaît le succès des portraits du Stagirite à l'époque romaine, dans la villa d'Atticus (Cicéron, Att. IV 10 ), aussi bien que dans les jardins d'hommes ignares qui se targuent d'être cultivés (Juvénal II 5-6). Aristote représente en effet la sagesse accomplie : c'est à ce titre que le poète Christodore de Coptos loue une statue de lui, en bronze, exposée dans le Zeuxippos de Constantinople ( Anth . gr. II 16-22 ); une épigramme célèbre l'union du vouc et de la yuyh dans un portrait du philosophe (Anth. plan. 329 ). Seuls les textes donnent quelque idée d'un type statuaire en pied : la statue de Constantinople montrait Aristote les mains serrées; d'après Sidoine Apollinaire ( Lettres IX 14) , le philosophe avait un bras dégagé. La statue assise du palais Spada, avec une tête étrangère, ne représente sans doute pas le Stagirite (voir fig. 3 , ainsi que les notices « Aristippe » et « Ariston » ) . On conserve en revanche dix - huit têtes d'Aristote ( la plus belle au musée de Vienne ), qu’un buste inscrit perdu permet d'identifier. Ces images, du même type, rappellent les descriptions antiques : le crâne est dégarni ( épigramme de la Vie anonyme d'Aristote ), les yeux sont petits (D.L. V 1 ), les cheveux, sauf sur le front, et la barbe sont taillés court (Élien, V.H. III 19) . Quelques pâtes de verre présentent le même visage de profil (Richter, Portraits, II, fig. 1013 a -b ). Comme l'a indiqué Richter, rien n'autorise à adopter l'hypothèse de 121 K. Kraft, « Über die Bildnisse des Aristoteles und des Platon » , JNG 13 , 1963 , p . 7-50, pl. 1 - VI , qui voulait reconnaître Platon dans les portraits de ce type et attribuait au Stagirite le type imberbe du « pseudo -Sénèque ». On ne suivra pas non plus 122 J. Frel, Greek Portraits in the J. Paul Getty Museum , 1981 , n° 12,
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p. 58-59 , qui identifie comme Aristote deux têtes d'un type différent de celui que nous connaissons (nº 11 et 13, p . 57-60 ). L'original a dû être créé peu de temps après le portrait d'Euripide, avec lequel il présente une grande ressemblance. L'effigie d'Aristote daterait donc de la décennie 330-320 ; comme on l'admet généralement, ce portrait peut avoir été commandé par Alexandre , mais rien n'oblige pour autant à l'attribuer à Lysippe. Une sculpture inachevée d'Athènes, qui présente le double portrait du philo sophe, illustre le phénomène de la copie : on voit sur cette cuvre bicéphale un « puntello » qui permettait d'obtenir une réplique fidèle ( voir fig. 4 a et b) . L'importance qu'attachent Aristote et ses disciples au portrait comme moyen de commémoration est sensible à la lecture des testaments du maître et de Théophraste, déjà mentionnés, ainsi que dans un passage de Pline qui fait allusion à un portrait peint de la mère d'Aristote (Pline XXXV 106 ). La ressemblance entre Aristote et Euripide n'est sans doute pas uniquement due à l'ambiance stylistique du temps. Ce rapprochement entre les deux images s'explique peut-être par l'admiration du philosophe pour le poète tragique et nous rappelle la grande influence qu'eut sur l'art hellénistique la conception tragique de l'histoire présentée par Aristote . Mentionnons pour terminer une mosaïque de Baalbek qui introduit, à date tardive, le philosophe dans un tableau de l'enfance d'Alexandre : la scène a ici valeur pittoresque (Richter, Portraits, II, fig. 1011 ) . Cf. 123 Richter, Portraits, II, p. 170-175 , fig. 976-1014 ; 124 L. Giuliani, « Individuum und Ideal. Antike Bildniskunst » , dans 150 Jahre Preußische Museen . Bilder vom Menschen in der Kunst des Abendlandes, Berlin 1980, n° 23 , p . 65-66 ( tête de Vienne ) ; 125 G.M.A. Richter, The Portraits of the Greeks, éd . abrégée par R.R.R. Smith , Oxford 1984, p . 95-99 . FRANÇOIS QUEYREL .
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Ville de Macédoine où Alexandre reçut l'enseignenient d'Aristote de 343/2 à 340/39. Plutarque , Alexandre 7 , 4 : « Σχολήν μεν ουν αυτοίς και διατριβήν το περί Μίεζαν Νυμφαίον απέδειξεν , όπου μέχρι νύν 'Αριστοτέλους έδρας λιθίνας και Únooxiouc nepinátoUG BELXVúovoiv . [Philippe) assigna (au maître et à l'élève ), pour y passer leur temps dans l'étude, le Nymphée de Miéza , où l'on montre aujourd'hui encore les bancs de pierre et les promenades ombragées d'Aristote » ( d'après la traduction de R. Flacelière, Plutarque, Vies IX , texte établi et traduit par R.F. , CUF, Paris 1975 , p . 37) .
Le nom de cette ville de Macédoine ( Étienne de Byzance, s.v. Mieta ) , que Ptolémée localise en Émathie ( III 12, 36) et Pline l'Ancien « en Macédoine (...)
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que l'on appelait autrefois Émathie » , non loin des villes d'Éordaia et de Gordynia ( IV 33 et 34) , apparaît aussi sous la variante Méça dans la liste delphique de théorodoques ( 190-180 ), entre les villes de Béroia (Véria ) et d'Édessa ( 1 A. Plassart, BCH 45 , 1921 , p. 17 , col . III, li . 59 , et p. 54 n. 5 ). Après avoir traité des sources et des cours d'eau pétrifiants, Pline l'Ancien cite les grottes de Miéza (XXXI, 30 ), à propos de la formation des stalactites. Selon Arrien , Miéza était la patrie de Peukestas qu'Alexandre le Grand éleva à la dignité de garde du corps et nomma triérarque à la veille de l'expédition en Inde ( Inde XVIII 6 ; cf. XIX 8) avant d'en faire le satrape de Perse ( Anabase VI 30 , 2 ) . Depuis le XIXe siècle, sur la base de ces textes anciens, voyageurs et carto graphes ont proposé diverses localisations de Miéza dans la région des villes actuelles de Véria, Naoussa et Édessa (voir 2 B. Lenk , art. « Mieza » , RE XV 2, 1932, col. 1548-1549; 3 Ph . Petsas, ' O tápoç tõv Aeuxadiwv, coll. « Biblio thèque de la Société archéologique » 57 , Athènes 1966 , p. 5-14, l'un et l'autre avec la bibliographie antérieure ). Récemment, Ph . Petsas l'a située sur les riches terrasses viticoles qui s'étendent à l'Est de Naoussa sur les contreforts du mont Vermion ( op. cit. et bibliographie des fouilles archéologiques ci -dessous ). Outre les difficultés que soulevaient les propositions antérieures, il fonde sa thèse sur l'exceptionnelle richesse de cette région en vestiges antiques, sur l'existence d'un site géographique favorable à l'implantation d'une ville - l'éminence de Gastra, où 4 Delacoulonche ( « Mémoire sur le berceau de la puissance macédonienne des bords de l'Haliacmon et ceux de l'Axius >>, Archives des Missions scien tifiques et littéraires 8, 1859 , p . 99-101) reconnaissait déjà un site d'acropole et situait la Citium de Tite -Live (XLII 51) -, enfin sur les restes d'un établissement du IV ° s. av . J.-C. où il pense pouvoir reconnaître le Nymphée : en effet, au lieu dit Képhalari- de -Naoussa appelé aussi Isvoria, plusieurs grottes naturelles s'ouvrent dans un banc rocheux qui domine la rive occidentale assez escarpée de l’Aravitsa. Deux d'entre elles débouchent presque l'une en face de l'autre dans un renfoncement de la falaise aménagé dès l'Antiquité sur plan rectangulaire en trois parois sud , ouest et nord – taillées verticalement et sensiblement orthogonales, la paroi occidentale étant de beaucoup la plus longue. Les restes d'un portique en L, d'ordre ionique, construit en appentis contre les parois sud et ouest, occupent l'angle sud -ouest. Peut - être se prolongeait -il tout le long de la paroi occidentale jusqu'à la paroi nord qui garde, taillée dans le roc, une saignée inclinée où s'engageait un pan de toiture. D'autres installations subsistent, plus modestes et d'interprétation plus difficile, ainsi que les restes d'un ordre dorique. Tous les édifices, parties rupestres comprises, étaient stuqués. Architecture , céramique et monnaies datent l'aménagement architectural du site du milieu du IVe siècle. Quelques fragments de figurines ont été retrouvés dans la fouille. A 80 mètres au nord , une grotte plus importante, à chambres multiples et à deux ouvertures, est garnie de belles concrétions calcaires. L'identification séduisante, et reçue, de cet ensemble avec le Nymphée de Miéza - identification dont dépend à son tour , et pour une assez large part, la localisation de la ville même de Miéza - doit être accueillie avec prudence. Et d'abord , à lire Plutarque, on croirait volontiers que le Nymphée de Miéza jouissait d'une certaine célébrité avant même qu'Aristote s'y installât.
MIÉZA
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L'anachronisme est probable : à l'époque où écrit Plutarque, le sanctuaire des Nymphes garde une célébrité qu'il ne doit sans doute qu'à cet illustre voisinage. Aussi bien ne sait - on pas à quand remonte la fréquentation du site où les grottes et l'extraction facile de la pierre ont pu attirer très tôt l'activité humaine à de tout autres fins que cultuelles. Par ailleurs, si les nymphes élisent volontiers domicile dans des grottes humides et si l'on conçoit assez que l'une ou l'autre des très nombreuses grottes de la région de Naoussa et de Véria a pu abriter leur culte, Pline l'Ancien ne cite les grottes de Miéza qu'à titre de curiosité naturelle . Il est donc abusif de les assimiler au Nymphée ( par ex . Lenk 2, et plus récemment 5 N.G.L. Hammond , A History of Macedonia I, Oxford 1972, p. 163). Or cette assimilation a guidé Delacoulonche lorsqu'il a cru pouvoir situer le Nymphée de Miéza à la belle grotte de Paléo -Sotira, à une heure de marche au sud d'Isvoria ( 4, p. 102-103 ), refusant de fait cette identité aux grottes et au site d'Isvoria qu'il avait pourtant décrits et dessinés (4 , p . 100-101 ). Et cette même assimilation désormais implicite paraît préliminaire aux conclusions de Ph . Petsas. Certes, les mythes de fondation et les historiens anciens invitent toujours à chercher Miéza dans la région de Véria et Naoussa (récemment Hammond 5 , p . 109 , 158 , 163-165 , 434 ; 6 F. Papazoglou, Les villes de Macédoine à l'époque romaine, coll. BCH - Suppl. 16 , Athènes/ Paris 1988 , p. 15 n. 3 , p. 23 , 31 , 41 , 48, 147-152 et 446 , cartes nº 2, p. 125 et n° 20 h.t.; 7 M.B. Hatzopoulos, « Strepsa : a reconsideration , or new evidence on the road system of Lower Macedonia » , dans M.B. Hatzopoulos et L.D. Loukopoulou, Two studies in ancient Macedonian topography ,coll. «MEAETHMATA » 3 , Athènes 1987 , p. 17 60, carte n° 1 h.t. ) . Certes, dans l'état actuel des publications sinon des recherches, les grottes d'Isvoria semblent être les seules de la région à avoir été intégrées dans un ensemble architectural : il ne s'ensuit pas que l'on ait là un sanctuaire. A moins qu'elles ne soient atypiques, les figurines, apparemment fragmentaires - et inédites - recèlent peut-être le seul et dernier indice en ce sens. Il ne s'ensuit pas non plus que ce portique ait abrité Aristote et ses élèves : Philippe a certainement pourvu à leurs besoins matériels, mais Plutarque ne dit pas qu'il leur ait construit, près du Nymphée , une « école » ni même une demeure. Et il serait étrange qu'un site célèbre et visité au temps de Plutarque n'ait gardé des constructions de Philippe que quelques bancs de pierre: sans doute n'a -t-il jamais perdu le caractère rustique et semi- sauvage qu'il présentait lorsqu'il retint l'attention de Philippe et d'Aristote, et l'on aurait vu , au temps de Plutarque, les ruines que l'on vient d'y découvrir. Seules des inscriptions pourront permettre de localiser la ville, et l'identification du sanctuaire des muses, sans être caduque, attend des preuves plus éloquentes. Bibliographie des fouilles du site de Képhalari-de -Naoussa - Isvoria : 6 A.K. Orlandos, Ergon 1965, p . 22-28 , fig. 22-26 ; 7 Ph . Petsas, PAAH 1965 , p. 38-46, fig. 2-6, pl. 44-54 + 2 pl. h.t.; 8 Ph . Petsas, Makedonika (en grec) 7 , 1966-1967, p . 333-335 , fig. 9 , pl. 50 ; 9 A.K. Orlandos , Ergon 1968 , p . 59-63 , fig. 63-66 ; 10 Ph. Petsas, PAAH 1968 , p. 65-71 , fig. 1-4, pl . 44-49 + 2 pl . h.t .; 11 A.K. Orlandos , Ergon 1969 , p . 28-29 ; 12 Ph . Petsas, PAAH 1969 , p . 36. Voir aussi 13 G. Daux , BCH 90 , 1966, p . 867-870 , fig. 7-12 ; id . 14 , BCH 91 , 1967 , p . 711 ; 15 J.-P. Michaux , BCH
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ARISTOTE DE STAGIRE 1968 ,
p . 1054 ,
fig . 352-354 .
Sur
l'architecture
du
portique :
16 J.J. Coulton, The architectural development of the Greek stoa, Oxford 1976 , p . 252 et 264 , fig. 90 . MARIE -FRANÇOISE BILLOT.
LA POÉTIQUE Éditions, traductions et commentaires . Nous ne signalons, dans l'ordre chronologique, que les publications les plus importantes parues depuis un demi siècle. On n'avait pas suffisamment tenu compte dans les éditions antérieures, à côté du Parisinus graecus 1741, du Riccardianus 46. 1 A. Rostagni (édit.) , Aristotele - Poetica. Introduzione, testo e commento , Torino 1927, XCVI 147 p .; « deuxième édition » 1945 , C -209 p . 2 J. Hardy (édit . ) , Aristote, Poétique. Texte établi et traduit par J.H. , CUF, Paris 1932, 99 p .; index (des noms propres et des mots grecs les plus importants ), p. 91-99 . 3 A. Gudeman (édit.), Aristoteles, Mepi nointixñs, mit Einleitung, Text und adnotatio critica, exegetischem Kommentar, kritischem Anhang und Indices nominum , rerum , locorum , Berlin /Leipzig 1934 , VIII -496 p. 4 D. de Montmollin ( édit .), La Poétique d'Aristote. Texte primitif et additions ultérieures ( thèse ), Neuchâtel, 1952, 375 p. [bibliographie exhaustive ). Un appendice (p. 215 s.) donne le texte grec, puis l'apparat critique. 5 G.F. Else, Aristotle's Poetics : The Argument, Cambridge (Mass .)/Leiden 1957 , XVI-670 p. ( Chaque section de la Poétique est immédiatement suivie d'un long commentaire .) Else a également publié une traduction brièvement annotée : 6 Aristotle , Poetics. Translated with an Introduction and Notes, Ann Arbor 1967, 124 p . 7 R. Kassel ( édit.), Aristo telis. De Arte poetica liber. Recognovit brevique adnotatione critica instruxit R.K, coll. « Oxford Classical Texts », Oxford 1965, XIV -79 p . (Contient, p. 50 52 , les testimonia anciens sur la Poétique ; index locorum : p . 78-79 ; index graecus, emprunté à l'editio maior de I. Bywater, Oxford 1909 : p . 53-77 ) . Cette édition remplace l'editio minor de I. Bywater ( 1909) dans la même collection . 8 D.W. Lucas ( édit. ), Aristotle, Poetics. Introduction, commentary and appendixes, Oxford 1968. 9 R. Dupont- Roc et J. Lallot ( édit. ), Aristote, la Poétique. Texte , traduction et notes de lecture , coll. « Poétique » , Paris 1980, 469 p . Lexique . 10 A. Wartelle, Lexique de la « Poétique » d'Aristote , Paris 1985 , 187 p .; deux annexes : ( 1 ) Sommaire analytique de la « Poétique » ; (2) Index des auteurs, citations et allusions. 11 J. Denooz, Aristote, Poetica. Index verborum . Liste de fréquence, coll . « Travaux publiés par le Centre informatique de philosophie et lettres - Série du Laboratoire d'analyse statistique des langues anciennes (LASLA ) » 13 , Liège 1988 , XII -113 p. Version arabe. 12 J. Tkatsch , Die arabische Übersetzung der Poetik des Aristoteles und die Grundlage der Kritik des griechischen Textes, 2 vol. , Wien 1928 et Leipzig 1932. Abu -Bishr Mattā (xe s .) aurait traduit le texte d'une version syriaque du IX s. dont il reste un fragment de quelques lignes. Pour la tradition arabe , voir 13 W. Heinrich , Arabische Dichtung und griechische
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Poetik. Házim al - Qarțāģanni's Grundlegung der Poetik mit Hilfe aristotelischer Begriffe, coll. « Beiruter Texte und Studien » 8, Beyrouth 1969, 289 p. < Sur la tradition arabe de la Poétique , qu'on a pu rattacher à un double complexe, d'une part les prologues alexandrins justifiant l'ordre des traités dans l'Organon et, plus particulièrement, de la Rhétorique et de la Poétique, et, d'autre part, la traduction de la Poétique elle -même et ses commentaires proprement dits, on se reportera à 14 G. Schoeler, « Der poetische Syllogismus. Ein Beitrag zum Verständnis der " logischen ” Poetik der Araber » , ŽDMG 133 , 1983 , importante mise au point, p. 43-89, et bibliographie, p . 89-92 ( références, notamment, aux travaux de R. Walzer et de W. Heinrichs). MAROUN AQUAD> Version latine ( 1278) . 15 Aristoteles. De arte poetica , Guillelmo de Moerbeke interprete. Edidit E. Valgimigli . Reviserunt, praefatione indici busque instruxerunt A. Franceschini et L. Minio - Paluello , coll. « Aristoteles Latinus »33, Bruges/Paris 1953 , XX -77 p. Bibliographies. 16 L. Cooper et A. Gudeman , A Bibliography of the Poetics of Aristotle , New Haven /Oxford /London 1928 , 193 p . A compléter par 17 M.T. Herrick, AJPh 52, 1931 , p . 168-174 . Pour la période plus récente, voir 18 G.F. Else , « A Survey of Work on Aristotle's Poetics 1940-1952 » , CW 48, 1955 , p. 73-82, et 19 H. Flashar, GGP Antike 3 , 1983 , p. 305-308 , 436-437 . Signalons, outre les contributions fondamentales de 20 J. Vahlen , « Beiträge zu Aristoteles Poetik » , SHAW 50, 1865 , p . 265-317 ; 52, 1866 , p . 89-175 ; 56 , 1867 , p . 213-343 et 351-439, quelques études récentes qui, outre les éditions et les commentaires déjà cités, permettent d'entrevoir les tendances actuelles de la recherche : 21 G. Brancato , La " Zúotaoic " nella poetica di Aristotele, coll. « Collana di studi greci » 40, Napoli 1963, 115 p.; 22 E. Schütrumpf, Die Bedeutung des Wortes ēthos in der Poetik des Aristoteles, coll. « Zetemata » 49 , München 1970 , VIII - 147 p.; 23 P. Somville , Essai sur la poétique d'Aristote et sur quelques aspects de sa postérité, coll . « Bibliothèque d'Histoire de la philosophie » , Paris 1975 , 191 p .; 24 S. Halliwell, Aristotle, Poetics, London 1986 , XII-369 p. Voir également Flashar 19 , $ 13 Werkbeschreibung, p . 252 253 ; § 14 Doxographie, 3 : Dichtung -Prosa - Rede, p . 358-364. La fin du traité ( qui se présente comme une transition aristotélicienne incom plète ) et la classification des genres exposée par Aristote, de même que le début du chapitre 6 ( 1449 b 21-22) , laissent supposer qu'un second livre devait traiter de la comédie et peut-être de la poésie iambique. C'est sans doute à ce second livre que renvoie Aristote en Rhét . 1372 a 1, 1419 b 6 (pour un exposé des yeloia) , mais peut - être aussi en Polit . VIII 7 , 1341 b 40 , à propos de la xátapois, car l'énigmatique fin de phrase de la définition de la tragédie en Poét. 6 , 1449 b 27-28 , ne saurait constituer le développement oapéotepov annoncé par Aristote. On rattache également à cette partie perdue de la Poétique certaines références de Philopon et de Simplicius . L'étude classique sur la question est celle de 25 L. Cooper, An Aristotelian theory of comedy with an adaptation of the Poetics and a translation of the “ Tractatus Coislinianus" , Oxford 1924 , XXII - 323 p . L'existence de ce second livre a été récemment niée par 26 R. Cantarella, « I “libri" della “Poetica” di Aristotele » , RAL 30, 1975 , p . 289-297 . 27 R. Janko, Aristotle on Comedy. Towards a reconstruction of
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Poetics II, London 1984, VIII-294 p. , a cherché à démontrer que le Tractatus Coislianus est une épitome ( du VIe s.) du second livre perdu de la Poétique. Le caractère scolaire et “ ésotérique ” de la Poétique, où l'on relève des “ notes marginales” et des " interpolations ” qui rompent la continuité du traité (voir sur cette question la liste de Kassel 7 , p . XIV , les ouvrages de D. de Montmollin 4 et de Else 5 , ainsi que 28 F. Solmsen, « The origins and methods of Aristotle's Poetics» , CQ 29 , 1935 , p . 192-201 , repris dans ses Kleine Schriften , coll. « Collectanea 4 , Hildesheim 1968, t. II , p . 119-128] , invitent à la distinguer de la Mpaymateia Téxvns nointixñs a ', B ', que signale Diogène Laërce V 24, à côté d'un Mointixá a ' (D.L. V 26 ). Il n'est pas impossible, selon 29 I. Düring, art. « Aristoteles » , RESuppl. XI, 1968 , sect. IV 3 , col. 228 , que des fragments papyrologiques publiés par 30 H. Ellacher, « Griechische literarische Papyri aus der Papyrussammlung Erzherzog Rainer in Wien », Études de papyro logie 4 , Le Caire 1938 , nº 1 , p . 133-181 , proviennent de ce traité . On a par ailleurs retrouvé des fragments de la Poétique dans PHamb. 125 et POxy. 3219. Il convient peut- être aussi de signaler un fragment papyrologique d'un traité (de Théophraste ?) Nepi NÉEEwÇ, dans la ligne de Poét. 20, dans PHamb. 128. En 1454 b 17 , Aristote fait référence à ses ÉxDEdouévoi Nóyou. Il s'agit sans doute d'un renvoi au dialogue Nepi rointāv a ' , B ' , Y ' ( D.L. V 22 ), dont plusieurs fragments sont rassemblés dans W.D. Ross (édit. ) , Aristotelis, Fragmenta selecta , coll OCT, Oxford 1955 , p . 67-72 . Sur cet ouvrage d'Aristote, voir 31 A. Rostagni, « Il Dialogo aristotelico Nepi rointőv », RFIC 4 , 1926 , p . 433-470 ; 5, 1927, p. 145-173 ; 32 F. Sbordone, « Il primo libro di Aristotele intorno ai poeti », AAP 4 , 1954, p. 217-225 . En D.L. II 46, Nepi noint ( ixñs ) provient probablement d'une mauvaise lecture, par Diogène lui-même, d'une référence abrégée au ſepi roint ( õv ) . Voir en ce sens: 33 J. Mejer, Diogenes Laertius and his Hellenistic background, coll. « Hermes Einzelschriften » 40, Wiesbaden 1978 , p . 25 , où sont mentionnées de nombreuses confusions analogues. Le passage le plus discuté de la Poétique est la fin de la définition de la tragédie en 1449 b 27-28 : δι' ελέου και φόβου περαίνουσα την των τοιούτων παθημάτων κάθαρσιν. C'est un point où les recherches récentes ont totalement modifié l'interprétation traditionnelle. Sur ce problème particulier, on se bornera à signaler, au sein d'une bibliographie considérable : 34 F. Dirlmeier, « Kádapoiç naonuStwv », Hermes 75, 1940, p . 81-92 ; 35 W. Schade waldt, « Furcht und Mitleid ? Zur Deutung des aristotelischen Tragödiensatzes », Hermes 83 , 1955 , p . 129-171 ; 36 W.J. Verdenius, « Káoapoıç naonyátwv », dans Autour d'Aristote , Louvain 1955, p. 367-373 ; 37 A. Ničev, L'énigme de la catharsis tragique dans Aristote, Sofia 1970, 252 p. ; 38 id. , « A propos de la Poétique d'Aristote » , REG 99, 1986, p. 153 160, c.r. de 39 W. Söffing, Descriptive und normative Bestimmungen in der Poetik des Aristoteles, coll. « Beihefte zu Poetica » 15 , Amsterdam 1981 , 275 p.; Somville 23, p. 55-95. Il semble que le parallèle de Polit. VIII 7 soit trompeur et que la perspective d'Aristote ici soit purement esthétique : la tragédie procure, paradoxalement, un plaisir artistique à l'évocation de ce qui est « pitoyable et terrible » dans le destin du héros. On doit rapprocher cette idée de Poét. 4, 1448 6 9 12 : « des êtres dont l'original fait peine à la vue, nous aimons à en contempler l'image exécutée avec la plus grande exactitude; par exemple les formes des animaux les plus vils et des cadavres» (trad. Hardy ). Voir Dupont-Roc et Lallot 9, p. 189 : « On ne voit pas que, dans le Poétique, Aristote se préoccupe jamais de moralité de l'art. » Datation . Une datation précise n'est pas possible. On croit que la Poétique fut rédigée à Athènes, au début du second séjour, vers 334*. C'est l'opinion,
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notamment, de Rostagni 1 , de J. Hardy 2 , p . 15-16 , et de R.A. Gauthier, dans 40 L'Éthique à Nicomaque. Introduction , traduction et commentaire par R.A. Gauthier et J.Y. Jolif, coll. « Aristote. Traductions et études » , t. I , première partie , Louvain /Paris, « deuxième édition avec une introduction nouvelle » 1970 , p . 62. Düring 29, col . 333 , date le lepi nointāv et la version originale de la Poétique du séjour d'Aristote à l'Académie, plus exactement des années 360-355 . De la Poétique, il faut rapprocher plusieurs autres écrits aristotéliciens de caractère philologique : les Problèmes homériques ( Poét. 26 examine les prin cipes à mettre en æuvre dans la littérature des Problèmes et des Solutions relatifs aux textes poétiques ), le lepi Tpayqdiõv a ' (D.L. V 26 ), les Aidaoxaliai a ' (D.L. V 26 ) et le Nixov Alovuoiaxõv xal Anvaíov a ' (selon Hésychius; titre un peu différent chez D.L. V 26 ) . Sur l'ensemble de ces recherches, voir 41 R. Pfeiffer, History of classical scholarship , < tome I : > From the begin nings to the end of the Hellenistic Age, Oxford 1968, p. 67-82. [Cette notice a bénéficié des conseils de J. LALOT pour la bibliographie .] RICHARD GOULET.
LA RAÉTORIQUE, TRADITION GRECQUE Touchant les questions de la genèse et de l'influence de la Rhétorique d'Aristote, il est capital de distinguer entre les deux premiers livres et le troisième. En effet, bien qu'il soit vrai des trois livres regroupés dans ce traité qu'Aristote est l'héritier d'une théorie rhétorique déjà riche d'une longue réflexion et de nombreux traités – traités dont il a d'ailleurs proposé une collection - et que , tout en reprenant les acquis de cette théorie , il apporte sur ces questions des vues nouvelles, il convient toutefois de parler à propos des deux premiers d'une véritable rupture par rapport à deux courants de pensée traditionnels. Rupture d'une part avec la tradition platonicienne. Par une démar che toute scientifique, Aristote constate le fait rhétorique et son importance dans les rapports sociaux ; puis il s'attache à en étudier les fondements et le fonctionnement, en prenant soin d'affranchir son étude de toute considération morale ( cf. 1355 a 29- b 7 ) ou politique; ce qui le dégage de la position polémique prise par Platon contre la rhétorique, notamment dans le Gorgias. Intervient alors la deuxième rupture , celle dont il fait profession dès le début du livre premier ( 1354 a 12–1355 a 23) : les autres technographes négligent l'essen tiel du sujet, qui est la preuve rhétorique fondée sur l'opinion commune. Tout son effort consiste en effet, dans ces deux livres, à préciser au moyen de la dialectique et de la psychologie les règles auxquelles obéit la preuve rhétorique. Ce que la tradition nous a conservé de la théorie ancienne n'offre pas d'exemple de traités dont la conception rappelle la démarche suivie par Aristote dans ces deux livres. La pensée cependant ne s'en est pas perdue: les rares références expresses à cette partie de la Rhétorique dans les traités des auteurs postérieurs montrent qu'elle est considérée comme importante pour centrer la
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rhétorique sur la recherche du discours crédible (Nicolaos, Progymnasmata , Spengel III, p . 451 , 19) et dans le domaine des topoi (Anonyme, Technè rhèto rikè, Spengel I , p . 448 , 27 ; cf. Théon , Progymnasmata , Spengel II, p. 125 , 5) . Et, à considérer le développement postérieur de la théorie de l'argumentation, on est en droit de considérer, malgré l'absence de références expresses, qu'il fait école sur au moins deux points essentiels : l'usage méthodique des raisonnements déductif et inductif, sous la forme de l'enthymème et de l'exemple, et la recher che de l'éthos en tant que preuve technique produite par le discours lui -même. Pour en mesurer tout l'intérêt, il n'est que de voir sur ce dernier point, par exemple, comment la réflexion sur les moyens dont dispose l'orateur pour donner par son discours même du crédit à son personnage complète heureu sement la théorie, telle qu’on la trouve dans la Rhétorique à Alexandre, d'une doxa tou legontos qui considère, indépendamment du discours, la compétence et les intérêts reconnus au locuteur. Les matériaux du livre III, consacré successivement à l'élocution et à la disposition , sont plus traditionnels. L'apport le plus neuf y concerne la théorie des vertus (aretai) du style et celle de l'organisation de la séquence signifiante ( lexis) dans la prose d'art. Relayés par ceux de Théophraste, ces travaux exercent une constante et déterminante influence sur la critique littéraire postérieure. A l'époque hellénistique, le Pseudo -Démétrius de Phalère fait expressément référence au livre III de la rhétorique d'Aristote, à propos de la grandeur du rythme péonique ( $ 38 ; cf. 41 ) , pour une définition de la période (§ 11 ) , du côlon (§ 34) et à propos de la métaphore ($ 81 ). Au 1er s . ap. J.-C. , Denys d'Halicarnasse reconnaît sa dette vis -à -vis de Théophraste, tout en se démarquant ( Ep. ad Amm . I) des péripatéticiens de son temps. Et , au II s . , la doctrine des ideai que nous exposent le Pseudo - Aristide et surtout Hermogène continue en partie celle des aretai aristotéliciennes. Dans la tradition manuscrite grecque, le plus ancien témoin du texte de la rhétorique, le Parisinus 1741, du XI s . , a manifestement voulu réunir plusieurs æuvres importantes des rhéteurs anciens. On y trouve , à côté d'Aristote, Denys d'Halicarnasse , Ménandre , le Pseudo - Aristide , le Pseudo - Démétrius de Phalère, Apsinès, Minucianus, Maximele Sophiste et un anonyme à propos des états de cause . Depuis la fin de l'Antiquité classique cependant la théorie rhétorique grecque est surtout représentée par l'ensemble constitué des Progymnasmata d'Aphthonios et des quatre traités hermogéniens sur les états de cause , l'inven tion , les ideai et la méthode de l'habileté, et par les commentaires qui leur sont consacrés. Les principaux commentaires consacrés à la Rhétorique d'Aristote (Anonymi et Stephani in artem rhetoricam commentaria, ed. Rabe, Berlin 1896 ) ne sont pas antérieurs au XII ° S. MICHEL PATILLON .
Dans le catalogue d'Hésychius, le lepi pntopixñs est mentionné au nº 153. La liste transmise par Diogène Laërce , qui reflète un état du corpus aristotélicien antérieur à Andronicus, énumère, parmi de nombreux écrits consacrés à la rhétorique, au n° 78, Téxins intopixñs B ' , et au n ° 87 , Mepi RÉEEWS B ' . On pense généralement que le premier titre correspond aux deux premiers livres de notre Rhétorique et que le second regroupe les deux parties du troisième livre actuel.
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On date la composition de ces écrits de l'époque de l'Académie et on explique quelques allusions historiques plus tardives par la mise à jour de son enseigne ment qu'Aristote opéra lorsqu'il reprit ce cours lors de son second séjour à Athènes. Éditions. 1 I. Bekker ( édit.), Aristoteles graece, « Édition de l'Académie de Berlin » , Berlin 1831 , p. 1354 a- 1420 b 4 ; rééd . O. Gigon , Berlin 1960 et 1970, sans changement. Le livre I est aux p . 1354 a 1-1377 b 12 ; le livre II : p . 1377 b 16-1403 b 3 ; le livre III: p. 1403 b 6-1420 b 4 ; 2 Aristotelis Opera omnia, graece et latine, « Édition Didot » , Paris 1848 ; rééd. 1862, t. I , p. 310-410; 3 M. Dufour et A. Wartelle ( édit.), Aristote , Rhétorique. Texte établi et traduit par M.D. , CUF, Paris , 3 volumes, 1931 , 1938 et 1973 ; les notes de la traduction dans le deuxième volume ont été rédigées par G. Mathieu ; le troisième volume a été publié par A. Wartelle ; index , p. 129-173 ; 4 A. Tovar, Retórica . Ed. con ap. crit., trad. prólogo y notas, Madrid 1953 ; 5 W.D. Ross (édit. ) , Aristoteles, Ars rhetorica . Rec. brevique adnot. crit. instr. W.D.R. , Oxford 1959 , XIV - 206 P .; c.r. par K. Nickau, Gymnasium 71 , 1964, p . 460-464 ; R. Weil, REG 73 , 1960, p . 556-558 ; W. Wieland, Gnomon 33 , 1961, p . 129-132 ; 6 R. Kassel (édit.), Aristoteles, Ars rhetorica , Berlin 1976 (avec un nouvel examen de la tradition manuscrite ); c.r. par M.C. Nussbaum , AGPh 63 , 1981 , p. 346-350. Traductions . En latin : voir l'édition Didot 2 ; 7 B. Schneider (édit. ) , Aristotelis Rhetorica. Translatio anonyma sive vetus et translatio Guilielmi de Moerbeke, coll. « Aristoteles Latinus » 31 , 1-2, Leiden 1978 , LVI-526 p . En français : voir Dufour et Wartelle 3 ; 8 J. Voilquin et J. Capelle ( trad .), Aristote . Art Rhétorique et Art Poétique. Trad . nouvelle avec texte ( non critique ), introd. et notes, Paris 1944, XIII -572 p . En allemand : 9 P. Gohlke, Aristoteles. Rhetorik , coll. « Die Lehr schriften » III 1 , Paderborn 1959 ; 10 F.G. Sieveke, Rhetorik . Übers., mit einer Bibliographie, Erläuter. und einem Nachwort, München 1980, 354 p . En anglais : 11 J.E. Sandys, The Rhetoric , transl. with introd. and notes, Cambridge 1909, XXVIII -207 p.; 12 W. Rhys Roberts, Rhetorica, coll. « The Works of Aristotle translated into English » (« la traduction d'Oxford » ), t. XI, Oxford 1924 , XV- 334 p.; réimpr. 1959 ; trad. révisée dans J. Barnes (edit.), The Complete Works of Aristotle. The Revised Oxford Translation , Princeton 1984, p . 2152-2269; 13 J.H. Freese, The Art of Rhetoric, coll . LCL, 193 , London 1926 , 492 p., avec un texte non critique. En espagnol : voir Tovar 4 ; 14 F. de P. Samaranch, Retórica, coll. « Obras » , Madrid 1964 ( introd ., trad. et notes) ; 15 J. Leita , Retórica , Poética , Barcelona 1985 , 408 p. Lexique. 4 A. Wartelle , Lexique de la Rhétorique d'Aristote , « Collection d'études anciennes » 82 , Paris 1982 , 510 p .; c.r. de P. Louis , RPh 57 , 1983 , p . 306. Voir également id . 3 , t. III, p . 143-173 : Index choisi des termes de rhétorique. Bibliographie . Wartelle 3 , t. III , p . 23-26 ; Sieveke 10 ; 16 H. Flashar, GGP Antike 3 , 1983 , p. 210 ; 308-310 ; 436-437. Commentaires anciens . Voir 17 H. Rabe (édit. ) , Anonymi et Stephani in Artem rhetoricam Commentaria, CAG XXI 2 , Berlin 1896 ; réimpr. 1960 .
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Études récentes et commentaires. 18 W. Kroll , art. « Rhetorik » , RESuppl. VII, 1940 , col. 1057-1065; 19 R. Stark ( édit .), Rhetorika. Schriften zur aristotelischen und hellenistischen Rhetorik . Mit einem Vorwort von P. Steinmetz , Hildesheim 1968 , XI-485 p. [réimpression d'études diverses ); 20 K.V. Erickson ( édit. ), The Classical Heritage of Rhetoric, Metuchen (N.J. ) 1974 , VIII-315 p . (réimpression d'articles) ; c.r. par Corbett, QJS 61 , 1975, p . 479-481 ; J. Bompaire, REG 89 , 1976, p . 637-638 ; 21 id ., Aristotle's Rhetoric. Five Centuries of Philological Research . Comp. with an Introd . by K.V.E. , Metuchen (N.J.) 1975 , VIII- 187 p .; c.r. par Reeve, CR 27 , 1977 , p . 17-18 ; 22 R. Kassel, Der Text der aristotelischen Rhetorik . Prolegomena zu einer kritischen Ausgabe, « Peripatoi» 3 , Berlin 1971 , VII - 151 p.; c.r. par E. des Places, AC 41 1972, p. 669; Bernardinello , JHS 93 , 1973 , p. 225-226 ; Kopff, CJ 70 , 2, 1974, p . 82-85 ; 23 B. Schneider, Die mittelalterlichen griechisch -lateinischen Übersetzungen der aristotelischen Rhetorik , coll. « Peripatoi » 2, Berlin 1971 , XIII -203 p .; c.r. par P. Louis, RPh 47 , 1973 , p . 346 ; Innes, CR 23 , 1973, p. 151-153; 24 W.M.A. Grimaldi, Studies in the Philosophy of Aristotle's Rhetorik, coll . « Hermes - Einzelschriften » 25 , Wiesbaden 1972, 151 p .; c.r. par Orosio , Augustinus 20 , 1975 , p. 169 ; Lossau, Gnomon 48, 1976 , p. 13-18 ; Solmsen , CPh71, 1976 , p . 174-178; Ryan , Ph&Rh 9 , 1976 , p. 123-127 ; 25 A. Hellwig, Untersuchungen zur Theorie der Rhetorik bei Platon und Aristoteles, coll. « Hypomnemata » 38 , Göttingen 1973, 374 p .; c.r. par Podlecki, JHS 95 , 1975, p. 204-205 ; Ryan , Ph &Rh 9, 1976, p. 264-266 ; Lossau , Gnomon 50, 1978 , p . 341-346 ; 26 W.M.A. Grimaldi, « Semeion , Tekmerion , Eikos in Aristotle's Rhetoric » , AJPh 101 , 1980, p . 383-398 ; 27 S. Gastaldi , Discorso della città e discorso della scuola . Ricerche sulla Retorica di Aristotele, Firenze 1981, 152 p. ; 28 J. Sprute, Die Enthymemtheorie der aristotelischen Rhetorik, Göttingen 1982, 209 p .; c.r. par Harvey, Ph & Rh 17 , 1984, p. 252-253 ; Nilles, AC 54, 1985 , p. 356-357 ; 29 W.M.A. Grimaldi, Aristotle, Rhetoric I. A Commentary, Bronx (N.Y. ) 1980 , 362 p .; C.1. par Conley, AncPhil 3 , 1983 , p. 102-107 ; Hauser, Ph & Rh 18 , 1985 , p . 270-272 ; Kennedy, AJPh 106 , 1985, p . 131-133 ; 30 E. Eggs , Die Rhetorik des Aristo teles. Ein Beitrag zur Theorie der Alltagsargumentation und zur Syntax von komplexen Sätzen ( im Französischen ), Frankfurt 1984, X-533 p. Éditions anciennes. Editio princeps: 31 Alde Manuce, « édition Aldine » , Venise 1508 ; 32 J.B. Camot, (« editio Camotiana », dite « Aldine minor » ) , Venise 1551 ; 33 Édition de Bâle : Aristotelis de Arte Rhetorica libri tres, Bâle 1546, 240 p .; 34 Petrus Victorius, Commentarii in tres libros Aristotelis de Arte dicendi, Firenze 1548 ; 35 M.A. Muret, Aristotelis Rhetoricorum libri duo, Roma 1585. Sur la tradition médiévale, voir Schneider 23. (Cette notice a mis à contribution une bibliographie aristotélicienne préparée par Françoise Caujolle-Zaslawsky .) ANDRÉ WARTELLE .
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LA RHÉTORIQUE. TRADITION SYRIAQUE ET ARABE PLAN DE LA NOTICE LES TRADUCTIONS DE LA RHÉTORIQUE LES COMMENTAIRES I. COMMENTAIRES ANTIQUES SIGNALÉS PAR LES ARABES. II . KINDI, M. B. MOSA , GABIR , IBN BADR , IBN AL - HAYTAM , IBN AL - ȚAYYIB , BAGDADİ. III. 'AMIRI ( D X S. - 992 ). IV . FÅRÅBI ( † 950) . A. Le livre de la rhétorique (Kitāb al- hatāba ). B. Didascalia in Rethoricam Aristotelis ex glosa Alpharabii. C. Autres textes. V. AVICENNE († 1037)
A. Des significations du livre Rhetoriké. Les traits du caractère et les passions de l'âme. B. La rhétorique. C. Autres textes.
VI. AVERROÈS († 1198) . A. Abrégé de la Rhétorique. B. Le Commentaire moyen à la Rhétorique.
Elle est doublement intéressante pour le chercheur en histoire de la philo sophie ancienne, car elle permet de mieux établir le texte de Rhét. et pourrait nous renseigner sur les commentaires perdus de celle -ci. Les bibliographies les plus systématiques relatives à ce sujet se trouvent dans 1 M. Steinschneider, Die arabischen Übersetzungen aus dem Griechischen , Graz 1960 ( réimpr. de quatre articles parus en 1889 , 1893 , 1896 , 1891 ) , p . ( 83 ) - (84 ) , ( 86 ) - ( 87 ) ; 2 F.E. Peters, Aristoteles Arabus. The Oriental Translations and Commen taries on the Aristotelian Corpus, coll. « Monographs on Mediterranean Antiquity » 2, Leiden 1968 , p . 26-28 ; 3 ‘ A. Badawi, La transmission de la philosophie grecque au monde arabe, coll. « Études de philosophie médiévale » 56 , Paris 1968 , p . 19-20 , 77-78 ; réédition : Paris 1987 (nouvelle pagination , mais le contenu des passages concernant Rhét. reste inchangé). Toutefois, les informations apportées dans ces ouvrages étant largement dépassées, il serait bon d'exposer, d'une manière renouvelée, l'état de la question. LES TRADUCTIONS DE LA RHÉTORIQUE Listes chez les biobibliographes arabes. Sur ces listes, qui remontent, pour l'essentiel, au Fihrist ( 987-988) d'Ibn al -Nadim , ainsi que sur les différents points de vue concernant l'exactitude des informations qu'elles apportent, voir Peters 2 , p . 26-28 ; 4 J. Tkatsch ( édit. et trad. ), Die arabische Übersetzung der Poetik des Aristoteles und die Grundlage der Kritik des griechischen Textes, coll. « Akademie der Wissenschaften in Wien. Philosophisch -historische Klasse. Kommission für die Herausgabe der arabischen Aristoteles -Übersetzungen » 1 , Wien /Leipzig 1928-1932 , t . I , p . 121-125 ; 5 W. Heinrichs, Arabische Dich
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tung und griechische Poetik. Häzim al-Qartāģanni's Grundlegung der Poetik mit Hilfe aristotelischer Begriffe, coll. « Beiruter Texte und Studien » 8 , Beyrouth 1969, p . 51 , 112-115 ; 6 R. Kassel , Der Text der aristotelischen Rhetorik. Prolegomena zu einer kritischen Ausgabe, coll. « Peripatoi » 3 , Berlin /New York 1971 , p . 91 ; 7 ' A. Badawi (édit .) , Aristotelis Rhetorica in versione Arabica vetusta . Recognovit et Adnotatione Critica auxit ‘ A.B., coll. « Islamica » 23 , Le Caire 1959, p. w-t ; réédition : Al-Kuwayt/Beyrouth 1979 ; 8 ‘ A. Badawi ( édit.), Averroïs Paraphrases in Libros Rhetoricorum Aristotelis. Recognovit et Adnotatione Critica auxit ' A.B. , coll. « Islamica » 24, Le Caire 1960 ; réimpr. Al-Kuwayt /Beyrouth s.d. , p . t ; 9 M.S. Salem (édit .), Ibn Sinā (Avicenne ), Al shifā ', La logique, t . VIII : Rhétorique ( Al khațâbah ), « Publication du Ministère de l'Instruction Publique ( Culture Générale ) à l'occasion du Millénaire d'Avicenne » , Le Caire 1954 , p. ( 17 )-(23 ) et, surtout, 10 B. Dodge ( trad. angl.), The Fihrist of al-Nadim . A Tenth -Century Survey of Muslim Culture, coll. « Records of Civilization : Sources and Studies » 83 , New York /London 1970, t . II, p . 601-602 , 609 ; 11 J. Langhade et M. Grignaschi (édit. ) , Al Fārābi, Deux ouvrages inédits sur la Rhétorique, I : Kitāb al- ḥațāba, II : Didascalia in Rethoricam Aristotelis ex glosa Alpharabi(i), coll. « Recherches publiées sous la direction de l'Institut de Lettres Orientales de Beyrouth, série 1 : Pensée arabe et musulmane » 48, Beyrouth 1971 , p. 133-139 , et 12 M.C. Lyons (édit. ), Aristotle's Ars Rhetorica . A new edition , with Commentary and Glossary, coll. « Pembroke Arabic Texts » , Cambridge 1982 , t. I, p . I - VI, XXVII -XXXI. Versions syriaques. Ibn al- Samḥ († 1027 ), éditeur de la seule traduction arabe de Rhét. encore disponible ( cf. infra, « Traduction arabe conservée » ), affirme avoir collationné deux copies arabes avec une version syriaque [ 13 K. Geort ( édit. ), Les Catégories d'Aristote dans leurs versions syro- arabes. Édition de textes précédée d'une étude historique et critique et suivie d'un vocabulaire technique, Beyrouth 1948 , p . 186 , 188-189; 14 S.M. Stern , « Ibn al-Samh» , JRAS 1956 , p . 42, réimpr. dans 15 S.M. Stem , Medieval Arabic and Hebrew Thought, ed. by F.W. Zimmermann , London 1983 ; Lyons 12 , t. I , p . II -IV , VIII) . En outre , ces copies sont probablement elles -mêmes traduction d'une version syriaque (16 D.S. Margoliouth , « On the Arabic Version of Aristotle's Rhetoric » , dans Semitic Studies in Memory of Rev. Dr. Alexander Kohut, ed . by G.A. Kohut, Berlin 1897 , p . 376-379, 387 ; Badawi 7 , p. y , et surtout Lyons 12 , t. I, p. XVI , XXV et commentaire , qui signale un certain nombre de syriacismes) ; cf. cependant 17 W. Heinrichs, c.r. de Lyons 12 , ZGAIW 1 , 1984, p . 313-314 . L'hypothèse de Tkatsch 4 , t . I, p . 75 , 96 b -97 a , 121-125 , selon laquelle Isḥāq b. Hunayn (7 910) aurait rédigé une traduction syriaque, en en révisant, peut-être, une autre de la seconde moitié du VI s . , et aurait été ainsi à l'origine des traductions arabes, est, d'après Kassel 6 , p . 91 , en partie du moins, insuffisamment fondée , d'après Heinrichs 5 , p . 112-115, vraisembable. Voir toutefois Lyons 12 , p . XXVII n. 1. Quoi qu'il en soit, la version syriaque d'Ishaq ne saurait être la source de la seule traduction arabe aujourd'hui disponible puisque celle - ci date du VIII s . ( cf. infra, « Traduction arabe conservée » ). Par ailleurs , une lettre de Sévère Sébokht (666-667 ) [ description des manuscrits dans 18 G.J. Reinink , « Severus Sebokts Brief an den Periodeutes
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Jonan . Einige Fragen zur aristotelischen Logik » , dans R. Lavenant ( édit.), IIIe Symposium syriacum 1980. Les contacts du monde syriaque avec les autres cultures, Goslar 7-11 septembre 1980 , coll. « Orientalia christiana analecta » 221, p . 99-100 ), a été unanimement considérée , pendant longtemps, comme traitant de quelques points de Rhét. ( cf., par ex. , Georr 13 , p . 25 ; Heinrichs 5 , p . 114 ; Lyons 12 ,t. I, p. I , XXXI , XXVI ; Peters 2 , p. 26 n . 8 ; Tkatsch 4 , t. I, p . 75 , 96 b, 121 ), quoiqu'on ait aussi relevé l'accent mis dans cette épître sur la doctrine du syllogisme (Lyons 12 , t. I, p. XXVI) . Selon ibid. , p . I , et Tkatsch 4, t. I, p. 75 , 96 b, 121 , elle présupposerait une traduction syriaque de Rhét., inférence dont Heinrichs 5, p. 114, conteste la nécessité. Cette discussion deviendrait sans objet s'il s'avérait - comme le soutient Reinink 18 , p . 97-107 ( approuvé dans une note de 18bis S. Brock , « The Syriac Commentary Tradition » article à paraître dans une monographie du Warburg Institute de Londres) - que l'intitulé de la lettre ne mentionne pas Rhét. et que son contenu ne se rapporte pas à Rhét ., mais au De interpretatione et aux Premiers Analytiques. Enfin , selon 19 M. Breydi , « Précisions historiques autour des œuvres d'Antoine de Tagrit et des manuscrits de St. Marc de Jérusalem » , dans G. Wiessner (édit . ) , Erkenntnisse und Meinungen, t. II, coll . « Göttinger Orientforschungen . I. Reihe : Syriaca » 17 , Wiesbaden 1978, p. 15-22, Antoine de Tagrit, auteur de langue syriaque, ayant vécu dans la première moitié du IXe s . , aurait peut-être traduit la Rhétorique d'Aristote et utilisé, en tout cas , abondamment celle - ci dans le premier livre de son ouvrage encore existant, Sur la science rhétorique. Cf. sur ces questions, 20 J. Bendrat, « Der Dialog über die Rhetorik des Jakob bar Shakko » , dans 21 Göttinger Arbeitskreis für syrische Kirchengeschichte ( édit.), Paul de Lagarde und die syrische Kirchen geschichte , Göttingen 1968 , p . 19-26 , et 22 W. Strohmann, « Die Schrift des Anton von Tagrit über die Rhetorik », dans 21 , p. 199-216 . Traduction arabe conservée. Version anonyme dont on n'a qu'un seul manuscrit (BN, Parisinus ar. 2346 ( ancien fonds ar. 882 A) , fol. 1-65' ) . Description matérielle dans Margoliouth 16 , p . 377 ; Georr 13 , p . 183-189 ; 23 ' A. Badawi , « Mahțūtāt Aristū fi l -'arabiyya » , RIMA 1 , 1955 , p . 229 ; 24 J. Kraemer, « Arabische Homerverse » , ZDMG 106, 1956, p . 265 n. 3 ; Lyons 12 , t. I, p. XIII, XXIII- XXIV . Cette copie a été faite sur une autre d'Ibn al - Samḥ († 1027 ), qui en a lui-même collationné plusieurs ( arabes et syriaque): sur cet éditeur, les copistes médiévaux de ce texte, ainsi que leur technique, voir Stern 14 , p . 31-33 , 41-44, et Lyons 12 , t. I , p . I -XVI , XXVI , XXVII - XXXIII ( qui corrige, notamment, certaines erreurs de Stern ) ; Heinrichs 17 , p. 313 315. Une remarque marginale du manuscrit de Paris semble indiquer qu'il a été copié en 1027 ; d'autres portent témoignage d'une copie de 320 H , d'une collation de 209 H et d'un lecteur de 113 H , ce qui nous ramènerait à 731 ap. J.-C. (Lyons 12 , t. I, p . IV -VI , XXXI ; position plus nuancée de Heinrichs 17, p. 313-314) . L'ancienneté de la traduction est d'ailleurs confirmée par l'examen de sa terminologie, de son style et de ses contresens ( voir Lyons 12, p . I - II, XVI, XXV , XXVII -XXI; Badawi 7 , p . w-z, y ; Heinrichs 5 , p. 51 ) . Il s'agirait de la « traduction ancienne » des biobibliographes arabes (Heinrichs 5 , p. 51; Badawi 7, p . w -z ; Lyons 12 , t. I, p. I-VI, XXVII -XXXI ; Dodge 10 , t. II , p . 601-602 ) . Cette traduction semble avoir été faite sur une version syriaque
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(Badawi 7 , p . y ; Margoliouth 16 , p. 376-379, 387 ; Georr 13 , p . 186 , 188 189 ; Stern 14 , p . 42 ; Lyons 12 , t. I, p. II- IV , VIII, XVI, XXV , commentaire ; cf. cependant Heinrichs 17, p. 313-314). Elle porte, dans le Parisinus ar. 2346, sur les trois livres de Rhét. (la lacune correspondant à 1412 a 16–1415 a 4 est due à la perte d'un feuillet ). L. Bottin montre cependant, dans 25 Contributi della tradizione greco - latina e arabo - latina al testo della Retorica di Aristotele, coll . « Studia Aristotelica » 8 , Padova 1977 , p . 75-85 , reproduisant 26 L. Bottin , « La tradizione araba della Retorica di Aristotele e il problema dell'exemplar decurtatum » , Scritti in onore di Carlo Diano, Bologna 1975 , p . 53-62, que des versions réduites de ce texte ont dû circuler au Moyen Age. La terminologie employée dans la traduction est incertaine, elle comporte de nombreuses translittérations et est souvent différente du vocabulaire qui s'établira par la suite ; il est, dans bien des cas , manifeste que l'original grec n'a pas été compris: Badawi 7 , p . w-z, y ; Margoliouth 16 , p . 377-385 , 387 ; Lyons 12, t . I, p. I - II, XVI, XXV , XXVII -XXXI, commentaire ; 27 J. Wansbrough , c.r. de Lyons 12 , BSOAS 47 , 1984 , p. 550-551 . Remarques intéressantes à ce sujet dans Kraemer 24 , p . 265-268 . A propos de l'utilisation de la traduction arabe pour l'établissement du texte grec de Rhét. , Lyons 12 , p. XXVI , écrit : « It was advanced by Margoliouth and confirmed by Kassel that the Arabic represents an early and independent Greek tradition, but although additions can be made to the number of significant readings quoted by Kassel..., it is apparent that the Arabic makes only a limited contribution to the Greek text. » Nous indiquons ici, dans l'ordre chronologique, les différentes tentatives entreprises dans ce sens : 1 ) Margoliouth 16 , p . 376-387 , signale, dans un article fondamental mais non sans inexactitudes (notamment dans les références à l'édition Bekker), certaines erreurs manifestes de la traduction arabe , examine ses rapports avec les manuscrits grecs et la traduction gréco -latine de Guillaume de Moerbeke, conclut que la traduction arabe est un témoin indépendant important et relève d'intéressantes variantes. 2 ) Grignaschi 11 , p . 134 n . 3 . 3) Pour avoir accès à la traduction arabe de Rhét ., le dernier éditeur du texte grec de ce traité s'est servi de Margoliouth 16 , du latin d'Hermann , d'une traduction allemande du Parisinus ar. 2346 (Livre I et nombreux extraits des Livres II et III) , communiquée à titre privé par E. Panoussi, ainsi que de certains articles publiés dans Bottin 25. Voir à ce sujet: Kassel 6 , p . V , 88-92, 96 , 112, 114 , 118 , 119 , 125-126 , 127, 129, 131 , 134-135 , 136-137 , 139 , 141 142 ; 28 R. Kassel (édit. ) , Aristotelis Ars Rhetorica, Berlin /New York 1976 , XIX -259 p . Les leçons de l'arabe qu'il a retenues ont souvent reçu un accueil favorable ; ainsi, par exemple, dans les c.r. de 29 D.C. Innes, « Towards a text of Aristotle's Rhetoric » , CR 26, 1976, p . 172-173 ; 30 A.C. Cassio, RFIC 106 , 1978 , p. 86-93 ; 31 M.C. Nussbaum, AGPh 63 , 1981 , p . 346-350. Voir aussi Lyons 12 , t. I , p . XXVI , XXXIII , commentaire, qui est, en général, d'accord avec les propositions de l'éditeur allemand . 4 ) Bottin 25 , 112 p. , qui reprend, en les rectifiant parfois, des travaux qu'il avait publiés antérieurement et leur en ajoute d'autres, a pour objet principal la
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restitution de certains passages de Rhét. à partir de la traduction arabe , de la traduction latine d'Hermann , des versions arabe et latine du Commentaire moyen d'Averroès ( sur ces textes, cf. infra) et de la translatio anonyma vetus. 5 ) Lyons 12 , dernier éditeur du texte arabe, qui se sert d'Hermann , des philosophes arabes (Didascalia de Fārābi, La rhétorique d'Avicenne, Commen taire moyen de la Rhétorique d'Averroès : sur ces ouvrages, cf. infra ), de Margoliouth 16 , de Kassel 6 et 28 , mais non de Bottin 25 ni de Grignaschi 11 , p . 134 n. 3 , propose quelques lectures du grec que Kassel n'avait pas faites, examine celles retenues par ce dernier et avance un certain nombre de conjectures (Lyons 12 , t. I, p. XXVI , XXXIII et commentaire ). La remarque de Badawi 7, édit. de 1959, p . y-k, 239 n. 4, 240 n. 2, selon laquelle la traduction arabe aurait conservé un long passage de Rhét. III, absent des manuscrits grecs , a été , à juste titre , rejetée par cet auteur lui-même (Badawi 8 , p . 342-343, et id. 7, édit. de 1979 ). Quelques -unes des additions de la traduction arabe proviennent, sans doute, de scholies grecques : voir Kassel 6 , p . 92 ; Bottin 25 ; Lyons 12 , t . I , p . 264, 269, qui rapproche deux passages du texte d'Ibn al-Samḥ des commentaires byzantins du XII° s . de Stéphanos et de l'Anonyme édités par 32 H. Rabe ( édit .), Anonymi et Stephani in Artem rhetoricam commentaria , CAG XXI 2, 1896 , XVIII-442 p. La traduction arabe ancienne a été éditée et imprimée, à deux reprises, dans sa totalité. 1 ) Badawi 7, XII - 268 p. [table des matières, p . ģ -h ; introduction en arabe, p . w - 1 ; texte arabe , p. 3-255 ; index des noms, p. 256-265 ; index des princi paux concepts ( non exhaustif), p . 266-267; errata , p. 268 - cette page disparaît dans l'édition de 1979 , les erreurs qu'elle indique ayant été corrigées ). Voir aussi, pour l'édition de 1959, les errata ajoutés par id . 8 , p . 342-343 . C.r. en français de Badawi 7 , par 33 G.C. Anawati, MIDEO 6, 1959-1961, p . 260 261. Les limites du travail de pionnier du savant égyptien ont été soulignées par Lyons 12 , t. I , p. XXIII - XXIV , XXVIII - XXXI , XXXIII . On ajoutera que A. Badawi n'a pas utilisé , pour remédier aux défauts du Parisinus ar. 2346, la traduction latine d'Hermann et les commentaires arabes (voir Badawi 7 , p. h-t, et id . 8, p . ;), sauf dans quelques cas signalés dans les errata d'id . 8 , p. 342 343. Heinrichs 17 , p . 312 , signale aussi un article critique , en persan , d'E . Panoussi. 2) Lyons 12 , 2 vol. , XXXV - 404 p. , 305 col. (t. I : introduction en anglais, p. 1-XXXIII ; bibliographie , p. XXXIV ; texte arabe, p. 1-224 ; commentaire vi sant à dégager les différences entre la traduction arabe et le texte grec et à proposer certaines lectures de celui- ci, p . 225-404 ; t. II : glossaire grec -arabe, col . 1-158 ; glossaire arabe -grec, col. 159-305 ). Lyons a tenu compte , dans son édition , de la traduction d'Hermann et des commentaires arabes, surtout du Commentaire moyen de la Rhétorique par Averroès ( cf. Lyons 12 , t. I , p. XVI XXIII , XXXIII, apparat critique du texte arabe , commentaire ). C.r. par Heinrichs 17 , p . 312-316, et Wansbrough 27, p. 550-551 . Études d'orientation : Lyons 12 , introduction ; 34 M.C. Lyons , « On the Arabic of Aristotle's Rhetoric » , article à paraître, à New York , dans un numéro spécial de Paideia .
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Traduction arabo -latine. Rethorica, publiée en 1256 par Hermann l'Alle mand, constituée principalement de la traduction de la version arabe de Rhét. et, accessoirement, de quelques explications empruntées aux commentaires de Fārābi, d'Avicenne et d'Averroès. Sur les manuscrits de ce texte , jamais impri mé , sa date , son contenu , la réfutation du point de vue de ceux qui l'attribuent à Fārābi ou à Averroès, voir 35 W.F. Boggess , « Hermannus Alemannus's Rhetorical Translations» , Viator 2, 1971 , p . 236-250. On complétera cet article par les études suivantes: 1 ) Lyons 12 , t . I, p . XVI -XXIII , XXXIII , apparat critique du texte arabe et commentaire, examine en détail les rapports de la traduction de Hermann avec le Parisinus ar. 2346, établit la proche parenté des deux textes, tout en relevant, dans le premier, les traces d'une tradition manuscrite antérieure ou supérieure à celle du second , et se sert, sous certaines conditions, du latin pour l'établissement de l'arabe. 2) Grignaschi 11 apporte, p . 125-127 , des précisions sur la date et montre, p . 134-137 , que Hermann s'est appuyé sur des copies différentes d'une seule traduction arabe , celle-là même qui est représentée par le Parisinus ar. 2346. 3 ) Bottin 25 , p . 75-85 , établit, toutefois, que la traduction utilisée par l'auteur latin était un exemplar decur tatum ( absence de Rhét. II 15-17 , notamment). Bien que 36 B. Schneider, Die mittelalterlichen griechisch -lateinischen Übersetzungen der aristotelischen Rhetorik , coll . « Peripatoi > 2 , Berlin /New York 1971 , p . 1-3 , émette des doutes sur l'utilité de la traduction de Hermann pour la critique du texte grec, Kassel (cf. les références données dans la section sur la « Traduction arabe conservée ») et Bottin 25 se sont servis d'elle . LES COMMENTAIRES 1. COMMENTAIRES ANTIQUES SIGNALÉS PAR LES ARABES. L'information rapportée par quelques biobibliographes et, à leur suite, par plusieurs orientalistes, selon laquelle Alexandre d'Aphrodise aurait composé un commentaire de Rhét. , ne peut pas être considérée comme une preuve de l'existence d'un tel texte , car il s'agit, semble - t - il, d'une erreur due au dépla cement d'un feuillet dans la plupart des manuscrits du Ta'rīḥ al-ḥukamā' d'Ibn al-Qifți. Voir , à ce sujet, Steinschneider 1 , p . (71 ) , (83 )- (84) , (86) -( 87 ) ; 37 J. Lippert ( édit. ), Ibn al- Qifti's Ta'rīḥ al- ḥukamā'. Auf Grund der Vorar beiten Aug. Müller's, Leipzig 1903, p . 15 ; Heinrichs 5 , p . 107. Quoi qu'il en soit, on ne dispose actuellement d'aucune traduction arabe de commentaires antiques de Rhét. et l'on pourrait se demander, avec Badawi 7, p. ḥ, si Ibn al Samh ne fait pas allusion , dans son colophon ( traduit dans Lyons 12 , t. I, P. III), au peu d'intérêt des Anciens pour celle -ci. Cependant, certaines remar ques de Pārābi, d'Avicenne et d'Averroès renvoient peut-être à de tels textes : voir IV B , VB , VI B. II. KINDİ , M. B. MŪSA , GABIR , IBN BADR, IBN AL -HAYTAM , IBN AL - TAYYIB , BAGDADİ. Les biobibliographes signalent des commentaires de Rhét. par des auteurs arabes dont on n'a plus aujourd'hui d'ouvrages consacrés à celle -ci. Ces indica tions, pour brèves qu'elles soient, intéressent l'histoire de la philosophie ancienne dans la mesure où elles sont le signe d'une certaine continuité de la tradition des
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commentaires portant sur Rhét. , tradition qui pourrait bien relier Fārābi, Avicenne et Averroès à des auteurs antiques. Il n'est, par ailleurs, pas exclu que réapparaissent, un jour, des manuscrits de ces commentaires perdus. Nous signalerons ici des informations repérées par la recherche moderne. - Kindi (f vers M IX s .) . Selon 38 N. Rescher, The development of arabic logic, Pittsburgh 1964, p . 101 , et 39 id. , « Al-Kindi's Sketch of Aristotle's Organon », NSchol 37 , 1963 , p . 45 (cet article a été reproduit dans 40 id. , Studies in the History of Arabic Logic , Pittsburgh 1963 , p. 28-38), Kindi aurait rédigé un commentaire ou un abrégé de Rhét. et un commentaire d'un commen taire de Rhét. par Alexandre d'Aphrodise. Sur la première de ces affirmations, on notera, avec 41 R.J. McCarthy, Al-taşānif al-mansūba ilā faylasūf al -' Arab, Bagdad 1962, p . 50, 111 , qu'Ibn Abi Uşaybi'a († 1270 ) attribue effectivement à Kindi une Épître décrivant l'éloquence (Risāla fi şifat al-balāga ). L'intérêt de l'école de Kindi pour Rhét. a été souligné par Peters 2 , p . 28 (cf. Dodge 10 , t. II, p. 601-602). La seconde affirmation de Rescher provient de sources ( par ex. 42 G. Flügel, Al -Kindî genannt der Philosoph der Araber » . Ein Vorbild seiner Zeit und seines Volkes, dans ADMG I. Band, Nº 2, Leipzig 1857 , p. 8) erronées. Voir, à ce sujet, Steinschneider 1 , p . (87 ) , et Heinrichs 5 , p. 107 , Sur la place de Rhét. dans la classification des sciences et, plus particulièrement, dans la logique, on consultera, pour ce qui est de Kindi, Rescher 40, p. 28-38. - Muhammad b . Mūsă (ca 815-873 ) . Selon Rescher 38 , p . 106 , Abū 1 -Ġa'far Muhammad b . Mūsă aurait écrit un livre intitulé On the aims (aghrād) of the Rhetorica . 43 H. Suter, Die Mathematiker und Astronomen der Araber und ihre Werke..., Amsterdam 1981 ( réimpr. de trois publications parues en 1900, 1902 et 1897 ), p . 21 , auquel renvoie Rescher, écrit : « Ein Buch über das Wesen der Rede (Rhetorik ), von Muh . » Cette information vient d'Ibn al-Nadim qui a : « Kitāb ' alā mā'iyyat al- kalām maqāla li-Muhammad » , que Dodge 10 , t . II, p . 646 , traduit par « About the essence of speech , a treatise by Muhammad ». Le mot agrăd de Rescher n'apparaît donc pas dans ses sources. De plus, on devra se demander si kalām désigne ici Rhét. (Rescher ), la rhétorique (Suter), le discours en général ou la logique ( ce terme et ses dérivés ont parfois été utilisés pour rendre aóyos et ses dérivés : voir Lyons 12 , t. II, col . 90 , 276 ). De toute façon, il n'y aurait rien d'étonnant à ce que Muhammad b. Mūsă se soit intéressé à Rhét., les Banū Mūsā (père et fils) ayant, avec l'appui du calife al Ma'mūn (813-833 ), encouragé le mouvement des traductions et l'acquisition d'ouvrages grecs dans l'Empire byzantin. De Muhammad b. Mūsā, Ibn al- Qifti ( † 1248 ) écrit d'ailleurs qu'il a, entre autres, collecté des ouvrages de “ logique " (Lippert 37 , p . 442) . - Le corpus de Ğābir (IX-X° s . ) comporte le titre suivant: Notre livre dans lequel nous avons commenté le livre d'Aristote sur la Rhétorique et sur l'Éloquence en matière de Poésie et de Dialectique. 44 P. Kraus, Jābir ibn Hayyān , Contribution à l'histoire des idées scientifiques dans l’Islam , I : Le corpus des écrits jābiriens, coll. « Mémoires de l'Institut d'Égypte » 44 , Le Caire 1943 , p . 164 , n° 2586 , auquel nous empruntons cette traduction , remarque qu ' « il est possible que Jābir ait commenté la Rhétorique et la Poétique dans un ouvrage unique, mais le titre précité est équivoque » .
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- Ibn Badr ( ca 960 - ca 1020 ), logicien et mathématicien andalou, aurait composé une série d'abrégés des « huit livres de logique » (donc : Rhét. incluse, Poét. exceptée ): voir Rescher 38 , p . 144-145 ; Ibn al-Qifți (Lippert 37 , p . 225 ) ; 45 R. Blachère (trad .), Şa'id al-Andalusi, Kitâb Tabakât Al-Umam . Traduction avec Notes et Indices précédée d'une Introduction , Paris 1935 , p . 128-129 . - Ibn al -Haytam (Alhazen ) (ca 965-1039 ). Il aurait, selon Ibn Abi Uşaybi'a, composé une série d'abrégés des « sept livres de logique » . Alors que Rescher 38 , p. 145 , considère que cette collection ne devait pas comprendre Rhét ., Steinschneider 1 , p . (78), paraît admettre - à juste titre, nous semble -t- il - le contraire. · Ibn al- Țayyib (ca 980-1043) [Abulpharagius Abdalla Benattibus ). Ce célèbre philosophe nestorien de l'école de Bagdad (à laquelle avait appartenu aussi Ibn al -Samḥ († 1027 ), l'éditeur de la traduction arabe de Rhét . ) , qui recourait volontiers aux gloses alexandrines, a composé, entre autres, un grand commentaire ( tafsir) de Rhét . , dont on aurait tiré ensuite un abrégé: cf. Rescher 38 , p . 155-157 , et 46 K. Gyekye , Arabic Logic. Ibn al- Tayyib's Commentary on Porphyry's Eisagoge, coll. « Studies in Islamic Philosophy and Science » , Albany (N.Y.) 1979 , p . 20. Il est probable qu'Avicenne et Averroès aient visé le grand commentaire d'Ibn al - Țayyib dans leurs critiques de certains commentateurs antérieurs qu'ils ne nomment pas (voir les sections V B et VI B de cette notice). ' Abd al-Lațif al-Bağdādi ( 1162-3 à 1231-2) . Ce grand admirateur de la philosophie grecque et de Pārābi s'est intéressé, comme l'attestent plusieurs titres rapportés par Ibn Abi Uşaybi'a , à la tradition aussi bien arabe qu'aristotélicienne de la rhétorique. Dans ce dernier cas, il devait s'agir, nous semble -t-il, d'abrégés plus ou moins amples. Pour des informations plus détaillées, on se reportera aux ouvrages signalés dans Rescher 38 , p . 189-191 , plus particulièrement à Al Farabi de Steinschneider.
Les commentaires perdus, que nous venons de passer en revue , sont donc, pour la plupart des abrégés et, dans un cas, particulièrement important, un com mentaire nettement plus ample, la glose d'Ibn al- Tayyib. La suite de cette notice, qui envisagera, après la doxographie de ‘Amiri, les auteurs dont il nous reste encore des ouvrages consacrés à Rhét. , montrera que , pour chacun d'eux , l'on peut aussi distinguer entre abrégés et commentaires continus ( commentaire moyen ou grand commentaire). III. ‘ AMIRİ (D X s. - 992). 47 M. Minovi (édit. ) , Abū’l - Hasan Muhammad al - 'Amiri of Nēshābur, As Sa'adah waʼl-Is'ad (On seeking and causing happiness )... facsimile of the copy prepared by M.M. , Wiesbaden 1957-1958 , ouvrage à caractère doxographique, contient des citations, plus ou moins fidèles, de Rhét. Quatre sont explicitement référées à celle - ci (Minovi 47 , p . 51 , 94 , 270, 417) . D'autres, assez nom breuses, sont rapportées à Aristote, mais sans mention de l'intitulé de l'ouvrage concerné: par exemple, Minovi 47, p. 436-437 – dont certaines particularités lexicographiques sont plus proches du Commentaire moyen d'Averroès (Badawi 8 , p . 35 , 1-38 , 18 ) que de la traduction arabe de Rhét. (Lyons 12 , t . I,
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p. 19, 23-22, 3 ) ou du commentaire d'Avicenne ( Salem 9 , p . 58, 8-61, 15 ). ‘ Amiri s'est servi de la traduction arabe éditée, plus tard, par Ibn al -Samḥ, mais dont on a ici un témoin plus ancien. Mais ce n'est peut- être pas sa seule source pour ce qui est de Rhét.: a -t- il eu recours à des commentaires de celle - ci ? Un examen systématique de cette question reste à faire . Pour une présentation générale du Kitāb al-sa'āda wa - l -is'ād, on se reportera à 48 M. Arkoun , « La conquête du bonheur selon Abû-l-Hasan al-' Âmirî », SI 22, 1965 , p. 55-90, et, surtout, 49 A.J. Arberry, « An Arabic Treatise on Politics » , IQ 2, 1955 , p. 9-22, qui ne relèvent cependant pas tous les renvois explicites indiqués plus haut, ni d'ailleurs les citations de Rhét. non accompagnées de la mention du nom de celle -ci.
IV . FARABİ († 950 ). Sur les informations rapportées par les biobibliographes, voir Grignaschi 11 , p. 126-131 ; 50 id. , « Les traductions latines des ouvrages de la logique arabe et l’Abrégé d'Alfarabi», AHMA 47 , 1972, p. 45-60 et appendice I A, et Steinschneider 1 , p. (87), qui dénonce l'opinion selon laquelle Fārābi aurait commenté un commentaire de Rhét. par Alexandre d'Aphrodise. Il reste actuel lement deux textes de Pārābi consacrés in extenso à Rhét. ainsi qu'un certain nombre de remarques s'y rapportant mais dispersées dans l'ouvre de cet auteur . A. Le livre de la rhétorique (Kitāb al-batāba ) Cet ouvrage, conservé dans un recueil de courts traités logiques, serait, selon Langhade 11, p. 9-23 , un texte incomplet constituant le « début du Kitāb al Hatāba (ou Kitāb fi -l-Haţāba ) décrit par les fahāris comme un long commentaire de 20 tomes » , et, selon Grignaschi 11 , p.130-131 , et surtout 50 , p. 41 n. 2, p . 45-60 , appendice I A , un abrégé écrit par Fārābi et rattaché, après sa mort, au recueil susmentionné, que cet auteur aurait laissé inachevé. La ressemblance soulignée par 51 G. Schoeler, « Averroes' Rückwendung zu Aristoteles. Die 'Kurzen ' und die ‘Mittleren ? Kommentare zum Organon » , BO 37 , 1980, p. 297-298 , mais passée sous silence par Grignaschi 50 p . 56-57 , entre, d'une part, l'Abrégé de Rhét. par Averroès et, d'autre part, le Kitāb al- ḥațăba, tel qu'il nous est resté, prouve, au moins, que celui -ci n'est point tronqué. Voir aussi 52 C.E. Butterworth , « The Rhetorician and His Relationship to the Commu nity : Three Accounts of Aristotle's Rhetoric » , dans M.E. Marmura (édit. ), Islamic Theology and Philosophy (Mélanges George F. Hourani), Albany (N.Y.) 1984, p . 112-113 . Comme l'a montré Langhade 11 , p . 21-27, Kitāb al-hatāba se rapporte à Rhét. I, surtout. Une analyse serrée nous a conduit à la conclusion qu'il s'agit plus précisément d'un commentaire dépendant de la traduction arabe médiévale (sur celle -ci, voir supra ) de Rhét. I , chap. 2 et 3 , début ( avec utili sation du chap. 1 ), soit de l'exposé des principes les plus fondamentaux de la rhétorique. Les reformulations, les additions, les développements, les déplace ments, le point de vue logique prédominant, etc. , témoignent néanmoins d'une grande autonomie à l'égard de l'ouvrage du Maître. Brèves analyses de la structure et du contenu du Kitāb al-hatāba dans Butterworth 52 , p . 111-136 , 297-298 ; 53 H.A. Fareed , « Rhetoric in Arabic Philosophy» , Ur, 1982, II - III, p. 131-135 ; Langhade 11 , p . 9-27 ; Schoeler 51 ,
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p . 297-298 , et, surtout, 54 M.S. Galston , « Al- Fārābi et la logique aristoté licienne dans la philosophie islamique », dans M.A. Sinaceur ( édit.), Aristote aujourd'hui, Paris 1988 , p. 192-217 . Sur la critique de la médecine et de Galien : 55 F.W. Zimmermann , « Al- Farabi und die philosophische Kritik an Galen von Alexander zu Averroes » , dans A. Dietrich (édit. ), Akten des VII. Kongresses für Arabistik und Islamwissenschaft. Göttingen 15. bis 22. August 1974 , AAWG 98 , Göttingen 1976 , p. 401-414 . Éditions et traduction française sur les manuscrits de Bratislava et d'Istanbul. 56 J. Langhade (édit. et trad .), « Le Kitāb al-ḥațāba d'al- Pārābi» , texte arabe critique et traduction française, MUSJ 43 , 1968 , p . 61-177 ; Langhade 11 , p . 1-121 ( introduction en français avec plan détaillé du Kitab, p . 3-27 ; texte arabe et traduction française, p. 30-121 ) . C.r. par 57 F.W. Zimmermann , CCM 17 , 1974 , p. 263-265 ; 58 G. Vajda , JA 257 , 1969 , p . 191-194 ; 59 id. , Arabica 20 , 1973 , p . 311-313 ; 59bis H. Gätje, ZDMG 122, 1972 , p . 349-351 ; 60 M. Ullmann, OLZ 72, 1977, col. 193-195 . Édition sur le manuscrit de Bratislava seulement : 61 M.S. Salem ( édit .), Abū Nasr al Fārābi Kitāb fil-mantiq. Al-hatāba, Le Caire 1976 , 68 p .: introduction en arabe, p . 3-5 ; texte en arabe , p. 7-62 ; index des noms, des villes et des oeuvres, p. 63 ; index des principaux concepts, p. 64-66 . Salem , qui fournit une abondante et intéressante annotation, semble néanmoins avoir ignoré les éditions de J. Langhade . Traduction russe dans 62 Al- Fārābi, Logicheskie traktaty, Akademia nauk Kazahsko SSR. Institut filosofii i prava, Alma- Ata 1975 : introduction en russe concernant la totalité de l'ouvrage, p . 7-98 ; traduction en russe du Kitāb al hatāba, p . 439-526 ; notes y afférentes, p . 589-595 ; glossaire pour la totalité de l'ouvrage, p . 621-665 ; index de celui-ci, p . 666-670.
B. Didascalia in Rethoricam Aristotelis ex glosa Alpharabii Il est maintenant établi que ces Didascalia sont la traduction entreprise par Hermann l'Allemand, au cours de la période 1243-1256 , du début d'un grand commentaire de Fārābi, le Sarh kitab Al-hatāba li-Aristūtālis, plus précisément du prologue de cet ouvrage (Şadr li- kitab Al- hatába ), du textus du commen cement de Rhét. (Rhét. I 1354 a 1-4 ) et de l'explication de celui-ci. Voir, à ce sujet, Grignaschi 11 , p . 125-133 , 136 , 146 (post- scriptum ), dont les conclu sions sont largement confirmées par les analyses de Boggess 35 , p . 227-233, 236, 245-249. Du reste du Šarḥ, dont Avicenne et Averroès se sont certainement servis (cf. infra les sections consacrées à ces auteurs ), quelques phrases de la Rethorica (sur ce texte cf. supra , « Traduction arabo - latine » ) conservent la trace (Boggess 35 , p . 244-245) . L'original, lui-même, quoique très volu mineux, s'arrêtait à Rhét. III 9 (Grignaschi 11 , p . 131-132) . Fārābi s'est sans doute appuyé, dans son commentaire, sur la traduction arabe ancienne de Rhét. que nous avons déjà signalée (Grignaschi 11 , p . 133-138 ; point de vue différent dans Badawi 7 , p . ḥ-t) . En outre, certains renvois peuvent bien concerer des commentaires grecs (cf. Grignaschi 11 , p . 138-139 , ainsi que les réserves de Zimmermann 57 , p . 264-265 et de 63 M. Grignaschi, lui-même, « Al- Fârâbî et “ l'épître sur les connaissances à acquérir avant d'entreprendre l'étude de la philosophie ” » , Türkiyat Mecmuasi 15 , 1968 , p. 176) . Quoi qu'il en soit, le
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prologue, qui constitue la quasi- totalité des Didascalia , est fait selon un schéma alexandrin [ id. 63 , p . 192-199 ; id . 11 , p . 127-130, 146 (post-scriptum )]. Voir aussi 64 G. Schoeler, Einige Grundprobleme der autochthonen und der aristotelischen arabischen Literaturtheorie, Hāzim al- Qartāģanni's Kapitel über die Zielsetzungen der Dichtung und die Vorgeschichte der in ihm dargelegten Gedanken , coll. « Abhandlungen für die Kunde des Morgenlandes » 41 , 4 , Wiesbaden 1975 , p. 76-80 (à corriger par 65 id. , « Berichtigungen und Nachträge » , ZDMG 126 , 1976 , p . * 80* - * 81 *) , qui, exposant rapidement les différents procédés de la persuasion dans les Didascalia , évoque leurs relations avec la théorie théophrastienne de l’onóxploic ; 66 W.F. Boggess , « Alfarabi and the Rhetoric : The Cave Revisited », Phronesis 15 , 1970, p . 86-90 , qui, rappelant les origines alexandrines de l'inclusion de Rhet. dans l'Organon , attire l'attention sur la justification donnée , dans les Didascalia, de cet ordre : la rhéto rique correspondrait à la redescente du philosophe dans la caverne du mythe de Platon , Rép. VII. La Declaratio compendiosa, table des matières de Rhét. publiée pendant la Renaissance, est un extrait, révisé, des Didascalia (Grignaschi 11 , p. 142-147 ; Boggess 35 , p . 227-230 , 233-236, 246-249 ). Édition critique des Didascalia : Grignaschi 11 , p . 123-274 [ introduction en français , p . 125-147 ; texte latin et abondante annotation , p . 149-252 ; index des termes, p . 253-258 ; index des auteurs, p . 259-260 ; index des cuvres et des citations , p . 261-268 ; euvres citées dans l'introduction et les notes, p . 269-272 ; table des matières ( Didascalia ), p. 273-274) . C.r. par Zimmer mann 57 , p . 264-265, Vajda 59 , p . 313 , et Gätje 59bis, p . 349-351 . Lyons 12 , t. I, p. I , XXI , XXVII , apparat critique, commentaire, s'est servi des Didascalia pour l'établissement du texte arabe de Rhét.
C. Autres textes Divers textes de Fārābi ne traitant pas exclusivement de la rhétorique ont servi à retrouver la trace de théories ou d'auteurs antiques autrement inac cessibles. Il en est ainsi des justifications que donne cet auteur de l'inclusion de la rhétorique et de la poétique dans l'Organon et du lien établi, à cette occasion, entre l'imagination , l'imitation et l'action, à l'oeuvre surtout dans la poésie, mais aussi dans la rhétorique ; cf. R. Walzer, « Zur Traditionsgeschichte der aristo telischen Poetik » , dans 67 id. , Greek into Arabic. Essays on Islamic Philosophy, coll . « Oriental Studies » 1 , Oxford 1962, p . 129-136 ; Grignaschi 11 , p . 211 n . 1 ; id . 63 , p . 184-185 ; Heinrichs 5 , p . 130-154 , à rectifier par 68 G. Schoeler, « Der poetische Syllogismus. Ein Beitrag zum Verständnis der “ logischen ” Poetik der Araber » , ZDMG 133 , 1983 , p . 43-92 ; 69 D. Gutas , « Paul the Persian on the classification of the parts of Aristotle's philosophy: a milestone between Alexandria and Bagdad », Isl 60 , 1983 , p . 231-267 . De ce complexe, on rapprochera la thèse selon laquelle la rhétorique et la poétique peuvent exprimer symboliquement, grâce à l'imagination et à l'imitation, dans des domaines couverts par les confessions religieuses (milal) et l'activité des prophètes et des philosophes-rois, des réalités purement intelligibles ou non , thèse qui est, peut- être, aussi empruntée à des commentaires anciens et perdus mêlant, au noyau aristotélicien , des idées platoniciennes, néoplatoniciennes et
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stoïciennes. Explications et références dans : 70. R. Walzer, L'éveil de la philo sophie islamique, extrait de REIsl 38, 1970 , hors série 1 , Paris 1971 , p. 17-19, 65-68 , 73 ; « Al - Fārābi's Theory of Prophecy and Divination » , dans Walzer 67 , p . 206-219 ; « Platonism in Islamic Philosophy » , ibid . , p . 245-248 ; 71 R. Walzer, « Aspects of Islamic Political Thought: al- Fārābi and Ibn Xaldūn » , Oriens 16 , 1963 , p . 46-50 , 55 ; 72 R. Walzer, « Lost Neoplatonic Thought in the Arabic Tradition » , dans Le néoplatonisme ( Colloque CNRS , Royaumont 1969), Paris 1971 , p. 323-328 ; 73 W. Heinrichs, « Die antike Verknüpfung von phantasia und Dichtung bei den Arabern » , ZDMG 128, 1978 , p . 269-298 . Cependant, pour 74 H. Daiber, « Semitische Sprachen als Kulturvermittler zwischen Antike und Mittelalter. Stand und Aufgaben der Forschung », ZDMG 136 , 1986, p . 311-312 ; 75 id ., « Prophetie und Ethik bei Fārābi (gest. 339/950 ) » , dans C. Wenin (édit.) , L'homme et son univers au Moyen Age. Actes du Septième Congrès international de philosophie médiévale ( 30 août - 4 septembre 1982 ) , coll. « Philosophes médiévaux » 27 , Louvain La -Neuve 1986 , p .729-753 ; 76 id. , « The ruler as philosopher. A new inter pretation of al - Fārābi's view » , MALKAW , Nieuwe Reeks 49 , Nº 4 , 1986, p . 133-149 , Fārābi a bien pu ici élaborer, à partir d'Aristote et d'Alexandre d'Aphrodise, mais sans passer par la médiation d'un modèle antique, une solution philosophique au problème posé par la prophétie musulmane. Dans une partie, assez étrange pour la pensée islamique , de 77 M. Mahdi (édit . ), Alfarabi's Book of Letters (Kitāb al-Hurūf). Commentary on Aristotle's Metaphysics. Arabic Text edited with Introduction and Notes, coll . « Recherches publiées sous la direction de l'Institut de Lettres Orientales de Beyrouth , série I : Pensée arabe et musulmane » 46 , Beyrouth 1969, XV -254 p . , le philosophe arabo - turc expose l'histoire de la langue et de la culture, situant la rhétorique aussi bien vers le début du processus que du côté de sa fin ( cf. Heinrichs 73 , p . 273-284 ; Gutas 69, p . 257-260 ; 78 G. Vajda, « Langage, philosophie, politique et religion d'après un traité récemment publié d'Abū Nasr al -Fārābi » , JA 258 , 1970 , p. 250-260, qui évoque, en passant, des doctrines “ politiques” grecques dont Fārābi se serait inspiré). Enfin , à un passage du Kitāb al-alfāž al -musta 'mala fi l-manțiq portant sur les différentes sortes de mots (noms , verbes, articles) doit, sans doute , correspondre un texte antique intégrant et dépassant des idées d'Aristote ( exprimées notamment dans Rhét. ) , de Denys de Thrace et des stoïciens ( 79 H. Gätje, « Die Gliederung der sprachlichen Zeichen nach al Fārābi» , Isl 47 , 1971, p. 1-24 ).
V. AVICENNE († 1037 ) A. Des significations du livre Rhetoriké. Les traits du caractère et les passions de l'âme
Al-ħikmaal-'arūdiyya (ou Kitāb al-mağmū ), première summa rédigée par Avicenne, à l'âge de vingt et un ans, comporte, à côté d'autres traités de logique, un Fi ma'āni kitab Rīțūriqā ay al- balāġa fi l- ḥukūma wa - l- ḥaţāba ( Des significations du livre Rhetoriké, c'est- à -dire l'éloquence dans les affaires judiciaires et la rhétorique) et un Fi l-aħlāq wa - l- infi'ālāt al-nafsāniyya (Les traits du caractère et les passions de l'âme). Description du manuscrit et de son contenu : 80 G.C. Anawati , « La hikma 'arūdiyya d'Ibn Sinā » , dans Zeki
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Velidi Togan (édit. ), Proceedings of the Twenty - Second Congress of Orientalists ( Istanbul 1951), Leiden 1957 , t. II, p. 171-176 ; 81 M.S. Salem (édit. ) , Ibn Sinā, Kitāb al-mağmū'aw al -ḥikma al-'arūdiyya, fi ma'āni kitab Rițūriqā, Le Caire 1953, p. 3-4 , 10-14 , à compléter par le c.r. de 82 G.C. Anawati, MIDEO 1 , 1954 , p . 131-132 ; 83 D. Rémondon (édit . et trad . ) , « Al -aħlāq wa-l-infi'ālāt an -nafsāniyya » , dans Mémorial Avicenne, t. IV : Miscellanea , coll. « Publications de l'Institut français d'archéologie orientale du Caire » , Le Caire 1954 , p . 19-22 ; et surtout 83bis D. Gutas, Avicenna and the Aristotelian Tradition . Introduction to reading Avicenna's philosophical works, coll. « Islamic philosophy and theology. Texts and studies » 4 , Leiden /New York / København /Köln 1988, p . 87-93. Fi ma'āni est un résumé de Rhét. I, avec cer taines interversions dans l'ordre des idées et l'omission du dernier chapitre sur les preuves extra-techniques. Selon Salem 9 , p. (19)-(20 ) et id. 81 , p . 4, 10 12, Avicenne s'est appuyé, dans la rédaction de cet abrégé, sur la traduction arabe éditée par Ibn al-Samḥ (sur ce texte, cf. supra ), ainsi que sur des commen taires antérieurs. Quant au Fi l-ahlāq, « il suit directement la phrase qui termine expressément le dernier chapitre de Logique de la Hikma » (Rémondon 83 , p . 19), mais il s'agit, en réalité, d'un abrégé de Rhét. II, chap. 1-10, qui aurait dû , en principe, être intégré au Fi ma'āni, où il semble être annoncé (Salem 81 , p . 32-33 ). Cette anomalie serait due non à Avicenna , mais à un copiste intermé diaire, selon Gutas 83bis, p . 92-93 , qui ne partage pas , à ce sujet, les hésitations de Rémondon 83 , p . 19-22. Voir aussi , sur cette question, 84 Y. Mahdavi, Bibliographie d'Ibn Sina, Téhéran 1954, n° 62 (en persan ). Analyse de la structure et du contenu de Fi ma'āni, dans Butterworth 52 , p. 111-136, 297-298 , à rectifier, pour ce qui est du rattachement de Fi l-aħlāq à ce traité , par les références données ci -dessus . Voir aussi 84bis R. Würsch, « Die Lehre vom Enthymem in der Rhetorik des Aristoteles und ihre Weiter entwicklung bei Avicenna und Averroes » , à paraître dans Argumentations theorie : Scholastische Forschungen zu den logischen und semantischen Regeln korrekten Folgerns. 8. Europäisches Symposion für mittelalterliche Logik und Semantik , Freiburg im Breisgau (sur la classification des différentes sortes d'enthymèmes) ; 84ter J. Michot, « Avicenne et la destinée humaine. A propos de la résurrection du corps » , RPHL 79, 1981 , p . 468-483 ( sur la méthode rhétorique par opposition à la méthode symbolique ); Gutas 83bis, p. 292-293 (sur le mot Ritūriqā ). Fi ma'āni a été édité par Salem 81 , 86 p . (préface, p. 3-4 ; errata , feuille collée à p . 5 ; introduction, p. 6-14 ; texte et abondante annotation en arabe, p . 15-76 ; bibliographie, p . 77-81 ; table des matières , p. 82-86) . Fi l-aħlāq a été édité et traduit par Rémondon 83 , p . 19-29 ( introduction , p . 19-22 ; texte arabe, p . 23-26 ; traduction française, p . 27-29) .
B. La rhétorique Ce commentaire, beaucoup plus ample que le précédent, constitue la huitième partie ( que nous intitulerons, à la suite de Salem 9 , Al-hatāba (i.e. La rhéto rique )] de la quatrième somme (La logique) du Šifā '. Le philosophe arabo iranien suit d'assez près, dans cette Rhétorique, la totalité du texte d'Aristote. On notera toutefois, au niveau de la structure globale, certaines particularités. Les
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deux premiers chapitres de l'ouvrage du Stagirite sont détachés du reste de sorte qu'au lieu des trois livres de Rhét., Al-batāba en comporte quatre. Ceux - ci sont, à leur tour, divisés en sections ayant, le plus souvent, un titre ( ces divisions sont reproduites, avec quelques infidélités, dans la table des matières de Salem 9 et dans Langhade 11 , p. 24-25). Une section sur les rapports de la rhétorique avec les autres arts logiques, la démonstration et la dialectique surtout, est sans correspondant dans la Rhét. Al-hatāba n'est pas un grand commentaire en ce sens qu'elle n'est pas divisée en citations textuelles d'Aristote suivies d'explications. Il s'agit plutôt d'un commentaire moyen (les propos du Maître sont mêlés à ceux qui les clarifient), mais Avicenne a plus tendance à ajouter des développements qu'Averroès dans sa scholie du même type. La traduction arabe utilisée est celle éditée par Ibn al -Samḥ : cf. Salem 9 , p. ( 19)-(23 ) ; Grignaschi 11 , p. 133-137 ; opinion contraire dans Badawi 7 , p. h-t . Quoique aucun nom précis de commentateurs antérieurs ne soit mentionné, il est certain qu'Avicenne a eu recours à de tels auteurs : Fārābi et Ibn al- Țayyib , sans doute, et, peut-être aussi , à travers ces derniers ou même directement, des commentateurs antiques. Voir, à ce sujet, l'alinéa consacré supra ( II) à Ibn al- Țayyib ; Salem 9 , p. (20)- (22) ; Grignaschi 63 , p . 175-176 ; id. 11 , p . 132-133 , 138 , qui remarque, entre autres, que le livre introductif d'Al-ḥațāba rappelle les Didascalia de Fārābi et, du même coup , les prologues alexandrins. Aux références données par ces auteurs, on ajoutera le passage où Avicenne signale « certains» (commen tateurs ?) qui auraient évoqué « Criton , auteur du Livre sur l'ornement » ( Salem 9 , p . 67 ) . Schoeler 64, p . 73-81 (à rectifier par id. 65 , p . *80* - *81 *) a exposé rapi dement le système des différents procédés de la persuasion et Würsch 84bis, la classification des enthymèmes, dans Al-ħațāba. Fareed 53, p. 134-135 , notes y afférentes, fait quelques remarques intéressantes sur la signification du plan d'Al- ḥațāba, mais les chapitres de Rhét. qu'il dit ne pas avoir été commentés le sont en réalité. Al-ḥațāba a , par ailleurs, été utilisé par Lyons 12 (t. I, p . I, XXI , XXIII , XXVII , apparat critique, commentaire ), pour l'établissement de la traduction arabe de Rhét. Al-hatāba a été éditée par Salem 9 , XLVIII -268 p .: préface en français, p . 1-11 , et en arabe , p . ( 1) - ( 8 ) , d'I . Madkour; introduction de M.S. Salem, p . ( 11 ) - ( 30) ; texte arabe, p . 1-247 ; index des noms , p . 249-250 ; index des principaux concepts , p . 251-267 ( comporte des lacunes) . La préface de Madkour, ainsi que le c.r. de 85 G.C. Anawati, MIDEO 2, 1955 , p. 288-290 , contiennent un certain nombre d'inexactitudes relatives au plan : on les rectifiera au moyen des tables des matières et du texte lui-même. De brefs extraits d'Al-hatāba apparaissent dans la Rethorica de Hermann (sur ce texte, cf. supra « Traduction arabo -latine » ), ainsi que le signale Boggess 35, p. 239, 243-244, 246-247 .
C. Autres textes A en juger par les indications données par les bibliographies avicenniennes, d'autres ouvrages pourraient comporter des sections commentant tout ou partie de Rhét.: par exemple, Mahdavi 84 , n° 41 , nºs 115 et 116, auxquels corres pondent 86 G.C. Anawati , Millénaire d'Avicenne . Essai de bibliographie
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avicennienne , Le Caire 1950, n°8 42, 43 , 44 et 31. Mais, tant que ces textes n'auront pas été édités, il sera difficile d'établir leurs relations exactes avec Des significations du livre Rhetoriké (voir V A) et de dire , avec certitude, qu'il ne s'agit pas de passages semblables à ceux de la Nagāt ( une autre encyclopédie avicennienne ), où le philosophe iranien énonce quelques principes de rhétorique en s'inspirant de ses commentaires proprement dits, mais en ne suivant ni le plan de Rhét., ni le détail de son argumentation.
VI. AVERROÈS ( + 1198) Averroès a consacré à Rhét. un abrégé et un commentaire moyen .
A. Abrégé de la Rhétorique Sur l’Abrégé de Rhét., qui appartient à un ensemble de courts traités sur l'Organon, on peut faire les mêmes remarques que pour le Kitāb al- ḥatāba de Fārābi: cohérence interne qui lui est propre, point de vue logique prédominant, introduction de développements étrangers à Aristote , rapports avec Rhét. I surtout. La thèse de 87 C.E. Butterworth (édit. et trad .), Averroës' Three Short Commentaries on Aristotle's “ Topics”, “ Rhetoric ” , and “ Poetics” , coll. « Studies in Islamic Philosophy and Science » , Albany (N.Y. ) 1977 , préface et introduction , selon laquelle ce texte serait d'une très grande originalité et concernerait en priorité les rapports de la philosophie , de la politique et de la religion , notamment en milieu musulman , a été contestée par 88 L.V. Berman , c.r. de Butterworth 87 , JAOS 102, 1982, p. 562 ; 89 O. Leaman , « Does the interpretation of Islamic philosophy rest on a mistake ? », IJMES 12 , 1980, p . 525-538, repris, avec de légères modifications, dans 90 id ., An Introduction to Medieval Islamic Philosophy, Cambridge 1985 , p . 182-201 ; Schoeler 51 , p . 294-301 (Grignaschi 50 , p . 56-57 , en revanche, ne semble pas avoir vu la similitude de l’Abrégé d'Averroès avec le Kitāb al -ḥaţāba de Pārābi). Une source antique du court traité n'est donc pas invraisemblable. Voir, cependant, la réponse de 91 C.E. Butterworth à O. Leaman , « On Scholarship and Scholarly Conventions» , JAOS 106 , 1986 , p. 728-732. Sur la structure et le contenu de l'Abrégé, voir, outre les références précitées, Butterworth 52, p . 111-136, 297-298 . Cet ouvrage, qui n'a été conservé en arabe que dans deux copies écrites en caractères hébraïques, a été translittéré en arabe et traduit en anglais par Butterworth 87 , XI- 206 p . (préface, p.VII -IX ; introduction, p . 1-41; traduc tion anglaise de l’Abrégé de Rhét. , p . 57-78 ; notes de la préface et de l'intro duction , p . 85-102 ; notes de la traduction de l'Abrégé de Rhét. , p . 117-131 ; index des noms et des ouvres, p . 135-136 ; index des principaux concepts, p . 137-142 ; texte arabe de l’Abrégé de Rhét., p . 167-199) . C.r. par Schoeler 51 , p . 294-301 ; par 92 G. Vajda, Arabica 26 , 1979 , p . 195-198 ; par ' A. Badawi dans Revista del Instituto egipcio de estudios islámicos en Madrid 20, 1979-1980, p . 183-186 , et par Berman 88 , p . 562-563 , qui proposent quelques corrections dans le texte et la traduction . Pour l'historien de la philosophie soucieux de retrouver des courants de pensée antique, l'édition et la traduction de Butterworth ont rendu obsolètes les traductions hébraïques et latines de l’Abrégé de Rhét.
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B. Le Commentaire moyen à la Rhétorique Le Commentaire moyen de Rhét. ( Talþiş Kitāb al -hitāba ), rédigé en 1175 , appartient à une série de commentaires du même type consacrés à l'Organon . Il porte sur l'ensemble de Rhét. , à l'exception de Rhét. II 15-17 ( cf., à ce sujet, Bottin 25 , p . 75-85 ) . De tous les commentaires arabes de Rhét ., c'est le plus proche de celle-ci ( cf. Schoeler 51 , p. 294-301). Averroès y suit, d'habitude, pas à pas, le texte d'Aristote, combinant les explications apportées par le com mentaire aux termes du Maître . Les développements auxquels ceux -ci ne sont pas étroitement mêlés sont rares, quoique les applications aux problèmes suscités par la civilisation islamique soient fréquentes ( injections de concepts , exemples nouveaux , etc.) . L'opinion de Badawi 8, p. ț, selon laquelle Averroès ne s'est vraisemblablement pas appuyé sur la traduction représentée aujourd'hui par le Parisinus ar. 2346 , n'est partagée ni par 93 M.S. Salem (édit . ) , Ibn Rusd ( Averroès ), Talhiş Al-ḥațāba, Le Caire 1967 , p . 10 de l'introduction , ni par Langhade et Grignaschi 11 , p . 26, 133-137 , ni par Lyons 12 (t. I, p . I, XXI XXIII, XXVII, apparat critique, commentaire ), qui montre toutefois que la copie utilisée par le philosophe de Cordoue devait appartenir à une tradition antérieure ou supérieure à celle du manuscrit éclectique de Paris et plus proche de la copie dont s'est servi Hermann . Par ailleurs , l'absence de Rhét. II 15-17 témoigne de l'usage d'un exemplar decurtatum (Bottin 25 , p . 75-85 ) . Averroès a aussi eu recours à Fārābi et, très probablement, à Avicenne ( cf. Salem 93 , p. 10-11 de l'introd .; Grignaschi 11 , p . 131-133 ; Badawi 8 , p . y) . Le passage final du Commentaire moyen ne saurait, en outre, signifier, comme semblent le croire Badawi 8 , p . t - y , et, à sa suite, Grignaschi 11 , p . 138 , que le philosophe de Cordoue n'a disposé d'aucun commentaire d'origine grecque. Après avoir souligné les difficultés d'interprétation de Rhét. III, le Commentateur écrit, en effet (Badawi8 , p . 332 ; Salem 93 , p . 690 ): « Espérons que Dieu nous accor dera le loisir achevé pour examiner la quintessence des propos d'Aristote dans ces choses et, en particulier, dans ce dont il ne nous est parvenu aucun commen taire ( šarḥ ) d'auteurs satisfaisants de grands commentaires (li-man yurtadā min al-muffassirin < sur la signification du mot tafsir, grand commentaire sur le modèle des scholies alexandrines, cf. Grignaschi 11 , p . 136) . » Averroès semble donc admettre que, pour certaines parties de Rhét., il a disposé à la fois de grands commentaires non satisfaisants et de grands commentaires satisfaisants ( il s'agit peut-être, dans ce dernier cas, de Fārābi, dont le grand commentaire ( šarḥ au sens de tafsir) s'arrêtait à Rhét. III 9 : cf. IV B) et que, pour d'autres parties (à partir de Rhét. III 9 ?) , il a dû se contenter de grands commentaires non satisfaisants. Or le terme de tafsir, grand commentaire, s'appliquerait mal à Al þațāba d'Avicenne qui est plutôt un commentaire moyen . Aussi les grands commentaires non satisfaisants peuvent- ils bien être la glose d'Ibn al- Tayyib et même des scholies d'origine antique. Le Commentaire moyen de Rhét. a été édité par Badawi 8 , XVI - 344 p . ( table des matières, p . ģ - w ; introduction en arabe, p . z -yh ; texte arabe, p . 3-332 ; index des principaux concepts (non exhaustif), p . 333-338 ; index des noms, p . 339-340 ; index des æuvres, p . 340 ; errata , p . 341 ; errata (apportés à Badawi 7 , édit. de 1959) , p . 342-343 ] et par Salem 93 , XXXII -703 p . (intro duction en arabe , p . 5-24 ; texte arabe avec une abondante annotation , p. 1-690 ;
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index des noms, p. 693 ; index des principaux concepts (non exhaustif ), p. 694 698 ; table des matières, p . 699-703 ) . C.r. en français de Badawi 8 par 94 G.C. Anawati, MIDEO 6, 1959-1961, p . 261-263. Les éditions Badawi et Salem sont indépendantes l'une de l'autre et divergent sur de nombreux points. Il faut donc recourir aux manuscrits ( décrits notamment par 95 C.E. Butterworth et A.A. Haridi (édit. ), Averroes, Middle Commentary on Aristotle's Topics, coll. « Corpus commentariorum Averrois in Aristotelem , versionum arabi carum » 1 , a [6] , « American Research Center in Egypt» , Publ. n° 4, Le Caire 1979 , p . 48-50 de l'introd. angl.) ou, au moins, aux principales éditions partiel les et aux traductions du texte . 96 F. Lasinio (édit. ), Il commento medio di Averroe alla Retorica di Aristotele, pubblicato per la prima volta nel testo arabo, coll . « Pubblicazioni del R. Istituto di studi superiori pratici e di perfezio namento in Firenze . Sezione di filosofia e filologia. Accademia orientale » 1 , Firenze 1875-1878, 3 fasc ., 96 p. , a édité une partie du premier livre. Cf. aussi : 97 A.M.A. Sallam (édit . ) , Averroes' Commentary on the third Book of Aristotle's Rhetoric . First Edition of the Arabic Text, English Translation , Notes and Indices ( Thèse dactylographiée, Oriel College ), Oxford 1952-1953, XI-418 p . (résumé, p . II-V ; introduction, p . 1-16 ; traduction anglaise, p . 18 125 ; notes explicatives et historiques, p . 126-249; index des exemples arabes, p . 251-255 , grecs , p . 256-257 ; liste des paragraphes non commentés, p. 258 ; index des noms, p . 259-262 ; bibliographie, p . 263-267; texte arabe, p . 268 418 ) . La traduction hébraïque du Commentaire moyen de Rhét., achevée en 1337 par Todros Todrosi [98 J. Goldenthal (édit . ) , Averrois Commentarius in Aristotelis De arte rhetorica libros tres, hebraice versus a Todroso Todrosi Arelatensi, nunc primum ex codice bibliothecae senatoriae lipsiensis cum prole gomenis copiosissimis edidit J.G. , Leipzig 1842, XXXIV -231 p .) , a servi de base à Abraham de Balmes pour sa version latine, maintes fois imprimée au cours de la Renaissance [ la meilleure et la plus accessible de ces éditions étant 99 Aristotelis opera cum Averrois Commentariis, vol . II : Aristotelis de rhetorica et poetica Libri, cum Averrois in eosdem paraphrasibus, Venetiis apud Junctas 1562 (réimpr. Frankfurt am Main 1962) , fol. 69-156) . Un certain nombre de passages de l'ouvrage d'Averroès avaient d'ailleurs déjà été utilisés par Hermann l'Allemand dans sa Rethorica (sur ce texte cf. supra la section qui lui est consacrée) , comme l'indique Boggess 35 , p. 239-244 , 246-247 . Il n'existe aucune traduction moderne de la totalité du Commentaire moyen de Rhét., mais on trouvera une version anglaise du troisième livre dans Sallam 97 et une autre , française, du premier, dans 100 M. Aouad , Averroès, Commen taire moyen de la Rhétorique ( Thèse dactylographiée, Université Paris I) , Paris 1981 , 2 tomes, CCCXLV - 237 p. (t. I : traduction française du livre un, p . 1-221 ; plan , p. 222-237 ; t. II : introduction , p. IV-CCXLV ; index arabe -français des noms , des æuvres et des termes , p. CCXLVI-CCLXXXVI ; index français -arabe des noms, des euvres et des termes, p. CCLXXXVII - CCCXXIX ; bibliographie, p . CCCXXX -CCCXLII). La traduction annotée des trois livres est en cours de préparation . Lyons 12 (t. I, p. I, XXI-XXIII, XXVII , apparat critique, commentaire ), qui utilise le Commentaire moyen de Rhét. pour l'établissement de la traduction arabe, examine en détail les rapports de ces deux textes . D'une façon plus
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générale, les sources, la méthode et la doctrine du Commentaire moyen de Rhét. ont été examinés : 1 ) par 101 P. Thillet, « Réflexions sur la Paraphrase de la Rhétorique d'Aristote par Averroès », dans Multiple Averroès. Actes du Collo que International organisé à l'occasion du 850e anniversaire de la naissance d'Averroès. Paris 20-23 septembre 1976 , Paris 1978 , p . 105-116 ; 2) par Aouad 100 , t. II. Voir aussi 102 C.E. Butterworth , Rhetoric and reason : a study of Averroes' Commentary on Aristotle's Rhetoric ( thèse dactylo graphiée ), Chicago (Illinois ) 1966 , VII - 257 p.
L'examen de la tradition syro - arabe de la Rhétorique d'Aristote , que nous avons envisagée non du point de vue de son intégration dans la civilisation islamique, mais de celui de son utilité pour l'établissement et la restitution des textes antiques, n'a donc donné, jusqu'à maintenant, que des résultats parcellaires et , le plus souvent, de l'ordre du probable. Un grand progrès sera , sans doute, réalisé par la recherche, lorsque l'on aura comparé systématiquement les don nées ici rassemblées aux scholies grecques éditées par Rabe 32, qu'il s'agisse des fragments ou des commentaires byzantins du XII° s . , commentaires qui , s'ils n'ont pas directement influencé les auteurs arabes, se sont peut-être appuyés sur les mêmes sources qu'eux. MAROUN AQUAD .
LE CORPUS BIOLOGIQUE Dans les écrits d'Aristote tels qu'ils nous sont parvenus, le corpus biologique au sens strict comprend les traités suivants : TITRE LATIN animalium Historia animaux des Histoire Parties des animaux De partibus animalium Mouvement des animaux De motu animalium Marche des animaux Génération des animaux
De incessu animalium De generatione animalium
ABRÉV. HA.. PA. MA. IA. G.A.
BEKKER 486 a 5 - 638 6 37 639 a 1 - 697 6 30 698 a 1 - 704 b 3 704 a 4 - 714 b 23 715 a 1 - 789 6 20
Le cas des Petits traités d'histoire naturelle (Parva Naturalia ) et celui des fragments groupés sous le titre Zoïca seront traités séparément. Cf. 1 D.M. Balme, « Genos and eidos in Aristotle's biology », CQ 12, 1962, p . 81-98 ; 2 id ., Aristotle's De Partibus Animalium I and De Generatione Animalium I (with passages from II. 1-3 ), Oxford 1972 ; 3 id. , « The Place of Biology in Aristotle's Philosophy », dans 4 A. Gotthelf et J.G. Lennox (édit. ) , Philosophical Issues in Aristotle's Biology, Cambridge 1987 , p . 9-20 ; 5 id . , « Aristotle's use of division and differentiae » , dans 4 , p . 69-89 ; 6 id . , « Aristotle's biology was not essentialist » , avec deux appendices : ( i ) « Note on the aporia in Metaphysics Z » , ( ii ) « The snub » , dans 4 , p . 291-312 ; 7 id. , « Aristotle's Historia Animalium : date and authorship », à paraître comme introduction du volume III de l’Historia animalium de la coll. LCL; 8 L. Bourgey, Observation et expérience chez Aristote, Paris 1955 ; 9 S. Byl, Recherches sur les grands traités biologiques d'Aristote : sources écrites et préjugés, Bruxelles 1980 ; 10 J.M. Cooper, « Hypothetical necessity
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and natural teleology » , dans 4, p. 243-274 ; 11 H.J. Drossaart -Lulofs (édit. ), De generatione animalium , Oxford 1965 ; 12 I. Düring, Aristotle's De partibus animalium , Critical and Literary Commentaries, Göteborg 1943 ; 13 id ., Notes on the History of the Transmission of Aristotle's Writings, Göteborg 1950 ; 14 A. Gotthelf ( édit.), Aristotle on nature and living things. Philosophical and Historical Studies presented to David M. Balme on his Seventieth Birthday, Pittsburgh /Bristol 1985 ; 15 id ., « Notes towards a Study of Substance and Essence in Aristotle's Parts of Animals üi-iv » , dans 14 , p . 27-54 ; 16 id ., « First Principles in Aristotle's Parts of Animals » , dans 4 , p . 167-198 ; 17 id . , « Aristotle's conception of final causality » , dans 4 , p . 204-242 ; 18 W. Kullmann , Wissenschaft und Methode : Interpretationen zur aristote lischen Theorie der Naturwissenschaft, Berlin 1974 ; 19 id ., Die Teleologie in der aristotelischen Biologie : Aristoteles als Zoologe, Embryologe und Genetiker, Heidelberg 1979 ; 20 id. , « Different concepts of the final cause in Aristotle » , dans 14 , p . 169-175 ; 21 H.D.P. Lee , « Place -Names and the Date of Aristotle's Biological Works » , CQ42, 1948, p. 61-67 ; 22 id ., « The Fishes of Lesbos Again », dans 14, p. 3-8 ; 23 J.G. Lennox , « Teleology, chance and Aristotle's theory of spontaneous generation » , JHPh 20, 1982, p . 219-238 ; 24 id ., « Divide and explain : the Posterior Analytics in practice », dans 4 , p . 90-119 ; 25 id ., « Kinds, forms of kinds and the more and the less in Aristotle's biology » , dans 4, p . 339-359 ; 26 G.E.R. Lloyd , « The Development of Aristotle's theory of the classification of animals » , Phronesis 6 , 1961, p . 59 80 ; 27 id ., Magic, Reason and Experience, Cambridge 1979 ; 28 id ., Science, Folklore and Ideology. Studies in the life sciences in Ancient Greece, Cambridge 1983 ; 29 T.E. Lones, Aristotle's Researches in Natural Sciences, London 1912 ; 30 P. Louis, « Remarques sur la classification des animaux chez Aristote » , dans Autour d'Aristote. Recueil d'études de philosophie ancienne et médiévale offert à Mgr A. Mansion , Louvain 1955 , p. 297-304 ; 31 id . , « Les animaux fabuleux chez Aristote » , REG 80, 1967 , p . 242-246 ; 32 id. , La découverte de la vie : Aristote, Paris 1975 ; 33 M. Manquat, Aristote naturaliste, Paris 1932 ; 34 J.B. Meyer, Aristoteles Thierkunde : Ein Beitrag zur Geschichte der Zoologie, Physiologie und alten Philosophie, Berlin 1855 ; 35 M.C. Nussbaum , Aristotle's De Motu Animalium, Text with Translation , Commentary, and Interpretative Essays , Princeton 1978 ; 36 id. , « The " common explanation " of animal motion » , dans P. Moraux et J. Wiesner (édit . ) , Zweifelhaftes in Corpus Aristo telicum . Studien zu Einigen Dubia (Akten des 9. Symposium Aristotelicum ), Berlin 1983 , p . 116-156 ; 37 P. Pellegrin , La classification des animaux chez Aristote . Statut de la biologie et unité de l'aristotélisme, Paris 1982 ; traduction anglaise revue : Aristotle's classification of animals.Biology and the conceptual unity of the Aristotelian Corpus, Berkeley 1986 ; 38 id ., « Aristotle : a zoology without species » , dans 14 , p. 95-115 ; 39 id ., « Les fonctions explicatives de l'Histoire des animaux d'Aristote > , Phronesis 31 , 1986 , p . 148-166 ; 40 id . , « Logical difference and biological difference : the unity of Aristotle's thought», dans 4 , p . 313-338 ; 41 A. Preus, Science and philosophy in Aristotle's biological works, Hildesheim /New York 1975 ; 42 id ., « Eidos as norm in Aristotle's biology » , dans J.P. Anton et A. Preus (édit . ) , Essays in Ancient Greek Philosophy, Albany ( N.Y. ) , vol . II , 1983 , p . 340-355 ; 43 F. Solmsen , « The Fishes of Lesbos and their alleged significance for the
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development of Aristotle » , Hermes 106 , 1978, p . 467-484 ; 44 D'Arcy W. Thompson , On Aristotle as a Biologist, Oxford 1913 ; 45 Ch . Thurot , « Observations critiques sur le traité d'Aristote De Partibus animalium » , RA 1867 ( juillet-décembre ), p . 196-209, 233-242, 305-313 ; 1868 ( janvier-juin ), p . 72-88 . Avant d'aborder chacun des traités en particulier, nous dirons quelques mots sur les manuscrits renfermant tout le corpus biologique, sur les éditions collectives et sur les problèmes chronologiques. Tous les manuscrits comportant l'ensemble des traités sont récents , à une ou peut-être deux exceptions près. Le Vaticanus graecus 1339 ( P ) renferme, entre autres textes, tous nos traités. Sa datation est objet de controverses. Voici les positions de quelques interprètes : 46 W. Jaeger (édit.), De animalium motione, De animalium incessu, De spiritu , Leipzig 1913 , p . IX , Düring 12 , p . 39, Drossaart - Lulofs 11 , p . VII , le datent du XII° s .; 47 R. Mugnier, « Les manuscrits des Parva Naturalia d'Aristote » , dans Mélanges A.-M. Desrousseaux, Paris 1937 , p . 330 , du XIII ; 48 L. Dittmeyer ( édit.), Historia animalium , Leipzig 1907 , p . XII , 49 H. Rabe , Aristotelis De Anima liber B secundum recensionem Vaticanam , Berlin 1891 , 50 M. de Corte , « Étude sur les manuscrits du traité De l'âme d'Aristote > , RPh 1933 , p. 141-160, 261-281, 355-367, 51 E.S. Forster (édit .), De sensu et memoria , Budapest 1942, p. IX , 52 P. Louis ( édit.), Parties des animaux, Paris 1956 , p. XXXIII, Nussbaum 35 , du XIVe ou XVe s . Ce manuscrit présente des divergences assez importantes avec les autres manuscrits : voir, par exemple , un relevé de ces divergences pour le De anima par de Corte 50 , p. 267-277, ou un relevé plus partiel pour P.A. par Düring 12 , p . 44. Plusieurs raisons ont été invoquées pour expliquer ces divergences: soit que le copiste ait simplement été un correcteur intelligent sensible aux fautes des manuscrits à sa disposition, comme le pense 53 G. Biehl (édit. ), Parva Naturalia, Leipzig 1898 , p. X, soit qu'il ait eu accès à un modèle plus correct aujourd'hui perdu comme le pensent Biterrauf et, dans une certaine mesure , Düring, qui ne rejette pas la première explication . De Corte démontre de manière convaincante que le manuscrit P a, pour le De anima, « conservé une leçon d'époque très ancienne » (50, p. 280 ). Il n'est pas déraisonnable, même si le travail que de Corte a fait pour le De anima n'a pas encore été fait pour le corpus biologique, d'extrapoler ses conclusions à ce corpus, et d'accorder une place très importante au manuscrit P, même si on accepte la datation la plus récente . Le Parisinus graecus 1921 (m ) , que les éditeurs datent du XIVe s . , à l'exception de Düring qui le date du XII°, semble dépendre étroitement de P. Les éditions les plus remarquables renfermant l'ensemble des traités biolo giques sont les suivantes : 1497 1527 1531 1553
t. II de l'éd . adline publiée en 5 vol. entre 1495 et 1498 ( édition princeps ). Aristotelis Opera de Animalibus, Florence, « omnia ex exemplaribus N. Leonici Thomaei diligenter emendata » . éd . collective de Bâle, avec une préface d'Érasme et des corrections de Simon Grynée. t. III de l'éd . aldine de 1551-1553, éd . revue par J.-B. Camotius ( Camozzi ).
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éd . collective de Lyon : texte de Sylburg revu par Casaubon, avec une trad. latine de Gaza, sauf pour H.A.X traduit par J.-C. Scaliger. éd . lyonnaise, texte grec et trad. latine de Gaza pour H.A., P.A., G.A., Scaliger pour H.A.X, H.-L. Thomas pour L.A. Éd. de Julius Pacius.
1831 1854 1937-...
éd . de Bekker : le corpus biologique se trouve dans le vol. I. éd. Firmin -Didot vol. III, texte grec et traduction latine de Bussemaker. éd . LCL : texte grec avec quelques variantes (mais sans véritable apparat critique) et trad . anglaise de A.L. Peck pour H.A. I-VI, P.A , G.A., et E.S. Forster pour LA . et M.A.D.M. Balme devrait bientôt publier le dernier volume de l'H.A .
1956-1973
éd . du corpus biologique dans la CUF par P. Louis en 6 vol., texte critique et trad . française.
Il faut aussi signaler un certain nombre de traductions anciennes qui sont importantes non seulement pour qui s'intéresse à la diffusion des cuvres d'Aristote, mais pour l'éditeur moderne des textes lui-même. Si nous laissons de côté les traducteurs nestoriens dont la tradition nous a conservé le nom et qui traduisirent les textes aristotéliciens en syriaque puis en arabe, il faut d'abord mentionner l'intense activité de traduction des auteurs grecs qui se développa à Bagdad sous le règne d'Haroun - el -Rashid et de son successeur. C'est sous ce dernier que le médecin Ibn al-Batriq traduisit H.A., P.A. et G.A. en arabe. On assista ensuite , à la faveur des contacts latino -arabes en Espagne, Sicile et Italie, à un mouvement de traduction des æuvres d'Aristote en latin à partir de leur version arabe. En ce qui concerne les traités biologiques, la traduction la plus fameuse est sans doutecelle de Michel Scot, astrologue du roi Frédéric II de Sicile . Cette traduction , effectuée au moins partiellement à Tolède, au début du XIII s. , pourrait avoir été faite à partir de la traduction d'Ibn al - Batriq. Sous le titre De animalibus elle comporte dix -neuf livres. La traduction de Guillaume de Moerbeke, faite au XIII s . sur un texte grec
(ou plus vraisemblablement plusieursmss grecs), est particulièrement impor tante pour les éditeurs modernes, car Guillaume de Moerbeke a eu accès à des mss aujourd'hui perdus et certainement plus anciens que les nôtres. Parmi les nombreuses traductions latines effectuées à partir du XVe s. , il faut avant tout signaler celle de Théodore de Gaza parue en 1476 à Venise sous le titre De animalibus en dix -huit livres (neuf pour H.A., quatre pour P.A. , cinq pour G.A.), dédiée au pape Sixte IV . C'est Gaza qui imposa l'ordre actuel des livres de H.A. et établit la suspicion sur l'authenticité de H.A. X. Le problème de la chronologie du corpus biologique a deux aspects : externe et interne. L'absence, et peut-être l'impossibilité, d'une étude stylométrique rend aléatoire toute tentative pour trancher définitivement sur ce point. Nous ne ferons donc qu'indiquer les thèses soutenues par les principaux commentateurs. 54 W. Jaeger, Aristotle. Fundamentals of the History of his Development, trad . R. Robinson ; 2e édit. , Oxford 1948 , cantonnait les recherches " empiri ques” d'Aristote et donc la rédaction des traités biologiques à la dernière période de la vie du philosophe, qui aurait abandonné la spéculation métaphysique pour se tourner vers des recherches plus positives. Jaeger s'oppose ainsi surtout à Zeller et Bernays, qui attribuaient tous les traités d'Aristote , biologiques ou non , que nous avons conservés à la dernière période de sa vie.
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ARISTOTE DE STAGIRE
D'Arcy Wentworth Thompson a soutenu au contraire que l'activité biolo gique d'Aristote se situait lors de son séjour à Lesbos, ce que montrent les références géographiques que l'on trouve dans le corpus biologique. D'Arcy Thompson a été largement suivi sur ce point, même si c'est avec certaines corrections et nuances par H.D.P. Lee 21, 55 W.D. Ross, « The Development of Aristotle's Thought» , dans Aristotle and Plato in the Mid - Fourth Century, Göteborg 1960 , p . 1-17 , 56 P. Moraux , Les listes anciennes des ouvrages d'Aristote, Louvain 1951 , 57 I. Düring, Aristotle in the Ancient Biographical Tradition , Göteborg 1957. 58 F. Nuyens , L'évolution de la psychologie d'Aristote, Louvain 1948 , s'appuyant sur sa thèse selon laquelle Aristote a professé trois théories successives des relations entre l'âme et le corps, attribue H.A. et P.A. à la période intermédiaire et G.A. à la dernière période de la vie d'Aristote. Pour ce qui est de la chronologie inteme, une sorte d'accord général s'était fait sur l'ordre de succession suivant : H.A. , P.A. , G.A. Les tenants de cette position prétendaient l'appuyer à la fois sur des considérations doctrinales (ainsi F. Nuyens pour G.A. ) et sur des renvois internes, ce qui donnerait à cet ordre chronologique la caution d'Aristote lui-même. On peut en fait montrer que les renvois internes se réfèrent à un ordre systématique, explicitement voulu par Aristote , qui ne permet pas de conclusions chronologiques certaines ( cf. Pellegrin 37) . Parmi les auteurs qui ont contesté cet ordre traditionnel tout en restant dans une perspective chronologique, il faut signaler D.M. Balme 3 , 7 , qui pense que l'H.A. est le dernier ouvrage biologique d'Aristote. Une place spéciale doit être faite aux hypothèses chronologiques de I. Düring, même si beaucoup de ses conclusions sont maintenant rejetées par de nombreux spécialistes. Düring 12 pensait pouvoir repérer trois cours successifs professés par Aristote. Le premier aurait consiste en un ensemble de traités sur les parties des animaux, la génération , la nourriture, les actes des animaux, la santé et les maladies, les meurs des animaux - traités qui devaient être regroupés plus tard dans l'H.A . telle que nous la connaissons - auxquels il faut ajouter M.A. Le second cours aurait laissé des traces dans les traités suivants de notre corpus : De resp ., P.A. II -IV , De juvent., De vita, De sensu et De anima en version ancienne, peut-être Météor. IV. Le troisième cours aurait été constitué, après mise en ordre, remaniements et additions de la séquence suivante : P.A. I. , H.A., P.A. II- IV , 1.A., De anima, M.A., P.N., G.A. A. HISTORIA ANIMALIUM Authenticité et tradition manuscrite . La comparaison des différentes listes anciennes d'ouvrages d'Aristote montre que l'H.A . était connue dans l'Antiquité sous le titre nepi cówv lotopías ( Appendice du Catalogue anonyme), nepi cówv rolothTwv (Catalogue de Ptolémée ). L'ouvrage avait neuf ou dix livres, mais il semble bien , selon une hypothèse soutenue en premier lieu par Camus, que le dixième livre soit le 'nè un yevvãv du Catalogue de Diogène ( nepi toŨ un yevvãv de l'appendice du Catalogue anonyme), traité que nous avons conservé mais qui est généralement considéré comme apocryphe, notam ment parce qu'il professe une doctrine de la génération incompatible avec celle qu'Aristote expose par ailleurs. L'authenticité avait été soutenue par Gesner et Scaliger , au siècle dernier par L. Spengel, et plus récemment par J. Tricot,
CORPUS BIOLOGIQUE
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P. Gohlke et par Balme, ce dernier expliquant par un décalage chronologique les divergences entre H.A. X et G.A. De plus, pour Balme, H.A. X n'appartient pas réellement à l'H.A . mais est un traité indépendant. Outre ce Vaticanus gr. 1339 ( P ) évoqué plus haut, les éditions modernes de l'H.A . reposent sur trois mss principaux : le Marcianus gr. Z 208 ( Aa) du XIII s . en neuf livres dans l'ordre I - VI, VIII , IX , VII ; le Laurentianus LXXXVII - 4 du XIV° s. qui contient G.A., H.A. en dix livres, Problemata, Physica, I.A., De sensu , M.A., Long. vit ., Juv ., Resp . Plus correct que le précédent, mais issu du même modèle que lui d'après Dittmeyer 48; le Vaticanus gr. 262 (Da ), du XIV ° s. , contient l'H.A . en dix livres. Les citations et allusions des auteurs antiques à des faits relevés par l’H.A . sont nombreuses. Mais cela ne veut pas dire que ces auteurs aient eu entre les mains l'H.A . telle que nous la connaissons et qui est issue de celle d'Andronicus. During pense qu'Athénée ne fait pas ses nombreuses citations de l'H.A . à partir de cette édition, qui était pourtant utilisée par les commentateurs des II et III s.: 13 , p . 40 (voir les références qu'il donne pour montrer qu'il en est de même pour Sénèque, Quintilien, Plutarque, Lucien ). Balme pense aussi que les auteurs anciens ont eu plutôt recours à des sources intermédiaires qu'à notre texte. Si la thèse de l'inauthenticité globale de l'H.A . n'a guère été soutenue, nombreux sont les interprètes qui ont mis en doute l'authenticité de certains livres ou passages du traité. Certains ont en effet eu tendance à expliquer par l'intervention postérieure d'autres auteurs la présence , incontestable, de textes difficilement conciliables. 59 V. Rose , Aristoteles pseudepigraphus, Leipzig 1863 , avait donné une forme séduisante à cette hypothèse d'une pluralité d'auteurs en supposant que les ouvrages, notamment biologiques, d'Aristote étaient, à l'intérieur du Lycée, mélangés à ceux de Théophraste ( hypothèse d'autant plus tentante qu’Aristote se réfère plusieurs fois à un traité Des plantes qui pourrait alors être l'euvre de son successeur à la tête de l'école ). L'hypothèse de Rose , même si elle a entraîné la conviction de 60 O. Regenbogen , art. « Theophrastos» , RESuppl. VII, 1940 , col . 1423-1426, est finalement trop peu fondée textuellement pour être retenue . Aubert et Wimmer ( cf. infra « Éditions ») ont supposé que les livres VII et IX, ainsi que la fin du livre VIII (à partir du chap. 21 ) , étaient inauthentiques. Dittmeyer les a suivis pour les livres VII et IX . Quant à l'opinion de Düring, selon laquelle il y aurait une H.A. " originaire ” traitant des parties des animaux et qui se limiterait aux six premiers livres de l'H.A ., opinion acceptée par Moraux 56 , elle a été efficacement réfutée par Balme 7 : ainsi le fait qu'Athénée cite l'H.A . sous le titre nepl Cówv popiwv vient-il sans doute de l'habitude qu'avaient les anciens de citer une æuvre par ses premiers mots . La division de l'H.A . en livres est elle -même objet de divergences. Louis 52, p . XXI , affirme qu'elle « ne remonte probablement pas à Aristote lui-même, alors que Balme 7 , p. 17 , soutient que « the present division into books is probably original». Il est à remarquer que tous les mss , sauf le Laurentianus LXXXVII 1 , placent le livre VII après le livre IX . Éditions et traductions remarquables. En dehors des éditions collec tives déjà citées, on peut signaler :
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Toulouse
1619
Paris
1783
Leipzig
1811
Leipzig
1868
Leipzig
1907
Texte de Casaubon , trad. latine et important commentaire de J.-C. Scaliger, en dix livres. éd . A.-G. Camus en deux volumes, t. I : texte grec et trad. française, t. II : commentaires. Peut être considérée comme la première édition critique au sens moderne. Pas de livre X. éd . I.G. Schneider, 4 vol., t. I : texte grec avec préface et index ; t. II et III : commentaire latin ; t. IV : traduction latine de Scaliger corrigée. éd . H. Aubert et F. Wimmer, 2 vol., texte et trad, allemande avec un important commentaire à la fois philologique et zoologique. éd . L. Dittmeyer dans la coll. Teubner, texte grec critique.
On peut en outre signaler les traductions suivantes : Londres
1809
Frankfurt
1816
Stuttgart London Paris Oxford Paderborn Paris
1856-1857 1862 1883 1910 1949 1957
trad . anglaise des livres I - IX et des Physiognomonica par Th. Taylor. trad. allemande des livres I- IX par F. Strack. trad . allemande des livres 1-X par H. Külb. trad . anglaise des livres I-X par R. Cresswell. trad . française de J. Barthélemy- Saint-Hilaire en 9 livres. trad. des livres I - IX par D'Arcy W. Thompson. trad. allemande des livres I- X par P. Gohlke. trad. française des livres I- X par J. Tricot.
Relations entre l'H.A . et les autres traités biologiques . H.A. consigne plus de faits relatifs aux animaux que tous les autres traités biologiques réunis. Cela a incité les commentateurs à attribuer à H.A. un statut spécial dans le corpus biologique, celui d'une sorte de banque de données qui livrerait les faits “ bruts ” que les autres traités auraient pour fonction d'expliquer. Ce caractère documentaire semble encore accentué par les mentions qu'Aristote fait lui-même des planches anatomiques qui accompagnaient l'H.A . et qui sont aujourd'hui perdues. Parmi toutes les analyses qui vont en ce sens, nous citerons l'une des plus convaincantes: 61 F. Dirlmeier, Merkwürdige Zitate in der Eudemischen Ethik des Aristoteles, Heidelberg 1962 , note qu'Aristote emploie le verbe Ypapeiv pour se référer à l'H.A ., ce qui n'est pas le cas pour ses références aux autres traités, accentuant ainsi l'impression que l'H.A . était un ensemble d'infor mations écrites auxquelles ses auditeurs pouvaient se référer. Le risque demeure cependant, si l'on s'en tient à ce seul point de vue, d'opérer une sorte de dévaluation théorique de H.A. Ce traité prend en effet place dans la recherche étiologique aristotélicienne elle-même, et n'est pas un écrit “ préscientifique " : l'H.A . considère les animaux du point de vue de la "causalité matérielle ". Cf. Pellegrin 37 . B) DE PARTIBUS ANIMALIUM Authenticité et traduction manuscrite. Bien que ce traité n'apparaisse que dans l'appendice du catalogue anonyme sous le titre nepl Cowv popiwv en trois livres et dans le Catalogue de Ptolemée sous le titre περί ζωϊκών μορίων en quatre livres, et que les citations explicites en soient rares dans l'Antiquité (nous avons vu notamment que les références d'Athénée qui reprennent le titre de P.A. se rapportent en fait à H.A. ) , son authenticité ne fait pas de doute . On peut
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considérer que des ouvrages comme le livre XI ( du moins sa deuxième partie ) de l'Histoire naturelle de Pline ou le De Usu Partium de Galien , même s'ils ne donnent pas de références explicites (sauf une fois chez Galien , Methodi medendi I 3 , t . X, p. 26 Kühn ), auraient été impossibles dans la forme que nous leur connaissons si leurs auteurs n'avaient pas eu à leur disposition un texte très proche de celui que nous avons ( cf. les références parallèles chez Aristote et Pline dans 62 A. Ernout ( édit.), Pline l'Ancien , Histoire naturelle, livre XI, Paris 1947, Introduction , p. 6-17 ). La tradition manuscrite présente quelques problèmes intéressants que nous évoquerons en signalant quatre mss principaux. Le Parisinus gr. 1853 (E ) du X * s. est le ms. de base , parce que le plus ancien et le meilleur. Malheureusement, à partir du fol. 345 (i.e. IV 5 , 680 b 36), le ms . est beaucoup plus récent, sans doute du XVe s . , et n'est plus intéressant pour l'éditeur. Ce ms. a été décrit par 63 F.H. Forbes, CR 27, 1913 , p . 249-252 , 64 id. , CPh 10 , 1915 , p. 188-214, qui s'en est servi pour son édition des Météorologiques. Il a déjà été question du Vaticanus gr. 1339 ( P ). L'Oxoniensis ( Corpus Christi College) 108 ( Z ) comprend P.A., L.A., G.A., Long. Vit. et De spiritu , tous ces traités avec des gloses. Maas (cf. 65 H.J. Drossaart -Lulofs , « Some notes on the Oxford ms . Corp. Christi 108 » , Mnemosyne 13 , 1947 , p . 294 ) , Drossaart - Lulofs 11 , et 66 A. Wartelle , Inventaire des manuscrits grecs d'Aristote et de ses commentateurs, Paris 1963 , le datent des IX-Xe s . , les autres interprètes du XII° s . Il comporte des lacunes : 640 b 24-644 a 25 , c'est- à -dire environ la moitié du livre I, 675 a 30 -b 27 , 694 a 13-697 b 30 ; de plus, l'ordre des passages est plusieurs fois interverti. A partir du livre IV le copiste change. Le Vaticanus gr. 261 ( Y ) du XII ou XIV ° s .: ms . proche de E ( cf. Jaeger 46 , p . VI avec la référence à Freudenthal), mais qui présente de telles divergences avec les autres mss entre 691 b 28 et 695 a 27 ( passage qui, remarquons -le, est perdu dans la partie ancienne de E) qu'on peut considérer que nous avons là une seconde version du texte, à tel point qu'alors que Bekker avait dans son texte fait un compromis entre Y et le reste de la tradition manuscrite, 67 B. Langkavel (édit. ), De partibus animalium , Leipzig 1868 , p . 134-138 , a mis les deux versions face à face en appelant la version de Y « editio posterior» , tandis que Bussemaker adoptait purement et simplement la leçon de Y dans l'édition Didot. L'hypothèse a été avancée qu'il s'agissait d'une version originale, cuvre d'Aristote lui-même, notre texte en étant une version revue. Combattue par Thurot 45 , p. 202, cette thèse, que Torstrik avait soutenue dans son édition du De anima (Berlin 1862 ), a été méticuleusement réfutée par Düring 12 , p. 67 80 : Düring minimise beaucoup l'intérêt de Y en en faisant une sorte d'exercice de style du copiste. Il apparaît immédiatement que P.A. est fait de deux ouvrages différents : le livre I et les livres II - IV . Le livre I a surtout retenu l'attention des philosophes qui l'ont considéré comme une sorte de « discours de la méthode biologique » du fait des sujets qui y sont abordés : nécessité et finalité, relations de la matière et de la forme, situation de la biologie parmi les sciences physiques, etc. De ce fait, plusieurs éditions de
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ce seul livre I ont été données ( cf. infra ). En fait, il ne faut pas oublier le carac tère polémique de ce livre I : des critiques très vives sont portées d'abord contre les “ Physiciens ”, considérés comme des mécanistes, notamment Démocrite et Empédocle, puis contre ceux qui emploient la " dichotomie ”, derrière lesquels la tradition a reconnu les platoniciens. Mais l'importance théorique de ce texte n'en est pas diminuée pour autant : il se révèle irremplaçable pour ceux qui, aujourd'hui, s'efforcent de montrer que les mêmes concepts sont à l'euvre dans les écrits logiques, physiques et métaphysiques et les écrits biologiques d'Aristote (cf. Balme, éd . Oxford 1972 , Pellegrin 37) . Les livres II - IV examinent du point de vue de la causalité finale les différentes "parties” des animaux : ils apportent donc des explications mais pas de faits nouveaux par rapport à H.A. Éditions et traductions remarquables. Il y a peu d'éditions anciennes séparées de P.A .: avant le XIXe s . il faut donc se reporter aux éditions collectives déjà mentionnées. Signalons l'éd . du texte par B. Langkavel, coll. BT, Leipzig 1868.
Traductions seules ou éditions partielles : Praha
1819
trad. allemande du livre I par F.N. Titze, dans Aristoteles über die wissenschaftliche Behandlungsart der Naturkunde.
London Paris Paris
1882 1885 1945
trad. anglaise de W. Ogle ; 2e éd . revue, Oxford 1911 . trad . française de J. Barthélemy -Saint-Hilaire. éd . et trad . du livre I avec commentaires par J.-M. Le Blond , dans
Oxford
1972
Aristote philosophe de la vie. Aristotle's De Partibus Animalium I and De Generatione Animalium I (with passages from II. 1-3 ), translated with notes by D.M. Balme. D) DE INCESSU ANIMALIUM , DE MOTU ANIMALIUM
Le court traité que le catalogue de Ptolémée recense sous le titre Nepi Cow nopelas en un livre est consacré, dans la même perspective d'explication finaliste que P.A., aux différents modes de locomotion des différents animaux. Ce texte a été conservé toujours avec d'autres traités, dans trente manuscrits, dont les éditeurs retiennent généralement cinq : du Vaticanus gr . 1339 ( P ), qui contient tout le corpus biologique, et de l'Oxoniensis Corpus Christi 108 ( Z ), qui contient aussi P.A., G.A., Long. Vit ., De spiritu, il a déjà été question ; il faut leur ajouter deux Vaticani graeci : n° 260 du XI s. ( U ) et n° 261 du XII ° ou XIV ° s. ( Y ), et le Laurentianus LXXXI 1 (S) du XII ou XIII S. Le Iepi Cówv XIVHOEwç se trouve sous ce titre à la fois dans l'appendice du Catalogue anonyme et dans celui de Ptolémée. Nous possédons ce texte dans quarante manuscrits, les éditeurs étant d'accord pour les répartir en deux familles. La première famille comprend notamment le Parisinus gr. 1853 ( E ) du X ° s. et Y ; la seconde S , P, le Marcianus gr. Z 214 (Ha), l'Ambrosianus 435 ( X ). 68 M.C. Nussbaum ( édit . ) , Aristotle's De motu animalium . Text with translation , commentary and interpretative essays , Princeton 1978, p . 13 , distingue deux sous-familles dans la seconde famille. Elle conclut surtout que les progrès dans notre connaissance de cette seconde famille doivent nous amener à
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CORPUS BIOLOGIQUE
rejeter le parti-pris de P. Louis qui, à la suite de Bekker, donnait une préférence écrasante à la première famille dans l'établissement du texte. Le sujet de M.A. est plus large que celui de L.A. en ce qu'y sont abordés les problèmes du mouvement des vivants en général et non pas seulement de leur déplacement local . L'authenticité de ce traité a été contestée à la suite de Rose, Brandis et Zeller. Mais aujourd'hui la thèse de l'authenticité semble l'emporter, et M.C. Nussbaum 68 , p. 3-10, répond de manière convaincante aux arguments contre l'authenticité.
Éditions et traductions remarquables 69 A. Preus, Aristotle and Michael of Ephesus On the Movement and Progression ofAnimals, translated with introduction and notes, Hildesheim /New York 1981 ( traduction anglaise des deux traités et de leur commentaire par Michel d'Éphèse ). 70 J. Kollesch, Aristoteles, Über die Bewegung der Lebewesen . Über die Fortbewegung der Lebewesen , Berlin 1985 ( traduction allemande commentée , dans la collection de l'Akademie - Verlag ). E) DE GENERATIONE ANIMALIUM Authenticité et tradition manuscrite . Ce traité figure sous le titre Tepl Cówv YEVÉoews en trois livres dans l'appendice du Catalogue anonyme et en cinq livres dans le Catalogue de Ptolémée. L'authenticité n'est pas douteuse : Aristote se réfère souvent à ce traité dans ses autres écrits biologiques et, parmi les auteurs antiques, Galien le cite à plusieurs reprises, souvent longuement, dans le De semine. Les principaux mss ont déjà été mentionnés : Z (Drossaart -Lulofs 11 , p . VII, appelle Z les corrections et annotations que porte Z ; cf. pour Z Drossaart Lulofs 65 ) , P, Y. On peut aussi signaler : Laurentianus LXXXI 1 , du XIIe XIII s . (S). Datation . Avant que Balme ne propose l'hypothèse selon laquelle H.A. est le dernier des traités biologiques d'Aristote, les interprètes étaient d'accord pour attribuer cette dernière place à G.A. Là aussi il y a eu glissement d'un ordre systématique voulu par Aristote, indéniable celui-là, même si les textes qui le fondent ont été ajoutés après coup, à un ordre chronologique ( cf. Pellegrin 37). Dans l'ordre systématique, G.A. est effectivement dernier en ce qu'il examine les vivants du point de vue de la " cause motrice " et clôture ainsi le programme de recherche d'Aristote sur les animaux. Quant aux arguments chronologiques de Nuyens évoqués plus haut, ils ont été réfutés par 71 Ch. Lefèvre, Sur l'évolution d'Aristote en psychologie, Louvain 1972. Éditions et traductions remarquables. L'histoire de l'édition de ce traité est comme couronnée par le travail remarquable de Drossaart -Lulofs 65. Cette édition tient compte non seulement des mss grecs connus , des traductions latines anciennes, mais aussi de la traduction arabe d'Ibn al-Batriq . Cf. 72 J. Brugman et H.J. Drossaart - Lulofs, Aristotle Generation of Animals, the Arabic Translation commonly ascribed to Yahya al-Bitriq, edited with Introduction and Glossary, Leiden 1972.
PIERRE PELLEGRIN .
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ARISTOTE DE STAGIRE
L'ORGANON . TRADITION GRECQUE 1. L'ORGANON DANS SON ENSEMBLE On appelle traditionnellement Organon l'ensemble des oeuvres conservées d'Aristote qui traitent (ou qui ont été considérées comme traitant) de la logique. Dans les manuscrits médiévaux comme dans les éditions modemes, cet ensemble comprend, selon l'ordre usuel et sous leur titre traditionnel, les six traités suivants : TITRE GREC
Κατηγορίαι
TITRE LATIN
Categoriae
TITRE FRANÇAIS
NOMBRE DE LIVRES
Catégories
Cat.
1
De l'interprétation Premiers Analytiques
Int.
1
APr.
2
Seconds Analytiques
APO.
2
Тор .. SE
8 1
Περί ερμηνείας ''Avalutixà npótepa Αναλυτικά ύστερα
De Interpretatione Analytica Priora Analytica Posteriora
Τοπικά
Topiques Topica De Sophisticis Elenchis Réfutations sophistiques
Tepi TÕV ODIOTIKWV
ABRÉV.
ελέγχων On trouvera les titres sous lesquels Aristote lui-même se réfère à ses propres ouvrages dans 1 H. Bonitz , Index Aristotelicus, Berlin 1870 ; réimpr. Graz 1955, VIII-878 p. , s.v. « Aristoteles » , col . 97 b 41 - 98 a 27, 102 a 19-53. Aristote n'est responsable ni du regroupement de cet ensemble, ni de son titre traditionnel, ni du choix de traités qu'il comprend, ni de l'ordre dans lequel ils sont rangés; mais l'origine en est ancienne. On trouvera les informations les plus complètes et les discussions les plus récentes, sur ces différents sujets, dans 2 P. Moraux , Les listes anciennes des ouvrages d'Aristote, coll . « Aristote : Traductions et études» , Louvain 1951 , X -392 p . , et dans 3 P. Moraux , Aristo telismus bei den Griechen . Von Andronikos bis Alexander von Aphrodisias, t. I : Die Renaissance des Aristotelismus im I. Jh . v. Chr., coll. « Peripatoi » 5 , Berlin 1973 , XX -535 p .; t. II : Der Aristotelismus im 1. und II. Jh. n. Chr., coll . « Peripatoi > 6 , Berlin 1984, XXX - 825 p . Le titre d'Organon , qui signifie " outil” , “ instrument" , se réfère à l'idée, typique de l'école aristotélicienne, que la logique n'est pas une partie constitutive de la science ou de la philosophie (comme le penseront les stoïciens), mais un instrument pour l'acquisition et/ou l'organisation de la connaissance. Aristote lui-même, bien qu'il soit considéré à juste titre comme le créateur de la logique, n’use du mot loyixós qu'en un sens généralement péjoratif ( que l'on pourrait rendre par “verbal” , “ formel”, “ superficiel”, “ abstrait" ); en l'absence d'un concept unifié de la logique, il parle soit d'analytique pour désigner la théorie du raisonnement en général et du raisonnement scientifique en particulier, soit de dialectique pour désigner la théorie du raisonnement dialogué . La conception “ organique” ou “ instrumentale” du statut de la logique, si elle n'est pas explicite chez Aristote, pouvait cependant s'appuyer sur divers indices textuels : d'abord , l'absence de la logique dans la classification officielle ” des sciences chez Aristote (Metaph. E 1 ) ; ensuite, un certain nombre de textes affirmant qu'il est nécessaire, avant d'aborder quelque science que ce soit ,
ORGANON – TRADITION GRECQUE
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d'acquérir une formation propédeutique, méthodologique et formelle, parfois désignée simplement sous le nom de “ culture ” (naideia , cf. PA I 1 , 639 a 1-15 ; EN I 4, 1094 b 23-27), parfois identifiée plus précisément avec la connaissance des Analytiques (Metaph. r 3 , 1005 b 2-5 ; 4 , 1006 a 5-7 ). On peut aussi suggérer que les péripatéticiens ont pris appui sur le rapprochement entre deux passages des Topiques: dans l'un (I 14 , 105 b 19-29), Aristote divise les prémisses et problèmes de la dialectique en trois classes : éthiques, physiques et logiques; dans l'autre (I 11 , 104 b 1-12) , il distingue les problèmes pratiques, les problèmes théoriques, et les problèmes dont la solution sert d'auxiliaire (ouvepyov ) à celle des précédents. La superposition ( sans doute illégitime en soi) de ces deux classifications suffit à déterminer le statut de la logique comme organon. Cette conception de la logique était probablement déjà celle des premières générations de l'école aristotélicienne. On la trouve développée , en tout cas, chez les commentateurs anciens d'Aristote : Alexandre d'Aphrodise , In APr. , p . 1,3-4,29 Wallies (CAG II 1 , 1883 ) ; Ammonius, In APr., p . 8 , 15-11 , 21 Wallies ( CAG IV 6 , 1889 ) ; Philopon , In APr., p . 6 , 19-9 , 20 Wallies (CAG XIII 2 , 1905 ); Olympiodore, In Cat., p. 14, 18-18, 2 Busse (CAG XII 1 , 1902 ). Dans la division des écrits du Stagirite qui fait autorité à l'époque de ces commentateurs, les ouvrages de logique sont regroupés sous la rubrique ópyavixá : cf. Ammonius, In Cat ., p. 4 , 30–5 , 4 Busse (CAG IV 4, 1895) ; Simplicius , In Cat., p . 4 , 23 et 29 Kalbfleisch (CAG VIII, 1907 ) ; Philopon , In Cat., p. 4, 27-36 Busse (CAG XIII 1 , 1898 ); Olympiodore, In Cat ., p.7 , 26-28 Busse (CAG XII 1 , 1902 ); David (publié dans le CAG sous le nom d'Élias ), In Cat ., p. 117, 9-13 Busse (CAG XVIII 1 , 1900 ). Si la logique est un instrument qu'il faut se mettre en mains avant d'en faire usage, il est normal que l'on ait pris l'habitude de placer l'Organon en tête du corpus aristotélicien . Les décisions fondamentales à cet égard semblent avoir été prises par Andronicos de Rhodes (1®), qui avait écrit un ouvrage en cinq livres Sur la liste des livres d'Aristote, et qui édita l'ensemble des æuvres du Stagirite « en les divisant en traités et en réunissant les sujets parents entre eux » ( cf. Porphyre, Vita Plotini 24 , 9-11 ), travaux qui sont à l'origine de la “ renaissance " de l'aristotélisme à partir de cette date . Nous savons qu'Andronicos conseillait de commencer l'étude d'Aristote par la logique : cf. Philopon , In Cat., p . 5, 18-23 Busse (CAG XIII 1 , 1898 ); David [ Élias ), In Cat ., p . 117 , 22-24 Busse (CAG XVIII 1 , 1900 ). Il est hautement probable qu'il avait placé l'Organon en tête de son édition, et très vraisemblable qu'il ait utilisé la désignation d'Organon. Cette place initiale est restée celle de la collection dans les manuscrits médiévaux , comme dans les éditions modernes et contemporaines. Elle a assuré à l'Organon une notoriété, un prestige et une diffusion immenses, comme par l'effet d'une sorte de rente de situation : on a toujours abordé avec courage le massif du corpus aristotélicien, quitte à se décourager au bout d'un temps plus ou moins long. C'est ainsi que les manuscrits conservés de l'Organon sont plus nombreux que ceux des autres æuvres d'Aristote, et ceux des Catégories plus nombreux que ceux des autres parties de l'Organon (cf. 4 A. Wartelle, Inventaire des manuscrits grecs d'Aristote et de ses commentateurs, Paris 1963 , XXII - 199 p.).
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Le contenu de l'Organon : les six traités de l'Organon traditionnel n'ont pas toujours été regroupés en un ensemble, et ils n'ont pas toujours été les seuls à être regroupés dans cetensemble.
On dispose à cet égard des documents suivants : (a) Le catalogue des ouvrages d'Aristote transmis par Diogène Laërce V 22 27 ( et, avec quelques variantes, par une Vie d'Aristote anonyme, connue sous le nom de Vita Menagiana et provenant vraisemblablement de l'Onomatologue d'Hesychius de Milet ). Ce catalogue reflète un état préandronicien de l'ordon nance du corpus ; on s'accorde pour en situer l'origine à la fin du III ° s. av . J.-C., mais non pouren identifier l'auteur : Hermippe, bibliothécaire alexandrin, selon une thèse anciennement répandue, ou Ariston de Céos , scholarque du Lycée, selon Moraux 2 , p . 211-247 ( cf. le résumé des discussions ultérieures dans Moraux 3 , t. I, p . 4-5 n. 2). Le catalogue tel que le donne Diogène Laërce contient une grande quantité de titres groupes qui se rapportent visiblement à la logique et à la dialectique (titres n° 25-73), mais qui ont peu de chose en commun avec notre Organon et ses parties. Cat. et Int. ne figurent pas dans ce groupe, mais apparaissent plus loin ( n ° 141 et n ° 142) , presque à la fin de la liste , au milieu d'un groupe de collections de Coutumes et de Constitutions, localisation aberrante qui laisse soupçonner une interpolation ultérieure. APr. est mentionné dans le catalogue (n° 49), mais avec l'indication de neuf livres ; on peut supposer, soit que les deux livres que nous connaissons avaient été regroupés avec d'autres livres conservés ou perdus , soit qu'ils avaient d'abord été subdivisés en un plus grand nombre de parties plus petites. Cette seconde hypothèse est rendue vraisemblable par la mention qui suit, celle d'APO. (nº 50 ), avec l'indication de deux livres qualifiés de "grands” : chacun des deux livres d'APO . devait être plus long que chacun des neuf livres en lesquels APr. s'était d'abord trouvé divisé. Top. figure dans la liste (nº 55) sous le titre poi npò TÕV TONIKÕV a ' B'y'8' ' s'b' , c'est - à -dire en sept livres ;mais la comparaison avec Hesychius a permis de corriger cette mention sous la forme Ópoi npo tōv
7 , Leiden 1924 ) et en espagnol (12 C. Quirós Rodriguez (édit. ) , Averroes : Compendio de Metafísica . Texto árabe con traducción y notas, Madrid 1919). Quant au Commentaire moyen, s'il suit de plus près le texte d'Aristote , il n'est en fin de compte que d'un faible secours pour la connaissance de la Métaphysique arabe (cf. Bouyges 4, p. XCVIII) . Au demeurant, perdu dans l'original arabe, il ne peut se lire qu'en traduction hébraïque ( inédite ) et partiellement ( pour les sept premiers livres ) dans une version latine faite sur l'hébreu (sur leurs
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caractéristiques et leur intérêt relatif, voir Bouyges, 4 , p. LII-LIV , LXXXI LXXXII et XCVII -XCVIII). Le Grand Commentaire, en revanche, présente un intérêt considérable, tant pour les hellénistes que pour les historiens de la falsafa. Dans ce Tafsir, qui mar que le couronnement de son cuvre philosophique, le Commentateur cordouan suit mot à mot le texte de la Métaphysique arabe . Chaque citation de la Métaphy sique, plus ou moins longue ( textus), est suivie d'un commentaire , qui reprend sous forme de lemmes le textus, phrase par phrase, proposition par proposition. Pour ce , Averroès met à contribution sa riche documentation : les commen tateurs grecs qu'il peut lire en arabe et dont il cite – non sans les critiquer - de larges extraits, au premier chef Alexandre d'Aphrodise, Thémistius, Théo phraste, Nicolas de Damas, mais aussi les différentes traductions dont il dispose : celle d'Astāt, la plus ancienne et la principale (voir ci -dessous en 5 ), celle de Nazif ibn Aymān (pour A ) , celle d'Ishāq ibn Hunayn (version de base pour a et version citée dans le commentaire d'autres livres), celle de Yahyā ibn ' Adi ( citée en A) , celle d'Abū Bishr Mattā ( citée en A , avec le commentaire d'Alexandre ). L'abondance de ces traductions témoigne à elle seule de l'importance que les Arabes des IXe et Xe siècles attachaient à l'œuvre d'Aristote , comme de leur souci toujours renouvelé d'en donner une version qui fût satisfaisante .
5. Les traductions arabes de la Métaphysique (a) La traduction d'Astāt, avons -nous dit ci-dessus, fut faite directement sur le grec : elle est la plus ancienne et aussi, autant qu'on peut en juger par la comparaison , quand elle est possible, celle qui épouse le plus étroitement le texte d'Aristote. C'est aussi celle que nous connaissons le mieux, grâce au Commen taire d’Averroès, qui la reproduit dans ses textus et ses lemmes, à moins qu'il ne la cite à titre de seconde traduction, quand une autre traduction sert de base . Enfin , là même où elle n'est pas choisie par le Commentateur comme traduction principale , nous pouvons la lire, recopiée en marge du manuscrit du Tafsir par une main anonyme et reproduite dans l'édition de Bouyges . Au total, nous possédons , à part quelques brèves lacunes, une traduction Astāt pour a (version parallèle ) , B , C , A , E , Z , H , O , I ( version principale) et 1 ( sauf rares exceptions, version parallèle pour les Textus 1 à 38 , version principale pour les Textus 39 à 58) . Les livres K, M et N, qui n'ont pas été commentés par Averroès, ne nous sont connus dans aucune version arabe (sur l'absence de K dans le Tafsir, voir Bouyges 4, p . CLI), mais il est tout à fait plausible de conjecturer, sur la foi d'Ibn al -Nadim , qu'ils faisaient partie de la version Asțăț . Quant à A , qu'Averroès commente dans la traduction de Nazif ibn Aymān, on peut penser, avec 13 F.E. Peters , Aristoteles Arabus. The Oriental translations and commentaries on the Aristotelian corpus, Leiden 1968 , p . 50, que, pour une raison ou une autre, la version Astāų n'était pas à la disposition d'Averroès. (b ) Selon les quelques lignes capitales consacrées par Ibn al -Nadim à la Méta physique, Isḥāq ibn Hunayn (m. en 910) aurait traduit a (Fihrist, p. 251 , 26 ) et « plusieurs livres» ( li. 31 ) . Le premier renseignement concorde avec ce que nous apprend le Grand Commentaire d'Averroès, puisque nous lisons les mots « traduction d'Isḥāq » dès la p . 3 , li . 6 , au commencement du premier textus. Peut-être est-ce aussi sa traduction qu'il faut reconnaître dans une « seconde traduction » ou « autre traduction » , citée et commentée par Averroès en r, o et
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I. Par ailleurs, le texte du Fihrist, peu clair, n'interdit pas de penser, avec 14 J. Tkatsch , Die arabische Übersetzung der Poetik des Aristoteles und die Grundlage der Kritik des griechischen Textes, t. I, Wien 1928, p . 83 a, li. 17 , et Peters 13 , p . 50, qu’Isḥāq traduisit l'ensemble de la Métaphysique. Traduit - il directement du grec ou sa version repose -t-elle sur un intermédiaire syriaque ? Il est difficile d'en décider : Ishaq excellait dans sa connaissance du grec , du syriaque et de l'arabe; d'autre part, la critique interne ne s'oppose à aucune des deux hypothèses. Sur ce grand traducteur d’Aristote, d’Euclide, d'Archimède et de Ptolémée, voir l'article de 15 Strohmaier dans 8, t . IV , p. 115 . (c ) Il est un autre traducteur, moins connu, que mentionne le Fihrist ( p. 251 , 30) , c'est Shamli (IX° siècle) , à qui Ibn al- Nadim attribue la traduction de A ( Bouyges 4 , p. CXXXI , et Peters 13 , p . 52) . Est- ce à Shamli qu'Averroès emprunte, à la p . 1525 , 10, sa « troisième traduction » et , ici et là, une « autre traduction >> ? (d) Le seul nom de traducteur que nous lisions sous le calame d'Averroès est celui de l'écrivain chrétien du Xe siècle, Yahyā ibn ' Adi, auquel il emprunte un assez long extrait (en 1463, 5-8, qui correspond à Métaphysique 1070 a 2-7) . Ibn al-Nadim ne cite Yaḥyā ibn ` Adi que comme traducteur de M (Fihrist, p. 251, 26-27) . Un bibliographe tardif, Ibn al-Qifti (t en 1248 ), lui attribue un com mentaire de a ( Ta'rikh al-ḥukamā' (édité par J. Lippert sous le titre Gelehrten lexikon , Leipzig 1903 ), p. 361 ; cf. Bouyges 4, p . CXL ). 16 M. Steinschneider, Die arabischen Übersetzungen aus dem Griechischen, Leipzig 1897 , p . 373 , semble suggérer qu'il aurait traduit toute la Métaphysique (sur la foi d'une lecture possible d'Ibn al-Qifți? cf. Bouyges 4, p . CXVIII , apparat critique) . Enfin , « supposer un intermédiaire syriaque serait dans la ligne des rensei gnements fournis par les historiens pour d'autres traductions de Yahyā ; et la critique interne ne s'y opposerait pas » ( Bouyges 4, p . CLXXIX ). (e) Du livre A , seule la seconde moitié (de 987 a 6 à 993 a 27 ) est commentée par Averroès (Bouyges 4 , p . CL ). Absent dans la traduction Astāt dont disposait Averroès (voir supra ), ce livre est commenté dans une version qu'une annotation marginale ( Tafsir, p. 55 , 5 ) attribue à Nazif ibn Aymān. Une autre annotation du manuscrit du Tafsir le crédite d'une traduction du « treizième livre » (Bouyges 4, p. LVI ) , que Peters 13 , p. 52, assimile à M. Sur ce traducteur, le Fihrist reste muet, tout au moins dans le passage qui concerne la Métaphysique. Mais il est question ailleurs d'un mathématicien et médecin , du nom de Națif, contemporain d'al- Nadim (Xe siècle ): est - ce du même qu'il s'agit ? ( Bouyges 4, p . CXXII ). Si oui, on peut supposer qu'il traduit directement du grec ; la critique interne ne s'oppose pas à cette hypothèse (Bouyges 4, p. CLXXVI). ( f) Même silence du Fihrist à propos d'Ibn Zur'a (m . en 1008 ). Mais « ce silence n'équivaut pas à une négation » (Bouyges 4 , p . CXXIII ), car Ibn Zur'a mourut une vingtaine d'années après la composition du Fihrist. Au demeurant, l'annotation qui cite Nazif (Bouyges 4, p. LVI) mentionne Ibn Zur'a comme le traducteur du « douzième livre » , soit K, selon Peters 13, p. 49. (g) Abū Bishr Mattā (m . en 940 ) est cité par le Fihrist pour avoir traduit « le livre A avec le commentaire ( tafsir) d'Alexandre » (p. 251, 27). Ce grand connaisseur d'Aristote , connu par ailleurs pour sa traduction de la Poétique (cf. Tkatsch 14, t . I, Wien 1928, t. II, Leipzig 1932) , fut, selon 17 R. Walzer, « On
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the Arabic versions of Books A, a and A of Aristotle's Metaphysics », dans son recueil d'articles Greek into Arabic . Essays on Islamic philosophy, coll. « Oriental Studies » 1 , Oxford 1962, p. 114-128 ( pour cette opinion, p. 119), « one of the leading figures in the tenth -century Baghdad Christian - Arabic School of Aristotelian studies» . On peut croire avec Bouyges que c'est à sa traduction du Tafsir d'Alexandre qu'Averroès emprunte , outre de nombreuses citations, la plupart des 38 premiers textus de A ( 1069 a 18 à 1072 b 16) - que nous pouvons comparer avec la version Astāt, recopiée en marge du manuscrit et reproduite par Bouyges dans son édition . En l'absence de l'original grec, perdu, ce commentaire d'Alexandre n'était connu que dans une version hébraïque, faite sur l'arabe, et une version latine, faite sur l'hébreu ( éd. Landauer ). Seuls restent de la traduction arabe d'Abū Bishr Mattā les fragments conservés par Averroès. Ces extraits, cités et commentés par Averroès, ont été étudiés et traduits par 18 J. Freudenthal ( édit .), Die durch Averroes erhaltenen Fragmente Alexan ders zur Metaphysik des Aristoteles, untersucht und übersetzt von J.F. Mit Beiträgen zur Erläuterung des arabischen Textes von S. Fränkel, Berlin 1885 . Selon Freudenthal et Fränkel, ibid ., p. 55 , et p . 79 n. 1 , la traduction fut faite sur le syriaque, ce que confirme la critique interne (Bouyges 4, p . CLXXVII CLXXVIII). ( h ) Enfin, indépendamment des traductions fournies par le Tafsir d'Averroès, il faut signaler une version arabe anonyme du livre A : 19 Abu -1 Ela Afifi, « An Ancient Arabic translation of the Book A of the Metaphysics of Aristotle » , dans Bulletin of the Faculty of Arts of the University of Egypt, vol. V, part I (May 1937 ) . En fait, elle ne comprend que les deux tiers du livre et diffère totalement des traductions du Tafsir (Bouyges 4, p . CXXXIX - CXL ). 6. Caractère général des traductions arabes de la Métaphysique Les Arabes, avons -nous dit, furent dans un premier temps tributaires des auteurs syriaques. Quand, aux IXe et Xe siècles, la collecte des manuscrits eut mis à la disposition des traducteurs l'original grec de bien des œuvres antiques, le syriaque servit encore d'intermédiaire entre le grec et l'arabe. Sans doute y avait- il des traducteurs gréco -arabes ( Astāt par exemple ), mais la plupart des traducteurs étaient spécialisés soit dans la translation gréco - syriaque, soit dans la translation syriaco -arabe, soit, plus rarement, dans les deux , comme Isḥāq ibn Hunayn , à qui nous devons, nous l'avons vu , une version arabe de a . Or, cette méthode indirecte, ordinairement, n'aggrave pas (ou n'aggrave que peu) l'écart entre le grec et l'arabe : la plupart des traductions, en effet, épousent étroitement le texte grec (ou syriaque ). De ce parti -pris du mot-à-mot, il résulte que si l'ouvre ne gagne pas en clarté (il s'en faut de beaucoup, singulièrement pour la Métaphysique : Bouyges 4, p. CLVI), du moins les traductions arabes permettent elles de lire souvent en filigrane les modèles grecs qui ont servi de support - sans que pour autant il soit possible de rattacher d'une façon sûre telle traduction arabe à telle famille de manuscrits grecs (Bouyges 4 , p. CXXXVI). Outre cette littéralité servile, les anciennes traductions arabes de la Métaphysique présentent pour l'helléniste un autre intérêt : elles sont pour la plupart antérieures à nos plus anciens manuscrits grecs de la Métaphysique (E et J sont du Xe siècle) . Déjà 20 M. Bouyges , « La critique textuelle de la Métaphysique d'Aristote et les
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anciennes versions arabes» , dans MUSJ 27, 1947-1948 , p. 147-152 ; id . 4 , P. CLVIII S. , Walzer 16 et Jaeger ( dans son édition de la Métaphysique ) ont mis à profit les leçons que laisse entrevoir un examen attentif des anciennes versions arabes. Bibliographie complémentaire. 21 Ch . Genequand, Ibn Rushd's Meta physics. A translation with introduction of Ibn Rushd's Commentary on Aristotle's Metaphysics, Book Lâm , coll. « Islamic Philosophy and Theology » 1 , Leiden 1984 ; 22 M. Horten , Die Metaphysik des Averroes ( m . 1198 ), nach dem Arabischen übersetzt und erläutert, coll . « Abhandlungen zur Philosophie und ihrer Geschichte » 36, Halle 1912 ; 23 A. Martin , Averroès. Grand Com mentaire de la Métaphysique d'Aristote (Tafsir ma ba'd al- tabi'at), livre Lam Lambda , traduit de l'arabe et annoté , coll. « Bibliothèque de la Faculté de Philosophie et Lettres de l'Université de Liège » 234 , Paris 1984 ; 24 A. Müller, Die griechischen Philosophen in der arabischen Überlieferung, Halle 1873 ; 25 R. Paret, « Notes bibliographiques sur quelques travaux récents consacrés aux premières traductions arabes d'ouvres grecques », Byzantion 29-30 , 1959 1960 , p. 387-446 ; 26 M. Bouyges, « La Métaphysique d'Aristote chez les latins du XIII s . Connurent- ils le Proæmium d'Averroès (+1193) à son Commentaire du livre Lam -Lambda ? » , RMAL 4 , 1948, p. 279-291 ; 27 S. Gómez Nogales, « La proyección histórica de la Metafísica de Aristoteles, especialmente el en mundo árabe » , Pensamiento 35 , 1979, p. 347-378 . AUBERT MARTIN .
SPURIA LE DE MELISSO , XENOPHANE, GORGIA Petit traité composé de trois unités distinctes, consacré à l'exposé et à la critique de trois doctrines présocratiques, que son attribution à Aristote a fait transmettre en fin du corpus (974 a 1-980 b 22 ). Éditions et traductions complètes . 1 1. Bekker, Aristotelis Opera , vol. 2, Berlin 1831 , réimpr. Berlin 1960 , p . 974-980. 2 F.W.A. Mullach , De M.X.G. disputationes cum Eleaticorum philosophorum Fragmentis et Ocelli Lucani qui fertur de Universi natura libellus, Berlin 1845 ; repris dans FPG , t . I, p . 271-309 . 3 O. Apelt, Aristotelis quae feruntur de Plantis, de Mirabi libus auscultationibus, Mechanica, de Lineis insecabilibus, Ventorum situs et nomina , de M.X.G. , coll. BT, Leipzig 1888 , p. 165-194 . A compléter par 4 id. , « Melissos bei Pseudo-Aristoteles» , JKPh 133 , 1886 , p . 729-766 , et par 5 id. , « Gorgias bei Pseudo -Aristoteles und bei Sextus Empiricus », RHM 43 , 1888 , p . 203-219. 6 H. Diels , Aristotelis qui fertur de M.X.G. libellus, APAW 1900. On retrouve M. et X. avec quelques modifications dans 7 Fragmente der Vorsokratiker de H. Diels et W. Kranz, 6e éd . , Berlin 1951 (M., 30 a 5 , I, p . 259-266 ; X. , 21 a 28 , I , p . 116-121 ) , mais avec un apparat moins détaillé; pour Gorgias, seule la version de Sextus Empiricus est donnée (82 b 3 , II, p . 279-283 ) . 8 W.S. Hett , Aristotle . Minor Works, coll . LCL , Cambridge (Mass.)/London 1936, 3e éd. 1963 , p . 461-507 . 9 B. Cassin , Si Parménide. Le
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traité anonyme De Melisso Xenophane Gorgia, Édition critique et commentaire, Lille 1980 . Éditions et interprétations partielles. Pour Xénophane et Mélissus , on s'orientera à partir de la bibliographie des travaux parus entre 1957 et 1970 qu'a établie 10 J. Wiesner dans H. Schwabl et J. Wiesner, « Forschungsbericht. Die Eleaten » , AAHG 25 , 1972 , col . 1-56 . Sur Gorgias (et le mouvement so phistique ), voir la bibliographie du volume 11 Sophistik, édité par C.J. Classen , Darmstadt 1976, reprise et complétée dans Elenchos 6, 1985 , p . 75-140. Pour M. et X. , on consultera essentiellement 12 J. Wiesner, Ps. -Aristoteles, M.X.G.: Der historische Wert des Xenophanesreferats. Beiträge zur Geschichte des Eleatismus, Amsterdam 1974. Pour G , 13 H.J. Newiger, Untersuchungen zu Gorgias Schrift über das Nichtseiende, Berlin ,New York 1973. Pour les points de critique et d'interprétation textuelle , voir également: 14 G.G. Fülleborn , Liber de X.Z. et G. Aristoteli uulgo tributus passim illustratur, Den Haag 1789. 15 Ch.D. Beck , Varietas lectionum libellorum Aristotelicorum e codice Lipsiensi diligenter enotata , Leipzig 1793. 16 G.L. Spalding, Vindiciae philo sophorum Megaricorum , subiecto commentario in primam partem libelli de X.Z. et G. , Berlin 1793. 17 Ch.A. Brandis, Commentationum eleaticarum pars prima , Altona 1813. 18 H.Ed. Foss, De Gorgia Leontino commentatio . Interpositus est Aristotelis de Gorgia liber, emendatius editus, Halle 1828 . 19 S. Karsten , Philosophorum Graecorum ueterum operum reliquiae I, 1 (Xenophanes ), Amsterdam 1830. 20 Th . Bergk , Commentatio de Aristotelis libello de X.Z. et G. , Marburg 1843. 21 H. Bonitz, « Aristotelische Studien I » , SBAWB 39, 1862 , p . 183-280 ; repris sous forme de livre : Aristotelische Studien I, Wien 1862 (« Zu der Schrift über Xenophanes, Zenon und Gorgias » , p . 63-86) . 22 Fr. Kem, Symbolae criticae ad libellum aristotelicum llepi E.Z.T. , Oldenburg 1867 ; 23 id. , Kritische Bemerkungen zum dritten Theil der pseudo -aristotelischen Schrift Nepi E.z.r., Oldenburg 1869. On y ajoutera, sur le problème de la valeur historique du traité : - en partant du Sur Mélissus: 24 G. Reale , Melisso . Testimonianze e frammenti, Firenze 1970' ; - du Sur Xénophane: 25 K. Reinhardt, Parmenides und die Geschichte der griechischen Philosophie , Bonn 1916 ( réimpr. Frankfurt 1959), en particulier p . 89-152 ; 26 M. Untersteiner, « Senofane e Melisso nel De Melisso , Xenophane, Gorgia. Una polemica Megarica ? » , Antiquitas 8 , 1950, p . 22-84 ; repris et complété dans Senofane. Testimonianze e frammenti, Firenze 1956 , réimpr. 1967 (Intro duction, chap . 1 , p . XVII -CXVIII ) ; 27 P. Steinmetz , « Xenophanesstudien », RhM 109, 1966, p. 13-73 ; 28 K. von Fritz, art. « Xenophanes », RE IX A 2, 1967 , col. 1541-1562 ; - du Sur Gorgias: 29 W. Nestle , « Die Schrift des Gorgias Über die Natur oder das Nichtseiende », Hermes 57 , 1922, p . 551-562, repris dans Griechische Studien, Stuttgart 1948 , p. 240-252 ; 300. Gigon , « Gorgias Über das Nichtsein » , Hermes 71 , 1936 , p . 186-213 , repris dans Studien zur antiken Philosophie, Berlin /New York 1972 , p . 69-97 ; 31 G.B. Kerferd, « Gorgias on nature or that which is not», Phronesis 1 , 1955 , p . 3-25 ; 32 W. Bröker , « Gorgias contra Parmenides » , Hermes 86, 1958, p . 425-440 ; 33 G. Mazzara , Gorgia ontologo e metafisico , Palermo 1982 . Enfin , parmi les contributions plus générales : 34 E. Zeller, Die Philosophie der Griechen in ihrer geschichtlichen Entwicklung dargestellt, I 1 et 2 (Vorsokratische Philosophie ), 6e éd. revue par W. Nestle, Leipzig 1920 ( 1re éd.
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1844 , réimpr. Hildesheim 1963 ) . Pour la trad . italienne, cf. infra . 35 A. Gercke , art. « Aristoteles » , RE II 1 , 1895 , col. 1012-1054 . 36 Th . Gomperz, Griechische Denker, t . I , Leipzig 1896 ; 2e éd . 1903 ; trad . française par A. Reymond de la 2e éd. , Paris 1902. 37 L. Robin , La pensée grecque et les origines de l'esprit scientifique, Paris 1923 ; nouvelle éd. par P.M. Schuhl, Paris 1963. 38 J. Burnet, Early Greek Philosophy, 4e éd. revue et corrigée, London 1930 ; 1 e éd . 1892, nombreuses réimpr .; trad. française par A. Reymond de la 2e éd. : L'aurore de la philosophie grecque, Paris 1919 , nombreuses réimpr. 39 G.Calogero, Studi sull'eleatismo, Roma 1932 ; 2e éd . augmentée, Firenze 1977. 40 W.J. Verdenius, Parmenides. Some Comments on his Poem , Groningen 1942, réimpr. Amsterdam 1964. 41 O. Gigon, Der Ursprung der griechischen Philosophie, Basel 1945, 2 ° éd. 1968. 42 J.H.M.M. Loenen, Parmenides, Melissus, Gorgias, Assen 1959. 43 E. Zeller -R . Mondolfo, La Filosofia dei Greci nel suo sviluppo storico I ( I Presocratici), 3 (Eleatici), a cura di G. Reale, Firenze 1967 (« Le Fonti . Lo scritto de Melisso Xenophane et Gorgia » , p . 1-55 ) . La dernière étude parue est celle de 44 J. Mansfeld, « De Melisso Xenophane Gorgia. Pyrrhonizing Aristotelianism » , RHM 131 , 1988, p . 239-276 . Titre. Le ms . R (Vaticanus gr. 1302, XIVe s .) , connu d'abord, donne pour titre Περί Ξενοφάνους: Περί Ζήνωνος: Περί Γοργίου ; ce titre se maintient jusque dans l'édition Bekker ( 1831 ) , et les deux premiers chapitres sont donc utilisés comme sources concernant Xénophane et Zénon, y compris par Kant et par Hegel. Mais le ms. L (Lipsiensis 16, fin XIII s . -début XIV ° s.), bien collationné par Beck (1793 ), propose la sequence Περί Ζήνωνος : Περί Ξενοφάνους : Περί Topyiov . Spalding 16 ( 1793 ) est le premier à identifier de façon formelle Mélissus, Xenophane et Gorgias. Cette identification, basée sur une comparaison avec les fragments et témoignages conservés, ne fait plus aujourd'hui de doute. Attribution et datation. En revanche, l'attribution et la datation du traité font l'objet de conjectures nombreuses et divergentes. Les mss l'attribuent à Aristote (opinion reprise, par exemple , par Hegel, Karsten , Mullach) , à l'exception de la deuxième main du manuscrit R qui propose Ocoopdotou (la proximité à Théophraste est retenue notamment par Brandis 17 , Bergk 20 , Kern 22 , Reinhardt 25 , Steinmetz 27 ) . L'opinion plus contemporaine se divise entre un péripatéticien du III° s . av . J.-C. ( Zeller 34, Diels dans ses Prolegomena aux Doxographi Graeci, Gigon 30 , Kerferd 31 ) ou un péripa téticien tardif plus éclectique du 1er s . ap . J.-C. ( Diels 6 , Gomperz 36 , Robin 37 ) , un sceptique (Gercke 35 ) , un mégarique (Untersteiner 26 , Reale 24) ou le représentant d'un renouveau de l'éléatisme (Wiesner 12) . Les arguments stylistiques ne paraissant pas déterminants, les seules certitudes sont que: les principaux moyens théoriques utilisés dans la critique sont de type aristotélicien ( distinction des sens de l'être, distinction entre négation et priva tion) ; la formalisation doxographique très élaborée suggère une discussion savante comme on peut en attendre de la scolarité tardive , d'inspiration sophisti que et sceptique. Tradition manuscrite. Pour une étude détaillée de la tradition manuscrite , cf. J. Wiesner 12 , p . 331-387 . On se contentera de remarquer, d'une part que la tradition de R paraît moins fiable que celle de L (mécaniquement fautive et
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faisant place à des interventions savantes ), d'autre part que la majorité des éditeurs, partant souvent de R, et devant les difficultés du texte transmis, ont usé et abusé de la correction . Contenu . En tant que traité doxographique, le De M.X.G. est d'abord une source relativement fiable en ce qui concerne Mélissus (cf. G. Reale 24 ) , Xénophane ( cf. J. Wiesner 12) et Gorgias , dont il propose l'une des deux versions du Traité du non -être (ſlepi toŨ un ÖVTOÇ Ñ nepl púoewc ), l'autre nous étant fournie par Sextus Empiricus, Adv. Math . VII 65-87 ( cf. pour une confrontation H.J. Newiger 13 ) . Mais , par ailleurs, une intention théorique semble lier les trois unités entre elles : Mélissus , Xenophane et Gorgias proposent chacun , dans un ordre qui n'est pas chronologique mais intelligible , une transformation de la doctrine de Parménide. Comme le souligne la critique du doxographe, Mélissus substitue à la sphère de Parménide un “ quelque chose” (ti) d'illimité, sujet de la suite des prédicats. Puis le “ dieu ” de Xénophane fait l'objet de prédicats antinomiques ( « ni illimité ni limité » , « ni immobile ni en mouvement» ) qui le rendent plus proche d'un “ rien ” que d'un quelque chose . Enfin , « rien n'est » (oủx Elvai OÚ8év ), telle est la première thèse de Gorgias, directement contradictoire avec le « est » du Poème parménidéen ; la seconde : « si c'est, c'est inconnaissable » (Ei 8 ' Fotiv , ayvwotov Elvai), renverse en en développant les conséquences sophis tiques l'identité de l'être et du penser telle que l'établissait le fragment 28 B 3 DK ; la troisième: « si c'est et si c'est connaissable, on ne peut le montrer à autrui » (εί δε και έστι και γνωστόν , αλλ ' ου δηλωτών άλλοις), s'appuie sur l'autonomie du logos compris comme ensemble de sons sans rapport ni avec les choses ni avec les idées, pour ruiner la possibilité même d'une transmission du savoir. L'auteur du traité conduit ainsi son lecteur de l'ontologie de Parménide à la logologie sophistique. BARBARA CASSIN .
LE DE POMO Présentations claires, mais aujourd'hui insuffisantes, dans 1 M. Stein schneider, Die arabischen Übersetzungen aus dem Griechischen , Graz 1960 (réimpr. de 4 articles parus en 1889 , 1893 , 189 , 1891 ) , p . 120-121 ; 2 F.E. Peters, Aristoteles Arabus. The Oriental Translations and Commentaries on the Aristotelian Corpus, coll. « Monographs on Mediterranean Antiquity » 2, Leiden 1968 , p . 65-66 ; 3 ' A. Badawi , La transmission de la philosophie grecque au monde arabe, coll. « Études de philosophie médiévale » 56, Paris 1968, p. 87-88 ( réédition : Paris 1987 , avec nouvelle pagination , mais le passage concernant le De pomo reste inchangé ). Version arabe. La question de savoir si la version originale du De pomo, attribué, à tort, dans les manuscrits, à Aristote ou à Socrate, est grecque ou arabe,
n'a pas encore été résolue. 4 D. Gutas , « The Spurious and the Authentic in the Arabic Lives of Aristotle » , dans 5 J. Kraye, W.F. Ryan et C.B. Schmitt (édit.), Pseudo - Aristotle in the Middle Ages. The " Theology " and other Texts, coll . « Warburg Institute Surveys and Texts » 11 , London 1986 , p . 31 , n . y afférente ,
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remarque que le dialogue ayant été attribué à Socrate dans deux manuscrits, il est improbable que ce texte ait d'abord circulé sous le nom d'Aristote pour être ensuite rapporté au maître de Platon ; en conséquence , seule la fausse attribution au Stagirite, en milieu arabe, relèverait des études aristotéliciennes, la question des sources du De pomo appartenant, elle, aux recherches platoniciennes ; Gutas ne rejette toutefois pas l'hypothèse d'une origine grecque. 6 J. Bielawski , « Phédon en version arabe et le Risālat al-tuffāḥa » , dans Orientalia Hispanica (Mélanges F.M. Pareja ), Leiden 1974, t. I : Arabica Islamica , pars prior, p. 132-134 , passe en revue les opinions de ses prédécesseurs sans trancher lui même. 7 G.N. Atiyeh, Al-Kindi: The Philosopher of the Arabs, coll. « Publi cations of the Islamic Research Institute (Pakistan ) » 6, Rawalpindi 1966, p. 158 159, essaie de ressusciter la thèse de l'attribution à Kindi (t vers M IX s . ). Cette thèse ne paraît d'ailleurs pas improbable à 7bis D. Gutas, « Plato's Symposion in the Arabic tradition » , Oriens 31, 1988, p. 46 n. 39, qui suggère que Kindi a pu s'inspirer d'une source sabéenne. J. Kraemer semble avoir avancé deux hypothèses légèrement différentes : 1 ) compilation arabe à partir d'un florilège antérieur, peut- être syriaque (8 J. Kraemer, « Das arabische Original des pseudo -aristotelischen Liber de pomo » , dans Studi orientalistici in onore di Giorgio Levi Della Vida, coll. « Pubblicazioni dell'Istituto per l'Oriente » 52, Roma 1956 , t. I, p . 493-506 ); 2 ) compilation grecque à l'origine de la compi lation arabe (« un traité grec au contenu semblable devait exister certainement» , lettre du 6 mai 1960 à M. Plezia citée dans Bielawski 6 , p . 132-133 ) . 90. Gigon , « Interpretationen zu den antiken Aristoteles -Viten », MH 15 , 1958 , p . 181-182 , est également favorable à l'hypothèse d'un noyau hellénistique. Quoi qu'il en soit, la version arabe est, sans doute , du IX ° s. Voir Bielawski 6 , p . 120, 126-127 , et surtout 10 D. Gutas , Greek Wisdom Literature in Arabic Translation . A Study of the Graeco - Arabic Gnomologia, coll . « American Oriental Series » 60 , New Haven ( Connecticut) 1975 , p. 425 426. Aux testimonia signalés par ces auteurs , on ajoutera 11 E.K. Rowson ( trad .), Al- Amiri on the Afterlife. A translation with commentary of his al Amad 'alā al - Abad , Thèse dactylographiée , Yale University, New Haven (Conn .) 1982, p. 55 ( les références données dans cette page de l'introduction sont à rectifier en fonction de celles que nous signalons après cette parenthèse ), p . 144 145 , 174 , 410-411 , 463 . La version arabe se présente comme un dialogue entre , d'une part, Aristote ( ou Socrate ) près de mourir et tenant à la main une pomme dont le parfum l'aide à conserver un dernier souffle de vie et, d'autre part, ses disciples: Simmias, Silon , Criton, Zénon , Stephanus, Qarbānās, Pindare , Ankabitūs, Diogène, Kinās (ou Lysias dans certains manuscrits ). Sur ces noms , parfois mystérieux, qui n'apparaissent pas tous dans les mêmes manuscrits , voir Kraemer 8 , p . 499 et 501 (à compléter, pour Kinās, par 12 C.S.F. Burnett, « Arabic , Greek , and Latin Works on Astrological Magic Attributed to Aristotle » , dans Kraye 5 , p . 87 , n . y afférente ). En réalité, il s'agit plutôt d'une suite de monologues dans lesquels le maître explique pourquoi il est convaincu du bonheur du philosophe après la mort, et cela en se fondant sur l'idée que la science ne prend son essor qu'en dehors du corps. L'argument (exposé – à propos de la traduction persane dont il sera question ci-après – par 13 D.S. Margoliouth (édit. et trad .), « The Book of the Apple, ascribed to Aristotle , ed . in Persian and English by D.S.M. » ,
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JRAS 24, 1892, p. 190-191, et par 14 M.F. Rousseau , The Apple or Aristotle's Death ( De Pomo sive De Morte Aristotilis ), Transl. from the Latin with an Introduction , coll. « Medieval Philosophical Texts in Translations> 18 , Milwaukee, Wisconsin 1968, p . ( 11 )-(21 )] est, malgré la diversité du matériau rassemblé, subtil et rigoureux, mais sans grande profondeur: ainsi, la théorie des Idées, la reminiscence, le mythe eschatologique du Phédon ne sont même pas évoqués. Sur la question du suicide, voir 15 F. Rosenthal, « On Suicide in Islam » , JAOS 66 , 1946 , p . 247, 250. Autorités signalées, abstraction faite du protagoniste du dialogue et de ses interlocuteurs : Darius, Socrate, Hermès, Platon et, d'après une lecture de Kraemer 8, p . 504-505, Apollonius de Tyane. Parmi les ouvrages mentionnés, certains sont des textes d'Aristote bien connus, alors que les autres appartiennent à la littérature hermétique (voir, à ce sujet, Kraemer 8 , p . 503-505, et Bielawski 6 , p . 131-132) . Sources . Examinées par Kraemer 8 , p. 493-506 , qui relève, dans le De pomo , des influences platoniciennes (Phédon et le dialogue apocryphe Axiochos), stoïciennes ( Épictète ... ), cyniques, hermético -alchimiques; par Bielawski 6 , p . 121-126 , 129-134 , qui insiste sur les rapports avec les fragments arabes du Phédon , et par Rousseau 14 , p . ( 3 ) -(47 ), qui met aussi en relief la relation avec ce dialogue. Manuscrits et éditions 1 ) Le Caire Taymūriyya Ahlāq 290 , p. 248-267 (XIV° ou XV° s .), contient un Muhtaşar Kitāb al-tuffăủa li- Suqrat (Abrégé du Livre de la pomme par Socrate ) et s'interrompt brusquement avant la fin du dialogue. Il a été décrit par Kraemer 8 , p . 488 , et édité par 16 ‘ A.S. Al -Naššār et ' A. Al- Sirbini ( édit .), Fidūn wa -Kitāb al- tuffāņa al-mansüb li-Suqrāt ( le Phédon et Le livre de la pomme attribué à Socrate ), Le Caire 1974 , p. 6, 218-231 . 2 ) « Le deuxième manuscrit qui porte le titre Kitāb al -tuffāḥa al -mansüb li Aristūțālis fut retrouvé dans une cuvre manuscrite de D. Santillana, qui était un recueil de ses cours à l'Université du Caire en 1910-1911 . Santillana n'indiquait pourtant pas la source de ce texte » (Bielawski 6 , p . 128 , qui donne les réfé rences nécessaires ). Peut-être ne s'agit-il que d'une traduction arabe, par Santillana, de la version persane ? Ce Livre de la pomme attribué à Aristote est aussi une version courte . Il a été édité par Al-Naššār et Al- Sirbini 16 , p . 6, 218 220, 233-239 . 3 ) La bibliothèque du Patriarcat antiochéen gréco -orthodoxe de Damas possède un Kitāb Suqrāt al-hakim al-ma'rūf bi- L -tuffāņa qālahu ' inda wafātihi (Livre de Socrate, le sage, connu sous le nom de “ La pomme" et prononcé à l'heure de sa mort). Sur cette version , plus ample que les deux précédentes, mais contenant de nombreuses inexactitudes, ainsi que sur l'édition infidèle de 17 A.Z. Hayrallah (édit.) , « Kitāb al -tuffāņa », Al-muktataf 55, 1919 , p. 475 484 , et 56 , 1920 , p . 18-22 , 105-110 , 217-221 , 295 , voir Kraemer 8 , p . 488 489 , et Bielawski 6 , p . 128 . 4) Istanbul Köprülü 1608, fol. 1706-181b (XVI° s .), comporte une version complète du De pomo , intitulée ici Al-risāla al-ma'rūfa bi- L -tuffāḥa li Aristātālis (L'épître d'Aristote connue sous le nom de “ La pomme " ). Manuscrit
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et texte ont été décrits par Kraemer 8, p . 489-506 , qui s'appuie essentiellement, dans ses analyses, sur eux, et par Gutas 10 , p . 42-50, 425-426 . 5 ) « Le manuscrit arabe ... incontestablement le plus complet et digne de foi est celui qui se trouve à la bibliothèque Nuri Osmaniye, n° 4931 ( ff. 76-85 ) . II porte la date de 674 h soit vers 1275 de notre ère, c'est donc le plus ancien des manuscrits du “ Traité de la pomme” que nous connaissons. Il commence par le titre Hadīhi al- risāla al-mawsūma bi' l-tuffaha suivi immédiatement par le texte qui commence par les mots : “ Balaga - nä annahū lammā ḥadara Aristūtālis al mawta ... " (Nous apprîmes que lorsque Aristote se trouvait à l'article de la mort...) » ( Bielawski 6 , p . 129) . Ce manuscrit semble avoir été ignoré de J. Kraemer. 6 ) 18 S. de Laugier de Beaurecueil, Manuscrits d'Afghanistan , coll. « Recherches d'archéologie, de philologie et d'histoire » 26 , Publications de l'Institut français d'archéologie orientale du Caire , Le Caire 1964, p . 290-291, signale la présence à Kaboul, Bibliothèque du Ministère de l'Information, d'un manuscrit de 999-1000 H comportant, sur ses pages 12-16 , une Risalat al-tuffāḥa li- Aristātālis al-hakim (Épître de la pomme par Aristote, le sage). Tant qu'il n'y aura pas d'édition et de traduction du texte arabe du De pomo, sur la base des manuscrits comportant un texte complet, les versions persanes et la traduction anglaise de l'une d'elles (voir infra ) resteront indispensables. Études d'orientation . Kraemer 8 , p . 484-506 , c.r. par 19 G. Levi della Vida, RSO 31 , 1956, p . 332-333 ; Bielawski 6 , p. 120-134 ; Gutas 10 , p . 42 50, 210-213, 425-427, 429 , 432, qui traite du De pomo à l'occasion de la citation d'un extrait de ce texte dans un gnomologium arabe compilé entre le XIe et le XIVe s .; 20 M. Plezia, « Neues zum ps.-aristotelischen Buch vom Apfel», dans J. Irmscher et W. Steffen (édit.), Philologische Vorträge gehalten auf einer gemeinsamen Tagung der polnischen und deutschen Philologen , Wrocław 1959, p . 191-194, qui a plus tendance à faire ressortir le caractère vivant du dialogue dans le De pomo arabo - persan que Kraemer et Bielawski; Rousseau 14 , p . ( 3) (47 ). Versions persanes. Selon Bielawski 6 , p . 129 , il y aurait deux versions persanes du De pomo, l'une de Kāšāni (XII -XIII s .) et l'autre anonyme. Mais il se pourrait qu'il s'agisse d'une seule et même traduction , représentée par différents manuscrits: voir, à ce sujet, 21 J. Rypka, art. « Bābā Afdal al -Din Muhammad b . Husayn Kākhāni» , EI ? I , 1960 , p . 862 ; 22 M. Minowi et Y. Mahdawi ( édit.), dans Muşannafāt Afdal al- Din Muhammad M. Kāšāni, coll. « Publ. de l'Univ . » 138 , Téhéran 1331 H ( 1952) , t. I, p . yb - yğ ; 23 S.H. Nasr, « Afdal al - Din Kashani and the Philosophical world of Khwaja Nasir al -Din Tusi » , dans Michael E. Marmura (édit . ) , Islamic Theology and Philosophy (Mélanges George F. Hourani), Albany (N.Y.) 1984, p. 255 . Quoi qu'il en soit, ces deux catégories de textes sont très proches de la version arabe telle que conservée dans Köprülü et Nuri Osmaniye. La seconde a été éditée et traduite en anglais par Margoliouth 13 , p . 202-252 (voir aussi les corrections proposées par Kraemer 8, p . 492, 503 n . 1 ) et la première a été éditée par Minowi et Mahdawi 22, t. I, p. yā -yğ, 111-144. Études d'orientation . Margoliouth 13 , p . 187-192 ; Kraemer 8 , p . 486 506 ; Bielawski 6 , p . 127, 129 , 133 ; Rousseau 14 , p . ( 3 ) - (47).
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Version hébraïque et traductions latines . Elles rendent de manière très peu fidèle la versionarabe, dont elles proviennent certainement ( voir, à ce sujet, Margoliouth 13 , p. 187-192 ; Kraemer 8 , p . 484-497 ; Bielawski 6 , p . 120 121, 127 ). Aussi la découverte des manuscrits orientaux et la traduction de Margoliouth les ont-elles rendues obsolètes pour ce qui est de la reconstitution des courants de pensée antique qui sont à l'origine du De pomo. État de la recherche (pour la traduction latine médiévale) dans 24 Ch.B. Schmitt et D. Knox , Pseudo - Aristoteles Latinus : A guide to Latin works falsely attributed to Aristotle before 1500, coll. « Warburg Institute Surveys and Texts » 12, London 1985 , p. 51-52. MAROUN AQUAD .
LA THÉOLOGIE D'ARISTOTE ET AUTRES TEXTES DU PLOTINUS ARABUS Il sera question, dans cette notice , de la Théologie attribuée à Aristote ( ThA ) et d'écrits qui lui sont apparentés (Épître sur la science divine, Dits du Sage grec) , c'est-à -dire, en réalité, des vestiges arabes de l'æuvre de Plotin : paraphrases, d'origine porphyrienne peut- être, de certaines parties des trois dernières Ennéades. La tradition issue de ces textes ne sera envisagée que dans la mesure où elle permet de mieux les établir ou d'en éclairer la signification immédiate . On ne traitera ni des documents remontant à d'autres auteurs antiques néoplatoniciens, mais sans rapport direct avec Plotin , ni de l'influence de celui- ci sur la pensée arabo -musulmane en général. Toutefois, il est évident que si les paraphrases susmentionnées étaient de Porphyre, le Plotinus arabus relèverait, du même coup, du Porphyrius arabus. PLAN DE LA NOTICE I. Bilans antérieurs de la Recherche II . Plotin chez les biobibliographes et les doxographes arabes III. La Théologie d'Aristote A. La Vulgate 1. Les manuscrits 2. Identification , structure, style et terminologie, doctrine a. Le prologue b . « Les têtes des questions » c . La paraphrase proprement dite : (a ) Identification ; (B ) Structure; (y ) Style et terminologie; (8 ) doctrine. 3. La Vulgate et l'établissement du texte des Ennéades 4. Éditions 5. Traductions
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542 B. La Longue recension 1. Lesmanuscrits 2. Identification 3. Structure
4. Style et terminologie 5. Doctrine 6. Éditions 7. Traductions IV. Épître sur la science divine 1. Les manuscrits 2. Identification 3. Structure 4. 5. 6. 7.
Style et terminologie Doctrine L'Épitre et l'établissement du texte des Ennéades Éditions
8. Traductions V. Les Dits du Sage grec 1. Les manuscrits 2. Identification 3. Style et terminologie 4. Doctrine 5. LesDits du Sage grec et l'établissement du texte des Ennéades 6. Éditions 7. Traductions VI . Commentaires et extraits de la « Plotinus Source » A. L'agriculture nabathéenne B. « Ibn Hasdāy's Neoplatonist » C. Fārābi D. ‘ Amiri E. Les Frères de la Pureté F. Abū 'Ali b. Zur'a
G. H. I. J.
Avicenne: « Commentaire du Livre Théologie » Commentaire de la Tha par Bağdādi Citations de la ThA par les théosophes de l'išrāq ( illumination ) Commentaires de Giyāt al -Din Manşūr al- Sirāzi et (peut- être) d'Abū l-Hayr Taqi al Din al- Farisi et de ‘Ali Quli b. Qarağġāy Hān K. Commentaire de la ThA par Qādi Sa'id Qummi L. Traité anonyme sur le mouvement M. Épître de Platon le divin en réponse à ceux qui disent que l'homme est anéanti et disparaît après la mort 1. BILANS ANTÉRIEURS DE LA RECHERCHE Les derniers et les plus fouillés sont : 1 G.C. Anawati, « Le néoplatonisme dans la pensée musulmane : état actuel des recherches », dans 2 Atti del convegno internazionale sul tema : Plotino e il Neoplatonismo in Oriente e in Occidente (Roma 5-9 ottobre 1970) , coll. « Accademia Nazionale dei Lincei , Anno CCCLXXI - 1974. Quaderno N. 198. Problemi attuali di scienza e di cultura » ,
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Roma 1974, p. 339-405 ( conférence publiée aussi dans 3 G.C. Anawati, Études de philosophie musulmane, coll. « Études musulmanes >> 15 , Paris 1974, p. 155 221 ) ; 4 'A.Badawi, La transmission de la philosophie grecque au monde arabe, coll. « Études de philosophie médiévale » 56, Paris 1968, p. 29-30 , 46-59 , 85 86 ; réédition : Paris 1987 (nouvelle pagination , mais les passages concernant la ThA restent inchangés); c.r. par 4bis R. Brague, RMM 93 , 1988 , p. 272-275 ; 5 J. van Ess , « Jüngere orientalistische Literatur zur neuplatonischen Überlie ferung im Bereich des Islam », dans Parusia . Studien zur Philosophie Platons und zur Problemgeschichte des Platonismus. Festgabe für Johannes Hirschberger, herausgegeben von Kurt Flasch , Frankfurt am Main 1965, p . 333-350 ; 6 B. Mariën , « De zogenaamde Theologie van Aristoteles en de Araabse Plotinos - Traditie » , TPh 10, 1948 , p. 125-146 ( cet article étant écrit en néerlan dais, nous n'avons pas pu en tirer tout le profit que nous aurions souhaité ); 7 id . , « Bibliografia critica degli studi plotiniani con rassegna delle loro recensioni riveduta e curata da V. Cilento » , dans 8 V. Cilento ( trad .), Plotino, Enneadi. Prima versione integra e commentario critico , coll. « Filosofi antichi e medievali, collana di testi e di traduzioni» , 3 tomes, Bari 1947-1949, t. III, 2 ° partie, p . 604-660 ; 9 F.E. Peters , Aristoteles Arabus. The Oriental Transla tions and Commentaries on the Aristotelian Corpus, coll. « Monographs on Mediterranean Antiquity » 2, Leiden 1968 , p . 55 , 72-74 . Comme il faudrait ajouter, à ces études, les publications postérieures à leur parution , ainsi que les travaux se rapportant à la doctrine du Plotinus arabus, qu'elles ont plutôt négligés, en insistant sur ceux relatifs à l'identification des textes, nous repren drons ici entièrement la question . En outre , les problèmes soulevés par le Plotinus arabus n'ayant, pour la plupart, pas encore reçu de solution recueillant un large consensus (beaucoup d'hypothèses apparemment dépassées un temps sont de nouveau prises en considération ), nous avons dû retenir un grand nombre de références.
II. PLOTIN CHEZ LES BIOBIBLIOGRAPHES ET LES DOXOGRAPHES ARABES Plotin , quand il est expressément désigné par son nom - ce qui est rare –, n'est pas directement mis en relation avec les Ennéades, la Tha , l’Épître sur la science divine et les Dits du Sage grec. Il apparaît d'habitude dans la mouvance d'Aristote. Pour une analyse des passages qui mentionnent le nom de Plotin , on consultera 10 A. Baumstark, « Zur Vorgeschichte de i arabischen “ Theologie des Aristoteles” » , OC 2, 1902, p. 189 ; 11 P. Kraus , « Plotin chez les Arabes», BIE 23 , 1941 , p . 277 n . 1 ; 12 M. Steinschneider, Die arabischen Über setzungen aus dem Griechischen , Graz, 1960 (réimpr. de 4 articles parus en 1889 , 1893 , 1896, 1891 ) , p . (64) , et surtout 13 F. Rosenthal, « As -Sayh al Yûnânî and the Arabic Plotinus Source », Orientalia 21 , 1952 , p . 462-463 ; 14 id. , « Plotinus in Islam : the power of anonymity » , dans Atti 2 , p. 437-446 . Rosenthal examine notamment deux citations attribuées, dans Muntahab Şiwan al -ħikma (sur l'auteur de cette doxographie, voir V 2), à Plotin, mais n'appa raissant pas telles quelles dans les Enn . : l'une est quasi identique à la formule rendant, dans le corpus des commentaires d'Aristote , Enn . I 3 , 3 , 5-7 ; l'autre ne serait pas plotinienne. P. Thillet, dans une note manuscrite du 23. 5. 1987 ,
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remarque toutefois qu'à la lecture de cette seconde citation du Muntahab, « on est attiré... par la ressemblance avec Enn . I 6, 8 , 8-16 » . Sur le surnom de Sage grec , que certains ont voulu identifier avec Plotin mais qui peut bien se rapporter à Porphyre, voir V 2. Les biobibliographes mentionnent, parmi les æuvres d'Aristote , des titres qui désignent manifestement la Tha (« Théologie » , « Le discours sur la science divine » ), Kindi étant parfois désigné comme l'interprète ( sur le sens à donner à son interprétation , les chercheurs ne sont pas d'accord ; la réponse dépend, en grande partie, des analyses des caractéristiques doctrinales et stylistiques de la ThA et non des brèves notices des biobibliographes ). On confrontera à ce sujet: Badawi 4 , p. 29-30 ; 15 B. Dodge ( trad . ), The Fihrist of al-Nadim . A Tenth Century Survey of Muslim Culture, coll. « Records of Civilization : Sources and Studies » 83 , New York /London 1970 , t . II, p . 606 ; 16 M. Fakhry , A History of Islamic Philosophy, coll. « Studies in Oriental Culture » 5 , New York / London 1970 , p . 33 ; Kraus 11, p . 268 ; Mariën 6 ; Peters 9 , p . 72 ; 17 M. Steinschneider , Die hebräischen Übersetzungen des Mittelalters und die Juden als Dolmetscher , Berlin 1893 , p. 242 ; id. 12 , p . ( 115)-( 116) ; 18 F.W. Zimmer mann , « The Origins of the So -called Theology of Aristotle » , dans 19 J. Kraye, W.F. Ryan , C.B. Schmitt (edit.) , Pseudo -Aristotle in the Middle Ages. The « Theology » and other texts, coll. « Warburg Institute Surveys and Texts » 11 , London 1986, p. 189-190, notes y afférentes. D'autres Théologies sont men tionnées à propos de Proclus et d'Alexandre d’Aphrodise, qui aurait composé un extrait d'un ouvrage d'Aristote appelé Théologie ( il s'agit, en réalité, de textes de Proclus et de l'Exégète lui-même): voir Anawati 1 , p. 358-359 ; 20 G. Endress (édit. et trad . ), Proclus arabus. Zwanzig Abschnitte aus der Institutio Theologica in arabischer Übersetzung, eingeleitet, herausgegeben und erklärt, coll. « Bei ruter Texte und Studien » 10, Beyrouth 1973, p. 51-58 ; Zimmermann 18 (dont l'explication est exposée dans notre section V 2) . Cf. aussi VI C. Sur un passage de la ThA attribué, par le doxographe Bayhaqi, à Aristote , voir VI F. Sur l'attribution à Fārābi d'un Livre sur la science divine ( Ibn al - Qifți) et d'un Propos sur la science divine ( Ibn Abi Uşaybi'a ), voir Zimmermann 18 , p. 214 . III. LA THÉOLOGIE D'ARISTOTE On distingue habituellement la Vulgate, qui est la version conservée dans la plupart des manuscrits, de la Longue recension ( fragments judéo - arabes et traduction latine ). A. LA VULGATE Nous signalerons surtout ici les résultats ou hypothèses que l'on a dégagés de l'examen de la Vulgate considérée en elle -même, réservant aux sections III B , IV et V, l'exposé des travaux qui n'ont pas soigneusement distingué celle -ci de la Longue recension ou des comparaisons entre la Vulgate, la Longue recension , l'Épître sur la science divine, le's Dits du Sage grec.
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1. LES MANUSCRITS Très nombreux . On distinguera un premier groupe, examiné par les éditeurs et traducteurs de la totalité du texte de la Tha , d'un deuxième qu'ils n'ont pas collationné. a ) Énumération, description etlou évaluation des manuscrits du premier groupe : Anawati 1 , p . 346-347 ; 21 ' A. Badawi (édit. ) , Plotinus apud Arabes. Theologia Aristotelis et fragmenta quæ supersunt, collegit, edidit et prole gomenis instruxit ' A.B., coll. « Islamica » 20, Le Caire 1955 (Le Caire 1966 ; Koweit 1977 : tirages nouveaux, sans doute, et non rééditions), p. (43)- (55 ), 1 , 255 ; id. 4 , p . 85 ; 22 P. Henry, H.-R. Schwyzer (édit. ) et G. Lewis ( trad .), Plotini opera, t . II : Enneades IV - V , Plotiniana arabica ad codicum fidem anglice vertit G.L. , coll. « Museum Lessianum , series philosophica » 34 , Paris/ Bruxelles 1959, réimpr. Leiden 1973 , p. XXVIII - XXX ; 23 G.L. Lewis , A re examination of the so -called “ Theology of Aristotle ” ( thèse dactylographiée, St. John Baptist College ) , Oxford 1949 , p . XIX - XXI ; 24 id. , c.r. de Badawi 21 , Oriens 10, 1957 , p. 395-398 ; 25 P. Thillet, « Notes critiques sur la Théologie d ' [Aristote ] » , Arabica 5 , 1958 , p. 56 ; 26 id. , « Bulletin critique » , c.r. de Henry 22 , Arabica 12, 1965 , p. 320. Ces listes sont à compléter et à rectifier les unes par les autres. b) Le deuxième groupe mériterait une recherche approfondie. A la suite d'une brève remarque d’Endress 20, p . 70, nous avons consulté quelques cata logues récents de bibliothèques de Téhéran, notamment: 27 S.A. Anwar , A Catalogue of the Manuscripts in the National Library, tomes VII - X : Arabic Manuscripts 1-1975, Téhéran 1977-1979 ; 28 I. Afšār, M.T. Dāneš - Pažūh , M.B. Hoğğati, A. Monzavi, Fehrest - e ketābhā -ye hatti-ye ketābhāne- ye melli - ye Malek vābeste be - Astān - e gods- e Razavi, t . I, 2e éd . Téhéran 1982 ; 29 M.T. Dāneš -Pažūh , Fehrest- e mikrūfilmhā -ye ketābḥāne -ye markazi-ye Danešgāh -e Tehrān, t. I. , Téhéran 1969- ; 30 Y. E'teşāmi, Ebn -e Yusef Širāzī, ` A. al Ņ. Hā’eri, etc., Fehrest-e ketābhāne- ye Mağles- e Sūrā - ye Melli, t. I- , Téhéran 1927- ; 31 ' Alinaqi Monzavi, M.T. Dānes-Pažūh, etc., Fehrest-e noshe -hā- ye hațți -ye ketāb- hāne -ye markazi -ye Dānešgāh - e Tehran, t. I. , Téhéran 1951- ; 32 M. Širvāni, Fehrestvāre - ye noshe -hä - ye hatti -ye mağmu'e -ye Meškat ehdā'i be Ketābhāne -ye markazi va markaz -e asnād, Téhéran 1976. De nombreux manuscrits arabes de la Tha y sont mentionnés . Il faudrait dépouiller systéma tiquement les catalogues publiés en Iran , déterminer, dans chaque cas, s'il s'agit du texte de l'apocryphe ou d'un commentaire de celui-ci, examiner l'édition des quatre premiers mimars (chapitres) de la ThA par Ashtiyāni ( voir III A 4 (4)] , comparer 33 GAL, S. III, p. 1203 , qui donne certaines informations non utilisées par les éditeurs et les traducteurs de la Tha , avec ses sources (voir VIJ), collationner 34 R. Mach , Catalogue of Arabic Manuscripts ( Yahuda section ) in the Garrett Collection . Princeton University Library. Index by Robert D. McChesney, Princeton (New Jersey) 1977 , p. 255 , n° 2990, avec 'Alinaqi Monzavi 31 , t. XV , p . 4234, n° 5392, car ces deux manuscrits semblent reproduire une même édition , celle de Giyāt al-Din Manşūr al -Šīrāzi (voir VI J ) .
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On consultera aussi 35 L. Cheikho , « Catalogue raisonné des Manuscrits de la Bibliothèque Orientale . IV : Philosophie et Écriture Sainte » ,MUSJ 10, 1925 , p . 107 , nº 337 ; 36 P.B. Fenton , « The Arabic and Hebrew Versions of the Theology of Aristotle » , dans Kraye 19 , p . 249 ; Mariën 7, p . 605-606 ( les mss signalés par cet auteur n'ont pas été tous utilisés par les éditeurs et traducteurs de la ThA ) ; 36bis P. Sbath , Al-Fihris (Catalogue de Manuscrits Arabes) Supplément, Le Caire 1940 , p . 8 nº 2516 ; et, surtout, 37 H. Daiber, « New Manuscript Findings from Indian Libraries » , MME 1 , 1986, p . 29, 32, 33 , et notes y afférentes. 2. IDENTIFICATION , STRUCTURE, STYLE ET TERMINOLOGIE , DOCTRINE L'incipit : « Au nom de Dieu clément et miséricordieux , louange à Dieu , Seigneur des univers, et bénis soient Mahomet et sa famille. Premier chapitre du livre d'Aristote , le philosophe, appelé en grec Théologie, c'est - à -dire le discours sur la souveraineté divine ( c'est ainsi que la plupart des interprètes rendent al qawl 'alā l -rubūbiyya ; voir, cependant, 38 W. Kutsch , « Ein arabisches Bruchstück aus Porphyrios ( ? ), lepi wuxñs, und die Frage des Verfassers der “ Theologie des Aristoteles” » , MUSJ 31 , 1954, p . 277 , qui traduit par « Theo dizee » ) . Commentaire de ( tel est le sens habituel du mot tafsir, mais Zimmer mann 18 , p . 118 , écrit « expounded by » , traduction en harmonie avec la thèse soutenue dans son article ) Porphyre, le Tyrien. Traduit en arabe par 'Abd al Masih b. ‘ Abd Allāh b . Nā'ima d'Émèse. Corrigé à l'intention d'Ahmad b. al Mu'taşim bi -l- lāh par Abū Yusuf Ya'qūb b. Ishāq al-Kindi, que Dieu le prenne en sa miséricorde » ( d'après Badawi 21 , p . 3 ) . En réalité, les problèmes relatifs à la Tha ne se posent pas de la même manière suivant que l'on envisage l'une ou l'autre de ses trois parties.
a) Le prologue Certains ont mis en avant quelques-unes de ses particularités ( style, doctrine, mention d'une Métaphysique ) pour distinguer son origine de celle des autres parties de la Tha . Il serait dû à l'un des auteurs suivants : - Ibn Nā'ima (IX s. ) ( Lewis 23 , p . IV , XV -XVII, 252-254 ) ; Ibn Nā'ima ou un traducteur intermédiaire syriaque (39 M.-O. Goulet-Cazé , « L'édition porphyrienne des Ennéades» , p. 324, dans 40 L. Brisson , M.-O. Goulet - Cazé, R. Goulet et D. O'Brien , Porphyre. La vie de Plotin , t . I : Travaux prélimi naires et index grec complet, coll. « Histoire des doctrines de l'Antiquité classique » 6, Paris 1982 ; 41 H.-R. Schwyzer, « Plotinos » , RE XXI , 1 , 1951 , col. 500 ) . - Le réviseur, Kindi (+ vers MIX s . ) , qui aurait soit forgé de toutes pièces ledit prologue (42 G. Graf, Geschichte der christilichen arabischen Literatur, coll. « Studi e Testi » 133 , t. II, Città del Vaticano 1947, p . 228 ; 43 A. Mansion, « Travaux sur l'æuvre et la philosophie de Plotin » , RNeosc 42 , 1939, p . 243 ; 44 E. Tornero Poveda, Al-Kindi. La transformación de un pensamiento reli gioso en un pensamiento racional, Thèse dactylographiée, Madrid 1981 , p . 267 269 et notes y afférentes ), soit rédigé la majeure partie de celui-ci, en y intégrant un plan déjà établi par Amélius (45 P. Henry, « Vers la reconstitution de l'enseignement oral de Plotin » , BAB [Lettres ) 5 € sér., 23 , 1937 , p . 321-322 ,
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333-334 - mais le savant belge renoncera plus tard à l'hypothèse « Amélius » : voir III A 2 ca ) . - Un quelconque faussaire du viº s . (46 É . Bréhier, La philosophie du Moyen Age, coll. « L'évolution de l'humanité » , 2 ° section , VII 1 , Paris 1937 , p. 84-85 ) ou un éditeur tardif ( grec, selon 47 Fr. Dieterici ( trad .), Die sogenannte Theologie des Aristoteles aus dem Arabischen übersetzt und mit Anmerkungen versehen , Leipzig 1883 (réimpr. dans 48 id ., Die Philosophie bei den Arabern im X. Jahrhundert n . Chr. Gesamtdarstellung und Quellenwerke, Hildesheim 1969, t. XII ), p . 183-184, 186, grec ou syriaque, semble -t - il, selon 49 R. Walzer, « Aristotle's Active Intellect voûç nointixóc in Greek and Early Islamic Philosophy », dans Atti 2 , p. 432) . 50 M. Steinschneider, DLZ 4 , 1883 , col. 405 (c.r. de 51 Fr. Dieterici ( édit. ), Die sogenannte Theologie des Aristoteles, aus arabischen Handschriften zum ersten Mal herausgegeben, Leipzig 1882, réimpr. dans id. 48 , t. XI) , semble considérer que le prologue de la Tha est dû à un mystificateur de langue grecque, mais ne tranche ni la question du rôle de Porphyre ni celle du rapport de cette introduction avec le reste de l'ouvrage. 52 R. Volkmann ( édit. ), Plotini Enneades praemisso Porphyrii De vita Plotini deque ordine librorum eius libello , t. II, Leipzig 1884 , p. X -XII, qui affirme également que le prologue a été rédigé par un faussaire, dont il n'exclut pas qu'il puisse être aussi l'auteur de la troisième partie de la Tha , écarte néanmoins l'idée d'une quelconque inter vention de Porphyre ( sauf pour la deuxième partie) et ne se décide pas sur la langue du mystificateur. Position voisine de 53 H.F. Müller, « Plotinos» , Philologus 46, 1888 , p . 365-367. D'autres chercheurs ont essayé d'établir que l'on a affaire, dans les trois cas, à un même auteur : - un auteur grec anonyme, Fakhry 16 , p. 32-34 , et 54 S. Munk , Mélanges de philosophie juive et arabe, coll. « Bibliothèque d'histoire de la philosophie », Paris 1955 , nouvelle édition (identique, pour la partie qui concerne la Tha , à celle de 1859), p. 249-252 . - Un faussaire syriaque du début du VIⓇ s . , Jean d'Apamée, selon Baum stark 10 , p . 187-191 . - Ibn Nā'ima, selon Zimmermann 18, voir V 2. - Porphyre (hypothèse majoritaire ) : 55 P. Hadot, c.r. de Henry 22 , RHR 164 , 1963, p . 92-93 ; 56 H. von Kleist , c.r. de Dieterici 47 , Philoikschau 3 , 1883 , col. 1187-1190 , 1193-1194 ; Kutsch 38 , p. 281-284 ; 57 V. Rose , c.r. de Dieterici 47 , DLZ 4 , 1883 , col. 844 ; 58 L. Rubio ( trad .), Pseudo Aristoteles, Teologia . Traducción del árabe, introducción y notas , coll. « Filosofía » , Madrid 1978 , p. 21-23 , 32-34, 36 , 43 , 45 , relevant des différences entre le prologue de la Vulgate et son parallèle dans la Longue recension , remarque que les additions - de tendance aristotélicienne - de la première pourraient bien provenir de Kindi , le noyau commun étant, lui, de Porphyre; 59 P. Thillet, « Indices porphyriens dans la Théologie d'Aristote » , dans 60 Le néoplatonisme ( colloque du CNRS, Royaumont 1969), Paris 1971 , p. 300 n. 1. La plupart de ces chercheurs se sont efforcés de résoudre le problème soulevé par la mention d'un ouvrage intitulé Métaphysique dans le prologue et
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celui du désaccord entre le plan indiqué à la fin de celui-ci et la démarche effectivement suivie dans la suite du texte . Parmi ceux qui ont admis l'éventualité d'une origine grecque du prologue, certains ont pensé que l'arabe a été fait sur une version intermédiaire syriaque ( Kutsch 38 , p . 281, 286 ; Steinschneider 50 , col. 405 ; Thillet 59 , p. 293 ), alors que d'autres ont eu tendance à exclure une telle médiation (Dieterici 47, p . 186 ; Rose 57 , col. 843 ; Rubio 58 , p . 22 ; Volkmann 52, p. IV ). Le prologue de la Tha est un texte bref [p. 486-488 dans Henry 22 , à rectifier par 61 id. et H.-R. Schwyzer (édit .), Plotini opera , t. II: Enneas VI, coll. « Museum Lessianum series philosophica » 35 , Paris/Bruxelles/Leiden 1973 , p . 410) . Deux opérations y sont réalisées : l'intégration de la théorie de l'émanation dans le système aristotélicien ; la présentation des thèmes de l'ouvrage préfacé, suivant une marche surtout descendante (de la Divinité au monde de la génération et de la corruption, retour de l'Ame ). Sur les éléments doctrinaux du prologue, ses références et ses rapports avec la dernière partie de la Tha , voir : Baumstark 10 , p . 187 ; 62 S. Van den Bergh , c.r. Henry 22 , BSOAS 23 , 1960 , p. 145-146 ; 63 R. Beutler, art. « Porphyrios », RE XXII 1 , 1953 , col . 288 ; Bréhier 46 , p . 84-85 ; 64 id. , Histoire de la Philosophie, 7e éd. , Paris 1967 , t. I, fasc. 3 , p. 546 ; 65 Fr. Dieterici, « Die Theologie des Aristoteles » , ZDMG 31 , 1877, p. 121-124 ; 66 id . , « Über die sogenannte Theologie des Aristoteles bei den Arabem », dans Verhandlungen des Fünften internationalen Orientalisten - Congresses gehalten zu Berlin im Septem ber 1881 , Zweiter Theil : Abhandlungen und Vorträge, Erste Hälfte : Abhand lungen und Vorträge der semitischen und afrikanischen Sektion, Berlin 1882, p . 6 ; id. 47 , p. XIII , 186-193 ; Hadot 55 , p. 92-93 ; Henry 45 , p. 321-322, 328 , 333-334 ; 67 J. Jolivet, L'intellect selon Kindi, coll. « Publications de la Fondation de Goeje » 22, Leiden 1971 , p. 106 n. 2, 127 , 134 n . 1 , 145 n . 1 ; von Kleist 56 , col. 1187-1190 , 1193-1194 ; Kutsch 38 , p. 281-283; Lewis 23 , p . XV , 252-253 ; Müller 53 , p. 365-367 ; 68 A. Neuwirth (édit. ) , 'Abd al Latif al-Bagdādi's Bearbeitung von Buch Lambda der aristotelischen Meta physik, coll. « Akademie der Wissenschaften und der Literatur, Veröffentli chungen der orientalischen Kommission » 27 , Wiesbaden 1976 , p. 135 n. 46, 165 ; Rose 57 , col . 844 ; 69 J. Schlanger, La philosophie de Salomon ibn Gabirol. Étude d'un néoplatonisme, Leiden 1968 , p . 60,62-63; 70 H.-R. Schwyzer, « Die pseudoaristotelische Theologie und die Plotin -Ausgabe des Porphyrios », RHM 90 , 1941 , p . 226 ; id . 41, col . 500 ; Steinschneider 50 , col . 405 ; Volkmann 52, p . X -XII ; Walzer 49 , p . 432, et, surtout, Rubio 58 , p . 32-34 , 36, 43 , 45 , 47-53 ; Thillet 59 , p . 300 n . 1 , ainsi que Tornero Poveda 44, p. 267-269, n. y afférentes; Zimmermann 18 .
b ) « Les têtes des questions >> Le prologue est suivi, dans les manuscrits de la Tha , d'une liste des « Têtes des questions (Ru'us al-masā'il) » intitulée : « Mention des Têtes des questions que le Sage a promis de mettre en évidence dans le livre de la Théologie, c'est - à dire le discours sur la souveraineté divine . Commentaire de ( tafsir, mot que Zimmermann 18 , p. 126 , rend par “ expounded by” : voir supra , III A 2, début, sa traduction de l'incipit de la Vulgate ) Porphyre le Tyrien, traduction de ' Abd
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al-Masīḥ al- Nā'imi d'Émèse ». Malgré les ambiguïtés du titre, on a généralement estimé que cet inventaire est à rattacher à l'activité de commentateur de Porphyre. 71 R. Walzer, « Furfüriyūs » , EI ?, t . II, p. 971, et 72 L. Gardet et M.-M. Anawati, Introduction à la théologie musulmane. Essai de théologie comparée , coll. « Études de philosophie médiévale » 37 , Paris 1970, p. 196, ne se sont pas risqués à préciser la sorte de commentaire dont il s'agit ici. D'autres auteurs ont proposé de considérer la deuxième partie de la Tha comme un fragment des képhalaia ( points principaux ) et des épichérèmes ( procédés de raisonnement mettant en lumière les arguments sous -jacents de Plotin et, éventuellement, apportant des arguments nouveaux pour étayer les thèses de celui-ci) que 73 Porphyre, Vita Plotini, chap . 26 , 29-37 , dit avoir consacrés aux Ennéades : 74 W. Beierwaltes, c.r. de Henry 22 , Erasmus 19 , 1967 , p . 245 ; Beutler 63 , col. 286 ; 75 V. Cilento , Saggi su Plotino, coll. « Biblio teca di Filosofia » 7 , Milano 1973 , p . 24 n . 1 , 340 ; 76 H. Dörrie, c.r. de Henry 22 , Gnomon 36, 1964 , p . 464 ; 77 A.M. Frenkian , « Les travaux de Paul Henry et de Hans-Rudolf Schwyzer sur Plotin », Maia 12, 1960, p . 307 ; Goulet- Cazé 39 , p . 307, 321 , 323-325 ; Graf 42, p. 228 ; Henry 45 , p . 321 ; id . 22 , p . XXVIII ; Mansion 43 , p . 243 ; Müller 53 , p . 365 , 367-368 ; Rubio 58 , p . 51 n . 12 ; 78 A. Smith , « Porphyrian Studies since 1913 » , ANRW , II 36 , 2, Berlin 1987 , p . 756 ; Volkmann 52 , p. XII-XIV . Enfin , pour certains, « Les têtes des questions» seraient des restes des seuls képhalaia : 79 A.H. Armstrong, c.r. de Henry 22 , CR 10, 1960, p . 221-222 ; 80 J. Bidez , c.r. de B. Mommert ( édit.), Moppupíov ápopuai npos tà vontá praefatus recensuit, testimoniisque instruxit B.M. , coll. BT, Leipzig 1907, dans ByzZ 18, 1909 , p . 188 ; van Ess 5 , p . 338 ; Hadot 55 , p . 92 ; von Kleist 56 , col. 1185 , 1187-1189 ; Kraus 11 , p. 267 n . 3 ; Lewis 23 , p . IV , V , IX , XVII - XVIII, 254 255 , 260 ; Rose 57 , col . 843-844 ; 81 H.-R. Schwyzer, art. « Plotinos » , RESuppl. IV , 1978 , col. 320, qui entend rectifier, semble -t-il, id. 70 , p. 218 , et id. 41 , col . 500 , 507 , 509 ; 82 W. Theiler, c.r. de 83 P. Henry , Études plotiniennes, t. I : Les États du texte de Plotin, coll . « Museum Lessianum , Section philosophique » 20 , Paris / Bruxelles 1938 , dans ByzZ 21 , 1941 , p. 170 ; Thillet 59 , p. 299-300 . Toutefois, 84 K. Wilkens, « Zwei Anmerkungen zur Plotinausgabe des Porphyrios », Hermes 105 , 1977 , p. 275 n. 1 , p . 281-283 , a récemment avancé un certain nombre de raisons de douter de l'attribution des « Têtes des questions» à Porphyre. Pour Zimmermann 18 , elles seraient dues à Ibn Nā'ima lui-même : voir V 2. Ce qui est certain , c'est qu'elles sont étroitement liées à Enn. IV 4, 1-34, bien que l'on relève, çà et là, des ajouts (Schwyzer 41 , col. 500-501 ). En revanche , la 3e partie de la Tha, où l'on trouve des extraits des Enn. IV , V et VI, ne comporte pas tous les passages indexés dans la 2 °, ne suit pas le même ordre (Lewis 23 , P. IV , 254 ; Thillet 59 , p. 300 ; Zimmermann 18 , p . 166-170) et semble propo ser certaines interprétations distinctes (Lewis 23 , p. IV-V , 260 ). Malgré ces divergences, Rose 57 , col. 844, pour qui la 3 ° partie de la Tha a perdu son ordre primitif, affirme que « Les têtes des questions» seraient « des extraits ( complets) de l'un des traités traduits ensuite ( partiellement), dans lesquels le contenu de ce traité ( IV , 4 ) est mis en relief, chapitre par chapitre » ; pour Zimmermann 18 , « Les têtes des questions » , telles qu'elles nous sont parve nues, seraient des fragments de la table des matières de la traduction arabe
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paraphrasée des Ennéades, à laquelle appartient la 3e partie de la Tha , les anomalies susmentionnées devant être expliquées par une catastrophe survenue à un manuscrit et ayant entraîné pertes et désorganisation ( voir V 2 ). Thillet 59 , p . 300, exprime cependant l'opinion dominante quand il écrit que « les xepálgia sont indépendants de la Théologie en ce sens qu'ils n'en sont pas une partie intégrante et n'en donnent pas le plan ». Cela n'exclut pas que des convergences doctrinales, sans équivalents dans les Ennéades, puissent exister entre la 2 ° et la 3e partie de la Tha (von Kleist 56 , col. 1193 ; Thillet 59, p . 297-301, 316 ). Les auteurs qui ont souligné l'indépendance des « Têtes des questions » n'ont, pour la plupart, pas proposé de solution au problème soulevé par leur thèse : celui du responsable de la réunion de la 2 ° partie de la Tha à la 3e . Pour Schwyzer 81 , col. 320 , qui pense que cette dernière est constituée des épichérèmes, la réunion serait d'origine porphyrienne puisque le philosophe de Tyr lui-même reconnaît qu'il a ajouté aux képhalaia des épichérèmes (V. Plot., 26 , 35-37). Selon Goulet Cazé 39, p. 307, c'est au VIⓇ s. , date probable de la composition de la Tha, que notre extrait des képhalaia aurait été emprunté à la tradition manuscrite des Ennéades. Lewis 23 , p . IX , pense , lui , à un intermédiaire syriaque qui aurait traduit les képhalaia, d'une part, et, d'autre part, des extraits des Ennéades. Certains auteurs ont admis l'existence d'un intermédiaire syriaque ( van Ess 5 , p . 337 ; Gardet 72 , p . 196 ; Graf 42 , p . 228 ; Henry 22 , p . XXXVI ; Kraus 11 , p . 265, 294 ; Lewis 23 , p. V - VI , IX - XI , XVI -XVIII , quelques remarques du commentaire ; Schwyzer 81, col. 320 ; 85 P. Thillet, , RT 51 , 1951 , p . 347 ; Volkmann 52 , p. IV - IX , XIV . Ces critiques ne dégagent toutefois pas, de façon suffisamment étayée et nette , ce qui , au niveau du style et du vocabulaire technique, caractérise la transmission arabe ou syriaque de la Tha. Certaines d'entre elles comportent, en outre , des jugements trop sévères sur la qualité de l'exposé de l'apocryphe. Sur ce deuxième point, voir Van den Bergh 62 , p . 144 ; Lewis 24 , p . 395-399 ; Thillet 26 , p. 318 , 320-323; id . 85 , p. 215 216 : l'impression défavorable qu'a pu parfois laisser la Tha est, en partie , due aux éditions dont on dispose . Au sujet du premier point, on se reportera aux critiques suivantes, plus orientées vers la saisie de la spécificité de la transmission syro - arabe : 144 S.M. Afnan , Philosophical Terminology in Arabic and Persian , Leiden 1964, p. 94-97, 106 , 111-113 , 115-120, 121-124 ; 145 M.-Th. d'Alverny, « Anniya -anitas » , dans Mélanges offerts à Étienne Gilson, coll. « Études de philosophie médiévale», hors série, Toronto /Paris 1959, p . 64, 66, 68, 72-74 ; Baumstark 10 , p . 188 ; 146 S. Van den Bergh, « Anniyya », EI ?, t . I , p . 529 ; 147 Tj. de Boer, « Anniya » , El Suppl., p . 25-26 ; 148 id . , « Djism », EI ?, t. II, p . 568 ; 149 id . , « Rudjū '... retour au sens néoplato nicien » , EI ' , t. III , p . 1250-1251 ; 150 M. Cruz -Hernández, « El neoplato nismo de Ibn Hazm de Córdoba », Miscelánea de estudios árabes y hebraicos 11 , 1962, p . 127 ; 151 G. Endress, Die arabischen Übersetzungen von Aristoteles' Schrift De caelo (Diss . ) , Frankfurt am Main 1966 , p . 118-122 ; id. 20 , p . 23 24 , 56, 62-63 , 69 , 76-193 , 324-326 , qui trouve, dans la Tha, des traits communs à un certain nombre de traductions d'œuvres antiques attestant l'existence d'un véritable groupe de traducteurs de la première moitié du IXe s. , dont le spiritus rector serait Kindi ; Fenton 36 , p . 262 n . 53 et 54 ; Frank 139 , p . 181-201 ; id . 132, p . 397 , 399 , 402-403 ; 152 A.M. Goichon , Le récit de Hayy ibn Yaqzán commenté par des textes d'Avicenne, Avant-propos , traductions , explications et notes, Paris 1959 , p . 131-133 , 136-137 ; 153 id ., « Huwiyya » , EI ?, t . III , p . 665-666 ; Jolivet 67, p . 127 , n. 3 ; Kraus 11 , p . 285 , 286, 288 , 290-293 ; id . 125 , p . 48 ; 154 R. Kruk (édit. ) , Aristoteles Semitico - Latinus. The Arabic Version of Aristotle's Parts of Animals. Books XI-XIV of the Kitāb
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al-Hayawān. A critical edition with introduction and selected glossary, coll. « Verhandelingen der koninklijke nederlandse Akademie van Wetenschappen, Afd . Letterkunde », Deel 97 , Amsterdam /Oxford 1979 , p. 19-21 , 23 n. 1 ( qui présente une liste de différences d'ordre terminologique entre la Tha et la traduction arabe des Réfutations sophistiques, attribuées pourtant aussi à Ibn Nā'ima ) ; Lewis 23, p. 1-4 (de l ' « Abstract of thesis » ), p. V , IX -XI , XIX , XXIII, quelques remarques du commentaire , glossaire de 174 termes techniques; Neuwirth 68 , p . 139 n . 62, 144 n. 80 et 81 , 165, 205-252 ; 155 S. Pines, c.r. de M. Bouyges ( édit. ), Averroès, Tafsir mā ba'd at- tabi'at... Beyrouth 1938 , dans Abstracta islamica , 6 sér., REIsl 12, 1938 , A 56 ; Pines 117 , p. 305-313 , 317 ; Schaeder 99 , p . 221-226 ; Steinschneider 17 , p . 242 ; 156 R.C. Taylor, « The Kalām fi maḥd al -khair (Liber de causis) in the Islamic Philosophical Milieu » , dans Kraye 19 , p . 46 n . 34 ; Thillet 120 , p . XI ; id . 26 , p. 324 325 ; id. 85 , p . 215 n . 16 ; id . 59 , p . 293 n . 2 et 3 , 296 , 301-302 , 316-317 ; Walzer 128 , p . 385 ; id. 129 , p . 95-96 ; Zimmermann 18 . 8 ) Doctrine. Le thème central de la ThA a été considéré tantôt comme une doctrine de l'âme ( de Boer, Bréhier... ), tantôt comme une psychologia theolo gica (Dieterici, Ahlwardt...), tantôt comme une doctrine des réalités divines (Henry , Mariën , Thillet, Jolivet, Rubio et, dans une moindre mesure , Zimmer mann ). Cette visée théologique serait notamment attestée par la dépendance de l'apocryphe à l'égard des Enn . IV, V, VI , qualifiées d'époptiques par 157 P. Hadot, « La métaphysique de Porphyre », dans Porphyre 127 , p . 127 129. Quoi qu'il en soit, l'auteur de la Tha , comme Plotin d'ailleurs, s'attache, quel que soit l'objet de sa méditation , à le mettre en rapport avec l'ensemble du système néoplatonicien. Il n'existe pas d'étude approfondie de la totalité de l'ouvrage, mais des indications sur son caractère général et des analyses de tel ou tel de ses passages . On s'est surtout efforcé, ces dernières années, de dégager les indices porphyriens ( Thillet, Pines , Hadot ... ) , monothéistes ( Endress ...) ou aristotéliciens (Mrozek , Rudolph ... ) du texte , à propos de « variantes diffé rentielles » ( Thillet 59 , p. 296) relatives à certains points particuliers de la Tha , comparés aux Enn .: relation âme-corps, causalisme, métensomatose, docte ignorance, concept d'anniya -ovtorns, rapports du Premier Agent et de l'être, de la forme et de l'être, création, intervention accrue de concepts et de thèmes aristotéliciens, distanciation à l'égard de certaines thèses trop rigoureuses de la théologie négative ,etc. La comparaison avec Kindi a été sérieusement amorcée ( Jolivet, Tornero Poveda, Endress ... ). Il est cependant difficile de dresser un bilan exhaustif des remarques d'ordre doctrinal qui ont été faites à l'occasion de l'apocryphe, car elles se trouvent dispersées dans des études ne traitant pas d'habitude directement de la Tha . Tenter de rassembler un certain nombre de références nous a semblé néanmoins opportun. Souvent, en effet, les inter prétations sont divergentes ou mettent l'accent sur tel ou tel aspect du texte . La confrontation des points de vue ne peut qu'être profitable aux travaux synthé tiques qui font encore défaut: Ahlwardt 110 , p . 596-597 ; 158 A. Altmann , Studies in religious philosophy and mysticism , London 1969 , p . 32 , 73-74 ; Anawati 1 , p. 342 ; id. 95 , p . 280 ; Badawi 100 , p . 12-14 ; Baumstark 10 , p . 190 ; Van den Bergh 62 , p . 145 ; 159 Tj. de Boer, Geschichte der Philo sophie im Islam , Stuttgart 1901 , p . 23 , 29-31 ; 160 id . , « Nür... la lumière » , El ' , t. III, p . 1022-1023 ; id. 149 , p . 1250-1251 ; 161 Ed . Booth , Aristote
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lian aporetic ontology in Islamic and Christian thinkers, coll. « Cambridge studies in medieval life and thought»> 3° sér ., vol . 20 , Cambridge 1983 , p . 57, 83 n. 157 , 84-86 ; Bréhier 46 , p . 84-87 ; 162 Bon Carra de Vaux , Avicenne, coll. « Les grands philosophes» , Paris 1900, p. 73-76 ; 163 V. Cilento (édit . ) , Plotino , Paideia antignostica. Ricostruzione d'un unico scritto da Enneadi III 8 , V 8, V 5 , II 9. Introduzione e commento , coll. « Biblioteca nazionale, Serie dei classici greci e latini. Testi con commento filologico » 9, Firenze 1971 , p . 157 219 ; id. 75 , p. 5 , 24 , 271 ; 164 H. Corbin , En Islam iranien . Aspects spiri tuels et philosophiques, Paris 1978 , t. III, p. 66-67 , 127 ; id . 130 , p . 271 ; Cruz Hernandez 88 , p . 61-62 ; 165 H. Davidson , « Alfarabi and Avicenna on the Active Intellect» , Viator 3 , 1972, p . 109-134, 150 ; Dieterici 66 , p. 3-12 ; id . 51 , p . IV - VI ; id. 47 p . V - XI , 181-224 ; Diwald 121 , p . 20, 43 , 45 , 139 , 141 ; Endress 20 , p . 23-24, 56, 68-69 , 206-241, 326-328 ; 165bis id ., « Al Kindi's Theory of Anamnesis. A new text and its implications », dans A. Sidarus ( édit. ), Islão e Arabismo na Peninsula Ibérica. Actas do XI congresso da Umão europeia de arabistas e islamólogos ( Évora - Faro - Silves, 29 set.6 out. 1982 ), Évora 1986 , p . 393-402 ; Fakhry 16 ,p. 32-40 , 44 ; Fenton 36 , p . 261 n . 17 , 262 n . 53 et 54 ; Frank 132 , p . 421 n . 110 ; id . 139 , p. 201 n . 1 ; Frenkian 77 , p . 307 n . 3 ; Gardet 104 , p . 23 n. 2, p . 50, 51 , 93 ; id . 72 , p . 252 , 322-323 n. 3 ; Goulet- Cazé 39 , p . 281 ; 166 A. Guillaume, « Philo sophy and theology » , dans The legacy of Islam , edited by ... Sir Thomas Arnold ... and A.G. , Oxford 1931 , p . 252-254 ; Guttmann 122 , p . 26 , 29-30, ainsi que les références indiquées dans l'index s.v. « Theologie des Aristoteles » à partir de la p. 42 ; Hadot 109 , p . 2 ; id . 55 p . 92-93 ; 167 K. Hedwig , Sphaera lucis . Studien zur Intelligibilität des Seienden im Kontext der mittel alterlichen Lichtspekulation , Münster 1980, p . 93 n . 2 ; Henry 45 , p . 326 , 328-330 , 333-336 , 341-342 ; id . 22 , p . XXVII n . 1 ; 168 id . , « Introduction : The Place of Plotinus in the History of Thought» , dans S. MacKenna ( trad .), Plotinus. The Enneads, Third edition revised by B.S. Page with a foreword by professor E.R. Dodds and an introduction by professor Paul Henry S.J., London 1962 , p . LII n. 4 ; 169 J. Hjärpe, Analyse critique des traditions arabes sur les Sabéens þarraniens ( thèse inédite ), Uppsala 1972, p . 155-161 ; 170 Chr . Jambet, La logique des Orientaux . Henry Corbin et la science des formes, coll. « L'ordre philosophique » , Paris 1983 , p. 156-160 , 177 , notes y afférentes; Jolivet 67 , p. 13 , 15 n . 1 , 20 n . 1 , 74-81 , 85-86, 92 n. 1 , 95 , 106 n. 2 , 111 , 115 , 127, 133-135 , 138 n . 1 , 140-142, 145 n. 1 ; Katz 142bis ( réimpr. diverses : on peut glaner quelques remarques sur les thèmes de la Tha , dans les travaux de Weinsberg ( 1888 ) et surtout de G.Vajda ( 1946 , 1949) et d'I. Golziher ( 1905 )]; von Kleist 56 , col . 1185-1195 ; Kraus 11 , p . 292-294 ; id. 125 , p. 12, 48 ; Kraus 142ter , p . 348 (s.v. Ps.- Aristote , Théologie d'Aristote ) ; Kutsch 38 , p . 280-281 ; 171 B. Landron , « Les Chrétiens arabes et les disciplines philosophiques», POC 36, 1986, p. 42-44 ; Lewis 23 , p . 3 (de l ' « Abstract of thesis » ), X , XII - XIV , XVIII - XIX , commentaire; Mariën 140 , p . 578 ; id . 94 , p . 389-394 ; Mrozek 136 ; Müller 53 , p. 364 , 366-367 ; Munk 54 , p . 248 259; Neuwirth 68 , p . 131 n . 30 , 131-132 n . 31 , 139 n . 62 , 142-143 n . 76 , 144 n . 81 , 165 ; 172 H.S. Nyberg, Kleinere Schriften des Ibn al - 'Arabi. Nach Handschriften in Upsala und Berlin zum ersten Mal herausgegeben und mit Einleitung und Kommentar versehen , Leiden 1919, p. 49-51 , 58-59, 81 , 129 ;
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Pines 117 , p . 303-313 , 315-316 ; 173 J.M. Rist, Plotinus : the road to reality, Cambridge 1967, p . 56 , 178-179 , 195 , notes y afférentes; Rubio 58 , p . 5-8 , 20-21 , 31-45 , 132 n. 42 ; Rudolph 134 , p . 413-416 ; 173bis U. Rudolf, Die Doxographie des Pseudo -Ammonios (Diss.), Tübingen 1987 , t. II, passim ( cette thèse sera publiée en 1989) ; Schaarschmidt 119 , p . 145-147 ; Schaeder 99 , p . 221-226 ; Schlanger 69 , p . 60, 63-69 , 90 n . 2 ; Schwyzer 70 , p. 219-221 ; Schwyzer 41 , col. 502-506 (« Bemerkungen » ); 174 id . , « Nachlese zur indirekten Überlieferung des Plotintextes » , MH 26 , 1969, p . 259-260 ; id . 81 , col . 320 ; Thillet 120 , p . X - XII ; Thillet 85 , p . 200-201 , 205 , 214-215 ; Thillet 59, p . 239, 294-301 , 315-316 ( les remarques sur la métensomatose sont à combiner avec Smith 78 , p. 725-727 , 756-757, et Smith 135 , p . 276-284 ) ; Tornero Poveda 44, p . 72-73 , 99 , 160-163, 165 , 180, 185 , 233 , 248-249, 256 262, 265-278 , 289, notes y afférentes ; 175 J. Trouillard , c.r. de Henry 22 , JHS 80 , 1960 , p . 231 ; Volkmann 52 , p. IV - XIV ; Walzer 129 , p . 40 n . 5 , 167 n . 3 ; 176 A.J. Wensinck , « Ghazāli's Mishkāt al-anwār (Niche of lights ) » , Semietische Studiën uit de nalatenschap , Leiden 1941 , p. 199-201 ; Zimmermann 18 . Les commentaires arabes de la Tha , dont nous traiterons dans la VIe partie, pourraient, en outre, aider à la compréhension de certaines pages difficiles de ce texte. Sur les rapports de la 3e partie de la ThA avec le reste de l'ouvrage, on consultera les sections traitant du prologue et des « Têtes des questions » .
3. LA VULGATE ET L'ÉTABLISSEMENT DU TEXTE DES ENNÉADES a) Remarques sur la méthode à suivre qui découle de la loquacité de la Tha , des procédés propres aux traducteurs syriaques et arabes, etc. , dans Cilento 75 , p . 341 ; Henry 22 , p . XXXIV -XXXVI ; 177 B. Mariën , « Études plotinien nes » , RPHL 46 , 1948 , p . 96 ; id . 140 , p . 577-579 ; id. 94 , p . 388-389 ; Schwyzer 70 , p . 226-227 ; id . 41 , col . 507 ; id . 174 p . 257-258; id . 81 , col . 320-321 ; Thillet 85, p . 211-216 . b) Corrections ou confirmations de la tradition directe . Les éditeurs et traducteurs des Ennéades ont pris l'habitude, depuis Volkmann ( 1884) , de se servir de la ThA pour l'établissement de leur texte. Pour une liste de ces travaux, voir, par exemple, Henry 61 , p . XLVIII , à laquelle on ajoutera : 178 A.H. Armstrong ( édit. et trad . ), Plotinus, t. IV -V , Cambridge (Mass. )/London 1984 ; 179 M. Atkinson , Plotinus : Ennead V. 1. On the Three Principal Hypostases. A Commentary with Translation, coll . « Oxford Classical and Philosophical Monographs » , Oxford 1983 ; Cilento 163 ; Dörrie 76 , p . 463 ; Frenkian 77 , p . 308 ; Henry 61 ; 180 P. Henry , H.-R. Schwyzer (édit . ) , Plotini opera (editio minor), coll. OCT, t. II -III, Oxford 1977-1982 ; 181 J. Igal, « Sobre Plotini opera, III, de P. Henry y H.R. Schwyzer» , Emerita 43 , 1975 , p . 176 ; von Kleist 56 , col. 1195-1196 ; Schwyzer 70 , p . 226-236 ; Schwyzer 174 , p . 257-260 ; Schwyzer 81 , col . 320-321 ; Thillet 85 , p . 200-201, 204-205 , 211-216 ; Zimmermann 18 , p . 143-150 , 169-170, notes y afférentes.
Alors que Volkmann demandait volontiers à la ThА des conjectures, permettant de rectifier une tradition directe dont il se méfiait au plus haut point,
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on est aujourd'hui plus prudent: l'arabe sert plutôt à défendre celle -ci contre l'hypercriticisme. c) Examen du problème particulier du passage sur la réfutation de la théorie de l'entéléchie ( Enn. IV 7 , 8 , 1-43 ), absent des manuscrits des Ennéades, mais attesté par Eusébe de Césarée et la ThA : Goulet-Cazé 39 p . 291-294 ; Kraus 86 , p . 207-218 ; 182 H.-R. Schwyzer, c.r. de 183 P. Henry, Recher ches sur la Préparation évangélique d'Eusébe et l'édition perdue des cuvres de Plotin publiée par Eustochius, coll. « Bibliothèque de l'École des Hautes Études, Sciences religieuses » 50, Paris 1935 , dans Gnomon 12, 1936, p . 547-548 . 4. ÉDITIONS Il n'existe pas , à proprement parler, d'édition critique de la Tha. Aussi utilise-t-on , d'habitude, conjointement, les éditions Dieterici 51 , Badawi 21 , ainsi que la traduction anglaise de Lewis dans Henry 22 , qui « vaut un texte critique » ( Thillet 59 , p . 295 ) . Tables de concordance : entre les pages des éditions Dieterici et Badawi, dans Thillet 25 , p . 57-59 ; entre les Enn . , les Arabica ( traduction anglaise divisée en livres et paragraphes) et Badawi, dans Henry 22 , p . 489-494 ; entre la traduction anglaise de la Tha (divisée en livres et paragraphes), la traduction allemande de Dieterici et les Enn ., dans Henry 22 , p . 495-497. Mais il est évident que le prochain éditeur de la Tha devra se servir d'un matériau plus abondant : réexamen de la question des manuscrits ; longue recension ; commentaires arabes, etc. ( 1 ) L'édition Dieterici 51 : introduction en allemand, p . III - VIII ; table des matières et errata (une feuille sans pagination ); prologue de la Tha , p . 1-4 ; 3e partie de la Tha , p . 4-170 ; « Les têtes des questions » , p . 171-180 . Cette édition n'est pas sans défauts. Ainsi, elle ne s'appuie que sur trois manuscrits ; au nombre de ceux-ci ne se trouve pas l'excellent Constantinopolitanus Aya Sofya 2457 ; Dieterici n'a pas entrepris de comparaison détaillée avec les Enn. IV , V , VI . Éléments d'appréciation de son édition dans Ahlwardt 110 , p . 594-595, et surtout Lewis 23 , p. 2 (de l ' « Abstract of thesis » ), I-II , XIX - XXIII ; id . 24 , p . 395-398 ; Thillet 25 , p . 56-66 ; id. , 26 , p . 318 , 320-323 . (2) L'édition Badawi 21 : table des matières de l'ouvrage , p . h-w ; intro duction en arabe sur « Plotin chez les Arabes » , p . ( 1 ) -(66) ; sigles, p . 1 ; prologue de la Tha , p . 3-7 ; « Les têtes des questions» , p . 8-18 ; 3e partie de la ThA , p . 18-164 ; table de concordance entre la ThА et les Enn . , p . 241-245 ; lexique ( non exhaustif) arabo -grec, p. 246-250 ; lexique (non exhaustif) arabo latin , p . 251-253 ; index des noms et des æuvres, p . 254 ; errata , p . 255-256. Badawi, qui se réfère à huit manuscrits et à Dieterici 51 , ne s'est pas systéma tiquement servi du Constantinopolitanus Aya Sofya 2457, qu'il utilise cependant; de plus, il a suivi , dans bien des cas , les lectures de son prédécesseur allemand. Compte rendu et /ou éléments d'appréciation de l'édition Badawi dans Anawati 1 , p . 346-347 ; Lewis 24 , p . 395-399 ; Thillet 25 , p . 56-66 ; 184 id . , c.r. de Badawi 21 , Arabica 5 , 1958 , p . 87-88 ; id . 26 , p . 318 , 320-323 . ( 3 ) Henry 22 , p . XXX , signale une édition , parue en lithographie , à Téhéran en 1896 dans les marges des Qabasāt de Mir Dāmād . Selon Zimmermann 18 , p . 234 n . 229 , elle serait « virtuellement semblable » à Dieterici 51 .
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(4) 185 S.J. Āshtiyāni ( édit. ), Plotinus Enneads (« Theology» ), The Ara bic Translation of Ibn Na'imah al- Ħimși, with the glosses of Qādi Sa'id al Qummi, edited with commentary , English introduction by S.H. Nasr, Téhéran 1976 ( 1978 ), édite – à la suite d'une première introduction en persan , page un à trente -cinq, d'une table des matières de la Tha , page trente - six à quarante -sept, d'une deuxième introduction en persan, p . 3-19, et avant le texte du commen taire de Qummi, p . 91-216 , et l'introduction anglaise, p . 5-12 ( pagination à part) - le prologue de la Tha , p. 20-23, « Les têtes des questions », p . 23-30, et les quatre premiers mimars de la 3° partie de la Tha , p . 31-88. Les p. 1-216 de ce livre reproduisent 186 S.J. Ashtiyani (édit. ) , Anthologie des philosophes iraniens depuis le XVIIe siècle jusqu'à nos jours, t . III : Textes choisis et présentés par S.J.A , Introduction analytique par H. Corbin , coll. « Bibliothèque iranienne » , nº 23 ancienne série, n° 4 nouvelle série, Téhéran / Paris 1976 , p. 1 216 (du corps de cet ouvrage ); la table des matières de la Tha dans Āshtiyāni 185 est, elle, une réimpression d'Ashtiyani 186 , p. 50-61 (de la partie introductive ). Selon Corbin , qui renvoie à l'Anthologie d'Ashtiyani, celui-ci fournirait « un témoin de plus pour la future édition critique » ( Corbin 130 , p . 249), quoiqu'il n'ait pas pu avoir accès aux éditions Dieterici et Badawi ( Corbin 130 , p . 394 n. 11 ).
(5) Éditions de brefs extraits et conjectures : Massignon 107 , p . 176-178 , publie, en abrégé, trois extraits de la Tha , dont le passage sur l'extase (corres pondant à Henry 22 , p . 225 ) avec des variantes empruntées aux citations de Färābi ( † 950 ) et des Frères de la Pureté (Xe s .) ; Zimmerman 18 . 5. TRADUCTIONS DE LA VULGATE Nous ne signalons ici que les traductions de la totalité ou de gros morceaux de la Tha et non celles qui ont pu être faites de tel ou tel passage . Ces dernières apparaissent d'ailleurs dans des publications indiquées dans les autres parties de cette notice , exception faite de 187 F. Rosenthal, Das Fortleben der Antike im Islam , Zürich /Stuttgart 1965 , qui traduit, p. 212-214 , et notes y afférentes ( trad. angl. par E. et J. Marmorstein , The Classical Heritage in Islam , coll. « The Islamic World » , Berkeley /Los Angeles 1975 , p. 154-155 ), le fameux passage sur l'extase (Henri 22 , p . 225-227 ) . ( 1 ) Traduction allemande de Dieterici 47 : préface , p . V -XII ; table des matières, p . XIII-XVIII ; prologue de la Tha , p . 1-4 ; 3° partie de la Tha , p . 5 169 ; « Les têtes des questions» , p . 170-178 ; annotations, p . 179-224 . Selon van Ess 5 , p . 334, cette traduction serait dépassée . Elle peut néanmoins être utile, surtout lorsqu'il s'agit de vérifier les références des études sur la Tha entreprises par les hellénistes, qui se sont, habituellement, pour des raisons chro nologiques évidentes, appuyés sur la traduction de Dieterici. Au sujet du travail de traduction lui-même, voir : Ahlwardt 110 , p . 594-595 ; Van den Berg 62 , p . 144; 188 LZB 1883, col. 1261-1262; Mariën 7 , p . 608 et 610 ; Schaeder 99 , p . 223 n . 2 ; Schwyzer 70 , p . 217 . ( 2) P. Henry et H.-R. Schwyzer ont inclus, dans leur édition des Enn . , une traduction anglaise, par G. Lewis, des Plotiniana arabica, traduction qu'ils ont utilisée pour l'établissement du grec. Henry 22 : pages introductives sur celle - ci et bibliographie dues à P.H. et H.-R.S. , p. XXVI - IL ; prologue de la Tha , p. 486
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488 ; « Les têtes des questions » , p. 488 ; 62-127 ( apparat du texte grec des Enn. IV 4 , 1-34) ; la 3e partie de la Tha ( disposée suivant l'ordre d'apparition des passages grecs correspondants des Enn . IV , V, VI) ; tables de concordance , p . 489-497 ; table des matières, p . 503. Compléments d'information dans Henry 61 , notamment aux p. 330-331 (" Corrigenda ad præfationem alterius tomi» ) et aux p . 408-410 (« Corrigenda ad Arabica » ). Lewis, qui n'a pas publié d'édition de la Tha , a néanmoins assuré à sa traduction parue dans les Plotini opera de solides fondements : Dieterici 51 ; une lithographie de 1896 ; une dizaine de manuscrits et , plus particulièrement six d'entre eux, notamment le Constantinopolitanus Aya Sofya 2457 ; il a aussi eu recours, de temps en temps, à la version latine , mais non aux manuscrits de Leningrad ( sur ces deux types de documents, voir III B ) . Cette traduction du savant anglais est généralement considérée comme étant d'une très grande qualité, bien que l'on ait parfois regretté son excessive littéralité ; de plus , elle fait office d'édition critique, quoiqu'elle ne soit pas accompagnée d'un apparat signalant les variantes des manuscrits. On trouvera certaines indications au sujet de celles -ci dans la thèse de 1949, à utiliser cependant avec précaution , car l'auteur ne disposait pas encore , à l'époque, de tout le matériel manuscrit dont il se servira plus tard : Lewis 23 , p . 2 (de l ' « Abstract of thesis » ), I -II, VI-VII , XIX -XXIII, 1-251 (apparat accom pagnant la traduction anglaise ), quelques remarques du commentaire . Compte rendu et /ou éléments d'appréciation de la traduction figurant dans les Plotini opera : Van den Bergh 62 , p. 144-146 ; Thillet 26 , p. 318-325. (3 ) Traduction espagnole de Rubio 58 : table des matières, p . 5-8 ; intro duction , p . 9-46 ; prologue de la Tha , p . 47-53 ; « Les têtes des questions » , p . 53-64 ; 3° partie de la Tha , p . 65-276 ; index des noms, p . 277-278 . Cette traduction se fonde essentiellement sur l'édition Badawi et comporte , en outre , des notes indiquant surtout les rapports avec les Enn. et la traduction latine. (4) Vajda 143, p. 347, 349-406 , traduit les passages de la ThА qu'Avicenne a choisi d'expliquer dans des gloses qui ne sont pas un commentaire suivi. La version de Vajda s'appuie sur Dieterici 51 et sur les extraits publiés dans 189 ‘ A. Badawi (édit. ) , Aristū ' ind al- 'Arab, coll. « Dirāsāt islāmiyya » 5 , t . I , Le Caire 1947, réimpr. Koweit 1978, et non sur l'édition postérieure ( corrigée ) de Badawi 21 . B. LA LONGUE RECENSION Nous regroupons sous ce titre trois types de texte : les fragments judéo - arabes de la ThA, la note marginale et les citations hébraïques de Moïse Arovas que l'on trouve dans un manuscrit hébreu de la BN, la traduction latine de Petrus Nicolaus ex Castellaniis de Faenza, ainsi que celle qui en dérive de Jacques Charpentier. 1. LES MANUSCRITS Fragments judéo -arabes (langue arabe, caractères hébraïques) découverts à Leningrad, à Londres et à New York, les uns par Borissov, les autres par Fenton. Références et description dans : 190 A. Borissov, « L'original arabe de la ver sion latine du traité dit “ Théologie d'Aristote ” » , Zapiski Kollegii Vostokovedov 5 , 1930, p . 83-98 ( en russe ); Badawi 21 , p . ( 16 )- ( 17 ) ; Badawi 4 , p . 51-52 et 191 G. Vajda, « Quelques publications russes» , REJ 98 [ 193-194 ) , 1934,
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p . 101 , qui s'appuient sur l'article de Borissov ; Henry 22 , p. XXX - XXXI , et, surtout, Fenton 36, p. 245-248, notes y afférentes. On trouve , à la BN (192 J. Tascherau, Manuscrits orientaux . Catalogue des manuscrits hébreux et samaritains de la Bibliothèque Impériale, Paris 1866, p . 179, n° 996 ), dans les marges d'un commentaire manuscrit sur l'Éthique à Nicomaque, dû à R. Joseph ben Schem - Tob , des indications sur une traduction hébraïque de la ThA par Moïse Rovas ou Arovas, ainsi que des extraits de cette traduction. Voir , à ce sujet, Fenton 36 , p . 258-259 , note y afférente ; Mariën 6 , p . 136 ; Munk 54 , p . 249-250, 257 ; Steinschneider 17 , p . 244 245 , § 130 ; id . 12 , p . ( 117 ) . Les manuscrits de la traduction latine ont disparu. Sur les versions imprimées de celle - ci, voir III B 7 . 2. IDENTIFICATION Au début du XVI° s . , un médecin juif de Chypre, Moïse Rovas ou Arovas , traduisit en italien , selon certains interprètes, en latin vulgaire, selon d'autres, un manuscrit en langue arabe de la Tha , qui venait d'être découvert à Damas. Et c'est à partir de cette traduction , dont il ne reste rien aujourd'hui, que Petrus Nicolaus ex Castellaniis a donné la version latine, parue en 1519 sous le titre : Sapientissimi philosophi Aristotelis Stagiritae Theologia sive mistica phylo sophia secundum Aegyptios noviter reperta et in Latinum castigatissime redacta . En 1571 , Jacques Charpentier en a présenté une version au style amélioré accompagnée de scholies. Ces deux versions ont été plusieurs fois réimprimées sous des titres parfois différents. Pour plus de détails sur la chaîne de transmission qui va de Rovas à Charpentier et sur les titres, on consultera : Badawi 21 , p . (38 ) - (42) ; 193 J.L. Beckh, De Theologia Aristotelis sive mystica philosophia secundum Aegyptios, Libro superiori seculo Damasci reperto (diss.), Leipzig 1688, 22 p.; 194 P. Duhem , Le système du monde. Histoire des doctrines cosmologiques de Platon à Copernic, 10 tomes , Paris 1913-1959 , t. IV , p . 365-366 ; 195 J.A. Fabricius, Bibliotheca Graeca, t. III, 4e éd . , Hamburg /Leipzig 1793 , p. 278-280 ; Fenton 36 , p . 241 , n . y afférentes; 196 T. Gregory , « L'Apologia ad censuram di Francesco Patrizi» , Rinasci mento 4 , 1953 , p . 101-103 n. 4 ; Guttmann 122 , p . 26-29 ; Haneberg 91 , p. 1-2 , 11-12 ; Henry 22 , p. XXX ; 197 J. Kraye, « The Pseudo - Aristotelian Theology in Sixteenth- and Seventeenth - Century Europ » , dans Kraye 19, p . 265-266 , n . y afférentes; Mariën 6 ; id . 94 , p . 387-388 ; Mariën 7 , p . 608 ; Munk 54 , p . 248-250 n. 3 ; 198 S. Pines, « La Longue recension de la Théologie d'Aristote dans ses rapports avec la doctrine ismaélienne » , REIsl 22, 1954 , p . 7 n . 3 ; Rubio 58 , p . 9-11 ; Schaarschmidt 119 , p . 145 146 ; 199 M. Schoell, Histoire de la littérature grecque profane, depuis son origine jusqu'à la prise de Constantinople par les Turcs ; suivie d'un précis de l'histoire de la transplantation de la littérature grecque en Occident, t . III, 2 ° éd ., Paris 1824, p . 297-298 ; Steinschneider 17 , p . 244-245 ; id . 12 , p . ( 117 ) ; Schwyzer 41 , col . 499 ; 200 S.M. Stern , « Ibn Hasdāy's Neoplatonist. A neoplatonic treatise and its influence on Isaac Israeli and the longer version of the Theology of Aristotle » , Oriens 13-14 , 1960-1961 , p . 79 n . 1 , réimpr. dans
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201 S.M. Stern , Medieval Arabic and Hebrew Thought, edited by F.W. Zimmermann , London 1983 . Sur une prétendue référence de saint Thomas à une version ( grecque ? arabe ? ) de la Tha , non encore traduite en latin à son époque, on se reportera aux travaux signalés par Mariën 7 , p . 608 , 611-612 , notamment 202 A. Dondaine , « Saint Thomas et les traductions latines des Métaphysiques d'Aristote » , Notes et communications du Bulletin Thomiste, t. I, 1931-1933 , p. 204-210 , 213. On ajoutera à la liste de Mariën : 203 M. Grabmann , Forschungen über die lateinischen Aristoteles- Übersetzungen des XIII. Jahrhunderts, coll. « Beiträge zur Geschichte der Philosophie des Mittelalters. Texte und Untersuchungen » , Bd. XVII, Heft 5-6 , Münster 1916, p. 244-247 , dont les arguments sont en partie dépassés ; Kraye 197 , p . 266, note y afférente, et surtout la mise au point de Kutsch 38 , p . 285-286 , pour qui il est possible mais non démontré que la ThA soit parvenue aux Latins du Moyen Age. La traduction hébraïque, dont il ne reste que des citations dans les marges du manuscrit de la BN signalé plus haut, est de Moïse Arovas, qui a joué le rôle que nous avons évoqué dans la genèse de la version de 1519. Les deux traductions ont une même origine (Fenton 36 , p. 257-259, notes y afférentes ; Guttmann 122 , p . 27 n . 1 , 32 ; Munk 54 , p . 249-250 , 257 ; Steinschneider 17 , p. 244-245 ; id. 12 , p . ( 117 ) ; Stern 200, p . 59-60 n. 4) . Il ne fait d'ailleurs plus de doute aujourd'hui que ces traductions proviennent, même dans ce qu'elles ont d'étrange par rapport à la Vulgate, d'une source arabe, celle - là même qu'attestent aussi les manuscrits de Leningrad. Voir, à ce sujet, les tableaux de Fenton 36 , p. 248-249, les analyses de Borissov 190 et 204 « Sur le point de départ de la philosophie volontariste de Salomon ibn Gabirol» , Bulletin de l'Académie des sciences de l'URSS , VIIe série. Classe des sciences sociales, 1933 , p . 755-768 (réimpr. dans Katz 142bis ), ainsi que les comptes rendus qu'en ont faits Badawi 21 , p. ( 10 ) -( 17 ) , et Pines 198, p . 7-11 , qui ajoute d'ailleurs une preuve. Toutefois, comme le rappelle cet auteur (ibid .) à la suite de Borissov, le latin n'est pas l'exacte reproduction de l'arabe, qu'il abrège notamment. Voir aussi, dans le même sens, Fenton 36 , p . 250, et Stern 200 , p. 79, 82 . En outre , l'examen de la traduction latine avait déjà révélé au XIXe siècle l'étroite parenté qu'il y a entre la Tha et les Enn .: 205 G.H. Moser et F. Creuzer ( édit. ), Plotini opera omnia ... Apparatum criticum disposuit, indices concinnavit G.H.M.... emendavit, indices explevit ... F.C. , Oxford 1835 , t. I, p . XXXV , et t. III , p . 499 ; 206 F. Ravaisson , Essai sur la Métaphysique d'Aristote , Paris 1846 , réimpr. Hildesheim 1963 , t. II, p . 544 ; Schoell 199 , t . III , p . 297-298 ; 207 Th . Taylor , « Instance of Arabian forgery », Classical Journal (London ) 15 , 1817 , p . 279-286 ( cet article serait, d'après son prologue, constitué d'un extrait de 208 id. , Dissertation on the Philosophy of Aristo tle ( références relatives à cet ouvrage très rare dans Fenton 36 , p . 260 n . 11)]; 209 É . Vacherot, Histoire critique de l'école d'Alexandrie, t. III, Paris 1851 , p . 91-95 . Pour ce qui est de l'auteur originaire du remaniement des Enn. attesté par la tradition latine, on distinguera deux types de recherches : celles qui ont été entreprises sur la version latine dans un contexte où les problèmes posés par les
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rapports qu'il y a entre celle -ci, la Vulgate et les manuscrits judéo -arabes ne sont pas mis en relief ; celles qui s'attaquent à ces problèmes. Certaines des conclu sions auxquelles ont abouti les responsables de la première catégorie méritent encore qu'on s'y arrête . Ainsi, pour Ravaisson 206 , p . 542-556 , la Tha serait « de la dernière période de la philosophie grecque » et manifesterait des influences péripatéticiennes, néoplatoniciennes, juives et chrétiennes. Pour Vacherot 209 , p. 86-95 , 100 , « la Théologie apocryphe appartient évidemment à cette époque du Néoplatonisme, où la doctrine d'Aristote reprend faveur; c'est un mélange d'idées péripatéticiennes et néoplatoniciennes, dans lequel l'élément alexandrin prédomine encore » . Duhem 194 , t. I , p . 271-275, t. IV , p . 324 325, 328-329, 364-401, reprend les conclusions de Ravaisson , mais croit aussi découvrir l'influence de Damascius. En revanche, selon Taylor 207 , p. 279 286, les extraits des Enn . qui constituent la Tha auraient été barbarisés et falsifiés par un Arabe. L'explication qu'il ajoute, à savoir qu'une religion d'imposteurs ne pouvait qu'encourager les fraudes littéraires, rend néanmoins sa thèse des plus suspectes. D'autres travaux s'appuient, pour résoudre la question de l'identification de la traduction latine, sur l'examen des rapports de celle -ci avec les manuscrits judéo arabes ( qui représentent certainement une même recension que le latin : voir les références signalées un peu plus haut) et avec la Vulgate. Les différences entre celle -ci et la traduction latine sont patentes: Porphyre et Kindi ne sont pas signalés comme transmetteurs, dans cette dernière ; le prologue y est beaucoup plus bref; « Les têtes des questions» disparaissent; une division en 14 livres, eux -mêmes régulièrement partagés en chapitres, remplace la division en 10 mimars, les coupures n'étant pas toujours opérées, dans les deux ouvrages, aux mêmes endroits ; amplification ou réduction dans la Longue recension et même, parfois, présence de longs passages exposant des doctrines absentes ou quasi absentes dans la Vulgate ( doctrine du Verbe, p. ex .). Pour un exposé plus détaillé de ces divergences, on consultera : Badawi 21 , p . ( 10) - ( 17 ) , (40 ) - (42) ; Borissov 190 et 204 ; Guttmann 122 , p . 27-33 ; Haneberg 91 , p . 11-12 ; Lewis 23, p.III, VI - VII, XXV -XXVII, quelques notes du commentaire ( confusions, cependant, aux p . III et XXV - XXVII ) ; Steinschneider 17 , p . 243-245 ; Stern 200 , p . 81-82 , 87-91 ; Zimmermann 18 , p . 112 , notes y afférentes, p . 191-206 ; et, surtout, Fenton 36 , p. 242, 246-254, notes y afférentes, et Rubio 58 , p . 12-20, 32-34 , nombreuses notes du commentaire. La fréquence des correspondances que l'on relève entre la Vulgate et la Longue recension montre néanmoins qu'elles ont un noyau commun dû à un même auteur et à un même traducteur arabe : Badawi 21 , p . ( 12 ) - ( 16) , (42) ; Borissov 190 ; Fenton 36 , p. 246-250, n. y afférentes ; Lewis 23 , p . III , VI- VII , XVIII, XXV XXVII, quelques notes du commentaire (les inexactitudes des p. III et XXV XXVII, sont à rectifier à l'aide des autres auteurs cités ici) ; Rubio 58 , p . 12-17 , 32-34 , notes du commentaire . Lewis 23 , p. XVIII , 256-257 , et Zimmer mann 18 , p . 143-149 , notes y afférentes, écartent, chacun à sa façon , une hypothèse revenant à admettre, pour le noyau commun lui-même, une seconde recension et soutenue par Kraus 11 , p . 276-277 ; Nallino 106 , p . 49-50 ; Steinschneider 17 , p. 243 n . 969 ; Walzer 129 , p . 47 , mais rejetée par 210 F. Rosenthal, « On the Knowledge of Plato's Philosophy in the Islamic World » , IslCult 14 , 1940 , p . 405.
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La question qui se pose est donc celle de l'origine des principales différences d'ordre structurel et doctrinal – que l'on observe entre les deux traditions. Plusieurs solutions demeurent en lice : - La Longue recension représenterait la version originaire dont dériverait la Vulgate . Borissov a imaginé deux séquences différentes: 1 ) élaboration de la Longue recension par des chrétiens d'Orient, traduction en arabe, révision par Kindi, qui serait ainsi responsable de la Vulgate ( Borissov 190 ( article publié en 1930 )] ; 2 ) la Longue recension serait à mettre au compte de la philosophie hellénistique syncrétiste, celle qui a produit le Poimandrès et dont les intel lectuels parmi les Sabéens de Harrān furent les adeptes même après l'avènement de l'Islam [ Borissov 204 ( art. de 1933 )] . Exposé des résultats des analyses de Borissov dans van Ess 5 , p . 334-335 ; Fenton 36 , p. 242-243, notes y affé rentes; Pines 198 , p . 11-12 ; Vajda 191 , p . 101-102 . On rapprochera la seconde séquence de Borissov de la thèse, récemment soutenue par M. Tardieu de l'établissement de Damascius, Simplicius et leurs compagnons, de retour de Perse (533), à Harrān ainsi que des extraits de la ThА relevés par Sallinger dans L'agriculture nabathéenne (voir infra, VI A). Références des deux articles de Tardieu dans 211 I. Hadot - qui en approuve la thèse - , « La vie et l'euvre de Simplicius d'après des sources grecques et arabes » dans I. Hadot (édit. ) , Simplicius. Sa vie , son æuvre , sa survie, Colloque de Paris 1985 , coll. « Peripatoi » 15 , Berlin /New York 1987, p . 8-22. Tardieu est brièvement critiqué dans 211bis D. Gutas, « Plato's Symposion in the Arabic tradition » , Oriens 31 , 1988 , p. 42-45. Pour Rubio 58 , p. 9, 14, 19-23 , 32-34, Ibn Nā'ima a peut- être traduit une première recension due à Porphyre, la Longue, et Kindi, corrigé celle -ci, donnant ainsi naissance à la Vulgate. Enfin , Pines 117 , p . 311 n. 4 , 316 , qui a été le champion de la thèse de l'antériorité de la Vulgate, a envisagé, au cours du colloque de Royaumont, une autre hypothèse : « Main tenant que l'on constate l'existence dans la Théologie d'Aristote et dans les autres écrits plotiniens arabes de divergences par rapport à Plotin , il me semble possible que les passages sur la volonté conçue comme proche de Dieu ou faisant partie de la divinité et identifiée au commandement divin , pourraient refléter une philosophie grecque dérivant de Porphyre ou de disciples de Porphyre » ( ibid ., p. 316 ). - La Vulgate aurait précédé la Longue recension . Telle fut l'opinion de Pines 198 , qui , avant d'émettre les doutes que nous venons de signaler, avait soutenu que les passages relatifs au Verbe figurant dans les manuscrits de Leningrad ont dû être interpolés par des Ismaéliens ou des précurseurs de ce mouvement extrémiste chiite qui apparaît, dès le milieu du IX s . , comme une organisation secrète révolutionnaire. Voir aussi 212 id ., « Amr», E12 , t . I, p. 462-463. Autres auteurs favorables à la thèse de l'antériorité de la Vulgate : van Ess 5 , p. 335-336 ; Lewis 24, p . 397-398 , qui relève quelques différences d'ordre terminologique entre les passages des Leninopolitani absents de la Vulgate et celle - ci; Neuwirth 68 , p . 175-176 ; Thillet 59 , p . 294 ; 213 P. Thillet, « Recherches sur le néoplatonisme médiéval » ( Cours Univer sité Paris 1 , 1985-1986) , qui remarque que le manuscrit utilisé par Arovas était peut-être en judéo - arabe et que, de toute façon, le fait que les fragments de Leningrad nous sont parvenus écrits en de tels caractères montre l'intérêt de certains milieux juifs arabes d'Orient pour la Tha ( seraient-ils à l'origine des
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interpolations de la Longue recension ?) ; Zimmermann 18 , pour qui la Longue recension pourrait bien être un texte composé au début du X° s. par un auteur désireux de fondre ensemble la cosmologie néoplatonisante de la Vulgate et la théologie du Secret de la création ( composé, probablement, vers 800 ), la fusion ainsi opérée étant, dans cette hypothèse, à l'origine de l'ismaélisme néoplato nisant. Les points de vue de Stern 200 , p. 59-60, 79-101 , et de Fenton 36 , p. 242, 250-258 , notes y afférentes, sont plus complexes. Pour le premier, il y aurait eu , d'une part, un remaniement de la Vulgate dans le sens indiqué par Pines 198 et, d'autre part, l'injection d'extraits empruntés à un traité, aujour d'hui perdu, que Stem nomme, faute de mieux , « Ibn Hasdāy's Neoplatonist » (sur ce deuxième point, voir VI B ). Pour le second, il y aurait eu , au départ, une version arabe portant sur la totalité des Enn, ou sur les Enn. IV - VI (Fenton ne tranche pas la question de savoir s'il s'agissait de la traduction d'un commentaire porphyrien ou d'une traduction paraphrasée de Plotin ). La Vulgate serait une anthologie composée, à partir du texte arabe initial, par Kindi, qui aurait laissé de côté d'autres passages, certains de ceux - ci devant, par ailleurs, être à l'origine de l'Épître sur la science divine et des Dits du Sage grec. La Longue recension serait, elle, le résultat d'un assemblage composite où auraient été ajoutés à la Vulgate , dans les milieux juifs d'Égypte de l'époque fatimide (969-1171), des éléments issus du texte initial, d'autres ouvrages néoplatoniciens et de la théologie musulmane. C.r. de Fenton 36 par 213bis H. Daiber, Isl 65 , 1988, p . 133-134 . On notera aussi le point de vue de Badawi 21 , p . ( 58 ) - (61), (65 ) - (66 ), qui, après avoir critiqué Pines 198 , écrit que l'on ne peut pas se prononcer sur l'auteur de la Longue recension tant que l'on ne dispose pas de la totalité des textes conservés à Leningrad. Toutefois, il remarque, d'une part, que la deuxième solution de Borissov est probable et propose, d'autre part, une autre hypothèse : la composition , au Moyen Age, de la Longue recension par des juifs d'Égypte . 3. STRUCTURE On ne trouve , dans la Longue recension, qu'une partie de ce qui constitue le prologue de la Vulgate ; « Les têtes des questions » en sont absentes ; le corps du traité comporte 14 livres subdivisés régulièrement en chapitres. Pour plus de précisions, voir Badawi 21 , p . ( 38 ) -(42 ); Rubio 58 , p . 12-14 , quelques notes du commentaire ; Steinschneider 17 , p. 244-245 . 4. STYLE ET TERMINOLOGIE Pour l'arabe, voir Lewis 24 , p . 397-398 ; Fenton 36 , p . 244 , 249-251 , notes y afférentes, p. 263 n. 82. Pour le latin , voir ibid ., p . 250. Pour l'hébreu , voir ibid. , p . 258-259 . 5. DOCTRINE Les chercheurs ont insisté surtout sur la doctrine de l'amour comme source d'être, de connaissance et de perfection , sur celle du Verbe -Volonté et sur d'éventuelles doctrines porphyriennes. Pour une classification plus complète des thèmes abordés, voir Fenton 36 , p. 250-254, notes y afférentes.
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On notera d'abord un certain nombre d'analyses importantes, bien qu'entre prises en dehors d'une confrontation un tant soit peu serrée avec le texte de la Vulgate : 214 P. Duhem , Études sur Léonard de Vinci, ceux qu'il a lus et ceux qui l'ont lu , seconde série, Paris 1909, p . 129-146 , 161-164 , 173-179, 269-271 , 278-279; id . 194 , t . I , p . 271-275 ; t . IV , p . 324-325 , 328-329 , 364-401; Fabricius 195 , p . 279-280 ; Ravaisson 206 , p . 542-556 ; Vacherot 209 , p . 86-95 , 100. Pour des références à des auteurs plus anciens, voir Kraye 197. D'autres remarques sont dues à des chercheurs qui ont pris sur eux de comparer les deux recensions : Badawi 21 , p. (59 )- (60 ) ; Borissov 190 et 204 ( résumé, en français, dans Vajda 191 , p . 102-103 ) ; Davidson 165 , p . 114 , 125 ; Fenton 36 , p . 250-254 , notes y afférentes ; Giambelli 93 , p . 243-277 ; Guttmann 122 , p. 29-33 ; Haneberg 91 , p . 11 ; 214bis J. Jolivet, « La matière d'en haut » , AEHE ve sect. 96, 1987-1988 , p . 28-48 ; Mariën 94 , p . 387-388 ; Munk 54 , p . 248-259 ; Pines 198 , p . 7-20 ; id . 212 , p . 462 463 ; id. 117 , p . 316 ; Rubio 58 , p. 15-19 , 32-34, 49-50 n. 11 , p . 52 n . 16 ; Schlanger 69 , p . 60 , 63-69 , 90 n. 2 ; Stern 200 , p . 79-101; Zimmer mann 18 .
6. ÉDITIONS Sur les éditions de la version latine, on consultera Mariën 7, p . 608-610 , qui distingue soigneusement la traduction de Petrus Nicolaus ex Castellaniis, les réimpressions de celle -ci, le remaniement de Charpentier et ses réimpressions. On notera que c'est la version de Charpentier que l'on trouve dans les éditions des œuvres complètes d'Aristote par du Val et par Casaubon. Voir aussi : Haneberg 91 , p . 1-3 ; Mariën 6 ; id. 94 , p . 387-388, 399-400 . Les extraits de la traduction hébraïque cités par Arovas à la marge du commentaire de l'Éthique par R. Joseph ben Schem - Tob sont imprimés , l'un, dans Munk 54 , p . 257 , et, l'autre, dans Fenton 36 , p . 258-259 . Les manuscrits judéo -arabes n'ont jamais été intégralement édités. On trou vera néanmoins des extraits des manuscrits de Leningrad dans Badawi 21 , p . ( 11 )-( 16) , qui reprend les passages figurant dans Borissov 190 ; id . 204 ; Stern 200 , p . 81-87 .
7. TRADUCTIONS Quelques passages de la version latine sont rendus en français dans Duhem 214, p . 129-146 , 161-164, 173-179 ; id. 194 , t . I , p . 272-274 ; t. IV , p . 367-374 ; Munk 54 , p . 256-257 . Les sept extraits des manuscrits de Leningrad cités puis traduits en russe dans Borissov 204 sont rendus en français dans Pines 198 , p . 8-11 . Traductions anglaises d'autres extraits des textes judéo -arabes dans Fenton 36 , p . 251-254, n. y afférentes ; Stern 200 , p . 81-82, 87-91 , et Zimmermann 18 , p. 164 , et n. y afférentes.
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IV . ÉPITRE SUR LA SCIENCE DIVINE
1. LES MANUSCRITS Description brève des deux manuscrits existants, Constantinopolitanus et Cahirensis, dans Henry 22 , p . XXXI- XXXII, plus détaillée du Cahirensis, dans Badawi 21 , p. (55)-(58) , et Kraus 11 , p. 279-280, et du Constantinopolitanus, dans 215 F. Rosenthal, « From Arabic Books and Manuscripts V : a One volume Library of Arabic Philosophical and Scientific Texts in Istanbul » , JAOS 75 , 1955 , p . 14 , 19-20 . Sur les relations des deux manuscrits entre eux , voir Neuwirth 68 , p . 4 * -10* . 2. IDENTIFICATION L’incipit : « Au nom de Dieu clément et miséricordieux . Voici une épître sur la science divine, par le maître ( sayh) excellent, le philosophe savant et ascète , Abū Nașr al- Fārābi» ( d'après Badawi 21 , p . 167). On observe, dans l'Épître sur la science divine, la même étroite dépendance à l'égard de Plotin que dans la Tha , mais les passages sélectionnés ici et provenant des Enn . V 9 , V 3, V 4 , V 5 , ne figurent pas parmi ceux que paraphrasent la Tha et Les Dits du Sage grec ( sur ces derniers, voir infra V) . L'utilisation d'Enn . V 3 , composée après le départ d'Amélius pour l'Orient, prouve que l'Épître ne s'appuie pas sur les Exó a Éx TÕV OuVovoly de cet auteur, mais bien sur l'édition porphyrienne (Henry 22 , p. XXXV -XXXVI ; Mariën 140 , p. 578 ; Schwyzer 41 , col. 508 ) . Tables de correspondance : Henry 22 , p . 489-493 , 497-498 ; Kraus 11 , p. 281-282 . Mise en relief du parallélisme ligne par ligne dans la traduction de Lewis (voir Henry 22 , p . XXVI - XXVII , XXXi , et traduction anglaise proprement dite, à rectifier par Henry 61 , p . 409-410 ) et dans la traduction ( partielle) de Kraus dans Kraus 11 , p. 282, 285-289 et dans Anawati 1 , p. 341-342, 388-405 . L'Épître sur la science divine n'est toutefois pas une simple traduction des Enn . , mais une version abrégée de certains passages de celles- ci. On admet généralement, à la suite de Kraus 11 , p . 280, 289-290, que le style et la termi nologie de ce texte prouvent l'inexactitude de son attribution à Fārābi ( dans les mss ). La plupart de ceux qui ont traité de l'origine de cet apocryphe soulignent sa ressemblance doctrinale et méthodologique avec la Tha et Les Dits du Sage grec et le rattachent, d'une façon ou d'une autre, à Porphyre. Mais alors que les uns ne déterminent pas exactement le commentaire dont il s'agit (Endress 20 , p . 23 24 , 68-70, 186 , 206-241, 326-328 ; Paret 114 , p . 439 ; Peters 115 , p . 16-19 , 23 , 25-27 , 36 , notes y afférentes ; Pines 117 , p. 303-313 ; Tornero Poveda 44 , p . 265 , 272-278 , notes y afférentes ; Walzer 71, p . 971), les autres désignent les hypomnémata (Dörrie 76 p . 463-464 ;Thillet 59 , p. 293-302, 315-317 ) ou les épichérèmes ( Schwyzer 81 , col . 320) . Certains préfèrent parler d'une source plotinienne commune grecque sans préciser le nom de l'auteur (Cruz Hernandez 87 , p . 240-242 ; id . 88 , p . 52 , 55-57 ) , arabe (pour Zimmer mann 18 , il s'agirait d'Ibn Nā'ima: voir V 2 ) ou de langue indéterminée (Van den Berg 62 , p . 144 ; Cilento 75 , p . 24 , 340-341 ; Daiber ( voir V 2 ) ; van Ess 5 , p . 336-339 ; Fenton (voir III B 2) ; Henry 22 , p . XXXIII , XXXV
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XXXVI ; Rosenthal 13 , p . 468 ; id . 14, p . 444-446 ). On notera, cependant, que Fakhry 16 , p . 44 , se contente d'affirmer que l'Épître reflète l'éclectisme de la période hellénistique tel qu'illustré par Porphyre, Jamblique, Damascius, Syrianus et Simplicius , que Kraus 11 , p. 292-294 , ne se prononce pas de manière tranchante sur le problème des origines de ce texte et que Badawi 21 , p . ( 24 ), et 4, p. 53-54 , émet quelques réserves au sujet d'une éventuelle source commune à celui -ci et à la Tha . Quoi qu'il en soit, la thèse de l'origine commune soulève la question de savoir pourquoi l'Épître nous est parvenue indépendamment de la Tha . Cette thèse n'est d'ailleurs pas forcément exclusive d'un morcellement primitif. D'une part, en effet, « la forme même sous laquelle Porphyre avait présenté (édité ? ) ses commentaires » demeure inconnue ( Thillet 120 , p. XII ; voir, dans le même sens, id. 59 , p . 294 n. 1 ; cependant, id. 213 remarque que l'hypothèse d'une disjonction au niveau du grec ou du syriaque rend difficilement explicable le fait que la Tha et l'Épître ont été associées au cours de leur transmission en arabe , ainsi que l'attestent les ressemblances terminologiques et stylistiques). D'autre part, dans le cas où le Plotinus arabus proviendrait de morceaux choisis com posés entre le ve et le VII s. , ceux -ci auraient pu avoir, dès le début, une certaine autonomie (Cruz Hernandez 87 , p . 240-242 ; id . 88 , p . 52 , 55-57 ) . Endress 20 , p. 186 , Fenton (voir III B 2) et Tornero Poveda 44 , p . 265-266 , 273-278 , n. y afférentes, pensent néanmoins à une opération d'élagage réalisée par Kindi sur le texte d'Ibn Nā'ima, opération par laquelle le premier n'aurait assumé que l'édition de la Vulgate . Pour Zimmermann, l'Épître n'étant qu'un abrégé du texte d'Ibn Nā'ima, il est normal qu'elle nous soit parvenue sous forme séparée (voir V 2). Dans le cas où Ibn Nā'ima ne serait pas l'auteur de l'Épître, il faudrait, vu la terminologie et le style de celle - ci, le considérer comme son traducteur en arabe : Endress 20 , p . 68 , 70, 76-193 ( surtout 186), 324-326 ; Kraus 11 , p . 285-292 ( aux p . 292-293 sont , en outre , proposés des arguments d'ordre doctrinal – plus discutables car les infléchissements qu'ils révèlent peuvent bien provenir d'une autre source que le traducteur ). L'arabe lui-même aurait été fait, selon certains, sur une version syriaque: Anawati 1, p . 351 ; Cruz Hernandez 87, p . 240 , 242 ;id . 88, p . 55 , 57 ; Endress 20 , p . 81-95 , 186 , 239 ; van Ess 5 , p . 337 ; Frank 139 , p . 186 ; Henry 22 , p . XXXVI ; Kraus 11 , p . 290-294 ; id. dans Anawati 1 , p . 388 , 389, 391-394, 397, 402; Mariën 140 , p . 578 ; Schwyzer 81 , col. 320 ; Thillet 59 , p . 293 , 316. On notera , cependant, les réserves de Cilento 75 , p . 24 , 341 ; Paret 114 , p . 439 ; Rosenthal 14 , p . 438 , 444, et Zimmermann 18 . 3. STRUCTURE Deux titres apparaissent dans le texte . Ils correspondent aux intitulés grecs des Enn . V 3 et V 4 (voir Kraus 11 , p. 287 , 291 ). L'ossature de l'Épître est constituée de passages empruntés à Enn. V, mais ils ne se présentent pas suivant les mêmes séquences que dans le texte grec qui nous a été transmis ( voir les tables de correspondance de Henry 22 , p . 497-498, et de Kraus 11 , p . 281-282 ). Il semble d'ailleurs que, comme dans la Tha , il faille compter ici avec un certain désordre (voir Zimmermann 18 ) .
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4. STYLE ET TERMINOLOGIE Sur le style et la terminologie de l'Épître, qui sont très voisins de ceux de la ThA , voir Cruz Hernandez 87, p. 241-242 ; id. 88 , p . 52 , 56-57 ; Dörrie 76 , p . 463-464 ; Endress 20 , p . 23-24 , 68 , 70, 76-193 (résultats exposés à la p . 186 ) , 324-326 ; Frank 132 , p . 399 , 402-403; id . 139 , p . 181-201 ; Henry 22 , p. XXVI -XXVII , XXXI, XXXV ; Kraus 11 , p . 280, 285-293 ; id . dans Anawati 1 , p . 388-405 ; Pines 117 , p . 305-306 , 317 ; Taylor 156 , p . 46 n . 34 ; Thillet 59, p. 301-302, 316-317 ; Zimmermann 18 . 5. DOCTRINE De l’Épître, qui traite essentiellement de l'Intellect (elle se rapporte à Enn . V) , il n'existe pas d'étude d'ensemble, mais des observations sur telle ou telle de ses spécificités doctrinales. On s'est efforcé surtout de dégager les indices aristotéliciens, monothéistes ou porphyriens, de relever les ressemblances avec la ThA et Les Dits du Sage grec , ainsi que quelques différences et de signaler les faux sens sur le texte de Plotin : Davidson 165 , p . 109-134 ; Endress 20 , p . 23-24 , 206-241, 326-328 ; Fakhry 16 , p . 44 ; 215bis I. Hadot, Le problème du néoplatonisme alexandrin . Hiéroclès et Simplicius, Paris 1978 , p. 91-92 n . 58 ; Henry 22 , p . XXXV ; Frank 132 , p . 418-419, 421 n . 110 ; Kraus 11 , p . 280, 285-293 ; id . dans Anawati 1 , p . 388-405 ; Pines 117 , p . 305-313 ; Schlanger 69 , p . 60 , 70-72 ; Schwyzer 81 , col. 320 ; Thillet 59 , p . 297-301 , 315-316 ; id . 26 , p . 320 ; Tomero Poveda 44 , p . 272 , 273-278, notes y afférentes; Zimmermann 18 . 6. L'ÉPÎTRE ET L'ÉTABLISSEMENT DU TEXTE DES ENNÉADES Kraus avait déjà fait des suggestions à ce sujet: voir Kraus 11 , p. 294 , et quelques remarques de son commentaire publié dans Anawati 1 , p . 388-405 . Mais c'est surtout à la suite de la traduction de Lewis ( 1959 ) dans Henry 22 que l'on s'est mis à recourir à l'Épître pour l'établissement des Enn.: on consultera à ce propos, dans III A 3 b, les références aux publications parues à partir de 1959. 7. ÉDITIONS Pour l'Épître, comme pour la Tha , on utilisera , avec les éditions arabes, la traduction anglaise, qui s'appuie sur deux manuscrits alors que Kraus et Badawi n'ont disposé que du Cahirensis. Table de concordance entre les Enn ., les Arabica ( traduction anglaise, divisée - pour ce qui est de l'Épître - en paragra phes suivant une séquence très voisine de celle de Kraus ) et Badawi dans Henry 22 , p . 489-494, entre la traduction anglaise et les Enn . dans id. 22, P. 497-498 . a) P. Kraus, qui n'a eu accès qu'au manuscrit du Caire, l'a divisé en 239 paragraphes et en a édité, de son vivant, une partie dans Kraus 11 : remarques préliminaires, p . 279-281; table de concordance entre l'Épître et les Enn . , p . 281-282 ; édition, aux p . 282-285 , des paragraphes 1-4 , 156-162, 203-206 , 209-211; traduction française des paragraphes 1-4, 156-162, 203-205, 209-211, confrontation avec les passages correspondants des Enn. et commentaire d'ordre philologique, p. 285-289 ; « remarques sommaires» , p. 289-295 . On trouvera ,
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cependant, une édition posthume remarquable de tout le traité dans Anawati 1 : c.r. de Kraus 11 , p . 339-343 ; remarque préliminaire d'Anawati précédant l'édition et la traduction de Kraus, p. 365 ; édition de la totalité de l'Épître , p . 366-385 ; table des variantes entre Kraus et Badawi, p. 386-387 ; traduction française, confrontation avec les Enn . et commentaire d'ordre philologique des seuls paragraphes 1-66 , 156-162, 203-205, 209-211, de l'Épître, p. 388-405. Des extraits publiés dans Kraus 11 , Rosenthal 215 , p . 19 , écrit : « Kraus assumptions of omissions in the Taymûr manuscript are as a rule confirmed by the text of the Jarullah manuscript. » b) Badawi 21 : table des matières de l'ouvrage, p. h- w ; introduction en arabé sur « Plotin chez les Arabes » , p . ( 1 )-(66) ; sigles, p . 165 ; Épître sur la science divine, p . 167-183 ; Errata , p. 255-256 . Cette édition a été faite, comme celle de Kraus, sur le seul Cahirensis. Compte rendu et /ou éléments d'appré ciation dans Anawati 1 , p . 365 , 386-387 ; Lewis 24 , p . 398 ; Thillet 184 , p . 87-88 ; id . 25 , p . 56 n. 1 ; id . 26, p. 318 , 323-324. c) On trouvera aussi quelques conjectures dans Zimmermann 18 . 8. TRADUCTIONS a ) Sur la traduction française, partielle mais annotée de Kraus, qui serait, selon Anawati 1 , p. 365 , de « qualité exceptionnelle », voir, dans la section précédente, l'alinéa consacré à l'édition préparée par cet auteur. b ) Traduction anglaise. Henry 22 : pages introductives ( sur les Plotiniana arabica ) et bibliographie dues à P. Henry et H.-R. Schwyzer, p. XXVI - IL ; traduction anglaise par G. Lewis de l'Épître ( disposée suivant l'ordre d'appa rition des passages grecs correspondants des Enn. V3 , V 4, V 5, V 9) ; tables de concordance, p . 489-498 ; table des matières, p . 503. Compléments d'informa tion dans Henry 61 , notamment aux p . 330-331 ( « Corrigenda ad praefationem alterius tomi» ) et aux p . 408-410 (« Corrigenda ad arabica » ). Lewis s'appuie sur les deux manuscrits connus, le Cahirensis et le Constantinopolitanus, et semble avoir aussi eu recours à une édition et à une traduction manuscrites d'Anawati (id. 1 , p . 386 ; Henry 22 , p. XXXI ) , ainsi qu'à Badawi 21 (Henry 22 , p. XXXII ; Lewis 24 , p. 398) . C ... et éléments d'appréciation dans Thillet 26 , p. 318-325 . V. LES DITS DU SAGE GREC Il s'agit de fragments dus, selon les doxographies où ils apparaissent, à un mystérieux Al-šayḥ al-yūnāni (le Sage, le Maître ou le Vieillard grec ) - ou , plus simplement, Al- sayh - ou présentés dans un contexte permettant une telle attribution . 1. LES MANUSCRITS Descriptions et références dans les éditions et traductions des Dits du Sage grec ( V 6 et V 7).
2. IDENTIFICATION Un premier groupe de Dits se trouve dans un florilège anonyme, du XI - XII S. sans doute (Oxoniensis Bodleianus or. Marsh 539). Les Plotiniana y apparaissent
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tantôt sous le nom d'Al- sayh al- yūnāni, tantôt sous celui d'Al- sayh, tantôt anonymement et tantôt même comme provenant de Platon ( van Ess 5 , p . 336 337 ; Henry 22 , p. XXXII -XXXIII ; Rosenthal 13 , p . 465 ; Zimmermann 18) . La nature des deux dernières espèces de passages – paraphrase de Plotin – ainsi que le contexte montrent qu'elles sont du même auteur que les premières. Un deuxième groupe de Dits du Sage grec est rapporté: a) dans le Muntahab Şiwan al -ḥikma, abrégé anonyme, composé vers 1200 , du Şiwān al -ḥikma ( compilation produite entre 1004 et 1029 , dont l'auteur n'est pas, comme on l'a longtemps cru , Abū Sulaymān al- Siġistāni: voir 216 W. al -Qāļi, « Kitāb Şiwān al- Hikma: Structure , Composition, Authorship and Sources » , Isl 58 , 1981 , p . 98-124 , appouvée notamment par 217 H. Daiber, « Der Şiwān al Hikma und Abu Sulaimān al-Mantiqi al -Siġistāni in der Forschung », Arabica 31 , 1984 , p. 36-43 ; b ) dans le Kitāb al-milal wa -l-niḥal de Muhammad al -Sahrastāni (XII° s .) et c) dans la Rawdat al -afrāḥ d'al-Sahrazūri (XIVe s . ) . La plupart des propos du Sage grec mentionnés dans le Muntahab sont repris dans le Kitāb al milal, où l'on en trouve aussi de nouveaux . Sahrastāni a donc très probablement puisé dans le Șiwān, aujourd'hui perdu, qui est d'ailleurs aussi la source de Šahrazūri puisque les deux citations rapportées par celui-ci sont très proches de leurs correspondants dans le Muntahab (Henry 22 , p. XXXIII ; Rosenthal 13 , p. 463-464, 469 ). Mentionnons, en troisième lieu, un petit traité intitulé Une épître du Sage grec expliquant les deux mondes spirituel et corporel. Comme le remarquent Badawi 21 , p . (34)-(37) , et Rosenthal 13 , p. 471, cet ouvrage, nonobstant son titre, ne se présente pas sous la forme d'un traité du Sayḥ al -yūnāni, mais plutôt comme une relation de ses opinions, commentée par un autre auteur, anonyme. Cette épître, bien que d'inspiration plotinienne, ne contient pas à proprement parler de citations des Enn. (Henry 22 , p . XXXIV ). En revanche, les deux pre miers groupes susmentionnés de Dits sont des paraphrases d'extraits des Enn. IV , V , VI, de même type que la Tha et l'Épître sur la science divine, quoique les correspondances littérales semblent plus fréquentes dans l'Oxoniensis Bodleianus or. Marsh 539 que dans le Muntahab, Sahrastāni et Sahrazūri ( Henry 22 , p . XXXIV ). Tables de correspondance : Henry 22 , p . 489-494 , 499-501 . Mise en relief du parallélisme ligne par ligne dans la traduction de Lewis (voir Henry 22 , p. XXVI-XXVII, XXXII -XXXVI , et traduction anglaise proprement dite ). A compléter par Zimmermann 18 , p . 209-211 , 219-221 , notes y afférentes . Des correspondances d'ordre doctrinal et surtout terminologique montrent l'étroite liaison qu'il y a entre l'Oxoniensis et la tradition Şiwān - Sahrastāni Şahrazūri (Rosenthal 13 , p. 469-470) . En outre, plusieurs passages rapportés sous le nom du Sayḥ al-yūnāni apparaissent aussi, tels quels, dans la Tha (Henry 22 , p . XXXII, 489-494, 499-501; Zimmermann 18 , p . 210-211 , notes y afférentes ). L'analyse de deux d'entre eux a amené Rosenthal 13 , p. 465-467, à considérer que la Tha et les Dits sont tirés d'une même « Plotinus Source » , plus vaste, conclusion que l'on admet généralement. Il est, de plus , fort possible que la « Plotinus Source » ait englobé, à côté de la Tha et des Dits, l'Épître sur la science divine : voir, supra, dans la section sur l'identification de l'Épître (IV 2), l'alinéa consacré à l'auteur de celle -ci.
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Sur la langue et l'auteur de la « Plotinus Source » , on retrouve les divergences auxquelles nous sommes déjà habitués : Commentaire de langue indéterminée : Van den Bergh 62 , p . 144 ; Cilento 75 , p . 24 , 340-341; van Ess 5 , p . 337-339 ; Fakhry 16 , p . 44 ( qui évoque, à propos des Dits et de l'Épître sur la science divine, l'influence éclectique de la période hellénistique, mais sans les rattacher explicitement à une même source plotinienne ); Fenton ( voir III B 2 ) ; Henry 22 , p. XXXV -XXXVI ; Rosenthal 13, p . 468 ; id . 14 , p . 444-446 . - Manuel grec anonyme : Cruz Hernandez 87 , p . 240-242; id . 88 , p . 52 ,, 55-57 . - Commentaire porphyrien : a) dont le titre n'est pas précisé : Endress 20 , p . 68-70, 186, 206-241, 326-328 ; Kutsch 38 , p . 277-284 ; Paret 114 , p . 439 ; Peters 115 , p . 16-19 , 23 , 25-27 , 36 , notes y afférentes ; Pines 117 , p . 303 313 ; b) hypomnémata : Dörrie 76 , p . 463-464 ; Thillet 59 , p . 293-302 , 315 317 ; c) épichérèmes : Schwyzer 81 , col . 320. - Ibn Nā'ima. C'est l'opinion de Zimmermann 18 , le dernier en date des auteurs à avoir examiné le problème des origines du Plotinus arabus. Nous essaierons, en cet endroit, auquel nous avons renvoyé plusieurs fois dans cette notice, de dégager succinctement les thèses de cet article important, complexe, volumineux (p . 110-240 ), mais publié en automne 1986 seulement. Le profes seur d'Oxford entreprend, à partir de l'analyse des données paléographiques, de la composition littéraire et, dans une moindre mesure , des éléments doctrinaux des textes du Plotinus arabus et de ses traces ( commentateurs, biobibliographes, etc. ), considérés en eux -mêmes, dans leurs relations réciproques et par compa raison avec des traductions paraphrasées de Proclus et d'Alexandre d’Aphrodise, d'établir les principaux points suivants. Kindi, philosophe arabe ( † vers M IXe s .) épris d'hellénisme, aurait, vu le caractère schématique de la doctrine théologique de la Métaphysique, traduite par son collaborateur Astāt ( IXe s . ) , engagé un groupe de traducteurs melkites, travaillant sur le grec , à rendre en arabe de manière intelligible pour le public de l'époque, c'est-à -dire sous forme de paraphrase, un certain nombre de textes destinés à constituer un manuel intitulé Théologie dont les auteurs seraient Alexandre d'Aphrodise, Proclus et Plotin , considérés comme des continuateurs du Maître. Cette anthologie, com posée au début du IX® s . , qui peut avoir eu un ou des modèles grecs ou syriaques, a peut-être été une sorte de dossier, jamais publié dans sa totalité sous la forme d'un livre concret (la thèse du dossier a été qualifiée de « perceptive suggestion » par Taylor 156, p. 46 n. 54) . La partie consacrée au Plotinus arabus, due à Ibn Nā'ima et portant sur la totalité des Enn. IV - VI (ou sur une grande partie de celles - ci ), aurait eu un intitulé donnant des informations exactes sur Plotin , Porphyre (en tant qu'éditeur...) et Ibn Nā'ima. De la Théologie, il ne resterait aujourd'hui que des fragments se présentant souvent dans un grand désordre et comportant des erreurs d'attribution . Cette situation serait la conséquence d'une sorte de « big-bang » (Zimmermann 18 , p . 130) , à savoir une catastrophe arrivée à un manuscrit et, de ce fait, la dispersion des feuillets et la perte de certains d'entre eux . Ainsi s'expliqueraient quelques -uns des caractères du Liber de causis ( qui, rappelons- le, est constitué de propositions tirées des Éléments de théologie de Proclus), d'autres textes arabes remontant à ce même auteur ou à
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Alexandre d'Aphrodise, ainsi que du Plotinus arabus. En conséquence, la préface de la Vulgate concernerait la totalité du Plotinus arabus et donc de ce qui nous en reste : Tha, Épître sur la science divine, Dits du Sage grec . « Les têtes des questions » seraient un fragment de la table des matières se rapportant à cet ensemble et la 3e partie de la Vulgate, un assemblage désordonné, entrepris dans la seconde moitié du IXe s. , de feuillets qui auraient survécu à la catastrophe initiale. L'Épître sur la science divine tirerait son origine d'un abrégé d'un exemplaire du texte d'Ibn Nā'ima qui n'avait peut-être pas subi la catastrophe attestée par la ThA. Les Dits du Sage grec, cités par les doxographes, provien draient, eux, d'un corpus d'extraits circulant séparément, mais attribués à un même auteur, tirés, les uns, d'un exemplaire complet du texte d'Ibn Nā'ima, les autres de la Tha . Cette hypothèse de Zimmermann résoudrait du même coup le problème de l'existence séparée des Dits du Sage grec. Pour les autres solutions qui ont été proposées, voir, dans la section traitant de l'identification de l'Épître sur la science divine (IV 2) , l'alinéa consacré au problème de sa présentation indépendante. Alors que , dans leurs c.r. de Zimmermann 18 , J.N. Mattock, JRAS 1987 , p. 326 , et E. Torero, AQ 8, 1987, p. 509-510 , accueillent l'hypo thèse de Zimmermann comme la plus probable , H. Daiber 213bis, p . 131-133 a une position plus nuancée : les observations et les critiques de Zimmermann seront déterminantes pour la recherche future, mais, malgré les traces certaines d'une intervention arabo -musulmane, l'on ne peut encore exclure l'hypothèse d'une source grecque ; plusieurs variations par rapport au texte des Enn . semblent l'indiquer : par exemple, la tentative d'harmoniser Plotin et Aristote . Les origines de l'Épître du Sage grec expliquant les deux mondes spirituel et corporel sont encore plus mystérieuses. Ce traité, qui se présente comme un exposé , par un auteur dont le nom n'est pas donné, des idées du Sage grec, est, selon Rosenthal 13 , p. 471 , ancien. Ses ressemblances avec la Tha ont été soulignées par id. 13 , p. 471-472 (voir également le commentaire de sa traduc tion dans 218 id . , « Aš - Šayh al - Yûnânî and the Arabic Plotinus Source (Concluded) » , Orientalia 24 , 1955 , p. 42-65] et par Badawi 21 , p. (34)- ( 37 ) , qui relève aussi l'influence du Liber de causis. Une correspondance avec les 'Adopuai de Porphyre est, en outre, signalée par Rosenthal 13 , p. 472. Mais, alors qu'id. 13 , p . 471 , considère que le texte anonyme reprend , en les commentant, des opinions du Sage grec, Badawi 21 , p. (34)-(37 ) , voit dans l'épître en question un résumé de ce que l'on peut lire sur l'âme dans la Tha ( réserves de van Ess 5 , p . 348 , mais approbation de Zimmermann 18 , p . 233 234 n . 220 , 239 n. 376) . En ce qui concerne l'identité du personnage que désigne le surnom d'Al-sayḥ al- yūnāni - surnom qui est lié à la « Plotinus Source » -, on notera que l'on est loin d'avoir abouti à un consensus. La vieille thèse de Haarbrücker, identifiant le Sage grec à Plotin , suggérée par Erdmann (pour les anciennes références, voir Rosenthal 13 , p . 461-462 ) , a , en effet, été récemment reprise par 219 R. Arnaldez , « Falāsifa » , EI ?, t. II, p . 783 ; Badawi 21 , p. ( 1 ) , (32), et 4 , p . 46 , 55; Booth 161 , p . 41 n . 15 ; Cilento 75 , p. 341 ; Corbin 130 , p . 247 ; Fakhry 16 , p . 44 ; Henry 22 , p . XXXII ; Nasr, dans Ashtiyāni 185 , p . 5 , 11 ; Rubio 58 , p . 22-23 ; Schwyzer 81 , col . 320. Mais Kutsch 38 ,
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p . 283-284 , que Cruz Hernandez 87 , p. 240, 241 , et 88 , p. 56 ; Endress 20 , p . 68-70 ; Thillet 59 , p . 294, 315 , auraient plutôt tendance à suivre, rappelle que Porphyre est dit, par certains auteurs antiques, npeoßútns, Yépwv, ce qui est l'un des sens du mot šayh. Quant à Rosenthal, il montre, dans id. 13 , p . 461 473 , et 218 , p. 65 , que l'identification avec Plotin n'est pas du tout certaine et soutient, dans id . 14, p. 444-445, que, dans l'état actuel des connaissances, Al šayh al -yūnāni peut être référé aussi bien à Plotin qu'à Porphyre. Enfin , Zimmermann 18 , p . 212-214 , 218-219, notes y afférentes, remarque que le nom de Sage grec a dû être transmis par la littérature doxographique d'origine gréco -arabe en dehors même du Plotinus arabus, sans que les Arabes aient su, en général, l'identité précise du personnage désigné par ce surnom . Par la suite, les compilateurs auraient attribué, à ce Sage grec, des extraits du Plotinus arabus, entendant ainsi surtout signifier l'anonymat de l'auteur de ceux -ci. Des arguments d'ordre stylistique et terminologique permettent d'établi qu'au cas où Ibn Nā'ima ne serait pas l'auteur des Dits du Sage grec conservés dans l'Oxoniensis, dans le Muntahab et dans les textes apparentés, il en serait au moins le traducteur arabe : Endress 20 , p . 68 , 70, 76-193 (surtout 186), 324 326 . Sur l'éventualité d'un intermédiaire syriaque, voir la plupart des références indiquées dans l'alinéa concernant la question du maillon syriaque dans IV 2. On leur ajoutera : Thillet 85 , p. 213 n. 14 . 3. STYLE ET TERMINOLOGIE Sur le style et la terminologie des fragments, voir la plupart des indications bibliographiques de notre section consacrée au style et à la terminologie de l'Épître sur la science divine (IV 4 ) . On ajoutera à ces références: Rosenthal 13 , p. 465-473, qui évoque notamment l'habileté du responsable des extraits circulant sous le nom d'Al- sayh al- yūnāni, ainsi que leur caractère parfois abrégé, et remarque que la langue des passages du Muntahab et des textes apparentés semble un peu plus élégante que celle des autres représentants du Plotin arabe , ce qui serait le signe de certaines retouches. 4. DOCTRINE Les chercheurs se sont surtout attachés à relever, dans l'Oxoniensis, dans le Muntahab et dans les textes apparentés, des indices aristotéliciens, monothéistes ou porphyriens, ainsi que des ressemblances avec la Tha et l'Épître sur la science divine. On consultera : Booth 161 , p . 85 ; Davidson 165 , p . 122 ; Endress 20 , p . 206-241, 326-328 ; Fakhry 16 , p . 44 ; Henry 22 , p . XXXV ; Mariën 94 , Schlanger 69 , p . 60 , 72-73 ; p . 395-396 ; Pines 117 , p . 305-313 ; Schwyzer 81 , col . 320 ; mann 18 .
Thillet 59 ,
p . 315 ; id . 26 ,
p . 320 ; Zimmer
Pour un résumé de l'Épître du Sage grec expliquant les deux mondes spirituel et corporel, on se reportera à Badawi 21 , p . (34)-(37), et à van Ess 5 , p . 347 348 ; pour une appréciation de sa qualité , à Rosenthal 13 , p . 471-472 .
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5. LES DITS DU SAGE GREC ET L'ÉTABLISSEMENT DU TEXTE DES ENNÉADES Voir, dans notre section III A 3 b, les références aux publications parues à partir de 1959 ( date de parution de la traduction de Lewis ) : il y a là quelques cas d'utilisation des Dits du Sage grec . 6. ÉDITIONS Les éditeurs du texte arabe des Dits du Sage grec n'ayant pas publié tout le matériel plotinien se trouvant dans l'Oxoniensis, on complétera, ici aussi , les éditions par la traduction anglaise de Lewis. Tables de concordance entre les Enn ., les Arabica ( traduction anglaise, divisée - pour ce qui est des Dits du Sage grec - en chapitres et paragraphes) et Badawi dans Henry 22 , p . 489-494 , entre les Dits du Sage grec ( foliotage du ms . d'Oxford et division de Lewis ), Rosenthal et les Enn . dans Henry 22, p. 499-501 . a ) F. Rosenthal a regroupé, dans un ensemble de trois articles, la majeure partie des textes arabes attribués au Sayḥ al -yūnāni. Rosenthal 13 : pages intro ductives, p. 461-473 ; édition d'une partie des Dits se trouvant dans l'Oxoniensis, traduction anglaise, confrontation avec les Enn . et bref commentaire, p. 474 492 , 220 F. Rosenthal, « As-Sayh al- Yûnânî and the Arabic Plotinus Source (Continued ) » , Orientalia 22, 1953 : édition d'une autre partie des Dits du manuscrit d'Oxford , traduction anglaise , confrontation avec les Enn. et bref commentaire, p . 370-383 ; édition de quelques passages de l'Anonyme du Muntahab qui n'ont pas été repris par Sahrastāni, traduction anglaise des passa ges relatifs au Sage grec mentionnés par ces deux auteurs , confrontation avec les Enn . et bref commentaire, p . 384-400. Rosenthal 218 : édition de l'Épître du Šayh al- yūnāni expliquant les deux mondes spirituel et corporel, traduction , confrontation avec les Enn. et bref commentaire, p . 42-65 ; note additionnelle, p . 65-66 . Pour une énumération des passages plotiniens du manuscrit d'Oxford , non édités par Rosenthal, voir Lewis 24 , p . 399 , à rectifier par Henry 22 , p . 499-500. C.r. des articles de Rosenthal dans Anawati 1 , p . 343-344. b) Badawi 21 : table des matières de l'ouvrage, p . h -w ; introduction en arabe sur « Plotin chez les Arabes» , p . ( 1 )- (66) ; édition d'un ensemble (un peu plus ample que dans Rosenthal) de passages plotiniens apparaissant dans l'Oxoniensis, p . 184-194 ; édition des passages relatifs au Sayḥ al-yūnānidans le Muntahab , p. 195-198 . C.r. et /ou éléments d'appréciation dans Anawati 1 , p . 346-347 ; Lewis 24 , p. 399 ; Thillet 184 , p . 87-88 ; id . 26 , p . 318 . c ) Pour les éditions du Kitāb al -milal wa - l-niḥal de Šahrastāni, on consultera Henry 22 , p . XXXIII, et 221 D. Gimaret et G. Monnot ( trad .), Shahrastani, Livre des religions et des sectes, t. I, traduction avec introduction et notes, « Collection Unesco d'euvres représentatives. Série arabe » , Louvain 1986 , p. 26-28 . d) L'édition la plus récente du Muntahab n'a pu être utilisée ni par Badawi, ni par Rosenthal : 222 D.M. Dunlop (édit. ), The muntakhab Şiwān al-hikma of Abū Sulaimān as-Sijistāni. Arabic Text, Introduction and Indices, coll . « Near and Middle East Monographs » 4, Den Haag/Paris/New York 1979. Les passages relatifs au Sayḥ al-yūnāni se trouvent aux p . 56-60.
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e) On trouvera, dans Zimmermann 18 , quelques conjectures ainsi qu'un fragment inédit tiré de l'Oxoniensis. 7. TRADUCTIONS Anglaise . a) Par Rosenthal : voir, dans la section précédente , l'alinéa consacré à l'édition réalisée par cet auteur. b) Par Lewis et Rosenthal dans Henry 22 : pages introductives (sur les Plotiniana arabica ) et bibliographie dues à P. Henry et H.-R. Schwyzer, p . XXVI -IL ; traduction anglaise de la quasi totalité des textes arabes plotiniens, y compris ceux qui ne sont pas explicitement rapportés au Sayḥ al- yūnāni, de l'Oxoniensis (disposée surtout suivant l'ordre d'apparition des passages grecs correspondants) ; traduction anglaise des passages relatifs au Sayh al-yūnāni dans le Muntahab et Sahrastāni et confrontation avec les Enn . , p . 478-485 ; tables de concordance, p. 489-494 , 499-501 ; table des matières, p . 503. Les textes du manuscrit oxonien traduits dans cette œuvre sont plus nombreux que ceux qu'ont retenus, dans leurs éditions et /ou traduction, Badawi et Rosenthal. Aussi la traduction par ce dernier des Dits du Sage grec , qui est reprise dans Henry 22 (exception faite de l'Épître du Šayh al-yūnāni expliquant les deux mondes spirituel et corporel), est - elle complétée par Lewis. Compte rendu et /ou éléments d'appréciation : Van den Bergh 62 , p . 146 ; Thillet 26 , p . 318-325 . c ) Par Zimmermann 18 , p . 219-220 : traduction anglaise du fragment inédit publié par ce savant.
Traduction allemande des passages de Sahrastāni relatifs au Sage grec dans 223 Th . Haarbrücker ( trad .), Abu - 'l- Fath ' Muhammad asch -Schah rastani's Religionspartheien und Philosophen - Schulen. Zum ersten Male vollständig aus dem Arabischen übersetzt und mit erklärenden Anmerkungen versehen von Dr. Th.H., 2 tomes, Halle 1850-1851, t. II, p . 192-197 , et notes y afférentes. Traduction italienne de ces passages, avec une brève introduction dans 224 F. Gabrieli , « Plotino e Porfirio in un eresiografo musulmano » , PP 1 , 1946, p . 338-344 . On trouvera , enfin, la traduction française d'un bref extrait des Dits du Sage grec dans Pines 117 , p. 306-307, et de leur totalité dans 225 J. Jolivet ( trad .), Shahrastani, Livre des religions et des sectes, t. II, traduction avec introduction et notes, « Collection Unesco d'euvres représentatives. Série arabe » (à paraître ). VI. COMMENTAIRES ET EXTRAITS DE LA PLOTINUS SOURCE Il n'est pas question d'envisager ici tous les documents se rapportant, d'une façon ou d'une autre , à la Plotinus Source, mais de relever ceux qui pourraient servir soit à établir le texte de cette source, soit à éclairer le sens de la Tha (et non les courants de pensée qui ont pu se développer à partir d'éléments de celle ci, mais dans le cadre de problématiques nouvelles). A. L'AGRICULTURE NABATHÉENNE (X s .) Dans la partie consacrée à la viticulture de L'agriculture nabathéenne, volumineux ouvrage d'agriculture du X° s. , attribué à Ibn Wahšiyya, fortement influencé par le culte astral des Sabéens de Harrān et empruntant de nombreuses
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informations à des sources grecques ou, plus probablement, à leurs traductions syriaques, on rencontre, selon 226 G.G. Salinger, « Neoplatonic Passages in the “ Nabataean Agriculture ", work of the tenth century ascribed to B. Wahshiya », dans Proceedings of the Twenty - Seventh International Congress of Orientalists. Ann Arbor, Michigan 13th- 19th August 1967. Edited by D. Sinor, Wiesbaden 1971 , p . 233-234 , plusieurs paraphrases de Plotin . Salinger en publie deux , qui expliquent, en les simplifiant, Enn. IV 3 , 20 , 1-3 , et Enn . IV 3 , 19 , 1-2. Elles sont semblables, mais non identiques à leurs corres pondants dans la ThA . « It would seem that the two versions go back , directly or indirectly, either to one and the same or , more probably, to two different Greek or Syriac paraphrases of the Enneads » ( Salinger 226 , p . 234). Selon Endress 20 , p. 239, les citations de L'agriculture nabathéenne laisseraient à penser que les Sabéens de Harrān ont joué un rôle non négligeable dans la transmission de la Tha . On retrouve ainsi une hypothèse élaborée par Borissov à partir d'indices différents ( voir III B 2 ). B. « IBN HASDAY'S NEOPLATONIST » Quelques passages du début du livre X de la Longue recension , que l'on ne trouve pas dans la Vulgate, apparaissent, sous une forme plus ou moins ample, dans deux autres types de textes : a) Le prince et l'ascète, adaptation hébraïque par Abraham Ibn Hasdāy (XIII s .) du livre arabe intitulé Bilawhar wa - Būdāsaf (Barlaam et Josaphat)dont la source ultime est la légende du Buddha; b ) quatre ouvrages d'Isaac Israeli ( D. Xe s . ) – la plus grande partie de l'æuvre de ce philosophe n'existe plus qu'en traduction hébraïque. Selon Stern 200, p . 58 120 , l'on pourrait à partir de ces passages reconstituer un traité d'auteur et de date inconnus, qu'il propose d'intituler « Ibn Hasday's Neoplatonist » parce qu'il serait conservé, dans sa quasi - intégralité, dans l'ouvrage d’Ibn Hasdāy. Ce traité aurait été composé au cours de la période hellénistique tardive et attribué à Aristote. L'éditeur de la Longue recension , que Stern , à la suite de Pines 198, pense être postérieur à celui de la Vulgate , aurait intégré des fragments emprun tés à « Ibn Hasdāy's Neoplatonist», ce qui ne signifie pas du tout que la majorité des différences entre les deux recensions de la ThA proviennent du traité en question. Cette hypothèse de Stern a été admise par Fenton 36 , p . 245, 250, notes y afférentes. Pour Zimmermann 18 , en revanche, la Longue recension peut bien avoir été l'ultime source d'Isaac Israeli et d'Ibn Hasdāy, ce qui serait fort intéressant pour la datation de cette recension . « Ibn Hasdāy's Neoplatonist » expose une doctrine cohérente d'inspiration néoplatonicienne ( l'émanation , ses degrés, la destinée de l'âme après la mort ). Elle a , dans la Longue recension , certains caractères distincts ( que Stern 200 et Zimmermann 18 , p . 191-195 , notes y afférentes, n'interprètent pas de la même manière ): thèse de l'Intellect premier et de l'Intellect second au lieu de celle de la matière et de la forme comme premiers créés ; harmonie avec la doctrine du Verbe.
Édition et traduction anglaise dans Stern 200 , p. 98-120. Bibliographie . 227 M.-Th. d'Alverny, « Pseudo - Aristotle , De elemen tis » , dans 19 , p . 63-83 (sur des traces latines d ' « Ibn Hasdāy's Neoplatonist » , ainsi que sur certaines de ses caractéristiques doctrinales; c.r. par Daiber
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213bis , p . 130-131 ) ; Anawati 1 , p . 363-364 ; van Ess 5 , p . 336 , 348 ; Fenton 36 , p. 245 , 250 , notes y afférentes; Schlanger 69 , p . 60 , 101-104 ; Stern 200 , p . 58-120 ; Zimmermann 18 .
C. FÅRÅBI (+ 950 ) Le traité de l'harmonie entre les opinions des deux sages, le divin Platon et Aristote ( Kitāb al- ġam ' bayn ra'yay al-ḥakimayn Aflăţūn al- ilahi wa -Aristūtālis ), comporte plusieurs références à une Théologie d'Aristote . Il s'agit soit de l'évo cation de thèses de la paraphrase des Enn . [ 228 Fr. Dieterici (édit.), Alfārābi's philosophische Abhandlungen aus Londoner, Leidener und Berliner Hand schriften, Leiden 1890 , p . 23, 28-29 ; 229 D. Malet ( trad . ), ' Abū Nașr al Fārābi, Le traité de l'harmonie entre les opinions des deux sages, le divin Platon et Aristote. Traduction , Introduction, Notes et Index . Thèse dactylographiée, Paris 1984, p. 176, 181-183 ) , soit d'une citation tirée du début du passage sur l'extase (Dieterici 228 , p . 31 ; Mallet 229 , p . 185-186 ; correspondant à Henry 22 , p . 225 , paragraphes 21-27) , soit d’un développement très proche de la paraphrase arabe de certaines propositions des Éléments de théologie de Proclus (Dieterici 228 , p. 24 ; Mallet 229 , p . 177 ) . Sur l'attribution de ce passage à la Théologie d'Aristote on consultera Endress 20 , p . 246 , que précise Mallet 229 , p . 90-93 , 177 , 200-201, notes y afférentes, ainsi que notre section II . Selon Kraus 11 , p. 269, Fārābi semble s'appuyer sur « une recension un peu différente de celle du textus receptus » de la ThA. Voir aussi, à ce sujet, les variantes relevées par Massignon 107 , p . 176-177 , ainsi que les remarques de Fenton 36 , p . 254 , note y afférente , et, surtout, de Zimmermann 18 . Éditions et traductions du Traité de l'harmonie : références dans les alinéas précédents, auxquelles on ajoutera 230 M. Alonso y Alonso (trad. en espagnol), « Concordia entre el Divino Platón y el Sabio Aristóteles ( Traduc ción , Prólogo y Notas Probativas) » , Pensamiento 25 , 1969 , p . 21-70 ; 231 ' A. Badawi , Histoire de la philosophie en Islam , coll . « Études de philosophie médiévale » 60 , 2 tomes, Paris 1972, t. II, p. 503-529, qui traduit ou paraphrase de longs extraits du Kitāb al- ġamº; 232 Fr. Dieterici ( trad. en allemand), Alfārābi's philosophische Abhandlungen. Aus dem Arabischen über setzt, Leiden 1892, réimpr. Frankfurt am Main 1976, p . 1-53 ; 233 A.N. Nader (édit.) , Abū Nașr al- Fārābi, Kitāb al- ġam ' bayn ra'yay al -ḥakimayn, Beyrouth 1968 , 113 p. [ d'autres impressions (ou éditions ?) de cet ouvrage seraient parues, à Beyrouth , en 1959, 1960 et 1980 ).
D. AMIRI (D. X s. - 992) 234 E.K. Rowson ( trad .), Al- ' Āmiri on the Afterlife, A Translation with Commentary on His Al- Amad 'ala al- Abad ( thèse dactylographiée, Yale University ), New Haven ( Conn .) 1982, p. 55 , 113 , 358 , 149-150, 419 , signale et traduit deux passages paraphrasant de près la ThА et indique, par ailleurs, aux p . 57-58 , la référence - et les imperfections – de son édition imprimée ( 1979) de l'ouvrage d'al-'Āmiri.
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E, LES FRÈRES DE LA PURETÉ ( X s.) Comme le rappelle Diwald 121 , p. 23 , Le livre des Ihwān al- şafā ', qui est profondément marqué, dans son esprit, par le néoplatonisme, cite le début du passage sur l'extase, tel qu'il se présente dans la Tha (Henry 22, p. 225, paragr. 21-22) . Massignon 107 , p . 176-177 , y relève quelques variantes par rapport à l'édition Dieterici 51. Pour le texte arabe de la citation , voir , par exemple : 235 Ihwān al- Şafā ', Rasā'il Ihwān al- Şafā ' wa -hullān al-wafa ', Dār Şādir, Beyrouth s . d ., t . I : La partie mathématique ( 3), p. 138, ou 236 Fr. Dieterici (édit .), Die Abhandlungen der Ichwân es -Safâ in Auswahl, zum ersten Mal aus arabischen Handschriften herausgegeben, Leipzig 1883 ( réimpr. dans id . 48 , t. XIII ), p. 121. Traduction allemande, incorrecte dans 237 id ., Die Propae deutik der Araber im zehnten Jahrhundert, Berlin 1865 (réimpr. dans id. 48 , t. III), p . 68 , correcte dans Haneberg 91 , p . 5-7 .
F. ABU'ALİ b. ZUR'A († 1008 ) Le doxographe, al- Bayhaqi († 1169-1170), reproduit, d'après le philosophe chrétien Abū ' Ali b. Zur'a , le passage sur l'extase de la Tha (Henry 22 , p. 225) . Cet extrait, déjà signalé dans 238 F. Rosenthal, c.r. de 239 M. Shafi ( édit.), 'Ali b . Zayd al-Bayhaqi, Tatimmat Şiwān al -ḥikma, Lahore 1935 , dans OLZ 40 , 1937 , col. 628 , peut aussi se lire dans la plus récente des éditions de la Tatimmat: 240 M. Kurd 'Ali (édit.) , Zuhayr al -Din al- Bayhaqi, Tārīḥ hukama' al- Islām , Damas 1946, p . 77-78 . Voir, sur les sources de ce passage , Zimmer mann 18 , p. 183 , notes y afférentes, et, sur Ibn Zurʻa lui-même, 241 « Ibn Zur'a » , EI ?, t. III, p. 1004 . G. AVICENNE « Commentaire du Livre Théologie », tiré de l'Inşāf Avicenne († 1037 ) affirme, dans une lettre à al-Kiyā (références et traduc tions dans 242 S. Pines , « La " philosophie orientale ” d'Avicenne et sa polémique contre les Bagdadiens» , AHMA 27 , 1952, p . 5-9 , et 242bis D. Gutas , Avicenna and the Aristotelian Tradition . Introduction to reading Avicenna's philosophical works, coll . « Islamic philosophy and theology. Texts and studies» 4 , Leiden /New York /København /Köln 1988 , p . 60-64 ), avoir commenté, dans « Le livre al -inşāf», « les passages difficiles » des livres appar tenant à la tradition aristotélicienne et cela « jusqu'à la fin de la Théologie » , ajoutant une concessive « ‘alā mā fi uțūlūğiyā min al-maț'an » , qui pourrait signifier « nonobstant les critiques qui ont été formulées à l'égard de l'authen ticité de cet ouvrage» (Kraus 11 , p . 273-274 ; suivi par Anawati 1 , p . 340 ; Corbin 138 , p . 35 ; Dubler 101 , p . 67-68 ; Gutas 242bis , p . 31 n . 2 ; Neuwirth 68 , p . 176 ; Peters 9 , p . 74 , et surtout Pines 242 , p . 9 n . 1 ) . Cette interprétation n'est pas unanimement admise : hésitations de Badawi 189 , P. ( 33 ) , et 4 , p . 58 ; position nuancée de Zimmermann 18 , p . 184 , note y affé rente ; selon Thillet 213 , il s'agirait peut-être du contenu même de la Tha (on comprendrait alors : « nonobstant les critiques que l'on peut faire à la Théo logie » ). On possède aujourd'hui un commentaire de la ThА rédigé par Avicenne, vers 1029 sans doute, que la tradition manuscrite rapporte au Livre de l'inşāf,
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volumineux ouvrage de 28 000 questions dont il ne reste que des fragments (au sujet de l'histoire et du titre de cet ouvrage , cf. Pines 242 , p . 5-37 , 243 A.M. Goichon, « Philosophie et histoire des sciences», CT 3, 1955, p . 17 40 , Gutas 242bis, p. 115-140, 145 , qui résument et discutent les thèses en présence). Les gloses d'Avicenne vont jusqu'au mimar IX du pseudépigraphe . Kraus 11 , p. 272 n. 4, 275 n. 3 de la p . 274 ; Badawi 189 , p . (32)-(33 ) , et Corbin 138 , p . 237 , affirment que ce qui en est conservé n'est qu'une version incomplète , mais la plupart des chercheurs ne se prononcent pas à ce sujet. En outre , quelques divergences entre Avicenne et la Vulgate ( voir Vajda 143 , annotations ) ont poussé certains à se demander si le philosophe arabo -persan ne s'est point appuyé sur un texte de même famille que celle -ci, mais néanmoins différent d'elle ( Badawi 189 , p . 59 n . 8 ; van Ess 5 , p . 336 ; Fenton 36 , p . 254, note y afférente ; Pines 117 , p . 313 n. 2) . Vajda 143 , p . 383 n . 1 , sans rejeter cette hypothèse , en propose aussi une autre. Zimmermann 18 , p. 183-184 , notes y afférentes, insiste sur la dépendance à l'égard de la Vulgate. Au sujet de la méthode et du plan mis en oeuvre dans les gloses, on remarquera d'abord qu'il s'agit d'un brouillon (Badawi 189 , p. (23 )- (27 ) ; Gardet 102 , p . 334 ; Pines 242 , p. 21-22 n . 2 ; Vajda 143 , p. 346-347). Celui -ci n'a pas le caractère « d'un commentaire suivi... mais de notes détachées sur des passages choisis, sans doute à raison de l'intérêt qu’Ibn Sinā se trouvait porter à tel ou tel problème traité dans le texte de base ou que du moins son exégèse y a mis ... Ibn Sīnā ne se soucie aucunement de reproduire avec précision les textes sur lesquels portent ses observations. Il en cite quelques mots , souvent sans marquer la fin de ses citations , ou se réfère globalement au morceau dont il veut dégager la doctrine. Ce procédé... reflète sûrement les habitudes de la salle de cours où le maître se faisait lire le texte à commenter auquel il ajoutait ses réflexions lorsqu'il le jugeait convenable ... les explications d'Ibn Sinā suivent en général le texte de la Tha dans l'ordre où nous l'avons aujourd'hui » (Vajda 143, p . 346, 347 , 349 n . 1 - voir aussi id. , p. 383 n. 1 ) . Pour plus de détails sur le plan et sur les correspondances avec le texte de la Tha , on confrontera : Badawi 189 , p . (33 ) , p. 37-74 apparat ; Vajda 143 , p . 349-406 . Gardet 102 , p . 334-335 , souligne les corollaires de la méthode mise en relief par Vajda: « Nous y gagnons de saisir l'effort conceptuel d'Ibn Sinā dans son mouvement de recherche. Les nombreuses redites du texte, qui en alourdissent la trame, ne sont point elles-mêmes sans intérêt: en ce qu'elles nous livrent une pensée en cours d'élaboration. Mais nous y perdons de ne pouvoir guère en grouper exhaus tivement les conclusions selon un plan cohérent. Il y a beaucoup d'obiter dicta. Au gré du texte commenté , un va - et - vient se fait cependant entre un certain nombre de thèmes dominants . » Afnan 144 , p. 117-120, évoque un problème de terminologie. A propos de la doctrine développée dans les gloses d'Avicenne, Vajda 143, p . 348 , écrit : « Il faudrait une longue étude, à la fois historique et philo sophique, pour déterminer avec toute l'exactitude souhaitable dans quelle mesure les remarques d'Ibn Sinā contribuent effectivement à l'élucidation du sens véritable de la Tha . En revanche, il est assez facile de voir que le commentateur s'est étendu avec complaisance sur les problèmes qui relevaient, nous le savons
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par ailleurs , des préoccupations habituelles de sa pensée . » La « longue étude >> souhaitée n'a toujours pas été entreprise à notre connaissance. On retiendra cependant Booth 161, p . 108-109 ; 125-126 ; 244 H. Corbin , Avicenne et le récit visionnaire, t. I : Étude sur le cycle des récits avicenniens, coll. « Biblio thèque iranienne » 4, Téhéran /Paris 1954, index général ( s.v. « Théologie dite d'Aristote » ) ; id. 130 , p . 248-291, notes y afférentes, qui analyse les critiques des gloses d'Avicenne par Qummi ( † 1691 ) ; Davidson 165 , p. 121 , 163 , 173 , 175 ; Gardet 102 , p . 334-345 ; quelques remarques dans 245 id . , « La connaissance mystique chez Ibn Sinā et ses présupposés philosophiques », dans Mémorial Avicenne II, coll. « Publications de l'Institut français d'archéologie orientale du Caire » , Le Caire 1952 ; id . 104 ( aux p. 217-218 , liste des passages cités du commentaire de la ThA ) ; 246 id ., Dieu et la destinée de l'homme, coll. « Études musulmanes » 9 : « Les grands problèmes de la théologie musulmane. Essai de théologie comparée » , Paris 1967, p. 198 , 254-256 , 267 ; Goichon 152 , p . 130-138 ; Gutas 242bis, p. 66 , 170 n. 58 ; 247 J. Michot, « Avicenne et la destinée humaine. A propos de la résurrection des corps » , RPHL 79 , 1981 , p . 454-455 n . 5 , 459-460 n . 17 , 463-464 n . 32 ; 248 id. , La destinée de l'homme selon Avicenne : le retour à Dieu (ma'ād) et l'imagination , coll . « Académie Royale de Belgique: Classe des Lettres, Fonds R. Draguet » 5 , Louvain 1986, index p . 224 (s.v. « Aristote , Théologie » ), 233 (s.v. « Avi cenne » , Notes ); Pines 117 , p . 313 ; Thillet 59 , p . 298 n . 2 ; Vajda 143 , p . 348-405, dont l'introduction et les notes accompagnant sa traduction servent aussi bien à situer rapidement le texte par rapport à ses parallèles dans la Tha et les Enn . qu'à en éclaircir, sur certains points, le sens; Zimmerman 18 , p . 183 184, notes y afférentes. Sur le passage final (non traduit par Vajda 143 , p . 406 ), intitulé « Les preuves de Platon relatives à l'immortalité de l'âme» , interpolation d'un copiste ou addition d'Avicenne, voir Badawi 189 , p. 74 n. 1 . Selon id. 189, p . (33 ) , le commentaire d'Avicenne pourrait être utile à l'établissement du texte de la Tha, à condition de n'y recourir qu'avec prudence.
Édition . Badawi 189 : pages introductives, p . (23 )- (33 ) , (43 )- (51 ) , (64 ) (66 ) ; texte du commentaire, p . 37-74 ; index des concepts et des sujets princi paux , p . 334-336 ; index des ouvrages cités, p . 337 ; index des noms, p. 338 339 ; errata , p . 340. L'éditeur reproduit, au bas des pages , les passages commentés de la Tha ( certaines erreurs seront rectifiées dans Badawi 21 ). Tous les manuscrits signalés par Kraus 11 , p . 274-275 , n'ont pas été utilisés. Vajda 143, p. 347, et notes accompagnant sa traduction, corrige parfois le texte établi par le savant égyptien . Corbin 130 , p. 248 , remarque que Qummi (sur le commentaire de ce dernier, voir VI K ) connaissait parfaitement les gloses d'Avicenne dont il semble avoir eu plusieurs manuscrits et que « toute l'étude est donc à reprendre sur une nouvelle base, à commencer par une nouvelle édition critique des Gloses d'Avicenne » . Enfin, selon 248bis D. Gutas, « Notes and Texts from Cairo Manuscripts, II : Texts from Avicenna's library in a copy by ' Abd -ar-Razzāq aş- Şignāḥi », MME 2, 1987 , p. 9 , 12-13 et notes y afférentes, l'édition Badawi serait partielle. Sur la tradition manuscrite du commentaire d'Avicenne, on se reportera surtout aux remarques de Gutas 242bis , p . 134, 137-146 et id . 248bis, p. 9, 11 , 12, 13 et n. y afférentes ; p. 16 n. 24 .
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Traduction du texte d'Avicenne et des passages commentés de la Tha, accompagnée d'une introduction et de notes : Vajda 143 , p. 346-406 . Certaines rectifications de la traduction de Vajda, généralement bien accueillie ( Corbin 130 , p . 248 ; Gardet 102, p . 334) , sont proposées par Goichon 152 , p . 130-138. On notera , en outre , que les extraits de la ThА traduits par Vajda le sont sur Dieterici 51 et Badawi 189 , et non sur l'édition améliorée d'id. 21 . H. COMMENTAIRE DE LA THA PAR BAGDADI († 1231 ) Dans son Kitāb fi ' ilm ma ba'd al- tabi'ā ( Livre sur la science métaphysique ), 'Abd al-Lațif al-Bagdādi commente , en 24 chapitres, des ouvrages qu'il consi dère comme constitutifs de la métaphysique d'Aristote et au nombre desquels il compte aussi bien la Métaphysique proprement dite que d'autres traités qu'il tient, d'une manière ou d'une autre, pour aristotéliciens, alors qu'ils remontent, en réalité, à Alexandre d'Aphrodise, à Proclus (Liber de causis, par exemple) et au néoplatonicien de la ThĀ . Toutefois, si l'on rencontre , dans le commentaire de Bağdādi, le titre Fi uțūlūğiyā (De la théologie) dès le début du chapitre 21 , cela ne signifie pas que celui-ci se rapporte déjà à notre apocryphe. En réalité, il s'agit de paraphrases de 19 propositions des Éléments de théologie de Proclus et de 5 traités d'Alexandre. Le commentaire de la ThА n'occupe que les chapitres 22-24 , le titre du chapitre 22 étant « De la théologie aussi » ( d'après Zimmer mann 18, p. 180, note y afférente, 235 n . 281 , un paragraphe de la ThА serait, en outre , commenté dans le chapitre 20). Sur ce problème d'intitulé, voir Badawi 21 , p . (62) - (63 ) , Neuwirth 68 , p . 2 * n. 3 , ainsi que notre section II. Pour plus de précisions sur le plan général du Livre sur la métaphysique, on consultera Endress 20 , p. 40-41, et surtout Neuwirth 68 , p . 1 * -3 * , 176 , 263 264 . Le commentaire par Bağdādi de la Tha a peut-être été fait sur la Longue recension : voir Badawi 21 , p. (65)-(66), 209 n. 3 , 216 n. 3 , 226 n. 2 ; id . 4 , p. 56-57 , et, surtout, Fenton 36 , p . 254 , note y afférente . Voir, cependant, Zimmermann 18 , qui fait, en outre , d'intéressantes remarques sur la tradition manuscrite utilisée par Bağdādi. Badawi 21 , p. (62 ) n. 1 , a souligné l'étrangeté de l'affirmation de Pines 198 , p. 7 n. 4, selon laquelle « le texte de la Théolo gie qu'a connu ' Abd al- Latif paraît avoir été réparti en 23 chapitres, dont les derniers sont reproduits dans un manuscrit appartenant à la collection de P. Kraus » . Selon Badawi 21 , p . (63 ) -(65 ) , 209-240 annotations, et id. 4 , p . 56 , le chapitre 22 du commentaire de Bağdādi se rapporterait aux mimars II - VIII ( 1re moitié) de la Tha et le chapitre 23 au reste de celle -ci, alors que le chapitre 24 ne la commenterait que de loin . Voir Zimmermann 18 , p . 180, qui fait des remarques légèrement différentes. La glose de Bağdādi occupe 30 pages, censées en expliquer 160 environ (dans Badawi 21) . Il s'agit donc d'un abrégé : le plan du texte commenté est, grosso modo, respecté; les citations littérales sont rares, quoique plus nombreuses dans le chapitre 22 que dans les autres ; la plupart des passages sont seulement résumés. En outre, comme Bağdādi entend, non seulement expliquer un livre , mais aussi éclaircir un thème (la théologie ), les digressions sont fréquentes ainsi que la mise à contribution de sources islamiques ou grecques non plotiniennes.
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Pour plus de détails sur les questions de style et de méthode, voir Badawi 21 , p . (61 ) -(66 ) ; id. 4 , p . 56-57 ; Neuwirth 68 , p. 139 (n. 62 de la p . 37 ) , 176 177 . Les critiques ont souligné la qualité de ce commentaire (Badawi 4 , p. 56 ; Lewis 24 , p. 399 ; Thillet 25 , p . 56 n . 1 ) . Il n'en existe pourtant pas, à notre connaissance, d'analyse approfondie. On retiendra un bref résumé et l'indication des sources (outre la Tha, Platon ( Timée ), pseudo -Empédocle, Philon peut-être) dans Badawi 21 , p. (61 )-(66), 209-240 annotations, et 4, p. 56-57 , ainsi que quelques remarques dans Neuwirth 68 , p. 139 (n. 62 de la p . 37) , 165 , et Zimmermann 18 . Sur l'utilisation de la glose de Bağdādi pour l'établissement du texte de la Tha et les précautions à observer dans un tel usage, voir Badawi 21 , p. (63) , 216 n . 1 , 226 n. 4 , et id . 4 , p. 56 . Édition . Badawi 21 : pages introductives, p . (55 )-(58), (61 ) - (66) ; chapitre 21 du Livre sur la métaphysique, p. 199-208 ; chapitres 22-24 , accompagnés de notes, p. 209-240. Badawi s'est appuyé sur le Cahirensis, Dār al-kutub al mişriyya, Taymūr 177 hikma, mais n'a pas utilisé le Constantinopolitanus, Carullah 1279, N ° XIV . Voir donc aussi, pour les manuscrits, Neuwirth 68 , p . 4 * -10*, 264, et Rosenthal 215 , p. 14, 19-20. I. CITATIONS DE LA THA PAR LES THÉOSOPHES DE L’IŠRÅQ ( ILLUMINATION ) Cette lignée de penseurs iraniens s'exprimant aussi en arabe et dont le véritable initiateur est Suhrawardi al-maqtūl ( † 1191 ) a été profondément marquée par le néoplatonisme - influence attestée, d'une part, par des commen taires consacrés à la Tha (voir VI J et K) et, d'autre part, par les nombreuses citations de celle - ci dans les ouvrages des théosophes išrāgi. Il ne nous est pas possible ici de présenter une liste de ces dernières. On attendra, pour cela , que soit publié le bilan des citations de la ThА dans les ouvrages essentiels des contemporains de Qummi (Mir Dāmād († 1631-1632) , Molla Şadră ( † 1640 1641), etc.) que Chr. Jambet compte établir à l'occasion de sa traduction des gloses de Qummi (voir VI K ). On se contentera de signaler quelques références permettant de se faire une idée de la fréquence et de l'importance de ces citations. Pour les Qaba sāt (Livre des charbons ardents) de Mir Dāmād : Corbin 130 , p . 247 , et, surtout, 249 M. Mohaghegh, T. Izutsu , A. Mûsavî Behbahânî, I. Dîbajî (édit.) , Mîr Dâmâd, Al- Qabasât, ed. by M.M. , T. I. , A.M.B. , I.D. , With an English Introduction by T.I. , coll. « Wisdom of Persia » 7 , Téhéran 1977 , index p . 493 , s.v. « Uțūlūğiyā » . Pour les Asfăr (Voyages) de Molla Şadrā : Nasr, dans Ashtiyāni 185 , p. 5 ; 250 F.E. Peters, Aristotle and the Arabs. The Aristotelian Tradition in Islam , coll . « New York University Studies in Near Eastern Civilization » 1 , New York /London 1968 , p. 214 et, surtout, 251 M. Horten , Das philosophische System von Schirāzi ( † 1640 ) , übersetzt und erläutert von Dr. M.H. , coll. « Studien zur Geschichte und Kultur des islamischen Orients > 2, Strasbourg 1913 , index , p . 286 , s.v. « Aristoteles >> ( cet ouvrage , qui résume plus qu'il ne traduit les Asfār, est à utiliser avec précaution ). De Molla Şadrā aussi : 252 J.W. Morris ( trad. en anglais ) , The Wisdom of the Throne : an Introduction to the Philosophy of Mulla Sadra , Princeton 1981 , p . 142-144, 247-248 . Notons enfin l'importance du passage sur
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l'extase (Henry 22 , p. 225-226) dans la tradition iranienne, qui l'évoque volontiers plus ou moins longuement et plus ou moins fidèlement. Ainsi il est signalé par Suhrawardi dans Le livre de la sagesse orientale (Kitāb hikmat al išrāq ): 253 H. Corbin ( édit .), Shihaboddin Yahya Sohravardi, Euvres philo sophiques et mystiques... Textes édités avec prolégomènes en français par H.C. , coll. « Académie impériale iranienne de philosophie » 11 , 13 , 14, « Bibliothèque iranienne » , nouvelle série 1-3 , 3 tomes, Téhéran /Paris, « réédition anastati que » , 1976-1977 , t. II , p . 162 ; trad . dans 254 H. Corbin , Shihâboddîn Yahya Sohravardî, Shaykh al- Ishrâq. Le livre de la sagesse orientale, Kitâb Hikmat al Ishraq. Commentaires de Qotboddîn Shîrâzî et Molla Sadrâ Shîrâzî, traduction et notes par H.C. , établies et introduites par Chr. Jambet, coll. « Islam spirituel» , Lagrasse 1986 , p . 154-155 . Ce passage est, en outre , cité , plus ou moins longuement et fidèlement, par ce théosophe, dans Le livre des élucidations (Kitāb al-talwiḥāt) ( Corbin 253 , t. I, p . 112 ; trad. française partielle dans id. 164 , t . II, p . 98 ) , et par les commentateurs du Livre de la sagesse orientale : Qutb al Din al -Sirāzi ( † 1311 ) (Corbin 253 , t . II, p . 162-163 ; trad . française dans Corbin 254 , p . 341-342, et, en partie, dans Badawi 4 , p. 58) et Mollā Şadrā ( Corbin 254 , p. 635 ) . L'attribution par Suhrawardi du passage en question à Platon a incité certains à penser que le martyr d'Alep avait disposé de la Longue recension de la Tha : sur la discussion de ce problème, voir les références indiquées plus haut ( III B 2) à propos de l'hypothèse revenant à admettre , pour le noyau commun de la ThA, une seconde recension . J. COMMENTAIRES de Giyāt al -Din Manşūr al-Širāzi († 1532 ou 1542) et (peut-être) d'Abū l-Hayr Taqi al- Din al - Fārisi (XVI s.) et de ' Ali Quli b. Qarağġāy Hän ( XI s . H.) L'examen des catalogues iraniens de manuscrits pourrait révéler l'existence de commentaires arabes de la Tha écrits par des auteurs se rattachant, d'une manière ou d'une autre , à Suhrawardi. Ainsi Giyāt al -Din Manşūr al-Širāzi manifeste son intention, dans l'incipit du manuscrit signalé dans Monzavi 31 , t. XV , p . 4234 n° 5392 (ms . qui pourrait bien représenter un même texte que celui de la Garrett Collection , brièvement décrit dans Mach 34 , p. 225 n° 2990 ), de présenter dans « ce livre » à la fois une édition et des gloses. Cependant, selon l'auteur du catalogue iranien , qui reconnaît que Giyāt al - Din a écrit un commentaire de la Tha , le codex ne contient que l'édition de l'apocryphe. Sur Giyāt al-Din, théosophe išrāqi et mathématicien appartenant à une dynastie de philosophes et de spirituels, on peut consulter les ouvrages suivants (qui ne disent rien toutefois du commentaire de la ThA ) : 255 GAL II , p . 545 (414 ) ; 256 GAL S. II , p . 593 ; 257 H. Corbin ( édit. et trad .), Molla Sadra Shirazi, Le livre des Pénétrations métaphysiques. Texte arabe publié avec la version persane de Badî' ol -Molk Mîrzâ ' ' Emâdod dawleh , Traduction française et Annotations, coll. « Bibliothèque iranienne » 10, Téhéran /Paris 1964 , p . 148-149 n. 41 ; 258 H. Suter, Die Mathematiker und Astronomen der Araber und ihre Werke..., Amsterdam 1981 (réimpr. de trois publications parues en 1900, 1902 et 1897) , p. 189 (n° 462) ; 259 M. Moʻîn, Loghat-Nama (Dictionnaire Encyclopédique ). Fondé par Ali Akbar Demkhoda
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( 1879-1956 ). Sous la direction de M.M. N° 74, Lettre Gh , Fasc. 4 : Ghalayân Ghayham ( Université de Téhéran , Faculté des Lettres, Institut Loghat-Nama), Téhéran 1962, p. 395 . En outre , GAL 33, S. III, p. 1203, affirme qu'Abū l - Hayr Taqi al-Din al Fārisi a composé une adaptation (« Bearbeitung» ) de la Tha. Toutefois, les deux catalogues auxquels on est renvoyé signalent, l'un, un manuscrit de l'apocryphe sans évoquer Abū l -Hayr, et l'autre, une édition (tahrir) établie par cet auteur et un commentaire ( šarḥ ) de ' Ali Quli b. Qarağġāy Hān . Abū l-Hayr Taqi al- Din est, sans doute, Taqi al - Din Abū l -Hayr Muhammad b. Muhammad al- Fārisi, que 260 G. Fluegel ( édit. et trad . ), Lexicon bibliographicum et encyclopaedicum a Mustapha ben Abdallah Katib Jelebi dicto et nomine Haji Khalfa celebrato compositum , 7 tomes, Leipzig /London 1835-1858, t. I , p. 383 , t . IV , p . 100 101 , 167, mentionne, à propos d'ouvrages de mathématiques surtout, comme un disciple de Giyāt al-Din, dont il a été question à l'alinéa précédent. Ce dernier Taqi al -Din est signalé par Brockelmann, dans GAL 256 , S. II, p. 594 , qui ne pense toutefois pas à l'identifier avec celui auquel il attribue ailleurs la « Bearbeitung » susmentionnée . Quant à ' Ali Quli b. Qaraġġāy Hān, il s'agirait d'un auteur du XIe s . H. (Monzavi 31 , t. VIII, p. 411 ) . K. COMMENTAIRE DE LA THA par Qāļi Sa'id Qummi († 1691 ) Ce commentaire arabe, écrit par un maître de Qumm ( Iran ) et resté inachevé (il porte sur les quatre premiers mimars de la Tha ) , « découpe le texte ( de celle- ci) en lemmata successifs, dont il ne reproduit chaque fois que les premiers mots » (Corbin 130 , p . 249). On trouvera , dans id . 130 , p . 9-13 , 243-291 et notes y afférentes, une présentation de Qādi Sa'id, un rappel de ses sources ainsi qu'un résumé commenté de ses gloses , dans lesquelles il fait typiquement ouvre de « néoplatonicien shî’ite » (id. 130 , p . 247) , résumé dont la perspective est ainsi déterminée : « Il ne s'agit pour le moment que de relever les positions prises par Qazî Sa'îd comme philosophe imâmite : comment il a compris la version du texte de Plotin et pourquoi il a critiqué ce qu'en avait compris Avicenne. Cela même , nous ne pouvons le faire ici que sur un nombre de points limités de son commentaire de la Théologie » (id. 130 , p . 249 ) . Édition . Nous avons décrit plus haut (III A 4 d) l'édition Åshtiyāni des quatre premiers mimars de la Tha et des gloses de Qummi ( présentée aussi dans Corbin 130 , p . 249 ).
Traduction . C. Jambet se propose de publier la traduction française des gloses de la ThA par Qummi avec un autre traité de cet auteur et des commentaires, aux Éditions Verdier, [261 C. Jambet ( trad .), Euvres choisies de philosophie shiite. Qâzî Sa'id Qommî (La clef du paradis et autres textes ), coll. « Islam spirituel» , Paris ). L. TRAITÉ ANONYME SUR LE MOUVEMENT 262 R.C. Taylor, « Two Manuscripts Containing Ibn Tufayl's "Hayy Ibn Yaqzān”, Ibn al-Sid's “Kitāb al-Hadā'iq” , Ibn Bājja's “Ittişāl al - ' Aql bi -l -Insän” , the “Liber de Causis " and an Anonymous Neoplatonic Treatise on Motion » , MIDEO 15 , 1982, p . 251-253, 256-262 , n . y afférentes, signale la présence,
590
ARISTOXÈNE DE CAPPADOCE
dans deux manuscrits de Turquie (l'un copié probablement sur l'autre), d'un traité sur le mouvement (Kitāb al-ḥaraka min al-taqil li- Aristātālis ), attribué à Aristote et consistant en une exposition néoplatonicienne des enseignements du Stagirite sur la nature du mouvement. L'ouvrage n'est pas daté , mais l'un des manuscrits n'est pas postérieur au XVe s . Il y aurait là d'abondantes citations de la Tha . M. « ÉPÍTRE DE PLATON LE DIVIN EN RÉPONSE À CEUX QUI DISENT QUE L'HOMME EST ANÉANTI ET DISPARAÎT APRÈS LA MORT >> Selon 263 M. Türker, « Un petit traité attribué à Al- Fârâbî» , Araştirma ( Ankara ) 3 , 1965 , p. 1-63, certaines sections de cette collection de brefs extraits philosophiques peuvent bien provenir d'une même source que la ThA . Pour les manuscrits (dont le plus ancien serait du XIII s . ) et les éditions du traité en question , voir Daiber 37 , p . 37 et notes y afférentes; Endress 20 , p . 18-19 ; Taylor 156 , p . 41 , 46 n . 42 et 43 . MAROUN AOUAD . 415 ARISTOXÈNE DE CAPPADOCE RE 4 PLRE I :
fl. MIV
Philosophe païen de Cappadoce , destinataire (en 362 ) d'une lettre de l'empereur Julien (78 Bidez ) l'invitant à le rencontrer à Tyane pour le soutenir dans son entreprise de restauration du paganisme. PIERRE MARAVAL .
?
416 ARISTOXÈNE DE CYRÈNE RE 6
Philosophe non seulement cyrénéen, mais cyrénaïque ; du moins Athénée I 12, 7 c , le mentionne -t- il comme tel (il aurait « adopté la philosophie de son pays » ) en évoquant certains traits de son hédonisme. Une sorte de jambon porterait son nom et il se serait plu à arroser ses laitues avec du vin au miel. Voir aussi Souda, s.v. 'ApiotókeVOS, t. I , p . 357, 17-19 Adler. 1 W. Crönert, Kolotes und Menedemos, p . 95 , note toutefois que ce nom ne figure pas dans les inscriptions à Cyrène. Aristoxène ne figure pas dans les recueils de fragments des philosophes cyrénaïques. FRANÇOISE CAUJOLLE -ZASLAWSKY. 417
ARISTOXÈNE DE TARENTE RE 7 ( + Suppl. XI)
MIV
Péripatéticien, musicien et auteur de biographies. Fragments et témoignages. 1 F. Wehrli, Aristoxenos, coll. « Die Schule des Aristoteles » 2, Basel, 2eéd ., 1967: 139 fragments, p . 9-41; commentaire, p . 47-87 . Tous les fragments relatifs à la théorie musicale n'ont pas été rassem blés . Voir 2 R. Westphal (édit . ) , Aristoxenos von Tarent. Melik und Rhythmik des classischen Hellenentums. Übersetzt und erläutert von R.W. , hrsg. von F. Saran , 2 vol . , Leipzig 1883-1893 ; réimpr. Hildesheim 1965 , pour les fragments du lepi toũ npótou Xpovou (t . II, p. 94-95 ) et du Nepi tóvwv (t. I, p . 485 ) . Pour les traités conservés, on dispose des éditions suivantes : 3 R. Da Rios (édit. ) , Aristoxeni Elementa Harmonica, Roma 1954 ( VII -CXVII: Prolego mena ; p . 3-92 : édition critique des trois livres de l'ouvrage , qui ne formaient pas
ARISTOXÈNE DE TARENTE
591
originellement un unique traité, mais constituaient plutôt diverses rédactions d'un cours répété (cf. 4 F. Wehrli, art. « Aristoxenos », RESuppl. XI, 1968, col. 338) ; p. 93-136 : témoignages concernant la vie d'Aristoxène et la doctrine de l'harmonie ; p. 139-186 : index verborum ). Dans un fascicule indépendant se trouve la traduction italienne de l'ouvrage, p . 3-100 , et un appendice intitulé « Valore dell'opera musicale di Aristosseno » , p. 103-129. 5 G.B. Pighi (édit. ), Aristoxeni Rhythmica. Elem . rhythm ., Psell. Exc. Neap . (R. Westphal 1867 ) P. Oxy. 9 (Grenfell, Hunt, Blass 1898 ), con traduzione di G.B.P. , Bologna 1959 , 67 p . L'ouvrage n'est pas entièrement conservé. Les textes se trouvent p. 15-32, la traduction italienne p. 35-65. Pour les sources et la description de l'ouvrage, voir 6 F. Wehrli dans GGP Antike 3 , § 22, p . 540-546 , notamment p . 543. Cf. 7 A. Barker, « Aristoxenus' theorems and the foundation of harmonic science » , AncPhil 4 , 1984 , p . 23-64 . Ajouter aux témoignages : PRain.M . V 1-10 = P.Vindob . 2328 (361 Pack?), fragment de l'Odysseus Auto molos d'Épicharme et POxy. XXV 2429, fr. I (b ), col. II,r. 2 (362 Pack?), tiré de la même æuvre. Dans les scholies sur ces textes figure le nom d'un Aristoxène qu'il faut fort probablement identifier avec Aristoxène de Tarente . < Des études récentes ont démontré de manière décisive que ne peuvent être attribués à Aristoxène de Tarente, mais tout au plus à son école , quelques fragments papyrologiques relatifs à la musique (POxy. 9, POxy. 667 et POxy. 2687 ). Voir 8 L.E. Rossi, « POxy 9 + POxy 2687 : Trattato ritmico -metrico » , dans l'ouvrage collectif 9 Aristoxenica, Menandrea, philosophica, coll. « Studi e testi per il Corpus dei Papiri Filosofici Greci e Latini » 3 , Firenze 1988 , p . 11 30 ; 10 A. Meriani, « POxy 667 : Manuale di teoria musicale » , dans 9 , p . 31 45 ; 11 id ., « Su un testo di teoria armonica greca (POxy 667) », dans 12 I. Gallo ( édit .), Miscellanea filologica , Salerno 1986 , p. 103-110. TIZIANO DORANDI. > Sources biographiques anciennes. ( 1 ) Souda, A 3927 ; t. I , p. 357, 6-16 Adler. D'après Wehrli 6 , p. 540, les renseignements fournis par la Souda pro viennent d'une biographie d'époque hellénistique. (2) Apollonius, Hist. mirab . 49 (= fr. 6 Wehrli) qui cite le lepi évOoUoIAOMOŪ de Théophraste ( fr. 88 Wimmer ): Aristoxène soignait par le moyen de la musique. ( 3 ) Proclus, In Tim . III, 192 a (= fr. 8 Wehrli ) , qui cite Adraste , quasi certainement le Commentaire sur le Timée (εις τον Τίμαιον ) , ouvrage dans lequel la théorie harmonique d’Aristoxène faisait l'objet d'une polémique. Cf. 7 P. Moraux , Aristotelismus, t. II, p . 301 . École. La Souda énumère comme maîtres d'Aristoxène son père Spintharos
(voir cependant Wehrli 1 , p. 48), Lampros d'Érétrie, le pythagoricien Xéno phile (voir Aulu -Gelle IV 11 = fr. 25 Wehrli) et enfin Aristote . L'appartenance d'Aristoxène au Péripatos est une donnée sûre, puisqu'à la mort d'Aristote il fut l'un des successeurs possibles. Durant le scholarcat de Théophraste, il continua d'appartenir à l'école . D.L. VIII 46 rapporte qu'il eut des contacts avec les derniers représentants du pythagorisme: il aurait connu Xénophile de Thrace, Phanton, Échécratès, Dioclès et Polymneste de Phlionte , ces derniers ayant été auditeurs de Philolaos et d’Eurytos. Cicéron est témoin de rapports entre Aristoxène et Dicéarque. Malgré son intérêt pour Pythagore et la tradition pythagoricienne, Aristoxène ne peut pas être considéré comme un philosophe de
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ARISTOXÈNE DE TARENTE
cette école. Même sa désignation comme péripatéticien ne va pas sans réserve ( cf. Wehrli 6 , p . 544-545 ). Chronologie . D'après la Souda, l'acmè d'Aristoxène doit être située en 01. 111 (336-333 ) ; à la mort d'Aristote (322/1 ), on prévoyait qu'il pourrait assumer la direction de l'école, ce qui montre qu'il était déjà d'âge mûr. Il dut vivre jusqu'à un âge assez avancé, si le nombre de ses écrits, fixé par la Souda à 453 , est exact. Il entendit en personne dans le Péloponnèse le récit de Denys sur Damon ( fr. 31 Wehrli), après que le tyran eut été chassé de Syracuse ( 344 ). Les limites de sa chronologie peuvent être fixées approximativement entre 375 et 315/305 . Biographie . Aristoxène reçut principalement une formation musicale et c'est dans le domaine de la théorie musicale que s'est déployée son activité fonda mentale , caractérisée par une orientation empiriste. Il semble qu'il ait également exercé, à travers la musique, une activité de thérapeute ( fr. 6 Wehrli ). Son cuvre de biographe est importante : on y reconnaît un vif intérêt pour Pythagore et le pythagorisme (fr. 11-41 Wehrli) et une tendance à la malveillance tant à l'égard de Socrate que de Platon ( fr. 51-68 Wehrli). Nous savons qu'il séjourna à Mantinée , à Thèbes, à Corinthe et à Athènes, au Péripatos.
Écrits . La Souda attribue à Aristoxène la composition de 453 ouvrages. Il n'en existe pas de catalogue ancien. Il n'est pas toujours sûr que les titres transmis aient constitué des cuvres indépendantes. ( 1 ) Nepi Mudayópou xal tõv yvwpiuwv aútoŨ (fr. 11-25 Wehrli ). ( 2) Hepì ápi@ untixñs ( fr. 23 = Stobée I 6). Ce fragment dérive probablement de ( 1 ) ; dans ce cas il faudrait soustraire ce titre. ( 3 ) Mepl ToŨ nu ayopixoũ Bíou ( fr. 26-32). (4) Mueayopikal énopdoenç ( fr. 33-41 ) . Il n'est pas toujours facile d'établir des distinctions précises entre (2), (3 ) et (4) . ( 5 ) Παιδευτικοί νόμοι et (6) Mohitixol vópoi ( fr. 42-46 ). Deux cuvres assez similaires et peut-être identiques.
(7) ’Apxúta Bíos ( fr. 47-50 , chez Athénée et D.L.) . (8 ) Ewxpátous Bioc ( fr. 51-60 ). (9 ) Mátwvos Bíos ( fr. 61-68 ). 13 K. Gaiser, Philodems Academica , p . 105 s . , 168 et 400 , a cru pouvoir identifier un nouveau témoignage dans la col. X, li . 44-47 de l’Ind. Acad. Herc. de Philodème. ( 10) Nepì toŨ TPÓTOU XPóvou (= Porphyre, In Ptol. Harm . 78 , 21 Düring). ( 11 ) Nepì tóvwv (= Porphyre, In Ptol. Harm . 78 , 15 Düring ). ( 12 ) Nepi melorotias ( fr. 92-93 ). ( 13 ) Nepi uovoixñs (fr. 71-89). Il est impossible de dire si ( 10) , ( 11 ) et ( 12) faisaient partie de ( 13 ). Voir Wehrli 4, col. 339. ( 14 ) Movoixn åxpóaois ( fr. 90 = Schol. in Phaedonem 108 d) . ( 15 ) Mpacidapávteia ( fr. 91 = Harpocration, s.v. Movodios ).
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ARNOBE DE SICCA
( 16) Nepi ópyávwv (fr. 94-102, chez Philodème, Ammonius, Athénée ). Faisaient partie de cette ouvre le Περί αυλών , le Περί αυλητών (fr . 100 ) , ainsi que le Περί αυλών τρήσεως (fr . 101 ). ( 17 ) Περί τραγικής ορχήσεως , ( 18 ) Περί χορών , et ( 19) Euyxplosiç ( fr. 103-112) . Il s'agissait probablement d'un seul et même ouvrage .
( 20 ) Mepi Tpayudonotāv ( fr. 113-116) . (21 ) TERÉOTOU Bíos ( fr. 117 = Apollonius, Hist. mirab . 40 ). (22) Lújjixta ouunotixá (fr. 122-127 ; Westphal 2, t. II, p . 96-107). (23 ) ' Ynouvhuata ( fr. 128-139) . On peut se demander si ce recueil était distinct des Ιστορικά υπομνήματα ( fr. 131 ) , des κατά βραχύ υπομνήματα ( fr. 129) , des Eúhpixta Únouvnuata ( fr. 139) et des Tà onopádny ( fr . 130) . (24) 'Apuovixà otoixeia ( cf. 3) . (25) 'Puouixà otoixeia (cf. Westphal 2, t. II, p. 75-95 ; Pighi 5 , p. 15-32 ; 35 65 ) . (26) Μαντινέων έθη et ( 27 ) MavtiveWV Éyxbulov ( fr. 45 I Wehrli?, 1967). Les titres sont attestés dans Philodème, Piet. 18 , p . 85 Gomperz. Études d'orientation . Wehrli 4 , col. 336-343 ; Wehrli 6 . BRUNO CENTRONE.
ARIUS DIDYME → AREIOS DIDYMOS 418 ARNOBE DE SICCA RE 1
III - IV
Rhéteur et apologète chrétien , auteur d'un Adversus Nationes en 7 livres. Selon Jérôme, De viris illustr. 79, il aurait enseigné la rhétorique à Sicca en Afrique, sous le règne de Dioclétien (284-305) . La Chronique du même auteur fournit des précisions supplémentaires : « Arobe jouit comme rhéteur d'une grande réputation en Afrique. Au temps où il initiait à la déclamation la jeunesse de Sicca,étant encore païen, des songes le forcèrent à embrasser la foi; n'obte nant pas de l'évêque (le droit ) de partager une croyance qu'il avait toujours combattue, il élabora des livres pleins de talent contre son ancienne religion et enfin , ayant ainsi fourni pour ainsi dire des gages de sa piété, il obtint son affiliation » (Chron . ad ann . 327, p . 231 , 14 Helm , trad . Le Bonniec) . Sicca : Cf. 1 Y.-M. Duval , « Sur la biographie et les manuscrits d'Arobe les informations de Jérôme, leur sens et leurs sources possibles » , Latomus 45 , 1986 , p . 69-99. Tout au long de son Adversus Nationes, Amobe fait intervenir un adversaire dont certaines répliques pourraient provenir d'un écrit antichrétien. Les traits de cet adversaire restent cependant fort peu définis et il serait imprudent de proposer une identification, vu la continuité thématique que l'on relève dans la polémique antichrétienne et l'adaptation littéraire que de toutes façons Arnobe
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ARNOUPHIS
aura fait subir à cette source éventuelle. Des parallèles nombreux peuvent en tout cas être établis avec les fragments du Contra Christianos de Porphyre. Le passage le plus important pour l'histoire de la philosophie est la discussion de la doctrine des viri novi au livre II. A.J. Festugière a montré les liens qui rattachaient ces vues au néoplatonisme du IIIe s . de notre ère . On a pensé concrètement à Porphyre (Courcelle ) ou à des gnostiques, éventuellement connus par l'intermédiaire de Cornélius Labéon (Mazza ). Éditions et traductions : 2 A. Reifferscheid (édit. ), CSEL 4 , 1875 ; 3 C , Marchesi (édit. ) , Corp. Script. Lat. Paravianum 62, 1953 ; 4 G.E. McCracken (édit.) , Arnobius, The Case Against the Pagans, coll. « Ancient Christian Writers » 7-8 , Westminster (Md) 1949 ( traduction anglaise, sans le texte latin ); Compte rendu important par 5 A.J. Festugière, « Arnobiana » , VChr 6, 1952 , p . 208-254 ; 6 H. Le Bonniec (édit.), Arnobe, Contre les Gentils . Texte établi, traduit et commenté, CUF, Paris 1982- [Livre I seul paru pour le moment). Lexique. 7 L. Berkowitz , Index Arnobianus , coll. « Alpha -Omega » 6, Hildesheim 1967 , XV - 761 p.
Études d'orientation. 8 A.J. Festugière, « La doctrine des viri novi sur l'origine et le sort des âmes » ( 1940 ), article repris dans Hermétisme et mystique païenne, Paris 1967, p. 261-312 ; 9 P. Courcelle, « Les Sages de Porphyre et les viri novi d'Arnobe » , REL 31 , 1953 , p . 257-271 ; 10 id. , « Anti -christian arguments and christian Platonism , from Arnobius to St. Ambrose » , dans A. Momigliano (édit.) , The Conflict between Paganism and Christianity, Oxford 1963 , p . 151-192 ; 11 M. Mazza, « Studi Amobiani I : La dottrina dei viri novi nel secondo libro dell'Adversus Nationes di Arnobio » , Helikon 3 , 1963 , 111 169 ; 12 P. Krafft, Beiträge zur Wirkungsgeschichte des älteren Arnobius, coll. « Klassisch -philologische Studien » 32, Wiesbaden 1966, VIII -290 p .; c.r. par 13 P. Petitmengin , « La survie d'Amobe » , REL 45 , 1967 , p . 168-172 ; 14 H. Le Bonniec, « L'exploitation apologétique par Arobe du De natura deorum de Cicéron » , Caesarodunum 19bis , 1984 , p . 89-101 ; 15 D.P. Nicholson, « The date of Amobius' Adversus gentes » , Studia Patristica XV 1 , coll . « Texte und Untersuchungen » 128 , Berlin 1984 , p . 100-107 ; 16 W. Schmid , « Christus als Naturphilosoph bei Amobius » , dans id ., Ausgewählte philologische Schriften , hrsg. von H. Erbse & J. Küppers, Berlin 1984 , p . 562 583 . Bibliographie. 17 J. Quasten , Initiation aux Pères de l'Église. Trad . de l'anglais par J. Laporte, Paris 1956 , t . II, p . 453-464 ; H. Le Bonniec 6 , p . 109 113 . RICHARD GOULET. 419
ARNOUPHIS RE PIR2 A 1067
II
Mage égyptien déambulant en Occident sous le règne de Marc -Aurèle . Sa présence à Aquilée est attestée par une inscription dans laquelle il fait, avec Terentius Priscus, une dédicace à Isis . D'autre part, dans la version de Dion Cassius LXXI( I) 8,4, du « miracle de la pluie » qui a sauvé l'armée romaine dans la campagne contre les Quades en 172 ap. J.-C. , ce miracle est attribué aux invo cations d'Arnouphis au dieu égyptien Hermès Aérios. Cette dernière question est
ARRIA
595
confuse , car il en existe plusieurs versions dans lesquelles chaque religion , romaine traditionnelle , égyptienne, chaldéenne, et même chrétienne, s'en attribue le mérite . Cf. 1 A. Calderini, « L'iscrizione aquileiense di Harnouphis » , AN 89, 1937 1938 , p . 67-72 ; 2 J. Guey , « Encore la “ pluie miraculeuse " », RPh 22 , 1948, p . 16-62 ; 3 Z. Rubin, « Weather miracles under Marcus Aurelius » , Athenaeum 57 , 1979 , p. 357-380 ; 4 H.D. Saffrey, « Les Néoplatoniciens et les Oracles chaldaïques » , REAug 27, 1981 , p. 209-225; 5 W. Jobst, « 11. Juni 172 n. Chr. Der Tag des Blitz- und Regenwunders im Quadenlande » , SAWW 335 , 1978 , 36 p .; 6 G. Fowden , « Pagan Versions of the Rain Miracle of A.D. 172 » , Historia 36 , 1987 , p . 83-95 . HENRI DOMINIQUE SAFFREY. 420 AR [RHIJDAIOS Auteur d'hypomnemata de Téléclès. Son nom a été restitué par W. Crönert, Kolotes und Menedemos, p . 76 n . 365 , dans l'Ind . Acad. Herc., col. N, 20-22 (p . 79 Mekler) à la place de la conjecture plus douteuse de Mekler : Aůldaidou . TIZIANO DORANDI
DI 421 ARRIA (maior ) RE 39 PIR2 A 1113 Stoïcienne , épouse du stoïcien Aulus Caecina Paetus, consul suffect de septembre à décembre 37 (CIL XIV , 4535 ; cf. A. Degrassi, Fasti consolari, p . 10) , mère d'Arria minor, belle -mère du stoïcien Thrasea Paetus, grand -mère de Fannia : voir ( 1 ) Pline le Jeune, Ep. III 16 ; (2) Tacite, Ann . XVI 34 , 2 ; (3) Dion Cassius LX 16, 5-7 (t. II, p . 678 Boissevain ) ; (4 ) Martial I 13 (deux distiques) ; (5 ) Vie de Perse, éd . L. Herrmann , coll. « Latomus » 59 , Bruxelles/ Berchem 1962 , p . XIII -XIV , ou éd . W.V. Clausen , Oxford 1959, p . 32-33 (texte peu sûr). Amie de Messaline (3 ) . Le poète Perse , enfant, lui consacra quelques vers , que sa mère détruisit sur le conseil de Cornutus (5 ). Héroïque, elle cacha à son époux malade la mort de leur fils (Pline, Ep. III 16, 3-6) , rentra en barque de Dalmatie en Italie pour le suivre, alors qu'il était compromis dans la conspiration d'Arruntius Camillus Scribonianus (Pline, Ep. III 16 , 7-9) , se jeta violemment la tête contre un mur pour prouver qu'elle trouverait toujours un moyen de mourir (Pline, Ep. III 16, 9-12) et précéda son époux dans la mort, en 42 : « Paete , non dolet » ( Pline, Ep . III 16 , 2. 6. 9. 13 ; voir aussi les témoignages 2, 3 et 5 ) . Elle devint à Rome un exemplum d'amour conjugal, comme Laodamie l'était en Grèce : voir l'épitaphe métrique d'Oppia , épouse de L. Cominius Firmus, à Anagnia (CIL X , 5920 = ILS 6261 ) ; Pline , Ep. III 16 ; VI 24 , 5 , et les témoignages 2, 4 et 5 . Cf. P. von Rohden , art. « Arrius » 39, RE II 1 , 1895 , col. 1259, et stemma, col. 1259-1260 ; E. Groag, PIR2 I, 1933 , A 1113 , p . 218 ; J.M.C. Toynbee, « Dictators and Philosophers in the First Century A.D. » , G&R 13 , 1944 , p. 43 58 ; D. McAlindon , « Senatorial opposition to Claudius and Nero » , AJPh 77 , 1956 , p . 113-132 ; R. MacMullen , Enemies of the Roman Order. Treason , Unrest, and Alienation in the Empire, Cambridge ( Mass . ) 1966 , p . 38-45
596
ARRIA
(stemma, p. 43 ), 54-57 , 79-80 ; A.N. Sherwin -White , The Letters of Pliny. A Historical and Social Commentary, 2 ° éd ., Oxford 1985, p. 248-250 . SIMONE FOLLET.
422 ARRIA (minor) RE 40 PIR2 A 1114
MFI
Stoïcienne, fille du stoïcien Aulus Caecina Paetus et d'Arria maior, épouse du stoïcien P. Clodius Thrasea Paetus, consul suffect en novembre -décembre 56 (A. Degrassi, Fasti consolari, p . 15 ) , mère de Fannia , belle -mère d'Helvidius Priscus, parente du poète Perse : voir ( 1 ) Pline le Jeune, Ep. III 16, 2. 10 ; ( 2 ) VII 19 ; ( 3 ) IX 13 ; (4 ) Tacite , Ann . XVI 26, 3 ; (5 ) 28,1 ; (6) 34 , 2 ; (7 ) id. , Hist. IV 4-9 ; (8 ) Dion Cassius LXVI 12 , 1 (t. III, p . 146 Boissevain ) ; (9 ) Scholie à Juvénal, V 36 (éd . 0. Jahn, Berlin 1851 , p. 231 ) ; ( 10) Vie de Perse, éd . L. Herrmann , coll. « Latomus» 59 , Bruxelles/ Berchem 1962, p. XIII -XIV , ou éd . W.V. Clausen , Oxford 1959 , p . 32-33 . En 66 , elle voulut, à l'exemple de sa mère, mourir avec son époux , mais il l'en dissuada ( 6) . En 71-74 , sous Vespasien , son gendre Helvidius Priscus fut relégué, puis mis à mort : voir J. Malitz, «Helvidius Priscus und Vespasian . Zur Geschichte der ' stoischen ' Senatsopposition », Hermes 113 , 1985, p . 231-246 . En 93 , lors de la condam nation à mort d'Arulenus Rusticus , d'Herennius Senecion et d'Helvidius Priscus iunior, elle fut reléguée avec sa fille Fannia et leurs biens furent confisqués (Pline, Ep. III 11 , 3 ; VII 19 , 10 ; IX 13 , 5 ) . Tacite, Agricola 45 , 1 , évoque « obsessam curiam et clausum armis senatum et eadem strage tot consularium caedes, tot nobilissimarum feminarum exilia et fugas ». Rentrées à Rome sous Nerva, Arria et Fannia , avec leurs amis Pline le Jeune, Avidius Quietus et Cornutus Tertullus, tentèrent vainement de faire condamner Publicius Certus (3 ) . Arria mourut avant 107 (voir Pline, Ep . VII 19,9). Cf. P. von Rohden, art. « Arrius » 40, RE II 1 , 1895 , col. 1259-1260 ; E. Groag, PIR2, t. I, 1933 , A 1114 , p . 218-219 ; R. Syme, Tacitus, t. II, Oxford 1958 , p . 535 n . 2 , et p . 550-562 ; R.S. Rogers , « A Group of Domitianic Treason - Trials » , CPh 55 , 1960, p . 19-23 ; A.N. Sherwin - White, The Letters of Pliny. A Historical and Social Commentary, 2e éd. , Oxford 1985 , p. 243 , 249, 424-426 , 491-493, 496 et 739 ; R. Syme , « People in Pliny » , JRS 58 , 1968, p . 144 et 147 , repris dans Roman Papers, t. II, Oxford 1979, p. 710 et 716 ; Ten studies in Tacitus, Oxford 1970 , p . 98-100 . Sur la tentative de suicide et son contexte, voir M.T. Griffin , Seneca, a Philosopher in Politics, Oxford 1976 , p . 367-388 (« Mors diu meditata » ). SIMONE FOLLET. 423
ARRIA RE 42 PIR2 A 1116
FII
Platonicienne, amie de Galien , guérie d'une grave maladie par les empereurs Septime- Sévère et Caracalla , très compétents en médecine, sans doute peu avant 199 (Galien, Ad Pisonem de theriaca 2, t. XIV, p. 218-219 Kühn ). Elle était très appréciée de ces empereurs « parce qu'elle pratiquait la philosophie avec rigueur et aimait surtout les doctrines de Platon » ( διά το φιλοσοφείν ακριβώς και τοίς Πλάτωνος μάλιστα χαίρειν λόγοις ). ).
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On a proposé de l'identifier à l'épouse homonyme du consul M. Nonius (RE 36) Macrinus, vraisemblablement mère de M. Nonius Arrius Paulinus Aper et de M. Nonius Arrius (RE 25) Mucianus, futurs qui est connue par une dédicace de son époux « deis conservatoribus »
de 154 , (RE 12) consuls, ( CIL V
4864 = ILS 3986 ), trouvée près du lac de Garde. Th . Mommsen , commentant les inscriptions relatives à cette famille ( CIL V , p . 339) , taxait ce rapprochement d' « incerta coniectura » ; E. Groag, PIR2 I, 1933 , A 1115 et 1116, le croit possible ( « Eadem potest esse » ... ; « Non diversa fortasse » ...) ; pour G.W. Bowersock , Greek Sophists in the Roman Empire, Oxford 1969, p. 84, « This is not a bad idea » ; pour A. Garzetti, « I Nonii di Brescia » , Athenaeum 55, 1977 , p . 175-185 , la chose est « assai difficile per ragioni cronologiche ». Sur la carrière rapide de M. Nonius Macrinus, voir aussi R. Syme, « An Eccentric Patrician » , Chiron 10, 1980 , p. 437 , repris dans Roman Papers, t. III, Oxford 1984, p. 1326. Son épouse pouvait être plus jeune que lui, les difficultés chronologiques ne semblent pas insurmontables. Mais la banalité du nom Arria incite à la prudence. SIMONE FOLLET. 424
ARRIEN RE 12 Auteur d'un petit ouvrage Περί κομητών φύσεώς τε και συστάσεως και paouátwv mentionné par Photius, Bibl.,cod. 250, § 111 , à la fin des citations qu'il donne de l'ouvrage d’Agatharchide de Cnide ( II “) Sur la mer rouge 111. Trois longs fragments sont cités par Stobée (I 28, 2 ; t . I , p . 229, 10–231, 8 Hense ; I 29, 2 ; t. I, p. 235 , 9-238 , 12 ; I 31 , 8 ; t. I , p. 246 , 1-247, 13 ) et un lepi meteópwv est cité par Jean Philopon , In Meteor. I, p . 138 Ideler. On l'identifie généralement à Arrien de Nicomédie . Voir la notice suivante. RICHARD GOULET.
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ARRIEN DE NICOMÉDIE RE 9 et 12 PIR2 F 219
ca 85 - ca 165
L. Flavius Arrianus, de Paiania, est connu comme philosophe stoïcien et historien . Voir E. Schwartz, art. « Arrianus » 9, RE II 1 , 1895 , col. 1230-1247, repris dans 1 Griechische Geschichtschreiber , Leipzig 1957 , p . 130-155 , avec quelques compléments bibliographiques; G. Wissowa, art. « Arrianus » 12, RE II 1 , 1895 , col. 1247 ; W. Eck , art. « Flavius» 44 , RESuppl. XIV , 1974 , col . 120 ; A. Stein , PIR ? III, 1943 , F 219, p. 137-139 . Vie. La biographie rédigée par Dion Cassius (voir Souda, A 1239 ; t. II, p . 116-117 Adler) est perdue, mais Arrien est connu par une notice de la Souda (A 3868 ; t . I, p . 350 Adler), des témoignages littéraires et des inscriptions. De plus, Photios, dans sa Bibliothèque (cod . 58 , 91 , 92 , 93 ; t. I, p . 51-52, et II , p. 16-34 Henry ), a analysé quatre de ses euvres , dont trois aujourd'hui perdues, qui donnaient certains renseignements biographiques. Les testimonia sur Arrien ont été réunis indépendamment par 2 F. Jacoby, FGrHist II B , Berlin 1927, nº 156 , p . 837-840, et commentaire, p . 551-553, et 3 A.G. Roos (et G. Wirth ), Flavii Arriani quae exstant omnia, II : Scripta minora et fragmenta, coll. BT, Leipzig 1968 , p . LVIII -LXV , avec bibliographie, p. XLVI-LIII.
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La vie d'Arrien a été l'objet de plusieurs études récentes qui, malgré quelques divergences de détail, permettent d'en dégager les grandes lignes. Citons: 4 H. Tonnet, Recherches sur Arrien , sa personnalité et ses écrits atticistes, thèse d'État de l'Université de Paris- Sorbonne, 1979, Amsterdam 1988 , t. I, p. 7-101 ( bibliographie : t . II, p . 377-440 ); 5 Ph.A. Stadter, Arrian of Nicomedia , Chapel Hill 1980 ( chronologie : p . 173-174) ; 6 A.B. Bosworth , A Historical Commentary on Arrian's “ History of Alexander” , I. Commentary on Books I III, Oxford 1980, p. 1-7 ( une étude sur « Arrian and Rome » , du même auteur, paraîtra dans ANRW II 34, 1 ) ; 7 R. Syme , « The Career of Arrian » , HSPh 86 , 1982 , p . 181-211 ; 8 P. Vidal -Naquet, « Flavius Arrien entre deux mondes , dans Arrien , Histoire d'Alexandre. L'Anabase d'Alexandre le Grand , trad. P. Savinel, coll. « Arguments », Paris 1984, p. 309-394 . L'étude de 9 G. Wirth , « Anmerkungen zur Arrianbiographie. Appian -Arrian - Lukian », Historia 13 , 1964, p. 209-245, porte surtout sur la date de composition de l'Anabase. Né et élevé à Nicomédie, métropole prospère de la province romaine de Bithynie, Arrien appartenait à une famille aisée , qui avait reçu peut-être dès le jer s . avant notre ère la citoyenneté romaine (Syme 7 , p . 184) . Il fut dans cette ville prêtre de Déméter et de Corè et exerça quelques magistratures (Photios, Bibl. cod. 93 ; t. II, p . 33 Henry ; Anab . I 12, 4-5 , avec le commentaire de 10 J.L. Moles , « The Interpretation of the “Second Preface " in Arrian's Anabasis », JHS 105 , 1985 , p . 162-168) . On a retrouvé à Nicomédie une inscription où il est honoré (après 117 , d'après le gentilice du dédicant) par son cousin P. Aelius Polemeanos Hermodoros (SEG I, 1923 , n° 446 , p . 115) . Vers 108 , il suivit à Nicopolis d'Épire les leçons du stoïcien Épictète, à partir desquelles il rédigea et publia plus tard les Entretiens et le Manuel. La date de ce séjour est fixée approximativement par la mention, dans les Entretiens III 7 , et dans Pline le Jeune, Ep. VIII 24, 2, 4 , d'un corrector des cités libres, philosophe épicurien, Maximus ( voir 11 R. Syme, « Correspondents of Pliny » , Historia 34 , 1985 , p. 329-331 ). On suppose généralement que, vers cette époque, il visita Athènes et se fit initier à Éleusis. En 112 ou 113, semble - t-il, il faisait partie à Delphes du consilium du gouverneur d'Achaïe C. Avidius Nigrinus, consul suffect en 110 , homme cultivé , philhellène et alors ami d'Hadrien (voir 12 A. Plassart, FD III 4 , Paris 1970, n °S 290 , 291, 294 , p. 39, 43 , 46 , 57 ; 13 B.D. Meritt, Hesperia 32, 1963 , nº 25 , p. 24, li. 10). On ne sait s'il participa à la guerre de Trajan contre les Parthes et, si oui, à quel poste. Selon J. Lydus, De magistratibus III 53 ( T 14 Roos) , il serait allé jusqu'aux portes Caspiennes sous Trajan, mais cet épisode se situe peut-être plus tard : voir 14 A.B. Bosworth, « Arrian at the Caspian Gates : A Study in Methodology », CQ 33 , 1983 , p . 265 276. Selon 15 H. Grassl, « Arrian im Donauraum » , Chiron 12, 1982 , p. 245 252, il a pu, dans les années 120, inspecter le limes du Rhin et du Danube avec l'empereur Hadrien. Une dédicace métrique à Artémis d'Appiavos avoúnatos ( Arrianus proconsul), trouvée près de Cordoue, publiée par A. Tovar et souvent commentée (voir SEG 26 , 1975-1977 ( 1979) , nº 1215 , p. 278-279 , pour la liste des éditions et commentaires), semble prouver qu'il fut proconsul de Bétique, peut- être vers 123. En 129 ou 130 , il fut consul suffect, avec un certain Severus pour collègue ( CIL XV 244 , 552 ). Gouverneur de Cappadoce, avec deux légions sous ses ordres, de 130 ou 131 à 137 ou 138 (Périple 17,3 ; ILS 8801 et , pour la chronologie, ILS 1066 et 16 W. Eck , « Jahres- und Provinzialfasten der senato
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rischen Statthalter von 69/70 bis 138/139 » , Chiron 13 , 1983 , p. 168 , n° 405, 179, nº 445, 182 , nº 456) , il inspecta d'abord la côte de la Mer Noire de Trapézonte à Dioscourias -Sébastopolis – on a trouvé à Suchum , sur la rive caucasienne du Pont-Euxin , une dédicace de lui à Hadrien , mutilée : AnnEpigr 1905, n° 175 – , rassembla les informations relatives à ce voyage dans un rapport en latin (perdu ) à Hadrien et dans l'opuscule grec intitulé Périple du Pont-Euxin, repoussa en 135 une invasion des Alains et intervint dans le royaume du Bosphore : voir 17 H.F. Pelham , « Arrian as Legate of Cappadocia », EHR 11 , 1896 , p . 625-640, repris dans Essays , Oxford 1911, p . 212-233 ; 18 A.B. Bosworth , « Arrian and the Alani» , HSPh 81 , 1977, p. 217-255. Vers cette époque, le « philosophe et légat propréteur de l'empereur Hadrien en Cappadoce » est honoré comme bienfaiteur par les Corinthiens L. Gellius Menander et L. Gellius Iustus filius) ; le L. Gellius auquel sont dédiés les Entretiens appartient sûrement à cette famille (voir CIL III 7269 ; Corinth VIII 2 , 93 ; VIII 3 , 124 et 125 ; 19 G.W. Bowersock , « A New Inscription of Arrian » , GRBS 8, 1967 , p. 279-280 ; 20 W.R. Biers et D.J. Geagan, « A New List of Victors in the Caesarea at Isthmia » , Hesperia 39 , 1970, p . 79-93 ; 21 J.H. Oliver, « Arrian and the Gellii of Corinth » , GRBS 11 , 1970, p. 335 338 et, pour les éditions et commentaires ultérieurs de Corinth VIII 3 , n° 124, SEG 31 , 1981 ( 1984 ) , n° 285 , p . 66-67 ) . 22 G.A. Harrer, « Was Arrian governor of Syria ?», CPh 11 , 1916 , p. 338-339, avait supposé que le philosophe mentionné par Lucien, De morte Peregrini 14, gouverneur de Syrie en 138, pouvait être Arrien , mais 23 R. Syme, « Hadrianic Governors of Syria », dans G. Wirth ( édit.), Romanitas-Christianitas. Mélanges J. Straub, Berlin /New York 1982, p . 240-241, pense maintenant plutôt à Julius Maior, qui aurait exercé cette fonction de 136 ou 137 à 141. Arrien était en tout cas à l'époque connu et honoré comme philosophe : voir Eusébe -Jérôme, Chronique, p . 203 Helm ; Corinth VIII 3 , n° 124 ; et une inscription d'Athènes publiée par D. Peppa -Delmousou, AAA 3 , 1970, p. 377-380 , où il est honoré comme « consulaire » et « philosophe » – ou « philo [ sophe stoïcien ] », selon une restitution de 24 A.N. Oikonomides , « Flavius Arrianus and the Inscriptions» , AncW 3 , 1980, p . 94-96 . Ce n'est donc pas Dion Cassius, comme le pensait 25 G. Wirth , « 'Appiavós o piloopoc» , Klio 41 , 1963, p . 220-233 , qui a voulu le présenter comme philosophe pour amoindrir sa réputation d'historien. Sa carrière dans l'administration romaine s'achève à la fin du règne d'Hadrien , carrière brillante , qui suppose le soutien de l'empereur, Trajan peut-être, sûrement Hadrien , qu'il connaissait personnel lement et dont il partageait les goûts pour la chasse , l'art militaire et les belles lettres. Arrien se fixa ensuite à Athènes, fut inscrit dans le dème de Paiania , exerça l'archontat éponyme en 145/6 ( voir, sur les inscriptions de cette année, 26 S. Follet, Athènes au 11 ème et au III eme siècle. Études chronologiques et prosopographiques, « Collection d'études anciennes» , Paris 1976 , p. 209-212 ); le cosmète de l'année, Athènaios, fils d'Alexandros, de Rhamnonte , avait comme lui des liens avec la Bithynie, ce qui n'est sans doute pas une coïncidence (voir IG II? 3145 , 3741 ) . Il continuait alors à s'adonner à la chasse et à fréquenter les gymnases. Il modernisa le Traité sur la chasse de Xénophon (voir 27 Ph.A. Stadter, « Xenophon in Arrian's Cynegeticus » , GRBS 17 , 1976 , p . 157-167), auteur auquel il se flattait de ressembler au point d'être appelé et de s'appeler lui-même le « nouveau Xénophon » (Périple 1,1 ; 12,5 ; 25 , 1 ; Ect.10 ,
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22 ; Cyn . 1 , 4 ; 5 , 6 ; 16 , 6-7 ; 22, 1 ; Souda A 3868 ; Photios, Bibl. cod. 58 ) ; il s'agit, non d'un second nom comme le croyait 28 Ph.A. Stadter, « Flavius Arrianus, the New Xenophon », GRBS 8 , 1967 , p . 155-161 , mais d'un surnom honorifique d'un type bien attesté sous l'Empire: voir 29 W. Ameling, « L. Flavius Arrianus, Neos Xenophon » , EA 4 , 1984, p. 119-122. Il fut peut être honoré, en même temps que son modèle , d'un hermès double à Athènes (Musée National, Glypta n° 538) : voir 30 J.H. Oliver, « Herm at Athens with Portraits of Xenophon and Arrian » , AJA 76 , 1972, p . 327-328. Il avait alors pour amis intimes un certain Megillos (Cyn. 5 , 2 ), inconnu par ailleurs (omis dans RE et PIR2), et (C. Ulpius Prastina Pacatus) Messalinus, consul en 147 , auquel il dédia le Manuel d'Épictète (sur ce personnage , voir 31 R. Syme, « Legates of Moesia » , Dacia 12, 1968 , n° 8, p . 336 , repris dans Danubian Papers, Bucarest 1971 , nº 8 , p. 219-220 ; 32 L. Petersen, PIR ? V 2, Berlin 1983 , M 512, p. 259) . Selon 33 J.H. Oliver, « Arrian in Two Roles », dans Studies... E. Vanderpool, coll. « Hesperia Suppl. 19 , 1982 , p . 125-129 , repris dans The Civic Tradition and Roman Athens,Baltimore /London 1983 , p. 69-75 , Antonin lui aurait confié la surveillance des écoles philosophiques d'Athènes ; mais rien n'appuie cette hypothèse. Il dut faire souche à Athènes: un L. Flavius Arrianus de Paiania, prytane en 166/7 et 169/70 ( IG II2 1773 , 10 ; 1776 , 10, repris dans B.D. Meritt & J.S. Traill, The Athenian Agora XV : Inscriptions. The Athenian Councillors, Princeton 1974, n° 369, p. 269; nº 378 , p. 275-276 ), doit être le fils de l'historien plutôt que l'historien lui-même, et une certaine Clémentianè, « initiée à l'autel» à Éleusis au début du IIIe s. , se dit « petite- fille et fille de consuls nommés Arrien, sages, riches et bien nés» ( IG II? 4251/3 ). Arrien voyagea peut -être encore à cette époque ,par exemple à Rome, en Égypte (voir 34 E. Bernand, Inscriptions métriques de l'Égypte gréco-romaine. Recherches sur la poésie épigrammatique des Grecs en Égypte, coll. « Annales littéraires de l'Université de Besançon » 98, Paris 1969, n° 129 , p. 509-519 et pl. LXXXVIII ; la découverte de la dédicace métrique de Cordoue rend peut-être plus vraisemblable aujourd'hui l'identification à l'historien de l'Arrianos auteur d'un proscynème métrique près du sphinx de Gizeh ) ou dans le Pont ( on l'a parfois reconnu dans le Xénophon qui aurait voyagé avec Lucien , d'après Alex. 56, d'Abonouteichos à Aigialoi, en 159 d'après 35 Ch . Marek , « Katalog der Inschriften im Museum von Amasra ,mit Anhang: Die Inschriften von Amastris und die angebliche pompeianische Ära der Stadt » , EA 6 , 1985 , p. 144-152 ). Une allusion de Galien, De usu partium XI 12 ; t. II, p. 151 Helmreich, prouve qu’Arrien était devenu sourd dans sa vieillesse . Il mourut à une date inconnue, vraisemblablement sous le règne de Marc -Aurèle (voir Lucien , Alex . 2, opuscule postérieur à 180 ; Photios, Bibl. cod. 58 ; t . I, p . 52 Henry ). Euvres. Les écrits conservés d'Arrien sont réunis dans l'édition en deux volumes d’A.G . Roos (voir 3), revue par G. Wirth , Leipzig 1967-1968. Il avait composé des ouvrages historiques, conservés (Anabase d'Alexandre, avec en annexe une description de l'Inde ) ou perdus: vies de Dion de Syracuse et de Timoléon de Corinthe, Histoire de Bithynie, Histoire des Parthes, Histoire des Alains, Succession d'Alexandre , peut-être vie du brigand Tilliboros ou Tilli robos (Lucien , Alex. 2) , auxquels s'ajoutaient des opuscules de contenu varié, révélant ses goûts et ses activités : Périple du Pont- Euxin , Ordre de bataille contre les Alains, Tactique de la cavalerie ( un traité analogue relatif à l'infanterie
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est perdu ), Traité de la chasse ... Pour quelques fragments encore inconnus de Roos, voir 36 P. Gautier ( édit .), Michel Italikos, Lettres et discours, coll. « Archives de l'Orient chrétien » 14 , Paris 1972, p. 100 , 15-18 ; 37 J. Noret, « Un fragment du dixième livre de la Succession d'Alexandre par Arrien retrouvé dans un palimpseste de Gothenbourg » (Göteborg, Bibliothèque de l'Université, ms. gr. 1 , ff. 72-73), AC 52, 1983, p . 235-242 ; 38 R. Merkelbach, « Nikaia die Rankenreiche (EAIKOPH ) : ein übersehenes Fragment aus Arrians Bithyniaka », EA 5 , 1985 , p . 1-3 . Signalons quelques éditions et traductions notables d'ouvres isolées. Pour l'Anabase , édition et traduction anglaise avec notes de 39 P.A. Brunt, 2 vol. , coll. LCL 269 , London /Cambridge (Mass.) 1976-1983 ; traduction italienne et commentaire de 40 L. Belloni, coll. « I classici della storia , sezione greco romana » 3 , Milano 1980 ; française de P. Savinel (7 ci- dessus ); allemande, avec notes, index et bibliographie, de 41 G. Wirth - O. von Hinüber, Leiden 1985. Un commentaire d’A.B . Bosworth (6 ci- dessus ) est en cours de publication . L'Inde est souvent jointe à l'Anabase . Elle avait déjà été éditée et traduite par 42 P. Chantraine, CUF, Paris 1927. Pour le Périple , édition commentée de 43 G. Marenghi, « Collana di studi greci » 29, Napoli 1958 , accompagnée de plusieurs articles du même auteur; traduction française de 44 A. Baschmakoff, La synthèse des périples pontiques. Texte grec et traduction française des périples de Skylax et d'Arrien, suivis du périple d'un auteur anonyme et de sa continuation selon le codex Londiniensis ( avec une étude critique et des cartes ). Méthode de précision en paléo -ethnologie, coll. « Études d'ethnographie, de sociologie et d'ethnologie » 3 , Paris 1948. Pour la Tactique, édition avec traduction allemande et commentaire de 45 F. Kiechle, « Die Taktik des Flavius Arrianus » , BRGK 45 , 1964, p . 87-129. Pour les fragments et les résumés de Photios, voir 2 , 3 , et les codices cités au début de la section consacrée à la vie d'Arrien . Arrien était honoré de son vivant comme philosophe (voir les inscriptions de Corinthe et d'Athènes citées plus haut) ; il était essentiellement, pour Lucien, le « disciple d'Épictète » (T 24 Roos), pour Dion Cassius, le « philosophe » Arrien ( T 1 ), pour Thémistios, un philosophe en action (T 13 ). Les biographies de Dion et de Timoléon s'intéressaient sans doute au passage de la philosophie à l'action politique et devaient reprendre le thème, cher aux stoïciens, de la patrie libérée du « tyran » . Les cuvres proprement historiques ne sont pas coupées non plus de tout projet philosophique: en rétablissant la vérité sur Alexandre, Arrien obéit à la Providence divine (voir surtout la « seconde préface », Anab . I 12, 1-5 , et la conclusion , VII 30, 3 , avec les articles de 46 F. Reuss, « Arrian und Appian », RHM 54, 1899, p. 446-465 ; 47 G. Schepens, « Arrian's View of his Task as Alexander-Historian », AncSoc 2 , 1971 , p . 254-268 ; et Tonnet 4 , t . I, p. 529 552) . Son cuvre philosophique présente trois aspects principaux : 1. Rédaction et publication des Entretiens et du Manuel d'Épictète: Selon Photios ( Bibl. cod. 58 ; t. I, p . 52 Henry ), « il écrivit encore d'autres ouvrages: les Entretiens ( Alatpital) de son maître Épictète en huit livres (je les connais) et douze livres de Leçons ( 'Opiniai) du même Épictète». Quatre livres d'Entre tiens sont conservés, ainsi que l'abrégé appelé Manuel ( 'Eyxeipídiov ). D'après
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Simplicius ( T 4 Roos), il avait composé aussi un ouvrage sur la vie et la mort d'Épictète ( perdu ), publié en introduction au Manuel. Pour le contenu de ces æuvres, voir la notice « Épictète ». Seule nous intéresse ici la part prise par Arrien à la rédaction des deux æuvres qui subsistent. Dans la dédicace des Entretiens à L. Gellius, Arrien écrit qu'il se décide à publier, parce que de mauvaises copies ont commencé à circuler, les notes qu'il avait prises pendant les cours du philosophe, sans se soucier de les améliorer stylistiquement. En effet, comme le remarque 48 F. Millar, « Epictetus and the Imperial Court » , JRS 55 , 1965 , p. 142, les Entretiens sont écrits en koinè, alors que dans ses æuvres littéraires Arrien use du dialecte attique ou , exception nellement, ionien ; de plus, ils paraissent, dans le livre I du moins, suivre un ordre chronologique. Rappelant que la sténographie était connue dans l'Antiquité, 49 K. Hartmann , « Arrian und Epiktet» , JKPh 8, 1905, p. 248-275, pensait qu'Arrien avait pu noter uerbatim les paroles du maître . 50 A.B. Bosworth , « Arrian's Literary Development», CQ 22 , 1972, p . 183 , est disposé à faire confiance à cette préface : Arrien aurait rédigé les Entretiens fidèlement d'après ses notes. 51 P.A. Brunt, « From Epictetus to Arrian » , Athenaeum 55 , 1977 , p. 19-48 , voit aussi dans les Entretiens de simples notes, peut- être littérales. Au contraire, 52 Th . Wirth , « Arrians Erinnerungen an Epiktet», MH 24, 1967, p. 149-189 et 197-216, rapprochant cette épître dédica toire de celles qui tendent à accréditer une fiction, a montré qu'Arrien n'avait pu assister à certains entretiens qui s'étaient déroulés en tête à tête, qu'il avait parfois résumé ou regroupé, stylisé et recomposé; la part de fiction pourrait être, dans les Entretiens, aussi importante que dans les Mémorables de son modèle, Xéno phon ; l'æuvre serait une fiction vraisemblable plutôt qu'un témoignage. Arrien aurait voulu faire revivre la personnalité de son maître , à des fins de parénèse stoïcienne, dans le style de la diatribe, mais non sans effets rhétoriques. Pour une appréciation nuancée de cette thèse, voir Stadter 5 , p. 26-28 . 2. Meteorologica (Roos 3 , p. 186-195 ) : 53 W. Capelle, « Der Physiker Arrian und Poseidonios » , Hermes 40 , 1905, p. 614-635 , croyait à l'existence d'un « physicien » Arrien, distinct de l'historien , auteur notamment de trois fragments conservés par Stobée (I 28, 2 ; t. I , p . 229, 10–231, 8 Hense ; I 29, 2 ; t. I, p . 235 , 9-238 , 12 ; I 31 , 8 ; t. I, p. 246, 1-247, 13) « sur les comètes, leur nature, leur composition et leurs apparitions » ( titre cité aussi par Photios, Bibl. cod. 250, 111 ; t . VII, p . 189 Henry, avec une note à rectifier, p . 233), sur les différents types d'orages, sur les nuages et les précipitations qu'ils apportent. C'est peut-être le même ouvrage que cite Jean Philopon, In Meteor., I, p . 138 Ideler, sous le titre lepi petebpwv. Les vues d'Ératosthène de Cyrène (III“) sur la circonférence de la terre y étaient exposées. W. Capelle, art. « Meteorologie », RESuppl. VI, 1935 , col. 323 , y voit un ouvrage d'astronomie plutôt que de météorologie. 54 U. von Wilamowitz -Möllendorff, « Der Physiker Arrian » , Hermes 41 , 1906 , p. 157-158 , a montré que le « physicien » pouvait être identique à l'historien , ce qu'a confirmé l'étude approfondie, forme et fond, de 55 A. Brinkmann, « Die Meteorologie Arrians» , RM 73 , 1924, p. 373-401 , et 74, 1925, p . 25-63. Pour la doctrine, l'ouvrage doit beaucoup à Poseidonios, mais aussi , directement ou non , aux Meteorologica d'Aristote, ce qui explique
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certaines concordances avec les Questions naturelles de Sénèque et le De mundo du pseudo -Aristote. Pour Arrien , la physique était aussi un moyen de combattre la superstition. Il démontrait, selon Photios (Bibl. cod . 250 , 111 ), que « les apparitions de ce genre [ les comètes) ne présagent rien ni en bien ni en mal » . Stadter 5, p. 29-31 et 202 203, suppose que l'opuscule a pu être écrit pendant la guerre contre les Parthes, après le passage d'une comète qui, en novembre 115 , avait fort effrayé les soldats romains. Comme Photius cite Arrien à la fin des citations qu'il donne de l'ouvrage d'Agatharchide de Cnide ( IT “) Sur la mer rouge ( 8 111 ) et non dans un codex distinct de sa Bibliothèque , Susemihl, t . I, p . 775 , et G. Wissowa , art. « Arrianus » 12, RE II 1 , 1895 , col. 1247, ont pensé que Photius connaissait Arrien à travers Agatharchide qui défend en effet le même point de vue rationaliste sur les phénomènes merveilleux de la nature. Mais ce dernier paragraphe se présente chez Photius après un extrait manifestement tiré de la conclusion d'Agatharchide et l'influence posidonienne que l'on a reconnue dans les extraits tirés de Stobée suggère une datation postérieure à Agatharchide. 3. Opuscule sur Alexandre et le sage indien Dandamis ? Dans la préface de son traité Sur les races de l'Inde et sur les brahmanes ( Tlepi Tõv tñs 'lv & iac évőv xal tõv Bpaxuávov), Palladios d'Hélénopolis dit avoir emprunté à un petit ouvrage ( rovnuáriov) d'Arrien sa seconde partie, où Alexandre , désireux de s'informer sur la sagesse indienne, s'entretient avec le sage Dandamis . On sait que ce texte a été aussi interpolé dans le Roman d'Alexandre du pseudo -Callisthène, III 7-16. La tradition sur cette rencontre remonte aux premiers historiens d'Alexandre : voir 56 C. Morelli, « Sulle tracce del romanzo e della novella . I. Alessandro e Dandamis » , SIFC 1 , 1920, p . 25-75 ; 57 U. Wilcken, « Alexander der Grosse und die indischen Gymno sophisten » (édition du PBerol. 13 044 ) , SPAW 1923 , p . 160-183 ; 58 A.J. Festugière , « Trois rencontres entre la Grèce et l'Inde » , RHR 73 , 1943 , p. 32-57, repris dans Études de philosophie grecque, coll. « Bibliothèque d'histoire de la philosophie », Paris 1971 , p. 157-182 ; 59 R. Merkelbach, Die Quellen des griechischen Alexanderromans, coll. « Zetemata » 9 , München 1954 , p . 50-53, 104-105, 113-118 et 192 ( stemma), avec les remarques de 60 G. Zuntz, « Zu Alexanders Gespräch mit den Gymnosophisten », Hermes 87 , 1959 , p . 436-440 ; 61 G. Bodei Giglioni, « Una leggenda sulle origini dell' ellenismo : Alessandro e i cinici» , dans B. Virgilio (édit.), Studi ellenistici, t. I, coll. « Biblioteca di studi antichi » 48 , Pisa 1984, p. 51-73 . 62 V. Martin en a publié une version du II° s. de notre ère , de coloration cynique : « Un recueil de diatribes cyniques, Pap . Genev . inv . 271 » , MH 16 , 1959 , p. 77-115 . Malgré 63 P.R. Coleman - Norton , « The Authorship of the Epistola de Indices gentibus et de bragmanibus », CPh 21 , 1926 , p. 155-156, la brève allusion à l'entretien Alexandre -Dandamis de l'Anabase VII 2-3 ne peut être la source de Palladios. On a donc parfois supposé un écrit de jeunesse d'Arrien , connu aussi du rhéteur Énée de Gaza ( F 175 Jacoby ), où l'auteur aurait raconté en détail cet
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entretien et peut-être exalté, pour réformer les meurs de son temps, un idéal ascétique d'inspiration cynico -stoïcienne. Mais on peut croire , plus vraisem blablement, que Palladios ou un de ses prédécesseurs aseulement mis sous le nom d'Arrien, auteur connu de l'Anabase et de l'Inde, une diatribe anonyme alors en circulation ; le papyrus publié par V. Martin (62) appuie cette seconde hypo thèse, car il est de peu postérieur à Arrien, mais ne paraît pas, stylistiquement, pouvoir lui être attribué. Les éditeurs d'Arrien et de Palladios ont pris, sur ce problème, des positions opposées : F. Jacoby ( 2 ) admet les fragments extraits de Palladios comme « dou teux » , A.G. Roos ( 3 ) les exclut. 64 J.D.M. Derrett, « The History of Palladius On the Races of India and the Brahmans » , C & M 21 , 1960, p. 64-135 (voir surtout p . 73-84), admet l'existence d'un opuscule d'Arrien ; 65 W. Berghoff (édit. ) , Palladius, De gentibus Indiae et Bragmanibus, coll. « Beiträge zur klassischen Philologie » 24, Meisenheim am Glan 1967 , ne l'admet pas . L'existence d'un opuscule d'Arrien sur ce sujet est aussi admise ou soutenue par 66 F. Pfister, « Die Brahmanen in der Alexandersage » , PhW 1921 , col. 569 575 ; 67 id ., « Das Nachleben der Überlieferung von Alexander und den Brahmanen » , Hermes 76, 1941 , p. 143-169, repris dans Kleine Schriften zum Alexanderroman , coll. « Beiträge zur klassichen Philologie » 61 , Meisenheim am Glan 1976, p. 53-79 ; 68 Ph. Brunel, « Le De Moribus Brachmanorum : histoire du texte et problèmes d'attribution » , Centre Jean Palerne. Mémoires 1 , 1978 , p . 27-43. Parmi les critiques qui nient ou semblent nier l'existence d'un opuscule indépendant d'Arrien , citons : 69 P. Photiades, « Les diatribes cyni ques du papyrus de Genève 271, leurs traductions et élaborations successives» , MH 16, 1959, p. 116-139 ; 70 G.Ch. Hansen , « Alexander und die Brahmanen » , Klio 43-45 , 1965 , p. 351-380 , notamment p . 364-366 ; 71 L. Cracco Ruggini, « Sulla cristianizzazione della cultura pagana: il mito greco e latino di Alessandro dall'età antonina al medioevo» , Athenaeum 43 , 1965, p. 3-80 et pl. I -II, notamment p. 42-44 ; 72 B. Berg, « Dandamis. An Early Christian Portrait of Indian Asceticism », C&M 31 , 1970 ( 1976 ), p . 269-305 ; 73 id ., « The Letter of Palladius on India » , Byzantion 44, 1974, p. 5-16. SIMONE FOLLET. ARSAGORAS — ARCHAGORAS 426 ARTÉMIDORE RE 25 Signalé comme auteur de Phainomena par la Vita II d'Aratos (J. Martin, Histoire du texte des Phénomènes d'Aratos, Paris 1956, p. 155 , 27 ). PATRICK ROBIANO . 427
ARTÉMIDORE « le
dialecticien » RE 29
Auteur d'un após Xpúointov dans lequel il soutenait que Protagoras fut « le premier à enseigner comment construire une argumentation pour contredire les thèses (de l'adversaire )» (npōTOS XATÉSEICE TÒç rpos tàc RÉGeig énixEiphoeiç ): D.L. LX 53 = DK 80 A 1 . RICHARD GOULET.
ARTÉMIDORE DE DALDIS 428 ARTEMIDORE D'AMBLADA
605 ép. imp.
Artemidoros, fils d’Agrippa, n'est connu que par une inscription d'Amblada en Pisidie : AS 18, 1968 , n° 22, p. 57-92 . Ce philosophe s'était montré un citoyen méritant dans sa patrie, qui lui éleva une statue. On ignore tout de son époque et de sa personnalité. BERNADETTE PUECH . 429 ARTEMIDORE DE DALDIS RE 36
II
Artémidore, originaire de Daldis (petite ville de Lydie, près d'Éphèse ), est désigné comme philosophe dans la courte notice que lui consacre la Souda (A 4025 ; t. I, p . 367, 26-28 Adler). En réalité , plus que philosophe, il est un témoin remarquable de l'onirocritique grecque : il a en effet composé sur son art, dont les représentants se sont employés, dès le ve s. av. J.-C. , à interpréter le rêve symbolique privé, un traité qu'il a voulu faire aussi complet que possible, et il se trouve que ce traité est, de toute l'antiquité grecque, le seul ouvrage de ce genre qui nous soit parvenu intégralement. Mais les cinq livres de ses 'Oveipoxpitixá, reflet de la vaste expérience acquise par Artémidore, de ses voyages et de ses recherches, ne forment pas vraiment un traité systématique; la spéculation philosophique en est, en tout cas, complètement absente. Le propos fondamental de l'ouvrage est plutôt de conférer une crédibilité scientifique à l'onirocritique, en recourant à des doctrines provenant de sources très diverses, dont certaines, cependant, sont assurément philosophiques. Biographie. Brèves indications dans 1 E. Riess, art. « Artemidoros » 36, RE II 1 , 1895 , col. 1334-1335 . Artemidore a vécu au II s . de notre ère, c'est tout ce qu'on peut dire. De très maigres éléments biographiques peuvent être tirés de son cuvre, où il arrive qu’Artémidore parle de lui-même, de sa patrie Daldis et de ses voyages dans le monde grec : ces passages sont signalés par R.A. Pack ( cité infra, 3), p. XXIV , qui les place au nombre des testimonia vitae, extrêmement réduits, dont on dispose sur Artémidore. On sait par Galien (CMG V 9, p. 129, 32 = t. XV , p. 444 Kühn ) qu'il était le fils d'un certain Phocas. (Euvres. Outre les cinq livres d'Oveipoxpıtıxá qui sont entièrement conser vés, Artémidore lui-même fait allusion à d'autres cuvres qu'il aurait compo sées : en 1 1 (p. 3 , 10 Pack ), mention d'un ouvrage de théorie onirocritique qui traitait de la différence entre Öveipos et évúrviov ; en II. 66 ( p. 233, 11 et 235, 15-16 Pack ), mention d'autres ouvrages sur des sujets son déterminés. D'autre part, la Souda mentionne des Oiwvooxonixá dont il ne subsiste aucune trace, mais auxquels semble aussi faire allusion Galien , loc. cit. , et des Xeipookorixá dont l'existence même semble très douteuse, étant donné le jugement défavorable porté par Artemidore lui-même sur cette méthode de divination ( II 69 ; p . 195 , 14 Pack ). Structure des Onirocritica. Les cinq livres des Onirocritica peuvent se répartir en deux ensembles ; les livres I- III, dédiés à un rhéteur phénicien du nom de Cassius Maximus ( que l'on identifie généralement à Maxime de Tyr), forment l'ensemble le plus systématiquement organisé, malgré les disparités qui inter viennent dès le livre i dans le traitement des objets du songe, et qui se font encore plus nombreuses dans le livre II. Quant au livre III , il a été ajouté par Artemidore après la publication des deux premiers, à titre de complément non
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ARTÉMIDORE DE DALDIS
exempt d'intentions polémiques : ce complément est appelé par l'auteur lui-même Quáandes 'Evólov ( p. 237, 13-14 Pack ) ( « Ami du Vrai ou Vade -mecum » ). On voit donc déjà que l'ouvrage s'est formé progressivement, et s'est peu à peu étendu sous la plume d'Artémidore . Le second ensemble du traité , constitué des livres IV - V , est dédié par Artemidore à son fils, qui porte le même nom et exerce le même art que son père ; destiné à faire son éducation d'interprète de songes, le livre IV commence par reprendre les considérations théoriques déjà exposées au début du livre I, puis il procède à une analyse des thèmes. Le livre V, enfin , est formé d'une collection de 95 rêves recueillis aux panegyries de Grèce, d'Asie mineure et d'Italie ( le lepi Mavtixñs de Chrysippe avait inauguré ce genre ): chaque rêve est raconté, puis « interprété » par le récit tout simple de son accomplissement (p. 301 , 16-17 Pack ), afin d'illustrer l'excellence de la méthode enseignée. Le texte. Il peut être encore utile de recourir à 2 I.G. Reiff ( édit. ), Artemidori Oneirocritica notis integris Nicolai Rigaltii et Ioannis Iacobi Reiskii suisque illustravit, Leipzig 1805 : le second volume de cette édition , en effet, reproduit ( p. 1-102 ) les notes de l'éd . Rigault (Paris 1603), et surtout contient ( p. 103-206 ) les notes critiques toujours remarquablement pertinentes de Reiske. Mais l'édition de référence est aujourd'hui celle de 3 R.A. Pack ( édit .), Artemidori Daldiani Onirocriticon libri V , coll. BT, Leipzig 1963 , XXVII - 360 p. Cette édition , due à un philologue dont les travaux critiques préalables sur le texte d'Artémidore ont paru dans les TAPHA dès 1941 , représente un progrès considérable par rapport à la précédente édition Teubner ( celle de R. Hercher, Leipzig 1864 ) pour la sûreté de l'établissement du texte et pour la richesse du recueil des Testimonia donné en apparat; en revanche, l'Index rerum y est plus succinct que dans l'éd. Hercher, ayant été limité, de propos délibéré, aux faits proprement onirocritiques. C'est le texte de Pack qui a servi de base aux traduc tions mentionnées infra n° 16 , 17, 18 , 20, 21. Ce texte, néanmoins, peut encore être largement amélioré : cf. le compte rendu critique de 4 D. Del Corno, Gnomon 37 , 1965 , p. 669-679 , et les nouvelles contributions de R. Pack lui même (cf. infra nº 8 et 9) . De fait, un ouvrage capital pour l'histoire du texte d'Artémidore est paru peu après l'éd. Pack : la version arabe des trois premiers livres dont on connaissait l'existence, mais qui était restée inédite jusqu'à la découverte fortuite d'un ms. de la bibliothèque de l'Université d'Istanbul, a été publiée en 1964 par 5 Toufic Fahd ( édit. ), Le livre des songes, traduit du grec en arabe par Hunain - b. Işhāg, édition critique et introduction par T.F. , Damas, Institut français, 1964, XXVIII -444 p . Cette découverte a permis de faire remonter du XIe au IXe s . la date des plus anciens témoins du texte d'Artémidore ; pour un examen comparé du texte arabe et du texte grec , voir les brèves remarques présentées par 6 F. Rosenthal, « From Arabic books and manu scripts, XII. The Arabic translation of Artemidorus» , JAOS 85 , 1965, p . 139 144, et surtout l'étude systématique et exhaustive de 7 Elisabeth Schmitt, Lexikalische Untersuchungen zur arabischen Übersetzung von Artemidors Traumbuch , coll. « Akademie der Wissenschaften und der Literatur Mainz, Veröffentlichungen der orientalischen Kommission >> 23 , Wiesbaden 1970, 522 p . Depuis la parution de l'édition critique du texte arabe ont paru divers travaux de détail, destinés à fournir des matériaux en vue d'une édition revue ; on ne signalera ici que les articles les plus étendus : 8 R.A. Pack , « On Artemidorus
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and his Arabic translator » , TAPHA 98, 1967, p. 313-326 , et 9 id. , « Artemi doriana Graeco -Arabica » ( en angl . ) , TAPA 106 , 1976 , p . 307-312 ; 10 I. Cazzaniga , « Animadversiones in duos Artemidori locos » , WS 79, 1966 , p . 230-236 ( sur deux passages de IV 22 = p . 255-256 Pack ) et 11 id . , « Osservazioni critiche ad alcuni passi di Artemidoro », Maia 19, 1967, p. 58-61 (sur IV 30 ; V 32 ; V 67 ; IV 33 ; IV 22) ; 12 D. Del Como, « Appunti al testo di Artemidoro Daldiano » , dans Studi in onore di Anthos Ardizzoni, Roma 1978, p . 319-328 ; 13 G.M. Browne, « Ad Artemidorum Arabum » (en angl.), Le Museon 97, 1984, p. 207-220 ; 14 A. Breen , « Observations on the Arabic translation of Artemidorus : Book I » , Le Muséon 101 , 1988 , p. 179-181 ( sur I 22, p . 29 , 16-18 Pack ; I 44, p. 50, 25-51 , 2 et p. 51 , 4-8 ). Langue et style. Ce domaine est resté jusqu'à présent fort peu exploré. En dehors de quelques remarques de Pack 3, Praefatio, p. XIV - XVII, la plus impor tante étude portant sur la langue d'Artémidore (morphologie, syntaxe, vocabu laire ) est contenue dans les p. 23-51 de 15 Claes Blum , Studies in the Dream book of Artemidorus, Diss . Uppsala 1936 , 108 p . Malgré ses dimensions restreintes, ce travail précurseur reste fondamental et contient en outre une bonne analyse du système divinatoire et de la doctrine prophétique d'Artémidore . A signaler aussi une étude qui, si elle ne se réfère à aucun moment à Artemidore, constitue néanmois une approche linguistique bien documentée des mots όναρ , όνειρος et όνειρον, ύπαρ, ύπνος et ενύπνιον , όψις : 16 M. Casevitz , « Les mots du rêve en grec ancien » , Ktèma 7 , 1982, p. 67-73. Cette étude diachronique montre que les mots inanimés prédominent à l'origine, et que le grec a tendu à créer des animés à partir d'eux . Traductions. 17 Artemidoro . Il libro dei sogni, a cura di D. Del Corno, coll . « Biblioteca Adelphi» 62, Milano 1975 , LVIII-366 p . (notes et Indices: p . 297-366) : traduction italienne précédée d'une importante introduction qui présente la théorie de l'interprétation des rêves dans l'antiquité classique avant d'étudier l'œuvre d'Artémidore . 18 Artémidore. La clef des songes : Oniro criticon , traduit et annoté par A.J. Festugière, coll. « Bibliothèque des textes philosophiques» , Paris 1975 , 300 p.: trad. française assortie de nombreuses notes très riches; une grande clarté est apportée au texte du fait de l'adjonction de titres et de sous- titres détaillés, qui en indiquent les articulations (voir les tables des p . 287-299) . 19 The interpretation of dreams. The Oneirocritica of Arte midorus, translated from the Greek by R.J. White, coll . « Noyes Classical Studies » , Noyes (N.J.) 1975 , 259 p. (bibliography : p . 48-249 ; index : p . 251 259 ). Cet ouvrage est issu d'une dissertation de Yale 1971 , 501 p. (résumé dans DA 32, 1972, n° 6952 A) . Une traduction allemande due à Fr. S. Krauss est parue à Vienne en 1881. Elle a été récemment rééditée , après avoir été revue par M. Kaiser: 20 Artemidor von Daldis. Traumbuch , Übertragung von Fr. S. Krauss, bearbeitet und ergänzt von M. Kaiser, Basel/Stuttgart 1965, 387 p. (Sachregister: p. 370-386) ; cette traduction repose malheureusement sur le texte de Hercher (Leipzig 1864 ). C'est en revanche sur le texte de Pack que repose la nouvelle traduction allemande de 21 K. von Brackerz , Artemidor von Daldis . Das Traumbuch , übertr. mit Nachwort, Anmerkungen und Literaturhinweisen , coll. « DTV Bibliothek »
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6111 , München 1979 , 467 p. Traduction en langue tchèque: 22 Snář ( Le livre des songes), przel. R. Hošek, coll. « Anticka Knihovna » 26 , Praha 1975, 333 p.
LA TRADITION ONIROCRITIQUE GRECQUE Études fondamentales. Il est impossible de passer sous silence l'analyse, qui reste toujours pertinente, du grand historien de la divination : 23 Aug. Bouché-Leclercq , Histoire de la divination dans l'antiquité, Paris 1879, t . I, p. 277-329 . Dans le chapitre intitulé « Divination par les songes ou oniro mancie », le premier du livre consacré à la « divination intuitive », Bouché Leclercq s'attache longuement à présenter l'æuvre et la méthode d'Artémidore (p . 297-323), et il insiste continuellement sur un trait qu'il considère comme caractéristique de la divination par les songes, qui est de renfermer et de résumer toutes les branches de la mantique « nationale »> [ sic , p . 310 ), à tel point qu'on peut la considérer comme une « science encyclopédique » . Bouché- Leclercq fournit aussi ce que Dodds (cité infra n° 24 , chap . IV , n. 119) a appelé une « formidable list of authorities on óveipoxpituxń now lost » (23 , p . 277 ): cette liste forme désormais la matière principale du recueil de D. Del Corno (cité infra n ° 28 ). Particulièrement importantes demeurent surtout les réflexions dévelop pées par 24 E.R. Dodds, « Dream -pattern and culture -pattern » = chap. IV de son ouvrage The Greeks and the Irrational, Berkeley /Los Angeles 1951 (trad. fr ., Paris, 2e éd. , 1977 , p. 107-137] : Dodds insiste sur le rôle que jouent les déterminations culturelles dans la formulation du discours se rapportant aux rêves et dans le contenu du rêve lui-même; il montre les étapes qui ont conduit « une poignée d'intellectuels grecs » vers une interprétation rationnelle de l'expérience onirique. Sur l'histoire de l'onirocritique grecque comme genre littéraire, voir 25 Th . Hopfner, art. « Traumdeutung» , RE VI A 2, 1937 , col. 2233-2245 (particulièrement sur Artémidore : col . 2240 et 2241-2244 ). Sur les songes « envoyés par les dieux » , cf. 26 K. Preisendanz, art. « Oneiropompeia », RE XVIII 1 , 1939, col. 440-448 ( important sur les rapports entre expérience onirique et magie ). Sur les valeurs anciennes du mot ÖVEipos, en particulier chez Homère où il sert à désigner presque toujours un personnage onirique, plutôt qu'une expérience onirique, cf. 27 H. Kenner, art. « Oneiros », RE XVIII 1 , 1939, col. 448-459 (analyse longuement aussi veipoc dans l'épopée et chez les tragiques, avec une brève section sur la philosophie ). Base documentaire . 28 D. Del Corno, Graecorum de re onirocritica scriptorum reliquiae, coll. « Testi e documenti per lo studio dell'Antichità » 26, Milano /Varese 1969, XIX - 208 p . [Nota bibliografica, p. XVII - XIX ) : l'ouvrage regroupe les citations et les testimonia concernant d'abord les auteurs spécifi quement onirocritiques, puis les auteurs ayant traité d'onirocritique inter cetera ; viennent ensuite des extraits d'œuvres pseudépigraphes attribuées à des person nages mythiques et enfin des témoignages se rapportant à l'onirocritique extraits d'ouvrages consacrés à la divination . Les Onirocritica d'Artémidore et le De divinatione de Cicéron en constituent les sources les plus importantes. Tous ces fragments sont accompagnés de notes étendues sur les auteurs et sur leurs @uvres. Ne sont exclus de ce recueil que les ouvrages d'oniromantique d'époque byzantine, comme les traités attribués à Astrampsychos et Nicéphore, dont le
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texte est donné, à la suite de celui d'Artémidore , dans l'éd . Rigault, Paris 1603 ( voir aussi infra Guidorizzi 41 ) . Travaux et recherches récents. Importante étude d'ensemble : 29 D. Del Corno , « Ricerche sull'onirocritica greca » , RIL 96 1962, p . 334-366 . L'auteur propose de distinguer, à l'intérieur de la littérature antique concernant les songes - dont l'ensemble est désigné sous le nom global et conventionnel d'onirocritique - entre deux types d'approche des phénomènes oniriques. Certains traités, relevant de ce qu'on pourrait appeler onirologie, s'appliquent à étudier, avec une visée scientifique, la genèse et la nature du rêve, son statut dans l'ensemble des activités de l'âme; ils tendent également à donner une articulation théorique des fonctions divinatoires du rêve. D'autres ouvrages, au contraire, appartenant au genre dit « oniromantique », se contentent de regrouper des préceptes pratiques se rapportant à l'interprétation des songes , du moins de ceux d'entre eux qui peuvent être considérés comme prophétiques; de ce genre littéraire, Del Corno retrace la genèse et l'évolution . Du même auteur, on doit signaler aussi une analyse chronologiquement plus limitée : 30 « I sogni e la loro interpretazione nell'età dell'impero », ANRW II 16 , 2, Berlin 1978 , p. 1605-1618 , qui étudie successivement Artemidore , Synésius et Aelius Aristide, en procédant à un essai de reconstruction phénoménologique du fait onirocritique. Dans l'ouvrage collectif, publié sous la direction de 31 R. Caillois et G.E. von Grunebaum , Le rêve et les sociétés humaines, Paris 1967 , deux articles fondent partiellement leur argumentation sur Artémidore. D'une part, 32 A. Brelich , « Le rôle des rêves dans la conception religieuse du monde en Grèce » , dans 31 , p . 282-289 , a cherché à expliquer pourquoi la « loi de l'antithèse » ( suivant laquelle les rêves peuvent annoncer des choses exactement opposées à leur contenu ) a joué un rôle considérable dans l'oniromancie grecque ; et il entreprend, à partir de là, de montrer que les rêves, tout en étant perçus de façon fondamentalement négative par « la culture profondément réaliste de la Grèce » , ont été intégrés organi quement dans son ordre. D'autre part, 33 C.A. Meier, « Le rêve et l'incubation dans l'ancienne Grèce » , dans 31 , p . 290-305, passe en revue les conceptions du rêve exprimées par certains poètes, philosophes et médecins grecs , et entreprend une analyse des principes d'explication et des correspondances symboliques exposés par Artémidore : il signale, à cette occasion , « certaines particularités qui peuvent supporter la comparaison avec les principes modernes » d'inter prétation (par exemple : l'onirocrite doit tenir compte de l'état d'esprit du rêveur dans le temps qui a précédé le rêve ; il doit se faire raconter le rêve entier : des fragments de rêve ne doivent pas être interprétés ; il doit utiliser l'étymologie, particulièrement dans le cas de noms propres : ainsi Eutychos = Felix). L'article de C.A. Meier s'achève par un examen du lien existant entre les rêves et les oracles concernant les maladies ( études des pratiques incubatoires dans l’Asklé pieion d'Épidaure ). Une analyse de la tradition onirocritique grecque menée suivant une démar che historico -sociologique a été donnée par 34 G.Guidorizzi, « L'interpre tazione dei sogni nel mondo tardoantico. Oralità e scrittura » , dans 35 T. Gregory ( édit.), I sogni nel Medioevo, coll. « Lessico intellettuale euro peo » 35, Roma 1985 , p . 149-170 ; au terme d'une étude de l'évolution culturelle qui s'est accomplie pendant les premiers siècles de notre ère, en particulier du IT au IVe s . , et une fois examinés le statut social des diverses personnalités
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pratiquant la divination et les formes de rationalité qui caractérisent chacune, Artemidore apparaît comme un interprète rationaliste, pour lequel compte non pas le don de prophétie, mais l'application intelligente d'une technique fondée sur l'expérience. Guidorizzi insiste sur le caractère fondamentalement laïc de cette attitude : libre de toute allégeance religieuse, Artemidore ne fonde sa compétence et sa crédibilité que sur l'étendue d'une expérience qui s'inscrit dans la tradition et s'appuie sur l'héritage de la pratique séculaire des onirocrites professionnels. La même orientation historico -sociologique inspire plusieurs des essais réunis dans l'ouvrage collectif 36 Il sogno in Grecia , a cura di G. Guidorizzi, coll. « Storia e società » , Roma/ Bari 1988, XXXVIII -222 p. (Indici, p. 211-222 ]: voir notamment de G. Guidorizzi, « Sogno et funzioni culturali » , p. VII- XXXVIII. Les divers chapitres de ce recueil concement des auteurs autres qu'Artémidore et/ou sont des traductions en italien d'études déjà parues, dont plusieurs sont mentionnées dans la présente Notice. Dans une perspective résolument historico - sociologique, il convient de signaler également l'étude de 37 I. Hahn , Interprétation des rêves et réalité sociale (en hongrois ), Budapest 1985, 81 p. ( voir le c.r. en français de Havas dans ACD 22, 1986 , p. 99-101 ), qui vise à éclairer le rapport entre les onirocrites antiques et le marché, en se fondant sur l'idée que l'onirocrite devait exprimer, dans les interprétations qu'il donnait, des tendances sociales et des idées déter minées, correspondant à l'attente de ses clients . L'ouvre d'Artémidore, ainsi envisagée, offre le reflet d'une société qualifiée à la fois de « hiérarchique » et de « patriarcale » ; de fortes tensions s'y manifestent, du haut en bas d'une échelle sociale qui exclut presque entièrement toute possibilité d'ascension ; toutefois, les esclaves y sont représentés d'une manière remarquablement différenciée . Consi dérée comme miroir des réalités historiques, l'ouvre d'Artémidore permet aussi de découvrir que les villes des provinces orientales, au IT s . , sont moins floris santes qu'on ne l'a cru ; elle trahit en outre une conscience grecque vivace, non exempte d'hostilité envers Rome, ce qui semble avoir été un sentiment courant dans les milieux populaires. Enfin , certains types de rêves ont été retenus, dans le texte d'Artémidore , et ont fait l'objet d'analyses spécifiques : il s'agit d'abord de rêves faits par des athlètes, dont le récit a été étudié par 38 H.A. Harris, « The athlets and their dreams» , dans Sport in Greece and Rome, coll. « Aspects of Greek and Roman Life » , London 1972, p. 244-261 ( et p . 272-273 ). Cette étude, traduite en italien, a été prolongée et pourvue d'un Appendice par Paola Angeli Bernardini dans l'ouvrage collectif 39 Lo sport in Grecia , a cura di P. Angeli Bernardini, coll. « Storia e società » , Roma/Bari 1988 , p. 199-218 . Il s'agit ensuite des rêves d'aphrodisia , traités par Artemidore pour l'essentiel dans le livre I, chap. 77-80, et qui ont été analysés par 40 Michel Foucault, « Rêver de ses plaisirs »> = chap . I de son Histoire de la sexualité, t. III : Le souci de soi , Paris 1984 , p . 13-50 . La question que M. Foucault trouve posée dans ces pages d'Artémidore « ne concerne pas directement la pratique des actes sexuels, mais plutôt l'usage à faire des rêves où ils sont représentés. Il s'agit dans ce texte de fixer la valeur pronostique qu'il faut leur donner dans la vie de tous les jours: à quels événements favorables ou défavorables peut- on s'attendre selon que le rêve a présenté tel ou tel type de rapport sexuel ? Un texte comme celui- ci ne prescrit évidemment pas une morale ; mais il révèle, à travers le jeu des significations
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positives ou négatives qu'il prête aux images du rêve, tout un jeu de corrélations ( entre les actes sexuels et la vie sociale) et tout un système d'appréciations différentielles (hiérarchisant les actes sexuels les uns par rapport aux autres) .» C'est ainsi que M. Foucault caractérise lui-même sa démarche dans ACF 81 , 1980-1981 , p . 388 . Influence et prolongements de l'euvre d'Artémidore L'influence d'Artémidore a été moins importante sur l'onirocritique byzan tine que sur l'onirocritique du monde arabe. Pour la première , voir 41 G.Guidorizzi, « I prontuari oniromantici bizantini » , RIL 111 , 1977 , p . 135-155 ; et 42 id. , « L'onirocritica bizantina » , dans G. Guidorizzi ( édit.), Pseudo -Niceforo , Libro dei sogni , testo critico , trad . e commento , coll . « KOINONIA » 5 , Napoli 1980, p . 7-26 . Voir aussi les réflexions de 43 G. Dagron, « Rêver de Dieu et parler de soi . Le rêve et son interprétation d'après les sources byzantines » , dans 35 , p . 37-55 ; et 44 S.E. Oberhelman , « The Interpretation of dream -symbols in Byzantine oneirocritic literature » , ByzSlav 47, 1986, p. 8-24, qui établit plusieurs comparaisons entre les auteurs byzantins et Artemidore. Sur l'onirocritique arabe, l'influence d'Artémidore a été , en revanche, consi dérable , les trois premiers livres des Onirocritica ayant été traduits avant 260 H / 873 ( si l'on admet que le traducteur en fut bien Hunain - b . Işhāq, mort en 260 H / 873, ce qui est toujours mal établi ). Cette influence se manifeste surtout par les innombrables citations d'Artémidore qu'on trouve dans l'immense compilation onirocritique composée en 397 H / 1006 par Abū Sa'id Nașr b. Ya'qûb ad Dinawari, sous le titre Al- Qadiri fi-t ta'bir, et qui est à la fois le traité le plus important de toute l'oniromancie arabo -musulmane, et le plus ancien qui nous soit parvenu intégralement: cf. T. Fahd 5 , introduction, p. XIII -XIV ; 45 id . , « Les songes et leur interprétation selon l'Islam » , dans l'ouvrage collectif 46 Les songes et leur interprétation, coll. « Sources orientales> 2, Paris 1959 , p . 125-158 ; 47 id. , « Le rêve dans la société islamique du Moyen Age » , dans 31 , p . 335-365 .
Artemidore et la philosophie Quelques brèves remarques sur Artémidore se trouvent dans l'article de 48 Izydora Dambska, « Le problème des songes dans la philosophie des anciens Grecs » , RPhilos 151 , 1961, p . 11-24 . Mais Artemidore n'est désigné comme plóoodos que dans la notice de la Souda ; en aucun endroit de son traité il ne se réclame lui-même d'une philosophie, ni même de la philosophie . On voit, par sa dédicace à Cassius Maximus, qu'il se propose de convaincre les adversaires de la divination et de la providence divine (p. 1 , 7 Pack ), en produisant les faits dont il a eu connaissance par sa propre expérience et en donnant les preuves des årobáoeis ( p. 2 , 20 Pack et passim) ( = « accomplissements » ] qui constituent pour lui le critère ultime de l'exactitude d'une doctrine onirocritique. Dans la conclusion de son deuxième livre, Artémidore se présente lui-même comme un homme d'expérience : del tnv neipav páptupa xai xavova tõv čuõv abywv ÉNibo @ uai (II 70 ; p . 202, 19-20 Pack ) ( « C'est l'expérience que j'appelle toujours à mon secours comme témoin et règle de ma doctrine » trad . Festugière ). S'il fut engagé dans la pratique professionnelle, souvent polémique, de l'interprétation des songes , s'il prétend même avoir fait des recherches
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exhaustives dans les traités des anciens onirocrites, on ne peut toutefois le considérer comme un philosophe: on se trouve dès lors renvoyé aux délicats problèmes consistant à distinguer et à évaluer les diverses influences philo sophiques qui ont pu s'exercer sur lui. C'est ainsi que , de manière courante , on a présenté comme une évidence l'influence des stoïciens sur Artémidore : cf. 49 W. Sontheimer, art. « Artemi doros» 4 , Kleine Pauly I, col . 617-618 ; Hopfner 25 , col . 2240 ; Kenner 27 , col. 455. On a même soutenu que c'était effectivement par l'intermédiaire de traités stoïciens, et notamment du Tepl uavtixñs de Chrysippe ( connu surtout par le De divinatione de Cicéron ), qu’Artémidore aurait puisé ses arguments destinés à défendre la mantique et la providence, et qu'il aurait pu faire remonter sa culture onirocritique jusqu'au Nepi xpioewç óveipwv d’Antiphon (V) : cette thèse a été développée par 50 S. Luria (« Studien zur Geschichte der antiken Traumdeutung » , Bulletin de l'Académie des Sciences de l'U.R.S.S . 5-6, 1927 , p . 441-466 , et 12-14 , 1927 , p . 1041-1072 ), et 51 id ., « Bemerkungen zur Geschichte der antiken Traumdeutung », Comptes Rendus de l'Académie des Sciences de l'U.R.S.S. , 8 , 1928 , p. 175-179 . Elle se heurte pourtant au fait que pas une seule fois Artémidore ne cite Chrysippe: d'où les réserves émises contre Luria par 52 K. Latte , c.r. de Luria , dans Gnomon 5 , 1929, p. 155-161 ( article repris dans ses Kleine Schriften, hrsg. von O. Gigon [et alii ], München 1968, p . 218-224) ; cf. aussi D. Del Corno 28 , p. 136 n. 4. La conception qui est allée jusqu'à considérer Artémidore comme un « philosophe stoïcien » remonte à 53 W. Reichhardt, De Artemidoro Daldiano librorum onirocriticorum auctore (Diss . Iena ), Leipzig 1893 , et à 54 R. Dietrich , Beiträge zu Artemidorus Daldia nus, Progr. Rudolstadt 1910. Mais cette appréciation demande aujourd'hui à être sérieusement nuancée : il est facile de constater, déjà, que , s'il se trouve de nombreux éléments qu'on peut être tenté d'appeler « stoïciens » dans les parties théoriques de l'euvre d'Artémidore, c'est que les stoïciens ont été intéressés par la divination en général, et par l'interprétation des rêves, en particulier. Ce rappel a été fait par 55 A.H.M. Kessels, « Ancient systems of dream - classifi cation » , Mnemosyne 22 , 1969, p . 389-424 . L'origine du système de classifi cation des songes que présente Artémidore au début de son traité (I 1-6 ; p. 3 , 9 16 , 9 Pack ) offre , de fait, un bon exemple de la complexité des influences « philosophiques » qui se sont exercées sur cet auteur. En effet, la distinction fondamentale établie par Artémidore oppose l'évúrviov ( rêve qui n'a aucune valeur de présage ) à l'óveipos ( songe qui a une valeur particulière concernant l'avenir ). Les Öveipoi, qui seuls auront pour l'onirocrite quelque intérêt, sont à leur tour divisés en Oewpnuatixoi ( songes qui trouvent leur accomplissement de façon pleinement ressemblante à ce qu'ils ont fait voir) et en aranyopixoi ( songes dans lesquels l'accomplissement de certaines choses est signifié au moyen d'autres choses). Cette répartition reprendrait une division binaire établie par Platon dans la République 571 c - 572 b, selon 56 C.A. Behr, Aelius Aristides and the Sacred Tales, Amsterdam 1968 (ouvrage dont une partie intéresse Artémi dore : chap. VIII, « The interpretation of dreams in Antiquity » , p. 171-195 ; et Appendix D : « Comparison of the interpretation of dreams symbols in Artemidorus and Aristides » , p . 196-204 ). Pour Kessels, au contraire, la classi fication des rêves par laquelle Artémidore ouvre son traité , si elle n'est certes pas une création originale, ne peut toutefois pas être rapportée, même partiellement,
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à Platon , qui n'a jamais entrepris de donner un traité systématique de l'essence et de l'origine des rêves. C'est à d'autres auteurs de traités onirocritiques qu'il faut remonter pour trouver des traitements particuliers de l'une ou de l'autre des cinq catégories distinguées par Artemidore ( et qui se retrouvent deux siècles après lui chez Macrobe ) :
όνειρος όραμα χρηματισμός ενύπνιον φάντασμα
= somnium , = uisio, = oraculum , = insomnium , = uisum .
Sur ce système classificatoire divisé en cinq catégories, cf. 57 F. Pfeiffer, Studien zur Mantik in der Philosophie der Antike, coll . « Beiträge zur klassischen Philologie » 64, Meisenheim an Glan 1976 , p . 84-88 . Et ce n'est pas seulement sur ce point que la complexité des sources d'Artémidore se manifeste : le fait a été reconnu depuis longtemps dans l'ouvrage de Blum 15 , qui a montré qu'aux sources stoïciennes s'ajoutent l'influence des rhéteurs et celle des philosophes sceptiques, et qu'en outre Artémidore a dû puiser dans l'euvre de Posidonius par l'intermédiaire d'Hermippe de Béryte. On voit, à partir de ces brefs exemples, que l'exploitation « philosophique» du texte d'Artémidore offre encore un vaste terrain d'exploration . Artemidore et Freud En 1900 , Sigmund Freud publie Die Traumdeutung. L'ouvrage devient très vite un monument de la culture du XXe s . , et Freud, après avoir commencé par joindre des additifs aux premières rééditions, finit par ne plus rien y changer, traitant lui-même cet écrit « comme un document historique » (Préface de la 8 ° éd. , Vienne 1929 ) . Cet ouvrage marque assurément une rupture fondamentale avec toute la tradition onirocritique antérieure, et notamment avec l'onirocri tique grecque antique, que toutefois Freud connaissait bien , par l'intermédiaire notamment des travaux de 58 Th . Gomperz, Traumdeutung und Zauberei, Wien 1866 , et surtout par le vaste ouvrage de synthèse de 59 B. Büchsenschütz, Traum und Traumdeutung im Alterthume, Berlin 1868 , réimpr. Wiesbaden 1967. En outre, grâce à la traduction de F.S. Krauss (20) publiée à Vienne en 1881 , Freud a pu prendre une connaissance précise d'Artémidore, qu'il cite plusieurs fois avec estime et considère comme « la plus haute autorité en matière d'interpré tation des songes » ( vers la fin de l'Antiquité) et comme un auteur « dont l'æuvre très détaillée peut nous dédommager de la perte des ouvrages de contenu analogue » ( trad. française de Denise Berger, Paris, nouvelle éd. révisée 1967 , p. 13-14 ). Du reste , Freud a caractérisé lui -même la différence essentielle qui sépare sa méthode de toutes celles de l'Antiquité : « La technique que j'exposerai dans les pages qui suivent diffère de celle des Anciens par ce fait essentiel qu'elle charge du travail d'interprétation le rêveur lui-même. Elle tient compte de ce que tel élément du rêve suggère non pas à l'interprète, mais au rêveur » ( trad. franç. citée, p. 91 n. 1 ). Il existe donc manifestement des passerelles entre l'æuvre d'Artémidore et l'æuvre du fondateur de la psychanalyse. Aussi a-t-on pu être tenté de lire Artemidore dans la perspective définie par la rationalité herméneutique issue de
ARTÉMIDORE DE PARION
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la psychanalyse : c'est ce qu'ont entrepris 60 W. Kurth , « Das Traumbuch des Artemidorus im Lichte der freudschen Traumlehre » , Psyche 4, 1950, p. 488 512 (article qui cherche à établir à tout prix des rapprochements entre Freud et Artemidore , ce qui ne le rend pas toujours convaincant), et, plus récemment, 61 H. Bender, « Prognose und Symbol bei Artemidor im Lichte der modernen Traumpsychologie » , dans Krauss -Kaiser 20, p. 355-369 ( trad. ital. dans Il sogno in Grecia 36 , p. 161-171 ). Peut-être serait-il aussi intéressant, comme le propose D. Del Corno ( 17 , Introd ., p. XLIX ), d'entreprendre, au rebours, une étude sur toutes les suggestions ou les stimulations que la réflexion géniale de Freud a pu trouver, notamment pour certaines méthodes de déchiffrage et pour un bon nombre de principes concrets d'interprétation , dans l'æuvre d'Artémidore. JEAN -MARIE FLAMAND ,
I ?
430 ARTÉMIDORE DE PARION RE 35
Sénèque , Q.N. I 4, 3-4, cite ses explications du phénomène de l'arc -en -ciel par la théorie de la réflexion spéculaire; en VII 13 , 1-3 , il cite encore cet auteur à propos des comètes et réfute longuement ses vues (VII 14 , 1-15 , 2). D'après G. Kauffmann , art. « Artemidoros » 35 , RE II 1 , 1895 , col . 1332-1334 , qui offre une analyse détaillée des passages en cause , l'auteur était peut- être un épicurien et les citations de Sénèque pourraient provenir d'un ſepi MeteúpWv. RICHARD GOULET. 431
FI
ARTÉMIDORE DE SYRIE RE 30 PIR2 A 1169
Stoïcien, connu seulement par une lettre de Pline le Jeune au rhéteur Julius Genitor ( III 11 ), probablement postérieure à son consulat ( a. 100 ). Lors de son tribunat militaire en Syrie ( ca 81-82) , Pline se lia d'amitié avec Artémidore . Préteur, il alla le voir dans une propriété proche de Rome et l'aida à rembourser un prêt, à l'époque où Domitien faisait tuer ou proscrire de nombreux philosophes (presque sûrement à l'automne 93 ) . Disciple de Musonius Rufus, Artémidore devint aussi son gendre. Pline vante sa sincérité , son endurance physique, sa continence , son zèle à louer ses amis. Il vécut en sage, mais semble n'avoir laissé aucun écrit philoso phique. Cf. H. von Amim , art. « Artemidoros» 30, RE II 1 , 1895 , col . 1331 ; A. Stein , PIR2 I, 1933 , A 1169 , p. 235 ; M. Pohlenz, Die Stoa, t. I, p . 287 ; A.N. Sherwin - White, The Letters of Pliny. A Historical and Social Commen tary , 2 ° éd. , Oxford 1985 , p . 239-245 , 740, 763-771 ; R. Syme, « Legates of Cilicia under Trajan », Historia 18 , 1969, p. 360, repris dans Roman Papers, t. II, Oxford 1979, p . 782 ( date de la préture de Pline ) ; J.-A. Shelton , « Pliny's Letter 3.11 : Rhetoric and Autobiography » , C & M 38, 1987 , p. 121-139. SIMONE FOLLET. 432
ARTÉMISIA
FIV
Une des cinq filles du philosophe mégarique Diodore Cronos, dont Philon de Mégare, le disciple de Diodore, rapportait, dans son Ménexènè, qu'elles étaient à
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ARTÉMON
la fois dialecticiennes et d'une grande pureté de mours (Clément d'Alexandrie, Strom . IV 19, 121 , 5 = fr. 101 Döring). Ses sæurs étaient Ménexènè, Théognis, Argéia et Pantacléia. Sur les cinq filles de Diodore, voir aussi Jérôme, Adv. Jovin. I 42 ; PL XXIII 273 B = fr. 102 Döring. Les deux témoignages sont traduits par R. Muller, Les Mégariques, p. 38-39, et commentés p . 128-129. ROBERT MULLER .
433 ARTÉMON
D Ila
Épicurien, maître de Philonidès , mentionné seulement dans la Vita Philonidis anonyme conservée dans PHerc . 1044 , fr. 7, 7-8 et fr. 33 , 6-10 . Dans le premier passage est mentionné un ouvrage de Philonidès Sur le commentaire d'Artémon au De natura d'Épicure, du premier au trente - troisième livre, avec l'omission de quelques - uns ( και των παρ'Αρτέμωίνι από του προς το πρώτον μέχρι προς το Tpít ( ov ) xai | < tpi > [ a ]xOOTÓV , ÉxN [ 1 ]nóvl[ TWV T livõv . On peut, semble - t-il, en déduire que Philonidès avait complété le travail de son maître ( cf. I. Gallo , Frammenti biografici da papiri, vol. II : La biografia dei filosofi, coll. « Testi e commenti» 6, Roma 1980 , p . 109-110 ). Le second passage s'inscrit dans un contexte polémique : Philonidès semble réfuter certaines accusations dirigées contre lui. Il aurait fait montre d'ingratitude envers Artémon et il aurait ouvert une école pour la ruine de son maître (cf. J. Glucker , Antiochus , p . 131-132 et Gallo , op . cit., p. 160 ). TIZIANO DORANDI. 434 ARTÉMON cf. RE 18 Selon David (édité dans le CAG sous le nom d'Élias) , In Categ., p. 113 , 25 Busse (= Aristotelis Privatorum Scriptorum Fragmenta , test. 7 A e Plezia), un certain Artémon aurait rassemblé en huit livres les lettres d'Aristote . Dans le même contexte d'une typologie des écrits d'Aristote, Olympiodore, In Categ., p . 6, 12 Busse (= test. 7 A d Plezia ) , évoque les lettres qu'ont rassemblées Andronicos et Artémon . Démétrius, De elocutione 223 (= test. 4 b Plezia ), rapporte une opinion d'Artémon • tàç 'AplotoTÉRous åvaypávac éniotolás: il enseignait « qu'il faut écrire de la même façon le dialogue et les lettres, car la lettre est le pendant (TÒ ÉTepov pépos ) du dialogue » . La liste des ouvrages d'Aristote dressée par Ptolémée (= test. 3 Plezia) mentionne liber in quo vir Artemo nomine epistulas Aristotelis in octo partibus congessit, puis epistulae eius in viginti partibus, quas Andronicus invenit. Voir I. Düring, art. « Aristoteles » , RESuppl. XI, 1968 , col . 164-165 . Artémon est antérieur à Démétrius qui le cite, mais la datation de ce dernier est discutée. Contre Grube, dernier éditeur de Démétrius, qui le date de 270 environ , J.M. Rist, « Demetrius the stylist and Artemon the compiler », Phoenix 18 , 1964 , p. 2-8 , situe Artémon la fin du II s . av . J.-C. et Démétrius après Andronicus de Rhodes, à la fin du jer s . av . J.-C. Voir cependant la réponse de G.M.A. Grube, « The date of Demetrius On style » , Phoenix 18 , 1964 , p. 294 302. On l'identifie habituellement, bien que le nom soit courant, avec le gram mairien Artémon de Cassandreia , qui écrivit un Περί συναγωγής [ αναγωγής conj. Jönsen) B1621wv ( Athénée XII , 515 e ( Artémon y citait Dionysius Scytobrachion de Mytilène, que Susemihl, t. II, p. 47 , date de la fin du IIe et du
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ARUBAS
début du f']) , une B1611wv xpñois en au moins deux livres ( Athénée XV , 694 a), et un Περί Διονυσιακού συστήματος [επιστήματος cod . Α] (dont le premier livre est cité par Athénée XIV , 636 e) . Rist est favorable à cette identification. La datation de Démétrius proposée par Grube la rendrait impossible. Des explications d'Artémon rapportées par Athénée (XV , 694 a ) sur les trois genres de scolies, on rapproche une Scholie sur le Gorgias 451 e ( éditée par M. Carbonara Naddei, Gli Scoli Greci al “Gorgia " di Platone. Testo, traduzione e note a cura di M.C.N., Bologna, 1976 , p. 28), ainsi que Plutarque, Quaest. conv. I 1 , 615 ac. De ce ou ces Artémon on rapproche également, mais de façon sans doute un peu gratuite, l'historien Artémon de Pergame ( FGrHist 569), connu comme commentateur de Pindare, antérieur à Ménécrate, un disciple d'Aristarque d'Alexandrie. Voir G. Wentzel, art. « Artemon » 18 , RE II 2, 1896, col. 1446-1447. RICHARD GOULET.
ARTORIUS → APOLLONIUS DE PERGÉ (CN. ARTORIUS - ) ARTORIUS → CELER (CN. ARTORIUS - ) 435 ARUBAS
FIV
Xénocrate avait écrit un lpós 'Apútav, suivi dans la liste de D.L. IV 14 ( fr. 2 Isnardi Parente) par les ouvrages Moos 'Hoaiotiwva , Nepl Yewwetplac a ' B' . On a reconnu parfois en Héphaistion l'ami d'Alexandre (RĖ 3 , Berve n° 357 ) et en Arubas le roi de Molossie, déposé par Philippe en 343 * et exilé à Athènes (cf. Arybbas, RE 1 ). Sur la base de ces identifications, on a prêté à ces écrits de Xénocrate des motivations politiques. Voir notamment G. Macdoli, « Senocrate nel clima politico del suo tempo » , DArch 1 , 1967 , p. 304-327, notamment p . 309-312 . Voir les références signalées par M. Isnardi Parente ( édit . ), Senocrate - Ermodoro , Frammenti. Edizione, traduzione e commento a cura di M.I.P. , coll. « La Scuola di Platone » 3 , Napoli 1982, p. 280-281 , qui envisage aussi une identification avec un owpatopúlat d'Alexandre (RE 2, Berve n ° 156). Comme tous les titres de la liste, même les monobiblia, comportent l'indi cation du nombre de livres, H. Dörrie, art. « Xenokrates » , RE IX A 2, 1983 , col. 1516, restitue ce passage de la façon suivante : Mpos 'Apúbav nepi γεωμετρίας α ' , Πρός Ηφαιστίωνα περί γεωμετρίας β' , et classe ces écrits dans le groupe des ouvrages relevant des mathématiques. RICHARD GOULET.
ARULÉNUS + RUSTICUS 436 ASCANIOS D'ABDÈRE RE 8 Ce nom figure dans la vie de Pyrrhon par Diogène Laërce ( IX 61 ) : selon Ascanios d’Abdère, Pyrrhon aurait introduit en philosophie l'idée d'axataanyia et d'énoxń. Pour éliminer un personnage dont nous ne connaissons rien d'autre que le nom , Müller, FHG II, p . 384 , a proposé de substituer au nom d'Aoxávios celui d'Hxataioç : Hécatée d’Abdère, célèbre grammairien dont il reste quelques fragments, élève de Pyrrhon, et qui a vécu vers la fin du IVe s . av . J.-C. , conjecture admise par 1 E. Rohde, Der griechische Roman , 2e éd. , Leipzig 1900, p . 225 n . , et par 2 F. Jacoby, art. « Hekataios» 4 , RE VII 2, 1912 , col. 2751.
ASCLÉPLADÈS
617
Contra : 3 F. Decleva Caizzi ( édit .), Pirrone. Testimonianze, coll. « Elenchos >> 5 , Napoli 1981 , p. 29 , 83 , 131 , 135-136, 142, 177 : l'auteur fonde son rejet de la conjecture de Müller sur le caractère anachronique, eu égard à Pyrrhon , de la terminologie prêtée à Ascanios dans le passage de D.L. L'expression to tñs áxataanyiaç xal énoxñs eldoc eloayayov s'expliquerait mieux, en effet, venant d'un doxographe tardif plutôt que d'un disciple direct de Pyrrhon tel que le fut Hécatée (voir surce point Decleva Caizzi, p. 197-200, le commentaire à D.L. IX 69-70) , car l'usage gnoséologique d'un terme comme celui d'áxatannyia , ou même celui d'énon , semble dater d'une époque bien postérieure à celle de Pyrrhon. Toutefois, l'emploi de ces termes par D.L. ne signifie pas qu'ils aient été attribués à Pyrrhon lui-même, mais seulement qu'on peut traduire l'attitude philosophique de ce dernier en termes qui ne deviendront canoniques qu'à partir d'Arcésilas ( lequel représenterait en ce cas le terminus post quem d'Ascanios). Voir également, du même auteur, 4 « Prolegomeni ad una raccolta delle fonti relative a Pirrone di Elide » , dans G. Giannantoni (édit.), Lo Scetticismo antico , Napoli 1981 , p. 95-128 (p . 116-118 notamment). 5 K. Janacek , « Zur Bilanz des griechischen Skeptizismus » , dans Antiquitas graeco - romana ac tempora nostra, Praha 1964, p . 133-137 ( p. 135-136) . Sur le nom d'Aoxávios : Pape -Benseler, Wörterbuch der griechischen Eigennamen , s.v .; on trouverait ce nom dans une région du Sud de la Propontide. FRANÇOISE CAUJOLLE -ZASLAWSKY.
437 ASCLÉPIACOS DE PRUSE
ép. imp.
On a retrouvé à Brousse la stèle funéraire de ce philosophe, fils d'un certain Télesphoros, mort à 28 ans : Hommage Vermaseren ( 1978 ), t. III, p. 998-1000 ( cf. BE 1979 , p. 368 ) . Le défunt est figuré assis sur un banc, un livre à la main . Il était pythagoricien , comme l'affirme avec conviction l'épigramme, qui le salue du titre de mantis. BERNADETTE PUECH .
438 AS [ CLJÉPIADÈS Mentionné dans l'Ind . Acad . Herc ., col. VI, 10-12 ( p . 35 Mekler ) en tant qu'auteur, à l'instar d'Érastos, d’Anouvnuoveúuata de Platon : " Epaotoç xal 'Ασκληπιάδης [ οι απομνημον[ εύ ] > 1, Napoli 1980, p. 201; 4 F. Lasserre (édit. ), De Léodamas de Thasos à Philippe d'Oponte. Témoignages et fragments, coll. « La Scuola di Platone » 2, Napoli 1987, p . 111-114 ; 323-326 ; 543 ; Gaiser 2 , p. 448 , suggère de l'identifier avec Asclépiadès de Phlionte . Voir cette notice . TIZIANO DORANDI. 439 ASCLÉPIADÈS
?
Dans l’Asclépiadès commémoré par un hermès du Capitole (IG XIV 1142 ) , on a reconnu généralement le médecin et philosophe Asclépiadès de Pruse qui
618
ASCLÉPLADÈS
vivait à Rome au fer s . av . J.-C. ( cf. Richter, Portraits, t. III, p. 288-289 ). Mais le portrait est sensiblement postérieur à l'époque du médecin bithynien (G. Richter le situe au II s . de notre ère ). Il peut être interprété comme un témoignage de la gloire posthume du médecin , qui se serait maintenue assez tard à l'époque impériale. Mais il peut tout aussi bien s'agir, étant donné la banalité du nom , d'un homonyme postérieur: un philosophe Asclepiadès au moins est attesté à Rome à une époque voisine de celle du portrait (IGUR 1163). BERNADETTE PUECH .
440
ASCLÉPIADÈS Une anthologie médicale conservée dans les manuscrits arméniens, Venise 310 , p. 7 6-8 b ( copié, d'après le colophon, sur la seconde partie du Paris BN ancien fonds 93 , aujourd'hui 303 ), Venise , Haranc' Vark'5, p . 160-163, Antélias 119 , p . 361 b - 366 b, et Érévan 6869, p. 145b- 155a, contient, entre autres, des extraits d'un médecin Asclepiade, dont l'identité n'est pas spécifiée. Dans le ms. Érévan 6869, ces extraits se présentent comme il suit. D'Asclepiade : Sur la nature ( p. 146a -147a ). « Il dit : De la tête de l'homme proviennent toutes choses bonnes et sages, car la semence d'où naissent les hommes provient d'un suc de la tête . » D'Asclepiade : Sur les quatre natures de l'homme et sur l'année et le mois (p. 1516-153b ). « La nature de l'homme est divisée en quatre principes dont il convient de connaître pour chacun quelle vertu il possède. La vertu de la bile jaune est celle du sec et du chaud et elle rend la bouche amère . » Dans la suite du texte, le mélange des humeurs varie en fonction des mois de l'année. Contrairement aux indications de 1 G. Zarbhanalean , Catalogue des anciennes traductions arméniennes, Venise 1889, p . 316-317 , la suite des extraits contenus dans le même florilège (p. 153 b - 155 a ) n'appartientpas à l'opuscule précédent. Il s'agit d'un autre traité sur les composantes de l'âme et du corps, ainsi que sur leurs passions naturelles ou acquises. Le titre de ces extraits ne les attribue pas à Asclepiade. L'identification de ce dernier au célèbre Asclépiade de Pruse ( Irº -1“) paraît improbable , compte tenu des informations données sur ce médecin par 2 Susemihl, t. II, p. 429-436 : Asclépiade de Pruse était réticent à l'égard de la théorie des humeurs (que , semble-t-il , il nommait « éléments » et non pas « natures », comme notre texte arménien ). D'autre part, il n'aurait probablement pas usé des arguments providentialistes qui se rencontrent dans nos extraits.
Sûrement traduit du grec, le traité arménien adopte la théorie des quatre tempéraments de certains traités pseudo -hippocratiques et de Galien. Encore assez proche des conceptions du traité d'Hippocrate Sur la nature de l'homme, il paraît, malgré certains développements plus tardifs, nettement moins systé matique et notablement plus ancien que l'opuscule grec anonyme lepi tñs TOŪ xóopou xataoxeuñS to✓ ávěpánov ( 3 I.L. Ideler, Physici et medici Graeci minores, t. I, Leipzig 1841 , p. 303-304) , que 4 E. Schöner, Das Viererschema in der antiken Humoralpathologie, coll. « Sudhoffs Archiv » Beiheft 4 , Wiesbaden 1964 , p. 96 , situe au plus tard au IVe s. de notre ère. 5 S.A. Vardanyan, Patma -Banasirakan Handes ( Érévan ) 1985 , fasc . 2, p. 145-160, spécialement p. 149 s . , a découvert une adaptation tardive du traité Sur les quatre natures... dans la version, remaniée successivement par deux
ASCLÉPLADÈS
619
personnages nommés Het'um au XIIe - XIIIe s. , du Livre de médecine du roi Gagik 14 ( 990-1020 ) : cf. ms. Venise 1281 , p. 61 . Le nom d'Asclépiade apparaît aussi dans le ms . Armas 5 , p . 344 : cf. 6 H. Topdjian , Catalogue des manuscrits d'Armache, Venise 1962, p. 20. Après des citations de Galien et d'Héraclite sur les serpents, on lit l'extrait suivant : « Asclépiade dit que, lorsque le vent frémit aux jours du printemps, que les fleurs s'épa nouissent, que la brise tombe sur les fleurs partout répandues et emplit les lieux de ( leur) suave odeur, le serpent basilique souvent ouvre la bouche et aspire en lui cette suave odeur. C'est de là qu'on obtient la thériaque ... Car si quelqu'un est piqué par les serpents ou les scorpions ou boit un poison mortel, pourvu qu'on fasse passer la ( thériaque) dans de l'eau et qu'on le lui donne à boire, il est guéri... En outre ( ce médicament) peut guérir la vérole et la lèpre, lorsqu'on en frotte le malade, en solution aqueuse. » Serait -ce une réminiscence du médecin Asclepiade le Jeune (RE 43 ), dit le Pharmacien (fin du IP), particulièrement connu pour ses thériaques?
JEAN - PIERRE MAHÉ. 441
ASCLÉPIADÈS
fl. II/III
Médecin enterré à Rome, probablement au début du III s . de notre ère . L'épi gramme gravée sur son autel funéraire ( IGUR 1163 ) montre qu'il était aussi philosophe néoplatonicien . Le poème laisse entendre qu'il avait composé un ouvrage sur l'immortalité de l'âme, apparemment fondé en bonne partie sur l'interprétation d'un ou de plusieurs oracles de Delphes (li . 6). Cf. P. Boyancé , Le culte des Muses, Paris 1937 , p. 284-289; H.-I. Marrou, MOYEIKOE ANHP, Étude sur les scènes de la vie intellectuelle figurant sur les monuments funéraires romains, Grenoble 1938 , p . 241; M. Guarducci, RPAA 23-24 , 1947-1949, p. 210 . BERNADETTE PUECH .
442 ASCLÉPIADÈS RE 47
ca 300
Quelques phrases du livre Sur la providence du Dieu suprême de cet auteur sont citées par Lactance ( Divin. Inst. VII 4 , 17-19 ; p . 595 , 25-596 , 7 Brandt) qui était le dédicataire de l'ouvrage. Il était lui-même le dédicataire d'un ouvrage en deux livres du même Lactance (Jérôme, De viris ill. 80) . RICHARD GOULET.
443 ASCLÉPIADÈS RE 19 PLRE I : 4
MIV
Ce philosophe cynique rendit visite en 362 à l'empereur Julien à Antioche et provoqua à la suite d'une imprudence l'incendie du temple d'Apollon à Daphné ( Ammien Marcellin XXII 13 , 3 , qui précise avoir mentionné Asclepiadès dans son histoire de Magnence, section aujourd'hui perdue de son ouvrage ). C'est certainement à ce même Asclepiadès que font allusion Julien, Discours VII 18 , 224 d , puis , beaucoup plus tardivement, Symmaque, dans une lettre , datée d'avant 393 , à Magnillus, à qui il recommande une proche du sancti Asclepiadis philosophi (Ep. V 31 ) . MARIE - ODILE GOULET -CAZÉ.
620
ASCLÉPIADÈS D'ALEXANDRIE
444 ASCLÉPIADÈS D'ALEXANDRIE (IULIUS -)
fl. I- II
Un reçu d'une banque d'Euhéméria (PFay. 87) enregistre les divers verse ments provenant des revenus de domaines « ayant appartenu auparavant au philosophe Iulius Asclepiadès » . Les terres étaient désormais la propriété de la cité d'Alexandrie, à laquelle sans doute le philosophe les avait léguées par testament. Le document date de 155 , mais les mêmes domaines sont mentionnés dans un reçu dressé par les sitologues de Bérénicis - sur-Mer en 145 (PFay. 82, li. 14-16) . La mort d'Asclépiadès était donc antérieure à cette date. On ne sait rien de plus sur ce philosophe. Cf. B.P. Grenfell, A.S. Hunt, D.G. Hogarth, Fayum Towns and their Papyri, London 1900, p . 213-214 et 220-222 . BERNADETTE PUECH . 445
ASCLÉPIADÈS D'ALEXANDRIE ( M. AURELIUS -)
fl. III
Il serait bien hasardeux de classer parmi les philosophes M. Aurelius Asclepiadès d'Alexandrie , alias Hermodoros, qu'une inscription de Rome ( IGUR 1103 ) place pourtant « au nombre des philosophes bénéficiant de l'atélie et nourris au Musée » ( li . 4-5 ) : c'est la formule consacrée pour indiquer l'appar tenance au Musée d'Alexandrie. Le personnage est connu par plusieurs autres inscriptions ( IGUR 239 , 240 , 241 et 250) et par un papyrus d’Hermoupolis (C.P.Herm . 7 , col. II, li . 3-4) : il s'agit d'un célèbre champion de pancrace qui avait dû à ses nombreuses victoires et à sa gloire internationale l'honneur d'être admis au Musée. Cette récompense pouvait à l'époque consacrer la réussite dans des domaines très variés ; elle était loin d'être réservée aux intellectuels , qui étaient même en minorité au Musée . Voir à ce sujet N. Lewis, « Litterati in the service of Roman Emperors » , dans L. Casson et M. Price , Coins, Culture and History of the Ancient World , Detroit 1981 , p. 149-166 . Son admission au Musée ne suffit donc pas à faire de l'athlète Asclepiadès un philosophe. BERNADETTE PUECH . 446
ASCLÉPIADÈS D'ALEXANDRIE RE 35 PLRE II : 2
MV
Philosophe néoplatonicien d'Alexandrie, frère d'Héraïscus, et, comme lui , maître d'Isidore (Damascius, V. Isidori, fr. * 160) . C'était, plus qu'Héraïscus qui avait vécu moins longtemps en Égypte, un spécialiste de la sagesse égyptienne ( fr. 161 ) . Nourri de littérature égyptienne, il avait approfondi dans tous ses détails la théologie ancestrale, comme pouvaient en attester les hymnes qu'il avait composés en l'honneur des dieux des Égyptiens ( fr. 164) . Il avait également commencé un traité qui démontrait l'accord entre toutes les théologies (dont Damascius parle également dans son De principiis I, p . 324 , 14-15 Ruelle, où il précise qu'il portait sur l'accord de la théologie égyptienne avec les autres théologies) et un ouvrage sur l'histoire égyptienne qui ne couvrait pas moins de 30 000 ans ! Il gravit un jour le mont Liban, dans la région d'Héliopolis en Syrie et y vit des “bétyles" ( Epit. Phot. 94 ). A deux reprises, il vit une grande boucle de cheveu (celle qu'Isis coupa de sa chevelure à la mort d'Osiris ? ) s'élever du Nil
ASCLÉPLADÈS D'APAMÉE
621
( Epit. Phot. 93 ) . La première fois Isidore l'accompagnait, la seconde fois Damascius était également présent en plus des deux autres philosophes. Héraïscus mourut avant son frère et Asclepiadès se chargea de le faire momifier comme un prêtre selon les rites traditionnels de l'Égypte ( fr. 174 et Epit. Phot. 107 ). Ces renseignements tirés de Damascius peuvent être complétés par quelques informations fournies par PCairo III 67295, édité, traduit et commenté par J. Maspéro , « Horapollon et la fin du paganisme égyptien » , BIAO 11 , 1914 , p. 163-195. Il s'agit de la copie d'une pétition adressée aux autorités par le « clarissime » philosophe Flavius Horapollon, fils d'Asclepiadès, afin d'obtenir la restitution des biens emportés en son absence par son épouse infidèle, qui était la fille d'Héraïscus et donc sa cousine. Quelques lignes d'Horapollon nous renseignent sur l'activité professionnelle de cette famille de lettrés. « Fréquentant assidûment les Académies du lieu (Alexandrie ), j'ai toujours conservé 1 [ l'honnêteté de mes mours ; exerçant avec zèle) mes dons naturels pour les belles lettres ( ou : "pour la discussion philo sophique ” ), j'offrais à qui le cherchait l'enseignement philosophique. Mes pères et mes aïeux 1 [m'avaient transmis cette vocation : j'eus pour maître) feu mon père Asklépiadès qui est maintenant parmi les saints, et qui avait consacré tout l'effort de sa vie à instruire les jeunes dans les Musées selon la l ( tradition des anciens (?) . Pour moi, après sa mort (? )) , je m'efforçai de conserver dans cette même ville une situation égale à la sienne... » ( 1 , 13-16 ). On apprend également qu'Asclé piades partageait la mêmemaison que son frère ( ils avaient « le même goût pour la Muse philosophique ») et les enfants des deux philosophes (Horapollon et la fille d'Héraïscus qu'il allait épouser) furent élevés ensemble (I 18-19) . La maison qu'il possédait à Phénébytis (Kôm -Ichgâou = 'Appodítns xóun ) fut léguée à Horapollon qui y habita avec sa femme jusqu'à ce que cette demière, profitant du fait que son époux enseignait à Alexandrie, parte avec un étranger en emportant le mobilier et non sans avoir tenté de retrouver à coups de pic les réserves cachées par son mari (1 26). Comme le papyrus est daté de 493, Asclepiadès était donc mort quelques années auparavant, vraisemblablement entre 487 et 491 . Le grand -père, évoqué dans le papyrus comme devancier d'Asclepiadès et d’Horapollon dans la carrière de professeur de philosophie, est connu par la Souda ( s.v. 'Opanowv , t. III, p . 615 , 1-6 Adler) comme « un grammairien ayant enseigné à Alexandrie et en Égypte, puis à Constantinople sous Théodose » < le jeune (408-450 ) ?> .
Cf. R. Rémondon , « L'Égypte et la suprême résistance au christianisme ( ve. VII° siècles )», BIAO 51 , 1952, p. 63-78 , en particulier p . 64-65. RICHARD GOULET. 447 ASCLÉPIADÈS D'APAMÉE RE 34
MII Académicien , originaire d'Apamée en Syrie, mentionné parmi les disciples de Carnéade dans l'Ind . Acad. Herc . , col. XXIV , 4-5 (p . 86 Mekler = Carneade, T 3b, 17 s . Mette ). On doit, semble - t- il, l'identifier avec l'Asclepiade d'IG II?
622
ASCLÉPLADÈS DE MYRLÉA
1938 , li. 64 = FGrHist 244 T 3 ; cf. W. Crönert, SPAW 1904, I , p. 481 n . 2 ; Jacoby, FGrHist II D , p. 718 , reste sceptique. TIZIANO DORANDI.
448
ASCLÉPIADÈS DE MYRLÉA
RE 28
DI
A ce grammairien , la Souda (A 4173 ; t . I, p . 382, 24-383, 1 Adler ) attribue des editions critiques d'euvres philosophiques (έγραψε φιλοσόφων βιβλίων diopowtixá ) , mais les contradictions chronologiques de la notice laissent supposer qu'il y a eu confusion entre deux ou plusieurs homonymes, si bien qu'on ne peut savoir qui est responsable de ces éditions et on considère comme improbable qu'il s'agisse du grammairien . Voir Susemihl , t . II , p . 15-19 et n . 85 ; G. Wentzel, art. « Asklepiades » 28, RE II 2, 1896 , col . 1628-1631. RICHARD GOULET. 449 ASCLÉPIADÈS DE PHLIONTE RE 33
IV - III Ami de Ménédème d'Érétrie. Tous les détails de sa vie qui nous sont connus sont rattachés à la biographie de Ménédème, qu'il faudra donc consulter. Les témoignages relatifs à Asclepiadès sont rassemblés dans 1 G. Giannantoni, Socraticorum Reliquiae, t. I, p . 179-180, sub nº III G. Asclepiadès était plus âgé que Ménédème ( D.L. II 137 ). Il mourut à Érétrie avant Ménédème, à un âge avancé ( II 138 ). Comme Ménédème serait mort à 74 ans (D.L. II 144) vers 265* (cf. 2 K. von Fritz , art. « Menedemos » 9, RE XV 1 , 1931 , col. 789-790) , il faut situer la naissance d'Asclepiadès vers le milieu du IVe s . av . J.-C.
Selon D.L. II 126, Ménédème d'Érétrie , alors en garnison à Mégare ( en 31716 selon von Fritz 2, col. 791 ; autres références bibliographiques dans Döring, Die Megariker, p . 146 n . 10), fut arraché par Asclepiadès de Phlionte à l'enseigne ment de Platon à l'Académie . On considère, la chronologie interdisant un tel contact entre Platon et Ménédème, que le récit de Diogène confond ici Ménédème de Pyrrha et Ménédème d'Érétrie, ou bien, c'est l'avis de Giannantoni, que Ménédème, dit « platonicien » par Héraclide (Lembos) en D.L. II 135 , avait fréquenté l'Académie après la mort de Platon . Asclépiadès aurait entraîné Ménédème aux cours de Stilpon à Mégare ( fr. 170 Döring ). « Et de là ils s'embarquèrent pour Élis afin de se consacrer à Anchipylos et Moschos , les disciples de Phédon . Et jusqu'à leur époque ( ... ), les philosophes de cette école s'appelaient éliaques , mais ils s'appelèrent érétri( a )ques d'après la patrie de Ménédème. » En II 105 , Diogène mentionnait comme diadoque de Phédon d'Élis son compatriote Pleistanos, puis, à la génération suivante , Ménédème d'Érétrie et Asclepiadès de Phlionte, qui venaient de chez Stilpon. Il rappelait également qu'à partir de Ménédème l'école s'était appelée érétriaque. Il n'est pas dit explici tement que c'est à Érétrie que Ménédème relança cette école , mais tous les détails biographiques que Diogène Laërce fournit sur Ménédème se rattachent à Érétrie où le philosophe exerça un rôle politique. La classe de Ménédème est décrite en D.L. II 130.
ASCLÉPIADÈS DE PHLIONTE
623
3 K. Gaiser, Philodems Academica, p. 448, suggère d'identifier à Asclé piadès de Phlionte l'auteur d’Anouvnuloveúuata de Platon mentionné dans l'Ind. Acad. Herc ., col. VI, 10-12 (p. 35 Mekler ). Plusieurs anecdotes mettent en cause Cratès de Thèbes (D.L. VI 91 ; II 126 , 131 ) , dont est conservé un vers parodique sur les deux amis :
Φλιάσιόν τ'Ασκληπιάδης και ταύρον Ερετρή (D.L. II 126 = fr. 348 Lloyd -Jones & Parsons). Un séjour d'études philosophiques de Ménédème et d'Asclépiadès à Athènes est confirmé par Athénée IV , 168 ab , qui rapporte, apparemment d'après Phanodème ou Philochore, que l'Aréopage, qui surveillait de près ceux qui vivaient au -dessus de leurs moyens, voulut savoir comment les deux jeunes amis réussissaient malgré leur dénuement à étudier toute la journée avec les philoso phes et à se bien porter, alors même qu'ils ne possédaient rien . A leur demande, on convoqua un meunier qui vint témoigner que chaque nuit ils venaient travail ler dans son moulin , pour deux drachmes. L'Aréopage admiratif leur fit don de deux cents drachmes. K. von Fritz 2 , col. 789 , doute de l'historicité de cette anecdote, « weil sie den viel älteren Asklepiades mit M. gleichalterig sein läßt » . En réalité D.L. II 137 dit simplement qu'Asclépiadès était npeobúTepoc sans préciser de combien d'années. Dans une autre anecdote , on voit Ménédème, qui était le fils d'un pauvre charpentier (D.L. II 125), et Asclepiades participer à la construction d'une maison, Asclépiadès, nu , apportant l'argile sur le toit et Ménédème se cachant dès qu'il voyait venir quelqu'un ( II 131 ). Une anecdote raconte que le franc parler de Ménédème mit les deux amis dans une position délicate à la cour de Nicocréon , roi de Salamine sur l'île de Chypre (332/1 - 311/0 ), et que seule l'intervention opportune d'un joueur de flûte leur permit de se tirer d'affaire (D.L. II 129-130 ). Ménédème et Asclepiadès épousèrent la mère et la fille (D.L. II 137 ) . Après la mort de sa femme, Asclépiadès prit celle de Ménédème, lequel, devenu un homme politique important, épousa une femme riche, originaire d'Oropos, dont il eut trois filles ( II 138) . Comme tous partageaient la même maison , Ménédème confia l'administration de cette maison à sa première femme ( II 137) . Plutarque, Quomodo adulator ab amico internoscatur 11 , 55 c , raconte de son côté que Ménédème ramena à la sagesse le fils d’Asclépiadès , qui était débauché et indiscipliné, en refusant de lui ouvrir sa porte et de le saluer. Asclépiadès, qui vécut avec Ménédème une vie simple, malgré les moyens dont ils disposaient ( II 138), était l'amant de Ménédème, comme le montre une anecdote obscène mettant en scène Cratès de Thèbes que D.L. VI 91 emprunte à Dioclès de Magnésie. L'affection que Ménédème portait à Asclepiadès est comparée à celle de Pylades (pour Oreste ) (II 137) .
On sait enfin , grâce à Cicéron , Tusculanes V 39, 113 , qu’Asclepiadès, « non ignobilem Eretricum philosophum » , perdit la vue. Comme on lui demandait ce qu'il y avait de changé dans sa situation , il répondit que son escorte s'était renforcée d'un jeune esclave ( d'après la traduction de J. Humbert ).
624
ASCLÉPLADÈS DE PRUSE
Pour les maigres renseignements dont nous disposons sur les tendances philosophiques de l'école érétriaque, on se reportera à la notice « Ménédème » . RICHARD GOULET.
450 ASCLÉPIADÈS DE PRUSE RE 39
DI
Selon Sextus , A.M. VII 201-202 , c'est « Asclépiadès le médecin » , qu'Antiochus (d and tñs 'Axadnuías ), « son contemporain » , décrivait dans le second livre de ses Canoniques, comme un éminent médecin ayant également touché à la philosophie. Rejetant comme critère de vérité l'hégémonique , dont il niait totalement l'existence selon VII 380 (oủ8'8lwg ünápxeiv ti ... nyepovixóv ), il s'en remettait au témoignage de la perception sensible. Sa position , telle que rapportée par Antiochus, était que tes jev αισθήσεις όντως και αληθώς αντιλήψεις είναι, λόγω δε μηδέν όλως ημάς xatalautáveiv . Sextus renvoie pour ce personnage à ses propres 'latpixà ůrouvnuata, perdus. Sextus rapporte également, dans une doxographie sur les principes matériels (H.P. III 32-33), la position d'Asclépiadès de Bithynie : c'étaient, selon lui comme selon Démocrite et Héraclide le Pontique, des åvapuoi oyxon, des masses sans lien entre elles (voir aussi A.M. I 363 et II 318 ) . Les éléments étaient secables et doués de qualités (θραυστά είναι τα στοιχεία και ποιά ). Sur les övapuoi öyxoi , voir 1 W.A. Heidel , « The ovapuoi öyxoi of Heraclides and Asclepiades » , TAPHA 40, 1909, p. 5-21 ; 2 A. Stückelberger, Vestigia Demo critea . Die Rezeption der Lehre von den Atomen in der antiken Natur wissenschaft und Medizin, coll . « Schweizerische Beiträge zur Altertums wissenschaft » 17 , Basel 1984 , 215 p. , surtout p. 18 et n. 47, p . 101-113 . Le premier livre du Περί οίνου δόσεως d ' Asclepiades est cité par Sextus ,, A.M. VII 91 (voir aussi Pline XXIII 32). Asclepiadès prétendait que seule leur expérience pouvait laisser croire que les personnes âgées étaient plus intelligentes que les jeunes (Sextus, A.M. VII 323). Il affirmait également que l'on ne peut pas montrer deux fois du doigt la même réalité sensible , parce qu'elle n'est qu'un écoulement rapide (VIII 7) . En A.M. VIII 188 , Asclépiadès est pris comme exemple de médecin dogma tiste , à côté d'Érasistrate et d'Hérophile , pour montrer la diversité des interpré tations médicales d'un même symptôme. Ces interprétations sont expliquées plus loin en VIII 220. Pour Asclépiadès, la fièvre serait le signe évothoews vontāv όγκων εν νοητοίς αραιώμασιν .. On identifie habituellement ce médecin à Asclepiadès de Pruse, que Galien , t. XIV , p . 566 Kühn , cite comme représentant de la secte « logique de méde cine avec Hippocrate de Cos et Dioclès de Caryste . De nombreux fragments et témoignages, relatifs à ses æuvres médicales, dont on connaît au moins dix -sept titres, sont dispersés chez Galien , Celse, Caelius Aurelianus, Soranus, Tertullien, Cassius , Scribonius Largus. Asclepiadès était originaire, d'après Galien , de Pruse - sur-Mer, cité également appelée Kios, en Bithynie. Voir 3 E. Rawson, « The life and death of Asclepiades of Bithynia », CQ 32, 1982, p. 358-370.
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Pline parle de son côté d'un Asclepiadès qui, « à l'époque du grand Pompée », s'était lancé à Rome dans la pratique de la médecine sans aucune formation spéciale, parce qu'il considérait sa profession antérieure de maître de rhétorique comme trop peu lucrative (N.H. XXVI 12) . Ce médecin acquit une grande réputation en recommandant des thérapies « douces » ( bains, massages, régimes, exercices physiques, promenades, etc.), déjà préconisées par un médecin du III s. av . J.-C. , Cléophantos, fils de Cléombrotos, non sans recourir à la superstition et à des pratiques de charlatan (XXVI 13-18) . Invité comme médecin à la cour de Mithridate (VII 124 ), il préféra envoyer des traités médicaux composés à l'intention du roi ( XXV 6). Pour sa plus grande notoriété, il aurait un jour ramené à la vie un homme qu'on amenait au cimetière (VII 124 ; XXVI 15 ; voir aussi Apulée, Flor. 19) . Il eut pour élève Thémison de Laodicée, parfois présenté comme le fondateur de l'école méthodique de médecine ( Pline, N.H. XXIX 6). Il mourut âgé en tombant d'une échelle (VII 124 ). Selon 4 D. Gourevitch , « Asclepiade de Bithynie dans Pline. Problèmes de chronologie », Helmantica 37 , 1986 , p . 67-81 , il faudrait situer Asclepiadès dans les années 170-91 av. J.-C. Il n'est cependant pas sûr que l'ami de L. Crassus, présenté dans Cicéron , De Oratore I 62 (dont le dialogue est situé en 91 ') , comme un médecin doué de remarquables facultés oratoires, soit le même personnage : la chronologie de D. Gourevitch presuppose cette identification et considère qu'Asclépiadès était déjà mort en 91 '. C'est également le point de vue d'E. Rawson qui rejette en grande partie le témoignage de Pline et la datation plus basse qu'il suggère. Cf. 5 A.G.M. Raynaud, De Asclepiade Bithyno medico ac philosopho, Paris 1862 ; 6 Susemihl, t. II, p. 428-440 ; 7 M. Wellmann, art. « Asklepiades » 39, RE II 2, 1896 , col. 1632-1633 ; 8 id . , « Asklepiades aus Bithynien von einem herrschenden Vorurteil befreit » , JKPh 21 , 1908, p. 684-703 (le portrait de charlatan brossé par Pline proviendrait d'une confusion avec le rhéteur Asclé piadès de Myrléa (voir cette notice) qui enseignait effectivement la rhétorique à Rome à l'époque de Pompée ; cette interprétation est rejetée par Rawson 3) ; 9 L. Edelstein , art . « Methodiker » , RESuppl . VI , 1935 , col. 358-373 ; 10 J. Stannard, « Asclepiades» , DSB I, 1970, p. 314-315a ; 11 J. Benedum , « Der Badearzt Asklepiades und seine bithynische Heimat » , Gesnerus 35 , 1978 , p . 20-43 ; 12 G. Harig, « Die philosophischen Grundlagen des medizinischen Systems des Asklepiades von Bithynien » , Philologus 127 , 1983,p. 43-60 . On a cru retrouver un portrait d'Asclepiadès de Bithynie dans un hermès du Capitole ( IG XIV 1142) . Voir Rawson 3 , p. 368 et la notice « Asclépiadès » 439 . RICHARD GOULET.
451 ASCLÉPIGÉNEIA RE 1 PLRE II : 1
DV
Fille de Plutarque d'Athènes, le fondateur de l'École néoplatonicienne. Elle avait reçu de son père la tradition des rites théurgiques des Chaldéens, que lui même tenait de son grand - père Nestorius. Plutarque étant mort avant que Proclus soit parvenu au degré de vertu qui le rendait capable d'y être initié , c'est Asclépigéneia qui les enseigna à Proclus. D'après Marinus, Proclus 28 , il
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ASCLÉPIODOTE D'ALEXANDRIE
s'agissait de conjurations, de prières de supplication et de la manipulation des roues magiques. Asclépigéneia était peut-être aussi la mère d'Archiadas I. Elle était la grand -mère ou la grand -tante de son homonyme , fille d'Archiadas I et de Ploutarchè, qui fut guérie miraculeusement par Asclépius à Athènes, grâce à la prière de Proclus dans l'Asclépieion , d'après Marinus, Proclus 29 . HENRI DOMINIQUE SAFFREY.
452 ASCLÉPIODOROS PLRE II :
V - VI
Philosophe à Constantinople sous le règne d'Anastase II (491-518 ) . Le Pseudo- Codinus rapporte une anecdote à son sujet (Patria Constant., II , p . 193 , 24–194,6 = I, p . 64, 13-19) . PIERRE MARAVAL . 453 ASCLÉPIODOTE D'ALEXANDRIE
RE 11 PLRE II : 3
(M)F V
Disciple de Proclus (mort en 485 ). Sources . (a) Damascius , V. Isidori. Cf. 1 C. Zintzen (édit. ), Damascii Vitae Isidori reliquiae edidit adnotationibusque instruxit C.Z. , coll. « Bibliotheca graeca et latina suppletoria » 1 , Hildesheim 1967 , XIV-376 p . Pour l'Epitome Photiana , voir également l'édition et la traduction de la Bibliothèque de Photius par R. Henry ( codd. 181 et 242 ). Une reconstitution plus ancienne par 2 R. Asmus, Das Leben des Philosophen Isidoros von Damaskios aus Damaskos, coll. « Philosophische Bibliothek » 125 , Leipzig 1913 ( traduction allemande des fragments) doit également être consultée ; voir aussi 3 id ., « Zur Rekonstruktion von Damascius' Leben des Isidorus » , ByzZ 18 , 1909, p . 424-480 ; 19 , 1910 , p . 265-284 . (b ) Zacharias le Scholastique, Vita Severi. Éditée par 4 M.-A. Kugener dans la PO II 1 , Paris 1904 ; réimpr. 1971, p. 1-115 , avec traduction française ; le commentaire annoncé n'est jamais paru . Zintzen ne semble connaître que la traduction moins fidèle de 5 F. Nau dans la ROC 4 , 1899, p. 343-353 ; 543-571; 5 , 1900 , p . 74-98 . La traduction des passages relatifs à Asclépiodote est citée dans 6 A. Bernand, Le Delta égyptien d'après les textes grecs, t. I : Les confins libyques , coll. « Mélanges publiés par les membres de l'Institut français d'Archéologie Orientale » 91 , Le Caire 1970, p . 207-213. (c ) Deux inscriptions honorifiques d'Aphrodisias, publiées par 7 W.M. Calder et M.R. Cormack , Monuments from Lycaonia , the Pisido -Phrygian Borderland, Aphrodisias, coll . MAMA, t . VIII, Manchester 1962, nº 486 , p . 104, la seconde également conservée par l'Anth . Pal. IX 704 [ l'autre inscription est citée par Beckby, t. III, p. 815 (= Cougny, I, 351 a)] , concernent, selon L. Robert qui les a retrouvées en 1946 , non pas notre philosophe, originaire d'Alexandrie, comme on l'avait pensé, mais son beau - père Asclépio dote d'Aphrodisias (RE 12 ; PLRE II : 2 ). Elles honorent effectivement un important personnage d'Aphrodisias qui n'est pas désigné comme philosophe. Une autre inscription ( n ° 487) concerne certainement le même personnage. Voir 8 L. Robert, Hellenica, t . IV : Épigrammes du Bas- Empire, Paris 1948, p . 115
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126 (+ pl . phot. V 2) ; 9 ibid ., t . XIII : D'Aphrodisias à la Lycaonie (Compte rendu de MAMA VIII), Paris 1965 , p. 170-171 . Il fut à Athènes le disciple de Proclus (Epit. Phot. 139), qui lui dédia son Commentaire sur le Parménide ( cf. Épol piawv Qatate : I, p. 618, 16 Cousin ). Simplicius, In Phys., (Corollarium de Tempore ), p. 795 , 13 Diels , le présente comme le meilleur disciple de Proclus. « Le grand philosophe » Asclepiodote ( o péyaç 'Aoxanniódoros plÓCobos ) est introduit par Olympiodore, In Meteorol., p. 321 , 26-29 Stüve, comme l'auteur d'un Commentaire sur le Timée de Platon . Une scholie sur Aristote, p. 508 a 39 Brandis, se rapporte également à ses vues en histoire naturelle. Deux passages au moins permettent de distinguer entre deux Asclépiodote, mais il paraît extrêmement difficile de départager ce qui, dans les témoignages, revient à chacun des deux homonymes. A propos du « philosophe » Asclépiodote d'Alexandrie , Zacharias rapporte qu'il détermina « son homonyme » , « qui en ce temps - là se glorifiait des honneurs et des dignités dont le comblait le roi ( i.e. l'empereur) et tenait le premier rang dans le sénat d'Aphrodisias », à lui donner sa fille en mariage ( p. 16 , 17 s . Kugener ). On connaît, grâce à Damascius, Epit. Phot. 130, le nom de l'épouse d'Asclepiodote : elle s'appelait Damianè. Zacharias raconte de son côté comment les deux époux quittèrent la Carie pour aller demander à Isis en Égypte de guérir la stérilité de Damianè. Damascius confirme ces rapports entre les deux Asclépiodote , lorsqu'il écrit, apparemment dans le contexte de la succession de Marinus à Athènes : « Asclepiodote était paré de tout ce qui fait l'éclat d'une vie ; l'autre, < Isidore > , n'avait aucun de ces avantages, lui qui ne pouvait se prévaloir d'une alliance mais qui n'était qu'un vrai philosophe; tous deux allaient s'élevant: l'un étant d'une nature droite ; l'autre, Asclepiodote, gendre du grand Asclépiodote dont il avait déjà épousé la fille, étant d'une minutieuse exactitude » (Epit. Phot. 160 , dans la reconstitution de Zintzen que traduit Henry ). Cette reconstitution est malheureusement une tentative désespé rée pour donner un sens à un passage assez peu intelligible. Pour Freudenthal (RE ) et Saffrey /Westerink, le disciple de Proclus serait Asclépiodote d'Alexandrie et Asclépiodote d'Aphrodisias serait son gendre. Le texte de Zacharias, tel que le traduit Kugener, ne supporte pas cette interprétation des rapports entre les deux homonymes. Asclepiodote d'Aphrodisias serait d'ailleurs également disciple de Proclus selon Saffrey/ Westerink. Ces derniers écrivent: « Proclus écrivit à Asclepiodote au sujet de sa succession, et déclinant pour lui-même cet honneur, Asclépiodote semble avoir proposé à Proclus deux autres candidats : son propre gendre, qui portait le même nom que lui , et ( ... ) Isidore . » Cette interprétation qui repose en partie sur l'organisation des fragments proposée par Asmus et peut-être sur la traduction de Nau, pourrait se recommander de deux ou trois indices qui suggè rent qu'Aphrodisias représentait pour lesNéoplatoniciens de la fin du ve s. un centre d'études philosophiques important. Le fr. * 222 de Damascius mentionne qu'Hilarios d'Antioche (RE 2), un homme venu tardivement à la philosophie, à une époque où Proclus enseignait encore à Athènes, se rendit « vers les philosophes, en Carie (où se trouvait Aphrodisias) et en Lydie » . Comme Asclepiodote d'Alexandrie rencontra ce personnage au cours d'un voyage qui l'amena d'Athènes en Orient et qu'il vit en lui un des rares « philosophes » raisonnables dont il ait fait la connaissance ( fr. * 221), il faut en conclure que ce n'est pas d'Asclépiodote d'Alexandrie qu'Hilarios souhaitait suivre l'enseignement philosophique à Aphrodisias. Le fr. 233 évoque une lettre adressée « aux deux philosophes qui vivaient en Carie » : il est possible qu'Asclepiodote ait été l'un des deux, mais on ne sait pas qui l'avait écrite (Proclus selon Asmus, Isidore selon PLRE) ni qui est le second philosophe ( Asclepiodote, le beau -père, selon
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Asmus ). Enfin , il est envisageable que ce soit l'enseignement d'un néoplatonicien qui ait attiré vers Aphrodisias Asclepiodote d'Alexandrie, après ses études à Athènes (fr. * 221), Isidore et Damascius lui-même ( Epit. Phot. 131 ). Si Asclepiodote d'Aphrodisias était lui-même philo sophe, éventuellement disciple de Proclus, on comprendrait qu'il soit désigné comme « le grand Asclépiodote » et que son gendre ait pu compter sur le prestige que lui conférait un mariage avec la fille de ce personnage reconnu, pour conforter sa candidature à la succession de Marinus ( fr. 160 ). Dans ce cas, on pourrait également se demander si ce n'est pas à Asclepiodote d'Aphrodisias que Proclus dédia son Commentaire sur le Parménide, cuvre de la maturité et non de la vieillesse de Proclus, selon H.D. Saffrey. Quant au « grand philosophe Asclépiodote » présenté par Olympiodore comme commentateur du Timée, il serait dans ces conditions légitime d'y reconnaître le « grand Asclépiodote » évoqué par Damascius. Avec un peu plus d'audace, on pourrait envisager de rattacher au beau -père un certain nombre de fragments de Damascius, ce qui permettrait éventuellement de reconstituer une image un peu plus homogène d'Asclepiodote d'Alexandrie. Mais seule une étude systématique des fragments, souvent fort décousus, de la Vie d'Isidore autoriserait une semblable remise en cause . Pour l'instant, il semble prématuré de qualifier de philosophe le beau -père d'Asclépiodote d'Alexandrie. Nous ne retiendrons donc pas ici le nom d'Asclepiodote d'Aphrodisias ( voir la notice suivante ), pas plus que celui d'Asclepiodote d'Héliopolis dont parle ailleurs Zacharias (p. 57 , 17 ; 66 , 4 ; 68, 2 Kugener ). Damascius qui parle abondamment d’Asclepiodote d'Alexandrie dans sa Vie d'Isidore l'avait longuement fréquenté (fr. * 185 ) et il évoque une visite qu'il lui fit à Aphrodisias (Epit. Phot. 131 ) . L'origine alexandrine est attestée par Zacharias (p . 16 , 17 ) et Damascius ( Epit. Phot. 119 ; fr. * 185) , qui précise qu'il était le fils de parents pieux (i.e. païens), mais peu favorisés par la fortune. Son père était peut-être philosophe, car Asclépiodote le dépassait sur le plan de la philosophie et de la nponaideia, bien qu'il lui fût (de peu) inférieur du point de vue religieux. Selon Asmus ( p. 70, li . 4 de sa traduction allemande ) et Zintzen (ad fr. * 186 ) il est possible que le père d'Asclepiodote ait été Antonios d'Alexandrie ( voir cette notice ). Ce personnage est en effet décrit dans le fr. * 186 en des termes qui rappellent la figure du père d'Asclépiodote évoquée par le fr. * 185 . Son goût et ses dispositions pour les études se manifestèrent dès l'enfance . Il étudia les merveilles de la nature et les créations de tous les arts , s'intéressant aux teintures, aux fibres végétales, aux différentes espèces, rares ou courantes, de pierres ou de plantes. Il importunait avec assiduité les spécialistes pour appren dre d'eux leur savoir dans tous les détails et dévorait les écrits des anciens sur tous ces sujets. Ses sujets de prédilection étaient la botanique et la zoologie ( fr. * 183 ) . « Initié à la médecine par Jacques (sur ce médecin , voir Epit. Phot. 120-125 ), Asclepiodote, tout en marchant sur ses traces , le surpassa dans certains domai nes ; en effet, il remit en pratique l'emploi de l’ellébore blanc, perdu depuis longtemps et que Jacques lui-même n'avait pas sauvé ; au moyen de ce remède, il guérit contre toute attente des maladies incurables. Asclepiodote , parmi les médecins d'époque récente , ne reconnaissait de valeur qu'à Jacques et, parmi les anciens, après Hippocrate, au Cilicien Soranus de Mallos >> (Epit. Phot. 128-129, trad. Henry ; fr. * 201). Epit. Phot. 127 ( v. aussi fr. 198-199 ) fournit des explications techniques intéressantes sur les recherches d'Asclepiodote en musique. Sur ce passage, voir 10 Fr. Duysinx, « Asclépiodote et le monocorde » , AC 38 , 1969, p. 447-458 .
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Dans sa jeunesse il fréquenta Domninos de Syrie, le condisciple de Proclus chez Syrianus ( fr. 227 ; Marinus, Proclus 26 ), et il s'opposa à lui avec tant d'intransigeance sur un problème d'arithmétique que le vieux Domninos ne voulut plus lui parler ( fr. 228 ). Le jugement de Damascius sur l'approche philosophique d'Asclépiodote est conservé dans l'Epit. Phot. 126 et mérite d'être cité : « Asclepiodote n'était pas, sous le rapport des dons naturels, un homme accompli ; ainsi en ont jugé la plupart des gens; en revanche, il était prompt à objecter mais non très vif pour comprendre et il manquait de suite dans les idées, notamment en ce qui concerne les notions relatives au domaine divin qui sont invisibles et intelligibles et qui sont les données par excellence de la pensée de Platon. Et vis-à-vis de la sagesse sublime de l'orphisme et du chaldaïsme qui dépasse le niveau de la philosophie ordinaire , sa faiblesse était encore plus accusée. Dans l'étude de la nature, au contraire , il était le plus fort de ses contemporains; il en allait de même pour les mathématiques et c'est par là qu'il s'attira le renom de grand génie même dans les autres domaines. Sur le terrain de la morale et de la vertu , il tentait toujours des innovations et il essayait de réduire la connaissance aux choses d'ici -bas et aux phénomènes visibles, sans faire sienne, pour ainsi dire , aucune des idées ancien nes mais en refoulant ensemble tous les problèmes pour les ramener au niveau de la nature du monde qui nous entoure » ( trad. Henry ). Ce naturalisme explique peut-être que , comparé à Asclepiadès par exemple ( fr. 161 ), Asclépiodote paraissait ignorant de la sagesse des Égyptiens ( fr. * 197 ). 11 J. Freudenthal, art. « Asklepiodotos » 11 , RE II 2 , 1896 , col . 1642, commente ce passage en ces termes : « In allen diesen Äusserungen finden wir lediglich Beweise für die rühmenswerte Unbefangenheit, Klarheit und Beson nenheit, die A. der unklaren Metaphysik, der wirren Mystik, dem unsinnigen Aberglauben und der weltflüchtigen Ethik des späteren Neuplatonismus entgegenstellte , und für die Selbständigkeit des Denkers, die den Spätlingen als tadelnswerte Neuerungssucht erschien . » Voir également 12 J. Geffcken , Der Ausgang des griechisch -römischen Heidentums, Heidelberg 1929, p. 201, qui souligne la tendance à l'empirisme de cet esprit libre, authentique manifestation de l'école d'Alexandrie. Plusieurs anecdotes ne témoignent pas moins du vif intérêt qu'Asclépiodote portait à la magie et à la religion. Zacharie ( p. 16, 17 Kugener) écrit : « Asclé piodote d'Alexandrie s'occupait d'enchantements, exerçait la magie , faisait des invocations démoniaques; il avait conquis par là l'admiration des païens pour sa philosophie. » Païen convaincu (Zacharias, p. 16-18 , 22, 36, 41 ) , sa piété ( ou sa prudence ? ] l'amenait à refuser de participer aux sacrifices ou à des conversations sur les mystères, considérant que cela ne convenait pas aux êtres créés (litt.: à la génération ), mais devait être réservé aux dieux de l'Olympe ( Damascius, fr. * 202 ). Grâce à Asclepiodote, la ville d'Aphrodite ( Aphrodisias) connut un regain de vie religieuse ; il introduisit à Alexandrie les mystères d'Osiris et ceux des Mages en plusieurs régions de l'Orient ( fr. 204 ). Il introduisit également dans les sanctuaires des machines de son invention , il embellit des statues et composa des hymnes ( fr. 209 ).
Il raconta un jour à Damascius, de passage à Aphrodisias, que dans sa jeunesse il était descendu dans les profondeurs du temple d'Apollon , à Hiérapolis en
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Phrygie, et avait échappé aux vapeurs mortelles en enroulant deux ou trois fois son manteau autour de ses narines. « Plus tard , il tenta d'obtenir au moyen d'ingrédients divers de l'air pareil à l'exhalaison mortelle » ( Epit. Phot. 131 ) . On ne sait pas trop si le philosophe avait pénétré dans ce souterrain comme xatai bátns pour être initié aux mystères d'Attis ou simplement « pour étudier de façon expérimentale la nature du lieu . » On rapporte qu'il pouvait lire dans le noir et reconnaître les personnes présentes ( Epit. Phot. 139 ; cf. fr. 234). Il aurait vu également « entre ciel et terre un serpent vivant; il était immobile dans l'épaisseur des nuages , il restait sans bouger, étendu de tout son long, comme une longue perche ... » (Epit. Phot. 140 ). Comme il revenait des “ Demeures d'Apollon ” (Apollonos Aulai) vers Aphrodisias, il vit un jour « la lune qui se levait comme au moment de la pleine lune quoiqu'elle ne fût pas dans le signe opposé au soleil » (Epit. Phot. 117 ; trad . Henry ). « Encore enchaîné à son corps » , il possédait une puissance divine telle qu'il put sauver ( par une prière adressée au soleil ?) un compagnon de voyage dont il avait autrefois été le « pédagogue » ( Isidore, selon PLRE II) et lui-même, alors qu'ils allaient se noyer dans le Méandre (Epit. Phot. 116 ). Selon 13 L. Robert , « Documents d'Asie mineure » , BCH 101 , 1977, p. 86-87 ( sect. III 2 : “Le dendrophore de Magnésie"), repris dans Documents d'Asie mineure, coll. BEFAR 239 bis , Paris 1987, p . 44-46 ( cette référence m'a été signalée par H.D. Saffrey ), c'est en se rendant au sanctuaire (évoqué plus haut) d'Apollon Aulaïtès, sur le territoire de Magnésie, que les deux philosophes auraient risqué de se noyer. Les éditeurs rapportent à Asclepiodote le fr. 216 : « Il avait besoin pour son corps de manger de la viande, mais il refusait de prendre de la viande qui n'avait pas été sacrifiée , considérant que là était la signification de l'antique précepte (pythagoricien , cf. D.L. VIII 33), “ s'abstenir des carcasses” .» Comme on le voit, Damascius dresse d'Asclépiodote un portrait où sont juxtaposées des attitudes assez différentes à l'égard de la religion. D'une part un physiologue, un mathématicien et un scientiste peu intéressé par les sources primordiales du néoplatonisme tardif ( le monde intelligible du platonisme, l'orphisme et le chaldaïsme, la théologie égyptienne ); d'autre part un propagateur des mystères d'Osiris et des doctrines des Mages, témoin de prodiges incroyables et inventeur de machines destinées aux sanctuaires. Mais Zacharias témoigne que c'est bien le philosophe alexandrin qui s'intéressait à la magie et Damascius précise que la dévotion religieuse d'Asclepiodote s'exprima non seulement à Aphrodisias, mais aussi à Alexandrie. Il serait donc bien téméraire de vouloir distribuer les témoignages entre les deux homonymes sur la base d'une distinction élémentaire entre philosophie et religion. C'est sans doute après ses études à Athènes qu'il s'installa en Orient. Damascius dit qu'ayant quitté Athènes, il fit voile vers Séleucie en Syrie où il étudia les meurs humaines ( fr. *221 ) . Il disait n'avoir rencontré dans tout son périple de trois mois que trois hommes qui fussent raisonnables ( HÉTPIOI ) : le philosophe Hilarios à Antioche, Maras, « le plus juste des hommes de notre temps » , à Laodicée de Syrie, et Domninos le philosophe ( fr. *221 ) . Sur ces philosophes, voir les fr. 221-228 . Il épousa Damianè, femme pudique au delà même de ce qui est raisonnable (napà abyov conj. Westermann et Zintzen , napádoyov codd . ): « Asclépiodote fit d'elle une compagne pleine de bon sens et d'énergie pour la gestion de sa maison , tout comme elle était sage et ferme dans la vie commune » (Epit. Phot. 130, trad. Henry ). C'est peut-être d'elle que l'Epit. Phot. 262 dit qu '« il mit sur l'épousée le manteau de la philosophie, parce qu'elle était philosophe ». Elle était
ASCLÉPIODOTE D'APHRODISIAS
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la fille d'un sénateur d'Aphrodisias, « homonyme » d'Asclepiodote (Zacharie, p. 17 , 2 et 17). Zacharie écrit en effet: « Asclépiodotos d'Alexandrie ... avait déterminé son homonyme, qui en ce temps -là se glorifiait des honneurs et des dignités dont le comblait le roi (i.e. l'Empereur) et tenait le premier rang dans le sénat d'Aphrodisias, à lui donner sa fille en mariage » (p . 16, 17 s. Kugener ). Quelques extraits de Damascius se rapportent peut-être aux deux époux: voir Epit. Phot. 136-137, 267-269, 274. D'après Zacharie ( p. 17-18 , 22, 36, 41 Kugener), les deux époux vécurent longtemps en Carie , sans enfant, avant de partir pour Alexandrie. Après avoir procédé en vain à diverses offrandes et s'être prêté à des rites sans effet, Asclepiodote fit passer pour un miracle d'Isis, visitée en son temple de Menouthis , près de Canope, « à quatorze milles d'Alexandrie » , la naissance d'un enfant, acheté en fait à une prêtresse (p. 17-18 Kugener ). Les chrétiens se chargèrent de dénoncer la mystification et des lettres furent envoyées à Aphrodisias pour détromper les citoyens de l'endroit, au retour d'Asclépiodote en Carie. Le Patriarche d'Alexandrie étant alors Pierre [Petros RE 3 ] (Monge ), l'événement se situe entre 482 et 490. Asclépiodote était en tout cas revenu à Aphrodisias, lorsque le rebelle Illus ( 484/488) fut renversé (Zacharie , p . 41 Kugener). Il eut par la suite des filles, comme le montre le fr. * 189 de Damascius, qui concerne peut- être une partie de sa carrière postérieure à son retour à Alexandrie : « Étant bon gestionnaire et fermier, à la mort de son père, il remboursa des dettes importantes. Établi dans un négoce honnête , il s'impliqua cependant dans de considérables dépenses, contractées en faveur de dévotions religieuses et d'une ambition civique qui paraissait néces saire et habituelle dans sa maison. Aussi fut- il lui aussi contraint plus tard de laisser à ses filles un patrimoine grevé d'hypothèques. » Il était donc mort lorsque Damascius écrivit sa Vie d'Isidore. Ce dernier passage est l'un de ceux que l'on pourrait être tenté de mettre en rapport avec Asclépiodote d'Aphrodisias. Ce dernier avait effectivement au moins une fille, alors que le couple formé par Asclepiodote d'Alexandrie et Damianè était, au moins un certain temps, stérile. L'ambition civique et la dévotion religieuse sont des traits qui conviennent mieuxau beau -père qu'au genre : ce sont ceux qu'attestent les inscriptions. Le passage est cependant extrait d'un article de la Souda qui concerne directement Asclépiodote d'Alexandrie. « Il était distingué et d'un commerce agréable non seulement avec des gens sérieux mais parfois aussi avec des gens qui plaisantaient, de sorte qu'il était très agréable à ceux qui l'approchaient, en plus du bien qu'il leur faisait » (Epit. Phot. 135 , trad . Henry ; v . aussi fr. 219). Cf. 14 R. Asmus, « Der Neuplatoniker Asklepiodotos der Grosse » , AGM 7 , 1914, p . 26-42; 15 G. Senn , « Asklepiodotos von Alexandreia, ein positivischer Naturforscher des V. Jahrhunderts p . Ch. » , Archeion 21 , 1938 , p . 13-27 ; 16 H.D. Saffrey & L.G. Westerink , Introduction à leur édition de la Théologie platonicienne de Proclus, t. I, Paris 1968 , p . XXIV -XXV , LI. RICHARD GOULET.
454 ASCLÉPIODOTE D'APHRODISIAS
RE 12 PLRE II 2
( M )FV
Rien ne permet d'attribuer la qualité de philosophe à ce notable d'Aphro disias : l'épigramme gravée sur sa statue (CIG 2851 ; Th . Reinach , « Inscriptions d'Aphrodisias » , REG 19 , 1906 , n° 84 , p . 206 ) célèbre les services qu'il avait
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ASCLÉPIODOTE LE TACTICIEN
rendus à sa patrie, mais ne fait aucune allusion à une carrière intellectuelle . Asclepiodotos fut néanmoins en contact avec les milieux philosophiques puisqu'il fut le beau -père de son homonyme, le néoplatonicien Asclepiodotos d’Alexan drie, avec qui on l'a longtemps confondu . Voir L. Robert, Hellenica IV , p. 115 126 , qui donne, pl . V , 2, une photographie de l'inscription , et la notice « Asclepiodote d'Alexandrie ». Zacharie le Scholastique, dans sa Vie de Sévère, p . 16-17 Kugener, le présente comme un des plus illustres personnages d'Aphrodisias et de la Carie ; il bénéficiait de la protection de l'empereur, de qui il obtint pour sa patrie plusieurs privilèges. BERNADETTE PUECH . 455 ASCLÉPIODOTE DE NICÉE
F IIa
A. Stoïcien, fils d'un certain Asclépiodote et disciple de Panétius de Rhodes (mort à la fin du II“), mentionné dans l'Ind. Stoic . Herc., col. LXXIII, 3-6 (p. 93 Traversa) : 'Ασκληπιόδοτος Ασκληπιοδόίτου Νικαιεύς ος και αυτός εί ]ς 'P [ bund iħ ] [ @ev , « Asclépiodote, fils d'Asclepiodote, originaire de Nicée, qui vint également à Rome ( comme un autre disciple de Panétius, mentionné dans les lignes 1-3 , qui y mourut du vivant du maître ] > ( fr. 184 Hülser ). Selon Zeller III 13 , p . 569 n. 1 , et p. 585 n. 1 , Pohlenz, Die Stoa, t. II, p. 98 , et Traversa, p . 94 , la chronologie interdit de l'identifier, ainsi que l'ont proposé Comparetti, le précédent éditeur du papyrus en 1875 , Gomperz et Susemihl, avec Asclépiodote le Tacticien . Voir notice suivante. RICHARD GOULET. B. On retrouve ce philosophe, en compagnie de Panétius et de plusieurs de ses auditeurs, dans le catalogue des hiéropes IG 11 1938 (sur ce document, voir la notice « Antipatros du Pirée » ). L'inscription nous apprend qu'Asclépiodote avait été inscrit à Athènes dans le dème du Pirée ; elle permet aussi de situer vers le milieu du II° s. av . J.-C. ( archontat de Lysiadès: en 148/7 , selon Meritt, Historia 1977) ses études auprès de Panétius. BERNADETTE PUECH . 456 ASCLÉPIODOTE LE TACTICIEN RE 10
(D)MI?
A. « Philosophe » , dont les Taxtixà xepáhaja , petit ouvrage de tactique mili taire en douze chapitres, antérieur à Élien le Tacticien ( qui ne le mentionne pas mais l'utilise ), conservé dans le Laurentianus LV, 4 ( X -XI s .) et ses copies, a été édité par 1 H. Köchly et W. Rüstow en 1855. L'édition de W.A. Oldfather (Énée le Tacticien , Asclépiodote et Onasandros) dans la coll. LCL, London 1923 , contient une traduction anglaise. Pour la tradition manuscrite , voir 2 A. Dain , « Les manuscrits d'Asclépiodote le philosophe », RPh 60, 1934 , p . 341-360 ; 61 , 1935, p. 5-21 . B. Dans ses Quaestiones naturales Sénèque mentionne à plusieurs reprises un Asclépiodote , auditor Posidonii et auteur, lui aussi , de Questions naturelles ( cf. Vi 17 , 3 : in his ipsis quaestionum naturalium causis), qui pourrait être le tacticien ( II 26, 6 = Posidonius, test. 41a Edelstein -Kidd, 21 a Theiler ; VI 17 , 3 = T 41b Edelstein -Kidd, 21 b Theiler ; II 30, 1 ; V 15 , 1 ; VI 22, 2) . On sait en effet par Élien le tacticien (I 2=F 80 Edelstein -Kidd ) et, à sa suite, Arrien (De
ASCLÉPIUS DE TRALLES
633
tactica 1 1-2 = F 81 Edelstein -Kidd , 468 b Theiler) que « Posidonius le stoïcien écrivit lui aussi une réxvn Taxtixh » . [Les doutes exprimés par 3 M. Laffranque, Posidonius d'Apamée, Paris 1964, p. 102, sur l'authenticité de cet ouvrage relèvent de la Stimmungsprobung : « Nul goût particulier ne devait l'induire, semble - t - il, à consacrer un ouvrage entier à de tels problèmes.» ] Il est donc possible que l'ouvrage d'Asclepiodote soit fondé sur les recherches de Posi donius, comme cela semble être le cas pour les informations transmises par Asclepiodote à Sénèque ( sur les volcans, les tremblements de terre , le tonnerre et la foudre, les cavernes). 4 K.K. Müller, art. « Asklepiodotos » 10, RE II 2, 1896 , col. 1639, croit même que si Élien n'a pas mentionné Asclepiodote parmi ses sources, c'est parce qu'il connaissait l'ouvrage, sous une forme plus déve loppée, comme l'æuvre de Posidonius lui -même. En revanche, l'identification qui y est envisagée, à la suite de Comparetti, Gomperz, Diels et Susemihl, avec Asclepiodote de Nicée, un disciple de Panétius mentionné dans l'Ind. Stoic. Herc. col . LXXIII, 3-6, est rejetée par Traversa ( p. 93-94 ) qui souligne la fréquence du nom à cette époque et le trop grand écart chronologique entre les deux personnages. Il est possible que chez Sénèque une partie, sinon la totalité, des passages qui rapportent les vues de Posidonius ait en réalité été transmise par son disciple. Asclépiodote serait la source unique du livre VI (doxographie sur les tremblements de terre ), selon 5 A. Setaioli, « Citazioni di prosatori greci nelle Naturales Quaestiones di Seneca, II » , Prometheus 11 , 1985 , p . 87 . Cf. 6 K.W. Ringhausen , Poseidonios, Asklepiodot, Seneca und ihre Anschauungen über Erdbeben und Vulkane, Diss. München, Leipzig 1929, 79 p. RICHARD GOULET. « ASCLÉPIUS » — « CORPUS HERMETICUM » 457 ASCLÉPIUS RE 7
VI
Disciple d'Ammonius, fils d'Hermeias, à Alexandrie , et condisciple de son homonyme Asclepius de Tralles, qui rapporte de lui une question posée au cours d'Ammonius, relative à Top. VII, 151 b 28 s . , avec la réponse d'Ammonius (cf. Asclepius, In Metaph ., p. 143 , 21 Hayduck ). Il est probable qu'il avait suivi le cycle complet des études aristotéliciennes à Alexandrie avant de devenir le professeur en titre de l'école de médecine. Le médecin Étienne d'Athènes, qui y fut son élève, le cite souvent sous la dénomination du « nouveau commentateur » . Cf. L.G. Westerink , « Philosophy and Medicine in Late Antiquity », Janus 51 , 1964, p . 172, reproduit dans Texts and Studies in Neoplatonism and Byzantine Literature, Amsterdam 1980, p. 86. HENRI DOMINIQUE SAFFREY .
458 ASCLÉPIUS DE TRALLES
RE 6
MVI
Disciple d'Ammonius, fils d'Hermeias, à Alexandrie , il a édité les notes qu'il avait prises aux cours de son maître sur la Métaphysique d'Aristote (CAG VI 2 : ånò owvñs ' Ayuwviou ). Il a aussi édité un commentaire sur l'Introduction à l'Arithmétique de Nicomaque de Gérasa . Bien que ce ne soit pas dit explici tement, ce dernier ouvrage semble être lui aussi la publication des notes d'un
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ASIOS
cours d'Ammonius. Cette hypothèse a été formulée par L.G. Westerink , « Deux commentaires sur Nicomaque : Asclepius et Jean Philopon » , REG 77 , 1964, p . 526-535 ( repris dans Texts and Studies in Neoplatonism and Byzantine Literature, Amsterdam 1980, p. 101-110 ), et confirmée par L. Tarán ( édit .), « Asclepius of Tralles , Commentary to Nicomachus' Introduction to Arithmetic » TAPS 59, 4, 1969, qui a édité le commentaire . HENRI DOMINIQUE SAFFREY. 459 ASIOS RE 2 Selon la Souda, s.v. Marládiov , t. IV , p. 4, 17-21 Adler (et d'autres auteurs byzantins signalés dans l'apparat d'Adler ), la statue cultuelle de Pallas ( Palladion ) qui protégeait la ville de Troie aurait été donnée à Trôs, son roi fondateur, « par un certain Asios, philosophe et tehotns ». Pour honorer Asios le roi aurait dès lors changé le nom de son royaume d'Hreipos ( « Continent» ) en “ Asie ” . Cf. G. Lippold, art. « Palladion » , RE XVIII 3 , 1949, col. 172. RICHARD GOULET. 460 ASPASIE DE MILET RE 1
MV
Originaire de Milet (Platon , Ménexène 249 d 1 ) , Aspasie , fille d'un certain Axiochos, vécut avec Péricles depuis le moment où il répudia sa femme athé nienne (445 ), jusqu'à sa mort à l'automne de 429 *. Tout naturellement, elle fut l'objet d'attaques, notamment de la part des auteurs comiques. En plus de l'accu ser d'immoralité, on lui reprochait d'avoir exercé sur Périclès des pressions pour qu'il déclenche la guerre de Samos et celle du Péloponnèse (sur tout cela , cf. Aristophane, Acharniens, v . 515-539 ). Elle aurait même été poursuivie pour impiété par le poète comique Hermippe (Plutarque, Périclès 32, 1 ). Mais Périclès, qu'on visait à travers elle , la défendit toujours avec vigueur et avec succès. Le fils qu'elle donna à Péricles fut déchu de sa citoyenneté athénienne en vertu de la loi de 451/0 . Mais, après la mort, pendant la grande peste, des deux fils, Xanthippe et Paralos, qu'avait donnés à Périclès sa femme légitime, le fils d'Aspasie fut légitimé par décret et prit le nom de son père ; il fut du nombre des « stratèges » exécutés après la bataille des Arginuses ( Scholie à Platon , Ménexène 235 e). Après la mort de Périclès, Aspasie aurait épousé Lysiclès (Plutarque, Péricles 37 , 5-6) , un leader populaire qui fut tué en 428 ". On ne sait rien sur le sort d'Aspasie après cette date. Aspasie est restée célèbre surtout parce que Platon la met en scène dans son Ménexène. Prétendant qu'elle fut son maître d'éloquence (818áoxalos tñs ontopixñs Téxins, Ménexène 235 e - 236 d) , Socrate lui attribue la composition de l'éloge funèbre (énitá loc ) qu'il prononce ( 236 d – 249 c) devant Ménexène. Et , dans la conclusion ( 249 d -e ) de ce dialogue, Ménexène prétend avoir rencontré Aspasie plusieurs fois. « Aspasie » est le titre de deux dialogues composés par des disciples de Socrate : Antisthène (D.L. VI 16 ) et Eschine de Sphettos (D.L. II 61 ) .
ASPASIOS
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Cf. W. Judeich , art. « Aspasia » 1 , RE I 2, 1893, col . 1716-1722 ; Davies, Athenian propertied families, nº 11811 , IV - V . LUC BRISSON . 461 ASPASIOS RE2
FI- D II
Commentateur d'Aristote . Galien fut à Pergame, vers 143 , l'élève d'un disciple d'Aspasius (De cogn . an . morb. 8 , p . 32, 5-7 Marquardt) qui était, comme Galien, originaire de la ville . On a pensé que ce philosophe pouvait être Herminos, maître d'Alexandre d'Aphrodisias, mais 1 P. Moraux, Aristotelismus, t. II, p . 226 n . 3 , préférerait l'identifier à Eudème de Pergame . Herminos et Alexandre d’Aphrodisias connaissaient les commentaires d’Aspasius et Plotin les utilisait dans son enseignement à Rome au milieu du III s . (Porphyre, V. Plot. 14 , 10-14 , où Aspasius est explicitement rangé, avec Alexandre et Adraste , parmi les péripatéticiens ). C'est tout ce que l'on sait sur la personne d'Aspasius ; d'autres Aspasius sont connus qu'on ne peut identifier au philosophe. La synthèse la plus complète et la plus récente est celle de P. Moraux, Aristotelismus, t . II, p. 226 293. Les informations qui suivent sur les æuvres d'Aspasius en sont tirées. Voir également 2 H.B. Gottschalk , « Aristotelian philosophy in the Roman world from the time of Cicero to the end of the second century AD », ANRW II 36, 2, Berlin 1987 , p. 1156-1158 . ( 1 ) Galien , au milieu du II° s . , recommandait l'étude des commentaires d'Aspasius et d'Adraste sur les Catégories d'Aristote (De libris propriis 11 , p . 118 , 2–119 , 2 Müller ): aucun fragment n'est conservé de ces commentaires. Voir Moraux 1 , p. 227-230. (2) Des fragments d'un commentaire sur le De interpretatione sont conservés dans les deux éditions du commentaire de Boèce sur le même ouvrage d'Aristote . Boèce semble avoir connu Aspasius à travers Porphyre et Porphyre l'avoir connu à travers Alexandre d’Aphrodisias qui est toujours cité dans le même contexte et qui tenait apparemment les mêmes positions . Les passages sont analysés par Moraux 1 , p. 230-235 . ( 3 ) Plusieurs fragments d'un commentaire sur la physique d'Aristote sont cités dans le commentaire de Simplicius sur le même traité. Encore une fois, la source intermédiaire est Alexandre d'Aphrodisias. Voir Moraux 1 , p. 235-239 qui souligne notamment les divergences qu'offrent les citations d'Aristote chez Aspasius par rapport au texte reçu de la Physique. ( 4 ) Une interprétation d'Aspasius sur le De caelo (II 6 ), connue d'Alexandre d'Aphrodisias par l'enseignement oral d'Herminos, est mentionnée par Simplicius, In De caelo , p. 430, 32-431, 11 Heiberg. Moraux 1 , p. 240-244, qui commente le passage, ne croit pas qu'Aspasius ait donné un commentaire complet du traité aristotélicien ; sinon on en retrouverait plus largement la trace dans les extraits d'Alexandre que cite régulièrement Simplicius. Aspasius apparaît à nouveau en 607,5-7 , toujours à travers Alexandre d'Aphrodisias. (5 ) On trouve des vestiges d'un commentaire d'Aspasius sur le De sensu dans le commentaire d'Alexandre d'Aphrodisias sur ce traité : au moins en 9 , 24-10 , 4, et sans doute ailleurs, selon Moraux 1 , p. 244-246 .
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ASPHALIOS
( 6 ) Alexandre toujours cite à trois reprises le commentaire d'Aspasius sur la Métaphysique. C'est d'ailleurs le seul commentateur postérieur à Andronicus qu'il mentionne. Ces passages sont commentés par Moraux 1 , p. 246-249. Dans un passage , Aspasius citait une correction proposée par Eudore d'Alexandrie ( p. 59 , 6-8 ) . ( 7 ) Enfin , un commentaire sur les livres I- IV et VII -VIII de l'Éthique à Nicomaque a été conservé en tradition directe . L'étude de ce commentaire a conduit Moraux, et avant lui Donini, à mettre en doute l'appartenance formelle d'Aspasios au Péripatos: malgré sa bonne connaissance de la philosophie d'Aristote et l'intérêt qu'il porte à ses traités, il parle des péripatéticiens à la troisième personne et ne semble pas revendiquer une place dans leurs rangs ( voir Moraux 1 , p . 255-257 ) . Comme dans les fragments du commentaire sur la Physique, le commentaire sur l'Éthique démontre un intérêt particulier pour les questions de philologie et de critique textuelle. Les aspects les plus intéressants du commentaire sont étudiés par Moraux 1 , p. 249-293. Voir 3 F. Becchi, « Sui presunti influssi platonici e medioplatonici nel commento di Aspasio all'Etica nicomachea » , dans Studi A. Barigazzi, t. I = Sileno 10, 1984, p. 63-81. RICHARD GOULET. 462 ASPHALIOS PLREI:
III - IV
Destinataire d'une lettre de Jamblique Nepi opovhoewS, dont un extrait est cité par Stobée III 3 , 26. On peut le considérer comme un disciple du philosophe. PIERRE MARAVAL .
463
V
ASTÉAS DE TARENTE
Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique, V. pyth . 36, 267 ; p . 144, 12 Deubner. BRUNO CENTRONE ,
464 ASTÈR
DIV
D'après le quatrième livre du Mepi nahaiāc touons attribué à Aristippe ( fr. 155 Giannantoni; pour le problème de l'authenticité et la datation de cet ouvrage destiné à montrer le goût des anciens philosophes pour le plaisir, voir la notice « Aristippe de Cyrène » ), Platon se serait épris de ce jeune homme qui étudiait avec lui l'astronomie ( D.L. III 29). Diogène Laërce cite ensuite deux épigrammes composées par Platon en l'honneur d'Astèr ( voir aussi Apulée, Apol . 10 ; Anth . Palat. VII 669-670) , la seconde déplorant sa mort . Sur ces épigrammes, voir W. Ludwig, « Plato's love epigrams», GRBS 4, 1963, p. 59 82, article repris dans G. Pfohl (édit. ), Das Epigramm . Zur Geschichte einer inschriftlichen und literarischen Gattung, Darmstadt 1969, p . 56-84 (sur Astèr, p . 78-82 ) : les épigrammes auraient été faussement attribuées à Platon dans une intention calomnieuse ; Astèr serait le personnage qui blessa à l'æil Philippe II au siège de Méthone en 353* (RE 4) . Mais l'existence historique de cet Astèr, dont le nom n'apparaît jamais ailleurs dans les traditions biographiques concernant Platon , peut légitimement être contestée. Selon un article inédit de S. Follet, dont un résumé est paru sous le titre
AȚĂWALIS
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« Deux épigrammes platoniciennes pour Phèdre » dans REG 77 , 1964, p. XIII XIV , les détails biographiques sur Astèr, curieusement prédestiné par son nom même à l'étude de l'astronomie , seraient en fait tirés des épigrammes elles mêmes ; en réalité , Aristippe ou le pseudo - Aristippe aurait fait un nom propre du mot kotúp qui dans ces vers suffisait à évoquer quelqu'un d'autre , peut- être Phèdre (dont le nom signifie « Brillant» ). A Phèdre est consacrée une autre épigramme (D.L. III 31 ), dont l'authenticité est confirmée par l'imitation qu'en fit Dioscoride au III s. av . J.-C. Arsenius († 1535 ), dans son lwvia ( Apostolios, Cent . IV 12 a et b (E. von Leutsch , Paroemiogr. gr. , t. II, Göttingen 1851 , p . 312 ] = Arsenius V 84-85 ), connaissait d'ailleurs ces poèmes comme étant adressés à Phèdre , dont l'intérêt pour l'astronomie est attesté par Platon , Protagoras 315 c. RICHARD GOULET. 465 ASTON DE CROTONE RE Pythagoricien. D'après D.L. VIII 7 , qui cite l'épitomé de la Diadochè de Sotion par Héraclide Lembos, plusieurs livres écrits par Aston auraient été, par la suite, attribués à Pythagore. DK , t. I, p. 446 , croient pouvoir identifier " Aotwv à l’Alywv du Catalogue de Jamblique, V. pyth. 267. BRUNO CENTRONE.
466 ASTYLOS DE MÉTAPONTE
ya
Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique, V. pyth . 36 , 267 ; p . 144 , 7 Deubner. Dumont, Présocratiques, p . 1390 , établit un rapprochement erroné avec l'athlète Astylos de Crotone (RÉ 3 ), mentionné notamment par Platon , Lois VIII 840 a. BRUNO CENTRONE. 467 AȚĂWALIS
D VI ?
Mystérieux dédicataire du Commentaire sur le De anima attribué à Simplicius (VI° s . ). Ce personnage n'est mentionné que dans la tradition arabe. Il apparaît, pour la première fois, dans le Fihrist ( 987) ( 1 G. Flügel (édit . ) , Kitâb al - Fihrist mit Anmerkungen herausgegeben von G.F. , nach dessen Tode besorgt von J. Roediger und A. Müller, Leipzig 187 -1872 , réimpr. Beirut 1964, t.I , p. 251 , 1.15 ; 2 B. Dodge ( trad . ), The Fihrist of al- Nadim . A Tenth Century Survey of Muslim Culture, coll. « Records of Civilization : Sources and Studies » 83 , New York /London 1970, t. II, p. 605 ), mais on le retrouve dans d'autres biobibliographies: Ta'riḥ al- ḥukama' d'Ibn al- Qifti ( † 1248) , Kašf al-zunūn de Hāģği Halifa († 1658 ). La graphie du nom n'est d'ailleurs pas tout à fait la même dans ces ouvrages, ni d'ailleurs dans les divers manuscrits. De plus, plusieurs vocalisations sont possibles. Enfin, si Ibn al-Nadim évoque un dédica taire du Commentaire sur le De anima de Simplicus, Ibn al -Qifți et Hāģği Halifa parlent, eux , d'un autre commentateur de ce texte ; mais il semble qu'Ibn al -Nadim soit ici la source des biobibliographes postérieurs et que son infor mation soit la plus correcte. On trouvera des précisions sur ces différences ainsi que les références des biobibliographies susmentionnées dans 3 H. Gätje , Studien zur Überlieferung der aristotelischen Psychologie im Islam , coll.
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AȚĂWALIS
« Annales Universitatis Saraviensis. Reihe : Philosophische Fakultät » 11 , Heidelberg 1971 , p. 20-21, 26 . Sur la question de l'attribution à Simplicius du Commentaire sur le De anima, on se reportera à 4 I. Hadot, « La vie et l'oeuvre de Simplicius d'après des sources grecques et arabes» , dans I. Hadot (édit.), Simplicius. Sa vie, son auvre , sa survie, Colloque de Paris 1985 , coll. « Peripatoi » 15 , Berlin 1987 , p . 23 27. Le Commentaire grec conservé attribué à Simplicius ne contient pas de dédi cace à Atāwālis, mais ce silence ne prouve rien contre son authenticité, défendue par H. Blumenthal, contestée par F. Bossier et C. Steel, et sur laquelle I. Hadot pense que , dans l'état actuel de nos connaissances, il est prématuré de se prononcer. Quant à l'identité du dédicataire, elle demeure mystérieuse. Là même où un équivalent grec ou syriaque a été avancé , on ne s'est habituellement pas risqué à proposer une identification précise du porteur du nom en question: - Flügel 1 , t . II , p . 115 n . 4 de la p . 251 du t . I : « Oeóboulos ?» . 5 G. Flügel ( édit. et trad .), Lexicon bibliographicum et encyclopaedicum a Mustapha ben Abdallah Katib Jelebi dicto et nomine Haji Khalfa celebrato compositum , Leipzig/London 1835-1858 , t. V , p. 164 : « Tralles » . 6 M. Steinschneider, Die arabischen Übersetzungen aus dem Grie chischen , Graz 1960 ( réimpr. de 4 articles parus en 1889 , 1893 , 1896, 1891 ) , p . (99) écrit que le nom d'Agāwālis se trouvait peut-être au début du Com mentaire sur le De anima, début que nous ne posséderions plus ( ce qui est faux ). - Dodge 2 , t II, p . 605 n . 129 : « This is probably meant to be Ammonius son of Hermeas ,the master of Simplicius. » -Le point de vue de H. Gätje semble avoir évolué : dans Gätje 3 , p. 26 , il suit Steinschneider, mais dans 7 id. , « Simplikios in der arabischen Über lieferung» , Isl 59, 1982, p . 11-12, 26-28 , il insiste sur la difficulté à admettre que cette sorte de commentaire ait eu un dédicataire et se demande s'il n'y a pas eu ici un quelconque défaut dans la transmission . - Hadot 4, p. 24-27 , qui présente un état quasi complet de la question , ne discute pas directement la deuxième hypothèse de Gätje , mais publie, p . 26 n. 69 , une intéressante note que lui a fait parvenir M. Tardieu : « Ce patro nyme ... est à mon avis un cas de nom double gréco -sémitique, associant le nom du dieu mâle arabo -syrien ' Ita ', connu par les inscriptions ..., transcription grecque attestée ...: " Edaoc , et le nom latin Valens ( en grec: Oválns, arabe et syriaque: Wālis avec iotacisation normale du éta grec ), d'où "Eda -Ojáans, 'Eţāwālis ou ' Itāwālis. Il s'agit donc d'un nom théophore , signifiant: “ Valens est 'Itāt” . Les cas de noms doubles gréco -sémitiques sont fréquents dans les inscrip tions de villes à forte population indigène ... La transcription arabe attestée par Ibn al -Nadim s'explique à partir du grec, et non du syriaque ( auquel cas l'arabe aurait conservé le ‘ ayn final de ’ Itā '). Par conséquent, le commentaire du De anima, attribué à Simplicius, dont parle Ibn al -Nadim , n'a pas été composé en syriaque ... » Que le dedicataire du commentaire soit un Syrien s'accorde, en outre , avec une autre thèse de Tardieu, selon laquelle Simplicius, Damascius et leurs compagnons se seraient installés à Harrān à leur retour de Perse en 533 : voir, à ce sujet, Hadot 4, p. 8-22, qui donne les références des deux articles de Tardieu et apporte des arguments supplémentaires à sa thèse, brièvement
ATHANASIOS
639
critiquée cependant par 8 D. Gutas, « Plato's Symposium in the Arabic tradition » , Oriens 31 , 1988 , p. 42-45 . MAROUN AQUAD .
468 ATEINIANUS (M. -) Philosophe attesté dans une inscription inédite de Nicée signalée par L. Robert, BE 1958 , p . 84 . BERNADETTE PUECH . 469
Va
ATHAMAS DE PAESTUM RE 6
Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique , V. pyth . 37 , 267. Cf. H. Thesleff , The Pythagorean Texts, p . 54, 9-18 . Un fragment d'origine imprécise , en dialecte dorien , qui concerne les quatre éléments comme principes, se trouve chez Clément, Strom . VI, 17 , 3 (p. 54 , 12 13 Thesleff). BRUNO CENTRONE . 470
VII ?
ATHANARIT
« Philosophe goth » mentionné parmi ses sources par le Géographe anonyme de Ravenne qui l'associe à Hildebald et Marcomir. Leur existence et leur datation ont été contestées. Cf. par exemple W. Wattenbach et W. Levison , Deutschlands Geschichtsquellen im Mittelalter. Vorzeit und Karolinger, t. I, Weimar 1952, p . 69 (bibliographie, p. 69 n. 113 ) . En faveur de l'historicité de ces noms et de ces sources, voir J. Schnetz, Untersuchungen über die Quellen der Kosmo graphie des anonymen Geographen von Ravenna, SBAW 1942, Heft 6, p . 75-76. P. Riché, Éducation et culture dans l'Occident barbare . VI - VII ° siècles, coll. « Patristica Sorboniensia » 4 , Paris 1962, p . 97 n. 42, considère que le terme " philosophe " peut qualifier ici des géographes. RICHARD GOULET. 471
ATHANASIOS
PLRE II : 2
FIV - DV
Philosophe qui faisait partie du cercle d'Hypatie (« le chæur bienheureux qui jouit de la voix divine » ), ami de Synésius ( Synésius, Epist. 5 et 16, p. 26 , 2 et 36, 5 Garzya ). Doit -on l'identifier avec le sophiste d'Alexandrie ju même nom, commen tateur d'Aelius Aristide (commentaire perdu : cf. Christ- Schmid -Stählin , Geschichte der griechischen Literatur, 5e éd ., 1913 , p. 753 ) et d'Hermogène ( des fragments de ce commentaire ont été publiés par H. Rabe, « Aus Rhetoren Handschriften », RHM 62 , 1907, p. 586-587, et 64, 1909, p . 548-557 . Cf. aussi S. Glöckner, Quaestiones rhetoricae , Vratislaviae 1901 , p. 90-92 , et L. Schilling, Quaestiones rhetoricae , Leipzig 1903 , p . 738-742) ? Ce commentaire d'Hermogène est publié par un des disciples d'Athanasios d'Alexandrie, Zosime, fils de Théon . PIERRE MARAVAL .
640
ATHANIS
472 ATHANIS (ou ATHANÈS)
III
Péripatéticien, disciple de Straton (mort vers 268 °) et l'un des neuf épimélètes de son testament, d'après D.L. V 62. Selon les termes de ce testament, la diatribe était léguée à Lycon, parce que les autres disciples mentionnés comme exécuteurs testamentaires étaient trop âgés ou trop occupés. Straton leur demandait toutefois d'apporter leur aide au nouveau scholarque. Les manuscrits transmettent le nom sous deux formes: " Abavıs ( ainsi Long) et 'Adávns (ainsi Hicks). Deux Athanis sont recensés dans RE , mais le nôtre est absent. RICHARD GOULET.
473
ATHÉNADÈS
MF III
Dédicataire de trois ouvrages de Chrysippe relevant de la logique: Mepi toŨ συμπεπλεγμένου προς Αθηνάδην α ' β' (D.L. VI 190), Περί των μεταπιπτόντων λόγων προς Αθηνάδην α ' [ ψευδεπίγραφον ] ( D.L. VII 195), Περί του διαλελη Oótog noos 'Aonváônv a ' (D.L. VI 198 ; cf. Ind. Stoic. Herc . col. XI, 5-6 , p. 20 Traversa = fr. 195 Fl Hülser ). De tels écrits ne pouvaient guère être dédiés qu'à un disciple ou à un collègue au sein de l'école stoïcienne. RICHARD GOULET.
474
ATHÉNAGORE
( [Athé ]nagoras)
FIT
Éducateur ou xaonyoúuevos épicurien , mentionné par Philodème, PHerc. 1780, fr. 7b 9 Tepedino, dans un contexte obscur qui traite de la succession de Basilide à Dionysios comme scholarque. Cf. A. Tepedino Guerra, CronErc 10, 1980 , p . 18, 23-24. TIZIANO DORANDI. 475 ATHÉNAGORE D'ATHÈNES RE 12
MII
Apologiste chrétien , auteur d'un ouvrage , et peut-être de deux , qu'il faut considérer séparément, bien que la plupart des éditeurs ne les aient pas disjoints. SUPPLICATIO PRO CHRISTIANIS
Éditions. 1 PG 6 , col . 889-972 ; 2 J.C.T. De Otto , Corpus Apologetarum Saeculi Secundi VII, Ienae 1858 , p . 2-185 ; 3 Ed. Schwartz , Athenagorae Libellus pro Christianis, coll. « Texte und Untersuchungen » IV 2 , Leipzig 1891 (texte grec et index très élaboré) ; 4 J. Geffcken , Zwei griechische Apologeten, Leipzig/Berlin 1907 , réimpr. 1970 (texte grec et excellent commentaire ); 5 E.J. Goodspeed, Die ältesten Apologeten , Göttingen 1914 ; 6 P. Ubaldi (et M. Pellegrino ), Atenagora. La Supplica per i Cristiani..., coll. « Corona Patrum Salesiana, Serie greca » 15 , Torino 1947 ; 7 W.R. Schoedel, Athena gora , Legatio ..., coll. « Oxford Early Christian Texts » , Oxford 1972 (bonne introduction ) Traductions . On notera que PG 61 et Otto 2 comportent une traduction latine ; Ubaldi 6 , une trad. italienne ; Schoedel 7 , une trad. anglaise. Parmi les traductions seules, signalons : 8 trad . allemande par A. Eberhard, coll . « Bibliothek der Kirchenväter » 12, Kempten /München 1913 ; 9 trad . française (avec notes) par G. Bardy, coll. SC 3 , Paris/Lyon 1943 ; 10 trad. anglaise (avec
ATHÉNAGORE D'ATHÈNES
641
notes) par J.H. Crehan , coll. « Ancient Christian Writers >> 23 , Westminster (Maryland )/London 1956 . Date . La Supplicatio est adressée aux empereurs Marc - Aurèle et Commode. Schoedel 7 en place la date entre 176 et 180, plus précisément entre 176 et 178 ; 11 R.M. Grant, « The Chronology of the Greek Apologists » , VChr 9, 1955 , p. 25-33, avance la date de 177 . Contenu . Après un exorde et l'annonce de la division du sujet ( 1-3 ), l'ouvrage se développe en deux grandes parties : défense des chrétiens contre l'accusation d'athéisme (4-30 ) et d'immoralité ( inceste, cannibalisme) (31-36 ); enfin conclusion ( 37) . Athénagore semble pénétré de philosophie grecque classique, mais, la plupart du temps, il n'en cite que ce qu'en citait son époque. C'est le cas de Platon , cité huit fois : entre autres Timée 28 c et 41 a ( chap. 6 ), deux passages sur lesquels tous les platoniciens du IIe siècle ont fondé leur interprétation du platonisme. Outre les florilèges dont on discerne là l'utilisation, Athénagore doit avoir encore recours à des doxographies et à des manuels, où il puise les quelques citations ou simples mentions qu'il fait de Thalès, Pythagore, Héraclite , Empédocle, Démocrite , Socrate, Aristote, les stoïciens, etc., y compris Hermès Trismégiste et Apollodore. Non seulement il est tributaire de ses contemporains pour ses connaissances philosophiques, mais 12 A.J. Malherbe, « The Struc ture of Athenagoras' “Supplicatio pro Christianis ” » , VChr 23 , 1969, p. 1-20, a pu montrer que la construction de son apologie reflète assez étroitement celle du Didaskalikos d'Alcinoos ( Albinus). Quant à la philosophie personnelle d'Athénagore, dans la mesure où l'on peut ainsi parler, elle semble tenir dans l'amalgame de platonisme et de stoïcisme qui marque son époque ; toutefois, dans ses attaques contre le polythéisme, il adopte les méthodes des sceptiques et des épicuriens. Le seul domaine profane dans lequel il apporte des renseignements de valeur est la mythologie ; il refuse de la justifier par l'allégorie physique des stoïciens ( chap. 5 , 6 et 22) et lui applique l’explication évhémériste ( chap. 28 à 30). Cf. Le meilleur ouvrage récent sur cet apologiste est celui de 13 L.W. Barnard, Athenagoras. A Study in Second Century Christian Apolo getic, coll. « Théologie historique » 18 , Paris 1972 ; on verra aussi, du même auteur, 14 « Athenagoras, Galen , Marcus Aurelius, and Celsus» , CQR 168 , 1967, p. 168-181 ; 15 « Notes on Athenagoras » ,Latomus 31 , 1972 , p. 413-432 ; 16 « The Philosophical and Biblical Background of Athenagoras», dans Epektasis (Mélanges J. Daniélou ), Paris 1972, p. 3-16 ; 17 « The authenticity of Athenagoras' De Resurrectione» , Studia Patristica XV 1 , coll. « Texte und Untersuchungen » 128 , Berlin 1984 , p . 39-49 . Enfin , article important de 18 A.J. Malherbe, « Athenagoras on the Poets and Philosophers» , Kyriakon . Festschrift J. Quasten, Münster Westf. 1970, t. I , p . 214-225 . DE RESURRECTIONE Éditions et traductions. Sauf Geffcken 4 , Goodspeed 5 et Bardy 9 , toutes les éditions et traductions de la Supplicatio qui ont été signalées plus haut ajoutent au traitement de celle -ci celui d'un De resurrectione attribué au même auteur.
642
ATHÉNAGORE
Authenticité. Elle est depuis longtemps mise en doute . Certes le De resur rectione présente des ressemblances de vocabulaire et de style avec l'apologie ; mais la tradition textuelle en est différente . 19 R.M. Grant, « Athenagoras or Pseudo -Athenagoras » , HTAR 47 , 1954, p. 121-129, adversaire de l'authenticité, tire argument du problème, présent dans le De resurrectione , des corps humains dévorés par un animal lui-même mangé par un chasseur, etc.; or ce problème remarquable, sur lequel Celse reste muet, n'est pas attesté avant Origène. Schoedel 7 , qui épouse les vues négatives de Grant, ajoute que l'argument en question est surtout pris en compte par Grégoire de Nysse, et conclut que le traité controversé est post-origénien , dirigé contre la théorie origénienne de la résurrection. Barnard en revanche tient pour l'authenticité ; plus récemment, 20 J.-M. Vermander, « Celse et l'attribution à Athénagore d'un ouvrage sur la résurrection des morts » , MSR 35 , 1978 , p . 125-134 , défend lui aussi l'authen ticité du traité , qui serait une réponse à Celse . Il est impossible d'arriver à une certitude à cet égard . Contenu. L'argumentation de l'auteur est double ( chap. 1 et 11 ) : 1 °) possi bilité de la résurrection des corps: Dieu en a le pouvoir et la volonté ( chap. 2 à 11 ) ; 2) vérité de la résurrection : arguments à l'appui ( chap. 11 à 25) . Au début du chap. 19 , un excursus contre les épicuriens. Bien qu'aucun nom de philosophe ne soit cité, il y a des vues philosophiques importantes sur l'union de l'âme et du corps et sur la thèse selon laquelle l'un et l'autre sont requis dans la définition de l'homme (c'est aussi l'argument d'Irénée contre l'anthropologie gnostique ).
JEAN PÉPIN . 476 ATHÉNAGORE RE 8 Dedicataire d'un lexique intitule Περί των παρά Πλάτωνα απορουμένων hétewv . Photius, Bibl. cod. 155 , le lisait dans un volume qui regroupait les lexiques de Timée, Denys d'Halicarnasse, Boéthos, Dorothée et Moeris. Ce « petit ouvrage » était classé avec la Collection alphabétique de mots propres à Platon de Boéthos (RE 7 et Suppl. I) et provenait apparemment du même auteur. Sur les vestiges de ces lexiques platoniciens, voir 1 L. Cohn, art. « Boethos » 7, RESuppl. I , 1903 , col. 253-254 . Les vestiges des lexiques de Boéthos sont regroupés dans 2 A.R. Dyck, « Notes on Platonic Lexicography» , HSPh 89, 1985 , p. 75-88 . L'identification de cet Athénagore, dont la datation repose sur l'identification également problématique de Boéthos, avec l'apologète chrétien de la fin du ir siècle , est gratuite et considérée comme peu vraisemblable par Dyck (2, p. 81 , note au test. 2 ). Elle pourrait se recommander du témoignage un peu douteux de Philippe de Side (ve s . ), qui fait de l'auteur de la Legatio et du De resurrectione un philosophe athénien , chef de l'Académie , contemporain d'Hadrien ( 117-138) et d'Antonin le Pieux ( 138-161 ) ; Athénagore se serait converti au christianisme qu'il s'apprêtait à combattre et aurait enseigné dans l'école d'Alexandrie à Clément . Le fragment de Philippe de Side est traduit par 3 W.R. Schoedel (édit. ), Athenagoras, Legatio and De Resurrectione, coll. « Oxford Early Christian Texts » , Oxford 1972, p . IX . RICHARD GOULET.
ATHÉNAIOS D'ATTALEIA 477
ATHÉNAIOS
643 D III
Destinataire d'une lettre attribuée à Épicure ( fr. 41 Arrighetti? ), dont un fragment est conservé dans PHerc . 176, 5. Cet Athénaios y est désigné comme disciple de l'épicurien Polyainos de Lampsaque et condisciple de Polyainos, fils homonyme de Polyainos. Vogliano et Arrighetti se refusent à l'identifier, comme le proposait Usener ( fr. 115), à l'Athénaios, père de Métrodoreſ, de Timocrate et de Batis ), que mentionne D.L. X 22. Le père de Métrodore ( qui est connu également d'après ce même passage sous le nom de Timocrate ) devait être plus âgé d'une génération que les disciples de Polyainos. RICHARD GOULET. 478
ATHÉNAIOS RE 20
DM MI
Stoïcien . Dans la préface de son traité Sur la fin ( Ilepì témouc ), citée par Porphyre, V. Plot. 20, Longin associe ce philosophe à un autre stoïcien, Muso nius, comme représentants d'un groupe de philosophes contemporains qui n'ont rien écrit, se bornant à un enseignement oral (20, 47-48 ). Longin dit de ces deux stoïciens qu'ils ont vécu dans la Cité (év doTEI XATab160AVTEC ), c'est - à -dire à Athènes où enseignait Longin . Voir L. Brisson , « Prosopographie », p. 61 . LUC BRISSON .
479
ATHENAIOS ο επιγραμματοποιός RE 16 Auteur de deux épigrammes citées par Diogène Laërce . La première ( VI 14 et VII 30 ; Anth . Pal. IX 496) célèbre la vertu stoïcienne, seul bien de l'âme et Γ'oppose au σαρκός ηδυπάθημα , τέλος cher aux autres hommes ( notamment aux épicuriens sans doute ). La seconde ( X 12 ) est un éloge d'Épicure dont la doctrine du plaisir naturel peut mettre fin aux vains efforts de l'homme pour acquérir des biens que le renouvellement du désir rend toujours inaccessibles. Il ne semble pas que l'auteur ait cherché autre chose qu'à mettre en vers des doctrines philosophiques bien connues. Dans son édition de l'Anthologie Pala tine, Beckby l'identifie à Athénée de Naucratis, l'auteur des Deipnosophistes, mais c'est sans doute de façon gratuite. RICHARD GOULET.
480
ATHÉNAIOS D'ATTALEIA RE 24
MI
Médecin , fondateur de l'école pneumatique dont la théorie et la thérapie se fondaient sur les principes de la physiologie stoïcienne . Il aurait été disciple de Posidonius d'Apamée (Galien, De causis continentibus, p . 8 , 1-4 Kalbfleisch = Posidonius, T 51 Edelstein /Kidd , 26 a Theiler) : conuersatus enim fuit cum Posidonio . Ce témoignage permet de le dater du milieu du jer s. av . J.-C. Que Claudius Agathinus ( voir ce nom ), disciple du stoïcien Cornutus, soit rattaché à son école ( an ' ' Aonvalou toŨ 'Attahéwc) ne signifie pas qu'ils soient contem porains et ne permet pas de faire d'Athénaios un médecin romain de l'époque de Claude et de Néron . De nombreux médecins pourraient être inscrits dans la mouvance de l'école stoicienne , du fait de leur appartenance à l'école pneumatique : Théodore,
644
ATHÉNAIOS DE CYZIQUE
Magnus, Arétée de Cappadoce, Agathinos de Sparte, Hérodote , Léonidas d'Alexandrie, Archigène d'Apamée , Philippe, Héliodore , Apollonios de Pergame, Antyllos ; des inscriptions qualifient également de pneumatiques un Alexandre et un Galate du nom d'Ablabès. C'est dans une histoire de la médecine plutôt que dans un dictionnaire des philosophes anciens que l'on pourra trouver tous les renseignements les concernant. Cf. M. Wellmann, Die pneumatische Schule bis auf Archigenes in ihrer Entwicklung dargestellt, coll. « Philologische Untersuchungen >> 14 , Berlin 1895 , p . 5-11 ; id. , art. « Athenaios» 24 , RE II 2 , 1896 , col. 2034-2036 ; F. Kudlien, « Poseidonios und die Ärzteschule der Pneumatiker » , Hermes 90 , 1962 , p . 419-429 ; id ., art. « Pneumatische Ärzte » , RESuppl. XI , 1968, col. 1097-1108 ; J.S. Kieffer, art. « Athenaeus of Attalia » , DSB I, 1970 , col. 324a 325a . RICHARD GOULET.
481
ATHÉNAIOS DE CYZIQUE
IV
Mathématicien de l'ancienne Académie mentionné par Proclus, In Euclidem , p . 67 , 16 Friedlein , dans son survol de l'histoire de la géométrie. Sur le catalogue de Proclus, voir C. Eggers Lan, « Eudemo y el “Catálogo de geómetras ” de Proclo » , Emerita 53 , 1985 , p . 127-157 . Les témoignages sont rassemblés et commentés par F. Lasserre ( édit .), De Léodamas de Thasos à Philippe d'Oponte. Témoignages et fragments, coll. « La Scuola di Platone » 2, Napoli 1987 , p. 135 138 , 345-348 et 573 . RICHARD GOULET. 482
ATHÉNAIOS DE NAUCRATIS ( Athénée) RE 22 PIR2 A 1285 F II - D III Écrivain érudit (« le Varron des Grecs » ) . Nous ne connaissons pratiquement de lui qu'un livre : les Deipnosophistes, conservés, mais il fait lui-même allusion à deux autres ouvrages, signalés plus bas. Éditions. Les Deipnosophistes comprennent, dans l'état où ils nous sont parvenus, 15 livres (voir « La tradition manuscrite » ). Editio princeps, aldine, par 1 Musurus, Venise 1514, à partir d'une copie , faite au XVe s . , d'un manuscrit du Xe s . ( voir « La tradition manuscrite » ] . Voir 2 J. Irigoin, « L'édition princeps d'Athénée et ses sources » , REG 80, 1967 , p . 418-424 . 3 G. Dindorf, Athenaeus, Leipzig 1827 , 3 vol . 4 A. Meineke, Athenaei Deipnosophistae, Leipzig 1858-1867 , 4 vol . 5 G. Kaibel, Athenaei Naucratitae Dipnosophistarum L. ÑV , coll . BT, Leipzig 1887-1890 (nouv. éd . 1965- ; puis reprod. stéréotyp. de la pr. éd . 1887 ), 3 vol . Vol. I : Livres I -IV (Préface : p . III -XLI, sur la tradition manuscrite ); vol . II ( 1887 ) : Livres VI-X ; vol . III ( 1890 ): Livres XI-XV et Indices (Préface : p. III -XII, indication de lectures différentes ; Index grec -latin des personnages du dialogue : p . 561-564 ; Index des ouvrages : p . 565-676 ; Index des noms : p. 677-780 ; Index des mots : p . 781-810) . Reprod. stéréotyp. de l'éd. 1887 , Stuttgart 1985 (vol. I : Libri I-V . XLI, 491 p.; vol . II : Libri VI- X . IV 498 p. ) . Voir 6 J. Meyer, Emendationes et observationes in Athenaei novissi mam editionem , Königsberg 1897 . Éditions accompagnées d'une traduction . Latine : 71. Casaubon , Lyon 1600 ; Heidelberg 1611 ( éd. identique à la précédente, mais sans les
ATHÉNAIOS DE NAUCRATIS
645
Animadversiones ); Lyon 1612 , 1657 , 1664 [cette dernière éd . contient les Animadversiones ). 8 J. Schweighäuser, Strasbourg 1801-1807 [ avec un com mentaire ). Française : 9 G.H. Schaefer, Leipzig 1876 (en trois parties; seul, le premier vol. de chaque partie a été publié ; la traduction est celle de Lefebvre de Villebrune ( 1789-1791) ]. 10 A.M. Desrousseaux et Ch . Astruc, Athénée de Naucratis. Les Deipnosophistes, T. I (Livres I -II, extraits ), CUF, Paris 1956, LXXIII - 206 p . [p . VII - LXXIII : Introduction qui porte , notamment, sur les sources, la tradition manuscrite, les éd. et trad . antérieures (p. 1-84 : extraits du Livre I ; p . 85-176 : extraits du Livre II ; p. 177 : tiré du Livre II ; p . 178-206 : notes complémentaires ). Anglaise : 11 C.B. Gulick ( édit. ), Athenaeus. The Deipnosophists, coll. LCL , London 1937-1941, 1959-1967, 7 vol. Vol. VII : Index des mots grecs : p . 277-327 ; Index des noms propres, en anglais : p . 329-581 , récapitulation et O révision des Indices des autres vol. Le texte grec de cette édition est principalement fondé, pour les Livres I - X , sur Kaibel 5 , à l'exception de plusieurs passages où les amendements Kaibel ont paru trop hardis, ou inutiles. Les Livres XI-XV ont été révisés après consultation par Gulick, à Venise en 1931, du Codex Marcianus 447 (A). Italienne : 12 G. Turturro , Athenaios de Naucratis. I Deipnosofisti ( o Sofisti a Banchetto ), Bari 1961, X -323 p. [ texte revu , notes critiques et traduction italienne avec commentaire ). L’Epitomé. (= Livre I, II et extraits des Livres III, XI, XV des Deipnosophistes ). 13 G. Kaibel, De Athenaei epitome, Rostock 1883. 14 S.P. Peppink, Athenaei Dipnosophistarum Epitome, Leiden 1936-1939 , 3 vol .; Athenaei Dipnosophistae, vol. II, 1re partie (Livres III -VIII ), Leiden 1937 [Prolegomena: p . IX -XXIV ; Dipnosophistarum Epitome Libri III -VIII: p . 1 174 ; Addenda: p . 177-181 . Éd. fondée sur les mss de Paris et de Florence signalés plus bas). Fragments. 15 F. Jacoby, FGrHist 166 (avec commentaire ). La tradition manuscrite. Les plus anciens manuscrits divisent l'œuvre en 15 livres. Il existe, toutefois, de nombreux indices suggérant une longueur beaucoup plus considérable (des exemplaires de l’Ovopatolóyoc d'Hesychius de Milet supposaient la connaissance d'un Athénée en trente livres). Sur la forme initiale de l'ouvre : 16 H. Ullrich , Entstehung und Entwickelung der Literatur gattung des Symposium , Würzburg 1908. Le principal est le Marcianus 447 (A), sur parchemin , daté d'après son écriture du Xe s. , ramené de Constantinople à Venise en 1423 par Aurispa, mais déjà mutilé avant de devenir sa possession . Manquent les Livres I et II, une portion du Livre III, la fin du Livre XV ; le Livre XI a deux trous. L'éd. Kaibel 5 se fonde sur ce ms . , qui, malgré ces deux lacunes, présente le texte le plus étendu . Voir 17 A.M. Desrousseaux, Observations critiques sur les Livres III et IV d'Athénée, coll. « Bibl. de l'École des Hautes Études : Sciences historiques et philologiques » 283 , Paris 1942 , 121 p . Les copies de A et les mss qui en descendent : une copie, faite au XVe s . , est conservée à l'Ambrosienne de Milan (D 106 sup .); mais c'est une autre copie, datant du milieu du XV° s. et aujourd'hui perdue, qui a été la base de l'édition aldine de 1514 [Musurus 1 ) . Professeur à l'Université de Padoue , Musurus en
646
ATHÉNAIOS DE NAUCRATIS
avait d'ailleurs supervisé une reproduction manuscrite , en 1505/6 : le Palatinus ( P ). Le Laurentianus LX 1 ( B ), du XV ° s . , descend également de cette copie -là. On dispose, en outre , de plusieurs manuscrits exempts des mutilations de A. Le Parisinus Suppl. gr . 841 (C ), du XIV° s . , est le meilleur d'entre eux [ collationné par Gulick 11) . Il ne remonte pas avant 1350, avec le Laurentianus LX 2 (E) ( collationné par 18 Clara Aldick, Münster 1928) . On constate alors que les Livres I, II et le début du Livre III ont été réduits, bien avant le xe s., à une collection d'extraits juxtaposés, désignée comme l'Epitomé. [Avec l'éd . de l'Epitomé par Peppink 14 , voir ses 19 Observationes in Athenaei Deipno sophistas, Leiden 1936) . Études d'ensemble. 20 W. Franzmeyer, Kallixenos' Bericht über das Prachtzelt und den Festzug Ptolemaeus II, Strabourg 1904, p . 196-203 ; 21 F.A. Wright, History of Later Greek Literature, London 1932, p . 283-288 ; 22 P. Maas, ByzZ 35 , 1935 , p. 299-307 ; sur la critique textuelle de Maas, voir 23 L. Canfora , RFIC 110, 1982, p. 362-379 ; 24 L. Nyikos, Ath ., quo consilio ( ... ) , Diss . Basel 1941 ; 25 H. Erbse, Gnomon 29, 1957, p . 290-296 . Études particulières . On hésite sur le sens exact du titre « Deipno sophistes» . Il faut peut-être interpréter non pas « le banquet des sages » , ou « les sages au dîner » , mais plutôt « autorités sur les banquets ». La forme dialoguée de l'ouvrage s'inspire de Platon , bien qu'Athénée conteste à ce dernier l'invention du dialogue comme forme littéraire (XI, 505 bc ) pour le cadre général et la mise en scène. On a noté aussi l'influence de Plutarque, dont les Propos de table offrent un modèle de classement et de distribution d'exposés sur des sujets variés. Voir sur la question des influences : Kaibel 4 , p. XXVIII , ou Desrousseaux 9 , p . IX - X . Athénée raconte à son ami Timocrate tout ce qui s'est dit lors du banquet offert par Larensios, un riche et savant Romain , féru d'érudition , « qui réunissait chez lui les esprits les plus distingués de son temps » (I, 1-2a ). Sur l'identité de Larensios, voir 26 H. Dessau, « Zu Athenaeus » , Hermes 25 , 1890 , p. 156-158 . Larensius serait P. Livius (RE 22) Larensis, Pontifex minor (CIL VI 2126 ; PIR ? L 207). Les convives , « experts au banquet », sont des juristes, dont Ulpien, des poètes, des orateurs , des grammairiens, des philosophes, des médecins, dont Galien , des musiciens. Desrousseaux y a vu des personnages fictifs inventés d'après des homonymes célèbres. D'autres ont cru à leur historicité . Quant aux sujets de conversation , ils sont multiples et disparates : on passe de la musique, des chants et des danses aux vins, aux mets et aux épices, des hétaires et des anecdotes piquantes ou licencieuses à la littérature, à l'art poétique, à la science , à la vie privée, etc. Il n'y a pas d'ordre, sinon celui de la succession des plats composant le banquet ; à cette succession correspond un schéma répétitif dans les propos: une suite de digressions en série, dont chacune a pour point de départ les commentaires des convives sur les plats qui défilent à leur table. On pourrait donc décrire l'ouvrage comme un traité de gastronomie gonflé d'innombrables digressions. Les Deipnosophistes comme source : on a compté dans cette compilation les extraits de 800 pièces, les citations de 1500 ouvrages perdus, et on a relevé le
ATHÉNAIOS DE NAUCRATIS
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nom de 700 auteurs, dont la plupart seraient aujourd'hui inconnus sans cela. Athénée a visiblement rassemblé comme en un « trésor» tout ce qu'il avait découvert de plus curieux dans ses lectures, sur tous les sujets. Aussi a - t -on pu décrire son ouvrage comme « une sorte de répertoire universel de l'antiquité ». Il nous informe, en effet, sur des auteurs dont l'œuvre a disparu, notamment sur des comiques (moyenne et nouvelle comédie ), sur des historiens, et plus généralement sur la littérature de l'époque hellénistique ; sur les usages civils et religieux ( fêtes, repas, vins, aliments, parfums, fleurs, jeux, cultes, etc.); sur les objets ( vases, armes, couronnes , etc.). Voir par exemple 27 J. Dumont, « Les critères culturels du choix des boissons dans l'alimentation grecque antique: le cas d'Athénée de Naucratis » , dans les Actes du Colloque international : L'animal dans l'alimentation humaine : les critères de choix, Liège 1986 . Il nous informe également sur Athénée lui -même , dont on ne connaît d'ailleurs que ce qu'il nous apprend : par exemple, qu'il avait écrit un ouvrage sur les rois de Syrie ( ſlepi Tõv év Eupią BaoilevoáVtwv, V , 211 a) et un autre sur la « Opãtta », une sorte de poisson (perdus l'un et l'autre ). On tire également du livre différents détails biographiques, par information directe ou déduction : Athénée serait natif de Naucratis, en basse Égypte; il aurait vécu à Rome (F II D III) ; il semble avoir été le contemporain d’un Marcus Aurelius ( cf. 2 c, voir aussi Suidas, s.v. ' Aanvaios, A 731 , t. I , p . 69 , 17-18 Adler : énì tõv Xpóvwv Mápxou ) : peut- être Sévère Alexandre . Les essais de datation reposent sur la présence , parmi les convives, de person nalités historiques, comme le médecin Galien et le juriste Ulpien . Sur l'assi milation d'Ulpien, le « sophiste » d'Athénée, avec le juriste Ulpien de Tyr, préfet du prétoire, assassiné par les gardes mutinés, en 228, en présence de l'empereur Sévère Alexandre, Schweighäuser 8 ; identification très discutée; admise pour tant par Kaibel 5 et 33 G. Wentzel, art. « Athenaios » , RE II 2, 1896, col . 2033 . Voir là - dessus 28 K. Mengis, Die Schriftstellerische Technik im Sophistenmahl des Athenaios, Paderborn 1920, p. 31-36 . On a identifié quelques recueils et lexiques dont l'auteur tire souvent ses citations : Didyme, Tryphon , Pamphile d'Alexandrie. Athénée sera d'ailleurs à son tour la source de Sopatros d'Apamée , Jean Lydus, Eustathe de Thessalonique (RE 18 ) , en qui l'on a vu l'auteur de l'Epitomé. L'Epitomé résulte d'une succession de coupures opérées au cours des siècles dans les Deipnosophistes, afin d'en tirer un abrégé. Sur les dates de ces coupures, voir Desrousseaux 9, p . XIX XX : l'Epitomé résulte de trois coupures, dont la seconde date de l'époque de Justinien et la troisième du début du XII s. Eustathe en est peut-être l'auteur. Les études critiques du texte. L'utilisation , comme source , d'une telle compilation suppose une sévère étude critique du texte . Un exemple suffira à faire comprendre le genre de difficulté rencontré dans un ouvrage où foisonnent les citations: la citation des Phéniciennes , qu'on trouve chez Athénée en III, 90 a , et qui correspond au fr. 572 d'Aristophane ( Poetae Comici Graeci, de Kassel et Austin ), présente des différences avec le texte de Bekker, Anecdota (370, 20 ), et celui de Bachmann (1 60, 14), ainsi qu'avec le Lexique de Photius et la Souda (s.v. 'Axannon) ; on ne s'étonnera donc pas en constatant que la litté rature la plus nombreuse sur Athénée consiste en conjectures et discussions du texte . 29 F.C.W. Jacobs, Animadversionum in Athenaei Deipnosophistas, in
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ATHÉNAIOS DE SÉLEUCIE
quibus et multa Athenaei et plurima aliorum scriptorum loca tractantur, lena 1809, V-XII , 399 p. [l'auteur y propose des corrections pour chacun des quinze livres; à noter, un Index Scriptorum : p. 372-378 , et surtout un Index Rerum et Verborum : p. 379-399 , qui concerne en particulier les mots sujets à caution dans le texte : confusions, suppressions ou ajouts abusifs des copistes ou des éditeurs, et les expressions dignes d'être notées : associations de mots, tournures de l'auteur ancien ] ; 30 A. Ludwich , Conjectanea in Athenaeum , Königsberg 1901-1902; 31 F. Hackmann , De Athenaeo Naucratita quaestiones selectae, Berlin 1912 ; 32 R.W. Sharples/D.W . Minter, « Theophrastus on ' fungi'. Inaccurate citations in Athenaeus » , JHS 103 , 1983, p . 154-156 . L'identification d'Athénée avec son homonyme l'épigrammatiste d'époque indéterminée , cité par D.L. VI 14 et VII 30 , pose un problème. Son épigramme
en D.L. VII 30, reprise dans l'Anth. Palat. IX 496 (sur la Mémoire, Érato , dont le nom signifie aussi l'Amour), peut renvoyer à Deipnosophistes XIII, 555 b. FRANÇOISE CAUJOLLE -ZASLAWSKY.
483
ATHÉNAIOS DE SÉLEUCIE ( sur le Calycadnos)
RE 19
MI
A. « Philosophe péripatéticien », mentionné, avec son compatriote et collè gue Xénarque, comme célébrité de Séleucie par Strabon XIV 5 , 4 , p . 670 C.: « Athénée mena pendant un certain temps dans sa patrie une carrière politique et il dirigea le peuple ( énoliteúoato xal énpayóynoe ), puis, étant tombé dans l'amitié de (L. Terentius Varro ) Murena, il fut arrêté avec lui alors qu'il s'enfuyait, lorsque fut découvert le complot monté contre César Auguste ( en 224). Mais comme il se révéla innocent, il fut libéré par César. Revenant à Rome, comme les premiers qui le rencontraient l'accueillaient et s'informaient, il pro nonça le vers d'Euripide : "Je viens après avoir laissé les retraites des morts et les portes de l'ombre ” (Hécube 1 ). Après avoir vécu ensuite peu de temps, il périt lorsqu'une nuit la maison dans laquelle il habitait s'écroula . » Il serait donc mort à Rome peu après 22a. Cf. 1 A. Gercke, art. « Athenaios » 19 , RE II 2, 1896, col. 1284 ; 2 PIR 2 A 1284 ; P. Moraux, Aristotelismus, t. I, p. 197 ; 3 G.W. Bowersock , Augustus and the Greek World , Oxford 1965 , p. 34-35. B. 4 W. Kroll, art. « Athenaios » 23 , RESuppl. VI , 1935 , col . 16-17 , a proposé de l'identifier avec un homonyme (RE 23 ) , auteur d'un ſlepi unxavnuátwv conservé, disciple du mechanicus Agesistratos (RESuppl. I : 4) dont l'ouvrage fut utilisé par Vitruve (VII, praef. 14 ; X 13-16 ). La plus récente édition ( avec traduction allemande et commentaire ) est celle de 5 R. Schneider, Griechische Poliorketiker III, dans les AAWG N.F. 12, 5 , München 1912 ; voir aussi 6 C. Wescher, Poliorcétique des Grecs, Paris 1867, p . 1-40 , et la traduc tion française de A. De Rochas d'Aiglun , dans les Mélanges Graux, Paris 1884, p . 781-801 . Ce rapprochement se fonde sur la datation proposée par 7 C. Cichorius, Römische Studien . Historisches, Epigraphisches, Literaturgeschichtliches aus vier Jahrhunderten Roms, Leipzig/Berlin 1922, p. 271-279 (« Das Werk des Athenaeus über Kriegsmaschinen » ), surtout p. 271, qui situe Athénée à l'époque d’Auguste et non au lile ou le s. av. J.-C. , ou même au Ile s. ap ., ainsi qu'on l'avait proposé auparavant. Le Marcellus qui est dédicataire du traité serait non pas le général qui s'empara de Syracuse à la fin du IIIe s. av. J.-C., mais le neveu et gendre
ATHÉNION
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d'Auguste (M. Claudius RE 230 Marcellus (42-23)] et l'ouvrage aurait été écrit en 27a, avant le départ de Marcellus, alors âgé de 15 ans, aux côtés d'Auguste, pour la guerre de Cantabrie (Espagne ). Athénée mentionne les fortifications impressionnantes édifiées à Rhodes par le maître d'Agésistratos, Apollonius (RE 113). Cichorius date ces travaux de l'époque du siège de Mithridate en 88/7, ce qui peut fournir un terminus post quem favorable à son identification de Marcellus. Plus récemment, L. Callebat, dans son édition du livre X de Vitruve (CUF, Paris 1986), a proposé de voir dans le dédicataire d'Athénée Marcus Claudius (RE 229 ) Marcellus, lieutenant de Pompée, consul en 514. Le nom fut porté par trop de grands personnages romains pour autoriser une identification sûre . L'article de Kroll complète les articles antérieurs de 8 Fr. Hultsch dans RE II 2 , 1896 , col. 2033-2034 et col. 2862 ; 9 id ., RESuppl. I , 1903, col. 220-221. On se reportera à ces divers articles pour la bibliographie. Voir également 10 P. Thielscher, art. « Vitruvius » , RE IX A 1 , 1961, col. 450, ainsi que 11 Fr. Lammert, « Zu den Poliorketikern Apollodoros und Athenaios und zur Poliorketik des Vitruvius » , RAM 87 , 1938 , p. 304-333 . Plusieurs textes d'Athé née sont cités et commentés par 12 O. Lendle , Texte und Untersuchungen zum technischen Bereich der antiken Poliorketik, coll. « Palingenesia » 19 , Wiesbaden 1982, XXI-215 p. , 67 Abbildungen. Pour la datation, voir aussi 13 id. , « Antike Kriegsmaschinen », Gymnasium 88 , 1981 , p. 333 n. 7 . RICHARD GOULET,
484 ATHÉNION RE 2
FIT
Péripatéticien, qui fréquenta l'école d'Érymneus à Athènes (Athénée V , 211 e = Posidonius, fr. 253 Edelstein -Kidd, 247 Theiler ), peut- être vers 135-125 . Sa servante égyptienne eut un fils dont il était apparemment le père et qui reçut en tout cas son nom ( voir la notice suivante ), fut élevé dans sa maison , puis devint son héritier. RICHARD GOULET.
485 ATHÉNION RE 3 PA 239
DI
« Philosophe péripatéticien », tyran athénien vers 88*. Son histoire ne nous est connue que par Posidonius dans un long fragment ( fr. 253 Edelstein - Kidd, 247 Theiler ) conservé par Athénée ( V , 211 d -215 b ). Ce fragment est commenté par 1 F. Jacoby (FGrHist 87 F 36 ), 2 K. Reinhardt, art. « Poseidonios », RE XXII 1 , 1953 , col . 636-638 , et plus récemment par 3 W. Theiler, Poseidonios, t. II, p. 125-128 (= fr. 247). Voir aussi 4 Elettra Candiloro, « Politica e cultura in Atene da Pidna alla guerra mitridatica » , SCO 14, 1965, p. 134-176. Sa mère était une esclave égyptienne au service d'Athénion ( voir la notice précédente ), qui fréquentait l'école du péripatéticien Érymneus ( vers 135-125 ?) . Il reçut le nom du maître de maison, dont il était apparemment le fils, fut élevé chez lui et devint son héritier. Devenu illégalement citoyen athénien , il épousa une jolie fille qui lui attira des élèves et lui permit de se faire sophiste. Il pratiqua à Messène et à Larisse ,puis, fortune faite , revint à Athènes. Il fut envoyé comme ambassadeur chez Mithridate (VI), dont il devint l'intime. Reçu en grande pompe à son retour à Athènes, il incita ses concitoyens à prendre parti pour Mithridate et à rejeter le joug romain . Ainsi Athènes pourrait- elle retrouver sa grandeur passée ( entre autres signes de la décadence des institutions, Athénion mentionne le fait que les écoles des philosophes sont sans voix) . Promu stratège ( otpatnyos
650
ATHÉNION
Énl tõv onwv, en 88/87 selon Th . Ch. Sarikakis, « OI AOHNAIOI ETPATHTOI TON EAAHNIETIKON XPONON » , Athena 57 , 1953 , p . 292 ) par la populace, il s'arrogea un pouvoir despotique digne, selon Posidonius, des idéaux pythago riciens, coupant tous les rapports avec l'extérieur, rationnant les habitants, procédant à des confiscations de biens et se débarrassant de tous ceux qui refu saient de se joindre à lui dans cette aventure . En 884, une expédition confiée à Apellicon de Téos, qui appartenait comme lui à l'alpeois péripatéticienne, fut chargée de prendre possession des richesses du sanctuaire de Délos, mais tourna au désastre : on compta 600 tués et 400 prisonniers dans les rangs athéniens ( voir la notice « Apellicon ») . On a parfois identifié à Athénion un certain Aristion présenté par Appien et Plutarque comme tyran d'Athènes, vaincu et mis à mort par Sylla, à la même époque (voir la notice « Aristion »). Cet Aristion aurait lui aussi fréquenté les écoles philosophiques, mais c'est à l'épicurisme que les sources historiques le rattachent. Puisque Strabon ( IX 1 , 20 , p . 398 C.) présente Aristion comme le plus important des tyrans que Mithridate imposa à Athènes, il est possible qu'après l'échec de l'expédition de Délos Athénion ait dû céder le pouvoir à Aristion . Voir, en faveur de la distinction des deux tyrans, 5 B. Niese , « Straboniana. VII : Die letzten Tyrannen Athens » , RHM 42 , 1887 , p. 574-581 ; 6 U. von Wilamowitz -Moellendorff, « Athenion und Aristion » , SPAW 1923 , p . 39-50 = Kleine Schriften , t. V 1 , Berlin 1937 , p . 204-219 ; 7 U. Wilcken , art. « Athenion » , RE II 2 , 1896 , col. 2039 (bibliographie ); 8 H. Berve, Die Tyrannis bei den Griechen , München , 1967, t . I , p. 412-415 et notes (t. II ), p. 716 ; en faveur de l'identification , 9 F. Munzer, art. « Mithridates » 12, RE XV 2 , 1932 , col . 2171. Sur l'histoire de cette période, voir notamment 10 S. Accame, Il dominio romano in Grecia dalla guerra acaica ad Augusti, coll. « Studi pubblicati dal R. Istituto Italiano per la storia antica » 4, Roma 1946, p . 163-171 ; 11 Ch . Habicht, « Zur Geschichte Athens in der Zeit Mithridates VI » , Chiron 6, 1976 , p. 127-142. Athénée V, 211 d, introduit Athénion comme « le philosophe péripatéticien qui avait été le chef de l'école (Slatpi6n ) philosophique à Athènes et à Messène, ainsi qu'à Larisse de Thessalie, puis avait exercé la tyrannie dans la cité des Athéniens » . Le fragment de Posidonius ( Athénée V , 211 f) suggère en fait que c'est comme “sophiste” qu'il avait fait carrière dans ces différentes cités. RICHARD GOULET. Un décret athénien, publié par 12 D.J. Geagan, Hesperia 40, 1971 , p. 101 108 , témoigne d'une révision, sous le contrôle de l'Aréopage, d'une constitution établie antérieurement par un collège de nomothètes. 13 E. Badian , « Rome, Athens and Mithridates » , AJHA 1 , 1976 , p . 116-117 , a identifié cette consti tution à celle d'Athénion . 14 J.H. Oliver, « A Peripatetic Constitution » , JHS 100 , 1980, p. 199-201, a montré que les références aristotéliciennes contenues dans le document appuyaient très fortement cette interprétation . On peut donc retenir, à titre d'hypothèse, la restitution proposée par E. Badian pour la ligne 17 du décret : [τά] μεν προνενομοθετημέγ [ α συν 'Αθηνίωνι ? ... ] . BERNADETTE PUECH .
ATHÉNODORE 486 ATHÉNODORE
651 MF III
Dédicataire d'un ouvrage de Chrysippe relevant de la logique: lepi tõv kataYOpeutixWV spos 'Aonvódwpov a' (D.L. VII 190 = fr. 194 Hülser ). Un tel ouvrage ne pouvait guère être dédié qu'à un disciple ou à un collègue au sein de l'école stoïcienne. RICHARD GOULET. 487 ATHÉNODORE
RE 20
Source biographique de Diogène Laërce qui cite à quatre reprises le huitième livre de ses ſlepínatoi ( III 3 ; V 36 ; VI 81 ; IX 42 ( trois autres références dans l'index de Long concernent une autorité doctrinale stoïcienne, peut- être Athénodore Calvus de Tarse, auquel Philippson identifie d'ailleurs le nôtre ]). Le titre à lui seul ne permet pas de faire de l'auteur un péripatéticien. « Es bedeutet wohl Gedanken oder Gespräche ( vermischten Inhalts) beim Lustwandeln » (R. Philippson , art . « Athenodoros » 19, RESuppl. V, 1931 , col . 54). RICHARD GOULET.
I* ?
488 ATHÉNODORE
« Péripatéticien » , dont les vues sur les rapports entre l'accentuation en grammaire et la tonalité musicale sont évoquées par (Sergius ), Explanationum in artem Donati liber I, p. 529 Keil (Grammatici Latini IV , 1864] : « quos omnes ( scil. qui ante Varronem de prosodia aliquid reliquerunt) sibi fuisse auctores Varro commemorat: grammaticos Glaucum Samium et Hermocratem Iasium , item philosophum Theophrastum Peripateticum nec non eiusdem sectae Atheno dorum summi acuminis virum , qui quandam prosodiam Hovótovov appellat, quae videtur non alia esse quam media , licet diverso vocabulo » . Tout le passage est cité dans Susemihl, t. II, p . 668 (Nachtrag ). Voir E. Pöhlmann , « Der Peripatetiker Athenodor über Wortakzent und Melodiebildung im Hellenismus » , WS 79 , 1966 , p. 201-213. RICHARD GOULET. 489 ATHÉNODORE
Ia ?
D'après le récit transmis par Pline, Ep. VII 27 , 4-11 , à son ami L. Licinius Sura, le « philosophe » Athénodore aurait acheté à Athènes une maison hantée par un fantôme qui lui aurait fait découvrir dans le jardin des ossements enterrés. « Après cela la maison ne fut plus visitée par les Mânes désormais pourvus d'une sépulture en règle » (trad. A.-M. Guillemin ). Rien n'autorise à reconnaître dans ce philosophe Athénodore de Tarse , dit Cordylion ou son homonyme et compatriote surnommé Calvus ; l'hypothèse suggérée par J. Schwartz, « Le fantôme de l'Académie » , dans Hommages à Marcel Renard , coll. « Latomus » 101 , t. I, Bruxelles 1969 , p . 671-676 , a été rejetée par J. Glucker, Antiochus , p. 236 n . 31. A.N. Sherwin -White, The People of Pliny, 2e éd . , Oxford 1985, p. 436 , pense qu'il peut s'agir d'Athé nodore de Tarse dit Calvus, fils de Sandon . SIMONE FOLLET et RICHARD GOULET.
652 490
ATHÉNODORE FI
ATHÉNODORE
D’un Athénodore , auteur d'un (selon Simplicius , In Cat., p. 62, 26 Kalbfleisch ) ou de plusieurs ( selon Porphyre, In Cat., p. 86, 22 Busse) livres intitulés Mpoç tàs 'AplotoTÉÃOuç xatnyopías ( Porphyre, In Cat., p . 86, 23 ; Simplicius , In Cat ., p. 62, 25-26 ), sont conservés divers extraits dans le commentaire sur les Catégories de Porphyre et de Simplicius. Tous ces passages sont analysés dans P. Moraux, Aristotelismus, t. II, p . 587-591. La conception qu'il se faisait des catégories aristotéliciennes invite à affilier ce philosophe au stoïcisme. Réfuté dans un ouvrage de Cornutus ( exilé en 65 ) dirigé « contre Athénodore et Aristote » ( Simplicius, In Cat., p. 62, 27 ; 86, 24 Kalbfleisch ), il doit être situé entre Andronicus de Rhodes et Cornutus, vraisemblablement à la fin du premier siècle av . J.-C. On l'identifie habituellement avec Athénodore de Tarse, fils de Sandon (liste des autorités en faveur de l'identification dans Moraux, p . 587 n. 11 ) , mais la multitude d'Athénodore ayant vécu à cette époque invite à présenter cette conjecture pour ce qu'elle est. RICHARD GOULET.
491
I ?
ATHÉNODORE RE 23
Plutarque, dans ses Quaest. conv. VIII 9 , 1 , rapporte le témoignage de cet auteur qu'il rattache à la philosophie (uáptus Éx piogopíac ), et cite le premier livre de ses Épidémies, pour prouver que l'éléphantiasis était une maladie qui n'était apparue qu'à une date récente. Athénodore affirmait en effet que l'éléphantiasis et l'hydrophobie n'étaient apparues qu'à l'époque d'Asclepiade ( de Bithynie, au 1 “). Plutarque semble présenter ce philosophe comme un auteur connu , qui se rattache sans doute à la tradition médicale. RICHARD GOULET.
492
ATHÉNODORE RE 15
MM
D'après Eusébe , H.E. VI 30, frère de Grégoire le Thaumaturge. « Ils étaient extrêmement passionnés pour les disciplines des Grecs et des Romains ( le droit ?). Mais Origène, leur ayant inspiré l'amour de la philosophie, les exhorta à échanger leur zèle premier contre l'ascèse divine. Ayant vécu avec lui cinq années entières (à Césarée de Palestine ), ils en retirèrent une telle amélioration dans les choses divines que , jeunes encore , ils furent tous deux jugés dignes de l'épiscopat des Églises du Pont » (trad . Bardy ). Pour l'épiscopat d'Athénodore, voir encore VII 14. Les deux frères participèrent au Concile rassemblé à Antioche vers 264 pour juger Paul de Samosate (VII 28 , 1 ) . Voir M.Th. Disdier, art. « Athénodore » 2, DHGE V , 1931 , col . 43-44. La Souda (s.v. 'Aonvó dwpos, t. I, p . 70, 13 Adler) le désigne comme sophiste. Voir P. Nautin , Origène, t. I : Sa vie et son cuvre , coll. « Christianisme antique » 1 , Paris 1977 , p. 81-86. Malgré le Discours de remerciement à Origène qui se rapporte à une expérience d'enseignement unique dans la vie d'Origène et qu’Eusébe connaissait comme étant l'æuvre d'un certain Théodore qu'il assimile à Grégoire le Thaumaturge parce qu'il croyait y retrouver le destinataire de la Lettre à Grégoire, on ne peut pas, semble -t - il, suivre Eusébe lorsqu'il présente
ATHÉNODORE DE RHODES
653
Origène comme maître dans les sciences profanes. La philosophie qui est évo quée dans le texte pourrait être aux yeux d'Eusébe le christianisme. Voir aussi R. Goulet, « Porphyre, Ammonius, les deux Origène et les autres... » , RHPR 57 , 1977 , p. 471-496 , surtout $ 2 : « Origène, catéchète et maître d'école selon Eusébe » , RICHARD GOULET. 493 ATHÉNODORE RE 21 PLRE II : 1
MV
Jeune homme de l'entourage de Proclus (mort en 485 ), parfaitement doué pour la philosophie, que le cynique Saloustios persuada, comme bien d'autres (cf. fr. * 144 ), de ne pas s'adonner à la philosophie ( Damascius, V. Isidori, fr. * 145 ) . RICHARD GOULET. I
494 ATHÉNODORE D'ATHÈNES
Épicurien, mentionné, avec Ap (p) ion d'Alexandrie ( cf. Apion RE 3 ) et Annubion de Diospolis ( comp. l'astrologue du temps de Néron , RE ) , dans les Homélies Pseudo - Clémentines IV , 6, 2 , p. 85 , 27 Rehm (GCS 42 , 1953) ; VII, 9, 2, p . 120 , 22 , et passim . Selon A. Siouville, Les Homélies clémentines, coll . « Les textes du christianisme » 11 , Paris 1933 , p. 22, ce philosophe pourrait être, comme ses deux compagnons, « un personnage réel et historique » . Athénodore n'intervient pas directement dans les discussions rapportées par les Homélies, mais dans la source apologétique juive alexandrine que l'on suppose derrière cette littérature, il est probable qu'il attaquait, au nom de son école, la providence divine ( p. 27 ). RICHARD GOULET.
495 ATHÉNODORE DE RHODES RE 14
F II® ?
Quintilien , Instit. orat. II 17 , 14-15 , l'associe à Critolaos de Phasélis ( fr. 25 Wehrli) comme représentant des philosophes qui refusaient à la rhétorique le statut d'art. Dans l'expression multa ... contra, il est difficile de voir si Quintilien veut dire qu'ils se sont opposés, comme Hagnon de Tarse mentionné à leur suite , à la représentation de la rhétorique comme Téxvn (voir au paragraphe suivant: Hi complura dicunt...) ou bien qu'ils ont reproché à Aristote d'avoir écrit une Rhétorique, malgré la critique qu'il en avait faite dans le Gryllos. Wehrli (p . 70) comprend de cette seconde façon . F. Wehrli, GGP Antike 3 , p. 589, considère Athénodore comme un péripatéticien et en fait un disciple de Critolaos. En II 15 , 23 , c'est un certain Athénaios (Athen eus) qui était associé à Critolaos : « Selon certains autres, elle n'est ni un pouvoir, ni une science, ni un art; mais, selon Critolaos, elle est une “ pratique de la parole ” ( tel est le sens de Tp16ń (sous -entendu dans Gorgias 463 b] ; selon Athénée, “ un art de tromper” » ( trad. Cousin ). Ce point de vue est étonnant chez Athénée , un rhéteur du IIe s. av . J.-C. que Quintilien cite ailleurs (III 3 , 13 ; III 5 , 5 ; III 6, 47) . Aussi , plutôt que de corriger Athenodorus en Athenaeus en II 17 , 15 , comme l'a proposé Thiele, on aurait peut-être avantage à restituer le nom d'Athénodore à la place de celui
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ATHÉNODORE DE SOLES
d'Athénée en II 15 , 23. Voir J. Brzoska, art. « Athenaios » 21 , RE II 2 , 1896 , col. 2025-2026 . RICHARD GOULET.
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ATHÉNODORE DE SOLES RE 17
III
Philosophe stoïcien , disciple de Zénon de Kition, fils de Théodore , originaire de Soles en Cilicie . Sources. SVF I 38-39 , p . 14 , 6 et 19 ( = D.L. VII 38 et Ind . Stoic. Herc ., col. XII, 1-3 ) . Ajouter : Vie anonyme d'Aratus I 3 , p. 52 ; III 4 , p. 57 ; IV 8 , p . 60 Westermann. Source biographique ancienne . Diogène Laërce (VII 38 = SVF I 38) cite Hippobote, auteur d'un catalogue des élèves de Zénon qui, vraisemblablement, faisait partie du Mepi alpéoewv mentionné en D.L. I 19 : voir RE VIII 2 , 1913 , col. 1722-1723 . Cf. 1 F. Susemihl , t. I, p . 292 ; 2 H. von Arnim , art. « Athenodoros >> 17 , RE II 2 , 1896, col. 2044 ; 3 U. Egli, Zur stoischen Dialektik, Basel 1967 , p . 37 ; 4 R. Goulet , « La classification stoïcienne des propositions simples » , dans Les Stoïciens et leur logique, Paris 1978 , p. 190 n . 6 . Athénodore était le frère du poète Aratus de Soles (RE6) d'après la Vie anonyme d'Aratus (I 3 , p . 52 ; III 4 , p . 57 et IV 8 , p . 60 Westermann ). Les deux frères ont donc suivi les cours de Zénon de Kition à Athènes ( cf. ibid . III, p . 58 , 21 ). Selon toute vraisemblance , Athénodore n'est pas le dédicataire du Īlepi tõv xatayOpeutixõv de Chrysippe (D.L. VII 190 = SVF II 13 , p. 5 , 10), et n'est pas évoqué par Diogène Laërce en VII 34 ( qui cite Isidore de Pergame: RE 18) , VII 68 (qui cite Dioclès de Magnésie, 'Enipoun tūv Quoooowv: RE 50), VII 121 (= SVF III, p . 258 ) et VII 149. La première mention (D.L. VII 34 ) concerne Athénodore de Tarse , dit Cordylion , bibliothécaire à Pergame ( voir von Arnim 2 , nº 18 , col . 2045 ) ; les deux dernières concerneraient (cf. von Arnim 2 , nº 19 , col . 2045 ) l'autre Athénodore de Tarse , dit Calvus , le précepteur d'Auguste (voir 5 P. Grimal, « Auguste et Athénodore » , REA 47 , 1945 , p. 261-273 et 48 , 1946, p. 62-79) et ami de Cicéron
CHRISTIAN GUÉRARD. 497
ATHÉNODORE DE TARSE dit CALVUS
MF Ia
Le nom d'Athénodore semble avoir été porté par plusieurs philosophes stoïciens du premier s. av . J.-C. Il n'est pas sûr que tous les témoignages puissent être distribués entre les deux Athénodore de Tarse qui nous sont un peu mieux connus et il est donc prudent d'isoler en des blocs distincts les informations que l'on croit pouvoir rattacher à l'une ou l'autre figure. Cf. P. Grimal, « Auguste et Athénodore » , REA 47 , 1945, p. 261-273 , et 48, 1946 , p. 62-79, repris dans 1 id ., Rome, la littérature et l'histoire, « Collection de l'École française de Rome » 93 , t . II , Roma 1986 , p . 1147-1176 ; 2 C. Cichorius, Römische Studien. Historisches, Epigraphisches, Literatur geschichtliches aus vier Jahrhunderten Roms. Leipzig /Berlin 1922 , VII - 5 : « Der Hofphilosoph Athenodoros von Tarsos » , p . 279-282 ; 3 H. von Arnim , art. « Athenodoros » 19 , RE II 2, 1896, col. 2045 ; 4 R. Philippson , art.
ATHÉNODORE DE TARSE
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« Athenodoros » 19 , RESuppl. V , 1931 , col. 47-55 ( reconstitution fort conjec turale de la biographie, des æuvres et de la philosophie d'Athénodore ). 5 F. Jacoby, FGrHist 746. A. Philosophe stoïcien, maître d'Auguste par qui il fut grandement honoré (Strabon XIV 5 , 14 , p . 674 C .; Élien , V.H. XII 25 ; Zosime I VI , 1 ). Il est souvent appelé fils de Sandon et était originaire de Cana (Kavavírns, chez Strabon ), village proche de Tarse en Cilicie (Strabon, loc. cit. ). Dans une lettre datée de février 50 *, Cicéron ( Fam . III 7, 5) recommande à Appius Claudius Pulcher l'enseignement d'Athénodore, fils de Sandon, sur l'eủyéveta. P. Grimal 1 , n'y voit pas une simple suggestion bibliographique (il y avait des écrits plus autorisés sur la question dans l'école stoïcienne ), mais la recommandation d'un philosophe à la mode à Rome. Il devint vers cette époque le précepteur d'Octave . « S'il a été choisi pour ces fonctions, c'est apparemment qu'il passait pour le philosophe le plus érudit, le plus brillant et le plus " honnête homme ” que l'on connût alors à Rome » (Grimal 1 , p . 1156) . Dion Cassius (LVI 43, 2 ) raconte comment il arriva un jour chez Auguste déguisé en femme, porté sur une litière , et en surgit une épée à la main pour lui montrer qu'il était à la merci d'un assaillant. Arrivé à un âge avancé, il demanda un jour à Auguste le droit de se retirer dans sa patrie. Comme dernier conseil, il recommanda à Auguste de maîtriser sa colère en répétant les 24 lettres de l'alphabet avant de dire ou de faire quoi que ce soit. Ravi de ce conseil, Auguste le retint une année de plus auprès de lui ( Plutarque, Apopht. Reg. 207 c). Revenu à Tarse, il retrouva la cité soumise aux manœuvres démagogiques d'un poète du nom de Boéthos de Tarse , créature d'Antoine dont il avait célébré dans une épopée la victoire de Philippes (FGrHist 194 T 1 ) et qu'il avait d'ailleurs volé, mais amadoué par des flatteries. Usant des pouvoirs discrétionnaires conférés par Auguste, Athénodore fit bannir ce Boéthos et ses partisans, non sans que cette mesure ait donné lieu à une campagne de graffiti un peu scatologique dont on trouve le détail dans Strabon . L'épisode s'inscrit dans le cadre de la reconquête de l'Orient par Octave et se situe peu de temps après Actium ( 314). Selon le Pseudo -Lucien , Macrob. 21 , Athénodore serait mort dans sa ville natale âgé de 82 ans. Lucien précise que grâce à lui la ville bénéficia d'exonérations fiscales et que la municipalité, après sa mort, lui rendit des honneurs annuels, comme à un héros. Il fut prytane à Tarse (Dion Chrysostome, Discours XXXIII 48 , où πρύτανις est toutefois une correction de Crosby pour πρώην ) . Selon Strabon ( loc. cit. ), il eut comme successeur aux affaires l'académicien Nestor de Tarse (RE 4 ) , qui avait été le précepteur de Marcellus, fils d'Octavie et neveu d'Auguste. Les dates de naissance et de mort de cet octogénaire sont difficiles à préciser. Philippson propose ca 854-34 ; Grimal ca 95-- < 13 >. Il était en tout cas déjà âgé lorsqu'il se retira à Tarse peu après 30º. Il rédigea un traité ou une consolation ad Octaviam ( npos 'Oxtaovíav ), où il citait l'exemple de Mucius Scaevola (Plutarque, Publicola 17 ; FGrHist 746 T 5 ). Clément d'Alexandrie, Pédagogue IV 48, 4-6 , rapporte le récit d'Athénodore concernant la fabrication de la statue de Sarapis ( FGrHist 746 F 4). B. En novembre 44 ", Cicéron qui travaillait sur son De officiis, demanda à Athenodorus Calvus et obtint de lui un résumé (Tà kepáraia , Att. XVI 11 , 4 ),
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ATHÉNODORE DE TARSE
sous forme d'un mémoire (unouvnua , Att . XVI 14, 4) « assez joli» ( satis bellum ) de l'enseignement de Posidonius sur la question des devoirs ( F 41 a et 41 b Edelstein -Kidd, 23 ab et 431 ab Theiler ). Il est difficile d'établir dans quelle mesure Cicéron a utilisé ce document dans le troisième livre de son De officiis ( comme le pensent 6 R. Hirzel, Untersuchungen zur Cicero's philo sophischen Schriften, t. II, Leipzig 1882, p . 722-736 : « Die Schrift de officiis » , et Philippson 4 , col. 53) . Analyse de ce livre dans 7 M. Pohlenz, « Cicero de Officiis III », NGG 1934-1936, p . 1-40, repris dans ses Kleine Schriften , t. I , Hildesheim 1965, p . 253-291. Voir aussi 8 M. Fiévez , « “ Opera peregrinationis huius ” ou les étapes de la composition du De Officiis» , Latomus 12, 1953 , p . 261-274 . D.L. VII 149 associe Athénodore et Posidonius (douzième livre de sa Physique et cinquième livre de son traité Sur la divination ) comme autorités stoïciennes sur la mantique (F 7 Edelstein -Kidd, 258 et 371 b Theiler ). Strabon (I 1 , 9 , p . 6 C. , et I 3 , 12, p . 55 C.) associe de même les deux philosophes comme autorités sur l'océan et les marées (F 214-215 Edelstein -Kidd , 2 et 10 Theiler). Cette association constante a permis de penser qu'Athénodore avait pu être le disciple de Posidonius à Rhodes, où ce demier enseigna pendant plus de cinquante ans ( entre 104 et 51 ) . Comme Strabon (XVI, 4, 21 , p. 779 C. ), né vers 63 ', présente Athénodore « le philosophe » comme son ami ( étaipos ), il ne peut s'agir d'Athénodore Cordylion, mort sans doute avant 46', quand Strabon n'avait qu'une quinzaine d'années (Grimal, p. 1156 n. 32) , mais du fils de Sandon . De cet Athénodore, il rapporte qu'il visita Pétra et constata que les indigènes y vivaient en paix, sans s'engager dans des procès comme les étrangers et les Romains ( FGrHist 746 F 5 ). Ce pourrait être , suggère Grimal (p. 1158), à titre d'ambassadeur d'Auguste, lequel « fit entrer la Nabatène dans le système des États alliés destinés à couvrir les frontières de l'Empire ». Dans l'Epit. Diog. (p . 392 Long ) , deux Athénodore stoïciens ( « Athénodore et un autre Athénodore ... ») sont mentionnés entre Posidonios et Antipatros. La section correspondante du livre VII de Diogène Laërce n'est pas conservée. Le fait qu'Athénodore soit ainsi pour Diogène un des principaux philosophes stoïciens étudiés dans le livre VII pourrait permettre d'attribuer à cet Athénodore les doctrines stoïciennes rapportées par Diogène Laërce en VII 68 (à propos de la division des propositions) et VII 121 (où Athénodore est associé à Héraclide de Tarse, le disciple d'Antipatros de Tarse, comme tenant de la thèse de l'inégalité des fautes ). Puisque Strabon ( XIV 5 , 14 , p . 674 C. ) mentionne également comme stoïciens originaires de Tarse , en plus d'Antipatros et des deux Athénodore , Archédème et Nestor, il faut reconnaître qu'il exagérait à peine en affirmant que Tarse dépassait Athènes et Alexandrie comme centre d'études philosophiques, à ceci près que la cité n'attirait pas les étudiants étrangers et que les indigènes s'empressaient, comme Athénodore peut-être , d'aller faire carrière ailleurs ( XIV 5 , 13 , p. 673 C. ) . Avec le passage de D.L. VII 149 sur la mantique déjà mentionné, nous avons ainsi des vues d'Athénodore sur chacune des trois parties de la philosophie. Il est moins sûr, mais nullement impossible, dans la mesure où le nom est présenté de façon similaire, que le même personnage soit la source biographique de Diogène Laërce dont les Tepinatoi sont cités en III 3 ; V 36 ; VI 81 et IX 42 . C. « Successeur de Posidonios » . 9 L. Moretti, « Epigraphica. 16. Un successore di Posidonio d’Apamea », RFIC 104, 1976 , p . 191-194, a présenté
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une inscription de Rome qui devait se trouver sur la base d'une statue ou sous le buste d'un personnage célèbre : [---] and ñ [ s ] | [ ot ]oãç diádoxos I ( TOū] Mooeldwviou. Jason de Nysa, neveu de Posidonius par sa mère, est connu comme disciple et diadoque du philosophe dans son école de Rhodes (Souda, s.v. 'ldowy , I 52, t . II , p . 605, 7-11 Adler = Posidonios T 40 Edelstein -Kidd, 20 Theiler). Mais, s'il s'agit d'un successeur de Posidonius à Rome, il faudrait de préférence penser, selon Moretti, à Athénodore Calvus. E. Sénèque, De tranquillitate animi III (voir aussi VI 8 ) , expose , au sujet de l'engagement politique et de l'otium , l'enseignement d'un Athénodore dans lequel Grimal( 1, p . 1159-1163 ) reconnaît les traits du fils de Sandon et non ceux de Cordylion. En se fondant sur diverses allusions historiques, Grimal voit dans ces pages empruntées à Athénodore « des extraits d'un écrit antérieur à la paix de Brindes (40 %) et postérieur aux événements du printemps et de l'été 44 >> (p . 1163 ) . Cf. 10 O. Hense , Seneca und Athenodorus, Progr. Freiburg im -Breisgau 1893 ; 11 L. Castiglioni, De Tr. an ., Torino 1930 , introd ., p . XIX .. Sénèque cite encore une pensée morale d'Athénodore dans sa Lettre 10, 5 . F. C'est au fils de Sandon que l'on identifie l'auteur d'un lpos tès 'Apioto TÉAOUÇ xatnyopíac connu par les Commentaires de Simplicius et de Porphyre sur les Catégories d'Aristote. L'appartenance vraisemblable à l'école stoïcienne et la datation ( entre Andronicus et Cornutus) rendent l'identification plausible , mais nous avons préféré présenter cet auteur dans une notice distincte. Voir, en faveur de cette attribution , 12 B.L. Hijmans, « Athenodorus on the Categories and a pun on Athenodorus» , dans Kephalaion. Studies in Greek philosophy and its continuation offered to C.J. de Vogel, coll. « Philosophical texts and studies » 23 , Assen 1975 , p . 105-114 . G. La Chronique d'Eusébe -Jérôme situe la célébrité du philosophe stoïcien Athénodore de Tarse et du grammairien M. Verrius Flaccus (insignes habentur) en 8/9 ap . J.-C. Cette date pourrait tout au plus se rapprocher de la mort d'Athénodore. H. Athénée XII, 519 b, cite, à propos d'Archytas de Tarente (DK 47 A 8), le Tepi orouons xai naidiãç d'un Athénodore (FGrHist 746 F 3) . Le rensei gnement est transmis de façon anonyme dans Élien, V.H. XII 15. Voir 13 O. Hense , « Ein Fragment des Athenodorus von Tarsos » , RhM 62, 1907 , p. 313-315 . I. Étienne de Byzance, s.v. 'Ayxiánn , cite aussi d'un certain Athénodore un ouvrage sur la Cilicie ou sur Tarse ( περί της αυτού πατρίδος ) qui pourrait etre de notre philosophe (FGrHist 746 F 1 ). Cf. Susemihl, t. II, p . 149 n. 69. J. Plutarque, Quaest. conv . II 1 , 13 , 634 ef, rapporte une question de l'historien Timagène (RE 2) au « philosophe Athénodore » (FGrHist 746 T 5) . Cf. Philippson 4, col. 50. K. Voir également Athénodore n° 489 , que l'on a voulu identifier à Athénodore Calvus, ainsi que la notice « Alexandros de Tarse » . RICHARD GOULET.
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ATHÉNODORE DE TARSE
ATHÉNODORE DE TARSE dit CORDYLION RE 18
DM I
Philosophe stoïcien, bibliothécaire de Pergame. Dans la fin , aujourd'hui perdue, de son livre VII, consacré aux philosophes stoïciens, Diogène Laërce, d'après l'index ancien conservé, traitait de deux Athénodore , entre Poseidonios et Antipatros , donc au jer s . av . J. -C.: voir 1 V. Rose , « Die Lücke im Diogenes Laërtius und der alte Übersetzer» , Hermes 1, 1866 , p . 367-397 , en particulier p . 370-372 , et l'édition de H.S. Long, t. II, Oxford 1964 , p. 392. Strabon XIV 5 , 14 , énumérant les philo sophes célèbres de Tarse , cite deux stoïciens nommés Athénodore : « ... le premier, appelé Cordylion (« le Bossu » ), vécut à la même époque que Marcus Caton (Caton d'Utique : ca 95 -avril 46 ) et mourut chez lui...» . Plutarque, Vie de Caton le Jeune, X 1-3 , et XVI 1 , raconte comment le jeune Caton , alors en Macédoine comme tribun militaire du proconsul Rubrius (préteur en 694 ou 68 , proconsul de Macédoine sans doute en 68/7 ou 67/6 : voir 2 R. Syme , « Missing Senators » , Historia 4, 1955 , p . 68, repris dans Roman Papers, t. I, Oxford 1979, p . 287 ) , prit un congé de deux mois pour aller chercher en Asie le célèbre philosophe stoïcien Athénodore surnommé Cordylion, déjà âgé, qui vivait alors à Pergame et avait décliné jusque-là toutes les invitations de généraux et de princes, puis l'emmena chez lui à Rome, où il resta jusqu'à sa mort. Dans son traité Maxime cum principibus philosopho esse disserendum , p. 777 a , comme exemple de relations entre hommes politiques et philosophes, Plutarque rappelle que « Caton quitta son armée pour aller chercher Athénodore . » Sur ces passages , voir 3 D. Babut, Plutarque et le stoïcisme, Paris 1969, p. 170. Pline l’Ancien, H.N. VII 30 ( 113 ) , rappelle que Caton d'Utique eut à l'égard de la philosophie grecque une attitude tout à fait opposée à celle de son arrière-grand père, Caton le Censeur, et qu'il ramena chez lui successivement deux philo sophes, l'un après son tribunat militaire de Macédoine ( Athénodore ), l'autre (non sûrement identifié, peut-être Philostrate d'Égypte [RE 7] ), après sa légation à Chypre (voir l'édition de R. Schilling, CUF, Paris 1977 , p. 79 et 183 ) . Diogène Laërce VII 34 , citant le rhéteur Isidore de Pergame, dit que le stoïcien Athénodore, à qui l'on avait confié la bibliothèque de Pergame, expur gea les écrits stoϊciens (εκτμηθήναι... εκ των βιβλίων τα κακώς λεγόμενα παρά toiç Etwixois ) , mais fut pris sur le fait et mis en accusation à cause de ces « athétèses » . Le nom d'Athénodore Cordylion est aussi écrit en marge d'un texte anonyme, contenu dans le Parisinus graecus 2677, mentionnant l'établissement d'une version autorisée des poèmes homériques par Pisistrate ( voir 4 F. Ritschl, Opuscula philologica, t. I, Leipzig 1866, p . 163-164 et 829-830, pour une lecture améliorée de cette note) – autre trace de l'activité philologique d'Athénodore . On ne sait si la brève allusion d'Épiphane de Salamine ,Adv. haereses III 2,9 (PG 42 , col . 797-798) : « Athénodore de Tarse eut les mêmes opinions que Chrysippe et les memes dogmes que Zenon » (Τα αυτά Χρυσίππω εδόξασε και τα aútè Zhvwvi édoyuátioev ) se rapporte à Athénodore Cordylion ou à son homonyme, fils de Sandon. L'attribution des ouvrages dont les titres nous sont parvenus et de ceux que lisait Sénèque est également contestée : 5 H. von Arnim , art. « Athenodoros» 18 et 19 , RE II 2 , 1896 , col. 2045, 6 R. Philippson , art. « Athenodoros» 19 ,
ATHÉNODOTE
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RESuppl. V , 1931 , col. 47-55 , et 7 M. Pohlenz , Die Stoa, t. II, p . 125 , les attribuent de préférence à Athénodore , fils de Sandon . Voir aussi sur ce problème 8 A. Müller , FHG , t. III, 1849, p . 485; 9 0. Hense , Seneca und Athenodorus, Programm Freiburg im -Breisgau 1893 , p. 20-27 ; 10 P. Moraux, Aristotelismus, t. II, p. 585-587 . Le « stoïcien » anonyme, « successeur de Poseidonios » , honoré d'une statue ou d'un buste à Rome ( voir 11 L. Moretti, « Epigraphica, 16. Un successore di Posidonio d'Apamea », RFIC 104, 1976 , p . 191-194 ), est aussi plus probable ment Athénodore Calvus qu'Athénodore Cordylion ; les arguments chronolo giques de l'éditeur semblent décisifs. Selon 12 P. Grimal, « Auguste et Athénodore » , REA 47 , 1945 , p . 261-273, et 48 , 1946 , p . 62-79, repris dans 13 id ., Rome, la littérature et l'histoire, « Collection de l'École française de Rome » 93 , t . II , Roma 1986 , p . 1147-1176 , notamment p . 1148-1152 ( chronologie et personnalité de Cordylion) , p . 1159 et 1163 (identité de l'Athénodore dont Sénèque résume la pensée dans le chap. III du De tranquillitate animi), en effet, certains indices donnent à penser qu'Athénodore Cordylion est mort entre 50 et 46º. Rien n'autorise non plus à reconnaître Cordylion dans le « philosophe Athénodore » , héros d'une histoire de fantôme localisée à Athènes ( Pline le Jeune, Ep. VII 27 , 4-11 ) ; l'hypothèse suggérée par 14 J. Schwartz, « Le fantôme de l'Académie » , dans Hommages à Marcel Renard , coll . « Latomus» 101 , t . I , Bruxelles 1969 , p . 671-676 , a été rejetée par 15 J. Glucker, Antiochus, p. 236 n. 31. 16 A.N. Sherwin -White , The People of Pliny, 2e éd. , Oxford 1985 , p . 436 , pense qu'il peut s'agir du fils de Sandon. SIMONE FOLLET.
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DII
Philosophe stoïcien , disciple de Musonius Rufus (Fronton , lettre à Marc Aurèle empereur I 4, citée ci-après ), maître et « père » ( parens) de l'orateur M. Cornelius Fronton de Cirta (Lettre à Marc -Aurèle césar IV 12, 2 ; p . 66 Van den Hout), sans doute après l'arrivée de celui-ci à Rome, dans la seconde moitié du dge règne de Trajan : voir 1 E. Champlin, Fronto and Antonine Rome, Cam (Mass.)/London 1980 , p. 20, et 137-138 . Dans une lettre de consolation, en grec, adressée sur le conseil de Marc - Aurèle (voir sa lettre à Fronton , 1 6 , 8 ; p . 13 Van den Hout) à Hérode Atticus qui vient de perdre un fils nouveau -né (1 8 , 3 ; p . 16 Van den Hout ) , en 143 ou 144 probablement (automne 143 selon 2 W. Ameling, Herodes Atticus, I. Biographie, coll . « Subsidia epigraphica » 11 , Hildesheim /Zürich /New York 1983 , p . 80-81 ; 143 selon 3 T.D. Barnes, « Philostratus and Gordian » , Latomus 27 , 1968 , p . 581-586 ; la fourchette proposée par 4 E. Champlin , « The Chronology of Fronto » , JRS 64 , 1974, p. 141 et 158 , entre septembre 143 et ca 160 , est beaucoup trop large, car les termes mêmes de la consolation indiquent qu'Hérode n'a pas encore d'autres enfants ), Fronton rappelle qu'il a passionnément aimé le « sage » Athénodote et Denys le rhéteur, à deux époques différentes de sa vie , et que ces affections l'ont aidé à supporter les épreuves subies alors . A la date de cette lettre, Athénodote est certainement mort. Son maître Musonius Rufus est mort avant 101 (voir Pline, Ep. III 11 , 5 ) ; il appartient, lui , à la même génération qu'Euphratès, mort autour
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ATTALE DE RHODES
de 120, Dion Chrysostome, mort à une date inconnue après 110 , Timocrate d'Héraclée, mort autour de 120 ; il a dû mourir , lui aussi, sous Hadrien . Athénodote est cité en effet avec ces philosophes dans une lettre célèbre où Fronton énumère des philosophes, anciens et contemporains, qui n'ont pas dédaigné l'éloquence : « Quid nostra memoria Euphrates, Dio , Timocrates, Athenodotos ? Quid horum magister Musonius ? Nonne summa facundia praediti neque minus sapientiae quam eloquentiae gloria incluti exstiterunt ? » (Lettre à Marc -Aurèle empereur sur l'éloquence, I 4 ; p. 133 Van den Hout) ; pour le commentaire de ce passage et sa place dans le débat entre littérature , philosophie et politique au II° s. de notre ère, voir 5 C.P. Jones, The Roman World of Dio Chrysostom , Cambridge (Mass.) /London 1978 , p. 12 et 163 ; 6 P. Desideri, Dione di Prusa, un intellettuale greco nell'impero romano, coll. « Biblioteca di cultura contemporanea » 135 , Messina /Firenze 1978 , p . 6-16 ; 7 A. Brancacci, Rhetorike philosophousa. Dione Crisostomo nella cultura antica e bizantina , coll. « Elenchos» 11 , Napoli 1986, p . 42-50 . Dans la lettre IV 12, 2, à Marc -Aurèle césar, déjà citée, Fronton précise qu'il a appris - plutôt mal: mediocriter - d'Athénodote à saisir dans son esprit la réalité en lui appliquant des exemples et des images qu'il appelait eixovac. Marc -Aurèle, Pensées I 13 , 2, loue Athénodote et (Cnaeus) Domitius ( Afer ) d'avoir toujours parlé de leurs maîtres avec chaleur; 8 A.S.L. Farquharson , dans son édition commentée, t. II, Oxford 1968, p. 457 , suggère que Domitius Afer, maître de Quintilien (voir Pline, Ep. II 14, 9), a pu être aussi le maître d'Athé nodote . Voir 8 P. von Rohden , art. « Athenodotos » , RE II 2, 1896 , col . 2048 ; 9 A. Stein , PIR ? I , 1933 , A 1291 , p . 262; 10 M. Pohlenz , Die Stoa , t. I, p . 287 ; t. II, p . 146 ; E. Champlin 1 , p . 20 et 137-138 ; id . 4, p. 139-141 , 144 et 158 . SIMONE FOLLET. ATILIUS 500
MAXIMUS (M. ATILIUS -)
II ATTALE DE RHODES RE (Suppl. I) 23 , 25a Astronome, éditeur et commentateur des Phénomènes d'Aratos, contem porain d'Hipparque. D'après 1 E. Maass, Commentariorum in Aratum Reliquiae, Berlin 1898, p . XIII n . 4 , il est peut-être à distinguer de l’Attale cité par Hésychius , s.v. Kopíveios Eévos, comme l'auteur d'un lepi napoipiāv. 2 M. Erren, Aratos Phainomena , München 1971 , p . 114 , les confond : « Zu Anfang des 2. Jahrhunderts v . Chr. schrieb der Grammatiker Attalos von Rhodos einen Kommentar zu den Phainomena » . Des fragments assez étendus nous ont été conservés par Hipparque dans ses των 'Αράτου και Ευδόξου φαινομένων εξηγήσεως βιβλία γ '. Πs ont été edités par E. Maass 1 , p . 1-24 . Le propos d'Attale est d'améliorer l'ouvre d'Aratos tois τε φαινομένοις έκαστα σύμφωνα ποιήσαντες και τους υπό του ποιητού γεγραμ Hévoiç åxólovoa, p. 3 , 13-15 . Hipparque l'a réfuté vivement. PATRICK ROBIANO .
ATTALE 501 ATTALE RE 21 PIR2 A 1326
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DI
Philosophe stoïcien , maître de Sénèque (44-65 ) à Rome au début du règne de Tibère ( 14-37 ) , exilé par Séjan , sans doute entre 21 et 31. En dehors de l'ouvre de Sénèque le philosophe, Attale n'est mentionné que par Sénèque l'Ancien (Suas . II 12) : « Attalus Stoicus, qui solum vertit a Seiano circumscriptus, magnae vir eloquentiae, ex his philosophis quos vestra aetas vidit longe et subti lissimus et facundissimus . Il est désigné dans les Lettres à Lucilius de Sénèque comme « Attalus philosophus » (9, 7 ; voir aussi Q.N. II 48 , 2) , « Attalus Stoicus » (67 , 15 ), « Attalus noster » (63,5 ; 81 , 22 ; voir aussi Q.N. II 50, 1 ). Dans sa Lettre 108 , 3 , Sénèque évoque avec ferveur l'enseignement d'Attale, « au temps où nous assiégions son école, les premiers à nous y rendre , les der niers à en sortir, l'attirant, même durant ses promenades, en quelque discussion, car il était à la disposition de ses élèves et venait même au - devant » (trad. Noblot). Une précision nous est donnée au $ 17 : l'enseignement d'Attale correspondait chez Sénèque à la fougue juvénile de ses débuts philosophiques, et cette époque se situait « au commencement du règne de Tibère » ( § 22). En 110, 14, Sénèque rapporte un discours du philosophe qui soulevait l'admiration de tout son audi toire. Il lui « semblait être plus qu'un roi, lui qui avait pouvoir de censurer les rois » (108, 13). D est possible qu’Attale ait été le maître chez qui Sénèque fut le condisciple du stoïcien Claranus (66 , 1 ) . Les développements que Sénèque emprunte à l'enseignement (oral) d'Attale se rattachent à la diatribe morale : 9 , 7 (plaisir d'une amitié naissante ) ; 63 , 5-6 (regret doux - amer des amis disparus ); 67 , 15 (nécessité de mener une vie rude : « Malo me Fortuna in castris suis quam in deliciis habeat» ; voir aussi 108 , 23) ; 72, 8 et 108 , 14 (nécessité de supprimer ou modérer ses désirs , même le désir d'apprendre ); 81 , 22 (méchanceté : « Malitia ipsa maximam partem veneni sui bibit » ) ; 108, 3 , 13-16 et 110, 20 (amélioration de l'homme comme fin de tout enseignement philosophique, conduisant au bonheur par le plein accord avec la Nature ) ; 108 , 14-16 ( éloge de la pauvreté, condamnation du luxe) ; 110, 14-20 (mépris des richesses, biens transitoires). On remarquera notamment l'appel constant aux comparaisons (9, 7 ; 63 , 5 ; 72 , 8 ; 81 , 22), à l'expérience personnelle ( 110 , 14 ). Peut-être faudrait- il souligner que plusieurs de ces témoignages font référence à l'enseignement d'Épicure (9,7 ( voir le contexte général de la lettre) ; 63,5 ; 67, 15 ; 110, 18-20). Sur la dimension cynique de ces passages, voir en particulier M. Billerbeck , Der Kyniker Demetrius. Ein Beitrag zur Geschichte der frühkaiserzeitlichen Popularphilosophie, coll. « Philosophia Antiqua » 36 , Leiden 1979, p . 5-10 , qui cite et traduit plusieurs extraits. Pour le jeune Sénèque, cet enseignement fut l'inspiration d'un ascétisme qui ne disparut pas totalement avec l'âge : « Dans mon impétueuse ardeur, en effet, j'avais abordé le programme complet; puis , ramené aux pratiques du monde, je conservai de mes bons commencements quelques austérités. De ce nombre le renoncement pour toute la vie aux huîtres et aux champignons ( ... ), interdiction pour toute la vie de porter des parfums ( ... ), mon estomac sevré de vin ( ... ), mon abstention , pour toute la vie , des bains ( ... ) » ( 108 , 15-16 ) ; « Attale vantait
ATTALE DE GYTHION
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l'usage d'un matelas qui résiste ; à mon âge , tel est encore le mien (car l'em preinte du corps n'y paraît pas) » ( 108 , 23 ). Attale s'intéressait également avec « la subtilité d'un Grec » à l'art divinatoire des Étrusques (Etruscorum disciplinam ) et Sénèque reproduit dans ses Questions naturelles ( II 50 , 1-2) quelques éléments d'une classification (divisio ) ordonnée des éclairs et de leurs significations ( voir aussi I 48, 2) . Voir M. Pohlenz, Die Stoa, t. I , p . 281 et 291 ; R. Chevallier, « Le milieu stoïcien à Rome au premier siècle ap . J.-C. ou l'âge héroïque du stoïcisme romain » , BAGB ( « Lettres d'humanité » ) 19 , 1960 , p . 534-562 ; P. Grimal , Sénèque ou la conscience de l'Empire, Paris 1978, p . 248-249 ; J. Fillion Lahille, Le De ira de Sénèque et la philosophie stoïcienne des passions, coll. « Études et commentaires » 94 , Paris 1984, p. 260-261 et 332-333. SIMONE FOLLET. 502
ATTALE DE GYTHION
f1. DI
Éphèbe de quinze ans dont une mort prématurée avait interrompu les études. Que l'inscription célèbre, à deux reprises, sa sagesse ( copia ) n'autorise pas pour autant à le citer comme exemple d'une formation précoce à la philosophie, comme le faisait M.N. Tod ( JHS 77 , 1957 , p . 140 ) : la « sagesse » que l'on prête au disparu est un leitmotiv des épigrammes funéraires : elle n'a rien à voir avec une spécialisation dans l'étude de la philosophie. Dans le cas précis, il s'agit bien évidemment de la formation classique qu'Attale, comme tout jeune Grec de son temps, avait reçue ( cf. R. Goulet, JHS 100, 1980, p . 63 ) . BERNADETTE PUECH . 503
ATTIA
fl . IV ?
Il n'y a probablement pas lieu de classer parmi les philosophes la chrétienne Attia qui , sur une stèle de Nicée (MDAI( A ) 36, 1911 , n° 14 , p. 103 [ Nikaia I 550] ), est qualifiée de pilooodlooa : le mot a certainement ici le sens chrétien de « moniale » . BERNADETTE PUECH . 504
ATTICUS
( FLAVIUS -) PLREI : 2 PIR2 F 225
fl. III - IV
Ce personnage est nommé dans un fragment de liste ( inscription de Rome , CIL VI 2153 ) , où apparaissent aussi deux philosophes: Evagrius et Sebasmius. Mais il n'était probablement pas philosophe lui-même : le document, en tout cas , ne lui donne pas ce titre. BERNADETTE PUECH . 505
ATTICUS (T. POMPONIUS -) RE P102
110-32
Épicurien . Études. 1 H. Ziegler, Titus Pomponius Atticus als Politiker, Diss . München 1926 (publ. New York 1936) , 125 p . 2 J. Carcopino, Les secrets de la corres pondance de Cicéron, Paris 1947 , t . II , p . 250-305 . 3 R.J. Leslie, The Epicu reanism of Titus Pomponius Atticus, Philadelphia 1950 , VII -76 p. 4 R. Feger,
ATTICUS ( T. POMPONIUS - )
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art. « T. Pomponius Atticus » (Pomponius) 102, RESuppl. VIII, 1956, col. 503 526. 5 M. Labate et E. Narducci, « Nobilità dei modelli etici e relativismo dei valori : il personaggio di Attico » , dans Modelli etici, diritto e transformazioni sociali, a cura di A. Giardina et A. Schiavone, Bari 1981 , t. III, p. 127-182. Sources anciennes. L'œuvre de Cicéron, en particulier les dialogues philo sophiques où apparaît Atticus et, bien sûr, les Lettres à Atticus ; Cornelius Nepos, Vita Attici. Né en 110 € d'une famille équestre, Atticus reçut à Rome une éducation raffi née ; il se lia étroitement avec certains de ses condisciples, comme L. Manlius Torquatus (cos. 65 ) et Cicéron . Il quitte Rome au moment de la lutte entre Sylla et Marius, sa sécurité n'étant plus assurée, et s'installe à Athènes, sans doute au début de 85', où il restera plus de vingt ans. C'est d'ailleurs de ce long séjour que lui vint son surnom ( Cic. , Sen. I 1 ) et Cornelius Nepos insiste sur sa popularité parmi les Athéniens (Att . , 2-3 ). Il rentre à Rome fin 65* et, dès lors, son existence se partage entre la ville et la propriété qu'il avait acquise en Épire. Pendant la guerre civile qui opposa Pompée et César, il reste neutre et de même, après la mort de César, il ne soutient aucun parti, mais aide personnellement ses amis ( Att. 7-10) . Atteint d'une grave maladie, il se laissa finalement mourir de faim , à l'âge de soixante -dix -sept ans. Pour nous, Atticus est d'abord l'ami de Cicéron , mais il sait se montrer un homme d'affaires avisé ; n'oublions pas qu'il est également un éditeur et un écrivain : il avait notamment composé un liber annalis, qui reprenait, depuis les origines, les grands événements de l'histoire romaine ( Cornelius Nepos, Att. 18) et s'était aussi intéressé à la généalogie des grandes familles. L'activité d'Atticus se borne là : il ne s'engage pas dans une carrière politique et n'exerce aucune magistrature (Comelius Nepos, Att. 6) . Cette abstention ne signifie pas qu'il se soit tenu à l'écart de la vie politique : lorsqu'il quitte Athènes en 65 , c'est pour aider Cicéron dans sa campagne pour le consulat (Cic. , Att. I 2, 2) ; il s'engage aux côtés de son ami au moment de la conjuration de Catilina (Att. II 1 , 7), et lui offre un asile au moment où ce dernier est exilé . Pendant la guerre civile, il accueillit des proscrits (Cornelius Nepos , Att. 9) et sut rendre service à de nombreux amis . L'engagement épicurien d'Atticus ne fait aucun doute et, sur ce point, les Lettres à Atticus comme les dialogues de Cicéron apportent des renseignements clairs. Ses premiers contacts avec la doctrine du Jardin eurent lieu à Rome, où il suivit les leçons de Phèdre (Fam . XIII 1 ) avec Cicéron, et se continuèrent à Athènes (Fin. I 5 , 16). Et même s'il n'appartient à aucun cercle épicurien (à la différence d'un Pison ), il est sûr qu'il ne cesse de se présenter comme un disciple d'Épicure (Leg. 17, 21 ; I 20, 53-54 ; Fin . V 1,3). Cetengagement ne s'expri me sans doute pas dans des écrits ou une contribution personnelle à la doctrine (et, en ce sens , il n'est pas philosophe) mais dans une sagesse et un art de vivre qu'il doit au Jardin . Il mène une vie simple malgré ses richesses ( Cornelius Nepos, Att. 13-14 ; Cic . , Att . VI 1 , 13 ) ; il se tient à l'écart des luttes politiques qui n'apportent que troubles (Cornelius Nepos , Att . 2, 2 ; 6 , 1 ) et choisit l'otium ; il se montre enfin un ami très fidèle. On a pourtant souligné les limites de son épicurisme: sa richesse , sa relative participation à la politique , ses liens d'amitié même avec des hommes qui n'ont aucun rapport avec l'épicurisme
ATTICUS
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(Cicéron , mais aussi Brutus) montrent que son engagement n'est ni total ni véritable (Leslie 3 ) ; il a entendu Antiochus d'Ascalon ; il apprécie Dicéarque, le philosophe péripatéticien (Att. II 12, 4 ; II 16 , 3 ; VII 3 , 1 ) et possède même un portrait d'Aristote dans sa bibliothèque (Att. IV 10, 1 ) ; il accepte de plaisanter sur ses tendances épicuriennes et admet même dans le De legibus I 21 de renoncer à certains de ses principes (Leslie 3 , p. 19) . De telles conclusions doivent être nuancées : l'argument tiré du De legibus ne prouve rien parce que l'assentiment d'Atticus est tout simplement nécessaire pour la suite du dialogue. Ses relations avec Cicéron ou Brutus ne constituent pas un argument plus sûr : la correspondance de Cicéron montre au contraire les contacts étroits qui existent entre des hommes qui ne se rallient pas forcément aux mêmes idées . Ses rares interventions dans la vie politique sont également caractéristiques d'un épicu risme romain qui ne renonce pas à s'engager quand c'est nécessaire ( cf. 6 A. Momigliano, JRS 31 , 1941 , p. 158-165 ) , qui concilie la sagesse du maître avec la participation à la vie sociale (Pison n'était - il pas consul ? ). Et il ne faut pas négliger non plus son sens de l'amitié. En un mot, Atticus fut sans doute un épicurien sincère mais aussi un Romain .
MICHÈLE DUCOS. 506
fl . 92
ATTICUS RE 3
Martial, Epigr. VII 32, évoque un jeune homme qui préfère aux entraî nements habituels de la palestre la course à pied. Le début du poème montre que son attitude s'inspire de considérations philosophiques : « Atticus , toi qui fais revivre les grands noms d'une éloquente famille ( sans doute celle des Pomponii Attici) et ne souffres pas qu'une illustre maison tombe dans le silence , c'est à toi que s'attachent respectueusement les fidèles de la Minerve d'Athènes, c'est toi que les amis des loisirs cloîtrés (secreta quies), que tous les philosophes (“ sophos” omnis) chérissent... » ( trad . Izaac ). Il est peut-être aussi le dédicataire de l'épigramme IX 99. RICHARD GOULET. 507
ATTICUS RE 18
fl. 176
Philosophe moyen -platonicien de la dernière moitié du Ilº s. , auteur de commentaires sur Platon qu'on lisait , selon Porphyre ( V. Plot. 14 , 10-14 Henry - Schwyzer ), dans les réunions de l'école de Plotin . Ses doctrines sont commentées , avec mention de son nom , encore par Porphyre , Jamblique, Eusébe de Césarée, Théodoret de Cyr, Syrianus, Proclus, Damascius, Simplicius , Jean Philopon , Énée de Gaza, et l'anon ., In Eth . Nic . (CAG XX) . Cf. aussi Photius, Bibl. cod . 167, t . II, p . 155 , 26 Henry. 1 M. Baltes, Die Weltentstehung des platonischen Timaios nach den antiken Interpreten , Teil I , coll . « Philosophia Antiqua » 30, Leiden 1976 , p. 63-65 , retrouve son influence chez Galien . Selon 2 G.C. Stead , « The Platonism of Arius » , JThS 15 , 1964 , p . 16-31 , les doctri nes d'Atticus ont exercé une influence sur Arius. Il est bien possible que Hiéro clès pense surtout à Atticus quand il attaque ceux des disciples de Platon et d'Aristote qui avaient employé leur zèle et leur travail à mettre leurs maîtres en contradiction (cf. Photius , Bibl . cod . 214 , t. III, p . 125-130 , et cod. 251 , t. VII, p . 189-206 Henry ). De son ouvrage Mpos tous & ià tõv ' ApioTOTÉNOUS
AUGUSTIN
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Tà MátwVOG ÚNIOXVOU LÉVOUC, où il s'oppose à toute conciliation entre Platon et Aristote , dix fragments d'une ampleur considérable sont conservés par Eusébe, P.E. XI et XV . Éditions critiques des fragments avec traduction française. 3 J. Baudry (édit. ), Atticos : Fragments de son cuvre, « Nouvelle Collection de textes et documents» , Paris 1931, LXIII- 34 p . 4 É. des Places ( édit. ), Atticus : Fragments, CUF, Paris 1977, 118 p . Pour les traductions en d'autres langues, voir des Places 4 , p . 31 . Datation et localisation. Pour l'année 176 , on trouve chez Eusébe Jérôme, Chronicon, p . 207 Helm , la notice : « Atticus Platonicae sectae philo sophus agnoscitur ». Il est possible qu'Atticus ait été le premier titulaire de la chaire de philosophie platonicienne créée à Athènes cette année - là par Marc Aurèle . Cf. 5 J. Dillon , The Middle Platonists, p . 247-251. École. Atticus partage avec Plutarque les thèses de la création du monde au sens temporel et d'un dualisme de deux âmes opposées et contraires. Son expo sition de Platon se tenait toujours à la lettre du texte . Il attaquait, par conséquent, toute tentative d'interpréter Platon par Aristote. On constatera pourtant chez Atticus lui-même une certaine influence du stoïcisme. Il fut le maître du lexico graphe et philosophe Harpocration d'Argos. Études d'orientation . Baltes 1 , p . 45-69 ; Dillon 5 , p . 247-258 ; des Places 4 ; 6 M. Baltes, « Zur Philosophie des Platonikers Attikos » , dans H.-D. Blume et F. Mann (édit.), Platonismus und Christentum : Festschrift für H. Dörrie , coll. « Jahrbuch für Antike und Christentum . Ergänzungsband » 10 , Münster 1983 , p . 38-57 ; 7 P. Moraux, Aristotelismus , t . II, p . 564-582 ; 8 C. Moreschini, « Attico : una figura singolare del medioplatonismo», dans ANRW II 36, 1 , Berlin 1987, p. 477-491. Bibliographies. Des Places 4 , p . 35-36. 9 H. Dörrie, Platonica Minora, München 1976, p . 524-548 ; 10 L. Deitz, « Bibliographie du platonisme impé rial antérieur à Plotin : 1926-1986 » , ANRW II 36, 1 , Berlin 1986, p. 143-144 . JOHN WHITTAKER . ATTIUS + DIDYMOS (ATEIOS -) ATTIUS + CLEMENS (ATTIUS -) AUFIDENUS + SIDECTAS (Q. AUFIDENUS -) AUFIDIUS + BASSUS (AUFIDIUS -) AUGUSTE → OCTAVIUS (C. -) 508 AUGUSTIN RE 1 PLRE II : 2
13 novembre 354-28 août 430
Évêque d'Hippo Regius = Hippone, Bône, Annaba, en Algérie. Éléments biobibliographiques. Aurelius Augustinus, fils de Patricius et de Monnica, est né à Thagaste = Souk -Ahras ( Algérie ), le 13 novembre 354. Au cours de ses études de rhétorique, la lecture de l’Hortensius de Cicéron le convertit à la philosophia ( amor sapientiae) ; il fut ensuite l'adepte de la religion manichéenne durant neuf ou dix ans . En 386 , à Milan, il se convertit au
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AUGUSTIN
christianisme, religion de son enfance, et fut baptisé par saint Ambroise dans la nuit pascale des 24-25 avril 387. De 388 à 391 , il vit dans la retraite (otium ), à la fois intellectuelle et monasti que, à Thagaste dans sa maison paternelle. Ses travaux littéraires sont alors ceux d'un " intellectuel chrétien ”, riches en développements “ philosophiques" au sens communément reçu. Devenu prêtre en 391 , évêque en 395 , il change d'occu pations et de préoccupations; il joue un rôle de premier plan dans l'épiscopat africain en collaboration étroite avec le primat de Carthage, Aurelius; il s'active au service du peuple de Dieu dans la liturgie, mais aussi dans les diverses controverses qu'il mène contre les manichéens, les donatistes, les pélagiens, les païens, etc. Il reste de cette activité plus de 800 sermons, une correspondance de 300 pièces et quelque 100 traités. La vie d'Augustin est exceptionnellement bien connue , non seulement grâce aux Confessions, mais aussi grâce aux Retractationes, aux sermons et aux lettres, si bien qu'on peut suivre sa carrière et son action an par an et souvent mois par mois. Cf. 1 O. Perler, Les Voyages de saint Augustin , Paris 1969. Le premier biographe d'Augustin fut son ami et disciple, Possidius, évêque de Calama. Cf. Vita Augustini, éditée par 2 M. Pellegrino, Alba 1955 ; PL 32 , 33 s . La biographie la plus détaillée est celle de 3 S. Lenain de Tillemont, Mémoires pour servir à l'Histoire ecclésiastique des six premiers siècles, t. XIII, Paris 1710. On trouve actuellement en librairie les ouvrages de 4 P. Brown, Augustine of Hippo. A Biography, London 1967 ( traductions en plusieurs langues européennes ) et de 5 A. Mandouze, Saint Augustin. L'aventure de la raison et de la grâce, Paris 1968. La nomenclature des æuvres se trouve dans CPL n° 250-386 . Pour les sermons, cf. 6 P.-P. Verbraken , Études critiques sur les sermons authentiques de saint Augustin, Steenbruge 1976 . La monumentale édition des 7 Mauristes (Paris 1679– ) est toujours en service par l'intermédiaire de la 8 PL, vol. 32-46 . Des éditions critiques sont en cours dans le CSEL et le CC . Deux traductions complètes en français ont été publiées au siècle dernier sous la direction de 9 M. Raulx, Bar -le -Duc, 1864-1873 , et de 10 Péronne, Écalle, etc. , Paris 1872-1878 . Une édition bilingue est en cours : Euvres de saint Augustin , coll . « Bibliothèque Augustinienne » , Paris . Les Confessions se trouvent aussi en édition bilingue dans la CUF ( éd . P. de Labriolle ). La concordance complète des oeuvres d'Augustin a été publiée sur micro fiches par les soins du CETEDOC de Louvain ( Édition Brepols, Turnhout 1988 ). L'ensemble de la documentation de l'Institut des études augustiniennes sur les publications concernant Augustin, ses œuvres, sa doctrine, son influence, a été reproduit dans 11 Fichier augustinien, 4 vol. (2 de fiches auteurs, 2 de fiches matières), Boston 1972, avec un premier supplément, ibid ., 1981. La biblio graphie courante est analysée et critiquée chaque année dans le 12 « Bulletin Augustinien » de la Revue des études augustiniennes.
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Formation philosophique. L'évolution spirituelle d'Augustin est connue par les Confessions. On en trouve une excellente présentation due à A. Solignac dans 13 BA 13 , p . 85-112. Les principales phases d'ordre philosophique sont : ( 1 ) La lecture de l'Hortensius de Cicéron (Conf. III 4 , 7-8) qui engage Augustin dans la quête de la sagesse en soi , et non pas dans telle ou telle secte . Le thème du bonheur et de la sagesse qu'y développait Cicéron demeurera toujours présent à l'esprit d'Augustin comme cadre général de sa pensée ; cf. 14 R. Holte , Béatitude et sagesse. Saint Augustin et la fin de l'homme dans la philosophie ancienne, Paris 1962. ( 2 ) Multa philosophorum (Conf. V 3 , 3 ) . Tout en étant l'adepte du mani chéisme, Augustin s'occupait à acquérir une formation philosophique de base : à vingt ans il lisait les Decem categoriae aristotéliciennes (Conf. IV 16 , 28) ; il s'entretenait professionnellement dans la connaissance des arts libéraux (Conf. IV 16, 30 ) ; il réfléchissait particulièrement sur le langage : de arte loquendi et disserendi, sur le rythme et les nombres ( Conf. IV 16 , 30 ). Il a accumulé ainsi la matière de quelques-uns de ses ouvrages: De dialectica, De musica, De magistro . Par ailleurs , sa curiosité astrologique l'amenait à s'intéresser aux recherches astronomiques ( Conf. IV 3 , 4-5 ) ; et il s'initiait aussi à des ouvrages arithmétiques et arithmologiques (cf. à ce sujet 15 A. Solignac , « Doxogra phies et manuels dans la formation philosophique de saint Augustin », Recherches augustiniennes, t . I, Paris 1958, p . 113-148 ). Il faut ajouter les conversations entre Augustin, Alypius et Nebridius ( Conf. VI 10, 17): « De finibus bonorum et malorum » (Conf. VI 16, 26). ( 3) La lecture, en mai ou juin 386, des Libri platonicorum , traduits du grec en latin par Marius Victorinus (Conf. VII 9, 13–17 , 23 ; VIII 2, 3) . On a exercé beaucoup d'érudition et de subtilité pour tâcher d'identifier ces livres et décider si Augustin a lu seulement du Plotin ( P. Henry ), ou seulement du Porphyre (W. Theiler), ou du Plotin et du Porphyre (P. Courcelle ), ou du Plotin d'abord et du Porphyre ensuite (O. Du Roy) ; et pourtant, aujourd'hui encore, « il n'est pas possible de déterminer avec une certitude absolue le contenu des Libri platonicorum de Victorinus» (16 P. Hadot , Marius Victorinus, Paris 1971 , p . 210) . Ce qui est certain c'est qu'ils eurent un effet sensationnel sur l'esprit d'Augustin : quelques gouttes de leur précieuse essence suffirent à le faire flam ber (C. Acad. II 2 , 5) . Ils lui ont indiqué la voie de l'intériorité, par laquelle l'esprit se retrouve, s'approfondit et se dépasse jusqu'à rejoindre son fondement : Dieu, l'Être absolu , un et trine (Conf. VII 10, 16) . Situation de la philosophie . On peut considérer qu'Augustin a eu le sentiment d'aboutir dans sa quête de la Sagesse, quand il a pu unir dans la per sonne du Christ la Sapientia de l'Hortensius, l'Intellectus des Libri platonicorum et le Verbum du Prologue johannique (cf. Conf. VII 9, 13 ) . En effet, dès la fin de 386 , il s'est fait une conception nette, non seulement de l'essence du plato nisme et de son histoire, mais encore de son rapport au christianisme. A la fin du C. Acad. III 17 , 37–19, 42 , Augustin rappelle que Platon passe pour avoir élaboré la philosophie en discipline parfaite en ajoutant la dialectique à la morale socratique et à la science pythagorique des choses divines et naturelles; il réduit le platonisme à la théorie des deux mondes, intelligible et sensible , et détaille tant soit peu les vicissitudes de l'histoire de l'Académie , avec sa combinaison d'une
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doctrine ésotérique et d'une tactique sceptique, jusqu'à Plotin, en qui Platon a revécu ... « Il fallut donc bien des siècles et bien des luttes, mais c'est désormais chose faite : la discipline unique d'une philosophie parfaitement vraie est clari fiée . C'est, par opposition à la philosophie de ce monde (le matérialisme) que la religion chrétienne rejette à juste titre ( allusion à Col. 2, 8), c'est donc la philo sophie du monde intelligible , auquel la raison avec toute sa subtilité n'aurait pu ramener les âmes aveuglées et souillées, si l'autorité de l'Intellect divin ne s'était abaissée jusqu'au corps humain >> : allusion à l'incarnation du Verbe, qu'on retrouve dans un développement analogue en De ord . II 5 , 16. La formule una verissimae philosophiae disciplina a été diversement interprétée : selon Holte 14, p . 87-109 , elle désigne le Christianisme, parce que la suite concerne assez nettement l'incarnation du Verbe ; selon 17 O. Du Roy (L'intelligence de la foi en la Trinité selon saint Augustin , Paris 1966 , p. 116-117), c'est le plotinisme, « dont Augustin vient de célébrer l'avènement». Mais il n'y a pas lieu de trancher, parce que, dans l'esprit d'Augustin , le platonisme et le christianisme sont en accord sur le monde intelligible, autrement dit sur Dieu et son Verbe ( cf. Conf. VII 9, 13), contre le matérialisme de la philosophie de ce monde. Le partage se fait, en revanche, à propos de l'abaissement de l'intellect, de la kénôse du noûs, pour parler grec , inconcevable pour un “ néoplatonicien ” de stricte obédience . Selon toute vraisemblance, Augustin a été éclairé sur cette coincidence et cette différence entre platonisme et christianisme par Simplicianus, ainsi que l'a montré 18 P. Courcelle, Recherches sur les Confessions de saint Augustin, Paris 1950, 2e éd . 1958 , p . 168-174 : « Simplicien et la confrontation des Ennéades avec le Prologue johannique » . On en trouve des reprises remarquables tout au long de la carrière d'Augustin : en 390 dans le De vera religione, vers 400 dans le livre VII des Confessions, en 410-411 dans l’Epistula 118 à Dioscorus, en 415-417 dans les livres VIII- X du De civitate Dei, vers 420 dans le livre XIII du De Trinitate. Ce sont autant de jugements qui permettent à Augustin de signifier aux platoniciens qu'ils n'ont qu'un pas à faire pour devenir chrétiens : « paucis mutatis verbis atque sententiis » (De vera religione 4, 7 ; cf. Epist. 118 , 3, 21) et de leur reprocher, avec saint Paul , d'avoir « détenu la vérité dans l'iniquité (Rom . 1 , 18-20) parce qu'ils ont philosophé sans le médiateur, le Christ homme » (De Trin. XIII 19 , 24 ). Le platonisme, tel qu'Augustin le conçoit, souffre d'une contradiction entre une bonne doctrine théologique et une mau vaise pratique idolâtrique (cf. De vera religione et De civitate Dei) ; le christia nisme, au contraire , assure la cohérence de la théorie et de la pratique, de la philosophia qui est sapientiae studium et de la religio (De vera relig. 5 , 8) . Cf. 19 P. Hadot , « La présentation du platonisme par Augustin » , dans Kerygma und Logos , Festschrift für Carl Andresen, Göttingen 1979, p. 272 279) ; 20 G. Madec , « Si Plato viveret ... », dans Néoplatonisme (Mélanges Jean Trouillard ), Paris 1981 , p . 233-247 . Ces indications suffisent pour voir comment Augustin a compris le christia nisme en fonction de l'idée antique de la philosophie ; mais elles montrent aussi à quel point sa doctrine s'accommode mal de la distinction scolastique et post scolastique entre philosophie et théologie. Il nous faut pourtant nous conformer tant mal que bien à cette distinction pour faire état des thèmes “philosophiques”,
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au sens strict ou communément reçu , qui interviennent dans ses différentes æuvres . Travaux philosophiques de l'intellectuel chrétien (386-391 ). Durant l'au tomne et l'hiver 386-387 , Augustin séjourne à Cassiciacum (Cassago di Brianza ou Casciago di Varese ; cf. Perler 1 , p . 192-196) , avec ses parents et des amis, pour vivre dans l'otium philosophandi (C. Acad . II 2 , 4 ), appelé aussi dans les Retractationes I 1 , 1 : christianae vitae otium . Il fait lire l'Hortensius à ses jeunes disciples, Trygetius et Licentius (C. Acad . I 1,4 ), et organise des entre tiens philosophiques, dont sont issus les trois livres Contra Academicos ( huit entretiens ), le livre De beata vita ( trois entretiens), les deux livres De ordine ( quatre entretiens : éditions critiques dans CC 29 et CSEL 63 ; bilingue dans BA 4 ) . Le contraste entre les Dialogues et les Confessions a donné lieu, depuis un siècle (Harnack et Boissier, 1888), à quantité d'études sur la teneur de la conver sion d'Augustin en 386. Selon 21 P. Alfaric ( L'évolution intellectuelle de saint Augustin , Paris 1918 , p. 380-381 ), « moralement comme intellectuellement, c'est au néo -platonisme qu'il s'est converti plutôt qu'à l'Évangile ». Mais 22 A. Loisy (RCr 86 , 1919, p. 146) lui objectait très pertinemment: « Le fait est pourtant qu'à cette date Augustin a reçu le baptême et qu'on le considère comme chrétien depuis ce temps -là ... Les écrits de Cassiciacum et de la période néo -platonicienne ne représentent pas toute la vie intérieure d'Augustin et ils ne sont pas destinés à la représenter. » Cette remarque de bon sens aurait dû couper court à la controverse : cf. Courcelle 18 . On a aussi mis en cause l'historicité des Dialogues: faut- il faire confiance à Augustin lorsqu'il déclare qu'ils reproduisent les entretiens philosophiques de novembre 3867 Selon 23 J.J. O'Meara (« The historicity of the early Dialogues of Saint Augustine » , VChr 5 , 1951 , p. 150-178), la part de fiction y est impor tante . Mais la plupart des arguments avancés tombent, si l'on veut bien admettre qu’Augustin et ses compagnons se sont conformés aux conventions du genre, non seulement pour rédiger les Dialogues, mais déjà pour organiser les entretiens : décision de les enregistrer par tachygraphie, distribution des rôles, etc. L'atmo sphère est, nous dit -on , celle d'un “ School-room " (O'Meara 23 , p . 166 ); mais justement Trygetius et Licentius sont au stade de l'initiation philosophique, lorsqu'ils tiennent les premiers rôles (C. Acad . I ), il n'est pas étonnant que l'argumentation ne progresse pas (O'Meara 23 , p . 171 ) : ils en sont à leur premier exercice pratique. La banalité des sujets (ibid. p. 169) ? Mais le bonheur et la sagesse sont les thèmes fondamentaux du Protreptique de Cicéron que les jeunes gens viennent de lire. L'abandon du débat pour l'exposé suivi n'est pas un échec du dialogue ( ibid. p . 171 ), mais une convention du genre , etc. (Voir 24 G. Madec , « L'historicité des Dialogues de Cassiciacum » , REAug 32, 1986, p . 207-231 ). Sur la théorie des arts libéraux dans le De ordine, cf. 25 I. Hadot, Arts libéraux et philosophie dans la pensée antique, coll . « Études augusti niennes » , Paris 1984 , p . 101-136 . A Cassiciacum Augustin rédigea aussi les deux livres de Soliloquia (PL 32, CSEL 89, BA 5) , fruits de ses méditations solitaires : « cum ipso me solo coram Te » (Conf. IX 4 , 7), issus, dira - t- il dans les Retractationes I 4, 1 , de son ardeur pour l'investigation rationnelle de la vérité sur ce qu'il désirait par- dessus tout
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connaître : Dieu et l'âme ( Sol. I 2, 7 ). En d'autres termes, il réfléchissait sur les fondements du spiritualisme qu'il avait découvert grâce aux Libri platonicorum . Sur divers aspects néoplatoniciens de cet ouvrage , cf. O. Du Roy 17 , p . 173 206 . De retour à Milan, tout en se préparant au baptême, Augustin travailla à un troisième livre de Soliloquia , qui devait en rester à la forme d'un commo nitorium (aide -mémoire ; cf. Retr. I 5) : le De immortalitate animae (PL 32, CSEL 89, BA 5 ) , inspiré du Zètèma de Porphyre sur l'immortalité de l'âme, comme l'a suggéré 26 H. Dörrie, Porphyrios’ « Symmikta Zetemata » , Mün chen 1959, p . 152-155 , et prouvé 27 J. Pépin, « Une nouvelle source de saint Augustin. Le Zètèma de Porphyre Sur l'union de l'âme et du corps » , REA 66 , 1964, p. 53-107 . Il mit aussi en chantier une série d'ouvrages sur les arts libéraux, dont il reste peut- être des ébauches : De grammatica , De rhetorica (PL 32), certainement un De dialectica (éd. 28 J. Pinborg, 1975 ; cf. 29 J. Pépin , Saint Augustin et la dialectique, Villanova 1976 ), et bien sûr les six livres De musica ( PL 32, CSEL 89 , BA 7 ), qui n'ont été achevés qu'en Afrique. Sur le chemin du retour en Afrique, à Rome en 387-388, Augustin continua ses conversations philosophiques avec ses amis, notamment sur l'âme et sur le mal ( cf. Epistula 162, 2). Le De quantitate animae ne comporte pas de mise en scène ; il commence comme un De anima général, puis développe particulière ment le point de vue de la grandeur de l'âme, de sa croissance, de ses degrés : de l'animation du corps à l'union à Dieu . Par ses procédés d'interrogation , ses considérations sur les figures géométriques, son allusion à la connaissance comme réminiscence ( 20, 34), c'est une sorte de Ménon augustinien . L'opuscule est indûment négligé par la critique (PL 32, BA 5 ). A Thagaste , installé avec ses compagnons dans sa maison paternelle , Augustin a repris ses entretiens studieux . Le De diversis quaestionibus 83 en conserve des éléments : les réponses d'Augustin sur divers sujets, notamment philosophiques. La plus célèbre, sinon la plus importante , est la quaestio 46 : De ideis (cf. 30 A. Solignac, « Analyses et sources de la Question De ideis » , dans Augustinus Magister, t . I , Paris 1954, p . 307-315 ). On y trouve aussi un fragment du De mente mundanda ad videndum Deum de Fonteius de Carthage ( Qu . 12 ; cf. Retr . I 26) et même un extrait du De inventione de Cicéron ( Qu . 31 ) . Le De magistro (CC 29, CSEL 74 , BA 6 3e éd.) est un dialogue (non scéni que) entre Augustin et son fils Adéodat. Augustin atteste en Conf. IX 6, 14, que toutes les pensées qu'il attribue à son fils sont bien de lui ; il n'y a pas de raison d'en douter. C'est un long entretien sur le langage ( 1-37) qui s'achève par la thèse du Maître intérieur ( 38-46 ): le Christ en tant que Verbe de Dieu , vérité qui préside intérieurement à tout esprit en acte d'intelligence .La première partie ne présente pas , contrairement à ce qu'on dit, la philosophie augustinienne du langage. Augustin ne s'est pas soucié de faire du neuf en ce domaine. S'il déve loppe le paradoxe selon lequel 1 ) rien ne s'enseigne sans les signes et 2) les signes n'enseignent rien , c'est pour dissiper l'illusion de l'immédiateté du langage et d'une « communication horizontale » entre les hommes, afin de mieux les per suader qu'il n'est de communion des esprits que par leur union à la Vérité .
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Le De musica libri sex (PL 32, BA 7), commencé ou du moins projeté à Milan (cf. Retr. I 6 ), a été rédigé à Thagaste. Selon 31 H.-I. Marrou (Saint Augustin et la fin de la culture antique, Paris 1938 , p . 580-583 ), le livre VI donne le texte d'une " seconde édition , révisée par Augustin pendant sa période épiscopale » . Quoi qu'il en soit, l'ensemble se conforme au programme « per corporalia... ad incorporalia » (Retr . I 6) , inspiré de Varron ou de Porphyre ( cf. Claudien Mamert, De statu animae II 8). Les cinq premiers livres traitent du rythme et de la métrique; le sixième nous élève, à travers les degrés du nombre dans l'âme, jusqu'à l'égalité suprême en Dieu . Sur le livre VI, cf. O. Du Roy 17 , p . 282-297 . Le De vera religione (CC 32, CSEL 77 , 2, BA 8) accomplit en 390 une promesse qu'Augustin avait faite en 386 à son ami bienfaiteur Romanianus (5 , 12 ; cf. C. Acad. II 3 , 8) . On en trouve une analyse très poussée dans la thèse d'O . Du Roy 17 , p . 309-408 , qui critique vigoureusement 32 W. Theiler, Porphyrios und Augustin, Halle 1933 , selon qui tout le système ontologique du De vera rel. proviendrait de Porphyre. Cependant O. Du Roy me paraît restreindre fâcheusement la perspective d'Augustin , en distinguant deux « in tentions rédactionnelles » (17 , p. 309) trop précises: une première antimani chéenne, une autre postérieure antiporphyrienne; car l'intention expresse d'Augustin est bien de réfuter toutes les formes possibles de l'aberration reli gieuse ( cf. § 10, 18, 68 , 107 s .), à l'aide du platonisme qui trouve son accomplis sement dans le christianisme où se réalise la conformité de la pratique religieuse et de la théorie sur Dieu ( cf. $$ 1-11 ) . C'est pourquoi je ne vois pas d'inconvé nient à admettre qu'Augustin dépend foncièrement de Porphyre pour l'onto logie, tout en s'opposant à lui pour la sotériologie. On peut voir là l'esquisse de la confrontation développée dans les livres VI - X du De civitate Dei. Les trois livres De libero arbitrio (CC 29, CSEL 74 , BA 6, 3e éd.) sont issus des entretiens sur le mal qu'Augustin eut avec ses amis à Rome en 387-388 . En Retr . 19, 1 , Augustin précise qu'il a achevé les livres II et III, comme il l'a pu, à Hippone, étant déjà prêtre. Sous sa forme achevée, l'ouvrage présente la théo dicée augustinienne. Le livre I établit, en effet, la responsabilité entière de l'homme dans le mal moral; le livre II, en contraste , se place sous le signe du bien et traite principalement de l'existence de Dieu et de sa bonté créatrice ; le livre III montre que la défaillance de la volonté libre ne porte aucun préjudice à la bonté toute puissante du Créateur. On trouvera l'état des différentes questions: élaboration de l'ouvrage, preuve de l'existence de Tieu , volonté et liberté, condition malheureuse, etc. , dans l'introduction et les notes complémentaires de BA 6 , 3e éd. Aspects philosophiques des euvres du pasteur d'âmes. Prêtre en 391 , évêque en 395 : l'horizon doctrinal d'Augustin change en fonction de ses nou velles charges, et de même ses intentions, ses publics, les genres littéraires qu'il doit pratiquer... Il n'aura plus guère le loisir de s'adonner à une réflexion suivie d'où résulterait une æuvre rédigée en toute tranquillité. Les grands ouvrages, qui n'entrent pas dans la série pastorale (sermons et lettres) ou dans la série des controverses, sont restés longtemps en chantier ou ont connu des accidents de composition ; ce sont aussi ceux où l'on trouve les thèmes philosophiques les plus
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typiques de la pensée augustinienne. Avant de les aborder, quelques mots sur les controverses . L'action antimanichéenne d'Augustin avait commencé dès 388, à Rome, avec le De moribus ecclesiae catholicae et de moribus manichaeorum . A Thagaste, outre le De vera religione, il avait écrit le De Genesi contra manichaeos. En 391 392, il essaie de convertir son ami Honoratus en lui adressant le De utilitate credendi (CSEL 25 1 , BA 8) , en insistant sur la rationalité de la foi, sur la croyance comme fondement des relations humaines, amicales et sociales. Dans ses divers écrits antimanichéens : De duabus animabus, Contra Fortunatum , Contra Adimantum , Contra Epistulam Fundamenti, Contra Faustum , Contra Felicem , Acta cum Felice, De natura boni, il exploite contre le dualisme manichéen divers aspects de l'ontologie qu'il a acquise à l'aide du néoplatonisme (cf. BA 1 et 17). Les travaux relatifs au schisme donatiste traitent de l'Église, du baptême, des sacrements, sans incidences philosophiques notables, sauf le Contra Cresconium (CSEL 31 , BA 31 ), parce que le grammairien Cresconius a eu l'imprudence de se porter sur le terrain de la dialectique ( cf. les notes complémentaires de BA 31 ) . La controverse pélagienne relative à la grâce, au péché originel, à la concu piscence, à la prédestination, n'implique pas non plus de discussions philo sophiques proprement dites , bien que 33 H.A. Wolfson ait écrit sur les « Philosophical Implications of the Pelagian Controversy » , TAPHS 103 , 1959 , p . 554-562 . On ne quitte pas l'ordre des généralités avec l'article de 34 J.B. Valero, « El estoicismo de Pelagio », EE 57 , 1982 , p . 39-63 . L'étude de 35 F. Refoulé, « Julien d'Éclane, théologien et philosophe », RecSR 52 , 1964, p . 42-84 , 233-247, est plus précise. De fait, le recours de Julien aux philosophes oblige Augustin lui-même à faire état d'eux à maintes reprises dans le Contra Iulianum (PL 44) . Cela nous vaut notamment le seul emploi augustinien de la formule " philosophie chrétienne" (C. Tul. IV 72, PL 44 , 774 ) : « Obsecro te non sit honestior philosophia gentium quam nostra christiana , quae una est vera philosophia, quandoquidem studium vel amor sapientiae significatur hoc nomine . » Le De doctrina christiana (libri IV : CC 32 , BA 11 ) est un traité d'hermé neutique et de rhétorique chrétiennes qu’Augustin a entrepris en 396 , peut- être à la demande d'Aurelius de Carthage, pour servir à la formation théologique du jeune clergé. Mais il n'a été achevé qu'en 426. Augustin y exploite trois patrons conceptuels : le couple rhétorique modus inveniendi-modus proferendi, le couple linguistique res-signum , et le couple éthique frui-uti. On fait aujourd'hui honneur à Augustin de l ' « instauration d'une sémiotique » (36 T. Todorov , Théories du symbole, Paris 1977, p. 56) ; mais le De doctr . christ. II 1 , 1-3 , 4, n'offre qu'un résumé, probablement sans originalité, pour introduire une herméneutique biblique. Plus importante dans l'esprit d'Augustin - et en tout cas plus influente sur l'organisation du savoir au Moyen Age - est la théorie des sciences ordonnées à la compréhension de l'Écriture sainte (II 19, 29–42, 63 : c'est une modification du programme platonicien (Rép. VII), apparentée à celles de Philon (De congressu eruditionis gratia 79) et de Clément d'Alexandrie ( Stromates I 29-30) .
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Les Confessions ( libri XIII : CSEL 33 , CC 27 , BA 13-14 ) ont été écrites entre 397 et 401. Elles formulent une « nouvelle conception de l'homme » : « le Moi fait son entrée dans l'histoire de la conscience ; le rapport religieux prend la forme du dialogue entre le Toi et le Moi » (37 P. Hadot, Porphyre et Victo rinus, Paris 1968 , p . 16) . Et ce dialogue se développe en méditation sur l'expé rience vécue. Du point de vue philosophique commun , il faut d'abord relever au livre VII 9 , 13-15 , le « bilan des concordances et des discordances » entre platonisme et christianisme ( Courcelle 18 , p . 172 ; cf. 38 P. Henry, Plotin et l'Occident, Louvain 1934, p. 90 s . ) Les méditations sur la mémoire et sur le temps, dans les livres X et XI, sont devenues comme des pièces d'anthologie philosophique : les philosophes ont coutume de les lire hors contexte pour les comparer à divers développements sur les mêmes thèmes ; c'est au risque de les mal comprendre; car, si elles sont des digressions par leur longueur, elles n'en sont pas moins liées organiquement à l'ensemble de l'ouvrage. Le livre X comporte deux parties expressément annoncées au $ 5 : une ascension vers Dieu (8 8-38) et un examen de conscience (§ 41-64 ). Augustin y refait le parcours de sa conversion , sous son aspect intellectuel ( cf. Conf. VII) et sous son aspect moral ( cf. Conf. VIII). La méditation sur la mémoire ( § 12-38) n'est qu'une étape du trajet qui commence par le parcours du monde ( 9-10) ; elle a été analysée en détail par 39 A. Solignac (BA 14 , p . 557-567 : « La mémoire selon saint Augustin » ). L'analyse du “ temps psychologique”, comme on dit, fait partie d'une entreprise d'intelligence de la Genèse , qui englobe la création et l'histoire de l'humanité jusqu'au repos eschatologique en Dieu (cf. Conf. XI 2, 2) . Le temps est fonction de la création ; il s'agit de dissiper le faux problème de l'avant de la création (XI 10 , 12) et de comprendre le rapport de la temporalité des créatures à l'éternité du Verbe créateur : In principio . La “ digression ” sur le temps ( 88 17 38 ) est une exercitatio animi , au cours de laquelle Augustin s'attarde sur la complexité du temps et de sa mesure pour se mettre en état de comprendre que la transcendance de Dieu par rapport au temps est très différente de la maîtrise, toute relative, que l'esprit créé s'assure sur le temps par son intentionnalité : souvenir du passé , observation du présent, attente de l'avenir. Cf. le commentaire de Solignac 39 , p . 581-591 : « La conception du temps chez Augustin » . Relevons encore au livre XII, outre les développements sur le caelum caeli et la matière , la réflexion sur la diversité des interprétations de l'Écriture, qui a retenu l'attention de 40 V. Goldschmidt, « Exégèse et axiomatique chez saint Augustin », dans Hommage à M. Guéroult, Paris 1964, p. 14-42. Le De Genesi ad litteram libri XII (CSEL 28 , BA 48-49 ) a été rédigé entre 401 et 414. Il n'y est que rarement question de façon expresse de la philosophia et des philosophi; mais A. Solignac a mené de minutieuses recherches pour identi fier les diverses opinions qu'Augustin évoque et critique dans son commentaire ; ses notes de BA 48-49 apportent toutes les précisions utiles sur les thèmes majeurs de la doctrine augustinienne de la création : sur l'æuvre des trois per sonnes divines, sur caelum caeli et l'angélologie, sur les raisons causales ou séminales et le double moment de conditio et d'administratio , sur l'anthropologie et la psychologie, etc. Les quinze livres De Trinitate (CC 50-50 a, BA 15-16) ont été aussi mis en chantier vers 400 ; mais ils n'ont été achevés qu'après 422, après que les douze premiers eurent fait l'objet d'une édition pirate (cf. Epist. 174 , Retr. II 17 ) . La
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première partie ( livres I - VII) est une défense du dogme trinitaire, scripturaire ( I -IV : étude des théophanies ) et rationnelle ( V -VII : étude des relations entre les trois personnes divines ). Dans cette deuxième section, on trouve des dévelop pements sur essentia substantia persona, ainsi que sur le problème de l'applica bilité des Catégories à Dieu. Dans la deuxième partie (VIII -XV ), Augustin procède modo interiore ( VIII, pr. 1 ) : il s'applique à comprendre le mystère trinitaire en étudiant l'esprit humain créé à l'image de Dieu . Cela commence par de patients exercices sur l'esprit (mens) en quête de lui-même, dont le ton et la manière rappellent certaines conférences de Plotin et où l'on a reconnu l'inspi ration de Porphyre (Pépin 27 , p. 53-107 ). Il ne s'agit pas pour Augustin de détailler les analogies des facultés mentales avec les personnes de la Trinité , à la manière scolastique, mais de rejoindre progressivement l'image de Dieu dans l'esprit en tant qu'il est memoria Dei, intelligentia Dei, amor Dei. Le De civitate Dei libri XXII (CSEL 40, CC 47-48 , BA 33-37) a été rédigé à la suite du sac de Rome par Alaric , entre 412 et 427. Les données philoso phiques les plus considérables se trouvent dans les livres VI à X , qui constituent le " deuxième cycle” de la réfutation des paganismes ( cf. 41 J.-Cl. Guy, Unité et structure logique de « La cité de Dieu », Paris 1961 ) . Cette section est fondée sur la théologie tripartite de Varron : mythique, politique et physique ( cf. 42 J. Pépin, Mythe et allégorie, Paris 1958 , 2e éd . 1976 , p . 276-307) . Les livres VI et VII présentent « la réfutation des dieux “artificiels" » ; les livres VIII - X , « la réfutation de la théologie “ physique ” » , par discussion avec les platoniciens : accord sur la théologie , désaccord sur la pratique religieuse ( cf. Guy 41 , p . 61-62) . Le livre VIII commence par un résumé historique et doctrinal du platonisme (chap. 2-12) , inspiré probablement de quelque manuel (cf. 43 P. Hadot , « Être, vie , pensée chez Plotin et avant Plotin », dans Les sources de Plotin , coll. « Entretiens sur l'Antiquité classique » 5 , Vandæuvres/ Genève 1960 , p . 107-157 ) . Le livre X est particulièrement important pour la discussion avec Porphyre et pour les citations du De regressu animae ( cf. 44 J. Bidez , Vie de Porphyre, Gand 1913 , p. 24 * -41 * ) . L'ensemble de l'ouvrage se recommande , moins pour le thème médiéval étudié par 45 H.X. Arquillière, L'Augustinisme politique, Paris 1934 , que pour sa conception de la philosophie ou de la théologie de l'Histoire (cf. 46 R.A. Markus, Saeculum . History and Society in the Theology of SaintAugustine, Cambridge 1970). Dans la correspondance d'Augustin, il faut d'abord faire état des Lettres 3-14 échangées entre Augustin et son ami Nebridius, dont l'ardeur philosophique et l'intransigeance intellectuelle semblent avoir eu une grande action incitatrice sur l'esprit d'Augustin. Les Lettres 16-17 (Maxime de Madaure et Augustin ) traitent de l'interprétation du paganisme . La Lettre 102 à Deogratias présente un opuscule intitulé Sex quaestiones contra paganos expositae, objections d'origine porphyrienne (cf. Retr. II 31 ) . La Lettre 118 répond aux questions de Dios corus relatives aux dialogues de Cicéron ; elle est de première importance sur la conception qu'Augustin se faisait de la tradition philosophique et de son rapport avec le christianisme. Les Lettres 135-138 (Volusianus -Marcellinus-Augustin) sont un intéressant témoignage sur les entretiens d'un cercle de Carthage frotté de néoplatonisme.
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Dans la prédication , il faut noter les Sermons 240 , 241, 242, prêchés au cours d'une semaine pascale , sur la résurrection de la chair : ils contiennent « un digest de philosophie porphyrienne » sur la réincarnation des âmes, selon 48 J. Pépin, Théologie cosmique et théologie chrétienne, Paris 1964 , p. 434-442. GOULVEN MADEC . 509 AULU GELLE (Aulus Gellius) RE 2
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Élève à Athènes de Calvisius Taurus, ami à Rome de Favorinus, auteur des Nuits Attiques. Éditions . 1 M. Hertz (édit . ) , A. Gellii Noctium Atticarum libri XX , coll. BT, Leipzig 1883-1885 , 2 vol.; la « editio minor altera » , Leipzig 1886, 2 vol., X -274 p . et 359 p . [I. Index Auctorum , t. II, p. 278-296 ; II. Index monumen torum legum librorum scriptorumque incertorum etc., p . 297-302 ; III Index rerum , p. 303-359) . 2 C. Hosius (édit. ), A.G. N.A. libri XX, post M. Hertz ed. C.H. , coll. BT, Leipzig 1903 , 2 vol . , LXIII-378 p. et 372 p. [I. Index auctorum , t. II, p. 307-326 ; II. Index nominum et rerum , p . 327-372 (grec : 368-372)] . 3 J.C. Rolfe (édit.), The Attic Nights of Aulus Gellius, with an English translation , coll. LCL 100 , 195 , 212 , London 1922-1928 ; « revised and reprinted », 1946 ; « reprinted » ... 1970, 3 vol. , LXIV -464 p . , XXXVIII 532 p . , XXX - 500 p . [ I. Index nominum , t . III , p . 455-490 (noms figurant en grec dans le texte , p. 488-490 ) ; voir aussi les notices sur les noms propres dans le t. I p. 449-462, et t. II p . 519-530 ; II. Index of subjects, III, p . 491-500 ). 4 R. Marache (édit . ), Aulu -Gelle, Les Nuits attiques. Texte établi et traduit par R.M. , CUF, Paris , 1967- ; t . I ( livres I-IV) , 1967, LXVII - 231 p . (p . 1-225 doubles) ; t. II ( livres V- X ) , 1978 , XV -228 p . (p . 1-191 doubles ). 5 P.K. Marshall ( édit .), A.G. N.A. recognovit brevique adnotatione critica instruxit P.K.M. , coll. OCT, Oxford 1968 , 2 vol.: t. I. ( livres I-X), XXXIV-336 p .; t. II (livres XI -XX ), XVI- (p. 337-654 ) [ I. Index nominum auctorumque, (a) latinus, t . II , p . 605-641 , (b) graecus, p . 641 ; II . Index verborum selectorum , (a) latinus, p . 642-651, (b) graecus, p . 652-654 ) . Références des éditions antérieures dans Rolfe 3 , t . I, p . XXII - XXIII ; Marache 4 , t . I , p . LVIII - LXII . Traductions . Anglaise , Rolfe 3 ; française, Marache 4 ; allemande , 6 F. Weiss , Leipzig 1875-1876, 2 vol. Indices. Voir les différentes éditions. Tradition manuscrite . Rolfe 3 , t. 1 , p . XVIII - XXII ; Marache 4 , t. I, P. XLII -LV ; t. II, p . VII -XI . 7 L. Gamberale , « Note sulla tradizione di Gellio . In margine alla piú recente edizione delle Noctes Atticae [Marshall ]» , RFIC 103 , 1975 , p. 33-55 . Tradition indirecte . Hosius 2 , t . I , p. V - XVI ; Marache 4 , t. I , p.LV LVII. Liste des testimonia : Marache 4 , t. I , p . LVII n. 1 . Bibliographies .
Hosius 2 , t. I , p. LXI - LXIII ; Schanz -Hosius, t . III,
p . 175-180 ; 8 F. Hache , « Literatur zu A.G. » , JAW 231 , 1931 , p . 15-21 ; 9 F. Lammert , « Literatur zu Gellius » , JAW 231 , 1931 , p . 59-60 ; 10 R. Marache, « Fronton et A. Gellius (1938-1964 )» , Lustrum 10 , 1965, p . 213-245 ; Rolfe 3 , t. I , p . XXIII -XXIV .
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Études d'orientation. 11 C. Hosius, art. « Gellius » 2, RE VII , 1912 , col . 992-998 ; 12 L.A. Holford - Strevens, art . « Gellius » , RAC IX , 1975 , col . 1049-1055 . Voir aussi 13 O. Regenbogen , art. « Pamphile » 1 , RE XVIII 3 , 1949 , col . 321-323 ( sur Aulu -Gelle ). L'auteur. La biographie d'Aulus-Gellius, connu par le Moyen Age sous le nom d'Agellius (à cause de Priscien , Inst. VII 80 et passim ), doit être dégagée des maigres traits autobiographiques de son ouvre . Si on ne peut être tout à fait sûr de son origine romaine, c'est à Rome en tout cas qu'adulescentulus , il a déposé la robe prétexte que les enfants portaient jusqu'à seize ans (XVIII 4 , 1 ) . Il reçut sa première formation à Rome chez le grammairien Sulpicius Apollinaris (VII 6, 12 ; XIII 18 , 3 ; XVIII 4 , 1 ) quand il n'était qu'adulescentulus ( XX 6 , 1 ), ainsi que chez le rhéteur Antonius Iulianus (I 4 , 1 et 8 ; comp. XVIII 5 , 1 , où se retrouvent chez Antonius Iulianus, à Pouzzoles pendant les vacances d'été, plusieurs adulescentuli, dont Aulu -Gelle) et le rhetoricae disciplinae doctor Titus Castricius ( XIII 22, 1 ; comp. XI 13 , 1 et 4 ). Il fréquentait à l'époque régulièrement M. Cornelius Fronton (« Adulescen tulus Romae, priusquam Athenas concederem , quando erat a magistris auditio nibusque obeundis otium , ad Frontonem Cornelium visendi gratia pergebam ... », XIX 8 , 1 ). Aulu -Gelle fit ensuite à Athènes un séjour qui dura au moins un an ( on a noté qu'il évoquait à propos de divers moments de ce séjour chacune des quatre saisons , Marache 4 , t. I, p . VIII n. 2). Il était venu en Grèce, comme d'autres Romains, dont le sénateur Servilianus, « ad capiendum ingenii cultum » (I 2, 1 ), concrètement pour étudier l'éloquence ou la philosophie (XIX 5 , 1 ) . Ces étu diants romains formaient colonie à Athènes et célébraient ensemble les Saturnalia ( XVIII 2 , 2). Il étudia la philosophie avec le platonicien Calvisius Taurus qui, au début, l'appelait rhetoriscus, parce qu'il croyait que son élève était venu à Athènes, comme tant d'autres, pour travailler l'éloquence (XVII 20 , 4) . Il fréquenta également le philosophe Pérégrinus Proteus ( surnom que ce dernier ne portait pas encore à l'époque, XII 11 , 1 ) , se rendant régulièrement dans la cabane ou la hutte ( tugurium ) que le philosophe habitait en dehors d'Athènes ( VIII 3 , ( chapitre perdu) et XII 11 , 1 ) . Il avait aussi le privilège d'être souvent invité chez Hérode Atticus dans sa villa de Céphisia en banlieue d'Athènes (I 2, 1-2 ; IX 2, 1 ) . C'est là qu’un jour, alors qu'il était malade, vint le voir Calvisius Taurus, accompagné de ses disciples (XVIII 10, 1 ) . Au cours de ce séjour en Grèce, il visita Egine avec des condisciples, grecs et romains; la traversée de retour vers le Pirée se fit sur une mer calme par une nuit étoilée ( II 21 , 1-2). Il se rendit également en char ( vehiculum ) aux jeux pythiques à Delphes , en compagnie de Taurus et d'autres disciples ; à Lébadia en Béotie, ils s'arrêtèrent pour rendre visite à un ami de Taurus qui était malade, un stoïcien éminent (XII 5 , 1-4) . La traversée de retour vers l'Italie, de Cassiopa ( sur l'île de Corcyre) à Brindes, se fit sur une mer déchaînée par la tempête (XI 1 , 1 ; cf. aussi IX 4, 1 ; XVI 6, 1 ). La suite de la carrière d'Aulu -Gelle reste fort obscure. Il fut à une ou deux reprises investi des fonctions de iudex ( « quo primum tempore a praetoribus
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lectus in iudices sum , ut iudicia quae appellantur privata susciperem ...» , XIV 2, 1 ; « cum Romae a consulibus index extra ordinem datus pronuntiare intra Kalendas iussus essem ... » , XII 13 , 1 ) , fonctions qui ne pouvaient être assumées avant l'âge de vingt - cinq ans (Digest. XLII 1 , 57 ; L 4, 8) à cette époque. Il semble donc qu'il ait fait une carrière de juriste et plusieurs passages le confir ment (« quando ab arbitriis negotiisque otium est ... » , XI 3 , 1 ; cf. aussi Praef. 12 ). Il avait au moment de publier les Nuits des enfants dont l'éducation n'était pas achevée (Praef. I et 23). Il parle de l'administration de son patrimoine (Praef. 23 ) et précise qu'il se reposait parfois dans sa propriété de Préneste (XI 3 , 1 ) . Pendant cette période de sa vie, postérieure à son retour d'Athènes, on le voit fréquenter plusieurs intellectuels romains: outre ses anciens maîtres et amis , Sulpicius Apollinaris (IV 17 , 11 ; XI 15 , 8 ) qu'il consulte au moment d'assumer ses fonctions de iudex extra ordinem (XII 13 , 1 ) et avec lequel il travaille à la Bibliothèque tibérienne (XIII 20 , 1 ) , Antonius Iulianus (XIX 9 , 2 ; IX 1 , 2 ) qu'il accompagne à Naples pendant les vacances d'été ( IX 15 , 1 ) ou qu'il escorte au retour d'une déclamation publique ( XV 1 , 1 ), Titus Castricius (XI 13 , 1 ) et Cornelius Fronton (II 26 , 1 ; XIII 29 , 2 ; XIX 10 , 1 ; XIX 13 , 1 ), on doit mentionner le philosophe Macedo (« familiaris meus» , XIII 8 , 4-5 ) , le juriste Sextus Caecilius (XX 1 , 1-2), le grammairien Fidus Optatus ( II 3 , 5), le poète Annianus, qui l'invite dans sa propriété « in agro Falisco » (XX 8 , 1 ), le poète Iulius Paulus qui l'invite chez lui « in agro Vaticano » ( XIX 7 , 1 ) et qu'il rencontre « apud Sigillaria forte in libraria » ( V 4 , 1 ) ou au Forum (XVI 10 , 9), enfin un certain Festus Postumius ( XIX 13 , 1 ) et Iulius Celsinus le Numide, qu'il accompagne chez Iulius Paulus (XIX 7 , 2) et chez Cornelius Fronton ( XIX 10 , 1 ) . Mais le personnage qu'on retrouve le plus souvent aux côtés d’Aulu -Gelle est le philosophe Favorinus d'Arles . Favorinus est pour Aulu-Gelle un ami ( « Favorinus noster » , III 3 , 6 ; V 11 , 8 ; XVII 12 , 1 ) et un maître (« nosque tunc eum sectaremur » , XIII 25 , 2 ; « quem in eo tempore Romae plurimum sectabar » , XIV 2, 11 ) . Aulu -Gelle le suivait souvent toute la journée à Rome (XVI 3 , 1 ) . On les rencontre ensemble au Forum de Trajan (XIII 25 , 1-2), à Ostie au bord de l'eau en promenade (XVIII 1 , 1-3), « in area Palatina » (XX 1 , 1-2), « apud fanum carmentis » (XVIII 7 , 1-4 ) , « apud balneas Titias » ( III 1 , 1 ) , à Antium dans la villa d'un ami ( XVII 10 , 1 ) , chez Fronton ( II 26 , 1 ) , chez un sénateur, disciple de Favorinus, et dont la femme venait d'accoucher (XII 1 , 1 ) , chez un ami malade (XVI 3 , 1-2) . Aulu-Gelle se retrouve à la table de Favorinus ( III 19 , 1 ) , il le consulte sur les devoirs de la charge de juge (XIV 2, 1 ). Chronologie. Il est très difficile d'assigner aux principaux événements de la vie d'Aulu -Gelle une date sûre . Les points de repère sont rares et leur interpré tation est discutée . La mention d'Ericius Clarus (PIR ? E 96) « qui praefectus urbi et bis consul fuit » ( XIII 18, 2) , permet de dater la composition des Nuits attiques après 146 , car c'est l'année de la préfecture urbaine, du second consulat et de la mort de ce magistrat. On peut ajouter que l'expression employée , « bis consul » , ne laisse pas ouverte la possibilité d'un autre consulat et présuppose la mort de ce
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personnage. Le passage évoque un échange epistolaire avec Sulpicius Apolli naris , quand Aulu -Gelle adulescens était disciple de ce dernier à Rome. En VII 6 , 12 , le même Erucius Clarus apparaît comme Praefectus urbi dans une discussion avec Sulpicius Apollinaris, toujours à l'époque où Aulu -Gelle, adu lescens, était disciple de ce grammairien. Ce second passage permet de confirmer que l'événement se situe bien en l'année 146 et qu'à cette époque Aulu -Gelle était adulescens. Dans d'autres passages où il parle de ses études chez Sulpicius Apollinaris, Aulu -Gelle se définit comme adulescentulus (XVIII 4 , 1 ; XX 6 , 1 ) ; c'est l'époque où il avait déposé la toga praetexta et puerilis (XVIII 4, 1 ) . Il faut donc lui donner entre seize et dix -huit ans en 146 et situer sa naissance vers 130 ou un peu avant. On a voulu assigner à la composition des Nuits un terminus ante quem en se fondant sur le fait qu'Apulée (Apologie 9) semble dépendre des Nuits attiques XIX 9 ( les trois poètes érotiques latins Valerius Aedituus, Porcius Licinus et Quintus Catulus). Comme l'Apologie peut être datée de 158 ( ou 159 ), grâce à la mention du proconsulat de Claudius Maximus (PIR ? C 933) , il faudrait situer les Nuits un peu avant (ainsi Marache 4 , t. I , p. XII ) . Mais cette argumentation méconnaît une donnée littéraire capitale que nous aurons à établir plus loin : Aulu -Gelle n'a pas utilisé directement les sources littéraires qu'il cite, mais des compilations intermédiaires qui pouvaient être accessibles à Apulée aussi bien qu'à lui. On n'est donc pas en présence d'une preuve solide permettant d'établir la date de composition des Nuits attiques. En faveur d'une dépendance d'Apulée à l'égard d'Aulu -Gelle , on pourrait également alléguer que la version apuléienne du De mundo XIII-XIV (318-321 ) semble s'inspirer d'un exposé de Favorinus sur les vents qu'on lit dans les Nuits ( II 22, 3-27 ) . Cette dépendance littéraire a d'ailleurs embarrassé le dernier éditeur du De mundo (J. Beaujeu ) qui se voit contraint d'assigner à l'ouvrage une date beaucoup plus tardive que celle qu'il aurait envisagée autrement. Il consi dère en effet qu'Apulée est mort au plus tard vers 170 et ne peut expliquer la citation d'Aulu -Gelle dans le De mundo qu'en situant avec Marache le terminus post quem des Nuits (mais non leur publication) en 146. Nous avons vu qu'une datation aussi haute est difficilement soutenable. Mais est -il établi qu'Apulée ait cité Aulu -Gelle ? Quand il écrit « At Favorinus (ou plus exactement Faborinus , car ce sont les éditeurs qui ont corrigé la transcription latine du grec Daßwpivos ), non ignobilis sapiens , haec de ventis refert ... » ( XIII , 318 ) , pourquoi n'aurait- il pas eu recours à un ouvrage de Favorinus directement ? Lorsqu'on compare minutieusement les deux passages, on a bien de la peine à retrouver dans ces paragraphes une seule phrase dont tous les mots soient identiques chez Aulu -Gelle et Apulée. Pour prendre l'exemple où les deux auteurs sont le plus proches l'un de l'autre , citons Apulée (XIII, 319) et Aulu -Gelle (II 22, 9) ( test. 27 Barigazzi): Sed qui ab aestiva et solstitialiſsl orientis meta venit, Bopéas graece, latino “ aquilo " nominatur ; hunc αιθρηγενέτην ,,
Sed qui ab aestiva et solstitiali orientis meta venit, latine “ aquilo” .Bopéas graece dicitur, eumque propterea quidam dicunt ab Homero αιθρηγενέτην appellatum ;;
AULU -GELLE quod sit alias serenus, Homerus ait ; βορέαν vero από της βοής quod non sine clamore soleat intonare.
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boream autem putant dictum από της βοής ,, quoniam sit violenti flatus et sonori.
Bien que plusieurs mots latins et grecs, notamment tout le début, se retrouvent de part et d'autre, on ne peut pas dire sans risque d'erreur qu’Apulée dépende d'Aulu -Gelle. Là où ils se rejoignent le plus, c'est dans la transmission des mots grecs – notons toutefois que c'est Apulée qui a Bopéav, alors qu'Aulu -Gelle n'offrait qu'une transcription latine - et on peut imaginer que les mots identiques au début du passage ne soient qu'une traduction littérale d'une formule grecque que l'on pourrait restituer ainsi : τον δε από του θερινού και ισημερινού τέρμα TOS VIVÓLEVOV XTA . On remarquera qu'Apulée n'a pas trouvé chez Aulu -Gelle la justification étymologique du mot alopnyevétNV : « quod sit alias serenus ». On pourrait multiplier les observations de ce genre. En XIV , 320, Apulée ajoute à propos de lapyge, qu'il vient du Gargano lui -même . Il cite les deux vers de Virgile (Énéide VIII 709-710 ) auxquels Aulu -Gelle se contentait de faire allu sion ( XIV , 320 ; II 22, 23 ). En faveur d'un rapport de dépendance, on pourrait faire valoir qu'Apulée , comme Aulu -Gelle, cite pour terminer un passage de Caton qui se rapporte au mot « Circius » rencontré plus avant dans le déve loppement (XIV , 320 ; II 22 , 20 ). Il faut supposer que Favorinus avait gardé comme appendice ce parallèle latin. On peut donc considérer qu’Apulée, à une date peut-être antérieure à la publication des Nuits attiques, a utilisé directement un ouvrage grec de Favorinus et que le parallèle trompeur est la conséquence d'une double traduction ou plutôt d'une double adaptation latine de la source grecque . Sur les problèmes de traduction du grec au latin , cf. 14 L. Gamberale, La Traduzione in Gellio, coll. « Ricerche di Storia della lingua latina » 3 , Roma 1969, 242 p . Sur les rapports entre Aulu -Gelle et Favorinus, cf. 15 M. Pezzati , « Gellio e la scuola di Favorino » , ASNP 3 , 1973 , p . 837-860 . Pour le commentaire des chapitres remontant à Favorinus, cf. 16 E. Mensching (édit . ) , Favorin von Arelate, Der erste Teil der Fragmente. Memorabilien und Omnigena historia ('Anouvn Hoveúuata und Mavrodann lotopía ), hrsg. und kommentiert, coll . « Texte und Kommentare » 3 , Berlin 1963 , p . 54-57 , 154 , et 17 A. Barigazzi ( édit . ) , Favorino di Arelate . Opere, Introduzione, testo critico e commento , coll. « Testi greci e latini con commento filologico » 4 , Firenze 1966, p . 98-134 , 139-148 , 150-151 , 172-174 , 214-216 , 238 , 241-242 et 525-527. D'autres indices montrent que les Nuits ont été publiées en fait à une date plus tardive que ne le suppose Marache. Aulu -Gelle a rencontré à Athènes Calvisius Taurus, dont Eusébe situe le floruit en 145 , mais dont on ignore la date de la mort, et Pérégrinus Proteus, mort en 165 à Olympie. Cette dernière date n'a pas de grandes conséquences pour la chronologie du voyage à Athènes qui doit être situé dans les années qui ont suivi 146 , mais elle permet de dater les Nuits après 165 , car Pérégrinus apparaît chez Aulu -Gelle comme une figure disparue ( « Peregrinum , cui postea cognomentum Proteus factum est, virum gravem atque constantem ... », XII 11 , 1 ) . Mais c'est sans doute aussi postérieurement à la mort d'Hérode Atticus que les Nuits furent publiées , car Aulu -Gelle parle également de lui comme d'un personnage disparu : « Herodem Atticum , consu
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larem virum , Athenis disserentem audivi Graeca oratione, in qua fere omnes memoriae nostrae universos gravitate atque copia et elegantia vocum longe praestitit » ( XIX 12, 1 ). Or, on croit qu'Hérode est mort vers 177. Ce n'est donc qu'après cette date que l'ouvrage d'Aulu -Gelle aurait été publié. La date de la mort d'Aulu -Gelle est impossible à préciser. Qu'il ait souhaité poursuivre son travail après la publication des vingt livres conservés et qu'il n'ait espéré vivre qu'aussi longtemps qu'il pourrait se consacrer à cette æuvre, Praef. 24 , ne prouve évidemment pas qu'il soit mort peu après la publication de son æuvre . Marache 4 , t. I, p. XII : « Il serait mort peu après 158 (terminus ante quem de la publication des Nuits selon cet éditeur), puisqu'il ne donna jamais de suite aux vingt livres qui dans son idée devaient en annoncer d'autres. » Si toutes les promesses non tenues faites par les philologues étaient la preuve de leur mort prématurée, beaucoup seraient morts très jeunes. La chronologie d'Aulu -Gelle a fait l'objet de nombreuses études dont nous ne signalerons que les plus récentes: 18 E. Castorina, « Gellio e la data di pubbli cazione delle Noctes» , GIF 3 , 1950 , p . 137-145 (la publication daterait de 180) ; 19 P.K. Marshall, « The Date ofbirth of Aulus Gellius », CPh 58 , 1963, p . 143-149 ; 20 L.A. Holford - Strevens, « Towards a chronology of Aulus Gellius » , Latomus 36 , 1977 , p . 93-109 ; 21 M.L. Astarita , « Note di cronologie gelliana » , Orpheus 5, 1984 , p . 422-432 ; 22 M.T. Schettino , « Questioni di biografia gelliana », GFF 8 , 1985, p . 75-87 ( envisage pour Aulu Gelle une origine africaine ) ; 23 W. Ameling , « Aulus Gellius in Athen » , Hermes 112, 1984, p . 484-490 ; 24 id ., Boreas 11 , 1988, p. 62-70 . On peut retenir la conclusion de l'article d'Holford -Strevens 19, p. 109 : « Aulus Gellius was born between 125 and 128 A.D.; took the toga uirilis about 143 ; was studying philosophy by 146; visited the Pythian Games of 147; became a judge in the early 150 s ; and published the Attic Nights in or after 177. That is all the evidence allows us to say . » Titre. Noctes est synonyme de vigiliae (Praef. 10 et 19), de lucubratiunculae ( Praef. 14) , et désigne les travaux érudits pratiqués sous la lampe, « longinquis per hiemem noctibus » (Praef. 4 ). C'est chez Aulu -Gelle un thème littéraire. Il lit ainsi un certain nombre de livres en deux nuits (IX 4, 5 ) . Un prétentieux, incapable de lire correctement le passage qu'on lui soumet, explique : « Vides oculos meos aegros adsiduisque lucubrationibus prope iam perditos » ( XII 31 , 10) . Quant à Atticae , il rappelle que ce travail fut commencé « in agro terrae Atticae » (Praef. 4 et 10) . Pour le titre exact, cf. 25 G. Bernardi Perini , « Noctes Atticae o Atticae Noctes ? », AAPat 89 , 1967-1968 , p . 357-368 . Genre littéraire. Dans sa Préface, Aulu -Gelle présente son ouvrage comme
des commentarii, c'est - à -dire des únouvnuata , rédigés à partir de souvenirs personnels et de notes de lectures antérieures (annotationes pristinas, Praef. 3 ) tirées d'ouvrages grecs et latins. Ce travail était destiné à soutenir la mémoire de l'auteur, “ comme des provisions littéraires " , « quasi quoddam litterarum penus » ( Praef. 2) et à divertir ses enfants (Praef. 1 ) . Í se rattache expressément à une tradition littéraire reconnue dont Aulu-Gelle prend la peine de citer une tren taine de titres caractéristiques. S'agit -il là de simples modèles antérieurs ? N'y aurait -il pas là quelques-unes des sources des Nuits ? On constate en effet que bon nombre de ces titres réapparaissent comme sources dans divers chapitres des Nuits. Nous donnons la liste des précédents littéraires allégués par Aulu -Gelle ( certains étaient déjà signalés par Pline ), avec les références aux passages où ils
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sont cités dans les Nuits Attiques et éventuellement, entre crochets, les références à ces titres en dehors de l'ouvre d'Aulu -Gelle . Il n'est pas toujours facile d'éta blir si le pluriel est employé par Aulu -Gelle pour désigner diverses attestations du titre ou s'il fait partie inhérente du titre . Musae Aurelius (RE 176) Opilius, I 25, 17 , pour le premier des cinq livres. Silvae
( Silva = 8an , titre d'un ouvrage de Valérius Probus, selon Suétone , De gramm . XXIV 2, et d'Ateius Philologus, ibid. 10 ).
Πέπλος
( Cf. Clément d'Alexandrie, Strom . VI 2, 1 ; voir Aristote, titre nº 105 dans la liste transmise par Hésychius).
'Αμαλθείας Κέρας
Sotion , I 8 , 1 : « Sotion , de l'école péripatéticienne (... ) composa un livre plein d'histoires ( ou d'informations) nom breuses et diverses, et il l'intitula la Corne d'Amalthée. Ce mot a à peu près la même valeur que l'on exprimerait par la Corne d'abondance » ( trad. Marache ).
Κηρία
( Cf. Clément, Strom . VI 2, 1 ; Hérode Atticus, Kaipia, d'après Philostrate, V. soph . , II 14, p. 72, 24 Kaiser . Marache cite encore Pline, Préface 24, et D.L. LX 46 ).
Λειμώνες
( cf. Pline, Préface 23 ; Clément, Strom . VI 2, 1 ; sur Limon de Cicéron , voir K. Büchner, art. « M. Tullius Cicero », RE VII A 1 , 1939 , col . 1258-1259 . Pamphilos (RE 25) d'Alexandrie , Aewõv. Voir aussi Pratum ).
Lectionis suae ... Antiquae Lectiones
Caesellius (RE 2) Vindex, II 16, 5 et 8 ; III 16, 11 ; VI 2 ; XI 15, 2 s.; XX 2, 2 (in Commentariis ou Commentario Lectionum Antiquarum ).
'Ανθηρά
( cf. Pline, N.H. XXI 13 ; voir les Florida d’Apulée ).
Ευρήματα
[Ephore (RE 1 ), Περί ευρημάτων οι Ευρημάτων βιβλία β' , cf. Souda, Pline, table du livre VII ; Aulu -Gelle III 11 , 2, le cite sans indication de titre ; Philostephanus (RE 7) de Cyrène, Nepi eupnuátwv. Cet auteur est mentionné en IX 4, 3 , à travers Pline, mais sans indication de titre. A Théophraste est également attribué un ſepi cúpnuátwv en deux livres (D.L. 47, n° 132). Straton avait écrit Euphuatwv Emeyxo1 Búo (D.L. V 60 ), également cité sous le titre lepi súpnuátwv par Clément d'Alexandrie. Selon Pline l'ouvrage était dirigé contre Éphore).
Λύχνοι
( cf. Lucubratio, Pline, Préface ; lucubratiunculae chez Aulu Gelle, Préface 14 ).
Στρωματείς
[Plutarque, Clément d'Alexandrie ; Caesellius (RE 2) Vindex, Stromateus, d'après Priscien VI 18 et 40, p. 210, 7 et 230, 11 Keil ].
Πανδέκται ..
M. Tullius (RE 52) Tiro, XIII 9, 3. Aulu - Gelle explique ainsi le titre grec donné à ces livres : tamquam omne rerum atque doctrinarum genus continentis (cf. Pline, Préface 24 ).
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'Ελικών
(cf. Clément, Strom . VI 2, 1 ) .
Προβλήματα
Aristote , I 11 , 17.19 ; II 30, 11 ; III 6, 1 ; XIX 6, 1 ; - puoixá, XXIX 4, 1 ; - Ćyxúxhia, XX 4 , 3.
Έγχειρίδια
(Hérode Atticus d'après Philostrate, V. soph ., p. 72, 24 Kaiser ; cf. Pline, Préface 24. Chez Épictète, le titre se rattache à un autre genre littéraire ).
Παραξιφίδες Memoriales
Masurius Sabinus (RE 29), IV 20 , 11 (livre VII ) ; V 6, 13 (livre XI) et 27 ; VII 7, 8 ( livre I).
Πραγματικά
Lucius Accius (RE 1 ), XX 3, lemme et § 3 ( in Pragmaticis ).
Πάρεργα
[Lucius Accius (RE 1 ), d'après Nonius Marcellus, p . 61 , 19 M. , qui cite le livre I (Accius Parergorum )].
Διδασκαλικά
Lucius Accius (RE 1 ), III 11 , 4 (in primoDidascalico ).
Historia Naturalis
Cf. l'ouvrage de Pline, cité par Aulu -Gelle en III 16, 22 et passim .
Παντοδαπή ιστορία
[Favorinus d'Arles, Fragments chez Diogène Laërce. Proba blement la source d'Aulu -Gelle pour certains chapitres, comme nous le verrons plus loin ).
Pratum
[Sur l'ouvrage Pratum ou Prata de Suétone, voir G. Funaioli, art. « C. Suetonius Tranquillus » 4, RE IV A 1 , 1931 , col. 632-635) .
Πάγκαρπον Τόποι
Coniectanea
[Marache renvoie au Tónwv rpooluia de Straton de Lampsaque (D.L. V 59) , mais cet ouvrage portait certainement sur la logique. Marache rapporte également la correction de J. Gronove, Tò nãv ). C. Ateius (RE 7) Capito, II 24, 2 ; XIV 7, 12-13 (livre IX ) ; XIV 8 , 2 (livre IX ) ; XX 2, 3. P. Alfenus (RE 8 ) Varus, VII 5 , 1 (livre II) . Sur cet ouvrage, voir P. Jörs, art. « P. Alfenus Varus » , RE I 2, 1894, col. 1474 .
Epistulae moralia
Sous ce titre est cité en XII 2, 3 un fragment du XXII livre ( perdu ) des Lettres à Lucilius de Sénèque.
Epistolicae Quaestiones
Le premier livre d'un ouvrage de Caton portant ce titre est cité par Aulu-Gelle en VI 10, 2 ; il semble qu'Aulu-Gelle ait confondu Caton avec Varron, dont un ouvrage est cité portant ce titre en XIV 7 , 3 ( livre IV) et 11. Sur cet ouvrage, voir H. Dahlmann, art. « M. Terentius Varro » , RESuppl. VI, 1935 , col. 1225-1226.
Confusae Quaestiones
Iulius Modestus (RE 363), III 9, 1 ( livre II).
Nous aurons à reparler de ces titres d'ouvrages de compilation érudite dans le paragraphe consacré aux sources d'Aulu -Gelle . Contenu . Les vingt livres de l'ouvrage font se succéder sans aucun ordre, dans une présentation littéraire plus ou moins recherchée, plus de quatre cents chapitres de longueur variable ( quelques -uns très longs) sur les sujets les plus
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divers : grammaire ( lexicologie, morphologie, étymologie), critique littéraire , biographie des grandes figures de l'histoire et de la littérature, droit romain , sciences naturelles, mirabilia, médecine, philosophie (dialectique, physique, casuistique ), arithmétique, géométrie, optique, rhétorique, chronologie, etc. Dans cet ensemble, on peut considérer que cent trente environ présentent de l'intérêt pour la connaissance de la tradition philosophique. Signalons quelques études consacrées aux thèmes philosophiques : 26 J. Gassner, « Philosophie und Moral bei Gellius » , Serta philol. Aenipontana ( Innsbruck ) 1972, p. 197-235 ; 27 H. Berthold, Aulus Gellius. Aufgliederung und Auswahl seiner Themen , Diss . dactyl ., Leipzig 1959 , 201 fol. Ordre des chapitres. Il relèverait, selon l'auteur, du hasard de ses lectures et de ses souvenirs : « Usi autem sumus ordine rerum fortuito, quem antea in excerpendo feceramus. Nam proinde ut librum quemque in manus ceperam seu Graecum seu Latinum vel quid memoratu dignum audieram , ita quae libitum erat, cuius generis cumque erant, indistincte atque promiscue annotabam ... » (Praef. 2) . En fait, on constate que les mêmes ouvrages sont cités dans divers chapitres souvent éloignés les unsdes autres : la satire Tepi ćeOuátwv de Varron en VI 16 et XV 19, le ſepi yuxñs de Plutarque en 13 , 31 et XV 10, 1 , les Symposiaca du même auteur en III 5 , III 6, IV 11 , 13 , XVII 11 , le Com mentarium de Pamphilè en XV 17 et XV 23 , les Commentaria grammatica de P. Nigidus Figulus en III 12 , IV 9 , X4 , X5 , XII 14 , 3 , XIII 6 , 3 , XV 3 , 4 , XVII 7 , 4 , XIX 14 , 4 , les Memorialia de Masurius Sabinus en IV 29, 11 , et V6, 13 , etc. Certains en ont conclu qu'Aulu -Gelle avait volontairement dispersé les chapitres empruntés à une même source ; d'autres ont fait remarquer, contre cette théorie, qu'il arrive que deux chapitres consécutifs soient empruntés à la même source . Voir les opinions présentées par Marache 4, t. I , p. XVI -XVII . La solution du problème est étroitement liée à celui des sources véritables d'Aulu Gelle . La dispersion des citations d'un même traité n'est étonnante que si l'on suppose qu'Aulu -Gelle l'a lu directement. Nous verrons qu'il n'a probablement cité ces traités qu'à travers des compilations intermédiaires où ils étaient déjà fragmentés. Un parallèle éclairant est fourni par la description que donne Photius (Bibl. cod . 175) des Hypomnemata de Pamphilè d'Épidaure. C'était, en trente - trois livres, un recueil volontairement désordonné de morceaux des plus variés, se rattachant à l'histoire , la rhétorique, la poésie ou la philosophie . Dans son Prolo gue, Pamphilè s'expliquait sur son entreprise : elle y avait consigné ce qu'elle avait appris grâce à son mari ( Socratidas) en treize ans de mariage, ce qu'elle avait entendu des savants de passage à la maison et ce qu'elle avait noté au cours de ses propres lectures. Ce cadre biographique de la compilation de Pamphilè n'est pas sans rappeler les mises en scène des chapitres d'Aulu -Gelle et pourrait même en être l'inspiration. On sait, par Étienne de Byzance, s.v. poneis, que Favorinus avait composé une Epitome en au moins quatre livres de l'ouvrage de Pamphilè, et, par Photius (Bibl. cod . 161 ) , que Sopatros a utilisé au moins les dix premiers livres de Pamphilè pour le second livre de ses 'Exloyal diápopou ( titre attesté par la Souda 2 848 ). Table des chapitres. A la fin de sa préface, Aulu -Gelle a rédigé une table générale des matières de son ouvrage : « capita rerum quae cuique commentario
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insunt... ut iam statim declaretur quid quo in libro quaeri invenirique possit » (Praef. 25 ). C'est donc contre le dessein de leur auteur que ces sommaires sont imprimés au commencement des différents tomes dans les éditions modemes. Souvenirs personnels. A côté des notes de lecture , la Préface annonce des souvenirs personnels (« ... vel quid memoratu dignum audieram ... » , Praef. 2) . Ces souvenirs prennent en fait de plus en plus d'importance et on a déjà signalé que les Nuits se transformaient progressivement en Memorabilia ('Anouvn HOVEÚuata ): cf. Marache 4, t. I, p. XVII et XXXII. Souvent les interlocuteurs se bornent à citer des sources littéraires anciennes. Ainsi, en XIX 5 , 1-2 , le péri patéticien anonyme est essentiellement le porte - parole d'Aristote , dont il cite un passage qu'Aulu -Gelle ne manque pas de reproduire en grec. Le schéma de ces épisodes narratifs est toujours le même. Un maître ami d'Aulu -Gelle, Favorinus, Calvisius Taurus ou Sulpicius Apollinaris, rencontre par hasard (forte), dans un lieu public ou privé bien identifié, à un moment également bien précis ( saison , heure du jour), un grammairien ou un philosophe prétentieux, dont le nom n'est pas mentionné, qui expose une idée ou une explication grammaticale que le maître critiquera ensuite avec force citations d'autorités grecques ou latines. L'emploi du procédé n'est pas aussi ferme au début des Nuits. Certaines figures qui apparaissent fréquemment dans ces chapitres narratifs ne sont ailleurs que de pures sources littéraires. AinsiFavorinus en 13 , 27 , Sulpicius Apollinaris en II 16, 8 , Taurus en VII 14, 5 , Iulius Paulus en I 22, 9. Parfois, ce n'est qu'après plusieurs paragraphes que l'on découvre que tout ce qui précédait était l'exposé oral donne in diatriba , ainsi en 19 , 8 ( Taurus ). Ailleurs, un récit donné comme autobiographique se révèle à l'analyse une pure mise en scène d'un emprunt littéraire identifié : en IX 4, les livres qu’Aulu -Gelle aurait achetés à Brindes à son retour de Grèce (Aristéas de Proconnèse, Isogonus de Nicée , Ctésias, Onésicrite , Philostephanus et Hégésias) sont tous connus grâce au livre VII de l'Histoire naturelle de Pline (cf. Marache 4 , t. I, p . XXXVIII , qui renvoie à la démonstration de Mercklin ); dans un autre chapitre (I 2), les critiques adressées par Hérode Atticus à un jeune stoïcien se révèlent être l'adaptation dramatique d'une dissertation d'Épictète, d'ailleurs citée en II 19. Il est dès lors tentant de supposer « qu'en général les propos des maîtres, rapportés dans les Nuits attiques, sont en réalité pris à des sources écrites, à leurs cuvres la plupart du temps » (Marache 4 , t. I, p . XXXIX , rapportant l'opinion de Mercklin) . D'autres, comme Marache ou Mensching 16 , p . 54 , admettent la réalité historique de certains récits. Voir également 28 R. Marache , « La mise en scène des Nuits attiques : Aulu - Gelle et la diatribe » , dans Pallas 1 , 1953 , p . 84-95 . On peut donc légitimement douter de l'existence réelle de plusieurs figures anonymes qui servent tout au plus de faire valoir à l'interlocuteur principal ou de porte -parole à un auteur plus ancien . Nous signalons ici les philosophes anonymes qui apparaissent dans les Nuits Attiques. Entre crochets droits sont indiqués ceux qui ne sont pas présentés comme des contemporains : 1. Un jeune stoïcien chez Hérode Atticus, I 2, 3. (2. L'esclave philosophe de Plutarque, I 26 ; comp . Galien I, p. 40 s. Kühn, qui l'appelle Onésime.)
3. Un disciple de Favorinus qui cite Valérius Probus, II 1,5 ( voir un autre interlocuteur sane doctus, ibid . 7) .
AULU -GELLE 4. (5. 6. 7.
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Un philosophe (cynique ?) chez Hérode Atticus, IX 2, 1 . Un philosophe de même tendance chez Musonius Rufus, ibid . 8.) Un jeune homme passé de la rhétorique à la philosophie, X 19, 1 . Un disciple de Favorinus, de rang sénatorial, dont la femme venait d'accoucher, XII 1 , 1 .
8. Le stoïcien malade à Lébadia en Béotie, ami de C. Taurus : « amicum eius quempiam , nobilem in Stoica disciplina philosophum », XII 5, 1 . 9. Un jeune disciple de Taurus, ibid . 4. 10. Un platonicien , originaire de Crète, à Athènes , XV 2, 1 . 11. et 12. Un stoïcien et un péripatéticien, tous deux Romains, chez Favorinus à Ostie, XVIII 1 , 1-2. [ 13. Le dialecticien « ex Platonis diatriba » , réfuté par Diogène le cynique, XVIII 13, 7.) 14. Le stoïcien célèbre, effrayé par la tempête durant la traversée de Cassiopa à Brindes, XIX 1 , 4. 15. Un péripatéticien rencontré dans la villa d'un ami à Tibur, XIX 5, 1-2. 16. Un stoïcien qui avait reproché à Hérode Atticus d'avoir supporté trop peu virilement la mort d'un enfant, XIX 12, 1-2. 17. Un disciple de Taurus, trop grand ami des acteurs et des musiciens, XX 4, 1 . Il est possible que certains de ces personnages aient déjà figuré dans les ouvrages qu'utilisait Aulu -Gelle . Sources. Parmi les deux cent soixante - quinze auteurs grecs et romains qu'il prend plaisir à citer, combien Aulu -Gelle en a - t- il lus directement? Son érudition personnelle n'est pas en cause. Il fréquentait les bibliothèques publiques (biblio thèque de Patras, XVIII 9, 5 ; de Tibur, IX 14 , 3 , « quae tunc in Herculis templo satis commode instructa libris erat» , XIX 5 , 4 ; du Palais de Tibère à Rome, XIII 20, 1 ; du Temple de la Paix à Rome, XVI 8 , 2 ( cf. aussi V 21 , 9) ; du temple de Trajan (Bibliothèque Ulpia) , XI 17 , 1 ) et les libraires (dans le quartier du Port à Brindes, au retour de Grèce, IX 4 , 1 , « in Sandalario » à Rome, XVIII 4 , 1 , « in Sigillariis », II 3 , 5 (c'est en fait le grammairien Fidus Optatus qui y a acheté pour vingt aurei un manuscrit du second livre de l'Enéide, d'une remarquable antiquité, qui aurait appartenu à Virgile lui -même] ) ; il était capable de se déplacer pour aller lire en bibliothèque un texte ancien dont il connaissait la référence (il va à la bibliothèque du Temple de la Paix pour lire le Commentarium de Proloquis de L. Aelius Stilo , le maître de Varron, mais n'y trouve pas l'introduction à la logique qu'il recherchait, XVI 8, 2-3) ; il connaît la valeur des manuscrits anciens (II 3 , 5 ; IX 14 , 1 ; XVIII 9 , 5 ) et sait apprécier l'importance d'une variante signalée en marge (sur un manuscrit de Q. Claudius Quadrigarius, IX 14 , 3 ) . On ne peut donc pas a priori douter qu'il se soit vraiment « fatigué à dérouler et à parcourir de nombreux volumes dans tous les moments libres » qu'il a pu « dérober aux affaires» ( Praef. 12) . Mais , quelle que soit l'étendue de ses lectures, la question est de savoir à quelles sources Aulu -Gelle a directement puisé la matière de ses chapitres. Nous avons vu que plusieurs des ouvrages signalés comme exemples de compilations érudites comptaient parmi les sources reconnues d'Aulu -Gelle. Encore n'est -on pas forcé de croire qu'il a eu en mains tous ces titres ! Il en connaît plusieurs par Pline et a pu en citer d'autres parce qu'ils étaient mentionnés dans une source immédiate dont il tait la référence .
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AULU -GELLE
Un passage est révélateur de la documentation dont se servait Aulu -Gelle dans la préparation de son ouvrage. Un ami cultivé et bibliophile voulut apporter son concours à l'élaboration des Nuits en donnant à Aulu -Gelle « librum grandi volumine doctrinae omnigenus, ut ipse dicebat, praescatentem , quem sibi elabo ratum esse ait ex multis et variis et remotis lectionibus » ( XIV 6 , 1 ) . Malheureu sement, à la lecture de cette " corne d'abondance " ( comp. I 8 , 1-2), Aulu -Gelle , qui énumère quelques -unes des curiosités (miracula ) qui y étaient consignées, ne trouva pas la substance qu'il recherchait pour son propre ouvrage (XIV 6, 5 ) . Et pourtant, les sujets qui étaient abordés correspondent tout à fait à ceux que nous lisons dans les Nuits. Nul doute que l'ami, tout comme Aulu -Gelle lui-même qui s'enferma pour lire l'ouvrage sans interruption, avait de bonnes raisons de croire que cette compilation “ polymathe ” était du genre de livres susceptibles d'alimenter les Nuits. S'il est difficile d'établir de façon certaine dans tel chapitre particulier si Aulu -Gelle a eu accès aux sources qu'il mentionne ou s'il ne les connaît qu'à travers une source immédiate qu'il ne nomme pas, il faut bien reconnaître que les recueils – notamment les plus récents – qu'il dit connaître ou dont on peut trouver la trace dans son æuvre pouvaient lui fournir l'ensemble des citations d'auteurs anciens qui émaillent son œuvre . Ce sont encore des ouvrages de ce genre qui peuvent se cacher sous les anecdotes mettant en scène des figures contemporaines. Pour nous en tenir aux chapitres de portée philosophique, la majorité sont présentés comme des souvenirs personnels de rencontres avec Hérode Atticus, Calvisius Taurus et Favorinus. Or, Hérode Atticus était l'auteur d'εγχειρίδιά τε και καίρια την αρχαίαν πολυμάθειαν εν βραχεί απηνθισμένα ( Philostrate , V. soph. II 1 , 14 ; p . 72 , 24-25 Kayser ; comp . Aulu -Gelle, Praef. 6-7 : Knpía , 'Eyxeipídia ). De Calvisius Taurus, Aulu -Gelle connaissait, outre un Commentaire sur le Gorgias de Platon (VII 14, 5) , des Commentarii (I 26, 3). Lorsque ce philosophe explique in diatriba ce qui est exposé au sujet de la colère du sage « in veterum libris et in ipsius commentariis » , on peut facilement en déduire que ces Commentarii exposaient justement ces opinions anciennes. Quant à Favorinus, dont Aulu -Gelle ne cite que les Iuppáveloi Tpónou (XI 5 , 5 ; comp . Philostrate, V. soph. I 8,4 , p . 11 , 5 Kayser et Diogène Laërce IX 87 ) et les Laudes Febris et Thersitae (XVII 12, 2) , on a tout lieu de croire qu'un grand nombre des informations qu'il est censé fournir oralement, dans une trentaine de chapitres, provenaient des ’Anouvnuoveuulata ou de la Mavrodan , Totopía, titres d'ailleurs signalés dans la Préface d'Aulu -Gelle ( le premier sous la forme latine Memoriales) et dont plusieurs fragments sont connus par Diogène Laërce. Quelques parallèles sont d'ailleurs remarquables, car ils suggèrent que les emprunts à Favorinus pourraient déborder les chapitres où son nom apparaît. III 17. Platon aurait acheté pour 10 000 denarii trois livres de Philolaos ; Aristote aurait acheté des livres de Speusippe pour trois talents attiques, i.e. 72 000 sesterces. Timon, Silles, accusait Platon d'avoir plagié un ouvrage pythagoricien qu'il avait acheté à prix fort pour composer son Timée. L'achat effectué par Aristote est signalé en Diogène Laërce IV 5, dont la source reconnue est le livre II des 'Anoumuoveúvata de Favorinus. L'achat des trois livres de Philolaos est mentionné, sans indication de source, en D.L. VIII, 15 , où le prix est donné en mines ( 100 ); on signale également ailleurs, comme chez Aulu - Gelle, que c'est Dion qui aurait fourni cette somme à Platon, D.L. VIII 85 (où Hermippe donne comme prix 40 mines alexan drines, sans doute pour donner l'équivalent des mines [attiques ?] dont parlait la tradition ). On apprend dans ce même passage que c'est justement ce livre acheté par Platon qui aurait été
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AURELIANUS DE SMYRNE
transcrit dans le Timée. ( Sur l'utilisation d'Hermippe par Favorinus, voir Aulu -Gelle II 13 et D.L. V 41. ) IV 11. C'est une erreur de croire que Pythagore interdisait de manger des fèves et de la viande. Au contraire, d'après Aristoxène, il usait des fêves comme d'un excellent laxatif et se nourrissait de cochons de lait et de chevreaux. Or, selon D.L. VIII 12, Favorinus présentait Pythagore comme l'initiateur du régime carné dans l'entraînement des athlètes (Memorabilia, livre III). V 3. Protagoras, qui était åxocópos ( porte-faix ), fut gagné à la philosophie par son compatriote Démocrite d’Abdère. L'anecdote est racontée en D.L. IX 53 dans un passage du type « il fut le premier à avoir fait telle chose », thème attesté dans de nombreux fragments de Favorinus: D.L. II 1 , II 11 , II 20, III 24 , III 48 , VIII 12, VIII 47 , VIII 83, IX 23, IX29. Favorinus le présentait en toutcas nettement comme un disciple de Démocrite, selon D.L. IX 50, dont la source est la Mavrodann lotopía. VII 17. Pisistrate fut le premier fondateur d'une bibliothèque publique à Athènes ( cf. remarques sur le passage précédent). Enfin, signalons qu'en I 26, l'épisode, rapporté par Taurus, mettant en scène Plutarque et son esclave philosophe, est également attribué par Galien I, p. 40 s. Kühn , au Ilpos Επίκτητον de Favorinus . Pour une tentative prudente d'identification de la source immédiate des diffé rents chapitres, voir le tableau de Hosius 2 , t.I, p . XVI -LIX . La bibliographie sur les sources d'Aulu -Gelle est évidemment importante. On la trouvera signalée dans les éditions. Style. 29 S. Jannacone, Studi Gelliani, Milano 1947 , 42 p .; 30 R. Mara che, La critique littéraire de langue latine et le développement du goût archaïsant au 11 s . de notre ère, Rennes 1952, 359 p . ; 31 id. , Mots archaïques et mots nouveaux chez Fronton et Aulu -Gelle, coll. « Travaux de la Faculté des Lettres de Rennes » I , 1 , Paris 1957 , 293 p .; 32 F. Portalupi, Frontone, Gellio, Apuleio . Ricerca stilistica I , Torino 1974, 146 p. (offset). RICHARD GOULET.
AURELIA → OPPIA (AURELIA -) AURELIA + LEITÈ (AURELIA -) AURÉLIANÈ → CHARILAMPIANÈ OLYMPIAS ( AURELIANE - ) AURELIANUS → EUPYRIDES ( AURELIANUS HÉRACLIDÈS -) 510 AURELIANUS DE SMYRNE (SEXTUS CLAUDIUS - )
ép. imp.
Philosophe pythagoricien qui reçut le droit de cité à Delphes ( FD III 1 , 203 ). Une date dans la seconde moitié du II s. ou le début du IIIe s'accorderait assez bien avec le style de l'écriture . BERNADETTE PUECH .
AURELIUS + STEPHANUS ( AURELIUS -) AURELIUS → MARC- AURÈLE AURELIUS + TRYPHON (AURELIUS SEPTILIUS -) AURELIUS → ASCLÉPIADÈS (M. AURELIUS -)
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AUTOBOULOS DE CHÉRONÉE
AURELIUS + CALLIMÉDÈS ( M. AURELIUS DIODORUS - ) AURELIUS → COTTA (C. AURELIUS - ) AURELIUS + DEMETRIUS (AURELIUS -) AURELIUS → PHILIPPUS (AURELIUS -) AURELIUS → AUGUSTINUS (AURELIUS -) AURELIUS → OLYMPIODORUS (M. AURELIUS -) AURELIUS → OPILIUS (AURELIUS -) AURELIUS → SYMMACHUS (Q. AURELIUS MEMMIUS -) 511
AUTOBOULOS DE CHÉRONÉE (MESTRIUS 2-) RE 3
fl. II
Platonicien dont la statue fut élevée à Chéronée par son petit- fils Flavius Autoboulos. Il était sans aucun doute le fils de Plutarque, mentionné à plusieurs reprises dans les Moralia, où il apparaît déjà comme un philosophe confirmé (voir Quaest. Conv. VIII 10) BERNADETTE PUECH . 512
AUTOBOULOS DE CHÉRONÉE (SEXTUS CLAUDIUS -) RE 2 fl. III Philosophe, mort à 22 ans : inscription de Chéronée IG VII 3425 (Syll.3 844 B ) . Il était certainement platonicien, comme son aïeul Plutarque, dont il était le descendant à la sixième génération . BERNADETTE PUECH .
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AUTOCHARIDAS DE LACONIE
va
Pythagoricien ancien dont le nom figure dans le Catalogue de Jamblique, V. pyth . 267 ; p . 145 , 16 Deubner. Il était le frère de la pythagoricienne Cléaichma. BRUNO CENTRONE . AVIDIUS
HELIODORUS (C. AVIDIUS - )
AVIDIUS
PARMÉNIDÈS ( AVIDIUS -)
AVIDIUS
ARCHESTRATUS (AVIDIUS -)
AVIENUS 514
MESSALA AVIENUS (VALERIUS -)
AVIDIENUS surnommé « le
Chien >> RE
Ia
On croit reconnaître un cynique dans le personnage, inconnu par ailleurs, qu'évoque Horace dans sa Satire II 2, v . 55-62. Cet Avidienus, « à qui s'attache le surnom bien mérité de Chien » , mène une vie des plus sordide, qu’Horace se plaît à décrire avec des détails concrets de la vie quotidienne: il mange des olives vieilles de cinq ans , boit du vin tourné et cuisine avec de l'huile rance et du vieux vinaigre ... MARIE -ODILE GOULET -CAZÉ.
AVIENUS (RUFIUS FESTUS - ) 515 AVIENUS (RUFIUS FESTUS - )
RE 3
689 MIV
Poète latin , surtout célèbre par sa traduction des Phénomènes d'Aratos. Datation . Avienus floruit vers le milieu du IVe s . (Lactance , Inst. Div. I 21 , 38 ; V 5 , 5 , qui cite Germanicus et Cicéron comme traducteurs d'Aratos, l'ignore, alors que Jérôme, Comm . Epist. ad Tit. 1 12, signale qu'Avienus a traduit les phénomènes d'Aratos “ nuper"; or, les deux œuvres datent respec tivement, et approximativement, de 310 et 386) . Sources biographiques. Elles se résument, pour l'essentiel, aux indications fournies par la double inscription métrique CIL VI 537 , traduite et commentée par 1 J. Soubiran, Aviénus , Les Phénomènes d'Aratos, CUF, Paris 1981 , 318 p . , Appendice I. Les spécialistes s'accordent pour considérer que cette inscription concerne le poète (J. Soubiran 1 , p. 13-14) . Cette double inscription se compose d'une dédicace de huit hexamètres faite par le clarissime R. Festus à Nortia , déesse étrusque du destin , et de l'épitaphe versifiée (deux distiques) de Placidus à son père. Ces documents indiquent que Festus est Musoni suboles prolesque Avieni (il s'agit sans aucun doute du philosophe stoïcien C. Musonius Rufus, originaire de Volsinies), qu'il est originaire de Volsinies (lare cretus Vulsiniensi ), qu'il habite Rome , qu'il fut deux fois proconsul, qu'il a composé de nombreux poèmes ( carmina multa serens ) et, enfin, qu'époux de Placida il a une nombreuse famille. École philosophique. Avienus se rattache au stoïcisme ( stoische Fami lientradition selon 2 F. Marx , art. « Rufius Festus Avienus >> 3 , RE II 2 , 1896, col . 2388) . Cela se déduit de l'attention accordée au destin (dédicace à Nortia, vers 8 de cette même dédicace : Cetera composita fatorum lege trahentur ), de la parenté avec C. Musonius Rufus et du rapprochement établi entre le prélude des Phaenomena et l'Hymne à Zeus de Cléanthe (cf. J. Soubiran 1 , p. 44-45 ). Euvres. A. Euvres conservées ( citées dans l'ordre de l'editio princeps de 1488 , pratiquement le seul témoin de l'æuvre ): ( 1 ) Épître dédiée à un certain Flavianus Myrmeicus, 31 hexamètres ; (2) les Arati Phaenomena (voir infra ); ( 3 ) Descriptio Orbis terrae , traduction versifiée de Denys le Périégète, 1393 hexamètres ;
(4) Ora Maritima (parvenue incomplète ), dédiée à un certain Probus, 713 trimètres iambiques.
B. Euvres perdues: ( 5 ) un poème en trimètres iambiques sur les comètes , paraphrase de Virgile (Servius, Ad Aen . X 272, Ad Georg. I 488) ; ( 6 ) une épitome (? ) versifiée de Tite - Live ( totum Livium iambis scripsit, Servius, Ad Aen . X 388 ) . Arati Phaenomena : æuvre d'Avienus la plus célèbre dans l'Antiquité; la dédicace à Nortia en fait foi (voir J. Soubiran 1 , p . 294-295 ). C'est aussi celle qui est la plus philosophique. Sur le titre , lire Soubiran 1 , p . 40 n . 1. Seule traduction complète conservée des Phénomènes d'Aratos, elle est sensiblement plus longue que son modèle ( 1878 hexamètres pour 1154 vers). Ainsi, la partie la
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AXIOPISTOS DE LOCRES
plus philosophique du poème, le prooemium , occupe 77 vers chez Avienus contre 18 vers chez Aratos. Elle part du ' Ex Aios ápxáueoda d'Aratos, donc du Jupiter stoïcien , pour développer une pensée cohérente qui emprunte à de nombreux systèmes philosophiques; pour toute cette partie, se reporter à Soubiran 1 , p . 42-51 , et aux notes des vers 1-77 . Éditions. L'édition de référence est maintenant celle de Soubiran 1. Voir également 3 Dorothea Weber (édit . ) , Aviens Phaenomena, eine Arat Bearbeitung aus der lateinischen Spätantike. Untersuchungen zu ausgewählten Partien , coll. « Dissertationen der Universität Wien » 173 , Wien 1986, VI - 213 p. (bibliographie , p . 208-213 ) . L'édition de 4 A. Holder, Rufi Festi Avieni Carmina, Innsbrück 1887 , 296 p . , est la seule édition complète de l'ensemble des euvres d'Avienus ; elle contient un précieux index verborum . Études d'orientation . L'article de Marx 2 reste utile , mais il s'intéresse peu aux Aratea . L'introduction de Soubiran 1 , p. 7-89 est la meilleure étude sur Avienus et son ouvre ; elle tient compte des travaux les plus récents. PATRICK ROBIANO . 516
AXIOPISTOS DE LOCRES ou DE SICYONE RE Athénée XIV , 684 d, cite Philochore, Mepl uavtixñs ( FGrHist 328 F 79 - Épicharme DK 23 A 10 ), lequel rapporte qu'Axiopistos de Locres (ou de Sicyone) aurait composé des ouvrages faussement attribués à Épicharme: un Canon (Kaváv ) et des Sentences (ſvõuai ) . Sur ces ouvrages, voir F. Jacoby, FGrHist III b : commentaire , II : notes, p . 263. D'après Jacoby, même s'il est assez probable que la collection des æuvres pseudépicharméennes portait le nom d'Axiopistos, il faudrait penser à un pseudonyme. DK , t. I, p . 193-194, considè rent que certains fragments de tendance pythagoricienne du Pseudo - Épicharme proviennent de ces deux ouvrages (Épicharme B 8-46 seraient empruntés aux Sentences ; B 55 au Canon ); Ennius s'en serait également inspiré ( cf. B 47-54 et la notice « Épicharme» ). Nous ne connaissons rien sur la vie et la chronologie d'Axiopistos. Il faut sans doute considérer comme des extraits des ſvõuai d'Axiopistos les PHibeh 1.1 (363 Pack2) 1.2 ( 364 Pack). Voir A. Olivieri, Frammenti della commedia greca e del mimo nella Sicilia e nella Magna Grecia, Napoli 1930, p . 90-93, et C. Austin, Comicorum graecorum fragmenta in papyris reperta , Berlin /New York 1973 , p. 78-81 . BRUNO CENTRONE.
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AXIOTHÉA DE PHLIONTE RE 2
MIV
L'une des deux femmes mentionnées en D.L. III 46 dans la liste des disciples de Platon . Selon Dicéarque ( fr. 44 Wehrli), elle s'habillait en homme. Avec sa collègue Lasthéneia de Mantinée, elle est également présentée en D.L. IV 2 comme disciple de Speusippe. Diogène Laërce les désigne à cet endroit comme ai Maatwvog uaontpiai, les disciples féminins de Platon. Bien que Phlionte et Mantinée soient toutes deux en Arcadie , la maontpic d'Arcadie à laquelle fait allusion la lettre pseudépigraphe de Denys le Tyran citée ensuite parDiogène, n'est pas Axiothéa, mais Lasthéneia , comme le montre le rapprochement avec
AXIOTHÉA DE PHLIONTE
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Athénée VII, 279 ef, qui cite sans doute le même document. Axiothéa et Lasthé neia sont encore mentionnées dans Anon ., Proleg. in Plat.philosophiam 4 , 25 26, p. 11 Westerink (τούτω δ ' εφοίτησαν ου μόνον άνδρες αλλά και γυναίκες , Δεξιθέα τε ή εκ Φλιούντος και Λασθένεια ή εξ Αρκαδίας ) , chez Clement d'Alexandrie, Strom . IV 19 , 122, 2 ; p . 302, 13-14 Stählin, et chez Thémistius, Or . XXIII , p . 295 c ; t . II , p . 90 , 18–91 , 2 Downey -Norman . D'après Thémistius, c'est après avoir lu un des livres de la République qu’Axiothéa « la philosophe » aurait quitté l'Arcadie pour aller écouter Platon à Athènes, non sans dissimuler pendant longtemps qu'elle était une femme. Ce témoignage constitue l'anecdote n ° 134 du recueil de A. Swift Riginos , Platonica, Commentaire, p . 183-184 . On retrouve peut-être une allusion aux deux académiciennes dans l'Ind. Acad. Herc . , col. VI , 26-27 ( p. 37 Mekler ): xal yuv ]ạixes (ouveo ]xól[Aaoa ]v é [ v ] á [ v ]Opeíai ( écoñ ] ţi. Sur ce passage, voir K. Gaiser, Philodems Academica, p . 358 s . , 362-364 , 449-452, qui reconstitue le nom d'Axiothéa dans un autre passage de l'Index (col. Y , 38) . Voir aussi Apulée , De Platone I 4 (Multi auditorum eius utriusque sexus in philosophia floruerunt) et Olympiodore, In Alcib ., § 2 , 147-149 Westerink (nolloùç Sè návu npos Máonowv ÉDELAXEto xal άνδρας και γυναίκας ανδρείω σχήματι παρασκευάζων ακροάσθαι αυτού )). . Selon Wehrli ( commentaire du fr. 44 de Dicéarque, p . 33) , la présence de Lasthénéia d'Arcadie dans le Catalogue des anciens pythagoriciens transmis par Jamblique, V. pyth. 36 , 267, prouverait que la tradition a déplacé dans l'Acadé mie deux personnages originellement rattachés au pythagorisme. Riginos croit au contraire que leur rattachement à Platon est la donnée originelle. C'est peut-être Axiothéa qu'il faut reconnaître sous les traits d'une jeune fille , non nommée, qui aurait été l'élève de Platon , puis, après la mort de ce dernier, de Speusippe et de Ménédème d'Érétrie, dans un fragment biographique contenu dans POxy. 3656 , publié par P.J. Parsons, dans Helen M. Cockle (édit. ) , The Oxyrhynchus Papyri, t . LII, coll. « Greco - Roman Memoirs » 72 , London 1984 , p. 47-50. Le papyrus cite comme sources Hippobote, Hiéronymos de Rhodes (év tõ lepi ouvoxñs ) et un “ Aristophane le péripatéticien ” (év Tõ Nepì aluniac ) . Voir M. Gigante, « Accessione Ippobotea », PP 220, 1985 , p . 69 ; id ., « Biogra fia e dossografia in Diogene Laerzio » , Elenchos 7 , 1987 , p . 59-62 (il s'agirait plutôt de Lasthéneia et derrière Aristophane se cacherait Aristoxène ). RICHARD GOULET.
ANNEXE
ACADÉMIE ( topographie et archéologie)
PLAN DE LA NOTICE I. Les textes A. Textes relatifs au site extra - urbain B. Textes relatifs à l'installation de l'école platonicienne II. Les fouilles archéologiques III. L'Académie des Athéniens A. Origine du toponyme 1. Étymologie 2. Académos à l'Académie B. Le site et ses accès 1. Situation géographique 2. L'avenue Kéraméikos
3.-7 . Les autres accès 8. Importance géographique, politique, religieuse de l'Académie 9. Une banlieue agréable. C. Un gymnase dans un site aménagé 1. L'Académie à l'époque archaïque a . Solon
b. Pisistrate et ses fils, le monument à Éros c. Le mur d'Hipparque a) Les textes et l'interprétation de J.P. Lynch B) Les vestiges et l'interprétation archéologique d. Sanctuaire archaïque e. L'Académie vers la fin du vi, bilan 2. L'Académie à l'époque classique et hellénistique ( hormis l'école de Platon ) , a. Gymnase, palestre, et un parc a ) Cimon
B) Le pilier de Léôcratès Y) Aristophane, Nuées 8 ) Eupolis c ) Hypéride et le problème de la palestre () Xénophon et les revues de cavalerie n) La formation éphébique b. Autres installations du périmètre de l'Académie ou de ses environs immédiats c. Quelques événements historiques d. Bilan
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ANNEXE 3. L'Académie à l'époque impériale a. Les vestiges b. Les textes D. Les cultes de l'Académie 1. Académos a. Le culte et les textes b. Les fouilles et leur interprétation c. Personnalité et rôle d'Académos d. L'Académie sanctuaire d'Académos 2. Athéna et Zeus a. Le sanctuaire d'Athéna dans les textes b. Les oliviers sacrés c. Zeus Kataibatès ou Morios d. L'Académie sanctuaire d'Athéna Polias 3. Héraclès 4. Hermès, les Charites et les Muses 5. Prométhée et Héphaistos a. Prométhée
a) Les monuments B) Prométhée, un dieu ancien ? Y) Origine prométhéenne de la lampadedromie ? 8) Caractères prométhéens de la lampadedromie ? E ) Institution du culte de Prométhée au Va () Les Prométhéia b . Héphaistos a) Hephaistos à Athènes dès l'époque archaïque B) Institution des Héphaisteia au ya Y) Les Héphaisteia 6. Éros, Athéna et les Panathénées a. Éros chez Athéna
b. Éros et les valeurs athéniennes c. L'autel d'Éros et la lampadédromie d'Athéna 7. L'Académie et l'Épitaphios agôn 8. (Dionysos Eleuthereus ) 9. Conclusion IV . Platon et l'école académicienne à l'Académie A. Platon à l'Académie ? 1. L'école de Platon au gymnase ?
2. Le sanctuaire des Muses 3. « Que nul n'entre ici s'il n'est géomètre » 4. Représentations de l'Académie B. La propriété de Platon C. La tombe de Platon D. Diadoques et scholarques Addenda
ACADÉMIE - TOPOGRAPHIE ET ARCHÉOLOGIE
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Ce qui n'était à l'origine qu'un toponyme formé sur le nom du héros Hécadémos ( voir I.A) et désignait probablement les environs de son sanctuaire s'est appliqué, en moins de deux siècles, à des réalités topographiquement super posées ou proches mais de natures bien différentes : un vaste domaine public, parc aménagé et peut- être isolé au sein de cette région campagnarde par un mur qui aurait alors enclos d'anciens lieux de culte et un gymnase , le gymnase lui même, le ou les lieux où Platon enseigna, l'école platonicienne enfin, ultérieu rement scindée en plusieurs écoles ou tendances qui ne se sont pas toujours réunies sur les lieux historiques de la première fondation mais en gardèrent le nom . Comme souvent en pareil cas , les rares textes des Ve et IVe s . av . J.-C. qui mentionnent l'Académie font l'économie de précisions superflues pour les contemporains. Ultérieurement, la tradition documentaire ne s'enrichit guère ; du reste , nous n'en recueillons que des éléments tardifs, en tout cas postérieurs de trois siècles et plus à l'activité de Platon : l'Académie n'est alors plus guère évoquée qu'à propos des philosophes platoniciens, et les informations sur les lieux et leurs aménagements sont aussi vagues que redondantes. Certes, les textes qui évoquent directement l'installation de Platon et de ses disciples à l'Académie s'inscrivent sans contradiction dans la tradition afférente à cette région ; ils en constituent même une part non négligeable. Mais il s'en faut de beaucoup qu'ils livrent une information précise et univoque sur le cadre où Platon et ses successeurs vécurent et enseignèrent et sur un site extra -urbain dont l'importance est loin d'avoir été négligeable dans l'urbanisme et la vie de la cité. I. LES TEXTES A. Les références à tous les textes ou presque qui mentionnent l'Académie en tant que site extra- urbain ont été réunies et mises en œuvre par 1 C. Wachsmuth, Die Stadt Athen im Alterthum , t. I, Leipzig 1874, p . 255, 267-270 et 590-591 ; 2 id. , art. « Akademia » 1 , RE I 1 , 1894, col. 1132-1134. Elles sont également recensées par A. Milchhöfer en tête de l'ouvrage de 3 E. Curtius, Die Stadtgeschichte von Athen , Berlin 1891 , p. XLV, art. « Akademos» , et p . LXXXV , art. « Gymnasien , Akademie » , ainsi que par 4 W. Pape et G. Benseler, Wörterbuch der griechischen Eigennamen, 3e éd. , Braunschweig 1870, réimpr. 1959, p . 43 , s.v. « ’Axaðnuela ». Elles sont largement utilisées par 5 W. Judeich , Topographie von Athen , 2e éd. , München 1931 , p. 412-414 ; par 6 J. Delorme, Gymnasion. Étude sur les monuments consacrés à l'éducation en Grèce, des origines à l'Empire romain , Paris 1960 , passim ( voir l'index p . 523 ) et notamment p. 37-42 et 51-54 ; enfin par 7 R.E. Wycherley, « Peripatos : The Athenian Philosophical Scene, II » , G &R 9 , 1962, p . 2-10, et dans 8 id. , The Stones of Athens, Princeton 1978 , notamment p . 219-225 . Toutes ces études dédient au moins quelques paragra phes à l'Académie platonicienne. B. On trouvera en outre les références des principaux textes ne concernant que l'installation et l'activité de Platon et de ses successeurs à l'Académie dans 9 P. Natorp, art. « Akademia » 2, RE I 1 , 1894 , col . 1134-1137 , 10 H. Leise gang, art. « Platon » 1 , RE XX 2 , 1950 , col . 2352 , ainsi que dans 11 H.J. Krämer, « Die Ältere Akademie » , GGP Antike 3 , p . 3 , 4 , 5 , 12-15 .
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ANNEXE
Tous les ouvrages qui consacrent un chapitre à la vie de Platon font naturel lement état des mêmes sources dès qu'ils abordent la fondation de l'école, de même ceux qui sont dédiés à ses disciples proches ou lointains, notamment aux scholarques. Il n'y a pas lieu de les citer ici. Toutefois, deux livres récents sont plus particulièrement utiles à notre propos : 12 A. Swift Riginos, Platonica. The Anecdotes concerning the life and writings of Plato , Leiden 1976, dresse un catalogue raisonné et commenté de la plupart des sources actuellement acces sibles; 13 J. Glucker, Antiochus, p . 226-255, écrit une histoire des lieux jusqu'à ce que l'école les abandonne parce qu'elle -même cesse d'exister en tant que telle. L'ouvrage posthume de 14 H. Dörrie, Die geschichtlichen Wurzeln des Platonismus. Bausteine 1-35 : Text, Übersetzung, Kommentar, Stuttgart /Bad Cannstatt 1987 , réunit ( p. 258-271) et commente (p . 544-557), parfois briève ment, la plupart des textes relatifs à l'histoire du site à partir de 2009 et certaines anecdotes concernant l'installation de Platon à l'Académie . II. LES FOUILLES ARCHÉOLOGIQUES Les textes ont aussi guidé tous ceux qui ont entrepris, dirigé et interprété les fouilles du site . Commencées en 1929 aux frais de P. Aristophron , poursuivies par la Société Archéologique d'Athènes sous les directions successives de K. Kourouniotis, A. Keramopoullos et Ph. Stravropoullos, extensives mais épi sodiques et partiellement publiées, elles sont périodiquement complétées par les fouilles d'urgence effectuées par le Service Archéologique. J. Travlos a dressé, avec une bibliographie complète en 1970, un bilan des découvertes et des certi tudes à cette date dans son 15 Bildlexikon zur Topographie des antiken Athen , Tübingen 1971, p . 42-52 , fig. 52-64 , et p . 300-302, fig. 417-420 . ( Les fig. 62 et 417 sont ici reproduites comme fig. 5 et 6. ) Sur plusieurs points, il rectifie les synthèses et les interprétations de Delorme 6 et de Wycherley 7 et 8. Ses conclusions sont adoptées par 16 W. Zschietzschmann , art. « Athenai » B , RESuppl. XIII, 1973, col. 63-64, et utilisées par J. Glucker, dans son étude sur la région de l'Académie (13 , p . 237-246 , bibliographie p . 237 n . 32 ) . Les fouilles récentes ont contribué à dégager le tracé déjà bien connu des deux principales routes d'accès à l'Académie et leurs abords immédiats ( voir III.B ), et mis au jour, dans le secteur de l'Académie elle -même, des tombes d'époques diverses qui ne font que confirmer la présence ancienne et durable de nécropoles dans toute la banlieue O. et N.-O. d'Athènes. On en trouvera les résultats com modément rassemblés, avec références précises aux publications grecques, dans la « Chronique des fouilles» du BCH : 17 J.-P. Michaud, BCH 94 , 1970, p . 894 ; 18 G. Touchais, BCH 101 , 1977, p . 524 ; 19 id. , BCH 102 , 1978 , p . 648 ; 20 id. , BCH 103 , 1979, p. 536 ; 21 id. , BCH 108 , 1984, p. 740 et 742 ; 22 id . , BCH 110, 1986 , p. 676. Dans l'ensemble, ces fouilles complètent plus qu'elles ne modifient l'état de la question dressé par J. Travlos en 1970. III. L'ACADÉMIE DES ATHÉNIENS Pausanias, Périègèse I 29,2 : 'Aonvaious 8è xal t £ w RÓLEWS Év toic Onuous και κατά τας οδούς θεών έστιν ιερά και ηρώων και ανδρών τάφοι εγγυτάτω δε 'Axadnuía ( ... ) ( t. I , p . 67 Rocha - Pereira ; 23 Pausania, Guida della Grecia, Libro I, L'Attica, Introduzione, testo e traduzione a cura di D. Musti, Commento
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a cura di L. Beschi, Roma 1982, p. 156) : « les Athéniens ont à l'extérieur de la ville aussi, dans les dèmes et le long des routes, des sanctuaires des dieux et des tombeaux des héros et des hommes. Tout près, il y a l'Académie ( ... ) » . A. ORIGINE DU TOPONYME 1. Toutes les sources traitant du toponyme le font dériver du nom du héros Académos . Les références sont toutes ou en partie réunies par 24 J. Bernhard, art. « Akademos » , dans W.H. Roscher, Ausfürhrliches Lexikon der grie chischen Mythologie, I 1 , Leipzig 1884-1886 , réimpr. 1977 , col. 204; 25 J. Töpffer, art. « Akademos» , REI1 , 1894, col. 1137-1138 ; 26 U. Kron , « Akademos » , dans Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae ( LIMC ), I 1 , Basel 1981 , p . 433 ; 27 id ., MDAI( A ) 94, 1979, p . 55-58 . Plusieurs d'entre elles font état de l'orthographe originelle hEcadémos, d'où hEcadémeia : un vers d'Eupolis (dernier quart Va) ( fr. 32 Edmonds), un autre de Timon de Phlionte ( première moitié 11a) ( fr. 30 Diels, PPhF ), tous deux cités par Diogène Laërce ( III 7) , Étienne de Byzance ( ca 530) , s.v. « 'Axaðnueia » et 'Exadńuela » (t . I, p. 56 et 261-262 Meineke ) ; enfin la Souda (xé s . ) , s.v. « 'Axadnuía » ( A 774, t . I , p . 73 Adler) , où il est fait état de la graphie ' Exadnuíav au vers 1005 des Nuées d'Aristophane, là où la plupart des manuscrits donnent ’Axadnuíav et où les éditeurs restituent ’Axadńueiav depuis ann (Leipzig 1830, p. 136), enfin l'Etymologicum magnum genuinum ( Xe s . ) , ainsi que le Symeonis Etymologicum (milieu du XII° s . ) et l'Etymo logicum magnum auctum (début du XVe s . ) , s.v. « 'Axa & nueoV » (éd . synoptique de F. Lasserre et N. Livadaras, t. I , Roma 1976 , p. 192-193 ). Deux documents archéologiques sont venus attester qu'à l'époque archaïque les deux noms commençaient par une aspiration et un E : un vase à figures noires du deuxième quart du VT s. av. J.-C. , trouvé à l'Agora, et sur lequel J.D. Beazley a restitué près d'une figure juvénile l'inscription hEca [démos) (en dernier lieu Kron 26 , et illustration correspondante dans le t. I 2, pl. 335 ) et une borne de l'Académie portant le toponyme hEcademeia en caractères de la fin du VIe s. (Travlos 15 , p . 42 et 44 , fig. 56 et 57 ; comparer avec la fig. 58) . Il est remarquable que la Souda conserve le souvenir de l'aspiration initiale ( esprit rude ), alors que toute la tradition admet, devant le E ou devant le A , un esprit doux d'ailleurs mal expliqué ; les autres phénomènes phonétiques, assimilation et iotacisme, sont plus classiques, l'accentuation , une question débattue depuis l'Antiquité (28 M. Lejeune, Phonétique historique du mycénien et du grec ancien , Paris 1972, p. 238 et n. 3 ; 29 L. Threatte, The Grammar of Attic inscriptions, t. I : Phonology, Berlin /New York 1980, p. 128 , 318 et 320 ). Selon Dicéarque, cité par Plutarque (Thésée 32 d-e) , le toponyme et son E initial seraient dus à un jeu de mots sur le nom du roi de Tégée Echémos : celui-ci prêtait main forte aux Tyndarides à la recherche de leur sæur Hélène enlevée par Thésée et Pirithoos et cachée par Thésée à Aphidnai; c'est en s'emparant de l'Attique, autrement dit du peuple athénien, qu'Echémos, dès lors surnommé Echédémos, assura le succès de l'expédition . La même étymologie fantaisiste est rapportée par Étienne de Byzance, s.v. « 'Exaðnuela », cependant que Plutarque, Thésée 32 d , connaît aussi la dérivation simple Académos -Académie ( sur le nom arcadien Échémos, inscrit sur une stèle probablement dédiée au roi tégéate,
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ANNEXE
30 L. Dubois, Recherches sur le dialecte arcadien , t. I , Louvain -la -Neuve 1986 ,
p. 197 ). 2. Les rapports d'Académos à l'Académie sont diversement présentés. Timon de Phlionte, Plutarque, Étienne de Byzance (s.v. « 'Axadnusia » ) et une scholie récente au vers 1005 des Nuées d'Aristophane (p. 389 [1005 d, a ) Koster) s'en tiennent au constat d'éponymie. Dieu pour Eupolis, héros pour Diogène Laërce et Étienne de Byzance (s.v. « 'Exadhuela » ), Académos fut certainement l'objet d'un culte à l'Académie : une scholie à Démosthène, Contre Timocrate 114 ( t. II, p . 354 Dilts ), signale l'existence d'un sanctuaire d'Académos et nous apprend en même temps que celui-ci avait fondé ou même construit le site . Cette scholie s'inscrit dans la tradition qui fait d'Académos le fondateur du gymnase de l'Académie : Harpocration , Lexique, s.v. « 'Axa nuela » (t. I , p . 18 Dindorf) ; Hesychius , s.v. « 'Axadnuía » ; Photios, Lexique, s.v. « 'Axadnuía » (p . 78 Theodoridis ); la Souda, s.v. « 'Axadnuía » (A 775 , t. I, p . 73 Adler). En outre, trois scholies au vers 1005 des Nuées affirment qu'il a fait don de sa propriété, deux pour que ce terrain soit aménagé ou construit (p. 195 ( 1005 a ) Holwerda ; J. Tzetzès, p. 389 [ 1005 c) Koster ), la troisième pour la construction du gymnase ( p. 615 [ 1005 a ) Holwerda ).
B. LE SITE ET SES ACCÈS 1. Au départ de la porte Dipylon ou de la Porte Sacrée toute proche, le promeneur quittant Athènes vers le N.-O. descendait ( Aristophane, Nuées , v . 1005 : arx'cic ' Axa8nuelay xatidv... ; Plutarque, Quomodo adulescens poetas audire debeat, 33 c : xal xarabaivovoiveic Axadnuslav ... ; Pausanias I 29 , 2 : XATIOŨoi 8 ' és aútnv ... ; Philostrate , V. soph. 549 : xal xatíoi és 'Axadnulav; ibid . 604: tñs 'Axadnulavoɛ kao68ou) sur plus d'1,5 km pour gagner le centre de la région appelée Académie ; il se trouvait alors à 600 m environ au S.-O. de la hauteur dite Colônos Hippios et à 1 km env . à l’E de la vallée du Céphise ( 31 Ph . Stavropoullos, PAAH 1963, p . 6 fig. 1 ; Travlos 15 , fig. 213 et 417 ). Même dans l'Antiquité, celui- ci devait couler à bonne distance de l'Académie, en tout cas nettement plus bas, et contrairement à une affirmation fréquente , il n'est pas sûr que l'on puisse imputer aux éventuelles variations de son lit ou à ses crues violentes – mais rares et brèves (32 G. Karo , AA 1935 , col. 171 ) - de petit fleuve méditerranéen toutes les alluvions qui recouvrent les ruines archéologiques de ce secteur jusqu'à 6 m d'épaisseur au N.-O. L'alluvionnement paraît dû surtout à la pente générale du terrain de l'E. et du N.-E. vers le Céphise et peut provenir notamment du Colônos Hippios ( 33 A. Philippson et E. Kirsten , Die griechischen Landschaften, t . I 3 , Frankfurt 1952 , p . 388 , carte I) ; un ruisseau qui passait immédiatement à l'E . de l'Académie n'y est peut- être pas étranger (34 E. Kirsten et W. Kraiker, Griechenlandkunde, 5 ° éd . Heidelberg 1967 , p . 151-153 , fig. 42 ; 35 J. Travlos , M. Petropoulakou et E. Pentazos, 'Aoſvai . Oixiotixà otoixeia. Mpútn & xocon, coll. « Ancient Greek Cities » 17 , Athènes 1972 , fig. 1 à 16 ; 36 E. Kirsten, « Ur- Athen und die Heimat des Sophokles » , WS N.F. 7 , 1973 , p. 8 fig. 1 , p. 14 fig. 2 et p. 22). 2. La région de l'Académie est occupée à partir de l'époque néolithique (37 Ph. Stavropoullos, art. « 'Axadnuía » , Meyáin 'Exanvix ) 'Eyxuxhonaideia, Euunanpwpa 22, Athènes 1969, p. 343-344 ; Travlos 15, p. 42), comme d'autres
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sites d'Athènes, notamment les pentes S. et O. de l'Acropole. C'est au plus tard à l’Helladique Récent (XV “) qu'un chemin quasi rectiligne relie la région aux établissements contemporains, situés à l'emplacement de la future Agora ( Travlos 15 , fig. 5 et 217, p. 158 et 299 ; 38 L. Beschi, EAA , Suppl., 1970, p . 90-91 ). A partir du Xe s . av . J.-C. , l'extension des nécropoles le long des routes qui quittent Athènes vers l'O. et le N.-O. et, conjointement, le développe ment du quartier des potiers puis la création du dème de Kerameis ne cesseront d'accroître l'importance de cette voie au tracé pratiquement immuable ( Travlos 15 , p . 158) . Tout le quartier qui, le long de cette artère , s'étend de l'Agora comprise à l'Académie semble s'appeler très tôt Kéraméikos, même si les plus anciennes sources écrites qui l'attestent ne sont pas antérieures au IVe s . av . J.-C. (39 The Athenian Agora, vol. III : R.E. Wycherley, Literary and Epigraphical Testimonia, Princeton 1957 , p . 221-224 ); sa continuité reste perçue malgré les ruptures de tous ordres que matérialisent les deux enceintes successives d'Athènes. La route elle -même paraît porter très tôt le nom de Kéraméikos, comme le quartier dont elle est l'artère principale . L'existence d'une enceinte urbaine archaïque est à vrai dire très controversée (en dernier lieu , pour : Travlos 15 , p. 158, 162 [ bibliographie antérieure) et fig. 5 ; 40 H. Lauter et H. Lauter-Bufé, AA 1975, p. 1-9, avec bibliographie et état de la question ; contre : Kirsten 36 , p . 9 ; 41 H. Drerup , dans W. Hoepfner [ édit .), Wohnungsbau im Altertum , Berlin 1978 , p. 92-93 ; pour: 42 W. Koenigs, dans Kerameikos, Band 13 : Rundbauten im Kerameikos, Berlin 1980, p . 7 et 37 ; 42a F.E. Winter, « Sepulturae intra urbem and the pre - persian walls of Athens» , dans Studies in Attic epigraphy, history and topography presented to E. Vanderpool, coll. « Hesperia - Suppl.» 19, Princeton 1982, p . 199-204 ; 43 H. Lauter, Lathuresa. Beiträge zur Architektur und Siedlungsgeschichte in spätgeometrischer Zeit, coll. « Attische Forschungen » 2 , Mainz 1985 , p. 13 et n. 28) , bien que Thucydide, outre quelques allusions indirectes, affirme que les Perses la détruisirent en 480 (I 89, 3 et 93 , 2) ; par conséquent, même si l'on admet que ce rempart a existé, nous ignorons où cette route principale le traversait ; on peut provisoirement admettre que la porte archaïque se trouvait approximativement à l'endroit où la porte Dipylon s'ouvrira ensuite dans le mur de Thémistocle (44 J. Travlos, Moneodouin ÉÉNIELS TÕv 'Anvāv, Athènes 1960 , p. 33-34 et 40-41 ; Travlos 15 , fig. 5 , p. 138 , 162 et 261), ne serait- ce qu'en raison de la permanence évidente et de la spécificité des manifestations religieuses et proprement politiques qui se déroulent sur les deux sections de la même voie : le tronçon intérieur qui, de la porte Dipylon, gagne l'angle N.-O. de l’Agora et se prolonge par le dromos vers l'angle S.-E. constitue la première partie du parcours de la procession des Panathénées fondées en 566/5 ( Travlos 15 , p . 2-3 , fig. 5 , 28 à 31 , 34 et 37 ; p. 422-423 , fig. 540 ); le tronçon extérieur revêt progressivement l'importance d'une avenue officielle puisque, dès la fin du VIe s . peut- être, la cité édifie de part et d'autre, à ses frais, les tombeaux des hommes politiques et des morts à la guerre qu'elle veut tout particulièrement honorer. Ainsi se constitue le Démosion sèma qui jusqu'à la fin du IVe s . ne cessera de s'étendre jusqu'aux confins de l'Académie , rejoignant ainsi d'autres nécropoles beaucoup plus anciennes ( Travlos 15 , p. 300-302, fig. 391 et 417 ; Glucker 13 , p . 239-240 ; sur le Démosion sèma voir en dernier lieu 45 Ch.W. Clairmont, Patrios Nomos. Public Burial in Athens during the 5th and 4th
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Centuries B.C. The Archaeological, Epigraphic -Literary and Historical Evi dence, coll. « B.A.R. International Series » 161 , Oxford 1983 ; sur ses débuts à l'époque archaïque ou seulement à l'époque de Cimon, voir surtout p. 2 et 7-15 ; pour un aménagement dès l'époque archaïque, voir W. Koenigs 42, p . 7 et 37 ; fouilles récentes sur la route du Dipylon à l'Académie et dans le Démosion sèma : 46 Th . Karagiorga , AD 33 , 1978, II, Chroniques, p . 19-23 , nº 26-32 ; cf. Touchais 22, p. 676 , et 47 H.W. Catling, Archaeological Report for 1985 1986, p. 8-9 ; 48 Th. Karagiorga, AD 34, 1979, II, Chroniques, p. 18-22, nº 13 22 ). De même que les principales nécropoles d'Athènes s'ordonnent le long des accès occidentaux de la cité, la route de l'Académie devient l'axe de ce cimetière national et constitue une sorte de longue et large piste où se déroulent les jeux funèbres organisés par l'archonte -polémarque ( Aristote, Constitution d'Athènes 58 , 1 ; Philostrate, V. soph. 604; Héliodore, Éthiopiques I 17 , 5 ) , ainsi d'ailleurs que la lampadedromie des Panathénées qui part de l'autel d'Éros situé devant l'entrée de l'Académie ( ci- dessous III.C.1.b , et III.D.6 ) et qui est, comme les autres lampadédromies du même parcours , organisée par l'archonte - roi ( Aristote, Constitution d'Athènes 57 , 1 ). Le mur de Thémistocle , commencé dès 4794, réserve donc à la route de l’Agora à l'Académie un passage digne de son importance urbaine et religieuse, la porte Thriasienne ou porte Dipylon ( cet autre nom n'est attesté qu'à partir de 278/7 par IG II 673 ), reconstruite au IV ° s. (Travlos 15, p. 159 fig . 219, p. 299 301 , fig. 391 , p. 477-481 et fig. 602 ; 49 Kerameikos, Band X : W. Hoepfner et al., Das Pompeion und seine Nachfolgerbauten, Berlin 1976, p. 13-14 , fig. 13 et 34 , pl. 13 pour le premier état; pour le deuxième, p. 36 , 112-113 et pl. 14 ). C'est probablement dès la fin du V s. que la section extra muros acquiert - au prix du déplacement de plusieurs tombes – une largeur de 39 à 40 m vérifiée par toutes les fouilles et définie par des bornes qui tout à la fois jalonnent de part et d'autre son tracé et attestent qu'elle porte bien le nom de Kéraméikos de l'angle N.-O. de la place de l'Agora jusqu'à l'Académie ( Travlos 15 , fig. 102, p . 300 , fig. 415 et 416 ; Clairmont 45 , p . 35 et n. 38 à 40 ; Wycherley 39 , p . 223 et 224 et la majorité des sources recensées à l'index , p . 253 , s.v. « Kerameikos » ; 49a U. Knigge, Der Kerameikos von Athen . Führung durch Ausgrabungen und Geschichte, Athènes 1988 , p. 8-11 , fig. 1-2 ; sur « les deux Céramiques», sur le Céramique « intérieur et le Céramique « extérieur » , voir aussi Zschietzschmann 16, col. 63) . Les Athéniens distinguaient donc clairement le quartier nommé Académie , l'Agora et le Céramique. Ce dernier toponyme désignait toutefois trois réalités proches, en partie superposées dans l'espace, mais différentes de nature : le « quartier des potiers » – on rappelait à l'occasion que l'Agora en faisait ou en avait fait partie -, la nécropole et enfin l'avenue de l'Agora à l'Académie. Il arrivait par suite que l'on appelât « Céramique » l’Agora; néanmoins « Céra mique » désignait le plus souvent la nécropole qui s'étendait au voisinage du Dipylon et de la Porte Sacrée : c'est que l'Agora et la nécropole, tout comme l'avenue de l'Académie, se sont établies et développées dans ce qui était d'abord le quartier des potiers (ci-dessous III.C.1.c ). En tout cas , l'avenue reliant l’Agora à l'Académie s'est appelée Céramique jusqu'à l'époque impériale, sinon même plus tard . Le souvenir s'en est longtemps
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perpétué si l'on en croit plusieurs témoignages tardifs qui presque tous ont trait au parcours des lampadédromies: scholies à Aristophane, Grenouilles, v. 131 (p. 278 Dübner ) ou v . 135 ( J. Tzetzès, p. 739-740 Koster); scholie aux Guêpes, v . 1203 ( p . 190 Koster ) ; Souda, s.v. « Kepaueixóc » ( K 1355 , t . III, p . 97 Adler) ; Etymologicon Magnum (XII s .) , s.v. « Kepaueixóc » (nº 504, 20-22, col. 1442 Gaisford ). Il est donc beaucoup plus surprenant que certains scholiastes et lexicographes aient établi une équivalence entre Céramique et Académie proprement dite, notamment Hesychius, s.v. « 'Axaðnuía » : ( ... ) xal tonos kaleitai yàp otw < > Kepaueixóc ( p. 80 Latte ), et Étienne de Byzance, s.v. « 'ExaShpela » : ( ...) xal 'Aon noitonos, o KepauleixoC (p. 261-262 Meineke). Cette équivalence peut être due à une inadvertance (cf. Wycherley 39 , p . 221: « wrongly » ), à un « glissement » très tardif de la toponymie , ou encore à l'éventuelle situation de l'Académie dans le dème de Kerameis, comme le propose 50 P. Siewert, Die Trittyen Attikas und die Heeresreform des Kleisthenes, coll. « Vestigia, Beiträge zur alten Geschichte » 33 , München 1982, p. 41-42 n. 30 ; cf. ci -dessous III.C.1.c ). Quoi qu'il en soit, au IT s . de notre ère , Pausanias emprunte encore la grande avenue et, chemin faisant, admire les principaux sanctuaires, monuments et tom beaux (I 29, 2-16). Ils seront détruits au III s. , devant la menace des invasions, pour servir à la construction du mur de Valérien . Cicéron évalue à 6 stades, soit 1063 à 1260 m env ., la distance du Dipylon à l'Académie , Tite -Live (XXXI 24, 9) à env . 1000 pas romains, soit env . 1480 m, dans un passage qui par ailleurs évoque admirablement les deux grandes parties de l'artère en continuité de part et d'autre de la porte ( voir aussi sur ces aspects du paysage urbain le témoignage d'Hermias d'Alexandrie, ci- dessous III.C.1.b ). Même en l'absence de fouilles et de repères topographiques, les 6 stades donnés par Cicéron en promenade philosophique avec ses amis paraîtraient moins probables que les mille ferme passus de Tite -Live qui, en historien prudent mais précis, connaît par des sources spécialisées l'espace exact dont disposaient respectivement, de part et d'autre du Dipylon, les forces athéniennes et les troupes macédoniennes de Philippe V en 200 av . J.-C. En tout cas, les découvertes récentes de nouveaux secteurs de la route rendent la seconde indication plus vraisemblable , et c'est d'elle que J. Travlos a tenu compte pour restituer la topographie de la région . Du reste , la convergence de trois autres routes ( ci -dessous III.B.3, III.B.4 et III.B.5 ) vers l'aboutissement de l'avenue Kéraméikos ne permet pa , d'en repousser l'extré mité très loin vers le N.-O. ( autres aspects du problème ci -dessous en III.C.1.c). 3. Les chariots empruntaient, à quelque 55 m à l'Ouest, une route parallèle, beaucoup plus étroite ( 4,5 à 7 m de large ), partie d'un embranchement de la Voie Sacrée et elle aussi bordée de tombes : Travlos 15 , p. 300 et 302, fig. 417 à 420 ; bibliographie à compléter par 51 O. Alexandri, AD 25 , 1970, II , Chroniques, n° 35 , p . 73-74, cf. 52 J.-P. Michaud, BCH 96 , 1972, Chronique, p. 606 et 611 , fouilles du 64, rue Mycalis; 53 O. Alexandri, AD 27, 1972, II, Chroniques, n° 56, p. 80, cf. Touchais 18, p. 524 ; Clairmont 45, p. 37-39, fig. 1 à 7. 4. Plus à l'Ouest encore, on a identifié très tôt une petite partie du tracé d'une route S.-N. , elle aussi bordée de tombeaux, et qui passe à l’E. du gymnase romain ( ci-dessous III.C.2.b ), entre celui-ci et la route charretière (Travlos 15 , fig. 62
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et 417 ) ; son débouché au carrefour semble avoir été d'abord pris pour l'entrée principale de l'Académie : 54 G. Karo , AA 1931 , col. 217 ; 55 id ., AA 1932 , col. 124 ; 56 id ., AA 1933 , col . 208-209 ; 57 id ., AA 1934 , col. 138, fig. 8 , où ne figure pas encore, entre cette petite route , la grande avenue du Dipylon, la route charretière ; voir aussi 58 P. Lemerle, BCH 59, 1935 , p. 251 , et 59 H.G. Payne, JHS 51 , 1931 , p. 186. Pour une confusion avec l'avenue de l'Académie, voir en dernier lieu 60 A. Papayannopoulos-Palaios, Polemôn 5 , 1952-1953, p. 78 . 5. Immédiatement au N. de la route du Dipylon à l'Académie, une route secondaire de direction N.-0./S.-E . reliait la région Sud de l'Académie à la route principale qui desservait Colônos Hippios à partir de la première porte située au N.-E. du Dipylon ( Travlos 15, p. 159 et 302, fig. 213, 217, 219 et 417 ,nº V ; cette porte, longtemps appelée Ériai Pylai d'un nom forgé par J. Meursius, est probablement la Porte Équestre, 'Inná dec Múhai : 61 Y. Garlan , BCH 93 , 1969, p. 153-158 ; 62 A. Matthaiou , Horos 1 , 1983, p. 7-18 ; 63 F. Alabe, REG 100 , 1987 , p. 133-144 ). C'est donc une ramification de la route de Colônos Hippios. Toutefois 64 N. Papachatzis, lavoaviou 'Exnádoç nepinynous, V, 'Attixá , Athènes 1974, fig. 228, considère qu'il s'agit de la route directe de l'Académie au Lycée par le pied des remparts, décrite ci -dessous en III.B.6 . 6. Dans le Lysis 203 a et b, Socrate se rend de l'Académie tout droit au Lycée – il précise deux fois eủoù Auxelou – par une route qui n'est pas encore très bien repérée dans le réseau antique d'Athènes : la plus directe possible donc, elle passe , nous dit- il, à l'extérieur du rempart, sous le rempart lui-même; en chemin , Socrate rencontre un ami à la poterne où se trouve la fontaine de Panops. Nous savons par Strabon (IX 1 , 19) que le Lycée se trouvait non loin de la porte de Diocharès, près des sources de l'Eridanos, et qu'à un moment donné une fontaine fut construite dans cette région. Était -ce celle de Panops ? Seuls le tracé du rempart et la source de l'Eridanos sont assez bien repérés. Dédaignant donc l'avenue de l'Académie et l'itinéraire par la ville qui l'aurait conduit du Dipylon à la porte de Diocharès en longeant la côté N. de l’Agora ( Travlos 15, fig. 217 et 219 ; Papachatzis 64, fig. 228 ), Socrate quitte l'Académie un peu plus au N. et marche tout droit en direction du S.-E./E ., de manière à passer quasi tangen tiellement sous le secteur N.-E. du rempart ( Travlos 15 , fig. 213 et 219). Je proposerais, à titre d'hypothèse, qu'il soit parti par la route, datée de la fin du Vre S. av. J.-C. , qui a été repérée près de la borne de l'Académie (ci-dessus III.A ; Travlos 15 , fig. 417 ; sur cette route , voir 65 0. Alexandri, AD 33 , 1967 , II, Chroniques, p . 46-49, fig. 9 , pl. 69 ; 66 id. , AAA 1 , 1968, p. 101-102 et 107, plan et fig. 1 ; 67 G. Daux, BCH 92, 1968, Chronique, p. 733, fig. 9). 7. Au delà de l'Académie , une route bordée de maisons, de puits et de tom beaux se dirige au N.-O. vers les rives du Céphise ( Stavropoullos 31 , p. 7-28, pl . 1-21 ; Travlos, Petropoulakou et Pentazos 27 , fig. 13 à 15 ; Travlos 15 , fig. 417 ) . 8. L'importance et le nombre de ces routes tiennent à l'importance des zones qu'elles desservent, notamment des nécropoles, et à celle de leurs buts. A cet égard , la convergence de cinq itinéraires au moins vers la seule région de l'Académie est éloquente . Sur la carte des routes qui par les quinze portes principales de l'enceinte urbaine quittent Athènes vers toutes les directions d'Attique et les autres cités ( Travlos 15 , fig. 213 et 219), l'Académie constitue le
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seul pôle extra - urbain , la seule exception à la règle d'une divergence générale . Pour que l'avenue Kéraméikos prenne cette ampleur, pour que le Démosion sèma soit organisé entre le Dipylon et l'Académie, pour qu'en sens inverse, vers le centre de la cité, plusieurs festivités, dont les Panathénées, relient en définitive l'Académie à l’Acropole, il fallait que l'Académie eût été investie assez tôt d'un potentiel religieux ( ci -dessous III.D ), civique et culturel (ci-dessous III.C.1 et 2) assez considérable pour qu'elle pût constituer, au delà du Dipylon, à l'opposé de l'Acropole, un pôle assez digne de l'Acropole, le point de départ le plus éloigné de la montée vers l'Acropole. Dans ce contexte général, l'existence d'un gymnase à l'Académie dès le vie s . ( ci -dessous III.C.1.a et b ) ne saurait surprendre : son rôle ne se limite pas aux commodités qu'il offre ; il est d'abord un lieu de formation civique. La partici pation des futurs et jeunes citoyens aux courses et aux jeux athlétiques des fêtes à consonance funéraire - à certains égards, les Panathénées sont l'une d'elles - est une constante : elle est une manifestation majeure de la vie civique. Or ces concours empruntent, au moins depuis l'époque géométrique, un itinéraire traditionnel, notamment le dromos de l’Agora jalonné de tombes dont certaines sont autant d'hérôa (voir en particulier 68 H.A. Thompson , AA 1961, col. 224 231). La route de l'Académie prolonge le dromos, entre des tombes, jusqu'à une autre nécropole qui remonte également à l'époque géométrique, et jusqu'à un hérôon , celui d'Académos, qui , nous le verrons, s'est établi sur une ancienne frontière . On ne s'étonnera donc pas de voir l'Académie entrer officiellement dans l'histoire par l'intérêt que lui portent Solon, puis Pisistrate et ses fils, ceux - là mêmes qui fondent et organisent les Panathénées (ci -dessous III.C.1.b ) : ils utilisent, officialisent et consacrent les liens déjà séculaires de l'Académie avec le centre de la cité. 9. Simultanément, l'Académie est devenue une sorte de banlieue campa gnarde assez fréquentée, autant qu'un périmètre défini et un gymnase (ci-dessous III.C.). Thucydide ( II 34 , 5 ), Plutarque ( Sylla 12, 4) et Diogène Laërce (III 7 ) parlent d'un faubourg (npokotelov ). Vers 325 , un certain Aristomachos, épistate de l'Académie , possède son propre jardin au voisinage immédiat de la palestre (Hypéride, Contre Démosthène XXVI) . Auparavant, Platon avait acquis , non loin du gymnase , en direction du Colônos Hippios , mais encore dans l'Académie ( Diogène Laërce III 5 et 20 ) une petite propriété dont il fît le siège de son école (ci -dessous IV.B ) . Pison imaginera le cadre de vie iu philosophe et de ses successeurs les plus illustres en admirant avec ses amis, dont Cicéron , le paysage de petits jardins (illi hortuli) qui s'offre à leur méditation au terme de leur pieuse promenade (De finibus V 2). Enfin une inscription des dernières années du règne de Trajan ou du début de celui d'Antonin-le -Pieux dresse la liste de plusieurs terrains aux mains de particuliers et place en regard de chacun une somme d'argent variable ; trois d'entre eux sont situés à l'Académie ( IG II²2776 , li. 88-89, 146-148 et 185-186) . L'interprétation reste difficile. On a songé à la location ou à la vente de terrains publics (ou religieux ) motivée par une pénurie de terrains à cultiver ou à bâtir, ou par un pressant besoin d'argent ( 69 J. Day, An Economic History of Athens under Roman Domination, New York 1942, p . 221-235 , avec la bibliographie antérieure ; 70 D. Behrend, Attische Pachtur
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kunden , coll. « Vestigia , Beiträge zur alten Geschichte » 12, München 1970, n° 45, 4, p. 101 ; 71 J.P. Lynch , Aristotle's School. A Study of a Greek Educa tional Institution, Berkeley 1972, p . 26 ). Un réexamen du texte , des restes du monument sur les orthostates duquel il était gravé et de l'emplacement probable de ce monument, à proximité de la Stoa d'Attale et de la bibliothèque de Pantainos, ont conduit 72 S.G. Miller à suggérer que cette obligatio praediorum calculée sur la valeur des propriétés était destinée à une fondation à but d'enseignement (Hesperia 41 , 1972, p . 56-57, orthostates nº 9-10, fig. 4 a et b, p . 67-93 pour une réétude complète de l'inscription avec bibliographie, et p . 475-476 pour des précisions sur la date ). Quoi qu'il en soit, comme le fait remarquer Glucker 13, p. 246 (où l'étude de S.G. Miller paraît ignorée ), ces terrains - qui d'ailleurs rapportent des sommes assez importantes – devaient se situer, comme les « jardins » cités plus haut, dans la région de l'Académie, évidemment en dehors du gymnase et des autres installations sportives, mais à proximité de ces établissements et peut-être entre eux : tout le problème que l'on rencontre dès maintenant est de savoir ce que renfermait, entre murs et bores, le périmètre de l'Académie et quelle était l'extension de la région assez vaste qui portait le même nom . Cette ambiguïté se retrouve dans l'anecdote du Cyrénéen Annicéris faisant d'innombrables tours de char sur le même itinéraire, év 'Axaðnuelq selon Élien ( V.H. II 27) , nepl thv ’Axadnulav selon le Pseudo - Lucien ( Éloge de Démo sthène 23 ). Il ne semble pas que les installations sportives aient jamais compris de véritable hippodrome. Il n'est sans doute pas nécessaire de prendre au pied de la lettre l'expression nepl thv 'Axa & nulav, mais elle dit assez qu'Annicéris avait tracé son circuit à l'extérieur du péribole de l'Académie ( ci -dessous III.C.1.c ), mais dans la région de l'Académie, év 'Axa & nusiq. Celle - ci offrait assez d'espaces libres pour que s'y déroulent des revues de cavalerie ( ci -dessous III.C.2.a) et pour que des troupes athéniennes ou spartiates s'y soient à l'occasion réunies ( ci-dessous III.C.2.c ) . Sur la personnalité d'Annicéris, voir 73 K. Gaiser , « Der Ruhm des Annikeris » , Festschrift für R. Muth , Innsbrück 1983 , p. 111-128, et la notice « Annicéris de Cyrène » . Toute cette banlieue N.-O. d'Athènes devait en tout cas offrir un aspect assez attrayant; on se rappellera ici les mots de Thucydide (II 34, 5 ) : TÒ Snubolov σήμα , και έστιν επί του καλλίστου προαστείου της πόλεως . Les aménagements effectués aux Ve et IVe siècles ( ci -dessous III.C.2 ) ont certainement contribué à cet agrément et rien alors ne laisse prévoir la série d'affirmations tardives, centrées sur la seule personnalité de Platon , qui, d'Élien ( III° s. ) à Jean de Salisbury (XIIe s. ) , voudraient que le philosophe se fût volontairement installé dans un lieu malsain , par esprit d'ascèse, ou pour hôter la mort qui selon le Phédon (64 a-67 e) délivre de tous les maux ( références et résumés des textes dans Swift Riginos 12, p. 121-123 ; Dörrie 14, p . 268-271 et 553-557). L'hagiographie ou le dénigrement ont là plus de place que la vérité.
C. UN GYMNASE DANS UN SITE AMÉNAGÉ A l'exception de Timon de Phlionte - encore Diogène Laërce n'en cite -t - il que trois vers -, toutes les sources que nous avons recensées sur l'origine du toponyme font de l'Académie un gymnase. Mais l'ensemble des textes prouve,
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comme nous venons de le voir, que celui- ci n'en est que « la partie pour le tout » , mais la partie la plus notoire et la plus importante dans la vie de la cité : or, c'est dans le cadre urbain , institutionnel et socio -politique de la cité que l'activité des philosophes trouve à s'exercer et prend l'une de ses significations majeures (voir par exemple 74 H.I. Marrou , Histoire de l'éducation dans l'antiquité, 6e éd ., Paris 1965, p . 87-147 et 280-322 ; Lynch 71 , p . 32-67 ).
Suivant une méthode dénuée d'originalité, mais la plus rigoureuse pour l'étude des realia, nous mettrons ici les données archéologiques en regard des textes, dans l'ordre chronologique des périodes que ceux -ci documentent, sans nous dissimuler un écueil et un facteur d'ignorance également évidents : d'une part, les témoignages tardifs sont susceptibles d'anachronismes ; d'autre part, la date d'un texte est presque toujours postérieure à celle de la naissance de l'institution qu'il concerne. 1. L'ACADÉMIE À L'ÉPOQUE ARCHAIQUE a. SOLON Démosthène, dans le Contre Timocrate 114, rappelle une loi de Solon punis sant de mort le vol de vêtements, d'objets personnels et d'équipements sportifs dans les trois grands gymnases d'Athènes, l'Académie, le Lycée et le Cynosarges, qui auraient donc existé avant ou au temps de Solon (75 E. Ruschenbusch , LOANOL NOMOI. Die Fragmente des solonischen Gesetzwerkes mit einer Text und Überlieferungsgeschichte, coll . « Historia , Einzelschriften » 9, Wiesbaden 1966 , fr. 114 , p . 114) . Delorme 6 , p . 36 , a souligné que Solon était en quelque sorte une référence traditionnelle et « obligatoire » dont on ne peut conclure qu'à l'ancienneté des gymnases sans prétendre la dater. Mais pour d'autres, comme 76 B. Bilinski ( L'agonistica sportiva nella Grecia antica . Aspetti sociali e ispirazioni letterarie, coll. « Acc : Pol . di Sc. e Let., Bibl. di Roma» , Conf. 12 , Roma 1961, p . 33-34 , 61-62 , 100 et 120-121), cette loi est conforme à l'esprit qui anime toute l'euvre politique de Solon , notamment en faveur de la création de gymnases. Il est vrai que l'æuvre ou, du moins, la pensée du législateur devait rester mieux documentée et plus présente à l'esprit d'un Démosthène qu'au nôtre ( sur les conditions et la fidélité de la tradition , voir Ruschenbusch 75 , p. 31-58 passim , surtout p. 32-36 et 50-58) . Du reste, dans l'économie du discours de Démosthène, la citation n'est certainement pas gratuite (sur l'esprit, le fond, la forme, les circonstances et le nombre des références à Solon, bien plus nom breuses à partir de 356 en raison du débat sur la nature et la forme de la démocratie, sur la redécouverte de Solon à cette époque et sur l'utilisation qui en est faite, voir 77 E. Ruschenbusch , Historia 7 , 1958 , p . 398-408 et 422-424 ; le Contre Timocrate daterait de 353 ) . Glucker ( 13 , p. 243 et n . 68 ) note par ailleurs que la sévérité de la peine est plus conforme à la législation de Dracon ou à sa légende – qu'à celle de Solon . Mais le rôle de Solon dans le développement de l'athlétisme, des gymnases et de la participation d'Athènes aux concours panhelléniques fait l'objet d'une tradition trop cohérente pour n'être pas fondée sur une réalité : 78 J. Jüthner, Die athletischen Leibesübungen der Griechen, t. I : Geschichte der Leibesübungen ,Wien 1965, p . 79-81 .
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Nous verrons aussi ( III.D.2 ) que la plantation d'oliviers sacrés à l'Académie peut être mise en rapport avec la politique oléicole de Solon . Même « formel» , l'argument « solonien » n'est donc pas tout à fait dénué de force ; la géographie et l'histoire générale du site lui donnent même un certain poids ( ci -dessus III.B.7 et ci-après ). En l'absence de preuves archéologiques, on peut provisoirement admettre qu'il existait un gymnase à l'Académie au début du VI° s.
On retiendra du moins que l'énumération des trois principaux gymnases réunis par une même célébrité est déjà rituelle, sinon assurément au VI° s. , du moins au IV. Elle le restera , au point d'éclipser l'existence d'autres installations similaires : du Pseudo -Dicéarque (Topváoia tpia : 'Axadnuía , Aúxelov , Kuvo oapyes ( éd. C. Müller, Geographi Graeci minores, t . I, Paris 1855 , p. 98 ]) à la Souda (s.v. « 'Axadnuía » , A 775 , t. I , p. 73 Adler ; s.v. « Tuuváoia » , r 480, t . I , p . 546 Adler ) , en passant par Harpocration (loc . cit. ) , la scholie à Démosthène , Contre Timocrate 114 ( loc. cit. ), et Photios, Lexique, s.v. « 'Axadnuía » , la formulation est immuable , presque toujours classée sous la rubrique « Académie » . b. PISISTRATE ET SES FILS, LE MONUMENT À ÉROS Plusieurs textes rappellent l'intérêt que Pisistrate et ses fils manifestèrent pour l'Académie . Toutefois, ils n'autorisent nullement à affirmer que « la tradition athénienne ( ... ) [les donnait pour les fondateurs de ( ... ) l'Académie » (Delorme 6, p. 37 ; voir aussi Glucker 13, p. 243). Tout au plus attestent- ils l'existence du gymnase au plus tard au VIe s . av . J.-C. Ces témoignages sont du reste d'inégale valeur. Ils concernent d'abord un monument à Éros : Aéyetai dè xal Melolotpatos εραστής Χάρμου γενέσθαι, και το άγαλμα του "Έρωτος έν Ακαδημία καθιε ρώσαι, όπου το πύρ ανάπτουσιν οί την ιεράν λαμπάδα διαθέοντες : « On dit que Pisistrate devint aussi l'amant de Charmos (après avoir été aimé de Solon ) et qu'il dédia la statue d'Éros située à l'Académie, là où ceux qui courent la lampade dromie sacrée allument le feu » (Plutarque, Solon 1 , 7 ). De cette anecdote, on rapproche toujours le témoignage de Pausanias (I 30, 1) : Προ δε της εσόδου της ές Ακαδημίαν εστί βωμός " Έρωτος έχων επίγραμμα ως Χάρμος Αθηναίων πρώτος "Έρωτι αναθείη . « Devant l'entrée qui introduit dans l'Académie , il y a un autel portant une inscription selon laquelle Charmos est le premier des Athéniens à avoir fait une consécration à Éros » (t . I , p . 71 Rocha -Pereira ; Musti et Beschi 23, p. 166 ). A l'autel d'Éros, Pausanias oppose celui d'Antéros. Charmos était, selon Anticléidès que cite Athénée (XIII, 609 d ), le beau - père d'Hippias; or il s'éprit de son gendre : ouvébn 8è, 6c onoi, tėv Xápuov Épaothy του Ιππίου γενέσθαι και τον πρός Ακαδημία "Έρωτα ιδρύσασθαι πρώτον , εφ ' ού επιγέγραπται: Ποικιλομήχαν "Έρως , σοί τόνδ ' ιδρύσατο βωμόν Χάρμοςεπί σκιεροίς τέρμασι γυμνασίου
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« Il arriva, dit ( Anticléidès), que Charmos s'éprit d'Hippias et qu'il fit dresser - c'était une première - l'Éros qui se trouve tout près de l'Académie et sur lequel est écrit : Éros aux ruses de toutes les couleurs, c'est à toi que Charmos dressa cet autel aux limites ombragées du gymnase . »
( 79 F. Jacoby [édit . ), FGrHist 140 F 6 ; commentaire : t. II C , p . 526 ). Il est très possible que tépua désigne la borne ou la ligne d'arrivée des pistes de course (Delorme 6, p . 50 n. 1), mais difficile de savoir si le pluriel est emphatique, choisi pour les besoins de la versification , ou s'il signifie qu'il y avait dès cette époque plusieurs pistes de course (Delorme 6, p. 41 ). Mais on ne voit pas pourquoi l'aménagement de ces pistes et les plantations seraient spécialement dus à Hipparque ( contra Delorme 6, p. 50 n. 1 , p. 51 et 332 333) . L'épigramme de Charmos a été aussi éditée et commentée par 80 D.L. Page, Further Greek Epigrams, Cambridge 1981 , p. 400-401, avec une explication peu convaincante de npūTOS : voir ci -dessous sur la convergence entre Anticléidès et Pausanias. Ainsi , à près de cinq siècles d'écart, Anticléidès ( fin Iva- début III*) et Pausanias précisent bien que l'initiative de Charmos est la première du genre. Or les deux vers de la dédicace cités par Athénée d'après Anticléidès ne donnent pas cette indication : elle devait donc se trouver dans la suite de la dédicace . Alors que Anticléidès a extrait l'information historique, l'a transcrite telle quelle et de surcroît illustrée par une citation partielle (voir aussi l'interprétation de Delorme 6 , p. 37 n. 4), le Périégète ne retient que l'information historique donnée par l'inscription et la résume, mais au discours indirect, ce qui est une manifestation de prudence mais prouve aussi qu'il a l'inscription complète en tête ou dans ses notes. Il ne fait néanmoins aucun doute que l'un et l'autre se réfèrent au même document. La citation des deux premiers vers de la dédicace est bienvenue, puisqu'elle résout une partie des incertitudes que laisserait subsister la lecture conjointe de Plutarque et de Pausanias : le monument d'Éros se composait d'une statue et d'un autel, l'une posée sur l'autre ou dressée à proximité immédiate ; les deux élé ments formaient un tout sinon matériellement du moins historiquement indis sociable : on ne peut raisonnablement attribuer la statue à Pisistrate et l'autel à Charmos ( thèse retenue , semble -t - il, par Beschi et Musti 23 , p . 379), sauf à retirer à Charmos l'originalité de son acte , et à Anticléidès et Pausanias la précision que nous venons au contraire de leur reconnaître et qui fait leur unanimité . Par ailleurs, à moins que les termes de la dédicace n'aient été modifiés à l'occasion d'une regravure - peu probable entre le dernier quart du vie et celui du IVe s . av . J.-C. --, il y avait bien, au plus tard à l'époque d'Hippias, un gymnase aux frondaisons généreuses et aux limites bien définies (Delorme 6, p. 41 ). Quant à la disposition des lieux, même si Anticléidès est moins explicite que Pausanias, il n'écrit rien qui puisse faire douter de la précision du Périégète : s'il ne dit pas que le monument est devant l'entrée, il le situe bien à l'extérieur, mais justement tout près de l'Académie , contre l'Académie pour ainsi dire (npós + datif) . On pourrait même, sans trop « forcer » les textes, dire que le monu ment à Éros se trouvait devant l'entrée du gymnase proprement dit: la dédicace le situe aux limites de l'établissement, Pausanias devant l'entrée de l'Académie ; or de son temps , nous dit-il, l'Académie est un gymnase (I 29 , 2) et une partie
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des autels qu'il voit dans l'Académie (I 30, 2 ) sont effectivement dédiés à des divinités des gymnases, notamment Hermès et Héraclès ( ci -dessous III.D.3 et III.D.4 ). Il semble donc donner au toponyme « Académie » son sens le plus restreint. En l'absence de données archéologiques, il est difficile d'être plus précis, d'autant plus que les ruines actuelles du gymnase remontent à l'époque romaine ( ci-dessous III.C.2.a et 3.a ). Mais il est probable qu'à l'époque de Pausanias, sinon même au IV s. av . J.-C. et plus tôt encore , l'entrée du gymnase devait se trouver effectivement tout près du débouché de l'artère Kéraméikos. On ne saurait objecter ici l'expression plus générale employée par Plutarque, év ' Axa & nuia : elle s'inscrit dans la série de témoignages qui prouvent que les Athéniens entendaient aussi, sous ce nom , une région plus étendue que le seul secteur du gymnase (ci- dessus III.B.9) . Du reste , au Ve s. de notre ère, Hermias d'Alexandrie (In Phaedr. 231 e , p . 37 Couvreur ) confirme les précisions topo graphiques de Pausanias et l'information religieuse de Plutarque puisqu'il dit partir de l'autel d'Éros la grande avenue parcourue par les Panathénées et notamment par la course de la lampadédromie (voir ci -dessous III.D.6 ). L'em placement assigné à l'autel d'Éros par Clairmont 45 , fig. 1 à 5, est conforme à cet ensemble de textes ; on prendra garde toutefois qu'il reste approximatif - tout comme celui de l'autel de Prométhée - et qu'il ne repose, à notre connaissance, sur aucune découverte archéologique publiée jusqu'en décembre 1987 . S'il n'est après tout pas exclu que Charmos, après avoir été l'éromène de Pisistrate, soit devenu l'éraste d'Hippias – la suite des générations ne s'y oppose pas -, il est surprenant que Plutarque attribue à Pisistrate une initiative qu’Anticléidès et Pausanias attribuent, indépen damment l'un de l'autre, à Charmos, sur la foi d'une inscription que Plutarque a pu lire tout aussi bien que Pausanias. Que Charmos n'ait peut-être pas été le beau -père d'Hippias, lequel aurait épousé, selon Thucydide (VI 55,1 ), Myrrhina, fille de Callias fils d'Hyperochidès, ne change pas grand chose à l'affaire : nous savons de toute façon par Aristote (Constitution d'Athènes 22, 4 ; cf. 81 J.K. Davies, Athenian propertied families, 600-300 B.C., Oxford 1971, nº 11793, IX , p. 451-452) que Charmos était parent de Pisistrate . Il faut croire que Charmos, partenaire amoureux dePisistrate, puis d'Hippias, aura jeté dans l'esprit de Plutarque une petite confusionentre le père et le fils. Mais plus probablement encore, c'est parce que la lampadédromie des Panathénées partait de l'autel d’éros et que les Grandes Panathénées avaient été fondéesparPisistrate que Plutarque lui aura attribué, par inadvertance,la statue d'Éros. Si la fondation du monument d'Éros doit être définitivement attribuée à Charmos, elle intervient à l'époque où Éros commence à être représenté en Attique ( dernier quart du VIⓇ) sous l'influence de la poésie lyrique et notamment d'Anacréon qui séjourne à Athènes de 522 à la chute d'Hippias en 5104 (82 A. Hermary , art. « Eros» , LIMC III 1 , p . 935). Le monument d'Éros a trouvé place dans la légende platonicienne; le petit cygne du fameux songe prémonitoire de Socrate s'est envolé, si l'on en croit Apulée, De Platone et eius dogmate I 1 , de l'autel d'Éros : nam uidisse sibi uisus est cygni pullum ex altari quod in Academia Cupidini consecratum est, uolasse et in eius gremio residisse : « il lui sembla voir le petit d'un cygne s'envoler de l'autel consacré à Cupidon , dans l'Académie, et se poser sur ses propres genoux » (trad. J. Beaujeu ). La version d'Apulée, la plus complète de toutes ( cf. Swift Riginos 12, p. 21-24 ), est aussi la seule à mentionner l'autel d'Éros dans le rêve de Socrate. Après avoir visité l'Académie sans rien dire de Platon, Pausanias (I 30, 3 ) signale l'existence de son tombeau non loin de là, dans la direction générale du Colônos Hippios, et seulement alors évoque le rêve de Socrate. Il est
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probable qu'au II s . ap . J.-C. l'anecdote de ce songe restait gravée dans l'esprit populaire et qu'on la racontait au hasard des lieux jadis fréquentés par Platon , sans excessif souci de précision topographique. c. LE MUR D'HIPPARQUE Autre contribution des Pisistratides à l'aménagement du site, le mur d'en ceinte construit par Hipparque (donc antérieur à son assassinat en 514") et proverbialement célèbre, nous apprend la Souda ( T 733 , t. IV , p . 567 Adler), tant il avait coute cher aux Atheniens : Το Ιππάρχου τειχίον : “Ιππαρχος ο Πει σιστράτου περί την Ακαδημίαν τείχος ώκοδόμησε , πολλά αναγκάσας αναλώσαι τους Αθηναίους . “ Όθεν και επί δαπανηρών πραγμάτων ή παροιμία είρηται: « Le petit mur d'Hipparque : Hipparque, le fils de Pisistrate , fit construire un mur autour de l'Académie , contraignant les Athéniens à des dépenses considé rables. C'est de là que le proverbe s'applique aussi à des entreprises coûteuses. » Une notice du Codex Bodleianus (Bodl. Auct. T.2.17 , XVe s . ) donne une version un peu plus développée de ce proverbe recueilli par Zénobius à l'époque dΉadrien : “Ιππάρχου τειχίον: Ούτος περί την Ακαδημίαν « τείχος » περι βαλλόμενος τους Αθηναίοις τέλος επέθηκεν, και επί πολύ την οικοδομίαν αυτού παρείλκε βουλόμενος πολλά εκλέγειν τα τέλη. " Οθεν επί των πολλά αναλώματα δεχομένων , ατελών δε μενόντων είρηται η παροιμία ( cf. Th . Gaisford, Paroemiographi Graeci, Oxford 1836, p . 60 , n° 511 , mais je donne ici le texte établi par 83 W. Bühler, Zenobii Athoi proverbia, vulgari ceteraque memoria aucta , t. IV , Göttingen 1982, nº 13 , p . 123): « Le petit mur d'Hipparque : celui ci , lorsqu'il entoura l'Académie npogoteiwv oủoav (Sylla 12, 3 ) ; s'il veut, il est vrai, stigmatiser par contraste le comportement de Sylla, d'autres, plus sereins, se laissent aller au charme de tant de verdure : ( ... ) návta xatádev pá të xal tois Édámeoi nob & n, xóptoi navto aleis ( ... ) : « tous boisés avec des pelouses verdoyantes, des plantes qui fleurissent de toute part ( ... ) » (Pseudo -Dicéarque, dans Geographi Graeci minores , t. I, p . 98 ; contra : Delorme 6 , p . 333 ) , signalent plus prosaïquement la taille exceptionnelle des platanes qui ombragent ses promenades ( Pline, H.N. XII 5 , 9), évoquent tout simplement ses bois (npokotelov åło@des , Diogène Laërce III 7 ) ou son charme (noluyaoća , Anth . Pal. VI 144, cf. ci -dessus ). ( € ) En 3234 , Hypéride ( Contre Démosthène XXVI) rappelle le procès intenté à un certain Aristomachos, épistate de l'Académie, « pour avoir transporté une bêche de la palestre dans son jardin qui était tout proche » ( trad. G. Colin) . Le titre d'épistate - jusqu'à présent unique - et l'indication implicite que la palestre est dans l'Académie donnent à penser qu'Aristomachos avait sous sa responsabilité l'ensemble du parc, responsabilité considérable si l'on songe à l'importance des établissements qui s'y trouvaient et des manifestations qui s'y déroulaient (6, p . 58 et n. 1 ). Mais surtout, alors qu'il n'était question jusqu'ici que d'un gymnase et de dromoi, mention est faite pour la première et seule fois d'une palestre, à laquelle le texte d'Hypéride donne un terminus ante quem . Ce texte et d'autres documents ont convaincu J. Delorme que la palestre était ordinairement, pour des raisons fonctionnelles, une partie du gymnase ou un établissement distinct du gymnase : « Ce que nous savons des gymnases d'Athè nes confirme mon sentiment: les palestres du Lycée et de l'Académie ne sont pas la même chose que les gymnases où elles sont construites. Nous savons qu'il y avait dans le second des pistes de course qui n'étaient apparemment pas contenues dans la palestre. Textes et monuments tendraient donc à représenter la palestre
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comme une composante du gymnase et son opposition répétée au dromos donnerait à penser que la course était exclue de ses possibilités » (6 , p. 266 ) ; « la palestre, monument indépendant, comme la palestre, partie du gymnase , se distingue par l'absence d'une piste de course à pied et ce parce que, sans doute, ce dernier genre d'exercice n'y était pas pratiqué » (6 , p. 267). J. Delorme proposerait donc ( 6 , p. 52 et 397-398 n. 4) d'identifier la palestre d'Hypéride à l'édifice mis au jour en 1933 au N. de Saint- Tryphon ( ci - dessus III.C.1.c ), appelé par tous les archéologues grecs « gymnase » , ultérieurement complété par des thermes, mais dont le plan « initial » convient effectivement assez bien aux fonctions d'une palestre, avec ses trois portiques fermés autour d'une vaste cour centrale; il est toutefois peu probable , notons-le, que l'espace médian , assez réduit, ait été seul dévolu aux exercices de la palestre, comme le voudraient certains ( Aristophron 87 , p . 245 ; 122 A. Kéramopoullos , PraktAkadAth 8 , 1933, p. 247 ; Travlos 15, p . 42-43, bibliographie p. 44 , fig. 59-62). Après avoir été daté de l'époque romaine (Karo 56 , col . 209-210 ), cet édifice vit sa date considérablement remontée (Karo 57, col. 136-139 ; Delorme 6 , p . 38) et fixée un moment au Ve s . ( Travlos 44 , p. 134 ). Mais il est construit de remplois empruntés à des édifices classiques et remonte au plus tôt à l'époque hellénistique ( Travlos 15 , p . 43) , à moins qu'il ne faille le dater définitivement de l'époque romaine (Stavropoullos 37 , p. 341, 3 col.- 342, 1re col.). Ajoutons que le détail de son plan et son architecture méritent un réexamen complet. Construit sur des couches géométriques, sans prédécesseur apparent, il ne peut donc être un candidat à la palestre connue par le seultexte d'Hypéride. Du seul point de vue chronologique, la grande cour péristyle dégagée à quelque 200 m plus loin vers le N.-E., dans l'îlot délimité par les rues Platônos, Euclidou , Monastiriou et Tripoléôs ( Travlos 15 , fig. 62) , serait une bien meilleure candidate. Construite au IVe s. , elle est entourée de colonnes sur 43 x 33 m selon les uns, sur 40 m de côté selon d'autres (Karo 56 , col. 210 ; Karo 57 , col. 139-140 ; Delorme 6 , p. 38-39 ; Stavropoullos 37, p. 342-343 ; Travlos 15 , p. 43 ; c'est lors des fouilles de cet édifice que sont venues au jour les antéfixes et les métopes peintes d'un bâtiment archaïque inconnu, ci-dessus III.C.1.d ). Près de 70 inscriptions, allant du IVe s. à l'époque romaine, y ont été découvertes, dont de nombreux décrets honorifiques ( inédits), notamment pour Démétrios de Phalère, et une stèle à relief du III s. dédiée à Hermès par le phylarque Thébaios , fils de Lysiadès d'Alopéké (123 K. Kourouniotis, PraktAkadAth 8, 1933 , p . 71 ). On en a déduit que cet édifice pouvait être le gymnase d'époque classique (Kéramopoullos 122, p. 247-248 ; Papayannopoulos -Palaios 60 , p . 74-78 ; Stavropoullos 37, p. 342). Une aussi grande cour péristyle conviendrait certai nement à un établissement de ce genre et ses dimensions peuvent se comparer, par exemple, à celles de la cour péristyle centrale de la palestre d'Olympie. Malheureusement, hormis une partie de la colonnade, le reste de l'édifice n'est pas connu et l'identification n'emporte pas tous les suffrages ( Delorme 6, p. 39 40 ; Wycherley 7 , p. 9 ; Stavropoullos 37, p . 342-343 , fig.). Les réticences se fondent sur la découverte d'une inscription fragmentaire portant quatre noms par ailleurs attestés dans les dialogues platoniciens, Charm [idès), Arist (on ), Ménécrſatès) et Criton ; elle a fait penser que l'édifice était l'école de Platon, plutôt qu'un établissement sportif, gymnase ou palestre de l'Académie . En soi, l'argument n'est pas discriminant, puisque Platon enseigna probablement
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5. La région des fouilles de l'Académie 83. Église Saint- Tryphon ( Haghios Tryphôn) – 84. Mur d'enceinte avec piliers de soutène ment - 85. Maison d'époque proto- helladique - 86. Maison d'époque géométrique 87. Cour carrée à colonnade – 88. Gymnase . Reproduit de l'ouvrage de J. Travlos , Bildlexikon zur Topographie des antiken Athens, Tübingen 1971 , p. 50, fig . 62 , avec l'autorisation de la maison d'édition Ernst Wasmuth .
6. Plan topographique de la région nord - ouest d’Athènes , comprenant le Céramique intérieur et le Céramique extérieur, ainsi que l'Académie . 83. Église Saint- Tryphon ( Haghios Tryphôn ) 85. Maison d'époque proto- helladique 86. Maison d'époque géométrique 87. Cour carrée à colonnade de l'Académie 88. Gymnase de l'Académie 174. Route conduisant au Pirée 175. Voie sacrée 176. Le Demosion Sèma, route conduisant à l'Académie et bordée de tombeaux officiels 177. Route charretière conduisant à l'Académie 178. Sanctuaire d'Artémis Callistè et Aristè 179. Eglise Saint- Georges (Haghios Georgios) 180. Borne de l'Académie . Reproduit de l'ouvrage de J. Travlos, Bildlexikon zur Topographie des antiken Athens, Tübingen 1971, p . 318, fig. 417 , avec l'autorisation de la maison d'édition Ernst Wasmuth .
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d'abord au gymnase avant d'installer une seconde école à l'écart, dans sa propriété (ci-dessous IV.A.1 et IV.B ). Mais de toute manière , cette inscription (SEG XXI, 1965 , n° 638 ) dont on ne connaît pas la nature exacte ( type du support, raison d'être de cette liste de noms), dont on ne sait pas si elle a été trouvée in situ et dont la graphie date de l'époque hellénistique (Wycherley 7 , p. 8 n. 2 ; Wycherley 8 , p. 225 ; Glucker 13 , p. 239 et n. 40 ) ne peut aider à distinguer dans la cour péristyle un gymnase ou la deuxième école de Platon. Elle est seulement un indice, non négligeable, que nous sommes bien là dans la région de l'Académie , non loin de l'école platonicienne. L'argumentation développée par J. Delorme 6 , p . 39-40 , pour écarter l'éven tualité que la cour péristyle puisse être la palestre ou le gymnase semble un peu fragile . En fait, trois choses paraissent certaines : 1 ° La cour péristyle est beaucoup trop vaste pour avoir été construite par un simple particulier, fût - il philosophe et fût-il Platon . Le peu que nous connais sons de son architecture empêche d'y reconnaître la propriété privée où Platon finit par réunir ses auditeurs ( ci -dessous IV.B ), mais conviendrait parfaitement à une palestre.
2º Contrairement à ce qui est affirmé par Delorme 6 , p . 40, le gymnase et le mur d'enceinte découverts au N. de Saint- Tryphon , s'ils doivent être un jour définitivement identifiés à la palestre et à l'enceinte de l'Académie, ne s'opposent pas à ce que la cour péristyle ait été elle aussi une palestre, et celle de l'Académie , pour trois raisons au moins : - la cour péristyle est antérieure au gymnase , hellénistique ou romain, et divers événements sont intervenus, notamment les destructions de Philippe V (ci dessous III.C.2.c), qui pourraient expliquer la succession de deux palestres à des emplacements différents ; - ignorant le tracé de l'enceinte d'Hipparque, nous ne pouvons affirmer que la cour péristyle était ou n'était pas à l'intérieur de cette enceinte ; il n'est pas prouvé que l'enceinte d'Hipparque ait constitué une contrainte , une clôture définitivement fixée pour tous les aménagements effec tués à partir de Cimon, a fortiori si elle resta inachevée ! 3° Toutefois, s'il y a des indices favorables – mais pas de raison décisive pour que la cour péristyle ait été une palestre, aucun texte n'indique qu'un gymnase ait été construit au IVe s . , aucun événement connu ne le laisse supposer. On ne peut que constater la proximité chronologique de la date de la cour péristyle et de la mention d'une palestre par Hypéride (6, p. 397 n. 4). Nous aurons l'occasion de revenir sur cet édifice à propos de l'école de Platon . Mais dans la pénurie actuelle d'informations sur l'histoire et la desti nation des deux grands bâtiments mis au jour à l'Académie , le peu que nous savons d'eux s'oppose à ce qu'ils soient mis en concurrence dans un essai d'interprétation des textes relatifs tant au gymnase qu'à la palestre de l'Académie à l'époque classique.
( C) En dehors des installations sportives, l'Académie offre de vastes espaces non seulement aux promeneurs, mais aussi aux revues de cavalerie (Xénophon, Hipparque III 1 ) . Son terrain dur impose au cavalier averti d'y prendre des
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mesures particulières que lui conseille Xénophon (ibid . XIV ). Mais rien n'indi que qu'un hippodrome y ait jamais été aménagé. (m ) Le site, ses équipements, relation privilégiée au Démosion lieux naturels de la formation inscription trouvée à l'Agora
son prestige, son rôle culturel et religieux et sa sèma, à l'Agora et à l'Acropole, en font l'un des éphébique. Datée de la période 184-1714, une mentionne la fréquentation du gymnase de
l'Académie par les éphèbes pour l'entraînement proprement dit ( Agora inv. I 4512, li . 3-4 : 124 O.W.Reinmuth , Hesperia 30, 1961 , p. 15-17, n° 9). Une autre inscription (IG II ? 1006 , li . 19-20) nous apprend que , dans le cadre normal des études littéraires et philosophiques imposées aux éphèbes, ceux - ci ont en 123/2 " suivi à l'Académie les cours des philosophes (125 Ch . Pélékidis , Histoire de l' éphébie attique, des origines à 31 av . J.-C. , Paris 1962, p. 261-262 et 266 ; sur IG I ? 1006 , maintenant complétée par divers fragments, notamment IG I ? 1031 et 2485, voir 126 O.W. Reinmuth , Hesperia 41 , 1972, p. 185-191 , pl. 30-31, et 126a S.V. Tracy, Hesperia 57 , 1988 , p. 250-252 ). b . AUTRES INSTALLATIONS DU PÉRIMÈTRE DE L'ACADÉMIE OU DE SES ENVIRONS IMMÉDIATS Lorsque Zénon de Kition mourut, le décret l’honorant d'un tombeau construit, aux frais de la cité, au Céramique fut exposé au Lycée et à l'Académie (Diogène Laërce VII 1 , 11 ) . - On continue à trouver dans toute la région et vers le N.-O. et le Céphise de nombreuses tombes datées de l'époque géométrique à l'époque impériale, de nombreux débris de sculpture souvent funéraire, des maisons et des puits, sans que la répartition des trouvailles semble permettre de préciser la topographie (Stavropoullos 31 , p. 5-28 , pl. 1-21 ; Travlos 15 , p . 43 ; Glucker 13, p . 240 et n . 56 et 57 avec bibliographie ; Karagiorga 46 , p . 19-23, nº 26-32 ; Karagiorga 48, p. 18-22 , nº 13-22 ). A l'E du gymnase romain , aux environs du débouché de l'avenue Kéraméikos, les sépultures s'échelonnent du IVe s. à l'époque romaine et certaines sont assez riches. Toutes ces trouvailles confirment la vocation initiale et constante de cette région à être tout à la fois un lieu de sépulture et une zone d'habitat dispersé qui laissait très probablement une place à l'agriculture (puits ). - En 1958 , Ph . Stavropoullos mettait au jour à 2 m à l'intérieur du mur à contrefort, dans un petit édifice, des centaines de tablettes de schiste dont une vingtaine, gravées à l'aide d'un instrument pointu, portent entre autres des noms de divinités (Arès, Artémis, Athéna ) ou de personnalités célèbres (Aristide, Sophocle, Démosthène) ; certaines sont percées d'un trou de suspension (Stavro poullos 98 , p . 12-13 , pl . 12-14 ; 127 id . , Ergon 1958, p . 13-14, fig. 10 ; Vanderpool 97 , p . 279-280 ; Daux 100, p . 579-582 , fig. 14) . Il s'agirait d ' « ardoises » ayant servi aux enfants d'une école. La graphie , le iotacisme de ces inscriptions et la céramique trouvée sur les lieux ont incité l'inventeur à dater ces tablettes du milieu ou de la seconde moitié du ve s . De nombreux épigraphistes dateraient volontiers l'écriture de l'époque hellénistique, cependant que les philologues se sont emparés de ces précieux documents sur le iotacisme : l'époque de ses premières manifestations et l'évolution du phénomène sont en effet très controversées ( résumé très polémique de la question par Lynch 104 , p. 116 119, surtout dans les notes) . La publication embryonnaire des tablettes et de leur
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contexte archéologique nous prive d'arguments décisifs, de sorte que subsistent les positions dubitatives ou extrêmes: 128 Y. Duhoux (Actes de la première rencontre internationale de dialectologie grecque, Nancy -Pont- à -Mousson, 1er - 3 juillet 1986 , = Verbum 10 , 1987, fasc . 1-2-3, p. 189-192 ) est convaincu que les tablettes datent du ve s. et nous renseignent sur la prononciation de la « fine fleur de l'élite intellectuelle et sociale d'Athènes » , tandis que J.P. Lynch (104, p. 119 120 ) les daterait au plus tôt du jer s . av . J.-C. , de préférence au IT s. de notre ère, sinon même plus tard , et se refuse à y reconnaître des documents scolaires : « Rather than schoolboys' tablets, however, these strange irregularly -shaped pieces of schist are probably littlemore than discarded materials from an ancient building project of the second century A.D. or later, on some of which graffiti were scratched » ( 104, p. 120 ). Mais il n'apporte aucun argument en faveur de cette nouvelle explication. On ne voit pas non plus pourquoi la région de l'Académie n'aurait pu bénéficier, à côté d'installations sportives et de structures d'enseignement destinées aux éphèbes, de quelques écoles destinées aux enfants et aux adolescents (104 , p. 120) : J. Delorme a du reste bien montré que les gym nases étaient fréquentés pratiquement par toutes les classes d'âge (6 , p . 263 265) ; l'installation d'une école dans le voisinage n'aurait donc rien d'étonnant. Quelque interprétation que l'on donne, maintenant et plus tard , de ces plaques de schiste, leurs graffiti ne sont pas des plus ordinaires : ils témoignent de sujets de réflexion religieux et politiques. S'il reste (momentanément) délicat de les relier à une époque et une institution précises et, en particulier, si rien n'autorise à les mettre en rapport avec l'école platonicienne, elles ne déparent pas le tableau littéraire et religieux que l'on peut dresser de la région de l'Académie à l'époque classique et hellénistique. - A 3 m de l'angle N.-O. de la cour péristyle, une salle rectangulaire de 12,70 x 8,40 m, pourvue d'un sol en briques, n'a été ni datée ni interprétée ( contrai rement à ce qu'affirment Delorme 6, p. 39 , et Kirsten 36, p . 14, fig. 2, il n'a pas été écrit et il n'est pas prouvé que cet édifice soit archaïque, encore moins que les antéfixes et les métopes peintes archaïques lui appartiennent). - Selon Stavropoullos 37 , p. 343 , 1re col. , il y aurait sous l'angle des rues Euclidou et Cratylou les restes du soubassement d'un petit édifice , peut-être un temple, du Ve ou du IVe s . ( voir la situation sur le plan Travlos 15, fig. 62). c . QUELQUES ÉVÉNEMENTS HISTORIQUES - En 431/0 , les Spartiates envahissent l'Attique, mais respectent notamment l'Académie ( ci -dessous à propos des cultes III.D.1 et III.D.2 ). - En 405 , le roi de Sparte Pausanias fait camper les troupes péloponnésiennes à l'Académie avant d'entreprendre le siège d'Athènes (Xénophon, Helléniques II 2, 8) . Selon Diodore XIII 73 , 1 , ce serait Agis , l'autre roi de Sparte. - En 403 , le même Pausanias revient à la tête d'une armée spartiate qu'il installe aussi à l'Académie (Lysias, Discours XVIII: Pour les enfants du frère de Nicératos, 10) .
- Après la bataille de Leuctres, en 371 , Iphicrate y convoque ses troupes (Xénophon, Helléniques VI 5 , 48) . - En 200, Philippe V espère pénétrer dans Athènes par le Dipylon ( Tite -Live XXXI 24 , 9) . Le combat tourne à sa défaveur et il installe son camp au
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ANNEXE
Cynosarges. Fou de rage d'avoir échoué, il détruit le Cynosarges et le Lycée et incendie « tout ce qu'il y avait de sacré et d'agréable autour de la ville » , ne ménageant ni les habitations, ni les tombeaux, ni les sanctuaires ( Tite -Live XXXI 24 , 17-18 ) . Diodore de Sicile (XXVIII 7 ) donne des événements une version différente : à son arrivée à Athènes, Philippe V installe son camp au Cynosarges, puis met le feu à l'Académie , détruit les tombeaux et profane les sanctuaires ; du combat sous les remparts du Dipylon, il n'est pas question. Peut-on concilier le détail de ces deux versions qui ne se complètent pas vraiment ? Se fiera - t-on à Tite - Live ? Il ne cite pas l'Académie à propos des destructions, alors qu'il l'a citée à peine plus haut à propos de la distance du Dipylon à l'Académie (XXXI 24, 9). Si l'Académie a été saccagée, il devrait spontanément la nommer avec le Cynosarges et le Lycée. En fait, il est difficile de croire qu'après le combat au Dipylon Philippe ait eu le temps de mettre à feu et à sang toute la banlieue d'Athènes. Le Cynosarges et le Lycée étant hors les murs, les nécropoles denses près du Cynosarges et les sanctuaires nombreux au voisinage des deux gymnases, Philippe V avait assez à détruire à la périphérie E. et S. d'Athènes, aux abords mêmes de son camp ( Travlos 15, fig. 379). Peut-être ne mit-il le feu à l'Académie que le lendemain , en partant pour Éleusis ( Tite- Live XXXI 25, 1-2), mais l'historien romain ne le dit pas. On peut aussi admettre avec W. Judeich 5 , p. 94 n. 1 , que Diodore, ayant mal compris ses sources, cite l'Académie au lieu du Lycée. Une troisième interprétation mettrait l'incendie de l'Académie au compte non des représailles, mais du passage des troupes de Philippe V partant combattre au Dipylon ; les maisons, les tombeaux et les sanctuaires seraient alors ceux du quartier N.-O. que nous avons évoqué, les tombeaux notamment ceux du Demosion sèma et des nécropoles suburbaines du Céramique et de la Voie Sacrée ; c'est ce que suggère une note de F.R. Walton au texte de Diodore (t. XI de l'édition Loeb , 1957-1958, p. 235 n. 1 ). Ainsi, décrivant l'achar nement du combat au Dipylon, Tite - Live ne serait pas entré dans le détail des épisodes prélimi naires ; inversement, il suffisait à Diodore d'évoquer l'impiété de Philippe V pour expliquer son échec ; mais on sait que son livre XXVIII est fragmentaire. Seule reste commune aux deux historiens la séquence de deux phases, l'installation du camp au Cynosarges, puis les destruc tions. On ne trouve aucun écho de ces événements dévastateurs dans la chronique de l'école platonicienne, et les comptes rendus de fouilles ne signalent aucune couche de destruction violente . C'est donc avec beaucoup de réserves que je proposerais que la construction d'un gymnase à l'aide de remplois classiques au N. de Saint- Tryphon ait peut-être été une conséquence des destructions de Philippe V attestées par le seul Diodore . - En 87/6, Sylla manque de bois pour ses machines de guerre et s'en prend aux arbres du Lycée et de l'Académie. Le récit partisan et désolé de Plutarque (Sylla 12, 4) résonne comme l'antithèse de l'éloge de Cimon : « Le bois venant à manquer , parce que beaucoup de ces ouvrages se rompaient sous l'effet de leur propre poids ou des traits incessants des ennemis qui y mettaient le feu , il s'en prit aux bois sacrés et rasa l'Académie, qui était le faubourg le plus ombragé, et le Lycée » ( trad. R. Flacelière et E. Chambry ). Mais dans sa sobriété , Appien ne dit pas autre chose : « Il coupa la forêt de l'Académie et fabriqua de très grandes machines de guerre » (Mithridatica 30 ; p. 415 Viereck , Roos et Gabba ). Toute fois, Appien a pu s'inspirer de Plutarque et faire involontairement écho à ce qui apparaît comme de l'exagération de la part du biographe de Sylla. Car dès 79, Cicéron et ses amis retrouvent l'Académie dans sa splendeur désormais légen daire ( Academiae non sine causa nobilitata spatia ), et la solitudo dont ils jouissent (De finibus V 1 ) n'est pas désert mais quiétude loin des foules (Glucker 13 , p . 242 ). Objectera -t-on que le De finibus a été écrit en 45 av . J.-C. et que des
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propos convenus se sont alors substitués aux souvenirs précis ? Si l'Académie n'avait été en 79 conforme à l'image attendue, Cicéron l'aurait certainement déploré. En tout cas , Sylla ne s'est sûrement pas attaqué aux édifices : Cicéron et surtout Plutarque nous en auraient informés. Il est donc au moins aussi difficile de considérer la construction du gymnase romain comme une conséquence des méfaits de Sylla que comme celle des destructions de Philippe V. - En 45 également, M. Claudius Marcellus est assassiné au Pirée . Ser. Sulpicius Rufus, ami commun de Marcellus et de Cicéron , informe l'orateur des obsèques (Ad fam . IV 12 , 3 ) : « Je ne pus obtenir des Athéniens qu'on lui accordât un lieu de sépulture à l'intérieur de la ville : ils alléguaient une inter diction religieuse ; d'ailleurs , il est de fait qu'ils ne l'avaient encore autorisé pour personne. Ce qui valait presqu'autant, ils me permirent de l'ensevelir dans un gymnase de mon choix . J'ai choisi un emplacement dans le gymnase le plus célèbre du monde, l'Académie ( in nobilissimo orbis terrarum gymnasio Acade miae), et c'est là que j'ai procédé à son incinération ; ensuite, j'ai fait le nécessaire pour que les Athéniens mettent aussi en adjudication la construction, au même endroit, d'un monument funéraire de marbre » ( trad. J. Beaujeu ). Preuve supplémentaire, s'il était nécessaire, que cimetières et gymnases pouvaient être imbriqués, comme les fouilles des régions du Cynosarges et de l'Académie ne cessent de le démontrer. Indice aussi que l'Académie , au bout du Démosion sèma, n'était pas indigne des personnages de marque (Delorme 6 , p. 455 n . 5) : Ser. Sulpicius Rufus remportait la satisfaction d'avoir obtenu pour Marcellus un honneur que les cités grecques accordaient à leurs évergètes, celui d'être enterré au gymnase (128a Ph. Gauthier, Les cités grecques et leurs bienfaiteurs ( rvejer siècle avant J.-C.) . Contribution à l'histoire des institutions, coll . « BCH Suppl. » 12, Paris/ Athènes 1985 , p. 60-62). Le mausolée de Marcellus n'a pas été retrouvé.
d. BILAN . Il est plus raisonné que matériellement documenté. Les textes évoquent une banlieue riante, mentionnent l'aménagement d'un parc et de pistes de course au ve s. av . J.-C. , l'existence à même époque de sanctuaires d'Athéna d'une part ( ci- dessous III.D.2), très probablement d'Hermès et des Charites d'autre part; ils attestent l'existence d'une palestre, le déroulement de parades de cavalerie au IVe s. , et celui d'une partie au moins de la formation éphébique à l'époque hellé nistique. Les fouilles révèlent l'entretien et le développement du réseau de routes qui desservent la région de l'Académie (ci- dessus III.B.2 - III.B.7 ), la perma nence et l'extension des nécropoles privées et publiques, la construction d'une grande cour péristyle au IVe s . , de murs de péribole et d'un gymnase au plus tôt à la fin de l'époque hellénistique, l'existence possible d'une école dans la région. Il ne s'établit pas de véritable convergence entre les deux séries de documents. Du moins ne se contredisent-elles pas. Une inscription hellénistique portant des noms connus par les dialogues platoniciens confirme qu'il n'y a pas d'erreur sur l'identification globale des lieux.
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ANNEXE 3. L'ACADÉMIE À L'ÉPOQUE IMPÉRIALE
a. LES VESTIGES Si le gymnase n'est pas un peu plus ancien , il date de cette époque, ainsi que les adjonctions thermales (ci -dessus III.C.1.c) . 129 H.P. Drögemüller s'est demandé, mais apparemment sans indice, s'il ne serait pas dû à Hadrien (Gym nasium 68 , 1961 , p. 211 ). La région continue à accueillir des tombes (Stavro poullos 31 , p . 5 , 28 , pl. 4-21 ; Glucker 13, p . 241-242 ); Phoenix de Thessalie y est enterré (Philostrate , V. soph. 604 ), mais sa tombe n'a pas été retrouvée . Il est possible que la région de l'Académie ait eu à souffrir de l'invasion des Hérules en 267 et du déclin qui suivit pour Athènes jusqu'au début du Ve s . (130 H.A. Thompson , « Athenian Twilight: A.D. 267-600 », JRS 49 , 1959, p . 61-72), mais les fouilleurs ne semblent pas avoir eu l'occasion de remarquer ni de signaler rien de tel. Vers 400 , Synésios de Cyrène note l'abandon ( Académie et Lycée ) et le délabrement (Stoa Poikilè) des endroits jadis fréquentés par les philosophes (Lettre 136, 1524 C). Mais faut - il prendre pour un véritable état des lieux quelques bribes de phrases qui s'inscrivent dans un constat désenchanté, ironique et partial de l'état de l'enseignement de la philosophie à Athènes au tournant du ve s. ? Par ailleurs , grâce aux travaux décisifs de J. Glucker (13 , passim), nous savons que de toute façon l'école platonicienne avait quitté l'Académie à la fin du II s . av. J.-C. ou dans les premières décennies du rê s . , pour n'y plus revenir, semble -t - il : les ravages de Sylla avaient -ils provoqué, hâté ce départ ? C'était en tout cas un fait acquis lorsque Cicéron et ses amis se rendirent à l'Académie . Il est donc clair que toutes les spéculations sur les propriétés et les biens des diadoques et de l'école doivent désormais faire l'économie de l'hypothèse , encore trop fréquente, qu'une partie des biens fonciers pouvait se trouver à l'Académie et remonter à l'héritage laissé par Platon.
b. LES TEXTES Aucun ne concerne les aménagements matériels ni la vie ou les cultes à cette époque précise. Ils relèvent de l'histoire, de la description ou de la réminiscence. - De l'histoire : Plutarque, Appien , les lexicographes et les scholiastes (ci-dessus III.C.1 et 2 passim) . - De la description presque atemporelle, mais qui , au moins, dresse l'état des lieux et des connaissances au moment de sa rédaction : Pausanias, I 29, 2 et I 30, 1-4 ; de l'école platonicienne, le Périégète ne dit pas un mot. - De la reminiscence , évocation élogieuse mais générale sur le ton de Cicéron et de ses proches ( ci- dessus III.B.2.d ) ; Strabon cite l'Académie parmi les nombreux lieux d'Athènes auxquels sont attachées beaucoup de légendes et d'histoires, kuôOnouáç ouxvàç xal iotopías (IX 1 , 17 ), plus de légendes que d'histoires authentiques, semble -t-il dire. Lorsqu'au Ve s . Proclus, originaire de Lycie, se rend annuellement à l'Académie, il apaise les âmes de ses « ancêtres » et « parents » (en philosophie) et verse une libation à tous ceux qui ont pratiqué la philosophie (Marinos, Vita Procli 36) . Il satisfait ainsi à la double tradition qui reconnaît l'Académie comme une nécropole d'hommes illustres où bon nombre
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de philosophes ont été enterrés, et comme le siège de l'école platonicienne aux trois premiers siècles de son existence . Sans en tirer de conclusion définitive, on constatera que le silence qui tombe peu à peu sur l'installation de l'école platonicienne à l'Académie à partir du ret s . av. J.-C. et qui coïncide avec son essaimage et son transfert en d'autres lieux (Glucker 13 , p. 106-111 et 246-255 ) n'épargne guère les installations sportives et religieuses. Fonctionnent -elles si normalement qu'il n'y ait rien à en dire ? Leur fréquentation diminue - t -elle ? Il est difficile de le savoir. Désormais, les écrivains entretiennent consciemment la mémoire du passé et, la philosophie et le christianisme aidant, s'intéressent plus aux cultes qu'aux monuments .
D. LES CULTES DE L'ACADÉMIE Ni Pausanias ( I 29 , 2) ni la scholie à Démosthène , Contre Timocrate 114 (t. II, p . 354 Dilts) ne spécifient que l'Académie est un sanctuaire ( contra , Delorme 6 , p . 337) . Pausanias en traite sous la catégorie très générale des sanctuaires, des herôa et des nécropoles extra muros. Or elle contient les uns et les autres et abrite notamment plusieurs cultes liés à sa fondation , aux divinités rurales et poliades et à la présence d'un gymnase et d'écoles. 1. ACADÉMOS a. LE CULTE ET LES TEXTES Le fondateur des lieux, dont nous avons vu qu'il était un héros pour certains, un simple mortel pour d'autres et un dieu pour Eupolis ( ci -dessus III.A ), ne voit son culte signalé que par l'unique mention d'un sanctuaire dans la scholie au Contre Timocrate 114. Elle rappelle à propos des trois grands gymnases d'Athènes les légendes de leurs fondations et les sanctuaires qui leur sont liés , celui d'Apollon tueur de loup au Lycée, celui d'Héraclès au Cynosarges et celui d'Académos à l'Académie . On peut penser que cette scholie déduit abusivement l'existence d'un sanctuaire de la croyance en un dieu ou un héros : Pausanias semble ignorer qu'Académos ait jamais été héroïsé ( 'Axaðnuía , xwpiov NOTÈ ανδρος ιδιώτου , γυμνάσιον δε επ ' εμού ) et n'a donc aucune raison de signaler une installation cultuelle. Toutefois, la persistance d'une tradition littéraire, même tardivement élaborée , sur l'héroïsation d'Académos laisse penser que l'un des plus célèbres héros liés à un gymnase (131 A. Brelich , Gli eroi greci, un problema storico -religioso , Roma 1958 , p . 97-98 ) a dû jouir d'un culte, si modeste soit -il, dans un lieu donné, si restreint soit -il. b. LES FOUILLES ET LEURS INTERPRÉTATIONS En 1956 , Ph . Stavropoullos découvrit, à l'O . du secteur où plus tard il mettrait au jour le mur à contreforts, une maison absidale protohelladique ( 132 Ph. Stavropoullos, PAAH 1956 , p. 53-54 ; Stavropoullos 37, p . 344, 1re col.) et les années suivantes , immédiatement au S. de celle -ci, une maison datée du Géométrique Récent ou Subgéométrique, construite en briques crues , et dont l'étendue, le plan complexe, les aménagements (réfection fréquente de sols en terre et tessons damés, foyers dans presque toutes les pièces, dispositifs pour l'écoulement des liquides) et le matériel semblaient indiquer une utilisation
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religieuse. Les vestiges de la maison absidale paraissant avoir été encore visibles lorsque la maison d'époque géométrique fut construite, Ph. Stavropoullos pensa que la maison absidale avait pu être considérée , dès l'époque géométrique, comme la maison du héros Académos, à qui le culte avait été rendu dans la maison plus récente dès lors appelée « maison sacrée » (Stavropoullos 98 , p. 5-9, fig. 1-2, pl . 1-6 ; 133 id. , PAAH 1961, p . 8-10 , fig. 4 ; 134 id. , PAAH 1962, p . 5-8 , fig. 1 ; 135 id ., AD 16, 1960 , II, Chroniques, p . 33-35 , fig. et pl. 32 ; Daux 100, p. 576-578 , fig. 6-10 ; Daux 102 , p . 618 , fig. 22 et 25 ; Daux 103 , p . 654-657, fig. 19-21 ; 136 id ., BCH 88 , 1964 , p. 682-683, fig . 1-2 ; Glucker 13 , p. 239-240 ). Mis au jour à quelque 150 m vers l'O. , un dépôt votif contenant environ 200 canthares et coupes protogéométriques ( fin du Xe s .- début du IX s .) a confirmé plusieurs savants dans la certitude qu'ils avaient affaire au lieu de culte d'un héros ancestral, fondateur d'Athènes, qui ne pouvait être qu'Académos ( 137 J.N. Coldstream , JHS 96 , 1976, p. 16 ; 138 id ., Geometric Greece, London 1977 , p . 347 ; 139 A. Snodgrass, dans La mort, les morts dans les sociétés anciennes, Cambridge /Paris 1982, p . 111-112 et 113 : « Académos est rattaché à une demeure du bronze ancien » ; il y avait plus de prudence dans 140 id ., The Dark Age of Greece, Edinburgh 1971, p. 398 et 423 ; voir aussi 140a C. Brillante, dans Les grandes figures religieuses. Fonctionnement pratique et symbolique dans l'Antiquité ( Besançon 25-26 avril 1984 ), coll. « Annales littéraires de l'Université de Besançon » 329, Paris 1986 , p. 170-171 ). Ces identifications ont soulevé quelque scepticisme, celle de la demeure d'Académos plus que la destination cultuelle de la maison d'époque géométrique (Wycherley 7 , p . 9 ; 141 G. Drerup, Griechische Baukunst in geometrischer Zeit, coll. « Archaeologia Homerica » II O, Göttingen 1969, p . 31-32 , fig. 28 ; Travlos 15 , p . 42, fig . 52 ; Beschi 38 , p . 90-91 et 92 ; Kirsten 36 , p . 25-26 n . 46 ; Zschietzschmann 16 , col. 63 ; 142 J. Binder, Athens Survey, 1976 , s.v. « Academia » et s.v. « Northwest Athens : Academy area » ; Kron 27 , p. 57 ; 142a J. Whitley, JHS 108, 1988 , p . 176) . En outre, si les deux maisons sont proches et construites sensiblement au même niveau , on n'est pas absolument fondé à croire que le dépôt votif ait un lien quelconque avec elles. A leurs époques respectives, les deux maisons ne sont pas isolées : un établis sement de l'Helladique Moyen et Récent a été trouvé au S. de Saint-Tryphon et quelques tombes dans la région et le prétendu périmètre de l'Académie ( synthèse dans Stavropoullos 37 , p . 343 , 1re et 2 col. , et p. 344, 1re col.), des vestiges d'habitats et de très nombreuses tombes géométriques dans tout le secteur (ibid ., p . 343-344 ; Glucker 13 , p . 239-240) . Récemment, 143 H. Lauter (Der Kultplatz auf dem Turkovouni, coll . « MDAI( A ) Beihefte » 12 , Berlin 1985 , p. 159-162 et 177) a reconsidéré la maison géométrique de l'Académie , qu'il nomme, avec des guillements certes, mais abruptement et sans explication sur ce changement par rapport à la théorie de Ph . Stavropoullos, « Maison du héros Académos » : la nécropole géométrique où l'on célébrait banquets funéraires et culte des morts, progressivement héroïsés suivant un mode de pensée et un processus observés ailleurs en Grèce (notamment à l'Agora ), et les textes qui , à partir du IVe s . , nous renseignent sur les maisons sacrées, expliqueraient la destination de celle -ci, où l'on observe la juxtaposition d'activités profanes et cultuelles : elle aurait été occupée par une association, génos plutôt qu'orgéon, qui enterrait ses morts en commun , leur vouait un culte commun, centré sur un
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héros, culte héroïque qui gardait donc des affinités avec les cultes funéraires et expliquait le caractère non olympien du rituel. Sur l'identification du héros, H. Lauter ne se prononce pas . Il ne prend évidemment pas en compte la maison protohelladique. 144 Th . Hadjisteliou Price (« Hero cult in the "Age of Homer " and earlier » , dans Arktouros. Hellenistic Studies presented to B.M.W. Knox , Berlin / New York 1979, p . 220 , 226 et 228 ) perçoit les difficultés d'une interprétation héroïco - funéraire, mais conclut néanmoins dans ce sens. La « maison sacrée » a - t - elle jamais fait partie de l'établissement complexe appelé Académie ? Il y a eu quelque inconséquence de la part de Ph. Stavro poullos et de ceux qui ont cru ou croient à son interprétation des deux maisons, à reconstituer, simultanément, un péribole dont elles sont exclues . La « maison sacrée » , d'à peine deux siècles plus ancienne que le mur d'Hipparque ou tout au moins son site, s'ils avaient eu quelque lien avec Académos, auraient été norma lement intégrés dans l'enceinte d'Hipparque; et si ç'eût été le lieu du culte d'Académos, il eût été par la suite entretenu et fréquenté. Ce sont deux raisons supplémentaires de douter que le mur à contreforts ait jamais fait partie du péribole de l'Académie, ou que la « maison sacrée » ait jamais eu aucun lien avec l'établissement de l'Académie , ou mieux, deux raisons de revoir la topographie et l'archéologie de cette région qui a joué un rôle considérable dans la vie religieuse privée et officielle d'Athènes. Laissons aux particularités de la maison d'époque géométrique d'être très probablement celles d'une « maison sacrée » , quelque fonction qu'on lui prête sous ces termes ; il se peut qu'elle trouve son environnement naturel et son expli cation dans les établissements et la nécropole voisines ; il se peut même qu'elle ait de réels rapports avec le culte d'Académos, mais rien ne le prouve. En bonne méthode, il faut donc la dissocier, au moins provisoirement, d'Académos - dont le tombeau n'est du reste évoqué par aucun texte - et , s'il est possible, chercher ailleurs ou par d'autres arguments le sanctuaire du héros. C. PERSONNALITÉ ET RÔLE D'ACADÉMOS Académos est, à sa manière , un héros « politique » : il le devient parce qu'il est d'abord un citoyen dévoué. Thésée et Pirithoos ayant enlevé Hélène et l'ayant cachée en Attique, les Tyndarides à la recherche de leur sour montent une expédition péloponnésienne qui, faute de négociation, menace gravement Athènes. Académos prend sur lui de leur ré réler qu'Hélène est gardée à Aphidnai, et sauve la ville . « De là viennent les honneurs que les Tyndarides lui rendirent durant sa vie, et c'est pour cela que, par la suite, les Lacédémoniens, dans leurs fréquentes incursions en Attique, où ils ravageaient le pays, ne touchaient pas à l'Académie, en souvenir d'Académos » ( Plutarque, Thésée 32 d ; trad. R. Flacelière ). Hérodote ( IX 73) fait de ces événements un récitparallèle et attribue le même beau rôle à Décélos : « En souvenir de cette action , les Décéliens ont toujours joui depuis et jouissent encore aujourd'hui à Sparte de l'atélie et de la proédrie, en sorte que, au temps même de la guerre qui éclata bien des années plus tard entre Athéniens et Lacédémoniens, alors que les Lacédémoniens ravageaient le reste de l'Attique, ils respectaient Décélie » (traduction Ph.-E. Legrand ). C'est donc un thème récurrent de l'histoire plus ou moins légendaire d'Athènes que ce rôle de citoyen juste, lucide (« Décélos, indigné de l'insolence de Thésée et craignant pour l'Attique entière ... » ), pratique, un peu traître si nécessaire, négociateur en fait, sur fond d'antagonisme ancestral avec Sparte.
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Académos et Décélos ne combattent pas sur les murailles et ne meurent pas au combat. Is assurent non seulement la sécurité de la ville, mais la sauvegarde de sa périphérie, c'est- à -dire du lieu naturel des sépultures, des cultes aux morts, et, nous le verrons, du minimum d'approvisionnement indispensable à la cité ( ci dessous III.D.2 ) ; du reste , la fin de la dernière phrase du récit d'Hérodote est une interpolation qui évoque le siège d'Athènes en 431/0 . Or, dans ces circonstances, « Périclès faisait régulièrement sortir des cavaliers, pour éviter que des éléments avancés de l'armée ennemie ne pussent se jeter sur les terres proches de la ville afin d'y exercer leurs déprédations» ( Thucydide II 22 , 2 ; trad. J. de Romilly ). De leur côté, les Lacédémoniens respectèrent les oliviers sacrés (ci- dessous III.D.2 ), l'Académie et Décélie. Académos et Décélos protègent donc les limites de la zone vitale pour la ville . Or une scholie au v . 1059 d'Edipe à Colone, citant les Atakta d'Istros (145 P. Elmsley [ édit. ), Scholia in Sophoclis tragoedias septem , Oxford 1825, p. 80 ; 146 P.N. Papageorgios ( édit .), Scholia in Sophoclis tragoedias vetera, Leipzig 1888 , p . 446-447; 147 V. de Marco [édit. ] , Scholia in Sophoclis dipum Coloneum , Roma 1952, p . 48-49 ; Jacoby 79 , FGrHist 334 F 17 ) , semble bien énumérer, à partir d'un lieu situé au N. ou à l'E . de Colone, jusqu'aux flancs de l’Aigaleôs, une série de points-frontière, Colônos, le Seuil ou la Route de Bronze, les rives du Céphise jusqu'au passage de la Voie Sacrée sur le Céphise et « l'entrée des mystères» par où l'on gagne Éleusis. Frontière entre deux dèmes (Jacoby 79 , III B , Suppl. p . 641 ), ou plus probablement ancienne frontière d'Athènes avant le synæcisme et peut-être même jusqu'à l'intégration d'Éleusis à la cité athénienne, frontière devenue ou coïncidant avec la limite entre les domaines d'Athéna et de Déméter, elle passait presque nécessairement, entre Colone et le Céphise, par l'Académie ( Travlos 15, fig. 213 ; Papachatzis 64 , fig. 228) , qui a pu en être un jalon important et, pour cette raison , très tôt directe ment relié à l'Acropole ( Jacoby 79, avec notes et bibliographie ; mais dans le sens de la seconde interprétation , voir surtout 148 L. Deubner, Attische Feste, 2e éd ., Hildesheim 1966, p. 48 avec bibliographie ; Kirsten 36 , p . 12-13 n. 13 , doute que la scholie puisse concerner quelque frontière que ce soit ; mais sur l'importance de la frontière occidentale et de sa défense dans la formation et l'histoire de la cité jusqu'au VII s. av . J.-C. , voir 149 G. Alföldy, RBPH 47 , 1969, p. 28-39 , et sur la densité de l'implantation des familles nobles entre Athènes et le Céphise et dans la basse vallée du Céphise, ibid ., p . 20-28 , en particulier p. 22, et carte ). Et pour ne pas perdre de vue le parallélisme des récits d'Hérodote et de Plutarque, notons que Décélie sera toujours un poste -frontière. Citoyen d'exception et protecteur du territoire, Académos l'est également par le don de son terrain où l'on plantera des oliviers sacrés, dont le premier issu par bouture de l'olivier sacré de l'Acropole ; terrain où l'on construira le gymnase destiné à la formation des citoyens. A l'extrémité du Démosion sèma, l'Académie est donc dans l'histoire et la géographie religieuse d'Athènes l'un de ses points -frontière, mais aussi l'un de ses lieux privilégiés où le voyageur, suivant son itinéraire, quitte, découvre ou retrouve rassemblés les symboles essentiels de la cité. Non loin de là, sur le tracé de la même frontière , le dème de Colone, Colônos Hippios, en est un autre : Sophocle s'est efforcé d'en magnifier les cultes et de dire combien son village
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natal était porteur des symboles de la cité ( cf. par exemple 149a P. Vidal Naquet, « Edipe entre deux cités. Essai sur l' @ dipe à Colone », Métis I 1 , 1986, p . 37-69 et notamment p . 63-66 ). Nous verrons à l'occasion ce que cet éloge doit ou ne doit pas à l'éventuelle appartenance de l'Académie au dème de Colone. Mais lui appartiendrait-elle, elle ne se fond pas dans Colone, n'est pas identifiable à Colone et garde, au bout d'un faisceau de routes convergentes, une « personnalité » bien définie. On en retien dra pour première preuve la cohérence de la légende et de la topographie : l'hérôon de Thésée et de Pirithoos se dresse sur la colline de Colônos Hippios (Pausanias I 30, 4 ; cf. 150 H. Hitzig et H. Blümner (édit. ), Pausaniae Graeciae descriptio, t . I 1 , Berlin 1896 , p . 327), à bonne distance du sanctuaire de celui qui les a une fois trahis. d. L'ACADÉMIE , SANCTUAIRE D'ACADÉMOS Il est donc probable qu'il n'y eut jamais d'autre sanctuaire d'Académos que ce vaste espace sacré qu'était l'Académie. Son fondateur en est peut-être la divinité la plus ancienne, il n'est pas nécessairement une divinité très ancienne ni dura blement crédible . Il y a fort à parier que l'ancienne frontière puis limite de la zone absolument vitale pour l'agglomération d'Athènes avait besoin de lieux sacrés pour être décrétée infranchissable, d'autant plus qu'on y gardait le souvenir d'un dur affrontement avec les Péloponnésiens. La double version, arcadienne et athénienne, de cette histoire, la double étymologie du toponyme ( ci- dessus III.A.1) disent assez que le lieu a créé sa légende et son héros, avec un minimum de biographie fonctionnelle, rien qui mérite grande littérature . Eupolis nous donne le témoignage le plus ancien et le plus élogieux sur Académos en le divinisant; ce n'est pas un hasard : il écrit, comme Aristophane, peu de temps après qu'en 431/0 les Lacédémoniens ont épargné et les oliviers sacrés et l'Académie , qu'il convient donc de célébrer (ci- dessus III.C.2.a et ci -dessous MI.D.2 ). Plus tard , quand s'estompent dans un passé lointain les nécessités qui ont présidé à son invention , Académos, sans généalogie, tombeau ni autel, n'assurant même pas l'éponymie d'un dème, oscille entre le statut de héros et de simple mortel dans la remise aux accessoires parfois utiles que sont les histoires morales et les étymologies. Mais il a eu le temps de réunir autour de lui quelques divinités majeures de la cité athénienne, qui ne lui ont pas laissé grande place. 2. ATHÉNA, LES OLIVIERS SACRÉS ET ZEUS KATALJATÈS OU MORIOS. a. LE SANCTUAIRE D'ATHÉNA DANS LES TEXTES Selon Apollodore d'Athènes, cité dans une scholie au v . 56 d ' @ dipe à Colone, Athéna avait à l'Académie un téménos ( Elmsley 145, p . 45 ; Papageorgios 146, p. 400 ; Jacoby 79, FGrHist 244 F 147 ; De Marco 147 , p . 9). Pausanias (1 30, 2) ne signale qu’un autel: "Eoti BÈ Movoớv Te Bwuòç xal έτερος Ερμού και ένδον 'Αθηνάς , τον δε Ηρακλέους εποίησαν και φυτόν έστιν É aías, deútepov TOŪTO Neyouevov pavñvai (t. I , p. 72 Rocha - Pereira ; Beschi et Musti 23 , p. 166-168 ) : « Il y a un autel des Muses et un autre d'Hermès, et à l'intérieur un autel d'Athéna; et l'on a construit celui d'Héraclès. Et il y a un plant d'olivier, le second , dit-on , qui soit apparu . » Il est clair que Pausanias
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énumère les autels de l'Académie de l'extérieur vers l'intérieur : devant l'entrée, celui d'Éros (I 30 , 1 ; ci-dessus III.C.1.b ; ci-après III.D.6 ), dans l'Académie (I 30, 2) ceux de Prométhée, des Muses, d'Hermès, d'Athéna, d'Héraclès. Mais son texte n'est pas absolument limpide. Notre traduction se conforme, entre autres, à celles de W.H.S. Jones et H.A. Ormerod , coll. LCL, London 1918, réimpr. 1978, t. I, p. 167, et de D. Musti 23. Elle suit le mouvement du texte. Mais il est certain que štepoc relie si étroitement l'autel d'Hermès et celui des Muses qu'ils doivent former une paire , que & vdov peut s'entendre comme une préposition, que la construction de l'autel d'Héraclès est fort mal raccordée à ce qui précède et qu'elle apparaît au premier regard comme une enclave entre la mention d'Athéna et celle du plant d'olivier ( cf. Delorme 6, p. 41 n. 1 ) . Hitzig et Blümner 150, t . I1 , p. 326 , avaient proposé de sous -entendre, entre Evôov et Aonvãs, tov ev, l'autel d'Athéna, premier complément de énoinoav. C'est sans doute pourquoi 151 J.G. Frazer (Pausanias's Description ofGreece , t. I, London 1898 , p. 47) a traduit « There is an altar of the Muses and another of Hermes ; and within they have made an altar of Athena and another of Hercules », en s'appuyant un peu abusivement, après H. Hitzig et H. Blümner, sur Athénée et Apollodore (151, t. II, p . 393 ) . De toute manière, que l'on raccorde Švdov 'Aonvāc à ce qui précède ou ce qui suit, il ne peut s'agir que d'un autel. Ainsi, en suivant Pausanias, l'entrée de l'Académie franchie , on rencontre d'abord l'autel de Prométhée auquel on allume les torches des lampadedromies et qui doit donc être proche de l'avenue, puis, non loin de là, les autels conjoints d'Hermès et des Muses, et plus loin encore, à l'intérieur, ceux d'Athéna et d'Héraclès. Athénée ( XIII, 561 e) affirme sans l'ombre d'un doute que l'Académie elle meme est consacrée a Athéna : ( ... ) της Ακαδημίας εκδήλως τη Αθηνά καθιε pwuévns ( ... ). Il est très peu probable qu'il faille décrypter sous ces points de vue différents les phases d'une extension des prérogatives ou du territoire de la déesse. Il n'est pas contradictoire que l'Académie tout entière lui soit consacrée , ce qui est un état de fait dont nous trouverons d'autres indices, et que , matériellement, un espace (téménos) soit spécifiquement réservé à l'exercice du culte, isolé ou simplement distinct des promenades et des établissements sportifs, et qu'il comporte un autel. b. LES OLIVIERS SACRÉS En fait, les oliviers sacrés, les popíai (Frazer 151 , t . II, p . 393-394; 152 K. Latte , art. « Mopia » 1 , RE XVI 1 , 1935 , col. 302-303 ; 152a P.D. Valavanis, AA 1987 , p. 477-478 ), plantés à l'Académie , assurent l'omniprésence d'Athéna ( 153 A. Brelich , Paides e Parthenoi, Roma 1969, p . 330 ). Plutarque ( Sylla 12, 4 ) dit expressément que l'Académie était un bois sacré. Il a derrière lui toute une tradition relative aux oliviers sacrés, qui pour nous apparaît dans la littérature vers 424 av . J.-C. Au v . 1005 des Nuées, Aristophane invite le jeune Athénien à aller courir à l'Académie sous les oliviers sacrés (uno raic popíais, ci -dessus III.C.2.a ). Dans les dernières années de sa vie, en quelques vers de l'Edipe à Colone (694-706 ), Sophocle célèbre l'olivier parmi les richesses de son dème natal : « Il est un plant dont je ne sache pas qu'un pareil ait surgi jamais, ni sur le sol d'Asie, ni sur celui
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de la grande île dorienne de Pélops, un plant indomptable qui se refait seul, un plant qui est l'effroi des armes ennemies, et qui croît en ces lieux mieux que partout ailleurs , l'olivier au feuillage glauque, le nourricier de nos enfants, l'arbre que personne, ni jeune ni vieux , ne peut brutalement détruire ou sacca ger. Le regard vigilant du Zeus des Olivaies ne le quitte pas, et pas davantage celui d'Athéna aux yeux pers » (trad. P. Mazon ). Le « Zeus des Olivaies » , c'est Zeus Morios (v . 705) qui protège les oliviers sacrés. « L'effroi des ennemis » est une allusion claire à un événement récent, l'invasion de l'Attique en 431 par les Spartiates et leurs alliés qui ravagent la région à quelques exceptions près : nous savons déjà par Plutarque ( Thésée 32 d) et par l'interpolateur d'Hérodote ( IX 73) qu'ils épargnent l'Académie et Décélie ( ci- dessus lī.D.1 ); nous apprenons aussi par les scholies aux v . 698 et 701 d'Edipe à Colone qu'ils n'ont pas osé toucher aux oliviers sacrés plantés en Attique ( Elmsley 145 , p. 70-71 ; Papageorgios 146 , p. 434-435 ; De Marco 147, p. 38-39 ) . La scholie au v . 698 (OÚTeuu ' ayeiputov ) s'appuie sur deux récits chronologiquement assez proches des faits pour être crédibles: Androtion d'Athènes ( Jacoby 79 , FGrHist 324 F 39) écrit vers le milieu du IVe s . que la coalition de Lacédémoniens, de Péloponnésiens et de Béotiens qui envahit l'Attique sous le commandement du roi de Sparte Archidamos ne touche pas aux oliviers sacrés par peur d'Athéna. Quelque temps plus tard, Philochore (Jacoby 79 , FGrHist 328 F 125 ) le raconte également. La scholie au v . 701 (Taavxãs naudotpópou ) rapporte le récit plus détaillé d'Istros ( Jacoby 79 , FGrHist 334 F 30 ), au milieu du III s .: quiconque, ami ou ennemi, coupait un olivier sacré était maudit ; les Lacédémoniens ravagèrent le reste de l’Attique, mais « ne touchèrent ni à la Tétrapole , à cause des Héraclides, ni aux oliviers sacrés, à cause de la malédiction » . Par les Héraclides, nous retrouvons plus ou moins directement le vieux fonds de légendes sur les relations entre Athènes et le Péloponnèse , ce fonds auquel puisent celles d'Académos et de Décélos ( Jacoby 79 , FGrHist III b, Suppl., p . 644-645 et n. 6) . Androtion , Philochore, Istros, l'interpolateur d'Hérodote IX 73 et Plutarque ( Thésée 32 d) signifient par le même verbe anéxeobai la distance respectueuse et craintive à laquelle les Lacédémoniens se tiennent de l'Académie , de Décélie , de la Tétrapole et des oliviers sacrés. Que tous les oliviers aient été épargnés est douteux , comme le prouve le procès intenté à un client de Lysias ( Areopagitique ), accusé d'avoir arraché un de ces arbres sacrés brûlés que l'on appelait onxós, du nom de la palissade qui les entourait pour les protéger en attendant qu'ils repoussent, ou pour attester l'impiété des ennemis. Mais les Spartiates avaient deux raisons convergentes de ménager au moins l'Académie , l'une explicite, le souvenir d'Académos, l'autre implicite , le respect, en principe général, des oliviers sacrés. C'est pourquoi, quelques années après 431 , Aristophane n'avait garde d'oublier les moriai, tandis qu'Eupolis célébrait leur ombre bienfaisante et la divinité d'Académos (ci-dessus III.D.1 ) . De Sophocle aux scholiastes et aux lexicographes les plus tardifs en passant par Lysias et Aristote , une tradition littéraire ininterrompue atteste la signifi cation de popía , note son étymologie (sur le mot considéré comme désignant la part, yoipa , de la cité : Photios, Lexicon , s.v. « Mopiai éhaiai » ; la Souda, s.v.
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« Moplar » ; Etymologicon Magnum , s.v. « Mopiav »), établit par l'intermédiaire de la légende étymologique d'Hali(r)rothios, fils de Poseidon , un lien direct entre toutes les moriai et l'olivier sacré de l'Acropole - donc la fondation de la cité par Athéna -, laisse entendre clairement qu'il y en avait des plantations dans toute l'Attique, traite des modalités de leur contrôle et de la récolte (Lysias, Aréopa gitique 2, 22, 25 et 29 ; Aristote, Constitution d'Athènes 60, 1-3 ), ainsi que du don de l'huile aux vainqueurs des Panathénées (Const. Athènes 60, 1 et 3 ; voir 154 P.J. Rhodes, A Commentary on the Aristotelian Athenaion Politeia , Oxford 1981 , p . 672-675 ; scholies anciennes au v . 1005 des Nuées, p. 195 [ 1005 a -c ] Holwerda ; scholie de J. Tzetzès, p. 615 ( 1005 b] Holwerda ; scholie au v . 701 d'Edipe à Colone citée plus haut, avec référence à Aristote, cf. ci- dessus ; Photios, Lexicon , s.v. « Mopíai éraiai » ; la Souda , s.v. « Moplai ») . Nous ne nous arrêterons ici qu'aux documents qui concernent les oliviers sacrés de l'Académie . Il est d'abord indispensable de prendre une position claire sur les arguments excessifs que E. Kirsten 36, p. 5-26, a développés à partir de l'hypothèse et pour démontrer que l'Académie faisait partie du dème de Colone et que les cultes de l'Académie sont en fait des cultes spécifiques de ce dème. Or aucun texte ne l'atteste. A propos des p. 16-17 et de la n. 21 , des p. 21 , 22 et 24, précisons qu'il n'est pas vrai que les moriai ne soient plantées qu'à Colone (à l'Académie ) ; par ailleurs, Aristote, Const. Ath. 60, 2, n'écrit absolument pas que la couronne des vainqueurs aux Panathénées était faite d'une branche d'olivier sacré. En revanche, Lysias et Aristote disent sans ambiguïté que l'huile remise en prix aux vainqueurs provenait desmoriai de toute l'Attique, dont la production était contrôlée par l'Areopage; la production de l'Académie en faisant partie, ce n'était qu'une manifestation supplémentaire du rôle considérable de l'Académie dans le déroulement de ces fêtes. Il n'y a aucune raison de placer les Panathénées et la culture de l'olivier sous la protection d'une prétendue Athéna Hippia de l'Académie et /ou de Colone, au nom d'une équivalence tout à fait hypothétique entre l'Académie et Colone. L'Athéna de l'Académie ne porte pas d'épiclèse ; elle est bien différente de l'Athéna Hippia qui, au Colônos Hippios, partage un autel avec Poseidon Hippios ( Pausanias I 30, 4) . A cet égard, la n. 14 p. 13 et la n. 44 p. 24 ne laissent pas d'être inquiétantes. A l'Académie, les moriai et la légende étymologique d'Hali (r)rothios entretiennent le souvenir de la querelle entre Athéna et Poseidon . A Colone, les deux divinités poliades assurent conjointement et harmonieusement la protection des cavaliers. La sphère d'intervention d'Athéna n'est pas la même, et Poseidon est rejeté de l'Académie par l'insolente prospérité des moriai. Il est trop évident que, pour composer l'éloge de l'olivier, Sophocle rassemble autour de ce thème un certain nombre d'arguments, pour ne pas dire de topoi, tant profanes que religieux. L'effroi des ennemis, tout frais à la mémoire des Athéniens, et l'évocation de Zeus Morios au côté d'Athéna sont une manière poétique de célébrer cette catégorie particulière d'oliviers que sont les moriai, dont le nom n'est pas prononcé. Qu'il y ait là, en outre, une allusion à l'Académie proche où Zeus et Athéna sont associésdans la protection des oliviers sacrés ( cf. ci dessous) est possible.Mais il y a d'autres oliviers sacrés ailleurs en Attique et Zeus Morios est aussi vénéré en d'autres endroits. Par ailleurs, les moriai de l'Académie, célèbres entre toutes, jouissent d'une tradition littéraire spécifique et indubitable que les scholiastes ne sont que trop tentés de citer. On ne saurait donc conclure avec assurance qu'il y avait des moriai à Colone et que Zeus Morios y était vénéré, à moins de présupposer que l'Académie faisait partie du dème, ce qui reste justement à démontrer et n'a pas encore reçu l'ombre d'un témoignage explicite ! Or nous avons déjà noté la distance qui sépare le sanctuaire d'Académos de l'hérôon de Thésée et de Pirithoos. Nous verrons qu'il y a , à Colone et à l'Académie, deux cultes distincts de Prométhée (ci-dessous III.D.5.a) . Même voisine de Colone, même située sur ce dème, même accueillante aux revues de cavalerie, l'Académie joue dans la vie de la cité un rôle tout à fait spécifique qui n'est pas interchangeable avec celui de Colone, tout entier voué à Athéna Hippia, à Poseidon Hippios , aux cavaliers d'Athènes (155 P. Siewert, dans Arktouros. Hellenic Studies presented to B.M.W. Knox, Berlin /New York 1979, p. 280-289 ; Alabe 63 ,
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p. 138-140), à Déméter, aux divinités et aux héros des enfers. Ce n'est donc pas « annexer à l'Académie » des cultes de Colone (Kirsten 36 , p. 13 n. 14 ) que de rappeler, comme le fait après d'autres Travlos 15, p. 42, ceux que la tradition littéraire unanimesitue à l'Académie et non à Colone. Des moriai de l'Académie , Aristophane parle au pluriel. Si l'on en croit la scholie au v . 701 d'Edipe à Colone, Istros ( Jacoby 79 , FGrHist 334 F 30 ), au III s . , aurait déjà indiqué leur nombre, mais parle aussi d'une branche ou d'un rejet (xládos ) qui aurait été prélevé sur l'olivier sacré de l’Acropole pour être planté à l'Académie . Pausanias (I 30, 2) n'y a vu qu'un plant d'olivier, le deuxième qui soit apparu dans des circonstances qu'il n'indique pas. Peut-être s'agit-il , pour Istros et pour Pausanias, du plant le plus ancien , désigné à la vénération particulière des visiteurs, du moins au temps du Périégète. Aucun autre lieu d'Attique planté de moriai n'est aussi expressément relié à l'Acropole par le symbole initial et constant de la suprématie d'Athéna et de la richesse agricole de la cité. La plantation d'un rejet de l'olivier sacré de l'Acropole ou l'apparition du second olivier complètent le symbolisme du don du terrain par Académos. Point- frontière qu'un héros empêche de franchir, l'Académie est aussi une aire agricole assurant la subsistance de la cité, et plantée d'oliviers sacrés que l'ennemi respectera : Athéna vient parfaire l'æuvre d'Académos, ou plus exactement se substitue à lui. Les textes ultérieurs, scholies au v. 1005 des Nuées et notices de lexicographes, transmet tent un fonds de connaissances communes, plus ou moins différemment présentées : il y a plusieurs oliviers sacrés à l'Académie, et l'on évoque souvent à ce propos la distribution d'huile aux vainqueurs des Panathénées et/ou la légende d'Hali(r )rothios dans ses différentes versions. Cela présenté sous une forme et dans un ordre variable, les lexicographes insistent plutôt sur le lien avec l'Acropole qu'ils s'efforcent de concilier avec le ( grand) nombre d'oliviers : Photios (loc. cit.) et la Souda ( loc. cit. ) indiquent que les premiers oliviers de l'Académie étaient au nombre de douze et avaient été transplantés (UETAOUTEUDưioai) de l'Acropole (où n'a pourtant jamais poussé qu'un olivier ! ) ; l'Etymologicon Magnum ( loc. cit .) porte ces transplantations au nombre de deux mille. Sans rien gommer du caractère sacré du lieu, les scholies au v. 1005 des Nuées mettent plutôt l'accent sur son utilisation officielle ( gymnase), tout en préservant le souvenir de ses origines « agraires ». Parmi les scholies anciennes, l'une précise que les oliviers se trouvaient autour du gymnase (p. 195 [ 1005 a] Holwerda ), une autre, que l'on a planté des arbres dans le gymnase (p. 196 ( 1005 c]), une troisième indique tout simplement qu'il y avait là des oliviers sacrés (p. 196 ( 1005 d ]). Le commentaire de Tzetzès reproduit pratiquement les mêmes infor mations un peu contradictoires ( p. 615 [ 1005 a et b) Holwerda ). C. ZEUS KATABATÈS La vocation agricole de la région est confirmée par l'autre divinité tutélaire des lieux, Zeus Kataibatès qui fait descendre la foudre ou la pluie , l'une redoutée, l'autre implorée (156 A.B. Cook , Zeus. A Study in ancient religion , New York , 1965 , t . II, surtout p . 13-32) . A l'Académie, Zeus Kataibatès est secondairement appelé Morios, comme nous l'apprend Apollodore (Jacoby 79, FGrHist 244 F 120) par l'entremise d'une scholie au v . 705 d'Edipe à Colone : lepi "Ακαδημείαν έστιν τε του Καταιβάτου Διός βωμός , ον και Μόριον καλούσι, των εκεί μορίων παρά το της Αθηνάς ιερόν ιδρυμένων : « dans la région de l'Académie, il y a l'autel de Zeus Kataibatès, que l'on appelle aussi Morios, ( car il surveille ) les oliviers sacrés plantés là près du sanctuaire d'Athéna » (Elmsley 145 , p. 71 ; Papageorgios 146 , p. 435-436 ; De Marco 147,
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ANNEXE
p. 39 ; cf. Cook 156, p. 20 et 502 n. 2, et 157 G. Kruse, art. « Morios » 1 , RE XVI 1 , 1935 , col. 307 ). Zeus Morios était vénéré en d'autres endroits, notam ment d’Attique . Il n'y a malheureusement aucune indication topographique précise à tirer du texte d'Apollodore; si le « sanctuaire d'Athéna » s'identifie à l'Académie tout entière comme il est probable, l'autel de Zeus pouvait s'y trouver n'importe où ; s'il s'identifie au téménos, on supposera provisoirement que l'autel s'y trouvait inclus. d. L'ACADÉMIE , SANCTUAIRE D'ATHÉNA POLIAS Il semble donc que la protection d'Athéna sur l'Académie remonte à l'époque où se forgent les mythes relatifs aux divinités poliades, dont celui d'Hali(r) rothios n'est qu'un appendice. Au héros Académos, marquant de son intangible terrain une frontière infranchissable (ou infranchie) par l'ennemi, se juxtapose ou plutôt se substitue une Athéna Poliade qui y fait surgir un , puis des oliviers qu'on ne saurait détruire sans encourir sa malédiction. Par ailleurs, le respect des oliviers sacrés rappelle une loi archaïque de l'époque de Solon interdisant de couper les oliviers sauf dans des limites bien précises (Démosthène, Contre Macartatos 71 ) et l'ensemble des mesures solo niennes qui ont eu pour effet de développer ou de maintenir la production d'huile à un niveau élevé ( cf. 158 E. Will, dans Deuxième Conférence Internationale d'Histoire Économique, Aix - en -Provence 1962, t. I , Paris 1965 , p . 70-71 et 76 77 ; 159 M. Detienne, « L'olivier : un mythe politico -religieux » , dans Problè mes de la terre en Grèce ancienne, Paris/La Haye 1973, p. 293-295 ). Contexte religieux, contexte culturel et contexte économique sont donc ceux de la fin du VIIe et du début du VIe s. av . J.-C. La coïncidence avec l'intérêt de Solon pour la fondation et le bon fonctionnement des gymnases est ici frappante. Décidément, il faut croire que Pisistrate et ses fils ont su reprendre une politique dès longtemps amorcée et capter, à leur profit, des symboles déjà très élaborés et bien ancrés dans la mentalité athénienne . A 38 m au S.-E. de la « Maison d'Académos » , Ph . Stavropoullos a découvert en 1958 l'angle supérieur droit d'une plaque ou stèle amphiglyphe, datée de la fin du ve s . , portant sur une face une Athéna tournée vers la gauche, debout, casquée et appuyée sur sa lance, sur l'autre face Marsyas ( ?) de face, en train de danser devant un arbre dont l'unique branche est tenue par un jeune homme qui assiste au spectacle (98 , p . 13 , pl . 14 B et y ) . La tête, la main droite et le haut de la lance étant seuls conservés, il est à peu près impossible de rattacher sûrement cette Athéna à un schéma connu ; mais il semble manquer peu de chose au relief à gauche; il y aurait peut-être place pour un pilier, un terma ; ce serait alors une Athéna des gymnases, comme l'Athéna dite « mélancolique » (160 F. Chamoux, BCH 81 , 1957, p. 141-159 ; 161 id ., RA 1972, p . 263-264, fig. 2).
3. HÉRACLÈS Son autel ne nous est connu que par Pausanias (I 30, 2) qui le mentionne entre l'autel d'Athéna et le plant d'olivier, dans une sorte d'incise ou d'ajout qui rompt le rythme du texte et use du verbe énoinoav en marge d'une énumération introduite par " Eoti 8é (ci-dessus III.D.2 ). Les manuscrits n'indiquent aucune corruption et, comme en d'autres cas, le déroulement du texte épouse très
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probablement la réalité observée : l'autel d'Héraclès a été construit à proximité immédiate de celui d'Athéna et du plant d'olivier. Il faut donc croire qu'Héraclès n'est pas là seulement comme dieu du gymnase, en l'habituelle compagnie d'Hermès (Athénée XIII, 561 d , Hitzig et Blümner 150, p . 325 ; Judeich 5 , p . 413 ; Delorme 6 , p. 337-338 et 339-340 ; Beschi et Musti 23 , p. 380) ; du reste , son autel est nettement éloigné de celui d'Hermès. Si Héraclès est vénéré à l'Académie, c'est d'abord, me semble-t-il, en raison de la protection qu'Athéna lui a toujours accordée, jusqu'à plaider en faveur de son apothéose. Or la geste des travaux d'Héraclès est un thèmemajeur de l'iconographie du VI° s. (voir par exemple 162 F. Brommer, Herakles. Die zwölf Taten des Helden in antiker Kunst und Literatur, 4e éd., Köln /Wien 1979 ; 163 id ., Die unkanonischen Taten des Helden , Darmstadt 1984 , 164 K. Schefold, Götter- und Heldensagen der Griechen in der spätarchaischen Kunst, München 1978; p. 88-150). Il a été fortement développé par les Alcméonides et surtout par Pisistrate et ses fils : en s'identifiant à ce héros très populaire, on se dotait d'un outil politique efficace . Dans cette perspective, l'apothéose d'Héraclès, en faveur dès le début du siècle , abondamment représentée, notamment au fronton E de l'Ancien temple d'Athéna à l'Acropole ( 165 I. Beyer, AA 1974, p. 645-648, fig. 5-10), revêtait un puissant pouvoir suggestif (sur l'ensemble de la question , voir 166 J. Boardman , RA 1972, p. 57-72 ; 167 id ., JHS 95 , 1975, p. 1-12 , pl. I- IV ; 168 id ., RA 1978 , p . 227-234 ; 169 id ., dans D. Kurtz et B. Sparkes [ édit. ), The Eye of Greece. Studies in the Art of Athens, Cambridge 1982, p. 2-16 ; 170 D. Williams, dans Image et céramique grecque, Rouen 1983, p. 131-142. Contra, toutefois, ou avec certaines réserves plus ou moins importantes, 171 J. Bažant, Eirene 18, 1982, p . 21-33 ; 172 R. Osborne, Hephaistos 5-6 , 1983-1984, p . 670 ; 173 W.G. Moon , dans W.G. Moon ( édit .), Ancient Greek Art and Iconography, Madison , Wisc . , 1983 , p. 97-118 ; 174 W.R. Connor, JHS 107 , 1987 , p. 41-43 ; 175 R.M. Cook , JHS 107 , 1987 , p . 167-169) . L'aoriste énoinoav renvoie - t- il l'autel d'Héraclès à une époque ancienne, plus ancienne que celle des autres autels ? Je le croirais volontiers, sans oser l'affirmer. De toute manière , il semblerait que l'attention de Pausanias ait été retenue soit parce que ce monument sortait de la série normalement attendue dans un tel site , soit parce que sa dédicace nommait peut- être les dédicants et indiquait ainsi une date. En tout cas, c'est dans le contexte politique et religieux du VI° s. que l'installation de l'autel d'Héraclès près du lieu de culte et du second olivier sacré d'Athéna trouve sa meilleure explication. Si elle s'avérait juste, un nouveau lien serait établi entre l'Académie et l'Acropole. Du reste, Héraclès a lui-même planté à Olympie l'olivier merveilleux dont les branches servaient à couronner les vainqueurs, soit qu'il eût rapporté du pays des Hyperboréens et introduit en Grèce la variété de cet olivier sauvage aux feuilles toujours vertes ( Pindare, Olympique 3 , v . 24-27 ) dont il possédait lui m - ême d'importantes plantations ( Pausanias V 7,7), soit qu'il eût fait reprendre dans l'Altis une bouture prélevée sur l'intangible olivier sacré qui poussait non loin de l'Ilissos et dont les feuilles, contrairement à l'ordinaire, étaient vertes sur la face interne et grises sur la face externe ( texte malheureusement corrompu , interpolé dans Aristote, Mirabilia 834 a ( 51), traduit et commenté par 176 H. Flashar, Aristoteles, Werke in deutscher Übersetzung, Bd. 18 , Opuscula II und III, Berlin 1972, p. 13-14 et 90-91 ).
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ANNEXE 4. HERMÈS, LES CHARITES ET LES MUSES
Apparemment, Hermès jouit à l'Académie de ses attributions habituelles : dieu des routes et du voyage, des gymnases et des morts (Hermès psychopompe ), il y trouve son environnement naturel (sur les aspects d'Hermès à travers l'icono graphie, voir par ex . Zanker 120, p. 115-120 ; sur d'autres aspects de sa person nalité dans les textes et surtout l'Hymne homérique à Hermès, voir 177 L. Kahn , Hermès passe ou les ambiguïtés de la communication , Paris 1978) . Si l'on admet que Léôcratès a bien dédié l'un de ses piliers hermaïques à l'Académie , celui-ci devient (momentanément) le premier témoignage du culte d'Hermès : il remonte au moins au second quart du ve s . ( sur les piliers hermaïques dans les gymnases , Wrede 121 , p . 34-36 ) . Compte tenu du titre officiel du dédicant, la stèle à relief dédiée au IIIe s . par Thébaios, fils de Lysiadès d'Alopéké, après ou à l'issue de sa phylarchie (Kourouniotis 123 , p . 71 ; Stavropoullos 37 , p . 342 , 1re col. ), s'explique très bien par les revues de cavalerie qui se déroulaient à l'Académie ( ci -dessus III.C.2.a ): « Les phylarques commandent aux cavaliers de leur tribu comme les taxiarques aux hoplites » ( Aristote, Const. Ath . 61,5 ; Rhodes 154 , p . 686) ; une revue particulièrement réussie a peut-être marqué ou couronné la phylarchie de Thébaios. Mais la seule fréquentation de l'Académie par les éphèbes suffirait à expliquer la dédicace. Sur l'autel d'Hermès, Pausanias (I 30, 2) ne laisse rien entendre , sinon qu'il était associé ou formait une paire (Étepoc) avec celui des Muses. En l'Hermès de l'Académie , les commentateurs unanimes n'ont reconnu que le dieu des gymnases. C'est l'une de ses attributions tout à fait probables, mais rien ne le précise directement. Par ailleurs , il n'est pas indifférent qu'il soit associé aux Charites sur le pilier de Léôcratès et voisin des Muses dans le paysage . En nombre variable , proches parentes des Hôrai, des Moires et des Nymphes auxquelles elles sont souvent associées , compagnes occasionnelles d'Hécate, d'Aphrodite et d'Éros, pourvues d'une généalogie et de noms changeants, personnages féminins sans grande personnalité, les Charites sont anciennement vénérées en Attique (en dernier lieu 178 E.B. Harrison , art. « Charis, Charites » , LIMC III 1 , 1986 , p . 191-193 , 200 et passim , avec bibliographie ). L'iconographie les associe à Hermès plus rarement qu'on ne croit et dans deux cas précis : - un relief de Thasos (Louvre MA 696 ) ornait le « Passage des Théores » à partir de 470 * (Harrison 178 , cat. n ° 16, pl. 152) ; - un culte à mystères était voué à trois Charites devant l'entrée de l'Acropole (Pausanias IX 35 , 3 ) , entrée où se dressaient, selon le Périégète (I 22 , 8 ) , les effigies d'Hermès et des Charites exécutées par Socratès, fils de Sophroniscos. Mais une inscription de Pergame, gravée sur un pilier hermaïque archaïsant portant par ailleurs la maxime ſvõi oautóv, indique qu'Alcamène avait sculpté le pilier original placé devant les Propylées de l'Acropole. Par ailleurs, le groupe des Charites est connu par un certain nombre de répliques en relief, archaïsantes elles aussi . On s'est longtemps interrogé sur l'aspect, le ou les auteurs exacts et
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l'emplacement de ces sculptures (Beschi et Musti 23, p. 343-344 avec biblio graphie ; Harrison 178 , cat. n° 25 , p . 196-197 , pl . 153 , bibl. p. 193 ) . Il est désormais pratiquement assuré que le pilier original était l'ouvre , peut- être non signée , d'Alcamène et que la maxime de Socrate, jointe au caractère archaïsant du pilier et des Charites, a induit en erreur Pausanias qui a attribué le tout à Socrate ( 179 J. Bousquet, BCH 80 , 1956 , p. 565-579, et 180 A. Hermary, BCH 103 , 1979 , p . 137-149). Il n'en demeure pas moins que la tradition selon laquelle Socrate aurait été sculpteur dans sa jeunesse autorise à supposer que le philosophe, contemporain d'Alcamène, a pu être l'auteur des Charites (181 B.S. Ridgway, The Severe Style in Greek sculpture, Princeton 1970, p. 114-121 ).
Les Charites sont donc associées à l'Hermès Propylaios, protecteur des portes et des passages ; il prend à Athènes (mais aussi à Délos et ailleurs ) la forme d'un pilier hermaïque. P. Zanker (120 , p . 98-103 ) pour l'iconographie de la céra mique à partir du ve s. et au début du IV , et A. Hermary ( 180 , p. 146-148) à propos du pilier hermaïque archaïsant d'Alcamène, daté vers la fin du Ve s . , ont bien montré que ces séries de documents figurés attestaient une remise à l'honneur d'un type de monuments et de cultes florissants jusque vers le milieu du ve s . (Zanker 120, p . 91-98) . Il ne me semble donc pas impossible qu'à son époque, le pilier de Léocratès ait été, à l'Académie, le rappel, l'écho du culte d'Hermès Propylaios et des Charites à l'Acropole ( sur les piliers hermaïques protecteurs des portes, Wrede 121 , p. 33-34 et 55-58 ) . Et lorsque Speusippe, neveu et successeur de Platon, fait ériger des statues des Charites dans le mouséion fondé par Platon (PHerc. 1021 , col . VI, 30-38 (p. 37 38 Mekler ); cf. 181a K. Gaiser, Philodems Academica, p . 190 et 460 ; Jacoby 79, FGrHist 328 F 224 et commentaire T. III b, p . 289-291 ; Diogène Laërce IV 1 ) , il se peut qu'il ne témoigne pas seulement de la persistance du culte des Charites au IVe s. ou du désir d'embellir l'école de son oncle et maître, mais qu'il rende un hommage rétrospectif à Socrate, philosophe, mais aussi sculpteur. Sur l'autel des Muses, Pausanias ne nous apprend rien de plus que sur celui d'Hermès. Leur présence n'est pas inattendue dans un lieu tant soit peu voué à l'enseignement, celui des éphèbes par exemple. Les commentateurs se sont tous demandé (Hitzig et Blümner 150 , t . I, p. 325 ; Frazer 151 , t. II, p. 393 ; Beschi et Musti 23 , p. 380) si l'autel se trouvait dans le téménos que Platon avait dédié aux Muses dans le gymnase de l'Académie lorsqu'il fonda son école (Olympiodore, In Alcibiadem II 145 , p . 5 Westerink ); ils l'ont parfois même affirmé. Il est d'autant plus difficile d'en décider que l'on est fort mal renseigné sur l'aspect exact de cette première installation de Platon , décrite en des termes divers et discutés ( ci -dessous IV.A.2 ). Par ailleurs, le PHerc . 1021, col. T, 12-14 , tel que l'édite Gaiser, nous apprend que Speusippe enseignait ordinairement dans le mouséion qui se trouvait au delà de l'Académie : il s'agit donc de l'école que Platon , après avoir exercé dans le gymnase, installa dans sa propriété. Par consé quent, elle comportait aussi, comme toute école du reste , unsanctuaire de Muses ( ci-dessous IV.B ) ; c'est probablement là que Speusippe leur dédia les statues des Charites (voir ci-dessus) et que Xénocrate leur sacrifiait ordinairement (PHerc. 1021 , col. VII, 44-45 ; cf. Gaiser 181a, p . 196 et 472 ). Pausanias n'a pas su ou pu reconnaître l'école de Platon ni les établissements platoniciens qui semblaient avoir disparu depuis près de deux siècles lorsqu'il visita l'Académie (Glucker
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13 , p . 246-248 ) : l'autel des Muses était - il le seul survivant de la première installation de Platon dans le gymnase ? Il est seulement certain que, sur les lieux et dans l'esprit de Pausanias, il existe une relation spatiale ou religieuse entre les autels d'Hermès et des Muses ( tepoc ), relation qu'il n'explicite malheureu sement pas . Faut- il évoquer la figure d'Hermès Musagète, connue depuis le début du VIe s. ( Zanker 120 , p . 38 et 56-59) ? Signalons pour mémoire qu'à 600 m environ au N.-O. du mur à contreforts, on a trouvé un relief archaïsant représentant sur deux registres Hermès conduisant des Nymphes ( Stavropoullos 31 , p . 20, pl. 16 a ; Travlos 15 , fig. 63) . Comme le relief d'Athéna, il confirme l'existence d'un culte d'Hermès dans la région, mais on ne peut, en toute certitude, le relier à l'Académie . 5. PROMÉTHÉE ET HÉPHAISTOS Ces divinités du feu seront également abordées sous l'angle des cultes, de l'archéologie et des documents écrits de l'histoire athénienne. Les spéculations sur leurs origines, leur ancienneté, leur parenté avec des divinités étrangères, notamment orientales, les personnalités et les rôles qu'on leur prête parfois relèvent d'un autre domaine. Ainsi , lorsque E. Kirsten ( 36 , p. 17) affirme que le culte de Prométhée à l'Académie tient à la persistance, sur place, d'un très vieux culte du maître du feu et des arts du feu , qui aurait été célébré par des populations définitivement établies et travaillant les métaux, il a peut-être raison, mais il ne démontre rien et aucune preuve ne vient confirmer son assertion . Il considère, il est vrai, que l'Académie se situe sur le dème de Colone, ce qui reste à démontrer, et que ses cultes sont ceux de ce dème, ce qui, nous le verrons encore , n'est nullement évident (avec plus de confusion encore, 182 K. Reinhardt, Eschyle , Euripide, trad. É . Martineau, Paris 1972 , p . 60-61 et 283-284 ; cf. aussi 183 A. Kossatz -Deissmann , Dramen des Aischylos auf westgriechischen Vasen, Mainz 1978 , p. 131 ) . Nous nous en tiendrons donc aux données écrites et matérielles, préférant courir le risque certain d'ignorer les cultes populaires, mais avec l'excuse qu'ils n'ont pratiquement pas laissé de vestiges: Prométhée , dont on sait qu'il a été le dieu des potiers tandis qu'Héphaistos protégeait les forgerons, est remarquablement absent de tous les travaux sur la religion populaire grecque. Par ailleurs, les études sur ces divinités sont parfois « encombrées» du débat pratiquement insoluble sur leur chronologie relative et leur situation respective (par ex . 184 K. Bapp, art. « Prometheus » dans W.H. Roscher, Ausführliches Lexikon der griechischen Mythologie, III 2 , 1897-1909 , col . 3040; 185 L. Malten , art . « Hephaistos» , RE VIII 1 , 1913 , col . 359-360 ; 186 W. Kraus, art. « Prometheus » , RE XXIII 1 , 1957 , col . 654-657 et 701 702 ; 187 E. Simon, Die Götter der Griechen , München 1969 , p . 114-116 ; Kirsten 36, p . 17) , débat alimenté - comme si le récit légendaire collait au récit historique - par l'antériorité mythique du Titanide sur les Olympiens et leurs fils , celle , apparente , du vol du feu par Prométhée sur son utilisation par Héphaistos ( concurrente de la version selon laquelle Prométhée aurait dérobé le feu primordial à Héphaistos : Platon, Protagoras 312 e) et , dans le domaine des cultes, l'antériorité supposée nécessaire de la lampadédromie de Prométhée sur toutes les autres, ce qui ne laisse pas de poser problème lorsque textes, images et
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institutions ne confirment pas toujours cette conviction . Or, les trois lampadé dromies les plus célèbres d'Athènes sont dédiées à Prométhée, Héphaistos et Athéna, et se courent de l'Académie vers l'Agora sur le Kéraméikos, ce qui, comme le remarque A. Brelich ( 153, p. 327-330 ), ne simplifie pas la question . C'est une raison supplémentaire de revenir aux textes, sans a priori, sans tirer argument de leurs silences pour les opposer ou les surinterpréter. C'est aussi la raison pour laquelle nous tiendrons compte de l'ordre chronologique des textes, des images et des monuments.
a . PROMÉTHÉE ( a ) Les monuments Le premier autel que Pausanias ( I 30 , 2) rencontre une fois entré dans l'Académie est celui de Prométhée d'où partent les coureurs de la lampadé dromie , toutes torches allumées . Une fois encore, les renseignements de Pausanias sont pauvres en regard de ce que nous apprend , trois siècles plus tôt, Apollodore d'Athènes ( Jacoby 79, FGrHist 244 F 147 ), cité dans une scholie au v . 56 d'Edipe à Colone, scholie déjà rencontrée à propos du téménos d'Athéna (Elmsley 145 , p . 44-45 ; Papageorgios 146 , p. 400 ; De Marco 147 , p. 9 ) . D'après Sophocle, v . 54-56, Colone tout entier est le sanctuaire de Poseidon, « et le dieu qui y demeure, c'est le dieu porte -feu, le Titan Prométhée » . La scholie indique d'abord que Prométhée jouit d'un culte à l'Académie et à Colone, puis cite le développement d'Apollodore sur le culte de l'Académie . Apollodore lui même se réfère à un certain Lysimachidès ( Jacoby 79 , FGrHist 366 F 4). Ces deux sinon trois témoignages paraissent interdire de considérer comme un seul et même culte celui de Colone et celui de l'Académie (contra, Kraus 186, col. 654 ; Kirsten 36 , p. 17 ; Kossatz -Deissmann 183, p . 131 ). Sur l'Académie proprement dite , Apollodore est tout aussi précis. De même que Prométhée est, à Colone, installé dans le vaste sanctuaire de Poseidon, il est, à l'Académie, installé dans celui d'Athéna: OuVtip tai dè xal év 'Axadnueią tñ 'Aonvõ xadántep • " Họalotos , xai ( ... ) . Il y dispose de deux installations cultuelles et, sur ce point, Apollodore est parfaitement clair. Il s'agit d'abord d'une « fondation » ancienne, peut-être une chapelle, en tout cas un autel dans le teménos de la déesse ( και έστιν αυτού παλαιόν ίδρυμα και βωμός εν τώ τεμένει της θεού) : il faut en effet réserver la possibilité que παλαιών ίδρυμα και βωμός désigne par un hendiadys un autel de fondation ancienne. En tout cas , cet autel, cité le premier, peut-être en raison de son ancienneté, est aussi celui qui illustre le mieux la notion exprimée par ou tipātai, puisqu'il se trouve dans le téménos même de la déesse ; du resteles deux phrases sont liées par xai. En outre, δείκνυται και βάσις αρχαία κατά την είσοδον έν ή του τε Προμηθέως εστί τύπος και του Ηφαίστου πεποίηται δε , ως και Λυσιμαχίδης φησίν , ο μεν Προμηθεύς πρώτος και πρεσβύτερος εν δεξιά σκήπτρον έχων , ο δε "Ηφαιστος νέος και δεύτερος και βωμός αμφοίν κοινός εστιν εν τη βάσει ANOTETUNWUÉVOG : « On montre aussi une base ancienne qui se trouve à l'entrée, et sur laquelle un relief représente Prométhée et Héphaistos. Comme le dit aussi Lysimachidès, Prométhée est représenté au premier plan et plus âgé , tenant un sceptre de sa main droite , Héphaistos jeune et au second plan ; et ils ont un autel
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commun sculpté en relief sur la base . » Parce qu'elle est située xatà tnv cloodov, à l'entrée , cette base doit être très probablement identifiée au seul autel que Pausanias ait vu . C'est ainsi que l'ont compris la plupart des commentateurs (Hitzig et Blümner 150 , p . 325 avec bibliographie ; Frazer 151 , t. II, p . 391 , avec un développement périmé sur vaóc au lieu de Bwuós; Beschi et Musti 23, p. 380). Certes Pausanias ne mentionne ni Héphaistos ni les reliefs, mais nous avons déjà eu l'occasion de constater, et nous verrons encore qu'il est, sur l'Académie , moins disert que ses prédécesseurs. Tout au plus peut - on imaginer qu'au temps de Pausanias, un autel plus simple remplaçait au même endroit la base décrite par Apollodore, ou que la lampadedromie des Héphaistéia n'était plus célébrée, ou même que ces deux modifications étaient intervenues ( cf. III.D.5.b ) . Le texte d'Apollodore interdit donc absolument de considérer que Prométhée n'avait qu'un autel ( contra, après d'autres, Kraus 186 , col. 654 avec biblio graphie ), ou de ne pas prendre en considération l'autel qu'il possédait en propre dans le téménos d'Athéna (contra, par ex. Judeich 5 , p. 413); il n'autorise pas non plus à identifier l'autel vu par Pausanias à l'autel situé dans le téménos d'Athéna, comme le voudrait L. Deubner (148 , p . 211 n. 6 ; cf. ci -dessous ). Dans tous ces cas , le raisonnement implicite ou bien abuse plus ou moins de l'argument e silentio, c'est - à -dire de la concision ou de l'honnêteté de Pausanias qui ne dit que ce qu'il a remarqué, ou bien oppose, non moins abusivement, les témoi gnages d'Apollodore et du Périégète, distants de quelque trois siècles. Les deux monuments ne sont en effet pas interchangeables : l'autel est dédié à Prométhée , la base -autel à Prométhée et Héphaistos; le premier se dresse dans le téménos d'Athéna , donc probablement assez loin à l'intérieur de l'Académie, la seconde près de l'entrée. Le témoignage d'Apollodore constitue pour les deux un terminus ante quem (par rapport auquel il est certes difficile de définir Γ'antériorite relative d'un παλαιόν ίδρυμα et d'une βάσις αρχαία). Ce serait donc se priver inutilement d'un important document sur la topographie de l'Académie et sur l'introduction du culte de Prométhée à Athènes que de ne pas croire Apollodore, soit en préférant confondre d'une manière ou d'une autre les deux autels ( cf. ci-dessous ) , soit en considérant que son témoignage offre une alter native à celui de Pausanias – ce qui est faux - et que de toute manière un choix ne changerait rien au fond du problème (ainsi Brelich 153 , p. 329-330 ). ( B ) Prométhée, un dieu ancien ? Prométhée n'est pas un dieu très répandu (Kraus 186, col . 654-657 ) : hormis le culte bien particulier qu'il recevait au Cabirion de Thèbes et peut-être un culte funéraire à Oponte en Locride, on ne connaît que celui d'Athènes. Le culte d'Oponte et une autre tombe de Prométhée à Argos - que Pausanias ( II 19 , 8 ) considère avec suspicion - font de Prométhée un héros mortel, alors qu'il est et reste à Athènes untitanide (Hésiode ) ou un titan (Eschyle, Sophocle , Euripide ), donc un dieu immortel ( cf. par ex . 187a P. Scarpi, « L'inventore . Modello eroico e ordine divino : quattro esempi per un projetto », dans Les grandes figures religieuses. Fonctionnement pratique et symbolique dans l'Antiquité [ Besançon 25-26 avril 1984 ), coll . « Annales littéraires de l'Université de Besançon » 329 , Paris 1986, p . 266-267).
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Toujours dans un contexte qui privilégie l'organisation de la cité et la régle mentation de la vie civile et religieuse , Hesiode ( en dépit de sa sympathie pour Prométhée ) et l'iconographie archaïque du Titanide le représentent ordinai rement en situation de révolté, d'opposant et de sacrilège vaincu , dominé par Zeus et les Olympiens ( 188 K. Fittschen , Untersuchungen zum Beginn der Sagendarstellung bei den Griechen , Berlin 1969 , p . 131-132 ; Schefold 164 , p. 50-54 , fig. 56-57 , p . 69 et 272-274 ; 188a F. Stoessl, Der Prometheus des Aischylos als geistesgeschichtliches und theatergeschichtliches Phänomen , coll. « Palingenesia » 24, Wiesbaden /Stuttgart 1988 , p. 30-42). Ses souffrances sont seulement soulagées par Héraclès qui, de ses flèches, tue l'aigle qui dévorait le foie sans cesse renaissant de Prométhée ; Zeus ne s'y est pas opposé, pour ne pas nuire à la gloire de son fils Héraclès le Thébain ( Théogonie, v . 526-534, qui ne sont généralement plus considérés comme interpolés : 189 M.L. West, Hesiod's Theogony, Oxford 1966, p . 313-315 , puis d'autres désormais, en dépit de quelques résistances : cf. 190 S. Saïd , Sophiste et tyran , ou Le problème du Prométhée Enchaîné, Paris 1985 , p. 226 n. 194). Ainsi se nouent les premiers liens entre le Titanide et le héros. La pitié d'Héraclès est parfois illustrée, même hors d'Athènes , entre le dernier quart du VII s . et le milieu du VIe (Kraus 186 , col. 658-659 ; 191 G. Beckel , Götterbeistand in der Bildüberlieferung griechischer Heldensagen, Waldsassen 1961 , p. 48 ; 192 K. Schefold , Früh griechische Sagenbilder, München 1964, p . 61 , fig. 57 a ; Fittschen 188 , p . 132 , GS 3 et GS 4 ; 193 F. Brommer, Vasenlisten zur griechischen Heldensage, 3e éd ., Marburg 1973, p . 184-186 ; Schefold 164 , p . 52-53; Kossatz -Deissmann 183 , P. 128 et n . 726; Stoessl 188a , p. 36-39, n° 4-10). Mais Hésiode n'avait pas imaginé d'autre destin pour Prométhée ( Théogonie , v . 210 , 550-552 , 514-616 ; Travaux, v . 56 ), que la pitié d'Héraclès laisse enchaîné à sa colonne (Théogonie, v . 615-616) . Du reste, le thème de la pitié n'est tout de même pas des plus fréquents dans l'imagerie archaïque, cesse d'être illustré à partir du milieu du Vies . et semble même tomber dans l'oubli , sans doute pour les raisons de politique religieuse évoquées plus haut et qui visent à exalter les Olympiens (West 189 , p. 313-314 ; 194 id ., dans Hesiode et son influence, coll. « Entretiens sur l'Antiquité classique » 7 , Vandæuvres/Genève 1962, p. 105-106 , et surtout l'excellente mise au point de 195 T.N. Gantz, ZAnt 26, 1976, p. 301-310, notamment p . 303-306, assortie d'un nouvel examen des peu nombreuses images archaïques. En effet, plusieurs études, tant littéraires qu'iconographiques, confondent encore le soulagement de Prométhée par la mise à mort de l'aigle avec sa libération effective qui n'intervient que plus tard , dans le cadre d'une tout autre transaction avec Zeus ). Bien que l'éternité de Prométhée et de son mythe ignore théoriquement toute vicissitude, il est évident qu'à l'époque archaïque les conditions ne sont pas favorables à l'établissement d'un culte officiel, surtout dans une aire consacrée à Athéna et à proximité de l'autel de Zeus ! Dans la Théogonie, v . 535-544 , le Titanide n'est pas encore le dieu porteur des arts et de la civilisation qu'il deviendra dans le Prométhée Enchaîné : il a seulement rompu , à Méconè , l'égalité conviviale qui réunissait, à l'âge d'or, les hommes et les dieux dans un même repas aux parts identiques (cf. par ex . 195a E. Wirschbo , GRBS 23 , 1982, p . 101-110), et suscité la vengeance de Zeus.
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ANNEXE ( y) Origine prométhéenne de la lampadedromie ?
Autre argument souvent avancé en faveur de l'ancienneté du culte de Prométhée, celle de sa lampadedromie, supposée antérieure à toute autre , celle d'Héphaistos comprise ( entre autres 196 J. Jüthner, art. « Aaunadnopopía » , RE XII 1 , 1924 , col. 576-575 ; id. 78 , t. II, p . 135-136 ; Kraus 186 , col . 654-655 ; 197 H. von Geisau , art . « Prometheia » 2, RE XXIII 1 , 1957 , col . 653 ; Deubner 148 , p . 24 et 211-213 ; Brelich 153 , p . 332-337 ; Kirsten 36 , p . 17 ; 198 H. Froning, Dithyrambos und Vasenmalerei in Athen , coll. « Beiträge zur Archäologie » 2, Würzburg 1971 , p . 79 et 81 ; Kossatz -Deissmann 183 , p. 131 ; 199 H.W. Parke, Festivals of the Athenians, London 1977 , p . 45-46 et 171 , etc. ). Rares, semble - t -il, sont ceux qui , contre cette certitude très répandue, ont émis brièvement un doute , comme 200 M. Delcourt ( Héphaistos ou la légende du magicien, Paris 1957 , p . 157 et surtout p. 200 : « En dehors des Panathénées, [ ... ] rien de tout cela ne paraît très ancien » ) et 201 J.K. Davies (JHS 87 , 1967 , p . 36 ) . Cette certitude repose en partie sur une tradition littéraire pourtant tardive : aucun texte connu ne traite des origines de la lampadedromie avant l'époque augustéenne. L'épigramme de Crinagoras (Anth. Pal. VI 100 ), souvent citée comme témoignage sur l'origine prométhéenne et l'ancienneté de la lampade dromie ( ainsi, après d'autres, Jüthner 78 , p. 135 et 136 , n. 308 et 310 ; Brelich 153 , p . 332-333 n . 85 ) , dit seulement que les jeunes gens la courent « en souvenir du feu dérobé par Prométhée » , célèbre donc surtout la victoire d'Antiphanès à la lampadedromie des Prométhéia, établit sans nul doute un rapport entre le feu prométhéen et celui des torches, mais ne donne pas du tout Prométhée comme l'inventeur de la lampadédromie, non plus que celle des Prométhéia comme la plus ancienne . Du moins, l'épigramme peut- elle être un bon exemple des jeux littéraires d'analogie et des glissements qui donnent naissance aux mythologies tardives. Aussi , Hygin (Astronomie II 15 , 2) reste - t - il momentanément le seul à avoir présenté un véritable aition de la course et à l'avoir explicitement reliée à l'aven ture de Prométhée : le Titanide étant parvenu à accéder au feu de Jupiter, « il le réduisit et l'enferma dans une férule ; joyeux au point de paraître voler plutôt que courir, il brandissait la férule pour éviter qu'un dégagement de fumée à l'intérieur de ce tube étroit n'éteignît la lumière. Ainsi, le plus souvent encore , les hommes qui sont des messagers de joie arrivent - ils à toute vitesse . En outre, dans la compétition des jeux , l'usage veut que les coureurs , à la manière de Prométhée , courent en brandissant un flambeau » ( trad. A. Le Boeuffle ). Dans l'épigramme de Crinagoras, le feu était l'objet commun de la lampadédromie et du vol commis par Prométhée. Ici , la férule et la torche, indûment assimilées, sont devenues l'instrument commun au vol du feu et à la course et suscitent un rapprochement trop facile dont le développement ne va pas sans détours ni menues maladresses : les « messagers de la joie » n'ont guère à faire ici , sinon par le double biais de la course rapide et de la joie qui ne sont pas des thèmes prométhéens. Au vrai, courir de joie apparaît dans le cas de Prométhée comme une manifestation trop enfantine, trop pittoresque pour n'être pas suspecte . Du reste, Hésiode se dispense de décrire la phase intermédiaire entre le vol du feu et le moment où il brille parmi les hommes. L'image du voleur s'enfuyant après son
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larcin serait plus évidente, mais n'a non plus ni référence littéraire ni rien de commun avec le transport rituel du feu , la pyrphoria ( ci- dessous ), ni avec la compétition sportive qu'est la lampadédromie. Enfin , s'il est utile , lorsqu'on est immobile, de brandir une torche pour que le feu ne s'étouffe pas, la seule vitesse de la course peut suffire à l'entretenir : aucune image de lampadedromie ne montre de coureur agitant sa torche. Certes Pausanias (I 30, 2) précise que celui dont la torche s'est éteinte avant le terme de la course est éliminé, même s'il arrive le premier: c'est en fait, et justement, qu'il s'agit bien d'une pyrphoria dont l'objet premier et essentiel est d'apporter le feu nouveau sur l'autel qui en est le terme (ci- dessous ). En définitive, plutôt qu'il n'établit une origine, Hygin (ou sa source ) construit une référence , une fausse comparaison fondée sur la nature et le règlement de la lampadédromie ( cf. remarque de M. Delcourt 200, p. 202 ). Veut-on chercher une origine possible à une tradition littéraire courte et décevante ? Trop d'inconnues grèvent le Prométhée Pyrphoros pour que ce troisième élément de la trilogie prométhéenne puisse constituer un jalon ou le point de départ d'une tradition textuelle relative à la lampadédromie. Nombreux sont ceux qui ont soutenu que cette pièce traitait de l'instauration du culte et de la course en l'honneur de Prométhée et qu'elle tenait la troisième place dans la trilogie ( encore récemment Kossatz -Deissmann 183 , p . 131 , 134-135 , 138 et 141; 201a D.J. Conacher, Aeschylus' Prometheus Bound. A literary commen tary, Toronto 1980, p . 98-119 ; 201b A.M. Moreau , Eschyle : la violence et le chaos , Paris 1985 , p. 17 n. 28 – mais l'argument philologique fondé sur pyrphoros n'est pas convaincant ; Stoessl 188a , p. 12-13 et 20-22 ; dans la même optique, 202 R. Unterberger , Der Gefesselte Prometheus des Aischylos : eine Interpretation, Stuttgart 1968 , p. 134-136, suppose que l'action du Pyrphoros se déroulait à l'Académie ; Saïd 190 , p . 22-23, ne se prononce pas sur la place du Pyrphoros ). Mais rien ne le prouve , et le sujet paraît un peu mince pour une tragédie, surtout si la précédente, le Prométhée délivré (Lyomenos) s'achevait déjà sur une promesse de culte (voir ci-dessous). Il est beaucoup plus vraisem blable que cette pièce était la première des trois et avait pour sujet le vol du feu et la faute de Prométhée (cf. ci -dessous ). A propos d'un chous du Peintre d'Altamura (465-460 %), Berlin inv. 1962.33, où se déroule une lampadedromie de silènes minuscules en présence d'un gigantesque Dionysos, 203 A. Greifen hagen (« Ein Satyrspiel des Aischylos ? » , BWPr 118 , 1963, p . 23-25 ) a émis l'hypothèse que le Pyrphoros n'était pas une tragédie, mais le drame satyrique qui suivait la trilogie, et qu'il traitait sur le mode parodique la lampadedromie de Prométhée : ce vase en serait une illustration . De toute façon , cette dernière hypothèse ne vaut que si l'on admet que la trilogie prométhéenne est authen tiquement d'Eschyle et qu'elle a donc été jouée avant qu'Eschyle ne quitte définitivement Athènes en 457a env . (cf. ci -dessous). D'autres ont voulu rappor ter ce vase au Prométhée ( Pyrkaios) joué en 472 avec les Perses (204 H. Lloyd Jones, Gnomon 36 , 1964, p. 520-521 ; 205 E. Zwierlein -Diehl, Gnomon 47 , 1975, p. 69-70 ; pour le sujet de ce drame satyrique, voir ci -dessous) : mais cela paraît impossible, car la parodie de lampadedromie est indubitable (Kossatz Deissmann 183, p. 135 n . 781 ) . En fait, dans la mesure où Dionysos apparaît sur ce vase en tant que Dieu du théâtre , le drame satyrique ainsi illustré pouvait parodier n'importe quelle lampadédromie de l'époque. Le chous de Berlin ne
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ANNEXE
peut donc renseigner ni sur la tradition écrite, ni sur l'histoire des Prométhéia et de leur lampadédromie. En tout cas , lorsque Hérodote (VIII 97 ) cherche une comparaison à l'ache minement du courrier par relais postal chez les Perses, c'est la lampadédromie d'Héphaistos qui lui vient à l'esprit, et non celle de Prométhée : de quoi douter sinon de l'authenticité, du moins de l'ancienneté des sources d'Hygin , d'autant qu'aucun mythe connu n'implique non plus Héphaistos dans l'invention de la lampadédromie. Bien avant Crinagoras et Hygin, des lampadédromies ont été dédiées à bon nombre de dieux, de héros, de princes hellénistiques ( Jüthner 78 , t . II , p . 136 156 passim , nombreux exemples à propos de tel ou tel aspect de l'institution ; 206 R. Patrucco , Lo sport nella Grecia antica, Firenze 1972, p . 124-129 ) dont la personnalité et la mythologie – fût- elle de circonstance - n'évoquent pas le moindre lien ni avec Prométhée, ni avec le feu . Reste enfin le règlement IG I 84 = IG P 82 (207 F. Sokolowski, Lois sacrées des cités grecques, Paris 1969 , nº 13 , p . 26-28 , avec bibl.). Il est relatif à une pentétéris (li. 6 et 30-31 , Panathénées ou Héphaistéia ? ci -dessous III.D.5.b ), aux Héphaistéia et aux Prométhéia (li . 31 , 32 et 35) ; celles - ci sont introduites li. 32 ( restitution pratiquement assurée ) à titre de comparaison à propos des lampadé dromies, ce qui fut souvent donné comme indiquant l'antériorité de la lampadé dromie de Prométhée sur les deux autres, notamment sur celle d'Héphaistos. Mais nous ne savons pas si ce texte très lacunaire concerne l'institution ou la rénovation de l'une ou l'autre ou des trois fêtes; la comparaison peut donc ne pas s'interpréter en termes d'écart chronologique important, mais concerner des dispositions similaires et sensiblement contemporaines. Ainsi , la tradition textuelle relative à l'origine prométhéenne de la lampadé dromie est encore très fragile et paraît récente , relevant sans doute du jeu littéraire plus que du mythe (contra, mais sans argument, Brelich 153 , p . 333 ). Certes, une fois la course instituée en l'honneur de divinités toujours plus nombreuses, il paraît évident qu'Héphaistos et Prométhée devaient en être égale ment honorés, ne serait-ce qu'en tant que divinités du feu. Mais ces rappro chements formels et superficiels dont Crinagoras et Hygin livrent toute la naïveté ne suffisent pas à enraciner la course dans le mythe de Prométhée ni à fonder son ancienneté . Pour autant, il n'est pas question de nier ici l'ancienneté de la lampadédromie : celle des Panathénées est maintenant attestée pour l'époque archaïque (voir ci dessous) et, au lendemain de Marathon , Pan demande qu'il en soit créé une en son honneur (Hérodote VI 105-106 , voir ci-dessous). ( 8 ) Caractères prométhéens de la lampadédromie ? Il faut donc examiner si les caractères de cette institution concordent avec ce que nous savons de Prométhée. - Le feu des autels et des sacrifices n'est pas celui que Zeus donnait gracieu sement aux hommes avant le repas de Mécôné, à l'époque heureuse où il n'y avait pas de sacrifice et où les hommes et les dieux partageaient le même repas à la même table (Hésiode , Théogonie, v . 562-564 ; Travaux , v . 47-50 ; Eschyle,
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Prométhée enchaîné , v . 251-255 ). Il est incontestablement prométhéen : c'est le feu que Prométhée a volé à Zeus le jour où celui-ci, ulcéré par le partage inégal du repas de Mécôné, s'est refusé pour toujours à donner le feu aux hommes (Theogonie, v . 570 ; Travaux , v . 57 ; 208 J.-P. Vernant, « A la table des hommes » , dans M. Detienne et J.-P. Vernant (édit. ), La cuisine du sacrifice en pays grec , Paris 1979 , p. 37-45 et 63-71 ) . Mais justement, si le feu a changé de statut, celui des hommes par rapport au feu s'est également modifié. A l'âge d'or, insouciants , ils cueillaient sur les frênes, au fur et à mesure de leurs besoins, le feu que Zeus leur accordait à la fois généreusement et à son gré ( Théogonie, v . 563-564). Quelque dépit qu'en conçoive Zeus, le feu que Prométhée leur a donné leur est définitivement acquis (Prométhée enchaîné, v . 29 et 109-111 ), à charge pour eux de l'entretenir pour leur usage domestique et pour les sacrifices, aux fins de nourrir tout en flattant les dieux (208a J. Rudhardt, « Les mythes grecs relatifs à l'instauration du sacrifice : les rôles corrélatifs de Prométhée et de son fils Deucalion » , MH 27 , 1970, p. 1-15 ; Vernant 208 , p. 64 et n. 2 ; sur le « sacrifice sans feu >> des Héliades et leur « oubli de Prométhée » dans Pindare, Ol . VII, 41-49, voir 208b A. Bresson , Mythe et contradiction. Analyse de la VIIe Olympique de Pindare , coll . « Annales littéraires de l'Université de Besançon » 230 , Paris 1979 , p . 44-50 ). La lampadedromie ne peut intervenir qu'ici, après le vol du feu , lorsque les hommes en sont désormais détenteurs et seuls responsables: car elle est fondamentalement un transfert du feu , une pyrphoria , d'un foyer allumé à un foyer mort ou souillé , pour que celui-ci s'allume ou se renouvelle au feu du premier. Mise en évidence par 209 N. Wecklein ( Hermes 7 , 1873 , p . 444-447 ), cette notion de pyrphoria a été reconnue comme fondamentale par tous ceux qui ont traité de la question (par ex. Deubner 148 , p . 211 ; Jüthner 78, t. II, p. 142-143 et 146 ; Brelich 153 , p . 326 327 , 330-332 et 335-336 ; 210 W. Burkert, Homo necans. Interpretationen altgriechischer Opferriten und Mythen , Berlin 1972 , p . 175 ; 211 id . , Griechische Religion der archaischen und klassischen Epoche, Stuttgart [ ... ) , 1977 , p . 108-109 ). Le feu des sacrifices reste en dernier ressort d'origine prométhéenne, mais c'est par l'initiative et le mouvement des hommes qu'il brûle sur tous les autels. Prométhée est bien Pyrphoros, Pyrkaios, mais on s'arrête une fois encore à la superficie des mots et des choses si l'on veut assimiler la lampadedromie au vol du feu à sa source et à son passage entre les mains des hommes (contra, Brelich 153 , p. 333) . Le rapt du feu n'a eu lieu qu'une fois pour toutes, la pyrphoria a lieu aussi souvent que nécessaire, et relève de la seule initiative des hommes à qui Prométhée a fait, une fois pour toutes aussi , une entière confiance ; on conçoit alors que la lampadedromie puisse engager tout le corps civique jusque dans ses structures.
- Admettons que le feu du sacrifice soit perçu comme prométhéen en raison de ses origines. La pyrphoria ne l'est pas . Dirons-nous que l'autel de Prométhée est le plus ancien , qu'il a, le premier, reçu le feu prométhéen, porté le premier vrai sacrifice accompli par les hommes et qu'il sert de paradigme implicite au foyer dont part toute lampadedromie ? Hésiode ne laisse rien supposer de tel. Prométhée rend possible la pratique humaine du sacrifice , mais ne fonde pas de culte, encore moins le sien . Il n'agit pas pour lui , mais pour les hommes auxquels il laisse le libre usage du feu sans demander la moindre contrepartie. Les hommes, du reste, ne lui manifestent pas de reconnaissance , et
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n’usent pas du sacrifice en son honneur. Lucien s'en souvient, qui en prête au Titan l'amer constat dans son Prométhée au Caucase, 14. Ce n'est qu'une fois réglé, parmi les dieux, l'autre « contentieux » entre Zeus et Prométhée à propos de Thétis que , des dieux , viendra la promesse d'un culte en l'honneur de Prométhée . - La lampadedromie, course contre le temps pour que le feu ne s'éteigne pas et garde sa pureté, prend assez naturellement la forme d'une compétition sportive, d'un agôn , et notamment à Athènes d'une course de relais qui, de surcroît, met en compétition des équipes ( Jüthner 78 , t. II, p. 144-147 ). Les notions d'agôn, de relais sont étrangères au comportement de Prométhée qui agit seul. - Entre les trois divinités de l'Académie qui sont honorées d'une lampade dromie, les rapports ne sont pas les mêmes. Entre Athéna et Prométhée, ilssont, hors l'Académie, inexistants (notons qu'Athéna a pris une large part à la fabri cation de Pandore : Théogonie, v . 573-580 et 586 ; Travaux , v . 63-64 et 76 ) : ni les textes, ni les images n'établissent avant longtemps (voir ci -dessous) la moindre relation entre eux, tandis que des liens étroits associent très tôt Athéna et Héphaistos (ci-dessous III.D.5.b ). Or la lampadédromie des Panathénées remonte au moins au VIe s . Pareille distance entre Athéna et Prométhée contredit formel lement la conclusion d'A . Brelich (153, p . 336-337 et 338 ) selon qui « la lampa dédromie par excellence, la iepà aaunác sans autre précision , était celle qui transportait le feu premier de l'autel de Prométhée à celui d'Athéna Polias sur l'Acropole , pour allumer la flamme du grand sacrifice pentétérique du renouveau » , et ce , même s'il est rappelé que de surcroît Héphaistos est le feu personnifié (p. 337 ) : comme si Héphaistos apportait une garantie supplémentaire de validité à un raisonnement émaillé de trop d'approximations, de trop d'incon nues , de trop d'arguments e silentio, en dépit de remarques judicieuses. - Tel qu'il nous est connu , le règlement des lampadédromies met en rivalité , par l'intermédiaire d'équipes, les dix tribus athéniennes (après beaucoup d'autres Jüthner 78 , t. II, p . 143-146 , 148-149 , 150-153 ; Brelich 153, p. 324 325) . Il remonterait donc au plus tôt à l'époque de Clisthène. Toutefois, la plaque vi de la frise N. du Parthénon représente quatre porteurs d'hydries ( 212 F. Brommer, Der Parthenonfries, Mainz 1977 , p . 29-30 et 217 , pl. 58 ; 213 S.I. Rotroff, AJA 81 , 1977, p. 380-381 ), ce vase de bronze généralement offert en prix aux vainqueurs des lampadédromies (214 E. Diehl, Die Hydria, Berlin 1964 , p . 195 ; Jüthner 78 , t. II, p . 152 ; Froning 198 , p . 81 ; Clairmont 45 , p . 24-25 et documentation dans les n . 31-36) . 215 E. Simon a proposé d'y reconnaître quatre vainqueurs de la lampadédromie (Festivals of Attica. An archaeological commentary, Univ . of Wisconsin Press 1983 , p . 63-64) . Cette interprétation a toutes chances d'être la bonne : à la suite de 216 E.B. Harrison (dans Parthenon -Kongress Basel, Mainz 1984 , p . 230-234 ), 217 L. Beschi vient de montrer, dans le cadre d'une exégèse décisive , que toute la frise N. est construite sur le chiffre 4 et fonde sa composition sur la division préclisthénienne du corps civique athénien (RAL 39 , 1984 , p . 176 ; en grec dans les Actes du colloque Archaische und klassische griechische Plastik, t . II , Mainz 1986 , p. 210-212, fig. 5) . Le conservatisme des Panathénées nous assure ainsi que leur lampadédromie est antérieure à Clisthène et peut remonter à 566 / 5*, date de
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l'instauration ou d'une nouvelle réglementation des concours de cette fête ( voir ci-dessous ). Ce pourrait être aussi l'indice que la lampadedromie des Panathénées était antérieure à d'autres, sinon à toutes les autres, un indice mais non une preuve : d'autres lampadedromies anciennes ont pu voir leur règlement remanié à l'épo que de Clisthène. En tout cas , dans la seconde moitié du Viºs . et peut-être même avant, le règlement de la lampadedromie est étroitement lié à l'organisation et au fonc tionnement du corps civique, et il le restera. Mais alors , on conçoit mal que les aménagements successifs d'une course supposée « prométhéenne » , et par ailleurs si tôt et si fortement « étatique » , puissent intervenir dans une période où l'imagerie et les textes abandonnent Prométhée à sa déchéance puis à l'oubli. - Les lampadédromies se sont multipliées dans le monde grec et nous igno rons le plus souvent la date de leur création : celle de Pan exceptée (voir ci dessous ), elles sont toujours attestées par des inscriptions et des textes bien postérieurs à la fondation des fêtes dont elles sont l'un des rites. Il n'est donc pas assuré que la signification de la fête révèle toujours celle de la course . Toutefois, Athènes semble avoir connu les lampadédromies les plus anciennes et les plus nombreuses. Excluons momentanément de l'enquête, d'abord et par méthode , les Prométhéia qui font l'objet de cette recherche et dont la lampadédromie aurait été plus que le modèle formel, la référence sémantique de toutes les autres, ce qui, jusqu'à présent, ne paraît pas prouvé; puis les Héphaistéia, sur lesquelles nous ne savons guère plus que sur les Prométhéia et qui feront l'objet de l'enquête suivante (ci-dessous III.D.5.b ) ; enfin les Anthestéries, dont il n'est plus du tout assuré qu'elles aient comporté une course de ce genre (218 A. Rumpf, BonnerJb 161 , 1961 , p. 208-212 ; Greifenhagen 203 , p . 11 et n . 32-34). Restent les Théséia, les Épitaphia, les Aiantéia, les Panathénées bien entendu , la fête de Pan et les Herméia . Les Théséia ont été créés dès ou peu après 475 * , date à laquelle Cimon rapporta de Skyros les ossements de Thésée et les fit ensevelir dans un hérôon pro semble -t - il, de l’Agora. Ce culte officiel de la cité a vraisemblablement pris le relais d'un ancien culte du roi-héros organisateur du synæcisme, culte assuré par le génos des Phytalides (Deubner 148 , p . 224-226 ; Travlos 15 , p. 234-236, fig . 303 ; Thompson et Wycherley 89 , p. 124-126 ; Parke 199 , p . 81-82 ; Clairmont 45 , p . 27). Les Aiantéia ont connu, après 480 ", un regain de succès et d'ampleur, les héros Ajax et Télamon ayant accordé leur aide aux Athéniens victorieux à Salamine (Deubner 148, p . 228 ; 219 U. Kron, Die zehn attischen Phylenheroen, coll. « MDAI (A ) , Beihefte » 5 , Berlin 1976 , p . 172 173 ; 220 W.K. Pritchett, The Greek State at War, t. III, Univ . of Calif. Press 1979 , p . 175-178 ; Clairmont 45 , p . 23 ). L'Epitaphios agôn , comme le Patrios nomos, semble avoir été fondé aux environs de 4704, sans doute au terme d'un long « processus où la fondation des grands cultes héroïques aux morts des guerres médiques joua le rôle décisif d'un précédent» (221 N. Loraux, L'inven tion d'Athènes, Paris 1981 , p . 28-31 ; cf. Clairmont 45 , p . 2-3 , 7-15 et 22-28 ; voir ci -dessous III.D.7 ). Il s'agit donc de trois cultes héroïco -funéraires célébrés par la cité tout entière et requérant la participation de tous les éphèbes et de tous les citoyens. Théséia et Épitaphia paraissent du reste étroitement liés et se sont
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peut-être succédé sans grand intervalle de temps dans le calendrier athénien ( sur d'autres lampadedromies dans le cadre de cultes héroïques du monde grec, 222 W.R. Biers et D.J. Geagan, Hesperia 39, 1970, p . 91-92 ). Avant que ces fêtes spécifiques ne fussent créées ou réanimées dans le climat politique très particulier de la reconstruction d'Athènes au lendemain des guer res médiques, sous l'influence directe ( Théséia ) ou très probable ( Épitaphia ) de Cimon - dont nous retrouvons ici la personnalité ( ci-dessus III.C.2.a) - la vieille tradition des jeux funèbres en l'honneur des héros avait été en très grande partie assumée et portée au rang de culte officiel de la cité par les Panathénées. Fondées par Erichthonios, puis par Thésée, en quelque sorte refondées (Grandes Panathénées) ou amplifiées par Pisistrate, elles ont été réorganisées sous l'archontat d'Hippo cléidès en l'année 566 /5a qui date l'instauration des jeux gymniques, ou leur réglementation dans le cadre de la fête ( présentation très claire des problèmes historiques par Brelich 153, p. 315-321 et p . 340-343; sur la personnalité et le rôle probablement important d'Hippo cléidès, Parke 199, p. 37). Les travaux décisifs de H.A. Thompson ont remarquablement mis en valeur cet héritage héroïco -funéraire et le cadre topographique et institutionnel dans lequel il a été en partie recueilli et officialisé par les Panathénées ( Thompson 68, col. 224-231 ; 223 id. , EEAth 14, 1963-1964, p. 267-284 ; Thompson 89, p. 119-121 et 193-194 ; 224 id. , dans Athens comes from age. From Solon to Salamis, Princeton 1978 , p. 96-108 ; cf. aussi Siewert 50 , p. 42 ; 225 F. Kolb , Agora und Theater, Volks- und Festsammlung, Berlin 1981 , p. 5-8 et 20-25 ; Clairmont 45 , p. 22 n. 8). La lampadédromie fait -elle partie de cet héritage ? Sur le fond, il est délicat de se prononcer. Deux études récentes ont mis en parallèle le feu funéraire et le feu sacrificiel, avec des conclusions opposées: alors que W. Burkert (210 , p. 66-75) dégageait une « identité de structure et de fonction » , J.-P. Vernant (208 , p. 65-68) les reconnaît « homologues», mais procédant à l'inverse l'un de l'autre, car « leurs finalités sont différentes ». En tout état de cause, il importerait ici de savoir si une authentique pyrphoria précédait les incinérations. (Sur le caractère « rapporté » de la lampadedromie dans le programme de l'Epitaphios agôn, voir ci-dessous.) La lampadédromie des Panathénées peut aussi avoir fait partie, dès l'origine, du propre culte d'Athéna. Le caractère agonistique de cette fête était perçu comme très ancien , puisque Erichthonios, puis Thésée l'auraient fondée comme agôn (scholie à Platon, Parménide 127 a , p. 48 G.C. Greene (Haverford 1938) , avec note sur les sources lexicographiques de même teneur ; cf. l'invention des concours hippiques et de la course de chars par Erichthonios: Marbre de Paros, Jacoby 79 , FGrHist 239 A 10 ; 226 P.E. Corbett, JHS 80, 1960 , p . 57-58 ; 227 J.A. Davison, JHS 82, 1962, p. 142 ; Brelich 153, p . 319, 342-343 et 347). De surcroît, les textes anciens inscrivent la fondation des Panathénées par Thésée dans le contexte du synæcisme (schol. sur le Parménide 127 a ; Photios, Lexicon , s.v. « Mavaońvaia » ; Souda, s.v. « Mavaońvaia »). Très tôt, sinon même dès l'origine, la pyrphoria d'Athéna a donc pu prendre la forme d'une compétition et représenter de manière éclatante le corps civique élargiet rassemblé par Thésée . Rappelons ici que le gymnase de l'Académie était considéré comme l'un des plus anciens d'Athènes, peut-être antérieur à Solon (ci-dessus III.C.1.a ). Une scholie au v. 1087 des Grenouilles nous apprend aussi que l'Académie était un ou le gymnase où l'on s'entraînait à la lampadédromie ( p. 305 Dübner ; J. Tzetzès, p. 1022 Koster). Quoi qu'il en soit , les concours et notamment la lampadedromie des Panathénées constituent certainement le modèle principal de ceux des Théséia, des Aiantéia et de l'Epitaphios agôn. Et l'on observe, le cas des Héphaistéia momentanément réservé, que la fondation d'une lampadedromie ne relève nullement d'une manifestation plus ou moins spontanée de piété dont la nature et la forme auraient un lien avec la personnalité des divinités, mais d'un acte politique autant que religieux qui se réfère directement à la fondation , au développement, à l'histoire et à la constitution de la cité . Dans cette sphère politique , il n'est pas étonnant que tant de héros soient honorés d'une lampadé
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dromie ; mais dans cette même sphère, le statut de héros n'est naturellement pas indispensable à l'obtention d'une lampadedromie : Pan le comprend vite, qui en réclame une en compensation des services qu'il a rendus à Marathon (Hérodote VI 105-106 ; cf. Pausanias I 28 , 4 et VIII 54 , 6 ; la Souda , s.v. « ' Inniac » , I 545 , t . II , p . 660 Adler; Anecdota Graeca , s.v. « Tuuvaoiapxoi » , p . 228 Bekker ; Photios, Lexicon , s.v. « Aaunác »>; scholie de Patmos à Démosthène, Contre Euboulidès 43 , publiée par M. Sakellion , BCH 1 , 1877 , p . 11 ) : elle se déroulait en plein cæur politique de la cité , près des grottes du sanctuaire rupestre de Pan au flanc N. de l'Acropole, tout près de la voie des Panathénées qu'elle empruntait peut - être ( Travlos 15 , fig. 91 , p. 70-71 et p . 417-421 , fig. 536-539 ; Parke 199 , p. 172-173) . Elle a inspiré bien vite , quoique modeste ment, les peintres de vases (228 E. Simon , « Ein nordattischer Pan » , AK 19 , 1976 , p . 19-23 , pl . 4-5 ) . Nous ne savons malheureusement pas à quand remonte et où se célébrait la lampadédromie d'Hermès ( IG II 2980) ; peut-être faisait- elle partie des Hermaia célébrés dans les palestres (Deubner 148 , p. 27 ; sur les lampadedromies courues dans les gymnases, entraînement ou compétitions, Froning 198 , p. 78 avec bibl. ). L'Hermès des gymnases où se forment les éphèbes et où les équipes s'entraînent sous la direction du gymnasiarque et du lampadarque ( Jüthner 78, t. II, p. 146-147 et 149-150, n . 335 et 344) se situe, plus que bien d'autres dieux, à l'interface du monde religieux et de l'institution civique athénienne. Notons au passage, en pensant aux propos d'Hygin analysés plus haut, qu'Hermès, qui, certes, ne vole pas le feu mais le fabrique (Hymne homérique à Hermès, v. 108-111 ), qui ne le conserve pas ni ne le transporte ( ibid ., v. 140), mais qui joue volontiers les messagers divins, paraît n'avoir jamais été crédité du moindre rôle dans l'invention de la lampadédromie. Ainsi , l'ancienneté du culte officiel de Prométhée n'est établie ni par les textes, ni par les images, ni par le plus connu de ses rites, la lampadedromie. Celle -ci n'est prométhéenne ni dans ses origines les plus lointaines, ni dans sa nature, ni dans sa fonction , ni dans les formes extérieures de son déroulement. C'est toutefois une institution ancienne. Sa signification religieuse fort simple rendrait sa diffusion théoriquement très facile. Mais elle détient sa forme de ses implications civiques, qui sont elles-mêmes d'origine politique et qui , de facto , restreignent, réservent d'abord le rite aux cultes politiques de la cité. ( 6 ) Institution du culte de Prométhée au Ve s. av. J.-C. C'est par cet itinéraire politique, me semble-t- il, que passe à son tour, et relativement tard , l'institution du culte officiel et de la lampadédromie de Prométhée. - En effet, dès après les guerres médiques, un état d'esprit différent autorise les Titans à être un jour pardonnés de leurs fautes (Pindare, Pythiques IV , v . 516-517) . L'idée fait inégalement son chemin : dans les années 460-4409, Phérécyde ne traite pas encore de la libération de Prométhée ; Héraclès se contente de tuer l'aigle, en échange de quoi Prométhée lui indique le chemin des Hespérides (Jacoby 79, FGrHist 3 F 7 et 17 ; voir Gantz 195 , p. 307 ; 229 M.L. West, JHS 99 , 1979 , p. 145-146 ; Stoessl 188a, p . 34-35 et 40-41). Mais dès 472a, le drame satyrique d’Eschyle, Prométhée ( Pyrkaios ), joué en même temps que les Perses, et qui met en scène Prométhée initiant les satyres au maniement joyeux et dangereux du feu , annonce au moins son retour en grâce (230 A. Lesky, Die tragische Dichtung der Hellenen, 3e éd . , Göttingen 1972, p. 80-87 ). Dans les mêmes années , sur le médaillon d'une coupe de Douris
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(Paris, Cabinet des Médailles, inv. 542 ), Prométhée debout, couronné, le sceptre dans la main droite, se tient devant Héra assise sur un trône : elle l'accueille dans l'Olympe en lui tendant une libation . La paroi extérieure de la coupe représente le retour d'Héphaistos dans l'Olympe. Devant Héra , c'est Héphaistos que l'on attendrait. L'image dit assez que Prométhée est déjà l'équivalent, le double d'Héphaistos, et que son retour ou sa présence parmi les Olympiens ne sont plus impossibles (231 K. Schefold , Die Göttersage in der klassischen und helle nistischen Kunst, München 1981 , p . 88 , fig. 111) : or nous sommes dans la dizaine ou quinzaine d'années qui , après Marathon , a déjà vu la rénovation des Aiantéia et la création des Théséia, du Patrios Nomos et de l'Epitaphios Agôn, et de la fête de Pan . Pandore elle-même revient au répertoire littéraire dans le drame satyrique de Sophocle, Pandore ou les Sphyrokopoi, et fait son entrée dans l'imagerie ( Schefold 231 , p . 72-75 ; 232 E. Simon, « Satyr-plays on vases in the time of Aeschylus », dans D. Kurtz et B. Sparkes (édit. ), The Eye of the Greece, Cambridge 1982, p . 145-146 , pl. 38 b et 39). Protagoras séjourne à Athènes aux environs de 450“, puis de 433º. La version du mythe de Prométhée que lui attribue Platon (Protagoras 320 c - 321 d) paraît dans ses gandes lignes fidèle à l'enseignement du sophiste d'Abdère (West 229, p . 147 ; Saïd 190 , p . 138-141 ) : si , au fond, Prométhée y est réduit à un rôle « symbolique » , à un rôle de « médiateur » (190 , p. 146-149), il est définiti vement associé à l'idée de civilisation et de progrès d'où toute culpabilité est désormais absente (voir par ex . 232a J.-P. Vernant, Mythe et pensée chez les Grecs, t . II, Paris 1974 , p . 5-15 ; 232b L. Brisson , « Le mythe de Protagoras », QUCC 20 , 1975 , p. 11 et 17-19 ; Bresson 208b , p . 50-54 ) . Telles sont les modifications essentielles et considérables du mythe de Promé thée au sein d'une vaste réflexion , sinon même d'une révolution philosophique, qui anime tout le ve s . av . J.-C. , et singulièrement les années 480-430 ( 190 , p . 112-129 ) . C'est dans ce contexte que sont composés et joués , avant 456/5 s'ils sont d'Eschyle, peut-être seulement aux environs de 440 s'ils sont d'un autre poète tragique (232a M. Griffith , The authenticity of “Prometheus Bound" , Cambridge 1977, p . 9-13 , 252-253 et index , p. 388 s.v. “ Prometheus Bound, date " ; 232b id. [édit . ) , Aeschylus, Prometheus Bound, Cambridge 1983 , p . 33 ; West 229 , p. 146-148 ) , le Prométhée enchaîné (Desmotès) et le Prométhée délivré (Lyoménos), connu par plusieurs fragments et sources indirectes, que complétait vraisemblablement en une trilogie le Prométhée Porte - Feu (Pyr phoros ). Notons seulement que M. Griffith n'a pas persuadé tous les spécialistes, dont la plupart restent convaincus de l'authenticité du Prométhée enchaîné (Desmotès) (par ex . Conacher 201а , p . 21 et 141-174 ; Saïd 190 , avec , p. 27 80, une réfutation magistrale des arguments de Griffith et, passim , un plaidoyer convaincant pour Eschyle ; Moreau 2016 , p . 16 n . 28 ; 232c E. Flintoff, Mnemosyne 39, 1986, p . 82-93 ; 232d B. Deforge, Eschyle, poète cosmique, Paris 1986, p . 21 n. 25 et p . 69 ; Stoessl 188a , p . 11-13 et 19) . Par ailleurs, la majorité des savants estime que le Pyrphoros concluait la trilogie ( résumé du débat et bibliographie par Saïd 190, p . 22-23). Néanmoins, il apparaît depuis longtemps que la solution la plus simple et la plus vraisemblable place en tête de la trilogie le Pyrphoros, porteur de feu car voleur de feu , donc coupable (par ex .
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233 K. Kerenyi, Prometheus, das griechische Mythologem von der menschli chen Existenz, Zürich 1946 , p. 43-47 ; Griffith 232a , p. 13-16 et 252 ; Griffith 232b , p . 282-285 ; reconstitution argumentée de la trilogie dans cet ordre et de la première pièce par West 229 , p. 131-135 ; Deforge 2320 , p. 71-76 ). La trilogie parcourt alors non seulement le mythe, mais l'histoire du mythe, avec pour perspective radicalement nouvelle la libération de Prométhée désormais restitué dans toutes ses prérogatives divines (Kerenyi 233, p. 66-78 ; Gantz 195, p . 301 et 307-308 ; Kossatz -Deissmann 183, p . 132-133 ; West 229, p . 140 146 ) . Trois thèmes de la trilogie et du dénouement probable du Lyomenos retien dront ici l'attention . Tout d'abord, dans une ère nouvelle qui voit le pardon des Olympiens - à l'avantage de Zeus désormais informé du danger qu'il y aurait à épouser Thétis – et la réhabilitation du Titan , Athènes est le lieu privilégié de cette réorganisation du monde . Si Zeus donne à Prométhée un anneau de pierre et de fer en souvenir de son enchaînement au Caucase (Hygin, Astronomie II 15 , 4 ; Pline, N.H. XXXVII 2 , cf. XXXIII 8 ; voir West 229 , n . 84 , et Kossatz - Deissmann 183 , n . 802 ), il revient à Athéna de couronner le fils de Japet . A défaut du texte authentique, nous l'apprenons par les auteurs anciens qui ont volontiers glosé sur le matériau et la signification de la couronne, comme d'ailleurs de l'anneau (Kerenyi 233, p. 77-78 ; West 229 , p. 144 n . 84 ; surtout 234 A. Brelich , « La corona di Prometheus» , dans Hommage à Marie Delcourt, coll. « Latomus » 114 , Bruxelles 1970, p . 234-242 ). Mais cet épisode final du Lyomenos est aussi illustré par un cratère apulien du troisième quart du IVe s . , Berlin Inv. 1969, 9 (Kossatz -Deissmann 183, p . 136-141 avec bibl. antérieure , pl . 26, 1-27, 1 ) : au registre supérieur, Prométhée, encore prisonnier du Caucase , est flanqué d'Héraclès à gauche et de Thémis, sa mère, à droite ; Apollon, assis à l'extrême droite , intervenait dans la pièce au moment de la mise à mort de l'aigle ; assise symétriquement à l'extrême gauche, Athéna tend une couronne d'olivier à Prométhée. Au registre inférieur, Perséphone, une Érinye, l'aigle abattu et Dikè ( ou Déméter) représentent le monde souterrain des morts. De cette assemblée , Zeus est absent, Zeus qui ne paraissait pas dans la pièce, Zeus dont on ne pouvait solliciter une initiative mais dont l'intérêt était en jeu et qui ne pouvait refuser son consentement final, Zeus dont le poète tragique s'est efforcé de ménager la susceptibilité et la lointaine majesté (Gantz 195, p. 307-308 ; West 229 , p . 143) . Mais l'alternance savante de dieux et de déesses et la fausse symétrie isolent à gauche le groupe d'Athéna et d'Héraclès tournés vers Prométhée ; Héraclès est le libérateur de Prométhée ; Athéna, avec Apollon , représente les Olympiens et leur pardon , Zeus et son consentement à la libération de Prométhée ; Athéna repré sente surtout Athènes et elle -même, déesse poliade agissant en toute souveraineté dans et pour sa cité. L'imagerie athénienne associe fréquemment Athéna et Héraclès, soit qu'Athéna prête assistance au héros, soit qu'elle ménage son accueil dans l'Olympe. Le groupe du vase de Berlin, où Héraclès se tient au côté d'Athéna pour célébrer Prométhée et sa libération , rappelle invinciblement la présence déjà ancienne d'Héraclés dans le sanctuaire de l'Académie ( ci -dessus, III.D.3 ) .
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En effet, complémentaire de la libération et du couronnement de Prométhée, son accueil dans la cité est assuré par les divinités poliades, Poseidon à Colone (Sophocle, Edipe à Colone, v . 55 ) et Athéna à l'Académie . Ici encore , Colone et l'Académie ne sont pas assimilables : à Colone, où règnent non seulement Poseidon (Hippios) mais aussi Athéna (Hippia) , et où l'on travaille les métaux , l'accueil de Prométhée relève presque du seul bon sens politique. La mani festation de cette hospitalité est à la fois plus éclatante et plus « purement religieuse » à l'Académie où Zeus possède un autel et où, mieux encore, Prométhée possédera désormais le sien, dans le téménos d'Athéna, donc à proximité de l'autel d'Héraclès : à l'Académie , Athènes réalise dans l'espace et matérialise dans les monuments le dénouement du Lyomenos ; à l'Académie , comme dans le Lyomenos, Athènes retrouve et sublime le vieux thème littéraire et iconographique de la pitié d'Héraclès qui désormais s'accomplit par la libération de Prométhée, que celle -ci soit matériellement effectuée par Héraclès ou par Héphaistos (voir ci -dessous). A l'Académie, Athéna fait pour Prométhée ce qu'elle fait à l'Aréopage pour les Érinyes ( Eschyle, Euménides, v . 804-807 ) : à l'un comme aux autres elle rend l'honneur, le droit d'avoir des autels et d'y recevoir les honneurs et les sacrifices que leur feront les Athéniens (Saïd 190, p . 334-335 et 340 ). Ce rôle déterminant d'Athéna est perceptible dans l'iconographie et la littérature (Kraus 186, col. 692) ultérieures plus que dans les rares fragments conservés de la trilogie : à partir du dernier tiers du ve s . , Athéna se tient auprès de Prométhée ; elle est rarement absente des représentations de sa libération (Kossatz -Deissmann 183 , p. 135-136 ; Schefold 231 , p . 89-91 , fig. 113 ) . La valeur de ses bienfaits peut même avoir été exaltée par l'aggravation du « méfait » de Prométhée : alors qu'il n'y a, dans la Théogonie, aucun conflit direct entre Prométhée et Athéna ( voir ci -dessus ) , Protagoras (ou Platon ) affirme que Prométhée a volé non seulement les arts du feu qui appartiennent à Héphaistos (voir Desmotès , v . 7-9 et 37-38 ) , mais aussi les autres arts qui appartiennent à Athéna, en s'introduisant dans leur officine commune (Protagoras 321 d et e ) . Certes, le procédé fait de Prométhée le détenteur et l'initiateur de tous les arts, mais il indique bien aussi que sa réhabilitation officielle n'allait pas de soi et qu'il fallait un nouveau discours pour résoudre d'évidentes contradictions et vaincre peut-être certaines résistances. Nous retrouverons un procédé analogue à propos d'Héphaistos lui-même ( ci -dessous). Sans doute n'a-t-on pas non plus remarqué que l'Académie -sanctuaire d'Athéna est peut- être le seul lieu qui rassemble explicitement Héraclès, Héphaistos et Prométhée. Ils ont en commun d'avoir connu des périodes d'épreuves ou de disgrâces – Héphaistos et Prométhée par le fait de Zeus -, puis d'avoir pris ou repris leur place parmi les dieux sous l'égide d'Athéna. Retour parmi les dieux, entrée dans la cité : c'est aux marges de la cité, à Colone mais surtout à l'Académie, que Prométhée et Héphaistos prennent le départ de leur entrée triomphale dans la cité, dont la lampadedromie était sans doute l'un des symboles . Athéna Polias fait d'Athènes le miroir du monde divin et le centre de l'Univers, Athènes où les dieux se réconcilient et où se réparent les désordres cosmiques. En la circonstance , l'Académie apparaît une fois de plus comme un microcosme privilégié où les symboles croissent, se multiplient, nouent leurs
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réseaux et expriment les mêmes intentions politiques qu'à l'Acropole et à l'Agora. Notre attention est ainsi attirée sur un deuxième thème de la trilogie et de son dénouement, tout aussi important à notre propos, le rôle d'Héphaistos. Qu'il soit ou non déjà installé à l'Académie ( ci-dessous II.D.5.b ), il l'est en tout cas dans la légende dorée d'Athènes et d'Athéna. Les liens anciens et étroits qu'il entretient avec la déesse , tout autant que ses motifs de brouille avec Prométhée, imposent que la réhabilitation de celui-ci s'accompagne d'une éclatante réconciliation avec Héphaistos. Cette réconciliation est indispensable pour qu'Athéna puisse accueil lir Prométhée sans « trahir » la cause d'Héphaistos, qui est aussi un peu la sienne. Le ve s. conserve et s'applique à amplifier le contentieux dont Hesiode avait déjà réuni les éléments. Zeus, dans sa vengeance, a utilisé contre les hommes les talents d'Héphaistos pour fabriquer Pandore ( Théogonie , v . 571-584 ; Travaux, v . 60-63 et 70-71 ) . A quoi le poète tragique d'ajouter en soulignant que Zeus n'a pas été le seul lésé , puisque le feu dont Prométhée s'est emparé n'était pas seulement la propriété de Zeus, mais la « parure » et l ' « apanage » d'Héphaistos (Prométhée enchaîné, v . 7-8 et 37-38 ) . Satisfait de connaître enfin le secret relatif à Thétis, Zeus consent à la libération de Prométhée, mais on ne voit pas que cette libération puisse faire l'affaire d'Héphaistos. En fait, nous ne savons pas qui , d'Héraclès ou d'Héphaistos , libérait Prométhée. Certains spécialistes envisagent une version qui laisserait Héraclès accomplir cette libération comme une suite naturelle et logique de la mise à mort de l'aigle dont on sait qu'elle faisait partie du Lyomenos ( par ex. , après d'autres, Unterberger 202, p. 137 ; West 229, p. 143). Je note du reste qu'Héphaistos n'apparaît pas sur le cratère de Berlin ; or son absence est à cet égard plus significative que celle de Zeus, facilement explicable (voir ci -dessus). D'autres, plus nombreux, mettraient volontiers Héphaistos à contribution (par ex. 235 W. Schmid, Untersuchungen zum Gefesselten Prometheus, Stuttgart 1929, p. 100 ; Kossatz -Deissmann 183, p. 133 et bibl. n. 770). De fait, au terme du Dialogue entre Zeus et Prométhée de Lucien , Zeus ordonne à Héphaistos de libérer Prométhée une fois que celui-ci a consenti à livrer le secret relatif à Thétis. Mais il est improbable que pareille conversation ait eu lieu dans le Lyomenos dont l'action fait intervenir entre le roi des dieux et le Titan de nombreux intermédiaires, Hermès, Apollon et Héraclès lui-même (cf. West 229 , p. 140-146 ). En revanche, dès le début du Desmotès, le poète tragique s'emploie à créer les conditions d'une réconciliation (236 F. Solmsen, Hesiod und Aeschylus, New York 1949-1972, p. 124 n. 4 et p. 134 ; Delcourt 200 , p . 10, 71-72, 156-157 et 166) : au contentieux hésiodique où la responsabilité d'Héphaistos n'était pas engagée, il ajoute un beau sujet pathétique de brouille : sur ordre de Zeus, Héphaistos enchaîne son « frère » Prométhée au Caucase ( v. 1-87). Cratos et Bia ne cessent de le harceler pour qu'il achève, vite et bien, une tâche qu'il remplit à contre cœur : à chacune de leurs injonctions, Héphaistos manifeste sa sympathie, sa compassion pour Prométhée. Certes, il ne peut aller jusqu'à se dérober aux ordres de Zeus ( v. 17 ). Mais, tout en aggravant le contentieux, le poète tragique a créé les conditions psychologiques d'une réconciliation qui doit nécessairement intervenir au dénouement du Lyomenos, sans que la présence d'Héphaistos y soit absolument indispensable : il est désormais certain qu'avec le consentement de Zeus Héphaistos défera bien volontiers son ouvrage ; et si jamais ce rôle est dévolu à Héraclès, Héphaistos n'en prendra pas ombrage.
Sans devoir nécessairement admettre , avec A. Kossatz - Deissmann , que le Pyrphoros suivait le Lyomenos et traitait du culte de Prométhée , on retiendra ici sa judicieuse remarque (183 , p . 133 ) : dans l'hypothèse où Héphaistos libérait
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Prométhée de ses liens, il prenait part de facto à l'institution du culte du Titan par les dieux . J'ajoute que leur association sur la même base -autel prendrait alors une dimension supplémentaire dont la portée dépasserait la similitude des cultes de deux divinités similaires : Héphaistos aurait, lui aussi, accueilli Prométhée à l'Académie et nous aurions alors un indice assez sûr que le culte d'Héphaistos précédait celui de Prométhée à l'Académie. Hélas, le dénouement du Lyomenos a disparu et le cratère apulien de Berlin ne montre pas Héphaistos. Quoi qu'il en ait été , le Lyomenos s'achevait de toute manière sur l'instau ration du culte de Prométhée, le troisième thème qui importe à notre propos. Le couronnement suffit à nous informer du fait, et la perte du texte nous prive surtout de documents précieux sur la nature et les rites du culte dont seule la lampadedromie nous est connue (voir ci-dessous). Cette conclusion pouvait ou bien commenter une actualité plus ou moins récente , ou un avenir assez proche pour être prévisible , ou bien raconter une belle histoire du passé. Mais faut-il croire que la trilogie, après avoir rassemblé autour de Prométhée tant d'autres personnages-symboles de la destinée humaine et divine, de Zeus à lô en passant par Héraclès et Chiron , après avoir redéfini leurs destins, après avoir parcouru, comme nous l'avons dit, non seulement le mythe mais l'histoire du mythe et lui avoir donné une nouvelle issue, faisait en même temps mémoire de la libération de Prométhée et de l'institution de son culte ? Ce serait contradictoire. ( Il est surprenant qu'après avoir solidement étayé sa reconstitution de la trilogie et du Lyomenos , M.L. West 229 , p . 148 , s'en tienne à l'ancienneté du culte et de l'autel de Prométhée, et ne voie de nouveauté possible que la création éventuelle de la lampadedromie des Prométhéia , à supposer qu'il ne s'agisse pas tout sim plement du rajeunissement ou d'un nouveau règlement d'une antique institution ). Après la phase archaïque, uniforme et cohérente , d'expression littéraire et imagée du mythe, suivie de quelque quatre - vingts ans d'oubli, l'importance de la réflexion philosophique sur les thèmes prométhéens, l'intense création littéraire et, il faut bien le dire , l'énorme mise en scène qui , au Ve s., président au retour en grâce du Titanide laissent plutôt conclure que son culte n'avait pas de base ancienne, sinon et tout au plus « corporative » et populaire parmi les détenteurs des arts du feu, métallurgistes et potiers, - en tout cas pas de justification répandue ni d'expression officielle avant le deuxième quart du Ve s . au plus tôt. Trop rapidement formulée par T.N. Gantz ( 195 , p . 310), cette conclusion me paraît à son tour confortée par la fragilité de la tradition littéraire relative aux origines prométhéennes de la lampadedromie, par les caractéristiques de cette course , ainsi que les conditions dans lesquelles elle est ordinairement instituée au VI s . et dans la première moitié du Ve. L'hypothèse même d'un culte très ancien , d'origine et d'expression « corpo ratives » et populaires, paraît chanceler au terme de cette analyse. Forgeron chez Homère , modeleur d'argile et orfèvre chez Hésiode, pratiquant presque exclu sivement les arts des métaux à partir du ve s . (Delcourt 200, p. 27-31, 48-64 , 71 72, 154-170 passim ; 237 F. Brommer, Hephaistos. Der Schmiedegott in der antiken Kunst, Mainz 1978 , p . 4-9) , Héphaistos a toutes chances d'être depuis longtemps vénéré au moins par les forgerons. Mais celui qui , pour tous les hommes et pour tous les dieux , a inventé le sacrifice par excellence , le modèle de tous les sacrifices, en deux étapes complémentaires, le partage inégal de Mécôné
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et le rapt du feu, celui qui n'a pas quitté ce rôle exclusif jusqu'au Ve s . , à quelle corporation serait- il plus spécifiquement lié ? S. Saïd a bien montré que le savoir hésiodique de Prométhée « reste complètement étranger aux arts et s'oriente uniquement du côté de la ruse , du leurre, de la tromperie, de la dissimulation et du vol » . Le discours sur les techniques et les arts commence peut- être avec Protagoras d'Abdère , avec le Prométhée enchaîné sûrement (190 , p. 115-154 ), après 480 notons- le , en pleine phase « historique » de reconstruction des cités grecques et surtout d'Athènes. Et les arts relevant du feu prométhéen deviennent soudain si variés qu'il faudra que Prométhée lui-même se spécialise (voir ci dessous) ! - L'inexistence de tout culte , au moins reconnu , de Prométhée avant le milieu du ve s . se manifeste aussi dans l'imagerie prométhéenne. Pratiquement absente du milieu du VIe s. à celui du Ve, elle resurgit à partir de 440 * environ avec un répertoire tout différent, qui ignore semble - t - il la punition et même la libération de Prométhée, mais le montre à l'æuvre dans le nouveau rôle que lui prêtent les philosophes et les poètes. Détenteur du feu et Maître des arts du feu, Prométhée apparaît sur toute une série de vases, portant une torche et environné de silènes porteurs de torches à qui il en apprend le maniement, ou qui dansent autour de lui (238 J.D. Beazley, AJA 43 , 1939, p. 618-639 ; 239 id. , AJA 44 , 1940 , p . 212 ; 240 F. Brommer, Satyrspiele, 2e éd ., Berlin 1959, p . 48-49 et 83 ; 241 id ., AK , 7. Beih ., 1970, p. 58-59 , pl . 29, 4 ; Schefold 231 , p. 88-89, fig. 112). Reprise du Prométhée (Pyrkaios) de 472° à l'occasion de la première mise en scène de la trilogie ou influence d'un autre drame satyrique sur le même sujet et peut-être complémentaire de la trilogie ( ce qui n'oblige pas à croire que le Pyrphoros ait été ce second drame satyrique, comme le proposait Greifenhagen 203 , p . 23-27 ) ? - Autre signe du développement du culte à partir du ve s .: ce n'est qu'à partir de ce moment que la mythologie de Prométhée s'étoffe, assez artificiel lement, et non sans tirer parfois vers l'hagiographie. « Tout donne à penser que, dans une matière légendaire très abondante et pleine de contradictions, Eschyle a dégagé de quoi styliser la figure du Titan . Il en a d'emblée précisé le sens en établissant des rapports nombreux entre Prométhée et Héphaistos ( ... ) » , écrit M. Delcourt ( 200, p . 157 ) . Encore faut- il bien voir qu'avant la trilogie promé théenne, la matière légendaire relative au Titanide, dense mais très peu fournie, se résume à l'héritage hésiodique ; et dans la première moitié du Ve s . , on aurait tendance, semble - t - il, à n'en retenir que l'événement, cette prise de possession du feu qui fait de Prométhée l'équivalent potentiel d'Héphaistos (Desmotès, v . 7-8 , 14 , 37-38) . Pour se convaincre que les deux divinités sont alors perçues comme équivalentes – ce qui , pour partie, vaut un culte à Prométhée -, il n'est que de comparer les vocabulaires qui caractérisent Prométhée (242 M. Detienne et J.-P. Vernant, Les ruses de l'intelligence. La mètis des Grecs, Paris 1974, p. 62 63 ; Saïd 190 , p. 83-92 , 115-118 ) et Héphaistos ( Brommer 237 , p . 4 , 7 et 8 ). Tous deux sont, de multiple façon, rusés, malins, artisans et magiciens ( Delcourt 200 , passim) et se ressemblent jusqu'à la tournure souvent conflictuelle de leurs rapports avec les autres dieux . Il est clair que les philosophes et le poète tragique, ses successeurs et les politiciens se sont très vite inquiétés de l'apparente inco hérence que constituait ce couple tout neuf de divinités (faussement) semblables, et qu'ils ont voulu la résoudre et rompre sans heurts un effet d'équation gênant
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pour des esprits rationalistes. Le Desmotès se situe au confluent de deux courants, à la charnière de deux démarches : dans la première moitié du Ve s., la réflexion sur le mythe de Prométhée, en recueillant l'héritage hésiodique mais en modifiant le personnage, a eu pour effet secondaire, trop évident et définitif, de l'assimiler à Héphaistos; d'où un effort immédiat, presque simultané, pour re diversifier les deux divinités, sans rien abandonner des anciens mythes, mais avec des perspectives qui n'étaient plus celles d'Hésiode. La première urgence était d'étoffer ce nouveau Prométhée, de lui donner une biographie, de lui forger une présence tangible et une personnalité si possible différente de celle d'Héphaistos. La geste du Titanide prend donc un nouveau départ dans la seconde moitié du Ve s., et s'oriente dans trois directions. La première, la moins originale, détoume le mythe vers l'anecdote et mène à une impasse. L'ont suivie ceux qui, dès le ve s. et dans le même esprit que les organisateurs des cultes ( ci -dessous), ont perpétué la nouvelle ressemblance entre Héphaistos et Prométhée et voulu donner au second la même audience que celle dont jouissait le premier. Euripide accom plit l'essentiel, intégrer Prométhée dans la légende athénienne, en affirmant (lon ,v. 455-457 ) qu'il a fendu le front de Zeus et donc participé à la naissance d'Athéna (de même, Apollodore, Bibliothèque I 3, 6 ). Douris de Samos ( Jacoby 79 , FGrHist 76 F 47) donne la suite attendue : Prométhée, comme Héphaistos, a poursuivi la déesse vierge de ses assiduités amoureuses ( scholie à Apollonios de Rhodes, Argonautiques II, v. 1249 ). Entre temps, Euphorion de Chalcis lui a prêté pour mère celle d'Héphaistos, Héra (fr. 124 L.A. De Cuenca (Madrid 1976 ) = fr. 103 B.A. van Groningen ( Amsterdam 1977) ; cf. Delcourt 200 , p. 38-39) . Plotin lui attribue même la fabrication de Pandore ( Ennéades IV 3, 14 ), dans la suite d'une longue tradition qui, depuis le IVe s. , fait de Prométhée un modeleur d'argile et l'animateur de ses créa tions ( ci -dessous). Loin d'être l'héritage indistinct d'un complexe de mythes fort anciens où Héphaistos et Prométhée auraient été confondus sous la personnalité unique d'un Maître du feu, ces historiettes récentes confirment l'assimilation qui s'est produite à partir du Ve s. Suivant la seconde direction, dans la ligne du Desmotès, Prométhée n'est pas seulement le défenseur de l'humanité contre la royauté arbitraire et abusive de Zeus, il est le rival-antagoniste d'Héphaistos. Ou bien, et c'est le mythe de Protagoras, Prométhée vole le feu à l'atelier d'Héphaistos. Ou bien , et pire peut-être, il vole le feu à Lemnos même (243 L. Séchan , Le mythe de Prométhée, Paris 1951 , p. 80-85 ; Delcourt 200, p. 174). D'après Hygin (Astro nomie II 15 , 3) , certains auteurs, poussant à l'extrême l'antagonisme entre Héphaistos et Prométhée, affirment que « l'aigle fut façonné des mains de Vulcain et que Jupiter lui donna la vie ». L'intérêt anecdotique est bien moindre ici que la modification décisive du mythe qui s'articule sur la possession du feu et suscite le nouveau discours sur les arts et la civilisation (Desmotès, v. 109-111 et 436-506 ; voir l'analyse très nuancée de Saïd 190 , p. 131-154 ): puisque Prométhée a pris le parti des hommes en leur donnant le feu , il devient leur initiateur aux arts du feu, donc à tous les arts, aux savoirs fondamentaux, à la connaissance des matériaux et au savoir - faire pratique, - initiateur qu'Héphaistos n'est jamais. La troisième voie ouvre à Prométhée un champ d'activités spécifiques qui n'empiète pas sur celui d'Héphaistos, supprime tout risque de confusion et lui donne enfin une emprise sociale. M. Delcourt a fort bien montré qu'Héphaistos, qui avait pétri Pandore dans l'argile (Théogonie, v. 571-572 ; Travaux, v. 60-63), ne se livre plus dans et à partir du Desmotès qu'à des activités de métallurgiste. Prométhée, lui, sera dès le ive s. , et peut-être un peu avant, le modeleur et l'« animateur», au sens propre du terme, de ces « êtres faits d'argile » (Aristophane, Oiseaux, v. 686) que sont les femmes, les hommes, les animaux (l'ensemble des textes a été réuni par Séchan 243, p. 33 ; Krauss 186 , col. 682 et 696-698 ; 244 L. Eckhart, art. « Prometheus» , III. (« Prometheus in der bildenden Kunst »), RE XXIII 1 , 1957 , col. 722-723 ; Detienne et Vernant 242 , p. 94 ; 244a J. Duchemin, Prométhée . Le mythe et ses origines, Paris 1974, p. 49 n. 12 , p . 51-53, 87-92, 100-107 ). Il finira par avoir fabriqué Pandore elle-même ( ci -dessus). Si Prométhée a jamais été le patron des potiers, comme le suggère Lucien, ce n'est pas avant la seconde moitié du Ve s. au plus tôt.
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Ainsi passe -t - on , à cette époque, d'un Prométhée dont le mythe excluait qu'il reçût un culte, à un Prométhée dont la personnalité nouvelle assortie d'un culte tout neuf suscite un corpus mythologique constitué d'emprunts et de variantes assez simplistes. Emprunts et substitutions littéraires de Prométhée à Héphaistos restent au bénéfice du Titan dans la tradition écrite , mais n'inspirent aucunement les imagiers qui retiendront surtout, et jusqu'au Moyen - Age, les souffrances et la libération du fils de Japet (Eckhart 244, col. 712-729 ; 245 O. Raggio , JWCI 1958 , p . 44-67 ). Le mythe de Prométhée ne se serait peut-être pas modifié si vite ni dans le même sens si la réflexion politique n'y avait aidé : le discours sur les arts civili sateurs sied aux décennies qui suivent les guerres médiques. Et la classe politique soucieuse, celle de Périclès autant que celle de Cimon , d'assurer par des cultes nouveaux l'adhésion de catégories sociales toujours plus larges, la cohésion du corps civique et la gloire d'Athènes se saisit du nouveau Prométhée, si elle ne l'a suscité. Puissante contribution à la réalisation d'un projet ou commentaire d'une réalité acquise, le Desmotès révèle assez que l'évolution rapide de la pensée reli gieuse se renforce , se double d'une opération politique qui vise à réduire, auprès d'un peuple d'artisans, la contradiction qu'il y aurait désormais à continuer de célébrer Héphaistos ( ci -dessous III.D.5.b ) et à laisser Prométhée en situation de banni torturé, alors que l'apparence extérieure des événements mythiques leur confère les mêmes compétences techniques. Opération artificielle et subtile qui, parallèlement à la nouvelle mythologie, joue sur les similitudes et une nécessaire différence : une même assise sociale , la foule considérable des artisans dont la cité a besoin et dont Héphaistos et Promé thée se partagent la protection au gré de leur nouvelle spécificité : à l'un les métallurgistes, à l'autre les potiers sinon même tous les autres corps de métier; un même accueil auprès d'Athéna, mais chacun possède son propre autel dans le téménos de l'Académie ; des fêtes similaires mais distinctes ; un même point de départ pour les lampadédromies, la base -autel où chacun figure cependant sous un aspect différent. - Aux Prométhéia comme aux Héphaistéia, nouvelles fêtes de la cité, Athènes confère le rite de la lampadédromie dont elle vient de doter les fêtes officielles qu'elle a récemment créées ( Théséia, Epitaphios agôn, fête de Pan ) ou rénovées (Aiantéia ) et qui, avec les autres agônes et mieux que beaucoup d'entre eux , scelle l'engagement de tout le corps civique. Il reste délicat d'établir une séquence précise des événements et de démêler l'écheveau des interactions possibles. Sur la coupe de Douris ( ca 470 %), la libation offerte par Héra est un rite d'accueil qui peut également signaler la mise en place d'une première phase du culte. Si Eschyle est bien l'auteur de la Prométhie, celle ci est antérieure à 457", mais de combien ? Si son auteur doit être rendu à l'anonymat, les arguments qui conduisent M.L. West à proposer une date dans la décennie 445-435 ont toute leur valeur (229, p. 146-148) . Vers 430, Prométhée apparaît au côté d'Athéna sur une coupe du Peintre de Kodros (voir ci -dessous ). Hormis le chous du Peintre d'Altamura, Berlin inv. 1962, 33 (voir ci-dessus), les premières représentations de lampadedromies ne semblent guère antérieures à la décennie 440-430 (246 H. Metzger, Les représentations dans la céramique attique du IVe siècle, Paris 1951 , p . 355 ; Greifenhagen 203 , p . 12 avec bibl.;
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Proning 198 , p. 78-79 avec bibl. ). D'une part, on a mis leur soudain accrois sement en rapport avec le réaménagement ou la création des Héphaistéia en 421/0 ; d'autre part, on a tendance à les rapporter aux Panathénées. Ce n'est pas absolument contradictoire , mais sauf exceptions ( voir ci - dessous ), il est impossible d'identifier le culte auquel elles se réfèrent. Du reste, la lampa dédromie a - t - elle fait immédiatement partie des Prométhéia (et des Héphaisteia )? Enfin , le décret IG 1 84 = IG P 82 de 421/0, qui mentionne pour la première fois, à notre connaissance, les Prométhéia ( voir ci- dessus) constitue un terminus ante quem . Cette fourchette chronologique d'une cinquantaine d'années au maximum inclut la période où Héphaistos lui-même reçoit un temple dominant l'Agora et se voit enfin attribuer une fête qui lui est propre , bien qu'Athéna n'y soit pas oubliée ( ci-dessous III.4.5.b ). La mise en chantier d'un temple et l'institution d'une fête d'Héphaistos au moment où le mythe de Prométhée subissait des mutations décisives ont -elles suscité la création des Prométhéia ? Ou bien inversement l'institution des Promé théia au terme de la réflexion philosophique et politique qui vient d'être rappelée a - t -elle rendu évidemment, absolument nécessaire ce programme en l'honneur d'Héphaistos, eu égard à son rôle fort ancien et prestigieux dans la mythologie athénienne ? On ne saurait non plus exclure l'hypothèse d'un unique projet pour les deux divinités, mais qui n'a bien évidemment pas été réalisé en un jour. Notons seulement qu'en dehors de la base -autel de l'Académie, qui peut remonter au ve s . av . J.-C. ( ci -dessous), Prométhée paraît absent de la sculpture monu mentale réalisée ou conçue dans les années 450-430 , alors qu'Héphaistos y tient bonne place (Brommer 237 , p . 75-90 et 102-103). Indice que le culte de Prométhée n'a pas été instauré avant les années 430 ? Quant à établir l'antériorité notable d'une lampadedromie sur l'autre, c'est actuellement impossible (voir ci-dessous III.D.5.b , à propos de celle d'Héphais tos ). Les motifs pour lesquels cette course a été mise au programme des fêtes de Prométhée valent pour les fêtes d'Héphaistos dès l'instant qu'il s'agit de traiter équitablement deux divinités devenues similaires et que les mêmes raisons politiques président à l'instauration des Héphaistéia. La participation ancienne d'Héphaistos à la geste d'Athéna et d'Athènes et l'éventualité de sa présence à l'Académie dès l'époque archaïque (voir ci -dessous III.4.5.b ) rapprochent évidemment sa lampadedromie, plus que toute autre - celle des Epitaphia exceptée - du modèle des Panathénées. Le choix du parcours de toute l'avenue Kéraméikos depuis l'Académie ne peut guère s'expliquer autrement (voir ci-dessous). Inversement, il n'y a pas de lien ancien, fondamental entre Athéna et Prométhée qui puisse imposer ce parcours pour les Prométhéia . Dès lors, il faut admettre que ce choix relève d'une volonté de prestige et de cohérence - Athéna couronne Prométhée -, ou bien imite celui des Héphaistéia, ou bien encore , ce qui revient presque au même, traduit le souci de tenir la balance à peu près égale entre les deux fêtes, à moins que les trois arguments ne se conjuguent. Mais cette analyse ne peut aider à établir l'ordre chronologique dans lequel les deux lampadedromies ont été créées. - Nous avons vu qu'il n'est pas non plus possible de déduire du témoignage d'Apollodore l'éventuel ordre chronologique dans lequel ont été fondés l'autel de Prométhée dans le téménos d'Athéna et la páoıç ápxaia à l'entrée de
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l'Académie : ils servaient nécessairement à des rites différents, ou à des phases différentes des Prométhéia . Le relief de la base ancienne serait - il plus éloquent ? A l'époque d'Apollodore, elle avait au plus trois siècles ( Brommer 237, p. 130 , 157-158 et 242 : ( immolaverunt defuncto ) célébraient surtout « sa destinée plus qu'humaine, pour avoir réalisé le nombre parfait entre tous, le nombre neuf multiplié par neuf » (trad. H. Noblot).
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Le verbe par lequel Théopompe ( Jacoby 79 , FGrHist 115 F 294) désigne les honneurs que Philippe de Macédoine rendit à Platon - ou par lequel Diogène Laërce ( III 40 ) résume Théopompe – est trop imprécis pour qualifier le culte (Éditiunonvaı). Il peut s'agir d'un culte funéraire comme d’loodeoi tiuaí, la seconde hypothèse étant la plus plausible, tant sont nombreux les textes relatifs à la nature divine, apollinienne de Platon (Swift Riginos 12 , nº 1-9 , p . 9-32 et 198). Le verbe peut aussi recouvrir l'érection de statues ou de portraits. Sénèque précise que Platon est mort le jour de son anniversaire (Lettre à Lucilius 58, 31 ). On pourrait donc supposer que la célébration de l'anniversaire de Platon par l'école néoplatonicienne pouvait, pour partie, revêtir aussi la forme d'un culte héroïque. Mais rien du contenu ni du vocabulaire des textes relatifs à cette célébration ne l'indique (Swift Riginos 12 , p . 198 et n. 23 ) et les hommages rendus par Proclus à ses « ancêtres » philosophes relèvent du culte funéraire privé ( ci-dessus III.C.3.b ). D. DIADOQUES ET SCHOLARQUES L'histoire de l'école platonicienne après la mort de Platon n'est plus très riche d'indications topographiques. Nous devons à J. Glucker (13 , p. 229 et 233-234) une étude minutieuse des textes qui lui a permis d'établir, comme nous l'avions déjà signalé plus haut , qu'après Polémon la propriété de Platon n'appartient plus à l'école académicienne et que Charmadas, de tous les philosophes qui se sont réclamés de cette école , est le dernier à avoir enseigné au gymnase de l'Académie ( 13, p . 108-111, 114 et 251 ) . Les ravages de Sylla ne sont peut-être pas étrangers à cet abandon . La fameuse exèdre de l'Académie est attachée aux noms de Polémon (Diogène Laërce IV 19) , de Carneade ( Cicéron , De finibus V 2 et 4 ; Ind. Acad . Herc., col . XXIX , 39-42 (p . 99-100 Mekler] ) et de son élève Charmadas ( ibid ., col . XXXII, 10) ( cf. Glucker 13 , p . 110 et n . 41 , p . 229 n . 10, p. 233-234 n . 24, p . 235-236 et n. 30, p . 242 et 273 ) . C'est un équipement ou une partie tout à fait banale de tous les gymnases ( Delorme 6, p. 325-329) : il s'agit en général soit d'un monument à ciel ouvert, banc de pierre continu en forme de pi ou d'arc de cercle, soit d'une salle équipée de bancs ou de sièges, indépendante et s'ouvrant sur une colonnade, abritée sous un portique ou ajoutée à un portique. C'est un bâtiment de réunion dont les évergètes parent volontiers une cité et que l'on ren contre fréquemment aussi sur les agoras et dans les sanctuaires. Rien d'étonnant à ce que les philosophes et leurs disciples l'aient volontiers utilisé. Prenant acte de cet usage , Vitruve (V 11 , 2) prescrira d'en faire aménager « dans les palestres à l'intention des philosophes, des orateurs et de tous ceux qui apprécient de s'adon ner assis aux études et aux débats d'idées » . Suivant que l'on admet ou non que Platon se soit installé d'abord au gymnase de l'Académie, on admettra qu'il a jeté son dévolu sur cette partie du gymnase proprement dite, ou que ce choix a été celui de ses successeurs . Il n'est peut-être pas nécessaire de descendre cet usage de l'école jusqu'à l'époque de Carneade, et il n'est pas indifférent que le nom de Polémon apparaisse à ce sujet, puisque c'est sous son règne, ou juste après, que l'école platonicienne a pris ou repris le chemin du gymnase.
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ADDENDUM À III.B.2, III.C.1.b et III.C.1.c.a
Effectuées en 1979 dans le périmètre de l'Académie tel qu'il a été restitué par Travlos 15 , fig. 417 , à la rencontre des rues Vassilikon et Kratylou, et tout récemment publiées, des fouilles ont mis au jour un groupe de tombes des ve, IV , IIIe et fer siècles associées à deux stèles funéraires et un lécythe inscrits : on y lit les noms de sept ou huit membres de la famille de l'orateur Lycurgue, dont vrai semblablement ceux de son père, de sa mère et de l'un de ses fils. Les restes d'un mur de soutènement appartenaient à l'enceinte de ce qui apparaît comme les vestiges de l'enclos funéraire de la famille de Lycurgue. A 8 mètres env. vers l'E. , un tronçon parallèle de mur de soutènement appartenait à un enclos similaire qui n'a pas été fouillé . Entre les deux murs, l'espace vierge de constructions et de tombes n'offre qu'une mince couche de terre battue, contemporaine des deux enclos, et se présenterait comme un prolongement de l'avenue Kéraméikos (284 Th . Karagiorga -Stathakopoulou , AD 34 , 1979, II (1987) , p. 18-20 , fig .4 ; 285 V. Vasilopoulou, Horos 5, 1987, p. 149-152 , pl. 36-37 ; 286 A.P. Matthaiou , ibid ., p . 31-34 , pl. 8-11 , 1 plan ; 287 G. Touchais , BCH 112 , 1988 , p . 616-618 ) . Notons toutefois que la largeur de ce « prolongement» est à peine le cinquième de celle de l'avenue, et que rien n'indique qu'il ait été très fréquenté : ce pouvait être , dans l'alignement de l'avenue, une simple allée entre les tombes. Pausanias ( I 29, 15 ) achève la description du Demosion sèma et l'énumé ration des tombes qu'il y a remarquées par celles d'Harmodios et d'Aristogiton ( supra III.D.6.b ) et des orateurs Éphialte et Lycurgue ; puis il consacre quelques lignes à l'æuvre de l'orateur et homme d'État du IVe s . av. J.-C. (I 29, 16), avant de commencer la description de l'Académie par l'autel d'Éros qui se trouve à l'entrée ( supra III.C.1.b et III.D.6.c ). D'autres textes nous apprennent que Lycurgue et certains de ses fils reçurent l'honneur de funérailles officielles au Céramique (IG 11² 457 ; Pseudo -Plutarque, Vie des dix orateurs, 842 e , 851 f -852 e) . De deux choses l'une : ou bien l'enclos funéraire de la famille se trouvait, comme d'autres tombes, dans le périmètre réel de l'Académie , et la cité d'Athènes a érigé pour Lycurgue et ses fils des tombes, ou tout au moins des cénotaphes - l'un des sens possibles de uvnuata - un peu plus loin au S.-E. , hors de l'Académie, au bord de l'avenue ; ou bien le tombeau de famille se trouvait à l'extérieur du périmètre réel de l'Académie, à proximité du Démosion sèma. Dès lors s'ouvre une nouvelle alternative : Athènes a pu ériger, non loin de là, d'authentiques tombeaux ou des cénotaphes distincts de l'enclos funéraire familial. Mais A. Matthaiou, qui propose cette hypothèse, en souligne lui-même le côté un peu gratuit, dans la mesure où l'enclos privé se trouvait d'emblée tout près de l'avenue Kéraméikos, le long de laquelle sépultures privées et tombeaux officiels ont toujours voisiné. Ne serait- il donc pas plus simple d'admettre, sous bénéfice d'inventaire, que Lycurgue et ses fils ont été enterrés, aux frais de la cité, parmi les leurs ?
ACADÉMIE - TOPOGRAPHIE ET ARCHÉOLOGIE
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La ligne quasi droite S.-O./N.-E ., qui joint le mur parallèle aux thermes romains, le tronçon de mur de péribole (?) qui paraît le prolonger vers le N.-E. ( supra III.C.1.c.b ) et la borne de l'Académie , passe quelques dizaines de mètres au N.-O. du groupe de tombes : n'est -ce pas sur ce tracé (hypothétique ), après avoir vu les tombes, que Pausanias a trouvé l'entrée de l'Académie ? Elle serait alors à 1600 m env. du Dipylon . La surface de l'Académie serait plus réduite qu'elle n'est actuellement restituée (mais nous ignorons son extension vers le N.-O. , supra III.C.1.c.ß ) ; en revanche, le tracé de son périmètre serait peut-être plus simple. Enfin , nous savons que les tombes officielles de Lycurgue et de ses fils se trouvaient « en face de l'Athéna Paiônia » (de son sanctuaire ? Matthaiou 286 , p. 40-41), dans la propriété du philosophe Mélanthios (Pseudo - Plutarque, Vie des dix orateurs, 842 e) . Outre que ce texte atteste à nouveau l'étroite inter pénétration des propriétés privées, du domaine public , des nécropoles et des sanctuaires dans cette région , le « jardin » du philosophe et la statue ou le sanctuaire d'Athéna Paiônia pourraient être désormais assez précisément localisés aux portes de l'Académie.
ADDENDUM À III.C.2a, III.C.2.c et III.C.3.b.
-Sur IG II 1006 et la formation des éphèbes dans les principaux gymnases où ils recevaient l'enseignement de philosophes appartenant aux écoles les plus diverses ; sur la crise de 88-86, en particulier le discours d'Athénion reprochant au Sénat romain « les gymnases à l'abandon » et « les écoles de philosophes silencieuses » , expressions qui ne dénoncent pas un étroit contrôle que les Romains auraient imposé à certaines écoles philosophiques où se seraient formés des foyers d'opposition, mais de réelles difficultés économiques et le déclin d'Athènes comme capitale de la philosophie; – les dissensions à l'intérieur de l'école académicienne et la sécession d'Antiochos d'Ascalon peut-être dès avant 889 ; - le parti proromain choisi par Philon de Larisa et Antiochos d'Ascalon , obligés l'un de s'exiler à Rome, l'autre de s'éloigner quelque temps d'Athènes, tous événements qui contribuent à ce qu'aucune école issue de l'Académie ne revienne jamais plus s'installer dans les lieux de la première fondation , on lira maintenant l'importante mise au point de 288 J.-L. Ferrary, Philhellénisme et impérialisme, aspects idéologiques de la conquête romaine du monde helle nistique, de la seconde guerre de Macédoine à la guerre contre Mithridate, coll. BEFAR 271 , Rome 1988 , p . 435-486 , en particulier 435-444, 447-448 , 469-473 et 483-486. MARIE -FRANÇOISE BILLOT.
Index des noms propres
Cet index contient les noms de tous les personnages historiques mentionnés dans les notices. Les noms des auteurs des sources primaires anciennes ne sont pas pris en compte, sauf si l'interprétation des passages cités est abordée dans la notice . En règle générale, nous avons évité d'identifier les personnages homonymes connus par des sources distinctes, lorsque l'identification n'apparaissait pas comme certaine. Une brève caractérisation du personnage n'a été ajoutée que là où elle semblait nécessaire, notamment pour distinguer les homonymes. Il arrive que la translittération des noms propres retenue dans l'index ne soit pas celle qui a été utilisée dans les notices. Comme cet index entend compléter la séquence des notices, lorsque le personnage bénéficie d'une notice dans le présent tome, aucune référence n'est faite à la notice correspondante. Un seul renvoi est indiqué pour une même notice, même si le nom figure à plusieurs endroits. Les numéros renvoient aux notices et non aux pages. Pour quelques notices qui comprennent des sections numérotées, nous avons établi une référence plus détailllée. L'identification des noms propres relevant de la tradition syriaque et arabe a été assurée par Maroun Aouad. Sont indiqués, d'abord, une appellation usuelle,puis, entre parenthèses, les autres éléments du nom , ce qui permet d'identifier les personnages désignés différemment et d'éviter la confusion entre ceux qui ont des noms voisins. Quand il existe un nom équivalent ( transformation par les Latins... ), il est indiqué entre crochets. Pour le classement alphabétique de ces noms, il n'est pas tenu compte de l'article défini français ou arabe ( al-, l-), ni de b. Les références à la notice sur l'Académie publiée en annexe sont signalées par le sigle Acad . Pour les différentes sections de la notice « Aristote », nous avons adopté les sigles suivants :
Biol.
Corpus biologique
DL
Liste transmise par Diogène Laërce Liste transmise par Hésychius
H I M Méta .
Iconographie d'Aristote Miéza
MXG
Tradition arabe de la Métaphysique De Melisso, Xenophane, Gorgia
0
Cuvres d'Aristote
Org.
Organon
Org.Ar. P.
Tradition syriaque et arabe de l'Organon Prosopographie d'Aristote
Poét. Pom.
Poétique De Pomo
Pt. Rhét.
Liste transmise par Ptolémée Rhétorique
Rhét.Ar. ThA
Tradition syriaque et arabe de la Rhétorique Théologie d'Aristote
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DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES Adimante I, frère de Platon 210.
Abam (m )on 183. Abantidas de Sicyone 410. Abaris 155.
Adimante II, neveu et pupille de Platon 210, Acad . IV.B.
Abbedanos 377 .
Adimantus 508 .
'Abd al-Latif al-Bağdādi, voir al-Bağdādi.
Adraste 60; 112; 417; 461. Adraste d'Aphrodise 26 ; 414 Org ., Org.Ar.
'Abd al -Masih b. ' Abd Allāh b. Nā'ima d'Émèse, voir Ibn Nā'ima.
Adraste de Myndos 119.
Ablabès, médecin pneumatiste 480. Abraham de Balmes, voir Balmes. Abthiniatus 29a.
Adrastos (Claudios - ) 24. Adrastos Grypos 24. Aedituus ( Valerius - ) 509.
Abū Bišr Mattā b. Yūnus al- Qunnā'i, voir Mattā .
Aelius Aristide, voir Aristide ( Aelius - ).
Abū Ğa'far Muhammad b. Mūsā b. Šākir, voir Muhammad ( Abū Ga'far...). Abū l-Hayr Taqi al - Din al- Fārisi, voir Taqi al Din Abū l-Hayr Muhammad b. Muḥammad al-Fārisi. Abū Nūḥ (b. al- Şalt ' Abd al-Masīḥ al-Anbāri). 414 Org.Ar.
Abū Sulaymān Muhammad b. Tāhir b. Bahrām al -Siġistāni al -Mantiqi, voir al Siģistāni.
Aelius, voir Chairémon (Aelius - ). Aelius , voir Démétrius d'Alexandrie (Aelius - ). Aelius, voir Hermodoros (P. Aelius Pole maenos - ). Aelius, voir Stilo (L. Aelius - ). Aelius, voir Tubero ( Q. Aelius -). Aemilius, voir luncus (L. Aemilius - ). Aemilius, voir Scaurus (Mamercus Aemi lius - ).
Abū Uļmān Sa'id b. Ya'qub, voir al-Dimašqi.
Aëtius d'Amida, médecin 17 .
Abu Yahyā al-Marwazi, voir al -Marwazi.
Aétius, doxographe 336; 345. Afer (Cnaeus Domitius - ) 499.
Abulpharagius Abdalla Benattibus, voir Ibn al- Tayyib. Abydennus 377. Académos , héros, Acad . III.A.1, III.B.8 , III.C.2.a , III.D.1 , III.D.2.b.
Accius 28 .
Afrinus (M. Annius - ), sénateur 138 . Ağābiţūs 183a.
Aġānis 31 . Aġānis, médecin 29a. Agapestor 29.
Accius (Lucius - ) 509. Achaz 290 .
Agapius 29a.
Achille [ Tatius] 24 ; 27 . Acoumène 176.
Agatharchide de Cnide 424 ; 425.
Acron d’Agrigente 270. Adamantios, père d'Anatolios 17.
Agathinos 372.
Adamantios, corr. de Grégoire de Nazianze 17 . Adamantios, iatrosophiste juif 17 .
Agathinus (Claudius -) 480 . Agathobule, frère d'Épicure 362.
Adelphius 115; 136 ; 297. Adéodat 508. Adimante, “enfant” mentionné dans le Testament de Platon 22 .
Agapius d'Alexandrie 31 .
Agathéméros (Claudios - ) 34.
Agathinos de Sparte 480.
Agathobule I 364. Agathobule II 364. Agathon le poète 86 ; 88 ; 209; 356 . Agathurnus (Claudius –) 34 ; 372.
Agaturnus 34. Adimante, fils de Képis 20. Adimante, fils de Leucolophides 21 .
Agaturrinus 34.
INDEX DES NOMS PROPRES
Agaturrhinus 34. Agellius 509. Agersiphon 285.
793
Alcinoos, le stoicien 92; 94. Alcinous, le platonicien 92, 93. Alciphron (de Magnésie ) 356. Alcman 62.
Agesiphon 285. Agesistratos 483.
Alcméon 414 DL 96 .
Agis, roi de Sparte, Acad. III.C.2.c. Agoracritos de Paros 193. Agresphon 285 .
Alcméonides, Acad . III.D.3 . Alexandre d'Aphrodise 6; 26 ; 103; 111 ; 114; 139; 209; 369; 413; 414 0 , Org ., Org.Ar., Rhét., Méta ., THA II, V.2, VI.H ; 461. Alexandre d'Éphèse (Lychnos) 117.
Agricola 390 . Agrippa, père d'Artémidore d'Amblada 428. Agrippa, sceptique 229. Aḥmad b. al-Mu'taşim bi-llāh 414 ThA III.A.2 .
Alexandre d'Étolie 113; 117; 194; 298. Alexandre d'Hypata ( T. Flavius - ) 105. Alexandre de Cotiaion 349. Alexandre de Damas 103 ; 112.
Aiantodoros 249. Aidésia 141 . Aidésius, à Éphèse 56. Aidésius, fils de Chrysanthe 56. Aidésius d'Antioche, sophiste 56. Aidésius de Cappadoce 57; 221 . Aigon 465. Ainésias de Mégalopolis 26. Ainésidèmos, voir Énésidème. Aisara 326. Aischinès de Sphettos, le socratique 70; 86; 158 ; 211 ; 335 ; 356; 411 ; 460. Aischinès, voir aussi Eschine. Aischrion de Rhamnonte , secrétaire de pry tanie 374. Aithiops de Ptolémaïs 204. Alaric 508.
Alexandre de Libye 18; 297 . Alexandre de Lykaia 113. Alexandre de Milet (Polyhistor) 108 ; 113 ; 119; 160 , 166 , 267. Alexandre de Myndos 25 ; 62. Alexandre Rhamnonte 425 . Alexandre de Séleucie (Péloplaton) 103; 114; 199.
Alexandre de Thessalie, tyran de Phères 38. Alexandre du Phalère 103; 104; 121 . Alexandre l'Alabarque 102. Alexandre le Grand 72; 110; 159; 160; 167; 182 ; 186 ; 294; 343 ; 414 P, M, I, DL 17 , 144, H 175-177 , 195-196; 425; 435 . Alexandre Neckau 294. Alexandre, à l'Académie 103, 105; 121 ; 123 . Alexandre, comm . d'Aelius Aristide 470 .
Albert le Grand 112. Alexandre, épicurien 123. Albinos 92; 93; 294; 414 Org .; 475 . Alexandre, fils de Numénius 295. Albucius 82. Alexandre, médecin pneumatiste 480. Alcamène , III.D.5.b.
sculpteur,
Acad . III.D.4 ;
Alcibiade 20, 211 ; 227; 356. Alcidamas, cynique chez Lucien 88, 339. Alcidamas d’Élée 158; 209. Alcimos, auteur du Mpós 'Apútav 91 ; 152. Alcimos le rhéteur 90. Alcimos le Siciliote 90 . Alcinoos, auteur du Didaskalikos 78; 93 ; 94; 294; 475.
Alexandre, neveu d'Antigone Gonatas 194. Alexandre, père d'Al. de Séleucie 121 . Alexinos 191 ; 396 ; 397 . Alexis, poète comique 62; 356 . Alexis (= Alexinos ?) 125. Alexis Ier Commène 121 . Albinus, voir Postumius Albinus. Alfenus, voir Varus (P. Alfenus - ). ' Ali Quli b. Qarağġāy Hān 414 THA VI.J.
794
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
Alīnūs 183a; 268; 414 Org.Ar., Allinūs, voir Alinūs. Allogène 18; 297 . Alpharagiag bin Thamlus, voir Ibn Ţumlūs. Alypius, ami d'Augustin 508. Ambroise de Milan 508. Ambrotus 101 . Amelaxos, voir Amilaxos. Amélius 377 ; 414 Tha III.A.2.a et c, IV.2.
Amérius (= Amélius) 136; 297. Amilaxos 141 ; 414 O. Al- Amiri (Abū l-Hasan Muhammad b. Abi Dart Yūsuf) 112; 414 Rhét., ThA VI.D , Pom . Ammaios 414 P. Ammonios d'Alexandrie, fils d'Hermeias 55; 64; 135 ; 142 ; 414 O, Org, Org.Ar.; 457 ; 458; 467. Ammonios, auteur chrétien 140. Ammonios, fils d'Ammonios 138. Ammonius Saccas 116; 220 ; 297 .
Anaxiadès 162. Anaxilaïdès 163; 164 . Anaxilaos, correspondant de Diogène le Cy nique 164. Anaxilaos de Larisse 162. Anaxilèdès 162, Anaxileidès 162. Anaxilidès 162.
Anaximandre de Milet 118; 157; 168. Anaximène de Lampsaque 74; 142; 157, 158; 165 .
Anchipylos 449. Andocide, orateur, Acad . III.D.5.b. Andocyde, médecin d'Alexandre 173. Andromaque 158. Andron, fils d'Androtion 175. Andronicos de Rhodes 6; 175; 268 , 269, 393; 414 P , 0 , Pt 96, Org . , Rhét. , Biol.; 434; 461 ; 490; 497 . Androtion , père d'Andron 176.
Ammonius, disc. d'Aristarque 140. Ammonius (Pseudo- ) 414 Tha III.A.2.c.
Androtion , fils d’Andron, rhéteur 176. Anébon 1 . Ankabitūs 414 Pom .
Amphicléia 391 . Amphictioné 343. Amphilochos 195
Annicéris de Cyrène 184; 356; Acad . III.B.9; IV.B.
Amphiloque d'Iconium 135. Amyclas 90 ; 149; 152. Amyclos d'Héraclée 90; 148; 152. Amynomaque 151 . Amyntas, adversaire ou dédicataire d'Alcimos 90; 91 . Amyntas, fils de Perdiccas 90.
Annianus 509.
Annicéris, l'aurige 186. Annicéris, voir Philon Annicéris.
Annius, voir Afrinus (M. Annius - ). Annubion de Diospolis 494. Anonyme de Jamblique 209. Anonyme , Ερωταποκρίσεις φιλοσόφου 'Αρι στοτέλους 27 ..
Amyntas d'Héraclée 90; 148, 149. Anacréon , Acad . III.C.1.b; III.C.2.a. Anania Sirakac'i 172.
Anonyme, In Eth. Nic. 507. Anonyme, In Rhet. 414 Rhét.
Anaritus, voir al-Nayrizi.
Anonyme, Vie de Pythagore (Photius, Bibl. cod. 249), 32. Anonyme (auteur d'une traduction persane du De Pomo) 414 Pom . Antagoras de Rhodes 120; 194; 298; 302. Anthémion 227.
Anastase II, empereur 452. Anatolios, correspondant de Libanius 17. Anatolius de Laodicée 364. Anaxagore de Clazomènes 74; 88; 160; 168; 308; 335.
Anaxarque, correspondant d'Épicure 300 . Anaxarque d’Abdère 159.
Anonyme, In Theaetetum 78; 294.
Anthémius, Préfet du prétoire d'Orient 188. Antidotos 206 .
INDEX DES NOMS PROPRES
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Antigone 38. Antigone de Caryste 22; 160; 302; 405 .
Antonin le Pieux, empereur 274; 350; 425 ; 476.
Antigone Gonatas 120; 193; 298 ; 302; 397. Antigone let le Borgne 194 . Antigone , historien 195.
Antonin - Caracalla , empereur 47 ; 112; 201 ; 423 ; 482.
Antilogos 195. Antiochus (P. A. - ) 199. Antiochus d'Ascalon 53; 190 (Antiochus, le Cygne ); 195 ; 237; 294; 324; 393; 396 ; 406; 450 , 505 .
Antoninos, disciple d'Ammonios Saccas 140 . Antoninus, voir Aquila (Antoninus - ) Antonios d'Alexandrie 453. Antonios Ermis 141 . Antyllos 480 . Anytos 211 .
Antiochus d'Athènes, astronome 200 . Antiochus de Laodicée, sceptique 229.
Apellas 349. Apellas, père de Scymnos de Chios 234.
Antiochus Épiphane 32. Antiochus jer Soter 194, 298. Antiochus II 194 .
Apellas le Pontique, géographe 231 . Apelles, sceptique 50 (Apellas); 202.
Antiochus, frère de Démétrius Sôter 84. Antiochus, héros éponyme, Acad. III.D.5.a. Antiochus, historien 195.
Apelles de Chios, ami d'Arcésilas 229; 302. Apellicon de Téos 181 ; 369; 414 O, Pt 92 ; 485 . Aper (M. Nonius Arrius Paulinus - ) 423. Aphareus, fils d'Isocrate 44 .
Antiochus, sophiste à Antioche 121 . Antipatros d'Alexandrie, élève de Carnéade 205 .
Aphrodisius 258. Aphtonius 414 Rhét.
Antipatros de Cyrène 356.
Apion d'Alexandrie 62; 494.
Antipatros de Macédoine 194; 414 P, DL 144.
Apolèxis I 235. Apolèxis II 235 . Apollas, dédic. de Chrysippe 293; 374.
Antipatros de Tarse 206 ; 245; 260 ; 307; 497; 498 .
Apollinaire, père d'Apollinaire 239. Antipatros de Tyr 192 ; 205. Apollinaris (Sulpicius - ) 509. Antipatros du Pirée 252. Antiphanès, Acad. III.D.5.a. Antiphon de Rhamnonte 176.
Antiphon I 23. Antiphon II, demi-frère de Platon 23. Antiphon , chez Xénophon 24 . Antiphon , onirocrite 429. Antisthène de Rhodes 211 ; 213. Antisthène, le péripatéticien 214. Antisthène, le socratique 71 ; 86; 217 ; 218; 250; 290; 377; 397 ; 460. Antisthène, père d'Antisthène 211 .
Antisthène, prêtre d'Hélios 214. Antodoros 191 .
Apollodore “ kèpotyrannos”, scholarque épi curien 241.
Apollodore d'Athènes 29; 62; 88 ; 90; 158 ; 165 ; 168 ; 205; 245; 248; 302; 345; 386; 414 P; 475. Apollodore de Cyzique 254. Apollodore de Phalère 379. Apollodore de Séleucie 245 ; 252; 307. Apollodore du Pirée 205; 250.
Apollodore le Mégarique 403. Apollodore Sillis ou ó "Eondoc 245; 250. Apollodore ο λογιστικός 247 . Apollodore (RE69 ) 62 .
Antoine de Tagrit ( le Rhéteur) 414 Rhét.
Apollodore, maître de Philon de Larisse 250. Apollodore, père d'Archélaos 308.
Antonin , empereur 93 ; 121 .
Apollodote de Cyzique 247 .
796
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
Apollonidès de Smyrne 205.
Apollonius Biblas d'Antioche, 275. Apollonius Biblas d'Antioche, fils 270 . Apollonius d'Alexandrie, commentateur d'Aristote 126 ; 269. Apollonius d'Alexandrie, frère de Sotion 262; 268 . Apollonius d'Antioche, père 271.
Arcéphon , épicurien 159. Arcésilas de Pitane 193; 217; 229; 234 ; 279; 330; 397; 436. Arcésos 326 . Archéanassa 356. Archédème de Tarse 497. Archédème, disc . d'Archytas 375.
Apollonius de Kition 271.
Archédème, rhéteur 307. Archélaïs (Varia - ) 111 .
Apollonius de Mégalopolis 302 .
Archélaos ( Pseudo-) 308.
Apollonius de Nysa 282. Apollonius de Pergame 480. Apollonius de Ptolémaïs 293.
Archélaos, maître de Socrate 74; 158.
Apollonius de Tyane 3; 110; 121 ; 216; 258; 261 ; 284 ; 285; 414 Pom . Apollonius de Tyr 194; 265. Apollonius Mys, médecin hérophilien 271.
Apollonius Saccéas d'Alexandrie 140 . Apollonius O Mahaxóc d'Alabanda 265 ; 267. Apollonius, affranchi de Crassus 282.
Archélaos, général 355.
Archélaos, roi 211 . Archiadas, grand -père d'Archiadas 315. Archiadas I 451 . Archias 302.
Archigène d'Apamée 34 ; 480 . Archiloque 414 H 144. Archimède de Syracuse 29a; 318; 345 ; 414 Méta .
Apollonius, père d'Apollonius 274.
Archippos de Tarente 322.
Apollonius, poliorcéticien 483.
Archipylos 170. Architimos 214.
Apollophanès d'Antioche , stoïcien 289; 397 . Apollos 288.
Archytas (Pseudo-) 414 Org.Ar.
Apollos de Nicée 283; 293. Apollos Sakkéas 140 . Aposedanius 29a.
Archytas de Tarente 157; 306 ; 321 ; 322; 334; 375 ; 414 DL 92, 94, Pt 10, Org.Ar .; 417 ; 497 .
Appius, voir Pulcher ( Appius Claudius - ). Apsinès 414 Rhét. Apulée 132, 509.
Arésandros 326 .
Apuleius (Lucius Caecilius Minutianus -) 294.
Arétè de Cyrène 77; 186; 204 ; 356; 360. Arétée de Cappadoce 480. Areus Jer 194.
Aquila (Antoninus -) 295. Aquila de Galatie 295.
Arésas de Leucade 69; 303; 325. Arétadas 356.
Argéia 432.
Aquila Romanus 295. Aquila, étudiant de Libanius 295.
Argesiphon 285. Aridelos 330 .
Aquilinus, gnostique 18; 115; 136 . Aquilinus ( Iulius - ), légat de Lycie 296. Arata 328.
Arignotos, chez Lucien 331 .
Aridicas de Rhodes 302,
Aratadas 356.
Arignotos, citharède 335. Arimnestos 414 P.
Aratos de Sicyone 2; 194; 410.
Ariphradès 158.
Aratos de Soles 8; 113 ; 117 ; 120; 194; 364; 426; 496 ; 500; 515.
Arideikès, père de Démétrios 330. Arimnestè 414 P.
INDEX DES NOMS PROPRES Arimnestos 414 P. Aristagoras 345.
Aristagoras de Salamine 336 .
797
Aristogiton, tyrannoctone, Acad. III.D.6; III.D.7; App. Aristomachos, épistate de l'Académie, Acad . III.B.9; III.C.2.a.
Aristaios, géomètre 341.
Aristandros d'Athènes 343. Aristandros de Telmessos 343. Aristandros, commentateur de Platon 220 . Aristarque de Samos 336. Aristarque de Samothrace ou d'Alexandrie 244; 405 ; 434. Aristéas de Proconnèse 346; 509. Aristénète, chez Lucien 87. Aristias de Chios 398. Aristide le Grand, ou le Juste 347, 349; Acad. III.C.2.b. Aristide ( Aelius - ) 121 ; 199; 295; 370; 429; 470 .
Aristomaque de Syracuse 351 . Aristomène 414 P.
Ariston d'Alexandrie 181 ; 294; 398; 406. Ariston d'Alexandrie , comm . des Catégories d'Aristote 6; 393. Ariston de Céos 392; 393; 397 , 399; 414 P, 0, Org. Ariston de Chios 234 ; 286; 290; 302; 356; 361; 393; 396 ; 397; 402; 403; 414 1. Ariston de Cos 392. Ariston le jeune 399. Ariston , Acad. III.C.2.a. Ariston, dest. lettre d’Aristote 414 DL 144.
Aristide (Pseudo -) 414 Rhét. Aristion 485.
Ariston, fils de Jamblique 144.
Aristippe de Cyrène 71 ; 77; 95; 186; 191 ; 204; 211 ; 328; 357; 359; 360, 397; 412; 414 1; 464 .
Aristonymos, auteur des Tomaria 253. Aristophane, le poète comique 335; 482.
Aristippe de Cyrène, néoacadémicien 356. Aristippe Métrodidacte 328; 356 . Aristo ( Titius - ) 397 .
Aristophane le péripatéticien 517. Aristos d'Ascalon 200 ; 393.
Aristobule, disc. de Chrysippe 362. Aristobule le péripatéticien 377 .
Aristobule, frère d'Épicure 194. Aristobule, maître de Ptolémée 364. Aristocléa 328.
Aristoclès de Lampsaque 366. Aristoclès de Messine 112; 235; 370; 413; 414 P. Aristoclès de Pergame 349; 369. Aristoclès de Rhodes 369. Aristoclès, disc. et dédic . de Chrysippe 368. Aristoclès, grand -père de Platon 23. Aristocrate 20. Aristocratès de Magnésie (Petronius) 34 ; 372.
Ariston, père de Platon 23; 210; 343; 391 .
Aristophane de Byzance 62; 119.
Aristote (Pseudo - ), auteur du De mundo 294; 425 .
Aristote d'Argos 2; 410. Aristote d'Oion 235. Aristote de Cyrène 356; 410. Aristote de Mytilène 26 ; 112; 369; 409. Aristote de Stagire 3; 6; 17 ; 24; 26 ; 27; 31 ; 62; 72; 78 ; 88; 90 ; 92; 96; 98 ; 99; 108 ; 111 ; 112; 114; 119; 126; 141 ; 142; 148; 157 ; 158; 167; 168; 181 ; 183a; 185; 193; 205; 211 ; 235 ; 268 ; 294; 313 ; 322; 324; 347; 356; 369; 396; 397 ; 405; 407; 408 ; 411 ; 412; 413; 417; 425 ; 434; 453; 458; 461; 472; 475 ; 490 ; 495; 497; 505; 507; 508 ; 509; Acad . IV.A.4; IV.B. Aristote 'O MŪoog 71 . Aristote, le dialecticien 2.
Aristocréon, géographe 374. Aristocritos 306 . Aristocritos, historien 376.
Aristodème 380.
Aristote, le pédotribe 411 . Aristote, petit -fils d'Aristote 414 P. Aristoxène de Tarente 14; 90; 148; 164; 308; 311 ; 322; 347, 405; 411 ; 509; 517.
798
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
Aritadès 356.
Arius, hérésiarque 7 ; 507. Arius Didyme, 27 ; 92; 93; 250 ; 414 P. Arius l'Égyptien, 324 . Arovas (Moïse ben Joseph) 414 Tha III.B.
Asclépius, ancêtre d'Aristote 414 P. Aspasie 211 .
Aspasius 24; 112; 414 0. Astāt, voir Ustāt. Aster 356.
Arrhénidès, archonte 194. Arria maior, 422.
Aster (RE 4) 464. Aston de Crotone 59.
Arria minor, 421 .
Astrampsychos 429. Astylos de Crotone 466 .
Arrianus de Paiania (L. Flavius - ), 425. Arrien , météorologiste 425 . Arrien de Nicomédie 424. Arsaces 38.
Ateius, voir Capito (C. Ateius - ). Ateius, voir Philologue (Ateius - ). Athanase d'Alexandrie 239.
Arsagoras 305 .
Athanase de Balad 414 Org.Ar.
Artabazos ( III) 356. Artapherne 356 .
Athénagore d'Athènes 476 .
Artemidore , fils d'Artémidore de Daldis 429. Artemisia 329.
Athénaios, père de Métrodore 477. Athénaios, rhéteur 495. Athénaios de Rhamnonte, cosmète 425 . Athénaïs 233.
Artémon 414 P, Pt 93; 235. Artémon de Cassandreia 356; 414 P; 434.
Athénée , épigrammatiste 211 ; 482. Athénée d'Attaleia 34.
Artémon de Pergame 434.
Athénée de Naucratis 62; 414 Biol.; 479 . Athénion 235; 355.
Artémidore de Daldis 119; 209.
Arubas, garde du corps d'Alexandre 435. Arubas, roi de Molossie 435. Asamithes 29a. Asclepiadès d'Alexandrie 453 . Asclepiadès d'Alexandrie (M. Aurelius -, dit Hermodore) 445. Asclepiades de Myrléa 450 . Asclépiades de Phlionte 170; 438. Asclepiadès de Pruse (ou de Bithynie ) 27 ; 157; 316; 439; 440 ; 491.
Athénion , père d'Athénion 485. Athénodore Calvus de Tarse 122; 487 ; 489; 490 ; 496 ; 498 . Athénodore Cordylion de Tarse 122; 489; 496 ; 497 . Athénodore d'Ainos 370. Athénodore de Tarse, père d'Alexandre 122. Athénodore, auteur des lepinatoi 497. Athénodore, critique des Catégories d’Aristote 6; 393; 497 .
Asclepiadès de Samos 356. Asclepiadès le Jeune, le Pharmacien 440.
Athénodore , frère d'Aratos 298.
Asclepiadès, philosophe à Rome 439. Asclépigénéia II, 314; 451 .
Athénodore, père d'Aratos 298. Atoeas 376.
Asclépiodote d'Alexandrie 224; 454.
Attale 38.
Asclépiodote d'Aphrodise, 453. Asclépiodote d'Héliopolis, 453.
Attale de Rhodes 298.
Asclepiodote de Nicée , 456 .
Attale II Philadelphe de Pergame 244.
Asclepiodote le Tacticien, 455.
Attale, Nepi napoyliāv 500. Atticus 220
Asclepiodote, père d'Asclepiodote 455. Asclépiodotos du Pirée 205. Asclépios de Tralles 141 ; 369; 414 0; 457.
Attale Ier de Pergame 193; 302.
Atticus (Pomponius -) 113; 294 ; 402; 414 1. Attila 314.
799
INDEX DES NOMS PROPRES Audaidos 420.
Auguste, empereur 27; 92; 118; 122; 150; 164; 244; 250, 324; 390 ; 483; 496 ; 497.
Basile , empereur 116 . Basile de Césarée 132; 239; 298. Basileidès 205.
Augustin d'Hippone 19 ; 128; 132; 221; 294.
Basilide, épicurien 474.
Aulu -Gelle 294 ; 349 .
Basilide de Scythopolis 274.
Aulus, voir aussi Paetus ( Aulus Caecina - ).
Bassus (Cassianus - ) 294 .
Aurélien , empereur 157.
Bassus, correspondant d'Apollonius de Tyane 284.
Aurelius, primat de Carthage 508 . Aurelius, voir Asclepiades d'Alexandrie (M. Aurelius - ). Aurelius, voir Daphnos (M. Aurelius - ).
Bassus , voir Polyaenus Bassus -) .
(T.
Avianus
Batilaos 98.
Aurelius, voir Opilius (Aurelius - ). Aurulenus, voir Rusticus (Aurulenus -).
Batis 477.
Autoboulos (Flavius -) 511 . Autodoros 191 .
Al-Bayhaqi (Zahir al-Din Abū l -Hasan 'Ali b. Zayd b. Funduq) 414 THA VI.F. Béronicianus 56.
Autolycos de Pitane 153; 302. Automénès 335. Auxence, évêque 132. Averroès, voir Ibn Rusd . Avianus , voir Polyaenus (T. Avianus Bassus -) .
Baton le comique 302.
Bion de Borysthène 194 ; 211 ; 234 ; 356 ; 396 . Al- Birūni ( Abū l - Rayhan Muhammad b. Ahmad ) 142. Blossius de Cumes 205 . Boethos 64.
Avidius, voir Parménéidès (A. - ).
Boethos de Marathon, académicien 153; 386. Boethos de Sidon , péripatéticien 181 . Boethos de Tarse 497 .
Avidius, voir Quietus (Avidius - ). Aviénus 298.
Boethos, commentateur des Catégories d'Aristote 6; 393.
Aygekc'i (Vardan ) 350 . Axiochos 460.
Boethos, lexicographe 476. Boethos, pïcien
Avicenne, voir Ibn Sinā. Avidia Julia 312.
Boethus de Ptolémaïs ( Flavius - ) 112; 114. Axiothéa 404. Bāba Afdal, voir Kāšāni. Al-Bağdādi ( 'Abd al-Lațif) 414 Rhét., Tha VI.H.
Boèce ( Anicius Manlius Severinus Boethius ), comm . d'Aristote 141 ; 294; 414 0, Org .; 461 . Boios 119.
Baccheios (de Tanagra ), médecin hérophilien 275 ,
Bolos de Mende 3 . Bolos Demokritos 164.
Bacchylus 101 . Balbus 200 .
Bousélos 302.
Bro (n )tinos 98; 304. Balīnūs, voir Apollonius de Tyane. Balmes (Abraham ben Meir de) 414 Rhét. Banữ Musẽ 414 Rhét. Bar Zö'bi (Johanān ) 414 Org.Ar.
Bruttius, voir Sura ( Bruttius - ). Brutus 406; 505. Caecilius ( Sextus - ) 509. Caecilius de Calé - Acté 209.
Barbarus (M. Vettulenus Civica - ) 114. Barbatianus 132. Barhebraeus, voir Ibn al-' Ibri.
Caecilius, voir Apuleius (Lucius Caecilius Minutianus - ). Caecina, voir Paetus ( Aulus Caecina - ).
800
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
Caelianus ( T. Varius - ), diadoque 111 . Caelinus 111 .
Caton d'Utique (Marcus - ) 206; 257; 498.
Caelius 111 .
Catulus (Cinna - ) 274. Catulus ( Q. Lutatius - ) 147. Catulus ( Quintus - ) 509. Celse, ami de Lucien 110 .
Caesellius, voir Vindex (Caesellius - ). Calcidius 24. Caligula, empereur 102; 390 .
Callaischros, 23. Calliadès, archonte 158. Callias 20 ; 21 ; 176. Callias, archonte 158. Callias, titre d'un ouvrage de Stilpon 356 . Callias, fils d’Hyperochidès, Acad. III.C.1.b. Calliclès 176; 209 . Callimachos Annicéris 186. Callimachos, Acad . IV.B.
Caton le Censeur 28; 130 ; 322; 498 ; 509.
Celse, médio - platonicien 294 ; 343; 475. Celse, fils d'Archétimos 313. Celsinus ( Iulius - ) 509.
Céphale de Clazomènes 23; 210 . Céphisodore, archonte 414 P. Cerdon 232. Certus ( Publicius - ) 422. Césarée 414 Méta . Chairéas 339.
Callimaque de Cyrène 193; 248 ; 298; 405 .
Chairémon (Aelius - ) 61 .
Callisthène, père de Callisthène d'Olynthe 414 P.
Chariclès, archonte 374.
Callisthène (Pseudo-) 425.
Charisius 295. Charmadas 40 ; 70; 200 ; 223 ; 251 ; Acad. IV.A.1 ; IV.D.
Callisthène d'Olynthe 160; 347; 414 P. Calpurnianus (M. Pupius - ) 200 . Calpurnius, voir Pison (L. Calpurnius Piso Frugi). Capito (C. Ateius -) 509. Capiton , platonicien 349.
Charinos de Sphettos 71 .
Charmide 23, Acad. III.C.2.a. Charmos , Acad . III.C.2.a ; III.D.6 .
III.C.1.b;
III.C.1.e ;
Caracalla, voir Antonin - Caracalla.
Charpentier (Jacques) 414 Tha III.B. Chélidonion 338.
Carcinos, poète tragique 71 . Caricus 238.
Chérémon 111 . Chérémon , voir aussi Chairémon .
Carnéade de Cyrène 9; 29; 40; 70; 102; 203; 205 ; 217 ; 244; 265; 277; 342; 357; 374; 381 ; 392; 447; Acad . IV.D. Cartérius 136.
Chion d'Héraclée 219; 310.
Carus, 233.
Chorilos 414 H 144. Chrémonidès 194. Christodore de Coptos 31 ; 414 1. Chrysanthe de Sardes 56; 57.
Carus ( Varius - ) 111 . Chryserme d'Alexandrie 205; 260. Cassianus, voir Bassus ( Cassianus -). Cassius 130.
Cassius, voir aussi Maximus (Cassius - ). Castor de Rhodes 244.
Chrysippe 13; 41 ; 62; 90 ; 106 ; 110; 131 ; 134; 161 ; 205; 231 ; 243; 255; 301 ; 302; 362; 363; 366 ; 368; 374; 397 ; 405; 427; 429; 473; 486 ; 496 ; 498 . Chrysippe de Cnide 408 .
Castricius ( Firmus -) 136.
Cicéron (L.) 200 .
Castricius ( Titus -) 509 . Catilina 505.
Cicéron 5; 88; 113; 130; 132; 143; 200; 223; 263; 267; 282; 294 ; 298; 349; 354; 406 ; 429; 496 ; 497; 505; 508; 509 ; 515; Acad . III.C.3.a.
Cassius, voir aussi Longinus (C. Cassius - ).
Catius 130.
INDEX DES NOMS PROPRES
Cilon 321 ; 322. Cimon 349; Acad . III.B.2; III.C.1.c ; III.C.2.a; III.C.2.c; III.D.5.a; III.D.5.b. Cincia, voir Désidéné Cincia.
801
Clinias, cousin d'Alcibiade 356 . Clinias, fils d'Architélès 338. Clinias, père d'Alcibiade 86 . Clisthène, Acad. III.D.5.a.
Cinna 223.
Clitarque, disciple de Stilpon 412.
Cinna, voir Catulus (Cinna - ). Cinnaios 32.
Clitomaque 70 ; 244; 356. Clodius, voir Paetus (P. Ciodius Thrasea - ).
Civica, voir Barbarus (M. Vettulenus Civica - ).
Colotes de Lampsaque 191 ; 302.
Claranus 501 .
Columelle 343. Cominius, voir Firmus (L. Cominius - ).
Clarus ( Ericius --) 509. Claude, empereur 52; 102; 111 ; 136; 480; 157 .
Claudius, voir Adrastos ( Claudios - ). Claudius, voir Agathéméros (Claudius - ).
Commode, empereur 24; 47; 140; 232; 288; 295; 370; 475.
Conon 20 . Constance, dédicataire d'Adamantius 17 .
Claudius, voir Agathinus (Claudius - ).
Constance II, empereur 17; 56 ; 172. Constant, consul 154.
Claudius, voir Agathurnus (Claudius - ). Claudius, voir Eumolpus (Claudius - ).
Constantin, empereur 56; 172. Constantin Paléocappa 181 ; 318 .
Claudius, voir Mammertus (Claudius - ). Claudius, voir Marcellus (Marcus Claudius -).
Claudius, voir Maximus (Claudius - ). Claudius, voir Pulcher ( Appius Claudius - ). Claudius, voir Quadrigarius (Q. Claudius - ). Cléaichma 513.
Cléanthe d'Assos 194; 205; 214; 218; 298 ; 302 ; 345 ; 374; 396; 397; 515. Cléanthis 87; 339. Cléarque de Soles 160.
Cléarque le Pontique 219. Cleinias de Sicyone 2.
Constantin VII Porphyrogénète 193; 405. Corbulon 102. Cornelius, voir Labéon ( Cornelius - ). Cornelius, voir Lentulus (Cornelius - ). Cornelius, voir Nepos ( Cornelius - ). Cornelius, voir Sylla (L. Cornelius Sulla Felix ). Cornutus 34; 372; 421 ; 480; 490 ; 497. Crantor de Soles 193; 302 . Cranus 233. Crassus (L. Licinius --> 70; 223; 450. Crassus (P. Licinius - ) 263; 282.
Cleinias, rhéteur 38 . Cleinias, voir aussi Clinias.
Crassus Dives (M. Licinius -) 108; 263. Cratère 125.
Cleitos 160. Clément d'Alexandrie 294; 476 ; 508 , 509. Clémentianè 425 . Cléocharès de Myrléa 302 . Cléodème 339. Cléombrote, disciple de Socrate 356 . Cleombrotos, père de Cléophantos 450. Cléon 158.
Cratère I 194. Cratère II 194. Cratès de Mallos ou de Pergame 118 ; 174; 246. Cratès de Thèbes 211 ; 214; 250 ; 449. Cratès, l'académicien 193; 302. Cratippe de Pergame 181 ; 393; 406 . Cresconius 508 .
Cléopâtre 324.
Crésus 3.
Cléophantos 450.
Crinis 307. Critias, historien 62.
Clinias de Tarente 148; 149.
802
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
Critias I 23 . Critias II 23. Critias III 23. Critias IV , le tyran 23. Critobule, disciple de Socrate 249; 356. Critolaos de Phasélis 9; 70; 392; 396; 414 P; 495 .
Démétrius de Phalère 158; 283 ; 347 ; 382; 396 ; Acad. III.C.2.a. Démétrius de Sounion , cynique 36 ; 284. Démétrius I Poliorcète 194 ; 302. Démétrius II 194 . Démétrius Lacon 174; 270 . Démétrius le beau, fils de Démétrius Poliorcete 302 .
Criton , disciple de Socrate 71 ; 249; 414 Pom .; Acad . III.C.2.a.
Démétrius Sôter 84.
Criton (médecin ) 414 Rhét. Cronius 289.
Démétrius, auteur du De eloc. 414 P, Rhét.; 434.
Ctésias 509.
Démétrius, fils d'Arideikės 330.
Curbus 233 ,
Démétrius, péripatéticien, ami de Caton d'Utique 257.
Cyrille d'Alexandrie 27.
Cyrus 168; 211 ; 358 . Dāmād (Mir Muḥammad Bāqir b. Šams al- Din Muḥammad al- Husayni al-Astarābādi alMu'allim al- Tālit) 414 THA III.A.4, VI.I. Damaratos II, fils de Pythias 414 P. Damaratos I de Sparte 414 P. Damascius 4; 29a; 31 ; 55; 78; 141 ; 295; 414 ThA III.B.2, IV.2; 446; 453; 467; 507 . Damianè 453.
Damis 284. Damon d'Athènes, musicien 37; 417. Damophon 341. Dandamis 425 . Daphnos (M. Aurelius -) 100. Dardanos d'Assyrie, sophiste 199. Dardanus d'Athènes 200 ; 205; 245 ; 250; 282; 293 . Darius 114, Pom . David l'Invincible 141 ; 414 0, Org ., Org.Ar.
Démétrius, père d'Apollophanès 291. Démétrius, sculpteur à Rhodes 330. Démocharès 302. Démocrite d'Abdère 74; 148, 149, 157 , 158; 160; 209; 214; 247 ; 414 DL 124, H 116, Biol.; 450; 475; 509. Démocrite, dest. lettre d'Aristote 414 DL 144.
Démonax 36 ; 39, 274. Démophanès 302. Démos, demi- frère de Platon 23. Démosthène, l'orateur 88; 176; 349; 414 P; Acad. III.C.2.b. Démosthène de Mégalopolis, disciple d'Arcé silas 279. Démostrate, gnostique 18; 297. Démostratos, sénateur 62. Démotime 414 P. Dèmylos, archonte 158.
David bar Paulos, 414 Org.Ar. Décélos Acad. III.D.1.c.
Denys (Dionysius) bar Şalibi 377; 414 Org.Ar. Denys (Pseudo- ) 290 . Denys d'Alexandrie 157.
Deinias, meurtrier d’Abantidas de Sicyone 2; 410.
Denys d'Halicarnasse 62a; 88 ; 369; 414 P , Rhết; 476.
Deinias d'Argos, historien 2.
Denys d'Héraclée 193; 298. Denys de Cyrene 205; 260.
Deinomachos, lapicide 414 P. Démaratos 408. Démétrius d'Alexandrie ( Aelius - ) 114.
Denys de Milet, sophiste 121 ; 199; 499 . Denys de Rome 157.
Démétrius d'Aspendos 283. Démétrius de Batè 151 .
Denys de Syracuse 71 ; 185; 356 ; Acad. IV.B. Denys de Thrace 298 ; 414 Rhét.
Démétrius de Magnésie 374; 395.
INDEX DES NOMS PROPRES
803
Denys I de Syracuse, l'Ancien 209; 326 ; 351 ; 414 P.
Dion Cassius 425.
Denys II de Syracuse 71 ; 90 ; 185; 306; 322; 323 ; 375; 417.
Dion de Pruse ( Chrysostome) 62; 121 ; 284; 319; 349; 499.
Deogratias 508.
Dion de Syracuse 71 ; 185; 380; 425; 509; Acad. IV.B.
Desias (?) 211 . Desidéné Cincia 100.
Dion d'Alexandrie 393.
Dionicos, médecin 339. Dionysios de Colophon 302.
Dexippe 414 0, Org. Diaduménien , empereur 100 . Dicéarque de Messine 155; 417; 505; 517.
Dionysios de Lamptres 33; 401; 474 . Dionysius 324 .
Didyme, le grammairien 209, 414 P; 482. Dimarchus 132.
Dionysius Scytobrachion de Mytilene 434.
Al-Dimašqi ( Abū Umān Sa'id b. Ya'qub) 414 Org.Ar.
Al- Dinawari (Abū Sa'id -Sa'd ?- Nașt b. Ya'qūb) 429. Dini 284.
Dionysius, voir aussi Denys.
Dionysodore 339 . Diopeithès 158. Dioscoride l'Égyptien 284. Dioscorus 508. Diotélès 414 P.
Dinostrate, mathématicien 148. Diochaitès 133 .
Diotimos 33; 401. Diotréphès, archonte 414 P.
Dioclès, père d’Alcidamas 88. Dioclès, archonte 300 .
Dióxippe d'Athènes 160. Diphilos, aristonéen 397.
Dioclès, pythagoricien 417 . Dioclès (de Cnide) 302.
Diphilos, le Labyrinthe 339.
Dioclès de Caryste 450 . Dioclès de Magnésie 125; 205; 302; 307; 356 ; 397; 449; 496 . Dioclétien , empereur 116; 157; 284; 418.
Domitien, empereur 138; 284; 319; 431 . Domitius, voir Afer (Cnaeus Domitius - ). Domninus de Syrie 453.
Donat 508 . Doris de Locres 351 .
Diodore, élève de Critolaos 70.
Diodore Cronos 125 ; 205 ; 276 ; 302; 329; 432 . Diodore d'Alexandrie 298 . Diodore d'Aspendos 326 . Diodore de Sicile 88.
Diodote, stoïcien 263; 282.
Diogène 414 Pom . Diogène d'Apollonie 214. Diogène de Séleucie ou de Babylone 9; 200; 205; 244 ; 245 ; 250; 260; 307, 349. Diogène de Sinope, le cynique 71 ; 164; 167; 182; 184; 211 ; 214; 217; 250; 377; 509.
Dorothée 476 . Dorothéos d'Amisa 302. Dorothéos de Telfusa 302. Douris de Samos 333.
Dracon, Acad. III.C.1.a.
Dropidès I 23 . Dropidès II 23. Drosis 338. Drusus 324.
Ecdelos de Mégalopolis 302. Ecdémos 302. Ecdicius 188.
Diogène de Smyrne 160 .
Échécratès 334; 417 .
Diogène Laërce 118; 214; 259 ; 286; 302; 324 ; 396; 414 0 , Org., Rhét ., Biol. Diogène, père d'Aristocléidès 365a.
Échémos, roi de Tégée , Acad .III.A.1. Ecphantos de Syracuse, Acad . IV.A.4 . Egrilius, voir Plancianus (Egrilius - ).
804
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
Égyptos 64 . Élagabale, empereur 62; 482. Élias 126 ; 414 0, Org., Org.Ar. Élien le Tacticien 61 ; 62; 456 .
Étranger d'Élée 371. Euainétos, archonte 374; 414 P.
Elpinès, archonte 414 P. Émilien, usurpateur 157 .
Eubatas le cyrénaïque 412. Eubatidès 332.
Empédocle d'Agrigente 14; 74; 88; 102; 158; 322; 349; 356; 414 Biol. ; 475.
Eubios d’Ascalon 190 . Eubote 412.
Empédocle (Pseudo - ) 414 THA VI.H.
Euboulos, archonte 414 P.
Endymion 217 .
Eubule, père d'Anaxagore 158. Eubulide de Milet 112; 125; 194; 276 . Euclide d'Alexandrie 29a; 414 Méta . Euclide de Mégare 71 ; 86; 125.
Énée, chez Procope de Gaza 64 . Énée de Gaza 425; 507 . Énésidème de Cnossos 50 ; 202; 229; 369. Ennius 178; 516.
Étienne d'Athènes, médecin 457. Étienne de Laodicée 157.
Eucratès, archonte à Athènes 155 Épaminondas 356. Épeius 324 . Éphialte, orateur, Acad. App.
Éphore 62; 125; 155 ; 509. Épicharme 90; 417 ; 516. Épictète 36 ; 52; 307; 414 Pom .; 425; 509. Épicure 102; 110; 130 ; 142; 151 ; 159; 160; 167; 186 ; 191 ; 194; 195 ; 230; 240 ; 243; 256; 300 ; 362; 369, 396; 405; 414 P ; 433; 477; 479 ; 501 ; 505. Épigonus 56. Épiphane de Salamine 30 ; 239; 377. Épitimides de Cyrène 204. Eprius, voir Marcellus (Eprius - ). Érasicleia 338. Érasistrate 408; 450.
Eucratès, archonte à Delphes 234. Eucritos 339. Eudaimôn 349. Eudame 302. Eudème de Rhodes 157, 158; 414 DL 13, P1 36. Eudème de Pergame 114; 461. Eudocie, impératrice 233. Eudocie (Pseudo-) 211 ; 318. Eudore d'Alexandrie 6 ; 324 ; 393; 398; 461. Eudoxe de Cnide 298; 322; Acad. IV.A.4 .
Eugame 302. Eugnostus 350 . Eukairos 414 H 168 . Eumène let de Pergame 302.
Érastos 438 .
Eumoireus 330.
Ératosthène de Cyrène 234; 244 ; 290; 397; 405; 425; Acad . IV.A.4. Érichthonios, Acad. III.D.5.a.
Eumolpus (Claudius - ) 319. Eunape de Sardes 56 ; 57 ; 297 . Eunome 30 ; 177.
Ericius, voir Clarus (Ericius -).
Eupeithios 315 .
Érymneus 484; 485 .
Euphante d'Olynthe 194.
Éryximaque 176 . Éryxis 335 .
Euphorbe le Phrygien 248. Euphrasius 56 . Euphratès 284; 499.
Eschine, le rhéteur 88 . Eschine de Sphettos, le socratique, voir Aischines.
Eupolis d'Athènes 62; Acad . III.C.2.a. Euripide 62; 88; 147; 158; 160; 239; 308; 414 H 144, 1; 483 .
Ésope 62; 88; 98. Étéonée 349.
Eurymédon 414 H 189.
Étienne d'Alexandrie 112; 414 0, Org.Ar.
Eurymedon I, époux de Potoné 23.
805
INDEX DES NOMS PROPRES Eurymedon II, fils de Speusippe 23. Eurystratos 168. Eurytos 417.
Eusébe d'Alexandrie, évêque de Laodicée 157 . Eusebe d'Alexandrie, commentateur d'Ari stote 414 Org.Ar. Eusébe de Césarée 27 , 140, 157; 239; 284; 288; 414, Tha III.A.3 ; 492; 507.
Festus (R. - ) 515. Festus, voir Postumius (Festus - ). Ficin (Marsile - ) 1 .
Fidus, voir Optatus (Fidus - ). Figulus (P. Nigidius - ) 143; 164; 509 . Filominus 132.
Firmus (L. Cominius - ) 421, Flaccus (M. Verrius -) 497. Flamininus 374.
Eusébe de Myndos 56. Eustathe de Cappadoce 56; 221 . Eustathe de Thessalonique 482. Eustathios, voir Ustāt. Eustochius 414 THA III.A.2.c. Eustrate 414 0, Org. Euthydème, sophiste 209. Euthydème, archonte 158. Euthydème de Phénicie, rhéteur 284 . Eutrope, Préfet du prétoire de Rome 188 . Euxène d'Héraclée 284. Euxénon 219.
Flavius Claudius Constantius Gallus, voir Gallus.
Flavius, voir Alexandre d'Hypata (T. Flavius-). Flavius, voir Arrianus de Paiania ( Flavius - ). Flavius, voir Autoboulos (Flavius - ). Flavius , voir (Flavius -).
Boethos
de
Ptolémaïs
Flavius , voir Gallus (Flavius Claudius Constantius - ).
Euxitheos 64.
Flavius, voir Horapollon (Flavius - ). Flavius, voir Josèphe ( Flavius - ). Florus 143.
Évagoras, collègue de Libanius 295. Évagoras, commentateur d'Hermogène 295.
Fonteius de Carthage 508. Fortunatus 508.
Évagoras de Lindos 295. Évandre 357. Évarestos 349 .
Frédéric II de Hohenstaufen 112; 414 Biol. Les Frères de la pureté ( Ihwān al - Şafā ') 414 ThA III.A.4, VI.E. Fronton (M. Cornelius -) 274; 295; 296 ; 350; 361 ; 397 ; 499, 509.
Évodien de Smyrne 370. Evodius de Rome 377 . Evragrius 504. Fabianus (Papirius - ) 83. Al-Fārābi (Abū Nașr Muḥammad b. Muham mad b.Tarhan b. Awzalag - Uzluğ ? - ) 112; 414 P, Org. Ar., Rhét., Méta ., Tha II, III.A.2.c, III.A.4, IV.2, VI.C. Fannia 421 ; 422. Faustinus 294.
Faustus 508. Favonius (M. - ) 267. Favorinus d'Arles 62; 71 ; 98; 114; 121 ; 158 ; 302; 322; 349; 356; 509. Felicitas 34.
Felix 508 . Felix, voir Sylla (L. Cornelius Sulla Felix ).
Frugi, voir Pison (L. Calpurnius Piso Frugi ). Fundamentus 508 . Ğābir ( b.Hayyān b. ' Abd Allāh Abū Mūsā al Kūfī al- Şūfi) (Geber) 414 Org.Ar., Rhét.
Gagik fer 440. Gahm b. Şafwān ( Abū Muhriz al- Tirmidi al Samarqandi) 414 THA III.A.2.c. Gaïos 78; 93; 294; 349. Galien (Pseudo - ), Historia philosopha 27 . Galien de Pergame 68; 73; 78; 93; 112; 114; 158; 215 ; 222; 294; 316; 413; 414 Biol. , Org.Ar. ; 423; 440; 461; 482; 507. Galien, " deipnosophiste" 482.
Gallien, empereur 75; 157 .
806
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
Gallus (= Flavius Claudius Constantius – ?) 414 P. Gartydas 326 . Al- Gazāli ( Abū Hamid Muhammad b. Muhammad al- Tūsi) 414 Org.Ar., Méta ., ThA III.A.2.c.
Gellius (L. - ) 425. Gellius, voir aussi Aulu -Gelle. Gellius, voir aussi Iustus (L. Gellius - ). Gellius, voir aussi Menander (L. Gellius - ). Geminus 29a, 62a .
Geminus (Cn . Pompeius - ) 62a. Genitor ( Iulius - ) 431 . Géographe de Ravenne 470.
Al-Gurğāni, Zayn al-Din abū l-Faqā'il Ismā'il b. al-Husayn 414 Org.Ar. Gylidas, archonte 414 P.
Hadrianos de Tyr 114. Hadrien, empereur 12; 62; 93; 273; 284; 285; 287; 319; 349; 350; 370; 425; 476 ; 499; Acad. III.C.3.a. Hāğği Halifa (Muştafā.b. ' Abd Allāh Kātib Čelebi), 467; 414 Org.Ar. Hagnon de Tarse 495. Halcyon , le fils d'Antigone Gonatas 194 . Harmodios, tyrannoctone Acad . III.D.6 ; III.D.7 ; App . Hāroun -el-Rashid, voir Harūn al-Rašid.
Harpocration 64 . Gentilianus (= Amélius) 136. Georges d'Alexandrie 295.
Harpocration d'Argos 507.
Georges ( évêque des Nations arabes) 414 Org.Ar.
Harūn al -Rašid (b. Muḥammad b. ' Abd Allāh ) 414 Org.Ar., Biol. Al-Hasan b. Suwār, voir Ibn Suwār.
Gérard de Crémone 29a; 112; 414 Org.Ar. Germanicus 298; 515. Gessius d'Alexandrie 64. Géta, empereur 112. Giyāt al-Din Manşūr al - Širāzi, voir al - Širāzi (Amir ...). Glaucias 270. Glaucon I 23.
Hécadémos, voir Académos. Hécatée d'Abdère 254; 436 . Hécaton de Rhodes 211 . Hédylos 374. Hégésandre de Delphes 170; 356. Hégésias de Cyrène 186; 356 . Hégésias 509.
Glaucon II, frère de Platon 23; 210. Glaucos de Samos 488.
Hégésibule 158.
Gordien, empereur 140. Gorgias de Léontini 71 ; 88; 209; 211 ; 303; 326; 358; 414 DL 98, XMG . Gorgonios 295.
Hégétor, médecin hérophilien 275.
Gorgos 205.
Héliodore 187.
Gracchus ( Tiberius -) 205.
Héliodore d'Alexandrie, fils d'Hermias 55 ; 141 .
Graecinus (Iulius -) 390.
Gratien, empereur 132. Grégoire de Nazianze 239.
Hégésinus 29.
Hégias 315. Hélène, épouse d'Alexandre de Milet 118. Hélicaôn 373.
Héliodore de Pruse 181 ; 414 0.
Grégoire de Nysse 64; 475. Grégoire le Thaumaturge 492 .
Héliodore , médecin pneumatiste 480 . Helvidius , voir Priscus (Helvidius - ) . Héphaistion 24 .
Gryllion 4141.
Héphaistion 435.
Gryllos 414 DL 5 , Pt 3a. Gryphon (Antonius - ) 178 .
Héphaistion , ami d'Alexandre le Grand 414 DL 144; 435 . Héraclas 140 .
Guillaume de Moerbecke 112; 136; 137; 414 Org ., Rhét., Biol.
Héracléodore 376.
INDEX DES NOMS PROPRES Héraclès 35.
807
Héraclide de Lycie 370. Héraclide de Tarente , médecin 270, 275 . Héraclide de Tarse 205; 497.
Hérophile, médecin 450. Herpyllis 414 P. Hesiode 12; 62; 88; 298 ; 364; 414 H 107 , 143 .
Héraclide le Pontique 3; 152; 191 ; 218; 396; 450; Acad . IV.A.4 .
Hestiaios, père d'Archytas de Tarente 322. Hestiaios de Tarente 322.
Héraclide Lembos 32; 125; 449, 465.
Hesychius d'Apamée (Hostilianus -) 136. Hesychius de Milet 414 P, 0, Org ., Rhét. Het'um 440 .
Héraclite d'Éphèse 88; 214; 218 ; 377; 396 ; 403; 440; 475. Héraclius, empereur 377. Héraïscus 446 . Herennius, disciple d'Ammonius Saccas 140.
Hétoimaristos 317. Hétoimoclès 339. Hiéracas 30.
Herennius, voir Saturninus (Herennius - ). Herennius, voir Senecion (Herennius -). Hermann l'Allemand 414 Rhét.
Hiérax 55.
Hermarque 132.
Hiéronymos de Cardie 194. Hieronymos de Rhodes 158; 302; 330 ; 347; 517 . Hilaire de Phrygie 180.
Herm ( e )ias d'Alexandrie 55 ; 135; 141 ; 142; 457 ; 458 , 467. Hermès Trismégiste 294; 377; 414 Pom .; 475. Hermias d'Atarné 235; 356; 414 P. Herminus 112; 461.
Hiéroclès, commandant de Munichie 302 . Hiéroclès d'Alexandrie 64 ; 116; 140; 507.
Hilarios 453. Hildebald 469. Himérius 295.
Hermippe d'Athènes, poète comique 460 . Hermippe de Béryte 429. Hermippe de Smyrne 125 ; 155 ; 158 ; 160; 193 ; 194; 211 ; 302; 374; 396; 414 0, Org .; 509 ,
Hipparque, fils de Pisistrate, Acad . III.C.1.b; III.C.1.c ; III.C.1.c. ( a ) ; III.C.1.e ; III.C.2.a; III.D.1.
Hermocrate de lasos 488.
Hipparque de Samos 298 ; 336; 345; 500. Hipparque de Stagire 414 P.
Hermodore, épicurien 38 . Hermodoros (P. Aelius Polemaenos - ) 425 .
Hippias, fils de Pisistrate , Acad. III.C.1.b; III.C.1.c. (a ) .
Hermodoros, voir M. Aurelius Asclepiadès d'Alexandrie. Hermogène de Tarse 199; 209; 295 ; 414 Rhết.; 471 . Hermon 339.
Hippias d'Élis 175; 176; 209; 211 . Hippobote 155 ; 298; 356 ; 496 ; 517. Hippocrate 14; 68; 270; 271 ; 275 ; 371 ; 440; 453 . Hippocrate, le jeune, élève de Protagoras 198.
Héro 414 P.
Hérode Atticus 35 ; 62; 121 ; 274; 349 ; 370; 499; 509; Acad . III.D.8 . Hérodicus 211 . Hérodote, dédic. d'Agathinos 34. Hérodote d'Halicarnasse 62; 209. Hérodote , médecin pneumatiste 480 . Hérodote de Tarse 34,
Héron d'Alexandrie 157. Hérophile, cynique 38 .
Hippocrate de Chios, physicien présocratique 74 . Hippocrate de Cos 399 ; 450 . Hippodromos 139. Hippolyte 132; 142; 172.
Hipponicos 302. Histiaos 339. Homère 62; 88 ; 157, 158 ; 160; 166; 211 ; 239; 298 ; 302; 318; 349; 364; 414 DL 118 , H 141-142, 147, Pt 98 , Poét.; 429; 498 .
808
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
Honoratus 508.
Horapollon ( Flavius-) 446 . Hostilianus, voir Hesychius d'Apamée (Hostilianus - ).
Hubayš (b. al-Hasan al - A'sam al- Dimašqi) 414 Org.Ar. Hunayn (b. Ishaq al-'Ibādi Abū Zayd) 112 ; 429; 414 Org.Ar. Hyginus (C. Iulius - ) 118. Hyllos de Soles 374. Hypatie 107; 470. Hypéride, Acad. III.C.2.a.
Hystaspe 377 . Ibn Abi Uşaybi'a (Muwaffaq al -Din Abū l ' Abbās Aḥmad b. al- Qāsim b. Halifa b. Yūnus al -Hazraği) 29a; 112; 126; 158; 323; 414 P, O , Org.Ar., Rhét., ThA II. Ibn Badr ( 'Abd al-Raḥmān b. Ismā'il al Andalusi) 414 Rhét
Ibn al-Bapriq, voir Ibn al-Bițriq. Ibn al- Bițiq ( Abū Zakariyyā' Yahyā) 414 Org.Ar., Biol.. Ibn Fatila, voir Jean le géomètre. Ibn Gulğul (Abū Dāwūd Sulayman b. Hassan al-Andalusi) 414 Org.Ar. Ibn Hallikān (Aḥmad b. Muḥammad b. Ibrāhim Abū l-' Abbās Šams al- Din al Barmaki al- Irbili al- Šāfi'i) 414 Org.Ar.
Ibn al- Hammar, voir Ibn Suwar. Ibn Hasdāy (Abraham ) 414 Tha III.B.2 , VI.B.
Ibn al -Qifti (Gamāl al -Din Abū l-Hasan ' Ali b . Yūsuf b. Ibrāhim b. ' Abd al-Wāḥid al Saybāni al- Qādi al- Akram ) 185 ; 356 ; 414 O, P. , Org.Ar., Rhét. , Méta ., THA II .; 467; 472 . Ibn Ridwān ( Abū l-Hasan 'Ali b . Ridwān b. ' Ali b. Ğa'far al-Misri) 414 Org.Ar. Ibn Rusd (Abū l -Walid Muḥammad b. Ahmad Muhammad al- Hafid ) ( Averroès) 112; 414 Org.Ar., Rhét., Méta . Ibn Sab'in (' Abd al-Haqq b. Ibrāhim b. Muḥammad b. Nasr al - 'Akki al-Mursi Abū Muḥammad Qutb al-Din ) 112. Ibn al -Samḥ (Abū ‘Ali) 414 Rhét.
Ibn al- Şalt, voir Abū Nūḥ . Ibn Shem Tov (Joseph ben Shem Tov ) 414 THA III.B.1, III.B.6 . Ibn Sinā ( Abū ' Ali al-Husayn b. 'Abd Allāh) (Avicenne] 112; 414 Org.Ar., Rhét., Méta ., ThA VI.G. Ibn Suwār (Abū l-Hayr al-Hasan b. Suwār b. al-Hammār) 126; 414 Org.Ar. Ibn al- Tayyib ( Abū l -Farağ 'Abd Allāh al ' Irāqi) (Abulpharagius Abdalla Benattibus) 126; 414 Org.A., Rhét. Ibn Țumlūs (Yusuf b. Aḥmad Abū l-Hağğāg Abu Ishaq) ( Alpharagiag bin Thamlus) 414 Org.Ar. Ibn Waḥšiyya (Abū Bakr Aḥmad b. ‘ Ali b. Qays al -Kasdāni al- Şūfī al- Qussayni) 414 ThA VI.A. Ibn Zur'ā (Abū ' Ali Isā b. Isḥāq) 414 Org.Ar., Méta ., THA VI.F.
Ibn al-Haytam (Abū ' Ali al-Hasan b. al-Hasan - Husayn ? – b. al -Haytam al- Basri al Mișri) [Alhazen ) 414 Rhét.
Ibrāhim b. ' Abd Allāh ( al-Nāqid al-Naşrāni al Kātib )112; 414 Org.Ar.
Ibn al - ' Ibri (GErighör - Yūḥannān - Abū l - Farağ ) ( Barhebraeus) 414 Org.Ar.
Ibrāhim Abū Isḥāq, voir Quwayrā. Ibrāhim b. Bakūš - ou Bakkūš, ou Bakūs ? (Abū Ishaq al- 'Ušari) 414 Org.Ar.
Ibn al -Muqaffa' ('Abd Allāh ) 414 Org.Ar. Ibn al-Muqaffa ', voir Muhammad b . ' Abd Allah b . al-Muqaffa '.
Ibn al -Nadim (Abū l- Farağ Muḥammad b. Abi Ya'qūb Isḥāq al -Warrāq al -Bağdādi) 29a; 112; 126; 414 P., Org.Ar., Rhét., Méta ., ThA II; 467.
Idoménée 71 ; 240; 300. Ihwān al- Şafā ', voir Les Frères de la pureté. Illus 453 . lochaitès 133. lollas de Sardes 237. lollasios de Sardes 237 .
Ibn Nā'ima ('Abd al-Masih b. ' Abd Allāh b.Nā'ima al -Ħimsi ) 414 Org.Ar., ThA III.A.2 , III.B.2 , IV.2, V.2.
Ion, platonicien 339. lon de Chios 302; 308.
809
INDEX DES NOMS PROPRES
Iphicrate , Acad. III.C.2.c.
Jacques (évêque d'Édesse) 414 Org.Ar.
Irène Doukaina 121 .
Jamblique de Chalcis 1 ; 51 ; 56; 64; 129; 135 ; 136; 144 ; 157 ; 183; 327 ; 354; 377 ; 414 Org.Ar., THA IV.2 ; 462; 507.
Irénée de Lyon 475. ' İsā b. Zur'ā, voir Ibn Zur'a. Isaac Israeli, voir Isḥāq b. Sulaymān al Isrā'ili.
Jamblique, père d'Ariston 144 ; 391. Januarius 31 .
Isḥāq b. Hunayn (b. Isḥāq al- 'Ibādi) 414 P , Org.Ar., Rhét, Méta.
Jason de Nysa 497 .
Isḥāq b. Sulaymān al - Isrā'ili (Abū Ya'qub) ( Isaac Israeli) 142; 414 THA III.B.2, VI.B.
Jean d'Apamée III.A.2.c.
Jean Chrysostome 171 . 414 ThA. III.A.2.a ,
Isidore d'Alexandrie 446; 453.
Jean Damascène 226 ; 336.
Isidore de Pergame 496; 498 . Isidore de Séville 294.
Jean de Salisbury 217. Jean Diaconos Galenos 17.
Al - Iskandar al- Afrūdisi, voir Alexandre d'Aphrodise. 'Išobokht 414 Org Ar.
Jean l'Évangéliste 136. Jean le Géomètre ( Ibn Fātila) 414 Org.Ar.
Isocrate 44; 88; 148; 176; 211 ; 219; 294 ; 349.
Jean Philopon 29a; 78; 126; 141 ; 142; 369; 4140, Org ., Org.Ar., Méta .; 507.
Jean Lydus 27 ; 31 ; 297 ; 482.
Isocrate d'Apollonie 148. Isogonus de Nicée 509. Isolochos 210.
Jean Philopon, voir aussi Yūḥannā. Jean Tzetzès 27 .
Iulia Domna 284 . Iulia, voir Avidia Iulia.
Jérôme 238; 239; 418. Jésus 31 ; 116; 140 ; 337 .
Iulianus (Antonius -) 509. Iulianus, voir aussi Julien .
Job d'Edessse 414 Org.Ar.
Iulius, voir Aquilinus ( Iulius - ).
Jonas (évêque de Tella ), voir Jonas le Moine. Jonas le Moine 414 Org.Ar.; 414 Rhét.
Iulius, voir Celsinus (Iulius - ). Iulius, voir Genitor (Iulius - ).
Josèphe ( Josipe) 92; 94. Josèphe (Flavius - ) 267.
Iulius, voir Graecinus (Iulius - ). Iulius, voir Hyginus ( C. Iulius - ).
Joseph ben Schem - Tob , voir Ibn Shem Tov.
Iulius, voir Maior ( Iulius - ). Iulius, voir Modestus (Iulius - ).
Juba de Mauritanie 62; 119; 369. Judas le Galiléen 102.
Iulius, voir Nicanor (C. Iulius - ). Iulius, voir Paulus ( Iulius - ).
Jules César 257; 263 ; 267; 393; 505. Jules l’Africain 157 . Julien d'Éclane 508.
Iulius, voir Romanus (C. Iulius - ). Iulius Caesar, voir Jules César.
Julien l'Empereur 56; 239; 295 ; 327; 414 P; 415; 443.
Iulius, voir aussi Jules.
Justin 294,
Iuncus (L. Aemilius -) 111 .
Justin (Pseudo -) 27 ; 238 .
Iunius, voir Rusticus ( Iunius -). Iustus (L. Gellius --) 425.
Justinien, empereur 172. Juvénal 263 .
Jacques, fils de Judas le Galiléen 102.
Kal (i)ondas 298.
Jacques, médecin 453.
Kāšāni (Bāba Afdal al-Din Muḥammad b. Husayn ) ( ou Kāši) 414 Pom . Kātib Celebi, voir Hāģği Halifa.
Jacques l'Ermite, voir Jacques, évêque d'Édesse.
810
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
Képis 20 . Kinās 414 Pom . Al- Kindi ( Abū Yusuf Ya'qub b. İsḥāq) 112; 414 Org.Ar., Rhét., Méta., Pom ., Tha II, III.A.2 , III.B.2 , IV.2, V.2.
Al-Kiyā ( Abū Ğa'far Muḥammad b. Husayn b. Marzubān ) 414 THA VI.G. Labéon ( Cornélius - ) 418. Lachès, père de Démocharès 302. Lachès, fils de Mélanopos 347. Lactance 442 . Lacydès de Cyrène 6; 29; 302; 357; 387; 389; 394; 395. Laelius 130.
Licinius, voir Sura (L. Licinius - ). Licinus (Porcius - ) 509. Linus 364.
Livie 324. Livius, voir Larensis (P. Livius - ). Livius, voir Tite- Live. Longin 88; 136 ; 139; 140 ; 187; 225 ; 289; 295; 478. Longinus (C. Cassius - ), juriste 361 . Longinus ( C. Cassius- ), censeur 84 . Lucien de Samosate , 35; 110; 294 ; 317 , 338; 339; 414 Biol.; 425 . Lucien l'Ancien 232.
Lucilius, satyriste 81 ; 82. Laïs 356. Lamachos 86.
Lucilius, ami de Sénèque 390 . Lucius de Patras 294 .
Lamproclès 37. Lampros d'Érétrie 417.
Lucius Verus, empereur 110; 114; 274. Lucius, chez Apulée 294.
Laodamie 421 . Larensios 482. Larensis (P. Livius - ) 482. Lasos 62. Lasthénéia d'Arcadie 404; 517. Léaidès 23 . Lecanios Areios de Tarse 34 .
Lentulus (Cornelius - ) 118. Léocratès, fils de Stroïbos, Acad. III.C.2.a ; III.D.4 . Léon, contemporain d'Alcméon de Crotone 98 . Léon 219.
Lucius, platonicien 349. Lucrèce 130. Lucullus 200 . Lutatius, voir Catullus (Q. Lutatius - ). Lycandros 282; 293. Lycinus 339. Lycon, accusateur de Socrate 227.
Lycon , stoïcien 282; 293. Lycon de Troade 146 ; 193 ; 348; 382; 396; 399; 414 P; 472. Lycurgue, orateur, Acad. App. Lydus, gnostique 18; 297. Lysandre 20 ; 86.
Léon Ier, empereur 188. Léonce 298. Leonidas d'Alexandrie 480 .
Lysanias de Sphettos 71 . Lysiadès, archonte 455 .
Léonidas de Byzance 62. Léonidès 219.
Lysias, orateur 71 . Lysias 209. Lysias 414 Pom.; voir aussi Kinās.
Léonteus 240 ; 300. Lépidus d'Amastris 110 . Létophila 298 . Leucolophides 20.
Libanios 239; 295 . Licentius 508. Licinius (M. - ) 281 . Licinius, voir aussi Crassus.
Lysiclès 460 . Lysimaque I, père d'Aristide I le Grand 347. Lysimaque II, père d'Aristide II 347; 349. Lysimaque , général 38; 194. Lysimaque, parent de Philon d'Alexandrie 102 .
Lysimaque, stoïcien 136.
INDEX DES NOMS PROPRES
Lysippe 414 I.
Marinus 29a: 31 ; 453.
Lysis, pythagoricien 303; 321 ; 326. Macedo 509. Machaon 414 P.
Marius 223; 505. Marius, voir Victorinus (Marius - ). Maron 121 ; 123.
Macrin , dédicataire d'Ampélius 143.
Martianus Capella 294 .
Macrin , empereur 100; 143; 157. Macrinus (M. Nonius - ) 423.
Masurius, voir Sabinus (Masurius - ).
Macrobe 132; 429 . Magnence, empereur 443.
Magnillus 443. Magnos, évêque 172. Magnus d'Éphèse, médecin pneumatiste 480. Magnus de Philadelphie, médecin 316. Maior (Iulius - ), gouverneur de Syrie 425. Mamercus, voir Scaurus (Mamercus Aemi
811
Al-Marwazi ( Abū Yahyā) 414 Org.Ar.
Mattā (Abū Bišr b. Yūnus al-Qunnā'i) 112; 414 Org.Ar. Poét, Méta. Maxime (Pseudo - ) 226 . Maxime d'Égée 284. Maxime d'Éphèse 56 ; 180. Maxime (d'Éphèse ? ) 414 Org Ar. Maxime de Madaure 508 . Maxime de Tyr 429.
lius -). Mammertus (Claudius - ) 188. Al- Ma'mūn (Abū l- ' Abbās ' Abd Allāh b. Hārūn al-Rašid ) 414 Rhét.
Maxime le sophiste 414 Rhét.
Mani 30; 116; 377. Manlius, voir Torquatus (L. Manlius - ). Marāyā 414 Org.Ar.
Maximus ( Claudius - ), proconsul d'Afrique 294 ; 509.
Maras 453 . Marc de Byzance 93. Marc - Aurèle , empereur 47; 110; 114; 121 ; 238 ; 274; 295 ; 349 ; 361 ; 370; 397; 413 ; 419; 475; 482; 499; 507 .
Marcellinus, ami de Sénèque 390 . Marcellinus, correspondant d'Augustin 508. Marcellinus, disciple de Salluste 188. Marcellus ( Eprius – ) 52. Marcellus (M. Claudius -), neveu et gendre d'Auguste 483 ; 497. Marcellus (Marcus Claudius -), consul en 51a, Acad. III.C.1.c ; III.C.2.c. Marcellus (Marcus Claudius - ), lieutenant de Pompée 483 . Marcellus, dédic . d'Athénaios de Séleucie 483 .
Maximus ( Cassius - ) 429. Maximus ( Claudius - ), maître de Marc -Aurèle 274.
Maximus, épicurien 425. Mécène 324 . Médios, époux de Pythias 408 ; 414 P. Médios, père du pharmacologue Simmias 68. Médios, stoïcien 187. Mégalophanès de Mégalopolis 302. Megillos 425. Meidias 408. Mélantès d'Érèse, père de Théophraste 414 P. Mélanthius de Rhodes 70; Acad . App . Méléagre 356 . Mélésias, père de Thucydide 158 ; 347 . Mélètos, adversaire de Socrate 158; 211 ; 227. Mélissos 414 DL 95 , XMG . Mélitè 57. Méliton de Sardes 157 . Memnon 219.
Marcion 232.
Ménaichmos, mathématicien 145; 148. Ménaichmos 414 H 123 .
Marcius 24.
Menander (L. Gellius - ) 425 .
Marcomir 469.
Ménandre, poète comique 62; 185; 239; 294 . Ménandre, philosophe 350.
Marcellus, général romain 483.
Marcus, neveu de Philon 102.
812
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
Ménandre le Rhéteur 349; 414 Rhét. Ménéclès d'Alabanda 267 . Ménécratès 434.
Ménécratès, Acad. III.C.2.a. Ménédème d'Érétrie 71 ; 125 ; 170; 193; 194; 214; 404; 449, 517. Ménédème de Pyrrha 400 ; 449. Ménexènè, fille de Diodore Cronos 329; 432.
Miltiade 349. Miltiade, aristonéen 397 .
Miltiade,père d'Ariston 397 . Milton 308. Mimnerme 62. Minucianus 295 ; 414 Rhét. Minucius Felix 288.
Ménexène 211 ; 347; 460; 414 DL 8.
Minutianus, voir Apuleius (Lucius, Caecilius Minutianus - ).
Ménippe de Gadara 6; 38.
Mir Dāmād , voir Dāmād.
Ménippe de Lycie 284. Ménodore 302.
Mithra (?) 13 . Mithradatès , fils d'Orontobatés, Acad . IV.A.2.
Ménodote de Nicomédie 50; 73; 202; 270. Ménon 358.
Mentor, dest. lettre d'Aristote 414 DL 144. Mentoridès 15. Messala (M. Valerius - ) 84. Messaline 421 .
Messalinus (C. Ulpius Prastina Pacatus - ) 425 . Messos 297 .
Mithridate 118; 143; 200; 235; 355; 450 ; 483; 485 .
Mnasagoras, stoïcien 205. Mnémon de Sidon 270. Mnésagoras, père d'Archytas 322. Mnésarque, stoïcien 200; 250; 282; 293. Mnésias 308.
Méthode d'Olympe 239.
Mnésistrate de Thasos 71 . Modératus 289.
Métroclès, le cynique 91 . Métrodore 414 P.
Modestus (Iulius -) 509 . Moeris 476 .
Métrodore, académicien 70.
Moiragénès 284. Moiréas 302.
Métrodore, disciple de Chrysippe 374. Metrodore, époux de Pythias 408. Métrodore de Chios 160 .
Moïse 140; 172; 232; 364 . Moïse Arovas, voir Arovas
Métrodore de Cyzique 265.
Moïse bar Kepha 414 Org.Ar.
Métrodore de Lampsaque, disciple d'Anaxa gore 158 .
Moïse Rovas, voir Arovas.
Métrodore de Lampsaque, épicurien 15; 477 . Métrodore de Stratonice, académicien 265. Métrodore de Stratonice , épicurien 243.
Monime le cynique 160 . Monnica 508 . Montan 238 .
Métrophane d'Eucarpia 295 .
Moschos 170; 449. Movsēs Xorenac'i 172.
Métrophane de Lébadée 295. Mica 356. Michel d'Éphèse 112; 414 O, Biol. Michel Italikos 121 .
Mollā Şadrā, voir al -Širāzi ( Şadr al -Din ...).
Al-Mubaššir, Abū l-Wafā' al -Mubaššir b. al Fātik 112; 414 P. Mucianus (M. Nonius Arius - 423 .
Michel Psellus 1 ; 27.
Mucius, voir Scaevola (Mucius - ).
Michel Scot 414 Biol.
Mucius, voir Scaevola (Q. Mucius - ).
Midôn 308 .
Muhammad b. ' Abd Allāh b. al-Muqaffa' 414 Org.Ar.
Milon de Crotone 321 .
INDEX DES NOMS PROPRES Muhammad (Abū Ğa'far b. Mūsā b. Sākir) 414 Rhét.
Nicandre de Colophon 119. Nicanor, général d'Alexandre 414 P.
Munatius, voir Plancus (L. Munatius - ). Murena (L. Terentius Varro - ) 483.
Nicanor (C. Iulius - ) 324 .
Mūsă b. al-Hagar (Mūsă al -Hagari), voir Moïse bar Kepha.
813
Nicanor de Stagire 414 P. Nicéphore 429.
Nicias 86; 347. Musonius, stoïcien 478. Nicias de Cos 399. Musonius Rufus 284; 349; 431 ; 499; 509; 515 .
Nicias de Nicée 259. Nicoclès de Chypre 160 .
Al-Mu'taşim bi- llāh ( Abū Ishaq Muḥammad ) 414 Méta ., THA III.A.2. Myris 298 .
Nicoclès, tyran de Sicyone 2; 410. Nicocréon de Chypre 159 , 160, 449. Nicolas de Damas 414 Méta .
Myrmeicus (Flavianus -) 515. Myrrhina, fille de Callias, Acad. III.C.1.b.
Nicomaque de Gérasa 3; 157; 289; 322; 458.
Myrtalè 34.
Nicomaque, fils d'Aristote 114; 356; 414 P; 461
Myrto 347. Myson 155; 163; 164.
Nicomaque, père d'Aristote 414 P. Nicostratos 62.
Nabuchodonosor 118 . Nausicratès 374 . Nausicydès 176. Nausigénès, archonte 414 P. Nausiphane 254
Nicotélès 186. Nicothée 18; 297 . Nigidius, voir Figulus (Nigidius -) . Nigrinus 93.
Al-Nayrizi, al- Fadi b. Hâtim Abū l- 'Abbās ( Anaritus) 29a .
Nigrinus (C. Avidius - ) 425 . Nikétès 121 .
Nazif b. Ayman (Nazif b. Yumm (Le Prêtre grec )] 414 Méta.
Nil d’Ancyre 236. Nomos 31 .
Nazif b. Yumm (Le Prêtre grec), voir Nazif b. Aymān. Néanthe de Cyzique 185; 211 ; 321 .
Nonius, voir Macrinus (M. Nonius -). Nonius, voir Aper (M. Nonius Arrius Paulinus - ).
Néarque 322. Nébridius, ami d'Augustin 128; 508. Neilos 295.
Numénius d'Apamée 64; 136; 220; 289; 302; 343; 357.
Nélée de Scepsis 235; 414 0. Némésius d'Émèse 27; 140. Nepos (Cornelius - ) 505 . Nérinthe 414 DL 6.
Numénius, le rhéteur 109.
Numénius, père d'Alexandre 295. Nymphis d'Héraclée 219. Octavie 497 .
" Odesseos " 377.
Néron , empereur 52; 101 ; 102; 111 ; 138; 284; 480 ; 494 .
Oenomaos de Gadara 36; 62; 211 .
Nerva, empereur 284; 422. Nervas 233 . Nessas de Chios 160.
Olympias 414 P, DL 144.
Nestor de Tarse, académicien 497. Nestorius 451 .
Olympiodore d'Alexandrie (Pseudo -) 414 OrgAr.
Oinopides de Chios 157 ; 175; 398.
Olympiodore d'Alexandrie 126; 141 ; 349; 414 0, Org.
Olympios d'Alexandrie 140. Nicandre d'Alexandrie 72.
814
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
Omeyyades 414 Méta . Onésicrite 509. Onésicrite d'Astypalée 182. Onésicrite d'Égine 182.
Onésime 509. Opilius ( Aurelius - ) 509.
Oppia 421.
Parébate de Cyrène 356 . Parméneidès ( Avidius - ) 312. Parménide d'Élée 23; 88; 133; 137; 165; 168; 209; 210 ; 407; 414 XMG . Paséas, père d'Abantidas de Sicyone 2; 410. Paséas, disciple de Lacydès 357. Pasiphon d'Érétrie 71 .
Oppien 47 ; 62. Oppien (Pseudo - ) 47. Opsimos 321 .
Patrice de Lydie 180 .
Optatus (Fidus -) 509. Orbilius, voir Pupillus (L. Orbilius - ).
Paul d'Égine 17.
Orbius (L. - ) 235. Oresandros 325 326.
Paul le Perse 414 Org.Ar., Rhét ., Méta. Paulin de Milan 132 .
Oribase 17 .
Paulinus de Scythopolis 297. Paulus ( Iulius -) 509.
Origène, le chrétien 132; 140; 289; 343; 475; 492 .
Patricius, père d'Augustin 508. Paul d'Alexandrie 298 .
Paul de Samosate 157 ; 492.
Origène, le platonicien 116 ; 140; 297.
Paulus (L. Sergius - ) 114. Pausanias 62.
Orphée 272; 364; 377.
Pausanias de Césarée 62.
Ourania 30 . Ovide 298 .
Pausanias, ami d'Empédocle 356. Pausanias, roi de Sparte, Acad . III.C.2.c.
Pacatus, voir Messalinus (C. Ulpius Prastina Pacatus - ).
Pélage 508. Pélops, médecin 78 . Pelops 233 .
Paconius (M. - ) 52. Pacuvius 28; 147. Paetus ( Aulus Caecina - ) 421; 422.
Pérégrinus Proteus 36 ; 88; 509 . Pereitas 24 .
Paetus (P. Clodius Thrasea - ) 52; 421 ; 422. Paionéios 352.
Perennius ( Tigidius - ) 288. Périandre 356.
Palladios d'Hélénopolis 425.
Péricles 86; 158 ; 349 ; 460; Acad. III.D.1 ; III.D.5.a ; III.D.5.b.
Pamphile d'Alexandrie 62; 482; 509.
Pamphile de Césarée 157. Pamphile d'Épidaure 248; 400; 509. Panarétos 302.
Périctionè, mère de Platon 23; 210; 343.
Pancratès 332. Panedès 88.
Persaios, disciple de Zénon 71 ; 194; 298; 397 .
Panétius de Rhodes 62a; 67; 70; 71 ; 81 ; 192;
Perse, poète latin 34; 372; 421 ; 422. Persée, général 29. Pet'ric'i ( Ioane) 141 ; 414 O. Petrus Nicolaus ex Castellaniis 414 ThA III.B.
200; 205; 206 ; 244 ; 245; 250; 280; 282; 293; 347; 356; 396; 397; 455; 456. Pantacléia 329; 432.
Papirius, voir Fabianus (Papirius - ). Papos, manichéen 116. Pappus, astronome 345. Paralos, fils de Périclès 460 .
Péristrate d'Éphèse 71 . Périthos 98.
Peukestas 414 M. Phaeax 71 .
Phaestis, mère d'Aristote 414 P.
INDEX DES NOMS PROPRES
Phalaris (Pseudo - ) 3.
Philomelos 356 .
Phanias d'Érèse 211 ; 356 . Phanocritos 302.
Philon Annicéris 186 .
Phanodème 449. Phanton 417.
Philon d'Alexandrie 92; 102; 132; 157 ; 294; 364; 414 THA III.A.2.c, VI.H ; 508. Philon de Larisse 200 ; 242; 250.
Pharnabazos ( II) 86; 356 .
Philon de Mégare 432.
Phédon d'Élis 71 ; 125; 170; 183a; 414 Pom .; 449.
Philon , chez Lucien 339.
Phèdre , épicurien 505. Phèdre de Myrrhinonte 176; 356 ; 464. Phila 194.
Phila ( s) 302. Philinos de Cos 270. Philion 270. Philippe II 464.
Philonidès, disciple de Zénon de Kition 194. Philonides de Laodicée 84 ; 433. Philopon , voir Jean Philopon .
Philostephanus de Cyrène 509. Philostrate 284; 349. Philostrate d'Égypte, partisan de Cléopâtre 324; 498. Philostrate de Lemnos 62.
Philippe l'Arabe, empereur 136 .
Philotheos 414 Org.Ar.
Philippe V, Acad. III.B.2; III.C.2.c. Philippe, médecin pneumatiste 480.
Philoxène, disciple d'Anaxagore 158; 335.
Philippe d'Oponte, Acad. IV.A.4 . Philippe de Macédoine 72; 194; 414 P, M , DL 144; 435; Acad. IV.C.
815
Philoxène, destinataire d'une lettre d'Aristote 414 DL 144 . Philumene 232. Phocas, père d'Artémidore de Daldis 429.
Philippe de Mégare 352. Philippe de Side 476 . Philippide 62.
Phoenix de Thessalie, Acad. III.C.3.a; III.D.7 . Phoibion 187 . Phormion 400 .
Philiscos, disciple d'Isocrate 148 . Philiscos d'Égine, disciple de Diogène le Cynique 182. Philiscos d'Égine 185. Philiscos de Melos 284. Philiscus, épicurien chassé de Rome 84.
Phrynichos, sophiste 295. Phrynichos, lexicographe 71 ; 370.
Photius 476 .
Philochore 449; 516.
Phyromachos d'Athènes 211 . Phytios 373. Pierre d'Alexandrie, évêque 7.
Philochoros, archonte 414 P.
Pierre de Sicile 30 .
Philoclès, stratège athénien 20. Philoclès, archonte 414 P. Philocome 18; 297 .
Pierre Monge, patriarche d'Alexandrie 453. Piladès 302.
Philocrate, neveu de Chrysippe 374. Philocratès I 151 . Philocratès II 151 .
Pirithos, père d'Alcméon 98. Pisistrate d'Éphèse 71 .
Philodėme 88; 132; 178; 205; 243; 244; 282; 290 ; 300 ; 302; 355 ; 362; 374; 376; 396 ; 397 . Philolaos 247; 304; 322; 417; 509. Philologus (Ateius - ) 509.
Pindare 37; 62; 239; 302; 414 Pom .; 434.
Pisistrate, tyran d'Athènes 498; 509; Acad. III.B.8 ; III.C.1.b ; III.C.1.c; III.C.1.c.( a ); III.C.1.e ; III.D.2; III.D.2.d; III.D.3 ; III.D.5.b ; II.D.6 ; III.D.8 . Pison (L. Calpurnius Piso Frugi), épicurien romain , 505; Acad . III.B.9 ; IV.B. Placida 515.
816
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
Placidus 515 .
Polyainos, fils de Polyainos 477 .
Plancianus (Egrilius - ) 296 . Plancus (L. Munatius - 83.
Polybe 195.
Platon 18; 23; 30 ; 31 ; 53; 57; 60 ; 64; 71 ; 78; 86; 88; 90 ; 92; 93; 94 ; 96; 102; 109; 110;
Polycrate de Samos 165; 208 . Polycrite de Mende 71 . Polymneste de Phlionte 417 .
Polycarpe 290.
112; 114; 116; 121 ; 132; 136; 141 ; 142; 148, 149, 152; 161 , 162, 164; 183a; 185; 186 ; 193 ; 205; 209, 210, 211 ; 217; 219:
Polystrate, épicurien 241; 302.
239; 249; 267; 288 ; 294 ; 297 ; 306 ; 310;
Polyxène 29.
318 ; 322; 323; 324; 334; 341; 343; 349; 351 ; 356; 364; 369; 371 ; 375 ; 377; 379;
Polyzèlos, archonte 414 P. Pompée 393; 450; 483; 505.
380; 391; 396; 400 ; 404; 405; 407; 411 ; 414 P, DL 21 , Pt 16, Pt 60, Org ., Rhét. , Pom ., Tha III.A.2.c , V.2 , VI.C, VI.G; 417 ; 423; 429 ; 438; 449; 453; 460; 464; 475 ; 476 ; 482; 495; 507; 508 ; 509, 517 ; Acad. I.B .; III.B.9; III.C.1.b; III.C.1.c; III.C.2.a; III.D.4; III.D.5.a; IV . Plaute 28. Pleistanos d'Élis 170; 449. Pline l'Ancien 164; 343; 414 Biol.; 450 ; 509. Pline le Jeune 319; 361 ; 422; 431 ; 489. Plotin 1 ; 18; 24; 64 ; 92; 112; 115; 132; 136; 140; 144; 220 ; 297; 377 ; 391 ; 414 Méta ., THA ; 461; 507; 508. Ploutarchè, épouse d'Archiadas 314; 451. Plutarque (Pseudo - ) 27 . Plutarque d'Athènes 29a; 314; 451. Plutarque de Chéronée 27; 36; 62; 105; 138; 142; 220 ; 235 ; 263; 274; 294 ; 340; 378 ; 409; 414 0, Biol.; 480, 507; 509, 511 ; 512; Poimandrès 377.
Polemaenos, voir Hermodoros (P. Aelius Polemaenos - ). Polémius, Préfet du prétoire des Gaules 188.
Pompeius, voir Geminus ( Cn. Pompeius -). Ponticus 238. Porcius, voir Licinus (Porcius - ). Poros 356. Porphyre 1 ; 24; 27; 64; 116; 132; 136; 140; 141 ; 157 ; 181 ; 183; 220; 225; 239; 289; 295; 297 ; 308 ; 347 ; 349; 354; 377; 391 ; 393 ; 414 0 , Org . , Org.Ar. , ThA ; 418 ; 461; 507; 508. Posidonius d'Apamée 27; 29a; 62a; 235 ; 298; 355; 414 0; 425; 429; 456; 480; 485; 497; 498 . Posidonius, élève de Nicotélès de Cyrène 186. Possidius 508 . Postumius ( Festus - ) 509. Postumius Albinus 81 . Postumius Albinus, A. f. (L. - ) 84. Postumius Albinus, Sp. f. (L. - ) 84. Potonè, seur de Platon 23; 210.
Prastina, voir Messalinus (C. Ulpius Pratina Pacatus - ), Praülos, disciple de Lacydès 6. Praxiadès 165.
Polémon (Pseudo - ) 17. Polémon d'Athènes 193; 302; 356; 397; Acad . IV.A.1 ; IV.A.2; IV.A.4 ; IV.B; IV.D. Polémon d'Ilion 193; 302.
Praxidamas 417. Priscianus Lydus 78; 414 P; 509 .
Polémon de Laodicée 17 . Pollis 185; Acad . IV.B.
Priscus de Thesprotie 56 . Priscus iunior (Helvidius - ) 422.
Polos d'Agrigente 88. Polyaenus ( T. Avianus Bassus - ) 273. Polyainos de Lampsaque, épicurien 256; 300; 477 .
Probus ( d'Antioche) (Prhõbā ] 414 Org.Ar., Méta .
Probus (Valérius - ) 509. Probus, dédicataire d'Avienus 515.
Polyainos, auteur du Médios 71 .
Probus, empereur 157.
Priscus (Helvidius - ) 49; 52; 422 .
INDEX DES NOMS PROPRES Proclès I, époux de Pythias 408 ; 414 P.
Pythagoriciens 414 DL 97, 101 , Pt 22.
Proclès II, fils de Pythias 408 ; 414 P.
Pytharatos, archonte 195.
Proclus 1 ; 24; 29a; 31 ; 55; 64; 78; 112; 135; 141 ; 142; 145 ; 148 ; 295; 314; 367; 371 ; 414 P, Méta .,Tha II, III.A.2.c, V.2, VI.C ; VI.H ; 451 ; 453; 481; 493; 507; Acad . III.C.3.b ; IV.C. Procope, père d'Anthémius 188.
Pythias, fille d'Aristote 408 ; 414 P. Pythias, épouse d'Aristote 414 P. Pythocleidès de Céos 37 .
Procope, usurpateur 188. Prodicos de Céos 176; 209; 335; 211 . Prophantos, frère de Clinias d'Argos 2. Proros 356. Protagoras d'Abdère 20 ; 21 ; 37; 176; 198; 209; 305 ; 335 ; 369 ; 427 ; 509 ; Acad . III.D.5.a.
817
Pythoclès 302. Pythocles, épicurien 240. Pythodoros, disciple d'Arcésilas 302. Pythodoros, narrateur du Parménide 23; 210. Pythodotos, archonte 414 P. Qadi Sa'id Qummi, voir Qummi. Qarbānās 414 Pom . Quadrigarius (Q. Claudius - ) 509 .
Protarchos 262.
Quietus ( Avidius - ) 422. Quintilien 414 Biol.; 495; 499.
Proxène d'Atarné 414 P.
Quintus, médecin 68 .
Psellus, voir Michel Psellus. Ptolémée (Chennos ?) , voir Ptolémée, pinacographe
Qummi ( Qādi Sa'id ) 414 Tha III.A.4 , VI.G , VI.I, VI.K.
Ptolémée (VI Philomètor) 364. Ptolémée VIII 244. Ptolémée al- ġarib , voir Ptolémée, pinacographe Ptolémée Aulète 275. Ptolémée Philadelphe 194; 345. Ptolémée Physcon 32.
Ptolémée, astronome 24 ; 345; 414 Méta. Ptolémée, néoplatonicien 414 P. Ptolémée, péripatéticien connu par Longin 139 . Ptolémée, pinacographe 119; 181 ; 414 P , O , Biol.; 434 . Pudentilla 294. Pulcher (Appius Claudius - ) 497. Pupillus (L. Orbilius - ) 178.
Qustă ibn Lūcā (al-Ba'labakki) 27. Qutb al -Din al-Sirāzi, voir al- Sirazi (Qutb ...). Quwayrā ( Ibrāhim Abū Isḥāq) 414 Org.Ar. Rabirius 130 .
Al-Rāzi ( Abū Bakr Muhammad b . Zakariyyā ') [Rhazes) 414 Org.Ar. Rhodon 211 . Rhodon , disciple de Tatien 232. Rhosandros 349. Romanianus 508 . Romanus (Iulius - ) 295.
Rovas, voir Arovas. Rubrius, proconsul 498. Rufin d'Aquilée 157 . Rufus de Périnthe 370. Rusticus ( Aurulenus - ) 422 . Rusticus ( Iunius - ) 274.
Pyrallianos 349. Pyrilampès 23; 210 . Pyrrhon d'Élis 142; 160; 193; 202; 302; 324 ; 377; 436 .
Sabinus, sophiste 12. Sabinus (Masurius - ) 509 . Şadra Širāzi, voir al-Širāzi ( Şadr al-Din ...).
Pyrrhus 194 .
Le Sage grec 414 Tha III.B.2, IV.2 et 5, V. Al-Sahrastāni (Abū l - Fath Muhammad b.
Pythagore 3 ; 48 ; 59; 88; 98; 110 ; 132; 157; 165 ; 168; 195 ; 208; 248; 284; 322; 328; 331 ; 333 ; 341; 356; 357 ; 377; 417 ; 465 ; 475; 509 .
' Abd al-Karim ) 27 ; 142; 414 Tha V.2, V.6 et 7 .
818
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
Al - Sahrazūri (Sams al - Din Muḥammad b . Mahmūd al- Išrāqi) 414 ThA V.2.
Septime-Sévère, empereur 47; 112; 199; 201; 423 .
Şā'id al - Andalusi 414 Org.Ar., Rhét. Salomon 364.
Sérapion d'Alexandrie, médecin 270. Sérapion d’Antioche 238 . Sérapion de Thmuis 116.
Saloustios 188 ; 493 . Šamli 414 Méta . Sandon 489; 497; 498 . Sannidoros 191 . Al- Sarahsi ( Aḥmad b. Muhammad b. Marwān b. al- Tayyib ) 414 Org.Ar. Sarmation 132.
Sergius de Reš'aina 414 Org.Ar., Méta . Sergius, voir Paulus (L. Sergius - ). Servilianus, sénateur 509. Seuthès 302. Sévère, commentateur du Timée 220 ; 343. Sévère Alexandre, empereur 199, 482 .
Sathon 211 . Saturninus (Herennius - ) 378. Satyrion 87 . Satyros de Callatis 158; 160; 193; 347. Satyros, frère d'Ambroise de Milan 132.
Sévère Sébokht 414 Org.Ar., Rhét. Severianus 31 . Severus, consul suffect (en 129 ou 130) 425. Severus (Catilius - ) 361. Severus (Claudius - ) 274.
Satyros, médecin 68.
Severus ( Cn . Claudius -) 114.
Satyros, père d'Alexandre de Pleuron 120 . Al- Sayḥ al- yūnāni, voir Le Sage grec .
Severus (Messius Phoebus - ) 188. ' Sextus Apollonius' 270 .
Scaevola (Mucius - ) 497.
Sextus de Chéronée 26, 274.
Scaevola (Q. Mucius - ) 70; 82. Scamônidès 317.
Sextus Empiricus 27 ; 414 Org ., XMG .
Scaurus (Mamercus Aemilius - ) 390. Sceptos de Corinthe 121 . Scipion Émilien 130 .
Sibylles 377 . Sidoine Apollinaire 188 ; 4141.
Scipions (Cercle des - ) 5. Scopélien de Clazomènes 121 ; 284.
Scribonianus ( Arruntius Camillus - ) 421 . Scymnos (Pseudo-) 244. Scymnos de Chios 234.
34 ; 270;
Al-Siġistāni ( Abū Sulayman Muhammad b. Tāhir b. Bahram al-Siġistāni al-Mantiqi) 29a; 112; 126; 414 P, Org.Ar., ThA II, V.2, V.6. Silanion , sculpteur 249; Acad . IV.A.2; IV.B. Silènos 158 . Silianos 75.
Scythès 302. Sebasmius 504.
Silon 414 Pom . Silvanus 233 .
Secundianus 31 .
Simias, le stoïcien 68. Séjan 501. Séleucos I Nicator 194.
Simmias 414 Pom . Simmias, disciple de Stilpon 412.
Séleucus 38. Séleucus de Babylone, mathématicien 246 ; 345 .
Senecherib 118. Senecion (Herennius - ) 422 .
356;
Simmias, pharmacologue 68 . Simon , chez Lucien 71 . Simon , fils de Judas le Galiléen 102. Simon, à Samos 333.
Sénèque 111 ; 185 ; 390; 414 I, Biol.; 425; 430 ; 456; 497; 498 ; 501 .
Simon le cordonnier 71 . Simonide 180.
Sénèque l'Ancien 501.
Simonide de Céos, Acad. III.C.2.a.
INDEX DES NOMS PROPRES Simplicianus 132; 508.
Simplicius 29a; 158; 295 ; 414 0 , Org ., Org.Ar, Méta ., Tha II.B , IV.2; 467; 472; 507 . Siphilos le Labyrinthe 339. Sirakac'i (Anania ) 172; 298 . Al -Sirāfi (Abū Sa'id al- Hasan b. 'Abd Allāh b.al-Marzubān ) 414 Org.Ar. Al-Širāzi (Amir Giyāț al- Din Manşūr) 414 ThA III.A.1.b , VI.J. Al- Širāzi (Quțb al- Din al- Širāzi) 414 Tha VI.I. Al -Širāzi ( Şadr al-Din Muhammad b . Ibrāhim Mollā Şadra ) 414 THA VI.I. Sixte IV 414 Biol. Socrate 23; 53;71; 86; 88; 99; 158;160; 176; 183a; 198 ; 209, 210 , 211 ; 214; 217; 227 ; 245; 249; 250; 267; 288; 294; 302; 308; 324; 334; 347; 356; 358; 360; 371 ; 377; 379; 403; 407; 414 P , Pom .; 417; 460 ; 475; Acad . III.B.6 ; III.C.1.b; III.D.4 . Voir aussi Socratès, fils de Sophroniscos. Socrate de Laodicée 157. Socratès , fils de Sophroniscos, sculpteur, Acad. III.D.4. Socratidès 509.
Solon 23 ; 155; 414 H 140; Acad. III.B.8 ; III.C.1.a; III.C.2.a ; III.D.2 ; III.D.2.d; III.D.5.b. Sôpater d'Apamée 56 ; 286; 349; 405; 482. Sophilos 209. Sophocle 88 ; Acad. III.C.2.b. Sophonias 414 0.
819
Soso, soeur d'Abantidas de Sicyone 2. Sosos d’Ascalon 200. Sostratos 35 ; 119. Sostratos dit Héraclès 62. Sotas 369. Sôtérichos d'Oasis 284 . Sotion d'Alexandrie, frère d'Apollonius 262; 268; 269. Sotion 6; 133; 158; 259, 262; 302; 356; 465; 509 .
Spatinos 38 . Speusippe 23; 145 ; 148 ; 210 ; 356; 404; 414 DL 93 ; 509; 517 ; Acad . III.D.4 ; IV.A.2; IV.A.4 ; IV.B. Sphairos de Borysthène 218; 374 . Spintharos, père d'Aristoxène 308; 417.
Statyllius 257. Stéphanos ( commentateur de la Rhét.), 414 Rhết. Stéphanos 114 Pom . Stéphanos, voir aussi Étienne. Stilo (L. Aelius - ) 509. Stilpon 90 ; 91; 125; 167; 170, 191; 352; 356 ; 410; 412; 449. Stobée 27; 403.
Strabon 181 ; 235; 414 O. Stratoclès de Rhodes 192; 206 ; 282 . Stratocleia 120 . Straton de Lampsaque 102; 336; 345; 348 ; 396 ; 414 P; 471; 509. Stratonicè 194. Suétone 509 .
Sophron, Acad. IV.C. Sophronisque 347. Soranus de Mallos 453.
Al-Suhrawardi ( Šihāb al- Din Yahyā b. Habāš b . Amirak al-Maqtūl) 414 THA VI.I et J. Sulpicius, voir Apollinaris ( Sulpicius - ).
Sosastros 35 . Sosibios, ennemi d'Anaxagore 158 . Sosicrate de Rhodes 155; 356; 396 ; 397. Sosigénès, dédicataire de Chrysippe 106. Sosigénès , disciple d'Antipatros de Tarse 205 . Sosigénès, maître d'Alexandre d’Aphrodise 112.
Sura (Bruttius - ) 355. Sura (L. Licinius - ) 489. Sylla (L. Cornelius Sulla Felix ) 118; 181 ; 235; 355; 406 ; 414 0; 485; 505; Acad . III.C.2.a ; III.C.2.c; III.C.3.a; IV.D. Sylla (Sextius - ) 409. Synésius, frère de Hiérax 55.
Synésius de Cyrène 429; 470; 107 ; 154 . Sosipatra 56; 221 .
820
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
Syrianus 29a; 55; 64; 112; 141 ; 295; 314; 377; 414 0, THA IV.2 ; 453; 507 . Tacite 49.
Théodecte de Phasélis 148 ; 204 ; 414 DL 82. Théodore 180.
Tadāri 414 Org.Ar.
Théodore, contemporain d'Origène 492. Théodore Abū Qurra, voir Tadāri.
Taqi al-Din Abū 1 -Hayr Muhammad b. Muḥammad al - Fārisi 414 ThA. VI.J. T'aričisdze ( Ivane) 141 . Tatien 232 . Taurus (Calvisius - ) 78; 294; 349; 509. Teisandros 176. Télamon , Acad. III.D.5.a. Téléclès 278 ; 336; 337; 357, 388; 420.
Théodore, médecin pneumatiste 480 .
Théodore, évêque de Merv, 414 Org.Ar. Théodore d'Asiné 56 ; 136; 140 ; 183; 220. Théodore de Cyrène, dit l'Athée 186; 214; 356. Théodore de Gaza 414 Biol. Théodore de Tarse 324 .
Théodore, père d'Athénodore 496 .
Téléclès de Métaponte, élève d'Arcesilas 302.
Théodoret de Cyr 27 ; 507 .
Télèphe de Pergame 62.
Théodose, empereur 132; 221 . Théodose le Jeune, empereur 446.
Télesphoros, père d'Asclepiacos de Pruse 437 . Terentius Priscus 419. Terentius, voir Murena (L. Terentius Varro -). Terpsion 71 . Tertullien 288 .
Tertullus (Cornutus - ) 422.
Thalès 142; 157; 165; 214; 248; 298; 377; 475 . Thaumasias 302. Théagénès 314. Théano 331 ; 341.
Thébaios, fils de Lysiadès, d'Alopéké, Acad. III.C.2.a; III.D.4. Théétète 371. Théétète de Rhégium 373. Théiodas de Laodicée 202 . Thémison de Laodicée 450 . Thémistagoras, dest. lettre d'Aristote 414 DL 144.
Thémistius 179; 414 0, Org ., Org.Ar., Méta ., ThA III.A.2.c ; 425. Thémistocle, contemporain de Marc- Aurèle 274 . Thémistocle 349. Themistocléia 328. Théoboulos 467.
Théocléa 328. Théoclès 373.
Théodosios, disciple d'Ammonios Saccas 140 . Théodote, père d'Arsagoras 305. Théodote, pythagoricien 6. Théodotè , amie d'Arcésilas 302.
Théognis, le poète 88 ; 211 .
Théognis 432. Théognis, fille de Diodore Cronos 226; 329. Théon, disciple d'Alexandros 103. Théon d'Alexandrie 250. Théon de Smyrne 24 ; 157. Théon , père de Zosime d'Alexandrie 470 .
Théophile d'Alexandrie 221. Théophile d'Édesse 414 Org Ar. Théophilos, archonte 414 P.
Théophraste 17 ; 24 ; 26 ; 27; 53 ; 62; 66 ; 74 ; 96 ; 112; 158; 168; 181 ; 235 ; 294; 298 ; 302; 308 ; 356; 396 ; 405; 408 ; 414 P, 0, DL 75, Pt 74, 1, Org.Ar., Poét., Rhét., Biol., Méta ., XMG ; 417; 488; 509. Théophraste 64 . Théopompe de Chios 211 ; 219; 356. Théopompos, fils de Ctésiclès, d'Hagnonte, Acad . III.C.2.a. Théotecne de Césarée 157. Théramène 227; 335. Thomas, manichéen 116. Thomas d'Aquin 414 Tha III.B.2 . Thomas Magistros 349.
INDEX DES NOMS PROPRES Thraséa, voir Pactus (P. Clodius Thrasea - ). Thrason 194 .
Trébonien Galle, empereur 110. Trôs 459 .
Thrasus 357 .
Trygetius 508 .
Thrasybule 227.
Tryphon , stoicien et platonicien 92. Tryphon, source d'Athénée 482.
Thrasyllos 60 . Thrasyllos, fils d'Ammonios 138.
Tubero ( Q. Aelius -) 62a.
Thrasymaque 209. Thucydide, fils de Mélésias 158; 347.
Tullius, voir Tiro (M. Tullius - ). Tyrannion d'Amisos 181 ; 235.
Thucydide, l'historien 62; 209.
Ulpien , deipnosophiste 482. Ulpien de Tyr 482 .
Tibère, empereur 52; 102; 259, 501; 509 . Tiberius, voir Gracchus ( Tiberius - ). Tigidius, voir Perennius ( Tigidius - ). Tilliboros 425.
821
Ulpius, voir Messalinus (Ulpius Prastina Pacatus - ).
Ustāt ( Astāt) ( Eustathios ), 414 Méta., ThA V.2.
Tillirobos 425. Timagène 497 . Timarque 414 P. Timée de Tauroménium , l'historien 62; 195;
414 P. Timée , lexicographe 476 . Timée de Locres 334; 371 ; 414 DL 94; Timocleidas de Sicyone 2. Timocratès, ami d'Athénée 482. Timocratès, d'Héraclée 499.
Valentin 232. Valentinien I , empereur 132.
Valerius, voir Aedituus (Valerius -). Valerius, voir Messala (M. Valerius - ). Varia , voir Archélaïs (Varia - ). Varius, voir Caelianus ( T. Varius - ). Varius, voir Carus (Varius - ). Varro, voir Murena (M. Terentius Varro - ). Varron 53; 147; 200 , 343; 396 ; 405; 482; 488; 508; 509 .
Timocratès, frère de Métrodore 477. Varus (P. Alfenus - ) 509.
Timocratès, héritier d'Épicure 151 . Timocréon de Chrypre 160. Timoléon de Corinthe 425 .
Verrius, voir Flaccus (M. Verrius - ). Victorinus (Marius - ) 393; 397; 508.
Vespasien, empereur 52; 102; 284; 319; 422. Timon , le misanthrope, Acad . IV.A.1; IV.C. Timon de Phlionte 71 ; 158; 160 ; 194; 202;
Vettulenus, voir Barbarus (M. Vettulenus Civica - ).
211 ; 259; 302; 377, 397 ; 509 . Timothée de Pergame 6.
Vindex (Caesellius - ) 509.
Timothée Ier 414 Org.Ar.
Virgile 132; 298; 509, 515. Vitruve 483.
Tiridate 201.
Vologèse V 201. Tiro (M. Tullius - ) 509. Tissapherne 86.
Volusianus, père d'Albinus 79.
Tite -Live 143; 515. Titos de Bostra 116.
Volusianus, ami d'Augustin 508. Xanthippe, épouse de Socrate 71 ; 347. Xanthippe, fils de Périclès 460 .
Titus, empereur 102; 284 . Todros Todrosi 414 Rhét.
Xanthos 302.
Torquatus (L. Manlius - ) 505.
Xénarque de Séleucie 27; 483. Xénoclès, archonte 29.
Torquatus (T.-) 267. Trajan , empereur 24; 62; 143; 319; 361 ; 370; 425; 499; 509 .
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DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
Xénocrate 22; 71 ; 112 ; 148; 160; 212; 294 ; 306 ; 356; 414 DL 93 ; 435; Acad. III.D.4 ; IV.A.1 ; IV.A.4; IV.B.
Xénon d'Agrigente, père d'Acron 14. Xénophane 165 ; 324; 350; 414 DL 99 , XMG . Xénophile de Thrace 417. Xénophon 24; 62; 71 ; 209; 211 ; 249; 356; 379; 425. Xénophon, ami de Lucien 425 . Xénophon , surnom d'Arrien 425. Yaḥyā b. ‘ Adi (Abū Zakariyyā ') 112; 414 Org.Ar., Méta . Ya'qub al -Zähid, voir Jacques l'Ermite . Yūbā al-Rāhib , voir Jonas le Moine.
Zénodote d'Éphèse 175. Zénon, empereur (474-491) 31 ; 377 . Zénon 205 . Zénon , fils d'Aristénète 339. Zénon 114, Pom . Zénon d'Élée 6 ; 23; 88; 160 ; 209; 210; 214; 414 DL 100 , XMG . Zénon de Kition 125; 193; 194; 205; 211 ; 250; 286 ; 290 , 298; 302; 396; 397 ; 496 ; 498 ; Acad . III.C.2.b. Zénon de Sidon 245; 355. Zénon de Tarse 307. Zénon l'Hérophilien 270; 271 . Zénothémis 339. Zéthus l'Arabe 136 ; 140.
Yūḥannā = Jean (Philopon ?) 126. Zacharie de Mytilène 64; 141 ; 377; 453; 454. Zaradēs 377. Al-Zawzani (Muḥammad b. ‘ Ali b . Muḥammad al-Hatibi) 414 P. Zénobie 136 . Zénobius, épicurien 112.
Zénodore, mathématicien 175. Zénodotè , mère du poète Oppien 47 . Zénodote 175.
Zéthus, frère d'Amphion 147. Zeuxis 202; 229. Zoilos d'Amphipolis 167. Zopyre d'Alexandrie, médecin 275.
Zopyre de Colophon , élève d'Arcesilas 302. Zoroastre 18; 142; 211 ; 297; 377 . Zosime, fils de Théon 470. Zostrien 18; 136 ; 297.
Index des mots -vedettes figurant dans les titres d'ouvrages des philosophes
Cet index devrait permettre de retrouver d'après leurs mots principaux les ouvrages attribués aux philosophes qui ont bénéficié d'une notice dans le premier tome de ce dictionnaire. Un même mot peut renvoyer à plus d'un titre dans la même notice ou la même section de notice . Comme les notices ne rapportent pas toujours en grec le titre des ouvrages, on a complété l'index grec par une liste de mots français, latins ou anglais, tels qu'ils apparaissent dans la notice . Tous les titres attribués aux auteurs ne sont pas nécessairement des titres d'ouvrages philosophiques. Les commentaires, traductions et paraphrases sont regroupés sous le nom du philosophe qui fait l'objet de ces travaux érudits. Pour les listes des æuvres d'Aristote, nous n'avons retenu de la liste d'Hésychius que les titres ou les mots qui ne se trouvent pas dans la liste transmise par Diogène Laërce. Lessigles employés pour désigner les différentes sections de la notice « Aristote » sont les mêmes que ceux du précédent index .
' Αγρίππα 229 . 'Αθηνά 211 , 50 ; 349 , 37. 'Αθηναίος 349 , 8. Αίας 211 , 2 . Αιγαίος 349 , 44 . Αιγύπτιος 349, 36. ' Αλέξανδρος Ι , 167; 414 DL 17 , 144 , H 175177, 194, 195-196 . ' Αλέξανδρος ΙΙ , 349, 32 . ' Αλεξίνος 396, 12; 397 , 13. ' Αλκιβιάδης 71 , 5; 211 , 64 . 'Αλκμαίων 414 DL 96 . 'Αμύντας 90. 'Αμφιάραος 211 , 56. "Αντίπατρος 414 DL 144 . "Αξίοχος 71 , 3. 'Απελλάς 349, 30 . ' Απόλλων 3, 5 . "Αρατος 8 . 'Αρήτη 356, 16. 'Αριστοτέλης 24 , 2 et 5; 112 (passim): 405; 490 ; 507 .
'Αρχύτειος 414 DL 92, 94 . 'Ασκληπιάδαι 349 , 38. 'Ασκληπιός 349 , 39 , 42 . 'Ασπασία 71 , 4; 211 , 23 . 'Αχιλλεύς 349 , 16. Βακχικός 331 , 1 . Γαίος 78 . Γοργίας 414 DL 98 . Γρύλος 414 DL 5, H 5, Pi 3a. Δεσίας (?) 211 , 6. Δημοκρίτειος 414 H 116. Δημόκριτος 414 DL 124 , 144 . Δημοσθένης 349, apocr . Διονυσιακός 414 DL 135, Ροέt .; 434. Διονύσιος 331 , 3; 356, 20 , 22 ; 349 , 41 . Δράκων 71 , 10. “Έβρος 3 , 2. Ελένη 211, 51. Έλευσίνιος 349 , 22.
“ Έλλην 238. Επικούρειος 112, 42. Επίκουρος 243 .
'Αρίστων 1, 290 , 2. 'Αρίστων Π; 414 DL 144 . 'Αρτάβαζος 356 , 2.
' Αρχέλαος 211 , 65. "Αρχίλοχος 414 H 144. 'Αρχύτας 414 H 83 , 85 , Pt10; 417 , 7 .
Έρασίστρατοι 71 , 13 . Ερμείας 356, 9 . Έρυξίας 71 , 11 . Έτεωνεύς 349 , 31 . Ευδήμειος 414 Pt 36. Εύκαιρος 414 Η 168 .
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DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
Ευριπίδης 414 H 144 . Ευρυμέδων 414 Η 189 . Ζεύς 349 , 43 . Ζηνόβιος 112, 42 . Ζήνων 286; 396, 2; 397 , 3; 414 DL 100 . Ζωστριανός 136. “ Ηλιος 414 H 141-142 . “Ηρακλεόδωρος 376 .
Ηρακλής 211 , 21 , 59, 60 ; 349 , 40 . Ησιόδειος 414 H 107 . Ησίοδος 414 H 143. “Ηφαιστίων 414 DL 144 . Θεμισταγόρας 414 DL 144. Θέογνις 211 , 12. Θεοδέκτης 414 DL 82. Θεόφραστος Ι, 24 ; 414 Pr74. Θεόφραστος ΙΙ , 64 .
Θηβαίος 349 , 9-10 . “Ιερώνυμος 194 . Ιουδαίος 238. "Ισθμικός 349 , 46 . Ισογράφη ( ?) 211, 6. Ι " σοκράτης 211 , 6, 7. Καλλίας 71 , 2. Κάλχας 211 , 45. Καπίτων 349 , 4.
Καρικός ( pl .) 272. Κίρκη 211 , 55 . Κλεάνθης 205 , 11 ; 396 , 14; 397 , 15. Κύζικος 349, 27 . Κύκλωψ 211 , 53, 54 . Κύρος 211 , 20 , 22 . Λαϊς 356, 6, 8. Λακεδαιμόνιος 349 , 7 . Λευκτρικός 349 , 11-15.
Λήναια 414 H 126, Ροέt . Λιβύη 356, 1 . Μανιχαίος 116. Μαντινεύς 417, 26, 27 Μέλισσος 414 DL 95.
Μιλτιάδης 71 , 1 . Μουσείον 88.
Ναις 88. Νείλος 398; 414 H 159 , Pt 25. Νήρινθος 414 DL 6 . Νικομάχειος 24 , 5; 414 H 174. Νουμήνιος 136. Ξενοκράτης 414 DL 93. Ξενοφάνης 414 DL 99 . Όδυσσεία 211 , 48 . Όδυσσεύς 88; 211, 3 , 53, 57. Όχταουία 497 , Όλυμπία 356, 17. Όλυμπιάς 414 DL 144 . Όλυμπιονίκης 414 DL 130 . Ομηρικός 414 DL 118, Η 147 , Pr98, Ροέt . " Ομηρος 88 ; 211 , 43; 369, 2; 414 H 141 142 . Ορέστης 211 , 4. Όρφεύς 272 .
Παλαμήδης 88. Παναθηναϊκός 349 , 1 . Πέργαμον 349 , 53. Πηνελόπη 211 , 51 , 57. Πλάτων 78; 92; 136; 205 , 7; 349 , 2, 3; 369 , 2; 414 DL 21 , Pr 168 , 165 , 16, 60 ; 417 , 9 ; 507 . Πλατωνικός 78; 349 , 4. Πλωτίνος 136 . Πολύαινος 71 , 9. Πορφύριος 136 . Ποσειδών 349 , 46. Πραξιδαμάντεια 417, 15. Πρωτεύς 88; 211, 52 . Πυθαγόρας 284 , 5; 417, 1 . Πυθαγόρειος 166; 414 DL 97 , 101 , Pt 22 . Πυθαγορικός 118 ; 173; 417 , 3 , 4. Πυθικός 414 DL 133. Πυθιονίκης 414 DL 131, 132 , 134 .
Πώρος 356 , 7. Ρίνων 71 , 7.
Μέναιχμος 414 H 123. Μενέξενος 211 , 63; 414 DL 8. Μέντωρ 414 DL 144 . Μεσσηνιακός 88 .
Ροδιακός 349, 25 . Ρόδιος 349 , 24 . Ρωμαίος 414 Η 186.
Μίδας 211 , 59.
Ρώμη 349, 26. Σάθων 211 , 26.
INDEX DES TITRES
Σκυθινός 3, 1 .
αισθητός 414 Pr 45 . αιτία 414 H 146. αιτιάσθαι 349 , 33. άκουσμα 414 H 179, Pt 18. ακουστής 414 Η 168 . ακρόασις 414 DL 75, H 148 , Pr 40 ; 417.
Σμύρνα 349 , 18, 19, 20 . Σμυρναϊκός 349, 17, 21. Σόλων 414 H 140 .
αλήθεια 24 , 209 ; 211 ; 238; 239 . αλυπία 404 .
Σάραπις 349, 45; 369 , 4. Σεουηριανός 238 . Σηλυμβρία 414 DL 144 . Σικελικός 349 , 5-6. Σκυθικός 3, 1; 71 , 14.
Σπεύσιππος 414 DL 93.
Συρία 482. Σωκράτης 356, 30 ; 417, 8. Σωκρατικός 99 . Σώσος 200, 1 . Τελέστης 417, 21 . Tηλαύγης 71 , 6 . Τηλέμαχος 211 , 50 . Τίμαιος 414 DL 94 . Τράλλεις 272 . "Υπερβόρειος 3, 5. Φαίδων 71 , 8. Φίληβος 414 Pt 16c . Φίλιππος 414 DL 144 . Φιλόμηλος 356, 12. Φιλόξενος 414 DL 144 . Χοιρίλος 414 H 144 . Χρύσιππος 205, 11; 427 .
αγαθός 205 , 7; 211 , 13; 323 , 2 ; 414 DL 20, Pt 9. - άριστος 414Pt 95 ; - βελτίων 414 DL 53. αγορά 199 . αγροικικός 62 . αγωγή 125; 323, 9. άδης ( Αιδης ) 211 , 36. αδιάτακτος 414 H 119. αδικία 211 , 44 . αδύνατος 112, 21 ( 14 ). αήρ 112, 21 (8), ( 10). αθάνατος 64 . αίρεσις 205 , 12 ; 243 . αιρετός 414 DL 58, Org. αισθασις ( αίσθησις ) 323,7. αίσθησις 414 P1 45 .
825
ακτίς 112 , 21 ( 9) .
αμάρτυρος 211 , 7 . ανάβασις 414 H 159. αναγραφή 414 P1 67 . αναγωγή 434 . αναλογία 405 . αναλυτικός 414 DL 49 , 50, Η 134 , Pt 32, 74, Org. ανάμνησις 414 Pr 46 . ανατομή 414 DL 103 , 104 , Η 188, Pt 48 . ανδρεία 211, 11 , 14 . άνεμος 17, 2 . ανέχεσθαι 294.
ανήρ 323, 2; 414 H 165 , 166 . άνθρωπος 64 ; 69 ; 326; 414 Η 184, 188. αντακολουθείν 112 , 21 ( 18). αντιγραφή 125; 396, 12; 397 , 13. αντιδοξείν 376 . αντικείσθαι 323, 3. αντιλέγειν 211 , 26. αντιλογικός 211 , 25 . άξων 414 H 140. απλανής 165.
αποδεικτικός 414 Pr 33. αποθνήσκειν 211 , 29, 34 . αποικία 414 H 22 . άποικος 414 DL 17. απόκρισις 211 , 32 ; 414 DL 44 , Org. απολογία 211 , 4; 284 , 8; 414 Η 189. απομνημόνευμα 125; 396, 9; 397 , 10 ; 438 (de Platon) . απόρημα 112, 59; 414 DL 118, 119, H 107 , 143, 144 , 145, Pt 57, 58, 98.
απορία 112, 19; 136. απόρροια 112 , 21 ( 12) . απόστημα 345. απόφασις 417, 4 . αρέσκειν (αρεσκόντα ) 27 ; 78.
826
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
αρετή 71 , 12; 112, 21 ( 18), (20 ) ; 208 ; 356, 27; 414 DL 34 , Η 163. αριθμητική 157 ; 417 , 2 . αριθμός 157 ; 297 . αριστοκρατικός 414 DL 143. άριστος 414 Pi95 .
αρμονία 341 . αρμονικός 322 , 1; 417, 24 . άρρην 112, 21 (21 ). άρχειν 211 , 63. αρχή 323, 4; 414 DL 41 , Η 21 , Org. ασεβεία 211 , 44 ; 414 Η 189. αστήρ 17, 4; 284 , 7. αστικός 414 H 126. αστρονομικός 414 DL 113. ασώματος 78; 112, 21 (3). άτακτος 414 DL 127 . ατέλεια 349 , apocr.1 ; 349 , apocr.2 . ατιμάζειν 356, 23 . άτομος 414 Pr 11 . αυλήτης 311 ; 417, 16. αυλός 322 ; 417, 16 .
αύξησις 112, 18. αυτάρκεια 125. αυτάρκης 112, 21 (20) . άφιξις 3, 5. αφορμή 109 . βαρβαρικός 414 Η 187 . βασιλεία 211 , 22 , 65 ; 160 ; 414 DL 18, Η 1 , Pt 8.
γεννάν 414 DL 107 , Biol . γένος 8; 414 DL 31, 128, Org . γεωργία 322 , 6 . γεωργικός 414 H 190 , Ρι 83.
γή 165 . γήρας 396 . γνώμη 516. γνώριμος 417, 1 . γραμμή 414 Pt 11. γραπτός 88. γράφειν 88 . γυμνάζειν 356 , 17 . γυνή 205, 8; 206 , 6; 286; 414 H 165. γύννις 62 , 6. δαίμων ( pl.) 112 , 41. δείν 349, 29. δειπνοσοφιστής 482 . δεισιδαιμονία 205 , 10. δέκα 323, 1 . δεκάς 157 ; 322, 3 . δημοκρατικός 414 DL 143.
διαδοχή 118; 214. διαθήκη 284. διαίρεσις 181 ; 414 DL 29 , 42, 86, Η 41, Pr 59 , 60 , 61 , Org . διαιρετικός 414 DL 43, 62 . δίαιτα 414P: 82.
διαλέγεσθαι 211 , 25. διαλεκτικός 396 , 13; 397 , 14. διάλεκτος 211 , 27 ; 371 .
βασιλεύειν 482. βασιλεύς 349 , 19, 35; 370. βαφικός 164 . βελτίων 414 DL 53. βιβλίον 136; 286; 369 ; 434. βίος 8; 193 , 4; 208; 284, 5; 396; 417, 3, 7, 8, 9, 21 .
διάλογος 64 ; 78; 99; 396 , 3; 397 , 1 . διανέμησις 370 .
βούς 414H 141-142. βραχυβιότης 414 Pr 53 . βραχύς 417, 23 . γαμετή 414 H 166. γάμος 3, 2; 205 , 9; 206 , 5; 211 , 9. γενεαλογία 12. γενεθλιακός 349 , 30. γένεσις 17 , 2 , 3 ; 414 H 149 , 158, 185, Pr 42, 51 , Βίοι.
διάφορος 414 H 181 . διαφωνία 112, 40 . διδασκαλία 414 DL 137, Poet. διδασκαλικός 92 .
διατριβή 322 , 2; 356, 25; 396 , 5, 6 ; 397 , 6 , 7; 425 . διαφανής 112, 21 ( 16). διαφορά 112, 40 ; 136; 205 , 11 ; 414 H 181 , Pt 13.
διήκειν 112, 21 ( 14). δίκαιος 211 , 16; 414 DL 76 , Ρι 12. δίκαιον (το ) 112, 21 ( 19).
δικαιοσύνη 136; 211 , 11 ; 323, 6; 414 DL 1 , Pr 4.
INDEX DES TITRES
δικαίωμα 414 DL 129 . δικογράφος 211 , 5 . δόγμα 78; 92 ; 136; 243 ; 250 ; 396, 2; 397 , 3. δόξα 116; 211 , 33, 39, 414 H 162. δόσις 450 . δουλεία 211 , 17.
δύναμις 112 , 21 ( 4) . δυνατός 205 , 3. έγκλησία 414 H 194. εγκύκλιος 414 DL 122, Ρι18. εγκωμιαστικός 414 H 178. εγκώμιον 88; 414 H 180 , 191 , 195-196: 417, 27 . εγρήγορσις 414 Pt 46a . εγχειρίδιον 425. έγχρατηταί 238. εθος 417, 26. είδος 112 , 21 (21) ; 414 DL , 31 , 54 , 143,
Pt 15, Org . είδωλον 112, 21 ( 11 ). εικών 356, 21 . ειμαρμένη 112 , 17, 21 (25) . ειρήνη 349, 7 , 8. εισαγωγή 8; 78; 157; 250 . εκλογή 414 DL 30, 104 , Org. εκούσιος 414 DL 68.
έλεγείον 414 DL 146. έλεγχος 414 DL 134 , H 125 , Pt 34 , Org . ελευθερία 211 , 17. έμπτωσις 112, 21 ( 11 ). εναντίος 349 , apocr .; 414 DL 30, Org. ενάργεια 62 , 5 . ενθύμημα 414 DL 84 , 86, Ρε 61 . ενόδιος 429 . ένστασις 414 DL 35, P : 63 , Org . εντός 157 . ενύπνιον 356, 10 ; 405 . εξάγειν 414 DL 128. εξήγησις 166 . εξηγητής 211 , 42. εξηγητικός 60 . εξητάζειν 414 DL 128. εξορχούσθαι 349 , 34 . επιθεάσθαι 414 DL 121 . επικήδειος 349, 31 . επισημασία 17, 4.
827
επίστημα 434. επιστήμη 211 , 33; 414 DL 26 , 40 . επιστολή 62, 1 ; 64 ; 284, 4; 370; 396, 15; 397 , 16; 414 DL 144 , Pt 93 , 96 ; 323, 11 ; 349 , 19; 356 , 16. επιτάφιος 349, 32. επιτιθέναι 414 DL 121 . επιτιμάν 356 , 14, 15. επιτομή 92 ; 405 ; 414 Pt 168 , 166 , 16c .
επίτροπος 211 , 18 . επιχειρείν 356 , 24 . επιχείρημα 414 DL 65 ; Pt 62, 89. επιχειρηματικός 414 DL 33, 70. επιχειρητικός 414 Η 33. έπος 414 DL 145. επτάλογος 30 . εράσθαι 211 , 61 . εριστικός 211 , 31 , 39, 414 DL 27 , 28 , 47 , Η 27 , 125 , Org. ερμηνεία 294; 414 DL 142 , Pi 30, Org . ερώτημα 211 , 38. ερώτησις 211, 32 ; 356 , 18, 19; 414 DL 44 , Org .. ερωτικός 211 , 9; 294 ; 396 , 6; 397 , 7; 414 DL 9, 71 , Η 182, Pt 14, 65 .
εταίρα 356, 14. εταίρος 112 , 40 . ετυμολογία 8. ευγένεια 414 DL 15 , Η 183, Pt 6 . ευδαιμονία 112 , 21 (20). ευδαίμων 323 , 2 . ευσέβεια 238. ευχή 414 DL 14. εφ' ημίν (το ) 112, 21 (22 ) , (23) . εφεδρεία 222 . ζητείν (ζητούμενα) 24 , 5. ζήτημα 414 Η 168 . ζωή 211 , 30 , 35; 414 P1 54 . ζωϊκός 414 Biol. ζώον 62 , 2; 119, 1 ; 193, 3; 211 , 8; 405 ; 414 DL 102 , 105, 106 , Η 155, 156, 157, 158, Ρι 47 , 49 , 50 , 51 , 52, 83, Biol. ηδονή 211 , 47; 414 DL 16, 66 , Pt 17. ηθικός 6; 24 , 5; 112, 20 ; 323, 9; 369 , 5; 414 DL 38, Η 174, Pt 35, 36 . ήθος 24, 5; 414 Pr 49 . ήλιος 345 .
828
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
θάνατος 88; 211 , 30 , 35; 414 P1 54. θαυμάσιος 119, 5; 414 H 179, Pr 18. θείος 62 , 5; 414 H 107 .
θεογονία 3, 4. θεός 200 , 3; 205 , 5; 244 . θεοσοφία 377 . θερμός 112, 21 (8). θέσις 414 DL 70, 71 , 72, 73, Η 69, Pr 64 , 65 , 66 , 67 , Org . θεωρητικός 414 H 154 . θήλυς 112, 21 (21 ). θηριακός 119, 2. θράττα 482 .
κίνησις 414 DL 45, 115, Η 156, Pr 19, 47 , Biol..
κομήτης 424 . κόσμος 206 , 2; 294 ; 414 Η 185, Pt 41 . κουφίζειν 396. κράσις 112, 18. κτάσθαι 356, 14 . κτίσις 398 . κύκλος 414 H 115. κύλιξ 356, 11 . κυριεύειν 205 , 4; 307 .
κύριος 211, 61 , 62 . κύων 88; 211 , 58.
θυγάτηρ 356, 16, 22. θυσία 284 , 1 .
κωμωδείν 349 , 29 . λαλιά 349 , 42 .
ιατρικός 14 ; 112, 59; 414 DL 110, Η 167, Ρε 81 , 99 . ιδέα 414 DL 54 , Org .
λέγειν 112 , 21 ( 7 ) , (9 ) , ( 11 ), ( 12); 205 , 1 ; 414 DL 36 .
ίδιος 222; 414 DL 32 , 143, Org. ιδιότης 62 , 2. ιδιωτικός 414 H 135. Ιερός 308 ; 331 , 2; 349 , 47-52. ιστορία , (καθ ' ιστορίαν) 24 , 5; 8; 62 , 3; 193;
λέξις 24 , 5; 205 , 1 ; 211 , 1 ; 414 DL 87, Rhet. λίθος 414 DL 125 . λογικός 295 . λόγος 98 ; 211 , 2, 3; 323, 1, 5; 331 , 2 ; 349 , 47-52 ; 414 H 27 , 191 , Pr 61 , λύσις 112, 19 ; 414 DL 28 , Org..
195; 199 ; 356, 1; 414 H 155, 169, Pr 49 , Biol. ιστορικός 417, 23. Έστωρ 195 . ισχύς 211 , 21, 60 . καθαρμός 3 , 3. καθαρός 414 Η 79 .
μαγικός 414 Η192. μάθημα 414 H 160 . μαθηματικός 322 ; 414 DL 63.
καθήκειν 206, 1 . καθολικός 323, 1 . καθόλου 323 , 5. κάλλος 414 Η 63. καλός 205 , 7; 211 , 16; 414 DL 69 . κανονικός 200 , 2. κανών 516. κατ ' ιδίαν 112, 21 ( 7) . κατάλογος 244 . κατάσκοπος 211 , 46, 62.
μαντικός 205 , 6. μέγας 414 DL 50, Pi 35. - μείζων 211 , 21.
κατηγορία 62 , 6; 414 DL 141 , Pt 29 , Org .; 490. κάτοπτρον 156, 8. κενοδοξία 396, 7 ; 397 , 8. κεφάλαιον 456 .
μακαριότης 414 H 141-142 . μακροβιότης 414 Pr 53. μανθάνειν 211 , 40 . μαντεία 284 , 7.
μέγεθος 345; 414 DL 85. μέθη 211 , 54 ; 414 DL 10 . μεθοδικός 414 DL 52, 81 , Org . μέθοδος 414 H 197. μελετάν 349 , 33. μελέτη 199 ; 370. μελοποιία 417, 12. μεταφυσικός 414 H 111 . μετέωρος 414 H 150, Pt 43, 83; 424 ; 430 . μετεωροσκοπικός 414 H150.
μηχανή 322 , 5. μηχάνημα 483. μηχανικός 414 DL 123; Pt 20 .
INDEX DES TITRES
829
μίξις 112, 18, 40 . μνήμη 414 Pr 46 . μνημονικός 414 DL 117, Pr 94. μνημοσύνη 284, 6. μονάς 414 DL 111 . μονωδία 349, 18.
όρχησις 417, 17. ουρανός 414 H 151 , Pr 41 . ουσία 205 , 14; 414 H 160 ; 206, 3. όψαρτυτικός 323 , 12.
μόνος 205 , 7. μόριον 414 H 157, Pr 50 , Biol. μουσικός 41 ; 211 ; 322, 1 ; 354 ; 414 DL 116 , 132; 417, 13, 14.
όψις 383; 414 H 173. όψωνείν 356 , 15 . πάθος 181 ; 222; 414 DL 37 , 61 . παίγνιον 164 .
μυθικός 119, 3. μυθολογείν 414 DL 106 . ναός 349 , 27 . ναυαγός 356 , 3. ναύς 244 . νικείν 414 H 123.
παιδεία 211 , 28; 356, 26; 414 DL 19, Η 172, Pt 5.
νίκη 211 , 19; 414 DL 135, Ροέt. νόμιμος 414 H 131 , 140 , 186 , 187.
νομοθέτης 243. νόμος 211 , 15, 16; 323 , 6; 414 DL 21 (l'ouvrage de Platon), 139, 140, 166, Pt 16b (1'ouvrage de Platon) ; 417, 5, 6. νόος (νούς ) 323, 7 . νούς 112 , 21 ( 2 ). ξηρός 414 Pr 83 .
οίεσθαι 356, 23. οικείον (πρώτον) 112 , 21 ( 17). οικείος 356, 13 . οικονομία 414 DL 23. οικονομικός 211 , 19; 414 H 17. οίνος 211 , 54 ; 356, 14; 450. οιωνοσκοπικός 429. ολιγαρχικός 414 DL 143. ομιλία 32 ; 425 . όμοιος 396 , 6. ομοίωμα 397 , 17. ομονοία 209; 349 , 23, 24 . ονειροκριτικός 119, 4; 429 . όνειρος 17, 3.
όρος 205 , 2; 414 DL 55a, 57 , 60 , Ρι 68, 70 , 71, Org.
παίδευσις 323 , 9. παιδευτικός 414 Η 18; 417,5. παιδιά 497 . παιδοποιία 211,9. παίς 323, 9. παλαιός 95; 356, 14, 32 . παλινωδία 349 , 20 . πανηγυρικός 349 , 27 , 53. παραβολή 414 DL 126. παράγγελμα 414 Pt 79 . παράδοξος 193, 2. παράφθεγμα 349 , 28. παροιμία 414 DL 138 . πάς 8. πάσχειν 414 DL 25 . πατρίς 199 . πείθεσθαι 211 , 18.
πέλαγος 349 , 44 . πενία 88. πέπλον 414 H 105 , 169 .
όργανον 417, 16 . οργή 205 , 13; 414 DL 37. ορισμός 414 DL 64 , Pr75 .
πέρας 112 , 21 (16). περίοδος 165. περίπατος 487 . πίναξ 286. πίστις 211 , 18. πλούτος 414 DL 11 , H 151 , 195-196. πνεύμα 414 Pt 23 . ποιείν 112 , 21 ( 10); 414 H 141-142 . ποιητής 181 ; 414 DL 2 , Η 115 , Pr7, Ροέt. ποιητικός 371 ; 414 DL 83, 119, H 145 , 146, Pt 21 , 38, Poet. ποικίλος 62 , 3 . ποιότης 112, 21 ( 6) ; 414 Biol.
οριστικός 414 Pt 69 , 74.
πόλις 349 , 23; 414 DL 143, Η 120 , Ρε 86.
όνομα 211 , 28, 31 . οπτικός 414 DL 114. οράν 112, 21 ( 9) , ( 10), ( 11 ), (12), (15) .
830
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
πολιτεία 211 , 15 ; 414 22 (1'ouvrage de Platon) , 143, Η 135, Pt 16a (l'ouvrage de Platon) , 86, 95. πολιτικός 209 ; 414 DL 4, 74, 76, Η 5, 69, 175-177 , Ρι 16c (l'ouvrage de Platon ) , 37; 417, 6. πόλος 405 . πολύς (comp.) 112, 21 ( 4) . πολυτελώς 356, 15. πορεία 414 P1 52, Biol.
ποσαχώς 414 DL 36 . πραγματεία 414 DL 83, Ροέt. πρεσβευτικός 349 , 16. προαγορεύεσθαι 414 Pi77.
προβιοτή 64 . πρόβλημα 112, 20, 59; 211 , 40 ; 414 DL 51 , 121, 124,H 116, 136, 147, Pt 20 , 24, 76, 77 , 78, 81 , Poet. προδοσία 88 . πρόνοια 62, 4; 112, 22. προοίμιον 414 H 127 . πρός τι 414 Pr 90 . πρόσθεσις 414 DL 36. προσφιλής 32. πρότασις 414 DL 34 , 46 , 47 , 67 , Η 38, Pr
84 , 85, Org . πρότερος 414 DL 49 , Η 134 , Pr 32 , 74, Org . προτρεπτικός 211, 11 ; 356 , 28; 396 , 1 ; 397 , 2; 414 DL 12, Pt 1 .
πρωτεύειν 208 . πρώτος 417 , 10. πτωχός 356, 5. πυρετός 112, 60 . ράβδος 211 , 49. ρητορικός 109; 167; 349, 2 et apocr.; 369 ; 370; 414 DL 5, 78, 84 , Η 153, Pi 3a, 39, Rhet. ρήτωρ 396 , 11 ; 397 , 12 ; 414 H 175-177 . ρυθμικός 417, 25 . σελήνη 345 . σημείον 414 DL 112. σχυτικός 71 . σοφία 323, 10; , 396 , 5; 397, 5. σοφιστής 88; 211 , 10; 414 DL7, Pr 3. σοφιστικός 414 DL 29 , H 125, Pi 34 , Org. σπουδαίος 369, 2 . σπουδή 497 .
σποράδην 414 P1 81 ; 417, 23. στοιχείον 112, 21 (7); 307; 414 DL 39, 120 , Pt 24a , Org .; 417, 24 , 25 . σύγγραμμα 24 , 2. σύγκρισις 417, 19. συλλογισμός 232, 1 ; 295 ; 414 DL 48, 56, Org. συλλογιστικός 414DL 57 , Org . συμβαίνειν 414 58, Pr 83, Org. συμβίωσις 205 , 8 ; 206 , 6 ; 414 H 165 .
σύμβολον 118 ; 166; 173. συμβουλεύειν 356 , 24. συμβουλή 414 H 80 . συμβουλία 414 DL 88. συμμαχία 349 , 9-10.
σύμμικτος 8; 414 Η 168 , 169 ; 417, 22 , 23 . συμπόσιον 414 DL 10, Η 161 . συμποτικός 417 , 22 . συμφωνία 446. συναγωγή 27; 119 ; 193; 243; 414 DL 77 , 80, 82, 89, Η 167 , 187, Pt 27 ; 434. συνέντασης 112 , 21 (10). σύνθετος 414 DL 105 . συσσίτιον (pl.) 414 H161. συσσιτικός 414 DL 139 , Η 136 . σύστασις 424 . συστατικός 414 DL 139 , 130 . σύστημα 434 . σφαίρα 8; 165 . σχολή 78; 278; 396 , 4; 397 , 4. σχολι( κ ) ός 112, 19. σχόλιον 136 ; 295 . σώμα 112, 21 ( 6) , (7) , ( 13), ( 14). σωφροσύνη 414 H 193. τακτικός 323, 13; 456 . τάξις 24 , 2; 181 . τελετή 272 ; 284,1 ; 331 , 3, 4. τέτταρες 349 , 3. τέχνη 250; 308 ; 349 , apocr.; 369 ; 370; 414 DL 77 , 78, 79, 80, 82 , 83, Η 178, Ρι 27 , 39 , 74, Ροέt., Rhet . τομάριον 403 . τόνος 417, 11 . τοπικός 414 DL 55a , 556, 60 , Pr 31 , 70 , 71 , Org. τόπος 414 DL 59 , Org .
INDEX DES TITRES
τραγικός 417, 17. τραγωδία 414 DL 136 , Poet. τραγωδοποιός 417 , 20. τρήσις 417, 16. τροφή 14. τρυφή 95; 356, 32 . τυραννικός 414 DL 143. τύχη 112, 21 (24 ) ; 356, 31 . υγιεινός 14. υγρός 414 Pr 83. ύδωρ 349 , 53. υλικός 414 P1 57. ύμνος 284 , 6; 414 H 180 ύπνος 414 Pr 46a . υπερηφανία 396 .
υπισχνούσθαι 507 . υπόθεσις 414 Ρε 61. υποθήκη 414 H 175-177 . υποκειμένον 112, 21 (5). υποκείσθαι 414P: 61. υπόμνημα 118; 278 ; 297; 396 , 7, 8; 397 , 8 , 9 : 414 DL 33, Pr 80, 87, 97 , Org .; 417 , 23 : 420 ; 497. υποτιθέναι 414 P1 61 . υποτύπωσις 78. ύστερος 414 DL 50, Org. υφίστασθαι 112, 21 ( 7 ).
φυσιολογία 356, 31 ; 357. φυσιολογικός 250 . φυσιολόγος 356 , 31 ; 357. φύσις 69 ; 98; 158 ; 165; 211 , 8, 37, 38; 323 , 14; 326; 414 DL 90 , Η 21 , 184 , Pt 83; 424. φυτόν 414 DL 108, Pr 55. φωλεύειν 414 Ρε 26 . φωνή 112, 31 ; 307 ; 414 Η 164 .
φώς 112, 21 ( 13).
χαρακτήρ 211 , 1 . χειμών 414 DL 112. χειροσκοπικός 429. χορός 417, 18. χρεία 356, 20, 29; 396, 10; 397, 11. χρήσθαι 414 Pr74 . χρήσις 211 , 31 , 54 ; 434. χρησμός 3, 1 ; 284 , 3. χρονικός 244 . χρόνος 414 H170, Pr91 ; 417, 10 . χρυσίον 370. χρώμα 112, 21 (16). ψυχή 64 ; 112, 16, 21 ( 1 ), (3), (4 ) , (5); 205; 206 ; 414 DL 13, 73, Η 152, Pr 44 . ών 323, 8.
φανέρωσις 232, 2. φάσμα 424.
Academicus 508., Adimantus 508 . Alains 425. Alexandre 425 .
φθορά 414 H 149 , Pr 42 . φιλαλήθης 429 .
Andromaque 209 . Aratos
φιλία 414 DL 24, Pt 28. φιλικός 414 DL 72. φίλος 32. φιλοσοφία 24 , 2; 286; 369 , 1 ; 370; 414 DL 3, 92, Pr2 .
Φαινόμενα 8 ; 500 . Aristide ( Aelius) -Commentaire 471 ..
φαινόμενα 113; 298; 405 .
φιλόσοφος 118; 162; 214; 2A3 ; 267 ; 286. φρέαρ 349 , 39. φρόνησις 211, 60. φυγάς 356 , 4. φύσει 112 , 21 ( 8 ), ( 19) . φυσικός 88 ; 98; 112, 19, 59; 164 ; 250; 290 ; 414 DL 91 , 120, Η 148 , 154, Pr 40 , 56, 58 , 66 . φυσιογνωμονικός 17, 1; 211 , 10; 414 DL 109.
831
Aristote 181 ; 235; 414 ThA . - Αnal. post . 112, 9; 126 ; 141 . - Αnal. pr. 1, 112, 1 ; 126; 141 ; 393 . - Αnal . pr. 1, 112, 8 . - Categ . 6; 24 , 3; 112, 6, 52; 126; 135 ; 141 ; 181 ; 268 ; 295 ; 393; 461 ; 490 . - De anima 112, 14; 141 ; 181 . -De caelo 112, 12; 461 . - De gen. et corr . 112, 13. - De gener . 141 . - De gener. anim . 141 .
832
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES - De interpr. 112, 7; 126; 135; 141 ; 461. - De memoria 112, 15. - Desensu et sensato 112, 4, 56 ; 461.
– Ethic. Nicom . 112, 15; 181 ; 461; 24. - Metaph . 112, 5; 141 ; 461; 458. - Meteor. 112, 3; 141 . - Phys. 24, 4; 112, 11 ; 141 ; 461. Voir aussi 112, 19j. - De Soph. elenchis 112, 10. - Topica 112, 2 . Asclepius 294 . Attique 509. Bithynie 425. Christianus 475; 508 . Chrysippe - Περί του πώς έχαστα λέγομεν και διανοούμεθα 368 .. Cilicie 497. Clitophon 8 . Cresconius 508. Dandamis 425 .
Deus 294; 508. Dieu 141 .
Dion de Syracuse 425. Égyptien 446 . Épictète 425. Épicure - traduction latine 130 . -De natura 433. Eudeme 414 DL 13. Eunomiens 177. Faustus 508. Felix 508. Fortunatus 508. Fundamentus 508 . Galien 112, 25, 27, 45 , 58. - Sur la démonstration 112, 45. - Nepi PuvatoŨ 112, 27. Genesis 508 ; 508 . Héraclite
- commentaire 218. Hermagoras 294. Hermias 235 . Hermogène - Mepi otáoewy 295. Hippocrate 68 ; 371.
-Mepi apepwv 275. - lexique 371. Homère 318. - commentaire 318. Iacob 132. Isaac 132.
Italika 369. Inde 425 . Iulianus 508.
Leucippé, 8. LyCon 396. Manichaei 508. Méléagre 209. Mer Rouge 32. Moïse - commentaire de la Loi 364. Nicomaque de Gérasa
- Introd . arithm . 458. Numénius 136. Parthes 425.
Påque 157; 172, 1 . Platon 60 ; 112, 54; 141 ; 294; 324. - Gorgias 141 . - Lois ( épitome) 414 DL 21 , Pr 16b . - Parménide 136. - Phédon 78 ; 141 ; 294 (paraphrase latine ). - Philèbe 136, 414 Pt 16c ( épitome ). -Politique ( épitome) 414 Pt 16c. - République 78; 136. Voir aussi 414 DL 22, Pt 16a (épitomè). - Timée 24, 1 ; 60; 78; 136 ; 295 ; 343; 371 ; 453 .
Plexippe 209. Plotin 136 . Polémon de Laodicée - Φυσιογνωμονικά 17. Pont- Euxin 425 . Porphyre 239 . - Isagoge 141 . Proclus « Théologie » 135. Ptolémée 141 . Socrates 294. Tarse 497 . Téléclès 420 .
INDEX DES TITRES
833
Théophraste 181 .
chorus 369.
- Mepi newv 24. Tilliboros 425 . Tillirobos 425.
choses communes et universelles 112, 19a. choses générales 112, 53. ciel 172, 2, 3. ciuitas 508.
Timoléon de Corinthe 425. Timon de Phlionte Silles 259. Trinitas 508. Xénocrate 112, 26.
abrégé 112, 56 . accord 446 . accroissement 112, 19b. achèvement 112, 32. acta 508 . acte 112, 33. aduersus 418. algèbre ( ?) 356 . an 172, 1 . anabase 425 . anciens (les) 112, 19j. anima 112, 21 ; 132; 508. année 440 . antériorité 112, 26 . apologia 294. apologie 350. apophtegme 155. arbitrium 508. asinus aureus 294. avance et recul 172. beatus 132; 508. bon 172, 2. bonum 508. bonus 132. brigand 425 . canon 157, 172. cardia 112, 50. catalogue 181 . catégories 112, 57 . catholicus 508 . cause 112, 36, 39 . cavalerie 425. céleste 112, 37. changer 112, 19f. chasse 425.
commun 112, 190 . compendium 80. confessio 508. continuité 112, 19m . contraire 112, 19e, 19f, 19i. conversion 112, 28 . corps 112, 21e, 46. corps éminent 112, 19k. corruption 112, 19k . couleur 112, 19g. counter - evidence 414 Pt 73. credere 508 . critique 112, 25. croissance 112, 19b. début 112, 19p. definition 414 Pt 72, 73. démonstration 112, 45. démontrer 112, 35. dériver 112, 34 . descriptio 515. dialectica 508. Dieu suprême 442. dieux 446 . différence 112, 34, 46 . différence spécifique 112, 29 . différencier 112, 190 , direction 112, 19m . discours 212, 19h; 238. diversus 508. diviser (se ) 112, 34. diviser 112, 34 ; 112, 46 . division 112, 54 ; 356. doctrina 508. doctrine 324 . dogma 294. duo 508 . ecclesia 508. école 324 . effet 112, 39; 112, 62. emboîtements du ciel 172, 3 .
834
DICTIONNAIRE DES PHILOSOPHES ANTIQUES
engendré 112, 19f. épidémie 491. epistula 508. épitomé 324 . épître 112, 39. espèce 112, 26 , 44 . essence 112, 19a. établir 112, 61 . être, 112, 57 . evangelium 232. exameron 132. excessus 132. explication 112, 54, 56 . expositus 508. florida 294. forme 112, 196, 191, 32, 49, formes spirituelles immatérielles 112, 61 . frater 132.
logique 80 . ludicra 294.
magia 294. magister 508. maîtres de maison 172. maladie 112, 50 . mantissa 112, 21 . maritimus 515 . matière 112, 196 , 19j, 191, 190, 62. mauvais 172, 2. mécanique 318. mélancolie 112, 43. métamorphoses 294. méthode 112, 54. minister 132. miraculum 294. mobile 112, 19p, 25. mois 440 .
généalogie 12. général 112 , 33 . génération 112, 19c; 112, 19j; 112, 19k.
monde 112, 19m . mors 132 . mort 425.
genèse 112, 49. genre 112, 190, 26, 34, 44, 51 , 57. géométrie 80. sigas 369.
mos 508.
gouvernement 112, 30 . grammatica 508 . grandeur 112, 19p. herbarius 294. histoire 425; 446 . homme 440 . homogène, 112, 57 . hymnes 446 . idea 508. interprétation 209. isagoge 141 . lettres 132; 155 . lexique 371 . Liber annalis 505. Liber memorialis 143.
moteur 112, 25. mouvement 112, 19k, 19p, 32, 33, 39. mouvoir (se) 112, 19p, 25. mundus 294 . musica 80 ; 369; 508. natio 418. natura 508 . nature 440 . naturel 456. néant 112, 35, 49. nécessairement 112, 34. nombre 356. nuit 509. officium 132. opération 356.
lieu 112, 58. littera 508 .
opinion 112, 48; 142. ora 515. orbis 515. ordo 508. ordre de bataille 425. orthographia 294 .
livre 112, 38 , 45, 52. logicus 112 , 55 .
ouvrage 112, 52. paganus 508.
liberus 508.
INDEX DES TITRES
paradora 369. partie 112, 19m , 19p . passage 112, 56. passivité 112, 62. perception sensible 112, 19n . perfection 112, 32. persistance 112, 19m . périple 425. phaenomena 117; 120 ; 298; 515. philosophes 112, 48 ; 142. philosophia 132. physiognomonie 294 . physiologia 308. plaisir 112, 19d. poésie 112, 38. pomus 414 Pom . possible 112, 27. predicable 414 Pt 72. prémisse 112, 28 . principe 112, 19i, 24 . privation 112, 19f, 19j. provenir 112, 35. proverbium 294. providence 442. puissance 112, 19e, 19k. pulse 414 Pt 83 . quaestio 456 ; 508. quantitas 508 . quatre 440. réfutation 112, 25, 26, 27, 45 , 58. réfuter 112, 35. regeneratio 132 . religio 508. remarque 112, 38.
respublica 294 . resurrectio 475. rêve 209 . rhetorica 508 . sacramentum 132. scholia 112, 55. section 112, 52. sella 28. séparé 112, 36 . solution 112, 19j. souveraineté divine 112, 19h. sphère 112, 30 , 37. substrat 112, 191. succession 425. supplicatio 475. survenir 112, 50 . tables 172. tactique 425. temps 112, 23, 58 . terra 515. théologie 112, 19h ; 414 ThA ; 446. thèse 112, 25, 27, 35. tout ( le ) 112, 24, 39 . traité 112, 45, 52, 61 , 62; 425 . triste 112, 19d . uerus 508 . uita 132 , 508 . unité 112, 47, 48. universel 112, 19a. utile 112 , 38. utilitas 508. vie 425. vivant universel 112, 19c .
835
ADDENDA
414 ARISTOTE DE STAGIRE -EUVRES A propos du commentaire de Stéphanos sur la Rhétorique (p. 439) , voir W. Wolska - Conus, « A propos des Scolies de Stéphanos à la Rhétorique d'Aristote : l'auteur, l'æuvre , le milieu » , dans M. Berza et E. Stănescü ( édit.), Actes du XIVe congrès international des études bizantines, Bucarest 1976, t . III, p . 599-606 . A propos du De anima ( p. 440 ), ajouter les deux références suivantes. Édition de la version latine du troisième livre ( perdu en grec ) du com mentaire de Jean Philopon : G. Verbeke ( édit.), Jean Philopon. Commentaire sur le " De Anima” d'Aristote. Traduction de Guillaume de Moerbeke. Paris /Louvain 1966 . H.J. Blumenthal, « Some observation on the Greek commentaries on Aristotle's De Anima » , dans M. Berza et E. Stănescü (édit. ) , Actes du XIV congrès international des études bizantines, Bucarest 1976 , t. III, p. 591-598 . - DE POMO F. Rosenthal, Das Fortleben der Antike im Islam , Zürich / Stuttgart 1965 , p . 187-188 , et notes y afférentes ( traduction anglaise par E. et J. Marmorstein, The classical heritage of Islam , coll. « The Islamic World » , Berkeley /Los Angeles 1975) propose, à l'occasion de sa traduction d'un extrait du De pomo rapporté dans Muhtār al-ḥikam wa -maḥāsin al-kalim d'al-Mubaššir b. Fātik , d'intéressantes identifications de noms de personnages présentés dans le De pomo comme disciples d'Aristote .
183a ANKÅBITUS 6 F. Rosenthal, Das Fortleben der Antike im Islam , Zürich /Stuttgart 1965 , p . 188 ( traduction anglaise par 7 E. et J. Marmorstein , The classical heritage of Islam , coll. « The Islamic World » , Berkeley /Los Angeles 1975 ), qui s'appuie sur la graphie 'nktūs apparaissant dans un extrait du De pomo rapporté dans Muhtar al-ḥikam wa -mahasin al-kalim d'al-Mubaššir b. Fātik , se demande si le personnage ainsi désigné n'est pas Archytas. 323 PSEUDO - ARCHYTAS Pour les traductions, ajouter The Pythagorean Writings. Hellenistic texts from the 15 Cent. B.C. - 3d Cent. A.D. On Life, Morality, Knowledge, and the World . Comprising a selection of Neo -Pythagorean fragments, texts and testimonia of the Hellenistic period. Translated from the Greek and Latin by
838
ADDENDA
K. Guthrie and Th . Taylor. Edited , with an introduction to the Pythagorean writings by R. Navon . With a foreword by L.G. Westerink. Kew Gardens, N.Y. 1986. Dans cet ouvrage figurent, sans références aux sources, les traductions des passages suivants d'Archytas : 1. sous le titre Ethical fragments ( p. 53-60) : - De viro bono (p. 8, 26–15, 2 Thesleff) ; - De educatione ethica ( p. 40, 17-43, 23 Thesleff), ces deux écrits publiés indistincte ment avec les fragments ; 2. sous le titre Political fragments (p. 86-89) : De lege ( p. 33, 1-36, 11 Thesleff ; à la p. 89, sous le même titre figure la traduction d'un section du fragment B 3 d’Archytas); 3. sous le titre Metaphysicalfragments (p. 142-151) : -De principiis (p. 19 , 3-20, 17 Thesleff) ; - De intellectu ( p. 36, 12-39, 25 Thesleff); - une partie du De sapientia (p. 44, 445, 4 Thesleff ) ; - les fragments A 20 , A 24, une partie de B 3, de B 1 et de A 23 ; 4. sous le titre Fragments on music, une partie des fragments B 1 et B 2 ( p. 139-140). Les traductions ne sont pas nouvelles, mais empruntées à l'ouvrage Pythago rean Library. A complete collection of surviving works of the Pythagoreans. Translated and collected by K.S. Guthrie, Alpine, N.J. , Platonist Press , 1920 (« a privately produced volume, published under the imprint of the apparently short -lived Platonist Press ») , et à celui de Th . Taylor, Political fragments of Archytas, Charondas, Zaleucus and other ancient Pythagoreans, preserved by Stobaeus, and also Ethical fragments ofHierocles. Translated from the Greek by Th . T. Toutes les traductions d'Archytas sont cependant empruntées à Guthrie . 453 ASCLÉPIODOTE D'ALEXANDRIE Sur les deux inscriptions d'Aphrodisias en l'honneur d'Asclépiodote, voir aussi 9 bis Charlotte Roueché, Aphrodisias in Late Antiquity, coll. « Journal of Roman Studies Monograph » 5 , London 1989, p . 87-93 , inscriptions nºs 53-54. (Référence communiquée par H.D. SAFFREY ).
ILLUSTRATIONS
Frontispice
L'Académie de Platon. Mosaïque de Pompéi. Musée archéologique national de Naples, nº inv . 124545. Photographie Pedicini ( Napoli ).
1.
Anaxarque (?). Musées de Cyrène.
2.
Antisthène. Buste trouvé Villa Hadriana . Musée du Vatican , nº inv . 2888.
3.
Ariston , Aristippe ou Aristote ( ? ). Musée Spada, Roma. n° 2743.
4 a et 4b .
Aristote . Stèle . Musée archéologique national d'Athènes, nº inv. 3772.
5.
La région des fouilles de l'Académie . Reproduit de l'ouvrage de J. Travlos , Bildlexikon zur Topographie des antiken Athens , Tübingen 1971 , avec l'autorisation de la maison d'édition Ernst Wasmuth .
6.
Plan topographique de la région Nord -Ouest d'Athènes, compre nant le Céramique intérieur et le Céramique extérieur, ainsi que l'Académie . Reproduit de l'ouvrage de J. Travlos, Bildlexikon zur Topographie des antiken Athens, Tübingen 1971, avec l'autori sation de la maison d'édition Ernst Wasmuth .
TABLE DES MATIÈRES
PRÉFACE de Pierre Hadot
7
INTRODUCTION
Auteurs des notices du premier tome
17
.....
25
Abréviations
27
NOTICES (Lettre A)
43
ANNEXE : Académie . Topographie et archéologie
693
Index des noms propres
791
Index des titres
Addenda Table des illustrations
...... 823
.... 837 ....... 839
LOUIS - JEAN avenue d'Embrun , 05003 GAP cedex Tél. : 04.92.53.17.00 Dépôt légal : 510 — Juillet 2000 Imprimé en France